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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
LES IMAGES DU PASSE
Les images du passé, surtout celles de notre vie "au bled", en Algérie, sont une farandole de parfums inestimables dont nous sommes imprégnés jusqu'au plus profond de nous-mêmes.
Gravures, peintures, photos, diapos, ou films, ces images parfument délicieusement tous nos souvenirs. Ce sont de véritables concentrés de nutriment qui nourrissent notre mémoire.
L'histoire des images remonte très loin dans le temps et les anciens savaient les utiliser afin de transmettre leur vie et leur savoir à bon escient. Les gravures dans la roche ; les mosaïques ; les peintures ; les dessins des premiers livres ; les photos sur papier ; les diapos et les films, ont permis à tous les ancêtres de laisser une trace de leur passage sur cette terre.
Aujourd'hui les images sont indispensables dans toute mémoire familiale comme pourrait être les herbes aromatiques dans la cuisine d'un grand chef. Elles peuvent être accommodées à toutes les sauces.
Pour nous expatriés, elles sont emblématiques de la mémoire, elles doivent être conservées. On pourrait définir ces images comme des graines récoltées dans le grand jardin de la vie là-bas, et dont on cultive les semences pour leurs vertus " aromatique des senteurs du pays ; condimentaire de la nourriture de l'esprit ; et médicinale pour la paix intérieure. "
Ces images sont à consommer sans modération. N'hésitez pas à en partager les plaisirs avec en particulier vos proches parents et amis ainsi qu'aux visiteurs de ce site qui accueillera avec joie et respect ces images.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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LE SOUS-SOL
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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AGRICULTURE
La région de l'Est algérien, qui borde la frontière tunisienne a été vraiment favorisée par la nature.
Son sol et son sous-sol abondent en ressources diverses et variées comme à plaisir. Produits agricoles, viticoles, horticoles, produits forestiers, produits miniers, tous, s'y trouvant réunis avec bonheur et profusion et se joignent à des situations climatiques, folkloriques et touristiques qui pourraient concourir, elles aussi, à l'économie du pays.
La grande plaine de la Seybouse qui est d'une étonnante fertilité, a toujours été, à ce point de vue, comparée à la riche plaine de la Mitidja. S'il tombe 770 m/m dans cette plaine fameuse d'Alger, il en tombe 765 m/m à Bône, 762 m/m à Guelma et 900 m/m à La Calle et le climat est absolument le même dans les deux régions. Mais les pluies n'y sont pas aussi régulières.
Les mêmes cultures y pourraient être pratiquées par leurs agriculteurs respectifs.
La seule différence pouvant exister entre elles, devrait seulement provenir de ce que la plaine de la Mitidja fut exploitée, mieux et plus rationnellement, dès le début de l'occupation française, et qu'elle a largement bénéficié de la proximité d'Alger, grande et jolie ville, qui attirait et retenait autour d'elle les capitaux qui venaient s'investir en Algérie, tandis que Bône a longtemps hésité avant de choisir sa voie.
Mais cela n'a pas empêché, que, peu à peu, on ait consenti à reconnaître qu'il existait une grande similitude entre la plaine de Bône que traverse, en son milieu, la lente et paisible Seybouse, prolongée, bien au delà de Guelma, par l’Oued-Cherf, et la riche plaine de la Mitidja, non plus qu'on se soit aperçu que Bône avait son charme, aussi, qui valait bien — toutes choses étant égales d'ailleurs naturellement — celui de la Capitale algérienne.
Ainsi, d'importants capitaux vinrent dans la région bônoise avec ces énergies nouvelles et des réalisateurs hardis et dynamiques.
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Il n'y avait, tout d'abord, de remarquable, autour de Bône, que des vignobles, de grands vignobles comparables à ceux de cette Mitidja, dont on semblait vouloir faire un moderne jardin des Hespérides.
La vigne avait, en effet, bénéficié, pendant un certain temps, d'un préjugé favorable de la part du Gouvernement qui espérait attirer en Algérie, par cette culture, à qui la terre algérienne convenait parfaitement, de nombreux viticulteurs métropolitains.
La Banque de l'Algérie s'offrait ouvertement à soutenir tous ceux qui entreprendraient de planter de la vigne de ce côté-ci de la Méditerranée pour aider la Métropole à surmonter la crise du phylloxéra qui, de 1875 à 1885, avait ruiné le vignoble français,
La vigne avait ainsi trouvé, dans notre contrée, une terre d'élection et le vin était assuré de se vendre dans la Métropole qui en manquait totalement. Dès lors, le vignoble algérien avait pris une forme définitive et s'était installé dans le pays, en conquérant, en dépit des idées de Bugeaud qui avait autrefois proclamé son hostilité pour la culture de la vigne en Algérie, sauf pour la production du raisin de table et du raisin sec.
C'est de cette époque, de la période du phylloxéra, en France, que dataient surtout les grands domaines de la région bônoise, qui, après avoir subi de durs revers, avaient pu réussir à doubler le cap de la crise et qui prospérèrent à nouveau.
Mais, la culture de la vigne demeurait l'apanage de ces grands domaines, pourvus de caves et de matériel vinaire, et, qui, seuls, pouvaient se livrer aux travaux de vinification avec un personnel idoine. Tandis qu'elle était quasi interdite aux petits agriculteurs, faute d'un matériel de vinification, de cuves, de cave et surtout d'aptitudes spéciales chez chacun d'eux.
Un jour est venu cependant, où, grâce à la coopération agricole, tous les agriculteurs ont pu faire du vin.
Chaque village a eu sa cave coopérative et chaque cave coopérative a eu son vinificateur.
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La coopération agricole est maintenant sérieusement implantée dans le département de Bône où elle ne s'applique pas qu'au vin qui compte cependant déjà, à lui seul, dix caves coopératives, mais encore à des quantités d'autres branches touchant l'agriculture. Toutes ces coopératives ont été créées sous l'égide de l'Union Agricole de l'Est, puissante organisation qui groupe 11.000 colons, dont 2.000 seulement non musulmans.
Elle avait commencé en 1921 par la constitution de la « Tabacoop » qui était de beaucoup la plus nécessaire et la plus urgente des coopératives à créer.
La culture du Tabac était pratiquée par un très grand nombre de français-musulmans pour lesquels elle était souvent l'unique ressource, ressource bien aléatoire lorsqu'elle était laissée aux seuls moyens dont pouvaient disposer les pauvres familles de fellahs indigènes.
Le tabac était, pourtant, avec la vigne, la culture qui convenait le mieux à la région bônoise. Le sol s'y prêtait à merveille et elle convenait parfaitement au goût, aux aptitudes et aux moyens des indigènes du pays.
Ne pas s'intéresser au développement d'une telle culture, c'eut été presque un crime, car c'eut été vouloir maintenir dans la pauvreté une population laborieuse.
C'était, donc, un devoir impérieux de justice sociale de s'intéresser en tout premier lieu, à cette partie de la population indigène, et c'était aussi une obligation impérieuse, de faire rapporter à la terre algérienne toute sa possible participation à l'économie du pays.
Les innombrables petits planteurs de tabac de la plaine n'avaient aucun moyen d'abriter leur récolte au moment de la saison mauvaise pour attendre les acheteurs.
Force leur était donc de la vendre, le plus rapidement possible. S'ils ne parvenaient pas à la faire comprendre dans les achats annuels de la Régie, leur situation devenait catastrophique. Car à cause de ce défaut d'abris, leurs efforts, leurs dépenses et leurs espoirs risquaient fort de finir en eau de boudin, ou plutôt en eau de pluie.
Et les spéculateurs n'attendaient que ce moment là pour venir offrir d'acheter la récolte menacée de pourrir sous la pluie et l'humidité. Alors, les infortunés planteurs étaient obligés de vendre, le plus souvent à vil prix, une récolte qui leur avait coûté tant de soins, et dans laquelle, ils avaient souvent placé toutes leurs espérances et tout leur argent.
Cette situation se renouvelait tous les ans.
C'est ainsi que les planteurs de tabac furent conduits à s'unir pour créer, en 1921, la « Société des planteurs de tabac de la région de Bône ». Les planteurs curent, dès lors, des docks en commun et tout le personnel nécessaire pour la conservation de leur tabac dont les conditions de vente et de livraisons furent tout de suite considérablement améliorées.
Ils eurent aussi la possibilité de se procurer des avances en espèces, en cours de campagne, ce qui les empêchait d'être pressés par le besoin et de risquer d'être les victimes de prêteurs qui en profitaient pour accaparer leur récolte à des prix peu rémunérateurs
Les docks coopératifs de Mondovi, centre réel et géométrique de la culture du tabac dans la région, marquèrent le point de départ de l'union des planteurs dont le nombre se chiffre aujourd'hui par des milliers. Des docks beaucoup plus importants ont été dans la suite, édifiée à Bône. Les planteurs de la région bônoise, musulmans ou non musulmans, entreposent annuellement dans les docks de Mondovi et de Bône dix millions de kilogrammes de tabac.
Puis, ce fut la création de la Tomacoop en 1922, qui fit revivre la culture de la tomate, cette plante essentiellement méditerranéenne dont l'usage dans l'alimentation est si répandue.
En 1924, cette culture se pratiquait sur des superficies qui ne dépassaient pas, au total, deux cents hectares. Elle s'étend aujourd'hui sur seize cents hectares.
Elle a amené la création d'une usine de conserve de tomate qui a pu traiter en 1953, 102.700 quintaux de cette solanée rutilante que l'on expédie, en boites, dans toutes les directions, d'Europe, d'Italie et d'Afrique du Nord.
En outre de la Tomacoop, d'autres usines particulières se sont intéressées aux conserveries de tomates, ce qui a encore développé davantage la culture de la tomate dans la région bônoise. Culture et industrie dont on doit reporter le mérite sur la Tomacoop qui a innové en l'espèce.
Le même principe amena la constitution d'une coopérative des planteurs de coton de la plaine de Bône.
Les terres de la plaine de Bône, chaudes et humides, se prêtent parfaitement à cette culture qui nécessite une main d’œuvre nombreuse et importante, presque constante pour le culture proprement dite que pour les soins et travaux qui sont encore nécessaires après le ramassage et le stockage des balles.
Les conseils ne manquaient plus aux agriculteurs qui n’eurent plus qu'à associer leurs efforts pour homogénéiser leurs récoltes de la façon la plus rationnelle
Des Docks-silos Coopératifs qui permettent aux céréaliculteurs qui n'ont pas d'entrepôts de stocker leur récolte, en attendant les acheteurs, furent construits sur nos quais à proximité des navires.
Les usagers des Docks Coopératifs sont au nombre de trois mille.
La « Labourcoop » et « l'Electrocoop », qui vont de pair, permettent des défonçages et des labours à grandes profondeurs avec des matériels appartenant en commun aux agriculteurs et du personnel spécialisé dépendant d'organisations dirigées par eux-mêmes.
Il y avait autrefois aussi une Agrumcoop qui unissait tous les agriculteurs. Mais elle a disparu devant une organisation puissante réalisée par les huit sociétés de la plaine de Bône, s'intéressant particulièrement à la culture des agrumes.
Ces huit domaines, producteurs d'agrumes se sont groupés en une société au capital de 30.000 000 de francs fondée en 1949 pour le conditionnement et l'expédition de leurs produits, sous la dénomination de Emco fruits.
Elle est constituée par les domaines ci-dessous :
Société Anonyme du Domaine d'Ousfetta (Barral).
« des Etablissements Bertagna (Mondovi).
« du Domaine de Temali (Randon).
« d'Exploitation des Domaines Durget (Duzerville).
« d'Exploitation du Domaine de l'Oued-Kébir.
« d'Exploitation des Domaines d'Auribeau (Gastu).
« du Domaine Vieville (Auribeau).
« du Clos des fruits d'or (Gastu).
Les sommes investies dans la construction de l'usine, implantée sur les terrains du port de Bône appartenant à la Chambre de commerce, se sont élevées à 62.000.000 de francs prélevées, d'une part sur le capital de la Société et d'autre part, sur des emprunts à moyen terme. La surface actuellement bâtie est de 2.600 mètres carrés, représentée par les bureaux, magasins et un dock d'emballage de 1.800 mètres carrés dans lequel a été installé une « chaîne de conditionnement » de fabrication américaine. Cette chaîne de conditionnement ultra moderne permet de réaliser automatiquement :
a) Prétriage des fruits.
b) Désinfection des fruits par trempage dans un bain antiseptique.
c) Lavage.
d) Séchage.
e) Lustrage et paraffinage.
f) Calibrage.
g) Triage et mise en caisse.
Cette dernière opération est manuelle.
La société emploie soixante ouvriers spécialisés.
Le tonnage des fruits conditionnés par l'Usine, depuis la création de la Société, est allé régulièrement en augmentant
1949 - 50 850 Tonnes
1950 - 51 1200 «
1951 - 52 1800 «
1952 - 53 2200 «
1953 - 54 2700 «
1954 - 55 3200 «
1955 - 56 3500 «
1956 - 57 3700 «
Cette augmentation graduelle et continue est due, d'une part, à l'accroissement régulier de la production des plantations des associés, d'autre part, à l'apport à l'usine, par des producteurs étrangers à la Société, de la récolte de leurs vergers.
Cet accroissement de tonnages réceptionnés, qui est loin d'être terminé, car de nombreuses plantations ne sont pas encore en production, amène à envisager à brève échéance, la construction de nouveaux locaux permettant d'absorber des tonnages de l'ordre de 8.000 tonnes.
Une autre société qui tient une place importante dans notre agriculture bônoise s'est également spécialisée dans l'agrumiculture.
C'est la « Société des Fermes Françaises d'Algérie » qui débuta, dans la région, comme filiale de la Société des Fermes Françaises de Tunisie, société possédant plus de 27.000 hectares dans notre ancien protectorat.
Autour de Bône, la Société des Fermes Françaises d'Algérie possède de vastes exploitations de vigne et d'agrumes.
Les agrumes représentent la culture principale de leur domaine de Beugin qui, avec ses 170 hectares, produit chaque année de 30 à 40.000 quintaux de fruits de différentes variétés.
Ce domaine possède une station d'emballage moderne de plus de 3.000 m2 couverts, occupant de 100 à 150 ouvriers.
Après lavage, lustrage aux brosses et calibrage, les fruits sont soigneusement triés et emballés pour l'exportation (60 à 75 %) où la consommation locale de tout l'Est constantinois Bône, Guelma, Souk-Ahras, Constantine, Tébessa, Batna, Biskra et Sétif.
Vers la Métropole, l'exportation s'effectue en majeure partie par Marseille d'où l'éclatement se fait sur toutes les régions de France.
Les agrumes constituent, on le voit, une des principales richesses agricoles de la plaine de Bône dont le sol convient, on l'a déjà dit, à merveille à cette culture qui s'étend sur une très grande superficie, approchant de près celle qui lui est consacrée dans la plaine de la Mitidja.
L'agrumiculture est en passe de prendre encore une plus grande importance dans notre région, lorsque le Barrage de la Bounamoussa lui livrera encore vingt mille hectares de terres excellentes, des plus propres à cette branche de l'agriculture et permettra tous les arrosages nécessaires.
C'est une branche de notre agriculture qui a pris une très grande extension, depuis relativement peu de temps, et qui est en plein développement.
Sait-on que la terre algérienne est presque la terre des oranges qui y sont cultivées depuis des siècles, alors que les mandarines n'y sont venues que depuis 1850 et les clémentines, produits d'un croisement, depuis cinquante ans à peine.
Les exploitations fruitières commerciales les plus importantes d'Algérie sont dans la plaine de la Mitidja, dans celle de Bône et dans les environs de Philippeville.
Mais la vigne reste, quand même, la culture principale, avec le tabac, de la plaine de Bône.
Il y a des domaines immenses qui couvrent des milliers d'hectares de terre dont l'exploitation fait vivre de très nombreux ouvriers et participent, dans une notable mesure, à l'Economie du pays.
Les Etablissements Bertagna groupent à eux seuls, mille hectares de vigne en trois domaines.
Les Fermes Françaises d'Algérie en ont mille cent soixante-cinq hectares, le Chapeau de Gendarme, les domaines Germain, Latrille, Tucci, les Vignobles de la Méditerranée, les Fermes d'Hippone et bien d'autres encore ajoutent des centaines et des centaines d'hectares à ces chiffres déjà impressionnants par eux-mêmes.
Des vins réputés qui font prime sur le marché et qui ne craignent aucune critique et encore moins la concurrence, y sont produits dans les meilleures conditions possibles.
Les raisins de table complètent les productions fruitières qui sont annuellement livrées aux marchés locaux ou voisins ou expédiées en Métropole.
La culture des primeurs dans la région bônoise a pris une extension très vaste. Elle est l'objet d'un important et fructueux négoce.
Il est à prévoir que la production de la plaine bônoise deviendra de plus en plus importante, en raison, d'abord des terres qui seront livrées à la culture par la création du barrage de l'Oued-Bounamoussa : l'irrigation rationnelle, ensuite, des orangeries déjà existantes, et enfin, par suite de la substitution de plantations d'agrumes à des superficies actuellement complantées en vignes.
La question du barrage de la Bounamoussa, on le voit, est de la plus haute importance pour l'Avenir agricole et industriel de la région de Bône.
