SOUVENIRS DE VOYAGE A BÔNE
DU 26 AVRIL AU 1er MAI 2005 (dans l'ordre d'arrivée)
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Notre Deuil pour l'Algérie !
Chers Amis Pieds-Noirs
Cette année 2005 a été très bonne pour nous, grâce à un événement qui nous est arrivé et sur lequel nous ne comptions pas. Tout ce la nous le devons à Jean Pierre Bartolini que je tiens à remercier en mon nom et celui de mon mari. Sans lui, le voyage au'il a organisé à Annaba n'aurait pas existé avec un petit groupe de 45 personnes dont je tiens à saluer particulièrement sur l'entente entre nous qui s'est faite dès le début du voyage.
Donc nous voilà partis retrouver notre pays après 43 ans d'exil. Après du retard à cause des aléas des transports, notre avion s'est posé sur l'aérodrome des Salines.
Notre première joie fut de revoir les cigognes avec leurs nids sur les pylones électriques. Bien sur autour de nous il y a eu quelques changements, mais que dire, ce n'était plus notre pays.
Notre arrivée à l'hotel s'est faite sans encombrement, nous étions escortés par la police.
L'accueil a été très chaleureux avec des "Bienvenue dans votre pays, vous êtes ici chez vous". Ça nous a réchauffé le cœur et fais tomber nos appréhensions.
L'hôtel était propre, le restaurant passable, contrairement à ce que je m'attendais à trouver.
En premier nous avons fait notre pélérinage au cimetière et là nous avons commencer à déchanter. Nos grands-parents avaient une pierre tombale avec marbre blanc, malgré l'endroit précis où elle aurait du se trouver, nous n'avons pas pu nous recueillir.Le marbre avec les inscriptions avait été retiré et de ce fait, c'était une tombe anonyme parmi les autres. Je vais d'ailleurs écrire au Président Chirac pour lui faire part de mon mécontentement.
Si le gouvernement n'est pas capable de se faire respecter dans ces petites choses, alors après le référendum européen, où allons nous aller.
Ce qui nous a déplu, mais nous ne sommes plus chez nous, c'est cette extension de la ville à une allure galopante et en dépit du bon sens ; la saleté des rues et des plages.
Que les Eglises soient transformées en Mosquées, passe encore puisque Dieu est le même partout, mais l'Eglise de La Calle transformée en WC, ça je ne suis pas prête d'oublier et de pardonner.
Pour finir, nous sommes quand même contents d'y être allés. Ça nous a permis de faire notre deuil pour l'Algérie. A présent elle n'est plus chère à notre cœur, c'est devenu un pays arabe comme tant d'autres.
Mme et M. Marius PERISI
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BÔNE AVRIL 2005 : QUELQUES IMPRESSIONS GEOPOLITIQUES.
A la suite d'un voyage de groupe ( 44 Bônois d'origine ) de 6 jours à Bône et sa région ( Bugeaud, La Calle, Guelma Hammam Meskoutine ).
Quelques impressions par rapport à 1990 où nous avions effectué le même séjour :
- le climat humain et politique est beaucoup moins tendu. Les contacts avec les Annabis ( appellation des habitants d'Annaba Ex Bône) sont meilleurs et plus spontanés et probablement plus sincères. L'homme de la rue n'hésite pas à nous aborder, et répond volontiers à nos sollicitations, pour discuter, échanger, nous demander nos impressions sur ce que nous voyons, sur ce qui se passe en France. La population de plus de 30 ans nous est très ouverte. Les plus jeunes paraissent moins butés qu'en 1990.
Explication : en 1990, le FIS était en train de noyauter clandestinement la société algérienne ; tout le monde se méfiait de tout le monde, personne ne parlait de sujet sérieux avec personne. C'est ce qu'eux mêmes nous ont expliqué.
- l'accueil des autorités ( Wilaya-Préfecture et Ville), nous étions presque en voyage officiel, était très courtois…..mais presque '' trop poli pour …..''.
- le Consulat de France est réouvert depuis 3 ans. Nous avons été bien reçu. Un travail appréciable est effectué au niveau du cimetière. Le discours officiel est celui de Jacques Chirac…..un peu de démagogie pro algérienne cela ne fait pas de mal.
Nota : aucun drapeau français sur les bâtiments du Consulat, ni dans la cour intérieure. A Grenoble, au Consulat d'Algérie, le drapeau algérien pavoise 24h sur 24h.
- le Centre Culturel Français tout neuf est ouvert au rdc de l'ancien bâtiment des Ponts et Chaussées Bd Narbonne. Il est apprécié et assez fréquenté. Un système de Certificat de français, avec cours et examen, est mis en place pour les candidats à des études supérieures en France.
- La ville : officiellement 750 000 habitants ( 130 000 en 1962 ), les Annabis pensent 1 million.
Le centre ville '' européen'' est intact ( sauf la Cathédrale qui a disparu ) mais plus sale et moins bien entretenu qu'en 1990. Le Cours Bertagna est comme avant ( sauf le kiosque à musique qui a lui aussi disparu ).
Le Lycée Mercier est devenu une annexe de l'Université (spécialité criminologie et lutte contre la délinquance et la drogue ) , il est en voie de dégradation car mal entretenu. En 1990, encore Lycée de l' Alliance française et depuis cédé par la France, il était très correct.
Le Lycée St Augustin, lui, est en bon état, rénové récemment, rénovation en cours de terminaison. Accueil sympa, visite des locaux, photos….
La vieille ville, nous l'avons parcourue accompagnés d'un Annabi serviable. Pas d'hostilité apparente. Beaucoup de vieilles maisons s'écroulent. Un programme ambitieux de reconstruction réhabilitation existe, mais démarre lentement faute de financements adaptés. Le pont de la tranchée ( aussi appelé pont des suicidés ) est réouvert, après une fermeture de 2 ans. Il menaçait de s'effondrer, il a été reconstruit……avec des garde de corps de 2,5 m de haut, afin de dissuader les candidats au suicide.
La banlieue : extension d'Annaba dans les vallées et plaines arrières, sur les pieds - monts de l'Edough et de la route du Cap.
Beaucoup d'immeubles hauts, barres, tours ….il faut bien essayer, comme en France, de loger tout le monde. Les Annabis pro français, ils sont nombreux, qui se disent toujours Bônois, ne s'y retrouvent plus. Le secteur des plages est habité par la nouvelle bourgeoisie. Les vendredis et aux heures de pointe, énormes bouchons….c'est le lieu de ballade où il faut se montrer avec musique techno, vêtements occidentaux branchés, filles délurées. Le voile c'est pour ailleurs.
Les voiles en ville : encore quelques fantômes tout noirs mais peu nombreux. Beaucoup de femmes avec foulards et robes ou pantalons très seyants….pour certaines " sexy ". Autant de femmes habillées à l'occidentale, même au sein d'une même famille…..mais pas de nombril '' grassouillet'' à l'air.
Les journaux : une certaine liberté, une certaine critique …. plusieurs journaux nationaux en français et en arabe. Le journal local est l'EST républicain. Petites annonces matrimoniales instructives ; plusieurs annoncent :'' recherche un conjoint vivant à l'étranger ou binational, de préférence ayant les yeux bleus ''….. je tiens les journaux à votre disposition. Lu aussi dans ce journal du 30 avril 2005 : '' le Président ( Boutéflika ) a pris la décision d'en finir avec la ( la fausse …) légitimité historique et révolutionnaire '' …… ''les moudjahidines dont le nombre avoisinait les 60 000 au lendemain de l'indépendance, se retrouvent aujourd'hui aux environs de 950 000''…..pour bénéficier de " petites faveurs ".
Le cimetière européen : cela été une raison importante de notre voyage.
En l'état actuel, la plupart des tombes ou caveaux ont leur face avant murée avec de la brique enduite de ciment . C'est une bonne décision qu'a dû prendre le Consul et l'Association IN MEMORIAM qui fait un travail remarquable.
Que s'est il passé ? Pendant la période FIS ( une dizaine d'années ), le cimetière était devenu une zone de non droit ( brigandages, beuveries….) , délaissée par les forces de l'ordre. 80% des plaques de marbres, avec noms des familles et défunts, et fermant les faces avant des tombeaux, ont été déposées pour être volées et probablement vendues pour récupération. Les plaques cassées à la dépose sont restées sur place. Les caveaux se sont retrouvés avec leurs faces avant béantes ….d'un effet désastreux pour ceux qui ont eu le malheur de visiter le cimetière à ce moment là. D'où la décision prise de murer les faces avant.
Inconvénient : la plupart des tombes ne sont pas visiblement identifiables. Le travail d'IN MEMORIAM , sous l'égide de Sabri Mele, un jeune employé du consulat et de Bernard Gassiot…. le dernier des Bônois resté après 1962, est important, judicieux et doit être soutenu. Il consiste à reidentifier les tombes à partir des registres, repérer les tombes sur un plan, les faire murer. Les allées et parties communes sont entretenues, désherbées les arbres traités…. mieux qu'en 1990.
En ce qui nous concerne, nous avons retrouvé nos trois tombes familiales. Nous faisons poser des petites plaques d'identification en marbres, fixées au ciment-colle.
Le nouveau mur d'enceinte de 3m environ de haut, au Nord et à l'Est, est en cours de terminaison. Tous les travaux sont financés par le Ministère des Affaires étrangères, la Commune d'Annaba , et l'Association IN MEMORIAM de statut juridique algérien mais contrôlée par le Consulat de France. Nous engageons tous les Bônois à adhérer, comme nous, à cette association.
St Augustin : La Basilique est toujours, majestueuse sur son promontoire….. de plus, la nuit, elle est très bien illuminée et se laisse admirer de très loin.
L'Hospice très bien entretenu, il héberge 80 vieillards dont deux Chrétiens. Il est géré par 9 religieuses australienne, irlandaise, canadienne, italienne, coréenne…. pas de française.
La Basilique est " administrée " par l'Ordre de Saint Augustin ( OSA ), ordre maltais qui délègue en permanence 2 prêtres maltais. C'est le Père Pierre Désira, recteur de la Basilique, qui a reçu le groupe pour une visite et une prière.
Deux messes hebdomadaires sont prévues à 9h 30, le vendredi et le dimanche, celle du vendredi est très fréquentée, jour chômé algérien oblige. La ville d'Annaba tient à se prévaloir de son héritage augustinien ….. de renommée internationale. En cela elle a bien raison.
Hippone : Les ruines romaines sont toujours à l'abandon, le site entièrement clos est protégé dans l'attente de futures fouilles. Nous avons pu le visiter d'une manière superficielle. Les emplacements stratégiques sont désherbés et donnent une bonne idée des ruines. Mais pas d'exploitation culturelle, ni explications…. et aussi photos interdites.
La sécurité : elle a été un souci permanent et pressant des autorités qui ont été souvent décontenancées et surprises par les véritables bains de foule que nous acceptions volontiers dans les quartiers, les villes et dans les villages où nous demandions à nous arrêter. La Calle ( El Kalla ), Le Tarf, Randon ( Bès Bès ), Mondovi ( Dréan ), Nechmeya, Guelma, Hammam Meskoutine, Bugeaud ( Séraïdi).
Tous les déplacements collectifs étaient encadrés par 2 voitures à l'avant et 1 voiture à l'arrière….. le tout rempli de soldats ou de gendarmes en armes avec gilets pare balles…. la '' kalach'', on connaît bien maintenant.
