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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
LE BON VIEUX TEMPS
"LES CHAISES DES KIOSQUES"
Chers Amis
Ce mois-ci, pour une entrée en matière, un peu de mélancolie autour de nos vieilles chaises du Cours Bertagna, fera passer le temps en attendant les chaises des agapes de fin d'années. Plongeons dans ce retour vers le bon vieux temps.
La bise fraîche du vent marin traverse doucement notre Cours Bertagna sur lequel se dressent telles des " Tours de Garde " nos kiosques à glace sur les cotés et le kiosque à musique en bout central.
Devant chaque Kiosque, des chaises en fer, autour des tables rondes ou carrées avec un plateau de marbre, attendent les promeneurs.
Dans la journée, les Retraités, " les Anciens " occupent ces places à l'ombre des vénérables ficus. Ils parlent de leurs bobos du jour, ils observent tout ce qui se passe alentours en se rendant compte que les mœurs changent avec l'évolution de la vie. Ils se gavent de leurs curiosités respectives en racontant les ragots quotidiens que chacun ramène de son quartier. Ils rient aux éclats des kaoulades narrées par les plus rigolos. Le temps passe et habille leur vie d'une douce lenteur. Ils savourent ces instants de bonheur, ces moments qui réchauffent les esprits avec des sourires malicieux au coin des lèvres.
Bien sur, tout en parlant et suivant l'heure, ils dégustent un café, une orangeade, un panaché, une anisette ou le célèbre créponet bônois, surtout l'après midi au retour d'une sieste traditionnelle et rendue obligatoire par la chaleur continentale.
Il y aurait tant à dire sur " ces ancêtres " qui ont chauffé ces chaises en fer qui sentent les recettes de cuisine quand les femmes y transmettent entre autres leurs secrets culinaires de grand-mères.
Entre 17 et 18 H, arrivent les travailleurs et les jeunes qui prennent place sur ces chaises qui ont vu pas mal d'arrière-train se vautrer avec respect.
Après une première dégustation de boissons rafraîchissantes ou de créponets, commencent " les rondes " familiales, amicales ou amoureuses dans les trois allées. Telle un tapis roulant, la vie des bônois se déroule nonchalante car à l'époque la télé n'existe pas encore dans au moins 98% des foyers. Le monde se fait, se défait et se refait, des jeunes vies de couples s'ébauchent sous l'œil bienveillant ou réprobateur des parents. Il y a l'allée des gens mariés, celle des célibataires et celles des divorcés. On " faisait le cours ", c'est-à-dire qu'inlassablement on " montait et on redescendait ".
Chacun à son tour revient s'asseoir sur ces vénérables chaises, qui ne restent jamais inoccupées très longtemps, pour se refaire " une santé " avec soit une anisette, un cidre ou un panaché avant de finir très souvent par une délicieuse glace.
Sur ces chaises point de discrimination, ni en age, ni en race et ni en religion. Les langues différentes s'y entremêlent et forment " notre Tchapagate " compréhensible par tout le monde.
Seuls, la nuit pour un repos mérité, le Simoun ou le Sirocco avec leur fougue et leur arrogance arrivent à vider ces chaises de leurs occupants.
Souvent, comme par enchantement, ces chaises en fer se déplacent autour du kiosque à musique lorsque un concert y est annoncé avant de laisser places aux danseurs quand le bal remplace le concert.
Et ces arbres, " s'ils pouvaient parler ", pourraient exprimer tout le bonheur d'une ville surnommée si justement la Coquette et la Bienheureuse sous la protection de Saint Augustin.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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TOURISME ET PROMENADES
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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Il y a, autour de Bône, dans ses abords immédiats, de très jolies promenades. Sinueuses, en corniche, le long du rivage, ou rectilignes, constamment en plaine et toujours plates, à l'intérieur : toute droites pendant des dizaines et des dizaines de kilomètres.
Elles sont larges et parfaitement adaptées à la circulation automobile et fort bien entretenues par un service des Ponts et Chaussées vigilant et hautement soucieux du bon renom de l'Administration algérienne et de la bonne tenue de son réseau routier.
Il y a de hautes montagnes, dont l'altitude dépasse mille mètres, mais qui paraissent bien plus hautes, isolées qu'elles sont à l'extrémité nord, d'une plaine immense qui s'étend jusqu'à plus de cinquante kilomètres, en profondeur, vers les monts de Souk-Ahras, absolument vraie et sans le moindre accident de terrain.
Du sommet de ces montagnes, la vue porte très loin, aussi bien du côté de la mer que vers la plaine que l'on embrasse, dans son ensemble, d'un seul coup d'oeil.
A l'ouest, ce sont les maisons de Stora que l'on distingue nettement, par temps clair, ainsi que les falaises et les anfractuosités de la côte et le gros rocher de la voile noire qui viennent jusque sous nos pieds, au bas de la montagne.
A l'est, le phare majestueux du Cap de Garde, de ses cent vingt-cinq mètres de haut, et celui du Cap Rosa marquent l'entrée du golfe de Bône et l'on peut voir la " large baie arrondie en courbe molle et suave " dont parle Louis Bertrand dans la préface de son Saint Augustin, dans toute son ampleur et sa beauté.
Il y a des forêts aux vertes frondaisons, aux sous-bois pleins de silence et de clairs-obscurs et des sites magnifiques avec d'éclatantes échappées sur la mer à travers les arbres, au centre desquels Bugeaud l'estivale, sur son rocher vertigineux, trône comme une reine dans la forêt de Merlin l'enchanteur.
Bugeaud avec son grand hôtel et son casino et l'enchantement de son altière et sylvestre situation, en face d'une mer infinie aux horizons lointains ou brumeux, dans une atmosphère légère et fluide, est comme un coin de Paradis terrestre, juché à neuf cents mètres d'altitude, loin des miasmes, des odeurs et des fumées nocives de la ville.
C'est un lieu tout plein de charme et de douceur où la vie parait tenir du rêve, où tout est merveilleux et semble irréel.
C'est la première excursion qui s'impose à tout étranger qui vient à Bône pour quelque raison que ce soit : affaires, agrément ou repos.
Au pied de la montagne, mais sur le versant nord, il y a des plages superbes qui bordent le rivage, et des coins ravissants, Oued-Beugra, Oued-Marsa, Ain-Barbar, qui sont les lieux de pêche fameux et très poissonneux.
Il y a aussi le petit port d'Herbillon qui semble sommeiller au fond d'une petite baie entourée de hautes montagnes de granit.
Ce granit est le plus beau et le plus dur qui se puisse voir, aussi l'exploitation des carrières d'Herbillon firent-elles pendant longtemps la fortune de ce petit centre qui semblait ne pouvoir avoir d'autre activité que celle provenant de la pêche.
Maintes grandes villes de France et même de l'étranger, sont venues chercher, dans ce petit centre, les pavés dont elles ont garni les chaussées de leurs rues. Ce granit d'Herbillon est particulièrement résistant et c'est ce qui en fait la réputation.
Herbillon s'appelait autrefois, au temps de l'"Africa Romana" Tacuata, et il semble bien, en présence des vestiges que l'on a pu en retrouver, que ce fut une ville relativement importante. Les Arabes avaient fait de Tacuata, Takouch, qui fut le nom arabe auquel, à la fin du siècle dernier on a substitué le nom glorieux du Général Herbillon.
C'est près d'Herbillon que se trouve la fameuse grotte de Jugurtha, ainsi appelée parce que l'on a prétendu qu'elle avait servi au célèbre adversaire des Romains en Afrique à cacher son trésor avant d'être vaincu par Marius.
Pays de pêche, Herbillon est également un pays de chasse très giboyeux.
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De l'autre côté de Bône, à l'Est, La Calle offre également les mêmes avantages qu'Herbillon, au point de vue de la pêche et de la chasse, mais en mieux et en plus important.
Il y a des lacs pour la chasse au gibier d'eau, de même que tout près de Bône, le grand lac Fetzara s'offre aux disciples de Nemrod, avec, en plus, cette sorte de Héron que l'on nomme Aigrette à cause de quelques plumes qu'il porte et qui servent à faire des aigrettes, gibier rare universellement recherché.
La région bônoise, on le voit, est loin d'être dépourvue de charme, ni d'attraits.
Tout son alentour est agréable à parcourir en automobile. Il y a des points de vue admirables et des sites pleins d'intérêt.
Il y a des beautés naturelles capables d'émouvoir plus d'un peintre amoureux de la nature.
Il y a la pêche, la chasse et tous les sports peuvent aisément y être pratiqués.
Et les routes qui partent de Bône peuvent mener les touristes rapidement vers n'importe quel point du Sud Constantinois ou de Tunisie.
Le grand agrément de Bône est dans sa situation géographique, dans son cadre admirable, dans sa flore variée, dans ses forêts toutes proches et ses sites émouvants, dans la luminosité de son ciel et, surtout, dans la douceur de son climat.
Les plages et les bains de mer ont certainement plus d'attraits à Bône que nulle part ailleurs.
Même, au point de vue touristique, Bône pourrait être une ville d'avenir.
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FIN de cette merveilleuse histoire de Bône.
Merci M. Louis Arnaud
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A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône
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Chapitre V
DOMAINES DES ENVIRONS
DE MONDOVI
Domaine Guebar des Ets. Bertagna,
Domaine de Berradia des frères Borg, Domaine de la famille Dalaise,
à Saint-Paul. Aux alentours des domaines de Darhoussa, le domaine Krelidje des héritiers Guiraud, le grand domaine du Chapeau
de Gendarme, vers Randon, les domaines des familles Albrieux, Cardenti, Dardé, Jugue, Latrille, Zamit, et au sud
du village, le domaine de l'Oued Guérig de la famille Pavet.
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Armes du village de
Mondovi découvertes sur la hampe du drapeau au pignon de la salle des fêtes
d'après le dessin et le récit de M. Eugène Warion
descendant d'un des premiers Maires
On peut lire les armes de Mondovi
ainsi : Ecu à la Française, tiercé en pal d'azur en senestre et de gueule à
dextre, à l'emblème de la république naissante. Meublé du M d'argent de
calligraphie cursive. L'écu est timbré d'une couronne d'argent crénelée,
appuyée de quatre tours cardinales
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Un peu d'histoire du village de Mondovi
Répondant au décret de l'Assemblée
Nationale du 19 Novembre 1848, des convois de péniches organisés par les
militaires partirent de Paris emmenant des volontaires créer des colonies
agricoles dans la province Algérie.
Les 980 volontaires du 11eme convoi
arrivèrent à Marseille pour rejoindre Bône par la frégate à vapeur « Le
labrador ». Hébergés à leur arrivée le 8 décembre, à la caserne Yusuf, les
colons célibataires se dirigeront à pieds, pour monter des tentes marabout, sur
l'emplacement aménagé par l'armée à Koudiat Menaa à 23 km de Bône, au sud est du camp de Dréan et c'est le 12 décembre que la totalité des colons du
11ème convoi rejoindra le camp qui deviendra Mondovi. L'armée
distribuera aux colons des parcelles de 2 à 10 ha appelées concessions. La
colonie accueillera des familles venues des vignobles du Sud ouest de la
France, du Tarn, de l'Auvergne. Hélas, l'épidémie de choléra de 1849, fera
disparaître 257 personnes sur les 915 habitants du Centre agricole. (Mon arrière- arrière grand-père maternel le Docteur JF. Teddé, déjà là, reçut une médaille pour son action
contre le choléra)
Les parcelles à peine défrichées
seront revendues par appel d'offre appliquées dans les Mairies de France, à de
nouveaux volontaires, c'est ainsi que mes parents Bonnet achèteront 3450 fr
(or) des concessions d'environ 6 ha à Sidi Ahmeda et
à Barral (en ma possession les documents).
On conservera le souvenir d'un seul
déporté politique, M. Eugène Hermine Maire Républicain des Basses Alpes,
déporté en 1851, qui restera et deviendra Maire de Randon. Hormis la population
urbaine qui n'a jamais dépassé le millier d'habitants, de grandes fermes
agricoles se développeront sur la commune.
Domaine Guebar Bou Aoun des
Bertagna, Oued Guerrig des Pavet, les domaines constitués d'actionnaires des
Fermes Françaises, Gazan, Magran, Beugin ainsi que le
domaine du Chapeau de gendarme et des exploitations plus modestes de
particuliers, citées plus haut.
Le village se trouvait à 60 m
d'altitude, chef-lieu de canton de 2680 habitants.
1849 Création de la paroisse de Saint Ambroise
1920 Création de la coopérative des
producteurs de Tabac
1922 Inauguration du Monument aux
morts de la guerre 1914/1918 et construction de la cave coopérative pouvant
loger 30.000hl de vin. Les principaux Maires qui firent
Mondovi :
E. Warion,
Maire vers 1850, J.