Ce barrage permettra l'assèchement de 20.000 hectares de terre qui seront livrées à la culture, l'irrigation de 20.000 autres hectares et produira une énergie électrique de 32 millions de kWh, tout en servant à l'alimentation en eau potable de la ville de Bône, dont la population ne cesse d'augmenter.
Il est en voie de réalisation et les travaux en sont commencés.
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Il faut encore citer l'Oléocoop, organisation rationnelle de production d'huile de la plaine de Bône auxquels se sont joints tous ceux de la région guelmoise, sa voisine immédiate, si réputée pour sa production, tant en qualité qu'en quantité, oléicole.
L'Oléocoop rassemble annuellement dans ses installations trois cent mille kilos d'olives qu'elle transforme et revend en huile dans des bidons de un litre à vingt kilos.
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L'essor agricole de la plaine de Bône et sa prospérité féconde, sont dus incontestablement, en très grande partie, aux initiatives intelligentes et aux efforts continus et ordonnés de l'Union Agricole de l'Est à qui revient tout le mérite de l'implantation, sur la vaste échelle où elle est pratiquée, dans l'admirable plaine de Bône, de la coopération agricole qui fut si utile au développement de notre agriculture et à la prospérité de toute notre région.
Les grands domaines, cependant, comme c'était à prévoir, ont conservé leur indépendance et leur autonomie. Ils sont parvenus, avec « Emco-Fruits », à se placer à la pointe avancée du progrès et, avec la culture rationnelle de la vigne et la fabrication de centaines de milliers d'hectolitres de vin de qualité, de couleur et de goût agréables, très recherchés, au centre de la prospérité agricole locale à maintenir le renom de la plaine de Bône en matière vinicole.
Le commerce de vins a subi un développement rationnel incontestable et des plus heureux par la création de magasins de vente directe aux consommateurs des produits des vignobles de la plaine de Bône.
Tous nos grands vignobles ont des dépôts de leurs produits dans tous les centres algériens et en Métropole. Leurs vins de table ou de liqueurs y sont vendus en bouteilles.
Les «Grenaches » de Darhoussa, fabriqués par les Fermes Françaises sont des vins liqueurs composés exclusivement de « grenaches », cépages nobles et généreux, par excellence. La richesse alcoolite (17° 5) et la teneur en sucre de ce vin capiteux en font un produit de premier ordre.
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Les Etablissements Bertagna ont, en outre, constitué au lieu-dit Bouffarah, un Centre d'élevage moderne avec salle de traite automatique, la plus importante d'Europe et d'Afrique du Nord.
Ce Centre d'élevage abrite un troupeau de 475 bovidés dont 300 vaches adultes.
Le lait produit est réfrigéré à la traite et livré à Bône en camion isotherme où il est distribué à des revendeurs qui disposent d'armoires ou de comptoirs réfrigérés. La chaîne de froid est ainsi ininterrompue du pis de la vache jusqu'au consommateur.
Ainsi se comporte, au point de vue strictement de l'agriculture, la magnifique plaine de Bône, qui est certainement la plus belle et la plus riche région agricole d'Algérie — après la Mitidja.
A SUIVRE
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En souvenir d’une vie donnée : Sœur Astérie de la Doctrine Chrétienne (1813-1906)
Par le Dr Luc Decleire
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Louise Philippine BURNOTTE est née à Florenville (Belgique) le 22-3-1813. C’était la fille d’Athanase Burnotte (1783-1841), officier de santé, médecin à Florenville depuis 1806 et de Catherine-Claire Welter, femme très pieuse et pleine de ressources. En l’absence de pharmacie, c’est elle qui cultivait un jardin de plantes médicinales et qui réalisait les prescriptions de son mari.
Elle fut baptisée en l’église ND de l’Assomption le 23 du même mois et eut pour parrain son oncle Jean-Louis Burnotte et pour marraine Gabrielle Françoise Philippine de Nonancourt, jeune demoiselle résidant à Izel.
Elle alla, avec ses sœurs, à l’école des Sœurs de la Doctrine Chrétienne à Florenville (actuellement Hôtel de France) et y entra ainsi en contact avec cet ordre religieux. Elle fut la première de la famille à y entrer. Elle fit son noviciat à Nancy et y fut rejointe par deux de ses sœurs (Catherine Claire Burnotte (1821-1848) devenue Sœur Flavie mais qui contracta une grave maladie au noviciat et mourut jeune et Marie Dorothée Burnotte (1832- ?) devenue Sœur Clara).
Louise-Philippine prit le nom de Sœur Astérie de la Doctrine Chrétienne et enseigna à Dombasle puis à Etain. Répondant à l’appel du Cardinal Lavigerie, elle partit pour Bône en Algérie et y parvint en juillet 1866 pour travailler dans l'orphelinat Sainte-Monique où elle s’y dévoua jusqu'à sa mort le 4-12-1906. Elle avait 93 ans et avait travaillé 40 ans en Algérie sans jamais avoir revu sa famille. Attentive aux événements familiaux, elle envoyait à chaque mariage des draps brodés par les orphelins et à chaque naissance des poupées représentant des algériens.
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Merci au docteur Decleire pour ces informations sur une grande dame de cet orphelinat, sa trisaïeule, Soeur Astérie.
Je dis grande dame car toutes ces bonnes Soeurs ont fait un travail formidable dans cet institut. Un très grand nombre d'enfants ont été sauvés. Ah, si je pouvais avoir le nombre exact ainsi que toute la liste de leurs bonnes oeuvres, on verrait que la colonisation était aussi l'humanité et le courage qu’ont fait preuves ces nombreuses femmes dont hélas je ne connais pas les noms.
Cet orphelinat s'appelait "Orphelinat Sainte Monique", il était situé route de l'orphelinat qui était un lieu de promenade et rejoignait la route de Philippeville en longeant le "Ruisseau d'Or". Je ne crois pas qu'il soit encore entièrement debout avec sa petite église.
Il a été crée par les Soeurs de la doctrine Chrétienne en 1853, à proximité des ruines d'un aqueduc romain. Sur 27 ha, il avait ses propres vergers, cultures florales et maraîchères, élevages de porcs, volailles, lapins et vaches laitières qui suffisaient aux besoins de l'établissement.
Des grottes artificielles étaient dédiées à la vierge Marie.
En 1870 est construite l'église Sainte Monique. Elle contenait une statue en bois, grandeur nature de Saint-Augustin dont j’aimerai connaître sa destinée depuis 1962.
Un article de Louis Arnaud sur l’orphelinat à cette adresse.
http://bone.piednoir.net/titre_rubrique/rues/orphelinat.html
Vous pourrez voir un article sur cette congrégation à l'adresse ci-dessous.
http://www.seybouse.info/seybouse/infos_diverses/mise_a_jour/maj26.html
L’autre œuvre, moins connue était l’enseignement
à Bône ou autres villes d’Algérie.
Les Soeurs de la doctrine Chrétienne place Alexis Lambert (ancienne place Chauvy) et rue Bugeaud avaient aussi indirectement leurs écoles.
La première école, Vaccaro sise au 5 rue Bouscarein fut interdite le 25 janvier 1905 par la loi du 7 juillet 1904.
Le 17 juin 1908, par l’application de cette loi, les établissements scolaires des Soeurs de la doctrine Chrétienne à Guelma rue de la Pépinière et de Souk-Ahras sont fermés.
Le 21 juin 1909, toujours en vertu de cette loi sur les congrégations, les écoles des Soeurs de la doctrine Chrétienne de Bugeaud et celle de la rue Garibaldi à Bône, sont fermées.
En octobre 1921, l’école Vaccaro (rue Bugeaud) « renaît », il est créé le Cours Complémentaire et Supérieur pour jeunes filles.
Le 11 mars 1934, un cours de coupe, mode et couture est crée à l’école Vaccaro, dont la directrice est Mlle Masse, et confié à Mmes Baillet et Zammit. Un cours de sténodactylographie est aussi crée et confié à Mme Dalaitre. Ces deux cours ont été crées par le patronage scolaire fondé en 1912 par le Dr Bulliod.
Le 3 septembre 1940, la loi sur les congrégations du 7 juillet 1904 est abrogée. Une partie des Sœurs reprennent du service à l’école, certaines à l’hôpital, d’autres effectuant d’autres tâches.
Le 5 décembre 1942, presque tous les élèves et enseignants de Bône sont évacués sur Bugeaud dans les locaux de l’œuvre des Enfants à la Montagne et de la villa Thérèse, les classes de 6ème et 5ème sont assurées à la Doctrine Chrétienne où les abris sont suffisants et immédiatement surnommés Cottage Saint Augustin par les élèves.
Que ce soit à l’Orphelinat, dans les écoles ou autres lieux, ces bonnes sœurs de la doctrine Chrétienne, dont faisait partie Sœur Astérie, ont consacré leurs vies en particuliers pour des enfants. Elles ont droit à la reconnaissance éternelle.
J.P.B.
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A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône
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Chapitre III
LES AGRICULTEURS INDEPENDANTS
ET L’HISTOIRE DE LEURS FAMILLES
La plaine de Bône était cultivée par plus de 11000 agriculteurs des deux communautés, aussi nous nous attacherons à décrire les principales fermes et domaines des familles d’origine européenne.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
DES PRINCIPALES PROPRIÉTÉS
Sortie de Bône vers La calle:
La ferme de la famille Joannon, le domaine de la famille Paulin, le domaine Damous de la famille Gassiot, les domaines El Kous et Sidi Mosbah de la famille Germain, les domaines de St.Vincent et de Bordj Sammar de la Sté des Fermes Françaises, la ferme de Merdés de la famille Grech, les domaines de Sidi Embarek vers la mer et de Braptia-Kanguet vers La calle, de la société des frères Sultana, les fermes les Usines et Bouaérou de la famille Borg, les domaines et fermes des familles Calleja, Camillieri, Guiraud, Lassus, Scotto, Souleyre, Sultana Michel.
Sortie de Bône vers Duzerville :
Le domaine du Télégraphe de la famille Bertagna, Le domaine de la Sté Agricole des fermes d'Hippone (Safhi) de la famille Veillet-Pellarin, le domaine Baraka de la famille Masset-Dalaise Jacqueline 0.17 Duzerville, les domaines de La Lorraine, de Ste Marie et d' El Arza de la famille A. Tucci, le domaine de L'Oasis de la société Sultana, les domaines de Pont Bouchet, Sidi Chebbi, Sidi Hermat de la famille Durget, le domaine de Montville de la Sté des Fermes Françaises, la ferme Ste Amélie de la famille Lignier E et celle de St.Georges de la famille Lignier L, les fermes et domaines des familles Buch, Coulot, Escoffier, Grech, Mizzi, Rovilain, Schumacher, Torres.
Autour de Mondovi :
Les domaines Guébar de la famille Bertagna, La ferme Berradia de la famille Borg, le domaine de la famille Cardenti, les domaines Darhoussa et Beugin, de la Sté des Fermes Françaises, le domaine Karmouda de la famille Kaouki tel : 0.05, le domaine Kef Drari de la famille Latrille, les fermes du domaine Mechmech des familles Floutard, Fornet, Liotier, Magueur, Porco, Rozier, Vernède Armand, le domaine Oued Guerrig de la famille Pavet, les fermes et domaines des familles Albrieux, Istria, Lacoume François, Giraud, Pris, Tholance.
Autour de Randon et Zérizer :
Le domaine de L'Armandière de la famille Bertagna Tel : 33.66 Bône, Le domaine de La Charentaise de la famille Vernède, le domaine Sidi Bouzit de la famille Germain, le domaine Réïoua de la famille Laget, le domaine St.Augustin de Marcel Cardenti tel : 0.36 Mondovi, le domaine de la famille Ode, le domaine La cage aux Lions de la famille Gassiot, le domaine Hamaouy de la famille Appap, tel : 0.10, le domaine Dar Allah tel : 0.07, le domaine d'A. Choud de la famille Gautheron, le domaine de la Dordogne et du Périgord de la famille Polycarpe, le domaine Témalie des familles R. Rovilain et Chevilot, les fermes et domaines des familles Baïa, Calléja, Carpuat, Evêque, Giuliano, Giraud, Mercadi, Peclat Maunder Tholance, Risler, Vernède.
Plus loin, vers Duvivier :
Les domaines Ousfetta à Barrai et de Munck Charles à st Joseph
Le domaine de l'Oued Frarah des familles : Bossuot Georges tel : 0.03, Calvat, Lopez, Meraud et Pine Leroy.
Ces propriétés étaient gérées souvent en SA métropolitaines ou Sociétés familiales.
LES AGRICULTEURS DE LA RÉGION DE BÔNE
Dans la plaine de Bône, il y avait trois catégories d'agriculteurs : les coopérateurs, d'origine européenne ou musulmane, les propriétaires indépendants, également d'origine européenne ou musulmane, et les grands domaines appartenant à des sociétés anonymes dont le siège social se trouvait bien souvent en métropole.
Voici l'extrait de l'édition 1954/1955 de l'Annuaire des Agrumes Nord-Africains. Ne sont citées que les exploitations agricoles de plus de 15 hectares d'agrumes, leur dimension exacte et le nom de leur propriétaire.
Le total des plantations fruitières dans la région de Bône était donc de 1878 hectares, implantées sur des exploitations de superficie moyenne plantées d'agrumes, de cultures de primeurs, fruits et légumes ainsi que de raisins de table.
Ces productions étaient en partie livrées sur le marché local pour la consommation des Bônois, et celle du département, le reste étant destiné à l'exportation vers la métropole.
Un groupement de mise en marché existait pour les agrumes. Il s'agissait de la société "Emco-fruits" qui, depuis 1949, regroupait les productions des domaines d'Oustefa de Barrai, des Etablissements Bertagna de Mondovi, du Domaine de Témalie de Randon, des Sociétés d'exploitation des domaines Durget de Duzerville, et des domaines de la région de Gastu, de l'Oued Kébir, d'Auribeau, Vieville et Clos des Fruits d'Or.
Une usine de traitement des fruits pour l'exportation, surtout vers la métropole, munie d'une chaîne de fabrication américaine, était implantée sur les terrains du port et traitait plus de 3.700 tonnes d'agrumes en 1957.
FAMILLE GASSIOT
(Récit et documents de Jean-Pierre et Bernard Gassiot)
Les domaines Damous et de La Cage aux lions
La famille Gassiot était originaire de Vic-en-Bigorre. Le grand-père était venu à Bône comme fonctionnaire. Puis il avait fait venir son neveu, dont le fils, le Docteur Claude Paulin Gassiot, urologue, était un passionné de cheval, il eut avec son épouse Marie Mercier Cinq enfants : Claude, Georges, Paule (Mitsou), Jean-Pierre et Bernard, nés dans la maison familiale de la propriété de St.Cloud nommée " Djenane Raach " (Le Jardin aux Serpents, en arabe).
Il possédait deux domaines, hérités de son père et qu'il avait agrandi. Ses fils Jean-Pierre (Ecole d'agriculture de Philippeville) et Bernard y étaient employés.
Le domaine Damous
Le domaine se situait sur la commune de Randon, à 12 km de Bône, sur la route de La Calle, en bordure du chemin départemental 109 d'un côté et jouxtant le domaine d'El Kous, de l'autre. D'une superficie de 150 hectares, 57 ares, 94 centiares. Il comprenait une maison d'habitation à étage, une écurie, un hangar abritant une station de pompage sur sondage. On y cultivait du blé dur, du maïs, du coton, du tabac, du fourrage.
Le domaine de la cage aux Lions
Le domaine était situé de part et d'autre de la route allant de Zérizer au pont de Sidi Bou Zitouna, sur l'oued Bou Namoussa, dans le carroyage Lambert 966-967 et 393-394. Les bâtiments d'exploitation se trouvaient en bordure et au nord de cette route, à environ 2 km du village.
D'une superficie de 71 hectares, 39 ares, 52 centiares, on y cultivait :
- 48 ha de vigne, constitués en 1928/29 sur fils métalliques, complantés de raisins carignan, cinsault, alicante, aramon, grenache, grand noir. Aucune vendange n'était achetée à l'extérieur, on vinifiait toute la récolte à la propriété. La cave de vinification, construite en 1939, avait une contenance de 7.000hl.
- 7 ha d'oliviers, 5 ha de labours, 8 de parcours et broussailles, 86 ares de jardin fruitier.
- 2 ha d'agrumes plantés en 1950, prés de l'oued Bou Namoussa.
Sur le domaine il y avait une maison d'habitation, un hangar et du matériel agricole divers.
FAMILLE GERMAIN
(Récit et documents d'Eric Germain)
Les domaines d'El Kous et de Sidi Bouzit
La famille Germain, originaire de Bourgogne, était composée au début du XIXe siècle de petits propriétaires viticulteurs, habitant le village de Saint-Sernin-du-Plan, à une vingtaine de kilomètres de Chalon-sur-Saône.
Jacques Germain, né en 1803 dans ce village, après avoir passé huit ans dans l'armée, arriva en Algérie dès 1835 avec son épouse Jeanne Boudriot.
Après diverses vicissitudes, ils s'installèrent à Mouzaïaville, au sud d'Alger, sur une concession de 10 hectares acquise en 1852 où il décéda le 15/12/1864.
