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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
Penser, parler, où sont nos libertés ?
Chers Amis
Depuis quelques années, la France est entrée dans la spirale des affaires médiatiques et judiciaires par la gueule grande ouverte de ceux qui disent tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Et naturellement il en sort des mots qui sont jugés " mal t'à propos " par des censeurs qui se sont érigés en moralistes impitoyables afin de faire vivre leur fond de commerce.
La France est entrée en infraction humaine avec ses lois contraires aux droits des hommes et à leur liberté qui devrait être garantie par la constitution et la déclaration des droits de l'homme.
Lorsque la nature a donné à l'homme un cerveau évolutif qui permet de penser, de réfléchir et de s'exprimer, elle n'a pas mis des barrières dans le langage humain sinon elle lui aurait gardé le cerveau animal avec son langage limité.
La puissance de l'homme dominateur, à certaines époques de son évolution, a toujours voulu limiter cette liberté de penser, de réfléchir et de s'exprimer afin d'exploiter l'homme dominé et c'est comme cela qu'est né l'esclavage. C'est aussi à cause de cela qu'il y a eu des révolutions ; des périodes de calme relatif ; des nouvelles périodes de privation ; de nouvelles révolutions ; des guerres ; et l'invention des droits de l'homme où l'on croyait que cette fois cette liberté était définitivement reconnue et acquise. Mais, surtout en France, ces droits de l'homme se sont transformés en droits pour certains hommes.
Alors les hommes qui se croyaient libres ont recommencé à ressortir des mots et jeux de mots, comme dans les grandes périodes grecque et romaine ; ils en ont inventé de nouveaux en rapport avec l'évolution des mœurs, des us et des coutumes.
Mais c'était sans compter sur l'imagination fertile des nouveaux censeurs qui se prennent pour les gardiens du temple de la morale et qui au nom des droits de ceci ou de cela ont fait créer des lois perverses qui limitent et bafouent notre liberté. Ces lois votées par des politiciens opportunistes, plus attachés aux voix que cela leur rapportait et qui sont tombés maintenant sous le coup de leurs lois ou plutôt sous le coup de pied au cul qu'ils se sont donnés.
Que constate t-on à l'heure actuelle ?
- Chaque joute politique donne lieu à un débat médiatique sur tel mot ou telle phrase qui souvent sortis volontairement de leur contexte, n'ont plus le même sens dans les têtes querelleuses des censeurs.
- Chaque débat ou discussion en groupe débouche sur une incompréhension de certains intervenants formatés par cette nouvelle censure.
- On voit cela partout dans la vie courante : en sport ; à l'école ; dans les rapports usagers avec l'administration ; en famille ; en théologie où soit disant toutes les religions prônent la tolérance et la liberté dans leurs discours.
Tout cela aboutit le plus souvent dans un tribunal ou les nouveaux censeurs professionnels font marcher leur fond de commerce car le véritable but de toute cette privation de liberté humaine et fondamentale c'est l'avilissement de l'être humain par l'argent. C'est le nouvel esclavagisme ou la nouvelle inquisition.
On dit que l'automobiliste est une vache à lait mais la liberté de penser de réfléchir et de s'exprimer est le coffre fort des censeurs. Ceux-ci avec leurs idées tordues ne font qu'accélérer la prochaine révolution dont ils seront les premières victimes.
Et s'il faut souhaiter cette révolution, souhaitons la du fond du cœur au nom de toutes nos libertés qui sont drôlement bafouées actuellement.
L'on voudrait nous faire parler pointu, vous savez cet accent uniformisé que se sont imposés certains journalistes ou hommes politiques, universitaires, faux historiens, etc.., avec des mots ou phrases qui se terminent en pointe avec des EEE… très longs ou saccadés pour leur donner le temps de réfléchir à la prochaine connerie qu'ils doivent sortir en faisant des liaisons de mots là où il y en a pas comme " mal t-à propos " entendu à la TV.
Chacun a son accent, ses expressions ancestrales, son langage, sa faconde et l'on voudrait nous exproprier de ces biens matériel et humain !
Non je préfère garder tout cela avec ma liberté de penser de réfléchir et de m'exprimer et tant pis pour les censeurs ou les " sanscoeur " et sans âmes. Qu'ils aillent au diable pour être poli.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône
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Chapitre V
FAMILLE BOSSUOT
(Récit et documents de Paul Bossuot)
Domaines de Bir Menten et Oued Frarah
Mon grand-père Louis né le 24/1/1860 à Soligny-Les-Étangs (Aube), militaire de carrière dans l'Armée d'Afrique, était cavalier. Commandant la jumenterie de Tiaret prés de Blida vers 1887, il avait participé à l'élaboration du cheval Barbe issu du croisement d'un cheval arabe avec un cheval européen. Nommé ensuite à Bône, il avait épousé en 1901 Elise Ciaudo, originaire de Sète, fille d'un courtier en fruits. Ils eurent deux enfants, Georges né à Bône et Gabrielle dite Gaby née à Blida. Commandant par la suite la Place militaire de Bône, il avait été décoré de la Légion d'honneur et avait reçu comme récompense pour service rendu à la patrie, 150 hectares de terre arable dans une région montagneuse de l'est algérien. Le lieu dit Bir Menten avait été colonisé 2000 ans avant par les Romains, de nombreuses ruines l'attestant. Il n'y avait pas de route et c'est à dos de mulet qu'on se rendait à la ferme, distante de 20 km du village de Gounod.
Pour l'anecdote, le Cdt Bossuot se faisait servir un rafraîchissement en arrêtant son cheval devant la Brasserie de la Paix à Bône, sans même descendre de sa monture !
Après son décès à l'âge de 58 ans, son fils Georges s'occupa de la propriété pour faire vivre sa mère et sa soeur.
Mon père né le 3/10/1902 à Bône, était marié à Paulette Schvendeman qui lui avait donné deux enfants André et moi-même.
Il avait construit une petite ferme autour d'un puits alimentant un abreuvoir pour les boeufs. Il n'y avait alors pas l'eau courante ni l'électricité.
Puis il avait installé un moulin à grains mû par un moteur diesel et qui démarrait grâce à une cartouche de fusil donnant la première compression.
Les fellahs (paysans arabes) de l'endroit, venaient y moudre leur blé payant ce service en pourcentage.
Par la suite, l'administration française ayant tracé une piste, mon père Georges utilisa une motocyclette dont la transmission était entraînée par une courroie en cuir qu'on réparait avec du fil et une aiguille lorsqu'elle cassait.
C'était la ferme de Bir Menten, presque le Far West.
Georges Bossuot et ses enfants André et Paul dans la piscine naturelle d'eau chaude de Bir Menten
Domaines de Oued Frarah
Le domaine d'Oued Frarah (La rivière des oiseaux en arabe), situé dans la vallée de la Seybouse, était né du partage en cinq lots de colonisation, de 1000 hectares de terres vierges. MM. Bossuot, Calvat, Meraud, Lopez et Pina avaient reçu chacun par tirage au sort une parcelle d'environ 200 hectares.
Une petite maison existait sur ces terres avant la création de ce domaine, elle avait appartenu au baron de Beaufranchet qui chassait lions et sangliers en tirant d'une de ses fenêtres. Elle fut alors agrandie et partagée en quatre logements, une autre bâtisse fut construite pour héberger la famille du cinquième propriétaire. Ces logements possédaient tout le confort moderne dont un chauffe-eau, à bois.
On cultivait dans ces propriétés, la vigne, l'olivier, le tabac, et le coton. Ce qui entraîna la construction d'une cave coopérative pour le vin et d'une huilerie coopérative.
L'huile, le tabac et le coton étaient envoyés aux coopératives de Bône pour traitement.
On pratiquait aussi l'élevage intensif de bovins, marqués au fer rouge à l'initiale du propriétaire afin de les reconnaître, car il y avait plusieurs troupeaux.
Monsieur Georges Bossuot très connu à Bône dans le milieu agricole était aussi administrateur de 3.000 hectares de forêt appartenant à des sociétés espagnoles exploitant les lièges de Bugeaud, Président de deux coopératives et administrateur de l'Union Agricole de l'Est. Il est décédé le 23/04/1972 à Buzet-sur-Baïse en France.
Vue du centre du domaine de colonisation de Oued Frarah
La cave de Oued Frarah pouvant contenir 20.000 hectolitres de vin
Ces propriétés étaient traversées par la ligne de chemin de fer transportant le minerai de fer de l'Ouenza située plus au sud. II faut préciser qu'à cette époque la locomotive fonctionnait déjà à l'électricité alors qu'en métropole on en était encore au charbon et diesel.
Souvenir de mai 1958, de gauche à droite : René Grauby Maire de Bône, Georges Bossuot, Maire de Saint-Joseph, Armand Pellarin, Maire de Duzerville encadrant le général Vanuxen.
Nous ouvrons ici une parenthèse, sur des familles d'agriculteurs et de minotiers voisins, qui furent associées à la réussite de l'agriculture de notre plaine.
À L'OUEST
Domaine de l'Oued Kébir
D'après la revue L'Afrique du Nord Illustrée, cette propriété de 225 hectares en friche avait été achetée par M. Denis au caïd Ali Lakal dans les années 1875. Il avait entrepris alors le développement du domaine que ses petits enfants et héritiers poursuivirent.
Arthur Béghain lui succéda puis Albert Tucci administra et dirigea le domaine, situé sur la commune de Gastu, à 50 km de Bône et 52 km de Philippeville.
Ce domaine était entouré par deux rivières, l'oued Kébir et l'oued Magroun qui débordaient tous les ans en recouvrant d'un limon fertile le vignoble. Agrandi par des achats successifs de terres aux propriétaires riverains, il atteignait en 1962, prés de 700 hectares dont 250 de vigne. On se souvient du célèbre vin de table. Leur chef de culture Monsieur Raymond Lupinacci fut assassiné par les fellaghas du FLN en 1958.
À L'EST
Domaine de Ouled Dieb de Blandan
Appartenait à Robert Beghain et L. Balay. Le dernier directeur du domaine fut Pierre Gros. On se souvient des agriculteurs Riols Louis et Philippe, Jaubert Robert, Jourdan Georges de Blandan.
Autre grande cave coopérative, celle du Tarf
(Récit et document de Madame Matrone descendante de la famille Partida)
Les adhérents de la cave étaient en 1926 : Mme Vve Bouilloc, MM. Ailloud, Barral, Audouard, Cardenti, Dufour, Lafuma, Magnin, Partida, Tordo et Vincent. La production de vin, traitée par Célestin Partida et Coutant, s'élevait alors à 1.438 hl.
On se souvient des agriculteurs Breysse Gilbert, Gasnier Louis, Péclat-Munder et Déro etc. soit environ 140ha de vigne donnant à notre départ prés de 4500 hl de vin.
AU SUD
Les Moulins de la famille Lavie
(Récit et documents de Marie-Hélène et Jean-Marc Lavie)
La famille protestante de Jacques de Lavie, originaire du village "Les Vans" en Ardèche, fuyant la répression religieuse, émigra à Vevey en Suisse. Son fils Théophile né en 1704 à Vevey décéda en 1788 à Montbéliard. Perruquier, il se maria trois fois ayant 13 enfants dont Marc-David, (1737/1793) chirurgien, qui s'installa à St-Domingue dont il fut chassé par la révolte de la population. Rentré en France en 1785, élu Député du Tiers État des bailliages d'Huningue et de Belfort aux Etats Généraux de 1789, il eut un enfant naturel avec Jeanne-Antoine Chouffot. Il reconnut ce fils prénommé François-Marc né le 13/3/1787 à Bourguignon dans le Doubs, qui épousa à 27 ans Elisabeth Hartemann âgée de 15 ans.
François-Marc, qui n'avait pas fait de bonnes affaires, débarqua en 1835 à Bône, accueilli et logé par le général Monk d'Uzer.
Père de neuf enfants, il était venu avec quatre de ses aînés en âge de travailler, accompagné de deux ouvriers charrons et de deux menuisiers avec un matériel considérable de charrues, charrettes, instruments aratoires, moulins à huile et à farine.
II obtiendra du sous-intendant civil, la concession d'un marais afin d'assainir une partie de la plaine de Bône. (2)
" Quatre colons comme Monsieur Lavie assureraient le succès de la colonie " proclamait le Général D'Uzer. (3)
Par la suite il achètera à l'État et à des indigènes des moulins arabes pour installer un important moulin à Constantine, créant ainsi la Minoterie algérienne. Il décéda le 16 Juin 1863 à Constantine. Son fils François né en 1816 à Danjoutin fut le premier Maire d'Héliopolis en 1852.
François dit le jeune pour le différencier de son père, racheta grâce à plusieurs emprunts, des concessions tant à Héliopolis qu'à Guelma et mourut en 1873.
Dans l'une des propriétés d'un cadi, passait l'oued Hammam Berda qui servait à arroser vergers et potagers ainsi qu'à abreuver les troupeaux. II y avait aussi une piscine romaine d'eau chaude, faussement intitulée Hamman Berda (Bain froid en arabe).
Son fils Louis né en 1856 à Membrey, agrandit le domaine en rachetant la propriété Ben Tabouch, propriété où il planta des arbres fruitiers et des oliviers. Il mourut prématurément d'une crise de coliques néphrétiques en 1894 sans descendance.
Son frère Marcel né le 21/9/1865 à Membrey, prit la relève et vint en Algérie en 1883, après avoir terminé ses études à Marseille.
Il ne cessa de se consacrer à la région de Guelma (Oeuvres sociales, Artisanat, Ferme école, Ecole de garçons) Conseiller Général d'Héliopolis, Conseiller Municipal de Guelma. Président de la Caisse Agricole, Officier de la Légion d'Honneur, il avait épousé Magdeleine Degalle qui contribua à la réussite de "l'Oeuvre des Enfants à la Montagne", préventorium pour les enfants de toutes les communautés et devenu, Aérium de la Mahouna. Il décéda en 1956.
De cette union naquit Louis François le 10/2/1909 à Héliopolis, décédé à Lausanne. A la tête de la Société Lavie et Cie depuis 1930, Louis se montra Infatigable créateur dans tous les domaines du commerce, de l'industrie, de l'agriculture.
Marié avec Nobilia Pétrolacci, fille de l'ancien maire de Bône, Ils eurent 7 enfants : Marie Hélène, Pierre, Cécile, Jean-Marc, François, Marcelle et Robert.
Sur cette photo de 1975, on reconnaît de gauche à droite : Nobilia, Robert, Marcelle, Jean-Marc, François, Pierre, Marie Hélène, Louis et dans le fauteuil Cécile.
Madame Nobilia Lavie est décédée à Lausanne en 2005 à l'âge de 97 ans.
Cette magnifique famille de colons, exemple de réussite par le travail acharné de ses membres a .laissé en héritage à l'Algérie indépendante : Plusieurs propriétés agricoles en pleine exploitation, deux usines de pâtes alimentaires, une usine de fabrication de papier, des moulins à grains d'où sortaient semoules à couscous et farines des plus fines, ainsi qu'une huilerie.
Partie du document de l'époque, on y découvre que les concessions étaient payées.
(1) L'Afrique du Nord illustrée
(2)(3) Bône Militaire du Capitaine Maitrot
Couverture de l'Annuaire Téléphonique de la région offerte par Marie-Claire Cassar née Xerri
A SUIVRE
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LE MUTILE N° 188, 10 Avril 1921
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HYMNES NATIONAUX
LA MARSEILLAISE
ETUDE
La Marseillaise fut chantée solennellement à Paris, le 14 octobre; voici dans quelles circonstances:
Une armée française avait occupé la Savoie sans coup férir. La Convention décréta qu'une fête civique serait célébrée en l'honneur de cette conquête heureuse. Cette fête eut lieu le 14 octobre. Les délégations de la convention et de la Savoie, devenue française, et les autorités se rendirent en cortège dé l'hôtel de ville à la place de la Révolution pour prendre place auprès de la statue de la Liberté, ornée de drapeaux. Là, fut chanté l'hymne aux accents duquel la Savoie venait d'être rattachée à la France.
" Le chant des guerriers marseillais, dit, Le Moniteur, devenu l'hymne de la République, a été chanté avec enthousiasme et les spectateurs, attendris, remplis de cette satisfaction douce si différente de l'agitation bruyante de la fausse joie, se sont retirés paisiblement.
Ce fut ce jour-là qu'on chanta pour la première fois le couplet des Enfants, dont il ne se trouve aucune mention antérieure. On conviendra que cette circonstance s'accorde parfaitement avec les revendications de Louis du Bois dont il sera parlé ici prochainement, comme suite à la présente étude.
A-t-on jamais remarqué que, parmi les airs nationaux, la Marseillaise est le seul qui ne contienne pas une invocation à Dieu ou une pensée religieuse : " Dieu sauve le roi ", dit l'air national anglais; "Dieu sauve le tsar ", a dit l'air, russe. Rien de semblable chez nous.
Rouget de Lisle, destitué de ses fonctions, d'officier, à la suite de son vote, en août, contre la formation d'une Convention Nationale, vécut ses dernières années dans, une situation plus que lamentable. La misère la plus dure ne lui fut pas épargnée. Sans aucune ressource, il dut se mettre quelque temps copiste de musique. Criblé de dettes, harcelé, par ses nombreux créanciers, que serait-il devenu sans les démarches du célèbre chansonnier Bélanger, qui lui fit obtenir deux pensions de mille francs ! Le général Blein demanda pour lui la croix de la Légion d'honneur, qui lui fut accordée en 183o, trente huit ans après sa conception de la Marseillaise (!). De nos jours, on n'attend pas si longtemps pour en avoir fait beaucoup moins.
