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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
75, 76,
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83, 84,
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EDITO
LES VACANCES POUR TOUS !!!
Il y a quelques jours, nous avons effectué le changement de saison. C'est l'été, votre N° 85 de la Seybouse devant les yeux et déjà vous êtes en vacances ou vous êtes en train d'en rêver.
Le rêve d'une lointaine mer turquoise, tiède et cristalline ; d'un ciel bleu sans nuage à l'horizon ; des étendues de sables d'or bordées de pin parasols et de paillotes en bois face à des rochers blancs émergeant dans une mer frémissante…
Le rêve de hautes montagnes, tel que le Kilimandjaro, que les hauteurs attirent vers leurs sommets ; des forêts qui sentent le calme et la tranquillité ; des prés et des clairières qui inspirent le repos…
Ces rêves seront en réalité pour certains, mais les vacances c'est aussi simplement s'allonger sur une plage ordinaire ; se promener en petite montagne ; visiter des villes et leurs lieux historiques ; ou bien rendre visite à la famille ou aux amis. Tout cela, sera la réalité pour la majorité d'entre nous.
Mais pour d'autres, touchés par le chômage, la précarité, la vieillesse ou la maladie, il ne leur reste que le rêve.
Donc, souhaitons de bonnes vacances à tout le monde avec une pensée particulière pour les plus défavorisés en espérant qu'un jour leur rêve se transforme en vraies vacances.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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TRANSPORTS
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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L'activité d'un port et sa prospérité conséquemment, dépendent naturellement des voies ferrées ou routières qui relient ce port à son hinterland.
Cela est toujours vrai, mais cela l'était davantage encore pour le port de Bône.
Ce port qui n'avait été aménagé, pour ainsi dire, que pour l'évacuation des minerais de l'Est algérien, n'avait pas au début les moyens de transport qui convenaient à sa fonction.
Entre Bône et Tébessa, les produits miniers étaient obligés d'emprunter deux lignes dont la structure respective différait totalement. L'une, de Bône à Souk-Ahras était un tronçon de la grande ligne Bône-Tunis. Elle était à voie normale de 1m. 45, l'autre, de Tébessa à Souk-Ahras, n'était qu'un embranchement secondaire à voie étroite de 1 mètre.
Cette situation qui s'est imposée aux premiers transports de phosphates, du Djebel-Dyr et du Djebel-Kouif entraînait l'obligation d'un transbordement des phosphates en gare de Souk-Ahras, ce qui augmentait sensiblement le coût des transports.
Autre inconvénient, la ligne de Tébessa n'avait été construite qu'en vue d'un trafic de peu d'intensité et son profil était particulièrement accidenté.
Les rampes entre M'Daourouch et les Tuileries et Souk-Ahras étaient très dures et la traction devenant très pénible, la fumée qui envahissait les tunnels trop étroits menaçait d'asphyxie les mécaniciens.
La loi du 13 août 1913, en déclarant d'utilité publique la transformation en voie normale de la voie étroite de Souk-Ahras-Tébessa remédiait en partie à ces inconvénients.
Et l'électrification de la ligne, ensuite, fit disparaître toutes les difficultés qui gênaient le trafic des minerais.
Désormais, les navires allaient donc pouvoir être chargés dans les moindres délais et éviter les surestaries. Car la mine de l'Ouenza était entrée en exploitation depuis 1922, et l'on sait que l'électrification, a, comme conséquence première, de doubler la capacité de transport d'une ligne de chemin de fer, les locomotives pouvant marcher à 45 km à l'heure même avec des déclivités de 35 m/m,
Cette électrification était indispensable, car il faut prévoir que le trafic annuel de la ligne Bône-Tébessa qui est présentement de 2.500.000 tonnes pour les minerais de fer et de 600.000 tonnes pour les phosphates pourra arriver à 4.000.000 rien que pour le fer, tandis que les phosphates augmenteront certainement leur chiffre, un jour, lorsque le Djebel-Onk aura été mis en exploitation.
L'électrification de la ligne Bône-Tébessa a été très avantageuse, puisqu'elle a permis de renoncer, au Grand Central Minier dont la construction avait été déclarée d'utilité publique.
Le port de Bône a donc tous les moyens de transports qui lui sont nécessaires pour lui permettre d'évacuer de quatre à cinq millions de tonnes par an, tant en minerais de l'Ouenza, qu'en phosphates.
Pour le moment il exporte annuellement 2.500.000 tonnes en provenance d'Ouenza et Bou-Kadra et 600,000 tonnes de phosphates, sans compter d'autres quantités moindres de petites exploitations minières de la région.
Le réseau routier, par ailleurs, est excellent à tout point de vue et permet aisément aux gros camions automobiles d'apporter sur nos quais directement d'autres produits miniers ou autres.
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A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
Par MAXIME RASTEIL (1930) N° 30
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EUGÈNE FRANÇOIS Mon ancêtre
Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
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J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto
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DEUXIEME PARTIE
CRIS D'ALARME
Qu'est-ce à dire? Pourquoi ces appels de détresse? D'où montent ces plaintes et ces rumeurs? Est-il exact qu'après tant de choses brisées, sacrifiées, éteintes ou disparues, il est encore en Algérie, à l'aube de 1930, des entreprises officiellement condamnées à mourir?
Hélas ! Lisez les journaux, écoutez les conversations, pénétrez avec moi dans les diverses assemblées de la Colonie bientôt centenaire, et vous pourrez constater qu'il n'y est question que de villages morts ou en agonie, désertés par les Colons et fils de Colons qui vont chercher en Tunisie, au Maroc ou ailleurs, les moyens d'existence qu'on leur refuse.
- La situation s'aggrave dans nos campagnes algériennes; nos centres se dépeuplent et se vident ! Déclare au Conseil général de Constantine un éminent rapporteur.
Et il cite, entre cent faits notoires, celui d'un colon d'El Malah arrêtant d'un geste la voiture du Gouverneur en tournée dans la région, et lançant au premier magistrat de la colonie cette apostrophe désespérée : " Voilà !... Je suis le dernier des quarante colons du village. L'an prochain, si vous revenez, vous ne me trouverez plus ici ! "
Un autre orateur s'exprime en ces termes : " Je viens de parcourir le bled. Partout, j'ai constaté la faillite des méthodes instituées par le décret de 1904. Partout, j'ai entendu les mêmes plaintes des colons, partout j'ai vu des villages en ruines où seuls les vieillards inutiles restent attachés à la glèbe, car les fils sont tous partis faute de terres suffisantes. L'oeuvre de colonisation est entièrement à reprendre. " (1).
Et, chaque jour, des rapports accablants viennent s'ajouter aux documentations éloquentes et précises. Le conflit est aigu. Entre les élus publics et les Bureaux, c'est un échange de critiques et de blâmes.
Certes, l'Administration supérieure se défendra en opposant à ses détracteurs des statistiques impressionnantes. Elle montrera ce qu'elle a fait, ce qu'elle a créé en s'en tenant aux méthodes toujours bien intentionnées qui sont les siennes. Mais l'évidence de ses fautes apparaîtra telle au cours de certains débats ultérieurs, qu'en pleine séance des Délégations Financières, M. Pierre Bordes, qui préside avec une haute conscience et une inlassable activité aux destinées de l'Algérie, se grandira par un aveu d'autant plus méritoire que c'est la première fois qu'il est tombé, accompagné d'une promesse aussi caractéristique, de la bouche d'un Gouverneur général.
" En ce qui concerne la Colonisation, dira-t-il, l'Administration déclare qu'elle reconnaît ses erreurs, et, qu'à l'avenir, elle s'inspirera des directives et des compétences de ceux qui travaillent la terre. (2).
Conclusion : il y a eu des erreurs dans le passé algérien, il y en a dans le présent, il y en aura dans l'avenir.
En attendant, au secours des villages moribonds qui s'étiolent et se vident, pauvres bourgades sans souffle entr'aperçues au penchant d'un coteau, au bord de la plaine ou dans le creux de quelque vallée, et dans la solitude desquelles, comme le philosophe égaré dans son petit cimetière breton, j'ai moi-même souvent médité en griffonnant quelques vers mélancoliques.
Le village dormait envahi par les ronces.
Rien n'indiquait la vie ou le labeur des champs,
L'école n'abritait ni les jeux ni les chants,
Et les arbres formaient un rideau plein de fronces.
Nulle voix n'égayait le seuil du forgeron,
La plupart des maisons muettes étaient closes,
Les puits étaient déserts... Cependant quelques roses
Voisinaient dans la haie avec le liseron.
Tous les murs lézardés accusaient la détresse
Des logis malheureux ou des foyers éteints,
Et la brume attardée à l'aube des matins
Enveloppait les toits d'un linceul de tristesse.
Un énorme soleil, surgissant tout à coup,
De ses flèches de flamme incendia les rues...
Mais auprès des hangars où gisaient les charrues,
Aucun boeuf au collier ne vint tendre son cou.
Dans I'ombre noire des figuiers de Barbarie,
Au détour du chemin seul un vieux chien hurla...
On sentait que la mort avait passé par là,
Et que de tout espoir la source était tarie.
Un silence effrayant régnait autour de nous.
Le cimetière étroit n'était plus qu'herbe verte,
L'église sans pasteur aux vents était ouverte,
Et des femmes en deuil y priaient à genoux...
Terrassés un par un par de sombres épreuves,
Hélas ! Tous les premiers colons ici venus
Avaient péri bientôt - leurs noms sont inconnus -
Et ce bourg s'appelait le Village des Veuves!...
" Le désert est grand... Qu'Allah te protège ! " Dit la sagesse arabe au voyageur.
Encore une fois, grâce pour les centres français agonisants ! Protection et pitié pour les villages algériens qui meurent !
(1) Interventions de MM. Paul Cuttoli, sénateur, Morinaud, député, et Vallet, conseillers généraux.
(2) Compte-rendu analytique de la réunion des Délégations Financières en 1928.
A SUIVRE
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.
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Touriste volant
Envoyé Par Etienne
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Un touriste roule sur la Grande Corniche à Nice. A un tournant, il voit 2 types sur le parapet au bord du vide. Les 2 se lancent dans le vide, font 3 loopings et reviennent sur le parapet.
Le touriste va les voir et demandent comment ils font. Réponse: " c'est simple, on se jette, on vole et on revient".
-"Ca alors, incroyable" dit le touriste.
-" On va vous remontrer ça" disent les 2 et ils se lancent dans le vide, plongent, remontent en chandelle, retournement, passage grande vitesse à ras de la route,remontent, repassent au dessus de la bagnole du mec en basse vitesse, entament 2 loopings et reviennent sur le parapet.
- " Mieux que la Patrouille de France. Vous pouvez m'expliquer comment vous faites ? " dit le touriste
-" C'est simple, on est au bord de la falaise, le vent du large nous porte et ça marche tout seul"
- " Je peux essayer ? "
- "Bien sûr "
Le mec monte sur le parapet, se lance et bien sûr se crashe lamentablement 100m plus bas
Et un des 2 types dit à l'autre " On est quand même de beaux salauds.........pour des anges !!!"
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COMMUNIQUE
de M. CAVANNA
Association de Sauvegarde des Cimetières Français
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Chers amis,
Je me dois d'alerter tous nos amis Oranais et plus précisément ceux de la ville d'Oran. Les autorités françaises (ambassade et ministère des AE) ont semble-t-il décidé, sans se rapprocher des familles, de procéder au regroupement d'un certain nombre de tombes dans le cimetière de la ville d'Oran. C'est totalement inadmissible d'autant que personne n'a consulté les familles et l'on ne s'est pas d'avantage intéressé à ces familles qui ont une concession à perpétuité..
Il faut inviter si l'on ne veut pas que cela se généralise, tous ceux qui se sentent concernés et mêmes ceux qui ne le sont pas - mais par solidarité - à adresser une lettre au Président Sarkozy et au ministre des affaires étrangères pour leur faire part du désaccord et du refus de la communauté rapatriée. J'attire aussi l'attention de l'ensemble de nos amis pour qu'ils régularisent le renouvellement des concessions - pour ceux qui n'ont pas de concessions à perpétuité. C'est pas très cher d'autant que les autorités algériennes ne réclament pas les arriérés. Il faut se battre si nous voulons que les cimetières français soient maintenus. Les algériens sont les premiers à remettre en état les deux cimetières d'Alger - à leur frais exclusifs. Ils ne sont demandeurs de rien aussi la France ne doit pas à l'insu des familles mettre celles-ci devant le fait accompli.
Je compte sur toute la solidarité dont on est capable de faire preuve pour que chacun fasse part de son refus et de son désaccord. Je suis à Alger une fois par mois et en tant que président de l'association de sauvegarde des cimetières français en Algérie j'ai pu prendre toute la mesure de la carence de nos représentants aussi bien en France que sur place.
Je suis à la disposition de tous ceux qui voudraient prendre contact avec moi à l'adresse suivante : juris-cavanna@wanadoo.fr
Je vous adresse mes amitiés sincères.
