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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
33 , 34 ,
35 , 36 ,
37 , 38 ,
39 , 40 ,
41 , 42 ,
43 , ,
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EDITO
" LA BONNE PAROLE ! "
Chers Amis
" Il serait particulièrement odieux que ces attentats soient perpétrés par des chrétiens, même s'ils peuvent trouver dans leur foi la justification de leur lutte.
En raison de notre paternelle sollicitude et au nom de notre autorité religieuse sur le diocèse de Paris, nous déclarons bien haut : les baptisés qui approuvent, inspirent ou exécutent de tels crimes se mettent en opposition flagrante avec les prescriptions de l'église, ils renient la loi du Christ.
Nous invitons tous les chrétiens à rester fidèles à l'Evangile, à refuser fermement cet enchaînement fou de violences. Celles-ci sont contraires à la vraie paix voulue par le Christ, elles ne servent pas le bien des hommes. "
Ces belles paroles, qui émouvraient même un libre penseur, ont été prononcées par le Cardinal Feltin en mars 1962. Ne vous méprenez pas, il n'a pas dit ces belles paroles concernant les crimes d'état français contre les français d'Algérie, non c'était après l'explosion de la voiture bombe à Issy les Moulineaux et attribuée à l'OAS.
Plus de 43 ans après, des sorciers baptisés " historiens " s'élèvent contre la colonisation positive en Algérie (loi du 23 février 2005). Il est tabou de parler et d'enseigner la vérité sur l'œuvre accomplie. Ils préfèrent mettre tous les malheurs et fautes, anciens et actuels, sur toute la colonisation et surtout sur la communauté Pieds-Noirs, produit de la colonisation.
Ces prédicateurs de la " Bonne Parole ", sont les mêmes ou leurs " élèves " qui prêchaient depuis 1930 jusqu'en 1962 contre l'Algérie Française et qui ont contribués au chaos et à la victimisation de toutes les communautés d'Algérie. Ce sont les mêmes qui glorifient les assassins qu'ils ont enfantés et qui vilipendent ceux qui se sont défendus.
Ces histrions de foires télévisuelle ou radiophonique se permettent de parler ou d'écrire leur " vérité " en occultant ou sans connaître toutes les vérités. A seule fin de se faire reconnaître comme historiens et ainsi engranger de l'argent. Est-ce que cet argent sert à soutenir la guerre de France, celle qui se déroule sur leur territoire contre leur peuple ?
Ces mêmes sorciers, " Droits de l'Hommiste ", qui ont lutté pour absoudre les assassins se réclamant du FLN contre les Pieds-Noirs et les Harkis, se font étrangement silencieux sur la Charte Algérienne qui accorde le pardon aux criminels de la Peste Noire (10 ans de guerre entre pouvoir et islamistes en Algérie). Pourquoi ce silence ? Parce qu'il n'y a pas de Pieds-Noirs ou d'Harkis à vilipender ou, est-ce le prélude à l'approbation du fameux traité d'amitié dont nos communautés sont exclues.
Quels droits de l'homme défendent-ils ? Ceux de la Ligue ! Qui dit ligue, dit ségrégation, clan, union contre d'autres hommes. Surtout contre certains hommes, les vraies victimes.
Croient-ils défendre les hommes en les dressant les uns contre les autres, en dévalorisant les valeurs et en refusant les principes occidentaux pendant la colonisation alors qu'ils ont été copiés partout dans le monde ? Même en Algérie, (voir leur constitution). Non ce n'est pas servir les droits de l'homme en lui interdisant d'apprendre les vraies vérités.
Que vaut la parole de ces malfaisants agnosiques de l'histoire, pas même un cornet de cacahouètes.
Ces caca-lahouets, comme les appelleraient nos amis de la Kasbah, ont-ils un cœur, une âme, une patrie ? Rien ne le laisse supposer. La seule chose visible, c'est l'endoctrinement et l'on sait que l'endoctrinement n'a qu'un œil, comme celui qu'avait le Cardinal Feltin en 1962.
Merci à tous Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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Erwan MAREC Amiral, garde à vous!
N° 2 de Février 1950
de M. D. GIOVACCHINI Envoyé par sa fille
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Avec TUCCI comme sujet de conversation, l'ange le plus radieux y perdrait, sa belle humeur.
En votre compagnie, Cher Amiral, tout se transforme en sérénité, en douceur de vivre.
Ne sachant vous dédier une ode gracieuse et légère, digne de votre esprit, je me borne à vous offrir un tantinet de prose assortie à la manière d'un humble fantaisiste.
Amiral, vous l'êtes. Et de la mer vous connaissez, sinon tous les secrets sûrement la splendeur de ses infinis, et l'étendue de ses liaisons humanitaires.
Poète, et poète fort sensible, vous l'êtes également pour mieux comprendre la voix des océans tantôt enchanteresse, tantôt tragique.
Combien je voudrais comme vous pouvoir aborder tant de sujets familiers, qui demeurent pour le profane dans le cycle des ombres.
Quel bonheur pour vous aussi de n'avoir jamais connu " la politique "
La Nature vous apparaît toujours sous forme de " fleur nouvelle ". Je la vois surtout sous forme de tournants dangereux ".
Et pourtant chaque aspect de la vie a son charme.
Ah ! Les bonnes heures passées jadis à bavarder jusqu'à l'aube de mille choses qui n'étaient pas utilitaires et qui embellissent malgré tout l'existence.
Nous ne parlions jamais de gain, ni d'argent. Nous n'en avions pas, et nous n'en avions pas la notion. Cela ne nous empêchait pas de dormir plus sainement que des Crésus ou des Harpagons.
Je vous devinais si heureux quand vous relisiez des pages de Baudelaire ou de Verlaine, par beaucoup de votre joie pénétrait en moi, pour y ouvrir des horizons nouveaux.
Et quand nous replacions, sous nos yeux, dans une image bien fidèle, l'église de nos villages de Bretagne ou de Corse, le son de nos cloches ancestrales tintait si fortement à nos oreilles, qu'une émotion commune nous étreignait profondément.
Enfant de cette Bretagne bretonnante, voue méritiez également d'être l'enfant de l'intrépide Cycnos.
Corse, Bretagne. Deux races qui luttent pour résister à la marche du temps, pour conserver leur originalité.
Quels sont donc les barbares qui parlent de supprimer les races ?
Marins, soldats, poètes et moines, voilà nos professions adorées. Tout ce qui porte en soi l'esprit de lutte et le rêve. Tout ce qui combat l'atonie et l'égoïsme.
Cher MAREC, restez poète. Fouillez, fouillez toujours sous la bénédiction du Grand Saint Augustin.
Les fouilles c'est de l'histoire. Et l'histoire c'est encore de La poésie.
Pourvu que vous ne découvriez pas un jour que le Plébéien que je suis descends d'une famille impériale... Je me méfie de tous ces grands chercheurs.
De grâce ne vous laissez pas égarer par la voluptueuse sirène de la Place Leclerc.
Henri ALOI cherche une plume en forme de bistouri : vous ne pouvez lui offrir qu'une lyre.
Mais si le démon des fougasses vous a gagné, resserrez mieux les liens de l'apparentement radical.
Certes, Henri n'est pas marin, mais il est quand même premier prix de nage au long cours. Et, malgré tout, il est encore le meilleur de l'équipe en place.
Amiral, merci. En votre compagnie, un brin d'air pur a passé.
Çà change du vin, du tabac, du blé tendre, du sorgho... et de TUCCI.
Si vous rencontrez ce dernier, dites lui que près du poète, je l'ai complètement oublié.
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LES CHRONIQUES BÔNOISES N°23
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L'association David contre Goliath organise un spectacle dont les bénéfices seront reversés à la recherche sur les tumeurs cérébrales. Vous trouverez ci-après toutes les informations qui vous permettront d'assister à ce spectacle au cours duquel un hommage sera rendu à Philippe VENTO.
FOLLEMENT ROUMANOFF
LE DIMANCHE 23 OCTOBRE 2005 A 15H
En présence de Jean-Pierre Foucault
HALLE DE MARTIGUES
PRIX UNIQUE (place non numérotée) : 19.60 €
Venez partager des instants d'émotion et rire, tout en faisant une bonne action
Pour recevoir vos places à votre domicile veuillez remplir le bulletin suivant et le retourner accompagné de votre règlement à René VENTO 15 LES CARDELINES
13170 LES PENNES MIRABEAU
Nom et prénom………………………………………………………………………………………
Adresse…………………………………………………………………………………………
Nombre de places réservées……………( 19, 60 € l'unité) Ci-joint règlement de………….€
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Ça qu'on vous a pas dit … ! N° 29
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Christian AGIUS le Maltais de la route de Bugeaud, y ramasse dans les poubelles de luxe… ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!
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Claire Chazal elle a un petit François Chazal. Seulement méteunant, Patrick Poivre, récemment autorisé à s'appeler d'Arvor, il a avoué qu'il était le père ! A l'époque, le premier qui disait ça, y se ramassait une bafoune du tribunal, ac les entérêts ! Les deux comparses y avaient rempli les poches !
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Kadhafi y sa ensulté les chefs d'état africains, au congrès de Syrte, le 4 juillet : " cessez de mendier !!! "…
Faibles applaudissements dans les sièges en velour…
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Le pape Benoît XVI, juste y venait de recevoir la tiare dessur la tête, il a nommé le plus jeune évêque de France à Vannes.
Raymond Centène qui s'appelle.
Aussitôt les autes mitrés y zont cafardé que ce curé y se portait la soutane ; qui disait la messe en latin, comme chez Schneider, etc…
Peut-être qui croit aussi en Dieu, ce calamar !...
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La Grande Loge du Vénézuela elle a mis dessur son site internet un choix de textes maçonniques.
On y trouve……………….la constitution européenne !
Tiens ! Tiens…
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Ya un radar dessur l'autoroute A50, à la sortie de Marseille.
Depuis qu'on se l'a installé, il a fait tchoufa, pourquoi les autos elles se roulaient à 110, tranquilles, fils…
Elle a pas déplacé le radar, cette gatarelle de Sarcloseille, ma elle a………..réduit la vitesse à 90, dessur une madone de ligne droite !!!
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Le ministe de l'inculture Donnedieu de Vabres il a fait fort au festival du film au Japon : le site de la France dessur Internet il est écrit en……………………..anglais !!!
Diocane ! Le pied y me démange…
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La fille à Djack Lang (Tiens………) qu'elle s'appelle Valérie, elle habite ac son copain un splendide appartement de cinq pièces dans le IXème à Paris.
Le loyer, manman !!!!!
Mais oilà, le maire coulot y vient de l'enscrire dessur la liste des logements " intermédiaires ", pour les moins riches.
Reste assis dessur ta chaise : les deux calamars y zont été autorisés à rester, ac…………….un loyer de choumarelle !!!
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On reste toujours les champions des impôts !
Pour tu comprends bien, oilà la franche vérité : tu travailles pour l'état jusqu'à la mi-juillet, après tu travailles pour toi jusqu'au père Noël…..
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" Enculé de ta race " il a dit Omar Hatem à David Chekroun. Zotche ! Le Chekroun il a traîné le Hatem en devant la XVIIème chambre correctionnelle à Paris.
Ma les juges, axes y sont restés, pourquoi Hatem et Chekroun y sont tous les deux des sémites, et pis " enculé " ça peut plus être retenu à cause la loi sur…….l'homophobie !...
Total : Chekroun il a été débouté…
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Les Américains, c'est les champions de la théorie de la guerre zéro mort…
Jusquà l'école cette théorie elle s'applique !!
La chkague qui zont les enstituteurs : enterdiction aux enfants de courir en dedans la cour de récréation…
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Au Canada, le mariage homo il est autorisé.
Deux calamars, qui zétaient pas coulots du tout, y se sont mariés pour les avantages fiscaux !!!
Les associations de coulots elles ont fait un escandale, pourquoi c'était pas un mariage…………………normal !
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La bière Heineken elle est pas dans la merde en Hongrie.
Dedans ce pays, ya une loi qui interdit tous les symboles communistes : Heineken elle a été priée d'enlever l'étoile rouge qu'elle a dessur ses boîtes……….
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Galouzeau dit de Villepin y s'est payé un nouveau ministe, que personne il avait pensé avant lui : le ministe de l'égalité des chances !
Diocane, y fallait y penser, non !
Il a choisi pour ce poste capital un certain Azouz Begag.
Cuilà, y s'était fait connaître avant en écrivant des livres pour la jeunesse. Très appréciés, ses livres, pourquoi même les enspecteurs de l'éducation nationale y les recommandaient dans les bibliothèques des lycées et collèges.
En particulier, y en a un qui s'appelle : le Gone du Chaaba.
Tu peux y lire :
" Et si on s'enculait comme les grands ? "
Elle rougit de peur, tandis que Hacème encourage, malgré sa surprise :
- Ah oui ! On s'encule comme les grands !
- D'accord, mais si ma mère nous voit ?
Je la rassure :
……………………………………………
Et maintenant, comment on fait ? Dit-elle.
Je m'approche d'elle, ma zémama entre les doigts.
Alors Saïda s'assied sur les fesses, entrouve ses jambes……….. "
J'arrête là, diocanamadone !
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Rassure-toi, fils, tié le pluss protégé du….monde : en France, ya un flic pour 249 habitants.
En Angleterre pareil pour…………………..500 habitants ! Zotche !
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La suite au prochain numéro : te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….
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LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (30)
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T'Y AS VU ÇA QU'ON A FAIT DE NOT' CULTURE ?…
Diocamadone, j'ai la rage dedans…attends, j'ai pas dis de dents… enfin, je reprends. Diocamadone, j'ai la colère qu'aujourd'hui elle m'affogue bien-bien, une colère noirte, j'te dis pas et toi de ton côté va surtout pas dire que la moutarde elle me monte au nez à cause que c'est plutôt l'harissa. Tu vas dire qu'est-ce qu'il a encore ce badiguel, qu'est-ce qu'il a, à se faire du mauvais sang alors que tout y va bien dedans ce monde où rien y va et moi, moi j'te réponds, justement si que dedans ce monde ousqu'on vit tout y va à peu près bien, dedans le monde de nous z'aut' plus rien y va, ma parole on se croirait au casino, tu sais là où quan y te dit rien ne va plus, ça veut déjà dire que t'y es ruiné. Dedans le monde de nous z'aut' ousque le tchapagate y devrait ête présent dedans toutes les conversations, on est en train de perde not' personnalité, on commence à parler avec un accent pointu, on cherche tous à devenir des Marc Olivier Fogiel en oubliant nos racines.
Aga ça qu'y s'est passé dedans le ch'nord, Tintin, tu sais, le p'tit blond avec la houppette dessur la tête, qu'il a venu journalisse presqu'avant d'aller à l'école tellement qu'il est jeune eh ben ! ce Tintin-là, il a été édité en ch'timi que c'est, comme on dit en Patosie, une langue régionale et nous z'aut' qu'est-ce qu'on fait, on se régarde le trou qu'on a tous au miyeu du vente et on tape des mains pour ça qu'y font les z'aut' en oubliant bien sûr que not' langue elle est justement en train de tirer la langue, elle est en train de mourir la pauv', de s'affoguer doucement-doucement mais sûrement et à de bon à cause, que nous z'aut', les z'anciens, on fait rien pour lui redonner la vie en intéressant les jeunes à la pratique de leur culture et si tu ois d'un aut' côté ceux-là là qu'on s'les z'appelle des éditeurs et qui se disent de chez nous là-bas, plutôt qu'agader ça que t'y écris, y régarde du côté de ton portefeuille, mais ça on s'en fout, les éditeurs et les goalands c'est kif-kif encore que les goalands, y rendent service en nous donnant des plumes pour la pêche à la traîne.
Nous z'aut', avec seulement un tout p'tit peu d'courage, nous z'aut' qu'on a l'amour du tchapagate, si qu'on voulait bien se donner la main et se mette un stylo dedans pour dire aux jeunes toute la richesse d'un langage qu'il est en train de se noyer dedans les rivières de Patosie lui, qu'y sait seulement nager dedans la Seybouse, on pourrait peut-ête en faire des adeptes ( coupe pas les cheveux en quat', j'connais pas ce mot en tchapagate ), on pourrait en faire des bônois mais entention, des vrais, de la coquette, de ceux-là là qu'y savent te jurer les morts et tout et tout, de ceux-là qu'y te connaissent tout, de Benguèche à Tchitchette en passant par tous les quartiers de la ville, de la place d'Armes à l'usine à gaz en passant bessif par la Colonne et l'Orangerie sans oublier beauséjour même si diocamadone, là-bas, y s'le disent avec des necs à eux z'aut'.
Rachid HABBACHI
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ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
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ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS
A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.
F.B.
" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS "
(Virgile)
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AU TEXAS
Nous oilà à Auzas City. (Ça veut dire la Cité aux As). Avant d'arriver en ville, on s'était déguisé en coffe"boy ac Augu : Un madone de feutre, une chemise rouge à carreaux, un gros rivolver ac le baril, une ceinture pleine des cartouches, qu'elles étaient aussi grosses que des dattes de mer, un patalon en cuir, des p'tites bottes et des éperons qu'on s'aurait dit des roulettes pour découper les raviolis.
Comme nous se rentrons dans la ville, on s'entend une pétarade estraordinaire. Moi et Augu on descend du cheval, on se met à plat ventre par terre, on s'enlève le grand chapeau, on se cache darrière et on se sort la browninge. On croyait que c'était une attaque des bandits, alors que la rialité c'était le monde qui tirait des coups de calibre en l'honneur de nous Ôtres. On se relève, on s'attache les chevaux après un bois et on se sert la pince aux Auzascitiois.
Un qui parlait le français comme une vache espagnole, y nous demande si on savait se servir des rivolvers et y prend le chapeau à Augu y se le jette en l'air et laisse le qui tire. Quand Augu y s'a ramassé son chapeau, t'y aurais dit un keskes pour cuire le couscous.
Alors, Moi je me regarde Augu qu'il avait au coin d'la bouche un morceau d'cigare étindu, j'm lui fais un coup d'z'oeil et de suite y comprend. Y va à quarante mètres de l'endroit d'où j'étais et y se tient raide comme un piquet ac son mégot. Les Américains y regardaient. Alors, comme y dit le parigot, je prends mon soufflant et je tire une balle : Boum... Comme je tire, le bout d'cigare y s'avait disparu. Axes y sont restés les Amerlos et y nous ont porté en triomphe jusqu'à un grand bar en planches qu'on s'aurait dit un cabanon d'la Caroube. Reusement qu'ils ont pas vu qu'au moment où je tirais, Augu d'un coup de langue, le mégot y s'l'avait avalé.
Au comptoir on se tape le visky que ça ressemble à l'alcool à brûler. Une danseuse, elle faisait une z'exhibition et les clients laisse les qui tapent les mains. Alors, Augu y se leur fait une danse du ventre qu'il a fait rire tout le monde. Comme on était là, y rentre un Andien ac un tas des plumes tsur la tête, la fugure ridée comme le darrière d'un singe de Kerrata, ac les mains y fait des grands gestes et y parlait comme un chat à qui te marches tsur la queue. L'Américain qui causait le français, y nous fait comprendre que c'était des bandits qui s'attaquaient la diligence. Tout d'suite y sort de sa poche une étoile en fer de cuivre et y se lui accroche tsur la poitrine à mon collègue et y se lui dit
Vous... Charif
Non, moi Augu qui reupond l'autre
No ! qui crie l'Américain, vous commissaire de police.
O.K., yes, va benne, taïba la sauce, zek ! qui dit tout content Augu et nous se montons tous à cheval. On se tenait bien dans la selle tous les deux, pourquoi Moi, j'a fait le service dans les cuirassés à Tarbes et Augu dans les espahis à Costantine.
