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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
COMME EN 40.... Le Mal Chronique
Chers Amis
Lorsqu'une malédiction est jetée sur une communauté, doit-on l'accepter comme un mal inéluctable ? Faut-il renoncer à la combattre par crainte d'une aggravation ? Ou au contraire s'armer de courage et de patience pour faire reconnaître simplement notre droit ?
Telles sont les questions qu'il est juste de se poser après le vote de la dernière loi discriminatoire sur les rapatriés.
La Loi n° 1994 qui, à l'origine, avait pour vocation (entre autres) d'indemniser les plus modestes parmi les rapatriés d'Algérie, a en fait été rédigée de manière à spolier une grande majorité d'entre nous, puisque que les bénéficiaires doivent répondre aux conditions racistes de la Loi 87-549, de la loi n° 94-488 et du Décret n° 2003-167. Cette loi ne propose que des mesures assorties de conditions d'application à caractère racial et xénophobe, notre communauté ne saurait l'accepter tant que ne sera pas supprimée toute connotation ethnique ou raciale du champ d'application de cette Loi.
Selon ses concepteurs, cette loi issue d'un travail titanesque est une œuvre considérable voulue par le 1er sinistre et surtout par le roi Jacquot 1er dit Union Jack.
En guise d'œuvre, nous avons eu de tristes débats entre les navettes parlementaires et surtout celui du 10 février 2005 OÙ une trentaine de députés étaient présents pour parachever cette " œuvre considérable." Il serait plus honnête de dire " achever " ou " tuer, massacrer ".
Eh oui, cette loi a été achevée sans débat, à coups de grâce d'Article 40.
C'est l'article inventé par De Gaulle. Je pense qu'il l'avait déjà testé un certain 17 juin 1940 en s'enfuyant en Angleterre, en coupant court à toute discussion et à partir de là c'est devenu l'Article 40, l'article de la fuite en avant. L'article que tous les gouvernements de la 5ème république ont utilisé pour ne pas affronter les réalités ; pour tuer dans l'œuf tout droit fondé.
C'est un article à faire voter des lois à la chaîne. C'est devenu impératif pour tous ces gouvernants, faire voter le plus de lois possibles pendant leur mandat. Oui mais, des lois en majorité, injustes, inutiles, contraires à la constitution, aux droits des hommes et à la volonté du peuple. Et maintenant nous avons droit à une loi discriminatoire, la loi contre les Pieds-Noirs. La malédiction gaullienne continue contre notre communauté.
Ce qui est regrettable, c'est que cette malédiction gaullienne est acceptée par une fange importante de notre communauté représentée par des associations, à la solde des pouvoirs, qui veulent nous faire croire que c'est irréversible. Cette malédiction est ignorée dédaigneusement par le bon peuple de France, celui des 80% du roi Jacquot 1er, le même que celui de Charlot 1er.
C'est un mal chronique qui s'éteindra avec le dernier Pieds-Noirs, pensent-ils ! NON, ce mal est en train de se cancériser à toutes les autres communautés régionales issues des provinces françaises.
Comme les Corse " Corses d'abord ", nous devons crier " Pieds-Noirs d'abord " c'est notre slogan pour mourir en paix avec soi-même.
Cette France qui continue à nous rejeter, qui est devenue une province algérienne. OUI, oui, oui, regardez vos passeports : vous verrez où vous êtes nés : à Alger, Oran, Bône etc…, France (DZA) ce qui est clair et net. (DZA = Djézaïr).
Vous n'êtes pas français, vous êtes algériens (sans double nationalité, ce qui est regrettable), et lorsque vous rencontrez quelqu'un qui se dit français, dites-lui " Non M. ou Mme, bienvenue dans mon pays, choisissez la valise ou la nationalité France-algérienne ", en lui montrant votre passeport pour qu'il comprenne ce qui l'attend en France-algérienne.
Jacquot 1er, tueur de constitution initiale européenne, après avoir cédé la France au Sud, il l'offre en 2ème hypothèque à l'Est. Est coté Bosphore.
Le peuple français s'achète, se vend et se revend comme en l'an 40, comme avec l'article 40.
Puisque nous ne sommes pas considérés comme des Français, ce négoce ne nous concerne plus. Eh bien, notre communauté, doit dés maintenant dire NON, toujours NON à tous les projets de Jacquot 1er et de ses successeurs car ils sont tous à mettre dans le même panier. Le panier à crabes, pas celui à Matsagounes car ils les empoisonneraient.
Nous avons encore….droit à un bulletin de vote, utilisons-le pour combattre cette malédiction. Il reste encore des énergies pour animer nos forces et nous libérerons peut-être nos descendances de cette malédiction jetée sur nous par un certain Charlot 1er des deux mosquées en 1942.
Merci à tous Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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Béziers An 43 après l'ethnocide Pied-Noir.
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C'est une journée de Mars, comme il n'y en a que chez nous, dans notre Pays ;
Un soleil magnifique, avec juste ce petit vent frais venu de la mer, que nous connaissions tous.
L'on pouvait supporter une petite laine, ou un gilet.
Encore que, en matière de gilet, le modèle par balles, eut été d'avantage de circonstance.
La foule Algéroise venue de tous les quartiers, et rues de la ville converge vers une seule et même destination :
Bâb-el-Oued.
Gros bourg, d'Alger, qui est assiégé depuis quelques jours déjà.
Mitraillé par l'aviation, pilonné par les chars et autos-mitrailleuses ; affamée par l'armée à la solde du pouvoir.
Le principal point de convergence, pour ce rendre à destination, est pour ceux, habitants Belcours, le Ruisseau, et autre Hamma, nous dirons les quartiers Est de la ville, se trouve être la Grande Poste, puis le début de la rue d'Isly, et en parallèle le boulevard Bugeaud, lui-même aboutissant près de l'hôtel Aletti.
Quatre vingt pour cent des manifestants, se devaient d'emprunter, l'entonnoir de la grande poste, et par-là même le tout début de la rue d'Isly.
Pourquoi un entonnoir, vous allez comprendre pourquoi, un peu plus loin.
Personnellement, j'arrive du champs de manœuvre, et après avoir descendu la côte de Mustapha, remonté celle de l'Agha, je débouche au carrefour du boulevard Baudin, rue Charras, et sur ma droite, la rampe Chasseriau, l'immeuble " Maurétania " et l'accès à la route moutonnière.
Je continue donc en direction de la grande poste, en empruntant le dit boulevard Baudin, et à la hauteur du commissariat central, un barrage de C R S.
Depuis notre départ, c'est le premier que nous voyions.
Pour une manifestation, rigoureusement interdite, par les autorités, civiles et militaires, c'est tout de même un peu étonnant, voir bizarre.
Je pense, que cela aurait dû nous alerter ; seulement, tellement habitué, à ces revers de situation, de dernière minute, que cela ne nous parait pas suspect, outre mesure.
Au passage de la foule, aucune résistance de la part des " soldats du maintien de l'ordre ", ils s'écartent, et nous laissent passer.
Ce ne sont certainement pas, les nombreuses femmes, accompagnés de leurs enfants, et les personnes âgées, qui occasionnent chez eux, cet élan de générosité, habitués, qu'ils sont à leur cogner dessus, en toutes circonstances.
Les manifestants, armés de couffins, remplis de nourriture, comme il le leur avait été demandé par les organisateurs, à savoir L'O A S, forts de la bonne action qu'ils s'étaient donnés d'accomplir, y ont peut-être cru ;
A cette mansuétude inopinée.
Car cela ne s'est pas assez dit, le but, était d'amener des provisions, à des femmes et surtout des enfants, qui n'avaient plus rien à manger, leur quartier étant hermétiquement bouclé, et fermé depuis de longs jours.
Pour ce faire, nous n'avons pas de chef spirituel à suivre, tel Moïse conduisant le peuple juif, à la mer rouge.
Nous suivons, nous, le panier qui nous accompagne.
Garnis, pour la majorité :
De boites de sardines, ou de pâté, du riz, du café, du sucre ; bref des produits de premières nécessité, pour des gens qui manquent de tout.
Sans oublier pour certain, la petite bouteille d'anisette.
Cette manifestation, contrairement, à tout ce qui a été dit ou raconté, par des médias, toujours à la pointe de la désinformation, ne présente aucun caractère subversif, encore moins politique.
Elle est pour nous, ce que nous avons décidé qu'elle serait ;
" La marche du couffin ".
Je passe tout à fait tranquillement ce barrage, dit " filtrant " ; accompagné de mon père, mon frère, et d'une petite dactylo, travaillant dans la même boîte que moi ;
Que je viens de retrouver au milieu de tout le monde.
La grande poste est en vue, nous remontons le petit square, et nous arrivons au milieu du carrefour, puis nous nous engageons tout naturellement vers le début de la rue d'Isly.
Et là, un autre barrage.
Celui là, n'est pas habituel il est bizarre.
Disposé au travers du début de la rue, six à huit hommes, tout au plus, espacé de quelques mètres les uns des autres.
Pour la bonne compréhension, des évènements qui suivent, nous dirons, qu'ils sont plutôt placés vers le carrefour, qu'à l'entrée de la rue.
Par conséquent, assez loin de tous abris, et d'entrées d'immeubles.
Les regardant, je m'étonne, tellement que j'en fais aussitôt la remarque à la petite jeune fille qui m'accompagne.
Mon père et mon frère, parti devant moi, se sont dispersés, dans la foule.
Plusieurs détails, retiennent mon attention :
Ils ne portent pas de casques, ils sont coiffés d'espèces de calots kaki, avec inscrit grossièrement, sans doute à l'aide d'un stylo à bille, ou autres, le sigle : w 4, ou w 3.
Traduisez comme moi, willaya 3, ou willaya 4.
Je sors de cinq années d'armées, dont quatre et demi, de zone opérationnelle, je commence à connaître un peu le problème.
Par ailleurs, dernier détail, et pas des moindres, au lieu de bons vieux fusils, destinés, lorsque l'on le prend à deux mains et par le travers, à faire barrage aux gens que l'on veut arrêter.
Ces vaillants guerriers, eux sont équipés de pistolets mitrailleur M A T 49 ;
Traduisez :
Manufacture d'armes de Tulle.
Tulle, étant situé dans la Corrèze, et la Corrèze, en France.
Par conséquent, aucune corrélation avec M. Kalachnikov.
Vous en déduisez ce que vous voulez.
Je me dis, moi ; que les porteurs de valises, genre intellos du spectacle, et autres aficionados de la muleta ont rempli leurs missions avec un zèle qui n'appartient qu'à eux.
Cette parenthèse, étant refermée, c'est la réflexion, que je fais à ma petite compagne :
-- Tu as vu, la culasse du PM est engagée, il suffit d'un faux mouvement, pour que la rafale parte, il pourrait y avoir un accident…..
Tu parles d'un faux mouvement accidentel, il est quatorze heures cinquante, les maladresses fellaghas commencent.
Car il s'agit bien de fellaghas…
Alors, qui les a mis là.
Sans doute des éléments infiltrés, au nez et à la barbouze du pouvoir ?
-- Ca sent le piège dis-je à la petite jeune fille.
Avec le recul, on peut imaginer le processus élaboré ; les conseillers en stratégie d'élimination, ont dû phosphorer assez fort.
Un petit parfum de solution finale.
L'on interdit formellement la manifestation, par voix de presse, de radio, et même de télévision, mais comme on commence à connaître le Pied-Noir, pour le pratiquer, depuis déjà quelques années ; on sait parfaitement qu'en disant non ;
Il interprète oui.
A partir de ce constat, il est facile d'imaginer la suite des évènements.
On place quelques barrages, aux soi-disant points stratégiques, dans le but d'alimenter les colonnes de journaux, qui sortiront le lendemain, manière de se dédouaner ;
Le moteur principal, pour ces chers métropolitains, sans lequel, ils ne peuvent avoir d'opinions, est en marche, on prépare déjà les conditionnés de demain.
Seulement, au lieu de refouler les gens, comme ils savent si bien faire, ils les laissent pénétrer, pour la plus grande partie, vers ce fameux entonnoir de la grande poste.
La nasse est ouverte.
Il ne sera pas utile de la refermer, tous les poissons entrants ne pourront ressortir.
Par ailleurs, le lieu de l'embuscade, soigneusement choisi, présente de sérieux avantages.
1) Il est situé pratiquement au centre d'Alger.
Proximité de nombreux médias, journaux et autres, et là, comme par hasard, une concentration de photographes et de journalistes disséminés dans les quelques brasseries restées ouvertes ; ils attendent.
J'en suis certain, ils sont informés, de ce qui va se passer.
Je les ai vu, avant, et après le déclenchement des festivités.
Voilà pour l'implantation psychologique de l'évènement.
2) Il va falloir témoigner, sur le manque de sang-froid, la fatigue de ces fameux tirailleurs déplacés de zone opérationnelle.
On se demande encore lesquelles, étant donné que huit jour avant, la France signait de ses deux mains, une capitulation, sans condition aucune.
A partir de cette date chère aux combattants de la FNACA ; les enlèvements, les crimes, les massacres d'européens, et de harkis dévoués à cette France bradée, se sont multipliés à la puissance cent.
Le centre ville présentait un impact publicitaire et psychologique important.
On transportait ; et concentrait tout d'un coup, toute la violence avec laquelle nous coexistions depuis de nombreuses années, en un seul point, un même jour, et à l'heure dite.
Et cerise sur le gâteau, on faisait assassiner officiellement des Algérois par cette armée, longtemps aimée, et soutenue par ces fumiers de Pieds-Noirs, comme se plaisait à les nommer Charles le grand.
Imaginez, le centre d'Alger mitraillé par l'armée Française, des dizaines, et des dizaines de manifestants, fauchés, abattus, par les rafales de tirailleurs affolés.
Il faut frapper un grand coup, montrer à ces récalcitrants, que les accords d'Evian, signifient bien la défaite, et la capitulation de la France.
La France ayant abandonné, toutes ses possessions, il faut que les habitants de ces " colonies ", sachent une fois pour toute, qu'ils ne sont plus rien,
Qu'ils ne sont plus chez eux, il faut qu'ils abandonnent tout ce qu'ils ont, qu'ils se mettent dans la tête, que plus personne ne les protège, au contraire, ils sont et seront livrés officiellement, et par décret, à la vindicte populaire, et révolutionnaire du FLN , et des tueurs, là, j'aurais pus économiser un mot.
Il faut marquer les esprits, mais pour cela, nous devons frapper la chair, les corps, alors, il faut tuer, dans la mesure du possible accidentellement.
Et un maximum.
Alors, sniper barbouzes sur les terrasses…Accident
Gardes républicains, en poste derrière les fenêtres avec fusils mitrailleurs….Accident
Fellaghas infiltrés massacrant des civils hommes femmes enfants, vieux, médecins, religieux, et même les chiens…..Accidents
Aujourd'hui on appellerait cela…..Bavures
Il faut dynamiter la volonté, et l'énergie, pour que ne subsistent que le désespoir, et la peur.
Lorsque ces sentiments s'installent, il ne reste plus que la fuite, c'est le but recherché ;
Ils devaient nous casser..
Reconnaissons, que c'était bien vu, et ils y sont, parvenus.
Par ailleurs aux endroits précis où ils déclenchent la fusillade, s'ensuit une confusion la plus totale.
Qui a vu qui, qui a vu quoi, difficile à dire, tous les témoignages vrais, sont à mettre sur le compte de l'affolement, la peur, et la panique.
Par contre tous les vrais faux témoignages, arrivent directement dans toutes les rédactions, des journaux, ceux qui ne sont lus, que par une France toujours bienveillante à nôtre égard.
Et n'ayons pas peur des mots, bienveillance, que nous retrouvons encore de nos jours.
Troisième volet de ce choix stratégique, les assassins, ouvrent le feu, au moment où la foule est concentrée au milieu du carrefour, loin de toutes entrées d'immeubles, ou d'abris potentiels.
Nous avons parlé, de l'action psychologique, de la géographie des lieux, de l'implantation, des exécuteurs, et non des exécutants, il est temps à présent de parler de l'action proprement dite.
Il est quatorze heures cinquante la foule des sois-disant manifestants, est concentrée au maximum, au centre de ce carrefour.
Les fellaghas, composant le barrage cité, se trouvent à présent, au milieu du peuple Algérois, et plus personne ne se soucie le moins du monde de leur présence.
La stratégie est bien calculée, mis en confiance, par leur passivité, personne à cet instant précis, ne peut imaginer la suite des évènements.
C'est à ce moment précis, que j'arrive, à la hauteur d'un des " fameux tirailleurs affolés ", et que je fais la remarque citée avant, à ma petite collègue.
Nous faisons, elle et moi un ou deux pas en avant, pour les dépasser..
Soudain, c'est le crépitement des pistolets mitrailleurs.
Ma première idée, avant de me retourner, est qu'ils se mettent à tirer en l'air, pour essayer de disperser la foule.
Je dois vite me rendre à l'évidence, ils ne tirent pas au-dessus des gens, mais sur les gens, qui viennent de s'emmancher dans la rue d'Isly et qui leur tournent le dos.
Ben voyons, où serait la jouissance…
Je me jette immédiatement à terre, je ne vois plus la petite jeune fille, qui m'accompagnait, des hommes, des femmes s'écroulent autour de moi, fauchés par les rafales.
J'entends tirer, et je vois tirer.
Je dois être couché à un mètre cinquante d'un des tireurs, tellement près, que je reçois pratiquement sur la tête, une giclée de douilles, vides, s'échappant de la fenêtre d'éjection de son arme.
Je pense que je dois, à cette situation, de pouvoir raconter, ce que vous lisez aujourd'hui.
Très occupés, qu'ils sont à faucher un maximum de Pieds-Noirs, autour d'eux, ils ne pensent pas immédiatement à baisser leurs armes vers le sol.
Achever ceux qui avaient eu la présence d'esprit de s'allonger à terre, immédiatement.
Rassurez-vous, ils devaient vite corriger leur erreur.
Les vivants, rampent sur les morts, pour essayer d'atteindre au plus tôt, un abri potentiel, ou une entrée d'immeuble.
Qui, à ce moment là, se soucient, de qui est vivant, qui est mort, il faut fuir, pour échapper aux tirs assassins des ces " fellaghas mandatés "
Je suis resté, près de dix minutes sans bouger, à voir des innocents, se faire massacrer.
Et l'on voudrait, que j'oublie ça.
Profitant, d'un petit moment d'accalmie, je réussis, en plongeant sur un tas de cadavres, à atteindre, la première entrée d'immeuble à ma portée, qui devait être celle de l'agence havas, ou du moins ses bureaux.
Abrité, par un vantail métallique de portail, je vois !!
Entre autres, des femmes poursuivies, jusque devant la devanture d'un magasin avant d'être abattues, et pratiquement coupée en deux d'une rafale tirée à bout portant par un " tirailleur affolé, et fatigué ".
J'en ai vu d'autres, baisser leurs armes, pour consciencieusement, tuer pour la deuxième ou troisième fois, ceux qui étaient déjà morts au premier service.
Je les vois achever les blessés, qui hurlent de peur et de douleur, qu'ils soient femmes, enfants, vieux tous doivent y passer, ce sont les ORDRES…
Ce 26 Mars 1962 est une exécution planifiée, programmée, et exécutée suivant un processus bien défini.
Comme le sera plus tard, le massacre des européens le 5 Juillet à Oran, au vu et au su de l'armée Française, restée passivement l'arme au pied alors que se perpétrait devant eux le crime le plus abominable, le massacre des innocents.
Livrés en pâture à des chiens enragés, assoiffés de sangs, et de crimes gratuits.
Le général, ses valets, et la France frappaient un grand coup,
Non seulement il bradait ; non le mot est faible, il ne bradait pas, il donnait, nous faisant tout abandonner, en plus, et en prime, il offrait la chair et le sang d'une ethnie, qui avait eu l'impudence, et l'imprudence de lui tenir tête.
Tenir tête au " sauveur de l'humanité ", il fallait le faire.
Ils sont fous ces Pieds-Noirs.
Par conséquent, ce 26 Mars 1962, n'a jamais été le fait, de circonstances accidentelles et malheureuses, mais bel et bien une opération programmée, et planifiée, dans ces moindres détails, pour finir de nous déstabiliser, et nous forcer s'il en était encore possible, d'abandonner notre Pays.
Des balles Françaises, tirées par des armes Françaises, et tenues par des " Français ", la logique Gaullienne est respectée.
" Celui qui vit par, et pour le passé, ne peut avoir d'avenir "
C'est juste, je n'ai dans ce pays jamais eu d'avenir, on me l'a toujours refusé, le seul qui me désespère, est celui de me faire enterrer dans une terre, qui m'a toujours rejeté, et surtout qui n'est pas la mienne.
Yves Remy .
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Le 25 mars ayez une pensée profonde pour toutes ces victimes innocentes assassinées par des Français avec à leur tête l'exterminateur N°1 : Charles De Gaulle
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Souvenirs
Marc Antoine CIANFARANI Paru dans Trait d'union N° 48, décembre 2000
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
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Que sont-ils devenus nos soleils d'autrefois
Et ce ciel qui réglait nos vies de chaque jour,
Et ces simples bonheurs et ces peines parfois
Et ce chant qui montait, au matin, des labours...
Que sont-ils devenus les toits de nos maisons
Et ces décors heureux qui berçaient notre enfance,
Que sont-ils devenus nos rêves d'espérance
Et ces joies que rythmait le cycle des saisons ?
Que sont-ils devenus ces morts abandonnés
Aux champs du grand repos envahis d'herbes folles,
Sans le moindre regard qui prie ou qui console
Sans la douce habitude qu'on leur avait donnée ?
Que sont-ils devenus nos rivages lointains
Où le sable d'or fin jouait avec la mer,
Que les bateaux quittaient aux lendemains amers
Pour ne plus retrouver des après incertains ?
Nous avons tout perdu de peur que tout ne meure...
Les souvenirs parfois viennent nous rappeler
Qu'il est un temps pour tout, un temps pour que l'on pleure,
Un temps pour ressurgir des chemins désolés...
Si nos coeurs ont guéri des vieilles meurtrissures,
Nous vivrons à nouveau pour la seconde fois,
Et le Temps qui s'en va en fermant nos blessures
Ne peut pas m'empêcher d'y penser quelquefois ...
car c'était mon pays ...
Marc Antoine CIANFARANI
(Batna - Verrières le Buisson)
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AUGU, BENGUECHE, CHICHETTE, PARIS-SOIR ……et THIERS
Parodie bônoise de la partie de cartes de PAGNOL
Préambule à la partie de cartes
La statue THIERS du Cours Bertagna perdait toute sa solennité les jours de pluie lorsqu'on la regardait de la troisième arcade du Palais Calvin, au niveau de la devanture du magasin du photographe Roblédo. Son index à hauteur du bas-ventre ressemblait à un appareil génito-urinaire atteint d'une incontinence à haut débit. Notre Adolphe THIERS pouvait être comparé au Manneken-Pis de Bruxelles mais en plus vieux et plus habillé. Ecoutons Benguèche parler :
Et si par malheur te va à côté à Roblédo, son doigt, surtout quand y tombe de l'eau, y te fait un vilain geste, une attentade à la pudeur
Ainsi, pour les Bônois, l'austère statue était devenue un sujet de rigolades connu dans toute l'Algérie et même à Marseille. Aussi, les touristes affluèrent-ils pendant la saison des pluies afin d'observer et de photographier le Manneken-Pis bônois, à la grande satisfaction du photographe Roblédo qui vit son chiffre d'affaires grimper en raison des nombreuses pellicules vendues. Mais le bonheur des uns fait le malheur des autres comme dit le proverbe.
De l'autre côté du cours, sous les arcades du Palais Lecoq, face à Roblédo, se situait une Brasserie, " le Maxéville ", qui était désertée par les clients les jours de pluie. Las de voir Bônois et touristes préférer Roblédo à son anisette, le patron du Maxéville réunit un commando afin d'organiser une opération de sauvetage de son commerce.
