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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
49 , 50 ,
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53 , 54 ,
55 , 56 ,
57 , 58 ,
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L'Hymne des Français d'Algérie
offert par Jean-Paul Gavino
EDITO
PARTIR EN FUMÉE… Ou VIVRE SANS FUMÉE…
A l'heure où sort cette gazette, la nouvelle loi sur le tabagisme entre en vigueur.
Encore une loi contre la liberté individuelle, diront les fumeurs invétérés et acariâtres.
Enfin une loi, même incomplète, qui nous protége des agressions nocives du tabac diront les ennemis de cette fumée.
En effet, même si cela est une atteinte à la liberté de chacun et on peut le regretter d'en passer par là, cette loi est avant tout :
- Nécessaire en priorité pour notre santé et rendrait nos vœux de santé plus sincères envers un " tabagiste " dont la vie partira en fumée.
- Nécessaire pour le respect du choix de vie des non fumeurs qui ont été agressés et obligés de subir pendant des années à cause de l'égoïsme de certains fumeurs.
- Nécessaire aussi pour les comptes de la Sécu qui sont grevés chaque année par les milliers de cancéreux victimes du tabagisme passif ou volontaire.
- Nécessaire encore pour l'environnement. Et là, fait étrange, les écolos ne pipent mot sur les conséquences du tabac sur l'effet de serre, ils préfèrent s'en rouler une ou s'en tirer une bouffée.
Le respect de la vie est plus important que le respect d'un plaisir qui peut se consommer dans des lieux privés sans que cela déclenche de nouvelles guerres de clochers. Espérons que la conscience humaine soit plus forte que la bêtise qui pourrait entraîner des applications aberrantes.
Jean Pierre Bartolini
Pour faire plaisir aux fumeurs, je leur offre ces paquets virtuels qui leur permettront de rêver avec nostalgie à d'autres plaisirs.
Merci André et Anne-Marie pour les cigarettes Bônoises.
Diobône,
A tchao.
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ECHOS ET POTINS
N° 7 de novembre 1950
de M. D. GIOVACCHINI Envoyé par sa fille
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En rentrant, PANTALONI manda NATAF.
- Embrassez-moi, dit-il
- Oui, mais pas sur la bouche. Je n'ai pas oublié certain petit coup de poignard.
- Parole de Saint-Paul, cette fois, vous aurez la " Place d'Armes ".
Et NATAF, qui l'a cru, mérite vraiment le Ciel.
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Mon excellent ami Charles MUNCK n'a pas voulu lire TELEMAQUE. Il le regrettera.
Aussi, en voulant lire l'ILLISIBLE "Dépêche de l'Est ", et en additionnant des tonnes de "Spongieux ", il a hérité d'une désagréable conjonctivite. Nous lui souhaitons un complet rétablissement.
Seulement, qu'il regarde son journal sans jamais mettre ses beaux yeux de matou ... où il ne faut pas.
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PANTALONI va nous faire un tout petit théâtre. Digne de Nechmeya ou tout au plus de Duzerville.
Le Grand Maire voyait Grand, autrefois.
Aujourd'hui, tout diminue pour lui. Même le nombre et la qualité de ses amis.
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BÔNE... la Coquette, devient une ville sale. Et la vie y est plus chère qu'ailleurs.
Ce n'était pas la peine de changer de gouvernement.
M. HURET ne voit pas les fondrières. Il est tout à ses rosiers.
Et PANTALONI laisse faire.
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Ça qu'on vous a pas dit … ! N° 42
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Christian AGIUS le Maltais de la route de Bugeaud, y ramasse dans les poubelles de luxe… ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!
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Ya bon Banania ! 10.000 tanoutes y vivent à Paris ac le flouss escroqué au chômage : 42 personnes y dirigeaient………1084 fausses sociétés ! Edjbed Miloud !
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L'alcool y diminue les capacités de l'individu qu'il a dit le docteur !
Ma, c'est pareil pour la oiture, pourquoi y faut 1,56 litre d'éthanol pour faire la même distance qu'un litre d'essence : y en a des betteraves à planter….
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Tu t'rappelles, à l'école Saindi-Carnot, les maîtres y nous apprenaient la victoire de Valmy : un paquet de tchallèfes !!!
La franche vérité, la oulà : le Prussien Brunswick et le Français Dumouriez y z'étaient copains pourquoi y z'étaient tous les deux francs-maçons et qui ont bouffé ensemble la veille de la " bataille "…
Brunswick il a reçu les ordres de….laisser couler ! En pluss, il était ruiné, cette gatarelle, et Danton il l'avait payé ac les diamants de la couronne, juste sarraqués 4 jours avant………..
Ma la Raie Publique elle avait besoin d'une victoire………….
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Les millions du téléthon y servent à ensauver des petits atteints de maladies myopathiques, qu'elle a dit la télévision.
Mon œil !
Laisse tomber la villa de la présidente dessur la côte d'azur ( !!!!!!!!!...), mais l'essentiel du flouss y va à ceux qui bricolent les embryons et le clonage…….
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Tu connais Jérôme Jaffré : ancien président du Crédit Agricole et d'Elf, parti ac 45 millions de zorros d'indemnités et de stock-
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à-fitch d'options. Y donne des leçons ac son livre " Le Jour où la France a fait faillite ".
Ma, c'est depuis ……….la Belgique où y vit pour pas payer les impôts !!
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Tu t'rappelles les érections présidentielles de 2002 ?
Diocane, le Pen il a niqué Jospin !
Ce petit retraité de l'île de Ré il était tellement sûr d'être au 2ème tour qu'il avait fait emprimer les bulletins !
Des millions de tonnes commandées à l'emprimerie nationale !!!
Qu'elle a fait tchoufa, ac tout ce papier en dessur le ventre, payé, bien sûr, par tous les tanoutes de contribuables. Juste que l'emprimerie elle a vendu au kilo un dimi-euro ! Le con de tous leurs morts !..
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Y en a deux maquereaux qui z'ont pas perdu leur temps !
Y z'étaient prisonniers à Laval et y z'ont préparé des gâteaux pour le…………..Téléthon.
Ma, y z'ont bien laissé les gâteaux en sortant à l'animateur gougoutse local, en lui sarraquant sa bagnole pour s'ensauver…
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Tout le monde il a rien vu, diocanamadone !
Ma le parlement européen y vient de permettre à nouveau le 14 décembre la vente……………………des farines animales pour les vaches………. ;
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Le conseil régional de l'Ile-de-France il a subventionné des œuvres capitales : 2600 zorros pour les Pygmées ; 65.000 zorros pour un voyage d'études de jeunes Chiliens déshérités dans " l'historique des mouvements hip-hop…
Le con de tous leurs morts !..........
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La suite au prochain numéro : te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….
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LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (45)
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C'est cinque cents qu'y t'en faut dès ! pas z'une de plusse pas z'une de moins
Une nuit, chais plus laquelle d'y a quèques jours de ça, gagné par ça qu'on appelle l'ansomnie quan c'est qu'on dort pas, t'y as vu ou plutôt, t'y as entendu comment je parle main'nan ? Et quan c'est que j'parle comme ça, c'est juste pour t'annoncer la colère, ouai, ouai, je sais tu vas me dire qu'on annonce la couleur mais moi j'te joue pas au poker ô tchoutche, moi quan c'est que je ois rouge et seulement rouge, ça devient la colère et c'est en dedans du rouge ou de la colère, comme tu veux, que ch'uis main'nan et pour m'énerver encore plusse ça qu'y me reste de mes nerfs, tu me demandes pourquoi ? Eh ben ! Oilà.
Une nuit, gagné par l'ansomnie comme j't'ai déjà dis et que j'm'agadais la télévision pour me passer un peu du temps, une télévision qu'elle, elle est en couleurs et ousqu'y avait une émulsion ( pisqu'on parle de couleurs) ousque t'y avais un tas des babaloucs que rien qu'y te parlaient du vote, le prochain qu'y va nous z'endetter d'un nouveau Président de la république de Patosie et y nous z'ont montré les candidants portés au ciel ça qu'y veut dire ceux-là là qu'y z'ont le temps et les moyens de se présenter au vote du peupe.
En dedans d'la liste, t'y avais de tout, des p'tits, des nerveux, des calmes, des vieux, des z'avec des cheveux et des fartasses, des blonds, des bruns et y manquaient que des baccouches pour faire le tableau complet. T'y en avais pas z'un qu'y te ressembait à l'aut' et pourtant y z'avaient tous la même tchatche, y te promettaient tous démons z'et réveils. A les entende, tous comme y sont, de la Patosie, y vont te faire un paradis et si que ça suffit pas, un deuxième et pourquoi pas, tant qu'on y est, un troisième et si qu'y a le temps, y z'attaqueront le quatrième mais oilà, y a un problème qu'y va se poser à tous ces blagueurs de quat' sous, un problème qu'à côté, çui des robinets qu'y fuient, il est facile comme de l'eau. A tous ces tchoutches, y va leur falloir cinque cents signatures, pas la tienne, pas la mienne non, ça s'rait trop facile, y faut cinque cents signatures de maires de communes de Patosie et pas seulement, en plusse de la signature, y te faut aussi le cachet que nous z'aut' on préfère dire le tampon comme ça y a pas mèche, aucune confondaison possible que tu viens avec ta fugure de marbe avec cinque cents cachets d'aspirine et tu dis oilà. Malgré tout ça, en oiyant ces candidats qu'y z'ont que le nom, je m'ai dis, pourquoi pas moi, diocamadone, un bônois maître de la Patosie, j'te jure ça rentre direct dedans l'Histoire et comme j'ai toutes les qualités….què c'est ? Què qualités ? Ch'uis p'tit, nerveux, vieux, j'ai pas les cheveux mais ma tête elle va pas encore à pieds nus, ch'uis ni blanc ni brun, un peu kaloutche c'est tout et en plusse, chais ête calme quan y faut et pour finir, la meilleuse des qualités, j'ai même pas le cerfiticat y'alors !!!
Oilà donc, le matin de cette nuit que j'te parle, je m'ai présenté à la mairie de là ousque j'habite et j'ai demandé à oir mon idylle que c'est comme ça qu'on appelle le maire quan on a des lettes et la prévention de venir Président. J'te raconte pas, pour le oir ça a été le toit et la barrière et encore, j'ai eu d'la chance à cause une bafoune qu'elle a venue en plein dedans la nuit, l'y emporter le toit de sa villa et démoli sa barrière et comme je marronnais en prononçant ces deux mots magiques, y m'a reçu pour que j'ui fais le devis coyant que j'étais réparateur mais quan il a su la vérité, c'est moins une si qu'y m'a pas dit d'aller m'la pile Angoulême et en plusse, purée de sa race affoguée, y m'a dit qu'il était déjà engagé avec une Présidente, que lui, y la oiyait déjà comme ça et quan y m'a dit son nom, axe ch'uis resté, j'ai cru un moment qu'y me parlait de cet ours femelle qu'elle s'a eu un goiye d'ourson comme y dit l'aut', en dedans cette montane qu'elle fait frontière entre la Patosie et le pays des spagnols, une montane que son nom à coucher dèhors, tu peux même pas l'écrire et en plusse, ce nom y me rappelle l'histoire la plusse triste de la bibe, Caïn, le pire aîné.
Et pis, tu ois pas, d'un coup je m'ai rappelé un ami, un bônois en plusse qu'il était adjoint-maire et que lui, bessif y me ramène la signature de l'idylle de sa ville à lui et y'alors, y me resterait plus que…le reste, quèque soge comme cinque cents signatures moins une, un wagon quoi ! Tout ça, c'était la nuit et quan le jour il a pointé son nez à la fenête, je m'ai tiré la couverture dessur mon nez à moi et je m'ai dis…et si que même…Qui c'est qu'y va voter pour moi, quat' bônois et deux chats ? Allez ouah ! ça vaut pas le coup de se casser la tête pour écrire des discours obligégatoirement longs, en tchapagate en plusse, que personne y va comprende si qu'il a pas un cyclope y dit surtout qu'entre chaque discours, y faut se prende l'anisette, qu'y faut apprendre aux patos comment la boire et comme y te boivent bézef et comme des trous, diocamadone y vont tous aouar le foie fleuri, eh, qu'est-ce que tu veux faire quan t'y as là, six roses…..Allez ouah ! Mieur je dors tranquille.
Rachid HABBACHI
COMMUNIQUE
Rachid HABBACHI tient à remercier du fond du coeur tous les amis bônois qui, à l'occasion de la naissance de sa petite-fille Lyna, ont partagé sa joie. "Le p'tit goiye et sa mère y s'portent bien, grâce à dieu". Gros bisous à tous. -RACHID-
Félicitations aux parents, Kenzy et Rim, aux grands-parents Rachid et Akila. Longue vie à la petite Lyna dans la joie et le bonheur familial.
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A.M. – TRAVEL, Sarl
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Avec la Participation
D’AIR ALGERIE
Organisent un voyage exceptionnel
Pour et entre les Amis du Site Pour Voir et Revoir notre terre natale.
Du 15 au 26 Avril 2007
A BÔNE/ANNABA – SITES HISTORIQUES de
MADAURE, TEBESSA, TIMGAD, LAMBEZE, DJEMILLA, TIDDIS, THIBILIS
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L'OUENZA - BOU - KHADRA
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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Le XIXème siècle avait fini dans une véritable atmosphère de guerre civile.
L'opinion publique avait été profondément troublée par les remous de l'affaire Dreyfus, et les commentaires provoqués par la mort brutale de Félix Faure, à l'Elysée, avaient encore aggravé le malaise.
Les incidents de la Caserne Reuilly, au retour des obsèques du Président de la République, la manifestation de la foule hostile qui avait accueilli le Président Loubet, à sa sortie du Château de Versailles, aux cris de " Panama 1er ", le coup de canne du Baron Christiani sur le gibus du nouveau Chef de l'Etat, au Grand Prix d'Auteuil ; tout cela constituait, nettement, des signes précurseurs d'émeute et de troubles graves.
Le XXème siècle, cependant, grâce à la magnifique Exposition universelle, tant attendue par l'Etranger, débutait dans une ambiance de bals, de fêtes et de plaisirs telle, que le millésime " 1900 " est demeuré, et suffit encore, pour caractériser cette époque insouciante, heureuse et brillante, que l'on a appelée " La Belle époque ".
Mais, si le peuple de Paris, riait, chantait et dansait, la population de Bône était soucieuse, alanguie et anxieuse.
Le Mokta-el-Hadid allait cesser toute activité et arrêter définitivement ses expéditions de minerais.
Ainsi, Bône, allait bientôt se trouver en face d'une triste réalité : un grand port tout neuf parfaitement aménagé, et pas, ou fort peu, de trafic pour lui donner toute l'animation qu'on avait prévue pour lui.
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Il y avait bien encore les phosphates du Kouif, et quelques autres produits de mines, peu importantes, situées le long de la frontière tunisienne, qui venaient s'embarquer à Bône.
Mais cela n'était pas suffisant pour donner à ce port, l'activité qui lui était due, et au commerce local, des perspectives d'avenir vraiment intéressantes et réconfortantes.
La crise qui s'annonçait risquait d'être grave, très grave.
Fort heureusement, ces phosphates, dont les gisements avaient été découverts par M. Georges Wetterle, prospecteur émérite, qui fut le véritable protagoniste de la prospection minière de notre région, avaient attiré l'attention des groupes financiers, spécialisés dans ces sortes d'affaires, sur l'hinterland du port de Bône.
C'est ainsi que furent découverts par M. Pascal, ami de M. G. Wetterle, et, peut-être, sur les indications de ce dernier, les fameux gisements miniers d'Ouenza.
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11 y avait eu, à l'époque, un véritable engouement des habitants pour les minerais quelqu'ils fussent : fer, cuivre, plomb, blende ou calamine, arsenic, manganèse, antimoine ou mercure, car on venait de s'apercevoir, à cause de ces phosphates du Kouif, qu'il y avait de tout dans ce sous-sol algérien.
Tout le monde prospectait, et l'indigène lui-même, étonné que des pierres qu'il foulait depuis tant de temps, pussent avoir tant de valeur, s'arrêtait devant le moindre caillou qui lui paraissait bizarre, courait l'apporter pour l'analyse chez un idoine quelconque des environs, en faisant mille rêves d'or sur la fortune qui lui était peut-être advenue, non pas en dormant, mais en marchant, tout simplement.
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Ce n'est, certes, pas de cette façon, que M. Pascal avait découvert les fameux gisements de fer qui ont fait sa fortune, en même temps que celle de l'Algérie, puisque celle-ci associée de la Société exploitante, perçoit la moitié des bénéfices réalisés par leur exploitation.
M. Pascal qui avait été employé, pendant de longues années, aux Mines de Laurium, en Grèce, était venu dans l'Est algérien vers 1898, connaissant très probablement, déjà, l'existence de gisements miniers intéressants, dans cette région que les Romains avaient jadis fouillée et exploitée dans tous les sens.
Mais les Romains ne recherchaient que certains métaux, le cuivre et l'argent, de préférence, et délaissaient volontairement les minerais de fer ou de calamine qu'ils n'utilisaient pas. Or, le cuivre et l'argent sont toujours, ou presque toujours, accompagnés par d'autres minerais.
Ainsi, le gisement d'Ouenza contient du fer, du cuivre et même de l'argent, tout à la fois.
M. Pascal qui avait repéré les anciennes mines romaines d'Ouenza, avait pu se rendre compte, dès 1898, de l'énorme richesse du gisement de fer que ces mines représentaient.
Il avait aussitôt demandé au Gouvernement général, la concession du terrain dans le périmètre duquel se trouvaient ces gisements, et, en même temps, il avait fait procéder à l'étude d'une voie ferrée qui devait venir se raccorder entre Oued-Mogras et Sidi-Bader, à la grande ligne Duvivier-Tunis, pour servir à l'évacuation des minerais provenant de leur exploitation.
Ainsi, M. Pascal précisait-il, dès le début, que les minerais de cette région devaient normalement être évacués par le port de Bône, qui était leur lieu d'embarquement naturel.
Et c'est cela qui importait le plus aux Bônois.
L'Ouenza était un énorme gisement de fer (hématite), dont la masse métallifère était évaluée centaines de millions de tonnes de fer, d'une teneur exceptionnellement riche, et d'une pureté inconnue jusqu'alors,
Dès qu'il avait été en possession de son titre de concession, qui lui avait été délivré le 11 mai 1901, M. Pascal avait constitué une Société au Capital de 2,500.000 francs qu'il avait dénommée : " Société Concessionnaire des Mines de l'Ouenza ".
L'exploitation allait donc pouvoir commencer, et les Bônois s'en réjouissaient très sincèrement, on n'en doute pas.
Hélas ! Il y a loin de la coupe aux lèvres !
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La prodigieuse réussite de M. Pascal, avait, on le conçoit aisément, suscité bien des dépits et bien des convoitises.
Des affairistes, tentèrent d'entrer en combinaison avec l'heureux concessionnaire, d'obtenir des participations, des accords, qui furent toujours obstinément refusés.
C'est alors que fut imaginée l'existence d'une minière superposée à la Mine concédée à M. Pascal.
Les minières sont de simples carrières, s'exploitant à ciel ouvert, où la propriété du sol n'est lamais aliénée : elles sont susceptibles d'amodiation, moyennant une redevance fixée par tonne ou mètre cube de minerai extrait et pour un temps déterminé, tandis que la concession d'une mine entraîne l'aliénation du sol.
Il va sans dire que les formalités d'une amodiation de minière sont plus faciles et plus rapides que celles qui précèdent l'attribution d'une concession.
Un certain M. Carbonnel, se disant ingénieur des Arts et Manufactures, obtint ainsi, du Gouvernement général, sans que M. Pascal n'en fut, le moins du monde, avisé, l'amodiation de la minière si opportunément inventée.
