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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
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L'Hymne des Français d'Algérie
offert par Jean-Paul Gavino
EDITO
ARNAQUES et OCCUPATIONS…
La nouvelle arnaque à la mode qui se propage.
Chers Amis,
Vous partez tranquillement en vacances, après une année de labeur. A votre retour, vous rentrez chez vous l'air content et surprise, la clef n'ouvre pas votre porte d'appartement. Vous pensez que vous vous êtes trompé d'immeuble, d'étage ou de porte. NON, car très vite vous êtes interpellé pour tentative de cambriolage. Explications, et lorsque vous arrivez à prouver votre bonne foi, on vous fait ouvrir la porte de votre appartement et vous constatez qu'il est occupé par des clandestins.
Comment cela se passe t-il ?
Un ou des escrocs, très souvent issus de l'émigration clandestine, repèrent les appartements dont les occupants (locataires ou propriétaires) s'absentent plusieurs jours. Ils s'introduisent dans le logement (même le blindage ne les arrête pas); changent les serrures ; quelquefois débarrassent le mobilier en le déposant dans la rue ou l'emportent. A la suite de cela, ils proposent le logement à des clandestins " sans domicile fixe " (à voir) moyennant une somme rondelette comprise entre 1200 et 1500 euros. Ils n'ont aucune difficulté à trouver des clients car ils disposent de listes grâce aux associations de soutien à la clandestinité.
Ces clandestins de bonne ou mauvaise foi se retrouvent souvent devant les tribunaux pendant que les faux loueurs courent toujours comme les passeurs qui exploitent sans vergogne de pauvres gens. Ces escrocs sont les nouveaux négriers et ils sont applaudis et encensés par les comploteurs.
Eh oui, il est arrivé le nouveau mode d'appropriation de biens ou la nouvelle spoliation pratiqué par les nouveaux indépendantistes.
Tous ces clandestins à majorité de pays ayant obtenu une indépendance ; ayant déjà spolié d'autres occupants ; ne sachant que faire dans leurs pays d'origine tombés aux mains de roitelets, de dictateurs, de fossoyeurs ou de barbares ; crevant la faim et sans travail, n'ont plus qu'une idée en tête, venir en France chez leur ancien colonisateur, leur ancien bourreau avec la ferme intention d'obtenir une nouvelle indépendance dans un pays qu'ils croient riche et où ils ont l'intention de faire payer la note de la colonisation/décolonisation.
Et les médias (Journaux et Télés) accompagnés d'intellectuels donnant encore des leçons d'humanité, ne se privent pas pour plaindre les pauvres victimes de l'arnaque ; d'excuser les escrocs négriers et esclavagistes, les " pôvres ", victimes eux aussi de la société. Mais les vraies victimes, les " expulsés ", les spoliés, personne ne les plaint car il faut qu'ils s'habituent à l'exil au profit des " plus défavorisés " en voie de développement et du droit à vivre libre dans un pays libre. Libre pour combien de temps !!!
Sans préjuger de ce que sera l'avenir, chacun pourra y réfléchir à sa guise, il y aura des lendemains qui chanteront un air de déjà vu.
Le français en général, tout à son bon cœur ; à sa solidarité quand il ne s'agit pas de compatriotes venu de l'autre coté de la Méditerranée ; à son assistance légendaire ; est en train de sombrer dans le pire des cauchemars, celui de faire la valise et de perdre son logement et plus si affinité…
C'est la nouvelle arnaque à l'indépendance
Ou la colonisation à l'envers
En fait, en 1962, un général avait dit qu'il y avait des pauvres touristes qui étaient venus en vacances en France. Eux aussi après un dur labeur de 132 ans.
Ça ne vous rappelle rien… Vive les vacances à bail prolongé. .
Les nôtres durent depuis 45 ans !!!
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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ECHOS ET POTINS
N° 8 de décembre 1950
de M. D. GIOVACCHINI Envoyé par sa fille
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Le torchon menaçait de brûler entre l'Agriculture et le commerce.
Voyons, téléphona M. Charles Munck à Robert l'Agile, j'ai besoin de te voir et je viendrai chez toi.
- Ne vous dérangez donc pas. Je connais les usages. Attendez-moi à la villa palmée...
Et l'entrevue eut lieu.
" Il nous faut les Docks Silos et le Jardin d'enfants.. Ou sans cela, je donne une plume d'oie toute neuve à PINAUD et je fais donner les Chouans de la plaine ".
- Calmez-vous, Président des Présidents, riposta l'Agile. Je ne suis responsable en aucune manière. C'est la Loi. Mais, rassurez-vous. On s'arrangera. Vous aurez la garde de ce que vous demandez. Seulement, ne me boudez plus ".
Et la Paix revint. Provisoire tout au moins.
Seulement, dans les colonnes de la Dépêche de l'Est on plaça notre Robert au pain sec, après le Maire de Penthièvre et de Barral.
Cousin Marcel m'a confié que le Président de la Chambre de Commerce en fut chagriné.
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BÔNE n'a pas d'hippodrome. Dans ce domaine, notre ville qui a plus de 100.000 habitants, est en retard sur Châteaudun, Guelma et Saint-Arnaud.
Voyons, M. Henry SULTANA, pensez-y ! Ne laissez jamais supposer que vous avez vieilli ou que des raisons mystérieuses vous incitent à la négligence.
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MUNCK, ALOI et même BUSSUTIL et VIRICEL comprennent l'humour et la plaisanterie.
Les gens intelligents ne se fâchent jamais.
Il n'y a que Robert qui fait songer à un gosse privé de chocolat...
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ON dit que le brave Gabriel PALOMBA est accusé de modérantisme. Les extra purs ont craint qu'il ne fasse son petit " Tito ".
Nous ne le croyons pas. C'est au moins trop tôt. En tout cas, BENZEGALA l'a surpassé en grade, ce qui n'est pas flatteur.
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LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (52)
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Le maroutselle coxé par la glu
Tu t’racontes, cette histoire-là, tout l’monde y doit s’la connaîte et quan je dis le monde, c’est le monde bônois bien sûr. Cette histoire que j’te parle, c’est l’histoire du maroutselle ou d’la maroutselle, à saouar si que c’est un mâle ou une fumelle à cause que nous z’aut’, quan c’est qu’on en parle, c’est toujours des maroutselles pasque si tu dis un ou une, elle te bouche même pas le trou que des fois tu l’as en dedans la dent que t'y as tout au fond, en dedans la bouche. Pour te revenir à l’histoire, tu ois pas, ce matin en faisant ma course... entention, j’ai dis course, pas commissions fut pas confonde... à cause que tous les matins que Dieu y fait, j’me lève bonne heure avec les coqs, obligé pisque je dors avec les poules (y a encore des langues de vupères qu'elles vont penser du mal) et j’m’en vas, malgré les clous, les plaques et les vis que j’les z’ai encore aux deux pieds depuis que je m’les z’ai escagacssés y a de ça quat’z’ans, faire le tour du plateau en courant mais entention, la classe, quan tu me ois, tu dis pas aga moi ce joubasse, non, un vrai esportif que je suis, avec les savates aux pieds, le survêtement dessur moi et tout et tout… Y’alors je me monte dessur le plateau…Non, pas çui-là là en cuiv, un vrai de vrai, un vrai plateau avec dessur, d’la terre et de l’herbe et même quèques z’arbes, ce plateau qu’il est juste dessur la maison là ousque j’habite que des fois, y a même des lapins ou des lièves qu’y courent à droite et à gauche et des fois aussi tout droit; si que je dis des lapins ou des lièves c’est à cause que je sais pas les reconnaîte et faire la différence.
Y’alors pour te revenir encore une fois à l’histoire que j’l’ai pas z’encore commencée, tu ois, j’étais en train de faire ma course, ouai, en train de courir…J’vas pas encore te faire un cours sur la différence qu’elle éziste entre la course et les commissions hein? j’étais en train de courir donc, pour me faire les musques quan tu ois pas, mon regard y s’arrête net dessur un ou une maroutselle, comme tu veux tu choises, on va se bagarrer pour ça, qu’il était englué le pauv’… Attends un peu ô badiguel, quan t’y es pris en dedans la glu, comment tu dis?... Ce maroutselle le pauv’, englué mais pas comme le chardonneret de nous z'aut', d’en dedans l’ancien temps que pour s’l’attraper, y fallait faire la glu avec des semelles de souyiers en crêpe, la mette dessur les bâtons au bord de l’eau et attende comme quan t'y attends la fougasse; non, çui-là là, le pauv’ maroutselle il était englué dessur une boule de glu que main’nan, le patos, pour faire américain, y dit c’est du chouine gomme et le pauv’, comme le chacail de la fabe, par l’odeur qu’elle l’a léché, il a venu direct se coller dssur cette pourriture qu’areusement y avait le maroutselle que je m'le suis vu juste à temps aussinon, dessur j’aurais marché et c’est moi que, englué, bessif j’aurais arrêté ma course.
Et là, tu vas pas me coire, j’ai eu d’la peine pour le pauv' maroutselle aussi, pour le remercier de c’qu’y m’a ensauvé d’une cagatte écologique comme on dit main’nan et qu'y faut pas confonde avec scolaire, ça a rien à oir; j’me le suis pris délicatement comme y dit l’aut’ et j’l’ai posé doucement avec tous les z’aut’ en dedans le panier que toujours j’l'ai dessur le dos pour la kémia des jours qu’y viennent pasque comme tu sais, les maroutselles tu peux pas les manger de suite, y faut les purger avant de s’les z’affoguer mais, s'les z'affoguer comment? Sauce tomate piquant oualou, macache, main'nan c'est beurre, ail et persil, à la bourguignonne qu'y z'appellent ça pasque le maroutselle d'ici, il est pas blanc et p'tit comme çui-là là qu'on allait s'le prende dessur la route des salines, tu sais, le camp d'aviation, ceux-là là, y sont gros et gris et comme les not', jamais y se plaignent, y se laissent juste manger et diocamadone, qu'est-ce que c'est bon, chaque fois que tu t'en mets un en dedans la bouche, c'est toi qui fond, un vrai morceau de bonheur que t'y as là et c'est dans des moments pareils qu'y m'arrive d'oublier que la Patosie c'est un pays de sauvages.
Arrivé à la maison, personne il a voulu me coire, areusement, le maroutselle y te sentait encore la menthe de la glu et avec les cornes y me faisait des sines comme pour dire merci et ben! Tu cois ou tu cois pas, chais pas si c'est ma sensibilité ou si c'est l'odeur de la menthe qu'elle m'a entourné le coeur mais ce maroutselle, je m'l' suis pris et fissa, j'l'ai mis dessur la pelouse de mon jardin pour qu'y schcappe et tu ois pas ce baouèle au lieu de partir en courant, il a pris tout son temps à coire qu'y voulait visiter le gazon avant de partir. Je suis sûr que t'y es en train de te demander pourquoi j'ai le gazon...ô tchoutche, des fois quan j'ai le cafard, je regarde ce gazon et je ois dessur la JBAC en train de se gagner la coupe d'afrique du nord et ça c'était du ballon; aujourd'hui t'y as l'impression que les joueurs y peuvent pas s'l'attraper ce purée de ballon à cause qu'il est tout carabossé comme la coquille de mon maroutselle.
Rachid HABBACHI
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Votre jeune Daphné vient de trouver, Madame,
Un morceau de savon tombé du lavabo.
Elle eut tort d'y mordre, maintenant elle a beau
Hurler, pleurer, baver, c'est une chose infâme.
votre petit garçon qui ne savait pas bien
Que lorsqu'on, la frotte, l'allumette s'enflamme,
Faillit, chez vous, mettre le feu par ce moyen.
Lorsque j'étais au front, soit naïf ,soit bélître,
J'y fus blessé, sans fuir, avais-je Libre Arbitre !
Tel le chien et l'enfant, je dis " Je n'en sais rien "
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Cyclo-cross
24 janvier 1960
MAHMOUDI (Bône) Champion de cyclo-cross de l'Est Algérien
BÔNE (AFP): Hier matin a eu lieu à Bône sur un circuit de 5 Km à boucler quatre fois, le championnat de l'Est Algèrien de Cyclo-cross.
Les deux premiers devant être qualifiés pour les championnats de France.
1) MAHMOUDI (ASPTT Bône) 1H 4' 56"
2) DRIEUX (Constantine) 1H 5' 1"
3) PEREZ (JSH Bône) 1 H 7' 21"
4) JANUZY (Bône)
5) GUILBERT 5Bougie)
6) SELLAMI (ASPTT Constantine)
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CAFÉS-CHANTANTS
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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Alphonse Royer, romancier et librettiste connu, qui fut successivement, sous le second Empire, Directeur de l'Odéon, de l'Opéra, et Inspecteur général des Beaux-Arts, avait dit un jour :
" Le vrai conservatoire, c'est le café-chantant ".
Il avait pu constater, au cours de sa longue carrière, que de très grands artistes qui avaient remporté de vifs succès dans ces théâtres célèbres, avaient tout simplement commencé leur carrière par le Café-concert, sans passer par notre Conservatoire National.
C'est Thérésa, la fameuse divette de l'Alcazar de Paris, artiste de café-concert en vogue, sous le Second Empire, qui conte cela dans ses " Mémoires " qu'elle a publiées en 1865 chez Dentu, éditeur à Paris.
Cette femme qui avait été, selon sa propre expression, " jetée sur les planches d'un café concert ", et qui ajoute ingénument " Je n'avais pas le choix, j'ai chanté, et tout Paris est venu à moi ", fut, dans son genre, une indiscutable célébrité de l'époque.
Mais, son livre nous apprend aussi que ce ne sont pas seulement certains artistes qui ont conquis les succès, sinon la gloire, en passant par le café-concert. Les chansons aussi y ont trouvé parfois le chemin qui les a conduites à la grande notoriété.
" Mais les chansons ont leur destin... ", Ai-je entendu chanter, moi-même, bien plus tard, sur des tréteaux populaires du café-chantant.
Thérésa raconte, en effet, qu'un jour, trois amis erraient sur les boulevards, à la recherche d'une dizaine de francs absolument indispensables pour apaiser leur faim qui était grande.
L'un d'eux les entraîna chez un éditeur de musique à qui il proposa de lui vendre une romance dont, l'un avait fait les paroles, l'autre la musique, et que lui chantait, car il était le seul des trois à avoir un peu de voix.
L'éditeur qui avait justement besoin d'une chanson nouvelle pour un café-chantant qui devait ouvrir le lendemain accepta avec empressement d'auditionner la romance en question.
Elle lui plut, et il l'acheta quinze francs qu'il paya sur le champ, et les trois amis s'en furent en courant vers le restaurant le plus proche.
Thérésa ajoute :
" L'auteur des paroles s'appelait Alfred de Musset, le musicien Monpon, (futur compositeur connu) et le chanteur Duprez (plus tard célèbre chanteur). Quant à la romance qui fit fureur au café-chantant et qui, de là, gagna les salons et le théâtre, elle avait pour titre l'Andalouse, et commençait ainsi :
" Connaissez-vous dans Barcelone
" Une Andalouse au teint bruni " ?
" Elle rapporta quarante mille francs à l'éditeur qui l'avait achetée quinze francs ",
Les cafés-concerts eurent leur plus grande vogue dans la seconde moitié du siècle dernier.
L'Alcazar et l'Eldorado, puis le Concert des Champs Elysées, en plein air sur le trottoir, firent la fortune d'artistes qui devinrent vite populaires dans le Paris qui chante et qui fredonne des airs qui vont ensuite aux quatre coins de la France.
La province où les petites sous-préfectures n'ont qu'une courte vie quotidienne qui finit peu après le coucher du soleil, où les nuits sont vides, mornes et longues, fut vite pour les cafés-chantants, un vaste et fructueux champ d'action.
Sans luxe d'installation, sur des scènes de fortune, montées dans le coin d'un café, avec un seul pianiste pour orchestre, des artistes venaient débiter bien souvent sans aucun souci de la mesure, des chansons ou des monologues qui n'avaient de valeur que si l'artiste qui les chantait, ou les disait, plaisait aux consommateurs entassés dans la salle.
Les habitués prenaient leurs consommations habituel-les, en même temps que les artistes défilaient sur la scène au rythme de leur tour de chant et de l'accompagnement du pianiste.
La salle était pleine de fumée et d'odeurs plus ou moins légères. La foule était bourdonnante.
Les soirées des petites sous-préfectures n'étaient plus vides et insipides, et la vie ne finissait plus avec le jour.