Le compositeur a un nombre assez, grand d'oeuvres musicales de tous genres -à son actif.
Dans ce cadre tout spécial, " réservé à un air guerrier, il convient de citer Roland à Roncevaux, où se remarque ce refrain célèbre qui passe pour avoir été le dernier cri des, Girondins montant à l'échafaud :
Mourir pour la Patrie,
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie. Il est à remarquer ici que la mélodie primitive a été effacée plus tard par un autre motif musical de Varney qui lui a donné une grande popularité.
Quel autre : grand acte de générosité, montré par cette décision, officielle?
Récompense Nationale
" Pour remercier Rouget de Lisle d'avoir composé la Marseillaise, la Convention Nationale le combla de ses faveurs, sous forme de " deux violons qu'elle, l'autorisait à choisir,
" Avec leurs archets et étuis ", au Dépôt national des instruments, rue Bergère. Deux pièces officielles se rapportent à ce bon. La première est un extrait de l'arrêté pris à ce sujet ".
LIBERTE ÉGALITÉ
COMMISSIONS DES REVENUS NATIONAUX
(Extrait du Registre dés Arrêtés du Comité des Finances, de la Convention Nationale)
Section, des Domaines et Contributions le 11 Fructidor de L'An II de la République Française, une et indivisible " Sur la communication faite par un membre du Comité d'Instruction publique d'un arrêté pris par ce Comité, le 4 de ce mois, par lequel le citoyen Rouget de Lisle, auteur de l'Hymne des Marseillais, est autorisé à choisir dans le Dépôt, national rue Bergère, maison- Guy-Bouet, deux violons avec leurs archets et étuis.
" Le Comité des finances, section des domaines, préalablement consulté, arrête que l'arrêté pris par le Comité d'Instruction publique, le a de ce mois, en faveur du citoyen Rouget de Lisle, sera renvoyé à la Commission des Revenus Nationaux pour être exécuté dans sa forme et teneur. . .
" Pour extrait conforme:
Signé : Leclerc, Président.
" Pour copie -conforme:
" Poussielgue".
La seconde pièce est l'avis adressé à l'employé chargé de délivrer les instruments:
LIBERTE. -EGALITE.
(Paris, le 24 Fructidor, An III.
LA COMMISSION DES REVENUS NATIONAUX
Au citoyen Bruny, garde du Dépôt National, rue Bergère.
"Nous vous envoyons, citoyen, copie, de nous certifiée, d'un arrêté du Comité des Finances du 11 de ce mois, qui ordonne l'exécution de celui pris par le Comité d'Instruction publique le 4, par lequel le citoyen Rouget de Lisle, auteur de l'Hymne des Marseillais, est autorisé à choisir, dans le Dépôt dont la garde vous est confiée, deux violons avec leurs archets et étuis.
" Nous vous invitons, en conséquence, à remettre au citoyen Rouget de Lisle, lorsqu'il se présentera avec une lettre de nous, deux violons avec leurs archets et étuis, qu'il choisira lui-même parmi ceux qui existent dans le magasin confié à vos soins. Vous aurez soin, au surplus, de nous accuser la réception de cette lettre.
"Salut et fraternité.
" Signé : POUSSIELGUE. "
Félix BOISSON.
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ANECDOTE
Envoyé par M. Jean Pierre Coste
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Envoyé par M. Pierre Anglade
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L'ACCENT DE LÀ-BAS
Ecrit et Envoyé Par M. Jacques Huver
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Oh ! Mon Dieu ! Ils m'ont tout pris :
Mon pays, ma maison, mon ciel bleu,
Mes djebels et ma petite église,
De mon pays perdu, il ne me reste plus que l'ACCENT
Seigneur ! Faites que le temps qui passe ne me prenne pas mon ACCENT.
Ce n'est pas que l'accent de la Provence ne sent pas bon le thym et la lavande
Ce n'est pas que l'accent du Nord n'est pas noble et généreux !
Ce n'est pas que l'accent de Paris n'est pas beau
Mais le mien, Seigneur, c'est tout ce qui me reste de là-bas.
Parfois, il y en a qui disent que mon accent il sent la merguez,
Ils ne savent pas, ces ignares, qu'au lieu de me vexer, ils remplissent mon cœur de joie.
Oh ! Seigneur, faites que le temps qui passe n'efface pas mon ACCENT
Parce que vous savez, Seigneur,
Cet accent là,
C'est l'accent de mon père qui,
A Monte Cassino a crié à ses tirailleurs :
" Allez Larbi ! Allez Mohamed ! En avant
Nous zôtres, pour la France ! "
Cet accent là, Seigneur !
C'est l'accent de mon grand-père
Qui a crié à Verdun à ses Zouaves :
" Allez Pepico ! Allez Renato !
Baïonnette au canon
Et Vive la France ! "
Si le temps me prend mon accent,
Comment je vais faire mon Dieu
Pour raconter à mes petits-enfants,
Avec l'accent de Paris,
Comment c'était chez nous zôtres.
Vous m'entendez mon Dieu, moi, avec l'accent d'ici,
Leur dire comment criait le marchand de légumes
Dans les ruelles de chez nous ??
C'est pas que l'accent d'ici n'est pas joli,
Mais mon Dieu, vous m'entendez leur dire
Les gros mots que l'on disait à Galoufa,
L'attrapeur de chiens,
Avec l'accent de Paris, de Marseille ou de Lyon
Alors Seigneur, je vous en prie
Laissez-le moi encore un peu
L'ACCENT DE LÀ-BAS.
Texte de Jacques HUVER de Bône
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MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
1853 Par LE GÉNÉRAL DAUMAS N° 17
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
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IV.
Guerre entre les tribus
du désert. (suite)
La nuit est passée, le ciel se dore,
c'est l'instant du départ ; la marche du second jour va commencer. A ce moment
les chefs envoient des chouafs, avec mission de reconnaître l'emplacement de
l'ennemi, et de juger aux signes extérieurs, de son état moral, de la quantité
des renforts qu'il a reçus. Ces éclaireurs s'avancent avec précaution et ne
marchent plus que la nuit lorsqu'ils approchent du camp ennemi. Puis un homme à
pied se détache, qui profite de tous les accidents de terrain pour échapper aux
regards, et souvent, couvert de haillons, pénètre hardiment, au milieu des
douars. Il s'assure du nombre de fantassins, de chevaux, de tentes ; observe si
l'on rit, si l'on s'amuse, ou si la tristesse règne dans le camp, puis vient
rendre compte du résultat de ses observations.
Les Chouafs réunis attendent le jour dans un endroit caché, impatients de voir
quelle sera l'attitude de l'ennemi au soleil levant; s'il fait la fantasia,
s'il tire des coups de fusil, si l'on entend des cris de joie, les chants, les
sons de la flûte, bien certainement il a reçu des renforts, et il ne s'inquiète pas de l'attaque prochaine.
La tribu poursuit sa marche jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'à neuf ou dix lieues de l'ennemi. On ne s'est avancé
qu'à petites journées; les bagages, les femmes, les fantassins, sont autant de
causes de lenteur; ce qui retarde surtout, ce Bout les ordres des chefs qui
veulent laisser à ceux qu'ils vont attaquer le temps de la réflexion.
C'est prudemment agir, et de puissants motifs les déterminent. Qui sait? Peut-être vont-ils recevoir des
propositions de paix avec force cadeaux; pour eux, les personnages
prépondérants dans les conseils? Les exemples manquent-ils? N'est-ce point la
coutume! A eux les cotonnades, les vêtements de drap (kate), les fusils montés
en argent, les bracelets de pied (khrolkhral), et enfin les douros !..
Alors, il faut le dire, quand l'affaire prend cette tournure, elle est bien
près de s'arranger à l'amiable.
Les deux partis ennemis ne sont plus
séparés que par un espace de dix lieues, et aucune proposition directe ni
indirecte, n'a été échangée. La tribu se reconnaît-elle incapable de résister,
ou accepte-t-elle la lutte ?
Si elle renonce à combattre, elle
réunit les marabouts les plus influents, et les munit de cadeaux et d'argent
dont chacun a fourni sa part. Les saints hommes se rendent dans le camp ennemi,
au milieu de la nuit, sous la protection d'un chef prévenu à l'avance, et bien
vite séduit par de nombreux cadeaux, celui-ci
les conduit chez un autre chef, qui se laisse également aller à recevoir les
présents qu'on lui offre ; tous les deux accompagnent les messagers de pais
chez un troisième personnage, et ainsi de suite, jusqu'à ce que soient gagnés
tous ceux dont la voix est puissante. Alors seulement les marabouts, surs de la
bienveillance de ceux qui les écoutent, émettent les propositions qu'ils sont
chargés de faire, et s'expriment ainsi :
« Nous ne sommes
venus que pour l'amour de Dieu. Vous savez que nous sommes marabouts et que
nous ne voulons que le bien. Il faut, en notre considération, vous arranger
avec les musulmans qui nous envoient; cela vaudra mieux que d'attirer sur nous
tous les malheurs de la guerre, la ruine, la mort, etc. Si vous voulez le bien,
Dieu vous bénira, vous, vos femmes, vos enfants, vos juments, vos chamelles; si
vous voulez le mal, qu'il retombe sur vous ! Nous le répétons, faites la
paix et que Dieu maudisse le démon ! »
Après quelques difficultés soulevées
pour la forme, les chefs finissent par répondre aux marabouts :
« Eh bien, nous ferons la paix à cause de Dieu
et à cause de vous, mais aux conditions suivantes :
1° Vous nous rendrez les objets, denrées ou animaux qui nous ont été enlevés, lorsque les vôtres ont
pillé notre caravane à tel endroit;
2° Vous payerez la dya (1) (prix du sang) des
nôtres tués par vous tel jour ;
3° Vous nous rendrez aussi tout ce qui nous a été enlevé en troupeaux, tel jour, par les vôtres,
dans telle khrotefa ;
4° Vous nous restituerez tous les chameaux et chevaux que vos voleurs nous ont dérobés et
qui sont encore chez vous. »
Les marabouts acceptent ces
conditions, s'en rendent garants ; alors on apporte le livre saint de
Sidi-Abd-Allah, et tous les chefs jurent de faire la paix. Le serment prêté,
ceux qui sont venus pour que le sang ne fût pas versé, retournent dans leur
tribu l'instruire de ce qui a été décidé, et la forcer d'exécuter les
conditions dont ils se sont portés garants.
Le lendemain la tribu qui a accordé
la paix, continue sa marche, et vient asseoir son camp à une lieue au plus de
l'ennemi. A peine est-elle installée que les marabouts et tous les chefs du
parti opposé viennent apporter la rançon convenue. Les grands des deux camps
rivaux se réunissent et jurent de nouveau sur le livre de Sidi-Abd-Allah .
« Par la vérité de
Sidi-Abd-Allah, nous jurons qu'il n'y aura plus entre
nous ni razzia, ni vols, ni meurtres, ni ousiga (représailles), que nous sommes frères, et que nos
fusils ne tireront plus qu'ensemble. »
Les marabouts des deux partis lisent
alors le fatahh, et terminent en disant: « Que Dieu
vous bénisse, nos enfants, d'avoir ainsi enterré le couteau du mal (khrodini
cheurr ), et qu'il vous fasse prospérer dans vos familles et vos biens ! »
Ces marabouts sont ensuite visités de part et d'autre par les chefs qui leur donnent des offrandes nommées zyara (visite).
La paix conclue, la tribu qui
s'était mise en mouvement revient sur ses pas, et fait au départ une fantasia
des plus bruyantes ; les chevaux caracolent, les coups de fusil retentissent,
les femmes poussent des cris; c'est de la joie, du bonheur, du délire. Une
douzaine des chefs de cette tribu restent au milieu de leurs ennemis de la
veille, et en reçoivent une hospitalité fastueuse, même de riches présents.
Puis, à leur départ, ils emmènent, à leur tour; quelques-uns des chefs, leurs
hôtes, et rendent à ces nouveaux alliés leur généreux accueil.
Ces trêves durent assez longtemps; c'est à dire une ou deux années.
Certes la paix n'eut pas
été conclue, si les marabouts qui sont venus la solliciter ne s'étaient pas
présentés au milieu de la nuit; s'ils venaient en plein jour, les Arabes,
témoins de leurs intrigues, s'écrieraient par jalousie (3) :
« Par le péché de nos
femmes, nous nous battrons; un tel a reçu du drap, un tel de l'argent,
un autre des bijoux, celui-ci des cotonnades, celui-là des armes, et nous, dont
les frères sont morts, nous, dont les troupeaux ont été enlevés, nous n'avons
rien reçu ! Oui, nous le jurons par Sidi-Abd-Allah, la poudre parlera. »
Souvent, en effet, la poudre parle,
et sans que les envieux aient eu à se plaindre des cadeaux faits aux chefs,
sans qu'ils les aient empêchés de se débattre et d'accepter des conditions dont
ils ne tireraient aucun profit. C'est quand la tribu a résolu de résister, qu'elle
se dispose alors à la lutte.
Elle laisse arriver les ennemis à
une journée de marche, aucune avance, aucune proposition ; ils continuent leur
route le lendemain, et viennent camper à deux lieues au plus de ceux qui s'attendent au combat.
Les éclaireurs des deux partis se
rencontrent, ils s'excitent mutuellement et préludent aux hostilités par des
injures. Ce sont les mecherahhin (provocateurs); ils échangent quelques coups
de fusil, et s'écrient,
Les uns : « 0
Fatma ! filles de Fatma ! la nuit est arrivée; pourquoi continuer aujourd'hui?
demain s'appellera votre jour. »
Les autres : « Chiens, fils de chiens, à demain, si vous êtes des hommes vous
nous rencontrerez. »
Les éclaireurs se retirent, les
chefs de chaque parti organisent au plus vite une garde de cent hommes à cheval
et de cent hommes à pied pour la sûreté du camp ; le lendemain on s'observe
avec attention : si l'un des deux partis charge ses tentes, l'autre
en fait autant; mais si, laissant ses tentes dressées, il s'avance au combat
avec sa cavalerie, son infanterie et ses femmes montées sur des chameaux, on
suit son exemple.
Les cavaliers des deux tribus se
font face ; les femmes sont en arrière, prêtes à exciter les combattants par
leurs cris et leurs applaudissements ; elles sont protégées par les fantassins,
qui en même temps forment la réserve.
Le combat est engagé par de petites
bandes de dix à quinze cavaliers, qui se portent sur les flancs et cherchent à tourner l'ennemi.
Les chefs, à la tête d'une masse assez compacte, se tiennent
au centre. Bientôt la scène s'anime et s'échauffe; les jeunes cavaliers, les
plus braves et les mieux montés, s'élancent en avant, emportés par l'ardeur et
la soif du sang. Ils se découvrent toute la tète, entonnent des chants de
guerre, et s'excitent au combat par ces cris :
« Où sont-ils ceux qui
ont des maîtresses? C'est sous leurs yeux que les guerriers combattent aujourd'hui !
« Où sont-ils ceux
qui, près des chefs, parlaient toujours de leur vaillance? C'est aujourd'hui
que la langue doit être longue, et non dans les causeries.
« Où sont-ils ceux qui
courent après la réputation?
« En avant les enfants
de la poudre ! Voyez devant vous ces fils de juifs! Notre sabre doit s'abreuver
de leur sang; leurs biens, nous les donnerons à nos femmes.
« A la nage!... les
jeunes gens! à la nage ! Les balles ne tuent pas.
« Il n'y a
que la destinée qui tue. »
Ces cris enflamment les cavaliers,
ils font cabrer leurs chevaux et sauter leurs fusils; tous les visages
demandent du sang; on se mêle, et l'on fini, par s'attaquer à coups de sabre.
Cependant l'un des deux partis
recule et commence à se replier sur les chameaux qui portent les femmes; alors
on entend de part et d'autre les femmes pousser les unes des cris de joie pour animer
encore les vainqueurs, les autres des cris de colère et de sanglantes
imprécations pour raffermir le courage ébranlé de leurs maris ou de leurs frères.
« Les voilà donc ces
fameux guerriers qui chevauchent avec des étriers blancs et des vêlements
splendides dans les fêtes et les noces ! les voilà qui fuient et abandonnent
jusqu'à leurs femmes! 0 juifs, fils de juifs ! mettez pied à terre, nous monterons
vos chevaux, et, à partir d'aujourd'hui, vous ne compterez plus
parmi les hommes. 0 les lâches! que Dieu les maudisse ! »
A ces injures, l'ardeur
se réveille chez les vaincus, ils tentent un effort vigoureux; appuyés par le
feu des fantassins qui sont en réserve, ils regagnent du terrain et rejettent l'ennemi
jusqu'au milieu de ses femmes, qui à leur tour maudissent ceux
qu'elles applaudissaient tout à l'heure.
Le combat se rétablit sur l'emplacement
qui sépare les femmes des deux tribus : la lutte dans ses différentes
péripéties a été très acharnée, et bientôt le parti qui a eu le plus de chevaux
et d'hommes blessés, qui a perdu le plus de monde, et surtout qui a
vu tomber ses chefs les plus vaillants, prend la fuite, malgré les exhortations
et les prières de quelques hommes énergiques qui, voulant le rallier, volent de
la droite â la gauche, et cherchent à ressaisir la victoire.