M. Pascal allait donc être considérablement gêné, sinon paralysé, dans l'exploitation de sa concession. C'est certainement ce qu'avait voulu M. Carbonnel pour l'amener à composition et arriver à une transaction.
Il est bon de dire, avant d'aller plus avant, que le groupe, pour lequel M. Carbonnel agissait, et qui avait pris la dénomination de " Société d'Etudes de l'Ouenza ", comprenait d'abord les trois plus grands producteurs de fonte et d'acier de l'Allemagne ; la firme Krupp, la firme Thyssen et le Gelsenkirchener Bergwerk Gesellschaft, et ensuite, la Société belge Cockerill, la Consett Iron and Cie, la Quest Keen et autres. Deux neuvièmes seulement de la production étaient réservées à l'Industrie française.
II convient aussi de rappeler que l'on était en 1902, et, qu'à cette époque, le Kaiser avait à maintes reprises, déjà, dans des actes et des discours, montré, un esprit belliqueux et même agressif à l'égard de la France.
M. Pascal, dès qu'il fut au courant de la situation qui lui était faite, protesta en soutenant l'inexistence de cette minière que l'on venait d'amodier, dans les circonstances particulièrement troublantes, à M. Carbonnel.
S'il y avait eu, réellement, une minière, disait-il, il s'en serait rendu compte au cours des deux années qu'il avait passées à prospecter et étudier le massif de l'Ouenza. Il connaissait suffisamment la matière et la législation minière pour pouvoir s'en rendre compte par lui-même.
Et, s'il y avait eu une minière, il n'aurait pas manqué d'en demander l'amodiation pour son propre compte, en même temps qu'il demandait la concession de la mine.
Cela découlait de la plus pure logique.
Mais, tout s'était passé à son insu.
Et même, si la minière existait, contrairement à l'opinion de M. Pascal, l'Administration se devait de consulter le concessionnaire de la Mine.
La loi du 21 avril 1810, modifiée par la loi du 27 juillet 1880, qui forme toute la législation sur les minières, donnait, en effet, aux exploitants des mines, la faculté pratique, soit de faire interdire une minière superposée, soit de réunir à leurs mines, les minières exploitables à ciel ouvert, et non encore exploitées, le tout moyennant une juste indemnité.
Il est difficile d'admettre que l'Administration supérieure ait ignoré ces dispositions formelles de la législation sur les minières.
En tout cas, l'ignorance dans laquelle avait été tenu M. Pascal d'une procédure qui l'intéressait incontestablement au plus haut point, autorise toutes les suppositions.
La lutte entre la Mine et la minière retarda considérablement l'exploitation du gisement de l'Ouenza.
En 1908, enfin, sur l'intervention du Gouverneur général, un accord intervint entre les deux antagonistes, mine et minière, qui mit fin au différend survenu entre les deux sociétés.
Il ne restait donc plus à résoudre que la question de la construction d'un chemin de fer de l'Ouenza " à la mer ", et cette question devait être obligatoirement soumise à un vote du Parlement.
Notons que dans l'accord de 1908, le Gouverneur général avait formellement stipulé que les minerais extraits de l'Ouenza, devaient être exportés par un port algérien.
La Société du Mokta-el-Hadid qui avait obtenu, le 1er juin 1902, la concession des gisements de fer du Bou-Khadra, situés près d'Ouenza, souscrivait, le 23 décembre 1908, un engagement semblable relatif à l'exploitation du minerai de Bou-Khadra.
Les Bônois qui attendaient, depuis 1902, l'arrivée des premiers minerais de ces importants gisements furent relativement satisfaits de ces accords.
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L'Administration algérienne, et le Ministre des Travaux publics, M. Barthou, s'étant mis préalablement d'accord sur le tracé de la future ligne, la Chambre n'avait donc plus qu'à adopter le projet déposé sur son bureau par le Gouvernement.
La discussion de ce projet vint en juin 1908, et, contre toute attente, cette discussion fut purement et simplement ajournée, à l'immense majorité de 418 voix, sans qu'un argument ait été opposé à son adoption
Seuls, les socialistes avaient simplement parlé de la nationalisation de la mine.
En novembre de la même année, nouvel ajournement, sans débat, ni explication.
On se perdait en conjectures sur les motifs de ces ajournements prononcés, chaque fois, par des votes massifs autant qu'inexpliqués, lorsqu'en mars 1909, à la veille de la séance où devait, enfin, sur l'insistance personnelle du Gouverneur général, revenir la discussion du projet ; le Ministre de la Marine intervint au nom de la Défense nationale en demandant que le tracé d'Ouenza-Bou-Khadra à Bône ne fut pas pris en considération et que le Parlement décidât, au contraire, que l'exportation des minerais se fit par le port de Bizerte dans l'intérêt même de la Défense nationale.
Le Ministre expliquait que les navires, qui viendraient charger le minerai, seraient mis dans l'obligation d'apporter à Bizerte leur pleine cargaison de charbon pour constituer des stocks destinés à la marine de guerre en cas de conflit,
Et ce fut un nouvel ajournement de la question, cent on connut cette fois le motif.
Une telle situation ne pouvait manquer de porter à son paroxysme l'émotion de la population bônoise.
On comprenait, que de puissants intérêts particuliers s'opposaient à la réalisation des légitimes espérances que la ville avait fondées sur des ressources qui devaient lui revenir naturellement et légalement.
S'il s'était vraiment agi de Défense nationale, cet argument aurait été invoqué dès juin 1908, lorsque la discussion du chemin de fer était venue pour la première fois devant la Chambre.
Le Ministre, Louis Barthou, au lieu de soutenir le projet algérien, comme il l'avait fait, n'aurait certainement pas manqué de s'incliner, devant un pareil argument.
Il apparaissait donc que l'on avait dû chercher un prétexte pour masquer la véritable raison qui s'opposait à l'acheminement vers Bône, des minerais de l'Ouenza et de Bou-Khadra, ou, plutôt, pour les amener au port de Bizerte.
Ce port appartenait, du moins au point de vue commercial, à la puissante société Hersant et Cie qui l'avait construit, et qui profitait naturellement de tous les revenus qu'il pouvait produire.
Cela suffisait pour comprendre le véritable motif de la lutte des Bizertins contre le projet du Gouverneur général Jonnart.
Ce n'était donc qu'une lutte d'intérêts, d'appétits, qui s'instituait, en l'occurrence, pour priver le port de Bône, seul, d'un profit qui lui avait été si jalousement réservé par les contrats passés avec les sociétés qui devaient exploiter les deux gisements.
Le port de Bône, seul, car l'Algérie ne pouvait nullement être atteinte dans ses intérêts particuliers par le choix de Bizerte, au lieu de Bône, puisque ses redevances et sa part dans les bénéfices devaient, de toute façon lui être payées.
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Dès le premier instant, la population de Bône s'était émue. Elle avait compris qu'on cherchait à détourner les minerais de Bou-Khadra et d'Ouenza de son port, et elle avait décidé de faire entendre sa voix.
Les conscrits de la classe 1908 manifestent sur la place derrière le monument J. BERTAGNA
D'imposantes manifestations se produisirent spontanément. La foule parcourut les rues de la ville, allant de la Sous-Préfecture à l'Hôtel de Ville, en poussant des cris de colère, réclamant sur l'air des lampions " Ouenza " - " Bou-Khadra ".
Le kiosque à musique du Cours Bertagna devint une tribune permanente d'où les orateurs haranguaient la multitude des manifestants massés sur le Cours.
Gabriel Abbo, qui devait devenir plus tard député d'Alger, fit ses premières armes dans la défense des intérêts bônois à l'occasion de ces manifestations de la colère de toute une ville exaspérée.
L'effervescence grandit d'heure en heure, mais en aucune occasion cette population justement irritée, aux origines si diverses, ne se départit de la dignité, de la correction et du respect dus aux autorités et aux institutions du Pays.
Rue Prosper DUBOURG
On voit sur la gauche l'ancien hôtel Cramet et en face de l'hôtel les entrepôts Perrin (Place Pierre Semard)
Une délégation importante composée de notables français et musulmans fut envoyée à Paris porter la protestation de toute la population indignée jusqu'au ministre de l'Intérieur, lui-même, qui était alors Georges Clemenceau.
Le grand tribun, ému, et surpris par la situation qui lui était révélée, et aussi par la pureté de l'élocution d'un membre indigène de la délégation, Brahim Merdaci s'exprimant en français, se tourna vers Gaston Thomson qui accompagnait ses fidèles électeurs et lui reprocha malicieusement d'avoir habillé un Parisien, recruté à Montmartre, en indigène d'Algérie, pour donner à la manifestation plus de force et de couleur locale.
On ne pouvait faire un plus bel éloge du digne et respecté Brahim Merdaci, brave enfant de Bône, élevé dans nos écoles, qui s'honorait d'avoir été l'ami de Pierre Loti.
Pendant que la délégation était à Paris, la population en continuelle effervescence, parcourait inlassablement les rues, en scandant rageusement " Ouenza " - " Bou-Khadra ", et en chantant le fameux refrain de la chanson de l'Ouenza-Bou-Khadra si vite appris par ce peuple pourtant rebelle par nature, et par goût à la moindre nouveauté.
Toutes les assemblées algériennes, conseils généraux, délégations financières et conseil supérieur de l'Algérie, ajoutèrent leurs protestations à celles du Conseil municipal des Corps constitués de Bône, et des assemblées communales de tous les centres voisins.
Le Gouverneur général Jonnart, de son côté, offrait au Ministre de la Marine, pour calmer ses appréhensions, de constituer et tenir en permanence, au plus près de la frontière tunisienne, un stock de charbon suffisant pour parer à toute éventualité, en cas de guerre, et remplacer aussi largement que possible, l'appoint charbonnier qu'il avait espéré faire apporter à Bizerte par les cargos venant chercher le minerai de l'Ouenza et de Bou-Khadra
Sur le Cours BERTAGNA dimanche 14 mars 1909
Devant l'ampleur des manifestations suscitées par cette menace de spoliation, inspirée uniquement par le profit énorme que la société Hersant, espérait retirer des péages et autres droits de quais, payés par les navires affrétés pour le transport des minerais, le Ministre de la Marine n'insista pas plus longtemps et ne retint même pas l'offre de constitution d'un stock de charbon faite par M. le Gouverneur général Jonnart.
Ainsi, était démontré, par cette seule attitude du Ministre de la Marine, le caractère fallacieux de l'argument de Défense nationale invoqué à l'appui des appétits, illégitimes pourtant, de Bizerte.
Mais ce qui ressortait par-dessus tout, c'est le rôle du Grand Français et de Grand Algérien tenu par le Gouverneur général Jonnart.
Parlementaire, il aurait pu se laisser fléchir par des sentiments de camaraderie ou de surenchère.
Il a prouvé qu'il avait une haute et pure conscience de Grand Homme d'Etat et qu'il ne puisait qu'en elle la force et la raison de ses actes.
Si l'Algérie n'avait pas eu le Gouverneur Jonnart qui, mieux qu'un fonctionnaire, a pu résister à un Ministre de la Marine, parlant de Défense nationale, peut-être les mi serais de l'Ouenza et de Bou-Khadra s'exporteraient-ils actuellement par le port de Bizerte !
Et maintenant, il ne me reste plus qu'à reproduire, puisé dans le texte même du compte rendu du Journal Officiel, l'admirable péroraison du discours prononcé devant la Chambre des Députés, le 21 janvier 1910, par ce grand Gouverneur général, qui défendait, comme commissaire du Gouvernement, la cause de l'Algérie qu'il administrait :
" A défaut d'autres qualités, j'en possède une qui m'a beaucoup servi dans l'accomplissement de ma mission.
" J'aime passionnément l'Algérie : J'aime ce peuple jeune, ardent, débordant de vie et d'activité, et j'ai dans ses destinées une Foi invincible. (Applaudissements).
" L'Algérie est déjà, pour la France, un de ses meilleurs éléments de force et de prospérité. Soyez sûrs qu'elle contribuera de plus en plus à sa puissance et à son prestige.
" Si j'ai appelé, de mes voeux, ce débat, si je l'ai voulu malgré tant d'obstacles, si je suis venu tant de fois réclamer un débat public, la lumière et la vérité de la tribune, c'est que voyez-vous, l'intérêt politique comme l'intérêt économique commandent la solution que j'attends de la Chambre. (Applaudissements sur divers bancs).
" Ne la repoussez pas. La meilleure politique à suivre vis-à-vis d'une colonie, c'est de prêter une oreille attentive à ses justes revendications, c'est de ne jamais heurter, ni froisser inconsidérément ses intérêts, c'est de ne pas créer à la légère entre elle et la Métropole, de redoutables malentendus. (Applaudissements). C'est d'accroître sa puissance de consommation et d'achat en faisant jaillir de son sol toutes les richesses qu'elle détient, car c'est la Mère Patrie qui en bénéficie ".
" Oui, Messieurs, faites en sorte que la clientèle de l'Algérie, devienne de plus en plus fructueuse pour la France, procurez-lui de nouvelles ressources ; et bientôt, son jeune budget pourra alléger les charges du budget métropolitain.
" Aidez-moi, aidez-nous et aidez à l'épanouissement de toutes les forces vives de cet admirable Pays.
" Le vrai Patriotisme, le voilà, " (Vifs applaudissements).
L'orateur, en retournant à son banc reçoit les félicitations des membres du Gouvernement.
Rue THIERS - 14 mars 1909
Trois ans après cette mémorable séance, la Chambre des Députés n'avait pas encore voté l'autorisation de construire la ligne de chemin de fer qui devait permettre l'exploitation de l'Ouenza.
Et cependant une seconde délégation d'élus bônois, composée de MM. Bulliod, 1er adjoint au Maire et Conseiller générai de Bône, Louis Jammy, Conseiller général, Conseiller municipal et membre de la Chambre de commerce, Benyacoub Mimoun, membre de la Chambre de commerce, Auguste Galtier, Alexandre Teddé et Docteur Faraut, Conseillers municipaux, et Génis, Maire de Bugeaud, s'était rendue à Paris et avait été reçue par le Président du Conseil, qui était alors, Raymond Poincaré, lequel avait formellement promis son concours intégral à la réalisation définitive du rêve, depuis si longtemps caressé par les Bônois.
Mais le néfaste Carbonnel, à qui l'on devait déjà dix années de retard, n'avait pas dit son dernier mot.
Les pièces disparaissaient des dossiers qui retardaient encore la solution de l'affaire ; une tentative de diversion provoquée par une démarche de l'ambassadeur d'Allemagne auprès du Gouvernement, relative à la sauvegarde des intérêts allemands en jeu, aggravaient, des lenteurs déjà excessives de la procédure.
Enfin, les Bônois qui s'alarmaient de plus en plus, reçurent comme cadeau de Noël, en cette fin d'année de 1913, un télégramme leur annonçant qu'un accord était finalement intervenu entre les deux groupes intéressés et qu'une nouvelle société de l'Ouenza allait se constituer pour l'exploitation des fameux gisements de fer de l'Est algérien.
Et le 7 février 1914, Bône fêtait la solution définitive de l'affaire de l'Ouenza mais la guerre vint et ce ne fut qu'après la fin de la guerre, que l'exploitation de l'Ouenza et du Bou-Khadra entra enfin dans le Domaine des réalités.
Bône avait attendu, pendant près de vingt ans que le premier wagon de ces minerais de fer, dont on avait tant parlé, et qui avait fait couler tant d'encre, arrivât sur ses quais, et l'Algérie, avait perdu, pendant le même temps, les légitimes et importantes redevances auxquelles lui donnaient droit les contrats qu'elle avait passés avec les concessionnaires.
C'était tout de même bien triste
La délégation des élus Bônois à Paris, à l'occasion de l'affaire de l'Ouenza
De gauche à droite M.M. Alexandre TEDDE, Dr FARAUT, D' BULLIOD, BENYACOUD Milhoud, Louis JAMMY, Auguste GALTIER, GEN1S.
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Le Diagnostic...
Envoyé par M. René Michaud
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Un vieux médecin de campagne, désirant prendre sa retraite, se voit remplacé par un tout jeune médecin.
Il lui suggère de l'accompagner au cours de quelques tournées afin que les gens du village s'habituent à lui progressivement.
A la 1ère maison qu'ils visitent,une femme se plaint : "J'ai mal à l'estomac, docteur"
Le vieux docteur lui répond : "Eh bien, c'est que vous avez probablement abusé des fruits frais. Pourquoi ne pas réduire la quantité que vous consommez ?"
Lorsqu'ils quittent la maison, le jeune médecin dit : "Vous n'avez même pas examiné cette femme !
Comment en êtes-vous arrivé à votre diagnostic si rapidement ?"
Ce n'était pas la peine ! vous avez noté que j'ai laissé tomber mon stéthoscope sur le plancher ? eh bien quand je me suis baissé pour le ramasser, j'ai noté une demi-douzaine de peaux de banane dans la poubelle !C'était ce qui l'avait rendue malade"
Hummm très malin ! je pense que j'essaierai d'employer cette technique chez notre prochain patient !
A la maison suivante, ils passent plusieurs minutes à parler avec une jeune femme. Elle se plaint d'extrême fatigue
"Je me sens complètement vidée" dit-elle
"Vous avez probablement trop donné de vous-même pour l'église" lui dit le jeune médecin. "Vous devriez réduire cette activité et voir si cela vous permet de reprendre un peu d'énergie."
Lorsque les médecins quittent la maison, le vieux docteur dit à son cadet : "votre diagnostic m'épate ! Comment êtes-vous arrivé à la conclusion que cette femme se donnait corps et âme aux tâches religieuses ?"
"Et bien, j'ai appliqué la même technique que vous, j'ai laissé tomber mon stéthoscope et quand je me suis baissé pour le ramasser, j'ai vu le curé sous le lit....
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BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
Envoyé par M. Rachid Habbachi N° 22
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Bône Militaire
44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIV ème avant au XX ème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908
Troisième Partie
RECONSTITUTIONS DE BONE
d'après les Vestiges qui subsistent :
PLANS, PERSPECTIVES, RUINES RELATIONS ANCIENNES
CHAPITRE XXIII
Hippone
Il n'existe aucune description de la ville d'Hippone parce qu'il n'a jamais été fait de travail d'ensemble à propos des ruines de cette ville.
On a découvert des inscriptions, assez rares d'ailleurs, on a, mis à jour des ruines fort intéressantes, il faut en convenir. Oserai-je dire que l'on a consulté des textes latins ou grecs, avec des idées préconçues, idées s'appliquant souvent à un point de minime importance ? Et on a fait dire à ces textes des choses dont leurs auteurs seraient certes bien étonnés.
Il faut reconnaître, également, en toute justice, que la tâche est très ardue, car tout le terrain qui recouvre le vieil Hippone, est devenu terrain de propriétés privées et de luxe. C'est assez dire qu'il est très morcelé et qu'il est extrêmement difficile de faire un travail sérieux, car on est arrêté de suite par les limites de la propriété et les exigences du voisin. Le Romain, cela se sent et cela se paye.
M. Bouyac, dans son histoire d' " Hippone et de Bône ", M. Papier, dans ses " Lettres sur Hippone " nous donnent des aperçus très suggestifs, mais ces aperçus sont basés surtout sur des textes anciens : c'est presque de la divination.
Depuis, M. Chevillot a découvert dans un jardin lui appartenant et, absolument par hasard, des mosaïques et même des monuments qui pourraient fixer les idées, si les travaux n'étaient arrêtés par l'obstacle que j'ai indiqué plus haut.
Les Phéniciens firent leur apparition dans le golfe de Bône vers le XIème siècle, mais c'est probablement, avant cette époque qu'il faut placer la construction du monument unique en Algérie, duquel j'ai déjà parlé.