Benguèche et Paris-Soir furent chargés de cette mission, a priori impossible, car il s'agissait de retourner la statue de THIERS face pour face de telle sorte que l'index pointe vers le Cours Bertagna et que, par conséquent, l'incontinence soit visible du côté du Maxéville. Mais, comme à Bônois rien d'impossible, nos deux compères réussirent, je ne saurais dire comment, à s'acquitter de leur mission pendant une nuit étoilée. Le lendemain, le trou de la sœur se boucha annonçant l'arrivée d'une pluie bienfaisante. Ce jour-là, le Maxéville fut envahi par les clients qui, assis confortablement tout en sirotant leur Cristal, pouvaient enfin admirer un appareil génito-urinaire en action.
En toute innocence, Benguèche et Paris-Soir décidèrent de provoquer Augu et Chichette à la belote bônoise. Les règles du jeu veulent qu'à Bône les joueurs doivent dire avant de commencer si ils pissent ou non. Qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'une invitation à changer l'eau des olives avant d'attaquer la première partie. Pisser à la belote signifie que si votre adversaire coupe, à cœur par exemple, et que vous aussi coupiez à cœur, vous êtes obligé de vous démunir d'un atout (cœur) même si vous ne pouvez emporter le pli. Pisser veut donc dire être mis dans l'obligation de se défausser d'un atout.
Il est 11 h un dimanche matin. Il pleut. Sous les arcades du palais Lecoq, devant la brasserie " le Maxéville ", Benguèche, Paris-Soir, Chichette et Augu sont assis autour d'une table. Ils jouent à la belote bônoise. Benguèche fait équipe avec Paris-Soir et Chichette avec Augu
Pendant la nuit, Benguèche et Paris-Soir ont retourné face pour face la statue de THIERS de telle sorte que l'on puisse observer l'incontinence du personnage du côté du Maxéville.
Au début de la scène Paris-Soir regarde son jeu attentivement et , perplexe, se gratte la tête. Les trois autres joueurs attendent sa décision.
Augu ( impatient)
- Zotche alors quoi ? A toi c'est de jouer !
Paris-Soir
- Atso ! je sais que c'est à moi mais je réfléchis ac la tête !
Benguèche ( à Paris-Soir)
- Tu vas pas réfléchir jusqu'à demain aussinon ta tête elle se va clater comme la grenade !
Chichette
- Tu veux pas que j'va t'achter de l'aspirine à chez le père Gelsi comme ça tu réfléchis plus vite sans que le mal de tête y te vient !
Paris-Soir se décide soudain. Il prend une carte, lève le bras pour la jeter sur le tapis puis, brusquement il la remet dans son jeu.
Paris-Soir( à Benguèche)
- Oh Benguèche ! Qui c'est qui mène aux points ?
Benguèche
- C'est eux o' gougoutse !
Augu (sarcastique)
- Et c'est ac ce coup-ci qu'on va saoir qui c'est qui se prend le saucisson.
Paris-Soir
- C'est pour ça que je me demande si Augu y pisse à cœur.
Benguèche
- Si t'iavais bien fait la d'jeille, le jeu tu le saurais o'calamar farci!
Chichette ( outré)
- Bande de falsos ! On parle pas à la belote ! C'est pas le marché arabe ici !.
Augu ( à Benguèche)
- Si tu parles encore un mot, à chez Tado je t'envoie !
Benguèche( à Augu)
- T'ias pas besoin d'avoir le takouk des nerfs énervés : comme ça tu ressembles à THIERS !
Paris-Soir ( pensif)
- Je me pense toujours si Augu y pisse à cœur.
Benguèche fait un signe en désignant de l'index la statue THIERS puis il se lève et avec son index au niveau du bas-ventre prend la position de la statue Thiers. Paris-Soir ne voit pas mais Augu l'a surpris.
Augu ( furieux)
- Entention à pas faire des vilains gestes ! aussinon !
Benguèche
- Ousque te vois des vilains gestes ? Je chasse les mouches.
Augu
- Arregarde que ton jeu ! ( à Paris-Soir) Et toi aussi !
Benguèche
- ça va, ça va, diocane et guidamourte (et il baisse les yeux)
Augu ( à Paris-Soir)
- Entention ! si tu continues à faire des grimaces, je te jette les cartes à la fugure et on fait tchoufa !
Chichette
- T'énerve pas Augu, le poupre il est cuit pour eux !
Paris-Soir
- Moi je connais bien la belote et je serais plus rapide si je serais sûr qu'Augu y pisse à cœur.
Augu
- Dans la rascasse de toutes tes bises, j'ta déjà dit que te te la fermes !
Paris-Soir
- M'la ferme moi ! Je réfléchis ac la bouche !
Augu
- Réfléchis en silence diocanamadone !
( Benguèche pointe encore son index vers la statue de THIERS)
Entention Chichette, ils se font encore des gestes ! Chichette tiens un œil sur Paris-Soir et moi je me tiens l'autre à Benguèche.
Benguèche (à Augu)
- Tu me fais la d'jeille comme si j'étais un voleur de poules ! c'est pas bien ça ! c'est pas bien ça !
Augu ( presque ému)
- Michquine, je t'ai fait de la peine o'Benguèche !
Benguèche ( ému)
- Oui, on dirait que ton cœur y devient dur comme la statue THIERS aujourd'hui.
Augu
- Arrête de faire des necs, tout ça c'est pas grave, c'est un jeu !
Benguèche ( mélancolique)
- N'empêche que ton cœur il est comme la statue Thiers quand y tombe de l'eau !
( à Paris-Soir)
Et toi, tête de neu, qu'est-ce tu penses de son cœur ?
Paris-Soir ( ahuri)
- Moi ! J'en pense rien.
Benguèche
( il lève les yeux au ciel et désigne la statue de THIERS)
- Saint Aoustine , ouvrez-lui les yeux à ce guitche !
Paris-Soir
( il pousse un cri de triomphe car il vient de comprendre.
Il jette un as ce cœur sur le tapis )
- ça y est je me décide à jouer : as de cœur !
Augu
( il regarde Paris-Soir , puis Benguèche,, puis se lève brusquement, furieux )
- Tu me prends pour un gougoutse ? T'ias dit que " mon cœur il est dur comme THIERS quand y tombe de l'eau " pour lui dire que je pisse à cœur et ce calamar y joue cœur ! le con de ses morts !
Benguèche
( il prend un air innocent et surpris)
- Le rouge à la fugure y me monte si j'ai triché !
Augu
(il jette les cartes au visage de Benguèche et lui fait un bras d'honneur)
- Attrape les cartes o'tricheur à la manque ! Même pas si y vient Azrine avec toi je rejoue !
( puis il sort en criant)
- Si je trouve les coulots qui ont retourné la statue THIERS, ac les os de leurs morts je me fais une échelle pour aller niquer leurs bises jusqu'à la septième génération.
FIN
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Quelques réflexions
N° 1 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI Envoyé par sa fille
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" Il est parfois un peu excessif " diront, en lisant ces quelques feuilles, les prudes, qui se targuent d'avoir des principes de bonne maison, mais qui mettent un fusain dans les mains d'un tenancier droguiste, homme comme chacun sait de " bonne vie et moeurs ".
Elle sont touchées, tant mieux. Je sais que tout ce qui est dit n'est que la traduction fidèle de la vérité et qu'il me plait d'exprimer tout haut ce que tant d'autres pensent tout bas.
D'ailleurs, la difficulté m'amuse, m'intéresse. Elle est, pour mon tempérament, le sport le plus sain et le plus gai. J'ai horreur du conformisme, de tout ce qui est tabou ou officiel.
Il me plait de professer un agréable mépris pour les pauvres êtres qui s'inclinent devant tout ce qui est puissant, ou qui paradent toujours derrière le char de la Victoire.
Chacun prend son plaisir où il le trouve.
Il m'est arrivé d'assister à des festins parmi ces politiciens vicieux et corrompus. Quel écoeurement !
C'est quand ils parlent d'union, d'amitié, qu'ils mentent le plus et qu'ils trompent consciemment ceux qui les écoutent !
J'en parle en toute connaissance de cause : l'expérience, a son utilité.
Quand on dît d'un de ces élus
" C'est un malin " ou " il est fin ", cela veut dire qu'il est plus apte à ruser, et qu'il a moins de scrupule que son voisin.
On dit d'un patron qu'il est bon quand il pratique un paternalisme intéressé.
Les gens de ce beau monde n'ont de bonté et de prévenance que pour ceux qui peuvent leur être, utiles, à une heure opportune seulement.
Oh ! les pauvres hommes !
Et pourtant, je n'ai même pas le droit d'être un mécontent,
J'étais à table, je n'avais qu'à me, servir. Ma part n'était pas celle du lion, mais elle était suffisante. Tant d'autres en auraient été ravis !
Mais, vivre longtemps en compagnie de ces messieurs ou autres, impossible : il faudrait avoir un estomac d'autruche, ou une âme de Basile.
Bonne chance à ceux qui s'accommodent de la Société des caïmans dorés !
" J'appelle bourgeois ceux qui pensent bassement " écrivait FLAUBERT. Les " grands hommes " bônois d'aujourdhui sont mesurables à cette aune. Gagner de l'argent, vite et n'importe comment : voilà leur unique devise.
Ils étaient avec PETAIN : Ils l'ont ensuite emprisonné, en attendant, qu'on lui loue une statue. Les anciens Gaullistes sont aujourd'hui anti-gaullistes, pendant que les "anti-gaullistes " d'hier sont devenus " Gaullistes ", etc...
Comme " plumes au vent ", Ies foules et les individus déconcertent par leur versatilité,
Quand on met la " Dépêche de L'Est " d'il y a quelques années sous les yeux de M…, Il sourit, mais se trouve bien gêné.
P…, qui est aujourd'hui un " élu averti ", n'était alors que l'" Homme des 600.000 !… "
Une fourmilière de polichinelles.
Ne dites pas la vérité, au milieu de ces perpétuels équilibristes : ils vous traiteraient de naïf, d'original, d'empêcheur de danser en rond, si ce n'est mieux"
Et cependant, alors qu'ils paraissent nous écraser sous le poids de leur morgue pétrie d'infernale finance, je les plains.
Comme je plains les pauvres hères qui leur font une escorte d'îlotes !
Prolétaires, naifs ou irréfléchis, prenez garde. Le Capitalisme veille, non pas sur le sort qui vous attache à la terre ou à l'usine, mais sur vos divisions Idéologiques, et surtout sur vos erreurs ou vos excès,
Parmi eux, règnent aussi des discussions intestines et des ressentiments personnels, mais, ils s'imposent le coude à coude dès qu'il s'agit de freiner votre mieux-être.
Les COMMUNISTES SONT D'AILLEURS LEUR MEILLEUR ATOUT, parce qu'ils ont seulement choisi une patrie autre que la France.
Ah ! SI LES TRAVAILLEURS POUVAIENT COMPRENDRE SEULEMENT QUE LA DEMAGOGIE, SOUS TOUTES SES FORMES, EST MERE DE LA REACTION HIDEUSE ! ?
Si le jour arrivait qu'ils soient unis, je ne donnerais pas lourd de la peau d'un P…, d'un T… et autres paons de la politique.
L'INSOLENCE DES MAITRES DE LA FINANCE, PRENDRA FIN SEULEMENT DES QUE LE PEUPLE COMPRENDRA, ET SURTOUT VOUDRA.
Mais quand !
PROCHAINEMENT
René MAYER, Raoul BORRA, Charles MUNCK, Henri ALOÏ, LACABANNE, Auguste SALEMME, BÉGHAIN, le Conseil Municipal, Gratien FAURE, GARRIVET, Gabriel PALOMBA, Robert PANCRAZI, le P.P.A. BENOTHMAN, TUCCI-LA-VIOLETTE, BOUTALEB, PANTALONI-Résistant, AUGARDE, BLANCHARD, WlTHE, etc., etc...
On trouvera cette brochure chez DIDIER, face à l'ancien Cinéma Olympia, Avenue Garibaldi . .
Si un visiteur du site a cette brochure, qu'il ne manque pas de me le faire savoir.
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Ça qu'on vous a pas dit … !
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Christian AGIUS N° 24 le Maltais de la route de Bugeaud, y ramasse dans les poubelles de luxe… ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!
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Bertrand Cantat, celui qu'il a mis une dobza dedans la fugure de Marie Trintignant, qu'il a chanté partout les vertus du métissage et du cosmopolitisme, il a été transféré en-dedans la prison de Muret, à côté Toulouse.
Ouais, mais quand les gardiens y lui ont dit qu'il allait partager sa cellule ac justement les zimmigrés, il a fait la baroufa : total il a préféré être ac…………………..Jean-Pierre Calone, du Front National, ancien adjoint au maire de Toulon, enfermé pourquoi il avait insisté pour que ses secrétaires elles lui fassent le créponnet…
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Valéry Giscard, tu connais ? Ouais, c'est celui-là qui se fait appeler Giscard d'Estaing.
Diocane y vient de négocier ac la mairie d'Estaing, un petit village de l'Aveyron, pour racheter le………………château d'Estaing ! Comme ça son nom y fera plus authentique…
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Le tribunal correctionnel de Boué, au Gabon, qui se jugeait le citoyen Etienne Biyeke pour le meurtre de Joseph Akoué, il a proclamé, en-dedans ses attendus : " Attendu qu'il est de notoriété publique au Gabon que les hommes se changent soit en panthère, soit en gorille, soit en éléphant…….. "
Laisse tomber la suite, fils !...........
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Qui c'est qu'il a parlé de démocrassie ? Hein ? Raffarin-et-Danube y vient de débloquer 1 million de zorros aux associations qui vont faire campagne pour le oui, et peau d'zebi à celles qui sont pour le non……..
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Les Américains y font les farfatons en bombardant ça qui veulent dans le monde.
Facile, fils, ac…………………………..l'argent des autres !
La dette publique de cet état elle va chercher méteunant dans les………………7,38 trillions de $ (10 puissance 12…) !!!!!!
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Les enspecteurs du fisc y zont découvert que les " dames-pipi " de la tour Eiffel elles gagnaient dans les 5.000 zorros par mois !!! Rien qu'en ramassant les piécettes dedans les assiettes …
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Amélie Mauresmo, qu'elle en a une paire à la place de la patanaque, elle a préféré faire la noce ac Claude Chirac pour inaugurer la chaîne coulot Pink TV, au lieu de représenter la France à la Fed Cup !
Total : la France elle a perdu.
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Sarcloseille il est très généreux, ac……………l'argent des autres !
Avant de quitter le ministère du pognon, il a remis une dette de 217 millions de zorros au Sénégal et de 376 zorros à Madagascar.
Sûr que ça a dû se négocier………..
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Qui c'est celui qui se gagne le plus de flouss ?
Chirac ? Claire Chazal ? Fogiel ? Ardisson ? Patrick Poivre, récemment autorisé à ajouter " d'Arvor " ?
Oilà la vérité : Poivre = 45.000 zorros
Ardisson = 30.000
Fogiel = 23.000
Chazal = 22.000
Chirac = 6.500
Zotche ! Le pôvre Chirac !!!!!!
Ma, gougoutse, j'espère que tu mélanges pas le salaire et les frais, parce que, depuis qu'il est arrivé à l'Elysée en 95, ce rastaquouère il a fait augmenter le budget de fonctionnement de son palais de………………………..580% !!!!!
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Le gouvernement y prépare une loi maousse pour pas que tu ensultes les coulots.
Par exemple, si tu dis " espèce de coulot !!! ", tu vas te ramasser 6 mois de prison ac 22.500 zorros d'amende.
Mais tu traites une femme de poufiasse, tu t'en tires ac 12.000 zorros et pas de prison. Va-t-en saoir pourquoi ?
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Le procureur de la raie publique de Nantes Jean-Marie Huet y vient de prendre une promotion au ministère le l'Injustice : c'est lui qui s'est occupé de débusquer " l'extrême droite raciste " dans l'affaire des pétards contre le préfet Dermouche.
Les " terroristes " y courent toujours, diocane…………….
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Toujours Dermouche ! Y risque deux mois de prison et 15.000 zorros d'amende pourquoi y veut pas payer la pension alimentaire à son ancienne femme. Les ministres de l'intérieur et de l'injustice y sont intervenus pour étouffer l'affaire…
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L'université d'Evry elle se paye un saucisson de 2,3 millions de zorros en-dedans sa gestion.
L'ancien comptable il avait placé le flouss pour 2,6 millions de zorros, qui………..ne valaient plus que 1,3 quelques mois plus tard.
On va lui donner des cours de recyclage…
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La suite au prochain numéro : te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….
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LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (24)
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OUAI! OUAI! PAROLE, IL A NEIGE DESSUR BONE
Vous z'allez peut-ête pas le coire mais encore une fois, diocane, j'le jure dessur la vie d'mes morts, il a neigé dessur Bône et bien-bien encore et ça, ça s'est pas vu depuis au moins une cinquantaine d'années, si que c'est pas plusse. - ça y 'est, je ois d'ici les mauvaises langues qu'elles vont dire comme ça que je suis vieux et y'alors, à ces mauvaises langues, moi je leur fais les cornes à cause que j'ai pas vu ça, je suis trop jeune, c'est mon fils le plus p'tit qu'y m'a raconté.
Alors, oilà, si que ces mauvaises langues elles me laissent parler, je vais vous raconter:
Chais pas si j'l'ai déjà dit mais au mois de décembre, je m'ai sauvé du froid de la bourgogne pour aller me chauffer les osses à Bône et là, j'ai un témoin pasque j'ai rencontré dessur le Cours un pied-noir, un vrai pisqu'il est de Bône mais comme moi y vit en Patosie le pauv' en plusse, il était accompagné de sa dame mais j'peux pas dire leur nom, y m'ont pas donné la permission mais si que vous avez lu "La Seybouse" du mois dernier, vous allez tout de suite saouar qui c'est.
A Bône donc, j'ai venu passer l'hiver mais purée de mes bises je suis, comme y dit l'aut', tombé de caroube en syllabe à cause qu'il a fait un madone de froid j'te dis que ça, déjà qu'à dix degrés plantigrades, t'y as envie de faire comme les ours, rien que la dormade, alors à zéro, devine ça qui se passe.
Bugeaud y s'a mis le manteau blanc et sa traîne elle est venue, comme celles-là là de toutes les mariées qu'elle vont se faire bénir à la cathédrale, se mette jusque dessur le Cours qu'avec un peu du citron et du suc', le premier baouèle venu y se s'rait fait un créponnet.
Même la mer, la not', que je sais pas l'écrire à cause des fôtes d'orthografle, elle avait froid et elle bougeait beaucoup pour se réchauffer mais rien à faire, elle a pas réussi et personne il l'a cru, à preuve, y avait personne dessur les plages.
Pour te revenir à la neige et au froid, misère de mes osses, y avait pas une seule femmes avec des lèv' rouges, elles s'étaient toutes mises à la mode des lèv' bleues. Celles_là là qu'elles z'étaient déhors, y fallait deviner qu'elles z'étaient femmes à cause qu'avec leurs bonnets de la marque que j'peux pas la dire pasque c'est un gros mot et leurs parkas de la DASS (une aut' marque connue), y aévait pas de différence avec les hommes.
Brèfle, tout ça pour dire que main'nan, en Patosie, je reste comme un tchoutche quan c'est qu'aux nèvz ( les gens bien y disent plus les infos, y paraît que ça fait ringard ) y racontent que comme ça, y va y'aouar un réchauffement de la planète et qu'y z'oublient de dire que tout le froid y va aller dessur Bône et ce kaouède il a bien d'la chance d'aller s'installer à la coquette.
Rachid HABBACHI
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PELERINAGE A BONE
par Mme et M. Pierre Borg (janvier 2005)
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Nous en rêvions depuis longtemps... Le rêve vient de se réaliser et BÔNE nous a accueilli pendant huit jours, huit jours trop courts.
Du Cours Bertagna au Cap de Garde, nous avons pu revoir La Grenouillère et Le Petit Mousse, le Majestic en ruines, Saint Cloud et Chapuis. La Caroube a perdu son calme et son âme, Toche et le vivier sont en pitoyable état.
Les restes du Vivier au cap de Garde Le nouveau pont de la Tranchée
Du Cours Bertagna à l'Orangerie, en passant par la Colonne et la rue Galdès, avec émotion, nous avons retrouvé les rues qui ont connu notre enfance, avec ... toujours des changements.
Du Cours Bertagna aux Caroubiers, encore et toujours des changements. La caserne Yusuf a disparu, la place Jeanne d'Arc transformée en parking, des constructions sans discontinuer sur la Kasbah et la route de la Fontaine Romaine.
Le Lycée Mercier Les Allées Guynemer
Le cimetière a subi les outrages du temps et des ans mais une partie a aussi souffert des outrages des hommes. Le stade, le lycée Saint Augustin, le lycée Mercier n'ont pas changé. L'école Vaccaro est totalement transformée.
Majestueusement, Saint Augustin domine la plaine de l'Orphelinat transformée en une immense agglomération d'immeubles de quatorze et quinze étages.
Le Marché La Rue Gambetta
Quant à lui, le centre ville n'a pas changé. On y retrouve le marché et son animation habituelle (ouverture même l'après midi), la rue Gambetta et ses magasins de vêtements et ses bijouteries, la Place d'Armes qui a connu la destruction d'immeubles vétustes et... Les Galeries de France transformées en souk.
La ville chère à notre coeur a subi des transformations, des dégradations mais ... Aucune amélioration.
L'Ours Polaire M. Kati, l'athlète
Sur le Cours, à l'Ours Polaire, nous avons pu rencontrer des sportifs connus de nombreux bônois: Kathi qui a fait les beaux jours de l'athlétisme bônois, Bey et SAKRAOUI, respectivement joueurs à la JBAC et l'ASB.
Hôtel la Seybouse Réception à l'Hôtel Seybouse
Partout, nous avons eu droit à un accueil formidable; Les invitations se sont succédées à une allure vertigineuse et, chaque fois, il a fallu promettre de revenir très rapidement et pour plus longtemps.
BÔNE, nous reviendrons vers toi !!!
Danielle et Pierre BORG.
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BÔNE.. TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura N° 2
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"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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L'AUDIENCE EST OUVERTE
Vous vous souvenez, bien sûr, du Palais de Justice, à l'entrée des Allées Guynemer qui menaient à la Colonne, et qu'on croisait sur sa gauche avant d'emprunter le boulevard Narbonne. Il avait été question de le déplacer un jour ou l'autre, à cause de sa mauvaise mine en plein coeur de la ville. Mais c'était du solide, ce Palais de Justice, et pour le bouger il aurait fallu y mettre le temps et le prix.
Bref, il était resté là où l'on avait planté son décor et sa morosité, et ses entrailles de pierres sinistres et lugubres garderont encore longtemps le souvenir des somnolentes audiences correctionnelles, des tumultueux débats d'assises, des envolées de manches noires et d'éloquence agressive, des veillées longues et angoissantes dans l'attente passionnée des verdicts.
Donc le Palais de Justice n'est pas sorti de votre mémoire et si vous ne l'avez pas fréquenté en justiciable, vous vous y êtes sans doute rendu en quête d'un papier administratif, casier judiciaire, certificat de bonne vie et moeurs ou autres paperasseries du même genre.
Vous souvenant du Palais de Justice, vous vous souvenez forcément de Clément Mayor, l'ayant certainement rencontré sitôt passée la porte cochère.
Mayor ? Un sous-brigadier de police prêté par le Commissaire central au président du tribunal pour jouer sur le pas de la porte de la Justice les multiples rôles d'appariteur, huissier, cicerone, gardien des lieux, de l'aurore au crépuscule et, le cas échéant, policier en tenue susceptible d'intervenir contre le désordre.
