N° 194
Mai

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mai 2019
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
  LA LECON DE L'ALGERIE    

         Le meilleur moyen pour commencer un mois est de s'offrir du muguet, ce que je fais avec plaisir avec ce bouquet virtuel.

         Le 1er Mai, fête du travail, la tradition veut que l'on offre à ses proches et amis un brin de muguet. Cette coutume devenue un symbole de ce que peut représenter le mois de mai dans l'esprit français.
         Mai est le mois des jours fériés et, quand la conjoncture est favorable, le mois des ponts.
         Curieux mois que ce mois de mai, tellement bucolique et agréable mais parfois si mouvementé dans l'histoire du pays ! Le muguet le matin, la manifestation l'après-midi dans les traditionnels mouvements politiques ou syndicaux de la fête du Travail ! Peut-être est-ce là l'effet printanier, car mai est aussi un mois agité dans la France du XXème siècle, riche en poussées de fièvres révolutionnaires et en événements politiques.

         A défaut d'être encore la fête des travailleurs et une journée durant laquelle les centrales syndicales font la démonstration de leur force et de l'ampleur de leurs bases populaires, le 1er mai pourrait servir plutôt de journée de méditation et de réflexion profonde sur la valeur du travail dans le pays.

         Mais les Black blocks savamment utilisés contre les gilets jaunes, associés à la colère syndicale... ces traditionnels défilés du 1er mai pourraient virer à l'émeute insurrectionnel, plus violemment encore que l'an dernier, où les rues s'étaient déjà enflammées avec de la casse qui démolirait définitivement les Gilets Jaunes.
         L'enjeu est énorme pour le peuple mais aussi pour le roi et sa cour.

         Quant aux Gilets Jaunes, ils feraient mieux de s'inspirer de la révolution algérienne. En effet, en Algérie, des manifestations se déroulent tous les jours, sans casse, sans heurt car ils ont compris que la violence est du coté des forces de l'ordre et de l'état, alors ils préfèrent les avoir de leurs cotés. Dans chaque manifestation, ils ont un service d'ordre conduit par des jeunes et lorsque quelqu'un manifeste de la violence, il est immédiatement maîtrisé, tabassé et remis aux forces de police qui finissent le travail et ainsi il n'y a pas de casse dont ils seraient les payeurs. De cette façon ce n'est pas quelques milliers de manifestants le vendredi mais des millions qui défilent et obtiennent le départ des corrompus. Quelle leçon, ils donnent à la France, le pays des révolutions.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.


Envoyé par Mme Jocelyne MAS, Cannes
              Les témoins de cette tragédie sont d'évidence de moins en moins nombreux et beaucoup ont encore de la pudeur à l'évoquer. Le sujet reste quasiment tabou et l'histoire attend que les années jettent leur linceul sur ce crime d’État. Ceux qui revisitent l'histoire et décident du politiquement incorrect attendent que les derniers survivants disparaissent pour réécrire l'histoire à leur façon.

              Jocelyne Mas fut témoin de cette infamie. Elle l'a relaté dans ses livres et dans de nombreux textes. Chaque année comme d'autres pieds-noirs, elle souffre en silence et se remémore les faits.


               « Quand on pense que c'est après le 19 mars 1962 que les enlèvements d'européens se sont multipliés, que les attentats, les crimes, se sont fait journaliers, que le 26 mars 1962 à Alger, rue d'Isly, les gardes mobiles ont tiré sur la foule de femmes et d'enfants français. Des Français tirant sans hésitation, sans sommation sur des Français désarmés, innocents. Mais qui le sait ? Que les ambulances étaient déjà dans les rues adjacentes, que les morts ont été ensevelis dans la nuit dans les cimetières les plus proches. À Oran, il y a eu des milliers d'enlèvements, d'assassinats. Mais qui le sait ? Que les troupes de l'ALN vous arrêtaient sur la route, vous assassinaient uniquement pour vous voler vos bijoux et votre voiture. Et le général Katz chargé par De Gaulle « de mettre au pas cette population rebelle », dans l'hélicoptère survolant ce carnage dit à son pilote qui s'inquiétait : on ne bouge pas ! Mais qui le sait ? Que les musulmans des campagnes commençaient à descendre dans les villes pour occuper les appartements, villas et les magasins des Européens, n'hésitant pas à égorger ceux qui résistaient. Mais qui le sait ?
              Elle est, on le serait à moins, scandalisé par la volonté du chef de l’État de prendre part aux cérémonies du 19 mars 1962. « Chacun sait - dit-elle - que les accords d’Évian et le prétendu cessez-le-feu, n’ont jamais signifié la fin des combats. Durant les mois qui ont suivi, les Pieds-noirs et les Harkis ont été lourdement endeuillés. À Oran, rue d'Isly et dans tant d’autres lieux de sinistre mémoire… Commémorer cette date pour faire plaisir à quelques associations politisées au mépris de toutes celles, bien plus nombreuses, qui refusent ce funeste anniversaire est une insulte à la mémoire des victimes de ce conflit qui s’est soldé par un lourd abandon. »
              Cet acte inédit, jamais vu sous notre République, serait une grave faute historique mais aussi symbolique, ajoute-t-elle. « Sur le plan symbolique, le choix du Président de la République du quai Branly pour prononcer son discours apparaîtrait comme une triste provocation. Ce lieu, voulu par le président Jacques Chirac pour les cérémonies du 5 décembre, ne doit pas recevoir la polémique. Il doit rester un symbole fort d’apaisement et de volonté de tourner une page douloureuse de notre histoire, sans oubli et sans injustice. Y commémorer le 19 mars 1962 serait une offense de plus à la mémoire des Pieds-noirs et des Harkis qui, depuis le début de ce quinquennat, ont eu à subir en plus de la repentance systématique, bien trop de vexations qu’ils ne méritent pas. »

              On comprend mieux que les pieds-noirs, même si beaucoup d'entre votent à droite (il faut dire que l'accueil du maire PS de Marseille, Gaston Deferre, ne les a pas incité à voter à gauche), qu'ils ne sautent pas de joie à l'évocation du Général De Gaulle et du gaullisme dont continuent à se réclamer des politiques à la recherche d'une étiquette qualificative...
Crédits: textes par Alain Dartigues
  Cérémonie de commémoration du massacre de la Rue d'Isly le 26 Mars 1962.

              Les Portes-Drapeaux sont là, les Anciens Combattants aussi arborant avec fierté leurs décorations et Croix de Guerre, une petite foule se recueille, nous sommes peu nombreux, le poids des ans pèse sur notre peuple, nous sommes deux témoins oculaires de cette fusillade.
              Je me souviens de cette terrible journée comme si c'était hier. Ma mère et mon petit frère m'accompagnaient.

              Témoin de ce fait historique et tragique, j'ai pu constater au cours des années à quel point la relation officielle des faits était distordue par rapport à la réalité et une fois ces versions déformées par des opinions personnelles, politiques ou sociales, la Vérité est perdue à jamais, sauf pour ceux qui ont assisté à ces événements.

              On constate encore une fois, une tendance à la manipulation où seuls quelques privilégiés ( qui bien souvent n'étaient même pas sur les lieux) ont le droit de raconter l'Histoire.
              Nous avons eu, encore une fois, en cette journée du 26 Mars , la preuve de la désinformation et de la méconnaissance de la véritable histoire de l'Algérie Française. Monsieur l'Adjoint au Maire a lu un discours où il est fait état que " l'OAS aurait tiré sur les soldats ", et les soldats auraient alors riposté. En tenant ce discours la France se déculpabilise. Nous savons, nous qui y étions que la foule était pacifique et désarmée - a-t-on trouvé des armes sur les cadavres et les blessés ?- non !

              Les Gardes-Mobiles ont tiré parallèlement au sol, sur la foule et non en direction des toits d'où serait venu cet énigmatique coup de feu.
              La cérémonie s'est poursuivi avec la sonnerie aux morts, la levée des Drapeaux, le Chant de la Marseillaise et le Chant des Africains.

Témoignage de madame Jocelyne Mas
L'été 1962 fut l'été de tous les malheurs pour tout un peuple.


              La fusillade de la rue d'Isly à Alger fut l'événement tragique qui a été le déclencheur de notre départ.

              " Le 26 mars 1962, ma mère Yolande Fougère, mon frère Jean-Marc et moi, Madame Ortéga, amie de toujours, ses trois enfants Wilma, Lynda et Serge, accompagnés de nos amies et voisines, chargées de victuailles, de lait en poudre pour les bébés, rejoignîmes la foule pacifique de femmes et d'enfants se dirigeant vers les quartiers de Bab-El-Oued qui depuis plusieurs jours faisaient l'objet d'un blocus inacceptable. Blocus d'un quartier français par l'Armée Française ! La solidarité des Français d'Algérie joue encore une fois. Ils sont sans ravitaillement, sans médicaments, les militaires fracturent les portes des appartements, molestent les hommes, les femmes et les enfants, détruisent tout avec joie : " Pieds Noirs pourris".
              Devant la Grande Poste, magnifique édifice de style néo-mauresque, un cordon de Gardes Mobiles revêtus de l'uniforme de gendarmerie mobile nous barre la route, nous parlementons : " Voyez ! Nous ne sommes pas armés, nous sommes des femmes, des enfants, nous portons seulement des produits de première nécessité à nos compatriotes " Les pièces d'artillerie appartiennent au 4° Régiment des Tirailleurs, composé en majeure partie de musulmans, des hommes fourbus, agressifs, fébriles, énervés. Des F.M sont sur les terrasses, mais les soldats ouvrent le barrage et nous laissent passer. Le lieutenant Ouchène est très nerveux : " J'ai des ordres, ne pas vous laisser passer. Partez ! Partez ! Ne restez pas là ! "
              Nous crions notre joie : " L'armée avec nous ! " mais un soldat musulman qui semblait très nerveux nous dit : " n'avancez pas, ils vont tirer ! " Nous avions fait à peine dix mètres qu'une détonation a claqué suivie d'un mitraillage en règle. Les premières victimes furent foudroyés tués dans le dos à bout portant. La fusillade a duré 11 minutes ! Une éternité ! Les gens courraient dans tous les sens, essayant de s'abriter dans les entrées d'immeubles. Ma mère et mon petit frère poussés par la foule sont partis d'un côté tandis que moi, ne sachant où aller, j'ai rampé et me suis aplatie sous une voiture en stationnement. Il y avait du sang partout, des lambeaux de chair, mon cœur battait la chamade, je m'inquiétais pour ma mère et mon frère, je tremblais de tous mes membres. " Halte au feu ! Halte au feu ! " Enfin les mitraillettes se sont tues. Les ambulances sont arrivées tout de suite ! Étaient-elles déjà là dans les rues adjacentes ? Une femme hurlait sur le corps de son fils, le drapeau français baignait dans le sang de ses enfants assassinés. Les tirailleurs portant des casques verts W 4 (Willaya 4) écrit à la craie étaient des gens du djebel, d'origine maghrébine, surarmés, gilets porte-grenades, des auto-mitrailleuses étaient à chaque coin de rues. Les officiers hurlaient le cessez-le-feu mais les soldats continuaient de tirer. Certains civils furent abattus à bout-portant.
              Le Docteur Massonnat, en blouse blanche, est à genoux et essaie de soulager un blessé ; il est abattu d'une balle dans la tête. Les blessés sont abattus.
              Des camions GMC bâchés apparemment vides avec seulement le chauffeur attendaient. Après la fusillade des soldats sortirent des civières de ces camions et commencèrent à ramasser les corps. Tout était donc bien prémédité !

              D'autres CRS ouvraient le feu du tunnel des Facultés à la rue Michelet et à la rue d'Isly.

              A la morgue, les corps furent alignés par terre, nus, sur trois niveaux sur des paillasses, parmi eux des fillettes, un bébé, des femmes.
              Sur ordre des autorités, les corps seront enlevés au petit matin, par camions militaires, ensevelis à la sauvette, sans même une cérémonie religieuse. C'était un véritable piège.

              Pour les survivants, la terreur s'installe : le rêve est brisé. Nous sommes traumatisés, beaucoup d'entre nous refusent d'admettre la vérité : à savoir qu'une troupe française a tiré sur nous ! des Français désarmés ! des femmes, des enfants !
              Notre moral est très atteint. Nous compriment à ce moment-là que la partie était perdue. Les épreuves sont pourtant loin d'être terminées.
              La violence engendre la violence, c'est bien connu !

              L'Hôpital Mustapha ne désemplit pas ; les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul soignent sans répit les Musulmans comme les Français. Les cornettes blanches amidonnées de leur coiffe courent dans les couloirs ; "Ya Rouhia " mon frère ! qu'est ce qui se passe ! les hommes sont fous !

              Ce n'est plus possible, les gens commencent à partir, tous ceux qui ont de la famille en France, ou ailleurs, partent.

              Mon oncle Robert Fallour et ma tante Charlotte de Cap-Matifou, se réfugient à l'École de l'Air pour y chercher protection, en attendant de pouvoir partir. Leur maison, à peine terminée, dans la cité des Castors est aussitôt occupée. Ils vécurent dans ces dortoirs pendant plusieurs mois. Le personnel devait être rapatrié, mais cela n'a pas pu se faire tout de suite. Leurs deux chiens, des labradors adorables mais bons gardiens, furent égorgés et accrochés par leurs colliers au portail. Vengeance gratuite, tuer pour le simple fait de tuer.
              Insupportable aussi la vision d'un monde qui s'écroule.
              Zorah, notre brave Zorah qui nous a élevés a les yeux pleins de haine et vient nous dire que bientôt c'est elle qui habitera notre appartement ! On vit au jour le jour ! tremblant de peur pour soi et pour nos proches.Un terrible mur de haine s'élève désormais entre nous.

              Mon père ne décolère pas, il enrage, il se sent trahi, humilié, abandonné, devant tant d'injustice et d'incompréhension. Lui qui a quitté sa Normandie natale pour rejoindre Londres à l'appel du Général De Gaulle, le 18 juin 1940, qui a combattu à Bir-Hakeim, à El Alamein, en Lybie, en Palestine, il se sent trahi. Sa foi et son amour pour son cher pays le soutiennent, mais que faire devant tant de massacres d'innocents. Car cette guerre n'est pas une guerre ouverte, c'est une guérilla où les civils, femmes, enfants, vieillards Musulmans et Français sont les premières victimes.
              Sur les quais d'Alger des files de Pieds-Noirs, harassés, écrasés de chaleur, de fatigue et de désespoir, sont comme des chênes déracinés, qu'on arrache à leur terre.
              Les gens brûlent leur voiture sur le quai, avant d'embarquer, comme ils ont mis le feu à leur maison et à l'école de leur enfance avant de partir.

              Tout un peuple meurtri s'arrache à son pays.

              Le 18 juin 1962, nous quittons l'Algérie, cette terre où sont restés nos arrières grands-parents, qui étaient partis d'Alsace en 1870 parce qu'ils ne voulaient pas devenir allemands. Cette terre ils l'ont enrichi de leur corps et de leur sueur.
              Les collines d'Alger la blanche s'éloignent, la mer si bleue lui sert d'écrin.
              Les larmes coulent sur les visages. Le désespoir se lit dans les regards. Notre cœur se déchire.
              Nous voilà partis sur les chemins de l'exil.

              L'accueil en France avec des banderoles " Les pieds-noirs à ma mer " " Envoyez-les en Guyanne ! " est loin d'être chaleureux, compatissant, il est vrai que les fausses rumeurs " les pieds-noirs sont tous des nantis " ont la vie durent !

              C'est vrai aussi nous n'étions seulement des Français qui revenaient ( de force ) sur le sol de la Mère Patrie en espérant être bien accueillis.

Jocelyne MAS
Lire la suite sur le livre " Il était une fois ma vie, Alger la blanche "
Et sur " Chez nous en Algérie, ma méditerranée était au nord " Médaille d'Or des Valeurs Francophones.
Médaille d'Argent des Arts et Lettres de France
Jocelyne MAS

Ecrivain
Site Internet : http://www.jocelynemas.com


LE MUTILE N° 58 du 04/08/1918 (Gallica)
Les Profiteurs de la Guerre et les Fournisseurs Militaires
                 Dans mon n° du 7 Juillet dernier je signalais à l'opinion publique les procédés illicites dont usent certains entrepreneurs de fournitures militaires. Mon article ayant déterminé une enquête du service de l'intendance, j'ai cru bon, pour ne pas entraver la bonne exécution de celle-ci, d'attendre à ce jour pour continuer d'initier mes lecteurs sur les façons, d'opérer de quelques individus sans vergogne.
        C'était il y un mois environ. L'autorité militaire ayant besoin d'uniformes de toile kaki pour la saison d'été, elle fit appel à ses fournisseurs pour lui procurer l'étoffe nécessaire à la confection des dits uniformes.
        Chacun des fournisseurs soumissionna donc pour la quantité de tissus qu'il était en mesure de céder. Mais un d'entre eux, s'arrangeât - le diable seul sait par quels ténébreux moyens - pour savoir pour quelle somme chacun de ses confrères avait soumissionné et dès qu'il en fut informé, il soumissionna - lui -pour un chiffre inférieur au leur.
        Et l'intendance qui défend, avec raison, les intérêts de l'Etat le déclara adjudicataire.
        Mais, notre homme n'était possesseur que d'une quantité de toile fort insuffisante, ..... il ne s'en fît pas pour si peu.

        Il alla résolument trouver ses concurrents qu'il avait dupés et leur tint à peu près ce langage : " ]e suis adjudicataire des toiles, or comme je sais que vous "êtes embarrassés des vôtres. voici ce que je vous propose : " je vais, commencer, par écouler mon stock et ensuite je vous écoulerai le vôtre. Bien entendu, va de soi que vous me consentiez une petite commission..."

        Les bons confrères qui avaient effectivement tout intérêt à ne pas laisser moisir leur camelote en rayons, ce qui n'aurait pas manqué, puisque l'État seul utilise cette qualité de tissu remercièrent l'Escobar avec effusion tout en lui accordant une réduction sensible sur leurs marchandises,
        Et le tour était joué..
        Résultats :
        1- Grâce à son procédé aussi audacieux que malhonnête notre loustic réalisa un bénéfice énorme à l'insu de ses confrères.
        2- Sa situation nouvelle lui conférant un titre de noblesse, il est aujourd'hui l'homme le plus considéré de la place, on le recherche, on lui découvre des qualités, que dis-je des vertus, cependant que béat, radieux comme une aurore vernale, M. X sourit de la candeur humaine..
        En ce qui nous concerne, nous demandons très respectueusement à M. Qui de Droit s'il n'y aurait pas lieu de réprimer sévèrement ces opérations délictueuses dont la fréquence est scandaleuse.
J. ASCIONE.                 

Partie II - La guerre d'Algérie :
un bras de fer idéologique
Envoyé par M. piedineri
Partisans de l'Algérie française
versus partisans du FLN (suite)
" Moi non plus, ce n'est pas la paix dont je ne veux pas, mais je redoute une guerre déguisée sous le nom de paix. C'est pourquoi, si nous voulons jouir de la paix, il faut faire la guerre ; si nous renonçons à la guerre, nous ne jouirons jamais de la paix. " (" Nec ego pacem nolo, sed pacis nomine bellum inuolutum reformido. Qua re si pace frui uolumus, bellum gerendum est ; si bellum omittimus, pace numquam fruemur. ")
Cicéron, Philippiques (Ier siècle avant J.-C.)
" Contrairement à ce que croient les partisans métropolitains du FLN, la capitulation de la France devant le terrorisme assurerait peut-être une courte trêve, mais elle n'apporterait pas la paix "
Jacques Soustelle (XXème siècle après J.-C.)

6. " Antiracisme " et victimisation

                Dans cette même logique de repentance, la figure du pauvre indigène opprimé par le méchant " colon " a vite fait place à celle du pauvre immigré arabe maltraité par sa société d'accueil et victime du racisme. Encore une fois, les défenseurs de l'Algérie française étaient vaccinés contre tout discours victimaire de ce genre. Tel est le cas de Jacques Soustelle qui relevait, par exemple, dans les années 1980 : " Qu'un Français frappe un Maghrébin, c'est un " crime raciste " ; qu'un Maghrébin frappe un Français, c'est un délit ou un crime de droit commun selon la gravité du fait, mais le mot " raciste " n'est pas proféré. "(1) Tel est le cas également du socialiste Marcel-Edmond Naegelen. Ce dernier ne niait pas, loin de là, l'existence et les méfaits du racisme anti-arabe. Il était même le premier à s'en offusquer, et ne se gênait pas pour dénoncer ce qu'il appelait le " stupide sentiment de supériorité "(2) des Pieds-Noirs sur les Arabes. " Combien ne parlaient encore des Musulmans qu'en disant : " Ces gens-là… ", quand ils ne disaient pas les " ratons " ou les " melons " ou les " bougnoules " "(3), reprochait-il aux Pieds-Noirs - tout en précisant, avec sagesse et objectivité, que " le racisme n'est pas le stupide et abominable vice d'une seule race, il n'est pas à sens unique "(4). Car Marcel-Edmond Naegelen avait également bien remarqué l'instrumentalisation à outrance qui pouvait être faite, par certaines idéologies, de ce racisme anti-arabe, et le petit jeu de la victimisation. Naegelen qui, dès cette époque, alertait sur les dangers de l'immigration algérienne, écrivait dans les années 1960 :
                " Quant au peuple français il n'est pas raciste. […] Si les travailleurs algériens ont été embrigadés dans des syndicats particuliers placés sous l'autorité et la surveillance du F.L.N., ce n'est pas parce que les organisations ouvrières de France hésitaient à les recevoir ou refusaient de leur accorder à l'intérieur du syndicat des droits égaux à ceux de leurs camarades français. Au contraire, les dirigeants syndicalistes se sont efforcés de les attirer dans leurs fédérations. Le séparatisme ou, si l'on tient à cette expression, le racisme, n'a pas été le fait des Français, mais des meneurs algériens qui, pour des raisons politiques et aussi pour prélever des cotisations fort lourdes, tiennent à enrôler les travailleurs musulmans dans des syndicats inféodés au F.L.N., à l'écart de leurs camarades français. "(5)

               On le voit, dès les années 1960 il y eut des hommes lucides pour comprendre la manœuvre et savoir débusquer où se trouvait le vrai racisme : c'est-à-dire bien davantage du côté du FLN et de certains arabo-musulmans, que du côté des Français. Ces hommes, ce furent les intellectuels et hommes politiques " Algérie française " qui, les premiers, sauront se méfier de cette victimisation à outrance portée par certains Maghrébins, martyrocrates de profession. Victimisation qui continue de plus belle aujourd'hui, notamment avec la dénonciation permanente de " l'islamophobie ".
                Cet apartheid volontaire dont parlait Naegelen va se concrétiser avec la création en 1973 d'un syndicat ethnique : le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA). Syndicat typiquement islamo-gauchiste créé par des militants de la mouvance pro-palestinienne mêlés à des militants d'extrême gauche, le MTA se heurtera notamment à l'hostilité de la CGT - dont l'amitié pour les fellagha a toujours été platonique… -, qui l'accusait de " diviser " la classe ouvrière. La mémoire de la guerre d'Algérie occupait une place très importante dans le discours des militants du MTA, héritiers des luttes messalistes et FLN. Militants du MTA qui, tout en se revendiquant de " l'antiracisme " n'en adoptaient pas moins un discours très identitaire :
                " L'évocation de la période coloniale - et plus spécifiquement celle de la guerre d'indépendance - constituait non seulement un élément clé du discours mobilisateur du MTA mais aussi un référent ethnique et de classe, basé, dans le discours de celui-ci, sur une " identité arabe " caractérisant les travailleurs immigrés nord-africains en France, écrit l'historien Rabah Aissaoui. Ce discours identitaire, qui représentait les Nord-Africains comme ethniquement arabes, s'était formé dans la lignée de la revendication nationaliste anticoloniale et dans la montée du mouvement panarabiste, durant les années soixante et soixante-dix. "(6)

               Un autre chercheur, Abdellali Hajjat, écrit au sujet du MTA et des comités Palestine :
                " Alors que la vision dominante de l'immigration en France se fonde sur le concept d'assimilation-intégration […], les revendications culturelles des militants des comités Palestine (apprentissage de la langue arabe, reconnaissance des fêtes religieuses…) s'en écartent, sans pour autant tomber dans le séparatisme culturel ou religieux. "(7)
                Le MTA sera d'ailleurs soutenu par les mêmes intellectuels que le FLN lors de la guerre d'Algérie ; parmi eux, l'éternel Jean-Paul Sartre. Les " chrétiens de gauche " de la CFDT lui apporteront également un soutien logistique(8).

               Mais il y eut le même phénomène en Algérie française, lorsque dans l'entre-deux-guerres naquit un club de football à forte dimension religieuse, le Mouloudia, club strictement réservé aux musulmans et fermé aux Européens. Le Mouloudia, traduisait une volonté solide chez un certain nombre de musulmans d'Algérie de favoriser un véritable apartheid ethnico-religieux, dans le sillage de la formule de Ben Badis : " l'islam est ma religion, l'arabe est ma langue, l'Algérie est ma patrie ". A tel point que le Gouverneur de l'Algérie de l'époque dut prendre des mesures visant à imposer un quota minimum de joueurs Européens dans les clubs de football musulmans(9). On nous dira que ce n'était rien d'autre qu'une réaction nationaliste, dans le but de protéger une identité arabo-musulmane malmenée par le système colonial. Certes, il y a de cela, mais alors pourquoi ces tentatives d'apartheid continuent-elles de nos jours, alors que l'Algérie est indépendante depuis plus d'un demi-siècle ? Pourquoi ces réunions, ces " camp d'été décoloniaux " interdits aux " Européens " pour ne pas dire aux " Blancs ", organisés par les Indigènes de la République et leurs imitateurs ? Pourquoi ce communautarisme outrancier ? C'est, on le voit, la même histoire qui se poursuit.
                Cette manière de faire passer la victime du racisme pour un raciste, et inversement, est d'ailleurs une vieille tactique du FLN. Une tactique ayant amplement fonctionné, et que les militants actuels de la cause islamo-gauchiste auraient tort de ne pas perpétuer. C'est par la victimisation, la diabolisation du Pied-Noir et les campagnes médiatiques sur la torture que le FLN a gagné la dimension psychologique de la guerre d'Algérie. C'est également par la victimisation et la condamnation d'une France prétendument raciste, franchouillarde et à la mentalité " colonialiste " que les islamo-gauchistes d'aujourd'hui marquent des points, de la Marche des Beurs aux Indigènes de la République. Ce fait est capital car la réceptivité d'une grande partie des Français à ces discours de victimisation dont de nombreux Maghrébins se sont fait les spécialistes risque bien, après l'avoir fait déguerpir de l'Algérie, de tuer la France une bonne fois pour toutes… " Le vrai danger n'est pas dans la force de l'adversaire mais dans notre faiblesse ; il est en nous-mêmes "(10), alertait déjà Jacques Soustelle pendant la guerre d'Algérie. C'était vrai hier, c'est encore vrai aujourd'hui ! Soustelle, commentant le fameux tract FLN dont nous avons parlé plus haut, tract indiquant que " quand nous serons indépendants et dans un minimum de temps, nous combattrons les trois cents kilomètres que nos ancêtres ont envahi en France ", concluait avec une lucidité extrême :
                " Certes, les moyens économiques et militaires dont dispose le pan-arabisme sont médiocres comparés à ceux du pan-germanisme. Mais notre aveuglement et notre indolence en multiplient cent fois l'efficacité. "(11)

               Ce sont cette même indolence et ce même aveuglement qui nous menacent aujourd'hui, où certains musulmans n'hésitent plus, sous prétexte de lutte contre le " racisme " et " l'islamophobie ", à prôner le séparatisme ethnico-religieux. Dénonçant les " politiques racistes et islamophobes " auxquelles serait confrontée la communauté arabo-musulmane en France, un texte sur lequel nous reviendrons, signé par deux auteurs proches des Frères musulmans, concluait, en effet, il y a quelques années :
                " Dans la résistance à ces politiques [racistes et islamophobes], il est indispensable de refaire sienne une culture, une histoire et une civilisation dont nous sommes héritiers et face à laquelle les assimilationnistes cherchent à nous mettre en situation d'extériorité. Cette réappropriation culturelle est une étape indispensable devant permettre d'aboutir à une véritable autonomie politique, idéologique et culturelle de la communauté arabo-musulmane. "(12)
                Vous ne rêvez pas : au nom de la lutte contre " le racisme ", certains préconisent aujourd'hui une " autonomie politique " des musulmans de France !
                Quand les Français se rendront-ils compte qu'ils se font tourner en bourrique depuis plus de cinquante ans ? Là est la question.

               C'est en effet avec le FLN qu'a commencé ce qu'on pourrait appeler le " racisme de l'antiracisme ". Souvenons-nous du congrès de Tripoli(13), congrès réunissant au printemps 1962 les dirigeants du FLN pour désavouer les accords d'Evian venant tout juste d'être signés. Le programme de ce congrès, qui optait sans ambiguïté pour l'expulsion des Pieds-Noirs de l'Algérie indépendante, concluait :
                " Abstraction faite de toute qualification technique, l'écrasante majorité des Français d'Algérie, en raison même de leur mentalité colonialiste et de leur racisme, ne seront pas en mesure de se mettre utilement au service de l'Etat algérien. "

               Eradiquons ce peuple, car ce peuple est raciste ! Et voilà comment le FLN, ayant compris mieux que quiconque la formule " plus c'est gros mieux ça passe ", a pu oser justifier un nettoyage ethnique de grande ampleur… au nom de l'antiracisme !
                FLN, faisant partie de ceux que Jacques Hermone a justement appelé " ces champions arabes de la coexistence raciale qui expulsent des peuples entiers quand ils ne les exterminent pas. "(14)

               Et de la même façon que le FLN, une des organisations les plus racistes que l'Histoire ait jamais connu, a réussi à se faire passer, par une ruse extraordinaire, pour un mouvement antiraciste, et à faire passer les Pieds-Noirs, eux les vraies victimes du racisme dans ce qu'il a de plus abject, pour le peuple " raciste " par excellence, de même aujourd'hui une Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République qui s'est rendue célèbre pour s'être permise, sur une chaîne publique de la télévision française, de traiter les Français d'origine Européenne de " souchiens " (jeu de mots sordide entre " Français de souche " et " sous-chiens "), et pour être l'auteure d'un livre dont le titre, tout un programme, est, Les Blancs, les Juifs et nous, est présentée par ses amis de gauche comme… une " militante antiraciste " ! Et, aujourd'hui comme hier, les islamo-gauchistes et autres esprits faibles tombent dans le panneau.