Me J.Cavanna
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A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône
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Chapitre Il
L'OLÉOCOOP
L'olivier
était surtout cultivé autour de Bône, entre Duvivier et Guelma. L'huile de
Guelma était recherchée pour son parfum. La coopérative Oléocoop fut créée en 1932.
Elle s'occupait du stockage et de la vente des huiles traitées à la
propriété par les coopérateurs. La quantité moyenne d'huile conditionnée dans
l'usine de Bône était de 300.000 kilos à la fin des années 50.
Bidon en métal d'un litre
Oliveraie dans la vallée de la Seybouse
LES CAVES COOPÉRATIVES
Dés 1914, naissaient à Morris et à
Blandan les premières caves coopératives de la région de Bône, pouvant stocker respectivement 38.000 et 20.000 hectolitres de vin.
En moins de dix ans
furent créées huit caves coopératives nouvelles : Celle du Tarf en 1922 (11.000
hI), de Randon en 1922 (31.000 hl), de Mondovi en 1922 (27.000 hl), de Bône en 1924
(23.000 hI), de Duzerville en 1925 (8.000 hl), de Zérizer en 1928 (22.000 hl),
de Mechmech en 1931 (20.000 hI) et de Oued-Frarah en 1932 (20.000 hl).
Caves coopératives de Randon, Mondovi, Bône, Zérizer et Mechmech
La superficie du
vignoble rattaché aux caves coopératives couvrait 2.512 hectares sur les 9.800
qui constituaient l'ensemble du vignoble de Bône. Ces caves assuraient le
stockage de la production des petits et moyens viticulteurs, ainsi que sa
commercialisation. Tous les coopérateurs étaient affiliés à la Confédération Générale
des Vignerons d'Algérie, par l'intermédiaire de la Fédération départementale et
des sections locales. Les caves coopératives étaient toutes fédérées.
Président
de la Fédération des Vignerons : Pellarin Armand. Administrateurs : Auger
Francis, Bertagna Roland, Bossuot Georges, Breysse Gilbert, Brisson Michel,
Brucker Marcel, Coux Charles, Germain Didier, Giaccobi Maurice, Giuliano Edouard, Lacoume François,
Latrille Jean, Pavet Jean, Polycarpe Henri, Riols Désiré, Rovillain René,
Sultana Henri, Sultana Michel, Tucci Albert, Vernède Henri.
LES CÉRÉALES
Le port de Bône, débouché
des territoires céréaliers de Guelma, Sédrata et Tébessa était tout désigné pour la
construction de docks-silos. Dés 1920, les dirigeants des Associations
Agricoles soulignèrent la nécessité d'un centre de stockage à proximité du
port, au terminus des voies ferrées et routières. Le président Laurent Saunier était
le défenseur passionné de ce projet. Dés 1934, les docks s'élevaient sur les
terre-pleins de la Chambre de Commerce, quai de la grande Darse. D'une capacité de 110.000
quintaux, ils furent bombardés pendant la guerre de 1939/1945. Refaits par la Chambre de Commerce, qui les agrandit pour
porter leur capacité à 200.000 quintaux, ils regroupaient, en 1960, plus de 3.000 coopérateurs
et usagers dont la très grande majorité était composée d'agriculteurs de confession musulmane.
Les silos, sur le port de Bône (Photo Christian)
Les livraisons aux Docks-Silos de
Bône s'élevaient en 1954 à 105.000 quintaux de blés durs, 21.000 quintaux de blés tendres et 53.000
quintaux d'orges. Les farines étaient fabriquées aux moulins de Bône appelés les Moulins d'Hippone.
L'ÉLECTROCOOP
À la fin de la
première guerre mondiale, le développement de l'agriculture et de la coopération
agricole dans la plaine de Bône étaient freinés par un manque d'énergie. Les
dirigeants des Associations Agricoles durent créer un réseau électrique rural :
la S.E.C.A première société du genre créée en Afrique du Nord. Un réseau
distribuait dans la plaine plus de 1.300.000 kWh. Trois gros chantiers de
labourage électrique fonctionnèrent de 1924 à 1942, permettant d'exécuter des
programmes de défoncements pour les plantations de la vigne, d'arbres fruitiers
et de tabac. Après la nationalisation de l'électricité (Électricité et Gaz
d'Algérie) en 1945, l'Électrocoop ne fut plus qu'un souvenir. Toutefois, elle
avait servi la cause de l'agriculture entre les deux guerres. En 1955, ce même réseau produisait plus de 3.600.000 kWh
LA LABOURCOOP
L'Union des Coopératives de Labours apparut en 1945,
faisant suite à l'Électrocoop Elle regroupait dix coopératives de villages et
possédait ainsi les moyens suffisants pour acquérir du gros matériel thermique et l'entretenir.
Dix chantiers de labourage ont alors fonctionné chaque année
dans la plaine de Bône, 8.000 hectares étant ainsi retournés ou sous solés par
ce puissant matériel, pour préparer les parcelles destinées à recevoir des
cultures fruitières ou des plantations de vigne.
Témoignage de Charles Borg
Quand
j'avais entre dix et douze ans, j'allais à la ferme familiale pendant les
grandes vacances scolaires. Je regardais les ouvriers de la Labourcoop manier
leurs charrues basculantes. Selon les cas, elles étaient montées en bi-socles,
tri-socles, quadri-socles et permettaient une profondeur du labour entre 20 cm
et 1 mètre. Suivant la profondeur, l'agriculteur faisait des plantations de
vigne ou d'agrumes.
Mon père et mon oncle faisaient faire ces labours de défoncement à des profondeurs
d'environ 40 à 50 cm. Ces travaux s'effectuaient derrière les parcelles de céréales,
qui étaient par la suite plantées en tabac ou en tomates industrielles. Ces
labours profonds permettaient de garder l'humidité dans le sol, dont les
plantes avaient besoin pour se développer.
Les locomotrices étaient placées à chaque bout de la
parcelle dans le sens de la largeur. Puis un ouvrier accrochait le câble à la
charrue basculante qui avait des sièges à deux volants, l'un servant à régler
la profondeur, l'autre l'inclinaison. Quand le câble était fixé, la locomotrice
mettait en route le treuil, le câble s'enroulait tirant la charrue et, en avançant,
les socs retournaient la terre et traçaient les sillons. Durant ce laps de
temps, le câble de l'autre locomotrice était déroulé. En arrivant au bout du
champ, l'ouvrier assis sur un des sièges, fixé à la charrue basculante décrochait
le câble pour le raccrocher à la charrue dans l'autre sens. Les socs s'enfonçaient
de nouveau dans la terre jusqu'à ce que la parcelle fût complètement labourée.
Bien plus tard la
Société Borg François et Lucien, s'équipa de tracteurs à roues et chenilles, de
la marque Mac Cormick (TD9. TD14. TD6. Et TD35).
Réunion du Conseil d'Administration
des Associations Agricoles : De gauche à droite, MM. Lignier et Vernède, le président
Charles Munck, MM. Benyacoub, Giuliano, et Georges Munck.
A SUIVRE
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Abdelkader ZAÂF
(15-16 février 1953, Journal d'Alger)
Extrait de la revue de la direction des sports d'Alger, mars 1959.
Envoyé par Daniel DARDENNE
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Malgré la pluie, le froid et le vent
Abdelkader ZAÂF, magnifique vainqueur
d'un pénible Prix "Job"
Quatre-vingts partant sur trente-deux arrivants (échelonnés sur une demi-heure) tel est le bilan de ce 7ème Prix Job qui s'est disputé par un temps glacial, et sous une pluie battante, qui fut à notre avis le prétexte pour lequel une quarantaine de concurrents se sont abstenus. Parmi eux, citons l'Oranais Chareuf et les Algérois Amouhour, Touati, Abbés et Larbi.
Si au départ Massip, Zélasco, Kébaïli et Molinés faisaient figure de favoris, personne ne s'attendait à la victoire de Zaâf, même ses plus chauds partisans. Il est vrai que le puisatier de Chebil doit une fière chandelle à ses camarades de marque Soler et Kébaïli qui enrayèrent toutes les tentatives d'échappées. Parmi les malchanceux, citons Godard qui perça avant Palestro, Molinès et Yeddou qui se trouvaient dans le groupe de tête et qui furent accidentés avant Maison-Blanche. Découragé, Molinés abandonna, tandis que Yeddou perdit de précieuses minutes à attendre une machine de rechange.
GOMEZ, LOPEZ ET YEDDOU
REVELATIONS DE L'EPREUVE
Si la plupart de nos coureurs chevronnés terminèrent dans les quinze premiers, nous devons souligner la belle tenue de Gomez (4ème), Lopez (7ème) et Yeddou (15ème) malgré un accident matériel. Gomez fit partie de l'échappée initiale, quant à Lopez et Yeddou ils furent magnifiques dans l'ascension du col de Bou-Zegza, et se sont montrés au même niveau que leurs aînés en tenant tête aux Kébaïli, Zélasco, Soler, Quercy et consorts jusqu'à proximité de l'arrivée.
CHERATTI ET ALCARAZ ONT PRIS
UNE SERIEUSE OPTION POUR LE T.A.C.
Si Gomez, Lopez et Yeddou ont été les révélations de ce Septième Prix Job, le tandem Cheratti et Alcaraz a pris une sérieuse option pour le TAC, de même que Guercy, Soler et Amar Lakdar qui méritent une place dans l'équipe de Lalo Haramboure, Quant aux Chibane, Lauze, Zwahien, Benioui, Molinés, Romeu, St-Etienne et Ramos ils devront justifier leur candidature à l'occasion du Grand Prix de Champlain, dimanche prochain, sur un profil qui passe par les cols de Médéa et Ben-Chicao.
SOLEIL, ALCARAZ ET GOMEZ
A LA POINTE DU COMBAT DES LES PREMIERS KILOMETRES
La première échappée se dessina au Hamiz et fut l'oeuvre de Soler, Alcaraz, Gomez et Robert. Tandis que ce dernier était lâché à Rouïba, ses camarades de fugue continuèrent de plus belle malgré une chasse ardente de Molinès, Lauze, Massip, Benioui et Guasch d'abord et du peloton.
Soler qui semble actuellement en bonne condition lâcha ses compagnons dans les gorges de Palestro et passa au contrôle de ravitaillement avec 2mn 6s d'avance sur Gomez et Alcaraz auxquels étaient venus se Joindre Molinés, Massip, Yeddou et Lauze.
Lopez, Achacha, Amar Lakdar, Romeu et Zwahien suivaient à 2mn 44s et le peloton comptait 3mn 30s de retard sur le Guyotvillois.
SOLER PREMIER AU BOU-ZEGZA
Après avoir attendu le peloton, nous avons assisté à l'ascension du col. Dès les premiers lacets, Huerta, Terkia, Seray, Carmona, Farhi, Zedmia, Guasch, Robert, Keddah, Aiouna et Llorca perdent contact. Le soleil fait son apparition et Zélasco en profite pour accélérer l'allure. El-Bezgui, Cheriet, Dingli, Achacha, Saint-Etienne et Zemouri sont lâchés. Un peu plus loin ce sera au tour de Tanguy. Sur un démarrage de Zélasco, seul le tunisien Cardinale réussit à prendre son sillage. Cardinale tente l'échappée, de même qu'Alcaraz et Gercy, mais tout rentre dans l'ordre.
ZAÂF CASSE LA BARAQUE
A la sortie de Maison-Blanche, Abdelkader met le gros braquet et s'en va seul. Aussitôt Kéhaïli et Soler règlent l'allure et mettent un sérieux coup de frein, ce qui permet à Zaâf de prendre sérieusement du champ.
Les jockeys de " Terrot " contrôlent la course et neutralisent toutes les échappées, sauf celle de Lopez qui sera rejoint au Caroubier. Sur la route Moutonnière les démarrages se succèdent, mais Kébaïli et Soler veillent au grain. Ils payeront leurs efforts, Soler dans la rampe de l'Amirauté et Kébaïli dans la côte de N.-D. d'Afrique, ce qui permet le Zélasco de partir irrésistiblement pour s'assurer une brillante seconde place.
Nous ne terminerons pas sans souligner le beau succès de l'épreuve, et l'impeccable organisation de l'UCA. Nous remercions également notre bon ami Cohen qui nous a fait suivre toutes les péripéties de la course dans sa confortable voiture. Le chronométrage à l'arrivée était assuré par M. Bertin, les fonctions officielles par MM. Boulanger, Hugon et Haramboure et la direction de la course de main de maître par M. Labarre.
Résultats techniques
1. Zaâf (VSM), les 155 km. en 4 h. 43mn
2, Zélasco (SCUEB), à 3'
3. Chératti (UCA), à 3' 25"
4. Gomez (UCHD), à 3' 55"
5. Guercy (VCA), A 4'
6. Alcaraz (UCA), à 4' 20"
7. Lopez (ASPA), à 4' 48" ; 8. Kéballi (VSM) ; 9. Cardinal (Tunis) ; 10. Soler (SG), même temps
11. Amar Lakdar (VSM), à 7'
12. Zwahien (SCUEB), A 8'
13. Lauze (ASPTT) ; 14. Chibane (VSM) ; 15. Yeddou (SCUEB) ; 16. Benioui (CCH), 17. Romeu (SCUEB) ; 18. St-Etienne (VCA) ; 19. Ramos (UCA) ; 20. Llorca (SCUEB)
21. Hacheni (SCA) ; 22. Guenna (UCA) ; 23. Achacha (USM) ; 24. Robert (UCA) ; 25. Carmona (VCA) 26. Guasch (ASPTT') ; 27. Dingli (RASA) ; 28. Abdellah (VSM) ; 29. Tanguy (CC H) ; 30. Seray (UCHD) ; 31. Terkla (UC HD) ; 32. Farhi (SCEB).