Pavet, Maire vers 1880, R. Bertagna, Maire de 1933 à 1958, M. Peraldi, Maire de 1958 à 1962.
FAMILLE BERTAGNA
Issu d'une famille de Nice,
d'origine Sarde, Monsieur Antoine Bertagna vint à Alger vers 1840, marié à
Marie Françoise Bidali, ils avaient eu deux enfants, Jérome né à Alger le 12/5/1843 et Dominique
né vers 1857 à Bône. Il entreprenait alors un commerce de farine à Bône.
Jérome venu à Bône dès l'âge de neuf ans
succédait à son père, après un passage dans l'administration des Ponts et
Chaussées. Ayant perçu l'avenir de la ville, il se lançait dans la politique en
étant élu Maire dés 1888. Président du Conseil Général du département de
Constantine, il fut à l'origine des travaux d'agrandissement du port de Bône,
avant son décès le 23/8/1903 dans sa villa "Mont-Riant"
prés de l'Oued Kouba, à Bône. Chevalier de la Légion d'Honneur. Marié puis
divorcé de Weusten Julie. Sans descendance.
Monument de Bône érigé en
1907 à la gloire du Maire Jérome BERTAGNA
Seule la partie du haut fut ramenée en France au cimetière de Fleurie
(Rhône).
Il avait constitué par divers achats
de très grands domaines dans notre plaine.
- Domaine de l'Armandière,
275 hectares de vigne ; était
administré par Pierre De Redon, jusqu'à son assassinat en 1960, il se situait
sur la commune de Randon. Cultures principales agrumes et vigne.
- Domaine du Télégraphe,
62 hectares de vigne, appelé ainsi
car il possédait une colline de pins emplacement d'un ancien télégraphe, il se
situait à l'Allélik, sur la droite de la route menant à Guelma.
Ces domaines avaient tous une grande
et belle allée de palmiers menant aux communs.
Son frère Dominique, décédé à
Bône, poursuivit son oeuvre, pour voir enfin aboutir les travaux du port, marié
en 1895 avec Marie Cebe née en 1876.
Un fils, Roland Maximilien Gustave
né le 4/5/1895 à Bône, décédé en 1958 à Mondovi, marié en première noce le
5/12/1922 à Bône avec Barral Simone née le 17/8/1903 à Constantine, divorcé le
28/11/1950, remarié avec Bernard Simone Louise le 22/3/1954 à Mondovi.
Deux enfants de Simone Barral :
Claude Dominique né le 16/6/1924 à Bône, décédé en 2004 à Cannes, marié le
9/6/1954 à Bône avec Jeannine Eugénie Aimée Coulot (divorcée de M. Lavigne) Sans descendance.
Nicole Georgine Marie née le
18/5/1927 à Bône, Célibataire
Sur ce cliché on
reconnaît Dominique Bertagna, Président de la Chambre de Commerce de 1911 à
1916, pointant son doigt sur un document posé devant mon arrière-grand-père
Antoine Teddé, qui lui succéda pour un court moment du 11/11/1916 au 2/1/1917,
mais qui demeura secrétaire jusqu'à sa mort.
- Domaine de Guébar
En rachetant leurs
fermes à de petits propriétaires de Mondovi, Monsieur Bertagna père avait créé
le grand domaine de Guébar Bou Aoun vers 1860, il se situait près de Mondovi,
sur le côté droit de la route, en venant de Bône, téléphone 0.02 Mondovi.
Dans cette propriété
de 5.675 ha, il avait construit un château pour héberger Napoléon III lors de
sa venue à Bône en 1863, l'empereur hélas, ne l'utilisa pas.
Le dessin du château
figurait sur l'étiquette de la bouteille de vin.
Les terres
s'étendaient des limites du village de Mondovi jusqu'au village de Saint Paul
dans la partie Nord de la commune. Elles entouraient le cimetière, allant
jusqu'à la limite de la Commune de Penthièvre.
Vin Guebar distribué par
Emile Cassar Affiche du domaine
- Domaine animalier
de Bou-Farah
Le domaine animalier
se trouvait sur la commune de Penthièvre, il regroupait un troupeau de 300
vaches laitières.
Après désinfections
des bovins par bain complet, la traite mécanisée, se faisait en musique, dans
des étables ultra modernes. Le lait réfrigéré était vendu à Bône. Le domaine
était un des précurseurs du traitement du lait sur l'Europe.
Par la suite les
établissements Bertagna furent dirigés par Roland, Maire de Mondovi de 1933 à 1958.
Ces domaines furent
nationalisés par l'État Algérien le 6 Avril 1963
Pour la petite
histoire Claude Bertagna avait créé en 1950 le domaine de "
Clos de la Perrière de Vougeot " en Bourgogne, repris depuis par la
famille Günther Reh, vignerons de Trèves en Moselle.
L'entrée du Domaine
métropolitain Bertagna
FAMILLE PAVET
(Récit et documents de
Paul Pavet)
Domaine de Oued Guerig
Boulanger et fils de
boulanger, Jean-Claude Pavet, né à Feurs (Loire), fils de Jean Pavet et de
Marguerite Landrinon, épousa le 4/2/1854 Marie Devignolle. Ils partirent pour l'Algérie et s'établirent à
Mondovi où Jean-Claude fut garçon boulanger.
Quelque temps après,
son patron, endetté auprès des minotiers Lavie et
Bertagna, lui céda son fond et il devint restaurateur, puis Jean-Claude et
Marie achetèrent des concessions à des colons désirant rentrer en France. Ils y
plantèrent de la vigne et obtinrent, pour leur vin, la médaille de bronze à
l'Exposition universelle de Paris de 1889.
Leur fils Benoît, né à
Mondovi, marié à Henriette Marie Gauthier le 21/4/1876 à Mondovi, obtint
également une concession, mais il décéda en 1877.
Leur deuxième fils,
Jean-Marie, Jules né le 14/7/1864 à Mondovi, fit des études de droit à
Saint-Étienne. Marié à sa cousine Claudine Ventajol,
il agrandira le domaine grâce à ses pépinières de vigne. Il exportera les
plants jusqu'en métropole où il était associé à des pépiniéristes de
Carpentras. Le moment était propice car le phylloxéra avait détruit les
vignobles des deux côtés de la Méditerranée. Cette période faste lui permettra
de racheter d'autres exploitations pour agrandir le domaine à 380 hectares. Il
employait, à la greffe et à la taille de la vigne et des orangers, beaucoup de
main d'oeuvre (arabe) formée par des spécialistes venus du Vaucluse.
Jean-Marie appelé
Jules, fut maire de Mondovi, chevalier de la Légion d'Honneur et du Nicham Iftikar.
II aura cinq enfants dont Jean né le
2/12/1902, Diplômé de l'Institut Agricole de Maison Carrée (Alger), qui prit la
suite de l'exploitation et se maria avec Juliette Lambert. Ils eurent cinq
garçons : Paul, Jean-Claude, Jacques, Philippe, Marc.
Jean fut
lâchement assassiné par le FLN sur sa propriété de Mondovi le 19/2/1957.
Plan du domaine de l'Oued Grérig
Le domaine de Oued Guerig, téléphone Héritiers Pavet 0.01 Mondovi, se
trouvait à un kilomètre de Mondovi, de part et d'autre de la RN 4 reliant Bône
à Souk-Ahras. Il était limité à l'ouest par la route des Talhas
et au sud par le territoire de Barral.
Sur une superficie de 387 hectares,
120 étaient consacrés à la vigne : 10% de Blancs (clairettes pointues,
égreneuses, ugni-blanc, mercegura,
macabéo), 90% de rouges (carrignan,
grenache, cinsault, aramon, alicante Bouschet). Plus
de 30% de pieds-mères de vigne américaines étaient
destinés aux greffages en pépinières.
Il produisait des vins de 11° à 12°,
avec un rendement de 80 à 110 hl à l'hectare. Sa cave de 18.000 hl, construite
à proximité des plantations, était équipée de cuves de fermentation par
lessivage automatique, et chapeau immergé selon la méthode Decaillet.
Une centrale électrique fournissait
du courant 110 volt à l'ensemble.
Il y avait également 26 hectares
d'orangers sur les bourrelets de la Seybouse et protégés des crues par
surélévation, produisant les variétés d'oranges maltaises demi-sanguines,
maltaises blondes, mandarines, clémentines, citronniers, 5 hectares de terres
nues irriguées pour les pépinières de vignes, 40 hectares de coton et 30
hectares de céréales, fourrages et pâtures à moutons et bovins élevés sur le
domaine.
Aidé de son frère Jacques (École
d'Agriculture de Philippeville), le fils aîné Paul, marié à Paule Marco,
poursuivit l'exploitation après la disparition tragique de leur père.
Leur mère, Juliette Pavet, mandatée
par les héritiers, assurant, avec un grand courage, les relations extérieures
et les comptes de l'exploitation jusqu'en 1962, date des dernières vendanges où
après avoir payé ses ouvriers, la ferme fut envahie ne lui laissant que le
temps de partir.
Paul Pavet dans le Jura
Paul a poursuivi la tradition des
vignerons en exploitant une petite propriété dans le Jura où son vin est
reconnu et apprécié.
A SUIVRE
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DU COTE DE CHEZ SOUAMI
(Marcel PROUST à Bab et Oued)
Envoyé par Daniel DARDENNE
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Un jour (l'hiver, - qué tchelba qui feusait, - 'oilà qu'ma mère ell' m'off.' une tasse de thé que manco c'était l'habitude à chez nous zôt'. En premier, j'dis non, pis après, va sa'oir pourquôa, 'oilà qu'j'sange d'idée. Vinga qu'elle rn'en'oie sarcher un d'ces p'tits gâteaux courts et dodus qu'on les zappelle des mounas, qu'on dirait qu'elles ont été machinées dans un bol de loubia.
Et 'oilà qu'manco j'avais la gobbia à cause qu'y feusait triste et qu'le chems y s'cachait. Awah dés Le moment qu'j'me mets dans la bouche !'morceau d'mouna, rien qu'y m'descend' les miettes dans l'tuyau, un frisson y m'parcourt. Tchalé j'étais, comme c'est pas possib', champion du monde. Le kif, dés fisse, sans raison, quonça, à oufe, battel ; Bô, bô Qui mieux qu'môa ?
Du coup dés ! Les embrouilles d'la vie, l' tmeniek d'tous les jours, le kwada, l'zembrek que sans arrêt y t'pourrissent l'esistence, pluss' rien c'était, ouallou gâa : C'était comm'l'amour dés ! Ti arrais dit un' bouteille vide qu'on l'arrait remplie d'anisette.
Si quelqu'un connaît le nom de l'auteur de ce texte en pataouète, je le prie de me le faire savoir afin de le mentionner. D'avance merci. J.P.B.
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LE MUTILE N° 187, 3 Avril 1921
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Le dernier jour du condamné
Nous nous faisons un plaisir de reproduire le dessin ci-dessus, publié dans Le Turco, organe de notre excellent confrère Mallebay, où l'artiste E. Conte a croqué, d'une façon saisissante le Kromprintz, à la veille, d'expier les nombreux crimes qui l'ont voué à l'indignation des peuples
Son fasciés de brute sanguinaire est admirablement reproduit et sa prostration révèle chez ce capitaine Fracasse une couardise qu'il, dissimulait sous des dehors de matamore.
NOUS avons tenu à donner une nouvelle publicité à ce dessin vengeur, afin de rappeler à ceux qui tenteraient de l'oublier que ce sinistre personnage fut la cause initiale de l'horrible boucherie qui ensanglanta le monde durant cinq années.
II a lieu de rappeler que ce tyranneau aux instincts féroces était le chef de la camarilla boche qui rêvait l'anéantissement de la France et qu'il arracha pour ainsi dire à son père le Kaiser dont il était la terreur pour avoir essayé de s'en débarrasser à la manière des Hohenzollern, c'est-à-dire par le poison, le consentement à cette sanglante tragédie.
Le Kromprintz qui sent le châtiment venir, crâne dans sa retraite et, espérant fléchir ses accusateurs, a offert récemment de se présenter en holocauste devant le Tribunal des Nations à la place des goo chenapans boches de son espèce.
Cette attitude lui a peut-être valu ici regain de popularité en bochie où le crime est une institution, mais il n'a pas produit l'effet qu'il en espérait, auprès de ses futurs juges bien décidés à se montrer inexorables dans le châtiment.