A un tornant, on oit la diligence, un brincard cassé, les chevals y z'étaient partis et un tas de morts par terre. Comme y z'ont vu ce carrelage, les américains y z'ont torné et sauve qui pleut.
Ac Augu, on descend de cheval, le rivolver à la main. Tout d'un coup les balles elles sifflent de tous les côtés. Vite, vite on court dans la oiture et la bataille elle commence à cinquante contre deux disperates.
- A la vie, à la mort, que j'y dis à Augu, si y nous prennent, y vont nous luntcher...
Tout d'un coup, plus de munitions. Je fais semblant de tirer et Augu qui s'avait levé un soulier y tapait contre le parterre de la oiture pour faire le bruit.
Les bandits y se rapprochent et totalement, y nous prennent, y nous attachent comme te fais une ligature à un rangue. Notre dernière heure elle s'a venue, je me fais la prière des morts, esquinté, je m'endors.
Je reçois de l'eau en pleine fugure, j'ouvre une oeil et je ois le patron du Café du Tiâtre ac une carafe à la main.
" Finis la roupillade qui me dit, tas d'ivrognes invertébrés, allez, ouste dihors. "
Je me secoue et je me réveille Augu qui dormait comme la Loire en dessous la table. On s'avait pris une cuite terrible.
Adieu les coffes-boys, le Texas et tous ses bises. Bon Dieu qui m'aveugle, je vas me mettre au vichy et à la limonade.
Allez ! on s'en allons 0 Augu, commande...
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BÔNE.. TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura N° 7
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"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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LE BAROUD D'HONNEUR
L'Histoire est un perpétuel recommencement.
Pendant la Résistance, à qui l'on demandait : "Vous en faites partie?" répondait :"Bien sûr, puisque j'écoute la radio de Londres".
Chez nous, c'était à peu près la même chose :
- Vous êtes de l'O.A.S. ?
- Oui
- Et quel rôle jouez-vous ?
- Je tape sur les casseroles Algérie Française.
Le fait est qu'on n'a jamais su exactement qui, à Bône, dirigeait l'Organisation. On se doutait qu'au sommet de la hiérarchie les responsabilités se trouvaient entre les mains d'un aréopage, garçons relativement jeunes, 30 à 40 ans, un commerçant en chaussures, un bijoutier, un commerçant en confection pour hommes, un inspecteur des Contributions, un représentant en machines agricoles, entre autres, soit que l'un ou l'autre ait eu maille à partir avec la répression, soit que des incidents malheureux aient attesté de ses activités.
Des exemples ? Est découvert un stock d'armes dans le coffre d'une voiture : son propriétaire est mis en prison. Une grenade sous-marine est placée sur la coque du "Ville d'Oran" : est soupçonné un jeune médecin militaire. Ou alors des accidents qui tournent à la catastrophe : celui-ci a mal réglé le détonateur de son plastic et saute avec lui; cet autre est découvert, le corps complètement dénudé, dans les débris de la maison qu'il avait mission de détruire. Ses camarades s'en aperçoivent à temps : il s'agit d'un policier, et comme il ne faut pas que tout le corps urbain soit soupçonné d'allégeance à l'O.A.S., le cadavre du malheureux est transporté dans la banlieue de Duzerville et sa mort portée au compte des fellagha.
Souvent l'astuce, la témérité, le sang-froid des O.A.S. tinrent en échec les forces de répression. C'étaient des risque-tout, ces gars. Mais que n'auraient-ils pas risqué pour leur Algérie Française ? Ils avaient appris le courage avec l'armée Leclerc et la 2e D.B. de Monsabert.
Le général Jouhaud avait envoyé à Bône, pour prendre la direction de l'Est Constantinois, le colonel Chateau-Jobert. II y resta plusieurs jours, se cachant chez les uns et les autres, changeant chaque jour de planque, jusqu'à ce que, la situation devenant de plus en plus dangereuse, il fût décidé qu'il regagnerait la Métropole. Ce n'était pas une mince affaire que d'embarquer le personnage, traqué comme il l'était, et dont C.R.S., gendarmes, gardes mobiles avaient la photo en poche.
Son embarquement se fit par Philippeville. Un convoi automobile fut organisé, avec une première voiture, en avance d'une dizaine de kilomètres pour ouvrir la route, une deuxième dans laquelle prit place le colonel, et en fermeture, un dernier véhicule pour les dames de la Croix-Rouge; parce que Chateau-Jobert avait été maquillé en grand blessé. Ce n'était plus un colonel, mais une bande Velpeau. Et le tour fut joué.
Au bas de l'échelle se situaient les poseurs de bombes et les plastiqueurs. Reconnaissons que certains d'entre eux, par gloriole, eurent la langue trop longue.
Un matin, sur le coup de midi, je reçus un coup de téléphone anonyme :'Un plastic n'aurait-il pas explosé à la Tabacoop ?".
C'eut été vrai, je n'aurais pas manqué de l'entendre, à proximité que je me trouvais de la Maison de l'Agriculture. Or, je venais tout juste de raccrocher que l'explosion se produisit : le plastiqueur s'était vanté de son exploit avant même de le réaliser.
Quoi qu'il en soit, son affaire avait été bien menée : Le grand escalier qui mène au premier étage s'était effondré. Les badauds accourus purent jouir d'un pittoresque spectacle : le personnel, Maurel et Chaussois en tête, réfugié sur le balcon de la place Bulliod, attendant qu'on déblaie les gravats pour lui permettre d'évacuer les lieux.
Chacun savait que toute la Maison de l'Agriculture était Algérie Française ; tant et si bien que les patrons ne cherchèrent ni le comment ni le pourquoi du hold-up à l'amiable dont furent "victimes" deux gars de chez eux alors qu'ils transportaient des fonds depuis les docks d'Hippone jusqu'à la place Jean Bulliod : l'O.A.S. n'avait-elle pas besoin d'alimenter son trésor de guerre ?
Furent enregistrées aussi de nombreuses actions gratuites, lesquelles, tout compte fait, comportaient plus de risques que d'efficacité.
Un matin, Jeannot Xerri, mon voisin du Charly's Bar, me demanda de me trouver, muni de mon appareil photographique, à deux heures précises à l'entrée de l'Hôpital Militaire. Exact au rendez-vous, je le vis sortir d'une voiture, portant avec l'aide d'un complice, une monumentale gerbe de fleurs camouflée sous une immense feuille de papier blanc. Dans un endroit retiré de l'hôpital, je pus prendre une photo de cette gerbe sur laquelle s'étalait l'inscription :"l'O.A.S. aux soldats morts pour l'Algérie Française".
Hélas I Désappointement. Les corps des trois soldats tués par les fellaghas étaient déjà transférés sur un aviso qui devait les transporter en Métropole.
Avec un sang-froid admirable, ils retournèrent à leur voiture, traversèrent la ville, se rendirent au port et montèrent sur le bateau. Et là ....? Tenant toujours dans les bras la gerbe voilée de blanc, ils demandèrent à l'officier de quart la permission de déposer leurs fleurs sur les cercueils. Et puis, réprimant une folle envie de courir, ils se retirèrent tranquillement.
Autre acte gratuit, mais qui eut des répercussions psychologiques importantes, la bombe déposée à la préfecture, tandis que les Conseillers généraux, hôtes du préfet, dégustaient à leur aise la poire et le fromage.
Les gosses de Bône, à force de vivre intensément dans cette ambiance, cherchèrent le moyen de manifester à leur manière leurs sentiments généreux ; à leur manière, bien sûr; parce que, avec leur insouciance juvénile, ils n'envisageaient que le côté folklorique de la situation.
Lorsque Monsieur de Gaulle décréta son plébiscite sur l'Algérie, en écartant des urnes les Français d'Algérie, eux, les enfants, décidèrent de passer outre. Ils installèrent des bureaux de vote sur le Cours Bertagna. Les adultes y vinrent voter le plus sérieusement du monde.
Ce fut encore eux qui installèrent les panneaux d'affichage sur les murs de la Brasserie de la Paix ; à côté des directives données par l'O.A.S., ils placardaient tout un tas de dessins représentant leur ami Charles dans des accoutrements aussi divers que suggestifs.
Quand Lagaillarde dressa ses barricades à la Faculté d'Alger, ils suivirent son exemple. Maintes fois, les automobilistes rentrant de la plage se heurtaient, à la Ménadia, à un barrage de gros cailloux. Pour obtenir le feu vert, il suffisait de klaxonner les cinq notes d'Algérie Française.
Certain jour, le coeur des sentinelles se mit à battre la chamade : arrivait de Saint-Cloud un convoi militaire. Allait-il obtempérer comme les civils ? Ou bien forcer les enfants à libérer la route ? Les soldats demandèrent le passage à grands cris d'Algérie Française ; et les enfants les saluèrent en hurlant : "l'Armée avec nous".
Certes, leur bête noire était les gardes mobiles, "la rouge" comme ils disaient. Aussi bien, quand l'occasion se présentait, ne manquaient-ils pas de prendre leur revanche.
Des manifestations avaient été prévues en faveur du maire Grauby sous le coup d'un arrêt d'expulsion. La foule s'était massée aux abords du Lycée de filles où Mme Grauby, censeur des études, était logée. Les gardes mobiles alertés tendirent tout autour de l'établissement scolaire un cordon de défense d'approche. Naturellement, les enfants de Bône étaient de la fête. Où auriez-vous voulu qu'ils fussent ?
Un gamin qui ne savait plus quoi faire dressa ses dix ans devant un garde (il avait volontairement choisi le plus grand) et commença avec un flegme désopilant à lui débiter son répertoire : il serait mal séant de rapporter ici ce qu'il lui dit, comme en confidences, avec un sourire si gentil que, de loin, ceux qui n'entendaient rien, les prenaient pour deux amis. Il le traita de tous les noms d'oiseaux, de poissons, de bêtes à cornes ; il s'inquiéta de son épouse, seule peut-être à la maison; bref, vous imaginez le reste. Mais ce que vous n'imaginez pas, si vous n'avez pas été témoins de la scène, c'est le calme avec lequel Goliath écoutait David ; il restait immobile, impassible, apparemment indifférent, en maîtrisant la rage qui bouillait en lui.
L'enfant bombait le torse, fier de son exploit, devant ses camarades qui regardaient bouche bée ce spectacle insolite.
Par moments, la crosse du mousqueton martelait le pavé d'un coup sec. C'était tout ce que le garde pouvait faire.
Le gosse, lui, savourait sa vengeance. Peut-être, avec d'autres mômes comme lui, avait-il été pris dans une rafle dont il était revenu joues tuméfiées et chemise en lambeaux ; une revanche à sa portée.
Gosses de Bône, gosses courageux, qui se mobilisaient à leur façon, sachant bien qu'un jour ou l'autre, ils se retrouveraient nus et crus dans un autre pays qui n'était pas le leur.
Que faisait d'autre le petit Noël Mei, tué à bout portant par un lieutenant contre le mur sur lequel il placardait une affiche ?
Tant qu'il y eut de l'espoir, l'allégresse domina le combat de chaque jour. La foule suivait en pleurant les obsèques des victimes du terrorisme. On comptait ses morts mais on gardait confiance puisqu'on entendait, avant que la terre ne recouvrit leur corps meurtri, la même rengaine d'où perçait plus de réconfort que de conviction :"Votre sacrifice n'aura pas été vain, nous vous le jurons devant votre tombe."
Au fur et à mesure que les jours, les semaines, les mois s'écoulaient, les terroristes se firent de plus en plus téméraires : au coup par coup, succédèrent des entreprises de grande envergure.
Un soir, ils portèrent le feu en plein coeur du cours Bertagna : une voiture dans laquelle s'étaient camouflés des fellagha mitrailla au passage ces braves gens qui, en famille, étaient installés aux terrasses des brasseries.
Un autre soir, le café de Palmire, à Chapuis, leur servit de cible à l'heure de l'apéritif ; ils avaient installé leurs fusils-mitrailleurs à flanc de coteau, de part et d'autre de l'établissement.
Pourtant la vie continuait, tendue vers une incompréhensible espérance ; tant et si bien que les farceurs continuaient à s'en donner à coeur joie.
Grand branle-bas ce matin-là devant la bijouterie Santoni : sous une voiture en stationnement avait été découverte une vieille gargoulette harnachée de fils électriques. A n'en pas douter, c'était une bombe à retardement ; Paul Santoni n'en menait pas large. La foule s'amassa, car il ne faut pas croire qu'en pareil circonstance chacun prenait la poudre d'escampette : la curiosité dominait la peur.
Arrivèrent sur les lieux les artificiers. Sautera ? Sautera pas ? La supercherie fut découverte tandis qu'Edmond Chiarelli, encore lui, prenait prudemment le large.
Ces facéties se succédèrent à une telle cadence que le préfet dut y mettre bon ordre : pour l'exemple, le tribunal correctionnel condamna à huit jours de prison assortis de sursis le farfelu qui avait accroché, cours Bertagna, à la fenêtre du bureau des Droits d'Auteurs, un paquet suspect qui contenait... un rat crevé. -
II arriva que la farce prit une allure plus extravagante. Le spectacle fut donné un dimanche après-midi, au moment où la corniche rassemblait une foule énorme de promeneurs. Qui en eut l'initiative ? Des jeunes, sans doute, en quête d'un divertissement dominical.
A cette époque, les indigènes avaient abandonné les appartements qu'ils occupaient à la Ménadia. On ne pouvait leur faire grief de se mettre à l'abri : la tension était telle entre les deux communautés que toute confiance réciproque avait disparu.
Donc ce dimanche, des commandos pénétrèrent dans ces appartements abandonnés, puis passèrent par les fenêtres tout ce qu'ils y trouvèrent, sommiers, matelas, réfrigérateurs, cuisinières, machines à laver, linge de corps et linge de maison. Et tout cela tombait à pic et s'écrasait lamentablement au sol. Tout, sauf les draps et les gandourahs qui planaient comme d'immenses oiseaux, en profitant des ascendances atmosphériques avant de s'envoler vers la mer.
A leur tour, quand le "dégagement" se transforma en débandade, les Européens quittèrent la Ménadia. A leur tour, les indigènes entrèrent dans leurs appartements. A leur tour, suivant l'exemple précédemment donné, ils jetèrent par les fenêtres le mobilier abandonné.
En vérité, il ne restait plus grand chose : les Français avaient bourré leur cadre de déménagement, sans oublier les articles ménagers achetés à tempérament et dont les traites n'étaient pas encore payées.
Les premiers à partir furent, on s'en doute, ceux qu'on appelait les "libéraux". Ils étaient mal vus des "Algérie Française" parce qu'ils préconisaient une solution intermédiaire au problème algérien.
En partant, ils fuyaient d'éventuelles démonstrations d'hostilité, mal à l'aise entre les deux communautés. Ils craignaient par-dessus tout le plasticage...
En fut victime Roger Pruneau, un instituteur sympathique, mais à qui en cette période troublée, on reprocha son socialisme militant. II dormait du sommeil du juste quand une formidable explosion le fit bondir de son lit : la porte de fer forgé de son jardin était sortie de ses gonds.
Comme il se doit en pareille circonstance, ceux qu'on réunit sous le nom d'autorités se rendirent sur les lieux, la civile, la judiciaire et la militaire. Alors ce brave Pruneau, encore abasourdi, tendait la main à chaque nouvel arrivant avec le même "merci" qu'on dit à la porte des cimetières.
Le plus enraciné dans ses convictions fut Jean Magliolo, un architecte qui menait grande vie dans la gentry bônoise. II afficha son adversité à l'Algérie Française avec tant de vergogne que l'O.A.S. le prit dans son collimateur. Son appartement fut plastiqué et sa voiture saccagée. Après ces deux coups de semonce, il reçut l'ordre de quitter l'Algérie dans les plus brefs délais.
Au péril de sa vie, il refusa d'obtempérer et continua à aller et venir avec un courage digne de meilleures intentions. Tant et si bien qu'il fut atteint par l'explosion d'une grenade ; son visage en porte la marque. Mieux : pour narguer ses adversaires, il exposa la carcasse de sa voiture avec cet écriteau collé sur le pare-brise : oeuvre de l'O.A.S.
Par la suite, il participa avec les Algériens Musulmans à l'euphorie de la libération. Et sur le stade Pantaloni, après les orateurs indigènes, dans un discours plein de rancoeur, il renia purement et simplement sa qualité de citoyen français.
Mais depuis longtemps, la peur et le sentiment que tout était fini avaient déclenché la course aux cadres de déménagement. Lesavre et son adjoint Juanéda faillirent être pris de court. Les premiers embarqués n'éprouvèrent pas de grandes difficultés ; les retardataires furent visités, explorés, fouillés de fond en comble, et souvent "allégés".
A ce propos, une mésaventure risqua de causer de gros ennuis à un agriculteur de la plaine, M. Joannon.
Un visiteur découvrit un treillis maculé de rouge : ce ne pouvait être que le sang d'un soldat de la libération égorgé par cet affreux colon. A la suite d'une longue enquête, on se rendit à l'évidence : ce n'était que des tâches de vin.
Après l'Indépendance, les derniers restés purent expédier leur mobilier sans passer sous les fourches caudines de la maréchaussée algérienne. Par l'intermédiaire d'un yaouled, préposé à cet effet, il suffisait de donner 10 000 F au douanier de service, et la visite se faisait pour copie conforme.
A SUIVRE
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Aux premières lueurs de l'aube qui se lève
Les coqs, se répondant, claironnent le réveil
Et les bœufs de labour, encor lourds de sommeil,
Courbent au joug leur tête où toujours flotte un rêve.
Tel le jour a fini, telle la nuit s'achève
Et le travail reprend, pas chaque jour pareil
Car le temps est maître, mais l'horizon vermeil
Fait aujourd'hui prévoir un dur labeur sans trêve.
Le sol rit de richesse et la joie et dans l'air,
L'alouette très haut grisolle au matin clair
Et le soleil qui sort de la brume rosée.
Faisant partout renaître et la vie et les chants,
Inondant de clarté les vignes et les champs,
Irise en diamants les gouttes de rosée.
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LA RUE ET SES GENS
BÔNE son Histoire, ses Histoires Par Louis ARNAUD
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Où sont nos rues d'autrefois ?
Nos rues calmes et paisibles, où le piéton, s'il n'était pas roi, jouissait du moins de toutes les libertés et de bien des privilèges.
Les voitures étaient peu nombreuses, et la vitesse était loin d'être le rythme habituel de leur allure.
On pouvait traverser la chaussée en tous points et en toute sécurité.
Le passant circulait sans hâte. Il avait tout le temps d'assister aux cent petits spectacles, divers et variés, qu'offrait toujours une rue méditerranéenne.
Car, dans nos pays, plus que dans les régions septentrionales, la vie des habitants avait la rue pour cadre.
Toutes les individualités de la Ville défilaient sur ces trottoirs qui ne servent plus aujourd'hui qu'à des gens affairés et pressés, et qui sont interdits aux flâneurs et aux oisifs.
La rue était le creuset où venaient se rejoindre toutes les classes de la population de la Ville.
L'automobile a modifié tout cela.
Les pauvres petits métiers ambulants d'autrefois ont été définitivement bannis des lieux dont ils étaient presque parties intégrantes.
Le rémouleur qui venait avec sa grande roue à pédale jusque devant la porte des ménagères pour aiguiser leurs couteaux, le vitrier portant son attirail qui passait en criant : " Encore un carreau de cassé, v'la le vitrier qui passe... " ; Le raccommodeur de parapluies, de porcelaine, le rempailleur de chaises, qui s'installaient sur le trottoir pour faire la besogne qu'on leur confiait ; les tondeurs de chiens, aux cheveux abondants noirs et crépus, et aux rouflaquettes sales et broussailleuses qui faisaient penser à ce proverbe qui veut que les cordonniers soient toujours les plus mal chaussés ; tous ces métiers mineurs participaient à la vie quotidienne de la rue d'autrefois, et constituaient une partie de son décor familier.
