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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
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L'Hymne des Français d'Algérie
offert par Jean-Paul Gavino
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EDITO
Le 1er Mai 2007
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Il était, dans l'Edough, petit muguet.
Il était tout doux, sentant la forêt.
Quand une Bônoise passe par le sentier
Fleurant son parfum, le coupe au pied.
Pourquoi m'as-tu cueilli ? dit le brin.
Tout simplement pour orner ton sein !
S'il est vrai que je porte bonheur
Tenez, je vous offre tout mon cœur.
Oui, répond la Bônoise, oh muguet, mon amour,
Comme Notre Coquette, je veux t'aimer toujours. |
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Habituellement le 1er mai jour de la fête du travail, les gens s'offrent un joli petit brin de muguet. C'est cette fleur "porte-bonheur" en forme de clochettes blanches qui sent bon l'arrivée du printemps. Il est censé apporter chance et joie jusqu'à l'année d'après.
Cette tradition date de 1561, année où le roi Charles IX décida d'en offrir à toutes les dames de la cour. Comme il en avait reçu à cette même date, l'idée lui plût et c'est lui qui lança cette bonne habitude !
La tradition du Premier mai remonte à la nuit des temps.
Dans l'antiquité, c'était la date à laquelle les navigateurs reprenaient la mer.
Chez les Celtes, c'était le début du premier semestre de l'année celtique.
Au Moyen Age, Mai était le mois des accordailles.
Depuis 1889, c'est la fête du travail.
Dans tous les cas, c'est l'occasion de réjouissances et de combats.
Compatriotes, vous le savez, la vie est faite de combats et j'aurais souhaité que nos chers disparus, en cette occasion, soient là dans le dernier combat qui est celui de la Réhabilitation et la Conservation de notre Mémoire et de notre Passé. La vie en a hélas décidé autrement et nos pourfendeurs, eux sont encore en vie. Malheureusement les élections que nous vivons ne nous apporteront rien de nouveau, peut-être pire.
Ce Premier Mai, fête des travailleurs, fête de nos pionniers, est plus que jamais la leur, tant ils ont incarné, avec ce que cela comporte de grandeur et de difficultés, le monde du travail au travers de l'œuvre accomplie en Algérie. Je veux saluer ici leur dignité et leur courage.
C'est la fête du Travail, alors dés demain remettons nous à l'œuvre pour ce combat. On ne va pas, comme on a trop eu tendance à le faire jusqu'à présent, attendre la fin annoncée de notre communauté pour se poser la question du lendemain. Demain c'est aujourd'hui.
Il ne m'intéresse plus de m'interroger sur les responsabilités prétendues des uns et des autres dans le passé, ce qui m'importe c'est de savoir comment nous allons remettre la communauté et ses membres sur le chemin de la prise de conscience.
Malgré la période noire que nous avons traversée et que nous traversons encore, à laquelle certaines causes sont attachées je suis persuadé qu'il y a encore de l'avenir. Cet avenir, nous devons le construire et le consolider via les pôles de développement que sont les technologies de l'information, de la communication et de stockage via Internet à défaut de celles associatives qui ne veulent pas suivre. Il nous faut encourager et faire grandir ce qui existe et fonctionne.
La création d'une " Université Pieds-Noirs ", qui n'a rien d'utopique avec ce que cela veut dire de potentiel en recherche et développement, serait un atout qu'il faut valoriser à tout prix. Je pense profondément qu'il faut impliquer et responsabiliser les deux mondes, académique et économique. Cette implication n'est pas seulement souhaitable, elle est indispensable pour que ce bel outil soit plus utile et plus performant.
Quelle est la structure qui serait capable de le faire ? Je lance le défi.
Cela dépend avant tout, de nous. De notre capacité à prendre notre destin en mains. Courageux Pionniers, disait-on, c'est l'occasion de montrer que nous sommes dignes de nos ancêtres. Il y a des idées, chez nous. Il faut les exploiter, les faire mûrir.
Je voudrais dire aux politiques : notre communauté d'expatriés a une priorité : son avenir par la reconnaissance de sa mémoire et de son passé.
Compatriotes, la victoire est là, au creux de nos mains, ne la laissons pas échapper, mais au contraire gagnons la ensemble. Unis nous sommes forts, Divisés nous sommes faibles, J'en appelle à l'unité de tous. Ainsi cette victoire sera celle de la paix, la vraie paix, celle des coeurs
Merci de votre engagement et bonne fête avec ce modeste bouquet virtuel!
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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Le muguet en chanson
Le premier Mai c'est pas gai,
Je trime a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude,
Regrettable servitude.
Muguet, sois pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur,
Pas cher à tout un chacun.
Brin d' muguet, tu es quelqu'un.
Extrait de la chanson " Discours des fleurs " de Georges Brassens |
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RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 3 JUIN 2007
Communiqué de l'A.B.C.T
RETENEZ BIEN CETTE DATE 3 JUIN 2007 ET RESERVEZ-LA
Grand Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie
Cher(e) Compatriote et Ami(e) de l'Est Algérien
J'ai le grand plaisir de vous annoncer, que pour la 41ème année, l'Amicale des Bônois, Constantinois et
Anciens de Tunisie du Gard, organise le grand rendez-vous national d'UZES. C'est donc le:
dimanche 3 juin qu'aura lieu la traditionnelle journée champêtre
Comme les années précédentes, c'est dans le cadre verdoyant du camping municipal d'UZES, mis à notre disposition par la Municipalité de cette ville, que nous vous accueillerons.
Le programme est le suivant :
8 heures 30 : Entrée libre et gratuite - accueil des participants.
10 heures 30 : Grand-messe en plein air avec la statue de Saint Augustin : Evêque d'Hippone. (si possible dans le recueillement et le silence)
11 heures 30 : Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des amicales de rapatriés de toute la région.
12 heures : Repas tiré du sac.
15 heures 19 heures : Animations diverses avec comme d'habitude Jean Pierre PACE et son Saxo.
17 heures : Tirage de la tombola. 10 lots de grande valeur (prix du billet 1 Euro 50)
Vous trouverez sur place : Boissons, merguez, Fougasse, pâtisseries orientales et café.
La recette des différents stands, nous permet de couvrir les frais de cette organisation (assurances - animation - sécurité - agencements etc.) Nous comptons sur vous pour les faire " tourner ".
Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.
Qu'on se le dise ! ! ! de bouche à oreilles ou par Tam-Tam....
Merci d'avance de votre participation
Le Président, J.P. ROZIER
Cette journée nationale, Campagnarde et conviviale, se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette", sa petite table et ses chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour notre éternel "Sirop de Cristal" (se délecter avec modération entre copains)
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PIERRE CUSIN
Poète, Colon, et Homme Politique.
N° 7 de novembre 1950
de M. D. GIOVACCHINI Envoyé par sa fille
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Trois professions qui ne s'harmonisent guère. Et cependant, il les a connues, et il continue à les connaître, à les aimer.
Colon, il le fut si peu. Propriétaire d'un excellent vignoble -- qui n'avait cependant rien de " La Lorraine " - il savait certes disserter sur le phylloxera et le mildiou, mais les astres lui faisaient: oublier les ceps de Bacchus, les plants de Zina, le soufre et le sulfate.
LA FONTAINE oubliait qu'il avait des enfants. CUSIN oubliait qu'il avait une vigne.
Bon ou mal an, il vivotait sans avoir d'autres soucis que celui de joindre les deux bouts. Son gérant était maître et roi. CUSIN ne pensait qu'à ses électeurs, à l'avenir de la Fédération radicale-socialiste et à Sirius.
Les heures s'écoulaient longues et monotones dans la maison paisible d'AURIBEAU. A Dar-El-Ghazan, le home reposant de l'avenue Pétrolacci, des bruits de la rue parviennent tout de même jusqu'à lui et donnent une noie plus gaie à sa vie toute de méditation.
Sa solitude est bien peuplée de rêves, d'étoiles et de nostalgies.
En ciselant un vers, il est plus heureux que le translucide TUCCI maniant des - hausses et des baisses toujours scandaleuses et profitables.
Depuis de longues années, il représente à D'Assemblée Départementale la riche région de Jemmapes. Et les électeurs sont fiers de l'avoir choisi. Ils sont du reste bien servis, car il les défend avec autant d'ardeur que de discernement.
CUSIN était Président du Conseil Général, mais il fallait laisser la place à l'ingrat et gourmand René MAYER. Et puis, MALPEL, qui a de fortes mâchoires, n'admet pas que l'actuel Garde des Sceaux ait un autre second que lui-même.
CUSIN a pu déceler des jaloux ; cela arrive souvent à ceux qui ont du caractère, les soliveaux n'attirant jamais l'attention sur eux.
Il est, sans contestation possible, le plus érudit des élus qui siègent sur le Boulevard de l'Abîme. Mais tous les abîmes de l'intrigue et de l'insuffisance se coalisaient contre lui pour magnifier l'héritier présomptif de ROTSCHILD.
CUSIN n'est du reste pas un affairiste. Encore un élu qui honore son mandat. Il fait mentir les pauvres hères, qui, pour justifier leurs palinodies, s'en vont répéter que tous les politiciens se valent.
Ce n'est pas lui qui spéculerait sur le vin ou s'improviserait marchand de roseaux comme André Ganelon.
Parmi tout ce monde où l'on ne parle que " D'ARGENT ", il est réconfortant de rencontrer des hommes si détachés du matérialisme sordide qui a corrompu les meilleures âmes.
Regardez passer CUSIN, pliant sous le poids d'un pardessus mal saisi sous des bras surchargés de revues ou de journaux. Il ne vit pas pour les autres et l'opinion des imbéciles ne l'intéresse guère.
Il sait que la beauté n'est que morale, et que l'impeccable dandy qu'est ANTONY EDEN en impose moins que CHURCHILL, cet " Atlas " de la pensée et de la volonté.
II ne pose pas, non plus, à l'Apollon comme un grand démolisseur de ménages. Son cerveau est plein d'une belle richesse, qu'un vague trusteur ne saurait connaître et que le fisc lui-même ne pourrait ravir.
* * *
Nous confions à un de nos concitoyens aussi aimable que lettré le soin de juger le poète.
* * *
Beaucoup croient connaître Monsieur Pierre CUSIN, qui ont apprécié l'érudit, favorable à toutes les manifestations de l'esprit, l'homme politique, penché sur toutes les détresses, le conseiller au jugement éclairé, l'ami solide et sûr, en un mot, mais qui étaient bien loin de soupçonner en lui, tant il met de pudeur à ne le point révéler, un noble et talentueux Poète.
C'est tout au plus si l'on n'ignorait pas qu'il a volontiers commerce avec les Astres, et chacun sait, depuis le Verlaine des "Poèmes Saturniens " toutes les possibilités d'évasion que confèrent, à qui sait s'y adonner, les influences astrales.
Le remarquable recueil de vers, " THEURGIES " que Pierre CUSIN vient de publier chez LEMERRE aura donc été une révélation pour ceux qui n'avaient pas suivi sa production littéraire antérieure, notamment ses " JARDINS DE PLUTON", paru en 1939, mais dont, par une modestie qui ne nous surprend pas, mention n'a même pas été faite en première page de la nouvelle oeuvre.
Depuis ces poèmes au lyrisme éclatant, bosquet enivré de couleurs et de parfums, frémissant de battements d'ailes, il semble que le talent de l'auteur se soit discipliné, affiné, et, pour tout dire, spiritualisé. La forme elle-même s'est condensée et de courtes pièces, qui, pour n'avoir pas la rigueur prosodique du sonnet classique (abandon de l'alternance des rimes féminines et masculines, par exemple) n'en conserve pas moins le plus souvent sa stricte ordonnance. Et la pensée en jaillit, plus impérieuse, plus concise et plus haute aussi.
Poète, Pierre CUSIN l'est, à la vérité, au sens où le voulait le mot latin "VATES", qui y sous-entendait je ne sais quel sacerdoce prophétique, quel pouvoir de divination augurale. Il voit, dans la poésie, une véritable mission ésotérique, à laquelle ne doivent prétendre que des élus capables d'atteindre aux vertus ascétiques, et il pense qu'eux seuls sont aptes à recevoir la divine inspiration, souvent même à leur insu.
" Je me laisse dicter ces vers par des voix d'ombre
Sans être bien certain de m'en vouloir l'auteur "
Eux seuls connaîtront l'enivrement et la fierté de trouver, ou plutôt de retrouver le maître mot essentiel,
" Que chaque mot, Seigneur, soit l'un de vos visages,
Il en est d'éternels qui sont [encore à dire "
L'alexandrin parfait, sans tâche et sans fêlure, en qui réside peut être un pouvoir magique.
" Douze pieds, douze mois... le vers est une année,
Les astres qu'il sertit lui donnent ses clartés,
Je sens, en lui, les mots prendre leur force occulte ".
Gabriel d'ANNUNZIO, le premier, je crois, a pu dire qu'"une pensée exactement exprimée dans un vers parfait est un pensée qui existait déjà, préformée, dans les obscures profondeurs de la langue ". Et de même, plus récemment, parlant de la perfection de la poésie racinienne, François MAURIAC a écrit que " cette perfection est si haute qu'elle nous parait préétablie et qu'il semble que certains vers de Racine furent, non pas inventés, mais découverts ".
C'est à de telles découvertes que Pierre CUSIN aspire de toute son âme, au prix de renoncements successifs, par une intime et constante communion avec le mystère, avec la divinité, communion que le titre même de son ouvrage, Théurgies, entend bien marquer dès l'abord. Nouvel Eumolpe, en s'abolissant peu à peu, en s'absolvant, en délaissant "les plus splendides fleurs". Il saura se montrer digne de l'initiation céleste, afin d'obtenir pour ses vers " leur pouvoir émérite ", mais sans en tirer alors le moindre orgueil personnel, et en sachant rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
" Le mûrissant poème est en nous comme un fruit... et le poète même ignore qu'il le porte comme un fardeau sacré lourd de son immanence...
Un Dieu le cueille alors en nous, et nous le donne.
Ah, combien le Poète est aux antipodes de ceux à qui SCHOPENHAUER reprochait " de manquer de pudeur, en les exploitant, à l'égard de leurs aventures ".
Pierre CUSIN n'a cure de telles facilités, de telles banalités. Il ne livre rien de son moi intime, que ce qui est parfaitement épuré, dépouillé, prêt à rentrer dans le sein insondable de l'Eternel..
"Voici la nuit des sens, voici la nuit du coeur ".
Et même quand il se laisse aller à de furtives confidences, même quand sa méditation va rejoindre ses " chers invisibles ", c'est avec une retenue, une discrétion, dont l'hommage qu'il rend à sa grand'mère, dans l'admirable "Mémorial de Marthe PORCELLAGA " par exception, l'un des plus longs poèmes du recueil, donne toute la mesure.
Poésie pleine et concise, en définitive, dont les thèmes élevés, l'accent hautain, l'expression originale et nuancée, surprennent et enchantent, en une époque d'improvisations négligentes, et d'inflation verbale dont l'abondance ne suffit pas à masquer l'atonie de la pensée, l'atrophie du sens du divin, sans lesquels il n'est point cependant de véritable dignité humaine.
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LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (47)
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DU SOLEIL A LA PLUIE, COMME ÇA
Tu vas pas coire ô kaloutche que,y a de ça quèques jours, j'étais encore en Patosie ousqu'y avait un soleil, j'te dis pas, un soleil un peu froid, mais un soleil qu'à même que, si qu'y te donne pas la chaleur comme tu veux toi et un peu du noir dessur la peau, au moins, tu le ois. Moi, comme tu me connais que, comme y dit l'aut', j'ai la gambade, je m'ai dis pourquoi que j'irai pas le oir, ce purée de soleil, le vrai, de l'aut' côté d'la mer, tu sais, celle-là là, la not' qu'elle est bleue et que son nom, quan c'est que tu veux t'l'écrire, tu te fais au moins cinquante fôtes d'orthographle avant même que tu commences. Brèfle, je me prends une avion mais pas tout seul à cause que ch'uis pas riche comme Fréjus, une avion avec plein du monde dedans qu'y avait même un curé et toute une rélégation avec lui, un curé mais entention pas n'importe, gradé qu'il était çui-là là et y z'allaient tous à Bône envités qu'y z'étaient par les austérités d'la ville qu'elles veulent faire un rapprochement entre les religions et les cultures et moi, laisses que je rigole pasque, t'y as déjà vu not'jujubier de Bône et l'oranger d'la plaine aller à la messe le dimanche ou à la mosquée le vendredi ? mais où j'ai plus rigolé c'est quan on m'a dit tout l'argent qu'elle a été dépensée pour ça et tu vas oir, le jujubier et l'oranger y vont pas changer et y vont pas se rapprocher, un y va rester dessur sa colline à côté Saint-Augustin et l'aut' y va rester dessur sa plaine à s'l'agader de loin.
Enfin, comme j't'ai dis, l'avion j'l'ai prise à Saint-Exupery….Attends, qu'est ce tu vas me chercher….un p'tit prince, un vol de nuit….j'ai rien volé moi, ni à un prince, ni à un aviateur et ni à quèqu'un qu'il a écrit des liv' et si que tu me laisses pas raconter, là y va s'arrêter le oiyage. Tout ça pour dire que partis de Lyon et arrivés à Bône ousqu'y faisait un peu nuit à cause que le soir il avait venu un peu bonne heure, on s'a dit demain y f'ra jour et on verra le soleil, le vrai, pas çui-là là de Patosie qu'on dirait une lampe alectrique, et comme ça on a fait. Le matin, quan je m'ai levé, diocamadone avec déjà en dedans la bouche le goût des beignets, des pois-chiches au kamoun, du créponnet, des rougets, des daurades, des marbrés et des cavales que j'allais m'les affoguer et, manque justement je m'affogue à de bon et me trouver à chez Tadeau tout ça, par'ce que, en sortant, je m'ai pris comme ça, d'un coup, une douche glacée dessur la fugure, purée de nous z'aut' dès, y pleuvait dessur Bône et comme je suis un peu poètre quan c'est que j'ai du temps, je m'ai aperçu qu'y pleuvait aussi un peu en dedans mon cœur.
Dessur le Cours, personne y te mangeait des glaces et les serveurs misquinettes, y z'étaient dessous une bâche pour se protéger de l'eau qu'elle tombait à verse attendant, pour se faire un peu d'l'argent qu'y leur vient un badiguel comme moi qu'il a l'habutude de se manger le créponnet même dessur la tête d'un galeux. Moi, badiguel d'accord, mais pas trop, si que ch'uis pas assis, le créponnet y passe pas y'alors, j'ai fais comme si que j'étais pas là et ch'uis descendu à vers le marché ousqu'areusement, t'y avais de tout, le bien de dieu, malgré le mauvais temps, de tout sauf des z'aricos d'mer qu'à Joanonville, y z'ont pas pu les faire à cause les vagues qu'elles z'ont monté jusqu'à dessur la route là, ousqu'il est l'abattoir. Je m'ai pris une liv' de chaque…Attends un peu, avec toi, y faut toujours tout espliquer, y a pas du poisson qu'y s'appelle chaque ô kaloutche, c'est juste une façon de parler, j'vas pas te dire une liv' de ça, et encore une liv' de ça et une aut' de ça exètéra ! non, on dit seulement de ça et ça agrège la discussion. Bon, main'nan que t'y as compris, je continue. Je m'ai donc pris une liv' de chaque…Amen, t'y as compris… d'la cavale que moi, je m'la mange grillée dessur la tôle avec le gros sel comme y font les pichkadours, des crevettes mais entention les p'tites qu'on s'les appelles les chevrettes et qu'on s'les prend au salabre dedans le soume de la Caroube que, même crues, tu t'les mange, des z'argentins frais et pis aussi une galinette que, cadeau y m'la donnée le marchand.
Et y'alors, en rentrant à chez moi, ouai, j'ai un chez moi à Bône mais pas ézactement, un jour j'te raconte et j't'esplique, en dedans chez moi donc, j'me suis fait une kémia de crevettes en attendant qu'elles grillent les cavales et qu'y frient les z'argentins et purée de nous z'aut', tu cois ou tu cois pas, de suite, le soleil qu'il était pas déhors, y m'a venu dedans le vente mais j'te dis pourquoi, pasque je m'ai pris une anisette, laisse, j'te dis pas… Une anisette dedans un verre ousque d'habutude on en met deux. Après ça, je m'ai affogué deux ou trois cavales, chais plus et un wagon des z'argentins, tout ça, avec du bon pain d'à chez Rossano et pis après, devine, la sieste, sacrée même en hiver qu'en plusse, quan c'est qu'y fait froid, elle devient obligégatoire, tu peux pas faire atorment et moi, comme ça j'ai fais, j'me suis tapé une de ces dormades comme je dis moi et comme y m'est jamais arrivé d'en faire et tu ois même si que je dis toujours ça, ce jour-là c'était la vérité à cause, que quan je m'ai levé, t'y avais un soleil que rien qu'y chauffait, y chauffait jusqu'à mes osses qu'y z'en avaient bien besoin et qu'y z'ont enfin trouvé la chaleur d'avant, d'avant quoi ? Chais pas, d'avant, un point c'est tout.