Quoiqu'il tente, quoiqu'il fasse, le grand vaincu de Verdun n'échappera pas à la justice des hommes et il est à présumer qu'il ne sera pas seul à s'expliquer à la barre du Tribunal, car les listes soigneusement élaborées de ses complices vont nous donner l'occasion d'y voir défiler une collection de bandits de son espèce dont les actions sont aussi, infâmes que les siennes.
Souhaitons que prompte justice soit faite et d'une manière impitoyable.
B. FRANCE.
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ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
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Je ne peux pas
Envoyé par Suzy
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Vous êtes vous déjà sentie coupable de regarder les gens de votre âge et de penser "je ne peux pas paraître aussi vieille !"
J'étais assise dans la salle d'attente pour mon premier rendez-vous avec un nouveau dentiste, quand j'ai remarqué que son diplôme était accroché sur le mur.
Il y était inscrit son nom, et je me suis soudain remémorée un grand brun portant ce nom.
Il était dans ma classe de lycée quelques 40 ans auparavant, et je me demandais si cela pouvait être le même garçon pour qui j'avais craqué à l'époque ??
Quand je suis entrée dans la salle de soins, j'ai immédiatement écarté cette pensée de mon esprit.
Cet homme grisonnant, dégarni et le visage marqué de profondes rides était bien trop vieux pour avoir été mon amour secret ... quoique ???
Après qu'il eut examiné ma dent, je lui ai demandé si il était allé au lycée de Morgan Park.
"Oui", m'a-t-il répondu.
"Quand avez-vous été diplômé ?", ai-je demandé.
"1959. Pourquoi cette question ?", répondit-il.
"Eh bien, vous étiez dans ma classe", me suis-je exclamée.
Et alors cet affreux vieux petit crétin de fils de chien m'a demandé :
"Vous étiez prof de quoi ?"
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COMMEMORATION
Envoyé par M. Francis JOSSE
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L'hommage aux combattants "oubliés"
En marge des cérémonies organisées par la municipalité de Lille, le Peloton des Spahis du Nord a salué la mémoire de trois Spahis algériens et des MPLF d'Afrique du Nord tombés au champ honneur lors des combats d'octobre 1914 pour la défense de Lille. L'hommage aux combattants "oubliés" a été un moment intense de recueillement et de souvenir. Le carré militaire de Lille compte 226 tombes de territoriaux (5ème, 7ème et 8ème R.I.T.), de Chasseurs à cheval (6ème et 20ème RCHc), de douaniers (du bataillon formé en 1914), des soldats belges et russes, de quelques "inconnus", d'un civil (SALEZ) "tué d'une balle au front en faisant le coup de feu sur les remparts de Lille avec les soldats" en octobre 1914.
Alors que le cortège officiel frileux et pressé s'éloignait en baissant la tête, chacun a, à sa manière et selon ses croyances, prié pour le repos éternel des MPLF confiés à la terre du cimetière du Sud.
(Pascal CROCHET 1RS, Georges SYMOENS 3RSA, Yves BOUTEILLER 7RSA/9RSA, Francis JOSSE 21RS/1RS, Claude SAINQUENTIN 4RSM)
01-11-2009 - Carré militaire cimetière du Sud à Lille
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FLEURISSEMENT DE TOMBES
A l'occasion de la toussaint 2009, des tombes ont été fleuries au cimetière de Bône. Cela a été réalisé par notre artisan sur place et en dehors de toute association, mais grâce à la volonté d'un groupe de Pieds-Noirs qui agissent au lieu de parler.
Il n'appartient qu'aux Pieds-Noirs de toute l'Algérie d'en faire autant dans les cimetières existants et aux Bônois en particulier en nous contactant pour la prochaine fois.
Montrons aux autorités que notre mémoire parentale couchée dans ces lits de terre est toujours présente dans nos coeurs et que leurs manoeuvres ne l'effaceront jamais.
Voici quelques photos parmi les dizaines de tombes fleuries.
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LE PETIT HOMME
par Victor Hugo
Envoyé par Henri
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Que peut-il ? Tout.
Qu'a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance,
en huit mois un homme de génie
eût changé la face de la France,
de l'Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France
et n'en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;
ne pouvant créer, il décrète ; il cherche
à donner le change sur sa nullité ; c'est
le mouvement perpétuel ; mais, hélas !
cette roue tourne à vide.
L'homme qui, après sa prise du pouvoir
a épousé une princesse étrangère
est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots,
ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.
Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit
et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,
il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds,
lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde,
d'un homme médiocre échappé.
Victor HUGO, dans " Napoléon, le petit "
Réédité chez Actes Sud
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MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
1853 Par LE GÉNÉRAL DAUMAS N° 14
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
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TELL - KABYLIE-SAHARA
AVANT-PROPOS.
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas
LE SAHARA.
I.
Généralités du désert.
Dans les études qui m'ont occupé, une chose surtout m'a frappé, c'est l'analogie de la vie du désert avec la vie du moyen âge, c'est la ressemblance qui existe entre le cavalier du Sahara et le chevalier de nos légendes, de nos romans et de nos chroniques.
L'observation des caractères accessoires que je veux rapidement esquisser rendra cette analogie peut-être plus réelle encore, cette ressemblance plus frappante.
Par Arabe du Sahara, je ne veux pas désigner l'habitant des ksours. Celui là, les nomades le raillent autant que l'habitant du Tell, et lui prodiguent les épithètes moqueuses. Engraissé qu'il est par les habitudes casanières et la vie mercantile, ils l'appellent " le père du ventre, l'épicier, le marchand de poivre, Sekakri. .
Cet éleveur de poules (celui qui s'abrite sous la tente ne possède point de poules), cet éleveur de poules, ce boutiquier ressemble au bourgeois de tous les pays, de tous les temps ; c'est, au fond, le vilain, le manant du moyen âge, c'est le Mauve citadin d'Alger : même physionomie placide, apathique et ruseuse.
J'entends parler du maître de la tente, de celui qui ne reste pas quinze ou vingt jours sans changer de place, le vrai nomade, celui qui ne va dans le Tell ennuyeux qu'une fois par an pour acheter des grains.
Mon cavalier, mon chasseur, mon guerrier, est cet homme à la constitution sèche et nerveuse, au visage bruni par le soleil, aux membres bien proportionnés, grand plutôt que petit, faisant bon marché toutefois de cet avantage d'une haute taille, " de cette peau de lion sur le dos d'une vache, djeld sebaa ala dohor et beugra " lorsqu'on n'y joint pas l'adresse, l'agilité, la santé, la vigueur et le courage surtout.
S'il estime le courage, il plaint et ne méprise pas, n'outrage jamais ceux à qui manque le foie, Keubda. Ce n'est pas leur faute, Dieu ne l'a pas voulu.
Il est d'une extrême sobriété; mais, se pliant à toutes les circonstances, il ne négligera pas l'occasion de bien et beaucoup manger. Sa nourriture de tous les jours est simple et peu variée, mais il sait, quand il le faut, dignement festoyer ses hôtes. Vienne et ouada, la fêle patronale d'une tribu, d'un douar, où se trouvent ses amis, il ne leur fera pas l'injure d'y manquer ; et, fût-ce à trente ou quarante lieues, il faut qu'il aille y rassasier son ventre. D'ailleurs, ils savent bien qu'il est tout prêt à leur rendre la pareille, qu'ils n'ont pas affaire à l'un de ces ladres mercanti des villes, dont tout l'effort d'hospitalité va jusqu'à l'offre de quatre pieds carrés pour s'asseoir, d'une pipe de tabac et d'une tasse de café sans sucre ou sucré, après maintes paroles préliminaires soigneusement débitées sur le café sans sucre.
Tout chez l'Arabe concourt à la puissance de la manifestation de la vie extérieure; nerveux, endurci, sobre, quoique à l'occasion de vigoureux appétit, il a l'œil perçant et sur ; à deux ou trois lieues, il se vante de distinguer un homme d'une femme, à cinq ou six lieues un troupeau de chameaux d'un troupeau de moutons. Est-ce fanfaronnade? Non certes ; l'étendue et la netteté de la vue ne lui peuvent-elles venir, comme à nos marins, de l'incessante habitude de regarder au loin dans des espaces immenses et dénudés. Puis fait aux objets et aux scènes qui, toujours les mêmes, l'entourent dans un certain rayon, il sera difficile qu'il ne les puisse pas reconnaître par tous les temps.
Néanmoins, les maladies d'yeux sont fréquentes, la réfraction du soleil, la poussière, la sueur, causent une foule d'accidents, des taies et des ophtalmies, par exemple, et les aveugles et les borgnes sont nombreux dans beaucoup de localités du désert, chez les Beni-Mzab, à El-Ghrassoul, à Ouargla et à Gourara(1).
L'Homme du désert a, dans son enfance et dans sa jeunesse encore, les dents belles, blanches et bien rangées, mais les dattes, comme nourriture habituelle et presque exclusive, les lui gâtent à mesure qu'il avance en Age.
Quand une dent est gâtée tout à fait, c'est aux armuriers et aux maréchaux qu'il faut avoir recours, ce sont eux qui sont en possession de martyriser le patient, de lui briser la mâchoire avec une pince, et d'enlever les gencives, en même temps que la dent douloureuse.
Le véritable grand seigneur, le chef important, quitte rarement la selle, et ne va presque jamais à pied ; il met des bottes (ternag) et de savates; mais l'homme du peuple est infatigable marcheur; il parcourt en une journée des distances incroyables; son pas ordinaire est ce que nous appelons le pas gymnastique ; il l'appelle, lui, le trot du chien. Généralement, en pays plat, il ôte ses chaussures, quand il en a, pour aller plus vite et plus commodément, et aussi pour ne pas les user; par suite, tous ont le pied des statues antiques, large, bien posé à plat, l'orteil nettement écarté. Ils ne connaissent pas les cors, et plus d'une fois un chrétien qui s'était introduit dans une caravane, s'en est vu expulsé, dénoncé par ce signe infaillible. La plante des pieds acquiert une telle dureté que le sable ou les pierres ne les blessent plus; une épine pénètre quelquefois de plusieurs lignes sans qu'ils s'en aperçoivent.
Néanmoins, dans le désert proprement dit, pendant les grandes chaleurs de l'été, le sable est si brûlant qu'il est impossible de marcher pieds nus, à tel point qu'on est contraint de ferrer les chevaux si on ne veut voir leurs pieds promptement endoloris et en mauvais état. La crainte de la piqûre du lefa, vipère qui donne la mort, contraint également à porter des brodequins montant jusque au-dessus de la cheville du pied.
Les maladies des pieds les plus communes sont les cheggag, gerçures qu'on guérit en oignant la partie malade de graisse, et en la cautérisant avec un fer rouge. Quelquefois ces gerçures sont tellement larges et profondes qu'on est obligé de les coudre. Les fils sont des nerfs de chameaux desséchés au soleil et divisés en parties aussi fines que la soie, ou bien encore des poils de chameau filés.
Tous les habitants du désert se servent de ces fils appelés el aâqueub pour réparer leurs selles, brides, plats de bois ; chacun d'eux porte toujours sa trousse, un couteau, et une aiguille à passer.
Cette qualité d'admirables marcheurs est mise à profit par quelques-uns pour qui elle devient une profession; elle produit les coureurs, porteurs de messages, qui se sanglent étroitement d'une ceinture de course. Ceux qu'on appelle rekass se chargent des affaires pressées, ils font en quatre jours la course que les coureurs ordinaires font en dix ; ils ne s'arrêtent presque jamais; quand ils éprouvent le besoin de se reposer, ils comptent soixante aspirations et repartent aussitôt. Un rekass qui a fait soixante lieues et a reçu quatre francs, se croit largement récompensé.
Dans le désert, un courrier extraordinaire voyage nuit et jour, il ne dort que deux heures sur vingt-quatre; lorsqu'il se couche, il attache à son pied un morceau de corde d'une certaine longueur, auquel il met le feu; lorsque la corde est sur le point d'être consumée, le feu le réveille.
Au reste, on comprend ce salaire modeste du moment où il est payé en valeur monnayée; le numéraire est rare, et c'est la portion la moins considérable de la fortune arabe ; la circulation très restreinte, la facilité de pourvoir à la plus grande partie des besoins de la vie sans acheter ni vendre, en recourant seulement aux échanges, et ce dans des cas très peu fréquents, sont loin d'abaisser la valeur des espèces monétaires.
Pour peu qu'un Saharien soit à son aise, il ne l'ait absolument rien ; travailler, c'est une honte. Il se rend aux réunions, aux assemblées de la djemââ ; il chasse, se promène à cheval, surveille ses troupeaux, il prie, etc.... Il n'a que les occupations politiques, guerrières, religieuses.
Labourer, moissonner, cultiver les jardins, c'est l'affaire des gens des ksours.
