N° 190
Janvier

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Janvier 2019
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
   2018 est mort, vive 2019    

         Le 31 décembre, c'est la Saint-Sylvestre qui marque notre passage à l'an 2019. L'occasion de tirer des bilans, de prendre des bonnes résolutions, de mijoter des bons petits plats, de faire la fête, d'envoyer ses vœux...
         A l'aube de cette nouvelle année, au nom de la Seybouse, de tous ses Collaborateurs et Amis qui m'entourent, je vous présente, à toutes et tous, nos meilleurs voeux pour 2019, beaucoup de santé, de bonheur, de joie, de prospérité pour vous, votre famille et vos proches.

         Vous connaissez les objectifs de la Seybouse qui sont : la connaissance de notre mémoire collective, son histoire et sa diffusion la plus large possible afin de la perpétuer. C'est le cadre et l'importance du travail qui nous attend encore avec l'émergence de nouveaux projets et de nouveaux collaborateurs qui ont déjà commencé leur travail en 2018. Nous avons des atouts, nous avons des besoins, nous unissons nos expériences et nos compétences pour atteindre ces objectifs, tout en demeurant à votre écoute.

         La baisse du nombre de Pieds-Noirs nés en Algérie continue au gré des décès mais nous avons la satisfaction de voir que notre communauté s'agrandit car l'esprit Pieds-Noirs vit dans les nouvelles générations.

         Le 1er janvier, c'est bien sûr le Jour de l'An. Le jour d'une nouvelle année que l'on espère toujours plus belle, plus pacifique que la précédente tant il est vrai que notre monde a de quoi nous faire frémir.

         Le 1er janvier pour des chrétiens, c'est l'occasion à la fois de prier pour demander à Dieu la paix du cœur, la paix entre nations, en famille, mais il en est de même pour les autres religions. La Paix que nous souhaitons et voulons pour le monde et en particulier pour les pays en guerre, la France est aussi en guerre, cette paix, il nous faut la construire dans nos foyers, dans nos maisons en priorité.
         La Paix n'est pas un simple sentiment de tolérance, elle est un engagement à la bienveillance, à la réconciliation, à la miséricorde mais aussi à la prévention et à la punition, mais pas à la repentance qui est un permis de recommencer.

         Pie IX, le Pape, recevait le 18 juin 1871 une délégation française menée par Mgr Forcade, évêque de Nevers. Les paroles qu'il adressa à cette occasion à ces catholiques français sont lourdes d'enseignements :

         " Vous savez combien j'aime la France. Je puis donc vous dire franchement la vérité ; il est même nécessaire que je vous la dise. L'athéisme dans les lois, l'indifférence en matière de Religion, et ces maximes pernicieuses qu'on appelle catholiques libérales, voilà ; oui, voilà les vraies causes de la ruine des états et ce sont elles qui ont précipité la France. Croyez-moi, le mal que je vous signale est plus terrible encore que la révolution, que la Commune même ! J'ai toujours condamné le libéralisme catholique et je le condamnerais quarante fois encore s'il le fallait ! Il faut pratiquer la charité, nul doute ; faire tout ce que l'on peut pour ramener ceux qui s'égarent, fort bien ; mais il n'est pas nécessaire pour cela de partager leurs opinions. "

         Nous approchons de l'échéance d'élections importantes et peut-être que ces paroles du Pape, un homme entre autres, pourront être méditées.

         Bonne Année, Bonne Santé.
         Amicalement votre.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,
        A tchao.

Tableau de M.  Henri Palles

         Mes chers compatriotes de Métropole comme d'Outre-mer ainsi que de l'Etranger, ces bons souhaits sont présentés comme d'habitude par nos Amis CAMEMBERT et "son camarade" VA ET VIENT mais aussi par EL CIEGO, EL SEÑOR Y LA SEÑORA SCOTTO, LE CAFÉ mais aussi par DE LA PERLE, LE COL BLEU, LES VINS LOGIANO, LA JOYEUSE UNION, Y LA TIA JOSEFA sœur de mi abuelo. Même Alphonse PASQUIER est présent.

         Tout ce petit monde ou chacun pourra allonger la liste, sont en ce moment dans nos pensées car nous ne les avons pas oubliés. Cette place de la Perle aujourd'hui vous parle : Et aimerait parler aussi à tous les Oranais et nostalgiques de notre enfance sur cette terre d'Algérie pour vous dire ces deux petits mots magiques JOYEUX NOËL
         Henriqué Palles des bas-Quartiers d'Oran


JOYEUX NOËL
De Hugues Jolivet


       Jour de Fête des Chrétiens, car Joseph et Marie
       Offrent, à l'Humanité, le Messie attendu !
       Youpi, disent les enfants, leur attente assouvie,
       En courant au sapin, qu'y a t-on suspendu ?
       Un jouet mécanique ? Une tablette numérique ?
       Xylophone et mailloches pour le fan de musique ?

       Nous pensons à nos vieux, en Maison de Retraite,
       Où une visite s'impose, quand ils sont dépendants.
       En famille, en vacances, une promenade parfaite :
       Les Marchés de Noël pour un ultime présent !
Hugues Jolivet         
Le 21 décembre 2018          


CRÊCHES 2018
Envois Divers
Crêche de Algérianie
Image Algérianie


Crêche de Odeia
Image Odeia



Crêche de M. Lucas
Image M. Lucas B.




Image M. Lucas B.




Image M. Lucas B.



Crêche de M. Gollnisch
Image M. Gollnisch



Crêche de M. Ventura - Saint Augustin à Bône
Image J.L. Ventura



Image J.L. Ventura



Image J.L. Ventura



Image J.L. Ventura


Crêche de Civitas
Image Civitas


" BONNE ANNEE BONNE SANTE…
De Toni Pança
Envoyé par Jérémy Lagarde

      - La paille à le cul pour toute l'année !...
      C'est avec ce souhait légèrement incandescent que chaque y [chacun] s'accoste en dehors la rue.
      - Sahah chose, je te la souhaite bonne et heureuse, avec la paille au bout…
      - Sahah machin, que la sanche [la chance] et tout y te vienne pour 1913. Que tu te gagnes à la lotéria d'Espagne !... Avec la paille au bout…
      Et vinga [Et en avant] des souhaits, vinga des boniments que manco un [que pas un] il a la moitié de la sincérité…
      Chaque y se sort la figure falso. Chaque y se fait la bouche en cul de poule et il y va de la poulitesse qu'on se fait le lendemain de la Saint-Sylvestre.
      Aïe ma ! si tous ceusse là [tous ceux] qui m'ont sorti les ousquinfes [les belles paroles…], mercredi, y z'avaient dit la vérité, sûr avant le premier février je suis meyionnaire [millionnaire] et tout…
      Tous y me disaient :
      - Toni, mon vieux, sois heureux… Je te souhaite beaucoup les choses : la santé, la richesse…
      Une fois qui z'avaient le dos tourné, ces fants de leur mère y disaient :
      - Tchala [Inch'Allah] que tu crèves !...
      Et y z'avaient bien raison. Pourquoi faire tant de manières ce jour-là, plus qu'un autre ?
      C'est de la femusterie [fumisterie] ni plus ni moins.
      Manco un y pense ça qui dit. Y s'a appris un boniment pendant quinze jours et y se le récite à tous, le même. Pas seulement la vergule y sange [il change] !
      Nous z'autes, à le " Papa-Louette ", on s'a pas fait tant le chiqué pour le premier de l'an 1913. Tous ceusse-là qu'on s'a trouvé en ville on se lui a dit :
      - Adieu ! Alors ! ça va la petite santé ! tant mieux… Moi aussi… Tu paies à boire ?
      Et d'autorité le type y marchait et on s'envoyait, sur le zinc, une chiée d'Anis Gras.
      Tout le monde il était content, le cafetier aussi et au moins d'un côté et de l'autre, c'était franc…
      Voilà comment je comprends les souhaits, moi ! "
Toni-Pança : Papa-Louette du 4 janvier 1913          



ENTRETIEN DU CIMETIERE DE BÔNE
Par M. Mounir Hanneche - Entrepreneur - 2018
ELAGAGE - DEBROUSSAILLAGE (Suite)
Photo M. Mounir Hanneche

















































Merci à l'entreprise BONE-CONSTRUCTION d'avoir persévéré et réalisé tous ce que nous lui avons commandé depuis 2007. Merci aussi à M. Poinçot, Consul de France à Bône (Annaba).


 
LE MUTILE N° 57 du 21/07/1918 (Gallica)
Tribune Publique
PRÈS DU GOURBI
        
        Lettre trouvée, émanant d'un Tirailleur indigène d'Aïn-Bessem adressée à son frère Aïssa ben Dadag.

        Monsieur l'Administrateur du Mutile

        La lettre trouvée par un indigène dont je vous tais le nom de ceci.
        Je suis au front pour faire mon devoir comme tous les français. Tous, les soldats nous tapons sur les boches tant que nous pouvons, je te jure qu'ici il n'y a pas de fainéants. Les aéroplanes, les soixante quinze, tout le monde marche. J'ai des camarades du bled avec nous, on est content de se voir, on boit ensemble un bon coup de pinard après baïonnette au canon et en avant. Les boches va ! mangent beaucoup de choucroute.

        Nos, chefs aussi sont contents de nous. Nous avons des officiers dignes de leurs tâches et au-dessus de toute éloge nous sommes très bien nourris et soignés, ça va très bien. Les prisonniers que nous faisons dévoreraient nos marmites tellement ils sont affames.
        Ils se trouvent très heureux, d'être nos pensionnaires, en vérité ils ont raison car ils savent que, le Français est bon. C'est pour cela que nous verserons notre dernière goutte de sang pour cette admirable Patrie incomparable qui sacrifie ses fils pour la Liberté pour notre droit. Oui merci à la France que nous défendrons jusqu'à la mort. A ce sujet mon cher frère Dadag tu me diras, je te prie, comment se fait-il que le fils Tour Paul et Adrien Servel, mes deux meilleurs amis, qui depuis quatre ans ne sont pas à nos côtés. En voilà des Français.
        Oui ! quatre années de front et ces Messieurs comme tu nous le dis ont trouvé le moyen de nous laisser casser là gueule du temps qu'eux font la noce, la pêche aux barbots la chasse aux perdreaux.

        En voilà des braves embusqués, des hommes de cœur qui supportent que des pères de famille de trois enfants les remplacent aux tranchées. Un bon motif comme tu le dis dans ta dernière. Ils ont de la chance. Servel son père a de riches propriétés.
        Mon Houya Paul Tour a de vastes terres. Deux cents hectares à Bertville, Aïn-Bessem autant, Hoche une centaine aussi.
        Et moi je n'ai que mon frère, ma sœur, ma vieille mère chérie et mes deux petits enfants.
        Je t'en prie mon cher frère Dadag, surveille le Gourbi car je suis peut-être destiné comme tant d'autres braves de notre bled à subir le Mektoub, c'est pour la France reconnaissante qui élèvera mes deux garçons ; Tu me dis que Mahmoud a été fatigué ce ne sera j'espère pas grand chose et puis nous avons notre vaillant docteur qui a compassion du malade qu'il soigne ; son geste suffit, ayez confiance en lui. Je vous assure que vous en serez satisfait.

        Tout cela n'est rien, le canon fait rage, les mitrailleuses crépitent, la balle siffle, tout cela ne nous effraye pas. Les chéchias rouges ne s'émeuvent pas, car c'est pour notre Patrie. Seuls les embusqués ne veulent pas acheter de terre en France, car ils seraient trop près des canons.
        Si j'ai l'avantage, cher Dadag de retourner au Bled, mon pays chéri, et que je rencontre, mes Houya je leur ferai cadeau de ma croix de guerre.
        Enfin heureusement que la France que je défends avec toute mon énergie m'a fait instruire à l'école, sans quoi je n'aurais pu te donner toutes ces nouvelles et surtout la garde des gourbis.
        Fais attention à là femme Kadjoudja et à mes deux fils.
        Ton frère pour la vie,
KADOUR BEN DADAG                 
â Aïn-Bessem                 

L'identité "pied-noir"
Envoyé Par J. Roda
Ce texte mérite d’être lu et relu !
Oh que c’est bien dit, et… que des vérités dont on voudrait voir la reconnaissance un jour, je m’inscris pour ma part, totalement dans ce qui est écrit.
JE CROIS QUE L’ON NE PEUT RIEN RAJOUTER A CE QUI EST DIT DANS CES QUELQUES LIGNES... C’EST TELLEMENT VRAI. NOTRE EXODE N’A PAS ÉTÉ RECONNU COMME TEL... PUISQU’ON VOULAIT MÊME NOUS REJETER A LA MER pour qu’on aille se faire pendre ailleurs.
PIEDS-NOIRS : Se dit avec fierté, de tout individu de nationalité Française, né exclusivement en Algérie, Province Française (1830/1962) dotée de 3 départements : ALGEROIS - ORANAIS - CONSTANTINOIS - & des territoires du Sud et des protectorats.
Tout vrai Pied-noir a rêvé d’écrire le texte ci-dessous. Je l’ai lu et relu 100 fois et à chaque fois je le trouve plein de vérités et de réalisme. J’aurais aimé en être modestement l’auteur.
Afin que nos descendants n’aient certes pas à rougir de nous !
et qu’enfin, la vérité soit dite au grand jour.

           A quelques encablures de ma fin de vie, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence, je ressens le besoin d'éclairer un malentendu.

          Après plusieurs années de vie professionnelle, j’ai travaillé avec vous, Français de Métropole, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme.

          J'ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France Métropolitaine, de s’étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j’ai cru avoir oublié que j'étais né dans une de provinces française, sur une autre rive de la Méditerranée, de parents et de grands-parents à l'accent impossible souvent venus d'ailleurs, d'une ville de la Méditerranée ou ailleurs.

          Je m’étais cru Français comme vous et j’avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde.

          Et puis, depuis quelques mois, des maisons d’édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d’Algérie.

          Les chaines de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l'Histoire de 132 ans de présence française en Algérie.

          Avec une étonnante convergence de vues la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre.

          J’ai revu l'histoire de ma patrie, l'Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales telles que :

          "La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime"
          "Que les Français d' Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres"
          "Que Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays"
          "Que certains Français ont eu raison d'aider les fellaghas (révolutionnaires assassins du FLN) à combattre l'armée française et peuvent s'enorgueillir aujourd'hui d'avoir contribué à la libération de l'Algérie en assassinant d'autres Français."


          Alors, j’ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s’il n’avait appris à l’aimer... et vous n’avez jamais aimé "cette belle Province", notre Algérie !

          Alors, j’ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand je révélais et affirmais mon origine «pied noir »

          J’ai compris que les exodes espagnol, arménien ou juif vous avaient touchés mais que le nôtre vous avait laissés indifférents, et même dérangés, au point de nous vouloir nous rejeter à la mer.

          J’ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d’abandonner ce morceau de France, ces citoyens français et ces Harkis, entrainés à nos côtés, étaient traités de putschistes.

          J'ai compris pourquoi des mots comme "colon" avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.

          Même des Français de France Métropolitaine, comme vous, tués au combat n'ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation, aux mêmes commémorations que les Poilus ou les Résistants, parce qu’ils furent engagés dans une "sale guerre" dont vous avez HONTE !

          Alors que leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, vous est-il plus facile de célébrer le 19 mars, d’autres "héros algériens", ceux-là plutôt que nos soldats morts pour rien.

          Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France métropolitaine était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre province algérienne pour continuer à y vivre était criminel...

          "Vérité et légitimité en deçà de la Méditerranée... Erreur et crime contre l’humanité au-delà !"

          Vous, si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l'armée française au cours des dix dernières années (1952/1962), vous êtes devenus curieusement amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à vos compatriotes européens et musulmans.

          Vous ne trouvez rien à dire sur l’œuvre magnifique et pacifique française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien !

          Les fictions même s’affligent des mêmes clichés édités par de pseudo historiens Français, à peine âgés de quatre ans en 62... arrogants et fils de porteurs de valises, et de certains maghrébins volontairement non intégrés, et soi-disant "opprimés".

          Ce qui est singulier dans les débats sur l'Algérie, sur cette guerre de huit ans, et sur la fin de la période française, c'est que celles et ceux qui en parlent, s'expriment comme s'ils parlaient d'une terre étrangère et dont ils ignorent tout, absolument tout même au plus haut niveau d'Etat.

          Disséquer le cadavre de l’Algérie Française leur est un exercice clinique, que Politiciens de basses œuvres, néo-journalistes, commentateurs en verve et professeurs d’université gauchisants, réalisent pour leur "Superbe" avec la froide indifférence d’étrangers à notre Nation.

          Personne ne pense que plus d'un million de femmes et d’hommes n’aient connu et aimé que cette terre où ils sont nés.

          Personne n'ose rappeler qu'ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil et certainement pas "Rapatriés" sur une terre souvent inconnue et fermement hostile...

          Quand certains intellectuels français se prévalent d'avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d'avoir armé le bras des égorgeurs de Français... Ce n’était pas la même musique en 1945 à l'égard des "collabos nazis"...

          Cette terre vous brûle le cœur et votre triste mémoire vous gave de mauvaise conscience.

          Je n'ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes instituteurs Français m'ont appris à aimer comme étant une Province Française à part entière.

          Mais, même si n'est plus, il est trop tard, aujourd'hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes Arrière-grands-parents, de mes Grands-parents et de mes Parents, ma terre natale, fille de ma patrie.

          J’attends de vous, amis français métropolitains, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu'elle soit aussi votre Histoire...

          Je n'attends de vous aucune complaisance mais le respect d'une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son œuvre et de ses cultures.

          J'attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j'ai laissés là-bas et dont la vie fut faite de travail, d'abnégation et - parfois même - d’héroïsme en 14-18 et 39-45.

          J'attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d'objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l'Histoire de France d'en deçà et d’au-delà de la Méditerranée.

          Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de Métropole Française, en m'y sentant aussi, comme vous , Chez moi… Enfin
Dommage, l'auteur n'est pas identifié...