Dès qu'au matin s'ouvrait le grand portail, Mayor s'installait dans ses fonctions, installation plus que rudimentaire puisqu'elle n'était dotée ni d'un bureau, ni même d'une chaise, et qu'elle était limitée strictement par les hauts murs de ce qu'on appelait pompeusement la salle des pas perdus.
Le plus qui en perdit, des pas, ce fut évidemment Mayor, astreint tout au long de la journée à d'interminables allées et venues avec, comme rares distractions, les convois funèbres et les calèches nuptiales en stationnement devant le parvis de la Cathédrale, tous cortèges que lui annonçaient les glas et les carillons. Mayor, faisant mine de rien, profitait du spectacle pour calmer son ennui.
Car le sous-brigadier Mayor était service-service; même par les temps d'épouvantable canicule, il n'aurait pour tout l'or du monde bondi jusqu'au Bar du Palais pour déguster en compagnie de Macera, le patron, le demi de bière dont il mourait d'envie. Eh oui ! il aurait préféré mourir sur place de soif plutôt que de se rendre au bistrot d'en face.
Aussi bien, apaisait-il sa fringale de distractions sur le va et vient des gens de justice, des plaignants et des solliciteurs.
L'habitude lui avait appris à connaître son monde, ceux qu'il devait se contenter de saluer la main au képi, ceux qu'il accueillait avec cordialité, ceux qu'il était censé ignorer, ceux qu'il pouvait harponner au passage pour tailler une bavette, raconter une histoire drôle ou faire mention d'un fait divers. Ses meilleurs partenaires étaient bien naturellement les journalistes. Ceux-là savaient en effet que si Mayor sur leur passage levait un index sentencieux et tout plein de promesses, ils bénéficieraient en première main d'un potin à exploiter, donné évidemment sous le sceau du secret.
Mayor, ayant tout dit de ce qu'il savait, d'ajouter en forme de conclusion : "Fais gaffe. Moi, je ne t'ai rien dit." C'était juré. Donnant donnant : un serment de discrétion pour une indiscrétion.
Le premier arrivé, tôt le matin, était le Président Douvreleur, sa serviette bourrée de documents, se hâtant lentement vers son bureau où une tâche colossale l'attendait. Le président était songeur, comme si tout en cheminant il poursuivait l'étude de ses dossiers. Mayor guettait son arrivée pour n'être pas pris au dépourvu et réussir un impeccable garde-à-vous sur le passage du magistrat. Extrait brutalement de ses pensées par le claquement sec des talons du sous-brigadjer, M. Douvreleur sursautait, puis répondait, selon le jour, par un cordial bonjour ou simplement un geste de la main. Dès cet instant, Mayor connaissait l'humeur présidentielle.
Aussitôt après, arrivait le chef du Parquet : longtemps ce fut M. de Vimont, une espèce de colosse à la démarche lente, le pas pesant et l'ironie d'un sourire sur les lèvres, comme s'il voulait garder ses distances tout en faisant preuve de cordialité. Par les jours de grande bonne humeur, l'après-midi surtout après le pousse-café, M. de Vimont s'arrêtait un instant pour faire un brin de causette.
Mayor consentait une plus grande déférence à M. Agelou, plus racé, plus élégant et moins disert que son prédécesseur.
Magistrats, avocats, huissiers, gens de justice, hommes et femmes, européens et musulmans, se succédaient ainsi aux heures matinales; le policier-huissier avait tout le temps de les passer en revue. Les plus jeunes considéraient Mayor comme un copain, et Mayor, profitant de cette camaraderie, essayait d'engager la conversation pour tuer le temps.
M. le Bâtonnier Louis Arnaud se trafnait sur trois pattes; les ans pesant trop lourds sur ses jambes fatiguées, il s'aidait d'une canne. Lorsque la fatigue et l'âge l'obligèrent à abandonner une profession à laquelle il avait donné le meilleur de lui-même, sa plume, alerte comme l'avait été sa parole, offrit à ses concitoyens un document de qualité "Bône, son Histoire, ses histoires" : il y racontait avec une verve éblouissante un siècle de vie bônoise.
Il avait en même temps tracé sa voie à Paul Arnaud junior qui réussissait sans coup férir à faire fructifier l'héritage intellectuel paternel, lorsque la prémonition des "évènements" et un repli stratégique le recasèrent confortablement à Paris.
Me Givors, dans les grandes occasions, abandonnait sa chaire magistrale pour des interventions de haute envergure. Quelques-unes de ses élèves prenaient gratis un cours supplémentaire de droit civil, en l'écoutant bouche bée.
Le benjamin était William Allouche dont la robe neuve attestait les récents débuts.
Le défilé se poursuivait devant Mayor : les juges, Buch, allure puissante et lente démarche; Chréange, léger, alerte comme un collégien; et puis Gilbert Marion, secrétaire du Parquet, toujours porté en dehors des heures de travail à la bonne blague,
Les huissiers ne montraient qu'aux heures se séances une présence qui leur était fastidieuse puisque, obligés d'abandonner des journées entières leur étude, ils perdaient de la sorte une partie de leurs recettes.
Edmond Nabeth ne s'en cachait pas; mais s'il vouait aux gémonies tous ces plaideurs, accusés, inculpés, qui lui gâchaient son temps, c'était avec la jovialité du bon diable qu'il était, soucieux de tout prendre, le bon et le mauvais, avec le sourire. Il s'astreignait à un gros effort pour cacher cette hilarité native dont le président aurait pu lui tenir rigueur. Et quand, à l'ouverture de la Cour d'Assises, il conduisait les témoins au secret, on l'aurait pris pour un baladin menant en piste sa troupe de chiens savants.
Qu'y pouvait-il ? Sa mère lui avait donné un tempérament de joyeux drille; il n'avait pas la moindre envie de s'en démunir.
Comme il faut de tout pour faire un monde, l'autre huissier de service avait été coulé dans un moule différent : pas morose, mais pas gai non plus. Avare de son temps et de ses bénéfices, il apportait aux audiences correctionnelles ses travaux d'étude et rédigeait ses actes et ses exploits sans donner la moindre attention au débats.
"L'audience est ouverte." Avec Nabeth, c'était un coup de klaxon; avec Karoubi, une sorte d'invocation à Thémis.
A la suite d'une crise de conscience, Karoubi avait abandonné son judaïsme original pour un catholicisme d'autant plus fervent que la Vierge lui était parvenu à un âge avancé. Aurait?il été femme, l'archiprêtre Houche l'eût transformé aisément en grenouille de bénitier. Il consacrait le plus clair de ses loisirs aux saintes oeuvres avec un zèle et une assiduité qui lui assureront une place de choix au Paradis.
Arriva un jour au Palais, sans crier gare, en uniforme de chef de bataillon et en puissance de Commissaire du Gouvernement, Paul Cianfarani. Natif de Philippeville, il y avait plaidé moult affaires en se mettant au servicedu F.L.N. Sans coup férir, il passait de Skikda à Annaba et de la défense à l'accusation. Aux reproches qu'on lui en fit, il répondit avec le pIus grand sérieux : "J'ai ainsi pompé le plus possible dans le trésor de guerre des fellagahs."
Sans regrets, sans remords, désormais installé sur, le siège du procureur, de sa grosse voix et de sa parole mal articulée, par des réquisitoires cinglants il envoyait en prison tous les "anti-A0lgérie Française" qui lui tombaient sous la main : tâche dangereuse s'il en fut, qui pouvait lui valoir les pires représailles, et qui méritait un réconfort. Aussi bien, pendant les suspensions d'audience, lui apportait-on une bouteille de Perrier, bien enveloppée dans un papier journal : les réquisitions de Cianfarani jetaient alors des relents de Pernod.
Chemla, crâne rasé à la Yul Brynner, figure poupine, allure de chérubin, remplissait les fonctions d'interprète. De surcroît, pour arrondir ses fins de mois, il s'était trouvé un job : les expertises sur les loyers. Il y excellait à sa manière, à telle enseigne que les P.T.T., par la façon qu'il avait de manipuler l'enveloppe, auraient pu trouver en lui un auxiliaire précieux.
Entraient également au Palais de Justice des solliciteurs de tout acabit. Mayor les accueillait avec plus ou moins de déférence, selon ce qu'ils représentaient et selon son humeur.
Mais lorsqu'une jeune femme se présentait, le sous-brigadier était aux petits soins; non pas qu'il fût coquin, mais, soyons raisonnable : n'est-il pas plus agréable de renseigner une jolie fille qu'un fellah en burnous ? Neuf fois sur dix, ces dames demandaient le greffe, et le greffe c'était l'affaire du greffier en chef Camilleri.
Ses amis - et ils furent pléthore, étant d'un caractère affable et d'une aménité sans faille - ses amis l'appelaient Augu, diminutif cordial de son prénom Auguste.
Augu ? Une masse qui se mouvait au pas lent des caravanes, d'où émanait plus d'envie que de pitié, aimant la bonne chère et aussi la chair tendre. Les mauvaises langues affirmaient que les tentures de son bureau masquaient un sofa prêt à toute éventualité. Faux, archifaux ! Augu se prévalait à juste titre d'être bon père et bon époux.
Mais si d'aventure, ses hormones entraient en ébullition, fallait-il qu'il se mît en contradiction avec sa nature au risque d'un infarctus ? On est comme on naît, la faute à l'hérédité.
Mayor recevait Augu, le sourire en coin, une franche poignée de main et un "bonne journée" plein de sous-entendus.
Au soir des grandes audiences, la salle des pas perdus s'animait de façon inaccoutumée; les grands procès prennent souvent la forme de grands spectacles. On discutait, on supputait, on envisageait; et chacun d'émettre son pronostic.
Le plus fort, sans aucun doute, peut-être à cause de son bon sens et de son expérience, le plus fort, c'était Augu. Rarement il se trompait, parce qu'il excellait dans son métier. Malgré une nonchalance physique, son esprit, rodé au fil des longues audiences, s'était tenu aux aguets, pour éviter, dans les arcanes des débats, le moindre cas de cassation. Les présidents de Cour rendaient hommage à sa subtilité.
La nuit venue, Clément Mayor pouvait enfin aller boire sa canette au Café du Palais. La porte cochère se fermait ; et s'endormait enfin dans le silence retrouvé le petit canari du concierge.
CONFIDENCES D'UN JOURNALISTE
Il fut un temps où les journalistes exerçaient leur métier en toute indépendance, n'ayant de comptes à rendre qu'à leur patron et à leurs lecteurs. Libres de leur plume, lis pouvaient spéculer à leur aise et laisser leur imagination vagabonder au vent de l'actualité.
Avec les évènements d'Algérie, une censure de fait, sinon de droit, s'instaura; ils furent astreints à se plier, bon gré, mal gré, aux exigences des autorités, sous peine d'expulsion, comme ce fut le cas pour notre collègue René Attard.
Avant d'en arriver là, belle fut la vie qu'ils menèrent dans une région en pleine expansion où chaque jour leur apportait de nouveaux sujets de méditation qu'ils exploitaient à leur aise, politiques, économiques et sociaux.
Toujours est-il qu'ils ne se montraient pas intransigeants et manifestaient leur bonne volonté de discrétion si on la sollicitait aimablement.
Ils passèrent sous silence la disparition de la "première pierre" de l'usine sidérurgique, posée en grande pompe par le ministre Jeanneney; comme ils firent bon accueil aux sollicitations du sous-préfet Daussin : volontairement ils censurèrent l'outrage fait au drapeau français, salle Borg, au cours d'une réunion clandestine du M.T.L.D. C'était vers novembre 1958.
Donc avant d'être en butte aux tracasseries de l'administration préfectorale et de l'armée, de l'O.A.S. et du F.L.N., ils eurent maintes occasions, plume débridée, de mettre leur imagination au service du fait divers.
J'ai réussi pour ma part à spéculer tout à mon aise sur deux incidents et à leur donner aux yeux du lecteur un intérêt qu'ils ne méritaient peut-être pas : l'avion chargé d'armes en escale aux Salines, et la disparition du coffre-fort du Consulat espagnol.
J'eus un soir la visite d'un informateur bénévole, venu me faire part de sa surprise - "Je suis arrivé aux Salines et j'ai vu, en bout de piste, un avion ceinturé d'un cordon de C.R.S.; les douaniers le déchargent avec de grandes précautions. D'après la rumeur, il s'agirait d'armes en provenance d'un pays arabe et destinées au F.L.N.".
L'information méritait une attention toute particulière. Donc, plongé dans mes réflexions, j'essayai de trouver la bonne formule pour tirer parti de l'évènement, après vérification évidemment, lorsqu'entra dans mon bureau un jeune commissaire de la Police des Frontières.
"Je passais par là par hasard, me dit-il; je vous ai vu au travail; je viens vous souhaiter le bonsoir".
L'astuce était cousue de fil blanc; le policier tenait à savoir si j'étais au courant de l'affaire des Salines et, éventuellement, me prier de n'en rien dire.
Notre profession a ses petits trucs - notamment faire croire à son interlocuteur que l'on est informé plus qu'il le pense, et ainsi lui tirer les vers du nez. Ce que je fis, tant et si bien que mon crédule commissaire, au cours d'un dialogue des plus fructueux, m'apprit sans s'en douter tout ce que j'ignorais.
Eh bien ! pendant huit jours, grâce à ce subterfuge, la complicité du commissaire et l'indulgence amicale d'Allary, patron de l'aérodrome des Salines, je tins mes lecteurs en haleine, pour leur apprendre en définitive qu'il s'agissait d'un envoi d'armes d'un pays de l'Est sur Cuba, auquel le F.L.N. n'avait rien à voir. Et tout ce remue-ménage autour d'un transport aérien normal, parce quion avait omis d'aviser la P.A.F. de l'escale bônoise de l'avion.
Plus corsée fut l'affaire du Consulat espagnol : le grand public n'en connut jamais le fin mot.
Ce matin-là, une grande agitation régnait dans la famille Roblédo : elle s'apprêtait au mariage de la fille aînée avec un officier britannique. Le cortège nuptial était en formation lorsque M. Louis Roblédo, vice-consul d'Espagne, apprit que son bureau situé au deuxième étage d'un immeuble de l'avenue de la Marne, avait été cambriolé au cours de la nuit.
L'enquête, immédiatement déclenchée par la Sûreté Urbaine, constata la disparition du coffre-fort : le meuble de fonte, d'un poids qui dépassait les 500 kg, avait été déménagé hors de l'immeuble, comme en portaient témoignage les éraflures laissées sur les murs de l'escalier et sur la porte cochère.
Bah ! les cambrioleurs en étaient pour leurs frais : dans le coffre, rien que des papiers sans valeur et pas le moindre sou vaillant.
C'était tout de même une bonne affaire pour les journalistes, presqu'une affaire diplomatique. Et j'en tirai parti le plus possible; huit jours passés, le coffre restait introuvable, alors que les voleurs, si voleurs il y avait, auraient dû l'abandonnèr quelque part après l'avoir forcé.
Toutefois, en y réfléchissant bien, on relevait un côté suspect dans cette affaire : comment ce cambriolage avait-il pu être effectué dans une artère fréquentée de jour comme de nuit, sans qu'un seul témoin se fasse connaître ? La gare toute proche et deux dancings voisins mettaient du monde dans la rue vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et personne n'avait rien vu
Bizarre, bizarre ! se serait exclamé Louis Jouvet.
Une semaine ne s'était pas écoulée que l'affaire déboucha pour moi sur une issue à laquelle je ne m'attendais pas. Un inspecteur de la B.S.T., Jean Siadou, avec lequel j'entretenais de cordiales relations, me tint à peu près ce langage :
"Arrête les frais, mon vieux; si tu poursuis ta petite enquête personnelle, il pourrait t'en cuire."
J'essayais d'en apprendre un peu plus du côté du commissaire central, Marius Palous. Il n'en savait pas plus long que moi et m'avoua que ses services avaient été tenus à l'écart. J'ai appris par la suite, et beaucoup plus tard, que la Brigade de Surveillance du Territoire, sous la direction du commissaire Castelli, renforcée par des collègues venus spécialement d'Alger, avait elle-même fait disparaître le coffre-fort du vice-consul. Son but ? Voir si Louis Roblédo n'y enfermait pas des papiers compromettants à livrer à son gendre avant son départ pour l'Angleterre.
Le coffre, malgré les éraflures des murs, trop apparentes pour être vraies, n'avait pas quitté l'immeuble : il avait été transporté à l'étage supérieur chez un voisin complaisant, lequel pour des raisons toutes particulières, avait intérêt à se taire.
Louis Roblédo retrouva son coffre sur le pas de sa porte n'y manquait qu'une montre en or, peut-être le prix de la déception.
Le métier que nous exerçions était, comme on le voit, passionnant, d'autant qu'il n'était pas encore entré dans les usages de quémander nos renseignements dans les commissariats. Mais avec nos amis policiers, nous passions outre plus d'une fois aux silences officiels.
A l'occasion d'un crime passionnel, j'entrai en rapport avec le brigadier Laurent Servole : à mon intention, il fit disparaître vingt petites minutes la photo de la victime exposée dans son appartement, juste assez de temps pour que Jean Roblédo m'en tirât une copie.
Tout changealorsque les évènements d'Algérie prirent la tournure que l'on sait. Le temps de notre indépendance professionnelle était désormais révolu. Les journalistes étaient convoqués quotidiennement à la Préfecture : chaque soir, nous étions forcés de faire le pied de grue dans l'antichambre du chef de cabinet; les informations nous étaient parcimonieusement données.
Le Jeune énarque prêtait à ce rendez-vous le titre pompeux de conférence de presse. Quel plaisir il éprouvait à nous faire attendre ! A notre arrivée, l'huissier nous récitait la même rengaine -"Monsieur le chef de cabinet est en conférence".
Drôle de conférence dont nous percevions le bavardage à travers l'huis clos ! Le chef de cabinet et l'attaché militaire se racontaient leurs aventures de la journée. Et croyez-moi, ils en avaient à se dire, M. Desmoulins et le commandant Dubois. C'était pour eux un agréable moment de détente, pour nous un long moment d'attente.
On nous pria, un soir, de nous trouver exacts au rendez-vous matinal fixé par le préfet. A huit heures, nous partîmes, le préfet et le commandant Tebib dans une voiture conduite par un C.R.S., Carlavan et moi dans une deuxième voiture. Pour quelle destination ? Nous devions l'apprendre en arrivant sur, les lieux : bidonville en contrebas de l'Edough. Nous y fûmes accueillis par les mines patibulaires d'une population en guenilles dont nous ignorions les intentions.
Avec le courage tranquille qu'il manifestait dans les pires occasions, le préfet Andrieu grimpe sur un tumulus; il ne sait pas un mot d'arabe, mais il salue l'assistance d'un cordial salamalikoum. Il explique : tous les habitants du quartier quitteront incessamment leur gourbi pour être relogés dans une cité salubre en bordure de la Seybouse. Le commandant Tebib a assuré la traduction.
Sans doute, se trouvaient dans la foule rassemblée quelques fellagah à l'affût. Le préfet Andrieu le savait, mais il avait joué le coup de la surprise et le tout pour le tout.
Par contre, lorsqu'un ministre décidait une inspection dans la région, la pacification lui était offerte sur un plateau. La route qu'il empruntait de Bône à La Calle avait été soigneusement " ouverte " aux premières heures de la matinée; le déminage avait précédé le convoi; le cheminement ministériel était jalonné d'auto-mitrailleuses camouflées dans les taillis. Son Excellence rentrait à Paris satisfaite et réconfortée.
Voici que l'autorité militaire nous demande de nous préparer à assister à un débarquement sur la côte tunisienne auquel tiennent à participer nos confrères métropolitains, "Jours de France" entr'autres.
Jour "J", heure "H", nous prenons place à bord d'un contre-torpilleur bourré de fusiliers marins; puis à quelques encâblures de la côte, nous nous installons dans des dinghies;
les canons du navire sont chargés de nous couvrir.
Les soldats débarquent, nous aussi; les mitrailleuses prennent position, les armes automatiques aspergent les fourrés où, peut-être, sont camouflés les fellagah de l'armée des frontières.
Du côté ennemi, pas de réponse : le secteur est d'une tranquilité navrante. Nous n'avions plus qu'à regagner le contre-torpilleur.
De retour, les uns et les autres d'une plume alerte, nous avons conté notre exploit; mais les photos furent interdites. Le patron de l'opération s'était aperçu après coup que les fusiliers-marins avaient gardé le béret à pompon au lieu du casque règlementaire.
Malheureusement, au fil des jours, la situation devenait de plus en plus critique; à partir des premières tractations d'Évian, la censure se fit impitoyable. Deux ou trois lignes, pas plus, étaient consacrées à la relation des plastiquages et aux attentats terroristes; quant aux informations militaires, elles nous étaient données au compte-gouttes. Le plus drôle, c'était que nous devions donner du Monsieur à tous les chenapans : la police a appréhendé Monsieur Ben Ali au moment où il fracturait la porte de la bijouterie, le tribunal correctionnel a infligé six mois de prison à Monsieur Benhabed pour attentat à la pudeur.
Ce n'était rien; le pire nous attendait quand furent signés les accords d'Évian, et plus encore après l'Indépendance.
En forme de préambule, je fus convoqué dans l'arrière boutique d'un épicier, une espèce de gros bonhomme, qui m'accueillit avachi sur sa chaise.
Avec dédain, d'une voix grasse qui puait le saindoux, il m'expliqua que le "Billet Bônois", les "Jérôme" et tout le reste, c'était fini et bien fini. Le journal devait se mettre au service de la Révolution. Je reverrai toujours son mégot humide qui tressautait au bout de sa lèvre visqueuse, son regard globuleux chargé de dédain et son arrogance; c'était répugnant.
Il ajouta :"Maintenant, la guerre, c'est fini. Tout le monde au service de la révolution, toi comme les autres."
La veille du jour commémoratif des victimes de la guerre, Makouk Resghi le chef vendeur des journaux avec lequel j'avais conservé d'amicales relations, entra dans mon bureau .
"Demain le F.L.N. rend hommage à ses morts. La manifestation se tiendra sur la place du théâtre : tu y seras avec ton appareil photographique."
J'essayais de tergiverser. Il me coupa la parole "Tu est journaliste ou non ? Alors fais ton métier."
Dans ces conversations que je tenais avec les uns et les autres, il y avait toujours quelque chose de catégorique qui n'incitait pas à la réplique. Il m'appartenait tout de même de lui montrer le paradoxe de ma situation en mettant l'accent sur le danger que je courais au milieu d'une population au paroxysme de l'excitation.
"Ne t'inquiète pas, répondit-il, ta sécurité sera assurée."
Vingt mille personnes, peut-être plus, étaient rassemblées autour du mât où allaient être hissées les couleurs nationales. La statue de Jérôme Bertagna avait pris l'aspect d'un bloc humain; les arbres avaient été escaladés. Mais les volets des maisons européennes restaient clos, tristement clos. Moi, j'étais seul, lamentablement seul, malheureux isolé regardé comme un intrus par ce peuple en liesse.
Sitôt l'emblème vert et blanc déployé, un homme grimpe sur les épaules d'un camarade et crie de toutes ses forces, les, mains en porte-voix :
"Nous allons observer une minute de recueillement pour les chouada."
Je m'attendais à un silence lourd et solennel comme lorsqu'on rend chez nous hommàge aux héros morts pour la patrie. Ce furent des milliers de cris poussés par une foule en délire, mêlés aux Youyou exaspérants des femmes en transe.
Je m'attendais à une immobilité pieuse et recueillie : ils trépignaient sur place, pris dans une danse de Saint-Guy collective; et chacun pointait son index vers le ciel en agitant les bras en cadence. Le Cours Bertagna plongeait dans l'hystérie...
Je raisonnais comme je pouvais la panique qui me tiraillait les entrailles. Mais que faire ? Jétais prisonnier de la masse. De toute façon, il ne me restait qu'un recours accorder confiance à la promesse de Resghi. Il avait eu raison la foule m'ignorait.
