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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
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EDITO
" UNITE "
Chers Amis
Pour la nouvelle année, pourrait-on souhaiter l'Unité dans le monde ?
Cette aspiration à l'Unité, elle s'exprime dans tous les pays qu'ils soient riches ou pauvres, en paix ou en guerre. Tous portent des signes évidents de désagrégation ou de désunion. Dans presque tous les coins du Monde, il y a des conflits. Qu'ils soient armés, diplomatiques, financiers, sociaux ou religieux, la planète entière est touchée.
C'est une des raisons principales que des sentiments nationaux soient exacerbés jusqu'à la xénophobie, et cela en devient presque normal car chacun veut défendre son territoire.
On nous fait croire que cette Unité trouve sa place dans les relations diplomatiques. Que ce soit à l'ONU, dans l'UE, dans les sommets des 20 ou dans le dernier sommet de Copenhague, on voit bien qu'il n'en est rien. Le monde marche sur la tête avec la complicité des politiques.
Cependant, tous les jours nous sommes dans un cycle de violences sanglantes qui grandit sans cesse et ce dans tous les pays, y compris la France malgré le silence assourdissant des médias français et la lâche "tolérance" ou "approbation" des politiques.
Il y aurait lieu de désespérer en s'abandonnant au sens de l'histoire, qui est un éternel recommencement, sous les signes des fatalités, des malheurs ou de la folie des hommes, si une immense espérance du rassemblement des hommes dans la véritable Unité des consciences n'était sous jacente.
Cet espoir que porte l'aube de cette dixième année du 21ème siècle, je le soutient et le souhaite de tous mes vœux.
Le seul but de la recherche de la paix, peut unir universellement et fraternellement tous les hommes de bonne volonté au dessus de toutes considérations partisanes, matérielles, politiques ou religieuses.
Ce seul fait peut faire naître l'immense espérance de la paix universelle que j'appelle de tous mes vœux car sinon nous n'échapperons pas à une prochaine guerre qui sera terrible.
Cette Unité que je souhaite entre tous les hommes est aussi le désir et le but qui doivent conduire notre communauté à plus de réflexions pour aller vers la paix des cœurs et des âmes.
BONNE et HEUREUSE ANNEE à tous et toutes et qu'elle vous apporte aussi JOIE et SANTE.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône
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Chapitre V
DOMAINES DES ENVIRONS
DE RANDON-ZÉRIZER-MORRIS
Les Domaines de Réïoua des Baïa, Latrille, Vernède, Témali, ainsi que, les propriétés des familles Albrieux, Cardenti, Dardé, Jugue, Evêque, Giuliano, Ode et Mercadi etc. Les domaines de Mechmech, des frères Vernède et Cie, Sidi Bouzit de Didier Germain, la cage aux Lions de Gassiot, Domaine Hamaoui de Appap, les fermes Giuliano etc.
Carte de la région de Randon-Zérizer-Morris
Un peu d'histoire du village de Randon
Situé dans la plaine à 24 kilomètres de Bône, il fut créé par l'Armée d'Afrique après 1860. La commune dite de Bésbés prit le nom de Randon (nom du général) vers 1890, la superficie de la commune d'économies mixtes était d'environ 12000 ha. En 1881 elle faisait partie du canton de Darhoussa, puis de Mondovi. Les familles européennes qui composaient la commune étaient d'origine française venant pour la plupart des départements de la Drôme comme les familles Permingat, Gilles, Rozier, Evêque, Courbis et de l'Ardèche comme la famille Vernède.
Les Maires bâtisseurs du village
Eugène Hermine Maire vers 1863, Louis Léon Evêque vers 1870, Laurens
vers 1880, Dr. Schwebel vers1905, Poma vers 1936, Jean Latrille Maire de 1938 à 1946, Henri Vernède Maire de 1947 à 1962.
Sur cette photo l'institutrice est Madame Marie-Louise Vernède née Choureau (maman de Jacques) avec tous les enfants, musulmans, juifs ou chrétiens mélangés, portant avec le sourire, le même tablier avec ceinturon, le béret pour les européens, le fez pour les musulmans.
FAMILLE VERNEDE
(Récits et documents des Vernède : Pierrette, Maurice et son fils Jacques)
Monsieur Maurice Vernède, malgré son grand âge (98ans) a bien voulu retrouver sa mémoire avec l'aide de son fils le docteur Jacques Vernède. II nous fait le grand honneur de nous parler de l'implantation en Algérie de sa famille.
Frédéric Vernède (1859/1924) était originaire de l'Ardèche, fils de petit viticulteur (Comme l'indique la lettre que Pierrette nous a adressée). Aîné d'une famille nombreuse, il travailla dés l'âge de 14 ans dans les mines et fut appelé pour effectuer son service militaire (de 3 ans et demi par tirage au sort à l'époque) et envoyé en Tunisie. Il participera pendant 7 ans à la conquête de la Tunisie avec l'Armée d'Afrique, faisant ainsi comme remplaçant, le service de son jeune frère lui aussi tiré au sort.
De retour en métropole à Chadouillet, prés de St. André de Cruzières, il choisit de retourner s'installer dans la plaine de Bône, il y rencontra et épousa à Bône, Françoise Blanchard (1864/1947) née en Corse et employée chez le colonel Colombani. II fut alors tailleur puis planteur de vignes à Karmouda (ferme Augereau) entre Randon et Mechmech.
Ils s'installèrent à Randon vers 1887 et eurent de nombreux enfants de 1889 à 1908 dont les survivants furent : Edouard, Berthe, Henri, Lucie, Armand, Frédéric et Maurice.
Grâce à cette famille nombreuse, il obtint en 1920, un lot de colonisation de 94ha, sur les hauts plateaux, à Berriche (prés d'Ain Beïda) qu'il mit en valeur avec ses enfants.
Puis, il loua des terres à la Compagnie Algérienne de Randon fit des plantations d'orangers et de vigne et acheta six hectares vers Mechmoucha en 1910 (hypothèque de 12000F à l'époque) plantés en vigne qu'il laissa en héritage en 1924.
Les quatre frères (le 5eme étant handicapé), s'acharnèrent pendant prés d'un siècle à développer l'exploitation familiale en défrichant, plantant surtout de la vigne en adoptant des techniques agricoles modernes (matériel lourd, irrigation, traitements contre les maladies du coton, par avion). Ils participèrent aux différentes coopératives agricoles et en s'agrandirent grâce au réseau bancaire mis en place au début du siècle.
Le premier de ces organismes fut implanté à Bône au lendemain de la promulgation de la loi du 8 Juillet 1901, instituant les Caisses Régionales de Crédit Agricoles Mutuel en Algérie.
Henri, Armand, Frédéric et Maurice planteront principalement vignes et orangeraies, développèrent l'entreprise, construisant maisons, entrepôts, écuries s'investissant dans toutes les associations coopératives agricoles de la région.
Voici le déroulement des achats constituant le patrimoine Vernède laissé florissant en héritage aux Algériens d'aujourd'hui.
Vers 1920
Henri, ancien spahi, poilu gazé de la bataille de la Somme et des Vosges, bénéficia de facilités bancaires réservées aux blessés de la guerre 1914-1918, pour acquérir :
- Une propriété de 25 ha entre Randon et le domaine Karmouda, rachetée par la suite par le minotier Kaouki, qu'ils plantèrent en totalité de vignes.
En 1928
Souscription pour un lot à la Coopérative de peuplement, dit Ferme de Mechmech
- 37 ha dont 20 ha de vigne et 17ha de terre
En 1935
Achat de dix lots vendus aux enchères à Constantine par les Fermes Françaises. Mise à prix de 67 000 F. Le dernier lot adjugé à 110 000F.
Ils empruntèrent la totalité de la somme à la caisse régionale agricole, pour acheter :
- Deux lots de 77 ha dit Ferme de St. Louis de Réïoua, soit 144 ha dont 34 ha de broussailles.
- Un lot de 77 ha dont 20 ha de broussailles, dit Ferme de l'Amaltrade
- Un lot de 77ha dont 20 ha de broussailles, 20 ha d'oliviers, 37 ha de terre dont 10 à Randon plantés de vigne par la suite, dit Ferme de Mechmoucha
En 1953,
Achat d'une propriété à Zérizer, dit Ferme La Charentaise
- 16 ha de vigne et 134 ha de terre.
En 1958
Rachat du lot Floutard de Mechmech à Edouard Mayer.
En plus les Vernède grâce à leur savoir faire, louaient plusieurs propriétés, une à Randon à la famille Buck : 160 ha de terre et 3 ha d'orangers, une à Mechmech aux familles arabes : Laouabdia Sellani, Benyacoub Abdelmajid, et Si Salah 250 ha de terre, une à St. Louis de Réïoua aux Fermes Françaises 30 ha de terre.
En 1962, les quatre frères Vernède cultivaient dans la plaine de Bône une superficie d'environ 1000 ha répartis en :
- Céréales : 400 ha environ essentiellement du blé dur (bidi 17), orge, avoine, d'une rentabilité annuelle de 5000 à 6000 quintaux.
- Vigne : 120 ha de plants greffés (grenache, cincault, carignan, grenache, aramon) d'une rentabilité annuelle d'environ 5000hl.
- Tabac : 125 à 150 ha travaillés par une centaine de familles d'ouvriers en Khaddars (explications plus haut page 56)
- Coton : 30 ha environ, Pommes de terre 25 ha, Tomates 20 ha, Melons et Pastèques 10 ha, et aussi Ricin, Sorgho, Asperges.
- Agrumes : 16 ha d'Oranges et Mandarines
- Oliviers : 20 ha
- Elevage de bovins (80 bêtes) et de moutons sur plus de 100 ha de pâturage
Table des Vernède, depuis la gauche : Frédéric et son épouse Marie Anne, Germaine et son mari Armand, Berthe, Edouard et Henri.
Henri, participa à la gestion communale devenant Maire de Randon vers 1946.
Dés cette époque, Randon, importante commune d'économie mixte comprenait sur son territoire, l'aéroport de Bône-les Salines.
Il fut élu Conseiller Général de Constantine puis après la nouvelle départementalisation, devint Président du Conseil Général du département de Bône en 1958.
Il participa aussi à la gestion de la Caisse Régionale du Crédit Agricole et à de nombreuses associations de coopératives agricoles. II fut un Président dynamique du club de football la JBAC et du quotidien " La Dépêche de l'Est " (sponsorisés par la Tabacoop.
Le 19 mars 1962 Henri Vernéde PDG de la Dépêche de l'Est ainsi que deux jeunes européens, sont lâchement assassinés par le FLN.
Oeuvrant sans cesse pour son village et ses habitants, Henri Vernède, Maire de Randon, l'avait équipé d'un dispensaire, d'un foyer communal, et développé la cave coopérative viticole.
Le Domaine de Mechmech
(Récit et documents de Pierrette, Maurice et Jacques Vernède, ainsi que de Marc Rozier, de l'Ecole d'Agriculture de Philippeville).
Mechmech signifie abricot en arabe bien qu'il n'y eût d'abricotiers à Mechmech que dans les jardins privés.
En 1928, la caisse de Crédit Agricole Mutuel de Bône, avait investi une partie importante de son capital et de ses réserves dans l'acquisition de lots de terre incultes et domaines en partie délaissés (rachat de la propriété Guiraud de Randon). Ces exploitations furent mises en état, équipées de matériel neuf et de maisons d'habitation nouvellement construites.
Ce domaine, proche de celui de Darhoussa s'étalait depuis le lieu dit El Kanthra, vers le littoral dans une plaine marécageuse, à une dizaine de mètres d'altitude, sur une nappe phréatique d'eau saumâtre à fleur de sol, hélas impropre à la consommation.
Une partie du domaine en pacage de la famille Guiraud, fut partagée en lots, et sept familles venant de Randon s'installèrent sur une propriété de 300 ha qui prit le nom de Coopérative de Mechmech qui possédait : une cave, des tracteurs, une écurie, une forge et une coopérative de sulfatage.
II s'agissait d'Hyppolite Floutard, qui revendit à Edouard Mayer de Penthièvre, Pierre Fornet, qui revendit à Ciantar, Emile Liotier, Edouard Porco, Georges et Robert Rozier et Armand Vernède qui en était le directeur.
Après un drainage réalisé en trois ans apparut un vignoble planté des cépages, Carignan, Cinsault, Alicante et Grenache.
La cave coopérative (20000h1), dirigée par Eugène Bertrand (oenologue), fut édifiée en 1931 en même temps que des maisons identiques de chaque côté d'une magnifique allée de palmiers avec en plus des chambres pour les ouvriers pour la plupart d'origine kabyle.
Mais suite au crack financier de 1934, il y eut une chute vertigineuse des prix agricoles et la coopérative ne pût faire face, elle fut mise sous séquestre. Elle ne survivra qu'avec le soutient du Crédit Agricole Mutuel sous la forme de prêts de consolidation.
Cette expérience de colonisation de peuplement (Mechmech et Oued Frarah) fut soutenue par le Gouverneur général de l'Algérie Le Beau.
A force de travail et d'abnégation, les jeunes agriculteurs parvinrent à épurer les dettes de la coopérative et ce ne fut qu'en 1947 que les lots furent attribués en pleine propriété à ces familles. A la culture de la vigne, étaient associées des cultures industrielles de tabac, tomates, coton, ainsi que celle du blé dur.
De gauche à droite : Lors des battages de juin 1949, Jacques, Mauricette,
Jean-Pierre et Danielle enfants de Maurice VERNEDE
en arrière le chauffeur TRAD Majid.
Famille Vernède à Randon
Remerciements à Monsieur Charles Henri Pons qui nous a transmis plusieurs photos de qualité, prises par son père qui fut notre directeur d'école.
A SUIVRE
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LAMENTATIONS DE FADERA
Envoyé par Daniel DARDENNE
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Dans cette version particulière de Phèdre, les personnages s'appellent Fadéra, Touizou et Hippophile. Athènes a été renommée Ain-Taya, station balnéaire bien connue des Algérois.
