N° 81
Février

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Février 2009
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80,
  JALOUSIE      
EDITO

SUIS-JE UN DIFFAMATEUR
(Suite des N° 75 et 76 et Fin)
!


        Chers Amis,

        Le 2 février 2009, le Tribunal de Grande Instance de Perpignan a rendu son verdict : Annulation de la procédure de Mme ….. et des associations … à mon encontre.
        J'ai mis des points à la place des noms car je ne veux plus gaspiller de l'encre ou faire de l'inutile publicité.
        C'est une victoire mais le triomphe doit rester modeste et humain. En annulant la procédure sans aller plus loin dans le débat, c'est la reconnaissance de la non diffamation, c'est la reconnaissance de l'absurdité d'une telle affaire, mais pour ma personne, pour ma famille, pour mes proches amis, pour tous ceux qui m'ont soutenus au travers d'Internet ou autres moyens, pour tous ceux qui ont cru en moi, c'est une frustration.
        On met notre orgueil dans la poche, le verdict est là, nous devons l'accepter.

        Avant de passer à la suite de l'Edito et pour parer à " toute attaque " comme celle que j'ai subi en salle d'audience le 2 février ou à des messages sur des forums (ci-dessous) comme celui qui m'a été transmis hier, je vais faire une petite réponse à la 3ème personne pour bien montrer que je me mets au-dessus de tout cela et " que la bave des crapauds ne retombera désormais que sur ceux qui seront aussi bas et vils. " (Axiome Bônois)

        Voici le message baveux qui m'a été transmis et qui serait sur un forum journalistique. (Tel qu'il a été écrit et capté)
        31/01/2009 à 18h18 | retaj
        on voit a quel point cette magnifique oeuvre du mur des disparus gene les sectaires de l ultra gauche qui n'hesite pas à se servir de pauvre type comme bartolini pour faire le sale boulot diffamatoire bravo au cercle algerianiste nous sommes avec vous

        " Facile de se cacher sous un pseudo.
        On voit à quel point les ignares comme RETAJ sont mal informés ou ne veulent pas connaître les vérités. Ni la gauche, ni l'ultra gauche, ni la droite, ni l'ultra droite utilisent Bartolini. C'est un homme libre et c'est là que le bât blesse car on ne peut manipuler un homme libre.
        Celui qui est qualifié de " pauvre type " par un simple d'esprit est un type qui a supporté pendant plus de deux ans et demi, la diffamation, les insultes, les menaces, les agressions et en plus une citation en correctionnelle pour avoir écrit sa libre expression et des vérités sur un forum de discussion. C'est cela le comble de l'horreur dicté par l'intolérance, la machination qui peut mener peut-être des imbéciles à l'extrémisme jusqu'au-boutisme.
        Pour avoir de tels propos ignobles, et si ce RETAJ avait toutes les pièces du dossier et toutes les preuves, il déclencherait une guerre fratricide. Tandis que Bartolini avec son bon sens et celui de son Avocat a évité un déballage monstre et nocif devant un Tribunal et c'est encore lui qui est lésé et frustré d'une victoire plus éclatante afin d'éviter la honte à une communauté Pieds-Noirs qui n'en vaut pas la peine lorsqu'elle est menée par le bout du nez.

        Ceux qui ont attaqué Bartolini, et qui continuent, feraient mieux de faire du balayage devant leurs portes, de laver le linge sale en famille ou d'aller s'enterrer.
        Dans cette affaire, on voit à quel point cette communauté est salie par des trublions et des donneurs de leçons qui se prennent pour le nombril du monde. Ils font honte à nos ancêtres.
        Comme l'a écrit une journaliste : " Le tribunal correctionnel, retenant l'exception de nullité a prononcé l'extinction de l'action publique hier à son encontre et la procédure a finalement eu raison de la polémique. "

        Au travers de cet Edito, je tiens à remercier publiquement :
        - Mon avocat Maître CODOGNES, désigné par mon assurance, pour son Humanité que j'ai constaté au travers de nos conversations ; pour son Intelligence à mener une affaire afin d'éviter des éclaboussures à une communauté P.N. qui devrait lui dire un grand MERCI ; pour son Calme à rester Zen malgré des paroles reçues en pleine figure dans une salle d'audience ; et une Honnêteté que des avocats " dit " de droite " pourraient prendre pour exemple.
        - A tous les Amis qui m'ont amené leurs témoignages écrits à joindre au dossier.
        - A tous les Amis et Lecteurs connus ou inconnus de la Seybouse qui m'ont soutenus pendant ces longs mois et qui m'ont incité à continuer cette Gazette.
        - Aux Amis qui ont tout tenté pour parvenir à une médiation afin de ne pas aller inutilement encombrer un Tribunal. Merci Alain Algudo, Jean Paul Gavino, Josseline Revel, Jean Paul Selles et Jacqueline Pérez.
        - Merci à mes deux compères ANTOINE et BERTRAND avec qui j'ai fait une longue route avec InfoPN et dont nous avons arrêté sa diffusion à cause de cette affaire qui nous a dégoûté de nous occuper de l'actualité Pieds-Noirs.
        - Merci à tous ceux qui étaient avec moi dans la salle au cours des quatre audiences car leur soutien physique était plus que de l'amitié, de la fraternité.
        - Merci à ma famille et surtout mon épouse qui a enduré cette souffrance depuis plus de deux ans et demi.

        Quand aux autres, ceux qui ont cru pouvoir me faire disparaître de la scène P.N. avec des insultes, des menaces, des soutiens inconsidérés à mes détracteurs ; à tous les ignares qui se sont permis d'avoir un jugement hâtif sur ma personne, qui m'ont fait passer pour un schizophrène, pour un malade, un irresponsable ; à toutes ces associations qui se sont déclarées soit solidaires des détracteurs, soit sont restées " tapies dans l'ombre pour voir venir d'où viendrait le vent " ; A tout ce beau monde qui pensent représenter la communauté P.N. et qui en fait ne représentent qu'eux même, je préfère les renvoyer à leurs chères études. Je ne leur souhaite qu'une chose : que le nombre d'adhérents s'évaporent afin que les subventions qu'ils reçoivent chutent de façon spectaculaire et que cet argent puissent vraiment servir à rénover nos cimetières.
        Pourquoi chaque individu n'aurait pas droit à recevoir une subvention de l'ANIFORM pour réparer et entretenir la tombe de ses ancêtres. Une idée à faire passer aux distributeurs de subventions.

        Bien entendu, les associations amies continueront à pouvoir faire paraître leurs annonces de rassemblement comme celle que vous découvrirez en fin de Gazette.

        J'espère que la leçon de cette affaire, en fera réfléchir plus d'un et que cela ne se reproduise plus jamais

        C'est certain, que je ne m'attends à recevoir aucune excuse de mes détracteurs. Pour en faire il faut de l'intelligence et de la capacité à reconnaître ses erreurs.
        Et comme la charité commence par soi-même, si j'ai fait des erreurs, je m'en excuse sincèrement. Et même si je n'en ai pas fait, je m'excuse aussi pour tous les désagréments que certains d'entre vous ont eu à subir à cause de cette pénible affaire.

        Maintenant, je vais continuer dans la voie que je me suis tracé, à savoir : la mémoire et j'ai rajouté la consolidation de la passerelle de la paix que nous avons construit grâce aux voyages. Si cette passerelle " suspendue " dure aussi longtemps que le pont suspendu de Constantine, nous en serons satisfaits.
        C'est pourquoi, avec les amis nous avons mis sur rail notre prochain voyage qui sera aussi beau que les précédents, aussi fraternel, aussi émotionnel, plein de découvertes et avec encore le plaisir de revoir nos cimetières et surtout de toucher notre Terre Natale.
        Tout cela c'est notre paix intérieure qui vaut mieux que toutes les polémiques du monde.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


LES PASSOIRES DE LA SAGESSE DE SOCRATE
Envoyé Par Chantal Marquès


  Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse.
  Quelqu'un vient un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

      "Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami?

      - Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des 3 passoires :

      - Les 3 passoires?

      Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire.

      C'est ce que j'appelle le test des 3 passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai?

      - Non. J'en ai simplement entendu parler...

      - Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.

      Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?

      - Ah non ! Au contraire.

      - Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain si elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité.
  Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ?

      - Non. Pas vraiment.

      Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?"



Louis ARNAUD
N° 11 d'avril 1951
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        " Quelle mauvaise langue " ! Disent ses familiers !
        L'appréciation est exacte, mais on l'énonce souvent sans en chercher la cause. Inclination de tempérament, certes, mais il suffit parfois de la plus légère peine familiale pour être en fréquent état de mauvaise humeur.
        Mais parlez-lui seulement et écoutez-le une bonne demi-heure. Causeur disert et agréable il connaît sa ville sur le bout des doigts, et vous narre tant de souvenirs que bien des Bônois ignorent.
        Et il rit d'un rire bref, en poussant toujours une pointe vive contre les présents et les absents. C'est une nécessité pour lui que de blesser quelqu'un dans son amour-propre.
        Et cet homme n'est pourtant pas méchant ! Il est même fort bon. Il n'est que victime de son seul caractère.

        Il faut bien le connaître pour l'apprécier et l'aimer. En sa compagnie on n'a qu'à s'armer d'une sainte patience.
        Spirituel, caustique surtout il n'engendre pas la neurasthénie. On s'instruit à son contact, parce qu'il vous raconte une quantité de choses amusantes et précieuses pour des collectionneurs d'images truculentes.
        Le fait de manier la critique d'une manière trop mordante l'a empêché sûrement de bien réussir en politique.

        Le bougre écrit d'une façon fort correcte et bien alerte ; mais il trempe sa plume dans du fulminate et se trouve devant des montagnes qui se heurtent. On n'a pas oublié le " Courrier Bônois " qui fit prendre de folles colères à une bonne douzaine de nos concitoyens.
        Il ne fit que passer au Conseil Général, mais il ne fut jamais indifférent aux luttes locales.
        On se rappelle le temps où MUNCK jouait au cuirassier de Reichshoffen, et où SERDA et PANTALONI dansaient le quadrille à " dada " sur les mandolinistes de l'époque.

        L'histoire bônoise retiendra l'algarade du " Gambrinus ". PANTALONI, pour manifester la seule forme du courage qui est sienne, montra ses " parties glorieuses et molles " à Louis ARNAUD bousculé dans sa vertu.
        Depuis, les " parties " de PANTALONI n'ont cessé d'être parties " prenantes ".
        Au seul nom de PANTALONI, ARNAUD rougit d'une honte saine.

        Comme Avocat, il plaida trop souvent gratuitement pour beaucoup de malheureux. On peut dire qu'il n'a jamais trafiqué dans sa vie en aucune manière.
        Il ne plaide pas pour montrer au client qu'il fait des éclats de larynx. Il parle avec chaleur, parce que son coeur vit la cause qu'il défend.

        Aujourd'hui, il médite sur le passé. Il s'exile souvent au Sainte-Hélène - lieu prédestiné - en quête d'un mot blessant ou d'un souvenir précieux.
        Empreint d'une belle originalité, d'une intelligence acerbe mais vive et lucide, il serait regretté dans la même mesure où il a jonglé avec la critique.

        On oublie les soliveaux. Mais on n'oublie pas des hommes comme Louis ARNAUD.