Pour les déplacements individuels dans les différents quartiers de Bône, nous étions libres de nous déplacer, de rencontrer qui nous voulions, d'accepter des invitations chez l'habitant…. et tous, nous ne nous en sommes pas privés. Les autorités prétendent que, même en ces circonstances nous étions '' protégés '' à distance par des policiers en civil.
Cela a été l'objet de'' discussions'' avec les autorités qui disaient nous protéger plus d'actes de délinquance éventuels que de menaces terroristes.. A ce sujet la plupart des Algériens rencontrés nous ont indiqué que le terrorisme islamique était ''éradiqué '' et que quelques résidus aux abois pouvaient subsister dans les montagnes. Ils '' respirent'' à nouveau et préfèrent la persistance de la protection militaire au risque de terrorisme islamique…..on peut les comprendre.
Les relations Algérie-France : nous rencontrons à ce sujet beaucoup de contradictions. Beaucoup de familles d'Annaba ont '' un pied au bled '' et ''un pied en France'', même si le pied en France y séjourne plus longtemps. Il est certain que beaucoup de jeunes et moins jeunes Algériens souhaitent venir en France même si on leur explique que ce n'est pas une sinécure. D'autres, d'âge plus mûr, désapprouvent cet exode.
Sur le plan de la coopération technique, plusieurs ont déploré que les entreprises françaises abandonnent le terrain aux Italiens, aux Chinois, aux Américains, aux Allemands, et '' même aux Turcs '' comme ils disent. Pas de gens des pays de l'Est.
Ils prétendent que seuls les Français savent faire et ont des bons contacts avec eux.
Nous leur avons expliqué que notre crainte d'être accusés de néo-colonialisme était certainement l'explication de '' notre timidité'' en ce domaine
Il n'empêche qu'à l'Hôtel international Seybouse où nous étions, nous avons rencontré beaucoup de techniciens ou d'hommes d'affaires français. 3/4
Il y aurait encore beaucoup à dire…… mais le mieux c'est d'y aller, sans à priori et sans complexes. Les Européens d'Algérie n'ont pas laissé, '' là bas'', un aussi mauvais souvenir que certains politologues, anthropologues, sociologues et autres pseudo-historiens de France veulent bien le dire.
France et Michel DAVID
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La Rose de Randon...
Mon voyage à Randon, avec ma fille Patricia (31 ans) et mon frère Charles-henri
Sur la route entre La Calle et Randon (Besbes aujourd'hui) j'avais le cœur qui battait fort tant j'étais émue de pouvoir revoir l'école de mes parents où j'ai grandi entre 1955 et 1961.
A Randon, le car s'est arrêté juste devant la place du village où avec mes amies, je faisais du patin à roulettes. C'était une jolie petite place avec des bougainvilliers. Elle n'avait pas changé. Il n'y avait plus les fleurs et l'église au fond. Elle était propre. Des petits arabes jouaient comme moi, il y a longtemps.
Aussitôt, de nombreux arabes m'ont entourée ; je n'ai pas eu peur. Je leur montrai la photo de l'école et celle de mes parents (M Pons Emile et Lucienne) directeur institutrice à l'école de Randon.
Pendant ce temps mon frère partait autour de la place, pour photographier la maison des Camilieri (épicerie) et d'autres maisons dont il avait le souvenir. Il a rencontré des jeunes qui lui ont demandé où étaient les filles Camilieri en lui disant qu'elles pouvaient revenir car ils avaient bien entretenu leur maison (Chaud le cœur).
De mon côté, je filais avec la guide et Patricia et un autre couple en direction de l'école ROSE comme disaient les arabes quand je leur ai parlé de l'école.
En arrivant, je l'ai tout de suite reconnue et j'ai eu un choc. Elle était toujours rose (un peu plus soutenue) Elle n'avait pas changé sinon qu'elle avait vieilli de 43 ans. J'ai revu la terrasse où je jouais avec mes deux frères. Les arbres étaient toujours à la même place, un peu plus touffus, le porte drapeau et le nid de cigognes sur le haut.
Je n'arrêtais pas de pleurer, mais de joie car mon rêve se réalisait enfin : je revoyais l'école où mon père et de ma mère se sont donnés tant de mal pour que les " petits arabes " soient heureux (distribution des prix, noël au foyer communal ……) Patricia regardait et commençait à comprendre tout ce que je pouvais ressentir. Elle a pris de belles photos.
Puis nous sommes rentrées dans l'école, mon frère y était déjà et parlait avec l'instituteur qui enseignait à des élèves dans la même salle de classe que mon père. Je me suis retrouvée 43 ans en arrière. Le poulailler n'y était plus, à la place étaient construites de nouvelles classes. Il y avait toujours le grand bac dans lequel je m'amusais avec le tuyau d'eau quant il faisait très chaud. Avec mes yeux d'enfant je me représentais la cour et le préau plus grand.
Le directeur, très gentil, nous a invités à monter chez lui, dans l'appartement que nous occupions. Il n'avait pas changé, quelques travaux d'agrandissements avaient été effectués.
La chambre des mes parents était maintenant celle du Directeur et de sa femme et la chambre de leurs enfants était celle que j'occupais avec mes frères. Tout était propre. Sa femme nous a proposé de prendre un café mais nous n'avions pas le temps. Je l'ai embrassée tellement j'étais contente de voir qu'elle en avait pris soin.
Puis nous sommes reparties pour le car. Heureusement, d'autres personnes du groupe nous avaient suivi et ont pris des photos des classes et un autre a pris une vidéo de toutes mes émotions. Ce film m'est très précieux car mes autres enfants, mon mari pourront le voir et mon petit fils aussi.
En arrivant, au car, il y avait un monde fou. Je montrai la photo de mes parents. Beaucoup se souvenait de l'instituteur, en blouse grise avec un sifflet, qui les attendait à la porte de l'école et de Mme PONS Lucienne qui parait-il était sévère …… mais tous les deux aimaient tellement les " petits arabes ". Mon cœur débordait d'une joie incommensurable car on se souvenait de mes parents après 43 ans. J'aurais voulu rester plus longtemps car nous avions tellement de souvenirs en commun. J'ai ressenti un besoin chez eux autant que chez nous de pouvoir parler des nos enfances qui ont été les mêmes. Mais c'était déjà tellement extraordinaire que nous ayons pu revenir à Randon que le temps ne comptait pas.
Au moment de monter dans le car, un arabe m'a donné une rose que je garderai toujours. Vous vous rendez compte une rose de Randon !!!!! Un autre m'a dit en partant 'ne pleure pas madame " et il a fait applaudir tout le monde. Mon cœur était prêt à éclater tellement j'étais heureuse et les larmes qui coulaient étaient des larmes de joie.
J'espère que mes parents, là où ils sont, ont été aussi heureux que Patricia, mon frère et moi. Ce voyage c'était aussi pour eux car ils n'ont pas pu le faire.
Voilà le rêve est devenu réalité et j'espère qu'il se renouvellera et que je pourrais y amener mes autres enfants et peut être mes petits enfants.
Maryline LAPOTRE
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Impression d'un voyage " pas comme les autres "
Il est des décisions, tout au long d'une vie, qui sont prises parce que l'on a le sentiment " que c'est le moment ",qu'il faut réaliser ce qui occupe nos pensées depuis fort longtemps, et qu'il est temps de passer de l'imaginaire, du virtuel à la réalité, au présent.
C'est ainsi que le projet de Jean Pierre Bartolini d'un voyage collectif à Bône, ma ville natale, me décida à franchir le pas.
Les préparatifs à ce voyage ne furent pas ceux d'un simple voyage organisé ; ils permirent au groupe ainsi constitué, de se connaître, de faire ressurgir des moments ou des lieux communs et bien sur de se préparer à cet événement.
C'est donc avec des Bônois (et d'autres) partageant le même enthousiasme, avec cette impression de se connaître depuis toujours et, surtout ce sentiment d'appartenance à des lieux, des coutumes, des souvenirs, que je refis 43 ans après le chemin inverse vers Bône.
L'arrivée en car, ce 26 Avril, de l'aéroport à l'hôtel, se fit déjà avec cette avidité d'identifier, de reconnaître ces lieux ; " et voilà la gare qui apparaît avec son beffroi, puis le cours Bertagna et ses arcades et… grand moment d'émotion, entr'aperçu furtivement, cet immeuble sur le Cours, lieu qui me vit naître et abrita une grande partie de ma famille des années durant ".
Ce fut donc le point de départ de ce séjour, entrecoupé de visites à l'extérieur de Bône ou l'on mettait enfin des images sur des lieux si souvent évoqués entre nous. On traversa des villages, on s y arrêta parfois, avec cette impression de misère, mais toujours entouré d'une foule omniprésente, bon enfant et, empreinte d'une curiosité à notre égard qui n'avait d'égale que la notre pour cette terre que l'on redécouvrait.
Mais, la joie de voir ou revoir ces lieux ( Bugeaud, La Calle, Guelma, Hammam Meskoutine …) ne pouvait être complète, sans cette envie farouche de se plonger dans cette ville, ses rues, ses quartiers, de parcourir les avenues dont les noms de notre enfance nous revenaient ainsi que les souvenirs qu'on y rattachait ( la maison du grand-père, l'école Victor Hugo, le Marché etc.…) ; volonté farouche de reconnaître, en dépit du changement profond de la ville et de l'image que l'on en avait conservée.
En parcourant ces rues, une atmosphère plutôt détendue et, toujours cette foule tranchant avec le souvenir d'une ville plus calme, un desoeuvrement latent, mais une foule très attentive à notre présence et recherchant systématiquement le contact, l'échange, très friande de notre avis, voire notre approbation, sur l'évolution de la ville telle qu'il la percevait. (Des références au passé qui faisaient chaud au cœur).
Beaucoup de joies donc dans ces moments partagés, mais aussi parfois un peu de tristesse dans la vision de quartiers, de rues, de plages peu entretenus et pas vraiment propres. De la tristesse aussi en voyant ce qu'étaient nos églises, mais aussi beaucoup de bonheur en retrouvant Saint Augustin et tout l'univers symbolique de ce lieu dans la vie Bônoise.
Une ville accueillante donc à notre égard avec des marques de sympathie évidentes lors des manifestations organisées lors de notre séjour. Un seul bémol toutefois fut la remise par les autorités locales, en gage d amitié, d un livre dont le contenu rend perplexe car ne véhiculant pas vraiment un message de réconciliation. J'ose espérer qu'il s'agissait d'une erreur, chacun pourra en penser ce qu'il voudra.
Ce qu'il en reste donc après le retour, c'est le sentiment d'avoir partagé des moments forts avec des amis, d'avoir enfin accompli une démarche tant de fois évoquée et souhaitée, et de ne conserver dans son esprit que l'image d'un pays merveilleux, un pays qui souhaite s'ouvrir aux autres et qui compte bien sur nous pour le faire savoir.
Amitiés bônoises à tous
Marcelle et Gilles CRONEISS
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Je comprends mieux maintenant.
Cher tous,
Je vais à mon tour essayer de vous dire combien notre voyage à Bône a empli ma tête.
Pas de grande épitaphes, je n'ai pas la plume de mon ami Rachid, mais des mots, ceux qui me viennent à l'esprit tous les jours quand je pense à cette ville, à ces gens, à leurs sourires quand on leur disait que nous étions Bônois, la même phrase répétée 10 fois, 100 fois peut-être ; "vous êtes chez vous, bienvenue..."
Les premiers jours j'ai été méfiant, je les trouvais trop polis, trop avenants, trop pleins d'attentions, trop plein de je ne sais quoi qui me laissait perplexe.