La rue était leur domaine.
Les automobiles les ont fait circuler, et les ont chassés, bien mieux et plus sûrement, que n'avait pu le faire de Crainquebille, l'agent qui s'était cru outragé par le cri de " Mort aux vaches " que n'avait pas poussé le malheureux marchand de quatre-saisons.
C'est dans la rue que l'on rencontrait, jadis, tous ces personnages, plus ou moins burlesque, pauvres hères ou miséreux fantaisistes, qui faisaient la joie du peuple qui les avaient lui-même, dénommés : Dandalon, Amalou-Babé, Henri Bondieu, Badinguet, Marie l'Absinthe, Carloutche, Dio Bône, Pichlou et que sais-je encore ?
Chacun avait sa manière et son indicatif.
Dandalon était aimable et souriant, surtout fier de ses multiples décorations aux rubans tricolores qui ornaient sa poitrine étroite. Il les avait gagnées en retirant de l'eau des personnages en passe de se noyer, à proximité de sa demeure. Il logeait alors dans une vieille baraque, sur le vieux chemin de l'avant port, à deux pas de la mer.
Il gagnait sa vie honnêtement en vendant des cacahuètes, des fèves et des pois chiches grillés. Les enfants, en promenade avec leurs parents, qui constituaient l'essentiel de sa clientèle, l'aimaient et ils étaient heureux de répéter son nom : " Dandalon ! Dandalon ! " qui sonnait comme le carillon d'une cloche d'Eglise.
Amalou-Babé, exerçait la profession de manoeuvre maçon, c'était un tout petit homme, mais solide, vigoureux et alerte. Son allure était naturellement comique, mais il avait eu le tort d'utiliser ce travers en s'embauchant dans un cirque de passage dans la ville. Cela avait excité l'esprit taquin et suscité la verve railleuse des enfants qui ne manquaient jamais, lorsqu'ils le rencontraient, de le saluer en scandant sur l'air des lampions : " Amalou-Babé ! Amalou-Babé ".
Le petit bonhomme, qui était d'humour coléreuse, entrait chaque fois, dans des rages folles. Alors sa colère et sa mimique hargneuse avaient le don de faire redoubler l'agressivité des enfants et de provoquer les rires fous des spectateurs.
Henri Bondieu n'était guère qu'un ancien tirailleur en retraite, bon zigue, qui imitait, avec virtuosité, et d'une voix sonore, toutes les sonneries militaires et qui ne buvait les nombreux verres d'absinthe qu'on lui payait que pour se redonner de la voix.
Badinguet n'avait d'impérial que ce surnom. Une petite barbiche aux poils rares semblait en être la cause. Mais, lui, n'avait jamais capitulé, du moins devant un comptoir.
Et Marie l'Absinthe dont le seul surnom disait tout d'elle ;
Et Carloutche, qui allait en zigzaguant dans le milieu des rues qui n'étaient pas assez larges pour lui en répétant inlassablement : " Eviva Bartagna " ;
Tandis que Dio Bône, aveugle sympathique et accordeur de pianos expert, clamait, le soir lorsqu'il avait trop adoré Bacchus, de sincères et vibrants : " Vive Marchis ! Dio Bône ! "
Quant à Pichlou, ce n'était qu'un simple d'esprit au surnom ridicule et à l'air ahuri.
Mais ce n'était pas, là, toute la faune de nos rues. Il y avait aussi des politiciens, radoteurs et verbeux, des poètes et littérateurs errants et vagabonds et de bons et honnêtes travailleurs, aimés et respectés.
C'était d'abord le Père Bocquet, vieil original, candidat éternel à toutes les élections, dans le genre du Parisien Ferdinand Lop.
Le Père Bocquet était un très grand vieillard, maigre et barbu, qui demeurait dans une petite maison sur la route de Guelma, (Avenue de la Marne). De quoi vivait-il ? Peut-être avait-il des revenus, car il n'exerçait aucune profession, ou métier ?
Il s'intéressait à tous les événements de la Politique, qu'il commentait toujours avec verbosité et toujours sur la place publique.
Il faisait de longs discours, juché sur une chaise, empruntée au café voisin. Pour amener les auditeurs et les rassembler autour de lui, il avait une grosse cloche avec manche de bois qu'il agitait avec force, frénésie et conviction.
Après le Père Bocquet, politicien bavard, intelligent et sincère, la rue eut son poète, Jules Bonnefon, intellectuel lettré et sympathique, rédacteur en chef de la " Comète ", qu'il rédigeait seul, et qu'il vendait lui-même. La " Comète " avait succédé au " Farfadet ", premier journal de ce poète ambulatoire.
Il était aussi grand que le Père Bocquet, mince comme lui, mais plus jeune.
Jules Bonnefon était un ancien séminariste qui avait vraiment des lettres, en même temps que la certitude qu'il était quelqu'un.
C'était un marcheur infatigable. J'ai eu l'occasion de le rencontrer un jour de l'année 1904, à Aix-en-Provence, sur le Cours Mirabeau.
Il venait de Marseille, et se rendait à pied, à Lyon, sa ville natale, en vendant, sur son parcours, des exemplaires de ses oeuvres pour pourvoir à ses frais de nourriture et de logement quotidiens. A Bône, il eut un match fameux autour du Cours luttant contre un coureur cycliste. Il avait des jambes immenses, et ne fut battu que très honorablement. Cette performance ne fut jamais renouvelée par aucun autre coureur pédestre.
La Ville, en ce temps-là, était bien pauvrement éclairée par le gaz de l'Usine de la rue Salvator Coll. Les appliques placées contre les maisons et les lampadaires de fonte qui étaient autour du Cours étaient inesthétiques, sans aucune élégance.
Ces choses étaient entrées cependant dans le folklore bônois, à cause de la silhouette familière de " Chouchène " qui était leur allumeur et que l'on appelait communément le " Négro du Gaz ".
C'était un beau nègre, grand, élancé, et toujours aimable et souriant.
Il était droit comme un I, et sa longue perche au bout de laquelle brillait la petite lampe servant à l'allumage des réverbères, semblait le prolonger dans le ciel sombre.
Quand il courait, - car il courait toujours, sans jamais s'arrêter un seul instant dans sa ronde éclairante - la petite lueur dansante qui courait avec lui, dans la nuit, au sommet de son bâton, le faisait prendre pour un voleur fuyant après avoir dérobé dans le ciel, comme Prométhée l'avait fait au soleil, un morceau d'étoile pour servir à allumer les réverbères de la Ville.
Ce nègre, dans la nuit... personne ne l'aurait vu peut-être, sans ce point lumineux, sautillant au-dessus de sa tête qui signalait son passage.
A chaque réverbère, il ne s'arrêtait que l'espace d'une seconde. D'un geste rapide et précis, il rabattait, avec l'extrémité de son bâton, la manette qui libérait le gaz, et approchant la petite flamme vacillante, il faisait jaillir la lumière.
Pour un nègre, faire la clarté, c'était presque un comble.
Puis le brave Chouchène, c'est ainsi qu'il se nommait, repartait, en courant toujours inlassablement, à la rencontre d'un autre bec de gaz... sur lequel il ne tombait jamais.
Le Négro du Gaz était un des acteurs les plus vivants et les plus populaires des scènes de notre rue d'autrefois, lorsque la nuit venait.
Le siècle de l'électricité et de l'auto est venu, et le Négro du Gaz a disparu dans les ténèbres et, plus encore, le brave Chouchène est mort, un jour de l'année 1924, écrasé par une auto, au moment même où il sortait de l'Usine des Lauriers-Roses pour aller allumer les derniers réverbères de la Ville qui, très peu de temps après, allait être éclairée à l'électricité entièrement.
" Ceci tuera cela "... avait dit Claude Frollo de Notre-Dame de Paris.
Combien de personnages divers, presque tous aimés du public animaient encore journellement ces rues pleines de poussière, de mouches et de soleil et de cris assourdissants et baroques souvent.
La rue calme et silencieuse du siècle dernier avec sa poussière ou sa boue, et ses crottins étalés au beau milieu de la chaussée, avait tout de même son charme et son attrait.
Les chevaux, de leur trot lent et cadencé, semblaient battre la mesure du temps, et les mouches qui troublaient la diaphanéité de l'atmosphère, agaçaient les chevaux qui remuaient nerveusement leur queue pour les chasser. Mais les mouches demeuraient, sans doute, pour continuer à mettre un peu de vie et de mouvement dans ce calme et ce silence.
C'était la belle époque, l'époque de la liberté, de la vie sans contrainte, et sans préjugés, l'époque de la douceur de vivre.
Aujourd'hui, la rue est disciplinée, militarisée, systématisée, les agents sont sévères, et les automobiles envahissantes et dangereuses.
Il y a des autos bigarrées rapides et nombreuses, des poteaux et des disques rouge ou bleu, avec de gros traits blancs. Il y a des feux vert et rouge qui s'allument et s'éteignent alternativement...
Mais toutes ces couleurs, sont bien moins vivantes et moins sympathiques, que la couleur locale de jadis...
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BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
Envoyé par M. Rachid Habbachi N° 9
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Bône Militaire
44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIV ème avant au XX ème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908
Deuxième Partie
BÔNE FRANÇAISE
CHAPITRE IX
PREMIÈRES OCCUPATIONS DE BÔNE
2 au 21 Août 1830 - 14 au 28 Septembre 1831
Bône, le port le plus important de la côte du beylick de Constantine, était une place de premier ordre aux points de vue maritime, militaire et commercial.
Au point de vue maritime, elle était un refuge pour les navires sur cette côte abrupte et inhospitalière et elle permettait de surveiller la pêche du corail.
Au point de vue militaire, elle ouvrait une voie d'accès dans l'intérieur et permettait d'atteindre Constantine par l'Est, alors qu'une expédition venant d'Alger, en combinant son opération avec celle de Bône, pouvait, avec plus de difficultés cependant, arriver par l'Ouest.
Au point de vue commercial, c'était le débouché de toutes les richesses de l'intérieur : cuirs, laines, grains...
Aussi l'occupation de Bône fut-elle, dès le début de la conquête, l'un des objectifs principaux du général de Bourmont.
Cette entreprise se présentait sous les auspices les plus favorables.
Les Bônois connaissaient les Européens et les Français, en particulier, depuis fort longtemps, puisque, en 1608, il y avait déjà dans leur ville, un consul de Marseille.
Plus tard, les comptoirs de coraux (le La Calle avaient mis la population en relation avec nos agents ; le port, d'autre part, était sillonné continuellement par des bâtiments battant pavillon chrétien.
En dehors de ces considérations, Bône avait tout intérêt à échapper à l'emprise du bey Ahmed ben Cheik, de Constantine.
Jaloux de la richesse de la ville, le bey avait voulu mettre la main sur tout le commerce ; pour ce fait, il avait envoyé un agent désigné sous le titre de " Merkanti ", lequel était chargé de surveiller les entrées et les sorties du port et de lever un impôt sur toute matière commerciale. Ses vexations furent telles qu'en 1830, la ville comptait à peine 1.500 habitants, après en avoir eu 10.000, en 1810.
A l'époque qui nous occupe, le bey envoya un nouvel agent pour prendre le commandement de la ville.
Le comité qui venait de se constituer avec Si Zerrouk ben Sidi Cheick, Si Ahmed ben Sidi Cheick, le cadi Si Hassein et l'ex-caïd Si Redjem ben R'beïa, en même temps qu'il adressait une requête au général en chef, répondit par un refus aux demandes de l'envoyé, celui-ci exigea alors la livraison de la poudre, nouveau refus et rupture définitive.
Le 26 juillet, une escadre mit à la voile sous les ordres du contre-amiral de Rosamel et partit d'Alger pour Bône. Elle était composée de huit bâtiments.
Le Trident, vaisseau amiral.
La Guerrière et la Surveillante, frégates de premier rang.
Le Vulcain et le Vésuve, bombardes.
L'Action, brick de 20 canons.
Le Superbe, flûte.
Le contre-amiral avait reçu l'ordre de se présenter devant Tripoli et d'obliger le sultan de cette régence à renoncer à l'esclavage des chrétiens, à l'accroissement de ses armements et aux tributs exigés des puissances européennes.
En passant à Bône, il devait débarquer les troupes embarquées sur le Trident, la Guerrière et la Surveillante.
C'étaient la première brigade de la première division, composée du 6ème et du 49ème de ligne, comprenant 2.500 hommes, une batterie de six pièces de campagne et de deux batteries de montagne, sous les ordres du commandant Foucault, une compagnie du génie sous les ordres du capitaine d'Oussières (1).
L'expédition était commandée par le général de Damrémont.
La division navale arriva à Bône, .le 2 août ; le débarquement s'effectua immédiatement.
Les habitants accoururent aussitôt et donnèrent, en manière de bienvenue, des vivres frais aux soldats.
Parmi ces habitants, se trouvait M. Raimbert, ancien agent de la Compagnie d'Afrique à Collo, qui avait précédé le général et avait préparé la population à le recevoir.
Le général de Damrémont occupa immédiatement la ville où il trouva 134 pièces de canon.
Un bataillon du 6ème fut envoyé à la Casbah ; les autres bataillons et le 49ème allèrent camper sur la route de Constantine ; mais les exhalaisons méphitiques de la plaine marécageuse les obligèrent à rentrer en ville.
Deux redoutes furent construites en avant de la porte de Constantine et occupées par un bataillon.
Le 3 août, les tribus voisines commencèrent à s'émouvoir et vinrent caracoler sous les murs.
Le 6 août, le général ordonna une sortie dans la direction d'Hippone, dont les ruines nombreuses servaient d'abri à l'ennemi. Une compagnie de voltigeurs, avec deux pièces de campagne, marcha sur la cité de Saint Augustin et l'occupa rapidement. Le général avait l'intention d'élever une redoute sur la colline Ouest, mais l'artillerie n'aurait pu gravir les pentes, il y renonça. Les Arabes essayèrent de tourner la position, ils furent repoussés, mais nous tuèrent quatre hommes du 6ème.
Le 7, un renfort arriva à nos adversaires et une nouvelle attaque fut dirigée contre les remparts. Reçue à coups de mitraille, elle fut obligée de reculer. A ce moment, arriva le Cheick de La Calle avec un contingent assez sérieux. A 11 h. 30, l'attaque fut reprise et échoua de la même piteuse façon ; le commandant Foucault fut blessé.
Le 10 au matin, nouvelle attaque, nouvel échec ; le capitaine d'Oussières eut le bras cassé.
Le 11, à onze heures, du soir, la redoute des Santons fut attaquée.
Les indigènes surveillaient ce poste depuis longtemps car c'était de là que partaient les corvées armées de 2 à 300 hommes qui allaient jusqu'à la baie des Caroubiers, probablement à la fontaine du Puits, chercher l'eau qui faisait défaut dans les citernes desséchées de la Casbah.
Une foule d'Arabes, entièrement nus, se précipita sur la redoute et l'enleva.
Rallié sous les murs de la Casbah, le bataillon redescendit à la baïonnette et reprit sa position. Il fut attaqué une seconde fois vers une heure du matin.
Quatre cents cadavres indigènes furent trouvés le lendemain, parmi lesquels celui du beau-frère d'Ahmed ben Cheick ; ils n'avaient pour armes que des piques et des bâtons ferrés.
Nous perdîmes deux canonniers, un sergent du 49ème et un soldat du 6ème.
Un régiment envoyé en reconnaissance peu après ne rencontra rien ; mais quand il fit demi-tour, il se trouva coupé par l'ennemi et ne pu rentrer qu'en perçant la foule des assaillants.
Ce fut la dernière sortie. Bône fut alors investie.
Vers le 13 août, arriva la nouvelle de la révolution de juillet.
Le maréchal de Bourmont résolut de concentrer ses troupes, de laisser à Alger un corps de 12.000 hommes et avec le reste de marcher sur Paris pour soutenir l'élection du duc de Bordeaux.
L'Amiral Duperré refusa son concours, mais les ordres avaient été donnés.
Le général de Damrémont reçut l'avis d'avoir à partir le 18, au moment où l'amiral de Rosamel arrivait dans le port, retour de Tripoli, après avoir accompli sa mission.
Le général était dans une grande perplexité ; car, abandonner sa conquête, c'était livrer à la vengeance d'Ahmed, une ville des bons procédés de laquelle il n'avait qu'à se louer ; mais il fallait obéir ; il laissa toutefois aux habitants des vivres et des munitions.
La mer était grosse, l'embarquement du matériel fut très difficile et les troupes n'arrivèrent à bord que le 20 au soir.
Le colonel Magnan fut laissé en arrière pour protéger la retraite et ne s'embarqua que le 21, à onze heures du matin.
Le général voulant se ménager la faculté de revenir à Bône, fit enclouer par le capitaine Cuvilliers, du Superbe, les pièces du front de mer.
Au moment où l'on mettait à la voile, on vit un artilleur descendre par une corde du haut des murs, c'était un homme oublié dans la ville et que les Bônois nous renvoyaient en preuve d'amitié.
Le 25 août, la division rentrait à Alger.
Aussitôt après le départ des Français les Bônois désenclouèrent les pièces pour se défendre contre les Arabes qui finirent par s'éloigner, grâce à l'abstention des montagnards de l'Edough qui, au lieu de la combattre, approvisionnèrent la ville par les plages de l'Oued-Kouba et de l'Aïn-Bengra.
Vers la fin de 1830, le bey Ahmed, qui brûlait du désir de se venger de la trahison des habitants de Bône, put réunir quelques troupes et les envoya assiéger la ville sous le commandement de El Hadj Ammar ben Zagouta, excellent marchand, qui fut un piètre général.
A cette époque, le bey fut déchu de sa dignité, le 10 décembre et remplacé le 18 par un frère du bey de Tunis Si Mustapha (2).
La convention passée entre le général en chef et le bey de Tunis, ne fut pas ratifiée par le général Sebastiani, ministre des affaires étrangères ; le général Clauzel rentra en France le 21 février et fut remplacé par le général Berthézène, qui n'eut que le titre de commandant de la division d'occupation.
Le bey Ahmed s'occupa peu de cette déchéance sur le papier qui ne servit qu'à précipiter la marche de Ben Zagouta.
Celui-ci fut reçu à coups de canon et alla camper à six kilomètres de la ville, sur l'emplacement de l'Allélick, où de nombreuses tribus vinrent se joindre à lui.
Toutefois, les montagnards, fidèles à la cause de la ville, continuèrent à la ravitailler et lui permirent ainsi de tenir pendant six longs mois avec l'aide toutefois, d'une centaine de Turcs, déserteurs de Ben Zagouta, qui occupaient la Casbah et qui saluèrent leur ancien général à coups de fusil.
Mais les longueurs du siège avaient épuisé les habitants et la situation devenait critique quand le brick, le Grenadier, portant le commandant Huder, retour de Tunis, arriva dans le port.
Une députation de six notables fut envoyée à bord, elle demanda le secours d'une compagnie de zouaves musulmans avec un officier du génie.
Le commandant répondit qu'il ne pouvait rien faire sans ordres ; il se borna à donner des vivres et promit aux délégués d'intervenir auprès du général en chef.
Le général Berthézène hésitait à faire partir une expédition quand arriva une seconde députation disant que la ville n'en avait plus que potin quinze jours à pouvoir tenir.
Le commandant du corps d'occupation fit alors embarquer sur la corvette la Créole et le brick l'Adonis une compagnie du premier bataillon de zouaves, commandée par le capitaine du génie Bigot et composée de 4 officiers, 8 sous-officiers et 115 zouaves munis de 100 cartouches chacun.
On embarqua, de plus, des vivres, 100 fusils et 60 uniformes pour les habitants qui voudraient s'engager.