***
AVEC Louis Arnaud, prend fin la rubrique de M. GIOVACCHINI et ses critiques politiques des années 50.
 


LE MARCHÉ AU BLÉ                         
          ET LE MARCHÉ AUX BESTIAUX
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        Les Bônois d'aujourd'hui entendent chaque jour parler de la place du Marché au Blé, de l'école du Marché au Blé, sans savoir exactement ce qu'a pu être ce Marché au Blé qui demeure dans le langage familier de la population, alors qu'en fait il a disparu depuis bien des années.
        Ce n'est pas sur la place triangulaire qui porte maintenant le nom illustre d'Anatole France que se tenait ce marché au blé.
        Non, il y avait un marché, un vrai marché, tout entier clôturé par de hauts murs contre lesquels s'adossaient à l'intérieur des docks et des entrepôts encadrant un vaste terre-plein sur lequel, chaque jeudi, les fellahs, campagnards et montagnards, venaient étaler leurs produits agricoles pour essayer de les vendre.
        Ce marché s'ouvrait au public ce jour-là, par un très large portail en fer qui barrait la rue Thiers, exactement à l'alignement de l'école des filles et de l'immeuble affecté à la gare de l'Algérienne Automobile Transports.
        De cette porte en fer à double battant qui ne devait pas avoir beaucoup moins de 4 mètres de largeur, l'enceinte du marché allait jusqu'à la rue Lemercier, puis suivait la rue du Meks, la bien nommée, puisqu'elle limitait un marché presque exclusivement fréquenté par des indigènes.
        L'enceinte, de la rue du Meks, allait ensuite rejoindre la rue de Champagne qui n'avait, alors, aucune dénomination précise, et revenait se joindre à l'autre côté de la large porte en fer qui barrait la rue Thiers.
        Le bout de rue, qui est devenu la rue de Champagne, séparait alors le marché au blé de l'usine à gaz, laquelle avait sa façade principale dans la rue Salvator Coll.
        Derrière le marché au blé, comme derrière l'usine à gaz, il y avait, séparés de ces deux établissements par la largeur d'une rue sans nom, les anciens remparts qui allaient de la Porte d'Hippone à la Porte des Karézas, Tout près de cette porte, et en dehors des remparts, sur l'emplacement présentement occupé par la caserne de la Garde Mobile et le marché arabe, se trouvait le marché aux bestiaux, pas très éloigné comme on le voit, du marché au blé.
        L'activité commerciale de la population indigène se trouvait donc concentrée à l'extrémité des rues Lemercier et Gambetta, autour de la Porte des Karézas.
        La superficie de terrain autrefois occupée par le marché au blé a permis le prolongement de la rue Thiers, et l'édification du groupe scolaire qui comprend une école de filles, très importante, l'école d'apprentissage, et une école de garçons de premier ordre.
        Il a été possible également d'installer dans le même endroit la caserne et les services des sapeurs-pompiers et de céder à des particuliers certains terrains à bâtir entre la rue Thiers prolongée et la rue de Champagne.
        L'entrée principale et permanente du marché au blé était située au milieu de la place Anatole France, à l'endroit où se trouve l'école d'apprentissage.
        Cette entrée était surmontée d'une construction à un étage dans lequel était logé le vétérinaire communal, M. Higel, tandis qu'au rez-de-chaussée se trouvait, à droite, un poste de police et le bureau du receveur du marché, à gauche.
        On se rend compte aisément de la grande surface occupée entièrement de docks et de magasins.

        Lorsqu'un cirque était de passage dans la ville, le cirque Angeli, entre autres, il s'installait dans cette cour, et la rue Thiers connaissait, à ce moment-là, une animation nocturne extraordinaire.
        Car on aimait bien le cirque à Bône, et pas seulement comme spectateurs. Je me souviens, en effet, d'un cirque d'amateurs qui eut, dans ce marché au blé, le plus vif succès.
        Tous les artistes étaient des amateurs appartenant aux meilleures familles de la Ville, et leur talent ne le cédait en rien à celui de; artistes professionnels.
        C'était une manifestation purement charitable au bénéfice des pauvres de la Ville. La quinzaine de représentations produisit les plus heureux et les plus fructueux résultats.
        Ce quartier de la rue Thiers fut, avant 1890, le plus mouvementé et le plus commerçant de la Ville.
        La rue Thiers à ce moment-là n'avait pas la majesté qu'elle a aujourd'hui... Elle était fermée, comme on vient de le voir, du côté de l'Ouest par la grande porte en fer du marché au blé et, vers l'Est, elle n'allait que juste à la hauteur de la rue du 4 Septembre, où elle se heurtait à d'affreuses baraques en vieilles planches construites derrière l'Arsenal.
        Elle n'avait pas cette superbe perspective vers l'infini, vers la mer, qu'elle a aujourd'hui. Il y avait devant le Palais Calvin une place toute pareille à la Place des Gargoulettes située devant le Palais Lecoq. Entre ces deux places, existait un petit emplacement sur lequel était édifié le petit monument, aujourd'hui placé à l'extrémité de la rue du 4 Septembre, qui représente un " Pêcheur de patelles ".
        A l'angle de la rue Thiers et de la rue qui, depuis, porte son nom, habitait Salvator Coll, personnage assez énigmatique, mais mécène et bienfaiteur certain, de la ville de Bône.
        Tout un côté de la rue était occupé par d'importants immeubles lui appartenant et qui faisaient suite à sa demeure.
        En face, était l'Usine à gaz, qu'une ruelle séparait du marché au blé.

***


        Le marché aux bestiaux qui, dans les localités algériennes va habituellement de pair avec le marché au blé, se trouvait au delà des remparts, de l'autre côté de la porte des Karézas.
        Pendant longtemps, avant la construction de l'enceinte qui a permis la création de la nouvelle ville, en 1868, ces deux marchés s'étaient tenus sur le même emplacement, à la sortie de la porte de Constantine, que les indigènes appelaient aussi " Bab-El-Rabha ", porte du Marché.
        Le double marché était situé, sur la gauche, entre l'embouchure de la Boudiimah et le tracé de l'actuelle rue Lemercier.
        Pour avoir été isolé du marché au blé et placé hors la Ville, le marché aux bestiaux n'en était pas très éloigné cependant, on pouvait dire que, seule, la porte des Karézas les séparait, le premier étant en deçà, et le second étant au delà de la principale entrée de la Ville par où passaient tous les gens venant de l'intérieur des terres.
        Le terrain sur lequel se tenait le marché aux bestiaux était un véritable cloaque. Il était compris entre les remparts et l'Oued Zafranier et faisait suite à ces marécages garnis de ronces et d'eucalyptus qui se trouvaient à la sortie de la Porte Randon.
        Après 1890, c'est-à-dire, après l'Exposition qui a donné naissance au joli square Randon, le marché infect et nauséabond devint le voisin du plus beau jardin de Bône.
        Son installation était sommaire, une barrière de bois grossier le clôturait à l'Ouest, contre laquelle était la baraque sordide du Mekkes et de l'Amin chargés de percevoir le droit d'entrée ou le Meks et d'enregistrer les noms des vendeurs et des acheteurs. Un palmier qui se dressait fièrement de l'autre côté de la barrière était le seul agrément du lieu.
        La grande majorité des habitants de Bône auraient ignoré l emplacement du marché aux bestiaux et peut-être même son existence, s'il n'y avait eu les exécutions capitales.
        Ces sinistres et ultimes formalités judiciaires avaient lieu, en effet, au marché aux bestiaux.
        Il y en eut de nombreuses, sur cet affreux terrain marécageux, à cause du siège de la Cour d'Assises qui était à Bône.
        Peut-être auraient-elles été moins spectaculaires sans la présence des remparts qui bordaient immédiatement le terrain sur lequel opérait Monsieur d'Alger.
        La foule des curieux montait, à l'aide d'échelles placées à l'intérieur de la Ville, sur le sommet des murs d'enceinte, d'où elle assistait, comme aux arènes, à ces mises à mort dont on a, fort justement, supprimé, depuis, la publicité.

***


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 26

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

DEUXIEME PARTIE

AU PAYS DES FAUVES


          Quelques auteurs ont écrit, à ce propos, que, découragés et malades, un certain nombre de Colons de 1848, rescapés de cette épreuve, ne se contentèrent pas de rentrer en France, mais qu'ils s'y répandirent en récriminations de nature à jeter un discrédit fâcheux sur l'Algérie tout entière.
          Critique injuste, reproche immérité, dont le " grand Eugène " a déchargé avec indignation la mémoire de son père et de tant d'autres émigrés acculés comme lui par les deuils, la souffrance et les maux les plus cruels, à renoncer à leur maigre concession dans un pays lointain où tout semblait s'être coalisé pour ouvrir devant ces parias les portes du malheur.

          " Il ne faut pas, dit-il, qu'ils restent sous le coup des mauvaises paroles des ignorants qui leur ont jeté la pierre sans avoir connu leurs angoisses, sans " savoir ce qu'ils avaient espéré, enduré, souffert. "
          Je me suis souvent demandé, pour ma part, ce que ces narrateurs téméraires eussent fait eux-mêmes s'ils avaient été transportés dans cet enfer maudit. Et encore est-il équitable d'ajouter que le Colon renonciataire. François (Gabriel) n'avait pas eu le temps de discréditer beaucoup la terre qu'il quittait, puisque, à peine débarqué à Marseille, il devait mourir dans le lit qu'il partageait avec son fils Eugène, chez l'hôtelier Décugis, en face du Vieux Port.
          Destin plus affreux n'a-t-il pu jamais s'abattre sur une famille française? Et ce n'est pas tout. L'enfant de neuf ans qui a suivi seul, à travers les rues, le corbillard des pauvres, va devenir l'épave ballottée que le logeur renvoie à la police et dont la police se débarrasse entre les mains de braves gens qui ont vaguement connu sa famille. La mince créature s'alite à son tour. Si elle succombait, ce serait la fin de ses misères. On l'enterrerait tout contre le " vieux " disparu - où le père est tombé, tombera bien l'enfant - et il ne serait plus jamais question de ces victimes obscures.

          Mais le sort en ordonne autrement. La fièvre l'abandonnera, le délire lui fera grâce, peu à peu il reviendra à la convalescence et à la vie, mais ce sera pour reprendre la route mouvante qui le conduira à Toulon, et de Toulon à Bône, puis auprès de sa soeur, à Mondovi-le-Bas.
          En partant, son père avait voulu l'arracher à la dure existence du Colon. D'inexorables événements l'y replongeront sans pitié. Désormais, il reprendra sa place dans le petit centre agricole amoindri par tant de morts ou de désertions excusables, mais dont les survivants poursuivent néanmoins leur tâche, résignés à tout ce qui peut leur advenir de bien ou de mal.

          Auprès de sa soeur remariée et d'un beau-frère qui le rudoiera ou le talochera souvent, le jeune Eugène fréquentera l'école primitive de l'instituteur Beaumont, il apprendra un peu de catéchisme avec le curé Noizeux, il partagera les craintes de toute la population effrayée, lorsque les lions, hôtes majestueux de la plaine broussailleuse, viendront ravir boeufs et moutons pour apaiser la fringale de leur royal appétit.

          Ah ! Ces fauves dont il a vu les traces toutes fraîches au lendemain de leurs visites nocturnes, près des débris sanguinolents de leurs proies abattues, éventrées, déchiquetées ; quels souvenirs n'ont-ils pas Laissés dans son enfantine mémoire !
          " N'oubliez pas, surtout, écrira-t-il plus tard, de parler du lion qui venait, la nuit, enlever le bétail en plein village ! "
          Et il se rappellera avant beaucoup d'autres choses de l'audace des grands carnassiers dont les rugissements déchiraient à l'entour le silence ténébreux des heures. Il frissonnera comme il dut frissonner tout gamin au récit des exploits du Saïd redouté. Il s'enthousiasmera pour les tireurs qui, à la tombée du jour, iront se poster à l'affût ou partiront en bande, au matin, ayant marqué les balles de leurs fusils pour donner la chasse au terrible lion à crinière noire des fourrés de Magran.