Ce monument orienté Nord-sud, à trois degrés vers l'Ouest près, dut, d'après les estimations de certains archéologues, mesurer de 30 à 40 mètres de hauteur et aller en s'élargissant du sommet à la base, sans cependant avoir la pente des pyramides égyptiennes ; je dis s'élargissant du sommet à la base, car on n'a encore trouvé que le sommet ou ce que l'on suppose être le sommet.
Le mur n'a qu'un mètre d'épaisseur ; il est composé de pierres placées les unes sur les autres, sans mortier ni ciment. Ces pierres ont 3 à 4 mètres de longueur sur 1 m. 50 de hauteur et 0,50 à 1 m. de largeur.
Cette muraille mesure plusieurs dizaines de mètres de longueur. En arrière du parement antérieur, on remarque des murailles d'orientation perpendiculaire, placées comme le seraient de gigantesques cloisons. On distingue sur l'assise qui est actuellement au sommet de nombreux seuils très régulièrement taillés, chevauchant sur deux pierres équarries lorsque la régularité du monument l'exigea.
Un peu avant d'arriver à la colline Est d'Hippone, la muraille est interrompue et semble tourner à angle droit vers l'Ouest. Sur la colline elle-même, des constructions semblables s'élèvent à une dizaine de mètres plus vers l'Est.
La tranchée actuelle mesure six mètres de profondeur et plus on descend, plus la taille des pierres est soignée. Des fouilles ont permis de retrouver, à plusieurs mètres en arrière, des constructions diverses phéniciennes (un carré de mosaïques) et romaines (réserves d'eau, murs, mosaïques...) de la très basse époque. Enfin, chose bizarre, cette construction a servi de seuil au choeur d'une église chrétienne dont il sera parlé plus loin, et une des cloisons a formé le mur nord d'un des secretaria.
Le monument du style, dit bossage, le plus pur a pu servir de nécropole comme ses semblables d'Egypte. En tout cas, c'est bien un ensemble nettement séparé des monuments qui ont pu l'entourer ; sans quoi, il n'eut pas changé de direction au moment d'atteindre à la colline.
On prétend, sans pouvoir bien l'affirmer, et pour cause, que le fameux trésor, dit improprement de Jugurtha et en réalité de Massinissa, serait caché dans ce colosse de pierre.
Mais, cette question est tellement brûlante que l'on ne peut que se rapporter à ce que révélera l'avenir quand le monument entier sera mis à jour, et il est plus que probable qu'on ne trouvera rien dans cet ordre d'idées. Le trésor de Jugurtha est la marotte des Bônois qui le soupçonnent être déposé... partout.
D'autres archéologues ont cru voir dans cette muraille, un rempart djouhala (4.000) ou un quai phénicien (1.100 ans avant notre ère). Je ne m'élève pas par principe, en faux contre cette opinion. Mais des murailles ou un quai en bossage serait les unes bien faciles à escalader, l'autre bien dangereux pour l'accostage des légères galères en bois. De plus, on trouve tous les dix mètres, des traces de seuil assez inexplicables dans les deux acceptions précitées.
La géographie et la tactique, de leur côté, s'opposent à la vraisemblance de ces cieux hypothèses.
Le mur tourne vers l'Ouest avant d'arriver à la colline Est, ai-je dit.
Certaines personnes ont allégué que la mer, c'est d'ailleurs incontestable, mais à quelle époque ! S'avançait jusqu'au pied de l'Edough, que les deux collines d'Hippone formaient des îlots au milieu des flots et que les premiers habitants civilisés de la région avaient construit un quai digue réunissant les deux îlots et asséchant le terrain situé en arrière. Elles s'appuient sur ce que tout le devant du monument a été trouvé formé de sable marin.
Il y a deux pierres d'achoppement à cette hypothèse : l'orientation est différente de celle de la ligne qui réunit les deux collines et l'extrémité sud ne rejoint pas la colline Est. La digue coupée n'est donc pas une digue.
Si c'est un rempart, il faut avouer que l'ingénieur qui l'a construit, était un bien piètre militaire pour l'avoir arrêté quelques mètres avant d'atteindre une élévation qui la dominait et qui aurait du être comprise dans l'enceinte fortifiée.
D'autre part, on a récemment trouvé des chapiteaux phéniciens à grandes feuilles de lotus de facture très ancienne. L'un d'eux était au pied même de la muraille. Leurs dimensions colossales (hauteur 0,60, largeur 0,65 au sommet et 0,40 à la base) semblent leur donner une parenté très étroite avec l'énigmatique monument qui, étant à chapiteaux, ne peut plus être qu'un monument, hypogée ou autre, mais pas une muraille ou un quai.
Enfin, la découverte de constructions semblables en avant du quai rempart rend absolument invraisemblable ces deux hypothèses.
Si ce monument n'est pas un hypogée égyptien on peut, en tous cas, sans risque de se tromper, en fixer la date minima au Xlème siècle avant notre ère et découvrir, dans ces constructions en bossage, les restes de l'emporium phénicien.
On a cru voir, en avant de cette énigmatique muraille, des salles puniques et romaines. Cette acception vient de ce que l'on trouve dans le sol plusieurs séries de mosaïques superposées souvent à 0,50 à peine l'une de l'autre.
L'une de ces salles a été dite des sacrifices. C'est une chambre carrée, pavée de petits cubes blancs et noirs figurant des dispositions géométriques. On a prétendu que c'était un temple, car les coeurs qui constituent la bordure sont pour la plupart formés de cubes rouges (coeurs enflammés). Il vaudrait mieux y voir des feuilles de lotus et des caducées de Tanit. Ces emblèmes phéniciens sont très fréquents dans les mosaïques romaines d'Afrique.
En arrière de cette salle, on a voulu voir l'emplacement de l'autel percé d'un trou et recouvrant une rigole par laquelle le sang des victimes s'écoulait vers la mer. On entrait, dit-on, dans ce temple, par un seuil accosté de deux bases de colonnes. A proximité de ce seuil, se trouvaient des fûts de colonnes ne lui appartenant pas par suite de la différence de diamètre avec les bases encore en place. Ce seuil porte deux tourillons en bronze et est marqué d'une trace circulaire faite par le frottement des portes. C'est du moins ce que l'on voit actuellement, mais il faut remarquer que ce seuil, comme le suivant, d'ailleurs, ne sont pas de même niveau que la salle dont ils coupent la mosaïque et ont appartenu à un autre monument.
Dans des salles voisines se trouvent des scènes nettement romaines, vivantes de couleurs et de dessin.
Les plus remarquables sont celles d'une salle de bains avec une piscine d'eau tiède (tepidarium). Le fond de cette dernière est formé d'une mosaïque invraisemblable de fraîcheur et de coloris. C'est un Triomphe d'Amphitrite, à trois sujets en triptyque superposé, a-t-on dit. Malheureusement, un seul des sujets est bien conservé, celui du centre ; le supérieur a été défoncé par un bloc de maçonnerie ; l'inférieur est en partie effondré. Le tout est entouré d'un cadre de toute beauté formé surtout d'enroulements de feuilles d'acanthe.
Plus loin, se trouve une salle dite de théâtre, dont le sujet, paraît-il, est unique au monde. La principale et la plus jolie figure, un Apollon, d'autres disent un Hercule, tenant la roue du Zodiaque, a été abîmée par un effondrement, ce qui a fait supposer, un peu à la légère, que sous cette salle, se trouvaient des galeries.
On a prétendu que toutes ces mosaïques romaines étaient celles du palais du prêteur ; elles étaient celles de la série supérieure du moins, lorsque on les a découvertes, recouvertes d'une couche de pouzzolane de 50 centimètres d'épaisseur, coulée, a-t-on cru, au moment des invasions vandales. Les colonnes furent retrouvées de place en place, couchées sur le sol dans un lit de sable. Ces dispositions ont fait supposer que les Romains, obligés de fuir devant les Barbares, avaient caché leurs richesses avec des précautions infinies. Il n'y a donc pas de raison pour qu'on ne découvre pas, un jour, leurs statues enterrées ; car, s'ils les avaient laissées à l'air libre, au moins en retrouverait-on des débris de place en place. Aussi, certaines personnes n'hésitent-elles pas à conclure qu'on les exhumera quelque jour prochain du fond de galeries encore invisibles.
C'est là une théorie très séduisante mais peu sérieuse. On a retrouvé des débris de statues de marbre ; on n'a retrouvé aucune trace de statues de métal, alors que l'on est certain tout au moins de l'existence d'une statue d'argent élevée par l'Hipponéen Salvius à l'empereur Hadrien. Mais il ne faut pas oublier qu'Hippone a été occupée par trois séries d'habitants qui, les uns aimaient beaucoup le métal précieux et les autres n'aimaient pas les statues. Les Vandales ont pu faire fondre les statues par cupidité ; les Chrétiens, par idée religieuse ; les Arabes, pour les deux raisons.
A côté de la propriété Chevillot, dans la propriété Dufour, on a découvert une série de grandes salles, où l'on a voulu voir la Basilique de la Paix, aménagée dans un bâtiment désaffecté. Des rangées de colonnes figureraient la nef ; un escalier conduirait à la crypte où aurait été enterré Saint-Augustin ; c'est une hypothèse un peu hardie. Quoiqu'il en soit, le sol est couvert de mosaïques merveilleuses, une scène de pêche, une autre de chasse, une vue de grande ville, une série d'animaux dans des médaillons séparés.
Ces mosaïques se recouvrent les unes les autres, et appartiennent à des époques différentes.
On croit voir dans les vestiges qui recouvrent les deux propriétés, quatre époques allant du 1er au Vème siècles de notre ère. Il est à remarquer que chaque étage de mosaïques est recouvert d'une couche de débris provenant du monument lui-même et épais quelquefois de cinquante centimètres à peine. Il est bizarre qu'au centre même de la ville, on ait laissé des monuments dans un état d'abandon tel que les constructeurs postérieurs aient ignoré l'existence des mosaïques de l'époque précédente. Etait-ce une façon de procéder habituelle chez les Romains, ou bien la ville actuelle subit-elle des perturbations telles que ses monuments les plus beaux aient pu disparaître presque complètement ? Je ne puis évidemment avoir d'idée très nette sur ces monuments mais je ne serais pas éloigné de croire que nous sommes en présence de magnifiques thermes, probablement ceux de Socius (1) que l'on croyait sur la colline Ouest où se trouvaient des citernes.
La nef avec ses colonnes pourrait être une piscine d'eau froide ou frigidarium. D'ailleurs, il n'y a pas de mosaïques dans l'entrecolonnement, l'escalier de la crypte est celui de la piscine, l'abside (qui serait à l'envers) est un laconicum, de remaniement d'ailleurs ; dans un coin du promenoir, on voit le trou d'écoulement des eaux de lavage.
Les scènes de chasse et de pêche se retrouvent dans presque tous les thermes ; celle de la pêche cependant n'appartient pas à la même époque ; les animaux pourraient former une table de jeu comme celle que l'on voit à Theveste.
La salle d'Amphitrite, de mosaïque exactement semblable, en plus petit, à celles des thermes de Tébessa, était un tépidarium ou piscine d'eau tiède. Dans les salles voisines, on peut voir encore aujourd'hui des restes d'hypocaustes et de substructions en briques, c'étaient les foyers, le caldarium et le sudatorium.
Le théâtre était une petite salle de spectacle fréquentée probablement par les lettrés ou simplement un salon de conversation. Au milieu de tout cela, circulaient force canaux coupés de place en place de bassins fermés contenant des réserves d'eau provenant des citernes. De plus, on aurait dû remarquer que toutes les arêtes de raccordement des murailles et des mosaïques sont arrondies pour éviter les infiltrations. Les ruines sont belles, l'imagination des archéologues l'est encore bien plus.
Quelques-uns d'entre eux, et non des moindres ont prétendu que les propriétés Chevillot et Dufour recélaient des monuments différents et ils ont appuyé leurs dires sur des écarts angulaires de quelques degrés dans la direction des murs (2). Je crois fermement que les deux parties, supérieures du moins, appartenaient au même monument. Plus tard, la partie Chevillot disparut sous sa couche de pouzzolane, la partie Dufour devint une maison à jardin intérieur dans l'atrium. L'escalier de la piscine disparut et on construisit à la place, à l'époque de Trigetius probablement, une fontaine dans une abside semblable à celle existant à l'Ouest de l'ancienne piscine. Cette fontaine devait être alimentée par le puits qui se trouve en arrière d'elle. Les Romains reconstruisirent, dit-on, le système hydraulique, mais il est douteux qu'en quatre années (431 à 435) ils aient songé à refaire toute la canalisation particulière. L'eau devait être amenée à la fontaine par une machine élévatoire quelconque.
Pour le reste des monuments, je partage pleinement l'opinion générale. Ils sont tous romains et d'époques différentes. Le fameux temple punique aux sacrifices humains est une fort honnête habitation privée, sous le seuil, élevé, mal à propos, à la dignité d'un autel, de laquelle passaient les eaux de pluie ou de lavage.
La célèbre basilique de la Paix pourrait, si elle n'est pas, comme c'est plus que probable, dans la propriété Dufour, être vue dans la propriété Chevillot. (3).
A quelques dizaines de mètres, au Nord des mosaïques d'Amphitrite, on aperçoit des ruines qui sont nettement celles d'une église. (4).
En arrière et à 1 m. 80 d'un portique, couvert en voûtes d'arêtes et formé de dix colonnes distantes de deux mètres environ, se trouve une muraille précédée d'une mosaïque à trois couleurs : blanc, noir et rouge. C'est la seule du monument, les autres sont bicolores. Le devant de la grande porte, quoique très usé par le frottement, est assez bien conservé. Il est précédé et suivi d'un seuil de marbre. Les mosaïques des côtés ne sont signalées que par un tout petit morceau, au sud.
La grande porte de 2 m. 85 d'ouverture, à quatre battants articulés deux à deux, était flanquée à droite et à gauche, d'une petite porte à deux battants. Les seuils de marbre de ces dernières portes ont disparu, mais dans le sous seuil de pierre de celle de gauche, ou remarque le trou d'un coup de ciseau qui, après avoir traversé le marbre, a attaqué la pierre.
Ces deux portes et le portique sont à peine visibles, c'est pourquoi ils ont été passés sous silence jusqu'à présent par les personnes qui se sont occupées de cette basilique.
Par ces trois portes, on entrait de plein pied dans une église orientée. Ouest-Est. Sa superficie, carrée de 17 mètres de côté, était divisée en cinq nefs formées par quatre rangées de trois colonnes, de Om70 (le soubassement, distantes de 3 ni. environ de l'Est à l'Ouest et de 2 m. 50 environ du Nord au Sud. Je dis environ, car toutes ces mesures sont différentes des voisines.
Le sol est mosaïqué, de façon très irrégulière, de tapis de formes, de dimensions et de dessins différents, chevauchant d'une nef sur l'autre. Ce sont des dessins géométriques neutres ou chrétiens, sauf deux bandes d'entre-colonnement, qui portent, par atavisme probablement, les feuilles de lotus et le caducée de Tanit.
La mosaïque du fond de ce carré, dans la nef centrale, a disparu et a été remplacée par un dallage de marbre et d'onyx en plaques irrégulières, de formes et de couleurs différentes. Au-dessous de ces plaques, se trouve un béton de briques concassées, recouvrant sept squelettes d'âge et de sexe divers:
La partie de l'Eglise faisant suite au carré, s'élève de trente-cinq centimètres. Elle est assise sur le mur phénicien. Sur la largeur des trois nefs centrales, elle forme un rectangle de 8 m. 50 de largeur sur 8 mètres environ de profondeur. On remarque, dans les murs latéraux de cette salle, des portes ouvrant au Nord et au Sud. Ces portes conduisent dans des salles rectangulaires, des sacristies (secretaria, pour employer le terme consacré) qui prolongeaient les nefs extérieures et communiquaient avec elles.
Il ne faut pas voir, dans ces murs, un doublement, à l'extérieur, de l'abside centrale. Cette abside n'est d'ailleurs pas déterminée encore, elle est à découvrir en grande partie.
Contre et au Nord de la sacristie Nord, se trouvait une petite chapelle ou memoria divisée en deux parties par une barrière ou concelli. La mosaïque en est très grossière, elle est formée, dans la partie du fond, par des briques rouges placées de champ, suivant des enroulements plus ou moins réguliers ; dans le reste, par des morceaux irréguliers de marbre noir.
Cette église semble, jusqu'à présent, remplir toutes les conditions de la Basilique de la Paix, autant que l'on peut en préjuger d'après les quelques mots qu'en dit saint Augustin dans ses différents ouvrages. (5).
La petite chapelle serait celle de Saint Etienne, où saint Augustin fit déposer, en 424, une partie des reliques du protomartyr.
Le secretarium, dans lequel une centaine d'évêques se seraient réunis lors du concile de 393, n'a jamais existé que dans l'imagination de certaines personnes ; aucun texte n'en parle. I1 ne faut donc pas s'étonner de ne pas le trouver ici, pas plus d'ailleurs qu'une crypte de haute invention.
Le dallage en onyx, formé de dalles irrégulières prises dans les demeures voisines (la maison Chevillot a été construite sur des plaques semblables), semble indiquer que, à un moment donné, il a fallu détruire la mosaïque et la remplacer par des moyens de fortune. Ne serait-ce pas au moment de la mort de Saint-Augustin, au cours du siège de 430 ? Le corps du Saint évêque fut transporté en Sardaigne en 499, comme on le sait.
Lorsque, pour s'assurer qu'il se trouvait trace de ce dépôt au-dessous du dallage d'onyx, on a, il y a quelques années, crevé le bétonnage sur lequel celui-ci reposait, on a trouvé sept corps, dont un squelette d'enfant. On en a conclu immédiatement que ce ne pouvait être la Basilique de Saint-Augustin, parce que les chrétiens n'auraient pas eu l'audace irrévérencieuse d'enterrer leurs morts dans le tombeau du Saint. C'est vraisemblable jusqu'à un certain point, niais qui prouve que ces sépultures. assez frustes, aient été de l'époque romaine ou mieux byzantine ? J'opinerai pour des ensevelissements faits par des chrétiens de l'époque arabe, de l'époque où le pape nommait un évêque à Bône et en informait le prince musulman. Et, là où d'autres voient un sacrilège, je serais bien près de voir un acte de foi. Il faut ajouter que l'Eglise de la Paix a dû exister longtemps après la ruine d'Hippone, car les traditions indigènes en parlent et c'est sur la foi de ces traditions que les Estraines Royales en mentionnent l'existence.
Je termine cette étude sur Hippone par une description de la ville, d'après ces documents et les monuments existant encore.
Certaines personnes ont cru devoir faire remarquer que la Seybouse, en se déplaçant continuellement vers l'Ouest, (ce mouvement attrait été constaté par plusieurs voyageurs à différentes époques et prouvés par MM. Fischer et Papier), a couvert de ses flots beaucoup de documents intéressants et a changé complètement l'aspect du pays. Ce n'est pas tout à fait mon avis. La Seybouse s'est, certes, déplacée depuis la formation du continent africain. Mais je cloute fort qu'elle ait, à un moment donné, voisin de la période qui nous occupe, oscillé de l'embouchure du Khelidj au pied du pseudo quai phénicien, soit sur une longueur de 7 à 8 kilomètres.
D'ailleurs, nous possédons un document irréfutable. C'est une mosaïque sise dans la propriété de Madame Dufour. Cette mosaïque que l'on a dénommée un peu à la légère de la Pêche, représente des pêcheurs dans le golfe de Bône ; l'avancée du fort Cigogne est très visible ; plus ail Sud, on aperçoit la ville d'Hippone et au bas du tableau, parfaitement orienté, on voit une rivière qui ne peut être que la Seybouse, car la Boudjimah est représentée sur le haut, et la ville se trouve, comme c'était normalement sa place, construite entre les 2 rivières.