Avant d'çà a commencé,
En premier qu'j'rne suis mariée a'c Touizou
J'me tenais une tchamba maison ;
Toute la journée on s'tapait la cassouela,
Aussinon on tapait la paille,
J'étais bien-bien, taïba, heureuse quontout.
Oilà qu'Aïn Taya e'm'fait 'oir mon ennemi.
D'le regarrer, le rouge y m'mont' à la fugure.
Pis apres, pâle je viens comm'd'l'anisette.
Dans ma cabosse, un 'vraie strounga !
J'avais les yeux tchagattes,
Manco j'pouvais parler.
J'me sentais un' tchelba terrib',
Pis après, un scirocco maouss.
Y a pas dés : A tous les coups c'était Eros.
La vie d'ma mère, j'étais malade.
Alors rien qu'j'allais à confesse.
Tellement j'brulais d'encens et de bougie,
Qu'l'Eglise elle fumait,
Ti arrais dit le Ville d'Oran.
Atso : Pluss j'implorais la madonne
Pluss' j'l'adorais lui, Hippophile.
La vérité : partout j'le 'oyais,
Même au pied d'l'autel,
A travers la grille du confessionnal.
Malatche ! Rien qu'j'l'évitais,
Mais d'arégarrer son père,
nt'rappelait sa fatche.
A la fin, marre de moâ j'avais.
Tout j'feusais pour l'embêter.
Pluss' j'avais la gobbia d'lui,
Pluss' j'm'excitais la rabbia contre.
J'voulais qu'y m'prend' en grippe
Pour qu'y dégage pluss' loin possib'.
A la fin, son père, à force d'm'entend',
De dégouté qu'il était d'mes tchaklallas,
Y s'l'envoie en exil.
Alors là, j'ai respiré enfin.
Rien qu'ch'suivais mon époux,
Tranquille et tout, manco j'élevais la 'oix,
Pa'un y savait dans quel aquabatz j'étais.
Awah : A ouallou ça a servi tout ça.
Fugure toi qu'mon mari y m'mène en tournée,
Direct, j'retombe sur Hippophile.
Vinga qu'la nouba ell'recommence.
C'est pas un coup d'toukouk qu'j'ai,
L'genre coup d'chems passager,
Ou le lendemain, baraket, c'est fini.
C'é Eros, commune arapède sur un rocher.
Tellement j'ai la sousto d'moâ même,
Des trucs badjoc qu'ch' poudrais faire,
Qu'j'en ai marre d'la vie.
L'amour khlass Terminus a'c moâ.
J'me lève d'cett' terre d'misère,
Je quitte à ce monde d'patchos.
'Oila ma fille, j't'ai tout dit,
Manco ch'peux m'empêcher d'tchatcher.
Haqq allah, vrai de vrai j'm'en fous.
Un' soge ch'te demande,
Méteunanat qu'la fin elle approche
Baraket 'vec tes reproches,
Arrête d'me casser l'habbat.
Pourquoi, si tu parles d'm'aider,
Balek tu m'redonnes l'gousto
D'recommencer l'ésistence.
Si quelqu'un connaît le nom de l'auteur de ce texte en pataouète, je le prie de me le faire savoir afin de le mentionner. D'avance merci. J.P.B.
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LE MUTILE N° 188, 10 Avril 1921
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M. Henri NAVARRO - Un Poilu
Trésorier de l'Union " Les Mutilés" d'Oran.
La gloire, qui déploie ses fulgurants rayons dans les moments où il s'agit d'accomplir des prodiges, est comme honteuse de sa beauté lorsqu'elle s'est trop longtemps attardée à créer des héroïsmes. Le calme venu, elle disparaît modestement, semblant chercher l'oubli pour resplendir plus belle encore dès que l'occasion s'en fait sentir.
Les héros qu'elle a engendrés tiennent d'elle ce sentiment de pudeur qu'explique seul le vrai courage.
Lions dans l'action, ils fuient les félicitations comme s'ils avaient accompli l'acte le plus naturel et cette modestie ajoute encore à leur mérite puisque le vrai courage est modeste.
Cette volonté de disparaître, de s'oublier nous rappelle le charmant récit de Ratisbonne qui nous conte qu'un bambin, un Français, entraîné par le gai soleil et la beauté de la nature, avait oublié le chemin de l'école et s'ébattait joyeusement, ivre du bonheur d'être loin des livres et des thèmes. Il côtoyait une rivière lorsqu'il aperçut soudain un enfant de son age qui venait d'y choir. Avec cet instinct naturel à l'enfant qui ignore le danger, il piqua une tête dans l'eau profonde où se mourrait le jeune imprudent et après bien des efforts il fut heureux de le ramener sain et sauf sur la berge.
Pendant ce court drame, une foule s'était rassemblée au bord de l'eau et s'empressait autour du jeune sauveteur dont elle voulait connaître le nom afin de lui faire obtenir la récompense que méritait son beau courage. Mais l'enfant ne l'entendit pas ainsi : " Mon nom dit-il ? Pourquoi mon nom ? Pour le dire à mon père, pour qu'il sache que j'ai flâné au bord de la rivière, oh ! Non ! " Et il s'esquiva.
Sublime enfant qui ne sait pas ce qu'il vient de faire et trouve étrange qu'on veuille savoir son nom comme si le courage pouvait être l'enfant de telle ou telle famille quand il est au contraire l'apanage de tous ceux qui ont du coeur.
Nos poilus ressemblent à ce courageux bambin. Lorsque nous leur demandons leur photo et leur biographie pour immortaliser leur bravoure et inscrire leurs hauts faits au grand livre de la gloire, ils se dérobent, ils fuient les hommages, eux qui ont fait reculer la mort.
Henri Navarro est de ceux-là.
Enfant de la gentille petite ville de Boufarik, où il naquit le 8 janvier 1887, nôtre camarade fut mobilisé dès le 2 août 1914 au 2e régiment de zouaves et eut l'honneur de rejoindre, le front français dès le début des hostilités.
Il participa ensuite aux opérations de Nieuport, le 24 décembre 1914 où les régiments d'Afrique se couvrirent de gloire avec leurs vaillants frères belges. C'est là .qu'il fut grièvement blessé et dut être amputé d'une jambe.
Sa belle conduite au feu où il montra un mépris souverain du danger lui valut une élogieuse citation, la médaille militaire et la croix de guerre avec palmes pour faits d'armes.
Revenu à Oran il participa à la fondation de l'Union " Les Mutilés " d'Oran où il remplit les fonctions de trésorier avec le plus grand dévouement, depuis le 2 juillet 1916.
" Le Mutilé." et ses nombreux amis adressent à leur camarade d'Oran leurs bien cordiales amitiés et l'assurance de leur profonde sympathie.
LE MUTILE.
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ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
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HUMOUR PIEDS-NOIRS
Envoyé par Jean Pïerre Ferrer
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Nous allons enfin être indemnisés
Hugh ! !
USA: 2 milliards € d'indemnisation
Le gouvernement américain propose de verser plus de 3 milliards de dollars (2,03 milliards d'euros) aux tribus indiennes, pour régler une vieille revendication en justice, portant sur leur expropriation de terrains riches en gaz, en pétrole, de paturages et le non règlement de baux datant de plus d'un siècle.
Les versements dûs aux tribus en compensation de l'occupation de leurs terres étaient du ressort d'une fondation sous l'égide du ministère des affaires intérieures depuis 1887.
Si les juges et le Congrès donnent leur feu vert, les dédommagements versés seraient les plus importants jamais obtenus par les premiers habitants de l'Amérique. Ils dépasseraient tout ce que les Indiens ont obtenu par le passé des autorités fédérales.
Le ministère de l'Intérieur a évoqué la somme de 1,4 milliard de dollars (950 millions d'euros) à répartir entre quelques 300.000 descendants des tribus indiennes. Deux autres milliards (1,35 milliard d'euros) permettraient de reconstituer des territoires démantelés au profit des Indiens.
Des bourses d'études sont aussi envisagées à hauteur de 60 millions de dollars (40,7 millions d'euros) pour que des membres des tribus bénéficient des collèges de proximité ou se rendent dans des écoles professionnelles.
Les tribus estiment que 47 milliards de dollars (31,9 milliards d'euros) leur sont dus, sur lesquels elles avaient obtenu 455 millions de dollars (308 millions d'euros) l'an dernier.
BarackObama avait estimé pendant sa campagne que le règlement de cette plainte en justice portée par une Pied-Noir du Montana "laverait une tache dans les relations de nation à nation" qu'il encourage.
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Le Réfrigérateur
Envoyé par Anne Marie
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- Cela faisait un certain temps que je soupçonnais ma femme d'avoir une relation extraconjugale.
Je suis donc rentré chez moi à l'improviste et évidemment, je l'ai trouvée complètement nue sur le lit.
J'ai immédiatement fouillé l'appartement pour trouver le coupable.
En vain.
Et puis je me suis souvenu qu'habitant au 15ème étage d'une tour, nous disposions d'un petit balcon.
J'ai donc ouvert la porte-fenêtre et c'est là que j'ai vu cet homme, suspendu dans le vide et s'agrippant à la rambarde du balcon.
Je lui ai piétiné les mains pour qu'il tombe mais il tenait bon.
Alors je suis parti chercher un marteau.
À grands coups sur chaque main, il a fini par lâcher prise.
Mais un arbre a amorti sa chute. Voyant qu'il bougeait encore, j'ai attrapé le réfrigérateur de la cuisine et je l'ai fait basculer sur cet individu.
L'effort a été si violent que j'ai succombé à une crise cardiaque.
Et donc me voilà...'
- 'Ah bon ?, répond Saint Pierre, passionné. C'est bon, vous êtes admis au Paradis.'
Un second homme se présente peu après et commence à raconter l'histoire de sa mort à Saint-Pierre.
- 'Voyez-vous, débute t-il, j'étais en train de repeindre mon balcon au 17ème étage d'une tour.
Mon tabouret a vacillé et j'ai basculé dans le vide.
Mais j'ai eu la possibilité de me rattraper à un balcon deux étages plus bas.
Je pensais être sauvé quand le propriétaire de ce balcon a commencé à me piétiner les mains, puis à me casser les doigts à coups de marteau.
Il était fou ce type, furieux que je m'accroche à son balcon.
Et pire lorsque j'ai lâché prise, comme je ne suis pas mort tout de suite, il m'a balancé son frigo sur la tête pour m'achever... Dingue...'
- 'Oui j'ai entendu parler de cette histoire, vous pouvez entrer au Paradis...'
Un troisième homme arrive et entame lui aussi son récit à St Pierre :
- 'Moi, j'ai rien compris, franchement, je ne sais pas comment tout ça est arrivé.
J'étais caché à poil dans un frigo ...'
- 'Ca va, dit St Pierre, je connais la suite...
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MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
1853 Par LE GÉNÉRAL DAUMAS N° 15
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
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TELL - KABYLIE-SAHARA
AVANT-PROPOS.
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas
LE SAHARA.
III.
Chevaux du Sahara
A la nage, les jeunes gens, à la nage
Les balles ne tuent pas :
Il n'y a que la destinée qui tue.
A la nage, les jeunes gras, à la nage !
Chant des engagés.
Chez un peuple pasteur et nomade, qui rayonne sur de vastes pâturages, et dont la population n'est pas en rapport avec l'étendue de son territoire, le cheval est une nécessité de la vie. Avec son cheval, l'Arabe commerce et voyage, il surveille ses nombreux troupeaux, il brille aux combats, aux noces, aux fêtes de ses marabouts; il fait l'amour, il fait la guerre; l'espace n'est plus rien pour lui.
Aussi les Arabes du Sahara se livrent-ils encore avec passion à l'élève des chevaux ; ils savent ce que vaut le sang, ils soignent leurs croisements, ils améliorent leurs espèces. L'état d'anarchie dans lequel ils ont vécu dans ces derniers temps, a bien pu modifier quelques-unes de leurs habitudes ; mais il n'a rien changé à cette condition de leur existence : l'élève, le perfectionnement et l'éducation des chevaux.
L’amour du cheval est passé dans le sang arabe. Ce noble animal est le compagnon d'armes et l'ami du chef de la tente, c'est un des serviteurs de la famille; on étudie ses mœurs, ses besoins; ou le chante dans des chansons, ou l'exalte dans les causeries. Chaque jour, dans ses réunions en dehors du douar, où le privilège de la parole est au plus âgé seul, et qui se distinguent par la décence des auditeurs assis en cercle sur le sable ou sur le gazon, les jeunes gens ajoutent à leurs connaissances pratiques les conseils et les traditions des anciens. La religion, la guerre, la chasse, l'amour et les chevaux, sujets inépuisables d'observations, font de ces causeries en plein air de véritables école, où se forment les guerriers, et où ils développent leur intelligence en recueillant une foule de faits, de préceptes, de proverbes et de sentences, dont ils ne trouveront que trop l'application dans le cours de la vie pleine de périls qu'ils ont à mener. C'est là qu'ils acquièrent cette expérience hippique que l'on est étonné de trouver chez le dernier cavalier d'une tribu du désert. Il ne sait ni lire ni écrire et pourtant chaque phrase de sa conversation s'appuiera sur l'autorité des savants commentateurs du koran ou du Prophète lui-même.
Notre seigneur Mohamed a dit... Sidi-Ahmed-ben-Youssef a ajouté.... Si-ben-Dyab a raconté.... Et croyez-le sur parole, ce savant ignorant; car tous ces textes, toutes ces anecdotes, qu'on ne trouve le plus souvent que dans les livres, ils les tient, lui, des tolbas ou de ses chefs, qui s'entendent ainsi, sans le savoir, pour développer ou maintenir chez le peuple l'amour du cheval, les préceptes utiles, les saines doctrines ou les meilleures règles hygiéniques. Le tout est bien quelquefois entaché de préjugés grossiers, de superstitions ridicules : c'est une ombre au tableau. Soyons indulgents; il n'y a pas si longtemps qu'en France on proclamait à peu près les mêmes absurdités comme vérités incontestables.