Le commanderaient fut donné au chef d'escadron d'état-major Huder, ancien attaché militaire du général Guilleminot, ambassadeur de France à Constantinople et qui passait pour " Connaître les Orientaux ".
Le débarquement se fit dans de moins bonnes conditions qu'on ne l'avait espéré ; les habitants exigèrent que le fanion et les tambours de la compagnie restassent à bord et que la Casbah fût occupée en même temps par les zouaves et les Turcs.
Avaient-ils une arrière pensée ? Il faut le supposer. Ils semblaient vouloir supprimer tout moyen de ralliement et profiter de la dispersion des troupes pour les travailler et les amener à leur cause ; ils voulaient des renforts et non des maîtres.
Le commandant eut la faiblesse de céder.
La compagnie fut répartie de la façon suivante : 40 hommes et un lieutenant à la Casbah ; 75 dans la ville avec le capitaine et le sous-lieutenant.
A ce moment, arriva à Bône un ancien bey, de Constantine, Ibrahim, qui avait connu le commandant en Turquie et qui lui inspira une telle confiance que celui-ci le prit comme confident et c'est sur ses conseils qu'il écrivit au général pour obtenir un renfort de 100 à 150 zouaves arabes, " pas de mélange de Français, ils nous gâtent tout ".
Puis Ibrahim réussit à indisposer le commandant contre Si Ahmed ben Cheick ; celui-ci, voyant tomber son crédit, se tourna vers le bey Ahmed et lui envoya une lettre demandant des secours.
Pendant ce temps, le commandant se relâchait de sa surveillance ; les hommes descendaient librement dans la ville ; il n'y avait pas de point de ralliement. Le lieutenant de la Casbah prenait ses repas avec ses camarades et laissait les portes ouvertes.
Ibrahim saisit l'occasion. Le 24 juillet, il alla trouver le commandant Huder, lui révéla les agissements de Si Ahmed et lui demanda de l'argent pour payer des espions chargés de le surveiller ; le commandant donna dans le piège et, le 26, quand le lieutenant descendit, Ibrahim monta à la Casbah avec le muphtis.
Comme il ne parlait que le turc, les sous-officiers ne purent saisir la clef du complot ; ils furent garrottés et emprisonnés.
Les révoltés fermèrent les portes et arborèrent le pavillon rouge.
Le commandant Huder réunit quelques zouaves et marcha sur la Casbah ; il fut reçu à coups de fusil par la garnison, Turcs et zouaves réunis, après avoir été insulté par Ibrahim, qui avait pris le commandement du fort.
Le commandant rentra en ville et fit garder les portes. Il avait l'intention de faire enlever la Casbah par les marins de la Créole et de l'Adonis, mais les habitants eurent peur que, par vengeance, Ibrahim n'anéantit la ville à coups de canon.
Le commandant céda, mais, toutefois, il fit débarquer 80 hommes et 2 obusiers de montagne qui vinrent renforcer la garnison.
Pendant ce temps, Ahmed ben Cheick travaillait la plaine.
Le 28, il se présenta chez le commandant et lui ordonna de partir.
Celui-ci se vit obligé de céder et envoya demander des embarcations.
La révolte éclate à ce moment. La porte " Vers la Casbah " est forcée, le détachement de zouaves recule pas à pas, par une ruelle tortueuse, vers la porte " de la Marine ; ce sont les rues actuelles d'Armandy, Louis-Philippe, Bellone et du Bédouin.
Le capitaine Bigot, mourant de fièvre, se lève et charge à la tête de quelques hommes, il est tué de deux coups de pistolet et sa tête est coupée avec son propre sabre.
La retraite continue.
Le poste de Constantine cède à son tour et, par la rue de l'Arsenal, recule vers la porte de la Marine, occupée par les matelots avec leurs deux obusiers. Ceux-ci enfilent de leurs feux la rue Bonnefoy et de l'Arsenal, pendant que les quelques survivants de la compagnie occupent les terrasses voisines et l'ouvrage surmontant la porte et que les navires couvrent la ville de bombes.
Mais il fallut embarquer. Le commandant resta le dernier au pied de la jetée, c'est-à-dire au pied du fort Cigogne ; il avait déjà été blessé deux fois, une halle lui fracassa le crâne, son corps resta à l'ennemi.
Nous avions perdu 70 hommes disparus, 9 marins tués et nous avions 32 blessés.
La Casbah n'avait pas donné signe de vie pendant tout ce combat et, quand le feu cessa, un canot amena à bord les six sous-officiers français qui avaient été faits prisonniers. Quelques heures plus tard, arrivèrent les deux bricks, le Cygne et le Voltigeur, avec 240 zouaves du deuxième bataillon sous les ordres du commandant Duvivier.
Le capitaine de Lamoricière, ami intime du capitaine Bigot en apprenant la mort de ce dernier demanda à débarquer avec 25 hommes pour faire sauter, la porte de la Casbah avec un sac de poudre et bombarder la ville.
Le commandant refusa de le laisser descendre à terre. Les quatre bâtiments rentrèrent à Alger, le 11 octobre 1831, ramenant, de la première compagnie, 10 hommes et 2 officiers.
Le général Berthézène fut rappelé à la suite de cet échec.
Il existe un ouvrage assez curieux, écrit vers cette époque qui présente ces événements sous un jour tout particulier.
Cette étude, qui est en réalité un plaidoyer écrit par un indigène pro domo, fit grand bruit lors de son apparition ; elle fut réfutée par un avocat, défendue par le général Berthézène, attaqué lui-même, à son tour, par le maréchal Clauzel ; c'est assez dire qu'elle a une valeur historique toute relative. (3).
Il est cependant intéressant de savoir ce que son auteur dit des occupations de Bône.
" Le bey de Constantine fit ensuite notifier à tout le reste des habitants de la régence, la décision (4) prise par les notables de cette province. Il les invita à se soumettre à lui et, en effet, ils se soumirent. Aux habitants de Bône, il demanda leurs munitions de guerre. A ce sujet, il envoya comme gouverneur de ce pays le nommé Haggi Ammar, qui était son vakil ou agent à Tunis.
" Cet Ammar jouissait, à Bône, d'une mauvaise réputation et il était considéré comme un administrateur incapable, attendu qu'ayant déjà rempli les mêmes fonctions dans le pays, on avait pu juger de ses capacités.
" Or donc, les habitants de Bône désobéirent aux ordres d'Haggi Ahmed bey et refusèrent de lui donner les munitions qu'il demandait ; s'étant trouvé offensé de ce refus, il envoya de la troupe pour les assiéger et les soumettre.
" Les Bônois, effrayés de ces dispositions, supplièrent le bey de ne pas leur donner, pour gouverneur, cet Haggi Ammar et promirent qu'aussitôt, ils se soumettraient à ses ordres.
" Le bey, n'ayant pas voulu céder, continua à leur faire la guerre.
" C'est alors que, profitant de cette circonstance, Ibrahim Bey, l'ancien bey de Constantine, se rendit à Bône ; les habitants le reçurent à bras ouverts ; ils voulaient surtout ne point avoir Haggi Ammar pour leur gouverneur.
" Cette affaire n'eut pas de suite, ce dernier ayant été bientôt remplacé ; Haggi Ahmed bey s'étant aperçu de ses défauts et de son incapacité, il le disgracia. Les habitants de Bône ouvrirent donc les portes de la ville au nouveau gouverneur qui vint en prendre possession et la tranquillité fut rétablie.
" Cependant, Ibrahim Bey s'était retiré dans la Casbah avec les Turcs ; il prit ensuite la fuite et sa troupe fit entrer le renégat Youssouf avec une trentaine de soldats français.
" Le bey de Constantine avait donné l'ordre à son gouverneur de ne pas s'opposer aux Français, mais, au contraire, de les traiter comme des amis ; voilà pourquoi ce gouverneur les a laissé faire et est retourné à Constantine. "
L'auteur du Miroir se rendant compte de l'impression assez défavorable que produisit son ouvrage, jugea bon de se disculper du reproche de partialité.
" J'ai appris que des personnes que je vénère se sont rendues chez l'ami qui s'occupe de la traduction de mes idées, afin de lui manifester leur surprise sur la modération attribuée dans mon ouvrage au bey de Constantine et qui a rapport à ce passage ; mais ce sont là les propres expressions de Haggi Ahmed ; je les cite pour les avoir entendues prononcer par ce bey, lors des deux missions dont j'ai été chargé par le duc de Rovigo.
" Celui-ci en a fait part à S. E. le ministre de la guerre qui doit en avoir la preuve entre ses mains. Dans le second volume, je ferai le récit de tout ce qui concerne ces deux missions, que j'ai remplies à Constantine et je prouverai que ce bey ne cherche pas à faire la guerre aux Français, si toutefois on ne le contraint pas à reconnaître leur autorité et il fera volontiers le commerce avec la France, si on le traite d'une manière amicale au lieu d'envoyer tous les produits de la régence à Tunis. D'ailleurs le public sera bientôt mieux instruit sur cette affaire. "
Malheureusement, le premier volume est terminé par cette phrase :
" Le deuxième volume et la suite sont ajournés et paraîtront un peu plus tard ainsi que les dessins annoncés. "
Tout cela a-t-il paru ? Là est l'intéressant de la question. Car, il est certain que l'auteur du Miroir a été d'une prudence et d'une diplomatie remarquables.
Les faits qu'il relate viennent d'être racontés dans le présent chapitre, et ils encadrent les deux premières occupations de Bône (2 au 21 août 1830 et 14 au 28 septembre 1831). Or, le Miroir ne parle pas de ces expéditions dans lesquelles le bey El Hadj Ahmed (Haggi Ahmed) n'a eu nullement l'attitude d'un homme bien disposé pour les Français.
Mais il ne faut pas oublier qu'en 1832-1833, au moment où a été écrit l'ouvrage, le bey Ahmed était encore redoutable et que l'auteur voulait ménager, suivant l'expression populaire très juste en l'occurrence, la chèvre et le chou..
(1) L'expédition d'Afrique en 1830. - C. d'Ault Dumesnil, officier d'ordonnance du maréchal de Bourmont (1832)
(2) 18 Décembre 1830. - Convention entre le général en chef de l'armée français et le bey de Tunis, pour la perception des revenus de la Province de Constantine, au quartier général d'Alger, le 18 décembre 1830.
ARTICLE PREMIER. - Le général en chef, en vertu des pouvoirs susdits, ayant nommé bey de Constantine Sidi Mustapha, désigné par Son Altesse le bey de Tunis, son frère, et sa dite Altesse ; ainsi que Sidi Mustapha, bey désigné, ayant autorisé par les pleins pouvoirs déjà cités, Sidi Mustapha, garde des sceaux et du ministre, à garantir au nom de son Altesse et du bey désigné, les conditions déjà convenues entre les parties contractées ainsi que leur exécution, il a été convenu de rédiger ces conditions au moyen du présent acte, lequel, écrit clans les deux langues, sera signé par les deux parties, en leurs qualités respectives exprimées dans le préambule.
Ces conditions sont les suivantes :
1° Son Altesse le bey de Tunis garantit et s'oblige personnellement au paiement à Tunis. À titre de contributions pour la province de Constantine, de la somme de huit cent mille francs pour l'année 1831.
Le premier paiement par quart aura lieu dans le courant de juillet prochain et les autres à des époques successives, de manière que tout soit soldé à la fin de décembre 1831 et pour la régularité des écritures, il sera consenti, au nom du bey de Tunis, par Sidi Mustapha, garde des sceaux, l'une des parties contractantes, quatre obligations de cent mille francs chacune au profit du Trésor français, à Alger;
2° Les paiements des années suivantes, également par quart en fin de trimestre, seront de la somme d'un million de francs, divisée en quatre paiements, sauf les arrangements qui pourraient être pris postérieurement, après que la province de Constantine sera pacifiée ;
3° L'asile sera accordé sans aucun frais, par le gouvernement de Tunis dans l'île de Tabarca, aux bateaux français pêcheurs de corail ou autres :
4° Dans les ports de Bône, Stora, Bougie et autres de la province de Constantine, les Français ne paieront que moitié des droits d'entrée de douane imposés aux autres nations ;
5° Tous les revenus de la province de Constantine, de quelque nature qu'ils soient, seront perçu par le bey ;
6° Toute protection sera accordée aux Français et aux autres Européens qui viendront s'établir comme négociants ou agriculteurs dans la province de Constantine ;
7° Il ne sera placé aucune garnison française dans les ports ou villes du Beylick avant que la province ne soit tout à fait soumise et, dans tous les cas, il sera pris d'un commun accord des mesures d'ordre dans l'intérêt réciproque ;
8° Si Son Altesse le bey de Tunis venait à rappeler près d'elle le bey de Constantine, son frère, il serait désigné un autre prince qui réunit les qualités nécessaires et qui sous l'approbation préalable du général en chef, recevrait la commission de bey de Constantine.
Signé : CLAUZEL. Signé : SIDI MUSTAPHA.
(3) LE MIROIR écrit en arabe par Sidi Hamdan ben Othman Khodja fils de l'ancien secrétaire d'Etat (Makatagy) de la Régence d'Alger, traduit en français par H... D... oriental et intitulé " Aperçu historique et statistique sur la Régence d'Alger " édité en 1833 chez Geetscy fils et compagnie, Paris.
(4) Les Notables de Constantine l'avaient reconnu comme agent légal du sultan de Constantinople, en opposition à un aventurier, fils de Jagher-Bey ancien bey de Constantine. (Note de Si Hamdan).
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A SUIVRE
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PETITE BLAGOUNETTE
Envoyé par Mme Michèle Raphanel
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Le petit Martin est assis au fond de la classe en train de résoudre un problème de maths quand la jeune maîtresse décide de l'interroger...
- Martin, 5 oiseaux se posent sur une clôture, si tu tires sur un oiseau avec une carabine combien d'oiseaux reste-t-il ?
- Zéro, répond le petit Martin, parce que, si je tire un oiseau, les autres vont s'envoler.
- Hum..... ce n'est pas la réponse que j'attendais, dit la maîtresse, mais j'aime bien ta manière de penser.
Alors, le petit Martin lève la main et dit :
- J'ai une question pour vous, Maîtresse : Trois femmes sont en train de savourer des cornets : la première lèche son cornet, la deuxième mord son cornet et la troisième le suce. Laquelle des trois est mariée ?
La maîtresse rougit jusqu'aux oreilles et répond d'un air gêné :
- Heu.... je ne suis pas sûre. J'imagine que c'est celle qui suce le cône...
- Non, dit le petit Martin, c'est celle qui a une alliance, mais
j'aime bien votre manière de penser...
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Il est triste et poignant d'entrer en visiteur
Au cimetière, ici, d'un tout petit village,
Trop de vieilles tombes sont sans le nom ni l'âge
Effacés par le temps, éternel destructeur.
Parfois, visible encore, un chiffre évocateur
Rappelle les premiers, Colons pleins de courage,
Venus dans ce pays poursuivant un mirage
Rejoindre ceux frappés d'un édit proscripteur.
Ils vinrent de France, d'Italie ou d'Alsace
Sans grand argent en bourse et peu dans leur besace.
A la peine, ils sont morts, l'Oubli compatissant
Berce dans la terre qu'ils trouvèrent en friche
Ces humbles disparus qui la rendirent riche
Au prix de leur sueur et souvent de leur sang.
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COLONISATION de L'ALGERIE
1843 Par ENFANTIN N° 5
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1ère PARTIE
CONSTITUTION DE LA PROPRIÉTÉ.
1er Chapitre : État ancien de la propriété en Algérie.
2ème Chapitre : État actuel de la propriété en France.
3ème Chapitre : État de la propriété pour l'Algérie française.
CHAPITRE PREMIER
ETAT ANCIEN DE LA PROPRIÉTÉ EN ALGÉRIE.
>SOMMAIRE DES PRINCIPES DE CE CHAPITRE.
PROPRIÉTÉ DANS LES VILLES.
(Selon les Maures et les Turcs.)
Son caractère général était INDIVIDUEL, et par exception collectif.
La propriété INDIVIDUELLE était :
Foncière, et dans ce cas libre on engagée.
Mobilière, et alors libre, sauf les monopoles commerciaux et la confiscation.
La propriété COLLECTIVE était :
Les biens de l'État.
Ceux des corporations religieuses.
Droit UNIVERSEL et SUPÉRIEUR de propriété au souverain, qui, d'ailleurs, en faisait rarement usage, surtout à l'égard de la propriété foncière individuelle, et ne l'exerçait jamais contre la propriété foncière collective des corporations.
PROPRIÉTÉ DANS LES TRIBUS.
(Selon les- Arabes et les Habiles.)
Son caractère général était COLLECTIF et par exception INDIVIDUEL.
La propriété COLLECTIVE se composait des pâturages, bois et terres arables.
La propriété INDIVIDUELLE Consistait :
De fait sinon de droit, en jardins et maisons.
De droit très exceptionnel, en bien melks ou libres, fort rares hors des banlieues des Villes, et appartenant à des Turcs ou des Maures.
De droit général, en mobilier agricole ou personnel.
Droit UNIVERSEL et SUPÉRIEUR de propriété au souverain, qui en usait plus souvent à l'égard de la propriété collective foncière, par déplacements on expulsion des tribus, ou par confiscation de biens melks ou libres, "à l'égard de la propriété individuelle mobilière, plus insaisissable, hors les cas de ghazia, pour châtiment de tribu ou pour perception d'impôt refusé.
CHAPITRE PREMIER.
ETAT ANCIEN DE LA PROPRIÉTÉ EN ALGERIE
Dans les villes, selon les Turcs et les Maures.
Dans les tribus, selon les Arabes et les Kabiles.
I. - Le spectacle que présente à un Européen, et surtout à un Français, un vaste pays où l'on ne rencontre qu'un très petit nombre de villes, et où la population des campagnes, fractionnée par familles, vit sous la tente, ou dans des chaumières isolées, échappe à la vue et se cache dans les plis d'un sol très accidenté; ce spectacle est assez étrange pour nous faire rechercher les causes d'un pareil fait et leurs principales conséquences. (1)
Trois causes sont assignées généralement à tout état social, et, selon leur importance relative, selon la proportion dans laquelle ces causes contribuent à la formation de telle société, on peut juger à l'avance de la facilité ou des difficultés que l'on rencontrerait en voulant modifier cette société, et des moyens qu'il faudrait employer pour le faire.
La nature du sol et du climat, les dispositions propres à la race ou aux races qui composent la population, et enfin les rapports politiques qui existent entre les diverses fractions de la société, sont ces trois causes.
II - Si le sol ou le climat, ou bien les dispositions naturelles de la race indigène fixée dans ces conditions physiques prédominaient, si les rapports politiques entre les gouvernants et les gouvernés contribuaient pour peu de chose à déterminer, cet état social, il serait évident que de nouvelles relations politiques modifieraient avec peine et lentement le caractère général de la société, et qu'il faudrait des changements profonds et prolongés dans la culture du sol, et un croisement avec des races nouvelles, pour régénérer, en les transformant, ces éléments ethnographiques et géographique de la société.
Or, en Algérie, la grande relation politique qui existait depuis plusieurs siècles entre les gouvernants et les gouvernés, vient de changer; et le changement est capital, puisque ce sont des Français, des chrétiens, qui remplacent des Turcs, des musulmans, dans le gouvernement d'une population africaine et musulmane.
III - Toutefois, ce changement politique n'est pas aussi complet qu'il pourrait l'être, puisqu'il y a, entre l'ancien gouvernement turc et notre gouvernement actuel de l'Algérie, un caractère commun; c'est-à-dire que nous sommes, ainsi que l'étaient les Turcs, les conquérants d'un pays et d'un peuple, restés, jusqu'ici et pour longtemps encore sans doute, tels qu'ils étaient sous le gouvernement turc. Dieu n'a pas opéré, dans la nature du sol, du climat et de la population indigène, une révolution semblable à celle que la guerre et la politique ont produite dans le gouvernement ; et, à moins qu'un cataclysme terrestre ou humain ne vienne bouleverser aussi le sol de l'Algérie ou le caractère des indigènes, nous ferons bien de ne pas perdre de vue qu'il n'y a de nouveau en Algérie que des Français de plus et des Turcs de moins.