Sous une grande tente, les travaux d'intérieur sont confiés aux nègres esclaves, qui sont à bon marché et nombreux; les négresses vont à l'eau, vont au bois, préparent les repas.
Sous une tente à demi fortunée, les travaux sont laissés aux femmes :
Elles ont à traire les brebis et les chamelles ;
A faire le beurre ;
A moudre les grains ;
A seller et desseller le cheval;
A lui mettre la couverture;
A le faire boire, à lui donner l'orge ;
A tenir l'étrier quand l'homme descend ou monte ;
A faire le bois et l'eau ;
A préparer les aliments ;
A traire les chamelles, aidées par le berger.
Elles tissent les lits, les coussins, les sacs à fardeaux, les étoffes en laine teinte en rouge, en bleu, en jaune, dont on voile les aâtatiches; les rideaux qui séparent les hommes des femmes, les bâts de chameaux, la musette, la besace, la couverture à cheval, les entraves, les filets qui servent à préserver de l'agneau la brebis dont ou veut conserver le lait; elles font des cordes en laine, en poil de chèvre et de chameau, en feuilles de palmier, en alfa.
Elles préparent les peaux de bouc où seront mis le lait, le beurre, l'eau.
Elles fabriquent, avec de la terre glaise, de la poterie, des vases à boire, des fourneaux, des plats à faire cuire le pain, le kouskoussou, la viande.
Pour les déménagements, elles lèvent la tente, la roulent en paquet, la chargent sur un chameau. Dans la migration, elles marchent à pied, souvent conduisant à la main la jument que suit un poulain, toujours fagotant du bois en route et ramassant de l'herbe pour le bivouac du soir. - A l'arrivée, elles dressent les tentes.
Li ma ikhedem ousifa, Celui qui n'a pas une négresse,
Ou la iergoud fi guetifa, Et qui ne dort pas sur un lit,
/sa-lou cheurr hasifa, La misère lui réclame une vengeance.
Encore, celui-là même est-il moins malheureux qu'un malheureux du Tell. - Il se met serviteur d'une grande famille ; il répare les sacs, les harnachements; il fait griller les moutons des diffa, et, dans ses longs loisirs, il va de tentes en tentes, partout où sont des hôtes, échangeant ses services contre les débris des repas.
On demandait à un Arabe saharien qui voyageait à la grâce de Dieu : " Comment fais-tu pour vivre?
- Celui qui a créé ce moulin, répondit-il en montrant ses dents blanches, n'est pas embarrassé pour lui fournir la mouture. "
Un marabout a fait ces vers :
L'Arabe nomade est campé dans une vaste plaine,
Autour de lui rien ne trouble le silence,
Le jour, que le beuglement des chameaux,
La nuit, que le cri des chacals et de l'ange de la mort.
Sa maison est une pièce d'étoffe tendue
Avec des os piqués dans le sable.
Est-il malade, son remède est le mouvement.
Veut-il se régaler et régaler ses hôtes,
Il va chasser l'autruche et la gazelle.
Les herbages que Dieu fait croître dans les champs
Sont les herbages de ses troupeaux.
Sous sa tente, il a prés de lui son chien
Qui l'avertit si le voleur approche.
Il a sa femme, dont toute la parure
Est un collier de pièces de monnaie,
De grains de corail et de clous de girofle.
Il n'a pas d'autres parfums que celui du goudron
Et de la fiente musquée de la gazelle ;
Et cependant ce musulman est heureux ;
Il glorifie son sort et bénit le Créateur.
Le soleil est le foyer où je me chauffe ;
Le clair de lune est mon flambeau ;
Les herbes de la terre sont mes richesses,
Le lait de mes chamelles est mon aliment,
La laine de mes moutons mon vêtement.
Je me couche où me surprend la nuit;
Ma maison ne peut pas crouler,
Et je suis à l'abri du caprice du sultan.
Les sultans ont les caprices des enfants
Et les griffes du lion : défiez-vous-en.
Je suis l'oiseau aux traces passagères;
Il ne porte avec lui nulle provision ;
Il n'ensemence pas, il ne récolte pas,
Dieu pourvoit à sa subsistance.
C'est bien à Dieu qu'ils s'en remettent en effet du soin de pourvoir à leur subsistance.
Les maréchaux sont dans le Sahara des artistes et non des artisans. Les privilèges dont ils jouissent en font une corporation à part.
Quant à ce qu'on pourrait appeler des armuriers, ce sont des ouvriers qui ne fabriquent pas, mais seulement réparent les armes. Les Arabes du désert sont en général plus mal aimés que ceux du Tell, quoique leurs chefs ne le cèdent à personne en faste et en luxe. Cela se conçoit, ils font venir leurs armes de Tunis par Touggourt, et du Maroc par le pays de Gourara; la longue distance à parcourir empêche que ces armes ne soient réparées à temps, et l'inhabileté de ceux qui sont chargés de ce soin ne permet pas que ces réparations soient convenables. Beaucoup de Sahariens sont encore armés de lances qu'ils n'emploient guère qu'en poursuivant les fuyards. Cette lance est un morceau de bois de six pieds avec un fer plat et tranchant des deux côtés ; elle se porte ordinairement en bandoulière.
L'Arabe du Sahara est très fier de cette vie, qui, pour être exempte du travail monotone auquel est soumis l'habitant du Tell, n'en est pas moins active et agitée, pleine de variété et d'imprévu. Si la barbe blanchit vite au désert, la cause n'en est pas à la chaleur, à la fatigue, aux voyages et aux combats, mais aux peines, aux soucis, aux chagrins. Celui-là seul ne blanchit point qui " a le coeur large, " sait se résigner et dit : " Dieu l'a voulu. "
Cette fierté pour son pays et pour son genre de vie va jusqu'au dédain pour le Tell et celui qui l'habite. Je n'ai pas besoin de rappeler ici les sarcasmes qu'échangent les habitants du désert et ceux du Tell, et que j'ai cités plus haut ; mais ce dont s'enorgueillit surtout l'homme du désert, c'est de son indépendance; car dans son pays la terre est vaste et il n'y a pas de sultan. Le chef de la tribu administre et rend la justice. Tâche peu compliquée, car les délits sont peu nombreux et Ions prévus, et les pénalités sont fixées d'avance.
Celui qui vole une brebis, dix boudjous d'amende.
Celui qui entre dans une tente pour voir la femme de son voisin paye dix brebis.
Celui qui tue, la mort; s'il s'est enfui, la confiscation de tout ce qui lui appartient, moins la tente qu'on laisse à sa femme et à ses enfants.
Les amendes sont conservées par la djemàa pour défrayer les voyageurs, les marabouts, et faire des présents aux étrangers.
Les vols dans l'intérieur de la tribu sont sévèrement punis ; commis sur une autre tribu, ils sont tolérés; sur une tribu ennemie, ils sont encouragés.
Les femmes font la cuisine, tissent des tapis appelés ferache, des tags, tapis four faire les séparations dans les tentes, des hamal, des ghrerayres, sacs pour les grains, el feldja, étoffe dont se font les tentes, el djellale, couvertures de chevaux, el haouya, des bâts de chameau, el aamayre, des musettes; les négresses vont au bois, à l'eau ; les burnous, les haïcks, et les habaya se font dans les ksours.
Riche, l'Arabe est généreux; riche ou pauvre, il est hospitalier et charitable; rarement il prête son cheval; mais ce serait une injure de le lui renvoyer. A tout cadeau il répond par un cadeau de bien plus grande valeur. Il est des hommes qu'on cite comme n'ayant jamais refusé. Un proverbe dit :
Kasod el djouad maïrodouchy khraib.
" Celui qui s'adresse aux nobles ne revient jamais la main vide. "
Je n'ai pas besoin de parler des aumônes : tout le monde sait qu'après la guerre sainte, et sur la même ligne que le pèlerinage, l'aumône est l'acte le plus agréable à Dieu. Quand un Arabe est en train de manger, s'il passe un mendiant qui s'écrie : M/â rebi ia et moumenin (de ce qui appartient à Dieu, ö croyants), le croyant partage son repas s'il est suffisant pour deux, on l'abandonne tout entier.
Un étranger se présente devant un douar; il s'arrête à quelque distance et prononce ces paroles Dif rebi. (Hôte envoyé par Dieu) : l'effet est magique; quelle que soit sa condition, on se précipite, on s'arrache l'étranger, on lui tient l'étrier pour qu'il descende, les domestiques s'emparent de sa monture dont il ne doit plus se préoccuper, s'il est bien élevé ; l'homme est entraîné dans la tente, on lui sert immédiatement à manger ce qui peut être prêt, en attendant le festin.
Les attentions ne sont pas moindres pour l'homme à pied.
Le maître de la tente tient compagnie à son hôte toute la journée, et ne le quitte que lorsque vient le sommeil.
Jamais une question indiscrète, celle-ci surtout : D'où es-tu? Où vas-tu?
Il est sans exemple qu'il soit arrivé un accident à un homme ainsi reçu en hospitalité, fût-ce un ennemi mortel: mais en partant le maître de la tente dit : " Suis ton bonheur. " Lorsque l'hôte est éloigné, celui qui l'a reçu, n'est plus responsable de rien.
En sortant du repas de l'hospitalité, si l'on passe devant un douar et qu'on soit aperçu, l'on est forcé de se rendre aux offres réitérées qui vous sont faites.
Deux tribus sont cependant signalées pour leur inhospitalité : les Arbaa et les Saïd.
Quelques hommes vivent toute leur vie de ces aumônes et de cette hospitalité; ce sont les derviches. Toujours en prière, ces pieux personnages sont l'objet de la vénération de tous. Prenez garde de leur faire injure, Dieu vous punirait. " Jamais une demande faite par eux n'est repoussée.
A côté de ces moines mendiants qui retracent si au vif certains côtés de notre moyen âge, il convient, ce me semble, de placer ces tholbas (savants), ces femmes expérimentées qui remplissent dans le Sahara le rôle qu'avaient à l'époque dont je parle les magiciens, les alchimistes, les sorciers, tous ces personnages qu'ont chantés le Tasse et l'Arioste, et dont s'est moqué Cervantès. C'est à ces tolbas et à ces vieilles femmes qu'hommes et femmes vont demander le philtre, composé d'herbes diverses préparées avec des invocations et des pratiques effrayantes et grotesques, qu'on mêle aux aliments de celui ou de celle dont on veut se faire aimer.
Ce sont eux qui, sur un papier et sur un os de mort pris au cimetière, écriront avec le nom de votre ennemi des formules magiques, puis enterreront os et papier qu'ira rejoindre votre ennemi " le ventre rempli de vers. "
Ils vous enseigneront les formules qu'il faut prononcer en fermant un couteau pour trancher la vie de votre ennemi; celles qu'il faut jeter dans le fourneau ou cuisent les aliments du ménage ou vous voulez porter le trouble; celles qu'il faut écrire sur une plaque de cuivre ou sur une balle aplatie que vous irez jeter dans le ruisseau où va boire la femme dont vous voulez vous venger; prise d'une dysenterie aussi rapide que le ruisseau, elle mourra ou se donnera à vous; mais pour la guérir il faudra contrarier le premier sort par un autre sort.
Puis vient tout le cortége des spectres, les fantômes de ceux qui sont morts de mort violente, lergou. A celui qui te poursuit, hâte-toi de dire : " Allons, rentre dans ton trou, tu ne me fais pas peur; tu ne m'as pas fait peur quand tu avais tes armes. " Il le sait un peu, mais se lasse. Si la terreur te prend et si tu fuis, tu entendras en l'air des cliquetis d'armes, derrière toi un cheval qui te poursuit, des cris, un épouvantable fracas, jusqu'à ce que tu tombes épuisé de fatigue.
Allez dans le Maroc, sur les bords de l'oued Noun, à vingt jours de marche ouest de Sousse, vous trouverez les plus célèbres sorciers, une école d'alchimistes et de nécromanciens, de sciences occultes, une montagne qui parle, toutes les merveilles enfin un monde magique.
C'est à ces superstitions qu'est arrivé le bas peuple ; les gens riches, les marabouts, les tolbas des zaouïas, les cheurfaa suivent très exactement les préceptes religieux et lisent les livres saints, mais la foule est plongée dans l'ignorance. On y connais a peine deux ou trois prières et le témoignage du Prophète; on y prie rarement et on ne fait les ablutions que lorsqu'on trouve de l'eau.
Les chefs s'efforcent de remédier à celte ignorance; ils font exactement, même en voyage, proclamer l'heure de la prière par des moudden; ils établissent des écoles sous la tente; mais la vie de fatigues, de migrations et de voyages fait promptement oublier aux Arabes les enseignements de leur enfance.