Je causais un jour avec un marabout de la tribu des Oulad-Sidi-Chikh des chevaux de son pays ; et, comme j'affectais de révoquer en doute les opinions qu'il avait émises : « Vous ne pouvez comprendre cela, vous autres chrétiens, me dit-il en se levant brusquement, les chevaux sont nos richesses, nos joies, notre vie, notre religion. Le Prophète n'a-t-il pas dit :
« Les biens de ce monde, jusqu'au jour du jugement dernier, seront pendus aux crins qui sont entre les yeux de vos chevaux. »
- J'ai lu le Koran, lui répondis-je, et je n'y ai point trouvé ces paroles.
- Vous ne les trouverez pas dans le Koran, qui est la voix de Dieu, niais bien dans les conversations de notre seigneur Mohamed (Hadite sidna Mohamed).
- Et vous y croyez? Repris-je.
- Avant de vous quitter, je veux vous faire voir ce qui peut arriver à ceux qui croient. »
Et mon interlocuteur me raconta gravement l'histoire suivante :
Un homme pauvre, confiant dans les paroles du Prophète que je viens de vous citer, trouva un jour une jument morte; il lui coupa la tète et l'enterra sous le seuil de sa porte, en disant : Je deviendrai riche s'il plait à Dieu (anchallah). Cependant les jours se suivaient et les richesses n'arrivaient pas ; mais le croyant ne douta point. Le sultan de son pays étant sorti pour visiter un lieu saint, vint à passer par hasard devant la modeste demeure du pauvre Arabe; elle était située à l'extrémité d'une petite plaine bordée de grands arbres et fécondée par un joli ruisseau. Le lieu lui plut ; il fit faire halte à sa brillante escorte, et mit pied à terre pour se reposer à l'ombre. Au moment où il allait donner le signal du départ, son cheval, qu'un esclave était chargé de surveiller, impatient de dévorer l'espace, se mit à hennir d'abord, à piaffer ensuite, et fit si bien enfin qu'il s'échappa. Tous les efforts des sais(1) pour le rattraper furent longtemps inutiles, et l'on commençait à en désespérer, quand on le vit tout à coup s'arrêter de lui-même sur le seuil d'orme vieille masure qu'il flairait en la fouillant du pied. Un Arabe, jusque-là spectateur impassible, s'en approcha alors sans l'effrayer, comme s'il en eût été connu, le caressa de la voix et de la main, le saisit par la crinière, car sa bride était en mille pièces, et, sans difficulté aucune, le ramena docile au sultan étonné.
« Comment donc as-tu fait, lui demanda Sa Grandeur, pour dompter ainsi l'un des plus fougueux animaux de l'Arabie ? - Vous ne serez plus surpris, seigneur, répondit le croyant, quand vous saurez qu'ayant appris que tous les biens de ce monde jusqu'au jour du jugement seront pendus aux crins qui sont entre les yeux de nos chevaux, j'avais enterré sous le seuil de ma maison la tète d'une jument que j'avais trouvée morte. Le reste s'est fait par la bénédiction de Dieu. »
« Le sultan fit à l'instant creuser dans l'endroit désigné, et, quand il eut ainsi vérifié les assertions de l'Arabe, il s'empressa de récompenser celui qui n'avait pas craint d'ajouter une foi entière aux paroles du Prophète. Le pauvre reçut en présent un beau cheval, des vêtements superbes et des richesses qui le mirent à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours.
« Vous savez maintenant, ajouta le marabout, ce qui peut arriver à ceux qui croient; et sans attendre ma réponse, il me salua des yeux, à la manière des Arabes, et sortit.
Cette légende est populaire dans le Sahara, et les paroles du Prophète, sur lesquelles elle est fondée, y sont un article de foi. Que le Prophète les ait dites ou non, elles n'atteignent pas moins sûrement le but que s'est proposé leur auteur. Le peuple arabe aime les honneurs, le pouvoir, les richesses ; lui dire que tout cela tient aux crins de son cheval, c'était le lui rendre cher, le lier à lui par l'attrait de l'intérêt personnel. Le génie du Prophète allait plus loin encore, sans aucun doute; il avait compris que la mission de conquête qu'il a léguée à son peuple ne pouvait s'accomplir que par de hardis cavaliers, et qu'il fallait développer chez eux l'amour pour les chevaux en même temps que la foi dans l'islamisme.
Ces prescriptions, qui toutes tendent vers un même but, revêtent toutes les formes : le marabout et le taleb les ont réunies en sentences et légendes, le noble (Djieud) en traditions, et enfin l'homme du peuple en dictons et proverbes. Plus tard, proverbes, traditions et légendes ont pris un caractère religieux qui les a pour jamais accrédités dans la grande famille des musulmans.
Quand Dieu a voulu créer la jument, proclament les âoulâmas, il a dit au vent : «Je ferai naître de toi un être qui portera mes adorateurs, qui sera chéri par tous mes esclaves, et qui fera le désespoir de tous ceux qui ne suivent pas mes lois; » et il créa la jument en s'écriant :
« Je t'ai créée sans pareille ; les biens de ce monde seront placés entre tes yeux, tu ruineras mes ennemis, partout je te rendrai heureuse et préférée sur tous les autres animaux, car la tendresse sera partout dans le coeur de ton maître. Bonne pou la charge comme pour la retraite, tu voleras sans ailes, et je ne placerai sur ton dos que des hommes qui me connaîtront, m'adresseront des prières, des actions de grâces, des hommes enfin qui m'adoreront. »
La pensée intime du Prophète se dévoile ici tout entière; il veut que son peuple seul, à l'exclusion des infidèles, se réserve les chevaux arabes, ces puissants instruments de guerre qui, dans les mains des chrétiens, pourraient être si funestes à la religion musulmane.
Cette pensée, que le bas peuple de la tente n'a pas vue peut-être sous le voile symbolique dont elle est revêtue, n'a point échappé aux chefs arabes. L'émir Abd-el-Kader, au plus fort de sa puissance, punissait impitoyablement de mort tout croyant convaincu d'avoir vendu un cheval aux chrétiens; dans le Maroc, on frappe l'exportation des chevaux de droits tels, que la permission d'en sortir de l'empire devient illusoire; à Tunis, on ne cède qu'à regret à des nécessités impérieuses de politique; il en est de même à Tripoli, en Égypte, à Constantinople, dans tous les États musulmans enfin(2).
Parlez-vous de chevaux avec un djieud, ce noble de la tente, qui tire encore vanité de ce que ses ancêtres ont combattu les nôtres en Palestine, il vous dira :
Rekoub et ferass,
Teloug et marass,
Ou tekuerkib et akhras,
Yeguelaâ edoude men erass.
Le montement des chevaux,
Et le lâchement des lévriers,
Et le cliquetis des boucles d'oreille,
Vous, ôtent les vers d'une tête.
En causez-vous avec l'un de ces cavaliers (mekbazeni), dont la figure bronzée, la barbe poivre et sel et les exostoses(3) prononcées de ses tibias annoncent qu'il a vu bien des aventures, il s'écriera :
El Kheil lel bela
El Abel lel khela
Ou et begueur
Lei fekeur.
Les chevaux pour la dispute,
Les chameaux pour le désert.
Et les boeufs pour la pauvreté.
Ou bien il vous rappellera que, lorsque le Prophète faisait des expéditions pour engager les Arabes à soigner leurs chevaux, il donnait toujours deux parts de prise à celui qui l'avait accompagné bien monté.
Le voluptueux thaleb, homme de Dieu pour le monde, qui vit dans la paresse contemplative, sans autres soins que ceux de sa toilette, sans autre travail que celui d'écrire des talismans et faire des amulettes pour tous et pour toutes, vous dira les yeux baissés :
Djennet el ard âla dohor el Kreïl,
Ala montalat el-Ketoube.
Le paradis de la terre se trouve sur le dos des chevaux,
Dans le fouillement des livres,
Ou bien entre les deux seins d'une femme.
Ajoutera-t-il, s'il n'y a point là d'oreilles trop sévères :
Ou beine Guerabeus Enneça !
Que si vous interrogez l'un de ces vieux patriarches arabes (chikh, renommés par leur sagesse, leur expérience et leur hospitalité, il vous répondra :
« Sidi-Aomar, le compagnon du Prophète, a dit.
« Aimez les chevaux, soignez-les, ils méritent votre tendresse; traitez-les comme vos enfants, et nourrissez-les comme des amis de la famille, vêtez-les avec soin! Pour l'amour de Dieu, ne vous négliger, pas, car vous vous en repentiriez dans celle maison et dans l'autre. »
Avez-vous enfin le bonheur de rencontrer sur votre route l'un de ces trouvères errants (medahh, fessehh) qui passent leur vie à voyager de tribu en tribu, pour amuser les nombreux loisirs de nos guerriers pasteurs, aidé d'un joueur de flûte (kuesob), et s'accompagnant d'un tambourin (bendaïr), d'une voix sourde mais non sans harmonie, il vous chantera:
Mon cheval est le seigneur des chevaux !
Il est bleu comme le pigeon sous l'ombre,
Et ses crins noirs sont ondoyant,
Il peut la soif, il peut la faim, il devance le coup d'oeil,
Et véritable buveur d'air,
Il noircit le cœur de nos ennemis,
Au jour où les fusils se touchent.
Mebrouk (4) est l'orgueil du pays.
Mon oncle a des juments de race, dont les aïeux lointains
Se comptent dans nos tribus depuis les temps anciens ;
Modestes et timides comme les filles du Guebla (5)
On dirait des gazelles
Qui paissent dans les vallées, sous les yeux de leurs mères.
Les voir, c'est oublier les auteurs de ses jours !
Couvertes de Djellale (6) qui fout pâlir nos fleurs,
Elles marchent en sultanes parées pour leurs plaisirs.
Un nègre du Kora (7) les soigne,
Leur donne l'orge pure, les abreuve de laitage
Et les conduit au bain.
Dieu les préserve du mauvais œil (8).
Pour ses juments chéries,
Mon oncle m'a demandé Mebrouk en mariage.
Et je lui ai dit, non:
Mebrouk, c'est mon appui, je veux le conserver
Fier, plein de santé, adroit et léger dans sa course.
Le temps tourne sur lui-même et revient,
Sans dispute aujourd'hui, demain peut-être verrons-nous
S'avancer à grands pas l'heure de l'entêtement.
Pour une outre pleine de sana, me répondit mon oncle,
Tu m'as jauni la figure (9) devant tous mes enfants.
La terre est vaste; adieu.
Mebrouk, pourquoi hennir ainsi, pendant le jour, pendant la nuit!
Tu dénonces mes embuscades et préviens mes ennemis,
Tu penses trop aux filles de nos chevaux,
Je te marierai, ô mon fils !
Mais où trouver mes amis,
Dont les juments sont si nobles et les chamelles des trésors ?
Leurs nouvelles sont enterrées,
Où sont leurs vastes tentes qui plaisaient tant à l'œil?
On y trouvait le tapis et la natte;
On y donnait l'hospitalité de Dieu,
Et le pauvre y rassasiait son ventre.
Elles sont parties!
Les éclaireurs ont vu les mamelons,
Les braves ont marché les premiers,
Les bergers ont fait suivre les troupeaux,
Et les chasseurs, sur les traces de leurs lévriers si fins,
Ont couru la gazelle.
Avez-vous entendu parler de la tribu de mes frères ?
Non ; eh bien ! Venez avec moi compter ses nombreux chevaux;
Il est des couleurs qui vous plairont.
Voyez ces chevaux blancs comme la neige qui tombe en sa saison,
Ces chevaux noirs comme l'esclave ravi dans le Soudan ;
Ces chevaux verts (10) comme le roseau qui croit au bord des fleuves ;
Ces chevaux rouges comme le sang, premier jet d'une blessure,
Et ces chevaux (11) bleus comme le pigeon quand il vole sous les cieux.
Où sont ces fusils si droits, plus prompts que le clignement de l'œil;
Cette poudre de Tunis, et ces balles fabriquées dans des moules (12),
Qui traversaient les os, déchiraient le foie,
Et faisaient mourir la bouche ouverte?
Quand je cesse de chanter, mon cœur m'y porte encore ;
Car il brûle pour mes frères d'un feu qui dévore mon intérieur.
Nulle part je n'ai vu de pareils guerriers.
0 mon Dieu ! Rendez aveugles ceux qui pourraient leur porter envie !
N'ont-ils pas de vastes tentes bien pourvues de tapis,
De nattes, de coussins, de selles et d'armes riches?
Le voyageur et l'orphelin n'y sont-ils pas toujours reçus
Par ces mots de nos pères : « Soyez les bienvenus?
Leurs femmes, fraîches comme le coquelicot,
Ne sont-elles pas portées sur des chameaux,
Ces vaisseaux de la terre (13),
Qui marchent du pas noble de l'autruche?
Ne sont-elles pas couvertes de voiles
Qui, traînant loin derrière elles, désespèrent même nos marabouts?
Ne sont-elles pas parées d'ornements, de bijoux enrichis de corail,
Et le tatouage bleu de leurs membres ne fait-il pas plaisir à voir?
Tout en elles ravit l'esprit de ceux qui croient en Dieu ;
Vous diriez les fleurs des fèves que l'Eternel a créées.
Vous vous êtes enfoncés dans le sud,
Et les jours me paraissent bien longs !
Voici près d'un an que, cloué dans ce Teul ennuyeux (14)
Je n'ai plus vu de vous que les traces de vos campements.
0 mon pigeon chéri,
Qui portez un pantalon qui vous tombe jusqu'aux pieds.
Qui portez un bernouss qui sied si bien â vos épaules,
Dont les ailes sont bigarrées et qui savez le pays ;
O vous qui roucoulez !
Partez, volez sous les nuages, ils vous serviront de couverture,
Allez trouver mes amis, donnez-leur cette lettre,
Dites-leur qu'elle vient d'un cœur sincère.
Revenez vite et apprenez-moi s'ils sont heureux ou malheureux
Ceux qui me font soupirer.
Vous verrez Cherifa (15), c'est une fille fière,
Elle est fière, elle est noble, je l'ai vu par écrit.
Ses longs cheveux tombent avec grâce
Sur ses épaules larges et blanches :
Vous diriez les plumes noires de l'autruche
Qui habite les pays déserta et chante auprès de sa couvée.