Classement des Jeunes : 1, Gomez, 2. Hacheni, 3. Achacha, 4. Carmona, 5. Guasch, 6. Dingli, 7. Abdellah, 8. Tanguy, 9. Seray, 10. Farhi.
Coupe de l'U.C.A. :
1. VSM, 57 pts
2. SCUEB, 66 pts
3. UCA, 74 pts.
Classement des grimpeurs : 1. Gomez, 2. Zélasco, 3. Soler et Lopez.
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DU PAIN
Paru dans LE MUTILE de L'ALGERIE (n° 187)
Ecrit par NOËL
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I
Du pain, du pain, du pain, du pain, encor du pain !
Il en fallait hier, il en faudra demain
Il en faut tous les jours ! C'est pour cela sans doute,
C'est pour cette raison, qu'aussi cher il nous coûte !
II
Du pain à trente, sous ! C'est bon pour les richards
Oui mangent autre chose, et sur les boulevards
N'ont qu'à se promener, mais pour le pauvre diable.
A ce prix là qu'on le paye, il est inabordable!
III
Riches qui tous les jours mangez à votre faim,
Pensez-vous qu'ici bas, ne mangeant que du pain,
Il est des malheureux qui parfois ventre vide
Sont rentrés affamés dans leur taudis humide ?
IV
Nous savons que beaucoup ont le coeur généreux
Et que beaucoup aussi donnent, aux malheureux !
Cela ne suffit pas ! Imposons autre chose.
Mais imposer le pain, il ne faut plus qu'on l'ose !
V
Nous ne voulons plus voir désormais des Poilus
Qui peinaient sur le front, ici ne pouvoir plus
Satisfaire leur faim. Assez de sacrifice
Pour les victorieux! Qu'ils mangent ! C'est justice !
NOËL
4 mars 1921.
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ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
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Humour à l'Hôpital
Envoyé par Marc
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Spécial hôpitaux !
Transmise par un médecin du CHU, qui l'estime assez réaliste...
- Bonjour ! C'est la réception ? J’aimerais parler avec quelqu'un à propos d'un patient qui se trouve chez vous. J'aurais souhaité connaître son état de santé, savoir s'il va mieux ou si son problème s'est aggravé.
- Quel est le nom du patient ?
- Il s'appelle Jean Dupont et il est à la chambre 302.
- Un instant je vous prie, je vous passe l' infirmière.
Après une longue attente :
- Bonjour, ici Françoise l'infirmière de service. Que puis-je pour vous ?
- j'aimerais connaître l'état du patient Jean Dupont de la chambre 302.
- Un instant je vais essayer de trouver le médecin de garde.
Après une plus longue attente :
- Ici le Dr. Jean, le médecin de garde ; je vous écoute.
- Bonjour Docteur, je voudrais savoir quel est l'état de Monsieur Jean Dupont, qui se trouve chez vous depuis 3 semaines à la chambre 302.
- Un instant, je vais consulter le dossier du patient.
Après encore une autre attente :
- Huuuummm, le voici : il a bien mangé aujourd'hui, sa pression artérielle et son pouls sont stables, il réagit bien aux médicaments prescrits et normalement on va lui enlever le monitoring cardiaque demain.
Si tout continue comme ça encore 48 heures, son médecin signera sa sortie d'ici le Week-end.
- Aaahhh ! Ce sont des nouvelles merveilleuses ! Je suis fou de joie. Merci.
- Par votre façon de parler je suppose que vous devez être quelqu'un de très proche, certainement de la famille ?
- Non, Monsieur ! Je suis Jean Dupont moi-même et je vous appelle du 302 ! Tout le monde entre et sort ici de ma chambre et personne ne me dit rien. Je voulais juste savoir comment je me porte.
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MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
1853 Par LE GÉNÉRAL DAUMAS N° 9
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
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TELL - KABYLIE-SAHARA
AVANT-PROPOS.
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas
LA KABYLIE.
II.
La Société kabyle.
Si nous prétendions suivre une marche chronologique dans cet exposé, il est incontestable que le tableau de la société kabyle devrait être relégué aux dernières pages de ce récit et faire suite à la conquête. En effet, la conquête seule nous a livré les secrets du pays avec une entière certitude.
Toutefois, les lumières qu'un exposé préalable des moeurs et des institutions pourra jeter sur cette question, nous semblent tellement indispensables, que nous n'y saurions renoncer. En les mettant à profit pour lui-même, notre lecteur ne devra pas perdre de vue que ni le gouvernement français, ni surtout ses premiers agents, ne les avaient pas pour se guider au début de l'occupation. Dans le principe, un malheureux esprit d'induction conduisit toujours à conclure du fait arabe qu'on connaissait peu, au fait kabyle qu'on ignorait entièrement et qui ne lui ressemblait en rien. Des années s'écoulèrent avant qu'une observation intelligente, dirigée soit de Bougie (1), soit d'Alger, inaugura enfin la vérité.
Ici, pour mieux la mettre en évidence, nous opposerons fréquemment la physionomie du Kabyle à celle de l'Arabe, que le hasard de la conquête a beaucoup plus vulgarisée en France.
L'Arabe a les cheveux et les yeux noirs. Beaucoup de Kabyles ont les yeux bleus et les cheveux rouges ; ils sont généralement plus blancs que les Arabes.
L'Arabe a le visage ovale et le cou long. Le Kabyle, au contraire, a le visage carré ; sa tète est plus rapprochée des épaules.
L'Arabe ne doit jamais faire passer le rasoir sur sa figure. Le Kabyle se rase jusqu'à ce qu'il ait atteint vingt à vingt-cinq ans ; à cet âge, il devient homme et laisse pousser sa barbe. C'est l'indice du jugement acquis, de la raison qui devient mûre.
L'Arabe se couvre la tète en toute saison, et, quand il le peut, marche les pieds chaussés. Le Kabyle, été comme hiver, par la neige ou le soleil, a toujours les pieds, la tète nus. Si, par hasard, on en trouve un chaussé, c'est accidentellement et d'une simple peau de bête fraîchement abattue. Ceux qui avoisinent les plaines portent quelquefois le chachia. Le Kabyle a pour tout vêtement la chelouhha, espèce de chemise de laine qui dépasse les genoux et coûte de sept à huit francs; il garantit ses jambes avec des guêtres sans pied, tricotées en laine, que l'on appelle bougherous. Pour le travail, il met un vaste tablier de cuir, coupé comme celui de nos sapeurs. Il porte le burnous quand ses moyens le lui permettent; il le garde indéfiniment, sans aucun souci de ses tâches ni de ses déchirures ; il l'a tenu de son père, il le lègue à son fils.
L'Arabe vit sous la tente ; il est nomade sur un territoire limité. Le Kabyle habite la maison; il est fixé au sol. Sa maison est construite en pierres sèches ou en briques non cuites, qu'il superpose d'une façon assez grossière. Le toit est couvert en chaume, en tuiles chez les riches. Cette espèce de cabane s'appelle tezaka. Elle se compose d'une ou de deux chambres. Le père, la mère et les enfants occupent une moitié du bâtiment, à droite de la porte d'entrée. Ce logement de la famille se nomme dounès. L'autre partie de la maison, que l'on appelle adaïn, située à gauche, sert d'étable, d'écurie pour le bétail et les chevaux. Si l'un des fils de la maison se marie et doit vivre en ménage, on lui bâtit son logement au-dessus.
L'Arabe se couvre de talismans; il en attache au cou de ses chevaux, de ses lévriers, pour les préserver du mauvais oeil, des maladies, de la mort, etc. Il voit en toutes choses l'effet des sortilèges. Le Kabyle ne croit point au mauvais oeil et peu aux amulettes. Ce qui est écrit par Dieu, dit-il, doit arriver; il n'est rien qui puisse l'empêcher.
Cependant, il concède à certaines vieilles femmes un pouvoir d'influence sur les ménages, sur les amours ; il admet les sorts propres à faire aimer, à faire haïr un rival, à faire divorcer la femme que l'on désire, etc.
Ses superstitions d'un autre ordre sont nombreuses. Nous indiquerons les principales :
Quiconque entreprend un voyage, doit partir le lundi, jeudi ou samedi; ces jours sourient aux voyageurs. Heureux celui qui commence sa route le samedi. Le Prophète préférait ce jour aux deux autres. On voyage, il est vrai, le mercredi, le vendredi et le dimanche ; mais l'inquiétude ne quitte pas le voyageur pendant toute sa course.
Ne livrez jamais de combat un mardi.
C'est le jeudi qu'il faut choisir pour introduire sa future sous le toit conjugal; cela sera d'un bon augure, parce que la femme s'y réveillera un vendredi, qui est le jour férié des musulmans.
Ne plaignez pas celui qui meurt pendant le rhamadan (2); car, pendant le rhamadan, les portes de l'enter sont fermées, et celles du paradis toujours ouvertes.
Voir un chacal en se levant, présage heureux; deux corbeaux au moment de se mettre en route, signe d'un voyage prospère.
Voir un lièvre le soir, mauvais augure; apercevoir un corbeau seul, avant que de se mettre en route, motif d'inquiétude.
Les Kabyles, si incrédules au sujet des sortilèges, le sont beaucoup moins sur la question des démons. Ils disent qu'il y en a en toute saison, excepté dans le rhamadan, parce que Dieu les force à rester en enfer, pendant le mois sacré. Ils les craignent horriblement; jamais un Kabyle ne sortira la nuit de sa maison, sans les conjurer, au nom de Dieu le puissant, le miséricordieux. Il en fera autant quand il passera près d'un endroit où il y a eu du sang versé; car les démons qui aiment le sang n'ont pas manqué de s'y donner rendez-vous.
Il existe aussi, si ce n'est un préjugé, du moins un mépris général de l'ânesse; et à un tel point que, dans certaines tribus, un Kabyle, pour rien au monde, ne voudrait en voir une entrer dans sa maison. On raconte une légende qui expliquerait cette aversion par un acte hors nature du temps des anciens Kabyles.
L'Arabe déteste le travail, il est essentiellement paresseux : pendant neuf mois de l'année il ne s'occupe que de ses plaisirs. Le Kabyle travaille énormément et en toute saison; la paresse est une honte à ses yeux.
L'Arabe laboure beaucoup ; il possède de nombreux troupeaux qu'il fait paître; il ne plante point d'arbres. Le Kabyle cultive moins de céréales, mais il s'occupe beaucoup de jardinage. II passe sa vie à planter, à greffer; il a chez lui des lentilles, des pois chiches, des fèves, des artichauts, des navets, des concombres, des oignons, des betteraves, du poivre rouge, des pastèques, des melons. II cultive le tabac à fumer; il plante des pommes de terre depuis quelque temps; il possède des fruits de toute espèce : olives, figues, noix, oranges, poires, pommes, abricots, amandes, raisins.
La principale richesse du pays consiste dans les oliviers dont beaucoup sont greffés et qui atteignent quelquefois les dimensions du noyer. Les olives d'excellente qualité entrent pour une grande part dans la nourriture des Kabyles ; mais il en reste énormément à vendre soit comme fruit, soit comme huile. Celle-ci s'exporte dans des peaux de bouc, à Alger, à Bougie, à Dellys, à Sétif, sur tous les marchés de l'intérieur.
La terre de labour n'état pas très abondante, eu égard à la population, les Kabyles n'en négligent aucune parcelle. Ils donnent deux façons à la terre et la couvrent d'engrais, mais ne lui laissent presque aucun repos; on la trouve rarement en jachères; ils ne pratiquent point l'assolement.
Leurs champs sont en général assez bien nettoyés, et quelques-uns rendent jusqu'à 25 pour 1. Le blé, battu de la façon la plus barbare, au moyen de taureaux qui travaillent en cercle sur l'aire, et vanné grossièrement avec un bout de planche, ne passe point au crible; il est conservé comme celui des Arabes dans des silos (en arabe : metmora), ou bien encore dans de grands paniers en osier, qui sont très évasés en bas et étranglés du haut.
L'Arabe voyage quelquefois pour trouver des pâturages; mais il ne sort jamais d'un certain cercle. Chez les Kabyles, un des membres de la famille s'expatrie toujours momentanément pour aller chercher fortune; aussi en trouve-t-on à Alger, à Sétif, à Bône, Philippeville, Constantine, Tunis, partout. Ils travaillent comme maçons, jardiniers, moissonneurs ; ils font paître les troupeaux.... Lorsqu'ils ont amassé un peu d'argent, ils rentrent au village, achètent un fusil, un boeuf, et puis se marient.