Par conséquent, c'est surtout aux deux premières causes (nature du sol, et du climat, et de la population) que je crois utile de rapporter la division de l'Algérie en rares cités et en nombreuses et petites fractions d'une population nomade ou fixe, mais, dans les deux cas, très désunie et disséminée.
Je ne citerai donc que pour mémoire les causes politiques auxquelles on a pu attribuer cette proportion entre les villes et les campagnes et leurs diverses manières de former société, d'autant plus que, fort heureusement, ces causes n'existent plus aujourd'hui, et sont même remplacées par des éléments sociaux qu'on peut presque considérer comme contraires.
IV - Un gouvernement oisif, avide, spoliateur, dévorant, celui des Turcs, n'était certes pas un encouragement à la fondation de cités industrieuses, et à leurs progrès en nombre, en population, en richesses. Un pareil gouvernement devait donner peu d'attrait à la culture des grandes plaines, à celle des environs des villes habitées par ses soldats et leurs chefs, et devait, au contraire, refouler dans les montagnes ou dans les déserts une population toujours craintive, toujours prête à fuir avec ses richesses.
De cette seule cause, il est facile de conclure que les villes de l'Algérie devaient renfermer une population molle et lâche d'esclaves, parquée comme un troupeau, et que les campagnes, au contraire, devaient être d'autant moins mal cultivées et d'autant mieux habitées, qu'elles étaient d'un accès difficile, soit par leur éloignement des villes où régnaient les Turcs, soit par la nature accidentée d'un sol montagneux, soit par la défense de terres arides et d'une large mer de sables : là devaient être les tribus les plus belliqueuses.
Mais personne ne conteste cette cause et ses effets, et comme, je le répète, nous n'apportons pas en Algérie les mêmes principes et les mêmes habitudes de gouvernement que les Turcs, comme notre ambition et nos propres usages nous poussent, au contraire, à désirer et encourager le progrès de l'agriculture sur cette riche terre, et l'industrie et le commerce dans cette contrée maritime qui possède deux cent cinquante lieues de côtes en face de la France; par conséquent, comme nous voulons très fermement fonder des villes nombreuses là où il y en a peu, et des villages là où il n'y en a pas, nous n'avons à craindre qu'une seule chose, ce serait de vouloir trop ou trop vite ce qui ne pourrait être, ou du moins ce qui ne pourrait se faire que lentement.
Examinons donc si les deux autres causes n'ont pas contribué aussi au résultat que nous venons d'attribuer seulement au gouvernement turc; car ces causes existent encore et pourraient contrarier notre volonté; et rappelons nous toujours que nous sommes, comme les Turcs, maîtres étrangers, et de plus infidèles, et même païens et idolâtres, aux yeux des indigènes, ce qui s'opposera longtemps à ce que les fidèles croyants de l'Algérie s'empressent d'habiter nos villes et de descendre de leurs montagnes ou de quitter leur désert, pour former des villages de facile accès et de riche culture, dans les grandes plaines.
Les montagnes et le désert ne sont pas seulement mieux garantis que les plaines contre un gouvernement cruel et avide, ils sont plus sains ; et, certes, c'est un motif capital pour qu'ils soient plus habités.
D'un autre côté, un fait tout aussi certain, c'est que l'islamisme, né dans une tribu, ne s'est jamais montré très habile à fonder des villes, même en Espagne, où il en a, il est vrai, détruit moins qu'ailleurs, et où il en a embelli plusieurs. Malgré les merveilles de Bagdad, du. Caire et de Grenade, ces trois points brillants de la mappemonde musulmane sont assez éloignés les uns des autres pour ne pas être comparés à ceux qui couvrent la terre chrétienne.
L'islamisme est une religion surtout pour l'individu, pour la famille et aussi pour l'ensemble des fidèles; cette religion est individuelle et aussi universelle, mais elle, n'est pas collective, civile, sociale, et son culte le prouve, par l'absence de pratiques communes et la sévérité au contraire des pratiques individuelles. (2)
Tant que les plaines de l'Algérie ne seront pas assainies, et que les musulmans algériens n'auront pas modifié leurs dispositions à l'indépendance personnelle, à la vie exclusive de famille, et je dirai même à l'adoration de la nature, dispositions développées par le Coran et transmises par une longue et brillante tradition, il sera donc prudent de ne pas essayer de leur imposer trop et trop vite cette vie sociale des cités, dont nous avons au contraire une disposition très prononcée à nous exagérer les charmes, et où cependant l'individu et la famille sont noyés dans un socialisme que la force de la vérité nous oblige souvent à déclarer asphyxiant, et où la nature de toutes parts muselée et enchaînée par la main de l'homme, est sans couleur, énervée, dépravée souvent, idolâtrée peut-être, mais jamais adorée.
L'Algérie n'est pas le seul pays musulman où il y .ait peu de villes, des tribus nomades et des familles isolées; telle est au contraire la vie générale des sociétés musulmanes. En outre, cette contrée se prête merveilleusement, par ses trois formes principales, mer, montagnes, désert, à la vie contemplative et individuelle; de même que, par la fertilité de la terre et la douceur tempérée, du climat, elle favorise la vie de famille, et n'impose pas le besoin ou n'inspire pas même le désir de nos ruches d'Europe, laborieuses et bourdonnantes.
Examinons maintenant comment la propriété était constituée, dans les villes et dans les campagnes : nous verrons qu'elle était constituée conformément aux principes que nous venons d'exposer, ce qui nous aidera, plus tard, à faire comprendre les modifications dont elle est susceptible sous le gouvernement de la France. Les villes n'étaient, à proprement parler, que les lieux d'habitation des chefs turcs, de leur milice, de leurs serviteurs directs, et aussi des indigènes Maures, Juifs, Arabes et Kabiles, qui, par l'industrie et le commerce, étaient indirectement au service des maîtres de l'Algérie.
Les campagnes, au contraire, c'était le peuple conquis, le vrai peuple d'Algérie, produisant pour ses maîtres et très peu pour lui.
Toute cette population musulmane (3) était établie, même dans les villes aussi bien que dans les campagnes, en vue de l'isolement et de l'indépendance, de la vie de famille. La maison d'un Maure était sacrée, inaccessible comme la montagne et le désert.
Sans doute, dans les villes, l'indépendance personnelle du citadin faisait bien aux nécessités publiques de nombreux sacrifices de liberté, dont l'indigène des campagnes était exempt. Ces sacrifices de liberté, auxquels se soumettaient les citadins, révoltaient la fierté de l'Arabe des tribus, qui méprisait le Maure comme un esclave; mais ils étaient compensés par une plus grande sécurité, par une existence plus douce, et aussi, sous certains rapports, par quelques libertés inconnues à l'Arabe.
V - Par exemple, la propriété foncière, dans les villes, avait, en général, le caractère, individuel, elle était échangeable, transmissible, incommutable, tandis que, l'Arabe ne connaissait de propriété personnelle, transmissible, échangeable, vendable, que celle de ses troupeaux, de sa tente, de son cheval et de ses armes.
J'exprime une idée qui a longtemps été méconnue par nous, puisque c'est seulement depuis une année, à peu près, que plusieurs écrivains ont enfin fait connaître cette différence, entre la propriété dans les villes et la propriété dans les campagnes; aussi, tout en renvoyant à l'appendice, où j'ai réuni les opinions de ces écrivains, j'appuierai sur ce sujet.
Les Arabes, toujours prêts à fuir la spoliation des Turcs, et les Maures, toujours disposés à aider cette spoliation des Arabes par les Turcs, ne devaient pas entendre et pratiquer la propriété de la même manière. Il y avait bien quelque chose de commun aux uns et aux autres : le Turc était leur maître, plus encore dans les villes que dans les campagnes, et, à ce, titre, selon la loi musulmane qui reconnaît au souverain droit universel de propriété, et au sujet seulement l'usufruit, nul n'était réellement propriétaire, ni le Maure de sa maison et de son jardin, ni l'Arabe de son cheval même. Toutefois, le Maure, serviteur soumis du Turc, habitant sous sa protection et presque sous son toit, participait à la sécurité que les maîtres les plus despotes accordent toujours à leurs courtisans et à leurs serviteurs. L'Arabe, au contraire, trouvait qu'il n'avait déjà que trop de peine à garantir sa tente, sa famille et sa propre tète des caprices et de l'avidité du maître, sans se donner encore le soin de défendre une terre et des maisons; et l'idée de la propriété individuelle ne lui serait même pas venue, par ce seul motif politique. N'avait-il pas d'ailleurs, dans son sang arabe et dans sa foi, la volonté et la certitude de trouver à vivre sur toute terre, de ne jamais rencontrer un plus beau toit que le ciel étincelant du désert, de n'avoir d'autre maître que Dieu, et, dans tous les cas, de bien mourir?
Le caractère général de la propriété foncière, dans, les villes, était donc individuel; dans les tribus, au contraire, il était collectif.
Par exception, dans les villes, il y avait des propriétés collectives assez nombreuses, celles de l'État et celles des corporations religieuses. Dans les campagnes, il y avait, par exception aussi, des propriétés individuelles qui consistaient (de fait sinon de droit) en jardins et maisons, surtout chez les Kabiles -montagnards; ou bien (de droit très exceptionnel) en propriétés libres (melk), fort rares hors des banlieues des villes, et appartenant d'ailleurs presque toutes à des Turcs ou à des Maures; ou bien enfin. (de droit général) en mobilier agricole ou personnel.
Les mêmes raisons produisaient un effet absolument inverse, quant à la propriété mobilière.
Dans les villes, elle était soumise aux monopoles commerciaux et industriels les plus nombreux et les plus minutieux, et à une surveillance de policé, plus inquisitoriale que ne semblerait pouvoir le permettre le respect connu des musulmans pour l'intérieur de la maison. De même qu'un Juif sent l'or qu'il ne voit pas, un Turc voit l'or à travers les murailles; le Juif le désiré pour le faire valoir, le Turc pour en jouir : mais tous deux le désirent avec une égale ardeur; et le Maure échappait difficilement à ces deux habiles espions, à ces deux puissants aimants de la richesse.
Dans les campagnes, au contraire, l'industrie agricole, le commerce, non seulement entre les tribus mais avec les caravanes qui traversaient l'Algérie, ou bien avec les royaumes de Tunis et de Maroc, étaient libres, ou n'étaient soumis qu'à de faibles droits, assez faciles d'ailleurs à éluder. Un Cheik, qui aurait pu, sans exciter de mécontentement sensible dans sa tribu, déplacer, même pour sa convenance personnelle, un Arabe du sol que celui-ci cultivait et que cultivaient ses pères, aurait eu besoin de recourir à l'adresse et de se faire offrir par cet Arabe, le cheval l'esclave, l'arme, le bétail qu'il aurait convoité.
VI. - Cette différence entre la manière de concevoir la propriété foncière et la propriété mobilière, dans les villes ou dans les campagnes, n'est pas tellement inhérente à l'Algérie et propre aux musulmans, qu'il soit impossible de la retrouver, atténuée sans doute mais très reconnaissable, en France même, où cependant la population des cités et celle des villages sont parfaitement homogènes. C'est qu'en effet cette différence tient à ce, que l'objet envié, précieux par-dessus tout, dans une ville, celui dont la possession garantie intéresse le plus le citadin, le bourgeois, c'est la maison; tandis que, dans la campagne, celui qui préoccupe sans cesse le villageois, c'est la récolte. Comme nous le verrons au chapitre suivant, c'est l'industrie manufacturière et commerciale qui, prenant chaque jour une importance plus grande dans les villes, relativement à celle des bourgeois propriétaires, fonciers, c'est l'industrie qui a fait respecter et garantir, dans les villes de France, la propriété mobilière , et qui l'a affranchie de la servitude; de même que, dans les campagnes, c'est le bourgeois campagnard, propriétaire du sol, qui maintient encore avec vigueur le respect presque féodal de la propriété foncière. Celle-ci, en effet, intéresse beaucoup moins le cultivateur du fond; pour le bourgeois campagnard, son seul moyen de vivre c'est le revenu de sa terre affermée, tandis que le cultivateur trouve son pain dans son travail, quel que soit le propriétaire du sol, pourvu qu'on lui laisse ses instruments de travail et une part suffisante de la récolte, en un mot son mobilier agricole et personnel.
Revenons à l'Algérie, dont les villes n'avaient pas d'ailleurs, comme les nôtres, une nombreuse population manufacturière et commerciale, et ne renfermaient presque que des employés et des rentiers; revenons à l'Algérie, qui n'avait, dans ses campagnes, ni châteaux, ni maisons de plaisance d'hommes de loisir, si ce n'est dans la banlieue des quelques villes clairsemées sur son vaste territoire.
VII - L'espèce de culture que permettent généralement le sol et le climat de, l'Algérie, ou du moins celle qu'ils favorisent le plus, explique aussi ce peu d'attachement à telle ou telle terre. Nous voyons, en effet, que c'est seulement là où la petite culture, et surtout celle des jardins, était profitable, c'est-à-dire dans le voisinage des villes ou dans les vallées fraîches et bien, arrosées des Kabiles, que le sentiment d'appropriation a été satisfait, sinon en droit absolu, du moins par l'usage et par le respect habituel de l'autorité pour la propriété foncière privée. C'est la grande culture et l'éducation des bestiaux que le sol et le climat de l'Algérie favorisent le plus généralement; et l'une et l'autre exigent, dans ce pays, des déplacements continuels assez considérables, selon les saisons, pour les pâturages, pour les semailles et pour les moissons; car il faut, dans certains moments, fuir des lieux malsains, inondés ou desséchés, qui, dans d'autres moments, sont très productifs et très habitables.
Ce n'est donc pas seulement à des motifs politiques, ou à des principes religieux qu'il faut attribuer la manière de concevoir la propriété, chez un peuple poussé naturellement, par les nécessités du sol et du climat, à. la vie nomade ou pastorale, et tout au plus à la culture, des céréales, sur des terres qui ne sont pas constamment habitables.
Je sais bien que les conditions hygiéniques pourront s'améliorer, avec le temps et par d'immenses travaux; il n'en est pas moins vrai que, jusqu'au moment où ces améliorations seront obtenues, il a été et sera impossible de construire des habitations fixes, sur la majeure partie des terres de la Régence.
Certainement aussi, lorsque l'Algérie sera replantée, reboisée, lorsque les eaux y seront ménagées, recherchées, dirigées, lorsque l'industrie des villes coloniales pourra exciter à la production des fruits, des légumes, à l'exploitation des mines, à la culture de la vigne, de l'olivier et du mûrier, à l'aménagement des bois; alors des villages, des villes même naîtront facilement, sur plusieurs points qui ne reçoivent pas même une tente aujourd'hui.
Mais toutes ces conditions n'existaient pas avant nous, elles sont fort loin encore d'être remplies par nous, si même nous avons commencé, en quoique ce soit, ce grand travail d'assainissement et de défrichement, qui, de nos jours, ne se fait pas, comme au temps de la fable, par des individus, fussent-ils des Hercule, ni même par des tribus, mais par une société, une nation. Et d'ailleurs nous étudierons, je pense, les conditions naturelles du sol et du climat; et la grande culture n'est pas chose en elle-même si méprisable, pour que nous prétendions, bon gré mal gré, établir la petite culture à la bêche en Algérie, si celle-ci était généralement (ou du moins pour très longtemps et avant de prodigieux travaux) contre nature.
Toujours est-il que jusqu'ici les Arabes et une grande partie des Kabiles ont été pasteurs ou cultivateurs de céréales, et que, pour ces deux causes, ils ont compris et pratiqué la propriété foncière, comme l'ont toujours fait les, nomades, les pasteurs et. les cultivateurs de grains, c'est-à-dire comme une possession collective de famille ou de tribu, possession dont l'usage individuel n'est légitimé que par le travail, et qui ne donne lieu à aucune transmission par vente, ou par héritage.
(1) " La plupart des peuples des côtes de l'Afrique sont sauvages ou barbares; je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presque inhabitables séparent de petits pays qui peuvent être habités. " Esprit des lois, IV, XXI, Ch. II.
(2) Et son dogme le prouve aussi; car, de même que l'islamisme n'a pas su diviser et personnifier les attributs du pouvoir divin, il n'a pas pu diviser et personnifier les attributs du pouvoir humain, et son gouvernement est un despotisme confus, comme son dogme est un unitarisme désordonné.
(3) Sur ce point les Juifs ne sauraient entrer en question, leur influence de parias étant nulle quant aux usages généraux de la population musulmane.
A SUIVRE
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Aux premières lueurs de l'aube qui se lève
Les coqs, se répondant, claironnent le réveil
Et les bœufs de labour, encor lourds de sommeil,
Courbent au joug leur tête où toujours flotte un rêve.
Tel le jour a fini, telle la nuit s'achève
Et le travail reprend, pas chaque jour pareil
Car le temps est maître, mais l'horizon vermeil
Fait aujourd'hui prévoir un dur labeur sans trêve.
Le sol rit de richesse et la joie et dans l'air,
L'alouette très haut grisolle au matin clair
Et le soleil qui sort de la brume rosée.
Faisant partout renaître et la vie et les chants,
Inondant de clarté les vignes et les champs,
Irise en diamants les gouttes de rosée.
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ASPECTS ET REALITES DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal N° 11
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Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES DE L'ALGERIE AGRICOLE
" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "
Jérôme et Jean Tharaud.
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III - TEMOIGNAGES
A - ORANIE
L'association Céréales - Moutons sur les Hautes Plaines Oranaises
PAR Bou BEKKER Houcine
Ancien Elève de l'Ecole Régionale d'Agriculture de Sidi-Bel-Abbès
Ancien Moniteur d'Elevage du C.E.T.A. d'Ain-Tiddès
La céréaliculture algérienne supporte actuellement des frais trop lourds pour des rendements souvent aléatoires. Les frais de production effraient beaucoup d'agriculteurs surtout à la suite des récentes augmentations de salaires pourtant légitimes.
D'autre part de nombreux praticiens et techniciens estiment qu'on n'obtient plus les rendements d'autrefois après jachère travaillée dans des terres conduites depuis longtemps de cette manière.
A la monoculture des céréales accompagnée de tous ces risques, il faudrait donc, sans tarder, adjoindre un élevage de moutons. Cette introduction apportera de nouvelles ressources permettant de secourir un bilan souvent déficitaire.
Elle se justifie principalement en milieu musulman où de faibles surfaces (20 à 50 ha) menées en biennal et donnant de maigres rendements, ne peuvent permettre au fellah de survivre.
Voyons donc aux points de vue technique, économique et social, les possibilités de l'association Céréales - Moutons.
I - Point de vue technique.
a) Production animale : Les troupeaux peuvent être constitués par achat de brebis choisies sur le marché local. Ces brebis peuvent être croisées avec des béliers de France comme le Wurtemberg.
En milieu musulman, où l'on rencontre beaucoup de troupeaux de 20 à 50 bêtes, on pourrait constituer un noyau autour d'un S.A.R. qui fournirait aux fellahs les béliers nécessaires au moment de la lutte et les reprendrait dès que celle-ci est terminée.
b) Production végétale : Le mouton mange jour et nuit ; il faudra ainsi penser aux périodes sans nourriture et pour cela avoir des réserves fourragères d'où nouvelles cultures. La vesce - avoine est tout indiquée pour faire soit du foin, soit de l'ensilage qu'on donnera aux moutons en hiver en période de mauvais temps ou pour compléter une nourriture insuffisante.