Ses sourcils sont des arcs venus du pays des nègres;
Et ses cils, vous jureriez la barbe d'un épi de blé
Mûri par l'oeil de la lumière
(16), vers la fin de l'été.
Ses yeux sont des yeux de gazelle,
Quand elle s'inquiète pour ses petits,
Ou bien c'est encore un éclair devançant le tonnerre.
Au milieu de la nuit.
Sa bouche est admirable,
Sa salive sucre et miel,
Et ses dents bien rangées ressemblent aux grêlons
Que l'hiver en furie sème dans nos contrées.
Son col c'est l'étendard que plantent nos guerriers,
Pour braver l'ennemi et rallier les fuyards,
Et son corps sans défaut vient insulter au marbre
Qu'un emploie pour bâtir les colonnes de nos mosquées.
Blanche comme la lune que vient entourer la nuit,
Elle brille comme l'étoile qu'aucun nuage ne flétrit.
Dites-lui qu'elle a blessé son ami
De deux coups de poignard, l'un aux yeux, l'autre au coeur.
L'amour n'est pas un fardeau léger.
Je demande au Tout Puissant qu'il nous donne de l'eau ;
Nous sommes au printemps,
Et la pluie a trop tardé pour les peuples à troupeaux.
J'ai faim, je suis à jeun comme une lune de Ramadan.
Ils sont à Askoura, Dieu soit loué !
Qu'on m'amène mon cheval !
>Et vous, pliez les tentes !
Je vais trouver mon oncle;
Il saura pardonner à l'enfant de son frère,
Nous nous réconcilierons,
Et, par la tête du Prophète,
>Je donnerai une fête où paraîtront les jeunes gens,
Les étriers qui brillent et les selles richement brodées ;
On y frappera la poudre (17) au son de la flûte et du tambour:
Je marierai Mebrouk,
Et ses fils seront nommés les fils des juments bien soignées.
0 tribus du Sahara !
Vous prétendez posséder des chameaux (18)
Mais les chameaux, vous le savez,
Ne recherchent que ceux qui peuvent les défendre;
Et ceux qui peuvent les défendre sont mes frères,
Parce qu'ils savent dans les combats briser les os des rebelles.
On le voit, chez le peuple arabe, tout concourt à développer l'amour des chevaux ; la religion en fait un devoir, comme la vie agitée, les luttes incessantes et les distances à franchir dans un pays ou les moyens de communications rapides manquent absolument, en font une nécessité ; l'Arabe ne peut mener que la vie à deux, son cheval et lui.
Observations de l'émir Abd-el-Kader.
Le koran appelle les chevaux le bien par excellence. »
Le domestique du Prophète disait : « Avec les femmes ce que le Prophète aimait le mieux c'étaient les chevaux. »
Aïssa-ben-Mariam (Jésus, fils de Marie) que le salut soit sur lui, alla trouver un jour Eblis le noir démon, et lui dit : « Eblis, j'ai une question à l'adresser, me diras-tu la vérité? - Esprit de Dieu, répond Eblis, interroge-moi comme bon te semble. - Je te demande, reprit Jésus, par le vivant qui ne ment pas, qu'est-ce qui peut réduire ton corps à l'état de liquide et couper ton dos en deux? - C'est, répondit le diable, le hennissement d'un cheval dans une ville ou une forteresse. Jamais je n'ai pu entrer dans une maison renfermant un cheval pour la cause du Dieu très haut. »
De tout temps le cheval a été chez les Arabes l'objet de la plus grande sollicitude. Tant que dura l'idolâtrie, ils aimèrent les chevaux parce qu'il leur devaient gloire et richesse. Quand le Prophète lui-même en eut parlé avec les plus grands éloges, cet amour intéressé devint un devoir religieux.
Étant très passionné pour les chevaux, un des compagnons du Prophète lui demanda s'il y en avait au paradis. « Si Dieu te fait entrer au paradis, répondit le Prophète, tu auras un cheval de rubis, muni de deux ailes, avec lesquelles il volera à ton gré. »
« Quels sont ceux qui me pleureront après ma mort? Mon épée, ma lance de Roudaïna et mon alezan à. la taille élancée, traînant ses rênes à la fontaine, la mort lui ayant enlevé son cavalier qui le faisait boire. »
Les bons chevaux se trouvent de préférence dans le Sahara, où le nombre des mauvais chevaux est très petit. En effet, les populations qui l'habitent et celles qui les avoisinent ne destinent leurs chevaux qu’à faire la guerre ou à lutter de vitesse, et aussi ne les appliquent-elles ni à la culture ni à aucun exercice autre que le combat. C'est pour ce motif qu'à peu d'exceptions prés leurs chevaux sont excellents.
Aucun individu du Sahara ne possède dix chameaux que lorsqu'il a un cheval pour les défendre contre ceux qui feraient des tentatives.
Dans le Tell, la plupart des Arabes appliquent les chevaux à la culture, ils s'en servent également pour monter et pour leurs divers besoins. Ils n'ont point de préférence pour les mâles, parce que pour eux le cheval n'est qu'un animal qu'on utilise à tout ce dont il est capable, et pas seulement à la guerre.
Le sol et la nourriture n'améliorent pas le cheval mauvais ou seulement médiocre; mais si le cheval de race pure est élevé dans la montagne et dans des terrains pierreux, il est doué d'une force et d'une patience plus grandes que le cheval élevé dans les plaines.
C'est pour cela que le cheval d'origine pure qui est élevé dans le Sahara est préférable au même cheval élevé dans le Tell. Le premier, en effet, différant en cela du cheval du Tell, est soumis à la fatigue, à des courses considérables, à la soif, à la faim.
1. Palefrenier.
2. J'ai la certitude que, dans certains pays musulmans, sur la liste des présents obligés, en regard d'un nom chrétien le donateur avait mis : Kidar ala Kierater et Roumi. — Une rosse pour le chrétien.
3. Les exostoses prononcées de ses tibias. L'oeil de l'étrier arabe occasionne toujours des exostoses sur le devant des jambes. Par elles l'on peut, à première vue, distinguer le riche du pauvre, le cavalier du fantassin.
4. Mebrouk veut dire l'heureux
5. Guebla, sud, Sahara, désert.
6. Djellale, couvertures en laine plus ou moins ornées de dessins, suivant la fortune des chefs de tente, très larges, très chaudes, et enveloppant le poitrail et la croupe du cheval.
7. Un nègre du Kora les soigne. Les esclaves du Kora sont très recherches par les musulmans; ils apprennent très difficilement l'arabe, sont très attachés à leurs devoirs et très fidèles à leurs maîtres
8. Voir au chapitre de la civilité puérile et honnête chez les Arabes, ce qu'ils entendent par le mauvais oeil.
9. Tu m'as jauni la figure. - Le rouge, les couleurs éclatantes, sont, chez les Arabes, le partage du bonheur; les couleurs sombres, le jaune principalement, sont des indices de malheur.
10. Ces chevaux verts. - Les Arabes considèrent comme vert le cheval que nous appelons louvet, surtout quand il se rapproche de l'olive un peu mûre.
11. Et ces chevaux bleus. — Les Arabes appellent bleu le cheval gris étourneau foncé.
12. Et ces balles fabriquées dans des moules. — C'est, en général, un luxe pour les Arabes, et surtout pour ceux du désert, que d'avoir des balles fabriquées dans des moules. La plupart du temps ils font des baguettes de plomb et les coupent ensuite par morceaux.
13. Ces vaisseaux de la, terre. — Le chameau est un animal tellement utile aux Arabe du désert, qu'ils l'appellent avec raison le vaisseau de la terre. En effet, il est sobre, ne demande pas de grains pour sa nourriture, supporte admirablement la soif pendant plusieurs jours, enlève et transporte des poids très lourds, dans les déplacements nécessités par la vie nomade.
14. Cloué dans ce Teul ennuyeux. — Les Arabes du désert aiment tellement leur vie indépendante et nomade, qu'ils regardent comme le moment le plus ennuyeux de leur existence celui où ils sont forcés de venir dans le Teul pour y faire leurs provisions de grains.
15. Vous verrez Cherifa. - Cherifa, féminin de Cherif, qui veut dire descendant du prophète.
16. Dans leurs poésies, les Arabes appellent souvent le soleil, adin ennour, oeil de la lumière.
17. On y frappera la poudre. - Chez les Arabes il n'y a pas de fêtes sans coups de fusil.
18. Vous prétendez posséder des chameaux. - Quand une tribu du désert est tranquille, elle envoie ses chameaux paître quelquefois à dix ou douze lieues en avant d'elle, et l'on conçoit que si un coup de main a été tenté sur eux, il faille d'excellent, chevaux et de vigoureux cavaliers pour les reprendre.
A SUIVRE
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Histoire de couleurs
Envoyé Par Nicolas
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Ma parole, Jacob, je t'assure, le noir, ce n'est pas une couleur !
- Sur ma vie, Simon, le noir, c'est une couleur !
- Non, non, non, Jacob, c'est pas possible, le noir, c'est noir !, c'est pas une couleur !
- Aïe aïe aïe, Simon, mais tu veux ma mort ou quoi ?, puisque je te dis que le noir c'est une couleur !
- Non, le noir c'est noir, c'est pas une couleur !
- Ecoute Simon, on va voir le Rabbin, lui, il saura
Et les deux amis vont voir le Rabbin.
- Rabbi, Rabbi !, dis-lui à Simon, que le noir c'est une couleur!
- Aïe !, la vérité que c'est pas une couleur Jacob, hein, Rabbi ?
- Ma parole !, hurle le Rabbin, taisez-vous !, le noir, c'est une couleur!
- Le noir .... une couleur ... ???
- Eh oui !, le noir, c'est une couleur ...!
- Jacob et Simon repartent.
- Tu vois Simon, le noir, c'est une couleur !
- Eh oui !, d'accord, le noir c'est une couleur, mais le blanc, alors là, c'est sûr, c'est pas une couleur !
- Aïe aïe aïe, Simon ! mais bien sûr que si, le blanc c'est une couleur !
- Ah non, sur ma mère !, le blanc, c'est pas une couleur, c'est blanc !
- Viens, Simon, on retourne voir le Rabbin.
- Rabbi, Rabbi !, dis-le à Simon, que le blanc c'est une couleur!
- Ma parole ! mes enfants ! le blanc ...le blanc ..eh oui, le blanc c'est une couleur !
- Jacob et Simon repartent.
- Alors tu vois Simon, que la télé noir et blanc que je t'ai vendue, c'est bien une télé couleur !!
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" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
Envoyé par M. Daniel Dardenne N°11
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Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.
COMMENTAIRES DES GRAVURES
4 - VUE GENERALE DE MOULAY IDRIS
A l'Ouest de FES, MOULAY IDRIS est le siège du sanctuaire où repose, dit-on, le corps du fondateur de la dynastie des IDRISIDES. Le corps de son fils, le fameux MOULAY IDRIS, patron de FES, tel celui d'HENRI IV, fut retrouvé intact plusieurs siècles après son ensevelissement.
La cité étage ses terrasses dans un cadre d'imposantes montagnes et d'oliviers antiques, juste à côté de Volubilis, capitale du Maroc romain.
Pourtant la terrasse ne paraît guère indiquée dans cette région à forte pluviosité comme d'ailleurs dans bien d'autres parties aussi arrosées de l'Afrique du Nord, l'Aurès notamment.
Ces terrasses sont l'exemple d'une forme architecturale répandue dans le Maghreb par la pénétration de l'Islâm car " sur ce pays berbère régnait la tuile romaine ". (G. MARÇAIS).
Chaque année au mois de Mai a lieu à MOULAY IDRIS un grand pèlerinage qui attire de très nombreux fidèles.
5 - BENI IZGUEN
De la TAHERT rostémide il ne reste presque rien,
Quant aux ruines de SEDRATA, en partie déblayées, elles n'ont donné que quelques plâtres à ornementation florale et géométrique.
Cependant la vue de BENI-IZGUEN, l'une des cités de l'heptapole du M'Zab, bâtie en plein Sahara sur une éminence, défendue par de solides remparts, dominée par son minaret, nous permet d'évoquer toute l'âpreté et la force du mouvement Khâréjite qui ébranla un moment le Maghreb.
Au point de vue ethnique " un millénaire d'intermariage a développé chez ces Berbères un type humain nettement caractérisé ". (E. F. GAUTIER).
Aujourd'hui spécialisés dans le négoce les Beni-M'zab ou M'zabites vivent dispersés dans toute l'Afrique du Nord. Ils laissent leurs familles dans les oasis du M'Zab où ils retournent périodiquement.
6 - 7 - LES RIBATS : MONASTIR ET SOUSSE
La Tunisie a la chance de conserver les ribâts de MONASTIR et de SOUSSE.
" Le premier (MONASTIR) a encore très grand air, mais des remaniements multiples en ont compliqué l'ordonnance. Durant les XIème et XlIème siècles, Monastir que sanctifiait la présence de ses marabouts et que l'on disait être " une des portes du Paradis " servit de nécropole aux gens de Mandîya, en particulier aux princes Zîrîdes.
" Le second (SOUSSE), plus simple, peut être pris comme type. Il a été construit vers 836 par l'Aghlabide ZIYADET ALLAH. Avec sa haute enceinte carrée flanquée de tours demi-rondes aux angles et au milieu des côtés, il rappelle les forts byzantins du pays. L'entrée unique s'ouvre dans un des saillants médiaux. Un escalier descend à l'intérieur de la cour centrale encadrée de galeries couvertes et de cellules très simples. Le premier étage où l'on accède par deux escaliers, comporte également des cellules sur trois faces de la cour. Le long de la quatrième face s'étend une salle pourvue d'un mihrâb. C'est l'oratoire du ribât. Le mur de la qibla est percé d'archères à embrasures. Au niveau des terrasses qui surmontent le premier étage, s'ouvre la porte de la tour à signaux, tour cylindrique dont la masse carrée d'un saillant d'angle forme la base et qui domine de près de 20 mètres l'ensemble de la forteresse. Une petite coupole qui émerge également au-dessus des terrasses, couronne comme dans les mosquées de l'époque, l'espace carré précédant le mihrâb de l'oratoire. Le ribât de Sousse nous reporte aux temps héroïques où l'institution avait nettement un caractère guerrier, où ces postes frontières jouaient un rôle stratégique sur les confins des domaines de l'Islâm. Elle devait conserver ce caractère aux XI-XIIème siècles, au Maghreb extrême où la lutte contre les Chrétiens d'Espagne maintenait la tradition du Djihâd ".