En somme, ce Resghi fut mon intermédiaire avec le F.L.N. Ce fut encore lui qui m'apporta l'ordre de me tenir à sa disposition du Front National :
- Tiens-toi prêt, ce soir à 10 heures. - Pour quoi faire ? - Ne pose pas de question; on viendra te chercher.
Une voiture m'amena au Ruisseau d'Or, devenu dans les derniers jours de la guerre un repaire de fellagah. J'entrai dans une maison sordide. Un officier m'y attendait qui me reçut courtoisement dans une petite pièce, vaguement éclairée par une pâle lampe électrique. C'était sinistre : mon coeur tapait fort dans ma poitrine.
"Je vous ai convoqué pour faire taire les rumeurs malveillantes qui courent sur notre compte, nous ne sommes pas des tortionnaires. Il y a trois jours nous avons mis en prison un de vos compatriotes, soupçonné de menées subversives. L'enquête ayant prouvé que rien de grave ne lui était reproché, nous le relâchons. Vous rendrez compte qu'il n'a subi aucun sévice et qu'il est rendu en excellent état. C'est ce que nous vous demandons de relater dans votre journal".
Je vis le prisonnier : un jeune garçon de la Place d'Armes, incarcéré trois jours plus tôt. Nos concitoyens s'étaient émus de cette arrestation. Je constatai qu'il était en excellente forme.
- Une pénible affaire m'échut encore avant mon départ définitif.
Les grands patrons d'Alger faisaient valser leurs hauts fonctionnaires avec une précipitation qui prouvait leurs difficultés à mettre en place des hommes à leur dévotion. Les premiers moments d'euphorie passés, Ben Bella n'obtenait déjà plus leur adhésion inconditionnelle. Tel nommé préfet aujourd'hui se retrouvait en prison le lendemain. On s'en rendit compte à Bône : six "patrons" se succédèrent à la préfecture en trois mois.
Dans le département un clan dissident groupait de nombreux officiers; certains d'entre eux avaient repris le maquis; leurs comparses, le préfet, le président de la délégation spéciale et le commissaire central furent en même temps révoqués et jetés en prison.
Si je constatais comme tout un chacun la valse préfectorale, j'en ignorais les tenants et les aboutissants. Voilà pourquoi je n'apportai pas l'attention méritée à la lettre qui me fut remise elle me demandait d'insérer sans délai la triple arrestation.
Avant de m'exécuter, je fus pris de soupçon : la lettre ne portait pas d'en-tête; elle n'était revêtue d'aucun cachet officiel. Je décidai de prendre des garanties en demandant confirmation au commandant d'armes. Son quartier général était installé Place Alexis Lambert.
A l'Etat-Major, je ne fus pas long à m'apercevoir de ma bévue : la lettre émanait d'un lieutenant en dissidence.
"Remettez-moi cette lettre", me fit le chef d'état-major".
"Impossible, répliquai-je. Ma profession m'interdit de me défaire des documents reçus. D'ailleurs, par précaution, je l'ai laissée à mon bureau."
L'officier s'en alla conférer avec son colonel, puis il m'ordonna sans aménité de retourner à mon journal et de n'en pas bouger jusqu'à nouvel ordre.
J'obéissais, ne pressentant rien de bon.
Il ne se passa pas une heure que je recevais la visite de deux capitaines.
"Nous venons chercher la lettre".
Me voyant hésiter, l'un des deux posa son révolver sur ma table :
"Le commandant d'armes exige cette lettre et nous a donné mission de la lui rapporter."
D'une part, j'avais des comptes à rendre à l'émissaire qui m'avait remis cette lettre; d'autre part, je me trouvais dans l'obligation d'exécuter l'ordre du commandant d'armes. J'étais dans la situation d'un homme pris dans un incendie : ou se laisser griller ou s'écraser au sol en se jetant par la fenêtre. Mon pouls battait la chamade, mon regard ne pouvait se distraire du révolver. Je m'exécutai.
Qu'allais-je répondre le lendemain quand me serait demandée la raison de la non-parution de l'information ? De toute façon, celui-là qui me l'avait remise chercherait à récupérer son document compromettant. Et de ce document, je m'en étais dessaisi.
Effectivement, il revint : jouant cartes sur table, je lui racontai par le menu ce qui s'était passé, faisant valoir mon ignorance et ma bonne foi.
"Eh bien ! tant pis ! fit-il sans animosité. La seule chose que je vous demande, c'est de ne pas donner mon signalement."
Le "ouf" que je poussai dans mon for intérieur, il ne l'entendit pas.
A SUIVRE
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LE DON DE GUERISON
Envoyé par M. Albert Buono
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Quand il était à Bône, et libre de ses vadrouilles, qu'on avait plus le droit de les contrôler, il dormait quand il voulait, dans le lit à une place qu'on avait installé dans la chambre de grand-mère. Si Nounou, il était absent c'est moi que je prenais son lit. Je préférais la chambre silencieuse de grand-mère, à la chambre toujours effervescente des garçons. En dehors des deux petits lits, placés des deux côtés de la fenêtre, y avait dans cette chambre au-dessus de la porte, un crucifix orné d'une branche d'olivier fanée et une grande image de la vierge sous verre et encadrée de bois noir. Souvent grand-mère elle me demandait, comme à tous ses petits-enfants qu'ils entraient dans sa pièce :
- Regarde bien cette vierge. Tu vois mon fils, ses yeux ils te suivent, n'importe où tu te mets.
Quand j'étais lâ, grand-mère elle laissait la lampe à pétrole allumée assez tard pour que je puisse apprendre mes leçons ou lire.
Dès que je posais mon livre elle interrompait son chapelet et elle m'invitait à prier avec elle :
- Prions ensemble pour Roland, qu'il revienne de France guéri ; prie de ton côté en Français, moi, je vais prier en moi-même, en Italien.
Les nouvelles que mon père il recevait de ma mère, elles semblaient prouver que nos prières elles étaient efficaces: mon frère il avait été opéré : l'opération elle avait parfaitement réussi il déclarait le Docteur Caire; Roland il avait la jambe raide mais il commençait à marcher avec des béquilles. Pendant les prochaines grandes vacances on pourrait aller à Berck, chercher les trois exilés et les ramener à la villa Roland. Pour fêter la bonne nouvelle, mon père il a rapporté de la Calle une douzaine d'étourneaux qu'il nous a fait cuire avec quelques pointes de piment rouge qu'il te donne des idées claires et chaudes comme le soleil et qu'il relève le goût d'olive de la chair de ces pétits oiseaux.
Ma tendresse pour ma grand-mère elle devenait admiration quand elle " soignait ". Elle soignait toutes les maladies, sauf la tuberculose bien sûr, sinon elle aurait pas laissé mourir tellement de ses enfants ; elle soignait les maux de tête, les insolations, le mauvais oeil et même les mauvais sorts jetés par les mécréants.
- Moi, je peux faire que le bien, qu'elle m'affirmait souvent. Je connais rien de la sorcellerie et je veux pas m'en occuper.
Elle me permettait d'assister aux bons soins qu'elle donnait dans sa chambre parce que je savais la regarder sans parler.
Sa technique elle changeait pas ; elle prenait un verre ordinaire, un verre de cuisine, même un verre à moutarde de Dîjon ou d'ailleurs ; elle remplissait le verre à moitié d'eau du robinet ; elle jetait dedans une petite poignée de grand-mère, du gros sel marin ; comme sur notre front, quand nous n'étions pas bien, elle traçait un signe de croix sur ce qu'elle appelait les quatre coins du bord du verre; ma science toute neuve en géométrie, elle me disait que les quatre coins d'un cercle c'étaient les extrémités de deux diamètres perpendiculaires ; ma grand-mère elle aurait rien compris à ces mathématiques mais elle savait guérir ; elle posait sur le verre une serviette éponge pliée en deux ou en quatre suivant sa grandeur et son épaisseur; elle retournait le tout sur la tête du malade. Aux Chrétiens elle disait :
- Récite " je crois en Dieu" et si tu le connais pas récite les prières que tu sais.
Aux Arabes, elle demandait:
- Prie ton Dieu !
Elle se plongeait dans un long silence, le regard fixé sur le verre, son pouce traçant lentement des signes de croix sur le fond du verre.
De temps en temps, on voyait ses lèvres qu'elles esquissaient un mouvement imperceptible, qu'il révélait les prières mystérieuses qu'elle récitait en elle-même ; ce mouvement il était aussi léger que la frange des petites vagues que le sable il absorbe sans laisser de trace.
Quand des bulles, elles s'élevaient dans le verre, grand-mère elle retrouvait sa voix :
- Grâce à Dieu, ça agit. En plus de la maladie, tu avais le mauvais oeil. Tu vas te sentir mieux maintenant. Va mon enfant! Dieu est avec toi!
Votre science elle vous glisse peut-être à l'oreille que les bulles elles montent dans le verre, parce que la serviette éponge elle absorbe l'eau ; votre opinion elle me laisse indifférent et je fais toujours confiance au pouvoir de ma grand-mère.
Quand je la regardais donner ses soins, je pensais au prêtre qu'il consacre les hosties dans le ciboire ; ces rondelles de pain azyme sans odeur et sans saveur et qu'elles vous collent au palais, elles deviennent pour le croyant la chair du Christ par la magie des paroles de l'officiant; l'eau et le sel dans le verre à moutarde de ma grand-mère, ils prenaient leur effet des prières mystérieuses qu'elle seule elle connaissait.
Un soir, j'ai été surpris de voir ma grand-mère poser religieusement son chapelet sur le revers de son drap, avec la lenteur et la délicatesse du prêtre qu'il place les Evangiles sur l'autel ; assise, bien droite dans son lit, le regard noyé dans le vague infranchissable de son âme, elle est restée un long moment silencieuse et puis elle s'est tournée vers moi :
- Ferme bien la porte mon fils !
- C'est fait grand-mère.
Ecoute-moi bien ; c'est très important ce que je vais te dire. Tu apprends l'ltalien Collège ?
Oui grand-mère.
Tu le comprends bien ?
Non pas tout à fait, seulement si c'est pas compliqué,
Réfléchis bien, tu me diras si tu comprends sinon, je recommencerai plus tard. Comme tu es le seul de mes petits enfants à parler Italien, j'ai décidé de te confier mon grand secret.
Je me taisais pour écarter toutes les paroles oiseuses qu'elles auraient pu troubler l'eau magique du grand secret de ma grand-mère:
- Tu sais que Dieu, dans sa grande bonté il ma donné le don de guérison. Tu m'as vu soigner beaucoup de monde, des enfants et des adultes. Tu as sûrement retenu tous les gestes qu'il faut faire. Mais pour que l'eau salée elle apporte la guérison, il faut réciter dans sa tête et dans son coeur, avec une grande foi, des prières. Moi je les connais seulement en Italien; je vais te les révéler; tu pourras les traduire en Français ou les apprendre par coeur en Italien. Tous ceux qu'ils ont un don ils doivent le transmettre avant de mourir, à quelqu'un de confiance et qu'ils aiment, de préférence dans la famille. C'est toi que j'ai choisi ; seulement à partir du moment où tu commenceras à pratiquer, moi je perdrai mon don. Aussi, tu vas me promettre de ne rien faire tant que je serai vivante, pour que je puisse continuer à soulager les malheureux. Quand je serai morte tu pourras prendre ma place. Surtout n'oublie pas les prières et garde-les secrètes jusqu'à quand tu trouveras dans ta famille quelqu'un qu'il est digne de te succéder.
Dans la nuit, j'ai recueilli comme un sacrement plus impressionnant que ceux de l'Eglise les mystérieuses paroles italiennes qu'elles conjurent tous les maux.
J'étais surpris de leur grande simplicité et je ne comprenais pas que ma grand-mère, qu'elle s'exprimait correctement, elle ait pas cherché à les traduire. Je pense maintenant que les mots de sa langue maternelle ils étaient, pour elle, plus chargés de merveilleux que leurs équivalents français.
Ne comptez pas que je vais vous dévoiler les prières qu'elles chassent tous les maux ! Attendez que la mort elle se rapproche un peu plus près de moi; alors si le temps et la voix ils me manquent pas, je choisirai l'élu qu'il sera digne de recevoir l'héritage.
Ma grand-mère elle nous a quittés bien des années après cette nuit; j'avais pas oublié ses prières mais tant qu'elle a été en vie, j'ai résisté à l'envie de soulager ceux qu'ils souffraient dans mon entourage. Quand elle est partie, j'avais vingt-six ans, j'étaîs marié et père d'un petit garçon ; j'avais tété mes convictions républicaines aux mamelles laïques et obligatoires des écoles publiques de Monsieur Jules Ferry; j'étais chaud partisan de la séparation de l'Eglise et de l'Etat pour que les commandements du Vatican et ceux de la morale tout court ils se mélangent pas en " tchatchouka* " ! J'enseignais dans un établissement d'état, à des enfants qu'ils priaient Dieu, Mahomet, Jéhovah ou qu'ils priaient pas du tout. Pourtant, malgré ces références de laïcité patentée, je me suis surpris à essayer les recettes pieuses de ma grand-mère, sur des amis en peine physique ou morale. Ça a marché ! Tant pis pour vous si vous me croyez pas !
A quelque temps de là, comme on dit dans les livres qu'ils parlent avec élégance, je me suis réveillé un beau matin avec des démangeaisons cuisantes sur le mont de Vénus. J'ai mis d'abord cette grattouille sur le compte des poils qu'ils commençaient à herboriser mon pubis; mais comme mes cousins dans le même âge de puberté ils portaient pas leurs deux mains sur la braguette pour égratigner la peau qu'elle est dessous, j'ai compris que le mal il venait d'ailleurs. Ma tante, elle avait trop à faire pour remarquer mes mauvaises manières. Par contre, mon père il m'a rappelé à l'ordre :
- Qu'est-ce que c'est que cette vilaine habitude ? Tu t'es bien lavé et rincé
- Oui Papa .....
Très vite, le besoin de gratter " il est descendu sur mes cuises et sur mes mollets. Plus je grattais, plus ça me démangeait. Je me demande où le prurit il aurait jeté son embouchure, si mon père il avait pas été contaminé. Je l'ai pas vu contrôler son propre épiderme d'homme propre, mais un matin il m'a demandé de me déshabiller. Au premier coup d'œil, les bêtes elles lui ont sauté aux yeux:
- C'est bien ce que je pensais, tu as des morpions et tu m'en as donné.
* " tchachouka " = sorte de ratatouille niçoise
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PÉTROLIERS
Encore une histoire de Sahara!
Encore des palmiers, des dattes, des dromadaires!
N'avez-vous pas mis fin à ces voyages dans le chapitre précédent, et quand nous ferez-vous priser les plaisirs de la plage, apprécier le lèche-vitrine des grandes villes? Je ne comprends pas votre attirance pour l'isolement, le désert, la solitude. Les villes ont des tentations qu'il ne faut pas toutes rejeter quand on a 25 ans et que l'on est libre, libre ...
Lectrices, peut être lecteurs, avez-vous en partie raison. La ville et ses amusements sont importants, mais nous sommes en période de guerre.
Les lumières de la cité, avec ses néons multicolores, attirent la jeunesse comme des papillons de nuit. Loin de négliger de tels attraits et les moments de défoulement à mes retours de reportage, je resterai discret sur ce sujet. Dans les périodes troublées, on a ce sentiment de vivre deux fois; plus intense est l'action, plus rapide est la vie et les instants de sérénité du Sahara sont, pour moi, de vrais bonheurs.
Il n'en reste pas moins que mon espoir, c'est de vous montrer les mille aspects de ce pays et de faire un constat de ce que nous avons trouvé, de ce que nous avons laissé, en 1962.
Je vais donc me permettre, juste l'espace d'un instant, de vous conter l'histoire fabuleuse du" pétrole français", ce qui est déjà un non-sens.
En 1954, je me rappelle avoir jeté quelques caisses de ravitaillement près d'une tente bleue, perdue au milieu d'un erg ocre. A côté deux hommes blancs, hirsutes, blonds, qui nous faisaient de grands signes pour nous remercier.
Deux géologues français qui recherchaient des traces d'hydrocarbures en faisant "péter" quelques bâtons de dynamite.
Quelques années plus tard, les torchères d'Hassi-Méssaoud commençaient à brûler.
Etrange éclairage d'un désert, lueurs fantasmagoriques qui brillent dans les yeux des rôdeurs de la nuit, feux qui illuminent sans discontinuer la base de repos des pétroliers.
Le pétrole Franco-Algérien est là, en quantité abondante, mais de qualité moyenne.
"C'est là une chance pour l'Algérie, une chance pour la France" . Ainsi parlait notre grand homme, avant de devenir Président de la République.
Ces mots cachent mal nos lacunes présentes et nos avancées futures.
Nous n'étions pas une nation pétrolière, notre matériel premier fut américain, et il fallut beaucoup d'énergie, énormément de travail pour se hisser au niveau des U.S.A.
Les pétroliers sont une drôle de race. Payés de façon princière, ils avaient installé à Hassi-Messaoud un camp où les baraquements étaient tous à air conditionné, rareté à l'époque. Le "Restaurant", la meilleure table de tout le Sahara, offrait à l'année la douzaine d'huitres fines de claires, la langouste fraîche ou le tournedos charolais. Inimaginable pour l'indigène.
A côté du pétrolier, vivait un soldat.
Le légionnaire qui gardait le camp n'avait pas accès au Restaurant", il devait se contenter de sa maigre solde, de son rata et l'air conditionné n'était pas pour lui.
Ce n'est là qu'une parenthèse qui brûlait mes lèvres et la plume de mon stylo. Je l'ai écrite, j'en suis soulagé.
Revenons à nos chercheurs d'or noir qui, en contre partie d'une débauche d'avantages, devaient quand même forer le sol saharien, dans un climat extrême avec une chaleur épuisante. Le vent de sable, le Simoun, rendait la tâche encore plus ardue mais personne ne se plaignait.
J'ai eu, une fois, l'occasion de voir surgir l'or noir des profondeurs mais, ce qui m'a fait le plus plaisir, est d'assister au jaillissement de l'eau. Un jet de 25 mètres de haut nous douche, à une température de 40 °.
Cette eau sera refroidie pour que bêtes et plantes puissent en profiter. Un professeur de la fac d'Alger veut y faire pousser des algues qui nourriraient des moutons.... Rêves... réalités.... nous sommes partis.
Mais pour l'homme des sables, voir ce phénomène est un cadeau de Dieu.
Le pétrole trouvé, il fallut le transporter par pipe-line. Celui-ci relia Hassi-Messaoud au port de Bône. Pour construire cet ouvrage en temps de guerre, la France a fait appel à une armada de soudeurs, payés royalement et bien sûr protégés par l'armée française.
Jamais le FLN ne s'est attaqué à cet ouvrage qui se réalisa dans les temps prévus et dans des secteurs chauds.
Notre premier Ministre de l'époque, Michel Debré, tourna le premier la vanne qui devait remplir bien des pétroliers français, en direction de Marseille.
Oui le temps des chercheurs de pétrole dans le Sahara est révolu, nous sommes devenus une nation pétrolière, pour peu de temps, il est vrai. Aujourd'hui, à Hassi-Messaoud, on parle américain, et les techniciens qui exploitent le gisement sont des fils de l'oncle Sam. Le FLN leur devait bien ça!
Moi, j'ai l'impression d'avoir été trompé, volé. C'est pratique courante dans le monde des affaires...
Ce n'est pas mon monde. Ayant vécu quelque peu cette aventure, il fallait que j'en dise deux mots, mais cette fois ci, c'est fini, je ne parlerai plus de Sahara. Le Simoun est un vent violent mais celui de l'Histoire, est encore plus dévastateur.
Si un jour vous passez par là, que votre voiture vous conduise d'Alger à Hassi-Messaoud, arrêtez vous dans les pentapoles du M'zab.
Vous y découvrirez, entre autres choses, des familles juives implantées bien avant notre arrivée en 1830, cohabitant avéc les Mozabites, dissidents de l'Islam mais commerçants nés.
Torchère à Hassi-Messaoud
BARRICADES
Lecteurs voici un chapitre où je vais vous ennuyer surtout si, comme moi, vous ne connaissez rien à la politique, ce jeu qui se joue avec des cartes truquées.
Pourtant, vous ne pouvez comprendre l'indépendance Algérienne, l'O.A.S., les barricades d'Alger, si vous ne me suivez pas dans mes reportages, ceci dit en toute modestie. Oui, j'ai vécu ces événements et, peut être parce que j'avais le nez dedans, je n'ai pas su anticiper et n'ai pas voulu comprendre les évidences contraires à mes souhaits.
D'autres que moi n'ont pas saisi les finesses de la politique gaullienne; ils sont des milliers, mais des milliers d'imbéciles ne font pas une excuse.
Nous partirons du " Je vous ai compris" les bras au ciel, à " Vive l'Algérie Française", lapsus lâché à Mostaganem. Jusque là tout va bien. Puis, c'est la première tournée des "popotes" où le Général se fait expliquer, in situ, la situation militaire en Algérie.
Nous sommes en 1959, l'Armée a pacifié les 8/10ème de l'Algérie, grâce à des opérations d'envergure comme "Jumelles" ou "Pierres Précieuses" et à un travail incessant des petites unités présentes dans tout le territoire.
Mais dans l'esprit de notre grand homme jaillit une idée qu'il précise dans ce texte
"les Algériens ne sont ni des Bretons, ni des Provençaux, et il est illusoire de vouloir en faire, à terme, des Français à part entière". Notre Général a peur de voir un jour les Français en burnous, sur les Champs-Elysée .....
Ce discours, les Pieds-Noirs ont eu du mal à l'interpréter car l'opinion du moment était favorable à l'Algérie Française. L'on considérait que ces phrases, dites dans l'instant, dans un climat particulier , avaient été mal rapportées, voire déformées, par la meute de journalistes dont je faisais partie. C'est le Général Massu qui, le 18 janvier 1960, dans une interview à un journal allemand, met le feu aux poudres en accusant ouvertement De Gaulle de devenir un homme de gauche et d'aller vers un abandon de l'Algérie.
Représailles du chef d'Etat: Massu est rappelé en France.
Dés le matin du 24 janvier 1960, des groupes de manifestants, portant pancartes et banderoles, scandent des slogans "Algérie Française".
Je me trouve avec un cameraman dans la rue Michelet, face à l'Université et nous faisons notre métier de reporters.
Là, je suis pris à partie par des manifestants qui me bousculent, essaient d'arracher mon appareil photo; je suis dégagé par des gendarmes mobiles qui suivaient la manifestation. Mon collègue, tranquillement, filmait l'incident.
Toute la journée, Alger fut en effervescence.
Enfin d'après midi, vers 17 heures, mon collègue cameraman m'invita à aller faire un tour au "BLED " où il avait des connaissances.
Le "BLED" est un journal militaire imprimé pour l'Armée en Algérie. Son siège social se trouve dans les anciens locaux de la "DEPECHE D'ALGER" et, pour ceux qui connaissent cette ville, il se situe entre la Grande Poste et le Monument aux morts. D'architecture mauresque, son balcon surplombe le plateau des Glières, vaste place arborée. La foule s'est amassée là, immense, agglutinée, scandant "Algérie Française" sans discontinuer.
Dix huit heures: des gardes mobiles prennent position dans la petite rue qui longe le Monument aux morts. La nuit tombe, il fait presque sombre malgré les lampadaires allumés sur la place.
Nous sommes sur le balcon du "BLED" regardant la foule toujours hurlante.
Il y a là 2OOO personnes, des hommes, des femmes, voire des enfants qui gesticulent.
Les gardes mobiles sont statiques et attendent des ordres. Le crépitement d'une arme automatique couvre les slogans et les fait taire, cela vient du haut des immeubles qui nous font face.
Les Barricades
- 20 minutes de fusillade, 20 minutes de folie.