Le Tirailleur Algérien
N°2 du 27/08/1899
Le Miracle de Sidi-Belmehel
               Le vieux Kaddour ben Ali était immensément riche, mais néanmoins il s'estimait le plus malheureux des hommes. Allah ne lui avait pas donné d'enfant qui pût hériter de ses grands biens.
               Certes, si Kaddour n'avait pas goûté les joies ne la paternité, ce n'était pas faute d'avoir employé les moyens usités en pareil cas. Il avait successivement épousé et répudié douze femmes ; il avait abondamment labouré et semé ; mais. hèlas la semence n'avait pas germé.
               A l'âge de 70 ans, voulant tenter un dernier coup, et n'étant nullement superstitieux, il chercha une treizième épousa. Or, il y avait précisément dans le douar voisin une jeune fille appelée Nedjema, belle comme les étoiles dont elle portait le nom, car Nedjema veut dire étoile.
               Elle était fiancée à Lounis, fils du caïd ; mais le vieux Kaddour l'obtint de son père moyennant une surenchère de mille douros.
               Chez les Arabes, en effet, les jeunes filles ne se marient pas selon leur cœur. La pauvre Nedjema dut donc obéir à son grigou de père et suivre sous la tente le vieux décrépit que le sort lui donnait pour mari. Je vous laisse à penser combien fut grand son désespoir et celui de Lounis.

               Une année se passa et rien n'annonçait encore l'héritier tant attendu.
               Le pauvre mari était désolé et pensait bien que tout espoir était perdu, lorsque Nedjema, à la suite d'un entretien mystérieux avec Kredidja, une de ses vieilles servantes qui jouent dans les douars un rôle bizarre, vint le trouver et lui dit en baissant pudiquement les yeux :
               - " Maître, si vous n'avez pas d'enfants ce n'est pas de votre faute, car vous êtes encore jeune, malgré votre âge. C'est votre épouse qui n'est pas bénie d'Allah.
               Pourquoi ne me laisserez-vous pas invoquer le puissant marabout Sidi Belmehel, dont la Koubba s'élève au sommet de cette colline.
               Vous savez que ce grand saint a la réputation de rendre fécondes les femmes stériles qui vont le prier à la nuit close ; il daignera peut-être faire un miracle "...

               Tu as raison, répondit le vieux Kaddour, agréablement flatté de voir sa femme le trouver encore jeune. Vas invoquer le marabout, notre servante Kredidja t'accompagnera.
               A partir de ce jour, Nedjema se rendit tous les soirs à la Koubba de Sidi-Belmehel. L'ardeur qu'elle mettait à accomplir son pèlerinage dénotait la force de sa dévotion et le désir qu'elle avait de devenir mère.
               Son oraison se prolongeait longtemps. Elle revenait quelque peu chiffonnée, mais d'humeur si joyeuse que son mari voyait là un effet déjà sensible de la grâce déjà opérante du marabout.

               Un jour le vieux Kaddour trouvant que sa femme s'attardait un peu plus que d'habitude, fut pris d'une vague inquiétude et partit à sa rencontre.
               En approchant de la Koubba, il entendit des sons qui le rassurèrent. C'était Nedjema qui, dans l'intérieur de l'édicule, poussait de tendres soupirs entremêlés d'invocations : " Allah !... Allah !... ia Rabbi ! "...
               Comme elle prie avec ferveur, pensa Kaddour.
               Et, emporté par l'attendrissement, il se pencha pour voir dans l'intérieur de la Koubba.
               Dieu ! quel spectacle. .
               Il aperçut Nedjema couchée sur la natte, dans les bras de Lounis, qui l'aidait efficacement à obtenir du saint marabout la grâce d'avoir un fils
Said.            


Songe d'une nuit d'hiver
ECHO D'ORANIE - N°272

        J'ai fait souvent ce rêve étrange et pénétrant...
         J'errai dans une ville ou j'étais étrangère,
         Mes pas me conduisaient au hasard dans des lieux
         Qui me rappelaient bien un ailleurs connu...
         Mais où allai-je si seule, si désemparée...?
         Devant moi surgissait l'ombre d'un enfant perdue.
         Je criais, j'appelais ceux que j'avais aimés,
         Et l'écho de ma voix se perdait dans les brumes de ce petit matin.

         Des odeurs d'embruns, d'eucalyptus en fleurs,
         Le clapotis des vagues se mourant sur le sable...
         Je me frottais les yeux...et ils étaient en pleurs.
         Et je me mis à courir après cette petite fille aux nattes
         Qui partait à l'école en portant son cartable,
         Sa sœur à ses cotés... elles bavardent et pressent le pas
         Je les suis...attendez-moi...emmenez-moi avec vous...parlez-moi!

         Devant son atelier, un homme en bleu de travail
         Leur sourit paternellement, près de lui un grand chien noir et blanc aboie
         Je les vois...elles s'éloignent, frêles silhouettes,
         Je m'affole, je cours vers elles et la peur me tenaille
         Peur de me perdre encore... Je me hâte,
         Des frissons dans le corps et des bleus pleins le cœur et la tête.
         Plus haut, des escaliers que je monte quatre par quatre,
         Quand un air de clairon freine mon ascension...

         Je ralentis ma course...c'est sonore, mais comme c'est beau!
         Et il réveille en moi de vieilles émotions...
         Des militaires au pas, des sons de cloches, des sirènes de bateaux...
         Tout près des rires d'enfants dans une cour de récréation.
         Une caserne...une église, un port, une école de garçons
         Et derrière moi soudain, des éclats de voix, des klaxons de scooters,
         C'est bien sûr les copains...OHE!! mais ils passent sans me voir.
         Attendez-moi, ne partez pas sans moi, Guy, Vivi, Lulu, François!!

         C'est moi, vous ne me reconnaissez pas?
         Me voilà marchant seule devant le lycée Lavoisier...Désert,
         C'est pourtant le jour de la rentrée!...je suis perdue... j'ai froid.
         Au bas de l'avenue, un car s'est arrêté, sur le haut du capot
         Je peux lire "mémèch" et aussitôt je pense à Rivoli
         J'ai connu ce village, c'est celui de Camille , mon mari!
         Alors j'ouvre les yeux...dehors il fait noir, c'est l'hiver.
         Une pluie battante frappe les volets clos

         Il est tôt... la petite fille aux nattes...je l'ai seulement rêvée...
         Comme tant de fois, elle m'apparaît dans mes nuits les plus noires
         Si jeune, si insouciante de vivre dans ce pays qu'elle aime tant,
         Où les jours s'écoulent sereins et pleins d'espoir.
         Ce quartier si cher où mes rêves si souvent me ramènent,
         Cette ville qui ne me reconnaît plus...cela fait si longtemps!
         C'est ma ville, celle où je suis née... MOSTAGANEM.
AUTOMNE 99         
Mme EYMARD-ROUAYROUS Chantal         
34 290 VALRAS         




La fin de l'âge de bronze.
De L'Effort Algérien N° 347 du 08/02/1935

LA MORT DU PETIT SOU
             Elle est survenue le 31 janvier puisque le ministre des Finances a fait savoir qu'à partir du 1er février 1935 les pièces de bronze de 0 fr. 10 et 0 fr. 05 en nickel du grand module cesseraient d'avoir cours entre les particuliers et ne seraient plus admises dans les caisses publiques.
             Après l'or et l'argent, le bronze se dérobe. Ce n'est pas un mince événement. Au cours des siècles, le retrait d'une catégorie de monnaies et l'émission d'espèces de remplacement ont toujours fait date marquant la fin d'un régime, un affermissement ou un bouleversement du crédit.
             Cette fois il s'agit d'une ère nouvelle qui s'ouvre. Nous rompons.définitivement avec le passé, puisque la-monnaie de bronze se réclamait de la plus haute antiquité. Nos paysans, quand ils découvraient dans un champ quelque pièce à. l'effigie de César, n'en étaient pas si déroutés puisqu'ils se savaient toujours à l'âge de bronze. Voilà celui-ci révolu. La rupture est faite : nous sommes entrés dans l'âge du nickel.

             Les anciens sous, au relief inusable, avaient un style, une noblesse et comme une majesté que les numismates n'étaient pas seuls à apprécier. Aussi peut-on gager qu'il se trouvera. en dehors d'eux, des amateurs pour conserver au fond d'un tiroir quelques échantillons, quelques souvenirs, non démonétisés dans leur mémoire. Ils ne les reverront pas sans émotion, sans mélancolie, surtout s'ils se remémorent, en les tenant dans le creux de la main, d'heureux jours d'enfance où petits et gros sous de bronze, au son pur, tintaient joyeusement dans leur modeste tirelire.
             Alors, le sou de bronze était précieux, par le métal, la frappe et la valeur. Il avait un aspect artistique, un aspect de médaille. Et que de choses on pouvait avoir avec un sou : un cigare, une boite d'allumettes, un journal, une image d'Epinal. un sucre d'orge. Quoi encore ? En ce temps-là, les enfants eux-mêmes. nantis d'un sou, se sentaient riches. Restait pour eux de bien savoir l'employer, de bien savoir le placer, soif dans une emplette judicieuse, soit dans leur tirelire. Car ils avaient accoutumé d'entendre les grands-mères, formées à l'école du bas de laine, répéter d'un air sentencieux: " Un sou est un sou ".
Jean Counil             


Réouverture de la basilique de Santa Cruz : Consacrer le vivre ensemble
Par Amel Saher - 08/12/2018
Envoyé par Mme Bouhier

         «L’Algérie ne fait nullement de distinction ni de ségrégation ni n’exclusion envers les non-musulmans. Il suffit de se référer à la loi 02-06 qui régit les cultes non musulmans», a déclaré le Mohamed Aïssa

          D.R«L’Algérie ne fait nullement de distinction ni de ségrégation ni n’exclusion envers les non-musulmans. Il suffit de se référer à la loi 02-06 qui régit les cultes non musulmans», a déclaré le Mohamed Aïssa, dans une déclaration à la presse, en marge de la réouverture de la basilique de Santa Cruz, qui intervient à la veille de la béatification de 19 religieux.
         Le ministre s’est déclaré heureux que le Pape François ait répondu favorablement pour que la béatification se fasse sur la terre d’Algérie, précisément à la basilique de Santa Cruz. «Je suis davantage fier que le Président M. Abdelaziz Bouteflika ait permis de baptiser cette placette du vivre ensemble en son nom», a-t-il affirmé. Cela veut dire, a ajouté le ministre, que «l’Algérie est un pays pluriel et défend le vivre ensemble, la co-éxistence et la cohabitation, et prouve aussi que c’est un État de droit». Mohamed Aïssa a rappelé que la Constitution algérienne, dans son article 45, confirme la liberté de conscience, et à la faveur de la révision de la Constitution de 2016, l’article a été renforcé par la garantie d’exercice d’un autre culte que musulman. Une délégation conduite par le cardinal Giovanni Angelo Becciu, représentant du Pape françois, arrivée hier à Oran, accompagné de Jean Landouzi, chef de la section francophone au Vatican, et de l’ambassadeur du saint Siège, Luciano Russo.
Amel Saher

         http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/131286

         Algérie : l'Eglise béatifie 19 martyrs à Oran, dont les moines de Tibéhirine, sans la présence du pape
         Pourquoi les béatifier alors qu'ils sont restés dans le pays parfois contre l’avis de leurs proches et de leurs congrégations ? Quelle fécondité spirituelle ? Comment ont-ils annoncé l'Evangile à une population en majorité musulmane ? Dialogue sans langue de buis avec Mgr Vesco, actuel évêque d’Oran, Hubert de Chergé, frère de Christian de Chergé, l’un des moines de Tibhirine, Guy Stremsdoerfer, fondateur de la communauté de l’Epiphanie, Mohamed-Christophe Bilek, fondateur de l’association Notre-Dame de Kabylie, et sœur Chantal Galicher, petite sœur du Sacré-Cœur de Charles de Foucauld.

         La béatification, présidée par le cardinal Becciu, préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, s'est déroulé en plein air au sanctuaire Notre-Dame de Santa-Cruz. Depuis ce magnifique lieu qui surplombe la baie et la ville d’Oran, à peine plus de 1000 personnes, assisteront à cette célébration : membres des familles et des congrégations religieuses, chrétiens d'Algérie ou encore des représentants officiels. La béatification de ces 19 martyrs « veut être un pas vers le pardon et vers la paix, à partir de l’Algérie mais au-delà des frontières de l’Algérie ». Elle est une « parole prophétique pour notre monde » comme l’indiquent les évêques d’Algérie.

         Au Centre Pierre Claverie à Oran où la petite communauté catholique locale a l’habitude de se rassembler et prier, la cathédrale était comble pour écouter de nombreux témoins proches des futurs bienheureux, portés par les chants de la chorale des jeunes de la paroisse et de la communauté soufie. C'est ici qu'a résonné le testament du père Christian de Chergé. Il était le prieur de la communauté de Tibhirine. Les participants à cette veillée ont prier sur la tombe de Mgr Claverie.

         Suivez la béatification des 19 martyrs d’Algérie sur KTO avec la veillée de prière vendredi à 20h15 et la Messe samedi 8 décembre 2018 à partir de 13h00.

         C’est KTO qui assure la retransmission en direct depuis Oran pour son antenne et pour les TV du monde entier. Sur KTO la programmation est exceptionnelle : tout sera fait pour permettre une communion de prière autour de ces témoins de la foi, et de nombreux programmes aideront à mieux les connaître

         https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/algerie/algerie-l-eglise-beatifie-19-martyrs-a-oran-dont-les-moines-de-tibehirine-sans-la-presence-du-pape_3085689.html

         Voir les vidéos.

         http://www.ktotv.com/beatification-martyrs-algerie



Hussein Pacha
Envoyé par M. Christian Graille

Notices biographiques

                 Hussein Pacha, dernier dey d'Alger, né à Andrinople, vers 1761, fils d'un officier d'artillerie y avait reçu quelque éducation dans l'école spéciale fondée par le célèbre baron de Tott (issu d'une famille de gentilshommes hongrois, fut secrétaire de l'Ambassadeur français à Istanbul). Son zèle et son intelligence l'avaient élevé rapidement au rang d'oda-bachi (nom d'un officier du grand seigneur ; c'est le grand chambellan qui commande tous les officiers de la chambre où couche le Sultan ; Son nom vient de chas-oda qui signifie en turc chambre particulière et bachi qui veut dire chef) dans le corps des topschis ou canonniers ; mais son caractère irascible et opiniâtre l'avait exposé un jour à un châtiment sévère, il s'était enrôlé dans la milice d'Alger.

                Plus instruit que ses camarades, il sut bientôt se faire remarquer et obtenir de l'avancement. Attaché à son prédécesseur, Ali-Khodgea, il contribua à l'élever à la dignité de Dey, en 1817, et partagea son autorité comme Premier ministre ; après son règne de quatre mois, il devint son successeur d'une manière inouïe dans Alger : sans élection, sans résistance et sans effusion de sang. C'était lui qui avait conseillé Ali-Khodgea de s'enfermer dans la Kasbah avec le trésor et de s'y entourer d'une garde indigène étrangère au corps des janissaires ; plus modéré dans l'emploi des moyens tyranniques dont les Deys d'Alger faisaient usage pour satisfaire leur avidité dévorante, il avait régné sans trouble et sans réaction pendant douze ans, et peut-être fût-il mort sur le trône sans sa querelle avec la France. Il disait à quelques Français qui allèrent le voir avant son départ " qu'il avait commis une grande faute en s'attirant la colère d'une puissance comme la France, mais que, naturellement irascible et obstiné, il se reconnaissait ces deux défauts. "

                Du reste, Hussein-Dey était un vieillard honnête homme, doué de beaucoup d'esprit naturel et d'une capacité remarquable. Son gouvernement se distingua par l'ordre, la douceur et la probité ; mais il avait de l'entêtement ; comme Charles X, une fatalité irrésistible l'a entraîné à sa ruine. Il ne paraît pas, s'il faut en croire son récit, que, dans sa discussion avec le Consul, dont la France a dû embrasser la querelle, tous les torts aient été de son côté.
                Voici comment il l'a racontée lui-même à M. Jal, qui, dans un écrit fort intéressant, nous en a transmis les détails :
                " Deval s'était bien mis dans mon esprit ; il était adroit, insinuant ; je ne me défiais point de lui. Il était gai et me plaisait pour cela ; je crus à la sincérité de son affection pour moi. Il devint très familier, parce que je le traitais en ami, et j'ai su depuis, par quelques-uns de mes officiers, qu'on disait généralement au sérail qu'une pareille intimité avec un homme de son espèce ne pouvait manquer d'avoir une mauvaise conclusion.
                Vers la fin du Ramadan, Deval, que je commençais à aimer moins parce qu'il me parlait souvent mal de son souverain, et que je pouvais craindre qu'il ne lui parlât mal aussi de moi, Deval vint me faire la visite officielle d'usage ; je me plaignais à lui de n'avoir pas de réponse à quatre lettres écrites par moi au roi de France. Il me répondit, (le croiriez-vous ?) : " Le roi a bien autre chose à faire que d'écrire à un homme comme toi ! "
                Cette réponse grossière me surprit. L'amitié ne donne pas le droit d'être impoli. J'étais un vieillard qu'on devait respecter, et puis j'étais Dey.
                Je fis observer à Deval qu'il s'oubliait étrangement ; il continua à me tenir des propos durs. Je voulus lui imposer le silence ; il persista.
                Sortez malheureux ! Deval ne bougea pas ; il me brava en restant, et ce fut au point que, hors de moi, je lui donnai, en signe de mépris, de mon chasse-mouches au visage. Voici l'exacte vérité. "


                Hussein vivait retiré à Livourne ; il eût été plus généreux et plus prudent de la part du gouvernement français de lui accorder l'autorisation qu'il demandait de se fixer en France.
                Avant de parvenir à la suprême dignité, nous avons vu que Hussein-Pacha avait passé par tous les grades ; Il avait commencé par être simple janissaire. Il avait une éloquence vive, originale, abondante en figures.