(Encyclopédie de l'Islâm)
Editeur : BRILL - 33a Oude Rijn LEYDE (Hollande)
8 - REMPARTS DE SFAX
" Des textes nombreux nous permettent d'affirmer que presque partout où les Musulmans ne trouvèrent pas de fortifications préexistantes adaptées aux besoins de leur stratégie, ils bâtirent d'abord les murs des villes en pisé et en briques crues et que cette pratique se poursuivit jusqu'au Xème et au XIème siècle.
A SFAX, à TUNIS, les Géographes mentionnent des remparts de pisé et de toûb ou de pisé seul. Il semble bien que c'est au IXème siècle que le premier rempart construit en pisé par l'émir AHMED l'Aghlabide reçut, dans ses parties caduques, ses premières réfections en pierres. Elles furent entreprises par les habitants qui concouraient à la défense des frontières de l'Islâm en y consacrant des fondations pieuses ". (G.. MARÇAIS, Manuel d'Art Musulman). PICARD, éditeur.
Ces remparts en moëllons et pierres de taille comportent un chemin de ronde intérieur protégé par un parapet crénelé, aux merlons prismatiques, si caractéristiques de l'architecture musulmane.
On pense irrésistiblement aux cités du Moyen Age, avec leurs rues étroites et leurs maisons entassées entre des fortifications qui les protégeaient.
9 - CAMPEMENT DE NOMADES
Les Beni Hilâl soumettaient la Haute Egypte aux pires exactions. Le Calife fâtimide s'en débarrassa par un geste qui nous rappelle celui de Charles V aux prises avec les Grandes Compagnies qu'il expédia en Espagne.
C'est sans doute sous des tentes en poils de chameau, semblables à celle-ci que, comme tous les nomades, campaient les Béni Hilâl.
Lorsqu'ils décidaient de s'arrêter à proximité de quelque point d'eau, ils installaient leurs tentes en cercle (douar) et comblaient les intervalles avec des broussailles. Dans ce cercle, ils disposaient leurs biens communs et le soir, chèvres, moutons, chameaux y venaient passer la nuit, à l'abri des fauves et d'un coup de main toujours à redouter.
Les jours de bataille, la tribu se retranchait derrière un double ou triple rempart de chameaux. La famille était au centre, les combattants entre les jambes des chameaux. Les femmes avaient aussi un rôle militaire " elles creusaient les fossés et dressaient les tentes, elles savaient soigner les chevaux, elles s'occupaient des chameaux et aiguisaient les armes ". Comme l'a dit un historien, la tribu nomade est un " régiment né ".
" On peut citer dans l'histoire de l'Afrique du Nord plusieurs combats auxquels assistaient des femmes de tribus nomades pour encourager, par leur simple présence, mais aussi par leurs cris, leurs chants, voire même leurs reproches, les combattants qui luttaient pour elles.
Les femmes bédouines assistaient ainsi à la bataille de SETIF (1152) qui vit la première victoire de Abd el-Moumin sur les tribus nomades d'Ifrîqiya. Beaucoup d'entre elles tombèrent entre les mains du vainqueur et furent emmenées à Marrakech où elles furent fort bien traitées avant d'être rendues aux leurs.
Plus tard, on voit de même les femmes Abd el-Wâdides richement parées, encourager au combat, mais en vain, les soldats de Yaghmorasan, lors de la bataille d'Isly remportée par les Mérinides le 16 février 1272 ". (R. LE TOURNEAU) - A rapprocher d'un texte de Tacite extrait des " Moeurs des Germains " :
" ... Ce n'est point le hasard, ni un attroupement fortuit qui compose chaque bande ou chaque escadron : c'est une famille entière, ce sont tous les parents. Ils ont tout près d'eux les gages de leur amour : ils entendent les hurlements de leurs femmes, les cris de leurs enfants : ce sont pour eux les témoins les plus redoutables, les panégyristes les plus flatteurs. Ils portent leurs blessures à leurs mères, à leurs femmes, et elles ne craignent point de les compter et de les juger. De leur côté elles portent aux combattants de la nourriture et des encouragements ".
(Tacite - Moeurs des Germains) (VI)
10 - TOUAREG SUR LEURS CHAMEAUX
Tels ils sont, tels étaient ces hommes voilés qui, de leur ribât s'élancèrent, montés sur leurs chameaux, pour régénérer la foi, créer MARRAKECH et le vaste mais éphémère empire almoravide.
Leur voile ou lithâm teint en bleu est d'une seule pièce ou formé de 2 bandes d'étoffe nouées derrière la tête. L'une couvre le front jusqu'au dessus des yeux, l'autre cache le bas du visage jusqu'au milieu du nez. Le lithâm laisse à découvert, au sommet de la tête, les cheveux portés longs ou tressés. Une longue tunique serrée à la taille est dépassée par un large pantalon bouffant. . Leurs armes sont : le bouclier de peau d'antilope, la lance et le sabre.
Dans les cas désespérés, ils usent d'un poignard fixé à l'avant-bras.
* * *
A SUIVRE
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CONTE EN SABIR
Par Kaddour
Texte envoyé par Charles Ciantar
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LA ZITOUN Y LA PASTIQUE
FABLE IMITÉE DE LA FONTAINE
Li mon Diou quisqui tir
Jami ti po fasir.
Y coni blous qui toi, pas bizouan di blagui ;
Tojor y son rison, jami y sa trompi.
Ji pense à cit zaffir
Barc qu'on jor on Kabyle,
Y rigardi bar tire,
Y son voir one bastique
Tot à fi manifique.
Y tiann afic la tirre ji crois bor on ficèle ?
Qui son dire cit Kabyle,
Li mon Diou,
Bor cit fois ji crois, cit on coillon.
Porquoi sor cit zeboudj (1) ni pas mettir çoui là ?
Ji crois cit comme y faut ? Cit zitoun (2) qui sont là
Y son millor bar terre.
La bastique bor là-haut, y fir bon blizir,
Cit zitoun bor en bas
Y son tri biann comme ça. »
Y pense por son tite li mon Diou son malade
Le jour qui son fir cit grann coillonnade.
Por en bas di zeboudj li Kabyle y si coche,
Pas moyen di dormir barc' qu' yana di moche.
Comme y rigarde en l'ir, on zitoun son tombi,
Qui loui cassi son nez !
Ah ! ! Sacornon di Diou, ji crois y ma cassi
Ma barol ji saigné.
Aulior di cit zitoun ! !Si mi tombe on bastique ?
Mon tite y son cassi ! ! ! Bojor, Salamalèque !!
Ji soui crivi comme mort.
Ji voir por cit affir, mon Diou nit pas coillon
Y cit moi j'ana tort »
MORALE
Ça qui fir la mon Diou,
Ji voir qu'il it tri bon :
Quand ji blague ? Ji soui bite ! !
Y mi fit voir tot suite.
(1) Olivier.
(2) Olive.
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ACADÉMIE FRANÇAISE
CONCOURS DE POÉSIE DE 1856 N°5
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LES RESTES DE SAINT AUGUSTIN
RAPPORTES À HIPPONE
POEME
Par ALFRED DES ESSARTS
VI
Ainsi par son tombeau le Docteur de l'Église
A repris en vainqueur son Afrique soumise,
Et sur tant de débris tristement écroulés,
L'un à l'autre il a joint les siècles écoulés.
Ah ce marbre est de chair, pure est de flamme !
On y cherchait un corps, - on y respire une âme.
Augustin !.. Ce n'est pas un grand nom seulement ;
C'est, quand tout a changé, la foi sans changement ;
C'est, quand des nations le règne est périssable,
La Croix, arbre immortel qui verdit dans le sable !
Chrétiens, nous saluons l'avenir de la foi.
Mais si l'erreur jamais prévalait contre toi,
Monument d'Augustin, sois une citadelle
Où pour défendre Dieu veille un peuple fidèle.
Ne laisse plus peser un joug avilissant
Sur le sol que la France arrosa de son sang,
Et donne à nos colons comme une autre patrie
Pour l'obscur travailleur qui se souvient et prie.
Sois un port, un asile où toutes les douleurs
Viennent payer l'oubli par le tribut des pleurs,
Sur les dalles, auprès de la sainte dépouille
Que parfois une femme, un enfant s'agenouille....
Augustin les entend, le père est de retour ;
Avec gloire, il a rapporté son amour,
Humbles, pauvres, souffrants, vous, sa famille runique,
Tendez, tendez vos mains vers le fils de Monique.
Pour éclairer vos pas, il lève son flambeau ;
Car le jour est sorti de la nuit d'un tombeau !
FIN
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FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
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LE TYRAN ET LE PÈLERIN.
Dans les contrées du Maghreb vivait jadis un souverain injuste dans ses ordres, oppresseur de ses sujets et de ceux qui pénétraient dans ses états.
Aucun étranger ne visitait son royaume, à cause de sa tyrannie ; et si quelqu'un venait à s'y introduire, le roi s'emparait des quatre cinquièmes de son bien et ne lui laissait absolument que le dernier cinquième.
Or il arriva qu'un pèlerin, qui servait Dieu depuis son enfance, quitta le monde et ses avantages pour parcourir les déserts et les cités.
Dans une de ses tournées, il vint un matin à la capitale de ce royaume, et, quand il en eut franchi la porte, les percepteurs de l'impôt l'aperçurent, le saisirent et le pressèrent de vives questions; mais ils ne purent découvrir sur lui rien autre chose que ses vêlements, et les lui arrachèrent jusqu'au dernier, en l'accablant de coups.
" Malheur à vous ! s'écria-t-il, votre conduite est infâme! Je suis un pauvre pèlerin: ce vêtement ne peut vous être d'aucune utilité; rendez-le-moi, sinon je me plaindrai de vous au souverain.
Ils lui dirent pour toute réponse : " C'est d'après son ordre que nous t'avons ainsi traité; fais ce que tu voudras. "
Le pèlerin dit en lui-même : " Je ne sais si ce qu'ils avancent est vrai ou faux; mais j'irai moi-même trouver le roi et je verrai cette affaire. "
II se dirigea donc vers le palais du roi, et, à son arrivée, voulut entrer ; mais les chambellans s'y opposèrent. Il se disputa avec eux ; puis ceux-ci le rassasièrent d'argent, et il se calma.
" Je vais, dit-il, guetter le roi jusqu'à ce qu'il sorte de son palais, et je me plaindrai à sa majesté de mon état et de mon aventure. "
Sur ces entrefaites, il entendit un des employés du palais s'écrier : " Voici le roi qui part pour la chasse ! "
Le pèlerin, plein de joie, courut à sa rencontre, et, l'ayant vu sortir, se présenta à lui en disant " 0 roi, je viens me plaindre à ta personne; je suis un pauvre pèlerin, voué au service du Dieu très haut, et j'attends de lui ma récompense.
Chaque fois que j'entre dans une ville, je reçois de ses habitants des bienfaits et des aumônes; ils me conduisent partout où je veux aller; et, cependant, quand j'ai pénétré dans la tienne, et que j'espérais un accueil favorable, je me suis vu arrêté par tes gens, dépouillé de mes vêtements, roué de coups, et cela à la porte même de ton palais.
Aie donc pitié de mon état, ô roi! et porte-moi secours. " L'injuste souverain lui répondit : " Et qui t'a indiqué cette ville dont ta qualité d'étranger te défend l'accès? "
- " J'ai commis une faute, ajouta le pèlerin ; mais je ne reviendrai plus ici: je désire seulement que tu me rendes mes habits, et que Dieu te garde ainsi que ta ville ! "
A cette réponse inconvenante, le roi répondit " Nous t'avons arraché tes vêtements pour t'humilier; mais, demain matin, je t'arracherai la vie; " et il le fit emprisonner.
Une fois entré dans la prison, le pèlerin commença à se repentir de n'avoir pas sauvé sa vie en abandonnant ses vêtements; et quand vint la nuit, il adressa au Dieu très-haut cette prière : " Seigneur, tu connais ma position vis-à-vis de ce roi pervers ; et moi, ton serviteur opprimé, je te supplie de me délivrer et de faire tomber sur lui ton châtiment; car cet homme est l'oppresseur du pauvre, l'ennemi jaloux de l'étranger, et tu n'aimes pas ceux qui se conduisent ainsi que le juge, le juste, le propice, le clairvoyant, et moi je suis l'humble, le malheureux.
Ils m'ont, sans aucun droit, dépouillé de mes vêtements; et si ce roi m'a fait du tort, que ton châtiment fonde sur lui cette nuit même, fais-lui sentir ton supplice ; car ton arrêt est juste et ta gloire éternelle. Amen. "
Le geôlier entendit cette prière et le châtiment qu'elle appelait. A peine était-il minuit, que le feu prit au palais du roi, et que lui, les gens de sa maison et la ville entière périrent à la fois dans les flammes.
Le geôlier reconnut que cet incendie n'avait eu lieu qu'à cause de la prière du pèlerin ; il mit donc ce dernier en liberté, et, se sauvant tous les deux, ils se rendirent dans une autre ville. Quant au roi, il fut dévoré par le feu, à cause de sa tyrannie et de son injustice, et fut perdu pour ce monde et pour l'autre.
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LA COOPERATION AGRICOLE
Dans la Région de BÔNE
Envoyé par M. Charles Ciantar
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BULLETIN N°8
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE
SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION
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ITINERAIRE DE RUSICADA A HIPPONE
Par M. HENRI TAUXIER
Sous-lieutenant au 74e régiment d'infanterie de ligne.