Et puis les jours ont passés, les rencontres se sont multipliées, ma mère marchait sur le trottoir, me guidait dans les rues de sa jeunesse, et on entendait toujours la même chose, vous êtes chez vous, soyez les bienvenus, puis les questions arrivaient nombreuses, les gens s'attroupaient autour de nous :" pourquoi vous n'êtes pas revenus plus tôt...? Dans quel quartier viviez-vous? Où habitez-vous maintenant ?" Ils étaient tous curieux et interressés de savoir ce que nous étions devenus après notre départ..... Et moi , pourquoi je me sentais bien au milieu de ces gens que je ne connaissaient pas? Tout me semblait familier, moi qui suis parti à l'age de 6 ans! je ne connaissais la ville et ses habitants qu'au travers de cartes postales ou photos que gardaient précieusement mes parents.
La ville a changé, elle est moins propre mais il fait toujours bon s'y promener. Mais au delà de tout, j'ai vu des Algériens, bons enfants, simples, aimables, souriants. Les anciens, à l'ombre des arbres centenaires, assis sur les bancs du cours Bertagna, respectés par les plus jeunes, les rues animées comme aux heures de pointe d'un supermarché. Ce commerçant, devant son magasin, à qui nous avons demandé notre chemin, et qui a préféré nous accompagner...
J'ai vu aussi la gardienne de l'école Sadi Carnot, si gentille, voulant nous ouvrir toutes les portes de classe dans lesquelles les bancs d'époque sont encore là, intacts, comme si nous venions de les quitter. Une récréation de 43 ans !! Et ce patient chauffeur de taxi, fier de sa Peugeot, qui nous a promené partout pour une somme modique, il nous présentait à chaque porte, expliquant que nous étions des Bonois, revenus au pays, et là, le sourire des gens, inoubliable.
Dans la rue de la Villette, toujours là sur le mur d'une maison la plaque: ROSSI JEAN ENTREPRENEUR DE MACONNERIE , c'est mon grand père qui l'avait posée, elle est là depuis 1940, ils ne l'ont pas enlevée, merci.
D'autres nous faisant des petits cadeaux, oh ! pas grand chose, des cartes postales, un pin's de l'hôtel, une rose donnée chaque soir par les employés de l'hôtel ou quand il y a eu cet arrêt entre deux villes, du policier, pour chacunes des dames. Des petits riens, mais si importants à mes yeux. Si bien qu'un jour, quand ce jeune algérien, ( Abdel, employé de l'hôtel, avec qui j'avais bavardé la veille ) est venu me donner un petit bout de corail de la Calle enroulé dans un morceau de papier, ce fut trop pour moi, je n'étais plus assez fort, et je n'ai pu retenir mes larmes, des larmes d'incompréhension. Il m'a embrassé.
Je ne comprenais pas leur attitude, il a fallu que je me rende à l'évidence, les Algériens ne nous ont pas oubliés, ils me l'ont souvent dit ; on est des enfants de Bône.... des frères.
Et puis j'ai vu des jeunes, des moins jeunes nous accoster, curieux, parlant franchement, sans détour, pour me dire qu'ils avaient souffert. Le départ des français, le communisme, l'intégrisme : long, très long le temps, toutes ces années perdues, 40 ans, une vie. Maintenant ils veulent oublier, ils veulent vivre heureux, ils savent que le pays est à reconstruire, ils ont beaucoup d'espoir.
Et là, d'un coup je comprend mieux leur attitude. Nous étions leurs frères Bônois, ceux qui revenaient, après une longue absence, partis pas si loin, en face, en France.
On aurait du faire ensemble un pays, algérien et francais, ( mais certains en avaient décidé autrement), et ils savent, ils ont compris que nous avons tous souffert de cette guerre, le peuple d'Algérie a été comme beaucoup d'autres peuples ( toujours d'actualité dans beaucoup de pays ) manipulé par les politiques, leurs armées ou leurs religions.
J'ai mis plus d'une semaine pour me remettre de toutes ces émotions. J'ai eu besoin d'en parler, de montrer les photos, les films, d'expliquer l'accueil des algériens.
J'ai manqué d'arguments...... et puis je me suis calmé, car ma famille en avait assez (il parait même que j'ai répété certaines choses 18 fois ! ) d' entendre parler de Bône et ses environs !
Maintenant j'ai tout dans ma tête, et je partage avec ma maman et les amis de cette aventure, tous ces souvenirs.
A vrai dire je me sens soulagé, oui soulagé d'avoir fait LE Pèlerinage, fouler le sol de mes ancêtres, la terre natale, j'en avais besoin.
C'est presque vital pour un être humain.
L'année dernière ma femme est retournée à la Bresse (dans les Vosges) pour revoir les maisons de son enfance, elle m'a expliqué les murs, les escaliers, les rues, tout ce qui lui avait rappelé sa jeunesse.
Je n'avais pas compris l'importance de ses paroles, je ne l'ai pas assez écouté, je comprend mieux maintenant.
Je regarde souvent les photos de notre voyage, trop souvent je sais , mais tant pis, elle me font du bien.
Même le Conseil Général (l'APW) nous a fait un cadeau, un livre sur Bône ( évidemment ) il a été ecrit en 1975, et les phrases, parfois injustes envers les français démontrent qu'il y a 30 ans les plaies n'etaient pas cicatrisées, c'est la raison pour laquelle je n'en ai pas tenu compte et je tiens à remercier les élus d'Annaba pour ce cadeau.
Et puis, avant hier, dans ma boite aux lettres bonne surprise, un DVD de Roland, le cinéaste du groupe. Je n'avais pas remarqué qu'il avait fait 120 mn de film et photos sur notre périple.
La cerise sur le gâteau.
Merci Roland, merci à vous tous, merci à Jean Pierre et à Jeanine.
Peut être un jour .......................
Merci de la part de ma maman Christiane.
Amitié à tous les Bônois.
Mme Christiane ROSSI et son fils Jean
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C'était mon guide...
Il a été mon guide pendant plusieurs années à me prendre à l'école Beauséjour pour me conduire à la maison, il m'a initié aux différentes tactiques de foot comme le WM que les clubs pratiquaient à l'époque, il a été le fidèle ami de la famille et mon père lui a enseigné tous les secrets de l'électricité.
J'avais 12 ans, il en avait à peine 30. C'était dans les années 60. Et puis non pas l'oubli mais l'absence.
43 ans après, je viens d'atterir aux Salines, j'arrive à l'hôtel Seybouse, je pose mes affaires et je me dirige, avec Alain Iacono, vers la villa de ma grand-mère paternelle, située là à quelques centaines de mètres. Je suis face à cette maison où je suis né, je fais le tour vers les garages, et je rencontre une dame qui prend soin de ces chats.
Nous parlons, comme nous allons parler avec tout les Annabis, de la joie de retrouver nos racines et eux par la même occasion. Et je demande si elle a entendu parlé de mon guide.
Elle me dit que oui et me donne son numéro de téléphone le lendemain.
Pendant que le groupe est à l'église St Augustin, il passe la porte de l'hôtel et je le reconnais immédiatement. Il a 73 ans, plus petit que l'image qui est dans ma tête, un peu vouté par les années de galère qu'il a certainement véçu. Je vois dans ses yeux tous ses souvenirs qui défilent.
Il ne prononce aucun mot car je crois qu'à cet instant il est incapable de parler, moi non plus d'ailleurs.
Et puis la conversation commence, nous nous racontons les histoires de nos familles respectives et de tous ces souvenirs que nous avons laissés. Je le trouve beau, et digne et je le respecte beaucoup.
Vous m'avez certainement vu prendre l'avion avec un gros bidon. Il me l'a emmené le soir même rempli de Makrouts. Nous avons promis de nous revoir.
Il s'appelle Youcef BOUACHA.
Bernard GAUCI
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Une pensée pour les Absents...
Merci Jean-Pierre
Avant de tourner la page, mes pensées vont vers ceux qui n'ont pu y participer, tout d'abord mes soeurs car elles avaient prévu, pour comble de malchance la même semaine, un voyage en Grèce.
Ensuite vers tous les Bônoises et Bônois aujourd'hui disparus et qui désiraient retourner au pays, en particulier mes chers parents, mon ami et voisin BETRO Norbert (son épouse Josiane était avec nous) avec qui nous évoquions, à chaque rencontre, nos souvenirs d'enfance.
Et enfin ma femme Paulette qui n'était pas bônoise mais qui connaissait parfaitement Bône à travers les anciennes photos qu'elle a vues et revues et celles plus récentes que j'avais ramené de mon précédent voyage en 1980.
Je ne peux pas oublier la joie d'avoir retrouvé la tombe de mon frère ainsi que le banc de l'école Sadi Carnot, celui où j'avais gravé mon nom.
Roland BUSSOLA
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Je n'oublierai jamais...
Après avoir vécu des moments forts d'émotion et de bonheur, je suis bien rentrée au bercail
Salut Jean-Pierre et Jeanine et merci,
Ce n'était que du bonheur, cet après-midi du 26 avril 2005 lorsque je me suis rendue à Marignane, accompagnée de ma famille et de mes amis, le cœur remplit de joie, pour accomplir enfin ce voyage tant attendu et inespéré.
Après avoir fait connaissance de la quarantaine de personnes fort sympathiques qui avaient décidé comme moi de tenter l'aventure, nous nous sommes envolés vers Bône.
A peine arrivée sur le sol natal, j'ai demandé aux quelques personnes présentes à l'aéroport, s'ils connaissaient mes amies algériennes que j'avais quittées 43 ans plus tôt avec grand regret et en raison de circonstances dramatiques que nous avons vécues. Le lendemain même, la rencontre a eu lieu et nous nous sommes quittées nous promettant de ne plus perdre le contact.
Le 1er mai, je suis rentrée en France la tête pleine de merveilleux souvenirs. Ce voyage n'a été que du bonheur pour moi :
· du bonheur de me promener, comme autrefois, sur le cours Bertagna, un créponnet à la main,
· du bonheur de parcourir les rues de Bône de la place d'Armes à la Colonne Randon, du cours Bertagna aux Lauriers Roses, puis la gare, les plages, etc..
· du bonheur de m'asseoir sur un banc d'une classe de l'école Sadi Carnot où 50 ans plus tôt j'ai usé mes fonds de culotte,
· du bonheur d'avoir revu la maison qui m'a vue naître et qui a conservé intacts mes souvenirs d'enfant.
Même si tout a changé, même si l'avenue Célestin Bourgoin me paraît plus petite, mon appartement transformé en 2 magasins, mon émotion a été immense et, mon plus grand espoir avant de disparaître, serait d'y retourner un jour.
Merci Jean-Pierre de nous avoir fait vivre des moments si heureux.
Merci également aux nombreuses personnes qui ont participé à ce voyage malgré les découragements que nous avons dû surmonter.
Je pense que de tous mes voyages, c'est celui que je n'oublierai jamais et qui sera le plus extraordinaire.
A bientôt, je serai le 5 juin à Uzès.
Je vous embrasse bien fort.
Geneviève CaAMILLIERI/BETRO
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Ce n'était que du bonheur.
A vous tous amis Bônois et à vous Jeannine et Jean-Pierre.
Merci de ces quelques jours passés à Bône. Comme Jean-Pierre, nous dormons davantage mais pour mieux rêver. Chaque nuit depuis notre retour, avec Michel, nous rêvons de tous les quartiers visités. Et , au matin, nous sommes déçus de nous retrouver au nord de la Bourgogne, loin de la mer....