Ces braves s'écrient : «
Y a-t-il des hommes ici, ou n'y en a-t-il pas?
« Tenez vos âmes! Si
vous fuyez, on vous enlèvera vos femmes, il ne vous restera que la honte.
« Mourez ! on ne dira
pas : ils ont fui !... Mourez ! vous vivrez encore! »
Alors il se passe une scène vraiment
belle et touchante ; le chef le plus élevé, au désespoir d'être vaincu, se
précipite dans la mêlée pour y trouver la mort, mais il est retenu par les jeunes
gens qui l'entourent et le supplient de se retirer.
« Tu es notre
père, disent-ils; que deviendrions-nous si nous venions à te perdre? C'est à
nous à mourir pour toi; nous ne voulons pas rester comme un troupeau sans berger. »
Quelques guerriers veulent encore
tenir, mais la déroule générale les entraîne ; ils sont bientôt auprès de leurs
femmes. Alors chacun voyant que tout est perdu, s'occupe de sauver ce qu'il a
de plus cher; on gagne le plus de terrain possible eu arrière ; de temps à
autre on se retourne pour faire face à l'ennemi, s'il poursuit.
Un désespoir téméraire a parfois
changé la face des choses. Aïssa-Ben-el-Chériff, un enfant de quatorze ans,
était monté à cheval avec sa tribu pour repousser une attaque dirigée par
Sy-el-Djedid. Les gens de l'Arbâa lâchaient pied et prenaient la
fuite, lorsque l'enfant se jetant en avant d'eux essaya de les arrêter.
« Quoi donc !
vous êtes des hommes et vous avez peur? Vous avez été élevés dans la poudre et
vous ne savez pas la frapper! N'avez-vous donc tant soigné vos juments que pour
vous en servir dans la fuite? » Les autres criaient toujours : « Djedid ! Djedid ! voilà Djedid ! - Djedid, reprend
l'enfant, c'est un homme seul qui vous fait fuir! Voyez donc ce guerrier
terrible qui met en déroute des centaines d'hommes et qu'un enfant arrête dans
sa victoire ! » et Aïssa pique des deux. Il arrive au guerrier redouté;
Djedid ne se tenait pas sur ses gardes; qu'avait-il à craindre d'un enfant?
mais celui-ci se jette à son cou, l'enlace, et quittant son cheval, se suspend
à lui d'une main, tandis que de l'autre il cherche à le frapper de son couteau.
Djedid,
stupéfié de tant d'audace, gêné dans ses mouvements, cherche en vain à se
débarrasser; mais il n'a pas assez de tout son sang-froid pour parer les coups
que lui porte l'enfant. Enfin il n'a pas d'autre moyen de salut que de se
laisser tomber de cheval afin d'écraser Aïssa dans sa chute ; mais celui-ci a
su l'éviter, et s'élançant sur le cheval du chef redouté, il rejoint sa tribu
où il montre un trophée qui fait rougir les plus vieux cavaliers de ce moment
d'effroi auquel a su résister un enfant.
Le vainqueur, s'il ne
faisait par sa faute un pont d'or au vaincu, pourrait le ruiner complètement;
mais la soif du pillage l'emporte, il se débande et ne songe qu'au butin; l'un
dépouille un fantassin, l'autre un cavalier renversé, celui-ci emmène un
cheval, celui-là un nègre. Grâce à ce désordre, les plus braves de la tribu
parviennent à sauver leurs femmes, quelquefois leurs tentes.
Après le pillage, les cavaliers de
la tribu victorieuse songent à se retirer, les chefs les y engagent.
« Nous avons beaucoup
tué, nous avons enlevé des chevaux, capturé des femmes, pris des fusils, nous
avons rafraîchi nos coeurs en faisant des orphelins de ces fils de chiens ; le
meilleur parti à prendre est d'aller coucher ce soir à tel endroit ; car nos
ennemis, soutenus de quelques renforts, pourraient bien nous attaquer cette nuit. »
On fait filer en avant tous les
bagages, une forte réserve forme l'arrière garde et les protége. Le premier
jour et les suivants, on marche jusqu'à la tombée de la nuit.
Dans ce genre de guerre, on a le
plus grand respect pour les femmes captives. Les hommes de basse naissance les
dépouillent de leurs bijoux, mais les chefs tiennent à honneur de les renvoyer
à leurs maris avec leurs chameaux, leurs joyaux, leurs parures; ils
s'empressent même de faire habiller, pour les restituer, celles qui ont été dépouillées.
Au désert, on ne fait pas de
prisonniers, on ne coupe point les tètes, et on a horreur de mutiler les
blessés; après le combat, on laisse ceux-ci s'en tirer comme ils
peuvent, on ne s'occupe pas d'eux. Il y a quelques rares exemples de cruauté ;
ce sont les vengeances d'hommes qui ont reconnu dans le goum ennemi les
meurtriers de personnes qui leur étaient chères, d'un frère, d'un ami.
A la rentrée sur son territoire, la
tribu est accueillie par une fête inouïe ; l'allégresse générale se
trahit par les démonstrations les plus vives ; les femmes font aligner leurs
chameaux sur un seul rang et poussent des cris de joie à des intervalles
réguliers; les jeunes gens exécutent devant elles une fantasia effrénée; on se
salue, on s'embrasse, on s'interroge, on prépare les
aliments et pour les siens et pour les alliés ; les chefs réunissent la somme à
distribuer à ceux-ci. Un simple cavalier ne reçoit jamais moins de dix douros
ou un objet de cette valeur. Cette rétribution s'appelle zebeun ; elle est
obligatoire et donnée en sus du butin que chacun a pu faire; on y ajoute même
pour le cavalier qui a perdu un cheval, trois chameaux ou cent douros.
Inutile de dire que l'on donne plus de dix douros aux chefs
des tribus alliées, chefs dont l'influence a été décisive ; ils reçoivent leur
part comme les autres; mais, en outre, ils reçoivent secrètement de l'argent ou
des cadeaux d'une certaine valeur (tapis, tentes, armes, chevaux).
On donne aux alliés une hospitalité
généreuse, et le lendemain, lorsqu'ils se mettent en marche pour rentrer sur
leurs territoires, les chefs montent à cheval et les accompagnent. Après avoir
cheminé de concert deux ou trois heures, on se renouvelle mutuellement le serment
de ne pousser jamais qu'un seul cri, de ne faire qu'un seul et même fusil, de
venir le matin, si l'on est demandé le matin, et de venir la nuit, si l'on est
demandé la nuit (4).
Il est naturel de chercher à savoir
pourquoi la tribu qui va être attaquée, et ne veut pas faire les sacrifices
nécessaires pour obtenir la paix, ne s'est pas, elle, tribu nomade, mise à fuir
au lieu d'attendre le combat.
Fuir, ce serait vouloir être
poursuivi et attaqué dans le désordre d'une retraite, ce serait s'éloigner de
son pays, s'exposer à manquer d'eau pour les troupeaux, peut-être même à tomber
chez un autre ennemi, qui saisirait bien certainement une occasion de pillage et de vengeance.
Le plus sage est de choisir son
terrain, de réunir ses alliés et d'attendre l'ennemi si l'on se croit le plus
fort, ou de faire des concessions si l'on se sent le plus faible.
O mon Dieu ! sauve-nous et sauve nos
chevaux. Tous les jours nous couchons dans un pays nouveau. Peut-être qu'elle
se rappelle nos veillées avec les dûtes et les tambours.
Observations de l'émir Abd-el-Kader.
Comment les peuples étrangers
pourraient-ils lutter avec nous, qui nous sommes élevés au plus haut point de
l'honneur, et même au-dessus de toutes les tribus réunies dans les grandes
assemblées? Ne conduisons-nous pas à l'ennemi des chevaux de race pare qui,
terribles comme des lions furieux, savent courir, éperdus, dans les chemins périlleux des montagnes.
J’ai préparé, pour le cas où la
fortune me serait infidèle, un noble coursier aux formes parfaites, qu'aucun
autre n'égale en vitesse.
J'ai aussi un sabre étincelant qui
tranche d'un seul coup le corps de mes ennemis.
Et cependant la fortune m'a traité
comme si je n'avais jamais goûté le plaisir de monter un buveur d'air;
Comme si je n'avais jamais reposé
mon cœur sur le sein virginal d'une femme bien-aimée, aux jambes ornées de bracelets d'or;
Comme si je n'avais jamais ressenti
les douleurs de la séparation;
Comme si je n'avais
jamais assisté au spectacle émouvant de nos chevaux de race surprenant l'ennemi à la pointe du jour ;
Comme si, enfin, après une défaite,
je n'avais jamais ramené des fuyards au combat en leur criant :
« Fatma, filles de Fatma !
« La mort est une contribution frappée sur nos
têtes; tournez l'encolure de vos chevaux et reprenez la charge. »
Le temps roule sur lui-même et revient.
« Ah ! que je voudrais jeter le monde sur sa figure! »
1. La dya, dans le Sahara,
se paye cinquante hachy ou chameaux de trois ans, ou bien encore trois cents moutons; un hachy ne vaut donc que six moutons.
2. Le fatahh. Invocation religieuse.
3. S'écrieraient par jalousie. — Ce passage donne encore un côté de la vie arabe. II prouve en même
temps combien, aux chefs, il faut d'habileté, de prudence et de politique pour
diriger un peuple dont le dernier berger veut connaître les affaires de son pays.
4. Dans le désert, si les haines sont héréditaires et vivaces, les sympathies, en revanche, sont aussi
nombreuses que profondes. Voici des vers qui prouvent jusqu'à quel point de
délicatesse et de dévouement l'amitié peut être poussée chez les Arabes :
« Si l'ami ne marche en aveugle comme l'enfant, s’il ne s'expose pas volontairement à la mort, en
oubliant que le suicide est un crime, il n'aura point de place dans les tentes de nos tribus.
J'obéirai à l'appel de mon ami, quand la lumière du matin serait le reflet des épées, quand les ténèbres
de la nuit seraient les ombres de la poussière soulevée par le pied des
chevaux, j'irai pour mourir ou pour être heureux. Le moindre des sacrifices
auxquels j'ai consenti, c'est de mourir. Puis-je vivre loin de l'asile que
j'aime? Puis-je supporter l'absence des voisins auxquels je suis accoutumé?
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Le garagiste
Envoyé Par Jean Pierre
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Deux gars vont chercher de l'essence dans une station service à la frontière franco-belge.
La station est éloignée mais ils font le déplacement car ils veulent participer au concours organisé par le gérant de la station :
" Une heure de sexe gratuit " !
Ils font donc le plein et demandent au gérant s'ils peuvent participer au concours.
OK, dit le gérant, si vous gagnez vous avez droit à une heure de sexe gratuit, offerte par la maison.
Et comment on joue ? demandent les gars.
C'est simple, dit le gérant, je vais penser à un nombre entre 1 et 10. Si vous devinez ce nombre, vous gagnez votre heure de sexe gratuit.
Je dis 7, répond le premier gars.
Désolé, c'était 8, dit le gérant.
La semaine suivante, ils retournent à la station, refont le plein et demandent à participer au concours.
OK, dit le gérant, je vais penser à un nombre entre 1 et 10, si vous devinez ce nombre, vous gagnez votre heure de sexe gratuit.
Je dis 5, répond un des deux amis.
Désolé, c'était 7, dit le gérant.
Sur le chemin du retour, le premier gars dit a l'autre :
Je suis sûr que ce concours est truqué.
Je ne pense pas, répond le deuxième.
Ma femme a gagné deux fois la semaine dernière !!!
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" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
Envoyé par M. Daniel Dardenne N°13
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Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.
COMMENTAIRES DES GRAVURES
14 - PORTE DE LA QAÇBA DES OUDAYA
Une Qaçba est une citadelle qui abrite les palais du souverain, les casernes de sa garde. Généralement reliée à l'enceinte d'une ville forte, elle offre en cas de siège, un dernier réduit aux défenseurs. Ses défenses sont parfois dirigées davantage contre la ville que contre l'extérieur, à Alger, notamment.
On trouve des Qaçba à FES, MARRAKECH, MEKNES, TLEMCEN, ALGER, TUNIS etc, c'est-à-dire, dans les villes qui servirent de siège aux représentants du Calife ou à de petits souverains émirs, beys, etc...
La Qaçba des Oudaya a été édifiée sur l'emplacement d'un ancien ribât, Ribât el-Fath (couvent de la victoire) qui a donné son nom à Rabat. Elle a été construite à la fin du XIIème siècle, par Ya'qoûb el-Mançoûr, petit fils de 'Abd el-Moûmin pour surveiller l'embouchure du Bou Regreg d'où partaient les corps expéditionnaires pour l'Andalousie. " Cette magnifique porte s'élève sur un promontoire rocheux face à l'immense camp fortifié bâti par Ya'qoûb el-Mançoûr et à l'imposant minaret de Hassan. C'est l'un des meilleurs exemples de l'habileté des architectes almohades à tirer parti des sites naturels ". (R. LE TOURNEAU).
Les portes furent les points les plus vulnérables des enceintes fortifiées. Aussi ont-elles été adaptées aux exigences de la sécurité. La porte de la Qaçba des Oudaya est dite à " baïonnette ", c'est-à-dire qu'elle présente 3 salles coudées aménagées pour la défense. La porte protégée par deux saillants et fermée par deux vantaux bardés de fer, est une véritable forteresse:
A noter les proportions harmonieuses de cet ensemble, bâti en pierres brun rouge.
Les arcs concentriques en fer à cheval outrepassé brisé, l'entrelacs de mailles et les deux palmettes, sont sculptés à même la pierre. La décoration est sobre et bien équilibrée.
Comparons cette porte à celle d'un château-fort de la même époque : on sera frappé par le contraste ; là, priment les préoccupations utilitaires : porche étroit, murs nus et épais ; au contraire l'ouvrage almohade témoigne du souci d'associer le beau à l'utile, signe d'une civilisation à l'apogée de sa puissance politique et militaire.
15 - PORCHE DE LA MOSQUEE
DE SIDI BOU MEDINE A EL-'EUBBAD (Tlemcen)
" Dans la façade des mosquées le décor est concentré autour de la porte " (G. MARÇAIS)
En 739 de l'Hégire (1339), le sultan Mérînide Aboûl'l-Hasan construisit la mosquée d'EL-'EUBBAD comme annexe du tombeau de Sidi Bou Médine. C'est à la vénération de ce saint que le village d'EL-'EUBBAD à 2 km., de Tlemcen doit d'être devenu le centre de multiples fondations architecturales, mosquées, médersas, bains, hôtellerie, pour les étrangers de marque.
" Le porche de la mosquée de SIDI BOU MEDINE est prestigieux. Une grande arcade en fer à cheval dépassant 7 m. de haut, large de 3 m, encadre la porte. Dans le rectangle qui la chevauche, s'entrelacent des arabesques en faïences blanches, brunes, vertes et jaunes, combinaisons diaprées de palmettes doubles symétriquement affrontées. Au-dessus, une bande de mosaïques déroule une inscription dédicatrice à hampes élancées : " Louange au Dieu unique ! L'érection de cette mosquée bénie a été ordonnée par notre maître, le Sultan serviteur de Dieu, Ali fils de notre Seigneur le Sultan ABOU SAID OTMAN, fils de, etc... ; que Dieu le fortifie et lui accorde son secours - en l'année 739 (1339) ".
Dominant le ruban épigraphique, s'étale une frise de 5 rosaces dont le centre est une étoile octogonale et qui se joignent les unes aux autres, au moyen de chevrons disposés sur quatre bandes verticales. Un auvent à consoles géminées fait saillie sur l'ensemble. A environ 2 mètres du sol, les faces intérieures du porche, sont sillonnées d'arabesques et d'inscriptions ".
(BERQUE, L'Algérie, terre d'Art et Histoire. Gouvernement Général de l'Algérie).
" En comparant cette image avec la précédente, on saisit à plein la différence qui sépare l'art almohade de l'art mérinide qui est pourtant son héritier sur bien des points :
L'impression qui se dégage de la porte de la Qaçba des Oudaya est toute de majesté austère et vigoureuse : le décor est sobre et d'une seule couleur, le matériau employé est la pierre toute nue.
L'oeuvre mérinide, en dépit de sa grâce, est beaucoup plus chargée et composite : l'auvent est de bois, la décoration générale de faïence polychrome, l'intérieur de plâtre sculpté, on serait tenté de dire : ciselé.
La perfection et la richesse du détail risquent de compromettre l'impression d'ensemble.
Cet art, qui conserve beaucoup de charme, n'a plus la vigueur ni l'unité de l'art almohade. Seul parmi- les constructions mérinides l'altier minaret de Mansoura, à côté de Tlemcen (XlVème siècle) s'apparente de très près aux chefs-d'oeuvre du XIIème et du début du XIIIème siècles ". (R. LE TOURNEAU).
Remarque : La décoration de cette porte a servi de motif pour illustrer la couverture du présent ouvrage.
16 - MEDERSA BOU 'INANIYA - FES
" Ce qui est beau n'est cher, tant grande qu'en soit la somme ".
" N'y trop se peut payer chose qui plait à l'homme ".
Telle fut la réponse, rapportée ainsi par le vieil historien Léon l'Africain, du Sultan Abou 'Inan à son intendant qui lui présentait après l'achèvement de la médersa, le registre des dépenses de construction.
