N° 216
Mai

https://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mai 2021
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
https://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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Pour ce 1er mai, que ce bouquet de Muguet
vous apporte santé et beaucoup de Bonheur
Pour toute l'année



EDITO

JOLI MOIS DE MAI !

        C'est le moment ! Le moment de faire ce qu'il nous plait ! Le mois de mai, ses jours fériés et ses ponts annoncent le retour des beaux jours pour le plaisir de tous… Confinés ou pas… parce qu'il y en a un qui nous prend pour des " confinis " avec ses manipulations…

        Nous venons de fêter dans la joie les fêtes Pascales avec la résurrection du prophète des chrétiens. Arrive déjà le mois de mai ! Mois de sa mère Marie.
        A Rome, ce mois était consacré à Maïa, la mère du dieu Mercure.
        C'est aussi le mois des floraisons et du muguet que l'on offre le 1er mai..

        C'est le mois le plus populaire avec le printemps qui bat enfin son plein dans tout le pays. Les jours s'allongent, les terrasses des cafés se peuplent en principe, la météo se fait plus clémente et les barbecues font des apparitions de moins en moins timides, avec l'anisette et la kémia.

        Ce mois est l'occasion de bien des rendez-vous joyeux à partager en famille ou entre amis : fête des mères, première communion, l'Ascension, la Pentecôte, la fin de la guerre 39/45, mais aussi mai 1958 et mai 1968, deux dates qui comptent dans le destin actuel du pays.

        En plus des rituels printaniers, c'est la saison des mariages qui commence aussi.
        Profitons de ces jours fériés pour partager des moments de bonheur autour d'une bonne table ou autour de la cabassette d'où sortira la soubressade, les fèves au cumin, la calentita, etc...
        Donc en ces temps difficiles :
En mai fais ce qu'il te plaît
Mais trop n'en fais !

        Car :
La victime de la manipulation mentale ignore qu'elle est une victime.
Les murs de sa prison lui sont invisibles, et elle se croit libre.

- Aldous Huxley

        Amicalement et sincèrement.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         
         A tchao.

Au café du commerce
Par M. Marc Donato

         — Vous avez entendu ce qu'ils ont dit dans la télé hier soir ?
         — Quoi ? Que Michel Drucker (1) était ressuscité ?
         — Non, que maint'nant, les vétérinaires ils allaient pouvoir nous vacciner…
         — Ah, oui… Et les dentistes aussi, qu'ils ont dit…
         — Moi, je vais aller me faire piquer chez mon vétérinaire.
         — Ca doit faire drôle d'arriver avec sa vache au bout de la corde !
         — Bonjour, c'est pour nous vacciner La Roussette et moi…
         — Ce n'est rien, mais je crains quand même… Quand j'ai amené mon vieux Médor pour le faire piquer, il n'est pas revenu à la maison. Faut pas qu'y s'trompe quand même…
         — C'est pour ça que moi, j'irai chez ma dentiste. Oui, c'est une dame, assez incisive, d'ailleurs : — Ouvrez la bouche ! Ne bougez plus, je pique ! Et puis, on est bien allongé, c'est quand même mieux qu'entre deux bottes de paille, non ?
         — Vous savez où elle vous fera le vaccin ? Entre la dernière prémolaire et la première molaire ? Mâchoire du haut ? Mâchoire du bas ? Droite ? gauche ?
         — Peu importe ! Je n'arrive pas à trouver un rendez-vous, j'ai la rage !
         — Allez donc voir plutôt le vétérinaire alors…
         — Pourtant pour ma rage dedans, c'est ma dentiste qui me calme.

         — Vous savez quoi ? Par votre arracheuse de dents ou par mon accoucheur de vaches, l'essentiel c'est qu'on soit vacciné, 's-ce pas ?
         — Allez, on y va ? Y paraît que l'alcool ça conserve…
         — Un petit hydro alcoolique ?
         — Geste barrière, toujours !
         — 5 volumes de pastis, un volume d'eau…
         — Ah, non, moi, je reste fidèle à mes origines, ce sera une anisette.
         — Patron, une blanche et un jaune, s'il vous plaît !
         — Profitez, ça on peut encore le dire sans se faire coffrer.
         — Vous savez que je n'ose plus commander un petit noir, de peur que !...
         — Allez, santé ! Aux dentistes !
         — Aux vétos !

         — A nous autres ! Y va voir le Covid, un sacré animal, celui-là, mais on va lui en mettre plein les dents.
Marc DONATO - 30 mars 2021
1 Animateur télé à la longue carrière, retour de maladie.

Pâques
Par M. Régis Guillem

Pâques est la fête la plus importante du Christianisme.
  Les cloches d'Algérie, ( M. Albert Santoni)
(CLIQUEZ ICI ==>>)  
         Elle commémore la résurrection de Jésus que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la Passion, le troisième jour.


         Il nous reste, encore, à nous Pieds-Noirs deux choses que personne n'a pu nous enlever :
         - Notre accent reconnaissable de par le monde et inimitable malgré quelques tentatives se voulant railleuses.
         - Nos coutumes attachées intimement à notre religion.
         Pâques en est une illustration ; cette fête nous réunissait à Paradis-Plage, dans la forêt de M'sila, sur les dunes d'Aïn-Séfra ; partout en forêt ou en bord de mer se réunissaient familles et amis autour d'une table de fortune ; voire des serviettes ou draps posés à même le sol.

         L'anisette, la longanisse et autres kémias lançaient les festivités qui, invariablement étaient la paella bien sûr, mais Zossi le roz con conejo (ne pas confondre avec le corona.virus ; ou avec le roz con corones), gazpatchos (les vrais les Oranais), caldéro.
         Tous ces plats faisaient la joie, le bonheur des convives.

         Mais Pâques sans la Mouna : ce n'est pas Pâques.
         Cette Mouna qui n'avait rien de comparable avec celles que l'on nous fait aujourd'hui ; il y manque l'essentiel : notre soleil, le parfum d'anis qu'elle dégageait pouvait se sentir à 10 lieues à la ronde !!!
         Et, quand il en restait, qu'elle devenait dure à se casser les dents, on se la tromper (pardon tremper) dans un bon café à réveiller un Maure (pardon Mort).
Régis Guillem 1er avril 2021

DISCUSSIONS ET SOUVENIRS
ECHO D'ORANIE - N°288
En latin d'Afrique...
Une nouvelle chronique de Gilbert ESPINAL

               La grand-mère recevait ce jour-là toute une harka de compatriotes que les hasards de l'Histoire avaient éparpillés dans l'hexagone. Il y avait là, entre autres, et en plus de la Golondrina qui s'affairait à disposer sur un plat de carton des gâteaux plus secs que des triques, Amparo et son mari, Angustias et Bigoté, Toinou et Isabelica la fille aînée de la vieille femme), et, chose extraordinaire, Monsieur et Madame Sacamuelas. Je dis chose extraordinaire, parce que ce dernier ménage était suspecté d'avoir adressé une lettre anonyme et un coup de téléphone du même tonneau, jetant la suspicion sur le comportement de Marie-Antoinette (autrement dit Tonina), fille aînée de Toinou et Isabelica, petite-fille donc, de la maîtresse de maison. Chacun, pour des motifs variés tirait donc une trompa (1) qu'une première tournée de Moscatel (2) ne parvenait pas à dissiper.

               - C'est que main'nant, les gens y sont méchants, articulait justement la grand-mère : y z'ont des langues comme des z'haches et, à chaque parole qu'y prononcent, y t'enfoncent une épine dans le cœur...
               - Y faut pas z'éxagérer ! Lança plaintivement Madame Sacamuelas ; des fois vous faites les choses en croyant rend' service et vos sale et tiro par la culata (3). Moi de ma vie j'ai porté tort à qui que ce soit ! Et Dieu sait que j'en sais des choses, pasque, comme vous, vous en êtes rendu compte tous, j'ai des dons de voyance et qu'à moi, un regard me suffit pour voir ! Comme ça se fait que Tonina elle est pas avec nous aujourd'hui ? Fit-elle d'un autre ton.
               - Pasqu'elle fréquente ! sauta venimeusement Isabelica, et pas Abdelkader, comme y'en a qui croyent, mais un bon fronçais de Fronce, que sa fami' elle remonte aux croisades et que lui-même c'est un représentant de la force publique...
               - Oui je sais, répliqua Madame Sacamuelas, on m'a dit qu'elle fréquentait un agent de police ! Je savais pas qu'y remontait aux croisades, pasque, quand on me l'a désigné, en train de coller des prunes aux véhicules en stationnement il était, avec un carnet à souche et un bic.
               Mon futur gend' ! Interrompit Toinou, y compte pas seulement pour des prunes ! Ju'qu'à un revolver et une matraque il a ! C'est un héros qu'il intervient chaque fois qu'y a des grèves ou des manifestations : à la Gay-pride et contre les intermittents du spectale, quand y font les zigotos (4). L'aut' jour, y s'en est pris à un comptable administratif qu'y gueulait pasqu'y voulait de l'augmentation ! Et d'un coup de matraque, d'un seul, y l'y a fait un chichoté sur la calba (5) que sur-le-champ, le fonctionnaire, il a repris son travail et accepté que son patron y lui diminue le salaire. Comme y lui a dit Sarkozy "des comme vous y m'en faudrait des centaines, à que vous régliez les conflits sociaux et rétablissiez l'équilibre des comptes ! Avec rien qu'une seule bosse, vous avez aplani un problème que les socialistes y nous z'avaient laissé en suspens depuis des années et des années ! "
               - Et on lui a donné la médaille ? Interrogea Bigoté.
               - La médaille du saucisson Mireille (6) dit doucement Monsieur Sacamuelas
               - II est proposé ! Déclara péremptoirement Toinou, pour faire court.
               - Mon mari voui qu'il avait des médailles, intervint la grand-mère d'une voix, à la fois suave, émue et enflammée : la Médaille de la Valeur, la Médaille du Courage, la Médaille de la Franchise et celle de la Bonté ! Quand y levait sa main sur moi pour me fout' une pellfe (7), j'avais qu'à lui dire : "n'oublies pas que t'as la Médaille de la Bonté" pour qu'aussitôt il l'abaisse. Pendant la guerre...
               - Quelle guerre il a fait ? demanda Amparo
               - La guerre de 14 / 45 ! Répliqua la grand-mère ; pendant la guerre, avec ce coeur qu'il avait comme une soupière, il a sauvé des vies des deux côtés du front : en braquant pas les français pasqu'on lui avait donné une pétoire qu'elle tirait que dans les coins, et en tirant pas sur les allemands, pour faire faire des économies à la Défense Nationale ! Et surtout parsque l'armée ne l'y avait pas acheté une paire de lunettes, qu'y voyait pas sept sur un bourricot ! Pendant les années que De Gaulle il était au pouvoir, on voulait le lui présenter, comme précurseur de l'Europe, mais il a préféré mourir en silence, pour devoir rien à personne ! Pasqu'aussi il aurait pu prétend' à la Médaille de la Modestie !

               - Mon mari il avait qu'un seul défaut : il était jaloux ! Quand y me voyait m'intéresser à quelqu'un d'aut' que lui, il était là, à la que salta (8) à oir' si moi aussi je répondais aux avances ; et Dieu sait qu'on m'a fait la cour ! C'est pas pasque je suis devant (chacun sait que je suis discrète et pas fanfaronne) mais y faut' oir le succès que j'avais ! On dit que Tonina ma petite-fille, elle affole les hommes ? C'est de fami' ! Moi y suffisait que je leur jette un oeil, et là y z'étaient tous : électrisés.
               - Ay ! Aouela ! dit Amparo, je savais pas que vous aviez eu une vie aventureuse ! Si répiquetea (9) que vous êtes pour les jeunes de main'nant...
               - Et qui t'a dit que j'avais eu une vie aventureuse ? fulmina la grand-mère ; moi je rendais fous les hommes, mais c'est, pas pour ça que je devenais folle moi aussi ! Je montrais pas mes jambes pasqu'à l'époque on portait pas des shorts, et je montrais pas ma poitrine pasque mon mari il était jaloux de mes seins. Y veillait sur eux comme sur la prunelle de ses yeux. Un jour, y'a un copain à lui qu'il est venu à la maison. Mais un copain qui faut oir' ! Y z'étaient unis tous les deux, à la vie à la mort, comme les deux doigts de la main ! Dans la même classe y z'avaient été ensemble de la zile jusqu'au certificat d'études que pour un quart de point y l'avaient eu ni l'un ni faut'. Aussi y z'avaient joué à embrasser la Fanny (10) et y z'étaient devenus champions ! Avec des coupes et tout ! Un jour ce copain y m'a dit en plongeant son regard dans le mien : "j'aimerai bien jouer aux boules avec vos seins !"
               Ay ! Com' y s'est mis mon mari ! II a attrapé son meilleur copain y l'y a sauté à la gorge et d'un coup de tête empoisonné il l'a mis nokoute ! Et ça qui z'avaient fait le service dans la même unité, et qu'y s'étaient retrouvés côte à côte dans le même peloton pour apprendre à marcher au pas comme un seul homme, et qui z'avaient accompli la guerre ensemble à recevoir des schrapnels...

               - Moi, sauta Madame Sacamuelas, j'ai toujours entendu dire que la seule guerre que vot' mari il avait fait, c'était la guerre aux moustiques, avec un fly-tox plus grand que lui, à que les z'alentours y z'étaient jonchés d'insectes même qu'un jour, il a fallu vous amener à l'hôpital vous-même pour vous désintoxiquer et que vous puissiez reprend' la respiration ! Vous étiez achesse ! Hors service !
               - Madame Sacamuelas, rétorqua la grand-mère sévèrement, vous, sous prétesque que vous êtes estra lucide, vous vous croyez autorisée à avoir une langue de fouille-zut ! Toujours y faut que vous mettiez votre grain de sel ! -
                ... et de poivre ! renchérit Isabelica ; quand je pense au costume que vous l'y avait taillé à ma fille Tonina pasqu'elle se baladait innocemment avec un de ses instructeurs de culture physique, Abdelkader, au jardin des Plantes !
               - Je l'y ai taillé un costume, lança Madame Sacamuelas, pasqu'elle était toute nue ou presque, avec ses seins comme des boules de pétanque qui z'étaient sortis du corsage et que si Abdelkader y les z'avaient pas tenu à pleines mains, sur les chaussures y lui tombent. Je vous ai envoyé une let' incognito, pasque je voulais vous avertir avec délicatesse à que vous ne deveniez pas rouge comme un clocliclo, de la honte. Si je vous aurez informé en public, les gens y z'auraient deshaussé les épaules avec mépris et y se seraient mis à se fout' de vot' binette ! C'est pour ça que je vous ai averti avec doigté en découpant les mots sur le journal l'Equipe pour pas que y ait des faut' d'orthographe.

               - Pos, maintenant vous pouvez plus rien dire, s'exclama Isabelica qu'elle est fionçée avec un membre d'une honorable corporation, qu'à droite il a un revolver et à gauche une matraque !
               - Je les ai vu tous les deux, ricana Madame Sacamuelas, au jardin des Plantes justement ; qu'elle avait vite fait Tonina d'oublier ça qui s'était passé avec son professeur de gym ! Y se promenaient, le flic et elle, en se tenant par la main.
               - Et par quoi vous voulez qui se tiennent ? beugla Isabelica.
               - Eux y doivent savoir ! lança perfidement Madame Sacamuelas ; pasqu'à force de se tenir par ça que vous voudrez, et en regardant la silhouette de Tonina, j'ai acquis la certitude que vot' fi', elle est embarrassée (11) !

               Isabelica faillit s'évanouir. - Ne dites pas ça Madame, glapit Toinou, que not' fi' c'est l'innocence même : sa couturière, la sœur de Maria la Gorda (12), elle est en train de lui tailler sa robe de mariée dans un satin plus blanc que le lait, d'après un modèle de Galiano avec plein de ringorangos (13) de volants, de broderies. de franges. de dentelles, de pompons, de fleurs d'orangers et de glands.
               - Pos en matière de gland, avec la tronche qu'y se paye son futur mari, émit sentencieusement Madame Quitapenas, laissez moi vous dire qu'elle doit en connaître un bout ! Isabelica s'étrangla avec son gâteau sec.
LEXIQUE
1 - tirer la trompa - faire la gueule.
2 - Moscatel - vin cuit.
3 - vos sale el tiro par la culata - le tir est vous sort par la culasse ; au lieu de sortir par le canon
4 - zigotos - expression oranaise ; les folassons excentriques.
5 - un chichotté sur la calba - un gnon sur le sommet du crâne.
6 - la Médaille du saucisson Mireille - en Algérie on vendait un saucisson qui était scellé par une médaille de plomb ; les enfants se servaient de ce sceau pour jouer à se décorer.
7 - pelfe - ratatouille, tannée.
8 - à la que salta - le regard tendu.
9 - répiquetea - à la fois pie grièche et piquant.
10 - embrasser la Fanny - sur les murs de certains cercles boulistes, il y avait dessiné un corps de femme vu de dos et, lorsqu'une équipe perdait la partie, ses membres devaient venir embrasser le bas des reins de la peinture ; on appelait cela embrasser la Fanny.
11 - embarrassée - enceinte de l'espagnol ser embarrazada.
12 - Maria la Gorda - c'est un personnage que j'évoque assez souvent dans mes écrits. Je ne l'ai pas connue ; elle vivait dans les bas quartiers et "quittait le soleil" (elle enlevait les insolations avec un verre d'eau renversé sur le crâne et des passes magnétiques).
13 - ringorangos - tissus froissés, franges, breloques.


LE CABASSETTE ET LE COUFFIN ( fable )
Envoyé par M. Cuesta

Au fond d'un placard le cabassette et le couffin s'ennuyaient beaucoup,
depuis qu'ils avaient quitté leur Bâb-El-Oued natal ils ne sortaient plus du tout,
alors ils se racontaient des histoires pour tromper leur ennui,
surtout celles qui parlaient de leurs anciennes et nombreuses sorties.

Ils accompagnaient la famille au marché, en forêt ou au bord de mer
comme à Pâques où on les remplissait de ce qu'il y avait de meilleur sur terre,
le cabassette disait qu'il transportait la soubressade, les fèves au cumin, la calentita,
le boutifar, la passera sucrée, les poivrons grillés, la si fine fritenga,
les anchois, les dattes fourrées et les figues sèches, les délicieuses cocas,
les mantécaos, les cornes de gazelle, sans oublier le bon selecto et le fameux Mascara.

Le couffin se vantait d'être plein de zlabias, de cigares au miel, de douces oreillettes,
de makrouts, de la belle mouna reine du jour, sans oublier les succulentes roliettes.

Ils étaient tellement lourds qu'ils n'en pouvaient plus surtout
qu'il fallait tenir jusqu'à la fin. et de Sidi Ferruch pleine de monde partout,
et là au milieu des cris de joie on commençait à les vider,
pour l'apéritif les tramousses et les variantes étaient offertes en premier
car avant le repas on sirotait bien sur l'anisette traditionnelle
en trinquant à la bonne santé de tous dans une fraternité si belle,
puis au milieu d'une joyeuse ambiance on déballait tout et chacun se servait,
tous les membres de la famille pouvaient alors à se régaler.

Dans la soirée pour le retour à la maison le cabassette et le couffin
maintenant si légers pensaient à faire les courses dès le lendemain matin,
à Bâb-El-Oued ils continueraient ainsi à déambuler dans les allées du marché
où ils seraient encore remplis de ces bonnes choses qui faisaient leur fierté.

Bien longtemps après, alors qu' ils se lamentaient toujours sur leur sort,
une main amie qui les avaient bien connus leur apporta un grand réconfort,
et pour ne pas qu' ils tombent complètement dans les oubliettes,
ils furent sortis du placard pour aller à des commissions ou à des fêtes,
réconfortés ils purent se dire qu'on ne les avait pas laissés tomber
pour enfin revivre en pensant à Sidi Ferruch et ses belles journées.

Moralité : recevoir le passé comme un héritage
c'est combattre l'oubli, le mépris, et l'indifférence.
Robert Voirin



LE MUTILE N° 99, 1919

LE LIEUTENANT RIQUELME
Héros de la Guerre
               Il est en ce moment à Alger un jeune officier qui doit trouver la vie douce et bonne car tout le monde se le dispute et lui fait fêle ; c'est le lieutenant Riquelme, un brave sur la poitrine duquel s'étalent la croix de guerre avec palme et la croix de la Légion d'honneur.

               S'il est accueilli avec un cordial empressement partout où il se présente, si de temps à autre il savoure en plus de cet accueil chaleureux des salves d'applaudissements enthousiastes ce n'est pas uniquement a cause de ses décorations vaillamment conquises dans la fournaise de Verdun ; c'est parce que la nature l'a doté de la plus merveilleuse voix de ténor qu'on ait entendue depuis longtemps et que cette voix, éclatante, généreuse, d'une ampleur magnifique, provoque chez ses auditeurs un étonnement ravi chaque fois que Riquelme la fait résonner dans quelque fragment du répertoire lyrique ou dans une chanson de guerre.

               Celui qui écrit ces lignes entendit à Bel-Abbès, il y a près d'un quart de siècle, un jeune ouvrier forgeron qui avait une voie d'un timbre semblable et qui devait devenir un jour le ténor Rousselière, la gloire de l'opéra de Paris et l'idole des New-Yorkais.
               Si le vieux professeur Maurin qui découvrit et forma Rousselière était encore vivant et s'il lui était donné d'entendre Riquelme, il pronostiquerait sans doute à ce dernier un avenir semblable à celui de l'ex-ouvrier forgeron et peut-être avec plus de conviction encore car la voix de Rousselière ne valait pas celle du jeune héros de Verdun.

               Le futur pensionnaire de l'Académie nationale de musique car les admirateurs du lieutenant Riquelme, et ils sont nombreux, ne doutent pas qu'il ne le devienne un jour, naquit à Oran il y a 29 ans ; il fit ses études à l'école supérieure de Bel-Abbès et y resta jusqu'à dix-sept ans. C'est à cet âge qu'il commença à attirer l'attention en se faisant entendre dans de petits concerts organisés par les sociétés sportives dont il était un membre fervent, il partit pour le régiment où il fut un excellent soldat, car il avait pratiqué à peu près tous les sports et il avait l'esprit de discipline et le sentiment du devoir: A la séduction de son caractère loyal s'ajoutait celle de sa voix splendide que ses camarades ne se lassaient pas d'écouter. A son retour du régiment, un de ses amis, excellent musicien, M. Maurice Rey, lui donna les premières leçons de musique et commença à discipliner ce généreux organe.

               La mobilisation survint, Riquelme, de nouveau appelé sous les drapeaux, ne tarda pas â être nommé sous-lieutenant au 8ème tirailleurs, et avec ce beau régiment qui devait payer au Moloch allemand un si lourd tribut, il fit la Somme, la Belgique, Verdun où il fut gravement blessé. Un moment on parla de lui couper où à la suite de la fracture du radius s'était déclaré une gangrène gazeuse. Dès soins énergiques le sauvèrent, il conserva son bras, mais très endommagé.

               Comme, il s'était superbement conduit à Verdun il eut, pour des prouesses dont il n'aime pas à parler, mais que ses compagnons racontent avec admiration, son deuxième galon et la croix de la Légion d'honneur ; après être resté plusieurs mois en traitement à l'hôpital, il rejoignit son dépôt à Bizerte, puis vint à Alger, au 4ème zouaves, où il se trouvait au moment de l'Armistice.
               Le lieutenant Riquelme, quoique né à Oran, est un enfant d'Orléansville, où son père, aujourd'hui, retiré à Fort-de l'Eau, exerçait la profession de boulanger, et où sa famille et lui-même jouissaient de l'estime de tout le monde.

               Un splendide avenir lyrique est réservé au jeune officier si, toutefois, il bénéficie de quelques concours, entre autres de celui de là ville où s'est écoulée sa jeunesse. Ce concours, la municipalité d'Orléansville ne refusera pas de le lui accorder sous la forme, d'une bourse, qui lui permettra de suivre au Conservatoire de Paris, les leçons de maîtres éminents. En faisant pour Riquelme ce que la municipalité de Bel-Abbès a fait pour Rousselière, celle d'Orléansville aidera un enfant du peuple à remplir sa destinée et, par surcroît, récompensera un brave et beau soldat qui s'est magnifiquement battu pour la France.

               P.-S. - Nous, nous faisons un réel plaisir de reproduire ici la superbe figure du vaillant officier Riquelme et l'article dû à la plume de notre confrère Les Annales Africaines. Nul mieux que l'éminent journaliste qu'est M. Mailebay ne pourrait dépeindre d'une façon si élogieuse ce vaillant camarade.
               Nous rapportons de tout cœur l'idée que soumet notre confrère, en souhaitant que, sous forme de bourse, la municipalité d'Orléansville fasse le nécessaire pour que cet enfant du pays sorte bientôt lauréat du Conservatoire.
               Elle aura sûrement à cœur d'inscrire sur ' le livre d'or de la commune, le beau geste qui n'aura plus de mérite car avant de s'adresser à un officier, il s'adresse à un enfant du peuple, à un glorieux soldat, à un mutilé de la grande guerre.
               Que notre ami Riquelme nous permette, à notre tour, de lui adresser nos vœux dans sa future carrière.

ASCIONE.               


Petit conte moderne : Les racines et le peuple.
Par M. Robert Charles PUIG


       Je me souviens de cette très vieille tragédie du temps de Sophocle et Eschyle et de la fabuleuse histoire d'Héraclès ou Hercule face aux douze travaux imposés par le roi Eurysthée. Une de ses fables particulièrement revient à mon esprit. C'est le fameux combat d'Hercule contre le géant Antée, le fils de Poséidon et de la reine de la terre, Gaïa.
       Antée était considéré comme invincible lorsqu'il avait ses pieds au sol, incrustés dans la terre, comme des racines. Hercule pour le vaincre se reprit à plusieurs fois puis il eut l'idée de soulever de terre Antée, de le maintenir en l'air et de le tuer.
       Antée n'avait plus de contact avec le sol, plus de racines et il mourut.

       Pourquoi rappeler cette histoire vieille de plusieurs millénaires ? Parce que, un autre " Antée ", un autre peuple, celui des Pieds-noirs a aussi de racines lointaines. Elles sont profondément ancrées dans le cœur et l'âme des survivants à l'Exode de 1962. Ces racines là, bien que séparées par la Méditerranée sont toujours vivantes. Bien entendu, une sorte d'Hercule aux pieds d'argile, un Héraclès de vaudeville, avec des mots, des phrases et à l'aide d'un scribouillard de service, aux ordres, prêt à toutes les turpitudes et les contrevérités, essaient de vaincre ce peuple pied-noir, de le rendre non pas victime mais coupable d'une page du passé de la France en Algérie française. Tout est bon pour des actions sacrilèges qui sentent la repentance, la soumission à une Algérie algérienne que même le peuple de " là-bas " renie à travers ses manifestations, ses Hiraks que le gouvernement français, macroniste se refuse à prendre en considération, préférant tendre une main sur laquelle les Algériens crachent sans se rendre compte combien la France est humiliée.
       Tout est fait pour s'agenouiller devant l'impossible haine algérienne qui nous reproche d'avoir enfanté ce pays : l'Algérie. Pour cette raison, toutes les mesures envisagées sont contre ceux qui ont construit un pays moderne et civilisé ; jusqu'aux meurtres, assassinats et disparitions de civils européens et arabes qui étaient fidèles aux trois couleurs de la République française.
       Le temps passe et c'est avec tristesse que l'on se rend compte de la bêtise de nos gouvernants. Ils s'abaissent, s'humilient, dépoussièrent les babouches des dirigeants algériens au nom de leur aversion à cette épopée française et pied-noir qui a construit un État là où ne poussait que l'herbe et les ronces. Mais l'obsession des " marcheurs LREM " va plus loin en cette année 2021. Ils veulent que les pieds-noirs soient coupés de leurs racines et meurent. Pour cette raison, ils reconstruisent une fausse histoire ! Ils ne savent pas que nos racines sont comme notre mémoire indestructibles. Elles n'ont pas besoin de rester accrochées à un sol quitté en 1962, mais la volonté de les conserver, de les protéger, de les défendre est si grande, que rien ne peut les vaincre et les éliminer.
       Antée est mort privé de ses racines. Il ne pouvait survivre sans elles, mais les Pieds-noirs sont d'une autre matière. Ils ont été des aventuriers, des combattants, des bâtisseurs et ils portent en eux comme un trophée impérissable la vérité de ce temps ancien et la volonté qu'aucun Maître d'Alger ne les soufflettera d'un coup d'éventail comme le Dey Hussein l'a fait au Consul de France Deval en avril 1827, ni les humiliera comme aujourd'hui en ce mois d'avril 2021 se le permet Abdel Tebboune, président d'une république tyrannique, en méprisant et refusant de recevoir une délégation française dirigée par Jean Castex, sans aucune réaction de l'Élysée et de ses nervis. Un bis-répétitas avilissant.
       Charles X revient !

Robert Charles PUIG / avril 2021       
      


PAQUES ALGEROISES
Envoyé par Hervé Cuesta


Je vous parle de Pâques car au fond de mon cœur
J’ai toujours su garder l’intense souvenir
De ce jour qui pour moi reflétait le bonheur
De vivre en Algérie, de lui appartenir

Ce jour-là voyez-vous était ensoleillé
Déjà tôt le matin régnait la bonne humeur
Pour la messe grand-mère devait me préparer
Elle me voulait parfaite, que je lui fasse honneur

De mon aspect soigné elle était responsable
Elle en tirait fierté, grande satisfaction
Ma grand-mère espagnole toujours infatigable
Arrivée toute jeune sur ce sol d’adoption

J’empruntais une partie de la rue de l’Alma
Et rue de Chateaudun je filais jusqu’en haut
La placette, le kiosque, les enfants qui sont là
Les cloches de l’église qui sonnent pro-deo

Puis à midi, heureuse, je retournais là-bas
Rejoindre pour ces Pâques la famille réunie
Et dans cette avenue de la Bouzaréah
J’entendais rires, appels, et respirais l’anis

De ceux qui verre en main et tout près d’un comptoir
Fêtaient à leur façon Jésus ressuscité
Et quand les « trois horloges « sonnaient une heure et quart
Ils pensaient à rentrer chez eux le cœur bien gai

Chez nous le déjeuner se faisait tous ensemble
Chez nos chers grands-parents où trois générations
Autour d’une grande table dans le bonheur s’assemble
Terminant le repas bien souvent en chansons

Certains de nos amis allaient à la forêt
La Mouna sous les pins avait un autre goût
Sidi-Ferruch était le lieu privilégié
Pour jouer au ballon et faire un peu les fous

Et pour les Pâques juives nos voisins nous offraient
La galette d’azyme nourriture symbolique
Ce geste généreux, ce signe d’amitié
Soulignaient l’harmonie de rapports sympathiques

Et depuis tant d’années, je revis chaque fois
Ces journées immortelles et pourtant disparues
Une chose a changé, la grand-mère c’est moi
Et mes petites filles ne t’auront pas connue

Toi, ma chère Algérie, fruit de notre énergie
Tu donnais du bonheur… mais pour notre avenir ?
Maintenant je suis là… bien sûr… la nostalgie…
Mais tout le monde n’a pas d’aussi beaux souvenirs.
Viviane Delmas-Coudurier          




PHOTOS DE BÔNE
Envoi de diverses personnes

LE PORT




LE PORT





CAP DE GARDE - PLAGE FABRE




CAP DE GARDE - LE VIVIER





COURS BERTAGNA - MAIRIE





PLACE D'ARMES






Une histoire d'amour
Envoyé par Mme Leonelli
Par Mme Simone Gautier

Madame Simone Gautier est mon amie, dans un livre bouleversant "le plateau des Glières" elle raconte sa lente descente aux enfers à la recherche de son mari tué ce 26 mars. Escaladant les morts entassés les uns sur les autres...
Pour elle, ce fut "la valise ...Et le cercueil!"
Elle m'a confié un recueil de ses souvenirs qu'elle a appelé une histoire d'amour. Elle me permet également de la faire partager. Je vous la joins en attaché. Je lui ai également confié une page de souvenirs d'enfance...Loin des clichés qui nous sont attribués et qui mettraient mal à l'aise ce pauvre pitre d'Aphatie qui nous voue aux gémonies de façon encore jamais égalée!
Bien cordialement,
Bernadette Ryter-Léonelli

       Mon père et ma mère se sont rencontrés dans le tram qui partait de Maison Carrée en passant par Hussein Dey et allait jusqu'à Bab el oued.

       Mon père, né à Cherchell était marin sur les chalutiers à Alger. Il était d'origine espagnole, minorquine et française.
       Ma mère était dactylo aux galeries du Bon Marché. C'était une française de France de la région du Gard. Son père était mort d'un coup de grisou dans les mines d'Alès et la famille avait émigré en Algérie.
       Ils se marient.

       Et mon père démissionne de la marine pour entrer au service des eaux de la mairie d'Alger comme sous-chef de l'usine des eaux de Maison Carrée, sur les bords de l'Harrach.
       Ma mère démissionne pour se consacrer à ses enfants, ma sœur et moi-même, l'ainée.

       Zora Boumerdassi habitait dans une mechta, comprenant un petit nombre de gourbis, sur les bords de l'Harrach, qu'elle appelait l'oued "merda" tant il charriait de cadavres d'animaux à la suite des gros orages.
       Ses parents l'avaient marié très jeune à un "vieux" (?) mari qui était parti faire la guerre de 14-18 et était mort à Verdun (mon estimation suite à mes recherches car je n'ai pas retrouvé sa tombe).
       En ce temps-là, pas de pension pour les veuves. Elle avait pourtant deux enfants à charge, Kadour et Moussa. (Je me souviens d'une vive discussion avec elle, lorsque je lui disais que Moussa était le prénom chrétien Moïse et juif aussi).
       Ses parents lui proposent alors, de garder les deux garçons, à charge pour elle de se trouver du travail chez les "roumis". Elle prospecte les rives de l'Harrach et arrive à l'usine des eaux.

       Ma mère l'écoute, lui dit qu'elle n'a pas beaucoup d'argent, Zorah insiste et ma mère finit par lui proposer de l'héberger et de la nourrir toute la semaine mais sans salaire pour commencer.
       Zora m'a dit par la suite (lorsqu'elle nous a quittées) que ma mère avait le Bon Dieu sur la figure.
       Zora accepte. Elle repartait le samedi et le dimanche avec de la nourriture entassée dans le couffin qu'elle portait, bien droite, sur sa tête.

       Ma sœur avait deux ans, je n'avais pas encore trois ans, ma mère meurt.
       Lorsque les infirmiers sont venus la chercher et comme elle quittait la maison, elle a attrapé les mains de Zora et l'a supplié, "je te confie mes filles". Et Zora a promis.
       En raison de sa promesse, elle confie alors complètement, ses deux garçons à ses parents et reste près de nous, chez mon père qui lui donne un salaire.

       Si je sais tout cela, c'est parce qu'elle m'a beaucoup raconté le début de ma vie au moment de la naissance de ma fille.
       Et puis elle m'a dit "maintenant c'est toi la mère, je rentre chez moi". Mais avant de s'en retourner chez les siens, elle brise le silence imposé par la famille en raison du chagrin de mon père. Mais avant de s'en retourner sur les bords de l'Harrach, elle me remet, presque solennellement, ce qui m'appartenait, ma mère.

       Je me souviens, avec quelle émotion ! de ces soirées où elle me faisait réciter mes leçons, m'ordonnant de recommencer parce que ce n'était pas "assez", " encore une fois " m'ordonnait-elle " !
       Et un soir, en colère contre elle, je lui arrache le livre des mains et je réalise brusquement que moi, le lisant à l'endroit, elle, le lisait à l'envers !!
       Je découvre qu'elle ne savait pas lire. Je ne lui ai jamais dit et à personne non plus.

       Je me souviens de ces crises de paludisme, à cause des moustiques de l'Harrach qui me faisait grelotter d'un froid terrible, alors que je flirtais avec les 40 degrés de fièvre. Je passais des nuits entières dans ses bras que je ne voulais pas quitter.

       C'est elle qui m'a habillée pour ma première communion, en arrangeant le voile et le diadème dans mes cheveux, elle qui nous emmenait au catéchisme ma sœur et moi dans la petite chapelle du Clos Salambier. Elle s'asseyait au fond de l'église et attendait. Le prêtre venait la saluer.
       Elle nous racontait le soir, au moment de l'Aïd el Kebir, année après année, pendant la veillée, tandis que mon père préparait son admission aux Arts et métiers, l'histoire d'Ali et de son cheval blanc qui montait au ciel. J'ai cru longtemps que Aïd voulait dire mouton puisque c'était la fête du mouton. Ma grand-mère nous remettait un peu d'ordre dans la tête en nous racontant l'histoire de l'ange Gabriel qui monte au ciel de ses grandes ailes blanches. Moi je l'aimais bien la fête d'Aïd car Zorah nous régalait de gâteaux arabes. Mes préférés étaient les makrouts et surtout les zalabias.

       Quand elle était occupée, c'est Moussa qui venait nous garder, ma sœur et moi. Nous étions ravies car il faisait le pitre et nous faisaient beaucoup rire.

       Je me souviens de ses prières - (trois fois dans la journée - en fait il y en avait cinq au total) lorsque je grimpais sur son dos tandis qu'elle se prosternait et des suppliques qu'elle m'adressait : "ma fille, laisse-moi tranquille, je fais ma prière". Je refusais de descendre de son dos tandis que ma sœur hurlait de jalousie, perchée sur sa chaise haute.

       C'est elle qui décorait l'arbre de Noël et bien sûr le Père Noël n'oubliait jamais Kadour et Moussa au pied du sapin.

       Et puis la vie a passé.
       Il y a eu 1962.

       Mon père était devenu ingénieur en chef, directeur du service des eaux à la mairie d'Alger.
       Et puis il y a eu mon départ à la retraite nantie du grade de Chevalier dans l'Ordre des Palmes académiques et une proposition pour le grade d'Officier.
       Lorsque nous avons fêté cette décoration, Zora était là.

       Ma sœur avait obtenu le diplôme de docteur en physique nucléaire de la Faculté d'Alger. En 1962 elle est partie en Argentine avec sa famille, puis ils se sont installés aux US.A. et ils ont tous (les parents et les quatre enfants) obtenu la nationalité américaine.

       Noël c'est le temps de se retrouver dans ses souvenirs, c'est le temps de l'amour.
       Noël 2020, je finis cette année si particulière, non pas dans la solitude mais dans les bras de Zora Boumerdassi.
       Simone Gautier


CHRONIQUE HISTOIRE
Envoyé par M. Piedineri
Jacques Soustelle

                  Magnifique description des " Pieds-Noirs ", par Jacques Soustelle (1912-1990). L'Histoire reconnaîtra sans doute que c'est cet homme, ayant tout compris du problème algérien et se situant providentiellement à la jonction entre les républicains de gauche et les nationalistes de droite, qui était l'homme de la situation pour régler la guerre d'Algérie de la meilleure façon possible. La parole est à Jacques Soustelle, dans l'hebdomadaire Carrefour des 2 et 15 mai 1957 :
                  " Dans Alger, ville méditerranéenne, on a [parfois] l'impression de revivre certains épisodes de l'antiquité classique, quand le forum ou l'agora des cités débordaient soudain d'un peuple unanime dans son irritation ou sans son enthousiasme.
                  On peut, naturellement, déplorer de tels mouvements des foules. Mais les attribuer à l'intrigue d'une poignée d'ultras et de colonialistes, c'est se moquer. Ou plutôt, c'est vouloir fermer les yeux devant une réalité dont beaucoup, en métropole et à l'étranger, s'obstinent à ne pas tenir compte : l'existence du peuple algérien de civilisation française, fait sociologique qui présente la dureté irréductible de la donnée et qu'on ne peut méconnaître sans s'exposer aux plus graves erreurs.

                   Ce peuple est ce qu'il est. Il est plus prompt à s'enflammer que le Français du Nord ou de l'Est, discuteur et enthousiaste comme nos Méridionaux, souvent plus rude que le métropolitain parce que proche encore d'un passé de pionniers, et quelquefois curieusement marqué par sa longue coexistence avec les Algériens berbères et arabes. Il parle " son " français, comme le Breton, le Niçois ou le Toulousain parlent le leur. Il est attaché à son pays, l'Algérie, et à sa patrie, la France : il l'a magnifiquement prouvé en 1943 et 1944 en luttant sur tous les champs de bataille d'Italie, de France et d'Allemagne. Bref, il a ses qualités et ses défauts comme tous les Français des provinces, mais il est là, il constitue un fait né de l'histoire depuis plus de cent ans. Vouloir traiter de l'Algérie, disposer de l'Algérie, en dehors de lui, est une prétention aussi absurde que d'essayer de faire remonter un fleuve vers sa source. Il est curieux, soit dit en passant, que certains apôtres français ou étrangers du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes se montrent aussi rétifs à reconnaître les droits de ce peuple-là.

                  Ceux qui, depuis des années, s'efforcent de faire prévaloir une politique d'abandon ont bien senti qu'ils se heurtaient là à un redoutable obstacle. D'où la propagande qui s'est acharnée avec une extraordinaire persévérance à discréditer les Algériens d'origine européenne. On les a présentés comme autant de multimillionnaires égoïstes et exploiteurs, alors que leur niveau de vie est de 20 % inférieur à celui des métropolitains ; on a épilogué à l'infini sur les " gros colons ", alors qu'il n'y a que 24.000 colons sur 1.200.000 Européens et que 19.500 d'entre eux sont de petits ou moyens cultivateurs. Vague après vague, les mensonges ont fini par se résorber devant la réalité et des centaines de milliers de rappelés ont pu voir de leurs propres yeux ce que sont les Français d'Algérie dans leur immense majorité, c'est-à-dire des Français tout simplement.
                  Qu'il y ait de grosses fortunes asociales, en Algérie, nul ne le conteste ; il y en a également ici. Qu'il existe des " ultras ", je le sais bien ; n'avons-nous pas nos réactionnaires ? Je m'étonne que des démocrates fassent grief à un tout un peuple des erreurs d'une minorité et restent sourds à l'appel pathétique que ces Français malheureux adressent à la solidarité nationale.

                  Car enfin, ces Français sont malheureux, et cela devrait suffire pour qu'on cesse de les insulter dans leur infortune. Ceux qui, tranquillement installés à Paris, poussent à l'abandon et s'indignent contre les Européens d'Algérie parce qu'ils y résistent, savent-ils ce que c'est de vivre dans l'angoisse perpétuelle ? Ont-ils vu leurs amis, leurs parents abattus, leurs enfants déchiquetés par les bombes ? Ceux qui s'associent à la campagne contre l'armée à propos de " la torture " ont-ils réfléchi à ces tortures indicibles et cent fois prouvées que subissent chaque jour tant d'innocents, musulmans ou européens ?
                  Admettons-même que les Français d'Algérie présentent tous les défauts que d'un certain côté on leur reproche : est-ce une raison pour les condamner à mort ? Si on égorgeait en métropole tous les " mauvais riches " et tous les citoyens peu soucieux de leurs devoirs, quel massacre ! Depuis quand les tueurs du F.L.N. ont-ils été chargés de faire régner la morale civique ?

                  On a cherché aux Européens d'Algérie une mauvaise querelle : " Qui veut noyer son chien l'accuse de rage ". N'a-t-on pas lu quelquefois avec stupeur, sous la plume d'écrivains progressistes, le honteux argument raciste selon lequel ces Français ne seraient pas de vrais Français parce que beaucoup d'entre eux sont d'ascendance espagnole, par exemple ? Quand il s'est agi pourtant d'aller se faire tuer pour libérer la France, on ne leur a pas demandé s'ils s'appelaient Lopez.
                  Concluons. L'incident de la commission radicale a servi à révéler un fait d'importance, qu'il serait dangereux de méconnaître : la vitalité et la volonté de la communauté européenne d'Algérie. Tout système qui refuserait d'en tenir compte serait voué à l'échec.
                  Est-ce à dire que cette communauté, et à elle seule doive unilatéralement décider de tout, avoir la haute main sur tout et tout régenter ? Non, certes ! Et c'est peut-être là que se situe la ligne de démarcation entre les rares véritables " ultras " et la majorité des Européens qui savent et sentent que les Algériens autochtones ont, eux aussi, leur être propre, leur dignité et leurs droits. L'Algérie, c'est précisément cela : plusieurs peuples juxtaposés et associés dont aucun ne doit dominer, opprimer ou exterminer aucun des autres. Tel est le véritable défi historique jeté à la conscience et à l'intelligence de la France, car ces peuples, il faut les faire vivre ensemble. Ceux qui, tel Claude Bourdet, vont partout prêchant la reconnaissance des terroristes comme gouvernants de l'Algérie sont sourds et aveugles devant la réalité, et, croyant peut-être travailler pour la paix, contribuent en fait à prolonger et à envenimer la guerre. […]
                  On ne comprend rien à l'Algérie, à son malheur présent, à ce qui peut être demain son essor, si on s'entête à fermer les yeux devant la réalité originale, unique, de ce pays.

                  Tous ceux qui appliquent mécaniquement sur la complexité algérienne une formule préfabriquée, tels par exemple ceux qui parlent de " l'indépendance du peuple algérien " en oubliant que l'Algérie n'est pas UNE nation, qu'il y a DES PEUPLES ALGERIENS et non un seul - sont condamnés à faire fausse route et à égarer ceux qu'ils entraînent. "

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Jacques Heurgon

                  La meilleure réponse à apporter à Jean-Michel Apathie, qui récemment se permettait d'insulter les Pieds-Noirs à la télévision publique, est peut-être de lui opposer les paroles d'un homme à qui il n'arrive pas à la cheville, Jacques Heurgon, ancien professeur d'Albert Camus à l'Université d'Alger. Dans un discours, intitulé " La santé morale du pays et la guerre d'Algérie " et prononcé au Comité de Vincennes de novembre 1960, Jacques Heurgon insiste sur la solidarité nationale due par les Français de Métropole à leurs compatriotes du Sud de la Méditerranée dont l'abandon par le pouvoir gaulliste a, à ce moment, déjà commencé :
                  " Nous, affirme Jacques Heurgon, c'est-à-dire des hommes et des femmes qui, venus des divers points de l'horizon politique ou n'ayant jamais fait de politique, exerçant divers métiers ou différentes fonctions, sommes (pour user d'un très vieux mot qui dit bien ce qu'il veut dire) des patriotes. En ce sens, nous avons un sentiment très vif du devoir de solidarité qui nous lie à une partie de la population française depuis six ans en grand danger. Nous défendons une partie de la population française dont nous devons constater que le sort tient très peu de place dans les préoccupations et les scrupules de ceux dont la conscience est malade. Nous la défendons parce qu'elle est menacée dans sa vie, dans ses droits ; nous la défendons aussi parce qu'elle est attaquée dans son honneur.

                  Il y a une certaine façon, dans quelques milieux parisiens, de parler des Français d'Algérie, qui rappelle fâcheusement le dicton : " Qui veut noyer son chien prétend qu'il a la rage ! " - et au besoin on fera ce qu'il faut pour que celle-ci lui soit inoculée. Nous n'avons pas, ici, cette lâcheté. Nous pensons à l'Algérie comme à une province dont les habitants ont naturellement leurs qualités et leurs défauts, mais qui, au moins autant qu'une autre, s'est acquis des titres à la considération et à la reconnaissance nationale. Je ne me contenterai pas de rappeler qu'elle a donné au Pays son dernier maréchal de France, son avant-dernier prix Nobel de littérature ; je saisis l'occasion qui m'est offerte de rendre personnellement hommage aux Français d'Algérie tels que je les ai connus pendant dix ans d'enseignement à la Faculté des Lettres d'Alger, aussi bien que pendant la Guerre, où j'eus l'honneur de servir dans les deux grandes unités nord-africaines, particulièrement la 3e DIA (Troisième Division d'Infanterie Algérienne), dont j'ai la joie de saluer aujourd'hui parmi nous le chef vénéré, le Général de Monsabert.

                  La France, Mesdames et Messieurs, ne devrait jamais oublier le prodigieux élan, la ferveur dans le sacrifice, qui ont animé, dans sa défense en 1939-1940, sa libération de 1942 à 1945, la population algérienne. Et je ne songe pas seulement à Cassino, Toulon, Strasbourg, aux autres heures dures mais victorieuses de la campagne ; je songe aussi à l'hiver 1942-1943, au corps Nord-Afrique commandé par le Général de Monsabert. Dès novembre 1942, avant que les évadés de France les eussent rejoints par l'Espagne, les Français d'Afrique du Nord, seuls, ont livré en Tunisie, presque sans armes et avec le vieil équipement de 1940, caché pendant l'armistice, les combats les plus difficiles, les plus humbles et en un certain sens les plus beaux de notre Libération. Mais cela, en France métropolitaine beaucoup n'ont jamais voulu le savoir !
                  Est-il besoin de préciser, lorsque je parle des Français d'Algérie, que j'y inclus naturellement, en première ligne (comme ils étaient pendant la Guerre), les Français musulmans ?
                  … Les Musulmans d'Algérie, nous n'avons pas attendu la rébellion, ni même le 13 mai, pour les considérer comme des frères. Quand j'arrivai à la Faculté des Lettres d'Alger, on parlait encore avec une affectueuse admiration de celui qui, jusqu'en 1929, y avait illustré la chaire d'arabe, le professeur Mohammed Ben Cheneb, ami intime des grands historiens Stéphane Gsell et Jérôme Carcopino, et des éminents orientalistes Georges Marçais et William Marçais, dont le fils Philippe, doyen de la Faculté des Lettres d'Alger, est ici. Mais cela, encore, la métropole ne le savait pas ".

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René Vinciguerra

                  Si le duo Macron-Stora, dans un éclair de lucidité, souhaite enfin rendre hommage à un homme représentatif des Européens d'Algérie, nous pouvons leur proposer René Vinciguerra (1919-1987). Car l'un de ceux qui se rapprochent de ce que l'on pourrait appeler " l'archétype du Pied-Noir ", c'est bien René Vinciguerra. Ce n'est pas et ce ne sera jamais Maurice Audin, et tous les rapports Stora et les missions Macron du monde se fracasseront toujours contre cette limpide réalité.

                  Par ses origines, René Vinciguerra est l'archétype du Pied-Noir. Il naît à Rouïba, près d'Alger, en 1919. Comme beaucoup de Français d'Afrique du Nord, sa famille paternelle (très connue à Alger, à qui elle a donné de grands commissaires de police) est d'origine Corse. Du côté maternel, ce sont des pionniers de la Mitidja venus du Languedoc et de Minorque.

                  Par sa soif de culture et son art oratoire, René Vinciguerra est Pied-Noir. Avocat, il fit partie, lors de ses études au lycée d'Alger, d'un Groupe artistique et théâtral où il se fit remarquer par ses talents d'acteur.
                  Par sa fougue patriotique, René Vinciguerra est Pied-Noir. Animé de l'exemple donné par les hommes de sa famille qui se sont toujours courageusement dévoués pour la patrie, il rejoint les réseaux de la Résistance dès 1941, participe à la préparation du débarquement allié en Afrique du Nord, puis rallie les Forces Françaises Libres et combat lors des débarquements en Italie et en France comme adjudant-chef des Corps-Francs d'Afrique. Car Vinciguerra, républicain patriote dans la tradition de Léon Gambetta, était gaulliste avant que de Gaulle ne le trahisse, lui et son peuple.

                  Enfin par ses options politiques sur l'Algérie, René Vinciguerra est Pied-Noir. Elu député d'Alger en 1958 comme colistier de Pierre Lagaillarde sur une liste en faveur de l'Algérie française et de l'intégration, René Vinciguerra défend ensuite l'OAS-Algérie à l'Assemblée nationale, témoigne au procès du général Salan, et ne voit que deux solutions sérieuses pour résoudre la guerre d'Algérie : l'Algérie française unitaire ou la partition territoriale.
                  Le 5 juin 1962, il déclare à l'Assemblée nationale : " Monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs, ainsi, la France va se retirer d'Algérie en pleine victoire, celle que le pouvoir aura remportée sur l'Algérie française et sur les Français de là-bas. […] on a assisté à l'inimaginable, à l'alliance du Gouvernement avec l'ennemi contre les partisans de la France ".
Marius Piedineri, avril 2021


Chapitre XXI
Envoi de M. Christian Graille
Étrangers et Indigènes.

               Il nous faut rechercher la part que les étrangers de diverses nationalités prennent dans le grand mouvement civilisateur et l'influence de ce mouvement sur les Indigènes.
               En ce qui concerne les étrangers européens, les émigrants originaires : - de l'Espagne, de l'Italie, de l'île de Malte,
               - de l'Allemagne, sollicitent surtout notre attention, tant en raison de leur nombre que des aptitudes dont ils ont fait preuve dans l'œuvre de la colonisation.

               Le dernier recensement quinquennal de 1872 établit qu'à cette époque on comptait sur 115.516 étrangers résidant en Algérie :
               - 61.316 Espagnols,
               - 18.351 Italiens,
               - 11.512 Anglo-Maltais
               - 4.933 Allemands.

               Les 9.354 étrangers complétant le total de 115.516 appartenaient à des nationalités diverses, mais principalement :
               - à la Tunisie,
               - au Maroc et
               - à la Tripolitaine.

Étrangers.
Espagnols.

               C'est dans le département d'Oran que l'on trouve le plus d'Espagnols ; en 1874, on en comptait 37.658 sur une population étrangère de 47.417 âmes.
               Et dans certaines communes telles que Mers-el-Kébir et Saint Denis du Sig ils l'emportent en nombre sur la population française. Il en existe aussi beaucoup dans le département d'Alger et sur tout le littoral.
               Les natifs de l'île de Mahon qui ont à peu près accaparé l'industrie des cultures maraîchères sont surtout très nombreux dans les environs d'Alger.
               Promptement acclimatés, les Espagnols établis en Algérie s'habituent facilement à considérer cette terre française comme une seconde patrie.
               Leurs enfants suivent volontiers nos écoles et les mariages entre Français et jeunes filles espagnoles sont assez fréquents. Les Mahonnaises nées en Algérie sont surtout recherchées.

               En général l'Espagnol est sobre et travailleur ; les métiers qu'ils exercent principalement sont ceux : - de terrassier - manœuvre - carrier - mineur.
               Les plus aisés font le commerce ou se livrent à l'agriculture ; quelques-uns possèdent de belles fortunes territoriales.
               Les Espagnols se sont montrés longtemps rebelles à la naturalisation.
               En 1872, on n'en comptait que 230 ayant bénéficié du décret du 14 juillet 1865 ; au 3 septembre dernier, ce chiffre s'élevait à 303. Le total des naturalisations, pendant l'exercice 1875 a été de 111 ; il y a donc un progrès réel.

Italiens.

               C'est dans la province de Constantine que l'on trouve le plus d'Italiens notamment de Sardes. Ces derniers y tiennent comme jardiniers maraîchers la place occupée dans le département d'Alger par les Mahonnais.
               Les Génois et les Napolitains établis sur tout le littoral exercent la profession de pêcheurs ou de marins au cabotage.
               Ceux originaires des autres régions sont :
               - maçons, plâtriers, peintres ou potiers.
               Les unions entre Français et Italiennes sont très fréquentes.
               Les Italiens se font volontiers naturaliser : en 1872, on en comptait déjà 611 ; au 3 septembre dernier ce chiffre atteignait 813. Pour 1875, il a été de 142.

Maltais.

               L'Algérie est presque pour le Maltais la patrie même sous le rapport du climat et de la langue qui se rapproche sensiblement de la langue arabe. Aussi y vient-il sans répugnance tenter la fortune qui souvent lui sourit ; il est de préférence :
               - débitant,
               - épicier,
               - parfois porte faix ou
               - charretier,
               - très rarement cultivateur.