                Voulant peindre la haine qui sépare les habitants de Tunis et d'Alger,
                - haine instinctive,
                - profonde,
                - enracinée,
                - pareille à celle des Portugais pour les Espagnols, et que l'imprévoyance impolitique de l'administration française ne respecte pas assez, il s'exprimait ainsi à Paris en 1831 :

                " Faites bouillir dans une chaudière un Algérien et un Tunisien ; laissez reposer, et ils se sépareront ". Un moraliste du dix-septième siècle et un chimiste du dix-neuvième n'auraient pas dit mieux.

                Bacri (Jacob-Coën), dont le nom se rattache à cette liquidation qui devint l'une des causes de notre expédition, exerça longtemps, sous l'administration du Dey, l'influence que donne partout une immense fortune ; mais, de graves discussions s'étant plus tard élevées entre lui et ses associés, son étoile pâlit tout à coup, et une prison fut pendant plusieurs années son triste séjour.

                Si l'on en croit ses adversaires, cette catastrophe n'aurait été que la conséquence de folles prodigalités. Suivant Bacri, au contraire, de prétendus créanciers, d'accord avec ses neveux, l'auraient rendu victime des plus odieuses machinations. Quoi qu'il en soit, il était depuis quatre ans privé de sa liberté au moment où s'entama cette négociation financière qui fit tant de bruit ; et aujourd'hui, à l'âge de soixante-dix ans, il est à peu près sans fortune. D'après Bacri, les dettes de l'Espagne envers lui s'élevaient à la somme de trente-cinq millions.

                Un homme qui est parvenu à réunir de pareils capitaux n'a pas eu que les dés pour lui. La fortune peut lui avoir beaucoup souri, mais il est impossible qu'il n'ait point montré de l'audace, de hautes vues, quelquefois même une rare capacité. Ces qualités, Bacri les a possédées en partie. Entre autres exemples de la perspicacité qu'il a souvent mis à traiter les affaires, nous ne citerons que le suivant :

                Pendant notre occupation d'Egypte, M. de Talleyrand lui fit demander, au nom du gouvernement, s'il voulait se charger à la fois d'une fourniture de blé pour l'armée française et de la faire transporter sous pavillon algérien pour la soustraire aux croisières anglaises.
                Bacri accepta sans hésiter ; il n'y mit qu'une condition : celle de pouvoir exporter sous le même pavillon une quantité égale des ports de la Normandie et de la Bretagne pour l'Angleterre.
                M. de Talleyrand ayant voulu connaître les raisons, il répondit qu'avec les bénéfices énormes qu'il retirerait de l'opération il aurait de quoi sauver sa tête du péril qu'il courrait infailliblement lorsque le Dey viendrait à savoir qu'il avait concouru à alimenter une armée de chrétiens, au préjudice des musulmans.
                La facilité qu'il avait demandée lui fut accordée.

                Plus d'une tête bien organisée s'est affaiblie sous les verrous. Bacri est resté plusieurs années dans les cachots d'un tyran. Les prisons du despotisme gardent encore plus longtemps leurs victoires que celles de la civilisation.
L'Algérie française
Arsène Berteuil, ancien pharmacien en chef des hôpitaux militaires
de l'armée d'Afrique. Tome premier. Édition 1856

Léon Roches : Méconnu ou oublié ?
Envoyé par M. Christian Graille

                 Dès sa prime jeunesse Léon Roches avait pris l'habitude de noter, chaque soir, dans un carnet ce qu'il avait fait et observé durant la journée. Pendant plusieurs décennies il tint à jour ce " carnet de souvenirs " qu'il intitula plus tard " dix ans en Islam ".

                 Il naquit à Grenoble le 27 septembre 1809; après des études commencées au lycée de cette ville et terminées dans celui de Tournon, son diplôme du baccalauréat obtenu il gagna en 1832 Marseille où, placé auprès de négociants amis de son père, qui commerçaient avec l'Orient, il fut chargé d'une mission qui lui fit parcourir la Corse, la Sardaigne et l'Italie.

                 Plus tard il rejoignit dans la capitale de la nouvelle province son père, ancien attaché aux services de l'Intendance lors de l'expédition d'Alger, qui, avec ses associés, avait fait l'acquisition de propriétés rurales dans le Sahel et la plaine de la Mitidja.
                 Écrivant et parlant couramment l'arabe il devint interprète-traducteur assermenté. Ses fonctions consistaient à traduire les titres arabes de propriétés acquises par les Européens et à interpréter les conditions stipulées entre les parties. En effet aucun contrat entre Indigènes et étrangers n'était valable s'il n'avait pas été passé en présence d'un traducteur-interprète assermenté.

                 Patriote jusqu'au fond du cœur, Léon Roches résolut en 1836 de faire du plus redoutable de nos ennemis un allié et un ami de la France : il se promit d'aborder et de convaincre Abd el Kader. Il était difficile de se faire une idée, à cette époque, surtout en France, du prestige de l'Émir. Pour les Arabes il était bien plus qu'un chef ou un souverain : c'était un prophète. Entouré d'une auréole mystique il fanatisait les tribus ; sa vue les électrisait ; elles obéissaient à sa voix, à son geste. Doué d'un véritable génie militaire il faisait évoluer ses troupes guerrières avec une grande vivacité. On le croyait au fond du désert, tout à coup il surgissait, menaçant, à la tête de ses innombrables cavaliers.
                 Léon Roches voulut être un ambassadeur secret : tout le poussa vers cette mission d'audace. Il tomba éperdument amoureux d'une jeune et belle algérienne, Khadidja qui épousa l'un de ses coreligionnaires.

                 Il aurait été bien difficile de savoir qu'il s'agissait d'un Européen sous le burnous qui le couvrait et le turban qui le coiffait. Il changea même de nom et se fit appeler Sidi Omar.
                 Les difficultés et les dangers qui l'attendaient étaient plutôt un stimulant pour cet homme assez exceptionnel. Les Arabes l'appelaient Lioune (le lion) ; ils s'imaginaient, a dit un de ses biographes, qu'on l'avait nommé Léon pour le comparer au roi du désert.

                 Roches avait poussé le déguisement si loin qu'on le croyait Musulman. Cette apparente conversion lui permit d'approcher l'Émir. Cependant les Arabes ombrageux et jaloux cherchèrent à empêcher toute influence de cet inconnu dont ils se méfiaient.
                 Abd el Kader était un homme fougueux au caractère ombrageux mais savait, quand il le fallait, se dominer. Il éprouvait une attirance particulière pour tout ce qui était grandeur et noblesse ; il était très religieux et pensait avoir reçu la mission d'être le représentant de Dieu sur terre.
                 Roches ne craignait pas de lui parler de la France en vantant les bienfaits pour tous d'une paix provenant d'une alliance avec le peuple arabe.

                 En 1840 les hostilités reprirent entre l'armée française et les troupes de l'Emir. La présence de Roches dans le camp algérien lui faisait courir les plus grands dangers. Il décida de révéler toute la vérité sur l'action qu'il menait alors. Il n'ignorait pas qu'un tel aveu mettait inévitablement sa vie en jeu mais il le fit par respect et honnêteté. Roches a décrit cette scène terrible. Lorsque sa fureur s'apaisa, Abd el Kader lui dit: " Va-t'en ! Que ton corps disparaisse de ma présence " puis, il s'éloigna.

                 Les deux hommes ne devaient plus jamais se revoir mais firent preuve, dans le conflit qui opposa les tribus à la France, d'un grand respect mutuel.
                 Plus tard, quand l'Emir fit allégeance à la France, une correspondance s'échangea entre eux et il ne cessa de témoigner à son ancien secrétaire la plus vive amitié et la plus grande admiration.

                 Une conviction répandue chez les Arabes rendait difficile la pacification de l'Algérie. En effet ils considéraient comme un article de foi que le Coran interdisait aux Musulmans toute entente ou tout traité avec les Chrétiens.
                 Pour Léon Roches, il fallait détruire ce préjugé et le seul moyen d'y parvenir était d'obtenir des chefs suprêmes de la religion musulmane " une Fattoua ", décision religieuse permettant et autorisant les traités. Donc indispensable de se rendre à La Mecque.

                 Roches se transforma, de nouveau, revêtit le costume arabe et, en apparence, épousa la religion musulmane. Après avoir étudié la théologie du Coran à Kairouan puis au Caire et après un long mais non moins pénible voyage, il entra à La Mecque comme pèlerin. Il s'entretint avec le grand Cheïk qui accepta, après accord du Conseil, de lever l'interdit. Il fut admis que " lorsque le peuple mahométan aurait résisté à l'invasion des Chrétiens aussi longtemps que les moyens de résistance le leur permettaient, il pouvait traiter avec eux."
                 Roches envisagea de renoncer au monde et de se consacrer aux missions évangéliques mais cet état de béatitude devait être de courte durée.
                 Rappelé par le Maréchal Bugeaud, il joua près de lui un rôle d'interprète militaire tout en exerçant également une fonction de représentant de la France en pays musulmans.

                 En 1846 il fut nommé Secrétaire de Légation au Maroc, officia ensuite, en 1852, à Tripoli au Consulat général avant d'assumer la tâche de Consul Général et Chargé d'Affaires à Tunis en 1855. Il poursuivit une carrière diplomatique jusqu'en 1870. La seconde partie de sa vie si active et si trépidante se déroula donc auprès du Maréchal qui fit de lui l'un de ses plus proches collaborateurs si ce ne fut le premier. Les Arabes l'appelaient " le porte-parole du Maréchal ".
                 Subtil négociateur, Roches obtint, grâce aux concours secrets des amis qu'il comptait dans les tribus, des soumissions sans recours à la force.
                 On lui reprocha sa conversion réelle ou supposée à l'Islam et son mariage avec une musulmane. On le soupçonna même d'être un espion et certains jugèrent ambiguës certaines de ses actions.

                 Cependant, cet homme, interprète en chef de l'Armée d'Afrique, ancien secrétaire intime de l'Émir Abd El Kader, ministre plénipotentiaire, aimant l'action et l'aventure au sens le plus noble du terme, sensible et intelligent fut fidèle en amitié sans trahir son pays.
                 C'est en cela qu'il fut remarquable.
                 Il mourut le 23 juin 1900 à Floirac. Il avait 81 ans.


D'après dix ans en Islam (1834-1844)
Léon Roches. Édition 1884

Un colonisateur : Le baron de Vialar (1799-1868)
Envoyé par M. Christian Graille

                 L'histoire du Baron de Vialar n'est autre que l'histoire de la conquête de l'Algérie. Ce vaillant précurseur s'établit sur la terre d'Afrique dix-huit mois à peine après la prise d'Alger pour consacrer sa vie, toute faite :
                 - de travail,
                 - d'énergie,
                 - de dévouement à servir les intérêts de la France et de la colonisation.

                 De Vialar (Antoine, Etienne, Augustin) naquit le 30 septembre 1799 à Gaillac dans le Tarn. Son père qui occupait une haute situation dans la noblesse du Languedoc avait épousé Mlle Portal, fille du célèbre médecin Portal, qui avait pendant sa jeunesse donné des soins à Louis XVI et qui devint sous la Restauration, premier médecin de Louis XVIII et de Charles X.
                 Mme de Vialar mourut 11 ans après son mariage et l'éducation du jeune orphelin fût, en partie, confiée à sa tante, Mme De Lamourié qui habitait Paris.
                 A la fin de ses études, qui furent brillantes, le jeune de Vialar fut successivement
                 - auditeur au Conseil d'État,
                 - substitut à Mantes et
                 - procureur du Roi à Épernay.

                 Sur ces entrefaites éclata la révolution de juillet 1830. Le baron de Vialar donna alors loyalement sa démission pour ne pas avoir à servir un régime dont il ne partageait pas l'idéal politique. L'inaction n'étant pas dans son tempérament, il se demanda, pendant quelque temps de quel côté il tournerait son esprit épris d'aventures et à la réalisation de quels projets pourrait servir utilement sa vive intelligence. Il entreprit un voyage pour le Levant, emportant des lettres d'introduction auprès du pacha d'Égypte. Le 12 janvier 1832, il quitta Gaillac pour aller à Marseille rejoindre son ami, le peintre anglais Wyld et tous deux s'embarquèrent sur l'Avenir, bâtiment de commerce qui faisait voile pour Alger. La traversée fut pénible et mouvementée. Le navire après avoir jeté à la mer une bonne partie de sa cargaison, aborda enfin … Le voyage avait duré 12 jours.
                 Séduit par les charmes de la nature algérienne, originale, ensoleillée, riante le Baron a le pressentiment de l'accroissement que prendra Alger et décida, suivant son heureuse expression d'en faire " sa seconde patrie ". Dès lors il abandonna son voyage en Orient.
                 Le 4 mars 1933 il écrivit à sa tante cette curieuse lettre qui donnera la vision nette de ce qu'était Alger à cette époque et des évènements qui s'y déroulaient :
                 Ma chère tante,
                 Ce voyage d'Afrique que je méditais depuis longtemps avait un autre but que de voir une nation et des costumes différents de ceux de la France ou de l'Angleterre. Le goût des arts, le plaisir des contrastes ne m'eussent pas entraîné si loin. Je me sens un peu vieux pour les courses aventureuses et le plus doux de mes rêves est une vie uniforme dans un tranquille ménage. Comment donc suis-je allé dans une autre partie du monde ?
                 Vous l'ai-je jamais expliqué ?
                 L'amour du pittoresque et du nouveau, le désir d'acquérir une instruction que les livres ne peuvent donner, ont sans doute été pour quelque chose dans mon projet, mais ce qui m'a surtout décidé, c'est la pensée que l'Afrique était appelée à une nouvelle et prochaine destinée, que le moment était venu où cette contrée cernée par la civilisation européenne allait s'ouvrir enfin :
                 - à nos arts,
                 - à notre industrie,
                 - à nos lois,
                 - à notre population.
                 Depuis nombres d'années, je lisais avec intérêt tous les articles de journaux qui se rapportaient à ce sujet. J'ai été enthousiaste de notre expédition d'Alger. J'ai voulu faire une histoire de l'Afrique en recueillant tous les renseignements qui se trouvent dans les anciens auteurs et en analysant les découvertes des voyageurs modernes.
                 En attendant que les Anglais remontent avec des flottes de bateaux à vapeur jusqu'à Tombouctou ou qu'ils s'emparent de Tripoli dont la population est en partie européenne ou de tout autre point de l'Afrique septentrionale, l'Égypte et Alger sont les deux portes de cette vaste contrée qui aujourd'hui sont ouvertes à l'Europe.
                 En Egypte, la civilisation se développe sur une plus vaste étendue du pays ; à Alger elle pénètre avec plus de puissance. Mais quelque évidence que paraisse une théorie, quelques nombreuses que soient les preuves logiques, l'expérience et la vue des faits sont encore plus certains. J'ai donc voulu m'assurer par mes yeux et assister au spectacle de cette révolution. J'ai pensé que rien ne serait plus honorable que de s'efforcer de concourir, que ce serait en même temps une occupation noble et lucrative. Voilà les idées avec lesquelles je suis arrivé à Alger. J'ai vu avec peine que la traversée était plus longue que je ne pensais. Le terme est de 8 à 10 jours. La quarantaine est de 10 jours que l'on fait subir au retour m'a paru un retard fâcheux, ces inconvénients me semblent toutefois devoir être atténués singulièrement dans la suite. Quand le service des paquebots à vapeur sera régulier, et on le promet pour le mois de mai prochain, ces bâtiments à voile ne feront que le service du cabotage de France à Alger : bientôt aussi on reconnaîtra que l'état sanitaire de la colonie est bon c'est une précaution funeste et sans motif que de retenir des passagers 10 jours dans une rade ou un lazaret et de quintupler ainsi la durée de leur voyage. Cette opération ne me paraît pas d'une grave conséquence.

                 Mais que je prenais contentement en voyant les populations européennes et africaines se rapprocher, s'entendre, se mêler ! Tandis que Wyld critiquait l'ajustement bâtard de plusieurs Juifs qui ont pris une partie de notre costume, je ne songeais qu'au fait moral indiqué par ce travestissement. Je remontais dans l'avenir, je voyais cette caste avilie par l'oppression osant à peine encore quitter les couleurs sombres qu'on lui avait imposées et prendre des vêtements d'une forme différente, adopter peu à peu toutes les parties de notre costume se regarder comme des Européens et Français et ne pas tarder à l'être réellement.
                 Ici les Bédouins annoncent leurs marchandises, leurs denrées en Français et reçoivent le prix avec nos monnaies, plus loin des ouvriers maures travaillent avec des ouvriers français. Un assez grand nombre d'enfants du pays savent déjà passablement le Français et peuvent servir d'interprètes.
                 Presque tous les Maures connaissent quelques mots de la langue française et peuvent ainsi se faire entendre des Européens pour leurs choses les plus communes.
                 Les places sont couvertes d'Arabes ou de Kabyles qui apportent :
                 - du bois,
                 - du charbon,
                 - du grain,
                 - du jardinage,
                 - des oranges etc., on en emploie un grand nombre comme journaliers et généralement chacun se loue de leur docilité, de leur probité.

                 Tel propriétaire fait cultiver sa terre par :
                 - quatre Espagnols qui labourent,
                 - vingt Bédouins qui taillent la vigne et travaillent avec la houe et
                 - deux ou trois Français qui aident ou travaillent.
                 Voici comment se composent les domestiques de l'hôtel d'Europe où je loge :
                 - trois Français,
                 - un Espagnol,
                 - deux Italiens,
                 - un Maure,
                 - deux mahonnaises,
                 - deux Juives.