Les artistes, si l'on peut appeler ainsi ces malheureuses filles que le sort avait jetées sur les planches, comme avait dit Thérésa, n'avaient, la plupart du temps, aucun talent. Il suffisait qu'elles fussent jolies, plaisantes et aguichantes, et que leur voix ait quelque charme, si petit qu'il fût.
Les toilettes, pour plaire, ne demandaient qu'à être décolletées autant que cela se pouvait, à la condition cependant que ce décolleté servit à montrer une gorge et des bras qui valaient la peine d'être vus.
Puis, les artistes passaient à travers la salle, entre les consommateurs qui se serraient encore davantage pour les mieux frôler, les voir et leur parler.
Elles quêtaient, et c'était là, pour chacune d'elles, le test de leur succès et de leur popularité.
Les pauvres déshéritées de la nature qui n'avaient que peu de voix, et de maigres appâts, s'en rendaient compte si elles ne le savaient déjà, en comptant le produit de leur quête qui ressemblait à leurs attraits.
Les artistes pouvaient, leur tour de chant terminé, venir s'attabler avec leurs admirateurs.
Ah, les cafés-chantants... qui ne s'en souvient avec une tendre émotion ? Ce fut, pour la plupart des jeunes, leur premier contact avec la vie en rose, telle qu'ils l'imaginaient en leur cerveau d'éphèbes rêvant de plaisirs charnels plus ou moins imaginaires.
Les collégiens oubliaient la fille du concierge, pour se pâmer d'aise devant des jolis bras ou des gorges rondes émergeant de toilettes de satin clair, en écoutant des voix qui avaient chanté, et qui chantaient encore en leur parlant.
Les cafés-chantants ont donné toute une vie nouvelle et un charme particulier aux petites villes si tristes et silencieuses et si démoralisantes avant leur arrivée en Province.
C'est Georges Clemenceau, ce démolisseur de Ministères, qui porta le premier coup de sape aux cafés-chantants.
Ministre de l'Intérieur dans le Cabinet Sarrien, formé en I90S, au lendemain de l'élection d'Armand Fallières à la Présidence de la République, Georges Clemenceau interdit formellement les quêtes faites par les artistes après leur tour de chant. Il entendait supprimer toutes sortes de promiscuité entre les chanteuses et le public.
Certes, la question était d'ordre moral, et elle se défendait parfaitement.
Mais cette mesure n'atteignit sérieusement que les cafés-chantants des pauvres petites villes de Province.
Les grands concerts de Paris, Lyon ou Marseille qui avaient de grandes salles de spectacle, parfaitement aménagées n'en souffrirent pas, car les promenoirs permettaient tous les rapprochements et rencontres voulus.
Mais en Province, dans les petites sous-préfectures, si les collégiens, les jeunes gens, les célibataires, et même les autres, devaient se voir privés de ces contacts légers, de ces frôlements, à peine réels, et de ces conversations rapides et légères, ils n'avaient plus aucune raison d'aller au café-chantant.
Car ce n'était pas pour l'amour de l'Art que la grande majorité des consommateurs se pressaient dans ces salles mal aérées et pleines de fumée et de tabagie.
Ce divertissement provincial qui pouvait, lui, dire son nom, disparut peu à peu. Les soirées des petites villes redevinrent mornes, tristes et lugubres.
Les artistes sans talent suffisant n'eurent plus que leur beauté et leurs charmes à faire valoir pour vivre...
C'est vraisemblablement à la Colonne que s'ouvrit le premier café-chantant de Bône.
Il était situé à l'angle de la rue Sadi-Carnot, qui ne devait être, alors, que la route de l'Edough et d'une toute petite rue transversale qui allait rejoindre la rue de la Fontaine (aujourd'hui Avenue Garibaldi).
Cette petite rue est actuellement appelée rue Docteur Teddé.
Ce n'était qu'une simple buvette séparée de la route par une large treille qu'une vieille vigne couvrait avec peine. Par contre, la façade donnant sur la route était formée presque hermétiquement par un épais rideau de plantes grimpantes, liserons bleus, qui subsistaient longtemps après que le café-chantant eut cessé de chanter ou de beugler.
Ce café chantant attirait tous les soirs au Faubourg, quantité de noctambules de la Ville, avides de divertissements et de fredaines.
Peu après, sans doute pour retenir sa clientèle, qui, chaque soir, se dirigeait vers la Colonne, le café St-Martin installa une scène dans le coin gauche, au fond de sa belle salle, tapissée de glaces, et, toute l'année, l'hiver à l'intérieur et, sur la terrasse, pendant la belle saison, des troupes passèrent sans arrêt pour la grande joie du public bônois qui trouvait ainsi un aimable passe-temps nocturne au coeur même de la Ville.
Loti, qui n'était que l'enseigne de vaisseau Viaud, a noté dans une lettre qu'il écrivait le 9 mai 1880, qu'on retrouve dans son " journal intime ", paru depuis sa mort, la présence, auprès d'un beuglant où se chantaient des refrains de barrière.
Cette lettre était écrite par le futur académicien de l'Hôtel d'Orient, et le " beuglant dont il y est question, c'était le café-chantant du Saint-Martin ", (aujourd'hui café de Paris).
Ce " beuglant ", pour dire comme Loti, avait un orchestre à cordes, complet : une sorte de quintette avec piano, pour accompagner les artistes.
Il y avait, dans cet orchestre, les célébrités populaires locales, les plus marquantes de l'époque, mais les deux sujets les plus curieux de ce petit groupe musical étaient certainement le violoniste Paolo, et le contrebassiste Baffa, deux musiciens maltais, excellents instrumentistes, mais n'ayant que très peu de rapports avec la musique écrite.
Paolo qui n'était connu que sous ce prénom maltais était l'auteur d'une valse admirable " Elle et Lui ", que l'on entendait, alors, partout, dans les bals, les concerts, les soirées où les personnes présentes ne manquaient pas d'en réclamer l'exécution, dans les rues où les gens la fredonnaient ou la sifflaient.
C'était une obsession, mais non une scie. Langoureuse, expressive, chantante et prenante, ceux qui l'avaient entendue seulement une seule fois, ne pouvaient s'en défaire.
Baffa était plus drôle, mais moins célèbre et respecté, car il n'avait composé aucun morceau de musique.
Son adresse, celle qu'il donnait dans les actes sérieux de sa vie, était la suivante :
" Baffa, premier contrebassiste, Café Saint-Martin, Bône, En Frique ".
Premier contrebassiste, et dernier aussi, car il était le seul dans ce petit orchestre.
Le café-concert du Saint-Martin eut une très longue vie qui ne finit qu'au début de ce siècle, après le décret Clemenceau.
Le père Tassy, avant de créer son joli théâtre de la rue Bugeaud, dont un Monoprix vient d'absorber les derniers vestiges, avait exploité aux environs de 18'10, un café-concert dans un baraquement de fortune, tout au bas du Cours, face à l'emplacement de la statue Thiers, dans le terrain sur lequel a été construit depuis le grand immeuble que l'on appelle " Le Palais Lecoq ".
Dans la rue Saint-Augustin, tout près de la Place d'Armes, il y avait en même temps que celui du Saint-Martin, un autre café-chantant, mais ouvert plus tard, dirigé par Madame Marin, belle et opulente blonde qui paraissait tout à fait idoine en la matière.
Cet établissement occupait le rez-de-chaussée d'un vieil immeuble qui tient encore debout et dans lequel avait été exploité, il y a plus d'un siècle, l'hôtel du Lion d'Or qu'ont connu les tout premiers Bônois d'avant 1840.
Le café-chantant donnait sur la petite rue de Tunis dans un local mi-salle, mi-jardin, qui faisait suite à une brasserie qu'on nommait "la Taverne Lyonnaise ", en façade sur la rue Saint-Augustin.
A l'extrémité de la rue du 4 Septembre, presque sur les quais, tout contre le pavillon en bois de l'agence de la Compagnie Transatlantique, il y eut aussi les " Ambassadeurs ", tout comme le grand concert de Paris.
Le local du café-chantant dépendait d'un vieux hangar écrasé et sordide. Les " Ambassadeurs " étaient bien mal logés et ils avaient pour voisin immédiat, sur la rue du 4 Septembre, un coiffeur italien qui affichait orgueilleusement ; " Barbe et Capello, quinze centimes... "
Un autre café-concert, enfin, avait précédé dans la Brasserie Kessler, rue de l'Arsenal, aujourd'hui, rue du Capitaine Genova, le casino édifié dans les dernières années du siècle passé par une ancienne artiste. Madame Montigny.
Ce casino était coquet et agréable, il y avait un premier étage avec loges et galeries, tandis qu'au rez-de-chaussée les consommateurs étaient assis autour de tables.
Il a été pendant longtemps une véritable salle de spectacle très fréquentée où vinrent se produire de véritables artistes de talent.
Entre temps, vers 1890, sur l'emplacement où se trouvent aujourd'hui l'Hôtel particulier Jammy et l'immeuble contigu, emplacement qui servait alors d'entrepôt au commerce de matériaux de construction de M. Esbérard qui fut Président du Tribunal de Commerce, Louis Xerri, propriétaire-fondateur du café du Théâtre, avait fait édifier un vaste local en planches, occupant toute la façade de ce terrain encombré de briques et de tuiles, sur le Cours National, en face de l'Hôtel de Ville.
Il y avait une scène, des décors et des artistes qui chantaient.
Mais il y avait aussi une roulette et des tables de baccara qui paraissaient être la principale raison d'être de cet établissement en bois que l'on avait baptisé du titre pompeux de " Casino ".
Ce casino n'a pas eu la destinée qu'avaient espéré son constructeur et ses animateurs. Ce fut un lamentable et retentissant fiasco.
Il eut une triste fin et c'est avec soulagement qu'on le vit disparaître.
La roulette avait causé bien des ennuis, peut-être même des ruines.
Telle fut, rapidement esquissée, la vie chantante de notre Ville.
On chantait beaucoup, on le voit, à Bône, dans les derniers temps de ce siècle finissant qui n'apportait pourtant aux Bônois que bien peu de raison d'espérer.
La cigale de la Fable aussi avait chanté tout l'été, sans se douter que l'hiver allait venir.
Les Bônois allaient, peut-être, être obligés de danser... devant le buffet.
Mais les siècles, tout comme les jours, se suivent et ne se ressemblent pas.
Bône sembla enfin avoir trouvé le chemin de la Prospérité avec l'avènement du vingtième siècle.
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Le temps des souvenirs d'autrefois.
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Mon grand-père Vincent Gabriel PÊPE Alias l'Africain ou l'Afrique.
A propos de quelques anecdotes et aventures familiales véridiques.
LE NAUFRAGE du Navire espagnol Cabo San Tomé.
Tragédie et Mystères d'un drame de la mer.
C'est au cours des années 1952 / 53, semble-t-il, qu'un bâtiment espagnol de la taille d'un chalutier est venu relâcher dans le port de La Calle, pour une mission qui devait durer seulement quelques mois. Son équipage était composé de quelques marins chargés de la manœuvre, ainsi que la présence insolite de deux scaphandriers.
Depuis quelque temps déjà, la rumeur locale et la presse avaient annoncé l'arrivée imminente de ce petit navire, qui, parait-t-il, devait exploiter la ferraille tirée des eaux sur le site même où gisait par 30 mètres de fond, le Cabo San Tomé ce paquebot mixte espagnol - coulé le 10 octobre 1937 dans le golfe du cap Rosa à l'Ouest de La Calle.
A l'époque il s'était dit à La Calle, qu'il appartenait à Monsieur Jean Borg de la presqu'île, d'avoir repéré l'épave du navire, dont il devait marquer l'emplacement par une bouée.
Si l'évocation de ces évènements bien anciens, nous apparaît de prime abord sans aucun intérêt, il semble tout de même que cette affaire devait soulever en son temps, bien des interrogations et une part de mystère, qui de nos jours reste encore une énigme non résolue.
De même et curieusement au sein de notre communauté Calloise, certains des nôtres sans même se concerter ont vu surgir de leur mémoire, le souvenir encore présent de ce drame de la mer. C'est ainsi qu'ils se sont associés volontiers à l'évocation de cette chronique, pour raconter la tragédie du Cabo San Tomé, son mystère et ses secrets.
Nous devons à notre ami Émile SUQUET, une intéressante documentation glanée aux archives nationales, laquelle, est constituée d'articles relevés dans les journaux locaux de ce temps-là. Pour le reste il faut savoir, qu'il a suffit de demander par-ci, par-là et compulser le grand livre du souvenir de notre petit peuple du bastion de France, pour apprendre bien des choses au sujet de l'épave du malheureux navire et surtout sur l'exploitation de sa dépouille, par un petit bateau espagnol et son modeste équipage venus ce me semble un peu tard sur nos rivages, pour honorer curieusement un amas de ferraille rongé par la mer et le temps.
Tout cela laisse bien rêveur sur cette singulière démarche.
Mais remontons le temps pour prendre connaissance des articles parus dans la presse de l'époque et qu'il nous soit permis dans cette chronique, de tenter de comprendre le mystère de cet imbroglio maritime, que la venue du petit navire espagnol et de ses scaphandriers - n'a fait que compliquer.
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Dépêche de Constantine.
LUNDI 11 OCTOBRE 1937.
Saint QUIRIN.
LE DRAME ESPAGNOL.
Deux torpilleurs insurgés attaquent
au large de Bône
le paquebot mixte gouvernemental
Cabo San Tomé.
Le navire atteint par de nombreux obus s'est échoué
prés du cap Rosa et a explosé.
L'équipage, composé d'une centaine d'hommes,
a pu débarquer à La Calle.
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Bône, le 10 octobre ( de notre correspondant particulier )
Ce matin, les échos d'une violente canonnade parvenaient jusqu'à Bône. On avait cru tout d'abord qu'il devait s'agir d'exercices de guerre. Bientôt on apprenait qu'un véritable combat naval s'était déroulé et qu'un paquebot espagnol avait été coulé par des torpilleurs.
Les assaillants ont opéré à la limite des eaux territoriales françaises, à une quinzaine de milles au large du cap Rosa.
Combat!
Un grand paquebot mixte de la flotte de commerce gouvernementale espagnole, le Cabo San Tomé filait au large de la côte, il avait dépassé La Calle et découvert le cap Rosa lorsque deux silhouettes de torpilleurs surgirent dans la brume matinale. Les deux navires de guerre convoyèrent et lorsqu'il jugèrent le moment propice attaquèrent. Pendant une heure le navire subit le feu des adversaires. Atteint de nombreux projectiles, il devenait la proie des flammes. L'équipage put mettre des embarcations à la mer et devait être recueilli par des bateaux français et transporté à La Calle.
L'équipage.
L'équipage composé de 99 hommes, abandonna le bâtiment en feu sur trois chaloupes et un youyou, pour être recueilli par des bateaux français. Le bilan des victimes de ce bombardement s'établit ainsi : 1 mort et 6 blessés. Les autres matelots sont indemnes.
On n'a pu encore ce matin, effectuer l'interrogatoire des rescapés, aucun d'eux ne parlant français. Cependant, ils auraient tenté de faire comprendre aux autorités de La Calle qu'ils auraient été attaqués par mer et par air ? L'enquête fera seule la lumière.
Ce que l'on vit de La Calle.
Les détonations ont également été entendues à La Calle et le gardien du sémaphore du cap Rosa assista au drame et aperçut les deux torpilleurs qui leur coup fait disparurent vers le nord.
Le cargo saute.
A 14 h.35 le Cabo San Tomé a sauté. L'explosion a été entendue de Bône, d'où l'on a aperçu une flamme très vive et une épaisse fumée montant vers le ciel. Un S.O.S a été capté par le navire CHANZY : " sommes attaqués par navires de guerre. "
Une anomalie a été relevée par des aviateurs de l'aéroclub de Bône les salines : sur l'avant du navire on distinguait le nom CORFU qui n'est pas le nom véritable de ce bateau. Pourquoi ce changement ? Le Cabo San Tomé comptait-il passer inaperçue grâce à ce subterfuge ?
Un combat naval.
Des marins pêcheurs qui pêchaient prés du cap Rosa, ont déclaré qu'un véritable combat naval s'était livré entre les torpilleurs et le Cabo San Tomé. Le cargo espagnol armé aurait riposté avec énergie aux attaques de ses ennemis, ce qui expliquerait mieux la longue durée de la canonnade : 45' environ.
Quant à la cargaison du Cabo San Tomé, outre le bois, elle aurait été - mais ce sont toujours là que des hypothèses - composée, de matières explosives, d'armes de guerre et de munitions.