M. Papier s'est appuyé sur la table de Peutinger pour prétendre que la Seybouse se jetait dans la mer à 5 milles ou 7 kilomètres du Pont d'Hippone. Or, sur cette table, le fleuve, contrairement à ce qui se passe pour d'autres cours d'eau, n'est pas représenté. Le long de la voie, il est simplement écrit : V Flumen Ubus, je crois qu'il faut en déduire que la route longeait le fleuve et le traversait 5 milles après avoir quitté la ville. D'ailleurs la table est de notre ère (IIème siècle) et il est inadmissible que la rivière ait subi un déplacement de 7 kilomètres en 1.700 ans.
Hippone était donc bâtie sur deux collines orientées Est-Ouest entre l'Ubus ou Tibitidi et l'Armua (Seybouse et Boudjima) (6) ; elle recouvrait un espace de 60 hectares environ et était entourée d'une enceinte de hautes murailles. Ces remparts devaient border l'Armua et l'Ubus et longeaient un canal qui, passant derrière les deux mamelons, joignait les deux rivières l'une à l'autre puis se prolongeait jusqu'à la mer vers le Khelidj, pour éviter les inondations du fait du lac Fetzara.
On ne sait à quelle époque ces fortifications disparurent sans laisser aucune trace. Les Vandales les respectèrent, car Procope, parlant d'Hippo Regius, emploie le mot fortifié.
Bélisaire arriva dans la ville fortifiée des Numides, située sur la mer, que l'on appelle Hippone Royale ". (7)
La plus élevée des collines, celle de l'Ouest, était couronnée d'un établissement militaire fortifié (8) qui servait de citadelle et de réduit et qui commandait tout le système hydraulique de la ville. Là, se trouvaient les piscines épuratoires et les citernes dans lesquelles se déversaient les captations d'eaux qui, nombreuses, sillonnaient la montagne.
Ces conduites se réunissaient avant de sortir de l'Edough, dans un aqueduc dont on peut suivre encore le parcours à la fontaine du Prince (9), sur la croupe de Sidi-Abib, au Ruisseau d'Or, dans les jardins de l'Orphelinat (10) près de la butte de tir, au confluent des deux lits de la Boudjima et presque au sommet de la colline Ouest, versant Nord.
L'aqueduc partait du massif de l'Edough, d'un point situé à 1.000 mètres d'altitude puis, après avoir parcouru 18 kilomètres, débouchait, d'après le principe des vases communicants, clans les piscines épuratoires, puis de là dans les citernes d'Hadrien.
Au XVIIIème siècle, on voyait encore " quatorze grandes citernes situées parallèlement sur deux rangs, bâties très solidement en briques et en pierres unies par un excellent mortier. On distinguait encore très bien les conduites par où passait l'eau. Les maures disaient que ce lieu était la résidence de Saint Augustin. " (11).
Cette tradition fit qu'au milieu du XIXème siècle, lors de la translation à Bône des reliques de Saint Augustin, certaines personnes étaient persuadées que ces citernes étaient les vestiges très abîmés d'un monastère ou même de la basilique de la Paix.
Ce fut lorsque la ville de Bône voulut rendre, en 1887, cet établissement hydraulique à sa destination première que l'on fut définitivement fixé sur ses dispositions primitives.
Ces citernes pouvaient contenir 12.000 mètres cubes d'eau. Elles couvraient un rectangle de 48 mètres de façade sur 38 m. 50 de côté et étaient divisées en deux parties : à l'Ouest, un bassin long de 40 m. 25, large de 17 m. 30, était divisé en 3 nefs par deux rangées de six piliers de 1 m. 60 de côté ; ces piliers portaient, concurremment avec des saillies des murs, des voûtes d'arêtes ; A l'Est, sept chambres parallèles entre elles, longues de 18 mètres, larges de 4 m. 80, étaient voûtées en berceau ; le pied de la paroi de séparation était percé de façon à les faire communiquer entre elles et en égalisant le niveau de l'eau, à diminuer la pression sur les murs et à régler le débit en été à l'aide de vannes.
Dans la face Nord, se trouvaient deux compartiments, l'un ovale devait servir de piscine épuratoire d'arrivée, l'autre rectangulaire servait de chambre de sortie et recevait l'eau par trois canaux.
Au dessus du mur central, se trouvait une galerie voûtée longue de 40 m. large de 1 in. 60 et haut de 2 m. 10 ; elle se réunissait à une autre galerie perpendiculaire à elle, placé au-dessus de la séparation des troisième et quatrième chambres ; cette dernière était large de 1 m. 29. Ces galeries étaient éclairées par des trous de voûte carrés et servaient à surveiller les bassins par les baies cintrées. (12)
De ces citernes, l'eau était distribuée dans toute la ville par des conduites dont le débit déjà réglé par les sept chambres de réserve était encore en fonction des nombreuses chambres d'eau cimentées que l'on trouve partout, dans le sous-sol actuel. Les eaux souillées étaient emmenées vers la Seybouse par des égouts à section carrée, également visible de nos jours.
Le plus célèbre des établissements desservis par ces conduites étaient les thermes de Socius dont j'ai supposé l'emplacement dans les propriétés Chevillot et Dufour.
Un théâtre, dit-on, s'élevait sur le versant Nord de la colline Ouest, de façon à avoir comme fond de scène, le spectacle grandiose du massif de l'Edough. D'autres le placent sur le versant Sud de la colline Est.
Le culte chrétien avait créé huit églises ou chapelles dans Hippone, six se trouvaient dans la ville même et les deux antres étaient dans les faubourgs.
La basilica major ou basilica Pacis avait une abside à laquelle on montait par deux degrés. Un concile fut tenu, en 393, dans ses nefs (13).
Une chapelle de Saint Etienne formait un bâtiment distinct à côté de l'église précédente. Sur la voûte de cette annexe, saint Augustin avait fait tracer quatre vers résumant l'histoire du protomartyr dont une relique était déposée sous l'autel.
La basilica Léontiana, fondée par Léontius, évêque d'Hippone et martyr. Ce personnage qui était honoré par les donatistes aussi bien que par les catholiques, périt dans le cours du IIIème siècle ou au commencement du IVème. Un concile fut tenu dans cette église, en 427 (14).
L'Eglise des Donatistes qui était proche de la basilique de la Paix, dit Saint-Augustin.
La basilique des Huit Martyrs, basilica ad octo martyres, que saint Augustin fit construire, par le prêtre Leporius.
La chapelle de saint Théogène, martyr et premier évêque d'Hippone.
La chapelle des vingt martyrs " ad viginti martyres quorum memoria apud nos oeleberrima " (15), en mémoire de Fidentius, deuxième évêque d'Hippone, de Sainte Victoire, de Saturninus, de Davitus... se trouvait à l'emplacement du marabout de Sidi Brahim (16).
La chapelle de Saint Gervais et de Saint Protais s'érigeait à Villa Victoriana.
En dehors d'Hippone, dans la plaine, au pied de l'Edough, se trouvaient, outre les postes militaires, de très nombreux établissements métallurgiques, ce qui prouve que les minerais du Bou Hamra, de la Beliliéta et d'Aïn-Mokra étaient déjà exploités comme le témoignent, en sus, les traces de scories rencontrées par M. Fournel, en 1844, en dix-huit points différents. "
Dans Hippone même, se trouvait un établissement de ce genre, ce devait être probablement la fabrique des armes nécessaires à la défense de la ville ; il se trouvait entre les deux mamelons et au pied de la colline Est ; en arrière du monument phénicien, un colon prétendait même que la charrue ne pouvait avancer.
Au pied de la colline Ouest, on remarque de gros blocs de maçonnerie sons lesquels se trouvent des souterrains s'avançant assez loin sous les terres. On avait pris ces souterrains pour ceux de la basilique de la Paix ou pour les carceres inferiores des prisons de la ville.
Plusieurs personnes ont prétendu que ces ruines étaient celles de la basilique. Une théorie s'est même créée dans ce sens s'appuyant sur ce que de tous temps, les indigènes appelèrent ces blocs : Glisa Roumi.
Un anonyme du XVème siècle, Marmol (1667), l'auteur de l'expédition toscane (1608) et le docteur Shaw sont de cet avis.
Je crois plutôt qu'il faut y voir des restes de l'enceinte berbère élevée sur des souterrains romains.
Sur les bords de la Seybouse, à mille mètres de son embouchure, en 1854, on voyait encore sur une longueur de 300 mètres, des dalles munies d'anneaux pour attacher les embarcations (17).
Un siècle auparavant, Desfontaines signala à cet endroit, les restes d'un ancien port ou quai presque entièrement détruit qui atteignait 300 pas de longueur.
Hippone, comme on l'a vu au chapitre II, était le point de départ de sept routes allant dans des diverses directions.
Ces routes sont mentionnées dans l'itinéraire d'Antonin (18), et dans la table de Peutinger (19). Un pont de 70 mètres de longueur et de 5 mètres de largeur et à cinq arches servait au passage de la route d'Hippone à Cirta par Calama. Il se trouvait et se trouve encore à neuf kilomètres d'Hippone, sur la Mebroubja et au confluent de cette rivière avec la Boudjima. Il a été presque entièrement refait de nos jours.
La route d'Hippone à Rusicada, par Tacatua, franchissait la Boudjima sur un pont de 98 mètres de longueur et 6 m. 80 de largeur. Il avait onze arches d'inégales hauteurs sous voûte.
Ce pont, situé aux portes mêmes de Bône, sert encore de passage à la route de Constantine.
Après le passage de la rivière, la route se divergeait en deux, la voie de Philippeville et un chemin (via vicinalis) qui condusait à l'Aphrodisium ou temple de Venus.
Certains archéologues placent cet Aphrodisium à l'emplacement actuel de l'Hôpital militaire, d'autres à la plage Lucquin.
D'après M. A. de Pouydraguin, signalé par Ptolémé (20) entre Hippone et le cap Stobovien, se trouvait à l'embouchure de l'Oued Kouba, à trois kilomètres Nord de Bône dans la propriété Letellier. " De nombreuses inscriptions funéraires, des colonnes, des chapiteaux, des restes de mosaïques nous prouvent en effet que les habitants d'Hippone possédaient là quelques maisons de campagne et il paraît vraisemblable d'y placer l'Aphrodisium de Ptolémée. "
Malgré mon peu de compétence, qu'il me soit permis de penser comme les premiers de ces archéologues ; en effet, la plage Lucquin était un peu éloignée d'Hippone ; elle est à trois kilomètres, tandis que l'hôpital est à deux à peine, " quinze minutes " dit Ptolémée. Mais, en dehors de cette considération de moindre importance, surtout si l'on admet l'hypothèse des maisons de campagne, la chapelle actuelle de l'Hôpital, ancienne mosquée de Sidi Mérouan, est supportée par une série de colonnes non pas semblables, ni comme dessin, ni comme style, mais absolument de même facture, c'est-à-dire de même grain, de même taille et de même diamètre. Aussi n'a-t-on probablement pas dû aller les chercher à Hippone, quoiqu'en disent Léon l'Africain et Monseigneur Dupuch, mais les relever sur place ; elles devaient supporter différentes salles de l'Aphrodisium d'où leur différence de style et leur similitude de facture.
Enfin et surtout un détail ignoré, le dessous de la cour de l'Hôpital est une immense citerne dont la voûte est supportée par des arches à colonnes semblables aux précédentes ; cette citerne n'a certainement pas été construite par les Arabes qui avaient des puits en ville, mais devait constituer une série de salles basses servant à l'accomplissement des mystères du culte de Vénus.
Toutefois je dois, en toute sincérité et loyauté, avoir recours à tous les documents.
Dans la situation de l'Afrique de Ptolémée, je relève : (21)
Ces coordonnées sont traduites de la façon suivante par le docteur Shace (22).
Promontoire Hippus 30 32 45.
Promontoire Stoborium 30 10 32 20.
Colonie d'Aphrodisium 30 20 32 30.
Hippone la royale 30 30 32 15.
Ces coordonnées sont prises suivant le méridien des embouchures du fleuve Malva dont la position est 11 10 34 10 jusqu'à sa fin qui est à 11 40 26 15.
Ce fleuve Malva, appelé aussi Molocha ou Mulucha, n'est autre que la Moulouia.
En effet, on lit dans l'itinéraire d'Antonin " Flumen Tilalva dirimit Mauretanias duas, incipit Coesariensis ".
Et dans J. Honorius :
" Fluvius Malda nascitur sub insulas Fortunatas, circuiens ex treman partem Mauritanoe, interdicens inter Barbares et Vacuates, vergit inmare quod appellatur Columne Ercules. "
D'après ces coordonnées, on remarque que l'Aphrodisium se trouvait à égale distance entre le cap de Garde et Hippone. Mais il ne faut pas oublier que Ptolémée fait suivre ce qui implique forcément la présence de plusieurs habitations. Mais si l'on admet avec le capitaine de Pouydraguin, et c'est incontestable, qu'à la plage Lucquin se trouvent des traces d'habitation, si l'on remarque que de l'hôpital militaire actuel à la plage Lucquin, le terrain descend lentement, couvert de jardins et de plantations, on peut conclure qu'un groupe d'habitations voisines du temple, habitées par de riches propriétaires, peut-être même par des desservants ou des employés du temple, se trouvait à la plage Lucquin et cela me confirme d'autant plus dans mon opinion que, dominant cette colonie, devait s'ériger le monument consacré à Vénus et où aurait-il été mieux placé que sur le roc de Sidi Mérouan et de l'Hôpital ?
En face de l'Aphrodisium, sur la colline où s'élève actuellement la Casbah de la nouvelle ville, se dressait la tour de la vigie maritime, tandis que dans le dévalement de ses flancs, vers la petite plaine, les villas et les jardins se succédaient en pittoresques terrasses. (23)
On a prétendu avoir découvert, entre le château d'eau et l'hôpital civil des tombeaux romains. Que l'on a dit être de chevaliers parce qu'il s'y trouvait des monnaies quinaires et l'on a dit que c'était là que Jugurtha avait assis son camp lorsqu'il assiégea son cousin Adherbal dans Hippone.
Cette prétention est assez peu justifiée. Ce camp était trop éloigné d'Hippone. Jugurtha eut des troupes à la romaine, mais non romaines. Enfin les pièces d'or étaient de Jules César et de Minenius Agrippa, personnages qui n'étaient pas encore nés au moment de la mort de Jugurtha.
Ces tombeaux étaient ceux de quelques Hipponéens de grande famille et les monnaies étaient quirinaires, c'est-à-dire de la tribu Quirina de laquelle la ville faisait partie.
Je ne voudrais pas terminer cette modeste étude sur Hippone sans adresser un hommage respectueux à M. et Madame Chevillot. Malheureusement, ma plume est peu experte et je ne saurais mieux faire que de faire un nouvel emprunt à l'" Hippone " Si poétique de Madame Magali Boisnard.
IV
" Ils sont deux.
" Ils ont connu les moissons roses du matin, les moissons blondes du midi. Maintenant c'est la moisson mauve du soir.
" Ils disent :
" Que nos gerbes soient faites avec des épis de repos.
" Et n'est-ce pas le désir de ceux qui ont moissonné longtemps les champs de la vie ?
" Sous un toit paisible, ils ont abrité leurs vieilles amours. Mais voici qu'ils se sentent troublés par d'imprécises choses.
" Autour d'eux, devant leur seul, sous leurs pas, la terre est bruissante.
" Il semble qu'une voix parle
" Je suis le passé. La terre m'est lourde. Un suaire de poussière et d'oubli m'enveloppe. Déchirez mes ténèbres...
***
" Sous les mains toujours laborieuses, la terre s'est ouverte. Lentement, doucement, le suaire a été déplié....
" Et ce sont les blocs monstrueux qui apparaissent, l'hypogée géante, où l'amoureuse Lala dort son sommeil séculaire en son étincelante immobilité.
" C'est le passé punique, la salle des sacrifices où fut dressé l'autel de Moloch où pour le Dieu, le sang répandu mit sa vapeur chaude.
" C'est enfin, sous des verveines, la basilique chrétienne, les plaques d'onyx qui protégèrent le sépulcre de l'évêque d'Hippone et tout près, l'épanouissement toujours vivant, immobile, des mosaïques du palais romain.
" Dans les herbes de la moisson mauve, il s'est glissé un épi de gloire.
" Mais pour ceux qui sont las de cheminer, ne serait-il pas juste d'y joindre la quiétude au sein de laquelle, paisibles, sonneraient les ultimes heures ? " (24).
(1) A. Maitrot -- Les thermes de Socius (en préparation).
(2) F. G. de Pachtère. Les nouvelles fouilles d'Hippone-Mélanges d'archéologie et d'histoire - Ecole française de Rome (1911).
(3) L'abbé Leroy. - Echo d'Hippone (1903). Le plan qui est donné dans la planche des ruines d'Hippone est celui dressé par le savant chapelain de Saint-Augustin. Des découvertes récentes ont permis de modifier ce tracé suivant les dispositions énoncées ci-contre.
(4) A. Maitrot. -- Théveste - la basilique (1912).
(5)Le mot Seybouse vient très vraisemblablement de Ubbus.
Le mot de Boudjima est nettement Arabe. Il a été traduit par rivière de la Mosquée et certaines personnes sont allées jusqu'à dire que les Arabes auraient fait allusion à l'église de la Paix qu'elle contournait. Le véritable nom serait plutôt Bedjima rivière des tamarins.
(7) Bell. Vand... II 4.
(8) L'époque de cet établissement est assez difficile à déterminer. Les vestiges que l'on a trouvés lorsqu'on a pratiqué des fouilles pour les fondations de la basilique actuelle, ont fait découvrir une citadelle byzantique, mais il est probable qu'il y a dû avoir là, de tout temps, un poste militaire.
(9) Ainsi nommée et non des Princes à cause d'une visite que vint y faire le duc d'Aumale, à son passage à Bône, en 1844.
(10) Restes des 9 arches que le génie fit sauter pour le passage de ta route.
(11) Desfontaines. Voyage dans les Régences de Tunis et d'Alger, tome II (1783).
(12) S. Gsell, - Monuments antiques de l'Algérie:
(13) A. Maitrot. - La question de la Basilique de la Paix.
(14) Abbé Leroy. - Bello d'Hippone.
(15) St-Augustin. Civitas Dei XXII. 8-9. Sermo CDLXIII.
(16) Mg. Dupueh.
(17) M. Papier. - Lettres sur Hippone. - Bon Baude (1836)
(18) Cet itinéraire, compilé en 375 par l'Istriote Ethicus fut publié par les ordres d'Antonin.
(19) Cette table remonte, d'après d'Avézac, à Constantin, d'après Mannert, à Alexandre Sévère (222 à 235), d'après d'autres, à Théodose II (408 à 450) ; elle fut retrouvée à Worms en 1507 par un savant Allemand nommé Peutinger.
La table était divisée en deux parties. Dans l'une, l'observateur était placé à Rome, dans l'autre à Carthage et il était supposé voir filer devant lui et dans un seul faisceau serré, les routes qui partaient de ces deux villes. On s'occupait peu des directions et des distances en mille étaient portées en chiffres romains sans que les proportions graphiques fussent gardées.
(20) Livre IV, Ch. 3.
(21) Tissot les place au cap de Garde et à la Voile Noire, parce que, dit-il cette pointe est quelque fois appelée la Vache Noire et c'est ce qui explique que Ptolémée l'ait appelée Tête de Cheval. - Exploration scientifique de la Tunisie. L. I. p. 155.
(22) Pasteur anglican et explorateur du XXIIIème siècle.