La vitre derrière nous vole en éclat, nous baissons la tête, nous protégeant derrière les balustres. Quelques éclats tombent sur nous, mais l'événement est là, il n'est pas question de rentrer bien que, du point de vue photographique, il n'y ait rien à faire, il fait trop sombre.
Une foule en désarroi total, c'est horrible. Les femmes avec leurs talons sont handicapées, bousculées, piétinées, sans aucune retenue, sans rien d'humain.
- 20 minutes sous les feux de fusils-mitrailleurs, 20 minutes de panique, c'est long.
Il n'y a plus defoule, nous nous débarrassons de nos gravats, et rentrons dans les bureaux.
J'aperçois un capitaine accroupi sous son bureau, je l'informe que c'est fini. Il se relève, il tremble, il a peur.
On nous offre un cognac; merci, avec deux cela ira mieux.
Depuis ce jour, la foule m'éffraie car je ne la comprends pas. C'est une force sans tête qui peut faire n'importe quoi, à n'importe qui.
Le lendemain, nous rendons compte à notre chef des événements que nous avons vécus. La consigne est simple:
" Faites de votre mieux " puis il aura une forte grippe diplomatique et on ne le verra plus pendant la durée des Barricades.
M. PY prendra, de facto, la tête de notre service, nous laissant quand même une grande liberté d'action.
Nous couvrirons l'événement d'un bout à l'autre, rentrant dans le camp des insurgés assez facilement, tant chez ORTIZ que chez LAGAILLARDE, bien que le genre de commandement des 2 groupes soit complètement différent.
La reddition fut pathétique. La Légion étrangère à laquelle une partie des insurgés se rendirent a eu de grands moments de générosité, fermant les yeux sur ceux qui sautaient des camions qui les emmenaient au camp de ZERALDA.
La guerre civile est la plus sale des guerres. Un élément se rajoutait qui en faisait l'émotion militaire et insurgés avaient la même pensée, le même désir, mais le devoir des militaires demeurait l'obéissance aux politiques.
De Gaulle dira plus tard, en parlant de l'Armée: "son Honneur, son devoir, c'est simplement de servir".
Triste semaine, où la foule défile, recueillie devant un drapeau Français maculé de sang, étendard pathétique de la première des Barricades. Derrière leurs barricades, on ravitaillait les insurgés comme s'ils étaient coupés du monde; lieu d'attraction, on venait en famille les féliciter, derniers saluts à une illusion. A l'heure où j'écris, je ressens comme un arrière-goût de farce à la méditerranéenne où l'on crie beaucoup, mais c'est pour dire "je t'aime". Ce "je t'aime à la France", de Gaulle ne l'a pas compris et il exècre le désordre, les barricades en particulier. Celles-ci, les premières de son septennat, ont pour emblème "Algérie Française".
En homme du Nord, notre Président a pris ce sursaut de patriotisme trop au sérieux, trop dramatiquement, son autorité était bafouée, son orgueil froissé. Cela, il ne l'a jamais accepté, même en 1968.
Les derniers pavés enlevés par le Génie, la rue Michelet goudronnée, il ne reste qu'une grande désillusion pour les Pieds-Noirs. Le rêve "Algérie Française" s'estompe, on y croit maintenant de moins en moins.
Cela n'empêchera pas des actions suicidaires telles que le putsch ou l'O.A.S.
Peu de journalistes ont pu être, comme nous au coeur de l'action. Les pellicules de films se vendaient cher et beaucoup de mes collègues cinéastes ont négocié à ce moment là un emploi sur une chaîne de télévision. De même les photos du début des barricades se monnayaient bien. Ce ne fut pas mon cas bien que "Paris Match" me fît des propositions alléchantes. Ai-je eu tort, ai-je eu raison, je ne sais.
Ce que j'ai appris, c'est que de Gaulle prit une sainte colère en regardant une télévision anglaise relater des reportages "exclusifs" sur ce qui était encore un département français.
Ce que j'ai moins apprécié fut la visite de grands pontes des Services Généraux, guidés par notre chef qui, spontanément, avait retrouvé la santé. J'avais photographié plusieurs membres de ma famille venus en curieux "voir les barricades; heureusement personne n'a été inquiété.
Une sorte de responsabilité photographique se fit jour en moi à partir de ce moment.
Les Barricades d'Alger
RE.. POPOTES, PUTSCH, ET O.A.S.
Du 4 au 7 mars de la même année, de Gaulle visite encore une fois les popotes. L'ambiance est différente. Plus de meute journalistique à ses basques, nous sommes trois à représenter la presse : Py, comme cinéaste, Claude Mauriac comme rédacteur, votre serviteur photographe.
L'itinéraire du chef de l'Etat est tenu secret mais, pour que l'événement soit médiatisé, tous les soirs un avion viendra chercher nos pellicules et nos articles.
Curieux voyage dans les profondeurs de l'Algérie. Visite de postes isolés, de villages défendus uniquement par des femmes, écoles de bleds où les élèves ne parlent pas français. Ce circuit avait dû être étudié pour que la présence Pied-Noir ne soit pas visible.
Les officiers interrogés relataient une situation militaire, De Gaulle répondait politique, avec des mots au sens ésotérique, à l'analyse confuse.
Je ne vous ai pas compris mon Général, et nous étions nombreux à cette époque. Pourtant, c'est dans ce voyage que tout bascula dans l'esprit de de Gaulle.
Je l'ai entendu dire au Général Challe: "Pendant ma sieste, la France m'a parlé..." Étonnement de Challe de se trouver devant une seconde Jeanne d'Arc.
Le glas de l'Algérie Française commençait à sonner. Son lugubre qui fera tinter tant de ressentiment, tant de haine.
Cela devait obligatoirement avoir des répercussions sur la population européenne d'Algérie, sur nos chefs militaires, sur notre avenir. Alger se couvrait d'affiches, "la VALISE OU LE CERCUEIL", les insignes Pieds-Noirs fleurissaient sur les vestons des costumes, le concert des casseroles retentissait après le couvre-feu ... Ambiance...
L'O.A.S prit corps, ultime soubresaut d'une agonie programmée.
Dans une guerre, rien n'est juste, rien n'est propre, mais quelques règles subsistent. Dans une guerre civile plus de régle, tout est ignoble. Tout se mêle, le bon et l'horreur; passion, rancoeurs, vengeances font un lot indissociable.
Je crois à la sincérité de certains qui se sont engagés pour une idée qu'ils croyaient juste et viable.
Je salue ceux qui n'avaient rien mais qui ont donné leur courage, leur carrière, leur vie pour une cause. Je remercie ces Français, militaires ou civils, qui ont embrassé une cause qui n'était pas la leur.
Je condamne cependant l'idée d'avoir pris les armes car, sans cet affrontement devenu racial, nous aurions pu sauver l'essentiel.
Mais qui peut raisonner quelqun, le dos au mur, qui sait que demain il aura tout perdu.
Un hélico
Au début de l'année 1961, une heureuse surprise. Le second mari de ma mère, venait d'être nommé Général, et prenait un commandement à Alger. Ma mère l'accompagnait et je fus très content de les revoir.
Je savais que mon retour sur la France était programmé et que vers le mois d'avril, je rejoindrais mes copains d'Ivry.
La veille de mon départ, mon général de beau-père m'invita dans un bon restaurant d'Alger, excusant ma mère qui était au lit avec une forte angine.
Le repas fut agréable et, vers minuit, il me déposa devant les grilles de la caserne d'Orléans.
Du restaurant à la caserne, il faut traverser tout Alger; tout paraissait calme dans cette belle nuit de printemps. Demain, 22, avril, le chauffeur m'accompagnera à l'aérodrome de Maison-Blanche, prendre l'avion pour Paris.
Réveil 5 heures.
Départ de la caserne 5 heures 30.
Le chauffeur est là, les bagages chargés, nous arrivons au poste de garde. Tiens, des paras montent la garde!
Je montre mon ordre de mission, signé Général Challe, rien n'y fait. On ne passe pas.
Vous êtes prisonnier.!!! A 5 heures 30, s'entendre dire par un officier français, fût-il parachutiste, que nous sommes prisonniers dans une caserne, vous croyez vivre un mauvais rêve.
Pas d'explication.! Retournez dans votre cantonnement. C'est ce que je fis de mauvaise grâce.
Je repris ma tenue bariolée, mon appareil photo et je me camouflai sous des couvertures, à l'arrière d'une camionnette qui assurait l'intendance.
J'arrive en ville, je m'informe.
Le quarteron de généraux avait pris les rênes de l'Algérie Française. Qui peut dénigrer un tel geste?
C'était folie, mais sublime.
Ces généraux, au faîte des honneurs, au sommet d'une carrière, laissent là des certitudes, le confort, pour une aventure oh combien périlleuse!.
Au Gouvernement Général, où sont les pustchistes, l'on compte les régiments qui se rallient, ceux qui hésitent, ceux qui refusent.
Pour en savoir un peu plus, je téléphone à ma mère, afin d'essayer de contacter son mari plus au courant que moi de la situation. Hélas, il a disparu; ma mère est affolée et je dois aller la voir pour la rassurer, aussi bien que je peux. Dans l'esprit du quarteron, on refaisait le 13 mai 58. Le peuple Français-Algérien en communion, refusait l'abandon de l'Algérie dans la joie et l'allégresse. Douce illusion.
Nos quatre généraux, grands chefs de guerre, n'avaient pas évalué la puissance de l'impact des mots, des discours gaulliens. Employant le ton du drame, mêlant vérités et mensonges
dans son intervention télévisée , revêtu de son uniforme, il apparut sur les écrans comme incarnant le droit, l'autorité, l'Etat. Les autres, c'était l'aventure. Le Français n'aime pas l'aventure, son quotidien lui suffit. De Gaulle avait su créer une psychose de peur, illusoire mais suffisante. La fermeté, soulignée par les poings serrés frappant la table, avait impressionné plus d'un auditeur. Ainsi, selon De Gaulle, se préparait-on à une guerre civile de grande ampleur: l'Algérie contre la France. Bêtise! Le Général Challe se soumit, voulant éviter un bain de sang français. Les autres généraux choisirent la clandestinité.
Mon beau père réapparut, il s'était réfugié avec une partie de son Etat Major du côté de Médéa et ils restèrent à l'écart du putsch.
Le clairon sonne "aux morts" sur la place de Staouéli. Le poilu de 14/18 est encore là; je suis transi. Je quitte mon village définitivement mais, avant de partir, je ne peux que saluer ceux qui sont restés pour l'éternité sur ce sol. Quelle connerie la guerre! Quelle responsabilité devant l'Histoire, pour ceux qui ont menti.
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FIN DU 12éme EPISODE LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO
Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur
A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver une documentation perdue
M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine
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ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
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ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS
A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.
F.B.
" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS "
(Virgile)
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MOI ET AUGU AC LES DONNE QUI CHOTTE
L'aut'soir ac Augu, on s'était assis à chez Nigro et on était en train de se taper une madone de crème ac la vanille, quand on se oit un homme ac des grands cheveux en errière qui marchait à toute vitesse, qui lévait les bras au plafond et qui parlait toute seule : " Atso ; qui dit Augu aga ce fondu on dirait Donne qui Chotte. "
- A de bon t'la connais l'histoire 0 ! Augu
- Mala te m'a pris pour un bon à rien ; écoute et rouvre bien tes oreilles qu'elles sont grandes comme des palettes barbaries :
Dans le temps, dans l'Espagne, un homme qu'il était maigre comme un cheveu d'ange ac une poitrine de vélo, y se prend un jour la toccade d'aller faire un tour dans le monde pour défendre les faibles contre les forts.
Y va se trouver son oisin Sang Chaud Pacha qu'il était petit et gros comme Paul Pons le cousin à Pierre Pons et le petit fils du grand père à Pons Pilate çuilà qui s'a lavé les mains et perdu la fugure. Y se le met au courant d'la situation et lendemain bonne heure les oilà partis pour un grand oyage.
Donne qui Chotte y s'avait pris un cheval de corbillard qui s'appelait " Plein gaz " ac une langue longue qu'elle pendait, maigre comme un stokafice que te pouvais compter les cerceaux de baril sous la peau. Lui, y s'était mis tsur la tête un casque anglais et y s'était fait une grosse cuirasse ac des bidons américains et des protéges tibias ac d'la tôle ondulée. A la main y tenait un manche de balai ac un bout d'aloès pour faire la pointe. A l'autre main y tenait un covercle de lessiveuse pour faire le bocher et les guides y se les avait dans les dents.
Sang Chaud lui, il avait monté un petit bourricot. A la main, il avait le dabbous et une tireboulette et chaque côté le barda, une maousse de gargoulette et le couffin ac les provisions. Y marchaient tous les deux sans rien dire, manque une parole et le soleil il était chaud un tas. Tout d'un coup le maigre y dit au gros " Aga ces grands hommes ac la chemise blanche et le chapeau pointu rien qu'y remuent les bras, y se moquent de nous z'autres et çuilà de droite, je crois bien qui nous fait un madone de bras d'honneur. En avant seulement et qui m'aime y me suit ", et y fait galoper le cheval.
Sang Chaud rien qui crie : " 0 Patron ! te t'as foutu dedans; c'est pas des hommes, c'est des moulins avant " Domme qui Chotte il entend que dale sûrement badjok il était devenu ac le soleil. Y donne un coup de lance dans les ailes d'un moulin, ma la force elle se le fait monter en l'air ac la lance et elle se l'envoit à 50 mètres en errière.
Y retombe par terre ac un bruit qu'on s'aurait dit la batterie d'cuisine à Tektek qu'elle se décroche et y reste affogué à plat ventre. Sang Chaud, vite il arrive et y se lui fait les mouvements aspiratoires. Au bout d'un moment y se le met debout et tsur la tête y se lui pose le casque qu'il était plein de bosses.
" Prochaine fois, je viens ac une mitraillette ou un fusil zarpon. 0 tas de gatarelles qui crie Donne qui Chotte, y remonte tsur Pleingaz et y partent pour continuer leur oyage et oilà. "
Axe je suis resté de me l'entendre raconter çà et pour pas perdre la face devant cette tronche, j'y dis :
" Eh ben à la Calle aussi y a déjà 30 ans de çà, y z'avaient aussi leur Donne Qui Chotte et c'était Goudzoumile. Un bon jour les Callois qu'ils s'aiment la rigolade y se lui ont fait croire que dans la forêt du Tarf y se trouvait un dragon et lui il a cru et les Callois y se lui on fabriqué une armure et il a pris le train pour le Tarf.
Il est revenu lendemain sans le dragon, pourquoi soi disant l'animal d'la peur y s'a mis les oiles et il a été s'atterrir dans le lac Tonga.
Et toutes ces histoires pour dire que des fondus partout on s'en trouve, mais dans le fond jamais y se font du mauvais sang pourquoi comme y disait mon grand-père qu'il était un homme d'attaque dans son temps : " Heureux les pauvres d'esprit, la funêtre du ciel, elle leur est rouverte "... et à nous autres aussi...
Les grandes chasses...
LES FEMMES ET LE SECRET
Si te veux qu'un secret vite vite on s'le raconte
Dis-toi le à une femme ; pour sur elle a pas z'honte
De se le trimballer à Gaëtan, à Jérôme.
Les femmes elles sont terribles, par cher y valent les hommes.
Pour oir si c'était vrai, Augu crie à Fifîne
Un soir dans le plumard : " Donne-moi un verre de fine
Pourquoi j'a mal au ventre, y vient les vomissements
Ça monte et ça descend ; c'est pas des boniments
On dirait que j'accouche, je sens une grosse boule
N'appelle pas la chasse femme et je suis pas maboule.
Ah ! ça y est ! c'est fini ! j'a fait un zeuf pépère.
A personne ne dit rien, manq' ton père ou ta mère,
Pourquoi où je travaille, la rue Prosper Du bourg,
Tous les gens en passant m'lanceraient des calambours "
Et Fifîne elle promet, ma sa langue elle démange
Après tout c'est une femme et pas un petit ange
Et lendemain matin, à peine le jour levé,
Laiss'la qu'elle se raconte çà qu'il est arrivé
" Entention de rien dire pour pas me faire battre
Augu s'a fait un zeuf, qu'il est gros comme quatre
Pour la mort du Bon Dieu, vous êtes seule à saoir,
Augu y s'porte bien, l'oeuf il est beau à oir. "
Et comme la pauvre Fifine, elle se rentr'à chez elle,
L'autr' à toute vitesse, elle raconte la nouvelle
Elle va se la répandre dans plusqu' de dix endroits
Et au lieu d'un seul zeuf, elle dit qu'y en a vingt trois.
Te crois que c'est fini ? Aoua ! la bonne parole
Comme un feu d'la broussaille elle court et c'est pas drôle !
Chacun y dit son chiffre ; un y parle mille treize
Alors toutes les femmes qu'elles étaient pas à l'aise
De faire la longue queue à le Marché français
Au rixe de se touffer ac les cotes enfoncées
Pour aoir des zeufs frais où y a pas de poulets,
Elles se mettent les oiles sans attendre un délai,
Elles vont trouver Fifine, elles se lui disent : " Bonjour ! "
Elles crient comme une seule homme: " On veut des zeufs du jour. "
Mon Augu dans le lit y rit de toutes ses dents,
De oir sa femme rentrer ac la rage en dedans.
MOI ET AUGU, AU GRAND PRIX DE L'ARC DE TRIOMPHE
Nous oilà encore à Paris depuis hier soir, pourquoi la Dépêche elle nous avait dépêché pour un raportage. Aujourd'hui après qu'on s'a mangé un bon couscous dans un restaurant d'la Chapelle, on se prend l'autobus pour Long Champ. Telment du monde y avait que t'y aurais dit le tonneau d'alatches à Pépino, çuila qui vend les sardines en dedans le marché.
Moi, au marché Arabe de Bône, je m'étais trouvé le gibus gris et mon oncle Aouestine y m'avait prêté sa queue de morue pourquoi temps en temps y fait le conducteur d'la calèche pour les mariages.
Augu y portait un melon, un paletot noir, un patalon ac une raie oui, une raie non, des vernis et des guêtres américaines qu'il s'avait pinturé en gris. Reusement qu'il avait les oreilles pour s'arrêter le melon, pourquoi il lui allait grand un tas. Enfin on s'arrive, c'était pas trop tôt, pourquoi les gouttes d'la sueur elles nous coulaient et le couscous dans le stomac y criait " au secours ".
A l'entrée, un tas des p'tites guérites. On se montre la carte de raporter et on rentre. A la bascule, où on pèse les cavaliers, un tas de monde qui va et qui vient. Des belles dames ac des belles robes elles marchent en se tortillant le goufnadoure. On s'appelle ça des mannequins. A saoir pourquoi ! Les mannequins ça remue pas beaucoup, ma celles-la la, pardon ! Elles se font andare et venire sans arrêt et Augu qui avait un appareil photo qu'on s'aurait dit une cage attrape et où y avait pas de film dedans, y se les arrête et fait semblant de les prendre. Elles partent contentes et nous z'autres aussi. On se promène sous les arbres de marrons un p'tit moment. Ça une endroit pour se faire la sieste l'été !
Tout d'un coup la cloche elle tape, c'est la première course et le monde comme la vague y court en direction d'la barrière. Alors nous autres on va du côté les tribunes. Qu'est c'est les tribunes du Stade de Bône à côté les tribunes du stade des chevals de Long Champ. Au moins, au moins, soixante mille personnes elles vont dedans.
Les premières courses, elles nous antéressaient pas. En s'attendant le Grand Prix, rien qu'on faisait des coups d'oeil aux Parisiennes. A coté de moi un homme y dit à Augu " Un bon tuyau, jouez pour le Grand Prix, l'Outsider Coronation. "
Augu y me demande ça qu'c'est l'outsider 1 " Ça doit être le calamard des chevals, la came, l'homme y doit se ficher de not' tronche, mieux on se joue gagnant Amour Brake, que je reuponds à mon collègue et on se joue mille francs, moitié moitié tsur le canasson.
La grande course, du Bifteck elle a lieu. C'est pas trop tôt ! Les chevals y sont rangés darrière une barrière et pis tout d'un coup ça se soulève et en avant : Brake il est en tête, ma bientôt je ois plus que dale, pourquoi devant moi y se trouvait une femme ac un chapeau et des madones de plumes, telment elles étaient grandes qu'on s'aurait dit qu'elle s'avait mis l'autruche toute entière sur la gargamelle.
Au darnier tournant on était dans les choux fleurs, pourquoi c'était le cheval outsider calamard qu'il était en tête et Coronation y passe le poteau ac dix mètres en avance, après y vient Double Rose et enfin troisième Amour Brake.
Pour se consoler on va à la bascule et on se rencontre le propriétaire du cheval Monsieur BOUSSAC:
Comme y se lui touche la main Augu y se lui dit ac un sérieux terrible
" Sur, sur te fais le sac ac l'écurie BOUSSAC "
Il a rigolé et tout content et nous a payé le champagne on s'a trinqué au gagnant, à la santé de la race cavaline et à la nôtre qu'elle nous est chère.
Lendemain on était à Bône et vite vite le boulot on se reprenait.
" Adieu Paris, à l'année prochaine si y Dieu y veut ! "
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Prosper, ce héros...
Paru dans Trait d'union N° 39, avril 1996
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
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La dame partie, Prosper était trop contrarié pour se remettre sérieusement à sa cocotte et il décida de rentrer chez lui.
Au lieu de rentrer à pied comme il le faisait souvent, il sauta dans le bus qu'il prenait de temps en temps lorsque le ciel était menaçant ou tout simplement quand il n'avait pas envie de marcher.
En passant devant son pavillon, le bus s'arrêtant un peu plus loin, il remarqua que Sophie, sa femme, avait dû s'absenter. Il fut donc surpris d'entendre
- Ça va ? Tu rentres tôt, ce soir.
Oui, j'en avais assez. Mais, je te croyais en ville. Où as-tu laissé la voiture ?
- Devant la maison.
Prosper comprit tout de suite. On lui avait volé sa voiture, à lui, Inspecteur de police, une voiture toute neuve, rouge vif, série spéciale, bourrée d'options... Il en avait longtemps rêvé... Ah ! Celui-là, s'il le pinçait, il se pourrait bien qu'il y ait de la bavure à l'ordre du jour !! Sophie ne comprenait pas :
Eh bien, qu'est-ce que tu as ?
Sans un mot, il tourna les talons et, pour la première fois depuis qu'ils étaient mariés il prit, d'un air absent, la douche de sa femme...
Sète le 11 novembre 1995
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LE VIEUX BORDJ
Edmond REBOUL Paru dans Trait d'union N° 44, décembre 98
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
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Au zénith de ce bordj, notre emblème flotta...
Que de sable a coulé sur la dune voisine !
Il n'est plus, ce donjon, qu'une tour sarrasine :
le drapeau trois couleurs, un vent du Nord l'ôta…
Pourtant, rien n'a changé d'un alif ou d'un tha :
le bourricot têtu poursuit sa vie asine,
le sorcier mêle encor poudres, sucs et résine,
il coupe et coud toujours, le tailleur Bénita !
Mais d'autres oasis périssent sous le sable,
la grande foggara n'est plus intarissable,
Belkacem a quitté le ksar où il est né !
Cependant, tout là-haut, les ruines maghrébines
rappellent que, jadis, s'enfuit, abandonné,
le pacha du Sultan aux trente concubines...
Edmond REBOUL
BANDOL
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BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
Envoyé par M. Rachid Habbachi N° 5
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Bône Militaire
44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIV ème avant au XX ème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908
Première Partie
HlPPONE ET BONE
CHAPITRE IV
INVASION DES ARABES EN AFRIQUE
Fondation de Bône 640-1515
En 640, Amrou ben el Acï s'empara de l'Egypte et en fut nommé empereur.