L'Arabe n'a point d'industrie, proprement dite, quoiqu'il confectionne des selles, des harnachements, des mors, etc. Le Kabyle, au contraire, est industrieux : il bâtit sa maison, il fait de la menuiserie, il forge des armes, des canons et des batteries de fusil, des sabres (flissas), des couteaux, des pioches, des cardes pour la laine, des socs pour la charrue. Il fabrique des bois de fusil, des pelles, des sabots, les métiers pour tisser. Chez lui se travaillent les burnous et les habayas, vêtements de laine, les haikhs de femme, les chachias blanches, sa poterie est renommée. Il fait de l'huile avec les olives qu'il récolte dans sa propriété, et confectionne lui-même les meules de ses pressoirs. La forme la plus commune des pressoirs est celle-ci : un vaste bassin en bois, d'un seul morceau; à chaque extrémité de l'un de ses diamètres, un montant vertical qui s'entrave dans une barre horizontale ; celle-ci, percée au milieu, laisse passer une vis en bois, terminée par une meule d'un diamètre un peu inférieur à celui du bassin. La vis exerce une pression sur les olives placées sous la meule et qu'on a d'abord fait bouillir.
Les Kabyles dressent encore des ruches pour les abeilles ; ils font la cire, et ne se servent pour les pains, que de moules travaillés chez eux. Ils savent cuire les tuiles dont le cent coûte de deux francs à deux francs cinquante centimes. Dans certaines localités, on confectionne des dalles de liége.
Ils connaissent la chaux; ils en sont, du reste, fort avares, et ne l'emploient que pour blanchir les mosquées et les koubbas des marabouts. Pour leurs maisons, ils utilisent le plâtre, qui paraît abonder chez eux. La carrière de Thisi, chez les Beni-Messaoud, à une lieue et demie de Bougie, en fournit une grande quantité.
Ils font du savon noir avec l'huile d'olive et la soude des varechs ou la cendre de laurier-rose, tressent des paniers pour porter les fardeaux, confectionnent des nattes en palmier nain, ou bien encore filent des cordes en laine et en poils de chèvre ; enfin, ils poussent l'habileté industrielle jusqu'à produire de la fausse monnaie. Nous allons nous étendre sur quelques-unes des branches d'industrie précitées. Commençons par la dernière.
Depuis un temps immémorial, les Kabyles établis à Ayt-el-Arba, village considérable de la tribu des Beni-Ianni, se livrent à cette coupable industrie. D'autres ateliers moins considérables se trouvent encore au village d'Ayt-Ali-ou-Harzoun, à quinze lieues sud-est d'Ayt-el-Arba, éloigné lui-même d'Alger d'une quarantaine de lieues.
La position du repaire de ces faux monnayeurs est au sommet d'une montagne protégée par un défilé très étroit et presque inaccessible. C'est là, qu'à l'abri de toute attaque, ils imitent les monnaies de cuivre, d'argent et d'or de tous les pays du monde. Les matières premières leur sont fournies en partie par des mines voisines. Le cuivre, l'argent leur viennent de tous les points du pays barbaresque, du Sahara même, par des hommes qui, non seulement apportent à Ayt-el-Arba, les produits de leur pays, mais encore viennent y acheter des espèces falsifiées. On les paye avec des monnaies de bon aloi sur le pied de vingt-cinq pour cent. La simple inspection d'une pièce contrefaite prouve que le procédé employé, pour l'obtenir, est généralement celui de la fusion. En effet, toutes les pièces présentent un diamètre tant soit peu inférieur à celui des modèles, résultat forcé du retrait qu'elles ont subi par le refroidissement, à la sortie d'un moule provenant des pièces véritables. Le relief des figures, des lettres, est ordinairement mal accusé, et l'aspect du métal est terne ou cuivreux. Il faut le dire cependant, et tous ceux qui en ont vu l'affirmeront, la plupart de ces fausses pièces tromperaient le premier coup d'oeil : quelques-unes exigent un examen assez minutieux.
Les moyens de répression, employés sous les Turcs pour s'opposer à l'invasion des fausses monnaies, étaient en tout conformes aux procédés despotiques et arbitraires que pouvait alors se permettre l'autorité.
Les gens d'Ayt-el-Arba et ceux d'Ali-ou-Harzoun, ne sortant jamais de leur retraite, étaient obligés de confier à d'autres le soin de colporter leurs produits; car si les Kabyles protègent les fabricants de fausse monnaie, ils sont impitoyables pour celui qui chercherait à la mettre en circulation dans le pays. Il fallait donc la faire sortir de la Kabylie. C'étaient les Beni-lanni, les Beni-Menguelat, les Beni-Boudrar, les Beni-Ouassif qui étaient ordinairement chargés de cette mission. De là vient sans doute l'éloignement des autres Kabyles pour ces tribus. Tous ces gens étaient surveillés d'une manière particulière, et ne pouvaient voyager dans l'intérieur sans la permission du caïd de Sebaou, qui ne l'accordait pas sans percevoir un droit de deux douros d'Espagne. Faute de présenter ce permis, qu'on refusait d'ailleurs aux gens suspects du trafic des monnaies, le premier voyageur venu subissait la confiscation de ses marchandises, mulets, etc.
Trois ans avant l'entrée des Français à Alger, la fausse monnaie s'était multipliée d'une manière effrayante. L'Agha-Yahia, qui jouissait d'une grande réputation chez les Arabes, furieux de voir sa surveillance en défaut, fit arrêter, un même jour, sur les marchés d'Alger, de Constantine, de Sétif et de Bône, les hommes de toutes les tribus connues pour se livrer à cette émission. On incarcéra de la sorte une centaine d'individus que le pacha annonça devoir mettre à mort, si on ne lui livrait les moules ou matrices qui servaient à la fabrication. Les gens d'Ayt-el-Arba, pour sauver leurs frères, envoyèrent tous leurs instruments, et les prisonniers ne furent encore mis en liberté qu'après avoir payé une forte amende. Cet échec éprouvé par les faux monnayeurs ne les dégoûta point du métier. Ayt-el-Arba ne perdit rien de sa prospérité, et le nombre de commerçants qui viennent s'y approvisionner de tous les points, du Maroc, de Tunis, du Sahara, de Tripoli, n'en fut aucunement diminué.
Un Kabyle pris en flagrant délit d'émission de fausse monnaie était mis à mort, sans aucune forme de procès. C'était le seul cas pour lequel la justice fût inexorable, et dans lequel l'argent, qui rachetait tous les autres crimes, ne pût faire incliner sa balance.
Des industries plus honorables, ne piquant pas autant la curiosité, sont peut-être un peu moins connues. La fabrication de la poudre est concentrée dans la tribu des Reboulas ; elle s'y fait en grand et par des procédés analogues aux nôtres. Le salpêtre abonde dans les cavernes naturelles ; il effleurit sur leurs parois. Recueilli comme le salpêtre de houssage, il est lavé, puis obtenu par l'évaporation. Le charbon provient du laurier-rose et il jouit des meilleures propriétés ; le soufre arrive du dehors.
Le dosage est réglé comme chez nous ; le séchage s'opère au soleil. Cette poudre kabyle, un peu moins forte que la nôtre, n'est ni lisse, ni égale, mais elle ne tache point la main et elle satisfait aux conditions d'une bonne poudre de guerre. Les cartouches kabyles sont bien roulées; elles se vendent en plein marché. Le prix moyen de la cartouche est quarante centimes, ce qui doit paraître excessif.
Les balles sont en plomb et fort irrégulières. L'exploitation du plomb a lieu, sur une échelle très considérable, dans la tribu des Beni-Boulateb, près Sétif. On en trouve aussi dans une montagne près de Msila, et dans un autre endroit nommé Agouf, encore chez les Reboulas ; ce dernier passe pour argentifère. Dans tous les cas, on l'obtient par la simple fusion, et on l'exporte en saumon ou en balles,
Le cuivre se rencontre également en Kabylie. On l'extrait, on l'emploie dans les bijoux de femme. Fondu avec le zinc, il compose un laiton fort utile pour les poires à poudre, montures de flissas, manches de poignards, etc.
Deux mines de fer très abondantes sont signalées dans la grande Kabylie : l'une chez les Berhachas, l'autre chez les Beni-Slyman.
Le minerai en roche est traité par le charbon de bois dans un bas fourneau, à l'instar de la méthode catalane ; les soufflets sont en peau de bouc et fonctionnent à bras d'hommes.
La tribu des Flissas confectionne l'arme blanche qui porte son nom avec le fer des Berbachas et de l'acier venu d'Orient. Les principaux fabricants d'armes à feu sont les Beni-Abbas : leurs platines, plus renommées que leurs canons, réunissent l'élégance et la solidité ; elles s'exportent jusqu'à Tunis. Leurs bois de fusil sont en noyer. Ils montent l'arme tout entière.
A côté de cette vaste industrie des hommes, les femmes ne restent point oisives; elles filent la laine et tissent avec cette matière l'étoffe blanche qui sert à vêtir les deux sexes. Leurs métiers sont établis sur le modèle de ceux d'Alger.
Le lin, recueilli en petites bottes, puis séché sur l'aire, est broyé, filé par les femmes, et procure une grosse toile employée à divers usages.
Les femmes concourent à la confection des burnous qui, dans quelques tribus, Beni-Abbas et Beni-Ourtilan, par exemple, dépassent de beaucoup les besoins locaux et deviennent un objet d'exportation.
L'Arabe ne s'occupe point d'entretenir ses armes ; cela lui demanderait quelques soins : un chien noir, dit-il, mord aussi bien qu'un chien blanc. Le Kabyle, au contraire, met tout son luxe dans son fusil. Il le préserve de la rouille, et, quand il le sort de son étui, il le tient avec un mouchoir pour ne pas le salir.
L'Arabe, paresseux de corps, se ressent un peu, dans tous les mouvements du coeur, de cette inertie physique. Chez les Kabyles, la colère et les rixes atteignent d'incroyables proportions. En voici un récent exemple :
Un homme de la tribu des Beni-Yala rencontre, au marché de Guenzate, un autre Kabyle qui lui devait un barra (sept centimes). Il lui réclame sa dette. " Je ne te donnerai point ton barra, répond le débiteur. - Pourquoi? - Je ne sais. - Si tu n'as point d'argent, j'attendrai encore. - J'en ai. - Eh bien ! alors ? - Eh bien ! c'est une fantaisie qui me prend de ne point te payer. "
A ces mots, le créancier, furieux, saisit l'autre par son burnous et le renverse à terre. Des voisins prennent part à la lutte. Bientôt deux partis se forment, on court aux armes. Depuis une heure de l'après-midi jusqu'à sept heures du soir, on ne peut séparer les combattants. Quarante-cinq hommes sont tués, et cela pour un sol et demi. Cette querelle date de 1843 ; mais la guerre soulevée par elle n'est point encore éteinte. La ville, depuis, s'est divisée en deux quartiers hostiles, et les maisons qui se trouvaient sur la limite sont devenues désertes.
L'Arabe est vaniteux. On le voit humble, arrogant tour à tour. Le Kabyle demeure toujours drapé dans son orgueil. Cet orgueil prête de l'importance aux moindres choses de la vie, impose à tous une grande simplicité de manières, et, pour tout acte de déférence, exige une scrupuleuse réciprocité. Ainsi, l'Arabe baise la main et la tête de son supérieur avec force compliments et salutations, s'inquiétant peu, du reste, qu'on lui rende ou non ses politesses. Le Kabyle ne fait pas de compliments ; il va baiser la main, la tète du chef ou du vieillard ; mais quelle que soit la dignité. quel que soit l'âge de celui qui a reçu cette politesse, il doit la rendre immédiatement. Si-Saïd-Abbas, marabout des Beni-Haffif, se trouvait un jour au marché du vendredi des Beni-Ourtilan ; un Kabyle, nommé Ben-Zeddam, s'approcha de lui et lui baisa la main. Le marabout, distrait sans doute, ne lui rendit pas ce salut : " Par le péché de ma femme, dit Ben-Zeddam, qui se campa bien en face de Si-Said, son fusil à la main, tu vas me rendre ce que je t'ai prêté tout à l'heure, ou tu es mort. ,. Et le marabout s'exécuta.
L'Arabe est menteur. Le Kabyle regarde le mensonge comme une honte.
Les Arabes, dans la guerre, procèdent le plus souvent par surprise et par trahison. Le Kabyle prévient toujours son ennemi, et voilà comment il le fait : le gage de la paix entre deux tribus consiste dans l'échange d'un objet quelconque, d'un fusil, d'un bâton, d'un moule à balles, etc. C'est ce qu'on appelle le mezrag : la lance. Tout porte à croire qu'avant l'invention des armes à feu, le dépôt d'une lance était effectivement le symbole de trêve et de bonne amitié. Quand une des deux tribus veut rompre le traité, son chef renvoie simplement le mezrag, et la guerre se trouve déclarée.