Tous se plaisent rependant à les entendre rappeler sous une forme poétique par les meddah, bardes, trouvères religieux qui vont dans les fêtes chanter les louanges des saints et de Dieu, la guerre sainte, et qui s'accompagnent du tambourin et de la flûte. On leur donne de nombreux cadeaux.
1. J'ai, plus haut, indiqué l'usage que les Arabes font du koheul, c'est, avec les saignées aux pieds et à la tète, le seul moyen curatif employé pour les maladies d'yeux.
A SUIVRE
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En taxi
Envoyé Par Nicolas
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J'avais un urgent besoin de quelques jours de congé du travail mais je savais que mon patron ne voudrait pas m'y autoriser.
J'ai pensé que si j'agissais comme une "folle", il voudrait bien m'accorder quelques jours de repos.
Alors, je me suis suspendue au plafond tête en bas et j'ai fait de drôles de sons.
Ma voisine de bureau (qui est blonde) me demande alors ce que j'étais en train de faire.
Je lui dis que si je prétendais être une ampoule électrique, le patron penserait alors que je suis folle et me donnerais quelques jours de congé.
Quelques minutes plus tard, mon patron entre dans le bureau et demande :
"Bon Dieu, mais qu'est-ce que tu fais là?"
Je lui ai répondu que j'étais une ampoule électrique.
Il me dit :
"Il est clair que tu souffres d'un stress énorme. Retourne chez toi et repose-toi quelques jours"
Je saute en bas et traverse le bureau en direction de la sortie.
Ma voisine de bureau (toujours la blonde) me suivit.
Le patron lui demande alors :
"Eh toi! Où crois-tu aller comme ça?"
Elle lui répond : "Je retourne aussi à la maison puisque je suis incapable de travailler dans le noir"
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" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
Envoyé par M. Daniel Dardenne N°10
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Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.
COMMENTAIRES DES GRAVURES
N°1 - UNE PAGE DE CORAN DU XVe SIECLE
1. - LE PROPHETE MAHOMET : Le Prophète MAHOMET (MOHAMMED en arabe) naquit à la MEKKE entre 570, date traditionnelle, et 580.
Orphelin de bonne heure, il fut recueilli par son oncle ABOU TALIB. Il appartenait à la tribu de QORAICH de l'aristocratie mecquoise. Il entra au service d'une riche veuve nommée KHADIJA qui dirigeait une maison de commerce et pour le compte de laquelle il voyagea. Vers l'âge de vingt-cinq ans, il épousa KHADIJA dont il eut le seul enfant, sa fille FATIMA, qui devait lui laisser une descendance. KHADIJA fut un précieux appui pour le Prophète surtout au début de la Révélation et, tant qu'elle vécut, le Prophète ne prit pas d'autre femme.
II. - LA REVELATION DU CORAN : D'après la Tradition, c'est vers l'âge de quarante ans que MAHOMET reçut les premières révélations de l'archange GABRIEL. Cette révélation devait se poursuivre pendant une vingtaine d'années, jusqu'à sa mort en 632. Elle eut lieu d'abord à LA MEKKE, puis, après l'HEGIRE, en 622 se poursuivit à MEDINE. La révélation coranique fut pieusement recueillie par l'entourage du Prophète. Au fur et à mesure, ses disciples l'apprenaient par coeur ou la notaient sur ce dont on disposait alors : de très rares rouleaux, des omoplates de chameau ou de mouton, des tessons et des palmes. Mais l'écriture, bien imparfaite, n'avait d'autre but que de venir en aide à la mémoire.
III. - REDACTION DEFINITIVE DU CORAN : A la suite de diverses recensions dues au zèle de disciples et de Compagnons du Prophète, c'est sous le Calife 'OTHMAN qu'eut lieu la première rédaction officielle du Coran. Ultérieurement apparut la nécessité de préciser l'écriture du texte sacré afin d'éviter des lapsus et des divergences de lecture. Il en résulta, surtout à partir du VIIIème siècle, l'emploi de points dits diacritiques pour distinguer certaines lettres et de signes ajoutés pour indiquer les voyelles. Malgré ce perfectionnement du graphisme, on fut amené à retenir sept " lectures " du Coran.
" De ces sept façons de déclamer le Coran, deux restent en usage, l'une particulière à l'Egypte, l'autre à l'Afrique du Nord ". (MASSE - l'ïslâm, Colin édit. P. 80).
En 1923, sous l'égide du roi FOUAD 1er, a été établie au Caire, une édition du CORAN qui, selon R. BLACHERE doit être considérée comme une vulgate définitive.
IV. - DIVISION DU CORAN : Le Coran comprend 114 chapitres appelés SOURAT ; celles-ci sont divisées en versets ou AYAT : le Coran en comprend 6.211.
Lors de la recension du CORAN, les soûrat n'ont pas été classées par ordre chronologique mais par ordre de grandeur décroissante ; les premières sont les plus longues à l'exception de la seule soûrat liminaire " LA FATIHA " qui est courte.
La gravure représente une partie de la soûrat XVIII intitulée " LA CAVERNE " versets 66 à 73.
V. - ROLE DU CORAN : " Contrairement à une erreur trop fréquemment répandue, les Musulmans ne jugent pas d'après le Coran ", (MASSE - Ouv. cité). " Trop aisément, le public non spécialisé pense que le Coran, ainsi qu'on le lui a dit au Lycée, renferme " la loi civile aussi bien que la loi religieuse " des Musulmans, et qu'il est " quelque chose comme un évangile qui serait en même temps un code ". Le Coran est bien la source principale de la Loi islamique, mais il n'en est pas la seule. Certains dogmes, la plupart des dispositions juridiques, le détail du culte y sont certes contenus mais parfois uniquement en puissance ; seul le zèle séculaire des docteurs musulmans est parvenu à les en dégager et à les condenser en formules (R. BLACHERE - Le Coran - Introd. XVI - Edit. MAISONNEUVE).
Le Coran est en effet complété par la Sunna, par le recueil des hadiths, des faits et gestes du Prophète, de ses actes et paroles dont on tire argument, de même que parfois de ses silences.
VI. - LE CORAN ET LA LITURGIE : Pour sa récitation, le Coran est divisé en soixante parties d'égale longueur ou HIZB. Le Coran n'est pas simplement lu ; il est en quelque sorte chanté et c'est tout un art (tajwîd). Ceux qui le possèdent le mieux et qui, doués d'une belle voix, sont spécialement chargés de psalmodier les HIZB dans les mosquées, sont les HAZZABIN, pluriel de HAZZAB (lecteur de HIZB) .
La soûrat " LIMINAIRE ", la FATIHA " est comme le " PATER NOSTER " de l'Islâm (GOLD ZIHER) ; elle est récitée par les Musulmans dans de nombreuses circonstances.
Par ailleurs, lors des funérailles, les étudiants ou TOLBA (sing TALEB) qui veillent le défunt, psalmodient longuement des versets du Coran.
VII. - CONTENU DU CORAN : Il n'entre pas dans le cadre de ces brèves notes, de parler du contenu du Coran ni de son style. Voici simplement à titre d'exemple, un passage de la soûrat II, verset 172 :
" La piété ne consiste point à tourner vos visages du côté du Levant ou du Couchant. Pieux est celui
" qui croit en ALLAH et au jour dernier, aux anges et au Livre, aux prophètes ; qui, pour l'amour
" d'ALLAH, donne de son avoir à ses proches, aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs et à ceux
" qui demandent, qui rachète les captifs, qui observe la prière, qui fait l'aumône, qui remplit les engagements qu'il contracte, qui est patient dans l'adversité, dans les temps durs et dans les temps de
" violences. Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur". (MASSE, Ouv. cité).
VIII. - VALEUR DU CORAN : " Il n'est pas question ici de s'aventurer sur le terrain religieux, mais il sera sans doute permis de dire que, même pour le profane, le texte coranique présente une valeur singulière. La plupart des soûrates révélées à la Mekke offrent un mélange extraordinairement riche d'images fulgurantes, d'éloquence pénétrante, de sonorités vigoureuses. C'est lu tout haut en langue arabe qu'il prend toute sa valeur : cependant les traductions, quelles que soient leurs imperfections, laissent deviner le trésor esthétique que constitue le Livre Sacré des Musulmans ". (R. LE TOURNEAU) .
Pour tout ce qui concerne l'archéologie musulmane, nous nous sommes appuyés sur le Manuel d'art musulman de M. le Professeur G. MARÇAIS, membre de l'Institut. Nous avons pu extraire d'importantes citations de cette oeuvre grâce à l'aimable autorisation de l'Auteur et des Editeurs, MM. A. et J. PICARD, 82, Rue Bonaparte, PARIS.
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N°2 et 3 - LA GRANDE MOSQUEE DE KAIROUAN vue aérienne et plan
Cette magnifique vue aérienne de la Grande Mosquée de Kairouan complétée par son plan, nous montre les différentes parties de la Mosquée type. On y retrouve facilement les parties essentielles.
Dans cet immense rectangle de 135 mètres de long, sur 80 mètres de large, on reconnaît la vaste cour dallée de pierre et la salle de prière. Salle hypostyle dont les nombreuses colonnes soutiennent la toiture en terrasses. La salle de prière est partagée en travées parallèles au mur du, fond et en nefs qui lui sont perpendiculaires et dirigées vers la qibla. La nef centrale, plus large que les autres,- est dans l'axe du mihrâb ; elle forme avec la travée du fond, plus large également que les autres, un T qu'on retrouve dans de nombreuses mosquées. Des coupoles côtelées, d'influence mésopotamienne décorent le monument.
Le minaret qui, dans les autres mosquées est souvent situé dans un angle est ici de puissantes proportions, légèrement conique ; ses trois tours superposées dénotent une influence syrienne. Il diffère sensiblement du classique minaret maghrébin dont la Koutoubiya offre un bel exemple.
Cette énorme mosquée est " l'ancêtre des édifices religieux du monde musulman occidental s. (G. MARÇAIS).
Son emplacement aurait été choisi par le conquérant 'Oqba ben Nâfi' (Sidi 'Oqba) qui y aurait fait la prière et déterminé la qibla. Mais ce premier édifice devait être entièrement démoli et rebâti en 695, puis en 836, par l'émir Ziyâdet Allah , on n'épargna que le mihrâb primitif. Comme Ziyâdet Allah voulait même le supprimer, le Géographe El-Bekri nous rapporte qu'on lui persuada de le dissimuler derrière un nouveau mihrâb. Celui-ci nous est parvenu comme une fine dentelle de marbre derrière laquelle on devine le vieux mihrâb miraculeux.
D'admirables carreaux de faïences mésopotamiennes à reflets métalliques dont le secret est perdu, décorent encore ce mihrâb d'une somptueuse parure. Et parmi les innombrables colonnes du sanctuaire, de nombreux fûts antiques réemployés font de cette mosquée, un " musée d'art byzantin".
A la fin du IXème siècle, après deux reconstructions et de nombreux agrandissements la Grande Mosquée de Kairouan avait à peu près revêtu son aspect actuel. Telle qu'elle se présente à nous, cette " mère des mosquées " constitue un ensemble d'une majesté saisissante.
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A SUIVRE
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ACADÉMIE FRANÇAISE
CONCOURS DE POÉSIE DE 1856 N°4
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LES RESTES DE SAINT AUGUSTIN
RAPPORTES À HIPPONE
POEME
Par ALFRED DES ESSARTS
V
La France ! Nation forte parmi les fortes !
La France, qui d'un mot refait les races mortes,
Et dont l'âme toujours vibre pour la douleur !
Sa grande main soutient la faiblesse opprimée
Tout bon droit est le sien : Grèce, Afrique, Crimée ;
Son allié, c'est le malheur !
La France ! Elle a lutté huit, fois en Palestine,
Huit fois à l'Orient montré la croix latine,
Déployé sa bannière au pied du Golgotha ;
Puis, quand vint le retour pour l'évêque d'Hippone,
La France était debout encore, et jusqu'à Bône
C'est elle qui le rapporta.
Au rivage natal, Augustin va descendre…
Vagues qui l'avez pris, ramenez-nous sa cendre...
Un nouveau labarum illumine la mer.
Flotte paisiblement, arche miraculeuse,
Par ce même chemin que franchit, furieuse,
L'invasion de Gélimer !
Ainsi que vers Sion s'avançaient leurs ancêtres,
Nos soldats lentement suivent le pas des prêtres.
D'une noble fierté leur oeil est animé..
C'est la fête du ciel, c'est une fête austère;
Et l'exilé qui vient reprendre un peu de terre,
C'est un conquérant désarmé.