Il est évident que nous retournerons dans notre ville accompagnés d'amis ou de famille afin que les émotions soient pleinement partagées.
Grand merci à vous qui nous avez permis de vivre des jours à jamais gravés dans nos mémoires.
Amicalement.
Bernadette & Michel BONIFACI.
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Le théâtre d'un bonheur intense
Ce voyage à Annaba a été, et restera pour nous le théâtre d'un bonheur intense, d'autant plus que l'image que nous nous en faisions, ou que nous n'osions développer était plutôt redoutée, et que nous désespérions de l'entreprendre personnellement, en attendant de meilleurs auspices. Ceux-ci se présentèrent sous la forme et le cadre du voyage qu'imagina Jean-Pierre BARTOLINI, un homme qui n'était alors pour nous qu'une abstraction que nous présentait internet…
Le séjour fut court, il est vrai, mais suffisamment long dans le cas d'une éventuelle déception, et court à point pour susciter l'envie d'y revenir…
Un bonheur intense, disais-je, car nous avons retrouvé pratiquement telle quelle l'Ecole d'Hippone où j'ai enseigné 10 années en coopération, mon épouse m'y succédant la onzième, venant de l'Ecole du Ruisseau d'Or.
Nous y occupions un appartement de fonction. C'est à Annaba que notre carrière d'enseignant débuta, que nous eûmes nos deux enfants. C'est dire que nous avions de solides raisons de revoir ces lieux qui n'ont guère changé hormis le débordements des anciennes limites de la ville, la disparition de la cathédrale et les marques d'usure laissées par le temps qui passe.
Le Cours connaît la même animation, le marché couvert le même bourdonnement et la même fébrilité qu' " avant ".
C'est aussi le cas des rues principales où l'on ne voit plus les jeunes vous proposer de vous garder la voiture. Cela signifierait-il, on peut l'espérer, que ces jeunes sont occupés ailleurs, ce serait bon signe…
Mais ce qui nous a le plus marqués, ce sont les manifestations qui ont eu lieu au niveau des hommes.
En premier lieu, au sein du groupe que nous formions. Une espèce de fraternité que le but commun du voyage rendait tangible. Notre quête était semblable. Nous avions à partager les mêmes émotions et nos réactions ne différaient en rien.
Ensuite, il fallait observer ce qui se passait entre Algériens - c'est à dire de vrais inconnus pour nous - et le groupe. Partout où nous allions, nous entendions des " Soyez les bienvenus ", des paroles chaleureuses, qui donnaient le sentiment que nous étions attendus…
Nous avons été étonnés par la capacité de mémoire de ces gens là qui souvent étaient capables de restituer la généalogie d'une famille pied-noir du quartier , y ajoutant souvent des particularités.
On échangeait des mots, on échangeait des larmes. C'était simplement des histoires d'individus qui se retrouvaient après une longue absence, des rapports d'homme à homme, authentiques, non déformés par de quelconques prismes, des hommes baignés du bonheur d'être réunis et qui pouvaient légitimement se poser la question : " Mais pourquoi donc nous a-t-on séparés ? "
C'est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus…
Sur un plan plus personnel, nous avons eu le bonheur de retrouver de partager des moments riches avec des amis algériens de très longues date. Qui avaient porté nos enfants dans leurs bras. Moments intimes et inoubliables…
Face à cette situation idyllique, il y eut quelques grains de sable, des signes d'hostilité. Nous ne pensons pas que ces invectives isolées soient vraiment significatives. Auraient-elles été plus nombreuses si notre niveau de " protection " eut été moindre ? Personnellement, nous en doutons.
Nous pensons plutôt que le travail fait en amont par Jean-Pierre au niveau des autorité locales et consulaires trouve dans le succès de ce voyage un encouragement à relancer les échanges entre les hommes qui après tout, ne demande que cela.
J-Chantal et Marcel NOBER
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Ressentir les vibrations de cette terre...
Retrouver le pays qui nous a vu naître, retrouver certains de nos EX amis, vivants !...
Ressentir les vibrations de cette terre qui a vu couler tellement de S... de nos proches.
Eh pourtant quelques larmes et pincements de cœur nous ont tenaillés pendant ces quelques jours. Quelle joie de respirer de nouveau cet air, malgré la pollution que nous pouvons rencontrer dans toutes les villes du monde. Nos âmes et nos cœurs sont restés à BÔNE. Nous ne pouvons ignorer ce fait, aussi longtemps que nous vivrons et que l'Algérie sera. Nous n'avons pas choisi. Aussi loin que nous irons, Notre Cœur battra pour cette terre. Au nom des nôtres restés là-bas, nos pas fouleront de nouveau ce continent, furtivement ou à jamais ? Seul l'avenir nous le dira.
Je tiens à remercier Monsieur Falhi ( agence du même nom) et tous ses collaborateurs, qui, du début, et jusqu'à la fin de ce voyage nous ont apporté un bonheur indéfinissable ...
Merci aux AMIS d'une semaine, à ceux que nous avons pu redécouvrir sans oublier Jean-Pierre, Jeanine couple adorable, et à Roland pour son précieux cadeau, à Rachid mon vieux frère. MERCI à mes AMIS ANNABIS, Messieurs MERZOUG, AYADI, KOUADRIA, RIZI, BIDDINE, Madame KACHABI. A mes anciens amis de l'athlétisme, du boxing et du judo.
Mes amitiés sincères et sportives.
Alain IACONO
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Un moment de forte émotion.
Métropolitain, marié à une Bônoise, j'ai entrepris depuis quelques années un retour sur la vie qu'ont connu les européens d'Algérie de 1954 jusqu'à l'indépendance. C'est ce qui m'a décidé à accompagner ma femme dans ce voyage à Bône; j'ajouterai que j'avais déjà effectué en 1964 et 1965 deux voyages dans cette ville.
Je n'avais donc pas au départ une charge émotionnelle comparable à celles et à ceux qui ont passé dans cette ville une partie de leur jeunesse et qui parfois ont quitté l'Algérie dans des circonstances plus que douloureuses. J'ai donc retrouvé Annaba en essayant de me mettre dans la peau d'un touriste arrivant sur une rive de la Méditerranée sans oublier totalement ce qu'elle représentait pour ma femme.
Dès le survol de la région j'ai été surpris par les marécages que je n'avais pas remarqué il y 40 ans, ainsi que par les constructions nouvelles que l'on apercevait de l'avion. Deuxième surprise : L'aéroport me semblait assez loin de la ville et situé dans une zone à vocation agricole alors qu'aujourd'hui ce sont des immeubles qui jalonnent la route conduisant à la gare et au cours Bertagna.
La visite de Bône et de sa banlieue a renforcé ma première impression : L'agriculture avait pratiquement disparu ce qui justifiait la présence des marécages et les terrains en friche que l'on rencontrait en direction de Guelma par exemple. L'industrie avait peut-être supplantée l'agriculture ? La fumée de quelques cheminées le laissent supposer, mais dès que nous arrivons à hauteur des usines, force est de constater que la plupart des ateliers sont à l'abandon...
Que dire du centre de la ville et des plages ! Les constructions nouvelles se sont dégradées très rapidement, quant aux constructions anciennes elles n'ont bénéficié d'aucun entretien et la plupart des maisons du centre-ville sont délabrées. Les plages n'ont malheureusement pas meilleure allure et comme les rues, sont trop souvent polluées.
La propreté n'est pas l'apanage de la ville ... et c'est dommage car les plages de Saint-Cloud, de Toche jusqu'au Cap de Garde méritaient un meilleur traitement !
Comment espérer attirer des touristes dans de telles conditions ? Ce n'est pas l'hôtel "grand luxe" de Bugeaud qui à lui seul convaincra les agences de voyage !
Je ne vois pas comment cette région qui a perdu son agriculture, qui n'a pas réussi sa reconversion industrielle et négligé son environnement peut être optimiste sur son développement.
A côté de ce constat négatif, il faut signaler l'accueil amical de la population. Les familles musulmanes que ma femme a retrouvées nous ont reçu avec émotion et surprise ... Ce n'est tout de même pas très courant de retrouver sa camarade de classe après 50 ans de séparation ! Les contacts que nous avons eu lors de nos promenades en ville ont toujours été faciles et nous n'avons jamais remarqué un quelconque signe d'animosité.
Nous allions repartir certes attristés par l'état de la ville mais heureux qu'une page d'histoire terrible soit enfin tournée entre deux communautés lorsque les responsables administratifs de la ville et de la région sont venus brouiller nos esprits.
Le livre qu'ils nous ont offert est pour le moins une faute professionnelle commise par ceux qui souhaitent attirer les français et en particulier ceux qui sont nés à Bône. Je n'ose pas envisager que c'est un acte conscient et délibéré. En ce qui nous concerne nous avons très mal reçu ce "cadeau" ...
Je ne peux terminer sans évoquer la parfaite organisation du voyage. Un hôtel confortable, des déplacements en car toujours ponctuels et des guides agréables.
Si l'agence de tourisme a bien programmé nos visites, nous devons cette réussite à Jean-Pierre Bartolini, que nous avons plaisir à remercier une fois encore. De la soirée au consulat à l'accueil à Hippone, tout a été réussi. L'ambiance du groupe a également contribué à la réussite du séjour et ces quelques jours passés ensemble resteront pour nous un moment de forte émotion.
Pierre et Nicole Meallier
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Instants d'émotion et de bonheur.
Je tiens à remercier, Jean Pierre, d'avoir pris l'initiative d'organiser à la perfection ce voyage à Bône.
Bravo, Jean Pierre, mais également à M. Rachid Habbachi pour sa participation au bon déroulement de ce voyage.
Quel bonheur de redécouvrir son pays natal après 43 ans d'éxil.
Ce pays que je n'oublierai jamais. Tant de souvenirs ont fait renaître en moi mon enfance et adolescence, qui étaient parfois un peu flous dans ma mémoire.
En descendant de l'avion, après avoir posé les pieds sur le sol algérien, je me suis sentie chez moi. La nostalgie avait soudainement disparue.
J'ai eu l'impression de n'avoir jamais quitté ce pays. Quel Bonheur !
Nous avons eu un accueil chaleureux, toute la population jeunes et plus agés qui recherchaient le contact.
Quelques paroles revenaient toujours : " Vous êtes chez vous, et revenez nous voir ", cela faisait chaud au cœur.
Souvent ces phrases m'ont fait frissonné. Encore aujourd'hui en rédigeant ces quelques lignes, je ressens les mêmes émotions que je ne peux exprimer, car il faut l'avoir vécu pour ressentir cela.
Ce pélérinage a été merveilleux.
Depuis mon retour, cela fait un mois, je suis comme envoutée par cette ville de Bône. J'ai sans cesse les images qui défilent dans ma mémoire. J'ai toujours l'impression d'être là-bas. C'est magnifique
Ce séjour a été trop court, j'aurai aimé qu'il se prolonge quelques jours de plus.
Le jour de départ, j'avais le cœur serré de repartir, mais moins nostalgique qu'il y a 43 ans.
Vu l'accueil et l'hospitalité de ses habitants ; j'envisage de refaire ce voyage à Bône avec mes enfants et petits enfants.
Mille fois merci à Roland Bussola d'avoir fait parvenir un DVD à chacun d'entre nous. C'est génial de sa part, cela nous permet de resavourer ces instants de bonheur.
Je peux me permettre de dire aux Bônoises et Bônois qui désirent faire ce pèlerinage à Bône, de ne pas hésiter d'y aller, ce ne sera que des instants d'émotion et de bonheur.