               Il n'habite guère que les villes mais il est peu de localités de quelque importance où on ne le rencontre pas.
               A part les relations d'affaires, il fraie peu avec les autres Européens et évite de s'allier avec eux.
               On ne comptait au 3 septembre dernier que 64 Maltais naturalisés, soit 31 depuis 1872 et 14 en 1875.

Allemands.

               Après les Italiens ce sont les Allemands qui recherchent le plus la naturalisation, principalement depuis 1871 ; 100 ont été admis à jouir en 1875 des bénéfices du décret de 1865 et, au 3 septembre dernier on comptait 760 Allemands naturalisés contre 510 en 1872. Ils sont généralement cultivateurs, de même que les Suisses dont 26 ont obtenu leur naturalisation en 1875.

Quant aux étrangers originaires :

               - de Tunisie, du Maroc et de la Tripolitaine,
               Ils se composent en majeure partie d'Israélites qui recherchent assez volontiers la naturalisation et se fixent :
               - les Tunisiens dans le département de Constantine,
               - Les Marocains et les Tripolitains dans celui d'Oran.

               Comme leurs coreligionnaires, la plupart d'entre eux se livrent au commerce.

               Les femmes espagnoles et italiennes fournissent un appoint considérable à la domesticité. Dans leur ensemble les étrangers européens apportent un concours utile à l'œuvre de colonisation entreprise par la France et remédient en partie à l'insuffisance de l'immigration métropolitaine.
               Si l'on présage l'avenir d'après le passé, il n'est pas douteux qu'ils se fondront complètement dans la nationalité française dont on les voit peu à peu à adopter la langue et les usages, tandis que nous leur empruntons rien.
               Il n'y a donc pas lieu de se préoccuper outre mesure de l'indifférence que la majorité manifeste à l'égard de la naturalisation : l'effet se produit progressivement à notre contact.
               Il faut convenir, il est vrai, que peu de pays se montrent aussi hospitaliers que l'Algérie aux étrangers ; sauf que les attributions territoriales sont exclusivement réservées à nos nationaux, ils y jouissent des mêmes libertés, des même facilités pour acquérir ou commercer, de la même protection générale.

Indigènes.

               Si, sur les points éloignés de notre contact immédiat, les Indigènes paraissent avoir peu progressé, il n'en est pas de même dans le cercle où notre action a pu se faire sentir d'une façon directe ; de là pour être lents, les progrès accomplis ne sont pas moins sensibles aux yeux de l'observateur attentif.
               La population indigène, surtout dans les villes, se subdivise d'après son origine en classes que nous indiquerons sommairement.
               Presque tous les Arabes natifs des villes exercent un métier. Ils sont :
               - tourneurs - menuisiers- cordonniers
               - tailleurs, - brodeurs - passementiers - cafetiers,
               - travaillant généralement pour leurs coreligionnaires : Quelques-uns, cependant, placés enfants chez des Européens en font plus tard de bons ouvriers.


               Quant aux femmes elles restent enfermées dans les maisons où elles vaquent aux soins du ménage ; peu se placent comme domestiques.
               Certains métiers sont le partage à peu près exclusif d'Indigènes natifs du dehors. C'est ainsi que les M'zabites qui émigrent momentanément, comme nos Auvergnats, pour s'amasser un pécule qui leur permettra de s'établir ensuite dans leur pays, sont :
               - bouchers - baigneurs - épiciers - droguistes,
               Tandis que les Kabyles sont :
               - fabricants de burnous,
               - marchands d'huile, de fruits secs, de caroubes,
               - portefaix, porteurs d'eau,
               - armuriers, forgerons etc.


               Les noirs, pour la plupart anciens esclaves amenés de Tombouctou ou du Soudan dans la région d'Ouargla, d'où ils ont pu gagner l'Algérie et où ils ont recouvré leur liberté, ont la spécialité :
               - de blanchir les maisons et
               - de fournir des danseurs-musiciens,
               - ils sont aussi cantonniers ou
               - casseurs de pierres.


               Les Marocains sont :
               - charbonniers ou
               - fabricants d'amulettes,


               Les Tunisiens :
               - marchands d'étoffes du Djerid,
               - les gandouras en soie,
               - des chéchias rouges,
               - d'essence de rose,
               - de chapelets en ambre venus d'Orient, de corail travaillé tiré d'Italie.


               Quant aux Maures, bien déchus de leur ancienne splendeur, ceux qui possèdent encore quelques jardins, les font cultiver par les Kabyles.
               Les autres tiennent de petites boutiques consacrées à la vente du tabac, des tuyaux de pipe en merisier etc.
               Mais au-dessus de ce monde indigène livré au commerce et à l'industrie et qui a plus ou moins modifié ses anciens procédés, commence à surgir une société nouvelle, encore peu nombreuse, il est vrai, mais dont l'influence se fait et se fera chaque jour sentir davantage.

               Elle est composée de jeunes hommes qui, élevés dans nos écoles ou dans nos lycées embrassent des professions libérales ou suivent la carrière administratives ou militaire ; chaque année leur nombre s'accroît et, pour ne parler que de 1875 et du lycée d'Alger, cet établissement a fait recevoir à la fin de la dernière année scolaire :
               - un élève indigène à Saint Cyr,
               - un à l'école vétérinaire d'Alfort,
               - trois à l'école de cavalerie de Saumur,
               - un à l'école de médecine d'Alger, d'où plusieurs déjà, sortis avec le grade d'officier de santé, ont été placés par l'administration, en qualité de médecins, dans des territoires arabes éloignés.


               D'autres ont passé avec succès les examens d'interprètes judiciaires ou militaires, et on ne peut plus mettre en doute, après les expériences faites, les excellents résultats promis par la diffusion de l'instruction chez les Indigènes mêlés sur les bancs de l'école et du collège aux enfants européens.
               La solution de cette question est d'ailleurs une des plus constantes préoccupations du Gouvernement général, et deux arrêtés récents,
               - le premier réservant à partir de 1880 les emplois dont l'Administration dispose en faveur des Indigènes, à ceux ayant une connaissance suffisante de la langue française,
               - le second réorganisait les écoles arabo-françaises en territoire de commandement, lui ont fait faire un pas considérable.


               Quant à l'Arabe de l'intérieur, il est agriculteur ou pasteur, soit pour son compte personnel, soit pour celui d'autrui ; à ce double titre il est, bien choisi, un précieux auxiliaire pour le cultivateur européens qui l'emploie :
               - soit comme journalier,
               - soit comme garçon,
               - soit comme intéressé.

               Un demi-siècle ne s'est pas encore écoulé depuis le jour où dans un intérêt supérieur de civilisation la France a entrepris la conquête de l'Algérie ; vaincus, les Indigènes, bien qu'ils trouvassent la domination de la France moins lourde que celle des Turcs, ne nous considèrent cependant au début comme des envahisseurs qui rendait odieux leur religion.

               Pendant plusieurs années, toutes les tentatives faites en vue de leur faire comprendre les avantages qu'ils retireraient de leur contact furent stériles et la pacification réelle des esprits ne commença qu'après la soumission d'Abd-el-Kader.
               C'est seulement à partir de cette époque que chefs et petits commencèrent à se rapprocher de nous, les uns pour conserver leur rang et par suite leur prestige aux yeux de leurs administrés, les autres pour se procurer les avantages que leur promettait notre commerce.
               On vit alors à mesure que l'élément européen augmentait sur le sol algérien, les populations indigènes d'abord timorés, s'enhardir et ne plus fuir le voisinage de nos centres.

               En même temps quelques individualités, poussées, soit par la nécessité, soit par l'appât du gain, se mettaient en rapport direct avec les Européens, les uns se plaçant comme bergers ou domestiques, les autres heureux de détenir à titre de location, les terres qui leur avaient appartenu.
               Timides au début les transactions commerciales prirent peu à peu de l'extension, et la loyauté commerciale française triompha bientôt des scrupules des Indigènes qui renoncèrent à se servir de l'intermédiaire des Israélites auxquels ils avaient eu d'abord recours.

               Puis, de proche en proche, la confiance s'établit. Les nomades eux-mêmes soumis par nos armes, osèrent franchir de nouveau les limites du Tell et au lieu d'acheter leurs grains des mains des M'zabites, ils vinrent s'approvisionner sur nos marchés réalisant ainsi une sérieuse économie.
               A leur tour les Kabyles, reconnaissant que le vainqueur n'était pas un ennemi, fréquentèrent nos villes et mirent chaque année leurs bras à la disposition des colons pour les récoltes.
               Dés ce moment, les relations étaient nouées ; il n'y avait plus de vainqueurs ni de vaincus mais deux peuples dont l'un tuteur de l'autre ne restait armé que pour maintenir son pupille dans les limites légales de la liberté, à la pratique de laquelle il l'initiait.

               Cependant, à la suite des évènements de 1871, éclata encore une insurrection dont nous n'avons pas à rechercher les causes ; mais ce que nous constatons c'est que le châtiment rigoureux qui en a été la conséquence, n'a pas été une entrave au progrès, et le séquestre apposé sur les biens des révoltés n'a pas eu seulement pour résultat de livrer à la colonisation les terres qui lui faisaient défaut mais, en réduisant les superficies des vastes espaces dont jouissaient les habitants indigènes sédentaires du Tell, il leur a enseigné la valeur réelle de la terre.
               De même que l'extension prise par les terres cultivées a appris aux nomades qu'ils devaient modifier leurs anciennes habitudes.

               En résumé, la crise que traversent en ce moment les populations arabes ne peut que leur être favorable si elles comprennent que la marche du progrès est inflexible. Pour ne pas reculer ou disparaître devant la civilisation qui ne peut s'arrêter, elles sortiront de leurs habitudes routinières.
               Déjà la division de la terre leur impose l'obligation d'entretenir la fertilité du sol par des fumures et d'améliorer leur matériel agricole.
               Il est permis d'espérer que la crainte de la misère qui les menacerait, s'ils hésitaient davantage, sera pour eux un maître mieux écouté que toutes les exhortations.

               Dans l'intérêt de tous, Il faut se méfier des contre coups, des réactions produites par des secousses trop violentes.
               Sans doute la fusion des deux races est un problème ardu et difficile, mais rien n'autorise à désespérer de la régénération d'un peuple, quand on est résolu à apporter à une telle œuvre la volonté et la patience nécessaires.
               Peut-être rencontreront-nous encore des difficultés, peut-être des temps d'arrêt se produiront-ils, mais ils ne sauraient faire perdre de vue à la France le but qu'elle s'est proposée et auquel chacun devrait concourir, en se faisant, dans la sphère de ses moyens d'action, le moniteur de la race à qui nous tentons de faire prendre un rang honorable parmi les peuples civilisés.
L'Algérie pratique par V. Loizillon. 1876.

Chapitre XV. 
Envoi de M. Christian Graille
La sécurité.

                 Prenant la parole devant le Conseil supérieur le 3 décembre 1873, le général Chanzy, après avoir rappelé les paroles suivantes du maréchal de Mac- Mahon : " Il faut à ceux qui viennent en Algérie deux choses : de la terre et de la liberté," ajoutait " et de la sécurité. "
                Le premier devoir qui s'imposait alors à l'autorité était, en effet, de rétablir dans les tribus l'ordre encore troublé par l'insurrection de 1871 et les mesures de répression qui en avaient été la conséquence.
                Cette tâche présentait d'ailleurs des difficultés réelles, augmentées par les aspirations des impatients qui demandaient que le régime civil fut appliqué à toute l'Algérie, de Tunis au Maroc, de la mer aux limites du Tell, sans tenir compte de la situation des esprits dans certaines contrées, et sans se préoccuper de savoir si l'Administration civile était en mesure d'étendre son action sur un aussi vaste territoire.
                Mais le gouvernement général ne se paya pas de mots. Il fit cesser la division fictive du Tell en circonscriptions territoriales, dans chacune desquelles les populations, suivant leur origine et suivant leurs conditions, relevaient pour l'Administration, de l'action civile ou de celle du commandement, et, pour la justice des tribunaux ordinaires ou des conseils de guerre.

                Il mit, du même coup, fin à l'indécision et à l'impuissance d'une organisation aussi enchevêtrée par la remise successive à l'autorité civile des territoires qui, eu égard à leur situation et en tenant compte des moyens réels de fonctionnement, devaient et pouvaient recevoir nos institutions civiles et judiciaires.
                Il maintint transitoirement sous le régime ceux occupés par des populations indigènes qui, éloignées du contact des Européens, soumises encore aux ardeurs et excitations des fanatiques ou des gens de désordre, avaient besoin d'être dominées et de sentir la force pour rester calmes.
                L'exemple suivant que nous empruntons au même ouvrage, établit avec quelle rigueur est exigée l'exécution des conditions imposées au concessionnaire. Un soldat libéré, ayant reçu une concession au mois de mai 1866 y avait bâti une cabane et avait commencé l'exploitation de ses terrains ; il y résidait avec des intervalles d'absence assez fréquents mais de courte durée.
                Il fut assigné en résiliation du titre devant le bureau du commissaire qui décida que le caractère de l'exploitation qu'il avait faite et la nature de sa résidence n'étaient pas tels que la loi l'exigeait, qu'il eût dû construire une maison qui pût lui servir de demeure permanente, ce que le statut entendait, et non pas seulement un domicile temporaire dans le but de prouver son intention de remplir les conditions requises par la loi.
                En conséquence, le bureau accorda à l'assigné un délai de soixante jours pendant lequel il devait construire une maison, s'y établir et, à l'expiration de ce délai, comparaître devant le " Register " (teneur de registres) et le " Receiver " (receveur des paiements) afin d'y déclarer, sous serment, accompagné de preuves qu'il avait rempli ces conditions, et que, faute de ce faire, il serait déchu de son titre.

                Ainsi, du reste, avaient agi les Romains qui, pour assurer la sécurité du pays, le fait est attesté par une inscription de la fin du premier siècle de notre ère sur un piédestal de Guelma, (cette inscription porte que Titus Favius, de la tribu Quirina, chargé par Trajan d'acheter du blé pour l'approvisionnement de Rome, était préfet des Musulmans. Ces Musulmans habitaient au Sud, au-delà de Sétif et près du désert, mettaient aussi les tribus éloignées de toute population civile, sous la main des généraux.
                La tâche qui incombait à l'Administration civile d'implanter le régime de droit commun sur une superficie qui du 31 décembre 1870 au 31 décembre 1875 a été portée de 1.353,413 à 4.159,955 hectares demandait à être proportionnées aux forces et aux ressources dont elle pouvait disposer .

                Le gouvernement ayant d'ailleurs refusé, comme absolument contraire au progrès cherché, d'armer les nouveaux fonctionnaires civils des pouvoirs exceptionnels maintenus en territoire de commandement.
                L'expérience a du reste prouvé qu'appliqués avec énergie les moyens de surveillance et de répression dont disposent en territoire civil les fonctionnaires de l'ordre administratif et judiciaire, sont suffisant pour assurer la sécurité.
                Et lorsqu'on songe à l'étendue du territoire algérien, le chiffre total des crimes ou délits commis contre les propriétés européennes, que révèlent les statistiques judiciaires, n'a rien d'anormal.
                Dans les départements d'Oran et de Constantine, deux bandes organisées de coupeurs de routes, ont, il est vrai, jeté un instant l'inquiétude en territoire civil dans les environs de Saint Denis du Sig et de Jemmapes ; mais grâce au concours dévoué que l'Administration a trouvé dans ses agents indigènes et à l'aide de l'armée, les bandits redoutés qui composaient ces bandes ont été saisis et livrés aux tribunaux ordinaires qui statueront sur leur sort.

                Les mesures employées par l'Administration supérieur pour assurer la sécurité en territoire de droit commun sont de deux sortes : préventives et répressives.
                Dans les premières il faut classer :
                1° La multiplication des brigades de gendarmerie et la création successive de casernes, au fur et à mesure des ressources que les départements affectent à cet usage, sur les points où la présence d'une force permanente est jugée indispensable ;
                2° l'assistance que l'armée prête à l'autorité civile pour assurer l'ordre partout où les agents de la force publique ordinaire sont insuffisants.
                Aux termes de l'article 14 du décret du 14 septembre 1873, un officier investi des fonctions de police judiciaire, commandant une force publique supplétive tirée des corps de troupe et ayant avec les autorités civiles et judiciaires les rapports déterminés par les règlements sur le service de la gendarmerie, peut, sur la demande des préfets, être mis à leur disposition par les généraux commandant les divisions.
                Quant aux mesures répressives, elles consistent dans l'action des tribunaux de droit commun.

                Leurs pouvoirs étendus par les décrets du 29 août et du 14 septembre 1873, permettent d'atteindre légalement les Indigènes auteurs d'actes constituant des infractions spéciales à l'indigénat, que nos lois ne préviennent pas et de les frapper rapidement de peines en rapport avec la gravité desdites infractions.
                En ce qui touche les dangers résultant pour les habitants, fixés dans l'intérieur, d'un mouvement insurrectionnel des Indigènes, il a été paré à cette éventualité par la construction de travaux défensifs.
                Les abris dont ont été dotés, depuis 1872, tous les villages éloignés, sont en effet disposés de manière à offrir à leurs habitants et à ceux des fermes isolées des environs, un refuge sûr pour :
                - leurs personnes,
                - leurs bestiaux et
                - leurs objets les plus précieux, jusqu'à l'arrivée de secours que l'état actuel des routes permettrait de diriger avec rapidité sur les points menacés.

                Le plan général de colonisation poursuivi consiste d'ailleurs à relier successivement entre eux les centres et les fermes isolées, de telle sorte qu'à un moment donné la colonisation européenne puisse former comme un rempart infranchissable à l'insurrection.
                Mais, à vrai dire, l'éventualité d'une nouvelle levée de boucliers paraît de plus en plus improbables, les Indigènes semblant enfin comprendre que leur intérêt véritable est, non de nous combattre, mais de se mêler à nous.
                Un article publié le 28 janvier dernier dans le Courrier d'Oran, sous le titre de la Sécurité en Afrique sous la domination des Romains et la domination française, et portant la signature de M. Ferdinand de Lacombe, apprécie de la façon suivante les résultats acquis : " Aujourd'hui, après quarante-cinq ans d'occupation française, une famille peut voyager avec autant de sécurité d'Alger jusqu'au désert que dans la banlieue de Paris.
                Nos diligences et nos courriers fournissent sans inquiétude un parcours régulier de cinq-cents kilomètres du littoral :
                - à Laghouat,
                - à Géryville,
                - aux oasis de Biskra et
                - jusqu'à Touggourt.
                Des officiers isolés vivent au milieu des tribus. Il en est de même :
                - des artistes,
                - des géomètres,
                - des négociants qui achètent sur place les grains et les laines du Sahara.

                Nous avons su assumer la sécurité en Algérie avec rapidité et intelligence, et, sous ce rapport, nous avons fait mieux en quelques années que les Romains dans un espace de temps plusieurs fois séculaire. "
                Et tandis que le succès couronnait les efforts que l'Administration, rien n'était modifié dans les autres États musulmans nos voisins.
                Revenant naguère d'accomplir un nouveau pèlerinage à la Mecque, le regretté Si Mohamed el Aïd Ben Hadj Ali, grand maître vénéré de l'ordre des Tidjani, décédé dans les derniers mois de 1875 dans sa zaouïa de Temacin, entre Touggourt et Ouargla, dans le Sahara algérien, rendait devant tous les siens accourus pour saluer son retour, l'éclatant hommage suivant à la sécurité dont jouissent à l'ombre du drapeau français des contrées qui, en raison de leur éloignement, échappent cependant en partie à l'action de notre autorité.
                " Je viens, leur disait-il, de parcourir bien des pays où règne la loi de l'Islam, et moi, Musulman, je n'ai fermé l'œil avec tranquillité, je ne me suis senti en sûreté que le jour où j'ai eu mis le pied sur le territoire soumis à la France. "

                Cependant les colons propriétaires ou fermiers habitant les petits centres de l'intérieur ou les fermes isolées sont parfois victimes de vols de bestiaux commis avec une rare adresse par des voleurs indigènes, qui revendent ou tentent de revendre le bétail ainsi dérobé sur les marchés éloignés.
                Ces faits ont même produit, au cours de l'année 1875, une certaine émotion. Les Conseils généraux et les Chambres d'agriculture ont, à plusieurs reprises, sollicité le gouvernement général d'adopter des mesures exceptionnelles en vue de remédier à cet état regrettable des choses.
                Mais, à la suite d'une enquête dans laquelle les maires et le procureur général furent invités à faire connaître leur avis, il fut établi que ces vols étaient, en général, le fait de malfaiteurs isolés, n'ayant pour mobile que la cupidité, et que leur fréquence était due au défaut de surveillance des propriétaires, au peu de soins apportés par eux dans le recrutement de leurs bergers choisis parmi des Indigènes qu'ils ne connaissaient pas, et qui, souvent, sont les complices des voleurs et, enfin, à la mauvaise installation des parcs qui presque tous manquent de clôture suffisante.

                En présence de ces constatations officielles le gouvernement dut donc se borner à recommander aux propriétaires ruraux l'usage des mesures préventives dictées par leur intérêt, et, aux autorités municipales, l'emploi des moyens dont elles sont armées pour organiser des services de patrouille de sûreté et empêcher la circulation pendant la nuit des maraudeurs et vagabonds.
                Partout où ces conseils ont été suivis. L'effet en a été immédiat.
                Nous devons aussi ajouter, que quelques Européens doivent à leur manière d'agir envers les Indigènes, d'être plus souvent que d'autres, victimes de ce genre d'attentats.
                Par contre nous pourrions en citer nominativement d'autres, qui, habitant en plein pays arabe depuis vingt ou trente ans n'ont jamais eu une tête de bétail dérobée. Somme toute, l'habitant de l'intérieur qui prend, pour se protéger contre les maraudeurs, les mêmes mesures de précaution qu'en France, ne court pas plus de risques.
                Et c'est là un résultat immense, si l'on veut bien tenir compte de ce fait, que les Indigènes sont, plus souvent que les Européens eux-mêmes victimes de vols de bestiaux commis par leurs coreligionnaires.

                Un autre danger, grossis considérablement par la presse métropolitaine est celui qui résulterait des attaques des grands fauves ; ils ont en effet aujourd'hui complètement disparus des territoires livrés à la colonisation, et il est très rare de voir un lion ou une panthère descendre des repaires éloignés, dans lesquels ils ont dû se retirer, fuyant devant la civilisation.
                Leur destruction est d'ailleurs puissamment encouragée par les primes accordés sur les fonds votés pour cet emploi par les Conseils généraux et par la valeur croissante, en raison de leur rareté, des dépouilles de ces animaux.
                En ce qui concerne les grandes villes, le soin d'assurer la sécurité est confié à une police nombreuse recrutée et régie d'après les usages métropolitains.
                A Alger, la police est placée sous la haute surveillance du préfet du département, et sous les ordres directs d'un commissaire central.

                La statistique révèle qu'en 1875, la police a opéré à Alger, 3.767 arrestations d'individus prévenus ou soupçonnés de crimes ou délits et relevé 4.815 contraventions, contre 3.764 arrestations en 1874 et 2.961 contraventions.
                Les crimes et délits sont pour les quatre cinquièmes environ à la charge de la population :
                - flottante,
                - étrangère ou
                - indigène.
                - L'Administration étudie les moyens de les prévenir par l'application à l'encontre des récidivistes, de mesures propres à interdire l'accès du territoire à tous les hommes jugés dangereux.
                A Oran, dont la situation géographique offre tant de facilités aux Espagnols qui veulent quitter leur pays natal, l'expulsion est, aux termes de l'arrêté du gouvernement général en date du 7 juin 1852 rigoureusement prononcée contre les étrangers appartenant à cette nationalité, trouvés porteurs d'armes prohibées. L'emploi de ce moyen légal produit les meilleurs effets.

L'Algérie pratique par V. Loizillon. Édition 1876.


Le bout du tunnel
Par M. Marc Donato

          Voyons-nous le bout du tunnel ? C'est peut-être ce que l'on peut supposer depuis que le couple diabolique est venu dans la lucarne pour nous annoncer les dernières nouvelles. Ah ! On les attend tous les jeudis soirs. On est au spectacle comme à l'époque de Poiret et Serrault, Grosso et Modo, Castel et Sahuquet, Chevallier et Laspalès, aujourd'hui, les Bodin's mère et fils, ou les chevaliers du fiel. On a maintenant Jeannot et Olivier.
          Les deux ont mis au rancard l'homme du solo, Jéjé, notre directeur de la Santé qui venait tous les soirs dans son one man show, trop hilare, ce type, nous débiter son obituaire en donnant force détails sur les entrées (beaucoup), les sorties (peu), les morts (vraiment trop)…

          Le rythme hebdomadaire est établi : jeudi 18 heures, tous devant la télé. Mieux que PSG-OM. Tu parles si on y est ! Moi, j'attends de pouvoir aller au bistrot, toi, tu veux dépasser les 10 kilomètres, elle veut revoir ses petits-enfants… Le tunnel est trop long de plusieurs mois.
          Ainsi, Jeannot et Olivier, j'allais écrire Oliver and John, tant le duo me fait penser à Oliver Hardy et Stan Laurel, les fameux Laurel et Hardy, Jeannot et Olivier, disais-je, sont venus nous annoncer la fin du tunnel. Le 3 mai, puis le 15 mai… Annonce servie sur un plateau, celui des personnes en réanimation. Un plateau, mais pas la descente. Aie ! Aie ! Aie ! Est-ce qu'on ne raserait pas gratis, comme le coiffeur - Demain…
          Gégé, gardien vigilant de notre sécurité, enfonce le clou, et Gaby, le messager du gouvernement, l'Hermès de la République, en remet une couche à son tour, lui qui reconnaît le droit à l'erreur. C'est bien de le reconnaître, mais quand l'erreur, c'est toi, tu te fous pas mal qu'il le reconnaisse !

          Espérons ! Puisqu'ils vous le disent ! Ils ne se sont jamais trompés. C'est craché, juré ! Toujours raison : masque inutile, dépistage, peuh !, frontières fermées, fadaise, dépistage massif, ça peut attendre, et combien d'autres. Errare humanum est, perseverare diabolicum… Tous diaboliques.
          Alors soyons positifs (pas au test, non), positivons : regardons la petite lumière là-bas au bout du tunnel. Elle se rapproche. Ouf ! Alors, peut-être un petit peu de notre vie d'avant qui va revenir. Tiens, un rien, un détail : le café du dimanche matin. J'espère bien que les Minots vont rouvrir leur bar fermé depuis plusieurs mois. J'espère encore qu'avec l'ami Gérard, on n'aura plus à se procurer le petit noir dans un gobelet en carton, qu'on n'aura plus à descendre sur le mur de la place comme deux mendigots pour discuter de la semaine écoulée, que le marché dominical va retrouver sa clientèle afin qu'on puisse, confortablement assis à la terrasse, tailler des croupières à toutes celles qui passent ou habiller pour l'hiver ceux qui vont acheter leur pain.

          Le bout du tunnel, c'est Lucky Luke en personne, Manu soi-même, qui va intervenir. A tout seigneur tout honneur, quand même ! Aux autres, les basses besognes, à moi d'annoncer le meilleur. Spectacles, bars, restaurants… On verra bien. Il y a beaucoup de tunnels et il y en a qui sont plus longs que les autres ; le tunnel sous la Manche fait plus de 50 km. Mais même ce dernier a son bout, le bout du tunnel.
          Méfi, quand même, Covid a plus d'un tunnel dans sa manche.
Marc Donato - 24 avril 2021


1930 : Le centenaire de l'Algérie
vu par un enfant.
Envoi de M. Christian Graille


             J'avais six ans et c'est l'un de mes plus anciens souvenirs. Il est normal d'ailleurs que l'imagination d'un enfant ait été frappée par des évènements aussi inhabituels et le spectacle d'une fête.
             Le centenaire c'était d'abord un mot sans signification sinon qu'il préludait à des journées de fête et à la venue à Alger du Président de la République Gaston Doumergue.
             Ce fut certainement l'un des plus populaires présidents de la IIIe République et l'homme providentiel après les évènements du 6 février 1934.
             Son côté familier et populaire lui avait valu le surnom, un peu irrévérencieux, de Gastounet.
             A chacune des manifestations dont je fus le témoin, participait une foule dense (comme je n'ai avais jamais vu) et joyeuse sans arrière-pensée et sans complexe. Ce fut d'abord, un matin, l'annonce du passage du Président à quelques centaines de mètres de chez moi.

             Les trottoirs étaient bondés et mon jeune âge me valut d'être au premier rang. Après une longue attente, arriva le cortège, sans commune mesure avec les longues caravanes auxquelles nous sommes habitués aujourd'hui : deux ou trois voitures précédaient celle du Président.
             Celui-ci dans une automobile découverte, entouré de deux personnalités, sans doute le Gouverneur Général et le Maire d'Alger, apparut.
             Réjoui, il saluait la foule en agitant les bras. Il était ceint d'une écharpe tricolore et coiffé d'un haut-de-forme.

             Mon second souvenir est presque anachronique car c'est celui d'un embouteillage monstre comme il n'en existait encore à l'époque mais tel qu'on en voit fréquemment aujourd'hui.
             Nous allions à l'hippodrome du Caroubier où se déroulait une " fantasia " point culminant des festivités.
             La " route moutonnière " étroite, n'était pas encore à deux voies.
             Je me trouvais à l'arrière de la Chenard-Walker de mon père et je revois encore le long défilé des voitures.
             Nous étions le plus souvent arrêtés et, à travers les vitres, nous engagions des conversations avec des enfants de la voiture d'à côté.
             Ce premier " bouchon " serait bien coûteux à reconstituer aujourd'hui car chacune de ces voitures feraient maintenant le bonheur des collectionneurs. Après deux heures de route pour parcourir les quatre kilomètres séparant la ville de l'hippodrome, ce fût la fantasia.

             Traditionnellement, il s'agit d'une série d'exercices à cheval, exécutés par les cavaliers à l'allure fière et faisant corps avec leur monture.
             Je revois les escadrilles de cavaliers :
             - montés sur leurs chevaux arabes,
             - armés de fusils,
             - tirant en l'air au passage devant la tribune présidentielle.

             Plusieurs vagues se succédaient ainsi.

             Puis ce furent des exercices individuels où chaque cavalier accomplissait de vrais exploites, tels que passer sous le ventre du cheval au galop, enfiler des anneaux posés sur des piquets… Il y eu aussi des simulacres de combats et enfin, un défilé de Touaregs majestueux sur leurs chameaux.
             Ces cérémonies paraissent aujourd'hui d'un autre âge bien qu'en certains pays d'Afrique on assiste encore à des fêtes du même genre.
             Mais quelle beauté que le spectacle de ces fiers cavaliers qui n'auraient pas donné leur place pour un empire !
             L'enfant que j'étais se trouvait à la fois émerveillé et effrayé par :
             - ces coups de fusils,
             - ces chevauchées,
             - ces manteaux flottant au vent et
             - les visages des Touaregs masqués par leurs turbans.

             Rien à voir avec les mises en scène hollywoodiennes ; la plus grande initiative aux cavaliers qui retrouvaient, l'espace d'un instant, leur caractère :
             - guerrier, noble et fier.

             Dernier souvenir enfin, celui du feu d'artifice dans le port d'Alger. Pendant plus d'une heure des gerbes de feu illuminèrent le port où stationnaient ces bateaux chers aux Algérois :
             - Le Lamoricière qui finira tragiquement dix ans plus tard,
             - Le Timgad,
             - L'El Kantara,
             - L'El Djezaïr.


             L'exposition coloniale de 1930 à Paris, attira de son côté une grande foule. Il fallait faire connaître au peuple de France la grandeur de la tâche accomplie en Algérie et dans les autres possessions d'outre-mer.
             Ainsi, cet enfant que j'étais, né sur une terre française, prit conscience, grâce à la présence de Gaston Doumergue de l'existence de la haute autorité lointaine et du particularisme de sa province. Qui pouvait penser alors que trente ans plus tard …

Roland Blanquer.
Historia Algérie histoire et nostalgie. 1830-1987.



La guerre des sauterelles.
Envoi de M. Christian Graille

             1866 … Les sauterelles s'abattent sur la colonie.
             L'année 1930, l'année du Centenaire, nouvelle attaque des insectes.
             C'est la ruine :
             - des céréales,
             - des arbres fruitiers,
             - des primeurs,
             - du tabac,
             - de la vigne.

             C'est la misère pour tous les colons.

             Tous les quinze ou vingt ans le fléau se répète selon un processus immuable :
             - les sauterelles arrivent sur une région,
             - dévastent tout,
             - pondent dans la terre,
             - quarante jours plus tard naissent les petits, larves rampantes et destructrices.
             - Trente-six jours plus tard, des ailes leur poussent,
             - les sauterelles prennent leur envol et
             - disparaissent aussi soudainement qu'elles étaient apparues, laissant un pays ruiné, englouti, digéré.


             Ce fut le jeudi d'après, vers midi, que le bruit envahi la plaine. Une rumeur lointaine qu'on ne distingua pas très bien, une sorte de pépiement confus de volaille effrayée ou un de ces coups de sirocco qui :
             - suçaient des tourbillons de poussière,
             - passaient, s'évanouissaient ou
             - retournaient d'où il venait.


             Jean Pierre avança du côté de la porcherie, dépassa l'entourage de figuiers de barbarie du gourbi de Meftah.
             Le ciel était clair, les montagnes se dressaient, nettes, sans même ce léger voile de vapeur que la chaleur y faisait flotter à cette saison. Quelque chose qui ressemblait à un battement de tam-tam et gagnait de douar en douar.
             Après tout c'était de nouveau le premier jour de l'Aïd el Kébir. Les Arabes devaient se préparer à partager le repas de midi. Le soir encore :
             - des feux,
             - des chants de flûte
             - des danses.

             On ne touche pas à une bête qui n'ait été égorgée face à l'Est au moment où la formule rituelle est prononcée
             - on ne fait pas la prière si l'on ne s'est par purifié le corps,
             - on ne mange pas n'importe quelle partie de l'animal,
             - on accroche les cornes des béliers au-dessus des portes,
             - on promène des poupées,
             - on n'allume pas le feu dans la maison quand il faut l'allumer dehors

             Et tous ces symboles à l'époque :
             - des labours,
             - avant les moissons,
             - pour les battages,
             - quand le soleil se couche et que la première étoile apparaît dans le ciel et à la nouvelle lune.

             Des sauterelles, on en trouvait parfois dans les chaumes ou dans les broussailles au bord de la Rhoura, des égarées énormes, couleur de sable, qu'une secousse du ciel jetait par-dessus le désert et les montagnes et qui ne savaient plus que faire, perdues dans la plaine.

             Les enfants :
             - s'en amusaient,
             - arrachaient leurs couteaux scies,
             - dépliaient leurs ailes de papier transparent,
             - touchaient les antennes et les boules qui ressemblaient sur leur tête à des yeux, puis
             - finissaient par les broyer sous une pierre. " Où tu vois les sauterelles ? "

             Méftah pointa l'index dans l'échancrure du col de Tablat, au-dessus des champs d'orge qui blanchissaient. " Regarde. " Un nuage étincelant :
             - se dégageait de la brume,
             - glissait, ondulait, se rapprochait du sol, le touchait, repartait,
             - tourbillonnaient, remontait, brillait parfois comme une cuirasse, hésitait et peu à peu, s'étendait , planait,
             - s'avançait, ombre menaçante aux reflets de cuivre, avec un ronflement chuintant d'ailes minuscules, une vibration profonde, encore murmurante qu'on devinait énorme. Comme ça, sans prévenir ; sans signes précurseurs ?


             Jean-Pierre s'élança vers la maison, sauta l'escalier d'un bond et surgit dans la salle à manger. : " Vous n'entendez pas ? Les sauterelles ! "
             Il désigna d'un geste la campagne frissonnante et assombrie : " Elles vont tout bouffer. " Elles s'abattaient comme un ouragan de grêle :
             - par rafales sur le toit,
             - sur les tôles de la marquise,
             - cognaient contre les vitres.
             - " Mon Dieu " s'écria la mère épouvantée.


             Par les portes ouvertes, elles pleuvaient dans l'étable et dans la maison.
             " Fais comme moi, dit Marie à Hortense, prends un balai. "
             Les hommes regardèrent la campagne, s'avancèrent parmi les orangers. A peine les insectes touchaient-ils la terre ou les arbres qu'ils se mettaient à dévorer.
             Jean-Pierre appela son frère et courut atteler les chevaux : " Où allez-vous ? Au village. "
             Le père haussa les épaules. Qui pouvait venir les aider ?
             On avait bâti la maison en surélévation parce que la rivière débordait de temps en temps et recouvrait la plaine de quelques centimètres d'eau ; une fois près d'un demi-mètre. Et puis l'eau se retirait laissant une couche de vase.

             L'eau, on savait ce que c'était. Elle passait. Les voleurs de bœufs, on se lançait à leur poursuite. Ça… Les chevaux avaient peur et se cabraient. Ils risquaient de briser les deux-roues. Jean-Pierre renonça.
             Son chapeau rabattu sur les yeux, il s'élança, tête baissée, vers l'entrée de l'allée d'eucalyptus, à travers les orges qu'on se préparait à moissonner. Les sauterelles :
             - se ruaient sur lui, l'aveuglaient, grouillaient,
             - certaines déjà sur les épis.
             - On ne distinguait plus les montagnes.


             Un nuage noir qui fondait en gouttes d'or : " du feu " se dit-il. Ce feu-là comment lutter contre lui ? A la mairie on devait le savoir. Le gouvernement prévoyait des mesures selon les calamités. Il suffisait d'ouvrir un dossier.
             Les grêlons, quand un orage les lâchait :
             - frappaient le sol,
             - puis fondaient.

             Après quoi, quand elles n'étaient pas hachées, les récoltes se relevaient.

             Les sauterelles, le malheur commençait quand elles touchaient terre. Sur la route elles paraissaient se manger les unes les autres quand elles n'atteignaient pas l'herbe des bas-côtés et les eucalyptus où elles grimpaient.
             Quarante mille coups de langue par jour, les bœufs ?
             A cette pensée il se mit à rire férocement.
             Quelle température, les bœufs, et même ces chèvres qui rongeaient l'écorce des arbres et jusqu'aux épines !
             Les sauterelles laisseraient les terres rases, si même elles ne s'en gavaient pas.

             Sur le pas de sa porte Orfila regardait le ciel d'un œil morne.
             Des voyageurs s'étaient réfugiés chez lui, leurs chevaux abrités à l'écurie.
             Dans le Sud s'était pire. Les voitures n'avançaient plus. " un désastre " répétait-il en passant machinalement sa serviette grasse sur les tables.
             Sous ses airs compatissants, il s'en moquait, Orfila. Les sauterelles n'allaient pas dévorer son bistrot.
             Le maire avait télégraphié au sous-préfet de Blida. Que ça serve à quelque chose, tous ces poteaux plantés le long des routes !
             Les colons se débrouillaient comme ils pouvaient, avec leurs Arabes.
             On avait allumé des brasiers où l'on jetait les sauterelles. La fumée, parait-il, les éloignait.

             Jean-Pierre courut chez le charpentier. " Ecoute, dit M. Virtaut, Je ne sais pas comment d'aider mais je viens avec toi. " Les voir seulement :
             - vous heurter, s'accrocher, grimper sur vous
             Et, quand on les empoignait pour les arracher, sentir dans la paume :
             - les élytres frémissants,
             - la longue scie courante des pattes,
             - le corps gluant,
             - les mandibules déjà en train de broyer,
             - quelle horreur ! Quand on leur marchait dessus :
             - elles éclataient comme des cosses,
             - se vidaient,
             - et on glissait sur ce jus ignoble.


             A gestes furieux, Jean-Pierre les détachait de ses épaules et de ses bras, les jetait sur le sol pour les assommer.
             - Se battre, se battre !
             - Avec les mains, avec les pieds, avec des outils,
             - les détruire, les maudire, leur cracher dessus.


             Dans toute la plaine, par-dessous :
             - le sourd ronflement de la nuée sinistre,
             - le battement des tambours et des chaudrons arabes,
             - le cri aigu des femmes,
             - les you-you de guerre ou de joie montaient.

             A la Ferme on trouvait des sauterelles jusque dans les lits :
             - Elles passaient sous la porte ou
             - s'engouffraient quand on l'ouvrait,
             - grimpaient dans les rideaux,
             - entraient dans les armoires,
             - se nichaient dans les recoins.


             Marie et Hortense en emplissaient des bassines qu'ont vidait par la fenêtre.
             La mère avait eu l'idée d'allumer du feu dans la cheminée où on en avait jeté. Ça puait tellement qu'on arrêta.
             Dehors le chien les mordillait et les recrachait avec dégoût, Jean-Pierre considérait avec consternation les oranges. Il s'avança au milieu des arbres, secoua des branches pour faire pleuvoir des sauterelles.
             Il en écrasait dix, vingt. Et puis ? Mille autres :
             - grimpaient sur les troncs,
             - rasaient les rameaux,
             - s'attaquaient aux billes vertes des fruits,
             - et de millions et des millions d'autres continuaient à sauter les montagnes et à se déverser du désert.


             Le charpentier expliquait au père et à Marie qu'il ne fallait pas désespérer, que les sauterelles étaient déjà venues et que la Mitidja restait une terre fertile.
             Si un orage se formait, si le vent du Nord se levait, les sauterelles s'en iraient.
             " Il nous reste quoi ? " dit le père. On n'avait pas si facilement raison de la terre.
             Elle se défendait. " Et les bœufs ? " Ils pensaient toujours aux bœufs qui, enfermés, poussaient des mugissements lamentables. Et si on n'avait pas retrouvé les bœufs, l'an dernier ?
             " Dans le fond vous seriez tranquilles. On commence à se demander si posséder sert à quelque chose. Il y a déjà des phalanstères en France imaginés par des philosophes de Franche Comté comme vous. Vous n'en avez jamais entendu parler ? - Non. - On se groupe pour travailler ensemble, on vit des ressources de la communauté mais on n'a rien à soi. Je crois à un avenir comme ça. Moins on en a … Tandis que nous…. "
             La logique.
             Le gouvernement avait fait miroiter à ces pauvres la fécondité d'une terre de Chanaan que les Arabes ne savent pas exploiter et qui valait à présent mille francs l'hectare. Sans sauterelles. Avec les sauterelles qui en voudrait encore ?

             Aux approches de la nuit, il y eut une sorte d'apaisement.
             Les sauterelles semblaient s'être posées ou bien le vol était fini.
             L'humidité parut les engourdir. On alluma la lampe.

             Le lendemain aux premiers rayons de soleil, dès que la rosée eut séché, elles recommencèrent à s'agiter. Un matin de gloire sans un brin de vent.
             Ah ! Elles étaient bien dans la Mitidja, ces salopes !
             Elles ne manifestaient pas le moindre désir de retourner dans leur désert.
             Des bandes d'étourneaux :
             - tournoyaient, se posaient, repartaient

             On entendit les clairons et les tambours de la troupe. Des chasseurs à pied en colonne :
             - formaient les faisceaux puis
             - se déployaient en tirailleurs et
             - soulevaient des essaims.
             - Ils demandaient des bâtons, des fourches, des râteaux,
             - allumaient des feux de broussailles.

             Partout dans la plaine flottait le cri strident et modulé des femmes arabes, et montaient les fumées qui semblaient refouler les vols vers le Nord-Ouest.

             Tout à coup on découvrit qu'à un centimètre et demi de la surface, la terre était garnie d'œufs groupés en épis, pareils à des grains de blé enduits d'une substance albuminoïde, jaunes d'abord puis grisâtes, pondus pendant la nuit dans un trou fermé d'une matière spumeuse.
             On observa que les sauterelles s'enfonçaient dans le sol.

             Comme les œufs des papillons devenaient des chenilles, les œufs des sauterelles deviendraient, quarante jours plus tard, des criquets et alors tout ce qui avait échappé aux mères serait achevé par eux.
             C'était la ruine.

             L'officier réclama des herses retournées ou des claies lourdement chargées, traînées par des chevaux pour ratisser. Il semblait s'y connaître et donna des détails effrayants. Le calife Omar qui avait brûlé la bibliothèque d'Alexandrie avait pris une sauterelle qui venait de tomber sur sa table et lut sur son aile : " Nous pondons quatre-vingt-dix-neuf œufs et si nous en pondions cent, nous dévasterions le monde."
             " Enfin, à peu près, ajouta l'officier avec détachement. En réalité les sauterelles ne pondent que quatre-vingt-deux œufs, mais pour les Arabes quatre-vingt-dix-neuf, c'est mieux. Un chiffre magique.
             Leur chapelet est composé de quatre-vingt-dix-neuf grains et Dieu, les Arabes lui donnent quatre-vingt-dix-neuf noms. "

Plus de moisson.

             On voyait bien que pour lui il s'agissait de la terre des autres. Il considérait ça comme une expérience intéressante. Il suffisait de retourner la terre par un léger labour pour amener les œufs à la surface du sol et les exposer au soleil ; es changements de température et les oiseaux les détruisaient. Retourner la terre, il en avait de bonnes ! Alors plus de moissons ? Pour lui la moisson n'existait plus.
             Il avait raison d'ailleurs. Déjà presque plus d'orge. Tondus les orges, rasibus…
             Comment labourer vingt en si peu de temps ?
             " Vous avez quarante jours " répliquait-il. On allait vivre de quoi cette année ?
             Ah ça…. " Le gouvernement vous aidera. Il y a des souscriptions qui circulent.
             Par télégraphe on sait que l'Empereur a versé trente mille francs pour les victimes. Ce n'est pas rien… "


             Une somme pareille même si on la triplait serait ridicule quand il s'agirait d'indemniser vingt mille familles de colons et combien d'Arabes ?
             Jean-Pierre revint à la ferme pour atteler les bœufs devant les herses.
             La mère pleurait.

             Toute la nuit, Marie avait frissonné en entendant le craquement d'élytres des bêtes qui avaient échappé aux balais.
             Le puits était souillé et l'officier recommandait de ne pas boire son eau.
             La plaine était couverte de feux où brûlaient les amoncellements.
             Des flammes couraient partout. Une infection.

             Le samedi, la mère décida qu'elle irait à la messe, le lendemain. Son mari la regarda en silence. " Si vous n'attelez pas le break, j'irai à pied " dit-elle.

Jules Roy. Les chevaux du soleil.
Historia : l'Algérie. Histoire et nostalgie. 1830-1987.



Non mais… des fois !!!!
Envoyé par M. Jean-Pierre

             - C'est par ici votre vaccin, s'il vous plaît.
             - Je ne veux pas!
             - Allez ! Un gentleman se ferait vacciner.
             Et l'Anglais se fait vacciner.

             On s'adresse à l' Allemand :
             - Maintenant c'est votre tour.
             - C'est un ordre !
             Et l'allemand se fait vacciner.

             On s'adresse à l’ Américain :
             - Maintenant, c'est à votre tour.
             - En aucun cas !
             - Mais vous savez, votre voisin s'est fait vacciner.
             Et l’américain se fait vacciner.

             Vient le tour du Français :
             - A vous maintenant !
             - Je ne me ferai pas vacciner ! Pas question.
             - Allez, un gentleman se ferait vacciner.
             - En aucune façon ! Je ne suis pas gentleman, je suis cégétiste contre tout.
             - C'est un ordre !
             - Non ! Qui êtes-vous pour me donner un ordre ?
             - Vous savez, votre voisin s'est fait vacciner...
             - Je m'en fous ! Mon voisin je l'emm..de .
             - Écoutez... Qui êtes-vous exactement ?
             - Un Français.
             - Ah, un Français ! Ah, j'oubliais , vous n'avez pas droit au vaccin.
             - COMMENT ÇA, JE N'Y AI PAS DROIT ???!!!, non mais ça va pas la tête ? j'exige d'avoir les mêmes droits que les autres, bande d'enfoirés !
             ... et le Français se fait vacciner.


La Dia, vendetta kabyle.
Envoi de M. Christian Graille

         El Haoussine Ibn Hamou,
         - sous-officier de spahis,
         - médaillé militaire,
         - blessé au cours d'une attaque près de Taza,
après deux mois de traitement à l'hôpital militaire Maillot, obtint sa réforme avec pension.

         Il errait dans la ville d'Alger ne sachant que faire, fréquentant de temps à autre les cafés maures dans lesquels il rencontrait quelques camarades qu'il provoquait au jeu de dames où il excellait. Cette existence oisive ne seyait nullement à cet homme d'un tempérament actif, très économe, il craignait aussi la volatilisation de ses économies. Il avait bien sollicité à l'autorité militaire un emploi de chaouch.
         Les demandes étant fort nombreuses, il lui fallait attendre.
         Retourner au pays, qu'y faire ? Il l'avait quitté si jeune, ses parents avaient disparu, il n'y trouverait probablement aucune connaissance.

         Au fond de son cœur, il avait bien cependant conservé le souvenir d'une adorable bergère, un amour de jeune fille,
         - très brune,
         - aux yeux de jais,
         - aux cheveux de satin,
         - une gracieuse bouche,
         - aux lèvres purpurines adornées de dents d'ivoire le plus pur,

         - artistement tatouée sur le visage, les bras, et sur les jambes, avec laquelle, alors qu'il était lui-même berger, il s'amusait à l'abri des buissons d'oliviers et de lentisques sauvages à des jeux pervers.

         Aïcha, âgée d'une douzaine d'années, précoce comme toutes les jeunes berbères habituées au travail dès leur prime jeunesse, était déjà formée, de sa poitrine se détachait deux jolis seins rondelets, avec leur bout de rubis, elle était très excitante et se laissait volontiers attirer pour recevoir les douces caresses de berger.
         Un matin, alors qu'ils se croyaient bien seuls, loin des regards indiscrets, ils furent surpris. Ce fut un scandale dans le douar et la mère de la jeune Aïcha qui escomptait déjà que le mariage de sa fille lui rapporterait moult douros, mise au courant, furieuse, menaça de mort le précoce amoureux qui, d'ailleurs, reçut de son père une volée de coups de matraque dont il conserve encore souvenance.

         Afin d'éviter toute rencontre de ces enfants dépravés Haoussine fut relevé de sa paisible garde pastorale et envoyé au jardinage ; la pioche était lourde, ce pénible travail ne convenait nullement à ce paresseux qui refusait de courber l'échine.
         La saison de la cueillette des olives attirait dans le douar de nombreux courtiers pour l'achat de cette denrée ou pour traiter avec les fabricants d'huile.

         L'un deux arriva un jour avec une superbe limousine, un peu embouée par suite du mauvais état des chemins, il s'adressa aux enfants qui l'entouraient en admiration devant son auto, et leur demanda s'ils voulaient bien l'aider au nettoyage.
         Haoussine, que cette machine infernale, marchant sans cheval ni mulet, intéressait étonnement s'offrir à seul fin de pouvoir mieux :
         - la contempler,
         - la toucher et
         - voir ce qu'il y avait dedans.

         Muni d'une éponge et d'un seau d'eau il se consacra scrupuleusement à ce travail, ravi de voir briller comme un miroir, la peinture laquée de la voiture, sa curiosité s'avivait, il aurait voulu la faire marcher.

         S'ennuyant dans le village car son père surveillait de près ses instincts polissons, il offrit, à brûle pourpoint, ses services au courtier.
         Ce dernier, voyant ce gamin d'une douzaine d'années actif et débrouillard, alors que dans les villes la domesticité est si imparfaite, accepta, fit demander le père qui conclut vite le marché, trouvant là l'unique occasion pour se débarrasser de son fils qui, vicieux, lui causerait des dissentiments avec les voisins, chose extrêmement grave et dangereuse chez les Berbères où la Dia, (la dette de sang,) sorte de vendetta, terrorise encore le pays.

         Durant plusieurs années, le jeune Kabyle fut un excellent serviteur, respectueux et correct, il donnait entière satisfaction à son maître.
         Ayant rapidement appris à parler le Français, il remplissait souvent les fonctions d'interprète, facilitant ainsi ses transactions commerciales.
         L'âge de la puberté se fit sentir, l'instinct est plus fort que la raison.
         Le courtier avait également à son service, une domestique fort gracieuse, une plantureuse espagnole.
         Haoussine s'en éprit d'un amour violent, il aurait voulu l'épouser.
         Paquita en riait, mais un soir alors qu'elle repoussait ses avances par trop brûlantes, il se jeta sur elle voulant à tout prix la posséder.
         Congédié sur-le-champ, le Kabyle se mit à faire la noce, dissipant avec des prostituées la petite épargne faite par le produit de ses gages.
         Il eut même plusieurs fois maille à partir avec la justice.
         Haoussine était né sous une bonne étoile. Il eut un sauveur.

         La guerre du Maroc était à son début. L'autorité militaire recrutait des indigènes au titre de convoyeurs.
         - Ivre,
         - déambulant un soir dans les rues mystérieuses de la Casbah,
         - frappant au judas des portes des maisons interlopes qui lui refusaient l'hospitalité, il rencontra un de ses amis de débauche qui lui avoua être sans ressource, ayant complètement dilapidé l'héritage que lui avait laissé son père, il ne lui restait plus qu'un moyen de salut, celui de contracter un engagement.


         L'ancien berger dût confesser que sa situation était identique, qu'il gaspillait ses derniers douros et qu'il se voyait dans l'obligation de l'imiter.
         Tous deux, le vin cuvé, se rendirent auprès de l'officier recruteur ; ne sachant écrire, ils firent devant témoins, une croix sur les feuilles qui leur furent présentées, encaissèrent une partie de la prime offerte et se mirent à faire la noce.
         - Surveillés,
         - ramassés par la patrouille,
         - ils furent rapidement expédiés sur Lala-Marnia et delà, dans le bled marocain.


         Après plusieurs mois de ce rude métier, chargeant chaque jour des mulets de bât qu'il conduisait par des pistes impraticables, souvent détrempées par les pluies dans lesquelles il s'enfonçait quelquefois jusqu'à mi-jambes, loin du démon tentateur, le muletier s'était assagi et était bien noté par ses chefs.
         Se trouvant un jour dans un campement avec un escadron de spahis, composé en majeure partie de Musulmans, le convoyeur fut pris d'une certaine gêne, d'une honte de traîner des bourriquots rétifs alors que ses coreligionnaires montaient de beaux et fringants chevaux, galopant crinière au vent, qui semblent vous enlever de terre, tels la siacca (éclair, foudre) ; de plus ces cavaliers avaient :
         - un baroud (fusil),
         - un revolver,
         - un grand sabre,

         Ils faisaient parler la poudre qui grise durant les combats.

         Il germa aussitôt en l'esprit d'Haoussine le vif désir de changer de corps, il suscita, le soir, une entrevue avec quelques spahis qu'il questionna sur le service et sur leurs obligations.
         Nanti des renseignements il s'adressa dès le lendemain à l'officier chargé du détachement et lui fit part de son ardent désir de contracter un engagement dans cette arme d'élite.
         Haoussine était bon soldat et bien noté, son chef apostilla favorablement sa demande qui reçut bon accueil et en peu de temps le muletier obtint satisfaction.