7. La question du racisme anti-Blanc

               Ce qui nous amène au racisme anti-Blanc. La guerre d'Algérie et le mouvement dit de décolonisation vont en effet marquer une étape décisive dans la diabolisation, très en vogue à notre époque, de celui qu'il est convenu d'appeler " l'homme Blanc ". Le méchant " homme Blanc ". Un terme qui, il ne faut pas se voiler la face, vise d'ailleurs exclusivement " l'homme d'Occident ", " l'homme Européen ", pour ne pas dire " l'homme judéo-chrétien ".

                 L'introduction signée par Charles-André Julien (1891-1991), historien socialiste - et ex-communiste -, au livre de Pierre Nora Les Français d'Algérie, livre de calomnies publié à la fin de la guerre d'Algérie dans le seul but d'achever les Pieds-Noirs et de convaincre les Français de Métropole de les abandonner au FLN, est très éclairante à ce sujet(15). C'est, à travers une exécution en bonne et due forme des Français d'Algérie, au procès de l'Homme Blanc auquel s'emploie le grand historien de l'Afrique du Nord Charles-André Julien dans cette introduction. Si, certes, ce dernier, pour faire bonne mesure, condamne " les surenchères de l'anticolonialisme " et met en garde contre un comportement " qui tâche à parer les récents ou futurs décolonisés de tous les prestiges du droit, de la justice et de la pureté "(16), il n'en reste pas moins qu'il se livre à un véritable réquisitoire contre ce qu'il appelle le " Blanc ". Réquisitoire fondé sur la diabolisation de l'histoire des Européens et de la seule colonisation Européenne. Pour C.-A. Julien, pas de doute, l'Homme " Blanc " est coupable. Coupable d'avoir inventé le racisme, coupable d'être raciste, coupable de l'expansion coloniale, coupable d'avoir cru en sa " mission civilisatrice ". Retraçant l'Histoire de la colonisation, C.-A. Julien écrit par exemple que " les Blancs expliquèrent l'emprise sur les territoires d'outre-mer par une vocation divine ou civilisatrice, qui rendait licite l'emploi des armes contre les indigènes qui n'en admettaient pas la légitimité. "(17) D'un trait commun à l'ensemble de l'Humanité depuis la nuit des temps, Charles-André Julien en fait donc une caractéristique des " Blancs " et de la colonisation Européenne ! Et quand bien même l'Homme Blanc aurait effectivement été coupable de tous les maux de la Terre, en quoi cela justifiait-il la livraison des Européens d'Algérie au fanatisme islamique ? C'est ce que Charles-André Julien ne nous dit pas. " En politique, […] on n'expie rien. On répare et on fait justice ", écrivait pourtant Camus.
               En revanche Charles-André Julien, qui dans sa préface fait preuve d'une complaisance consternante envers les Oulémas d'Algérie(18), Oulémas qui n'étaient rien d'autre que des islamistes, ose nous expliquer que " l'islam ", lui, " n'a jamais connu le racisme, car c'est la conversion qui intègre le fidèle dans la grande communauté musulmane "(19) ! L'auteur va jusqu'à nier la crainte manifestée par les Français d'Algérie devant le fanatisme islamique : " La foi musulmane a servi de support et de justification au patriotisme puis au nationalisme. Ce que les colons appelèrent fanatisme ne fut que la défense exaspérée d'une civilisation menacée par l'envahisseur. Ils ne le comprirent jamais. "(20) Et la vague de terrorisme islamique que subit la France depuis dix ans, France qui serait menacée, dixit un ancien président de la République, de " partition ", est-ce dû à " la défense exaspérée d'une civilisation menacée par l'envahisseur " ? Et ce texte de l'OCI (Organisation de la Coopération Islamique), qui affirmait récemment que " les communautés d'immigrants musulmans en Europe font partie de la nation islamique ", et préconisait des mesures visant je cite " à empêcher l'intégration et l'assimilation des musulmans dans la culture européenne "(21), est-ce aussi le réflexe de défense " d'une civilisation menacée par l'envahisseur " ? Au grand dam de la France et de l'Occident l'actualité s'emploie de jour en jour à démentir le dangereux optimisme de Charles-André Julien, lui qui, d'ailleurs, osait terminer son texte en expliquant que les Français d'Algérie " sauront s'adapter " dans une Algérie FLN indépendante. Effectivement, ils se sont très bien " adaptés "…

                 La préface de Charles-André Julien aux Français d'Algérie et celle, encore bien plus radicale, de Jean-Paul Sartre aux Damnés de la terre, publiées toutes deux l'année 1961, marquent le lancement officiel de la chasse à l'homme Blanc. Certes, les victimes de cette chasse ne pouvaient être, à cette époque, que des Français lointains, de seconde zone : des " pieds-noirs ". Jusque-là rien de grave. Seulement voilà, c'est au tour des " Blancs " d'Europe maintenant de faire face au " vent de l'Histoire ", qui, hélas pour eux, ne s'est pas miraculeusement arrêté de souffler dans l'Algérie de 1962.
               C'est pourquoi l'on voit renaître dans notre pays, ces derniers temps, l'expression " petits-Blancs ", ce terme insultant si révélateur du racisme anti pied-noir, qui a longtemps servi à désigner les Européens d'Algérie des milieux populaires. En effet un chercheur français, Aymeric Patricot, s'est récemment fait connaître en intitulant un de ses livres consacré aux classes populaires, Les petits Blancs, Un voyage dans la France d'en bas. Ce terme méprisant visant hier les Pieds-Noirs de condition modeste, pour les distinguer à la fois des " grands colons " et du peuple musulman d'Algérie, renaît donc aujourd'hui, pour désigner cette fois les Français " de souche " des milieux populaires, en les distinguant de l'élite bourgeoise " de souche ", et des Français " issus de l'immigration " !

                 " Il faut dépeupler, déporter le ramassis de petits-Blancs d'Algérie ", osait déclarer, souvenons-nous, au lendemain des accords d'Evian, l'homme politique tunisien Mohamed Masmoudi, avec l'approbation du général de Gaulle et de la majorité du peuple français. Que les Français du XXIème siècle prennent garde à ce qu'ils ne soient pas les " petits-Blancs " de demain…
               A ce sujet Houria Bouteldja, égérie des Indigènes de la République, a eu la gentillesse de prévenir :
               " L'appel des Indigènes […] propose de repartir sur des bases saines, affirmait-elle, il y a quelques années. […] Prenez-le : le discours ne vous plaît pas … mais prenez-le quand même ! […] et si vous ne le prenez pas, demain, la société tout entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc. Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n'aura rien à se reprocher devra quand même assumer toute son histoire depuis 1830. N'importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres. Parce que, lorsqu'il n'y a plus de politique, il n'y a plus de détail, il n'y a plus que la haine. Et qui paiera pour tous ? Ce sera n'importe lequel, n'importe laquelle d'entre vous. C'est pour cela que c'est grave et que c'est dangereux ; si vous voulez sauver vos peaux, c'est maintenant. Les Indigènes de la République, c'est un projet pour vous ; cette société que vous aimez tant, sauvez-là… maintenant ! Bientôt il sera trop tard : les Blancs ne pourront plus entrer dans un quartier comme c'est déjà le cas des organisations de gauche. Ils devront faire leurs preuves et seront toujours suspects de paternalisme. Aujourd'hui, il y a encore des gens comme nous qui vous parlons encore. Mais demain, il n'est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs. "
               Cette menace, a au moins le mérite d'être très, très claire.

                 Cette menace - qu'on le veuille ou non -, tend également à donner raison rétrospectivement à un ancien cadre de l'OAS, le Dr Pérez, qui, prévoyant, écrivait dès 1996 : " la liquidation de l'Algérie française [constitue] un évènement accélérateur d'une nouvelle révolution mondiale. Mais d'une révolution mondiale qui ne s'intègre pas dans la contradiction de l'impérialisme contre le socialisme comme les marxistes de toutes obédiences veulent nous le faire croire encore. […] Car s'est développée une contradiction de races qui verra l'homme blanc représenter l'objectif à abattre, à anéantir, ainsi que toutes les valeurs dont il est le support. Finalement voilà où se situe le résultat historique et fondamental de la libération de l'Algérie. "(22)
               Ainsi se présente la France en ce début de XXIème siècle : des prédateurs au comportement de colons n'hésitant pas à se proclamer " indigènes " (de la République), des autochtones submergés se croyant encore au temps des colonies - en oubliant que cette fois-ci, ce sont eux qui jouent le rôle des Indiens d'Amérique - s'autobaptisant " petits-Blancs "… On pourrait appeler cela le monde à l'envers.
               Comme nous l'avons vu plus haut, l'Homme Blanc n'était pas en odeur de sainteté chez les intellectuels sympathisants du FLN. Qu'en était-il des partisans de l'Algérie française ? Eh bien là comme ailleurs, ces derniers ont été des précurseurs.

                 Si les " anticolonialistes " Charles-André Julien et Jean-Paul Sartre s'emploient, à travers la crucifixion du Pied-Noir, à crucifier " l'Homme Blanc ", tel n'était pas le cas de Jacques Soustelle, leader des partisans de l'Algérie française qui, dès cette époque, dénonçait " la perpétuelle guerre raciste contre les Blancs d'Europe "
menée par l'ONU, et " l'agression psychologique permanente contre l'opinion occidentale "(23) représentée par l'idéologie " anticolonialiste ", qu'il qualifiait d'" entreprise mondiale de subversion et de destruction "(24). Tel n'était pas le cas non plus du général Salan, ancien chef de l'OAS dont toute la vie témoigne de son refus du racisme, mais qui se demandait toutefois, dans une lettre de 1968, à propos de l'attitude de l'Occident face à la Rhodésie et à l'Afrique du Sud : " Pourquoi les Blancs s'acharnent-ils à détruire leur cause ? "(25). Cette question, Soustelle se la posait aussi. Déplorant " la politique aussi absurde que néfaste dans laquelle l'Occident, noyé dans l'O.N.U., s'est empêtré à l'égard du " tiers-monde " ou des " pays sous-développés " ", il faisait cette comparaison : " Cette politique rappelle étrangement le mythe du catoplébas, cet animal fabuleux qui dévorait ses propres pieds sans même s'en apercevoir. "(26) Vingt ans plus tard le même homme écrivait encore, à propos de l'Afrique du Sud : " Tel le fabuleux catoplébas, cet animal qui dévorait ses propres pieds sans même s'en apercevoir, l'Occident cède trop souvent à une sorte de vertige d'autodestruction "(27).
               Soustelle qui enfin alertait, dès 1964, sur les prémices du racisme anti-Blanc :

                 " Le racisme est d'une imbécilité totale, mais cette considération doit jouer dans les deux sens. Il est absurde de se prévaloir de sa blancheur ; il ne l'est pas moins de se rengorger de sa négritude. "(28)
               Prenant le contre-pied des thuriféraires de la " négritude " et autres tiers-mondistes niant aux Blancs tout droit sur le continent africain, il demandait : " pourquoi affirmer comme Aimé Césaire que la colonisation ne fait pas partie de l'histoire de l'Afrique, qu'elle doit en être rejetée, extirpée ? L'histoire de l'Afrique, c'est tout ce que les hommes ont fait en Afrique, Noirs, basanés ou Blancs. "(29) Et s'il ne niait pas que, dans l'avenir, les Noirs Africains puissent construire de grandes civilisations, le grand ethnologue qu'il était, là encore restait lucide : " En ce qui concerne l'Afrique, ce n'est pas faire preuve de racisme que d'observer qu'aucune grande civilisation n'a été édifiée par les peuples noirs de ce continent. […] Ni l'Histoire ni l'archéologie ne justifient les extravagances de certains laudateurs de la négritude "(30). Enfin si Jacques Soustelle, militant antiraciste depuis ses plus jeunes années voyait d'un très bon œil, lors des années 1980, la fin programmée de l'apartheid en Afrique du Sud, cela ne l'empêchait pas de rester mesuré et de prendre régulièrement la défense des Blancs de ce pays, les Afrikaners, en insistant sur leur droit inaliénable à la sécurité et à la liberté.

                 Soustelle, conscient des dangers d'un discours prenant prétexte de la colonisation de l'Afrique pour mieux cracher la haine de l'Européen, écrivait encore :
               " Quant aux pieux progressistes qui se voilent la face et se couvrent la tête de cendres au seul mot de " colonisation ", et selon qui tout ce qui est " colonial " doit être a priori condamné, je leur demande ce que seraient l'Occident et la France si nos pays n'avaient été colonisés par Rome. Toute l'Histoire est faite de ces mouvements de peuples et de ces transferts culturels sans lesquels nous en serions encore à aiguiser des lames de silex dans les grottes de la Vézère. En ce qui concerne, du reste, l'Afrique du Nord, que sont donc les Arabes qui y vivent, sinon des colonisateurs […] ? "(31)
               " Le creuset de la colonisation est aussi celui de la civilisation "(32) affirmait Soustelle, qui, dans son beau livre Lettre ouverte aux victimes de la décolonisation faisait cette mise au point, à l'opposé des théories de Charles-André Julien :
               " On ne comprendra jamais rien à l'Afrique tant qu'on aura pas compris cette vérité élémentaire : contrairement à l'image d'Epinal, ce n'est pas le Blanc (bien que souvent coupable de racisme) qui a introduit en Afrique le germe ravageur de la haine et du mépris entre ethnies, " races ", religions. Non seulement les Arabes musulmans avaient largement précédé les Européens dans cette voie néfaste, mais encore les Africains eux-mêmes, divisés en grandes familles linguistiques et ethniques différentes, elles-mêmes subdivisées en innombrables tribus et sous-tribus, se sont allègrement combattus et massacrés au cours des siècles. Si lourdes qu'aient pu être les erreurs des colonisateurs, au moins devrait-on leur reconnaître le mérite d'avoir fait cesser la perpétuelle effusion de sang africain qui, eux partis, reprend de plus belle. "
(33)

                 Et si le socialiste favorable au FLN et hostile aux Pieds-Noirs Charles-André Julien, à la fin de la guerre d'Algérie, calomniait l'histoire de l'homme " Blanc " dans une logique de repentance, un autre socialiste, Marcel-Edmond Naegelen, qui lui était hostile au FLN et solidaire des Pieds-Noirs, écrivait au même moment :
               " Quand les passions et les rancunes se seront apaisées, on reconnaîtra que la conquête coloniale a beaucoup plus souvent délivré les populations qu'elle ne les a soumises à des brutes avides de profits, que l'œuvre coloniale a fait reculer la faim, la maladie, l'ignorance, préparé les élites capables de gouverner à leur tour les pays et de fonder des nations nouvelles. On considérera que la colonisation fut une époque bienfaisante et nécessaire dans l'histoire des peuples qui s'ignoraient eux-mêmes. Moins apparente en Asie, cette vérité est évidente en Afrique et même en Afrique du Nord. "(34)

                 Le drame de la France résulte donc en grande partie de la victoire, en 1962, de la pensée de Charles-André Julien sur celle de Soustelle et Naegelen. Il vient aussi du fait que, comme l'a également écrit Soustelle, de Gaulle, qui, tout au long des années 1960, a passé son temps à torpiller l'Occident sur tous les fronts afin de pouvoir apparaître comme le leader du Tiers-Monde, " a préféré les lauriers de décolonisateur et de " libérateur " de l'Afrique à la renommée moins brillante mais plus solide qu'aurait pu lui acquérir la tâche ardue de défendre la justice et la paix contre la démagogie subversive et belliciste du panafricanisme et du panarabisme ", conformant " sa politique à ce qu'on ne peut même pas appeler " l'idéologie " anticolonialiste de l'O.N.U. (car ce serait faire beaucoup d'honneur à ce ramassis de clichés et de slogans) "(35).
               Depuis, " l'Homme Blanc ", autrement dit " l'Homme d'Occident ", ne cesse d'être vilipendé, calomnié, ridiculisé. Il est devenu l'homme à abattre : " Ces hommes blancs de plus de 60 ans sont peut-être la clé du problème "(36), osait dire, récemment, un certain Yassine Belattar. Il fut un temps où les Jeunes-Turcs se promettaient de régler les " problèmes " arménien et grec. D'autres, dans les années 30, évoquaient un " problème juif ". A la fin de la guerre d'Algérie, l'on parlait du " problème pied-noir ". Il y a donc de quoi être assez pessimiste pour l'avenir de " l'homme Blanc ".

                 Alexandre Del Valle écrit :
               " Le Blanc-chrétien-européen-américano-sioniste est a priori coupable sans appels car responsable (et donc justiciable) de tous les maux passés (croisades, colonialisme) et présents (" impérialisme et sionisme ") des non-Occidentaux, des Africains et des Arabes en général et des Musulmans en particulier. Sa faute étant imprescriptible, comme les crimes contre l'Humanité, il doit payer éternellement et sa rédemption ne peut passer que par son auto-destruction expiatoire "(37).
               Ce texte aurait pu être signé Soustelle, qui à la fin de sa vie, dans les années 1980, se désolait du fait que " l'Européen ou le Nord-Américain a toujours tort, le Blanc est, par définition, l'ennemi. Il n'est de racisme que celui du Blanc contre l'homme de couleur ; l'inverse n'est que la revanche bien justifiée du second contre le premier. "(38)
               Soustelle qui avait également mis le doigt sur un phénomène majeur :

                 " Par un paradoxe éclatant qui en dit long sur l'hypocrisie générale, écrivait-il en 1973, les chefs de file de la conspiration " anti-colonialiste " en Afrique sont des Arabes qui ont toujours traité les Noirs en esclaves "(39).
               C'est exactement la même tactique et la même hypocrisie que l'on voit à l'œuvre aujourd'hui dans les banlieues françaises, où des personnages belliqueux d'origine maghrébine utilisent la rancœur éprouvée par certains Noirs envers les Blancs en vue de déclencher la guerre civile en France, et tirer ensuite les marrons du feu. Cette stratégie, est notamment celle des Indigènes de la République.
               Cette hypothétique " alliance " entre " Noirs et Arabes " contre les " Blancs " et les " sionistes " ne devrait pourtant tromper personne. Sauf si l'on se souvient que les Arabo-Berbères d'Afrique du Nord n'ont jamais rompu avec leur mentalité esclavagiste millénaire. Les récents évènements en Libye, où l'on vit des migrants Noirs Africains enchaînés et vendus comme esclaves, nous l'ont montré. Et quelle n'a pas été notre surprise de voir des Noirs manifester dans les rues de Paris pour dénoncer, non pas les esclavagistes Arabes, mais… Nicolas Sarkozy, pour avoir déstabilisé la Libye ! Quoi qu'on pense de l'intervention française en Libye, il faut avoir l'esprit particulièrement tordu pour accuser Nicolas Sarkozy, la France ou l'Occident, de ce retour de l'esclavage ! Mais tout ceci s'explique par la haine bien enracinée du " Blanc " chez certains Noirs d'Afrique et d'Europe. Tout ceci s'explique aussi si l'on songe tout simplement à la nature de l'homme, qui préférera toujours montrer du doigt le faible plutôt que le fort. Et l'Homme Européen, après des décennies de repentance et de droits-de-l'hommisme, est un petit être faible, à côté de l'Arabe musulman qui, lui, est resté puissant et fort envers et contre tout. La preuve : il ose remettre au goût du jour, en Libye, l'esclavage des Noirs ! Voilà une bonne raison pour éviter de s'en prendre à lui… Attaquons plutôt le " Blanc ", même s'il n'y est pour rien, il comprendra son erreur.
Marius Piedineri, avril 2019

1 Jacques Soustelle, " Racisme, antiracisme : mythes et réalités ", in Revue des Deux Mondes, mars 1986, p. 556-574.
2 Marcel-Edmond Naegelen, Mission en Algérie, Flammarion, 1962, p. 298.
3 Ibid., p. 47.
4 Ibid., p. 211.
5 Marcel-Edmond Naegelen, Une route plus large que longue, Robert Laffont, 1965, p. 290-291.
6 Rabah Aissaoui, " Le discours du Mouvement des travailleurs arabes (MTA) dans les années 1970 en France, Mobilisation et mémoire du combat anticolonial ", in Hommes et Migrations, 2006, n° 1263, p. 105-119.
7 Abdellali Hajjat, " Les comités Palestine (1970-1972) ", Revue d'études palestiniennes, n° 98, hiver 2006.
8 " Le MTA voulait rétablir un front de solidarité avec des intellectuels similaire à celui qui avait été créé par des intellectuels français comme Jean-Paul Sartre contre la guerre d'Algérie, avec " l'Appel des 121 " ", écrit encore Rabah Aissaoui.
9 Patrick Clastres, " Football ", dans Jeannine Verdès-Leroux (dictionnaire coordonné par), L'Algérie et la France, Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 2009, p. 387-388.
10 Jacques Soustelle, Le drame algérien et la décadence française, Réponse à Raymond Aron, Plon, 1957, p. 69.
11 Jacques Soustelle, " La rébellion algérienne dans le cadre du pan-arabisme ", in Revue de Défense nationale, juillet 1956, p. 823-827.
12 Nadjib Achour, Youssef Girard, " Autonomie et identité arabo-islamique ", 18 mars 2012. Texte à lire sur le site Internet ism-france.org.
13 Sur le programme de Tripoli, voir Guy Pervillé, Les accords d'Evian (1962), Succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012), Armand Colin, 2012.
14 Jacques Hermone, La gauche, Israël et les Juifs, Editions de La Table Ronde, 1970, p. 170.
15 Charles-André Julien, Introduction à l'ouvrage de Pierre Nora, Les Français d'Algérie (Christian Bourgeois éditeur, 2012 (1ère éd. 1961).
16 Ibid., p. 37.
17 Ibid., p. 59.
18 Ibid., p. 55-56.
19 Ibid., p. 58.
20 Ibid., p. 39.
21 Alexandre Del Valle, La stratégie de l'intimidation, Du terrorisme jihadiste à l'islamiquement correct, L'artilleur, 2018, p. 116.
22 Jean-Claude Pérez, Debout dans ma mémoire, Dualpha Editions, 2006 (1ère éd. 1996), p. 190. Certes Jean-Claude Pérez, de façon un peu romanesque, met ces mots dans la bouche d'un Argentin nommé Agostin, au milieu d'une discussion censée avoir lieu dans les années 1960. Mais ces mots reflètent sa pensée. Il développe d'ailleurs les mêmes idées dans son livre Attaques et contre-attaques (Dualpha Editions, 2008, p. 27-28).
23 Jacques Soustelle, Lettre ouverte aux victimes de la décolonisation, Editions Albin Michel, 1973, p. 19.
24 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964.
25 Raoul Salan, Lettres de prison réunies et présentées par André Figueras, Editions de la Table Ronde, 1969, p. 215.
26 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964, p. 247.
27 Jacques Soustelle, " L'Afrique du Sud, la France et l'impérialisme soviétique ", in Revue des Deux Mondes, septembre 1985, p. 586-602.
28 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964, p. 120.
29 Jacques Soustelle, Lettre ouverte aux victimes de la décolonisation, Editions Albin Michel, 1973, p. 47.
30 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964, p. 122.
31 Jacques Soustelle, L'espérance trahie, Editions de l'Alma, 1962, p. 30.
32 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964, p. 120.
33 Jacques Soustelle, Lettre ouverte aux victimes de la décolonisation, Editions Albin Michel, 1973, p. 69-70.
34 Marcel-Edmond Naegelen, Mission en Algérie, Flammarion, 1962, p. 216.
35 Jacques Soustelle, Sur une route nouvelle, Editions du fuseau, 1964, p. 248-249.
36 L'Obs.com, 1er décembre 2017.
37 " Les rappeurs de la Haine ou la banalisation du racisme anti-Blanc et du " jihadisme artistique " ", par Alexandre Del Valle, 2018 (Atlantico.fr).
38 Jacques Soustelle, " L'Occident en désarroi ", in Revue des Deux Mondes, février 1988, p. 31-34.
39 Jacques Soustelle, Lettre ouverte aux victimes de la décolonisation, Editions Albin Michel, 1973, p. 46.

A Toi Porte-drapeau
ECHO D'ORANIE - N°272
         Etre porte-drapeau, c'est garder en son cœur
         Le respect absolu de nos trois couleurs.
         Savoir qu'en ses plis, de sang et de larmes,
         Ont coulé pour nous tous, en cachant bien des drames.
         C'est le porter très haut dans le ciel de France
         Car il est le symbole de bonheur, d'espérance.

         Etre porte-drapeau, c'est en cachant ses pleurs
         L'incliner pieusement lors des dépôts de fleurs
         Sur les tombes de nos pères, de nos frères disparus
         Qui lui ont tout donné, glorifiant ses vertus.
         C'est transmettre un flambeau, un message d'espoir,
         A une jeunesse inquiète qui sombre dans le noir.

         Si ton coeur se serre en parcourant ces lignes,
         D'être porte-drapeau, alors tu seras digne.
         Car tu auras senti cela est bien normal
         Que nous vibrons tous les deux pour le même idéal.
         En marchant côte à côte sur le même chemin
         Ce sera plus facile de nous tendre la main.

Moules, Le 30 Octobre 1991
Jacques HEINZ
Porte-Drapeau du souvenir Français


PHOTOS de BÔNE
Envoi de M. Ventura
















































Chroniques du Constantinois
Envoyé par M. Christian Graille

                 Partie remise. Le Maire, se faisant l'interprète des sentiments de la population avait envoyé un télégramme à M. l'Amiral Duperré pour l'inviter à visiter notre rade et à assister à un bal que la municipalité proposait d'offrir à l'escadre. Il a reçu la dépêche suivante :
Collo, 10 mai, 8 h 30 matin.
Escadre à marine, à Djidjelli.


               Veuillez remettre la dépêche suivante au maire de Djidjelli : " très sensible aux sentiments que m'exprime votre dépêche, je regrette beaucoup de ne pouvoir mouiller à Djidjelli, car la première division de l'escadre est attendue au jour fixé à Bougie et à Alger, et je ne puis retarder mon programme malgré l'attrait que nous présenterait une relâche à votre port. Recevez mes regrets et mes remerciements."
Amiral Duperré.

               Nous regrettons vivement que le port de Djidjelli ne soit pas compris dans l'itinéraire suivi par l'escadre de la Méditerranée. Il y aurait lieu pour le Conseil Municipal d'émettre un vœu qu'à l'avenir l'escadre fasse escale à Djidjelli et de faire revenir M. le Ministre de la Marine sur la mauvaise impression qu'on a donnée de Djidjelli à son Ministère.
               Il y a vingt ans, alors qu'il était question de faire toucher notre port à l'escadre de la Méditerranée, on s'enquit auprès de l'autorité maritime de Djidjelli si les navires pouvaient avoir de l'eau.
               La réponse fut négative et depuis lors l'escadre parut au large.

               Nécrologie. La presse algérienne vient d'éprouver un deuil cruel : M. Francis Enne, rédacteur à l'Akhbar, vient de mourir.
               C'était un écrivain aux causeries fines et spirituelles.
               Nous adressons à sa famille et à la rédaction de l'Akhbar l'expression de nos sincères condoléances.

               La tempête. Lundi et mardi alors qu'on croyait en avoir fini avec le mauvais temps, une nouvelle bourrasque s'est abattue sur notre région.
               Pendant quarante-huit heures, la pluie et le vent ont fait rage, occasionnant des dégâts considérables.
               Lundi, sous l'action du torrent, l'Oued-Missa est sorti de son lit, détruisant les travaux de réfection entrepris tout dernièrement. Le pont lui-même a été arraché et transporté par le courant à plus de trois cents mètres.
               Jeudi seulement on a pu communiquer avec Constantine ; la diligence passe maintenant dans la rivière mais on sent quelque danger.
               Avec Bougie, point de communication non plus. L'Oued-Agrioun était sorti de son lit, inondant la plaine et détériorant une grande longueur de route.
               De sorte que notre pauvre pays est demeuré isolé une fois de plus pendant quatre grands jours !

               Départ regretté. M. le docteur Fix, Médecin-Chef de l'Hôpital Militaire de Djidjelli, s'est embarqué hier soir pour la France, appelé au 112e de ligne en garnison à Antibes.
               Nous croyons être l'interprète de toute la population civile de notre ville en joignant nos adieux sympathiques à ceux qui lui ont été adressés par une foule d'amis au moment de son embarquement.

               Les sauterelles en mer. Les passagers arrivés par le courrier de vendredi dernier, qui faisait le service de Foix ont aperçu au large, entre la Sardaigne et les côtes algériennes, des masses considérables de sauterelles qui couvraient la mer sur l'espace de plusieurs kilomètres.

               Mgr Combes, Evêque de Constantine et d'Hippone est arrivé hier soir dans notre ville.
               L'éminent prélat y est venu pour présider à la cérémonie de la confirmation qui a eu lieu ce matin à la messe de huit heures. La lyre djidjelienne, dévouée, en toutes circonstances s'y fera entendre. Monseigneur Combes se rendra demain à Taher, à Chekfa et à Duquesne pour la même cérémonie.

               Société " l'Union ". L'avoir de la société de secours l'Union est à ce jour de 451 francs. C'est déjà un beau denier pour cette société qui compte à peine un mois d'existence. Deux sociétaires malades ont profité aussi de ses bienfaits et certainement ne regrettent plus de s'y être fait inscrire.

               Heureux colons. Une disposition qui nous semble injuste, indique, c'est celle qui refuse aux colons algériens le bénéfice de la réduction de transport.
               Alors que les immigrants ont droit à cette faveur, les colons sont obligés de transporter leurs biens à gros frais dans la concession qui leur est donné. Pourquoi deux poids et deux mesures ?
               Les travailleurs algériens sont-ils donc moins intéressants que les autres ?

               " Le douanier ". Petit vapeur du service des douanes est entré hier matin dans notre port, venant de Bougie.
               A bord se trouvait M. Adnesse, Directeur Général des douanes de l'Algérie en tournée d'inspection.
               Le Douanier est parti ce matin pour Collo.

               Congés. M. le ministre ayant décidé d'ajouter un jour aux congés de Pentecôte, ces congés s'étendront pour les écoles primaires et maternelles du samedi soir 16 après la classe au mercredi soir 20 mai.
               Les classes du mercredi seront reportées au jeudi 21.