Dessur le Cours, t'y avais un monde fou, fou mais tranquille, juste en train de s'affoguer des créponnets comme si qu'y z'en avaient jamais goûté de leur vie et moi, misquinette, je m'ai pas trouver d'la place pour m'asseoir areusement le garçon qu'y me connaît, y m'a fait asseoir dessous l'arbe d'ousqu'y te tombe toujours des p'tites boules dessur la tête et à moi le créponnet avec la cuillère pasque j'ai jamais pu le prende avec la paille comme ceux-là là qu'y font des necs. J'avais pas fini de m'affoguer mon deuxième créponnet qu'elle me vient une bafoune, la totale, avec le vent, la pluie et tout et tout que dedans mon verre, le créponnet il a venu citronnade
J'étais comme ça à me mouiller la tête, à me mouiller les pieds aussi quan, tu ois pas, d'un coup, j'ai compris à de bon pourquoi, y tombait comme ça de l'eau, une eau qu'elle tombait à verse ; Bône elle pleurait mais entention, elle pleurait de joie rien que d'apprende que, Alain et Roland y venaient lui rende visite bientôt et un peu plus tard, c'est Jeanine, Noelle, Jean-Pierre et les z'aut' qu'y z'allaient débarquer et, diocamadone, si qu'en plusse y venaient Anne-Marie et André y'alors là, je jure pas, mais à de bon, dessur Bône y viendrait la neige, pas celle-là là qu'y a dedans les verres et qu'on s'l'appelle le créponnet non, celle qu'elle tombe des fois dessur Bugeaud et que de loin seulement on s'la oit
Rachid HABBACHI
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Ô pauv', à de bon tu l'as pas lu ?
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A çui-là là qu'il a pas lu mon Cyclope y dit,
j'ui dis ô pauv', laisse moi que je ris
Un peu, même si que c'est pas drôle
Quand c'est qu'elle te viendra la pécole
Et que, normal,
Tu sauras pas ça que c'est comme mal
A cause que l'esplication, ô caplate
T t'la trouveras qu'en dedans not' tchapagate
Et si tu veux, qu'à de bon elle t'abandonne,
Apprend à parler comme nous z'aut', on parle à Bône.
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LA POLITIQUE BONOISE
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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COMME ce mot s'accorde mal avec ces misérables querelles de clocher qui ont pu sévir à Bône, avec autant d'acuité qu'ailleurs.
Il n'y eut jamais, dans cette ville, où tout incitait à la vie tranquille et au bonheur paisible, que des questions de personnes où d'âpres rivalités basées sur des raisons d'intérêts, parfois sordides, d'ambitions presque toujours déplacées ou de jalousies basses et vilaines, trop souvent.
Jusqu'à l'Avènement de la IIIème République, les citoyens n'étaient jamais consultés. Le Maire et les Adjoints étaient nommés directement par le Chef de l'Etat (Roi, Président ou Empereur) et les Conseillers municipaux par le Gouvernement général.
Les Conseillers généraux ne furent désignés, dans la forme élective, qu'en suite du décret impérial du 11 juin 1870, qui ne put recevoir d'application qu'après la chute de l'Empire.
Quant à la représentation parlementaire, l'Algérie ne fut admise à nommer des sénateurs qu'à partir de 1871 et des députés qu'après 1875.
Cette situation dispensait donc les citoyens de ce pays d'avoir une opinion politique, ou seulement une préférence personnelle.
Une fois, cependant, la population civile française de Bône avait été appelée à émettre un avis politique. Ce fut pour le plébiscite des 21 et 22 novembre 1852, qui substitua le Second Empire à la République de 1848.
Sur 663 votants appelés aux urnes, 623 Bônois répondirent " Oui ", en faveur de l'Empire.
Cette quasi unanimité ne semble pas, cependant avoir été la manifestation d'une vraie conviction, sincère et profonde.
Dix-huit ans plus tard, en effet, après Sedan, la population unanime, cette fois, avait arraché les plaques de la rue de l'Impératrice - à peine posées depuis deux années, en témoignage de reconnaissance de la Ville pour la jolie souveraine qui avait personnellement secondé les voeux des Bônois tendant à l'élargissement de l'enceinte - et les avait remplacées par d'autres, portant la seule date du " 4 septembre ", ce qui constituait une flétrissure pour l'Empire déchu.
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C'est ainsi que s'est manifesté, à Bône, le premier acte de foi dans la République.
Cela s'était produit spontanément, à l'annonce de la capitulation de l'Empereur à Sedan, dans un élan brutal de patriotisme exacerbé et meurtri, de ce patriotisme qui est toujours plus vif et plus aigu chez ceux qui vivent loin de la Mère-Patrie.
Les Bônois, qui n'avaient jamais eu, depuis le plébiscite de 1852, la liberté d'émettre une opinion politique, venaient, en plaçant cette date du " 4-Septembre ", au coin de l'ancienne rue de l'Impératrice, de marquer le point de départ d'une ère nouvelle en politique.
Désormais, ils allaient être libres de choisir leurs représentants : d'élire, leurs conseillers municipaux et leurs conseillers généraux. Bientôt, en 1871 et en 1875, l'Algérie aura sa représentation, d'abord, au Sénat, puis, à la Chambre des Députés.
Mais la souveraineté du Peuple, dogme de l'armature de la République, allait cependant être toute relative, car les Français de souche étaient alors, la grande minorité des électeurs, tandis que les naturalisés de fraîche date, qui étaient loin d'avoir au coeur la fibre patriotique française bien accrochée et les israélites algériens bénéficiaires récents du fameux décret Crémieux qui n'avaient pas encore acquis la nette conscience de leurs droits et de leurs devoirs de Français, étaient une proie facile pour les politiciens peu scrupuleux ou trop astucieux.
Les naturalisés, surtout, à qui l'on ne demandait presque que de manifester simplement le désir d'acquérir la nationalité française, avaient trouvé, dans les élections, une occasion.
Les étrangers qui sollicitaient leur naturalisation française n'étaient pas astreints, en effet, comme le sont ceux qui vivent sur le territoire métropolitain, à une longue résidence préalable dans la Colonie. Il suffisait qu'ils fussent réellement domiciliés en Algérie, et qu'ils y jouissent d'uns bonne moralité.
Les règlements spéciaux à la Colonie avaient aussi permis d'accélérer considérablement les procédures de naturalisation, fort longues à l'ordinaire, et les droits de chancellerie avaient été réduits à l'extrême, si réduits, que l'on appelait ces trop nouveaux compatriotes : " Français à 3 fr. 50 ".
Ces mesures étaient, alors, dictées par des raisons, ou plutôt des besoins, de peuplement de la nouvelle Province française pour laquelle les Métropolitains ne paraissaient avoir aucun penchant,
En naturalisant facilement les étrangers accourus sur le sol algérien dès les premiers jours de l'occupation française, on avait lieu d'espérer que ces étrangers, devenus Français, demeuraient définitivement dans le Pays.
Cet espoir n'a, certes, pas été démenti par les faits. Les enfants de la grande majorité de ces " Français à 3 fr 50 " se sont intégrés complètement, par le coeur et par l'esprit, dans la grande famille française.
Ils sont allés, sur tous les champs de bataille, si loin fussent-ils de leur Algérie natale, pour défendre la France, et mourir pour elle, souvent, avec le même patriotisme, la même foi, et la même abnégation que s'ils avaient été ses vrais fils de race.
Les descendants de ces naturalisés forment aujourd'hui la grande majorité de la population française de l'Algérie.
Mais il n'en était pas de même au début et l'on imagine aisément ce que pouvaient être, alors, les sentiments véritables de ces néo-français, si hâtivement recrutés et si sommairement éduqués, pour leur nouvelle Patrie, dont ils ignoraient le Passé.
Aussi devait-il leur importer peu que la ville, dans laquelle ils vivaient, fut représentée dans les Conseils et au Parlement par des Républicains de telle ou telle nuance, des Royalistes ou des Bonapartistes. Car ce n'était, vraiment, pas pour la défense des Institutions françaises qu'ils avaient demandé leur naturalisation.
Ces " Français à 3 fr. 50 ", sans idéal politique agissaient donc, aux élections, suivant leur propre intérêt et cet intérêt se satisfaisait, le plus souvent, d'une modeste obole - pour ne pas dire rémunération - qu'on leur remettait en échange du suffrage qu'ils accordaient à un candidat qu'ils ne connaissaient généralement pas du tout.
Cette partie du Corps électoral, du troupeau électoral pourrait-on mieux dire, constituait la véritable masse de manoeuvre des batailles électorales. Heureux, les candidats qui pouvaient l'avoir avec eux !
Et les lendemains de victoire électorale, n'étaient pas des lendemains qui chantaient, comme a dit le poète, mais des lendemains qui beuglaient et vociféraient en un charabia d'où la langue française était exclue - fort heureusement pour elle.
On pouvait assister, dans les rues, à de longs cortèges de voitures dans lesquelles se prélassaient ces ilotes d'un nouveau genre, qui, d'une voix avinée ou absinthée - car l'absinthe était le breuvage préféré de cette plèbe éructante - braillaient toutes sortes d'injures à l'adresse des candidats malheureux de la veille.
Tout cela finissait par une traditionnelle macaronnade sous les pins touffus de la " Plage Fabre ", que les vainqueurs offraient généreusement à leurs électeurs, " libres, indépendants et conscients " (!?!) pour les remercier de leur dévouement et de leur fidélité.
Ainsi, se comportait, presque toujours, le corps électoral, ce nouveau maître que la IIIème République venait de donner à l'Algérie.
***
Du côté des candidats, la situation, si elle n'était pas la même en apparence, avait, au fond, un point commun avec celle des électeurs.
Les candidats, comme leurs électeurs, ne se réclamaient d'aucune doctrine, d'aucun idéal, républicain ou autre.
Les uns n'étaient animés que par l'ambition et le délire des grandeurs, les autres ne recherchaient que des profits, d'autres, enfin, n'agissaient que par envie, jalousie ou vengeance.
Seules, des personnes s'opposaient les unes aux autres. Aucun programme réel ne guidait les électeurs qui, dans la grande majorité, se préoccupaient fort peu d'ailleurs de l'avenir de la ville, laissant les candidats lutter entre eux.
Ceux qui étaient en place tenaient à y rester, par amour-propre, pour le prestige ou l'intérêt, les autres n'étaient leurs adversaires que pour prendre leurs places.
Le suffrage universel n'était, pour eux, qu'un instrument qui devait leur permettre de satisfaire leurs ambitions ou d'assouvir quelque haine ou vengeance. Rarement, il était sincèrement question du Bien public.
C'est pourquoi, sans doute, les luttes étaient si âpres, les questions de personnes étant toujours irritantes.
Les compétitions électorales étaient tellement ardentes qu'elles dépassaient souvent le cadre de la Cité et que leurs échos avaient des répercussions jusqu'aux quatre coins du Département, et même au delà, ce qui faisait dire que les élections bônoises étaient une industrie locale.
Et, de fait, combien de fois, n'a-t-on pas prétendu qu'à l'instar de Marseille, et peut-être même bien mieux, et, avec beaucoup plus d'art et d'adresse qu'à Marseille, on avait, à Bône, fait voter les morts, subtilisé les enveloppes contenant les bulletins à dépouiller pour les remplacer par d'autres préparées d'avance et contenant, en presque totalité, des bulletins favorables, bourré les urnes de bulletins amis, sous le nez même des électeurs présents, et terrorisé les électeurs bien pensants pour les empêcher de bien voter.
Mais cela ne troublait nullement les consciences.
Les candidats battus formaient régulièrement des recours, au Conseil de Préfecture ou au Conseil d'Etat, contre les opérations électorales et, régulièrement aussi, la juridiction saisie rejetait les recours, faute de justifications suffisantes des griefs articulés par les protestations.
Aux élections suivantes, tout recommençait de la même façon, injures, diffamations, bagarres, achats de voix, fraudes, et truquages habituels. Ceux qui détenaient les urnes, étaient toujours réélus et ceux qui étaient battus protestaient encore " tout comme autrefois ", comme disait une romance, en vogue à l'époque.
Ah ! ce suffrage universel, comme on savait s'en servir à Bône !
Mais était-ce seulement à Bône qu'il était ainsi malmené, torturé et faussé dans ses résultats ?
Les diverses modifications qui ont été apportées par le Parlement au mode de votation, isoloirs, enveloppes, distribution des bulletins, etc... n'ont certainement, pas été dictées par les seuls agissements des tripatouilleurs bônois.
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Les journées d'élections étaient autrefois fort animées à Bône Il y avait des bagarres et des rixes, un peu partout, et il n'était pas rare que des coups de revolver fussent tirés, même par des citoyens d'un certain rang social, tel, ce M. Poulet qui dut se servir de son pistolet en plein jour, et en pleine ville, dans le morceau de rue Perrégaux, aujourd'hui supprimé, qui passait entre le Théâtre et le Marché aux légumes, à cause de manoeuvres électorales frauduleuses trop voyantes, et trop criantes.
Je ne sais devant quelle juridiction ce géométre venu de La Calle, qui devait finir sa carrière de géométre comme haut fonctionnaire colonial, en Afrique occidentale, fut traduit pour cette folle équipée, mais je me souviens très bien d'un refrain :
" Sautez, dansez, Madame Poulet ",
" Votre mari est acquitté "
que la foule chantait, un soir, et qui devait se rapporter à l'épilogue judiciaire d'un quelconque mélodrame électoral concernant ce bon M. Poulet et de ces temps heureux où les journées d'élections étaient la grande attraction de l'année.
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Si ardentes que furent les luttes autour des urnes et si au courant des truquages et des fraudes que pouvaient être les Comités électoraux instruits par les leçons du passé, les Municipalités élues, ou, pour le moins, déclarées élues, furent toujours du même bord politique local. Prosper Dubourg avait succédé à Célestin Bourgoin, dont il avait été le proche collaborateur, Jérôme Bertagna, premier adjoint de Prosper Dubourg, ceignit l'écharpe de Maire à la mort de celui-ci et Ferdinand Marchis, premier adjoint de Jérôme Bertagna le remplaça après sa mort.
Les Bônois sont réputés pour avoir toujours été opportunistes. Leur opportunisme, cependant, n'était pas le même que celui de ce grand Parti opportuniste qui s'opposait, au Parlement français, dès le début de la IIIème République, au radicalisme naissant.
Peu importait aux Bônois que les réformes, dans la constitution et le Gouvernement de la France, fussent radicales, c'est-à-dire immédiates, ou qu'on attendit le moment opportun pour modifier, opportunément aussi, l'état de choses existant.
Non, c'est un opportunisme plus simple et plus égoïste qui consistait à faire tout ce qu'il fallait pour être toujours du côté du Gouvernement, quel qu'il fut, Radical ou autre, afin d'en obtenir, toujours, le plus de profits possible.
Ce fut bien là, la règle de conduite des électeurs et des élus bônois depuis 1877, après la dissolution par le Maréchal de Mac-Mahon de la Chambre des Députés.
C'est, à cette époque, que l'Algérie fut admise à élire des représentants au Palais Bourbon, et ce fut Gaston Thomson, alors âgé de 27 ans, qui fut le premier de Bône.
Il était arrivé de Paris nanti de l'investiture de Gambetta qui était alors à l'apogée de son prestige, et qui paraissait devoir devenir le maitre des destinées du Pays.
Il n'en fallait pas davantage pour qu'il fut élu.
Gaston Thomson était opportuniste, mais opportuniste de gouvernement : ses électeurs bônois étaient, eux aussi, opportunistes, mais opportunistes pour leurs intérêts personnels seulement.
D'un opportunisme à l'autre, on parvenait toujours à être du parti au Pouvoir, c'est-à-dire du côté du Gouvernement.
Gaston Thomson qui devait être un parlementaire avisé et très influent, servit admirablement les intérêts de Bône et du Département de Constantine, qu'il représenta à la Chambre pendant 54 ans.
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Tous les mouvements d'opinion, toutes les entreprises dirigées contre les Pouvoirs publics, ou l'Administration algérienne, ont toujours échoué à Bône.
L'échec de ce genre, le plus retentissant, fut bien celui de Max Régis en 1899.
Le jeune Maire d'Alger, parvenu au faite de la popularité, à travers les sacs et les pillages des magasins juifs d'Alger, entendait instaurer, dans toute l'Algérie, une nouvelle doctrine politique uniquement basée sur des questions raciales.
C'était, non seulement, inique et contraire à la plus élémentaire humanité, mais aussi très dangereux dans un pays où tant de races et de religions voisinent, qui doivent être amenées, au contraire, à s'entendre pour le plus grand bien de la France.
Aux élections législatives récentes, chacun des trois départements avait élu un Député sous la seule étiquette anti-juive, et Max Régis, avait entrepris de voyager à travers le Département de Constantine pour répandre sa nouvelle doctrine.
Il avait partout été acclamé. Toutes les villes, tous les villages, avaient élevé des arcs de triomphe en son honneur. Partout, le passage du jeune Pape de l'Antisémitisme avait soulevé l'enthousiasme des foules.
Hélas, à Bône, la fortune changea le camp.
Comme le cortège triomphal devait arriver par la route de Philippeville, il y eut une première et sérieuse échauffourée au lieu-dit " Les Eucalyptus " près du village d'Aïn-Mokra.
La voie triomphale était coupée, et ce fut en se trainant lamentablement que le cortège, tant acclamé ailleurs, jusque là, fit son entrée en Ville par la Porte d'Hippone et qu'il s'en vint loger, au plus près, à l'Hôtel Cramet, afin d'éviter un trop long parcours à travers la Ville.
L'Hôtel Cramet qui a disparu depuis longtemps se trouvait à l'angle des rues Prosper Dubourg et Napoléon Maggiore, en face de la Place de la Gare actuelle.
Ancien Hôtel CRAMET
Tous les oeufs, tous les fruits pourris, tous les immondices maniables, furent projetés contre la façade de l'hôtel qui, on peut le dire, en vit de toutes les couleurs.
La foule se massait pendant toute la journée devant ce mur affreux et sale, derrière lequel M. Régis commençait à comprendre la fragilité des vastes entreprises basées sur la haine et le mépris de la personne humaine.
Sur le Cours, une grande vitrine en laquelle était exposé une magnifique palme qui devait être offerte au jeune triomphateur à son arrivée dans la Ville, était brisée et la palme, emportée par les manifestants, fit le tour de la Ville, au milieu des huées, et des invectives à l'adresse de Max Régis.
Les manifestants, après avoir promené ainsi leur trophée, s'en furent le jeter dans l'eau du port.
Ce coup d'arrêt porté par les Bônois à la marche triomphale du jeune tribun naissant, a marqué le commencement de son déclin.
Les villes et les villages qui l'avaient inconsidérément acclamé, se ressaisirent devant l'exemple que venait de leur donner les Bônois.
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Telle était ce qu'on a pu appeler, bien improprement la politique bônoise qui n'était, en réalité, que la manifestation d'un sentiment très vif de solidarité rassemblant, à chaque élection, autour des urnes des citoyens de même origine ou habitant la ville depuis les premiers jours de sa vocation française.
Ces électeurs, dont les noms, sans doute, n'avaient pas toujours une consonnance nettement française avaient vu se dresser contre eux un certain nombre de mécontents et d'ambitieux qui avaient cru devoir, bien maladroitement, se dénommer " Parti Français ".
De ce fait, ils s'étaient groupés davantage et plus ouvertement et la lutte qui jusqu'alors s'était poursuivie entre des personnes se déroula désormais, entre le Parti France et les autres.
Mais, ce n'était qu'une apparence car, en réalité on était toujours entre Bertagnistes et anti-Bertagnistes.
Chaque groupe avait son café sur les " Allées " (ou Cours) en face l'un de l'autre.
Les amis de Jérôme Bertagna, les Bertagnistes donc, tenaient leurs assises au Café Saint Martin.
Les Anti-Bertagnistes se tenaient au " Café Couronne " qui était situé en face.
Chose étrange, les Bertagnistes qui, par antithèse, devaient être considérés comme le parti des non-Français avaient choisi, pour se retrouver un café tenu par un Français de pure race, dont le nom formait l'enseigne de l'établissement, tandis que le Parti Français se réunissait au " Café Couronne ", qui aurait dü s'appeler, en toute franchise, le " Café Corona ", puisque celui qui l'avait fondé et qui l'exploitait s'appelait, en réalité, Corona, qu'il avait transformé en Couronne, pour lui donner une allure plus française.
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Ainsi, les luttes électorales constituaient sinon une industrie locale, du moins une attraction pleine de vie ardente et d'imprévu.
Mais ce n'était jamais pour faire triompher ou seulement défendre un principe, une idéologie ou un système que tant de courage, d'audace, d'entrain et de ruses étaient dépensés.
Il ne s'agissait toujours que d'un homme dont on ne se demandait jamais s'il était seulement républicain, ou autre chose, dont on se serait même désintéressé de savoir s'il était Français et s'il jouissait des droits du citoyen.
Il était l'adversaire, l'ennemi, et c'était assez pour que tous les efforts et les sacrifices fassent faits pour l'abattre.
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Le divorce de Noël
Envoyé par Mme Michèle Raphanel
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C'est l'histoire d'un vieux couple marié depuis 45 ans. Ils vivent paisiblement dans un coin paumé dans le centre de la France. L'homme appelle son fils qui vit à Marseille et lui dit : " Je suis désolé de te gâcher ta journée, mais je dois te dire que ta mère et moi, on a décidé de divorcer, 45 années comme ça c'est assez.
- Mais qu'est-ce que tu racontes papaaaaaaa !
- Nous ne pouvons plus rester ensemble plus longtemps, nous en avons marre l'un de l'autre et je ne veux pas en discuter davantage, je suis à bout, alors appelle ta soeur qui vit à Paris et annonce lui la nouvelle !"
Et le vieil homme raccroche.
Le fils appelle sa soeur qui explose au téléphone: " Ce n'est pas possible qu'ils divorcent comme ça, je vais m'occuper de ça !"