          Certes, tout pays neuf, toute terre vierge a ses périls et ses surprises, mais peut-on admettre que le législateur de 1848 ait cru servir la cause de la Colonisation -- et surtout celle de l'humanité - en jetant au milieu de la jungle nord-africaine ces familles de faubouriens et de banlieusards qui, deux mois après leur embarquement aux quais de Bercy, dans la solennité des musiques, des salves et des discours, allaient être obligées d'affronter le " roi du désert " en maraude jusqu'au seuil de leurs campements, et de débarrasser le bled de son insupportable présence avant même de pouvoir commencer à défricher le sol?
          Cet étrange métier de traqueur et de trappeur de fauves avait-il chance de convenir à ces Parisiens qui, jusque-là, n'avaient connu d'autre horizon que celui des tours de Notre-Dame, de la butte de Montmartre et de l'Arc de Triomphe? Car, en même temps que les lions à refouler, ils auraient aussi affaire avec les chacals qui infestaient la vallée de la Seybouse et aux bandes de sangliers qui dévastaient la nuit les premières cultures obtenues. Les hyènes, au ricanement sinistre, flairant les charniers et les tombes, n'étaient pas rares non plus, et les panthères abondaient dans les proches massifs boisés ou rocheux.
          Quand on décidera de construire les premiers tronçons des routes allant de Bône sur Jemmapes, sur Guelma, Duvivier et Souk-Ahras, les ouvriers devront se défendre contre ces rôdeuses nocturnes en allumant de grands feux autour de leurs chantiers.
          Il n'y aura qu'une contrepartie à ce mauvais voisinage: l'abondance prodigieuse du gibier, principalement des lièvres et des perdrix rouges, que bien plus tard les Colons prendront plaisir à forcer en rase campagne, en organisant des courses de chevaux qui seront prétexte à de fraternelles réjouissances.
          Mais, en attendant, le choléra et l'intermède des fauves auront pour lugubre accessoire la révolte des tribus appelées au massacre des roumis par les marabouts fanatiques et les caïds parjures. Sur la plaine dévorée de soleil passeront des cris de haine et des hurlements de mort. Pillage, agression, meurtre, incendie, centres cernés, Barrai sur le point d'être investi par les égorgeurs en burnous, Mondovi alerté au passage des spahis et des zouaves qui vont culbuter les assaillants, le capitaine Mesmer follement tué dans sa précipitation à vouloir charger les rebelles, nouveaux drames venant s'ajouter à tant de drames.
          L'épreuve avait été terrible. Elle montrait une fois de plus aux Colonisateurs officiels la gravité des périls auxquels étaient exposées les familles françaises guettées par tant de fléaux depuis leur installation dans ces informes villages de 1848 où régnait en permanence la désolation.
          Il leur faudra pourtant courber la tête et accepter jusqu'au bout l'amertume des évènements à venir. Privés des choses les plus indispensables à leur habitat, les Mondoviens assisteront à l'insuccès des naïves expériences industrielles de certains d'entre eux. Le marquis de BriquemolIe et le vicomte de Chaux-Dure seront généreusement excusés, mais la " blague " parisienne de leurs compagnons d'infortune ne les épargnera point, et de tout ceci il ne restera qu'un bon mot qui Ies consolera d'une déception de plus.

          Et d'ailleurs, avec les pillards, les perceurs de murailles, les assassins, les incendiaires, les coupeurs de routes, sera-t-il jamais clos le bilan de leurs déboires et de leurs deuils?
          Ah ! Non, quoi qu'ait pu affirmer plaisamment le Maréchal Bugeaud dans les milieux officiels de I'époque, la sécurité de nos départements algériens ne permettait pas encore à une jeune fille - en admettant que cela lui ait été jamais permis - d'aller à pied seule de La Calle à Nemours sans avoir rien à redouter pour ses bijoux et pour sa vertu.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Tout va bien, M'sieu !
Envoyé Par Michèle Raphanel



     Un homme d'affaires doit se rendre à l'étranger pour quelques jours; il convoque le bon Saïd, son fidèle domestique, et lui explique la situation :
     - « Tu vois, je dois aller à l'étranger quelques jours ;
     Fais bien attention à ce que tout se passe bien ici, et pour n'importe quel problème, appelle moi. »

      - « Oui monsieur, toi pas faire de soucis ».

      Après quelques jours, l'homme d'affaires, n'ayant pas de nouvelles, appelle Saïd :
     - « Ciao, Saïd, comment ça va?»

      - « Tout très mal ! »

      - « Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?»

      - « Manche de la pelle cassé »

      - « Mais Saïd, sacrebleu, tu m'as presque flanqué un infarctus. Tu me dis que ça va mal, et ce n'est que le manche de la pelle qui est cassé !? »
     Mais, pris de remords, il pense que Saïd pourrait se froisser, et il cherche alors à adoucir le ton :
     - « Comment c'est arrivé ? »

      - « Oh rien, j'enterrais le chien »

      - « Quoi ? mon chien, que j'aime comme un fils ! Mais comment s'est arrivé ? »

      - « Tombé dans piscine ! »

      - « Mais Saïd, c'est un Terre-neuve, un chien qui nage; comment a-t-il pu se noyer dans la piscine?»

      - « Pas d'eau dans piscine, et lui tombé, mort»

      - « Mais comment ça, il n'y avait pas d'eau dans la piscine ?»
      Mais puisque la semaine dernière on a fait le nettoyage et mis l'eau pour l'été !»

      - « Oui mais l'eau prise par pompiers pour éteindre incendie »

      - « Incendie, mais quel incendie Saïd?»

      - « La maison a pris feu ! »

      - « Ma maison ?! Mais comment ça s'est passé ?»

      - « Chapelle ardente de madame maman, une bougie près de tenture, tout brûlé »

      - « Chapelle ardente, ma mère est morte ? Mais on a fêté l'autre jour ses 70 ans, et elle était en pleine forme!»

      - « Oui, mais hier nuit votre mère n'arrivait pas à dormir, alors allée demander aide à votre femme, mais l'a vue dans le lit avec votre meilleur ami, et elle morte d'infarctus »..

      - « Mais enfin Saïd, ma femme me trahit avec mon meilleur ami?»
     Saïd, je m'absente 4 jours et ma vie est foutue!... Il n'y a vraiment rien de positif ? »

      - « Si, patron, vous souvenir que l'autre semaine, vous faire test pour Sida ? »

      - « Oui. »

      - « Voilà... ça positif ! »



LE LYCÉE SAINT-AUGUSTIN DE BONE
Extrait de la revue de la direction des sports d'Alger, mars 1959.
Envoyé par Daniel DARDENNE
Premier établissement scolaire sportif de France

          Le Lycée Saint-Augustin de garçons de Bône a obtenu en 1958 un prix de 100.000 francs dans un concours organisé par le Ministère de l'Education Nationale. II s'est imposé en la circonstance comme le premier établissement scolaire du second degré de Fronce sur le plan sportif.

          Cette distinction, le lycée Saint-Augustin, l'a obtenue sur l'ensemble des conditions suivantes
          - Sur 1.053 élèves inscrits au lycée en 1958, 52 seulement étaient dispensés médicalement d'éducation physique, ce qui donnait une assiduité globale de 87 %.
          - L'assiduité des élèves est rigoureusement contrôlée et les fiches physiologiques régulièrement tenues à jour.
          - L'importance des installations permet d'occuper tous les élèves et la répartition n'est contrariée que par le mouvais temps mois le gymnase permettant le travail de deux groupes à la fois, cet inconvénient est réduit ou maximum.
          - L'Association Sportive du Lycée comprend 250 à 300 membres pour les diverses équipes : 9 équipes de basket, 6 de volley, 14 à 20 de Hand-ball à 7, sans compter l'athlétisme.
          - L'Association Sportive est en même temps que le club scolaire, affilié sous le nom de " Bône-Etudiants-Club " à la Ligue Constantinoise d'Athlétisme. A ce titre, elle a participé à divers championnats civils.
          - Titres académiques remportés : Football (1951) ; Basket (1948) ; Rugby (1947) ; Aviron (1949 - 50 - 52).
          - Le Lycée Saint-Augustin est une véritable école d'athlétisme. Ses équipes ont représenté l'Académie d'Alger aux championnats de France à Paris, Clermont-Ferrand, Caen. L'une d'elles a même battu et conservé pendant trois ans, le record de France de relais 4 X 250 mètres, épreuve type de la régularité de l'entraînement (1950-1953).


Bône a été de tout temps, l'un des centres algériens les plus actifs pour l'aviron : les élèves du Lycée St-Augustin n'ont pas manqué de suivre la tradition.

          Sa brillante activité sportive, le Lycée Saint-Augustin la doit à la compréhension du proviseur et du censeur, au dévouement et à la compétence de l'équipe de professeurs d'E. P. animée par M. Vitali mais elle a été surtout possible grâce aux installations sportives.

          Ces installations permettent d'occuper tous les élèves : le grand terrain peut donner lieu à une partie ou à un entraînement de football ou de handball à 11, tandis que simultanément se déroulent sur le petit terrain, 3 rencontres de basket ou 4 de volley-ball.

          Ces terrains sont complétés par deux pistes d'athlétisme : une piste circulaire de 260 mètres et une piste de vitesse en ligne droite, 5 couloirs, de 120 mètres auxquelles s'ajoutent les fosses de sauts et aires de lancers habituelles.

          La salle d'E.P. est longue de 26 mètres et large de 16 ; elle est pourvue de vestiaires, douches, d'un magasin et d'un bureau ; elle se prête non seulement à l'éducation physique mais par ses dimensions et son équipement, à l'initiation du basket, du volley et du hand-ball à 7.

          L'équipement sportif du lycée est d'ores et déjà complet et son programme d'installations, terminé.


Les installations sportives du lycée Saint-Augustin sont inscrites
dans un décor typiquement algérien.


Comment peut-on être pied-noir ?
Trait d'Union N° 33

       En 1962, la formule du Droit au Sol, n'existait pas. Elle a été inventée depuis par les besogneux journalistes, dits d'information. C'est bien dommage !

       Le grand-père maternel était républicain et anticlérical. Après la révolution de 1848, il fut déporté politique en Algérie. Il devint boulanger et eut 6 enfants dont 5 garçons, deux furent prénommés Léo et Taxil du nom d'un journaliste très engagé dans la lutte politique. Le boulanger de Bab-el-Oued fut très apprécié. II travaillait la nuit et tous les clochards du quartier venaient lui parler par le soupirail et partager avec lui le contenu du panier que la grand-mère avait préparé. Ensuite, assis sur les marches de l'église Saint-Joseph, il leur lisait "La Calotte" journal anticlérical. II paraît que quelquefois le vieux curé le poursuivait tout autour de la place. Comme d'autre part, il proclamait "Je fais le plus beau et le plus laid métier du monde : je fais le pain et je le vends" les clients, à crédit, venaient chercher le pain avec des charrettes à bras.

       Il fit donc faillite à deux reprises et mourut à l'hôpital. Sa femme qui avait fui un couvent charentais empêcha le prêtre d'aller l'assister dans ses derniers moments et le persuada qu'un homme comme lui n'en avait pas besoin pour gagner un monde meilleur. Elle le rejoignit plus tard dans l'ossuaire du cimetière de Saint-Eugène.