         Ce fut pour l'ancien berger une vie toute nouvelle dont il était très heureux et fier se s'assimiler rapidement aux exigences du nouveau métier.
         Sa monture était son idole, il la soignait consciencieusement et la ménageait prudemment.
         Le soir, sous la tente, il contait d'hilarantes histoires arabes pour faire rire ses compagnons parmi lesquels un jeune Parisien, bon vivant, engagé volontaire qui très souvent, à ses moments de loisir, écrivait.
         Le Berbère se trouvait mortifié de ne savoir ni lire, ni écrire, affligé de ne pouvoir imiter son compagnon. Il résolut tenacement d'apprendre.
         Un soir, se trouvant seul avec le Parisien, il lui dit : " Je sais que certaines corvées t'ennuient, veux-tu que je les fasse pour toi ? Je ne te demanderai pas d'argent, seulement apprend-moi à lire et à écrire comme toi. "
         Cette demande amusa beaucoup le Parisien qui accepta.
         Dans le bled alors que l'escadron est au repos, loin de toute distraction, les journées paraissent interminables et lassantes.
         Pour tuer le temps il écrivait longuement à ses parents et amis, c'était pour lui une bonne aubaine, un amusement qui se présentait tout en le déchargeant de certaines corvées désagréables.
         Il ne regretta d'ailleurs pas car son élève, intelligent, mu d'un vif désir d'apprendre, lui donna rapidement d'excellentes satisfactions.

         L'escadron prit ensuite part à maints engagements contre les Rifains (habitants de la région du Rif, au Maroc.) Haoussine fut plusieurs fois légèrement blessé.
         Vu sa bonne conduite, il fut cité à l'Ordre du Régiment et nommé brigadier.
         Le nouveau promu fut au comble de la joie et se promit de faire encore mieux afin que ses galons de laine se transformassent en un galon d'or.
         Le brigadier savait se faire valoir par ses chefs, qui, durant plusieurs années lui confièrent des missions, souvent périlleuses, desquelles il s'acquittait merveilleusement.
         Après de nombreuses citations, le vaillant brigadier vit son rêve se réaliser. Il fut nommé maréchal des logis, décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre.

         N'ayant jamais eu que de légères blessures, le fougueux kabyle était devenu téméraire, entraînant son peloton sous le feu de l'ennemi ; il comptait trop sur sa bonne étoile qui, cependant, lui fit un jour défaut, car durant un violent combat Haoussine fut terrassé par un éclat d'obus qui lui fracassa plusieurs côtes.
         Transporté aussitôt à l'arrière, dans une ambulance régionale, il y reçut les premiers soins et fut de là dirigé sur Alger où après deux mois de traitement à l'hôpital Maillot, grâce à sa robustesse et à son excellente constitution, les soins eurent raison de sa blessure.
         Il fut cependant réformé avec pension.

         C'est à la sortie de l'hôpital que nous le retrouvons en la capitale, dans l'oisiveté et sa hantise du retour en son douar natal.
         Le souvenir d'Aïcha l'obsédant, une force surnaturelle l'y attirait et mektoub (C'est écrit,) il prit un matin l'autobus de Fort National.
         Son village n'est qu'à une heure de marche de cette ville, afin d'y arriver plus rapidement, il prit le parti de s'y rendre à pied.
         Chemin faisant, il rencontra de nombreux Berbères qui regardaient curieusement ce militaire inconnu.

         Il quitta la route carrossable pour emprunter un sentier muletier raccourcissant le trajet. Tout à coup, en haut d'un mamelon, à un détour de la traverse, lui qui avait l'âme chevillée au corps, se senti défaillir par un serment de cœur, il dût s'arrêter, il aurait volontiers pleuré.
         visant un coin de rocher, il s'y assit couvrant ses yeux des deux mains.
         L'enfant prodigue venait d'apercevoir, juché comme un nid d'aigles sur le flanc de la colline qui lui faisait face, l'agglomération formée par une multitude de maisonnettes aux mille tuiles brunes, moussues par le temps, qui se détachait de la forêt d'oliviers, c'était son douar natal.

         Le déclin du jour semait sur les feuilles argentées une teinte purpurine d'un merveilleux effet, les cigognes fendaient l'air, retournant à leurs nids perchés sur les toits. Le tableau était féerique.
         Il contemple avec bonheur le sentier qui, dévalant le mamelon bordé :
         - de figuiers,
         - de lentisques et
         - de lavande sauvage aux suaves et délicates senteurs dont les racines baignaient dans l'eau limpide des caniveaux


         Il revoyait :
         - ces oliviers séculaires et
         - ces jujubiers sauvages témoins de ses amusements et de son enfance.

         C'était toute sa jeunesse qui, telle que sur un écran de cinéma, défilait devant ses yeux perlés de quelques larmes.
         - Il se sentit anéanti,
         - une compression de la gorge lui interdisait toute parole,
         - ses entrailles tressaillaient,
         - il se releva brisé,
         - se secoua comme pour reprendre courage désirant arriver avant la nuit.


         C'était l'heure de la rentrée des champs, il croisa de nombreux pâtres qui conduisaient leurs troupeaux :
         - de vaches, de chèvres et de moutons,
         - il rencontra de jeunes et belles mouquères qui, une grande amphore sur l'épaule, se dirigeaient vers les sources pour y faire leur provision d'eau potable, tous regardaient avec étonnement ce bel uniforme.


         Avec les salamaleks (formules de politesse) d'usage, Haoussine aborda un de ses compatriotes auquel il demanda certains renseignements.
         Très adroitement et insensiblement il fit causer d'Aïcha et apprit que mariée sans enfant au principal mercanti de l'endroit qui vendait toutes sortes de choses, tel un bazar, elle était malheureuse, elle avait été répudiée par son mari, cependant ce dernier fut obligé de la conserver, personne n'ayant répondu d'elle pour le remboursement de la dot.
         Nanti de ces précieux détails, il parvint au village, chercha la boutique du mercenaire, s'assit à la porte d'un café maure situé en face.

         Le Kaouédji, intrigué par la présence à cette heure tardive du nouveau venu, l'interrogea par curiosité et dès qu'il apprit qu'il était enfant du douar, le félicita, ainsi d'ailleurs que tous les habitués de l'établissement, comme si l'honneur de ce galon et de ces médailles rejaillissaient sur tous les habitants du village.
         Le cafetier maure, vénérable vieux à la barbe toute blanche, un vrai patriarche, suivant la coutume kabyle qui doit la plus familière hospitalité au voyageur sans abri, retint son hôte pour partager son modeste repas et lui offrit asile pour la nuit. Durant le repas le spahi engagea la conversation sur les évolutions qui eurent lieu dans le village depuis son départ.

         Hélas ! Le typhus avait fait d'énormes ravages, sinon le douar bien paisible n'offrait guère de changement.
         La hausse constante des denrées de première nécessité était une des causes de dépopulation du village.
         Modestes et sobres, les hommes se rendaient dans les grandes villes ou dans les campagnes pour y chercher du travail et envoyaient les fonds nécessaires pour subvenir aux besoins de leurs familles.

         L'exode des travailleurs pour la France est aussi un désastre pour la Kabylie. Les hommes qui ont vécu en la Métropole et qui ont approché les femmes européennes, jugent nos belles et ardentes filles trop ignorantes et banales, ces dernières qui généralement font d'ardentes épouses et d'honnêtes mères de famille, se lamentent et beaucoup d'entre elles, pour parer aux exigences de la vie, se voient dans l'obligation d'abandonner le toit natal et souvent se livrer à la prostitution.
         Je suis, ajouta-t-il, aujourd'hui seul et trop vieux pour m'occuper de commerce, je possède un jardinet clôturé de très beaux figuiers, la vente des légumes et des figues me permet de vivre modestement. Il faudrait ici un homme jeune et actif qui sache attirer les clients qui ne manqueraient pas ; si je trouvais un acquéreur, je cesserais volontiers mon établissement.

         Le briscard, malin comme un singe, flaira aussitôt une excellente affaire : " Je serai, se dit-il en face d'Aïcha, il me sera donc facile de la voir. Si le commerce n'est pas lucratif, n'ai-je pas ma pension ?
         Je possède aussi d'autres cordes à mon arc, je ferai :
         - le perruquier,
         - l'écrivain public,
         - voire même le dentiste.
         - tu céderas me dis-tu ton café ?
         - Si tu es raisonnable je suis ton homme.
         - Voilà un bon mouvement. Je te garantis qu'avec ton activité et ton savoir-faire, tu obtiendras un excellent résultat, le loyer est minime, donne-m'en cinquante douros.

         Cinquante douros pour :
         - quelques tabourets boiteux,
         - des nattes en loques et
         - une vaisselle toute brisée, tu plaisantes !


         Sais-tu que, si je t'achetais le fond, tout ton matériel irait au feu et remplacé par de belles choses, semblables à celles des grands établissements d'Alger.
         Je suis un ancien militaire et je n'ai qu'une parole.
         Je t'en offre vingt-cinq douros, si cela te conviens, frappe dans ma main et le marché est conclu.
         - En réalité tu n'es pas généreux. Cependant, j'accepte.
         - Demain inch' Allah, nous traiterons l'affaire devant le président de la djemaâ.


         Le lendemain l'acte de vente fut rédigé et les fonds versés.
         Haoussine au comble de la joie se dit : " Me voilà commerçant, je sais lire et écrire ce qui me permettra d'être considéré de suite comme un notable et ferai, sous peu, partie de la djemaâ. "
         Il se rendit aussitôt à la ville voisine où il s'aboucha avec un menuisier auquel il demanda des bancs et des tables ; il acheta des nattes et tous les ustensiles nécessaires à son commerce.
         De retour il se mit au nettoyage du local qu'il blanchit et peint artistiquement même, fignolant des motifs de style arabe délicatement agrémentés de versets coraniques. Dès qu'il fut en possession du mobilier, il le rangea avec science, sans oublier ses décorations qu'il plaça avec leur diplôme dans les cadres, un lampadaire orna le centre de la salle.

         Depuis son arrivée, le nouveau kaouedji pensait bien à sa dulcinée, mais les exigences de la position sociale qu'il se créait accaparait tous ses instants ; aussi remettait-il au lendemain la recherche d'un rapprochement.
         Un matin il vit le riche mercanti, enfourchant un âne bâté se diriger hors du village ; sans perdre une minute, il se rendit au bazar.
         Une femme fort gracieuse mais délabrée, le reçut, demandant ce qu'il désirait.
         Ne me reconnais-tu pas ! lui répondit-il, je suis Haoussine, l'ancien petit berger que tu aimais tant.
         - O ange de mes rêves,
         - prunelle de mes yeux,
         - toi qui, par tes caresses ardentes me fit connaître l'exquise ivresse des sens,
         - toi qui me pris et me donner les doux baisers, comment aurais-je pu t'oublier !


         Se jetant sur lui, elle le couvrit de baisers. Ne reste pas ici ajouta-t-elle mon mari sera bientôt de retour et s'il nous apercevait ensemble lui qui est si jaloux et méchant, j'aurai à subir son courroux ; trouve-toi ce soir à la tombée du jour près de la grande source, là nous pourrons causer sans crainte.
         Le kaouedji, ne pouvait contenir son bonheur. La journée lui parut longue à l'heure dite, il se rendit à la source.
         Il était déjà précédé d'Aïcha qui, une amphore sur l'épaule, s'était engagée dans un étroit sentier, contournant d'énormes oliviers séculaires qui permettaient aux amoureux de se livrer à meurs étreintes sans être inquiétés.

         La rencontre fut au début plutôt plus douloureuse. Aïcha exposa son affreuse vie d'esclave, plus rudoyée qu'une bête de somme, elle le suppliait de la retirer des crocs de son misérable mari, qui, sans raison, l'avait déjà répudiée, s'agenouillant, elle lui embrassait les mains en signe de soumission, lui promettant amour et fidélité.
         Haoussine terrifié par ce récit, lui promit aide et protection, mais il fallait agir avec prudence en ce pays où l'adultère entraîne généralement la mort des coupables.
         Il saurait bien faire naître une circonstance favorable.
         Après échange de brûlants baisers, ils s'aimèrent follement et se fixèrent un nouveau rendez-vous.

         Tout le douar s'apprêtait à fêter dignement le Mouloud, anniversaire de la naissance, de Mahomet, le grand prophète, le noël des Musulmans.
         Le cafetier afin d'attirer la clientèle, avec un goût raffiné, décorait et pavoisait son établissement, la veille au soir, par une nuit sereine, alors que la lune radieuse éclairait de son plus bel éclat, entourée des scintillantes étoiles d'or, comme si elle devait prendre part aux réjouissances et que, suivant la tradition, toutes les boutiques étaient illuminées de mille petites bougies multicolores, le café maure regorgeait de consommateurs attirés par un concert improvisé, composé de flûtes et roseau et de tambourins.
         Les meskines (les pauvres) ne furent pas oubliés. Sur une grande natte, en plein air, il leur fut servi :
         - un copieux couscous,
         - du pain,
         - des figues sèches,
         - le tout arrosé d'un succulent leben (lait écrémé, aigrelet).


         Ils s'en régalèrent ; puis Haoussine jeta pêle-mêle au milieu de la place les vieilles nattes et les tabourets boiteux laissés par son prédécesseur et en fit un feu de joie. Ce fut pour le village un divertissement sans précédent. Les villageois :
         - accoururent et
         - se mirent à danser autour de la flambée,
         - les femmes jetaient de retentissantes you-you,
         - les hommes récitaient des prières pour éloigner les Djins (esprits maléfiques) : c'était du délire.


         Tout était à la joie lorsque l'on vit arriver un homme furieux, protestant véhémentement.
         C'était le mercanti (commerçant malhonnête) qui insinuait que l'on voulait incendier sa boutique.
         Aïcha qui l'avait suivi dans l'intention de calmer sa fureur voulut convaincre son époux qu'en cette nuit de fête en l'honneur de l'envoyé d'Allah, tous les amusements étaient de circonstances et qu'il n'y avait rien à craindre puisque toute la population était présente pour ….

         En fait de réponse elle reçut un violent coup de pied qui la terrassa. Les témoins de cette épouvantable scène se ruèrent sur la brute qui réussit cependant à fuir, à demi assommée, tandis qu'Aïcha, transportée au café était l'objet de toutes les prévenances et soins de la part des femmes atterrées.
         Cette malheureuse intervention fut un trouble-fête, chacun se retira laissant au kaouadji la garde de la malade.
         Le lendemain le président de la djemaâ ordonna l'arrestation du forcené, le fit conduire à Fort National devant le cadi, qui, à son tour après l'instruction, le traduisit devant le juge de paix qui le condamna à huit jours de prison et à la répudiation de la femme sans remboursement de la dot.

         Aïcha reçut les soins les plus paternels de son amant. En peu de jours elle fut remise de ses douleurs. Choyée et bien nourrie, elle prit rapidement de l'embonpoint, sa poitrine se développait ; ce fut une métamorphose.
         Adorée du kaouedji qui, à chacun de ses déplacements lui rapportait :
         - des gâteries,
         - écharpes en soie,
         - foulards à belles franges,
         - riches vêtements,
         - bijoux


         Tout ce qui pouvait être agréable à Aïcha dont le cœur s'était entièrement ouvert pour son nouveau maître qu'elle comblait de ses plus ardentes caresses et lui témoignait sa plus vive reconnaissance pour l'avoir délivrée de son esclavage.
         Civilisé par suite de ses voyages, Haoussine contrairement aux usages kabyles, laissait toute liberté à sa dulcinée.
         Tous les jeudis elle recevait les femmes des notables :
         - Élégamment vêtue de riches toilettes,
         - sa tête enveloppée d'un ravissant foulard de soie aux franges d'or
         - laissant apercevoir quelques frisons blondis par le henné,
         - offrant sur des plateaux de cuivre ciselés des confiseries au miel faites par elle-même, du thé légèrement parfumé de fleur d'oranger,
elle excitait la jalousie de ce peuple inaccoutumé à semblable état de luxe.

         L'intérieur du couple amoureux se composait d'une seule pièce donnant sur une courette transformée en un élégant patio, dans lequel des fleurs les plus diverses :
         - roses, jasmin, narcisses, lys,
         - et tant d'autre exhalaient leurs suaves senteurs,
une grande treille aux grappes d'or ombrageait l'entrée de la chambre, le mobilier, quoique plutôt modeste, était parfaitement entretenu et donnait un certain aspect d'aisance.

         Les femmes qui avaient connu Aïcha chez son premier mari, malheureuse et couverte presque de haillons étaient fort surprises de voir cette subite évolution.
         Le port de son corps était majestueux lorsqu'elle se promenait dans le village, le bruit de ses Kalkals (bracelet porté à la cheville) et la traînée parfumée qu'elle semait sur son passage excitaient de fortes jalousies.
         Elle était surnommée la Sultane, et non seulement le mercanti nourrissait des projets de vengeance mais aussi de nombreux habitants du douar qui ne pouvaient offrir à leurs femmes le confort dont jouissait la maîtresse du cafetier.
         D'aucuns prétendaient que son âme était le refuge des Djins qui sèmeraient le malheur dans le pays, ils auraient volontiers comploté contre cet heureux couple si ce n'était la crainte de la justice.

         Par une nuit sombre d'hiver, alors que tout paraissait paisiblement dormir dans le village par suite d'un violent ouragan soufflant à déraciner les arbres, que les éclairs striaient les cieux ténébreux suivis de formidables détonations, des mains criminelles transformèrent la maisonnette du cafetier en un immense brasier qui, attisé par le vent impétueux, ensevelit dans ses cendres les cadavres carbonisés des deux heureux amants.
J. Bringau.
La vie algérienne, tunisienne et marocaine (01-01-1927)


Les mesquines (les pauvres.)
Envoi de M. Christian Graille

                Tous les journaux de France et d'Algérie s'occupent de la famine qui frappe les Indigènes et recherchent les causes diverses qui ont pu produire une telle calamité. D'après divers organes qui envisagent la question sous plusieurs points de vue, il n'est guère possible d'arrêter une appréciation exacte qui explique de façon précise l'origine du mal.
                Cependant on peut dire que tout ce qui :
                - pense, et réfléchi
                Est à peu près unanime pour admettre que la misère profonde dans laquelle sont tombés, dépérissent, grouillent et meurent une notable partie des Arabes de l'intérieur de l'Algérie ne saurait être attribué seulement :
                - à la sécheresse, au siroco, aux sauterelles,
                - à la destruction des forêts et
                - au fatalisme musulman qui engendre l'incurie et l'imprévoyance.

                Il est curieux et fort intéressant de voir se produire les opinions à cet égard.

                Un Français colon de longue date écrit : " la plus grave des causes des malheurs actuels, est sans erreur possible dans le système judiciaire, cette justice mal réglée qui ne serait peut-être qu'un mal relatif si elle n'était inséparable des parasites qui en vivent.
                A-t-on jamais recensé le nombre de ces hommes avides qui affublés d'appellations les plus trompeuses essaiment depuis tantôt vingt ans dans la colonie !
                - Qui sait combien de millions ils ont drainé,
                - combien d'outils et de bras ils ont enlevé à l'agriculture ?


                Et à côté de ceux qui exercent le métier d'une façon honnête, au moins en apparence, en ce sens qu'ils appliquent à un pays pour lequel ils ne sont pas faits des errements qui conviennent à peine à une société en plein épanouissement de civilisation, considérez cette nuée :
                - de chaouchs, de pisteurs, d'interprètes racoleurs,
                - d'agents d'affaires qui vivent de brebis abandonnées par les maîtres et demandez-vous qui alimente tout cela.

                Qui fournit à ces bénéficiaires scandaleux ?
                Vous direz ensuite si vous croyez que ce soit l'État ou le modeste cultivateur français :
                - qui appauvrit l'Indigène,
                - qui a absorbé sa fragile fortune,
                - dévoré un à un ses chevaux, ses bœufs, ses moutons et ses chèvres et
                - l'a jeté hors de son gourbi pour le précipiter dans le prolétariat le plus misérable et le plus avilissant…


                On ne cite pas les gens ruinés par les codes. Aujourd'hui la moindre aventure en justice tourne au tragique. Un litige insignifiant, un prêt imaginaire, est-il signalé, la bande accourt et l'Indigène, happé par le meneur, promené dans des alternatives de succès ou de découragement habilement ménagé on s'aperçoit qu'il est dépouillé, que lorsque l'huissier arrive, tenant à la main la signification ultime de sa ruine complète. "

                Le tableau on le sent est vrai et sans exagération. Voilà pour les causes morales.
                Il nous reste maintenant à examiner les causes matérielles.
                Un vieil algérien français qui connaît à fond l'Algérie, M. Fournier, maire d'Orléansville fait un rapport très étudié qui est en quelque sorte l'histoire de la famine.
                Nous en extrayons le passage suivant qu'on ne saurait trop méditer :
                " L'état de misère latente des Indigènes remonte à plusieurs années.
                Les causes en sont multiples :
                - à l'imprévoyance du lendemain,
                - à l'ignorance de ce qu'est l'épargne, il faut ajouter dans la commune d'Orléansville
                - la dépossession des anciens fellahs qui ne sont plus que les locataires des terrains qui leur appartenaient autrefois.
                - Cet accaparement de la propriété indigène entre les mains de quelques grands propriétaires remonte à la famine de 1867.


                Après le paiement de l'impôt et du loyer que peut-il rester au cultivateur indigène, mêmes dans les bonnes années ?
                Avec ces procédés rudimentaires de culture il ne récolte jamais plus de six ; son grain n'est pas criblé.
                Il le vend à des courtiers de sa race à des prix qui, ces dernières années n'ont guère dépassé 12 francs pour l'orge et 18 francs pour le blé, c'est un produit d'environ 1.000 francs pour une charrue, culture moyenne d'un fellah.
                L'impôt et le loyer en absorbent plus d'un tiers. Il faut y ajouter les intérêts écrasants que paient le plus grand nombre aux usuriers juifs, leurs seuls préteurs, ce qui double le coût des semailles et des moissons.
                C'est sur ce qui reste que le cultivateur doit vivre avec sa famille et ses khammès.
                Cette existence misérable le reporte péniblement d'année en année sans aucun pécule.
                A la première crise, c'est la disette, à la seconde, c'est la famine. "

                Dès l'automne de 1891, la situation devenait difficile ; la commune d'Orléansville épuisait les quelques ressources qui lui provenaient des silos de réserve.
                Au printemps de 1892 on pouvait prévoir qu'il n'y avait rien à espérer de la campagne agricole de l'année. Le coup de siroco du mois de mai acheva de détruire les rares récoltes qui avaient échappé jusque-là, à la sécheresse.
                De son côté la Dépêche Algérienne range en trois catégories les mesquines comme on les appelle au pays de la famille :
                - d'une part les veuves, les orphelins, les infirmes et
                - autre part, les hommes qui ne possèdent que leurs bras et n'en trouvent pas l'emploi étant donné qu'ils n'ont ni terre à cultiver, ni moyen pour le faire.
                - D'autre part une troisième catégorie de miséreux, comprenant les petits et peu nombreux fellahs demeurés propriétaires de parcelles de terre malgré :
                - les intempéries des saisons,
                - les revers de fortune,
                - l'usure et les licitations.


                Dès le mois de janvier, ceux qui n'avaient que leurs bras, commencèrent à arriver, d'abord un à un, puis ensuite par groupes dans les villes voisines des centres de famine, venant demander du travail.
                Ils quittaient leurs douars, leurs boccas (zones d'habitations semblables à des vergers alimentées par une étendue d'eau), leurs ressources étaient épuisées.

                Ainsi s'explique cette course au clocher qui se produisit il y a deux mois et les agglomérations d'indigènes dans les villes d'Orléansville et Miliana.
                Du travail à leur donner, il n'y en avait point. Du reste il fallait des crédits pour ce faire et ils manquaient également.
                Pourtant la situation devenait de plus en plus critique.
                Les petits fellahs ont bien ensemencé, la récolte sera bonne, mais récolteront-ils ? Assurément, non car on leur enlève d'un côté ce qu'on leur donne de l'autre et voici comment :
                Le département et les communes ont bien prêté de l'argent, mais ils entendent rentrer intégralement dans leurs fonds en deux annuités.
                Or une fois cet amortissement prélevé sur le prix de la récolte, tout ne sera pas fini. L'indigène devra encore payer deux années d'impôt puisque cette fois on a bien voulu renvoyer la perception de l'impôt de 1892 à la fin 1893.
                Que reste-t-il à l'indigène pour nourrir sa famille ? Je le laisse à supposer : rien ou pas grand-chose.

                N'avions-nous pas raison d'établir cette troisième catégorie de mesquines ?
                A notre sens tout propriétaires qu'ils soient, ils sont peut-être les seuls et les plus véritablement malheureux.
                Dans différentes communes, grâce à la charité privée, on portait bien dans une certaine mesure remède aux misères des Arabes mais il n'y avait pas un plan d'ensemble conçu et organisé, l'autorité supérieure et tout le monde en général ne se rendait pas compte de la gravité de la situation, ce qui causa un peu de gâchis ainsi que les pertes ou mauvais emplois l'argent avant qu'on ait pris les mesures sérieuses qui aboutirent à l'établissement des chantiers dits de charité dans tous les centres de la ville du Cheliff.

                Les sommes destinées à remédier sous cette forme à l'état lamentable des indigènes furent bien accordées avec une parcimonie qu'on pourrait accuser de frôler la ladrerie, mais enfin vinrent assez à temps pour empêcher la mort de beaucoup d'hommes.
                Sur ces chantiers, tous les Indigènes capables de travailler étaient admis, moyennant un salaire peu élevé et insuffisant. Ceux-ci en effet pour la plupart avaient des femmes, des enfants dans leur tribu.
                - Leur modique salaire,
                - le peu de continuité des chantiers,
                - le roulement obligatoire pour secourir un plus grand nombre de malheureux, toutes ces raisons réunies faisaient qu'on ne remédiait que dans une faible mesure à leur malheur.


                C'est alors que les femmes, les enfants appartenant à des tribus voisines des centres peuplés arrivèrent à leur tour dans les villes exténués par les fatigues et les privations et à peine vêtus, pour demander du pain.
                Ils eurent encore le bonheur relatif d'être secourus rapidement grâce au zèle et à l'activité de quelques hommes dévoués, à qui nous nous plairons de rendre un public hommage.
                Aussi bien un petit nombre seulement eut à passer par des souffrances excessives car les soins de toutes sortes ne leur manquèrent pas.
                On survient à tous leurs besoins par des distributions :
                - d'orge, de pain, de farine lactée et de vêtements.

                Mais combien plus lamentable fut le sort des femmes et des enfants qui se trouvaient éloignés des tribus ! Nous avons vu par nous-même dans plusieurs baccas et notamment près du marabout des Hannechas, entre le Djendel et Médéa, un spectacle des plus atroces.
                Plus de 600 malheureux, et là les hommes se mêlaient aux femmes et aux enfants, étaient réunis, présentant le plus affreux tableau des misères humaines.
                Tous les moyens sont mis en œuvre en ce moment un peu partout en Algérie pour sauver de la famine des milliers de malheureux, hommes, femmes et enfants, qui errent par les routes pour se rendre dans les villages et dans les villes où ils espèrent trouver quelque secours.
                - Souscriptions, concerts, bals,
                - représentations théâtrales sont organisés à Alger et dans toute les grandes villes de la colonie.


                Madame Cambon, femme du gouverneur général a organisé des comités pour venir au secours des nécessiteux.
                Madame Carnot lui a envoyé 5.000 francs.
                Des comités locaux se forment partout en Algérie sous le patronage de Madame Cambon.
                Nous avons donné dans notre dernier numéro l'organisation du comité de Bône issu de la réunion de l'hôtel de ville du dimanche 2 avril.
                Nous souhaitons à ce comité toute la prépondérance et toute la popularité désirables pour mener à bien la mission dont il est chargé.
Z. Marcas.
La Gazette algérienne (8 avril1893)


Chapitre X
Envoi de M. Christian Graille
La vie intellectuelle.

       Nous aurons bientôt à établir que les besoins de la vie matérielle trouvent en Algérie une ample satisfaction procurée en partie par les ressources du pays, en partie par celles tirées de la métropole.
       Toutefois en s'implantant sur le sol africain, la société française devait aussi songer à s'assurer les jouissances de la vie intellectuelle et, sous ce rapport encore, l'Algérie a peu de choses à envier à la métropole.
       - Alger, Oran, Constantine,
       Sont les centres naturels de la vie intellectuelle et on pourrait notamment consacrer un volume entier aux :
       - bibliothèques, expositions, musées
       Qui font la gloire de l'antique Djezaïr, ainsi qu'aux sociétés savantes et artistiques qui s'y sont fondées :
       - Société des Beaux-Arts,
       - Société archéologique,
       - Société climatique,
       - Sociétés philharmoniques, etc., etc.


       Aussi alors même que :
       - sa situation, son climat, son développement
       Ne lui assureraient pas le rang, à défaut du titre, de capitale de l'Algérie, Alger aurait encore droit à cette distinction en raison des facilités de toute nature qu'y trouvent :
       - le savant, le littérateur, l'artiste
       Pour continuer les études de leur goût, en raison de l'action dominante qu'exerce sur l'intérieur le rayonnement de ces Sociétés par leurs publications périodiques et par le lien qu'elle établissent entre :
       - les savants,
       - les littérateurs et
       - les artistes du département et même de l'Algérie entière.


       Mais ce serait s'abuser que de croire que la vie intellectuelle se manifeste seulement dans les trois chefs-lieux.
       - Si Alger possède six journaux,
       - Oran quatre et
       - Constantine trois,


       Les centres de quelque importance ont aussi, pour la plupart :
       - leur organe spécial consacré aux intérêts locaux et à la reproduction des feuilles métropolitaines,
       - leur imprimerie,
       - leur bibliothèque communale, et souvent comme Philippeville ou Bône,
un musée des plus intéressants composé de richesses archéologiques recueillies sur place. Dans cette dernière ville, existe aussi, sous la dénomination d'Académie d'Hippone, une Société savante dont les travaux multiples présente le plus grand intérêt.

       Les dernières statistiques constatent l'existence de 92 bibliothèques scolaires renfermant ensemble près de 12.000 volumes mis à la portée de tous.
       Depuis 1872, les Sociétés philharmoniques et de tir ont pris un grand développement ; presque tous les villages possédant une population suffisante ont leur Orphéon ou leur musique organisée, prêts à entrer en lice le jour évidemment prochain où les concours seront institués.
       L'art dramatique et lyrique est également représenté à Alger par un Théâtre national, subventionné par l'État et les communes.
       - A Oran, à Mostaganem, à Tlemcen, à Sidi-Bel-Abbès,
       - à Constantine, à Philippeville,
       - à Bône, par des théâtres subventionnés par les municipalités.


       On y ajoute le répertoire des principaux théâtres de la capitale, parfois aussi des œuvres inédites dues à des auteurs algériens.
       Si, comme dans tous les villages, la saison d'hiver ne fournit pas à la population agricole, l'occasion de se réunir dans les fêtes officielles ou privées, dont les villes grandes ou petites, sont le théâtre, elle se rattrape pendant la saison d'été et le plus modeste centre célèbre annuellement la fête du patron sous l'invocation duquel il est placé, par des bals et des réjouissances auxquelles prennent part tous les habitants des environs.

       On peut donc conclure que la population européenne de l'Algérie est éminemment sociable ; sociabilité qui se traduit par une grande facilité dans les relations et une réelle aménité de mœurs.
       Aussi, les unions entre les jeunes gens appartenant au même monde s'y concluent-elles avec moins de difficultés qu'en France ; et, si les mariages d'argent y sont plus rares, ceux basés sur l'inclinaison mutuelle y sont plus fréquents ; partant les demandes en séparation de corps infiniment plus rares.

       De 1867 à 1872, le nombre des mariages contractés entre :
       - Français et Françaises,
       - Français et Européennes et
       - Européens et Françaises
a été de 8.220 dont 6.348 pour la première catégorie seulement ; mais depuis cette époque la proportion s'est sensiblement accrue.
       L'âge moyen au jour du mariage est : - hommes nés en Europe 34 ans,
       - hommes nés en Algérie 27 ans,
       - femmes nées en Europe 24 ans,
       - femmes nées en Algérie 19 ans.
L'Algérie pratique par V. Loizillon. 1878


LE "VARIANT" ALGERIEN
De Hugues Jolivet


       A la veille du jeûne du prochain Ramadan,
       El Hachémi Djaaboub, un Ministre Algérien,
       En séance au Sénat, sérieux, le mors aux dents,
       Lâche contre la France son fiel luciférien.

       Quelle haine l'anime contre Celle qui, jadis,
       Tel un artiste sculpteur, a pétri son argile
       Pour façonner cette glèbe en un beau Paradis ?
       Mais un Eden perdu, l'artiste est en exil !

       Le pillage du pétrole, le cadeau de la France,
       Les querelles intestines du maintien au Pouvoir
       De Chefs incompétents, leur recherche de prestance,
       Incitent-ils un Ministre à jouer les faire valoir ?

       Veut-il rappeller aux siens, implantés chez "l'Ennemi,"
       Qu'au mois du Ramadan, les liens sont raffermis
       Entre tous les "croyants", et qu'il leur est permis,
       Dans la France criminelle, d'être des insoumis !

       Car l'Algérie est digne et ne s'incline pas
       Devant cette marâtre, "ennemie traditionnelle"
       Et dont la main tendue et son "mea-culpa"
       Est à jamais bannie dans une nuit "éternelle" !
Hugues Jolivet         
Le 12 avril 2021          




La presse et l'édition.
Envoi de M. Christian Graille


      Tout au long de son existence l'Algérie a suscité une presse et une édition prolifiques et multiformes.

Presse d'information et d'opinion.

       Dès le 26 juin 1830, au camp de l'imprimerie du corps expéditionnaire distribua les premières feuilles de l'Estafette.
       Paru deux ans après le Moniteur algérien devint très vite le journal officiel de la colonie auquel succéda en 1862 le Moniteur de l'Algérie.
       L'Akhbar (1839) porta d'abord le titre de petites affiches avant de prendre une tournure politique d'inspiration gouvernementale à partir de 1843.
       Innovation avec le Mobacher (1841), imprimé en français et en arabe mais qui ne survécut pas à l'Empire.

       C'est à partir de 1844 que la presse privée prit son essor :
       - La Seybouse à Bône,
       - quelques mois plus tard, le Safsaf à Philippeville,
       - l'Écho d'Oran hebdomadaire fondé par Adolf Périer, imprimeur lorrain expulsé de la Métropole en qualité de républicain (qui se trouvera en 1962 le doyen des quotidiens français encore vivants, aîné du Figaro.)
       - Le journal de Constantine allait paraître un peu plus tard en même temps qu'à Alger,
       - le brûlot de la Méditerranée, feuille républicaine qui, s'intitulant ensuite l'Atlas fut le journal le plus lu à l'époque, puis sous l'Empire le Courrier de l'Algérie.
       - A Oran, le pouvoir tentait de combattre l'Écho d'Oran par le Courrier d'Oran et
       - à Philippeville naissaient le Zéramma,
       - à Constantine l'Indépendant,
       - l'Africain.


       Trait caractéristique du temps, pullulèrent sous le Second Empire et jusqu'au début de notre siècle des feuilles mineures, moins d'informations que de polémiques, aux titres accrocheurs ! .
       Lors des paroxysmes antijuifs et anticléricaux, les violences verbales des folliculaires (Journaliste sans talent et sans scrupule) se truffaient d'injures et d'invectives inouïes.
       Même quand les passions se furent assagies, les gazettes locales restèrent vivaces jusque dans les villes secondaires.

       Le Tell de Blida en fut un long exemple et on a peine à imaginer le Progrès substituant quarante-cinq ans à Orléansville, ainsi que deux journaux coexistant à Aumale en 1911.
       Au début de ce siècle, nous voici à l'époque des quotidiens stabilisés, les petits Yaouleds, cireurs et crieurs de journaux vocifèrent " l'Echo d'Oran ! " ou à Alger " la Dépêche " le matin " le Cri d'Alger ! Les Nouvelles ! ", enfin l'après-midi, la dépêche algérienne datant de 1885, installée par la suite dans son élégant boulevard Laferrière, résistera à partir de 1912 à un concurrent vigoureux, logé plus démocratiquement rue de la Liberté, l'Écho d'Alger.

       Avant la guerre de 39, un nouveau venu, Alger Républicain, dont le rédacteur en chef en sera pour peu de temps Albert Camus remportera un succès passager et ne tardera pas à démasquer son esprit marxiste.
       - le Chitane,
       - le Bavard,
       - Pipe en bois,
       - le Grelot,
       - le Lorgnon,
       - le Tambour Major….


       Après 1880 le ton change avec :
       - la Lanterne,
       - la Cravache,
       - le Clou,
       - et même le Cocu algérien,
       - la Solidarité,
       - le Petit Colon,
       - la Vie algérienne, …
       - et la dernière décennie vit s'épanouir une autre floraison parmi laquelle le Turco (1896) d'Ernest Ballebay, succédant à sa Revue algérienne de 1888.
       - Pour les colonies étrangères paraissaient alors à Constantine la Lega Franco-Italiane, à Alger El Patuel et quatre autres feuilles espagnoles à Oran.


       Lors de " l'épuration " en vertu d'une loi ne concernant cependant que la seule France occupée, la Dépêche algérienne, sa feuille du soir les Dernières Nouvelles et son hebdomadaire très lu TAM (Tunisie-Algérie-Maroc) étaient frappés de dévolution en 1946 ainsi que le Réveil Bônois.

       Par cette spoliation les locaux de la Dépêche algérienne et ses magnifiques rotatives toutes récentes devenaient propriété de l'État, c'est-à-dire de la Société Nationale de Presse, pour y installer à sa place Alger Républicain et l'année suivante, l'hebdomadaire Liberté, organe du parti communiste.
       Voit alors le jour à Alger la Dépêche quotidienne, rédacteur en chef Jean Brune qui tente de maintenir l'esprit de la Dépêche algérienne et le Journal d'Alger ayant pour rédacteur en chef Edmond Brua, cependant que l'Écho d'Alger, ancien organe radical-socialiste du sénateur Duroux est devenu pleinement indépendant sous la direction d'Alain de Sérigny.

       A partir de 1958, les quotidiens algériens allaient être soumis à la plus rigoureuse et arbitraire des censures.
       En avril 1961, le groupe :
       - Écho d'Alger, Dernière Heure, Dimanche Matin
       - était interdit et en juillet 1962 s'installait à sa place el Moudjahid.

       Tous les anciens journaux d'Algérie cessèrent d'exister à cette date, sauf l'Écho d'Oran qui parut jusqu'en 1963.

Périodiques spécialisés.

       Rétrospectivement, le nombre et la qualité des périodiques culturels et spécialisés ne laissent pas d'impressionner. Ainsi, peu de revues dans le monde constituent un ensemble aussi exhaustif que la collaboration de la revue africaine : fondée en 1856 par Berbrugger, ayant publié trimestriellement les travaux de la société historique algérienne en plus de 500 pages annuelles, elle reste une mine de documents pour les chercheurs.

       Bien que très érudite et non moins éclectique, cette publication n'avait point stérilisé pour autant celles de sociétés plus délimitées :
       - les volumes publiés par la Société d'Archéologie de Constantine ( près de 100 en 1957),
       - le bulletin trimestriel de la Société de Géographie et d'Archéologie de la province d'Oran,
       - celui de la Société de Géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord.


       En définitive plusieurs dizaines de revues :
       - agricoles, viticoles, hydrauliques, médicales,
       - juridiques, commerciales, artistiques, etc

       Paraissaient tous les mois ou deux mois, mensuellement, ou même chaque semaine. Dans ce foisonnement figuraient des revues touristiques et de grands illustrés : - l'Algérie hivernale, à la belle iconographie qui parut hebdomadairement durant la saison de 1808 à la guerre de 14,
       - l'Afrique du Nord illustrée à partir de 1893,
       - puis luxueusement éditée, Algéria de l'O.F.A.L.A.C.


       En ce qui concerne les revues littéraires Afrique de l'association des écrivains algériens, ne fut plus seule à partir de 1940 où parurent :
       - Fontaine de Max-Pol Fouchet puis
       - l'Arche de Jean Amrouche,
       - la Nef de Lucienne Favre et Robert Aron,
       - Rivages du libraire-éditeur Charlot,
       - la Revue d'Alger devenue Revue de la Méditerranée, plus tard à Oran
       - Simoun (1952) dont le numéro spécial consacré en 1960
à " Camus l'algérien " réunissait quinze signatures européennes et musulmanes, et Soleil.

       Couronnaient cet ensemble les publications périodiques des facultés d'Alger, signalées chemin faisant, l'une des dernières en date (1952), Lybica, méritant une mention spéciale pour sa valeur d'art.
       Nous aurons à revenir sur des périodiques indigènes d'inspiration politique comme en Français :
       - l'Ikdam, devenu Attakadoum,
       - la voix des humbles,
       - la voie indigène,

       Au total des centaines de journaux. Y. Ferrandis en a donné une première idée dans l'Algérianiste (avril 1977 et décembre 1978.)

       Après 1930 ceux des intellectuels,
       - l'Entente franco-musulmane,
       - el Maydâni, et en arabe,
       - Mountaqad,
       - Chihâb, el Baçair organes de l'Association des oulémas.

L'Édition.

       Parallèlement à l'imprimerie débarquée avec l'armée en 1830 et devenue imprimerie officielle, des installations privées ne tardèrent pas à se faire éditrices : Hermann Fiori a pu établir, en 1838, une bibliographie des ouvrages ainsi imprimés à Alger pendant les vingt premières années.
       Dès 1833, Brachet et Bastide publiaient une grammaire arabe et des manuel : leur maison se perpétua en la librairie Bastide et Jourdan, à laquelle succéda Adolphe Jourdan " imprimeur, libraire, éditeur " toujours place du Gouvernement jusqu'au jour où devenue imprimerie Carbonel, elle migra près de l'hôpital Maillot.
       Dans le même temps, d'autres imprimeurs éditaient aussi :
       - en 1853, André Bourget, rue Sainte,
       - relayé quatre ans plus tard par Dubos frères, rue Bab-Azzoun et Bassa ;
       - en 1866 Emmanuel Baudry, rue de la Marine,
       - puis Besancenez.


       De 1871 à 1880, A. Lemercier s'était spécialisé dans les ouvrages militaires.
       Plus tard les imprimeries se multiplièrent :
       - Fontana, Imbert, Guiauchain etc.
       Il y en eu de langue arabe :
       - Koptane, Sarline
       Et parmi les libraires (dont la qualité avait frappé Gide et Montherlant, une douzaine étaient éditeur, notamment :
       - Baconnier auquel on doit toute une bibliothèque algérienne, parfois magnifiquement illustrée,
       - Charlot qui édita des œuvres de Giono, Camus (2), Roblès….


       Dans le reste du pays, les premières imprimeries furent à Oran :
       - celle de Roidot, venu de Blida,
       - Désiré Heintz en 1878,
       - ensuite l'importante librairie Fouque.
       - A Blida œuvrait Mauguin,
       - à Constantine Arnoulet, rue du Palais.

       Au total en 1957, 280 imprimeries occupaient 4.500 personnes.

La Bibliothèque Nationale.

       L'histoire de la Bibliothèque Nationale d'Alger illustre bien la métamorphose culturelle de l'ancienne Berbérie. Née en 1835, installée en 1863 dans le délicieux palais de la basse Kasbah construit au XVIIIe siècle par Mustapha-Pacha, elle avait eu pour bibliothécaires successifs, depuis son origine jusqu'à 1869, un archiviste passionné d'histoire et d'archéologie maghrébines,
       - Berbrugger, ensuite géographe,
       - Mac Carthy, inlassable explorateur du pays,
       - après 1890, un savant biologiste Emile Maupas ( Chercheur modeste rendu célèbre par ses travaux sur la reproduction mystérieuses des infusoires. )
       - et de 1916 à 1948l'historien Gabriel Esquer.


       Passant alors d'un extrême à l'autre, il fut décidé de remplacer le palais trop exigu et inadapté par un édifice très moderne qui, sous la direction de Germaine Lebel, bibliothécaire en chef, s'édifia d'août 1954 à mai 1958 au cœur de la ville, en contre-haut du Gouvernement général :
       - long bâtiment de 122 mètres de façade à dix niveaux,
       - 322 places pour lecteurs et une salle de travail sur une large terrasse loggia,
       - 36 kilomètres de rayonnages pouvant contenir 1.200.000 volumes d'emblée garnis de 50.000.
       - Gris et bleus des parois intérieures,
       - mobilier en chêne clair,
       - sol de comblanchien (pierre calcaire employée en décoration pour son aspect semblable au marbre ),
       - escaliers de marbres en faisait un temple de la lecture sobre et recueilli,
       - incluant aussi une vaste salle à deux étages pour les conférences et expositions.


       Au fonds rapporté de Constantine par Berbrugger (plus de 300 manuscrits arabes et persans dont de merveilleuses enluminures, quelques-uns remontant au XIIe siècle inhumé au cimetière du Boulevard Bru et dont la demeure familiale à Mustapha Supérieur était devenue un musée à sa mémoire. ) s'était ajoutés peu à peu 27.000 ouvrages et périodiques de langue arabe, parmi lesquels de nombreuses acquisitions récentes :
       - en Egypte,
       - au Proche Orient,
       - aux Indes.


       Entre autres héritages, elle s'était enrichie des bibliothèques de Stéphane Gsell et du grand explorateur de l'Afrique, Savorgnan de Brazza.
       1.310 périodiques pouvaient y être consultés et à partir de 1956, toute publication en Algérie devait être obligatoirement déposée à sa régie.
       Par ailleurs une section musicale conservait les collections accumulées par la Société des Beaux-Arts (12.000 partitions) et disposait d'une discothèque en cabines ou auditions collectives.

       En outre, par son service de lecture publique, elle irradiait sur l'Algérie entière alimentant 310 bibliothèques : mis au point de 1949 à 1950, un organisme central de prêt les ravitaillait gratuitement de ses 45.000 volumes par deux bibliobus et un système de caisses circulantes, échangées trois fois par an, jusque dans les oasis sahariennes dotées elles-mêmes de 215 bibliothèques aménagées.
       Synthèse du développement intellectuel auquel était parvenue l'Algérie, cet ensemble exceptionnel avait valeur d'ultime symbole.

L'Algérie de la République. (Extraits).


Médecin de bled en 1920.
Envoi de M. Christian Graille

                  Le témoignage de Paul Voisin, prenant possession de son poste de médecin à sa libération des obligations militaires, permet de se faire une idée de ce qui attendait le jeune " toubib " frais émoulu de la faculté.
                  Situés sur le versant tellien des hauts plateaux constantinois, la circonscription de Fedj-M'Zala, comptait à l'époque quelques 70.000 âmes.
                  Les villages étaient dispersés sur le territoire des quinze douars que comptait la commune mixte.
                  La résidence du médecin de colonisation était établie au chef-lieu de la commune. Il n'y existait pas :
                  - de pharmacien, pas plus d'ailleurs que de boulanger, ni d'épicier.
                  Mais il y avait une infirmerie tenue par un auxiliaire médical.

                  On accédait à la localité par deux routes où circulait un autobus bringuebalant, transportant :
                  - les voyageurs,
                  - le courrier et
                  - le ravitaillement, suivant des horaires incertains.


                  L'électricité y était inconnue.
                  La maison du médecin était de construction ancienne et ne disposait d'aucun confort. Quant à l'infirmerie, sise à l'autre bout du village, elle offrait un spectacle déprimant : locaux lézardés et menaçant ruine abritant quelques malades grabataires enveloppés dans leurs nippes, sur des lits disloqués ou défoncés.
                  L'auxiliaire médical, d'origine kabyle :
                  - intelligent, compétant, dévoué, plein d'expérience, était d'un grand secours pour le jeune médecin car, en plus de son métier.
                  Il connaissait admirablement tous les tours et les détours de la circonscription.
                  Les moyens à sa disposition étaient réduits.

                  On a beau avoir fait sérieusement ses études, se croire capable de donner des soins adéquats à toute situation,
                  - lorsqu'on se trouve en face d'impérieuses réalités,
                  - qu'il faut aller vite, ou savoir attendre,
                  - que les moyens dont on dispose sont des plus limités,
                  - que le confrère le plus rapproché est à 40 kilomètres
, on éprouve quelque angoisse " et il arrive qu'on se prenne en pitié " constate Paul Voisin.

                  Le déroulement des consultations lui donne l'occasion de brosser le tableau pittoresque d'un examen de malade.
                  L'interrogatoire sur les antécédents pathologiques, quoique long et accompagné de force gestes, ne fournit pas beaucoup d'informations : " J'ai mal partout …
                  - La tête, les épaules, le dos, les reins, le genou.
                  - Mon cœur bat très fort, mon estomac aussi. "


                  Perplexe, le jeune " toubib " essaie d'en obtenir un peu plus :
                  " Depuis combien de temps es-tu malade ?
                  - Depuis longtemps…
                  - Comment cela a-t-il commencé ?
                  - Tout d'un coup.
                  - De quoi souffres-tu ?
                  - Je l'ignore. Tu es médecin, c'est à toi de me dire ce que j'ai. C'est pour cela que je viens te voir. Le marabout dit que je ne suis pas ensorcelé, ses amulettes ne m'ont pas soulagé. "


                  Avec les femmes le médecin doit avoir encore plus de patience :
                  - " Je dois t'examiner. Déshabille-toi.
                  - Je ne peux pas… (Une pause, puis) ou alors dis à mon mari de sortir. "

                  Le mari s'esquive, la femme reprend :
                  - Dois-je tout enlever ... ?
                  L'opération s'avère longue et compliquée :
                  - fibules (agrafes), épingles de sûreté, cordons …autant d'obstacles dans d'insondables épaisseurs.
                  Lorsqu'il ne subsiste que la chemise, il faut s'en tenir là. L'examen suscite la résistance ; le toucher vaginal est plein d'écueils.
                  Au moindre geste pour relever un pan de chemise, un geste antagoniste cramponne et tire vers le bas l'étoffe de toile ou de laine. L'exploration s'effectue néanmoins après beaucoup d'exhortations.

                  Paul Voisin constate les sujétions administratives : La médecine légale était une des obligations impérieuses du médecin de colonisation.
                  Impossible de se dérober à une réquisition de l'autorité judiciaire, même si un malade grave aurait dû le contenir au siège de sa circonscription.
                  Le confrère qui aurait pu le suppléer se trouvait à 40 kilomètres et avait sa part de soucis et de fatigues.
                  Une autre sujétion était d'obtempérer à une urgence administrative. Il s'agissait d'un rapport de caïd, auquel était épinglé un papillon : soit transmis pour information. Prière de renseigner d'urgence. "

                  Parvenu au terme d'une longue course à dos de mulet, sur les lieux signalés par le caïd, le médecin découvrait souvent un foyer épidémique de variole ou de typhus exanthématique.
                  Alors commençait la mise en route d'une prophylaxie difficile :
                  - isolement des contagieux,
                  - vaccination de l'entourage, parfois même,
                  - mise en quarantaine de tout un village.


                  On procédait à la désinfection des locaux et des vêtements.
                  Lorsque certaines hardes étaient trop sales ou envahies par la vermine, on était conduit à brûler leurs habits, quitte à en distribuer des neufs en remplacement.
                  Lorsque fut créée l'assistance aux mères et nourrissons, le médecin put élargir encore son champ d'action.
                  En même temps qu'il visitait les femmes enceintes et les petits enfants, il procédait à des distributions de lait condensé, de gandouras et de vêtements chauds. Quant à l'infirmière visiteuse elle avait aussi un rôle important, Lorsqu'elle n'était pas en tournée :
                  - elle devait assumer le service des femmes à l'hôpital- infirmerie,
                  - rédiger observations et papiers sous le contrôle du médecin,
                  - veiller à l'achat ou au remplacement du matériel et des médicaments dans la limite des crédits attribués.

                  L'adjoint technique de la santé qui avait remplacé l'ancien auxiliaire médical partageait ses tâches et ses responsabilités.

Raymond Fery.
Historia l'Algérie. Histoire et nostalgie. 1830-1987.


La vieille dame grincheuse
Envoyé par M. Louis Aymés


      " Que vois-tu, toi qui me soignes, que vois-tu ?
       Quand tu me regardes, que penses-tu ?
       Une vieille femme grincheuse, un peu folle
       Le regard perdu, qui n'y est plus tout à fait,
       Qui bave quand elle mange et ne répond jamais,
       Qui, quand tu dis d'une voix forte " essayez "
       Semble ne prêter aucune attention à ce que tu fais
       Et ne cesse de perdre ses chaussures et ses bas,
       Qui docile ou non, te laisse faire à ta guise,
       Le bain et les repas pour occuper la longue journée grise.
       C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois ?
       Alors ouvre les yeux, ce n'est pas moi.

       Je vais te dire qui je suis, assise là si tranquille
       Me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu veux :
       Je suis la dernière de dix, avec un père et une mère,
       Des frères et des sœurs qui s'aiment entre eux.
       Une jeune fille de 16 ans, des ailes aux pieds,
       Rêvant que bientôt, elle rencontrera un fiancé.
       Mariée déjà à 20 ans. Mon cœur bondit de joie
       Au souvenir des vœux que j'ai fait ce jour-là.
       J'ai 25 ans maintenant et un enfant à moi
       Qui a besoin de moi pour lui construire une maison.
       Une femme de trente ans, mon enfant grandit vite,
       Nous sommes liés l'un à l'autre par des liens qui dureront.
       Quarante ans, bientôt il ne sera plus là.
       Mais mon homme est à mes côtes qui veille sur moi.
       Cinquante ans, à nouveau jouent autour de moi des bébés ;
       Me revoilà avec des enfants, moi et mon bien-aimé.

       Voici les jours noirs, mon mari meurt.
       Je regarde vers le futur en frémissant de peur,
       Car mes enfants sont tous occupés à élever les leurs,
       Et je pense aux années et à l'amour que J'ai connus.
       Je suis vieille maintenant, et la nature est cruelle,
       qui s'amuse à faire passer la vieillesse pour folle,
       Mon corps s'en va, la grâce et la force m'abandonnent.
       Et il y a maintenant une pierre là ou jadis j'eus un cœur.
       Mais dans cette vieille carcasse, la jeune fille demeure
       Dont le vieux cœur se gonfle sans relâche.
       Je me souviens des joies, je me souviens des peines,
       Et à nouveau je sens ma vie et j'aime.
       Je repense aux années trop courtes et trop vite passées,
       Et accepte cette réalité implacable que rien ne peut durer.
       Alors ouvre les yeux, toi qui me soignes et regarde.
       Non pas la vieille femme grincheuse... Regarde mieux, tu me verras ! "
Auteur Inconnu          


      Je vous transmets aussi cet apophtegme de Benoît le Blanc "Arrivé à l'âge de la retraite, il n'y a plus rien à faire, ce qui donne le temps d'accomplir beaucoup de choses"




Un habitant de Descartes se souvient. 
Envoi de M. Christian Graille

               Son grand-père était garçon de café à Marseille, sa grand-mère était originaire d'une austère vallée savoyarde.
               En 1894 ils tentaient leur chance et débarquaient à Oran, non pas en pionnier mais avec l'humble désir de travailler beaucoup afin de s'élever un peu dans la hiérarchie sociale.
               Soixante-neuf ans plus tard, Léo M. prenait le chemin inverse de ses grands-parents pour un voyage sans retour.
               Il nous parle aujourd'hui non sans un brin de nostalgie de sa vie quotidienne dans ce petit village de colonisation qui se nommait Descartes.

               Vos grands-parents se sont installés en Algérie en 1894.
Comment s'est déroulée cette installation ?


               Mes grands-parents faisaient partie de ces gens issus d'un milieu social modeste, qui débarquèrent en Algérie à la fin du XIXe siècle avec le formidable espoir d'une réussite rapide et un goût mesuré pour une certaine aventure.
               Dès leur arrivée à Oran, on les dota de 6.000 francs or ainsi qu'un petit lopin de terre et on leur concéda une trentaine d'hectares attribués sous réserve qu'ils les exploitent.
               Un vaste plan d'aménagement prévoyait dans la plaine de Sidi-Bel-Abbès notamment, l'implantation de petits villages tous les dix kilomètres environ.
               Il s'agissait des célèbres colonies agricoles. C'est ainsi qu'ils furent installés avec quatre-vingts familles, par la Légion étrangère, dans le village de Descartes qui se trouvait à la limite de la plaine de Sidi-Bel-Abbès et des monts de Tlemcen dans une région non défrichée.
               Les premiers arrivants vivaient sous les tentes : le village ne s'est façonné que petit à petit.