Et la légende rapporte qu'Abou 'Inan prit le registre et le jeta dans la rivière qui traverse la médersa. Mais Léon l'Africain ajoute : " Il y eut un tresorien appelé Hibnulazi, lequel en avait tenu compte et trouva qu'on avait dépendu quatre cent octante mille ducats ". Cette somme immense correspond à plusieurs millions de notre monnaie (livre écrit en 1927).
La médersa, qui portait originairement le nom de Mutawakkiliya est désignée aujourd'hui sous le nom de Bou Inânîya en souvenir de son fondateur.
Elle est la dernière en date et la plus importante des médersas fondées par les souverains mérinides. Abou 'Inan la voulut telle. Elle est, en tout, extraordinaire. Elle est doublée d'une mosquée et d'une mosquée cathédrale, c'est-à-dire possédant une chaire pour le sermon du vendredi (1) ; elle comprend une école coranique ; elle est pourvue d'un imposant minaret ; elle est accompagnée enfin d'une horloge monumentale, édifice unique en Afrique du Nord...
Du haut de son minaret, l'on voit les minarets de Fès l'Ancienne et de Fès la Neuve. Le signal de la prière pouvait donc être donné aux deux villes par la Bou Inânîya. Elle devait supplanter ainsi la célèbre Karaouiyne qui se trouve dans le fond de Fès l'ancienne et à qui, de toute mémoire, appartenait ce privilège.
Organisée pour satisfaire à toutes les exigences de la religion et de la science, cette superbe médersa devait dans la pensée de son fondateur plein d'orgueil, prendre la première place dans la capitale religieuse et intellectuelle du Moghreb...
D'après l'inscription
" ...Cette médersa bénie et noble, fondée " dans la crainte d'Allah et dans le désir de lui être agréable " est DESTINEE A L'ENSEIGNEMENT DE LA SCIENCE (RELIGIEUSE) ET DE LA RECITATION DU KORAN... "
(Dans la Médersa) se trouve un monument qui fait partie intégrante de la médersa et qui est unique en Afrique du Nord ; une horloge monumentale... pour marquer chaque heure, un poids tombait dans une des coupes (de bronze) et une fenêtre s'ouvrait... Cette horloge est en ruines...
Les bâtiments, disposés autour de la cour comprennent, au Nord, des cellules d'étudiants, à l'est et à l'ouest deux salles de cours et d'autres cellules. Ces trois côtés sont desservis par une galerie. Au sud s'étend la grande salle de prière qui est, on se le rappelle, une véritable mosquée cathédrale. La médersa peut abriter une centaine de tolba (2)... L'architecture est d'une très belle ordonnance... La décoration est somptueuse... La dérivation d'un bras de l'oued Fès coule à découvert le long du côté sud de la cour, en bordure de la salle de prières...
Charles TERRASSE
Médersas marocaines
Albert Morancé - Editeur -
Remarques :
(1) Cette chaire se nomme le minbar. Voir commentaire N° 11.
(2) Tolba, singulier Taleb, étudiant à la médersa.
(3) Le Taleb que l'on voit accroupi au bord du bassin est occupé à faire ses ablutions rituelles avant la prière. Les fenêtres du premier étage éclairent des cellules d'étudiants.
17 - MIHRAB DE SIDI BEL-HASAN A TLEMCEN
La mosquée de Sidi bel-Hasan, aujourd'hui transformée en musée, fut construite en 696 - (1296) à l'époque du sultan 'Abd el-Wâdide Aboû Sa'îd 'Othmân.
La gravure représente le mihrâb de cette mosquée.
Le mihrâb est une niche indiquant la qibla, c'est-à-dire, la direction de la Mekke dans une mosquée
On remarque deux larges bandeaux horizontaux à inscription coufique de part et d'autre des pieds droits (ou montants de la niche), formant la base du cadre somptueux.
" Au-dessus, l'arc en fer à cheval enveloppé de ses claveaux rayonnants et croissant de bas en haut est inscrit dans un rectangle en gorge. où court une inscription cursive...
Plus haut, règne un deuxième étage formé de trois fenêtres à claustra (grilles à jour en plâtre). Une bordure à inscription cursive encadrant à la fois cet étage et le cadre de la niche, relie entre elles les deux parties superposées. (G. MARÇAIS).
" Le mihrâb de SIDI BEL HASAN est une des oeuvres les plus exquises que l'Islam ait produites en Occident. Le cadre en stuc de la niche égale les morceaux les plus parfaits de l'Alhambra avec lesquels il s'apparente. Jamais la fantaisie des sculpteurs ne se montra plus ingénieuse ni plus élégante, jamais on ne donna, avec une matière aussi pauvre, une impression plus somptueuse. " (G. MARÇAIS). Manuel d'Art Musulman. PICARD éditeur.
Remarques :
On notera les similitudes entre ce mihrâb et le porche de la Mosquée d'El 'Eubbâd (planche n° 15). C'est qu'en effet " le Mihrâb est une porte à sa manière, une porte qui s'ouvre vers la Maison de Dieu ", c'est-à-dire la Ka'aba à la Mekke). G. MARÇAIS.
Par ailleurs, les chapiteaux disposés sur le sol ne devraient pas normalement se trouver à cette place ; leur présence résulte sans doute de la transformation du sanctuaire en musée.
* * *
A SUIVRE
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PHOTOS DE VIE BÔNOISE
Envoyé par M. Charles Ciantar
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Voici ci-dessous un Livret d'Ouvrier de M. Théodore Ciantar délivré à Bône. Et si en 2010 on revenait à un tel Livret d'Ouvrier, que diraient les français et les associations de défense de certains droits des hommes ?
DISCRIMINATION, INSCRIPTION SUR FICHIER, FLICAGE, ETC...
En ce temps là, il n'était pas question de tout cela, les bêtes humaines fermaient leur gueule parce qu'il fallait travailler pour manger car il n'y avait pas d'assistance à tout va comme à l'heure actuelle.
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LA FUSILLADE DE LA RUE D' ISLY
26 MARS 1962
Ecrit et Envoyé Par M. Jacques Huver
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Ils étaient des centaines, ils étaient des milliers
Ils s'appelaient Hernandez, Esposito, Lévy ou Durand
Ils étaient des centaines ,ils étaient des milliers
Dans leurs mains nues ils n'avaient que leur désespoir.
Et la haut le ciel d'Alger était si bleu !
Ils étaient des centaines ,ils étaient des milliers
Ils allaient la bas au devant de leurs frères
Ils allaient la bas vers Bâb El Oued assiégée.
Bâb El Oued encerclée
Bâb El Oued derrière les barbelés
Bâb El Oued crie au secours !
Et là haut le ciel d'Alger était si bleu !
Dans leurs mains nues ils n'avaient que leur désespoir
Mais devant eux les monstres d'acier pointaient leurs canons.
Alors du ciel si bleu, l'orage est arrivé.
ILS ONT OSE ILS ONT TIRE
Les monstres d'acier ont craché leur venin
Ils étaient des centaines ! Ils étaient des milliers !
Ils voulaient tendre la main à leurs frères assièges
Mais sur leur chemin, la mort ils ont rencontrée.
" Halte au feu ! Halte au feu ! ", criait le lieutenant
Mais aveugle, à droite, à gauche, tu fauchais tes victimes la mort !!
ILS ONT OSE ILS ONT TIRE
Sirènes, rafales, plaintes, cris, gémissements !
Et toi, la mort tu dansais sur cette musique macabre.
Mais prends garde à toi la mort, n'enlève jamais ton casque
N'enlève jamais ton masque
Car les frères de ceux que tu as fauché te reconnaîtront
Et jusqu'à la fin des temps se souviendront
ILS ONT OSE ILS ONT TIRE
Texte de Jacques HUVER de Bône
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CONTE EN SABIR
Par Kaddour
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VOYAGE DE DJELLOUL A PARIS
Ji souis sarjan primier taraillor, j'en a plus di trois mardaille, ji ni pas la mardaille minitère y ji si pas pourquoi.
Ma courounil y veut, pas fir brobositioun por moi parc' qui ji souis mouvise habitude ; il y barbi.. ji compran pas ! ! ji compran pas ! ci pas vri parci qui ji compran bian quisqui vo barli, ma ji si pas spliqui en Franci, il y barli moi tojor bian camarade afic pitit tiraillor. Ji di citi bas vri, i1 a fot moi à la borte et il a di qui ji peu mi foiller por rengagi.
Ji souis pas content et j'y trovi mon camarade Abdallah, litenant endigent qui son di : vatan à Baris, ti voir l'emperor y ti fir on riclamation, barsé qui ti en a on blissour y qui ti en a quatorze an di sarbice.
Ji di ça va bian, ji dimandi on parmission de 15 jours ji fot moi le camp à Baris.
Si souis rivi au bout, di 4 jours, ji souis malade por la mir, ji crois ji va rcrivi, ji digouli nom di nom plus quand ji fir soli avec l'absinthe.
Ji rencontri on soddat avec on gran chival, il en a on casrol sor la tite, on marmite par divant et on bidon campement par darrière, y m'a dit y s'apil corassier. Ji dimandi ousqu'il est la mison di l'empiror. Li corassier y me dit : " Ti en a la sanche, jostement ji va moi à la mison di l'empiror, vian afic moi ji ti fir entrer. "
Ji marchi por la route afic lui y nous sommes arivi dans on mison qu'il y bil tot à fi. Ji barli por li blanton, ji dir qui ji vian voir msiou l'empiror.
Ji marchi afic le blanton y ji souis arrivi dans li bureau di générar Fleuri (in al-bouk Kaoued kebir) !
Y di quisqui tou vo ?
- Mon générar, ji souis vinou à Baris por fir on clamation por l'empiror : j'en a 14 ans serbice minitère, j'en a on blissour (ji pui pas fir voir bor toi, cit one bal qui ji riçois dans le darière en Italie) ; j'en a trois mardails : mardail Crimi, mardail Tali, mardail di Coehinchine, i ji crois qui j'en a l'droit por mardail monitère.
- Ti y en a brobosition di coronil ?
Coronil y vo pas fir brobosition, alors moi ji vian Baris por fir on clamation à l'empiror.
- Atan moi ici, ji va voir ton dossier.
Générar y son barti, ji risti plus de dos hores por attendre qui vian. Au bout di dos hores, y vian on litenant qui barli :
- Vatan ti rian à fir ici.
- Bardon, ma litenant, ji bisoin barli afic générar Fleuri, qui son barti por sarchi mon dossié.
- Le voilà, ton dossier, il est propre.
- Bardon, mon litenant, ji soui on vio taraillor, j'en a 14 ans sarbice. (Li générar Fleuri y son arrivi).
- Il est encore là ce sale individu ?
- Mon ginirar ti fir por moi gran blisir, qui ti dire à mosio l'empror y donni moi la mardail monitère.
- Attends, je vais te la donner (y trapé moi par li dos, épuis y ma foutu à la porte avec son pied ousqui j'en reçu ma blissur, et y son di por moi : Roh ! Balek... salle Germiny)
Quis qui ci, ci pas moi, ji souis Djelloul, sarjan au primier tiraillor, ji m'apil pas Germiny, ti trompi, ti ma pris por on autre.
Pas moyan fir splication, y vian on gendarmia qui ma fir marchi, fissa, lissa come on lapin.
Ji souis barti, et ji n'a pas eu la mardail, parc' qui ginirar y sa trompi, y croit qui ji m'appil Germiny (bian sur qui ni pas gran soge cit n'houme-la). I par sa faute ji ni pas la mardaille monitère.
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BULLETIN N°8
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE
SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION
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ITINERAIRE DE RUSICADA A HIPPONE
Par M. HENRI TAUXIER
Sous-lieutenant au 74e régiment d'infanterie de ligne.
III. - Des différents
noms qui furent donnés à Hippone.
La première fois que noire Hippone apparaît dans l'histoire,
c'est sous le nom d'Hippou-Acra. Ce nom, dans lequel les Grecs ont voulu voir
la mention d'un Cap du Cheval, provient vraisemblablement des mots phéniciens
hagra, fort, et ubbon, golfe, et signifiait dès lors le Fort du golfe. Les deux
villes qui portaient ce nom, Bône et Bizerte, sont en effet placées sur des golfes.
C'est l'historien d'Agathocle qui a nommé le premier notre
ville, « Eumachus, disait-il, prit ensuite Hippo-Acra, ville du même nom que
celle dont Agathocle s'était emparé (1) (305 av. J.-C).
Si l'on en croyait pourtant cet écrivain sur parole, ce ne
serait pas sur la côte qu'il faudrait chercher l'Hippou-Acra d'Eumachus, mais dans
la Libye supérieure, au-delà de Tôka (Tucca Terebenthina) et de Meschèla
(Mascula); mais comme certaines fables nous montrent que l'historien
d'Agathocle n'était pas un témoin oculaire, et que, par conséquent, il a fort
bien pu confondre dans son récit les détails des deux expéditions d'Eumachus,
comme enfin nous ne connaissons aucune Hippou-Acra dans l'intérieur, au lieu que
Polybe, on le verra, en plaçait une sur la côte, il est certain, à mon avis,
qu'en réalité c'est de notre Hippone qu'il est question dans l'expédition d'Eumachus (2).
Après l’expédition d'Agathocle, il n'est plus question
d'Hippone qu'à propos "de la deuxième guerre punique. Cette ville y
apparaît sous le nom, d'Hippo-Regius que lui donne Tite-Live; mais on verra,
quand nous discuterons le voyage de Polybe, que celui-ci la nommait aussi
Hippou-Acra. Dans les commentaires de César; elle porte comme dans Tite-Live le
nom d'Hippo-Regius ; il en est de même dans les livres de Mêla et de Pline,
dans l'Itinéraire d'Antonin et dans la
table de Peutinger. Cependant cette ville, s'appelait aussi Hippo-Regia, en
mettant Hippo au féminin; c'est ce qu'on voit dans Ptolémée et ce qui résulte
des indications de Strabon et de Silius Italicus. Ces écrivains, en prétendant
qu'Hippo était une résidence royale, semblent traduire ici le mot Regia qui avait ce sens en latin.
Quant à Ptolémée, comme toujours, il a fait deux points
différents d'Hippou-Acra et d'Hippo-Regius, comptant l'un pour un cap et
l'autre pour une ville; le récit de Diodore montre que c'est là une erreur, et
qu'Hippou-Acra était bien une ville et non pas un promontoire.
IV – Des rapports d’Hippone
avec les Carthaginois.
On ne sait rien de certain sur les premiers temps d'Hippone,
mais on peut déduire de certaines considérations que c'était une colonie libo-phénicienne,
c'est-à-dire fondée par des Phéniciens qui s'y étaient unis à des femmes indigènes.
1° La première raison, c'est que l'autre Hippone, comme nous
l’apprend Salluste, avait cette origine: la ressemblance des noms et leur
commune étymologie phénicienne rendent très probable une communauté d'origine;
2° L'historien d'Agathocle nous dit, en parlant d'Acris, que
c'était une ville autonome, c'est-à-dire indigène; il ne dit pas la même chose
de notre Hippou-Acra qui la précède dans le récit, d'où il résulte qu'elle ne
l'était pas, ce que par conséquent elle était phénicienne;
3° Enfin, au moment de la deuxième guerre punique, elle
était sous la pleine dépendance de Carthage, comme nous le verrons tout à
l’heure, ce qui porte à croire qu'elle était déjà auparavant sujette de cette
ville et que, par conséquent, elle était, comme toutes les villes sujettes de
Carthage, une colonie libo-phénicienne.
En sa qualité de ville libo-phénicienne, Hippone faisait du
commerce avec Carthage et n'en faisait qu'avec elle, ses jaloux suzerains se
réservant absolument le monopole du commerce avec les étrangers, et prenant
soin d'interdire tout négoce direct entre ses succursales et les autres
nations. Celle crainte jalouse apparaît dans toute sa clarté dans les traités
d'amitié et de paix qu'elle conclut dans les premiers temps avec les Romains.
Le premier de ces traités fut conclu l'année de l'expulsion des
rois (509 ans avant J-C), entre les Carthaginois et leurs alliés d'une part, les
Romains et leurs alliés de l'autre. «Les Romains et leurs alliés, y est-il dit,
ne navigueront pas au-delà du Beau-Promontoire, à moins qu'ils n'y soient jetés
par la tempête ou poursuivis par l'ennemi; s'ils y étaient poussés malgré eux,
il ne leur sera néanmoins permis d'y rien acheter, ni d'y rien prendre, sinon
ce qui sera nécessaire pour, radouber leurs vaisseaux ou pour faire leurs sacrifices ».
Le deuxième traité fut, au rapport d'Orôse", conclu l'an
352 avant J.-C, c'est-à-dire l'année où les Gaulois s'emparèrent de Rome. Il
renferme entre autres les stipulations suivantes' :« Il y aura amitié
entre les Romains et les alliés des Romains et le peuple des Carthaginois, des
Tyriens et des Utikéens et les alliés de ceux-ci. Au-delà du Beau-Promontoire,
de Mastia, de Tarsélon, les Romains ne pourront faire ni pillage, ni commerce,
ni établissement. En Sardaigne et en Afrique, nul Romain ne pourra commercer ni
former d'établissement, à moins que ce ne soit pour prendre des provisions et
radouber son vaisseau si la tempête l'y porte ; il en repartira dans le délai de cinq jours. »
On ne sait où se trouvaient Tarsélon et Mastia (3); mais la
position bien connue du Beau-Promontoire à l'ouest de Carthage et d'Utique, ainsi
que la mention de la Sardaigne, montre que les pays interdits au commerce
étranger étaient surtout les régions de l'ouest, et parmi elles notre Hippone. Ce
qui le prouve encore mieux, c'est la cruelle mesure que prirent les
Carthaginois de couler bas tout navire non phénicien surpris dans les eaux de
la Sardaigne ou du détroit de Gadès ; c'est surtout la connaissance détaillée que
les Grecs eurent de bonne heure des régions de la petite Syrte, et leur ignorance
presque complète des côtes qui sont à l'ouest de Carthage (4).