               Chez Guignol. Ce soir, représentation extraordinaire que l'on terminera par le château du Diable, grande féerie fantastique en quatre actes.
               Mardi à la demande générale, l'Africaine, grande parodie.
               Jeudi première représentation du Diable sur la terre, grande féerie en cinq actes et neuf tableaux.

               Un opérateur sans patente. Ben Lardi s'était installé avant-hier, en plein marché, sans patente et sans permis, médicamentant indifféremment bêtes et gens à bon marché. Il avait aligné sur l'herbe :
               - ses ventouses en fer blanc,
               - son couteau à tirer le sang,
               - son registre de sentences et
               - diverses choses nécessaires au métier de tebib (médecin).

               Un agent est venu et l'a prié de ramasser son Saint-Frusquin et de venir compléter ses études médicales.

               Châlet Djidjellien. Nous apprenons qu'une grande fête champêtre s'organise dans ce coquet établissement pour demain lundi de Pentecôte.
               Bal de jour et de nuit, jeux divers, casse-croûtes et consommations de premier choix.
               Qu'on se le dise !

               Machines à poser des affiches. Verrions-nous un jour disparaître l'afficheur juché sur le pot de colle et étalant son affiche à grands coups de pinceau ?
               A Paris on vient d'essayer une machine à coller les affiches.
               Les feuilles sont roulées l'une après l'autre sur un appareil qui ressemble assez à un métier à broder.
               Cette opération préalable terminée il suffit de poser sur le mur enduit de colle le bord inférieur de l'affiche et de pousser l'appareil en remontant.
               Et l'affiche se trouve placée sans un pli en un clin d'œil.
               Qu'en pense Barboto l'afficheur Djidjellien ?

               Aux pêcheurs à la ligne. A Djidjelli, beaucoup de personnes, par état ou par goût, se livrent à la pêche, trouvant soit un bénéfice, soit un sport des plus intéressants. Parmi ceux qui pratiquent par plaisir, la plus grande partie de pêche à la ligne, ou comme on dit ici, à la canne, à la cannette ou au cannibale.
               Mais tous les jours ne sont pas également heureux, et plus souvent qu'il ne voudrait le pêcheur rentre chez lui bredouille. Il s'en prend alors au temps, à l'état de la mer, au poisson mal disposé etc., mais rarement à lui-même.
               La réussite de la pêche à la ligne, en effet, dépend de beaucoup de circonstances, abstraction faite de l'habileté plus ou moins grande de celui qui la pratique. On sait par exemple que le vent d'est y est contraire, lou levant es ni pescairé, ni cassaïre, et aussi beaucoup d'autres circonstances qu'il serait trop long d'énumérer.
               Mais ce qu'on ignore généralement c'est que la réussite de la pêche dépend très régulièrement du cours de la lune. Pourquoi ? …..
               Nous laissons aux astronomes le soin d'éclairer ce problème, contentons-nous seulement de dire, d'après un journal parisien de sport, quelles sont les phases favorables ou défavorables.
               Les poissons mordent plus avidement à l'appât entre le 8e et le 12e jour de la lune, pendant les 4 à 5 jours suivants le premier quartier.
               C'est là la période favorable.
               Du 2e jour avant la pleine lune au 4e jour après cette phase, c'est-à-dire du 13e au 18e jour de la lune, les chances de prises seront moyennes.
               C'est la période moyenne.
               Du 3e jour avant le dernier quartier au 2e jour après cette phase, c'est-à-dire du 14e au 23e jour, la pêche sera peu favorable. C'est la mauvaise période.
               Du 2e jour après le dernier quartier au 2e jour de la nouvelle lune, la pêche sera très mauvaise. C'est la mauvaise période qui comprend les 24
e, 25
e et 26e jours.
               Elle reviendra peu favorable nous ramenant à une mauvaise période, du 2e jour avant la nouvelle lune au 4e jour après cette phase, c'est-à-dire pendant les 27e, 28e, 1er, 2e, 3e et 4e jours. Puis elle est moyenne ; on obtient une nouvelle période moyenne pendant les 5e, 6e, 7e jours, c'est-à-dire jusqu'au premier quartier, ce qui nous ramène à notre point de départ. Cette loi, comme toutes les lois, comporte des exceptions, mais elles seraient toujours déterminées par des influences secondaires, par les tempêtes par exemple.
               L'impartial de Djidjelli (17-05-1891)
Musis
Les Annales algériennes (15-04-1893)

Chronique de Mostaganem
Envoyé par M. Christian Graille

                 Le banquet de la société de tir. Une loi du 26 juin dernier a déclaré fête nationale la journée du 22 septembre 1892 centenaire de la proclamation de la République.
                 Vingt-deux septembre 1792, date inoubliable pour un cœur français !
                 Le vingt septembre 1792 la victoire de Valmy inaugurait la brillante série des triomphes de l'armée française, luttant pour l'indépendance de la nation contre l'Europe coalisée ; deux jours après commençait l'ère nouvelle de la démocratie française.
                 Il appartenait à la société de tir de prendre l'initiative d'une manifestation pour le 22 septembre courant ; elle l'a fait en fixant à cette date son banquet annuel réglementaire.
                 A ce banquet tous les concitoyens, sociétaires ou non y sont conviés.

                 La liste de souscription du banquet est déjà couverte de signatures.
                 Nous sommes persuadés que nos concitoyens saisiront avec empressement cette occasion d'affirmer leurs sentiments patriotiques en répondant à l'invitation des organisateurs du banquet. Une journée aussi mémorable que le 22 septembre 1892 et qui sera fêtée avec le plus brillant éclat dans toute la France, ne peut passer inaperçue dans une ville comme Mostaganem.

                 L'éclairage. Certes un beau clair de lune vaut plus que force becs de gaz, à la condition, toutefois, que sous les rayons de l'astre lumineux de la nuit ne se trouvent souterrain ou passage inférieur ou un pont comme, par exemple, celui de Saint-Jules. La lune éclaire l'entrée et la sortie du passage du chemin de fer ; deux becs de gaz sont appliqués à ces deux issues, très bien ; mais, sous ce pont règne la plus grande obscurité depuis le coucher du soleil jusqu'à l'aurore.
                 Ce passage est le débouché des caravanes d'Ennaro et des maraîchers de Debdaba comme aussi le point d'intersection via Mostaganem-Pélissier ; en pleine obscurité, nombreux accidents peuvent se produire en cet endroit ; pour y parer il ne faut ni plus ni moins que les deux becs de gaz qui ornent l'entrée ou la sortie du pont soient allumés tous les soirs quelque temps qu'il fasse, car après tout, un piéton rentrant chez lui après l'extinction des feux (10 heures) peut très bien être attaqué dans cette voûte alors qu'avec quelques sols de plus par jour on y serait éclairé.

                 Avis. Le Maire de la commune de Mostaganem à l'honneur de prévenir
                 MM. Les propriétaires et locataires de la ville et des faubourgs que la commission des logements insalubres a commencé sa visite.
                 Il les invite donc, afin de prévenir toute cause d'épidémie, à prendre, dès à présent, toutes les mesures d'hygiène et de propreté qu'il est indispensable d'observer en pareille occurrence, notamment :
                 - Installation de fosses d'aisance avec cheminée d'appel.
                 - Raccordement des dites fosses aux égouts dans les quartiers traversés par ces derniers, et avec toutes précautions en usage.
                 - Blanchiment des maisons tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
                 - Nettoyage journalier, et plusieurs fois par jour, si besoin est, des trottoirs et rues bordant leurs maisons, logements ou magasins.
                 - Jet régulier des ordures ménagères ou autres dans les tombereaux du service de balayage.

                 Enfin toutes les mesures propres à assurer l'hygiène.
                 M. le Maire espère que la population voudra bien, par l'exécution stricte de ces mesures, contribuer à l'assainissement de la ville et lui éviter l'obligation de recourir à des moyens de rigueur devant lesquels l'intérêt de la santé publique l'obligerait à ne pas reculer.

                 Simple police. Quand on fait des gaffes on n'en saurait trop faire ! C'est le cas de notre cher et estimable commissaire de police … que personne ne nous envie.
                 Les agents, en arrêtant le 5 septembre dernier le capitaine du voilier mouillé sur notre rade, et en le faisant coucher à la geôle, avaient commis un acte monstrueux.
                 Leur chef, guidé par un sentiment que nous ne voulons pas qualifier, vient de faire pis encore.
                 Des renseignements que nous nous sommes procurés, il résulte en effet, que le capitaine a été arrêté le 5 septembre. Le lendemain à cette même place nous faisions paraître un entrefilet dans lequel nous flétrissions la conduite de nos policiers.
                 Il paraît que notre article n'a pas eu l'air de plaire à l'homme car le résultat ne s'est pas fait attendre longtemps.

                 Le lendemain 7 septembre, après lecture de notre article, M. Philip dressait procès-verbal et envoyait au capitaine un avertissement à comparaître devant le juge de simple police.
                 A l'audience, les agents font piteuse mine et après l'audition d'un témoin qui a déclaré avoir vu l'agent appréhender le capitaine, sans que celui-ci ait fait la moindre résistance ni seulement élevé la voix, le ministère public
                 (M. Philip) sentant que l'affaire va mal tourner, et qu'après ce témoignage l'acquittement s'impose, demande le renvoi pour supplément d'enquête.

                 M. le Juge de Paix accorde le renvoi demandé et décide qu'une audience spéciale sera consacrée vendredi prochain à 2 h de l'après-midi à l'examen de cette affaire dont l'importance ne lui a certes pas échappé.
                 L'audience sera très intéressante et nous ne pouvons qu'inviter les amateurs d'éloquence à y assister, car, des renseignements absolument confidentiels, mais dont nous garantissons l'authenticité absolue, qui nous sont parvenus, il résulte que notre commissaire préparerait un réquisitoire foudroyant ! Nous attendrons, nous verrons, nous ouïrons et … M. le Juge de Paix jugera…

                 La communale. Depuis la construction de l'égout du faubourg Saint-Jules nous n'avons cessé de demander la réfection, ou mieux, un cylindrage parfait de la chaussée sous laquelle ce collecteur a été construit. Il semblerait résulter que les récriminations des habitants de ce faubourg soient passées à l'état de lettre morte ; Véritablement le service de la voirie communale en prend à son aise, à moins que l'agent spécial de ce service n'en ait pas été saisi.

                 Quoiqu'il en soit, nous signalons à nouveau le mauvais état de la rue principale de Saint-Jules et demandons, à qui de droit, si après avoir fait avaler cet été moult poussière aux habitants, promeneurs, voyageurs etc.,
                 On les obligera, cet hiver, à patauger dans la boue.
                 Les rigoles sont de plus en plus sales ; en certains endroits des odeurs nauséabondes vous obligent à retenir la respiration. Le balayage des rues est fait d'une façon déplorable ; en définitive c'est trop de négligence et d'incurie.

                 Aux ménagères. Un arrêté municipal interdit d'avoir des volailles dans les habitations intra-muros notamment. A cette heure les oreilles bondées par les réclamations de plusieurs habitants de la ville que les kot kot ricos réveillent justement au meilleur instant du sommeil. En conséquence, nous prions, qui de droit, de faire dresser procès-verbaux aux contrevenants à l'arrêté sur l'interdiction d'avoir des volailles (gênantes) dans les habitations de la ville.

                 Pour les victimes de Menkez. Ari, Arue, Aré, tous les aliborons (1) des maraîchers, arbicos et pêcheurs sont maltraités à coups de menkezou ou aiguillon bien que pliant sous le faix ; nous avons vu ces pauvres animaux ayant l'opposé du devant ne formant qu'une plaie saignante ; franchement c'est est trop et nous prions les agents chargés de l'application de la loi protectrice des animaux de surveiller les bourreaux de ces indispensables et dociles serviteurs.

                 Mariage. C'est aujourd'hui à cinq heures du soir que sera célébré le mariage de M. Delpart Émile avec Mademoiselle Anna Morard. Nous présentons de nouveau aux futurs époux toute sorte de félicité.

                 Nos caléchiers. Deux voitures de place ont été remisées jusqu'à nouvel ordre, l'une pour malpropreté et l'autre pour être attelée à un cheval haridelle.

                  (1) aliborons : ânes.
L'Indépendant de Mostaganem (16-09-1892)

Chronique de Sidi-Bel-Abbès
Envoyé par M. Christian Graille

         Altercation : Hier vers huit heures et quart, un jeune légionnaire cuvait son vin sur un des bancs qui entourent la place des Quinconces, quand un de ces Individus aux spéculations illicites qui pullulent dans certain quartier juif de la ville est venu s'asseoir au côté du pauvre troupier et lui aurait probablement proposé, comme cela se fait généralement, de lui acheter sa betite ceinture, ses betits souliers.
         Malheureusement le légionnaire n'avait pas l'esprit au betite commerce. Des propos plus ou moins vifs s'engagèrent et des propos aux menaces il n'y a qu'un pas.
         Mon juif de déguerpir aussitôt et d'aller requérir des agents qui, sans plus amples informations, appréhendèrent le légionnaire et le sommant de les suivre au poste. Heureusement pour le pauvre pioupiou deux braves concitoyens avaient assisté à la scène ; l'un d'eux profondément indigné de voir ainsi appréhender un soldat, s'avance vers les agents et leur raconte ce qui s'est passé.
         Le juif furieux de se voir démenti dans ses affirmations, invective grossièrement M. …. qui lui répond par un coup de poing donné de main de maître. Mais il est bien rare qu'un juif soit seul, surtout la nuit.
         M. …est attaqué par un autre juif qu'il envoie promener d'une simple chiquenaude.
         Bientôt un groupe se forme, des légionnaires accourent à la rescousse et certainement une bagarre générale s'en serait suivie si MM. Les juifs n'avaient pas crû qu'il était plus prudent pour eux de déguerpir.
         Quand donc appliquera-t-on à ces individus l'article 257 du code de justice ? Il ne se passe en effet un seul jour de prêt sans que ces gens -là ne se mettent à l'affût des légionnaires qui ont copieusement dépensé leurs malheureux sept sous.
         Si le légionnaire cède à leurs propositions, on l'amène dans une de ces boutiques louches où moyennant quelques sous on lui extorque sa ceinture, ses souliers etc. etc. J'en ai même vu entrer au quartier sans capote.
         Qu'en résulte-t-il ? Le légionnaire passe au conseil de guerre et le juif se promène tranquillement dans les rues de la ville offrant aux passants qui une ceinture, qui une montre, qui une paire de souliers etc. etc. I. L

         Square Pasteur : Le Quinconce, dit square Pasteur qui sert de réfectoire le jour aux mangeurs de melons et de dormir le soir aux Arabes, est rarement nettoyé.
         Les bancs, tables ou lits suivant l'heure sont d'une malpropreté repoussante. Le vent y ramasse aussitôt foin, paille et papier. Ne pourrait-on pas s'entendre pour nettoyer un peu tout cela ? Car on ne sait trop à qui ce soin incombe…
         Mise en émoi : Les habitants de la rue Prudon dont tout le voisinage des hôtels d'Orient et du Continental ont été tenu en émoi dimanche de 5 à 7 par les vociférations d'un indigène que le siroco avait altéré outre mesure, et qu'on a eu toutes les peines du monde à éloigner, aucun agent ne se trouvant aux environs pour le mettre au clou.
         L'auteur de tout ce tapage n'est autre que l'ivrogne Abdallah qui a fini par être arrêté et conduit à la geôle.

         Cirque : Dimanche il régnait l'après-midi un siroco très lourd qui a empêché beaucoup de famille de se rendre aux arènes. On a pourtant commencé un peu plus tard, il est vrai, et les jeux de tapis avec les clowns ont tenu l'assistance en haleine jusqu'à la course vertigineuse des obstacles, la plus désopilante facétie qu'on puisse imaginer. Mlle Lili la célèbre équilibriste nous a donné sur le fil de fer un échantillon de son talent. Enfin la burlesque pantomime " les brigands de la Calabre " très bien réussie, mais un peu longue nous a conduit jusqu'à 6 heures et demie.
         On souffrait généralement de la soif, aussi quand la fontaine de vin rouge s'est mise à couler, une foule qui n'attendait que ce moment s'est précipitée sous la gouttière avec toute sorte de récipients pour accaparer la plus grande part possible du précieux breuvage.
         A ce moment le sieur Taureau a fait son entrée ; ça été un sauve qui peut impossible à dépeindre si le taureau avait eu soif aussi ! Mais après la déroute des buveurs, il s'est avancé majestueusement dans l'arène attendant l'ennemi.
         Le taureau n'en avait pas moins une prestance magnifique. Ceci prouve qu'il n'est pas absolument nécessaire d'aller chercher hors de la colonie des taureaux de combat. Celui-ci fit tête aux diverses passes des adroits acrobates dont un ou deux se sont fait bouler à la grande hilarité du public qui comprenait bien que cette lutte ne pouvait avoir de résultats dramatiques ; aussi s'en est-on donné à cœur joie et le taureau, s'il a compris, doit être satisfait.
         On nous apprend au dernier moment que le ballon de dimanche dernier a été trouvé tout près de la gare de Sidi-Brahim. Il y a donc lieu d'espérer qu'il sera rafistolé et reparaîtra une autre fois avec l'homme de paille qui se trouvait suspendu et qui n'a éprouvé aucun mal.
         Demain jeudi, le vrai clou de la soirée, et ceci est une indiscrétion, le clou de la soirée ça sera le pari de M. R…. citoyen de Bel-Abbès qui se fait fort de remplir le rôle de l'homme projectile déjà gagné par Emilio l'algérien. On ne sait pas encore si on se servira de la poudre du savant Turpin dite " de perlimpinpin " ou de la poudre ordinaire qui a le défaut de produire beaucoup de fumée et de bruit.
         Le conseil acrobatique en décidera ...
         Mais quel clou mes enfants ! Quel clou ! …

         Divertissement : Dimanche soir a eu lieu à l'hôtel d'Orient le banquet annuel des Alsaciens-Lorrains préparé par les soins de M. Baills.
         Le président,
         M. le Docteur Gillet et une trentaine de membres composaient la réunion ; on a causé des provinces rhénanes que notre gouvernement oublie chaque jour un peu plus pour plaire à nos ennemis devenus amis. Il est difficile d'être bien gai avec un pareil souvenir dans la tête.
         Cependant cette agape fraternelle a eu ses moments d'épanchement et chacun en garde un patriotique souvenir.

         Dispute : Des garçons faisant partie du service de nos deux grands hôtels rivaux se sont empoignés la nuit dernière après 9 h.½ du soir au grand désagrément des habitants du voisinage et de la rue Prudon.
         Il faut espérer que cela ne se renouvellera pas, tout le monde étant intéressé à la tranquillité du quartier, la nuit surtout.

         Bulletin nécrologique : Nous avons eu le regret d'apprendre la mort de Mme veuve Louis Auguste Expert, décédée le 4 août à Bel-Abbès qu'elle habitait depuis 18 ans et où elle est honorablement apparentée.
         Son convoi a eu lieu le 5 à 9h.½ ; il a été suivi par de nombreux amis.
         Nous offrons aux familles Expert, Bernachi, Lanfroy et Brerandeau nos sincères expressions de condoléances.

         Madame veuve Mosin, buraliste et dépositaire du journal l'Écho d'Oran vient également de succomber après une assez longue maladie.
         Nous présentons à la famille éprouvée nos condoléances.

         Accident : Hier, vers 7 heures, un orage, amoncelé depuis de longues heures au-dessus de la région, a éclaté tout à coup par des coups de tonnerre incessants. La pluie est tombée rondement mais elle a été de courte durée.
         Au plus fort de la rafale, le sieur Roux propriétaire du bar des Arènes se trouvait en carriole avec sa dame, lorsque le cheval prit peur d'un éclair et culbuta la voiture en brisant les brancards et les harnais.
         M. Roux fut contusionné au dos et put toutefois relever son épouse qui avait échappé sans blessure à l'accident. Il ne fallait plus songer à la carriole ni au cheval qui furent abandonnés au soin du douar et faire à pied huit kilomètres qui les séparaient de Bel-Abbès où ils arrivèrent deux heures après la pluie.

Le Messager de l'ouest (07-08-1894)



Chronique locale
Envoyé par M. Christian Graille

                 La compagnie l'Est Algérien informe le public que par décision en date du 10 février 1896, M. le Ministre des Travaux Publics a homologué le tarif de correspondance pour le transport des voyageurs au départ des gares situées entre Alger et Bouïra inclus et Tizi-Ouzou exclus à destination des localités suivantes desservies par des voitures et vice-versa :

Ce tarif est mis en vigueur depuis le 25 février 1896.
Fort-National, Tamda, Michelet, Tréah, Azazga.

                  1° Voyages mixtes aller-retour en chemin de fer et en voiture.
                  2° Voyages simple en chemin de fer et en voiture.
                 3° Transports d'ouvriers agricoles par groupe de dix.
                 M. Maurice Feuillerat, entrepreneur des voitures, est chargé de ce service.
X

                 Dénombrement de la population du 29 mars 1896.
                 La commune de Tizi-Ouzou demande des agents recenseurs.
                 S'adresser au secrétariat de la Mairie le 20 mars courant.
X

                 Faux monnayeurs. L'affaire des faux monnayeurs kabyles, arrêtés par la sûreté de Tizi-Ouzou, prend de plus en plus d'intérêt. Quantité de pièces mises en circulation ont été saisies dans notre ville et les environs et dans les départements d'Oran et de Constantine ; On aurait arrêté quelques-uns de ces industriels écoulant la nuit, leur fausse monnaie de Louis Philippe 1er et même de la République.
                 Cette découverte faite par la sûreté fera le plus grand épurement en Kabylie.
X

                 Toujours à l'affût, l'inspecteur Pasquier a arrêté les nommés Sahal Ben Mohamed, de Mirabeau, porteur d'un fusil Lefaucheux, Ali Ben Lounès, détenteur d'une boite de poudre et d'un gros pistolet, Amziane Ben Hocine, un fusil piston, tous trois bien entendu sans autorisation.
X

                 Vols à la ferme Simon et à la ferme Maslier. Dans le courant de l'année 1893, la dame veuve Simon et M. Jean Maslier, tous deux demeurant à Mirabeau, furent victimes de vols exécutés pendant la nuit par d'habiles détrousseurs. Leurs maisons, qu'ils avaient momentanément abandonnées furent pillées de fond en comble, les portes, fenêtres, madriers, tuiles etc., rien n'échappa aux mains de malfaiteurs.
                 Plainte fut portée, mais les voleurs étaient restés jusqu'à ce jour introuvables ; la sûreté, mise en éveil, se rendit le neuf mars courant à Bordj-Sebaou et, rentrant chez le président Hadj Ballaoui Saïd El Hocine, découvrit sous le lit de ce dernier une porte appartenant à M. Jean Maslier, puis dans la chambre du président Saïd El Hocine deux volets cloués ensemble appartenant à M. Maslier ainsi que des lambourdes appartenant à Mme Simon.
                 Chez le frère du président Hadj Ballaoui Mohamed Ben Ali deux fusils Lefaucheux et des lambourdes volées à M. Maslier Jean.

                 Enfin la sûreté continuant ses recherches trouva chez le nommé Serir Talabi Mohamed, cafetier maure, ami intime du président, la porte de la cave de la maison Maslier Jean, actuellement conseiller général d'Alger.
                 Le nommé Hamed Saïd Ben Ramdan, domestique du président a été également arrêté pour détention de planches volées à M. Maslier.
                 Tous les quatre individus ont été amenés le 10 mars à Tizi-Ouzou avec le produit de leur vol et écroués ensuite au château Laubach. Le président du douar se présentant vendredi matin au Parquet est allé rejoindre ses complices.
Le petit Kabyle (15-03-1896)


Chronique locale et régionale
Envoyé par M. Christian Graille
Deshayes

                 Naissances. Notre journal n'ayant pas paru samedi dernier nous n'avions pu saluer en ce monde de deux nouveaux concitoyens.
                 Nous ne voulons pourtant pas faillir à ce devoir. Nous adressons nos vœux de santé et de longue vie, avec toute la dose de bonheur humainement possible au jeune Robert, fils de Madame et Monsieur Marguerie, contrôleur de l'enregistrement et à la mignonne Paulette, fille de notre bon ami Cécereu, instituteur et à son aimable compagne.

                 Hyménée. Notre bon camarade Alfred Mesguiche nous fait part de son prochain mariage pour le mercredi 21 février avec Mademoiselle Adélaïde Sonigo d'Alger, sœur de notre camarade Sonigo, négociant à Bougie.
                 Nous adressons des vœux sincères de bonheur et de prospérité aux futurs époux et nos meilleurs compliments à leurs familles.

                 Nomination. Par arrêté de M. le Gouverneur Général en date du 5 courant, M. Antoine Tollingher, greffier du Tribunal civil de Constantine, beau-frère de notre Conseiller Municipal et ami M. Bataille, est nommé greffier en chef du Tribunal civil d'Alger.
                 Nous applaudissons à cette nomination qui favorise un vieux bougiote auquel nous adressons nos plus vives félicitations et les meilleurs souvenirs de ses concitoyens.

                 Avancements. Par arrêté préfectoral, M. d'Ollivier, secrétaire de la commune mixte d'Akbou a été élevé à la première classe de son grade.
                 MM. Delibes, secrétaire adjoint à Sidi-Aïch et Fenech, secrétaire-adjoint à Taher, ont été promus à la deuxième classe de leur grade.
                 Nous présentons à ces dévoués fonctionnaires nos plus vives félicitations pour cet avancement mérité.

                 Nécrologie. Nous enregistrons avec peine le décès survenu à Constantine de M. Auguste Serviès, inspecteur à l'Est-Algérien.
                 Nous présentons nos condoléances attristées à sa famille et tout spécialement au camarade Serviès, mécanicien à l'Est-Algérien, frère du défunt.

                 Un varioleux. Dimanche après-midi, un jeune Kabyle venait prévenir l'inspecteur Pavia qu'un indigène atteint de la variole était couché sur les quais. L'inspecteur de police se rendit sur les lieux. Là, l'indigène enfoui sous son burnous refusa obstinément de répondre et de montrer sa figure. L'inspecteur fut obligé de lui faire violence pour se rendre compte des motifs réels qui poussaient l'individu à cacher son visage. Ayant écarté les linges malpropres, Pavia découvrit les marques des horribles ravages de la variole dans toute sa virulence. Il fit transporter le malade à l'hôpital et s'en fut se désinfecter au sublimé à la pharmacie Camo.
                 L'indigène venait d'Alger par le train et cherchait à gagner Taher en allant par bateau à Djidjelli.

                 Éboulements. De tout côté les montagnes laissent ébouler leurs talus en déliquescence boueuse sur nos rues, nos routes et nos voies ferrées.
                 En ville, les murs s'écroulent sous l'action persistante des pluies. On nous signale une vingtaine de mètres de murailles écroulées à l'Hôpital militaire. Dans le Chabet deux ou trois kilomètres de routes sont menacés d'aller au ravin. La rampe Réguis est dans un état pitoyable. Et ça coule toujours.

                 Port d'arme prohibée. L'inspecteur Pavia en tournée mardi soir à Bridja a saisi un revolver calibre 9 mm qu'un jeune indigène avait trop mal dissimulé sous ses vêtements.

                 Les vols à Bougie. Mardi soir, vers 8 heures un indigène simulant l'ivresse s'introduisait dans le magasin de M. Dubois, épicier aux cinq-fontaines sous prétexte de demander du tabac. Il s'empara d'un sac de pommes de terre et se retira. Presque aussitôt l'épicier remarqua le vol.
                 Il poursuivit le voleur mais le perdit de vue dans la nuit.
                 Une heure plus tard, le voleur repassant par-là fut reconnu par Madame Tramhel, marchande de tabac qui l'avait remarqué vers le moment du vol de pommes de terre et ayant prévenu M. Dubois, celui-ci l'arrêta et le remit à la police.
                 C'est un récidiviste sorti le jour même de la prison civile.

                 Vol à la plaine. Le 9 courant, M. Naud, laitier, était volé de 197 francs qui lui étaient subtilisés avec le porte-monnaie les contenant du buffet où M. Naud les cachait chez lui.
                 Le garde champêtre Monier a été assez adroit pour arrêter le voleur et lui faire avouer le larcin. C'était le propre berger du volé. Il avait caché 140 francs dans une broussaille du chemin des Concessions, 35 francs entre les mains d'un camarade et 7 francs.50 dans le mur de la buanderie de son patron.

                 Vol rue des vieillards. Dans la nuit de lundi à mardi, le nommé Bertrand, garçon de café, en rentrant chez lui, 15, rue des vieillards, maison Taboni, constata l'effraction de deux cadenas fermant la porte de sa chambre.
                 Un revolver et une montre accrochée au mur avaient disparu ainsi qu'une dizaine de francs en menue monnaie laissés sur la cheminée.
L'écho de Bougie (15-02-1906)



MA PATRIE
De Hugues Jolivet



       Enfant de la Patrie, je te chante chaque fois
       Que ton peuple rend hommage aux Français sacrifiés.
       Ils ont donné leur vie, leur amour et leur foi,
       Pour nous transmettre une France grandie et unifiée.

       J'aurais aimé t'écrire, comme Jean Ferrat, "Ma France",
       Une chanson d'amour exaltant ta beauté,
       Ta grandeur et ma joie, mon bonheur et ma chance
       D'être le fruit d'un arbre aux racines bien plantées !

       Mais, au soir de ma vie, la tristesse m'envahit,
       Tu n'es plus la "Patrie", on t'appelle "République" ,
       Entourée de royaumes et bien d'autres pays,
       Au sein d'une l'entité, notre Europe utopique !

       Pour le calme social, le maintien de la paix
       Nos Chefs ont délaissé tes valeurs, ton Histoire,
       Tes us et tes coutumes. Ils marquent leur irrespect,
       Nuisent à ta liberté sur ton propre territoire,

       Favorisant l'entrée de migrants clandestins,
       Attirés par l'appât d'aides et d'allocations,
       Et, grâce aux Droits de l'Homme, ont des revenus certains,
       Des droits impératifs ! Les devoirs. . . en option !      


       France, "Patrie unique", mais cinquième République !
       T'as connu deux Empires et deux Restaurations.
       Tu es areligieuse, tu es Etat laïque
       Et, coupant tes racines, signes ta condamnation.

       Si, chaque République crée sa Constitution.
       Change de Président et de Gouvernement,
       Soit de Droite, soit de Gauche, voire cohabitation.
       Adieu continuité, place au chambardement !