On remplacera avantageusement l'assolement céréalier : jachère - blé par un assolement fourrager quadriennal.
II. - Point de vue économique.
Nous exposons les résultats obtenus au C.E.T.A. d'Ain-Tiddès après cinq années d'études.
Une brebis laisse un bénéfice qui correspond à 25 % de sa valeur.
Dans les petites exploitations familiales allant de 20 à 50 ha, à condition qu'un encadrement technique suffisant (1 moniteur pour 200 exploitants au maximum) permette de suivre de très près l'exploitant, il est possible d'obtenir les mêmes résultats que ceux de la grande exploitation.
III. - Point de vue social.
C'est le plus important, vu l'accroissement constant de la population algérienne et le sous-emploi qui pourrait en découler.
Toujours d'après les résultats obtenus au C.E.T.A. d'Aïn-Tiddès l'exploitation distribuait quatre journées de travail par an et par hectare de terre cultivée, avec assolement biennal. Par contre avec l'assolement fourrager, on distribue actuellement sept journées de travail soit près du double de salaires.
Dans la petite exploitation, la main-d'oeuvre familiale est beaucoup plus employée grâce à la fenaison des fourrages et aux soins demandés par le mouton.
Conclusion
On peut donc généraliser cet assolement dans les Hautes Plaines du Télagh et peut-être dans les autres régions céréalifères d'Algérie, à condition qu'il y ait un encadrement technique suffisant pour diriger et surveiller la masse des petits fellahs qui pourraient ainsi améliorer leur niveau de vie et augmenter leurs faibles rendements. C'est aux Ecoles d'Agriculture à former ces cadres et à essayer de faciliter leur accès aux musulmans dont l'instruction générale ne dépasse pas celle du brevet. C'est le seul moyen d'inculquer aux fellahs musulmans la voie du progrès et de leur montrer les efforts déployés sans cesse par les responsables de l'Algérie soucieux du bien être de la population rurale.
Je ne terminerai pas mon exposé sans souligner le grand effort accompli par les responsables du C.E.T.A. d'Aïn-Tiddès et dire combien est grand leur mérite d'avoir tracé une nouvelle voie à la Céréaliculture algérienne, qui conduirait à un avenir meilleur à condition que chaque intéressé y mette un peu de bonne volonté.
L'Arbre de Minerve Symbole de paix et de prospérité
PAR Aimé AUGUSTE
Ingénieur Horticole (1937)
Ingénieur des Services Agricoles
Chargé de l'Horticulture (Oran)
L'olivier est l'arbre fruitier le plus anciennement cultivé en Algérie. Il occupait, à l'époque romaine, des surfaces importantes : on retrouve à l'heure actuelle, dans plusieurs régions semi désertiques, les vestiges d'une industrie oléicole romaine ; cet arbre était alors répandu dans des zones où on ne le rencontre plus de nos jours.
Dès l'invasion arabe cette culture se réduisit et fut cantonnée surtout dans les montagnes, particulièrement en Kabylie, où le Berbère, homme sédentaire aimant les arbres, l'entoure de quelques soins.
A l'arrivée des Français, vers 1830, les oliviers étaient conduits surtout comme arbres semi forestiers, exploités en partie pour le bois, en partie pour l'huile. On les rencontrait surtout dans l'Est algérien (Kabylie) : c'est dire que la culture de l'olivier était pratiquement inexistante en Oranie à cette époque.
A la fin du siècle dernier on notait un faible développement de sa culture dans ce département ; mais la mise en valeur des terres par de grands travaux d'hydraulique (irrigation et drainage), entrepris après la guerre de 1914, a permis de transformer de vastes zones marécageuses, pestilentielles, en d'immenses vergers d'oliviers.
Actuellement, et après la grande extension prise par cet arbre au cours des dernières années, l'Oranie compte 2 millions de sujets, soit 20 % des oliviers d'Algérie. La production est variable, certes, mais atteint certaines années 600.000 quintaux, soit 40 % de la récolte totale algérienne.
Deux débouchés industriels se partagent la production du département : huilerie (400.000 quintaux) et conserverie (200.000 quintaux) ; l'importance du tonnage absorbé par la conserverie caractérise la production oranaise.
A l'inverse de ce qui se passe dans les autres départements, l'olivier en Oranie est essentiellement cultivé par la population européenne, le plus souvent d'origine espagnole ; ces petits producteurs, travailleurs opiniâtres, ont apporté avec eux les méthodes de culture de leur pays.
Quant aux fellahs, prenant exemple sur ces exploitants, ils s'orientent peu à peu vers la culture rationnelle de cet arbre fruitier dont ils tirent, eux aussi, un revenu largement rémunérateur.
L'exploitant, toutefois, n'est pas seul à profiter de cette culture ; une foule d'ouvriers et d'artisans, tant musulmans qu'européens, vivent de la production oléicole et de la conserverie :
- la main-d'oeuvre nécessitée par l'installation et surtout l'entretien des plantations est importante ; la taille des oliviers permet, à elle seule, de distribuer 150 millions de salaires aux ouvriers et la cueillette, entièrement manuelle, 225 millions ;
- les 200.000 quintaux d'olives de conserves traitées, chaque année, dans le département, nécessitent également un nombreux personnel pour les opérations de triage, calibrage, etc. Ce personnel perçoit au total un milliard de francs de salaires.
L'olivier peut donc être considéré comme une culture à caractère éminemment social que l'on doit développer. Son extension a lieu dans les périmètres irrigables, tant en milieu européen que musulman, et également en zone sèche, l'olivier étant un arbre rustique. Il est d'autre part largement utilisé pour la complantation des banquettes établies par le Service de la Défense et de la Restauration des Sols.
Ainsi, la présence française a-t-elle permis de créer, notamment en Oranie, des plantations étendues et nombreuses, d'implanter deux industries nouvelles (huilerie et conserverie), de distribuer des salaires importants, d'utiliser du matériel, des produits et des services divers, en un mot, d'établir un courant commercial très intensif entre la Métropole et l'Algérie. Mais un grand travail reste encore à faire : les techniciens et les producteurs connaissent bien le problème et il serait souhaitable, pour l'avenir de ce pays comme pour celui de la France, que les événements actuels n'interdisent plus de poursuivre une oeuvre aussi belle et aussi vaste que celle déjà entreprise.
La Betterave sucrière en Oranie source de progrès industriel et de bien-être social
PAR Bernard FAURE Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie (1933)
Directeur de la Société Betteravière René Bruguier et Cie
Mercier-Lacombe (Oran)
A l'extrémité Est de la plaine de Sidi-bel-Abbès, en lisière de la petite ville de Mercier-Lacombe (10.000 habitants dont un millier d'Européens), se dresse, depuis 1953, la seule sucrerie d'Afrique du Nord. Sa réalisation est entièrement due à l'esprit d'initiative et au courage d'un industriel et de quelques agriculteurs, tous natifs de Mercier-Lacombe. Les idées directrices en ont été les suivantes :
- Importance du sucre dans l'alimentation des populations musulmanes et accroissement constant de la consommation : 57.000 tonnes en 1948, 142.000 tonnes en 1953 ! La pénurie de sucre, cruellement ressentie en Algérie pendant la guerre, incitait à implanter une petite production locale de sécurité.
- Amélioration des conditions d'existence de la population rurale.
- Possibilité d'accroître la rentabilité des terres.
- Industrialisation de l'Algérie, depuis longtemps si discutée...
Essais culturaux et effort industriel sont entrepris. En 1946, 10 hectares de betterave sucrière sont cultivés. En 1947, la production de 100 hectares est traitée en distillerie, étape de sagesse vers la sucrerie. La technique culturale mise en oeuvre, adaptée au climat de l'Oranie, permet un accroissement des rendements, bien qu'il s'agisse le plus généralement de cultures non irriguées. La surface récoltée atteint 1.200 ha en 1952. La construction de la sucrerie, autorisée dans le cadre du plan d'industrialisation de l'Algérie, est entreprise ; l'usine fonctionne en 1953.
En 1955, le premier stade est pleinement réalisé : plus de 3.000 ha approvisionnent l'usine à la cadence de 330 tonnes de racines par jour (la cadence prévue était de 300 tonnes/jour). Il a été ainsi traité 26.000 tonnes de betteraves en 87 jours, produisant plus de 3.000 tonnes de sucre cristallisé.
La campagne 1955-1956, malgré la période troublée que nous traversons, s'annonce bien : 3.600 ha viennent d'être semés par 78 agriculteurs dont 50 propriétaires musulmans.
Le bilan économique des trois campagnes de sucrerie est éloquent : près de 7.000 tonnes de sucre ont été mises sur le marché pour une valeur de 570 millions. La répartition de ce demi milliard est la suivante :
- 95 millions de salaires industriels ;
- 305 millions versés aux planteurs pour un total de 8.500 ha (en trois ans), dont 117 millions de salaires agricoles.
Dans cette région, la betterave, cultivée sans irrigation, est une culture pauvre dont les faibles rendements (8 tonnes/ha) peuvent paraître décevants. Mais il faut compter sur des avantages agronomiques secondaires non négligeables :
- Sa culture supprime les frais de jachère ;
- 10 tonnes de racines récoltées rendent au sol 3 ou 4 tonnes de matières organiques (feuilles, collet, racines), et ce " rendu " n'a pas de prix en Algérie où les terres manquent d'humus ; après 10 années de pratique, les blés sur betterave accusent un gain de rendement de 2 à 3 quintaux par rapport au blé sur préparé ou au blé sur chaumes. En outre, le désherbage chimique des céréales est économisé ;
Les sous-produits de la sucrerie (pulpe et mélasse) permettent une amélioration sensible de l'alimentation du troupeau bovin et surtout ovin dans des régions où l'irrégularité du climat a toujours rendu l'élevage assez aléatoire.
Nous insisterons sur l'amélioration apportée par la culture de la betterave sucrière aux conditions d'existence de la main-d'oeuvre agricole : les travaux que cette culture impose s'intercalent heureusement dans les périodes creuses laissées par les autres productions végétales. Le démariage intervient au début du printemps, au moment du départ de la vigne ; la récolte s'effectue entre la moisson et la vendange.
D'autre part la sucrerie elle-même fait vivre, d'un bout de l'année à l'autre, 50 familles presque toutes musulmanes. Pendant ses trois mois de campagne, l'usine distribue, de plus, à 80 ou 100 ouvriers supplémentaires, parfois spécialisés, des salaires industriels qui concourent au relèvement de leur niveau de vie.
Ainsi, par son aspect social et par le rôle qu'elle joue dans la fixation de la main-d'oeuvre, la culture de la betterave a confirmé sa place dans la zone de Mercier-Lacombe. Et c'est allégrement que la sucrerie Bruguier et Cie atteindra, dans un très bref délai, son deuxième objectif : 600 tonnes de racines traitées par jour, ce qui doit automatiquement doubler son importance et augmenter dans la même proportion les bienfaits indéniables que cette culture apporte aux populations rurales engagées dans le circuit économique qu'elle engendre.
A SUIVRE
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QUAND L'ORAGE PASSA
DIVAGATIONS
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L'AÉRONAUTIQUE EN FRANCE (1963/64)
Le titre est prétentieux, mais loin de moi l'idée de traiter dans sa globalité un tel sujet.
Ce fut cependant révélateur, pour ma vision des choses, pour l'idée que je me forgeais peu à peu des Français et du peuple de France.
Le béret, la baguette de pain sous le bras, telle est l'image caricaturale et peu flatteuse du Gaulois du XXéme siècle. Cela existe, mais tous mes compatriotes ne sont pas attifés de ce costume et souvent, sous le béret, il y a un cerveau qui travaille. Ce peuple peut aussi bien cacher sous des accoutrements différents des intelligences vives. Bien fou qui se fiera au costume pour apprécier la valeur de tel où tel. Un prix Nobel français a dit " il y a des Einstein chez nos plombiers ". Je le crois, mais souvent on l'oublie.
La seconde caractéristique qui m'est apparue dans ce reportage, c'est la grande difficulté de commander les Français. Individualiste par nature, en perpétuelle rébellion d'idées, utopiste par formation, le citoyen français se débat avec son raisonnement, sa logique, son cartésianisme. Il porte sa Révolution à bout de bras, comme une offrande aux autres peuples, affichant sur les frontons de chaque Mairie ses chimères. Et pourtant il est depuis des siècles mêlés aux progrès, à la littérature, à la science la plus avancée, la plus pointue... Difficile d'être patron en France, si l'on n'y met pas une pointe de gentillesse, d'humanité, car le Français est un latin, un sentimental râleur. Le Général De Gaulle les a traités de veaux, et dans ses confidences médiatisées il s'est exclamé : " Comment peut on conduire un pays où il existe 360 sortes de fromages". Il y a du vrai dans ces affirmations mais l'analyse n'est pas complète.
Ami lecteur vous devez avoir une opinion très mitigée de mes écrits ; comment peut-on juger les Français en l'étant soi même. La différence est là : Comme tous les " Pieds-Noirs" nous avons gardé un côté patriotique désuet avec un sentiment très développé de la Mère Patrie, humaniste, nourricière et protectrice. Français de coeur plus que de race, nous avons su nous forger un caractère différent de celui du Français moyen et donc, par le biais de reportages, je découvre, à 28 ans, la France socioprofessionnelle inconnue par moi et par beaucoup de mes semblables.
Ainsi j'ai là le regard neuf d'un adulte encore jeune, avantage certain sur mes compatriotes. A Rochefort j'ai connu l'ambiance du monde ouvrier, je découvre le monde de la Haute technicité.
Ami, les Ailes françaises nous réclament, et l'on n'en a encore rien dit.
J'avais effectué un reportage dans l'ancien Musée de l'Air à Paris avant son transfert au Bourget. Je me rappelle un fouillis indescriptible où l'on pouvait toucher les premiers avions du monde, tenir les commandes de l'avion de Blériot, sentir la colle des nervures en bois, tâter la toile des ailes. . . . C'était le grenier du grand-père, l'émerveillement du gamin.
Mais Paris n'est pas qu'un musée c'est aussi une usine de propulseurs Boulevard Mortier, un banc d'essai de gros réacteurs à Saclay, une usine Dassault électronique de pointe sur les bords de la Seine et la maquette de pilotage du "Concorde" où je croisai son futur premier pilote André Turcat. Oui, Paris reste un grand centre aéronautique, bien que ses usines se fassent discrètes.
Puis ce fut le départ vers Biarritz et sa région où se côtoient l'aviation à réaction et les fusées à poudre avec le Centre d'essais de Biscarosse.
Une fusée nommée Europa donne quelques émotions aux ingénieurs & techniciens de la base. Il faut vous dire, mes chers, qu'à cette époque la base de Kourou en Guyane sortait à peine des cartons.
C'est dans cette région, à l'accent bien marqué, que j'ai pu voir un ingénieur de Dassault - aviation sortir béret et baguette de pain sous le bras, caricature vivante du français moyen qui, quelques heures auparavant, nous avait expliqué avec brio les avantages de la voilure variable sur les avions, technique qu'il développait sur un chasseur.
Puis notre périple nous amena à Pau et ses environs où l'on construit, essaye, teste, des moteurs d'avions légers. II en est ainsi de certaines villes où l'industrie marque profondément les habitants. Pau est la ville de la mécanique, du moteur, dont on n'entend jamais parler, ou si peu.
Le Grand Prix de Pau, encore de la mécanique, donne à la ville quelques échos dans les médias. Mais prenez le temps d'interroger les Palois, ils vous expliqueront tout sur les performances, la fiabilité, la conception, l'origine d'un moteur, d'un turbo propulseur, aussi bien que sur les péripéties du dernier match de rugby, la deuxième activité paloise.
Et quelle qualité de vie, par rapport à certaines mégapoles ! L'usine est à taille humaine cachée dans la verdure et, parfois même, on entend un merle siffler, se mêler à l'accent rocailleux du pays.
Rien de semblable à Toulouse, où notre fleuron de l'époque, la "Caravelle" est construite. Pour le néophyte que j'étais, et qui ne connaissait que les avions dotés de moteurs à hélices, "Caravelle", moyen courrier, représentait le luxe, le silence, la vitesse et un confort exempt de vibrations. Ce fut une réussite de l'Aéronautique française et le début d'une concurrence avec les Américains.
Dans l'immense hall d'assemblage, deux appareils sont montés simultanément et c'est une vraie fourmilière où chacun a sa place, son poste de travail.
La propreté du hangar de taille imposante est parfaite. Rien ne traîne, tout semble étudié, efficace, fonctionnel.
Dans les Bureaux d'études, l'ambiance est moins rigoureuse une certaine pagaille règne et l'on trouve dans les couloirs des plans, des ébauches du futur "Concorde". Notre cornac nous précise qu'il est interdit de photographier ces plans, et nous obéissons. D'autres moins scrupuleux que nous en feront des choux gras, hélas un peu trop cuits. Je veux parler des Tupolev 144 qui s'écrasèrent. La copie ne valait pas l'original.
Pour nous, "Concorde" c'est le rêve : jamais un avion de ligne n'avait transporté de passagers à deux fois la vitesse du son !!!
On sentait une effervescence, un bouillonnement de cellules grises, pour réussir ce que personne n'avait encore réalisé.
Nous quittons la ville rose avec un sentiment de fierté, bien que je ne sois pour rien dans la conception ni dans le montage de ces beaux vaisseaux de l'air. Mon rôle restait de faire connaître, à travers des expositions photographiques modestes, notre pérennité, notre savoir faire, notre modernisme aérien.
De Toulouse aux environs de Marseille, il n'y a qu'un pas, pour visiter la chaîne de montage des Alouettes, gentil nom pour une grande réussite française en matière d'hélicoptère. Un saut d'alouette pour se poser à Nîmes où nous pouvons photographier en vol les essais d'un chasseur à géométrie variable qui sera présenté plus tard à la Presse et au monde, en 1967, sous le nom de" Mirage G". Époustouflant!
Ami, rappelle-toi mon avant-propos ; je mentionnais cette impression de vivre avant l'actualité, nous venons ensemble d'assister à ce que sera demain... puisque nous sommes en 1964!
La gentille Alouette nous déposera sur le terrain, à Marseille pour continuer notre périple. Cannes, sur la Côte d'azur, n'est pas que la ville du Festival du cinéma, elle abrite aussi une usine et des chercheurs travaillant sur le son et la résonance des corps. Sujet inconnu de mes cellules grises jusqu'à ce jour.
Vous devez en savoir plus que moi sur ce sujet, mais pour ceux qui n'iront pas jusqu'au dico, sachez que tout corps de même matière a une fréquence, et que si l'on excite cette même fréquence sur lui on peut le détruire. C'est ainsi qu'une troupe marchant au même pas peut faire résonner un pont, ou qu'un hélicoptère peut se détruire complètement quand ses vibrations, ses fréquences, sont proches de celles de sa masse. (Comme référence je vous invite à lire l'affaire Tournesol qui traite de ces problèmes de son avec le brio qu'on lui connaît.) Nous avons vu quelques applications et j'avoue avoir été très impressionné. L'on m'a affirmé que l'on pouvait détruire la "Bonne Mère "de Marseille juste en pointant vers elle un appareil de leur conception. Je crois que c'est une galéjade ou du moins j'ose l'espérer fortement.
" ... Et je ne vois pas l'intérêt de détruire la Bonne Mère ! "
Nous ne pouvons plus aller vers le Sud et nous devons remonter en faisant un petit crochet par Grenoble, visiter un Centre atomique de recherches puis faire une courte halte à Valence. L'usine Crozet y fabrique à cette époque des instruments de mesure plus particulièrement orientés vers l'Aviation et le Spatial.
Je prenais quelques photos d'une chaîne de montage, quand un des ouvriers m'appela par mon nom. Grande surprise ! Nous étions ensemble à Télergma pendant plus de 30 mois et je ne l'avais pas reconnu...