L'explosion du navire.
L'explosion formidable qui brisa complètement le cargo démontre cependant, que les soutes du navire, devaient renfermer autre chose qu'une inoffensive cargaison de bois blanc. Car selon l'expression pittoresque d'un pêcheur, on aurait dit une éruption soudaine d'un volcan sous-marin.
On apprend qu'un des blessés a été transporté à l'hôpital civil de Bône et mis au secret en attendant d'être interrogé officiellement.
A La Calle où les rescapés, parmi lesquels se trouvait une femme, ont été transportés. La population a accueilli la nouvelle du bombardement avec émotion et une foule considérable se pressait sur les quais pour assister au débarquement des marins espagnols.
Le Cabo San Tomé.
Ce navire était une des unités les plus modernes, les mieux outillés, les plus rapides de la flotte gouvernementale espagnole. Ce beau bâtiment taillé pour les longs voyages, faisait partie de l'armement YBARRA et Cie de Séville. Ses deux hélices lui permettaient d'atteindre une vitesse respectable. De même ses cales lui assuraient des possibilités de chargement considérable. Sa jauge était de 7521 tonnes, sa longueur de 135 mètres. Enfin, ce navire avait été lancé en 1931 à BILBAO.
P. CARLAVAN.
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Communiqué du Vice-Amiral ESTEVA.
" Le paquebot espagnol mixte gouvernemental " Cabo San Tomé ", a été attaqué ce matin par deux torpilleurs insurgés au large de Bône.
" Le paquebot en feu est allé s'échouer prés du cap Rosa où il a explosé à 14 heures 30. L'équipage composé d'une centaine d'hommes a pu débarquer à La Calle.
" Les pertes pendant le combat ont été d'un mort et de trois blessés. Le sous-préfet de Bône à pris toutes les mesures propres à procurer au personnel l'assistance dont il avait besoin ".
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La Dépêche du Constantine. Le 12 Octobre 1937.
LE DRAME ESPAGNOL.
Le Cabo San Tomé.
véritable croiseur auxiliaire
a soutenu un rude combat naval.
Les circonstances de l'attaque du cargo
espagnol au large du cap Rosa.
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La Calle le 11 Octobre - de notre envoyé spécial.
La population du paisible petit port de La Calle était, ce matin encore, bouleversée par le combat naval qui s'est déroulé hier au large du cap Rosa dont nous avons relaté hier les péripéties. L'arrivée des rescapés, leur aspect pitoyable, leurs vêtements en loques, ne manquèrent pas non plus de provoquer la plus grande curiosité.
Aussi, ce matin, une véritable foule se pressait, avide de renseignements aux abords de l'hôpital civil, où, dans le préventorium les naufragés avaient été installés. La curiosité du public ne fut d'ailleurs point satisfaite. Tous les marins, du commandant au dernier des matelots, observèrent un mutisme absolu sur la tragique aventure. De plus, une compagnie de tirailleurs veilla l'arme au pied sur la sécurité des espagnols qui n'ont pu de ce fait communiquer avec personne, pas même M. Prax vice-consul d'Espagne à Bône, qui depuis hier soir se trouve à La Calle.
Cette consigne, cette loi du silence, fort heureusement, nous avons pu la troubler. Le voile d'ailleurs valait la peine d'être soulevé.
Mutisme.
Le Commandant du Cabo San Tomé est un homme jeune encourageant aimé de ses hommes en compagnie desquels il loge à l'hôpital n'ayant pas accepté un gîte plus confortable.
M. Henda Raffael âgé, de 42 ans, de Bilbao, tel est son nom, ne voulu pas donner aux journalistes ses impressions sur le combat. Très courtoisement d'ailleurs, il se borna à déclarer en un français hésitant qu'il n'avait aucune déclaration à faire.
Pour avoir tous les détails du combat il fallut effectuer une véritable enquête, laquelle nous permit de reconstituer minute par minute l'odyssée du Cabo San Tomé, véritable croiseur auxiliaire, armé aussi bien qu'un bateau de guerre, et qui ne dut sa défaite qu'à un coup malheureux qui brisa son gouvernail en début de l'action.
Cependant, si le commandant du Cabo ne déclara rien aux journalistes, il dut bien expliquer aux autorités comment son bateau avait été coulé...
Départ d'Odessa.
C'est le 5 octobre dernier que le Cabo San Tomé quitta Odessa avec une cargaison de 6195 tonnes. Cette cargaison, le commandant la mentionne en ces termes : vivres et même macaroni... De la poudre et des explosifs, des obus - M. HENDA Raffael se défend d'en avoir emporté à son bord.
Le navire quitta Odessa pour Carthagène le 5 octobre en suivant soigneusement la ligne fixée par le comité de non-intervention. La première partie du trajet s'effectua sans incident, et le moment approchait où le Cabo allait rencontrer en mer deux convoyeurs gouvernementaux espagnols, qui, devaient l'escorter jusque dans un port de l'Espagne gouvernementale.
Cette rencontre devait avoir lieu au large de Philippeville durant cette matinée du dimanche 10 octobre qui fut marquée par le combat du cap Rosa.
Comment d'autre part, le Cabo San Tomé se laissa-t-il surprendre par ses agresseurs, comment ne força-t-il pas, comme il en avait la possibilité sa vitesse ? Cela s'explique facilement.
Deux navires.
A 5 heures du matin, dimanche, le commandant du cargo espagnol vit arriver du large deux torpilleurs ou canonnières. Les deux bâtiments ne portaient aucune marque, aucun pavillon pouvant alors établir leur nationalité.
Alors que les deux bateaux de guerre se trouvaient à trois milles du Cabo San Tomé qui était lui-même à deux milles au large du cap Rosa, un coup de canon fut tiré dans la direction du Cabo et le projectile alla se perdre en mer.
Pensant qu'il s'agissait de bâtiments venus les convoyer, l'état major du Cabo, fit comble d'imprudence, stopper le navire et hisser le drapeau gouvernemental Espagnol à son arrière. Or, c'était ce que devaient attendre les torpilleurs pour agir. Car, sachant alors d'une façon certaine, la nature, le nom et la nationalité du paquebot qu'ils avaient devant eux, les navires de guerre firent feux.
Un croiseur auxiliaire.
Ce qui était encore imparfaitement connu jusqu'à ce matin, c'est l'armement du Cabo San Tomé véritable croiseur auxiliaire, prêt pour la course, susceptible d'opposer à ses adversaires une résistance farouche et à attaquer si besoin était.
L'armement du cargo mixte se composait de quatre canons de 15 de marine et de quatre canons de 45, sans compter les mitrailleuses.
Ce fut le branle-bas de combat. Feu partout ! Les canons des torpilleurs et les canons du cargo crachèrent la mort et entamèrent une lutte qui devait durer prés d'une heure.
Au cours des premiers coups, malheureusement pour le Cabo San Tomé, un obus brisa le gouvernail et empêcha le navire de naviguer à sa guise et d'effectuer les opérations nécessaires à son salut. Cet obus causa la perte du navire, car bientôt, d'autres brisèrent ses ponts et mirent le feu à ses cales arrières.
L'incendie à bord, le commandant n'abandonna pas pour cela la partie. Sous les feux de l'ennemi, malgré le danger, il fit mettre les pompes en batterie. Vaine manœuvre. Des obus brisèrent les appareils et tuèrent un marin nommé José Martello dont le cadavre fut transporté à La Calle et dont les obsèques ont eu lieu cet après-midi.
Le combat fut très acharné et jusqu'au bout le cargo riposta déclarent des pêcheurs qui se trouvaient aux environs... L'un des torpilleurs fut atteint par un obus qui abattit un de ses mâts.
Enfin ayant les feux dans ses cales et l'incendie s'étant propagé à tout l'arrière de son bateau, le commandant HENDA Raffael ordonna l'évacuation quittant lui-même le dernier la passerelle. Dans des chaloupes, l'équipage gagna la côte. Dans les canots de sauvetage, un cadavre et dix blessés, dont deux grièvement atteints.
Arrivés à terre sans encombre, les marins assistèrent au départ des assaillants d'abord et à l'incendie du Cabo ensuite.
Naufragés armés.
C'est dans les bois environnant la plage où ils débarquèrent, à prés de cinq kilomètres du cap Rosa, que des gendarmes amenés par le bateau garde-côte Jarret du port de Bône, découvrirent les rescapés du Cabo San tomé. De bien curieuses surprises allaient être réservées aux représentants de l'autorité Française.
En effet dans les vêtements des espagnols, ils trouvèrent une quantité importante d'armes à feu : 12 revolvers automatiques de divers calibres. De plus, un trou fraîchement comblé dans le sable attira l'attention des gendarmes, qui cherchèrent et mirent à jour une mitrailleuse Maxim du dernier modèle.
Sans protester, les marins se laissèrent désarmer et conduire à La Calle où Monsieur PETIT, administrateur principal de commune mixte, fit procéder à leur hospitalisation.
Un singulier équipage.
C'est un bien singulier équipage que celui du Cabo San Tomé. Composé de très nombreux jeunes gens, parmi lesquels plusieurs officiers d'artillerie, mêlés maintenant à leurs camarades du pont et des machines dans les murs de l'hôpital de La Calle.
La femme qui se trouvait à bord, le commissaire et un autre passager dont on ne connaît pas la qualité, ont élu domicile dans un hôtel de la ville. Mais quoique plus libres, tous trois observent le même mutisme que leurs amis. Tous laissent la parole à leur commandant et celui-ci n'est pas loquace...
Un fait connu en ville dans la matinée, ne manqua pas de provoquer une vive surprise : aux matelots rescapés, on offrit dés leur réveil, le café. Quoi de plus naturel ? Ce café était servi dans des quarts, ce qui motiva l'indignation des espagnols qui ne l'acceptèrent pas, sous prétexte que des indigènes pouvaient avoir bu avant eux...
Au demeurant, les Espagnols manifestèrent un seul souci, celui de venir à Bône où se trouve encore dans l'avant port, l'Escolano, qui relâche depuis deux mois. A bord de ce bâtiment gouvernemental, tous espèrent trouver la plus large hospitalité, nourriture et logis.
Leur désir sera-t-il satisfait ? Toujours est-il que ce matin M. BUET, commissaire spécial du port de Bône, accompagné de l'inspecteur Peydessus, s'est rendu à La Calle pour effectuer une enquête sur les circonstances du bombardement du Cabo San Tomé. Lorsque cette enquête sera terminée, on connaîtra le sort réservé aux naufragés. En attendant, les tirailleurs continueront de monter une garde vigilante auprès de ceux qui ont échappé aux obus des torpilleurs.
P. CARLAVAN.
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Renseignements nationalistes.
Salamanque le 11 octobre. - Voici de source nationaliste, les circonstances du naufrage du bateau Cabo San Tomé ou San Agustin, car on ignore encore son identité exacte, coulé au large des côtes algériennes.
Hier matin, deux canonnières nationalistes rencontrèrent un de ces bateaux qui sont les plus grands de la flotte de commerce gouvernementale espagnole et qui sont armés de quatre canons de 120. Le bateau rentrait de Russie avec une très importante cargaison d'avions et 1800 tonnes d'autre matériel de guerre.
Les deux canonnières, malgré l'infériorité de leur artillerie, engagèrent un combat qui dura une heure. Ils réussirent à incendier le cargo et à le couler.
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Les débats sont ouverts :
Plusieurs questions viennent à l'esprit lorsque l'on étudie de prés cette affaire :
1°/ Pour quelles raisons, le paquebot mixte gouvernemental Cabo San Tomé a-t-il été coulé en 1937 ?
2°/ Pour quelles raisons, un modeste bateau espagnol et son petit équipage, sont-t-ils venus en 1952 / 53 s'intéresser à l'épave du Cabo, en vue d'exploiter sa ferraille soit quinze ans après son naufrage ?
3°/ Pour quelles raisons, cette entreprise marine de récupération de ferraille a-t-elle disparu de La Calle précipitamment, abandonnant sur place bateau et matériels divers à leur triste sort ?
- Plusieurs réponses sont possibles, mais, gardons-nous bien d'être convaincus qu'elles constituent des affirmations, qui découlent de certitudes absolues. Préférons plutôt faire des hypothèses, lesquelles permettraient peut-être - une approche acceptable de cette ténébreuse affaire :
- Il semble, que la réponse à cette interrogation ne soit pas très compliquée. En effet en 1937, les évènements espagnols avaient pour origine, un grave conflit armé entre le pouvoir gouvernemental en place, d'une part, et les insurgés nationalistes Franquistes, d'autre part. Cette guerre civile se faisait sur tous les terrains, où, chacun des belligérants, était matériellement soutenu par certaines nations européennes et cela à la veille de la deuxième guerre mondiale.
- Dés lors il est facile de comprendre que malgré les accords internationaux, un navire tel que le Cabo San Tomé - bateau moderne, rapide, spacieux, bien équipé et solidement armé -, pouvait discrètement assurer le transport régulier d'une cargaison à vocation militaire.
- Que les nationalistes espagnols bien renseignés par leurs services secrets, aient décidé d'envoyer par le fond un cargo qui ne devait pas être semble-t-il ? à son premier voyage et qui plus est transportait dans ses entrailles, bien autre chose que des vivres et du bois blanc. Dés lors on peut comprendre sans ambiguïté, les raisons réelles et sérieuses de cette agression : couper radicalement, un important moyen d'importation gouvernemental de matériels à visée militaire, qui aurait pu faire ombrage à la cause nationaliste espagnole - C.Q.F.D !
- On peut toujours se demander si les cales du " Cabo San Tomé ", renfermaient bien des armes, des munitions et en tout cas des matières explosives ? Pour tenter de s'en convaincre il est bon de se souvenir, de l'abandon précipité du navire en flamme par l'équipage et de la terrible explosion qui anéanti le cargo.
Une cargaison inerte faite de bois blanc, de vivres et de macaroni n'aurait eu à notre sens, aucune raison de faire déguerpir prématurément l'équipage et de provoquer l'explosion du navire avec une telle violence !
- Que penser de l'interdiction par les autorités françaises, de croiser dans les parages des lieux du naufrage du Cabo ? De la mise au secret de l'équipage et des blessés gardés jour et nuit par les Tirailleurs ? De cette conspiration du silence observée par le commandant du Cabo et son équipage, mais aussi par les pouvoirs publics ? ... Bizarre ! Vous avez dit bizarre ?
- Que dire de ce modeste chalutier et de son équipage, venus bien tardivement de leur lointaine Espagne, avec une bien curieuse idée d'exploitation d'épave en vue d'en faire le négoce de sa ferraille ? Cette activité était-elle si lucrative ? Cet amas de ferraille rouillé et rongé par la mer, valait-il sérieusement le déplacement ? A l'époque, cette ferraille valait-elle son pesant d'or ?
- Si l'on considère que le Cabo San Tomé, navire de 135 mètres jaugeant 7521 tonnes, représente une énorme quantité de ferraille, à laquelle il faut ajouter ce qui reste de la cargaison, on peut alors objectivement penser que si l'exploitation du site en valait vraiment la peine, de gros moyens techniques et beaucoup de temps paraissaient indispensables. Mais que voit-on arriver dans notre port ! ? Un petit navire sans panache flanqué d'un équipage bien modeste, avec pour armement - deux scaphandriers faisant fière mine et leurs accessoires !
- Sans faire de mauvais esprit il semble y avoir là une sacrée contradiction, entre la tâche à accomplir et les moyens mis à disposition par cette entreprise.
- Alors nous nous sommes demandés le pourquoi du comment de la chose ! ? Que venaient-ils chercher ces scaphandriers espagnols, dans les entrailles de cette malheureuse épave ?
- Bien sûr tous les soirs ils ramenaient fidèlement au port, des monceaux d'objets hétéroclites bien affectés par la mer, qu'un camion venu Dieu sait d'où récupérait à l'occasion... Mais au-delà, ne se cachait-il pas derrière cette activité, quelque chose de plus important, de plus secret, voire de plus inquiétant peut-être ? Là, est la question !
- Après quelques mois d'une activité surtout estivale, le bateau resta désespérément désert rangé docilement près du quai. Son équipage évaporé comme par enchantement, avait soudainement disparu de La Calle... Selon certaines informations dignes de foi recueillies dans notre communauté, les membres de l'équipage espagnol qui logeaient chez des particuliers, ont pour la plupart prestement quitté les lieux, abandonnant dans leur précipitation la quasi-totalité de leurs affaires... Quant à leur petit navire laissé à l'abandon au fond du port - il sombra doucement sans faire de bruit...