Bône |
Hammam Meskoutine |
Clôches de Guelma |
Cimetière de Bône |
Guglielmi Josiane épouse de Bétro Norbert.
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Mon voyage inoubliable ……. Mais inachevé !
Après les longues semaines de préparation, à l'arrivée au parking de l'aéroport, nous avons rencontré les premiers inscrits de ce voyage, les époux Nober. Nous nous retrouvâmes 45 Amis Internautes (90%). Ce mardi 26 Avril, jour de rassemblement et de départ a commencé par la connaissance physique pour les uns, retrouvailles pour les autres. Nos amis Baby Jourdan et Pierre Borg nous ont fait l'honneur de venir nous accompagner et nous souhaiter bon voyage. Deux autres amis, le couple Magrot, se sont joints à nous pour ce séjour.
Les formalités de contrôle et d'embarquement accomplies en compagnie de mon ami Ahmed Falhi, directeur de l'agence avec qui nous avons monté ce séjour à Bône et que je tiens à remercier tout particulièrement ainsi que toute son équipe.
En attendant, le départ avec retard, pour notre chère ville une petite collation nous est servie.
Puis la montée dans l'avion et là, 1ère surprise, la séparation hommes/femmes. Question des femmes : Pourquoi ? Réponse, c'est la loi islamique ? Changement de couleur chez certaines et rigolades pour d'autres. Bien sur, c'était une surprenante plaisanterie que nous avions imaginée avec notre hôtesse d'accompagnement. La raison était qu'il y avait des places en 1ère classe et j'avais fait le choix de les faire attribuer par galanterie à nos chères compagnes avec gâteaux et champagne.
Envol vers l'Algérie, une heure plus tard, arrivée sur Bône, après que chacun essayant d'apercevoir les côtes et découvrant par avion un paysage connu. Le long rêve, ce rêve de 43 ans environ devenait réalité.
L'atterrissage en douceur sur le tarmac. Dés la descente d'avion, en posant les pieds au sol, je n'ai pu m'empêcher de l'embrasser pour lui dire bonjour.
Un bus nous attendait et nous dirigeait vers la salle d'arrivée pour accomplir les formalités d'entrée en Algérie. Des formalités facilitées par les autorités douanières qui nous attendaient.
Avec l'accueil de notre ami Layachi Dib qui m'annonçait la 2ème surprise du jour : Rachid, avec qui j'avais discuté la veille au soir au téléphone en pensant qu'il était chez lui à Dijon, oui Rachid Habbachi m'attendait dehors. Je n'y croyais pas, mais à la sortie, j'ai vu Rachid courir et nous sauter au cou. Ce n'était pas un rêve. Il y avait aussi Kamel Benyoussef.
Après avoir fait la connaissance des responsables de l'escorte, je fusse le dernier à monter dans le bus qui nous ramenait vers notre ville.
Je dis bien notre ville, car dés que j'ai posé le pied au sol, je me suis senti chez moi, sur ma terre de naissance. Cet air que je respirais était le mien.
Le trajet aéroport/hôtel où chacun reconnaissant, au travers des vitres, des lieux connus comme Saint-Augustin qui domine majestueusement la ville ;
- La gare avec toujours son " minaret " ;
- La place des Gargoulettes ;
- Les quais fermés dans une clôture imposante qui empêche cette magnifique vue sur la mer que nous avions connue et ces promenades tout le long des berges ;
- Le cours Bertagna avec ses kiosques, un regret des " vieux Bônois " qui fréquentent toujours le cours, la disparition du kiosque à musique alors que l'on dit que la musique adoucit les mœurs, les esprits et les mentalités ;
- Le passage devant la Mairie et son jardin modifié ;
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- La découverte de l'esplanade qui a remplacé la cathédrale détruite en 1972. Une erreur monumentale qui a engendré une superstition chez certains habitants. En effet, lors de la démolition, il y eut 15 morts et depuis une grande majorité de Bônois ne veulent plus passer dessus cet emplacement. C'est vrai que c'était un gâchis inutile et une erreur monumentale, de la bêtise humaine. Il aurait mieux valu transformer cette Cathédrale en Mosquée ou en bibliothèque ou en autre lieu public. On ne détruit pas un bâtiment simplement par vengeance ou haine de la colonisation.
- Le lycée Mercier est toujours là :
- L'immeuble de l'EGA avec le cinéma PAX à coté.
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C'est l'arrivée à l'hôtel Seybouse face à la préfecture. J'aime bien le nom de cet hôtel qui a remplacé le nom américain de " Plazza ". Seybouse, c'est mythique, c'est de chez nous, comme notre Gazette.
L'installation s'est faite sans difficulté après une petite pause jus d'orange. Tout le personnel a été aux petits soins avec nous tout le long du séjour. Seule la restauration du soir n'as pas été à la hauteur de nos espérances sur la cuisine algérienne. C'est important pour les éventuels futurs touristes.
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Mercredi 27, après le réveil à 3 heures du matin par le " Julio des Mosquées " (le muezzin ou le CD), lever à 4H 30. A 5 H 30, me voilà sorti dans la ville pour humer cet air particulier et matinal Bônois ; aller manger mon premier beignet à la rue Thiers ; faire une petite visite aux Santons où j'ai résidé avant notre éxil forcé.
A mon retour de cette ballade matinale, les beignets commandés pour le groupe par l'intermédiaire de notre ami Yazid sont arrivés en même temps que moi. Je n'ai pas pu m'empêcher d'en remanger un autre et c'est vrai que l'on ne ressent pas la même chose que de le manger à l'échoppe. Ceux qui ont fait l'expérience en venant avec moi les matins suivants peuvent le confirmer. L'odeur de la friture ; l'huile traversant le papier ; les mains brillantes ; le goût de la pâte frite et chaude n'a d'égal que la vue de ce petit bonhomme faisant étirer la pâte entre ses doigts et lançant cette galette tourbillonnante dans l'huile bouillante qui en quelques secondes dore ce beignet qu'un morceau de fil de fer retire pour le faire égoutter un instant avant qu'il ne soit happé par des mains impatientes et savouré goulûment. UN BOHNEUR D'ENFANCE RETROUVE.
9 H, le départ vers le cimetière, le recueillement était déjà dans le bus. L'arrivée au cimetière avec la recherche des emplacements sur les registres. Des registres incomplets où des " malins avaient arraché " des pages. Des allées bien entretenues, des tombes et caveaux rénovées grâce à l'abnégation de nos Amis d'IN MEMORIAM, mais aussi beaucoup de tombes cassées, vandalisées. Quelques jours avant notre arrivée, ont eu lieu de nouveaux actes de vandalisme pour récupérer les métaux se trouvant sur les sépultures. Les auteurs ont été arrêtés et condamnés le 9 mai à 4 ans de prison ferme. Les auteurs de bris de marbre, d'ouverture des caveaux, eux ne sont pas arrêtés car dit-on, se sont de jeunes désœuvrés qui se droguent ou boivent de l'alcool dans le cimetière. L'explication est trop simple. Là aussi la répression doit être sévère car tous les cimetières de toutes confessions sont touchés par ce phénoméne.
Une visite au " cimitière " où je n'ai pas retrouvé les sépultures de mes grands-parents et proches, nous avons mis des fleurs sur des tombes anonymes. C'est vrai que les Pieds-Noirs n'ont pas entretenu le cimetière, mais leur a t-on laissé le choix en 1962. La toute jeune association IN MEMORIAM présidée par des bénévoles comme Sabri Mele et Bernard Gassiot fait tout ce qu'elle peut pour la sauvegarde de ce lieu de mémoire.
Il y a un travail d'entretien qui ne peut passer que par des rentrées d'argent faites au moyen de modiques cotisations. Pour notre part nous avons emporté du travail que nous diffuserons au cours des mois suivant sur Internet.
Après cette visite, pendant que le groupe partait avec le car faire un tour en ville, avec mon ami d'enfance Charly, nous sommes allés vers notre quartier : la Cité Bona en passant par le stade.
Nous avons découvert un stade rénové à l'identique de ce que nous avons quitté. A l'époque, c'était la seule pelouse gazonnée de l'Afrique du Nord avec une piste d'athlétisme et une piste cycliste où nous avions fait nos premiers tours de piste avec les frères Roux et Christian Januzzi, Nous avons côtoyé dans l'enclos les plus grands noms du cyclisme mondial. Que de souvenirs !
Dans le hall d'entrée, une exposition de photos des équipes de l'ASB, JBAC et USMB. Plusieurs photos données par Mrs Elhadi Bey que j'ai retrouvé devant le théâtre le dimanche matin et Sakraoui sur le cours Bertagna en compagnie de Kati. On se voyait dans les tribunes regardant ces matchs fabuleux.
La tournée dans la cité Bona a commencé par la rue d'Arsonval avec le passage devant l'immeuble de la Logiscoop de nos amis Guitard. Puis un coup d'œil à l'école primaire que nous avions vu se construire et remplacer les baraquements initiaux alors que nous disputions des parties de football sur le terrain caillouteux situé juste à coté.
L'entrée de Charly vers l'appartement qu'il habitait dans l'immeuble d'angle (rue/passage d'Arsonval) et l'accueil chaleureux des nouveaux propriétaires, les retrouvailles avec une ancienne voisine qui n'a pas bougé depuis plus de 45 ans.
La rue de Savoie ; Bien sur les commerces que nous avions connus ont disparus : le boulanger avec son four où nous amenions les gros plats de résistances ou les gâteaux et fougasses (pizza) ; la mercerie mozabite ; l'épicerie de " Coco bel œil " de notre Schembri " Savoyen " ; " l'usine orangina " de notre ami Baby Jourdan où nous avons des souvenirs " paramilitaires " ; puis la maison de mes parains, M et Mme Xiberras Robert, transporteurs très connus par les Bônois dont le garage a été transformé en un commerce.
J'arrive devant la maison de ma grand-mère maternelle, face à la maison de M. Amant habité actuellement par un docteur avec qui nous avons mangé le vendredi soir. De suite j'ai été invité à entrer et voir ce lieu de mon enfance. Si l'aspect extérieur est en très mauvais état, l'intérieur est entretenu et propre. J'ai retrouvé ce " petit F4 (60m²) " comme à l'époque, les meubles changés bien sur, mais disposés de la même façon : la cour avec le même escalier en fer qui mène à la terrasse où l'on étendait le linge qui était lavé dans le lavoir qui nous servait aussi de baignoire. Ma grand-mère était lavandière et ce lavoir est devenu un petit appartement.
En gravissant cet escalier, j'ai pu voir et toucher le citronnier des Xiberras qui débordait dans notre cour et nous offrait ses fruits que nous mangions comme des oranges.
Mon épouse n'en revenait pas que nous avions pu habiter avec une famille nombreuse dans ce petit logement. Mes parents, 6 enfants (le 7ème est né aux Santons), ma grand'mère et un oncle (mon grand frère). Un petit logement où nous avions des WC à l'intérieur, chose que j'ai rarement vu en arrivant en France en 1962.
Poursuivant notre tournée vers la rue de la Creuse et la rue de Lyon, Charly a revu la villa de sa prime enfance où là aussi l'entrée fut grande ouverte.