Elle appelle son père immédiatement, en hurlant dans le téléphone : " Tu ne vas pas divorcer comme ça, attends jusqu'à ce que j'arrive Je vais appeler mon frère et nous serons chez toi dès demain matin ! Jusque là, ne fais rien ne bouge pas, TU M'AS COMPRISE ?" Et elle raccroche.
Le vieil homme raccroche alors et se tourne en souriant vers sa femme : " C'est OK, ils seront là demain pour Noël et ce sont eux qui payent leur voyage."
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BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
Envoyé par M. Rachid Habbachi N° 24
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Bône Militaire
44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIV ème avant au XX ème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908
Troisième Partie
RECONSTITUTIONS DE BONE
d'après les Vestiges qui subsistent :
PLANS, PERSPECTIVES, RUINES RELATIONS ANCIENNES
CHAPITRE XXIV
BÔNE
Lorsque les Français arrivèrent à Bône en 1832, la ville ne ressemblait plus en rien à la cité, déjà bien déchue cependant, qu'avait trouvée le général de Damrémont.
Les horreurs du siège entrepris par Ben Aïssa, l'arrêt complet des affaires avaient fait de la ville agonisante, une ville en ruines.
Les égouts s'étaient bouchés, des dix-sept fontaines construites à grands frais et alimentées par l'aqueduc de 1'Edough, une seule existait encore et donnait le très mince filet d'eau que la conduite crevée laissait arriver à la ville. Les citernes étaient vides, les terrasses des maisons s'étaient effondrées et toute l'eau des pluies se perdait.
Les seguias qui couraient joyeusement au milieu des jardins, avaient disparu, détruites méthodiquement par Ben Aïssa ; les jardins eux-mêmes étaient morts non de sécheresse mais de noyade et à leur place, s'étendaient, à perte de vue, des marécages.
Les maisons n'avaient plus de portes ni de fenêtres ; le capitaine d'Armandy dit que tel était l'état de celle qui lui fut désignée et cependant c'était la meilleure de la ville.
Les troupeaux qui transformaient auparavant les rues en cloaques, avaient eux-mêmes disparu, laissait seulement leur laine qu'Yusuf fit ramasser pour en constituer des approvisionnements, après l'avoir fait laver aux Casarins probablement. Les seuls êtres vivants étaient les rats, les souris, les lézards et c'est probablement à cette époque misérable qu'est née la légende de la plaque-incantation contre les rongeurs.
Aussitôt arrivés à Bône, les Français se mirent à l'oeuvre. Le capitaine du génie Ballard déblaya les voies des immondices qui les encombraient et entreprit une rectification des rues et des places. Cet officier avait débarqué le 15 mai 1832, et dès le 1er novembre 1833, le chef du génie, le capitaine Urtin, soumit au gouverneur un plan de la ville rénovée.
Toutes les rues furent redressées par des démolitions des saillants et des constructions dans les rentrants de façon à avoir une largeur uniforme de six mètres. Deux grandes places furent créées, l'une devant la mosquée de Salah Bey, ce fut la place d'Armes, l'autre, un peu plus au Nord, prit le nom de place Rovigo. Les rues reçurent les noms des héros de Bône : il y eut les rues d'Armandy, Joseph du Couëdic, de Cornulier-Lucinière, Huder, Fréart, d'Uzer ; des bâtiments et des régiments : du 4ème de ligne, de la Béarnaise, du Bédouin, de la Bellone, de la Surprise, du Suffren ; des villes d'Afrique : d'Alger, de Tunis, de Carthage, de Tabarka, de Constantine ; de l'histoire d'Afrique : Térence, Bélisaire, Saint-Louis, des Pyramides, Kléber, Sidi Ferruch ; de l'histoire de la Révolution et de l'Empire remise au pinacle depuis la chute des Bourbons ; Joséphine, des Pyramides, d'Héliopolis, de Castiglione, de Jemmapes, d'Arcole ; de Navarin ; enfin du roi Louis-Philippe associé avec la Victoire (1).
La mosquée de Sidi Mérouan d'abord, puis tous les quartiers d'Armandy et Louis-Philippe furent transformés en hôpital, l'endroit était merveilleusement choisi. En 1832, l'établissement comptait 160 lits. en 1838, il y en avait 460.
Les maisons qui s'appuyaient aux remparts, y compris la synagogue, furent démolies. Les autres durent être blanchies avant la fin de septembre 1832. Cette opération devait se renouveler deux fois par an, en avril et en septembre et s'étendre jusqu'à l'intérieur des caves. Les terrasses, les surfaces horizontales et les murs exposés à l'air devaient recevoir trois couches (2). Les sommations devaient être suivies d'exécution dans les 24 heures (3). La chaux était fournie gratuitement aux indigents.
Les habitations en ruines ou dangereuses pour la sécurité publique durent être démolies ou réparées dans les huit jours de la sommation des agents du service de la voirie (3).
Les amas de boue formés au ras des maisons devaient être enlevés au pic dans les quinze jours ; les alentours des fontaines devaient être repiqués.
Les façades des maisons devaient être balayées jusqu'au milieu de la chaussée et les détritus ramassés en tas. Un préposé muni d'une sonnette passait deux fois dans la matinée à deux heures d'intervalle et signalait les contraventions.
Il était défendu de faire la cuisine sur la chaussée, de jeter des urines ou des eaux ménagères. Les trous creusés à cet effet devaient être maçonnés et remplacés par une caisse mobile qui était enlevée au moment annoncé par la sonnette de la police. Du 1er mai au 1er octobre, les devantures des magasins devaient être arrosées. Les tas de gravats et de décombres devaient être enlevés au bout de 48 heures au maximum. Les dépôts de marchandises ou de matériaux dans la rue étaient défendus.
L'élevage des lapins, poules ou porcs sur les terrasses était interdit.
Les fumiers devaient être transportés en dehors de l'enceinte.
Les lieux d'aisances défectueux étaient réparés de suite aux frais du propriétaire.
Les cheminées étaient visitées pour éviter les causes d'accidents.
Les étalages sur la rue étaient défendus, les auvents devaient avoir sept pieds d'élévation ; les gouttières en saillie extérieure étaient interdites (4).
Un conseil spécial et permanent de la voirie composé de trois membres était créé (5).
Le chemin de ronde des remparts fut refait et tous les bâtiments voisins de l'enceinte furent affectés aux services militaires.
Le côté Est revint au service sanitaire et à l'intendance qui en avait la surveillance (rue d'Armandy) ; les faces Nord et Ouest servirent de casernes, le front Sud fut occupé par l'arsenal, la manutention et les magasins.
Un marché fut créé sur l'emplacement de l'ancien marché arabe, avec un poste de surveillance dans l'ancienne écurie de la cavalerie turque. Le parc aux boeufs fut installé vers la gare du Bône-Guelma, on le reporta ensuite dans les ruines d'Hippone.
On livra trois établissements aux cultes divers (1833).
L'église fut aménagée provisoirement dans une maison arabe, sise entre les rues Louis-Philippe, de l'Eglise et de la Béarnaise actuelles.
La synagogue fut transportée rue Fréart.
La grande mosquée de Salah Bey subsista ; celle des Romanets devint une brasserie.
Des Français vinrent s'établir dans la ville et y exercèrent à peu près tous les métiers. Les registres de l'Etat Civil parlent de boulangers, de bouchers, d'épiciers, de pâtissiers, de forgerons, de menuisiers, de quincailliers, de glaciers, de courtiers divers, de tailleurs, de cordonniers, et surtout de débitants de boissons, sans oublier les nombreuses dévoyées que les armées traînent à leur suite.
Des groupements philanthropiques se créèrent. Ce furent le 13 juillet 1832, la loge d'Ismaël, le 15 octobre 1838, la loge des Arts réunis.
En 1832, le génie avait remis en état la conduite d'eau construite par les Turcs. En 1835, les Ponts et Chaussées firent une nouvelle canalisation en siphon, qui, partant de l'Oued el Forcha, monta sur les Santons et aboutit au château d'eau édifié dans la rue d'Armandy, à 31 mètres d'altitude. C'est ce système hydraulique qui fut inauguré, en 1844, par le duc d'Aumale.
Pendant la période de luttes qui s'étendit de 1832 à 1840, les progrès de la ville de Bône ne demeurèrent pas stationnaires, mais leur évolution fut moins sensible.
C'est surtout à partir de 1841, sous le gouvernement du général Randon, le " père de Bône " que l'extension se fit rapide sur des données nettes et précises, en suivant un plan raisonné.
Des jardins, des pépinières, la route de l'Edough furent construites et aménagées par la main d'oeuvre militaire. L'hôtel de la subdivision fut édifié là où il est actuellement (1842). Un fondouk fut bâti à l'emplacement du poste du marché et un colon, M. Labaille, installa un moulin à vapeur à l'extrémité de ce marché, dans la rue Prosper Dubourg, actuelle: à l'emplacement du garage.
Le domaine militaire de l'Allélick fut livré à la culture.
Les bois de l'Edough et les lièges de La Calle furent exploités par des compagnies de bûcherons militaires.
La Casbah réfectionnée (1843) fut reliée à la ville par une belle route en lacets.
Les affaires prospéraient, le numéraire faisait prime, le crédit était consolidé, la propriété urbaine avait décuplée. De beaux immeubles se construisaient, les eaux du cours Bertagna étaient drainées par un canal exutoire qui formait fossé aux fortifications. En 1843, on importa dans Bône 280.000 hectolitres de blé indigène, soit plus de la moitié de la production totale algérienne.
Un journal La Seybouse fut créé qui fit beaucoup, par ses articles économiques et agricoles, pour la prospérité du pays.
Le régime des eaux de captation fut régularisé et le duc d'Aumale posa, le 19 septembre 1844, la première pierre de la fontaine de la place d'Armes (6).
Dans la campagne, M. Moreau avait introduit le tabac et la vigne ; M. de Canteloube, lieutenant-colonel en retraite, après avoir été un brillant soldat, était devenu un vaillant colon, comme le fut le général d'Uzer, comme le préconisait le maréchal Bugeaud. C'est à lui que l'on doit les premières tentatives de sériciculture. L'administration avait fait des essais de coton ; MM. Fournel et Elie de Mongolfier faisaient des études pour exploiter les mines de fer de la région.
Des briqueteries et des carrières de pierre, un peu partout, des carrières de marbre au cap de Garde étaient en plein rapport.
Une société d'agriculture s'était fondée sur le modèle de celle d'Alger, de laquelle faisaient partie, comme correspondants, MM. de Canteloube et de Souvigny, sous-directeur de l'intérieur à Bône.
Les indigènes avaient suivi l'exemple donné. Si Mohammed Karési avait été décoré pour avoir créé de toutes pièces une ferme à l'européenne munie des derniers perfectionnements de l'époque. Si El Hadj Mi Bou Maïza avait reçu du duc d'Aumale une épée d'honneur tant pour sa façon d'administrer ses corréligionnaires que pour ses exploits guerriers.
C'est de cette époque que date le monument dit tombeau de saint Augustin.
Ce monument se compose d'un autel de marbre blanc, de facture élégante mais assez fréquente et d'une statue de bronze du grand docteur placée sur le tabernacle.
Son origine est la suivante ; on a vu que, le 30 octobre 1842, avait eu lieu la translation à Bône du bras droit de saint Augustin. Les évêques de France avaient à cette occasion fait élever à Hippone même, à l'endroit où il se trouve, un autel de marbre blanc surmonté d'une statue de bronze, coulée avec de vieux canons turcs. Cet autel devait se trouver au milieu d'une chapelle rotonde entourée d'une colonnade, mais le projet ne fut pas mis à exécution, je ne sais pourquoi.
La barrière de fer se trouvait déjà en place en 1842 (7).
Cette colonnade devait supporter un dôme destiné à couronner un monument religieux, reconstitution de la Basilique de la Paix, que Monseigneur Dupuch avait cru, un moment, voir dans les citernes d'Hadrien, dont il ne restait alors que quelques piliers et des amorces de voûte.
La construction d'une église, sur le territoire d'Hippone, était une des conséquences du voeu de cet évêque à bord du Gassendi.
L'Etat français avait alors concédé le terrain au diocèse. Ce fut plus tard que la ville de Bône appela celui-ci en Conseil d'État, en prétendant, ce qui fut démontré, que le monument antique n'avait jamais pu être qu'un établissement hydraulique.
Cet autel fut exécuté à Alger par la maison Fulcones et Bertron.
La légende populaire, qui veut y voir le tombeau de saint Augustin, est donc fausse ; toutefois, il y a un petit fond de vérité, très petit fond, il est vrai, c'est un souvenir de la cérémonie au cours de laquelle le bras fut déposé sur le monument.
Cet autel est très fréquenté à l'époque de la Pentecôte, ou mieux du Printemps, par les femmes arabes, qui viennent y faire leurs dévotions et s'y livrer à une fête champêtre.
Cette cérémonie a donné lieu à des légendes très poétiques, mais très fantaisistes.
Mgr. Sibour, qui assista, comme prêtre, à la translation des reliques de Saint Augustin, dit que les Arabes faisaient leurs dévotions dans un angle des citernes, devant une pierre plate dont l'inscription avait disparu. Pour atteindre cette pierre, il fallait être en état de pureté et passer sur un mur d'épreuve à arête vive. Ceux qui tombaient, devaient immoler une colombe, un coq ou un oiseau, en souvenir de ce que faisaient les anciens Arabes, à la Mecque, suivant la coutume des Sabéens.
Sur la pierre, on brûlait de l'encens ou des cierges.
Quelques personnes ont prétendu que les femmes arabes qui viennent là honorer une femme et non l'évêque chrétien, s'adressaient à sainte Monique, mère de saint Augustin ; si l'on veut bien réfléchir, cette assertion est dépourvue de tout fondement, la mère de Saint Augustin n'est jamais venue à Hippone et, sauf pour les catholiques, et encore pour les lettrés seulement, sainte Monique est trop peu connue pour que les Arabes viennent s'adresser à elle.
La vérité est la suivante, autant qu'une légende peut être la vérité : Au XIème siècle, existait, dans la région, une maraboute très vénérée et très écoutée, nommée la Bouna ; c'est même elle qui donna son nom à la ville qui fut réédifiée sur les ruines d'Hippone et qu'El Bekri appelle Medinat Zaoui, et ce fut elle qui donna l'idée de construire la Bône actuelle ou Medinat Seybous.
Cette maraboute, après sa mort, fut enterrée dans une des cheminées d'aération des citernes d'Hadrien, alors en ruines. Avec le merveilleux respect des traditions qu'ont les indigènes, la sainte était encore vénérée dans son tombeau, quand la municipalité répara les citernes pour les remettre en service. Le culte de la Bouna ne s'éteignit pas pour cela ; les Arabes allèrent faire leurs dévotions un peu plus haut, sur le versant de la colline, et réunirent dans une même vénération, le docteur chrétien (Bouilli et Kébir), et la maraboute musulmane.
C'est cette association de respect qui a fait dire que la femme honorée était sainte Monique.
Il y a quelques années, dit-on, une femme indigène de grande et riche famille apporta, sur les marches de l'autel, son enfant malade. L'enfant guérit ! Reconnaissante, la mère fit le voeu de donner du café et des gâteaux à tout indigène qui viendrait au monument, le jour anniversaire de la guérison, d'où cette affluence de peuple à certaine époque de l'année.
Cependant, la population de Bône s'était considérablement accrue. Chaque hectare de superficie comptait plus de 500 habitants et la vieille enceinte turque était trop étroite.
Un port devenait nécessaire pour les navires qui faisaient l'exportation des produits du pays et pour les vapeurs qui, tous les dix jours, venaient d'Alger, assurer le service des voyageurs. L'exploitation des mines de fer du Bou Hamra, sous la direction de M. de Bassano, et de celles d'Aïn-Mokra, par M. Talabot, ainsi que le fonctionneraient de la fonderie créée par ce dernier industriel, à 3 kilomètres de Bône, sur les bords de la Seybouse, en rendaient la création absolument indispensable.
Un projet fut alors déposé, en même temps que M. Dupin, inspecteur de la voirie, exposait, à la Mairie, au mois de juin 1845, le plan d'une nouvelle cité.
En 1849, la sous-préfecture fut créée au centre de la vieille ville, puis ce fut la Chambre de commerce. M. Lecoq fut déclaré adjudicataire des coupes de l'Edough, la même année.
En 1853, eut lieu la mise en service des hauts-fourneaux de l'Allélick. La mosquée de Salah Bey fut, à cette époque, réfectionnée sur les plans de M. Bécheron, inspecteur des monuments civils ; la rue Saint-Augustin fut prolongée jusqu'à la rue Napoléon, qui longeait les remparts.
Le 26 avril 1854, le théâtre, oeuvre de M. Gonssolin, fut inauguré. C'était l'indice certain que la ville allait subir une transformation.
Une caisse d'épargne fut ouverte. 75.000 francs furent votés pour l'assainissement de la plaine.
Une seule porte permettait cependant de se rendre de la vieille ville aux nouveaux quartiers et de jouir de belles allées qui avaient été créées sur l'emplacement du canal exutoire, allées que fermait l'Eglise paroissiale commencée en 1847 et terminée en 1850, l'ancienne étant devenue un musée.
Aussi, le 12 avril 1856, une nouvelle porte fut-elle, avec l'autorisation du général Chabaud-Latour, commandant la division de Constantine, ouverte à l'extrémité de la rue neuve Saint-Augustin, anciennement de la Casbah. Elle fut appelée, par les Européens, porte Saint-Augustin, et par les Indigènes, Bâb El Djedid.
Le 1er juillet, un arrêté permit le redressement du cours Napoléon.
Cette même année, les Bônois qui prirent part à l'exposition reçurent de nombreuses récompenses qui sont une preuve certaine de l'importance qu'avait prise la ville. On peut citer MM. Arnaud, pour les savons blancs, Lacombe et Charmaty, pour les tabacs, Lutzow, pour le safran, et Moreau pour la soie.
Un marché aux bestiaux fut créé en 1858, des droits de stationnements y furent imposés mais en 1862 (17 décembre) les arriérés d'expropriation ayant été payés, ils furent supprimés.
Le 19 février 1859, l'institution secondaire qui avait jusqu'à ce moment servi à l'éducation de la jeunesse bônoise, fut transformée en collège communal.
Le 22 mai 1859 furent commencés les travaux de l'hôpital civil.
Le 21 juin, la construction du presbytère derrière l'Eglise donna naissance à une rue de 9 mètres de largeur, bordée de chaque côté d'une rangée d'arbres.
Le 24 août, le plan général de la nouvelle ville fut définitivement arrêté.
Le 16 novembre 1860, 192.000 francs furent consacrés à la construction d'un marché couvert.
A la fin de l'année 1862, les affaires de la ville avaient pris une telle extension et étaient tellement bien gérées, que le budget qui, en 1855, était de -196.065 francs, atteignit le chiffre de 730.120 fr. 13 et donna un excédent de 237.568 fr. 30 plus 13.615 fr. 98 de bénéfices au budget supplémentaire.
Cet excédent se maintint pendant plusieurs années ; en 1866, on trouve encore 51.070 francs avec une diminution d'impôts qui portent les recettes de 730.120 francs à 372.944 francs.
Aussi la ville va-t-elle, à partir de cette époque, commencer de grands travaux, dont la longue série ininterrompue se poursuivra jusqu'à nos jours.
En 1862, la conduite d'eau de l'Oued et Forcha fut jugée insuffisante ; une canalisation de 25 kilomètres descendit de la Fontaine du Prince. Les travaux se continuèrent jusqu'en 1870, époque à laquelle la conduite en ciment fut remplacée par un tuyautage en fonte et fut poussée jusqu'au Bou Zéen, à une altitude de 1.180 mètres, sur un parcours total de 50 kilomètres.
Ces aménagements coûtèrent 900.000 francs et durèrent une vingtaine d'années.
En 1885, le marché arabe appelé Fondouk fut créé et coûta 245.000 francs.
Au cours de la même année, le chemin de fer du Mokta-El-Hadid à Bône, qui avait été créé en 1861 et qui s'arrêtait à la Boudjima, fut prolongé 'jusqu'au quai du port.
Ce port était lui-même en construction à cette époque. La darse avait été aménagée, l'avant-port fut créé de 1865 à 1870 et couvrit un espace de 69 hectares 30 ares, alors que la darse avait 8 hectares 70 ares de superficie, leur profondeur à tous deux était de six mètres.
Les malheurs de 1870 et de 1871 arrêtèrent peu l'essor de la cité.
En 1871, le télégraphe fut installé sur le port, du Mokta à la poste.
En 1872, un généreux donateur, M. Salvator Coli légua à la ville 30.000 francs pour l'agrandissement du Collège créé en 1848 et construit en 1851.
Aussi, eu 1873, trouve-t-on à Bône, une population de 18.866 habitants, mais les Français y sont en minorité : 5.714 contre 7.471 étrangers et 5.681 musulmans.
D'autre part, le mouvement de la navigation dans le port s'était accru d'une façon continue et avait atteint, depuis plusieurs années, un chiffre d'affaires considérable. Un service de pilotage fut créé le 30 avril 1874 et des droits d'ancrage furent fixés à raison de 10 centimes à l'arrivée et de 5 au départ, par tonneau de jaugeage pour les navires de commerce, ils varient de 50 à 20 francs pour les vaisseaux de guerre, suivant leur importance.
Quelques jours plus tard, le 7 mai, la ligne de chemin de fer du Bône-Guelma fut déclarée d'utilité publique.
Mais l'importance des affaires augmentant toujours, le 7 novembre 1879, la gare à Bône de cette compagnie fut agrandie.