En 646, son successeur, Abdallah ben Saad, frère utérin du kalife régnant Otsman, traversa la Cyrénaïque et la Byzacène. Il battit, près de Sufetula, les cohortes romaines et la cavalerie berbère du patrice Grégoire, puis il rentra en Egypte, se contentant de rapporter un immense butin.
En 650, suivant certaines légendes, Hippone aurait été détruite par Otsman (1).
En 665, Moaouïa ben Hodeidj, fondateur de la dynastie des Oméiades, culbuta le patrice Nicéphore, organisa le territoire conquis, en nomma gouverneur Okba ben Nafa, et jeta, à huit jours de Carthage, les fondations de Kairouan, qui devait devenir la capitale de l'Empire arabe d'Afrique.
Les Byzantins furent soutenus, dans leur résistance, par la population autochtone, les Berbères.
Okba fut tué à Téhouda, près de Biskra, en 683.
Kairouan, enlevé, devint la résidence du prince berbère Koceïla, qui se lia aux Byzantins par un traité offensif et défensif.
En 688, Zoheir ben Kaïs reprit la campagne il défit les Berbères et se retirait, quand, à Barka, il fut attaqué, battu et tué par les Byzantins.
Hassan ben Nounien, envoyé pour venger cet échec, fut battu, à son tour, par les Berbères.
En 697, Hassan se remit en mouvement ; il prit Carthage et toutes les villes byzantines, sauf Hippone. Ce fut dans cette ville que se réfugièrent les Berbères, tandis que les Byzantins gagnaient Béja (2). Puis, marchant sur l'Aurès, le général arabe y défit complètement les Berbères, de qui c'était le dernier refuge.
Toutefois, le triomphe des Arabes n'était pas assuré définitivement ; des révoltes continuelles obligèrent les envahisseurs à se tenir sur leurs gardes.
Les Berbères, disais-je, réussirent à secouer le joug en 909.
Abou Abd Allah fut remplacé par un prince berbère, Obéïd Allah, fondateur de la dynastie des Obéïdites ou Fatémides.
Hippone passa, sans en souffrir, au milieu de ces bouleversements.
Ibn Haukal, dans sa Géographie parue en 971, parle d'une seule ville de Bône, qui est l'antique Hippone.
" Le gouverneur de la ville, écrit-il, qui était indépendant, y entretenait un corps nombreux de Berbères dévoués à sa personne et toujours prêts à agir " (3).
Un siècle plus tard, Abou Obéïd El Bekri décrit deux villes : l'une, appelée Medinat Seybouse, est la Bône actuelle ; l'autre, située à trois milles de la première, près de la mer, sur une colline d'accès difficile,, était la demeure " d'Augochtin, grand docteur de la religion chrétienne, s'appelait Medinat Zaouï et renfermait des mosquées, des bazars et un bain. Il emploie également le mot de Mersa Bouna.
Il faut, toutefois, ajouter que l'auteur musulman désigne le cap Bon par le terme de Mersa Bouna, dont on s'explique fort peu l'étymologie à moins de faire un rapprochement invraisemblable avec Hippo-Zaritus.
D'après une légende connue des vieux Bônois, la ville neuve aurait été créée au milieu du XIème siècle ; c'est l'époque indiquée par El Békri, sur l'instigation d'une maraboute célèbre, la Bouna.
Bône était déjà, du temps d'El Békri, un repaire de pirates. " C'est de la ville de Bône que les galères partent pour faire la course sur les côtes du pays des Roum (Européens), de l'île de la Sardaigne, de l'île de Corse, et d'autres lieux ". (4)
La ville neuve était fréquentée par les Andalous, dit le voyageur arabe ; il faut comprendre les Catalans.
Le revenu fourni au Sultan, endehors des impôts directs, était de 20.000 dinars (200.000 francs).
Hippone était gouvernée par le prince Zaouï. Ce prince était monté sur le trône grâce aux circonstances suivantes :
Vers le XIème siècle, les Fatémides, fatigués des luttes continuelles qu'ils avaient à soutenir contre leurs sujets, se retirèrent en Egypte, laissant l'administration de l'Afrique à un prince Ziride ; mais les Zirides, à leur tour, se lassèrent de cet état de choses et El Mouaz se déclara vassal des Abbacides de Bagdad.
Le Kalife avait fait un coup de maître en se débarrassant de deux tribus turbulentes et en s'annexant toute la province d'Afrique, en même temps qu'il pouvait, des nouveaux ports conquis, lancer des pirates qui allaient porter la désolation jusque sur les côtes chrétiennes.
Aussi en 1034, les Méditerranéens se coaIisèrent-ils contre l'ennemi commun et une flotte, composée de Pisans, Génois et Provençaux, enleva Bône.
Les relations commerciales se renouèrent alors avec les négociants chrétiens, ce qui était d'autant plus facile que Bône possédait encore une population chrétienne indigène assez, nombreuse, comme le témoignent deux lettres de Grégoire VII, datées de 1076.
Dans l'une, le pape donnait aux Bônois le prêtre Servand comme évêque et leur recommandait la vénération pour leur prélat et la pratique de la religion de façon à en imposer davantage à leurs voisIns musulmans.
Dans l'autre, adressée à El Naceur, " roi de la Mauritanie ", il annonçait au prince la nomination de l'évêque et le remerciait de ses bons procédés à l'égard des chrétiens.
Mais El Naceur, sultan de Bougie, rendu méfiant par l'assaut donné par les chrétiens, fit entourer la ville de murailles, en 1058.
En 1090, à l'avènement de son fils, El Mançour, l'oncle de celui-ci, Balbar, gouverneur de Constantine, proclama, son indépendance. Il fut battu par Abou Yekni qui reçut, en récompense de sa victoire les gouvernements de Constantine et de Bône.
Cette dernière ville fut, par lui, confiée à son frère Ouiglan.
En 1094, Abou Yekni se révolta à son tour et sur son ordre, son frère alla offrir la possession de Bône au sultan d'El Mehdia, Temini Ibn El Moezz. Celui?ci accepta et envoya, comme gouverneur, son propre fils, Abou El Fotouh.
Mais El Mançour vint mettre le siège devant la ville, l'enleva après sept mois d'investissement et fit Abou El Fotouh prisonnier.
Cependant, le roi de Sicile, Roger II, était venu mettre le siège devant El Mehdia et avait emporté la ville. Le prince détrôné, El Hacen Ibn Ali, vint demander asile à El Bareth Ibn El Mançour, oncle du sultan de Bougie, Yahia Ibn El Aziz, et gouverneur de Bône (1148).
En 1152, ce même sultan de Bougie, chassé par Abd El Moumen, s'embarqua sur deux navires qu'il tenait, toujours prêts en cas de revers et fit voile vers Bagdad. Il toucha Bône. Mais il fut reçu de très verte façon par El Hareth, son oncle, qui lui reprocha amèrement la faute qu'il venait de commettre en abandonnant ses Etats.
Mais Abd El Moumen progressait toujours. Il enleva Bône et El Hareth se réfugia en Sicile. Le roi Roger le ramena dans son gouvernement à bord d'une flotte commandée par un Arabe renégat, Philippe de Mehdia. Au bout de six jours d'occupation, les Siciliens retournèrent à Mehdia, en emmenant les habitants en esclavage et en laissant une petite garnison au gouverneur musulman (5).
C'était déjà la deuxième invasion française en la ville de Bône.
La première était celle de 1034, où nous étions représentés par les Provençaux ; la seconde fut celle de Roger II car il ne faut pas oublier que ce souverain et ses chevaliers étaient de bons Norinands de Normandie, gens de sac et de corde, il faut le reconnaÎtre, mais bons et braves soldats.
Le gouverneur Musulman et la garnison de Sa Majesté Sicilienne furent chassés, en 1157, par Abd El Mournen, sultan du Maroc. El Hareth, fait prisonnier, périt dans les tourments (6).
Une fois maitre de la ville, le nouveau conquérant la fit entourer de murs solides pour lui permettre de résister aux attaques futures. Toutefois, intelligent et pratique, ce prince qui, en 1155, avait déjà accordé des privilèges aux négociants et pêcheurs gênois, signa un nouveau traité de commerce, en 1160, ouvrant tous les ports, dont Bône par conséquent, aux marchandises génoises, moyennant une redevance de 8 pour cent..;
En 1166, les Pisans obtinrent les mêmes avantages des fils et successeurs du roi Abd El Moumen.
En 1186, ce furent les Siciliens.
En 1209, les Bônois firent hommage au chef de bandes, Ibn Ghania, dernier représentant de la dynastie des Almoravides, après que cet aventurier se fut emparé de Tunis.
Ils lui restèrent fidèles et, en août 1226, ils formèrent le projet d'attaquer Abou Mohammed Abdallah, gouverneur de l'Ifrikia pour les Almohades, lorsqu'il passerait à proximité de Bône, en gagnant Tunis, sa résidence. Mais l'émir Abou Zakkaria, frère du gouverneur, par son intervention énergique, fit échouer le complot.
Lorsque cet émir se fut séparé des Almohades, en fondant la dynastie des Hafsides, Bône se soumit à lui et reçut comme gouverneur le fils du nouveau Prince, Abou Yahia Zakkaria Ibn Isack El Maïorki (1235), qui résida à Bougie et étendit son autorité sur Alger, Constantine et le Zab.
Le père du nouveau gouverneur, au cours d'un voyage d'inspection dans la province de Constantine, tomba malade à Baghaî. Rétabli, il gagna Bône. Mais, repris de la même indisposition, il expira en vue de la ville, le 2 octobre 1249. Son corps fut déposé dans la grande mosquée, puis en 1267, transporté à Constantine (7).
Au commencement du XIIIème siècle, toutes les nations chrétiennes, représentées dans chaque grand port par un consul, avaient le droit d'entrée et de commerce.
A Bône, on trouve, le 11 aoùt 1204, un renouvel.lement pour 20 ans du Traité des Pisans.
20 De Io Fondacho di Buona. Et che a Buona dobbiate avere fondacho et non possa in quello stare né albetgare alchuna altra persona, set non culoro che voi vorrete.
21 De Io uso come ln Tunithi. Et che a Buona si debba tenere et fare a voi quello uso che este in Tunithi et ln quello medesimo modo.
20 Du fondouck de Bône. Il y aura également à Bône un fondouck dans lequel ne devront être reçues ou hébergées que les personnes que vous voudrez recevoir.
21 Des usages sembla bles à ceux de Tunis. On observera et on respectera à Bône les usages en vigueur à Tunis.
Les Marseillais, qui éta!ent en relations avec l'Afrique depuis 1138, firent signer un traité, le 21 novembre 1270, pour quinze ans, entre Philippe Il roi de Frahce, et Abou Abd Allah El Mostamer, sultan de Turquie, de la dynastie des Hafsides.
" Les sujets des deux Etats devaient recevoir réciproquement aide et protection ".
Toutefois, le commerce ne devint régulier qu'en 1400.
M. L. de Mas Latrie. dans son ouvrage sur " Les, traités de paix et de commerce et documents divers concenant les relations des Chrétiens et des Arabes de l'Afrique Septentrionale au Moyen-Age " (1866) donne quelques aperçus sur le genre de commerce des Latins :
" Les Génois (1230-1250) allaient chercher à l'étranger des laines brutes ou teintes qu'ils confectionnaient et revendaient ensuite.
" La manufacture des étoffes de laine prit, chez eux, une grande extension et ils durent se ménager des approvisionnements réguliers dans les Villes de Bône, de Bougie et de Tunis, où ils trouvaient des laines à meilleur marché et de qualité au moins égale à celles que l'Espagne, la France et les Etats Romains leur avaient fournies jusque-là exclusivement.
" Ils achetaient aussi en Afrique de l'alun, de l'huile, des plumes d'utruche, des pelleteries, des maroquins, des cuirs communs, des écorçes tan niques, de la cire et des fruits secs. Outre les draps, les toiles et les métaux, outre les navires, et les àgrès maritimes, ils y apportaient de l'or et de l'argent monnayés et en lingots, des objets de quincaillerie et de mercerie et des épices du Levant ".
Le roi de Tunis, Abou Zakkaria Ibn Abou Isack, rendu méfiant et par l'anarchie qui régnait dans ses Etats et par l'importance que les chrétiens prenaient dans ses Echelles, fit, sous le gouvernement de Abou Mohammed Ibn…. l'Algérois, construire la Casbah de Bône en 1300, et, un siècle plus tard, les Gênois, pour faire opposition à cette forteresse, élevèrent le fort Génois (1401) au lieu dit Ibn El Abiri (8).
Afarniol prétend que le " roi de Tunis " avait accoutumé d'affermer la pêche aux Gênois, qui, se voyant tourmentés des corsaires, obtinrent permission du roy d'établir une forteresse sur un roc ".
Le 14 septembre 1313, une nouvelle convention fut signée entre les Pisans. et le roi de Tunis Abou, Yayia Zakkaria.
20 Arranno esti in Bona, Che Dio la guardi ! un fondaco particolamen e destinato a I ro allogio, nel quale non dimarcannomsienne con essi altri cristiani In questo fondaco va varanno le medesime consuetudine che reggono in Tunis cui Dio guardi I e similmenie in Cbese Sfax e Tripoli.
20 Il y aura également à Bône, que Dieu la garde ! un fondouk qui leur sera particulièrement affecté (les Pisans) et dans lequel ne devra être reçu aucun autre Chrtien.
Les habitudes en usage à Tunis, que Dieu garde ! devront également y être en vigueur comme à Gabès, Sfax et Tripoli. "
En 1316, le gouverneur de 1 Bône était Mesrour, affranchi européen du sultan de Tunis Abou Yahia Abou Bekr. C'était un homme brutal et perfide, un véritable tyran, mais c'était un habile général. il fût tué dans une affaire avec la tribu des Olellaça. Son successeur fut le fils du sultan, Abou l'Abbès El Fadel (9), avec comme khalifat et chef militaire, l'affranchi européen Dafer Es Sinan.
Vers 1338, des difficultés durent s'élever avec une nation chrétienne, car un petit bâtiment européen, monté par une vingtaine d'hommes, vint bloquer le port et enleva plusieurs habitants, dont la rançon fut longuement débattue (10).
En 1347, après la reconnaissance d'Abou l'Hacen El Merini, sultan du Maroc, au trône de Tunis, le gouverneur El Fadel, dernier représentant des hafsides, et qui était son beau-frère, fut laissé à Bône par le nouveau souverain. Ce prince avait la plus grande confiance dans l'émir qu'il regardait comme un homme essentiellement pacifique. Il le connaissait, d'ailleurs, particulièrement, par suite de son mariage, en 1346, avec sa sœur Azouna.
Cet émir avait, en effet, toutes les qualités qui pouvaient inspirer confiance à son royal parent, d'une beauté vraiment remarquable, il avait un talent extraordinaire en calligraphie ; tous ceux qui avaient le don de l'égayer étaient l'objet constant de sa faveur.
Mais ces apparences étaient trompeuses. Sur son ordre, les Merinides de Bône furent pourchassés et leurs biens furent pillés. Puis, un mercredi soir (septembre 1348), il quitta sa capitale et, le vendredi suivant il entrait dans Constantine, à la tête d'une armée. La Casbàh résista d'abord quelques heures ; d'habiles négociations en vinrent à bout. Le révolté marcha ensuite sur Bougie et s'en empara. Puis, il revint à Bône et se dirigea sur Tunis, qui tomba en son pouvoir, en février 1350 (11).
En 1357, Abou Einane, fils d'Abou l'Hacen, sultan de l'Empire merinide marocain, s'empara de Bône et y reçut la soumission des tribus venues de Biskra. De Bône, il marcha avec son armée sur Tunis. Mais la nouvelle inexacte de sa mort s'étant répandue, l'émir Abou Zeîd, de Constantine, occupa Bône et ne remit la ville au sultan hafside, Àbou Isack ii, son oncle, remonté sur le trône par suite de la défaite des Merinides, que sur la promesse de l'impunité.
En 1360, l'ex-gouverneur de Constantine, Abou l'Abbas, frère d'Abou Zeïd et neveu d'Abou Isak II, prit Bougie et Bône et donna cette dernière ville, gardée par un détachement constantinois, à son neveu, Abou Abdallah Mohamed Ibn Zakkaria, ancien gouverneur de Bougie, échappé, comme lui-même, des prisons d'Abou Einane.
Les commerçants chrétiens traversèrent, sans trop de secousses, tous ces bouleversements politiques, grâce à leur organisation spéciale.
Ils étaient en fondouck.
On appelait fondouck, à cette époque, la réunion de groupes de maisons séparés des voisins par un mur ; ils étaient, sous l'autorité d'un consul, habités par des gens de même nationalité, ayant une juridiction, une police, des coutumes spéciales et aussi leur inviolabilité.
Les fondoucks (12) étaient des établissements destinés à l'habitation des nations chrétiennes, à la garde et à la vente de leurs marchandises ; ils étaient situés soit dans l'intérieur de la ville, où ils formaient un quartier à part, soit dans un faubourg et tout à fait en dehors de la ville arabe, comme à El-Mehdia et à Ceuta.
Les textes du moyen-âge désignent ces lieux sous les noms de fonticus, funtigus, tondegus, fonticum, fundigum, alfundige, en latin ; fondaco, en italien ; fondech, alfondech, en catalan ; fondigues, en français.
Le préposé ou surveillant en chef, subordonné toujours au consul, se nommait le fundigarius.
Le fondouck chrétien au Magreb était une sorte de cité. dans le sens moderne et municipal de ce mot, assez semblable aux Khans particuliers des marchands étrangers situés dans l'enceinte ou dans le voisinage des bazars d'Orient, tels qu'on en voit à Constantinople, à Smyrne, à Damas et au Caire.
Un mur de pierre ou de pisé séparait complètement le fondouck de chaque nation des établissements voisins.
M. de Mas Latrie se représente à peu près ainsi les principaux de ces établissements, ceux de Tunis, d'El Mehdia et de Bougie, par exemple, aux treizième et quatorzième siècles, qui fut l'époque la plus active et la plus prospère du commerce magrébin.
Une porte unique, forte et assez basse, donnait accès à une ou plusieurs cours plantées d'arbres, arrosées d'eaux vives, entourées de galeries sous lesquelles se trouvaient l'entrée des habitations, l'entré des magasins de dépôt et les boutiques particulières des marchands, des artisans et des ouvriers dans les principaux métiers et dans les diverses spécialités de chaque nation.
Les Vénitiens avaient certainement là des bureaux de changeurs et d'écrivains publics et des boutiques où étaient exposés en vente des bijoux et des verroteries comme autour de la place de Saint-Marc.
La nation possédait aussi quelquefois des boutiques en dehors du fondouck ; les Marseillais avaient l'habitude, à Tunis, de louer une boutique particulière dans l'entrepôt général de la ville, où se faisait la vente publique du vin aux Sarrasins.
La commune de Marseille prescrit, en 1228, à ses préposés de Ceuta, d'Oran, de Tunis et de Bougie, de louer dans le fondouck de la nation une seule boutique pour la vente des vins aux chrétiens ; elle les autorise à louer une boutique à un tailleur, une autre à un cordonnier, deux à des peaussiers ou fourreurs et de réserver deux boutiques, l'une pour un écrivain l'autre pour eux.
Le statut ordonne de plus de veiller à ce qu'il y ait toujours, à l'usage des marchands, des poids et des mesures vérifiés et marqués par la commune. Il interdit d'élever des porcs dans le fondouck et de permettre à aucune courtisane de s'y établir.
Un four commun devait se trouver dans chacun des fondoucks ; en attendant qùe le four fut construit, la nation stipulait qu'il y aurait, en ville, un four à elle réservé. Ils nétaient pas tous pourvus de bains ; les traités réglaient pour chaque nation chrétienne qu'un bain de la ville serait, un jour par semaine, mis à sa disposition si elle en manquait dans son propre fondouck.
Une partie spéciale des habitations était réservée au consul et à sa chancellerie (scrivania). Cette demeure, embellie quelquefois de colonnes et d'une terrasse aux arme de la nation, s'appelait vraissemblablement la loge. Au bas, quelques salles servaient de bourse, de prétoire et de prison. Dans une cour ou dépendance particulière communiquant aux précédentes, étaient l'église et le cimetière de la nation. Jamais, les souverains chrétiens n'ont stipulé avec les émirs magrebins, pour leurs nationaux, le privilège d'avoir des maisons et des magasins distincts constituant un fondouck, sans convenir en même temps que l'établisement renfermerait un cimetière et une église ou une chapelle, dans laquelle les chrétiens seraient libres de remplir tous leurs devoirs religieux et de célébrer leurs offices, ce qui comprend le chant à haute voix.
" Ces petites églises devaient être, en certains lieux, plus grandes que de simples oratoires. Celles des Gênois et des Pisans, à Tunis, étaient sous l'invocation de sainte Marie. Le : capellanus ecclesie Sancte Marie in fontico Januensium Tunexi figure parmi les témoins du traité de 1287.
" Le chapelain des Pisans à Tunis avait le titre de curé : Opitho presbyter ecclesie Sancle Marie de Tunethi.
" Comme le curé pisan de Bougie, il dépendait de l'archevêque de Pise et lui payait un cens annuel.
Une des boutiques du fondouck de Tunis appartenait à la cure qui la louait à sa convenance.
" Dans le traité de 1251, les Vénitiens se reservèrent le droit de refaire et d'agrandir à leur gré et à leurs frais leur église de Tunis.
" Les fondouks des diverses nations, chrétiennes étaient tous dans le même quartier de la ville et assez rapprochés, l'un de l'autre ou même contigus. Il est souvent question, dans les traités, des travaux à exécuter pour les séparer néanmoins très exactement afin que chaque nation fut close et bien fermée chez elle.
" Les dépenses générales de construction, d'entretien, d'agrandissement et de réparations étaient à la charge de la douane, c'est-à-dire du sultan. Cependant, en 1281, le grand conseil de Venise prescrivit à son consul de Tunis d'employer une partie des droits de location des boutiques et des droits du four banal à la réparation du fondouk.
" L'ensemble des établissements européens ainsi distincts et rapprochés devait former ce que l'on a souvent appelé le quartier franc dans les villes d'Orient.
" Jamais, il ne fut pris vis-à-vis de ces cités chrétiennes, enclavées quelquefois dans les villes du Magreb, les mesures de défiance humiliantes auxquelles les Européens furent contraints de se soumettre souvent dans quelques ports du Levant, notamment à Alexandrie où, chaque soir, des agents fermaient les portes des rues et des quartiers francs pour ne les ouvrir qu'aux heures fixées par l'autorité musulmane.
" La police du fondouk appartenait absolument au consul de la nation et à ses délégués.
" Des portiers, généralement des indigènes bien famés, étaient préposés à l'entrée et avaient droit de refuser le passage à tout chrétien ou musulman suspect ou non autorisé du consul, à moins qu'il ne fut accompagné del'un des drogmans ou employés de la douane.
" Sous aucun prétexte, ni pour s'assurer que des marchandises avaient pu être soustraites aux droits de douane, ni pour suivre l'instruction d'une affaire civile ou criminelle, les officiers arabes ne devaient entrer d'autorité dans le fondouk, s'y, livrer à des perquisitions ou en extraire un sujet chrétien.
" Quand il y avait lieu d'agir contre un membre ou un protégé de la nation, l'autorité musulmane devait s'entendre avec le consul et ne rien entreprendre sans sa participation, à moins d'un refus formel de justice et de concours.
" Les Pisans, les Florentins, les Gênois, les Vénitiens, les Siciliens, les Marseillais, les Majorcains, les Aragonais et, avec ces derniers, les habitants du Roussillon et du comté de Montpellier, longtemps sujets des rois d'Aragon, sont les principaux peuples marchands de l'Europe qui aient eu des établissements commerciaux dans le Magreb.