               L'agriculture était alors la seule activité économique et je dirai même sociale de la communauté.

               Oui, au début tout au moins. Beaucoup de familles étaient originaires du Sud-Ouest de la France et je sais que, parmi elles, les Revel, une des grandes familles de Descartes, ont commencé :
               - à amender la terre et
               - à cultiver l'orge,
               - le blé et surtout
               - la vigne qui est devenue la principale activité de la région.

               Fragile tout d'abord, cette vigne a produit à plein rendement à partir des années 1935-1940 un vin très réputé de plus de 12 degrés, un de ces " vins médecins " qui était utilisé notamment pour couper des vins plus pauvres.
               Il y avait aussi une catégorie de semence de blé tendre, la puzelle de Sidi-Bel-Abbès qui donnait bien dans la région.
               Pourtant, dès le début du siècle, un certain nombre de colons qui vivaient mal de leurs cultures ont repris en toute logique leur activité d'origine.
               Ainsi mon grand-père est-il bientôt revenu garçon de café et mon père lui a, bien entendu, succédé.

               La structure sociale et l'organisation politique de la communauté étaient-elles très marquées ?

               Descartes était une commune de plein exercice avec son maire et ses douze conseillers municipaux au nombre desquels on trouvait un ou deux musulmans.
               Le maire était toujours un colon, c'est-à-dire à ce moment-là, je parle des années 1939-40, un propriétaire terrien.
               Sa femme avait, elle aussi, un rôle extrêmement important, comme toutes les femmes de la communauté européenne, en ce qu'elle était souvent infirmière, prodiguant des conseils d'hygiène et faisant office parfois d'assistante sociale.
               Il n'y avait qu'un dispensaire à Descartes avec visite hebdomadaire d'un médecin venu du village voisin.
               Mon père fut adjoint au maire dans les années 1945-50. Il avait très à cœur de gérer au mieux les affaires de la commune, comme aurait pu le faire n'importe quel adjoint en métropole.

               En ce qui concerne la structure sociale de la communauté, il faut savoir que les Européens étaient, vous vous en, doutez bien, très unis et très attachés à leur village.
               Il régnait un esprit de clocher semblable à ce qu'on pouvait connaître en métropole.
               La communauté comptait dans les années 1930, environ huit cents Européens parmi lesquels beaucoup d'Espagnols qui souhaitaient devenir Français, et autant de musulmans regroupés dans ce que l'on appelait le " village nègre ".
               Le fils du colon et le fils de l'ouvrier vivaient de la même façon.
               En revanche les autochtones étaient socialement très marginalisés, même si nous entretenions avec eux des rapports amicaux extrêmement étroits.

               Dans la communauté européenne, un hiatus s'effectuait entre les catholiques plus nombreux, très patriotes et les protestants de sensibilité radicalisée et laïque.
               Seul le culte catholique était représenté à Descartes.
               Les protestants se réunissaient chez l'un d'entre eux un fois par mois environ, en présence du pasteur de Sidi-Bel-Abbès.
               Il faut savoir à ce propos que le village avait été fondé par une majorité de familles originaires du Sud-Ouest de la France, plus précisément de la région d'Albi, pour la plupart descendants de huguenots.
               Et puis il y avait l'école qui, pour l'enfant que j'étais, tenait une place prépondérante dans notre vie quotidienne.
               Avec le recul je suis extrêmement frappé par ce rôle symbolique conféré à l'école en tant qu'institution républicaine nous rattachant directement à la France lointaine et dispensant la culture.

               Venons-en justement à cette école républicaine implantée aux portes du désert. Pouvez-vous nous en parler ?

               L'école était une transposition de l'école française, laïque et obligatoire. On nous y présentait la France comme une grande dame un peu guindée à laquelle nous étions très attachés, souvent sans y être jamais allés. Le sens de terme " mère patrie " prenait là toute sa force.
               Les instituteurs qui en venaient nous apparaissaient comme des espèces de " saints laïcs " qui donnaient cette patrie en exemple.
               Leur fonction était presque toujours élargie à des tâches " d'évangélisation " républicaine, n'hésitant pas, s'il le fallait, à enseigner les règles élémentaires de l'hygiène auprès des populations locales.

               Ce qui était très important, c'est que la langue française était censée représenter la clef de toute ascension sociale, ce qui bien sûr n'était pas faux dans un pays d'administration française où l'on parlait volontiers l'Espagnol, l'Arabe et toutes les langues européennes.
               Il y avait d'ailleurs le fameux " pataouète oranais ", véritable langue vivante au sens strict du terme, extrêmement riche et colorée qui synthétisait peu ou prou toutes ces langues et qui se pratiquait avec bonheur.

               Quelle était la place des petits musulmans dans cette institution sociale ?

               Les petits Musulmans travaillaient souvent très jeunes et ne pouvaient pas être scolarisés bien longtemps.
               Autant que je me souvienne, ils n'étaient généralement guère plus de trois ou quatre pour une classe de trente élèves.
               Nous jalousions d'ailleurs cet état de fait quand nous les retrouvions le soir pour jouer au football.
               A l'époque nous trouvions cela tout à fait normal, de même que nous trouvions normal qu'ils aillent pieds nus et se nourrissent de galettes d'orge.
               Ce n'est bien plus tard que, pour ma part, j'ai compris les choses.
               Il existait un décalage socioculturel inévitable dans la perception des choses qui nous étaient enseignées et cela donnait parfois des situations cocasses.
               Je me souviens, par exemple, d'un de mes petits camarades arabes qui s'était mis à pleurer à chaudes larmes quand l'instituteur nous avait raconté l'assassinat d'Henri IV. Le malheureux était inconsolable de la mort du bon Roi.

               Parlons, si vous le voulez bien, de votre niveau de vie.

               On peut dire que nous avions une vie relativement facile mais globalement pauvre. On comptait, par exemple, très peu d'automobiles au village.
               La mécanisation agricole mais aussi l'électricité et l'eau courante ne sont arrivées que très tard dans les années 30, je crois.
               Pour le reste on se contentait de peu mais il faut se replacer dans le contexte de cette Algérie de l'entre-deux-guerres.
               La vie y était finalement très douce, rythmée par les saisons et les travaux des hommes, avec un sentiment communautaire très marqué.
               On se nourrissait comme en métropole avec toutefois tous les apports de la cuisine méditerranéenne espagnole notamment : le gaspacho, les migas, cette semoule frite, et pour les grandes occasions il y avait la mouna, cette brioche qu'on emportait à Pâques quand toute sa famille se retrouvait autour des sources pour un déjeuner au grand air qui marquait le retour des beaux jours.

               Quel est le souvenir qui témoigne le mieux de cette époque et qui, peut-être, vous rend le plus nostalgique ?

               J'ai bien évidemment des centaines de petites scènes qui titillent ma mémoire mais bien plus que telle ou telle anecdote, c'est une impression de bien-être qui gouverne mes souvenirs.
               J'ai en tête ces soirs d'été torride quand le rue principale était arrosée par la citerne municipale pour donner un peu de fraîcheur.
               Tout le monde sortait sur le pas de la porte ou bavardait, on se promenait en famille jusqu'à 11 heures ou minuit.
               C'était, comme on disait, " faire le boulevard ".
               Plus tard, quand j'étais à Oran, je me souviens encore de ces soirées d'été extraordinairement animées où tout le monde se retrouvait dans les rues, aux terrasses combles des cafés.
               Au fond, la vie était pleine de ces moments typiquement méditerranéens.
               Je repense à l'animation qui régnait dans la très cosmopolite Sidi-Bel-Abbès, le berceau de la Légion.
               On rencontrait là tous les types européens et pas seulement européens. Un incroyable choc de cultures et de races dans le cadre encore tout neuf de l'Algérie française : un véritable creuset et un enthousiasme omniprésent qui se manifestait, par exemple, dans les exploits de l'équipe de foot de Sidi, la meilleure équipe d'Afrique du Nord qui avait son public de supporters passionnés.

               Alors aujourd'hui, vingt-cinq ans après, quel est votre sentiment sur cette époque ?

               Bien sûr, une bonne part de nostalgie qui est une nostalgie de ma jeunesse, mais aucune animosité, aucune amertume envers ce pays.
               Nous n'avons pas su lire dans l'histoire, et ceci d'abord parce que nous étions coupés du monde, loin des réalités sociopolitiques de la métropole, à l'écart.
               Nous autres Pieds Noirs nous n'avons pas eu de têtes pensantes vraiment marquantes.
               Nous étions en décalage constant. Un exemple : alors que nous n'avons pas connu l'humiliation de l'occupation allemande, nous avons œuvré pour la libération de la France.
               Nous pensions naïvement que ce serait suffisant pour une quelconque reconnaissance.

               Voici le genre de différence et de malentendu que cultivait cet état de fait.
               Je suis rentré en métropole en février 1963, après avoir arrêté les comptes de la Banque d'Algérie où je travaillais.
               Mon départ a été certes très dur, mais j'avais un sentiment très fataliste et finalement je me suis plié aux " exigences " de l'histoire.
               Depuis l'histoire a rattrapé les Pieds Noirs jetés sur les quais du port de Marseille en 1962.
               Ils sont alors devenus l'un des symboles les plus pénibles de XIXe siècle :
               - des exils,
               - des déplacements de population,
               - des exodes toujours recommencés.

               Le drame algérien s'est inscrit dans cette logique historique inexorable et, pour avoir peut-être vécu en marge de cette histoire ceux qui l'ont pudiquement et à la hâte rebaptisés " les rapatriés " y sont entrés de plain-pied avec une brutalité qui, vingt-cinq ans après, demeure douloureuse, marquant durablement les mentalités et transformant le paysage démographique et socioculturel de la Ve République.

Propos recueillis par Jean-Michel Espitalier.
Historia : L'Algérie. Histoire et nostalgie. 1830-1987.

Napoléon III, l'Empereur des Arabes
et des Français.
Envoi de M. Christian Graille

             Après un premier voyage de quelques jours, effectué à Alger en 1860, Napoléon III débarque en Algérie le 3 mai 1865 pour un long périple de 40 jours :
             - il se rend à Alger, visite les oasis du Sahel, séjourne à Mostaganem et Médéa, traverse la Kabylie, découvre Oran et Constantine.
             Il s'enthousiasme : " Égalité parfaite entre les Européens et les Indigènes, il n'y a que cela de juste, d'honorable, de vrai ! " dit-il.

             Par une lumineuse matinée du 3 mai 1865, les salves d'artillerie, les carillons des cloches saluent l'entrée du yacht impérial l'Aigle, escorté d'une flotte importante dans la rade d'Alger.
             La foule en liesse, chamarrée d'uniformes rutilants, de burnous rouges et de crinolines claires, fait un accueil triomphal lorsque l'Empereur débarque au pied de la place du gouvernement.
             A la consécration impériale répond une ovation spontanée. Pendant quarante jours, Napoléon III :
             - abandonne l'Europe et les servitudes impériales,
             - confie la Régence à l'Impératrice,
             - oublie tous les nuages noirs qui montent du Mexique, du Danemark ou de Paris et part au-delà de la Méditerranée.


             Et chacun d'avancer une hypothèse. D'aucuns s'étonnent : L'Empereur n'a-t-il pas écrit : " L'Algérie est un boulet attaché aux pieds de la France ? "
             Et certes pendant longtemps il s'est désintéressé du sort de la colonisation, négation du principe des nationalités et même a raillé le système des concessions de terre, " quelques manches à balai plantés près d'une baraque de bois qu'on transporte successivement d'un point à un autre. "
             D'autres, plus informés, prétendent que depuis 1858, l'attention du souverain est attirée par la dynamique révolution qui bouleverse la Méditerranée. " Elle doit devenir à peu près un lac français " a confié l'Empereur à Bismarck.

             Mais les Britanniques ont gêné toutes les tentatives :
             - au Maroc,
             - en Syrie,
             - en Tunisie et surtout
             - en Égypte où l'ouverture du canal de Suez semblait le premier pas vers une occupation française.


             Cependant un voyage triomphal en Algérie ne peut irriter l'épiderme chatouilleux du partenaire anglais qui a depuis longtemps accepté le fait accompli.
             Les préoccupations intérieures ne sont pas étrangères, dérivatif brillant aux angoisses mexicaines, apaisement pour les craintes de l'avenir du régime dont il s'agit de montrer que les rouages peuvent fonctionner même en l'absence du maître, cadeau somptueux offert aux appétits des financiers.
             Les intimes du Palais notent le besoin d'évasion de l'Empereur, poussé d'ailleurs par son confident le général Fleury qui, las de son rôle de parade, vise peut-être la direction de l'Algérie où il a fait ses premières armes.
             Il lui a vanté les propriétés miraculeuses des eaux d'Hammam-Meskoutine qui guérissent de la gravelle (maladie caractérisée par la présence de calculs dans un organe).
             Les échotiers à scandale pensent plutôt à une crise sentimentale ou à une dissension conjugale.
             Pour les lecteurs de l'histoire de César, nul doute que l'impérial historien veuille admirer les restes grandioses de l'œuvre du peuple-roi et juger de la valeur des descendants des cavaliers numides.
             Les amoureux de l'Orient y voient plutôt l'influence des toiles de Delacroix ou de Fromentin.
             Bien peu savent que l'Empereur s'est pris au jeu algérien, qu'il a conçu de grands desseins où la grandeur s'allie à la générosité, mais que son œuvre en péril a besoin d'être affermie et que ce voyage est peut-être celui de la dernière chance.

Contre le régime du sabre.

             Depuis 1858, les temps héroïques sont achevés, il s'agit de gouverner.
             Les 200.000 colons européens réclament véhémentement la direction du pays, appelant de tous leurs vœux l'assimilation ou l'annexion qui les débarrasserait du " régime du sabre " qui par droit de conquête maintient l'autorité militaire et gêne leurs désirs d'expansion.
             Longtemps étranger à ces controverses, l'Empereur, par un coup de théâtre dont il a le secret, supprime l'ancienne organisation et offre le 24 juillet 1858, à son difficile cousin Jérôme, avec le ministère de l'Algérie et des colonies, un fief digne d'un prince impérial et de son ambition. Plon-Plon s'en donne à cœur joie :
             - il disloque l'ancien système militaire,
             - prétend tout régenter de Paris,
             - rédige quelques rapports élégants et venimeux,
             - soigne sa popularité jacobine en ouvrant largement les terres arabes aux appétits de petits colons,
             - se venge de ses déconvenues militaires en réduisant l'armée à un rôle de simple exécutant.

Il débarque à Alger.

             Hélas ! L'échec du " César déclassé " est aussi complet que rapide. Au premier grincement de la machine, le prince prétend son rôle achevé et démissionne, laissant une lourde succession.
             Pour juger des dégâts, l'Empereur décide d'aller constater lui-même la gravité de la crise et, le 17 septembre 1860, le couple impérial débarque à Alger.
             Mais la mort subite de la duchesse d'Albe, sœur de l'impératrice, transforme le voyage algérien en une fugitive vision.

             Des trois journées africaines quelques images frappent à jamais l'Empereur :
             - la brillante fantasia de Maison-Carrée l'a convaincu, " ce peuple est une armée toujours prête à entrer en campagne. "
             - Les altercations violentes entre généraux et préfets lui ont donné une piètre idée de l'administration locale Mais quelle solution apporter ?

             Dès lors, fasciné par la complexité du problème, l'Empereur étudie avec l'absence de préjugé d'une dilettante et le sérieux du néophyte les multiples aspects.
             Il touche très vite au cœur de la question : le problème des terres.
             L'Algérie n'est pas l'Amérique découvre-t-il.
             La propriété du sol occupé par les Indigènes, réclamé par les colons qui exigent " le cantonnement des tribus " est l'enjeu d'une lutte plus inexpiable et plus implacable que toutes les razzias de la conquête.

L'injure suprême.

             Ce danger a été ressenti par un petit groupe d'idéalistes inquiets, administrateurs clairvoyants ou officiers soucieux de la pacification.
             Pour préserver l'avenir, ils s'élèvent contre les mesures d'expropriation massive des Indigènes et tentent d'alerter les pouvoirs publics par :
             - des lettres, rapports et articles de journaux.

             Et les colons les dénoncent par l'injure suprême : Les arabophiles.
             En 1861, paraît une brochure dont le titre est un programme. L'Algérie pour les Algériens : Procès de la colonisation agricole et plan de réformes pour amener les indigènes à " la civilisation " c'est-à-dire le " progrès ", avec le respect de l'homme. Ainsi entre en lice celui qui sera toute sa vie le champion de ces idées généreuses : Ismaïl Urbain, alors conseiller du gouvernement à Alger.
             - Fils naturel,
             - mulâtre,
             - Saint Simonien passionné dans sa jeunesse,
             - converti à l'Islam,
             - interprète au temps de la conquête,
             - sensible aux injustices,
             - il affronte vindicte et ostracisme pour dénoncer toutes les oppressions.

             Sa brochure a pu parvenir çà l'Empereur qui a été conquis et en fait son mentor algérien.

Égalité et association.

             " Egalité parfaite entre les Européens et les Indigènes, il n'y a que cela de juste, d'honorable, de vrai " s'enthousiasme Napoléon III qui dès lors envisage une solution neuve : l'association ; aux Indigènes les terres, aux Européens le commerce et l'industrie.
             Avec détermination, l'Empereur le 6 février 1863, dans une lettre adressée au gouverneur trace la voie de l'avenir : " L'Algérie n'est pas une colonie proprement dite mais un royaume arabe ; je suis aussi bien l'Empereur des Arabes que l'Empereur des Français. "

Une flambée de colère.

             Dans sa démonstration l'influence d'Urbain est flagrante.
             Et le 22 avril 1863, le souverain signe le sénatus-consulte qui déclare les tribus propriétaires du sol qu'elles occupent.
             Cette charte foncière doit rassurer les fellahs et guides les intérêts européens dans des voies nouvelles.
             Le ralliement impérial aux thèses arabophiles provoque une flambée de colère chez les Européens désavoués.
             - Sur les places publiques on signe pétitions et protestations,
             - dans les églises l'évêque fait réciter les prières pour temps de calomnie,
             - une campagne de presse échauffe les esprits d'autant plus facilement que le gouverneur général Pélissier, sénile et lubrique, inquiet pour sa prébende, encourage cette opposition violente.


             Les coryphées (ceux qui tiennent le premier rang) du parti colon ripostent par des brochures et proclament " la guerre à la guerre contre la colonisation ".
             L'armée elle-même hésite devant la position radicale de l'Empereur.
             L'insurrection des Ouled Sidi Cheikh dans l'ouest oranais, en février 1864, paraît une preuve supplémentaire des dangers de la politique du royaume arabe.
             La force reste pour les colons l'unique solution.
             L'armée de la conquête reste le second pilier de l'Algérie française et sa rivalité avec les civils semble résumer l'histoire de la colonisation.
             L'Empereur veut à tout prix, dans le cadre d'une refonte militaire générale, alléger le fardeau algérien : 100.000 immobilisés et un budget considérable.

             Son plan est déjà élaboré :
             - réorganiser l'action administrative des bureaux arabes, objet de tant d'attaques passionnées et
             - assurer à moindre frais la sécurité du pays en utilisant la valeur guerrière des Arabes.


             Ces idées sont le résultat d'une correspondance suivie avec les principaux " Africains. "
             Mais un contact direct semble nécessaire pour juger d'une situation fluctuante car le maréchal de Mac-Mahon se montre résolument hostile à ce projet d'évacuation des régions sahariennes et de création de grands commandements indigènes.
             A Médéa, l'Empereur confère avec son premier interlocuteur : le général Ducrot qui quelques mois auparavant, lui a adressé un long rapport sur ses conceptions algériennes : Il faut :
             - donner satisfaction à l'opinion publique en France et en Algérie,
             - séparer l'Algérie en deux zones distinctes : l'une coloniale sous l'autorité des préfets et la surveillance des milices, l'autre indigène sous l'autorité des militaires.
             - Il faut désarmer les Arabes. "


             La halte de Mostaganem est la plus longue car l'interlocuteur est de choix : le colonel Lapasset, bien connu de l'Empereur et ami de Fleury.
             Ce vieil algérien :
             - beau parleur,
             - à l'imagination féconde,
             - catholique encore marqué par les idées fouriéristes,
             - débordant d'activité a déjà inspiré dès 1862 la politique algérienne de son hôte.

             Avant de mettre le cap sur la France, une brève escale à Bougie lui permet de récompenser les troupes en campagne dans le massif des Babors à peine dompté. Une proclamation chaleureuse rend hommage à l'armée d'Afrique.

             En quarante jours, l'Empereur a parcouru 3.084 kilomètres par terre et 3.407 en bateau. Il a reçu :
             - l'hommage des ambassadeurs du Maroc et de Tunisie,
             - la visite de l'escadre italienne.


             Le succès de la politique impériale doit faire de l'Algérie le pivot de la grandeur méditerranéenne française.
             L'Empereur rentre à Paris, " rajeuni de 5 ans " constate Mérimée.
             Dix jours après son retour le 20 juin 1865, la lettre adressée au maréchal de Mac-Mahon explicite enfin les idées impériales sur la politique de la France en Algérie.
             Napoléon III ne daigne pas utiliser des prête-noms car il s'agit d'un problème qui lui tient à cœur.
             Cet ouvrage, fruit de méditations antérieures remaniées longuement au cours du voyage, frappe par son ton mordant, ses âpres critiques.
             Ce pamphlet brosse aussi un plan de réformes qui tend à concilier les trois intérêts en présence : La France, les colons, les Indigènes.

Un royaume arabe et une colonie européenne.

             " Mon programme se résume en peu de mots : gagner la sympathie des Arabes par des bienfaits positifs, attirer de nouveaux colons par des exemples de prospérité réelle et utiliser les richesses de l'Afrique en produits et en hommes. "
             - Évolution, Economie, générosité sont les trois mobiles impériaux et Napoléon III modifiant la formule de 1863 et précise : " Ce pays est à la fois :
             - un royaume arabe,
             - une colonie européenne,
             - un camp français. "


             Les principes posés le souverain impose une réalisation immédiate et signe le 14 juillet 1865, le sénatus-consulte sur l'état des personnes et la naturalisation.
             Les Indigènes musulmans et Israélites sont déclarés Français tout en étant régis par la loi musulmane ou mosaïque.
             Des facilités sont fournies à ceux qui réclament la naturalisation complète, enfin tous les emplois sont ouverts aux Indigènes.
             Urbain a remporté une victoire incontestable en obtenant l'égalité civile sans faire violence aux croyances.
             Une telle politique d'association et de développement progressif provoque des réactions violentes. La population coloniale, atterrée au premier abord retrouve sa virulence et contre-attaque :
             - menaces de paniques économiques,
             - nouvelle guerre des brochures,
             - campagne de presse,
             - calomnies,
             - procès.


             A la formule impériale les colons ripostent :
             - Royaume français,
             - colonie française,
             - garnison française


             Cette hostilité frénétique trouve en France un appui ambigu dans l'opposition républicaine ; le représentant de l'Empereur en Algérie, épaulé par son administration, oppose la force d'inertie et sabote toutes les réformes.
             Émus par ce déchaînement, les Indigènes se montrent peu empressés à solliciter la naturalisation (en 5 ans 131 musulmans et 151 israélites).
             A partir de 1866, les catastrophes s'abattent sur le pays :
             - sauterelles, épidémies, tremblement de terre, famine et la politique impériale encore une fois sert de bouc émissaire.
             Tout concourt à anéantir les velléités algériennes de l'Empereur :
             - vaincu par la maladie,
             - acculé à des concessions à l'intérieur,
             - menacé par une conflagration européenne.

             Le courant qui exige le régime civil, l'assimilation est irrésistible.

             L'Empire s'écroule en Algérie avant Sedan.
             De la marche triomphale algérienne, il ne reste plus que le souvenir reconnaissant des Indigènes émus par la bonté du " sultan qui porte bonheur."
             Curieux destin de cet homme qui a su s'emparer du pouvoir mais n'a jamais pu imposer ses idées les plus fécondes.

Annie Rey-Coldzeiguer.
Historia. Algérie histoire et nostalgie. 1830-1987.



Les médecins de la colonisation.
Envoi de M. Christian Graille

             C'est en 1853 qu'est créé le corps des médecins de colonisation, une innovation originale, particulière à l'Algérie.
             Raymond Fery, né en Algérie de père lorrain et de mère provençale, embrasse très jeune cette carrière.
             - Il témoigne ici de sa vie personnelle dans les Aurès, avant la seconde guerre mondiale,
             - retrace l'historique de ce corps médical et
             - nous livre l'expérience de quelques autres praticiens.


             Lorsque dans les années qui, ont précédé la seconde guerre mondiale, j'ai été nommé par le Gouverneur général de l'Algérie, médecin de colonisation à Arris, j'eus le sentiment très vif de réaliser mon rêve d'adolescent.
             J'avais pourtant, alors que j'étais encore lycéen, lu le livre de Paul Achard, l'homme de mer, et je me souvenais du passage de ce roman où l'un des personnages, le père Lagouardette, petit bourgeois d'Alger, consent au mariage de sa fille unique, Antoinette avec Titus Galéa, le petit maltais de la " Cantera "(la carrière, quartier d'Alger ), devenu négociant en pommes de terres : " Je voudrais qu'elle soit heureuse, disait-il à son futur gendre, j'aime mieux vous la donner que de la voir épouser :
             - un gommeux,
             - un avocat sans cause,
             - un de ces jeunes gens pour qui l'on fait des sacrifices et qui vont crever de faim dans le bled comme pharmacien de deuxième classe ou comme médecin de colonisation. "

             C'est vrai que les revenus de ces praticiens étaient loin d'être mirobolants, mais je ne partageais pas du tout l'opinion du citadin Lagouardette sur le rang qu'ils occupaient dans la société algérienne.
             Bien au contraire, ils m'apparaissaient comme appartenant, avec les administrateurs de commune mixte, à une sorte d'aristocratie du bled, au sein de laquelle je me trouvais désormais admis.

             Arris était le chef-lieu de la commune mixte de l'Aurès, vaste territoire couvrant l'imposant massif montagneux situé entre Batna et Biskra, aux marches du désert. L'administrateur de la commune mixte de l'Aurès disposait d'une équipe restreinte de collaborateurs :
             - deux administrateurs adjoints,
             - deux secrétaires,
             - un architecte, nommés par le gouverneur de l'Algérie et
             - d'une demi-douzaine de khodja, simples commis aux écritures recrutés dans la population locale et rémunérés sur le budget communal


             Les Européens résidant à Arris comptaient encore :
             - six gendarmes à cheval,
             - autant d'instituteurs et d'institutrices,
             - une infirmière visiteuse coloniale et
             - le médecin de colonisation.

             Ce petit monde, femmes au foyer et enfants compris totalisant à peine quatre-vingt personnes, toutes chrétiennes, était entouré de quelques cinquante mille Berbères musulmans, répartis dans les villages de montagne alentour.

             Tel était l'univers où j'allais pratiquer, plusieurs années durant la médecine la plus variée qui se puisse imaginer. Tour à tour :
             - hygiéniste, épidémiologiste,
             - thérapeute, accoucheur ou pédiatre,
             - ophtalmologiste, arracheur de dents,

             Le médecin de colonisation était tout cela et plus encore.

             Je me trouvais également investi des fonctions de chef de service d'un hôpital d'une quarantaine de lits où me secondaient :
             - l'infirmière,
             - deux adjoints techniques de la santé d'origine berbère, et un " infirmier " recruté localement.

             Ce dernier personnage, fort pittoresque, n'avait d'infirmier que le nom.
             Totalement illettré, il ne parlait même pas le français. Mais quel brave homme !
             Si sa compétence était des plus limitées, son dévouement était sans bornes.
             Chef de service à vingt-cinq ans, sans autre contrôle que ma conscience professionnelle, il y avait de quoi être saisi de vertige !
             Sur le plan médical, j'étais livré entièrement à moi-même, le médecin et le spécialiste consultants les plus voisins étaient installés à soixante kilomètres d'Arris.

De gros villages de montagne, des oasis sahariennes :
En tout, pas loin de cinquante mille habitants.

             Ma circonscription s'étendait sur la partie orientale de l'Aurès, coupée en diagonale par la vallée de l'oued el Abiod, longue d'une centaine de kilomètres, où s'échelonnaient d'abord des villages de montagne puis, au fur et à mesure qu'on descendait vers le Sud, des oasis de plus en plus importantes.
             Elle comptait pas loin de cinquante mille habitants.
             La commune mixte comportait une autre circonscription médicale de colonisation, dont le médecin résidait à Lambèse, petite cité où il existait un pénitencier.
             Mon collègue et moi, nous nous entendions à merveille et nous rendions le service de nous remplacer réciproquement … bien que résidant à cinquante kilomètres l'un de l'autre.
             Lui, mon aîné d'une dizaine d'années avait déjà une solide expérience du bled et, à l'occasion de nos rares rencontres, me faisait profiter de ses conseils.

             Sa circonscription s'étendait encore au petit village de Foum-Toub, où vivaient une demi-douzaine de colons européens et leurs familles.
             Leur clientèle consistait, avec celle des gardiens de prisons et des chalands du marché hebdomadaire de Médina, une source de revenus moins dérisoires que les miens.
             Ces conditions de vie et d'exercice professionnels étaient, à quelque variante près, celles de tous les médecins de colonisation d'Algérie lorsque éclata la seconde guerre mondiale.

             De grands progrès avaient été accomplis depuis la création de notre service, mais il restait encore beaucoup à faire pour en améliorer le fonctionnement.
             Le service médical de colonisation avait été créé, le 21 janvier 1853, par le maréchal de Saint Arnaud, ministre de la guerre de l'empereur Napoléon III et à ce titre chargé des affaires de l'Algérie.
             Cette création répondait à un besoin impérieux.
             Dès le lendemain de la prise d'Alger, le 5 juillet 1830, le haut commandement s'était préoccupé, non seulement de maintenir le bon état sanitaire mais encore d'apporter le secours médical aux populations civiles, sans distinction d'origine et de lutter contre les épidémies qui sévissaient dans la Régence barbaresque.

             Maintenant la conquête du pays, devenu l'Algérie par décision du roi des Français, était pratiquement achevée. L'administration civile s'organisait.
             Les " bureaux arabes ", embryons de gestion municipale, avaient été créés en 1844. A proximité de chacun d'eux était installé un service médical assuré par des médecins militaires.
             Mais les colons commençaient à affluer, les centres de colonisation se multipliaient sur le territoire, cependant que les médecins et officiers de santé civils ne manifestaient aucune propension à venir s'y installer. Les quelques-uns qui franchissaient la Méditerranée se cantonnaient dans les villages.
             En 1835, on comptait, en tout et pour tout, que quatre-vingt-un médecins civils en Algérie. Vingt ans plus tard, ils n'étaient encore que quatre-vingt-cinq.

             Un uniforme de médecin aide-major et un cheval étaient obligatoires pour tous.
             Il devenait donc urgent d'assurer aux colons un secours médical prompt et efficace. En 1845, le gouverneur général décide la création d'une organisation spéciale ayant pour mission de visiter gratuitement les colons et de leur administrer les soins désirables…
             Mais faute d'une réglementation déterminant ses attributions ainsi que ses rapports avec les colons et l'autorité, le service ne fonctionna pas avec la régularité et cette unité qui doivent caractériser toute institution publique. (L. de Baudicourt ).

             L'arrêté ministériel du 21 janvier 1853, portant organisation du service médical de colonisation, avait pour objet de mettre fin à cette situation.
             En quinze articles ce texte réglementait :
             - la création de circonscriptions médicales,
             - la nomination de médecins placés à leur tête,
             - le traitement annuel de ces praticiens,
             - leur subordination aux autorités locales,


             Leurs obligations enfin :
             - Soins gratuits aux indigents,
             - direction des infirmeries civiles,
             - visite des malades,
             - tournée périodique dans chacun des centres de leur circonscription,
             - propagation de la vaccine,
             - fourniture à l'administration des renseignements et documents relatifs à leur service,
             - délivrance des médicaments dans les localités où il n'existait pas de pharmacie.


             Un an plus tard un nouvel arrêté ministériel fixait le nombre, soixante, et l'étendue des circonscriptions.
             Ce texte faisait obligation aux médecins de colonisation, à l'exception de celui de Sétif d'être montés. Celui de Koubba devait même être pourvu de deux chevaux.
             Un uniforme analogue à celui des médecins aides-majors de l'armée, était prévu ; toutefois cette disposition ne fut pratiquement jamais appliquée.
             L'organisation du service était achevée, les premiers médecins fonctionnaires pouvaient être nommés. Mais la situation qui leur était offerte était peu attrayante, tant sur le plan matériel que sur le plan moral.
             Il en résulta de grandes difficultés de recrutement, entravant le développement et le fonctionnement du service.
             Les débuts de la nouvelle organisation suscitèrent des jugements sévères et furent l'objet de bien des controverses.
             Quant à la rémunération des médecins elle demeura sans rapport avec leurs responsabilités professionnelles et leurs servitudes administratives.
             Remise en question une dizaine de fois, elle se heurta toujours à la mauvaise volonté des services financiers, estimant que la possibilité pour ces praticiens d'avoir une clientèle privée représentait un avantage dirimant.

             A l'aube du XXe siècle, le service médical de colonisation était assuré par une centaine de médecins :
             - isolés,
             - livrés à eux-mêmes,
             - souvent débordés par les charges qui pesaient sur eux,
             - disposant de moyens réduits dans des circonscriptions étendues, dont l'équipement était très insuffisant, parfois même inexistant.

Les premiers pionniers d'une France battant pavillon colonisateur.

             Par exemple, la circonscription de Bugeaud-Herbillon, voisine de Bône, s'étendant du massif montagneux de l'Edough, planté de chênes lièges, à la petite agglomération littorale d'Herbillon, ne possédait aucune installation sanitaire.
             Le médecin recevait les malades à son domicile ou se rendait chez eux lorsqu'ils étaient grabataires.
             Il effectuait ses déplacements à cheval et passait plus de temps sur les routes, les chemins forestiers ou les pistes qu'à son cabinet ou au chevet des malades.
             Son témoignage mériterait d'être cité in extenso.
             Bornons-nous à reproduire ces quelques lignes qui traduisent, chez leur auteur, Benjamin Milliot, l'amour du métier et l'enthousiasme qui l'animent :

             " Le rôle d'hygiéniste Le rôle que doit jouer le médecin dans nos colonies, ce rôle grand et beau entre tous, lui fait un devoir :
             - de prévenir les maladies endémiques,
             - d'être le gardien naturel de la santé des colons et
             - le conservateur de leur vie.

             Il ne faut pas être grand prophète pour dire que, dans un avenir peu éloigné, les médecins seront, avec les maîtres d'école, les premiers pionniers que la France embarquera sur ses navires, battant pavillon colonisateur ".

             Parfois lorsqu'il s'agit de dénoncer les sujétions administratives, l'humour vient tempérer le propos : " Le médecin de colonisation est presque toujours entre trois seigneurs. Déjà avec deux il a du fil à retordre, jugez un peu s'il en a trois. Et moi qui en ai quatre ! Oui quatre :
             - l'administration,
             - la municipalité de Bugeaud-Herbillon,
             - les colons et
             - la société anonyme des lièges de l'Edough. "


             Et ce concert final : " La médecine de colonisation est une œuvre inachevée. "
             Il en découle toute une série de propositions pertinentes :
             - nomination des médecins au concours,
             - suppression de leur subordination aux autorités locales,
             - hiérarchisation du corps et création de postes de médecins inspecteurs départementaux,
             - augmentation du nombre des médecins de circonscription et
             - amélioration de leur situation matérielle et morale,
             - dotation de chaque circonscription d'une infirmerie ou d'un hôpital dont le médecin serait le chef de service,
             - création d'une école spéciale pour la formation des praticiens qui se destinent à la médecine coloniale.


             La plupart de ces suggestions qui datent de 1891 se traduiront, bien des années plus tard, par des décisions concordantes : les premiers médecins inspecteurs départementaux d'hygiène sont nommés en 1911 ; en 1920, le service médical de colonisation est placé sous l'autorité directe du gouverneur général ; le personnel médical n'est plus subordonné aux autorités locales, mais aux préfets, qui proposent la notation de ses membres et leur accordent des congés…sous réserve qu'ils se procurent eux-mêmes leurs remplaçants et les rétribuent !
             A partir de cette date, la plupart des circonscriptions sont dotées d'un " hôpital auxiliaire ". En 1923, la faculté de médecine d'Alger crée un " institut d'hygiène et de médecine outre-mer, " le diplôme d'université délivré par cet institut conditionnant l'accès aux fonctions de médecin de colonisation en Algérie.

             Enfin, le corps hiérarchisé des médecins de la santé voit le jour en 1944.
             L'assistance médicale aux Indigènes se substitue bientôt au secours médical aux colons. Ceux-ci, quoique bien peu éloignés de l'indigence, constituent essentiellement la clientèle privée du médecin de colonisation.
             Les fonctionnaires et les gendarmes continuent à bénéficier de la gratuité des soins. Les habitants des douars sont pratiquement tous considérés comme indigents. Ils affluent progressivement de plus en plus nombreux aux consultations gratuites. Dès lors la nécessité se fait sentir de donner aux médecins des aides, recrutés dans la population autochtone et, par conséquent, parlant la langue et connaissant les usages et coutumes du pays.

             Le corps des auxiliaires médicaux indigènes est créé en 1901. Recrutés notamment parmi les diplômés des medersas (établissements d'enseignement secondaire où l'étude de l'arabe est prépondérant.), ces auxiliaires sont affectés auprès des médecins après deux années d'étude pratiques dans une école spécialisée, fonctionnent dans les services de l'hôpital universitaire de Mustapha à Alger.

             Leur rôle consiste à seconder les médecins dans toutes les activités professionnelles :
             - service hospitalier,
             - consultations gratuites aux indigents,
             - application des traitements prescrits par le chef de service,
             - pratique des vaccinations obligatoires,
             - dépistage des affections contagieuses,
             - lutte contre les épidémies.
Infirmeries indigènes, hôpitaux auxiliaires et la maison des yeux.

             En 1926, le gouverneur général Violette crée le service d'assistance aux mères et nourrissons et transforme l'école d'infirmières d'Hussein-Dey en école d'infirmières visiteuses coloniales.
             Ces dernières sont-elles aussi affectées auprès des médecins de colonisation pour les seconder dans les soins aux femmes et aux jeunes enfants.
             Simultanément, l'équipement des circonscriptions médicales a été amélioré, les premières ambulances militaires, d'abord transformées en " infirmeries indigènes " cèdent la place aux " hôpitaux auxiliaires " véritables formations sanitaires de l'avant par rapport à l'armement hospitalier du pays.
             En 1931, le corps des auxiliaires médicaux indigènes est transformé en celui des adjoints techniques de la santé dont la durée des études est portée de deux à trois ans.

             A l'aube de la deuxième guerre mondiale, une circonscription type, comporte :
             - un hôpital auxiliaire de 40 à 50 lits, installé au chef-lieu,
             - plusieurs salles de consultations réparties dans les douars, des " abris de mères et de nourrissons " que le médecin ou l'infirmière visitent périodiquement
             - et dans les zones d'endémie des affections oculaires, un ou deux " biout el âïnin " (littéralement maisons des yeux) dispensaires ophtalmologiques de premier secours.

             On compte encore 151 circonscriptions médicales : - 53 pour le département d'Alger,
             - 41 pour celui d'Oran,
             - 57 pour celui de Constantine.


             Il aura fallu bien des années pour parvenir à ce stade d'organisation.
             - Quels efforts les médecins ont-ils dû déployer,
             - quelles difficultés ont-ils dû surmonter pour accomplir leur mission dans des conditions souvent précaires, entre les deux guerres mondiales !

             En 1937, l'organisation du service médical s'était considérablement améliorée.
             Au fils des ans d'importants changements s'étaient produits.
             Les automobiles circulaient nombreuses sur des routes goudronnées.
             Aux sentiers muletiers avaient succédé des pistes carrossables.
             Le médecin se déplaçait plus rapidement. Convenablement outillé, il était secondé par des collaborateurs :
             - mieux instruits,
             - plus compétents,
             - toujours aussi dévoués.

             C'était la situation que j'avais rencontré à mes débuts professionnels dans l'Aurès.

Le service reprend à la fin de la seconde guerre mondiale.

             Nous venons de parcourir l'évolution de la médecine de colonisation des origines à la veille de la seconde guerre mondiale.
             Le service, d'abord perturbé par le conflit, reprend toute son activité après 1945.
             Un effort important est même entrepris pour pallier les déficiences en personnel et moyens matériels :
             - vaste programme de construction et
             - de rénovation des bâtiments hospitaliers des logements de fonction des médecins, des infirmières visiteuses,
             - des centres de santé,
             - des salles de consultations dans les douars.


             En outre de nouveaux " Bïout el âïnin " sont créés dans les zones d'endémie des affections oculaires.
             De plus, certaines circonscriptions sont dotées de moyens de transport motorisés, camions de consultation spécialement aménagés.

             En novembre 1944, le vœu de l'ancien médecin d'Herbillon préconisant en 1891 la création d'un service médical hiérarchisé, comportant des postes d'inspecteurs départementaux est enfin réalisé.
             Un décret du gouvernement provisoire installé à Alger, rassemble sous la dénomination de " médecins de santé " :
             - les directeurs départementaux et leurs adjoints,
             - le directeur des bureaux municipaux d'hygiène,
             - les médecins des services spécialisés de lutte contre les fléaux sociaux, tuberculose, paludisme, affections oculaires … et
             - les médecins de colonisation dont ils continuent d'assumer les multiples obligations.


             En avril 1951, le gouverneur général prononce, par voie d'arrêtés, la division en deux du corps des médecins de la santé. D'une part subsistent :
             - les médecins de l'inspection de la santé,
             - directeurs départementaux et leurs adjoints,
             - directeurs des bureaux municipaux d'hygiène etc.

             D'autre part, les médecins de circonscription forment un corps séparé et prennent le nom de " médecins de l'assistance médico-sociale en Algérie " ou plus simplement de médecins de l'AMS.
             Ils n'en demeurent pas moins polyvalents et poursuivent l'œuvre de leurs devanciers de colonisation.
             

             Ultime témoignage, celui de Georges Tabourin, médecin de la circonscription de Boghari qui met un point final à cette évocation d'un siècle de médecine sociale dans le bled algérien.
             Boghari, petite ville de dix mille habitants environ, située sur le grand coude de l'oued Chélif, à la limite de l'Atlas tellien et des hauts plateaux, était dans les années 50 le chef-lieu d'une commune mixte de quarante mille habitants répartis sur 235.000 hectares.
             La circonscription médicale recouvrait le même territoire, vaste mais relativement bien pourvu en voies de communication.

             Les citadins où l'élément européen était prépondérant :
             - fonctionnaires, cheminots,
             - commerçants, ces derniers étant pour moitié de confession israélite habitaient la ville nouvelle.

             Un ksar (village entouré d'une enceinte fortifiée), gros village, d'aspect saharien, dont la population exclusivement musulmane, était en grande partie originaire des Ouled Naïl, dominait l'agglomération.
             Outre le médecin de l'AMS, deux médecins libéraux, l'un européen, l'autre musulman étaient installés à Boghari où existait également une pharmacie.
             Les colons étaient implantés aux environs de Boghar, gros bourg de trois mille habitants, situé à 6 kilomètres du chef-lieu et à Moudjebeur, autre centre de colonisation.

             La terre pauvre, soumise trop souvent aux effets de la sécheresse, ne se prêtait guère qu'à l'élevage du mouton et à la culture de maigres céréales.
             Le médecin de l'AMS visitait périodiquement les douars et les agglomérations.
             Il se rendait chaque semaine, avec sa voiture personne, desservi par une infirmière à demeure.

             Ailleurs le médecin effectuait ses tournées en camion sanitaire, véritable salle de consultation ambulante pourvue :
             - d'une table d'examen,
             - d'un évier,
             - d'un réchaud à gaz,
             - de stérilisateurs et
             - de placards à médicaments.


             En 1951, l'équipe médicale comprenait, à part le médecin :
             - un chauffeur musulman,
             - un adjoint technique de la santé musulman et
             - une assistante sociale européenne.


             L'entente entre tous était parfaite écrit Georges Tabourin. A partir de 1956, l'insécurité ambiante contraignit le personnel médical à réduire ses activités itinérantes : les centres des hauts plateaux situés en terrain découvert, étaient toujours visités régulièrement, mais les douars de montagne n'étaient plus accessibles que sous la protection de l'armée.

             L'hôpital de Boghari accueillait hommes et femmes atteints de tuberculose.
             À Boghari, en revanche, l'hôpital prenait de l'importance et doublait presque son activité.
             D'abord simple hôpital auxiliaire de 35 lits, géré par la commune mixte, il était devenu hôpital civil.
             Un directeur administratif en assurait désormais la gestion, sa capacité avait été portée à 65 lits et il accueillait des femmes en couches, d'année en année plus nombreuses.
             Un tiers des lits était occupés par des tuberculeux, tant hommes que femmes.
             On distinguait les pulmonaires, isolés, des malades présentant des formes osseuses, ganglionnaires ou séreuses, soignés dans des salles communes.
             Au début leur cure était souvent décevante.
             L'arrivée de la streptomycine commença à en stabiliser certains.
             Dans ce pays d'élevage du mouton, les porteurs de kystes hydatiques (maladie parasitaire due au ténia échinocoque, transmis à l'homme par le chien ayant absorbé des viscères de moutons contaminés) étaient nombreux.
             On devait les évacuer sur les services chirurgicaux de l'hôpital Mustapha à Alger.

             Le témoignage du médecin de la circonscription d'assistance de Boghari s'achève sur ce constat désabusé : " Après dix années de travail exaltant et de résultats fructueux, la situation commença à se détériorer inexorablement… L'insécurité allait croissant et l'on vivait dans un état d'angoisse de plus en plus pénible.
             Perdant tout espoir d'un retournement de situation, inquiet de voir ma femme et mes enfants pâtir durement de telles conditions de vie, je me décidais finalement à partir.
             En janvier 1961 nous nous installions en France. Une page était tournée ! Non sans regrets, non sans une nostalgie qui me poursuivent toujours. "
             Le dernier médecin de l'A M S de Boghari venait de sauver sa vie et celle des siens. Cela n'a malheureusement pas toujours été le cas pour les médecins du bled, nombre d'entre eux ont été victimes d'attentats terroristes.
             Les uns ont succombé, d'autres ont survécu portant à jamais dans leurs corps les séquelles de leurs blessures.

             En janvier 1955, le centenaire de la médecine de colonisation avait été célébré avec faste.
             Alors aucun des participants à cette émouvante manifestation n'avait fait allusion aux évènements sanglants qui, quelques semaines plus tôt, avait donné le signal de la guerre subversive dans la région de Constantine.
             Aucun n'imaginait que le congrès qui se tenait à Alger était, en quelque sorte, le chant du cygne de la médecine en Algérie.
             Le geste des médecins de colonisation s'est achevé en apothéose : " Où trouverait-on dans le monde une épopée médicale comparable ? " écrit le docteur Goinard.

             Plus tard on a dit, on a écrit parfois, que les populations des douars avaient été abandonnées à leur misère, à la maladie.

             Pourtant les grandes épidémies avaient été rayées de la carte grâce aux importants moyens prophylactiques mis en œuvre.
             Le prodigieux effort d'équipement sanitaire, l'action quotidienne des médecins du bled, l'assistance aux mères et aux nourrissons sont, sans aucun doute, responsable au moins en partie de l'explosion démographique à laquelle on assiste aujourd'hui en Algérie.

Raymond Féry.
Historia Algérie. Histoire et nostalgie. 1830-1987.



Vivre vieux
Envoyé par Annie


      J'ai 72 ans. Je suis allé récemment chez un nouveau médecin
      - Après deux visites et des tests de laboratoire, il m'a dit que j'étais très bien pour mon âge.
      - Après cette remarque, je n'ai pas pu résister à lui demander : Pensez-vous que je vais vivre jusqu'à 99 ans ?

      Alors il m'a demandé : - Est-ce que vous fumez ? Buvez-vous de la bière, du vin, de l'alcool ?
      - Oh non, ai-je répondu. De plus, je ne prends aucun médicament.

      Il a continué : - Est-ce que vous mangez du steak et des viandes rôties au barbecue ?
      - Non, mon ancien médecin m'avait dit que les viandes rouges étaient mauvaises pour la santé.

      - Est-ce que vous passez beaucoup de temps au soleil ? Jouez-vous au golf ? Faites-vous de la voile, de la randonnée ? De la moto ? Conduisez-vous des voitures de sport ?
      - Non, rien de tout ça !
      - Avez-vous des maîtresses, avez-vous des rapports sexuels fréquents ?

       - Non plus ! Alors, il m'a regardé et m'a dit : Mais alors, pourquoi voulez-vous vivre jusqu'à 99 ans ? Vous allez vous emmerder !
Auteur Inconnu          




Français, Espagnols, Indigènes et Italiens.
Envoi de M. Christian Graille

             Propriétaire terrien de la région de Constantine, le vicomte de Caix de Saint-Aymour se décida, en 1891, à rédiger un essai sur les questions algériennes qu'il intitula " Arabes et Kabyles ".
             Il s'agissait pour lui de palier " l'ignorance des Français de Métropole en ce qui concerne les choses d'Algérie ".
             A travers ces quelques pages, l'auteur étudie, avec beaucoup de clairvoyance, cette Algérie multiraciale qui porte déjà les germes de la guerre qui allait entredéchirer ses populations soixante-cinq ans plus tard et conduire à l'indépendance.

             En attendant que se réalise cette fusion désirée entre les différents éléments qui composent la population algérienne, il faut bien avouer, qu'à part des exceptions, heureusement très nombreuses et qui tendent à augmenter chaque jour, la sympathie et la confiance réciproque sont médiocres entre Indigènes et Européens, entre Français et étrangers.

             Les Européens sont trop disposés à considérer les Indigènes comme une race inférieure, bonne tout au plus à exploiter.
             Les mauvais procédés, les traitements injurieux qu'ils se permettent trop souvent vis-à-vis de ceux avec qui ils sont en rapport, ne peuvent qu'entretenir entre les deux races une dangereuse hostilité.

             Les fonctionnaires eux-mêmes, qui devraient être les protecteurs impartiaux des intérêts de tous, oublient trop facilement leur devoir et se laissent aller parfois à des actes arbitraires, plus dignes de satrapes (hommes puissants et despotiques) asiatiques que de représentants légaux d'une grande nation civilisée.

             Dans beaucoup d'endroits, la puissance de l'autorité et le prestige du peuple conquérant sont au service des coteries locales qui considèrent les populations conquises comme de véritables parias taillables et corvéables à merci.
             La justice elle-même subit ces déplorables influences et une poignée de politiciens de bas étage tyrannise des arrondissements entiers.
             Le colon se défend : l'étranger a son consul, le Français a son bulletin de vote et dans un pays où un conseiller général est nommé par cent cinquante voix et un député par deux ou trois mille, le dernier des électeurs est un personnage à ménager.
             Mais l'Indigène est sans défense contre tous les abus et a trop souvent à souffrir de son isolement.

Si le Roi le savait.

             " Si le Roi le savait ! " disaient autrefois " les vilains " persécuté par leurs seigneurs ou par les officiers publics : " Si la République française savait ! " peut dire à son tour le fellah quand il est victime de quelque injustice ; mais la France est bien loin et les intermédiaires qui pourraient transmettre ses doléances sont souvent les premiers intéressés à étouffer ses légitimes réclamations.
             Cela explique avec quelle ardeur les pauvres gens cherchent l'occasion d'exposer leurs griefs, quand ils apprennent le passage à travers leurs tribus :
             - d'un ministre, d'un sénateur, d'un député métropolitain.

             Ils espèrent trouver en lui le redresseur des torts dont ils se plaignent et ils s'empressent de lui fournir tous les renseignements qu'il peut désirer.

             Il est certain que parmi ces plaintes, il y en a beaucoup d'exagérées. Ces gens, traités en vaincus par les Européens qui les entourent :
             - victimes d'une législation à laquelle ils n'ont aucune part,
             - d'une justice tracassière à laquelle ils ne comprennent rien,
             - encadrés malgré eux dans une civilisation aux rouages multiples,
             - assujettis à des formalités compliquées, qui, la plupart du temps, répugnent à leur nature, obligés de payer avec une régularité désespérante de lourds impôts auxquels, sous les régimes qui ont précédé le nôtre, ils avaient mille moyens d'échapper, ces pauvres gens sont disposés à voir dans toute légalité, une tyrannie, et dans tout agent français un persécuteur.


             Aussi sont-ils heureux de trouver à qui se plaindre des abus réels ou imaginaires auxquels ils se croient soumis, et, à ce titre, le plus modeste voyageur, même sans aucun caractère officiel, est le bienvenu parmi eux s'il consent à les écouter avec bienveillance.
             C'est pour cela que l'Indigène algérien, qu'il soit Arabe ou Kabyle fait une grande distinction entre les Français de France et les Français d'Algérie.
             Les premiers venant de loin et arrivant dans un pays imprégné des idées égalitaires qui sont le fond de notre caractère national, n'ayant pas eu à souffrir, d'ailleurs, des conflits que font naître nécessairement des rapports de chaque jour, le traitent avec une déférence à laquelle il est d'autant plus sensible qu'il y est moins habitué.
             De plus, ils ne viennent pas dans le pays pour y laisser de l'argent, soit comme voyageurs, soit comme capitalistes tandis que les colons, mêlés à son existence quotidienne sont sans cesse en lutte avec lui. Il n'est donc pas étonnant que les premiers aient toutes ses préférences.

             A ce sujet, et au risque d'abuser de l'anecdote, je demande au lecteur la permission de rappeler ici un souvenir personnel.
             Étant un jour à Constantine, en compagnie de deux amis, dont l'un parlait très bien l'arabe, nous allâmes faire une tournée dans quelques cafés maures de la ville et payer une tasse de liqueur noire aux Indigènes qui s'y trouvaient, tout en essayant de les faire causer.
             Naturellement ce fut un concert de plaintes et de lamentations.

             Nous voyant étrangers à la ville, ils nous dirent d'abord qu'ils savaient bien que les Français de France étaient des braves gens mais que les Français d'Algérie n'étaient pas bons qu'ils les méprisaient et les maltraitaient.
             Ils ajoutèrent qu'ils avaient surtout fort à faire pour résister aux exactions des employés subalternes qui leur dressaient des contraventions à tout propos et souvent sans aucun motif et dont ils ne pouvaient se débarrasser qu'en leur donnant des pourboires.
             " Mais pourquoi leur dîmes-nous alors,
             - pourquoi ne vous instruisez-vous pas, afin d'être à même de vous mieux défendre ? - Pourquoi n'envoyez-vous pas vos enfants dans nos écoles ?
             - Pourquoi même, quand vous en avez les moyens, n'allez-vous pas en France pour voir ce qu'il s'y passe ?