Nous sommes revenus vers la rue de Savoie où nous devions retrouver notre ami Babaye dit maintenant " Amar Tonton " comme on appelait déjà son père. Des retrouvailles émouvantes, surtout lorsque j'ai revu la cour où M. Amar grand mutilé de guerre (39/45) m'a sauvé la vie lorsque les gardes mobiles voulaient m'abattre suite à l'assassinat de mon copain Noël Mei par le lieutenant Palvadeau pour m'empêcher de parler. Nous avons pu voir aussi la misère dans laquelle bon nombre de familles pouvaient vivre. Si je dois retourner, c'est sur que j'irai le revoir et resterai plus longtemps avec lui.
Nous avons vu entre autres, les maisons de Januzzi, Buono, Buch, Buttacavioli, Perni et comme entre temps nous avons fait la connaissance d'une charmante dame, Mme Aït Ali Keltoum qui est restée avec nous et nous a parlé de la vie du quartier, elle nous a invité chez elle. Au bout de la rue à l'angle du Capitaine Dauphin, elle habite un petit immeuble qui date de notre présence et qui est en très bon état et entretenu. Elle nous a reçu dans son petit bijou d'appartement où la discussion s'est poursuivie.
Nous avons terminé notre ronde du quartier en allant manger dans la " gargotte " qui a remplacé le " four arabe " face au carrefour Maison de Santé/Pepinière.
L'après midi, pendant que le groupe faisait la tournée des plages, du cap de Garde et Bugeaud, puis retour par la Colonne, avec Rachid, Christian et Alain, nous avions rendez-vous avec M. Mezoug Président de la Wilaya située face à l'hôtel.
Nous avons d'abord été reçu par le Président pour un entretien privé dans son salon/bureau avec pâtisserie et thé. Ensuite nous avons été invités dans la salle du Conseil où les Conseillers nous attendaient. Ils ont été très attentifs à nos propos, les discussions très amicales sur nos projets avancés, sur le site Internet, sur la ville, sur le séjour, sur l'historique de la ville, etc., tout cela sans tabou et toujours accompagné de pâtisseries. De partout nous avons trouvé cette hospitalité qu'ont les Algériens et qu'ils n'ont pas perdu.
Nous sommes repartis en compagnie du Vice-Président, M. Ayadi que nous avons revu plusieurs fois par la suite. Il nous a fait visiter en voiture les nouveaux quartiers. Bien sur ces quartiers où ont fleuri des immeubles, ressemblent à s'y méprendre à certaines zones de villes de France. La saleté, les gros tas d'ordures, la dégradation sont le lot quotidien de ces habitants qui paraît-il, ne sont pas tous des Annabis. Ils connaissent et subissent aussi les méfaits de l'Immigration clandestine.
A 18 H 30, M. Heude, Consul de France a offert, à tout le groupe, une réception officielle au Consulat où nous avons retrouvé une partie du groupe de Souk Arrhas. Il nous a fait un petit discours gouvernemental mais aussi une mise au point sur les cimetières et les fausses informations de certaines associations particulièrement attachées à faire du blé sur les cendres de nos morts. Une réception où nous avons pu voir et apprécier le plus large éventail de la pâtisserie algérienne.
La soirée s'est terminée par un repas commun à l'hôtel.
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Le jeudi 28, Petit déjeuner vers 7 heures.
8 H 30, départ vers La Calle par la " nouvelle " route du littoral ; traversée des villes de Morris, Blandan, d'El-Tarf, etc. ; nous avons vu de nombreux petits lacs dont celui dit " lac des Oiseaux "
Au changement de Willaya, de celle de Bône à celle d'El-Tarf, nous avons changé aussi d'escorte. Nous nous sommes arretés à la caserne de gendarmerie et un gendarme est venu offrir une rose à chaque dame ou demoiselle. Une attention qui mérite d'être signalée.
Par contre la traversée d'un gros village a été particulière. Dans la rue principale de ce bourg, des travaux de rénovation de réseaux d'eau et d'égout étaient en cours. Une tranchée était ouverte tout le long de cette avenue avec des tas de sable sur le coté. Au lieu de suivre la déviation comme tout le monde, la police locale a fait dégager manuellement une partie des tas de sable pour nous permettre de passer. La vue de ces ouvriers travaillant comme des forçats, devant le bus qui avançait, était inhumaine. Aux yeux des habitants de ce village, nous sommes passés pour des privilégiés ce qui n'était pas notre désir et allait à l'encontre de notre but. Nous n'avons pas apprécié ces moments d'esclavagisme. Nous n'en sommes pas responsables, c'est une décision locale.
Arrivée à La Calle. Ce n'est plus la jolie petite ville d'autrefois avec cette presqu'île enchanteresse. Ça fait pitié de voir cet état de délabrement. L'église qui n'a pas été détruite, est vide elle est inutilisée dans sa partie centrale. A l'extérieur, sur le coté droit, des habitations et des commerces se sont aglutinés.. L'entrée, fermée, et autres murs extérieurs servent de pissotières. Il est impossible de s'en approcher tant l'odeur est repoussante.
Reparti déçu de ces visions de ces pays d'Afrique que nous voyons trop souvent à la télévision.
La saleté, le manque d'entretien, le vandalisme dus à la misère sont aussi le lot quotidien de ces résidents qui ne font rien pour s'en sortir surtout lorsque l'on voit tous ces bras valides se lamentant sur leur sort ; sur le départ des européens qui les " ont abandonnés " ; sur les autorités qui s'en mettent plein les poches ; sur les Etrangers qui leur prennent le travail. Les lamentations sont trop faciles, ils peuvent retrousser leurs manches et se mettre au travail, ne seraient-ce que chez eux, devant chez eux avec tout le temps libre qu'ils ont.
A notre arrivée en France, démunis de tout, nous nous sommes mis au travail ;
Travail comme les plus petits, même les plus dégradants, ceux que les Français nous laissaient pour nous humilier. Nous avons montré que nous étions un peuple fier (au bon sens du terme) et que nous nous en sortirons aussi sur une terre d'éxil ou étrangère et qui nous est hostile encore à l'heure actuelle.
Aux Algériens d'en faire autant, chez eux. Qu'ils relèvent la tête et non pas continuellement rejeter la faute sur les autres et notamment sur la colonisation ou la décolonisation. C'est le présent qui compte pour la survie.
Au retour, nous nous sommes arretés à Randon. Nos amis Charles-Henri et Maryline, accompagnée de sa fille Patricia, ont revu avec émotion leurs lieux. Maryline en raconte son vécu. Je ne peux oublier ce bain de foule, cette communion avec les jeunes sur la place ou devant le bus. Les questions de cette nuée qui voulait " savoir l'histoire des Pieds-Noirs ", toucher du P.N., connaître ce P.N. dont les anciens qui arrivaient se rappelaient les moments forts de leur vie commune, passée et regrettée.
Petite visite à Mondovi : avec Alain et Bernard, rencontre avec le FIS et un Imam accompagné de son garde du corps. Le seul vrai moment d'affrontement et d'hostilité qui s'est transformé au fil du " dialogue " en discussion amicale, en une meilleure connaissance du Pieds-Noirs, et en un raccompagnement hors zone de " non droit " (comme en France).
Dans l'après midi, retour à Bône avec quartier libre pour tout le monde. Avec Rachid et Jeanine, nous sommes partis au centre ville, à la Mairie pour voir une exposition de photos de Bône. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir des anciennes photos ou cartes postales à coté des nouvelles, cela fait partie de notre histoire et mémoire commune. Là j'ai fait la connaissance d'un jeune artiste M. Boubakeur. En discutant avec lui, je lui ai dit que je recherchais des livres ou textes sur l'histoire des mosquées de Bône. Sur leur construction parce que je voulais mettre cela sur le site comme faisant partie de la mémoire de Bône, sans bien sur parler de religion comme je l'ai fait avec les églises. Ce jeune m'a dit, revenez samedi après midi et je vous apporterai quelque chose. (C'est OK, la suite samedi.)
A pieds, nous avons continué notre ballade sous les arcades ; la rue Thiers ; puis vers le Marché où nous avons vu du poisson vendu à même le sol ; la rue Bugeaud ; pèlerinage place Alexis Lambert ; place Marchis ;
Le Boulevard Papier avec l'immeuble Lévy où je suis né et où j'ai revu le petit magasin de ma mère. Seules la vitrine et la partie vins et alcools ont disparus. Tout le reste était en bonne place, même le comptoir réfrigéré " Bonnet " qui fonctionnait encore depuis 46 ans avec deux réparations (c'était du bon matériel). Le téléphone à la même place à l'entrée de l'arrière boutique. C'est un étal de légumes qui a remplacé la vitrine. La même grille que j'ouvrais le matin vers 6 heures et que je fermais le soir vers 19 heures. Les souvenirs défilaient dans ma tête à une telle vitesse que j'en ai oublié de faire des photos. Cela m'a fait plaisir de voir ce commerce vivre au lieu d'être détruit ou abandonné et fermé comme les commerces voisins. A coté, la maison de la jeunesse où nous avions fait nos débuts de " guitaristes " avec Charly. Bien que lui soit devenu un pro. J'ai toujours, à la maison, ma guitare, sans cordes, cassées depuis.
Une remontée vers l'hôtel en passant devant le Centre Culturel et le centre de Santé.
Un journaliste du journal d'El Acil m'attendait pour un long entretien que finalement la direction de ce journal n'a pas voulu diffuser. Il est à noter qu'une petite partie de cet entretien a été sûrement revendu au journal " Le Jeune Indépendant " qui l'a un peu transformé et sur lequel j'ai du apporter des corrections et mise au point. (L'article du journal et ma réponse se trouvent à cette adresse)
http://www.infopn.net/infopn/rubriques/lualetranger/nationalite.html
Après le dîner en commun et une fin de soirée de discussion à table, il était temps d'aller se coucher.
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Vendredi 29 : après la très matinale et sainte virée quotidienne chez le marchand de beignets, mise en route d'une grande partie du groupe en direction de Guelma pour une visite que je ne peux commenter puisque, avec regret, je n'ai pas pu faire, pris par d'autres obligations.
En attendant l'heure du rendez-vous avec M. le Maire, avec Alain et Rachid, nous sommes allés faire un tour du coté de la place d'Armes. Là j'ai retrouvé, sous le balcon de la maison natale de Baby Jourdan, le sigle de son grand-père, M. PICON. Même le nouveau propriétaire ne l'avait jamais vu.
En effet l'ancêtre de Baby est l'inventeur de la célèbre boisson " Amer Picon ". Boisson alcoolisée à base d'écorces d'oranges. Les anciens doivent se souvenir des oranges pelées que l'on achetait pour une somme modique. La peau de ces oranges avait servi pour la boisson que nos parents sirotaient comme un médicament en apéritif. Ensuite, pour des raisons que j'ignore, l'entité de l'usine a été transférée à Marseille et encore de nos jours, les Marseillais ne savent pas que cette boisson qu'ils sont si fier de présenter, est Bônoise.
Ce vieux quartier de la place d'armes tombe en ruine, des maisons s'écroulent et les décombres restent sur place ou barrent les rues. Il paraît que des habitants s'opposent à la rénovation et c'est pour cette raison qu'une pétition circule. C'est vrai que c'est un quartier chargé d'histoire millénaire, qu'il mérite le respect, mais il arrive un moment dans l'histoire où il faut prendre des décisions, ne serait-ce qu'au nom de la sécurité et de la salubrité, tout en lui conservant son caractère particulier.