- Voilà donc une affaire qui se termine d'une façon quelque peu déconcertante ! Car enfin que constate-t-on ! ? Un sauve qui peu général des espagnols et leurs scaphandriers en tête, avec sur place l'abandon du navire et de son armement, ainsi que des effets personnels laissés dans les chambres occupées par l'équipage.
- Pourquoi une telle panique à bord ? On est en droit de se le demander !
- D'autres informations également digne de foi, laissent entendre que l'opération ferraille du caboteur espagnol, aurait caché une autre activité bien plus pernicieuse...
- Quelle activité ! ? La recherche d'autre chose dans les entrailles du Cabo et si oui, quelle sorte de chose ! ? Mais de plus il ne faut pas oublier, qu'à l'époque les évènements d'Algérie commençaient à se faire sentir et qu'il y avait là pour bien des aventuriers, une source d'intérêt non négligeable. En clair, sous couvert d'un négoce de ferraille rouillée, un trafic d'armes via La Calle et les espagnols - à destination de la rébellion a été évoqué... Comme il n'y a jamais de fumée sans feu tout prête à le croire !
- La vérité nous échappe encore une fois faute de preuves. Mais pourquoi cette fuite précipitée de l'équipage ? Était-il surveillé par les services de police qui avaient découvert le pot aux roses et ainsi occasionné la panique générale dans la banda espagnol ?
- Pourquoi l'abandon du navire et de son armement ! ? Si faillite de cette affaire il y avait, le matériel aurait été saisi et vendu aux enchères publiques. Or ! Il n'en a rien été... Le petit bateau, tranquillement s'en est allé par le fond - sans aucun intérêt de quelque personne que ce soit...
- Pour conclure cette chronique du bastion de France, il nous a semblé que parmi notre communauté Calloise, certains d'entre nous pourraient peut-être retrouver dans leurs souvenirs quelques bribes sur cette affaire bien ancienne. Leur témoignage sera toujours le bienvenu et permettra à coup sûr de faire un peu plus de clarté sur le mystère du Cabo San Tomé.
Pourquoi faire me direz-vous ?
C'est vrai ! A quoi bon se retourner dans le passé ?
- Permettez-moi de dire encore une fois et toujours :
Pour la NOSTALGIE ! frères et sœurs du Bastion de France et d'ailleurs.
Jean-Claude PUGLISI -
de La Calle bastion de France.
( Giens en presqu'île - Avril 2005 )
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LE JARDINIER
Envoyé par Mme. Geneviève Camilleri
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Un jardinier d'un grand hôtel decouvre que ses rosiers font plus de dix métres de haut.
Il decouvre egalement des tomates de 10 centimetres de diametre, des melons de dix kilos...
Il appelle le directeur et lui dit :
Moi, je veux bien que l'hôtel heberge le Tour de France, mais dites aux coureurs d'arrêter de pisser dans le jardin.
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A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
Par MAXIME RASTEIL (1930) N° 11
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EUGÈNE FRANÇOIS Mon ancêtre
Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
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J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto
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PREMIÈRE PARTIE
ENTRE LA VIE ET LA MORT
Me voilà donc installé par miracle au logis des modestes artisans marseillais dont le premier geste, en m'apercevant, fut de me recevoir à bras ouverts. On a beau dire, ce n'est que dans le peuple qu'on rencontre de pareils élans de bonté et de solidarité.
Dauphin et sa femme me connaissaient à peine. Ils ne m'avaient vu que quelques instants pendant une courte visite, mais en apprenant les calamités qui avaient fondu sur ma famille et fait de moi, en dernier lieu, un orphelin, ils en montrèrent une telle affliction que leurs larmes se mêlèrent aux miennes.
- On a bien fait de t'amener chez nous ! me dit le cordonnier tout ému de nos infortunes.
- Sûrement, mon petit, c'est le bon Dieu qui t'envoie ! fit sa femme en me prenant dans ses bras comme elle eût fait pour quelqu'un des siens.
Mais, tout à coup, je la vis pâlir.
- Pascal, cria-t-elle à son mari, regarde un peu la mine terreuse de cet enfant ! Il ne tient pas debout, le pauvre !...
Ce n'était que trop vrai, hélas ! Miné par la même fièvre qui avait emporté mon père, je me sentais dépérir chaque jour, et la dernière épreuve que je venais de traverser avait encore augmenté ma faiblesse. Bref, quarante-huit heures plus tard, je dus m'aliter, et pendant un long mois de souffrances, je fus entre la vie et la mort.
Ces braves gens réussirent néanmoins à me tirer d'affaire à force de soins et de veilles, ne regardant pas à dépenser leurs petites économies pour assurer ma complète guérison. N'ayant pas d'enfants, ils en étaient venus à me considérer comme leur fils, et je ne saurais dire la reconnaissance que je leur dois pour avoir recueilli la pauvre petite épave errante que j'étais devenu.
Ah ! C'est avec plaisir que j'aurais voulu leur voir toucher une part des 1.500 francs que contenait la bourse paternelle, afin de m'acquitter faiblement envers eux qui avaient tant fait pour moi.
Ainsi donc, grâce au hasard d'une visite amicale et d'un souvenir, le sort n'avait pas voulu que je suivisse ma mère, ma soeur aînée et mon père dans la tombe. Mon autre soeur, veuve à vingt ans et restée seule en Algérie à la tête d'un petit commerce, fut mise bien entendu au courant de ce qui m'était arrivé par le ménage Dauphin.
Elle n'hésita pas à récompenser, autant qu'elle le put, ceux qui m'avaient soigné avec une dévouement aussi admirable, et dès que je fus au terme de ma convalescence, elle prit ses dispositions pour me faire revenir auprès d'elle.
Je vous assure que le jour où le cordonnier de la Montée de l'Oratoire et sa femme m'accompagnèrent au bateau, leurs larmes coulèrent bien fort à l'heure de notre séparation. Ames charitables, coeurs d'or rencontrés sur ma route, je bénirai votre mémoire jusqu'à mon dernier soupir !
A SUIVRE
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.
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A LA SANTE DE TOUS NOS AMIS
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" Bien longue est notre histoire,
Elle occupe tout un grand territoire,
Et toi Ami d'aujourd'hui et d'hier,
Dans mon cœur tu t'accroches comme le tendre lierre.
Ce soir Ami , l'automne de notre vie arrive,
Mais toi Ami, ta flamme amicale est bien vive,
Alors regarde autour de toi et écoute ton cœur,
Il bat au son d'une voix et ravive la lueur.
Oui ! Ami la lueur de l'Amitié est bien présente,
Ne cherche pas à fuir, par sa présence elle te hante,
Alors, tends encore la main et souris à l'avenir,
Surtout ne résiste pas et succombe à ses désirs…
Ce soir Amis, l'automne de notre vie arrive
Et, même si vous partez sur une autre rive,
Je vous le dis haut et fort pour toujours :
" Ma plus belle histoire d'amour, c'est Vous ! "
Bien affectueusement à tous ceux et celles qui ont marqué notre vie.
Colette LEVY
Site : www.amisdebone.com
Marseille, le 11 décembre 2006
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L'Ecole Normale de Constantine
Promotion 34 / 37
Marcel GAMBA
Trait d'Union N° 34
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"Ouvrez ! Ouvrez la cage aux Z'oizeaux..!"
Chante Pierre Perret.
Regardez bien ces drôles d'oiseaux en rang, bien alignés, comme des hirondelles sur un fil électrique avant l'envol migratoire... Costumes sombres, pochettes blanches et pieds (déjà noirs...) bien cirés.
Ce sont les "normaliens" de la promotion 1934-1937, prêts à s'égailler par un dimanche matin frisquet de février 1935, devant la porte de leur "cage" : l'Ecole Normale de CONSTANTINE.
Ah cette Ecole Normale, comment l'oublier, même après plus d'un demi-siècle... Comment oublier les trois années passées là comme "élève-maître", enclos dans l'enceinte de ses vieux murs, où l'on entre "élève" et d'où l'on ressort "maître" (d'école), à l'âge charnière des chrysalides encoconnées dans le naissain des ruches, où le "potache" adolescent fixe ses caractères d'Homme pour ce qui lui reste de vie ?...
Notre vieux "bahut" était bien une ruche active et silencieuse, hors du temps et presque hors de la ville, entre les dernières maisons des hauteurs du lointain faubourg Lamy et les premiers rocs nus des carrières de Sidi-M'cid qui avaient fourni les pierres de calcaire bleues de sa construction solide, presque sévère.
Ancien séminaire, "récupéré" par l'Enseignement laïque après la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, c'était une bâtisse en carré, comme un fortin de l'Enseignement. Stable dans les mouvances d'un siècle déjà houleux. Genre de cloître, dû à son origine, fermé sur son jardin intérieur, ourlé d'arcades en plein cintre, avec les classes et les communs au rez de jardin, et les chambres monacales d'étudiants à l'étage. Pas encore agrandi, mais défiguré, par une vaste extension nécessaire, d'un style "béton armé", ajoutée comme une verrue à l'ancien bâtiment de pierres à partir de 1938.
Jardin intérieur aux fleurs claustrales anémiques, allées cruciformes bordées de mésenbrientémums, ombrées de sophoras japonicas pleureurs, déambulatoire à lumière tamisée des arcades, sévères murs de pierres nues, matelassés de cissus hédéracés (ou vigne vierge) formant stores aux fenêtres encadrées de briques rouges ; tout dans ce monastère de la laïcité, avait conservé de son origine un environnement sévère mais harmonieux, propice à la méditation spéculative et transcendantale.
Tout autour de ce cloître fermé, un très vaste jardin ouvert, campagnard et utilitaire où nous étions censés compléter notre travail intellectuel par une activité physique basée sur la mise en application pratique des cours d'agronomie de notre professeur M. Calcas.
En réalité nous troublions plutôt qu'aidions les activités de Constantino le jardinier, maître irascible des extérieurs, qui cultivait, à sa manière, d'excellents légumes, forts utiles pour varier et compléter les nourritures terrestres qu'Attalah, le terrible et inamovible cuisinier nous prodiguait.
Prodiguer, si l'on peut dire, car il n'était guère prodigue, et ses menus... fort menus, nous enseignaient "menu-militari" les règles pratiques d'une diététique collective et ascétique, propre à nous initier à la cuisine militaire qui suivrait inéluctablement notre sortie de l'Ecole Normale...
Mais nos estomacs juvéniles réclamaient une alimentation moins spartiate et plus gastronomique. C'est pourquoi vous nous voyez sur cette vieille photo, minces comme des sloughis, en ce dimanche matin, prêts à fuir la houlette, pourtant débonnaire, de notre Directeur M. Masseboeuf, et à nous envoler de notre cage (sans barreaux), quittant les hauteurs spirituelles et altimétriques du Faubourg Lamy pour les turpitudes culinaires de la "basse ville", sur le "Vieux Rocher", aux alentours de la "Place de la Brèche" : Choucroutes pantagruéliques du "Gambrinus" rue Caraman, fritures croquantes à "la Pêcherie", sous le vieux marché, menus raffinés de chez "Nossain", sous le théâtre, ou, plus économiquement pour nos bourses aussi vides que nos estomacs : Couscous savoureux de "l'Ami Bendjelloul", rue Hakett, pour le prix d'une place au "Cinéma Nunez"... Vu l'état de nos finances il fallait bien faire un choix entre "l'art" et ... le lard (de la choucroute) ou entre le "7ème art" et l'art culinaire de notre maître gargotier !
Et pour terminer cette équipée gastronomique, le soir, avant d'entreprendre l'ascension des grimpettes menant à nos quartiers élevés, nous reprenions quelques forces. Lors d'une halte chez la boulangère du carrefour d'El-Kantara où nous faisions un traditionnel "tour de pitz"... Car, nous expliquait la brave femme, il ne faut pas dire "pizza" mais "pitz", parce que ça s'écrit : P, comme pâte, I, comme inchois, T, comme tomate, et Z, comme zolives... Et nous, futurs éducateurs et philologues d'occasion, d'approuver, la bouche pleine... ! Ah ! Rapeneau, ta consoeur d'outre Rhumel ne déparaient en rien ta noble profession !
Pour les nostalgiques des jours révolus, vous avez là, sur cette photo exhumée d'un tiroir poussiéreux de l'armoire aux souvenirs, toute une phalange, bien alignée, de galopins écumés dans toutes les écoles de Numidie, sélectionnés par un concours draconien, embrigadés et formés en vue d'Eduquer le Peuple dans l'esprit de Jules Ferry : c'est la promotion 1934-1937 de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Constantine.
Ceux qui ont de la mémoire reconnaîtront, de gauche à droite : En bout de file, Marcel GAMBA (dit "WAWA", car de sa voix d'une octave au dessous de la moyenne on ne saisissait que les voyelles, un "djebaïli" échappé de ses montagnes du Zardézas un peu étonné de se trouver là, hirsute parmi des citadins "gominés".
Puis Jacques HADJADJ, un Bougiote discret et gentil, un peu dépaysé loin de la mer et de sa Kabylie.
A la suite, Fernand FONT de Constantine, notre "major", toujours premier, en tout, même pour le "grand départ", car, peu après sa sortie de l'Ecole, il quittera brusquement la vie à l'âge où les autres y entrent... Puis la paire inséparable des deux Jeannots : SULTANA et SAMMUT qui parlaient entre eux leur langue maternelle : le Bônois (sans accent !) le vrai, le pur, celui de "la Schoumarelle", de "la douane" ou de "la Colonne", et qui, en classe ou à l'école d'application "embrayaient sur le Français" (suivant leur propre expression), un Français châtié, fleuri, élégant, rythmé, du pur Hugo, Racine ou Baudelaire. Surprenant !
Près d'eux Raymond HELIX, un autre Bônois, mais un bônois autre, parlant naturellement le "Français de France", celui des auteurs modernes ou de la fonction publique.
Puis Fernand LAFON, venu des Hauts-Plateaux Sétifiens, apportant avec lui le sérieux et la hauteur de la région et la sagesse de Tocqueville (dont son village porte le nom).
A côté de lui Paul CASANOVA venu d'un autre lieu des Hauts-Plateaux (Canrobert), grand et grand sportif, le Platini, le Papin, le capitaine de notre équipe de foot (championne départementale scolaire) ; assez adroit pour placer le ballon là où il le fallait : sur le pied d'un coéquipier ou pour le pousser directement dans "les bois" adverses ; assez puissant pour envoyer le gardien avec le ballon au fond des filets ! (Comme j'en ai fait la cuisante expérience le jour où, goal d'occasion, je me suis retrouvé le cul dans la boue, bien au delà de "la ligne", ayant eu la malencontreuse prétention d'arrêter un de ses penaltys...
A côté de lui, Jean AURIFEILLE, d'El Arrouch, sportif aussi, mais plus versé dans le sport intellectuel, cachant une timidité native sous la gouaille et des répliques parfois cinglantes qu'on lui pardonnait, tant elle pétillaient d'esprit et d'à propos. Moins malmené par un sort qui lui fut peu favorable, il eût mérité d'être le Camus ou le Radiguet de notre génération.
Ensuite Jean ERLACHER, de Sétif, qui n'eut pas l'épanouissement que méritait sa gentillesse et ses grandes qualités, ayant été fauché prématurément à la tête de sa compagnie de tirailleurs pendant la campagne d'Italie.
Puis Vincent DILETTATO, notre bibliothèquaire, Bônois chaleureux, rondouillard et truculent, chanteur à la voix exceptionnelle. Il fera en sa bonne ville de Bône une carrière de premier plan dans l'enseignement, le syndicalisme et la politique. Devenu 1er adjoint au maire, il lui arrivera de marier (pour le meilleur et pour... l'Empire - on était patriote à cette époque...) certains de ses anciens condisciples.
Près de lui Joseph BUCCAFURI, le seul Philippevillois de la promo, toujours souriant, et jamais pressé, au point qu'un jour il manquera le train ! (Qui trop embrasse, manque le train... n'est ce pas, Jo).
A la suite, Barthélemy CONSOLINO, de Constantine, symbole de l'amitié chaleureuse et indéfectible ; organisateur des premières retrouvailles des anciens normaliens de Constantine après l'indépendance et la diaspora. Réunions annuelles qui se perpétuent toujours.
Puis Aurèle DEROSAS, autre Bougiote, dilettant, blagueur, volontiers farfelu pour faire oublier une ténacité à toute épreuve.