Voyages de M. Shaw. M. D. dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, contenant les observations géographiques, physiques, philologiques et mêlées sur les Régences d'Alger et de Tunis, sur la Syrie, l'Egypte et l'Arabie Pétrée avec des cartes et des figures.
Traduit de l'Anglais à la Haye chez Jean Neauline.
(23) Abbé Leroy. - Notice sur Hippone, (1905).
(24) La propriété Chevillot a été achetée 100.000 francs par la ville à la suite d'une convention en date du 11 janvier 1908, approuvée par décret du 13 janvier 1909.
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A SUIVRE
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INSTITUTEURS DANS LE BLED
Renée TURREL
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Mon premier poste dans l'enseignement a été un petit village de la région de Djidjelli (TAHER), j'y suis restée un an puis Saint Arnaud près de Sétif, retour à Djidjelli, et affectation ensuite à la Meskiana.
La Meskiana est un petit village paisible où vivent quelques familles européennes. Chef lieu d'une commune mixte (ce qui pourrait correspondre à un canton en métropole, mais avec des pouvoirs plus étendus) situé dans une plaine marécageuse arrosée par l'Oued Meskiana. Desservi par un service d'autobus qui circulent entre Constantine et Tébessa, via Ai Beïda, mais aussi par la ligne de chemin de fer reliant Tébessa (Théveste) cité naissante d'un grand avenir) carrières de phosphates de chaux (OUENZA, LE KOUIF) et sa région aux importantes ruines Romaines (Arc de CARACALLA, temple de Minerve). Quelques belles villas enjolivent le petit bourg. Un groupe scolaire important a été bâti, il est fréquenté par de nombreux enfants, il est dirigé par Monsieur NORMANDIN un métropolitain venu avec son épouse dispenser le savoir. Très peu de richesses, dans ce bourg, quelques jardins, des étendues de céréales dont les récoltes dépende de l'abondance et de l'opportunité des pluies. A quelques kilomètres de là, YOUKS les Bains, situé près d'une source thermale ( eau sulfureuse).On y voit d'un côté les restes d'un petit temple en amont d'un cirque montagneux où l'oued YOUK prend sa source avec des gorges aux curieuses stratifications.
J'ai donc enseigné à la Meskiana pendant une année scolaire, puis j'ai rejoint la petite Kabylie à TALMAT, un douar à 7 km de Béni-Ourtilane à 45km de LAFAYETTE et 80 Km de BOUGIE. Avec mes collègues ( Mme et M FOURCADE) j'ai poursuivi ma mission "celle de faire évoluer le peuple dans la connaissance" .Il nous fallait faire 7 km à pied ou à dos de mulet (aucun moyen de transport) pour nous ravitailler en denrées ou en pain.. Mes élèves était intéressants toujours avides d'apprendre Là j'ai découvert la culture Kabyle et leur hospitalité.
Mon changement devint obligatoire et je fus nommée à Mac-Donald (octobre 1954) petite bourgade à 15 km de SETIF, j'y suis restée 3 ans. Des moments qui sont restés incrustés dans mon esprit. Peu d'européens (4 familles) mais une ambiance très chaleureuse, le soir nous nous retrouvions chez les GAILLET ou BARSOT pour nous encourager mutuellement et surtout nous sentir un peu plus en sécurité. Bien souvent les patrouilles militaires stoppaient devant la demeure ou devant l'école vers 3 heures du matin pour prendre une boisson chaude ou un petit verre d'alcool, nécessaire en cette période hivernal (1050 m d'altitude). Mon changement en octobre 1957, à M'Sila, me rapprocha de mon époux exerçant dans la région (DJORF). Lorsque je pris possession de la direction de ce groupe scolaire, il n'y avait que 5 classes, 5 ans après, en juin 1962 il y en avait 17, l'effectif étant passé de 224 à 819 uniquement des filles (dont 21 européennes).
C'est avec plaisir que j'ai enseigné dans cette localité, les collègues en grande majorité des Instructrices (12) venant de France, très jeunes (18/19 ans) ne connaissant pas grand chose de l'Algérie et très peu de pédagogie. La formation qui m'incombait en partie n'a jamais posée de problèmes particuliers, la bonne volonté et la ténacité de mes jeunes collègues m'ont facilité la tâche. Les résultats en furent prolifiques et les entrées en 6éme ou les réussites au certificat d'Etudes que j'ai obtenues sont le fait de leur enseignement et de la bonne pédagogie qu'elles ont su acquérir en très peu de temps. La fête des écoles et les lendits scolaires placés sous la surveillance des hautes autorités administratives et militaires, peuvent témoigner de l'importance de ces moments privilégiés.
Nous pouvons remercier toute cette jeunesse de France et d'Algérie qui en rentrant dans le corps des Instructeurs puis des instituteurs, a oeuvré pour le rayonnement de la France et de l'éducation Nationale, en marquant parfois en lettres de sang et au sacrifice de leur vie (179 morts), le livre d'or de l'oeuvre éducative Française dans les départements d'Algérie.
Instructrices, Instructeurs, Institutrices Instituteurs, Professeurs de Cours complémentaires, Instituteurs itinérants soyez fiers d'avoir dispensé vos connaissances à des enfants qui aujourd'hui peuvent prétendre à diriger leur pays…
Mme Vve Paul CIANFARANI (Batna).
Regrets
Dernier Premier Octobre... déjà bien trop lointain
Qui ne reviendra plus pour ma joie et ma peine,
Pour mon désir d'aimer et l'immense besoin
De vous revoir encore lorsque l'heure s'égrène...
Ma classe ensoleillée dans le matin tout clair,
Ma ruche bourdonnante et tous ces jolis yeux,
Grands ouverts pour moi, pour s'instruire et me plaire
Par un labeur ardent, dans un élan joyeux !
Vous tous, petits repus, beaux enfants de notables,
Bien vêtus, bien nourris, tout emplis d'espérance,
Et vous, chers petits gueux, sans foyer et sans tables
Pauvres déshérités, compagnons de souffrance...
L'hiver vous vous chauffiez au poêle qui ronronne,
Tendiez vos mains bleuies vers les flammes dorées
Et le jour s'enfuyait, riant ou monotone,
Vos têtes s'inclinaient sur la page, affairées...
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J'oubliais près de vous la nostalgie de vivre,
Le mal et la douleur et les menus soucis...
Nous avions un ami commun... C'était le livre,
Les pages s'éclairaient et chassaient nos ennuis !
0 vous qui m'écoutiez et vous tous qui m'aimiez,
Gardez mon souvenir, un peu de cette flamme
Dont je vous réchauffais, sans détour, sans compter,
Gardez-la pieusement tout au fond de votre âme !
Souvenez-vous de moi qui, très faible et vieillie,
M'éteindrai un beau soir entourée de prières...
J'aurai glané ici le meilleur de la vie,
Possédé l'infini en versant la Lumière !
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A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
Par MAXIME RASTEIL (1930) N° 4
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EUGÈNE FRANÇOIS Mon ancêtre
Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
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J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto
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PREMIÈRE PARTIE
EN ROUTE POUR L'ALGÉRIE
Les Marseillais, habitués cependant à voir chez eux des gens de tous les pays, ne manquèrent pas de réserver un curieux accueil au défilé de notre caravane. Quelques autorités vinrent même, par ordre, nous apporter leur salut et leurs encouragements.
Dans le Midi, les belles paroles sonnent bien et sont monnaie facile, mais en attendant le Labrador, c'est-à-dire la vieille frégate sur laquelle nous devions embarquer pour faire route sur l'Afrique, nous n'en fûmes pas moins condamnés à subir un stationnement des plus inconfortables dans les bâtiments du Grand Lazaret, où chaque famille se débrouilla comme elle put.
Ah ! ce fut encore un beau grouillement que ces quinze cents hommes, femmes et enfants réunis dans cette enceinte, où il fallait enjamber les groupes à terre sur des matelas afin de se retrouver les uns et les autres.
Pour occuper les loisirs de ce séjour forcé, la plupart des émigrants faisaient de longues promenades dans les rues de Marseille, courant les magasins, s'attablant aux terrasses des cafés, des restaurants et des pêcheries, au détriment de leur bourse déjà très entamée.
Un après-midi, mon père nous emmena rendre visite à un nommé Dauphin, cordonnier, qui était le frère d'un de ses meilleurs camarades de Paris. Ce brave homme nous fit fête, tant il était heureux, avec sa femme, de lier connaissance avec toute la famille sur le point de s'expatrier.
Après une semaine ou peu s'en faut de ces allées et venues, la nouvelle se répandit que le Labrador avait tout de même fini par arriver sur rade, et avis nous fut donné de transporter d'urgence nos bagages sur les quais pour assurer leur chargement sur le navire en partance.
Pendant je ne sais combien d'heures, ce fut alors une interminable procession de voitures, camions et charretons à bras véhiculant vers la parcelle désignée les mobiliers usagés les plus divers, armoires, buffets, lits, tables, chaises, bancs, colis de vaisselle, batteries de cuisine, etc., etc., formidable fouillis Qui s'engouffrait au petit bonheur dans le ventre de la vénérable frégate sans qu'il fût délivré aux porteurs des bulletins ou des étiquettes d'enregistrement.
Chose singulière, personne ne se demandait de Quelle façon charme famille pourrait s'y prendre pour retrouver son bien !arsenic le bateau arriverait à destination. C'était là, il est vrai, le dernier des soucis des organisateurs du convoi et du personnel maritime.
Et ce fut bientôt notre tour d'escalader l'échelle du Labrador qui appareillait.
Je n'oublierai jamais cette matinée de décembre où le mistral, furieux depuis la veille, claquait dur par le travers du Château d'If.
Ils sont tous là, appuyés aux bastingages, les futurs Colons de Mondovi, de Barral, de Nechmeya et de Penthièvre, les uns inconsciemment joyeux, les autres déjà remplis de crainte ou pris de malaise au moment d'affronter l'immense étendue d'eau où les vagues courent comme des furies.
La frégate poussive a péniblement levé l'ancre, et la voilà qui' quitte le port avec une remarquable lenteur, en rasant les môles où des bras et des mouchoirs s'agitent pour répondre aux acclamations des émigrants.
O surprise ! dans la foule des gens à terre, nous apercevons les époux Dauphin qui ont voulu assister à notre départ et qui nous suivent de leurs signaux d'adieu.
Peu à peu, c'est la façade grisaille de la ville qui semble nous fuir, avec, se découpant sur le ciel, la silhouette de Notre Dame de la Garde, tandis que ce pauvre Labrador pique péniblement vers le Sud dans l'éclaboussement de ses vieilles roues en planches et à la vitesse d'une tortue de mer.
Les plus courageux auraient bien voulu demeurer sur le pont, au grand air, pour jouir du spectacle des îles et de la côte, et beaucoup firent des efforts pour tenir tête au vent qui se fâchait de plus en plus. Mais les effets du roulis ne tardèrent pas à se faire sentir et à les rendre affreusement malades, à telle enseigne que dans l'entrepont, où se retrouvèrent entassés tous les passagers du bord, ce fut bientôt un indescriptible concert de hoquets, de plaintes et de vomissements.
Je n'exagère pas en disant que pendant les cinq jours et les cinq nuits que dura la traversée, les émigrants, qui regrettaient amèrement les rives de la Seine, eurent le loisir de se délester de tout ce qu'ils pouvaient encore avoir de parisien dans le corps.
Mais il n'est pas de voyage qui n'ait tout de même une fin. Vers le milieu de la sixième journée, la côte algérienne nous apparut et nous entrâmes bientôt dans le golfe de Bône.
Prévenue par le coup de canon que l'on tirait à chaque arrivée d'un courrier de France, la population s'était portée en masse sur les quais pour nous recevoir. Au premier rang de la foule, il y avait M. Lacombe, premier maire de la commune nouvellement créée, ainsi que l'abbé Banvoy et plusieurs officiers de la garnison.
Dès l'abord, l'aspect de la ville nous sembla plutôt rébarbatif avec la ceinture de ses vieilles murailles turques, rongées et lézardées, qui la défendaient du côté de la mer. L'agglomération en amphithéâtre se composait surtout de bâtiments militaires, dont quelques-uns en cours de construction, et elle était dominée par la forteresse de la Casbah émergeant d'une verdure sombre.
C'est là, nous apprit-on, que le capitaine d'Armandy, à la tête de trente fusiliers marins de La Béarnaise, avait accompli l'escalade qui fit tomber la citadelle du farouche bey Ahmed au pouvoir de la France.
L'admiration de ce fait d'armes historique ne nous empêcha point de trouver interminable la manoeuvre d'accostage du Labrador, tant nous avions hâte de descendre à terre après une traversée aussi dure, dont nous sortions défaits, rompus et moulus de tous nos membres.
Dès que nous eûmes enfin retrouvé avec joie le plancher des vaches, comme disait mon père, nous primes contact avec les autorités. I1 y eut des présentations et des souhaits de bienvenue, puis, précédé d'une musique, le convoi se mit en marche par la porte de la Marine et fit une première station au Café de la Croix de Malte, à l'angle de la rue de Constantine.
Là, il y eut un vin d'honneur offert par la Municipalité aux arrivants, après quoi, on nous procura des logements provisoires dans les casernes, où nous connûmes la chambrée comme les soldats.
Aussitôt qu'il nous y eut installés, le galant capitaine préposé â la conduite du détachement depuis le départ de Paris, et qui s'était montré si empressé auprès des plus jolies " colonnes ", nous tira sa révérence, sa mission étant, paraît-il, terminée.
Adieu, bonsoir la compagnie!
Le lendemain, une convocation en règle appela tous les nouveaux débarqués sur la placette de la Marine, aujourd'hui place Faidherbe, cour entendre le discours du colonel Eynard, commandant les troupes de Bône.
Inutile de vous dire que cet officier supérieur nous harangua avec beaucoup d'esprit du haut AI balcon que l'on peut voir encore au premier étage de l'immeuble où se trouvent actuellement les bureaux de l'Enregistrement et des Domaines.
je me souviens parfaitement que pour écouter les paroles de l'honorable Colonel, nous étions tous serrés, empilés, les hommes debout, les femmes et les enfants assis sur des bornes ou couchés sur le sol, car l'emplacement était vraiment trop exigu pour contenir tant de monde.
Ce que nous entendîmes fut, à quelque chose prés, la répétition des exhortations vibrantes que, lors de notre mise en route, nous avait adressées le général Cavaignac sur les quais de Bercy. Le commandant de la place de Bône y ajouta l'assurance que l'Administration et l'Armée rivaliseraient de zèle pour favoriser la grande tâche des Colonies agricoles.
- Vous pouvez compter, s'écria-t-il en terminant, sur toute la sollicitude du Gouvernement de la République !
Un roulement de tambours et des applaudissements qui provenaient autant des nombreux curieux accourus que de nous-mêmes, marquèrent la fin de cette manifestation oratoire, à l'issue de laquelle nous nous dirigeâmes en masse vers le quai, où nos bagages extraits des cales du Labrador avaient été placés sous la garde des douaniers et de la troupe, en attendant qu'il en fût pris livraison.
Ah ! C'est pour le coup que la confusion, la surprise et le mécontentement furent à leur comble. Tous ces colis, malles, meubles, ustensiles les plus divers, gisaient sur le sol dans un inextricable chaos et sans désignation d'aucune sorte permettant à chaque famille de colon d'en revendiquer la propriété.
Dans cet embrouillamini, une mère vache aurait eu de la peine à retrouver son veau. Cela ressemblait fort à la fameuse foire d'empoigne, où les plus débrouillards se servaient à leur guise sans se soucier de savoir s'il ne manquait pas quelque chose aux camarades en peine de retrouver leur bien.
Il y avait en effet beaucoup d'objets manquants, mais auprès de qui vouliez-vous réclamer? Mieux valait ne rien dire et se contenter de ce que l'on pouvait repêcher à soi dans les remous de cette indescriptible bagarre.
Tout cela était bien fâcheux, sans aucun doute, mais les plus accommodants en prirent leur parti.
-- Bah ! Se dirent les moins maltraités par le sort, nous nous rattraperons vite de ces pertes minimes, lorsque nous serons installés sur notre concession de sept hectares et que nous serons devenus les rois de la plaine !...
A SUIVRE
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.
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LE MONT PAPPUA
Par Paul BAYLET N°2
Envoyé par Mme Gauchi
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Préface de Erwan MAREC
Extrait du bulletin N°38 (1938-1961)
De l'Académie d'Hippone
Bône Imprimerie Centrale
GELIMER
Sa fuite après la défaite, son dernier refuge
avant sa reddition et sa captivité
Le 15 juin. 530, à la tête d'une sédition, GELIMER, indigne arrière-petit-fils de GENSERIC et dernier roi vandale, détrône et jette en prison le roi légitime HILDIRIC, vassal et ami de l'empereur byzantin JUSTINIEN. Il le fait même égorger sans pitié trois ans plus tard par son frère AMMATAS, dès que le général BELISAIRE débarque (sans coup férir) à CAPUT VADA, au sud de CARTHAGE, à la tête d'une expédition envoyée de Byzance pour délivrer le prisonnier et châtier l'usurpateur.
BELISAIRE remporte sur le roi une première victoire dans une bataille qui coûte la vie à AMMATAS, en un lieu que l'on situe à dix milles à l'Ouest de la Capitale vandale car il a pour nom AD DECIMUM. Deux jours plus tard, le 15 septembre 533, il occupe CARTHAGE qu'il trouve sans fortifications, sans organisation défensive et sans chef, GELIMER s'étant attardé à pleurer sur le corps de son frère...
Le roi se retire dans la plaine, en direction de BULLA REGIA, et appelle à son secours son second frère TZAZON qui se trouve à ce moment en Sardaigne où il vient de mâter la révolte de GODAS. Il revient avec sa flotte et débarque " à la l'imite de la Maurétanie et de la Numidie ". Il rejoint GELIMER et tous deux livrent à l'armée byzantine, à une quarantaine de kilomètres de CARTHAGE, sur la route de THEVESTE, la bataille de TRICAMARA qui marquera l'effondrement total et définitif de la puissance vandale.
Pourtant BELISAIRE, malgré trois assauts furieux et malgré la mort de TZAZON au cours du combat, n'a pas encore remporté une victoire décisive lorsque vient la nuit. Alors que tout est loin d'être perdu pour lui (1), GELIMER, désemparé par la mort successive de ses deux frères, s'enfuit secrètement sur la route de NUMIDIE (2), avec sa famille et quelques gens de sa maison, abandonnant à un sort tragique ses compagnons d'armes dans le désarroi d'une armée vaincue puisque privée de chef, transformant le revers en débacle, la défaite en désastre final.
Cette inconcevable lâcheté suffirait déjà à dépeindre le caractère de notre triste héros, dégénérescence d'une lignée de conquérants fiers, courageux et - ma foi - ni plus dévastateurs ni plus sanguinaires que les autres conquérants de l'époque. Arrogant, jouisseur et cruel dans le pouvoir, veule et pusillanime face à l'ennemi, suppliant et larmoyant devant son vainqueur, il est, au surplus, bassement égoïste et vénal.
Il avait pris soin, avant la bataille, de faire charger ses trésors sur une flotte que commandait son esclave affranchi, secrétaire et intendant BONIFATIUS. Elle l'attendait à HIPPONE pour, en cas de sort contraire, l'emporter en Espagne où il conservait quelques amitiés. Cette flotte est évidemment, à mon sens, celle qui avait amené TZAZON de Sardaigne et dont PROCOPE ne parle plus après le débarquement de ce dernier. Ce point a son importance (3).
Naturellement donc, c'est vers HIPPONE que le fuyard dirige les pas de ses chevaux, bientôt pris en chasse par une petite troupe de guerriers rapides commandée par JEAN L'ARMENIEN, l'un des meilleurs capitaines de BELISAIRE, lequel se propose d'ailleurs de les suivre à son tour dès qu'il aura assuré sa victoire et, surtout, pris des dispositions pour empêcher le massacre des vaincus et le pillage.