                 Dans tous les ménages vous verriez des agglomérations analogues, les rapprochements matériels présagent un rapprochement dans les idées et les usages. Sans doute ils n'annoncent pas une fusion complète mais qu'importe par exemple que le musulman ne veuille pas entendre la messe ou quitter son turban,
                 - s'il connaît notre langue,
                 - s'il apprécie notre gouvernement,
                 - s'il s'y soumet et s'y attache.

                 On remarque que les Mauresques sont moins farouches. De longtemps elles ne quitteront le voile hors de chez elles. Mais elles sortent plus volontiers et du haut de leurs terrasses quand elles remarquent qu'on les regarde, elles ne vont pas toujours se cacher et négligent parfois de baisser leur voile. Pendant le Ramadan, j'admirais fort la sobriété et la régularité des Maures. J'en suis un peu revenu. Ils se civilisent sous le rapport du boire et bon nombreux d'eux désertent le café pour le cabaret. C'est surtout dans la basse classe que le rapprochement se fait davantage sentir.
                 Les Maures riches ont été humiliés autrefois ; quoique exclus de la plupart des places du Gouvernement, ils n'étaient pas sans influence ; un grand nombre d'entre eux descendaient des Turcs ou avaient des Turcs pour parents. Ceux-ci ne pouvaient prendre de femmes que dans les familles maures, il y avait donc entre les uns et les autres alliances constantes. Pour notre domination, les Maures sont en état de suspicion. On leur a enlevé leurs armes.
                 Les Juifs, nation d'un caractère bien inférieur, sont devenus leurs égaux, ils leur sont même préférés. Beaucoup de maisons de Maures sont occupées militairement et sans indemnité pour le propriétaire dont les jardins sont dévastés et les constructions en ruines. On a rasé leur plus belle mosquée une autre aussi fort grande a été changée en église. On a bouleversé leurs sépultures et avec un cynisme révoltant. Le commerce et l'industrie de beaucoup d'entre eux consistent en essences, broderies et vêtements de luxe, ceux qui s'y livraient sont ruinés par le départ des Turcs et des Maures riches.

                 D'autres commerçants ont à souffrir de la concurrence habile des Français et de la patente à laquelle on les a soumis ainsi qu'à d'autres impôts.
                 Les vivres et les loyers ont d'ailleurs triplé depuis la domination des Français Voilà des causes de mécontentement , de souffrance Mais certains ouvriers, les journaliers, les porteurs ont gagné à l'heure actuelle : les maçons, par exemple, gagnaient 15 sols, ils en reçoivent aujourd'hui 50, les ouvriers étaient payés avec 6 sols , on leur en donne 20. Ces ouvriers ainsi que les domestiques sont d'ailleurs plus portés à s'attacher aux Européens qui les emploient.
                 Les maisons de tous les bas quartiers de la ville ont beaucoup augmenté de valeur. Telle boutique, moins qu'une échoppe de savetier se loue 6 et 800 francs, on a bâti deux maisons ayant chacune cinq arcades assez basses et étroites. Chacune de ces arcades se loue mille francs.

                 Demain, je quitte mon hôtel et vais loger dans une belle maison impasse Salluste n°22. Nous avons une belle chambre, une plus petite, une cuisine. Je paye 90 francs par mois et on ne me fournit aucun meuble. Ainsi tous ceux qui ont spéculé sur les maisons gagnent énormément. Voici comment se sont faites ces spéculations et la proportion ordinaire de leur produit.
                 Une maison a été achetée, il y a deux ans, moyennant une rente perpétuelle de 220 francs. Elle a été vendue avec un pot de vin de 3.300 francs ; elle rapportera 15 à 1800 francs. Il y a 100 francs de réparation à faire chaque année.
                 Le prix et le rapport de la plupart des maisons situées dans le quartier de la ville voisine du port, de la place et des portes principales sont analogues. Les maisons qui sont dans la partie supérieure de la ville sont, au contraire, au plus vil prix.
                 Un grand nombre ont été abandonné et comme les terrasses ont besoin d'un entretien constant quoique peu coûteux qu'il entre beaucoup de terre dans les murailles et que les Européens ont enlevé tous les bois, beaucoup de ces maisons sont en ruines.

                 Cette vue contraste tristement avec celles qu'offrent les rues inférieures où la population se presse et s'agite affairée à peu près comme dans les petites rues qui séparent à Paris les rues Saint-Martin et Saint Denis. La cause de cette différence ne provient pas seulement de ce que les quartiers bas sont plus agréables à habiter que ceux du haut où il faut monter par d'étroits passages, elle vient surtout de ce qu'un certain nombre de Maures ont quitté la ville et que la population européenne à Alger est toute commerçante et ne pouvait faire ses affaires dans un lieu où il n'y a pas de boutiques ni de passants, et où les frais d'emmagasinage seraient très grands. Il importait d'examiner si l'industrie des Européens est accidentelle ou durable, si elle dépendait uniquement de l'occupation ou si elle doit survivre. Jusqu'à présent ce sont les marchands de comestibles qui ont le mieux réussis, d'autres cependant gagnent beaucoup depuis que la population européenne s'est accrue. Cependant à ne voir que la ville d'Alger on pourrait croire que l'armée s'en allant la plupart des individus qui sont venus à sa suite se retireront avec elle.

                 Les premières courses que j'ai faites dans la montagne n'ont pas répondu à mes désirs. J'ai trouvé peu de champs cultivés et, par des renseignements divers, j'ai appris que peu d'essais de culture avaient été heureux. Cependant en examinant la terre et les plantes vigoureuses qui y croissent naturellement, on ne peut douter que ce pays est très fertile, surtout à quelque distance d'Alger. Ayant poussé mes promenades plus loin, j'ai vu des terres en meilleur état et annonçant de belles récoltes.
                 Les entretiens que j'ai eus avec mes cultivateurs eux-mêmes sont réellement encourageants. Ils regardent le sol de beaucoup supérieur à celui de France mais comme il faut que les semences soient faites de très bonne heure, la culture des céréales offre des difficultés. Il paraît que surtout dans les environs d'Alger il ne convient pas de s'adonner exclusivement que chez nous à cette culture. Ce terrain très accidenté est d'ailleurs peu propre à la grande culture mais il est excellent pour :
                 - les arbres fruitiers,
                 - les oliviers,
                 - les lauriers,
                 - la vigne et beaucoup d'autres produits.

                 J'estime à deux mille les Européens qui se livrent à la culture. Ce nombre ne peut qu'augmenter rapidement. Il s'accroîtra de beaucoup de gens du pays qui s'accoutument à nous voir d'autant plus aisément que nous leur portons de l'argent.

                 L'agriculture est la spéculation la plus sûre, la plus solide mais il faut faire de l'agriculture avec sagesse, avec persévérance et sans esprit de système, ceux qui l'ont essayée ont fait pour la plupart des bévues ridicules. Ils ont voulu avoir des récoltes sans travail et trouvent des avantages plus rapides dans les spéculations sur les denrées ou sur les maisons, plusieurs d'entre eux ont renoncé à leurs travaux.
                 Quoique peu instruit en cette matière, j'ai examiné de mes yeux, je me suis convaincu qu'il y a de très bonnes et utiles choses à faire et avec grand avantage. Ne voulût-il pas cultiver, il y aurait un lucre énorme à faire en achetant et en attendant un petit nombre d'années, car la culture qui, malgré ce que j'ai dit au sujet de quelques spéculateurs qui se sont dégoûtés des champs, la culture gagne chaque jour et les propriétés acquièrent plus de valeur, surtout celles qui sont rapprochées ; les autres ne tarderont pas à gagner beaucoup parce que nos relations avec les Bédouins deviennent chaque jour plus pacifiques et qu'il est démontré à tous les militaires qu'avec les forces que nous avons actuellement nous pouvons pousser en avant nos avant-postes.

                 On pense généralement que si nous avions un ou deux régiments de cavalerie, nous pourrions posséder avec sécurité Alger, le massif des montagnes auquel il est adossé, toute la plaine de la Mitidja et plusieurs points du petit Atlas qui se trouvent derrière, c'est-à-dire en demi-cercle dont les rayons seraient de 10 à 20 lieues.
                 Dans cette étendue on jouit de la plus parfaite sécurité. Les cultivateurs redoutent seulement le maraudage des Français dont ils voudraient voir les positions éloignées soit en deçà soit au-delà.
                 Parmi plusieurs terres que j'ai visitées, il y en a une surtout qui me tente, elle est à deux lieues d'Alger dans un endroit très salubre assez rapproché de la route. Il y a deux maisons en bon état, une en ruine ; or, pour cent francs de réparation on pourrait établir des cultivateurs. Elle renferme dix arpents de vigne en bon état pour le pays, les vergers où se trouvent au moins :
                 - 500 pieds de figuiers, d'oliviers, de mûriers, de poiriers, de noyers, dans le meilleur état,
                 - 20 arpents susceptibles d'être arrosés par des sources abondantes qui se réunissent dans un très vaste réservoir,
                 - 150 arpents de terres labourable,
                 - 600 arpents de bois de broussailles qui feraient d'excellentes terres à blé ou à vigne.

                 On m'a demandé 1.500 francs de rente, j'en offre 1.000 et trois années d'avance. Si je fais cette acquisition, je retournerai à Alger vers septembre ou octobre avec quelques ouvriers de Gaillac. Il paraît que je pourrai avoir de bons sujets aux conditions suivantes. De mauvais drôles sont payés ici à raison de 60 francs par mois. Lorsque mes gens seront ici je leur assurerai un meilleur sort en leur offrant d'être métayers et en leur faisant quelques avances. L'un d'eux aurait une certaine suprématie sur les autres et recevrait en conséquence quelque avantage. Plus tard je les ferais fermiers ; tous les ans ou tous les deux ans, je ferai un voyage de deux mois dans la France africaine et je ne me ruinerai pas."


                 Sa foi profonde dans le grand avenir réservé à l'Algérie n'a pas de bornes. Il fait, dès 1834, de nombreuses acquisitions de terrains à Alger même, à Bouzaréa, à Birmandreïs, de l'Harrach au Hamiz. Le premier, il pense à pousser jusqu'à Boufarik., à Kouba, à Tixerain, à Baraki et poussent ses explorations plus loin que les avant-postes de l'armée de l'Harrach au Hamiz. Le premier il songe à pousser jusqu'à Boufarik.
                 Boufarik était un endroit marécageux et malsain, mais un point extrêmement important, situé sur la route d'Alger à Blida. A la fin du XVIe siècle, les Turcs y avaient installé un marché qui avait pris une grande extension. Il y avait intérêt pour les Français à visiter le marché, mais grand danger aussi. Aucun Européens n'avait osé s'y aventurer, malgré la protection du commandant Marey, établi à Béni-Khelif avec des gendarmes maures.

                 Il y avait danger à aller, le lundi au marché de Boufarik, c'était une raison de plus pour tenter M. de Vialar. Le 30 juin 1834 il décida de se rendre à Boufarik avec M. de Tonnac et le chef du bureau arabe, M. Pélissier de Reynaud. Le petit groupe, raconte Edouard Cat dans ses biographies algériennes, passa au milieu des Indigènes sans être l'objet d'attaques ouvertes, mais les regards des Arabes et des Hadjoutes étaient chargés de haine et ils ne voulurent rien vendre aux visiteurs si ce n'est qu'un chien.
                 De Vialar voulant favoriser les relations entre marchands européens et les Indigènes donna, en juillet, à la Société Coloniale, les fonds nécessaire pour fonder deux prix un de deux cents francs à attribuer à l'Européen qui, le premier, conduirait au marché de Boufarik, une voiture chargée de marchandises, un autre de cent francs à celui qui mènerait trois fois de suite un cheval ou un mulet chargé.
                 Ces prix ne furent décernés que sept mois après, en février 1835. La route de Boufarik était désormais ouverte. L'accueil fait par les Arabes avait été menaçant. Il est fort probable même, que les gendarmes du commandant Marey-Monge, et l'intermédiaire du sergent-major Vergé, qui connaissait parfaitement la langue arabe, la petite troupe aurait succombé ou serait allé rejoindre les prisonniers de l'Émir.

                 L'armée occupa définitivement Boufarik en mars 1835 et commença aussitôt la construction d'un camp. Que de fois ne dût-on pas interrompre les travaux pour faire le coup de feu contre les Hadjoutes !
                 Non loin du camp, à quelques cents mètres, on vit s'élever une construction en planches ; c'est le Baron de Vialar qui, dans une pensée de haute politique, fit édifier, à ses frais et sans aucun appui administratif, une ambulance qui fut dirigée avec dévouement par le docteur Pouzin et exclusivement réservée aux indigènes malades. Aller donner des soins par amour du prochain, dans un pays exposé à des attaques incessantes et où bouillonnaient d'une façon ininterrompu l'esprit de révolte et la soif de vengeance, quoi de plus noble ?
                 Quoi de plus noble aussi que vouloir essayer de conquérir les cœurs des Indigènes non par le feu, mais par la bonté !…
                 Commencée en mars 1834, l'ambulance fut achevée en mai. Le lieutenant général comte d'Erlon décréta qu'elle fonctionnerait sous l'égide de sa puissante protection. Pour que le fonctionnement fût régulier et bienfaisant, il fallait trouver des fonds pour l'entretien. Le Baron de Vialar lança un appel.
                 Le roi Louis-Philippe et la reine donnèrent les premiers l'exemple en s'inscrivant pour 1.500 francs. Des cœurs généreux s'empressèrent d'envoyer leur obole ; la souscription fut fructueuse. Trois religieuses de l'Apparition, conduites par la sœur même de M. de Vialar, fondatrice de l'Ordre, accoururent à l'ambulance de Boufarik se faire les auxiliaires du docteur Pouzin.

                 En juillet déjà une cinquantaine d'Indigènes y étaient en traitement ; quelques mauresque même vinrent y faire leurs couches. Sur ces entrefaites le choléra éclatait à Alger avec une intensité vraiment effrayante. Ses désolants ravages portèrent particulièrement sur les Israélites qui, mal nourris, vivaient entassés dans des taudis immondes, d'une repoussante malpropreté.
                 Ces malheureux furent en partie décimés. L'Administration, alarmée des proportions que prenait le fléau, essaya de l'enrayer en faisant édifier à la hâte une espèce de sanatorium sur les coteaux de Bouzaréah.
                 La direction en fut confiée au Baron de Vialar qui pendant toute la durée de l'épidémie prodigua avec le plus noble dévouement ses consolations et ses soins à tous les malades, sans distinction de race ou de religion. Miraculeusement échappé à la contagion, il fut nommé chevalier de la Légion d'Honneur. Aussitôt il reprit ce que nous appellerons son labeur de colon, un moment interrompu et caressa le rêve grandiose .
                 - d'assainir,
                 - de transformer,
                 - de féconder la Mitidja.

                 Avec son ami Max de Tonnac, il acheta le haouch d'El-Khadra (la verdure), très belle propriété située dans les environs du village actuel de Rivet, appuyé sur le versant Nord du petit Atlas, dominant toute la plaine et dont la vue s'étendait au-delà du Cap Matifou, sur la mer, découvrant en grande partie le port d'Alger et la ville presque dans son entier.
                 Jusqu'à ce jour le Baron de Vialar s'était contenté de donner des soins aux prairies naturelles et à l'élevage du bétail, ne cultivant les légumes et les céréales que pour les besoins de ses auxiliaires.
                 A El-Khadra se feront des essais décisifs des cultures qui semblent convenir le mieux au sol et au climat algérien ; c'est de ses innombrables propriétés celle qu'il affectionnait le plus.
                 Mais El-Khadra était isolée. Maison Carré le poste français le plus rapproché se trouvait de l'autre côté de la plaine et il fallait plus de huit heures pour aller chercher et ramener du secours en cas d'une descente des Kabyles. De Vialar et de Tonnac s'y installèrent quand même ; les Arabes les accueillirent d'abord avec méfiance puis, peu à peu, vinrent vers eux.
                 L'Administration, craintive, hésitante, tatillonne, trouva ces pionniers trop de hardiesse et se garda de les seconder. Chose inouïe, elle leur refusa des secours, chercha à faire échec à leurs entreprises, et, quand elle fut obligée de leur acheter des fourrages, elle déprécia la matière ou les vola sur la quantité.

                 Au reste voici en quels termes s'explique M. de Vialar dans une lettre adressée à un de ses amis :
                 France d'Afrique El Khadra 1835
                 "Me voilà déjà installé ici, mon cher ami, depuis cinq jours, avec six de nos paysans albigeois occupés à faucher nos foins. Nous sommes parfaitement bien au milieu des Arabes de la montagne, nous n'éprouvons aucun trouble. Je suis arrivé avec ma suite parmi ces tribus en toute confiance et nous avons été reçus en amis.
                 Nos paysans se trouvaient heureux et me parlaient de reste ici pour commencer d'autres travaux. Je crois néanmoins que le moment si désiré n'est pas encore arrivé. Si l'autorité se déterminait après une si longue attente à y transporter un de ces 14 blockhaus du côté de la Mitidja, cette ombre de protection nous suffirait et je n'hésiterais pas un instant à y fixer mes pénates et nous donnerions ainsi un éclatant démenti aux sophismes de la civilisation en Afrique et nous donnerions l'exemple de la culture au fond de la plaine et sur le penchant de l'Atlas.
                 Nous avons vu hier et avant-hier les Arabes passer par milliers et s'arrêtant avec étonnement devant mes faucheurs se communiquant leurs surprises et leurs réflexions ; de mon côté pour que les réflexions fussent toutes favorables, je leur distribuai quelques petits verres de vin ou d'anisette et aucun n'a eu l'impolitesse de me refuser…
                 Je n'ai pas réussi à dresser les Arabes à manier la faux. Ce travail est trop rude pour eux. Je les emploie uniquement à faner et chacun armé d'une fourche, après quelques heures de leçons, s'acquitte à merveille de sa besogne. Tous mes gens se portent bien et travaillent de bon cœur. Le premier jour ils me paraissent avoir quelques craintes, mais depuis qu'ils ont trinqué avec les Arabes et les Kabyles toute peur a disparu. La sympathie est parfaite. "


                 Non seulement M. de Vialar fit travailler les Arabes mais il les rassura, s'associa avec eux pour la culture ou l'exploitation des prairies naturelles ; et comme pour leur donner un témoignage de sa sollicitude, il fit remettre à neuf un marabout qui tombait en ruines. Ce sont là des traits insignifiants aujourd'hui mais qui eurent un grand retentissement à l'époque ; ils nous donnent néanmoins une haute idée de la valeur morale, de l'esprit de générosité et de justice dont étaient animés ces premiers colons, si souvent, hélas ! Injustement calomniés par une certaine partie de la presse parisienne.
                 En 1835, M. de Vialar fut délégué par la Société Coloniale pour aller défendre à Paris les droits de la colonisation naissante. Retenu par des vents contraires pendant 10 jours dans le port de Mahon, il en profita pour demander à Costa, son ancien camarade, secrétaire du Gouverneur de Mahon au département de la police, si on ne trouverait pas dans cette île des cultivateurs qui voudraient aller à Alger. M. Costa affirma que l'on pourrait trouver autant de familles qu'on voudrait ; l'aubaine était inattendue.