       Le grand-père paternel quitta son île, chassé par la misère et devint cantonnier à Alger. II parlait peu et jamais d'un de ses fils, tué en tenue de zouave, dans les marais de Saint-Gond, pendant la bataille de la Marne en 1914. Habitant à quelques centaines de mètres de la famille de son 2ème fils, il venait le voir une ou deux fois par an et repartait peu de temps après. La conversation la plus caractéristique fut celle-ci :

       Le fils demande : "Que devient Pierre (le beau-frère) ?
                  II est parti.
                Où est-il parti ?
                Il est mort."
       Comment connaître l'histoire de la famille dans ces conditions. Mais un journaliste, un jour, apprit que deux des membres du clan avaient été incarcérés en Italie avec le futur Napoléon III. Plus tard, il en fit des Comtes d'Empire. Légende ? Réalité ? Toujours est-il qu'il existe en Haute-Balagne un village en ruines, Occi. Dans la chapelle, deux tombes qui ont été fouillées et qui ne portent aucune inscription. Un peintre curieux a retrouvé les armoiries. On peut rêver ! Le dernier habitant du village, Fra Felice était toujours vêtu de noir avec un chapeau haut de forme et il proclamait que Galilée s'était trompé et que la terre était plate. Il mourut en 1927.

       Le deuxième fils devint peintre en voitures. II avait tendu de grandes toiles dans son atelier, où il abritait une par une de somptueuses limousines noires. Il les vernissait à la main en pleine nuit quand la poussière provoquée dans la rue par les tramways s'était déposée. Puis avec une ficelle enduite de craie blanche il obtenait une trace qu'il peignait en blanc avec un tout petit pinceau et sans jamais revenir en arrière. Fils plus prolixe mais guère plus, il raconta sa guerre. De 1914 à 1919, il accomplit sa tâche de canonnier durant les campagnes du Tafilalet. Il était végétarien et il ne mangea que des dattes et de la galette pendant tout ce temps. Un soir de Noël devant le feu de cheminée allumé avec des caisses d'emballage de pots de peinture, il raconta comment il avait eu la décoration du Ouissam Alaouite.

      Il eut un jour à effectuer un tir de démonstration devant un brillant aréopage d'officiers très galonnés. Les obus utilisés provenaient d'un lot douteux retiré du front français. Le premier obus fit long feu et explosa à la sortie du canon. Il y eut un seul blessé : le général du plus haut grade. Voilà, dit-il, pourquoi j'ai été décoré. On a retrouvé le brevet d'attribution de la médaille dans ses papiers après sa mort mais pas la médaille qu'il ne s'était jamais procuré.

       Mon grand-père maternel m'a laissé son prénom lorrain, son esprit républicain, et m'a donné le goût du métier où l'argent ne compte pas, celui de maître d'école laïque et social. Mon grand-père paternel m'a laissé son respect du travail manuel bien fait, un certain sens de l'humour et le peu d'intérêt porté aux distinctions.
       Et comme tout se transmet, ma deuxième fille Charlotte comme ma mère (voir Corday) et Giudicelli comme son aïeul, Antoine le taciturne, a répondu, toute petite, un jour qu'on lui demandait pourquoi elle ne parlait pas : "Je ne parle que si j'ai quelque chose à dire !" Ce qui n'est pas toujours mon cas.

       Et le peuple pied-noir, formé au début, d"'antitoutistes"(1) et d'aventuriers, fut balayé par "le vent de l'Histoire qui fait tourner les girouettes"(2)

Alfred GIUDICELLI      

(1) ce terme aurait beaucoup plu à Cagayous.
(2) cette formule est due à Monsieur Georges Bidault qui fut Président du Conseil National de la Résistance et plus tard exilé politique.

HISTOIRE DU BONHEUR
Envoyé Par Chantal


       On se persuade souvent soi-même que la vie sera meilleure après s'être marié, après avoir eu un enfant, et ensuite, après en avoir eu un autre...
       Plus tard, on se sent frustré, parce que nos enfants ne sont pas encore assez grands et on pense que l'on sera mieux quand ils le seront.
       On est alors convaincu que l'on sera plus heureux quand ils auront passé cette étape.
       On se dit que notre vie sera complète quand les choses iront mieux pour notre conjoint, quand on possédera une plus belle voiture ou une plus grande maison, quand on pourra aller en vacances, quand on sera à la retraite...

       La vérité est qu'il n'y a pas de meilleur moment pour être heureux que le moment présent.
       Si ce n'est pas maintenant, quand serait-ce?
       La vie sera toujours pleine de défis à atteindre et de projets à terminer.
       Il est préférable de l'admettre et de décider d'être heureux maintenant qu'il est encore temps.

       Pendant longtemps, j'ai pensé que ma vie allait enfin commencer, ' La Vraie Vie! 'Mais il y avait toujours un obstacle sur le chemin, un problème qu'il fallait résoudre en premier, un thème non terminé, un temps à passer, une dette à payer.
       Et alors la vie allait commencer ! ! ! !
       Jusqu'à ce que je me rende compte que ces obstacles étaient justement ma vie.
       Cette perspective m'a aidé à comprendre qu'il n'y a pas un chemin qui mène au bonheur.

       Le bonheur est le chemin.
       Ainsi passe chaque moment que nous avons et plus encore : quand on partage ce moment avec quelqu'un de spécial, suffisamment spécial pour partager notre temps et, que l'on se rappelle que le temps n'attend pas.

       Alors, il faut arrêter d'attendre de terminer ses études, d'augmenter son salaire, de se marier, d'avoir des enfants, que ses enfants partent de la maison ou, simplement, le vendredi soir, le dimanche matin, le printemps, l'été, l'automne ou l'hiver, pour décider qu'il n'y a pas de meilleur moment que maintenant pour être heureux.

LE BONHEUR EST UNE TRAJECTOIRE
ET NON PAS UNE DESTINATION

       Il n'en faut pas beaucoup pour être heureux.
       Il suffit juste d'apprécier chaque petit moment et de le sacrer comme l'un des meilleurs moments de sa vie.

La source de ce poème est inconnue


ANECDOTE
Hold-up en série à Bône
Envoyé par Mme PAGANO
           (De notre correspondant particulier à Bône
          18 juin 1962, la Dépêche de BÔNE).

          Samedi à 8 h. 30, quatre Individus qui circulaient en automobile ont arraché des mains de M. RedIel Saïd, 32 ans, demeurant 7 rue Tirman, la sacoche qu'il transportait et dans laquelle se trouvait la somme de 1.400 NF. Ce vol a été commis devant la clinique Sainte-Thérèse.
          A 9 h. 50, trois individus grimés ont fait Irruption dans le bureau de poste de la Cité Kouba. Sous la menace de leurs armes (P.A. et P.M.), ils se sont fait remettre la recette, soit la somme de 17.000 NF.
          En fin d'après-midi. A 18 h, suivant le même procédé, un hold-up a été effectué à la station Shell, route de Joannonville. Il a rapporté à ses auteurs la somme de 3.500 NF.
          Après les " Monoprix ", il y a quelque temps, un hold-up a été commis samedi à 18 h. 30 aux " Galeries de France ". Plusieurs individus se sont emparés de la somme de 4 millions d'anciens francs et sont parvenus à s'enfuir.
          Vendredi à 15 h. 15, dans une automobile appartenant à M. Fernand Lesavre, qui l'avait garée devant l'hôtel de Ville, Il a été volé la somme de 25000 nouveaux francs en espèces, divers documents ainsi qu'un reçu de titre de 5.000 nouveaux francs.

Deux autres hold-up

          Deux autres hold-up se sont produits dans la journée de dimanche. Le premier à 8 h. 30 dans l'épicerie Bartolini où 53.000 anciens francs ont, été dérobés, le deuxième à la pharmacie Larguéche qui a rapporté 109.000 anciens francs à ses auteurs.
          Par contre, hier soir, à 21 h. 30, le gérant de la bijouterie Santandréa, rue Thiers, qui, il y a 24 heure, avait été l'objet d'un hold-up, a reçu un coup de téléphone anonyme l'avertissant que les bijoux précédemment volés venaient d'être déposée dans le couloir de l'immeuble qu'il habite.
          Effectivement, le police, alertée, a découvert un paquet renfermant les bijoux.


MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 5 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE TELL
V.
L'hospitalité

             En habitant de Medeah, nominé Bou-Bekeur, reconnut, dans un campement de nomades qui s'installaient pour quelques jours près de la ville, le fils d'un de ses amis qui précédemment lui avait donné l'hospitalité.
             " Soyez les bienvenus, ô mes enfants! dit-il aux Sahariens, notre pays est le vôtre; vous n'y aurez ni faim ni soif; personne ne vous y insultera, personne ne vous volera, et je me charge de pourvoir à tous vos besoins. "
             Les paroles de Bou-Bekeur valaient des actes. A partir de ce moment, tous ceux qui composaient la petite troupe furent ses hôtes. Il envoya ses esclaves chargés de pain, de dattes et de viandes rôties; le soir il faisait apporter encore du kouskoussou, du laitage, des légumes : il assistait aux repas et tenait compagnie aux voyageurs.
             II en fut ainsi tout le temps de leur séjour. Quand arriva l'époque du départ, Bou-Bekeur voulut une dernière fois régaler les voyageurs, et il les réunit dans sa maison, pour y souper et pour y passer la nuit.

              La réunion était joyeuse : le fils de l'hôte, petit garçon de sept ou huit ans, avait surtout égayé tout le monde par sa grâce et sa vivacité; son père en était fou, et l'ami de Bou-Bekeur l'avait habillé tout à neuf avec un joli burnous brodé de soie, une chachia rouge et des pantoufles jaunes.
             Le soir cependant il ne parut point au souper, et comme on demandait à son père de le faire amener.
             " Il dort d'un profond sommeil, " répondit-il. On n'insista pas davantage.
             Le repas fut abondant, les causeries très animées; on y parla beaucoup des chrétiens et de la guerre.
             On disait que nos armées étaient innombrables comme les vols d'étourneaux en automne; nos soldats enchaînés ensemble, alignés comme les grains d'un collier, ferrés comme des chevaux; que chacun d'eux portait une lance au bout de son fusil et sur le dos un bat (berdâa), qui contient ses provisions ; qu'à tous ils ne faisaient qu'un seul coup de fusil. On vantait notre justice et notre aman ; nos chefs ne commettaient point d'exaction ; devant nos cadis, le pauvre valait le riche.
             Mais on nous reprochait de manquer de dignité, de rire mime en nous disant bonjour, d'entrer dans nos mosquées sans quitter nos chaussures, de ne point être religieux, de laisser à nos femmes une trop grande liberté, de nous faire leurs complaisants; de boire du vin, de manger du cochon, et d'embrasser nos chiens.