Cet article renferme certaines nouveautés qui pourront étonner au premier abord : j'y ai nié des faits affirmés positivement par des auteurs anciens, admis sans contestation par les meilleurs écrivains modernes ; j'ai cru pouvoir supposer que les uns et les autres se sont trompés parfois, que l'assertion des premiers peut avoir besoin d'être vérifiée, que l'assentiment des seconds doit être, sans leur manquer de respect, soumis à de nouvelles discussions.
Je ne me dissimule pas qu'un pareil système offre un grand péril pour l'auteur ; on est tenté de le taxer de témérité, ou, qui pis est, d'attribuer sa conduite à une vanité prétentieuse ou an désir de se singulariser; mais ces considérations, qui doivent faire hésiter tout écrivain quand il n'est pas bien sûr d'avoir tout lu et tout étudié, ne doivent pas arrêter celui qui a la conscience d'avoir examiné sous toutes les faces la question qu'il remet en lumière. Du reste, plus on attendrait, plus les erreurs s'enracineraient dans les esprits et dans les livres, et plus il est urgent par conséquent de protester contre elles et de montrer par des exemples que les faits les plus universellement admis ne sont pas pour cela parfaitement prouvés tous, et qu'il serait dangereux d'en tirer des conclusions, sans examiner chaque fois si ces faits eux-mêmes sont véritablement bien certains. (1)
Cette méthode, en apparence si audacieuse, est pourtant la seule qui puisse nous amener à la vérité ; en présence de deux assertions contradictoires de deux auteurs anciens, ou ne peut pas échapper à la nécessité de discuter la valeur relative de ces deux écrivains .et de déclarer faux le fait admis par celui qui est d'habitude le plus mal informé, ou qui montre d'ordinaire le moins de sagacité. La méthode qui consiste eu ce cas à opposer le glus grand nombre au plus petit et de décider eu quelque sorte à la majorité des voix est le plus souvent trompeuse : les anciens s'étant, autant qu'ils pouvaient, copiés les uns les autres, l'affirmation des copistes ne peut ajouter aucune valeur à l'affirmation de l'auteur dont ils ont reproduit la pensée et souvent même les termes.
Ce n'est pas tout non seulement les anciens se sont souvent copiés, mais plus souvent encore ils se sont commentés ; et comme l'esprit grec fut de tout temps porté aux subtilités, ils ont presque toujours tiré des faits les plus simples les conclusions les plus bizarres, qu'ils n'ont pas hésité pourtant à présenter pour des vérités constatées. Des montagnes construites sur des pointes d'aiguilles, voilà en un mot le plus clair des résultats obtenus par les Grecs en fait de géographie.
Si encore nous avions tous les livres grecs de l'antiquité, tous ces échafaudages d'erreurs seraient bien visibles et par conséquent bien faciles à détruire; comme nous pourrions suivre chaque fait en particulier dans toutes ses altérations et dans tous ses commentaires, les assertions des commentateurs et des amplificateurs ne pourraient tromper. Malheureusement il n'en est pas ainsi : la plupart de ces livres ont péri ; il ne nous en reste que le plus petit nombre, et dans ce petit nombre que le hasard nous a conservé, il n'a pas toujours gardé les meilleurs, c'est-à-dire lies plus anciens, ceux où le fait primitif était relaté dans sa simplicité première. Le plus souvent nous m'avons plus que le commentaire, l'amplification, le mélange. Or, retrouver sous ces déguisements postérieurs la forme originelle du fait. M'est pas toujours facile, et cette recherche, bien qu'absolument nécessaire à la connaissance de la vérité, ne peut se faire le plus souvent qu'à l'aide de comparaisons et de demi preuves péniblement rassemblées. II y a là comme un calcul de probabilités dont la précision n'apparaît pas tout d'abord, bien que les résultats n'en soient guère incertains.
Faute d'avoir discuté la valeur relative des documents, d'avoir recherché i quelle source tel auteur de l'antiquité avait puisé ses renseignements, nos meilleurs auteurs modernes, trompés par d'audacieuses assertions, ont pu admettre et par là même appuyer de leur autorité des erreurs que dès lors ou n'a plus osé examiner, et qui, copiées, répétées à l'envi, ont fini par paraître des vérités incontestables, qu'on ne peut plus nier, ni examiner de bonne foi.
Voilà quelles sont les erreurs que je veux faire luire dans cet article, non pas toutes, mais quelques-unes seulement, comme exemples. Prenant pour lien de mon travail l'itinéraire de Rusicada à Hippone, je montrerai que les Numides étaient en bonne partie, malgré leur nom, un peuple sédentaire; que le Metagônion, malgré Méla, Strabon et Ptolémée, n'était pas du tout un cap; qu'Hippone Royale n'était pas sûrement une résidence des rois de Numidie; que la Thapsa de Skylax n'était pas Rusicada, et que la liste de Ptolémée était composée de trois listes distinctes. J'indiquerai à l'occasion, sans les résoudre, quelques questions douteuses, comme celle qui résulte de la confusion de deux villes nommées Cirta, qu'on a souvent prises l'une pour l'autre. Toutes ces questions, de près ou de loin, se rattachent à la géographie des environs d'Hippone.
Des pays auxquels les anciens
donnaient le nom de Metagônion
Homère faisait de la terre un plateau circulaire, entouré par un Océan également circulaire (2). Cette hypothèse fut la base de la géographie grecque. Avant même de savoir ce que c'était la Libye, les anciens l'avaient déjà représentée sur leurs cartes, sous la forme d'un triangle rectangle, dont l'hypothénuse serait convexe. Cette hypothénuse dessinait la côte extérieure, les deux autres côtés étaient formés par la mer Méditerranée et le Nil.
Par la suite des temps, quelques hasards firent connaître aux Grecs l'existence du détroit des Colonnes (3). Encore ne savait-on pas bien où étaient ces Colonnes et les rapprochait-on de Carthage (4).
Quant à l'intérieur du pays, il était tout à fait inconnu ; ce fut pour cela que les Grecs prirent le parti de donner à ces diverses régions des noms grecs indiquant la forme ou la position relative qu'ils leur attribuaient. La partie à l'ouest du détroit, partie qu'on croyait fort étendue (5), reçut la dénomination de " La grande pointe" ; la région comprise entre le détroit et Carthage reçut le nom de "qui fait suite â l'angle."
La mention du Metagônion existe dans le faux Hécatée (6). Timosthènes, pilote général de Ptolémée Philaphe, en parle aussi et dit qu'il se trouvait en face de Marseille (G). Eratosthènes, son disciple, le mentionne de Hume ; Mais comme déjà les pays entre Carthage et l'Acra-Mégalé commençaient à être compris par les Grecs dans la Numidie (ainsi que nous le dirons plus tard), Eratosthènes déjà ne savait plus au juste ce que c'était que le Metagônion ; il en faisait donc un peuple de Numidie.
Malgré cette hésitation, d'autres Grecs savaient mieux qu'Eratosthènes ce que c'était que le Metagônion. Hannibal, un des hommes les plus instruits de son temps, versé dans la littérature grecque, et bien placé pour connaître l'Afrique, employait lui-même le mot Metagônion pour signifier la côte à l'ouest de Carthage. Il s'en est servi entre autres dans une inscription grecque qu'il fit élever dans la Grande-Grèce. C'est ce que nous apprend Polybe en ces termes précis ;
" Quand Hannibal prépara son expédition en Italie, il voulut pourvoir à la sûreté de l'Afrique. Pour cela, par une adroite et intelligente combinaison, il lit passer ses soldats africains en Espagne et ses soldats espagnols en Afrique, et enchaîna ainsi les deux pays dans les liens d'une fidélité mutuelle. Les peuplades envoyées en Libye furent cantonnées pour la plupart dans le Metagônion en Afrique, les autres furent envoyées à Carthage; des villes mérites du Metagônion il fit partir pour Carthage 4,000 fantassins à la fois comme auxiliaires et comme étages... Parmi les troupes qu'il laissa à son frère Hasdrubal en Espagne, il y avait en fait de cavalerie 350 Libyens ou Libophéniciens, 1800 hommes levés chez les Numides, les Massyliens, les Massésyliens, les Makkéens et les Maures voisins de l'Océan, et en infanterie 11850 Libyens.
" Qu'on ne s'étonne pas, ajoute là-dessus Polybe, de nous voir apporter dans ces détails, sur ce que fit Hannibal en Espagne, une exactitude qu'on pourrait à peine attendre de celui même qui aurait mis la main à toutes ces affaires. Qu'on ne nous condamne pas d'avance comme un de ces historiens qui présentent leurs suppositions comme des vérités. Ayant trouvé à Lacinium sur une table d'airain cette énumération, rédigée par les ordres d'Hannibal, â l'époque où il était en Italie, nous avons cru pouvoir la considérer comme authentique et nous y conformer, "
Un détail important que Polybe passe ici sous silence, sans doute parce qu'il le donnait dans son onzième livre aujourd'hui, perdu, c'est que cette inscription portait une double légende grecque et phénicienne. Ce détail nous a été conservé par Tite-Live qui l'a évidemment emprunté, comme d'autres renseignements relatifs à cette époque, aux récits de l'illustre Achéen.
A partir de Polybe, le sens du mot Metagônion s'obscurcit de plus en plus, à cause de l'emploi de plus en plus exclusif du nom de Numidie. Artémidore, qui vivait du temps de Sylla, ne savait déjà plus que ce mot était grec d'origine; étant venu à Cades, il prit la peine de s'informer si ce nom était connu des indigènes. Ceux-ci, bien entendu, lui répondirent que non; sur quoi Artémidore prit occasion de faire de grands reproches à Eratosthènes pour avoir, disait-il, parlé de pays qui n'avaient jamais existé.
Tite-Live ne paraît pas avoir compris non plus le sens du mot Metagônion, car lorsqu'il en arrive au récit des préparatifs d'Hannibal, il abrége et tronque la phrase de Polybe, de manière à ne pas parler de ce pays inconnu.
A la suite de ce long oubli, le nom de Metagônion reparaît enfin, mais étrangement défiguré quant au sens: le Metagônion n'est plus qu'un grand cap; c'est ainsi, en effet, qu'il apparaît dans Strabon et Méla. Heureusement, dans le récit même de ces auteurs, ou voit sourdre la preuve qu'ils ne savaient pas trop ce qu'il en était.
Etudions en premier lieu la description de Strabon, description qui est ainsi conçue :
"A partir des colonnes d'Hercule, le navigateur rencontre plusieurs villes et plusieurs fleuves jusqu'au fleuve Molochath, qui sépare le territoire des Maures de celui des Massésyliens. On appelle aussi Acra-Mégalé près du fleuve et Metagônion un lieu aride et stérile. C'est aussi presque jusque-là que s'étend la montagne qui vient du cap Côtés. La distance du cap Côtés à la limite des Massésyliens est de 500 stades. Le Metagônion est situé presque eu face du pays de Carthagène ; c'est par erreur que Timosthènes a dit qu'il était en face de Marseille ... Après le territoire des Maures, vient celui des Massésyliens, qui commence au neuve Molochath et finit au promontoire qu'on appelle …..(7), et qui est la limite du pays des Massésyliens et de celui des Massyliens. Il y a 6000 stades du Metagônion au cap Tréton ; il y en a moins selon d'autres. "
Quand même cette dernière réflexion ne montrerait pas que Strabon a eu sous les yeux plusieurs descriptions contradictoires, le passage qui précède le prouverait suffisamment, car il est visible qu'il est formé de plusieurs phrases d'origines différentes rapprochées et intercalées les unes dans les autres. Si, en effet, ce morceau provenait d'un auteur unique, celui-ci, après avoir commencé à compter les distances du Côtés à la limite des Massésyliens, aurait continué à les compter entre cette limite et celle des Massyliens. Au lieu de cela, notre récit abandonne les mesures de limites à limites et ne compte plus les distances que du Metagônion au Tréton.
Cette observation amène à penser que ce rapprochement de deux mesures d'ordre différent est fort probablement très arbitraire et l'oeuvre personnelle de Strabon, qui n'étant pas allé sur les lieux et ayant d'ailleurs commis sur l'Afrique les plus étranges méprises, ne peut avoir ici que peu d'autorité. Cela est d'autant plus plausible qu'après tout, le Metagônion étant un cap imaginaire, la distance donnée entre ce cap et le Tréton a du être tirée de calculs hypothétiques faits sur des cartes.
D'ailleurs la séparation du texte en deux documents différents est si facile et fait de ce passage embarrassé deux morceaux si distincts, si bien liés dans leurs parties, que sa double origine en ressort, encore clairement.
Le premier morceau était ainsi formulé : " A partir des Colonnes, le navigateur rencontre plusieurs villes et plusieurs fleuves jusqu'au fleuve Molochath, qui sépare le territoire des Maures et celui des Massésyliens. C'est aussi presque jusque-là que s'étend la montagne qui vient du cap Côtès. La distance de Côtès aux limites des Massésyliens est de 5000 stades. Après le territoire des Maure vient celui des. Massésyliens, qui commence au fleuve Molochath et qui finit au promontoire qu'on appelle et qui est la limite du pays des Massésyliens et de celui des Massyliens... "
Une fois dégagé des interpolations qui le défiguraient il, n'est pas difficile de reconnaître à quel auteur Strabon a emprunté ce morceau. La finale phénicienne du nom Molochath montre qu'il vient de Polybe, attendu que la forme en ath, nous le verrons, indique presque forcément cette origine. Néanmoins, Strabon ne l'a pas pris directement chez Polybe, dont il n'a pas eu les ouvrages, sous les yeux; il l'a tiré de Posidonius, par qui lui est parvenu tout ce qu'il a su de Polybe (8). Ce Posidonius, un des philosophes les plus féconds et les plus savants de l'antiquité, vivait vers l'époque de César. Ses ouvrages sont aujourd'hui perdus.