GELIMER, géné dans sa marche par de multiples impedimenta, n'eût pas tardé à être rejoint sans un accident malheureux survenu à JEAN L'ARMENIEN, tué par la flèche qu'un de ses officiers, du nom d'ULIARIS, avait tirée vers un oiseau. BELISAIRE arrive, inhume et pleure longuement - comme l'exige la décence - ce second qu'il aimait entre tous. Il perd ainsi un temps précieux et, lorsqu'il arrive à HIPPONE, il apprend que le roi vaincu N'Y EST PAS. (4)
A son approche, alors qu'il est déjà aux portes de la ville, BONIFATIUS a levé l'ancre et mis à la voile malgré une mer démontée (décidément, tout se ligue contre GELIMER et les Dieux aryens ne lui sont plus favorables). Vaincu par la tempête, il est contraint de revenir au port et de remettre au général, vaisseaux et trésors. Il lui livre aussi le secret de la direction prise par GELIMER pour rejoindre le lieu de rendez-vous assigné à sa flotte.
Il ne fait aucun doute que, se trouvant seul au point de ralliement, le roi n'a pu que se réfugier à proximité du port, dans la montagne Pappua qui le domine. Il est devenu une proie facile. Renonçant à aller lui-même le saisir, à cause de l'hiver et parce qu'il doit retourner à CARTHAGE pour y régler des affaires urgentes (peut-être aussi parce que cet hallali lui répugne), BELISAIRE charge son Lieutenant PHARAS de continuer la poursuite avec ses 400 hérules, cavaliers légers et rapides qui atteignent enfin le refuge de GELIMER, à la limite de la NUMIDIE (5).
Voici la description qu'en donne PROCOPE :
" C'est une montagne escarpée et extraordinairement inaccessible (sa cime est hérissée de toutes parts de rochers élevés)... sur les contreforts de la montagne gisait une ville ancienne du nom de MEDENOS (6). C'est là que GELIMER s'est arrêté net, y trouvant pour lui-même et pour sa famille, le refuge espéré " (7),
Les 400 Hérules, mettant pied à terre et devenus fantassins, se lancent à l'assaut de la position... mais doivent se retirer avec 110 hommes hors de combat. Ils se résignent à mettre le siège autour de cette sorte de forteresse naturelle.
Ils le soutiendront pendant près de quatre mois, jusqu'en avril 534, avant que GELIMER, vaincu par le froid, la faim, la misère, la maladie, le désespoir, les multiples souffrances endurées par lui et par les siens, ne consente à se rendre à CYPRIEN, envoyé par BELISAIRE pour recevoir cette soumission, moyennant la promesse que la vie lui sera laissée et qu'il sera traité avec humanité.
On verra plus loin que BYZANCE tint son engagement et se montra même, à l'égard du roi déchu, pleine d'une mansuétude qu'il ne méritait en aucune façon.
(1) Ch. DIEHL, " L'Afrique byzantine " pp. 25-26, " ... alors que le moindre retour offensif eût suffi à balayer ces troupes (grecques) disloquées qui n'écoutaient plus leurs chef;, GELIMER galopait dans la huit... "
(2) PROCOPE
(3) C. DIEHL, " L'Afrique byzantine ", p. 13, " ... on ne voit point que GELIMER disposât d'autres navires ".
(4) Noter la différence avec le terme " n'y est plus " qu'ont employé la plupart des auteurs, laissant ainsi entendre que GELIMER était entré à HIPPONE puis en était ressorti pour se rendre au Mont PAPPUA. PAPIER (" du Mont Pappua ", p. 100) fait justement remarquer que PROCOPE n'a nullement dit cela. Il attribue l'erreur à l'emploi probable d'une traduction du grec en latin par le savant DINDORF, "cognovit non posse a romani tapi Gelimerem, occupato jam monte Pappua ", laquelle ajoute l'adverbe " jam " qui n'a point son équivalent dans le texte grec. De plus, ce traducteur utilise le participe passé (occupato) alors que l'historien emploie l'infinitif.
Enfin, selon le texte, GELIMER ne s'est pas " rendu " au Mont PAPPUA, mais s'y est " arrêté " On devrait dire " y a stoppé ".
(5) Que l'on traduise " à la limite ", " à l'extrémité ", " à la frontière ", au fond ", " au bout " de la NUMIDIE, ainsi que l'ont fait les différents commentateurs en chicanant stérilement parfois, cela n'aura plus guerre d'importance quand on aura, comme j'essaierai de le faire plus loin, déterminé ce que PROCOPE entendait par NUMIDIE et où il situait les limites de ce territoire.
(6) Certaines éditions écrivent " Mèdéos ".
(7) Remarquons, dès maintenant, que :
a) L'emploi du verbe " espèré " rend indiscutable l'idée que GELIMER s'est littéralement terré, écrasé en cet endroit d'où il n'entend plus bouger, y trouvant repos et provisoire tranquillité. D'autre part, s'il a " trouvé " là le " refuge espéré ", c'est manifestement qu'il ne l'avait point fixé à l'avance, comme on l'a laissé entendre dans la plupart des interprétations (trop hâtives, à mes yeux, et non pas tendancieuses, bien entendu).
b) PROCOPE ne dit nullement que GELIMER s'était réfugié dans la ville (encore une traduction erronée parce que trop rapide). D'ailleurs, sauf très rares exceptions -- dont HIPPONE, qui avait eu le privilège de conserver ses remparts - les villes vandales, n'ayant plus de fortifications, ne pouvaient résister à une attaque et encore moins soutenir un siège.
c) La description que PROCOPE donne des habitants ne fait guère songer à des citadins :
" Ils passent l'hiver, l'été et toutes les saisons dans de misérables huttes où l'on peut à peine respirer et dont ni la neige, ni la chaleur, ni aucune incommodité ne saurait les faire sortir ; ils couchent sur la terre nue ; seuls, les riches couchent parfois sur une peau de bête. Ils ne changent pas de vêtements selon les saisons, portant toute l'année un grossier sarrau et une tunique d'étoffe rude ; le pain, le vin, tout aliment un peu délicat leur est inconnu ; comme les bestiaux, ils vivent de blé, de seigle et d'orge ni incubes, ni pétris, ni cuits ".
Au surplus, il ne semble pas que cette ville de MEDENOS qui n'avait probablement jamais été, dans les temps antérieurs, qu'une modeste bourgade puisque son nom n'est cité nulle part ailleurs, ait été représentée, à l'époque qui nous occupe, autrement que par des ruines à peu près inhabitées. Il ne faut pas oublier qu'elle aurait été la première de la NUMIDIE d'HIPPONE trouvée sur leur chemin, cent ans plus tôt, par les premiers conquérants vandales, ivres d'une rage et d'un ressentiment justifiés contre le Proconsul BONIFACE et les Numides qu'il commandait. Si Mèdénos était encore debout avant leur passage, il ne devait pas en rester grand chose après... L'emploi, pour la désigner, de ce verbe laisse nettement entendre cet état de décrépitude (quand HOMERE nous dit qu'il cela signifie que " le cadavre de PATROCLE est gisant sur le sol ").
d) PROCOPE est le seul historien à avoir mentionné le nom de cette ville. Serait-il trop hardi de supposer que, sur la foi du rapport de PHARAS, il a pu prendre pour nom de la ville en ruines celui du lieu-dit où se trouvaient ces vestiges, nom que lui donnaient peut-être même les habitants de la région, laissant dans un oubli voulu son nom ancien et véritable (comme il en adviendra sans doute avant longtemps de PORT-LYAUTEY au Maroc et, ensuite, de bien d'autres villes du MOGHREB...) ?
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Mes frères
Envoyé par M. Yves JAN
Texte de la bible de Jérusalem - édition du Signe - publiée en fascicules par S P L .
Le texte est en marge de l'évangile de Jean - nouveau testament page 394 .
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Ô mes frères chrétiens,
Ô mes frères juifs, sachez que je suis votre frère musulman.
Nous serons tous surpris et ébahis lorsque nous constaterons que nous avons adoré depuis tous les temps le même Dieu.
Pourquoi tous ces obstacles et ces voiles noirs entre nous, pourquoi cette haine ?
Que vous soyez croyants ou non, chrétiens ou juifs, bouddhistes ou musulmans nous avons la même soif, le même désir, la même joie éternelle ; nous avons tous besoin de vérité et d'amour et sans ces vêtements nous resterons nus dans la haine et la violence...
Gardons à chacun nos religions, et habillons-nous de leurs vêtements, nous serons surpris de constater qu'elles sont tissées par le même fil car à leur bout c'est la même main de Dieu qui les a cousus...
Comment peut-on chercher la vérité en semant sur la terre l'horreur et l'injustice.
Sommes-nous fous ?...
Ne sortons pas des églises, ni des synagogues, ni des mosquées tant que nos coeurs n'aurons pas choisi l'amour...
Le Roi des mondes nous a donné la raison, et son cheval ailé c'est le coeur, chevauchons-le mes frères.
Ayadi El'Hadi
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COLONISATION de L'ALGERIE
1843 Par ENFANTIN N° 19
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IIème PARTIE
COLONISATION EUROPÉENNE
PERSONNEL ET MATÉRIEL DES COLONIES CIVILES ET MILITAIRES.
V. -
Or, on n'a qu'à prendre à peu près le contraire de ces quatre habitudes de l'administration en France, habitudes qui, continuées en Algérie, y sont et y seraient surtout des vices funestes, et l'on aura précisément posé des principes qui me paraissent convenables et indispensables pour la fondation des colonies civiles.
Ainsi - : 1° indépendance et par conséquent responsabilité personnelle très grande du chef de colonie civile, pour tous les détails d'exécution du plan général adopté et ordonné par lé gouverneur général. Surveillance, par inspections fréquentes du directeur général des colonies civiles ou de ses délégués mais non par correspondance, qui ne surveille rien et qui entrave tout.
2° Organisation des travailleurs, avec le nombre de piqueurs, conducteurs et ingénieurs adjoints, nécessaires pour l'ordre et la promptitude dans le travail et l'économie dans les dépenses communes.
3° Rappel constant au but qu'on se propose ce sont des villages de Paysans et non des résidences PRINCIÉRES que l'on veut; par conséquent, l'ART consiste ici précisément et uniquement dans l'UTILE; La première pierre posée (1) porterait cette inscription et le nom de l'ingénieur fondateur.
4° Engagement de rester, sauf démission, et par conséquent promesse de laisser, sauf destitution, jusqu'à l'accomplissement des travaux de fondation ordonnés par le Gouverneur général et acceptés par l'ingénieur fondateur qui s'engage à les réaliser.
Mais trouvera-t-on des hommes qui consentiront à prendre un pareil engagement, qui consentiront à rester en Algérie jusqu'à l'accomplissement de pareille oeuvre ? D'abord, fonder un village en Algérie est bien une oeuvre très difficile, mais elle n'exige pas un siècle; ensuite, si l'on ne trouve personne qui consente à mettre à cette oeuvre le quart du temps qu'on passe à commander une compagnie de sapeurs ou une demi compagnie de canonniers, la colonisation est impossible; car une colonisation ne se fait pas, et surtout ne commence pas, en sautillant de chef en chef, en faisant la navette comme nous la faisons depuis douze ans ne trouve personne aujourd'hui qui s'attache à l'Algérie, parce que l'on n'y fonde rien, et qu'on ne s'attache pas du tout à un pays dont on brûle les arbres et les moissons et dont on tue les habitants ; mais à celui où l'on plante, où l'on bâtit, où l'on donne la vie à des enfants; et aussi à un pays où l'on fait une oeuvre dont le mérite vous est attribué.
Aujourd'hui, par exemple, un officier du génie imaginerait un projet sublime, il n'en faudrait pas moins qu'il mit sur son projet : " Fait sous la direction du chef du génie, " lequel chef n'aurait souvent pas eu personnellement la moindre idée du projet. Un officier d'état-major fait une carte, le ministère la publie ; on y voit bien le nom du graveur ou du lithographe, et ceux du ministre et du directeur du dépôt de la guerre ; mais le nom de l'auteur est absent.
Je me suis déjà montré dans cet ouvrage, assez partisan du collectisme à l'égard des choses; j'avoue qu'à l'égard des personnes, et surtout en Algérie, j'aimerais un peu plus d'individualisme.
Je l'ai déjà dit, pour la gloire et la fortune de la France, il faut que l'Algérie donne gloire et fortune aux individus que la France voudra employer à fonder la colonisation ; ne nous bornons pas à illustrer le nom du brave, en badigeonnant ce nom au coin de la rue ou de la place où il est mort ; songeons à lui de son vivant et pour plus d'un jour ; cela coûte plus cher, mais cela produit davantage.
J'ai dit tout ce que j'avais à dire, pour le moment, sur le chef des travaux préparatoires de fondation; parlons actuellement de l'organisation de sa troupe, et des travaux qu'il lui fera exécuter.
Je n'ai pas l'intention, ou mieux encore, la prétention d'organiser ici, d'un trait de plume, une armée de travailleurs, ses règlements, son code, et de les mettre en parallèle avec les lois qui régissent notre armée. Il a fallu plusieurs siècles pour transformer en Armée régulière les Bandes indisciplinées de nos barons du moyen âge ; je ne crois pas qu'en un jour on puisse organiser les bandes indisciplinées que lèvent au hasard les seigneurs actuels de l'industrie. Toute chose a son commencement, l'organisation du travail aussi bien que la colonisation de l'Algérie; et ces deux grands problèmes , qui préoccupent aujourd'hui vivement la France, sont heureusement si intimement liés, que résoudre l'un serait résoudre l'autre. Or, nous ne coloniserons pas l'Algérie sur tous les points à la fois, faisons de même pour organiser le travail.
Le jour où le Gouvernement, et non pas un individu quelconque, aura organisé un seul régiment de journaliers salariés de l'industrie, sera semblable à celui où Charles VII a organisé le premier corps de soudards. L'armée a fait cesser progressivement la concurrence militaire que se faisaient entre eux les seigneurs féodaux et qui ruinait le peuple; l'organisation des travailleurs mettra fin à la concurrence industrielle que se font entre eux les seigneurs de l'industrie, et qui engendre le paupérisme de nos jours, par la réduction inévitable du salaire et l'augmentation inévitable aussi des heures et des jours de travail.
Dans l'industrie privée, réduction du salaire au minimum indispensable à la vie matérielle et à l'entretien de la force mécanique de l'ouvrier, et élévation de sa tâche au maximum qu'il peut atteindre.
Organiser le travail, ce serait, au contraire, substituer à un salaire précaire et arbitraire une solde assurée, constante ou progressive selon le mérite, et remplacer une tâche, qui croit nécessairement aujourd'hui à proportion de l'accroissement des besoins légitimes et réels de famille, de maladie ou d'âge, par une tâche proportionnée à ces besoins.
SOLDE, AVANCEMENT, RETRAITE, voilà trois mots qu'il faut introduire dans la langue industrielle et faire connaître à l'ouvrier, au soldat de l'industrie. Le Gouvernement seul peut consacrer ces mots ; il doit seul avoir la gloire de donner au peuple les choses qu'ils représentent; car c'est la véritable acception que doit recevoir, de nos jours, l'excellent mot d'Henri IV.
Et il faut aussi que l'ouvrier ait, comme le soldat, pour ses infirmités et ses blessures, les nobles invalides du travail, et non l'hôpital de l'indigence ; enfin, il faut que, plus heureux sous ce rapport que le soldat, il ait les joies de la famille.
VI. - Je viens de prononcer le grand mot caractéristique de l'oeuvre; au soldat, la gloire, l'honneur, la patrie; à l'ouvrier, une femme et des enfants qui lui donnent du coeur à l'ouvrage.
L'organisation des travailleurs n'est donc pas une réunion régulière d'individus, mais une réunion régulière de familles; voilà pourquoi elle se lie si bien à la colonisation de l'Algérie et en est le prélude gouvernemental indispensable. La fondation régulière d'un premier village devrait être, pour ainsi dire, l'école normale de la colonisation future; c'est là que les associations puiseraient leurs directeurs de villages, leurs chefs de fermes et d'ateliers, leurs économes.
Niera-t-on maintenant, s'il s'agit de fonder une pareille base à la colonie, que ce soit au Gouvernement à faire les dépenses préalables dont j'ai parlé? On lui permet bien d'avoir des pépinières de mûriers pour l'Algérie, et on ne lui permettrait pas d'avoir une pépinière de gouvernants de l'Algérie ! Ce serait folie ; mais malheureusement la folie est du domaine de l'homme.
VII. - La fondation du premier village colonial est donc, selon moi, celle de l'école normale PRATIQUE de colonisation. Et qu'on ne chicane pas sur cette dépense; le défaut d'apprentissage au gouvernement colonial, ou bien cet apprentissage fait sûr les boulevards de Paris, nous coûte assez cher pour que nous en inventions un meilleur. Que l'on n'épargne pas non plus, sous prétexte des besoins pressants de la France, l'emploi d'un bon nombre d'hommes très capables : la colonisation est un des besoins les plus pressants de la France aussi pressant même que les chemins de fer, pour lesquels on pique notre amour-propre national, en disant que les étrangers nous devancent; pour l'Algérie, ils se moquent de nous, et c'est bien pis, car ils ont raison.
Surtout, que cette école normale ne soit pas fondée à la porte d'Alger il vaudrait presque autant la fonder à Versailles : c'est entre Bône et Guelma, ou près de Philippeville, qu'elle doit être; là est la vraie colonie civile agricole d'Algérie ; à Alger elle est factice et en serre chaude.
Outre les ponts et chaussées qui nous donneraient les chefs, les principaux officiers de cette troupe coloniale modèle, nous avons aussi en France des écoles d'arts et métiers, des eaux et forets, de médecine vétérinaire; nous avons des fermes modèles, une administration des haras, des conseils et sociétés d'agriculture ; enfin nous avons de quoi composer facilement tout l'état-major de cette école normale pratique , et même le cadre des sous-officiers, ce qui permet de n'y employer que des hommes ayant de véritables titres à diriger et administrer une oeuvre aussi spéciale, et d'en exclure absolument tout directeur ou administrateur de fantaisie.
Arrivons donc enfin aux soldats, aux familles agricoles.
VIII. - Si le choix scrupuleux d'officiers et sous-officiers, spécialement propres à cette oeuvre modèle, est indispensable, celui des familles ne l'est pas moins. Le Gouvernement ne saurait faire, sur ce point, ce qu'il a fait jusqu'à présent en Algérie, c'est-à-dire laisser faire; il faut qu'il fasse un choix, qu'il enrôle qui il veut, et non qu'il accepte qui voudra venir ; mais pour cela il faut qu'il y ait concours de demandes, et, par conséquent, attrait pour les familles. Quelles seront donc les conditions séduisantes qui pourront exciter ce concours ?
Les voici.