Il avait troqué le collier de l'Armée contre celui d'ouvrier, sa liberté de célibataire contre un mariage pas très heureux. Père de deux enfants il menait une vie rangée et monotone plus par dévouement que par goût.
Quand nous nous séparâmes, je lus dans ses yeux un brin de jalousie; il n'avait que 26 ans et il avait tant à assumer. Ma relative liberté, mon indépendance, mon insouciance du lendemain lui faisaient comparer nos deux situations. Je ne peux dire que mon état de militaire était enviable, mais j'avais trouvé quelqu'un qui avait forgé sa vie différemment de la mienne, et qui n'en était pas des plus satisfaits.
En remontant vers Lille, je pus longuement réfléchir à mon ami et à mon devenir. Deviendrais-je vieux ou simplement mature?
A ce moment-là je n'avais pas de réponse, et je me voyais mal la corde au cou, investissant dans les casseroles.... Question de philosophie.
Lille nous accueille avec sa pluie fine et inlassable, mais il paraît que c'est normal, heureusement il ne fait pas froid.
Nous allons dans un Centre de recherche qui, à l'aide de maquettes d'avions essaie de connaître le moment de décrochage d'un appareil.
Je ne vais pas expliquer le décrochage, je n'en ni la capacité ni l'envie, mais simplement sachez que lorsque un avion n'a plus ou pas assez de motricité il "décroche", il tombe. Comment tombe t-il ? Comment peut-on le rattraper ? La vrille, le tonneau, sont des figures d'acrobaties d'avion.
Les chercheurs essaient de domestiquer le décrochage en s'aidant de ces évolutions aériennes.
Ce qui m'a passionné et amusé, c'est de voir ces jeunes et moins jeunes scientifiques jouer à quatre pattes avec des maquettes qui évoluent dans un grand cylindre transparent où une soufflerie donne l'impression de la réalité du comportement de l'avion dans les airs.
C'est la fin du voyage ; certes, je suis trop imprécis dans mes descriptions, mes connaissances aéronautiques sont trop limitées, mais le sujet est vaste. Mon but dépasse cependant celui de la simple narration. Donner le désir à un jeune d'aspirer un jour à être ce que je ne suis pas, pourquoi pas ? Si ces mots ont une influence sur une carrière d'aviateur ou d'avionneur je m'en féliciterai quel que soit le lieu où je me trouverai. Dans les airs !!!
ÉCOLE DE COMMANDO A COLLIOURE & MONT-LOUIS (1965)
Quel voyageur se trouvant sur la côte catalane française ne fait pas un détour pour admirer, des hauteurs, le village de "Collioure."
Le clocher de son église surmonté d'un toit rouge se mirant dans les eaux bleues de la Méditerranée a fait rêver une armée d'artistes peintres.
Les Impressionnistes en passant par les Fauves, les Pointillistes, les Cubistes, les Surréalistes et les peintres du dimanche. Ce paysage de carte postale, oh combien idyllique et tranquille, cache cependant une des plus redoutables écoles de commandos. Jumelée avec Mont-Louis, village de montagne cerdan, elle forme des hommes discrets et très adaptés à la guerre souterraine.
Les préparations physiques et montagnardes se font à Font-Romeu, les activités nautiques à Collioure. Le vieux fort de Collioure sert de mur d'escalade et d'activités souterraines dans ses boyaux piégés.
Pour finir, certaines unités doivent parcourir de nuit, l'itinéraire Font-Romeu, Collioure en passant par le mont Canigou (altitude 2900 mètres), soit un peu plus de 100 kms à vol d'oiseau, ceci en 2 jours.
Pour le ravitaillement, un demi boeuf est largué au sommet du Canigou.
Le but du jeu : ne pas se faire remarquer par la population locale et voyager sans se faire repérer par les gendarmes et les douaniers.
L'arrivée à Collioure se fait souvent à l'aube ; touristes et indigènes récupèrent par un sommeil réparateur des fatigues de la nuit.
A travers les fumées de l'alcool, seuls quelques noctambules attardés croient apercevoir des demi ombres qui se glissent sans bruit. Rêve ou réalité nul ne saurait le dire.
A l'arrivée au fort, une seule chose compte : Dormir.
Les estivants ne sont pas gênés par la présence militaire des commandos à Collioure et peu savent qu'il y a là la fine fleur des commandos Français, les James Bond ou les Francis Coplan, les as des Services de renseignements.
Les peintres pourront encore pendant longtemps et en toute quiétude immortaliser les proportions de l'église de Collioure et ses petits arceaux qui lui donnent un charme si particulier. Mais combien savent qu'ils ont là, peints sur la toile, les lieux d'aisance moyenâgeux utilisés encore à l'époque de mon reportage, dans les années 60.
Ainsi va la vie, ainsi vont les êtres et les choses. Tout à son revers, sa face cachée ou ignorée, que l'on doit se donner la peine de chercher pour entrevoir un bout de vérité.
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A SUIVRE
Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur
A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver une documentation perdue
M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui voudraient posseder ce livre, il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors frais d'envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine
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LE SUCCES
Envoyé par M. Miclèle Raphanel
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Le succès à 2 ans c'est de ne pas faire dans sa culotte
Le succès à 3 ans c'est d'avoir des dents
Le succès à 12 ans c'est d'avoir des amis
Le succès à 18 ans c'est d'avoir le permis de conduire
Le succès à 20 ans c'est de bien faire l'amour
Le succès à 35 ans c'est d'avoir de l'argent
Et puis ça repart :
Le succès à 50 ans c'est d'avoir de l'argent
Le succès à 60 ans c'est de bien faire l'amour
Le succès à 70 ans c'est d'avoir le permis de conduire
Le succès à 75 ans c'est d'avoir des amis
Le succès à 80 ans c'est d'avoir des dents
Le succès à 95 ans c'est de ne pas faire dans sa culotte
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LETTRES A UN METROPOLITAIN
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Vous êtes un homme au coeur bon et généreux. Combien des nôtres avez vous soignés et guéris avec l'aide de Dieu ! Vos paroles si douces et si apaisantes, que vous leur avez prodiguées, se sont révélées tout aussi efficaces que les remèdes que vous leur avez prescrits, et ceci prouve que nul n'est plus qualifié que vous pour soigner ceux qui souffrent.
Le 17 Djoumad 1264 (1847 ap. J.C.) (Extrait d'une lettre adressée par l'Émir Abd el Kader au médecin aide major de 1ère classe Tamisier et dont l'original est au Musée du Val de Grâce).
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LETTRE N° 3
Beaucoup de métropolitains ou d'étrangers venant pour la première fois en Algérie sont indignés par l'état de misère dans lequel vit une grande partie de la population musulmane. Dans le bled, c'est le gourbi enfumé et crasseux qui voisine avec la ferme confortable du colon ; en ville, c'est l'ignoble bidonville qui jouxte le quartier moderne aux buildings futuristes. On en conclut que les Européens d'Algérie se sont bornés à pressurer l'indigène, à s'enrichir de son travail rémunéré par un salaire de famine, enfin, à faire " suer le burnous " pour employer la cruelle expression que les autochtones connaissaient d'ailleurs bien avant l'arrivée des Français, puisque c'est eux qui la leur ont apprise.
Une propagande puissamment orchestrée a largement repris ce thème et y a trouvé une des raisons principales de la rébellion algérienne (cf. lettre n° 1).
Quelle était l'importance de la population de l'Algérie au moment de la conquête ? A défaut de tout dénombrement, les voyageurs qui ont décrit le pays procèdent par évaluations dont les résultats oscillent entre un et deux millions. Voici par exemple, la conclusion de William Shaler, consul général des Etats-Unis à Alger :
" Aussi, considérant le petit nombre des villes commerciales et manufacturières, le despotisme barbare qui pèse sur le pays et la vie pastorale qui est encore celle d'un grand nombre de ses habitants, je pense que, malgré les avantages d'un beau climat et d'un sol fertile, la population de ce royaume (1), pour une surface d'environ trente mille miles carrés, est plutôt au-dessous qu'au-dessus d'un million ". (W. Shaler, Esquisse de l'Etat d'Alger, trad. Bianchi, Paris, 1830, page 22. L'original a été publié à Boston, U.S.A., en 1826).
En 1856, année qui marque approximativement la fin de la pacification, un recensement plus précis donne le chiffre de 2.183.000.
En 1959, enfin, les statistiques font état d'une population musulmane de 8.850.000 habitants. En 130 ans, le nombre des autochtones a donc presque quintuplé et le même pays, qui nourrissait jadis, dans des conditions déjà précaires, environ deux millions d'hommes, doit aujourd'hui, compte tenu des Européens, en faire vivre cinq fois plus.
Dans le même laps de temps, l'équipement hospitalier, strictement inexistant à l'origine, a atteint 138 hôpitaux, comportant 31.042 lits, qui ont assuré en 1959 plus de I 1 millions de journées d'hospitalisation, tandis que les médecins chargés de l'Assistance médicale gratuite ont distribué plus de 12 millions de consultations. Des maladies comme la variole et le typhus ont pratiquement disparu ; le paludisme est en voie d'être jugulé.
En définitive, l'action médicale de la France a eu pour résultat d'abaisser le taux de mortalité générale à 1,5 %, tandis que celui de la natalité demeurait au niveau élevé de 4,5 %. Le taux annuel d'accroissement de la population musulmane varie de 2,5 à 3 celui de la population européenne étant de 1 %. Chaque année l'Algérie compte 280.000 habitants de plus, ce qui représente une ville comme Toulouse.
Compte tenu de l'inévitable inégalité de leur répartition, les ressources du pays croissent moins vite que sa population. Jadis, l'équilibre était assuré par une impitoyable sélection naturelle. L'action de nos médecins, de nos infirmières et de nos sages-femmes, les soins dispensés par les hôpitaux et les dispensaires qui s'adressent essentiellement à des indigents et dont les contribuables d'Algérie (2), c'est-à-dire surtout les Européens, assument l'entretien, ont abouti à une véritable rupture de cet équilibre biologique.
Les " hommes en blanc " ont fait leur devoir, qui était de lutter contre la maladie et la mort. Nous sommes orgueilleux des résultats obtenus, même s'il en résulte pour nous de nouveaux et graves problèmes.
Mais que du moins, les inflexibles censeurs qui prétendent nous juger ne nous reprochent pas d'avoir failli à notre mission et de l'avoir trop bien remplie.
Quant aux Européens d'Algérie ne les faisons ni meilleurs ni pires qu'ils sont. Ils sont des hommes, c'est-à-dire qu'il y a parmi eux de sombres crapules, d'ignobles profiteurs, des fainéants et des imbéciles, des héros, des génies et des saints, ce qui donne une moyenne d'honnêtes gens ressemblant comme des frères à ceux que l'on trouve sous toutes les latitudes.
Leur revenu annuel moyen est inférieur à celui des métropolitains. II existe en Algérie, comme en Métropole, mais dans une proportion moindre, des gens, colons ou non, qui sont très riches. Il existe aussi une majorité de fonctionnaires, commerçants, artisans, employés et ouvriers qui ici, comme ailleurs, peinent durement pour élever leurs enfants, accroître le confort de leur famille et vivre loyalement leur vie d'hommes.
Pourquoi leur reproche-t-on un égoïsme qui est celui du monde entier ? C'est à l'Etat qu'il appartient d'assurer une plus juste répartition des richesses, c'est-à-dire de remédier aux inégalités trop accusées.
Alors, soyons honnêtes. Avant de nous engager sur la longue route de l'avenir, la route qui n'a pas de fin, jetons un dernier regard sur le chemin parcouru. Nous sommes partis de rien. Où sommes-nous aujourd'hui parvenus ? Nous allons laisser à des visiteurs étrangers le soin de nous le dire.
" En survolant le littoral de Bône à Oran, ce fut d'abord la révélation d'une Algérie fertile et magnifiquement cultivée : les grands rectangles de vignobles alternant avec les champs de céréales et les cultures maraîchères, font du haut des airs un damier multicolore et ordonné propre à faire rêver un Suisse habitué aux propriétés minuscules et hétéroclites ". (François Faessler, vice-président du Conseil Communal du Locle, Suisse, président du Grand Conseil Neufchâtelois).
" Encore sous l'impression de certains articles de presse, où la malveillance le dispute au défaitisme, nous avons eu l'agréable surprise de trouver l'Algérie pays ordonné, organisé, voire pour l'Algérois, en réelle période de prospérité. L'étendue des régions mises en valeur, l'invraisemblable récupération de la Mitidja par des méthodes qui n'ont rien à voir avec celles d'un colonialisme abhorré, autorisent bel et bien ceux qui en sont les auteurs à se sentir chez eux ". (Adrien Fabre Bulle, vice-président du Conseil Communal de la Chaux de Fonds, Suisse, député).
" Moi, comme bourgmestre d'une ville des Pays-Bas, j'ai été très impressionné par les grandes oeuvres qui sont en voie d'être accomplies en Algérie et j'ai spécialement remarqué le sérieux effort de la France pour augmenter le bien-être de la population autochtone, les 'musulmans ". (Dr J. Heusdens, bourgmestre de Vlaardinger, Pays-Bas)....
" J'ai vu d'innombrables campagnes admirablement soignées, couvertes de céréales, de vignes, d'oliviers, orangers, citronniers, mandariniers et d'autres espèces fruitières nobles.
" J'a vu, à flanc de coteaux arides, la preuve d'un gigantesque effort de restauration des sols et de reboisement.
" J'ai vu un réseau routier magnifiquement entretenu...
"J'ai vu des villages, bourgs et petites villes de l'intérieur où, apparemment, la joie de vivre n'est pas bannie.
" J'ai vu des grandes cités en pleine extension, ne contenant plus qu'à grande peine une vie fourmillante ". (Henry Cravate, député, ancien ministre du Luxembourg, président international du Conseil des Communes d'Europe).
Ces déclarations ont été faites au mois de juin 1959.
(1) L'auteur emploie le terme " royaume " dans le sens de " contrée " qu'on lui donnait à l'époque. La Régence d'Alger que le Dey et les Bey d'Oran, de Constantine et du Titteri (Médéa) gouvernaient pour le compte du Sultan de Constantinople, n'avait aucune des caractéristiques d'un royaume, au sens politique du terme, c'est-à-dire d'un Etat.
(2) Depuis 1901 jusqu'à une date récente, le Budget de l'Algérie a été équilibré avec les seules ressources fiscales et parafiscales de l'Algérie elle-même.
L'aide du Budget de l'Etat n'est intervenu qu'à partir de 1946, en ce qui concerne les dépenses d'équipement (contribution du Fonds de progrès social au Budget extraordinaire) et de 1955 pour le Budget ordinaire (dépenses de fonctionnement).
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" BÔNE " REVERIES D'AUTOMNE
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Une pensée vole et s'envole avec aisance,
Vers le berceau de notre tendre enfance.
Bône apparaît lumineuse dans un rayon de soleil,
Et notre âme séduite dans un élan s'éveille.
Un rire d'enfant au loin résonne,
Alors notre cœur vibre aux parfums de l'automne.
Notre regard accompagne les promeneurs du Cours.
Mais toi mon âme éperdue, tu cours et tu cours,
Et tu te noies dans les méandres du passé.
Soudain, l'esprit te crie : " Assez : Assez ! ",
Et tu ne l'entends plus.
Tu préfères humer les senteurs des roses et des eucalyptus,
Et te bercer encore de la douce illusion
Que Bône peut dans une rouge fusion,
Te transporter au bord des plages d'or,
Et te donner à tout jamais dans un parfait accord
Entre ton cœur d'adulte et ton âme d'enfant,
Tous les plus grands bonheurs et rejets du néant.
Mais une nouvelle pensée vole et s'envole,
Une feuille pourpre d'automne tourbillonne,
Et la valse lente des doux visages de parents et d'amis,
T'entraîne éternellement dans un rêve bleu infini.
Marseille, le 17 septembre 2005
Avec toute mon amitié,
Colette LEVY
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LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
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1) Boumerdès
Un citoyen assassiné par le GSPC à Zemmouri
Par Madjid T.
La 24 (Edition du 13/9/2005) liberté-Algérie
Moins de cinq jours après l’assassinat d’un citoyen à Ouled Aïssa, dans la daïra de Naciria, les groupes terroristes du GSPC ont récidivé, avant-hier, à Zaâtra, localité relevant de Zemmouri, en tuant à coups de hache un père de famille après l’avoir kidnappé de son domicile à Ouled Ziane, relevant de la commune de Legata, 15 km à l’est de Boumerdès. Le groupe terroriste, composé de trois éléments armés, s’est présenté à 8h du matin au domicile de la victime situé à Ouled Ziane et l’ont obligée à les accompagner au lieu dit El-Kerrouche, près de Zaâtra, une bourgade située au sud entre Zemmouri et la commune de Legata. C’est là qu’ils ont commis leur abominable crime avant de prendre la fuite vers les monts boisés de Ouled Ali, au sud de Zemmouri. La victime répondant au nom de Z. Rabah, âgé de 61 ans, sera retrouvée quelques heures plus tard dans un champ, le corps complètement mutilé. Selon nos sources, ce citoyen était un commerçant exerçant dans le transport des voyageurs et a déjà fait l’objet de plusieurs menaces de mort par les groupes terroristes. Il y a quelques mois, ces mêmes groupes lui ont volé puis incendié un minibus qu’il venait juste d’acquérir. À quelques kilomètres de là, plus précisément à Si Mustapha, un entrepreneur kidnappé depuis trois jours par un groupe terroriste du GSPC, du côté de Timezrit, a été relâché, avant-hier, par ses ravisseurs. Ce citoyen aurait versé, selon nos sources, une forte somme d’argent pour sa libération. Un autre citoyen, un commerçant de Boumerdès, aurait été également “invité” dernièrement par les terroristes à leur verser une somme de 1 milliard de centimes, alors qu’un autre aurait été obligé de verser plus de 300 millions pour permettre la libération d’un parent kidnappé aux environs de Ammal.
NDLR: Achetez tant qu'il en reste d'occasion, sur chapitre.com, le R. Rostagny, intitulé "la grande Honte" 1954-1962 et vous verrez ce qui est décrit par le quotidien Liberté-Algérie ci- dessus en 2005, se dérouler dans toute l'Algérie française et 10 fois par page, au jour le jour. C'est la même histoire d'enlèvements, d'égorgements , de viols concernant tout autant les FSE que les FSNA, par les terroristes de l'époque et durant 8 ans.
(envoyé par Pierre Barisain)
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2) Le maire de Ammal assassiné par le Gspc
Actualité (Edition du 3/9/2005) Liberté Algérie
Par M. T.
Il est tombé dans un faux barrage dressé par le GSPC près de Boumerdès
Le groupe terroriste composé, selon plusieurs témoignages, de 40 à 50 éléments armés, a racketté d’abord pas moins de 30 automobilistes avant d’intercepter le véhicule du maire.
Le président de l’APC de la commune de Ammal, 20 km à l’est de Boumerdès, Khelladi Khaled, a été assassiné, avant-hier aux environs de 20h, dans un faux barrage dressé par un groupe terroriste au niveau de Tiza, localité montagneuse située à 4 km au sud du chef-lieu de la commune. Le groupe terroriste composé, selon plusieurs témoignages, de 40 à 50 éléments armés, a racketté d’abord pas moins de 30 automobilistes avant d’intercepter le véhicule du maire qui s’apprêtait, selon nos sources, à rejoindre le domicile de ses parents qui résident à Ouled Bensalah, non loin du village de Tiza.