L'oriflamme des saints ondule sous la brise;
La cloche retentit au sommet de l'église,
Et, le canon y joint son accord fraternel.
Sept vieillards, sept prélats, unissant leur prière,
Marchent, comme jadis, à la voix de saint Pierre,
Lacs onze apôtres d'Israël.
Inclinez-vous, palmiers, cyprès, myrtes des plages ;
Répandez vos senteurs, jasmins, roses sauvages ;
Atlas, avec orgueil lève ton front géant ;
Portes que les Romains au désert ont laissées,
Soumettez au présent vos splendeurs effacées,
Arcs de triomphe du néant!
Numides, que vainquit la fortune de Rome,
Voyez: pour nous le saint - et pour vous le grand homme
Réveillez-vous, venez, hardis Carthaginois
Vous eûtes vos plaisirs, vos fêtes symboliques;
Notre trésor à nous, ce sont d'humbles reliques
Qu'on porte à l'ombre d'une croix.
Saint Louis, souriant à la, foi retrempée,
Vers le pieux cortége abaisse son épée ;
Le héros de Massoure à nos soldats s'unit,
Et ce Vincent de Paul qu'on vit, sur ce rivage,
Captif, par sa parole adoucir l'esclavage,
Montre ses fers et nous bénit.
Le sang de Cyprien, répandu sous le glaive,
Bouillonne avec ardeur et remonte à sa sève.
Perpétue, échappant aux ongles du lion,
Lit la réalité dans ce divin mystère
Et voit descendre encor, du ciel jusqu'à la terre,
L'échelle de sa vision.
Tous ceux qui du martyre ont mérité la gloire,
Tendent vers Augustin leur palme de victoire.
Il entend de nouveau l'hymne qu'il entonna :
Mais en ce jouir c'est lui qu'on célèbre, qu'on nomme,
Lui seul! Et Dieu remet qu'à celui qui fut homme
Les anges chantent l'Hosanna !
Dans les cieux, sur la terre est une double armée
Autour de l'âme sainte et de la cendre aimée ;
Ici-bas les Français, là-haut les Confesseurs.
L'hymne prend pour écho, dans la double phalange,
Le canon du guerrier et la harpe de l'ange ;
Toutes les prières sont soeurs.
Mais vous, peuples sans nom, que le vent de l'orage,
Ainsi que des fléaux, jeta sur son passage,
Qu'êtes-vous devenus, vains ennemis du ciel ?
Vandales, le silence a couvert vos blasphèmes;
O destructeurs ! Le temps vous a détruits vous-mêmes...
Et Dieu fut patient, car il est éternel !
A SUIVRE
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FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
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LES SANDALES MAUDITES D'ABOU'LKACEM TANBOURY.
Il y avait, dit-on, à Baghdad un personnage, nommé Abou'lkâcem Tanboûry, qui portait depuis sept ans les mêmes sandales. Toutes les fois qu'il s'en détachait quelque partie, il y mettait une pièce, de sorte qu'elles devinrent d'une lourdeur excessive, et que l'on disait proverbialement : " Tel objet est plus pesant que la chaussure d'Abou'lkâcem Tanboûry. "
Un jour qu'il se trouvait dans le marché aux verres, un courtier lui dit : " Il vient d'arriver aujourd'hui d'Alep un marchand avec une grande quantité de verres dorés qu'il n'a pu encore placer; achète-les-lui; quant à moi, je me charge de les revendre à ton profit et assez largement pour qu'ils te rapportent deux fois le prix de ton acquisition. "
Notre homme alla les acheter soixante dinars; et, lorsqu'il entra dans le marché des parfumeurs, un autre commissionnaire vint à sa rencontre, en lui disant : " Il est arrivé aujourd'hui de Nisibe un négociant qui a d'excellente eau de rose; comme il est pressé de partir, tu pourrais peut-être la lui acheter à bas prix ; je la revendrais pour ton compte, de sorte que tu en retirerais au plus vite deux fois autant que tu l'aurais payée. "
Abou'lkâcem dépensa soixante autres dinars pour ce nouvel achat ; il versa l'eau de rose dans les verres dorés et emporta le tout pour le déposer sur une planche au fond de sa chambre. De là il se rendit au bain, et l'un de ses amis lui dit : " Je voudrais bien te voir changer ces sandales, car elles sont extrêmement grossières; et, grâces à Dieu, tu es assez riche pour cela. " - "Tu as raison, répondit celui-ci, je suivrai ton conseil. " Après avoir pris son bain et s'être habillé, il trouva des sandales neuves à côté des siennes, et s'imaginant que son ami, par générosité, les avait achetées à son intention, il les chaussa et regagna son domicile.
Or, ces sandales neuves étaient celles du cadi qui, le même jour, en venant au bain, les avait déposées en cet endroit avant d'entrer. Le cadi, en sortant, chercha ses sandales, et ne les voyant plus, il s'écria : " Hé quoi ! mes frères, celui qui a chaussé mes sandales ne m'a donc rien laissé en échange? " On se mit à chercher et l'on trouva les sandales d'Abou'lkâcem que l'on reconnut facilement. Aussitôt le cadi envoya ses gens pour cerner la maison de ce dernier, et ils découvrirent chez lui les sandales du cadi, qui le fit amener, lui infligea la bastonnade pour lui apprendre à vivre, et, l'ayant mis en prison pendant plusieurs jours, lui fit payer une forte amende, après quoi il le relâcha.
Abou'lkâcem, une fois sorti de prison, saisit avec dépit ses sandales et alla les jeter dans le Tigre. Or, un pêcheur vint par hasard tendre son filet à l'endroit même où elles étaient plongées ; il les retira de l'eau et s'écria en les voyant : " Ce sont les sandales d'Abou'Ikâcem ! Il paraît qu'il les aura laissé tomber dans le fleuve." Puis il les reporta chez Abou'Ikâcem; mais, ne le trouvant pas à son domicile, il s'aperçut qu'une fenêtre donnant sur le fond de sa chambre était ouverte, et lança les sandales à travers la fenêtre. Elles tombèrent sur la planche où se trouvaient les verres et l'eau de rose; les verres furent brisés et l'eau de rose se répandit. A son retour, Abou'Ikâcem vit ce dégât et devina l'aventure ; il se frappa le visage, poussa des cris et versa des larmes. " Quel malheur! s'écria-t-il; ces maudites sandales sont la cause de ma ruine! "
Lorsque la nuit fut arrivée, il se mit à creuser un trou pour les y enfouir et s'en débarrasser ; mais les voisins, entendant fouiller, s'imaginèrent que quelqu'un tentait de les piller, et sur-le-champ ils allèrent porter plainte au gouverneur. Celui-ci envoya chercher Abou'Ikâcem, le fit garrotter et lui dit : "Pourquoi donc te permets-tu de ravager le mur de tes voisins? " Ensuite il le fit enfermer et ne lui rendit la liberté qu'après l'avoir condamné à une forte amende.
Abou'Ikâcem, à sa sortie de prison, conçut une violente colère au sujet de ses sandales, et alla les jeter dans les latrines du caravansérail ; mais elles en bouchèrent le conduit, et les matières se répandirent par-dessus les bords. Les gens du caravansérail, incommodés par l'odeur infecte qui s'échappait des latrines, recherchèrent la cause de l'inconvénient; et trouvant les sandales, ils les examinèrent, les reconnurent et les portèrent au gouverneur, en l'informant de ce qui leur était arrivé. Celui-ci fit venir le propriétaire des sandales, le réprimanda et le mit en prison. " Tu auras soin, lui dit-il, de faire remettre les latrines en bon état. " Abou'lkâcem eut encore à payer pour ces réparations une somme considérable et, de plus, une amende égale à sa dépense; puis il fut relâché. Il sortit donc, emportant ses sandales, et s'écria tout en colère : " Grand Dieu! je ne pourrai donc jamais me délivrer de ces sandales! "
Ensuite il les lava et les mit sur la terrasse de sa maison pour les faire sécher ; mais un chien les aperçut, et, croyant que c'était quelque morceau de charogne, il les saisit pour les transporter sur une autre terrasse. Dans le trajet, les sandales échappèrent au chien et tombèrent sur une femme enceinte. La douleur et l'effroi que cette femme ressentit la firent avorter, et, par malheur, d'un enfant mâle.
Après avoir bien examiné les sandales, on reconnut que c'étaient celles d'Abou'lkâcem, et l'on fit un rapport de l'aventure au cadi, qui força le pauvre homme à payer le prix de l'enfant et à subvenir à tous les besoins de la femme pendant sa maladie; ce qui épuisa toutes ses ressources et le plongea dans le plus affreux dénuement. Abou'lkâcem, prenant enfin ses sandales, alla trouver le cadi et lui dit : " Monsieur le cadi, je désire que vous dressiez un certificat en bonne forme, constatant qu'il n'y a plus rien de commun entre moi et ces sandales, que je n'en suis nullement le propriétaire, et que je n'aurai plus à répondre des accidents qu'elles pourraient occasionner. "
Puis il lui raconta toutes ses tribulations et l'état de misère auquel il se trouvait réduit. Le cadi se mit à rire, lui fit un don et s'en alla.
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PHOTOS D'HIPPONE
Envoyé par M. Charles Ciantar
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BULLETIN N°6
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE
SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION
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NÉCROPOLE MÉGALITHIQUE DE MAZELA
1868
Sur la route de Constantine à Guelma (par le Khroub)
A Khenizet-ez-Zenad sur l'oued Berda, à 10 kilomètres du Khroub, sur une colline rocheuse nommée dans le pays Mazela, contrefort du djebel Oum-Setas, se trouvent environ deux mille tombeaux mégalithiques aussi semblables que possible à ceux de Roknia.
Les légères différences que l'on pourrait signaler proviennent de la forme naturelle des pierres brutes qui ont servi de matériaux dans l'un et l'autre cas : tandis qu'à Roknia les blocs sont généralement très irréguliers, à Mazela ce sont de véritables dalles plates, régulières, qui prêtent admirablement à la construction de ce genre de monuments primitifs.
A Mazela quelques tombeaux très grands présentent cette particularité que les quatre côtés au lieu d'être formés par des pierres dressées de champ et engagées dans la terre par une de leurs extrémités, le sont par des assises pierres superposées à plat.
Mazela, des tombeaux, en plus grand nombre qu'à Roknia, sont entourés d'un cercle de pierres (cromlech) de 8 à 1O mètres de diamètre, mais ces pierres au lieu d'être dressées sont à plat et forment une espèce de dallage..
D'après le croquis à vue, ci-joint, fait à la hâte du mauvais temps par le sergent du génie Yayer, les tombeaux sont rangés à Mazela généralement en lignes droites ou courbes formant quelquefois des figures fermées, comme à Roknia ; Mais à Mazela cette circonstance s'adapte plus visiblement à la forme du terrain, ces lignes de tombeaux correspondant souvent aux crêtes des mouvements du sol.
Presque tons les tombeaux de Mazela m'ont semblé intacts ; la plupart, le sont bien certainement. J'en ai fouillé cinq de ceux-ci. Je n'y ai trouvé que de la terre et, comme toujours, des quantités considérables de coquilles d'escargots. Dans un seul j'ai reconnu une esquille d'os long, de 4 à 5 centimètres, mais qui est tombée en poussière quand je I'ai pressée entre tes doigts. J'en conclu que les corps des sépultures de Mazela sont décomposés et détruis, soit que ces tombeaux soient beaucoup plus anciens que ceux de Roknia, soit que le sol y ait des propriétés plus décomposantes.
N'ayant pas .trouvé de vases, je dois penser ou que les poteries mal cuites se sont complètement pourries comme cela a eu lieu pour quelques-unes de celles de Roknia, ou bien plutôt qu'à Mazela on ne mettait pas de vases dans les tombes.
Ainsi, sans parler de quelques centaines d'endroits où l'on trouve des groupes plus ou moins considérables de tombeaux mégalithiques, dans la province de Constantine, nous avons des nécropoles de plusieurs milliers de Tombeaux chacune : 1° Roknia, 2° à Mazela, qui nous incitent à continuer les recherches commencées sur un sujet aussi intéressant.
Bône, le 15 juin 1868
Général FAIDHERBE.
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L'AUTOMNE
par Lamartine 1819
Envoyé par Bartolini
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Salut, bois couronnés d'un reste de verdure,
Feuillages jaunissants sur les gazons épars'!
Salut, derniers beaux jours! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire;
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois.
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés je trouve plus d'attraits;
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui.
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mou tombeau;
L'air est si parfumé! La lumière est si pure
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau!
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel :
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel!
Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdit!
Peut-être, dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu!...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux :
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.