Indépendamment de ce que cette entreprise coloniale serait faite par l'État et non par des individus, ce qui est une garantie, sous une foule de rapports importants , surtout pour l'ouvrier, surtout pour le père de famille; indépendamment de ce que son chef et son état-major inspireraient confiance, par leurs titres très évidents à la direction d'une pareille oeuvre, ce qui n'arrive pas souvent dans les entreprises individuelles de l'industrie, le Gouvernement allouerait à tous les chefs de famille une solde fixe et les rations;
Il fournirait les instruments de travail et les semences, pendant toute la durée des travaux préalables de fondation du village, durée qui serait celle de l'engagement contracté par les familles ;
Les produits de tous les défrichements entrepris pendant et pour les travaux préparatoires de fondation, seraient distribués aux familles seules et non à l'état-major, en raison des accroissements de leurs membres, et aussi pour réparer les pertes individuelles qu'elles auraient pu éprouver par accidents naturels ou par les Arabes ;
Le titre de chef de famille fondateur donnerait droit à la direction d'une partie déterminée des fermes construites plus tard sur ce territoire, lorsqu'il serait concédé à des sociétés coloniales privées, et cette condition serait une des obligations imposées à la société soumissionnaire de la concession. Toutefois, ce droit, dont l'exercice ne serait d'ailleurs obligatoire pour aucun chef de famille, s'il préférait rester employé dans le corps des travaux publics de la colonie, ne pourrait être exercé que par ceux qui auraient obtenu, du directeur des travaux publics, le brevet de chef de famille de première classe ;
Ceux-ci rempliraient seuls les grades de sous-officiers dans le corps des travaux publics d'Algérie, et pourraient parvenir au grade d'officier ou d'ingénieur;
Le chef de famille de première classe aurait deux autres familles sous sa direction ;
L'engagement, pris seulement pour la durée des travaux de fondation d'un village, pourrait se renouveler pour un autre village, et alors les années de service, comptées pour les familles réengagées, donneraient droit à une haute paie; alors aussi, mais seulement alors, chacun de leurs membres commencerait à jouir du droit à une retraite proportionnée au nombre de ses années de service, même s'il quittait le corps après l'expiration du second engagement
Tous les ouvriers mutilés, du jour même de leur engagement, acquièrent le droit aux invalides du travail;
Tous les enfants sont instruits gratuitement ;
Tous les malades sont soignés gratuitement;
Il y a assurance gratuite pour chacun, contre les désastres naturels , bien entendu avec la pénalité légale ou le refus d'indemnité contre ceux de ces désastres qui seraient reconnus simulés, ou volontaires, ou commis par imprudences prévues par les règlements.
IX. - Ce règlement de service et les peines disciplinaires qui en maintiendraient l'exécution, nécessairement ne sauraient avoir place ici, du moins dans leurs détails ; j'indiquerai seulement quelques principes généraux qui me paraissent devoir servir de règle, et je mettrai ces principes en regard de ceux qui, naturellement, dominent dans le service et la justice militaires.
J'ai dit que le caractère dominant de l'organisation des travailleurs, surtout par rapport à celle des soldats, c'est que l'une serait une réunion régulière de familles, et que l'autre est une réunion régulière de célibataires. J'ajoute que le but constant et l'occupation journalière de la réunion de ces familles, ce serait la production; tandis que les travaux, les instruments, le but et les moyens d'une réunion de soldats, tendent à la destruction, ou tout au moins à la consommation, et que dans les colonies militaires, quoi qu'on fasse, le travail productif ne sera même que secondaire.
Le règlement de travail et la pénalité disciplinaire devront dong porter l'empreinte de ces différences.
X. - Le bien-être de la famille, voilà ce qu'il faut faire surtout respecter par le règlement, et c'est là que se trouve aussi le ressort de la pénalité.
Le sentiment de la personnalité chez tout militaire, officier ou soldat, de la personnalité et de ses droits à l'égard des inférieurs; voilà ce que fait respecter le règlement militaire; et la pénalité roule, avec raison et justice, sur l'orgueil personnel que certaines punitions frappent, ou sur les appétits consommateurs qu'elles gênent ; enfin le code militaire a poussé la logique jusqu'à la dernière limite, car il inflige comme peine, comme peine honteuse, le travail lui même !
Dieu me garde de conseiller, par inversion, le service militaire comme punition honteuse dans les colonies civiles; seulement qu'il soit léger, et presque attrayant et de parade, sans cela nous ne coloniserions pas; nous n'aurions pas de bons colons agriculteurs, si nous voulions qu'ils fussent colons militaires.
Dans les colonies civiles, dans ces associations de familles agricoles, grande indépendance et sécurité de la famille, pour tout ce qui a rapport à l'intérieur de la famille, à sa consommation, au ménage; très grande dépendance des individus dans le travail.
Chez les militaires, au contraire, surveillance minutieuse et dépendance absolue dans la caserne, dans la chambrée; mais, d'un autre côté, je me hâte d'ajouter, pour l'Algérie et pour les colonies militaires : que les manoeuvres du travail ne soient pas régulières et assommantes comme les manoeuvres de l'école de bataillon et le maniement d'armes; développons vigoureusement la valeur individuelle de nos hommes, habitués en France à sentir le coude du voisin; et qui sont excusables de perdre la tête lorsqu'ils n'entendent plus le commandement.
Quant à la pénalité spéciale des colonies civiles, je me garderai bien de présenter ces réunions agricoles comme pouvant être un eldorado moral; je sais très bien que la contrainte et la peine sont des conditions obligées dans toute réunion d'hommes. Toutefois, observons qu'il doit nécessairement y avoir une très grande différence, non seulement pour la forme, mais aussi pour l'importance du système pénal, entre deux sociétés, dont l'une a pour but de faire des soldats, et pour principale occupation de risquer la vie dans les combats, et l'autre de faire des cultivateurs et de conserver et améliorer la vie par le travail; l'une, sans doute, engendre des hommes braves et désintéressés, jusqu'à l'héroïsme d'une abnégation que l'on a nommée même un glorieux suicide; l'autre enfante des hommes laborieux et très intéressés, quelquefois un peu lâches dans le duel avec l'homme, mais d'un courage persévérant et infatigable dans la lutte avec la nature. Chez les premiers, la pénalité peut être fort rude quand elle frappe sur la personne elle ne saurait avoir que peu de prise sur les choses, pour des hommes désintéressés, qui d'ailleurs ne possèdent rien et ne se font pas gloire d'acquérir. De l'autre côté, au contraire, elle peut être sérieuse quant aux choses, c'est la partie sensible et palpable, mais elle doit être légère quant aux personnes, pour des hommes qui mettent sans cesse leur personne tout entière au service de leur intérêt.
Ceci est pour la forme de la pénalité; quant à l'importance de son rôle, la différence n'est pas moins grande. L'encouragement à bien faire est le moyen de gouvernement qui correspond à la peine pour avoir mal fait; or, dans une réunion d'hommes qui ont pour destination spéciale de défendre leurs concitoyens, mais aussi, et surtout en Algérie, de faire du mal à d'autres hommes ( ennemis, il est vrai, de leurs concitoyens ), il est nécessaire qu'une pénalité forte intervienne sans cesse, pour les empêcher d'étendre et d'appliquer à tous la faculté, l'habitude et les moyens qu'ils ont de faire du mal à l'homme. Ceci n'empêche pas qu'on doive les encourager par des récompenses, à faire du bien aux hommes, directement et non pas seulement en tuant les ennemis de ces hommes, et même à faire du bien à leurs ennemis vaincus. Toujours est-il que pénalité et guerre sont deux mots qui vont bien ensemble, tandis que la paix et le travail semblent plus propres à s'allier avec le mot récompense. La peine a pour but de corriger, de détruire le vice ; c'est le combat de la vertu contre le vice, mais enfin c'est toujours le combat; la récompense au contraire, a pour but de faire naître et de cultiver la vertu: l'épi qui promet est le symbole de la paix, l'épée qui punit est celui de la guerre.
Ces choses sont tellement évidentes, qu'elles se réalisent sans cesse dans notre législation: En effet, la justice militaire, qui est toute criminelle et disciplinaire, a une bien autre importance, dans l'organisation de l'armée, que n'en a la justice criminelle et correctionnelle dans l'organisation civile, et elle est infiniment plus sévère pour la personne du coupable. D'un autre côté, la justice civile, dont l'objet principal est presque étranger au soldat; a une importance capitale et une rigidité très grande à l'égard des choses, dans la société non militaire ; au sein de celle-ci, la justice criminelle, correctionnelle, civile et commerciale est vivement attaquée dans ce, qu'elle conserve d'impitoyable ou seulement de rude à l'égard des personnes, parce que cette rigueur est généralement considérée comme l'héritage d'un passé très peu pacifique et d'une autorité toute militaire.
Quant aux encouragements et à la récompense de la vertu, j'avoue qu'il y a, aujourd'hui, lacune des deux côtés, surtout dans la société civile; ou du moins, que cette partie de la justice humaine, qui approuve, élève et honore, est moins fortement organisée que celle qui blâme, dégrade et flétrit ; ce qui revient à dire que notre constitution religieuse et morale est en ce moment faible et malade, surtout dans les parties du corps social où il y a absence d'organisation. Organisons donc le travail.
(1) Pourquoi Rome a-t-elle tant inscrit de noms et de choses sur la pierre? Parce qu'elle voulait apprendre aux hommes à fonder des choses durables. Ce qui n'est inscrit que dans des journaux ne dure qu'un jour, hommes et choses.
A SUIVRE
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Noël Story made in Uncle SAM.
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C'était dans les années 1943 / 44 à La Calle et l'automne était déjà bien avancé. La guerre qui n'en finissait plus, occasionnait dans le village des passages incessants de convois alliés, lesquels prenaient la direction de la frontière algéro-tunisienne, pour contrer l'avance des troupes allemandes. A cette époque il n'était pas rare que bon nombre de véhicules militaires, s'arrêtent quelques heures pour venir bivouaquer au hasard des quatre coins de la cité.
Ainsi par une fin d'après-midi de décembre, un petit convoi d'américains s'arrêta place du jeu de boules près de mon domicile - juste en face de l'ancienne douane. Aucun bouliste à l'horizon puisque à l'époque, la place de la Liberté était semble-t-il un vague terrain, où les gamins du quartier aimaient à se retrouver pour faire les quatre cents coups.
Curieux comme des enfants peuvent l'être et pas le moins du monde effarouchés par ces baroudeurs venus d'Amérique, c'est bien volontiers que l'on accepta leurs friandises que très gentiment ils nous offraient. Nos frimousses enfantines devaient je le pense, rappeler à quelques-uns et avec émotion leurs enfants laissés outre Atlantique. Reconnaissant de leur générosité, je me souviens d'avoir pris la main d'un soldat, que de ma petite taille je trouvais immense, pour l'inviter à venir chez nous à l'ancienne douane.
Ma grand'mère Pétronille le fit entrer dans notre vaste cuisine, et là, dans la plus pure langue italienne, il demanda l'autorisation de faire sa toilette… Fils d'immigrés italiens, il conversa sans aucune difficulté avec la famille, à la grande satisfaction de ma grand'mère sicilienne... Ses ablutions faites, il voulut alors donner quelques dollars pour le dérangement, ce que Pétronille refusa sans hésiter... C'est alors qu'il me demanda de l'accompagner à son véhicule, d'où il extirpa un carton d'emballage vide. Consciencieusement il y rangea quelques boites de corned-beef, des bonbons multicolores, du tabac pour mon grand-père et une immense boite cylindrique de fer blanc.
Je n'ai pas compris ce que m'a dit le soldat américain en guise d'au revoir, mais je me souviens très bien d'un certain sourire, qu'aujourd'hui j'ai enfin compris… La nuit tombait lorsque péniblement j'apportais à bout de mes bras d'enfant, tous ces fabuleux présents à la maison. Comme on peut s'en douter, à cette époque de restrictions les buffets étaient déserts de toute nourriture et les assiettes pas bien remplies. C'est pourquoi, Louise ma mère toujours pleine de bonnes intentions, décida d'utiliser ces cadeaux venus du ciel le soir même au souper. Au menu était affiché du corned-beef en entrée, et puis, il restait la grosse boite de conserve, dont le contenu pourrait peut-être faire office de plat de résistance. Un bain-marie salutaire fût sur le champ préparé, et tout heureux de reprendre du service le vieil ouvre-boîte attendit le sésame ouvre-toi, pour mettre enfin à jour le mystérieux trésor contenu dans la boite de fer blanc.
Ma mère en cuisinière bien née, devait un moment se charger sans discuter, de l'ouverture de cette énigmatique boite de conserve. Dehors il faisait une nuit d'encre et dans notre cuisine bien close, on percevait le bruit de la mer en furie et la chanson rageuse du bafoungne. Il faut dire que nous étions en décembre et Noël était proche. Autour de la table, Vincenzo mon grand-père napolitain, pointait ses belles moustaches d'argent et le bleu acier de son regard, vers l'objet de toute notre curiosité. Pétronille avait déjà mis sa serviette et saisi fermement sa fourchette. Quant à moi, coudes sur la table et tête entre les mains, j'étais impatient de connaître enfin le contenu de la boite, un peu comme celui des petits souliers d'un matin de Noël.
Tout alla très vite ! Louise ma mère munie du vieil ouvre-boite, éventra consciencieusement la grosse boite… et là, soudain, ô miracle du ciel ! Pétronille la Palermitaine et Vinzenzo de Ventotène, un instant le souffle coupé furent émus jusqu'aux larmes, lorsque ma mère versa vivement dans un large plat, une extraordinaire Macaronade où rien ne manquait : une sauce tomate plus que généreuse, accompagnée d'un somptueux bouquet de pourpettes, et le tout, couvert de fromage râpé ! … Au moment des pires restrictions cette macaronade tombée du ciel et bénie des Dieux, devait faire la joie de notre famille. Vincenzo alias l'Africain mon grand-père, sans même le vouloir teinta ce soir-là l'argent de ses moustaches par le rouge corail de la sauce tomate.
Mon chat dormait béatement prés du kanoun et dehors la nuit ressemblait à celle de la nativité. C'est alors que je devais comprendre, le sourire de ce lointain cousin d'Amérique qui pour nous remercier - avait conçu pour nous le plus beau des cadeaux de Noël.
Ce merveilleux souvenir j'ai voulu vous le faire partager à la manière d'un conte de Noël.
En guise de conclusion et pour souhaiter de joyeuses fêtes que dire de plus, sinon - qu'une bonne Macaronade et des Pourpettes, suffisent parfois pour rendre heureux.
Jean-Claude PUGLISI -
de La Calle bastion de France.
Novembre 95.
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LA FEE EST UNE FEMME...
Envoyé par Mme Geneviève Camillieri
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Une fée dit à un couple marié :
Pour avoir été un couple si exemplaire depuis 25 ans, je vous accorde à chacun un voeu.
La femme dit alors : je voudrais faire le tour du monde avec mon mari adoré.
La fée agite sa baguette magique, et abracadabra, des billets d'avion apparaissent dans la main de la femme.
Maintenant c'est au tour du mari : euh... c'est un instant très romantique, mais une opportunité comme celle-là n'arrive qu'une fois dans la vie.
Alors je suis désolé ma chérie, mais j'aimerais avoir une femme 30 ans plus jeune que moi.
La femme est terriblement déçue, mais un voeu est un voeu.
La fée fait un cercle avec sa baguette magique...abracadabra !
Soudain le mari a 90 ans !
Les hommes sont peut-être des salauds, mais les Fées sont des femmes !!!
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LES FRERES PIEDS-NOIRS
Par Christian Roehrig
N° 10
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PREFACE
A travers un survol virtuel de mes souvenirs, moi, petit et humble piednoir de Bab-El-Oued (Place Lelièvre) je retrace certains faits historiques qui m'ont profondément marqué.
Mi goguenard, mi-cynique, quelquefois acerbe, je décris en pataouète, mes états d'âme et mes ressentiments à l'égard de certains hommes politiques qui ont failli à leur parole d'honneur.
Depuis ces désillusions, j'observe les charognards se disputer le pouvoir.
Devenu grand-père, je doute, si rien ne bouge, de la nationalité future de mes arrière- petits enfants que je ne connaîtrai pas et à qui je veux, par le présent, laisser le témoignage d'une vérité.
C. ROEHRIG
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MERCI LA FRANCE
Christian : Tu vois où nous mènent tous ces souvenirs ! On parle, on parle, et on mélange tout. On était en train de regarder Ces photos et regarde où ça nous a emmené !
Si tu parles comme ça, alors moi j'vais te dire que, non seulement je comprends plus rien, mais j'crois que tout s'qu'on a passé c'est un rêve pacque, quand j'entends à la radio, le Président d'la République Algérienne qui dit que main'nant les terroristes qui tuent en Algérie, atrocement les femmes les enfants et les vieillards sans discrimination sont des sauvages, des barbares qu'il faut éradiquer, ouachcoune adda ? Moi j'suis content pacequ'y dit exactement comme moi quand j'parlais du F.L.N. dont il était un des Chefs et qui faisaient ça aux nôtres, avec encore plus d'atrocités, pacque j'me souviens, quand y z'ont fait des césariennes sans anesthésie aux femmes enceintes qu'ils éventraient, (voir massacre de Melouza) quand ils enlevaient leurs propres frères musulmans qui z'avaient pas respecté les mots d'ordre hein ! Tu veux plus cruels ? Mais j'dois vous dire MERCI Monsieur l'Président vous avez usé de superlatifs que je n'aurai même pas eu le courage de dire. Dommage que de ces terroristes là, vous étiez un des Chefs.
Tu vois, tout dépend d 'la situation, lui aujourd'hui, il est un héros alors qu'il était y a pas si longtemps encore, un terroriste qui faisait placer des bombes et tuer des enfants en les égorgeant, et main'nant c'est lui qui dit ça des autes. Je t'le dis Joseph, j'comprends plus rien de rien.
Et naute Président c'est la même chose, y dit qui faut anéantir les terroristes, moi j`suis d'accord, mais qui c'est qui a mis en oeuvre le S.A.C., qui plaçait les bombes dans les cafés et les magasins de l'avenue de la Bouzaréah ? Même que y z'ont dû faire sauter la villa à Hydra où les barbouzes y z'avaient leur quartier général? Alors Le Grand; pourquoi vous avez fait du terrorisme contre les français qui voulaient rester français sur un sol français, aux yeux d'la Constitution, puisque c'était des Départements Français au même titre que la Corse où les Alpes Maritimes, hein ?
Et j'vais te dire, Joseph, que Nice elle a été rattachée en France en 1860, alors on était plus français qu'les Niçois hein ! Mais va dire ça à un Niçois et y te tape sur la gueule.
Et j'vais encore te dire que le P.C., actuellement y fait la campagne contre le terrorisme, alors pourquoi il a incité le traître aspirant Maillot à s'débiner avec un camion plein chargé de munitions et d'armes pour tirer sur ses frères français, hein ? Et la dame Peschard qui soignait dans le Djebel les terroristes qu'y z'étaient blessés, et qui a pris les armes contre les Français ! Et Yveton qui voulait placer une bombe au Gaz de France pour tout faire sauter hein ! Allez dites moi ? Et tous les autes que j'ai plus les noms qui ont aidé ou participer à des attentats hein ! C'est quoi ça ? C'est pas du terrorisme ? Merci monsieur le Secrétaire du P.C. de brandir le glaive de la vengeance et de la désapprobation mais, enlevez-lui le morceau de tissu noir, couleur de Deuil du P.C.A. en l'honneur de ces terroristes qui sont morts en combattant les soldats français, qui ont oeuvré contre la France au profit d'une puissance étrangère.
Enfin tu veux pas avoir envie de vomir sur leur carcasse. Quand j'pense qu'y en a encore qui pérorent en s'disant Gaulliste, moi j'aurai honte pace qu'il a fait des choses horribles à mes yeux, ouais y faut dire qu'j'vois plus bien, p't'ête que c'est paceque j'ai beaucoup pleuré mon Pays perdu où mon père est allongé dans l'cim'tière de St Eugène et qu'j peux plus aller m'recueillir le 1er Novembre.
Allez Joseph, on arrête un peu paceque j'sens que les nerfs y vont m'reprendre et que j'vais encore déconner.
Joseph : Ouais, ti'as raison, faut pas y penser.
Christian : Mais j'peux pas m'empêcher d'penser quand même à toutes ces choses, à tous ceux qui sont morts, pour rien finalement.