" On ne peut dire dans quelles conditions, les marchands du Languedoc et de la Provence purent se livrer au commerce d'Afrique, après la réunion de leur pays à la couronne de France ; mais il est probable que les successeurs de Sain-Louis n'abandonnèrent pas tout à fait les avantages que le traité de 1270 leur donnait le droit de réclamer.
" Les villes où se trouvaient les principaux fondouks chrétiens étaient Tunis, El Mehdia, Tripoli, BONE, Bougie, Ceuta et Oran.
" Les Pisans et les Génois eurent aussi des comptoirs à Gabès, Sfax et Salé dès le douzième siècle ; mais les traités arrivent rarement à ces dénominations locales. C'est très incidemment que dans un document d'Aragon, on apprend que le commerce de Gênes avait une agence permanente et des franchises particulières à Djidjelli, ville rapprochée de Bougie, dont il n'est pas fait mention dans les documents gênois.
" Il n'y avait pas lieu, d'ailleurs, d'établir partout de vrais fondouks ; mais dans toutes les villes où les nations européennes étaient autorisées à faire le commerce, elles tenaient beaucoup à avoir un endroit quelconque distinct des autres factoreries chrétiennes où elles pussent déposer leurs marchandises : " Vous aurez dans nos villes des fondouks particuliers, disait le privilège du roi du Maroc aux Pisans, en 1358, et à défaut de " fondouks, vous aurez au moins une maison à vous seuls, séparée de celle des autres chrétiens " (13).
La confiance la plus entière existait entre les trafiquants et leurs représentants politiques, comme le prouve la lettre que, le 8 janvier 1439, les magistrats municipaux de Barcelone adressèrent au sultan de Tunis Abou Omar Othman, petit-fils d'Abou Farès.
l' Molt alt e MOU magnifich princep (Hemulle-Hutumen), rey de Tunic.
Molt ail et molt niagnifich princep et rey.
Apres seguit o cas de la gaIiota patrone jada per Anthoni Gil, laqual s'es perduda en una seca prop Io loch di Bona de vostra senyoria lavem sabut per letres de mercaders que eren en Tunic, com vostra gran Altesa, at sa reyal provisio, haurie prevehit e manet al vostries officials e subdits de Bona fessen bona companya a les persones salvades de la dita galiota, e restituissen totes les robes e bens dels mercaders qui i eren, en virtut de lesquel provisio e manament son e stals cabrats eosts bens e s'en speren a cobrar laqual cosa regraciam molt a vostra gran Altesa, eus en reiferim multiplicades acciones de gracies, com sic cosa ben pertinent e deguda à vostra gran magnificencia e reyal dignitas.
Pero ; molt ait e molt magnific princep e rey, harem sabut, laqual cosa recitam ab gran annuge desplaer com lo vostro alcayd de Bona e altres subdits vostres no contrestants vostres provisions e manaments, haurien vers si occupati, tolti e preses molt draps e altres robes e havers de la dite galiota e haurien morts, nafrats e captiveti aIsguns del mercaders faent los molt gren compagnya, a consaultos molt grans e excessives mangeries e despeses.
De lesquals coses som dettenguts de gran admiracio considerati les dites coses esser e stades attentades e fetes vostres dignes provisions ne contrestants ne haven deferit à aquelles.
Per co, molt alt e molt magnific princep e rey, a la vostra gran Altesa en do de gracia demanasu que, ateses les grans confederacia et amistat, lesquals per la divinal gracia regnem entre Io molt alt e modt excellent princep rey senyor nostre e sos subdits e vassails, e la vostre gran Altesa e vostres subdits e vassaylls, vos placie ab vostres reyales edictes e degudes provisions fer castigar e punir e del tot cessar totes les insolencies e dans donats als mercaders de la dite galiota, e fer los restituir e tornar los draps, robes e havers tolts preses e occupats franchs e quitis de totes mangenes messions e despeses, continuant les loables provisions per vostra gran Altesa fetes, e pro seguint los dits mercaders e tots los altres habitants dins vostres regense e terres, partida lesquals son iuléodans e habitaders de aquestat iutat de speciaIs gracies e favers,
com Io dit molt alt e molt excellent princep rey e senyor nostre farie, e nosaltres vassaylls e surdits naturals sens en son cas e loch, farien en semblants casos e pres arduns per la vostra gran Altesa e per los vostres subdits e vassayls semblants coses e majors.
Reduhints a meimoria a vostre gran magnificencia com los vie reys da Sicilia, notra gran temps han fet penjar unhome patro de galiota, loqual havie preses certs vassayls vostrés lesquals ben contents hautra meses e la dite vostra gran Altesa laquel la divinai majestat vulle prosequir e al regiment de sos regnes e terres conversar ben aventurament e notiva.
Serita en Barcelona a VIII de Janer del any MCCCCXXXIX.
A tots placer e honer de vostra gran Altesa apparellats les consellars de la ciutat de Barcelona.
Au très haut et très magnifique Prince (Othman), Roi de Tunis.
Très haut et très magnifique Prince et Roy,
A la suite de l'accident de la galiote commandée par Antoine Gil, laquelle s'est perdue sur un bas fond près du lieu de Bône de votre seigneurerie, nous avons su par des lettres de marchands qui étaient à Tunis que votre Grande Altesse, en sa royale prévoyance, avait prescrit et ordonné que vos officiers et sujets de Bône fassent bonne compagnie aux personnes sauvées de ladite galiote et restituent toutes les robes et biens des marchands qui y étaient ; en vertu de ces prescriptions et ordonnances, ils étaient sur le point de rocouvrer leurs biens et ils espéraient les recouvrer, de quoi nous remercions grandement votre Grande Altesse et nous lui retournons de multiples actions de grâces, comme il convient à votre grande magnificence et royale dignité.
Ensuite, très grand et très magnifique Prince et Roy, nous avons su, ce qui nous a causé beaucoup d'ennui et de déplaisir que le caïd de Bône et vos autres sujets n'ont pas obéi à vos prescriptions et ordonnances, ont enlevé et pris beaucoup de draps et autres robes à ceux de ladite galiote et qu'ils ont mis à mort, naufragé et capturé quelques-uns des marchands.
À d'autres, ils ont fait grande compagnie avec de très grandes et excessives manières et dépenses.
De toutes ces choses, nous sommes saisis d'une grande admiration, considérant que les dites choses étaient attentions et fêtes et que vos dignes prescriptions êtaient circonvenues pour d'autres.
Pour cela, très haut et très magnifique Prince et Roy, à votre Grande Altesse, nous demandons la grâce que, eu égards aux grand renom et amitié qui, par la divine grâce, règnent entre le très haut et très excellent Prince Roi et notre Seigneur et ses sujets et vassaux et vôtre Grande Altesse et vos sujets et vassaux, vous plaise, par vos édits royaux et vos prescriptions, faire châtier et punir et aussitôt cesser toutes les insolences envers les marchands de la dite galiote et faire restituer et rendre
les draps et robes qu'ils ont pris, enlevés et saisis et de les tranquiliser de toutes manières et dépenses, continuant les louables prescriptions de votre Grande Altesse.
Par conséquent lesdits marchiands et tous les autres habitants de vos royaumes et terres dont font partie les citadins et habitants des cités maritimes, devraient jouir de grâces et faveurs spéciales, comme le très, grand et excellent Prince Roy et Seigneur de notre patrie et nos autres vassaux et sujets naturels le font en ce cas et lieu.
Ils font, en semblabile cas, en considération de vôtre Grande Altesse et de vos sujets et vassaux, des choses semblables et plus grandes.
Nous rappelons à votre mémoire, grande Magnificence, comment le vice-roi de Sicile, il y a quelque temps, fit pendre un homme, patron de galiote, lequel avait pris certains de ses vassaux, lesquels, bienheureux, ont été remis à votre Grande Altesse, que la Divine Majesté veuille, pour le bonheur de ses royaumes et terres, conserver dans la bonne aventure et la félicité.
Ecrit à Barcelone, le 8 janvier 1439.
De tous plaisir et honneur de votre Grande Altesse, les conseillers de la cité de Barcelone, désireux.
Il a été jusqu'à présent très peu parlé des Français, qui semblent avoir, jusqu'à ce moment, occupé le dernier rang parmi les nations commerçantes.
On les a vus, à deux reprises, arriver les armes à la main ; mais c'est de 1400 seulement que datent
leurs relations commerciales, et encore étaient-elles peu brillantes, quand, en 1482, Louis XI, comte de Provence, par la mort de Charles III d'Anjou, écrivit de Tours au gouverneur de Bône, Abdallah Mohamed Messaoud, fils du sultan de Tunis, Abou Amar Othman, la lettre suivante :
Luidovicus, Dei grafia, Francorurn rex, comes Provin cie atque dominus Massilie, illustrissima regi de Bonne, amico nostro carissimo, salutern et agnitionem fidei nostre catholice. Cum neviter prefatus Provincie comitatus, dominiumque Massilie ad nos sudjectionemque nostram, Deo permittente, pervenerit et eam rem deliberamus, ut usus atque navigationis exercicium permare crebius solito inter nostros vestrosque vigeat et frequentetur, quo comoditas Litrorumque procuretur et inde perveniat ; benevolentiaque constieti inter majestatem carissimi regis Tuniciarum patris vestri atque vestram, recolendeque remorie regis quondam Sicilie avunculi nostri, non solum conservetur et duret, verum magis atque magis augmentetur et crescat ; rem istam omnem per licteras nostras, prelibato illustrissimo regi patri vestro significavimus vobisque per has libenter significavimus ut eadem regia Majestas vestra subditos nostros quos ad siciones vestras per mare terrame, emendi, vendendi aut quovis modesnerus tractandi causa pervenir contigerit illos favorabiliter humaneque tractates seu tractari faciatis prout tempore prefati regli aviinculi nostri faciebatis. Nos equidem vestros vice mutua favorabili more pensabimus agemusque, ut per diciones nostras, transeuntes leti atque favoribus actimerientur.
Ceterum dilectus noster a que fidelis consiliarus Joannes de Vaulx, thesaurarius patria nostre Dalphinalus quem servicie nostro, virtutibus suis agentibus mancipavimus cum sit maris et transfactionis ejus sagax et expertissimus, erat enim generalis in Provincia pro prelibato regi Sicilie avunculo nostro, nobis dolentus exposuit quod navis sua quedam, cujus patronus erat Glaudius Martinet, cumeodem Glaudio, maris fluctibus atque fortuna subacta, naufragavit, idque quod ex naufragio recuperari potuit in manibus repositum fuit Petri Blondeti, institeris sui factoris dicti Glaudii Martinet sed àemum Ordinatione vestra, sui officioeri ortun vestrorum illa ad manus vestras posita sunt ea tamen intentione sicut accepimus, ub flat habenti jus restitutio, Rogamus vos igitur quantum valemus, quathinus res ipsas in manibus ipsius Biondeti dimissas, si stent aut illarum extimationem saltem et si rem justam petimus, contemplacione tanem nostra atque in veri principis officio fungaturi, restitui faciatis eidem consiliario nostro Joanni de Vaulx seu postiteri litterarum ad eodem consiliario potestatem habenti. Rem enim nobis gratissimam facietis et ad similia seu majora nos obligatibis ; atque ubi apud nos vobis gratum aliquid extiterit, quod in offensam fidei nostri catholice non cadat, libenter complacebimus.
Serpitum Turonis.
Loys, par la grâce de Dieu, roy de France, comte de Provence et seigneur de Marseille, à le illustrissime roy de Bone, nostre chier ami, salut et cognaissance, de nostre foy catholique. Pour ce que nous avons déIibéré, 0 l'aide de Dieu omnipotent eslever en nostrié païs de Provence, la navigacton et fréquenter la marchandise de nos subgets avecques les vostres, par manière qui s'en ensuivre utilité et proffit d'une partie et d'autre ; et la bénivolence accoustumtée entre la majesté du roy de Tunis, vostre père auquel présentement escrivons et la nostre et celle de Bonne, mémoire du roy de Sicile, nostre oncle non pas seullement soit conservée, mais accroissée, dont vous avons bien voulu advertir en vous priant bien affectueusement qu'il vous plaise à nos subgects, lesquels viendront pratiquer et troquer de par de là, les traicter favorablement tout ainsi que vous fesiez par le temps que nostre dict. oncle vivait, car aussi ferons-nous aux vostres subgects quand le cas adviendra.
Et pour ce que notre féal conseiller et trésorier en nostre païs du DauIphiné Jehan de Vaulx, lequel nous avons retenu à nostre service pour ses vertus, congnoist mieux la manière de traffiquer les ungs avec les austres, depuis le temps qu'il éstait général du dict païs de Provence, nous avons esté par lui adverti que la navire de laquelle estait patron Glaude Martinet par fortune de mer est tombée à naufrage ; dont et de tout austre inconvénient qui advenir luy porroit avons esté désplaisans et ferions pour les mérites et services faiz par lui envers nous ; pour laquelle chose au envoyé par devers vous, avec toutes puissances de recouvrer tous et chacun biens et marchandises lesqels; estaient es mains de Pierre Blondet, facteur dudict Martinet, lesquelles depuis par vous ont estés prinses avesques promesse par vous faite de les rendre.
Si nous vous prions tres-chiérement que tant pour satisfaire à l'office de vrai prince, que aussi pour contemplacion de nous, vous plaise faire, rendre aux dits messagiers tous et iceuls biens et marchandises par vous prinses ou leur juste valleur et estimacion par manière qu'il ne demeure endommagé, et ia fait que la requestre fort, juste, néanmoins nous ferez vous un singulier plaisir. Et si par de ça noit aucune chose qui vous feust à plaisir en nous le signifiant, nous efforcerons très voluntiers de vous complaire saulve l'offense de nostre foy.
La même lettre fut écrite au roi de Tunis, sauf qu'après les mots : " ou envoyé par devers vous ", le roi de France avait ajouté : " Tout expressénient l'ung des familiers et serviteurs de nostre maison >.
Cette lettre de Louis XI tomba en pleine anarchie.
Les Berbères avaient repris les armes et cherchaient à détruire les royaumes de Bône, Bougie, Constantine et leur suzerain, celui de Tunis.
Les Espagnols qui, depuis longtemps, étaient à l'affût d'une occaslon, débarquèrent immédiatement à Bougie et firent construire, en 1512, un fort par Diégo de Vira, dans l'île des Beni Mesranna qu'ils appelèrent le Penon d'Alger (gros rocher). Mais en face d'eux, se dressait un ennemi redoutable, les deux frères Baba Aroudj et Xheir Ed Dine qui, blottis dans Djidjelli, guettaient leur proie sur laquelle, en vrais pirates, ils fondaient quand ils étaient sûrs du succès.
Toutefois, en 1514, ils échouèrent devant Bougie et Baba Arroudj y perdit même un bras. Mais ils allaient se venger et faire payer cher cet échec.
(1) C'est là une légende née des Rapsodies de Kairouan, tout comme celle de la prise de Constantine, par les Arabes, en 654. Elle ne repose sur rien de sérieux.
(2) El Noweiri, historien égyptien du XIVème siècle.
(3) C'était une de ces milices chrétiennes si fréquentes à cette époque. (A. Maitrot - L'Algérie d'autrefois).
(4) El Bekri - Description de l'Afrique Septentrionale - Notice des ports situés à l'est d'Aslen.
(5) Ibn el Athir - Kamel el Tewarikh.
(6) Abou Zeïd Abd er Rhaman Ibn Khaldoun (1392-1406)., Histoire des Berbères, L. II.
(7) Voyage du Scheick et Tidjani (1306 - 1309)
(8) El Bekri - Description de l'Afrique Septentrionale - Notice des ports situés à l'est d'Aslen.
(9) Ibn Kaldoun - Histoire des Berbères, L. IL
(10) El Abdery, Itinéraire oriental folio 21, manuscrit Martin
(11) Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Livres III et IV. Ibn El Khatib, dit Ibn El Konfoud (1339-1407). La Farésiade. Cet auteur, dit El-Kosgantaïni. écrivit une histoire de l'Algérie dont le manuscrit, extrêmement rare, a été offert à l'empereur Napoléon III, lors de son passage en Algérie, en 1865, par Sidi Hammouda ben Cheick de Constantine.
(12) De Mas Latrie, Les traités de Paix et de Comrnerce
(13) M. L. de Mas-Latrie
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A SUIVRE
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Il y a quelque soixante-dix ans vivaient encore sur les rivages du golfe de BONE(1), de bien étranges créatures, mi-marines, mi-terrestres, que les gens d'alors appelaient " VEAUX MARINS ".
Il s'agissait en fait de phoques-moines, parés par les érudits du nom savant de … Monachus Albiventris…
En tout cas, Monachus ou pas, ces amphibiens ne laissaient jamais indifférents.
Sympathiques pour les uns, méritant même d'être protégés, d'autres leur vouaient au contraire, une haine féroce et les pourchassaient sans pitié.
Et parmi ces derniers, les plus déterminés étaient - quoique ces deux professions ne présentassent, a priori, aucun lien entre elles - les viticulteurs et les … pêcheurs !
Mais pourquoi, diriez-vous ? Tout simplement à cause de la gourmandise inconsidérée de ces pourtant charmants lobodontinés, comme les désignent les scientifiques…
Jugeons plutôt :
Il existait autrefois, sur les pentes du Cap de Garde, et plus précisément dans les environs du Vivier pour ceux qui l'ont connu - quelques vignobles qui produisaient, de par leur disposition idéale, de succulents raisins de table qu'appréciaient beaucoup les Bônois(2).
En automne, parvenus à maturité, les jolies grappes aux grains sucrés et fermes, de couleur verte ou violée, pendaient au soleil, prêtes à être cisaillées par les mâchoires d'un sécateur… ou par celles des Monachus cités plus haut…
Car ceux-ci, abandonnant pour un temps leur milieu naturel, grimpaient prudemment jusqu'aux champs de vigne et une fois parvenus sous le couvert propice des rangées de ceps, ils se laissaient aller goulûment à des agapes telles que Bacchus lui-même en aurait pâli…
Mordant à pleines dents dans les grappes, s'enivrant de leur jus, les moustaches dégoulinantes, ils finissaient par ne plus se rendre compte du danger mortel qu'ils couraient en volant ainsi, effrontément, les fruits d'un labeur de toute une année.
Aussi, se laissaient-ils quelquefois surprendre dans leurs ébats sacrilèges.
Il s'ensuivait alors une course effrénée entre le vigneron lésé et les veaux à la bedaine outrageusement gonflée, handicapés par le fait que, incapables d'utiliser leurs nageoires pour accélérer leur fuite (seules les otaries, leurs cousines, peuvent se le permettre), ils en étaient réduits à ramper, quoique, la peur aux tripes, ils n'hésitassent pas bien souvent à se mettre en boule pour mieux dévaler la pente jusqu'au havre protecteur de la mer.
Heureusement pour eux, la plupart échappaient à la colère du paysan … et à la chevrotine de son fusil…
Un autre défaut majeur dans le comportement de ces phocidés se manifestait à l'encontre des pêcheurs - non pas ceux travaillant à bord des chalutiers (certes, quelquefois ces derniers se plaignaient amèrement de ce que leurs filets avaient été déchirés par quelque animal marin maladroit qui s'y était laissé empêtré : dans ce cas ; notre mammifère était surtout une victime… - mais au détriment de ces humbles pêcheurs dont beaucoup étaient d'origine italienne, et qui partaient de grand matin, quelque part le long de la côte. A bord de simples canots, voire de frêles chatines(3), ils espéraient ramener, le soir, leur pitance sous forme de dorades, de sars, de pageots ou de loups, qu'ils revendraient sur le quai même, aux habitants de BONE qui, très friands de cette nourriture, attendaient leur retour avec impatience.
Leur technique de pêche était à la fois simple et ingénieuse : ils se munissaient d'une longue et forte ligne lestée, parfois retenue par une bouée, le long de laquelle ils fixaient, de loin en loin, des lignes plus petites munies d'hameçons amorcés : c'était la pêche à la palangre.
Mais, me direz-vous, quel rapport pouvait-il exister entre ces braves pêcheurs, leur façon de pêcher et … les veaux marins ?
J'y viens : ce diabolique animal - car pour les pêcheurs, c'en était un - attendait que la barque soit sur son lieu de pêche, se glissait subrepticement sous la coque et attendait patiemment.
Lorsque le pêcheur se mettait à remonter la palangre, notre rusé compère se rapprochait vivement de la ligne et … croquait avec appétit, les poissons prisonniers des hameçons et passant à sa portée, tout en prenant bien garde d'éviter d'être piqué par ceux-ci…
Imaginez la tète du " pescatore(4)" qui, après une dure journée de travail, comptant sur une pêche fructueuse, se retrouvait avec, suspendue à sa ligne, une kyrielle de poissons dont il ne subsistait plus que … la tète ! Imaginez le flot d'injures proférées (en napolitains, bien sûr), par le malheureux à l'encontre du sournois, tout autant qu'insaisissable prédateur !…
Mon arrière-grand-oncle, qui avait été humble pêcheur de son état et qui, bien des années plus tard, nous racontait ces mésaventures qu'il avait lui-même vécues, ne pouvait s'empêcher, malgré le temps écoulé, de ponctuer son récit, d'injures particulièrement imagées contre tous les veaux marins de la terre…
Mais au-delà de cette évocation animalière, ne vous vient-il pas à l'esprit, le souvenir d'un panorama paradisiaque, celui du Golfe de BONE, étincelant sous le soleil, avec, ici et là, quelques barques de pêcheur, dominé par son Cap de Garde aux pentes couvertes de vignes…
C'était il y a … quelque soixante-dix ans...
Marcel CUTAJAR
(1) Un particulier bien inspiré avait eu l'idée d'aménager en ce lieu un vivier à langoustes, car connaissant le faible des bônois pour ce crustacé…
(2) Un vin était également tiré de ces vignes, dit " du Fort Génois ", fort acceptable.
(3) Petit bateau de pèche à fond plat, particulièrement instable par gros temps.
(4) Pêcheur dans la langue de Dante.
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ASPECTS ET REALITES DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal N° 6
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Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES DE L'ALGERIE AGRICOLE
" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "
Jérôme et Jean Tharaud.
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Exposés Généraux
Difficultés et progrès
dans l'amélioration des plantes de grande culture
PAR Jean ERROUX
Ingénieur Agronome (1932)
Maître de Conférences à la Chaire d'Agriculture
de l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger
Aucun de ceux qui ont été à l'oeuvre en Afrique du Nord ne peut prétendre qu'il n'y a plus rien à faire. Mais tous ne connaissent que trop les difficultés rencontrées à chaque instant dans ce pays où le climat, le sol, les conditions ethniques et économiques, rendent complexes les solutions de problèmes qui, en Métropole, sont plus aisés à résoudre.
L'amélioration des plantes de grande culture et des techniques à leur appliquer est un sujet immense ; il est difficile d'aborder ici les multiples aspects qu'il comporte et nous nous limiterons à quelques exemples.
I - Les difficultés du pays.
L'amélioration des techniques agricoles et des végétaux cultivés
avait fait l'objet d'efforts considérables peu de temps après l'arrivée des Français en Algérie. Très rapidement, la Pépinière Centrale du Hamma, près d'Alger, devenait le Jardin d'Essai où de nombreuses espèces végétales étaient introduites. Des données culturales s'esquissaient déjà, sous l'impulsion de botanistes éminents (HARDY, TRABUT, etc.), mais l'oeuvre était vaste à accomplir :
a) L'Algérie n'avait aucune tradition agricole, et si les agronomes citent toujours Ibn El Awan et le Kitab El Fellah pour rendre hommage aux connaissances agricoles des Arabes, l'historien E.?F. GAUTHIER ne manque pas de faire ressortir que le Carthaginois MAGON avait déjà écrit de la même façon sur le même sujet. Quoiqu'il en soit, nous arrivions dans un pays où l'agriculture traditionnelle était très arriérée malgré les connaissances de certains paysans (Kabyles) et les pratiques mises en oeuvre dans les jardins des oasis.