Les Arabes se contentent de la dia, prix du sang, en expiation d'un meurtre commis sur l'un des membres de leur famille. Chez les Kabyles, il faut que l'assassin meure. Sa fuite ne le sauve pas; car la vengeance est une obligation sacrée. Dans quelque région lointaine que le meurtrier se retire, la vendette le suit.
Un homme est assassiné, il laisse un fils en bas âge. La mère apprend de bonne heure à ce dernier le nom de l'assassin. Quand le fils est devenu grand, elle lui remet un fusil et lui dit : " Va venger ton père ! " Si la veuve n'a qu'une fille, elle publie qu'elle ne veut point de dot (3) pour elle, mais qu'elle la donnera seulement à celui qui tuera l'assassin de son mari.
L'analogie est saisissante entre ces moeurs et celles de la Corse, elle se dessine encore davantage dans les traits suivants. Si le vrai coupable échappe à la vendette et lasse sa persévérance, alors celle-ci devient transversale; elle tombe sur un frère ou l'un des parents les plus proches, dont la mort nécessite à son tour de nouvelles représailles. Par suite, la haine entre les deux familles devient héréditaire. De part et d'autre des amis, des voisins l'épousent. II en sort des factions ; il peut en résulter de véritables guerres.
Les Arabes donnent l'hospitalité ; mais ils y mettent plus de politique et d'ostentation que de coeur. Chez les Kabyles, si l'hospitalité est moins somptueuse, on devine au moins dans ses formes l'existence d'un bon sentiment; l'étranger, quelle que soit son origine, est toujours bien reçu, bien traité. Ces égards sont encore plus grands pour le réfugié que rien au monde ne pourrait forcer à livrer. Les Turcs, l'émir Abd-el-Kader ont toujours échoué dans leurs demandes ou leurs efforts contraires à ce noble principe.
Citons encore une coutume généreuse. Au moment où les fruits, les figues, les raisins, etc., commencent à mûrir, les chefs font publier que, pendant quinze ou vingt jours, personne ne pourra, sous peine d'amende, enlever aucun fruit de l'arbre. A l'expiration du temps fixé, les propriétaires se réunissent dans la mosquée, et jurent sur les livres saints que l'ordre n'a pas été violé. Celui qui ne jure pas paye l'amende. On compte alors les pauvres de la tribu, on établit une liste, et chaque propriétaire les nourrit à tour de rôle, jusqu'à ce que la saison des fruits soit passée.
La même chose a lieu dans la saison des fèves, dont la culture est extrêmement commune en Kabylie.
A ces époques, tout étranger peut aussi pénétrer dans les jardins, et a le droit de manger, de se rassasier, sans que personne l'inquiète ; mais il ne doit rien emporter, et un larcin, doublement coupable en cette occasion, pourrait bien lui coûter la vie.
Les Arabes, dans les combats, se coupent la tète; les Kabyles, entre eux, ne le font jamais.
Les Arabes volent partout où ils peuvent, et surtout dans le jour. Les Kabyles volent davantage la nuit, et ne volent que leur ennemi. Dans ce cas, c'est un acte digne d'éloges ; autrement, l'opinion le flétrit.
L'Arabe a conservé quelques traditions en médecine et en chirurgie. Le Kabyle les a négligées; aussi, rencontre-t-on chez lui beaucoup de maladies chroniques.
L'Arabe ne sait pas faire valoir son argent; il l'enfouit, ou s'en sert pour augmenter ses troupeaux. Le Kabyle, contrairement à la loi musulmane, prête à intérêts, à très gros intérêts, par exemple à 50 pour 100 par mois; ou bien il achète, à bon marché et à l'avance, les récoltes d'huile, d'orge, etc.
Les Arabes classent les musiciens au rang des bouffons : celui d'entre eux qui danserait, serait déshonoré aux yeux de tous. Le Kabyle aime à jouer de sa petite flûte, et chez lui, tout le monde danse, hommes et femmes, parents et voisins. Les danses s'exécutent avec ou sans armes.
Chez les Arabes, quand on célèbre un mariage, on exécute des jeux équestres avant d'emmener la fiancée. Chez les Kabyles, les parents ou amis du marié tirent à la cible. Le but est ordinairement un oeuf, un poivron, une pierre plate. Cet usage donne lieu à une grande explosion de gaieté : ceux qui manquent le but sont exposés à de nombreuses plaisanteries.
Lorsqu'un Kabyle veut se marier, il fait part de son désir à un de ses amis qui va trouver le père de la jeune fille recherchée, et transmet la demande. On fixe la dot qui sera payée par le mari; car ce dernier achète littéralement sa femme, et le grand nombre des filles est regardé comme une richesse de la maison. Ces dots s'élèvent moyennement à une centaine de douros. Il arrive quelquefois que le futur mari ne possède point la somme tout entière ; on lui accorde, pour la réunir, un ou deux mois; et, pendant ce temps, il peut fréquenter la maison de celle qui doit être sa femme. Quand il s'est acquitté, il l'emmène en qualité de fiancée, la promène d'abord dans le village, armée d'un yatagan, d'un fusil et d'une paire de pistolets, puis l'amène sous son toit. Cette cérémonie se fait en grande pompe. Chaque village a sa musique composée de deux espèces de clarinettes turques et de tambours. Ces musiciens figurent dans le cortège nuptial; ils chantent en s'accompagnant; les femmes, les enfants font retentir l'air de leurs cris joyeux : you! You ! you! On tire, une multitude de coups de fusil, et les jeunes gens du village, en totalité ou en partie, selon la richesse de l'époux, sont conviés à un grand repas.
Chez les Arabes, quand il naît un enfant mâle on se réjouit, on se complimente, mais la fête reste en famille; si la mère est accouchée d'une fille, les femmes seules font une réjouissance. Chez les Kabyles, la naissance d'un enfant mâle donne lieu à la convocation de tous les voisins et des amis des villages environnants. On fait des décharges d'armes, on tire à la cible. Sept jours après, le père donne un grand repas. La circoncision n'a pas lieu avant six ou huit ans, bien qu'elle devienne alors plus douloureuse. Si c'est une fille qui vient au monde, on ne change rien aux habitudes de la vie, à l'aspect de la maison, parce qu'elle n'accroît en rien la force de la tribu : l'enfant devenu grand se mariera et quittera peut-être le pays pour suivre un nouveau maître.
Chez les Arabes, lorsqu'une famille perd quelqu'un des siens, les amis et voisins assistent à l'inhumation, et puis chacun s'en retourne à ses affaires. Chez les Kabyles, tout le village est présent aux funérailles. Personne ne doit travailler; tous se cotisent, à l'exception des parents du défunt, pour donner l'hospitalité aux Kabyles des autres villages qui sont venus apporter leur tribut de douleur. Les morts ne sont points déposés dans une bière. Après les avoir soigneusement lavés, on les enveloppe d'une espèce de drap ; puis, on les confie à la terre.
Les femmes kabyles ont une plus grande liberté que les femmes arabes.
Ainsi, la femme kabyle se rend au marché pour faire les provisions de la maison, pour vendre, pour acheter. Son mari aurait honte d'entrer, comme l'Arabe, dans de semblables détails.
La femme arabe ne peut paraître aux réunions avec les hommes; elle garde toujours son mouchoir, ou se voile avec le haïk. La femme kabyle s'assied où elle veut; elle cause, elle chante, son visage reste découvert. L'une et l'autre portent, dès l'enfance, de petits tatouages sur la figure ; mais le tatouage de la femme kabyle présente une particularité bien remarquable : il affecte ordinairement la forme d'une croix. Sa place habituelle est entre les deux yeux ou sur une narine. Les Kabyles perpétuent cet usage, sans pouvoir en faire connaître l'origine, qui semble dériver de l'ère chrétienne. Un fait digne de remarque appuierait cette conjecture en apparence : c'est qu'aucun taleb ou marabout n'épouse une femme, ainsi tatouée, sans lui faire disparaître le signe par une application de chaux et de savon noir. Mais il convient aussi de remarquer que tous les tatouages sont défendus par le Koran, qui les flétrit du nom de kelibet et chytan, écriture du démon.
La femme arabe ne mange pas avec son mari, encore moins avec ses hôtes. La femme kabyle prend ses repas avec la famille ; elle y participe même lorsqu'il y a des étrangers.
La femme arabe n'est jamais réputée libre de ses actions. La femme kabyle, abandonnée par son mari, rentre dans la maison de son père ou de son frère; et, tant que son isolement dure, elle jouit d'une entière liberté de moeurs. La femme divorcée se trouve dans le même cas. Cette licence expliquerait la prétendue coutume que plusieurs historiens attribuent aux Kabyles, d'offrir leurs femmes ou leurs filles à des hôtes de distinction.
L'existence, dans chaque tribu, d'un certain nombre de femmes libres, semble avoir préservé les Kabyles d'un genre de débauche contre nature, si fréquent parmi les Arabes, et qui, chez eux, serait puni de mort.
Dans certaines tribus, notamment chez les Yguitsal, les femmes et les filles livrées à la prostitution payent, chaque année, au jour de l'an, une espèce de patente, qui ne s'élève pas à moins de cinq douros : cet argent est versé au trésor public. Elles cessent de payer quand elles se marient ou renoncent à leur état. Mais cet usage n'est pas général. D'après ce qui précède, on sera médiocrement surpris d'apprendre que les Kabyles affichent beaucoup moins haut que les Arabes leurs prétentions à la virginité des jeunes filles qu'ils épousent.
La femme arabe qui est sans nouvelles de son mari depuis un an ou deux, ou qui n'a point de quoi vivre chez lui, demande le divorce, et la loi prescrit au cadi de le prononcer.
La femme kabyle ne peut se remarier que lorsqu'elle a la preuve certaine de la mort de son époux. Si sa position est malheureuse, on lui donne du travail, ou la tribu vient à son secours. Le divorce toutefois est très usité chez les Kabyles ; mais il est pour ainsi dire livré au caprice du mari. Celui qui veut divorcer, dit à sa femme : je te quitte pour cent douros, et la femme se retire avec cette somme chez ses parents. Si elle se remarie, elle doit rendre l'argent à son premier époux; mais si elle ne contracte pas de nouveaux liens, elle le conserve en toute propriété pour subvenir à ses besoins. Ce qui rend cette mesure nécessaire, c'est que les filles n'ont aucun droit à l'héritage de la famille. La raison en est que la femme étant forcée de suivre son mari, pourrait augmenter les ressources d'une tribu étrangère. Le Kabyle est d'autant plus riche qu'il a plus de filles, puisqu'il reçoit une dot pour chacune, et qu'il ne leur donne jamais rien.
La femme du peuple, chez les Arabes, est ordinairement sale. La femme kabyle est plus propre; elle doit faire deux toilettes par jour : le matin, elle se lave ; le soir, elle se pare de tous ses ornements ; elle met du henné, etc. Cette coutume vient de ce qu'elle parait à la table des hôtes. Il est possible que cette recherche ait contribué à établir la réputation qu'ont les femmes kabyles de surpasser les femmes arabes en beauté. Toujours est-il que ce renom existe ; il se rapporte principalement à la distinction des formes.
Enfin, non seulement les femmes kabyles sont plus libres, plus considérées, plus influentes que les femmes arabes ; mais elles peuvent même aspirer aux honneurs et au pouvoir dévolus à la sainteté. La Koubba de Lella Gouraya, qui domine Bougie, éternise la mémoire d'une fille célèbre par sa science et sa piété. La légende raconte qu'elle revenait, après sa mort, instruire les disciples fidèles, qui s'assemblaient encore sur son tombeau.
Il y a dans la Kabylie d'autres koubbas consacrées à des femmes; et, sans sortir des exemples vivants, on peut citer, comme jouissant d'une haute réputation de ce genre, la fille du fameux marabout Sidi Mohamed-ben-Abder-Rhaman (4) el Kafnaoui, qui reçoit elle-même les offrandes religieuses au tombeau de son père, et que tous les Kabyles connaissent sous le nom de Bent-el-cheikh (5) : la fille du cheikh.
1. Nous devons surtout mentionner les ouvrages d'un commandant supérieur de Bougie, M. Lapène, aujourd'hui général d'artillerie. En parcourant l'intérieur du pays, nous nous sommes étonnés plus d'une fois de l'exactitude des renseignements qu'il avait su se procurer, sans sortir jamais de la place, si ce n'est les armes à la main. Sur plusieurs points, nous n'avons pu nous dispenser de coïncider entièrement avec lui.
2. Rhamadan: mois sacré des musulmans, pendant lequel on jeûne jusqu'au coucher du soleil.
3. Les Kabyles achètent leurs femmes; ou le verra plus loin.
4. Sid, ou si par abréviation : sieur, seigneur. Sidi : monseigneur. Abd : serviteur; rhaman : miséricordieux. Abd-el-Rhaman : serviteur du miséricordieux.
5. Cheikh : vieux, vénérable; et, par suite, chef.
A SUIVRE
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La crise de la cinquantaine
Envoyé Par Jean Claude
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Après 25 ans de mariage, j'ai regardé ma femme et lui ai dit :
- "Chérie, il y a 25 ans, on avait un petit appartement, une vieille bagnole, on dormait sur le canapé en regardant la télé en noir et blanc de 10 pouces mais je dormais avec une belle jeune blonde de 25 ans. Maintenant, on a une maison de 500,000 , une BMW de 50,000 , un lit à eau, une télé couleur écran plat de 50 pouces, mais, je dors avec une vieille de 50 ans."