                 M. de Vialar écrivit de Mahon même, au Président de la Société Coloniale, les conditions qui suivent :
                 Les frais de voyage ne s'élèveront qu'à deux piastres environ et les seuls engagement que vous aurez à prendre seront de leur assurer du travail et de leur donner à cultiver des terres dont ils partageront les produits, après que vous leur aurez fait les avances indispensables, qu'ils vous rembourseront ; à ces conditions vous trouverez cent familles. Monsieur Costa m'a assuré que le gouvernement espagnol ne mettrait aucun obstacle au départ de ces cultivateurs qui, quoique laborieux, ne peuvent trouver dans cette île des moyens de subsistance. "


                 C'est de ce moment que date l'exode des Mahonnais qui allaient rendre de si grands services au développement de la culture maraîchère dans les environs d'Alger. A son retour de Paris, le baron de Vialar prit la direction de la Société Coloniale et présenta en assemblée générale un rapport fort suggestif sur l'état de la culture dans les environs d'Alger. Pendant les années qui suivirent, sa confiance absolue dans le succès final de la colonisation s'accentua et le détermina à étendre ses exploitations agricoles, ce qui lui valut le titre glorieux de père de la colonisation.
                 Les fermes de Kouba et de Baraki furent des modèles : les ouvriers y furent traités d'une façon paternelle. Ils partaient le matin à la première heure pour exécuter leur tâche ; ils revenaient le soir coucher dans les annexes du bâtiment de Kouba, échappant ainsi à l'implacable malaria qui causait dans la plaine de douloureux ravages.

                 Le 29 novembre 1839, les Arabes par bandes nombreuses envahirent la plaine et firent subir aux colons de la Mitidja des pertes considérables. Toutes les fermes entourant Baraki furent livrées aux flammes ou au pillage. Celle du baron de Vilar fut respectée ; il est bon d'ajouter que, solidement barricadé, le baron attendait les assaillants avec quarante des siens, bien armés et décidés à une défensive désespérée.
                 Le premier moment de stupeur passé, de Vialar alla trouver le général Valée, lui soumit un plan d'attaque et de défense pour obliger les rebelles à rentrer dans l'ordre. Le général ne put prendre en considération ces vues. Il établit néanmoins un poste militaire à Baraki.
                 Si les propositions de M. de Vialar avaient été acceptées, le fait fut reconnu mais trop tard, beaucoup de colons comme Chopin, Tristan, de Villeneuve, Belle-Roche, Léoni, Descroisilhes, Saint-Guilhem, Montaigu, n'auraient pas été contraints d'abandonner leur ferme et leur matériel à la convoitise des insurgés.

                 M. W. de Montaigu s'était vigoureusement préparé à la résistance, en réunissant dans sa ferme ses ouvriers Français et Arabes, dont il était très aimé.
                 Il ne put se décider à quitter ce qu'il appelait son " poste d'honneur " que sur un ordre exprès et après que l'autorité militaire lui eut fait enlever ses armes.
                 En 1843, il revint le premier à sa ferme dévastée pour essayer d'en relever les ruines mais comme les cultures ne pouvaient se faire que dans la fameuse enceinte continue, l'autorité militaire le menaça, s'il persistait dans son entreprise, de le faire ramener à Alger par les gendarmes.
                 Bugeaud, nommé gouverneur en octobre 1840 soumit les Hadjoutes et donna à l'infortunée plaine de la Mitidja un peu plus de sécurité.
                 Malheureusement les décrets royaux du 1er octobre 1844 et du 21 juillet 1846 provoquèrent un grand mécontentement, les terres laissées incultes dans le périmètre où la culture avait été ordonnée furent soumises à un impôt. C'est une erreur grave, à notre avis de supposer qu'on favorisait la culture d'un pays uniquement avec des décrets si draconiens fussent-ils ?

                 De notables colons comme le Comte de Franlieu, Rosey, Citati, Alexis Belly, Molhot, de Vernoux et de Vialar protestèrent véhémentement. Ce dernier put prouver sans peine que lui-même avait dépensé u million cinq cent mille francs sans pouvoir établir dans ses domaines cent familles européennes, ce qui revenait à démontrer que la mise en culture immédiate des terres achetées, sous peine d'impôt, était une chimère.
                 Il fallait en effet à l'Algérie quelque chose de moins absolu, c'est-à-dire une culture mixte, agricole et pastorale à la fois : aux arabes, le labourage et les soins à donner aux troupeaux ; aux Européens la conduite des chariots, le fauchage, l'horticulture. Ce système aurait dû servir de base au système politique de la colonisation. Les Indigènes se seraient ainsi trouvés absorbés peu à peu dans la colonisation européenne ; à l'influence du cheikh ou du marabout aurait indubitablement succédé l'influence du propriétaire,
                 - distributeur de pain,
                 - de travail,
                 - de bien-être.

                 Par la puissante fascination des capitaux, par le développement de l'instruction, par la loi de l'intérêt, bien entendu, notre suprématie se serait épanouie et consolidée au grand profit de notre domination. Les colons avisés ou expérimentés comme Borély de la Sapie et le Baron de Vialar, avaient depuis longtemps inauguré ce procédé fécond en résultats et qui consistait à employer des familles européennes et indigènes pour rendre plus intense leur exploitation et, par suite, économiser la main d'œuvre ou les frais d'établissement. Le baron de Vialar dont le nom à l'époque était un drapeau fut nommé en 1848 membre du conseil municipal et adjoint au maire d'Alger. C'est alors qu'il s'employa à provoquer ou à faciliter la création ou le développement de centres qui, de nos jours encore, lui doivent une partie de leur prospérité.
                 Quand le gouvernement de Napoléon III songea à organiser les conseils généraux dans la colonie, le choix du baron de Vialar s'imposa. Il fut, pendant longtemps, Président de l'assemblée départementale, ainsi que Président de la chambre consultative d'agriculture.
                 Pour récompenser ses éminents services, l'Administration supérieure lui conféra, en 1859, le grade d'officier de la Légion d'Honneur.
                 Il avait près de 70 ans, lorsqu'il s'éteignit à Alger le 18 août dans son immeuble de la rue Nemours entouré du respect et de la sympathie de tous.

                 Le maréchal Mac-Mahon, Gouverneur Général, le général Wimpfen, commandant la division suivirent le cortège à la tête d'une foule immense et recueillie. On éprouva l'impression que l'Algérie venait de perdre un homme qui l'avait passionnément aimée, qui l'avait servie avec une clairvoyance et un dévouement sans limites.
                 Borély la Sapie prononça sur la tombe une remarquable et touchante oraison funèbre. Le 23 août 1868, Ausone de Chancel publia dans l'Akbar un long article résumant la vie et les vertus de celui dont la mort était un deuil pour la colonie. Le conseil municipal voulut à son tour tribut d'admiration et de reconnaissance au grand pionnier de la colonisation en donnant à l'une des rues de la ville le nom de Vialar. Enfin comme suprême et digne hommage le gouvernement général décida d'appeler Vialar une commune du Sersou.
                 Le nouveau centre, comme pour se montrer digne du nom qu'il portait a vite pris un rapide essor grâce à l'énergique et persistante activité de ses premiers occupants. Par décret du 11 mars 1909, ce centre est devenu chef-lieu administratif de commune mixte.

                 Cinq agglomérations de population européenne et cinq douars, Liebert, Burdeau, Bourlier, Victor-Hugo, Hardy, Béni-Maïda, Béni-Lente, Rouabah, Bezïd, Ammari rayonnèrent autour en donnant à cette région une admirable extension.

                 C'est dans ce Sersou qu'on a pu, en moins de sept années :
                 - créer cinq villages très prospères,
                 - tripler la population européenne,
                 - donner à la terre une plus-value qui atteignit les plus hauts prix et
                 - obtenir de la colonisation un progrès qui dépasse toute espérance.
                 C'est le plus bel éloge que l'on puisse faire du génie colonisateur de la France.
Sansonetti
Bulletin de la société de géographie d'Alger
et de l'Afrique du Nord . Tome XVI (1911)


Borély la Sapie
Envoyé par M. Christian Graille


         Borély la Sapie ( pionnier de la colonisation fut le premier maire de Boufarik ) fut un des plus remarquables colons de l'Algérie, un de ceux qui contribuèrent le plus au développement de l'agriculture par leurs travaux et leur exemple.
         Pierre Martin Borély de la Sapie, naquit à Seyne dans le département des Basses-Alpes, le 5 mars 1884. Il fit de bonnes études au collège royal d'Avignon, puis rentra dans sa famille pour se livrer aux travaux des champs. Il acquit bientôt une grande expérience agricole.
         En 1843, voyant que la culture du pays devenait de moins en moins rémunératrice, que l'exode des habitants était une fatalité contre laquelle il n'y avait pas à lutter, il quitta lui-même la terre natale pour s'établir en Afrique.
         Ceux qui savent combien nos colons d'Algérie ont été calomniés aiment à rappeler les noms de quelques-uns de ces hommes qui furent grands et méconnus : Les Vialar, les De Tonnac, les Mercier, les Dupré de Saint-Maur et tant d'autres.

         Borély de la Sapie fut de cette forte génération qui vint en Afrique avec :
         - des connaissances,
         - des capitaux,
         - un grand courage personnel.
         Il avait d'ailleurs fait ses preuves dès 1837, en soignant, avec un rare dévouement les cholériques, fait qui lui avait valu du gouvernement une médaille d'or.

         En homme qui n'a point peur, il alla s'établir au point réputé le plus insalubre de la Mitidja, dans les marais de Boufarik. Peu après il obtint la concession d'un grand domaine de 440 hectares à l'endroit nommée Souk-ali, à condition d'y établir à ses frais, une vingtaine de familles européennes ; l'acte de concession est du 29 juillet 1844.
         Sous un pareil maître, le terrain où les Arabes se contentaient de faire paître leurs troupeaux changea bientôt d'aspect :
         - des fossés furent creusés sur plus de 10.000 mètres pour assurer l'écoulement des eaux autrefois stagnantes.
         - Des rangées de saules dans toutes les directions, des avenues de mûriers, de platanes, d'acacias, de cyprès (au nombre de 40.000 arbres) assainirent et embellirent le domaine.
         - Trente-deux métayers avec leurs familles y vécurent ce qui, avec les autres employés à la ferme, constituait un groupe de population de près de 300 personnes, dont un tiers d'Indigènes.
         La salubrité au bout de peu de temps était devenue parfaite et dès 1849, on pouvait citer le domaine de Souk-ali comme la merveille de la colonisation.

         Borély de la Sapie, dès 1845, c'est-à-dire un an après l'obtention de sa concession avait déjà desséché et ensemencé 200 hectares ; il avait obtenu de magnifiques récoltes de luzerne et de céréales et un de ses soucis avait été de façonner les Arabes à notre culture ; il avait proscrit de ses terres leurs grosses araires et avait fait venir des charrues perfectionnées, exemple qui fut suivi par nombre d'indigènes du voisinage quand ils avaient constaté les résultats.
         A la culture des céréales et des foins, Borély de la Sapie joignit plus tard celle du tabac, dont il plantait chaque année une cinquantaine d'hectares, celle des arbres fruitiers, notamment des oranges ; dans les derniers temps de sa vie il créa un beau vignoble de 50 hectares.
         En même temps Borély de la Sapie s'occupait beaucoup d'élevage ; il avait de magnifiques troupeaux de bœufs et de chevaux ; on peut même dire qu'il a considérablement amélioré cette dernière race. Avec de petites juments du pays bien soignées, il a obtenu des produits remarquables par la hauteur, la force des membres et l'énergie ; il est arrivé à faire des bêtes de trait ayant toute la richesse du sang arabe.

         Ce n'est pas seulement par ces travaux agricoles que Borély de la Sapie mérite l'estime et la sympathie de tous ceux qui le connurent, c'est encore peut-être davantage pour la part plus grande qu'il prit pendant plus de quarante ans à tout ce qui fit le progrès et la défense de la colonie.
         Les honneurs et les distinctions de tous genres étaient venus à ce vaillant sans qu'il n'en eût besoin de les rechercher.
         Chevalier de la Légion d'honneur dès le 24 décembre 1854, il fut promu officier le 21 septembre 1872 ; il reçut aussi les palmes d'officier de l'Instruction Publique, la croix du Mérite agricole, dès la fondation de cet ordre et nombre de décorations étrangères.
         A sa mort ses concitoyens ont créé un comité pour lui élever un monument ; à l'appel de ce comité répondirent avec empressement les communes algériennes et les comices agricoles car il s'agissait de consacrer le souvenir d'un des hommes qui ont le plus contribué à la prospérité de la colonie.
La presse algérienne (26-02-1913)

Lamoricière
Envoyé par M. Christian Graille

                 Descendant d'une ancienne famille bretonne " fidèle aux vieux souvenirs et aux vieilles vertus ", Christophe, Louis, Léon Juchault de La Moricière naquit à Nantes le 5 février 1800.
                 Après avoir fait ses études dans sa ville natale, il fut admis à l'école polytechnique, passa par l'école d'application de Metz et en sortit lieutenant en second au 3e régiment du génie le 31 janvier 1829.

                 Il fit partie de l'expédition d'Alger, coopéra activement aux travaux d'attaque du fort l'Empereur et la prise de cette ville lui valut le grade de capitaine le 1er novembre 1830. A la formation du corps des zouaves, il entra avec ce grade dans le 2e bataillon et devint le plus brillant officier de cette arme, pendant que le duc de Rovigo gouvernait la colonie. Mais le général Avizard remplace dans ses hautes fonctions le vétéran de l'Empire et, comme l'œuvre de la conquête doit être double, il imagine, pour faciliter les rapports entre les indigènes et l'armée, l'institution de bureaux arabes.

                 Le jeune capitaine avait étudié et appris avec soin la langue arabe dans les dialectes algériens ; la direction de ce premier bureau lui fut aussitôt confiée. On ne pouvait faire un meilleur choix, a dit l'un de ses successeurs à cet emploi, M. Pellissier de Reynaud, le spirituel auteur des Annales algériennes. " Cet officier connaissait déjà assez bien l'arabe pour traiter directement avec les indigènes, et les fonctions auxquelles il était appelé devaient nécessairement lui faire faire de rapides progrès. Il était de plus homme de résolution, plein de ressources dans l'esprit, éclairé, travailleur et animé de la généreuse ambition de se distinguer par quelque chose de grand et d'utile. En se rendant plusieurs fois seul au milieu des Arabes, il prouva, le premier, que l'on peut traiter avec eux autrement que la baïonnette au bout du fusil ".

                 En effet, La Moricière parcourt les tribus, il s'informe de leurs besoins, recueille leurs plaintes, leur promet justice, et par ses démarches conciliantes ramène parmi elles une confiance que des mesures sévères leur avaient fait perdre. Armé seulement d'une canne, il se présentait seul au milieu des Arabes qui lui donnèrent le surnom de Bou-Roua " le père du bâton ".

                 Son influence assura promptement la tranquillité et la soumission des outhan qui environnaient Alger ; on songea alors à agir sur les autres. On commença par celui d'El-Sebt, où se trouvaient les Hadjout, " ces écumeurs de la Mitidja ", suivant l'expression du colonel Trumelet. L'administration désirait s'attacher ces terribles cavaliers ; M. de La Moricière eut dans la plaine une entrevue avec eux. Le général Voirol en a fait connaître les circonstances dans l'ordre du jour suivant (Moniteur algérien du 18 juillet 1833), daté du 11 juillet 1833.

                 Le général Savary, duc de Rovigo, " vétéran de l'Empire ", avait été nommé à Alger le 6 décembre 1831, par le roi Louis-Philippe, avec pour mission de " pourvoir à la conservation, à la défense et à la sûreté des possessions françaises ". Le général Voirol lui succéda en 1832.

                 " La conduite courageuse qu'a tenue hier M. de La Moricière, chargé par moi d'aller recevoir une députation d'une centaine d'Arabes de l'Hadjoute, qui devaient se présenter à nos avant-postes, mérite d'être connue de l'armée.. .Les Arabes, soit qu'ils n'eussent point de confiance en nous, soit qu'ils eussent des intentions perfides, n'avaient pas dépassé Boufarik, et c'est là qu'ils ont attendu M. de La Moricière. Suivi de quelques cavaliers seulement, il a hésité un instant, à la vue d'un escadron armé de pied en cape à s'avancer au milieu d'eux, d'autant plus que je l'avais instruit que la démarche de ces Arabes avait pour objet principal l'élargissement des marabouts de Coléa et qu'ils auraient pu à leur tour s'en emparer comme d'un otage. Mais, ne consultant que son courage et la confiance qui nous est naturelle, il s'est élancé au milieu d'eux.
                 Entouré bientôt de ces parlementaires dangereux, il a traité avec eux de l'objet de sa mission qui a eu pour résultat de nouvelles assurances de paix.
                 M. de La Moricière n'avait d'autre point d'appui que six chasseurs d'Afrique.
                 Je signale cette circonstance à l'armée, non seulement comme un exemple de courage mais encore comme une preuve que les Arabes commencent à sentir le besoin d'une paix durable ".