Leur fils unique, Pierre (arrière-grand-père d'Eric), né à l'Oie-en-Vendée en 1832 décédé en 1905 à Alger, avait trois ans lors de son arrivée en Algérie. Avant son mariage avec Catherine Lombard, Pierre aida son père à défricher sa concession, puis pendant quelques années, se consacra au transport des marchandises avec des charrettes tirées par des mulets. A partir de 1857, il acheta des concessions abandonnées puis une dizaine d'années plus tard un millier d'hectares de marécage autour du lac Halloula qu'il assécha progressivement et y planta en vignoble.
Pierre et Catherine eurent 15 enfants. Leur dernier, Maurice né à Mouzaïaville en 1881 décédé en 1915 à Randon, épousa Andrée Guelpa, (les grands-parents d'Eric), quatre enfants : Paul 1910/1934, décédé dans un accident d'avion, Didier 1910/1990, Roger 1912/1980, Colette 1914/1998.
Avec l'héritage de son père, Maurice projetait de partir pour l'Argentine, mais la première guerre mondiale l'empêcha de réaliser ce projet. Avant d'être mobilisé, pendant cinq ans sur le front des Ardennes, il créa de toute pièce en 1918, dans la plaine de Bône, un grand domaine en partie constitué de marécages, le domaine d'El Kous, puis à son retour, il acheta celui de Sidi Bouzit. Les années suivantes, il draina l'ensemble de ces deux domaines et mit en place sur chacun d'eux un vignoble puis des orangeraies.
Didier, né le 6/12/1910 à Ameur El Ain dans la Mitidja, école d'agriculture de Maison-Carré, décédé le 28/12/1990 à Condom, s'était marié à Paule Prudhomme. Ils eurent trois enfants, tous nés à Bône : Eric le 8/1/1938, Bernard le 17/5/1939 et Thierry le 27/9/1951.
Après cinq ans de captivité dans les camps de prisonniers en Allemagne, Didier prit la direction de la SARL des Domaines Germain dés 1948. Il occupera ce poste jusqu'à la nationalisation des domaines en 1963.
Roger, son frère, avait quitté l'Algérie dés 1947 pour diriger en France deux domaines d'environ 400 ha achetés par leur père Maurice après la deuxième guerre mondiale, aux confins du Gers et du Lot-et-Garonne.
Le domaine d'El Kous
Le domaine d'El Kous était situé à 15 km à l'est de Bône, à cheval sur la route nationale N° 44 Bône-Tunis, à 5 km de la mer, dans la partie basse de la plaine.
Sa forme était celle d'un rectangle presque parfait de 2 km sur 3,5 km de côtés, bordé à l'ouest par l'oued Khrélidj-Boukamira et à l'est par l'oued Bou Allalah.
Les bourrelets alluvionnaires de ces deux oueds enserraient la partie centrale de l'exploitation qui était plus basse et présentait une légère pente vers la mer. Son niveau moyen était de 3 mètres par rapport au niveau de celle-ci.
Ses sols étaient constitués d'alluvions argilo-siliceuses notamment de la Seybouse dont la fertilité était excellente à médiocre suivant leur origine et leur niveau au-dessus de la mer.
L'ensemble du domaine avait été drainé entre 1920 et 1935 avec la pose de 10km de collecteurs et 80km de drains. Quatre sondages d'une profondeur moyenne de 85 m permettaient de disposer pour l'irrigation de 530 m3/h d'une eau d'excellente qualité.
Sa superficie en 1963 était de 604 ha occupés par les cultures suivantes :
Vigne (435 ha), arbres fruitiers (69 ha dont 23 ha d'orangers et 43ha de grenadiers), terres labourables (68 ha, cultivés en coton et blé dur). Ces terres portant des cultures annuelles étaient constituées par des parcelles en attente de replantation en vigne après un repos de 4 à 5 ans. Le domaine d'El Kous était donc à vocation essentiellement viticole et arboricole.
Le vignoble était constitué principalement de cépages rouges (375 ha, plantés majoritairement en cinsault, aramon et hybride américain S 2007). Les cépages blancs à base de clairette et d'hybride SV 1235 occupaient, quant à eux, 60 hectares.
A proximité de vignes âgées datant d'avant 1920 et en cours d'arrachage (113 ha), ce vignoble était caractérisé en 1963 par de jeunes plantations de moins de 15 ans. La cave, d'une capacité de 79.000 hI, vinifiait annuellement en moyenne 25.000 à 30.000 hl ce qui correspondait à un rendement moyen de 60 à 70 hl/ha.
La vente des vins constituait 80% du produit brut de l'exploitation.
Les agrumes plantés dans les meilleures terres et cultivés avec irrigation représentaient 10 % de ce produit brut. Ce jeune verger constitué essentiellement par des orangers produisait en moyenne 15 tonnes de fruits à l'hectare. La production était vendue sur pied à des négociants exportateurs.
Ce système de vente était aussi celui adopté pour les grenadiers dont le verger était implanté dans une zone moins favorable, sur des terres plus lourdes de fertilité médiocre.
Sa production avec des rendements de l'ordre de 10t/ha, était essentiellement destinée à la consommation locale.
A coté de ces productions végétales, il existait sur le domaine un troupeau de 20 laitières élevées en stabulation libre et dont la production était destinée à l'alimentation du personnel de l'exploitation.
Le personnel travaillant sur El Kous était en 1963 de 234 personnes permanentes dont 17 d'origine européenne, auxquelles il fallait ajouter plus de 200 ouvriers temporaires au moment des vendanges.
Le domaine de Sidi Bouzit
Ce domaine était situé dans la plaine de Bône sur la route allant de Morris à Randon, à 3 km de ce dernier village.
Environ le dixième de sa superficie était constitué par un mamelon en pente douce annonçant les premiers contreforts du djebel Harch. Il s'agissait de terres argilo-siliceuses rouges, ayant un bon niveau de fertilité, reposant sur une couche de tuf.
Le reste du domaine était plat et traversé par l'Oued Besbes.
A l'est de la route Morris-Randon, 20 % de la superficie était constitué par un sol de sables détritiques de grès numidiens reposant sur une couche d'argile jaune imperméable.
A l'ouest de cette route, les terres argileuses battantes représentaient 70% de la superficie de l'exploitation.
Elles avaient été drainées avec des drains de pierre sèche et des fossés à ciel ouvert à l'exception des sols d'alluvions en bordure du Besbes, il s'agissait de terres de fertilité médiocre. Deux puits par sondages forés à une profondeur de 30 mètres permettaient de disposer de 70 m3/h d'une eau de bonne qualité pour irriguer les vergers.
Sa superficie était en 1963 de 247 ha avec une répartition suivante des cultures : vigne (130ha), vergers (2 ha dont 23 ha d'agrumes), oliviers (25 ha, représentant 5.700 arbres), terres labourables (51 ha). Comme le domaine d'El Kous, Sidi Bouzit était à vocation viticole et arboricole.
Le vignoble était constitué surtout de cépages rouges (103 ha, principalement Carignan et hybride américain S 2007), les cépages blancs ne représentant que 16ha. Malgré la présence d'une cave de 14.000 hI, la vinification se faisait à El Kous, le coût de transport de la vendange étant inférieur au coût de fonctionnement de cette cave. La récolte se situait entre 5.000 et 7.500 hl soit un rendement moyen voisin de 50 hl/ha.
Les agrumes, essentiellement des orangers, plantés sur les bords de l'oued Besbes étaient irrigués et avaient des rendements de l'ordre de 15 tonnes/ha. La production était vendue sur pied avant la récolte à des négociants.
Les oliviers plantés en ligne à grands écartements dans le vignoble ou en association avec des cultures intercalaires représentaient aussi un revenu intéressant pour l'exploitation. Leur récolte était destinée à l'huilerie.
Les terres nues étaient occupées en partie, lorsqu'elles étaient irrigables, par la culture du tabac et celle du trèfle d'Alexandrie qui valorisaient bien les apports d'eau. Le reste de ces terres était semé en blé dur. Le domaine employait 60 personnes dont deux cadres d'origine européenne. Comme pour El Kous il fallait y ajouter durant la période des vendanges, la présence d'ouvriers temporaires affectés à la cueillette du raisin.
Ces domaines furent nationalisés par l'État Algérien le 6/4/1963.
A SUIVRE
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LA TIRADE DES NEZ DE SERRANO DE BIRTOUTA
(Edmond Rostand chez les pieds noirs ?)
Envoyé par Daniel DARDENNE
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SERRANO DE BIRTOUTA
Ca y est. Ti as fini ?
LE BICOMPTE
Mais
SERRANO
Ow ! Ti as fait tchoufa dès, fisse !
Les soges qu'on pouvait dire dés !... En pagaïe y en avait !
Atsô ! Rien qu'tu sanges le ton ... oila :
Agressif : "Mon, mecicu, si j'aurais un nez kif-kif,
Direct j'rn' le coupe !"
Amical : "Quand tu t'tapes la loubia, sûr qu'ton nif
Y rac'l'fond d'la guedra ;
Moi, de toâ, j'la respire comme a'c un tuyau."
Descriptif . "C't'un djebel, c't'une sierra ; C'est le Cap Caxine
Awah ! Qués je dis Le Cap Matifou c'est ! "
Curieux : "A quoi qui t'sert c'salabre ?
Tu chasses les papillons ou tu fais des sépias ?
Gracieux : "Ti aimes les p'tits zoizeaux, hein ?
Qu'tu leur mets c'zembrek à leur portée ?"
Truculent : "Quand tu fumes, la vapeur,
El' t'fait pas penser à l'El Djezair ?
Et les voisins ? Manco y z'appelent les pompiers ? "
Prévenant : "Balek qu'a'c le poids qu'y t'fait ;
Ta cabesse elle descend bien-bien,
Et toâ, tu tombes d'caplatte par terre :"
Tendre : "Pourquoâ tu lui fais pas une p'tite guitoune soua soua,
Qu'le soleil y s'Io décolore sans ça ?"
Pédant et culinaire : "Rien qu'le didoplocus ôt'fois
Y l'a eu tant d'la viande sur les zosses.
Si quelqu'un connaît le nom de l'auteur de ce texte en pataouète, je le prie de me le faire savoir afin de le mentionner. D'avance merci. J.P.B.
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LE MUTILE N° 207, 21 août 1921
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L'Algérie et ses Gouverneurs
GOUVERNER C'EST PRÉVOIR
Il est naturellement très logique, dans une période comme celle que nous traversons, de s'occuper, dans ce moment de transition, du haut fonctionnaire qui va, après tant d'autres, prendre en mains les destinées de l'Algérie. Cette formidable machine, avec ses rouages complexes, a besoin d'un mécanicien consommé pour fonctionner d'une façon aussi parfaite que possible.
Avant d'aller plus loin, et pour rompre mon exode, je ne sache pas qu'il soit de l'intérêt de la Colonie de changer ses Gouverneurs, car il coule de source qu'une exploitation, qu'une industrie, qu'un commerce, quels qu'ils soient, ne peuvent, arriver à un mieux être si on ne les laisse pas suffisamment pour connaître et apprécier les besoins de tout ce qu'ils ont à administrer.
Si l'Algérie n'est pas mieux dotée comme outillage économique, la faute en est aux changements successifs de ceux qui n'avaient pas les mêmes façons d'envisager les choses. Regardez la Tunisie, le Maroc qui eux, ont pu profiter des fautes de leur sœur algérienne. Comment marchent ces deux pays notamment le Maroc sous l'administration rigide, fertile et juste du maréchal Lyautey ! Il est incontestable, que l'Algérie qui fut la première conquise, devait avoir des progrès plus lents, car entre le régime belliqueux et le régime pacifique il y a forcément des périodes inéluctables de tâtonnements.
Le Parlement (en la personne des députés qui ne connaissent pas la Colonie) joue trop facilement avec nos intérêts et pourtant, il n'est pas douteux que l'on n'envoie pas toujours « ce qu'il faut à la place qu'il faut ».
A la réponse d'un télégramme envoyé à M. Steeg par notre dévoué et sympathique président des Mutilés, M. Ascione, le nouveau Gouverneur de l'Algérie a répondu très aimablement, en faisant, entrevoir que toutes ses sympathies allaient aux glorieux mutilés. Fermons la parenthèse et attendons avec confiance les bienfaits qui découleront du tact, de l'énergie et de la justice du haut fonctionnaire que le Gouvernement a choisi pour présider aux destinées de l'Algérie.
Il n'est, pas facile à un homme, si habile qu'il soit, fut-il Gouverneur, de concilier et de satisfaire les nombreux intérêts qui sont en présence; aussi convient-il, avant tout de ne pas s'énerver sur certaines futilités ou erreurs administratives ; c'est dans les grandes lignes qu'il faudra juger la main puissante du nouveau Grand Chef.
L'Algérie est peuplée de gens qui forment une promiscuité sans égale et qui n'ont, en aucune façon, la même mentalité (nous voulons parler des Européens). Quant aux Arabes, il me serait infiniment agréable de pouvoir commenter longuement le Magistral ouvrage qu’écrivit, avant la guerre, M. André Servier, qui était alors rédacteur à la Dépêche de Constantine. Cet ouvrage a pour titre : « Le Nationalisme Musulman ».L'auteur montre - et avec quelle finesse - combien il est difficile de gouverner avec un peuple dont on ne connaît pas suffisamment les sentiments et qui n'écoute qu'une seule voix, celle des, marabouts qui l'entraîne, le plus souvent, dans les pires aventures.
Les affaires de Thala, de Marguerite sont-elles si loin pour que nous puissions nous les rappeler. Toute les échauffourées qui eurent lieu ont surabondamment démontré que la conquête de 1830 avait créé entre les vainqueurs et les vaincus un courant de haines et d'antipathies. N'oublions pas que, nous sommes séparés de l'Arabe par le Coran qui constitue une barrière infranchissable et qui empêche une assimilation complète, même pour ceux qui, rejetant bien loin leurs préjugés, sont pour la France des amis sincères.
Si l'on avait laissé faire le Grand Cardinal Lavigerie, Primat d'Afrique, nous aurions peut-être gagné les Arabes par le coeur, ce qui eut été parfait; mais les passions étaient plus fortes que les raisonnements et il ne fallait pas faire de prosélytisme.
Nous ne pouvons, ici développer toutes ces considérations qui nécessiteraient une place dont nous ne disposons pas, souhaitons seulement que par ses vues larges, par sa perspicacité, par toute les œuvres qu'il a laissées et dont il fut l'ouvrier de la première heure; nous en arrivions, dans un temps plus ou moins éloigné, à abandonner les sophismes et reprendre la semence qu'il nous a léguée.
Sans doute la guerre fut un chaos qui remua tout de fond en comble et il ne nous est pas permis de suspecter le loyalisme de tous ces braves qui versèrent leur sang pour leur Patrie d'adoption et qui lui donnèrent de multiples preuves de leur dévouement.
Renseigné par ses nombreux chefs de service sur les événements et la situation des trois départements, il pourra prévenir les maux et n'aura pas, de cette façon, à les guérir. L'orographie de I'Algérie et de l'Afrique du Nord en général n'est pas suffisamment connue; de nombreuses richesses sont enfermées dans le sein de la terre, nullement disposée à révéler les secrets qu'elle détient de toutes les périodes géologiques qui ont précédées celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement.
Toutes ces richesses, faute de prospecteurs pour les découvrir, et de consortiums pour les exploiter sont là qui dorment d'un sommeil léthargique. Nous ne voyons pas poindre l'ère qui amènera en Afrique du Nord des ingénieurs des Mines, des prospecteurs, des chimistes qui iront à la conquête des métaux précieux si utiles au développement des arts, de l'industrie et du commerce. Ici ces recherches, sont facilitées par de nombreux indices, car les Romains, avant nous, ont cherché l'argent, l'or, le cuivre et le plomb, mais ils ne connaissaient pas le zinc ni la calamine sous toutes ses formes; ils se contentaient donc quand il avaient découvert ce qu'ils chercher de jeter au remblai ce que je viens d'indiquer; c'est ainsi que plusieurs milliers de tonnes n'ont eu qu'à passer dans des fours à cuves pour être expédiées dans les hauts-fourneaux.
La tâche du nouveau Gouverneur serait, dans ce domaine, de faire valoir toutes ces richesses; nous sommes convaincus qu'il n'y faillira pas.
En toutes ces branches, aussi nombreuses que variées qui doivent former l'essor et l'avenir de la Colonie, il appartient à son chef de leur donner un mieux-être constant.
De par sa situation, à 24 heures de la France, par les moyens de locomotion que nous possédons, n'est-elle pas privilégiée et ne pourrait-on dire qu'elle est le joyau de la France ? Son climat, la fertilité de son sol sont autant de garanties pour son avenir que nous prédisons des plus brillants.
Sans doute, certains endroits manquent d'eau, mais combien en ai-je vus, à travers mes pérégrinations qui en étaient complètement dépourvus, et qui, aujourd'hui, sont dotés de puits artésiens qui ont changé l'aridité et la sécheresse pour la fertilité et de verdoyantes frondaisons qui font l'admiration de ceux qui connaissent cette heureuse transformation. Nous ne savons si dans le vaste programme qui doit être exécuté, cette question des eaux et des puits a sa place; quoi qu'il en soit, il serait profondément regrettable qu'elle ne l'eût, pas, car l'eau, dans un pays comme le nôtre, est un point primordial.