             Nos paysans de la métropole ne sont ni plus riches, ni plus malins que vous : bien souvent même, vous les surpassez comme intelligence et cependant, eux ne subissent pas ces injures dont vous vous plaignez, parce qu'ils savent la manière de s'en défendre. Pourquoi ne vous mettez-vous pas à même de faire comme eux ? "

             A toutes ces questions, nos interlocuteurs répondaient :
             - qu'ils ne pouvaient pas,
             - qu'ils ne savaient pas comment faire,
             - que cela était inutile,
             - qu'ils étaient convaincus que les français ne travaillaient pas beaucoup plus qu'eux, mais qu'ils travaillaient de la tête, ce qu'eux-mêmes ne savaient pas faire ;
             - enfin qu'il fallait se soumettre à la volonté d'Allah, plus puissant que les Arabes et que les Français.


             Et ils ajoutaient en matière de conclusion, qu'ils n'avaient pas trop à se préoccuper de l'avenir, ils étaient persuadés que les Français ne pourraient jamais s'acclimater en Afrique et en tirer parti, et que, par conséquent, ils y renonceraient et s'en iraient d'eux-mêmes un jour ou l'autre.
             - Toute l'ignorante illusion,
             - tout le fatalisme et
             - toute la patience résignée de l'Oriental sémite me semblent se trouver dans cette originale conclusion d'une conversation amicale entre Français voyageurs et Arabes de la classe moyenne et populaire.


             Mais tous ne parlent pas ainsi et on rencontre beaucoup de Musulmans algériens, surtout des Kabyles qui ont une vue plus juste de la situation que leur crée la disproportion entre eux et nous. " Pendant la grande guerre de 1871, me disait un jour un Aïn-Iraten, mon père a été tué à Palestro. Eh bien c'est fini maintenant, monsieur ! Il n'y a plus rien à faire contre vous et nous ne nous révolterons plus.
             Il ne faut pas marcher contre ce qui est écrit. Allah s'est mis décidément du côté des Roumis ! "

             On voit néanmoins quel danger peut faire courir à l'avenir de l'Algérie cette animosité persistante entre les deux races et quel intérêt aurait la France à essayer de rapprocher de nous ceux des Indigènes sur lesquels nous pouvons avoir quelque prise.
             Ces dangers seraient encore bien plus grands si les musulmans et les étrangers faisaient cause commune.
             Fort heureusement il n'en est rien.

             Si les Indigènes n'aiment pas les Français d'Algérie, ils sont pleins de haine et de mépris pour les étrangers et surtout les Italiens
             Un écrivain qui connaît bien le pays où il a beaucoup vécu, M. Raoul Bergot raconte qu'ayant entendu un de ses ouvriers qui ignorât qu'il parlait l'arabe, exprimer l'opinion que nous quitterions l'Algérie un jour ou l'autre, il l'interpella et lui dit brusquement :
             " Imbécile ! Peux-tu supposer que cette terre que vous avez prise autrefois à nos pères, les Romains, ne nous soit pas à jamais revenue ?

             Si les Français la perdaient, vous et nous, nous aurions les Anglais et les Italiens. "
             Et sur la demande de ce qu'il pensait des Anglais : " Les Anglais sont ouahar (mauvais) et les Italiens " : Il se mit à cracher par terre ainsi que tous ses compagnons et dit en jurant : " Inâhadin el macarône ! " (Maudits soient les macaronis !)
             Ceci se passait dans la province de Constantine où dominent parmi les étrangers, les Italiens.

             Dans la province d'Oran où les Espagnols sont les plus nombreux, c'est eux qui bénéficient de ces sentiments peu flatteurs. Cela se conçoit aisément.
             Les Italiens, les Espagnols et aussi les Maltais sont pour la plupart des gens de très basse origine, s'employant souvent à des besognes pour lesquelles on trouverait difficilement un Français.
             Presque toujours ce sont des ouvriers, venant, par conséquent, faire concurrence aux Indigènes sur le terrain de la main-d'œuvre.
             Les Français au contraire s'ils travaillent de leurs mains sont le plus souvent vignerons et chefs de culture.
             Les propriétaires leur confient tout naturellement, par un sentiment de solidarité nationale que peuvent comprendre seulement ceux qui ont vécu dans ce pays à races bariolées, la surveillance des autres ouvriers et la défense de leurs intérêts, il en résulte qu'ils sont en contact moins direct avec l'indigène et moins exposés par conséquent à entrer en conflit avec lui.

             A ce sujet même, il est à remarquer que si un propriétaire chercher à remonter ou à compléter son personnel européen, il trouvera vingt Français qui se proposeront comme chefs de culture ou contremaîtres surveillants, contre un qui se présentera comme ouvrier.
             Je n'ai vu qu'en Corse pareil flot de capacités méconnues.

             Il ne faudrait pas conclure de ce que je viens de dire que les colons français peuvent, sans inconvénients, persister dans l'attitude hautaine et vexatoire qu'ils ont adopté pour la plupart vis-à-vis des Indigènes, parce que ceux-ci paraissent encore au-dessous d'eux les étrangers, dans la sympathie qu'ils témoignent aux chrétiens.

             Si en effet, Italiens et Espagnols étant plus près de l'indigène que le Français :
             - tant par la nature de leurs occupations
             - que par leur niveau social et
             - même par leurs origines, provoquent chez lui plus de petits froissements que le Français, propriétaire ou colon aisé, ils seraient aussi à même, à un moment donné, d'opérer assez facilement un rapprochement plus intime et qui pourrait devenir un danger sérieux pour notre domination, dans certaines éventualités sur lesquelles il est inutile d'insister.

Sous le prétexte qu'il a un burnous.

             Quand le premier galopin venu, bombardé :
             - secrétaire de mairie,
             - greffier de justice de paix, ou
             - sous-chef de gare, par l'influence toute puissante de quelque Mirabeau d'estaminet, pour traiter impunément de Turc à More le vieillard musulman le plus respectable et le plus respecté de ses compatriotes, comment serait-il possible que notre domination fut aimée ?


             Et le premier Français qui passe, se croit le droit supérieur de tutoyer le même indigène qui souvent parle notre langue mieux que lui, sous le prétexte insuffisant qu'il a un burnous, tandis que lui-même porte une blouse, quelle idée voulez-vous que cet Arabe ou ce Kabyle se fasse de la courtoisie et de la bienséance française s'il a appris la grammaire ou il a lu que le " vous " était en Français le signe de la politesse ou du respect ?
             Cela n'a l'air de rien, et ce rien a cependant plus d'importance qu'on ne parait le croire.
             Il y aurait cependant, me semble-t-il une méthode bien simple à suivre en ce cas.

             Je demande pardon au lecteur de rentrer dans un aussi petit détail, mais ce sont ces détails qui impriment leur cachet aux relations de tous les jours entre les hommes et nous aurions tout à gagner à donner à ces relations avec les Indigènes un caractère de déférence et de cordialité qui leur fait aujourd'hui complètement défaut.

             Voici donc le moyen que je proposerais aux colons d'employer quand ils rencontrent un indigène d'apparence " comme il faut " : Commencez par lui parler au pluriel ; s'il sait assez bien notre langue, il répondra de même ; s'il ne sait pas assez le Français et qu'il tutoie en répondant, prendre immédiatement avec lui le tutoiement.
             Quel inconvénient y aurait-il à employer ces précautions ?

             Croyez-vous que l'homme, assez ignorant de notre langue pour ne connaître que le " tu " s'apercevra que vous avez commencé à le vouvoyer !
             Et s'il s'en aperçoit, ce qui suppose qu'il est fort intelligent, croyez-vous qu'il ne comprenne pas que vous lui faisiez une politesse et que vous la retirez parce que vous ne l'en voyer plus digne ? Et serait-il flatté pour cela ?
             En vérité, je ne le crois pas.

             Par contre, vous ne vous exposerez pas, de cette façon, à blesser de braves gens qui méritent des égards, peut-être même de vieux serviteurs de notre pays, qui répandent notre influence et dont le sang a peut-être coulé avec le nôtre sur quelque champ de bataille ?
             Il est grand temps pour nous, en effet, de ne plus traiter l'indigène comme un être inférieur, comme un vaincu

             Nous avons autant besoin de lui qu'il a besoin de nous.

             Si nous voulons ramener à nous ceux qui sont assimilables, il faut commencer à leur accorder ce minimum d'égards et de déférence que le plus fier d'entre nous ne refuse pas au plus grossier paysan de la métropole.

             Nous, nous trouvons, en Algérie, en présence de diverses populations indigènes qui toutes ont soif de bons procédés et de justice.
             C'est leur droit de nous les demander, c'est notre devoir de les leur accorder.

Vicomte de Caix de Saint-Aymour.
Historia Algérie. Histoire et nostalgie 1830-1987.



Orléansville : une colonie militaire.
Envoi de M. Christian Graille

             Le 21 avril 1843, une colonne dirigée par le Maréchal Bugeaud et le colonel Cavaignac quitte Miliana, au Sud-Ouest d'Alger, en direction de la plaine du Chélif afin de consolider la présence française dans cette zone.
             Après trois jours d'une pénible progression, les hommes atteignent un monticule couvert de ruines, témoignage d'une antique cité romaine.
             Haut lieu stratégique, Bugeaud décide d'y implanter un camp permanent.
             La colonisation militaire commençait en Algérie.

             La plaine du Chélif modelée au cours des siècles par l'oued qui la traverse, s'étire entre les massifs montagneux de l'Ouarsenis au Sud et du Dahra au Nord.
             Aride : il n'y a pas un seul coin d'ombre et seuls des jujubiers et des palmiers nains arrivent à pousser ;
             Déserte : personne ne vit dans cette vallée, mis à part quelques nomades qui y séjournent au printemps lorsqu'une maigre herbe pousse et que la chaleur a fait fuir les lions dans les montagnes voisines, la vallée est vraiment inhospitalière.
             - Les 6 bataillons de marche,
             - les 300 cavaliers,
             - les 120 voitures à deux roues (les arabas) et
             - les 400 mulets,

             Portant : les tentes, les vivres, le bois de chauffage, avaient longé le cours sinueux et boueux du Chélif pour atteindre cet imposant monticule de terre rouge sur lequel dormaient des ruines romaines.

             Ce 26 avril 1843 arrivait en ce même lieu la colonne du général Gentil (70 arabas, 1.800 mulets) qui avaient quitté Mostaganem quatre jours plus tôt et remonté la plaine en sens inverse.
             La jonction s'opéra près de ce petit plateau couvert de pierres, El Asnam (les pierres debout) ou " les idoles " comme l'appelaient les autochtones des montagnes.
             Situé au beau milieu de la plaine, à moins de 50 kilomètres du port de Ténès, lequel pouvait assurer les communications et le ravitaillement par la mer, c'était là une excellente position stratégique pour y construire un centre permanent (les Romains l'avaient déjà compris).

             Dès le lendemain le maréchal Bugeaud fait délimiter au cordeau le vaste rectangle où doit s'établir la future garnison.
             - Il confie au colonel Cavaignac le commandement de la place,
             - envoie des patrouilles de reconnaissances inspecter les environs, et
             - passe le reste de la journée à recevoir des visiteurs.

             Car nous sommes au printemps et l'on aperçoit dans la plaine des tentes et des " gourbis ", les rares habitants du pays ayant l'habitude de s'établir quelques mois dans la plaine pour commercer avec les nomades, de passage à cette époque de l'année, avant de repartir cultiver leurs jardins dans les montagnes.

             Aussi les notables : de Medjadja, de Béni-Rached, du Dahra et de l'Ouarsenis viennent-ils parlementer avec le maréchal à propos de l'occupation de certaines terres par l'armée française.
             Bugeaud s'engage à s'approprier uniquement les terres appartenant naguère à l'administration turque du Beylik de Médéa.
             Quant aux terres appartenant aux tribus locales, cette question sera réglée plus tard. (Lorsque les Européens s'installeront sur des terres en friches revendiquées par des autochtones, une procédure d'expropriation avec indemnisation sera mise en place par l'administration.)

             Une fois le camp bien établi, Bugeaud se préoccupe de faire ouvrir une route praticable aux charriots pour rejoindre le port de Ténès.
             Au pic et à l'explosif, le génie taille le roc des gorges de l'oued Allala et le 1er mai, le maréchal entre dans Ténès, ce petit port naturel qu'il confie au colonel de Saint-Arnaud avec mission d'aménager la rade.
             Puis il envoie au maréchal Soult, ministre de la guerre, le compte rendu de l'installation du camp militaire du lieu-dit El Asnam.
             La réponse du gouvernement est rapide et enthousiaste : le 16 mai 1843, Louis Philippe nomme le camp Orléansville en mémoire de la famille royale.
             Le 16 mai également le fils du roi, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, secondé du bouillant colonel Yusuf et de ses spahis, s'empare de la smala d'Abd-el-Kader. Même si l'émir est parvenu à s'enfuir, cette victoire semble de bonne augure pour le développement de la future cité. C'était compter sans la nature.

Fertile ou sain.

             " Le pays est sain auprès du Chélif quand l'hiver a été pluvieux, mais alors il n'est pas fertile. Il est fertile quand l'hiver a été pluvieux, mais alors il n'est pas sain ! "
             Plus d'un Arabe avait répété ce vieil adage au commandant du génie Tripier chargé de la création de la nouvelle ville.
             Aussi les précautions sanitaires et les provisions d'eau étaient-elles les premières préoccupations de l'armée avec les relevés topographiques.
             Premières constatations : le camp se trouve au confluent de l'oued Tsighaout et du Chélif ; si les eaux boueuses du Chélif coulent faiblement, le débit heureusement est continu.
             Cependant la terre rougeâtre des berges est friable et ne tient pas ; les militaires s'aperçoivent que le lit du Chélif s'est enfoncé de près de huit mètres depuis l'époque romaine, ce qui rend le passage à gué difficile.
             L'oued Tsighaout, quant à lui, est souvent à sec ; mais les soldats découvrent une source dans le lit caillouteux de l'oued ainsi que les restes d'un canal qui amenait l'eau à la cité romaine ; cette canalisation longue de 3 kms est complètement réparée.

Une basilique en ruines.

             Surtout, les travaux de nivellement vont bon train. Dégageant les antiques pierres de la couche de terre et des nombreux buissons épineux qui les recouvraient, les sapeurs découvrent la grande citerne qui recevait les eaux du Tsighaout et se pressent à l'aménager. Les fouilles révèleront d'autres trésors :
             - de grandes jarres,
             - de nombreuses médailles,
             - un four à briques,
             - des ustensiles de cuisine,
             - des pierres de taille,
             - les vestiges d'une basilique,
             - d'une grande mosaïque et
             - le tombeau d'un prélat.

             Tout en travaillant au déblaiement des ruines et à la construction de la nouvelle garnison, le commandant Tripier et son second, le lieutenant Prévost, se penchent sur l'histoire de l'antique cité

Un pont sur le Chélif.

             Mais il faut, avant tout, installer le camp. C'est une cité de toiles et de planches qui s'élève tout d'abord.
             De Ténès on apporte de grosses poutres que les sapeurs assemblent pour jeter un pont de bois sur le Chélif.
             Un grand hôpital de 400 lits ayant été envisagé, les premières fondations sont posées.
             Puis les bâtiments réservés au cantonnement de la troupe sont rapidement montés. Enfin alors que quelques arpenteurs s'occupent d'aménager une pépinière, le bétail est parqué dans un " parc à bœufs " juste au confluent du Tsighaout et du Chélif. Déjà quelques commerçants et colporteurs s'installent autour de vastes fossés que les soldats creusent hâtivement, en attendant la construction des remparts.

             Mais bientôt s'abat sur le campement la chaleur d'un été accablant :
             - Une fournaise atroce.
             - Le vent du Sud apporte des nuages de poussière rouge,
             - Il n'y a pas d'ombre,
             - la température atteint les 50° dans les tentes,
             - les eaux boueuses du Chélif sont au plus bas,
             - aux endroits où elle stagnent des myriades de moustiques se développent obligeant les militaires à prendre leur dose quotidienne de quinine.


             C'est pourtant cette eau boueuse qui est puisée pour humecter les tentes et les draps afin d'avoir moins chaud.
             Toute la journée des mulets gravissent les berges raides et friables de l'oued chargés de tonneaux.
             Les organismes sont épuisés par cette chaleur et par ces nuits sans sommeil car le seul moyen de se protéger de ces énervants moustiques est de dormir un drap sur le visage.

Le colonel est acclamé.

             Une vie inhumaine, intenable. Seule la mission impérieuse confiée à l'armée :
             Créer un camp dans une position stratégique pour contrôler la plaine et contribuer ainsi à la pacification de l'Algérie.
             Seule cette mission retient des hommes dans cet enfer. Le colonel Cavaignac s'en plaint : " C'est au rôle modeste de chef d'atelier que se borne le poste qui m'est réservé " écrit-il. Car mis à part quelques patrouilles, sa mission est de commander une ville en chantier, ce qui ne lui plaît guère.
             Ses rapports avec Bugeaud sont tendus, si bien que le gouverneur général le remplace.

             Et le 24 novembre 1843, le colonel de Saint Arnaud entre à Orléansville sous les acclamations et les salves. Son domaine : un camp de 2.000 hommes déjà bien avancé :
             - la rue principale est pavée,
             - le pont achevé,
             - l'hôpital commence à s'élever,
             - une quinzaine de maisons sont déjà édifiées, entourées encore de baraques,
             - un cercle militaire,
             - un cercle civil,
             - un théâtre de planches et
             - des guinguettes assurent l'animation des soirées.


             Saint Arnaud va s'atteler à sa tâche avec ardeur et passion. Pionnier dans l'âme, il note avec lucidité :
             - " qu'il faudra donner bien des coups de pioche et de truelle et de
             - planter des arbres, tracer des routes et
             - creuser des canaux.

             Mais nous y arriverons ; tout se fera. "

             Jusqu'à présent les approvisionnements du campement incombaient totalement à l'intendance ; la situation ne peut durer.

             Aussi fait-il labourer immédiatement une cinquantaine d'hectares. L'armée reçoit des milliers de plants :
             - d'arbres, de vigne et de semences.
             Loin de se plaindre le bouillant colonel se révèle un remarquable entraîneur d'hommes. La construction se poursuit activement :
             - Des civils, des artisans,
             - ouvriers arrivent et sont embauchés sur les chantiers,
             - de nouveaux commerçants s'installent.


             La petite bourgade européenne commence à prendre forme : on compte à la fin de l'année 1844, 4.000 hommes de troupe et 430 civils.
             Entre temps le capitaine Richard, officier du bureau arabe, qui avait la même passion des hommes que Saint Arnaud, tissait des relations très étroites avec les population autochtones des montagnes et les nomades.
             Son charisme et son prestige firent beaucoup pour qu'ils entretiennent des relations commerciales avec la petite ville naissante, qu'ils se fixent et apprennent de nouvelles méthodes de culture.
             Richard sera à l'origine des grands marchés d'Orléansville et de Ténès ; progressivement les Arabes iront vers la nouvelle cité européenne.

             Orléansville se développe. Et puis au début de 1845 alerte ! La révolte des Ouled Riah, commandés par Bou-Maza, s'étend, menace le Dahra et la ville.
             Le colonel Pélissier part de la petite garnison avec une colonne ; la course-poursuite s'engage, impitoyable.

             Le 28 avril 1845, les Ouled Riah, réfugiés dans une grotte, sont enfumés, 500 personnes périssent.
             La méthode Bugeaud est radicale comme celle d'Abd-el-Kader : en septembre 1845, une colonne française est décimée près du marabout de Sidi Brahim. Malgré :
             - la chaleur, la poussière,
             - les mouches, les moustiques,
             - les maladies et le manque d'eau,

             Orléansville grandit, sous la coupe de l'armée.

             Saint Arnaud fait entreprendre l'étude d'un projet de barrage au lieu du " la prairie " ou Pontéba, car les puits et les canaux existants ne suffisent pas pour arroser les arbres de la pépinière.
             Entre temps la pacification se poursuit : Abd-el-Kader se rend en 1847.

             Déjà le 14 août 1845, un centre de population de 2.000 âmes est adjoint, par ordonnance royale, au " camp permanent d'Orléansville ".
             Le territoire communal, fixé à 2.000 hectares est partage en 130 concessions distribuées à des candidats colons, afin de donner une impulsion supplémentaire au développement de la petite cité.

             Parmi les pionniers qui réussiront, on peut citer :
             - Martial Robert, la minoterie qu'il montera fera sa fortune,
             - Pierre Mino, un maçon, dont la famille possédera l'une des plus grandes fermes d'Orléansville.


             En fait les émeutes de juin 1848 à Paris vont inciter la toute nouvelle République à augmenter l'arrivée des colons et créer pour cela les " colonies agricoles ".
             Orléansville va en bénéficier car l'administration décide de fonder deux centres à proximité : La Ferme et Pontéba.
             Là encore le génie militaire s'occupe activement d'aménager les places avant l'arrivée des futurs " quarante-huitards " que nombre de militaires confondront avec les agitateurs des barricades (ce qui accentuera la traditionnelle animosité existant à cette époque entre civils et militaires).

             La Ferme, très proche d'Orléansville est en fait la ferme militaire établie dès les premiers temps : deux cents hectares ont déjà été labourés par l'armée, des concessions sont tracées.
             A Pontéba, à 6 kilomètres, trois baraques de planches sont construites. L'arrivée des colons parisiens est un apport de main d'œuvre tout à fait considérable. Las !
             Les conditions de vie plus que précaires pour des citadins passés brutalement des faubourgs à cette plaine désolée seront terriblement éprouvantes :
             - maladies, découragements, abandons, cultures grillées par le soleil.
             Les plus solides résisteront mais un grand nombre d'entre eux, découragés, revendront leurs petits lopins péniblement défrichés à d'autres colons déjà installés ou à des spéculateurs, ce qui amorcera la concentration foncière.

La terre tremble deux fois.

             La petite cité s'étend, prend une certaine autonomie par rapport à la tutelle militaire.
             Le 21 novembre 1851 est nommé le premier commissaire civil d'Orléansville : Ferdinand Duboc dont l'activité s'étendra jusqu'aux villages de la Ferme et de Pontéba, eux aussi remis à l'administration civile.

             Cependant le commissaire n'ayant pas de grands pouvoirs, c'est l'armée qui continue, parfois avec réticence, à largement soutenir la jeune ville, qui devient une commune autonome le 31 décembre 1856.
             Si les conditions de vie sont un peu améliorées, elles demeurent encore pénibles.
             Le nombre de décès demeure plus important que celui des naissances, et pendant longtemps le flux migratoire restera la raison essentielle de l'accroissement de la population. En outre la nature reste inhospitalière

             En 1868, par exemple, la terre tremble légèrement, sans heureusement causer de dégâts.

             Ce n'est qu'en 1871 que le petit barrage de Pontéba irrigue les environs d'Orléansville.
             Pendant une cinquantaine d'années seul ce barrage fournira l'eau nécessaires aux cultures de la plaine (celui de l'oued Fodda qui permettra le développement des orangeraies et ne sera construit qu'en 1932).

             En 1875, Orléans ville devient chef-lieu d'arrondissement.

             L'arrivée de nouveaux colons dynamise son développement et celui des villages environnants :
             - Les orphelins recueillis par le cardinal Lavigerie,
             - les Alsaciens-Lorrains,
             - les viticulteurs du Midi que le phylloxéra a ruinés.


             Au fil des ans, la région devient de plus en plus prospère, et Orléansville, élevée au rang de sous-préfecture prend bientôt une allure de petite capitale.
             C'est avant tout une ville européenne (la population arabe ne deviendra majoritaire qu'à partir des années 1920).
             La famille Robert se fait un nom. La mort de Paul Robert, maire et conseiller général, lors d'un duel en 1910, met l'Algérie en émoi.
             Son neveu, Paul Robert, donne aux lettres françaises un célèbre dictionnaire…
             En 1936, la nouvelle basilique d'Orléansville portant sur tous ses murs la grande mosaïque, enfin restaurée est inaugurée. Entre deux dramatiques tremblements de terre (1934, 1954), Saint Réparatus avait retrouvé ses paroissiens.

Jean-Louis Donnadieu.
Historia Algérie. Histoire et nostalgie. 1830-1987.



Orléansville vers 1890.
Envoi de M. Christian Graille

             Un guide touristique paru à la fin du XIXe siècle décrit Orléansville, forte alors de 8.000 habitants dans les termes suivants :
             " - Des plantations publiques groupées dans l'intérieur de la ville,
             - plusieurs jardins,
             - - le magnifique bois de pins et des caroubiers, on peut dire la forêt de plus de 100 hectares qui a été créée au Sud-Ouest de la ville,
             - des fontaines bien alimentées,
             - l'aménagement des eaux du Tsighaout et l'ancienne pépinière civile donnent aujourd'hui un air de verdure et de fraîcheur qui contraste heureusement avec l'aridité des environs.


             Orléansville est assise dans une très belle situation ; des remparts Nord on découvre un magnifique panorama.
             A ses pieds le fleuve roule majestueusement ses eaux entre deux coupures profondes.
             Devant soi, sur la berge opposée, on aperçoit le village de la Ferme, entouré d'arbres.

             Plus bas les jardins touffus de l'hippodrome, et à sa gauche, le beau pont métallique de 110 mètres de longueur que traverse la route de Ténès.
             On voit encore au deuxième plan, en face de soi, les montagnes rouges, suite de collines pittoresques en partie couvertes de pins.
             Enfin le regard s'étend sur cette vaste et fertile plaine du Chélif où l'horizon lipide est borné par les montagnes du Medjadja et du Dahra….

             Comme toutes les villes de création moderne, les rues sont bien alignées et coupées à angle droit.

             Les bâtiments les plus importants sont affectés aux différents services civils et militaires, ce sont :
             - L'hôtel de la subdivision, la sous-préfecture,
             - les casernes, l'hôpital,
             - le trésor, les postes et le télégraphe,
             - le théâtre
             - l'abattoir, le palais de justice, la prison civile,
             - les bains maures où se tient le Cadi (notable arabe) les jours de marché.


             L'église est une chétive bâtisse indigne d'une cité comme Orléansville (il s'agit d'une ancienne écurie !)

             Les places d'Armes de la Mosaïque (qui est encore enfouie à cet endroit) et du marché sont, comme les rues plantées de beaux caroubiers et ornées de fontaines.

             La place de la Mosaïque où se tient le marché arabe tous les samedis, offre un spectacle des plus curieux avec ses Indigènes montagnards de l'Ouarsenis et du Dahra :
             - marchands d'huile, de savon, de figues, de menues merceries,
             - avec ses jongleurs, faiseurs de tours, avec ses chanteurs et improvisateurs.

Collection guides Joanne, Paris, éditions Hachette. 1889

La foire annuelle d'Alger.

             Avant de quitter Alger, nous ne manquerons pas de visiter sa foire annuelle qui se tient en septembre. Il en est d'autres :
             - à Mostaganem, à Blida, même à Douéra.

             Nous irons aussi admirer l'exposition permanente qu'a institué à Alger le maréchal Randon, après le succès de l'Algérie lors de l'Exposition de Paris en 1849 et l'exposition universelle de Londres en 1851.

             Et de retour à Paris, nous irons confronter les souvenirs de ce beau voyage avec l'expédition permanente, rue de Grenelle-Saint Germain, " tableau brillant du présent et éclatant appel à l'avenir. ", selon les termes de Mac Carthy notre guide.

Pierre Coinard (Algérie, l'œuvre française.)



PHOTOS DIVERSES
Envoi de diverses personnes
HIPPONE 1961

BÔNE VUE SUR SAINT-CLOUD



MONDOVI - PEPINIERE




DUVIVIER - POSTE




JEMMAPES - VUE AERIENNE



JEMMAPES - GROUPE MUSICAL 1912




TIMGAD
Brochure de 1951
À LA MEMOIRE DE TOUS CEUX À QUI NOUS DEVONS TIMGAD
RESSUSCITEE ET PARTICULIEREMENT Â CELLE DE
CHARLES GODET QUI LUI CONSACRA SA VIE

TIMGAD
Antique THAMUGADI

Christian COURTOIS Chargé d'enseignement à la Faculté des Lettres d'Alger 

V
LES FAUBOURGS DU SUD, LE FORT BYZANTIN
ET LA NECROPOLE CHRETIENNE

                 Les deux maisons de Sertius et de I'Hermaphrodite sont, rappelons-le, déjà situées en dehors de la ville de Trajan, mais obéissent aux mêmes orientations qu'elle. Le quartier qui commence au-delà est d'une allure toute différente. Les voies se rejoignent à angle aigu. L'alignement des maisons n'a plus la même rigueur. II semble qu'on soit ici en présence d'un QUARTIER INDUSTRIEL. On doit probablement reconnaître une fonderie, au sommet méridional du triangle que détermine le tracé des rues, et en face, sur I'embranchement Nord-Ouest, un atelier de céramique, où l'on a retrouvé des lampes chrétiennes encore neuves. Boutiques et logements s'intercalaient sans doute entre les ateliers.

                 Le quartier industriel se développe à I'Ouest de la voie qui prolonge le cardo maximus Sud. A l'Est, se trouvent les GRANDS THERMES DU SUD dont une fontaine décore, à la bifurcation, la façade aveugle.
                 Il est à peine besoin de noter l'importance des thermes dans la vie romaine. Leur fréquentation était, pour les hommes surtout, une des occupations les plus impérieuses de la vie quotidienne, et le nombre de ceux qu'on a découverts à Timgad montre qu'il en allait ici comme dans les autres villes de i'Empire. Les thermes n'étaient d'ailleurs point strictement réservés au bain ; ils servaient aussi de salles de gymnastique. On y venait lire et surtout, sans doute, bavarder. Le bain romain était du reste une opération longue et compliquée, dont les bains maures n'ont conservé qu'une tradition appauvrie. De la pièce où i'on se dévêtait (apodyterium) on gagnait la salle des piscines froides (frigidarium) puis par une salle tiède (tepidarium), celle des piscines chaudes (caldarium), enfin la salle de sudation (laconicum). Une pièce était généralement réservée - dans les grands thermes du moins - aux massages à l'huile et aux frictions par lesquels s'achevait la cérémonie. Elle portait le nom d'elaeothesium.

                 Cette disposition qui peut être réduite au minimum, comme on a pu le constater dans les thermes privés, peut être portée à un extrême degré de complexité comme on le verra dans les grands Thermes du Nord. Mais c'est dans les grands Thermes du Sud qu'en apparaissent le mieux I'agencement et le fonctionnement. L'organisation de la chauffe, tant du laconicum que du tepidarium et des piscines, exigeait un ensemble de constructions souterraines qui est ici parfaitement visible. Le principe en est fort simple : il repose sur le fait que l'air chaud tend à s'élever. On réservait donc dans le sol une masse d'air chaud, en construisant les salles chaudes ou tièdes, non pas à même le sol, mais sur de petits piliers, le plus souvent de briques, parfois de pierre, d'environ 80 centimètres de hauteur. C'est ce que l'on nommait l'hypocauste qui communiquait avec un foyer. Les salles étaient munies de doubles parois ; l'air chauffé de l'hypocauste venait en quelque sorte les envelopper de toutes parts. Naturellement aussi les thermes demandaient une organisation de l'eau, produit toujours précieux en Afrique et qui était fourni aux Grands Thermes du Sud par l'Aqua septimiana felix dont on parlera plus loin.

                 Construits au second siècle, les Grands Thermes du Sud durent être agrandis dès 198. Ils présentent un plan tout à fait asymétrique. Deux entrées s'ouvrent au Nord sur un couloir que bordait une construction semi-circulaire, doublée intérieurement par une colonnade et qui servait sans doute de lieu de rencontre, et une autre au Sud. La porte Nord, flanquée de statues, donnait sur un large couloir coudé qui rejoignait la porte Sud. Sur la gauche, une salle précédée de colonnes et terminée en abside servait sans doute de salon de conversation. Sur la droite, une vaste salle, dans laquelle on pénétrait par trois portes et décorée de statues impériales au milieu du troisième siècle, était probablement un promenoir. C'est du côté Ouest de cette salle que s'ouvraient l'apodyterium et le frigidarium entre lesquels s'intercale une piscine carrée. Une autre piscine, rectangulaire celle-ci, occupait le côté Sud du frigidarium dont le mur Ouest était orné des statues du Génie de Timgad, de la Fortune et de la Victoire et au centre duquel se trouvait une vasque. Deux niches creusées dans les murs de la piscine Sud contenaient des statues. L'une d'elles est aujourd'hui ou Musée et le représente une nymphe soutenant une vasque en forme de coquille. Peut-être l'autre exemplaire du même motif qu'on a retrouvé au cours des fouilles provient-il également des Grands Thermes.

                 Du frigidarium, on gagne une pièce rectangulaire qui était peut-être l'elaeothesium, au Nord duquel se trouve le tepidarium. C'est de celui-ci qu'on accède à trois salles qui se commandent les unes les autres. La première et la troisième étaient des caldaria, comme le prouvent les piscines qu'on y voit. La seconde était le laconicum. Il reste à signaler, à proximité de la porte Sud de I'édifice, de vastes latrines dont les vingt huit sièges, aujourd'hui disparus, étaient répartis en demi-cercle et séparés en deux groupes par une fontaine ornementale.

                 En contemplant à présent les murs de briques, consolidés avec un goût discutable, on a quelque peine à imaginer les thermes tels qu'ils furent, avec leurs statues et leurs parois plaquées de marbre. De même I'effondrement du sol dans la partie réservée aux bains chauds rend difficile I'imagination des salles. Mais cet effondrement permet de découvrir l'anatomie des thermes et rien n'est plus révélateur que I'examen des fourneaux et des conduites ressortissantes au grand caldarium.
                 A une cinquantaine de mètres au Sud-Est des Grands Thermes, on reconnaît un autre établissement thermal ; les PETITS THERMES DU SUD où se retrouvent à petite échelle Ies éléments essentiels qu'on vient de décrire.

                 Des Thermes, on aperçoit, à deux cent cinquante mètres environ plus ou Sud, le FORT BYZANTIN. Cet énorme quadrilatère, de 112 mètres sur 67, était tenu et à juste titre, jusqu'à ces dernières années, comme une des mieux conservées parmi les forteresses byzantines d'Afrique, mais on pouvait croire, sur la foi de sondages insuffisamment profonds qu'il avait livré tous ses secrets. Les fouilles reprises en 1939 ont montré que ce qu'on avait pris pour le rez-de-chaussée du fort en était en fait le premier étage et qu'il s'élevait sur un ensemble de monuments romains remontant au IIIème siècle. Ce sont donc deux éléments tout à fait distincts qui se trouvent ici superposés. Il faut, pour en comprendre la nature, les isoler par la pensée et les examiner séparément. L'ensemble des monuments romains qui a précédé le fort est en partie extérieur, en partie intérieur à son enceinte. Ce sont les éléments qu'elle enferme qui sont les plus intéressants ; mais ils se présentent à l'œil sous un aspect assez complexe étant donnés Ies remaniements dont ils ont été l'objet lors de la construction de la forteresse. Cependant, on embrasse assez bien du haut de la muraille le plan d'ensemble et le panorama introduit quelque clarté dans les superpositions d'édifices.
  
Fort Byzantin la Chapelle et la partie ouest

                 La construction la plus frappante en est un immense BASSIN de 27 mètres sur 7 et profond de 1 mètre 70 (orienté Sud-Nord). Ce bassin, jadis plaqué de marbre, était entouré d'un péristyle dont le sol était dallé de briques disposées en chevrons. Une balustrade de bronze en faisait le tour. De part et d'autre, sur le long côté du rectangle, une cour dallée de briques était-elle aussi bordée par un portique. L'eau arrivait dans le bassin du côté Sud et s'écoulait du côté Nord. C'est de ce même côté que s'offrait la façade du monument. Elle était percée d'une large porte à arc semi-circulaire, qu'encadraient deux baies carrées. En avant se trouvait une très vaste cour à portiques, qu'on voit à l'extérieur du fort et sur laquelle se sont enchevêtrées les constructions byzantines et berbères.

                 En arrière de cet ensemble, c'est-à-dire vers le Sud, se trouvaient trois SANCTUAIRES. Celui du centre, des 9 mètres 80 sur 7 mètres 50, dallé de marbres blanc et vert était précédé d'un vestibule, pavé de mosaïque. Au fond se trouve une banquette, destinée sans doute à supporter des statues. Les deux sanctuaires latéraux, recouverts en partie par des constructions byzantines, sont identiques l'un à l'autre et de moindre dimension (7 m. 10 X 5,10). Les trois sanctuaires sont surélevés par rapport au bassin et on y accède par deux escaliers, situés de part et d'autre de celui-ci.

                 Les divinités auxquelles étaient consacrés ces sanctuaires ne sont pas hors de conteste. Il semble que ce soit la Dea patria, elle-même assez mystérieuse, pour le sanctuaire central et Serapis pour le sanctuaire de droite. Mais on est dans la nuit en ce qui concerne le sanctuaire de gauche. Par contre une inscription nous a conservé le nom de la source : Aqua septimiana felix, et une autre permet de dater de 213 la dédicace des constructions relevées en avant des sanctuaires. Mais quelles circonstances valurent à cette source l'important appareil dont on I'environna ? Nous en sommes réduits aux hypothèses sur ce point. Du moins, est-il permis de penser que les vertus curatives qu'on lui attribuait n'y furent sans doute pas étrangères.

                 Quoi qu'il en soit, c'est sans doute l'existence de cette admirable piscine qui détermina I'emplacement du fort byzantin. L'épigraphie a confirmé le témoignage de Procope et précisé que c'est en 539, la treizième année du règne de Justinien que la forteresse fut bâtie sur l'ordre du magister militum Solomon. C'est un édifice rectangulaire, flanqué de tours carrées aux quatre angles et au milieu de chacune des faces, qui s'élève encore aujourd'hui à plus de 12 mètres au-dessus du niveau du sol et dont la muraille atteint 2 mètres 50, environ, d'épaisseur, sauf dans les tours où elle est un peu moindre. Comme d'ordinaire, cette muraille est constituée par deux parois de pierre de taille, disparates en raison de leur emprunt à des monuments préexistants, et entre lesquelles est inséré un blocage.

                 On pénètre dans l'édifice par une large porte à double seuil, ouverte dans la tour centrale Nord et que protégeait une herse. L'intérieur est occupé par des constructions multiples qui n'ont pas encore été l'objet d'une étude détaillée. On peut noter cependant la disposition régulière des casernements, bâtis en pierre de taille et chevauchent les bâtiments antérieurs. on distingue la cour centrale qu'ont recouverte les constructions berbères. Tout indique une vie repliée et précaire : les tours qui servaient de magasins (la mieux conservée est la tour centrale Est), les thermes et jusqu'à la petite CHAPELLE de la garnison qui a conservé les colonnes qui la divisaient en trois nefs et celles de son ciborium, son autel et, à gauche de celui-ci son minuscule baptistère.

                 Cependant la Timgad byzantine ne se réduisait pas à la forteresse. Le pouvoir de celle-ci débordait son ombre et la vie avait sans doute repris dans la ville ruinée, en admettant qu'elle y ait jamais cessé tout à fait. Certains édifices de la ville de Trajan - la chapelle construite dans la maison de Januarius, par exemple - paraissent bien dater de la période byzantine. C'est en tous cas dans les derniers jours de la domination grecque, aux temps du patrice Grégoire, entre 641 et 647 que fut bâtie par jean, duc de Tigisi, une CHAPELLE située à quelques 300 mètres au Sud-Ouest du fort. Il n'en subsiste que des ruines confuses, mais les colonnes restées debout attestent encore l'existence de trois nefs.


                 Cette chapelle occupe l'extrémité Nord-Ouest d'une immense NECROPOLE CHRETIENNE ou milieu de laquelle se trouve une autre église. Celle-ci, ouverte au Nord, présente un plan aberrant. La nef centrale qui se termine par une abside surélevée est limitée par une double rongée de colonnes. Mais tandis qu'à I'Ouest la nef est flanquée d'un bas côté, elle est bordée à l'Est par une cour rectangulaire entourée d'un portique et encombrée de tombes ou milieu desquelles se voient quelques sarcophages. Il est difficile de préciser si l'église s'ouvrait ou non sur un atrium.
                 Mais plus que les chapelles c'est la foule des tombes qui retient le cœur et les yeux. On en a mis au jour quelque dix mille, individuelles ou collectives. Quelques sarcophages, mais la plupart se réduisent à des dalles de céramiques, le plus souvent affrontées. Rares sont celles qui portent des inscriptions. C'est l'anonymat et la médiocrité générale et rien n'est plus émouvant que ce pauvre appareil dons lequel les derniers chrétiens de Timgad dorment en attendant leur résurrection glorieuse.
A SUIVRE


COTES
Par M. Bernard Donville
   
            Bonjour à tous, confinés ou pas,

            Chers amis,
            Et nous partons pour une monotonie du plaisir le long de plages, de criques à oursinades, de villages à bals d’été et surtout de coups d’œil vers le large.

            Et on arrive à Tipasa surveillé par le Chenoua. Découvrez le parc Trémeaux et ses ruines romaines. Moi qui tout jeune y ai cotoyé le peintre Bouviolle je peux vous assurer que ça m’a laissé des visions inoubliables.

            Nous redémarrons notre périple en contournant le Chénoua et allons arriver à Cherchell, Césarée pour les romains. Pour beaucoup de mon âge c'est le site de l'Ecole des Officiers de réserve de l'Infanterie.

            Au delà de Cherchell nous longeons une côte splendide que je vous propose d'admirer grâce à de belles photos d'un ami. Et chemin faisant nous tombons sur Francis Garnier, village à histoires !
            Nous traverserons Ténes, ouverture sur la plaine du Chéliff et au centre de cette étape que je terminerai à Mosta ( Mostaganem pour ceux qui connaissent pas ).

            Profitez-en et bonne santé, bonnes lectures à tous
            Amitiés, Bernard

Cliquer CI-DESSOUS pour voir les fichiers

Cotes 8 Tipaza

Cotes 9 Zaccar


P.S. : "Francis-Garnier, "village à histoires" écrit Bernard, est le fief de notre famille, et devant ce joli diaporama nous nous retrouvons chez nous, avec cette côte somptueuse qui restera pour nous la plus belle du monde...

            Mais que Bernard me pardonne d'entrer un peu dans son domaine : je relève une petite erreur page 8 (du Diapo cotes9 Zaccar). En effet, ce n'est pas en 1918 que Camille Bortolotti, mon grand-père, est arrivé là, et a participé à la fondation du village, mais en 1911/1912.

            Vous pourrez trouver des précisions concernant le sujet en consultant le lien ci-dessous avec l'étude de mon frère, "Création du centre de colonisation de BENI HAOUA"

            http://alger-roi.fr/Alger/francis_garnier/textes/3_centre_beni_haoua_camille_bortolotti.htm

            Photos de l'époque, prises en 1910 : Mr Gilbert BAILLY, géomètre, et son équipe, dressant les plans et l'état des lotissements.
            Et si vous voulez en savoir plus sur ce "village à histoires" mon frère et moi pourrons satisfaire votre curiosité... Demandez et vous recevrez !





A SUIVRE



RAPPEL HISTORIQUE N° 6
Par M. Le Commissaire-Colonel (Il) Michel LE PARGNEUX
Envoyé par M. P. Barisain
RAPPEL HISTORIQUE N° 6 (réactualisé au 3 août 2010)
L'inévitable Armistice de juin 1940
ou " La grande imposture du gaullisme "

         Aux admirateurs " inconditionnels " du Général DE GAULLE, appelés parfois les "dinosaures du gaullisme", on ne dira jamais assez que de se référer sans cesse à lui comme étant l'unique défenseur de l'identité française et de la souveraineté nationale est une véritable imposture historique.

          En effet, DE GAULLE est loin d'être le seul à avoir défendu l'idée d'une indépendance de la France, tant en 1940 que par la suite, notamment vis-à-vis des Américains. De même, quant au mérite qu'on lui attribue souvent à tort "d'avoir doté la France d'une dissuasion nucléaire et lancé l'industrie nucléaire...", il y a lieu de préciser, comme le fait remarquer Bernard GUILLEREZ, dans L'Action Française (n° 2702, du 1er au 14 juin 2006, p. 14), que "c'est en 1952 que fut lancé le plan quinquennal de l'énergie atomique. Dès 1953, on prévoit la fabrication de l'arme nucléaire, la décision ayant été prise en 1956. puis l'année suivante pour les vecteurs. Tout cela est antérieur au retour du Général De Gaulle."

          Certes, le Général DE GAULLE n'avait pas que des défauts. Président de la République, il ne mélangeait pas son budget personnel avec celui de I'Etat et tenait à régler ses propres dépenses sans les faire supporter par le budget public, comme le font, hélas, aujourd'hui beaucoup d'hommes politiques. Précisons cependant que son cas n'était pas unique. A sa génération, beaucoup avaient encore un minimum d'éducation et de morale civique. Cependant, lorsqu'il occupa pendant la guerre à Alger deux villas, l'une pour ses bureaux, l'autre pour ses hôtes de passage, il n'eut pas de scrupule à en faire supporter les frais sur le budget du gouvernement de "Vichy" qu'il passait son temps à vilipender et à démolir.

          Il n'en reste pas moins nécessaire de rappeler que : "Le De Gaulle statufié et canonisé est bien la grande Imposture de notre temps ", suivant l'expression de ce brillant avocat Georges Paul WAGNER, comme il l'avait écrit à l'auteur de cette fiche avant de disparaitre.

          Oui, à propos de " l'homme qui faisait se battre les Français entre eux ", dira Roger HOLEINDRE (1), ou bien. " ... lui et personne d'autre, qui, dés ses premiers discours en 1940, a jeté les germes de la guerre civile et de ce qui s'ensuivit ", suivant Dominique VENNER (2), enfin, " De Gaulle ou le plus grand commun diviseur français de tous les temps ", titre de l'ouvrage du Colonel Alain DUMARCET (disponible chez l'auteur), il ne faut pas oublier qu'il était lui-même Sous-Secrétaire d'Etat à la Défense Nationale dans le gouvernement précédent de Paul Reynaud, ce dernier partisan de la capitulation ; Fuis, furieux d'apprendre qu'il n'avait pas été retenu dans le nouveau gouvernement en formation à Bordeaux le 17 juin 1940. DE GAULLE déclarera : "C'est bon, ils ne veulent pas de moi : je fous le camp à Londres", et décidera de s'y réfugier avec sa famille (3).

          C'est un fait qu'orgueilleux et avide de pouvoir, plus politique que militaire. DE GAULLE s'identifiait volontiers à la France. Un exemple parmi beaucoup d'autres : le 27 mai 1941. au camp de Kastina (Palestine) où DE GAULLE est venu passer en revue la nouvelle 1ère DFI.. à l'issue de son allocution, le Colonel MONCLAR, vainqueur en Erythrée, ex-commandant la demi-brigade de Légion Etrangère, nouveau commandant de l'infanterie divisionnaire, sort du rang et dit : "Mon Général. vous nous aviez promis, à Londres, de ne jamais nous engager contre des Français !". DE GAULLE répond alors : "Les Français, c'est moi, la France, c'est moi !".(4)

          Au lieu de continuer le combat contre les Allemands et les Italiens, même dans la clandestinité comme ont su le faire de nombreux patriotes et les premiers résistants, y compris ceux de l'état-Major de l'armée du gouvernement de l'Etat Français aux ordres du Maréchal PÉTAIN, sans oublier non plus la résistance de nombreux maires (tel le père de l'auteur de cette fiche) et fonctionnaires restés sur place, assumant dans l'honneur et la dignité les conséquences d'une défaite et d'une débâcle sans précédent DE GAULLE se réfugiera avec sa famille à l'étranger, d'où il se livrera le micro à la main, à une guerre acharnée contre le Maréchal et contre nos troupes à Dakar, au Gabon, en Syrie, ... C'est cela le plus grand reproche qu'on peut lui faire pour cette période (guerre 39-45), sans oublier sa responsabilité dans cette guerre civile que fut " l'Épuration " (prés de 110 000 victimes), dont il sema les germes depuis Londres dés 1940, et notamment en cautionnant ensuite la circulaire du 15 octobre 1943 conçue à Alger dans le cadre des directives du " Comité français de Libération Nationale " circulaire qui prévoyait une insurrection à organiser, en vue de pouvoir justifier l'exécution des soi-disant "collaborateurs" dont on voulait se séparer.

          Rappelons aussi que beaucoup de "résistants de la dernière heure" se conduisirent comme des voyous et des bandits. L'auteur de cette fiche peut en témoigner à titre personnel dans son village en 1944.

          Quant à la "résistance"
dont les "inconditionnels du gaullisme" lui attribuent l'exclusivité, parlons-en.

          Aussi est-il utile de rappeler qu'il existera dans l'"Armée d'armistice" des réseaux de résistance qui vont se constituer. Les noms qui suivent sont là pour nous le rappeler : le Colonel RIVET, chef du Service de Renseignement, le Commandant PAILLOLE, chef du Service de Contre-Espionnage, RONIN, CHRETIEN, le Général COLSON, qui donne des directives aux commandants de Régions militaires pour cacher le matériel militaire, le Commandant MOLLARD, créant un service clandestin de camouflage de matériel (CDM), le Général FRERE, qui créera en 1943 l"Organisation de la Résistance de l'Armée" (ORA), et cela en dehors de, DE GAULLE (lire à ce sujet l'article intitulé "L'année De Gaulle", du Colonel X. PIERSON, paru dans Rizières et Djebels n° 45 d'avril 2010).

          Oui, même à "Vichy" on faisait de la résistance ! On renseignait les Britanniques sur les activités allemandes. et on faisait arrêter des espions allemands qui seront plus tard fusillés !

          Précisons que cette défaite fut sans précèdent. En effet, le 16 juin 1940, les Allemands ont atteint Dijon. Entre les 20 et 23 juin, ils atteindront Lyon, Valence, Grenoble, Saint-Etienne, Vichy, Bourges, Poitiers, Royan, Angoulême et Bordeaux. Malgré la résistance héroïque en plusieurs endroits : dans le Nord, dans l'Est, dans les Alpes, partout c'est une débâcle jamais égalée. Des millions de civils venus du Nord, belges, français.... sont jetés sur les routes, mitraillés et bombardés par la Luftwaffe. Et pendant qu'on tergiverse à demander l'armistice, les Allemands, poussant vers le Sud, pillent nos régions industrielles de Lyon, Saint-Etienne et autres, déboulonnant nos machines-outils, les chargeant sur des trains français réquisitionnés, et qu'on n'a plus jamais revus.

          C'est alors que. devant la démission de Paul REYNAUD, k Président LEBRUN fait appel au Maréchal, à un homme de 84 ans, pour assumer les conséquences d'une politique désastreuse (Front Populaire, ...) dont il n'était nullement responsable et dont les vrais coupables ne seront jamais poursuivis ni jugés par la suite. Quelle honte. Merci pour cet héritage... Certes, il y a bien eu le procès de Riom, mais il s'est terminé sur un fiasco.

          Devant une telle situation, le Maréchal PÉTAIN, lucide et réaliste, envisage alors avec le Général WEYGAND d'examiner les conditions d'un armistice, la seule solution raisonnable étant d'arrêter provisoirement les combats. De cette solution, il en fera part au peuple français dans un message radiodiffusé le 17 juin 1940 à 12 h.

          Il s'agira donc d'un armistice, et non d'une "capitulation" comme osera le prétendre DE GAULLE dans tous les discours virulents qui feront suite au véritable "Appel du 18 juin", ce dernier prononcé sur un ton beaucoup plus mesuré que les suivants. Appel qui n'a rien à voir avec le texte surmonté de deux petits drapeaux tricolores croisés que l'on voit placardé encore un peu partout sur nos bâtiments publics, avec parfois la date du 18 juin 1940, intentionnellement surajoutée, et qui fait mention d'une "capitulation". qui. précisons-le. n'a jamais eu lice, faux appel qui, en réalité, n'a été écrit que fin juillet 1940, puis affiché le 4 août 1944 à Londres.

          Il est donc indispensable de préciser, notamment à l'intention des jeunes auxquels notre Education Nationale enseigne trop souvent des contre-vérités, que capitulation et armistice sont deux choses bien différentes.

          Avec l'armistice on suspend provisoirement les combats, et le pays vaincu garde une partie de sa souveraineté. On "compte ses billes", on discute. Est c'est ce que fera le Général HUNZITGER, chef de la délégation française, respectant les consignes impératives du Maréchal de ne céder en rien sur son désir de conserver notre Empire, l'Afrique du Nord, et toute notre flotte, ... au moment où il devra signer l'armistice franco-allemand a Rethondes le 22 juin 1940 à 12 h, avec effet du 25 juin 0 h 45. En effet le Maréchal avait déjà dès ce moment le souci de pouvoir reprendre le combat ultérieurement, à partir de ces bases et de ces moyens (troupes, armement, flotte, ...) qu'il voulait absolument sauvegarder à cette fin. C'est pourquoi, bien avant de signer l'armistice, et dés le 18 juin, les cuirassés Jean-Bart et Richelieu appareilleront pour gagner Casablanca et Dakar, évitant de tomber aux mains de l'ennemi, en application des ordres du nouveau gouvernement. De même, tous les avions en état de vol recevront l'ordre des cette date de rejoindre l'Afrique du Nord. La vérité est celle-ci et doit être rappelée.

          Précisons qu'il y a eu également un second armistice, l'armistice franco-italien signé à l'Olgiata, au nord de Rome, le 24 juin, à effet du 25 juin 0 h 45.

          Avec la capitulation, le vaincu est soumis intégralement à la volonté du vainqueur, ce qui est totalement différent. Le vainqueur fait ce qu'il veut, se saisit de tous les biens et de toutes les personnes, à sa guise. Le vaincu n'a plus que le droit de se taire.

          Aussi, lorsqu'il fut envisagé de demander l'armistice. il était déjà trop tard. Et l'on comprend mieux la réflexion du MARECHAL: ", Si nous avions demandé l'armistice dès après Dunkerque. le 2 juin 1940. la France n'aurait été occupée qu'au nord de la Seine.'

          Certes, si l'appel lancé par le Général DE GAULLE le 18 juin, en vue de continuer le combat et qui s'adressait à ceux qui revenaient de Narvik ou qui étaient alors en Grande-Bretagne, pouvait se comprendre, d'autant plus qu'il était lancé sur un ton très mesuré, par contre il est incompréhensible qu'on puisse, encore maintenant, justifier tous les autres appels ou messages postérieurs, mensongers et violents, à l'encontre d'un gouvernement légal et contre le Maréchal qui, le 10 juillet 1940. sera plébiscité à une majorité écrasante. " En juin 1940, il y avait 40 millions de Pétainistes ", dira Henri AMOUROUX. Qu'on ne vienne pas alors nous parler de légitimité gaulliste.

          En effet, à partir du 19 juin 1940, le ton change et DE GAULLE entre en rébellion. II déclare à la BBC que les 'formes ordinaires du pouvoir ont disparu " et que, " devant la liquéfaction d'un gouvernement tombé dans la servitude ennemie, il parle " au nom de la France, voulant sans doute ainsi légitimer son refus de rejoindre la France, comme il le lui a été prescrit. Aussi ses attaques virulentes et répétées contre un gouvernement légal de la IIIème République présidée par Albert LEBRUN, justifieront la prise immédiate de sanctions qui annulent la promotion de Général à titre temporaire du Colonel DE GAULLE, et le mettent avec ce grade à la retraite d'office par mesure disciplinaire (J.O. du 24 juin 1940). Puis, c'est en raison du fait qu'il ait quitté le territoire national pour aller combattre l'Allemagne au service d'Etats avec lesquels l'Allemagne se trouve encore en guerre", Ce qui était strictement interdit en application de l'article 10 de la convention franco-allemande d'armistice, que le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le condamnera à mort par contumace le 2 août 1940, condamnation qui aurait été annulée de facto si DE GAULLE s'était présenté devant ses juges. Il eût pu alors s'expliquer pour sa défense dans un nouveau procès.