Aujourd'hui encore, le progrès agricole est freiné par la difficulté de pénétrer le milieu fellah où beaucoup de règles agricoles sont en réalité des préceptes coraniques ou folkloriques (pas de labours de semailles avant les nuits blanches, pas de labours après les nuits noires) (1).
Les colons durent donc, le plus souvent, faire eux-mêmes les frais des premières expérimentations à défaut de traditions locales.
b) Le pays, qui passait pour avoir été l'un des Greniers de la Rome, antique (opinion souvent mal interprétée et exagérée) était en vérité un pays pauvre. Actuellement, les riches plaines assainies par des travaux considérables donnent une illusion de facilité qui ne doit pas faire oublier la rudesse des conditions agronomiques de la plus grande partie du pays : les Hauts-plateaux, steppes abrouties par la transhumance et le nomadisme arabe séculaire, posaient et posent encore des problèmes considérables en raison de la dégradation ancienne par l'homme et des conditions climatiques sévères (l'Algérie est un pays froid où le soleil est chaud).
c) L'agronome arrivait, encore vers 1900, dans un pays où la circulation était lente et difficile, les conditions de vie précaires : l'un des plus éminents parmi ceux qui se sont dépensés sans compter dans ce pays neuf, Léon DUCELLIER, devait se déplacer en couricolo, souvent bloqué au bord d'un oued brusquement en crue qui coupait la piste cahoteuse. Il prenait ainsi contact avec la nature algérienne, décrivant une flore inconnue ou très mal connue, amassant avec les docteurs TRABUT et MAIRE les éléments de recherches futures, repérant déjà chez l'indigène les meilleurs blés durs, devinant la vocation agricole des zones qu'il parcourait. Ses successeurs profitent, aujourd'hui encore, des documents ainsi amassés.
Cependant, dans ce vaste pays, les déplacements, facilités maintenant par le développement du réseau routier et les progrès de l'automobile, restent encore pénibles et entraÎnent les techniciens de l'agriculture dans de vastes équipées de plusieurs milliers de kilomètres, équipées " chronophages ", selon l'expression du grand botaniste nord-africain que fut le docteur René MAIRE.
Voilà donc les conditions dans lesquelles se sont exercées et s'exercent encore les efforts des phytotechniciens, sans vouloir insister ici sur les risques que fait peser sur eux l'insécurité du moment.
II - Les principales étapes
de l'amélioration végétale en Algérie.
I - Les difficultés du pays.
Dès 1905, Léon DUCELLIER appliquait déjà les méthodes modernes de sélection généalogique aux blés durs cultivés par les indigènes. Sans personnel spécialisé, avec un outillage réduit, ne disposant guère que de la ferme de l'Ecole d'Agriculture de Maison-Carrée, tout récemment achevée, et de son annexe lointaine de Berteaux, dans le Constantinois, il dotait l'Algérie de sélections qui conservent encore de nos jours toute leur valeur parmi les blés durs : Hedba 3, Langlois 1.527.
Si la culture du blé tendre était inconnue autrefois en Algérie, les colons avait apporté avec eux les semences des Tuzelles du Sud-Ouest et des Mahons des Iles Baléares. Parmi ceux-ci, la sélection généalogique isolait des lignées pures, encore cultivées de nos jours. Le fellah du Tell, qui ne connaissait autrefois que le " Guemah " (blé dur), cultive aujourd'hui le "Farina" (blé tendre, dont l'appellation est significative).
La prospection des nouveautés à l'intérieur de la végétation locale commençant à s'épuiser, c'est l'utilisation des formes hybrides qui devint prépondérante. L'Algérie fut alors dotée de lignées tirées du Florence x Aurore de SCHRIBEAUX apprécié pour sa qualité industrielle, puis du Pusa X Mentana remarquable pour sa haute productivité.
Créer des possibilités nouvelles et un matériel végétal nouveau était une premiére étape, qui dut être suivie par leur utilisation maximum, grâce à des multiplications de semences entreprises sur les domaines des Ecoles d'Agriculture et des Stations Expérimentales, puis chez quelques agriculteurs. Parallèlement, on mettait sur pied une réglementation de la production des semences de céréales sélectionnées sous contrôle officiel, puisqu'il n'existait pas, en Algérie, de maisons spécialisées dans la production des semences.
Ce sont alors des déplacements à travers le bled algérien, pour visiter les champs de multiplication avant la moisson.
Chaire d'Agriculture de l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger et Service de l'Expérimentation Agricole.
Il est intéressant de noter que certaines variétés issues de ces travaux sont connues et estimées jusque dans le Midi de la France, tel le blé dur Oued-Zénati 368, apprécié des semouliers marseillais. Ce blé dur, à l'épi flatteur, aux barbes bien noires, attire l'attention du fellah qui vient réclamer, dans les Stations, des semences du blé " à la moustache noire ".
La diffusion en culture indigène des blés sélectionnés se poursuit sur toute l'étendue du territoire, grâce à l'organisation des Sociétés Agricoles de Prévoyance.
En 1944, l'Algérie se voit dotée d'un Service de l'Expérimentation Agricole, qui rassemble toutes les Stations Expérimentales sous une seule autorité, celle du professeur LAUMONT.
En ce pays où l'élevage tient une place de première importance, surtout en milieu musulman, l'attention se porte tout spécialement sur les plantes fourragères. Là, encore, le travail d'amélioration n'est pas aisé, car il ne s'agît pas d'introduire brutalement des végétaux fourragers des pays dont le climat est, soi-disant, identique à celui de l'Algérie, comme certaines régions des U. S. A. ou de l'Australie. Il faut à l'Algérie, pour les zones pastorales d'altitude, sèches en été, froides en hiver, des végétaux xérophytes, mais non thermophiles ! Nombreux sont ceux qui, se penchant en Algérie sur le problème de la production fourragère et de la constitution de réserves pour les années de disette, ont entendu formuler des critiques par certains ambassadeurs des techniques étrangères : ces voyageurs, peu avertis des réalités de l'Algérie, s'imaginent trop facilement qu'il suffit de semer pour récolter...
Ainsi, beaucoup de chercheurs ont oeuvré ici depuis de longues années, délibérément tournés vers la solution des problèmes agricoles de ce pays. Guidés par l'importance du résultat final, ils ont accepté d'accomplir un travail ingrat et obscur pour répondre immédiatement aux exigences pressantes du pays. Il faut comprendre l'amertume qu'ils ressentent alors que le travail auquel ils ont consacré jusqu'ici tout leur temps, et qui demande à être poursuivi, risque d'être anéanti.
1) cf. à ce sujet RENON : " Les Semailles " (Collection Le Bled-Tunis).
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A SUIVRE
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Bab el Oued 1908
Jean Brune Paru dans Trait d'union N° 48, décembre 2000
Envoyé par M. Gabriel Chaudet
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Notre éminent compatriote Jean BRUNE (décédé en exil à Nouméa) cite dans son merveilleux essai "Bab el Oued" le cas d'un journal humoristique "paraissant tous les dimanches" et intitulé très sérieusement "Papa Louette" ! Dans son numéro 64 du 3 mai 1908 un rédacteur anonyme dédiait aux 182 candidats de l'époque ce petit chef d'oeuvre :
" je suis forcé de constater
Que les hommes sont sans franchise
Ce n'est que lorsqu'il faut voter
Qu'avec les gens on fraternise
Avant, à mes salutations
Personne ne daignait répondre
A l'époque des élections
Je suis l'ami de tout le monde.
Nobles, riches, bourgeois, patrons
Ce jour là rôdent sur la route
Il me font des salutations
Et me payent souvent la goutte
Ils me disent pleins d'affection
Nous comptons que tu nous secondes
A l'époque des élections
Je suis l'ami de tout le monde.
Et puis quand on les a nommés
Il est rare qu'on se salue
Les battus ont l'air condamnés
Et ne parlent plus dans la rue
L'orgueil rend l'un bête et crétin
Et l'autre en sa colère gronde
Et le lendemain du scrutin
Je me brouille avec tout le monde.
et Jean BRUNE ajoutait : "On pense à des scrutins plus récents ... "
Il serait cruel d'insister !
N.D.L.R. : Ben oui ! le temps des " tocamanette " (touche la main) revient périodiquement avec les échéances électorales. Dites-leur : NON
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Elles s'inscrivent sous leur nom de naissance et indiquent leur nom d'épouse : deux entréessont automatiquement créées, la première avec le nom de jeune fille qui sera affiché sous la forme : Dubois Marie épouse Durand, l'autre avec le nom marital qui sera affiché sous la forme : Durand Marie
née Dubois. Les données sont communes et sont
accessibles depuis chaque entrée et permettent de voir les données disponibles des gens selon le nom sous lequel on les connaissait.
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Ils permettent de surveiller, pour les personnes déjà inscrites, l'arrivée dans l'annuaire de personnes recherchées : quand l'une d'elle s'inscrit, un message est envoyé à la personne qui les cherche. Il n'a aucune limite à leur nombre. En tant que données,ils sont modifiables et on peut en ajouter, en modifier ou en supprimer à volonté. Une adresse de messagerie doit être disponible.
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Précisions
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C'est l'âme de l'annuaire, essentiellement basé sur les événements de la vie de chacun : plutôt que de mettre un simple nom, pas toujours évident à trouver lors d'une recherche parce que :
- on ne s'en souvient pas ou pas très bien,
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on place ici les éléments de son histoire personnelle :
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- quartier où on a habité,
- écoles où on est allé,
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Ainsi par exemple, si on est allé à telle école, la recherche sur le nom de cette école founira les noms de tous ceux qui ont ce point en commun : on retrouvera alors ses copains de classe même si on a oublié leurs
noms. On peut ensuite aller voir leurs coordonnées pour les contacter ou,
si elles sont sur liste rouge, leur envoyer une demande de contact (cf. Listerouge ci-dessus).
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Recherche
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La recherche est basée sur les éléments caractéristiques de chacun (cf. Précisions
ci-dessus). Cela suppose simplement que tout le monde respecte la règle du jeu et mette dans cette rubrique autant de renseignements que possible. Lorsqu'on procèdera à une recherche, la syntaxe du critère intègrera les conditions ET et OU. Par
exemple, on peut se souvenir de quelqu'un qui a fréquenté une école, de la rue et du quartier où cette école se trouvait
mais avoir des doutes sur le lycée fréquenté. Il suffit donc de le préciser dans le critère :
école ET franklin ET bab-el-oued ET lycée ET gauthier OU bugeaud
ce qui s'exprimera sous la forme :
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Photo
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Possibilité d'ajouter une photo de l'époque où on vous a connu, peu importe laquelle : cela dépend de ce qu'on veut faire connaître.
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Vos annonces
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Rubrique permettant le dépôt d'annonces en tous genres qui n'entrent pas forcément dans le cadre de l'annuaire. La réponse éventuelle à ces annonces peut se faire soit dans la rubrique-même soit directement via la messagerie si une adresse est disponible.
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LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
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1) Immigration clandestine
Deux Congolaises accouchent sous la neige
Par : RADAR (Edition du 9/2/2005) Liberté-Algérie
Le ministre français de l'économie devant les étudiants de l'Université de Columbia
La vague de froid, qui a sévi dernièrement en Algérie, n’a pas épargné les candidats à l’exil parmi les Africains qui sont regroupés au bord de l’oued de Maghnia. Outre les maladies et autres infections saisonnières qui ont sérieusement touché cette population clandestine, on a signalé un fait insolite : deux femmes congolaises ont accouché au moment où les flocons de neige ont atteint des épaisseurs inédites.
NDLR: Pour mémoire, Maghnia, patrie de Ben Bella.
(envoyé par Pierre Barisain)
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2) Il voulait courir sous les couleurs algériennes Kennouche préfère les Tricolores
RADAR (Edition du 9/2/2005)
Par Hassan Moali Lu
Bougueba à propos des assises de l’ONM
Il accuse le ministre Mohamed Chérif Abbas d’être lui-même un “faux maquisard” et Saïd Abadou d’être responsable du trafic des attestations communales en prévision du congrès.
Alors qu’il faisait partie des athlètes susceptibles de représenter l’Algérie aux derniers jeux olympiques d’Athènes sur 1 500 mètres grâce à son excellent chrono avoisinant les 3’33, l’athlète Kennouche a fini par s’engager sous les couleurs françaises. En effet, il s’est aligné dimanche dernier à Gand, en Belgique, dans le cadre d’un meeting en salle pour le compte de la France. Il y a lieu de s’interroger maintenant s’il n’était pas animé d’une intention sincère de représenter l’Algérie ou s’il a été poussé à changer d’avis par les responsables de l’athlétisme algérien
(envoyé par Pierre Barisain)
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3) Secret de polichinelle dans l’affaire Khalifa
RADAR (Edition du 13/2/2005) Liberté-Algérie
Le journal Le Monde interdit en Algérie
Le journal Le Monde est, depuis mardi dernier, absent chez nos marchands de journaux. Interdit de distribution dans notre pays, ce journal a fait de nouvelles révélations sur l’affaire Khalifa. Des noms de personnalités algériennes ont été citées dans l’édition de mercredi dernier. Ces révélations “gênantes” n’ont pas été du goût des censeurs qui ont pris l’habitude d’arrêter la vente de tel ou tel journal étranger quand il s’agit d’incommoder de telles personnalités. Et pourtant, à voir l’édition de mercredi de ce journal, rien de nouveau n’a été, en fait, rendu public. Le journal Le Monde est, de fait, interdit pour un secret de Polichinelle
(envoyé par Pierre Barisain)
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COMMUNIQUE
EN MEMOIRE
DES VICTIMES DE LA RUE D'ISLY A ALGER LE 26 MARS 1962, DE CELLES DE L'ORANIE LE 5 JUILLET 1962, DES HARKIS ET DE TOUS NOS DISPARUS EN ALGERIE,
Une messe sera célébrée le MARDI 29 MARS 2005 A 18H 30
en l'Eglise Saint Nicolas du Chardonnet
23 rue des Bernardins 75005 PARIS
( métro Maubert - Mutualité )
Nous nous recueillerons devant la statue vénérée de NOTRE-DAME D'AFRIQUE
ASSOCIATION DES FAMILLES DES VICTIMES DU 26 MARS 1962, avec les drapeaux du C.N.C
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MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous, cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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Pour des recherches par nom, Marc Mora a ouvert un site de recherche de personnes ?
Vous pouvez le voir à : http://pieds-noirs.info/recherche
Vous pouvez effectuer votre recherche à partir du module ci-dessous.
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De M.Chabal Jean
Je recherche depuis des siècles et des siècles le décès d'Adolphe Dolinski né en 1810 à Cracovie qui serait mort sur le trottoire d'une rue de Bône vers 1838.
Un ex prince, déchu, noceur et drageur de première qui a donc dilapidé sa fortune au jeu et avec les femmes.
Souhaitant trouver une bonne âme qui irait brasser la poussière des Archives ou des journaux de l'époque.
Comptant sur l'esprit de solidarité généalogique et intergénérationnelle
Je vous prie de croire en mes plus vifs remerciements et en l'assurance de toute ma considération.
Cordialement
Adresse : chabal.jean@wanadoo.fr
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De M. André-Noel Lopez
recherche famille langella
Mon nom est André-Noel Lopez Langella, ma mère est née Langella à Alger, je suis né a Oran et je vis à Carry le Rouet et je ne sais pas grand-chose de ma famille sinon qu’elle venait de Torre del Greco à la fin du siècle passé .
Une partie de ma famille est restée sur la Calle et une autre est partie à Bône et qu’enfin mon arrière grand père a fini ses jours à Hussein Dey (Alger) cité Randavelle.
Mon grand père pêchait l’éponge et le corail et faisait du charbon de bois dans la région de la Calle / Bône.
J’ai appris aussi qu’il avait servi de modèle à un peintre orientaliste anglais et que ce tableau existe et qu’enfin lui ou son frère avait servi aussi de modèle pour des sculptures ou peintures qui existeraient toujours à la mairie ou à l’opéra de Bône .
J’ ai deux grands oncles morts pendant la grande guerre et d’après ma mère des Langella, boulanger ont été assassinés pendant la guerre d’Algérie.
Le cousin Langella de ma mère a été champion cycliste , et je suis sûr que ces détails me permettraient de retrouver ma famille et son histoire .
Merci d avance.
Adresse : carole.liguori@wanadoo.fr
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De M. Pierre Gallo
Bonjour,
Je recherche une camarade, seulement une camarade (!!!), cela peut sembler étonnant, pourtant....Elle s'appelle, ou s'appelait, Annick Kerinec, c'était en 1955/58, nous avions tous 20 ans et nous étions heureux de vivre, sans souci, ne pensant qu'à rire et nous amuser, eh oui !!!
Si quelqu'un sait où elle peut être maintenant.....
Pierre Gallo, né en 1935, à Bône, rue de Bretagne et Beauséjour.
Cordiales amitiés,
Adresse : pgmb83@wanadoo.fr
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De M. Francis Josse
Bonjour.
Une amie recherche son parent : FINCK Désiré Octave Adrien né le 19/01/1888 à Mers-el-Kebir (dept Oran) qui était lors de son mariage à Ferrières (76) en 1919 mobilisé aux Spahis Marocains, médaillé militaire, Maréchal des Logis. Il était maréchal ferrant de profession.
Lors de ce mariage il est noté comme habitant à Duperré (Algérie). Où se trouvent (à tout hasard ?) les archives de Duperré ?
Reste t-il des descendants de FINCK ? Qui aurait une piste de recherche, je "grenouille" dans toutes les directions.
Merci de votre aide.
Adresse : Francis jossef@wanadoo.fr
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De M. Roger Adorna
je viens de découvrir ce site magnifique sur "tout ce qui tourne" autour de BONE et je pense qu'à dater de ce jour j'y passerai de nombreuses heures de découvertes.
Je suis né à BONE en 1940 . En 1945, ma mère et moi ( mes parents venaient de se séparer..mes 4 frères et soeurs,plus agés vivaient déjà de leurs propres ailes), avons embarqué sur le Gouverneur Général Chanzy pour Marseille puis TOULON.....
Et je suis depuis peu à la retraite, en compagnie de mon épouse et trés proches de nos deux enfants.
Ma mére décédée en 1976, est enterrée dans le cimetière de notre village.
Nous sommes partis d'algérie"sans rien"...durant toute sa vie elle a été très discrète...et je n'ai que quelques souvenirs de gosse de cinq ans ( bombardements....jardin de la ville...) quelques photos et quelques cartes postales achetées au fil des années dans les marchés aux puces.
Mon pére ADORNA Georges est rentré en FRANCE en 1965 pour PERPIGNAN ...je l'ai découvert en 1983 (remarié, mais veuf et seul) nous lui avons rendu quelques petites visites..et il est décédé et enterré à PERPIGNAN en 1985;
je n'ai "récupéré" que des papiers d'identité et quelques documents de sa vie de marin, notamment sur la SEYBOUSE. Je sais qu'il a été à BONE dans les années 1920/1930 et peut-etre meme un peu avant (né en 1898), un cycliste amateur de trés haut niveau....
je recherche..."s'il y a eu " des articles de journaux ou autre souvenir de cette époque..ceci me permettra de combler ce grand vide dans l'album que nous transmettrons à nos enfants et petits enfants.
En espérant ne pas trop vous avoir ennuyé, je vous remercie par avance et, à bientot!
Roger ADORNA
Adresse : adorna.roger@libertysurf.fr
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De Mme Marie Claude Teuma
Bonjour chers amis,
Je voudrais rentrer en contact avec les familles de Jean Lenormand, Edouard Ségura et Manuel Hernandez, enlevés le 5 juillet 1962 à Oran en compagnie de Paul Teuma directeur des Etablissements Montserrat (Bd Froment Coste).
Je vous remercie et encore toutes mes félicitations pour votre site.
Adresse : barbateu@cegetel.net
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De Mme Geneviève Bétro
Bonjour,
Je recherche mes amis d'enfance, M. Bedrouh Saïd et Melle Metidji, son oncle était, je pense, l'avocat Salah-Bey;
D'avance merci
Adresse : Jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
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De M. Michel Montagner
Bonjour,
pour mon voisin et ami Antoine PEREZ je recherche renseignements sur ANDRE ou ANDROUX Gilbert, électricien
qui travaillaient tous les deux en 1962 aux établissement Ducros rue gambetta à Oran
Dans l'espoir d'une réponse et vous en remerciant
Adresse : MichelMONTAGNER@aol.com
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De Mme Anne Marie Berger
"Marie-Antoinette Graziani aimerait avoir des nouvelles de ses amies de classe de Mercier:
-Chantal Lacroix et Élisabeth Magliolo
Contacter Anne-Marie Berger-Gallo qui transmettra
Adresse : amye.berger@club-internet.fr
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
Chers amis
Le collectif Guelmois vous présente sa colère et ses mises en garde.
Nous sommes au regret de vous informer que votre site GUELMA-FRANCE sera mis sur toile avec quelques jours de retard, en effet nous venons d'apprendre que l'hébergeur de notre site "n'existait" plus.
Nous protestons avec véhémence de cette action unilatérale qui vous prive temporairement de votre site. Notre chèque pour l'année 2005 a été débité le 24/12/04 et rien ne laissait prévoir cette cessation d'activité.
Ifrance continue à faire de la pub sur son site, mais il ne nous ai plus possible de charger des fichiers.
Nous avons téléphoné au 42 av Friedland au 01.71.71.10.00, hier lundi et VIVENDI UNIVERSAL nous a simplement dit ; ifrance n'existe plus.
Si vous avez des amis qui voudraient se faire héberger par ifrance, prévenez les, ils risquent de se faire arnaquer.
A bientôt , probablement en fin de semaine
Pour le collectif GUELMA FRANCE, le webmaster
gilles martinez
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HENRI BAPCERES, le Président association des Pieds Noirs de l'Océan Indien, vous invite à visiter le site
http://www.apnoia.new.fr
Pour tout courrier : lacroixdusud@wanadoo.fr
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le site de Bône de notre ami Jean Louis Ventura a été mis à jour
partie retrouvailles le toit collectif bônois
la marine en Algerie ajout de photos de monsieur Bonhomme son père a fait son service militaire a Bône
http://perso.wanadoo.fr/jlvbone/
Une visite à réserver.
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Bonjour « Heureux Internautes » !
Sur le site : http://www.heureux-qui.com/
dans la Rubrique Images, 26 nouvelles Photosde Tipasa (Tipaza) et Djemila.
(nous remercions Mr G. Cottin pour son aide précieuse).
Dans les villes :
Alger : 67 Photos ; Constantine : 16 Photos ; Mostaganem : 6 Photos ;Perrégaux : 16 Photos ;Port-aux-Poules : 3 Photos
De nouveaux livres seront bientôt disponibles sur la Bibliothèque numérique Gratuite :
http://heureux-qui.com/listing.php.
@mitiés, @ bientôt, Ulysse
Pour tout courrier : elche@noos.fr
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Le cheval & la Poule
Envoyé par Michèle Raphanel
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Fable méconnue de LA FONTAINE :
Un cheval et une poule jouent dans un pré. Soudain, le cheval tombe dans la boue et s'enfonce !
Il appelle la poule à l'aide et lui demande de ramener le fermier.
Elle court, mais le fermier est absent.
Alors elle prend la BMW du fermier, attache une corde au pare-chocs, lance la corde à son ami le cheval et le sauve en le hâlant avec la voiture.
Quelques jours plus tard, la poule et le cheval jouent. Et c'est la poule qui tombe dans la boue.
Elle supplie le cheval d'aller trouver le fermier.
Mais le cheval lui dit : " Je pense que je peux te sauver tout seul."
Il se place au-dessus du trou et lui lance :" Maintenant, attrape mon pénis et accroche-toi.
" La poule obéit et il la sort de là.
Moralité : quand on est monté comme un cheval, pas besoin d'une BMW pour tirer une poule.
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