Enfin, tout à droite, l'autre Marcel : Marcel ZERBIB, encore un Bônois, mais pas "Bônois" du tout ! Calme, pondéré, élégant, amateur de théâtre et de beaux poèmes. Faisant flamboyer les tirades de Rostand, hoquetant une scène de l'Avare ou rythmant un poème étincelant de Miquel Zamacoïs avec un art consommé. Marcel, tu aurais pu devenir un sacré comédien, mais l'enseignement pour toi était sacerdoce, alors que pour d'autres ce fut une fonction, un métier, voir un accident de parcours (comme ceux d'entre nous qui ont préféré l'Armée, l'Administration, ou même... l'école buissonnière!...)
Mes chers condisciples de la 34/37, rompez le rang bien aligné, entre la porte de l'E.N. derrière vous, et celle de sortie devant vous. Détalez l'avenue Forcioli, vers les petites joies de la ville, ce jour-là. Et bientôt les grands aléas de la Vie.
Marcel GAMBA
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COLONISATION de L'ALGERIE
1843 Par ENFANTIN N° 26
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IIIème PARTIE
ORGANISATION DES INDIGÈNES.
CHAPITRE PREMIER.
PERSONNEL ET MATÉRIEL DES TRIBUS SOUMISES, ORGANISÉES
ET GOUVERNÉES PAR L'AUTORITÉ FRANÇAISE.
X. - Passons à la justice. - Nous avons dit plus haut (Ire partie, 3e ch., p. 179) que nous devrions limiter l'autocratie spoliatrice du Cheik, l'empêcher d'être distributeur absolu de la terre, percepteur absolu de l'impôt, et ajoutons juge unique, tout en lui conservant une autorité puissante comme directeur du travail, comme patriarche de la grande famille nommée tribu. Remarquons aussi, et beaucoup d'autres que nous l'ont déjà fait observer, que l'une des premières choses réclamées de nous par les indigènes, c'est de leur faire rendre la justice. Généralement les tribus, même du temps des Turcs, étaient dans un état déplorable sous ce rapport; c'est encore pis aujourd'hui. Les Turcs s'accommodaient assez de l'autocratie parfaite des Cheiks, et ne redoutaient pas qu'ils fussent seuls juges, et par conséquent qu'ils possédassent ce moyen de plus de pressurer la population, parce qu'alors les Beys n'avaient plus qu'à pressurer les Cheiks. Telle ne saurait être la pensée de la France. Toutefois, la réclamation que nous adressent les indigènes soumis, a trompé beaucoup de Français on a pensé que ces musulmans demandaient à être jugés par des chrétiens, et le fait est que beaucoup d'entre eux y ont consenti, et sont venus d'eux-mêmes réclamer le jugement de quelques uns de nos commandants militaires afin d'échapper à. la justice vénale, partiale du Cheik. Les officiers français qui ont eu le plus souvent l'occasion de remplir cette fonction, réclamée de plein gré par des indigènes, sont les commandants des cercles de Guelma et de La Calle; or, il est bon d'observer que l'un et l'autre, en acceptant ces fonctions, ont cru devoir prendre le Coran pour code.
Cette seule observation doit faire sentir combien est fausse et déplacée, sous un rapport, quoiqu'elle soit aussi prudente et sage dans l'état actuel des choses, cette satisfaction donnée, par l'autorité française, au besoin de justice qu'éprouvent les indigènes. En effet, si nous rendons personnellement la justice à des musulmans, comme nous ne possédons pas une loi qui soit un juste milieu entre la loi de Mahomet et celle de Napoléon, nous devons choisir entre l'une ou l'autre. Si nous prenons le code Napoléon, nos jugements paraîtront fort peu justes aux Arabes, surtout quant à la pénalité; et si nous prenons le Coran, il est impossible que les Français qui jugeront d'après ce livre, ne soient pas, aux yeux de leurs compatriotes, aux yeux des chrétiens, toujours fort près de la barbarie ou du ridicule. Et d'ailleurs, c'est bien la justice arabe, la justice musulmane que les indigènes nous demandent, puisque nous les jugeons nous-mêmes, en appuyant nos jugements sur le texte du Coran ; par conséquent, il s'agit, pour les tribus, de l'installation du Cadi ; c'est cela, réellement, qu'elles réclament.
M. de Mirbeck, commandant du cercle de La Calle, dans un mémoire fort intéressant sur le cercle qu'il commande, demandait que le Gouvernement français fit rédiger un code spécial des droits et des devoirs des indigènes, parce qu'il a fort bien senti que notre position de juge était fausse, placés, comme nous le sommes, entre la loi particulière au juge, la loi française, et la loi particulière au justiciable, le Coran; mais la rédaction de ce code spécial est-elle possible ? - Je ne le crois pas, du moins quant à présent.
La loi musulmane est en même temps loi politique, civile et religieuse ;-certainement nous devons imposer, dès aujourd'hui , aux Arabes qui se soumettent , une loi politique de notre fait, qui soit l'expression de l'acte de soumission; mais il n'en est pas tout à fait ainsi pour l'ordre civil et religieux. - Nous conquérons d'abord le peuple, par conséquent loi politique ; il nous faut maintenant conquérir la famille ou la tribu, et alors loi civile; nous nous occuperons ensuite de conquérir les individus, et alors loi religieuse, c'est-à-dire loi qui relie l'individu à la famille à la nation, à l'humanité.
Tel est l'ordre selon lequel nous devons et pouvons procéder.
Je ne prétends pas qu'il faille s'interdire toute espèce d'intervention dans l'ordre civil, ni même dans l'ordre religieux; je dis seulement que cette intervention doit être purement politique et non pas directement civile, ni surtout directement religieuse.
Et par exemple, pour la justice, tous les crimes ou délits commis par des indigènes envers des Européens ou par des Européens envers des indigènes, doivent ressortir évidemment de la justice française, conformément à un code spécial, déterminant les relations de ces deux populations entre elles, quand bien même ce code contrarierait les dispositions du Coran, celles qui règlent les rapports des fidèles avec les infidèles(1) ; ce code n'existe pas encore, cela est vrai, et il faut s'en occuper, car il y aurait injustice réelle à traiter les crimes et délits réciproques de deux populations qui sont entre elles dans le rapport de peuple conquérant à. peuple conquis, comme on traiterait les mêmes crimes et délits, dans une population homogène, ayant les mêmes moeurs et les mêmes usages depuis des siècles.
Mais ce n'est pas ce dont il est question pour le moment, puisque j'ai surtout en vue l'organisation intérieure des tribus ; disons donc seulement que; pour tous leurs rapports de justice avec les Européens, .ce doit être l'autorité française qui les décide et qui les juge; que, par conséquent, notre magistrature française doit être modifiée, dans son esprit et dans ses formes , pour être applicable aux relations des deux peuples ; c'est ce qu'on a déjà fait un peu, et ce qu'on fera progressivement, à mesure qu'on connaîtra mieux les indigènes, et aussi les colons, qui sont vraiment aussi inconnus que les indigènes.
Dans l'intérieur des tribus, pour les crimes et délits des indigènes entre eux, c'est un Cadi qu'il leur faut ; de même que pour la direction du travail, la police communale, le lien familial de la tribu, c'est un Cheik; et ni le Cadi ni le Cheik ne sauraient être français.
Jusqu'à présent nous n'avons institué, dans les tribus soumises, que des Cheiks; ceci doit paraître surprenant, car nos gouvernants ont souvent prétendu qu'il fallait appliquer en Algérie le principe politique turc ou machiavélique : diviser pour régner, et ils l'ont appliqué souvent, en nommant des chefs détestés ou méprisés des tribus, comme Ben-Aïssa et le Kaki. Ali, ou des chefs ennemis jurés d'autres chefs reconnus par la France, comme le Kaïd des Abel-el-Nour à l'égard de Bou-Okaz, comme Abd-el-Kader à l'égard de Moustapha ; comment donc n'ont-ils pas songé à mettre dans chaque tribu un Cadi ? - Je ne crois pas que l'hostilité entre un Cheik et un Cadi soit un titre à. la nomination d'un Cadi; mais je crois qu'une division de pouvoir, qui ne serait pas une lutte de pouvoir, et qui serait cependant un contre poids et une limite pour la tyrannie, produirait de bons résultats, politiquement pour nous et civilement pour les indigènes.
Je dois avouer qu'il n'est pas aussi facile de trouver des indigènes qui possèdent les titres nécessaires pour être Cadi, qu'il est facile d'en rencontrer qui ont les titres (je ne dis pas les qualités) nécessaires pour être Cheik : tout indigène peut être Cheik ; c'est comme en France, oit tout le monde peut être sous-préfet, préfet, ministre même, mais où les licenciés en droit peuvent seuls être nommés juges.
Or, il y a infiniment peu de licenciés en droit musulman, dans les tribus de l'Algérie; cette pénurie d'hommes de loi nous a peut-être été favorable ; en effet, elle est d'autant plus grande, que les tribus nous ont été plus facilement soumises; c'est-à-dire qu'elle existe là où les indigènes étaient le plus désorganisés, dans la province de Constantine, mais non dans celle d'Oran et chez les habiles du Jurjura, où le nombre des saints personnages, marabouts et hommes connaissant la loi et pouvant l'enseigner, est plus considérable.
Peut-être en conclura-t-on que les hommes de la loi musulmane sont contraires à notre domination, et que, par conséquent, il n'en faut pas; mais on doit en conclure aussi qu'ils sont favorables à l'organisation et à la force des tribus, et que, par conséquent, ils pourraient être utiles, là où nous dominerions ; il est vrai que le choix de ces hommes serait délicat.
D'un autre côté, la pénurie d'hommes de la loi, dans les tribus soumises ou faciles à soumettre, nous oblige à chercher ces Cadis en dehors des tribus, et c'est un très grand bien ; car nous pourrons les trouver dans les villes, qui nous sont plus soumises que les campagnes, et où ces hommes auraient des relations de famille et d'intérêt qui les rendraient plus dépendants de nous ; il nous sera possible et facile même de les prendre en dehors de l'Algérie, de les faire venir, par exemple, d'Alexandrie ou de Smyrne, où, gràce à Dieu, la haine du nom chrétien n'est pas aussi aveugle et brutale que chez les Kabyles de l'Atlas.
XI - Ceci me donne l'occasion d'examiner une question qui ne me parait avoir encore préoccupé personne. On s'est inquiété assez souvent de la nature de la population européenne qui devra s'établir en Algérie, et je crois que les meilleurs esprits ont adopté une idée fort bien développée par M. Saint-Marc Girardin, dans la Revue des deux Mondes; savoir : que la colonisation de l'Algérie doit être européenne, chrétienne et non française exclusivement, quoique faite sous la domination de la France.
Il me semble que l'organisation des indigènes ne devrait pas non plus être exclusivement algérienne, mais africaine, musulmane. Dans la colonisation, la tète doit être française et le corps européen ; dans l'organisation des indigènes, la tète serait bien toujours française et la masse du corps algérienne; mais quelques organes ne devraient-ils pas être reconfortés par un élément oriental, plus générai gîte ne le sont les tribus divisées de l'Algérie?
C'est bien cette pensée qui perce dans le regret, souvent exprimé, de l'expulsion des Turcs de la régence, et dans l'organisation des bataillons, où nous avons réuni, le plus possible des musulmans qui n'étaient pas indigènes. C'est encore la même pensée qui inspirait le projet de cession des Beyliks d'Oran et de Constantine aux princes de Tunis ; en un mot, nous nous sentions faibles, pour organiser et gouverner directement des musulmans, et nous cherchions des intermédiaires musulmans, élevés dans l'habitude du commandement. Cette pensée est encore voilée, dans l'impuissance où nous avons été, jusqu'ici, d'obtenir la reconnaissance de notre droit à la possession de l'Algérie. La Porte n'en peut plus faire une question politique, puisque le fait, loi suprême de la politique musulmane, a décidé; mais elle doit en faire, avec raison, et je dirai même avec ame, une question de justice et de foi, tant que nous ne montrerons pas à l'islamisme effrayé la volonté de garantir aux musulmans de l'Algérie la jouissance de leur justice et la pratique de leur foi (en tout ce qui ne nuirait pas à leur soumission politique) , et notre éloignement pour un prosélytisme étroit de greffe ou de sacristie.
Je sais bien que si nous avons en France, parmi nos dogmes politiques, celui de la liberté de conscience appliquée à la foi religieuse, nous ne connaissons pas du tout le dogme de la liberté d'une des plus belles facultés de la conscience humaine : la justice; sous ce rapport, nous sommes même assez intolérants. C'est qu'heureusement, en France, il n'y a pas tout à fait autant d'anarchie dans les consciences sur ce point que sur l'autre; le palais n'a pas eu, comme l'église, son protestantisme, ou plutôt celui-ci a complètement triomphé. Or, nous ne pouvons nous dissimuler que les musulmans de l'Algérie n'ont point, pour notre code, notre jurisprudence, nos procédés judiciaires, et surtout pour notre pénalité, l'admiration et le respect que tout boa Français, quelle que soit d'ailleurs sa croyance politique ou religieuse, professe pour le code Napoléon, la magistrature, les gendarmes et la prison.
Notre susceptibilité française est donc infiniment plus en garde contre des tentatives imprudentes de conversions religieuses, catholiques ou schismatiques, que contre des tentatives, aussi imprudentes, de conversions judiciaires ; nous donnerions des louanges à des avocats missionnaires du code, mais nous imposerions silence à des missionnaires- de l'Évangile; nous avons bien pu abattre quelques mosquées et marabouts, gêner certaines pratiques religieuses, bouleverser, par exemple, des cimetières, et jeter au vent et à la mer les cendres et les ossements des morts; mais les indigènes eux-mêmes doivent reconnaître que nous n'avons pas du tout cherché à les convertir à l'une quelconque des nombreuses formes du christianisme, et que nous serions même peu favorables aux efforts de ce genre.
Il n'en est pas ainsi pour la justice : non seulement nos docteurs en droit sont plus libres que nos docteurs en théologie, et ils envahissent tant qu'ils peuvent; mais des militaires, qui ne sont pas docteurs, jugent des crimes et délits commis entre indigènes ils font exécuter leurs jugements; et pour un crime de cette nature, j'ai vu, le jour môme du crime, tomber une tète, par l'ordre du Gouverneur de Constantine!
Laissons vite ceci, et retournons à Alexandrie et à Smyrne.
Je dis donc qu'il serait utile à la France et profitable aux indigènes, et digne du Gouvernement français, de faire quelque chose pour ne pas briser le lien très providentiel qui existe entre toutes les populations musulmanes. Déjà, dans ce but, le Gouvernement favorise le pèlerinage de la Mecque, ce qui est très bien; je crois qu'il devrait favoriser aussi le pèlerinage des musulmans étrangers vers l'Algérie. Les Algériens ne sont pas riches, et ceux d'entre eux qui font le pèlerinage religieux suffisent largement pour le commerce avec l'Orient ; ce -ne sont donc pas trop les négociants de Tunis, d'Alexandrie, de Smyrne, de Constantinople, que nous pouvons espérer attirer ; mais, pour les Algériens, si l'or, les pierreries et les parfums ne viennent plus d'Orient, c'est encore de là qu'ils attendent la lumière et la justice.
XII - Instruction et justice, Taleb et Cadi, voilà ce que nous devons tirer d'Orient et donner aux tribus. Tous les projets d'instituts arabes, en France, ou par des Français en Algérie, sont impraticables et impolitiques, et ne seraient que des tentatives sans effet, n'ayant aucune portée dans les tribus, c'est-à-dire sur l'immense majorité de la population indigène. De même, tous nos projets de justice française, appliquée aux tribus, soit par nos magistrats, soit par nos chefs militaires ou civils, sont des utopies ou des illusions dangereuses, ou des jouets vaniteux, sauf pour ce qui concerne la police politique et militaire, et dans les cas où il y a conflit entre indigènes et Européens.
Le Cheik, le Cadi et le Taleb, ce dernier chargé de la prière et de l'enseignement, tel est l'état-major supérieur des tribus.
Les chefs de douars, ou principaux chefs de famille, forment le conseil du Cheik, conseil reconnu et institué par l'autorité française, et ayant des droits et des devoirs dont il sera parlé ci-après.