Quand les peuples ruraux, nos colons, les indigènes surtout, auront un peu partout des eaux pour leur irrigation, les misères physiologiques disparaîtront ou seront tout au moins palliées dans de larges mesures. Dans les maux, les calmants sont insuffisants, il faut des curatifs.
Bien doué, comme l'est M. Steeg, avec des garanties indiscutables, nul doute que tous les problèmes qui intéressent, la Colonie ne soient, par lui résolus. Bien ! Mais il y a un « mais » quand ce haut fonctionnaire aura mis tout son coeur et toute son âme à doter l'Algérie de tout ce dont elle a besoin, armez-vous le courage de remplacer l'ouvrier idoine par un apprenti ignare ? Nous ne le pensons pas, et il serait profondément regrettable que tant de sang eût été versé stérilement, que des milliers de mutilés qui ne peuvent, malgré eux, ne pas penser aux sacrifices qu'ils ont consentis en donnant à la France le meilleur d'eux-mêmes, puissent, de dépit, avoir des réflexions comme la suivante:
« O Mère quand tes cris de détresse arrivèrent jusqu'à nous et déchirèrent nos coeurs, nous fûmes heureux de courir à ton secours. Aujourd'hui nos âmes sont soulagées par la satisfaction du devoir accompli. D'un oeil tendre et maternel regarde ceux qui, pour toi, furent, mutilés. Vois leurs membres pantelants, soulage leur détresse, calme leurs douleurs afin que nous puissions en cas de nouveaux dangers, dire à nos frères, à nos enfants : Allez! Allez défendre votre Mère Patrie qui pour vous a tant de sollicitude »
HADRUMETTE.
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Un Mauvais Exemple
Dans ce pays où la France se fait un devoir d'apporter toujours plus de lumière quand notre politique indigène évolue dans le sens de l'éducation orale; il est, profondément regrettable que des actes, comme celui de Duperré inflige un pareil démenti à notre doctrine.
Notre confrère Les Nouvellesa relaté l'inqualifiable agression dont fut victime un brave indigène, mutilé de guerre.
Ce mutilé, M. Touilli, demeurant à Duperré nous écrit au sujet de cette agression :
« J'ai été victime d'une odieuse vengeance et dans ces quelques lignes vous y verrez la répulsion que j’éprouve pour cet indélicat et immoral personnage qui est l'administrateur adjoint, le principal instigateur du guet-apens d'où je suis sorti tout tuméfié et boiteux.
La veille de mon agression, le 13 juillet, je fus insulté par lui.
Cet être puant, nourrit, à mon égard une haine farouche depuis la campagne de presse que j'ai mené contre lui et le caïd hadj Sadok Abdelkader ou je défendais les pauvres fellahs.... qui ont été dépouillés avec un cynisme révoltant de leurs graines de semence dont une enquête suit son cours.
Les hommes à leur solde qui m'ont frappé, que je connais très bien, m'étaient la veille et les jours précédents de bons et respectueux camarades. Ceci prouve la culpabilité de ces deux « hauts placés ».
J'ai reçu plus de quarante coups de bâtons et je porte quatre blessures à la tête, plusieurs aux membres et dans le dos. Un de mes agresseurs ayant cassé 2 bâtons sur moi, en prit un troisième et a continué à me frapper.
C'est une véritable tentative d'assassinat. »
Nous souhaitons qu'une enquête sévère amène le châtiment des coupables.
Il faut remonter bien loin dans l'histoire pour retrouver cette ignoble bastonnade dont on gratifiait aisément, l'homme comme l'animal.
Et souvent… si quelques réflexions peu flatteuses à l'encontre de la France s'échappent de la bouche des indigènes, leurs récriminations sont quelques fois bien fondées.
Ce discrédit est semé par certains personnages où l'égoïsme, le mercantilisme occupent toute leur personne, à qui on a donné toute notre confiance pour aider à continuer la délicate mission qu'est, notre politique indigène.
D'JENY.
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Longue vie à notre toujours "Jeune Centenaire Pieds-Noirs"
La Seybouse souhaite à Jeanne un joyeux anniversaire dans le bonheur et la santé.
Notre Centenaire Bônoise a eu 102 Ans
Entourée de beaucoup de sympathie, d'amour et d’amitié, notre Jeanne Nationale a fêté ses 102 ans avec sa fille Ida et "sa Sylviane", au restaurant en mangeant des sardines grillées dont elle rêvait depuis longtemps. Dommage que ce n'étaient pas celles de la Grenouillère.
Mme Jeanne Sinigaglia est née le 18 août 1907 à Bône. Elle est née FELECETTI. Ses parents, Louis et Marie FELECITTI, comme beaucoup de bônois, venaient d’Italie. Ils exerçaient très vraisemblablement la profession de pêcheurs.
Elle s'est mariée très jeune et s'appelait Mme SCHEMBRI. Puis elle a été veuve à 27 ans avec 4 enfants dont un seul survivra, sa fille Ida.
Elle s'est remariée quelques années plus tard avec M. SINIGAGLIA, maître pêcheur, qui naviguait entre La Calle et La Goulette sur la côte Tunisienne.
Regardez sa photo, les 102 ans se cachent derrière la coquette et son sourire malicieux.
Vous pouvez lui envoyer lui les voeux bônois ou algériens de toute région de notre pays par l'intermédiaire de l'animatrice Mme Sylviane Leplus qui la choie tendrement.
Hôpital Local de Monségur
Maison de retraite
53 r St Jean 33580 Monségur
Voici la chanson qu'elle nous avait offerte et chantée lors de la célébration de ses 100 ans.
LES CHIQUEURS DE BÔNE
Les chiqueurs de Bône
Sont tous à la mode
Un foulard au cou
Pour mieux se faire comprendre.
Un foulard au cou
Casquette à la chiquée
Pantalon à pattes
Et souliers marseillais.
Pas de chance,
Pas de pitié
Enfants de Cayenne
Et des travaux forcés.
Si vous les voyez
Tous jeunes tatoués
Un point au front
Un point violet
Voilà la bande
Des foulards noirs croisés.
Pas de chance,
Pas de pitié
Enfants de Cayenne
Et des travaux forcés.
Jeanne SINIGAGLIA
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ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
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Le Loto, c'est pervers...
Envoyé par Noël
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Un homme est devant sa télévision et contrôle le ticket de loto qu'il a joué le matin même.
Ses 6 numéros sortent.
Fou de joie, il crie par la fenêtre à son épouse qui se trouve de l'autre côté de la route :
« Chérie vient vite nous avons gagné la cagnotte du loto »
La femme saute de joie et traverse la route.
Un camion arrive et l'écrase.
Le mari : « Putain quand une journée est bonne, elle est vraiment bonne »...
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MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
1853 Par LE GÉNÉRAL DAUMAS N° 11
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
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TELL - KABYLIE-SAHARA
AVANT-PROPOS.
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas
LA KABYLIE.
III.
Les Zaouïas.
Considérées sous le rapport universitaire, les zaouïas renferment, toutes, trois degrés d'instruction.
L'école primaire est ouverte à tous les enfants kabyles ou arabes. Quelques parents en envoient de très loin, plutôt que d'avoir recours aux petites écoles des tribus. On paye six douros de première mise pour chaque enfant, moyennant quoi il est nourri, logé et habillé aux frais de l'établissement, jusqu'à l'époque de son départ : ceci est la règle commune; mais nous verrons plus tard que les gens riches ajoutent à ce versement des cadeaux très considérables. L'enfant apprend d'abord la formule religieuse de l'Islam : " Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète; " puis une demi-douzaine de prières et quelques versets du Koran. La plupart des Kabyles n'en savent pas plus long; ils rentrent au sein de la famille, pour prendre part à ses travaux dès que leur développement physique le permet.
Ceux qui prolongent leur éducation apprennent à lire et à écrire, à réciter le texte du Koran, etc. Après six ou sept ans, cette instruction secondaire leur permet de rentrer dans les tribus comme tolbas, et d'y ouvrir de petites écoles pour les enfants du peuple.
Quand l'élève quitte la zaouïa, ses maîtres se rassemblent; l'un d'eux lit le fatah sur lui. Le jeune homme, à son tour, les remercie, et il le fait ordinairement par cette formule à peu prés consacrée : " 0 mon maître, vous m'avez instruit, mais vous vous êtes donné pour moi beaucoup de mal. Si je vous ai causé quelque peine, je vous en demande le pardon au jour de la séparation. "
Il convient d'ajouter en passant que le voisinage des zaouïas se ressent quelquefois de la turbulence propre aux nombreuses réunions de jeunes gens. Ce soit des querelles, des vols; c'est la fréquentation des femmes kabyles que la loi a émancipées, etc. Les chefs des zaouïas passent leur vie à arranger les contestations que soulève chaque jour quelque nouvelle folie de leurs disciples.
Enfin, les études transcendantes réunissent, surtout dans quelques zaouïas plus renommées, des tolbas de toutes les régions. Il en vient, non seulement des divers points de l'Algérie, mais de Tunis, de Tripoli, du Maroc et de l'Égypte même. Ces savants payent, à leur entrée, quatre boudjous (1) et demi pour toute la durée du séjour qui reste entièrement à leur discrétion.
On apprend dans les zaouïas
1° La lecture et l'écriture.
2° Le texte du Coran, jusqu'à le réciter intégralement sans une faute, et avec la psalmodie ou l'intonation convenable qui sert à maintenir la pureté du langage.
3° La grammaire arabe (djayroumia). On n'enseigne le berbère nulle part : ses éléments n'existent plus.
4° Les diverses branches de la théologie (louhhid il tassaououff).
5° Le droit, c'est-à-dire le commentaire du Koran au point de vue légal, par sidi Khelil, qui fait foi dans tout le rite Maleki, et, en conséquence, chez les Arabes.
6° Les conversations du Prophète (hadite sidna Mohammed).
7° Les commentaires sur le Koran (tefessir et Koran), c'est-à-dire l'interprétation du texte saint. On compte sept à huit commentaires ayant autorité: El Khazin est le plus estimé.
8° L'arithmétique (haçal eb ghrobari); la géométrie (haçab el-member) ; l'astronomie (aem-et-faleuk).
9° Enfin, la versification (Alem-el-Aaroud). Presque tous les tolbas sont poètes.
Les différentes zaouïas nourrissent entre elles des dissidences et des rivalités universitaires ; l'opinion les classe, l'esprit de corps s'en mêle, un taleb n'émigrerait point de la sienne dans un autre : il n'y serait pas même accueilli.
Les zaouïas les plus fameuses sont :
Sidi Ben-Ali-Chérif (chez les Ioullen).
Sidi-Moussa Tinebedar (chez les Beni Ourghlis).
Sidi Abd-er-Rhaman (près de Bordj et Boghni).
Sidi-Ahmed-Ben-Driss (chez les Ayt-Iboura).
Celles-là comptent un personnel considérable. Sidi Ben-Ali-Chérif, par exemple , renferme en permanence deux ou trois cents tolbas et élèves, avec un nombre variable de passagers, dont la moyenne journalière peut être évaluée à plus d'un cent, et le maximum au quadruple.
Les zaouïas sont donc, à proprement parler, des institutions de bienfaisance, elles fournissent l'hospitalité gratuitement, l'éducation presque pour rien; elles le font sur une vaste échelle et nécessairement à grands frais. En quoi consistent leurs ressources?
Les zaouïas sont un objet de vénération particulière pour le peuple. C'est là que les Kabyles provoquent le serment, lorsqu'ils ont quelques réclamations, ou quelque discussion à propos de dettes, vols, etc. Les Kabyles, sur lesquels viennent fondre plusieurs malheurs, s'y rendent de très loin eu pèlerinage, pour demander à Dieu, par l'intermédiaire des saints marabouts, la fin des maux qui les affligent. La mère qui ne peut élever ses enfants, qui les voit mourir en bas âge, vient prier Dieu de les lui conserver. La femme stérile s'y fait conduire par son père ou son mari, espérant la grâce d'une postérité.
La mosquée de Koukou est la plus renommée pour les miracles de ce dernier genre. On les attribue au bâton de Sidi Ali-Taleub, que la femme stérile doit agiter en tout sens, dans un trou pratiqué au milieu même de la mosquée. On en frotte également le dos des malades pour les guérir. D'après la tradition, Sidi-Ali-Taleub n'avait qu'à mettre en joue son ennemi, avec ce bâton merveilleux, pour le faire tomber raide mort. Les malades emploient aussi, comme remède, la pierre du tombeau sacré qu'ils broient et qu'ils avalent.
Les croyances superstitieuses varient pour chaque zaouïa Dans les époques de sécheresse, autour de toutes indistinctement, ou fait de grandes processions pour demander la pluie. (Frappant rapport avec nos Rogations!) Enfin, quoique chaque tribu ait sa mosquée, les gens religieux ne manquent jamais d'aller faire leur prière du vendredi dans la zaouïa la plus proche.
Celle-ci reçoit, dès lors, une portion de l'achour et de la zekkat dévolus aux mosquées. En outre, elle a certaines tribus du voisinage qui se sont déclarées ses serviteurs, et tiennent là, honneur de lui faire des présents (ziarah); elles lui apportent continuellement de l'huile, du miel, des raisins secs, des figues, des poules, etc.; elles envoient des moutons, des chèvres, quelquefois même de l'argent. Les pèlerins et surtout ceux qui implorent une faveur céleste, font de riches présents. Une famille dont les enfants s'instruisent à la zaouïa, lui donne également en raison de ses moyens. Voilà pour le casuel.
Les zaouïas ont de plus des propriétés foncières, soit que les fondateurs les aient constituées sur un bien à eux appartenant, soit quelles en aient acquis par des extinctions de habous (2). Elles confient la culture de ces terres à leurs propres serviteurs, ou, selon l'usage arabe, à des métayers qui prélèvent le cinquième de tous les produits.
Au besoin, elles font appel à la piété des croyants, et ceux-ci leurs fournissent alors une corvée générale (touiza). Mais les revenus fixes n'entrent pas en comparaison avec le produit des offrandes volontaires. Telle zaouïa ne possède pas un pouce de terrain, qui l'emporte en richesse sur les mieux loties.
Chaque zaouïa est placée sous l'autorité d'un chef suprême, et cette autorité passe héréditairement de mâle en mâle dans la famille du fondateur. Quand celle-ci vient à s'éteindre, tous les tolbas de la zaouïa se réunissent; l'un d'eux est élu chef pour un an seulement. Si ce personnage justifie le choix dont il a été l'objet, s'il maintient à l'établissement sa réputation de sainteté, il conserve le pouvoir et devient la souche d'une nouvelle famille de chefs. Dans le cas contraire, on renouvelle l'élection chaque année, jusqu'à ce qu'elle soit tombée sur un homme vraiment digne de l'emploi.
C'est le chef permanent de la zaouïa qui l'administre dans les moindres détails, par l'intermédiaire de ses tolbas et de ses serviteurs; mais quand le chef est seulement annuel, les tribus qui desservent la zaouïa choisissent elles-mêmes l'administrateur de ses biens.
On sait qu'il existe chez les musulmans des ordres religieux, et qu'ils sont répandus en Algérie. Parmi les zaouïas kabyles, un petit nombre seulement compte des frères (kouan); nous en dirons néanmoins quelques mots.
L'ordre le plus répandu de beaucoup est celui de Sidi Mohammed Ben Abd-er-Rhaman, bou kobereïn (3). Ce surnom est fondé sur une légende merveilleuse, quoique assez récente. Sidi Mohammed venait de mourir et de recevoir la sépulture dans le Jurjura, lorsque des habitants d'Alger, où ses vertus étaient en grand renom, allèrent prier la nuit sur sa tombe. On négligea de les surveiller, et ceux-ci, par une fraude pieuse, s'approprièrent le corps du marabout qu'ils vinrent déposer près de la route du Hammâ, un peu avant d'arriver au Café des Platanes, au lieu où s'élève aujourd'hui la koubba de ce marabout. Mais bientôt la rumeur publique apprit cet événement aux Kabyles; ils en conçurent une indignation terrible, et de longues vengeances se seraient sans doute exercées, quand on leur donna le conseil d'ouvrir la tombe qu'ils possédaient chez eux. Ils l'ouvrirent, et, chose miraculeuse! Les restes du marabout s'y trouvèrent aussi.
Les derkaouas ou révoltés sont les puritains de l'islamisme, en révolte, en lutte perpétuelle contre l'autorité des sultans, contre la hiérarchie sociale. Dans la Kabylie on les trouve surtout près de Zamora, chez les Beni-Yala. Leur chef est un homme important, Hadj-Moussa bou hamar (maître de l'âne), que nous verrons plus loin entrer en lutte contre l'Émir.