Après avoir subi un interrogatoire qui aura duré moins de dix minutes, un des terroristes, probablement le chef du groupe, a pris son arme, un PA, et tira à bout portant sur le maire. Atteinte de 7 balles, la victime est morte sur le coup, alors que d’autres terroristes se sont chargés d’incendier son véhicule. Selon les mêmes témoignages, le groupe terroriste était en tenue des gendarmes pour éloigner tout soupçon. D’autres témoignages parlent d’un jeune ayant rejoint le maquis depuis deux jours seulement qui a été chargé par le groupe terroriste de tuer K. Khelladi. Plusieurs automobilistes rackettés et restés immobilisés sur les lieux ont assisté impuissants à ce lâche assassinat qui a mis en émoi la population de cette paisible commune. Alors que le corps de la victime a été transporté à l’hôpital de Thénia, les forces de sécurité se sont déployées sur les lieux. Un hélicoptère de l’ANP a survolé durant une heure la région. Mais aucune information n’a filtré, pour le moment, sur les résultats de cette opération de ratissage qui se poursuit toujours. À noter que le maire de Ammal d’obédience FLN était âgé de 58 ans et père de 13 enfants.../...
NDLR: Le FLN récolte ce qu'il a semé; la mèche qu'il a allumée n'est pas près de s'éteindre. Ali Chekkal et tous les élus FSNA égorgés parce que fidèles à la France, ont dû accueillir en silence, ce père de 13 enfants, de l'autre côté du Styx.
(envoyé par Pierre Barisain)
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3) Le téléphone portable : la nouvelle arme du GSPC
Actualité (Edition du 4/9/2005) Liberté-Algérie
Des attentats ont été perpétrés par ce moyen
Les terroristes utilisent des puces qu’ils achètent sans contrat chez des commerçants peu scrupuleux. Contactés, hier, les opérateurs ont confirmé l’existence de cette pratique et promettent d’y mettre fin.
Les terroristes du Gspc profitent de l’anarchie qui règne dans les circuits de commercialisation et de distribution des puces de téléphones portables pour fabriquer des bombes “intelligentes” comme celle qui a failli tuer, ce jeudi, le maire d’Ouled Aïssa et son frère. Selon des sources crédibles, c’est un paquet composé de 400 g de TNT emballés dans une boîte de jus et relayée à un téléphone portable de couleur orange qui a été découvert sous le véhicule du maire de Ouled Aïssa. Pour provoquer l’explosion, les terroristes appellent, tout simplement, le numéro correspondant à la puce et le tour est joué. C’est le même procédé qui a été utilisé par des terroristes, et qui a coûté la vie, il y a moins de trois semaines, à un policier et blessant grièvement sa femme au port de Zemmouri. Le même type de bombe qui a été découverte, il y a deux semaines, devant un café à Bordj Menaël désamorcée fort heureusement par les services de sécurité.
Ainsi, les terroristes ne trouvent aucune difficulté pour acquérir des puces de 1 000 et même de 300 DA auprès des magasins du coin, sans laisser d’adresse ni signer de contrat.
NDLR: En 1948, un film policier noir d'Anatol Litvak nous faisait entendre l'assassin prenant le téléphone tombé des mains de la victime, et prononçant d'une voix sinistre, le fameux: "Raccrochez...C'est une erreur !" ( Sorry, wrong number).
On n'arrête pas le progrès. A présent, c'est le téléphone lui-même avec sa puce, qui règle le problème. L'avenir est à la communication...au TNT. Quant à Barbara Stanwick, l'héroïne, elle a été rangée au rang des accessoires inutiles.
(envoyé par Pierre Barisain)
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4) L'Ontario refuse d'instaurer la charia et revient sur les tribunaux religieux
LEMONDE.FR 12.09.05
Ceci est un extrait d'article
L'Ontario n'autorise pas l'instauration de la charia, la loi islamique, pour régler des litiges familiaux. L'annonce a été accueillie, lundi 12 septembre, avec soulagement par des organisations féminines et inquiétude par des groupes religieux au Canada. Par ailleurs, l'Etat canadien a affirmé son intention d'interdire les tribunaux religieux existants.
DES IMAMS UTILISENT DEJÀ LA CHARIA
En revanche, Mohammed Elmsary, président du Congrès islamique canadien, juge que les autorités de l'Ontario ont "eu tort d'écouter la voix d'une petite minorité", estimant "qu'un arbitrage reconnu et réglementé vaut mieux qu'un arbitrage non reconnu et non réglementé (...). Ces médiations font partie de notre tissu social", a-t-il dit à l'AFP.
Le quotidien Globe and Mail notait lundi que des imams utilisent déjà la charia pour régler des différends familiaux et que cela continuerait vraisemblablement. Mais il n'est plus question que leurs décisions aient valeur de loi en Ontario. Et les autres religions vont être logées à la même enseigne.
(envoyé par Marc Mottet
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5) Double attentat à Collo 4 morts et 4 blessés
La 24 (Edition du 17/9/2005) Liberté-Algérie
Par Z. Réda
Bien que la situation sécuritaire se soit nettement améliorée ces derniers temps, il n’en demeure pas moins que des attentats terroristes meurtriers continuent, même de manière sporadique, à faire des victimes. C’est ainsi qu’hier aux premières heures de la journée de vendredi, au niveau du hameau de Sioune dépendant de la daïra d’Ouled Attia, des terroristes du GSPC, au nombre indéterminé, ont pris position sur la voie menant à cette agglomération où ils ont capturé puis assassiné deux bergers de passage.
(envoyé par Pierre Barisain)
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6) Corso (Boumerdès) Un poste transformateur de la Sonelgaz détruit par une bombe
(Edition du 17/9/2005) Liberté-Algérie
Par Madjid T..
Annaba
Un poste transformateur de la Sonelgaz, implanté sur la voie express dite “la route des Citronniers” dans la commune de Corso, a été détruit, hier, aux environs de 3h du matin par une bombe artisanale actionnée à distance. L’engin explosif a endommagé complètement cette installation électrique destinée à alimenter, en énergie électrique, les forages d’eau potable de la commune de Corso ainsi que l’éclairage public du tronçon routier, le chemin express reliant la RN 24 à la RN5. Les citoyens seront les premiers à payer les frais de cet acte de sabotage qui s’ajoute à celui commis, il y a un mois, à Tidjellabine où une unité de semoulerie employant plus de 120 travailleurs a été incendiée par les mêmes groupes terroristes. Du coup, ce sont plus de 400 familles, y compris les emplois indirects, toutes originaires de la région qui se sont retrouvées, à la veille de la rentrée scolaire et de Ramadhan, sans travail et sans aucune ressource. De nombreuses familles algériennes ont été, également, endeuillées la semaine dernière suite à des attentats meurtriers n’ayant épargné ni civils ni membres des forces de sécurité, notamment à l’est de Boumerdès.
(envoyé par Pierre Barisain)
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Poème à un Harki
Envoyé par Jean Louis Ventura
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Nous avons reçu ce texte émouvant d'une fille de Harki.Dommage qu'elle est restée anonyme. Un prénom ou un pseudo nous aurait suffit.Nous ne savons rien non plus des réactions et de l'écho médiatique qu'il a eu.
Poème où je parle de mon père et de son passé de harki.
Je l'ai lu à la journée du 25 septembre 2005 dans l'Aisne devant les anciens combattants d'Afrique du Nord, du député et diverses personnalités, ainsi que la presse locale. :
Toi le harki
En 54, tu avais 19 ans.
A 19 ans, on est encore un enfant.
Tu vivais dans ta belle Kabylie,
Pleins de rêves et d’envies.
Mais la guerre survint.
Cette guerre qu’on a dit « sans nom »,
Et qui emporta tes rêves d’enfant.
Ton frère a osé résister,
Le FLN l’a tué,
Voilà le prix à payer
Pour pouvoir rester libre.
A 19 ans, tu n’étais plus un enfant.
Tu t’es retrouvé adulte, contraint et forcé.
Venger cette mort
En pouvait-il être autrement ?
A 19 ans, tu n’étais plus un enfant.
On t’a appelé « harki »
Quel drôle de nom pour un soldat ?
Cela signifie « être en mouvement ».
Tu t’es battu fièrement et dignement
Près de tes frères d’armes
Défendant un drapeau
Que tu portes encore aujourd’hui bien haut.
Puis 62 est arrivé,
L’heure des comptes avait sonné
Il a fallu, contraint et forcé
Se décider et tout quitter.
Adieu oliviers, montagnes et figuiers !
« Adieu mon Algérie », tu disais.
Ils ont tué ton père lâchement
Pour se venger de toi,
72 ans il avait.
A 19 ans, tu n’étais plus un enfant.
Et puis la France.
Tout reconstruire là-bas.
Terre nouvelle et méconnue
Où tu as su
Trouver ta place.
Nous sommes nés
Sans jamais oublier notre passé.
Mémoire intégration, respect des autres,
Sont des mots qui te sont chers.
25 septembre 2005
Nous te rendons hommage
Toi le harki.
Tes 19 ans sont bien loin
Tu as 70 ans et pourtant
Le passé t’a rattrapé.
Mais aujourd’hui nous sommes là,
Pour veiller sur toi.
Toi le harki toujours en mouvement
Tu es bien vivant.
Sache en tout cas
Que nous sommes fiers de toi
Et surtout
Que la relève est là.
Nous n’oublierons pas
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Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis
Décès de Colette FORGUE née FADDA
Nous avons appris avec une grande tristesse le décès, survenu le 21 juillet, de Colette FORGUE, fille d'André FADDA, ancien Maire de Bône, Président du Conseil général, Délégué à l'Assemblée algérienne, Membre de l'Assemblée de l'Union Française, et épouse du Docteur Guy FORGUE, Pédiatre, lui aussi bônois, qui, après avoir accompli son devoir en Algérie, exerça dans notre ville.
Après des études de Lettres à la Faculté d'Alger, elle a, très jeune, enseigné le Français et le Latin d'abord au Lycée de Ben Aknoun, dans des conditions difficiles, puis au Lycée Mercier et enfin dans un lycée de la région parisienne où elle enseigna pendant près de trente ans. Elle vivait à Paris auprès de son mari et non loin de sa fille, de son gendre et de ses petits - enfants qui lui donnaient les plus grandes satisfactions. Elle restait très attachée à sa ville natale ; son avis de décès paru dans la presse, spécifiait d'ailleurs, de façon émouvante : "Elle n'aura jamais oublié Bône sa ville natale".
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MÉMOIRE DE NOTRE TEMPS présente
EN SOUSCRIPTION jusqu'au 31 octobre 2005
Pour la première fois sont réunies dans un ouvrage de 234 pages (format 17 x 24 cm), les armoiries des communes de l'Algérie française avec leur évolution au cours des 130 ans de présence française. Chaque blason communal fait l'objet d'une notice détaillée incluant le dessin, la description héraldique ainsi qu'un commentaire explicatif visant à en déterminer l'origine et la signification. Dans une seconde partie, des planches en couleur reproduisent l'ensemble des blasons (une centaine d'écus en couleur). Le lecteur est guidé par une introduction approfondie présentant l'héraldique algérienne, ainsi que par un lexique détaillé des termes héraldiques. Rédigé dans un style clair et accessible, cet ouvrage apporte une contribution originale inédite à l'histoire de ce beau pays.
Prix de souscription : 35 euros (39 euros après parution).
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LES AUTEURS
* Nicolas VERNOT, né à Vesoul en 1975, est enseignant et chargé de cours en histoire moderne à l'université. Il se consacre depuis plusieurs années à l'étude des armoiries et, plus généralement, des symboles : les liens entretenus entre emblèmes, politique et religion constituent un de ses champs de recherche privilégié. La qualité de ses travaux lui a valu de participer à plusieurs colloques internationaux et de publier dans plusieurs revues scientifiques.
* Jean-Paul FERNON, né à Oran en 1942, professeur d'histoire en retraite, est passionné d'héraldique depuis plus de 30 ans. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de référence dont :"Blasons des communes du Loir-et-Cher", "Armorial du Vendômois"(avec le concours de Christain Léger), "Le blason, votre logo héréditaire" et un "Dictionnaire d'héraldique" (à paraître). En collaboration avec Didier Catarina, il a également publié à nos éditions un "Armorial des Communes de l'Hérault"
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BON DE SOUSCRIPTION
NOM et Prénom : ……………………………………………………………………………………………………..
demeurant : ……………………………………………………………………………………………………………
code postal : ……………. Ville : ……………………………………………………………………………………
commande ……(nombre) Armorial des communes de l'Algérie française au prix de 35 euros l'unité plus 4,50 euros de frais d'envoi (plus 4 euros , si recommandé) et règle la somme de ……………. euros par chèque à l'ordre de MÉMOIRE DE NOTRE TEMPS (Parc du Belvédère, Bât. F1, avenue Marius Carrieu - 34080 MONTPELLIER), qui vous remercie.
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COMMUNIQUE
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REUNION D'INFORMATION
Le SAMEDI 8 OCTOBRE 2005 à 9 H 30
MAISON DES RAPATRIES
MAS DREVON - MONTPELLIER
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ORDRE DU JOUR
1- ARTICLE 12 DE LA LOI DU 23 JANVIER 2005 ( Dossiers en cours pour la restitution des sommes indûment perçues au titre de l'article 46 de la loi du 15 Juillet 1970)
2- INDEMNISATION ( Actions à mener pour continuer le combat pour une revalorisation, justice due à tous les spoliés de la politique d'abandon violant la Constitution, l'Article 17 des droits de l'homme et le code civil de la République Française dans son Article 545.)
3- MÉMOIRE (Devant les attaques et déclarations scandaleuses allant crescendo, actions à mener pour le rétablissement de la vérité historique et du droit de réponse qui nous est systématiquement refusé).
Seules notre détermination, notre cohésion et notre solidarité nous permettront de vaincre cette iniquité dont nous sommes les victimes depuis plus de quarante trois ans maintenant et votre présence à cette réunion est non seulement souhaitée mais indispensable pour ceux qui, bénévolement, se battent tous les jours pour vous et viennent d'obtenir un résultat concret qui reste, bien sur, à améliorer, mais surtout à surveiller dans son application.
Alors ce petit effort ponctuel de présence, ce jour là, n'est pas trop vous demander ! Notez le sur votre Agenda et libérez vous ce jour là ! D'avance, merci.
Le Président - Alain ALGUDO
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MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De Mme Geneviève Brandy
je suis une rescapée d'El Halia, famille Brandy (désignée dans un des articles).
J'ai perdu mon père, ma mère et mon frère ainé.
J'aimerai connaitre d'autres personnes qui ont survécu au massacre du 20 aout 1955.
Cordialement Geneviève Brandy
Adresse : Genevieve.Brandy@justice.fr
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De Mme Rita Picault
Je viens de me replonger dans le passé de quelques années...
Je suis née à Bône en 1953. Mon père Picault Albert était militaire de carrière, il a été très grièvement bléssé à bout portant à la ferme Degoul pendant les événements d'Algérie en 1959, il en est décédé.
J'ai habité rue Gambetta, j'étais une toute petite fille mais j'ai beaucoup de souvenirs en tête.
J'ai été très émue de voir des cartes postales de Bône et j'aimerai beaucoup, retrouver des photos de mon école, de la petite école qui s'appelait à l'époque "Marché aux Blés".
Mes grands-parents n'étaient pas trop loin de cette école.
Mes grands-parents Portelli Augustin (Maltais). Mon grand-pére est enterré au cimetière de Bône avec d'autres de la famille.
Merci. Rita
Adresse : jmbabou@tiscali.fr
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De Mme Dani Scaf
Bonjour, Votre site est très sympa,
J 'en profite pour y lancer une recherche
La famille de mon père habitait Bône, mon Grand-Père Mr CURMI tenait une épicerie
je recherche un monsieur SIDI Lucien (je ne suis par sure de l'orthographe) qui était facteur sur Bône.
En espérant avoir des renseignements de la part d'une personne qui aurait connue ces familles...
cordialement. DS
Adresse : DaniScaf@tele2.fr
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De Mme Denise Eulo
Bonjour je recherche des photos de classe de CE2 / CM1 / CM2 l' année 1945 à 1948 se situant a bone / l' école marché au blé
Merci pour votre dévouement.
Mme EULO Denise
Adresse : mazzella.patrick@free.fr
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
Chers amis
Le collectif Guelmois vous invite à visiter son site sur la nouvelle adresse
Vous retrouverez votre site sur la page des sites Pieds-Noirs des Pyrennées Orientales, avec Bône et Palikao à l'adresse suivante :
http://www.piednoir.net
Pour le collectif GUELMA FRANCE, le webmaster
gilles martinez
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le site de Bône de notre ami Jean Louis Ventura a été mis à jour
partie retrouvailles le toit collectif bônois
la marine en Algerie ajout de photos de monsieur Bonhomme son père a fait son service militaire a Bône
http://perso.wanadoo.fr/jlvbone/
Une visite à réserver.
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J'ai l'honneur de vous informer que : RADIO PIEDS-NOIRS INTERNNATIONALE , diffuse de la musique de chez-nous sûr : Pour écouter toute la musique P.N et émission sur Santa-Cruz 40 mn sélection N° 004
www.radiorpni.com
Pour voir Télévision-Pieds-Noirs : un petit clip vous est proposé, pour vos Enfants et le Pèlerinage de l'Oranie.
www.television-pieds-noirs.com
téléphone: 03 80 51 36 33 et 06 71 45 63 01
Amitiés à tous.
Jean Pierre ERNST ---- ADRESSE : jpernst@wanadoo.fr
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Bonjour, vous connaissez probablement déjà « Google earth » qui permet de voir le monde entier depuis les satellites. Sinon il est facile de l’installer en cliquant sur le lien :
http://earth.google.com.
Il faut, bien sur avoir l’ADSL.
Les régions situées près des grandes villes montrent plus de détails mais la vue de Bône est déjà intéressante.
André Lacroix
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bonjour, un site de vieux livres et vieux papiers vient de se créer.
Le theme sur l'Algèrie semble interessant
Je vous le communique http://www.papivores.com
Cordialement Olivier Travers
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Bonjour, merci pour ce site riche en Histoire, venant moi-même de Annaba (Ex. bône)
Je découvre que Pied-noir et habitants actuel de la ville l'aiment cette ville.
J'ai aussi un site sur le ville de Annaba, avec un nouvelle rubrique annaba photos, avec des photos très récente qui date de cet été.
Je vous souhaite un très bonne visite.
http://annaba-photos.el-annabi.com
Cordialement, El-annabi
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CULTURE D'ENTREPRISE
Envoyé par M. Marc Spina
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Mettez 20 chimpanzés dans une chambre, accrochez une banane au plafond et mettez une échelle permettant d'accéder à la banane.
Assurez-vous qu'il n'y a pas un autre moyen d'attraper la banane que d'utiliser l'échelle et mettez en place un système qui fait tomber de l'eau très glacée dans toute la chambre dès qu'on commence à escalader l'échelle.
Ainsi, lorsqu'un chimpanzé essaie de grimper à l'échelle, tous les chimpanzés reçoivent une douche glacée. Les chimpanzés apprennent vite qu'il ne faut pas escalader l'échelle.
Arrêtez alors le système d'eau glacée, de sorte que l'escalade n'a plus son effet de gel. Maintenant, remplacez un des 20 chimpanzés par un nouveau.
Ce dernier, évidemment, va essayer d'escalader l'échelle et, sans comprendre pourquoi, il se fera tabasser par les autres. (Eux savent quelque chose que lui ne sait pas.)
Remplacez encore un des vieux chimpanzés par un nouveau.
Ce dernier se fera encore tabasser, et c'est celui qui a été introduit juste avant lui qui tapera le plus fort. Continuez la leçon jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des nouveaux. Alors aucun ne cherchera à escalader l'échelle, et si jamais il y en a un qui pour une raison quelconque ose y penser, il se fera massacrer illico par les autres.
Le pire, c'est qu'aucun des chimpanzés n'a maintenant la moindre idée de la raison pour laquelle il ne faut pas monter sur l'échelle.
C'est ainsi que naît et fonctionne la "culture d'entreprise".
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