XIII - Le commissaire du roi (2), chargé de l'organisation de la tribu, après avoir installé et fait reconnaître le Cheik, le Cadi et le Taleb, et tous les membres du conseil, chefs de douars, procédera immédiatement à la fixation des limites de la tribu avec les tribus ou colonies voisines, conformément au plan qui en aura été dressé d'avance par le corps des travaux publics. Il fera cette délimitation en présence des Cheiks des tribus et des chefs des colonies voisines. Il indiquera à chaque Cheik les travaux à faire sur ces limites, pour les assurer, et donnera connaissance des règlements destinés à les faire respecter. Les Cheiks seront chargés de la direction et responsables de l'exécution de ces travaux.
Le Cheik, en conseil, procédera à la distribution du territoire de la tribu entre les chefs de douars, en présence du commissaire du Roi, qui rendra compte à l'autorité supérieure des contestations auxquelles donnerait lieu cette distribution, lorsqu'il ne pourra parvenir à les faire cesser à l'amiable ; l'autorité supérieure jugera.
En même temps, sera réglée la distribution et la jouissance des eaux, pour les douars, ainsi que la détermination des pâturages et bois communaux.
Les limites des douars seront plantées, et le commissaire du Roi indiquera les travaux propres à les rendre visibles, permanentes, favorables à la circulation et à la culture ; les chefs de douars seront responsables de l'exécution de ces travaux.
Cette distribution de la terre entre les douars sera irrévocable par le Cheik, et ne pourra être changée ou modifiée qu'avec approbation de l'autorité supérieure, qui en appréciera les motifs et décidera.
Le chef du douar distribuera et administrera la terre de son douar librement, en se conformant à ce qui aura été fixé pour les irrigations et communications. Toutes les discussions entre un chef de douar et un homme de son douar seront jugées par le Cadi, sans intervention de l'autorité française.
Le commissaire du Roi prendra note des terres mises en culture, et des ressources de chaque douar, en troupeaux et bêtes de travail; le Cheik aura un double de cette note, et devra remettre au commissaire du Roi un état nominatif de la population mâle de chaque douar ; les éléments de cet état lui seront fournis par les chefs de douar qui en garderont un double, et qui seront responsables de son exactitude.
Le Taleb, chargé de toutes les écritures, en gardera registre.
Le Cheik, le Cadi, et le Taleb seront appointés par l'État, et n'auront droit à aucune prestation, en services où en nature à leur profit, de la part des membres de la tribu.
Les appointements seront fixés ainsi :
Pour le Cheik, ils seront proportionnés à l'impôt perçu par ses soins.
Le Cadi jouira du droit d'usage sur les amendes prononcées par lui et sur les mariages et successions, et il prélèvera, en outre, un droit sur le salaire des indigènes de la tribu, employés par les colonies civiles, droit qui sera retenu par le caissier de la colonie, en payant le salaire, et qui sera remis par lui au Cadi.
Le Taleb aura droit à des émoluments proportionnés au nombre d'enfants qu'il instruira, ce nombre étant certifié par le Cheik et le Cadi, et vérifié par inspections du commissaire du Roi ; il percevra, en outre, un droit de cachet sur les actes civils et judiciaires qu'il écrira.
Les obligations communales consistent dans l'établissement et l'entretien de la triple habitation du Cheik, du Cadi et du Taleb, et de la caserne du détachement des gendarmes maures, conformément au plan adopté par l'autorité publique (3); elles consistent encore dans les travaux intérieurs de communication, d'irrigation, de limites et d'assainissement.
Les tribus ne peuvent être employées aux travaux publics extérieurs que moyennant salaire ; et dans ce cas, le Cheik percevra, outre ses appointements proportionnés à l'impôt, un droit sur ce salaire.
Quinze jours après les moissons, et jusqu'à l'époque où commenceront les labours pour les semailles prochaines ; et de même, après les semailles faites et jusqu'au moment des moissons, au commencement de chaque semaine et pour toute cette semaine, le Cheik réunira un quart des hommes valides de la tribu; la moitié sera employée aux travaux publics de l'intérieur, l'autre moitié sera dirigée, s'il -y a lieu, sur les ateliers des travaux publics de l'extérieur, salariés par l'État, ou sur ceux des colonies qui rétribueront également leurs travaux.
Tout refus de ce service sera puni d'une amende, au profit du Cheik; le chef du douar, auquel appartiendra le délinquant, répondra du paiement.
A tour de rôle et par quart, les chefs de douar assisteront le Cheik dans ce service ; l'un d'eux accompagnera et surveillera toujours les hommes employés aux travaux extérieurs de l'État ou des colonies.
Le port d'armes à feu, hors du territoire de la tribu, n'est permis qu'au Cheik et aux chefs de douar.
Dans l'intérieur de la tribu, le Cheik peut accorder ou défendre le port d'armes, selon qu'il le juge convenable; un chef de douar ne pourrait en être privé que sur jugement de la majorité des chefs de douar,- ou par ordre supérieur.
L'officier des gendarmes maures est chargé spécialement de veiller à tout ce qui concerne cet objet.
Ce même officier, sous les ordres du- Cheik, sera chargé de la police intérieure de la tribu ; il aura le commandement, toujours sous les ordres - du Cheik, du contingent d'hommes armés, cavalerie ou infanterie, qui serviraient, en cas d'attaque, à la défense de la tribu; il commanderait également, au dehors, ceux d'entre eux qui seraient admis à faire partie d'une expédition ordonnée par l'autorité supérieure. Il devra donc avoir un contrôle exact des hommes armés, infanterie et cavalerie, et faire l'inspection de leurs armes, de leurs chevaux et de leurs personnes, au moins une fois par mois; il veillera à la garde des moissons et des troupeaux, et rendra compte à l'autorité supérieure française de tout ce qui lui paraîtrait intéresser la sécurité publique.
Les soins médicaux seront donnés gratuitement aux indigènes des tribus, à l'hospice de la colonie européenne la plus voisine. Le médecin de cet hospice fera chaque mois une inspection dans la tribu, pour s'assurer de l'état de la santé publique; il rendra compte à l'autorité des mesures qui lui paraîtraient propres à l'améliorer.
Le commissaire du Roi fera au moins tous les mois une inspection, pour vérifier si les règlements sont exécutés ; il redoublera de surveillance aux époques des travaux publics, c'est-à-dire entre les moissons et les labours, et entre les semailles et la moisson nouvelle ; car les trois objets principaux qu'il doit surveiller sont
1° les travaux publics, intérieurs et extérieurs, et les relations de travail avec les colonies ; 2° l'étendue des terres mises en culture, puisque c'est sur ce point que l'impôt est assis; 30 l'état des récoltés, puisqu'elles sont le moyen et que c'est l'époque de la perception (4).
L'impôt sera payé, partie en argent et partie en nature, comme cela existait chez les Turcs et comme cela existe encore aujourd'hui; c'est-à-dire l'achour, ou dilue en nature, et le hokor, ou loyer de la terre en argent.
La terre est propriété de l'État, concédée à temps aux tribus, et, dans leur intérieur, aux chefs de douar par le Cheik, et dans chaque douar, par le chef de ce douar, à chaque membre de sa famille.
Non seulement, comme nous l'avons déjà dit, la concession de la terre au chef de douar est irrévocable par le Cheik; mais lorsque l'autorité supérieure décidera qu'il y a lieu de retirer cette concession, le chef du douar sera indemnisé de la valeur des constructions et plantations qu'il aura faites, indemnité qui sera supportée par le remplaçant du chef de douar dépossédé.
En cas de rébellion d'un chef de douar ou d'une tribu, la terre, ainsi que les constructions et plantations, rentreront à l'État, qui en disposera.
Hors ce cas de rébellion une tribu ne pourra pas être dépossédée du territoire primitivement concédé, à moins de concession nouvelle équivalente. Toutefois, les limites de ce territoire pourraient être changées, en plus ou en moins, dans le cas où l'accroissement ou la diminution de culture prouverait que ce territoire n'est pas assez ou est trop étendu.
1) N'oublions pas qua le Coran autorise ou du moins tolère la soumission du fidèle à l'infidèle, il est vrai comme une nécessite fatale.
2) C'est la première fois que je parle de cet officier public; je lui ai donné ce nom, pour rappeler la position du délégué de l'autorité auprès des sociétés anonymes, parce que cet officier public serait, en effet, le délégué de l'autorité dans le cercle colonial civil. Je me suis dispensé de m'étendre sur l'organisation du personnel administratif qui entourerait ce fonctionnaire, parce que ce n'aurait été, pour ainsi dire, qu'une répétition, dans l'ordre civil, de ce que j'ai indiqué peur Ies postes militaires. II me suffit de dire que le commissaire du Roi sera , par rapport aux colonies civiles, ce qu'est le commissaire dû Roi dans une société anonyme, l'intermédiaire de la société avec l'État, chargé de veiller à l'observation des statuts et des règlements, et chargé aussi des registres de l'état civil; mais que, par rapport aux tribus, il sera le chef politique français, auquel sera confié le gouvernement des tribus du cercle, comme les chefs des postes militaires sont chargés de gouverner les tribus de l'intérieur.
3) Ce plan est certainement un des plus intéressants qu'on puisse proposer au concours de tous les ingénieurs et architectes français.
4) Ces trois fonctions indiquent suffisamment la nature du personnel qui doit entourer le commissaire du Roi (travaux publics, cadastre et impôt), et les qualités que doit particulièrement posséder cet officier public, qui doit être, autant que possible, ingénieur et comptable: Un détachement de gendarmerie française complèterait ce poste civil.
A SUIVRE
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LA CAISSIERE
Envoyé par Mme. Geneviève Camilleri
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Un gars entre dans un supermarché et demande à la caissière:
- Ou sont les Tampax ?...
- La caissière lui dit: " 3ème rang gauche. "
Le même gars repasse 15 minutes plus tard devant la même caissière, avec 3 kilos d'ouate et 2 métres de cordelette.
La caissière eclate de rire et lui dit: " Je ne pense pas que ce soit cela que votre femme voulait !... "
Le gars lui dit: " La semaine passée, je lui ai demandé d'aller acheter des cigarettes et elle est revenue avec un sachet de tabac et des feuilles.
- Alors ses tampax, elle va se les rouler !!!
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Le Service de Santé des Armées
dans les Territoires du sud Algérien
Par le Professeur André Savelli N°3
Publié par le Cercle Algérianiste de Montpellier
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QUELQUES SOUVENIRS… MAINTENANT
Le climat du grand désert restera toujours éprouvant (52° à l'ombre pendant quatre mois à In Salah et Aoulef, les oasis les plus chaudes). Il imposait la séparation des jeunes ménages cinq longs mois, de mai à octobre: les femmes auraient trop souffert de la sécheresse torride et les enfants en mourraient. Les vents de sable soufflaient 200 jours par an.
A ce sujet, un épisode médico-légal m'a permis de constater le décès en plein été, de deux autochtones employés des pétroliers. Sortis de leur tente pour uriner, par fort vent de sable et sans visibilité, ils avaient négligé de tenir la corde fixée à leur abri, sécurisant fil d'Ariane. Ils furent retrouvés le lendemain, cent mètres plus loin, la peau collée aux os, momifiés.
Pendant cette période, on devait absorber 10 à 12 litres d'eau par jour, eau magnésienne, difficilement buvable ...même avec de l'anisette et encore plus avec le café. Pour nos jeunes enfants, il fallait faire venir des citernes d'El Goléa, filtrer l'eau, la faire bouillir et la battre pour l'aérer.
Sous le soleil " enragé ", comme l'écrivait un numide romanisé, le travail est exténuant, avec pour unique compensation, à certaines heures et certains jours, des spectacles exaltants. Ainsi, l'envoûtante couleur améthyste du plateau du Tadémaït, dominant In Salah, au coucher du soleil. Aussi, ce coin de palmeraie du Ksar El Arab qu'ensevelit peu à peu la dune dévorante: on y voit encore, à demi enfouie, la maison de repos du Père de Foucauld. Ou encore, le puits artésien d'El Barka avec sa piscine d'eau glauque où se reflètent les palmiers aux couleurs changeantes et ses peignes de distribution à l'irrigation contrôlée.
Un peigne d'eau
Seul médecin pour les 20.000 habitants du Tidikelt Oriental y compris les nomades, et une dizaine de familles de militaires, enseignants et postiers, j'ai rarement au cours de mes tournées, pu m'asseoir sur une dune de sable et me dire, comme Saint-Exupéry " On ne voit rien, on n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence ".
Au centre Théodore Monod
Théodore Monod, du haut de son chameau, un sourire sarcastique aux lèvres, remarquait : " Je ne crois pas que la fréquentation des déserts favorise la vie spirituelle. En tout cas, on a du temps. On s'ennuie énormément à chameau. On ne peut pas lire. On peut méditer, réfléchir à beaucoup de choses, mais on pense surtout à des verres de citronnade et à des portions de camembert. " Quel humour grinçant pour un homme qui a consacré sa vie au désert après avoir effectué, en 1929, son service militaire dans les compagnies méharistes, à ln Salah.
Nous vivions dans des maisons en pisé. Le frigidaire à pétrole était souvent en panne; le groupe électrogène de l'Annexe dispensait son courant de 20h à 22h, nous permettant d'écouter quelques classiques mais aussi Sidney Bechet et les Platters. L'été, la chaleur excessive nous obligeait à dormir sur la terrasse. Dans l'attente du sommeil, la dérive des étoiles nous fascinait. Quelques vers du médecin général Edmond Reboul, scintillent dans ces nuits sahariennes.
Lorsque tombe le soir, une brume vermeille
se dissipe au couchant. Le ksar, le minaret
découpent leurs créneaux et Vénus apparaît,
dans l'ombre et la fraîcheur, le Sahara s'éveille.
Là-haut, à chaque instant, s'éclaire une merveille,
un gracile croissant- un arc, un fil discret
brille, et la voûte alors révèle son secret,
le trésor d'une nuit à nulle autre pareille.
Tant d'éclats, de saphir, rubis et diamant
jonchent désordonnés, l'immense firmament
que le ciel s'illumine, étrange, énigmatique.
Nul ne peut déchiffrer ce cosmique Talmud,
mais qu'importe à celui qui vint pour voir, mythique,
dans la nuit du désert, monter la croix du Sud.
Après le rêve, le labeur reprenait chaque matin. Mais quel réconfort que la reconnaissance des autochtones témoignant leur gratitude envers les médecins par une complète confiance et leur amitié. Après chaque visite à domicile, il fallait boire les trois verres rituels de thé à la menthe, les deux premiers appréciés, le dernier très fort. Une anecdote à ce sujet : à la consultation, hommes et femmes venaient souvent se plaindre d'une gêne épigastrique (la kerchite) qu'ils attestaient par un mouvement de battement de l'index devant leur estomac. Je n'en compris la cause que lorsque je fus moi-même victime de palpitations identiques liées à l'excès de théine. A partir de ce moment, il fut convenu que je boirais seulement le premier verre de thé.
El Thei
CONCLUSIONS
Que s'est-il passé après 1962 ?
Après une période de transition émaillée d'incidents, un protocole d'accord entre l'Algérie et la France consacre en 1963 la Mission Médicale française au Sahara : elle assure la continuité de l'action sanitaire, entreprise depuis 1900, avec un effectif de 71 médecins militaires français.
En 1976, les relations entre la France et l'Algérie se dégradent, et le gouvernement français rapatrie définitivement tous les membres du service de santé. La mission saharienne s'achève dans l'amertume et l'ingratitude. Son médecin chef conclue sur une note moins sombre : " Le jeune médecin saharien fournira, comme son confrère de la brousse, une image vivante à cette pensée de notre grand ancien, le baron du Premier Empire Perey : le secret le plus sûr et le plus noble pour résister à la tentation de haïr les hommes, c'est de se condamner généreusement à leur être toujours utile. "
De retour au Sahara en voyage organisé en 1988, 33 ans après notre séjour dans le Tidikelt, avec mon excellent et vieil ami, le Dr. Henri Duboureau, ancien médecin d'Aoulef - notre complicité s'était soudée sur le reg entre nos deux oasis -, nous nous sommes arrêtés à In Salah. Le téléphone arabe avait fonctionné ... nous fûmes invités avec nos épouses, à boire le thé dans la famille de mon ancien infirmier chef Si Chérif. Quelle émotion de retrouver dans sa maison toute l'équipe ancienne d'infirmières et infirmiers !
Quel coup au coeur quand il m'assena avec fierté : "Ton fils est médecin" ! Troublé un bref moment, regardant à la dérobée mon épouse et mes amis, je me rappelais avoir accouché sa femme d'un garçon: il était ainsi, selon la coutume devenu " mon fils ". Après des études primaires locales, secondaires à El Goléa puis à la Faculté d'Alger, il exerçait à In Salah. Quel regret de n'avoir pu m'entretenir avec lui ! Il visitait ce jour là, les petites oasis voisines, comme je le faisais après bien d'autres médecins, plus de trente ans auparavant. La relève était assurée....