              Après la prière du Fedjer (1) quand on songea à quitter Bou-Bekeur : " Mes amis, dit-il, j'ai fait, selon la loi, tous mes efforts pour que vous fussiez chez moi avec le bien; tous les égards qu'un hôte doit à ses hôtes, avec l'aide de Dieu, je crois les avoir eus pour vous, et maintenant je viens vous demander à tous un témoignage d'affection. Quand je vous ai dit hier au soir : mon fils dort d'un profond sommeil, il venait de se tuer en tombant du haut de la terrasse, où il jouait avec sa mère.
             Dieu l'a voulu ; qu'il lui donne le repos ! Pour ne pas troubler votre festin et votre joie, j'ai dû contenir ma douleur, et j'ai fait taire ma femme désolée en la menaçant du divorce ; ses pleurs ne sont venus .jusqu'à vous. Mais veuillez ce matin assister à l'enterrement de mon fils, et joindre pour lui vos prières aux miennes. "

             Cette nouvelle et cette force de caractère frappèrent, anéantirent les voyageurs, qui tous allèrent religieusement enterrer le pauvre enfant.
             Telle est la loi de l'hospitalité : un hôte doit éloigner de sa maison toute douleur, toute querelle, toute image de malheur qui pourraient troubler les heures de ses amis. Le Prophète, qui a donné ces paroles, a dit encore (2) :

              " A celui qui sera généreux, Dieu donnera vingt grâces :
             La sagesse;
             Une parole sûre;
             La crainte de Dieu;
             Un coeur toujours fleuri :
             II ne haïra personne;
             Il n'aura pas d'orgueil;
             II ne sera pas jaloux;
             La tristesse s'éloignera de lui ;
             Il recevra bien tout le monde:
             Il sera chéri de tous;
             Il sera considéré, fût-il mince d'origine:
             Ses biens seront augmentés;
             Sa vie sera bénie ;
             Il sera patient;
             Il sera discret;
             II sera toujours content;
             Il fera peu de cas des biens de ce monde;
             S'il trébuche, Dieu le soutiendra;
             Ses péchés lui seront pardonnés;

             Enfin Dieu le préservera du mal qui peut tomber du ciel ou sortir de la terre.
             " Soyez généreux envers votre hôte, car il vient chez vous avec son bien : en entrant, il vous apporte une bénédiction ; en sortant, il emporte vos péchés.
             " Ne vous laissez point aller à l'avarice : l'avarice est un arbre que le belise (démon) a planté dans l'enfer, et dont les branches sont étendues sur la terre. Qui veut y cueillir des fruits est enlacé par elles et attiré dans le feu.
             " La générosité est un arbre planté dans le ciel par Dieu, le maître du monde; ses branches atteignent la terre; il montera par elles au paradis ; celui qui traite bien ses hôtes se réjouit d'eux et leur fait bon visage.
             " Dieu ne fera jamais de mal à la main qui aura donné. "

             Un voyageur fatigué voit-il à l'horizon le sable jaune taché de points noirs, il devine un douar, et vers la tente qui la première s'offre à lui, il porte sa faim et sa soif.
             On l'a vu venir, on l'attend : les chiens aboient, tout le douar s'anime.
             A portée de la parole, il s'arrête et crie :
             " Ya rnoul el kreïma, dif Rebbi !
             " 0 maître de la tente, un invité de Dieu ! "

              On lui répond : " Marhaha-bik ! " Sois le bienvenu ! "
             A son arrivée, les chiens, on les fait taire; on s'empresse autour de lui; s'il est à cheval, on lui tient l'étrier pour l'aider à descendre et lui faire honneur; la tente est ouverte, il y entre ; on la sépare en deux avec une espèce de rideau (el hayale); il est chez lui d'un côté; de l'autre la famille est chez elle.
             Sans savoir ni son nom, ni sa qualité, ni d'où il vient, ni où il va, et sans le lui demander, on lui donne des dattes et du lait en attendant le taâm du soir.
             Est-ce un chef, un homme important, le maure de la tente choisit les convives qui lui feront compagnie.
             Le lendemain, au départ, sa monture, dont il n'a pas dû s'inquiéter, est amenée ; on le remet en route et les souhaits l'accompagnent.
             Les douars sont généralement formés de soixante-dix à cent tentes (khréïma), élevées symétriquement autour d'un espace vide appelé Merah, et de sept ou huit autres, bâties un peu en dehors, par les plus riches; celles-là sont les guiatin el diaf, les tentes des hôtes. Jour et nuit des serviteurs y veillent, spécialement affectés au service des étrangers, qui y sont défrayés ; et, comme eux, leurs chevaux, leurs domestiques et leurs bêtes de somme, par chacun des riches tour à tour, par les autres collectivement.
             Quand un douar n'a pas de guiatin el diaf, on laisse arriver les hôtes dans le Merah, où tous les hommes les accueillent en criant :
             " Marhaba bikoum ya diaf Rebi
             "o Soyez les bienvenus, ô les invités de Dieu !

             Et c'est à qui séduira l'un d'eux par de bonnes paroles pour l'emmener et le nourrir.
             Ce jour est pour les pauvres un jour de fête; car, ainsi qu'au temps de notre seigneur Ibrahim (3) l'hospitalier, des moulons qu'on aura servis rôtis tout entiers, des piles feuilletées (mesemmen), de tous ces grands plats de taâm, ils se partageront les restes avec les serviteurs et les esclaves.
             S'il arrive qu'un étranger s'offre à la tente d'un avare qui le fuit et se cache, et laisse les chiens de garde aboyer, les voisins accourent : " Viens avec nous, l'hôte de Dieu, " lui disent-ils.
             Et ces imprécations retombent sur l'avare : a O le chien! ô le maudit! ô l'avare! non, tu n'es pas de notre goum ; tu serais du goum des juifs si les juifs avaient des goums; sois maudit par Dieu, autant de lois qu'il y a de poils dans ta barbe! "
             Cet homme est dès lors isolé parmi les siens ; il est méprisé. Souvent même il arrive que le douar le frappe d'une amende de kouskoussou, de mouton et de laitage, au profit de celui qu'il a refusé d'accueillir.
             Si, au contraire, un homme est dans la tribu duquel on dise : " El kerim, galbou yhrany, ou houa fakir !
             " Le généreux, son coeur est riche, et pourtant il est pauvre! "
             Les maîtres des chameaux, des moutons et des dattes, les maîtres enfin des biens de Dieu l'aideront par des avances, et se cotiseront pour lui monter sa tente en troupeaux, en beurre, en laine, et partout ils le vanteront et se réjouiront de lui :
             " Il est le seigneur des hommes braves et généreux, et nous le laisserions avec la peine ! Il ne pourrait pas nourrir son cheval, ce cavalier des jours noirs ; on ne dira pas cela de notre tribu-non -cotisons-nous, il augmentera notre réputation.
             " Un homme ne peut enrichir une djemâa (assemblée);

             Mais une djemâa peut enrichir un homme. " Ouahed ma ighreni djemâa,
             o Ou el djemâa teghreni ouahed. "

             Mais ce n'est pas assez que d'être généreux, il faut savoir donner. " Si tu ne manges pas, fais manger.
             " An lem takoul, oukkel. "

             Ne vous observez jamais les uns les autres quand vous mangez ensemble. Laissez à chacun la liberté de faire ainsi qu'il l'entendra.
             Ben-Abas mangeant avec un autre marabout eut l'inconvenance de faire observer à son hôte qu'il allait porter à sa bouche un cheveu. " Puisque tu remarques ce que je fais, lui répondit le convié, jusqu'à voir un cheveu sur mon plat, je jure par ta tête et par la mienne que je ne mangerai jamais plus chez toi.
             Ne refusez point la diffa de celui qui vous l'offre.
             Un hôte arriva chez un Arabe qui le fit asseoir et lui présenta la diffa. Je n'ai pas faim, dit l'étranger; je n'ai besoin que d'une place pour me reposer cette nuit.
             - Va donc chez un autre, lui répondit l'Arabe; je ne veux pas qu'un jour tu puisses dire : j'ai couché chez un tel, je veux que tu dises : j'y ai rassasié mon ventre.
             La barbe de l'invité est dans la main du maître de la tente.
             " Lahyt el dif fi ide moul et khéima, "

             Il n'est pas un homme bien élevé qui ne connaisse et ne pratique ces préceptes, mais il en est peu qui aient été mis à une épreuve aussi cruelle que Bou-Bekeur.


VI.
Le koheul.

              Personne n'ignore que les femmes arabes ont l'habitude de se teindre le bord des paupières. Les hommes et même les jeunes négresses suivent leur exemple ; la matière qu'on emploie et qui produit une couleur d'un noir bleuâtre, se nomme koheul.
             Les blancs ont deux raisons pour user du koheul : d'abord il donne aux yeux plus d'éclat en les encadrant dans un liséré noir ou bleu, et cette raison est surtout appréciée par les femmes ; ensuite il préserve des ophtalmies, arrête l'écoulement des larmes, et donne à la vue plus d'assurance et de limpidité.
             Tous les médecins arabes ont recommandé l'usage du koheul, et notre seigneur Mohamed le prescrit.
             Le koheul (sulfure d'antimoine), dont on a donné le nom à la préparation composée qui sert à teindre les paupières, parce qu'il en est la base, est un présent de Dieu.

              Quand l'éclat du Seigneur parut sur le Djebel el Thour (le Sinaï), bien qu'il ne fût pas plus gros qu'une fourmi, il embrasa la montagne entière, en calcina toutes les pierres et les fit passer à l'état de koheul; tout celui qui se trouve à présent dans les autres contrées provient en principe du Djebel et Thour.
             Ce fut une femme du pays de Yamama, dans l'Yémen, qui, la première, fit usage du koheul pour dissimuler une inflammation habituelle qu'elle avait aux paupières, et l'on raconte qu'en peu de temps elle acquit une vue si perçante que ses yeux distinguaient un homme d'une femme à deux journées de marche.

              Pour obtenir la préparation complète, on combine en proportions égales du koheul; du toutia (sulfate de cuivre), du eheubb (alun calciné), du zendjar (carbonate de cuivre) et quelques clous de girofle, le tout réduit dans un mortier à l'état de fine poussière. Comme matière colorante, on y joint du noir de fumée, recueilli sur un vase en terre, un moment exposé à la flamme d'une lampe ou d'une bougie. On passe au tamis fin cette première préparation pour en former un mélange intime que l'on enferme dans une petite fiole (mekhralel) en plomb, en argent, en vermeil et même en or; car, pour les riches et surtout pour les femmes, le mekhralel est un meuble de luxe.

              Pour user du koheul, on plonge dans le mekhralel une petite baguette en bois, effilée, polie (meroueud), ou même une épine de porc-épic. Elle en ressort poudreuse; on l'applique avec précaution dans sa longueur sur la paupière inférieure ; on la presse entre les deux paupières, en la faisant glisser légèrement du grand angle de l'oeil à l'autre angle, et sur son passage elle colore en noir la partie nue qui donne naissance aux cils.
             Dans certains pays, aux substances que j'ai nommées on ajoute d'autres substances qui, par la volonté de Dieu, sont douées de vertus merveilleuses : du corail mâle ou des perles pulvérisées, qui font disparaître les taches blanches de la cornée lucide; du musc, qui arrête l'écoulement des larmes; du safran, du sembel et du djaoui (benjoin), qui rendent la vue plus active.
             Les nègres pauvres usent tout simplement du koheul pur sans même le colorer avec du noir de fumée ; il donne alors une teinte bleuâtre qui va particulièrement bien aux jeunes femmes foullanates. Leurs grands yeux noirs, ainsi parés et dessinés sur leur peau dorée, brillent d'un éclat lumineux comme une source d'eau vive au milieu des sables.
             Les mekhralel du Soudan sont de petites fioles en peau de mouton à poil, moulées sur un moule d'argile et très artistement travaillées (4). On obtient par le même procédé de fabrication une infinité d'autres vases également en peau, propres à contenir l'huile, la graisse, le lait et le beurre.
             On retrouve l'usage du koheul chez tous les peuples musulmans, arabes, indiens, persans, turcs et nègres; chez tous ceux enfin qui sont exposés aux rayons éclatants du soleil et à la réverbération de la lumière sur le sable.

              La tradition universelle affirme que c'est pour son peuple égaré dans le désert que le Seigneur a changé le Djebel el Thom. en koheul. Tous les poêles l'ont chanté comme remède et comme parure, et disent que si le seigneur Mohamed l'a recommandé aux croyants, c'est par l'inspiration de Dieu.
             Je résume ici les notions données par les Arabes eux-mêmes sur le koheul.
             Le koheul est l'une des dix prescriptions relatives au corps, révélées à notre seigneur Ibrahim et Khelil (5) (le chéri de Dieu), dont cinq sont obligatoires et cinq facultatives.