Je sais pourtant que Polybe lui-même a dit le contraire et
prétendu que c'était tout justement le pays des Syrtes que le traité interdisait
aux Romains ; mais, outre que le texte du traité est formel et ne permet aucun ambages,
on peut trouver dans la position personnelle de Polybe la raison qu'il a eue de conclure ainsi.
A quel propos, en, effet, Polybe citait-il ces deux traités?
C'était à propos de la deuxième guerre punique, laquelle fut causée, comme on sait,
par la ruine de Sagonte, ville alliée des Romains. Les Carthaginois prétendaient
que les Romains n'avaient pas le droit de s'intéresser à ce qui se passait en
Espagne, et invoquaient les traités. Rome n'avait garde d'en convenir et se mit
à équivoquer sur le sens des mots au-delà du Beau-Promontoire, prétendant qu'il
s'agissait des pays au sud de ce cap; déduction ridicule, car il en résulterait
qu'Utique et Carthage, qui vivaient de commerce, se seraient fermées au commerce
romain, puisqu'elles sont elles mêmes au sud du Beau-Promontoire. Rome, qui a
inventé le mot foi punique, s'est toujours dans sa politique montrée plus fourbe que Carthage.
La ruine de Carthage donna à cette misérable argutie la
valeur qu'ont toujours les raisonnements du plus fort. Tous ceux qui traitèrent
la question durent la trouver bonne, et Polybe fut bien obligé d'en faire
autant. Mal vu des Romains pour son esprit d'indépendance, protégé par les
Scipions, il ne pouvait donner tous les torts à la politique romaine sans
courir des dangers réels et s'aliéner de plus ses seuls protecteurs, les
destructeurs de la cité carthaginoise. Aujourd'hui que les influences qui
firent dévier la bonne foi ou le courage de Polybe sont éteintes depuis des
siècles, la lecture du traité tranche nettement la question, du moins sous ce
point de vue, en faveur des Carthaginois.
Malgré les restrictions commerciales que lui imposait Carthage,
Hippone paraît avoir été florissante, et ce fût sans doute cette prospérité, autant
que son éloignement de Carthage, qui lui valut, dans la deuxième guerre
punique, le funeste honneur d'être pillée par Lælius.
A ce moment Hannibal était cantonné dans le Brutium, d'où les
Romains ne pouvaient plus le chasser; ils songèrent alors à l'en arracher en
portant eux-mêmes la guerre en Afrique. Scipion fut nommé consul pour commander
cette expédition, et passa en Sicile pour en faire les préparatifs. Comme ces
préparatifs prenaient du temps et que les Romains lui en reprochaient la
lenteur, il imagina de tromper leur impatience en envoyant Lælius, son ami et
son amiral, faire une descente à Hippone (205 ans avant J.C.);
«Lælius, dit Tite-Live, débarqua de nuit à Hippone-Royale ;
au point du jour, il forma une colonne de ses troupes de terre et de ses
soldats de marine, et la mena en bon ordre faire le pillage des campagnes.
Comme les habitants vivaient en toute sécurité, que chacun vaquait à ses
affaires comme en pleine paix, il en résulta un immense dommage. Aussitôt des
messagers coururent tout effrayés à Carthage, annonçant au grand émoi de tous
que la flotte romaine et Scipion lui-même avaient abordé eu Afrique. Ces messagers
ne savaient pas au juste ce qu'ils avaient vu; ils ignoraient le nombre de
vaisseaux, la force des troupes mises à terre; mais la peur leur faisant tout
exagérer, ils remplirent tout d'abord les esprits d'effroi. Vint bientôt la
tristesse. « Que la fortune a changé! S’écriaient les Carthaginois. Naguères encore,
après avoir écrasé tant d'armées ennemies, nous menions en vainqueurs nos troupes
sous les murs de Rome, nous recevions l'hommage volontaire ou forcé de tous les
peuples d'Italie, et voilà que maintenant, par un retour du sort des armes, ce
va être à nous de voir ravager notre pays et de voir assiéger Carthage. Hélas! Nous
n'avons pas cette force romaine qui fait supporter d'aussi grands maux. »
Cependant la nouvelle que Lælius avait fait une descente à Hippone était
parvenue à Massinissa. Ce prince avait été chassé des États de son père par un
de ses parents, protégé de Syphax, et errait avec sa smala dans les déserts qui
séparent la région des Syrtes du pays des Garamantes; il résolut d'aller
conférer avec Lælius, et traversa pour cela toute la largeur du Tell. On ne
voit pas que les indigènes aient tenté de lui barrer le passage, ni même qu'il
en ait eu la crainte. Arrivé auprès du général romain, Massinissa commença par
se plaindre des retards de Scipion. Ne devrait-il pas, répétait-il, avoir mené
déjà son armée en Afrique, quand surtout les Carthaginois sont tout abattus, et
que Syphax, engagé dans des guerres avec ses voisins, est encore incertain et
hésite à se prononcer ? Ne lui laissez pas le temps de terminer ces
querelles à son gré, sinon n'espérez, pas qu'il traite jamais de bonne foi avec
vous. Pour moi, tout chassé que je suis de mon royaume, je n'en serai pas moins
là quand il le faudra, avec un nombre très respectable de cavaliers et de fantassins.
«Quant à vous, Lælius, ajoutait Massinissa, ne tardez pas
plus longtemps ici; j'ai la conviction qu'il est parti de Carthage une flotte
si forte, qu'il serait imprudent de votre part, en l'absence de Scipion, de
vous mesurer avec elle. »
Ce dernier avis frappa Lælius ; aussi, congédiant aussitôt
Massinissa, prit-il dès le lendemain le large avec sa flotte chargée de butin.
Celle descente de Lælius est le seul fait de celle période qui
ait un rapport direct avec notre Hippone. Scipion, l'année suivante, descendit
près d'Utique, où se maintint jusqu'à la fin le théâtre de la guerre.
Le traité qui mit fin à celle redoutable lutte (201 avant
J.-C.) n'enleva, comme on sait, aux Carthaginois aucune de leurs possessions d'Afrique.
Hippone continua à garder, comme par le passé, ses lois, son administration, sa
dépendance envers Carthage. « La paix accordée aux Carthaginois, dit Tite-Live,
le fut à ces conditions, que les hommes libres garderaient leur gouvernement, et
conserveraient leurs villes et leurs campagnes dans le même état et dans les
mêmes limites qu'avant la guerre. »
Malgré les stipulations de ce traité, le voisinage de
Massinissa dut causer à Hippone de graves embarras. Ce prince, pendant les cinquante
ans qu'il vécut encore, ne songea qu'à harceler les Carthaginois, à leur
chercher des querelles, à leur faire mille chicanes. Les historiens romains eux-mêmes
avouent que ces querelles étaient on ne peut plus injustes. Evidemment, s'il traitait
ainsi les Carthaginois si formidables encore, il ne devait pas ménager beaucoup
les faibles colonies delà côte. Les Carthaginois se plaignaient aux Romains;
mais ceux-ci, tout en refusant de se prononcer, déniaient aux Carthaginois le
droit de se défendre. Exaspérée par cette conduite odieuse, Carthage prit les
armes; les Romains passèrent en Afrique et Scipion détruisit l'illustre
métropole des Phéniciens d'occident (146 av. J.-C).
(1) Diodore, XX, 57.
(2) Comme ce récit, qu'a reproduit Diodore, est
le premier chapitre des Annales d'Hippone, et que les exemplaires de Diodore
sont peu répandus. Je crois qu'on me saura gré de reproduire ce morceau en
entier. A ce moment du récit, Agathocle après de grands succès en Afrique, est
retourné en Sicile où ses affaires périclitent, et a laissé à son fils
Archagathus le commandement des troupes d'Afrique.
«Archagathus, qui après le départ de son père
avait pris le commandement de l'armée en Libye, remporta d'abord quelques
avantages par l'expédition confiée à Eumachus dans la haute Libye. En effet,
Eumachus s'était emparé de Tôka, ville considérable, et avait rangé sous son
autorité plusieurs tribus nomades des environs; il prit ensuite d'assaut
Phèlline, seconde ville du pays, et força à l'obéissance les populations limitrophes connues sous le nom
d’Asphodélôdes, qui par le teint de leur peau ressemblent aux Ethiopiens.
Eumachus se rendit ensuite maître d'une troisième ville très grande, nommée
Meschèla, fondée anciennement par les Grecs revenus de la guerre de Troie, et
dont nous avons parlé dans le troisième livre. Il prit ensuite la ville
d'Hippou-Acra, du même nom que celle dont Agathocle s'était emparé. Enfin, il
se rendit maître d’Acris, ville autonome, réduisit les habitants en esclavage
et livra la ville au pillage du soldat.
« Eumachus, chargé d'un immense butin, revint joindre Archagathus. S'étant acquis la
réputation d'un habile général, il entreprit une nouvelle expédition dans la
Libye. Dépassant les villes qu'il avait précédemment soumises, il s'avança
jusqu'à Miltine qu'il attaqua à l'improviste; mais les barbares, revenus de
leur surprise et maîtres de la ville, chassèrent Eumachus et lui tuèrent
beaucoup de monde. De là, il se dirigea en avant et franchit une haute montagne
qui s'étend dans un espace de 200 stades; elle est remplie de chats sauvages;
aucun oiseau n'y fait son nid ni sur les, arbres, ni dans les fentes des
rochers, à cause de l'inimitié naturelle qui existe entre ces deux espèces
d'animaux. Après avoir traversé cette contrée montagneuse, il entra dans un
pays peuplé de singes et où se trouvent trois villes qui portent, d'après ces
animaux, le nom de Pithécusses, en traduisant en grec la dénomination par
laquelle les naturels du pays désignent le singe. Les habitants ont des mœurs
en grande partie bien différentes des nôtres. Les singes habitent les mêmes
maisons que les hommes. Ces animaux y sont regardés comme des dieux, ainsi que
les chiens le sont chez les Egyptiens. Les singes ont donc libre accès dans les
magasins de vivres dont ils disposent à leur gré. Les parents donnent le plus
souvent à leurs enfants des noms de singes, comme on leur donne chez nous des
noms de divinités. Ceux qui tuent un de ces animaux sont condamnés au dernier
supplice comme coupables du plus grand sacrilège. C'est de là que viennent ces
mots qui chez quelques-uns sont passés en proverbe, lorsqu'on parle de gens qui
sont morts pour un mot futile: « Ils ont versé du sang de singe.» Eumachus prit
une de ces villes d'assaut et la livra au pillage ; les deux autres firent leur
soumission. Averti que les barbares des environs rassemblaient de nombreuses
troupes, Eumachus hâta sa marche et se décida à revenir sur le littoral »
Mais Eumachus ne devait pas revoir ses
compagnons. Les Carthaginois avaient envoyé contre lui une armée commandée par
Imilcon. Les Grecs, embarrassés de leur butin, furent battus et presque
entièrement détruits. (Diodore, XX, 37, 58, 59 et 60.)
(3)L'intervention des Tyriens dans le traité
m'avait fait croire qu'il s'agissait de Tarse en Cilicie, et de Massias (Massyad)
en Phénicie, et que les Tyriens voulaient se réserver le commerce de l'Asie
supérieure, qui se faisait par le golfe d'Issus, de même que les Carthaginois
voulaient se réserver le commerce d'Occident ; mais il vaut mieux croire qu'il
s'agit de la Tartesse et des Mastiens d'Espagne.
(4) Témoins Skylax et Timosthènes.
Bône, le 9 janvier 1869
A SUIVRE
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PHOTOS D'ECOLE
Envoyé par M. DUCLOS
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Lycée Saint Augustin de Bône
Année 1958/1959
Deux photos retrouvées
I : Une partie des Philo du lycée St Augustin prise le 18 mars 1959 lors de la visite d'un bateau de guerre dans le port (Le Jean Bart ou Georges Leygues)
II : Les mêmes en cours de math (professeur Raoux) le 19 mars. Je suis au 1er plan à droite, Zenine au fond à gauche, Paul Ellul au centre.
Est-ce que d'autres copains se reconnaîtront-ils ?
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L'ŒUVRE DE F.-C. MAILLOT
N° 1
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ANCIEN PRÉSIDENT
DU CONSEIL DE SANTÉ DES ARMÉES
Deuxième Edition
PARIS 1894
OCTAVE DOIN, ÉDITEUR
8, PLACE DE L'ODEON
MAILLOT François-Clément, né à BRIEY (Moselle) le 13
Février1804. Ancien Président du Conseil de Santé des Armées, Commandeur de la
Légion d’Honneur, récompense nationale attribuée par la loi du 25 juillet 1888.
Ancien médecin en chef de l’hôpital militaire de Bône 1834-1836.
TRIBUT DE RECONNAISSANCE
DU COMITÉ D'ÉTUDES
MÉDICALES DE L'ALGERIE
PREFACE
« Les pertes en soldats et en colons, pendant les premières
années de la conquête et de l'occupation, avaient été si considérables ; celles
que subirent encore les uns et les autres à dater de 1834
et avant que la médication par le sulfate de quinine fut répandue, furent
encore telles que notre armée d'Algérie, portée à un grand effectif, sans cesse
en mouvement, sans cesse exposée aux influences de la fatigue, de
l'alimentation défectueuse, du miasme de dégagement de la terre, s'émiettait,
se réduisait avec une rapidité effrayante par la mortalité et les évacuations. Plusieurs
fois par année, il fallait demander à la mère patrie des soldats pour remplacer
les morts, les mourants et les infirmes, dans une proportion épouvantable.
L'esprit public, les journaux, les Chambres, le Gouvernement s'émurent profondément.
Un médecin savant et expérimenté, Boudin, s'émut, pour ainsi
dire, plus que tout le monde, en
présence des statistiques déplorables qu'il réunit; et, dans un travail sur
l'acclimatement des Européens, il déclare,
avec la dernière énergie, que ni nos soldats ni nos colons ne résisteront, que
l'achèvement de la conquête, que la colonisation par nous sont impossibles.
Cette émotion fut si vive qu'une vaste plaine, actuellement salubre et source
d'immenses richesses, à quelques lieues d'Alger, fut appelée le Tombeau des Chrétiens, et qu'un général du génie
déclara qu'il fallait l'entourer d'une grille de fer pour en défendre l'approche. A ce moment, les Pouvoirs
publics agitent passionnément la question de l'abandon ou de la conservation de l'Algérie.
Tant de vies, tant de richesses sont
prises et absorbées par elle qu'on désespère d'y subvenir plus longtemps. »
Tel est le tableau que trace de la situation en 1834 le Dr
Cuignet. D'un autre côté, le Dr Hutin, à l'aide de chiffres, nous montre cette
situation sous un aspect plus saisissant encore, quand il nous apprend que sur
un effectif de 5,500 hommes il meurt à Bône 1,100 soldats ou officiers.
C'est à ce moment que Maillot arrive. Il vient de Corse, où
les déceptions qu'il y a éprouvées, en suivant fidèlement les préceptes de
l'École, ont ébranlé sa foi dans la personne du Maître et l'ont amené à mettre
en doute l'excellence de la doctrine régnante Ce doute s'était ensuite accentué
quand, ne voulant pas s'en tenir à sa propre appréciation, à son propre jugement
sur les faits cependant très probants qu'il avait sous les yeux, il avait
résolu d'aller puiser chez les Anciens l'appui dont il avait besoin pour affermir
ses idées et lui permettre de les porter au grand jour.
Lorsqu'il débarque à Bône, après un court séjour à Alger, où
ce qu'il a vu n'a fait qu'enraciner davantage sa conception de l'Endémie, sa
conviction est déjà faite. Il n'hésite plus ; son parti est pris, quand il se
trouve aux prises avec l'ennemi : il rompra violemment avec les errements du
passé; c'est à la quinine qu'il s'adressera pour combattre le minotaure
La victoire fut éclatante. Le monstre qui, d'après les dîmes
mortuaires des années précédentes, pouvait compter sur 2,157 victimes, dut se
contenter en 1835 de 538 cadavres.
Pour un coup d'essai, c'était un magnifique résultat ! Et si
l'ennemi n'avait pas été mis complètement hors d'état de nuire, du moins la
tactique découverte, qui était mieux appropriée aux conditions individuelles,
mieux adaptée aux circonstances, devait par la suite réduire les atteintes
mortelles du fléau aux plus faibles proportions. Malgré l'éclat du succès,
malgré les statistiques produites à l'appui, malgré les relations transmises à
l'Académie et à la Presse, malgré les enquêtes officielles qui vinrent
confirmer les résultats annoncés, la méthode du hardi novateur ne fut pas
immédiatement acceptée par le corps médical tout entier. Elle souleva des
critiques violentes, passionnées ; et Maillot, après avoir quitté le théâtre de
la guerre, dut entreprendre un autre genre de lutte pour imposer à tous la
bonne parole. Pendant dix ans, de 1840 à 1850, il resta sur la brèche,
défendant ses idées avec une telle vigueur qu'il finit par réduire au silence
ses adversaires les plus déterminés.