Il faut insister avec le Dr. Edmond Sergent, sur l'ouvre salvatrice accomplie en quelques lustres par l'admirable corps des Officiers des Affaires Sahariennes - aux multiples fonctions municipales - et par celui éminent des Médecins militaires. Cette oeuvre magnifique et exaltante constitue, pour la France, un titre imprescriptible de gloire. Mais cette oeuvre fut dure. A la longue liste des médecins morts d'épidémie, il faut ajouter pour la période de 1918 à 1950, les noms de cinq médecins victimes du typhus, ou de fièvre récurrente.
Avant de terminer cette description, soulignons, à nouveau, qu'il s'agit là d'une infime partie de l'oeuvre humanitaire accomplie par les médecins militaires et en particulier ceux de la coloniale, à travers les cinq continents. Véritables premiers médecins du monde et premiers médecins sans frontière, ils ont exercé leur sacerdoce avec passion et dévouement, dans la plus grande discrétion, depuis plus d'un siècle et dans des conditions très difficiles, souvent au péril de leur vie. 500 sont morts victimes du devoir.
Actuellement encore, les jeunes médecins militaires sont engagés, dans le cadre des opérations extérieures, en Europe Centrale et en Afrique, où ils poursuivent malgré les guerres, l'action humanitaire du Service de Santé des Années, et tout récemment en Asie du sud-est, avec les équipes médico-militaires et de protection civile.
Le 21 juin 1962, dix jours avant que le drapeau français ne soit définitivement amené sur tout le territoire algérien, et à l'occasion de la remise de la médaille Manson à Edmond Sergent, Dr de l'Institut Pasteur d'Alger, Sir Georges Mac Robert, président de la Britannic of tropical and Royal Society, devait déclarer : " Je tiens à saisir cette opportunité pour rendre hommage à la France qui a joué un rôle primordial dans les progrès de la médecine tropicale dans les pays chauds et plus particulièrement en Afrique. Nous devons saluer les sacrifices accomplis par des générations de Français en Algérie. Ils n'ont jamais cessé de travailler à l'amélioration du sort de l'homme et des animaux, et l'Institut Pasteur d'Alger a brillé comme un phare au dessus des ténèbres de l'Afrique ".
J'y ajoute, c'était implicite, l'action des médecins, infirmiers, pharmaciens, vétérinaires, scientifiques, enseignants et des cultivateurs qui ont défriché des terres insalubres.
Pour que cette oeuvre de bien ne reste pas vaine, formulons le souhait que toutes les ONG s'unissent et se structurent dans la continuité, au niveau européen et mondial, en un Corps de Santé Universel. Les catastrophes récentes justifient cette nécessité.
L'auteur de cet article, fier du Service de Santé Militaire, fier de ses deux Ecoles, et de leur devise :
pour Lyon, " Pro Patria et Humanitate ", ( pour la Patrie et l'Humanité )
pour Bordeaux, " Mari transve mare hominibus semper prodesse " (sur mer et au-delà des mers toujours au service des hommes ), tenait à rendre un vibrant hommage au Corps de Santé militaire pour son action humanitaire, et à tous ses médecins.
FIN
Publication du Cercle Algérianiste de Montpellier
Association Culturelle des Français d'Afrique du Nord
Maison des Rapatriés Rue Emile Chartier dit Alain 34001 Montpellier Cedex 1.
Tel: 04 67 69 29 22
Site Internet du Cercle Algérianiste de Montpellier :
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Adresse e-mail : almontp@free.fr
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"UN ANCIEN SECTIONNAIRE SE SOUVIENT..."
Trait D'Union N° 34
Envoyé par M. Gabriel Chauvet
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En hommage et à la mémoire de notre collègue et ami Emile Hazan récemment décédé
(Extrait d'un recueil de poèmes publié en 1988)
Il y a quarante ans de ça,
Je sortais de Bouzaréa :
Sectionnaire et futur papa,
J'étais nommé à Aït-Arfa.
C'était un village kabyle,
Perché là-haut sur un piton ;
Son accès n'était pas facile
Pour les piétons que nous étions
Ma femme débutait à peine :
Nous formions un de ces ménages
De l'enseignement indigène,
A la vie infiniment sage.
Etre instituteur dans le bled,
Telle était notre vocation,
Et rêver au bord d'un oued
Fut notre grande distraction !...
Les mulets ont le dos pointu
Nous nous en somme aperçus !
Après trois heures de tape-cul,
Notre arrivée nous a déçu.
L'école était plutôt minable :
Deux classes aux murs délavés ;
Le logement était semblable
Et les meubles dépareillés !
A deux grands clous pendait la France,
-Relief du sol-, toute écornée ;
Il régnait là une odeur rance
De burnous et de chien mouillé !
Bien sûr pas d'électricité ;
L'eau à la fontaine, à cent mètres ;
Un vieux kanoun pour cuisiner :
Il a bien fallu nous y mettre !
Nous avions fait des provisions
Comme pour soutenir un siège.
Ce fut la joie des charançons
Qui déjouèrent tous nos pièges !...
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Le jour de la rentrée des classes,
Nous avions cent gosses à nous deux !
Nous nagions en pleine mélasse,
Mais eux, ils étaient tout joyeux !
Après quelques jours de panique,
Notre vie s'est organisée :
Langage, histoire, arithmétique,
Nous leur avons tout enseigné.
Nous leur apprenions la Morale,
A discerner ce qu'est le Bien,
A éviter de faire mal,
A être un jour des citoyens.
Un jour tout ça s'est détraqué :
Le vent de la mort a soufflé,
Des écoles furent brûlées
Et des maîtres assassinés.
Bientôt soumis au terrorisme,
Les douars ont connu la peur,
Et malgré tout leur fatalisme
Leur peine faisait mal au coeur...
Notre tâche était d'enseigner :
Nous nous y étions engagés ;
Alors, malgré les attentats,
Nous avons rempli le contrat.
Dans cette humble petite école
Où nous avons été heureux.
Nous avons joué notre rôle ;
Leur faire aimer la France, à eux...
Frères français qui me lisez,
Peut-être que vous comprendrez
Pourquoi, au moment des adieux,
A la fin juin soixante-deux,
En les quittant, jeunes et vieux,
Nous avons pleuré tous les deux...
E. HAZAN
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MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau
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EMILE AUBRY
Sétif, 1880 - Voutenay-sur-Cure (Yonne), 1964.
Peintre, Premier Grand Prix de Rome, 1907
"... Oeuvre tout entière consacrée à l'image et au symbole. Avec un immense talent, sans grandiloquence, sans être davantage ni moral, ni pédant, Emile Aubry a su exprimer les grands sentiments humains dans leurs faiblesses ou leurs vertus, avec toute la valeur de sa personnalité et par le seul moyen d'un art ancré dans la beauté".
(Anne Casanova - Algérianiste, N° 40).
(Auteur de la décoration murale de l'Opéra d'Alger (25 mètres de longueur) Un extrait
Le Labour
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retour de promenade
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Pastorale
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Le Berger
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Photos: collection personnelle du journal "P.N.H.A."
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A SUIVRE
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- Un article de
la presse algérienne de l'est, au sujet du Monument aux Morts pour la France de
Constantine, sur son promontoire tel un Arc de Triomphe romain, lui aussi
réhabilité à l'initiative de la ville, avec ses plaques de marbre portant
les noms des enfants de Constantine de toutes origines, sangs mêlés sur les
champs de batailles des 2 grandes guerres mondiales (mais aussi avant en 1870)
frères de terre - frères de sang!
Il est un des rares monuments de l'époque française encore debout (avec celui de Kouba au pied de l'ancienne Eglise et celui du Lycée Ardaillon à Oran dans la cour d'Honneur, à ma connaissance), les autres ayant été détruits sur place, ou alors ramenés en France ou dans l'Outre-Mer français (à la Réunion, c'est celui de Marengo - Mitidja - aujourd'hui Hadjout, qui s'y trouve), ou bien encore comme celui d'Alger au pied du Forum, recouvert d'un sarcophage en plâtre-ciment...Ils portaient les noms de tous les Enfants de l'Algérie.
Belle initiative de renouement des mémoires algériennes et de réapropriation comme patrimoine commun. Puisse-t-il être suivi d'autres exemples (pour notre part, nous nous en occupons à notre mesure), dans tous les domaines de l'Histoire et de la Mémoire en partage non pour en faire d'éternelles fractures mais des passerelles d'avenir!
Eric Wagner
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Le monument
aux morts, «Le témoin de pierre»
" Erigé en signe de reconnaissance posthume aux soldats de toutes races et de toutes confessions, tombés au champ d'honneur pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), le "monument aux morts" de Constantine domine majestueusement les gorges du Rhumel et offre aux visiteurs un magnifique panorama qui s'étend à vue d'oeil sur la ville millénaire de Constantine et les régions qui l'entourent de tous côtés. Perché comme s'il s'agissait d'un nid d'aigle qui a élu domicile sur le rocher abrupt et escarpé de Sidi M'Cid qui enlace jalousement la ville, le monument en forme d'arc de triomphe est, selon un document d'archives de la wilaya, une réplique fidèle de "l'Arc de Trajan " qui s'élève au milieu des ruines romaines de Timgad. Cette "imitation", agrandie et ornée d'une statuette romaine en bronze découverte en 1855 dans la cour de la Casbah, a été construit en 1934 par les architectes français Roguet et Dumoulin, à l'initiative de Emile Morinaud, 12ème député-maire de Constantine du 27 janvier 1901 au 5 mars 1935. Du haut de ses 21 mètres, l'oeuvre, qui se dresse fièrement, au-dessus de la vallée de Hamma Bouziane, et dont la silhouette s'aperçoit au plus loin de l'horizon en arrivant de Skikda, sert de piédestal à cette statue ailée de bronze baptisée "La victoire de Constantine" que le sculpteur Ebstein a admirablement reproduit, lit-on dans un des rares documents d'archives de la wilaya consacrés à ce monument. L'accès à cette oeuvre qui devait selon toute vraisemblance être l'icône de "l'Ange de la mort" chez les Chrétiens, constitue un espace libre qui s'étend dans le sens du mouvement du soleil comme pour suggérer la continuité espace-temps qui "promet" l'éternité et le prolongement de la vie bien au-delà de la mort que "La victoire de Constantine" brave et défie vaillamment. Une fois franchies les trente-six marches en pierre taillée, le visiteur découvre des plaques en bronze érigées à la mémoire de ces centaines de soldats musulmans, chrétiens et juifs, tous originaires de la ville de Constantine, morts sur les fronts européens durant la "Grande guerre". Comme au front, tous ces combattants ont été réunis, une nouvelle et dernière fois par la gravure de leurs noms, sur ces plaques qui ont survécu au temps et aux actes de vandalisme. Des plaques auxquelles la patine du temps semble avoir donné plus de valeur et davantage de beauté.
Juste en face, la plaque de marbre, érigée pour l'Histoire, résiste stoïquement aux défis du temps et à l'insouciance de l'homme, et rappelle que le monument, commencé en 1919 et réalisé grâce aux souscriptions de la commune de Constantine et des communes environnantes du département, a été inauguré le 2 novembre 1934. L'ouvrage situé sur une hauteur de près de 700 mètres d'altitude renferme jalousement une table d'orientation réalisée en 1936 par "le Touring Club de France". Cette table, autant pour les profanes que pour les étrangers, est un guide précieux qui montre les directions à prendre pour les villes environnantes, Annaba et Skikda, grâce à une sorte de "rose des vents" magistralement conçue et admirablement dessinée. Sur un balcon semi-circulaire balayant les horizons, on peut voir, à quelques kilomètres au nord, les localités de Bekira, de Oued Ziad, et de Hamma Bouziane, ainsi que le Col de Bizot baptisé après l'indépendance du nom du Chahid Didouche Mourad, et le rocher de Sidi M'cid situé à moins d'un kilomètre sur une altitude de 785 mètres. A l'ouest, le Kent d'Aumale, l'un des sept pont de la ville, enjambe le Rhumel à 2 kilomètres, tandis que la vallée de Sidi M'cid occupe une bonne partie d'une toile naturelle dominée au loin par Djebel Akral, à 26 kilomètres.
Au sud-ouest, le faubourg de Belouizdad (ex-Saint Jean), à un jet de pierre, semble narguer le boulevard Zighoud Youcef (boulevard de l'Abîme) et le quartier de La Casbah perchés sur le rocher. Une visite au "monument aux morts" est plus qu'une incitation pour y revenir, une contemplation et une invitation au voyage, un voyage qui remonte le temps et permet à l'âme de retrouver la paix intérieure et la nostalgie d'une ville qui, aujourd'hui, "fourmille" de plus en plus, mois qui ne veut pas renier son Histoire et lutte avec vaillance, grâce à l'approche qui préside à sa renaissance, pour retrouver sa dimension de havre de paix spirituelle et d'évasion. "
Dépêche de Constantine
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Jean Paul Gavino en concert à Pollestres le 16/09/2007
Reportage de Mme P. Rosa du Petit Journal Catalan
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Le Petit Journal Catalan N°42
Jean-Paul Gavino
Le peuple prend la parole !
Dernièrement a eu lieu un concert très attendu, pas moins de 300 personnes se sont déplacées pour écouter et s'imprégner des chants de Jean Paul Gavino. Croire à la force du vécu, à l'émulation des épreuves, à la richesse des lendemains qui chantent. Jean Paul Gavino a décidé de les chanter lui-même, et avec quel talent ! Plus qu'un simple show, mais plutôt une sorte de cri irrépressible sous couvert de chansons et de messages directs au public. Une volonté de hurler sans jamais se départir du rire et de la bonne humeur, il a pour dynamique de rendre par ses chansons, la parole au peuple !
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De l'émotion et de petits frissons pour le public qui est venu écouter les chansons de cet artiste. Des titres qui ont à eux seuls un avant goût fort et évocateur : Identité. Résistance, Le Harki et bien d'autres... Sur des musiques d'aujourd'hui qu'il a composé (8 Albums à son actif), le voici à la salle Jordi Barre pour transmettre en chansons le respect de l'identité et les vraies valeurs.
Pour le public présent: ces chansons sont notre histoire, nos origines et notre vie et afin de ne pas les oublier nous devons les transmettre à nos générations futures, et pourquoi pas en chanson. Il faut perpétuer "notre mémoire". Un vrai message du coeur le tout en chanson et fort apprécié d'un public venu en masse.
RP
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TOURNÉE 2007 - Jean Paul GAVINO
DATES & VILLES
Jean Paul Gavino
... grâce à ses chansons le peuple prend la parole...
UN ÉVÉNEMENT A NE PAS MANQUER!!!
Date/heure |
VILLES |
Salles de Concert |
Vendredi 20h30 28 septembre 2007
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MARIGNANE [13] Entrée : 25 €
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Salle Saint-Exupéry Cours Mirabeau 13100 MARIGNANE
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Dimanche 16h00 30 Septembre 2007
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CANNES [06] Entrée : 25 €
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Théâtre LA LICORNE 25, Avenue Francis T0NNER
06150 CANNES LA BOCCA
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Samedi 20h30 20 Octobre 2007
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BRON [69] Entrée : 25 €
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Salle Albert Camus 1, rue Maryse Bastié 69500 BR0N
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Samedi 20h30 21 Octobre 2007
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NOGENT S/ MARNE [94] Entrée : 25 €
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Espace Watteau Place du Théâtre
94736 NOGENT SUR MARNE
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RESERVATION ET VENTE BILLETERIE
Par Courrier:
Gavino Music Ediciones 17, Rue Trousseau 75000 PARIS
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Par Tel/Fax : CONTACTEZ MICHELE
Téléphone: 00 (33) 01 58 30 91 91 00 (33) 01 58 30 91 11 Télécopie: 00 (33) 01 58 30 91 09
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Sur Internet:
www.jeanpaulgavino.com Par mail : ediciones@jeanpaulgavino.com
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LES MOTS ECRASÉS
Par R. HABBACHI N°8
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Les, qu’y sont couchés
I- Comme ça, t'y as l'impression qu'y a une paire mais y en a qu'un et quan noir il est, comme ça je viens.
II- Avec ça, plein de l'huile tu te fais ou alors, un peu d'la kémia. -Chose latine ( c'est dedans le cyclope y dit).