          Quelle différence de comportement chez le Maréchal. Au lieu de se dérober à ses juges, il tiendra absolument pour justifier sa politique et pour défendre ceux qui lui avaient obéi, à se présenta lui-même devant la Haute Cour de Justice instituée par DE GAULLE en 1945. En effet au lieu de se laisser emmener de Sigmaringen, où il était prisonnier des Allemands, en Bavière, compte tenu de l'avance des Alliés, le Maréchal décidera de gagner la Suisse d'où il pourra ensuite rejoindre la France. Et il en connaissait les risques, car à ce moment, durant I'"EPURATION", la guerre civile faisait rage. Pour satisfaire leur vengeance, les soi-disant "libérateurs" communistes arrêtaient, torturaient et fusillaient volontiers !

          C'est ainsi que le 2 Juillet 1940, c'est-à-dire quelques jours après l'armistice et à ola veille de I'attaque de notre flotte à Mers-el-Kébir par les britanniques, au cours de laquelle 1300 officiers et marins périront, DE GAULLE lancera un terrible anathème mensonger, dénonçant une capitulation (qui n'a du reste jamais eu lieu), accusant le gouvernement du Maréchal d'avoir livré à l'ennemi tout notre armement, toute notre flotte :

          " Il y a aujourd'hui neuf jours que le gouvernement qui fut à Bordeaux a signé la capitulation exigée " par l'Allemagne... Jeanne d'Arc, Richelieu, Louis XIV, Carnot, Napoléon, Gambetta, Clemenceau, Foch auraient-ils jamais consenti à livrer toutes les armes de la France à ses ennemis pour qu'ils puissent s'en servir contre ses alliés ? Duquesne, Tourville, Suffren, Courbet, Guepratte auraient-ils jamais consenti à mettre à la discrétion de l'ennemi une flotte française intacte ? (5)

          Et ce mensonge est sans excuse, car DE GAULLE connaissait l'ordre, renouvelé le 20 juin 1940, qui avait été donné par l'Amirauté Française à tous les commandants de navire de guerre, c'est-à-dire avant l'armistice : " Aucun bâtiment de combat ne doit tomber aux mains de l'ennemi. le ligne de repli de tout bâtiment est l'Afrique du Nord. Tout bâtiment français ne pouvant facilement l'atteindre et risquant de tomber aux mains de l'ennemi doit se saborder."(6)

          DE GAULLE avait du reste rencontré l'Amiral de LABORDE à Brest le 15 juin 1940 à ce sujet. II était donc parfaitement au courant. Quant à nos marins, ils étaient bien décidé, à respecter ces consignes, puisque tous navires réussiront à échapper aux Allemands.

          Effroyable mensonge que cet anathème du 2 juillet 1940. A tel point que DE GAULLE le fera plus tard supprimer de ses " Mémoires de guerre " (tome I. Ed. Plon, 1954).

          Une question mérite d'être posée : cet anathème n'a-t-il point influencé à la dernière minute CHURCHILL, avant de donner dans la nuit du 2 au 3 juillet 1940 l'ordre de faire :
          - détruire notre flotte à Mers-el-Kébir, le 3 juillet 1940,
          - bombarder à Dakar le Richelieu rescapé de Brest,
          - capturer à l'abordage par les commandos anglais tous les navires français réfugiés à Plymouth et Portsmouth, dont le Surcouf, avec internement de tous les équipages français qui refuseraient de rallier De Gaulle, alors que tout l'Etat-Major de la Royal Navy était opposé à ce projet de "neutralisation de la Flotte française''
          Lire à ce sujet : De Gaulle (t. I). de Jean LACOUTURE.

          Rappelons qu'à propos de cet armistice, CHURCHILL déclarera par la suite : "Je n'ai jamais dit que le gouvernement de Vichy, en signant l'armistice, avait commis un acte de trahison. Mais j'ai trouvé à Londres quelqu'un qui le prétendait, c'était un général français. Je m'en suis servi !" (7)
          Oui, grâce à cet armistice, l'épouvantable débâcle, les mitraillages et bombardements allemands seront stoppés. Une partie de nos troupes échapperont à l'emprisonnement en Allemagne. Nous conserverons alors une partie de notre territoire national ("Zone libre"), où pourront se réfugier de nombreux Juifs, sans y être contraints de porter l'étoile jaune, précisons-le. Nous conserverons aussi une partie de nos troupes ("Armée d'armistice") et de notre armement, toute notre flotte de guerre, nos avions, l'Empire et l'Afrique du Nord, où dés 1940, sans plus attendre et sur ordre du Maréchal PÉTAIN, d'abord le Général NOGUES, puis ensuite les Généraux WEYGAND, JUIN et GIRAUD, reconstitueront progressivement et à la barbe des Allemands, l'armée de la revanche.

          Oui, cette armée dite " Armée d'Afrique " , issue de l'"Armée de Transition" stationnée en Afrique du Nord et en Afrique Occidentale de 1940 à 1942, composée d'éléments nombreux et divers : Tirailleurs de toutes origines Pieds Noirs, évadés ayant rejoint l'AFN. ... etc. et qui progressivement atteindra l'effectif de 750 000 hommes et femmes. Cette armée française, celle de WEYGAND, JUIN, GIRAUD et de LATTRE, qui ne devait rien à DE GAULLE

          Rappelons en effet que de LATTRE ne s'est rallié à DE GAULLE ni en juin 1940 ni en septembre 1943. II n'a gagné Londres que pour rejoindre Alger, où GIRAUD est le Commandant en Chef de l'Armée d'Afrique. Auparavant sous Pétain, il a commandé les troupes de Tunisie, puis la 16ème Division de Montpellier. C'est GIRAUD qui lui donna le commandement de l'Armée B, qui deviendra la 1ère Armée, et avec laquelle il débarquera en Provence aux côtés de trois divisions américaines et d'une division aéroportée anglo-américaine. Des sept divisions de l'Armée B, une seule est commandée par un "gaulliste", le Général BROSSET. Tous les autres sont issus de l'armée de l'armistice, c'est-à-dire de l'armée de l'Etat Français, comme MAGNAN, de MONTSABERT, TOUZET du VIGIER, GUILLAUME de VERNEJOUI..

          Or de cette " Armée d'Afrique ", il en est fait généralement silence dans les discours officiels ! Pourquoi ?

          Et pourtant, c'est elle qui écrasera l'ennemi en Tunisie (1942-1943), et qui fournira 90 % de ses effectifs à la 2ème Division Blindée du Général LECLERC pour participer à la libération de Paris. Pour plus de précisions, se reporter à la légende Gaullienne, déjà cité, voir annexe Il ci-jointe. C'est cela la vérité historique qu'on s'acharne à nous cacher depuis 65 ans.
          Cette magnifique "Armée d'Afrique" qui, depuis l'Afrique du Nord, en passant par la Sicile et l'Italie, remontera la vallée du Rhône jusqu'à Strasbourg puis jusqu'au Danube, en tète des armées alliées le 26 avril 1945, avant la capitulation allemande.
          Cette armée, dont le Général américain CLARK dira après la bataille du Garigliano : "... le corps expéditionnaire français qui, d'une manière fulgurante, nous avait ouvert le chemin de Rome..., plus vaillante unité n'a jamais existé."
          Bref, le Maréchal, grâce à sa "stratégie expectante", inspirée de son expérience des années 1917-1918, réussira à rassembler tous les éléments nécessaires à la reprise des combats pour le jour où les Alliés seront eux-mémos en mesure d'entrer en guerre de façon efficace.

          Oui, à certains détracteurs du Maréchal qui prétendent que ce dernier ne désirait pas la revanche, est-il utile de rappeler deux déclarations qu'ils ne connaissent peut-être pas :
          1.- Déclaration du Maréchal PETAIN à Louis ROUGIER du 20 septembre 1940.
          " J'envoie le Général Weygand en Afrique du Nord avec tout pouvoir, loin des orages du Conseil des Ministres, où il ne peut plus s'entendre avec Laval, et hors des regards des Allemands... Sa mission sera de sauvegarder l'Afrique du Nord et de former une armée capable de la défendre. Un jour, cette armée nous servira, mais il est encore beaucoup trop tôt. " (8)

          2.- Déclaration du Général WEYGAND après avoir rejoint Alger le 9 octobre 1940.
          " Les Anglais restent des alliés pour la France. Le Maréchal Pétain est décidé à ne jamais prendre, quoiqu'il arrive, l'initiative d'un acte d'hostilité et à fortiori d'une entrée en guerre. " Il souligne qu'il est capital d'éviter de donner aux Allemands l'impression d'une entente et, par-là, d'un prétexte pour étendre leurs tentacules sur l'Afrique... "C'est une obligation qui m'est imposée tant que les Alliés sont incapables d'une véritable entreprise de guerre en Afrique, sous peine d'attirer l'ennemi là où nous ne voulons à aucun prix qu'il soit. " (9)

          Aujourd'hui, nombre d'historiens parmi les plus sérieux, Henri AMOUROUX, Jean-Raymond TOURNOUX, François-Georges DREYFUS, Louis-Christian MlCHELET, Jacques le GROIGNEC.... ont reconnu qu'on ne pouvait pas faire autrement et que " l'armistice était inévitable ".
          Aussi, en juin 1940, continuer le combat, comme le préconisait DE GAULLE, dans un " réduit breton ", en face de 136 divisions allemandes, ou en Afrique du Nord, qui ne disposait pratiquement pas de réserve opérationnelle, et où nous n'avions ni le temps ni les moyens suffisants de regrouper, de transporter nos troupes et de nous réorganiser, les Allemands étant déjà arrivés à Bordeaux, est une parfaite vue de l'esprit !
          C'est ce qui a été amplement exposé et démontré lors du Colloque du 14 janvier 2010 à l'Ecole Militaire sur le thème : "L'Armistice de 1940, faute ou nécessite ?", colloque organisé par la Commission Française d'Histoire Militaire, sous le haut patronage du Général DESPORTES, directeur du Collège Interarmées de Défense. Fuient présents : le professeur jean-David AVENEL, président de la Commission Française d'Histoire Militaire, et son vice-président le Général Maurice FAIVRE, le Contrôleur Général des Armées Jean-louis RICALENS, directeur des Collections-Editions Economica. Le premier compte rendu a paru à ce sujet dans la nouvelle Revue d'Histoire, n° 47 de mars-avril 2010, sous la plume de Philippe CONRAD, au terme de deux articles :
          1939-1940. chronologie du désastre, p. 32 à 37,
          1940, l'inévitable armistice, p. 38.

          Avant de conclure sur la nécessité de cet armistice de juin 1940, reconnue par la quasi-unanimité des intervenants et des participants, une étude très sérieuse des données du problème avait été faite au cours de divers exposés :
          - L'Armée de Terre française, en France et en Afrique du Nord, par le Colonel Paul GAUJAC.
          - Les capacités de l'Armée de l'Air française en Afrique du Nord, par Patrick FACON, directeur de recherches au Service Historique de la Défense.
          - L'Amirauté française face aux problèmes du transport maritime, par le Capitaine de Vaisseau Claude HUAN.
          - La politique d'Hitler et les possibilités allemandes et italiennes, par le professeur d'histoire Philippe RICHARDOT.

          - Les situations intérieures et l'état de l'opinion française, par Henry de WAILLY, chercheur au Service Historique de la Défense.
          - Paul Reynaud et le Général Weygand, la question de l'armistice, de la défaite militaire au projet d'union franco-britannique, par le professeur Elisabeth du REAU.
          - Le Haut Commandement (9-17 juin), par L.C. Max SHAVON.
          - Les choix stratégiques en juin 1940, par le Colonel Lewis-Christian MICHELET docteur en Histoire.
          - La volonté et la capacité de défendre l'Afrique du Nord, par Jacques BELLE, Conseiller-Maître honoraire à la Cour des Comptes.
          - Le point de vue britannique sur l'Armistice, par le professeur Antoine CAPET.
          - Le point de vue d'un italien sur l'Armistice, par Cirio PAOLETTI, directeur d'études historiques et militaires.
          - Le caractère indispensable de l'Armistice, par le Capitaine de Frégate Bernard LE GOUX.

          Rien n'a été oublié avant d'en arriver à la conclusion que l'armistice était inévitable.
          Aussi est-il utile de rappeler également sur ce sujet les conclusions de nombreux historiens sérieux et quelques témoignages des acteurs de l'époque.

          1 Winston CHURCHILL
          La conclusion de l'armistice a aidé la Grande-Bretagne, car Hitler " a commis la plus grande erreur possible en n'étendant pas son empire à l'Afrique du Nord... C'est cela qui nous a sauvés " (10)

          Au Colonel GROUSSARD, CHURCHILL dira : " Je respecte profondément la personne du Maréchal Pétain. Je sais qu'à sa place. il serait difficile de faire mieux. II a à jouer une partie surhumaine, surhumaine vraiment. " (11)

          Au Général GEORGES, le 8 janvier 1944 à Marrakech, il déclarera :
          " En juin 1940, après la bataille du Nord, l'Angleterre n'avait plus d'armes. Nous n'avions pas vu la question des chars et celle de l'aviation sur un plan suffisant. L'armistice nous a, en somme, rendu service. Hitler a commis une faute en l'accordant. II aurait dû aller en Afrique du Nord, s'en emparer pour poursuivre sur l'Egypte. Nous aurions eu alors une tâche bien difficile. " (12)
          C'est exactement ce qui fut remarquablement démontré lors de ce colloque, notamment par le Colonel Louis-Christian MICHELET. En effet, Hitler avait trois solutions stratégiques pour obliger l'Angleterre à traiter avec lui, comme il le dirait:
          - débarquer en Grande-Bretagne.
          - ou interdire aux Britanniques l'usage de la Méditerranée en bloquant le détroit de Gibraltar.
          - enfin foncer sur la Lybie et occuper ensuite l'Afrique du Nord.
          Hitler en avait la possibilité car, le 10 juin 1940, l'Italie ayant déclaré la guerre à la France et à l'Angleterre, cela lui permettait d'ouvrir un second front en Méditerranée, grâce notamment à la supériorité aérienne des Italiens. La première solution n'ayant pu être menée à son terme (insuffisance des moyens aériens et de débarquement terrestre,...), la seconde, celle d'une entente avec FRANCO (entrevue d'Hendaye du 23 octobre 1940), n'ayant pu aboutir, restait la troisième, c'est-à-dire débarquer en Afrique. C'est ce qu'Hitler décidera de faire, mais avec sept mois de retard (14 février 1941), c'est-à-dire après que les Britanniques aient eu le temps d'y amener les moyens nécessaires pour s'opposer à ROMMEL.

          C'est pourquoi. si on avait écouté DE GAULLE en juin 1940, et s'il n'y avait pas eu d'armistice, on aurait abouti à une deuxième catastrophe encore plus grave et irrémédiable. Hitler aurait débarqué des juillet 1944 en Afrique du Nord, où nous n'avions pas les moyens de nous y opposer, notre Armée d'Afrique n'existant pas encore, fonçant alors à la fois vers Bassora et vers le Maroc...
          "Hitler aurait gagné la guerre à la fois contre la France et contre la Grande-Bretagne avant la fin de 1940." Tels furent les mots de conclusion du Colonel Louis-Christian MICHRLET, à l'issue de son intervention lors de ce colloque du 14 janvier 2010.

          2 VON RENTHE-FINK, Ministre plénipotentiaire allemand auprès du Maréchal Pétain. déclaration à Walter STUCKI, Ambassadeur suisse, à Vichy :
          "Le Führer, le plus grand de tous les hommes vivants, a commis en juin 1940 une faute inconcevable en concluant un armistice avec la France, au lieu d'occuper immédiatement tout le territoire français et après avoir traversé l'Espagne, l'Afrique du Nord" (13) N° 149
          Plus tard, le même Von RENTHE-FINK déclarera dans un interview à La Libre Belgique (1° et 2 novembre 19.47) : "Le Maréchal était parfaitement lucide. Il suivait une ligne politique bien définie et savait ce qu'il voulait. Il estimait tout simplement que seule sa politique pouvait sauver la France... Pour moi, Montoire constitue la plus grande défaite de toute la politique allemande vis-à-vis de la France. Nous n'avons rien obtenu et presque tout perdu de ce que nous avions. Nous n'avons pas réussi à gagner la France à notre cause, ni à occuper le territoire français tout entier. S'il n'y avait pas eu Montoire, il n'y aurait pas eu vraisemblablement non plus le débarquement allié en Afrique du Nord, ni notre débâcle là-bas"(14)

          3 Même déclaration sur le fond, dans un style différent :
          "Pas une seule fois Pétain n'eut un mot aimable pour Hitler. Son attitude donnait l'impression d'une sorte de hauteur... Je n'ai compris qu'après la guerre l'attitude que le Maréchal Pétain avait eue à Montoire, en apprenant que, le jour même de cette entrevue fameuse, le professeur Rougier discutait en son nom avec Churchill, apportant à celui-ci l'assurance que la France n'entreprendrait jamais rien d'incompatible avec l'honneur contre son ancienne alliée. Aujourd'hui, quand je compare le compte rendu de cet entretien de Londres, autrement plus concret, avec celui de Montoire, et en tenant compte des évènements ultérieurs. je suis enclin à conclure que le Maréchal Pétain fut le vainqueur diplomatique de Montoire." (15)
          On peut alors comprendre pourquoi les Allemands diront plus tard en parlant du Maréchal qu'ils ont eu affaire à un renard (fùchs) et pourquoi Hitler regrettera amèrement de nous avoir laissés signer un Armistice plutôt qu'une "capitulation", ce qui est tout à fait différent et ce que PETAIN et WEYGAND avaient bien compris.

          4 Elmar KRAUTKRAMER, historien allemand :
          " Dans l'histoire de la seconde guerre mondiale, on n'a pas apprécié à sa juste valeur le rôle que la France avait joué entre les deux camps ennemis. Le combat mené par la France et la façon dont elle s'est relevée de sa défaite n'a pas commencé avec l'appel du 18 juin, mais tout a débuté - et peut-être avec plus d'efficacité - avec l'armistice de Rethondes et l'utilisation de l'espace libre et de la liberté de manœuvre qui étaient laissées à la France " (16)

          5 GOERING et le Haut Commandement allemand :
          "L'armistice fut la plus grande faute du Führer."(17)

          6 Henri AMOUROUX
          " Aujourd'hui la nécessité de l'armistice n'est pratiquement pas remise en cause, ce qui bouleverserait De Gaulle."(18)
          "Le gaullisme a imposé l'idée qu'il ne fallait pas signer cet armistice et que Vichy était illégitime. C'est fabuleux ! Mais ce n 'est pas sérieux. " (19)

          7 François-Georges DREYFUS
          On comprend mieux après tout cela pourquoi le professeur émérite à la Sorbonne François-Georges DREYFUS a pu dire : "Vichy a été nécessaire et utile." Fit dans son Histoire de Vichy, p. 155 et 156, dressant le bilan des forces et des moyens en Afrique à la date du 17 juin 1940, il laisse clairement entendre qu'on ne pouvait raisonnablement envisager la poursuite immédiate des combats en Afrique du Nord. (20)

          8 Quant au Général DE GAULLE, qu'en pensait-il vraiment ?

          a) Au Général ODIC, commandant les forces Aériennes d'Afrique du Nord, venu à Londres voir DE GAULLE, ce dernier déclarera le 12 décembre 1941 :
          "N'avoue: jamais que l'Armistice ne pouvait être évité '' (21)

          b) Plus lard, le 15 mai 1945, devant l'Assemblée Consultative :
          "Qu'on imagine ce qu'eût été le développement du conflit, si la force allemande avait pu disposer des possessions françaises d'Afrique. Au contraire, quelle fut l'importance de notre Afrique du Nord comme base de départ pour la libération de l'Europe."(22)
          Quand on pense que DE GAULLE ne débarquera en Afrique du Nord que le 30 mai 1943, et qu'il semble ainsi vouloir revendiquer la paternité de la stratégie qui maintint le Maghreb hors de l'emprise allemande, grâce justement au Maréchal Pétain on croit rêver !
          c) Enfin, en 1947, se confiant au Colonel REMY, DE GAULLE avouera : "Voyez-vous, Rémy, il faut que la France ait toujours deux cordes à son arc. En juin 1940, il lui fallait la corde Pétain aussi bien que la corde De Gaulle." (23)

          Or, comment peut-on encore aujourd'hui, après tout ce qui a été écrit et que l'on sait, admirer et mythifier DE GAULLE au point de vouloir le comparer à Louis XIV ou Napoléon, lui qui fut plus préoccupé de son propre destin politique que du réel intérêt de la France, à un moment l'union de tous les français était Indispensable, et qui, refusant tout conseil, a sur la conscience de façon directe ou indirecte la mort de dizaines de milliers de victimes, dont certaines assassinées dans des conditions atroces ?
          - Ces victimes de la guerre franco-française, qu'il mena de Londres, en incitant les Anglais à tirer sur nos troupes (Dakar, Gabon Syrie. ...) et plus tard, à partir de mars 1945, en épurant en Indochine l'administration et l'armée qui, avec l'Amiral DECOUX, avaient su là-bas conserver les intérêts politiques et moraux de la France après l'invasion nippone. Je pense aussi au Général DENTZ. Haut-Commissaire pour la France au Levant, incarcéré par De Gaulle, et qui mourra le 13 décembre 1945 en prison après avoir été détenu dans une cellule froide et humide, les fers aux pieds, pendant 205 jours. Quel scandale ! Lire à ce sujet l'article récent intitulé : L'affaire de Syrie, un faussaire nommé De Gaulle, du jeune Marc DAURIER. (24)
          Ces victimes de I'épuration de 1944-1945, du fait de son refus d'utiliser l'armée et l'aide des Américains pour remettre de l'ordre dans le pays, laissant ainsi libre cours à la vengeance des "libérateurs" communistes, véritable guerre civile, et cautionnant alors la circulaire du 15 octobre 1941, conçue dans le cadre des directives voulues à Alger par le "COMITE FRANÇAIS DE LIBERATI0N NATIONALE " (CFLN), circulaire qui prévoyait dès cette date la mise en place préméditée d'une insurrection à organiser, et des exécutions à prévoir dés la libération. Dominique VENNER a raison de parler de "véritable guerre civile". Sait-on que l'Amiral Platon a payé sa fidélité au Maréchal en "mourant écartelé ? (25)

          Que dire de son refus le 25 août 1944 de recevoir l'Amiral ALPHAN envoyé par le Maréchal pour trouver un compromis en vue d'une passation de pouvoir afin d'éviter une guerre civile, et de la déclaration qu'il osera faire à l'Assemblée le 2 mars 1945 :
          " Au moment où j'arrivais à Paris le 25 août 1944, m'était remise une communication du Maréchal Pétain. Le représentant avait, en vertu d'un ordre écrit du 11 août 1944, tout pouvoir pour chercher avec nous une solution de nature à éviter la guerre civile. J'ai éconduit le représentant. Messieurs, où est la guerre civile ? " (Général DE GAULLE)

          Quelle terrible responsabilité porte ainsi DE GAULLE au regard des milliers de victimes de cette période de l'Epuration...
          Que dire aussi du fait qu'après son entente avec Staline (août 1944), il nous ramènera les communistes au pouvoir en 1945, faisant de THOREZ un Ministre d'État.... ce qui explique maintenant leur présence partout au travers de leurs syndicats dans les entreprises privées et publiques. dans l'enseignement, dans la magistrature, ... et la décadence ainsi que l'anarchie qui règnent aujourd'hui en France. Politique inverse de celle qu'avait essayé de mettre en place le Maréchal avec sa "Révolution Nationale", qui n'avait rien à voir avec le "nazisme" allemand ou le "fascisme" italien, mais qui était basée sur le respect du travail, de la famille et de la Patrie (valeurs du reste évoquées auparavant par certains socialistes), et cela dans le cadre d'un monde artisanal et d'un monde agricole, qui sera hélas plus tard totalement déraciné avec l'application du plan "RUEFF-ARMAND". Or, c'est ce type de révolution souhaité par le Maréchal que certains communistes et certains francs-maçons lui reprocheront et qui sera en fait la raison réelle (mais non avouée) de sa condamnation en 1945.

          Et toutes les victimes de la décolonisation Bâclée de notre Empire, de son abandon dans la précipitation, le déshonneur et la trahison, alors que nous étions vainqueurs sur terrain, de nos départements français d'Algérie et du Sahara, entraînant la mort de milliers d'européens ou français musulmans qui nous avaient fait confiance, et dont certains notamment, comme ces harkis préalablement désarmés, mourront après avoir enduré d'abominables tortures. Quelle honte ! Et quand on pense que la F.N.A.C.A. prétend retenir comme date commémorative de la fin de la guerre d'Algérie le 19 mars 1902 (accords d'Evian), alors qu'à partir de cette date, et dans les mois qui suivirent, il y eut trois fois plus de morts que pendant toute la guerre d'Algérie (1954-1962), on croit rêver !
          S'adressant en 1962 à Christian FOUCHET, Haut-Commissaire en Algérie et dernier représentant de la France. DE GAULLE osera lui dire :
          " DEBARRASSEZ-MOI DE CA DANS LES TROIS MOIS" !
          Terrible phrase quand on sait que "ça" représentait 2 à 3 millions de Français, familles comprises (1 million de pieds-noirs et 2 millions de Français musulmans, engagés politiquement et militairement aux côtés de la France) (26)

          Bref, un bilan désastreux, qui fera dire à Georges BENAMOU dans Paris-Match du 5 novembre 2003 que "... le Général DE GAULLE a bien été complice d'un crime contre l'humanité"

          Abandon du Sahara et de toutes ses ressources pétrolières, que nous avions découvertes et qui nous seraient bien utiles aujourd'hui.
          Oui, si au lieu d'abandonner nos départements d'Algérie, nous les avions ouverts largement aux investissements métropolitains et européens, dans la continuité d'un "Plan de Constantine" élargi, et d'une politique "euro-africaine", orientée vers une indépendance progressive, nous n'aurions pas connu ce déferlement d'une population fuyant la terreur et se réfugiant en métropole, y créant aujourd'hui de graves problèmes de plus en plus inquiétants. toutes ces populations seraient restées en Algérie, préférant y trouver sur place un travail qu'elles viennent chercher, en France, au détriment des métropolitains...

          On peut alors comprendre après tout cela la réflexion que fit le général WEYGAND dans ses Mémoires, en parlant de, DE GAULLE : "Le Général De Gaulle n'avait pas trop de deux églises à Colombes, pour pouvoir aller y confesser tous ses péchés."

          On peut aussi affirmer que jamais il n'y aurait eu le putsch à Alger le 21 avril 1961, ni l'attentat du Petit Clamart le 22 août 1962, et que le général Edgar de LARMINAT, pourtant un fidèle du général DE GAULLE, qui l'avait désigné pour présider le Tribunal d'exception chargé de juger certains membres de l'OAS, avec ordre de les faire condamner à mort, ne se serait pas suicidé le 1er juillet 1962, si DE GAULLE avait jouer franc jeu, et n'avait pas renié sa parole.

          Combien d'admirateurs du Général DE GAULLE connaissent le terrible réquisitoire à son encontre, paru sous forme de lettre ouverte adressée par André RECIPON (gaulliste) à Maurice DRUON (inconditionnel du Général) à propos de ce qui vient d'être évoqué ci-dessus ? Cette lettre ouverte, dont un extrait figure dans l'annexe 1, a été rapportée dans la revue Le Maréchal, n' 202 du 2ème trimestre 2001. Hélas, Maurice DRUON n'a pas eu le courage de répondre à André RECIPON, qui l'a confirmé à l'auteur de cette fiche. Celui-ci ayant écrit à M. DRUON pour s'étonner de son silence, il lui fit une réponse stupéfiante, tenant des propos inexacts et injurieux à l'encontre du Maréchal, qui laissent rêveur sur son degré d'ignorance de l'Histoire et, peut-être même, de sa bonne foi ! Raymond ARON n'avait pas tort d'écrire : "les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font' !

          Au lieu de vouloir à tout prix justifier la politique du Général DE GAULLE, comme le font volontiers 70 ans après les adeptes de l'école du " y a qu'a - faut qu'on ", au besoin en pratiquant l'anachronisme, tous ces inconditionnels devraient avoir l'honnêteté intellectuelle de reconnaître que tout cela se serait beaucoup mieux passé si l'Amiral DARLAN n'avait pas été "assassiné" et le Général GIRAUD "éliminé" par DE GAULLE ? (27)
          En effet, les Américains préféraient de beaucoup GIRAUD à DE GAULLE . Voici ce que le Général EISENHOWER, de retour à Alger sur l'insistance de ROOSEVELT et après avoir convoqué à sa villa les deux co-présidents du "Comité Français de libération Nationale" (De Gaulle et Giraud), déclarera le 19 juin 1943: "A la veille d'opérations importantes, je souhaite qu'il n'y ait aucun changement important dans l'organisation actuelle du Commandement français : c'est avec le Général Giraud, commandant en chef que je continuerai à traiter, à défaut de quoi les livraisons d'armes devront malheureusement être interrompues." (28)

          Tous ces "historiens en culotte courte" ont beau jeu, tranquillement assis dans leur fauteuil 70 ans après les évènements, de nous dire ce qu'il aurait fallu faire ! et de critiquer la "poignée de main" de Montoire, le "je rentre en collaboration" et le "sabordage de la flotte, sans vouloir honnêtement prendre en compte la complexité de tous les problèmes qui se posaient à l'époque, avec un vainqueur intransigeant et l'obligation qu'avait le Maréchal d'y faire face. Oui, c'est de la part de ces historiens inconditionnels, disons-Ie franchement, faite preuve d'ignorance et de mauvaise foi.

          Si l'on prend en effet l'exemple du sabordage de la flotte, les "y a qu'à faut qu'on" d'aujourd'hui vous disent qu'ils ne comprennent pas pourquoi le Maréchal n'a pas donné l'ordre d'appareiller lorsque les Allemands ont envahi la Zone Sud le 11 novembre 1942. Savent-ils seulement qu'Hitler, dés 1940, avec son plan "ATTILA", avait prévu, le cas échéant, de foncer sur les rives de la Méditerranée, et en particulier sur Toulon, et, en se servant de l'aviation italo-allemande, de bloquer la rade en quelques heures en la minant et en y posant des filets ? Aussi faire appareiller cent navires en même temps, d'un coup de baguette magique, compte tenu de toutes les contraintes techniques que cela représente, est, là encore de la part de ces stratèges en chambre, une parfaite vue de l'esprit ! Les conventions d'armistice prévoyaient en effet que la France, et dans le cas de Toulon placé sous l'autorité de l'Amiral de LABORDE à la suite d'une négociation particulière ultérieure, s'était engagée à ne livrer la flotte à quiconque, pas plus aux Allemands qu'aux Britanniques. Dans ces conditions, aux yeux des Allemands, appareiller et rallier le camp anglo-américain aurait constitué dès lors un acte de guerre, aux conséquences incalculables pour la France. C'est pourquoi le sabordage de la flotte française a Toulon le 27 novembre 1942 constitue la manifestation la plus probante du refus de collaboration avec l'Allemagne.

          Le Maréchal s'en est expliqué ainsi, dans une note remise à
la Commission d'Instruction de la Haute Cour en juin 1945 : " L'ordre, pour des raisons techniques, n'était point exécutable et la flotte eut été vouée à la destruction donc le départ eut amené les mêmes conséquences que le sabordage. En outre, cet ordre eut été le signal de la reprise des hostilités contre l'Allemagne, et eut exposé la France désarmée à de terribles représailles sans aucun bénéfice pour la cause alliée. Entre deux maux, le politique doit choisir le moindre. II m'a paru moins grave que la flotte se sabordât, conformément aux engagements. plutôt que de l'envoyer à sa perte et de déchaîner sur la France des violences sans précédent, notamment le retour en captivité des 700 000 prisonniers dont j'avais obtenu la libération, et la substitution au gouvernement français d'un "gauleiter". Ainsi ai-je épargné le pire et aidé à la victoire commune. empêchant l'Allemagne d'augmenter son potentiel par la capture de notre flotte. Je n'en considère pas moins le sabordage, inévitable, comme on sacrifice et un deuil national "

          Oui, si DE GAULLE, au lieu de faire sa propre politique et de compliquer sans cesse la tache écrasante, et ô combien délicate, du Maréchal, contraint à donner sans cesse le change à Hitler, ainsi que celle des Alliés, avait réellement pris l'intérêt de la France, il se serait effacé. Pétain était en effet estime des Américains, et en particulier de Roosevelt. Il n'est que de lire, pour en être conscient, le magnifique message du 15 octobre 1942 adressé par Roosevelt au Maréchal, pour le prévenir du débarquement prochain des Américains en Afrique du Nord, message particulièrement chaleureux, suivant les termes de sa première version avant la correction qu'en fit Churchill :
          "Mon cher vieil ami,
          "Je vous adresse ce message, non seulement comme Chef des Etats-Unis au Chef d'Etat de la République française, mais aussi comme l'un de vos amis et camarades des grands jours de 1918. Puissions-nous vivre tous deux pour voir de nouveau la France victorieuse contre l'ancien ennemi... A la lumière de toutes les preuves des intentions et des plans de notre ennemi, j'ai, en conséquence. décidé d'envoyer en Afrique du Nord de puissantes forces armées américaines, afin de coopérer avec les instances gouvernementales d'Algérie, de Tunisie et du Maroc, en repoussant ce dernier acte du long cortège du crime international allemand et italien... J'ai la nette intention de soutenir et d'aider les autorités françaises et leurs administrations. Tel est le but immédiat de nos armées américaines... Je vous adresse et, à travers vous, au peuple de France mes chaleureux sentiments et mon profond espoir et ma conviction que nous entrerons tous bientôt dans des jours plus heureux.
          Franklin Roosevelt"
(29)

          En effet et on ne le répétera jamais assez, même si l'appel du 18 juin du Général DE GAULLE, c'est-à-dire le véritable appel lu à la radio de Londres, et non pas celui que l'on voit un peu partout placardé en France, comme cela a déjà été dit plus haut, écrit fin juillet et affiché à Londres le 4 août 1940 (texte que DE GAULLE appellera l'"affichette") et qui constitue un double faux, dans la mesure où il y est fait allusion à une " capitulation " qui n'a jamais eu lieu, et qui parfois, dans un but d'amalgame malveillant, mentionne la date surajoutée du " 18 juin 1940 " en bas et à gauche, oui dis-je, même si le véritable appel du 18 juin, rédigé sur un ton beaucoup plus mesuré, a pu susciter une lueur d'espoir auprès des rares personnes qui ont pu l'entendre, l'ensemble des Français ignoraient qu'au moment où le Maréchal envisageait dès le 17 juin de discuter avec les Allemands de conditions d'un arrêt provisoire des combats (armistice), ce dernier avait bien en tête l'intention de reprendre le combat le jour où les circonstances le permettraient, en vue de libérer la France. Ceci est si vrai et il faut le redire qu'il donnera au général HUNTZINGER, chargé de signer les conditions d'armistice (le 22 juin 1940 à 12 h 00) des instructions précises pour ne céder en rien sur la Flotte, ni sur l'Empire, ni sur l'AFN cartes maîtresses qu'il voulait absolument conserver en vue de la revanche (référence: Weygand, de Bernard DESTREMAIU, ed. Perrin, 1989-2001, p. 583 à 602).

          Et ce n'est pas pour rien qu'il enverra le général WEYGAND dès septembre 1940 en Afrique du Nord pour reconstituer une année, qui deviendra la fameuse "Armée d'Afrique", en vue de la reprise des combats.

          Sait-on qu'a la suite de la fureur d'Hitler, dont il avait fermement rejeté la demande du 16 juillet 1940 visant à utiliser la voie ferrée de Rabat-Tunis ainsi que des bases anciennes et navales d'Afrique du Nord. Pétain réunit le 4 août 1940 un conseil restreint afin d'étudier l'éventualité d'une invasion de la zone libre par la Wermacht ? Seuls DARLAN et BAUDOUIN, Ministre des Affaires Etrangères, sont présents. Le Chef de l'état leur dicte la conduite à tenir s'il n'était plus en mesure de gouverner. Darlan devra rejoindre l'Afrique du Nord et y exercera au nom du Maréchal l'autorité gouvernementale, la Marine de guerre le ralliera sur son ordre : " Je ne veux pas de papier, mais vous devez considérer mon ordre comme définitif. Je ne reviendrai pas sur cette décision. D'autre part, il doit être bien entendu qu'elle restera entre nous trois. Personne d'autre ne doit la connaître. " (30)
          Mais, comme il l'avait promis, il resterait avec les Français pour partager leur malheur :
          " Il est impossible, sans déserter, d'abandonner la France. (...) Le devoir du gouvernement est, quoiqu'il arrive, de rester dans le pays, sous peine de ne plus être reconnu comme tel. Priver la France de ses défenseur naturels dans une période de désarroi général, c'est la livrer à l'ennemi,... c'est tuer l'âme de la France. Je resterai parmi le peuple français, pour partager ses peines et ses misères. " (Maréchal Pétain, 1940) (31)

          9 Franklin ROOSEVELT
          Voyons enfin ce que pensait le Président des Etats-Unis, du Général de Gaulle et de ses intrigues politiques.
          Le 11 juin 1943, ROOSEVELT télégraphie à CHURCHILL et à EISENHOWER :
          " Si l'armée française devait passer, directement ou indirectement, sous le contrôle de, De Gaulle, les accords d'Anfa sur le réarmement seraient dénoncés... Giraud doit commander l'armée française sans entrave. Je serais inquiet pour la sécurité des lignes de communication britanniques et américaines, et pour leurs arrières, s'ils devaient passer sous le contrôle de, De Gaulle. "(32)
          - Le 17 juin 1943,.ROOSEVELT envoie un message personnel à CHURCHILL :
          " J'en ai assez de, De Gaulle et des machinations secrètes et personnelles de son Comité ces derniers jours. Elles démontrent qu'il n'y a aucune possibilité pour nous de travailler avec lui. En temps de paix, ce serait sans importance, mais nous sommes en temps de guerre, et De Gaulle constitue une menace extrêmement dangereuse pour nous. Il n'aime ni les Anglais, ni les Américains, et il nous trompera à la première occasion. Je suis d'accord avec vous : il faut s'en débarrasser. La situation est devenue intolérable. Nous devons nous séparer de, De Gaulle parce qu'il est devenu déloyal. On ne saurait lui faire confiance, ni compter sur sa coopération. A cause de lui, Eisenhower n'a plus le temps de s'occuper de la guerre. Nous ne devons pas nous laisser influencer par de telles machinations, ni tolérer un abîme entre nous. Nous devons encourager la formation d'un comité de Français décidés à combattre, et non accaparés par des ambitions politiques. " (33)

          C'est un fait, les Alliés ne faisaient pas confiance à DE GAULLE, à tel point qu'ils refuseront de lui communiquer la date du débarquement en Afrique du Nord (opération TORCH du 8 novembre 1942), comme plus tard celle du débarquement en Normandie (6 juin 1944).
          Toujours en parlant de, De Gaulle, ROOSEVELT dira : " He has heen doing more talking than fighting " (Il a passé plus de temps à discourir qu'à se battre ! (34)

          CONCLUSION

          Oui, il faut être clair et faire preuve d'honnêteté intellectuelle, ce n'est pas le Général DE GAULLE qui a libéré la France, comme nous l'avons démontré. Ce sont les Alliés et les Soviétiques, avec l'aide de notre armée d'Afrique, qui sont venus à bout de l'armée allemande.
          Lire à ce sujet l'annexe II, reproduisant le dernier chapitre intitulé "Si De Gaulle n'avait pas existé", du livre de Louis-Christian MICHELET, la légende gaullienne, déjà cité.

          Ceci est si vrai que DE GAULLE, le reconnaîtra lui-même plus tard :
          " Cette victoire. - dira-t-il - n'est d'ailleurs pas la nôtre. L'action de nos forces, qu'elle fût celle de nos armées ou celle de la Résistance, n'a été d'aucun poids dans le résultat final. Elle n'a pas modifié d'un jour ou même d'une heure le moment de la capitulation allemande. Naturellement, j'ai dit et affirmé le contraire, car il fallait que la France figurât parmi les puissances victorieuses et fût présente à la table des vainqueurs. " (Charles De Gaulle) (35)

          Oui, mais, ironie du sort, DE GAULLE ne fut présent ni à Yalta, ni à Postdam !
          Or, très vraisemblablement, si DE GAULLE n'avait pas tout compliqué, plus préoccupé avant tout de son propre destin, c'est GIRAUD qui aurait été présent à la "table des vainqueurs".

          Aussi. lorsqu'on relit les déclarations suivantes du Général DE GAULLE, n'est-on pas en droit de s'interroger sur la bonne foi et la crédibilité d'un tel personnage ?
          - Déclaration du Général DE GAULLE au Colonel REMY un soir de 1947 :
          " Je ne comprendrai jamais pourquoi le Maréchal n'est pas parti à Alger au mois de novembre 1942. Les Français l'eussent acclamé, les Américains l'eussent embrassé. les Anglais auraient suivi, et nous, pauvre Rémy, nous n'aurions pas pesé lourd dans la balance ! Le Maréchal serait rentré à Paris sur son cheval blanc. " (36)

          Car, en 1947, DE GAULLE ne pouvait plus ignorer l'existence du " Conseil restreint " du 4 août 1940 tenu par le Maréchal, ni tous ses messages rappelant aux Français qu'il ne les abandonnerait jamais et qu'il resterait avec eux pour partager leur malheur.

          - Déclaration du Général DE GAULLE à François LEHIDEUX, ancien secrétaire d'Etat à l'Equipement (1941), puis à la Production Industrielle (1941-1942) dans le gouvernement du Maréchal, un soir de 1950 :
          " LE MARECHAL ETAIT TROP GRAND POUR LES FRANÇAIS, QUI NE LE MERITAIENT PAS. " (37)
          Mais alors. comment comprendre qu'il ait pu laisser condamner à mort pour trahison et mourir en prison à l'âge de 96 ans, un Maréchal de France qui, par deux fois, sauva la France, en 1916-17-18 et en 1940, sacrifiant ainsi la fin de sa vie pour nous éviter le pire ?
          (Lire à ce sujet en annexe III les admirables déclarations liminaire et finale du Maréchal à son procès - 23 juillet 1945 - 15 août 1945)

          - Conférence de presse du Général DE GAULLE à propos de l'Algérie, le 23 octobre 1958 :
          " A quelles hécatombes condamnerions-nous ce pays si nous étions assez stupides et assez lâches pour l'abandonner !" (Charles DE GAULLE)

          - Déclaration du général DE GAULLE, lors de sa " tournée des popotes ", aux chefs de corps en Algérie, le 30 août 1959 :
          " Moi vivant, jamais le drapeau algérien ne flottera sur l'Algérie" (Charles DE GAULLE " (38)

          La suite, on la connaît : l'abandon dans la trahison et le déshonneur de tous ceux qui nous avaient fait confiance, et leur mort, pour certains dans des conditions atroces...

          Et comment si l'on est honnête, après tout ce qui vient d'être rappelé, peut-on être encore un admirateur inconditionnel du Général DE GAULLE ? Comprenne qui pourra.
          Michel LE PARGNEUX

          REFERENCES
1 Titre de l'ouvrage écrit en 2009 par Roger HOLEINDRE, éd. d'Héligoland.
2 De Gaulle, la grandeur et le néant, Dominique VENNER, éd. du Rocher, 2004, p. 193.
3 Au bout de notre peine, Jacques ISORNI, éd. de la Table Ronde, p. 113.
Weygand, Bernard DESTREMAU, éd. Perrin, p.. 548.
18 juin, Henri AMOUROUX, éd. Fayard. P. 78.
Secrets II, Jean-Raymond TOURNOIJX, éd. Plon, p. 442.
4 Témoignage du Colonel Louis-Christian MICHELET, à l'époque Capitaine à l'Etat-Major du Général MONCLAR, Commandant les Forces françaises en Corée. Rapporté également dans l'ouvrage de Roger HOLEINDRE, op. cit, p. 208
5 Charles DE GAULLE, 6ème appel à la radio de Londres, le 2 juillet 1940 rapporté dans l'article "Le Prince des Faussaires (suite), un mensonge historique et meurtrier", Pierre CATTIN, dans la Lettre de Véritas, n° 42, avril 2000).
6 Les 60 Jours qui ébranlèrent l'Occident, Jacques BENOIST-MECHIN, éd. Robert Laffont, 1956. Lettre de Véritas, N°42, avril 2000, op. cit.
7 La légende gaullienne, Louis-Christian MICHELET, éd. Godefroy de Bouillon, 2008, p. 266
8 La grande iniquité du Général HERING, rapporté dans Pétain et les Américains, Jacques LE GROIGNEC, éd. NEI, 1995, p. 232.
9 Mémoires de WEYGAND, L III, p. 382, rapporté dans Pétain et les Américains. Jacques LE GROIGNEC, op. cit.
10 Pétain. Marc FERRO, éd. Fayard, 1987, p. 106.
11 Vérités et mensonges, André PERTUZIO, dans L'Action Française 2000, n° du 19 juillet au 1er août 2001.
12 Déclaration de Winston CHURCHILL, au Général GEORGES le 8 janvier 1944 à Marrakech, rapportée par celui-ci au procès du Maréchal, 9ème audience, J.O. p. 167, et citée dans Pétain, gloire et sacrifice, de Jacques le GROIGNEC, éd. NEl., 1991, p. 115, et Histoire de Vichy : François-Georges DREYFUS, éd. de Fallois, 2004, p. 157.
13 La fin du régime de Vichy, Walter STUCKI, éd. de La Baconnière, 1947, p. 30. Pétain et les Américains, Jacques le GROIGNEC, op. cit. p. 233.
14 Pétain et les Allemands, Jacques le GROIGNEC, éd. NEI., 1997, p. 233-234.
Pétain face à l'Histoire, Jacques le GROIGNEC, éd. NEI., 2000, p. 182-183.
15 Ma figuration auprès d'Hitler, Paul-Otto SCHMIDT, éd. Plon
Montoire, Verdun diplomatique, Lewis-Dominique GIRARD, éd. André Bonne, 1948
16 Vichy-Alger 1940-1942, Economica, 1992
17 Pétain et la France, Jean-Raymond TOURNOUX, éd. Plon, 1980, p. 154
18 La page n'est pas encore tournée, Henri AMOUROUX, éd. Robert Laffont, 1993, p. 12
19 Interview dans Valeurs Actuelles du 13 décembre 1993.
Pétain et les Américains, Jacques le GROIGNEC, op. cit. p. 341
Philippique contre les mémoires gaulliens, Jacques LE GROIGNEC, éd. NEl., 2004, p. 10.
20 Radio Courtoisie, le 11 novembre 2004, à l'occasion de la réédition de son Histoire de Vichy, éd. de Fallois, 2004.
21 Celui qui a dit non, article de Pierre CHANDELIER paru dans Présent du 20 juin 2001, et rapporté dans la revue le Maréchal, n° 205 du 1er trimestre 2002.
Le dilemme France-Etats-Unis, Kenneth PENDAR, éd. SELF, pp. 280-288.
La Revanche de l'Armée d'Afrique, Louis-Christian MICHELET, éd. Godefroy de Bouillon, 1998, pp. 201-202
22 Mémoires de guerre, Charles DE GAULLE, éd. Plon, t. III. Documents.
Pétain et les Américains, Jacques le GROIGNEC, op. cit., p. 340
23 Dix ans avec De Gaulle, 1940-1950, Colonel REMY, éd. France-Empire, 1971, rapporté par Pierre CHANDELIER dans Présent du 20 juin 2001 et dans la revue le Maréchal n° 205, 1er trimestre 2002, p. 27.
24 Ecrits de Paris n° 728, février 2010, p. 31-38.
25 De Gaulle ou le plus grand (commun diviseur) français de tous les temps, par le Colonel Alain DUMARCET, p. 134-179.
Les Revanchards de l'Armée d'Afrique, Louis-Christian MICHELET, éd. Godefroy de Bouillon, 1988, pp. 497 et 498.
26 Article de René MAYER, polytechnicien et haut fonctionnaire, intitulé " Le 19 mars 1962, un faux anniversaire pour un faux armistice ? ", paru dans le bulletin du Secours de France, été 2009, et le Bulletin des SAS, n° 32, octobre 2009.
27 Lire à ce sujet L'assassinat de Darlan, Arnaud de CHANTERAC, éd. Perrin, 1995 et Nous avons tué Darlan, Mario FAIVRE, éd. la Table Ronde, 1975, cité par VOITURIEZ p. 260.
28 Pétain, Laval et De Gaulle, Nérin GUN, éd. Albin Michel, 1979. p. 347, rapporté dans La légende gaullienne, Louis-Christian MICHELET, op. cit., p. 249.
29 Pétain et de Gaulle, Jacques le GROIGNEC, éd. NEI., 1998, p. 249
30 Neuf mois au gouvernement, Paul BAUDOUIN, Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Laval, éd. La Table Ronde, 1948, p. 278.
31 Pétain face à l'Histoire, Jacques le GROlGNEC, op. cit.. p.168
32 La légende gaullienne, Louis-Christian MICHELET, op. cit., p. 247.
33 De Gaulle dictateur, Henri de KERILLIS, éd. Bauchemin, 1945, p. 271-272, rapporté dans La légende gaullienne, Louis-Christian MICHELET, op. cit., p. 248-249.
34 La légende gaullienne, Louis-Christian MICHELET, op. cit. p. 178.
35 Déclaration du Général De Gaulle lors de la signature du Décret du 11 avril 1959 par le Premier Ministre, relatif â la date de la Commémoration de la Victoire de 1945. Lorsqu'une République chasse l'autre. 1958-1962, Souvenirs d'un témoin, Roger BELIN, éd. Michalon, juin 1999, p. 199.
36 Propos rapportés par le Colonel REMY dans, dans l'ombre du Maréchal. Presses de la Cité, 1991, p. 72.
37 Pétain et la France, Jean-Raymond TOURNOUX, op. cit., p. 543.
Réplique aux diffamateurs de la France, Jacques LE GROIGNEC, éd. NEI, 2006. p. 99.
38 Ahmed ? Connais pas... Bernard MOINET, éd. CLEM PICA, 1978. p. 159.


          FICHE DE REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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          BOISBOUVIER Michel, médecin. Pétain, trahison ou sacrifice, éd. Godefroy de Bouillon, 2008, Préfacé par François Georges DREYFUS, professeur émérite à la Sorbonne

          CHANDELIER Pierre - La défaite de 1940 et l'armistice. Approche juridique, auto édition, 1994

          DESTREMAU Bernard - Weygand, éd. Perrin, 1989, 2001

          DREYFUS François Georges professeur émérite à la Sorbonne - Histoire de Vichy, éd. de Fallois, 2004 Histoire de la Résistance, éd. de Fallois, 2003

          DUMARCET Alain, Colonel
          De Gaulle, ou le plus grand commun diviseur français de tous les temps, éd. (chez l'auteur) - La vérité sur Philippe Pétain, éd. ADMP

          FAUCAUCOURT (de) Henri - Naissance. du mythe gaulliste, éd. de Chiré, 1984

          Giraud Henri Christian - De Gaulle et les communistes (t. 1 et 2), éd. Albin Michel, 1989

          LE GROIGNEC Jacques, Général
          - Entre ciel et terre éd. NEI, 1988
          - Pétain, gloire et sacrifice éd. NEI, 1991
          - Le Maréchal et la France éd. NEI, 1994
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          - Mermoz éd. NEI, 2002
          - L'étoile jaune éd. NEI, 2003
          - Philippique contre des mémoires oubliées éd. NEI, 2004
          - Réplique aux diffamateurs de la France. 1940 1914 éd. NEI, 2006

          HOLEINDRE Roger
          L'homme qui faisait se battre les Français entre eux, éd. Héligoland 2009
          Trahisons sur commande. Histoire du Parti Communiste Français. éd. Héligoland 2007

          HUMIERES (d') Henry, Colonel
          Le devoir de mémoire : justice pour le Maréchal Pétain, col. Godefroy de Bouillon 1997
          De la gloire de l'Armée d'Afrique au dégagement criminel en Algérie, éd. Lettres du Monde 2007
          Philippe Pétain, Charles De Gaulle et la France, éd. Lettres du Monde 2007
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          LAURENT Jacques - Année 1910 Londres, De Gaulle, Vichy, éd. De la Table Ronde, 1965

          LEGOUX Bertrand - 17 juin 1940: l'Armistice était indispensable ! La fin d'un mythe, éd. Esprit du Lvre, 2010

          MICHELET Louis Christian. Colonel. Docteur en Histoire
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          MOINET Bernard, Ahmed ? Connais pas.... éd. CLEM PACA. 1978

          MOUTON Claude Attendu que... Philippe Pétain face à la ténébreuse alliance, ed. chez l'auteur, 1986

          PREVOST Philippe Le temps des compromis. Mai juin 1940, préface par F. G. DREYFUS, éd. C.E.C. 2005

          RIEUNER René. Ingénieur Réquisitoire contre le mensonge (Juin 1940 Juillet 1962). éd. NEI. 2008

          VENNER Dominique De Gaulle, la grandeur et Ie néant, éd. du Rocher. 2004, p. 193
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          Histoire de la collaboration. éd. Pygmalion, 2000

ANNEXE 1
Extraits de la "Lettre ouverte: d'André RECIPON à Maurice DRUON
(parue dans la revue Le Maréchal N° 202 du 2ème trimestre 2001)

          "... Celui par qui le malheur est arrivé, celui qui a gracié en 1945 les traites qui dés septembre 1939 ont choisi de trahir la France, de déserter en temps de guerre et de s'allier avec Hitler notre ennemi, parce qu'il venait de signer un pacte avec Staline ; celui qui a accepté leur alliance lorsqu'ils ont à nouveau changé de camp après qu'Hitler ait attaqué l'URSS en 1941. (...) En septembre 1944, les jeunes Français qui n'avaient pas accepté la défaite, mais n'avaient jamais voulu "faire un bout de chemin" avec les communistes, se sont engagés dans la 2ème DB de Leclerc ou la 1ère Armée de, De Lattre. Nous sommes partis nous battre contre les Allemands. Pendant que nous risquions nos vies en Alsace, les communistes restaient en France pour se battre contre les Français. Ils en ont arrêté, torturé et tué plus de 100 000. (...) Si huit divisions avaient pu être armées et équipées pour permettre à la France de rester présente dans la guerre, et à De Gaulle de parler en son nom, c'est aux seuls Américains que nous le devions. Pourtant, en 1944. il rejeta l'offre des Américains de désarmer les communistes et préféra gracier les communistes condamné à mort pour haute trahison. Tandis qu'il condamnait à mon le Maréchal et les Français qui lui avaient obéi.