Maillot, comme tous les novateurs que la foi scientifique
anime, se montra très affecté de la campagne acharnée qui fut menée contre lui.
Ce fut pourtant à la polémique qu'elle souleva qu'il dut de voir ses idées
gagner chaque jour du terrain, au point qu'en 1860 l'unanimité leur était
acquise. Trente ans, c'est beaucoup, si l'on juge d'une façon absolue ; trente
ans de non application ou d'application incomplète de la méthode, cela
représente des holocaustes de milliers d'hommes offerts à la malaria. Mais il
ne faut pas se dissimuler qu'en temps ordinaire, par l'indifférence des uns,
par la timidité des autres, la quinine ne serait peut-être employée aujourd'hui
que dans la région de Bône, tandis que, grâce au bruit qui s'est fait autour de
la polémique, elle est devenue d'un usage banal dans le monde entier. Banal est
le mot : nos colons n'ont même plus recours au médecin pour se débarrasser de
la fièvre ; au Tonkin, ce sont de simples chefs de poste, qui distribuent le
précieux médicament, recherché avidement par les soldats annamites eux-mêmes.
Maillot a donc eu la satisfaction de voir ses idées répandues
au point que le public lui-même se chargerait de les défendre, si on venait
jamais à les attaquer. En dehors de cette satisfaction, qui est la plus noble,
la plus élevée qu'un médecin puisse rêver, il eut encore celle de voir les
Chambres, fidèles interprètes des sentiments de l'Algérie, lui voter une récompense
nationale. Une autre manifestation d'estime et de reconnaissance lui manque
cependant; nous croyons que celle-là sera également bien accueillie de
l'illustre vieillard : nous voulons parler de la publication de son oeuvre.
Indépendamment de son Traité des Fièvres, paru en 1836,
Maillot a publié, dans divers recueils, d'abord deux mémoires où se trouve
exposée la doctrine du Réformateur, ensuite différentes lettres ou articles en
réponse aux critiques dirigées contre la Réforme. Il nous a semblé que l'homme
à qui l'armée a dû de pouvoir continuer la conquête de l'Algérie, à qui le
colon a dû d'entreprendre la conquête du sol par la pioche, il nous a semblé
que cet homme méritait de ne pas voir le temps disperser ses travaux et les rejeter dans l'oubli.
Non seulement la publication de l'oeuvre de Maillot sera un
nouvel hommage rendu au Maître, mais elle sera aussi, croyons-nous, une bonne action
faite dans l'intérêt scientifique. Les pages écrites par Maillot manquent à
l'histoire médicale de l'Algérie. On nous saura gré, nous en sommes certain
d'avoir comblé la lacune qui existait dans cette histoire, lacune dont on ne
peut se rendre compte qu'en parcourant ces très intéressantes pages dans
lesquelles l'Apôtre retrace les phases qu'a subies l'évolution de sa doctrine
avant .d'arriver à la consécration définitive ; dans lesquelles on assiste avec
émotion aux luttes de ce travailleur opiniâtre, dont le courage ne faiblit pas
un seul instant, jusqu'à ce qu'il lui soit donné de faire tomber lui-même,
devant la foule, le voile qui recouvre le monument élevé par ses mains.
P. TROLARD.
L'OEUVRE DE F.-C. MAILLOT
STATISTIQUE MÉDICALE
NOTE SUR LES MALADIES QUI ONT RÉGNÉ A BÔNE
PENDANT LE MOIS DE JUIN 1834 (1)
La clinique du mois de juin a présenté les résultats que
l'expérience des années précédentes, que j'ai passées en Corse et à Alger, me faisait entrevoir.
juin, nous ne comptions à l'hôpital que 237
malades ; nous en avons reçu 935 pendant ce mois, et le 1er juillet il nous en restait 819.
Cette augmentation rapide dans le chiffre des fiévreux a eu
lieu, cette année, trois semaines plus tôt que l'année précédente ; mais elle a
été évidemment subordonnée aux progrès des chaleurs qui ont devancé également
l'époque ordinaire. Ici donc s'est offert une fois encore ce que nous avons observé
dans des climats analogues ; à nos yeux, l'effet a suivi et a dû suivre irrésistiblement sa cause.
Puisque toutes les autres circonstances ont été les mêmes
que l'année précédente, ne cherchons pas autre part ce qui a donné subitement,
et plus tôt que de coutume, ce grand nombre de maladies ; ne cherchons pas
autre part, non plus, ce qui a imprimé aux affections du mois de juin les
caractères qu'elles n'avaient présentés, l'été dernier, que pendant le mois de juillet.
Quelles ont été les maladies dominantes pendant le mois de
juin, et quel est le mode de traitement que nous avons suivi ?
Sur 320 hommes reçus dans mon service, du 1er au
30 juin, je trouve 162 fièvres intermittentes, dont 89 quotidiennes, 71 tierces
et 2 quartes. Comme points de transition entre les fièvres intermittentes de
ces types principaux et les affections continues, je compte plusieurs doubles tierces
ou quotidiennes et 8 rémittentes bien distinctes.
Enfin, en première ligne, parmi les affections continues se
présentent 46 gastro-céphalites suraiguës, 20 irritations gastro-céphalites
fébriles, 7 irritations gastro-intestinales fébriles, 6 gastro-entérites aiguës,
3 gastro-colites aiguës, 17 colites dont 10 sous forme dysentérique. J'omets à dessein
de parler des autres maladies, parce qu'elles me sont inutiles pour donner une
idée générale de l'épidémie actuelle.
Les fièvres intermittentes sont donc de beaucoup celles qui
se présentent le plus souvent; c'est ce que nous avions déjà remarqué dans les
mois précédents Mais quelle différence dans les symptômes, dans la gravité dés
accidents, dans l'imminence du danger ! En effet, si je compare la clinique du
mois de juin à celle du mois de février (2), je trouve que sur 162 fièvres
quotidiennes, tierces ou quartes, il n'y en a que 18 simples, tandis qu'en
février, sur 50 fièvres intermittentes, il y avait 26 cas simples, c'est-à-dire
sans lésion appréciable d'aucun organe, quelques heures après les accès.
Si, poussant mon examen plus loin, je joins au mois de
février les mois de mars et avril, je compte alors, pendant ce laps de temps,
134 fièvres intermittentes dont 56 ont été simples; Mais, comme si le mois de
mai devait nous préparer à des maladies plus graves, il n'offre plus que 5 cas
de fièvres intermittentes simples sur 64. C'est ainsi que, par des gradations
ménagées, nous nous élevons, des affections simples des mois précédents à
celles si graves du mois de juin.
Que si nous voulons connaître quels sont les organes dont la
lésion s'est le plus souvent montrée dans les fièvres intermittentes, nous
trouvons que dans les mois de février, mars et avril, sur 134 cas, les voies
digestives ont été malades 47 fois, soit seules, soit avec les poumons ou
l'encéphale, tandis que les poumons l'ont été isolément 10 fois, la rate 3
fois, le péritoine 1 fois. Pendant ces 3 mois, il y a donc eu 56 fièvres
simples, beaucoup plus du tiers.
Dans le mois de mai, au contraire, sur 64 fièvres intermittentes,
nous n'avons plus que 5 cas simples ; et je trouve que les voies digestives ont
été affectées 38 fois, savoir : isolément 9 fois, de concert avec l'encéphale
25 fois, avec les poumons 3 fois, avec les poumons et l'encéphale (gastro-broncho-céphalite) 1 fois.
Appliquant cette même étude aux affections du mois de juin,
nous voyons que, sur 162 fièvres intermittentes* il y a 18 cas simples et que
les voies digestives ont été malades 99 fois, savoir : 29 fois seules, 67 fois
avec l'encéphale, 3 fois avec les poumons ; nous trouvons que l'encéphale a été
malade isolément 40 fois, les poumons 1 fois, la rate 4 fois.
Maintenant que nous savons dans quelles proportions les
principaux organes ont été lésés dans les fièvres intermittentes, depuis le
mois de février jusqu'au 1er juillet, si nous voulons connaître le degré de
gravité de leur affection, je vois que, dans les mois de février, mars et avril,
je désignais généralement les lésions de l'encéphale et des voies digestives,
qui accompagnaient les fièvres intermittentes d'alors, sous les noms
d'irritations gastro-intestinales, gastro-céphaliques, tandis que maintenant elles
méritent la dénomination de gastro-entérites, de gastro-céphalites.
C'est ce passage d'un degré léger d'irritation à un degré
beaucoup plus élevé qui constitue le danger des affections du mois de juin ;
c'est la congestion irritative, brusque, violente des principaux viscères qui
fait passer ces fièvres de l'état de simplicité à un état toujours grave,
souvent mortel ; ce ont ces redoutables phénomènes qui, portés au summum, leur
valent le titre de fièvres pernicieuses.
Nous avons donc eu ici, pendant le mois de juin, un grand
nombre de ces fièvres intermittentes et rémittentes devenues pernicieuses.
Elles eussent été beaucoup plus fréquentes encore, si nous ne nous fussions
hâté, dès les premiers jours, d'arrêter les accès, car nous avons remarqué que
ces fièvres devenaient d'autant plus graves et laissaient d'autant moins de
chances de salut qu'elles duraient depuis plus longtemps et que l'on avait
laissé se succéder un plus grand nombre d'accès. Nous n'avons perdu, à bien
dire, que les hommes qui se trouvaient dans ce dernier cas ; plusieurs avaient eu,
avant leur entrée à l'hôpital, un accès comateux ou délirant. Tous ceux qui ont
succombé pendant le mois de juin sont morts dans les 4 ou 5 jours au plus qui
ont suivi leur admission à l'hôpital. Ce fait seul suffirait pour indiquer la nature de la maladie.
Lorsque les accès sont aussi tranchés que dans les cas dont
nous parlons, lorsqu'ils se présentent nettement sous les types quotidiens,
tierces, quartes, le diagnostic est facile et le traitement plus facile encore
; il est enseigné par tous les auteurs et il n'y a sur les indications aucune
divergence d'opinions. Mais il n'en est pas de même pour les gastro-céphalites
rémittentes, pour celles surtout qui se présentent dans ce mois, avec tous les
phénomènes des gastro-céphalites ou des gastro-entérites continues, au moment
où les hommes entrent à l'hôpital. Et, comme ce point est fondamental, comme
c'est là le noeud gordien de la question, je crois devoir en parler longuement,
et, pour bien faire comprendre mon idée, extraire de mes notes de clinique les
réflexions générales que j'ai l'habitude d'y consigner, mois par mois,
réflexions fondées sur mes observations journalières. On verra par là comment
je suis arrivé d'une part à des opinions que l'on trouvera peut-être
paradoxales sur la nature, des maladies de ce pays, et de l'autre au mode de traitement que j'ai adopté.
En suivant cet ordre de travail par mois, je vois que, en
février, sur 57 entrants, j'ai eu 50 fièvres intermittentes dont 26 étaient
simples. Aussi, je disais dans mes notes : « La constitution médicale du mois
de février est donc bien tranchée ; aucune époque ne peut avoir une physionomie
plus caractéristique, plus spéciale Nous ne verrons probablement plus cette
proportion ; à mesure que les chaleurs feront des progrès, nous rencontrerons
des fièvres rémittentes, tantôt bien évidentes, tantôt masquées sous la forme
de gastro-céphalites continues
« En général, ces fièvres étaient peu graves ; elles cédaient
facilement aux saignées tantôt locales, tantôt générales suivant l'intensité de
la réaction, et à l'administration du sulfate de quinine presque toujours
précédée de déplétions sanguines. Aussi, ne voyons-nous pas de rémittentes
coïncider avec ces fièvres intermittentes bénignes ; aussi aucune d'elles ne
s'accompagne d'empâtement de l'abdomen, ni de diarrhée, ni d'oedème, ni
d'infiltration des membres abdominaux; leur convalescence est franche ainsi que leur nature.
« Nous avons eu pourtant pendant le mois de février 4 cas de
fièvre quotidienne avec délire, dont 1 s'est terminé par la mort ; mais on sait
que les fièvres pernicieuses, que l'on pourrait appeler erratiques, se
rencontrent en hiver dans les pays où elles sont endémiques pendant les saisons
favorables à leur développement ; on sait aussi qu'elles s'observent ordinairement
alors chez les hommes porteurs d'affections chroniques, et c'est ce qui est arrivé
chez le sujet qui a succombé : c'était un vétéran.»
Passant au mois de mars, je trouve 36 cas de fièvres
intermittentes sur 56 hommes admis dans mes salles ; il n'y a déjà plus que 15
cas de fièvres simples. « Et (disais-je dans mes notes) plus nous approcherons
de l'époque des chaleurs, et moins nous en rencontrerons. » Je ne dois pas
laisser sous silence qu'une seule de ces fièvres intermittentes, à type franc,
s'est présentée avec cet ensemble de phénomènes qui constitue les fièvres
pernicieuses : c'est une fièvre quotidienne avec pleuropneumonie ; dans le mois
de février, je l'ai dit, nous en avons eu 4 exemples, et j'ai cherché à en donner l'explication.
Nous avons observé aussi deux rémittentes pendant le mois de
mars ; le mois de février n'en avait offert aucune ; cette remarque est à
noter, ainsi que nous allons le voir en parlant de la clinique des mois suivants.
Le mois d'avril commence à appeler l'attention par le nombre et la nature des affections.
Ainsi, sur 101 hommes, je trouve 48 fièvres intermittentes dont
15 simples. L'affection qui a le plus généralement accompagné leurs accès est
celle des voies digestives et de l'encéphale, tandis que pendant le mois de
mars nous avions remarqué le plus souvent celles des bronches ; aux variations
de température de mars avait succédé une température plus uniformément chaude.
Sous l'influence de cette élévation de température, se
développe aussi en avril un assez grand nombre de fièvres rémittentes ; et ceci
est d'une grande importance, selon moi. « Ces rémittentes forment, à mon sens,
le passage des irritatives, qui accompagnent les accès, aux gastro-entérites,
aux gastro-céphalites de ce mois et surtout des mois suivants. Pour bien saisir
ces nuances, il ne faut pas perdre de vue que ces affections rémittentes ont presque
constamment débuté par un ou deux accès bien marqués, bien distincts, et que ce
n'est qu'au deuxième ou troisième accès que la réaction circulatoire ne tombant
plus, il n'y a plus d'intermittence. Le paroxysme cependant se reconnaît encore,
bien que la plupart du temps il n'y ait pas de frisson, parce que, à une
certaine époque de la journée, les symptômes inflammatoires sont trop violents
pour qu'il y ait seulement exacerbation, parce qu'ils sont opposés à l'espèce
de calme que, quelques heures avant leur apparition, on observait chez les
malades. Ce n'est déjà plus qu'à cette alternative brusque et journalière d'une
apparence de solution, puis d'une exaspération subite de la maladie, que l'on
reconnaît que ce n'est pas une fièvre continue que l'on a sous les yeux. Ces
distinctions sont néanmoins généralement encore appréciables ; mais nous
verrons dans les mois suivants ces fièvres rémittentes disparaître à leur tour
et se cacher entièrement sous le masque d'affections continues. Elles seront
remplacées par des" fièvres continues, de même qu'elles avaient, elles,
remplacé des fièvres intermittentes ; leur nombre diminuera en proportion des
affections continues, de môme qu'il avait augmenté en proportion de la
diminution des fièvres intermittentes. C'est là, je le répète, le point capital
des fièvres de ce pays ; c'est de l'idée qu'on se formera de ces
intermittences, de ces rémittences et de ces fièvres continues se succédant
tour à tour, se remplaçant, se chassant, puis reparaissant, tournant pour ainsi
dire dans le cercle annuel ; c'est de la filiation que l'on verra ou non entre
ces maladies si diverses en apparences, si identiques pour le fond, que
dépendra le choix d'un traitement vrai ou faux. »
Et ce que je dis est d'accord avec ce qu'ont écrit sur ce
sujet les meilleurs observateurs. Tous ont vu, dans les épidémies de fièvres
pernicieuses, les fièvres les plus simples devenir graves lorsqu'elles n'étaient
pas arrêtées dès les premiers accès, tuer alors les malades en quelques jours,
ou passer à une pseudo continuité, que l'on désigne sous les noms de fièvres
ataxiques, adynamiques, malignes et typhoïdes, c'est-à-dire se convertir en gastro-céphalites
presque toujours mortelles. Aussi, si ce qui précède est fondé, nous ne devons
pas être étonné de voir un grand nombre de gastro-céphalites, en apparence
continues, pendant les mois de mai et de juin. Cette transmutation était
inévitable ; ce sont les accès qui en se prolongeant, en se confondant, donnent
naissance à ces gastro-céphalites qui sont, suivant l'intensité de la réaction,
ou rémittentes ou continues. Maintenez cette réaction, et vous ramènerez ces
fièvres continues à la rémittence et ces rémittences à leur premier état de
simplicité, à l’intermittence.
Ces points de doctrine paraîtront hasardés aujourd'hui et
demandent à être discutés, je le sais ; mais ce n'est pas là le travail de
quelques genres. Je les crois vrais et d'une démonstration possible ; je me propose
d'entreprendre cette tâche, lorsque mes occupations me permettront de mettre en
ordre les faits sur lesquels ils s'appuient. Mais, comme c'est sur ces
principes que repose le traitement que j'ai suivi, j'ai dû, avant déparier de
ce dernier, exposer ces généralités en quelques mots.