Le 31 juillet, la Chambre de commerce fut autorisée à contracter un emprunt de un million 100.000 francs pour l'aménagement des quais de la darse, l'approfondissement de celle-ci et celui du chenal de l'avant-port et l'achat d'apparaux de réparations et de manipulations. La somme devait être versée à l'Etat en trois ans et celui-ci la remboursait en 12 ans ; par contre, un droit de jauge était créé à raison de 0 fr. 20 par tonneau (arrêté du 19 août 1879).
Deux mois plus tard (29 octobre), furent cédés à la ville la place de Strasbourg, la rue de l'Oasis, la rue des Karézas, la rue Bouscarein, le boulevard des Casernes (boulevard Victor Hugo) et la place de l'Eglise, d'une part, les quais Nord de la darse, les places des Gargoulettes, et du Poids Public et le côté Ouest de la rue Perrégaux jusqu'à la rue Lemercier, d'autre part.
Puis, le 13 février 1880, à la suppression de la direction militaire du port, fut créée une capitainerie du commerce comprenant : un capitaine, un maître, un chef canotier et six canotiers ; enfin, une ligne postale, desservie par la Compagnie Transatlantique, réunit Bône à Marseille (convention du 24 mai 1880 et loi du 17 juillet 1880).
Pendant ce temps, un Monsieur Brisset léguait à la ville une somme de 10.000 francs pour élever sur une place, la statue de Thiers offerte par l'Etat (Décret du 5 juillet 1880).
Cet embellissement venait parachever l'œuvre de la municipalité qui, en 1876, (4 décembre) avait contracté un emprunt de 360.000 francs pour :
La construction d'une halle aux légumes 140.000 f.
D'une école de garçons. 85.000 "
D'un égout 70.000 "
La réfection de la conduite maîtresse
Des eaux 65.000
TOTAL 360.000
En 1882, la mosquée des Romanets disparut pour faire place à une justice de paix et une bibliothèque municipale en exécution d'un décret du 10 février 1854.
La petite plaine était en bonne voie d'assainissement, la ville, pour sa part, y avait contribué pour 50.000 francs.
La population s'était accrue d'une façon considérable. En 1882, elle était de 28.536 habitants, mais les étrangers étaient encore 10.970 contre 8.458 Français. Ce ne fut qu'en 1891 que ces derniers eurent la majorité avec 10.703 contre 10.310 étrangers pour 30.806 habitants.
Aussi, le 17 juillet 1884, fut-il créé un Conseil de prud'hommes à quatre classes, composé de 14 prud'hommes et de 8 assesseurs musulmans.
Mais la mairie n'était pas en rapport avec la ville qui s'était créée grâce à l'effort incessant des habitants et de leurs élus. Le bâtiment de la rue vieille Saint-Augustin fut condamné et un hôtel de ville s'éleva sur le cours Bertagna. La concession avait été faite dès le 6 avril 1867. Les travaux commencèrent en 1884 et se poursuivirent jusqu'en 1888, ils coûtèrent 1.200.000 francs.
La conduite d'eau de l'Edough, d'autre part, n'était plus suffisante pour alimenter une telle agglomération. Un décret du 9 septembre 1887, donna à la ville la concession gratuite des citernes d'Hadrien, malgré l'opposition du diocèse de Constantine qui alla jusqu'au Conseil d'Etat.
Le 19 juin 1889, la municipalité contracta un emprunt de 1.380.000 francs pour le percement de la falaise des Santons dont les déblais devaient servir aux travaux du port, à la reconstruction du mur de fortification occupé par ces travaux à l'achèvement de l'hôtel de ville et à l'adduction à Bône des eaux de Bou Redim et de Bou Glès, situées à 60 kilomètres de la ville, dans les environs de Blandan.
La jouissance de ces eaux fut concédée par décret du 5 juin 1890. Les travaux de réfection des citernes furent entrepris de suite, en respectant la disposition antique, comme l'avait prescrit le décret de concession, et le 23 juin 1894, un nouvel emprunt de 4.275.145 fr. 65 permit d'achever les travaux d'adduction et de distribution de l'eau.
Pendant ce temps, les travaux du port se poursuivaient. Une loi du 7 septembre 1885 y avait consacré 10 millions dont la garantie était faite par le droit de tonnage porté de 0 fr. 20 à 0 fr. 30. La Chambre de commerce faisait des avances à raison de 200.000 francs par année et la ville achetait les terrains nécessaires pour 1.600.000 francs. (Délibération du Conseil municipal du 19 janvier 1885).
Puis, le 12 mai 1893, la Chambre de Commerce construisait un hangar destiné à abriter les marchandises des bâtiments en partance.
A partir de ce moment, on va voir l'activité bônoise orientée dans sa véritable voie, la seule qui pouvait lui permettre de prendre son essor dans le domaine économique.
Cette voie avait, d'ailleurs, été tracée d'une façon fort élégante par M. Gonssolin, architecte du théâtre, lorsque cet artiste dessina les armoires parlantes de la ville.
Sur un champ d'un azur intense comme l'est le beau ciel d'Afrique, au bord d'une mer agitée, le rocher du Lion doré par les rayons du soleil levant, le soleil de la ville naissant à la vie, regarde placidement venir à lui une galère d'or que sa voile gonflée pousse vers la cité symbolisée par un rameau de jujubier au naturel, dardant ses aiguillons acérés pour protéger ses fruits de corail contre les entreprises ennemies et ce rameau se détache sur un champ pourpre comme l'est le sang généreux que les Bônois de toutes époques ont su verser pour la défense de leur liberté et de leur indépendance.
En haut de l'écu, la gloire militaire ; au bas, la prédominence économique.
Et pour souligner davantage encore le sens de l'allégorie, un officier du bureau arabe, de sa plume érudite, a tracé au-dessous de l'écu parlant, les trois mots : Ferit et Alit qui symbolisent le passé et l'avenir de la ville de Bône.
Le jujubier a, pour défendre son existence, frappé de grands coups les ennemis du sol qui l'avait vu naître et de cette guerre, il a vécu.
La mer vient frapper le rocher du Lion, elle vient se briser grondante à ses pieds, mais lui, reste impassible, il se contente de secouer sa crinière emperlée d'écume impuissante. C'est un sage, la mer le frappe mais elle le nourrit. C'est derrière son impassibilité que viendront s'abriter les galères qui apportent à ses enfants de Bône, la vie et la richesse.
Cette allégorie, un homme l'avait enfin comprise. Il allait diriger la ville, à la tète de la municipalité de laquelle il se trouva pendant 20 ans (1872-1903), soit comme adjoint soit comme maire, dans la voie qui, seule, pouvait la sortir de la médiocrité dans laquelle elle stagnait, malgré les travaux assidus de ses prédécesseurs, malgré les timides progrès que nous avons vu se réaliser au prix d'efforts inouïs.
Avec une audace de grand homme, il se lança, la tête haute, le regard assuré, dans les grandes spéculations qui auraient pu engloutir l'avenir de la cité si une autre main que la sienne avait tenu le gouvernail.
Après avoir sérieusement scruté l'horizon, après avoir scrupuleusement fait son point, il poussa la barre toute dans la direction jugée la bonne et, sans dévier d'une ligne, il gouverna droit vers le but sans s'inquiéter des tempêtes et des orages brutaux, pas plus que des récifs sournois cachés entre deux eaux.
Et lorsque cette barre échappa (1903) à sa main glacée par une mort aveugle, la route était tracée, le but était proche et l'esquif atterrit sans hésitation au point fixée d'avance, salué par les applaudissements des ennemis et des amis, réunis dans une communion parfaite d'idées pour le plus grand bien de la cité bônoise.
Cet homme que tous admirent, même et surtout ceux qui le combattirent, cet homme, à qui tout Bône su témoigner sa reconnaissance et qui, même après sa disparition, put, à la seule évocation de son souvenir, réunir, dans un même faisceau agissant, toutes les bonnes volontés et toutes les énergies dressées pour le bien de la ville, contre l'ennemi commun : la concurrence étrangère.
Ce fut lui qui amena les phosphates de Tébessa dans le port commencé par lui et c'est sa réelle influence posthume qui amènera les minerais de l'Ouenza, dans ce même port terminé suivant les plans conçus par son génie.
Cet homme, c'est celui dont le nom a été donné au cours National. (Décret du 14 décembre 1903) au milieu duquel se dresse sa statue (inaugurée en avril 1907), c'est Jérôme Bertagna.
Sur son initiative et sous sa présidence, fut créé le syndicat de la Seybouse qui avait pour raison, d'être l'irrigation des riches plaines de Barral, de Mondovi et de Duzerville.
Le 18 juillet 1895, ce syndicat reçut l'autorisation de faire un emprunt de 300.000 francs qui devaient être remboursés par les communes de Mondovi, Barral, Duzerville, Randon et Morris.
Cette question agricole était du plus haut intérêt car le phylloxéra menaçait la région et allait obliger les colons à se lancer momentanément dans la culture des céréales.
Le parasite américain fit son apparition dans la région, le 24 mai 1899, chez Mme Veuve Eccard, au Télégraphe, commune de Bône ; puis toutes les communes environnantes furent rapidement contaminées malgré les efforts du Gouvernement général.
Mais ces calamités ne firent pas perdre de vue le but principal, l'aménagement du port.
Le 28 janvier 1898, le droit de pilotage fut ramené à six centimes à l'entrée et à deux centimes au départ.
Mais par contre, le 14 janvier 1899, le droit de péage fut porté de 0 fr. 30 à 0 fr. 50 pour garantir un nouvel emprunt de 4.865.000 francs.
Le port s'achevait lentement, les marchandises affluaient dans le hangar de la Chambre de commerce ; elles allaient s'amonceler sur les quais avec la mise en service du tramway: de Bône à La Calle, destiné à amener à Bône les céréales et les fourrages de la plaine des Merdès et les lièges de la région de Blandan.
II fut déclaré d'utilité publique le 27 août 1900 et livré à la circulation en septembre 1903.
La population augmentait toujours ; en 1902, elle était de 32.288 habitants, aussi le 2 mars 1902, 500.000 francs furent empruntés par la ville pour la distribution des eaux de Bou Glès.
Avec l'année 1903, commença l'organisation du réseau téléphonique qui devait, sous les auspices de la Chambre de Commerce, relier Bône à toutes les régions environnantes de façon à amener à son port, les céréales et les vins de la partie occidentale, les phosphates, les lièges et les fourrages de la partie orientale. Le 7 mai 1908, pour 130.000 francs, furent établis les circuits Bône-Guelma et Bône Souk-Ahras-Tébessa. Le 15 novembre 1907, Morris et La Calle se relièrent à Bône pour 43.055 francs ; le 18 mars 1908, 14.000 francs furent consacrés au circuit Bône-Randon et le 22 mai 1909 les lignes Bône-Jemmapes et Bône-Guelma coûtèrent 80.436 francs.
Puis le 21 avril 1904, 2.100.000 francs furent empruntés pour la construction des quais Sud, le dragage de la darse et l'établissement des terre-pleins destinée aux minerais de l'Ouenza.
Mais l'Ouenza sommeillait dans quelque carton de Paris.
L'activité bônoise se manifesta alors d'autre façon : le 2 mai 1904, 226.000 francs furent empruntés par la ville pour la construction d'un collège de garçons, puis ce furent, le 9 novembre 1905, 500.000 francs pour des travaux de petite voirie, le pavage des rues et des places et le carrelage du cours Bertagna, l'orgueil de Bône la Coquette, et le 7 décembre de la même année, 130.000 francs pour le rechargement des chemins vicinaux.
Le 11 juin 1907, la commune fut autorisée à édifier un collège de jeunes filles à l'emplacement qui lui avait été cédé, le 11 juin 1859, pour construire un presbytère, derrière l'église.
Le 26 février 1909, 183.000 francs furent consacrés à la réfection des égouts du faubourg Sainte-Anne. Ce faubourg s'était étendu petit à petit, il avait rejoint celui de la Colonne-Randon et celui de Saint-Ferdinand jusqu'à former une ville presque aussi grande que Bône, habitée par une population ouvrière et active et travailleuse. Au milieu de ce faubourg, on inaugura une église, le 20 avril 1909.
Un seul coin de la ville avait conservé son aspect rébarbatif de vieille citadelle turque. C'était la rue de l'Arsenal que bordaient de vieux remparts devenus complètement inutiles par suite de l'agrandissement de l'enceinte et de l'armement de la batterie construite à l'extrémité de la jetée.
La Chambre de commerce fut autorisée, le 19 juillet 1909, à acheter ces vieilles murailles et l'arsenal qui y était adossé pour la somme de 212.000 francs.
Elle les abattit de façon à prolonger la rue Thiers et à créer le long des quais un magnifique boulevard qui fera suite à la route des plages et, en bordure de ce boulevard, elle fit élever le Palais Consulaire qui coûtera 360.000 francs et abritera la Chambre et le Tribunal de commerce, la Justice de paix et le commissariat central de police.
Nous sommes loin de la ville que nos soldats avaient conquise en 1832. La cité proprement dite avait doublé en superficie, elle avait peu à peu débordé des enceintes successives que lui avait édifiées le génie et, actuellement, elle forme deux villes de même étendue, habitées par 42.000 habitants coupées de belles avenues rectilignes, aérées et ventilées par le dérasement des Santons, bordées de belles et hautes maisons, desservies par un système d'égouts remarquablement compris. De délicieuses promenades étaient offertes au délassement des travailleurs. Comme l'était le forum des Romains, le cours était bordé de l'hôtel de ville, de l'église, du palais de justice, du théâtre : sous ses arcades ombreuses et fraîches, s'ouvraient de beaux magasins. Mais dans ce tableau magnifique il n'y avait non pas une ombre, mais un vide.
Le port, le port splendide qui avait coûté des millions et des années de labeur, le port restait désert ; l'herbe poussait drue sur les terre-pleins, les apparaux puissants laissaient se gripper dans la rouille leurs articulations inutiles.
C'était l'Ouenza qui ne voulait ou qui ne pouvait pas apporter à Bône les milliers de tonnes de minerai que renferment ses flancs. Je dirais plus, la situation était telle, le marasme commercial était si complet que la ville se dépeuplait, lorsqu'au mois de février 1912, les représentants bônois de toutes les assemblées firent civiquement litière des querelles toutes locales qui les divisaient.
Une délégation de la municipalité composée de MM. Bulliod, premier adjoint, Faraud, Galtier, Jammy, Teddé, Ben Yacoub se rendit à Paris et, appuyée par le député de Bône, M. Gaston Thomson, les parlementaires algériens et le président de la Chambre de commerce qui avait d'autant plus d'autorité qu'il était le propre frère du créateur du port, M. Dominique Bertagna ; elle arracha au président du Conseil la promesse formelle que la question de l'Ouenza serait examinée par les Chambres avant les grandes vacances.
Il était temps, la concession est frappée de déshérence à partir du mois de mai 1913.
Puis continuant leur oeuvre patriotique, tous les élus, sans distinction de parti, se réunirent pour proposer aux votes de leurs concitoyens, en mai 1912, une municipalité de conciliation. Les Bônois, conscients de leurs devoirs, donnèrent aux candidats un nombre de suffrages qui atteignit presque à l'unanimité et décernèrent à la nouvelle assemblée, un nom qui est de bon augure pour la ville : la Municipalité de l'OUENZA.
(1) A. Maitrot. - Les rues du vieux Bône et l'Histoire.
(2) Arrêté du 12 Septembre I832.
(3) Arrêté du 8 Mai 1833.
(4) Arrêté du 12 Septembre 1832.
(5) Arrêté du 8 Mai 1833.
(6) Cette fontaine fut transportée sur la place Alexis Lambert, en: 1909.
(7) Abbé Beccard, (témoin oculaire). -- Histoire des reliques de Saint Augustin, (1867).
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FIN de cette historique de Bône
Je recherche deux autres ouvrages du Capitaine Maîtrot
"Bône à travers les siècles"
et "La question de la Basilique de la Paix" (Académie d'Hippone)
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Le micro ordinateur est-il masculin ou féminin ?
Envoyé par Mme Michèle Raphanel
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Réponse d'un informaticien:
Un micro-ordinateur est de sexe féminin pour les 5 raisons suivantes:
* A l'exception de son concepteur, personne ne comprend sa logique interne.
* Avant de faire impression, il doit être aperçu.
* Les menus qu'il affiche sont copieux mais beaucoup d'options sont indisponibles.
* La moindre erreur est stockée en mémoire pour être ressortie au moment le plus inopportun.
* Vous découvrez vite qu'il coûte un budget énorme en accessoires et en maintenance.
Réponse d'une informaticienne:
Un micro-ordinateur est de sexe masculin pour les 5 raisons suivantes:
* Pour capter son attention, il faut d'abord l'allumer.
* Il contient plein d'informations mais il est sans imagination.
* Il est incapable de vider la poubelle sans injonction de votre part.
* Il est supposé vous aider, mais la plupart du temps c'est lui qui constitue le problème.
* Vous réalisez vite que si vous aviez attendu plus longtemps avant de l'acquérir, vous auriez eu un modèle plus performant !
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Une Femme au BAROUD 1939/1945
Juliette CASTANO
Aimablement envoyé par l'A.B.C.T.
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Je suis née le 2 mai 1926 à Oran, aînée de la famille (4 enfants) j'ai 9 mois lorsque mon père, agent de lignes aux PTT est muté à OUJDA au Maroc, à l'âge de 1 l ans nouvelle mutation à FEZ pour une durée de cinq ans ensuite la famille rentrera à OUJDA.
En 1943, la toute nouvelle 5ème division Blindée s'entraîne dans les environs d'Oujda se familiarisant avec l'armement américain. J'ai 17 ans et demi lorsque les affiches que fait placarder l'armée sur les murs de la ville annoncent : " l'armée recrute de jeunes volontaires. Jeunes, engagez vous pour défendre votre Pays ". Avec la complicité d'un commissaire de police et d'un employé d'Etat Civil ma date de naissance est falsifiée de 6 mois pour me permettre d'être enrôlée (il fallait avoir 18 ans). Je fais signer à mon père sans qu'il s'en doute mon engagement. Je fais mes classes (6 mois) période pendant laquelle on prépare le débarquement prévu en Provence.
Un peu d'histoire : en juin 1944, le Corps Expéditionnaire d'Italie est relevé. La 1ère Armée Française se forme sous le commandement du Général de Lattre de Tassigny, elle comprend 2 corps d'armée, l'un commandé par le général de MONSABERT, les éléments dont ils disposent sont les suivants : 1ère division Française libre général Brosset ; 2ème division (infanterie marocaine) général Dody puis général Carpentier, 3ème division infanterie algérienne, général Guillaume, 4ème division marocaine de montagne, général Stève; 9ème division infanterie coloniale, généraux Magnan, Morlière, Valluy ; 1ère division Blindée, généraux Vigier et Sudre; 5ème division blindée, généraux Vernejoul et Schlesser, 3 groupements de Tabors, 1 régiment de Zouaves (9ème) ; 1 régiment de tirailleurs algérien (1er) 2 régiments de chasseurs d'Afrique(chars) 3 régiments de Spahis, l régiment colonial de chasseurs de chars et le 2ème dragons. Le premier échelon des troupes Françaises embarque à partir du 9 août à Tarente et à Brindisi à Ajaccio, à Bastia, à Oran et Alger il comprend 30.000 hommes. Le deuxième échelon doit embarquer trois jours plus tard et deux autres échelons suivront 15 jours après, puis du 20ème au 40ème jours le reste des unités combattantes. Dès le premier jour, Américains et Français vont se retrouver en présence de 8 divisions allemandes appuyées par de puissants retranchements, disposant d'une artillerie terrestre 10 fois supérieure à la leur.
J'ai débarqué le 15 août 1944 près de CAVALAIRE en tant qu'ambulancière avec le 15ème bataillon médical de la 1ère D.B., lors de l'offensive sur TOULON qui fut une rude bataille, résumée ainsi par le général de Lattre : " huit jours de luttes ininterrompues ; de notre côté 2.700 Français dont 100 officiers, tués ou blessés, chez les allemands des milliers de cadavres et plus de 1700 captifs. Un matériel énorme et un butin de centaines de canons. Finalement le plus grand port de guerre d'Europe Occidentale conquis et ouvert aux forces alliées pour servir de base à de nouvelles victoires. " Notre itinéraire nous mena de Toulon à DACHAU en passant par la vallée du Rhône -Avignon, St Etienne, St Chamond, Belfort, Mulhouse, Colmar et le 19 février 1945 le Rhin à Chalampe et Dachau.
Mon sentiment à ce moment là : nous étions épuisées mais heureuses car nous venions de participer à la libération de notre pays, en même temps nous étions horrifiées par ce que nous voyions, il m'est arrivé de porter des hommes qui ne pesaient pas plus que des enfants. Je voulais de toutes mes forces participer à la libération de mon pays mais cela avait été très dur, il faut savoir que sur les 27 ambulancières que nous étions 17 ne sont pas revenues. En 1946, mon engagement étant arrivé à échéance, je fus démobilisée et je rentrai à OUJDA dans ma famille.
C'est là que je fus demandée en mariage le 10 août 1948 par mon filleul de guerre Marcel DRUINOT en poste à OUARGLA au Sahara, puis muté au 127ème train à ORAN, où naissent Jean-Claude, Yvette et Juliette. Marcel part pour l'Indochine, gravement blessé il est rapatrié sur le Val de Grâce et rejoint ORAN en octobre 1955. Par la suite, muté à Boukanefis près de Bel Abbes en avril 1958 en tant que chef de section, en 1961 la famille est rapatriée en urgence, Marcel réintègre le camp Sathonay à Lyon. Puis c'est la vie civile à BOISSERON Hérault où il décède le 27 janvier 1999. Etant impliquée dans la vie militaire et civile de mon époux j'en garde d'immenses souvenirs.