On appelle dérouïches (détachés), les hommes détachés du monde; sous ce rapport, les derkaouas sont des espèces de dérouïches; mais il existe en Kabylie une secte beaucoup plus digne de ce nom, et remarquable par son affinité avec nos solitaires ascétiques de la Thébaïde. Dans le pays des Beni-Raten, un marabout célèbre, Cheikh-el-Madhy, prétend conduire ses disciples à l'état de sainteté de la manière suivante : chacun d'eux est rigoureusement renfermé dans une petite caverne ou cellule qui lui permet à peine quelques mouvements, à peine la position droite. Sa nourriture est diminuée progressivement pendant quarante jours, jusqu'à ne point dépasser le volume d'une figue; il en est même dont la subsistance pour vingt-quatre heures, ne consiste que dans une cosse de caroubier. A mesure qu'ils subissent cet entraînement hors de la vie matérielle, les disciples acquièrent la seconde vue; il leur vient des songes d'en haut ; enfin, la relation mystique finit par s'établir entre le marabout et eux lorsque leurs rêves coïncident, lorsqu'ils rencontrent les mêmes visions. Alors Cheikh-et-Madhy donne un burnous, un haïk, un objet quelconque, en signe d'investiture, à l'adepte accompli, et l'envoie par le monde faire des prosélytes. Il existe, en effet, des succursales de l'établissement modèle chez les Beni-0urghliss, chez les Beni-Abbas, chez les Beni-Yala : on en compterait peut-être une cinquantaine. Leurs pratiques reposent toujours sur l'ascétisme le plus rigoureux: la proscription de tout plaisir, des femmes du tabac, s'y maintient scrupuleusement. L'état de prière on de contemplation est l'état perpétuel.
Les initiés font remonter cette institution à Sidi Ali-ben-Ali-Thaleb, le fameux gendre du Prophète. Ce qu'il y a de sur, c'est qu'elle fut apportée de l'Égypte par Sidi Ben-Abd-er-Rhaman, disciple de Sidi-Salem-el-Hafnaoui, et que le christianisme a laissé dans l'Égypte la puissante tradition des extases mystiques, des abstinences prodigieuses et de la solitude cellulaire.
L'anaya est le sultan des Kabyles; aucun sultan au monde ne lui peut être comparé; il fait le bien et ne prélève point d'impôt. Un Kabyle abandonnera sa femme, ses enfants, sa maison, mais il n'abandonnera jamais son anaya.
Tels sont les termes passionnés dans lesquels le Kabyle exprime son attachement pour une coutume véritablement sublime, qu'on ne trouve chez ni autre peuple.
L'anaya tient du passeport et du sauf-conduit tout ensemble, avec la différence que ceux-ci dérivent essentiellement d'une autorité légale, d'un pouvoir constitué, taudis que tout Kabyle peut donner l'anaya; avec la différence encore, qu'autant l'appui moral d'un préjugé l'emporte sur la surveillance de toute espèce de police, autant la sécurité de celui qui possède l'anaya dépasse celle dont un citoyen peut jouir sons la tutelle ordinaire des lois.
Non seulement l'étranger qui voyage en Kabylie sous la protection de l'anaya défie toute violence instantanée, mais encore il brave temporairement la vengeance de ses ennemis, ou la pénalité due à ses actes antérieurs. Les abus que pourraient entraîner une extension si généreuse du principe sont limités, dans la pratique, par l'extrême réserve des Kabyles à en faire l'application.
Loin de prodiguer l'anaya, ils le restreignent à leurs seuls amis; ils ne l'accordent qu'une fois au fugitif; ils le regardent comme illusoire s'il a été vendu; enfin ils en puniraient de mort la déclaration usurpée.
Pour éviter cette dernière fraude, et en même temps pour prévenir toute infraction involontaire, l'anaya se manifeste en général par un signe ostensible. Celui qui le confère délivre, comme preuve à l'appui, quelque objet bien connu pour lui appartenir, tel que son fusil, son bâton; souvent il enverra l'un de ses serviteurs ; lui-même escortera son protégé, s'il a des motifs particuliers de craindre qu'on ne l'inquiète.
L'anaya jouit naturellement d'une considération plus ou moins grande, et surtout il étend ses effets plus ou moins loin, selon la qualité du personnage qui le donne. Venant d'un Kabyle subalterne, il sera respecté dans son village et dans les environs; de la part d'un homme en crédit chez les tribus voisines; il y sera renouvelé par un ami qui lui substituera le sien, et ainsi de proche en proche. Accordé par un marabout, il ne connaît point de limites. Tandis que le chef arabe ne peut guère étendre le bienfait de sa protection au delà du cercle de son gouvernement, le sauf-conduit du marabout kabyle se prolonge même en des lieux où son nom serait inconnu. Quiconque en est porteur peut traverser la Kabylie dans toute sa longueur, quels que soient le nombre de ses ennemis ou la nature des griefs existants contre sa personne. Il n'aura, sur sa route, qu'à se présenter tour à tour aux marabouts des diverses tribus; chacun s'empressera de faire honneur à l'anaya du précédent, et de donner le sien en échange. Ainsi, de marabout en marabout, l'étranger ne pourra manquer d'atteindre heureusement le but de son voyage.
Un Kabyle n'a rien plus à coeur que l'inviolabilité de son anaya : non seulement il y attache son point d'honneur individuel, mais ses parents, ses amis, son village, sa tribu tout entière en répondent aussi moralement. Tel homme ne trouverait pas un second pour l'aider à tirer vengeance d'une injure personnelle, qui soulèvera tous ses compatriotes s'il est question de son anaya méconnu. De pareils cas doivent se présenter rarement, à cause de la force même du préjugé; néanmoins, la tradition conserve cet exemple mémorable :
L'ami d'un zouaoua (4) se présente à sa demeure pour lui demander l'anaya. En l'absence du maître, la femme, assez embarrassée, donne au fugitif une chienne très connue dans le pays. Celui-ci part avec le gage de salut. Mais bientôt la chienne revient seule ; elle était couverte de sang. Le zouaoua s'émeut, les gens du village se rassemblent, on remonte sur les traces de l'animal, et l'on découvre le cadavre du voyageur. On déclare la guerre à la tribu sur le territoire de laquelle le crime avait été commis; beaucoup de sang est versé, et le village compromis dans cette querelle caractéristique porte encore le nom de dacheret el kelba, village de la chienne.
L'anaya se rattache même à un ordre d'idées plus général. Un individu faible ou persécuté, ou sous le coup d'un danger pressant, invoque la protection du premier Kabyle venu. Il ne le connaît pas, il n'en est point connu, il l'a rencontré par hasard; n'importe, sa prière sera rarement repoussée. Le montagnard, glorieux d'exercer son patronage, accorde volontiers cette sorte d'anaya accidentel. Investie du même privilège, la femme, naturellement compatissante, ne refuse presque jamais d'en faire usage. Ou cite l'exemple de celle qui voyait égorger par ses frères le meurtrier de son propre mari. Le malheureux, frappé de plusieurs coups et se débattant à terre, parvint à lui saisir le pied, en s'écriant : "Je réclame ton anaya ! " La veuve jette sur lui son voile ; les vengeurs lâchent prise.
Il est connu dans tout Bougie qu'au mois de novembre 1833, un brick tunisien fit côte, en sortant de la rade, et que ses naufragés furent tous mis à mort, comme amis des Français, à l'exception de deux Bougiotes, plus compromis encore que les autres, mais qui eurent la présence d'esprit de se placer sous la sauvegarde des femmes.
Ces traits épars, et qu'il serait facile de multiplier, indiquent une assez large part faite aux sentiments de fraternité, de merci. Leur présence au milieu d'une société musulmane, si âpre d'ailleurs ne saurait être constatée sans éveiller quelque surprise. Chez un peuple très morcelé, très peu gouverné, fier, et toujours en armes, où doivent abonder par conséquent les dissensions intestines, il était nécessaire que les moeurs suppléassent à l'insuffisance des moyens de police, pour rendre à l'industrie et au commerce la sécurité du transit. L'anaya produit cet effet. Il assoupit en outre bien des vengeances, eu favorisant l'évasion de ceux qui les ont suscitées. Enfin, il étend sur tous les Kabyles un immense réseau de bienfaits réciproques.
Nous voilà certes loin de cet inexorable fatalisme, de cet abus rigoureux de la force, de ce sacrifice complet des individualités qui partout ont suivi la marche du Koran sur le globe. D'où viennent donc ici des tendances plus humaines, des velléités charitables, des compassions subites? Ne sommes-nous pas en droit de les considérer avec attendrissement comme une lueur affaiblie de la grande clarté chrétienne, qui a jadis illuminé l'Afrique septentrionale ?
Nous venons d'esquisser à grands traits un tableau général de la société kabyle. Ou nous nous trompons fort, ou ce tableau ne parlera point seulement aux yeux; il dévoilera clairement à l'esprit le grand amalgame, de races et de croyances, qui s'est élaboré, pendant les siècles, sur ce point peu connu de la côte d'Afrique. De cet ensemble, une seule impression résulte : elle est facile à résumer.
Les indigènes que nous avons trouvés en possession du sol algérien constituent réellement deux peuples. Partout ces deux peuples vivent en contact, et partout un abîme infranchissable les sépare; ils ne s'accordent que sur un point : le Kabyle déteste l'Arabe, l'Arabe déteste le Kabyle.
Une antipathie si vivace ne peut être attribuée qu'à un ressentiment traditionnel, perpétué d'âge en âge entre la race conquérante et les races vaincues. Corroborée par l'existence indélébile de deux langues distinctes, cette conjecture passe à l'état de certitude.
Physiquement, l'Arabe et le Kabyle offrent une dissemblance qui constate leur diversité de souche. En outre, le Kabyle n'est point homogène; il affecte, selon les lieux, des types différents, dont quelques-uns décèlent la lignée des barbares du Nord.
Dans les moeurs, mêmes divergences. Contrairement aux résultats universels de la foi islamiste, en Kabylie nous découvrons la sainte loi du travail obéie, la femme à peu près réhabilitée, nombre d'usages où respirent l'égalité, la fraternité, la commisération chrétiennes.
Passons à l'examen des formes sociales et des lois; le phénomène s'y révèle encore mieux. Tandis que tous les musulmans s'en tiennent au Koran, comme au code complet, universel, qui embrasse la vie entière de l'homme, et règle jusqu'aux moindres détails de sa conduite publique ou privée, les Kabyles, par exception; observent des statuts particuliers qu'ils tiennent de leurs ancêtre, qu'ils font remonter à des temps antérieurs. Sur plusieurs points fort importants, tels que la répression du vol, du meurtre, etc., ces statuts ne s'accordent point avec les arrêts du Koran ; ils semblent incliner davantage vers nos idées en matière pénale ; enfin, ces statuts portent un nom qui conserve admirablement le cachet de leur origine chrétienne, ils s'appellent kanôuns (5).
Ainsi, l'on constate d'abord une dualité nationale qui résiste, au bout des siècles, à la communauté religieuse et au contact le plus multiplié ; indice irrécusable de l'incompatibilité des races. Celles-ci, comme certains métaux, ne pouvaient former un alliage ; la force et le hasard ne réussirent qu'à les amalgamer.
Puis, si l'on abandonne ce parallèle pour approfondir spécialement les mystères de la société kabyle, plus on creuse dans ce vieux tronc, plus, sous l'écorce musulmane, on trouve de sève chrétienne. On reconnaît alors que le peuple kabyle, en partie autochtone, en partie Germain d'origine, autrefois chrétien tout entier, ne s'est pas complètement transfiguré dans sa religion nouvelle. Sous le coup du cimeterre, il a accepté (6) le Koran, mais il ne l'a point embrassé; il s'est revêtu du dogme ainsi que d'un burnous, mais il a gardé, par dessous, sa forure sociale antérieure, et ce n'est pas uniquement dans les tatouages de sa figure qu'il étale devant nous, à son insu, le symbole de la Croix.
1 Boudjou : pièce d'argent de la valeur d'environ un franc soixante et quinze centimes.
2 Le habous est une donation d'immeuble faite à une institution religieuse, avec maintien de la jouissance usufruitière pour les héritiers du testateur. Quand la famille s'éteint, le bien retourne aux légataires.
3 Bou veut dire père, maître, possesseur. Bou kobereïn, qui a deux tombes.
4 Zouaoua : nom d'une tribu kabyle. On le donne aussi, par extension, à toutes celles de la Crête du Jurjura, entre Dellys et Bougie.
5 Du mot grec kanôn, règle. Les canons de l'Eglise.
6 Il a accepté. Kebel, Kabyle; l'une des étymologies.
A SUIVRE
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Noé et le nouveau déluge
Envoyé Par Marc
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En 2009 après Jésus-Christ, Dieu visite Noé et lui dit:
- Une fois encore, la terre est devenue invivable et surpeuplée.
- Construis une arche et rassemble un couple de chaque être vivant ainsi que quelques bons humains. Dans six mois, j'envoie la pluie durant quarante jours et quarante nuits, et je détruis tout !
- Six mois plus tard, Dieu retourne visiter Noé et ne voit qu'une ébauche de construction navale.
- Mais, Noé, tu n'as pratiquement rien fait ! Demain il commence à pleuvoir !
- Pardonne-moi, Tout Puissant, j'ai fait tout mon possible mais les temps ont changé:
- J'ai essayé de bâtir l'arche mais il faut un permis de construire et l'inspecteur me fait des ennuis au sujet du système d'alarme anti-incendie.
- Mes voisins ont créé une association parce que la construction de l'échafaudage dans ma cour viole le règlement de 20 copropriétés et obstrue leur vue. J'ai dû recourir à un conciliateur pour arriver à un accord.
- l'Urbanisme m'a obligé à réaliser une étude de faisabilité et à déposer un mémoire sur les coûts des travaux nécessaires pour transporter l'arche jusqu'à la mer. Pas moyen de leur faire comprendre que la mer allait venir jusqu'à nous. Ils ont refusé de me croire..
- La coupe du bois de construction navale s'est heurtée aux multiples Associations pour La Protection de l'Environnement sous le triple motif que je contribuais à la déforestation, que mon autorisation donnée par les Eaux et Forêts n'avait pas de valeur aux yeux du Ministère de l'environnement, et que cela détruisait l'habitat de plusieurs espèces animales. J'ai pourtant expliqué qu'il s'agissait, au contraire de préserver ces espèces, rien n'y a fait.
- J'avais à peine commencé à rassembler les couples d'animaux que la SPA et WWF me sont tombés sur le dos pour acte de cruauté envers les animaux puisque je les soustrayais contre leur gré à leur milieu naturel et que je les enfermais dans des pièces trop exiguës.
- Ensuite, l'agence gouvernementale pour le Développement Durable a exigé une étude de l'impact sur l'environnement de ce fameux déluge.
- Dans le même temps, je me débattais avec le Ministère du Travail qui me reprochait de violer la législation en utilisant des travailleurs bénévoles
- Je les avais embauchés car les Syndicats m'avaient interdit d'employer mes propres fils, disant que je ne devais employer que des travailleurs hautement qualifiés et, dans tous les cas, syndiqués.
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" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
Envoyé par M. Daniel Dardenne N°7
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Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.
LES ALMOHADES (1130 - 1269)
XIIème XIIIème SIECLES
ORIGINE - Viennent du Haut Atlas marocain, de la tribu des Maçmoûda.
- TINMAL la Mekke almohade c'est là qu'a été organisée la communauté almohade.
DOCTRINE :
Almohades, en arabe : al-mowahhidoûn ce mot désigne les adeptes de la doctrine du tawhîd, de l'Unité d'Allah dans toute sa signification. Racine : w.h.d.= être un. (Encyclopédie de l'Islam).
LES CHEFS
-
IBN TOUMERT chef religieux (mandi) qui a longuement voyagé en Orient (Baghdad, Damas, Egypte) et y a recueilli les éléments de sa doctrine. Puissant théologien, grand réformateur : le « Calvin de l'Islam » - Censeur austère des moeurs.
-ABD EL-MOUMIN, chef politique et militaire « la plus grande figure de tout le Haut Moyen Age berbère ». Fils d'un humble potier de la région de Nédroma (environs de Tlemcen). Disciple d'Ibn Toûmert. Proclamé Calife en 1130.
CREATION DE L'EMPIRE ALMOHADE
- 1139-46 : Conquête du Maroc
- 1146-47 Abd el-Moûmin répond à l'appel des Musulmans d'Andalousie révoltés contre les Almoravides.
- Conquête de la Berbèrie, réalisation de son unité : Abd el Moûmin vient à bout de toutes les résistances :
n Fin desAlmoravides défaits à Tlemcen (1145).
n Les émirs Kabyles chassés de Bougie (1151); la Qal'a dévastée. Fin des Hammadides.
n Les Bédouins Beni Hilâl installés dans l'Est depuis 100 ans, mis en déroute près de Sétif.
n Les Normands de Sicile enlèvent Mandîya aux Zirides (1148), et occupent la côte de Tripoli à Tunis. Fin des Zirîdes.
n La prise de Mandîya en 1160, par l'armée almohade, appuyée par la flotte, achève la conquête de l'Afrique du Nord.
ORGANISATION DE LA CONQUETE
- 1159 : premier arpentage de la Berbèrie, de la Cyrénaïque à l'Atlantique.
« On retrancha de cette superficie le tiers pour les montagnes, les rivières, les lacs salés, les routes et les déserts. Les deux autres tiers furent frappés de l'impôt territorial (kharâj) et l'on fixa ce que chaque tribu devait payer en céréales et en argent ».
- Enrôlement des Bédouins dans l'armée, (cavalerie). 'Abd el-Moûmin les utilise également :
pour le maintien de l'ordre,
et la perception des impôts.
- Diffusion de la civilisation hispano-mauresque en Berbèrie
Surtout au Maroc.
- Les remparts de Marrakech.
- La Tour Hassan à Rabat, la Koutoubîya à Marrakech (gravure 13) sont, avec la Giralda de Séville les trois tours soeurs.