              Les premières imposent :
             De se couper les ongles,
             De s'arracher les poils des aisselles,
             De se raser toutes autres parties que la nature a voilées,
             De pratiquer la circoncision,
             De se couper les moustaches à hauteur de la lèvre supérieure (6).
             Les autres sont :
             L'usage du koheul,
             du henna,
             du souak,
             et l'oudou et kehir, la grande ablution de l'homme et de la femme.
             Le henna comme le koheul est souvent chanté par les poètes ; c'est un petit arbuste qui a quelque rapport avec le cédrat (zizyphus lotus, jujubier); on en broie les feuilles desséchées, on en fait une pâte qui, pendant quelques heures, appliquée sur les ongles, le bout des doigts, et quelquefois les mains jusqu'au poignet et les pieds jusqu'à la cheville, sont teints d'un rouge orange.

              Le henna donne au bout des doigts une gracieuse ressemblance avec le fruit élégant du jujubier.
             Quand une femme s'est orné les yeux de koheul, paré les doigts de henna et qu'elle a mâché la branche du souak qui parfume l'haleine, fait les dents blanches et les lèvres pourpres, elle est plus agréable aux yeux de Dieu, car elle est plus aimée de son mari. "
             " Sara et Hadjira (Agar), les femmes de notre seigneur Ibrahim, se faisaient belles devant lui par le koheul, le henna et le souak. "
             Sidi-Ali-ben-Abi-Taleb a fait ces vers sur le souak, qui s'appelle également Irak.
             " Sois la bien accueillie, branche de l'Irak, dans sa bouche !
             Mais n'as-tu pas peur, branche de l'Irak, que je te voie?
             Un autre que toi, branche de l'Irak, je l'aurais tué,
             Et nul autre que toi ne pourra se flatter d'avoir fui ce destin. "

             La femme dont le mari est mort, ou qui a été répudiée doit, en signe de deuil, s'abstenir pendant quatre mois et dix jours du koheul, du henna et du sonak.
             Sidi-Khelil a dit au chapitre El Djemàa du Vendredi) :
             " Il faut que chaque vendredi l'homme accomplisse les dix choses révélées à notre seigneur Ibrahim et recommandées par El Svouty le Savant, ou quelques-unes au moins s'il ne peut les accomplir toutes. "


VII.
L'aumône.

              Au premier rang des bonnes oeuvres que la religion recommande aux Arabes figure l'aumône. Bien des légendes, bien des fondations retracent la mémoire de quelque saint homme qui a passé sa vie à faire le bien. J'en citerai une parce qu'elle est très populaire, très répandue, et qu'en peu de mots, elle célèbre un digne marabout qui ne se contenta pas de pratiquer et de recommander l'aumône de son vivant, mais qui, même après sa mort, sut se rendre utile aux vrais croyants :
             Sidi-Mohamed-el-Gandouz qui vécut, mourut et fut enterré à l'endroit même où la piété des fidèles a depuis élevé le marabout qui porte son nom, était renommé pour l'hospitalité que trouvaient chez lui les pauvres et les voyageurs.
             Les caravanes de passage fournissaient à ses aumônes en lui laissant de la viande séchée, de la faine, des dattes, du beurre, etc., qu'il distribuait aux malheureux dont les provisions étaient épuisées, et aux pèlerins indigents qui venaient le visiter et prier avec lui. Cet usage s'est conservé ; aucune caravane n'oserait passer près de ce lieu d'asile sans y faire la prière et sans y laisser une ouada. C'est le droit de tous les passants d'entrer dans le marabout, d'y manger selon leur faim, et d'y boire selon leur soif; mais malheur à celui qui oserait emporter une part de ces provisions sacrées ! Il périrait sûrement en route.
             Personne n'est là pour surveiller ces offrandes ; elles s'offrent à toute main, étendues sur des nattes ou suspendues aux murailles ; cependant il n'y a point d'exemple que jamais aucun indiscret ait abusé de cette hospitalité de Dieu.
             Et cela se passe loin des yeux des hommes ; mais Dieu est partout.
             Le Prophète et comme lui, tous les amis fidèles de Dieu ont été les amis des pauvres.
             L'aumône, c'est le réveil de tous ceux qui sommeillent ; celui qui l'aura faite reposera sous son ombrage, lorsqu'au jour du jugement Dieu réglera le compte des hommes.
             Il passera le Sirate, ce pont tranchant comme un sabre et qui s'étend de l'enfer au paradis.
             L'aumône faite avec foi, sans ostentation, en secret, éteint la colère de Dieu et préserve des morts violentes.
             Elle éteint le péché comme l'eau éteint le feu.
             Elle ferme soixante-dix portes du mal.
             Faites l'aumône étant sains de corps, tandis que vous avez l'espoir de vivre encore de longs jours, et que vous craignez l'avenir.
             Dieu n'accordera sa miséricorde qu'aux miséricordieux ; faites donc l'aumône, ne fût-ce que de la moitié d'une datte.
             Abstenez-vous de mal faire, c'est une aumône que vous ferez à vous-même.
             Un ange est constamment debout à la porte du paradis ;
             Il crie :
             " Qui fait l'aumône aujourd'hui sera rassasié demain. "
             Ces sentences étaient la règle de conduite de Sidi-Mohamed-Moul-el-Gandouz ; il les a recueillies dans les hadites du Prophète et dans son coeur, et il les a commentées dans son livre sur l'Aumône.


1) La prière du fedjer, celle que l'on fait au point du jour. La véritable division du temps, chez les Arabes, a lieu par les heures de la prière : car, à part quelques chefs haut placés, il en est très peu qui sachent même ce que c'est qu'une montre. Les moueddens eux-mêmes, - ce sont ceux qui du haut des minarets de mosquée appellent les fidèles à la prière,-les moueddens, pour avertir les fidèles, ne sont, la plupart du temps, guidés que par le soleil on l'habitude.
2) Cette locution, qui se représente souvent : " le Prophète a dit, ne se rapporte pas toujours au Koran, qui est la parole de Dieu, mais le plus souvent aux conversations intimes de Mohamed : Hadite Sidna Mohamed, qui ont été recueillies par ses amis, les savants et les commentateurs
3) C'est Abraham
4) Nous avons trouvé quelques-uns de ces mekhralel à Tunis.
5) Il y a ici un de ces anachronismes si fréquents dans les légendes arabes. Abraham vivait quatre cents ans avant que Dieu se manifestât sur le mont Sinâi, qui fut, comme on sait, la douzième station des Hébreux dans le désert; mais, pour les musulmans, même les plus savants, la chronologie au delà de l'hégire est toujours très confuse. L'important, c'est que les prescriptions hygiéniques ou de morale soient présentées au peuple sous l'autorité d'un nom vénéré.
6) Dès qu'Abd-el-Kader eut assis son autorité sur les tribus, il s'attacha à faire rentrer les musulmans dans les pratiques imposées par les livres saints, et il força tous ceux qui s'étaient rangés sous son commandement à se couper les moustaches selon la loi.

A SUIVRE

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau


MOHAMMED DIB


Tlemcen (Oran), 1924


"... Célébrer l'âme arabe, porter témoignage du drame de la décolonisation...


        " A l'aide de notations justes, aiguës, de tableaux rapides, de dialogues vifs où circule un sang pittoresque, où le lyrisme des humbles affleure chaque mot, Mohammed Dib a réussi à écrire de petits livres bouleversants... "

        " Le poète, qui est en lui, s'est attardé à retrouver, pour lui donner de nouvelles racines, le chant profond du peuple avec des expressions directes et des visages charnus.
        Il a su le faire sobrement, avec distinction, et à ainsi communiquer à sa prose une netteté et une saveur qui pourraient bien apporter un prestige à la Langue française ". (Gérard Comme, "Terrasse", Février 1953).





Il ne faut pas promener la chèvre sous les oliviers.

Il vint ouvrir une lettre du mari et la traduisit

A SUIVRE

" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°1

          Monsieur LE TOURNEAU, Professeur de la Faculté des Lettres d'Alger, a bien voulu nous guider et nous faire bénéficier de ses précieux conseils. Qu'il nous permette de lui exprimer ici notre vive gratitude.
          Nous remercions également Monsieur PROUTEAU, Directeur de l'O.F.A.L.A.C. qui nous a aimablement autorisés à utiliser ses magnifiques collections.
          Nous tenons enfin à rendre hommage à Messieurs les Auteurs et Editeurs qui, avec un empressement désintéressé ont tous répondu favorablement à nos demandes d'autorisation de publication de textes.
AVERTISSEMENT DE LA DEUXIEME EDITION

          L'accueil réservé à " L'Afrique du Nord Musulmane " a montré que l'ouvrage correspondait à un besoin réel. Aussi sommes-nous heureux d'en présenter une deuxième édition, afin de répondre aux nombreuses demandes qui n'ont pu être satisfaites.
          Notre expérience et nos moyens s'étant accrus, nous avons cherché à enrichir l'ouvrage et à l'améliorer dans le fond comme dans la forme.
          La collection des gravures a été augmentée de deux unités. Nous avions regretté, lors de la première édition, de ne pouvoir accorder à la décoration une place en rapport avec son importance dans l'art et l'architecture de l'Islâm et nous avions groupé en une seule planche les éléments essentiels du décor. Nous y ajoutons cette fois, deux planches de plâtres sculptés : l'une se rapporte à l'art de Sedrâta, où se retrouve l'influence de l'art chrétien d'Afrique ; l'autre révèle le détail de la prestigieuse parure du mihrâb de Sidi bel-Hasan, chef d'oeuvre maghrébin de l'art hispano-mauresque.
          A une reproduction photographique de vestiges archéologiques souvent fort abîmés par les siècles, nous avons préféré une restitution dessinée, plus claire et plus précise, dûe à la plume de Monsieur le Professeur Georges MARÇAIS, de l'Institut, qui a bien voulu nous autoriser à reproduire deux de ses dessins. Qu'il nous soit permis de lui exprimer ici toute notre reconnaissance.
          Par ailleurs, l'introduction des commentaires de ces deux gravures et de l'avertissement de la présente édition nous ont amenés à modifier la pagination de l'ouvrage et les références de l'index alphabétique, ce dont nous nous excusons auprès de ceux de nos lecteurs qui possèdent la première édition.
          Les références bibliographiques ont été mises à jour et les principaux ouvrages de vulgarisation parus de 1950 à 1954 y ont été signalés.
          Quelques précisions ont été ajoutées en tête de l'index alphabétique, concernant la transcription des mots arabes en français, afin de montrer aux lecteurs non arabisants comment un même mot arabe peut avoir en français plusieurs orthographes. Dans le même ordre d'idées, nous avons pensé qu'il pouvait être utile de préciser les termes faisant l'objet du glossaire en donnant en caractères arabes les mots que leur transcription en français altère plus ou moins.
          Nous formons le voeu que cet ouvrage continue à trouver auprès des maîtres et des élèves le même accueil, car c'est pour eux qu'il a été conçu.
             LA COMMISSION.                 

Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.