Ma femme a été très vive d'esprit et elle m'a dit:
- "T'as juste à te trouver une jeune blonde de 25 ans et mon avocat fera en sorte que tu te retrouves dans un petit appartement avec une vieille bagnole, que tu dormes sur un canapé en regardant une télé noir et blanc de 10 pouces"
Les femmes sont incroyables !!
Elles te guérissent vite de ta crise de la cinquantaine........
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" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
Envoyé par M. Daniel Dardenne N°5
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Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.
LES DYNASTIES ÇANHAJIENNES :
ZIRIDES ET HAMMADIDES
Xème - XIème SIECLE
- Rôle des émirs kabyles : gouverner l'Ifrîqiya au nom des Fatimides,
tenir en respect les nomades Zenâta.
- ZIRI est autorisé par le Calife fatimide à se construire une capitale à ACHIR (sud-est de Médéa) (935). Son fils BOLOGGUIN fonde ou restaure ALGER, MILIANA et MEDEA. En 973, le Fatimide EL-MO'IZZ part pour l'Egypte et charge BOLOGGUIN, fils de ZIRI, de gouverner l'Ifriqiya. Bologguin s'installe à MANÇOURIYA (KAIROUAN), entouré d'un faste oriental.
Après une conquête éphémère du MAROC (980) qui rentre ensuite clans l'obédience du calife de CORDOUE, l'équilibre ÇANHAJA-ZENATA est réalisée.
- Prospérité de l'Ifrîqiya :
- les courants commerciaux de l'Afrique romaine se sont maintenus.
- chaque jour, " une caravane de 1000 chameaux chargés de blé quitte Béja pour l'ouest du Maghreb Marchands et artistes affluent de Baghdad à Kairouan.
- HAMMAD, oncle du zirîde BADIS défend les marches du royaume çanhâja contre les Zenâta.
- En 1007, en reconnaissance des services rendus, il obtient de construire une forteresse, LA QAL'A sur les pentes dominant le HODNA. Puis assiège en vain la QAL'A. Avec ses palais, ses jardins, ses mosquées, la QAL'A fait un moment figure de capitale. Elle prendra un grand essor avec l'afflux des Kairouannais fuyant l'invasion hilalienne. En 1017, le successeur de BADIS, EL-MO'IZZ, reconnaît l'indépendance des HAMMADIDES.
- Si les limites du royaume hammadide, IKDJAN, LA QAL'A, ACHIR, jalonnent la frontière naturelle de la Kabylie, BOUGIE en est le coeur " (E. F. GAUTHIER).
L'INVASION HILALIENNE
XIème SIECLE
- 1048 : L'Emir Zirîde, el-Mo'izz successeur de Badis, se déclare indépendant du Calife fatimide du Caire.
- 1050-1052 : Pour se venger, celui-ci lâche sur le Maghreb les Beni Hilâl (gravure 9), redoutables pillards qui campaient dans la Haute Egypte.
Pour les décider à partir, il leur reconnaît la propriété des territoires à conquérir et offre à chacun " une fourrure et une pièce d'or ".
- Combien sont-ils ? 200.000 peut-être. Les tribus nomades se déplacent au grand complet avec femmes et enfants. C'est un véritable peuple en marche et non une armée régulière de conquérants peu nombreux mais organisés comme au VIIème siècle.
- Lenteur de leur progression dans un pays peuplé de 10 millions d'habitants (évaluation évidemment hypothétique).
- Conséquences :
- Ruine de l'Ifriqiya plongée dans l'anarchie.
- Des régions jusqu'ici cultivées retournent à la steppe.
- La vie pastorale prend le pas sur la vie agricole.
- La vie se retire sur les côtes : Naissance de la guerre de course sur les côtes de l'Ifriqiya.
- Les dynasties çanhajiennes se tournent vers la mer :
- Les Zirides abandonne Kairouan pour Mandîya (1057),
- Les Hammadides évacuent la Qal'a pour Bougie (1090).
- Fin de l'influence politique orientale sur le Maghreb.
- Mais plus encore que leur religion, les Beni Hilâl répandent dans le pays leur langue et leurs moeurs.
LECTURES
PROSPERITE DE L'AFRIQUE AUX Xème ET XIème SIECLES
SOUS LES EMIRS ÇANHATIENS
Les écrits des géographes et des historiens arabes de ces temps nous montrent " l'ingénieuse distribution des eaux dans toute l'Afrique proprement dite, la vaste irrigation des champs, la culture générale des oliviers et de beaucoup d'autres arbres fruitiers, la canne à sucre cultivée à KAIROUAN, le coton à MSILA, l'indigo à Sebob, les mûriers et les vers à soie à Gabès. Puis les manufactures de toiles fines et de laine à Sousse, l'art de fouler et de lustrer les draps, suivant l'usage d'Alexandrie... les poteries légères à TUNIS, des laines et des draps noirs et bleu azur à Tripoli..., la pêche du corail à Ténès, Ceuta... L'Afrique du Nord importe des bois précieux de l'Inde, de l'ébène et de l'or brut du Soudan... IBN KHALDOUN parle de la richesse du royaume de KAIROUAN et d'EL MAHDIA. Les cercueils des grands personnages du pays étaient faits de bois précieux des Indes à clous d'or. La dîme payée au gouvernement par quelques cantons maritimes voisins de Sfax s'élevait à 80.000 boisseaux de grain.
El-Mo'izz, le Ziride dépensa, en 1019-1020 pour le trousseau et les frais de noces de sa soeur, un million de pièces d'or. (Histoire des Berbères, t. 11,p. 19-20.)
Cité par de MAS-LATRIE
Traités de paix et de commerce et documents divers concernant les relations des Chrétiens avec les Arabes de l'Afrique Septentrionale au Moyen Age - 1866
KAIROUAN APRES L'INVASION HILALIENNE
L'histoire de cette ville est liée aux vicissitudes de l'Islam maghrébin.
Déjà sous les Aghlabides, TUNIS, héritière de l'antique CARTHAGE, avait constitué un puissant pôle d'attraction vital... Puis, Mahdia, au bord des flots, prétend jouer le rôle de capitale... On est donc amené à croire que KAIROUAN sentait déjà quelque peu la décadence et l'abandon quand les Arabes Beni Hillal, malgré les travaux de défense tardivement exécutés, se sont jetés sur elle pour s'y livrer à leurs impitoyables déprédations (en 1056). Les boutiques furent pillées, les édifices publics abattus, les maisons saccagées " rien de ce que les princes Sanhaja avaient laissé dans leurs palais n'échappa à l'avidité de ces brigands " (Ibn Khaldoun - Berbères 1 - 37). Un très grand nombre d'habitants avait pris le chemin de la servitude ou de l'exil : l'Egypte, la Sicile, l'Espagne, Fès, accueillirent des bandes de fugitifs.
La malheureuse ville devait pourtant se relever courageusement de ses ruines et survivre à cette désolation. Il semble que, dès le lendemain du grand assaut dévastateur, la population, ou ce qui subsistait d'elle, entreprit de réparer quelques-uns des méfaits de l'orage. On songea d'abord, sous la pression évidente de nécessités défensives, à élever de nouveaux remparts... Mais on comprit, avec une sage modestie, que la situation créée par la catastrophe imposait de voir moins grand que jadis il fallait maintenant en vue d'une sécurité bien précaire, se ramasser dans une enceinte plus étroite, à la mesure d'une cité diminuée en hommes et en bâtiments...
Le relèvement des remparts prit le caractère intransigeant d'une oeuvre de nécessité urgente, de caractère social, presque sacrée ; il est remarquable que l'initiative de l'affaire et son exécution soient attribuées à la masse anonyme des habitants, nullement à un personnage officiel déterminé. Dans l'anarchie où sombraient les pouvoirs publics de l'Ifriqiya, KAIROUAN ne trouvait pas de maître susceptible de mener à bien la tâche des plus indispensables réparations : il lui fallait essayer de se sauver par ses propres moyens.
Robert BRUNSCHVIG
La Berbèrie orientale sous les Hafsides, des origines à la fin du XVème siècle (1940)
A. Maisonneuve - 11, Rue Saint Sulpice - Paris 6
NAISSANCE DE LA GUERRE DE COURSE
" Ce texte (d'Ibn Khaldoun) semble décrire ce qui se passera dans Alger du XVIème au XIXème siècle. Il date des environs de 1390.
" ...Mais (la course) sévissait déjà depuis deux cents ans avec une acuité que suffirait à prouver la vigueur des réactions chrétiennes " (G. Marçais - La Berbérie Musulmane et l'Orient au Moyen Age).
" La course se fait de la manière suivante ; une société plus ou moins nombreuse de corsaires s'organise ; ils construisent un navire et choisissent pour le monter des hommes d'une bravoure éprouvée. Ces guerriers vont faire des descentes sur les côtes et les îles habitées par les Francs ; ils y arrivent à l'improviste et enlèvent tout ce qui leur tombe sous la main ; ils attaquent aussi les navires des infidèles, s'en emparent très souvent et rentrent chez eux, chargés de butin et de prisonniers. De cette manière Bougie et les autres ports occidentaux (de l'Ifriqiya) se remplissent de captifs ; les rues de ces villes retentissent du bruit de leurs chaînes, surtout quand ces malheureux, chargés de fers et de carcans, se répandent de tous côtés pour travailler à leur tâche journalière. On fixe le prix de leur rachat à un taux si élevé qu'il leur est très difficile et souvent impossible de l'acquitter ".
IBN KHALDOUN - Histoire des Berbères
Traduction DE SLANE - III - 117
1050-1052 : L'INVASION HILALIENNE CONSEQUENCES
1057 : Les Zirides évacuent Kairouan pour Mandiya
1148 : Les Normands de ROGER II roi de Sicile prennent Mandiya
FIN DES ZIRIDES
1090 : Les Hammadides évacuent la Qal'a pour BOUGIE
1151 : L'almohade ABD EL-MOUMIN prend ALGER, BOUGIE et la QAL'A
FIN DES HAMMADIDES
REGARDS EN ARRIERE...
- De la conquête au début du XIème siècle, nous venons de parcourir quatre siècles d'histoire, les plus obscurs et les plus compliqués qui soient, mais aussi, comme l'a fait remarquer E.F. GAUTIER, les plus passionnants..
Pendant cette période :
- La conquête arabe et la conversion à l'Islâm sont allées de pair.
- Le Maghreb a changé de religion, da langue, de Code.
- L'Islam, à partir du Maghreb, a conquis l'Espagne, l'Egypte, la Sicile.
- Tandis que l'Islam rayonne de l'Atlantique à l'Indus, son immense domaine est partagé entre trois califats rivaux : - l'Abbâside de Baghdad, le Fatimide du Caire, et l'Omeyyade de Damas. " Suivant le temps, la Berbérie... sera plus ou moins orientale ou andalouse comme civilisation ". (G. MARÇAIS).
RESUMONS DONC L'HISTOIRE DE CES QUATRE SIECLES :
1) Après le raid de Sidi 'Oqba, la revanche de Kossayla, la résistance de la Kâhina, " l'Islam se propage parmi les Berbères " (Ibn Khaldoûn).
2) Seule l'Ifrîqiya est effectivement gouvernée par un émir arabe ; le reste du Maghreb, converti à l'Islam, n'en accepte pas toujours la domination ;politique. Il s'organise en royaumes religieux.
3) Le Mahdi fâtimide, utilisant l'Ifrîqiya comme base de départ fait la conquête du Maghreb puis celle de l'Egypte où il va s'installer.
4) La révolte de " l'Homme à l'âne " est mise en échec grâce à Zîrî.
5) Un geste imprudent des émirs çanhajiens fait déferler les Bédouins arabes sur l'Ifrîqiya.
CONCORDANCE DES ERES HEGIRIENNE
ET CHRETIENNE
Les auteurs arabes datent les événements d'après l'ère hégirienne qui débute en 622 de l'ère chrétienne. Aussi, lorsqu'on cite la traduction d'un historien arabe, est-on obligé de donner, pour chaque date hégirienne, la date correspondante de l'ère chrétienne (page 18).
Il existe des tables de concordance détaillées donnant l'année, le mois et le jour. Mais un simple calcul permet d'obtenir, pour l'année, un résultat d'une approximation suffisante.
En effet l'année musulmane comprend 354 jours répartis en 12 mois lunaires de 29 ou 30 jours, soit 11 jours de moins que l'année solaire grégorienne. La différence est donc de 11/365 soit à peu près 3/100.
D'où les formules suivantes qui permettent de calculer en gros la concordance d'une année de l'ère chrétienne (désignée par C) et d'une date de l'ère hégirienne (désignée par H) :
(100 (C - 622)/97) =H (H - (3 H + 622))/100 = C
Exemple : À quelle année hégirienne correspond l'année 1954.