- La Qaçba des Oudaya à Rabat (gravure 14).
FIN DES ALMOHADES
- Empire trop vaste
- En Espagne : impuissance devant la « reconquista », victorieuse à Las Navas de Tolosa (1212), seule Grenade reste indépendante et musulmane.
- En Berbèrie : le flot nomade submerge tout :
des chefs de bandes rançonnent le pays (l'aventurier almoravide Ibn Ghânîya venu des Baléares) ;
Bédouins Hilâl et Nomades Zenata offrent leurs services moyennant des attributions de territoires ou de récoltes ;
Jours terribles pour la Berbèrie : « Les foyers y sont éteints », constatera deux siècles plus tard Ibn Khaldoûn et l'on y entend plus « le chant du coq ».
- Abdication
de fait
des derniers Califes almohades en faveur des gouverneurs locaux qui se
déclarent indépendants
- L'Afrique
du Nord se fragmente en trois royaumes qui ont pour capitales
TUNIS
TLEMCEN
FES
- Ils dureront jusqu'au 16ème siècle.
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LECTURES
IBN TOUMERT CENSEUR DES MŒURS
A son entrée à Bougie, le Maître s'installa à la « Mosquée du Myrte ».
Il se mit à interdire aux habitants de porter des sandales aux lanières dorées, des turbans de l'époque du paganisme.
Aux hommes et aux femmes il permit l'emploi des parfums (comme l'avait fait avant lui le Prophète Mohammed)...
Le jour de la rupture du jeûne, les hommes et les femmes se mêlèrent à l'esplanade. Témoin de ce spectacle, l'Imam vint se placer au milieu d'eux, donna des coups de bâton à droite et à gauche et les dispersa... (p.78).
Un jour il entra à Bougie. Arrivé à Bâb el Bahr (la Porte de la Mer), il répandit à terre le vin qu'on y vendait disant : « Le croyant mange des dattes et l'infidèle boit du vin ». Des esclaves le frappèrent et lui dirent :
Qui t'a ordonné de faire la police des moeurs ? »
Il répliqua : « Allah et son Prophète ». Puis il s'en retourna à sa mosquée.
(Puis al-Baïdak, compagnon de l'Impeccable raconte son entrée à TLEMCEN).
« Apprends, ô mon frère, qu'une fois entrée à TLEMCEN nous descendîmes au faubourg d'Agadir chez Ibn Sahib as Salât. En pénétrant dans la ville l'Imam rencontra une nouvelle mariée que l'on conduisait à la demeure de son époux : elle était montée sur une selle et précédée d'un cortège de musique et de choses blâmables. Il brisa les tambourins et les instruments de musique, mit fin à ce spectacle immoral et fit descendre la mariée de la selle. (p. 92).
Extrait de L'HISTOIRE DES ALMOHADES d'ABU BAKR BEN ALI surnommé Al Baïdak Traduite et présentée par E. LEVI-PROVENCAL
dans « DOCUMENTS INEDITS D'HISTOIRE ALMOHADE »
Editions de la Librairie Orientaliste Paul Geuthner - 13, rue Jacob – PARIS
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UNE RENCONTRE DECISIVE
Au retour d'un voyage en Orient, IBN TOUMERT s'arrête à BOUGIE. « C'était alors un centre important, capitale des Princes Hamadites, elle était jusqu'à un certain point la rivale de Tunis et de Marrakech ». Ibn Toûmert - censeur sévère des moeurs - se fait immédiatement remarquer sur les places et les marchés. Puis - pour éviter les ennuis il se retire à Mallala, faubourg éloigné.
Au même moment, un jeune homme studieux qui deviendra le disciple d'Ibn Toûmert, puis le chef de la dynastie almohade des Mouminides sous le nom d'Abd el-Moûmin, parcourt lui aussi le Maghreb en compagnie de son oncle. Il se rend en Orient pour se perfectionner dans les études islamiques.
Avide d'entendre le Maître dont on lui vantait l'éloquence et le savoir, il se rendit à Mallala.
Le récit de cette rencontre du Réformateur et du futur Calife rapporté par el-Baïdeq, un compagnon d'Ibn Toûmert est « dans sa simplicité, d'une émouvante grandeur ».
«Quand le soir tomba, l'Imam Impeccable prit la main du futur Calife et tous deux se mirent à marcher. Au milieu de la nuit, l'Impeccable m'appela : « Abu Bakr (el-Baïdak), donne-moi le livre qui se trouve dans l'étui rouge ! ». Je le lui remis, et il ajouta : « Allume-nous une lampe ! » Il se mit à lire ce livre à celui qui devait être Calife après lui, et tandis que je tenais la lampe, je l'entendis qui disait : «La mission sur quoi repose la vie de la religion ne triomphera que par Abd al-Mu'min ibn' Ali, le flambeau des Almohades » Le futur Calife, entendant ces paroles se mit à pleurer et dit : O fakih, je n'étais nullement qualifié pour ce rôle ; je ne suis qu'un homme qui recherche ce qui pourra le purifier de ses péchés ! - Ce qui te purifiera de tes péchés, répartit l'Impeccable, ce sera le rôle que tu joueras dans la réforme de ce bas monde ! » Et il lui remit le livre en lui disant : « Heureux les peuples dont tu seras le chef, et malheur à ceux qui s'opposeront à toi, du premier au dernier ! Répète fréquemment le nom d'Allah : qu'Il te bénisse pendant ta vie, te dirige dans la bonne voie, te préserve de tout ce qui pourrait te causer crainte et appréhension ! »
Ce récit est-il authentique ? En tout cas, avec moins de précision il est vrai, ceux des autres chroniqueurs en sont très proches, et peut-être plus ou moins inspirés.
LEVI-PROVENÇAL
Islam d'Occident - Paris 1948
Collection « Islam d'hier et d'aujourd'hui».
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BOUGIE, METROPOLE BERBERE DU XIIème AU XVème SIECLE
Bougie n'était, au milieu du XIème siècle, au dire d'Al 'Bakri, qu'un petit, port discret peuplé d'Andalous. Mais, l'année même où Al Bakri achevait son ouvrage, en 1067-68, l'obscure bourgade naissait à une vie nouvelle : le choix que fit de son emplacement le puissant émir hammâdite de la Qal'a, An-Nasir, pour y fonder « sa » ville, An-Nasiriyya, devait modifier pour des siècles le destin de la modeste cité...
Du XIIème au XVème siècle, elle a été, avec Tlemcen, l'un des pôles de l'Algérie actuelle... La population musulmane... devait se composer essentiellement de Kabyles et d'Andalous.
Dès l'époque pré-hammadite, les Musulmans d'Espagne avaient fait de Bougie une de ces installations maritimes qui jalonnaient leur expansion sur le littoral nord africain... Sous les Hafsides, au XIIème siècle, ils y ont afflué, chassés par la Reconquista ibérique... Leur immigration devait se faire plus massive encore... après la chute de Grenade, à la fin du XVème siècle et au début du XVème siècle ; ils se sont installés alors par groupes entiers, principalement hors de la ville... où ils pouvaient s'adonner à la culture maraîchère qui était leur grande spécialité.
Mais, en dépit de ces apports ethniques venus d'Espagne en plusieurs flots successifs, on est sans doute en droit de penser que la majorité, que le fond de la population bougiote était, kabyle. Ne peut-on dire que Bougie a été, du XIIème au XVème siècle, la véritable grande cité kabyle, au point où se raccordent les deux Kabylies et où elles communiquent le plus aisément avec, l'extérieur ? Ce rôle de centre urbain, de grand déversoir kabyle, c'est Alger, à l'autre extrémité de la Grande Kabylie, qui l'a assumé à partir du XVlème siècle, à la suite de l'intervention turque : du moment où Alger a crû, Bougie a décliné.
Dans l'un comme dans l'autre cas, des marins d'origine étrangère et un commerce en grande partie non musulman faisaient la prospérité économique de la ville, où de nombreux Kabyles venaient chercher du travail et souvent s'établir, mais par une différence sensible, les maîtres politiques étaient à Bougie des Berbères, des Nord Africains, tandis qu'Alger dût obéir à des Turcs « de naissance ou de profession ».
Robert BRUNSCHVIG
La Berbèrie Orientale sous les Hafçides.
A. Maisonneuve, éditeur
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LE CHRISTIANISME EN AFRIQUE DU NORD AU XIIème SIECLE
Au contraire du judaïsme qui, malgré des moments difficiles s'est maintenu sans interruption depuis l'antiquité sur tout le sol de la Berbèrie, le christianisme y a reculé sans cesse devant l'Islam, dans les premiers siècles du Moyen Age, au point d'en être éliminé un jour presque complètement.
Au XIème siècle encore, quelque quatre cents ans après la conquête musulmane, la survivance d'une chrétienté autochtone, attestée à Tlemcen par exemple est prouvée aussi d'une façon certaine en plusieurs des principales localités du Constantinois et de la Tunisie : la Qal'a des Beni-Hammad, Bône, Tunis-Carthage, Kairouan, et, en Tripolitaine également ; des deux cents évêchés du VIIème siècle, il n'en restait que cinq en 1053 ; et en 1076, l'archevêque de Carthage dut envoyer le nouvel évêque de Bône se faire consacrer à Rome par le Pape, vu l'impossibilité de trouver en Berbèrie les trois évêques nécessaires pour la cérémonie. Puis toute mention d'ancien évêché nord-africain effectivement occupé va disparaître.
En 1114, il semble qu'une communauté chrétienne, probablement indigène, subsistait à la Qal'a. On peut admettre qu'en 1159 Abd el-Moumin... détruisit à Tunis, comme il le fit ailleurs, les derniers restes de la Chrétienté.
Seuls quelques chrétiens demeurèrent dans le Nefzaoua, où on les trouvait encore au XIVème siècle à l'état de tributaires payant la capitation.
Il y a donc là, vers le milieu du XIIème siècle, une coupure nette : les éléments chrétiens que nous allons rencontrer maintenant chez les Hafçides n'ont rien de commun, ni par leur origine, ni par leur nature, ni par leur statut, avec l'ancienne chrétienté locale disparue. Ils sont tous gens venus du dehors à une date récente et continuent pour la plupart, à faire figure d'étrangers. Ils se répartissent en quatre catégories bien distinctes : commerçants, soldats, esclaves, religieux.
R. BRUNSCHVIG
(Ouvrage cité)
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A SUIVRE
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ACADÉMIE FRANÇAISE
CONCOURS DE POÉSIE DE 1856 N°1
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LES RESTES DE SAINT AUGUSTIN
RAPPORTES À HIPPONE
POEME
Par ALFRED DES ESSARTS
I
Mon mystérieux, qui laissas pour
vestiges
Tes temples granit, audacieux prodiges,
Tes grands sphinx accroupis, gardiens d’un sable en feu :
Afrique, toi qui vis le peuple de Moïse
Tracer, par le Désert, vers la Terre-Promise,
Le chemin de la fuite où passa I'Enfant-Dieu :
Terre ou tant de débris jonchent le sol aride,
Où sur les Pharaons veille la pyramide,
Sentinelle de pierre au-dessus d'un cercueil;
A travers deux mille ans, pensif, je te contemple,
Mais non pour mesurer l'obélisque ou le temple
Qui de leurs dieux déchus semblent porter le deuil.
Je cherche dans ton ciel l’auréole sublime
Qui partit du Thabor, éclairant chaque cime,
Et du haut de Sion vola jusqu'à Memphis;
Je cherche en vain la croix... La croix est renversée !
J'écoute, et n'entends plus qu'au fond de ma pensée
La langue des aïeux morte aux lèvres des fils.
Vous subirez du temps les dernières atteintes,
Inutiles tombeaux des nations éteintes.
Un jour, un seul marqua votre passé lointain,
Lorsqu'au sombre déclin d'une gloire ternie
Sur vos débris poudreux le burin du génie
Effaça Sésostris pour écrire Augustin !
Qu'il est noble, le nom de l'apôtre d'Afrique !
Enfant, il a grandi sous les yeux de Monique;
Homme, il fut un foyer d'éloquence et d'ardeur
Évêque, avec le schisme, il luttait sans relâche
Quand, forcé tout à coup d'interrompre sa tâche,
Il monta l'achever dans les bras du Seigneur !
Ah! Si la charité, dont il fut le symbole,
Réalisant en lui la sainte parabole,
Des épis par ses mains multiplia le don ;
C'est que, faible brebis qui se trompe de route,
Il s'était égaré dans les ombres du doute,
Et par le repentir acheta le pardon;
C'est qu'il avait souillé dans la fange de Rome
A robe de rhéteur, son manteau de jeune homme,
Frôlant sur son chemin l'antique Volupté;
C'est que de la douleur il sentit les morsures,
Et n'eut pas trop des pleurs versés sur ses blessures
Pour laver son opprobre et son iniquité;
C'est qu'enfin, retrempé dans l'effort héroïque,
Non pour se décorer d'une vertu stoïque,
Mais pour répandre au loin l'amour pur, l'amour roll,
Il sema cet amour comme un large héritage
Et fit germer la vie, évêque de Carthage,
Ou le peuple de Mars avait porté la mort.
Après avoir gémi, se réprouvant lui-même,
Pour le transmettre au monde, il reçut le baptême ;
Il su, se prosternant sur le seuil du saint lieu
Contre ses passions chercher un refuge ;
Lui qui devait juger, il fut sors propre juge,
Et, vers Dieu revenu, mena l'homme vers Dieu.
Voyez ! Auprès d'Ambroise il médite, il s'inspire.
L'hymne du Te Deum sur leurs lèvres soupire ;
Elle monte et grandit, chant de l'éternité.
Le saint qui baptisa livre au catéchumène
La tendresse et l'espoir, comme un nouveau domaine.
Que l'homme peut franchir d'un vol illimité.
L'aile de la prière emporte ces deux âmes ;
Ces mains en se joignant font un faisceau de flammes.
Les Docteurs ont tracé, le chemin du devoir
C'est l'avenir sans fin que leur regard embrasse
Avec ces profondeurs que dévoile grâce,
Mais qu'un oeil faible et nu ne saurait entrevoir.
Augustin aimera jusqu'aux plus indociles ;
S'il trahie l'hérésie en face des conciles
Et soutient vaillamment la croyance en danger,
Il plaint des égarés, il leur dit : " Téméraires,
Vous nous persécutez... mais vous êtes nos frères !
Pour le cœur d'Augustin, il n'est d'étranger,
Mieux que tout autre, il peut combattre, comme prêtre,
Le mal qu'en lui d'abord il apprit à connaître,
Éveiller le remords qui jadis l'accabla,
Montrer, comme saint Paul, le secret qui fait vivre,
Et dire : Prends et lis ! Ainsi qu'il prit le livre
Et le lut à genoux lorsque Dieu lui parla !
La vieillesse est venue, et le calme avec elle,
Aube d'une existence et d'une paix nouvelle.
Les oeuvres de salut se pressent sur ses pas
C'est assez de travaux, il lui faut le silence. ,.
Son coeur, par le désir, vers le repos s'élance...
Du repos!.,,, Les saints n'en ont pas !
A SUIVRE
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La tour EIFFEL a 120 ans
D'après des documents envoyés par Mme Nicole Marquet
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On célèbre, cette année, les 120 ans de la Tour Eiffel. Le fer, utilisé pour la Tour Eiffel, a été fabriqué en Lorraine, à partir de minerai venant d'Algérie, des mines du Zaccar et de Rouina.
G. Eiffel a remercié les mineurs en offrant une horloge à l'école du village de Carnot.
Dans une France aux prises avec des difficultés politiques et économiques, et encore marquée par le souvenir de sa défaite face à l’Allemagne en 1870, s’impose l’idée d’une Exposition universelle capable de redresser le pays et de restaurer son prestige au regard du monde entier.
Prévue à Paris en 1889, année du centenaire de la Révolution française, l’Exposition est tout entière dévolue au fer, et son « clou » est la tour haute de trois cents mètres dessinée par Maurice Koechlin et construite par Gustave Eiffel.
L'architecte Gustave Eiffel de son vrai nom Gustave Bönickhausen, n'est pas véritablement "l'inventeur" de la tour qui porte son nom. L'idée revient à deux de ses collaborateurs, Emile Nouguier et Maurice Koëchlin.
Fidèle à la vocation des Expositions universelles, la Tour Eiffel exalte l'audace architecturale de l'époque. Les constructions métalliques sont alors en plein essor, et le projet d'une tour en fer ne tarde pas à émerger dans le bureau d'études de l'entreprise Eiffel.
Il se consacrera alors à l’exploitation de la Tour et à diverses expériences sur la résistance de l’air, l’observation de la météorologie et surtout il y installera une antenne géante pour les débuts de la radio. C’est grâce à ces expériences que la Tour Eiffel est toujours là car elle avait au départ été construite pour une durée de vingt ans !
Il n'a fallu que cinq mois pour construire les fondations et vingt et un mois pour réaliser le montage de la partie métallique de la Tour.
C'est une vitesse record si l'on songe aux moyens rudimentaires de l'époque. Le montage de la Tour est une merveille de précision, comme s'accordent à le reconnaître tous les chroniqueurs de l'époque. Commencé en janvier 1887, le chantier s'achève le 31 mars 1889. Gustave Eiffel est décoré de la Légion d'Honneur sur l'étroite plate-forme du sommet.