          Tout ce que vous dénoncez dans votre livre et qui fut voté en 1946 : le statut de la fonction publique, le monopole du syndicat du livre, les nationalisations des banques, des assurances et de l'énergie (EDF en particulier) sont l'œuvre des communistes ramenés par De Gaulle. Ne venez pas me dire, à moi et à d'autres, qu'il n'y avait pas d'autre solution. Au lieu de laisser la 1ère Année et la 2' DB occuper l'Allemagne, il n'avait qu'a nous faire revenir en France, les milices communistes n'auraient pas fait le poids devant nous. Nous, nous y attendions. Mais il a commencé par ôté a De Lattre le commandement de la 1ère Armée pour le donner à un "godillot" plus docile. (...) Que les Français aient ou non une zone d'occupation était moins important que de rétablir la paix civile en France. Notre présence aurait sauvé du déshonneur les Français qui n'avaient pas commis d'autre crime que celui d'être anti-communiste. Ce qui était important en ce printemps 1945, c'était de réconcilier les Français. (...) Je l' /De Gaulle/ai quitté lorsque, poussé par les communistes, au lieu de rassembler les Français, il a condamné ceux qui, comme Le Maréchal, avaient dû affronter les suites d'une terrible défaite dont ils n'étaient en rien responsables.
          La réconciliation des Français passait obligatoirement par la reconnaissance du rôle qu'avait joué le Maréchal, ce que De Gaulle refusa. (...) Il a fait condamner ceux qui pendant quatre ans avaient dût subir les diktats de l'occupant, ceux qui avaient fait de leur corps et de leur personnalité un rempart pour protéger les Français et deux millions de prisonniers. Même Laval n'a jamais trahi. II a négocié lutté, ergoté comme l'avocat qu'il était et comme le paysan madré qu'il restait. Il ne cédait que pour éviter un plus grand mal et il est mort assassiné par des halles françaises. Son procès est une monstruosité judiciaire qui entache l'honneur de la France. En octobre 1940, pendant qu'il rencontrait Hitler et ne cédait rien sur le fond, le Maréchal envoyait à Londres le professeur
          Rougier pour signer un accord avec Churchill pour laisser entrer le ravitaillement en provenance des colonies. Ceci n'est qu'un exemple, mais il donne une vision exacte de la réalité de la guerre secrète. De Gaulle le savait, mais il a toujours nié les faits et il a laissé condamner le professeur Rougier qui sera heureusement réhabilité...

          Le Colonel Rémy a souffert lorsqu'il a découvert la vérité sur le Maréchal. Il a supplié De Gaulle de revenir sur ce crime et de réparer cette injustice. Toujours au nom de la raison d'Etat, a-t-il dit De Gaulle a refusé. C'est un mensonge. C'est son orgueil qui le poussait à s'abriter derrière la raison d'Etat et à prétendre incarner la France, alors que seul le Maréchal avait été investi et reconnu par tous les Etats, y compris les USA et l'URSS. En réalité, De Gaulle a condamné ceux qui ont eu une autre conception de leur devoir que la sienne et les a laissés mourir, comme le Général DENTZ, les fers aux pieds, non par ce qu'ils avaient douté de la France, mais de lui. (...) En 1939, les communistes français ont préféré trahir la France en s'alliant avec l'Allemagne plutôt que de trahir leur parti. De Gaulle les a graciés, les Français qui se sont sacrifiés pour protéger leurs frères, De Gaulle les a condamnés.

          En 1958. je me suis fait surprendre une deuxième fois. J'avais cru que sa traversée du désert lui avait donné l'occasion de méditer sur ses erreurs passées. Une nouvelle fois il a trahi tous ceux qui lui avaient fait confiance. Et il a trahi non pas pour donner l'indépendance au peuple algérien, il a trahi tous les amis de la France pour donner le pouvoir au parti communiste algérien, après avoir éliminé tous ceux qui ont tenté de s'opposer à sa politique.

          ...Votre livre me laisse un immense espoir. Il vous suffisait de faire un geste. Ce geste évidemment ne satisfera pas Ies communistes,... mais ce geste, si vous le faites, sera pour tous les Français un geste d'apaisement, un geste de réparation, un geste qui supprimera définitivement la fracture de la communauté française qui dure depuis 55 ans et l'empêche de se rassembler. Proposez avant qu'ils disparaissent tous, aussi bien à ceux qui ont suivi De Gaulle qu'à ceux qui sont restés fidèles au Maréchal, de conduire son cercueil le 11 novembre prochain de l'Île d'Yeu au Fort de Douaumont, où il reposera en paix au milieu de ses soldats. J'ai confiance dans votre réponse, car le courage ne vous a jamais manqué..."...
          André RECIPON
          Hélas. en celle occasion unique de pouvoir réconcilier les français entre eux, ce jour-là le courage a manqué â Maurice Druon...

ANNEXE: Il
Dernier chapitre de La légende gaullienne de Louis-Christian MICHELET.
édité chez Godefroy de Bouillon, 2008. p. 265

          Chapitre XIV, intitulé : Si De Gaulle n'avait pas existé

          "Il est "politiquement correct", au XXIème siècle, de dire que la France, en 1944, a été libérée par De Gaulle, par les Forces Françaises libres et par la Résistance. Délibérément ou pas, on oublie l'Armée d'Afrique !
          Si De Gaulle n'avait pas existé ? Il importe de rassurer tout de suite le lecteur : la deuxième guerre mondiale se serait quand même terminée, et aux même dates, par la défaite de l'Allemagne et du Japon. La France aurait quand mène été libérée, ni plus tôt, ni plus tard, par l'action cumulée des armées alliées, britanniques. soviétiques et américaines, et d'une armée française de 750 000 hommes et femmes, l'Armée d'Afrique, celle de Weygand, de Juin, de Giraud et de, De Lattre, qui ne devait rien à De Gaulle, bien au contraire. Issue de l'Armée de transition stationnée en Afrique du Nord et en Afrique Occidentale, de 1940 à 1942, cette armée a écrasé l'ennemi en Tunisie (1942-1943), puis en Italie (1943-l944). Elle a libéré le tiers de la France, sauvé l'Alsace et poursuivi l'ennemi à travers l'Allemagne jusqu'en Autriche. Bir Hakeim, c'était 3 500 combattants pendant 16 jours. La Tunisie, c'est 80000 homes pendant six mois, l'Italie c'est 120 000 hommes pendant huit mois. La Première Armée française. c'est 260000 hommes pendant neuf mois. La 2ème Division Blindée du Général Leclerc, elle-même, a été prélevée à 90 % dans les rangs de l'Armée d'Afrique.

          Si De Gaulle n'avait pas existé, les relations du Gouvernement de Vichy avec la Grande-Bretagne auraient été beaucoup moins conflictuelles, plus proches de ce qu'elles étaient avec les Etats-Unis du temps de l'Amiral Leahy. Churchill a déclaré : "Je n'ai jamais dit que le Gouvernement de Vichy, en signant l'armistice, avait commis un acte de trahison. Mais j'ai trouvé à Londres quelqu'un qui le prétendait. C'était un général français : je m'en suis servi !"
          De même, la propagande gaulliste s'est ingéniée à répandre dans toutes les parties du monde libre. Empire britannique, Etats-Unis, Amérique latine, etc. l'image d'une France dévoyée, abandonnant ses alliés en plein combat, et qui s'était mise spontanément au service du IIléme Reich. Cette image dégradée persiste encore de nos jours dans certains pays, Russie, Australie, Nouvelle-Zélande.

          Si De Gaulle n'avait pas existé, on n'aurait pas pour autant évité Mers-el-Kébir, ni probablement Dakar. Mais à coup sûr il n'y aurait eu ni affaire du Gabon ni affaire du Levant avec tous ces morts inutiles, tant chez nous que chez nos alliés. De Gaulle n'a jamais rien fait pour établir et maintenir des relations harmonieuses avec nos allies. Il n'a rien fait non plus pour doter la France libre d'un potentiel militaire efficace. Il faut bien dire que ses agressions contre la France, Dakar, le Gabon, la Syrie, ont détourné de lui, sinon les meilleurs combattants, du moins un bon nombre d'entre eux. Il n'a jamais eu que des effectifs dérisoires, sans grande efficacité, en dépit de leur vaillance. Sa perpétuelle animosité envers les Alliés a dissuadé ceux-ci de lui procurer l'armement le plus moderne. Bien plus, il est allé jusqu'à torpiller sciemment une partie de l'effort de réarmement de l'Armée d'Afrique. A cause de lui, le programme de réarmement consenti par les Américains, dit programme d'Anfa, a été réduit de onze divisions à huit. Pourquoi ? Parce que la préoccupation de, De Gaulle n'a jamais été de contribuer à la victoire des Alliés, à la défaite de l'Allemagne, à la libération du sol national, mais de s'emparer du pouvoir par tous les moyens et de le conserver à tout prix, pour éviter que qui que ce soit Darlan, Giraud, Flandin, Chautemps ou autre, vienne lui en disputer tout ou partie.

          Oui, De Gaulle voulait le pouvoir, et ne voulait rien d'autre, peu importe dans quelle direction et dans quel but, même au prix du sang versé, même si ce sang était celui des Français. Contre l'Allemagne, De Gaulle n'a pratiquement rien fait pas même vitupéré : il a vitupéré Vichy, contre les Britanniques, contre les Américains, et surtout contre l'Armée française. Contre l'Allemagne, pratiquement rien."

ANNEXE III
Déclarations du Maréchal à son procès
(23 juillet 1945 - 15 août 1945)

          Deux temps forts marqueront le procès. D'abord, la déclaration liminaire du Maréchal :

          " C'est le peuple français qui, par ses représentants, réunis en Assemblée Nationale le 10 juillet 1940, m'a confié le pouvoir. C'est à lui que je suis venu rendre des comptes.
          La Haute Cour, telle qu'elle est constituée, ne représente pas le peuple français, et c'est à lui seul que s'adresse Le Maréchal de France, chef de l'Etat Français.
          Je ne ferai pas d'autre déclaration.
          Je ne répondrai à aucune question. Mes défenseurs ont reçu de moi la mission de répondre à des accusations qui veulent me salir et qui n'atteignent que ceux qui les profèrent.
          J'ai passé ma vie au service de la France. Aujourd'hui, âgé de plus de 90 ans, jeté en prison, je veux continuer à la servir en m'adressant à elle une fois encore. Qu'elle se souvienne ! J'ai mené ses armées à la victoire en 1918. Puis, alors que j'avais mérité le repos, je n'ai avisé de me consacrer à elle.
          J'ai répondu à tous les appels, quels que fussent mon âge et ma fatigue.
          Le jour le plus tragique de son histoire, c'est encore vers moi qu'elle s'est tournée.
          Je ne demandais ni ne désirais rien. On m'a supplié de venir. Je suis venu.

          Je devenais ainsi l'héritier d'une catastrophe dont je n'étais pas l'auteur, les vrais responsables s'abritaient derrière moi pour écarter la colère du peuple.
          Lorsque j'ai demandé l'armistice, d'accord avec nos chefs militaires, j'ai rempli un acte nécessaire et sauveur. Oui, l'armistice a sauvé la France et contribué à la victoire des Alliés, en assurant une Méditerranée libre et l'intégrité de l'Empire.
          Le pouvoir m'a alors été confié légitimement et reconnu par tous les pays du monde, du Saint-Siége à l'URSS. De ce pouvoir, j'ai usé comme d'un bouclier pour protéger le peuple français. Pour lui, je suis allé jusqu'à sacrifier mon prestige Je suis demeuré à la tête du pays sous l'occupation
          Voudra-t-on comprendre la difficulté de gouverner dans de telles conditions ?... Chaque jour, un poignard sur la gorge, j'ai lutté contre les exigences de l'ennemi.
          L'Histoire dira tout ce que je vous ai évité, quand mes adversaires ne songent qu'à me reprocher l'inévitable.

          L'occupation m'obligeait à ménager l'ennemi, mais je ne le ménageais que pour vous ménager vous-même, en attendant que le territoire soit libéré.
          L'occupation m'obligeait aussi, contre mon gré et contre mon cœur, à tenir des propos, à accomplir certains actes dont j'ai souffert plus que vous : mais, devant les exigences ennemies, je n'ai rien abandonné d'essentiel à l'existence de la Patrie.
          Au contraire, pendant quatre années, par mon action j'ai maintenu la France, j'ai assuré aux Français la vie et le pain, j'ai assuré aux prisonniers le soutien de la nation.

          Que ceux qui m'accusent et prétendent me juger s'interrogent du fond de leur conscience pour savoir ce que, sans moi, ils seraient devenus.
          Pendant que le général Dc Gaulle, hors de nos frontières, poursuivait la lutte, j'ai préparé les voies de la libération, en conservant une France douloureuse mais vivante.
          A quoi, en effet eut-il servi de libérer des ruines et des cimetières ?
          C'est l'ennemi seul qui, par sa présence sur notre sol envahi, a porté atteinte à nos libertés et s'opposait à notre volonté de relèvement.

          J'ai réalisé pourtant des institutions nouvelles : la Constitution, que j'avais reçu mandat de présenter était prête, mais je ne pouvais la promulguer.
          Malgré d'immenses difficultés. aucun pouvoir n'a, plus que le mien. honoré la famille et, pour empêcher la lutte des classes, cherché à garantir les conditions du travail à l'usine et à la terre.
          La France libérée peut les mots et les et les vocable. Elle construit, mais ne pourra construire utilement que sur les bases sur que j'ai jetées.
          C'est à de tels exemples que se reconnaît, en dépit des haines partisanes, la continuité de la Patrie. Nul n'a le droit de l'interrompre.

          Pour ma part, je n'ai pensé qu'à l'union et à la réconciliation des Français : je vous l'ai dit encore le jour où les Allemands m'emmenaient prisonnier parce qu'ils me reprochaient de n'avoir cessé de les combattre et de ruiner leurs efforts.
          Je sais qu'en ce moment-ci, certains ont oublié, depuis que je n'exerce plus le pouvoir, ce qu'ils ont écrit, dit ou fait.
          Des millions de Français pensaient à moi, qui m'ont accordé leur confiance et me gardent leur fidélité.
          Ce n'est point à ma personne que vont l'une et l'autre, mais, pour eux comme pour bien d'autres a travers le monde, je représente une tradition qui est celle de la civilisation française et chrétienne, face aux excès de toutes les tyrannies.

          En me condamnant, ce sont des millions d'hommes que vous condamnerez dans leur espérance et leur foi.
          Ainsi, vous aggraverez ou vous prolongerez la discorde de la France, alors qu'elle a besoin de se retrouver et de s'aimer pour reprendre la place qu'elle tenait autrefois parmi les nations.
          Ma vie importe peu. J'ai fait à la France le don de ma personne. C'est à cette minute suprême que mon sacrifice ne doit plus être mis en doute.
          Si vous deviez me condamner, que ma condamnation soit la dernière et qu'aucun Français ne soit plus jamais condamné ni détenu pour avoir obéi aux ordres de son chef légitime.
          Mais je vous le dis à la face du monde, vous condamneriez, un innocent en croyant parler au nom de la justice, et c'est un innocent qui en porterait le poids, car un Maréchal de France ne demande de grâce à personne.
          A votre jugement répondront celui de Dieu et de la postérité. Ils suffiront à ma conscience et à ma mémoire. Je m'en remets à la France !..."

          A l'issue des plaidoiries de ses avocats, le Maréchal Pétain lira une courte déclaration :

          - Au cours de ce procès, j'ai gardé volontairement le silence, après avoir expliqué au peuple français les raisons de mon attitude.
          Ma pensée, ma seule pensée, a été de rester avec lui sur le sol de France, selon ma promesse, pour tenter de le protéger et d'atténuer ses souffrances.
          Quoi qu'il arrive, il ne l'oubliera pas. II sait que je l'ai défendu comme j'ai défendu Verdun. Messieurs les juges, ma vie a ma liberté sont entre vos mains, mais mon honneur, c'est à la Patrie que je le confie. Disposez de moi selon vos consciences, la mienne ne me reproche rien car, pendant une vie déjà longue, et parvenu par mon âge au seuil de la mort, j'affirme que je n'ai eu d'autre ambition que de servir la France."
*********
Document envoyé par P. Barisain et paru sur :
Calaméo - Petite note historique n°6 (calameo.com)


          L'auteur de ce texte, le Commissaire-Colonel (Il), Michel LE PARGNEUX est aussi l'auteur d'un livre intitulé : " PETAIN - DE GAULLE, une autre vision de l'histoire " que vous pouvez vous procurer à la Librairie Française sur cette page.
          http://www.librairiefrancaise.fr/fr/france-xxe/7677-petain-de-gaulle-colonel-le-pargneux-9791091058339.html?search_query=Le+Pargneux&results=1

          Préface de Didier Rochard.
          Annexes de Roger Holeindre, Roger Barut, lieutenant-colonel Alain Dumarcet, colonel Le Pargneux.

          4e de couverture du livre :
          " Sur les actions comparées de Philippe Pétain et de Charles De Gaulle, il règne - du moins dans les mondes médiatique et scolaire - une pensée unique aussi rigide que fragile.
          Au-delà d'une certaine propagande et d'une ignorance généralisée, quelle est la réalité ?
          Cet ouvrage n'hésite pas à aborder les sujets les plus sensibles, les polémiques les plus pénibles, avec une franchise et un souci de la vérité remarquables. On en ressort différent.
          Bâti sur de nombreuses citations, c'est un admirable travail de documentation qui est proposé au lecteur.
          D'une présentation claire et pédagogique, cet outil synthétique pourra l'aider à se forger une honnête vision de l'histoire."


          L'auteur : le commissaire colonel Michel Le Pargneux, né en 1927, a vécu l'Occupation et les durs combats de 1944 en Normandie. Puis il fit carrière dans l'armée de Terre : Tirailleurs marocains, Service des Affaires indigènes du Maroc, maintien de l'ordre dans l'Aurès avec un goum, Service des Affaires algériennes où il connut de près le drame de l'abandon de la province. Il resta en Algérie jusqu'en 1963, bien après l'indépendance, avant de continuer son service en métropole. "



ÂGISME
De Jacques Grieu

      
      L'âge qu'on dit " certain " est plein d'incertitudes,
       C'est une vue d'esprit, une fausse attitude.
       Mais celui qu'on vous prête est-il celui qu'on donne ?
       Car en cette matière, on ne croit plus personne.
       L'âge qu'on veut avoir gâte celui qu'on a,
       Où chaque tricherie tombe toujours à plat.
       L'âge est le grand sujet des âgés les plus sages ;
       On voit bien qu'à leur âge, ils pensent au passage.

      Âge d'or, âge d'or, on nous la baille belle !
       Comme la fleur de l'âge, un vieux mythe éternel,
       On se trouve novice à chaque âge de vie.
       Souvenir des plus vieux, la jeunesse ils envient,
       Tel un rêve un peu flou qu'on ne sait plus situer.
       L'âge de ses artères est pour les résignés ;
       Celui de nos neurones est bien plus important :
       Plus que de nos vieux os ou de nos pauvres dents.

      Est-ce pour mieux vieillir qu'on nous classe les âges,
       Qu'ainsi du temps qui passe, on tourne mieux les pages ?
       À l'âge des cavernes, on eut celui de pierre,
       Après l'âge de bronze, on eut celui de fer
       Et celui du charbon, du bois et de la brique,
       Puis celui du pétrole et l'âge du plastique,
       Celui du caoutchouc pour consciences élastiques,
       Enfin l'âge atomique et l'âge électronique.
      

      On dit l'âge " avancé " quand il est reculé. Quand on dit qu'il est mûr, va-t-il tout seul tomber ?
       Est-ce le troisième âge ou bien le quatrième ?
       Alors, " l'entre deux âges " sortirait du barème ?
       Comme le " Moyen-âge ", il peut laisser perplexe.
       " Sexagénaire ", hélas, n'est pas l'âge du sexe,
       L'âge adulte non plus, l'âge de l'adultère !
       Et si le retour d'âge allait en marche arrière ?

      Les années les plus courtes ont les jours qui redoublent ;
       De moitié sont nos forces où les ans comptent double.
       Pleurer sur son époque est pleurer sur son âge,
       Mais le fait de vieillir n'est ni tare ni rage.
       Ceux qui vieillissent bien voient tourner le manège ;
       Enterrer l'ennemi est leur grand privilège.
       " Partout des centenaires ", est-ce un nouveau prodige ?
       A la limite d'âge, il faudra qu'on s'oblige...

Jacques Grieu                  



Déboulonnage des statues
Envoyé par B. Leonelli

Puisque la mode actuelle est au déboulonnage des statues des racistes, n'oublions pas la " grande Zora " !
Dans le même esprit, enlevons les plaques des rues, avenues, places portant ce nom infâme. Rebaptisons le plus grand aéroport de France, le seul porte-avion etc. etc.
Commençons dès maintenant !
JPP
Ci-dessous, veuillez trouver quelques preuves irréfutables :

          La façon dont de Gaulle a mené la décolonisation ne peut se comprendre sans que soit éclaircie son idée de la France : une nation blanche et chrétienne d'abord, une et indivisible ensuite.
          " Nous avons une responsabilité, celle de jouer le rôle de la France ; ce rôle, dans mon esprit comme dans le vôtre, se confond avec un rôle chrétien. Notre pays ne serait pas ce qu'il est, c'est presque banal de le dire, s'il n'était pas d'abord un pays catholique."
          (Discours de Rome, le 27 juin 1959)

          " Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs. "
          (David SCHOENBRUN, Les trois vies de Charles de Gaulle, Ed Julliard,1965)

          Cette "certaine idée de la France" explique à la fois son opposition à la Constitution de 1946, qui liquidait l'empire et le transformait en Union française. La Constitution de 1946 faisait de millions d'hommes de couleur des citoyens français ; donc des électeurs et, pire, des futurs élus.
          Ses manœuvres lors de la guerre d'Algérie procèdent d'une même démarche. Dix millions d'arabes pouvaient obtenir, à égalité des blancs, le droit de vote et l'éligibilité. Selon J.R. TOURNOUX, il pense que "sous les effets de la démographie galopante des Musulmans et des conséquences de l'intégration, La France ne serait plus la France". Il préférera sacrifier l'indivisibilité et abandonner l'Algérie, tout en évitant que trop de Harkis ne se réfugient en métropole, quitte à les livrer à la vengeance du FLN.

          Sa politique envers le communisme n'a rien d'idéologique, ni de définitif. Il en donne les raisons en privé : " Les communistes russes sont des traîtres à la race blanche. Un jour, ils redeviendront solidaires de l'Europe. "
          (Cité par J.R. TOURNOUX, La Tragédie du Général, Ed. Plon, p 365).

          Florilège du racisme gaulliste : Juin 44 :
          De Gaulle n'est rejoint que par une troupe hétéroclite. "Encore un juif...", soupire-t-il, quand on lui annonce Georges Boris, ancien secrétaire de Loewenstein et ex-directeur de la "Lumière", conseiller financier.
          (Cité par J.R. TOURNOUX Pétain et de Gaulle. Ed Plon 1964)

          "Je n'aime pas les youpins".
          (Cité par André Le Troquer, La parole à Le Troquer, Ed la Table Ronde 1962)

          Au député UNR Dronne, ancien héros de la libération de Paris :
          " Voulez-vous être bougnoulisés ? Voyons, Dronne ! Donneriez-vous votre fille à marier à un bougnoule ? "
          (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed Le Crapouillot, 1967, et par J.R. TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          A Léon DELBECQUE :
          " Et puis, DELBECQUE, vous nous voyez mélangés à des Musulmans ? Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ? "
          (Cité par J.R. TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          Au général Koenig :
          " Evidemment, lorsque la monarchie ou l'empire réunissait à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens... Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français ".
          (Cité par J.R. TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          Au soir des accords d'Evian, en mars 1962 :
          " Alors, Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ? "
          (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed Le Crapouillot, 1967-68)

          "Tous ces bicots se chamaillent. Ils aiment les fusils, ils aiment s'en servir. Ils ont la manie de la fantasia".
          (Cité par J.R. TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          " Les Arabes, ce n'est rien. Jamais on n'a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines... Ce sont d'habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants. "
          (Cité par J.R. TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          " Qu'est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n'ont jamais réussi à constituer un Etat... Avez-vous vu une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n'existe pas. Les Arabes disent qu'ils ont inventé l'algèbre et construit d'énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l'œuvre des esclaves chrétiens qu'ils avaient capturés... Ce ne furent pas les Arabes eux-mêmes... Ils ne peuvent rien faire seuls."
          (Cité par Cyrus SULZBERGER, Les derniers des géants, Ed. Albin Michel, 1972)

          " Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? "
          (Cité par A. Peyrefitte. C'était de Gaulle. Ed Gallimard, 2000. Propos tenus le 5 mars 1959)

          " Ils vous intéressent, vous, ces Mohammed et ces Fernandez ? "
          (Cité par Jacques Isorni, Lui qui les juge, Ed. Flammarion 1961)

          " Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de Musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! "
          (Cité par B. Stora, Le transfert d'une mémoire, Ed. La découverte, 1999)

          "Certains même redoutaient que les juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est à dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles."
          (Conférence de presse du 27 novembre 1967)

          " Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu'eux : il y a des nègres à l'Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n'a aucune espèce d'intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d'ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n'est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l'extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l'Élysée. Et puis je vous assure que c'est sans intérêt. "
          (Entretiens avec Jacques Foccart, 8 novembre 1968. Cité dans ses Mémoires, tome 2. Le Général en mai. Journal de l'Élysée. 1968-1969, éd. Fayard/Jeune Afrique)

          De Gaulle et la démocratie : une certaine distance.
          " Le régime fasciste permet aux pouvoirs publics de tirer des ressources existantes, sans ressource ni ménagement, tout ce qu'elles peuvent donner. L'impérieuse subordination des intérêts particuliers à ceux de l'Etat, la discipline exigée et obtenue de tous, la coordination personnelle du Duce, enfin cette sorte d'exaltation latente entretenue dans le peuple par le fascisme pour tout ce qui concerne la Patrie, favorisent à l'extrême les mesures de Défense Nationale."
          (Charles de Gaulle, La mobilisation économique à l'étranger, Revue militaire française, 1
er janvier 1934)

          "Privée d'un maître, la masse subit les effets de sa turbulence"
          (Charles de Gaulle, Le fil de l'épée)

          "En M. Molotov, qui était et ne voulait être qu'un rouage parfaitement agencé d'une implacable mécanique, je crois avoir reconnu une complète réussite du système totalitaire. J'en ai salué la grandeur. "
          (Cité par David SHOENBRUN, Les trois vies de Charles de Gaulle, Julliard 1965, p 67)"

          Ce qu'il faudrait à ce pays, c'est un roi "
          (Déclaration à Robert Prigent, ministre de la Population, cité par Georgette ELGEY, La République des illusions, Ed. Fayard)

          " On a le droit d'être Hitler "
          (Cité par Raymond TOURNOUX, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

          " Maurras a eu tellement raison qu'il en est devenu fou "
          (Cité par J. DUMAINE, Quay d'Orsay, Ed. Julliard)

          " La dictature momentanée que j'ai exercée au cours de la tempête et que je ne manquerais pas de prolonger ou de ressaisir si la patrie était en danger "
          (Charles de Gaulle. Mémoires. Tome III)

          " Il doit être évidemment entendu que l'autorité indivisible de l'Etat est confiée toute entière au président par le peuple qui l'a élu, qu'il n'en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui. "
          (Ouest France, 23 décembre 1960)

          " - Ce que j'ai essayé de faire, c'est d'opérer la synthèse entre la monarchie et la république. - Une république monarchique ? fis-je - Si vous voulez. Disons plutôt une monarchie républicaine. "
          (Alain Peyrefitte. Le mal français. Ed Plon, 1976)

          A propos du Général Franco, en 1970 :
          " L'homme qui assure, au plan le plus illustre, l'unité, le progrès et la grandeur de l'Espagne. "
          (Cité par Nicolas TANZER, La face cachée du gaullisme, Ed. Hachette, 1998)
C'est ce que les français appellent un grand homme et les arabes un grand rh'lah


L'agenouillement malsain : Europe, France.
Par M. Robert Charles PUIG


       L'Europe tremble face à l'islamisme d'un Recep Tayyep Erdogan maître de ballet qui, dans une scène grand guignolesque montre sa puissance coranique face à l'Europe en donnant la préférence à un malotru Charles Michel pour un fauteuil qui laisse pantelante et humiliée une Ursula Van Der Leyen, présidente de la Commission européenne debout et hors les limites de l'entretien. Une honte européenne.
       Mais déjà, pourquoi vouloir se jeter dans la gueule du loup comme la chèvre de monsieur Seguin ? Pourquoi cette précipitation toute allemande à se faire flageller par le nouveau patron d'un hypothétique empire ottoman ? Parce que l'Allemagne en s'agenouillant espère éviter une révolte des turcs résidents dans son pays et craint le nombre trop important de ces résidents qui sont une force au servie d'Erdogan, prête à répondre à son signal. Nous n'inventons rien de ce rôle inquiétant de l'Allemagne. Déjà Hitler avec l'Orient... puis l'impunité accordée aux représentants du FLN ennemi de la France dans les années de sang de 1954 à 1962 en Algérie. Aujourd'hui la soumission à Erdogan.
       De son côté, la France a toujours montré depuis l'avènement de la Ve République sa " sensibilité " au monde arabe. Cette situation de la soumission est encore plus impressionnante, tragique avec le rôle de nos élites françaises et de nos politiciens macronistes face à l'Algérie. Cela fait longtemps qu'ils ont accepté d'être les vassaux de l'Algérie FLN. Nos présidents, nos ambassadeurs se sont toujours pliés aux desiderata des algériens. Un asservissement qui se traduit par les dépôts de gerbes au monument du " Martyr " par Hollande ou le dernier en date par Darmanin, oubliant les exactions du temps de guerre et nos cadavres, nos disparus sans sépultures. Nous assistons, malgré nos cris d'alarme à une allégeance de plus en plus visible de nos dirigeants au " maître " algérien, Abdel Tebboune, au point qu'Alger se permet de refuser une délégation française menée par Castex Premier ministre, sans une saine réaction de l'Élysée qui ne trouve que sur la Covid 19 la raison de cet affront. Une honte française de plus.
       Trop de mots, de gestes de Macron, né après les événements d'Algérie et inconscient de la gravité des faits de ce temps ancien, ni de ses équipes ne semblent se rendre compte du piège où ils nous entraînent. Ils sont les sacrificateurs de notre Nation, notre France, notre République. Ils affaiblissent l'État français par une vassalité outrancière envers les politiciens algériens qui ne manquent pas une occasion de menacer le pays, de réclamer des dûs sur les essais nucléaires comme si, ils se souciaient des touaregs laissés à l'abandon et comme la France était redevable de la misère où le peuple algérien se trouve après 60 ans du règne d'une oligarchie rapace et comptable de toutes les richesses qu'elle vole à son peuple. Cependant, l'Algérie est forte des propos que nos hommes politiques avec le président emploient pour nous désigner " coupables " du passé, avilir, prostituer nos valeurs. Les mots sont les preuves de notre asservissement souhaité : crime contre l'humanité... comparaison avec la Shoah... restitution de documents … de crânes qui à l'époque n'avaient rien d'algériens... et cette amende amère sur les loukoums algériens, cette mise en place d'un " rapport " qui humilie notre passé et se plie à la fausse histoire du FLN. C'est un véritable agenouillement du pays, une capitulation qui privilégie les terroristes algériens, les traîtres à la France, à l'honneur de notre armée.

       Aujourd'hui, l'affront est encore plus grand. L'Algérie forte de son pouvoir sur notre politique macronienne, refuse de recevoir une délégation française pourtant dirigée par le Premier ministre lui-même, Jean Castex ! La macronie avec cette gifle se retrouve comme les bourgeois de Calais, prisonnière de sa bêtise et humiliée.
       Notre politique de l'inféodation, de la capitulation offre au peuple français la plus mauvaise image que notre République peut accepter depuis des décennies. Un déshonneur et une humiliation que seule la politique de Macron, si progressiste, si loin de la gloire ancienne de la Nation a pu permettre.

       Le président se trompe, mais il ne veut rien savoir de ce passé, de notre vie " là-bas ", de nos morts " là-bas ". Il est de ce temps nouveau qui considère, avec prétention et mépris que la France n'existe que depuis qu'il est président. Le passé l'indiffère et pourtant c'est ce passé qui l'accuse de forfaiture et le couvre de honte. La France est triste d'être traitée ainsi, mais les rênes du pouvoir dureront-elles encore longtemps dans des mains aussi malhabiles et désastreuses pour notre avenir, celui de nos enfants ?
       Macron le sait. Les Algériens sont comme les Mouches de Sartre. Insatiables, gourmands de nous voir les genoux à terre, humbles, soumis. Ils savent qu'avec Benjamin Stora ils ont un allié à Paris qui oublie les drames des Pieds-noirs pour ne mettre en scène que les réclamations, les exigences du FLN.

       Stora, sous l'aile de Macron est celui qui nous veut du mal, veut du mal à cette France dont une certaine jeunesse ne croit plus en elle à cause des propos même de nos dirigeants près à l'agenouillement face aux algériens qui méprisent la France et refusent de reconnaître que nous leur avons laissé un pays moderne en ne cherchant qu'à nous humilier par leurs exigences.

       Le FLN haït la France malgré les gestes de componction, de résipiscence du pouvoir " en marche ! " parisien. Une fois de plus, sans broncher, sans réaction de Macron, l'éventail du Bey d'Alger fait son office et nous flagelle, comme il y a 132 ans avant la conquête puis soixante ans après la braderie gaulliste.

Robert Charles PUIG / avril 2021       
      


POLEMIQUE
Envoyé par M. Hugues Jolivet
Archives du FLN/ALN : les graves aveux de Chikhi  

               L'affaire de l'assassinat d'Abane Ramdane

                Car "trop dangereuses", les historiens ne sont pas près de consulter à leur aise les archives de la révolution algérienne à Alger. Abdelmadjid Chikhi, conseiller du président chargé des archives et de la mémoire a reconnu la volonté du régime de maintenir sous "séquestre" les archives de la guerre. Voilà qui est clair désormais.
                Dans une déclaration à El Watan, Abdelmadjid Chikhi a soutenu que «nos archives nationales sont très sensibles et ne sont pas communicables, au risque de provoquer le chaos dans le pays ». Rien que ça !

                Quelles vérités historiques que contiennent donc ces archives pour que les Algériens n’aient pas le droit de connaître leur passé ? Quels sont ces secrets que le régime ne veut pas faire savoir aux Algériens 60 ans après leur indépendance ? De quoi a peur le régime ? De beaucoup de choses sans doute.

                A quand l'ouverture des archives ?

                Des historiens algériens avaient envoyé, il y a quelques semaines, une lettre ouverte à Abdelmadjid Tebboune pour leur permettre l’accès aux archives de la guerre de libération. Mais tout porte à croire que l’aveu d’Abdelmadjid Chikhi vient doucher leurs espoirs. Ce n’est pas demain la veille qu’ils consulteront les impressionnantes quantités d’archives des sept wilayas, sans oublier celles du MALG (Ministère de l’armement et des liaisons générales, ancêtre de la Sécurité militaire). A l’automne 1963 après la proclamation du FFS, sous les ordres de Boumediene l’ANP a investi Tizi Ouzou et la première opération qu’elle a menée fut de récupérer les archives de la wilaya III. C'est dire l'intérêt qu'avait le régime pour ces archives dès l'aube de l'indépendance.

                Toutes les archives demeurent sous le sceau du secret officiel. Et pourtant tous les historiens et autres connaisseurs de la guerre de libération savent qu'en plein lutte armée, le FLN/ALN était aussi une administration qui produisait très régulièrement des rapports circonstanciés sur toute la vie du maquis. Pour combien de temps encore ces tonnes d’archives resteront muettes ?

                Aussi étonnant que cela puisse paraître le régime algérien refuse d’ouvrir les archives nationales mais, en même temps réclament de la France, les archives qu’elle détient encore. Pourquoi faire ? Sans nul doute pour les mettre aussi sous éteignoir et empêcher ainsi les Algériens de connaître la vérité ? Car, il n’y a, manifestement, si l’on comprend les déclarations de M. Chikhi, aucune intention des autorités actuelles d’ouvrir les archives de la guerre de libération.

                Il est vrai que la révolution algérienne s’est faite avec d’immenses sacrifices, de la mort, du sang et de la douleur. Mais aussi des scandales tus.

                Les affaires de liquidations physiques au maquis (Abane Ramdane, Abbès Laghrour, celle des animateurs berbéristes Bennaï Ouali, Amar Aït Hamouda et M’barek Aït Menguellet, les assassinats des wilayas 4 et 6, la lutte contre les messalistes…) et après l’indépendance sous l’ère de Boumediene (Krim Belkacem et Mohamed Khider entre autres) pourraient constituent de lourds secrets qui peuvent remettre en cause des pans entiers de l’histoire officielle. En la matière, la séquestration des dépouilles des colonels Amirouche et Si Lhouès par Houari Boumediene est aussi le symptôme des haines recuites de cette période.

                Mais plus récemment encore, l’affaire des faux moudjahidine révélée par Benyoucef Mellouk dans les années 90 n’a pas connu son aboutissement. Tout a été fait pour briser ce courageux militant de la vérité.

                "Depuis l’indépendance, les faux moudjahidine ont pris le pouvoir", avait-il déclaré en 2014 à la presse. En effet, le nombre des moudjahidine a mystérieusement explosé depuis les années 1980. Alors que les historiens les plus sérieux estimaient leur nombre dans les maquis à une dizaine de milliers, l’Algérie se retrouve aujourd’hui avec des dizaines de milliers d’individus qui se réclament anciens moudjahidine. De cette affaire éclatera celui des magistrats faussaires.

                Sans doute pour cette raison et pour bien d’autres, les autorités ne veulent pas d’une ouverture transparente des archives maintenant. Mais quand ? 60 ans après la fin de la guerre d'indépendance n'est-il donc pas temps ?
Auteur : Sofiane Ayache



Marche des zouaves...
Envoyé par M. J.P. Ferrer
  La Marche des zouaves... Pan Pan L'Arbi !
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NE PAS LES OUBLIER LES VALEUREUX
ET COURAGEUX ZOUAVES !!!!!
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https://youtu.be/arCqLD6Y1V8?t=32
 



Le 21 avril 1961...
Eric de Verdelhan, 20 Avril, 2021
Envoyé par Mme A. Bouhier.
Le 21 avril 1961, un putsch avorté : dommage !
https://ripostelaique.com/le-21-avril-1961-un-putsch-avorte-dommage.html


        " Ils pleureront des larmes de sang, plus tard, lorsqu'ils comprendront ! Au moment où les Français ne sauront plus comment caser leurs enfants ni leur assurer des situations et leur ouvrir des débouchés, ils ferment devant eux, de leurs propres mains, ce champ d'action formidable et ce vaste morceau de notre France qu'était l'Algérie !
        L'industrialisation de l'Algérie, à elle seule, aurait eu de quoi occuper trois générations, c'est perdu ! Oui, j'attends les Français avec leurs milliers de jeunes réclamants des emplois ! Et le Sahara, avoir abandonné le Sahara avec ses richesses inouïes, ses richesses morales surtout ; c'était là-bas que se forgeaient les hommes et les âmes, quelle faute ! Les Français comprendront plus tard, et ce plus tard sera bientôt ! "
(Maréchal Alphonse Juin (Qui fut condisciple de Charles de Gaulle à Saint-Cyr, et notre dernier maréchal de France.))

        Le texte ci-dessus date de 1962, mais il n'a pas pris une ride. Plus d'un demi-siècle après son indépendance, l'Algérie a gâché le bel héritage laissé par les colons français. Quant à la France, elle a renoncé à son autosuffisance énergétique en bradant le Sahara. Trois ans après les funestes accords d'Évian, nous abandonnions Mers-El-Kébir, trois autres années encore et nous laissions le Sahara et ses immenses gisements de gaz et de pétrole.
        La France, réduite à un hexagone, tirait un trait sur ses matières premières. Le premier choc pétrolier, en 1974, s'est chargé de le rappeler à un peuple trop stupide pour comprendre que l'héritage gaulliste, c'est aussi cela, c'est surtout cela.
        Le FLN (Front de Libération National algérien. ALN = Armée de Libération Nationale, armée du FLN.), avec la complicité du gouvernement français, l'a gagné politiquement. En effet, il faut arrêter d'entretenir le mythe du peuple algérien se levant d'un bloc contre le colonisateur honni. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 1958, quand l'ermite de Colombey revenait aux affaires, l'ALN disposait de 20 000 combattants et autant d'auxiliaires, soit 40 000 hommes plus ou moins bien armés. Lors des accords d'Evian (18 mars 1962), elle avait moins de 4 000 combattants réguliers et 10 000 moussebilines. Et dans le même temps, les effectifs des musulmans algériens servant dans (ou aux côtés de) l'armée française passeront de 30 000 à… 260 000 hommes. Certes, certains se sont engagés moins par conviction politique que par refus des méthodes et des principes du FLN mais, qu'on le veuille ou non, ils avaient choisi de servir la France. Beaucoup sont morts pour elle.

        " On ne s'est pas enlacés pendant 130 ans, écrira le sociologue Jacques Berque, sans que cela descende très profondément dans les âmes et dans les corps… ".
        De nos jours, les dirigeants algériens - au pouvoir sans discontinuer depuis presque 60 ans - tentent de faire oublier leur incompétence crasse et la corruption endémique qui gangrène leur pays en chargeant la France de tous les maux. La moitié du peuple algérien - soit plus de 20 millions de personnes - a moins 25 ans, et elle apprend dès son plus jeune âge que tous ses malheurs viennent de nous. Les déclarations irresponsables d'Emmanuel Macron, le scandaleux " rapport Stora " et notre mea-culpa perpétuel viennent - chaque jour un peu plus - mettre de l'huile sur le feu.

        Il ne sert à rien de réécrire l'histoire, car, comme dit l'adage populaire : " si ma tante en avait, on l'appellerait mon oncle " or, dans notre époque qui perd tous ses repères, l'oncle peut " en avoir " et … être une tante. Pourtant, quand arrive le 21 avril, je me dis que la réussite du putsch d'Alger aurait été assurément une bénédiction, tant pour les Français que pour les Algériens.
        Hélas, ce pronunciamiento, comme tant d'autres, a fait un flop. Dès le 26 avril 1961, Maurice Challe, l'un des putschistes du " quarteron de généraux à la retraite " fustigé par de Gaulle dans une allocution télévisée, se rendait aux autorités, et avec lui, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, dont le régiment - le glorieux 1er REP (Régiment Etranger de Parachutistes.) - avait été le fer de lance du soulèvement.
        Ainsi s'achevait, tristement, le dernier sursaut de l'Algérie française.
        Toute cette affaire, qui se terminait mal, avait commencé quelques jours plus tôt.
        Le 21 avril 1961, l'armée - une partie - entrait en dissidence : les généraux Challe, Zeller, Jouhaud, puis, dès le lendemain, " le Mandarin " Raoul Salan, prenaient le pouvoir à Alger.
        Des généraux, des colonels, des capitaines les avaient suivis avec leur régiment, ou, plus modestement leur section. Le 1er REP, les Commandos de l'air, des régiments paras accompagnaient cette rébellion. Les civils, " pieds-noirs " ou musulmans, avaient été tenus à l'écart (à l'exception de membres du groupe " France-résurrection " chargés de guider les troupes). L'armée voulait un coup d'état militaire. On peut penser, après coup, que le putsch était jouable en y associant les " pieds-noirs " et les musulmans pro-français. Charles Maurras a dit : " Un peuple qui néglige son armée est un peuple malade. Un peuple qui se sépare moralement de son armée est un peuple perdu… ".

        Lors de la " semaine des barricades " de janvier 1960 à Alger, les civils ont agi seuls ; en avril 1961, les militaires ont voulu agir seuls ; bilan de ce sectarisme réciproque : deux échecs !
        Les services secrets français annonçaient depuis longtemps que le malaise de l'armée pouvait dégénérer en coup de force mais de Gaulle n'y croyait pas. Ce " militaire de plume " ne comprenait rien à l'armée d'après-guerre. Cette armée qu'il avait lui-même désorganisée à la Libération et qui présentait un arc-en-ciel d'idéaux très disparates.

        Quant aux militaires qui avaient cru en de Gaulle le 13 mai 1958, ils tombèrent de haut, en septembre 1959, quand ce dernier inventa " l'autodétermination ". De Gaulle ne cachait pas son dédain, voire son mépris, pour les militaires. Lui, l'intellectuel, le littéraire, supportait mal leur lenteur d'esprit. Mégalomane et orgueilleux, il se jugeait au-dessus de la mêlée. Pour lui plaire, un général devait être : "… un homme d'État, un visionnaire, un réformateur et un poète. Ramsès II, Mahomet, Saint Louis et Pierre le Grand avaient toute son admiration, mais les hommes d'une pareille envergure sont rares dans l'armée… " (" Les combattants du crépuscule " de l'américain Paul Henissart ; Grasset; 1970.). Durant ses 12 années d'exil, sa longue traversée du désert à Colombey, il avait perdu le contact avec la nouvelle armée.
        Or cette armée, humiliée en Indochine, trouvait en Algérie une raison d'espérer. Il attribua le malaise des militaires à un manque de discipline et aux faiblesses de la IVème République. Cynique, il ironisait en public sur ces soldats " qui ne voient pas plus loin que le bout de leur djebel… ".
        Le 21 avril donc, la " grande muette " sort de sa réserve et… de ses casernements ; le putsch démarre ! Ceux qui l'ont organisé ne veulent pas mettre à mal la République, ils veulent sauver l'Algérie française. Ce n'est pourtant pas ce que l'histoire " officielle " retiendra !
        La Maison de la Radio fut enlevée sans coup férir par les légionnaires-paras du 1er REP, aux ordres, par intérim, du commandant Denoix de Saint Marc.

        Avant de partir en permission, son colonel lui avait déclaré: " Je vous confie le régiment. Nous vivons une époque tragique où il n'est pas facile pour un soldat de savoir où est le droit chemin… " À 18 ans, Saint-Marc a été déporté à Buchenwald. Il a eu une conduite héroïque en Indochine comme en Algérie. C'est un homme de devoir et d'honneur. Le général Challe est, pour lui, celui qui " a commandé les troupes françaises et les a menées à la victoire ". Il éprouve pour lui " admiration, respect et amitié " (Témoignage d'Hélie Denoix de Saint-Marc dans ses " mémoires " et dans le " livre blanc de l'armée française en Algérie ".). Quand Challe, en civil, en simple blouson d'aviateur, sans écusson ni grade, le convoque, il lui déclare sans ambages : " Je suis un démocrate, Saint-Marc, ni raciste, ni fasciste, mais il s'agit bien d'un coup d'État… ". Et Hélie de Saint Marc, n'écoutant que sa conscience, a lancé ses légionnaires-parachutistes à l'assaut des points stratégiques d'Alger.
        La réputation, la qualité et la discipline des troupes putschistes évita un bain de sang. Un adjudant du REP fit une victime - la seule - en ripostant contre un tir des gardiens du poste relais d'Ouled Fayet. Le lieutenant Durand-Ruel, du REP, tira lui aussi un seul coup de feu… dans le pneu de la jeep du général Gambiez qui " gesticulait comme un diable " pour arrêter, à lui seul, un convoi de légionnaires-paras. Le lieutenant Godot avait désarmé sans difficulté le général Vézinet. Ce dernier, indigné, déclarait : " De mon temps, les lieutenants n'arrêtaient pas les généraux ".
        Et Godot avait répondu sèchement: " De votre temps, les généraux ne trahissaient pas !"

        Les unités se rallient comme prévu : après le 1er REP, les 18ème et 14ème RCP puis le 1er REC avec ses harkis. On annonce l'adhésion du 27ème Dragons du colonel Puga, du 7ème RTA, ce régiment qui fut glorieux à Diên-Biên-Phu, du 1er RIMA du commandant Loustau. Les putschistes se prennent à rêver : c'est la victoire ! Oui mais, comme l'écrit Pierre Montagnon : " Alger n'est pas l'Algérie ".
        À Constantine, le général Gouraud joue la valse-hésitation. À Batna, le général Ducourneau choisit la fuite, c'est-à-dire d'attendre le vent. À Bône, le général Ailleret… attend de voir. À Oran, les troupes ne suivent pas le général Gardy. Dans l'armée d'active, chez les " Centurions ", c'est une explosion de joie et d'espoir. Pourtant, les plus lucides comprennent vite que c'est fichu : on attendait Massu ou Bigeard. Ils ont tous deux choisi leur carrière.

        On espérait un soulèvement des " pieds-noirs " et des ex " Unités Territoriales " ; Challe n'a pas voulu mêler les civils à son coup de force. Le 22 avril cependant, on veut y croire encore : Argoud est arrivé à Oran avec deux régiments paras. Le 2ème REP, aux ordres de ses capitaines, part pour Alger. Le colonel Ceccaldi - pourtant Compagnon de la Libération - entraîne avec lui les 6ème et 2ème RPIMa et le 9ème RCP. Pratiquement, à un régiment près - le 3ème RPC, l'ancien régiment de Bigeard - les deux divisions parachutistes ont basculé dans la rébellion.
        Le 23 avril va être la journée de l'enlisement. À quoi faut-il attribuer l'échec du putsch ?
        Les causes sont multiples mais les historiens sont assez unanimes sur certaines d'entre elles :
        - La volte-face de plusieurs généraux qui, au dernier moment, se sont défaussés.
        - Ce drame ne concernait que les " pieds-noirs ", que Challe a refusé d'embrigader, et l'armée d'active (en dehors des régiments parachutistes qui étaient majoritairement composés d'appelés). Le contingent n'avait qu'une hâte et une envie : rentrer en métropole.

        - Mais la principale raison de l'échec du putsch fut l'utilisation, savamment orchestrée, de la télévision par de Gaulle. Le 23 avril en soirée, il prononça une allocution qui fit date.
        Personne n'a oublié ce " quarteron de généraux à la retraite… qui a pris le pouvoir en Algérie… ". Et de Gaulle de rajouter, en martelant bien les mots : " J'interdis à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres… ".

        Le peuple français est peureux ET légaliste (ou légaliste parce que peureux ?). Il attendait que le guide le ramène dans le droit chemin ; celui de la tranquillité, de la soumission moutonnière.
        L'homme, que personne n'avait entendu le 18 juin 1940, fut écouté par des millions de Français le 23 avril 1961. Une fois de plus, le grand homme allait sauver la France !
        Dès le lundi 24 avril, la situation se dégrade et le 25, le navire prend l'eau de toutes parts.

        Le général Challe décide d'arrêter et de se constituer prisonnier.
        Certains voudraient continuer le combat mais à quoi cela mènerait-il ? Dans le ciel d'Alger on voit passer les " Nord-Atlas " qui regagnent la France. En fin d'après-midi, les régiments parachutistes et ceux de la Légion regagnent presque tout le Constantinois, d'où ils sont venus. Quand la nuit tombe, le 1er REP quitte le Gouvernement Général et embarque dans ses camions. Des accents gutturaux - des légionnaires d'origine allemande - entonnent " Je ne regrette rien ", cette chanson d'Édith Piaf en vogue à l'époque. Challe, Jouhaud et Salan se mêlent aux légionnaires.

        Zeller s'est éclipsé dans la foule. Des colonels font de même ainsi que quelques officiers.
        Le putsch est terminé ! Les lendemains seront amers pour les vaincus : Challe, puis Zeller occupent les cellules désertées par Ben Bella et ses complices. D'autres généraux les rejoignent : Bigot, Gouraud, Petit. Ainsi que les chefs de corps les plus compromis : La Chapelle, Masselot, Robin, Saint Marc, Lecomte, Cabiro, Bréchignac… Plusieurs sont des héros de Diên-Biên-Phu.

        La colère gaullienne frappe aussi les régiments : le 1er REP, les 14ème et 18ème RCP (Régiment de Chasseurs Parachutistes.), les Commandos de l'air, sont dissous. Les deux divisions parachutistes - la 10ème et la 25ème - dont les chefs ont été soit rebelles soit attentistes, sont dissoutes et refondues en 11ème DLI (11ème Division Légère d'Intervention.). Cette division sera retirée du champ de bataille et rapatriée, dès l'été 1961, vers les brumes lorraines.

        À la suite du putsch d'Alger, le pouvoir annonça que 1100 à 1200 officiers et sous-officiers étaient " écartés " de l'armée. De Gaulle réglait ses comptes !
        Au moment du putsch, j'ai 11 ans et je suis " enfant de troupe " au Prytanée militaire d'Aix-en-Provence. Dans ma section, nous sommes deux fils d'officiers supérieurs, tous deux parachutistes.

        Allez comprendre pourquoi la chanson " je ne regrette rien " me donne la chair de poule chaque fois que je l'entends, plus d'un demi-siècle après le putsch des généraux ?
        Je n'ai rien oublié… Semper Fidelis.
Eric de Verdelhan

P.S : Ce texte est tiré, du moins en grande partie, de mon livre " Hommage à notre Algérie française " (Éditions Dualpha ; 2019).


Coups d’état, condamnations à mort, «suicidés», C’est l’Algérie d’après 62
De M. M. Gomez,
Envoi de Mme A. Bouhier
Article paru dans DREUZ info. de M.GOMEZ            
                En France on imagine quoi : Que l’Algérie a été une grande fête après l’indépendance, en juillet 1962, que tout le monde était heureux, que tout « baignait dans l’huile », que c’était la joie d’avoir triomphé de l’horrible colonisation, le bonheur retrouvé, la liberté enfin, etc.
 

               Comme on se trompe lourdement et pourtant on devrait se souvenir de la « Grande fête » après la libération de la France et la défaite des nazis : l’épuration, des dizaines de milliers d’exécutions, d’arrestations, de condamnations, l’apparition de dizaines de milliers de « résistants » bien « camouflés » durant les cinq années de l’occupation et pour un bon nombre collaborateurs et profiteurs.

                - Ce fut identique en Algérie où « l’Armée des Frontières » ces militaires bien armés qui n’avaient pas participé à la vraie guerre, aux combats meurtriers, à l’abri derrière les frontières de la Tunisie et du Maroc, ne réalisant que de brèves incursions en « territoire ennemi » et se retranchant aussitôt et dont l’objectif prioritaire était « de se valoriser » aux yeux de la population, ne tarda guère à se mettre en évidence :

                - Dans un premier temps, dès le 25 juillet 1962, l’Armée Nationale Algérienne et la Wilaya 1 s’emparèrent des villes de Constantine, Annaba et Skikda, qui étaient occupées par l’armée extérieure : bilan une cinquantaine de morts et plus de cent blessés et, le 30 juillet de cette même année 62, Mohamed Boudiaf, membre fondateur du FLN et ministre du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne), été arrêté à M’Sila par les militaires de la Wilaya 1.

                - L’Armée des Frontières n’apprécia pas et le fit savoir entre les 20 et 29 août 1962 en s’opposant à la Wilaya 4, à Alger, laissant plusieurs morts et blessés sur le terrain.

                - Poursuivant son offensif de conquête du pouvoir, l’Armée des Frontières s’opposa sur plusieurs fronts, entre le 1er septembre et jusqu’au 8 de ce même mois, à différentes Wilayas, notamment à Boghari, Masséna, Sour El Ghozlane, Sidi-Aïssa, El Asram, dans la vallée du Chélif Ce fut un véritable carnage, plus d’un millier de morts entre civils et militaires.

                - Enfin, après deux mois de rudes accrochages et plus de 1500 morts, le 9 septembre 62, l’Armée des Frontières fit son entrée dans Alger, la capitale.

                - Les hommes politiques ne furent pas épargnés non plus dans ces prises de pouvoir. L’un des premiers sur la liste fut Mohamed Khemisti, ministre des Affaires Etrangères de Ben Bella, sera abattu le 11 avril 1963 et décèdera le 5 mai suite à ses blessures.

                - Le 13 juin 63, Mansour Youcef, secrétaire général de l’organisation, sera kidnappé par la police politique, mise en place dès l’indépendance, alors qu’il se trouvait à la terrasse du Café de Strasbourg, à Alger.

                - Arrêté une première fois fin juillet 62, Mohamed Boudiaf est, à son tour, kidnappé puis déporté à Tsabit, dans le sud algérien durant 5 mois.

                - Le 29 septembre ce sera au tour du député Saïd Gherib d’être enlevé par cette même police politique et décèdera sous la torture (Cette torture que l’on a tant reproché à l’armée française !)