Le deuxième morceau était ainsi conçu : " On appelle aussi Acra-Mégalé, près du fleuve et Metagônion, un lieu aride et stérile. Le Metagônion est situé presque en face du pays de Carthagène. C'est par erreur que Timosthènes a dit qu'il était en face de Marseille; de Carthagène au Metagônion il y a 3000 stades de trajet, au lieu qu'en suivant les côtes il y en a plus de 6000 jusqu'à Marseille. Il y a 6000 stades du Metagônion au cap Tréton. "
Il suffit de lire la première phrase de ce deuxième morceau, celle dont j'ai donné le texte grec, pour voir que Strabon l'a prise dans un autre écrivain et qu'il était fort embarrassé pour lui donner un sens. Préoccupé par l'idée que le Metagônion était un cap, il semble qu'il ait tronqué ou torturé cette phrase malencontreuse pour lui faire dire ceci : " Le grand cap voisin du fleuve Molochath se .nomme Metagônion ". Mais il n'y est pas parvenu et n'a bien réussi qu'à ôter à sa phrase tout sens bien précis,
Du reste la position de ce prétendu. cap Metagônion était si mal fixée, que Méla le plaçait non plus auprès du Molochath, dans le pays, des Maures, mais aux environs de l'Ampsaga, de l'autre côté de la Numidie. "La Numidie, dit-il, s'étend du fleuve Mulucha aux rives du fleuve Ampsaga. La région qui vient ensuite et qui va du cap Metagônion aux Autels des Philènes, prend spécialement le nom d'Afrique (9). Trompé, lui aussi, par cette idée préconçue que le Metagônion était un cap, Méla ne remarque pas que si ce cap était, comme il le veut, la limite orientale de l'Afrique propre, il en résulterait qu'il devait former aussi la limite occidentale de la Numidie; il n'en dit rien pourtant et place cette limite de la Numidie au fleuve Ampsaga.
Rendons, au contraire, au mot Metagônion son. véritable sens, son sens primitif, et dès lors ce qui semblait en désaccord dans le récit de Méla s'accordera parfaitement : l'Afrique commençait au Metagônion, parce que le Metagônion n'était autre que la Numidie, laquelle s'étendait en effet du Mulucha au fleuve Ampsaga.
''Du reste, après Strabon, après Méla eux-mêmes, toute idée du véritable sens du mot Metagônion n'est pas encore perdue. Pline, dit avec beaucoup de justesse que c'était l'ancien nom de la Numidie. " Ab Ampsaga Numidia est... Metagonitis terra a Graecis appellata " (10). On voit Pline qu'il savait que ce mot était grec et non libyen. De plus, Pline, bien qu'il soit plus complet que Méla et Strabon, se garde bien d'indiquer sur la côte aucun cap Metagônion.
Quant à Ptolémée, toutes ces versions diverses ne l'ont pas embarrassé, et il a trouvé place pour toutes sur sa carte; en même temps, en effet, qu'il menait non loin du détroit une terre et un peuple metagônites, il n'en plaçait pas moins un cap metagônite à l'ouest du Molochath (11), ce qui ne l'empêchait pas de le mentionner encore à l'est de ce fleuve, dernier souvenir de l'ancien pays de ce nom (11).
Par la suite, le Metagônion changea encore de condition. Etienne de Byzance, qui composa sous le Bas-Empire un dictionnaire géographique formé de compilations, ayant vu quelque part que l'historien Hécatée parlait d'un Metagônion et de Metagônites, s'imagina que ce Metagônion était une ville dont les habitants se nommaient Metagônites (12).
J'ai expliqué, autant que j'ai pu, quelles furent les causes de l'erreur de Strabon et de Méla à propos du Metagônion ; quoi qu'il en soit des causes, il y a un fait bien certain, c'est qu'il y a eu erreur de leur part. Le vrai sens du mot est celui qui ressort de son étymologie et qui est assuré par l'autorité d'Hannibal et par le récit de Polybe, récit net, précis, qui ne permet aucun mitage, et dont il résulte qu'il faut absolument proscrire, malgré Strabon, Méta et Ptolémée, toute mention d'un cap Metagônion sur nos cartes de l'ancienne Afrique.
(1) Pourquoi, d'ailleurs, avoir plus de confiance dans les anciens qu'ils n'en avaient eux-mêmes ? Leurs livres sont pleins d'accusations de mensonge ou de crédulité. Polybe a convaincu Timée d'avoir impudemment falsifié la vérité dans son histoire des Locriens d'Italie. De son côté, Timée traitait Aristote de gredin, de sophiste détestable, d'apothicaire, de parasite, de goinfre et de pilier de cuisine, tout cela parce qu'il n'était pas d'accord avec lui sur l'origine des Locriens. (Polybe, XII, 6 et 8.)
(2). Homère, Iliade, XVIII, v. 606. (Description du bouclier d'Achille : Sur tout le pourtour du solide bouclier, Vulcain avait représenté la force de l'Océan revenant sur lui-même.
(3). Hérodote, IV, 152, récit de la découverte des Colonnes d'Hercule.
(4). Hérodote, IV, 185, 195,196.
(5). Strabon lui donnait encore 1,500 stades des Colonnes à la pointe d'Afrique. - Hérodote avait d'abord compté plus de dix jours de marche.
(6). Hécatée, frag. 324'1. (au 1er volume des fragments d'historiens grecs de la collection Firmin Didot). Les oeuvres dites d'Hécatée sont apocryphes et datent des premiers Ptolémées, rois d'Égypte.
(7). Ce nom est resté en blanc dans le texte grec; d'habitude, les traducteurs insèrent ici le nom du cap Tréton, dont il est question plus bas. Il y a à cela une difficulté, c'est que si le nom qui manque avait été le nom de Tréton, Strabon tout justement n'eût pas songé à le laisser en blanc.
(8). Cette déduction ressort de l'étude de Strabon lui-même.
(9). Méla I, 6
(10). Pline, V. 3.
(11). Ptolémée, IV, 1. - et IV , 2.
(12) Etienne de Byzance
Bône, le 9 janvier 1869
A SUIVRE
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L'ISOLEMENT
par Lamartine 1818
Envoyé par Bartolini
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Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante :
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé!
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil? Je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.
Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux!
Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour!
Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toit
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!
Lamartine - 1818
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NOTES
L'Algérie Agricole, Commerciale et Industrielle
N° 5, mai 1883
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SUR QUELQUES
RENDEMENTS REMARQUABLES DES CÉRÉALES
CULTIVEES DANS LA CIRCONSCRIPTION
DE TLEMCEN
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Dans la circonscription de Tlemcen, la récolte des céréales en 1859 a été remarquablement belle. L'hiver, sans être absolument pluvieux, avait cependant fourni à intervalles, de l'eau en quantité suffisante pour permettre aux grains de faire de bonnes racines et de taller vigoureusement. Les pluies se renouvelèrent au printemps et, favorisèrent ainsi la croissance des blés. Aussi, presque partout, même dans les cultures arabes, les champs offraient le plus bel aspect.
Sur le territoire de Mansourah, à 2 kilomètres à l'ouest de Tlemcen, un colon, le sieur Récott, me fit voir un champ de blé d'une grande beauté, épis longs, bien fournis, quarrés et tendant à se ramifier; paille de près de 2 mètres. La récolte obtenue dans ce champ a été de 30 hectolitres à l'hectare ; on verra à l'Exposition permanente une poignée de ce blé avec sa paille ; on pourra ainsi juger de sa beauté. C'est un blé tendre, barbu, d'un fort rendement : il provient de la Sicile.
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Sur le même territoire, un autre colon, le sieur Roche, homme parfaitement entendu dans la culture, a obtenu un succès qui dépasse notablement encore celui-là ; il a récolté savoir : 400 quintaux métriques (166 hectolitres passés) d'orge dans un champ de deux hectares et demi; soit 66 hectolitres deux tiers à l'hectare.
140 quintaux métriques (115 hectolitres) de blé dans un champ de trois hectares et demi, soit 50 hectolitres à l'hectare.
Le sieur Roche n'épargne ni labours profonds, ni fumure.
Sur le territoire d'un autre village des environs de Tlemcen, celui de Négrier, le sieur Larroque (Bernard), a obtenu également un très beau succès.
80 kilos de semence ont donné 9,5 quintaux (31 hectolitres 25), dans un terrain de première qualité de 96 ares.
Le sieur Roche m'a remis une poignée de blé en paille, dont on pourra admirer la beauté à l'exposition permanente à laquelle j'en ai fait la remise : c'est un blé dur, rouge, 30 ares de terrains ont donné 7 quintaux; ce qui fait sensiblement 29 hectolitres à l'hectare. Ces 7 quintaux sont le produit de 7 kilos de semence; c'est donc un rendement de 100 pour un. Cette semence lui avait été envoyée de Mostaganem. La farine obtenue de ce blé fait la pâte courte ; ce qui est un peu en contradiction avec l'habitude des blés durs en général.
Les colons dont nous venons de citer les noms et les cultures ne sont pas les seuls qui soient dans ce cas; il en est d'autres encore, et en assez grand nombre, qui se distinguent, nous ne dirons pas par leur amour du travail (il en est peu parmi nos colons à qui l'on puisse reprocher de ne point posséder cette précieuse qualité), mais par leur intelligence et les soins entendus qu'ils donnent à leurs cultures. Quelque jour, si le temps nous le permet, nous verrons à en présenter le tableau au moyen d'une excursion à travers le territoire de Tlemcen, excursion à la faveur de laquelle on pourra reconnaître que ce territoire, si renommé par sa fertilité, n'est point au-dessous de la réputation qu'il possède, et nos colons, actifs et laborieux, gouvernés d'ailleurs par une administration sage et bienveillante, en savent parfaitement tirer parti.
Salomon,
Inspecteur de colonisation à Tlemcen
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UN, DEUX, TROIS, SOLEIL !
Souvenirs de mon Algérie Natale
Par Mme Andrée EHRHOLD-DENIS
La publication par Andrée Denis- Ehrhold d'un livre de souvenirs sur la vie à Rénier, livre très intéressant dans lequel on retrouve tous les bons moments de la vie là-bas ...Il y a également des photos et certains se reconnaîtront dans les récits.
C’est un livre dédié aux enfants et petits-enfants de RENIER car il retrace bien la vie au village et met bien en évidence les liens entre les deux communautés avec des passages vraiment émouvants…
Vous pouvez vous procurer ce livre auprès d’Andrée Denis car il s'agit d'une publication à compte d’auteur.
l'expédition du livre est fait en colissimo recommandé.
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-160 pages - vendu à compte d'auteur au prix de revient de 15 euros (+ port et emballage de 5 Euros).
Ci-joint chèque adressé et libellé à l'ordre de : Mme EHRHOLD Andrée
Résidence du coteau - 38 allée des goélands - 14114 Ver sur Mer
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Texte tiré du livre "Un, Deux, Trois, Soleil !"
L'hiver 1944-1945
Dans le Constantinois, les hivers sont toujours très rudes. Celui de 44-45 a été particulièrement rigoureux. Toutefois, nous faisons preuve de prévoyance dès la fin de l'automne. Notre buffet regorge alors de provisions de légumes secs : pois cassés, haricots, pois chiches, lentilles, fèves... mais encore, de la farine pour le pain et les gâteaux, dans le cas où le boulanger ne pourrait être livré pendant plusieurs jours.
Durant cette période hivernale, au fur et à mesure de nos besoins, on se nourrit aussi de quelques volailles et lapins de la basse-cour. Nous trouvons toujours du bon mouton et de l'agneau tendre de la région chez le boucher. On prépare aussi du confit dans de grandes jarres avec nos oies. Lors des séances de plumaison de ces volailles avec ma Mère que de crises de fou rire, malgré cette corvée... Nous devons nous protéger la tête, pour ne pas être couvertes par le duvet qui vole dans tous les sens. Prévoyante, Maman conserve les plus belles plumes dans un grand panier en osier, pour la confection des édredons.
Avant Noël, on tue le cochon, bien engraissé à l'orge. Pour beaucoup, c'est un jour de fête... Pourtant, j'appréhende ce jour tant attendu par les adultes, surtout par ces temps de restriction. Dès la première belle journée de décembre, mon Père avec deux ou trois amis s'affairent à divers préparatifs. Ils installent une grande planche surélevée pour y coucher la bête attachée. Les hommes la maintiennent hurlante, avant que l'un d'eux ne l'égorge. Comme tout enfant, je redoute cet instant et me bouche les oreilles. Avec ma petite soeur, nous nous réfugions dans ma chambre et nous mettons notre tête sous l'oreiller, pour ne plus entendre les cris épouvantables de la bête. Je frémis à la pensée du sang que l'on recueille dans un grand récipient pour la préparation du boudin. Ensuite, le cochon est accroché, Henri l'ami de mon Père le vide. Après rangement et nettoyage, c'est pour les hommes, la pause casse-croûte !...
Ma soeur et moi restons un long moment à l'écart de celle atmosphère pesante qui nous étreint. Pendant que mon Père et ses amis se reposent et discutent dans la cour, ma Mère sort de l'armoire des torchons qui sentent bon la lavande. Vêtue de son tablier à carreaux, elle prépare sur la table de la cuisine : hachoir, couteaux et de grands plats en porcelaine. La pièce s'embaume alors des senteurs de thym, laurier et romarin, sans compter celles des épices nécessaires à la préparation des pâtés et autres charcuteries. Ces mets seront dégustés et appréciés au cours des longs mois d'hiver, mais encore lors des dîners de famille.
Les jours qui suivent l'abattage du cochon, j'aide ma Mère. Je suis chargée de tourner la manivelle du hachoir à viande. Ensuite, nous pendons les saucisses et les saucissons sur une corde pour le séchage, dans une petite pièce attenante à la cuisine. Maman met les deux jambons et la poitrine au saloir. Le pâté de foie est conservé dans des bocaux. Il est recouvert d'une pellicule de graisse appelée "saindoux". A chaque fois, elle m'envoie porter aux amis qui nous ont aidés une assiette enveloppée d'un torchon recouvrant des côtes de porc, du pâté et du boudin. Elle prend toutefois soin de conserver de beaux morceaux pour les sorties printanières des lundis de Pâques ou de Pentecôte. C'est alors dans un cadre reposant. sur l'herbe, à l'ombre des arbres que nous savourons entre amis, un bon saucisson ou un succulent jambon, toujours accompagné pour les adultes d'un petit vin rosé, bien frais. Pour chacun de ces joyeux pique-niques, on apporte son panier bien garni. Quelle convivialité lors de ces repas champêtres et quelle "rigolade" à l'écoute d'histoires amusantes !... Hélas, cette année là, les adultes évoquent surtout les derniers évènements tragiques survenus en Algérie... Enfant, du seuil de ma maison, j'ai assisté durant cette période, à un défilé d'Arabes dans les rues de Renier. A cet âge, cette foule lançant des slogans imprécatoires m'a profondément choquée. Le drame de Sétif a inquiété la communauté européenne. Pendant une semaine, par mesure de sécurité, nous avons dormi tous les soirs, chez nos voisins les Tavéra qui possèdent une grande maison et chaque nuit, les hommes ont monté la garde.