                 Les travaux administratifs n'empêchaient pas La Moricière d'être de toutes les expéditions, et de s'y faire remarquer par une bravoure superbe, un sang-froid et des actions d'éclat qui lui valurent un avancement rapide.
                 Devant Bougie, il s'agissait de reconnaître la place ; le capitaine des zouaves n'hésite pas, il pénètre dans la ville par le port ; " mais bientôt toute la ville s'ameute ; il se réfugie dans une maison ; la maison est cernée de toutes parts. Il n'hésite pas ; il ouvre tout à coup les portes, sort avec ses compagnons, le front haut, le regard menaçant, le pistolet levé et le sabre au poing et passe à travers les Arabes stupéfaits de tant d'audace. Mais ces rapides mouvements lui avaient suffi pour noter, au milieu du péril, des observations dont la précision et l'exactitude firent tomber la ville entre nos mains. (Dupanloup, Oraison funèbre du général de La Moricière). "

                 En récompense, La Moricière reçoit l'épaulette de chef de bataillon (novembre 1833). Par faveur spéciale, il reste dans le régiment des zouaves. Sous ses ordres, son bataillon, où l'indigène coudoyait le soldat européen, devint un corps d'élite. Déjà ces hommes qui, suivant l'énergique et pittoresque expression arabe, " mâchent de la poudre depuis l'aube jusqu'au coucher du soleil ", étaient ce qu'ils sont restés depuis, les premiers soldats du monde. Avec eux, La Moricière est infatigable, invincible.

                 En octobre 1835, le maréchal Clauzel avait décidé une expédition contre le lieutenant d'Abd-El-kader, Hadj-el-sghir, qui avait envahi la plaine de la Mitidja et s'avançait sur le camp de Boufarik avec des forces que l'on disait considérables.
                 L'action principale se passa le 22 octobre sur les hauteurs de la rive gauche du Bou-Roumi, où le bey de Milianah avait rallié son infanterie. Là, le brave commandant La Moricière à cheval, à la tête de ses intrépides zouaves, les encourageait à bien faire en leur montrant l'exemple; chassés des mamelons inférieurs, les ennemis se réfugiaient sur ceux qui les dominaient et ne cessaient leur feu. Successivement délogés de toutes leurs positions, les Arabes se retirèrent dans les montagnes. (Moniteur algérien 1836).

                 Le 5 décembre, l'armée expéditionnaire en route sur Mascara eut un engagement assez vif avec les Beni-Chougran, qui s'étaient portés sur un mamelon pour couvrir la retraite de leurs familles et de leurs troupeaux : le commandant La Moricière enleva leur position à la tête des zouaves et d'une compagnie de voltigeurs. Le duc d'Orléans, (b) qui fut témoin de la vigueur et de l'agilité de cette admirable infanterie, adressa des éloges à son chef.
                 (b) Le duc d'Orléans (Ferdinand) : fils aîné du roi Louis-Philippe, il servit en Algérie à partir de 1835 ; participa brillamment à la prise de Mascara, à l'expédition des Portes de Fer, du col de Mouzaïa. Il créa le corps des chasseurs à pied, les chasseurs d'Orléans. Sa mort, à 32 ans, dans un accident de voiture à Neuilly, provoque émotion et regrets. La statue qui lui fut élevée en 1845 sur la place du Gouvernement à Alger, " rapatriée " en 1963, se trouve depuis 1979 à Neuilly ; et son double parisien de la cour du Louvre est visible depuis 1976 à Eu, dans le parc du château appartenant à la famille d'Orléans.

                 A la suite de cette expédition, La Moricière fut promu lieutenant-colonel et placé à la tête du corps des zouaves.
                 Nous laissons de côté quelques épisodes de second ordre pour arriver au fait d'armes le plus populaire de la brillante carrière du jeune chef de corps, en un mot à la prise de Constantine.

                 Le 12 octobre, la veille de l'assaut, le général Valée le fait appeler.
                 " Colonel c'est demain matin, au point du jour, que nous livrons l'assaut ; je vous ai réservé le poste d'honneur ; vous monterez le premier. Je suis sûr de vous, mais êtes-vous sûr de vos hommes ?
                 - Général, ils n'ont jamais reculé.
                 - Je ne parle pas de leur courage, je le connais ; mais-êtes-vous sûr qu'ils vous obéiront aveuglément ?
                 - J'en réponds.
                 - Eh bien, il faut qu'ils entrent sans tirer un coup de fusil, et si, à leur tête vous êtes tué ou blessé, il faut qu'ils passent sur votre corps et vous laissent là sans vous emporter. Le temps sera trop précieux. Pouvez-vous attendre ce sacrifice de leur courage et de leur dévouement ?
                 - Général je vous le promets (Evariste Baroux, Voyage politique et descriptif dans le Nord de l'Afrique ) ".


                 Le lendemain matin, les zouaves, avant le lever du soleil, marchaient rasant la terre, en silence, portant devant eux une bourrée pour les cacher aux regards et au feu des ennemis : tout à coup La Moricière, qu'ils croyaient auprès d'eux, s'écrie en agitant son épée " A moi mes amis, la ville est à nous ! " et le premier, il s'élance sur la brèche en criant : "Vive la France ! "
                 Les zouaves et les autres corps le suivirent au pas de charge. A ce moment tous les Arabes et les Kabyles postés sur les collines du sud et de l'ouest poussèrent des cris sauvages si bruyants qu'on n'entendait plus les fanfares de la musique française ; bientôt ils se lassèrent de crier et à leurs hurlements succédèrent des cris sauvages et plaintifs ; c'était comme le chant de mort de la ville du diable. Une demi-heure après, les Français étaient maîtres de la brèche.

                 Mais devant eux se dresse un obstacle imprévu et en quelque sorte infranchissable. On fut longtemps à s'agiter dans l'étroit espace que nos boulets avaient déblayé au haut de la brèche, sans comprendre quelle communication pouvait exister sur ce point entre le terre-plein du rempart et l'intérieur de la ville. Le canon avait créé un terrain factice de terres remuées et de décombres qui, se superposant au sol primitif, avait envahi les mines, obstrué les portes et défiguré entièrement l'état des localités ; la direction des balles semblait indiquer que les toits étaient leurs points de départ. Le colonel La Moricière fait aussitôt apporter des échelles, et, montant sur la toiture d'une maison dont les troupes occupaient le pied, il dispose, au-dessus des combats de terre ferme comme une couche supérieure de combats aériens. (de Mont-Rond, Histoire de la conquête d'Alger tome I).

                 Le feu des tirailleurs placés sur les toits et peut-être la crainte d'une attaque à l'arme blanche avaient dissipé la multitude d'ennemis ramassés sur ce point. On put bientôt songer à s'avancer dans la direction centrale; déjà, pour éclairer et assurer les voies, le colonel La Moricière venait de lancer en avant un peloton du 2e bataillon d'Afrique. Tout à coup ceux qui étaient sur le théâtre de ces événements sentent comme tout leur être s'écrouler. Ils sont étreints et frappés si rudement dans tous leurs sens à la fois, qu'ils n'ont pas conscience de ce qu'ils éprouvent ; la vie, un instant, est comme anéantie chez eux. Une effroyable explosion venait d'avoir lieu. Le colonel La Moricière en fut une des victimes et l'on craignit à la fois pour sa vie et sa vue qui toutes deux furent quelque temps en danger ; une balle l'avait atteint à la tête.
                 Le soir, à l'ambulance, on lui apporta sur son lit de camp le drapeau de la ville. Le 11 novembre, il fut récompensé de ses services par le grade de colonel et maintenu à la tête des zouaves.
                 Il avait trente et un ans.

                 Après deux années passées à Koléa, nous le retrouvons le 12 mai 1840, au célèbre passage du col de Mouzaïa. Dans cette périlleuse journée, La Moricière se distingua comme à son habitude. Le contrefort principal du grand piton de Mouzaïa était défendu par trois retranchements, reliés à une batterie placée plus à gauche, sur le contrefort d'un autre piton plus petit situé à l'est du premier. Les zouaves enlèvent deux rangs à la baïonnette, et se trouvent tout à coup à l'entrée d'un ravin exposés au feu plongeant de la troisième ligne. Heureusement le colonel Changarnier, à la tête du 2e léger, a tourné l'ennemi, et les deux illustres soldats d'Afrique tombent dans les bras l'un de l'autre sur le théâtre de la victoire.

                 Le 21 juin 1840, créé maréchal de camp, on lui donne le commandement de la division militaire d'Oran. Il commence alors cette guerre de surprises et d'embuscades dans laquelle il excellait. Il se distingue surtout dans l'affaire de Tagdempt, et, comprenant le premier la nécessité de porter le centre des opérations militaires au-delà de la première chaîne de l'Atlas, il marche contre la puissante tribu des Hachem qui dominait toute la plaine d'Eghriss, défait Abd-El-Kader et ses " rouges " dans un combat très vif et parvient à jeter des secours dans la place de Mascara.

                 C'est à cette occasion que le général Bugeaud lui prodigue les plus grands éloges : " Le général La Moricière, dit-il, m'avait rendu les plus grands services dans la préparation de la guerre ; il a prouvé que le soin si important des détails d'organisation et d'administration pouvaient s'allier avec l'ardeur et le courage qu'il montre en toutes occasions ".
                 En 1843, après de nombreuses razzias chez les Flittas et dans tout le cercle de Mostaganem, il amène la soumission de ces puissantes et turbulentes tribus ; il est promu, le 9 avril, au grade de général de division.

                 Le Maroc voyait d'un œil jaloux notre nouvelle conquête ; les populations fanatisées demandaient la guerre sainte. A l'instigation d'Abd-El-Kader, l'empereur marocain entre sur le territoire algérien.
                 En 1844, La Moricière défend énergiquement à la frontière le camp de Lalla-Maghnia contre les envahisseurs, et le 14 août de la même année le général Bugeaud, vigoureusement secondé par son lieutenant, les écrase complètement sur les bords de l'Isly ; le nom de La Moricière est cité le premier à l'ordre du jour de l'armée.

                 Bugeaud remet entre ses mains, en 1845, le gouvernement intérimaire de la colonie. Dès cette époque, La Moricière avait conçu un système spécial de colonisation, auquel il voulait arriver par la formation de villages européens, tandis que le général Bugeaud tenait pour les camps agricoles et les colonies militaires.
                 Cet antagonisme a fondé deux écoles qui par leur rivalité incessante ont malheureusement entravé bien longtemps les progrès de l'Algérie.

                 La Moricière a encore sa part d'honneur dans la prise de la smala ; et peu de temps après, à Djemmâ-Ghazaouat (aujourd'hui Nemours) le redoutable émir lui-même, vaincu, fatigué de la lutte, n'ayant même pu contenir ses soldats au massacre de Sidi-Brahim, et ne voulant point se résigner au rôle mesquin d'agitateur politique, vient seul, par une nuit d'orage, au camp du général français, et se constitue prisonnier du duc d'Aumale (c).
                 (c) Le duc d'Aumale (Henri), quatrième fils du roi Louis-Philippe, se distingua dans la campagne d'Algérie, notamment en enlevant la smala d'Abd-el-Kader en 1843. Gouverneur de l'Algérie en 1847. Exilé en Angleterre puis député à l'Assemblée nationale en 1871, il légua à l'Institut son château de Chantilly et les magnifiques collections qu'il y avait constituées.


                 Cette reddition mémorable du chef de la guerre sainte termine glorieusement les dix-huit campagnes africaines de La Moricière. En 1848, général de division, grand officier de la Légion d'honneur à l'âge de 42 ans, il est arrivé à l'apogée de sa gloire militaire. Enfant chéri de l'armée, il est le type du soldat africain et se montre, suivant les remarquables paroles du maréchal Bugeaud, capable de conquérir un pays et de le gouverner.

                 A côté du général habile, actif, heureux, nous allons trouver maintenant l'homme politique, qui, député de la Sarthe, monte à la tribune pour défendre l'Algérie, et qui apporte dans ses discours, au sein des assemblées, la facilité d'élocution et les finesses de style d'un véritable orateur, en y ajoutant les câlineries d'un homme qui a longtemps médité sous la tente et parlé avec les Arabes, ces diplomates du désert.
                 Les connaissances spéciales qu'il avait acquises, ses études profondes sur l'organisation de l'armée et la colonisation lui fournissaient largement les moyens de s'ouvrir une belle carrière administrative. " C'est, disait-il lui-même, au travail intelligent et civilisateur d'achever ce que la force a commencé ".

                 En février 1848, on lui offre le commandement en chef de l'armée de Paris qu'avait alors le maréchal Bugeaud : On ne fait point, dit-il, descendre de cheval un maréchal de France ", et il accepte d'être encore le lieutenant de son ancien général d'Afrique. Plus tard, la République proclamée, il envoie son adhésion au gouvernement provisoire mais en refusant le portefeuille de la guerre ainsi que tout commandement militaire à l'intérieur.
                 Élu représentant du peuple dans le département de la Sarthe, il fait partie du comité de la guerre à l'Assemblée constituante. Aux journées de juin, à côté de son ancien compagnon d'armes, le général Cavaignac, il combat courageusement sur les boulevards et dans les faubourgs; il a trois chevaux tués sous lui.

                 Le 28 juin, il se décide à accepter le ministère de la guerre, qu'il conserve jusqu'au 20 décembre 1848. Parmi les actes de son administration, on remarque un décret ouvrant un crédit de 50 millions pour l'établissement de colonies agricoles, la liquidation des indemnités dues pour expropriation depuis la conquête.

                 La vie politique de La Moricière sort de notre cadre ; nous ne nous y appesantirons point. Il en est de même du rôle qu'il a joué en Italie en prêtant l'appui de son épée au pape menacé dans son pouvoir temporel après Magenta et Solferino. Disons seulement que la défaite de Castelfidardo fut livrée le 18 septembre 1860. La Moricière, mal secondé par sa petite armée, dut se replier avec 80 hommes sur Ancône ; mais cette ville attaquée par terre et par mer, par des forces supérieures, fut forcée de capituler le 29. La Moricière dut prendre l'engagement de ne pas servir le pape pendant un an. Il revint en France où il se confina dans la retraite.

                 Cependant le souvenir de ses anciens exploits vivait toujours dans la mémoire de ses compagnons et de tous ses contemporains. On ne parlait jamais de lui qu'avec un profond respect. Son nom avait conservé tout son prestige sympathique, et quand, le 13 septembre 1865, on apprit qu'une mort brusque l'enlevait inopinément à la France, des regrets éclatèrent de toutes parts.

                 Dans cet homme éminent nul ne pouvait s'empêcher de reconnaître un caractère élevé que dominait la plus exquise loyauté. Sa dépouille mortelle fut transportée à Nantes. Plusieurs membres de l'épiscopat prononcèrent son oraison funèbre. Celle de M. Dupanloup, évêque d'Orléans, a obtenu un grand retentissement.

                 Archives militaires. Le général La Moricière par Ed. Balme.
                 Annuaire encyclopédique .
                 L'Algérie de 1830 à 1840 par M. Camille Rousset.

                 Annales algériennes par Pellissier de Reynaud.
                 Les zouaves et les chasseurs à pied par le duc d'Aumale.

                 Le Moniteur algérien. Histoire de la conquête de l'Algérie par de Mont-Rond.

                 Français et Arabes en Algérie par Hugonnet.

                 Oraison funèbre par Mgr Dupanloup

Le livre d'or de l'Algérie
par Narcisse Faucon, ancien rédacteur en chef de l'Écho d'Oran
et de l'Indépendant de Constantine,
rédacteur en chef du Journal général
de l'Algérie et de la Tunisie. Édition 1889


Voiture de Nouvelle Génération
Envoyé par M. Elyane

         Bernard achète sa nouvelle voiture : un DUSTER flambant neuf noir avec des sièges cuir, un volant multi fonctions et une roue de secours.

         Le vendeur lui indique qu'elle est équipée d'un autoradio à commande vocale nouvelle génération et lui fait une démonstration.
         - "Choisissez un chanteur" demande-t-il au client.
         - "Hallyday" ! dit l'acheteur. L'autoradio lui demande :
         - "Johnny ou David ?".
         Bernard interloqué répond : "Johnny" ... et l'autoradio diffuse une chanson de notre feu Jojo national "Allumez le feu".
         Bernard demande au vendeur s'il peut faire un nouveau test. Le vendeur :
         - "OK, vous allez voir, la radio répond à tous les coups !"
         Bernard lance :
         - "Iglésias".
         L'autoradio demande : "Julio ou Enrique ?" - Bernard en reste baba et dit : "Julio" et la radio passe "Non, je n'ai pas changé".
         Enchanté, Bernard prend la voiture, sort du garage et se fait couper la route par un abruti qui manque de l'accrocher.
         Bernard crie au chauffard :

         - "Ent..., co....., abruti, trou du cul !!!" Et la radio lui demande : " Macron, Collomb, Castaner, Griveaux ou Benalla ?"
         - "Oh putain, dit Bernard: il y a même la mise à jour !"



Le Duc d'Aumale.
Envoyé par M. Christian Graille


                 Aumale ( Henri-Eugène-Philippe-Louis d'Orléans), prince de la famille d'Orléans, ancien gouverneur général de l'Algérie, né à Paris le 16 janvier 1822, est le quatrième fils du feu roi Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie.
                 Comme ses frères il reçut au collège Henri IV une éducation publique, se distingua par ses succès universitaires et remporta deux prix en rhétorique.
                 Héritier, par la mort du dernier des Condé, d'une fortune considérable, il entra à dix-sept ans dans les rangs de l'armée, débuta comme officier au camp de Fontainebleau, dirigea quelque temps l'école de tir de Vincennes, et fut en 1839 promu capitaine au 4e de ligne.