L'entretien avec M. Kouadria, Président de l'APC (mairie) et son Vice-Président M. Saadni auquel s'est joint M. Rizi, responsable de l'office du tourisme, a porté entre autre sur l'état de la ville. Un état pas très réjouissant pour les futurs touristes. Nous lui avons fait part de notre constat des trottoirs et rues cassées avec des ornières
La saleté présente partout avec des tas d'ordures et dépotoirs très nombreux ; une urbanisation sauvage due sans doute à la démographie galopante, sans schéma directeur ; l'aspect des maisons sans entretien dû sans doute pour une grande partie à la misère du peuple. Avec un taux de chômage supérieur à 40%, c'est vrai que la misère des résidents engendre ces états de fait. Mais ce pays au point de vue Trésor Public n'est pas pauvre. La manne pétrolière continue de gonfler les caisses de l'Etat mais le peuple n'en voit pas la couleur. Le travail ouvre ses bras, il suffit de le distribuer même autoritairement et de le rétribuer au bon prix pour sauver ce patrimoine immobilier et urbain. Même l'office du tourisme ne possède pas de locaux appropriés ou bureau pour son responsable.
Nous avons parlé de l'état civil d'avant 1962 et j'ai demandé la numérisation du reste des registres qui ne l'ont pas été avant la restitution de ces archives.
Bien sur la conversation a aussi comporté un volet sur les cimetières, leur entretien, les travaux entrepris, leur garde et le vandalisme qui les touche tous, y compris les cimetières musulmans. (Voir l'article sur la dernière profanation de notre cimetière à l'adresse suivante)
http://www.infopn.net/infopn/rubriques/lualetranger/cimet-bone-proces.html
http://www.infopn.net/infopn/rubriques/actualite/cimet-bone-barto.html
Comme dans tout cimetière de France ou d'ailleurs, l'entretien en incombe aux descendants des défunts. Les concessions nous appartiennent. Pour faire prendre conscience de ce problème aux descendants de tous nos morts qui reposent (pas toujours en paix) dans cette terre qu'ils ont chérie, j'ai proposé de diffuser sur Internet l'intégralité des registres pour que chacun puisse voir s'il a des ancêtres et puisse faire entretenir les tombes par l'intermédiaire de l'association IN MEMORIAM de Sabri Mele et Bernard Gassiot.
Ces questions de numérisation d'état civil et de registres de cimetière, devraient être à l'ordre du jour d'une prochaine réunion du conseil de l'APC. Attendons une réponse…
Nous avons parlé d'autres projets, comme avec le Conseil Général.
L'entretien s'est terminé par une photo devant une toile d'Antoine Gadan. En rentrant dans le bureau de M. le Maire, j'ai de suite reconnu une toile de notre peintre et une 2ème que je ne connaissais pas. Pour ce peintre j'ai indiqué que je recherchais le buste qui était au square Randon ainsi que sa tombe que je n'ai pas retrouvée. Des recherches seront effectuées…
Rachid nous quittant car il avait des occupations pour le reste de la mi-journée ; avec Alain et Rizi (deux amis d'enfance) nous sommes partis à pieds en direction de Beauséjour pour une ballade. Beauséjour et Sainte Thérèse sont moins abîmés que les autres quartiers. Nous avons vu les " Mille Logements " et nous avons été surpris par l'état de conservation et d'entretien de ces immeubles datant de la fin de notre présence à Bône.
Nous avons arpenté les rues de ces quartiers, nous nous sommes arretés pour manger un morceau dans une gargotte (pour éviter d'employer un terme américain) à Saint-Cloud.
Un passage et un arret devant le club de tennis qui se trouve toujours au même endroit, derrière le stade. Cela a été pour nous l'occasion d'évoquer ce passage de notre enfance où nous n'avions pas le droit d'approcher ces terrains car nous ne faisions pas partis des nantis qui pouvaient jouer au tennis, même la rue de l'entrée du club nous était interdite. C'est pour cette raison que nous nous postions derrière les grillages et lorsque les balles passaient au-dessus des grillages, on les prenait et on se sauvait. C'était une petite vengeance. Comme j'aimais faire du sport, j'aurai voulu apprendre à faire du tennis à Bône et ainsi je n'ai jamais tenu une raquette de ma vie jusqu'à ce jour ou Rizi nous invitant à rentrer dans ce club nous a fait visiter les installations et les cours. En racontant notre histoire de gosses rejetés par une certaine société bônoise, un jeune qui jouait sur le cours a voulu m'apprendre à 58 ans à tenir une raquette et Rizi a immortalisé cet instant de revanche sur l'infortune de la vie.
Après un nouvel aperçu du stade, du boulodrome, de la pépinière, nous sommes rentrés à l'hôtel où déjà nous attendaient nos amis revenus de Guelma.
Avec Rachid qui entre temps était revenu, nous sommes partis avec Josiane et Jeanine en taxi faire le tour des plages jusqu'au Cap de Garde, car je n'avais pu y aller en bus.
Juste le temps de me reposer un petit quart d'heure après cette journée et ces ballades, une douche et je me suis préparé avec pour aller passer une soirée amicale offerte par notre ami Ayadi, le Vice-président de l'APW.
Avec Alain et Bernard qui avait été invité, nous voilà partis tous les quatre à Chapuis dans un restaurant en bordure de mer, d'autres amis du docteur Ayadi nous ayant rejoints, nous avons entamé cette soirée de convivialité et d'amitié avec un très bon repas poissons. Le restaurateur voulant même nous cuisiner un Mérou d'environ 90 cm de long sur 40 cm de diamètre, (ce n'est pas une blague). Nos discussions ont continuées sur les projets avancés lors des entretiens et sur d'autres sujets d'actualité ou de la vie.
Ce moment de détente avec vue sur la plage, la nuit, nous a fait un bien énorme et un plaisir que nous avons apprécié.
Retour à l'hôtel pour rejoindre les amis qui étaient presque tous déjà remontés dans les chambres, c'était normal vu l'heure avancée.
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Samedi 30 avril, les beignets dégustés, nous avons pris le bus pour aller à la Basilique Saint Augustin. Le bus ayant des difficultés pour monter et ensuite tourner, nous avons fait la montée à pieds, chose appréciable car cela nous rappelait les processions d'antan.
Nous étions à l'heure fixée par le Père Désira qui nous ouvrit les portes de la basilique, qui a fait une prière avec le groupe, et a fait visiter les lieux. Merci aux dames de la congrégation religieuse qui m'ont aidé dans cette tache. Un regret pour mon épouse, c'est de pas avoir pu ramener des médailles ou cartes de Saint Augustin. Les autorités algériennes n'y sont pour rien pour cette lacune religieuse. Les pèlerins sont oubliés. J'espère que ceux qui suivront nos traces auront plus de chance.
Une descente vers les ruines d'Hippone. Ruines dans un état lamentable qui ne donnent pas envie de faire des photos que l'ont a voulu nous interdire. Le ridicule ne tue pas, j'ai préféré garder mes vieilles cartes postales avec des vues magnifiques.
Un retour vers l'hôtel pour un quartier libre et un rendez-vous particulier à 15h 30 est donné au groupe sur le Cours Bertagna.
Pour notre part avec Alain, Jeanine, et Kamel Benyoussef nous sommes invités à manger chez Rachid à Duzerville. A cette occasion, nous faisons la connaissance de son épouse et de sa fille qui nous ont préparé un succulent repas avec des pâtisseries maison préparées par les doigts de fée de la fille.
Là nous avons vraiment mangé algérien. Merci la famille Habbachi, j'espère vous rendre la pareille. Puis un retour à Bône en faisant une photo que je dois amener à M. le Consul Général d'Algérie, avec Rachid, Alain et surtout Kamel, son ami d'enfance.
15 H 30, notre rendez-vous sur le cours Bertagna devant un endroit symbolique, l'Ours Polaire pour déguster des créponnets tant attendus. En effet, les kiosques en désaccord avec la mairie au sujet d'une augmentation de taxes, étaient en grève depuis quelques semaines, et surtout l'Ours Polaire. Le vendredi soir, à notre soirée avec notre ami Ayadi nous avons évoqué cette grève qui nous privait de créponnets. Ayadi me dit demain matin en allant manger tes beignets passe à l'ours polaire et tu verras, je m'en occupe. En effet ce samedi matin, à 6 H nous sommes passés et, surprise, le kiosque était ouvert, le nettoyage et les préparatifs en cours pour une réouverture. J'ai posé la question pour les créponnets et le responsable présent m'a confirmé que l'après midi à 15 H 30 nous aurons notre coupe. Bien qu'ils ne soient pas fabriqués de la même manière, avec un goût un peu différent, nous avons apprécié ces créponnets et l'attention qui nous a été portée par cette réouverture spéciale. Cela avait un goût de " revenez'y. "
Pendant que tout le monde se faisait servir, je suis allé à un autre rendez-vous à la mairie avec mon jeune artiste qui ne m'avait pas oublié et qui m'a fait cadeau d'un livre sur la construction des mosquées et un présent qu'il est venu remettre à Jeanine devant l'Ours Polaire. C'est un petit coffret à bijou qu'il a ramené de chez lui. Que dire devant ce geste du cœur ? Merci, Merci M. Boubakeur.
Entre temps, nos amis Kati Hacéne et Sakraoui Benaïssa sont venus nous rejoindre pour déguster le créponnet. Les souvenirs sportifs ont été à l'honneur. Il ne manquait que Attoui Ali et Elhadi Bey que j'ai vu le lendemain.
Un dernier tour pour essayer de faire des achats de cadeaux. Là aussi l'Algérie est pauvre en souvenirs et nous n'avons pas trouvé ce que nous cherchions, de l'insolite, de l'artisanat Bônois. Cela devrait être une ressource à faire fructifier pour le développement touristique et créerait de l'emploi.
Nous sommes rentrés à l'hôtel pour nous préparer à notre dernière soirée. Une soirée spéciale où notre ami Layachi Dib est venu avec son orchestre nous faire une animation musicale de musique douce. Merci Layachi.
Cette soirée privée à laquelle j'avais invité bien entendu les amis Rachid et Rizi, les amis du consulat, de l'association IN MEMORIAM, M. Saadni Adjoint au maire, M. Ghouafria Président de l'APW d'El-Tarf et bien sur M. Ayadi vice-président de l'APW d'Annaba. Tous ces amis nous ont fait l'honneur d'être présents pour ce dernier soir, je les en remercie du fond du cœur.
Les discussions autour des tables étaient animées, des danseurs et surtout danseuses se sont risqués sur la piste au son de cette musique douce et entraînante.
Au nom de l'APW, M. Ayadi a remis un cadeau à tous les voyageurs. Les deux tomes du livre de M. H'Sen Derdour sur la ville d'Annaba, écrits dans les années 70. Je sais que certains de mes amis n'ont pas été contents de découvrir certains écrits de ce livre. Je pense qu'il ne faut retenir que le geste amical car je sais que le choix des cadeaux est difficile. Néanmoins je lirai ces livres et j'en ferai connaître mes impressions.
Une soirée agréable sauf avec l'incident " diplomatique " provoqué par un indésirable et que j'ai relaté dans le précédent N° de la Seybouse.
Un petit mot sur le repas qui devait être extraordinaire mais qui a été en dessous de ce que j'espérai. Surtout quand en plus à la fin de la soirée, les cuisiniers m'ont présenté la note, qui avait déjà été réglée d'avance. Bien entendu, Yazid le correspondant de Falhi a déchiré cette note.
Tout le monde s'est quitté pour le dernier repos nocturne de ce séjour.