III- Quan l'anglais, la tête sur le côté y la remue, c'est ça qu'y veut dire. -Quan c'est que tu tombes dessur c'est sûr que c'est dur. -Nous z'aut', on fait bien la différence, ici, c'est un fruit des bois.
IV- Quan y sont comme ça, y a plus z'à revenir dessur. -Un fils bien de chez nous z'aut' là-bas.
V- Y paraît qu'elles sont hors de prix, à saouar.
VI- Y faut bien se méfier de ceux-là là qu'y vous font ça aux pulules.
VII- Les pauv' misquinettes, un peu d'l'argent y leur ferait du bien.
VIII- Une pieuse abréviation, comme ça y disent. -Il achète pas.
IX- Démonstratif ou tive, chais pas. -Avec ça, on se fait du linge.
X- Y pendouille à chez le boucher. -On dit que quan il est comme ça, il est mignon.
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Les, qu’y sont debout
1- A çui-là là que tu la fais, y faut pas qu'y la répète.
2- Y paraît comme ça, qu'il est toujours bon. -Tu jettes un schkoll en dedans de l'eau, y t'en fait plein.
2- Nous z'aut', on dit c'est pas un garçon, le patos lui, y dit c'est une marque de mépris. -Tu le perds, tu sais plus où t'y es et où t'y en es.- Beaucoup plusse qu'un simple ouvrier.
4- Ça qu'on le donne au pur-sang et aussi à la brêle le soir dedans l'écurie. -Pronom personnel.
5- Eprouvée.
6- Une oiture qu'on la oit plus beaucoup. -Ancien régiment.
7- Pronom personnelle (y a pas de fôte).
8- Vautour qu'y fait le rapace seulement en amérique. -Conjonction ou adverbe, comme tu veux, tu choises.
9- Vin spagnol.- Pas varié du tout.
10- Lui, il a fait sa philosophie en latin et y a très longtemps de ça.
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Solution des Mots Ecrasés N° 7
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Les, qu’y sont couchés
I- Ça que Jeanne, elle la fêté le 18 août.
II- Personnel qu'il a des fois une langue de vupère. - Moi, je trouve que les américains y font une fôte en l'écrivant comme y le font. - Là, à de bon, y sont venus et presque toujours bienvenus.
III- Elles sont pas germaines.
IV- Elles te font oir la vie en rose.
V- Un parti qu'il a du mal à partir. Dans la portée et pourtant, c'est ni un chiot, ni un chaton.
VI- C'est là qu'y commence un pays de soleil. Un verbe de chair et de sang, ça c'est.
VII- C'est ça qu'on fait quan on dit c'est à de faux. - C'est des rayons qu'y z'ont rien à oir avec la bisquilette.
VIII- Qu'est-ce qu'il est- plat ce poisson !. - Y va, y vient mais y sait pas où.
IX- Y sont pas reconnus en bloc. - Là où elle te commence l'ancienne couette.
X- Bessif, y ressmbent à quèqu'un. - Chais pas pourquoi on dit toujours qu'il est réfléchi.
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Les, qu’y sont debout
1- Leur fête, c'est à Pâques mais nous z'aut' on leur fait main'nan à Uzès.
2- Y paraît qu'elles font le larron.
2- Préposition, honnête celle-là là. - C'est une huile italienne mais c'est n'importe qui à chez nous z'aut'.
4- Ça, c'est voler et y en a qu'y disent c'est amener à soi et je ois pas la différence. - Elles aussi elles sont venues.
5- Comme les bandes du taouat avant que tu lâches le schkoll. Avec ça, à de bon, Bône tu t'la mets en gargoulette.
6- Dedans la chanson, elle est peau d'chien.
7- C'est des triangues en bois ou en plastique que les goiyes y z'ont tous un en dedans leur cartabe.
8- on dit ça quan on fait quèque soge dans ton dos, mais pas un enfant. - Tout dépend, pour moi, ça le devient après minuit.
9- La même que t'à l'heure dedans la portée. - Si que t'y as le pied bien calé dedans, c'est bien pour toi.
10- Dieu des patos d'avant que leur pays y devient la Patosie. - Dessur un diplôme mais pas dessur le cerfiticat. - Deux oiyelles ou la même deux fois.
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UNE BOUTEILLE À LA MER...
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TRAIT D'UNION
Je possède quelques numéros de la revue TRAIT D'UNION éditée par l'ancienne Amicale des Anciens Instituteurs d'Algérie.
Cette magnifique petite revue dont l'arrêt en décembre 2000 a marqué la fin de cette institution était une revue de souvenirs d'instituteurs de notre enfance. Sur notre gazette, vous avez pu lire des articles et poèmes et je voudrai encore en diffuser d'autres pour perpétuer ces souvenirs qui font partie de notre mémoire.
Les Numéros recherchés sont : du 1 au 33 ; 35, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 45, et 46
Si vous les possédez ou connaissez quelqu'un qui les posséde (instituteur ou desceendant), contactez-moi.
D'autre part, notre amie Anne-Marie Berger, m'a demandé de faire une rubrique consacrée à nos enseignants Bônois (et la région) dans le style de celle consacrée aux élèves.
Dans ce cadre là, je recherche toutes photos individuelles ou de groupes d'enseignants avec les identification, écloles, classes, années, et même coupures de journaux, anecdotes ou souvenirs se rapportant à ces photos.
Je sais que beaucoup de documents dorment dans des cartons et valises et qu'ils risquent un jour de finir à la poubelle, c'est le moment de les faire revivre avec Internet et de les rendre inoubliables grâce à leurs diffusions sur notre site.
D'avance Merci pour tous les lecteurs.
J.P. B. jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
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Courrier des lecteurs
Cette rubrique ne peut pas refléter tout le courrier reçu, mais sera consacrée à un courrier particulier qui demandera une réponse appropriée.
Tout ne sera pas publié car tout n'est pas publiable. J.P.B.
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----- Original Message ----- 1
From: Delenda AOUES
To: jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
Sent: Friday, September 21, 2007 5:07 PM
adresse de courrier= delenda.aoues@laposte.net
Mes parents sont Bônois, mon père de la Colonne et ma mère de Saint-cloud. Je souhaiterai savoir si vous vous rappelez des événement du 19 août 1956 ?
Mon père a été gravement blessé par un parachutiste, comme ça gratuitement à la Place d'Armes. 1 balle dans la tête qu'il a jusqu'à l'heure actuelle et une autre dans la main. Chargé dans une camionnette avec des centaines de morts et conduit directement à la morgue.
Cependant au moment du "déchargement" on s'est rendu compte qu'il n'était pas mort, il a été conduit à l'hôpital. Que c'était-il passé ce jour ?
Merci de bien vouloir me répondre.
Cordialement,
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----- Original Message -----
From: jean-pierre.bartolini
To: Delenda AOUES
Sent: Monday, September 24, 2007 3:21 PM
Bonjour
Des souvenirs personnels, je n'en ai pas car j'avais 9 ans à l'époque. Par contre c'est une date qui a marqué des hommes.
Ce que je sais d'après les anciens et ce qui est écrit, c'est que cette journée pour le FLN était une journée de préparation de fête d'anniversaire du 20 août 1955. "En effet le 20 août 1955, le FLN (avec son chef ZIGHOUT YOUSSEF), avec organisé dans l'Est (constantinois dont Bône) une journée de massacres et boucheries dans les bars européens à coup de bombes et colt à la main ainsi que des massacres dans la mine à El Hallia, à Aïn Abid et d'autres villages ou douars musulmans pour régler le compte à ceux qui étaient demeurés indifférents aux mises en gardes de ceux qui s'adonnaient au vin, au kif, à la cigarette et qui ne reconnaissaient pas la révolution." (d'après H'sen Derdour, c'est un haut fait de gloire).
Donc en cette journée du 19 août 1956, jour de l'achoura avec cette préparation et les menaces qui pesaient sur les populations de la ville, il y avait des barrages et fouilles dans tous les quartiers de la ville. La cité était en état d'alerte, surexitée par des attentats matinaux (M. Liparelli (60 ans) Liégeur est assassiné, trois de ses ouvriers musulmans grièvement blessés), les unités territoriales (miliciens pour Derdour faux historien qui ne comprend rien mais attise le feu et fait l'apologie des crimes) et les harkis sous les ordres du haut commandement, aidés par les parachutistes ont renforcé les barrages de contrôle.
Selon Derdour (entre autre) "Vers 16 heures deux fidaïnes : Aïdli Abdelmadjid, soldat de l'armée française portant encore l'uniforme, ex tirailleur pendant la guerre du Viet-nam, né en 1927, déjà auteur d'une quinzaine de coups d'éclats, dont l'élimination de plusieurs policiers, et Bedoui Mohammed, son partenaire, en se faufilant à travers les "chicanes" de la rue Caraman et sans que leur attitude ne parût suspecte, réussirent à abattre un parachutiste à bout portant et à blesser un deuxième. Les deux hommes allant jusqu'au bout de leur mission ne prirent la fuite qu'une fois possesseurs des armes, bien que Aïdli fût blessé par une balle tirée par un juif."
Ce que ne dit pas Derdour : c'est que les deux parachutistes étaient à l'angle de la rue Caraman et de l'Impasse Damrémont, qu'ils ont été tirés dans le dos, que ce n'est pas une balle juive qui a blessé Aïdli mais une balle d'un autre parachutiste qui accourait de la place Xavier Martin au secours de ses copains dont les deux glorieux fidaïnes étaient en train d'égorger et de mutiler (le bout de la mission, le 2ème est mort pendant le transport).
Très vite des coups de feu ont été tirés vers les militaires qui ont vu rouge comme le sang de leurs copains et la couleur de leurs bèrets et qui ont crié vengeance.
Alors il y a eu des morts et des blessés (des deux cotés, 22 morts selon Derdour parmi les civils), certains diront c'était la guerre, la guerre des rues, la guerre du terrorisme, la guerre civile dans toute son horreur.
Votre père a été blessé gravement et il en porte les traces, c'est heureux pour lui et votre famille qu'il soit de ce monde et qu'il ait réchappé à cette journée initiée et déclanchée par le terrorisme urbain. Par contre M. Liparelli n'a pas eu cette chance ainsi que ses trois ouvriers musulmans qui sont décédés quelques temps après.
Il n'y a pas eu des centaines de morts mis sur une camionette (cela devrait être un poids lourd), encore de la propagande d'ignorants. S'il y avait eu plus de 22 morts, Derdour ne serait pas privé d'en faire étalage.
Pour ma part, sans chercher à excuser ni les uns ni les autres, un mort est un mort de trop.
Vous qui avez vécu un autre épisode de la guerre civile avec les islamistes (10ans) vous devez comprendre les tragédies de tous les innocents qui tombent inutilement dans chaque camp. Les bombes qui explosent actuellement posent les mêmes problèmes aux forces de l'ordre de 2007 qu'aux forces de l'ordre d'avant 1962. Tout doit être mis en oeuvre pour combattre le terrorisme aveugle. Et dans cette mise en oeuvre, il y a forcément des exagérations ou des vengeances qui en sortent. Malheureusement, ce sont toujours les civils innocents qui en portent le deuil et qui doivent faire preuve d'humanité.
Cordialement
Jean Pierre Bartolini
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----- Original Message ----- 2
From: karim boudaoud
To: jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
Sent: Saturday, September 22, 2007 4:23 AM
Subject: de la part d'un bonois du 21èmesiècle (Algérie2007)
Bonjour à tous....moi qui suis né en 1988, j'ai jamais connu Bône mais je m'adresse à vous car je suis revolté.
J'ai été teriblement choqué lorsque j'ai découvert les photos de l'ancienne cathédrale du cours Beetagna qui a été detruite après l'indépendance!!!!!
Mais c'est complètement absurde elle a été construite en 1856 et on vient comme çca du jour au lendemain et on décide de la démolir ...
Enfin ça fait partie du partrimoine de l'humanité!!! Rien n'explique un acte pareil. Elle aurait pu être transformée en mosquée ou en bibliothèque.
Croyez-moi les lieux culturels ça en manque vraiment actuellement à Annaba. C'est moi qui vis ici qui suis bien placé pour le constater ...
Moi je demande souvent à mes parents comment ils sont restés les bras croisés devant un tel acte que je califie de criminel;;;
A votre avis comment réagiraient les parisiens devant une éventuelle démolition de la Tour Eiffel???
Je m'adresse à vous pour que vous contactiez le Consulat de France ou l'ambassade s'il le faut pour faire pression sur les authorités locales pour que l'église soit reconstruite à l'identique et qu'elle serve de bibliothèque ou encore de centre culturel....
Je suis sur qu'au niveau des administrations ils ont gardé des plans de cette merveille architecturale ...
Merci beaucoup
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----- Original Message -----
From: jean-pierre.bartolini
To: karim boudaoud
Sent: Monday, September 24, 2007 9:53 AM
Bonjour M. Boudaoud
Lorsque vous avez découvert ce terrible sacrilège de la destruction de la Cathédrale de Bône par le FLN, vous avez été choqué, et pour nous, vous devez deviner notre sentiment. Oui c'est l'armée du FLN qui a détruit cet édifice en 1972 contre l'avis de la population Bônoise qui a tenté d'empêcher cette inutile démolition que vous qualifiez "d'acte criminel". Cet "acte criminel" qui avait voulu effacer la trace d'une religion plus que millénaire (+ 1500 ans) plantée au coeur de la cité, n'a en fait que creuser une plaie qui restera à jamais ouverte dans l'histoire de la ville.
Une démolition qui aurait pu être évitée en transformant ce lieu de culte portant le nom du Berbère Saint Augustin, père d'Hippone et de Bône qui a prêché la paix des peuples. Cela aurait pu devenir la Bibliothèque Saint-Augustin, une bibliothèque universelle dans l'esprit de paix où tous les Bônois auraient pu s'instruire de la véritable histoire de Bône, de l'Algérie et du monde en général.
Au lieu de cela, la destruction a servi à construire un parking souterrain inutilisable (hauteur trop basse pour les voitures) qui a été transformé en souk. Au dessus une esplanade inutile car les Bônois refusent de marcher dessus. En effet, cela est devenu tabou pour les vrais bônois de marcher sur ce lieu car au moment de la destruction de la cathédrale, lorsque le dôme est tombé il y a eu de nombreux morts. Pour les croyants Bônois c'est considéré comme un signe du ciel...
Quand à la réaction des parisiens si cela devait leur arriver, je ne peux pas préjuger au vu de ce que le Maître français, De Gaulle, dit d'eux, que ce sont des veaux. J'espère qu'ils sauront être plus efficaces que les bônois dans leur révolte.
Quand à motiver les autorités françaises pour faire pression sur les autorités locales pour reconstruire cette église, je pense que cela restera au stade du rêve. Construire une bibliothèque sur cette place, pourquoi pas, aux seuls frais du gouvernement qui a ordonné la destruction de l'ancien édifice, assurément, car il ne faudra pas compter cette fois sur les deniers des Pieds-Noirs qui avaient financé l'ancienne cathédrale.
Toutefois, je trouve votre message et votre initiative très touchants, allant dans le sens d'une paix et d'une sauvegarde d'un patrimoine construit par les Pieds-Noirs. Votre démarche devrait être comprise par tous les Algériens dans le sens où les démolitions ou destructions de monuments et de cimetières ne servent pas leur cause et ne fera pas disparaître notre mémoire ni aucune autre mémoire. Toute mémoire doit être sauvegardée pour en tirer les leçons de l'histoire et pour l'oeuvre de la paix.
Votre cri doit être entendu dans toute l'Algérie et c'est pour cela que je passe votre message et ma réponse sur la Seybouse.
Cordialement
Jean Pierre Bartolini
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MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De Mme Françoise Duclos
Bonjour, recherche Francois Greyck ou Grec ou Grecque ou Grech ou Greck né en Algérie ou je ne sais pas. Il a connu en 1944/1945 (Simone) à Auxonne Côte d'Or.
Mille mercis
Mon adresse : Françoise Duclos
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De Mme Michèle DIDONNA
Bonjour, Michele DIDONNA née à Bone, recherche, camille BOUTIN, qui habitait, le quartier de la colonne et André BLANCO habitant rue du 14 Juillet .
Que le temps passe.
Mon adresse : Michèle DIDONNA
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
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Si vous réalisez que vous êtes dans le vrai monde, et que votre enfant doit être responsable de ses actions, de ses travaux en classe et à la maison, et que ce n'est pas la faute de l'enseignant (e) de votre enfant s'il ne fournit pas d'effort,......
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