       Face aux flux migratoires d'Afrique vers l'Europe,
       Conséquence, à terme, d'affrontements culturels,
       Une minorité d'acteurs philanthropes
       Provoquent dans chaque pays de fébriles querelles.

       Mais, France de demain, Patrie de mes enfants,
       Sauras-tu conserver tes valeurs spirituelles ?
       Que du coeur des campagnes, résistent, triomphants,
       Les patriotes et les Républicains pluriels !

       Que cessent les vaines querelles des partis politiques,
       Qu'ils portent leurs regards sur l'avenir de la France,
       En conservant pour elle, dans notre République,
       L'amour de la Patrie et toutes nos espérances !

Hugues Jolivet         
11 mars 2019          



Chronique de Tiaret
Envoyé par M. Christian Graille

                 Tiaret-cinéma

                 Ce coquet établissement ne serait, paraît-il, pas seulement destiné à donner du cinématographe ; on nous assure qu'une scène volante y sera sous peu installée et qu'une petite troupe théâtrale va tenter de faire une saison à Tiaret. Nous annonçons cela sous toutes réserves et grâce à une indiscrétion.
                 De plus la troupe Chastelain a retenu la salle pour deux représentations courant novembre.
                 La direction de Tiaret-cinéma mérite toutes nos félicitations, grâce à elle notre ville possèdera, peut-être, son petit théâtre et l'hiver sera moins monotone. Aucune tentative en vue d'obtenir une subvention n'a été faite auprès du Conseil Municipal, Mostaganem, Mascara y sont de huit mille francs.
                 Le théâtre municipal de Tiaret n'en demanderait pas tant si nos édiles le voulaient bien … mais n'anticipons pas.
                 En attendant les soirées se succèdent et les programmes ne se ressemblent pas.
                 Les kilomètres de films défilent et ne reparaissent plus, c'est ce qui explique l'énorme affluence de spectateurs de Tiaret-cinéma.
                 Sur une démarche du directeur, M. le Maire va prendre un arrêté concernant l'ordre et la police de l'établissement, nos honorables concitoyens viennent à Tiaret-cinéma pour y voir un spectacle amusant et instructif et non pour y entendre les idioties de jeunes voyous qui ont toujours les audaces. Dorénavant et grâce à cet arrêté, les perturbateurs seront exclus et procès-verbal leur sera dressé.
                 Ce soir entre autres vues comiques et nouvelles " le reflet du vol ", magnifique film d'art.

L'Écho de Tiaret (18-08-1910)

Almanach du laboureur algérien
pour l'année 1850
Envoyé par M. Christian Graille

               L'arrivée de nouveaux immigrants en 1848, ouvriers souvent et inexpérimentés pour effectuer dans de bonnes conditions des travaux agricoles, incite le gouvernement à éditer, à leur intention, L'almanach du laboureur algérien.
               Le colon peut ainsi, mois après mois, mettre en application ses conseils dont voici des extraits : "
               - en janvier, travaille à tes plantations,
               - en février, ferme ton jardin par une haie de cactus ; imite en cela les Arabes, tu t'en trouveras bien,
               - en mars, plante ton tabac dès que ton semis aura huit feuilles,
               - en avril, surveille ta jument et ta vache ; si elles sont en humeur, fais-les couvrir tout de suite,
               - en mai, voici venir la pénible saison des foins et des moissons,
               - en juin, soigne bien tes fossés d'arrosage, ne laisse rien perdre de ton eau, dans cette saison, c'est de l'argent,
               - en juillet, emmeule ta paille,
               - en août des travaux sont indiqués et surtout le gouvernement met en garde contre les fièvres et donne quelques conseils d'hygiène (1),
               - en septembre, prépare des abris pour un porc, des poules, des lapins, des pigeons…. C'est surtout en Algérie que … le laboureur doit avoir chaque dimanche la poule au pot,
               - en octobre, presse tes bœufs, active tes labours, voici bientôt le moment des semailles,
               - en novembre l'époque des plantations commence,
               - en décembre enfin, plante tes arbres … le figuier est de tous les arbres à fruits celui que tu dois multiplier le plus ".

               (1) Si tu as fini tes fenaisons, prends ta charrue et retourne celles de tes terres qui étaient en céréales et que tu veux encore semer en automne. Ne te laisse pas dire que la terre est trop sèche ou trop dure, ce labour sera difficile mais il vaudra de l'engrais.
               - Voici le moment de sécher ton tabac. Ne le cueille que bien mûr, sans cela tu perdrais en poids et en qualité. Si ta maison n'est pas assez grande sèche-le sous des arbres ou même au soleil, par terre, en ayant soin de le surveiller tous les jours et de ne pas le laisser très longtemps.
               - Fais ta récolte de maïs et achève d'écimer celui qui ne le serait pas encore.
               - La saison des fièvres est venue. Écoute bien ici quelques conseils d'hygiène que tu devras suivre toute l'année.
               - Ne sors pas à jeun.
               - Le café pour le repas du matin est très salutaire dans ce pays.
               - Ne reste pas au soleil tête nue, n'y laisse jamais aller tes jeunes enfants.
               - Ne t'attarde pas trop le soir dans les champs, la fraîcheur des soirées est dangereuse.
               - Bois peu et choisis bien ton eau.
               - Prends du vin avec sobriété.
               - Mets une ceinture de laine.

               Si tu te sens mal à l'aise, la tête lourde et les jambes faibles, c'est un indice de fièvre, ne l'attends pas, prends un peu de quinine et, sur toute chose, ne te laisse pas abattre.
               L'activité chasse la fièvre.
               Il est quelque chose de plus dangereux que la fièvre ; quelque chose qui la donne et empêche d'en guérir, c'est l'indolence, la paresse.
               Le meilleur remède contre la fièvre, c'est l'énergie.


CALENDRIER
DES CONVOIS (1848)
Envoyé par M. Christian Graille
Tableau M. Graille

                  NOTA. - 9° convoi. La corvette L'Albatros n'a pu, à son arrivée, débarquer ses passagers, elle a donc rejoint Alger en pleine tempête, et est venue à Tenes par mer moins forte 16° convoi. Une petite partie de ses colons a été ensuite répartie sur les autres colonies agricoles pour compléter les effectifs en fonction du nombre de lots dont la création était jugée possible 17° convoi. Lui aussi a servi en partie à boucher les trous déjà nombreux (décès, abandons). De plus il comptait un certain nombre de Lyonnais (207) pris au passage.

J. L.
Les Annales algériennes (11-12-1892)

Le colon (1903)
Envoyé par M. Christian Graille

                  Un cœur, une intelligence, des muscles ; une énergie morale puissante qui crée la bravoure d'un instant devant le fauve et la ténacité froide en face de cet autre fauve :
                  - l'adversité,
                  - la possession de faibles ressources et
                  - la connaissance précise de mille dangers ;
                  - une existence d'activité
                  - de privations,
                  - de périls, qui parfois s'achève avec le calme stoïque du héros et du martyr,
                  - une route souvent douloureuse éclairée par le flambeau divin du Progrès.

                  A ces traits, dignes d'être ciselés dans le bronze et creusés par le marbre, reconnaissez, respectez, admirez le colon.
                  C'est un homme. Il ne lui manque aucune des qualités de sa race ; il les possède toutes à un haut degré.
                  Dans un pays hostile, ennemi de toute énergie neuve par suite de la routine de ses habitants et de l'inertie décevante de sa nature, il vérifie ce qu'il touche, il se suffit à soi-même et suffit aux autres ; là, où tant de misérables ne savaient que végéter, il sème le grain des moissons fécondes ; là où tant d'êtres ne savaient que gémir, il illumine les âmes avec les rayons de la beauté morale.
                  Il devient un spécimen merveilleux et rare de la société.

                  En lutte quotidienne avec le climat, le sol, les fauves, la tradition, les instincts, il s'est aguerri merveilleusement.
                  Au physique c'est l'athlète, au moral c'est l'énergie même. Il a acquis la connaissance pratique et sûre, la saine intelligence qui lui permet d'analyser toute chose au creuset de la raison et de n'en dégager les préjugés vains, scorie impure.

                  Le colon est une unité humaine, c'est un homme, c'est l'homme même.
                  Un jour, on lui élèvera des statues ; pour l'instant il est déprécié, souvent méconnu. Ne cherchez pas bien loin la cause de cette injustice : démasquez l'ignorance, l'égoïsme, l'orgueil, stigmatisez l'envie du prochain qui réussit et le mépris qu'on a pour lui quand il tombe ; puis de ces deux facteurs de l'activité humaine et de l'unité morale du globe, la pensée et l'action, celle-ci n'a pas d'éclat quand elle est individuelle ; elle est simple et cette simplicité lui fait trouver un air de roture qui la déprécie à valeur égale, devant l'aristocratique pensée.

                  Mais pendant que vous élevez des autels au penseur qui dépeint la cité future, le colon, avec bien moins d'éclat mais bien plus d'énergie, jette les fondements puissants et pénibles de la société qu'on nous fit voir en rêve et lui consacre ses forces, son intelligence et sa vie.
                  Quel stupide préjugé a jeté sur son nom le synonyme menteur, aventurier ?
                  Quelle grossière superstition l'a montré trafiquant ambitieux, comme s'il était deux hommes au monde qui n'aient pas le désir d'améliorer leur sort, de posséder ?
                  Alors, ô gens pusillanimes et illogiques, avouez que ceux-là qui s'en vont bien loin dans les steppes jusque-là infécondes, ont un stimulant qui est aussi le vôtre ; l'appât. Et quand ils tombent, soldats à l'avant-garde du monde, ayez un peu de tristesse, au nom de vos fils, pour le bonheur desquels ils sont tombés.

                  J'en connais un. C'est un homme merveilleux. Bâti comme Apollon, il a des muscles d'acier, une volonté de fer, une humeur égale, sereine et riante qui adoucit les pires amertumes.
                  Né en Lorraine, sur les antiques marches de la Gaule, il a :
                  - le franc-parler,
                  - l'œil droit et clair,
                  - le geste prompt,
                  - le jugement sûr.

                  Sergent des zouaves, un des premiers il partit au Tonkin à l'appel des renforts demandés par Courbet.
                  Il vit le glorieux amiral, il fut à Son-Tay, à Lang-Son, il débloqua Tuyen-Quan. Parmi tant d'autres, il fut un héros.
                  La campagne décisive étant achevée, il était adjudant. Jeune encore il eût pu aspirer à mieux, devenir officier. Mais sous la brutale caresse du soleil des tropiques, sous la pluie triste et tiède inondant les rizières fangeuses, dans la brousse sauvage et déserte, devant cette nature en opposition frappante avec celle du doux pays de France, il avait trouvé son chemin de Damas.
                  Il serait colon.

                  Par l'épée et la charrue, disait Bugeaud. Telle fut la directrice des actions de l'ancien sergent, mais c'est surtout à l'œuvre du colon que vont mes sympathies et mon admiration.
                  - Une ambition
                  - une vie,
                  - la santé,
                  - les forces,
                  - le reliquat d'un héritage,
                  - enfin les seules ressources et les seules énergies d'un être furent pendant dix ans en antagonisme, bien mieux, en guerre sourde, continue implacable avec :
                  - le climat qui tue
                  - le soleil qui brûle,
                  - la pluie qui inonde,
                  - les typhons qui dévastent,
                  - les Annamites qui obéissent par crainte,
                  - les pirates qui volent et assassinent par métier !

                  Dites-moi ce que pèsent dans la balance de l'éternelle équité, les alarmes des camps et la souffrance d'une collectivité d'hommes animés du même souffle moral, heureux des mêmes joies, tristes des mêmes revers, auprès de la désespérance qui rôde invisible mais imminente autour du cœur d'un homme isolé et assailli par tant d'adversaires.
                  En vérité, le colon est un homme et sa disparition serait, pour un État, une grande perte et un symptôme de dégénérescence caractéristique.

                  Donc, l'ancien sergent fut colon, c'est-à-dire qu'il sut être tour à tour :
                  - l'agriculteur intelligent,
                  - l'éleveur perspicace,
                  - l'architecte et le maçon,
                  - l'artisan industrieux qui élève les vers à soie, cultive les mûriers, dirige des métiers à tisser,
                  - le soldat vigilant qui sait protéger ses biens, sa vie et la vie des siens,
                  - le médecin patient et obstiné,
                  - le prêtre enfin qui dans les âmes sut éveiller, diriger, fortifier les premiers balbutiements de la conscience universelle.

                  Il ne succomba point à la tâche, mais la lutte fut âpre et rude. Une nuit, il fut attaqué en force par les pirates qui en voulaient à sa vie et voyaient un ennemi redoutable dans un pacificateur modeste qui avait su amener à la France tous les Annamites d'un canton.
                  Le sergent ne fut au-dessous ni de sa réputation, ni de son courage.
                  Réfugié avec dix Annamites dans un fortin qu'il avait bâti et garni de vivres et de munitions, il résista pendant trois jours sous le vieux pavillon tricolore qui flottait doucement sous le soleil. Sur le point d'être pris d'assaut, il fit tout sauter, eut le bonheur de mettre les Chinois en déroute et se relever vivant.

                  Sous les décombres, il trouva, blessé, le chef des pirates. Phu-Si, qu'il coucha dans son propre lit, soigna pendant deux mois et mit sur pied.
                  Phu-Si, avait une âme simple, tout d'une pièce, qui se transforma sous l'effet de cette générosité inconnue et le pirate devint l'hôte, puis l'ami du colon ; il est vrai que son humeur guerrière eut des soubresauts, des révoltes même qu'il apprit à contenir, ou à dépenser dans les chasses au tigre, ou la capture des buffles.
                  Aujourd'hui, quinze ans sont passés. L'ancien sergent est très riche, c'est un des personnages du Tonkin, il a fait venir près de lui ses deux neveux, fils de son frère aîné, mort sous Metz en soldat.
                  Reviendra-t-il en France ? Je ne le crois pas, me dit-il un jour.
                  Cette âme cornélienne doit être pénétrée par ce beau ver de Rodogune :
Mais lorsqu'un digne objet a pu nous enflammer,
Qui le cède est un lâche et ne sait pas aimer.

                  et je pense que sur la tombe qui lui sera creusée à l'ombre des cocotiers, son désir secret serait qu'on écrivit : Ci-gît un colon.

Yatch.
Les Clochettes algériennes et tunisiennes (19-04-1903)


 La colonisation (1880)
Envoyé par M. Christian Graille

                 Dès les premiers jours de la conquête, malgré l'absence de plan chez nos gouvernants, le problème de la colonisation s'imposa.
                Aux portes d'Alger des terres étaient abandonnées ; il se présenta des colons pour les mettre en valeur, et les premières cultures furent entreprises sous la protection de nos baïonnettes et avec l'aide de nos soldats.
                Quelques grandes concessions furent données, notamment le beau domaine de la Régaïa, comprenant cinq fermes, avec les prairies du Hamiz, dont on fit cadeau à un réfugié polonais, prince ruiné, qui ne sut en tirer parti

                Peu à peu les colons s'avancèrent dans la Mitidja, et nous avons vu que, lors de la levée de boucliers de 1840, ces hardis pionniers furent forcés d'abandonner leurs fermes pour se réfugier à Alger, et que ceux qui s'attardèrent furent impitoyablement massacrés.
                Ces premiers essais ne furent pas heureux. On songea alors à établir des colonies militaires, comme celles de nos devanciers, les Romains.
                On pensait avec raison que les soldats formeraient une solide barrière contre les dépravations et les attaques des indigènes, qu'ils s'attacheraient à leurs champs et resteraient dans les villages à l'expiration de leur congé.
                Un arrêt de 1er octobre du maréchal Valée fonda, à Coléa, la première colonie militaire composée de trois cents soldats qui reçurent chacun quelques hectares et un emplacement à bâtir dans le centre.

                Différentes conditions leur étaient imposées pour qu'ils devinssent propriétaires définitifs de leurs concessions. Ce système qui fut repris par le maréchal Bugeaud et appliqué dans différentes localités, ne donna pas de résultats satisfaisants car les soldats rentrèrent presque tous chez eux, abandonnant leur propriété éventuelle. Néanmoins il permit d'étendre la zone de colonisation en procurant aux véritables cultivateurs un peu de sécurité
                Les premières concessions accordées aux civils ayant donné lieu à des spéculations, ce qui était inévitable, le gouvernement général s'appliqua à réglementer le régime des distributions de terres dans le but d'empêcher le trafic des gens qui ne cherchaient nullement à coloniser.

                On imposa aux concessionnaires des clauses dites résolutoires se résumant à peu près à ceci :
                1° Construire une maison d'exploitation en rapport avec l'étendue de son terrain ;
                2° planter un certain nombre d'arbres par hectare ;
                3° défricher et mettre en valeur ses terres ;
                4° les entourer d'un fossé ou d'une haie.


                Pour en assurer l'exécution, on ne délivra au colon qu'un titre provisoire. (Arrêté du 4 mai 1841 ; ordonnance des 21 juillet, 1er septembre 1845 ; ordonnances des 5 juin et 1er juillet 1847).
                Des inspecteurs, dits de colonisation, vérifiaient après un temps donné l'état de la concession et, si les conditions avaient été remplies, le concessionnaire recevait un titre définitif ; sinon, il était ajourné ou évincé.
                On saisit facilement les inconvénients d'un tel système. Ces entraves, cette instabilité ne pouvaient que paralyser l'initiative individuelle et en arrêter les féconds effets.
                Cependant de courageux colons se mirent à l'œuvre et fondèrent les villages de la banlieue d'Alger et de la plaine.
                Les difficultés étaient grandes, bien que la terre fût riche ; mais elle était couverte de palmiers-nains qu'il fallait extirper ; et puis, on avait non seulement à lutter contre les pillards mais contre un ennemi plus terrible : la fièvre.
                Beaucoup de villages actuellement ombragés, sains, paisibles, étaient entourés de marais aux exhalaisons délétères et dévorèrent leur population renouvelée successivement trois fois. Il en fut de même aux environs de Bône et de Philippeville aussi bien que dans la province d'Oran.

                Nous avons vu que le gouvernement républicain en 1848 s'occupa avec sympathie de l'Algérie. La terrible révolution de juin, en lui imposant la nécessité de fournir du pain à un grand nombre d'ouvriers inoccupés, le poussa à les utiliser pour la colonisation de ce pays.
                Un décret de l'Assemblée Nationale des 19 septembre et 3 octobre 1848, affecta à cette entreprise un crédit de cinquante millions et décida que des lots de terre seraient accordés aux colons, sous les conditions générales du régime des concessions.
                Un arrêté ministériel régla les détails d'application. On donna aux colons :
                - Une maison dans le village à peupler,
                - un lot de 2 à 12 hectares par famille,
                - les semences et les instruments de culture, et enfin
                - des vivres et des secours en argent jusqu'à ce que les terres fussent " mises en valeur ".

                A cela on ajouta des prêts de bestiaux. Les ouvriers d'art furent particulièrement avantagés.
                Douze mille colons devaient être installés dans ces conditions en 1848, mais ce chiffre fut même dépassé ; il atteignit 13.500 personnes la première année et, en 1850, il s'élevait à 20.000. On les répartit entre quarante-deux localités dans les trois provinces.
                Cette entreprise qui rappelle l'essai de colonisation de la Guyane par le duc de Choiseul aboutit à un échec qui, heureusement, ne fut pas un désastre. Cet insuccès fut dû à des causes multiples dont nous nous bornerons à indiquer les principales :
                Le personnel, composé presque uniquement d'ouvriers de grandes villes était le moins possible apte au but auquel on le destinait ; enfin les concessions étaient trop petites.

                D'autre part les avantages faits aux colons n'eurent que ce résultat de leur donner l'habitude de vivre sans rien faire, ce qui prouve une fois de plus que l'homme ne profite que de ce qu'il a gagné à la sueur de son front.
                Quand les secours furent coupés, ils disparurent. Rien de curieux comme le rapport de M. L. Reybaud, membre de la commission envoyée en 1849 par l'Assemblée Nationale pour examiner sur place la situation des colons.
                Les faits relevés par le spirituel rapporteur sont caractéristiques et méritent de fixer l'attention du moraliste comme de l'économiste. Ces braves gens qui, dans les clubs de Paris, faisaient du communisme montrèrent combien il y a loin de la théorie à l'application.

                Cependant tous ces centres fondés sont devenus des villages dont plusieurs se trouvent actuellement en pleine prospérité ; il est vrai que trente ans se sont écoulés et que bien des transactions ne sont pas opérées depuis. L'échec n'a donc pas été absolu.
                Partout il resta un noyau de colons qui ajoutèrent à leurs concessions les champs de ceux qui avaient disparu et auxquels vinrent s'adjoindre de véritables cultivateurs.
                Quand il fut bien prouvé que le colon soldé et entretenu ne donnait pas les résultats attendus, on en revint au système ordinaire des concessions et l'on distribua des terres aux environs des centres nouvellement occupés dans l'intérieur ; la superficie attribuée à chaque famille fut portée à une moyenne de vingt-cinq hectares (vers 1855).

                En outre des traités furent passés avec des sociétés de capitalistes auxquels on accorda de vastes périmètres, à la condition d'y créer des villages. La société genevoise, l'une d'elles, établie aux environs de Sétif, fut une des premières tentatives de colonisation anonyme réalisée en Algérie, si l'on en excepte, toutefois les entreprises de communautés religieuses, dont l'une, celle des Trappistes de Staouéli a été couronnée de succès.

                A partir de 1850, la colonisation prit un réel essor. En un grand nombre de localités, le pays fut réellement transformé. Malheureusement les cultivateurs étaient obligés de chercher leur voie et perdaient un temps précieux en fausses manœuvres :
                - Les uns arrivaient de leur pays avec des idées préconçues, ce qui était fort mauvais en général, mais surtout en matière de culture, et ne connaissaient que des procédés routiniers de leurs aïeux ;
                - les autres, plein d'illusions croyaient que leurs terres étaient destinées à les enrichir par des productions exotiques ou inconnues.
                - Des utopistes que l'Administration soutint trop souvent, lançaient telle plante, tel arbre, dont ils célébraient, avec pompe, les avantages : On s'engouait pour cette nouveauté, on se disputait les grains et les plans et ce n'était qu'après plusieurs années d'efforts qu'on se convainquait de son illusion.

                Perte matérielle, découragement, telles étaient le fruit de ces prétendues découvertes ; ce fut la cause de bien des échecs.
                Il s'agissait non seulement de travailler courageusement et d'avoir des avances permettant d'attendre ; il fallait encore prouver la manière de procéder propre au pays, et ce procédé devait être variable, selon la nature très diverse des localités. Après la réaction qui fut la conséquence du voyage de l'Empereur, c'est-à-dire à partir de 1860, et pendant la tentative folle de création d'un royaume arabe en Algérie, il ne se donna plus de concessions aux particuliers.
                Le sénatus-consulte de 1863, en attribuant toutes les terres aux indigènes, dépouilla le patrimoine de la colonisation.
                Il ne resta que les terres domaniales dont la superficie n'était un peu considérable que dans les azels (réserves) de la province de Constantine. Néanmoins, le pays continua à progresser, lentement, il est vrai, mais régulièrement, et rien n'indiqua que la liquidation annoncée fût proche.

                Le gouvernement impérial, comme s'il revenait sur les erreurs de son programme, avait conclu, avec une société financière qui prit le nom de société générale algérienne, un traité par lequel il lui concédait cent mille hectares, à charge pour elle de mettre ces terres en valeur et de fournir, en plusieurs anuitées, une somme de cent millions, pour les travaux publics.
                Elle était en outre autorisée à faire des opérations de banque. On avait fondé des espérances sur cette affaire mais le résultat fut à peu près nul pour la colonisation.
                Quelques villages furent établis par la compagnie, pour la forme, mais la grande majorité des terres fut simplement louée aux indigènes.
                On sait comment cette société sombra, malgré les bénéfices réalisés par elle en Algérie ; quant aux cent millions, ils n'ont pas été entièrement versés.

                Après la révolte de 1871, l'amiral De Gueydon frappa de séquestre les tribus insurgées et un certain nombre de ces territoires qu'on avait si généreusement donné aux indigènes se trouvèrent disponibles pour la colonisation.
                C'est ainsi qu'on pénétra dans les riches vallées de la Kabylie, qui sans cela, nous auraient été fermées pour longtemps.
                Une loi du 15 septembre 1871 avait attribué cent mille hectares aux émigrés d'Alsace et de Lorraine ; un décret du Président de la République (16 et 28 octobre 1871) régla le mode de distribution de ces terres.
                - Le titre I dispose que le concessionnaire qui pourra justifier de la possession d'une certaine somme et s'engagera à la dépenser pour la mise en valeur de son terrain, en deviendra propriétaire définitif, aussitôt qu'il aura établi que les dépenses ont été faites. Il va sans dire qu'il se trouva peu de colons de cette catégorie.
                - Le titre II s'appliqua au plus grand nombre et apporta une véritable innovation au régime établi jusqu'alors. La concession fut transformée en un bail de neuf ans avec promesse de remise en toute propriété après ce délai, si les conditions de résidences et de mise en valeur imposées avaient été exécutées.

                C'était une aggravation considérable des anciennes clauses résolutoires ; de plus, le droit par trop aléatoire du colon lui enlevait la faculté d'effectuer le moindre emprunt puisqu'en réalité il n'était que locataire et ne pouvait donner de gage.
                Ce fameux titre II, dont la paternité fut attribuée à l'amiral, souleva contre lui de légitimes critiques de la part des Algériens et de leurs assemblées électives. De plus le décret ne faisait aucune part aux gens du pays, aux fils de colons des premiers jours dont le patrimoine si restreint n'était plus en rapport avec l'augmentation de la famille. Ils demandaient depuis longtemps des terres et si on les avait admis dans de nouveaux villages ils auraient pu, par leur expérience, être fort utiles aux immigrants. Le gouvernement fut amené bon gré, mal gré, à faire modifier le décret afin de garantir les prêteurs par un engagement de l'Administration de laisser vendre, au besoin, la concession à leur requête.

                Plus tard on réduisit à cinq ans la durée du bail. (Décret du 15 juillet 1874). On se décida aussi à accorder des terres aux Algériens mais à la condition qu'ils ne fussent pas célibataires, ce qui était une façon un peu arbitraire de provoquer l'augmentation de la population. Environ 2.200 familles d'Alsaciens-Lorrains représentant à peu près 10.500 personnes arrivèrent en Algérie après l'annexion de leur pays. Patronnés par des comités disposant de sommes importantes, reçus à leur débarquement par des délégués chargés de leur fournir la nourriture et des secours, placés par l'administration au milieu de fort beaux territoires dans des villages où l'on avait préparé de petites maisons pour les abriter, ces immigrants se trouvèrent à peu près dans les mêmes conditions que les colons de 1848, avec cet avantage sur eux qu'on leur donna quatre fois plus de terrain.

                On ne tint aucun compte des leçons de ce premier essai et on retomba dans les mêmes erreurs. L'élément immigrant ne valait guère mieux car les cultivateurs s'y trouvaient en minorité. La plupart des Alsaciens étaient des ouvriers de fabrique, peut-être très attachés à la France mais dont la moralité et l'esprit de conduite laissaient trop souvent à désirer ; il y avait cependant d'honorables exceptions. Malgré les efforts des comités et de l'administration, malgré les secours envoyés pendant plusieurs années de France, la réussite fut peu brillante comparativement aux efforts et aux sacrifices faits.
                Quand on cessa de distribuer de l'argent et des vivres, un certain nombre d'Alsaciens :
                - rentrèrent chez eux ou se dispersèrent,
                - d'autres attendirent l'expiration des cinq ans du bail,
                - vendirent leurs concessions depuis longtemps grevées et
                - disparurent.

                Il faut reconnaître néanmoins, et nous le faisons avec plaisir, que dans les immigrants de 1871 se trouvaient de bons travailleurs dont quelques-uns ont réussi à force de persévérance. Il faut reconnaître également qu'ils ont eu contre eux cette circonstance défavorable d'avoir à supporter, au début, plusieurs années de mauvaises récoltes. Enfin, non seulement on leur a mesuré trop parcimonieusement la terre mais encore leur concession a été fractionné en quatre lots répartis en autant de zones concentriques, entourant le village, de sorte que le lot le plus étendu s'est trouvé le plus éloigné ; nous connaissons un centre dont les colons ont leur grand lot de culture à six kilomètres de distance. Cependant partout où ces villages ont été établis, il est resté un groupe de cultivateurs bien fixés au sol : dans la vallée de l'Isser, dans celle du Sahel, aux environs de Djidjelli et de Mila. Il en est donc résulté une réelle extension du périmètre colonisé. Le décret porte qu'il leur sera donné de 3 à 10 hectares par tête, en comptant les enfants et les domestiques comme unités.

                Sous l'administration du général Chanzy, il a été donné une grande quantité de terres, et les colons algériens en ont largement profité. En somme il en a été de la colonisation faite depuis 1871, comme des précédentes ; malgré de nombreux échecs isolés, un vaste pays, précédemment occupé par les indigènes se trouve maintenant aux mains des Européens. Ceux-ci possédaient en 1877 en chiffres ronds 1.031.095 hectares.
                Un résultat a donc été obtenu. Aurait-il pu l'être au prix de moins d'insuccès particuliers ? Nous le pensons et c'est un sujet qu'il y a lieu de traiter à fond. L'Algérie cultivable est divisée en deux zones principales.
                - Le littoral comprenant des vallées arrosées et de riches plaines d'alluvions, contrée fertile par excellence, suffisamment pourvu d'eau et qu'un climat chaud rend apte aux cultures les plus diverses et notamment à la production des primeurs et des fruits du midi. La petite culture y est déjà possible et largement rémunératrice.
                - L'autre zone est celle du tell composée de montagnes, de vallées et de plaines s'élevant successivement pour atteindre la région des hauts plateaux qui précédent le Sahara. Les terres y sont également fertiles, mais les eaux, s'écoulant vers le littoral par des pentes souvent raides y sont plus rares ; le climat plus froid ne permet pas de cultures d'hiver.

                Enfin les parties montagneuses, les mamelons qu'on ne peut labourer diminuent grandement la superficie des terres cultivables. C'est la région spéciale à la culture des céréales et à l'élevage des troupeaux. Quand les hivers et les printemps sont pluvieux, les récoltes y sont fort belles. Mais dans les périodes de sécheresse, le blé et l'orge rendent très peu et le colon n'a aucune autre culture pouvant lui donner de réelles compensations.