Ma vie originale peut-être, n'a rien d'exceptionnelle compte tenu de l'amour porter à notre France. Quand je regarde en arrière je pense que les années ont été tellement occupées, qu'elles ont vite passé, je recommencerais tout sans hésiter et d'ailleurs ce n'est pas fini. J'ai deux peines mes deux oncles assassinés et mon frère porté disparu à 20 ans dans les Aurès.. et les regrets de mon pays perdu...
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A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
Par MAXIME RASTEIL (1930) N° 6
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EUGÈNE FRANÇOIS Mon ancêtre
Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
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J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto
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PREMIÈRE PARTIE
LES CATARACTES DU CIEL S'OUVRIRENT
L'aube se leva livide dans un ciel chargé de menaces. Le vent du Nord, âpre et froid, se mit à souffler en tempête, et, dès les premières heures de ce matin lugubre, ce furent d'épais nuages courant dans le ciel qui crevèrent sur notre dénuement et notre solitude.
La veille encore le temps était particulièrement doux et agréable, et nous pensions qu'il se prolongerait ainsi ; un brusque revirement de saison devait en décider d'une autre manière.
Durant une semaine, et sans discontinuer, des averses de déluge s'acharnèrent à détremper le sol, noyèrent la brousse, firent déborder les oueds et transformèrent notre campement en un abominable bourbier.
Il fallait voir les familles de colons grelottant sous les tentes-gouttières ! Dans l'impossibilité de faire sécher leurs matelas ou leurs paillasses, la literie pourrissait et nos effets de même. Avec cela, peu ou pas d'ustensiles sous la main pour cuisiner les aliments.
A la façon des soldats, mon père et quelques autres durent creuser des trous dans les talus voisins pour allumer du feu, préparer du café et fricoter de vagues popotes. Pour tout dire, ce fut un désastre qui ne fit d'ailleurs que s'aggraver de jour en jour. L'Administration militaire ignorait donc que la période des pluies hivernales en Algérie est à redouter pour les Européens exposés aux rudes intempéries du climat?
Hélas ! Elle ignorait bien d'autres choses et paraissait surtout vouloir nous traiter comme une troupe en campagne. C'était un régime singulièrement ingrat pour des gens qui venaient à peine de quitter Paris.
Que dis-je? Au cours de ces interminables tombées d'eau accompagnées de bourrasques d'une violence extraordinaire, les journées passaient encore ; mais les nuits étaient plus qu'un enfer pour les familles entassées sous chaque marabout. Les jeunes enfants ne voulant ou ne pouvant s'aventurer au dehors pour satisfaire aux besoins les plus naturels, il fallait supporter de ce chef d'innommables incommodités.
Avec quelle joie saluâmes-nous la courte éclaircie qui daigna se produire ! Ce matin-là, toute la Colonie agricole s'échappa des tentes empuanties pour aller à la corvée du bois, des perches et des piquets. Et comme l'adversité rend les hommes industrieux, c'est à qui s'ingénia à fabriquer des châlits de fortune et à construire des abris recouverts de branchages.
En outre, mon père eut tôt fait, en qualité de charpentier et avec l'aide de quelques colons, d'édifier de légers hangars avec des toitures en diss, afin de protéger du mauvais temps le mobilier que devaient nous apporter les prolonges du Train, et qui se trouvait toujours exposé aux quatre vents sur les quais de Bône.
Mais quinze jours encore s'écoulèrent avant qu'il nous fut donné d'entrer en possession de nos meubles fortement " amochés " par tous ces trimbalements successifs et que chacun abrita de son mieux, car, après tant d'épreuves, ils avaient besoin de ménagements et tenaient tout juste debout.
Je ne saurai décrire toutes les grandes et petites misères qui nous furent imposées par les pluies torrentielles et persistantes de cet hiver affreux. Sous les tentes où nous étions en quelque sorte retenus prisonniers, l'écoeurante promiscuité des ménages et la malpropreté des gosses provoquaient des disputes de famille à famille.
Détail à peine croyable - qu'on me pardonne de le signaler ici - on imagina d'aller couper sur les bords de la Seybouse, de longs roseaux creux, qui, utilisés de certaine façon, devaient permettre aux mioches, la nuit venue, d'uriner du dedans au dehors des " marabouts " afin d'épargner à la literie de fâcheuses souillures.
Et nous vécûmes quatre mois ainsi sous la tente !... Quatre mois, de décembre aux premiers jours d'avril, c'est-à-dire pendant la période la plus malsaine de l'année, jusqu'à l'apparition de M. Foucaud, capitaine du Génie, lequel vint présider à la construction des baraques provisoires en planches.
Ah ! Les tristes cahutes !... Ce n'était guère compliqué comme architecture et comme logement. Dans la précipitation qu'on mit à les édifier, on oublia tant de choses ! Elles étaient faites en double, et les séparations en étaient si légères qu'on pouvait tenir des conversations de voisin à voisin sans se déranger de chez soi. En plus, faute de couvre-joints, on avait l'agrément de voir ce qui se passait chez les autres et le désagrément d'être payé de retour par leur curiosité.
Alors, pour se garantir des indiscrétions - et surtout des regards de Colons célibataires qui avaient toujours l'oeil aux aguets - il était prudent de boucher les interstices avec des bandes de papier ou de suspendre une couverture de lit le long des cloisonnements défectueux.
Il me faut ajouter que chaque baraquement double devait loger six familles, ce qui me dispense d'insister plus qu'il n'est de besoin sur ce qui s'est vu et entendu dans un contact aussi contraire à la décence et dont nous avions tous à souffrir.
Vrai ! Pour des Parisiens comme nous, habitués au bien-être de leur chez-soi, ces logis de carton où le vent entrait comme dans un gourbi et où l'on vivait les uns sur les autres ou chez les autres, étaient loin de répondre aux belles promesses des discours officiels qu'on nous avait tant de fois prodiguées.
Et cependant, ce n'était pas sans un certain contentement que nous étions entrés dans ces caricatures de maisonnettes que nous appelions en riant " nos châteaux ", tellement nous avions assez de notre croupissement de cent vingt jours sous la tente, dans le désoeuvrement, les chamailles, l'ordure et la boue !
A SUIVRE
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.
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Dormir avec Bébé
Envoyé par M. Trells
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Un gars arrive chez un copain à l'improviste, et veut passer la nuit chez lui.
Son copain est désolé de lui annoncer qu'il ne peut lui offrir une chambre pour lui tout seul et lui dit:
- Tu peux dormir dans le salon ou dans la même chambre que Bébé.
- Bébé ? Ca pleure toute la nuit. C'est bon je vais dormir au salon...
Le lendemain matin il va à la salle de bains et y rencontre une superbe jeune fille.
- Bonjour, qui êtes vous ?
- Je suis Béatrice mais vous pouvez m'appeler Bébé. Et vous qui êtes vous?
- Le roi des imbéciles !
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LE MONT PAPPUA
Par Paul BAYLET N°4
Envoyé par Mme Gauchi
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Préface de Erwan MAREC
Extrait du bulletin N°38 (1938-1961)
De l'Académie d'Hippone
Bône Imprimerie Centrale
II. - LES DEUX NUMIDIES ET LEURS LIMITES
On a vu que PROCOPE place le MONT PAPPUA près de la limite de la NUMIDIE. Il indique que GELIMER y trouva son dernier refuge chez les Maures qui l'habitaient et qui étaient ses amis et ses auxiliaires. (1)
Ce sont les seules données générales, tant géographiques qu'éthnologiques, dont nous disposons pour situer la région où se trouvait cette montagne tant recherchée. Aussi, est-il de première importance de déterminer où PROCOPE plaçait " les limites de la NUMIDIE " vers l'Ouest et jusqu'où, inversement, c'est-à-dire vers l'Est, il voyait s'étendre les populations maures.
On sait que, depuis 46 avant J.-C., le Royaume de NUMIDIE, vieux de plusieurs siècles déjà, avait été définitivement scindé en deux parties :
- la NUMIDIE ORIENTALE, ou AFRICA NOVA, bientôt incorporée à la PROCONSULAIRE mais restée de tout temps la NUMIDIE D'HIPPONE,
- la NUMIDIE OCCIDENTALE, composée des quatre Colonies cirtéennes (CIRTA, MILEV, CHULLU et RUSICADA) données par CÉSAR à SETTIUS pour le récompenser de l'avoir aidé à abattre SCIPION et JUBA (2), par quelque traîtrise, semble-t-il.
La borne territoriale (3), qui fut placée à ce moment-là sans doute et qui s'y trouve encore aujourd'hui, entre le DJEBEL EL MEDINE et TACATUA, au lieu-dit BOUKTIFA, a certainement marqué sans variations notables (4), pendant les six siècles qui ont suivi, la limite entre les deux NUMIDIE.
Celle de l'Est perdit la partie méridionale de son territoire au profit de la Province de BYZACENE. Mais ce qui en restait, même après son rattachement à la PROCONSULAIRE à côté de la ZEUGITANE, conserva son nom de NUMIDIE (NUM1DIA HIPPONENSIUM) jusqu'à la fin de l'Empire Romain, et même au delà.
E. ALBERTINI (5) montre qu'il y a eu, de CALIGULA à DIOCLETIEN, une NUMIDIE du SENAT, dont la ville principale est HIPPONE, et une NUMIDIE de l'EMPEREUR, dont la ville capitale est d'abord LAMBESE puis, dans les derniers temps, CIRTA. Il ajoute : " Sous le Bas-Empire, cette situation s'est prolongée sans grand changement... la NUMIDIE du SENAT forme... une des deux divisions de la province proconsulaire d'Afrique ". La seconde est la ZEUGITANE.
Citons aussi C. PALLU de LESSERT (6) : " Il est à peine besoin de rappeler qu'on désigne sous ce nom (la NUMIDIE PROCONSULAIRE) une portion de l'ancien royaume de NUMIDIE, dont la limite orientale, sur la côte, était à TABARKA et la limite Ouest un peu avant d'arriver à PHILIPPEVILLE ".
Et encore, Erwan MAREC (7), dont nul ne saurait discuter l'érudition et l'objectivité : " La Province dont il est question ici ne peut être la NUMIDIE de l'Empereur, celle de CIRTA et de LAMBESE, mais la NUMIDIE du Sénat, comprise dans la province proconsulaire, et dont HIPPONE était la ville principale, NUMIDIA HIPPONENSIUM (inscription de PUBLILIUS découverte à NOLE) appelée, sur d'autres documents, DIOCESIS HIPPONENSIS... (8) ". Et, plus loin : " Ce légat administrait évidemment le district d'HIPPONE, mais celui-ci se confondait avec la NUMIDIE proconsulaire, autre appellation de la même circonscription... ".
PROCOPE lui-même n'appelle-t-il pas HIPPO REGIUS " la ville forte des Numides " ? Il n'est pas douteux que l'historien byzantin, féru d'études classiques, ait maintenu dans son esprit (en admettant qu'elle ne l'était plus dans les faits, ce qui est loin d'être prouvé) cette division de l'ancienne province proconsulaire - devenue depuis cent ans à peine, royaume vandale - en ZEUGITANE et en NUMIDIE.
Ce qui ne veut pas dire que la limite occidentale de cette dernière soit restée strictement immuable pendant ce siècle. En effet, le traité passé en 442 entre GENSERIC et VALENTINIEN la repoussait vers l'Ouest jusqu'à une ligne joignant la borne de BOUKTIFA au défilé d'EL KANTARA (9). A la mort de VALENT'INIEN III, en 455, cette frontière avait encore gagné dans le même sens presque jusqu'à CIRTA (10), marquant la limite définitive de l'autorité vandale sans changements notables (en dehors des fréquentes incursions maures et sauf les monts AURES-NEMENTCHA, enlevés par les Maures à HUNERIC entre 477 et 484).
On peut donc affirmer - ce qui est de première importance - qu'au moment de la chute de GELIMER, la limite Ouest de la NUMIDIE Orientale, ou d'HIPPONE, ou du Sénat, ou Proconsulaire, de la NUMIDIE vandale plus simplement, et même de la NUMIDIE tout court - puisque c'est la seule qui puisse nous intéresser dans le récit de PROCOPE - passait entre le Cap de Garde et le Cap de Fer, à proximité de la borne de BOUKTIFA.
***
Voyons maintenant ce qu'avait pu devenir l'ancienne NUMIDIE Occidentale dans le même temps, c'est-à-dire pendant la durée du Royaume Vandale en Afrique.
Amputée, comme on sait, par le traité de 442 puis par quelques " annexions " ultérieures, elle était restée, après 455, province de l'Empire Romain décadent en même temps que les deux Maurétanies Sitifienne et Caesarienne et rejoignait, " dans son isolement, l'Afrique abandonnée " (11). Après 476, et la chute de l'Empire Romain, cette Afrique abandonnée, qui s'étend de CIRTA à VOLUBILIS, n'appartient plus à personne, n'a plus de chefs reconnus et tombe dans une anarchie comparable à celle que les Français trouvèrent en 1830. Ses divisions administratives disparaissent, ses habitants se livrent à leur goût ancestral du pillage, nomadisant à mesure des destructions et des ruines, jusqu'aux frontières vandales qu'ils violent fréquemment pour pénétrer en NUMIDIE où ils causeront de nombreux ennuis à CELIMER comme à ses prédécesseurs. Dès 484, à la mort d'HUNERIC, cinquante ans avant l'épisode qui nous occupe, Maures et Berbères avaient envahi toute la NUMIDIE Occidentale, lui enlevant jusqu'à son nom.
Citons, à ce sujet, M. ALBERTINI : " ... en 484, l'Afrique souffrit de la disette et de la peste. Les Vandales étaient presqu'entièrement absents des provinces autres que la ZEUGITANE... les Berbères campagnards et montagnards ne connurent plus aucune loi. Quand les Vandales voulurent réprimer ces désordres, ils furent souvent battus... En 508, dans l'Ouest
" de la MAURETANIE CAESARIENNE, à LAMORICIERE, un " certain MASUNA se dit roi des tribus Maures et des Romains... " (12).
On conçoit que l'historien sérieux et précis qu'est PROCOPE ne voie plus, au delà de la frontière vandale, que la " MAURETANIE ", sans aucune distinction entre des provinces qui n'existent plus depuis cinquante ans au moins. Pour lui, ses habitants, même dans ce qui fut jadis la NUMIDIE Occidentale, sont tous des Maures, " entre le petit et le grand ATLAS " (13).
Il n'est peut-être pas superflu d'ajouter un argument à ce raisonnement. On a vu plus haut que TZAZON, revenant de SARDAIGNE pour voler au secours de son frère GELIMER, après sa défaite d'AD DECIMUM, " vint prendre terre sur un " point de la côte où se rejoignent les frontières de la NUMIDIE " et de la MAURETANIE " (14). Si l'on commettait l'erreur de situer ce point à la limite Ouest de la NUMIDIE Occidentale (disparue), on devrait aller le chercher quelque part entre COLLO et DJIDJELLI. C'est ce qu'ont fait E. MERCIER (15) et Chr. COURTOIS (16). Toutefois, ce dernier a été amené à supposer un lapsus de PROCOPE en raison même de l'invraisemblance de ce lieu de débarquement, distant de plus de 300 kilomètres de la plaine de SULLA REGIA où le roi, aux abois, attendait anxieusement ce renfort. Il n'y a là, à mon avis, aucun lapsus mais bien une preuve de plus, au contraire, que le point où se rencontrent ces frontières était beaucoup plus à l'Est, entre HERBILLON et AIN BARBAR, entre la NUMIDIE du temps de PROCOPE et la MAURETANIE de la même époque. Et là se joignaient exactement plusieurs frontières, relativement peu éloignées les unes des autres dans le temps (17).
En résumé, il nie paraît évident que, dans l'esprit de PROCOPE, au moment où il narre la, conquête de BELISAIRE, la " NUMIDIE " se limitait à celle d'HIPPONE. La " MAURETANIE " était tout le reste de l'Afrique, à l'Ouest et au Sud.
Confus d'être amené à contredire des savants pour qui j'ai tant d'admiration, je suis tout disposé à m'incliner de bonne grâce, si mon raisonnement pêche d'une façon qui m'échappe.
Ce qui suit resterait valable, cependant, car je me contenterais d'en revenir au raisonnement de Chr. COURTOIS (18), qui place la Numidie. (mais de l'Est, alors) très exactement comme moi, à la borne de BOUKTIFA.
1 - Voir " AD PLUMBARIA ? " par Paul Baylet, communication à l'Académie d'Hippone, avril 1956.
2 -Voir Erwan MAREC, Revue Internationale d'Histoire Militaire, 1953 : " SITTIUS, aventurier campanien réfugié en Afrique, après une banqueroute scandaleuse et devenu un véritable chef de bande ayant joué son va-tout sur CESAR... "
3 - Stéphane GSELL, " Inscriptions ", pp. X et suivantes
4 - Si on avait déplacé la limite, on aurait certainement déplacé la borne, car la négligence administrative ne date guère que du XXème siècle. Sous le Haut Empire, on n'aurait pas manqué de la remplacer, à cette occasion, par une belle borne en marbre. Sous le Bas Empire, on en aurait profité pour y graver le nom de toutes les autorités de l'époque, depuis le Proconsul jusqu'au Décurion de service...
5 - " Un nouveau document sur la NUMIDIE d'HIPPONE ", Bulletin de l'Académie d'HIPPONE, n° 37 (1930-1935), p. 32.
6 - " Fastes de la NUMIDIE sous la domination Romaine ", Société Archéologique de Constantine, T. XXV, 1888, p. 231.
7 - " Le Forum d'HIPPONE ", Revue LIBYCA, T. II, 2ème semestre 1954. p. 397.
8 - Comptes rendus de l'Académie d'HIPPONE, 1890, p. 36.
9 - Chr. COURTOIS, " Les Vandales et l'Afrique ", pp. 173-174.
10 - Chr. COURTOIS, " Les Vandales et l'Afrique ", pp. 174 et 181.
11 - Chr. COURTOIS : " Les Vandales et l'Afrique p. 181.
12 - ALBERTINI, MARÇAIS, YVER et PRIGENT, " L'Afrique du Nord dans l'Histoire ", p. 121.0
13- PROCOPE, " Belluon Vandalicum ", t. I, p. 362.
14 - ROCOPE, " Belluno Vandalicum ", t. I, p. 415.
15 - " Histoire de l'Afrique Septentrionale ", BERBERIE, t.I, p.162.
16 - " Les Vandales et l'Afrique ", p. 190.
17 - Cette proposition est curieusement illustrée par Chr. COURTOIS lui-même, sur la carte figurant à la page 102 de son remarquable ouvrage, " Les Vandales et l'Afrique ".
18 - " Les Vandales et l'Afrique ", renvoi 1 de la page 184.
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LES FRERES PIEDS-NOIRS
Par Christian Roehrig
N° 12
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PREFACE
A travers un survol virtuel de mes souvenirs, moi, petit et humble piednoir de Bab-El-Oued (Place Lelièvre) je retrace certains faits historiques qui m'ont profondément marqué.
Mi goguenard, mi-cynique, quelquefois acerbe, je décris en pataouète, mes états d'âme et mes ressentiments à l'égard de certains hommes politiques qui ont failli à leur parole d'honneur.
Depuis ces désillusions, j'observe les charognards se disputer le pouvoir.
Devenu grand-père, je doute, si rien ne bouge, de la nationalité future de mes arrière- petits enfants que je ne connaîtrai pas et à qui je veux, par le présent, laisser le témoignage d'une vérité.
C. ROEHRIG
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Y Z'ONT TOURNE CASAQUE.
Joseph : Oh ! Oh ! Oh ! Arrête un peu ! Tu vas pas faire tout l'tour de ta famille non ! J'rigole bien sur, y a qu'les souvenirs qui restent en nous, paceque pour voir toutes ces choses y faut les avoir vécues.
Christian : Comment tu veux oublier toutes ces choses et tout ces instants hein ? C'est naute jeunesse, qu'y est là-bas. Moi quand j'suis devenu un rapatrié....Non mais !!! Tu t 'rends compte d'la rudesse de ces mots, être un rapatrié ! Comment j'peux être un rapatrié si c'est la première fois que j'viens vivre en France ? Hein dis-moi ? Quand on est rapatrié c'est comme les patos qui vivaient en France (la mère), y sont venus pendant un chouia chez nous en Algérie et on les a rapatriés en France. Alors là d'accord; mais nous on peut pas être des rapatriés vu qu'on a jamais vécu ici, et pourquoi rapatrié puisqu'on était en France en Algérie. Non mais, c'est compliquè. Mais puisqu'y z'avaient dit qu'l'Algérie c'était la France, alors ? J'vois pas pourquoi on m'appelle le rapatrié. M'sieur Benaïm venait à naute secours pac'qu'on comprend-plus l'français .
Non mais, tu t'rends compte, on parle on parle et des souvenirs y m'reviennent dans ma testa comme si c'était hier et j'rme demande si j'ai révé ou pas. R'garde quand j'me souviens de Ça tournée des popotes que le Grand il a fait avant d 'faire son discours à la mord moi l '.... j'crois qu'cétait le 16 septembre . Bon il a dit, qu'il était sûr de la victoire des troupes sur le F.L.N. vu qu' y avait le plan Challe qui avait bien fonctionné avec tous les accrochages qu'y avait eus et que les nautes y z'étaient sortis vainqueurs, j' crois même qu'au cours de cette tournée il avait décoré des anciens fellouzes qu'y z'étaient devenus des harkis et en plus il a dit des choses qui troublent la tête des gens. Il aurait dit à Monsieur le Général Massu qu'il fallait pas qu'il croit voir un jour Ferhat ABBAS à Alger (pour ça, y sait p'tête pas trompe vu qu'ira mis Ben Bella) .