PRÉFACE

          Il arrive qu'un préfacier ne puisse pas refuser ce qu'on lui demande et se fasse l'effet d'un élève au pensum.
          Tel n'est pas mon cas : lorsque mes collègues de la Commission pédagogique du Syndicat National des Institutrices et Instituteurs (Section d'Alger) m'ont demandé de préfacer le présent ouvrage, ils m'ont laissé une entière liberté de décision et c'est très volontiers que j'ai accepté, car je suis heureux de dire publiquement tout le bien que je pense de leur travail.
          D'abord il comble une lacune ; il existait bien des manuels de ce genre à l'usage des classes du premier degré, mais limités à chacun des trois pays de l'Afrique du Nord ; or, si souvent les vicissitudes politiques ont morcelé le Maghreb il n'en a pas moins conservé une profonde unité de langue, de civilisation, de croyance que l'on ne doit pas oublier. De plus ces manuels, déjà anciens, n'étaient pas illustrés comme celui-ci, si même ils l'étaient. Nouveau, le livre que j'ai l'honneur de présenter l'est donc dans son contenu comme dans sa forme. Il vient en outre à l'heure où l'Union Française s'élabore, où la Métropole révise ses rapports avec les Etats et territoires d'Outre-mer, où il convient que les habitants de l'Afrique du Nord, quels qu'ils soient, s'attachent à mieux connaître le passé de ce pays, à mieux jauger la valeur de la civilisation que lui ont léguée les siècles révolus, pour être mieux à même d'élaborer son avenir en commun et dans une atmosphère de respect mutuel.
          Je crois que les pages et les images qui suivent sont de nature à contribuer à ce résultat. En effet, elles sont le fruit d'un effort désintéressé et considérable : les instituteurs qui ont entrepris ce travail ne sont pas des spécialistes et n'ont pas puisé dans leur enseignement quotidien la matière de leur exposé. Ils ont consacré une partie, à coup sûr une importante partie, de leurs loisirs à se documenter ; il leur a fallu beaucoup lire, réfléchir sur ce qu'ils avaient lu et le mettre à la portée des enfants à qui tout cela est destiné. Ils l'ont fait en équipe, sans en espérer de profit autre que la satisfaction de faire oeuvre utile.
          Ils m'ont demandé, en tant que spécialiste, de leur dire ce que je pensais du résultat ; je leur ai dit et je leur redis, tout haut cette fois, que le premier résultat me paraît excellent. Les faits essentiels sont là, présentés avec une scrupuleuse exactitude et sans phrase. L'on a eu recours aux études les plus récentes et les plus sérieuses et l'on ne s'est pas fait faute de recourir aux sources, comme le prouvent les textes de lecture qui ont été choisis. L'énumération des faits, pour nécessaire qu'elle soit, eût été sèche et décevante ; aussi a-t-on essayé, dans les pages qui suivent, d'évoquer une civilisation qui, pendant plus d'un millénaire, a modelé les âmes des Maghrébins : civilisation dominée par l'Islam, mais où ont trouvé ou gardé leur place des survivances antéislamiques, des coutumes berbères, des apports andalous, bientôt des influences turques, puis européennes. C'est dans les lectures, les photographies et leur commentaires que l'on trouvera surtout l'esquisse de cette civilisation avec l'image de quelques-uns des plus beaux monuments du Maghreb, comme la mosquée de Kairouan, la Koutoubiya ou la mosquée de Sidi Bou Médine, et aussi avec des scènes humaines, comme le campement nomade, les Touaregs montés et un souk de Tunis.
          Le choix des illustrations était difficile à faire, car il fallait se décider entre plusieurs centaines. La série présentée est-elle la meilleure ? C'est bien difficile à dire ; elle est certainement très bonne et accompagne bien le texte qui la précède. La plupart des commentaires ont été empruntés aux meilleurs spécialistes ; les reproductions sont excellentes ; on peut avancer à coup sûr que maîtres et élèves y trouveront, outre le plaisir des yeux, matière à de nombreux et utiles exercices pédagogiques. Un petit glossaire et un index complètent cet instrument de travail qui me paraît tout à fait au point.
          Un mot encore, car il me semble que je n'ai pas dit l'essentiel bien que j'aie parlé des qualités techniques et pédagogiques de ce travail. Il est dépourvu de toute passion, équitable et parfaitement respectueux de l'objet auquel il s'attache, c'est-à-dire qu'il convient on ne peut mieux aux enfants et même aux adultes qui voudront bien y jeter un coup d'oeil. S'il peut être ainsi un instrument de rapprochement en même temps qu'un excellent manuel, je crois qu'il aura répondu aux intentions profondes de ses auteurs.
          Roger LE TOURNEAU
          Professeur à la Faculté des Lettres d'Alger.
INTRODUCTION

          "Qu'à travers ces documents, ceux qui s'attachent à élucider l'histoire de l'Islam sachent retrouver des hommes dignes, au même titre que tous les autres, de leur curiosité et de leur sympathie"
J. SAUVAGET
Professeur au Collège de France
Introduction à l'Histoire de l'Orient Musulman
(A. Maisonneuve)

          C'est une histoire extraordinaire que celle du Maghreb du Haut Moyen Age. A la suite de la conquête arabe " il a changé de religion, de langue, d'âme "... il a conquis l'Espagne, envahi le Midi de la France, la Sicile, fondé l'Empire Fâtimide d'Egypte.
          Pendant ce temps, les cités romaines ont disparu peu à peu sous leur linceul de sable. La steppe devint le domaine incontesté du grand nomade chamelier qui, depuis la fin de l'Empire Romain avait percé le Limes, la frontière fortifiée.
          Les convulsions religieuses et sociales ne furent pas épargnées au Maghreb. La crise khâréjite qui rappelle la Jacquerie ou la Guerre des Paysans a ébranlé la domination arabe. Comme sous l'Empire Romain avec les Donatistes et les Circoncellions, une hérésie religieuse a servi de prétexte aux revendications des humbles.
          Cependant des villes nouvelles ont surgi : Kairouan et Tunis remplacèrent Carthage, Fès succéda à Volubilis, Tlemcen à Pomaria, une civilisation originale prit son essor, influencée d'abord par l'Orient où rayonnait une ville prestigieuse : Baghdâd, la Baghdâd d'Haroûn er-Rachîd contemporain de Charlemagne. Puis Cordoue devint la grande métropole de l'Occident musulman. Son action sur le Maghreb s'accrut encore lorsqu'il fut uni à l'Espagne sous l'autorité des rois berbères Almoravides et Almohades.
          L'âge des églises romanes, des cathédrales gothiques et les châteaux forts fut aussi celui des mosquées, des médersas et des ribâts. Les monuments du Maghreb moyenâgeux témoignent de la splendeur des dynasties passées. Certaines ont contribué à faire naître des foyers de vie intellectuelle dont l'activité s'est prolongée jusqu'à nous avec les vénérables universités de la Qarawiyin de Fès et de la Zaytoûna de Tunis. Et l'oeuvre d'un Ibn Khaldoûn reste l'apport majeur de l'Islam maghrébin à l'Histoire du Progrès humain.
          Cet exemple illustre nous rappelle que si l'Islâm transmit à l'Europe de la Renaissance l'héritage du monde antique, il l'enrichit aussi du labeur de ses savants et de ses écrivains.
LA COMMISSION.     

CONQUETE ARABE - CONSEQUENCES

          VIIème SIECLE
          - Elle a duré 70 ans : de 647 à 710.
          Son histoire est mal connue :
          - absence d'archives et de témoignages épigraphiques,
          - historiens arabes très postérieurs aux événements.
          - En 640, les Arabes franchissent l'isthme de SUEZ.
          - 642, ils conquièrent la Cyrénaïque, puis les Califes, lancent quelques raids sur le Maghreb qui résiste : pour l'Orient il est " le lointain perfide ".
          Les animateurs de la résistance sont : les Byzantins,
                                                                    les Berbères alliés contre l'envahisseur.

          Les Byzantins sont définitivement vaincus sur terre dès la première rencontre à Sbeïtla (647).

          Chez les Berbères, deux chefs se succèdent : - Kossayla.
                                                                           - la Kâhina.

          - 670 : " OQBA BEN NAFI " fonde KAIROUAN dans la steppe semi désertique
          - C'est à la fois une place d'armes, un entrepôt, et une tête de pont pour la progression vers l'Ouest.
          Elle assure aussi la protection de la route d'Egypte.
          - On attribue à Qqba la construction première de la Grande Mosquée, avec des matériaux prélevés sur des monuments antiques. (gravures 2-3)
          - Au retour d'une grande chevauchée qui l'avait conduit jusqu'à Tanger, il est tué par Kossayla près de BISKRA (683).
          - HASSAN IBN EN-NO'MAN s'empare de Carthage et fonde TUNIS. C'est la liquidation de l'influence byzantine en Afrique.
          - La Kâhina, reine de l'Aurès, applique la tactique de la terre brûlée qui divise les Berbères en détachant d'elle cultivateurs et citadins.
          - Sa mort marque la fin de la résistance héroïque.
          - En 711 les Musulmans conquièrent l'Espagne sous la conduite du Berbère Târiq qui donne son nom au rocher sur lequel il prend pied ; les Colonnes d'Hercule s'appellent désormais Djebel Târiq (Gibraltar).
          - Pour huit siècles, l'Espagne sera liée à l'Islâm.

          CONCLUSION :
          Les Arabes sont très différents des autres envahisseurs de l'Empire romain
          Alors que les Germains admirent Rome, veulent jouir de sa civilisation et seront finalement absorbés par elle, les Arabes peu nombreux sont au contraire exaltés par une foi nouvelle. (gravure 1).
          Les nouveaux arrivants diffusent la langue arabe au Maghreb, convertissent les Berbères à la religion musulmane.
          La Berbérie passe sous l'influence de l'Islam.


LECTURES

L'OEUVRE DU PROPHETE MOHAMMED

          ...Lorsque Mohammed mourut (632), il laissait l'ébauche d'un grand empire, d'une vaste organisation. Le Coran avait réalisé d'importantes réformes dans les moeurs, dans les institutions, dans les idées de son temps. Il avait détruit le polythéisme, renversé les idoles de la Kaaba, imposé la charité et la bienfaisance à des barbares pour lesquels la force primait le droit, enseigné la tolérance religieuse aux Gréco-Latins fanatisés par les querelles théologiques ; le vaincu, libre de conserver son culte moyennant un tribut, avait appris qu'il pouvait, au moyen d'une simple profession de foi dont la sincérité était abandonnée à sa conscience, entrer dans la communauté nouvelle et y jouir des mêmes droits que le vainqueur. Le livre sacré (1) avait flétri les unions incestueuses, limité l'omnipotence paternelle et conjugale de l'homme, admis le faible, enfant ou femme, au partage des biens de famille ; organisé la propriété immobilière ; accordé à la femme une sorte de demi personnalité juridique ; s'il tolérait la polygamie, il en avait réprimé les abus autant que le permettaient les moeurs patriarcales et la situation économique des nomades, premiers adhérents du mahométisme.
Essai d'un traité méthodique de droit musulman (Ecole Malékite)
par E. ZEYS (t. 1 - ter fasc. p. 1 introduction) Alger - Adolphe Jourdan - 1884
(1) Le Coran.