                La vigne paraît devoir être, aussi bien pour le littoral que pour le Tell, une ressource inappréciable, si nous avons ce bonheur que le phylloxéra ne pénètre pas en Algérie. Mais la vigne demande de grands frais de plantations et d'entretien ; et il faut attendre plusieurs années avant d'en recueillir les fruits. Le genre des cultures et les ressources de la terre sont très variables selon les localités et que si le colon est à son aise avec quelques hectares irrigables sur le littoral. Il est malheureux avec cinquante hectares dans le Tell s'il a à lutter contre de mauvaises récoltes et qu'il n'ait pas d'autre industrie. Les bestiaux seraient pour lui une excellente ressource ; mais peut-il avoir un troupeau quand il habite un village et a une quarantaine d'hectares divisés en quatre lots distincts éloignés les uns des autres ?
                La vie du colon en village qui offre de grands avantages au point de vue de la sécurité et de l'appui mutuel, n'est possible que dans un pays de petite culture, car dans le Tell il faut de grands terrains et la logique veut en raison même de l'étendue de la propriété que le colon n'habite pas loin afin d'éviter le double inconvénient du temps perdu dans un long trajet au soleil, pendant l'été, et de l'impossibilité de surveiller des fruits toujours exposés aux entreprises des voleurs. Le système des villages a été combattu depuis longtemps et notamment par un économiste de grande valeur, M Jules Duval en 1854. Nous savons qu'on a donné des fermes isolées de 40 à 50 hectares dont les concessions n'ont pas mieux réussi. Pourquoi ? Parce qu'ils n'avaient pas de ressources.
                Comment veut-on que l'homme qui, ne possédant rien, va s'établir sur sa concession, réalise ce problème de la mettre en valeur, et, à cet effet, défricher, planter, chercher où aménager l'eau, construire etc., et de vivre, lui et sa famille, en attendant les récoltes ? C'est absolument impossible.

                Aussi qu'arrive-t-il le plus souvent ? Le malheureux colon s'installe comme il le peut, sur son terrain dans une chaumière qui l'abrite fort mal contre les intempéries de l'hiver et les chaleurs de l'été.
                Il deviendra bientôt la proie de la fièvre ou de toute autre maladie et n'a pas les soins nécessaires. Néanmoins il résiste aux privations et à la misère et travaille soutenu par ce mirage : l'espoir d'être propriétaire s'il a triomphé de la maladie et échappé aux coups des indigènes ; il va enfin arriver ce jour où la législation lui permet d'emprunter sur sa terre. Il croit se sauver et cependant il s'enlève une chance de réussite.
                En effet, non seulement il sera grevé du service des intérêts de son emprunt, ce qui réduira ses maigres revenus ; quand arrivera le moment de rembourser, il ne pourra le faire ; où prendrait-il cette somme ?
                Tout donc a été absorbé sans créer une nouvelle source de revenus, au contraire, en les diminuant et bientôt le malheureux est exproprié ; il maudit en la quittant cette terre où il a passé sans profit quatre ou cinq années de misère et où il laisse peut-être le tombeau de plusieurs des siens.

                Quiconque a vu de près le colon reconnaîtra l'exactitude de ce tableau. Tel est en général le sort de celui qui ne possède pas de ressources pécuniaires et n'a pas d'autre industrie que la culture. Celui qui a des avances liquides ou qui est ouvrier et peut exercer un métier :
                - maçon, boulanger, menuisier, forgeron, aubergiste même où qui obtient un petit emploi :
                - cantonnier, garde des eaux, facteur etc.,
                et dans une toute autre situation car le peu qu'il gagnera lui assure sa subsistance, tous les produits de la campagne sont un supplément et, s'il est rangé, il peut les employer en amélioration. Ceux-là ont généralement réussi.

                Quant à l'emprunt il est le plus souvent cause de la ruine du colon, sauf s'il emploie les fonds à acheter des terres dans de bonnes conditions, parce qu'alors il se crée une augmentation de revenus ; dans le commerce ou l'industrie un prêt peut-être avantageux parce qu'il permet de réaliser des bénéfices souvent considérables ; mais pour la culture, il n'y a pas de coups de fortune à espérer et ce n'est que le plus strict calcul et le moins d'avances de fonds qu'on peut y réussir ; et puis, ce n'est pas le tout d'emprunter, il faut rendre.
                Il est une autre catégorie de petits cultivateurs venus dans ce pays sans le moindre capital et qui néanmoins ont su s'y faire une position. Ce sont les Espagnols, gens travailleurs par excellence, durs au climat, d'une sobriété étonnante et d'un caractère sur lequel la nostalgie n'a pas prise.
                Leur réussite dans la province d'Oran où, cependant, ils trouvaient des terres infestées de palmiers nains, est remarquable. Certains Italiens des pays pauvres, des Corses, tous gens doués de qualités qui les rapprochent des précédents ont su également triompher des obstacles des premiers jours et s'établir sérieusement. Par exemple ils n'ont rien emprunté ; enfin, parmi les Français, ceux qui réussissent le mieux sont des gens des Pyrénées ou des pays pauvres du midi. Il va sans dire qu'il y a des exceptions ; nous citerons notamment le village comtois de Vesoul-Bénian, près de Miliana, le village allemand de Sidi-Lachen, près de Bel-Abbès, etc.

                Le cultivateur français émigre peu, et cela se conçoit puisqu'il trouve avec tant de facilité dans notre féconde patrie, une vie plantureuse.
                Ceux qui se décident à chercher fortune ailleurs ont généralement échoué dans leur village ; ce n'est déjà pas la crème des fermiers. Ils n'ont pas su réussir chez eux, où ils n'avaient pour ainsi dire qu'à se laisser vivre, et ils partent dans l'espoir de trouver, avec moins de peine, une existence plus agréable.
                Aussi quelle n'est pas leur désillusion quand ils voient de près ce qu'est la rude vie de colon ! L'énergie qui leur faisait défaut en France est bien vite épuisée en Afrique. Bientôt ils ne songent qu'à regagner leur village et ils fuient ce pays qu'ils avaient entrevu comme un Eldorado et où ils n'ont trouvé que la misère, les privations et la maladie.

                On l'a dit bien des fois, l'Algérie est trop près de la France ; on peut y renter comme on veut, même sans argent, même par un coup de tête, et, de retour au pays on justifie son insuccès par des récits fantaisistes qui enlèvent aux compatriotes toute velléité d'imitation.
                Il n'en est pas de même pour les contrées éloignées ; quand on y est, il faut rester même après des revers et souvent en se remettant à l'œuvre, on réussit. Fidèle au principe que nous nous sommes tracé en écrivant ce livre, nous disons la vérité, toute la vérité. Les gens forts doivent savoir l'entendre. Les échecs des colons isolés ont été nombreux ; nous avons tâché d'en indiquer les causes ; mais cela ne nous empêche pas de croire fermement à l'avenir de la colonisation française en Algérie ; il n'y a pour cela qu'à constater les résultats obtenus.
                Partout où l'on a donné des terres il est resté un noyau de colons bien fixés au sol qui ont su trouver le procédé propre à leur contrée et qui sont l'avenir du pays. Un grand nombre de villages fondés il y a vingt ou trente ans après avoir passé par diverses vicissitudes et avoir été presque abandonnés ont maintenant une population trop nombreuse et qui, par suite du manque de terre, est forcée de se dédoubler

                Nous avons exposé, aussi longuement que l'exiguïté de notre cadre nous le permettait, les différents systèmes qui ont été appliqués et nous en avons fait ressortir les inconvénients.
                Examinons maintenant ce qu'on aurait pu, ce qu'on pourrait encore faire. Monsieur Lestiboudois dans un rapport rédigé en 1853 sur l'état de la colonisation en Algérie, après avoir apprécié les différentes causes ayant amené l'insuccès des colons en 1848, s'exprime comme suit :
                " L'État a pour mission d'assurer les indispensables condition de la prospérité coloniale, ce sont :
                1° la sécurité,
                2° l'étendue des terres,
                3° un régime libre, c'est-à-dire la libre action des personnes, la libre disposition des biens,
                4° les voies de communication,
                5° un marché où les colons puissent placer d'une manière assurée leurs produits….. "


                Ce programme est fort bon, à l'exception peut-être du dernier desideratum qui est en contradiction avec les lois économiques, en faisant sortir l'État de son rôle.
                Toutes les autres conditions sont de nécessité absolue et, il faut convenir qu'elles ont généralement manqué :
                - La sécurité n'a pas été et n'est pas suffisamment assurée.
                - L'étendue des terres a été ridiculement insuffisante
                - La liberté des personnes a été souvent contrariée, notamment dans ces villages placés sous la direction d'un officier qui envoyait tous les colons à l'ouvrage ou à la messe au son du tambour.
                - La liberté des transactions a manqué puisque le concessionnaire ne pouvait disposer de son bien.
                - Enfin les voies de communication, malgré de réels sacrifices faits par l'administration sont restées longtemps à l'état rudimentaire et ne sont pas complètes maintenant.

                Ici vient se placer la question de la vente des terres. A priori, il semble que ce mode eût présenté de grands avantages ; mais on objecte que la spéculation en aurait profité et que les gens, après avoir acheté de vastes domaines auraient attendu la plus-value sans y faire la moindre amélioration, de sorte que la colonisation n'en aurait retiré aucun profit.
                Cette objection ne manque pas de force ; il est vrai qu'on aurait pu imposer certaines clauses à l'acquéreur, mais il aurait été toujours difficile d'établir une sanction car rien ne prévaut contre les principes, et, quand on a acheté et payé une chose, on en est maître.
                Eh bien ! Malgré les inconvénients de la vente, nous déclarons qu'à notre avis ce mode est préférable et que la spéculation ne nous fait pas peur, parce que la spéculation, c'est la vie, tandis que la réglementation outrée entraîne la stérilité. Si l'on écarte la vente, reste la concession.

                Or si l'on adopte ce dernier système et qu'on le débarrasse de ses entraves pour se conformer aux principes de M. Lestiboudois, la libre disposition des biens, on ne pourra davantage empêcher la spéculation. Et même avec les entraves actuelles ne s'exerce-t-elle pas ?
                Mais quel que soit le système adopté, nous pensons que pour une colonisation qui s'établit dans les régions ordinaires du Tell, il faut dès le début de vastes terres, avec la ferme au milieu de la propriété, dans un endroit dominant et bien exposé, comme les Romains savaient les choisir. Cette ferme doit former un quadrilatère entouré de murs solides pour que les indigènes ne puissent, en une nuit, pratiquer des trous afin de défier l'escalade.
                Là où tout est en sécurité, les hommes peuvent se reposer tranquillement du travail de la journée et les bestiaux ruminer à leur aise dans la cour ou les hangars à l'abri des intempéries et hors de l'atteinte des voleurs.
                Enfin en cas d'insurrection, la ferme devient un petit fort facilement défendable.
                Pour procéder de la sorte il faut des capitaux ; c'est la condition sine qua non de la réussite ; or l'argent ne manque pas en France. Il faut aussi des hommes actifs, intelligents et surtout bien au courant des choses du pays pour diriger ces exploitations.

                Mais en procédant ainsi, quelle différence dans les résultats ! Ce qui tue le colon, c'est son isolement ; son effort est perdu parce qu'il n'est pas complété par un autre effort ; il ne peut résister à ses ennemis : la maladie, les privations et les voleurs, parce qu'il n'est pas organisé et qu'il est seul.
                Combien cet homme serait plus heureux s'il arrivait dans une vaste exploitation où il travaillerait comme fermier ou colon partiaire, ayant sa subsistance et sa sécurité assurées et certain d'être soigné à temps s'il tombait malade ! Et, quand il aurait réuni un certain pécule et acquis l'expérience du pays, il posséderait les éléments pour réussir et pourrait devenir propriétaire à son tour.
                Voilà, à notre avis, la seule voie logique à suivre en Algérie. Il est vrai que les terres disponibles deviennent rares ; mais le domaine qui a su les conserver et fournir, jusqu'à ce jour aux besoins, en possède bien encore. Quant aux capitaux, ils sont nombreux en France où ils ne rapportent qu'un intérêt minime.

                N'arrivera-t-il pas un moment où les capitalistes, au lieu de risquer leur fortune dans des affaires immorales ou des prêts à l'étranger, préfèreront les employer activement dans des entreprises agricoles en Algérie ?
                Le jour où ils s'y décideront, fut-ce demain, ils trouveront dans tous nos villages une jeune génération, forte, intelligente, ayant l'expérience du pays et dont ils pourront tirer un excellent parti.
                Nous pensons donc, qu'au lieu de procéder, comme on l'a fait, en partant de la petite propriété pour arriver à la grande par le groupement de plusieurs concessions abandonnées, il faut débuter par la grande propriété pour arriver à la petite.
                Quant aux ressources que l'agriculture peut fournir, elles sont grandes. En première ligne se placent les céréales, la production spéciale du Tell, et d'abord :
                - le blé et l'orge, puis
                - l'avoine,
                - les fèves,
                - le maïs,
                - le sorgho.
                Cette culture est en grande partie aux mains des indigènes qui souvent travaillent encore comme colons partiaires pour les Européens.
                Leurs procédés sont des plus primitifs et cependant, quand l'année est favorable, les récoltes sont fort belles ; ils ont, en outre, l'avantage d'être peu coûteux. La culture faite par les Européens donne des résultats bien supérieurs, mais les frais sont incomparablement plus élevés, la main d'œuvre agricole étant très chère ; néanmoins dirigée par des mains expérimentées elle peut encore donner de beaux résultats. Les fermiers sont rares, et il en sera ainsi tant qu'on donnera des concessions aux gens susceptibles de l'être.

                La production des céréales, en 1874, année fort moyenne a été de :
                - 5.611.894 quintaux de blé dur,
                - 1.215.694 de blé tendre,
                - 8.000.656 d'orge,
                - 240.851 d'avoine,
                - 13.174 de seigle,
                - 225.576 de sorgho.

                Voici les chiffres de 1877, année médiocre :
                - 3.049.200 de blé dur,
                - 770.938 de blé tendre,
                - 062.495 d'orge,
                - 317.796 d'avoine,
                - 8.312 de seigle,
                - 101.284 de sorgho.

                La différence en moins l'année précédente, est d'environ huit millions et demi de quintaux. Après les céréales la culture qui est appelée au plus grand avenir est celle de la vigne. Déjà la qualité d'hectolitres de vin produit se chiffre par centaines de mille et augmente rapidement. On consomme en outre beaucoup de raisin de table et on en fait sécher.
                Tous les terrains paraissent convenir à la vigne, mais pour savoir quels cépages seront mieux appropriés aux localités, il faut le temps et l'expérience.
                Les procédés de fabrication du vin qui doivent être modifiés selon les conditions climatériques du pays et la nature du raisin.
                Si le phylloxéra nous épargne, la vigne seule pourra faire la richesse de l'Algérie. Les vignerons de l'Hérault, du Gard, du Vaucluse, du Var, ruinés par le fatal insecte, commencent à comprendre et à venir, sur cette terre d'Afrique, refaire leurs vignobles détruits.

                En 1877, le nombre d'hectares cultivés en vigne était de 17.728 ; il doit être maintenant de 25.000.
                Les cultures maraîchères, pour la consommation locale, et celle des primeurs, pour l'exportation, constituent un revenu important. Les Mahonnais des environs d'Alger ont réussi, à cet égard, d'une manière admirable, et il est certain que leur exemple pourrait être suivi sur tout le littoral et que l'Algérie serait en mesure de fournir des légumes frais à une partie de l'Europe, en hiver.
                Comme cultures industrielles, le tabac, le lin, la ramie ( fibre textile.) donnent de bons résultats. Le coton réussit dans quelques localités mais ne peut comme prix de revient supporter la concurrence avec l'Amérique.

                Peut-être donnerait-il, dans les oasis du sud des produits plus rémunérateurs et à meilleur compte.
                Les plantes d'ornement et les plantes à essences sont cultivées avec succès aux environs d'Alger.
                - L'apiculture qui est pratiquée avec succès par les Kabyles. Presque tous les arbres fruitiers de France viennent bien en Algérie.
                - Comme fruits d'exportation, l'orange et le citron donnent un certain chiffre. L'oranger vient bien partout où l'altitude ne dépasse pas une moyenne de cinq cent mètres. Cette production peut donc facilement être décuplée.
                - Un autre fruit d'exportation est la datte. Le nombre de palmiers peut être grandement augmenté et comme des Français viennent d'acheter des quantités considérables de ces arbres dans les oasis de la province de Constantine, il faut espérer que cette production suivra également une marche ascendante et que partout où la sonde amènera l'eau à la surface on plantera des palmiers.
                - L'olivier, indigène en Algérie, où il atteint les proportions d'un arbre de haute futaie, donne d'excellents fruits et en abondance. L'huile entre pour un chiffre important dans le tableau des exportations et il s'en consomme beaucoup sur place. La quantité d'huile fabriquée en 1877 a été d'environ 1.500.000 hectolitres dont les deux tiers produits par les Européens. Quant à celle que préparent les indigènes, elle est de qualité inférieure par suite du mauvais procédé de fabrication.

                Comme productions naturelles nous citerons :
                - Le liège,
                - les écorces à tan,
                - les bois,
                - les prairies naturelles et
                - les plantes textiles croissant spontanément, c'est-à-dire l'alfa, le dis (plante fourragère) et le palmier nain.
                L'alfa exploité surtout dans la province d'Oran donne lieu à une exportation moyenne de 80.000 tonnes. Un chemin de fer a été établi d'Arzew à Saïda dans le but spécial d'aller chercher cette plante dans les hauts plateaux.
                Ce textile est exporté particulièrement en Angleterre, à l'état brut, et il est incompréhensible que l'industrie française n'ait pas encore trouvé le moyen de l'utiliser ou, tout au moins de lui faire subir sur place une première préparation.

                Il nous reste à parler des troupeaux et des animaux domestiques :
                - chevaux,
                - mulets,
                - ânes,
                - chameaux,
                - bœufs,
                - vaches,
                - moutons,
                - chèvres formant un chiffre total d'environ quinze millions de têtes dont 500.000 à peine appartiennent aux Européens.
                Ici encore c'est l'indigène qui est le principal producteur ; ses troupeaux sont sa meilleure ressource, car ils s'élèvent et s'accroissent sans frais.
                Le mouton et le chameau ont en outre cet avantage de vivre et de prospérer dans les steppes des hauts plateaux et du Sahara où l'eau est rare et où la végétation se compose de plantes aromatiques et épineuses dont ces animaux peuvent seuls s'accommoder.

                Chaque année, à partir du mois d'octobre, des troupeaux énormes sont dirigés vers le littoral. Là, on les embarque sur des vapeurs qui les conduisent à Marseille où ils arrivent exténués mais vivants grâce à la rapidité de la traversée.
                Ainsi l'Algérie contribue, pour une part, à l'alimentation en viande de la France.
                Enfin des tentatives sont faites pour vulgariser l'élevage de l'autruche qui se reproduit depuis de longues années, au jardin d'essai d'Alger à l'état domestique.
                On ne voit pas en effet pourquoi cette industrie ne réussirait pas aussi bien en Algérie qu'au Cap où elle constitue une véritable richesse publique. La laine complète le groupe des principales productions du pays ; il s'en exporte chaque année environ huit millions de kilogrammes sans compter tout ce qui s'emploie dans le pays.

L'Algérie en 1880 par Ernest Mercier 1880


La grosse toux
Envoyé par Monique

           C’est un pharmacien qui, en arrivant au travail vers neuf heures, voit un gars debout l’air crispé, se tenant près de la porte, une main posée sur le mur extérieur.

           Notre pharmacien demande à sa charmante employée :
           – C’est quoi l’affaire du gars dehors ?

           – A l’ouverture ce matin, il est venu acheter du sirop pour la toux, mais je n’en ai pas trouvé !!!!
           Alors je lui ai vendu une bouteille de laxatif et le gars l’a bue sur place.

           Le pharmacien, choqué, hurle : « TU NE PEUX PAS SOIGNER UNE TOUX AVEC DU LAXATIF !!!! »

           La jolie employée répond d’une voix douce :
           « Bien sûr que si, vous pouvez … Regardez, maintenant, il n’ose plus tousser !!! »



 Colonisation
Envoyé par M. Christian Graille
Libre ou officielle.
Peuplement par concessions gratuites ou par vente.

                 Obligés que nous sommes de suivre, question par question, le programme que nous nous sommes tracé afin de donner à notre travail une suite à peu près régulière, tout en ne nous éloignant pas du questionnaire de la commission sénatoriale, nous allons, dans cet article, traiter le sujet de la colonisation et du peuplement en Algérie.

                Deux systèmes sont en présence.
                - D'un côté, les partisans du premier affirment, sans admettre même de discussion que, pour atteindre le but que l'on se propose, à savoir : le peuplement de la colonie par les Français de la Métropole et par les Français-Algériens, un seul mode de procéder doit être employé ; celui qui consiste à laisser au gouvernement le droit absolu de choisir qui bon lui semble pour coloniser.
                - Le second système, sans aucun doute, plus démocratique, repose au contraire sur la non-ingérence du gouvernement en ce qui concerne la colonisation et peut être ainsi défini : l'autorité supérieure ayant décidé la création d'un centre ou d'un certain nombre de lots de ferme sur un territoire quelconque, le travail définitif d'allotissement étant fait, il suffirait alors, soit de procéder à des ventes de gré à gré soit à des adjudications publiques en astreignant les acquéreurs à remplir toutes les clauses et conditions stipulées dans les titres de concession gratuite que l'administration délivre aujourd'hui.

                Ces deux systèmes pouvant être discutés, l'un et l'autre, présentent certainement des avantages mais il n'en est pas moins vrai, cependant, qu'ils ont été tous les deux, tour à tour, essayés et qu'ils n'ont point donné de brillants résultats.

                Nous affirmons même, que, par la suite, si l'on s'en tient à l'un ou à l'autre, ou si on les emploie simultanément, le but que l'on recherche ne sera pas atteint.
                Et, à notre avis, pour réussir à l'avenir, il faudrait que la commission sénatoriale, rompant brusquement avec les errements passés, n'hésite pas à choisir dans les différents moyens de colonisation et de peuplement qui vont certainement lui être soumis, soit par les uns, soit par les autres, celui qui lui paraîtra le plus favorable à l'œuvre qu'elle poursuit.

                En ce qui nous concerne et puisque M. J. Ferry a bien voulu faire appel à nos faibles lumières nous allons nous permettre d'indiquer, aussi brièvement que possible, comment nous comprenons le peuplement et la colonisation.

                Pour n'y point revenir, disons tout d'abord qu'il y aurait urgence absolue à restreindre le nombre des Français de la métropole appelés à coloniser.

                Il ne manque point, en effet, en Algérie, de fils de colons, d'ouvriers des champs ou autres, sans travail assuré, sans position, pour qu'il soit encore nécessaire d'accroître le nombre de bras inactifs.
                Ceci n'est point une affirmation lancée au hasard ; quiconque raisonne froidement, sans parti-pris, peut s'assurer de visu de l'exactitude de notre dire.
                C'est là un point capital de l'œuvre, et MM. les Membres de la Commission feront bien de s'entourer, à son sujet, de nombreux renseignements car de là peut découler la non-réussitee du but poursuivi. Sous le bénéfice de cette observation, voici quel serait le système de colonisation, qui, à notre humble avis, donnerait, à bref délai, de très appréciables résultats.

                Admettons, par exemple, que l'autorité supérieure décide la création d'un centre sur un territoire de 1.300 hectares dont elle réserve pour la commune 300 hectares. Reste donc 1.000 hectares à livrer aux nouveaux colons.
                A l'heure actuelle, par suite du système de concessions gratuites que nous adoptons, nous aussi, chaque colon recevrait donc environ une attribution territoriale de 26 à 28 hectares et le centre établi sur ce territoire compterait environ 40 feux.
                C'est donc 40 ménages ou familles seulement que l'on peut ainsi installer.

                D'après nous, il faudrait au moins que ce chiffre fût double et voici comment devrait procéder l'administration :
128-les-premiers-pas-d-ariane.pdf
                Sur les 1.300 hectares, il faudrait n'en concéder que 800, par attribution de 10 hectares au maximum, et réserver 500 hectares pour l'avenir, lesquels serviraient alors de communal pour le moment.
                L'on aurait déjà de cette façon un village de 80 feux, c'est-à-dire que les 40 ménages de plus, inactifs, sans position, trouveraient ainsi de l'occupation.

                Et que l'on ne vienne pas nous dire que 10 hectares sont insuffisants pour débuter. C'est là de la pure fantaisie. Le colon sérieux, qui réellement veut travailler, arriver à un résultat, se faire, en un mot, une situation, trouve amplement de quoi s'occuper s'il veut mettre en rapport ses 10 hectares.
                Oh ! Nous savons bien qu'il n'arrivera pas à une fortune colossale, mais la question est de savoir si sur une concession de 10 hectares une famille peut vivre, peut être assurée du pain du lendemain.
                Et nous n'hésitons pas à répondre : oui ! Car, personnellement nous avons connu des colons de la première heure auxquels 8 hectares seulement avaient été concédés et qui n'en ont pas moins réussi en travaillant comme ils devaient le faire, c'est-à-dire sérieusement.

                Et, en France, ne voyons-nous pas dans certaines régions où la propriété est très morcelée, de nombreuses familles d'agriculteurs vivre bien à leur aise sur des propriétés de 8 à 10 hectares au maximum ?
                Et puis il ne faut pas perdre de vue la réserve de 500 hectares. Si, au bout de quelques années, les attributions territoriales concédées se trouvaient en plein rapport, si les terres manquaient aux bras, qui empêcheraient alors l'autorité supérieure de donner, en plus, à chaque famille 4 ou 5 hectares ?
                En prenant le chiffre de 4 hectares, par exemple, il resterait encore de la réserve, 180 hectares pour le communal, en supposant qu'un agrandissement soit nécessaire pour chacun des 80 premiers feux.

                Il ne faut pas se le dissimuler, le système des grandes concessions de terre, de grandes concessions de forêts est déplorable. Il cause la ruine d'une colonie car, neuf fois sur dix, le grand concessionnaire ne met pas en produit ses terres ou ses forêts.
                N'en avons-nous pas ici des exemples frappants ?
                Et croit-on, par hasard que si au lieu de concéder 10.000 hectares de forêts à telle ou telle compagnie le Gouvernement avait morcelé et établi 100 concessionnaires en donnant à chacun d'eux 100 hectares, l'on ne serait pas arrivé à un meilleur résultat au point de vue de la mise en valeur ?

                Mais à quoi bon nous étendre plus longuement sur des faits aussi évidents, aussi indéniables. Au surplus, le cadre que nous nous sommes tracé est trop restreint pour que nous puissions écrire sur ce sujet tout ce qu'il y avait à dire.
                Nous arrêterons donc là pour aujourd'hui nos observations sur la colonisation, nous réservant d'y revenir en traitant la question dite des communes mixtes.

La gazette algérienne (10-06-1891)

Croisade contre la colonisation
Envoyé par M. Christian Graille
Fausseté des assertions

                 Quand, il y a deux ans, a été prêchée la première grande croisade contre la colonisation, l'indigène était proclamé le paysan par excellence de l'Algérie :
                  - seul, il pouvait, disait-on, se livrer à un travail continu sous une température élevée,
                  - seul, il produisait les matières dont le commerce s'alimente,
                  - seul il payait des impôts et fournissait des soldats, en atténuation des charges de la mère patrie.

                  Le colon, au contraire, ne travaillait pas, il succombait sous l'insalubrité du climat, et, après des sacrifices énormes imposés au budget, une humiliante négation couronnait tous ses efforts stériles. Aussi, ajoutait-on, n'était-il pas nécessaire de combattre la colonisation ; il suffisait de ne pas intervenir et de la laisser tout simplement continuer à se liquider elle-même.
                  Pendant que l'auteur anonyme de l'Algérie française (indigènes et immigrants) présentait les résultats de son observation personnelle comme des vérités d'Évangile et les faisait recommander aux méditations du Chef de l'État, les Comptes rendus officiels de la situation de l'Algérie, pour la même année, établissaient l'authenticité des faits suivants :

Mortalité dans les communes de plein exercice (1)

                  Colons : Excédents des naissances sur les décès, 2.743 (2)
                  Indigènes : Excédents des décès sur les naissances, 2.396 (3)

                  (1) L'État civil n'est tenu que dans les communes de plein exercice et administrées par l'autorité civile. Ces communes, au nombre de 71 aujourd'hui, et comprenant plusieurs centres de population, comptaient en 1862 : Européens : 204.877 Indigènes : 358.760. En 1863 les Européens atteignaient 213.061 âmes (chiffre officiel) et en 1865, leur nombre dépasse 225.000. (
                  2) Depuis dix ans, les naissances ont toujours dépassé les décès chez les colons. Donc, l'acclimatation des Européens en Algérie n'est pas douteuse. (
                  3) Quoique, par nos soins, les indigènes de l'Algérie, depuis 1830, aient été préservés des famines et des épidémies de peste qui, antérieurement et périodiquement, exerçaient de grands ravages dans les tribus, tous les recensements indiquent des diminutions dans les populations qui habitent la tente.
Cultures en céréales et récoltes

                  Colons : Par tête, 1 hectare 50 ares cultivés et 11 hectolitres récoltés.
                  Indigènes : Par tête, 0 hectare 61 ares cultivés et 3 hectolitres 90 centilitres Récoltés.

Productions totales de l'année (1862)

                  Colons : Par tête, 419 francs
                  Indigènes : 67 francs, 83 centimes

Richesse totale, mobilière et immobilière (4)


                  Colons : par tête, 2.845 francs
                  Indigènes : 724 francs
                  (4) La richesse mobilière et immobilière des colons urbains, beaucoup plus considérable que celle des colons ruraux, n'est pas comprise dans ces chiffres. On se borne à la comparaison de la richesse des cultivateurs entre eux.

Impôts de toutes natures

                  Colons : Par tête, 85 fr.15 centimes (5)
                  Indigènes : id 7 francs, 70 centimes
                  (5) Dans tous les écrits des adversaires de la colonisation, les colons sont réputés exempts d'impôts parce que l'État les exonère des contributions directes, et on ne tient aucun compte des contributions indirectes et des lourdes taxes municipales et départementales qui les atteignent.
                  (Voir Tableau de la situation des établissements français dans l'Algérie ; Paris 1863, et l'Algérie devant l'opinion publique, par le docteur A. Warnier. Alger, 1864).