TRAITEMENT
Persuadé que, dans l'immense majorité des cas, il y a des
phénomènes qui se rapprochent plus ou moins de l'intermittence, j'ai dû
employer les moyens que l'on a généralement indiqués dans les maladies périodiques,
en proportionnant toutefois leur activité à l'intensité du mal et à sa marche
horriblement rapide. Les déplétions sanguines et le sulfate de quinine, tels
ont été nos deux grands agents ; viennent en seconde ligne les révulsifs dans
les fièvres pernicieuses comateuses et algides.
En général, j'ai usé largement de la saignée; pour peu que
les congestions viscérales fussent intenses, j'ai pratiqué une ou plusieurs
saignées de 15 à 20 onces chacune, et de larges applications de sangsues au thorax,
à la tête, à l'abdomen, suivant le siège de l'irritation. Ces saignées
suivaient presque immédiatement l'entrée du malade à l'hôpital et précédaient, sauf
quelques cas, l'administration du sulfate de quinine. Toutes les fois que j'ai
pu saisir les moindres indices de rémittence, je n'ai pas craint de recourir au
sulfate de quinine, que j'ai l'habitude de donner dans ce pays à la dose de 8
décigrammes en potion, quelques heures avant l'accès, dans les cas ordinaires.
Jusqu'à présent (6 juillet), je n'ai élevé cette dose que
dans les fièvres pernicieuses, où l'imminence du danger fait un devoir de le
prescrire à des quantités que l'on ne peut déterminer. L'habitude apprend à
manier cette arme, si nulle dans certaines mains, si puissante dans d'autres ;
et ce n'est que par l'expérience qu'on arrivera à l'administrer à des doses vraiment
effrayantes pour qui n'a pas vu.
Pour rassurer les esprits craintifs ou prévenus, je me
contenterai de dire que, dès 1822, à Rome, il avait été reconnu qu'il fallait
donner le sulfate de quinine à la dose de 40 grains au moins dans l'intervalle des
accès de fièvres pernicieuses ; souvent, je vais beaucoup au delà. Pourquoi
non? Puisque j'ai toujours eu à m'en féliciter.
C'est donc à prévenir le retour des accès ou des paroxysmes
et à détruire les congestions viscérales qu'ils auraient déjà pu déterminer, ou
à prévenir celles qu'ils développeraient inévitablement, que doit tendre le
traitement des fièvres de ce pays.
En effet, si vous ne prévenez le retour des accès, la
congestion irritative dont chacun d'eux s'accompagne s'ajoutant à celle des
accès précédents, vous aurez bientôt des inflammations, puis des désorganisations
de tissus. J'ai dit comment, selon moi, leur répétition donne des fièvres
pernicieuses à cette époque, comment leur enchaînement donne naissance à des
fièvres rémittentes ou pseudo continues.
C'est leur répétition également, on ne saurait trop le redire,
qui à la longue est la source des engorgements chroniques des viscères
abdominaux, de ces diarrhées, de ces oedèmes, de ces colites, de ces hydropisies
que l'on trouve si fréquemment à la suite des épidémies de fièvres intermittentes.
Ces réflexions sur le traitement concernent également les
fièvres rémittentes; je dirai même plus, elles concernent l'immense majorité
des nombreuses gastro-céphalites que nous avons eu à traiter pendant les mois
de mai ou juin. Cette dénomination que je leur ai donnée d'abord, parce
qu'elles en ont toute l'apparence lorsque les malades entrent à l'hôpital, je
la leur conserve pour bien appeler l'attention sur ce point fondamental de la
doctrine des fièvres" intermittentes.
Mais peut-on voir des affections vraiment continues dans ces
gastro-céphalites à symptômes si violents et qui cependant cédaient en quelques
heures à des déplétions sanguines? Des accidents, qui, dans le Nord de la
France, auraient annoncé des gastro-céphalites redoutables, devenaient tout à
coup nuls. Une convalescence excessivement prompte et franche en apparence
s'établissait ; mais, au bout de quelques jours, un accès de fièvre révélait la
nature intime de la maladie. Ce succès, qui avaient toujours été simples pendant
les mois de mars, avril, mai, ne l'étaient plus au mois de juin ; dès la
première quinzaine de ce mois, plusieurs d'entre eux avaient été pernicieux, et
étaient venus confirmer la justesse des observations que je trouve dans mes
notes de clinique, où, en parlant de ces gastro-céphalites je disais, au mois d'avril:
« Elles avortaient ordinairement dans les premières heures qui suivaient une déplétion sanguine.
« Je commençais à donner quelques aliments 1égers ; mais
presque constamment un accès de fièvre venait enrayer au bout de quelques jours
la convalescence, qui paraissait devoir se faire franchement. Cet accès était
suivi habituellement de plusieurs autres; une véritable fièvre intermittente,
tantôt quotidienne, tantôt tierce, s'était établie. Ces accès n'ont eu aucune
suite fâcheuse; mais en jurait-il été de même pendant les grandes chaleurs de
l'été? Plusieurs de ces accès au mois de juillet et d'août n'eussent-ils pas
été pernicieux, mortels ? Je n'en doute pas. » Au mois de mai, je disais : «
Mais ici encore se présente le caractère que nous leur avons assigné, leur
tendance à se convertir, sous l'influence de déplétions sanguines, en fièvres
rémittentes distinctes, et plus souvent encore à donner naissance, après
plusieurs jours d'apyrexie, à des accès plus ou moins simples qui manquaient
rarement de se répéter, si on ne prévenait leur retour par le sulfate de
quinine, retour que l'élévation de la température, la fréquence et l'intensité
des congestions viscérales rendront toujours de plus en plus dangereux à mesure
que nous approcherons du mois d'août — et que la prudence ordonne de prévenir.»
Résumant notre opinion sur l'épidémie actuelle de Bône, nous
dirons que les fièvres intermittentes sont de beaucoup les maladies dominantes;
que parmi elles beaucoup sont très graves et deviennent pernicieuses
lorsqu'elles ne le sont pas de prime abord. Nous croyons que les
gastro-céphalites aiguës de cette époque sont, pour l'immense majorité, les
fièvres intermittentes et rémittentes, passées à l'état de continues, mais
conservant toujours au fond leur cachet spécial quelques-uns des caractères propres
aux maladies intermittentes et en exigeant en partie le traitement. Nous
ajoutons que, si elles ne passent pas à l'état typhoïde, ce résultat est dû à
ce que nous enrayons les accès ou les paroxysmes dès le début, de même qu'en
France on voit aujourd'hui peu de fièvres adynamiques depuis les découvertes de
la doctrine physiologique. Nous pensons que nous éviterons cette redoutable
dégénérescence pendant tout le cours de l'épidémie, si les malades peuvent être
admis à temps dans les hôpitaux; si, comme tout nous le fait espérer, nous parvenons
à nous soustraire à l'encombrement.
1) Journal hebdomadaire des Sciences et Institutions médicales, 1884
2) Je ne suis à Bône que depuis le 7 février 1834; je ne puis juger que par analogie et par renseignements verbaux de la terrible épidémie de 1833.
A SUIVRE
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HYMNE DE L'ENFANT A SON RÉVEIL
par Lamartine
Envoyé par Bartolini
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Cette prière a été écrite par Lamartine
pour sa fille Julia en juillet 1829.
O Père qu'adore mon père!
Toi qu'on ne nomme qu'à genoux !
Toi dont le nom terrible et doux
Fait courber le front de ma mère !
On dit que ce brillant soleil
N'est qu'un jouet de ta puissance;
Que sous tes pieds il se balance
Comme une lampe de vermeil.
On dit que c'est toi qui fais naître
Les petits oiseaux dans les champs,
Et qui donne aux petits enfants
Une âme aussi pour te connaître !
On dit que c'est toi qui produis
Les fleurs dont le jardin se pare,
Et que sans toi, toujours avare,
Le verger n'aurait point de fruits.
Aux dons que ta bonté mesure
Tout l'univers est convié;
Nul insecte n'est oublié
A ce festin de la nature.
L'agneau broute le serpolet,
La chèvre s'attache au cytise,
La mouche au bord du vase puise
Les blanches gouttes de mon lait!
L'alouette a la graine amère
Que laisse envoler le glaneur,
Le passereau suit le vanneur,
Et l'enfant s'attache à sa mère.
Et, pour obtenir chaque don
Que chaque jour tu fais éclore,
A midi, le soir, à l'aurore,
Que faut-il? Prononcer ton nom !
O Dieu ! ma bouche balbutie
Ce nom des anges redouté.
Un enfant même est écouté
Dans le chœur qui te glorifie.
On dit qu'il aime à recevoir
Les voeux présentés par l'enfance,
A cause de cette innocence
Que nous avons sans le savoir.
On dit que leurs humbles louanges
A son oreille montent mieux,
Que les anges peuplent les cieux,
Et que nous ressemblons aux anges !
Ah! puisqu'il entend de si loin
Les voeux que notre bouche adresse,
Je veux lui demander sans cesse
Ce dont les autres ont besoin.
Mou Dieu, donne l'onde aux fontaines,
Donne la plume aux passereaux,
Et la laine aux petits agneaux,
Et l'ombre et la rosée aux plaines.
Donne au malade la santé,
Au mendiant le pain qu'il pleure,
A l'orphelin une demeure,
Au prisonnier la liberté.
Donne une famille nombreuse
Au père qui craint le Seigneur!
Donne à moi sagesse et bonheur,
Pour que ma mère soit heureuse !
Que je sois bon, quoique petit,
Comme cet enfant dans le temple,
Que chaque matin je contemple,
Souriant au pied de mon lit.
Mets dans mon âme la justice,
Sur mes lèvres la vérité;
Qu'avec crainte et docilité
Ta parole en mon coeur mûrisse !
Et que ma voix s'élève à toi
Comme cette douce fumée
Que balance l'urne embaumée
Dans la main d'enfants comme moi !
Lamartine - 1829
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NOTES
L'Algérie Agricole, Commerciale et Industrielle
N° 5, mai 1860
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La Porte du Couchant
ou
TLEMCEN L'OMBRAGÉE
Tu vis autour de toi le cycle de tes sœurs,
Changer aussi de noms, de maîtres et de moeurs.
Autour de la Kala berbère ou Pomaria romaine, un cercle de population formait une brillante chaîne, dont chaque anneau était une ville amie, une sœur ou un joyau.
Ici c'était Syr ou Sur, aujourd'hui Leila Mar'nia, la dame pure. Comme le dit M. Mac-Carthy, ce nom « nous révèle l'existence d'une station phénicienne ou au moins carthaginoise. Il faut lire Sour et non Syr; or, Sour est un mot sémitique signifiant fort ou rempart.»
Cet antique nom est son sphragis phénicien, son cachet originaire, son brevet d'authenticité. Sour était encore debout en 404, sous le règne d'Honorius, six ans avant la prise et le pillage de Rome par le Goth Alaric.
A sa place s'élève le poste de Lella Mar'nia, voisin de la frontière marocaine, situé à l'ouest de Tlemcen dont seize lieues seulement le séparent. Il fait face à la petite ville d'Oudjda et dresse son front bastionné sur la rive de l'Ouerdefou. Car le Sour des temps primitifs, comme toute oeuvre humaine, n'a point obtenu du destin l'Anaïa, le firman, le sauf-conduit, l'inviolabilité, et il a disparu depuis bien des siècles.
Là, se trouvait le centre appelé Dracones (ad Dracones), nom significatif, que les Arabes ont remplacé par celui de Ras-el-mâ-mtâ-Tnira, la source de l'eau de Tnira.
Puis, on rencontrait Albulœ Terrœ (Ad Albulas), les Terres blanchâtres, poste hardi qui protégeait l'entrée de la vallée supérieure de la Mekerra, et où résidaient les cavaliers de la quatrième aile parthique antonine, sous Septime Sévère. Son nom est aujourd'hui remplacé par celui de Sidi-Ali-Ben-Ioub.
Plus loin s'élevait Nedroma, dont le nom primitif semble avoir été celui de Kalama. Les Romains ont-ils restauré ou agrandi l'antique cité berbère? On ne peut l'affirmer encore. Certaines ruines, qu'on a prétendu être celles d'édifices romains, ne sont autre chose, dit M. Mac-Carthy, que les restes des anciennes et puissantes constructions d'Abd-el-Moumen-ben-Ali, qui régnait dans le XIIème siècle. Un de ses quartiers porte encore le nom d'El-Khrerba, la ruine. Ce centre ne se trouve qu'à 16 kilomètres de la mer, et, comme ajoute le même écrivain, il est et a toujours été en relations faciles avec la Méditerranée. Quand la ville antique a-t-elle disparu? C'est ce que les fouilles et les monuments pourront seuls révéler plus tard. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un vieil Akboub, un misérable édifice, un réduit en lambeaux !
De cet autre côté, c'était Regiœ Terrœ (ad Regias) les Terres Royales ; centre aussi nommé Ritia autrefois, par suite d'une mauvaise prononciation et conséquemment d'une orthographe vicieuse. Il s'appelle aujourd'hui Timsïouïn.
Là, fut jadis le siége d'un évêché dont le prélat portait le titre de Regiensis Episcopus. Les délices de ce lieu lui avaient sans doute valu la prédilection des rois berbères, et il devait certainement porter un nom indigène que les Romains n'auront fait que traduire par les mots Regiœ Terrœ. Mais, plus tard, les souverains arabes lui préférèrent un lieu de plaisance encore appelé Misserghin; les beys d'Oran y entretenaient un palais champêtre, à 15 kilomètres de leur capitale. C'est un vallon formé par le voisinage du Djebel Ramra; un charmant ruisseau l'arrose et fertilise une magnifique plaine où se trouve aujourd'hui une riche pépinière.
Enfin, on voyait à l'Orient Rubrœ Terrœ (ad Rubras), les Terres Rouges, aujourd'hui Hadjar Roum en arabe. La plaine même qui s'étend au nord-ouest s'appelle Zaouïet-el-Hamra, le Quartier Rouge.
Au temps de Géta, fils de Septime Sévère, cette ville était la résidence de la deuxième cohorte des Sardes. On y a trouvé cette inscription en latin :
« A Diane, déesse des bois, compagne toujours victorieuse des bêtes féroces, Fannius Julanius, Préfet de la deuxième cohorte des Sardes, a dédié cet autel. »<
Nous devons ces renseignements à M. Mac-Carthy, qui ajoute dans la Revue Africaine :
« Rubrœ parait, en outre, avoir été la résidence d'un corps indigène semblable à celui des Explorateurs de Pomaria et qui prenait le nom d'Ala Finitima, Aile Finitime, maghzen de la frontière. Enfin, j'ai relevé sur une tombe ces mots parfaitement lisibles :
« Aurélius Ironius, cavalier des Néartiens.» « Qu'étaient-ce que ces Nearti ? un corps indigène, encore ?»
On pense que Rubrœ peut être la ville que Ptolémée appelle Arina, nom indigène de la localité qui était un siége épiscopal : Arinensis episcopus. Elle avait comme dépendances immédiates, suivant l'écrivain cité, quelques postes fortifiés destinés à couvrir la vallée supérieure de l'Isseur, dont elle fermait l'entrée. On la voyait encore debout en 535, sous le règne de Justinien 1er, un an après la destruction de la puissance Vandale en Afrique, par le célèbre et infortuné Bélisaire.
Les Arabes ont nommé ce lieu Hadjar-Roum, les pierres des chrétiens ou les ruines romaines.
Sur la route de Tlemcen à Timici colonia (Aïn Temouchent) se trouvait un poste fortifié que les Arabes appellent encore Ksar Hannoun, le château fort d'Hannon, vocable qui paraît, selon M. Mac-Carthy, indiquer une station carthaginoise, bien que rien autre chose n'ait pu le lui confirmer.
Ici, on se rappelle involontairement le fameux périple d'Hannon, que certains savants font remonter à près de mille ans avant notre ère. L'immortel navigateur carthaginois fut chargé par sa patrie de faire un voyage de découvertes sur les côtes d'Afrique au delà des Colonnes d'Hercule. Peut-être, s'arrêta-t-il avec ses compagnons au lieu dit encore Ksar Hannoun, où il aura stationné afin de prendre ses notes et renseignements, sur la zone maritime qui se développe entre ce point et la Mer Intérieure-Méditerranée.
Mais revenons à Kalâ.
Le même écrivain cité plus haut nous raconte par quels moyens il a pu établir l'identité de Tlemcen avec Pomaria, et de Pomaria avec Kalâ.
« Je m'appuyais pour cela d'abord sur le nom de Kalaa resté à un village de Troglodytes, espèce de faubourg de la ville où les rois de Tlemcen avaient jadis leur cavalerie, et que I'on donne aussi au long ravin qui en descend pour couler au pied des remparts d'Agadir (Pomaria.) »
Entre plusieurs inscriptions gravées sur des pierres qui forment les montants de la porte d'Agadir et la base du beau minaret situé près de là, une surtout est significative ; elle apprend que Pomaria existait encore en 631 de notre ère, à l'époque des victoires d'Héraclius sur Chosroès, et de la mort de Mahomet. D'après ces mêmes inscriptions, la durée de la ville romaine ou Pomaria aurait été de 530 ans au moins.
Tels sont les renseignements historiques et certains que j'ai pu me procurer sur l'ancienne capitale de cette contrée et sur les petites villes de sa zone imposante et fertile.