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Dimanche 1er mai ; lever habituel, petit déjeuner, préparation des bagages et surprise, il n'y avait plus assez de place dans nos valises. J'ai du aller acheter rapidement un sac, heureusement que j'ai rencontré mon ami Bakhouche dit " Bedine " qui de suite m'a amené en voiture pour trouver une boutique ouverte un 1er mai. Merci Bedine.
Ce sac fera l'objet plus loin d'une anecdote particulière. Donc les bagages prêts, embarqués dans les soutes du bus. Nous voilà sur le départ.
Là au lieu de monter dans le car, je m'étais mis d'accord avec Yazid et Faouzia pour un dernier tour sur le cours Bertagna. Je n'en avais parlé à personne d'autre. Mais ce tour, je l'avais prévu à pieds, le car devant nous rejoindre plus tard. Nous partons en groupe comme des joyeux lurons, nous descendons le Boulevard Sainte Monique, passons devant le Lycée Mercier, l'esplanade de l'ancienne cathédrale et abordons le " petit jardin " de la mairie. Nous sommes arrivés devant le théâtre où une photo de groupe était prévue. Là, une nouvelle émotion nous a envahie lorsque des éléments, de la foule amassée pour voir ce groupe, sont venus nous rejoindre sur les marches des escaliers faire des photos. Ensuite nous nous sommes dirigés vers l'Ours Polaire pour déguster un dernier créponnet dont n'ont pas eu droit tout le monde car le bus est arrivé. Des adieux et des au revoir se sont déroulés sur ce cours Bertagna avec ces " Bônois " dont les larmes échappées de leurs yeux ne pouvaient cacher leur émotion et leur joie de nous avoir revus. Des moments intenses et inoubliables que seule notre communauté peut vivre avec des frères. C'est la preuve que nous n'avons pas été les bourreaux que les malfaisants ont décrit et continu à entretenir ce mythe.
Cette dernière montée dans le bus nous rapproche de la réalité du jour, à savoir le retour.
Toujours escortés par nos voitures, nous sommes arrivés à l'aéroport, et après avoir remercier les services de sécurité, nous avons entamé les longues formalités de départ surtout avec tous ces contrôles. Juste avant de rentrer dans la salle d'embarquement, j'étais en train de dire au revoir à nos amis Yazid et surtout la très charmante et gentille Faouzia, lorsque mon ami, Saadni maire adjoint de Bône est venu nous remettre quelques petits présents qu'il a pu trouver dont notamment les nouvelles armes de la ville d'Annaba. C'est un geste d'amitié que je n'oublierai pas.
Entrée dans le sas de la salle d'embarquement avec encore des contrôles et notamment le dernier passage pour nos bagages à main dans le tunnel de contrôle. Je pose ma serviette et mon sac acheté quelques heures auparavant. Juste devant mon sac, une petite valise s'est mise en travers et le douanier n'a rien trouvé de mieux que de prendre mon sac et de s'en servir comme bélier pour décoincer la valise. Ces bagages passent le contrôle et nous attendons l'arrivée de la navette. Mon sac à terre, je vois de l'eau en sortir, alors là je comprends la catastrophe. En effet lors de la petite virée en taxi vers les plages, avec Rachid, Josiane et Jeanine, nous nous sommes arretés à la plage Toche. Les filles ont trempé leurs pieds dans l'eau qui était à bonne température.
Avec Rachid, nous avons trouvé deux catsomarines. Me rappelant la demande de mon ami Vento, j'ai de suite cherché un récipient pour emporter ces bestioles. Une bouteille en plastique coupée a fait l'affaire, avec de l'eau de mer et nous voilà parti. J'ai gardé cela à l'Hôtel jusqu'au dimanche. Rachid m'ayant donné le samedi un bocal en verre avec un couvercle, j'ai transvasé ces catsomarines et l'eau de mer pour les garder vivants, fermer ce bocal et mis dans le sac que j'emportais avec moi.
Oui, mais voilà que mon douanier, prenant ce sac pour un bélier a cassé ce bocal et c'est la raison de l'écoulement de l'eau. Prenant ce sac et allant dans un coin de la salle d'embarquement, j'ai sorti le bocal que j'ai déposé au sol et j'ai découvert les dégâts dans le sac. Tout ce qui s'y trouvait, était mouillé, les gâteaux et les makrouts achetés la veille et dans une boite en carton étaient retournés à l'état de couscous et en plus à l'eau de mer. Décidant de ne rien toucher, vu l'odeur qui s'y dégageait, j'ai refermé le sac avec cette bouillie que même pas un chien affamé aurait mangé (c'est ce que je pensais). Ce sac d'où continuait à s'égoutter de l'eau, en le poussant avec les pieds dans la file d'attente de la navette, nettoyait le sol en laissant trace de son passage avec son odeur de marée. Entre temps, j'avais demandé à un employé où je pouvais trouver une poubelle pour y déposer le bocal cassé, il m'a dit " laissez, je vais m'en occuper ". Le " pôvre ", il a du le regretter car à le voir traverser cette salle avec le bocal cassé tenu à bout de bras, l'autre main se pinçant le nez et en disant ça sent mauvais, il a du me maudire. C'est comme cela que ces catsomarines n'ont pas fait le voyage. Le spectacle n'est pas fini, à la descente de la navette avec mon sac et au passage de la dernière fouille avant la montée dans l'avion, le militaire qui fouillait m'a demandé d'ouvrir ma serviette, il a vu qu'il n'y avait que des papiers, il m'a demandé d'ouvrir le sac au sol, il s'est penché et dés les premiers centimètres d'ouverture il s'est reculé brusquement et m'a dit " c'est bon, passez ". On aurait dit qu'il avait vu un fantôme ou senti un putois. Sur le DVD de Roland, on voit une partie de cette scène avec le brusque recul du militaire.
Arrivé dans l'avion, je me suis empressé de mettre le sac dans un coffre vide et de le refermer très rapidement en espérant que personne n'a l'idée d'y ajouter son bagage. Il va s'en dire que ce sac n'a été rouvert qu'à la maison où le chien s'est régalé avec nos gâteaux à l'eau de mer et goût de catsomarine. Avec Jeanine, les enfants et petits enfants, nous en rigolons encore.
Après cet intermède immortalisé, revenons à cette salle d'embarquement où d'autres cadeaux sont arrivés pour certains d'entre nous. Malgré l'épisode humoristique, la montée dans l'avion fut pénible. Le retour je l'ai fait dans la rangée du milieu pour éviter de trop voir cet éloignement. Une petite collation nous fut servie et sitôt finie, nous étions arrivés à Marignane.
La séparation s'est faite trop rapidement car certains d'entre nous étaient attendus. A notre sortie de la salle d'arrivée, nous avons eu la surprise d'être accueilli par les époux Savalli qui avaient fait le voyage quelques semaines avant nous. Cette gentillesse est à signaler et à garder en mémoire tout comme la venue de Baby Jourdan et de Pierre Borg le jour du départ. C'est ce qu'on appelle des Amis car ils m'ont soutenu tout le temps.
Le retour vers le parking s'est fait comme pour le 26 avril, avec nos chers époux Chantal et Marcel Nober et avec ce sourire qui ne quitte jamais Chantal. Les premiers arrivés et les derniers partis.
Je ne pourrais terminer sans remercier tous les amis qui avaient fait le voyage en individuel et les internautes qui m'ont aidé par leur soutien ; les amis Rachid, Kamel et Layachi sur place ; M. Saïdi, consul général d'Algérie ; le Consulat de France ; la congrégation religieuse ; les autorités locales de l'APW et de l'APC ; les services de sécurité et douaniére ; M. Ahmed Falhi et tout son petit monde ; et bien sur tout le groupe dont le sérieux, la gentillesse, le dévouement, la cohésion et l'ambiance a permis cette réussite agréable du séjour. Merci aux trois générations qui m'ont accompagnées et surtout à la plus jeune pour qui je souhaite d'autres retours et une meilleure compréhension de notre histoire. J'espère qu'ils feront profiter d'autres jeunes de leur âge de cette expèrience et que ces quelques jours passés ensemble entre générations différentes resteront pour tous des moments de fortes émotions et de souvenirs inaltérables.
Malgré la tristesse que ce voyage était déjà terminé et que la fatigue qui s'abattait sur moi comme une massue, la route jusqu'à la maison fut agrémentée par les nouveaux souvenirs qui seront ancrés dans notre mémoire et par l'épisode des catsomarines. Quand je dis nous, à part le groupe, je pense à mon épouse Jeanine qui m'a soutenu et apporté le réconfort nécessaire pour cette entreprise qui paraissait folle au départ et qui s'est révélée comme la plus réelle, la plus prenante et la plus intense de toutes les entreprises que j'ai menées et avec la satisfaction d'avoir contribué au bonheur de mes amis Internautes. Le voyage était le voyage du " Site de Bône la Coquette ".
Jeanine qui n'est pas née à Bône, devenue par son implication plus Bônoise que certaines nées sur notre sol, a aimé notre ville, son accueil, sa chaleur humaine, la beauté (même défigurée) des œuvres réalisées, le décor naturel, les parfums particuliers, etc. Elle est prête à y retourner, je crois qu'elle en est tombée amoureuse. Je vais être jaloux.
Pour ma part, même si un jour je dois faire d'autres voyages, celui là c'est le voyage inoubliable. Je dois dire que depuis 1962, j'avais toujours dit que si un jour je voyageais hors de France, ce serait pour Bône. Ma promesse a été tenue et pourtant j'habite prés de la frontière Espagnole, et je n'ai jamais fait de voyage dans ce pays frontalier.
Ce voyage extraordinaire, restera aussi un voyage inachevé car pris par les nombreuses sollicitations et obligations je n'ai pas pu réaliser tous mes vœux. Cela me permettra encore de rêver…… et comme dirait M. Buono …. Mektoub.
Jean Pierre et Jeanine Bartolini
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j'y pense encore, avec bonheur, tous les jours.
Bônois bonjour !
J'ai du retard et je viens de parcourir le dernier numéro de la Seybouse maintenant. Ce N°40 concerne votre voyage à Böne.
D'abord, je me suis régalée à le lire, j'ai compris votre émotion, parce que je l'ai vécue l'an dernier à Constantine. Ce n'était pas un voyage organisé.
Après mon récit sur internet, d'autres constantinois ont eu envie d'en faire autant. Je crois que cette année, sur plusieurs groupes qui se déplaceront à Constantine, en couples ou à plusieurs, il y aura un seul voyage organisé par une agence de voyages.
Je me réjouis pour tous ceux qui sont allés à Bône, ou à Constantine ou ailleurs, je crois que l'émotion, les souvenirs, valent le déplacement.
Partout, il y a des gens qui ne se sont pas contents ou qui veulent empêcher les autres d'être heureux. Laissons les dans leur marasme, et vous, profitez de la joie de ce voyage qui va durer longtemps.
Pour moi, l'année est passée, et j'y pense encore, avec bonheur, tous les jours. Je ne croyais pas que cela se réaliserait.
La sécurité n'est pas assurée à 100% dans toute l'Algérie, mais nous n'avons eu aucune crainte, tellement l'accueil des Algériens ( Bienvenue chez vous ) a été discret et sympathique. Il ne faut sûrement pas quitter les grands axes.
BRAVO à Jean Pierre qui a dû se donner bien du mal pour vous aider à réaliser votre rêve.
Une Constantinoise, Danielle Leroux.
J'ai tenu à passer ce message de Danielle (avec son autorisation), qui a fait ce retour vers les racines du pays et qui m'a apporté son soutien moral avec tous les copains Constantinois.
Merci Danielle, merci à tout le groupe.
Jean Pierre
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