Final'ment j'crois qu'il a dit n'importe quoi mais que lui seul y savait c'qu'il allait faire pac'qu'il a dit aussi qui ferait des élections après la pacification, il a fait l'contraire. Il a pourtant entendu, du moins j'le crois, que des Officiers y renieraient jamais la parole qu'y z'avaient donnée aux arabes que l'Algérie elle resterait française. Alors !!! Mais c'était un vicelard quand même, pacqu'il a, par ses paroles, essayé de séparer les militaires du peuple, il a fait muter Salan, en disant qu'il était un peu fatigué et qu'y devait se reposer, il aurait pu quand même lui payer les aiguilles pour tricoter un pull over.
Bon ça c'était avant le discours et pendant le discours qu'est-ce qu'y dit hein !! Qu'est-ce qu'y dit ?
Joseph : J'm'en souviens plus de c'qu'il a dit, tu crois qu' j'ai tout enregistré hein ! Tout juste si j'me rappelle le nom du bateau que j'ai pris tell'ment j'suis parti vite fait, bien fait. Y'avait les fellouzes qui tiraient sur tout c'qui bougeait, j'croyais même qu'y z'allaient tirer sur le bateau si y bougeait. Heureusement çui-là il était bien amarré, il a pas bougé. Non j'plaisante, mais j'me souviens pas, j'crois qu'il a parlé d'autodétermination ou même j'crois qu'il a dit un Gouvernement algérien avec l'aide de la France et en union étroite avec la France.
Mais si j'me rappelle main'nant.. attends, toi qui sait tout, dis moi c'est pas en Guinée qu'il a voulu faire la même chose ?
Christian : Ouais, en Guinée en, octobre 1958, personne il a vu grand 'chose pacqu' y avait un problème très grave pour nous, mais ça aurait dû nous mette l'éléphant à l'oreille tell'ment c'était gros, il a dit oilà monsieur Sékou Touré, vous qui êtes un homme sage je vais faire un référendum pour sa'oir si naute peuple y veut rester dans le giron de la France ou bien si y veut être indépendant, et là mon vieux il a reçu une gifle terrible, c'est qu'le peuple il a voulu son indépendance mais sans la France. Résultat le Touré il a fait semblant d'être démocratique et une fois en place, il s'est vite transformé en dictateur et il a mis son pays dans l'anarchie la plus totale.
Tu vois, comme en Algérie main'nant, y a d'l'insécurité partout, avant c'était tranquille, beau, propre, c'est peut-être vrai qu'y z'aurait pu faire mieux, mais nous au moins on jouait avec les Arabes, main'nant non, tu peux même pas aller dans ton pays pacqu'y vont te faire comme y z'on fait aux curés d'la mission, couic y z'ont coupé le cou, comme les moutons pour l'Aïd Seghir
Alors pour en revenir au Grand quand il a fait son discours plus personne y savait où s'mette pace que les Arabes qui z'avaient tendance à ête plus près d'nous, eh ben y z'ont tourné casaque et y z'ont pris le drapeau F.L.N. en point d'mire. R'marque que moi j'aurai fait comme eux, puisque tu sais pas où tu veux aller eh bien moi j'm'en vais du côté du plus faible mais qu'y s'ra l'plus fort, pacqu' y en a assez des tergiversations. C'est pas un tango non !
Bon, on arrête de parler politique, pacque c'qu'on dit tout l'monde y connaît ces choses là, alors ça sert à rien d'le dire et puis on va pas faire la conquête de l'Algérie tout d'même hein mon frère !
Joseph : Ti'as raison va ! Mais quand même !... Je sais qu'on va pas reprendre l'Algérie mais y faut pas qu'on oublie naute vie d'là-bas et c'est justement c'qu'ils veulent faire. On oublie c'qu'y z'on fait nos parents, y z'ont asséché les marais, y z'ont fait prospérer la terre, y z'ont créé un beau pays et y nous balancent les anciens terroristes en héros national, ou nationaux, comme tu veux, alors moi j'suis pas d'accord, y faut pas qu'on nous oublie et c'est pour ça qu'y faut toujours en parler et même le crier.
Tu vois j'vais pousser l'bouchon un peu loin mais si j'avais un petit poids, non j'veux dire si j'avais du poids pour organiser queque chose, eh bien j'ferai une manifestation toutes les semaines dans des endroits différents, par exemple j'en ferai une aujourd'hui à Marseille vu qu'y a beaucoup d'immigrés, ensuite j'en ferai une à Paris, pace que là y a plus beaucoup d'français après j'irai à Lyon et comme ça dans chaque ville importante, juste pour pas qu'on nous oublie.
Christian : Ti'as p't'ête raison, r'garde les sans papiers, presque tous les mois on parle d'eux, les immigrés avec leur service ou l'organisation de S.O.S. racisme à chaque fois y manifestent. Et on parle à chaque fois d'eux. Tiens tu t'souviens de l'aute comment y s'appelait ....attends voilà j'ai trouvé Harlem Désir, avant y s'occupait de cette chose là et après, y en a qui se sont occupés d'lui, main'nant il a un bon poste et terminé le racisme.
Bon fait voir les photos va, qu'on a perdu assez d'temps comme çà.
Joseph : Tiens r'garde celle-là !
Christian : Aye Aye Aye!!! Cette photo elle a été prise du Monument aux Morts. Tu t'rends compte comme c'était beau, r'garde la perspective qu'on a. Tu sais qu'c'était beau quand j'pense ! Oilà la Grande Poste avec sa magnifique Architecture, on dirait qu'elle a été ciselée, cette magnifique entrée avec ses piliers et ses voûtes, et l'intérieur, comment qu'il était ! J'crois pas qu'y en a une aute comme ça, c'est un mélange d'ancien et de moderne avec ce côté oriental, et les bureaux de la Dépêche Algérienne qu'y z'étaient le long du square Laferrière, y z'étaient eux aussi du même style que la Grande Poste. Comme tout était peint en blanc, ça ressortait encore mieux, j'crois qu'c'est pour ça qu'on appelait Alger la Blanche. Tiens sur la photo on voit le débouché de la rue Monge, on voit aussi le Port. R'marque que c'est normal qu'on voit toutes ces choses dans une photo pace que chez nous c'était construit presque à flanc de colline alors de partout on voyait la mer, et comme c'était le Port qu'y était en bas on le voyait.
Tu t'rends compte de la beauté du site ! Et dire que c'est d'là qu'est parti tout naute malheur !
Joseph : Ti'as raison, pac'que dans l'fond on a fait naute malheur nous même, si tu r'gardes ça avec franchise hein ! C'est bien nous qu'on a mis l'Grand à la tête de la France, on voulait qu'l'Algérie elle reste Française et comme on croyait qu'les autes y voulaient pas et y tiraient le bourricot par la queue pour l'empêcher d'avancer nous on a fait une petite révolution le 13 et l 'Grand, au lieu de nous dire merci, il a dit qu'y nous avait compris. D'l'a merde ouais !
Y nous en a p't'ête voulu d'l'avoir tiré d'Colombey les deux Eglises, p't'ête qu'on l'a empêché d'finir de planter les tomates qu'il avait acheté, et pour nous punir d'lui avoir fait perdre 20 francs il a vendu l'Algérie aux arabes pour récupérer l'investissement qu'il avait perdu.
Qu'en j'pense qu'il a fait mette Petain en prison parce qu'il avait vendu la France aux Allemands et qu'après il a fait fusiller, des types comme le Colonel Bastien-Thiry, le Lieutenant Degueldre, Le sergent Dovecar, le soldat Piegts et tous les autes qu'il a fait condamner à d'la prison et d 'la forteresse. Tiens tu t'rappelles le frère de…. il a été interné à l'Ile d'Yeu, ouais là-bas y lui restait plus qu' les yeux pour pleurer. Mais tout ceux-la y z'avaient voulu la grandeur de la france ! Non ? Alors j'comprends pas, y jouait sur tous les tableaux l'Grand pac'que si j'comprends, car avec lui c'est difficile de comprendre, bon j' recommence, si j'comprends il a fait condamner Pétain pac'qu'il avait vendu la France et il a fait tuer les autes pacequ'il voulait défendre la France. Tu comprends que'que chose toi ? Pace que moi j' perds mon Latin, r'marques que j'a jamais fait d 'Latin mais j'le perds quand méme, c'est pas pace qu'on n'a pas fait une chose qu'on peut pas la perde non ?
Christian : Pourquoi tu veux toujours qu'on essaye de comprendre quequ' chose ? J' a rien à comprendre vu qu'les autes y z'ont encore rien compris puisqu'y crient encore vive le Grand
Joseph : Pace que j'essaie de sa'oir. En voyant c'te photo j'pense au 13 mai et à tous les jours qui ont suivi cette liesse populaire comme on disait, nous on était des gens simples, on n'était pas des colons, on était des ouvriers musulmans et européens, nous on exprimait notre aspiration à une vie toute simple comme on menait, on n'en avait marre de c' te guerre fratricide. Nous on n'avait pas cet esprit qu'y z'avaient les politiciens, on n'était pas souillé par les imbroglios d 'la politique. On savait pas, mais qui aurait pensé à c 'moment là qu'on était en train d 'édifier ce qui allait devenir notre peau de chagrin. En y réfléchissant à tête reposée, finalement ça a été un marché de dupe, où des gens politiciens malintentionnés, mais travaillant pour leur propre devenir ont abusé de notre simplicité et de notre franc parler pour bâtir le contraire de ce qu'ils disaient. Remarque je ne dis pas ça pour les Généraux présents ni pour l'Armée, qui eux ont toujours été fidèles à leur parole. Non, eux j' leur tire mon chapeau, y z'ont été sincères jusqu'au sacrifice de leur propre vie.
Christian : Tu veux parler de ces politiciens, qui disaient oui et qu'y pensaient non ? Mais ceux là y nous z'ont toujours berné, nous on n'a rien compris, r'marque que, eux leur parole ils l'ont reniée trois ou quatre fois par jour, alors hein ! C'est pire que judas qui l'a renié une fois.
Avec le recul, il m'arrive de penser, ouais des fois je pense, que même Machiavel il aurait pas pensé à faire comme eux alors tu vois !
Joseph : Qui c'est encore çui là ? Christian : J'ai pas entendu parler ! Il était au putsch ? Tu m'sors toujours des noms nouveaux que j'connais pas, pourtant j'connaissais pas mal des gens d'l'O.A.S, mais çui là y m'dit rien.
Christian : Mais non ! C'est un spaghetti comme toi qu'y est né y a longtemps et qui as dit qu'en politique, tu peux dire n'importe quoi, seul le but à atteindre doit te guider dans ta conduite. Alors tu comprends main'nant qu'y pouvaient dire n'importe quoi les politiciens, y a pas d'moral ni d'amis en politique oilà c'qu'il a dit. Eh bien moi j'te dis, que même lui, y l'avait pas pensé qu'on pouvait aller si loin dans le parjure. D'ailleurs en plus le Grand il a dit qu'ici, la France c'était lui alors tu peux voir jusqu'où y pouvait aller.
Main'nant que j'pense à toutes ces choses, tu vois pas qu'il a renié tous ses amis. R'garde tout ceux qui l'ont mis au pouvoir il les a écartés peu à peu. Il s'est entouré des gens fourbes comme lui, des gens qui parlaient de nous autes comme si on était du bétail avarié qu'on peut laisser sur le quai. Leur plan il a en partie réussi pace qu'ils sont parvenus à séparer l'union qui s'était faite autour d 'un slogan l'Algérie française. Quand j'pense qu'y z'avaient plus qu'à continuer dans la voie qui était toute tracée, y avait simplement qu'à améliorer les relations qui existaient entre nos deux communautés et y z'auraient fait des gens heureux Pace que même main'nant les Arabes, la-bas, y sont pas heureux. Et c'est d'leur faute ( les politiciens bien sûr) si on est arrivé à ce stade de violence qui a fait que des frères d'armes, pace que qu'on le veuille ou pas, nous on était des frères d'armes vu qu'on avait fait la guerre ensemble dans les tirailleurs algériens alors ? Bon, alors des frères d'armes, y se sont combattus au point de se haïr, pendant que, eux y z'étaient en train de se gargariser de leur victoire, nous les humbles, les moins que rien, on souffrait de désespoir.
Après avoir insufflé le goût de l'Algérie Française, crié sur tous les toits par des milliers de gens, ils sont arrivés par petites touches successives à une Algérie Indépendante, et le tout dit avec désinvolture et un aplomb déconcertant. Le malheur dans tout ça c'est le nombre incalculable de victimes qui ont jalonné cette décadence.
La Suite au prochain Numéro
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COLONISATION de L'ALGERIE
1843 Par ENFANTIN N° 21
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IIème PARTIE
COLONISATION EUROPÉENNE
PERSONNEL ET MATÉRIEL DES COLONIES CIVILES ET MILITAIRES.
XVI. - Passons aux COLONIES MILITAIRES.
Ici ma tâche sera plus facile ; le corps est organisé, du moins les principes généraux d'organisation de soldats existent, et les modifications qu'ils ont à éprouver ne peuvent tenir qu'au nouvel élément qui doit entrer dans leur vie, c'est-à-dire au travail agricole, qui n'est pas de nature à changer radicalement ces: principes.
Je viens de faire une restriction, après avoir dit que le corps était organisé; c'est qu'en effet si les corps militaires sont organisés, il n'existe pas de corps militaire colonial, et c'est cela qu'il faut organiser avec des éléments pris dans l'armée.
J'ai déjà dit que les corps du génie et de l'artillerie, et j'ajoute aussi le corps royal d'état-major, sont les principales pépinières du corps d'officiers et de sous-officiers des colonies militaires ; j'en ai dit les raisons, je les crois incontestables.
Ces officiers opteraient, comme les employés civils dont j'ai parlé plus haut, entre leur position actuelle dans leur corps et leur entrée dans ce corps nouveau, spécial à l'Algérie, sous la seule réserve du cas improbable d'abandon de l'Algérie par la France. MM. les généraux Lamoricière et Duvivier et M. le colonel Cavaignac n'appartiennent plus au génie, M. le colonel Marey n'appartient plus à l'artillerie, M. le général Bedeau, M. le commandant Mac-Mahon à l'état-major, et je pourrais encore citer de nombreux et brillants exemples d'abandon de ces corps illustres ; mais pour cela, il faut que le corps nouveau promette plus que ne peut donner l'ancien. Je crois que c'est facile et indispensable; je crois surtout que cette création peut réaliser immédiatement un grand avantage, c'est-à-dire donner un grade, une indépendance et une responsabilité personnelles à des capitaines qui les attendraient bien longtemps dans le service auquel ils appartiennent. Remarquons d'ailleurs que ces grades sont ceux que l'on attribuerait à ces fonctions, si elles étaient confiées à des militaires qui ne sortiraient pas des corps spéciaux.
Ainsi, par exemple, on ne confierait pas le commandement d'une colonie militaire, composée de cinq cents hommes, à un capitaine de la ligne, mais à un chef de bataillon et le commandement d'un cercle colonial composé de plusieurs de ces colonies, ne serait certainement pas donné à d'autres qu'a un lieutenant-colonel ou colonel. Je ne me plais donc pas à créer des places et à charger le budget ; je dis seulement que, parmi les capitaines des corps spéciaux du génie, de l'artillerie et de l'état - major, se trouvent les commandants naturels de ces colonies militaires. Quant aux commandants supérieurs de cercles ou d'arrondissements coloniaux, j'avoue que je les crois aussi difficiles à trouver dans ces corps que dans tout autre corps ; parce que, si dans les armes spéciales on arrive trop tard au grade de commandant et à l'habitude du haut commandement de troupes nombreuses, d'un autre côté, les officiers d'infanterie et de cavalerie sont trop souvent étrangers aux connaissances qu'il faudrait avoir pour fonder et administrer des colonies.
Le choix des commandants supérieurs, à l'époque de création du corps, me paraît donc devoir porter sur toute l'armée, tandis que celui des fondateurs directs de chaque colonie serait limité aux trois corps spéciaux.
Le général en chef de l'armée active, dont la résidence serait à Miliana, Médéa ou Blida, commanderait en même temps l'armée active et les colonies militaires.
Son état-major se composerait de deux parties distinctes, l'une chargée de l'armée active et des tribus indigènes de la zone militaire, l'autre des colonies militaires.
Le chef d'état-major colonial ( maréchal de camp ou intendant), fixé auprès du général en chef, serait chargé de toutes les affaires des colonies militaires, et spécialement de la haute direction des colonies militaires de la province d'Alger ; il porterait le titre d'inspecteur général des colonies militaires.
Les deux commandants militaires des deux autres provinces (à Mascara et Constantine) auraient, comme le général en chef pour toute l'Algérie, le commandement simultané des troupes actives et des colonies militaires ; ils seraient, à proprement parler, les gouverneurs militaires de ces provinces ; toutefois, nous verrons ailleurs, et l'on doit prévoir que, dans les deux provinces de l'Est et de l'Ouest, leur position serait inverse, par rapport à l'autorité civile.
Leur état-major serait également divisé en deux parties correspondantes aux troupes actives et aux colonies militaires.
Le corps des colonies militaires, tout en formant un corps spécial dans l'armée, ne constituerait donc pas, comme ceux du génie et de l'artillerie, une individualité isolée, ayant une hiérarchie qui s'élève jusqu'aux plus hauts grades, et jouissant d'une indépendance presque absolue de direction et d'administration; il serait, sous ce rapport, semblable au corps royal d'état-major ; d'une part, en ce qu'on n'entrerait dans sa hiérarchie qu'après avoir fait un apprentissage dans certains corps de l'armée (génie, artillerie, état-major), comme les officiers d'état-major en font un dans la cavalerie et l'infanterie; de l'autre, parce qu'au-dessus d'un certain grade, celui de colonel, chef d'arrondissement colonial, on passerait, comme les colonels d'état-major promus maréchaux de camp, dans le cadre de l'état-major général de l'armée.
Ces corps n'auraient donc rien de moins attrayant, quant à l'état des officiers, que ceux des zouaves, des spahis ou même des bataillons d'Afrique, des chasseurs de Vincennes et de la légion étrangère, qui ont déjà séduit beaucoup d'officiers du génie, de l'artillerie et de l'état-major.
Aussi n'est-ce pas sur ce point que la colonisation militaire rencontre des incrédules et des opposants ; on croit bien qu'il est possible de trouver, des officiers qui consentiront à coloniser, pourvu qu'on leur donne des soldats mais on pense assez généralement qu'on ne trouvera pas de soldats ; en effet, c'est là le point délicat.
Constitutionnellement parlant, il n'y a pas là d'obstacle; la Charte ne s'oppose en aucune façon à ce que la loi, ou même une ordonnance, déclare que la colonisation est une des obligations de l'armée et d'une partie spéciale de l'armée : mais évidemment cela ne suffit pas ; il ne suffit pas de démontrer aux Chambres que la colonisation par l'armée serait utile à la France, ni même qu'elle est indispensable ; les démonstrations de ce genre ne frappent pas tout le monde, et ne donneraient qu'une très légère satisfaction intellectuelle aux soldats qui les comprendraient, mais qui personnellement se soucieraient fort peu de coloniser, et préféreraient guerroyer ou garder quelque bonne garnison française..
La colonisation militaire n'est possible qu'à la condition de n'être pas seulement une charge, une corvée de plus, imposée, pour ainsi dire par contrainte, à l'armée; ceci est évident, et justifie l'incrédulité et l'opposition à l'égard des colonies militaires.
Sans doute, de nos jours surtout, on ne peut pas dire que la conscription soit fort attrayante pour la jeunesse ni pour les parents des conscrits; cependant on s'y soumet généralement, d'abord comme à une nécessité, tempérée par quelques rêves de gloire, d'aventures, de voyages, de plaisirs ; et peu à peu, l'uniforme, l'esprit de corps, la vie commune, la discipline même, la confiance dans une sollicitude sociale qui assure le pain quotidien, et enfin l'autorité que donne le sabre, tout cela fait qu'on supporte assez facilement cette nécessité. Néanmoins, quand vient l'époque de la libération, le nombre de ceux qui sont enchantés de rentrer dans leurs foyers est bien plus grand que celui des remplaçants, quoique ceux-ci soient fort nombreux.
Cette dernière remarque sera la clef qui nous ouvrira la voie de la recherche que nous avons à faire.
Si les vieux soldats qui ont fait leur temps se divisent en deux parts : ceux qui veulent rentrer dans leur patrie, dans leur famille, se remettre au travail, et ceux qui n'ont pour patrie et pour famille que le régiment, et qui n'ont pas d'autre métier que celui de soldat, il faut en conclure que ces derniers ne doivent pas être très propres à faire des colons, et que c'est dans les premiers presque Uniquement, qu'il faudrait en chercher, soit avant, soit après la libération.
Prenons donc en note que, dans les colonies militaires, il y aurait trois sentiments capitaux à satisfaire : l'amour de la patrie (ceci parait difficile à satisfaire autrement que par : ubi bene ibi patria) ; celui de la famille, qui tient de bien près à l'autre et peut aider à le satisfaire ; et enfin l'amour du travail et des avantages qui en résultent pour le bon travailleur.
Ceci est important pour la qualité morale des soldats colons ; occupons-nous maintenant de leur âge.