Création de centres, villes, bourgs et villages
(de 1830 à 1862)

                  Colons : plus de 300 centres, dont 186 sont constitués en communes de plein exercice.
                  Indigènes : Ils ont abandonné, pour la plupart, les maisons que les ouvriers européens avaient construites pour eux, le Gouvernement ayant cru pouvoir imposer la dépense d'une habitation fixe aux Arabes des grandes tentes de quelques tribus, dans l'espoir de les rendre sédentaires.
                  Peines et dépenses perdues !!!!

Développement commercial

                  En 1830, Indigènes livrés à eux-mêmes : 5.000.000 francs
                  En 1862, avec le concours des colons (valeurs officielles) : 228.000.000 francs
                  Valeurs actuelles : 247.939.780 francs

Développement industriel

                  Indigènes : Rien.
                  Colons : En1862, la petite industrie, seulement, a livré au commerce pour 36 millions de produits.
                  Telle était la réponse que les documents officiels faisaient aux adversaires de la colonisation européenne, apologistes fanatiques de la virtualité des indigènes.

                  Pris en flagrant délit d'erreur matérielle calculée, nos contradicteurs changent de thèse aujourd'hui, ce qui leur est facile, leurs écrits étant toujours anonymes. Obligés de s'incliner devant l'évidence de faits démontrant mathématiquement que la puissance du colon est décuple de celle de l'indigène, ils nous disent :
                  Les Arabes sont très malheureux sous notre domination, et au lieu de rechercher les causes vraies de leur misère, ils l'attribuent à la colonisation, et voici comment ils motivent leur acte d'accusation :
                  - On a pris aux indigènes leurs meilleures terres de culture,
                  - on les empêche d'utiliser les forêts pour la nourriture de leurs troupeaux,
                  - aujourd'hui, faute de terres, ils sont obligés de louer, à très haut prix, les propriétés dont ils étaient jadis les maîtres,
                  - l'impôt les écrase,
                  - Ils paient à l'usure une somme d'intérêt quadruple de l'impôt,
                  - Ils entretiennent les colons, à raison de 50 francs par an et par tête, dans la province d'Alger, et à raison de 28 francs dans la province d'Oran. Et comme preuve confirmant la culpabilité de la colonisation, on ajoute que le bien-être des indigènes a diminué en raison de leur rapprochement avec les Européens.

                  J'ai démontré, sommairement, mais par des chiffres authentiques, la fausseté de toutes les assertions antérieures qui représentaient l'indigène comme le vrai paysan de l'Algérie et le colon comme une superfétation stérile ; j'espère contredire non moins victorieusement les nouvelles accusations qui se produisent aujourd'hui.
                  On a, dit-on, pris aux indigènes leurs meilleures terres de culture.
                  Examinons ce premier grief.
                  D'abord, les colons n'ont jamais pris de terres. Celles qu'ils possèdent aujourd'hui, (700.000 hectares au maximum), proviennent légalement :
                  - 1° soit de concessions faites par l'État (environ 500.000 hectares) et réputées à tort gratuites, car elles n'ont été consenties que moyennant une rente annuelle et avec beaucoup de charges ;
                  - 2° soit d'acquisitions librement offertes par les indigènes (200.000 hectares environ) et constatées par des actes notariés, avec perception, au profit de l'État, de droit de mutation et d'enregistrement.

                  Puis, ces terres étaient loin d'être les meilleures, car plus de la moitié était en palmiers nains, dont le défrichement coûte de 300 à 500 francs l'hectare ;
                  le quart en marais pestilentiels dont l'assainissement a coûté aux colons beaucoup plus que de gros sacrifices d'argent (a) ; et le reste, (175.000 hectares au maximum), en partie épuisés par un excès de production antérieure ou à purger des broussailles ou des plantes parasites que la charrue arabe respectait, mais qui eussent cassé, brisé les charrues perfectionnées des Européens.

                  Entre les mains des colons, ces terres sont devenues les meilleures du pays, c'est vrai, mais ce résultat a été acquis par le travail persévérant et opiniâtre du pionnier de la colonisation, de l'ouvrier européen car, en général, les indigènes ne sont pas assez forts, en raison de leur mauvaise nourriture, pour se livrer au travail pénible des défrichements.
                  Au maximum, la colonisation, en l'an de grâce 1865, avec tout son développement, n'a encore privé les indigènes que de 175.000 hectares utilisables par leurs procédés de culture.
                  Ceux d'entre eux qui ont vendu possèdent en argent monnayé l'équivalent de leurs terres. On ne demande sans doute pas que les colons, après les avoir payées, les restituent à leurs anciens propriétaires. Quant aux terres provenant du domaine de l'État, et concédées à rente aux colons, on me permettra bien de croire qu'elles n'ont pas été spoliées, et que leur affectation à la colonisation n'a porté préjudice à aucun indigène, car le domaine turc, avant nous, les réservait pour ses propres besoins (6).
                  (6) L'Administration des Domaines est souvent accusée d'avoir inscrit sur ses sommiers des terres qu'elle aurait dû, dit-on, abandonner aux détenteurs indigènes.
                  De deux choses l'une cependant : ou ces terres étaient domaniales ou elles ne l'étaient pas.
                  - Dans le premier cas, on ne peut accuser une administration publique de remplir son devoir.
                  - Dans le second, il n'y avait qu'à produire des titres établissant l'affectation privée de la terre.
                  Toujours, il y a eu des tribunaux en Algérie et des fonctionnaires supérieurs assez dévoués aux intérêts indigènes, pour faire respecter leurs droits.

                  L'affectation a changé, je le veux bien, mais l'État était parfaitement libre, au lieu d'avoir des terres pour l'entretien de sa cavalerie, de ses troupeaux, ainsi que pour la solde de ses fonctionnaires de donner la préférence à tout autre mode d'administration de son domaine.
                  Aujourd'hui, comme sous les Turcs,(7) ces mêmes terres, quoique devenues propriétés privées, fournissent encore aux troupes la viande de leurs rations, à la cavalerie le foin de ses chevaux, enfin leur part contributive de la solde des agents du gouvernement.
                  (7) Les Turcs percevaient l'impôt en nature sur les troupeaux ; ils possédaient de nombreuses bêtes de somme pour leurs transports, des chevaux pour leur cavalerie régulière et irrégulière ; de grands parcours leur étaient nécessaires pour l'entretien de ces animaux. De plus, une terre ou une ferme était affectée à chaque fonction publique.
                  Si ces terres avaient été délaissées aux indigènes, ce qu'eussent voulu les adversaires de la colonisation, nos soldats mangeraient non de la viande, mais de la carne, notre cavalerie tirerait d'Europe ses foins et ses avoines, et, pour couronnement d'une situation aussi précaire, l'armée entière, comme aux premiers jours de l'occupation, serait annuellement décimée par les maladies dont la cessation est exclusivement due aux travaux d'assainissement des colons, au bien-être matériel et moral qu'ils ont introduit dans l'existence de tous, même des ingrats qui les combattent à outrance.

                  Tout cela est de la plus éclatante évidence, mais quand la passion aveugle des hommes, ils nient même la lumière. Aurait-il fallu priver notre armée des bienfaits de la colonisation, pour conserver aux indigènes les 175.000 hectares utilisables par eux dans 700.000 aujourd'hui au pouvoir des colons !
                  Voyons donc quelle perturbation a été apportée dans la vie des indigènes par la distraction légitime de ces 700.000 hectares
                  Le Tell, c'est-à-dire la partie cultivable de l'Algérie au moyen des pluies hivernales, comprend 14 millions d'hectares, et, sur cette vaste superficie, il y a 2.261.848 indigènes y compris les Maures des villes.
                  La lettre de l'Empereur au duc de Malakoff, en date du 3 février 1863, décompose ainsi le domaine agricole du Tell algérien :
                  - Forêts 4.800.000 hectares
                  - Terres cultivables à l'État 890.000 hectares
                  - Terres cultivables aux colons 20.000 hectares
                  - Terres cultivables aux indigènes 2.000.000 hectares
                  - Terres incultes (marais, lacs, rivières, landes) 890.000 hectares

                  D'après ces chiffres les deux tiers du Tell algérien sont incultes. C'est un point important et à retenir. De la superficie totale il y a à défalquer :
                  700.000 hectares propriétés des colons.
                  550.000 hectares de forêts, propriétés de l'État, soumis au régime forestier et dont moitié environ sont affermés à des Européens, à long bail et à charges d'aménagement.
                  1.250.000 hectares en tout.

                  Reste à la disposition des indigènes une superficie de 12.750.000 hectares.

                  Mais parmi les indigènes du Tell, il y a 800.000 Berbères sédentaires constitués en communes, possédant le sol à titre privé, le cultivant comme en France, n'ayant en moyenne que trois hectares par tête, communaux et non-valeurss compris, et satisfaits de cette propriété restreinte, pourvu qu'on la respecte, ce à quoi l'administration française a toujours religieusement veillé.

                  Défalcation faite de la propriété berbère, reste donc 10.350.000 hectares pour 1.461.848 Arabes ou Berbères arabisés, habitant la tente, ne connaissant que la culture pastorale, c'est-à-dire la culture qui se borne à récolter les fruits spontanés de la terre, sans la cultiver ou très peu.
                  Or, 10.350.000 hectares divisés entre 1.461.848 habitants donnent par tête 7 hectares 8 ares.
                  En sus d'un lot aussi considérable dans le Tell, les tribus arabes ou berbères arabisées de la limite du Tell et du Sahara possèdent encore un droit de parcours illimité dans la zone limitrophe des steppes sahariennes, d'une étendue superficielle de cinq millions d'hectares et l'une des plus belles régions de pacages connues dans le monde comparables mêmes aux riches pampas de l'Amérique.

                  Et c'est au nom des gens auxquels le sénatus-consulte de 1863 garantit la propriété incommutable d'une aussi grande richesse territoriale qu'on crie à la spoliation ; parce que, en trente-cinq années, l'État a disposé, en faveur de la colonisation, de 500.000 hectares lui appartenant au même titre que les millions trouvés en 1830 dans la kasbah d'Alger.

                  C'est au nom des tribus qui usent et abusent de la terre, en la traitant en marâtre, qu'on demande au gouvernement de rendre la propriété indigène incessible et inaliénable pendant plusieurs générations, et d'entourer de plus de formalités restrictives le droit d'expropriation pour cause d'utilité publique, parce que, en trente-cinq ans, les colons ont pu, par des achats réguliers aux indigènes ajouter 200.000 hectares à ceux dont l'État a dû, dans son propre intérêt, se dessaisir en leur faveur !

                  On peut juger du préjudice fait aux tribus par la colonisation, sur les points où elle a atteint son plus grand développement :
                  - dans la Mitidja, pour la province d'Alger
                  - dans le triangle compris entre Oran, Mascara et Mostaganem, pour la province d'Oran,
                  - autour de Bône, de Philippeville, de Constantine, dans la province de Constantine.

                  Dans la plaine de la Mitidja, avant 1830, il y avait cinq grandes tribus : Isser, Khachna, Beni-Mouça, Beni-Khelil, Hadjout. Ces cinq tribus existent encore, et bien qu'une vingtaine de communes françaises aient été créées dans leurs anciens périmètres, elles ont encore de la terre à vendre, car si la liberté des transactions existait, on les verrait assaillir les études de notaires pour y trouver des acquéreurs.

                  Dans le triangle colonisé de la province d'Oran, il y avait avant la conquête six tribus : Douaïr, Zmala, Abid-Gharaba, Abid-Cheraga. Bordjia et Medjéher. Ces six tribus sont encore sur place.
                  Avant que ce territoire fût colonisé, je l'ai parcouru pendant plusieurs années, dans toutes les directions, et souvent je marchais une demi-journée sans y rencontrer un douar.
                  La colonisation, là, s'est bornée à combler des vides dans des terres généralement vaines et vagues et appartenant toutes à l'État ou ayant été rendues domaniales, par voie d'échanges, quand elles étaient propriétés privées.

                  Dans la province de Constantine, on a colonisé exclusivement dans le domaine de l'État, et le territoire d'aucune tribu n'a été atteint par le développement colonial. Loin de là, sur ce même domaine de l'État, on a fait de larges concessions aux indigènes, dans une proportion qui dépassera bientôt la part faite aux Européens.

                  La colonisation n'a donc, jusqu'à ce jour, porté aucun trouble sérieux dans la vie des indigènes. Prétendre le contraire, c'est calomnier le gouvernement et l'administration.

                  Quant à l'accusation d'avoir pris aux indigènes leurs meilleures terres de culture, on est étonné qu'elle ait pu se produire sous un souverain qui " veut l'apaisement des rivalités entre le système qui pousse à l'extension de la colonisation européenne, et celui qui défend les droits sacrés des indigènes. "

                  Aussi espérons-nous, avec la plus grande confiance, que l'Empereur saura mettre fin à une lutte déplorable, en conciliant réellement les intérêts de tous.
                  Avant les travaux des colons, étaient couverts de palmiers nains :
                  - Tout le Sahel, entre Oran et Mostaganem.
                  - Tout le Sahel, de Cherchell à Dellys.
                  - Tout le versant de l'Atlas, au sud de la Mitidja.
                  - Les environs de Philippeville, en dehors de la vallée de Safsaf.
                  - Le Sahel entre Bône et Guelma.

                  Aujourd'hui de nombreux villages couvrent ces terres dont les indigènes ne tiraient aucun parti.
                  Etaient marais :
                  - La partie Nord de la plaine de Tlelat.
                  Les 21.000 hectares de la Mecta et de l'Habra, vendus l'année dernière, à charge de consacrer 4 millions à leur assainissement.
                  - Toute la région centrale de la Mitidja, du lac Alloula au Hamis.
                  - La Regaïa.
                  - L'embouchure de l'oued Corso.
                  - L'embouchure de l'Isser.
                  - La plaine de Bougie.
                  - La partie inférieure de la vallée de la Safsaf.
                  - Le bassin du Hamma (la fièvre), sous Constantine.
                  - Toute la plaine de Bône, entre le lac Fezzara et les lacs de La Calle.

                  Tous ces marais pestilentiels n'étaient antérieurement d'aucune utilité réelle pour les indigènes : des myriades de moustiques seules les habitaient, et quand des troupeaux, contraints par la famine, s'en approchaient, leurs peaux étaient tellement criblées qu'il était impossible de les tanner, et leur sang tellement empoisonné que les plus belles hélas étaient atteintes par la pourriture du foie en moins de quelques mois. <
br>                  Aujourd'hui, ces marais assainis donnent à la colonisation européenne ses plus riches terres de culture. Là se trouvent, entre autres, Boufarik et Oued-el-Aleug, dont l'Empereur a tant admiré la magnificence de végétation.

                  Les colons ont donc conquis les champs qu'ils fécondent, non sur les meilleures terres de culture des indigènes, mais sur des espaces abandonnés par eux.

L'Algérie devant l'Empereur par le Dr Warnier,
Officier de la Légion d'honneur,
Médecin militaire en retraite,
Membre de la commission scientifique de l'Algérie,
Ancien Directeur des Affaires Civiles de la province d'Oran,
Ancien membre du conseil du gouvernement de l'Algérie.
Édition 1865


DISCOURS PRONONCE
LORS DU DEPART DU PREMIER CONVOI
LE 8 OCTOBRE 1848
Envoyé par M. Christian Graille
Par Monsieur Trelat, président de la Commission des colonies agricoles de l'Algérie.

                  C'est au nom de la commission de colonisation que je dois vous adresser quelques paroles.
                  Monsieur le Ministre de la guerre nous a fait l'honneur de nous désigner pour disposer les éléments de notre colonie d'Afrique.
                  Depuis douze jours nous avons passé avec vous nos heures de jour et de nuit. Vous êtes venus devant la commission avec vos vieux parents, avec vos femmes et vos enfants.
                  Nous avons vu vos souffrances ; nous avons admiré votre fermeté, votre courage ; nous vous avons tous observés et aimés plus encore s'il est possible que nous ne vous aimions auparavant. Nous n'avons dissuadé de leur résolution que ceux auxquels Dieu n'avait pas donné la force d'entreprendre un pareil voyage et de faire les efforts imposés par la colonisation naissante. Nos refus ont été écoutés avec la même douceur, avec la même vertu que notre acceptation.

                  Ce qui caractérise cette expédition féconde pour l'avenir c'est l'esprit de famille que nous avons étudié chez vous et qui nous a si profondément touchés dans les rapports que nous venons d'avoir ensemble et dont le souvenir ne s'effacera pas.
                  Ce que vous avez été ici vous le serez en Afrique dans notre France nouvelle conquise par le courage de nos soldats, arrosée de leur sang et que va désormais féconder votre ardeur infatigable et vos vertus populaires.

                  Vous trouverez une terre fertile mais à laquelle il faut beaucoup de travail. C'est par le travail que vous deviendrez propriétaires.
                  Famille, propriété, amour de la patrie, tout est là, chers Concitoyens ; et, à cet égard, nous qui vous avons vus de si près nous trouvons ici le gage assuré de l'avenir, nous sommes tranquilles sur le dépôt que vous confie la mère patrie.
                  Plus vous aurez souffert et plus vous serez forts ; car ceux-là seuls sont véritablement hommes qui ont été éprouvés par l'adversité.
                  La douleur est une puissance que Dieu a donnée à l'homme pour l'attirer à lui et l'élever au-dessus des faibles. Quelles que puissent être les difficultés que vous rencontrerez, vous saurez les dominer par votre intelligence exercée, par votre tendresse pour la famille, par votre mâle vigueur.

                  Vous saurez entreprendre et réaliser tout ce que vous aurez à faire, car vous avez avec vous vos femmes, vos enfants et de plus, les leçons du passé et en vue, la conquête de l'avenir.
                  Le découragement est impossible, vous vous appuierez les uns sur les autres. Il y a quelques instants, je voyais pleurer une mère, non par crainte de son départ, mais parce qu'elle quittait sa mère. Ceux qui l'entouraient lui ont dit : " Ne pleurez plus, nous qui sommes ici nous sommes tous votre famille ". Admirables paroles qui se retrouveront plus d'une fois dans vos bouches, parce qu'elles sont au fond de toutes vos âmes !

                  Adieu ! Chers Concitoyens ! Et au revoir, car nous irons vous visiter dans votre nouvelle France. Faites-la pareille à celle que vous quittez ; fécondez-la ; tout son avenir, sa richesse, sa prospérité, sa grandeur sont en vous.
                  Que Dieu développe ce germe précieux !
                  A la famille vous donnerez l'aisance et à la France tous les fruits de sa glorieuse conquête.
                  Adieu, adieu ! Vive la République !


Colonisation :
Etablissement de colonies agricoles
Envoyé par M. Christian Graille


                 Le gouvernement s'était depuis longtemps préoccupé de la grave question de la colonisation dans le double intérêt de la France et de l'Algérie :
                - Fonder et développer des colonies agricoles, en reportant des bras sur l'agriculture,
                - déterminer en France un courant d'émigration vers l'Algérie,
                - faciliter ainsi la mise en valeur de notre colonie. Tel était le but qu'il se proposait d'atteindre.

                Un crédit de 50 millions, réparti sur les exercices de 1848, 1849, 1850 et 1851 lui a paru nécessaire pour faciliter l'installation de dix à quinze mille familles environ. Pour que ces dépenses soient vraiment profitables, il importe d'abord de déterminer les éléments appelés à concourir à la formation de chaque colonie. Ce serait, en effet, commettre une grave erreur et s'exposer à de fâcheux mécomptes que de supposer tous les colons envoyés en Algérie également aptes aux travaux de culture.
                Le plus grand nombre d'entre eux, au contraire, y sont restés jusqu'à ce jour complètement étrangers, et ont un long et pénible apprentissage à faire.
                Les ouvriers du bâtiment tels :
                - les maçons,
                - charpentiers,
                - serruriers etc.,

                Ceux qui exercent des professions industrielles tels que :
                - boulangers,
                - bouchers etc., ne sont pas en général de bons cultivateurs ; mais ils n'en sont pas moins capables d'être profitablement employés dans une colonie naissante.

                Il suffit de les utiliser les uns et les autres selon leur aptitude particulière.
                De là un classement naturel entre les colons qui sont ou voudront devenir cultivateurs, et les colons ouvriers d'art ou exerçant des professions industrielles.
                Les conditions d'établissement en Algérie ne sauraient être les mêmes pour tous, et le projet de décret y pourvoit en accordant les concessions de terre de labour aux cultivateurs seuls, et en réservant aux autres, soit individuellement, soit par association, l'exécution des travaux d'installation et d'utilité publique, dont les projets sont déjà étudiés, leur assurera, au début, des avantages que ne leur présenteraient pas les travaux de culture, auxquels la plupart d'entre eux sont restés jusqu'à ce jour étrangers.

                L'association, telle qu'elle avait été formulée dans une des propositions soumises au comité de l'Algérie n'était pas un essai socialiste, une communauté permanente, mais seulement une association temporaire, limitée à trois années après lesquelles les colons devaient se séparer et devenir propriétaires libres. Réduite à cette courte durée, l'entreprise devait être très difficile, sinon impossible. D'ailleurs si elle offre des avantages au début, alors que les travaux de défrichement et de construction sont les plus pénibles, pourquoi ne pas les continuer ?
                Deux cents familles sont établies sur un territoire ; elles forment une population de huit à neuf cents habitants. Supposons les terres défrichées, les maisons bâties, tous les besoins de la vie de village satisfaits.

                Pense-t-on que tous les ouvriers du bâtiment, beaucoup plus nombreux au début d'une installation qu'ils ne doivent l'être lorsque toutes les constructions seront terminées, consentiront à devenir des agriculteurs et à cultiver le lot de terre qui leur sera en partage ? Certainement non.
                Si comme en France ils pouvaient affermer leur champ ils en toucheraient le revenu net et ils iraient ailleurs chercher de l'ouvrage pour grossir leur avoir.
                Mais dans une colonie qui se développe, les terres doivent être concédées à titre gratuit si l'on veut en favoriser le défrichement ; le fermage n'existe que pour un petit nombre de terrains privilégiés, car les cultivateurs auront plus de profit en obtenant une concession dont ils seront propriétaires : Pendant longtemps encore, il en sera ainsi.

                Les ouvriers que l'on croirait avoir rémunérés de leur travail ne pourront donc ni cultiver leur lot ni en tirer un revenu net : ils l'abandonneront et le laisseront en friche, attendant, ce qu'ils ne verront pas sans doute, l'époque lointaine où leurs terres donneront lieu à un fermage.
                Ainsi, après avoir été des artisans actifs de la colonie, ils auront entre leurs mains un instrument de travail dont ils ne sauraient ni se servir ni retirer un profit. La prospérité de chaque centre exige donc logiquement qu'il n'y soit définitivement établi qu'un nombre d'ouvriers d'art proportionné à ses besoins ; les autres seront instinctivement nomades ; ils iront où les appellera le travail le plus actif et le mieux rémunéré, se fixant successivement dans les diverses localités qui leur offriront pour l'avenir la perspective la plus avantageuse.
                L'essai du défrichement en commun a d'ailleurs été déjà tenté et il n'a pas réussi. Une émigration allemande débarqua en 1846 dans la province d'Oran.
                Elle fut divisée en deux groupes : l'un fut établi à Stidia, l'autre à Sainte-Léonie.
                Chaque famille reçut les vivres en nature et des matériaux de construction.
                On devait :
                - défricher les terres pour pourvoir à la subsistance de la communauté.
                - Les émigrants étaient presque tous laboureurs ; on leur adjoignit des ouvriers militaires pour les constructions. Les maisons furent construites, mais les champs restèrent en friche ; nul ne se souciait de travailler sur un sol qui n'était pas sa propriété.
                - La misère régna et la colonie allemande serait morte si les distributions de vivres ne l'avaient alimentée.

                Pour faire cesser cet état de choses, il fallait donner à chacun son champ, réveiller l'intérêt privé : ce fut fait, et quelques mois après les cultivateurs commençaient à ensemencer.
                Français et Allemands agiront de même. Si l'homme n'est pas immédiatement propriétaire, il ne cultivera pas, il n'ensemencera pas ; il aidera à construire l'abri qui doit le garantir de l'intempérie des saisons et il s'en tiendra aux distributions de denrées pour vivre et végéter dans la misère.
                Les divers projets d'association agricole auraient tous le même résultat : après de nouveaux essais malheureux, on serait nécessairement amené à diviser les terres concédées et à donner à chacun son lot ; les fonds alloués seraient dissipés, et un temps précieux perdu pour les progrès de notre colonie.

                Pour satisfaire aux besoins d'une colonie naissante, le Gouvernement, qui en fait les frais, doit se placer dans les conditions d'un entrepreneur qui voudrait fonder un village, à cette différence près qu'il ne laisse à chaque travailleur le fruit intégral de sa coopération à l'œuvre.
                Par la nature de leur fonction, des services qu'ils doivent rendre à la colonie et dans leur intérêt, il faut diviser en deux groupes distincts les émigrants.
                Les cultivateurs recevront tous les éléments d'une installation stable ; les ouvriers d'art travaillant individuellement ou associés seront dirigés successivement sur les diverses localités choisies pour la création des colonies agricoles.

                Au fur et à mesure que les centres occupés se développeront ou que de nouvelles colonies se fonderont, un plus grand nombre de colons tendra à se fixer. L'État accordera à tous une installation provisoire sous la tente ou dans des baraques.
                Aux uns il fera construire un logement satisfaisant aux stricts besoins de l'habitation et de l'exploitation agricole ; les autres recevront le prix de leur travail en salaire ou suivant les clauses d'un marché amiable. Ceux d'entre eux qui devront être fixés dans un centre seront, en outre, crédités de la valeur moyenne d'un logement.
                Dans une colonie qui se développe, les salaires sont élevés, les capitaux sont rares et l'intérêt en est avantageux.

                La partie flottante de la population, celle qui travaillera aux constructions et à ce quoi s'y rattache, semble, au premier abord, la moins bien traitée ; mais il ne faut pas perdre de vue que l'emploi de la main-d'œuvre est assuré par l'État, et que le prix en sera assez élevé pour fournir non seulement aux besoins des ouvriers et de leurs familles, mais pour leur permettre, s'ils sont économes et rangés, de faire des épargnes dont ils trouveront toujours sur place un emploi avantageux.
                D'ailleurs, s'ils veulent se fixer et devenir agriculteurs, s'ils en ont la volonté et le courage, on leur en facilitera les moyens comme aux autres.

                Le décret satisfait à toutes ces exigences, en séparant en deux groupes les colons :
                - il donne à ceux qui veulent se vouer à l'agriculture un champ et tous les moyens strictement nécessaires pour le féconder ;
                - il laisse ceux qui veulent continuer leurs professions industrielles dans les conditions d'un travail actif et légitimement rémunéré.
                Que ceux qui ne sont pas initiés à la vie du laboureur ne se fassent pas d'illusion ;
                le bien-être que promet la propriété agricole se réalise lentement, après de longs et patients efforts, au prix d'une vie sobre et laborieuse.
                Au contraire, dans une colonie naissante, les travaux d'art offriront longtemps un vaste champ à ceux qui les entreprendront avec la ferme volonté de ne pas faillir à leurs devoirs envers eux-mêmes et leurs familles.
                L'Algérie donne aux uns et aux autres des moyens honorables d'existence ; c'est à eux de s'en assurer les bienfaits.

Colonisation de l'Algérie :
établissement des colonies agricoles. 1848


L'enseignement primaire en Algérie.
Envoyé par M. Christian Graille
Nos Instituteurs - Les stagiaires.

                 Dans nos précédents articles, nous avons montré quels devraient être, d'après nous, l'organisation de l'enseignement et les traitements des instituteurs en Algérie.
                Nos idées n'ont pas toutes été du goût des maîtres primaires, quoique certaines aient été approuvées. Nous ne mettons aucune mauvaise grâce à avouer, par exemple, que les instituteurs en Algérie redoutent l'ingérence des municipalités dans les écoles. Nous avions même accordé l'hospitalité des Annales à nos contradicteurs, quittes à les combattre, s'ils nous avaient soumis leur opinion par écrit et s'ils avaient daigné la défendre courtoisement, avec des arguments dans notre journal.

                Notre manière de voir n'est aucunement modifiée par les avis de ceux qui ne pensent pas comme nous, et nous reviendrons, avec plus de développement, sur cette part de surveillance et de direction à donner à l'autorité académique et à la commune dans l'enseignement primaire public.
                Nous n'écrirons jamais pour plaire à nos lecteurs, en leur traduisant leur manière de voir, mais pour exprimer, avec indépendance et franchise, la nôtre.
                Nous reconnaîtrons nos erreurs loyalement si l'on nous en convainc ; mais nous faisons remarquer que ce sera difficile parce que nous avons longtemps réfléchi sur nos théories, nous avons vu les inconvénients de leur application avant qu'on nous les signale, et cependant les avantages qu'elle présentait nous paraissent supérieurs.

                Nous avançons donc nos idées mûries :
                - sans vanité,
                - sans désir d'être applaudi,
                - sans prétention d'être dans le vrai, mais dans l'unique but d'appeler l'attention des intéressés sur elles, de les livrer à la discussion et d'être utile, qu'elles soient acceptées ou qu'elles soient condamnées, qu'elles soient sages ou insensées.

                Si elles sont folles, en effet, il vaut mieux les produire au grand jour pour qu'elles puissent être combattues que de leur faire, faire insidieusement leur chemin. Il est toujours bon que la vérité ou l'erreur soient émises franchement, la première pour triompher, la seconde pour être détruite.

                Cependant, l'organisation de l'enseignement primaire public que nous préconisons, la loi sur les traitements des instituteurs que nous voudrions voir voter, sont des mesures générales et qui ne peuvent être que l'œuvre du temps.
                C'est une démolition totale et une reconstruction complète que nous avons proposé : nous tâcherons, maintenant, en conservant ce qui existe, d'indiquer des améliorations partielles à la loi et à l'organisation actuelle.

                Nous envisagerons aujourd'hui la situation des stagiaires.
                Vous êtes âgé de dix-neuf ans, vous avez conquis le Brevet Élémentaire, vous avez même obtenu le Brevet Supérieur et vous venez de passer trois ans dans ces pépinières d'instituteurs qu'on appelle les écoles normales ; savez-vous quel sera votre traitement si vous entrez dans l'enseignement primaire public ?
                Vous avez :
                - 900 francs d'appointements fixes,
                - de 100 à 250 francs d'indemnité de logement et peut-être
                - 50 ou 100 francs d'indemnité de résidence.
                Vous pourrez même n'avoir rien du tout à ce dernier titre, et tout au plus si vous êtes nommé à Alger, toucherez-vous 175 francs.