A cette époque le défi de réaliser une tour «haute de plus de mille pieds », occupe l'esprit des architectes.
Ceux-ci se heurtent à d'innombrables problèmes techniques. A titre indicatif, en 1885 s'achève l'obélisque de Washington, de 169 mètres, mais les buildings n’existent pas encore. En France, entre autres, Bourdais et Sébillot imaginent une colonne de 300 M, maçonnée donc irréalisable avec les moyens de l’époque.
Les dimensions de la Tour Eiffel
Dès 1878, Jules Ferry envisage une grande Exposition universelle pour 1889. Le projet, adopté en 1883, donne à deux ingénieurs de l'entreprise Eiffel, Émile Nouguier et Maurice Koechlin, l'idée d'une tour métallique.
Ce n'est pas une "tour", mais un "pylône", et, en fait, le porche d'entrée de l'Exposition universelle. Ce sont ses deux ingénieurs (Nouguier et Koechlin) qui lui ont présenté un dossier, où ils avaient "extrait" un pylône du viaduc de Garabit, et ils l'avaient "élevé" le plus possible, atteignant la limite d'environ 300 m.
Pourquoi 300 m ? Parce que, depuis 1879, la Croix, au dessus du Sacré-Cœur de Montmartre narguait tous les ministres du gouvernement républicain, athées et/ou francs maçons, et qu'ils voulaient qu'un drapeau français soit plus haut que cette croix..
Après diverses entrevues et signatures officielles, le 28 janvier 1887, les travaux commencent et les Parisiens n’en reviennent pas !
Sur le chantier ne s'effectue que l'assemblage, les principaux éléments sont dessinés et fabriqués dans les ateliers Eiffel, à Levallois.
Les quatre arcades, du sol au 1er étage, ne soutiennent rien du tout, elles sont en décoration, devant la tour. Eiffel les a ajoutées parce que les Parisiens avaient peur que la Tour ne s'écroule..
1 - Les calculs préliminaires
Eiffel dit à ce propos : « Les charges verticales entrant dans le calcul de l’ossature générale comprennent uniquement le poids de la construction. Il est tout à fait inutile d’y faire figurer le poids des visiteurs ; il n’en a été tenu compte que dans le calcul des pièces spéciales, telles les planchers.
En effet la violence des vents que nous avons admise pour arriver à la détermination des divers éléments de la Tour est telle qu’elle rendrait le séjour de la Tour absolument impossible à tout visiteur, et d’autre part, le poids de ces visiteurs eux-mêmes donne lieu à des fatigues presque négligeables en face de celles dues au poids propre de la construction et aux grands ouragans »
2 - Les fondations
Les fondations ont été exécutées avec un soin particulier, du 28 janvier 1887, au 30 juin. Du côté du Champ-de-Mars, les deux piles sont posées sur des massifs en béton de deux mètres de profondeur reposant sur du gravier et du sable de plus de cinq mètres de profondeur.
Côté Seine, on a descendu quatre caissons à cinq mètres au dessous du niveau normal de la Seine sous chaque pile.
Il fallut 12 000 m3 de matériaux pour les massifs en maçonnerie. Des boulons de huit mètres ont été noyés dans les fondations. La pression sous les sabots en fonte qui supportent les arêtes de la tour n'est que de 30 kg/cm2, ce qui, compte tenu de la hauteur de la tour est très faible.
Mais par souci de sécurité il a quand même fait le calcul avec 10416 visiteurs pouvant se trouver en même temps dans la tour par grand vent, en comptant deux personnes au mètre carré !
3 - Il a fallu calculer le poids des fers nécessaires :
- Fournitures des ateliers Levallois Perret : 6.360.067 kg
- Fournitures d’autres ateliers : 981.147 kg
- Caissons métalliques : 246.152 kg
- Tuyaux en fonte : 450 kg
- Ascenceurs : 946.000 kg
- Total 8.564.816 kg soit environ 8600 tonnes
4 – La provenance du Fer :
Le fer qui a servi à la principale ossature de la Tour Eiffel provient des mines de Zaccar et Rouina en Algérie.
Mines du Zaccar à Miliana
Miliana surprend les familiers des paysages miniers : pas de terrils, pas de tours d'extraction, aucune de ces superstructures gigantesques dressant leur masse métallique sur les plaines désolées.
A chaque tournant, la route de montagne surplombe la plaine du Chélif, après avoir gravi le chemin en crémaillère qui serpente à travers cette déclinaison. Un rideau d'eucalyptus borde le ravin. Dans la paroi rocheuse, un trou de deux mètres de diamètre vous invite à pénétrer dans la mine. Des lampes se balancent dans la nuit, éclairant une galerie au boisage grossier qui aboutit à un puits d'une quinzaine de mètres de profondeur. Faute d'ascenseur, on y descend par une minuscule échelle, vers une nouvelle galerie flanquée d'étroits boyaux : les chantiers de taille.
Des ouvriers déblaient des tas de blocs grisâtres de minerai, que des manœuvres chargent sur des wagonnets dont ils vont basculer le contenu dans une fosse sans fond ouvrant sur la montagne. Le minerai dévale la pente, pour être recueilli sur des terrasses en contrebas. La mine employait jadis 1800 travailleurs, soit à peu près un membre sur quatre de la population active de la ville.
Rouina était l'une des premières mines découvertes en Algérie par les Français. Ses habitants racontent avec fierté que Gustave Eiffel fût ébloui par la pureté de son fer, et la grande teneur de son acier.
Les montagnes donnent l'impression qu'elles ne sont que de la terre ordinaire sans aucune valeur, mais en réalité cette dernière est un minerai d'une valeur inestimable qu'ont été dotées ces montagnes et qui est la matière première des cimenteries de Meftah, Chlef et la pointe Pescade.
La Mine de Rouina est devenue, ruines après l'indépendance.
Ce qui reste des hauts fourneaux où l'on chauffait le minerai à une moyenne température pour pouvoir ensuite le broyer et l'acheminer par wagons vers les différentes fonderies d'Algérie et de France.
Les fers usinés ont été commandés aux usines de MM. Dupont et Fould, Maîtres de forges à Pompey (Meurthe et Moselle) représenté à Paris par M. A. Prègre (Directeur) à qui il avait été indiqué la qualité des fers pour la Tour.
5 - Il a fallu calculer les effets du vent
Le chapitre 3 de son ouvrage y est entièrement consacré, je vous donne les titres de ce chapitre :
- 1 Principe de la construction
- 2 Intensité du vent
- 3 Surfaces offertes au vent
- 4 Division en élément
- 5 Surfaces des éléments. - Efforts du vent par élément et moments de renversement correspondants
- 6 Calculs des efforts moléculaires dus au vent dans la partie supérieure
- 7 Calculs efforts moléculaires dus au vent dans la partie inférieure
- a) Principes des calculs
- b) Efforts de compression et efforts tranchants
- c) Moments fléchissant
- d) Détermination des moments parallèles à la direction du vent
- e) Détermination des moments normaux à la direction du vent
- f) Calcul des efforts totaux dus au vent dans les arbalétriers et coefficients de travail maximums
- g) Calcul des efforts dus au vent dans les barres de treillis et coefficients de travail correspondants
- 8 Hypothèse d'un vent agissant dans une direction quelconque
L’essentiel des calculs est fait pour des vents allant de 100 à 300 kg par mètre carré, on remarque que les structures verticales de la partie haute ne sont que très peu sollicitées, c’est la raison de cette forme de la tour et c’est, ma foi, très finement vu ! En plus cette forme est particulièrement esthétique, faut-il y voir le hasard ?
6 - PRIX DE LA TOUR
Le prix de revient de la Tour, mise en place avec l'ornementation et les nécessités architecturales, s'élève au chiffre de cinq millions et se répartit comme suit:
1 Tour métallique 3,405.000 fr.
2 Fondations. - Maçonnerie. . 400.000
3 Travaux de vitrerie, couvertures et divers 100.000
4 Ascenseurs 50.000
5 Peintures et décorations, appareils divers pour
l'électricité, machines 845.000
T o t a l 5.000.000
Cette dépense totale de 5 millions sera pour le compte de la Société Eiffel, de « trois millions » et demi et l'État fournit le reste sous forme de subvention, soit 1.500.000 francs.
En tous les cas, ce record du monde fut une œuvre de génie et sa réalisation, essentiellement aux frais d’Eiffel lui-même, s’est avérée très rapide et sans grands inconvénients.
Les diverses poutres on été assemblées au moyen de vingt-cinq millions de rivets enfoncés au marteau, à la main, ou de boulons placés à la main eux aussi.
Combien de fois les ouvriers sont-ils montés et descendus ces échafaudages pharaoniques ? Personne ne le dit ! Tout ceci nous vaut un magnifique monument, bien représentatif de son temps.
Cette page est, en très grande partie, réalisée d'après les sources : L'histoire de la tour Eiffel et sa construction, vues par son architecte, album publié en 1900 : b
http://gallica.bnf.fr/anthologie/notices/01206.htm
http://fr.geneawiki.com/index.php/Alg%C3%A9rie_-_Miliana
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Eiffel
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FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
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LA CURIOSITÉ PUNIE.
Un homme, possesseur d'un panier rempli de serpents, l'emportait habituellement chaque matin, et s'en allait à la ville faire des tours pendant toute la journée pour gagner sa vie; le soir, en rentrant chez lui, il cachait le panier en lieu sûr, à l'abri des regards des gens de sa maison et de ses enfants.
La femme de ce bateleur, l'apercevant un soir à son retour, lui demanda ce que c'était que ce panier et ce qu'il renfermait; car jamais elle ne l'avait vu dans ses mains.
" Quel besoin as-tu de savoir ce qu'il y a là-dedans? lui dit le mari; tu as largement de quoi vivre ; contente-toi donc de la part que Dieu t'a faite, et ne demande rien de plus.
" La femme garda le silence; mais intérieurement elle se dit : " Il faut absolument que je voie I'état de ce panier et que je sache ce qu'il contient.
" Puis, ayant recours aux expédients, elle chargea ses enfants d'interroger leur père à ce sujet et de redoubler leurs instances.
Les enfants s'imaginèrent fortement que le panier renfermait quelque chose de bon à manger, et chaque soir ils demandaient à leur père de leur en montrer le contenu; mais celui-ci détournait la conversation, les caressait et les contentait de toute autre chose.
Beaucoup de jours s'écoulèrent ainsi pour eux; toutefois la mère les excitait sans cesse à s'informer de ce qu'il y avait dans le panier.
Enfin, ils convinrent avec elle de ne goûter d'aucune nourriture ni d'aucune boisson offerte par leur père avant qu'il n'eût satisfait à leur demande et qu'il ne leur eût ouvert le panier.
Or, un soir, le père, qui avait apporté beaucoup de nourriture et de boisson, s'assit et les invita à manger ; mais ils refusèrent de s'approcher de lui et lui témoignèrent de l'aversion et de la colère.
Il se mit alors à les caresser doucement et leur dit : " Que voulez-vous donc encore? je vous apporte à manger, à boire, et même des friandises!
" - " Père, répondirent-ils, nous ne te demandons qu'une chose; c'est de nous ouvrir ce panier, afin que nous voyions ce qu'il y a dedans, sans quoi nous nous tuerons.
"-" II ne renferme rien de bon pour vous, mes enfants, reprit le père; mais beaucoup de mal.
" Cette réponse ne fit qu'augmenter leur colère. Quand il les vit dans cet état, il voulut leur faire peur et les menaça de les frapper, afin qu'ils ne fussent plus tentés de recommencer.
Bientôt il se fâcha contre eux et saisit un bâton pour les corriger ; mais ils s'enfuirent de sa présence.
Or le panier était encore à l'endroit où le bateleur l'avait caché. La femme de celui-ci, voyant son mari occupé avec ses enfants, s'approcha du panier et l'ouvrit au plus vite pour voir ce qu'il contenait.
Tout à coup les serpents s'en échappèrent et tuèrent d'abord la femme, puis, se répandant par toute la maison, firent périr tous ceux qui avaient désobéi au bateleur, grands et petits.
Quant à lui, il abandonna sa maison désolée et s'en alla où il plut au Dieu très-haut.
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BULLETIN N°6
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE
SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION
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PROMENADE ET HERBORISATIONS
DANS L'EST DE L'ARRONDISSEMENT DE BÔNE
Par M. A. LETOURNEUX
Conseiller à la Cour impériale d'Alger, Chevalier de la Légion d'honneur,
Membre honoraire de l'Académie d'Hippone, etc.
18 mars 1861.
Ferme Gazan (près de Bône)
Je suis parti à trois heures, par un gai soleil, avec mon domestique et un spahis rouge. Les bagages qui chargeaient trois mulets avaient pris les devants sous la conduite d'un spahis bleu. Le long de la route, les talus étaient encombrés par d’énormes touffes fleuries de borago officinalis. Les arabes, qui l'appellent bou-chnaf, en mangent les feuilles bouillies. Dans les prairies, l'iris scorpioïde rompait, par ses fleurs bleues, la monotonie de larges nappes de narcissus tazelta, dont la brise m'apportait l'odeur. La route, toujours droite, traverse une plaine unie, sans arbres, où la colonisation n'a planté encore que des maisons blanches.
J'arrive la nuit et trouve mes gens campés au pied du bordj, sous d’immenses phytolacca.
19 mars.
Ce matin à l'aube, nous traversons une petite plaine accidentée de maquis et couverte dans les bas- fonds de bellis annua ; le terrain se relève ensuite et la route s'enfonce dans la gorge des Talha, en suivant un ruisselet bordé, selon la coutume, de laurier roses et de calycotome intermedia enguirlandé d’atragene cirrhosa. La broussaille s'élève et s'épaissit, encadrant çà et là quelques champs de blé d'où parlent des couples de perdrix.
A droite, sur un tertre, un magnifique pied fleuri de rhus pentaphyla, chargé de loques de toutes couleurs, est passé à l'état de marabout.
A neuf heures, nous trouvons un douar des Tailla caché dans le maquis. Pendant qu'on prépare le déjeuner, nous allons visiter un cirque formé par de splendides massifs de grès rougeâtre ; la roche est nue, mais au pied de l'escarpement croit le genisla linifolia que je n'avais .jamais rencontré dans l’est. J'en brise un pied tout entier à la hâte et je rentre triomphant avec mon butin. Les arabes donnent à cet arbuste le nom bizarre de chamet-el-athrous (la graisse du bouc).
Après le déjeuner, nous commençons à descendre vers la Seybouse ; les oliviers se dégagent de la broussaille et deviennent des arbres; le chemin est bordé d’arabis thalliana et d'helianthemum juniperinim. Bientôt le ravin s'élargit, les oliviers font place au saf-saf et au frêne; on entend la Seybouse murmurer au bas des berges voilées de vignes sauvages. Nous longeons la rivière pour trouver un gué qui nous conduit à un terrain d’alluvions couvert d'un tapis tricolore de calendula offinalis, de linaria reflexa et bellis annua. Des frênes immenses y forment futaie, chargés les uns de feuilles naissantes, les autres de bouquets de samares. Au-delà de la zone des alluvions s'étend une bande de champs cultivés que bornent des collines de grands oliviers, de pistacia atlantica et de mespilus azarolus. La route de Bône à Souk-Ahras en contourne la base, traversant sans ponts des torrents sans eau, bordés de tamaris. Nous suivons la vallée, semée çà et là de ruines romaines; et laissant à gauche le village de Duvivier, nous .arrivons à l'embouchure de l'Oued-el-MeIah, limite du territoire civil. Au-delà de la rivière, la. Plaine cesse et le terrain monte de croupe en croupe jusqu'aux sommets du Nador.
Tantôt nous suivons la ligne de faite au milieu d'un véritable verger d’azeroliers ; tantôt nous contournons des monticules au sommet abrupt, garni de rochers et hérissé de broussailles, au flanc desquels se suspendent des chèvres pendant que des bergers invisibles jouent de la flûte. Nous atteignons ensuite des plateaux élevés, coupés de pâturages et de. champs cultivés. Enfin, dans un pli de la montagne nous apparaît le bordj du Caïd Si Taïeb ben Zerguin, bâti sur une terrasse artificielle et entouré de tentes et de gourbis. Les troupeaux descendaient de toutes parts des flancs de la montagne et le soleil se couchait, rougissant de ses dernières lueurs le sommet dentelé du Djebel-Debagh et les trois têtes du Thaya. Le caïd, était venu nous recevoir et nous donnait une splendide diffa arabe civilisée par le vin de Bordeaux.
20 mars
Le caïd me fait les honneurs de ses montagnes malgré le ramadan. Après avoir longé les blés en herbe, le sentier quitte la crête dénudée et s'enfonce dans un ravin qu'il déchire à mi côte. Les broussailles ne tardent pas à apparaître ; c'est toujours l'éternel maquis : chênes verts, phillirea, myrtes, et les vulgaires cistes (C. monspelienis, C. salviœfolius, C. albidus). Le viburnum tinus seul est en fleuris dans le fond de la coulée. Nous tournons à l'ouest avec le coteau et nous descendons dans une vallée, à travers un bois d'oliviers. Le ruisseau qui la traverse est ombragé de lauriers roses, d'aubépines et de salix pedicellata.