Tiens j'me souviens des Tagarins, là où y'avait les Gardes Mobiles sous le commandement du colonel Debrosse, je crois, et bien les barbouzes y venaient à Bab-El-Oued; ça j'me souviens, et y z'emmenaient des jeunes gens, même qui z'étaient des fois mineurs, pace que la majorité avant elle était à 21 ans, y z`emmenaient des mineurs dans les souterrains des Tagarins et là... Attends ! Attends ! Tiens ! Qui parle de torture ? Hein ! Non, les barbouzes y torturaient pas, et si les jeunes y t'ont été trouvés, enchaînés et ensanglantés par les coups reçus, c'est simplement pacequ'y voulaient pas dire que les barbouzes y z'étaient des braves gens, et si y combattaient les français qui n'étaient pas français puisqu'y ne comprenaient pas le Grand, et qui n'faisaient pas la politique que le Grand y voulait donc y z'étaient pas des français. Ouais j'sais qu'c'est dur à me suivre mais y faut un peu réfléchir paceque même moi j'm'y retrouve plus alors ! Alors les barbouzes y z'étaient obligés d'leur raconter l'histoire de France à travers l'Algérie qui devait être Française mais qui pouvait pas l'être paceque.... J'arrête paceque j'm'y perds la raison.
Bon, tu comprends main'nant qu'les barbouzes y z'étaient des braves types, que le Grand il avait envoyé pour dire à ces français qu'y en avait marre d'appeler l'Algérie Française. Non, moi j'crois qu'le scénario y s'passe comme ça, faut quand même pas avoir la langue mauvaise hein ! Alors voilà, y'a un jeune ou une jeunette qui sait pas comment s'tirer de chez ses parents, alors elle rencontre une barbouze et elle lui dit : tiens, vous m'sieur l'barbouze, vous voulez pas m'emmener avec vous, j'ai envie d'm'envoyer en l'air, j'vous jure que j'irai rien à mes parents, et l'aute, bonnasse comme ils sont, y t'l'emmène dans les sous-sols des Tagarins et il l'enchaîne pour pas qu'elle s'tire, et elle est toute contente de s'ête tirée de chez ses parents qui sont des tortionnaires puisqu'y font que crier Algérie Française. Tu crois pas qu'c'est comme ça qu'ça c'est passé ? Non ?... Moi non plus, mais ça aurait pu ête.
Main'nant r'garde les Gardes mobiles comme y z'étaient gentils, J'vais un peu mélanger les dates. Quand tous les Maires des environs d'Alger avec monsieur le sénateur Maire Amédée Froger (J' vous salue bien m'sieur Froger, vous qui avez été lâchement assassine rue Michelet je crois) qui était l'Maire de Boufarik, y z'ont défilé avec leur écharpe tricolore et puis y z'ont voulu monter au G.G., qu'est-ce qui z'ont fait les Gardes hein ! Et bien y sont rentrés la crosse des Mas 36 en avant et en l'air et même que m'sieur Froger il a faillit passer par dessus tout l'monde pacequ'il avait été soulevé de terre. Et qu'est-ce qu'elles venaient faire toutes ces personnalités ? Elles venaient dire qu'ils étaient Français et qu'y fallait qu'l'Algérie soit Française voilà.
J'crois que si y z'avait dit qu'y fallait qu'elle devienne Algérienne… Mais non y pouvait pas, puisque le Ministre de l'Intérieur qui commandait les Gardes Mobiles c'était monsieur François Mitterrand (Ohé ! Les Sociaux vous vous souvenez ?).
Et ensuite quand en 60 et 61 y avaient les manifestations rue Michelet pour que le Grand y comprenne que le Général Challe et tous les militaires y z'avaient gagné la guerre et qu'y fallait qu'il le reconnaisse et qu'y fasse pas l'andouille à fricoter avec les ennemis d'la France, qu'est-ce qu'y z'ont fait ces braves Gardes Mobiles ? Y sont rentrés encore une fois avec les Mas 36 la crosse en l'air (C'était pour chasser les moustiques. Y avait toujours le colonel Debrosse qui les commandait) y chargeaient tellement vite que si ti'avais l'malheur d'avoir un peu d'faiblesse dans les jambes et qu'y te rattrapaient ti'avais droit à un battage de tapis, juste pour enlever la poussière qui z'avaient fait en nous jetant des grenades mais des 0.F., certes qui font beaucoup de bruit et pas de mal sauf si elle pète à tes pieds ( mais qu'elle idée d'avoir des pieds hein !... )
J'me souviens avoir sauté les escaliers qui relient la rue Michelet à la rue Clauzel, tout près y avait la Clinique Saint Charles où elle est née ma deuxième fille, (pendant ces évènements), sans toucher une marche. Alors qu'j'attendais en bas qu'les Gardes y passent pour pouvoir remonter, j'ai vu un type qu'y a dégringolait les escaliers, la tête en avant, mais lui, il a pas eu d'chance, il a touché toutes les marches, résultat, la tête qui pissait l'sang qu'on savait plus quoi faire.
Tiens ! Tu vois, encore des souvenirs qui font mal. Comment qu'ça fait que les intellectuels parisiens, mais des grosses têtes hein, pas des petits comme nous qu'on pense pas plus loin qu'naute nez quand ti'en as un, y manifestent pas conte ces violences alors qu'y manifestent conte la violence d'la rue d'Charonne où la Police Parisienne elle a chargé des manifestants F.L.N. qui criaient vive l'Algérie Algérienne et qui tous les jours y tuaient un des leurs pacequ'il avait pas apporté sa contribution au FLN pour la lutte contre la France ? Y veulent connaître les noms des responsables de cette " sauvagerie ". Tu crois qu'y manifesteraient ces mêmes intellectuels pour la journée du 26 Mars 62 ? NON ! CE JOUR LA, C'ETAIENT DES SOLDATS, REVETUS DE L'UNIFORME FRANÇAIS ? QUI TIRAIENT SUR DES FRANÇAIS ? ALORS POURQUOI MANIFESTER HEIN ? Et tant pis pour celui qui y était, il avait qu'à rester chez lui et crier vive le F.L.N. (Oh les CONS, s'cuses moi, j'voulais pas ête grossier mais trop c'est trop ).
La Suite au prochain Numéro
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MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau
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GRAND PRIX LITTÉRAIRE DE L'ALGÉRIE
Il fut créé en 1921
A la demande de l'Association des Ecrivains Algériens Fondée en 1918 par de jeunes écrivains
1921 - Ferdinand DUCHËNE
Thalilla - Paris - Albin Michel - 1923
1922 Maximilien HELLER
La Mer Rouge - Paris - Grasset - 1923
1923- Gabriel ESQUER
La Prise d'Alger - Paris - Champion - 1923
1924- Louis LECOQ
Cinq dans ton oeil -Paris F. Rieder - 1925
1925- Gabriel AUDISIO
Trois Hommes et un minaret Paris F. Rieder - 1926
1926 - Albert TUSTES
Les Méditerranéennes
1927 - Charles COURTIN
La brousse qui mangea l'homme
Paris - Editions de France - 1927
1928 - pas de prix
1929 - Robert RANDAU
pour l'ensemble de son oeuvre
1930 Charles HAGEL
Drames africains - Alger - Soubiron - 1930
1931 - Jeanne FAURE-SARDET
Deux Femmes
Lucienne FAVRE
Pour l'ensemble de son oeuvre
1932 - pas de prix
1933 - A. Tony ZANET
Carmelo - Paris - J. Taillandier - 1934
1934 - Claude-Maurice ROBERT
pour l'ensemble de son œuvre
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1935 - MAGALI-BOISNARD
pour l'ensemble de son oeuvre
1935 - Général Paul AZAN
pour l'ensemble de son oeuvre
1936 - Paul ACHARD
pour l'ensemble de son oeuvre
1938 - René LESPES
pour l'ensemble de son oeuvre
1939 - 1942 - pas de Prix
1943 - Lucienne JEAN-DARROUY
Mohamed et Rachid ZENATI
Bou El-Nouar, le jeune Algérien -
Alger - LA Maison des Livres - 1945
Albert LAMY d'ALCANTARA
Wonda des Chleuhs, Alger - Charlot
1944 - Commandant Léon LEHURAUX
pour l'ensemble de son oeuvre,
Saâdeddine Ben Cheneb
La poésie arabe moderne
Paris - Henry - 1945
1945 - Général Pierre-Théodore Weiss
L'hallucinante Afrique Française
Paris - Liquerelle - 1934
Alexandre, Louis BREUGNOT
L'aigle de Brousse, Alger - Charlot - 1945
1946 - Docteur Henri, François MARCHAND
pour l'ensemble de son oeuvre
Jeanne, Baptistine CANAVAGGIO
Pour ses oeuvres
1947 à 1953 - pas de Prix
1954 - Marcel Moussy
Sang Chaud - Paris - Gallimard - 1952
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A SUIVRE
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Petite blague dans la brousse
Envoyé par M. Bernard Viot
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Un médecin de brousse dit à son collaborateur, Hassoun :
"Ecoute, demain je vais à la chasse, mais je ne veux pas fermer la Clinique, alors tu t'occuperas des patients qui viendront".
"D'accord, docteur", répond Hassoun.
Le docteur va à la chasse et le lendemain il demande à son assistant :
"Alors, comment s'est passée ta journée ?"
Hassoun explique qu'il a eu 3 patients.
Le premier avait une migraine et il lui a donné de l'aspirine.
"Très bien, Hassoun, et le deuxième ?", demande le docteur.
"Le deuxième avait des brûlures d'estomac, je lui ai donné du Maalox"
"Bravo, bravo, tu es un vrai pro, Hassoun. Et le troisième ?"
"Ben j'étais assis et d'un seul coup la porte s'est ouverte, une femme est entrée comme une furie. Elle s'est déshabillée complètement, elle s'est couchée sur la table d'examen et elle m'a crié :
"Aidez-moi ! Ca fait 5 ans que je n'ai pas vu un homme !"
Plutôt inquiet, le médecin demande : "Et qu'est-ce que tu as fait, Hassoun?"
"Présentement, je lui ai mis des gouttes dans les yeux !"
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A la mémoire
des Agriculteurs de la plaine de Bône
A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône, de Georges Bailly, retrace la vie des colons-agriculteurs européens qui, dès leur arrivée en 1848 dans cette partie de l'Est algérien, entreprirent d'assainir et de défricher des endroits marécageux et peu cultivés qui leur avaient été attribués par l'armée.
L'épidémie de choléra de 1849 emportera la plupart de ces premiers volontaires. Les survivants et les nouveaux venus purent toutefois racheter les parcelles des disparus.
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Ils durent surmonter de nombreux obstacles : attaques des pillards, des lions et des panthères qui décimaient les troupeaux ; malaria ; logements inconfortables dans des baraques en bois...
Ils fortifièrent leurs villages, tel le centre agricole de Mondovi, protégé par un fossé et quatre fortins où ils montaient la garde chaque nuit. Ainsi commença l'histoire agricole de la plaine de Bône.
Ces colons plantèrent des légumes et arbres fruitiers, puis du tabac, de la vigne, du coton Certains s'essayèrent à l'élevage d'ovins et de bovins et, même, à celui du ver à soie.
Le phylloxéra, le mildiou, les inondations, la sécheresse et les sauterelles, provoquèrent des faillites et plusieurs propriétés furent vendues à vil prix.
C'est alors que des investisseurs métropolitains, ayant échappé aux krachs financiers de l'Union Générale et du Panama, investirent dans la plaine de Bône en créant de grands domaines, gérés en Société Anonyme.
Au lendemain de la première guerre mondiale, un jeune homme d'origine alsacienne, Charles Munck, comprit que seule la création de mutuelles et de coopératives pourrait sauver la petite et moyenne propriété en assurant crédit et stabilité des prix. Il fonda ainsi avec quelques amis Les Associations Agricoles de Bône, qui choisirent des cultures pour fournir des emplois à un grand nombre de travailleurs. Ce fut la réussite!
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Georges Bailly est né à Bône le 17/4/1938, dans une famille de commerçants établis à Bône depuis 1842.
Au lendemain de l'indépendance, il s'est installé à Perpignan, dans les Pyrénées Orientales, puis s'est rapproché de ses enfants établis dans la région Provence Alpes-Côte d'Azur.
Pour réaliser son ouvrage, le premier du genre, il a pu consulter les archives des héritiers de la plupart des colons de la plaine de Bône, ainsi que celle des Chambres de commerce et de la Direction de l'Équipement pour raconter l'histoire dramatique mais exemplaire des pionniers agriculteurs de l'Algérie française.
D'autres ouvrages de Georges " Généalogie des familles Teddé, Bonnet, Bailly " et " Bône-Annaba Ville de ma naissance ".
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Bulletin de souscription
Valable jusqu'au 15/12/2006 A imprimer, à découper et à envoyer
Je soussigné :
Nom et Prénom : .............................
Adresse : ...................................
Code postal : ............... Ville : ........................
Tel : ..............................
E.Mail : ................................
Commande …………exemplaire (s) du livre : A la mémoire des agriculteurs de la plaine de Bône
-110 pages, dont 35 en couleur, cédé au prix de revient de 20 euros (+ port et emballage de 8 Euros).
Commande …………exemplaire (s) du livre : Bône-Annaba, Ville de ma naissance
-200 pages, dont 90 en couleur, cédé au prix de revient de 30 euros (+ port et emballage de 8 Euros).
Commande des deux livres ensemble cédés au prix de 50 euros port et emballage offerts
Sortie vers le 15/12/2006 au format A4 photocopié laser.
Ci-joint chèque libellé à l'ordre de :
Georges Bailly : 67 Avenue Cyrille Besset 06100 Nice - Tel : 06.10.77.47.78
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Les Fêtes sont finies, pas pour Gavino.
CRÉEZ LA SURPRISE !!! OFFREZ
Les 2 nouveaux CD de JEAN PAUL GAVINO
JE VIENS DE LÀ-BAS
JE FAIS PARTIE DE VOUS |
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L' HYMNE DES FRANÇAIS D'ALGERIE
NOUS LES ENFANTS DE PIEDS NOIRS
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LES MASSACRES DU 8 MAI 1945
SETIF - GUELMA - LE CONSTANTINOIS DEBUT DE 17 ANNEES DE GUERRE EN ALGERIE.
Le 8 mai 1945,le Cheik Chekib Arslan déclare la guerre à la France. Il proclame le Djihad demandant à tous les Arabo-Islamiques d'exterminer les Roumis, de détruire leurs biens, de les chasser hors des rives Sud de la Méditerranée afin de constituer une République Islamique.
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C'est le début de la guerre d'Algérie qui va durer 17 années.
Tout avait été préparé de longue date. Sétif va subir le premier déferlement de la vague des terroristes. Dans les heures qui suivent, c'est tout l'Est qui s'embrase, la frange Orientale de l'Algérie entre en dissidence. En quarante huit heures plus de 103 européens sont massacrés, des centaines d'autres grièvement blessés. De nombreux musulmans fidèles tombent sous les couteaux des assassins.
Des actes ignobles, d'une violence et d'une sauvagerie jamais atteinte, sont commis. Les massacres, les viols, les attaques des villes, des villages, des fermes, des maisons forestières, l'incendie, la destruction, c'est la terre brûlée, le résultat de l'appel au Djihad.
Maurice Villard, témoin visuel, retrace par des faits précis et réels - plus de 120 témoignages- de familles ayant vécu ces journées sanglantes, le déroulement de cette rébellion. Il démontre par des documents irréfutables la préméditation, l'organisation, la mise en condition des masses musulmanes par les intégristes, dont le but avoué et de bouter les chrétiens hors des rives sud de la Méditerranée.
Il décrit la façon dont le général Duval, malgré de faibles moyens, réussit à sauver les familles assiégées par des hordes sauvages armées, dans cet immense territoire, rétablit provisoirement la paix. Il donne toutes les précisions sur les principaux meneurs et instigateurs ainsi que sur les responsables politiques civils et militaires.
Mais pour les Islamistes le but est atteint, ils savent que les masses musulmanes peuvent être mobilisées contre la France. C'est pour eux la préparation de l'acte final l'indépendance de l'Algérie. C'est le début d'une guerre de 17 années avec le 1er novembre 1954, l'assassinat du caïd Hadj Sadoc défenseur de l'Algérie Française et de l'instituteur Monnerot sur une route de l'Aurès.
Afin de mettre un terme à la scandaleuse désinformation qui tend à vouloir faire passer ces odieux assassins pour des victimes, l'auteur donne la description intégrale, choquante des actes abominables commis lors de cette terrible semaine.
( cet ouvrage est la réédition de la Vérité sur l'insurrection du 8 mai 1945 avec de nouveaux documents )
A commander à Maurice VILLARD - 8 Impasse Foujita - 34500 Béziers
Chèque de 30 Euros (expédition + 4 Euros) rédigé à l'ordre de A.C.E.P-ENSEMBLE
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MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
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Le Guelmois
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LES MOTS ECRASÉS
Par R. HABBACHI & J.P BARTOLINI N°1
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A çui-là là qu’y se fait une purée de ces mots écrasés, parole, une poignée des caoucaouètes salées ou guermèches, y se gagne, des caoucaouètes comme celles-là là qu’y s’les mangeait à l’entraxe des Variètés ou du Rex mais entention, y paye l’aréoport pasque le port y suffit pas à cause que moi, j’les z’envoie par avion.
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Les, qu’y sont couchés
I- Ça qu’elle sont les chevales pour les chevals.
II- Á plus tard.
III- Met lui l’accent et y devient interrogatif. -Une île qu’elle peut aouar sa place dessur une portée.
IV- En groupe, comme vous êtes. - Y va avec le numéro d’la maison et des fois tu l’entends au théâte.
V- Un oiseau qu’il a, à de bon, plein des couleurs et on le coit pasqu’y le dit. - Pas acheté. VI- Y font des traits d’humour en pagaille.
VII- Y z’ont perdu le nord. - Un pays grand comme ça et c’est aussi des vieilles z’habutudes, c’est comme tu veux.
VIII- Le swing et le jazz, c’était son domaine. - Pas ton et pas mon.
IX- Elles z’ont été souillées comme y dit le patos.
X- Hors-d’œuvre ou porte, comme tu veux.
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Les, qu’y sont debout
1- On dit des fois, qu’y z’ont la tête qu’elle va à pieds nus.
2- Une note qu’on paye plus.- Tout ça qui brille, s’en est
pas - Un mouvement qu’on trouve beaucoup dedans les tribunes des stades.
3- Une femme très peu recommandabe qu’elle te commande des femmes peu recommandabes.
4- On a voté pour eux. - Département de Patosie.
5- Roi du kung-fu ou général du sud - Le vieux loup. - Transit temporaire.
6- Ça que t’y as fait d’un liv’, une fois que t’y as vu et compris tous les mots
qu’y a en dedans. - Le verbe qu’il est toujours conjugué par les poitrinaires.
7- Personne y te dira qu’elle est animale. - Y va d’l’avant, y fonce.
8- Longs temps, longtemps.
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Tenir les promesses...
Envoyé par Marcel Treels
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C'est à lire jusqu'au bout et c'est très ingénieux.
Un morceau de bravoure...celui qui a pondu ça est un champion !
Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
nous ne lutterons pas contre la corruption.
Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous :
L'honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c'est une grande stupidité de croire que
les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé.
Nous assurons, sans l'ombre d'un doute, que
la justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens stupides qui s'imaginent que
l'on puisse continuer à gouverner
avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d'influences
nous ne permettrons d'aucune façon que
nos enfants meurent de faim
nous accomplirons nos desseins même si
les réserves économiques se vident complètement
nous exercerons le pouvoir jusqu'à ce que
vous aurez compris qu'à partir de maintenant
nous sommes vos Elus, la "nouvelle politique".
Lire maintenant de bas en haut... en commençant par la dernière ligne et en remontant jusqu' au début c'est..... Surprenant
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