Autant l'été est torride, autant l'hiver est glacial à partir de décembre. Quelquefois, la neige est si abondante que nous restons coupés du monde pendant deux ou trois semaines... sans pain, sans courrier, sans médecin, sans téléphone, sans électricité, les fils sont à terre sous le poids de la neige. Aucun véhicule ne circule sur cette immensité blanche. Le matin, on ne peut ouvrir les volets de la cuisine bloqués par une congère. Mon Père dégage le trottoir à la pelle, creusant une véritable tranchée. Je me sens toute petite lorsque je pars à l'école entre ces deux murs blancs. A la récré et à la sortie des classes, je ne peux éviter la bataille de boules de neige. De retour à la maison, je me précipite vers notre cuisinière à bois et m'assieds devant le four ou sur un petit banc devant la cheminée pour m'y réchauffer les pieds. Les engelures et les batailles de boules de neige sont mes plus mauvais souvenirs. Les garçons préparent des "tas de munitions" pour leur embuscade. Quand les filles passent par là, c'est une véritable avalanche qui s'abat sur elles. Par contre, j'aime faire de la luge dans les rues en pente : face à la Mairie et devant chez moi. C'est le rendez-vous de tous les gamins, depuis la Rue d'en Haut, jusqu'à la Rue d'en Bas.
C'est durant ce fameux hiver que ma meilleure amie, Marie-Thérèse Payan m'apprend à tricoter. A cet âge, on ne doute de rien... Elle accomplit alors l'exploit de me faire réaliser pour mon premier ouvrage : une paire de gants. Beaucoup ont été sceptiques quant à mes capacités à exécuter un tel travail. Mais, mes copines ont été bien surprises car j'ai réussi et de belle façon, s'il vous plaît... La difficulté a été d'autan plus grande que j'ai utilisé une laine vierge du pays au fil très grossier. Enfin, nos aiguilles fabriquées par le père de Marie-Thérèse, le garde-champêtre de la Commune, ne sont initialement que de simples rayons de bicyclette.
Comme bien des enfants, j'aime assister à la messe de minuit, le 24 décembre, dans notre église recouverte d'un manteau blanc. A l'intérieur, sur la partie gauche de la nef, face à l'harmonium, se dresse la crèche en papier mâché marron. Illuminée par les bougies, elle paraît à mes yeux de gamine. très belle et très grande. Auprès de Marie et Joseph, tous les personnages et animaux sont autour de Jésus dans son berceau de paille. Quelle joie en ces temps difficiles, quand le lendemain, dans nos souliers, nous trouvons un modeste jouet, quelques friandises ou une orange et des mandarines. Pour le repas de Noël, on rôtit au four urne dinde de notre basse-cour et l'on grille des châtaignes dans la cheminée. La corbeille pleine d'oreillettes attend les gourmands et les malheureux qui viennent frapper à la porte.
Dans les jours qui suivent Noël, la neige commence à fondre. Les toits des maisons se parent de magnifiques guirlandes de glace qui scintillent aux rayons du soleil. Les roules se dégagent et la circulation reprend, mais pour combien de temps ?... Ces journées de répit nous permettent de fêter le jour de l'an. Comme de coutume, nous allons par groupe d'enfants, de maison en maison, pour présenter nos voeux. Les habitants y sont sensibles. Dans chaque demeure, on nous offre des douceurs : bombons, oreillettes, montécaos... et parfois même, une petite goutte de liqueur !
Malheureusement, durant cet hiver 1945, de nouvelles et abondantes chutes de neige s'abattent sur notre région. A cette époque, les bulletins météorologiques n'existent guère. Le plus fréquemment, on scrute le ciel. On surveille les vents. On regarde la lune... C'est à l'aube de l'une de ces matinées où le manteau neigeux a tout enseveli sous une épaisseur inaccoutumée que mon Grand-père Ramboz ouvre péniblement la porte de sa petite ferme, à mi-chemin entre Renier et Oued-Zénati. C'est le calme absolu sur le Djebel Ancel appelé encore : "La montagne aux moutons". Grand-père découvre l'épais tapis d'une blancheur immaculée recouvrant le sol aride de la colline. Soudain, dans le froid glacial, il entend geindre, une plainte à peine audible. Le gémissement provient de l'autre côté de la route, là où s'est formée une énorme congère. Vite, il réveille "le khammès" qui vit à côté de chez lui : "Viens vite m'aider ! Entends-tu ce bruit? On dirait comme un gémissement... Allez, accompagne-moi...". Tous deux, prêtant l'oreille, se dirigent péniblement dans cette couche épaisse.
Arrivés de l'autre côté de la route, ils aperçoivent urne tête dépassant à peine du sol enneigé... Mon Grand-père et le "khammès" dégagent un homme gelé, en totale hypothermie. Une fois à l'intérieur de la ferme, il le reconnaît. Il s'agit de Robert M., alors soldat permissionnaire qui a commis l'imprudence de vouloir, malgré la tempête, relier à pied Oued-Zénati à Renier. Inconscient du danger, il pensait y arriver sans ennui en suivant le fossé bordant la route... Rapidement, les deux hommes déshabillent Robert devant la cheminée et le frictionnent vigoureusement avec de l'eau de Cologne remède inespéré. Jeune et vigoureux. Robert retrouve ses esprits et ses forces. Un bon vin chaud, parfumé d'un zest d'orange finit de le requinquer. Encore quelque peu hébété, il ne cesse de répéter : "Je reviens de loin, je reviens de loin...". Avec émotion, il remercie mon brave Grand-père. Quand la route devient praticable, Bijou le cheval gris est attelé à la calèche et l'imprudent est conduit à Renier, dans sa famille.
Mais très vite, dans ce beau pays qui est l'Algérie le Printemps revient. C'est une symphonie de couleurs. La nature se pare alors, d'un vert tendre tachetée çà et là, du rose pâle des fleurs des amandiers et d'une multitude de fleurs des champs. Ce foisonnement exhale mille senteurs enivrantes.
C'est à cette saison, que de jeunes bergers descendus du djebel vendent au bord des roules, des plantes sauvages cueillies dans les champs : tilfefs en petites bottes comme des asperges, des rhoulchefs, ries garnouns (chapelets de petits coeurs d'artichaut). Ces dernières cuisinées sont délicieuses.
La semaine sainte écoulée, les enfants attendent avec impatience, le jour de Pâques. Les cigognes ont retrouvé leur nid, sur le clocher de l'Eglise. Ce jour là, de nombreux fidèles, assistent à la messe où règne une ambiance à la fois recueillie et joyeuse. Les tenues y sont plus légères annonçant le Renouveau. De retour de Rome, les cloches carillonnent à la volée, sonnées par les enfants de choeur. Elles signalent aux gamins, le départ de la chasse aux trésors. Les oeufs et les poissons en chocolat qu'elles ont disséminés dams les jardins. Durant la guerre pour ma soeur et moi, ces bonnes friandises ont été remplacées par des oeufs durs, de différentes couleurs, peints à la gouache par ma mère.
C'est aussi d'un coeur plus léger que nous nous rendons chaque jeudi malin, à notre heure de catéchisme sous l'autorité de Mme et Mr Nicolas. L'après-midi, leur fils, l'Abbé Nicolas projette des films fixes : Tintin et Milou, Sylvain et Sylvette... Les belles journées printanières revenues, il nous emmène parfois les jeudis après-midi, en promenade à Aïn Tolba, à 2 km, le long du ruisseau bordé de saules. Là, "botanistes en herbe", le brave abbé nous apprend le nom des plantes et nous sensibilise à la beauté de la nature. Au retour, nous rapportons à la maison de gros bouquets de fleurs des champs : marguerites, coquelicots ou "gouttes de sang", bleuets... Le jeudi suivant est toujours attendu avec impatience, surtout l'après-midi. Le temps de prendre le goûter, nous courons au presbytère. Les parents de l'abbé nous ouvrent le portail donnant sur une grande cour carrelée où quelques tables sont disposées pour le plaisir d'une quinzaine d'enfants. Nous y retrouvons différents jeux de société : cartes, dames, échecs, jacquet, petits chevaux... Mais encore, nos héros de l'époque "Friponne' et Marysette" illustré auquel notre curé nous a abonnés. Que d'escarmouches verbales quand une copine, un peu plus âgée, que je surnomme "la Panthère" participe à une partie. Elle veut obligatoirement être la première, s'affirmant la plus douée de toutes... "Tac à tac à la charrue, quand on donne, on reprend plus !". Si elle perd, le dé est toujours tombé de travers... ou la voisine l'a gênée... ou une mouche l'a piquée !... jusqu'au moment où le dé s'immobilise sur le 6. Alors, tout est parfait pour elle. Ses chevaux ont gagné et elle triomphe. Lorsque nous jouons au croquet, c'est elle qui choisit le terrain, plante les arceaux et s'arroge le droit de rejouer plusieurs fois le même point. Elle argumente avec aplomb et force gestes que son maillet a buté sur un petit caillou ou qu'elle a été gênée par une bosse, par un trou, enfin par n'importe quoi... Quelle jubilation lorsqu'elle peut croquer une boule et arriver la première au but. Forte et de grande taille, nous sommes toutes dans l'obligation de céder à ses caprices.
Trois ans plus tard, cette tyrannie enfantine va se doubler d'une méchanceté gratuite et bouleverser cette camaraderie dans l'équipe. Au cours d'un bal, un dimanche après-midi, à la salle des fêtes, un garçon m'invite à danser un paso-doble. Pour cette unique danse, la "Panthère" furieuse, vraisemblablement jalouse de mon cavalier, me gifle le lendemain. Bien évidemment, cet acte stupide et injustifié me blesse. Mortifiée et peinée, je n'ai jamais pu lui pardonner... Mise en quarantaine par cette meneuse, je prends mes distances avec le groupe. Seule Marie-Thérèse restera mon amie.
Nous nous perdrons de vue après le décès de son père garde-champêtre à Renier, en 1947. Avec sa mère, ses quatre frères et sa soeur, elle partira vivre à Guelma près de ses cousins. Je la reverrai l'année suivante, à Souk-Ahras, au cours des grandes vacances.
Cinquante ans plus tard, nous nous retrouverons accidentellement et avec grand bonheur, grâce à l'Abbé Weck, curé de notre paroisse en Normandie. Ce prêtre a habité Faubourg Saint Jean à Constantine. Il a fait son séminaire et des colonies de vacances avec son frère Armand Payan, dans la même ville. Depuis son retour en France, il est resté eu contact avec cette famille. Grâce à lui, j'ai obtenu l'adresse de Marie-Thérèse et j'ai pu après tant d'années revoir ma meilleure copine.
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Rodolphe ORANE Auteur, Compositeur, Interprête
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VANDALISME ?
Par M. Jean Pierre Ferrer
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Mort aux chrétiens !
Sinistre tag sur la cathédrale de Clermont-Ferrand...
Depuis mardi 24 novembre 2009, une porte de la cathédrale de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, est souillée par un immense tag en lettres rouge sang : « Mort aux crétiens » (sic). L’appel au meurtre, signé de caractères illisibles, n’a pour l’heure suscité aucune condamnation, ni du maire socialiste, Serge Godard, ni même des autorités épiscopales.
Quant aux médias locaux, informés de la dégradation, ils ne l’ont pas portée à la connaissance de leurs lecteurs.
Seuls les Identitaires d’Auvergne, dirigés par Claude Jaffrès, se sont indignés, dans un communiqué, de cet « acte anti-chrétien [qui] s’ajoute à l’incendie criminel de l’église Saint-Joseph». En mars dernier, un incendie volontaire avait nécessité l’intervention de plusieurs dizaines de sapeurs-pompiers qui avaient mis cinq heures à en venir à bout. Une grande partie des boiseries avait été détruite.
Source Novopress
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. JC LANCIONI
Bonjour,
Mon père, né à Randon en 1921 et décédé en 1989 à Provins en Seine et Marne a quitté l'Algérie en 1942 lorsqu'il s'est engagé dans la 1ère armée française (3ème DIA) et n'y est jamais retourné.
Je n'ai donc jamais connu la famille paternelle et je suis en train de rechercher celle ci.
J'ai retrouvé déjà pas mal d'éléments grâce à des sites de généalogie mais je bloque sur une personne dont mon père parlait souvent.
Il s'agit de ce qu'il appelait sa petite sœur Marie LENCIONI qui serait née vers 1924 à Randon ou à Bone.
Etait ce vraiment sa sœur? Est ce que quelqu'un pourrait me renseigner.
Je suis preneur également de tous renseignements concernant cette famille. L'orthographe de notre nom a, à priori, muté et le E a été remplacé par un A.
Merci à tous ceux qui pourront m'aider.
JC LANCIONI
Mon adresse : jc.lancioni@wanadoo.fr
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Janvier 2010.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois
M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien
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La Mobylette !
Envoyé par Chamalo
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Un soir au dîner, la petite dernière demande à son père :
- Papa, pourquoi t'es toujours tout rouge ?
- Ben tu vois ma fille, c'est l'été, et en mobylette, tu prends des coups de soleil et ça te donne la peau toute rouge.
La fillette opine du chef mais ne paraît pas totalement convaincue.
- Mais papa, en hiver aussi t'es tout rouge....
- Oui ma fille mais en hiver il fait froid. Sur la Mobylette, le froid et la vitesse ça te fait la peau toute rouge.
Alors la mère, excédée, saisit la bouteille de PASTIS et la tend à sa fille :
Tiens, passe la mobylette à ton père !
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