                 En 1840, il accompagna, en qualité d'officier d'ordonnance, son frère, le duc d'Orléans, à qui une vive amitié l'unissait particulièrement, fit vaillamment ses premières armes aux combats d'El-Affroun, du col de Mouzaïa et du bois des oliviers, obtint dans la même année les grades de chef de bataillon et de lieutenant-colonel, et servit de nouveau sous les ordres des généraux Bugeaud et Baraguey d'Hilliers. Atteint par les fièvres, il fut rappelé en juillet 1841, traversa la France au milieu des ovations, et au moment où il faisait à Paris son entrée triomphale à la tête du 17e léger, faillit être victime de l'attentat de Quénisset (13 septembre Tentative d'assassinat du Duc par un extrémiste, Quénisset.)

                 Après avoir complété à Courbevoie son instruction militaire, le duc d'Aumale, qui venait d'être créé maréchal de camp (octobre 1842), revint en Algérie, commanda jusqu'en 1843 la subdivision de Médéah et se signala par de brillants faits d'armes. Le plus heureux et le plus hardi fut celui de la prise de la smala d'Abd-el-Kader, qui est resté un des beaux faits d'armes de l'armée d'Afrique.
                 La smala avait passé la fin de l'hiver 1843 à deux journées de marche au sud de Takdempt. Instruite qu'on était à sa poursuite, elle erra pendant quelque temps et se trouva le 16 mai à la source de Taguin.
                 Le général Bugeaud avait été informé de la présence de la smala aux environs de Boghar, mais on ignorait l'endroit. Toutefois il donna ordre au général La Moricière, ainsi qu'au duc d'Aumale de se mettre à sa poursuite.
                 Le prince partit de Boghar avec 1.300 fantassins et 600 chevaux. Trois jours après, il apprit par un petit nègre que la smala se trouvait à 80 kilomètres au sud de Goudjila. Pour l'atteindre, il fallait franchir vingt lieues d'une traite sans une goutte d'eau. Le prince compta sur l'énergie de ses troupes ; l'épreuve qu'il en a faite a montré qu'il ne s'était pas trompé.
                 On partit, et le 16 mai, dans la matinée, alors que les soldats étaient à la recherche de la source Taguin pour se désaltérer, l'Agha Ahmar Ben Ferhat vint informer le prince de la présence inattendue de la smala à cette même source.

                 Ahmar et ses cavaliers, effrayés de notre petit nombre et de la grande masse de nos ennemis, se jettent alors aux genoux du duc d'Aumale et le supplient d'attendre son infanterie, lui représentant que, malgré leur énergie, les zouaves ne pouvaient pas arriver avant deux heures ; et cependant une demi-heure aurait suffi pour que les femmes et les troupeaux fussent hors de notre portée, et pour que les nombreux combattants de cette ville de tentes eussent eu de temps de se rallier et de s'entendre.
                 Alors tout eût été compromis ; aussi le prince n'hésita pas un instant : " Jamais " s'écria- t-il, " jamais personne de ma race n'a reculé ", et immédiatement il prit ses dispositions pour l'attaque.

                 Un mot sur l'ennemi qu'il avait devant lui.
                 Lorsque Abd-El-Kader avait vu tous ses établissements fixes successivement envahis et détruits par nos soldats, pressé entre le désert et nos colonnes, il avait compris que, pour sauver les plus précieux débris de sa puissance, il ne lui restait plus qu'un moyen, c'était de les rendre mobiles, comme les tribus les plus mobiles, et de se dérober à nos armes par la fuite ce qu'il ne pouvait leur disputer par le combat.

                 Il organisa donc la smala. Ce n'était pas seulement la réunion de quelques serviteurs fidèles autour de la famille et des trésors d'un chef ; c'était une capitale ambulante, un centre d'où partaient tous les ordres, où se traitaient toutes les affaires importantes, où toutes les grandes familles trouvaient un refuge sans pouvoir échapper ensuite à l'inquiète surveillance qui les y retenait. Et autour de ces grandes familles se groupaient des populations immenses qui les entouraient comme d'un rempart vivant, des tribus du désert qui les guidaient et les protégeaient au milieu de ces vastes plaines. Incapables d'agir seuls, ces éléments hétérogènes, obéissant à une seule impulsion, présentaient dans leur ensemble une masse compacte et imposante à tous les yeux. Une fois incorporées à cette immense émigration, les tribus ne pouvaient guère la quitter et constituaient elles-mêmes, pour ainsi dire, la force qui les maintenait dans l'obéissance. La solution de ce problème n'était pas une des moindres œuvres du génie de notre infatigable ennemi.

                 Le campement de cette population nomade en fait connaître parfaitement l'organisation : il était toujours le même, toujours régulier, sauf les obstacles invincibles opposés par le terrain et se composait de quatre enceintes circulaires et concentriques où chaque douar, chaque famille, chaque individu avait sa place fixe et marquée, suivant son rang, son utilité, ses fonctions ou la confiance qu'il inspirait.
                 La smala arriva à son gîte, la tente de l'émir se dressait au centre du terrain que le camp devrait couvrir. Elle était immédiatement entourée des tentes des serviteurs intimes et des principaux parents d'Abd-El-Kader qui composaient la première enceinte : 5 douars.
                 La seconde comprenait les douars du Khalifa Ben Allal et de ses parents, ceux de l'infanterie régulière et de quelques chefs importants : 10 douars.
                 La troisième était absolument formée par les Hachem-Cheraga et par les Hachem-Gharaba, qui dans les premiers temps se trouvaient peu nombreux, mais au moment de la prise de la smala l'étaient beaucoup, parce que l'émir venait de les enlever à peu près tous dans la plaine d'Eghriss : 207 douars.
                 La quatrième enceinte plus ou moins rapprochée des enceintes principales, suivant les difficultés du terrain, l'eau, les bois ou les pâturages, était formée par sept tribus nomades qui servaient à la smala de guides et de protection dans le désert : 146 douars.
                 Soit en tout un total de : 368 douars à vingt tentes chacun.
                 On peut évaluer à vingt mille âmes la population de cette ville errante et à cinq mille le nombre des combattants armés de fusils, dont cinq cents fantassins réguliers et deux mille cavaliers.

                 Les renseignements que nous avions recueillis étaient exacts. Abd-el-Kader était absent, ainsi que ses principaux lieutenants, mais leurs familles étaient là ; les richesses, les affections de tous les grands ennemis de notre domination étaient dans la smala. Celle-ci était arrivée le 15 août au soir à Taguin ; ses chefs la croyaient en sûreté et ne se doutaient pas de la marche secrète et rapide de la colonne de Médéah. Le 16 au matin, la tente d'Abd-El-Kader s'était dressée, et cet exemple avait été suivi par toutes les autres. C'est au moment où cette opération s'achevait, au moment où les hommes menaient les troupeaux pâturer dans le marais qu'un cri terrible retentit dans tout le camp : " E Roumi ! E Roumi ! " ( Le chrétien ! Le chrétien ! ).
                 Notre cavalerie venait d'apparaître et se déployait sur un mamelon pierreux qui domine la source de Taguin.
                 Le duc d'Aumale avait à peine eu le temps de reconnaître la position mais il s'était immédiatement décidé à attaquer, sans laisser à l'ennemi le temps de se remettre du trouble causé par notre brusque apparition. Notre petite troupe se forme rapidement. Le premier échelon composé de spahis et du goum s'ébranle au trot ; il est commandé par le colonel Yousouf. Un fort turc en ruine, qui domine la source autour de laquelle est campée la smala, lui a été donné pour point de direction. Le prince le suit avec les chasseurs et gendarmes dont il a formé sa réserve.

                 Un mouvement de terrain nous laisse voir l'immensité de la ville de tentes et cette fourmilière d'hommes qui courent aux armes. Nos irréguliers épouvantés se débandent ; les spahis étonnés s'arrêtent ; jamais nos troupes indigènes régulières n'avaient été mises à une pareille épreuve. Le duc d'Aumale le comprend ; il voit que la lâcheté du goum va devenir contagieuse si les spahis ne sont pas soutenus : il faut engager tout le monde, et l'audace seule peut décider du succès. Le prince fait donc oblique à droite avec le deuxième échelon et dépasse le premier ; l'impétuosité française se communique à nos spahis. Leurs intrépides officiers les entraînent, et bientôt le douar d'Abd-El-Kader est atteint.
                 En vain les fantassins réguliers s'élancent hors de leurs tentes, et par leur feu nourri essaient de repousser la charge. Ils sont sabrés, pris ou dispersés. Le combat a bientôt cessé sur ce point. Mais les officiers et les sous-officiers français, continuant au loin la poursuite, donnent à leurs soldats indigènes un nouvel et brillant exemple de notre valeur nationale.

                 Cependant les chasseurs avaient pénétré dans le camp sous une vive fusillade avec le sang-froid du vrai courage ; ils conservent dans l'émotion du combat cet ordre, cet ensemble qui double la force. Leurs rangs, qui s'ouvrent pour laisser passer des vieillards craintifs et des femmes éplorées, se resserrent pour renverser tout ce qui essaie de combattre. Mais la résistance s'organise. La brillante cavalerie des Hachems, tous parents de l'Émir, veut arracher aux chrétiens les familles et les richesses des plus fermes défenseurs de l'Islam. Tandis que de rapides dromadaires entraînent les femmes, que l'on enlève des tentes tout ce qu'elles contiennent de plus précieux, les hommes de guerre saisissent leurs fusils, se jettent sur leurs chevaux, se rallient, s'élancent au combat.

                 Le prince doit faire face à un ennemi bien supérieur en nombre. Il détache sur la gauche un peloton commandé par le sous-lieutenant Delage. Mais cette troupe, se déployant en tirailleurs, engage un combat de mousqueterie et perd ainsi tout l'avantage que notre cavalerie tire en Afrique de l'emploi de l'arme blanche. Le cheval du brave Delage est tué ; plusieurs de ses chasseurs tombent frappés à mort ; ils vont être entourés, lorsque le sous-lieutenant de Canclaux, envoyé à leur aide, les dégage par une charge brillante.
                 A droite, le capitaine d'Espinay culbute avec son escadron tout ce qu'il a devant lui, et va arrêter au loin la tête des fuyards ; tandis qu'avec un élan impétueux le lieutenant-colonel Morris se jette sur l'ennemi avec trois pelotons de cavalerie et assure la victoire.

                 Une heure et demie après le commencement de l'affaire, le prince ralliait nos escadrons victorieux. Déjà autour de lui se groupaient des populations considérables qui, pendant l'action, avaient imploré la clémence française. Tout ce qui demandait grâce et ne combattait plus avait été épargné. Cependant l'ennemi laissa près de trois cents cadavres sur le terrain. Nous n'avions que neuf hommes tués et douze blessés.
                 La matinée du lendemain fut consacrée à ramasser un immense butin et à détruire ce qu'on ne pouvait pas enlever.

                 Les trophées du combat étaient : quatre drapeaux, un canon, deux affûts, des munitions de guerre, des caisses de poudre, etc.;
                 Les caisses de tambour, les armes des fantassins réguliers, les décorations et les insignes de leurs officiers, la propre tente de l'Emir, ses armes de prix, ses effets précieux, etc.
                 On s'occupa encore, le 17 mai, de mettre quelque ordre parmi les populations prisonnières, dont le nombre atteignait près de 4.000.
                 " Quand, après la reddition, disait un des captifs, nous pûmes reconnaître la faiblesse numérique de ce vainqueur, le rouge de la honte couvrit nos visages ; car, si chaque homme de la smala avait voulu combattre, ne fût-ce qu'avec un bâton, les vainqueurs eussent été les vaincus ; mais les décrets de Dieu ont dû s'accomplir ".

                 Cet acte d'audace valut au duc d'Aumale le grade de lieutenant général ainsi que le commandement de la province de Constantine, dans laquelle il dirigea l'expédition de Biskra l'année suivante et se distingua dans les opérations contre les Ziban et les Ouled-Sultan. Il alla commander en chef le camp de la Gironde et revint concourir en 1846 à la conquête de l'Ouarsenis.
                 Bientôt le roi, à la suite d'un dissentiment qui s'était élevé entre lui et le maréchal Bugeaud au sujet des camps agricoles, voulut remplacer ce dernier dans ses fonctions de gouverneur général de l'Algérie (21 septembre 1847). Ce fut le duc d'Aumale qui lui succéda. Il exerça à Alger, au milieu des sympathies de l'armée, une sorte de vice-royauté qui devint l'objet des attaques de l'opposition et fut défendue à la tribune par M. Guizot (janvier 1848).

                 Le gouvernement du 24 février redoutait une tentative de résistance de la part du duc d'Aumale en Algérie où il était aimé, où sa popularité était très grande parmi l'armée. La conduite du prince fut digne et patriotique. Il engagea la population et l'armée à attendre avec calme les volontés de la métropole, et, instruit de la suite des évènements, de l'infortune de sa famille, il remit ses pouvoirs au général Cavaignac le 3 mars en disant : " Soumis à la volonté nationale, je m'éloigne ; mais, du fond de l'exil, tous mes vœux seront pour la prospérité et pour la gloire de la France que j'aurais voulu servir plus longtemps ".

                 Il s'embarqua le même jour.
                 Malgré une pluie battante, il se rendit sur le quai à pied, accompagné du prince et de la princesse de Joinville à laquelle il donnait le bras. Arrivé à l'amirauté, la foule l'acclama, criant : " Vive les princes ! ". Lui, domptant l'émotion qui le gagnait, répondit " Amis criez vive la France ! ".
                 Son administration de la colonie a été marquée par l'établissement du régime municipal, la nomination, par voie d'élection, des juges des tribunaux de commerce, la création de Penthièvre, Stora et Valmy.
                 Le nom d'Aumale a été donné à un centre de population du département d'Alger.

Archives militaires. Dictionnaire des contemporains.
Notice sur l'expédition qui s'est terminée par la prise de la smala.
Annales algériennes. L'Algérie ancienne et moderne.
L'Algérie illustrée par Francis Tesson.
Panthéon des illustrations françaises par Victor Frond.

Le livre d'or de l'Algérie
par Narcisse Faucon, ancien rédacteur en chef de l'Écho d'Oran
et de l'Indépendant de Constantine,
rédacteur en chef du Journal général
de l'Algérie et de la Tunisie. Édition 1889

Delaporte
Envoyé par M. Christian Graille

Ancien interprète de l'armée d'Égypte.
Interprète en chef à Alger en 1832.

                 Né à Paris, le 14 avril 1777, d'une famille dont la fortune fut emportée dans la tourmente révolutionnaire.
                 Dès son jeune âge, Delaporte, élève de l'École des Langues Orientales, fut attaché, par le général Bonaparte, à ces savants et de gens de lettres, qui suivit le vainqueur des Pyramides en Égypte, et pendant l'occupation, il rendit les services que les généraux en chef étaient en droit d'attendre de son intelligence et de ses qualités morales.
                 Rentré en France, après l'évacuation, Delaporte passa dans le ministère des relations étrangères et fut successivement employé dans les postes consulaires de Tripoli, de Barbarie et de Tanger.
                 Dans la première de ces résidences, il eut l'occasion de relever les inscriptions de Leptis-Magna, (a) sur lesquelles il adressa au prince de Bénévent (b), en 1806, le curieux mémoire, reproduit plus tard, en avril 1836, dans le journal de la Société asiatique de Paris.
                 Nommé membre de la Commission des sciences et arts d'Égypte, Delaporte fut l'un des collaborateurs du grand ouvrage sur l'Égypte, dans lequel il publia l'abrégé chronologique de l'histoire des Mamelouks d'Égypte, tiré et extrait des histoires arabes.

                  Pendant sa gestion du consulat de France à Tanger, Delaporte s'acquitta avec honneur et distinction des devoirs de sa charge, et sut contribuer ainsi à l'aplanissement de certaines difficultés pendantes entre l'autorité locale et des sujets étrangers.
                 C'est pour de bons offices de ce genre qu'il reçut de S. M. Catholique la croix de l'ordre de Charles III (c). A l'époque de la conquête d'Alger par la France, les connaissances spéciales de Delaporte marquaient sa place dans l'administration de la nouvelle colonie; aussi fut-il appelé, sur les instances du Duc de Rovigo, à la tête d'un service important : celui de l'organisation du corps des interprètes de l'armée.
                 Les anciens interprètes de 1830, élèves de l'École des Langues Orientales ou anciens officiers de mamelouks, avaient donné leur démission pour ne pas être confondus avec les auxiliaires indigènes, recrutés sans discernement. L'interprète en chef Delaporte avait entrepris la laborieuse tâche de purger le corps, mis sous ses ordres, de tous ceux qui le déshonoraient.
                 (a) Ville phénicienne fondée au premier millénaire avant J.C située à une Centaine de kilomètres de Tripoli en Libye ; patrie de l'empereur romain Septime-Sévère (IIème siècle de notre ère), elle est célèbre par ses Magnifiques ruines romaines
                 (b) Il s'agit de Talleyrand : Charles Maurice de Talleyrand-Périgord reçut en 1806 de Napoléon 1er le titre de Prince de Bénévent (province et ville de Lombardie)
                 (c) Charles III (1716-1788), roi d'Espagne de 1759 à 1788 fonda un ordre destiné à récompenser le mérite. Il y réussit, en partie, mais son intégrité éveilla certaines susceptibilités bien difficiles à convaincre.