Parmi les soldats qui ne se réengagent pas, l'amour de la famille et de la patrie parle très haut, lorsqu'ils ont déjà beaucoup d'années de services; alors ils comptent les jours qui leur restent à faire ; tandis que l'amour du travail et la connaissance des procédés du travail diminuent assez sensiblement, au contraire, à mesure que se prolonge le service. De sorte que si l'on veut des colons militaires qui aiment et connaissent le travail, et qui n'aient pas déjà la nostalgie, il faut bien que ces militaires soient formés comme soldats, mais il ne faut pas qu'ils soient déformés comme travailleurs, et poussés d'un besoin immédiat de revoir la France et la famille ; il faut, non des conscrits, mais de jeunes soldats ; et qu'on me passe ces mots de caserne qui rendent très bien ma pensée, il faut qu'ils soient encore un peu paysans, et pas du tout troupiers finis.
Les colonies militaires ne doivent être qu'une forte milice, appuyant l'armée active et rendant celle-ci plus mobile, par la garde des postes militaires durant les grandes expéditions ; de même que les colonies civiles, quoi qu'on fasse, ne seront jamais qu'une faible milice qui aura besoin de l'appui de l'armée active, toutes les fois que ses travaux l'obligeront à se mouvoir même avec ses armes, un peu en dehors de ses villages fermés de murs.
Par tous ces motifs, je pense que ces soldats colons se trouvent plutôt dans les compagnies du centre que dans les compagnies d'élite.
Quant aux sous-officiers, surtout à l'époque de la formation primitive du corps, je crois qu'on devra les chercher parmi les militaires qui ont le plus l'occasion et l'habitude de travailler et de faire travailler ; c'est-à-dire dans les corps du génie et de l'artillerie, du train des équipages, des ouvriers d'administration.
En effet, pour la fondation des colonies militaires on sent qu'il faut, relativement au nombre de soldats cultivateurs, plus de maçons et de charpentiers, plus d'hommes de métiers qu'il n'en faudra plus tard; puisqu'on doit se loger, se défendre, faire des routes et des canaux, avant de pouvoir labourer.
Ainsi donc, soldats jeunes des compagnies du centre et les plus paysans; j'espère que les militaires ne trouveront pas que je veux dépouiller l'armée de ce qu'elle a de meilleur. C'est que ce qu'il y a, de meilleur pour une armée qui combat et qui ne travaille que par corvée et par condamnation, n'est pas du tout ce qu'il y aurait de meilleur pour une armée qui doit travailler par goût et par honorable devoir, et qui ne doit même combattre que par nécessité de défense, pour se protéger contre ses ennemis, et non pour protéger les autres contre l'ennemi commun, ce qui est le noble rôle d'une armée de combattants.
Et pour les sous-officiers, s'adresser au génie, à l'artillerie, aux corps dépendants de I'intendance, qui fourniront aussi des soldats colons. Je pense qu'au moins l'infanterie et la cavalerie ne se plaindront pas que je touche à leurs cadres.
Loin de trouver que l'armée ne puisse pas fournir le personnel de ces colonies, je crois que le meilleur moyen, pour qu'elle le fournisse, est de limiter, assez étroitement même, le nombre des corps qui le composeront, l'âge auquel on y sera admis, et les conditions morales et physiques d'admission.
Rappelons-nous toujours que ce qu'il y a de meilleur, sans contredit, dans l'armée d'Algérie, comme hommes de guerre, de guerre d'Afrique, ce sont les chasseurs, les zéphyrs et les zouaves; or, c'est à peu près un recrutement inverse de celui de ces corps, que je crois propre à former des corps de soldats colons d'Afrique; parce que les chasseurs, les zéphyrs et les zouaves feraient, selon moi, de fort mauvais colons.
A bien plus forte raison, les compagnies de discipline et les condamnés militaires, malgré tous les services que ces hommes ont rendus et rendent comme ouvriers, me paraissent-ils impropres à devenir colons militaires ; mais je les regarde comme devant être très utiles pour les travaux préparatoires d'établissement des colonies civiles, ainsi que l'a proposé, leur habile organisateur, M. le colonel Marengo. Ils sont. Jusqu'ici, pour ainsi dire, la troupe d'élite des ingénieurs des ponts et chausséess de l'Algérie, parce que ceux-ci n'ont réellement pas de troupes de travailleurs ; mais ils resteraient toujours, même après .la formation d'un corps des travaux publics, de très utiles auxiliaires (1) de ce corps.
En un mot, les soldats colons doivent être les soldats les moins batailleurs de l'armée; si ce ne sont pais les plus intrépides au feu, ce sont les plus disciplinés à la caserne ; or, c'est cette discipline intérieure qui est l'âme d'une colonie militaire.
XVII. - Pour rendre complètement ma pensée je pourrais l'exprimer ainsi : la solution du problème des colonies militaires consiste à diviser l'armée française en deux parts, armée active et armée sédentaire; il faut donc mettre, d'un côté, les soldats qui sont hommes d'action (d'action militaire), et, de l'autre côté, ceux qui ne sont pas réputés pour être des hommes d'action.
Je sais bien qu'il résulte de là qu'aux yeux de l'armée actuelle, avant que cette séparation soit hautement, glorieusement et fructueusement justifiée par des faits, il ne paraîtra pas fort agréable d'être désigné ou de se dénoncer soi-même comme n'étant pas homme d'action, et que chacun prétendra être un César, ce qui porterait sur le corps colonial une sorte de défaveur d'opinion militaire. Voilà pourquoi il est important de compenser ce mauvais effet, par une foule de mesures qui montreraient que cette opinion n'est qu'un préjugé d'armée active, et qu'elle est mal fondée à l'égard d'une armée colonisatrice. Or, ces mesures dépendent entièrement du Gouvernement et de l'estime qu'il fera de la colonisation militaire (2).
C'est en partie dans ce but que j'ai présenté le corps d'officiers comme devant être recruté exclusivement dans des corps qui n'ont pas tout le brillant qui séduit le militarisme pur, mais que leur savoir, leur conduite et leur bravoure (aussi incontestée que toute autre), entourent d'une estime et d'une considération très solides, quoique peut éclatantes.
Ce n'est pas tout, l'homme d'action qui a pour patrie son drapeau, pour famille sa compagnie, qui trouve grand plaisir à ne pas être obligé de se procurer son, pain quotidien, directement par les travaux qui produisent le pain, cet homme songe peu à avoir un jour une maison, un champ, une femme et des enfants, et, s'il a un petit pécule à la suite d'une ghazia, le cabaret et les amis en voient la fin à l'instant même.
Le soldat colon doit avoir plus de dispositions à l'ordre et à l'économie, à la prévoyance; disons le mot : il n'est peut-être pas plus avide que le troupier, mais il est aussi intéressé que l'autre l'est peu.
C'est ce sentiment qu'il faut satisfaire, plus encore par une promesse exécutoire à l'époque où finira, pour le soldat colon, son service colonial, que par One réalité durant ce service. Et c'est pour cela qu'en parlant de la constitution de la propriété coloniale, j'ai supposé qu'une part du produit net du travail était attribue à la retraite du colon militaire, en sus de tous les droits qui existent, dans le reste de l'armée à cet égard, c'est-à-dire des invalides et de la haute paie des chevrons. Le chiffre du tiers, que j'ai fixé uniquement pour ordre, doit être beaucoup plus fort dans les commencements, sauf à le faire décroître à mesure que les produits deviendraient plus considérables.
1 - Ainsi, pour la fondation des colonies-civiles, je pense que les compagnies de discipline et les condamnés militaires pourraient être fort utilement employés aux premiers travaux d'assainissement, et ensuite à l'exploitation des carrières, lorsque l'on construira.
2 - Si le Gouverneur général qui colonisera d'Algérie, aimait autant l'agriculture que la guerre, s'il était, pour ainsi dire, aussi fier d'être paysan que d'être soldat, je crois que la colonie militaire marcherait fort bien, dès que les Chambres l'auraient décidée. Or, il me semble que cette hypothèse est déjà réalisée en Algérie, et qu'il ne manque plus que la volonté des Chambres et l'initiative du Gouvernement.
A SUIVRE
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Le temps des souvenirs d'autrefois.
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Moi et Dédée à la saint-Couffin Calloise en 1999.
A propos des OSCARS du Gazadiel !
C'était le lundi de Pâques et va savoir pourquoi ? ce jour-là, toute la bande du bureau de l'amicale, elle a pensé de s'le fêter entre-nous à l'Hacienda dans la forêt de Janas, tu vois, à côté la Seyne-sur-Mer et pas trop loin de Toulon. Alors comme ça tu vois, on s'est tous dit qu'on allait se faire pour la première fois depuis qu'on est venu d'là-bas, une madone de Saint-Couffin *comme à de bon à La Calle au temps d'autrefois.
Merci mon Dieu ! comme toujours elle dit une Calloise.
Le temps il était splendide à cent pour cent, avec un soleil que j'te dis pas comment il était : impeccable comme y disent les Toulonnais et pas un putain de nuage dans le ciel pour lui faire peur et le faire sauver se cacher j'sais pas où ? La purée ! même le vent tu vois on l'a pas entendu, tellement il s'est fait tout petit-petit devant nous. Que dis-je, petit ! Minuscule, négligeable ! comme les fourmis du Moulin et les moustiques du lac Melha. Enfin et pour ne pas trop m'la tirer à la longue, disons que grâce à nous Dieu merci il a fait beau.
Un point virgule et un point, c'est tout ! Comme y disaient Moi et Augu* de Bône la très coquette.
Mais l'essentiel elle arrive immédiatement tout de suite, car, c'est pas la peine de parler de la météorologie en faisant le jappeur *, pour montrer que moi j'connais mieux le temps que ceusses qui sont à la télé. Ouais, d'accord ! mais seulement voilà... c'était pas pour me montrer mais pour faire l'entrée en matière bien-sûr, enfin, l'introduction d'une journée trois fois al kif* , et quand je dis trois fois ! j'suis un peu beaucoup mesquine. A regarde Cousin, multiplie-moi ça par beaucoup et ajoute un sac de bonnes choses, et là quand tu fais l'opération tu vois vite-vite de quoi on va abondamment tchatcher.
Alors ? que disais-je... Oui ! je parlais de l'essentiel qu'elle arrive tout de suite et immédiatement ! Et ben Cousin, si tia pas compris alors écoute-moi bien ? Voilà ! tout d'un coup ils sont arrivés bien-bien sur le parking de l'Hacienda, avec une animation splendide comme quand les chalutiers le soir y rentraient dans le port de chez nous, et sec-sec comme les Cars de l'Algérienne Automobile Transport, quand y débouchaient en claxonnant aux 4 chemins de La Calle. Alors à regarde un peu Cousin, y avait des vieux, des jeunes, des moins vieux et des ni vieux ni jeunes... y en a qui z'étaient seuls et d'autres qui sont venus avec des z'invités... certains, la famille elle était tellement grande, alors y sont venus avec plein des automobiles... tu vois Cousin, comme dans les mariages les unes derrière les autres. Moi j'étais tellement tchallé, que j'ai même pas vu si elles ont klaxonné ? mais ça m'étonnerais pas ! Pour les voitures y en avait de toutes les qualités : des rouges, des bleues, des vertes, des mûres et des pas mûres, des grandes, des petites, des hautes et des basses... Enfin pour être bref, y avait de toute les marques et y manquait rien à la fête - comme dans une belle acqua-basse* à la Calloise.
Remarque y faut quand même que je vous dise, que c'est pas tous les jours qu'on fait la Saint-Couffin Calloise, c'était même comme je vous l'ai dit en premier la première fois depuis là-bas. Alors c'est pour ça que tout le monde il était tellement content : des embrassades qu'elles z'en finissaient plus, des madones de rigolades de partout, et blague et blague sans compter dans tous les coins, avec ce putain de bel accent du petit Paris* de La Calle qui nous caractérise. Enfin pour ne pas me la tirer à la longue, on était entre 70 et 80 et pour une première fois c'était pas mal du tout et bien assez pour passer une bonne journée entre nous-autres !
Alors bien sûr quand y s'est fait presque midi, comme y en a qui avaient soif alors tous en choeur on a bu à discrétion, qui l'anisette, qui autre chose… Enfin la vérité Cousin, crois-moi y avait un bon apéro avec des amusent-bouches, que moi au début j'savais pas ce qu'ça voulait dire. Heureusement que mon copain d'enfance le maître d'école, y m'a bien expliqué en long en large et en travers, que c'était ce que nous on appelait la kémia. Alors sans me vanter et comme je suis intelligent, en un mot j'ai tout compris tout de suite... Et puis après on s'est tous mis à table sans faire de la cérémonie, mais en regardant bien les bouts de cartons avec les noms, que Justin et p'tit-Jean y z'avaient mis devant les assiettes, pour pas que de place on se trompe et que ça fasse des histoires entre-nous.
Le manger et le service Cousin, ma parole ils étaient très excellemment bons. Rien à dire ni à redire car rien il manquait dans les assiettes, sauf peut-être - un bon plat de spaghettes avec la sauce rouge et les pourpettes* dedans !… Hein Cousin, j'ai pas raison moi ? A la fin de ce bon repas, tu vois pas qu'encore un peu le cœur y me tombe par terre ! Justin quand même y l'aurait pu me prévenir... mais le pauvre c'est pas sa faute ! pasque c'est moi que j'avais oublié.
Devine un peu qu'est-ce que je me vois derrière sur une table avec la belle nappe ?
Madonina mia ! Une exposition véritable des Gazadiels* Callois, avec en plus des Pastières* dedans… Mais entention ! pas n'importe quoi... j'te jure Cousin les z'uns plus beaux que les z'autres : une odeur j'te dis pas ! et puis comment à l'oeuf y étaient bien dorés, avec en plus plein des petits anis de toutes les couleurs comme l'arc-en-ciel. Ma parole ! comme si les gâteaux du four de chez André Tarento y venaient de sortir. J'te jure et sans exagérer si toi tia jamais vu ça, tu peux me croire - une véritable apothéose de la pâtisserie c'était... Putain comme j'étais fier ce jour-là et y a de quoi ! hein Cousin ?
Pensez, des Gazadiels faits main par les gens d'à chez nous et comme là-bas dis !
Alors d'un coup je m'ai rappelé que Justin, il avait eu l'idée d'organiser les Osses-Cares du concours du plus beau et du meilleur Gazadiel, pour fêter bien-bien la Saint-Couffin Calloise. Alors tu vois, quand on a presque fini de tous manger, Justin y nous fait un petit discours sur le concours des Gazadiels et la madone d'un coup tu vois pas à qui y nomme devant tout le monde ! ? Moi et Dédée la femme de Toto comme membres du jury ! Avec Dédée la vérité ça nous a fait drôlement plaisir, d'abord, pour le grand honneur qu'on nous faisait, et puis pasque c'est vrai ! car sans se vanter Moi un peu mais surtout Dédée, on était des bons connaisseurs des Gazadiels.
Entre-nous, Justin y pouvait pas mieux choisir !
Enfin tourne et vire, Dédée et moi on avait sur le dos une putain de responsabilité, car il faut que tu saches Cousin que les Callois c'est les champions du monde pour les Gazadiels, même pas le meilleur Bônois il arrive à les dépasser pour faire ces gâteaux. Alors moi j'ai dit à Dédée : " écoute ma fille ! faisons bien entention à pas faire une fausse manœuvre, sinon à de bon on va faire fâcher avec plein du monde. " Alors Dédée très calmement elle m'a dit : " n'as pas peur ! on va se les goutter un par un et puis après on voit comment on va faire". Mais en attendant Cousin, sur la table les Gazadiels y z'étaient et on dirait qu'ils faisaient tous les beaux, pasqu'ils sentaient de plus en plus bon - peut-être pour nous faire tourner la tête.
Autour de nous d'un coup tous les Callois y sont venus ! comme avant à La Calle quand Khali du tambour y faisait une annonce pour la mairie, et comme les goélands quand les chalutiers y rentraient le soir. Putana misère ! on aurait dit qu'ils avaient peur que Moi et Dédée on triche ? D'accord Cousin ! avec une autre chose peut-être ? mais pas avec les Gazadiels, car, Moi et Dédée jamais au grand jamais, on aurait fait comme ça ce grand sacrilège.
Alors comme je disais tout à l'heure, les pauvres Callois y étaient tous là à nous entourer. Moi avec Dédée et les Gazadiels, indiscutablement on était les stars de la journée. Alors sans perdre de temps la dégustation elle a commencé : Dédée religieusement elle coupait des tranches du Gazadiel, et nous on se les gouttait avec sérieux et humilité - mais en bons connaisseurs. Moi, Jappeur comme toujours et la bouche pleine, au lieu de m'la fermer j'assurais dzarma* les commentaires - pour faire patienter la galerie... Mais, Aouha* Cousin ! Prés de nous-autres, y a un tas des Callois qui z'en pouvaient plus d'attendre et qui se sont mis - à goûter les Gazadiels en même temps que nous.
Porca misère ! Comme y disait mon grand-père l'Afrique... qu'est-ce qui voulaient ? nous casser le travail !
Alors Dédée elle m'a encore dit :" tu vois y z'ont pas confiance !" et moi pour la rassurer j'lui dis franchement, que si s'était un concours de Spaghettes ou de Fougasses*, ça serait kif-kif* - pasque en même temps que nous, tous ils goutteraient ! C'est normal non ! ? Car, nous autres on aurait fait pareil. Dédée elle m'a dit :" tia raison mon fils ! "
Remarque Cousin, moi, je m'suis pas fait du mauvais sang… Après tout qu'est-ce que ça fait que tout le monde y goûte… Mais la madone ! D'abord le jury que c'est Dédée et Moi les membres, sinon comment on va dire qui c'est l'Osse-Care de tous les Gazadiels ?
Pendant que la dégustation elle continuait, moi j'ai dit à Dédée de couper des tranches plus fines, sinon à la fin on allait avoir le ventre à bloc et on pourrait pas manger comme tout le monde, un bon morceau ou deux des Gazadiels avec le café noir que le patron de l'Hacienda y nous offrait gentiment. Dédée elle m'a dit :"n'as pas peur mon fils ! le Gazadiel jamais y rassasie, alors mange." Tia raison Dédée ! moi j'avais oublié ça depuis là-bas. Enfin quand la dégustation c'était fini, avec Dédée on a fait entre-nous la réunion du jury pour délibérer a savoir, qui c'était le meilleur Gazadiel que nous on avait goûté - mais sans savoir qui c'était qui l'avait fait.
Dans l'assistance fallait voir Cousin les Callois y tenaient plus en place et tous y attendaient impatiemment le résultat du concours des Osses-Cares. J'ai dit à Dédée :"la Madone si on se trompe y vont peut-être nous brûler comme Barzigotte*, la pauvre, tu te rappelles, c'était à la presqu'île pour le carnaval à la première scalette ?"
Heureusement Dédée et moi du premier coup on a été d'accord. Alors avec une putain de belle voix qui sentait bon le Gazadiel, j'ai fait avec bonheur une madone d'annonce, que jusqu'au Boulif encore un peu y m'entendent !
Alors moi, j'ai dit :
" le jury, après délibérations et à l'unanimité, décerne le premier prix à tous les Gazadiels ici présentés. "
Signé les Membres du Jury : Moi et Dédée.
D'un coup dans la salle tous y z'ont applaudi, comme quand Georges Lamia notre champion international y se bloquait un putain de penalty ! Mais en même temps tous y z'ont éclaté de rire, comme quand Louis Pépé y faisait la sarabande dans sa bancarelle pour la saint-Cyprien. A savoir que peut-être tous y pensaient, que Dédée et Moi on avait fait le jury à la babala* !
Que le bon Dieu y nous en préserve !
Mais pardon-pardon ! Maintenant que c'est passé, moi, avec l'accord de Dédée, je vais vous expliquer tous les secrets de la délibération du jury parce que y a des choses qu'on a parlé entre quatre oeils et puis d'autres qu'on s'est pensées de la même façon sans s'le dire.
A pourquoi on a décerné le premier prix à tous les Gazadiels ?
Y en a qui vont dire que c'est pour pas faire de la peine à l'un ou à l'autre… Y en a qui vont dire c'est pour pas faire de la jalousie… Y en a qui vont rien dire mais qui n'en penseront pas moins…Y en a qui vont penser que leur Gazadiel c'était le plus beau et que c'est pas normal qui z'ont pas le premier prix… Y en a qui z'ont dû se penser un sac de choses que j'sais pas ?
Alors aujourd'hui je vais dire les remarques que Dédée et Moi on s'est faites, avant de donner le premier prix à tous les Gazadiels. D'abord en faisant comme ça, Dédée et Moi on a pas du tout Chpaqué* ni raconté des histoires à dormir debout. C'est la vérité Cousin ! j'te jure sur ma sainte communion. Mais voilà ! les Gazadiels quand on s'les regardait, y en avait des gros, des petits, des moyens... Y en avait avec la couleur plus jolie et d'autres avec pleins des petits anis... Enfin, tu vois, un tas des détails qui z'auraient pu faire la différence et obliger le jury à choisir comme ça le premier prix.
Mais nous grâce à Dieu, on n'est pas tombé dans le piège !
Moi et Dédée, quand on a savouré bien-bien les tranches de tous les Gazadiels, qu'est-ce qu'on a vu qui z'avaient :
une odeur céleste.
une consistance légère.
un goût divin.
un quelque chose de subtil.
Dédée et moi on a vite compris qu'est-ce qui z'avaient tous ces Gazadiels et pas la peine de partir à Azraouîne* chercher la réponse.