                - Le 7 juillet 1964, c’est l’ex président du GPRA et député de l’Assemblée Constituante, Abderrahmane Farès, l’un des principaux responsables du FLN et favorable à la présence des Pieds Noirs, qui est enlevé, séquestré, torturé et, enfin, déporté à Béchar, dans le sud saharien.

                - Un mois plus tard, le 19 août, Ferhat Abbas, 65 ans, le premier président du GPRA et de l’Assemblée Constituante, l’une des figures les plus emblématiques des mouvements indépendantistes, également partisan de l’association avec les Pieds Noirs, est arrêté par la police politique et déporté à Adrar, dans le sud du pays, où il sera retenu durant une année.

                - L’Armée des Frontières poursuit son « nettoyage » : deux officiers de l’ALN, le colonel Chabani, ex-chef de la Wilaya VI, et le colonel Chemmame, sont fusillés début septembre 1964.

                - Le 12 avril 1965, c’est un autre membre fondateur du FLN, également député, Aït Ahmed, qui est condamné à mort par un tribunal d’exception. Sa peine sera commuée en détention à perpétuité par Ben Bella.

                - Premier coup d’Etat, le 19 juin 1965, organisé par le colonel Boukharouba, contre Ben Bella. Il sera séquestré, sans jugement, durant 14 années.

                - Mohamed Khider, membre fondateur du FLN et ex ministre du GPRA, assassiné par la police politique le 4 janvier 1967 à Madrid, en Espagne.

                - Le 16 décembre 1967, c’est au tour du colonel Saïd Abid « d’être suicidé » dans son propre QG à Blida. Sa tête est retrouvée à des dizaines de kilomètres, près de Cherchell.

                - Nouvelle tentative de coup d’Etat en Algérie, en mai 1968, le colonel Abbès est « liquidé » sur la route entre Cherchell et Alger, les frères d’armes du colonel Zbiri font le ménage.

                - Le premier septembre 1968, c’est au tour d’Ahmed Francis, ex ministre des finances en 1962 et député, qui est retrouvé mort à Genève, en Suisse. On s’interroge ?

                - En revanche aucune interrogation sur la tentative d’assassinat sur le colonel Boukharouba, en avril 68, en plein Palais du gouvernement, une fois encore par les « compagnons » du colonel Zbiri.

                - Au mois de juillet 1969, un tribunal d’exception condamne à mort « par contumace » Krim Belkacem, membre fondateur du FLN et signataire principal des « Accords d’Evian ». Ce haut responsable qui a osé reconnaître ouvertement le rôle positif des « Pieds Noirs » dans la construction de l’Algérie.

                - Il n’est pas présent à Alger mais qu’importe, le 18 octobre 1970 il est retrouvé étranglé « et pendu » dans un hôtel de Francfort, en Allemagne, par la police politique algérienne.

                - Voilà ce que l’on sait, ce qui a été dit, mais il y a ce que l’on ne sait pas, ce que l’on ne saura jamais, ce qui jamais ne sera dit. Qu’en pensez-vous messieurs les responsables algériens, l’expliquerez-vous à Benjamin Stora, afin qu’il en informe le président Macron ?

                - Et certains se posent la question : Pourquoi les Pieds Noirs ne sont pas restés en Algérie « républicaine » qui pourtant, mais vous venez de le constater, était bien moins « criminelle » que la colonisation ?

M. Publié par Manuel Gomez le 18 avril 2021

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.


LETTRE OUVERTE A NOS GOUVERNANTS
Par Le Capitaine Jean-Pierre FABRE - BERNADAC
Envoyé par M. Rateau

Monsieur le Président,                  
Mesdames, Messieurs du Gouvernement,         
Mesdames, Messieurs les parlementaires,         

         L'heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

          Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d'étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d'or les mots "Honneur et Patrie". Or notre honneur aujourd'hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.

          - Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s'affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd'hui certains parlent de racialisme, d'indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c'est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s'en prennent-ils, par le biais de statues, à d'anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

          - Délitement qui, avec l'islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l'Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s'appliquent pas.

          - Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l'ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l'ordre. Pourtant ces dernières ne font qu'appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.

          Les périls montent, la violence s'accroît de jour en jour. Qui aurait prédit, il y a dix ans qu'un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement - comme l'exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements, des spectateurs passifs.

          Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l'éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d'appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N'oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.

          Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : " Quand la prudence est partout, le courage n'est nulle part. " Alors, Mesdames, Messieurs, assez d'atermoiements, l'heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.

          Par contre, si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

          On le voit, il n'est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.
          Rédacteur : Capitaine Jean-Pierre FABRE - BERNADAC
          (Ancien officier de l'Armée de Terre et de la Gendarmerie, auteur de 9 ouvrages)

          Signataires :
          Général de Corps d'Armée (ER) Christian PIQUEMAL (Légion Étrangère)
          Général de Division (2S) François GAUBERT ancien Gouverneur militaire de Lille
          Général de Brigade (2S) André COUSTOU (Infanterie)
          Général de Brigade (2S) Philippe DESROUSSEAUX de MEDRANO (Train)
          Général de Brigade Aérienne (2S) Antoine MARTINEZ (Armée de l'air)
          Général de Brigade Aérienne (2S) Daniel GROSMAIRE (Armée de l'air)
          Général de Brigade (2S) Robert JEANNEROD (Cavalerie)
          Général de Brigade (2S) Pierre Dominique AIGUEPERSE (Infanterie)
          Général de Brigade (2S) Roland DUBOIS (Transmissions)
          Général de Brigade (2S) Dominique DELAWARDE (Infanterie)
          Général de Brigade (2S) Jean Claude GROLIER (Artillerie)
          Général de Brigade (2S) Norbert de CACQUERAY (Direction Générale de l'Armement

Lire la suite des signataires, ci-dessous :
https://www.place-armes.fr/post/lettre-ouverte-a-nos-gouvernants



Lettre ouverte à monsieur Jean Michel APHATIE, journaliste,
Par M. MARRONCLES Roland 11 février 2021
Envoyé par Mme Bouhier

         Au titre du droit de réponse, pour les propos tenus le 23/01/2021 sur les Pieds Noirs.

         Monsieur,

         Le 23/01/2021, sur France 5, émission « C’ L’Hebdo » avec l’animateur Ali BADDOU sur l’Algérie, vous avez tenu des propos inqualifiables, mensongers, ignobles, insultants, voire haineux à l’égard des Pieds Noirs, profitant de l’audience de cette chaine de télévision pour déverser publiquement votre fiel à notre égard.

         Agé de 84 ans et Pieds Noirs moi-même, je me suis senti sali et humilié par ces propos. C’est pourquoi j’estime de mon devoir, afin de défendre notre honneur, de rétablir la vérité en vous adressant cette lettre ouverte en espérant que vous aurez l’honnêteté de la lire avant de la jeter.

         De quel droit, monsieur, osez-vous, alors que vous n’aviez que 4 ans lors de l’indépendance de l’Algérie, refaire l’histoire de sa conquête et vous ériger en procureur ? Est- ce au titre de la « cancel culture » à la mode américaine, ou en vertu d’une histoire acquise en lisant une certaine presse de gauche, ou en fréquentant certains milieux du même bord qui sont nés avec à la bouche, un biberon anticolonialiste, anti-Pieds–Noirs, collabos porteurs de valises pro-F L N, pour en extraire le fiel de la haine, alors que vous ne connaissez rien car ne l’ayant pas vécu personnellement. Je pense en effet que la connaissance, l’honnêteté et l’impartialité intellectuelle se forgent avec le vécu et l’expérience personnelle et non par le « on dit ».

         Ah vous êtes beaux, vous tous les moralisateurs, redresseurs de torts qui tel un FOUQUIER TINVILLE moderne, vouaient aux gémonies le peuple Pieds Noirs. Vous devriez méditer la formule d’un de vos confrères et vous en inspirer :
         « Il n’est rien de plus absurde que de prétendre juger les hommes d’hier selon les normes juridiques, éthiques, politiques d’aujourd’hui. ».

         Vos propos m’ont ramené 59 ans en arrière, à l’été 1962, quand Gaston DEFERRE, maire socialiste de Marseille, voulait empêcher les repliés d’Algérie de débarquer, les rejeter à la mer, voire d’ouvrir les cales des bateaux afin de les noyer ou encore les dockers communistes de la C G T qui immergeaient dans les eaux du port, les cadres de meubles ou les voitures qu’ils avaient pu sauver à grand peine.

         Et puisque vous avez une connaissance très particulière de l’histoire de l’Algérie Française je vais vous faire un petit cours qui devrait améliorer votre savoir.

         Je rappelle donc que les Algériens ne pouvaient et ne peuvent toujours pas se prévaloir de la propriété de ce territoire. En effet les actuels maîtres du pays ne sont pas les héritiers du peuple d’origine, mais les descendants des envahisseurs arabo-musulmans, qui avant les Français avaient conquit ce qui était alors la Maurétanie, par le glaive, le sang, l’esclavage et la soumission à l’islam.

         En effet les peuplades originelles, au IIIème siècle, étaient les Numides-Berbères, qui furent envahis successivement par les Romains, les Vandales, les Byzantins. Vinrent ensuite les Ottomans et la régence Turque de 1516 à 1830 avec des occupations temporaires et locales par les Espagnols.

         À ce sujet, voici ce que disait Mr Hocine AIT HAMED, l’un des chefs historiques du F L N :
         « Chasser les Pieds Noirs a été plus qu’une faute, un crime, car notre patrie a perdu son identité sociale. N’oublions pas que les religions juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique bien avant les arabo-musulmans, eux aussi étaient des colonisateurs et aujourd’hui hégémonistes. » Avec les Pieds Noirs et leur dynamisme, je dis bien les Pieds Noirs et non les Français, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance Africaine, Méditerranéenne. Il y a eu envers les Pieds Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens. »

         Les arabo-musulmans, une fois installés, firent d’Alger un repère de pirates et surtout un lieu d’esclavage d’êtres humains de race blanche très important. C’est pour éradiquer cette piraterie qui nuisait à la libre circulation des navires au commerce en méditerranée, ainsi qu’à l’esclavage, mais aussi suite à l’incident diplomatique du « coup d’éventail », que la France décida d’intervenir, puis par la suite de poursuivre la conquête de ces territoires auxquels le nom d’Algérie ne fut donné qu’en 1839 par décret du ministre de la guerre Vigile SCHNEIDER.

         L’Algérie est donc une création purement française.
         Ce n’est qu’au fil du temps que la décision d’en faire une colonie fut prise, après de nombreuses hésitations des gouvernements successifs. Napoléon III envisagea même d’en faire un royaume arabe.

         Vous avez aussi déclaré :
         « Il se constitue des familles coloniales d’origine européenne française, mais de beaucoup d’Espagnols, d’Italiens. L’Algérie française est en fait composée d’étrangers. C’est cocasse ».

         Ce qui est cocasse, monsieur, c’est que vous utilisiez ce terme avec moquerie, au moment où la France métropolitaine, votre France donc, a connu des vagues successives d’immigrants.
         Ainsi en 1901 elle comptait : 323 539 Belges, 330 465 Italiens, 80 425 Espagnols, 89772 Allemands, 72420 Suisses.
         Puis il y a eu la 2ème vague avec les italiens persécutés par Mussolini, les Espagnols républicains, puis les Arméniens rescapés du génocide, les Russes dit « blancs » fuyant le communisme, les Roumains, les Polonais (500 000 en 10 ans) etc.

         Ainsi le Français d’aujourd’hui n’est pas plus français que les Pieds Noirs et a autant d’ancêtres étrangers qu’eux. Qui plus est, la France subit à l’heure actuelle une invasion massive d’étrangers, non européens, avec des mœurs, une religion différente, qui ne veulent pas s’intégrer et ne sont français que par les papiers.

         Les étrangers installés en Algérie adoptèrent la nationalité française avec fierté, parfois au sacrifice de leur vie en se battant pour la France durant les guerres de 1870, 1914/18 ou 1939 /45.

         D’ailleurs De Gaulle, lui-même, qui ne nous portait pourtant pas dans son cœur, leur a rendu hommage le 12/10/1947 au stade de Saint Eugène, à Alger en ces termes :
         « Vous Français d’Algérie, ce sont vos hommes qui ont fourni la plus grande partie de notre armée victorieuse et versé, en proportion, le plus de sang sur les champs de bataille. En même temps la population supportait avec un courage exemplaire les dures privations imposées par la guerre. À moi- même, il m’appartient de témoigner de quel poids ont pesé dans la libération vos efforts et vos sacrifices. »

         L’histoire démontrera quelle fut sa reconnaissance en nous abandonnant lâchement aux égorgeurs du F L N en 1962.

         Autre sujet de controverse. Toujours au cours de l’émission du 23/01/2021, vous avez osé dire :

         « Les Pieds Noirs prennent tout en main, volent des terres aux habitants. »
         Encore une accusation mensongère. Non, les émigrés en Algérie n’ont rien volé. Ils ont obtenu des concessions de la part de l’Etat, concessions qu’ils ont payées comme ils ont payé les outils, les animaux, les matériaux nécessaires à l’exploitation du lopin de terre et à la construction de leur maison. Par ailleurs ils avaient une obligation de résultats et ceux qui n’y arrivaient pas devaient restituer la terre.

         Enfin dernière énormité aberrante que vous avez proférée : Vous avez osé dire :
         « Les familles Pieds Noires avaient organisé la déscolarisation (!), pendant prés d’un siècle de tous les Algériens et plongé un peuple dans l’ignorance ».

         C’est le summum de la bêtise. Comment pouvez-vous dire de telles inepties, de tels mensonges ? Cela dénote de votre part un manque total d’objectivité, de rigueur et d’honnêteté journalistique.

         Quelle honte.
         Je vous rappelle, monsieur, que comme en métropole, l’éducation était du domaine de l’Etat et pas celui des familles Pieds Noires. Il y avait en Algérie une organisation identique à celle de la métropole avec des recteurs, des inspecteurs d’académie, des instituteurs, des professeurs formés à l’école normale, tous fonctionnaires d’État comme les époux MONNEROT (des métropolitains qui venaient prendre leur poste dans le bled) qui furent les premières victimes des assassins du F L N le 1er novembre 1954.

         La déscolarisation des petits indigènes fut l’œuvre du F L N qui a tout fait pour que ces derniers ne reçoivent pas d’éducation car en tenant un peuple dans l’ignorance on l’asservit mieux.

         D’ailleurs le corps enseignant a payé un très lourd tribut. Avant les « évènements » les petits arabes avaient accès à l’école publique au même titre que les petits français descendants d’immigrés.

         Vous trouverez d’ailleurs, ci-après, une photo de ma classe à l’école primaire sur laquelle vous pourrez remarquer leur présence. S’ils sont moins nombreux, c’est parce que leurs parents les envoyaient à l’école coranique ou les gardaient comme main d’œuvre pour les aider, notamment pour garder les troupeaux de chèvres ou de moutons. Par ailleurs, je joins également à la présente une copie d’écran du blog d’un ancien élève de mon village, qui doit avoir mon âge, qui montre les instituteurs de notre école, dont il a suivi l’enseignement, avec le commentaire suivant :

         « Si les remerciements ont pour unité de mesure le poids, je transmets des tonnes et des tonnes de remerciements aux instituteurs Bou Hadjariens, avant et après l’indépendance, qui ont transmis leur savoir à plusieurs générations de Bou Hadjariens. »

         Quel plus bel hommage peut on donner de la part de quelqu’un qui aurait été déscolarisé ?

         En outre vous lirez ci-après les témoignages de 2 personnalités dont on ne peut mettre en doute la sincérité :

         - Mr Belgacem IBAZEN (1884/1980), avocat, homme politique et écrivain :
         « La scolarisation française en Algérie a fait faire aux arabes un bond de mille ans. »

         - Mr Abderrahmane FARES, chef de l’exécutif provisoire Algérien :
         « S’il est en Algérie un domaine où l’effort de la France ne se discute pas, c’est bien celui de l’enseignement. Il faut dire que l’école a été un succès certain. Les vieux maîtres, les premiers instituteurs, ont apporté leur foi pédagogique, sans arrière pensée, et leur influence a été extrêmement heureuse. »

         Voila, monsieur, j’en termine avec cette lettre un peu longue, mais il y avait tant de choses à dire pour rétablir une histoire que vous falsifiez sans vergogne. J’ose espérer que vous l’aurez lue et, qui sait, avoir le courage de vous excuser. Mais il est inutile de rêver.

         Je vous salue par politesse, bien que je ne ressente à votre égard que de l’antipathie à hauteur du mépris que vous manifestez à notre égard, nous les Pieds Noirs, dont je suis, avec Honneur et Fierté.
M. MARRONCLES Roland

Belle lettre, bien argumentée, bien vraie. Dommage que la photo de classe ait disparu dans les transferts

LETTRE OUVERTE à Mme la Ministre
De M. Louis de Barrau Envoyé par Plusieurs lecteurs
Madame Geneviève DARRIEUSSECQ
- Ministre de la Mémoire et des Anciens Combattants,
- auteure du livre " l'Héroïsme ".

      Madame,

       Permettez-moi de me présenter : Louis de BARRAU, appelé à 18 ans, classe 59 2B, carte d'ancien combattant n° 012 FR 3184762, 4 mois de classes au 92e RI de Clermont-Ferrand, puis sergent pendant 24 mois au 117e Régiment d'infanterie en Algérie, implanté dans la Mitidja, autour de Blida, Fondouk, Fort de l'eau, Boufarik et les versants nord de l'Atlas jusqu'à Chréa, Médéa et les gorges de la Chiffa.
       Vous êtes notre ministre, notre représentante, or à l'heure de " la compétition victimaire ", du brouhaha autour du rapport de Benjamin Stora, les repentances, le décolonialisme, etc.. etc ... ON NE VOUS ENTEND PAS !
       Votre ministère connaît mieux que quiconque les chiffres.
       Combien de centaines de milliers de jeunes Français, appelés, sont-ils allés perdre 2 ans de leurs 20 ans, et plus de 30 000 y sont morts, souvent torturés ?
       Personne n'en parle, Madame, n'est ce pas votre rôle de défendre notre honneur d'avoir simplement servi la France, comme elle nous le demandait.

       Lors de sa campagne pour la présidence, François Hollande, dans son humiliant meeting de Stains {93}, a hurlé devant une assistance en délire, ISLAMIQUES, VOUS ÊTES L'AVENIR DE LA France ! …
       Réponse: le Bataclan....... et la suite.....
       Cinq ans plus tard, en campagne pour la même fonction, Emmanuel Macron déclarait à Alger que la COLONISATION ETAIT UN CRIME CONTRE L'HUMANITÉ, avouant ainsi sa méconnaissance totale de l'histoire de l'Algérie ! Réponse : Samuel Paty......et la suite ....
       Aujourd'hui, un an avant la présidentielle le voilà dans la repentance !
       Dans un an, juste avant l'élection présidentielle, il y aura le soixantième anniversaire des accords d'Evian ... que ne va t'on entendre, qu'est-il entrain d'imaginer ?...
       Bien sûr, ils sont si nombreux, maintenant en France, avec un bulletin de vote et nous, anciens soldats d'AFN ne sommes plus qu'une poignée.

       Comme dans toutes les communes de France, le village où je suis né, vécu mon enfance et où je suis retourné, Gaillac d'Aveyron a son monument aux morts.
       Sous l'inscription À NOS HÉROS MORTS POUR LA FRANCE, la liste de ceux de 14/18: 25 dont 2 de mes oncles, puis les noms de ceux de 39/45 : 9 et enfin ceux d'Algérie : Roland Tassier et Marcel Burguiere, amis d'enfance, appelés, tués à 19 et 20 ans en Algérie. Roland, fils d'agriculteur, Marcel, fils du forgeron du village : la France laborieuse de tout temps sacrifiée.
       La guerre d'Algérie fait partie de la colonisation.
       Alors Madame, ces 30000 soldats Français morts au combat: HEROS ou CRIMINELS ???
       Nous attendons une réponse claire !
       Devrons nous rayer leurs NOMS de nos monuments par allégeance à ceux qui nous haïssent et aux islamo-gauchistes ?
       Nous comptons sur votre courage de Femme, de Médecin, de Mère et d'auteure du livre " l'HEROISME " . Permettez-moi de porter à votre connaissance trois faits gravés en moi :
       - le départ pour l'Algérie,
       - le spectre qui nous a accompagné pendant deux ans et qui me hante encore parfois,
       - enfin le retour.


       Le 92e RI de Clermont-Ferrand a fourni durant 6 ans, tous les 2 mois, un contingent de 300 soldats pour l'Algérie. Nous étions convoqués après 48 heures de permission, un beau matin à la gare de Clermont, ultime appel, remise à chacun d'une ration alimentaire, montée dans les wagons, surprise ! Ceux ci sont immédiatement fermés à clef de l'extérieur, déverrouillés à Marseille, quai de la Joliette, huit heures plus tard, le long d'un bateau où nous devions passer du wagon aux cales du navire entre deux haies de gendarmes !!!

       À peine arrivés dans nos nouvelles unités en Algérie, nous étions informés que lors de probables combats, accrochages, embuscades… et ils furent nombreux en deux ans, nous devrions nous battre jusqu'au bout car le FLN ne faisait jamais de prisonnier. Ce qui fut le cas, vous le savez. Capturés, nous serions bâillonnés, entravés, les attributs masculins arrachés au couteau et abandonnés à l'hémorragie. Madame, ils ont été des milliers à subir ce sort. Vous avez certainement les chiffres exacts dans votre ministère.

       Merci de les transmettre au Président et à Benjamin Stora afin de compléter son rapport. Il ne semble pas avoir interrogé les derniers témoins : Français d'Algérie, Harkis, Soldats …
       Comme chacun le sait, cette méthode est la signature du FLN, c'est pour cette raison que seules les têtes des moines de Tibhirine ont été remises aux autorités Françaises. Il ne fallait pas montrer leur corps avec la signature des auteurs. Enfin, mes 28 mois accomplis, quelques jours après la participation avec notre compagnie en renfort sur les émeutes et fusillades de la rue d'Isly et de la place de la Poste à Alger, en mars 1962, le " Ville d'Alger " plein de soldats accoste, au petit matin, quai de la Joliette à Marseille, j'en étais. Sortis des cales par la porte avant, la porte arrière étant réservée à la sortie des cercueils de soldats, empilés rapidement dans des camions. ...

       Des clameurs nous font lever la tête vers le quai supérieur. Là, des centaines d'individus, disciples de Sartre, Rocard, Duclos ou autres, communistes aux ordres de Moscou, sifflent et hurlent des injures ....
       En remontant la passerelle, le soldat devant moi reçoit un crachat.
       Sous les hurlements et les insultes, nous avons dû attendre 2 heures notre tour dans la ronde des camions pour la gare St Charles !!!

       Madame, notre ministre de la mémoire et des anciens combattants, si simplement par respect pour ceux que vous représentez, ceux qui y ont laissé leur vie, vous demandiez à tous ces repentants, pour des raisons électorales ou piteusement idéologiques, un minimum de dignité ! de se taire ! N'ont-ils rien de mieux à faire ?
       Après 60 ans, ils rejoignent les haineux, hurleurs, oisifs du quai de Marseille. ILS SONT DES LEURS.
       Vous le savez bien ! Quoiqu'ils disent ! Quoiqu'ils fassent ! Ils ne satisferont jamais ces dirigeants Algériens, incapables de gérer leur magnifique pays, plein de richesses, de donner un espoir d'avenir à leurs concitoyens, condamnés à la guerre civile, plus grave, ils donnent à tous les casseurs des banlieues des motifs de révolte.
       Pourquoi respecteraient-ils nos gendarmes, nos policiers, nos pompiers, nos soignants et les enseignants ?
       Pourquoi respecteraient-ils La FRANCE qui aurait, selon ses dirigeants d'aujourd'hui, commit ces crimes à leur égard. Allons ! Un peu de bon sens ! Un peu de courage ! .... Pouvons-nous encore compter sur vous ?!

       Dans l'attente de vous lire et de vous entendre dans les médias, je vous remercie, Madame, d'accepter mes respectueuses salutations.
Louis de Barrau le 19 mars 2021



 Article paru le 16 janvier 2012 sur le Figaro.fr 
Déclaration du Directeur Général Adjoint du Figaro
                  
                  Il serait grand temps que nous nous apercevions -enfin- qu'une nouvelle guerre de religion a éclaté et, cette fois, à l'échelle planétaire.
                   Les Islamistes massacrent les chrétiens en Égypte, en Irak, aux Philippines, en Indonésie, au Pakistan, au Nigeria, un peu partout.

                   Malraux avait dit :
                   " Le XXIème siècle sera religieux ou il ne sera pas ".
                   On a bien l'impression que ce siècle qui commence va voir le déchaînement sans pitié d'un Islam renaissant, voulant dominer le monde et faire payer à la civilisation chrétienne les quelques siècles pendant lesquels elle a régné sur la planète.
                   Cette haine du chrétien dépasse de beaucoup tous les problèmes de la foi.
                   En s'attaquant aux églises, aux prêtres, aux religieuses, aux fidèles, les islamistes veulent abattre la civilisation occidentale, la démocratie, le capitalisme, ce qu'ils appellent le " néo-colonialisme ", la parité hommes-femmes, les Droits de l'Homme, le progrès tel que nous le concevons.

                   Le XXème siècle a été marqué par l'affrontement Est-Ouest, le bloc communiste contre les pays " libres ". Marx, Lénine et Staline se sont effondrés d'eux-mêmes sous les incohérences, bien souvent monstrueuses, de leur idéologie. Mais ils ont aussitôt été remplacés par Allah et son Prophète.
                   Le Coran a pris la place du Communisme, le drapeau vert de l'Islam celle du drapeau rouge, les imams prédicateurs des mosquées celle des commissaires politiques.
                   Le XXIème siècle sera une guerre sans merci car les foules immenses du Tiers-monde islamisé (et des banlieues de nos grandes métropoles) sont autrement plus dangereuses que ne l'ont jamais été les chars du Pacte de Varsovie.

                   Nous pleurons, avec nos larmes de crocodiles habituelles, les coptes massacrés à Alexandrie et les chrétiens assassinés à Bagdad.
                   Mais nous restons les bras ballants.
                   Il faut bien dire qu'on voit mal ce que nous pourrions faire. Ce n'est plus guère le temps des croisades et nos dernières expériences en Afghanistan ou en Irak (où nous commençons à regretter la belle époque de Saddam Hussein qui savait, lui, au moins, faire respecter la laïcité baasiste) n'ont pas été très concluantes, c'est le moins qu'on puisse dire. Il est bien loin le temps où Napoléon III pouvait envoyer un corps expéditionnaire protéger les maronites du Liban que massacraient les Druzes.

                   Mais au moins restons lucides et surtout arrêtons de ressortir une fois de plus la fameuse " repentance " qui nous sert désormais pour maquiller toutes nos lâchetés.
                   Hier, un imbécile de service nous a longuement expliqué à la télévision que si les islamistes égyptiens massacraient les coptes c'était parce que ces chrétiens de la vallée du Nil étaient " les représentants de l'Occident, les ambassadeurs de la culture européenne ", les symboles vivants du capitalisme, du néocolonialisme, du dollar et du coca-cola. En un mot, les ultimes survivants de l'époque coloniale. Autant dire, à l'en croire, que les Islamistes avaient parfaitement raison de vouloir éliminer ces survivances d'un passé détesté.

                   *L'imbécile était, en plus, un inculte*. Les coptes sont les descendants du peuple des pharaons. " Copte " veut dire " égyptien ". Ils étaient sur les bords du Nil bien avant la conquête arabe et musulmane. S'ils sont plus nombreux au sud, entre Assiout et Assouan, c'est précisément parce qu'ils ont fui les cavaliers conquérants venus d'Arabie. Ils avaient leurs églises bien avant que nous ne construisions nos cathédrales.

                   On peut d'ailleurs dire exactement la même chose de tous les chrétiens d'Orient qu'ils soient catholiques (de rite d'Antioche, de rite syriaque comme les maronites libanais, de rite byzantin, de rite arménien, de rite d'Alexandrie) ou " non chalcédoniens " comme les coptes, ou orthodoxes (ayant leur patriarcat soit à Istanbul, soit à Alexandrie, soit à Jérusalem, soit à Damas). Tous sont " chez eux " dans ces pays-là depuis des millénaires, certains parlant encore l'Araméen, la langue du Christ. En faire des ambassadeurs de l'Occident, des représentants du capitalisme colonial est évidemment une absurdité.

                   Même si, en effet, ils sont " de culture chrétienne ". Mais ils l'étaient avant nous. Nous ne pouvons rien faire pour les protéger, mais au moins ne les trahissons pas en reprenant à notre compte les accusations odieuses de leurs assassins. Nous pouvons les accueillir, comme nous nous devons d'accueillir tous ceux qui sont persécutés. Beaucoup ont déjà fui leur pays.
                   Mais, en tous les cas, ne continuons pas à nous boucher les yeux, à parler de "l'amitié islamo-chrétienne ", d'un " Islam à l'occidentale", de " la cohabitation harmonieuse des trois monothéismes ".

                   Soyons intransigeants avec les règles de notre laïcité, mais ne nous laissons entraîner ni vers la stigmatisation ni vers la discrimination (surtout si elle devait être " positive ", comme le souhaitent certains), car ce serait, évidemment, faire le jeu des fanatiques.

                   Aujourd'hui, la grande mode est d'évoquer, d'invoquer à tout bout de champ "les années les plus sobres de notre histoire". C'est souvent absurde et parfois odieux. Mais s'il y a une leçon qu'il ne faut jamais oublier c'est bien celle de Munich, Churchill avait dit : " Ils ont préféré le déshonneur à la guerre et ils auront les deux. "
                   Il ne faut jamais tenter de pactiser avec ceux qui vous ont déclaré la guerre.
Thierry Desjardins
Journaliste et Reporter, né en 1941,
Directeur général adjoint du Figaro.
Auteur d'un nombre considérable d'ouvrages politiques.
Lauréat de l'Académie française.
Prix Albert Londres 1975.
Prix Louis Pauwels 2000.

    


INFORMATION
Envoyé par M. Pierre Barisain
Le Dr Bernard Lefévre est décédé le 12 avril 2021

         Oranais, vice Président du Comité de salut Public du 13 mai à Alger, c'était un fidèle de l'Algérie française. Contraint à l'exil à Madrid avec de nombreux enfants, du temps du gaullisme, il se réinstalla en Métropole après l'Amnistie tardive. Il avait pris sa retraite à Sanary.

         Son site est une mine d'or pour notre Histoire.

         http://deltas-collines.org/galerie/BERNARDLEFEVRE

          ET AUSSI

         https://www.reperes-et-jalons.com

         Ami, repose en paix.



BINGUECHE LE " RICHE "         
          et JAMY LE " PAUVRE. "
Envoyé par Mme Colette Lévy
Peintures de l'auteur

              Imagination théâtrale de Colette LEVY - Ci-dessus aquarelle de l'auteur représentant M. Binguèche avec son chapeau, Manon, et M. Jamy sur son beau cheval, la scène se passe sur le Cours Bertagna, près du Kiosque à musique qui n'existe plus hélas !
              Notre ville de Bône avait deux grandes vedettes, un très riche M. Jamy et un très pauvre M. Binguèche.     

              ACTE I : PREPARATIFS DE SORTIES

              Binguèche : " tiens aujourd'hui je mets mon beau chapeau et mon costume gris, offerts par la paroisse et je vais sur le Cours Bertagna, en ce splendide 1er mai "

              Jamy : " aujourd'hui je prends ma belle jument marron " Chochotte " - je mets mon beau burnous beige et, je fais un tour sur le cours Bertagna "

              Manon : " Oh ! Il fait si beau, je vais écouter des chanteurs de célèbres morceaux de musique au " kiosque à musique " sur le cours.

              ACTE II - LA RENCONTRE DE TROIS VEDETTES
              Binguèche : " oh ! Que vous êtes beau sur votre splendide " chochotte " - j'aimerais bien être aussi riche que vous M. Jamy "

              Jamy " ah ! Mais vous Binguèche ! Vous avez des qualités de cœur que je n'ai pas ...comme la générosité "

              Manon passant par là s'exprime …
              " Oh ! Regardez comme ils sont beaux nos deux amis Bônois...mais dommage M. Jamy est radin, et il se retrouve tout seul avec sa richesse ! "

              Binguèche : " alors j'ai en effet un grande qualité, je suis un " humaniste " c'est-à-dire que j'aime la société , et vous je crois qu'à part peut-être l'argent, vous n'aimez pas grand chose "

              Jamy : " en fait, j'ai aimé et j'ai eu un grand amour, mais elle m'a reproché de n'être pas assez généreux avec elle ...mais j'admire beaucoup la nature "

              Binguèche : " Vous savez Nenette est toujours mon épouse, et elle m'a dit que j'étais riche en sentiments, et ça m'a séduit "

              Jamy : " Vous voyez je crois que le riche c'est vous, par tous vos bons sentiments envers tout le monde "

              Binguèche : " ah ! Je crois que vous avez raison-en fait, le pauvre c'est vous ! Parce que vous êtes replié dans votre solitude et votre richesse ne vous sert à pas grand chose ! "

              Et Manon s'écrie : " J'ai tout entendu là près du kiosque- et, c'est vrai Binguèche est le riche et vous le pauvre "
              Et nos trois compères rigolent tous ensemble, et M. Jamy les invite à déguster un délicieux créponet à " L'Ours Polaire " sous les flons-flons de la fête du 1er mai ...tra la la tra la la dit la belle Manon, en chantant la ritournelle ..
FIN

Avec toute mon amitié,
Colette LEVY
Site : http://www.amisdebone.com
Forum : http://www.amen.forumsactifs.com

Lettre d'information - Avril 2021
www.asafrance.fr
Envoi de l'ASAF
      
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Histoire et Mémoire

      Ces dernières semaines, toujours marquées par la crise sanitaire et les controverses qui l’accompagnent, furent l’occasion, si besoin était, de nous rappeler, via les rapports Stora et Duclert sur l’Algérie et le Rwanda, l’importance de l’étude de l’Histoire.

      Importance car, d’abord, il y va de la vérité des faits et importance dans la mesure où l’Histoire est devenue plus que jamais un enjeu des combats politiques et idéologiques livrés au sein des nations ou menés sur la scène diplomatique. De ce point de vue nous sommes bien loin de la pacification des esprits par le marché que d’aucuns espéraient ou, pour notre pays, de l’avènement d’une démocratie apaisée rêvée par un président récemment décédé.

      Toutefois, au-delà du fracas des affrontements, reconnaissons de façon positive que ce retour sur des événements passés et leur exploration à nouveaux frais tranchent avec le culte de l’éphémère qui caractérise la société « liquide » post-moderne et où le temps ne vaudrait que par l’acte éphémère de consommation d’individus esseulés et d’une certaine façon amnésiques. On doit même se féliciter de ce qui apparaît comme une résistance de l’Histoire, avec son épaisseur, sa densité, sa dramatique et les interrogations fondamentales qu’elle nous lance en ce début de XXIe siècle et qui touchent à un « pourquoi » qui peut nous éloigner de l’utilitarisme dominant.

      C’est à la lumière de ces considérations et dans la droite ligne des motifs qui ont présidé à sa création, et en cohérence avec ses statuts, que l’ASAF est présente dans les débats générés par ces rapports. Elle est animée du souci premier que soit défendu l’honneur de l’Armée française, dans toute l’acception de ce vieux mot inscrit sur nos drapeaux et sur nos bâtiments de guerre ; l’honneur dont Alfred de Vigny écrivait qu’il maintient toujours et partout la dignité personnelle de l’homme et dont le philosophe Gabriel Marcel nous disait qu’il ne peut pas être seulement de « sauvegarde » mais qu’il doit être aussi de « générosité », c'est-à-dire ouvert au service de la communauté nationale.

      Quant à la mémoire, la « cancel culture » ou culture de l’effacement, est venue, avec une brutalité extrême, l’imposer comme objet d’affrontement à une opinion publique française que l’on sent médusée. Ce phénomène venu des États-Unis, très présent dans les universités d’outre-Atlantique, n’est pas sans cousinage avec la philosophie de la déconstruction des Derrida, Foucault ou Deleuze, maîtres à penser des années 60 à 80 ; il vise à éliminer de nos paysages, de notre histoire et de nos âmes toute trace d’un passé décrit comme détestable et dont la mémoire doit être damnée. Il n’est en réalité pas nouveau dans l’Histoire mais la puissance des moyens de communication contemporains lui donne une portée et une résonance singulière.

      Soyons très attentifs à ce phénomène porté par le rêve d’un monde parfait et nourri d’une idéologie frustre étrangère à tout souci de la vérité historique : en ces temps de fragmentation de la société, de revendications minoritaires et de repentances maladives, il ne pourra, en s’étendant par le biais de stratagèmes terrorisants, qu’amplifier l’ensauvagement rampant qui déjà mine notre pays.

      Face à ce péril barbare, nous avons le devoir impératif de sonder nos mémoires individuelles et collectives pour y retrouver, et sans nier ce que l’humaine nature y a déposé de sombre, les traces du Beau, du Vrai et du Bien et les marques du génie, de l’héroïsme et du sacrifice, obscurs ou déployés au grand jour : ce sans quoi aucune civilisation ou société ne peut espérer durer. Et d’ailleurs, y aurait-il même une armée digne de ce nom qui n’ait pas comme ultime finalité de servir ce qui précisément fait traverser les siècles à une communauté nationale ? Au moment où l’on s’interroge sur la conservation de la mémoire des générations du feu qui peu à peu nous quittent, ayons donc la volonté, face aux nouveaux iconoclastes, de transmettre ce que nos anciens, confrontés aux aléas de l’Histoire, ont fait de meilleur au service des valeurs et vertus les plus hautes.

La RÉDACTION de l’ASAF
www.asafrance.fr


LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens de faire des mises à jour et d'ajouter Oued-Zenati, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Clauzel, Duvivier, Duzerville, Guelaat-Bou-Sba, Guelma, Helliopolis, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Oued-Zenati, Penthièvre, Petit et Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

 LA VILLE DE BÔNE A SUBI UNE MISE A JOUR TRES IMPORTANTE
AU MOIS D'AOUT 2020   

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers


La mobilisation toujours intacte

Envoyé par Augustin
https://www.liberte-algerie.com/actualite/la-mobilisation-toujours-intacte-357717


Par El Watan - l Par A. ALLIA/C. BOUARRISA/F. SENOUSSAOUI le 24-04-2021

ANNABA, BORDJ BOU-ARRÉRIDJ ET SÉTIF

         Nettement plus nombreux que lors de la marche de vendredi dernier et toujours aussi déterminés à faire entendre leurs voix, les Annabis sont descendus dans la rue, hier, pour dire une fois encore “Tahia Eljazair, Daoula Madanya” et “Non aux élections législatives”.

         Des slogans repris par des centaines de citoyens, dont un nombre impressionnant de femmes, qui ont battu le pavé inlassablement autour du cours de la Révolution, depuis la gare maritime jusqu’au siège de l’ancien tribunal de la ville et retour.

         Il était 14h, lorsque les premiers manifestants venus pour la plupart des cités et des quartiers avaient commencé à rallier l’esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi où ils ont été vite rejoints par les fidèles qui venaient de terminer la prière du vendredi. Après avoir convenu de l’itinéraire à emprunter, le cortège s’est ébranlé aux cris de “Manache Habssine” et “Waynek, waynek ya Adala El ahtiqar dayr Hala” (Où est la justice, la hogra fait des ravages).

         On remarquera que cette fois, certains slogans attribués aux islamistes n’ont pas été clamés par la foule, pas plus que les insultes adressées à la presse. À signaler aussi l’absence remarquée des éléments des services d’ordre qui encadraient systématiquement toutes les marches jusqu’ici. À Bordj Bou-Arréridj, des centaines de citoyens ont manifesté hier, démontrant encore une fois que le Hirak est loin d’être fini.

         Toujours résistants et faisant preuve d’une endurance exemplaire, les manifestants ont été au rendez-vous. “Wallah mana habsine !” (Nous avons fait le serment, nous n’arrêterons pas notre mouvement), scandent les manifestants venus des quatre coins de la wilaya, qui connaît, comme chaque vendredi, au moins trois marches : une au chef-lieu de wilaya, l’autre à Ras El Oued et une troisième dans la soirée à Djaafra.

         La marche d'hier a débuté vers 13h30, juste après la prière du vendredi à partir de Lagraphe, avec quelques dizaines de citoyens, par l'hymne national, chanté en chœur par les présents sous les you-you des femmes présentes.

         Plusieurs slogans ont été scandés dont “vive l'Algérie, Etat civil et non militaire”, pour la démilitarisation du régime, “Abane a laissé un serment, État civil et non militaire” et “Algérie libre et démocratique”, ainsi que des slogans, comme “Oulac Smah Oulac” (pas de pardon) et “Pouvoir assassin”.

         Les marcheurs, dont des femmes, des vieux et des jeunes, n’ont pas oublié, à cette occasion, les détenus du Hirak. «Libérez nos enfants pour qu’ils jeûnent avec nous”, “Libérez Lounes Boutankik”, lancent les protestataires.

         Pour le 114e vendredi du Hirak à Sétif, des centaines de manifestants dont des femmes et des hommes, des jeunes et moins jeunes venus des quatre coins de la ville et des communes limitrophes, sont, dès la fin de la prière de vendredi, sortis réaffirmer leurs revendications pour un Etat de droit. La mobilisation a été au rendez-vous et les manifestants ont réclamé l’arrêt du harcèlement et des arrestations des militants du Hirak.

         Après leur regroupement près du siège de la wilaya, ces derniers ont marché en empruntant le même itinéraire connu par les Sétifiens, en passant par la rue du 8-Mai 1945 et Aïn Fouara, puis la trémie de Beb Biskra, le palais de justice, la direction de la sûreté nationale et le stade communal Mohamed-Guessab pour rejoindre la grande place de la recette principale d’Algérie Poste.

         Ils ont entonné des chansons patriotiques ainsi que des slogans appelant à un Etat démocratique, une presse libre et une justice indépendante...
A. ALLIA/C. BOUARRISA/F. SENOUSSAOUI           


Djaaboub traite la France

Envoyé par Rita
https://www.tsa-algerie.com/djaaboub-traite-la-france-dennemi-traditionnel-et-eternel-de-lalgerie/

Par TSA-Algérie - Par: Ryad Hamadi 08 Avril 2021

D’«ennemi traditionnel et éternel » de l’Algérie

          Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Hachemi Djaâboub, a tenu ce jeudi 8 avril des propos inattendus sur la France. Inattendus, car pas plus tard que le début de semaine, le président de la République Abdelmadjid Tebboune se félicitait du « niveau des bonnes relations entre les deux pays ».

           Au cours d’une séance de questions orales au Conseil de la nation (Sénat), le ministre du Travail a été interpellé par un sénateur sur le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR).

           Il n’est pas sorti du sujet, mais en citant la France comme exemple des pays qui enregistrent un déficit dans leur caisse des retraites, il la désigne par l’expression « notre ennemi traditionnel et éternel ».

           « Pour ce qui est du déficit de la CNR, je voudrais dire que toutes les caisses de retraites dans le monde souffrent. Je peux donner quelques chiffres qu’on peut vérifier sur internet, notre ennemi traditionnel et éternel, la France, a un déficit de 44.4 milliards d’euros dans sa caisse des retraites », a lâché le ministre.

           Contexte d’« apaisement »
           Ces propos interviennent dans un contexte d’« apaisement » dans les relations franco-algériennes. Dimanche, le président de la République s’est dit dans une interview télévisée « confiant » en l’intégrité du Président français, Emmanuel Macron sur le sujet de la mémoire.

           Il a rappelé que ce dernier a qualifié ce qui s’est passé en Algérie durant la colonisation française de « crime contre l’Humanité » et qu’il « était pire que la Shoah ».

           Le président Tebboune a indiqué à la même occasion que la récupération en juillet dernier des crânes de résistants algériens a été décidée par le président Macron bien qu’elle relevait en principe du Parlement, « ce qui reflète le niveau des bonnes relations entre les deux pays ». Et ce n’était pas la première fois que le chef de l’État fait les éloges de son homologue français concernant sa disposition à améliorer les relations entre l’Algérie et la France.

           Début mars, le président Tebboune affirmait que l’Algérie entretenait avec la France de bonnes relations loin du complexe d’anciens colonisateurs.

           Le chef de l’État a ajouté que de puissants lobbies en France, notamment « un impliquant des voisins et qui s’emploie à parasiter les relations entre les deux pays et un autre représentant ceux qui ont perdu leur paradis (l’Algérie) et qui leur reste en travers de la gorge ».

           Au moment même où Hachemi Djaaboub tenait ces propos, une importante délégation militaire française, conduite par le chef d’état-major des armées françaises le général d’armée François Lecointre était en visite en Algérie dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays.

           Les déclarations de Djaaboub surviennent aussi alors que des médias annoncent le report de la visite du premier ministre français Jean Castex, qui était prévue dimanche prochain, et ce pour des raisons inconnues.
Ryad Hamadi                     



Alger

Envoyé par Pascal
https://www.tsa-algerie.com/alger-le-rationnement-de-leau-potable-a-t-il-deja-commence/


 TSA-Algérie - Par Y.D. 05 Avril 2021

Le rationnement de l’eau potable a-t-il déjà commencé ?

           Des habitants du quartier de Beni Mered ont bloqué hier dimanche la ligne du tramway à Bordj el Kiffan dans la banlieue est d’Alger pour protester contre les coupures d’eau potable.

           Ils ont demandé à la Société des eaux d’Alger (Seaal) d’améliorer la distribution de l’eau alors que de nombreux quartiers de la capitale sont déjà soumis à des restrictions draconiennes.

           Ainsi, l’eau est rationnée dans des communes d’Alger, comme Reghaia et Bouzaréah, Said Hamdine, Kouba, et ce depuis quelques jours. Reghaia, dans la banlieue est d’Alger, qui était desservie 24 heures sur 24 heures, est alimentée en eau potable à raison de deux heures par jour.

           Plusieurs quartiers touchés
           Des habitants relèvent que « la nuit, la pression est insuffisante, et le jour l’eau n’est disponible que pendant deux heures au maximum ». Idem pour la commune de Bouzaréah sur les hauteurs d’Alger.

           À l’ouest de la capitale, à Ouled Fayet, un habitant assure que l’alimentation en eau potable est perturbée depuis un mois. Les coupures d’eau sont quotidiennes, ajoute-t-il. Quand on l’interroge sur le rythme de l’alimentation, ce résident à la cité AADL 1 « Oulami Ahmed » d’Ouled Fayet précise : « Il n’y en a pas, c’est comme ils veulent. C’est comme ça depuis un mois et quand on les appelle (Seaal) on nous dit que la consommation est importante ».

           Notre interlocuteur fait observer que ce problème ne se posait pas auparavant et que la région était alimentée « en 24H ». Par ailleurs, cet habitant indique qu’une grande bâche à eau est installée sur site, mais elle n’est pas raccordée au réseau interne de la cité.

           « La Seaal et l’AADL se rejettent la responsabilité alors que c’est le meilleur moyen pour réguler la distribution (d’eau) », regrette-t-il, tout en s’inquiétant : « L’été s’annonce vraiment sec ! ». Pourtant, aucune annonce de coupures d’eau n’a été faite par la Seaal. Ces perturbations sont-elles dues à des travaux, ou un début du rationnement de l’eau, qui a pourtant été annoncé pour l’après Ramadan ? Les Algériens vont-ils devoir passer le mois de ramadan avec des robinets à sec une bonne partie de la journée ?

           Blackout total sur l’information
           Contacté, le ministère des Ressources en eau nous a orientés vers la Seaal qui n’a pas répondu à nos appels.

           Le 23 février dernier, TSA rapportait que la Seaal a alerté le wali d’Alger et le ministère des Ressources en eau sur l’amenuisement des ressources hydriques qui alimentent la capitale « en raison notamment de la faiblesse des précipitations depuis 2019 ».

           Le 22 mars, c’est le premier responsable de l’Algérienne des Eaux (ADE), Hocine Zair, qui a annoncé un retour au rationnement d’eau à raison d’un jour sur deux dans certaines zones du territoire national en raison de la situation de « stress hydrique » que traverse le pays actuellement.

           Sécheresse
           Une mesure d’urgence qui fait écho aux chiffres alarmants de l’Agence nationale des barrages relatifs à une baisse conséquente des taux de remplissage des barrages, une moyenne nationale de 44 %.

           « Vu la situation actuelle, cela nous impose d’économiser les réserves qui existent au niveau des barrages à ce jour. Cette économie va se traduire inévitablement sur le terrain par une réduction des plages horaires de distribution afin de préserver cette denrée rare », a signifié le DG de l’ADE actant ainsi un cycle de rationnement de l’eau potable à propos duquel le responsable avait assuré qu’il ne serait effectif « qu’après la fin du mois de Ramadan ».

           Le DG de l’ADE a bien précisé que si la situation demeure en l’état, le retour au rationnement sera inévitable. Et se donne deux mois pour trancher sur cette question.

           « Si cette situation ne s’améliore pas sur les deux mois à venir, inévitablement le H24 va passer au « quotidien » avec des plages élargies avec plus de deux heures de distribution. Les gens qui sont au « quotidien » vont passer à une plage horaire de 6h jusqu’à 10 h et, dans certains cas, on est obligé de passer à un jour sur deux », a-t-il détaillé.

           La plage horaire de distribution va être réduite : elle va être entre 6 h et 14 h contre 10 h et 18 h actuellement. Les ménages sont donc prévenus et gare à ceux qui ne prennent pas leurs dispositions. Et ce n’est pas encore fini, puisque l’ADE annonce que « dans certains cas où le manque d’eau ne peut pas être compensé par ailleurs, inévitablement on va passer à un jour sur deux ».
Y.D.                      


Gestion du Covid-19

Envoyé par Estelle
https://www.tsa-algerie.com/gestion-du-covid-19-un-imam-suspendu-de-preche-pour-ses-critiques/

Par TSA-Algérie - Par: Rédaction 16 Avril 2021

Un imam suspendu de prêche pour ses critiques

           L’imam de la mosquée Cheikh Yacine à Bouzaréah sur les hauteurs d’Alger a critiqué dans un prêche la gestion par le comité scientifique chargé du suivi de l’épidémie de Covid-19 en Algérie, notamment les restrictions imposées aux mosquées.

           Ses critiques ont visé les restrictions imposées aux mosquées. L’imam a exprimé son étonnement du fait que des parcs, des lieux de loisirs aient été ouverts sans restrictions alors que des conditions strictes sont imposées aux fidèles qui se rendent dans les mosquées.
           « Comme si les gens qui se rendaient dans les mosquées étaient différents de ceux qui se rendaient aux Sablettes et aux marchés », pointe l’imam. « Le comité scientifique a découvert que le virus corona est un virus musulman. Il n’est présent que dans les mosquées. Il ne va nulle part, à part les mosquées », a-t-il ironisé. « Il fallait prendre des mesures de prévention dans les mosquées, et nous n’étions pas contre. Mais cet abrutissement des citoyens ne peut pas passer sous silence », a-t-il dénoncé encore.

           L’imam s’est interrogé sur les raisons qui ont poussé le comité scientifique à imposer des restrictions aux mosquées et au même temps rouvrir les théâtres. « Le 8 mars, une fête ou des centaines de femmes étaient présentes, qui dansaient et s’entrelaçaient (…). Personne n’a dit un mot. Vous demandez aux gens de respecter la distanciation physique dans les mosquées, et vous ouvrez les lieux de loisirs », a-t-il critiqué.

           L’imam ironise sur le comité scientifique
           Dans son prêche qui a été largement partagé sur les réseaux sociaux, il a dénoncé la mise à l’écart des imams des opérations de sensibilisation des citoyens dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

           Après ces critiques virulentes, des informations ont circulé sur les réseaux sociaux sur une décision du ministère des Affaires religieuses de le suspendre. La polémique a pris de l’ampleur et le sénateur Abdelouahab Benzaim a jugé nécessaire d’appeler le ministre des Affaires religieuses qui lui a confirmé la décision de suspendre l’imam, mais « uniquement pour les prêches » et ce jusqu’à la « clarification de sa position » vis-à-vis du comité scientifique.

           « L’imam va continuer à travailler normalement et à diriger les prières, seulement il ne peut pas prononcer des prêches », explique le sénateur, en ajoutant que la lutte contre la pandémie de covid-19 en Algérie est du ressort du comité scientifique.

           L’Algérie a décidé de rouvrir les mosquées, avec des conditions sanitaires strictes, notamment le respect des mesures barrières, et l’interdiction de ramener de la nourriture à l’intérieur des lieux de culte.
Rédaction                     


L’Algérie achète 500.000 tonnes supplémentaires de blé

Envoyé par Sylvain
https://www.algerie-eco.com/2021/04/01/lalgerie-achete-500-000-tonnes-supplementaires-de-ble/


  - Par Algérie-éco - par Ouramdane Mehenni -01 avril 2021

Blé tendre français

           L’Algérie poursuit son programme d’achat de blé sur les marchés internationaux, puisqu’elle a passé une commande de 500.000 tonnes de blé.
           En effet, l’appel d’offres lancé dernièrement se clôturait mercredi, avec comme à son habitude des origines optionnelles qui pourraient au regard des niveaux de prix pratiqués et des spécificités exigées être réparties entre l’Allemagne, la Pologne et peut-être la France. Le volume devrait s’afficher autour des 500 000 tonnes, indique, ce jeudi 1er avril 2021, le cabinet spécialisé dans les cotations de céréales, Agritel.

           La situation des marchés
           La volatilité était au rendez-vous hier sur les marchés après 18 h, estime Agritel. Le rapport USDA a apporté son lot de surprises avec des intentions de semis avec des surfaces attendues aux USA inférieures aux attentes, que ce soit en soja ou en maïs.
           En blé par contre, les surfaces étaient conformes voire supérieures aux attentes, mais les cours ont néanmoins nettement progressé, tirés par le maïs qui reste leader et driver des autres céréales. « Nul doute que dans ce contexte le moindre incident climatique pourrait avoir d’importantes conséquences pour la campagne à venir. En ce qui concerne les stocks aux USA ces derniers apportaient peu de surprises », a expliqué Agritel, dans une note de synthèse publié ce jeudi.
           Le colza affichait une progression des cours impressionnante hier dans le sillage notamment du soja qui clôturait sur sa limite quotidienne de hausse sur Chicago à plus de 70%/boisseau. Du côté de ses propres fondamentaux, le bilan colza européen actuel et à venir demeure très tendu, et l’état des cultures en France suscite bien des inquiétudes avec des surfaces qu’Agritel affiche bien inférieures à celles d’autres analystes.
Ouramdane Mehenni                     


MESSAGES
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M.

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Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
                                               N° 145
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    PDF 147                                                  N° 148
    PDF 148                                                  N° 148B
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Le chaud et le froid ?
Envoyé par Fabien


    Un candidat-disciple a décidé d’aller voir Nasrudin. Après bien des vicissitudes, il arrive au seuil de la cabane, à flanc de montagne, où vit celui qu’il cherche. Sachant que la moindre action accomplie par un illuminé est significative, il demande au Mulla pourquoi il souffle dans le creux de ses mains.
     « Il fait froid, je souffle dans mes doigts pour les réchauffer », répond Nasrudin.

     Peu après, celui-ci apporte deux bols de soupe et souffle sur le sien. Le candidat-disciple l’interroge de nouveau.

     « Pourquoi faites-vous cela, Maître ?
     — Je souffle sur ma soupe pour la refroidir. »

     C’en est trop pour le chercheur, qui prend la porte. Comment se fier à un homme qui utilise le même procédé pour aboutir :

     A deux résultats opposés — le chaud et le froid ?



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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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