Lamartine - 1819
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NOTE
L'Algérie Agricole, Commerciale et Industrielle
N° 5, mai 1883
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Sur
l'emploi de l'Écorce de Grenade
COMME MATIERE TINCTORIALE.
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Monsieur le Directeur,
J'ai l'honneur
de vous transmettre quelques renseignements sur une matière tinctoriale fort employée
par les Arabes, l'écorce de grenade. Dans le compte rendu de l'exposition qui a
eu lieu dernièrement à Bordeaux, il a été fait mention d'une teinture
en jaune brillant, pratiquée par les Arabes, et dont le secret serait inconnu
chez nous. Cette teinture d'écorces de grenades, qui donne aux peaux que l'on
soumet à son action, une couleur jaune brillante, ne serait-elle pas celle-là
mémo dont on voulait parler? Peut-être, pour l'éclaircissement de la
question, pourra-t-on tirer utilité des renseignements que l'on va lire. Voici
ce que m'écrit à ce sujet un homme fort instruit en chimie et dans plusieurs
parties des sciences naturelles qui habite Tlemcen. M. Paul Lichtenstein.
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« La seule matière
tinctoriale que je vous ai remise est l'écorce de grenade en poudre. Vous savez
qu'elle est employée par les teinturiers sur mordant acide pour les étoffes et
par les tanneurs pour les peaux de chèvres et les peaux de mouton. Les arabes
traitent les peaux comme les français. Du bain de chaux, elles passent au
travail de rivière, puis à l'alun, puis au bain de son et de figues. Les peaux
de chèvres seules sont traitées avec cette poudre que je vous ai remise et que
les Arabes appellent nshaouch. Après cela, on les coud, le nerf en dehors et on
remplit le sac formé par la peau avec la poudre des grenades. Les sacs sont
souvent remués et mouillés. Huit jours après, on les laisse sécher, et, après
avoir défait le sac, on jette la poudre, on redresse la peau, après l'avoir
mouillée, avec un couteau en forme de demi lune qui est représenté dans la
tannerie de France par le couteau à revers. Par cette dernière opération, la
peau devient luisante, bien moins toutefois que nos peaux de couleur vernies.
« Toute peau de grenade
n'est pas bonne, et ici, on n'emploie que l'écorce du fruit d'une
espèce de grenadier qui se trouve très communément au Maroc. Dans ce pays là,
on récolte les fruits tout verts ; car mûrs, ils ne valent rien ; et on les
expédie pour ici, secs, souvent en poudre pour faciliter la fraude.
Il existe à Tlemcen un
fabricant de cette poudre; c'est un Européen, les écorces de grenade
sont broyées sous une meule verticale, mue par un manège à cheval. La matière
broyée est passée au tamis; les parties grossières sont soumises à un broyage
nouveau. La poudre est ensuite livrée aux teinturiers arabes. La couleur est un
jaune clair. Les peaux traitées par ce procédé sont presque exclusivement
employées à la fabrication des babouches.
A l'Exposition
permanente, on pourra voir de ces sortes de chaussures, et juger ainsi de la
teinte qu'elles présentent. Nous y avons déposé en outre le petit échantillon
de poudre de grenade qui nous a été remis par M. Lichtenstein (cette poudre
est jaune), et un ou deux fragments d'écorce des grenades dont on obtient cette
poudre. Ces grenades, qui sont désignées à Tlemcen sous le nom de grenades
sauvages, sont plus petites que les grenades comestibles. Au reste, tout le
monde sont Pour l'écorce de grenade, surtout avant la maturité du
fruit, est douée d'une très grande amertume, et de propriétés astringentes
hautement développées.
Tels sont les renseignements
que nous avions à fournir sur ce sujet, nous désirons qu'on y trouve
l'intérêt qu'il nous a paru offrir.
Salomon,
Inspecteur de colonisation à Tlemcen
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UN, DEUX, TROIS, SOLEIL !
Souvenirs de mon Algérie Natale
Par Mme Andrée EHRHOLD-DENIS
La publication par Andrée Denis- Ehrhold d'un livre de souvenirs sur la vie à Rénier, livre très intéressant dans lequel on retrouve tous les bons moments de la vie là-bas ...Il y a également des photos et certains se reconnaîtront dans les récits.
C’est un livre dédié aux enfants et petits-enfants de RENIER car il retrace bien la vie au village et met bien en évidence les liens entre les deux communautés avec des passages vraiment émouvants…
Vous pouvez vous procurer ce livre auprès d’Andrée Denis car il s'agit d'une publication à compte d’auteur.
l'expédition du livre est fait en colissimo recommandé.
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Bulletin de Commande
A imprimer, à découper et à envoyer
Je soussigné :
Nom et Prénom : .............................
Adresse : ...................................
Code postal : ............... Ville : ........................
Tel : ..............................
E.Mail : ................................
Commande …………exemplaire (s) du livre : Un, DEux, Trois, Soleil !
-160 pages - vendu à compte d'auteur au prix de revient de 15 euros (+ port et emballage de 5 Euros).
Ci-joint chèque adressé et libellé à l'ordre de : Mme EHRHOLD Andrée
Résidence du coteau - 38 allée des goélands - 14114 Ver sur Mer
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Texte tiré du livre "Un, Deux, Trois, Soleil !"
Première scolarité et petite enfance
L'Ecole Primaire de Renier était une classe unique et mixte. J'en ai gardé un excellent souvenir. De tous mes enseignants, celui que j'ai beaucoup apprécié a été M. Baudifier. J'aimais sa calligraphie très soignée et ses dessins au tableau noir qui illustraient sa leçon de vocabulaire. Ma maîtresse du Certificat d'Etudes Primaires : Mme Juillet qui épousera Martial Gaillard, a aussi énormément compté pour moi.
Aujourd'hui encore, je revois cette quarantaine d'enfants rangés deux par deux, sous le préau, chantant avec une certaine lassitude : "Maréchal nous voilà...". Hymne imposé durant la guerre de 1939-1945.
C'est au cours de ma scolarité, à l'époque où les devoirs sont faits à la maison, à la lueur de la lampe à pétrole que l'on m'a appris rigueur dans le travail et stricte discipline. La page arrachée, lorsqu'il y a un "pâté" d'encre... A genoux, durant quelques minutes, dans un coin de la classe, avec une pile de livres sur les paumes, bras étendus... La punition la plus fréquente reste toutefois, le coup de règle sur le bout des doigts joints... Ces contraintes physiques ne sont pas systématiques et le plus souvent, elles nous paraissent justifiées. Heureusement, l'instant de la récréation, exutoire salutaire, facilite l'oubli des sanctions. Avec le groupe de filles : Paulette, Renée, Francine, Marie-Thérèse et Lydie... Nous jouons à la marelle avec une pierre plate ou nous sautons à la corde avec frénésie. Je suis imbattable pour exécuter les croisées, les bougies et toutes sortes de figures très compliquées sans me tromper. En outre, je sais "faire vinaigre", c'est à dire les accomplir très vite. Avec les garçons, nous jouons à l'avantage ou à la balle aux prisonniers.
Le 21 janvier 1942, à 7 ans, je suis au Cours Elémentaire et en rentrant de l'Ecole, j'ai l'heureuse surprise de découvrir ma petite soeur dans son berceau. Je suis autorisée à la regarder mais non pas à la toucher... Le docteur Benhabylès qui l'a mise au monde vient de repartir à Oued-Zénati. Ma Grand-mère Octavie est présente et règne pour quelques jours dans la maison. Mon frère Armand qui est au Collège, à Batna, ne la verra qu'aux vacances de Pâques. Son éloignement est consécutif à la fermeture d'un grand nombre d'établissements scolaires, à Constantine, durant la guerre.
Les mois ont passé... Liliane ma petite soeur a de grands yeux bleu-vert comme Maman. Petite poupée vivante à laquelle j'apprends les premiers pas et que je surveille lorsque Maman vaque à ses tâches ménagères. Surveillance d'autant plus attentive quand nous accompagnons notre mère au lavoir chargée de sa lourde corbeille pleine de linge. Quelquefois pour nous occuper, au moment où Maman rince son linge, je lui emprunte son battoir et du savon pour nettoyer les vêtements de ma poupée. Quelle fierté de jouer à mon tour à la maman, face à ma soeur. Toutefois, nous aimons par dessus tout patauger dans l'écoulement du lavoir. Que de jeux alors, quand arrivent d'autres bambins avec leurs mères...
Cet endroit couvert et agréable dans la verdure, lieu de rencontres mais aussi de labeur où les femmes du village papotent et échangent les dernières nouvelles.
Pendant l'année scolaire, à 16 h, à la sortie de l'Ecole, nous courons vers l'Eglise et grimpons quatre à quatre les marches qui conduisent au porche où nous regroupons nos cartables. Puis, nous entrons et prions pour les hommes du village partis à la guerre afin qu'ils reviennent sains et saufs. Prière devenue corvée pour des enfants mais, imposée par Mine et M. Nicolas (parents de notre Abbé) qui nous enseignent le catéchisme. Dieu a certainement entendu nos prières, puisque nous n'avons pas eu un seul tué !
En automne 1942 mon père est rappelé sous les drapeaux, dans les spahis, à Ain-Beïda. Le temps me paraît toujours trop court lorsqu'il vient à la maison, en permission.
A celte époque, les Américains ont leur hase à quelques kilomètres du village et notre petite bande va quelquefois leur rendre visite. En fin d'après-midi, ils arrivent en jeep dans la rue d'en Haut. Je m'y précipite avec les autres enfants et nous les entourons. Les plus rapides et les plus malins attrapent les bonbons et les chewing-gums qui pleuvent de toutes parts.
Bien que difficile en raison des restrictions, conséquences de la guerre, celle période de mon enfance n'a jamais été très contraignante. Les enfants du village l'ont vécue avec insouciance et intensité. Je pense qu'elle a été bénéfique dans le déroulement de notre existence. Une enfance heureuse permet de surmonter bien des difficultés au cours d'une vie d'adulte.
Plus que nous enfants, nos parents ont supporté ces dures et cruelles restrictions. Les petites gens subissaient avec beaucoup d'abnégation les évènements d'alors : tickets de rationnement, pénurie de denrées de toutes sortes et privations quotidiennes. Les produits de substitution étaient : la mélasse noire pour le sucre, les pois chiches grillés pour le café, la galette d'orge, parfois, pour le pain et la crème du lait remplaçait le beurre. A la maison, c'était la dispute entre mon frère et moi pour avoir la crème le premier... Au goûter, l'huile d'olive était la bienvenue sur la tartine. On a toujours su s'adapter courageusement aux aléas de la vie. Nous n'avons pas eu de traitement de faveur, soleil mis à part, par rapport aux Métropolitains. Nous n'avons jamais été des "nantis". Pourquoi ces réflexions imbéciles et méchantes envers "le pied noir" ? Terme utilisé de façon péjorative. Nous n'avons jamais vécu dans l'opulence comme certains le supposaient et l'affirmaient. Après huit ans d'un combat fratricide, les populations d'Algérie aidées par la France auraient pu trouver un terrain d'entente ! Pour un grand nombre de Métropolitains qui ne connaissent pas ou si peu "les pieds noirs qui font suer le burnous", il est bien difficile de les convaincre et de corriger ces clichés réducteurs. Je n'admets pas le dénigrement de l'oeuvre effectuée par mes ancêtres après cent trente ans de présence française. Ma famille a donné beaucoup à la France, tant du côté maternel, chez les Ramboz de Lons le Saunier, médaille militaire de Ste Hélène durant les guerres napoléoniennes, que du côté paternel, avec mon oncle Amédée Denis, frère de mon père, mort pour la Patrie, à Compiègne, sergent dans les tirailleurs marocains, en 1918. Quant à mon père, il a été rappelé durant la guerre de 1939-1945. Cette réaction épidermique est personnelle. Mais, comme cela fait du bien de l'écrire...
A Renier, le marché a lieu le samedi, sur une grande place, à l'autre bout du village. Une multitude de chalands s'y pressent à chaque fois et circulent parmi les étals regorgeant de fruits et de légumes de saison. Ici et là, des montagnes de dattes de différentes qualités. Parfois, dénoyautées et écrasées dans des sacs de toile de jute ou dans des chékoas, prêtes pour la préparation de pâtisseries orientales : makrouts, bradjs... Dans l'air flotte une alléchante et délicieuse odeur de brochettes de foie de mouton qui grillent sur le "kanoun" au charbon de bois dont le vendeur ranime sans cesse les braises avec son éventail en sisal. Flottent aussi les senteurs d'épices : poivre, cannelle, cumin, piments, safran..., qui s'étalent sur des nattes à même le sol. C'est l'été, que les fruits et les légumes gorgés de soleil offrent les couleurs les plus variées. Qu'il s'agisse des : melons, pastèques, abricots, pêches, poires, figues et pour terminer la saison le raisin, mais encore des courgettes, des aubergines, des poivrons, des concombres et des tomates en grande quantité. Tous ces fruits et légumes proviennent des vergers environnants.