(100 (1954 - 622)/97) = 1373
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A SUIVRE
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FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
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LE BERGER ET LE VOLEUR.
Un berger faisait paître des brebis dans la campagne, et, plein de sollicitude pour elles, il ne prenait aucun repos, ni la nuit, ni le jour. Maintes fois un voleur avait tenté contre lui toute espèce de ruse, sans obtenir le moindre succès.
Fatigué de cela, notre coquin alla prendre une peau de lion qu'il avait chez lui, la remplit de paille et la plaça pendant la nuit sur le haut d'une colline, afin que le berger pût l'apercevoir ; puis s'avançant vers lui : " Le lion, dit-il, veut que tu lui donnes à souper. "
- " Où est-il donc? " s'écria le berger.
-" Sur cette colline, en face de toi, " répondit l'autre. Le berger leva les yeux et, voyant le fantôme, s'imagina que c'était un lion. Saisi d'un grand effroi, il dit au voleur : " Prends ce qui te plaira de mon troupeau ; il est à ta disposition.
" Le voleur enleva ce qui lui convenait, se proposant bien d'exploiter de nouveau le berger, en mettant à profit la cause de sa frayeur.
- " J'ai donc trouvé le moyen! " se dit-il en lui-même. Et, à tout moment, il allait placer son épouvantail sur la colline, et se rendait auprès du berger, lui disant : " Ce lion te demande à souper.
" C'est ainsi qu'il obtint du berger tout ce qu'il voulut, et ne mit fin à sa ruse qu'après avoir anéanti le troupeau.
L'HOMME ET LE POISSON.
Un homme avait à passer un pont jeté sur un fleuve large et rapide. Arrivé au milieu du pont, il aperçut dans l'eau un gros poisson et dit en lui-même : " La chair de ce poisson doit être excellente! Si je ne craignais pour ma vie... mais, bah! je suis bon nageur, et si je cours quelque danger, je nagerai jusqu'à ce que je me tire d'embarras.
" Il s'élança donc tout habillé à la poursuite du poisson; mais la force du courant l'entraîna bien loin. Toutefois, il ne quitta pas le poisson pour songer à sa propre sûreté; il le prit même avec la main et se laissa aller au fil de l'eau jusqu'à ce qu'il vint se jeter dans un tourbillon auquel personne n'arrivait sans s'y engloutir.
Sur le point de se noyer, le malheureux fit entendre un cri de détresse qui attira vers lui un batelier. " Qu'as-tu fait là? " dit celui-ci. - " Je suis, répondit-il, un homme qui a quitté le vrai chemin où l'on est en sûreté pour se jeter dans le malheur et la mort. "
- " Pourquoi, dit le batelier, as-tu abandonné la voie du salut que tu avais devant les yeux, pour te plonger dans ce tourbillon? Tu sais pourtant quel sort est réservé à quiconque vient y tomber. Qu'est-ce donc qui t'a empêché de jeter ce que tu tenais dans ta main pour sauver ta vie? Tu n'aurais pas trouvé une mort inévitable, et maintenant nul ne mérite plus que toi ce trépas. "
Et l'imprudent disparut sous les flots.
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Histoires à Compléter
envoyé par M. Charles Ciantar
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Notre Ami Charles Ciantar m'a adressé cette photo, ci-dessus, du Centre d'Apprentissage de Bône.
Personnellement je ne savais qu'il y avait une école d'apprentissage à Bône en 1923. Quelqu'un pourrait me dire où elle se trouvait et toute son histoire.
D'autre part, il m'a adressé aussi la photo ci-dessous, quelqu'un pourrait reconnaître un de ces anciens qui jouait à Guelma.
Vous remerciant par avance
Recevez mes Amitiés
J.P. B.
Saison 1929 1930
Souvenir du terrain de foot de Guelma
Composition de l’équipe
1er rang assis de gauche à droite : AUDIBERT, VALLEE, KACHA
rang du milieu : CIANTAR, BUCCHIASO, BONIFACI,
3ème rang debout : DENDEN, AZZOPPARDI, WATRE, GASMI, POLEZE
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Rodolphe ORANE Auteur, Compositeur, Interprête
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" Les Inoubliables "
Avec : Sita à la seis, Un rayo de sol, Una paloma blanca, La puerta etc...
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EXTRAITS DE REUNIONS des CHAMBRES DE COMMERCE
14 février 1911
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RÉUNION DES PRÉSIDENTS
DES
CHAMBRES DE COMMERCE D'ALGÉRIE
Le mardi 14 février 1911, à 10 heures du matin,
a eu lieu, au Palais Consulaire, à Alger, la Réunion annuelle des Présidents
des Chambres de Commerce d'Algérie ; ces Compagnies étaient ainsi représentées :
Alger : MM. L. BILLIARD, Président
Bône : JOURNET,
Secrétaire-Trésorier
Bougie: DUFOUR, Secrétaire-Trésorier
Constantine : MARTIN,
Président
Mostaganem : BILLIARD,
Président d'Alger
Oran : FRETTE, Vice-Président
Philippeville : PINELLI, Président.
VI
Régime des ports maritimes de commerce
M. le Président de Bône. - Notre Réunion de 1910
a donné lieu à une intéressante discussion sur la question, actuellement en
discussion devant le Parlement, de l'autonomie des ports de commerce ou tout au
moins de la simplification des procédures et du formalisme administratif en matière de travaux et d'outillage des ports.
Nous avons ajourné cette discussion afin d'être mieux éclairés sur la valeur des divers projets mis en avant. Depuis lors, le
projet de loi sur le régime des ports maritimes de commerce a été voté sans
débat par la Chambre des Députés et se trouve actuellement soumis aux délibérations du Sénat.
Le moment semble venu de donner notre avis sur le projet en question et sur l'opportunité d'en demander l'application à
l'Algérie, en cas de vote définitif par le Parlement.
M. le Président. - La Chambre de
Commerce d'Alger estime qu'en Algérie la situation actuelle est au moins aussi
favorable que celle qui résulterait de l'adoption du projet de loi dont il
s'agit. 11 est à remarquer que l'avant-projet d'autonomie des ports s'est
transformé en un projet de loi sur le régime des ports. Le mot « autonomie » était évidemment impropre. Ces
projets n'ont d'ailleurs été accueillis par les Chambres de Commerce de la
Métropole qu'avec les plus grandes réserves. Certes, nous sommes tous d'accord
sur le principe qui est très séduisant, mais le projet de loi ne répond pas à l'idée
que l'on se fait communément de l'autonomie des ports. Il n'abrège pas les
formalités administratives ; les projets de travaux importants iront toujours
dans les divers ministères intéressés. Quant aux questions moins importantes et
ayant plutôt un caractère local, nous avons déjà le grand avantage de pouvoir
les faire trancher par M. le Gouverneur Général.
On ne pouvait espérer que l'État abandonne aussi complètement ses prérogatives, car les ports font partie du patrimoine
national et il est nécessaire que les travaux qui peuvent y être entrepris
donnent satisfaction aux intérêts généraux du pays aussi bien qu'aux intérêts locaux et régionaux.
Au reste, dans les ports étrangers, l'État intervient toujours pour approuver ou repousser les projets, dès qu'il s'agit
de travaux importants. C'est ce que nous voyons notamment au port d'Anvers, bien
qu'il soit administré par la Municipalité, et à Gênes dont l'administration est
confiée à un conseil appelé « consorzio » et composé des représentants des intérêts locaux et régionaux, avec un président nommé par l'État.
Il n'est donc pas douteux que les projets de quelque importance devront toujours être instruits à Paris. Dans ces
conditions, et étant donné que nous avons déjà la faculté d'obtenir la solution
de nombre d'affaires par une décision de M. le Gouverneur Général, mieux vaut
conserver le régime actuel que de l'échanger contre une organisation dont les
avantages sont problématiques.
M. le Président d'Oran. - Nous ne sommes pas
placés dans des conditions aussi favorables que la Chambre de Commerce d'Alger
qui a l'avantage de se trouver près du soleil. Je crois que l'institution d'une
autonomie des ports conforme à ce que nous attendions et réalisée par l'extension des
attributions des Chambres de Commerce et la simplification rigoureuse des
formalités administratives, aurait été une excellente chose. Les projets
d'amélioration et d'outillage de nos ports n'auraient plus attendu aussi
longtemps leur solution.
M. le Président de Philippeville. - Quoi qu'il en soit, nous
sommes plus près d'Alger que de Paris et dans beaucoup de cas un voyage à Alger
peut nous faire gagner du temps.
M. le Président de Bône. - La nouvelle loi ne sera
certainement pas appliquée de piano à l'Algérie. Attendons qu'elle soit votée ;
si elle présente des avantages pour nos ports, nous demanderons son application à la Colonie.
M. le Président. - C'est le parti le plus sage.
L'Assemblée, partageant cette manière de voir,
exprime l'avis qu'en cas de vote par le Parlement de la loi sur le régime des
ports maritimes de commerce, il importera que les Chambres de Commerce d'Algérie,
fassent une étude approfondie du régime nouveau avant de demander son
application à la Colonie.
VII
Attribution aux Communes
d'une partie du produit des taxes de péage.
M. le Président d'Oran (lisant le rapport de cette Chambre) :
« MESSIEURS,
A l'instigation du Conseil municipal de Marseille, un certain nombre d'Assemblées communales ont émis le voeu — pour
les aider à rétablir l'équilibre de leurs budgets — de frapper un nouvel impôt
sous la forme de leur participation au produit des taxes de péage. Le Conseil
municipal d'Oran, en s'associant à ce voeu, a fait valoir que la contribution
ainsi prélevée sur le Commerce représenterait « les dépenses qui seraient
nécessaires pour assurer d'une façon très satisfaisante l'éclairage, le
balayage, le nettoiement et la police du port et des quais ». Il est à
remarquer que les Communes n'assurent ni le balayage ni le nettoiement des
quais, qui incombent à l'État ; quant à la police du port d'Oran, elle a été
payée jusqu'à ce jour sur le budget de la Colonie et elle le sera dans l'avenir
par la Chambre de Commerce. Reste l'éclairage. Cette dépense, minime du reste,
est largement couverte par les recettes réalisées par la Ville sur les quais
mêmes : part de l'impôt foncier sur les docks ; droits de stationnement rue
Ximenès, etc. . . Faut-il ajouter que l'eau d'alimentation que les usagers
paient 0 fr. 225 est vendue 2 francs à l'entrepreneur, lequel la revend 3
francs aux navires, c'est-à-dire que les prix imposés à cette catégorie de
consommateurs sont majorés de 1200 % dont une partie au profit de la Ville. Le
service du port d'Oran — auquel la Ville ne participe du reste en aucune façon
— ne coûte donc absolument rien à la Ville.
Est-il nécessaire d'insister sur les bénéfices immédiats que tire la Ville de la présence des nombreux ouvriers employés, des
achats faits par les marins de passage, des dépenses effectuées par les
voyageurs ? Que serait Oran sans son port ? Peu de chose sans doute. Pourquoi
donc vouloir augmenter les charges qui pèsent sur ce port au risque d'en compromettre la magnifique extension?
La demande de la Commune n'est pas recevable en fait parce qu'elle n'est pas justifiée; elle ne l'est pas non plus en droit.
Il est en effet de procédure constante que les taxes de péage, dans les ports
maritimes, peuvent être perçues au profit d'une collectivité quelconque, mais
elles sont spécialement affectées à la réalisation d'une amélioration nettement définie.
Les articles 4 de la loi du 19 mai 1866, 11 de la loi du 30 janvier 1893, 16 de la loi du 17 avril 1902 disposent formellement
que « des péages locaux temporaires ne peuvent être établis dans un port
maritime que pour assurer le service des emprunts contractés ou le paiement des
allocations offertes par un département, une commune, une Chambre de Commerce
ou tout autre établissement public, en vue de subvenir à, la création, à
l'amélioration ou au renouvellement des ouvrages ou de l'outillage public de ce
port et de ses accès ou au maintien et à l'amélioration des profondeurs de ses
rades, passes, chenaux et bassins. »
Or, dans l'espèce, c'est la Chambre de Commerce d'Oran qui a fait dans le passé et qui continue à fournir les fonds
nécessaires aux travaux de port et les taxes de péage sont totalement affectées,
sans qu'il en soit distrait un centime, au service des emprunts que cette
Assemblée a dû contracter pour faire face à l'énorme contribution — une dizaine de
millions — qu'elle s'est volontairement imposée dans l'intérêt général du pays.
On doit également faire remarquer que les marchandises embarquées ou débarquées dans le port ne proviennent ou ne sont
destinées que pour partie à la Ville ; le reste arrive de l'intérieur ou est
expédié hors de la commune. L'impôt perçu n'aurait donc pas un caractère
municipal, mais départemental, et les municipalités du département seraient
d'autant plus fondées à réclamer leur part dans le produit de celui-ci, que la
commune du chef-lieu ne pourrait en aucune façon justifier la faveur qui lui serait faite.