                Votre traitement total ne sera donc pas de 900 francs comme l'ont dit récemment la plupart des journaux algériens mais il sera compris entre ces deux limites extrêmes :
                900 + 100 = 1.000 francs.
                900+100+250 = 1.250 francs.

                Si vous êtes logé, vous pourrez bien n'avoir que 900 francs, mais vous serez encore plus favorisé que ceux qui, ayant à payer leur loyer, gagneront 100 francs et même 200 francs de plus que vous.
                Prétendez-vous que c'est là, même en prenant le traitement maximum 1.250 francs, des appointements à offrir à un jeune homme qui a passé trois ans à l'École Normale, et qui est pourvu du Brevet Supérieur ?

                Il y a dix ans, il y a quinze ans, il y a vingt ans, les instituteurs débutaient en Algérie au minimum à 1.500 francs, toutes indemnités comprises, et les maîtres des écoles primaires n'avaient pour la plupart que le Brevet Élémentaire. La vie est-elle devenue moins chère dans notre colonie ?
                La carrière de l'enseignement y est-elle plus facile, avec la loi sur l'obligation qui a rempli à l'excès toutes nos classes ?
                Les autres carrières y sont-elles moins avantageuses, au point de vue pécuniaire qu'elles ne l'étaient jadis et naguère ? Le contraire est le vrai.
                Encore les stagiaires se résigneraient-ils à leur traitement maximum de 1.250 francs s'ils avaient des chances d'augmentation prochaine.

                Les surnuméraires dans les administrations de l'État sont commissionnés au bout d'un an ou deux, et dès lors leur avancement est régulier. Mais il n'en est pas de même pour les stagiaires. Leur stage peut durer indéfiniment et ils garderont constamment leurs appointements de début. Ils sont tous à une classe unique de 900 francs fixe.
                Pour arriver à être titulaires, il leur faut d'abord 21 ans d'âge, le service militaire les prend, et ils ne retournent dans leurs fonctions d'instituteurs qu'à 22 ans, ou plus exactement entre 22 et 23 ans.
                Sont-ils titularisés ? Point du tout. Il faut qu'ils obtiennent un Certificat d'Aptitude Pédagogique. S'ils ne le conquièrent jamais, ils demeureront stagiaires jusqu'à leur retraite.

                Mais quelles sont les épreuves de cet examen ?
                Ne voit-on pas qu'on peut être un excellent maître et ne pas savoir traiter, avec une insuffisante correction, une question pédagogique ?
                On peut même avoir des idées originales et fécondes en la matière et ne pas être capable de les traduire ; on éprouvera même d'autant plus de difficulté d'expression qu'on voudra rendre une pensée neuve, à laquelle aucun écrivain n'a encore donné une forme parfaite et c'est cette forme qu'il faut découvrir.

                Au vrai, ce ne sont pas les théories personnelles qui ont du succès dans l'examen du Certificat d'Aptitude Pédagogique, pas plus que dans tous les autres, il s'agit de répéter des banalités en un style banal, des principes auxquels on ne croit pas, qu'on n'a pas appliqués et qui ont traîné dans tous les ouvrages d'éducation, surtout dans les bulletins académiques du département.
                Il y a là les vérités de frontières qui sont erreur au-delà. Les méthodes bonnes à Alger peuvent être mauvaises à Oran et réciproquement. Qui ne comprend que la composition pédagogique ne sert pas à prouver qu'on est un bon instituteur mais seulement qu'on a reconnu par cœur des idées sages ou de mode sur l'enseignement, et l'expression qui leur convient.

                Cette première épreuve subie victorieusement, un matin ou une vesprée ( crépuscule) le stagiaire voit arriver dans sa classe, deux ou trois inspecteurs et il fait, à ses élèves, ses leçons devant ce jury. On lui pose ensuite quelques questions d'éducation.
                Quelques mois après il apprend que le Certificat d'Aptitude Pédagogique lui est accordé ou refusé.
                Un inconvénient de cet examen moral et pratique éclate. Si le maître qui l'a passé n'obtient pas le titre qu'il convoite, ses écoliers et leurs parents le savent ; l'autorité morale de l'instituteur déclaré incapable dans l'exercice même de ses fonctions n'est-elle pas entamée auprès des enfants, auprès des familles ?
                Et comme le succès d'un éducateur est causé surtout par la confiance qu'il inspire à ceux qu'il élève, les progrès de sa classe ne sont-ils pas diminués à la diminution de son prestige ?

                Les stagiaires vainqueurs sont-ils titularisés tout de suite ? Que non !
                Il n'y a que tant pour cent d'instituteurs de 5ème, de 4ème, de 3ème classe etc.
                Ce n'est qu'au fur et à mesure des vacances dans la 5ème classe que les stagiaires, pourvu du Certificat d'Aptitude Pédagogique y sont inscrits.
                Mais des vacances ne se produisent dans la 5ème classe que si certains titulaires de cette classe passent dans la 4ème ainsi de suite jusqu'à la première. On avance à son rang comme entre les barrières du guichet au théâtre. Or actuellement on ne met plus d'instituteurs à la retraite, la mort seule fait des vides dans le personnel enseignant ; en conséquence,
                - il n'y a pas de vacances parmi les plus vieux titulaires de 1ère classe
                - ceux de seconde ne peuvent les remplacer,
                - ceux de 3ème restent à la 3ème,
                - les stagiaires ne sont pas titularisés.
                La foule ne s'écoute pas entre les barrières du théâtre, il y a une presse ; tous les maîtres marquent le pas sans avancer.

                A la vérité, le mal n'est pas encore si grand en Algérie parce que les anciens instituteurs y sont rares, et que le tant pour cent de chaque classe n'est pas atteint, mais dans certains départements, dans celui du Nord, par exemple, dans ceux de l'Est, des stagiaires comptent trente ans d'âge et dix ans de service et ne voient pas venir leur titularisation.
                Dans ces départements on reçoit 2 ou 4 candidats par an, sur 100 ou 200, au Certificat d'Aptitude Pédagogique. Et il ne faut pas se le dissimuler, ce qui se produit en France se produira tôt ou tard ici. C'est fatal !

                Pour le moment, il est peu commun que, dans notre colonie, on ait le Certificat d'Aptitude avant 24 ans et que l'on soit titularisé avant 25 ; mais il est de nombreux maîtres, n'ayant pas de facilité de rédaction ou se défiant d'eux-mêmes et n'osant se présenter à l'examen, qui ont 28 et 30 ans, 7, 8 ans d'exercice et qui ne sont que stagiaires, avec un traitement variant entre 1.000 et 1.250 francs, n'est-ce pas une honte ?

                Le remède ?
                Suppression du Certificat d'Aptitude Pédagogique d'abord.
                Les débutants dans l'enseignement primaires seront stagiaires, un an au moins, quatre ans au plus. Durant leurs stages, les directeurs d'école sous la direction desquels ils seront :
                - les surveilleront d'une manière spéciale
                - les dresseront,
                - enverront des notes sur leurs progrès pédagogiques à l'Inspection Primaire tous les mois.

                Les inspecteurs primaires les visiteront deux ou trois fois par an. Au bout d'un an, les plus méritants des stagiaires, dans la proportion d'un quart seront titularisés, le second quart au bout de deux ans, le troisième au bout de trois. Quant aux maîtres qui, dans les quatre ans ne seront pas reconnus aptes à leurs fonctions, qu'on en débarrasse l'enseignement. Ils seront toujours médiocres et cette carrière ne souffre pas de médiocrité.

                Je ne tiendrai pas plus à avoir des instituteurs sachant faire de belles phrases banales sur des questions d'éducation. Néanmoins les autorités académiques pourraient y tenir absolument. Dans ce cas qu'on donne tous les mois aux stagiaires un sujet pédagogique à traiter.
                Les directeurs d'école le corrigeront et indiqueront de quelle façon il eût dû être développé, en se plaçant moins au point de vue du style que des idées. Deux ou trois fois par an, un de ces sujets sera envoyé à l'Inspecteur Primaire d'arrondissement.
                Les stagiaires acquerront peut-être ainsi une certaine pratique dans l'expression des théories éducatives.
                On ne les jugera plus sur une classe mais sur leur manière habituelle de faire la classe, sur une composition pédagogique, mais sur un grand nombre de compositions pédagogiques.
                Mais qu'on n'oublie pas que l'essentiel pour les maîtres n'est pas de savoir doctement parler d'enseignement mais de savoir bien enseigner.
                C'est devant ses élèves, non sur une épreuve écrite qu'on appréciera un instituteur.

Dupont.
Les Annales algériennes (25-12-1892)

L'âne et l'alcool
Envoyé par Mme. Annie

         Le conférencier essaie de convaincre la salle des méfaits de l'alcool et n'hésite pas à employer des exemples très terre à terre :
         - "Prenons un exemple : mettons deux seau, un seau d'eau et un seau d'alcool, devant un âne ; d'après vous, vers quel seau se dirigera l'âne ?"

         Dans la salle, un alcoolique répond :
         - "Vers le seau d'eau !"
         Le conférencier (visiblement satisfait) :
         - "Et pourquoi d'après vous ?"
         L'alcoolique (hilare) :
         - "Parce que c'est un âne !"

QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER

Source Gallica

Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils

        CHAPITRE XVII
        Les intrigues du général D...
- Mise en disponibilité, (février 1850).
- Départ de Constantine.
- Nomination au commandement de la subdivision du Var.
- Réflexions. - Lettre du Prince Louis Napoléon.
- Visite au Président de la République.
- Séjour à Toulon. - Réflexions politiques.

        Le siège de Zaatcha avait duré plus longtemps que ne l'avaient prévu ceux qui n'y avaient vu qu'une expédition ordinaire. On ne s'était douté au début ni des difficultés qui pourraient surgir, ni de l'état d'esprit des populations, ni de la résistance acharnée qu'on rencontrerait. On avait marchandé les moyens et ce n'est que quand ceux-ci furent enfin à peu près suffisants qu'on put mener à bien l'opération en la finissant, a dit un témoin oculaire, par une suite de faits de guerre qui rendirent ce siège remarquable et dont le souvenir restera gravé dans les Zibans.
        Mais la durée même de ce siège servit d'argument à ceux qui jalousaient le général Herbillon et ambitionnaient sa place. Les premières intrigues partirent de Constantine même et furent dirigées par le général D..., au sujet duquel nous lisons les lignes suivantes :

        Ce fut le 13 septembre 1848 que M. le général D... arriva à Constantine pour y prendre le commandement de la subdivision de cette province. Il avait été devancé par sa réputation d'homme peu franc, méchant par caractère, d'une ambition démesurée, envieux et d'un caractère difficile.
        Quant à moi, je le considérai comme devant ajouter à mes embarras et augmenter les diverses difficultés qui surgissaient journellement; je ne vis en lui qu'un subalterne qui serait ombrageux, jaloux de mon autorité et qui chercherait par tous les moyens possibles à entraver mon commandement, je ne me trompais pas.
        Dès son arrivée, il revendiqua toutes les affaires civiles et arabes de la subdivision qui jusqu'à ce moment avaient été traitées par le Bureau arabe de la Division et par celui de l'État-major général. Il y mit de l'acharnement et se posa de suite comme devant me remplacer un jour, désir qu'il n'eut ni le tact ni l'adresse de cacher.
        Il ne fut pas longtemps sans que son caractère fût apprécié et bientôt tous les officiers n'eurent avec lui que des relations plus que froides.

        A peine le général D... fut-il installé qu'il donna des soirées dansantes où se rendaient quelques dames de la ville. Ces soirées durèrent jusqu'au moment où il eut prise sur le cœur de Mme Y..., dont le mari fut des plus complaisants. Cet amour devenu public ne fut pas sans scandale et jeta un profond ridicule sur le mari qui, du reste, paraissait s'accommoder parfaitement des attentions, des prévenances du général et surtout des longues visites que celui-ci faisait à sa femme. Un des ennemis de celui-ci, officier démagogue, commit la grave faute de divulguer méchamment par écrit ces relations illicites. Le général vint chez moi pour porter plainte en me demandant instamment d'en écrire au Gouverneur Général et même au Ministre. Je crus que dans une affaire aussi délicate et surtout aussi connue, le silence était préférable dans l'intérêt même du principal intéressé et je laissai tomber l'affaire. Le général continua ses relations intimes avec Mme Y... sans que sa tranquillité fût troublée, mais il ne me pardonna pas de n'avoir pas écouté ses suggestions ; si je l'avais fait, il en eût éprouvé lui-même les plus gros ennuis.
        Nous ne nous voyions que pour affaires de service et aucune relation d'amitié ou de camaraderie n'existait entre nous. Je savais bien que cet officier général espérait me remplacer, mais je ne pouvais croire qu'il travaillait à me nuire en haut lieu. Mes absences prolongées pour conduire les colonnes contre les rebelles, les difficultés que j'eus avec le préfet, le mirent à même de me miner et sa conduite fut si inqualifiable qu'officiers et soldats en parlaient ouvertement avec indignation.
        Pendant le siège de Zaatcha où j'aurais eu besoin du concours de tous, M. le général D... fit preuve d'un tel mauvais vouloir dans l'envoi des vivres que je lui demandais, que M. l'intendant Lyautey fut forcé de l'engager à mettre plus de promptitude dans l'exécution des réquisitions et dans le départ des convois, et que le sous-intendant Bazire, qui était avec moi, ne put me cacher la manière peu fraternelle avec laquelle le général D... faisait droit à mes demandes. De plus, ce dernier était en correspondance suivie avec M. le ministre d'Hautpoul et avec l'ex-ministre Ruthières qui, disait-il, pensait comme lui relativement au siège de Zaatcha, dont lui, le général D... ne comprenait pas la longueur. Il divulguait avec joie la certitude où il était de me remplacer, si bien que le bruit en arriva jusqu'au camp.

        Le 13 décembre, j'arrivai à Constantine par un temps affreux; le général D... vint me voir; la conversation fut naturellement plus que froide. Il s'attendait évidemment à un changement de commandement dans la Province ; son aide de camp proclamait que D... allait me remplacer incessamment, des lettres anonymes me l'annonçaient, lorsque, le 4 février 1850, je reçus avis de ma mise en disponibilité et mon remplacement par M. le général de Saint-Arnaud. Ce fut une profonde déception pour le général D... qui, se trouvant plus ancien que son collègue, non seulement ne prit pas ma place, mais encore dut quitter Constantine.
        Malgré que j'avais été prévenu par des lettres officieuses qu'il se tramait quelque chose au ministère, je ne pouvais croire que le ministre d'Hautpoul agirait brutalement à mon égard et ma pensée était que, si j'étais rappelé en France, on aurait au moins égard à mes longs services, à la vie que j'avais menée en Afrique, à la victoire que je venais de remporter. Il n'en fut rien. Aussi les bras me tombèrent lorsque je lus que j'avais à remettre mon commandement à M. de Saint-Arnaud et à faire connaître l'endroit où je comptais me retirer.
        Ne voulant pas être présent à l'arrivée de mon remplaçant, j'hésitai un instant sur le lieu où j'irais m'installer. Ma première pensée fut de demander asile au caïd Bouroubi des S'mouls, mais après réflexion, je me décidai à écrire au brave Gourgas, un de mes anciens chefs de bataillon pour lui demander de me recevoir, non comme son chef, mais comme un parent.

        Sa réponse ne se fit pas attendre. Il m'offrit sa maison et m'assura que je le rendrais heureux en venant me réfugier chez lui, dans sa petite propriété située à 2 kilomètres de Philippeville sur l'Oued Seramna où il vivait.
        Je rassemblai les troupes le 11 février pour les passer en revue et avant de me séparer d'elles, je réunis les officiers au Cercle et leur fis mes adieux. Ma poitrine était oppressée, j'avais les yeux mouillés de larmes, je fis cependant effort sur moi-même et je prononçai les quelques mots suivants :

        Messieurs,

        Je rentre en France, mais avant de vous quitter, j'ai besoin de vous témoigner ma satisfaction pour le concours que vous m'avez toujours prêté dans les expéditions nombreuses que je fus forcé d'entreprendre. C'est à votre bravoure que je dois les résultats que j'ai obtenus. Je vous en remercie, Messieurs, et je n'oublierai jamais l'honneur que j'ai eu de commander de si braves et loyaux soldats.
        Adieu, je vous quitte avec regret et le cœur gros de souvenirs.

        Le 12 février, je montai à cheval à 8 heures du matin et après avoir jeté un dernier coup d'œil sur le palais des Beys que j'avais occupé deux ans et demi, je me dirigeai vers la porte de la Brèche; Canrobert qui, après sa nomination de général, avait reçu l'ordre de se rendre à Paris, m'accompagnait. Le général D..., qui s'était si souvent vanté de me remplacer, me fit la conduite l'oreille basse et fort décontenancé de voir ses espérances déçues ( Le lendemain, il quittait lui-même la ville sans que personne vînt l'escorter).
        Environ 300 cavaliers, officiers de tous grades, bourgeois delà ville, caïds, cheiks, Arabes, m'accompagnèrent jusqu'au Hammam, à environ deux lieues de la ville. Là je descendis de cheval, et après avoir fait mes adieux à mon escorte, avoir dit à tous combien j'étais sensible à cette marque d'attachement, je montai en voiture avec le général Canrobert et nous partîmes pour Philippeville. A 4 heures du soir j'étais rendu chez le commandant Gourgas où je restai jusqu'au 23, jour de mon départ pour la France. Pendant mon séjour à Zeramma, j'eus la visite des principaux habitants de Philippeville et des cheiks des environs.

        La veille de son départ, le général Herbillon envoyait à son frère la lettre suivante :
        Philippeville, le 22 février 1850.
        Mon Ami,
        Je viens de succomber probablement à quelque intrigue, à des calomnies et peut-être à des vengeances particulières ; je suis rappelé en France avec une brutalité jusqu'ici sans exemple. Le Ministre, après avoir accordé toutes les récompenses que j'avais demandées pour mes braves officiers et soldats qui s'étaient distingués dans l'expédition qui a été terminée par la prise de Zaatcha, me met en disponibilité sans m'en donner les motifs. Il n'y a dans la Province qu'un cri d'indignation et j'ai quitté Constantine avec le regret non seulement des troupes que je commandais mais encore avec celui des habitants; plus de 300 cavaliers m'ont accompagné jusqu'à plus de deux lieues de la ville ; tous faisaient des vœux pour que justice me fût rendue.
        Cette conduite de la part du Gouvernement à mon égard est inqualifiable. J'ai passé quatorze ans de ma carrière militaire à guerroyer sans cesse et pour récompenser mes longs services, on me retire le commandement d'une Province où j'ai rendu les plus grands services et où mille fois j'ai exposé ma vie. Je me résigne, mon ami, et je me rends à Paris où j'arriverai dans les premiers jours de mars.
        J'irai me présenter au Ministre et au Président de la République pour connaître les motifs de ma mise en disponibilité et m'expliquer sur cette mesure non méritée, ma conscience ne me reproche rien, et par conséquent je puis lever la tête et dire ce que je pense. ..........................

        Le 25 février, le général débarque à Marseille et le général Carrelet lui remettait deux nominations : la première pour commander la subdivision d'Auch, la deuxième pour celle du Var, ce fut à celle-ci qu il se rendit.
        C'est là et en réponse à une lettre très digne que je lui avais écrite le 7 février 1850, que le Président de la République me répondit :

        Mon cher Général,
        Vous n'aviez pas besoin de rappeler vos services pour nie les faire connaître; personne depuis longtemps ne les appréciait mieux que moi. Aussi ce que vous appelez retraite et disgrâce était, vous ne pouvez le savoir encore, un simple changement de position. Persuadé que quinze ans de séjour en Afrique avec une continuité non interrompue d'utiles et souvent de pénibles travaux demandaient à la fois du repos et une récompense. Je vous appelle au commandement d'un département et je me propose de vous nommer grand officier de la Légion d'honneur à la première promotion. Vous le voyez, loin d'avoir perdu la confiance du Gouvernement, comme vous semblez le redouter, vous l'avez justifiée et il vous en donne une nouvelle preuve.
        L. N. BONAPARTE.

        Pour pallier ma disgrâce on trouve que j'ai besoin de repos et on se propose de me donner comme fiche de consolation la croix de grand officier. Le Président n'eût-il pas été mieux inspiré de me charger de témoigner à l'armée qui était sous mes ordres toute sa satisfaction ? Si cette affaire de Zaatcha fut arrivé sous Napoléon 1er, on aurait agi d'autre façon.
        J'eus l'occasion de rencontrer à Toulon le général D... Je lui dis franchement le bruit qui avait couru sur sa conduite à mon égard. Il me répondit qu'il était vrai qu'il avait demandé le commandement de la Province mais cela dans la certitude où il était que j'allais être nommé au grade supérieur. Comme je savais parfaitement à quoi m'en tenir mon opinion sur son compte ne changea pas et je lui tournai simplement le dos.
        Quelque temps après mon retour, je me rendis à Paris et je fis visite au Président. En me voyant, il me dit : " Mais vous me semblez en très bonne santé; on m'avait donc trompé en me disant que vous étiez très fatigué et ne pouviez presque plus faire de service. " - "Ce sont sans doute mes amis qui vous ont dit cela, répondis-je, ceux qui ne seraient pas fâchés d'avoir ma place, mais je suis encore solide. " - " Je le vois, répliqua-t-il en souriant et je m'en souviendrai. " Peu de temps après, je fus appelé au commandement d'une brigade à Paris.
        
A SUIVRE


LA CINQUIEME REPUBLIQUE
De Hugues Jolivet

FRANCOIS MITTERRAND
       "L'Au revoir" pathétique du Président Giscard Souligne le triste sort du Centre et de la Droite Qui abandonnent, ensemble, au fameux "vieux briscard", Qu'est François Mitterrand, le palais qu'il convoite !

       Pour s'emparer du Graal, désarmer l'adversaire. Mensonges et médisances sont armes redoutables ! François, maître du verbe, en débat légendaire, Transforme son concurrent en un fiéffé coupable !

       Durant deux septennats, cet éminent bretteur, D'Artagnan de Latché, use des moyens d'Etat A ses fins personnelles, tel un vil malfaiteur, Dans le style respectable d'un royal potentat !

       La liste de ses méfaits est indéterminée, S'y retrouvent, pêle-mêle, "familles" et politiques. Vouloir les démêler est un terrain miné, Car les entrées sont closes, les portes hermétiques.

       Que de morts violentes, déguisées en suicides, Frappent deux anciens Ministres, deux proches du Président, Et un jeune écrivain dont la plume est acide. Il sera, quant à lui, victime d'un accident !

       Quatorze années de règne sur le fil du rasoir Reposent, à chaque instant, sur le Paraître et l'Etre. La France et les Français, des soucis accessoires ! Que de sa double vie, d'aucuns n'aient à connaître !

FRANCOIS MITTERRAND

       "Le Président va bien", parole du médecin ! Possession du Pouvoir, médicament miracle, Une potion magique, universel vaccin. Elle brise les interdits et abat les obstacles.

       Durant deux septennats, ils se sont succédé : Sept Premiers Ministres, deux cohabitations ! Premier à Matignon, premier à accéder Aux commandes socialistes dirigeant la Nation,

       Pierre Maurois, Maire de Lille, ville natale de De Gaulle, Qui, durant trois années, bouscule le quotidien Des Français au travail, les assiste, les épaule : Cinq semaines de congés pour un premier soutien !

       Passage aux trente neuf heures, partage du travail. Puis, c'est l'abolition de la peine de mort Qui reçoit les suffrages, non seulement du sérail, Mais de tous les partis, de babord à tribord !

       Après, Laurent Fabius occupe Matignon. Plus jeune Premier Ministre de cette République Est homme de confiance du Président "Tonton" ! Ses prises de décisions délaissent souvent l'éthique :

       Soustrait de l'ISF toutes les oeuvres d'art, Exonérant ainsi "ses amis", sa famille ! L'épisode "Greenpeace", le traitement au hasard Du sang contaminé, ébranlent sa bastille !

FRANCOIS MITTERRAND


       Nouvelles législatives, nouvelle majorité ! Président socialiste, Gouvernement de Droite. Appelé à Matignon, Chirac a hérité D'une charge qu'il connait bien, marge de manoeuvre étroite !

       En cohabitation, deux programmes s'affrontent. Les deux hommes utilisent les armes de leur choix : Mitterrand, fin stratège, jamais ne se démonte, Chirac est plus direct par son style "gaulois" !

       Le partage du Pouvoir entre clans opposés N'a pas grandi la France. Des avancées timides, Freinées par la folie de tueurs disposés A exporter leur guerre depuis les Pyramides !

       Ces hommes se retrouvent, face à face en campagne, Et les Français choisissent à nouveau Mitterrand ! Matignon, pour Rocard, un vrai mat de cocagne Qu'il lui faudra gravir, souvent, en soupirant.

       Avec le Président, relations difficiles, Divergences sur le fond, voire sur les solutions. Rocard réglera une situation fragile, La crise calédonienne. Remplira ses missions

       De cohésion sociale, créant le RMI, Pour adultes valides dépourvus de ressources, Puis une CSG, aujourd'hui, l'ennemi Des retraités "nantis" dont l'Etat vide les bourses !

FRANCOIS MITTERRAND


       Poussé vers la sortie par François Mitterrand, Rocard céde Matignon à la seule et première Femme Premier Ministre dans un Gouvernement. Madame Edith Cresson fait oeuvre de pionnière !

       L'échec aux élections cantonales - régionales Signe la fin d'un bail d'une courte durée, Dont le bilan est faible, quasiment virginal, Et qui, faute de temps, ne fut pas structuré.

       Retenons son ardeur, ses luttes pour la lumière : Combattre les clandestins sur notre territoire, Migrants sortis de l'ombre, ateliers "taupinières": Freins à l'immigration et au travail au noir !

       Ministre, issu du peuple, et non pas du "Sérail", Pierre Bérégovoy devient Premier d'entre eux. Un homme de devoir, volontaire, samouraï, Il perd les élections. Résultats désastreux

       Pour François Mitterrand, la Droite est de retour ! A Edouard Balladur, il transmet le flambeau. Bérégovoy lynché, critiques et désamour. A t-il décidé seul d'aller vers son tombeau ?

       La cohabitation, jusqu'en fin d'exercice Du second septennat, autorise la Droite A espérer reprendre, à nouveau, son service, Les rênes du Pouvoir qu'elle espère, qu'elle convoite !

Hugues Jolivet         
Le 3 janvier 2015          

A SUIVRE




L’ISLAMISATION DE L’ÉGLISE II
Par M.José CASTANO,

Seconde partie :
La démission de l’Église face à l’islam

« Quand l’Eglise de France s’abandonne à l’islam ! Quand des paroissiens allant à la messe acceptent que leurs curés, leurs évêques s’oublient aux dépens de leur propre croyance, il est temps de se poser des questions sur l’état de la France catholique » ((Gérard Brazon) )

       Tout au long de ces cinquante dernières années, force est de constater que nos gouvernants successifs –encouragés par les médias, la haute finance… et une grande partie du clergé- ont livré notre pays à ce qu’il convient d’appeler : une invasion migratoire… Tant d’années durant lesquelles l’Église s’est littéralement effacée devant une religion comme l’islam, lui permettant de devenir la première de France en nombre de pratiquants assidus.

       Nos chers prélats n’ont eu pour seul objectif, pour seul désir et pour unique ambition, que d’appeler « au dialogue et à l’amour » à « la fraternité entre les peuples »… pour qu’in fine l’un des leurs se fasse égorger dans sa propre église par un individu, peu sensible tout compte fait, à la religion de « paix et d’amour »

       Cette conduite pour la moins inadéquate du clergé français révèle une certaine analogie avec celle qui avait cours lors de la guerre d’Algérie et qui précipita la mort de l’Algérie française. (Voir la première partie)

       Comme nous l’avons vu, l’aide de l’Eglise ne s’arrêta pas à sa seule clémence envers les assassins du FLN. Sa participation active, en bien des cas, fut de notoriété publique… Aujourd’hui, « bis repetita »… « L’Histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète », disait Paul Morand… Rien n’est plus vrai !

       C’est ainsi qu’en exemple de soumission à l’islam prônée par les nouveaux « pères de l’Eglise », retenons celle de Monseigneur Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, qui a invité les musulmans à faire la prière aux musulmans dans son église et a permis au Muezzin de lancer l’appel à la prière islamiste au cœur même de cette église.

       Tout aussi affligeante, cette conduite –pour le moins scandaleuse- de l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, prince de l’Église et primat des Gaules, qui, à l’occasion d’une conférence prononcée dans la cathédrale de Versailles le 4 janvier 2011, s’est vanté d’avoir appris par cœur la chahâda pour la réciter au chevet des musulmans mourants.

       La chahâda n’est pas une phrase banale. Elle est le premier des cinq piliers de l’islam. C’est la profession de foi qui permet de reconnaître un musulman : « Il n’est pas d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète».

       Soucieux de faire bon usage de ses accointances privilégiées avec l’islam, dans un communiqué en date du 10 juillet 2016, le cardinal Barbarin annonce, par ailleurs, apporter son soutien au projet d’un Institut de Civilisation Musulmane dans la Métropole lyonnaise permettant de « découvrir les apports de la culture musulmane (sic) »

       « Déchristianisez la France, vous aurez l’Islam ! » avait prophétisé en son temps Chateaubriand… Nous y venons à grands pas !…

       « Déchristianisez la France ! »… L’Eglise qui souffre d’un manque cruel de prêtres, aggravé par un renouvellement plus que parcimonieux, n’encourage guère les vocations… Les chiffres publiés par la Conférence des Evêques de France (CEF) sont consternants et témoignent des ravages du Concile Vatican II qui a causé la déchristianisation de nos sociétés : le nombre de prêtres catholiques en France a presque été divisé par deux en vingt ans, passant de 29.000 prêtres diocésains et religieux en 1995, à environ 15.000 en 2015.

       En 2016, selon les chiffres publiés par la CEF, 79 nouveaux prêtres diocésains et 18 religieux ont été ordonnés, soit moins de cent ordinations pour toute la France.

       En 2017, l’Eglise Catholique a ordonné 117 prêtres (84 prêtres diocésains et 33 venant de communautés religieuses..

       En 2018, selon un décompte de La Croix, ils n’étaient plus que 114.

       La tendance générale est une baisse des vocations françaises de 1 à 2 par an.