La route grimpe de l'autre côté sur une pente glaiseuse où commencent à fleurir les sisymbrium des hauts plateaux. Nous suivons ensuite le dos aplani d’un contrefort qui s'élève en pente douce. Tout est labouré, le blé pousse dru, et les Ouled-Dhan ont sarclé avec tant de soin que le botaniste n'a pas un prétexte pour descendre de sa monture. Cependant, au bout d'une demi-heure, nous abandonnons ces coteaux si ennuyeusement fertiles; nous retraversons l'oued qui commence s'encaisser et nous nous engageons sur le flanc opposé de la vallée ; là, la forêt n'a encore cédé la place au laboureur que sur le bord extrême de la rivière, et, à mesure qu'on s'élève, la bande des moissons diminue et finit par disparaître. L'oued coule désormais avec joyeux bruissements entre deux berges taillées pic, au-dessus desquelles surplombent de grands arbres emmaillotés de lierres ou étouffés par des vignes dont les bras immenses pendent jusqu'à l'eau. La route plonge dans la forêt, contournant les arbres, trébuchant aux pierres, évitant les rochers couverts de mousses d’où suintent des sources qui s'en vont se perdre par une cascade dans le torrent; sur le bord de ces filets, là où les arbres s'éclaircissent, poussent de grosses touffes de ranunculus macrophylus et de delphinium staphysagria qui ne fleuriront que dans, un mois.
De grands figuiers, des caroubiers, des phyllirea gigantesques se mêlent aux oliviers qui presque tous ont été mutilés et dont les branches dépouillées jonchent le sol. Les gens du sud, chassés par la sécheresse, ont passé par là, et, à défaut de l'herbe absente, ils ont donné la forêt à manger à leurs troupeaux.
Les arbres sont couverts d'une épaisse armure de mousses et de lichens.
Cependant nous montons toujours et nous arrivons près d'une gorge où la rivière coule au-dessous de nous sur un plan incliné de rochers; de l'autre côté s'élève une croupe abrupte couronnée de pistacia atlantica ; la roche y est divisée par étages que séparent des bandes de gazon ; dans les anfractuosités de la pierre poussent des touffes de l'Arbre-de-Marie (chedjeret Meriem, Vortemisia arborea). C'est sur les flancs de ce kef que les Ouled-Dhan révoltés ont soutenu en 1852 un combat meurtrier. Pendant que le caïd m'en raconte les épisodes, nous sortons de la gorge et nous arrivons à la source chaude de la possédée (Hammam-el-Medjenouna). L’eau sort en bouillonnant des cavités d'un rocher de marbre : au-dessus du bassin et arrosés par les vapeurs sulfureuses croissent dans les crevasses l’adianthum capillus veneris, le ceterach officinarum et le sedum azureum. A cent mètres plus loin, une cascade se jette dans le ruisseau du haut de la muraille de marbre.
Des femmes indigènes, qui battaient le linge de leur pieds nus au bord du hammam, s'enfuient comme des gazelles effarouchées ; nous les rassurons en gravissant le talus couvert de broussailles (prunus spinosa et mespilus oxyacantha) qui conduit au sommet du .Kef-bou-Zioun.
C'est là que, nous devons camper.
En attendant le déjeuner, je vais explorer les environs. Le Bou-Zioun est une position formidable : coupé à pic au-dessus de la rivière, il se termine par un plateau couronné de ruines romaines envahies aujourd’hui par le pistacia atlantica, le chêne-liège et une forêt épineuse de calycotome intermedia. Je retrouve sur les consoles formées par les bancs parallèles du calcaire une partie des plantes du Thaya : draba verna, teesdalia lepidium, arabis thaliana, viola tricolor, asphodeline lutea, bivonea lutea, hutchinsia petrœa, alysium atlanticum et granatense, laminium numidicum (de Noé), crodium montanium, sinapis circinata, stachis circinata, parietaria lusitania et la forme du rhamnus alaternus à feuilles ronde ; j'y vois en plus Theligonum cynocrambe, artemisia arborea et une belle férule qui m'intrigue. La saison est en retard, les crucifères précoces sont seules en fleurs, et je rapporte à ma tente plus de notes que de plantes.
Dans l'après-midi, le caïd m'entraîne au pied de la montagne où coule une autre source chaude, le bain de la Romaine (Hammam-er-Roumia). Nous descendons à travers les précipices en nous accrochant aux racines. La source ressemble à la première ; elle est seulement plus chaude (43°), mais elle ne renferme aucune des algues d'Hammam-Meskhoutin, le ruisseau dans lequel tombe le flot sulfureux est bordé de quelques saules (S. pediccellata.) et de lytrum salicaria. Sur des flots de gravier croissent la veronica beccabunga et le cresson vulgaire. Au-dessus de nos têtes s’élève une pyramide de calcaires roux, surmontée d'un gros bloc auquel les arabes ont donné le nom de bourma (la marmite).
Pour revenir, nous contournons le pied du rocher et nous grimpons à travers les bois; dans le bas, viburnum tinus, arbulus unedo, myrtus communis, jasminium ruticans, calycotome intermedia, phyllirea latifolia ; dans le haut, chênes verts gigantesques, oliviers glauques et pistachiers de I'Atlas.
Le reste du jour est employé à explorer une grotte assez insignifiante où les chauves-souris nous aveuglent.
Kef-Zouara, 21 mars
Triste journée! Le matin, je recueille sous la pluie quelques inscriptions d'où il résulte que les ruines du Bou-Zioun étaient un municipe ; nous gravissons ensuite, embossés dans nos burnous, des pentes dénudées et glissantes, et là des champs de blés ; dans les ravins, maigres broussailles; pas une fleur, si ce n'est le linaria reflexa et le calendula arvensis dont le disque semble pâli par le froid. Au hammam des Ouled-Dhan, des grêlons gros comme des noix, font cabrer nos chevaux pendant que réfugiés dans un gourbi, nous écoutons tristement les projectiles aériens pétiller sur le toit de diss.
La grêle cesse; nous admirons en passant la cascade d'El-M’guita, qui roule des eaux jaunes ; nous suivons dans la brume le flanc d'une grande montagne couronnée de forêts sombres d'où descend l'oued Aouicha. Remarqué dans un jardin la queue-de-renard, évidemment cultivée par les indigènes. Un marais dans une prairie est rempli de spagnum cymbifolium.
A midi, au sortie d'une gorge abrupte, nous apercevons devant nous le Kef-Zouara : le roc soulevé comme une muraille à une hauteur de 129O mètres; des ravins profonds le divisent en trois portions; entre nous et cette citadelle à laquelle ne manquent pas les bastions, s'étend .un ravin profond obstrué de pierres et planté pistachiers de l’Atlas. J'y cours aussitôt et essaie, mais vain, de m'élever le long des flancs à pic du rocher.
J'y retrouve encore la végétation du Thaya et de la Mahouna.
La pluie me chasse.
Je reviens mouillé jusqu'aux os, meurtri par les pierres glissantes du ravin. .Le caïd me présente à mon retour une branche de houx, L'ilex-aquifolia croit au sommet du Kef et parvient à une taille énorme : son bois estimé par les gens du pays (qui l'appellent à tort beuks), sert à bâtir les gourbis.
A SUIVRE
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RECUEIL OFFICIEL
DES ACTES DE LA PREFECTURE DE CONSTANTINE
ANNÉE 1888, 21 AOÛT - N°15
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No 135. — 4° BUREAU. — No 6,795
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté du 28 juillet 1888, la commune de Collo, est autorisée à occuper temporairement par substitution au sieur Bouadjar, propriétaire, demeurant dans cette localité, une parcelle du domaine public maritime située à Collo, pour servir à l'installation d'un abattoir public ».
No 136. — 4° BUREAU. — N° 6,201
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Extraction de matériaux.
Envoi d'un arrêté au nom du sieur ELLUL (Antoine).
« Par arrêté préfectoral du 14 juillet 1888, le sieur Ellul Antoine a été autorisé à extraire, pendant l'année 1888, des pierres, galets et sable sur les dépendances du domaine public maritime comprise entre le Cap Rosa et Herbillon. »
No 137. — 4° BUREAU. — N° 6,422.
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté préfectoral du 16 juillet 1888, le sieur Vernin Louis, demeurant à Bône, a été autorisé à occuper temporairement une parcelle du domaine public maritime située sur la plage Ben-Kerim, à Bône, pour y installer des cabines de bains de mer. »
N° 138. — 4° BUREAU. — No 6,588.
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté préfectoral du 26 juillet 1888, le sieur Pisanni Valentin a été autorisé à extraire des pierres, galets et sable sur les plages comprises entre le cap Rosa et Herbillon. »
N° 139. — 4° BUREAU. — No 6,592.
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté préfectoral du 26 juillet 1888, le sieur Gallo Louis a été autorisé à extraire des pierres, galets et sable sur les plages comprises entre le cap et Herbillon. »
N° 140. — 4e BUREAU. — No 6,596.
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté préfectoral du 26 juillet 4888, le sieur Madonna Antoine a été autorisé à extraire des pierres, galets et sable sur les plages comprises entre le cap Rosa et Herbillon. »
No 141. — 4° BUREAU. — No 6,600.
DOMAINE PUBLIC MARITIME. — Occupation temporaire.
« Par arrêté préfectoral du 26 juillet 1888, le sieur Agello Vincent a été autorisé à extraire des pierres, galets et sable sur les plages comprises entre le cap Rosa et Herbillon. »
N° 142. — 1er BUREAU.— No 804.
ENFANTS ASSISTÉS. — Recherches d'un pupille en fuite.
« L'enfant assisté Brandely Eugène, âgé de 15 ans, a disparu depuis le 13 août 1888, de chez M. Muzard, maître d'hôtel à l'Oued-Athménia.
Prière de vouloir bien le faire rechercher et conduire au Bureau de l'Inspection des Enfants assistés, à Constantine, dans le cas où les recherches aboutiraient. »
No 143. — 2eBUREAU. — No 10,705.
SAPEURS-POMPIERS. — Armement. —
Envoi d’une circulaire ministérielle.
Alger, le 7 août 1888.
MONSIEUR LE PRÉFET,
J'ai l'honneur de vous transmettre un exemplaire d'une circulaire adressée le 18 juillet dernier par M. le Ministre de l'Intérieur aux Préfets de la Métropole, au sujet de l'armement des corps de sapeurs-pompiers organisés dans les villes chefs-lieux de département, d'arrondissement et dans les communes dont la population agglomérée s'élève à plus de 3,000 âmes.
Veuillez agréer, etc.
Pour le Gouverneur général
Le Secrétaire général du Gouvernement,
DURIEU.
Paris, le 18 juillet 1888.
MONSIEUR LE PRÉFET, les magasins militaires ne renfermant qu'un nombre très restreint de fusils à percussion, mais pouvant disposer d'une certaine quantité de fusils Remington ou de fusils Chassepot, modèle 1366, il a été décidé, entre les Départements de la Guerre et de l'Intérieur, que les corps de sapeurs-pompiers organisés dans les villes chefs-lieux de département, d'arrondissement et dans les communes dont la population agglomérée s'élève à plus de 3,000 âmes et qui ont la tenue prescrite par le paragraphe 2 de l'article 27 du décret du 29 décembre 1875, continueraient à être armés du fusil Remington, modèle égyptien, avec sabre-baïonnette.
Quant aux autres communes, elles conserveront leur armement actuel ; mais celles qui ne seraient pas encore armées et qui désireraient l'être recevront indifféremment des fusils modèle 184z ou 1822 transformé ou des fusils modèle 1866 (Chassepot).
Recevez, etc.
Pour le Ministre :
Le Conseiller d'Etat, Directeur de l'Administration départementale et communale,
Signé : BOUFFET.
Pour copie conforme :
Le Conseiller délégué,
CRUCKER.
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. Francis Riveccio
Bonjour.Je suis né a Bône le 30 avril 1950. J'ai vécu à côté de la place d'armes rue Joseph à l'époque, puis à la cité Gatt (je ne suis pas sur de l'orthographe.
Mon père jacques Riveccio travaillait à l'arsenal de Bône, mon grand père François a possédé un grand bar sous les arcades cours Bertagna, puis plus tard a travaillé à l'usine à gaz.
Mon oncle Falanga totor était marin pêcheur. J'ai eu comme voisins les familles Cillia, Génovése et Micaleff.
Si quelqu'un pouvait me donner de leurs nouvelles, ce serait formidable.
Merci
Mon adresse : rivecciofrancis@yahoo.fr
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De M. Bernard Bricet
Cher (e) Camarade, cher (e) Ami (e)
J'étais marin sur le *D.E MALGACHE*, port d'attache *ARZEW .* Du 18 au 22 juillet 1961, la base de Bizerte est attaquée par les Tunisiens. Après une bataille rapide, nous sommes resté à BÔNE 1 mois au cas ou une attaque reprendrait.
Si mes souvenirs ne me trahissent pas, pour la fête de la Saint-Jean, je suis sorti permissionnaire et allé à un bal en plein air dans Bône.
Je dansais avec une jeune fille de Saint-Cloud quand une grenade a été lancée par dessus la clôture de celui-ci. Par miracle, la jeune Fille, et moi même n'avons pas été touchés par les éclats.
Mais malheureusement une petite fille qui avait reçue des éclats à la gorge est morte malgré les effort d'un légionnaire qui lui avait mis son écharpe autour de la gorge.
Il y a eu près de 80 blessé. Je suis rentré à bord, mon uniforme blanc était taché de sang.
Le lendemain, je suis ressorti permissionnaire, et sur le cour Bertagna j'ai revu la jeune fille du bal et nous avons sympathisé.
J'aimerai retrouver cette Amie qui à l'époque faisait des études pour être institutrice, Vella Anne-Marie de Saint-Cloud.
Bernard Bricet
Mon adresse : bernardbricet@sfr.fr
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De M. Salim Bouderdabene
Je m'appelle Salim Bouderdabene, 33 ans. Natif de Lambèse (Batna-Algerie).
Je recherche des photos et documents sur les anciennes familles française ayant habitées à Lambèse ainsi que des photos archéologiques.
J'attends, si possible, vos réponses avec impatience.
Merci.
Mon adresse : bouderdabene_salim@yahoo.fr
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De Mme. Marina Pia Vitali
Mon père Pierre André VITALI a vécu à Bône jusqu'à ses 16 ans (1954). Son père Paul VITALI et sa mère Mariette vivaient rue Guynemer. Mes grands-parents sont partis après l'indépendance.
J'aurais juste voulu savoir si des personnes auraient connu mes proches.
Merci de vos réponses.
Bien à vous
Marina-Pia VITALI
Mon adresse : Marina-Pia.Vitali@louvre.fr
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De Mme. Marie Thérèse TRAMAILLE
Je recherche toutes les personnes connaissant ma maman, née en 1927 de Sauveur UMOLA et de Marie-Caroline MARTINEZ.
Elle a vécu rue JEMMAPES au dessus de chez MME HAMED.
Elle était apprentie modiste chez Mme BASILINE, a travaillé chez AZZOPARDI. Elle a deux Soeurs Yvette et Suzanne et un frère Marcel (MARSOU), elle s'est mariée le 4 juin 1949 avec mon papa Jacques MARION, quartier Maître.
Ses amies, Marthe Delernia, Claudine Seggio etc.
j'espère retrouver des amies de ma maman qui serait la plus heureuse.
Merci.
Amitiés Marie Thérèse TRAMAILLE
Mon adresse : mmariete@free.fr
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De Mme. Josseline Revel
La mairie de Nice a décidé d'organiser en juin 2010 deux journées pour les Pieds Noirs avec conférences, bals, théâtre, etc.
Nous sommes trois à avoir proposé de monter un film à partir de documents d'amateurs avec notre propre commentaire. Le problème c'est que nous avons des difficultés à trouver des films et nous commençons à nous décourager. Si vous avez ou si vous connaissez des gens susceptibles de nous prêter leurs films, vous nous rendrez un grand service en les sollicitant.
L'un de nous trois est avocat, donc ils peuvent avoir confiance. Nous allons travailler avec le technicien de la cinémathèque et les films ne risquent rien.
Voilà notre appel
Merci d'avance.
Josseline Revel
Mon adresse : RJosseline@aol.com
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
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Le Guelmois
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La crise est partout
Envoyé par Henri
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Ah!!! Avec cette crise........ tout le monde souffre!!
Les boulangers ont des problèmes croissants.
Chez Renault , la direction fait marche arrière. Les salariés débrayent.
A EDF, les syndicats sont sous tension.
Coup de sang de la CGT chez Tampax
Les bouchers se battent pour défendre leur bifteck.
Les éleveurs de volailles sont les dindons de la farce. Ils en ont assez de se faire plumer.
Pour les couvreurs, c'est une tuile.
Les faïenciers en ont ras le bol.
Les éleveurs de chiens sont aux abois.
Les brasseurs sont sous pression.
Les cheminots menacent d'occuper les loco. Ils veulent conserver leur train de vie.
Les veilleurs de nuit en ont assez de vivre au jour le jour.
Les pédicures travaillent d'arrache-pied pour de faibles revenus.
Les ambulanciers ruent dans les brancards.
Les pêcheurs haussent le ton.
Les prostituées sont dans une mauvaise passe.
Les fossoyeurs sont dans le trou
Sans oublier les imprimeurs qui sont déprimés et les cafetiers qui trinquent!.
Quant aux vidangeurs .... pas de changement! ........ depuis qu'ils sont dans la m..........
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