Les Gazadiels bien que différents avaient tous les mêmes qualités : le même parfum, la même consistance, le même goût... Mais surtout, ce quelque chose de subtil qu'il faut que l'on vous dise :
" Ce sublime parfum de là-bas :
celui de La Calle, au bon temps des fêtes de Pâques de notre enfance.
Celui de nos chers disparus et de la nostalgie d'autrefois.
Celui de... Celui de..."
Il y en aurait beaucoup plus à dire et ce n'est pas Dédée qui dira le contraire.
Voilà pourquoi, par une belle journée de la Saint-Couffin, Moi et Dédée, honorables membres du jury Gazadiels, en notre âme et conscience, nous avons après délibérations, attribué le premier prix à tous les Gazadiels Callois.
Cependant il y a quelque chose, que Dédée et moi on a oublié d'annoncer et que nous allions faire officiellement en différé :
" En plus du premier prix attribué, le jury a décerné un accessit bien mérité à notre sympathique et dynamique doyenne :
Madame Clarisse OLIVIERI.
Pour le splendide Gazadiel qu'elle a réalisé à l'occasion de la première Saint-Couffin Calloise.
Et puis en guise de conclusion on peut penser que ce concours rempli de gentillesse et débordant de bonté Calloise, nous aura au moins appris une chose :
" Tant qu'il y aura des Gazadiels au parfum d'autrefois, il y aura toujours des Callois pour ne pas oublier.
" Mais quand sonnera le glas des Gazadiels, le four sera éteint et alors il n'y aura plus de Callois.
" Plus de Gazadiels, plus de Callois ? Alors hélas, plus de La Calle de France ! "
Mais les subtils Gazadiels ont encore de belles années devant eux et les Callois aussi - à nous de les rendre éternels. C'est pourquoi, notre amicale avec l'aide et la fidélité de tous poursuivra allègrement son chemin, avec le souci constant de réunir pour quelques instants de bonheur partagé, la grande famille du Bastion de France, comme en ce jour de la Saint-Couffin en forêt de Janas.
C'est ce que Dédée et Moi nous souhaitons sincèrement.
Jean-Claude PUGLISI -
de La Calle bastion de France.
Saint-Couffin : journées conviviales des les lundis de Pâques et de Pencôte, il était de tradition ancienne d'aller passer la journée à la mer ou à la campagne : c'était la saint-Couffin, parce que ce jour-là chaque famille amenait un couffin rempli de victuailles, pour partager le déjeuner en famille et avec ses amis, sur le sable des plages ou sur l'herbe des campagnes environnantes..
Moi et Augu : personnalités bônoises célèbres et mythiques de l'écrivain Fernand Bus.
Jappeur : ventard.
Al kif : terme arabe = excellent - très bon - très bien.
Acqua basse : bouillabaisse en langage napolitain.
Petit-Paris : autre nom donné à La Calle par les touristes de passage.
Pourpettes : polpettes en italien = boulettes de viande accompagnant la macaronade.
Gazadiels : Couronnes de Pâques faites de pâte au levain sucrée = ce sont les fameux Casatelli des napolitains.
Pastière : gâteau de vermicelles cuits dans du lait sucré parfumé à la vanille et avec des zestes de citron et d'orange.
Dzarma : terme arabe = soi-disant !
Aouha : terme arabe = signe d'impuissance = il n'y a rien à faire devant ce problème = ex = Aouha ! je n'arrive pas à faire ceci ou cela.
Fougasse : pizza.
Barzigotte : prénom de miss carnaval.
Baballa : faire quelque chose n'importe comment, un peu au bon gré du hasard.
Chpaquer : vantardise = terme attaché à une personne qui raconte des choses d'un autre monde.
Azraouine : terme arabe employé pour dire que le lieu en question était très éloigné. A azraouine = très loin.
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Les GAZADIELS
( Recette de M. André TARENTO Pâtissier à La Calle - Algérie )
Ingrédients :
" 1 kg de farine.
" 40 g de levure de boulanger.
" 250 g de beurre.
" 250 à 300 g de sucre fin.
" 7 oeufs frais.
" Le zeste d'un citron + Le zeste d'une orange.
" 1 petit verre de rhum.
Préparation des Gazadiels :
" Faire un puits de farine.
" Mettre au milieu : les 7 oeufs battus en omelette + la levure de boulanger, bien émiettée + 250 à 300 g de sucre fin dissous dans 1/2 verre d'eau + le beurre fondu tiède + les zestes du citron et de l'orange + le petit verre de rhum.
" Mélangez le contenu du puits de farine.
" Incorporez progressivement la farine au mélange : si la pâte est trop molle, ajoutez un peu de farine.
" Pétrir la pâte un moment.
" Laissez reposer 5 à 10'.
" Pétrir de nouveau la pâte en la travaillant longuement.
" Laissez reposer 6 à 7 heures dans un torchon fariné.
" Divisez également la pâte en 4 ou 5 pâtons, puis, la roulez en boule.
" Avec le coude creusez d'un trou le centre de chaque boule.
" Formez alors les couronnes à la main.
" Disposez les Gazadiels sur un papier aluminium beurré.
" Laissez reposer 2 à 3 heures avant d'enfourner.
" Dorez les couronnes au jaune d'œuf.
" Saupoudrez les Gazadiels de sucre cristallisé ou de petits anis multicolores.
" Cuire dans un four chaud 25 à 30' - thermostat 6/7.
Conseils culinaires :
" 1 kg de farine = 4 à 5 Gazadiels.
" Avec 300 g de sucre fin, le Gazadiel sera bien plus sucré - c'est une question de goût !
" Pour les zestes : 2 citrons, ou 1 citron + 1 orange - au choix !
" 3 à 4 sachets de sucre vanillé peuvent être rajoutés aux ingrédients, lors de la préparation de la pâte : un léger parfum de vanille sera très apprécié !
" Parfois 2 à 4 oeufs frais étaient fixés à la surface des Gazadiels par deux petites bandes de pâte croisées : ces oeufs symbolisaient les fêtes de Pâques !
" Cuits dans un four de boulanger, les Gazadiels seront bien meilleurs.
" Frais ou rassis ils sont excellents pour accompagner desserts et petits déjeuners.
" Dans les familles Calloises, on réalisait pour Pâques de grandes quantités de Gazadiels : il était alors de tradition ancienne, d'offrir un Gazadiel aux amis et aux voisins de la maison et du quartier...
N.B. =
" Les Gazadiels ( Casatiello ) sont originaires de la région de Naples.
" C'est sur l'île de PONZA dans l'archipel des îles Pontines ( golfe de Gaète ) qu'il est fêté tous les ans - le 26 mars.
Et voilà le résultat de Pâques 2007
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A méditer... le succès dans la vie...
Envoyé par M. René Michaud
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Le succès à 2 ans : c'est de ne pas faire dans sa culotte...
Le succès à 3 ans : c'est d'avoir des dents...
Le succès à 12 ans : c'est d'avoir des amis...
Le succès à 18 ans : c'est d'avoir le permis de conduire...
Le succès à 20 ans : c'est de bien faire l'amour...
Le succès à 35 ans : c'est d'avoir de l'argent...
Et puis ça repart dans l'autre sens !!!
Le succès à 50 ans : c'est d'avoir de l'argent...
Le succès à 60 ans : c'est de bien faire l'amour...
Le succès à 70 ans : c'est d'avoir le permis de conduire...
Le succès à 75 ans : c'est d'avoir des amis...
Le succès à 80 ans : c'est d'avoir des dents...
Le succès à 85 ans : c'est de ne pas faire dans sa culotte...
Longue vie à tous !
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MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau
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Charles Despiaux: Buste de Lièvre
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JEAN ALAZARD
Lacalm (Aveyron) 1887- Chaudes-Vignes (Cantal) 1960. Universitaire Directeur du Musée National des Beaux-Arts d'Alger.
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Pierre Poisson: tête d'adolescent
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Vénus pleurant la mort d'Adonis
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Le Musée des Beaux-Arts d'Alger
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Inauguration en 1930
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Jean Alazard
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A. Chataud: Algériennes
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Théodore Chassériau (1819-1856) Danseuses arabes
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... Un cadre qui convenait tout particulièrement à ce grand seigneur de l'Art. Pour lui, l'architecte Guion a bâti un musée dont l'inauguration eut lieu en 1930. . . On est confondu qu'une seule vie ait pu réunir tant de chefs d'oeuvres. Il fallait un historien, mais également un esprit libre, sans contrainte, pour que les galeries fussent aussi complètes et variées...." Quelques exemples: Delacroix, Chassériau, Fromentin, Courbet, Degas, Sisley, Ingres, Renoir, Rodin, Despech, Maillot, etc... "
A SUIVRE
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Conte du nouvel an
Par M. François AGRECH, La Dépêche du Midi, Figeac / Pays
Envoyé par M. Marius Longo
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Histoire de la truite " Slimfast "
C'est une histoire qui débute comme un conte du nouvel an, mais avec une différence c'est que cette histoire est vraie, et est toujours d'actualité, puisque le lieu ou elle se déroule est situé à Lissac et Mouret. Pour la tranquillité du sujet concerné, ce lieu sera tenu secret. En effet c'est le récit de la vie insolite et solitaire d'une truite pêchée dans le Drauzou prés du pont du Fraysse en juillet 1990.Elle mesurait environ 25 cm, a été placée dans une citerne attenante à une maison Quercynoise, et qui depuis est son cadre de vie .Une citerne de 6m de longueur : 2m de largeur; 4m de profondeur ; avec une hauteur d'eau entre 1,50à 2m. Mais la paroi de devant a été percée par des racines d'un acacia qui constituent à l'intérieur une espèce de nid où la truite se réfugie.Dans le fond de la citerne l'on trouve de la vase, des pierres, des morceaux de bois. Elle n'a jamais été nettoyée pour ne pas déranger la truite.Cette truite a vécu seule depuis le jour où elle a été déposée là. Nous étions étonnés de la trouver vivante quand nous venions en vacances à Pâques et en été, explique le propriétaire des lieux. " Elle se nourrissait certainement d'insectes ou de larves présentes dans l'eau. Pendant nos séjours, nous lui donnions quelques vers de terre à Pâques et des sauterelles en été. Le reste du temps mystère.. ? Depuis notre retraite nous vivons à demeure. Nous la nourrissons un peu plus( toujours des vers et des sauterelles) mais le plus souvent elle se débrouille toute seule (régime) d'où son nom : " Slimfast ".Elle a très peu grossi, sa taille est de 30 à 35cm, pour un poids de 400g environ.Parmi les facteurs qui ont permis à cette truite de survivre aussi longtemps, la qualité de l'eau paraît essentielle.Sa longévité ( plus de 16 années dans la citerne) étonne beaucoup de monde, en particulier les pêcheurs ".
Petite anecdote :
" Pendant des années, pour apercevoir la truite, je m'approchais comme les pêcheurs à pas de sioux pour ne pas l'effrayer et je lui jetais une sauterelle ou un ver sur lesquels elle se précipitait et regagnait tout aussi rapidement son nid de racines.
Depuis 2 ans je m'approche de la citerne sans précaution, j'ouvre la porte, je siffle 2 ou 3 fois et SLIMFAST sort de son nid pour happer la sauterelle. Souvent elle continue de se déplacer en décrivant des cercles à 20 cm de la surface dans l'attente d'une 2è sauterelle. Dans ce cas, je siffle à nouveau avant de jeter la sauterelle de manière à lui faire comprendre que sifflet égal nourriture. Cette expérience ne marche pas à tous les coups, mais le taux de réussite est suffisant pour que je vous en fasse part. Evidemment, cette anecdote en fait sourire plus d'un et ces sourires narquois me réjouissent autant que les doutes des pêcheurs qui ne croient pas à l'existence de cette truite dans cette citerne. "
Pour plus d'information et pour les pêcheurs bônois qui doutent, prière de contacter " jujube ".
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POUR UNE PAIRE DE SOULIERS...
Poème de M. Antoine ROCA Paru le le bulletin N°22 de l'A.B.C.T.
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D'Espagne, mon grand-père, un jour est arrivé
En Algérie. C'était déjà un émigré ;
Il n'avait même pas de souliers.
Pour vivre, les vignes il s'est mis à tailler.
Toujours pieds nus, il a marché avec espoir.
Sans le savoir, il est devenu un " pieds noirs ".
Pour une paire de souliers cloutés
Mon grand-père, un jour s'est engagé
Et pour la guerre de 1870
Sa famille l'a vu partir réjoui.
Mon père avait, lui, et c'était un progrès,
Une paire d'espadrilles légèrement usées.
Mais pour ces satanés souliers,
Comme son père, il s'est enrôlé
Pour défendre, en 1914, la France attaquée.
Moi, son fils, j'avais des souliers,
Mais la France je l'aimais.
Alors, pour défendre la liberté
De mon pays, encore une fois saccagé,
Pour la guerre de 39, j'ai été appelé.
Sans penser à ma vie que j'allais risquer,
J'ai, avec courage, méprisé le danger.
Maintenant, à la fin de ma vie,
Après un douloureux départ d'Algérie,
Je ne peux plus mettre mes souliers,
Car pour la France, après avoir tant marché,
J'ai surtout gagné des cors aux pieds.
MORALITÉ :
" Pieds-noirs " par la France abandonnés,
Pour être certains de vivre sans regrets,
Surtout, ne mettez jamais de souliers.
Antoine ROCA
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LES MOTS ECRASÉS
Par R. HABBACHI & J.P BARTOLINI N°3
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Les, qu’y sont couchés
1- Passez un été au soleil à la Caroube et comme ça, vous venez.
2- Escagassée. Y vaut mieur qu'une reine.
3- Il a pris des coups et il a demandé à son fils d'aller le venger en courant et en volant. Un service agrégé de la police.
4- Une grecque. Un acide.
5- Basse et vieille, la note. Cet Andréa-là, il a eu un gros problème un jour en pleine mer.
6- le formage à trous, c'est là que tu peux t'le trouver. Ça, c'est quan tu le sais pas.
7- Qu'est-ce qu'y souffe çui-là là. Des impôts que personne y s'les comprend.
8- C'est un musicien mais j'te jure, y vaut pas Bagur. Ça qu'y fait çui-là là qu'y travaille au soleil, l'été.
9- Une p'tite dessur le calendrier. Encore un agrégé d'la police mais espéciale celle-là là.
10- Pardon, je l'ai faite, je m'ai trompé.
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Les, qu’y sont debout
I- Des fois y font rire et des fois y font pitié, j'te jure.
II- On dit ça quan c'est qu'on coit pas beaucoup ça qu'on raconte (2 mots). On la prend tous un jour ou l'aut', en oiture, la plupart du temps.
III- Un verbe que j'ai appris à le conjuguer avec l'ordinateur.
IV- quan t'y as çui-là là et qu'il est sincère, tu peux compter dessur. Tu le lis comme tu veux c'est qu'à même un artique.
V- C'est des oiyelles de celles qu'on sonne pas.
VI- encore un artique. Quan t'y emmène la vache, c'est juste avant le taureau.
VII- Elles font tellement du bruit même la nuit, que des voleurs qu'y z'ont voulu rentrer dedans le Capitole (pas le ciléma, l'aut') y se sont ensauvés.
VIII- Conjonction qu'elle vaut cher. Un prénom.
IX- C'est ceux-là là qu'y z'ont donné la tannée au général Lee, pas Bruce, l'aut'.
X- Y paraît qu'avant, le sémaphore du cap de garde il en faisait pour les bateaux. C'est ça qu'on se dit, nous z'aut' bônois quan on se parle sans faire des necs.
Solution des Mots Ecrasés N° 2
Quelques explications
Les, qu’y sont couchés
I - SEYBOUSE, vous connaissez La gazette la Seybouse et il y a la rivière la Seybouse où se trouvait le port romain à Hippo Régius (Bône).
II- OASIENS, habitants des Oasis.
III- ALBION : Nom traditionnel de la Grande Bretagne depuis Ptolémée.
IV- ERTA : la chaîne Arte.
VI- EP : une épée. OM : club de foot de Marseille.
VII- JOANONVILLE : quartier de Bône ou Baby jourdan avait son usine d'Orangina.
VIII- SNP : C'était le qualifiquatif d'état civil pour ceux qui naissait de parents inconnus, Sans Nom Paternel.
IX- SALI : embarbouillé. ROTE : c'est plus poli de dire pardon quand on le fait.
X- TEE : c'est la cheville où l'on pose dessus une petite balle pour jouer au golf.
Les, qu’y sont debout
1- BEAUSEJOUR : quartier des "riches".
2- EPO : une drogue que les coureurs du "tour de France" conaissent bien.
3- RER : Transport parisien. ISO : du grec isos, égal.
5- AI : mammifére aux lents mouvements.
6- NPA : à l'envers phonétiquement à peine, c'est le début des nèf's (rien).
9- TSE : moitié de la mouche tsé-tsé.
10- OSIER : les paniers de pêche, nos cartales étaient en osier.
13- ORE : La devise des pays scandinaves.
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MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. Lannes Frédéric
Bonjour ma famille est originaire de BÔNE voici les nons:
SALERNO GENEVIEVE ; SALERNO HENRIETTE ; SALERNO JOSEPH ; LEPAUL GABRIEL
Si quelqu'un pourrait m'aider à retrouver de leurs amis ils sont tous allés à l'école Sadi Carnot!!
Merci pour eux
Mon adresse : Lannes Frédéric
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De M. Khadir Abdelkrim
Bonjour, je suis le photagraphe qui est installé sur le Cours Bertagna à Bône à la place de Roques musique. Lors d'un voyage à Bône, un Bônois m'a demandé une photo d'un ancien bar de la Colonne. Je lui demande de me recontacter et de me préciser l'endroit. Je m'excuse, un virus ayant formaté mon disque dur, j'ai perdu toutes les adresses de mon agenda". Merci. Grosses bises à tous.
Mon N° de Tel : 00213 38 86 01 45 ou écrire à l'adresse ci-dessous qui transmettra.
Mon adresse : Jean Pierre Bartolini
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De M. Michel Rateau
Avec les A.D. de la Dordogne, pour préparons une exposition sur les Périgourdins / Dordognots qui sont partis en Algérie.
Aussi, nous recherchons toutes données biographiques & historiques concernant l'histoire de ces migrants (docs & iconographie).
Par avance, nous vous remercions infiniment de votre aide et de votre participation particulièrement appréciées.
Très cordialement,
Michel A. RATEAU, Historien - Conférencier
Mon adresse : Michel Rateau
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De M. Andrew Bradford
Bonjour, En 1940, mon père était un officier de l'armée Britanique en fuite. Il avait échappé aux Allemands près de Lillle et traversé le Cher à la marche vers la France libre. Il est ensuite allé vers le sud vers l'Espagne deux fois puis vers Marseille, essayant de sortir de France pour retourner chez lui se battre à nouveau. Finalement, il prit le bateau, le "Djebel Nador", en Octobre 1940 pour Alger. Il passa quelques mois à la "Clinique des Glycines" à Alger en 1941 et je suis en train d'écrire un livre sur son voyage et j'aimerais inclure une photo de la clinique telle qu'elle était vers 1940/1941. Pouvez-vous s'il vous plait m'aider ?
Mon père s'échappa finalement en achetant un petit bateu, "Odetic", à Monsieur Thomas, et il naviga d'Alger à Gilbratar en Juin 1941 et retourna au Royaume-Uni pour se battre à nouveau.
En fin de compte, je cherche toujours ces photos. Si vous pouvez les fournir ou chercher parmi la communauté algérienne, je serais infiniment reconnaissant.
Clinique des Glycines - vers 1941
Le Djebel Nador (premier de ce nom) - il fut coulé en 1943 à Bizerte ; il y eu un deuxième bateau du même nom.
Le Yacht Club d'Alger vers 1940
Le petit bateau appelé L'Odetic ou Odetic.
Merci de votre réponse à l'adresse ci-dessous.
Mon adresse : Pierre Bourrié.
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De Mme Fatima Slimani
Bonjour, je recherche une camarade de classe, Mme Causse Colette, fille de Théo, née entre 1950 et 1952 à la cité Auzas rue Lavoisier.
Je suis née en 1950 à Bône rue Lavoisier.
Mon N° de tel est 00213 72 57 27 04, mon adresse est : Cité plaine Ouest, 500 logements, EPBTP bloc 4 N° 25, Annaba.
D'avance merci. Mme Slimani
Mon adresse :
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De M. Abdelhamid Ouamane
Bonjour, je recherche une ami, M. Andrée Lacroix qui aurait habité à Fréjus.
J'habite 13, rue de la Creuse, Bône, N° de tel. 00213 38 86 71 55
D'avance, merci. M. Ouamane
Mon adresse :
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De M. Hacene Chihaoui
Bonjour, ancien élève de l'Orangerie je souhaite entrer en contact avec d'anciens copains de classe :
Mr André FURNO ; Félix GIORA ; Jacques JOURET ; Marc GIACOMINO ; Pierre TALERCIO.
Pouvez vous m'aider ? Merci d'avance. Mes Amitiés
Mon adresse : Hacene Chihaoui
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Quatre femmes prennent le café ensemble
La premiére est jalouse.
La deuxiéme est triste.
La troisiéme est romantique.
La quatriéme est vierge.
Quelle quantité de lait chacune va-t-elle mettre dans son café?
Rèflèchissez quand même un peu avant de regarder la rèponse.
Alors, vous pensez avoir trouvé?
Voici les réponses :
Pour celle qui est jalouse, c'est un soupçon.
Pour celle qui est triste, c'est une larme.
Pour celle qui est romantique, c'est un nuage.
Et pour celle qui est vierge, c'est un doigt.
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