       « On manque de vocations… Quand on ordonne 100 prêtres par an et qu’il en meurt 800 par an pour le territoire français, c’est évident ». Ces mots de Mgr Bernard Podvin, ex porte-parole de la Conférence des évêques de France, expriment l’effondrement des vocations sacerdotales au sein de l’Eglise conciliaire.

       Les appels –pour le moins naïfs- de cette église à « l’accueil des migrants », la « fraternité », le « vivre ensemble », ainsi que ses logorrhées troublantes du « pas d’amalgame » exaspèrent les fidèles qui désertent désormais les offices religieux… A cela s’ajoutent –sans réciprocité- les actions généreuses à l’égard de l’islam -comme la livraison, entre autres- de biens immobiliers…

       Et pendant que les églises restent vides (colonisées de temps en temps par des grévistes de la faim, des réfugiés, des demandeurs d’asile qui iront plus tard grossir les régiments des fidèles dans les mosquées), ces mêmes mosquées ne désemplissent pas et débordent, à tel point que les fidèles occupent également les rues…

       Il est grand temps que nos hommes politiques et les autorités catholiques mettent un terme à un angélisme mortifère qui encourage l’extension de l’islam dans notre pays !... Il est grand temps de voir apparaître dans nos églises et nos évêchés un clergé qui, comme autrefois à Lépante, forme une armée priant aux côtés de l’armée combattante avec la volonté commune d’empêcher l’invasion.

       « La prétention qu’a le terrorisme d’agir au nom des pauvres est une flagrante imposture ! » s’était écrié Jean-Paul II à propos de l’exploitation de cette « misère » dont se repaissent tant les islamistes que la bien-pensance française

       On peut imaginer que les pontifes sacerdotaux, moralistes par excellence, n’ont guère apprécié cette annonce pleine de bon sens qui va à l’encontre de celle du Pape François quand celui-ci exprime effrontément son mépris pour la culture qui fait les peuples en évoquant une condition antérieure à la civilisation et à la culture : « les racines de l’Europe sont si nombreuses qu’elles ne sont pas chrétiennes ». En clair : « les Européens ne sont pas une race née ici, ils ont des racines de migrants ».

       Ce pape argentin ignore que c’est depuis le second siècle que notre pays est évangélisé et que la Gaule est officiellement chrétienne depuis le 13 juin 313, date de l’édit de tolérance de Milan (ou édit de Constantin) par lequel l’empereur Constantin légalise le christianisme. Par ailleurs, ses lacunes au sujet de la christianisation de l’Europe s’avèrent évidentes dans la mesure où il ignore totalement que le peuple chrétien européen est né lors du pacte de Reims dans la nuit de Noël 496 lors de la conversion de Clovis, roi des Francs, au christianisme.

       De ce Palais d’où il ne peut percevoir la misère humaine, notamment celle des chrétiens d’Orient, le pape François a une vision très personnelle de la réalité… Il feint d’ignorer que les terroristes qui ensanglantent actuellement le monde sont musulmans et qu’ils tuent au nom de l’islam…

       Les assassinats à grande échelle sous les formes les plus diverses et variées : du coup de hache au camion tueur lancé sur la foule, en passant par le couteau, la kalachnikov et la bombe, ensanglantent l’Europe, mais n’ont pas pour lui la même résonance que « la misère des réfugiés »…

       « La cause du terrorisme est dans l’islamisme et la cause de l’islamisme dans l’islam ». Le président musulman de l’Égypte, le maréchal Sissi, le dit et le journaliste et analyste musulman Mohamed Sifaoui, le répète. La négation de cette vérité est une injure faite aux chrétiens du monde entier !

       Le 29 juillet 2016, de Cracovie où il présidait les JMJ, le pape François a déclaré que « le monde était en guerre, mais que ce n’était pas une guerre de religion (sic) »

       Ceux qui massacrent et égorgent des prêtres en hurlant « Allah Akbar », comme il y a un siècle leurs pareils exterminaient les Arméniens et autres chrétiens -et comme il en a été si souvent dans l’histoire de l’islam- ceux-là sont des fanatiques de l’idéologie religieuse mahométane et, à l’égal de leurs aïeux, n’ont de cesse de prôner « la guerre sainte »… mais, pour le pape, « ce n’est pas une guerre de religion ». Pourtant, il ne saurait ignorer (lui qui a une prédilection particulière pour l’islam) certains préceptes du Coran quand celui-ci ordonne : « Si vous rencontrez des infidèles, combattez-les jusqu’à ce que vous en ayez fait un grand carnage ; chargez de chaînes les captifs » (XLVII, V4)… et encore : « Les chrétiens, les juifs et les idolâtres seront jetés dans les brasiers de l’enfer. Ils y demeureront éternellement. Ils sont les plus pervers des hommes » (XVIII, V5).

       Concernant la provocation à la discrimination et à la haine des non-musulmans : « Les infidèles ne sont que souillure » (S.9v28)… « Les juifs et les chrétiens, qu'Allah les maudissent » (S.9v30)

       Le pape François est-il naïf au point d’ignorer ce genre de versets ? Est-ce qu'un texte, sous prétexte qu'il sert de référence religieuse, a le droit de véhiculer les idées les plus abjectes et les plus contraires à la foi chrétienne et à la démocratie ? En vérité, le Pape et ses proches collaborateurs savent parfaitement tout cela mais rien ne les fera changer d’avis ni de trajectoire : l’Église catholique a lié son sort à l’islam et, subrepticement, sombre dans la déchéance…

       Après avoir lavé les pieds de musulmans –ce qui prouve, à l’évidence, que le pape ignore tout de la symbolique de son geste qui sera vu par l’islam, comme un geste de soumission et non un geste d’humilité- ; après en avoir ramené douze de Syrie au détriment de familles chrétiennes persécutées et complètement ignorées, quand donc ce pape « libéral » et pro-immigrationniste demandera-t-il aux chrétiens de se convertir à l’islam ?

       « Nous savons désormais depuis des années, écrit le journaliste catholique italien Maurizio Blondet sur son blog, que la position du pape François est parfaitement alignée sur le front de l’universalisme mondialiste qui préconise la dissolution des nations et des cultures autochtones pour « accueillir et intégrer » les migrants du monde entier dans le but de construire un « nouveau monde » multiculturel sans barrières et sans frontières. »

       Et, pour parfaire cette analyse, rappelons ce que déclarait, le 24 février 2018, à « Réinformation.tv », cet admirable prêtre combattant qu’est l’Abbé Guy Pagès : « En renonçant à se présenter comme la seule vraie religion, la religion catholique rend inaudible son propre message et se fait la servante de l’islam »

       Dans ses « Pensées », en guise d’oraison, le grand chrétien qu’était Blaise Pascal de dénoncer (déjà) le silence de l’Église catholique en ces termes : « Le silence est la plus grande persécution. Jamais les saints ne se sont tus »… d’où ce cri de colère de l’abbé Bouchacourt, de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, qui n’hésite pas à dénoncer l’angélisme mortifère des autorités politiques et religieuses : « Combien faudra-t-il de nouvelles victimes pour que la chrétienté sorte enfin de sa torpeur ? » (… et réagisse ?)

       Alors, si l’Occident chrétien décidait d’éradiquer à jamais ce poison islamiste, puissions-nous dire, à l’instar de Chateaubriand : « Il a fallu que le Christianisme vînt chasser ce peuple de fauves, de satyres et de nymphes, pour rendre aux grottes leur silence et aux bois leur rêverie ».
( )
José CASTANO 
30/03/2019      
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
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NOTRE DAME DE PARIS
Par Hugues Jolivet


           Notre Dame de Paris, icône de la France,
             Au soir du Lundi Saint, s'embrase et se consume.
             Des passants, médusés, noués par l'amertume,
             Les yeux remplis de larmes, expriment leur souffrance.

             Charpente de bois sec, l'incendie se propage
             A la base de la flèche qui s'enflamme, fier flambeau,
             Avant qu'elle disparaisse au fond de son tombeau :
             La croisée du transept dont elle devient l'otage.

             Que d'images, de débats scrutent cette tragédie !
             Cathédrale, ce joyau exemplaire d'art gothique,
             Renfermait en son sein des trésors, des reliques
             Récupérées, sauvées des flammes de l'incendie.

             En France, le Président, toutes affaires cessantes,
             Reconnait l'importance que revêt à nos yeux
             Notre Dame de Paris, ce témoin précieux
             D'Histoire et de Culture de la France agissante !

             Promesse solennelle de remise en l'état
             De ce Temple sacré de nos valeurs chrétiennes.
             Pour ce faire, les quêtes des messes paroissiennes
             Seront les bienvenues, même pour quelques "iotas" !

             La France et les Chrétiens remercient humblement
             Les mécènes donateurs, leur générosité.
             Dont les fonds conséquents et leur pérennité,
             Assurent à Notre Dame un nouveau flamboiement !

             Le drame de lundi est-il un don de Dieu ?
             Une manifestation de Marie sans témoin ?
             Les Chrétiens auraient-ils un impérieux besoin
             D'avoir la paix de l'âme et un esprit radieux ?

             Croyants non-pratiquants, en cette Semaine Sainte,
             Ont-ils reçu la grâce d'invoquer Notre Dame,
             Lui demandant son aide pour retrouver la flamme
             D'une foi apaisante qui, en eux, s'est éteinte ?

Hugues JOLIVET
17 avril 2019
 


Prière de croire, chaque fois, la version officielle: ACCIDENT et RIEN D'AUTRE !!!
par Envoyé par M. J.P. Ferrer


           Notre Dame de Grâce d'Eyguières le 21 avril 2019
           Notre Dame de Paris le 15 avril 2019
           Saint Sulpice à Paris en mars 2019
           Cathédrale Saint Alain de Lavaur en février 2019
           Saint Jacques à Grenoble en janvier 2019
           Eglise du Sacré Coeur à Angoulême en Janvier 2019
           Saint Jean du Bruel en octobre 2018
           Eglise de Villeneuve d'Amont en août 2018
           Sainte Thérèse à Rennes en juillet 2018
           Eglise Saint Paul du Bas Caraquet en juin 2018
           Notre Dame de Grace à Revel en juin 2018

           En 10 mois, ce sont 11 édifices chrétiens qui ont brûlé en France: c'est malheureusement la réalité!!!!!
          




La tentation
Envoyé par Mme Monique

         Un évêque faisait sa visite dans une paroisse pauvre.
         En visitant le presbytère, l'évêque s'aperçoit qu'il y a qu'un seul lit dans une seule chambre à l'étage.
         - Vous n'avez qu'une chambre à coucher, demande t'il au prêtre.
         - Oui Monseigneur, nous sommes trop pauvre pour agrandir le presbytère.
         - Mais votre servante, où couche t'elle ?
         - Ici, vous savez, nous avons un gros chien bien dressé et il couche entre nous deux.
         - Mais vous devez bien avoir des tentations. Que faites vous alors ?
         - Quand ça m'arrive, je me lève, je vais dehors, je fais le tour du presbytère, ça passe et je reviens.*
         - Mais votre servante, elle doit avoir des tentations elle aussi ?
         - Quand ça lui arrive, c'est elle qui se lève, qui va dehors faire le tour du presbytère et ça lui passe.

         - Mais si ça vous arrive d'avoir une tentation tous les deux en même temps?
         - Dans ce cas, Monseigneur, on envoie le chien faire le tour du presbytère..


Le 11 Mai 2019, journée d'hommage au Commandant Hélie de St Marc à BOLLENE
Envoyée par M. PIerre Barisain

        Bonjour, chers amis,

        Nous vous transmettons avec joie, ci-dessous, l'invitation de la fille aînée du Commandant Hélie Denoix de St Marc, Blandine de Bellecombe, à la journée d'hommage qui sera fait à son père, le 11 Mai prochain à Bollène, organisée par Madame le Maire, Madame Bompard.
        Fidélité et Vérité                                                        Henri BACLET
        Hervé PIGNEL-DUPONT                                Secrétaire Général ARS
        Président ARS

        "Je vous attends nombreux pour cette journée commémorative à l'occasion du nouveau film sur Hélie de Saint Marc.
        Le programme de la journée est ouvert et vous pouvez y participer entièrement ou partiellement .

        Merci de me renvoyer votre réponse en précisant vos noms et prénoms ainsi que ceux des personnes qui vous accompagnerons. Ceci afin de gérer l'intendance au niveau du déjeuner et de la projection.

        N'hésitez pas a partager cette invitation(famille et amis) autour de vous. Par contre, une réponse est requise absolument.

        "Le souvenir n'est pas une tristesse, mais une respiration intérieure" Hélie de Saint Marc

        Ceux qui construiront l'avenir sont ceux qui auront la plus vaste mémoire.

        C'est le devoir des vivants d'entretenir la mémoire des morts. Soyons tous les gardiens de la mémoire. La mémoire alliée à l'espérance est le plus fort levain pour faire germer de beaux épis sur les champs dévastés, pour faire jaillir la lumière dans la nuit improbable.

        Amicalement
        Blandine de Bellecombe



SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Décédés
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoyé par plusieurs lecteurs

Décés de Madame Geneviève BAÏLAC

    HOMMAGE

   Geneviève BAÏLAC née à Alger le 3 septembre 1922, est décédée le 26 mars 2019 – C'est la réalisatrice, dramaturge, romancière, écrivaine de la célébre "La famille Hernandez" mais aussi entre autres de "La Maison des sœurs Gomez" et "Les Absynthes sauvages".
    La Famille Hernandez est une pièce de théâtre sur le thème de la vie des Pieds-Noirs dans l’Algérie française de la fin des années 50, créée par Geneviève Baïlac le 17 septembre 1957 au Théâtre Charles de Rochefort à Paris, avec la troupe du CRAD (Centre régional d’Art dramatique) d’Alger.
    Dans cette pièce jouent plusieurs comédiens qui deviendront rapidement célèbres : Robert Castel, Lucette Sahuquet, Marthe Villalonga.
    Pendant plusieurs années, Geneviève Baïlac avait vainement essayé d’écrire une pièce de théâtre faisant vivre sur scène la cohabitation des diverses communautés pittoresques caractéristiques de l’Algérie des années 1950. Ses essais ne la satisfaisaient pas, mais elle avait en tête les idées générales de sa pièce. Devant l’exubérance créative de ses amis, Geneviève Baïlac eut l’idée de leur proposer de jouer la comédie tous ensemble en s’exprimant avec spontanéité autour de ces idées générales. La pièce se construisit ainsi en s’appuyant sur la spontanéité des comédiens.
    Elle permit à la métropole de découvrir le folklore et les expressions typiques des Pieds-Noirs ; elle connut un grand succès qui se poursuivra par l’adaptation cinématographique de 1965.
    Pour en savoir plus cliquez dessous :
    http://www.babelouedstory.com/ecoutes/famille_hernandez/famille_hernandez.html

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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Algérie: Cinq morts dans l’effondrement d’un immeuble à la Casbah d’Alger

Envoyé par Raymond
https://pressfrom.info/fr/actualite/monde/-209591-algerie-cinq-morts-dans-l-effondrement-d-un-immeuble-a-la-casbah-d-alger.html

Par AFP, publié le 22/04/2019 par A.B.


             Cinq personnes d’une même famille sont mortes après l’effondrement lundi d’un immeuble vétuste à la Casbah d’Alger, cité millénaire classée par l’Unesco au patrimoine mondial de l’Humanité, a déclaré le service de communication de la protection civile.

             Toute la journée, les secouristes aidés de chiens spécialisés dans la recherche de personnes ensevelies ont travaillé pour retrouver des survivants dans les décombres de cet immeuble de quatre étages, situé en face de la mosquée historique de Ketchaoua.
             « Ces morts de trop »
             Sous une pluie battante, une femme hurle sa douleur pour « ces morts de trop ». Elle crie aussi sa colère contre ceux qui ont « badigeonné l’immeuble de l’extérieur pour faire bonne figure » lors de la réouverture de la mosquée Ketchaoua après des travaux en 2017, « au lieu de le rénover ou de le détruire car il tombait en ruine ».

             Selon des sources concordantes, la famille qui a trouvé la mort était composée de deux frères dont l’un marié avec deux enfants âgés pour l’un de huit ans et pour l’autre d’à peine quelques mois. Ils squattaient dans cet immeuble dont les habitants avaient été délogés il y a plusieurs mois.

             Le préfet limogé
             A mesure que l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait, la colère des riverains est montée contre « ceux qui ont permis que cela arrive », comme le rapporte notamment le quotidien algérien TSA.
             Le wali (préfet) d’Alger, venu sur les lieux dans la matinée, a été pourchassé par les habitants et a dû rebrousser chemin protégé par ses gardes du corps et des policiers.
             Quelques heures plus tard, la télévision? d’Etat a annoncé qu’il avait été limogé, tout comme cinq autres préfets sur les 48 que compte le pays. Elle n’a donné aucune explication.
A.B.           


Annaba : étudiants et greffiers dans la rue

Envoyé par Bernard
https://www.elwatan.com/edition/actualite/annaba-etudiants-et-greffiers-dans-la-rue-24-04-2019


El Watan   l Par M. MOHAMED FAWZI GAIDI - 24 AVRIL 2019


        Décidément, les marches dans la wilaya d’Annaba s’inscrivent dans le temps. En effet, le Cours de la Révolution a abrité, hier, la traditionnelle marche du mardi des étudiants de l’université Badji Mokhtar de Annaba. Ils sont venus de toutes les facultés avec la ferme intention d’exprimer leur rejet du système en place, composé de résidus de l’époque bouteflikienne.

        «Les marches des étudiants sont légitimes, votre gouvernement ne l’est pas», «Système dégage, les étudiants ne veulent plus de toi», «Vous êtes vieux, nous avons 20 ans, l’avenir nous appartient». Ce sont là des messages forts, inscrits sur des banderoles et pancartes, brandies à qui veut les voir par ces étudiants en colère contre le système en place. «Nous revendiquons une rupture totale avec le système de Bouteflika.

        Bien qu’il soit parti, ses résidus activent toujours en haute sphère. Il faut qu’ils sachent que nous sommes jeunes et eux sont des vieillards. Nous avons tout le temps pour les chasser. Nous les aurons même à l’usure», clame Narimène, une étudiante à la faculté de médecine. A quelques encablures, ce sont les greffiers qui ont observé, la même journée, dans la matinée, un sit-in devant le siège de la cour de justice.

        Eux aussi étaient nombreux, hommes et femmes, à s’installer sur les marches du perron de cette institution judiciaire pour tonner leurs slogans appelant à un Etat de droit et une justice libre et souveraine. «La IIe République exige un Etat de droit et une justice souveraine. Pour ce faire, il faut bannir l’interventionnisme», tranche une greffière de cette cour de justice..
MOHAMED FAWZI GAIDI           


Khaled Nezzar enfonce Said Bouteflika

Envoyé par Richard
https://www.liberte-algerie.com/actualite/khaled-nezzar-enfonce-said-bouteflika-314896


par Kabyle.net, Imène AMOKRANE 29-04-2019 ,

IL ROMPT LE SILENCE ET FAIT DES RÉVÉLATIONS FRACASSANTES

           Le général à la retraite et ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar rompt le silence malgré que "je sais ce que j’encours en écrivant ces mots", écrit-il dans une déclaration au site Algeriepatriotique, propriété de son fils, Lotfi.

           Khaled Nezzar apporte ainsi son témoignage au sujet des pratiques du frère de l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika, Said, lui donnant l'épithète d'"hologramme". Il précise aussi qu'il ne l'a rencontré qu’une fois dans sa vie, à "l'enterrement de feu le général Boustila". Avant de poursuivre : "le 7 mars 2019, j’ai reçu un appel émanant de lui par l’intermédiaire d’un ami. Il voulait me voir. Après quelques moments d’hésitation, j’ai décidé d’accepter. Nous nous sommes donc vus. L’homme était visiblement dans le désarroi. Il voulait connaître mon opinion sur ce qui se passait dans le pays et sur ce qu’il pouvait entreprendre pour faire face à la contestation populaire".

           "Je lui dis : «Étant donné que le peuple ne veut pas d’un cinquième mandat, qu’il veut aller à une deuxième République et qu’il rejette les membres de la classe politique en charge actuellement de responsabilités, j’estime qu’il faut répondre à ses demandes (...)»", a-t-il détaillé. Khaled Nezzar ajoute également qu'il lui a proposé "deux propositions", induisant le retrait du président et la mise en place d’institutions de transition. Mais Said a refusé les deux options. pire, révèle Nezzar. Said voulait l’instauration de « l’état d’urgence ou l’état de siège ». « J’étais surpris par tant d’inconscience. Je lui répondis : «Si Saïd, prenez garde, les manifestations sont pacifiques, vous ne pouvez en aucun cas agir de cette manière !», dit-il. Il en conclut alors que c’est Said qui décide à la présidence. "A cet instant, je me suis rendu compte qu’il se comportait comme le seul décideur et que le Président en titre était totalement écarté". Avant de le quitter, il lui dit, «La balle est encore dans votre camp. Surtout, ne perdez pas de temps, le mouvement est en train de faire boule de neige, bientôt il sera trop tard !». Au sujet de la seconde rencontre, il affirme que "le 30 mars, vers 17 heures, nouvelle tentative du même Saïd Bouteflika pour me joindre, cette fois-ci au téléphone. (...) Au son de sa voix, j’ai compris qu’il était paniqué". Il relate ainsi que Said Bouteflika lui avait dit que le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu’il pouvait agir contre Zéralda d’un instant à l’autre. Il voulait savoir s’il n’était pas temps de destituer le chef d’état-major". Et d’ajouter : "je l’en dissuadai fortement au motif qu’il serait responsable de la dislocation de l’armée en cette période critique".

           Khaled Nezzar conclut son témoignage par : "la balle était de nouveau dans le clan des Bouteflika. Je pensais qu’ils allaient agir rapidement, d’autant que Saïd – il le disait – craignait d’être arrêté à tout moment".
          
Imène AMOKRANE                      


Virage ?

Envoyé par Claude
http://www.lestrepublicain.com/index.php/chronique/item/9013157-virage


 Est-Républicain.com - Par Imane B- 25/04/2019


           Le chef d’état-major est-il revenu à de meilleurs sentiments s’agissant de la voie à suivre pour mettre fin à la crise politique ambiante ? La nouvelle version, revue et corrigée de son discours d’avant-hier à la 1ère région militaire, rendue publique hier, apporte en effet des éclairages nouveaux qui permettent d’envisager un changement de cap plutôt positif. Après avoir fermé la porte à toute autre solution en dehors d’une élection présidentielle le 4 juillet prochain avec les mêmes acteurs de l’ancien régime, Ahmed Gaid Salah rouvre subitement la porte à d’autres perspectives.
           Désormais en plus des «solutions possibles» c’est-à-dire constitutionnelles, il dit approuver toute «proposition constructive et «initiatives utiles allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix». A la bonne heure ! C’est exactement ce que le peuple qui marche depuis la démission de l’ex Président Bouteflika appelle de ses vœux.
           L’organisation contre vents et marées d’une élection présidentielle le 4 juillet prochain avec le même gouvernement, le même arsenal juridique et le même dispositif institutionnel est en effet peu réaliste et contraire à l’engagement pris de rendre la parole au peuple. Un peuple qui est, précisément, sorti dans la rue dans tout le pays pour réclamer le dégagement de tous les hommes ayant été complices de l’ancien régime. Gaid Salah qui a maintenu le cap du navire chavirant avec Bensalah comme commandant de bord, s’est rendu compte qu’il navigue à vue au milieu d’un peuple remonté contre ce qu’il considère comme une trahison.
           Il faut croire que le spectacle affligeant offert par les fameuses consultations politiques boycottées y compris par le maître de cérémonie, Abdelkader Bensalah, a donné à réfléchir au commandement de l’armée que la voie constitutionnelle mène droit vers l’impasse politique. Il fallait donc corriger le tir et relier les passerelles avec le peuple et la classe politiques sans lesquels, aucune solution n’est possible alors même que la situation commande de régler urgemment la crise politique. Ceci d’autant plus que l’arrestation de l’homme d’affaire Issaad Rebrab et son emprisonnement a donné l’occasion à certains milieux de crier au scandale des règlements de comptes claniques.
           Mais l’embarquement hier de nouveaux responsables et hommes d’affaires donne désormais plus de crédit à ces opérations même s’il est naïf de penser que la justice a agi seule, tant Gaid Salah lui-même reconnaît qu’il lui a demandé «d’accélérer les poursuites contre les corrompus». Et tant qu’on y, est toutes les personnes suspectées d’avoir touché de l’argent sale, doivent être présentées devant la Justice. La crédibilité de l’opération et des engagements du chef de l’armée passent par l’ouverture de tous les dossiers de corruption sans exceptions pour lever tout soupçon de règlement de comptes. Le peuple ne pourra qu’applaudir.
Imane B                      


…SOUFFLES…SOUFFLES…SOUFFLES…

Envoyé par Luc
  https://www.liberte-algerie.com/culture/journal-intime-de-lecrivain-des-lettres-du-president-1-314132


 Liberté-Algérie   l Par M. Amine Zaoui - 28/02/2019

Journal intime de l’écrivain des lettres du Président

           C’était sa dernière lettre écrite au nom du président de la République démocratique et populaire. Une lettre de démission ou de destitution ?! Il l’a écrite à l’encre de larmes. Les évènements s’accélèrent dans la rue. La bouffée de chaleur arrive jusqu’au palais présidentiel. Il ne faut pas déranger le Président avec ses jeux enfantins. Insomniaque, l’écrivain du Président a passé sa nuit blanche en train d’élire ses mots, un par un. Des mots qui disent un sens et son contraire en même temps. Écrire une lettre de démission ou de destitution est une lourde mission. Cela n’arrive qu’une seule fois dans la vie professionnelle, et non pas pour tout le monde. Toute la nuit, il a fouillé dans ses gros dictionnaires rangés sur son bureau en forme pyramidale, creusant dans ceux des synonymes et dans ceux des antonymes. Cherchant même dans ces dictionnaires spécialisés dans le classement des mots morts, disparus de la circulation linguistique ! Les dictionnaires qui ressemblent au cimetière des mots. Mais, lui, le génie, l’écrivain du Président est capable de souffler l’âme dans ces mots-cadavres. L’écrivain du Président, la veille de la démission ou la destitution de son maître, divaguait, frémissait. Pris par une hallucination débordante, il délirait en disant des choses incompréhensibles et incompatibles. Une folie. Pour la première fois, en l’écoutant dire l’indicible, sa secrétaire, a décidé de casser la carapace de sa solitude.

           Debout sur le seuil de la porte de son bureau, il l’a regardée, la tête noyée dans les dictionnaires volumineux, en lui demandant de lui préparer un verre chaud de gingembre au miel pur !bL’envie de cette boisson bizarre, a laissé la jeune femme un peu étonnée ! En réalité, cette fameuse boisson aphrodisiaque est recommandée pour d’autres raisons !
           Écrire une lettre de démission ou de destitution d’un Président qui a régné pendant 20 ans, et qui a passé 20 ans les pieds dans le sable du Golfe, est une énorme mission. Seul, lui Si Ammar, l’écrivain présidentiel est capable de l’accomplir. Il a le verbe, le don et la patience. Et parce que c’est la dernière lettre, l’écrivain était triste, abattu, pour le destin de son Maître de plus en plus isolé, lâché ou lynché. Il était aussi affecté par le maudit sort de son génie d’érudit menacé d’extinction. Son don d’homme de plume éclipsera dans quelques heures. Et personne dans ce grand pays de quarante millions d’âmes n’écoutera ses lettres religieusement lues dans les JT de 20H en arabe, traduites dans un français recherché pour le JT de 19h . En ce dernier jour passé dans son bureau à la présidence, tristement, il a rangé ses stylos dans son plumier de collégien, ses blocs-notes, les séries des dictionnaires d’arabe en gros volumes bien reliés : Lissane al-Arabe, Al Kamous Al mouhit, Al-moukhassas, Al-maqayis, El-Aïne… Robert et Larousse en français et Al Manhal dictionnaire bilingue arabo-français. Il est fier de sa bibliothèque composée de dictionnaires et de livres de poésie !
           Parmi ses affaires chères à lui, ce gros registre dans lequel, avec précision et exactitude, il a inscrit les dates des fêtes nationales de tous les pays du monde, excepté Israël !
           Chaque jour que Dieu a créé, au nom du Président, il écrit au moins une dépêche de félicitations, bien soignée, adressée à un roi, un sultan, un président, un chef de gouvernement. Il adore rédiger les lettres de félicitations adressées aux femmes politiques du premier rang ; reines, présidentes, cheffes de gouvernement. Et c’est aussi le désir de son Président !
A. Z.                      
aminzaoui@yahoo.fr                      


MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,

cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura



Gérard Boutonné.

         Bonjour, Bône,

           Bonjour amis Bônoises et Bônois,
         Je suis Gérard Boutonné de Philippeville et viens solliciter votre mémoire au sujet d’une pièce de théâtre d’Édouard BLOIS votre concitoyen.
         Depuis de nombreuses années je recherche, le livret ou même le texte, pour le sauvegarder au C D H A d’Aix-en-Provence, écrite par E. BLOIS en 1948, JOSETTE DE VERRIÈRES pièce en 4 actes.
         J’ai pu faire enregistrer les œuvres de cet auteur a Aix mais aussi à la B N F à Paris.
         Ne reste a ce jour de retrouver je l’espère avec votre aide ce fameux texte qui manque et qui pourrait dormir respectueusement chez les descendants des acteurs de l’époque certainement plus de ce monde.
         Amitiés et souvenirs,
         Très cordialement.
         Gérard Boutonné.
         Mon adresse est, (cliquez sur) : g.boutonne@free.fr




De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
    Diaporama 116                                          Diaporama 117
    Diaporama 118                                          Diaporama 121
    Diaporama 122                                          Diaporama 124
    PDF 125                                                       Diaporama 126
    PDF 127                                                       PDF 128
Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : jarrige31@orange.fr


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Domination
Envoyé par Eliane

       Le pasteur adresse ce message à ses fidèles :
       - Que tous ceux qui avouent que leur femme les domine se déplacent et aillent s'asseoir du côté gauche*
       Tous les hommes de l'église se déplacent à gauche, sauf un.*
       Le pasteur, heureux qu'il y ait au moins un homme fort, lui demande :*
       - Comment se fait-il que votre femme ne puisse pas vous dominer ?*

       Alors l'homme répond calmement :*
       - C'est elle qui m'a dit de ne pas bouger...... !*
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