Mon père que j'accompagne lors des vacances, s'arrête fréquemment devant un marchand de figues de Barbarie installé toujours à la même place. Le prix du fruit est à l'unité. Nous en dégustons sur place et nous en ramenons à la maison dans un seau. Les fruits y sont protégés avec de la paille. Gare à leurs épines à peine visibles fort désagréables quand elles se plantent sur les doigts ou dans les mains. Papa parle arabe, il plaisante avec le marchand qui nous sert. Puis, il nous offre un de ces fruits. Il saisit habilement la figue et délicatement, avec son couteau, il entaille la peau du fruit, entre les épines, dans le sens de la longueur. Ensuite, il coupe une rondelle aux deux extrémités. Il écarte enfin, la peau épineuse de part et d'autre de l'entaille. Lorsque la chair granulée vert et jaune apparaît, je saisis le fruit, le dégustant avec délice. Je lui dis : "Katahrer" (merci). A la maison, le seau sera mis au frais et les figues dégustées après la sieste.
Papa, fin connaisseur sait très bien reconnaître une bonne pastèque ou un bon melon (un Cantaloup qui a du goût, pas une courge !...). J'aime surtout m'arrêter chez le marchand de beignets. Assis sous sa guitoune, inlassablement, il prend un morceau de pâte dans ses mains. Puis, avec ses doigts, il l'étire et le fait tourner, jusqu'à ce que le centre devienne transparent. Il le jette alors dans l'huile bouillante. Aussitôt, il gonfle et dore en quelques secondes. Le marchand prend un papier entre ses deux doigts et nous tend le "sfendj" brûlant. Déjà des piles sont alignées sur un grand plat en terre cuite, ainsi que des z'labiyas gorgés de miel. J'en aurais bien fait mon repas avec la pastèque et le melon. Avant de quitter le marché, je rejoins un groupe de gamins. Fascinés, nous regardons le charmeur de serpents. Assis sur sa natte, avec sa flûte, il joue un air lancinant, face à deux reptiles qui ondoient mollement. Mon père profite de cet intermède pour marchander un achat auprès du marchand de gargoulettes.
A midi, sur le chemin du retour, nous rencontrons quelquefois, des enfants atteints du trachome. Leurs yeux couverts de mouches, ils font l'aumône. Papa prévoit toujours quelques pâtisseries ou des fruits en supplément, lors de ses achats, pour ces malheureux gamins. Quelques indigènes plus âgés sont assis à l'ombre d'un mur ou d'un arbre. Certains ont le nez rongé par la syphilis. Enfant cette vision m'attriste et je ne puis m'empêcher de détourner mon regard. Mon père n'oublie jamais de donner quelques pièces à ces personnes qui souffrent sans se plaindre. Dans quelques années, ces maladies seront éradiquées. Ma mère a été, quant à elle, fortement touchée par le paludisme, maladie endémique où la fièvre monte à plus de 40°, au moment des crises. Mon frère et ma soeur l'ont été à leur tour mais moins violemment. Notre médecin de famille, le docteur Benhabylès, interviendra bien des fois. Nous devons beaucoup à ce médecin d'un dévouement exemplaire pour ses patients. Mon père et moi avons échappé à ce fléau. Il a toutefois occasionné des ravages au sein de la population depuis le début de la colonisation. Grâce à l'assainissement et la quinisation, la mortalité est tombée progressivement.
Après le déjeuner, une chaleur accablante écrase tout le village. C'est l'heure de la sieste, instant sacré durant l'été. Les rues désertées plongent dans la torpeur de l'après-midi. Les volets sont clos afin de maintenir dans les pièces une relative fraîcheur. Dans la cour de la maison, les volailles et quelques lapins s'abritent du soleil dans le moindre recoin ombragé. Dès que l'ombre recouvre le haut de la cour, j'ai la permission de sortir et j'appelle alors les lapins que j'ai apprivoisés, en claquant la langue contre mon palais, leur tendant une brassée d'herbe. Ils arrivent en bondissant, toujours accompagnés de "Houle de Neige", ma poule blanche, peu farouche, très curieuse et très gourmande ! L'hiver, les lapins sont rentrés dans les clapiers, à l'abri des intempéries. En période hivernale, il arrive parfois que la civette visite le poulailler. Le lendemain matin, on retrouve une poule ou une pintade égorgée. D'ailleurs ce sont souvent les pintades qui nous alertent et donnent l'alarme dès qu'un rôdeur s'approche du poulailler.
Papa est très estimé par la population musulmane et plus particulièrement par ceux qui habitent le djebel. Lorsque les paysans arabes viennent à l'atelier faire réparer leurs socs pour travailler leur petit lopin de terre avec leurs charrues, ils appellent familièrement mon père "Dounia". Quant à nous, ses enfants, ils nous nomment : "Ben Dounia". Ils l'invitent fréquemment, dès qu'il y a une Fantasia dans une mechta. C'est une marque de sympathie, d'amitié réservée à un petit nombre de personnes. Mon père très sensible à celle attention y répond toujours favorablement. Il en revient enchanté, nous décrivant avec lyrisme les courses fantastiques de chevaux dans un nuage de poussière. Les cavaliers simulant une attaque tirent des coups de fusil en l'air et lorsque l'un des fiers guerriers dépasse le groupe dans sa course folle, il lance son arme en l'air et habilement la, rattrape au vol. Surexcitée, la foule clame sa joie et les youyous des femmes voilées couvrent le tumulte.
Bon narrateur, Papa nous raconte souvent de fabuleuses anecdotes sur ses parties de chasse. Ses deux chiens dont il est très fier s'appellent Jim et Tom. Le premier, tout noir, à poil ras, est un chien d'arrêt qu'il utilise pour les perdreaux et les cailles. Le second, un chien courant, traque le sanglier, sa particularité supplémentaire est la gloutonnerie quand il dévore sa pâtée. Bonne marcheuse, j'ai suivi quelquefois, mon père et mon frère à la chasse aux cailles. J'ai pu alors constater la passion de Papa pour ce sport.. A chacune de ces sorties, je rentre en fin d'après-midi, à la maison, les mollets couverts de griffures par les chaumes fraîchement coupés mais si heureuse de ma sortie et du nombre de pièces abattues. Enveloppées dans des feuilles de vigne, les cailles seront cuisinées par Maman. Aujourd'hui encore, cette préparation, au résultat succulent, me fait venir "l'eau à la bouche".
Un jour, au retour d'une chasse aux perdreaux, Jim s'est échappé. Mon père l'a récupéré à l'extérieur du village, au milieu d'un groupe de chiens kabyles, chiens plus ou moins errants... Papa l'a violemment grondé et l'a puni en le mettant à l'attache dans le garage. Je me souviens encore que ma petite soeur attristée l'a caressé. Quelques jours passent ainsi sans que la punition soit levée. Un beau malin, Jim grogne bizarrement à notre approche et nous fixe d'un regard brillant. Puis, il se met à baver de façon conséquente. Ce comportement étrange inquiète et intrigue mon père. Il faut se rendre à l'évidence, Jim a contracté la rage. Il faut donc l'abattre... Mon père décide de le faire. Le lendemain après-midi, nous entendons un coup de feu claquer dans le garage. Un instant après, il entre dans la cuisine, les yeux pleins de larmes et d'une voix blanche, il nous dit : "Je n'ai pas pu tirer, c'est l'employé de la forge qui l'a fait pour moi". Papa et Liliane ont dû se rendre à Constantine pour être vaccinés. Je me souviens aussi que le jour du drame une profonde tristesse a envahi la maison et le soir même, un orage terrible s'est abattu sur le village.
Les éclairs ont déchiré le ciel sous les roulements du tonnerre. Brutalement, de grosses gouttes se sont écrasées sur le sol. Très vile, des trombes d'eau ont déferlé depuis la Rue d'en Haut et se sont transformées en torrents de boue dans la Rue d'en Bas. Cette nuit d'orage comme tant d'autres me mettent toujours en émoi, lorsqu'elles se manifestent ainsi violemment.
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Rodolphe ORANE Auteur, Compositeur, Interprête
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Voici "une nouvelle" de Marseille que j'ai reçu, je la laisse telle quelle !!
C'est vrai qu'au fond, passons, y a rien à voir, c'est une chapelle vandalisée, on ne va pas en faire tout un plat, ni un ballon rond.... !
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. Pierre Kerleveo
Bonjour,
Généalogiste, je découvre Bône et je suis émerveillé !
Dans le cadre d'affaire familiale, je recherche :
- Madame Pierrette Suzy SECQ, née le 9 mars 1949 à Bône où elle était domiciliée Hôtel Beau Rivage en 1965.
La moindre information me serait utile.
Avec ma gratitude, cordialement, P.K.
Mon adresse : pierre.kerleveo@nordnet.fr
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De M. SANTORO Jean Claude
Bonjour,
Juste un petit mot pour saluer tous mes amis BONOIS.
Je recherche mes copains d'enfance du quartier du Lever de l'Aurore : LONGO Julien, SERALINI, GUILLAUME, ALLOUCHE, PISANI, MISSUD.
J'en profite pour vous remercier de faire cette rubrique. Cela nous rappelle de bons souvemirs qui ne m'ont jamais quittés.
Mon adresse : micheline.santoro@aliceadsl.fr
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De M. François Pisanu
Cher Jean Pierre,
C'est toujours aussi intéressante de lire la Gazette.
Je suis a la recherche d'un camarade d'enfance que j'ai connu a l'école primaire du Kouif de 1939 a 1945,
Je l'ai retrouvé au collège Technique de Bône en 1949, nous étions dans la même classe jusqu'en 1952.
Il s'agit de Gilbert Seralini, il est né comme moi en 1934.
Bien amicalement, François
Mon adresse : francois.pisanu@wanadoo.fr
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De M. Eric Granet
Bonjour.
A tout hasard, cherche désespérément une photo de la synagogue de Guelma.
Merci on ne sait jamais.
E.G.
Mon adresse : granet1e@free.fr
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De M. Bartolini
Bonjour,
Le mois dernier, j'avais demandé, pour plusieurs correspondants, si vous aviez des photos de classes de l'école d'hippone.
Cette école se trouvait Route de Sidi Brahim et se nomme aussi Ecole de Sidi Brahim.
Voici les photos reçues de M. Marcel Nober qui hélas n'a pas de photo des classes avec les éléves.
Merci Marcel, JPB
Mon adresse : jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois
J'ai créé un blog sur les enfants et amis de la Ménadia:
Son adresse: http://les-enfants-de-la-menadia.over-blog.com
Je compte sur vous pour le faire vivre et perdurer en m'envoyant des éléments, plongez au fond de vos tiroirs pour les photos et au fond de vos mémoires pour les anecdotes ( comment s'appelaient les commerçants qu'il y avait en bas de chez nous? par exemple) Si vous avez des photos du rassemblement d'Uzes également, à me fournir.
Diffusez le lien aussi largement que possible auprès de nos sites amis.
Pour tout cela, je vous remercie
Anny Barbisan
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Questions - Réponses
Envoyé par Chamalo
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Une petite fille de 9 ans demande à sa maman :
- Quel âge as-tu, maman ?
- Cela ne se demande pas ma chérie, lui répond sa mère.
- Combien tu mesures, maman ?
- Cela n'est pas important ma chérie, reprend la mère.
- Maman, pourquoi toi et papa avez divorcé ? Redemande la petite fille.
- Cela ne te regarde pas ma chérie, dit la mère en terminant la discussion.
La petite fille demanda à sa meilleure copine pourquoi les adultes ne parlent pas de ces choses-là.
Sa copine lui dit :
- C'est vraiment simple, toutes les réponses à nos questions sont sur leur carte d'identité. Le lendemain la petite fille fouille dans le sac à mains de sa mère et trouve sa carte d'identité.
Elle est ravie de voir que son amie disait vrai, toutes les réponses à ses questions s'y trouvent ! Elle court alors voir sa mère et lui dit :
- Maman, je sais ton âge.
- Ah oui ? Et j'ai quel âge ?
- 36 ans. Et je sais combien tu mesures.
- Ah oui ? Combien ?
- 1 mètre 71. Et je sais aussi pourquoi toi et papa avez, divorcé.
- Et bien cela m'étonnerait fort !
- Tu as eu un F en sexe... et çà, ce n'est vraiment pas une bonne note!
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