LA MOSQUEE

          "L'anatomie des mosquées s'explique par le culte "
          La mosquée est essentiellement une maison de prières. Le plan de l'édifice est adapté au culte. Pour prier, les Musulmans se rangent côte à côte, formant un front étendu ; derrière cette première rangée, d'autres s'organisent de même ordonnance. Le directeur de la prière l'imam*, se place en avant de l'assemblée à laquelle il tourne le dos. Son orientation et celle de tous les fidèles, qui font les mêmes gestes que lui, prononcent les mêmes formules, c'est la qibla, la direction de la Mecque et du sanctuaire de la Kaaba, pôle de l'Islam, maison de Dieu sur la terre. Ainsi en était-il déjà au temps de Mahomet dans sa propre demeure de Médine, premier oratoire de la religion nouvelle, plus précisément sous l'abri qu'il avait fait établir le long d'an des côtés de la cour, simple toit de branchages et de terre, soutenu par des troncs de palmiers. Cette construction rudimentaire était sans doute dépourvue de tout caractère architectural. Elle n'en fixait pas moins le schéma de la mosquée future avec ses parties essentielles : la cour très vaste et la salle hypostyle qui la borde et la prolonge du côté de la qibla, salle très large et peu profonde dont la proportion est logiquement déterminée par l'ordonnance de la prière collective.
          Ce programme admet des variations (que nous étudierons par la suite), mais les mêmes éléments essentiels s'y affirment presque constamment : une salle étendue dans le sens latéral et s'ouvrant largement sur une vaste cour. Au reste, entre la cour et la salle, pas de différenciation fonctionnelle bien nette. On prie aussi bien dans l'une que dans l'autre, aucun endroit n'est réservé, ni inaccessible. Le seul organe qui se remarque dans ce temple sans autel ni sanctuaire est une niche vide, le mihrîb, qui se creuse dans le mur du fond de la salle et précise la qibla.
          Quelque modeste que soit ce motif d'architecture, il devient le point central autour duquel s'organise toute une décoration, le noyau d'où la beauté irradie.
          Le mobilier des mosquées est également fort simple, l'élément principal en est le minbar, la chaire à prêcher qui n'existe que dans les " grandes mosquées " où se célèbre la prière du vendredi. (Nous en décrirons par la suite la forme et la parure).
          Nous aurons également l'occasion de parler de la maqçoura, la clôture qui, dans certaines mosquées des villes capitales, délimitait l'enclos où le prince assistait à la prière publique. Quand nous aurons mentionné les tapis qui couvrent le sol de l'oratoire, quelques fauteuils et quelques pupitres à Coran pour les maîtres qui enseignent, enfin les pièces de luminaire, lampes et lustres qui pendent au plafond, nous aurons dressé le bilan des accessoires du culte qui ont offert des sujets d'études aux artistes musulmans.
          A ces détails intérieurs, ajoutons les deux annexes caractéristiques des maisons de prières ; le minaret, la tour du haut de laquelle le muezzin lance son appel cinq fois par jour, et la midha, latrines et salle d'ablutions, où les fidèles peuvent se purifier avant d'entrer à la mosquée.
Extrait de " L'art de l'Islam " de Georges MARÇAIS -
Editions Larousse

PROSPERITE AGRICOLE DE L'IFRIQIYA AU VIIème SIECLE

          Ce qui frappait surtout les immigrés venus par l'Egypte et la Tripolitaine, c'était l'abondance des arbres. Le souvenir de cette fertilité s'associe dans les chroniques à l'histoire en partie légendaire de la Kâhina, la reine berbère, qui en consomma méthodiquement la ruine. " Le pays, dit-on, ne présentait autrefois qu'une suite continue d'ombrages depuis Tripoli jusqu'à Tanger ". Nous serions tentés de rejeter dans le domaine de la fable cette tradition de l'âge d'or, si les témoignages dont nous reparlerons et la trouvaille récente de travaux d'irrigation et d'exploitations agricoles, dans des régions maintenant désertiques, ne lui restituaient quelque valeur. Les conquérants eurent même cette notion, reconnue exacte, que ce qui avait fait la fortune de l'Afrique du Nord, c'étaient ses plantations d'oliviers qui naguère, fournissaient de l'huile à Rome et à Constantinople. Et c'est encore une légende qui l'exprime. 'Abd Allah ben Sa'd, ayant triomphé du patrice Grégoire (1) et voyant les pièces monnayées qu'on avait mises en tas devant lui, demanda aux Africains d'où cet argent leur était venu : l'un d'entre eux se mit à aller de côté et d'autre comme s'il cherchait quelque chose, et ayant, trouvé une olive, il l'apporta à 'Abd Allah et lui dit : " C'est avec ceci que nous nous procurons de l'argent. - Comment cela ? dit 'Abd Allah - Les Grecs, répondit cet homme, n'ont pas d'olives chez eux et ils viennent nous acheter de l'huile avec ces pièces de monnaie " (Ibn 'Idhârî, Bayân, trad. 1-, 7).
Extrait de " La Berbérie Musulmane et l'Orient au Moyen Age " de G. MARÇAIS
AUBIER - Editions Montaigne, 13 Quai Conti - PARIS
(1) Chef byzantin, vaincu et tué à Sbeïtla.

LA KAHENA

          Quand la Kahena vit approcher l'avant-garde arabe, elle fit venir ses deux fils et leur annonça qu'elle serait tuée et que pour eux, ils devaient se rendre auprès de Hassan et solliciter leur grâce. Le général musulman les accueillit et les mit sous la sauvegarde d'un de ses officiers.
          Les troupes arabes engagèrent avec celles de la Kahena un combat (1) et le carnage fut si grand que tous s'attendaient à être exterminés, mais Dieu étant venu au secours des musulmans, les Berbères furent mis en déroute après avoir éprouvé des pertes énormes.
          La Kahena fut atteinte et tuée près d'un puits nommé dès lors Bir-el-Kahena et sa tête envoyée en trophée au Khalife. Les Berbères demandèrent grâce à Hassan et obtinrent leur pardon, à la condition de fournir aux musulmans un corps auxiliaire de 12.000 hommes. Cette troupe fut aussitôt mise par Hassan sous les ordres des deux fils de la Kahena.
          Dès cette époque, l'Islam se propagea parmi les Berbères.
D'après IBN KHALDOUN
Histoire des Berbères
Imprimerie du Gouvernement Général 1847-1851
(1) près de Tabarka (frontière algéro-tunisienne)

* * *
A SUIVRE

Inégalité des Charges fiscales en Algérie Impôt sur la propriété non bâtie
EXTRAITS DE REUNIONS des CHAMBRES DE COMMERCE
14 février 1911

          M. le Président. - Il me reste à vous dire quelques mots au sujet de l'importante question de l'impôt sur la propriété non bâtie. La Chambre de Commerce d'Alger s'en préoccupe actuellement et elle se propose de faire une étude aussi complète que possible. Nous vous communiquerons cette étude en vous priant de vouloir bien l'examiner. Il importe que les Assemblées consulaires de la Colonie fassent connaître leur avis sur cette question. Le moment semble en effet propice à l'obtention d'une meilleure répartition des charges fiscales qui, actuellement, pèsent uniquement sur le Commerce et la Propriété bâtie. Mais le fait que les agriculteurs sont en majorité dans les Assemblées de la Colonie implique la nécessité de provoquer un vigoureux mouvement d'opinion, capable de vaincre la résistance que rencontrera la thèse du Commerce. Nous avons en conséquence l'intention d'appuyer nos doléances d'une délibération très motivée que nous soumettrons à votre approbation.

        On peut se demander si les ressources produites par l'impôt sur la propriété non bâtie devraient servir à réduire les charges que nous supportons actuellement ou à nous éviter seulement des charges nouvelles. Je pense qu'iI est sage de ne viser qu'à ce dernier résultat, qui sera déjà très appréciable.

        Il s'agirait de reprendre les idées directrices d'un travail remarquable élaboré en 1883 par une Commission spéciale qui avait été chargée par M. le Gouverneur Général Tirman d'étudier un système d'impôt sur la propriété non bâtie. L'impôt avait pour base un principal fictif, c'est-à-dire un principal que l'État ne percevrait pas et qui permettrait seulement aux Conseils généraux et municipaux d'imposer le département et les communes d'une quotité de centimes additionnels suffisante pour leur procurer les ressources dont ils ont besoin.

        Il est permis de penser que les Assemblées départementales et communales, appelées à taxer elles-mêmes leurs administrés, seraient portées à ne faire de cette faculté qu'un usage judicieux et prudent. La taxation des terres serait d'ailleurs graduée suivant les catégories de cultures et les régions.

        M. le Président de Bougie. -- Il faudrait aussi, dans le projet de taxation de la propriété non bâtie, tenir compte des inscriptions hypothécaires dont les propriétés peuvent être grevées.

        M. le Président de Constantine. - Ne croyez-vous pas que l'impôt sur le revenu, sans caractère inquisitorial, ne serait pas préférable ?

        M. le Président. - Les colons se retranchent derrière le projet d'impôt sur le revenu avec l'espoir qu'il ne sera pas voté ou qu'il ne leur sera pas applicable ; le rejet par la Sous-commission du Sénat des dispositions du projet applicables aux bénéfices agricoles ne peut que les confirmer dans cet espoir.

        Il convient donc, en attendant l'époque sans doute lointaine où sera établi l'impôt sur le revenu, de demander l'institution de l'impôt sur la propriété non bâtie en Algérie.

        M. le Président de Philippeville. - Nous sommes unanimes à approuver le principe de l'impôt sur la propriété non bâtie ; nous examinerons donc avec plaisir le rapport que vous voudrez bien nous adresser.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 1/2.

Le Secrétaire,                               Le Président,      
F. JOURNET.                            Louis BILLIARD.





Samedi 23 mai
Le soir Repas catalan et ambiance 

Dimanche 24 mai
Buffet champêtre à 12 h 30 à Notre dame de la Salut

Pour le programme détaillé, l’ hebergement et les inscriptions
envoyez votre adresse e mail et vos coordonnées à :

barba.annie-claude@orange.fr (Annie Vidiella)
ou

william.puccio@orange-ftgroup.com (William Puccio)
tel 09 60 07 3 706


A QUOI BON
De M. Gaëtan DALAUT

À quoi bon un sonnet même celui d'Arvers,
Si ,on devait toujours écrire en simple prose
Ce que le coeur ressent et que jamais il n'ose
Exprimer autrement qu'au seul rythme des vers ?

À quoi bon le printemps, quand après les hivers
Il n'est pas possible de cueillir une rose
Et rien ne servirait, jamais à quelque chose
Si l'on pensait toujours qu'à la fin sont les vers.

A quoi bon, ici-bas, savoir qu'existe l'âme
Si le beau ne valait que et que vaut l'infâme ?
A quoi bon se plaindre, gémir ou blasphémer ?

A quoi sert de pleurer s'il n'est jamais de rire
A quoi bon un livre si on ne sait pas lire ?
Mais à quoi bon souffrir quand il est doux d'aimer.


      


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de M. Gérard Ranièri
Décès de Mme Annie RANIERI


"Chers(es) amis (es),

       J'ai le regret de vous annoncer le décès Mercredi 14 janvier dernier, à l'age de 64 ans, de ma soeur, Annie RANIERI de Neuilly s/Seine qui appréciait beaucoup les actions en faveur des Bônois.
       En tant que Bônois, je vous présente mes meilleurs voeux de santé et de courage afin de mener à bien vos actions.
       Bien cordialement, Gérard RANIERI

       Annie RANIERI, est une Amie Bônoise d'Internet avec qui j'étais en relation car elle appréciait ce que je faisais et m'a toujours soutenu avec un réconfort et une chaleur humaine qui faisait plaisir à lire.
      Annie désirait venir avec nous en Algérie, mais pour diverses raisons elle a du à chaque fois renoncer. Je pense que c'est son regret et au cours du prochain voyage je ne manquerai pas d'emporter son souvenir.
             Au revoir Annie.
Jean Pierre Bartolini





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Meilleurs vœux à tous pour 2009, avec un petit clin d'œil à notre beau pays perdu !
Jocelyn PERPIGNAN.
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RECETTE POUR UNE ANNÉE NOUVELLE
Envoyé par Thérèse Marie

         Prendre 12 mois complets, les nettoyer de tout ressentiment, haine et jalousie, pour les rendre aussi frais et propres que possible.

         Maintenant couper chaque mois en tranches de 28, 30 ou 31 morceaux, puis, tout doucement, incorporer dans chaque journée,
         un zeste de courage...
         une pincée de confiance...
         une cuillère de patience...
         une louche de travail...
         Mélanger le tout avec de généreuses portions d'espoir, de fidélité, de générosité et de douceur. Assaisonner le tout avec un soupçon de rêves, une bolée de rires et une pleine tasse de bonne humeur.

         Verser maintenant la recette dans un grand bol d'amour
         Et pour terminer...
         Décorer avec un sourire...
         Servir avec tendresse...

         Maintenant vous avez 365 jours pour la savourer avec Amour et délicatesse...
        




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