Le Moghreb est en proie aux luttes des tyrans,
Le Lalasti est une croupe rocheuse provenant du Djebel Terni qui, à deux lieues de là et au sud, s'élève à six cents mètres au-dessus de la mer. Il domine la ville de Tlemcen. Une forêt d'oliviers ombrage et protège, comme des oasis de fleurs et de fruits, une foule de jardins odorants et fertiles qui entourent la cité bien-aimée. Cette fraîche et ombreuse ceinture enveloppe les remparts crénelés et sculptés de la ville antique, d'où la vue s'étend jusqu'aux flots écumeux de la Méditerranée. Lia partie centrale a été complètement reconstruite à l'européenne, mais le reste a conservé partout à peu près son cachet original, sa physionomie arabe.
C'est là que les Maghraoua (Ma Ghra-ona) grande fraction des Zenètes, relevèrent jadis les murs de l'ancienne Kala ou Pomaria, dont j'ai parlé plus haut. C'est un fait que les Arabes admettent comme certain. D'après les écrivains indigènes, cette nouvelle ville aurait reçu le nom de Djidda; elle se serait agrandie aux dépens de Siga, ancienne capitale de la Mauritanie et située à douze lieues nord environ ; celle restauration aurait suivi la ruine de Siga et du palais de Syphax sous les empereurs romains; parce que les Berbères avaient abandonné la côte de Rachgoun par haine des vainqueurs. Elle aurait encore porté le nom de Djedda à l'époque des Vandales auxquels les Zenètes payaient tribu, et jusqu'à la conquête de Youcef-ben-Tachfin, chef des Almoravides.
A quelle date devons-nous faire remonter cette nouvelle reconstruction ? Aucun renseignement ne permet de la fixer.
En parlant des Magraoua, Léon l'Africain s'exprime ainsi :
"Venit postea et alia Zenatorum familia ex Numidiæ, quæ Magroa dicta est. »
Or, les Zénètes ou Zenata faisaient partie des tribus appartenant à la branche de Madghris, fils de Berr, fils de Mazighr, fils de Canaan, fils de Cham, Ham chez les Arabes. Ils appartiennent donc à l'immense famille berbère. Lors de l'invasion arabe, la domination autonome se partageait ainsi dans le Moghreb :
Les Ketama à l'est;
Les Sanhadja au centre;
Les Zenata à l'ouest.
Les grands pouvoirs s'exerçaient au moyen de quatre gouvernements principaux :
Ifren,
Maghraoua,
Ouemannou,
Ilouman.
Ici, disons immédiatement un mot de ce grand peuple berbère, - actuellement les Kebaïls, au centre de nos possessions, - et dont l'origine a exercé l'érudition de tant de savants.
Toutes recherches et tontes conclusions comparées, il faut admettre que les Berbères, comme les Libyens, comme les Egyptiens, commue les Phéniciens, sont une des branches fameuses de la puissante famille chamitique.
Qu'ils descendent de Berr, fils de Mazighr, fils de Canaan, fils de Ham, Cham chez les Européens, ou qu'ils soient issus de Berber, autre descendant de Ham, les Berbères n'en appartiennent pas moins à la race chamitique. Ce fait historique ne me semble plus exciter aucun doute.
Maintenant, passons à leurs nationalités fraternelles et nous verrons que Canaan, père des Phéniciens, par Sidon, et des Berbères par Berr son petit-fils; que Masr ou Misr, Misraïm au pluriel, ancêtre des Egyptiens; que Phut, auteur des peuplades mauritaniennes, étaient trois frères issus de Ham; enfin nous reconnaîtrons Laabim ou Lubim, fils de Misr -Misraïm, -comme auteur des Libyens.
Telle est la confraternité ou communauté d'origine qui a toujours relié ces grandes tribus, que l'on a vu former de puissants empires.
Les Berbères ont, dû marcher en tête de l'émigration sennaarienne. Ils ont, été poussés par les descendants de Misr, les Misraïm ou Egyptiens. Or, ceux-ci ayant multiplié considérablement, il arriva que les tribus dont était père Laabim ou Lubin, c'est-à-dire les Libyens, quittèrent par force ou volontairement l'Egypte, qui s'appelait Berr Chamïa, terre de Cham, ou Bled, Misraïm, pays des Misraïm, et ils s'avancèrent ainsi vers l'ouest où les descendants de Berr ou de Berber durent céder du terrain. C'est alors que les Libyens occupèrent le pays qui s'étendait depuis l'Egypte jusqu'à la Numidie.
Plus tard, les Phéniciens dont l'auteur était un neveu de Misr, père des Egyptiens, envoyèrent de Tyr et de Sidon ces fameuses expéditions maritimes, dont l'une fonda Carthage dans le pays des Libyens. Comme ces deux peuples avaient la même origine, ils se fusionnèrent facilement et deux naquit la grande puissance Libyphénicienne. Mais les populations berbères semblent avoir conservé leur individualité, et n'avoir laissé aux Carthaginois que la faculté de fonder des entrepôts commerciaux sur les côtes et quelques postes destinés à les protéger. M. Berbrugger en parle ainsi :
« Le Berber a vu des comptoirs phéniciens s'établir sur ses rivages, sans plus s'en préoccuper que les Turcs ne s’inquiétaient de l'existence d'une compagnie française à La Calle. Ce n'étaient pour eux que des marchands, avec lesquels il y avait beaucoup à gagner et rien du tout à perdre.»
Dans le nombre des fondations carthaginoises nous pouvons citer Siga, longtemps capitale, ayant pour postes dans les terres : Sour et Ksar Hannoun, décrits plus hauts. Or, Siga se trouve déjà citée dans le périple de Scylax, plus de 400 ans avant notre ère.
La dispersion générale de Sem, Ham, Japhet et de leurs tribus, commença dans le pays de Sennaar, entre le Tigre et l'Euphrate, où s'éleva la tour de Babel, 2907 ans avant l'ère chrétienne. Par suite de cette émigration générale, un grand nombre de tribus, issues de Ham par Misr, Phut et Canaan, peuplèrent les zones maritimes depuis la Syrie jusqu'à l'Océan atlantique.
Au temps d'Abraham le pays de Canaan était couvert de royaumes, et, quand ce cheikh ou patriarche alla en Egypte, Berr Chamïa, Bled Misraïm, il y trouva un pharaon ou souverain d'un immense empire; c'était vers l'année 2286 avant notre ère, c'est-à-dire 621 ans environ après la dispersion babélique. Or, à celte époque, les Libyens ou descendants de Labim avaient dû quitter la terre de Cham et prendre possession de leur nouveau pays ; par conséquent, les peuples issus de Berr ou de Berber ne pouvaient manquer de villes, de richesses et de civilisation dans la partie occidentale de l'Afrique. Donc, Memphis et Kala ont eu peut-être une origine contemporaine, ainsi que pouvaient régner en même temps Misr ou Menès et Atlas ou le civilisateur, chacun sur une extrémité opposée du même continent.
Mais où retrouver l'histoire de ces peuples? Hélas! Nul ne le sait! Un silence de plus de deux mille ans garde le mystère qui nous cache les oeuvres de ces innombrables populations.
Parmi les Berbères on remarque deux branches puissantes, les Massésiles et les Massèles, déjà citées, formant la grande section des Numides qui avaient deux capitales redoutées, Cirtha et Siga, deux villes qu'ils avaient dû reprendre aux Libyphéniciens; car, à différentes époques, les Berbères détruisirent les postes et les établissements Carthaginois et surent reconquérir les zones qu'ils avaient cédées de gré ou de force. Ils finirent même par forcer les Carthaginois à rentrer dans les limites du territoire Libyphénicien. Cependant, un lien puissant pouvait établir entre eux une plus longue union et les rappeler au souvenir de leur commune origine, c'était celui du langage, car les Phéniciens parlaient aussi un dialecte cananéen.
Après ce rapide exposé, je reviens à Djidda, -Tlemcen.
Rien ne nous indique dans les livres que les Libyphéniciens aient possédé cette ville, ni qu'ils se soient avancés au-delà de la ligne passant par Ksar Hannoun, Urbara ou I'Hanaia et Sour ou Lella Mar'nia. Je pense que les Vandales se sont contentés d'un tribut, car les Berbères accueillirent en libérateurs ces ennemis acharnés des Romains. Djidda resta donc une ville libre sous la suzeraineté de Carthage la Vandale. C'est ainsi qu'à travers une immense lacune historique nous arrivons à l'invasion arabe.
Sous le règne d'Othman, troisième khalife de Damas, Bled-Cham, l'invasion islamique pénétra en Afrique sous le commandement d'Ocba-ben-Nafé, plus connu en Moghreb sous le nom d'Ocba-ben-Onouamir.
Jusqu'à I'apparition d'Edris, ou Idris selon une autre orthographe, il parait que Djidda resta libre sous la domination naturelle ou nationale, c'est-à-dire un gouvernement berbère. En l'année 172 de l'hégire -788 -9 de notre ère - Edris-ben-Abd Allah, descendant d'Ali et gendre de Talik, s'enfuyait de l'Asie avec son affranchi Rached, se rendait dans le Moghreb, et atteignait Oulili, l'ancienne Volubilis des Romains, ville bâtie sur le Zerhoun qui est une montagne à 6 ou 7 lieues de Fez. Le fugitif échappait ainsi à la vengeance de Haroun-er-Rachid, et, arrivé dans le Moghreb el Acsa ou le Couchant extrême (Maroc) il se mettait sous la protection d'Ishak-ben-Mohammed, grand émir de la tribu des Aureba. Bientôt il révèle ses projets ambitieux à différentes peuplades berbères et trouve, grâce à leur haine pour les Arabes, une foule de partisans courageux et dévoués. Après le serment de fidélité juré sous les drapeaux; il commence ses rapides conquêtes aux environs d'Oulili. Ensuite; soit ruse, soit crainte, soit dévouement à l'Islamisme, sa politique lui fait attaquer les Berbères qui professaient le magisme, le judaïsme ou la religion chrétienne. A la faveur de cette tactique, il s'empara de plusieurs autres villes et augmenta sa réputation militaire en même temps que sa puissance.
C'est ainsi qu'en 173 de l'hégire -789 -90 -il s'avança jusqu'à Djidda où régnait Mohammed-ben-Khrazer-Ben-Soulat. A son approche la population composée d'lfrénides et de Maghra-Ouïens sortit avec son chef en tète, et leur soumission fut acceptée. C'est là que le vainqueur se délivra lui-même le titre d'Emir ou khalife. Une grande mosquée s'éleva bientôt à sa voix et le nom d'Edris fut inscrit en lettres d'or sur le Mehrab de la Djemaa. De retour à Oulili, le triomphateur commit la faute de recevoir chez lui Soleïman-ben-Horeïz, dit Chemmakhr, envoyé secret de Haroun-er-Rachid. Cet hypocrite avait reçu la mission d'assassiner Edris, et, pour mieux tromper son hôte, il, simula le déserteur, se prétendit, l'ennemi mortel de Haroun, se déclara enfin Thebib Kebir, médecin habile. Edris s'y laissa prendre. Un jour qu'il se plaignait d'un violent mal de dents, il reçut un breuvage empoisonné et en mourut. D'autres disent qu'au milieu d'un festin on lui versa du Semm ou poison dans l'Abou Kal, nom berbère d'un pot ou vase à boire en usage encore chez nos kebaïls pendant les repas. Enfin une autre version prétend que l'assassin remit au malheureux Emir une brosse à dents préparée à l'arsenic et dont l'emploi tua le conquérant qui fut enterré à Oulili.
Réméon Pescheux
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ANNONCE
envoyée par Mme Josseline REVEL-MOUROZ
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Voyage pèlerinage à Cassino,
pour commémorer la victoire obtenue grâce, entre autres, au général Juin et à l’Armée d’Afrique.
J1 - 16 mai : départ et arrivée à Castiglion Fiorentino dans l'après midi. (515km) Restauration et nuit dans un hôtel 3 étoiles.
J2 – 17 mai : (jour anniversaire de la victoire) : départ pour Cassino (328km) / journée à Cassino / retour pour dîner à l'hôtel en centre ville de Rome (145Km) installation dîner et nuit
J3 - 18 mai : Petit déjeuner. Visite guidée du Vatican + déjeuner au Pizzarium (meilleure pizza de Rome)
Après-midi visite de la Rome baroque. Dîner et nuit hôtel en centre ville de Rome
J4 - 19 mai : visite Rome antique + déjeuner (nom restaurant meilleur sabayon - en attente du nom du restaurant) + départ Castiglion Fiorentino (224km) pour dîner et nuit
J5 – 20 mai: Petit déjeuner + retour vers la Côte d'Azur (515km)
Bus : 40 à 50 personnes
D'avance Merci. Pour prendre contact et avoir plus de renseignements, voici mon adresse:
RJosseline@aol.com
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. Jean-Pierre Laporte
Monsieur
Merci pour votre site piednoir.net et votre article sur La Seybouse.
Peut-être pourriez-vous m'aider ? Je recherche désepérément :
- à localiser un exemplaire Auguste Souleyre, Les niveaux marins de la plaine de Bône, 1921, Bône, 52 pages 23 cm., pour en acquérir une photocopie. Sauriez vous où je pourrais trouver ce document ?
- à joindre les descendants et héritiers de l'amiral Erwan Marec, qui a tant fait pour l'archéologie d'Hippone. Connaîtriez-vous quelqu'un qui puisse me renseigner?
Avec mes cordiales salutations
Jean-Pierre Laporte
Mon adresse : laportj@club-internet.fr
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De M. Guy d'Ennetières.
Bonjour,
Merci Jean-Pierre pour ce nouveau numéro de La Seybouse que je découvre avec toujours autant de plaisir.
A Bône, j'avais un oncle et sa femme qui ont disparu maintenant, mais comme je ne les ai pas beaucoup connus, je recherche des personnes qui auraient pu les cotoyer...
Mon oncle s'appelait Alexandre Pompidou (eh oui ! de la famille du Président !). Sa femme se prénommait Hélène et était une demoiselle Azzopardi. Ils habitaient Rue Lemercier en face d'une école primaire ou d'un collège.
Ils avaient un fils unique, Alain qui était fiancé à une bônoise Lucette Desio (je ne suis pas sûr de l'orthographe).
Alain a été tué à l'age de 20-21 ans, au début de la guerre, en sautant sur une mine. Ce devait être dans les années 55-57...
Si par hasard, dans ton entourrage, des compatriotes pouvaient me donner quelques renseignements j'en serai très heureux.
Merci d'avance et fraternelles amitiés,
Guy d'Ennetières.
Mon adresse : lagatieres@aol.com
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De M. Georges Sarraf.
Cher Ami,
Je lis avec attention et émotion le site de la SEYBOUSE. Je ne suis pas Bônois de naissance, mais mon arrière Grand mère maternelle Germaine Grébis née Delaye est née à la caserne Youssouf en 1884 !
Mon grand oncle, Norbert Grébis était propriétaire de l’Atlantique Hôtel rue Bouscarin et ma grand-tante Mélodie Delaye qui habitait aux « Caroubiers » prédisait aux destinées de la JMF (jeunesse musicale de France). Aurais tu des infos sur cette dernière ? Le vent de l’histoire a balayé beaucoup de souvenirs.
Mon village d’Algérie est Châteaudun du Rummel.
Amitiés.
Georges Sarraf.
Mon adresse : georges.sarraf@mutpoitiers.fr
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mars 2010.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois
bonjour,
Je vous saurai gré de bien vouloir insérer l'adresse de mon site
internet. Je suis oranaise et chanteuse. Je chante les chansons des
années 40 et 50 60, en espagnol et en anglais et bien sur en français.
Ce n'est pas un site marchand mais juste pour faire connaitre ce que je
fais. Vous pouvez y aller et écouter:
Son adresse: http://pagesperso-orange.fr/TINALAMARTINA
Par avance je vous en remercie.
Tina la Martina
Mon adresse : bomonte37@orange.fr
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Un gars vivant seul, décida un jour que sa vie serait moins monotone avec une bestiole quelconque, pour lui tenir compagnie
Alors il alla dans un magasin pour animaux et demanda ce qu'il y avait comme animal peu commun.
Il décida que l'idéal serait un mille-pattes.. ..
C'est vrai, une bestiole avec 1000 pieds , c'est vraiment peu commun, NON ???
Donc, il emporta son mille-pattes dans une petite boîte blanche avec des feuilles et du coton, qu'il prit soin de placer dans un coin tranquille, à l'abri de la chaleur.
Il se dit alors que la meilleure chose à faire, pour fêter son arrivée, serait de l'emmener dans un bar boire une petite mousse.
Alors il demanda à son mille pattes : ' tu veux aller chez Céline et Nico avec moi, pour prendre une bière???'
Mais pas de réponse .....ce qui l'énerva un peu !!!
Il attendit un peu, puis redemanda : ' bon alors tu viens avec moi prendre une bière chez Céline et Nico !!!'
Mais toujours aucune réponse...
Il attendit encore un peu, se demandant pourquoi son petit mille Pattes ne répondait pas !!
Déjà bien agacé, il le relança :
ALORS, TU VIENS BOIRE UNE MOUSSE OU MERDE ?! ?!?!
Soudain une petite voix sortant de la boîte, se fit entendre et lui dit :
PUREE !!! MAIS TA GUEULE, J'AI COMPRIS..!!! JE METS MES POMPES
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