L'application de la mesure réclamée par les Communes aurait pour résultat de frapper le Commerce — et par voie de
conséquence les consommateurs — d'un nouvel impôt, car il est évident que le quantum des taxes de
péage étant calculé sur les dépenses à effectuer, on devrait augmenter, pour
obtenir les parts des communes, le chiffre des perceptions. Or, le moment
est-il bien choisi pour créer cette charge nouvelle, alors que rien ne peut en justifier l'existence?
En résumé, si la législation nouvelle ne confère aucun droit de perception à certaines communes, c'est que celles-ci ne
contribuent en rien aux dépenses des ports et que n'en ayant aucune des
charges, elles ne sauraient équitablement en retirer aucun des bénéfices. Il
n'y a pas lieu de modifier cet état de choses qui est conforme à la justice et c'est
pourquoi la Chambre de Commerce d'Oran a émis le voeu — qu'elle soumet, Messieurs, à votre approbation,
— que la demande formulée par les communes en vue d'être autorisées à percevoir des droits de
stationnement sur les quais ou à participer aux produits de la taxe de péage,
soit rejetée comme contraire à l'équité et aux intérêts généraux du pays.
M. le Président. - La Chambre de Commerce
d'Alger a pris une délibération analogue dans sa séance du 23 novembre dernier.
Les considérations sur lesquelles s'appuie cette délibération ont le même fond
que celle d'Oran ; à part quelques particularités locales, la situation est la
même dans chaque port. Voici ce que disait notre Compagnie :
« Si nous envisageons le cas du port d'Alger, nous voyons que sur les taxes frappant les navires ou les marchandises
embarquées ou débarquées, seule la taxe de péage est perçue au profit de la
Chambre de Commerce. Or, la taxe de péage sert uniquement à couvrir les frais
de travaux d'amélioration du port, c'est-à-dire qu'elle est perçue
temporairement en vue de l'exécution de travaux bien définis et d'une durée
limitée et qu'elle s'éteint dès que le remboursement des emprunts consacrés à
ces travaux a été effectué ; dans ces conditions, qui sont d'ailleurs communes
à la plupart des ports français, où les Chambres de Commerce prennent
l'initiative des travaux d'amélioration à effectuer, on ne saurait
raisonnablement, ni même légalement, demander l’abandon à la Ville d'une partie du produit de taxes
temporaires dont l'affectation est limitativement prévue par les décrets qui en autorisent la perception.
« Il peut être utile de mentionner que dans quelques ports, à Rouen et Dunkerque notamment, une taxe minime, dite « de police » est perçue
au profit de la Chambre de Commerce à titre permanent ; seulement, cette taxe,
comme son nom l'indique, n'a d'autre but que de permettre à la Chambre de
Commerce d'apporter son concours à la Ville pour l'organisation de la police et
de la surveillance des quais, organisation qui est légalement du ressort de la Ville.
« La Chambre de Commerce d'Alger est actuellement
en instance auprès de l'Administration supérieure, pour réaliser, dans le port, un projet de ce genre.
«En ce qui concerne les terre-pleins du port, nous sommes à Alger en présence d'une situation spéciale; ceux du vieux port
sont placés sous la dépendance de l'Administration, tandis que les terre-pleins
de l'arrière-port sont concédés à la Chambre de Commerce qui les exploite aux
conditions fixées par son cahier des charges. Mais là encore, la question est
bien nette : le principal objet des taxes perçues est d'assurer, après paiement
des dépenses d'administration de la concession, le service des emprunts
contractés pour la construction et l'achèvement de l'arrière-port.
L'affectation des taxes est bien définie et leur perception, tout en devant
être d'une durée assez longue, n'en a pas moins un caractère temporaire. Au surplus, la Ville
perçoit à l'arrière-port les droits de voirie, taxe de balayage, droits divers de
colportage et de stationnement sur les voies publiques ouvertes ou à ouvrir;
ses prérogatives et obligations, en tant qu'intéressée au fonctionnement de
l'exploitation des terre-pleins, ont été par ailleurs déterminées
conventionnellement, de concert avec l'Administration et la Chambre de Commerce,
« En résumé, notre Compagnie estime que les recettes produites par les taxes perçues temporairement au profit des Chambres
de Commerce ne peuvent, en aucun cas et dans aucune mesure, être distraites de
leurs affectations spéciales ; quant aux taxes perçues au profit de l'État, il
n'appartient pas à la Chambre de Commerce de se prononcer sur le principe d'un
prélèvement sur leur produit en laveur des Villes.
M. le Président. - Je vous demanderai de
vouloir bien, Messieurs, inviter vos Compagnies à prendre des délibérations
conformes à ces conclusions. Il faut qu'une action commune des Chambres de
Commerce de la Colonie s'oppose au fâcheux projet conçu par les Municipalités.
L'Assemblée, partageant cette manière de voir,
repousse, à l'unanimité, le principe de l'attribution aux communes d'une partie
du produit des taxes de péage instituées dans les ports et préconisée par un
certain nombre d'Assemblées communales, à l'instigation du Conseil municipal de
Marseille. Elle estime que ces taxes, perçues temporairement au profit des
Chambres de Commerce pour la réalisation d'améliorations nettement définies, ne
peuvent en aucun cas et dans aucune mesure, être distraites de leurs
affectations spéciales.
VIII
Vote par le Parlement de
la Convention de l'Ouenza
M. le Président de Bône. - Messieurs, le projet
de loi relatif à l'homologation des conventions intervenues entre le
Gouvernement général de l'Algérie et la Société d'Études de l'Ouenza est, vous
le savez, toujours en suspens à la Chambre des Députés.
Cette affaire, qui présente pour l'Algérie un
intérêt de premier ordre, ne saurait laisser indifférents les représentants
autorisés du Commerce algérien.
C'est pourquoi, j'ai l'honneur de soumettre à votre
approbation la motion suivante :
« L'Assemblée des Présidents des Chambres de
Commerce d'Algérie, renouvelant le voeu qu'elle avait émis l'année dernière,
exprime l'espoir de voir intervenir à bref délai, avec le bienveillant concours
des Pouvoirs publics, une solution de la question de l'Ouenza conforme aux
projets approuvés par les Assemblées Algériennes ».
L'Assemblée adopte cette motion à l'unanimité.
IX
Exportation en Angleterre
des foins et bestiaux algériens
M. le Président de Bône. - Depuis trois ans
environ, le Gouvernement anglais interdit l'entrée en Angleterre des foins de
provenance algérienne. Cette mesure intéresse tous les ports de la Colonie et
notamment celui de Bône, qui est grand exportateur de fourrages.
D'autre part, une décision récente du Gouvernement anglais vient d'interdire, pour l'avenir, l'importation, par les
ports du Royaume-Uni, des bêtes bovines, ovines, caprines et porcines provenant
de notre Colonie, ainsi qu'en témoigne la lettre suivante de M. le Vice-consul
d'Angleterre à Bône :
« Bône, le 28 janvier 1911.
MONSIEUR LE PRESIDENT,
J'ai l'honneur de vous informer que par suite
d'un décret du Ministère de l'Agriculture, il est défendu, à partir du 1er
janvier 1911, d'introduire dans le Royaume-Uni les bêtes bovines, caprines et
porcines, provenant de l'Algérie.
« Je vous prie de vouloir bien porter cette
interdiction à la connaissance du Commerce local.
« Veuillez. .. » SCRATCHLEY.
Ainsi vont se trouver lésés, à leur tour,
l'important commerce du bétail et les producteurs eux-mêmes.
Vu l'excellent état sanitaire de l'Algérie,
vous penserez certainement que de pareilles mesures d'interdiction ne se justifient pas et
qu'il y va de l'intérêt général de demander des explications et de provoquer
des démarches sérieuses, en vue de faire lever l'interdit dont sont frappés nos
fourrages et notre troupeau algériens, interdit qui est de nature à nuire à la
bonne réputation de l'Algérie en même temps qu'à ses intérêts économiques.
Je vous demande, en conséquence, de vous associer .au voeu que formule la Chambre de Commerce de Bône, tendant à ce que
M. le Gouverneur Général veuille bien solliciter d'urgence l'intervention de M. le Ministre des Affaires étrangères.
A l'unanimité, l'Assemblée adopte ces conclusions.
X
Sérovaccination des
moutons algériens
M. le Président de Bône. - L'année dernière,
j'ai eu l'honneur, Messieurs, d'appeler votre attention sur le grave préjudice
que cause aux ports algériens — et principalement à ceux de Philippeville et Bône — le retard apporté par
l'Administration algérienne à l'application à nos moutons de la nouvelle
méthode de sérovaccination pratiquée en Tunisie depuis quatre ans.
Malgré nos protestations et les voeux des Délégations financières, malgré les promesses qui nous avaient été faites, les
moutons algériens continuent à subir le traitement barbare, long et onéreux de
la vieille clavelisation, alors que les moutons tunisiens bénéficient du traitement rapide et simple du sérum Borel.
Il en résulte, comme nous le disions l'année dernière, que nos éleveurs supportent des frais et des tracasseries inutiles et
que d'autre part, beaucoup d'entre eux préfèrent faire traverser la frontière à
leurs troupeaux et les embarquent à Tunis, au grand détriment de notre Commerce et de nos ports.
Cette situation ne saurait durer et je réclame votre concours énergique pour obtenir enfin de l'Administration algérienne
l'application de la sérovaccination adoptée depuis longtemps et avec plein
succès par la Tunisie et d'autres pays.
L'Assemblée, adoptant les conclusions de la
Chambre de Commerce de Bône, décide de solliciter de nouveau de
l'Administration algérienne l'application de la sérovaccination.
XI
Protection des granits algériens
M. le Président de Bône. - L'Algérie possède des carrières
de granit, notamment à Cherchell, Herbillon et Collo, dont l'exploitation a pris, ces dernières années, une certaine importance et qui pourraient se développer considérablement si le Gouvernement voulait bien les protéger efficacement.
Nos granits algériens, grâce à leurs parfaites qualités de grain et de dureté, sont déjà très employés dans les travaux publics et principalement pour
le pavage des villes de la Colonie; mais la clientèle de la Métropole leur a échappé jusqu'ici.
Cependant, le centre producteur actuel de la Méditerranée, qui est Saint-Raphaël, a ses carrières à peu près épuisées et ne
peut déjà plus suffire à approvisionner le marché du Sud de la France. Ce sont
des produits provenant de Norvège qui s'offrent à Marseille et dans le Midi et sont
appelés à concurrencer nos granits et à tuer dans l'oeuf notre industrie algérienne.
Pour empêcher cette concurrence étrangère, ne pensez-vous pas qu'il suffirait que l'Administration métropolitaine voulût bien
accepter le granit algérien dans ses travaux de pavages et interdire l'emploi du même produit étranger
M. le Président. -J'estime qu'avant de
nous prononcer, il serait utile de savoir si des démarches ont déjà été faites par les
intéressés, c'est-à-dire par les exploitants des carrières algériennes de
granit, et, dans l'affirmative, quel en fut le résultat. Il faudrait prendre à
ce sujet des renseignements.
L'Assemblée, se rangeant à cet avis, ajourne la
question.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h.
1/2.
Le Secrétaire, Le Président,
F. JOURNET. Louis BILLIARD.
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Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis
Envoi de M. Jean Paul Selles
Décès de M. Pierre MICALLEF
"Chers(es) amis (es),
M. Jean Paul Selles nous fait part du décés de M. Pierre Micallef et nous joint ci-dessous l'encart mortuaire
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. Pierre-Jean Vella
Bonjour Monsieur,
Connaissiez vous les familles Vella Albert, Cerrito et Sens-Olive?
Bien cordialement,
Mon adresse : Pierre-Jean.Vella@waters.nestle.com
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De M. Babay Zargo
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Débrouillards les vieux !
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Comment appeler la police quand vous êtes vieux et que vous n'êtes plus très mobile...
Georges PHILLIPS, un homme d'un certain âge vivant à VANCOUVER au Canada allait se coucher quand sa femme lui dit qu'il avait laissé la lumière dans l'abri de jardin qu'elle pouvait voir depuis la fenêtre de la chambre.
Georges ouvrit la porte arrière pour éteindre, mais il vit qu'il y avait des personnes dans l'abri en train de voler du matériel. Il appela la police qui lui demanda : "quelqu'un s'est-il introduit chez vous ?"
Il répondit "non, mais des gens sont en train de me voler après s'être introduits dans ma cabane de jardin " La police répondit: "toutes nos patrouilles sont occupées il faut vous enfermer, et un officier passera dès qu'il sera libre.
Georges dit " O.K " puis il raccrocha, et attendit 30 secondes et rappela la police. "Bonjour, je viens de vous appeler pour des voleurs dans mon abri de jardin... Ne vous inquiétez plus à ce propos... je les ai tués " Puis il raccrocha.
Dans les cinq minutes 6 voitures de police, une équipe de tireurs, un hélicoptère, deux camions de pompiers, une ambulance et le Samu local se présentèrent devant son domicile, et les voleurs furent pris en flagrant délit.
Un policier lui dit " je croyais que vous les aviez tués..."
Georges répondit " Je croyais que vous m'aviez dit que vous n'aviez personne de disponible ..."
Moralité : il ne faut pas emmerder les Vieux.
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