                 Delaporte préféra se retirer plutôt que de consentir au maintien de gens tarés dans le corps dont on lui avait confié la haute direction, et qu'il voulait sortir de l'état déplorable dans lequel on le laissait tomber.
                 A ses fonctions d'interprète en chef, il réunissait aussi celles de directeur des affaires arabes, que lui avait laissées le commandant de La Moricière.
                 Sous prétexte que son âge ne lui permettait plus de monter à cheval et de faire un service actif en parcourant les tribus, Delaporte se démit de ses doubles fonctions et obtint son rappel dans les consulats. Il avait été décoré de la Légion d'honneur, sur proposition du général Voirol.
                 Peu après, Delaporte était naturellement désigné au choix du Ministre des Affaires Étrangères, pour occuper le poste consulaire qui venait d'être créé à Mogador. Il accompagna en 1836, à Méquinez,(d) le Baron de la Ruë, envoyé du Roi Louis-Philippe auprès de l'empereur du Maroc, et, après avoir reçu son exequatur, (e) il se rendit à Mogador. Dans cette nouvelle résidence, il consacra ses loisirs à l'étude de la langue berbère alors peu connue ; il recueillit un certain nombre de manuscrits, enrichis, par ses soins, d'une traduction interlinéaire d'autant plus précise, qu'elle donnait ainsi les premiers textes berbères, d'une certaine étendue, qu'on ait possédés jusqu'alors.

                 En 1841, il rentra en France. Désormais, vivant dans la retraite, Delaporte, dont chacun avait pu apprécier l'aménité non moins que la modestie et le savoir, partagea son temps entre les soins de l'éducation de ses enfants et la satisfaction de ses goûts littéraires, auxquels la muse française elle-même ne resta pas étrangère. Il publia un spécimen lithographique de la langue berbère, contenant des textes, avec lecture et transcription, et il fut désigné comme devant occuper la chaire de langue berbère, que le gouvernement se proposait alors de créer. Mais ce projet fut abandonné, comme réminiscence du temps passé.
                 Delaporte consacra surtout les dernières années de sa vie à l'étude de la langue copte, considérant ainsi, sous une autre forme, l'Égypte, qu'il connaissait déjà si bien sous le point de vue arabe.
                 Il était membre de la Société de géographie, et, en outre décoré du Nichan de Tunis.

                 Tel est le récit succinct de la carrière remplie par Delaporte, comme interprète de l'armée d'Égypte, puis de celle d'Algérie et enfin dans les consulats. Atteint de la maladie qui devait le ravir à l'affection de sa famille, il succombait, à Paris, le 23 janvier 1861.
                 Ses enfants dans la prévision d'une fin qui paraissait imminente, accoururent d'Alger, du Caire, de Constantinople, se grouper autour du patriarche de la famille et lui demander une dernière bénédiction. Mais chacun d'eux, contraint par l'exigence de ses fonctions à l'étranger devait s'éloigner, de nouveau, avec le regret de ne pouvoir rester à son chevet, à ses derniers instants.

                 (d) Meknès
                 (e) Procédure permettant d'exécuter soit une sentence arbitrale, soit une sentence de justice étrangère.


                 Delaporte s'éteignit avec le calme, la sérénité et la résignation qu'inspire la conscience d'une vie honnête et pure, écoulée dans l'accomplissement de tous les devoirs.
                 Il a laissé trois fils, qui, marchant sur ses traces, ont également cultivé avec succès l'étude des Langues Orientales.
                 - 1° L'aîné, Honorat Delaporte, secrétaire interprète, puis chef du bureau arabe départemental à Alger, a publié des dialogues très estimés et divers ouvrages pour servir à l'étude de la langue arabe. Il s'est éteint, à Alger, en 1871 après une carrière honorablement remplie, regretté de sa jeune famille et de ses nombreux amis.
                 Il était chevalier de la Légion d'honneur, officier du Medjidié de Turquie et du Nichan de Tunis.
                 Amédée Jaubert et Burnouf, ces deux orientalistes illustres, lui avaient servi de parrains pour son admission comme membre de la Société Asiatique.

                 En 1845, Honorat Delaporte, envoyé en mission au Maroc s'était signalé par l'énergie qu'il déploya, lors du naufrage du Papin sur la côte de Mazagan;
                 - 2° Henry Delaporte, le cadet, a été consul général de France au Caire et en Syrie.
                 - 3° Enfin, Philippe, le plus jeune, est actuellement le représentant de la France à Tripoli.
                 Nous devons une partie des renseignements biographiques qui précèdent à M. Belin, gendre de Delaporte père, actuellement Consul Général, secrétaire interprète à l'ambassade de Constantinople.

Les interprètes de l'armée d'Afrique. Archives du corps
Par L. Charles Féraud, interprète principal de l'armée auprès
du gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876.

De Tonnac
Envoyé par M. Christian Graille


                 Max De Tonnac (aristocrate français) fut un des plus remarquables colons algériens de la première heure. Il vint en Algérie dès 1832 et d'accord avec le baron de Vialar s'occupa avec ardeur d'exploitations agricoles.
                 En 1833 ils cultivaient ensemble, à Tixeraïn, une propriété de 85 hectares. Max de Tonnac était entré en relation avec de nombreux indigènes, avait appris rapidement leur langue, portant parfois le burnous et pendant des semaines vivait à l'arabe de couscoussou et de café.
                 Le 30 juin 1834, avec Vialar et Pelissier de Raynaud, il allait au marché de Boufarik que n'avait encore fréquenté aucun européen et peu après il achetait un haouch situé entre les camps du Fondouk et de l'Arba, haouch appelé khadra, c'est-à-dire verdure.
                 C'était en avant de nos postes, presque au pied de l'Atlas, dans la partie où se trouve maintenant le village de Rivet. Le gouverneur à qui il avait demandé quelques hommes pour l'aider à prendre possession de son domaine les lui ayant refusés et ayant taxé son projet d'imprudence, il partit seul, bien armé, avec un cuisinier arabe et une forte provision de café.

                 De Tonnac arriva sur sa nouvelle propriété, y campa, fit préparer le café et attendit que les indigènes qui se cachaient dans les broussailles viennent vers lui ; les enfants puis les hommes s'approchèrent peu à peu ; la conversation s'engagea.
                 De Tonnac leur expliqua qu'il avait acheté l'haouch mais qu'il ne voulait rien changer aux usages établis et qu'il traiterait les habitants de l'endroit comme les traitait l'ancien propriétaire.
                 Il les rassura ainsi, fit des associations avec eux pour la culture ; puis il répara un de leurs marabouts qui tombait en ruine, se fit bâtir une habitation assez forte et assez grande où il put réunir tous ses voisins et fut une sorte de chef reconnu des indigènes, partageant avec eux les frais et les profits de l'exploitation, les traitant avec justice et bonté. En avril 1835, il écrivait au baron de Vialar qui s'était associé à lui :
                 " Nos prairies ont été bien gardées, l'herbe y est très belle et de première qualité. J'ai donné une étrenne à deux laboureurs de l'haouch qui avaient pris soin de les garder et je leur ai promis une récompense double si dans trois semaines les foins sont préservés. Je leur ai dit que mon intention était de venir faucher. Ils m'ont répondu sur leur tête que je pourrais le faire en toute assurance et pourvu que je n'amenasse deux ou trois faucheurs, qu'eux-mêmes apprendraient ce travail et nous aideraient dans cette opération.
                 Sous ce rapport je crois qu'ils promettent plus qu'ils ne peuvent tenir car nous savons assez quelle est leur adresse, mais cela prouve du moins leurs bonnes intentions.
                 Je n'ai d'ailleurs qu'à me louer de l'accueil que j'ai reçu de tous les gens de la ferme et des dispositions dont ils sont animés à notre égard Nous aurons plus de facilité pour l'établissement de notre village que nous ne comptions. L'avance du fourrage serait un immense avantage.
                 Pour moi les criailleries des journaux et les raisons de l'autre monde de nos juges de Paris ne me découragent pas ; au lieu de me refroidir, elles m'animent davantage et je te jure que quand nous serons à l'exécution, je te seconderai avec persévérance et acharnement. "

                  Il nous a apparu intéressant de citer cette lettre parce qu'elle donne une idée de la valeur de ces premiers colons que certains journaux de Paris représentaient comme des banqueroutiers et des accapareurs. On voit que s'ils achetaient des terres, c'était avec l'intention bien arrêtée de les mettre en valeur. Il avait même la volonté de créer un village. D'autre part, leur attitude vis-à-vis des indigènes, hardie, mais aussi pleine de générosité et de justice leur conciliait leurs métayers et ouvriers et il se faisait par leur intermédiaire un profitable rapprochement des vainqueurs et des vaincus.

                 Par malheur l'administration secondait mal leurs efforts ; elle les contrariait plutôt. Elle cherchait à les détourner, leur refusant toute espèce de secours, les volant même quand elle achetait leurs fourrages.
                 De Tonnac ne se bornait pas à mettre en rapport le domaine de Khadra ; il était associé au baron de Vialar pour la culture de plusieurs autres et était presque toujours en course pour les visiter ; sa résidence la plus habituelle était à Birkadem dont il fut nommé maire le 6 mai 1835.
                 Cependant il faisait d'assez longs séjours au Khadra car il avait à défendre ce poste avancé de la colonisation contre les tribus pillardes de la montagne.
                 En 1853, un peu fatigué de cette vie fébrile qu'il avait menée, il entra dans la magistrature et fut attaché à la Direction des Affaires Criminelles.
                 En 1859 il devint président du tribunal, puis en 1864 fut appelé comme conseiller à la Cour d'Appel d'Alger et prit sa retraite en 1873. Il alla passer ses derniers jours dans cette ville de Blida qu'il avait pour ainsi dire vu naître en temps que ville française.

La presse algérienne (01-03-1913)

Garoué
Envoyé par M. Christian Graille


                 Le 16 juin 1830, pendant que l'armée française, débarquée depuis deux jours sur la plage africaine, travaillait à mettre en état de défense la presqu'île de Sidi-Ferruch, un vieillard arabe se présenta aux avant-postes. Il paraissait épuisé de fatigue : " Dieu est grand, disait-il à chaque instant ; c'est Dieu qui l'a voulu ; que la volonté de Dieu soit faite ".
                 On lui demanda ce qu'il désirait : " J'ai, dit-il, une mission divine à remplir ; je veux parler à votre chef ". Conduit devant le général de Bourmont, il s'exprima sans contrainte : " Quoique vêtu de ces habits en haillons, dit-il, je suis cheikh d'une nombreuse tribu, et c'est de ma propre volonté que je viens vers toi. J'ai voulu voir de près les étrangers qui envahissent notre pays et connaître leurs sentiments à l'égard des Turcs et des Arabes ".

                 Le général en chef lui fit répondre que son désir était de rétablir la paix entre les Français et les Arabes, et de les délivrer du joug des Turcs qui les opprimaient.
                 Le vieillard parut satisfait de cette réponse, et ajouta que, puisqu'il en était ainsi, il espérait déterminer bientôt sa tribu à traiter avec les Français. Puis il demanda à retourner parmi les siens. On lui fit remarquer que son retour allait l'exposer à de grands dangers ; mais ces paroles ne l'effrayèrent point. " Je suis déjà vieux, la conservation de ma vie est sans importance; j'ai reçu des Français une généreuse hospitalité, je veux leur prouver mon dévouement et ma reconnaissance ".
                 M. de Bourmont consentit à le laisser partir, en lui remettant des exemplaires de la proclamation adressée par le Gouvernement français à ses compatriotes. Mais on sut, plus tard, que, trahi par les Arabes à qui il s'était confié, il avait été conduit à Alger, et que le Dey lui avait fait trancher la tête sous ses yeux.

                 Cette scène d'abnégation et de dévouement exalta au plus haut degré l'imagination d'un des interprètes de l'armée si bien que, le jour même où le vieux cheikh arabe quittait le camp français, Georges Garoué, Syrien de naissance, autrefois trésorier du Pacha de Damas, et parti de Toulon en qualité de guide-interprète attaché à l'état-major de l'armée, vint demander au général en chef la permission de faire auprès des Arabes, une démarche semblable à celle qui venait d'être faite auprès de nous.
                 " Les Français, dit-il, ont été calomniés dans l'esprit des tribus ; on les leur a dépeints comme les ennemis jurés de leur patrie et de l'islamisme. Il faut donc les détromper et amener les Arabes à faire cause commune avec nous, à servir les intérêts de la France contre les Turcs, leurs oppresseurs. Élevé parmi les Arabes, je connais leur langue, leurs mœurs, leurs usages ; je parviendrai à les persuader.
                 - Mais vous êtes fou, lui dit-on ; c'est la mort que vous demandez, malheureux !
                 - Qu'importe, si cette mort vous épargne des milliers de soldats ?
                 Je suis vieux, ma vie est peu de chose, et ce sera pour moi une occasion de payer ma dette à ma patrie adoptive, à la France hospitalière, où, fugitif et sans ressources, j'ai trouvé sympathie, protection, assistance ".


                 Garoué, après avoir recommandé sa famille, restée à Marseille, à la sollicitude du gouvernement, partit accomplir sa périlleuse mission, et distribuer des proclamations aux indigènes.
                 Reconnu à son accent syrien, il est bientôt arrêté et conduit à la Kasbah devant le Dey. Ce fut avec énergie que cet interprète reprocha à Hussein-Pacha son imprudence et la témérité de vouloir se mesurer avec les troupes françaises ; il osa lui proposer de capituler, en présence du divan (Assemblée politique formée de tous les officiers supérieurs) assemblé.
                 Sa tête, livrée au bourreau qui la fit rouler sur les bords de la fontaine des lions (Cette fontaine élégante, à colonnettes en marbre, orne aujourd'hui la cour du cercle des officiers d'Alger, dans l'ancienne caserne Médée.
                 Son nom de fontaine des lions lui venait de ce que dans cette cour de la Kasbah, se trouvaient des cages où les pachas tenaient des lions destinés à être envoyés, en hommage, au sultan de Constantinople ; on l'appelle aujourd'hui fontaine Garoué.)

                 Il paya tant d'audace et de courage, et alla grossir le nombre de celles qui, durant le siège d'Alger, furent exposées sous les porches de la Kasbah. Tel est le récit de divers historiens et de Galibert, entre autres.

                 D'après une notice laissée par Joanny Pharaon, interprète du Gouverneur général, en 1832, qui devait être bien renseigné sur les péripéties de l'acte de dévouement de son infortuné collègue, les faits se passèrent d'une manière encore plus héroïque.
                 Pendant que notre escadre était encore en mer, le Général de Bourmont fit appel à un interprète de bonne volonté pour aller, avant le débarquement de l'armée, faire connaître aux indigènes le but de notre expédition. Garoué s'offrit aussitôt, et, dans la nuit du 12 au 13 juin, c'est-à-dire la veille du débarquement, un bâtiment léger le fit déposer sur la plage, devant Torre-Chica (Sidi-Ferruch).
                 Sous le burnous arabe, il s'engage dans l'intérieur des terres, et, profitant de l'obscurité, il va accrocher des exemplaires de la proclamation aux branches des arbres et des buissons qu'il rencontre sur son chemin ; mais, quand le jour vient, il ne tarde pas à se trouver en présence d'indigènes.

                 Son accent syrien, ses manières polies même, ne tardent pas à faire reconnaître qu'il est étranger au pays. On fait cercle autour de lui, on le questionne par curiosité ; et Garoué, qui, avant tout, a une mission importante à remplir, exhibe la proclamation et en donne lecture, à haute voix, à ses auditeurs, qui, déjà, discutent et se livrent à des commentaires. Mais alors, un agent turc survient au milieu de ce rassemblement, et, dès qu'il en apprend la cause, il arrête l'orateur et le conduit au Pacha.
                 Les deux versions s'accordent maintenant très bien sur l'issue de cette affaire. Le yatagan (Sabre de 60 à 80 centimètres.) d'un chaouch fit rouler la tête du malheureux Garoué.
                 Du reste, il est facile de se figurer l'indignation des Turcs en lisant la proclamation qui annonçait leur renversement.

Les interprètes de l'armée d'Afrique.
Archives du corps par L. Charles Féraud,
interprète principal de l'armée
auprès du gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876


D'Aubignosc
Envoyé par M. Christian Graille


                  MM. d'Aubignosc, Gérardin et Raimbert, récemment nommés interprètes de l'armée, avaient été envoyés à Tunis, dans le courant du mois d'avril 1830, afin :
                 - de sonder les dispositions du Bey de Tunis,
                 - d'ouvrir une source féconde aux approvisionnements de l'armée,
                 - d'agir sur le moral des populations maures et arabes et
                 - de détacher, du Dey d'Alger, Tunis, Maroc et s'il était possible, Oran et Constantine. Les trois émissaires connaissaient parfaitement le pays où ils étaient chargés d'opérer.
                 - M. Raimbert, homme pratique et doué d'un jugement solide, avait longtemps dirigé le service de nos possessions en Afrique, et il avait eu de nombreux rapports avec les tribus qui commerçaient avec le Bastion de France et de La Calle.
                 - M. d'Aubignosc,
                 - esprit inventif,
                 - ardent,
                 - plein d'activité et en outre,
                 - homme d'exécution et d'énergie qui avait déjà rempli des missions dans le Levant, avait présenté, dès la mi-février 1830, à M. le Comte de Bourmont un mémoire où il établissait que les marins sardes et corses, expédiés annuellement pour la pêche du corail, n'arrivaient sur les côtes de Barbarie qu'à la mi-juin et ne quittaient ces parages que dans la dernière quinzaine d'août ; d'où il concluait, avec justesse, qu'on avait devant soi le temps nécessaire pour faire l'expédition avant le mauvais temps.

                  Le 3 Avril, d'Aubignosc envoyait au commandant en chef un rapport circonstancié, divisé en trois parties, sous les titres suivants : Politique, Économie, Statistique.
                 - Dans le premier, il exposait ce qu'il y avait à espérer et à craindre des États voisins au sujet d'Alger. Leur fidélité à l'alliance du Dey était, comme toute fidélité qui ne repose que sur la terreur, à la merci d'un succès de l'armée française.
                 - La proclamation, que le commandant en chef avait adressée aux populations et qui avait été répandue, dans les États algériens, par les soins de M. de Lesseps, envoyé de France à Tunis, et Raimbert, d'Aubignosc et Gérardin, envoyés secrets, avait produit un bon effet pour atténuer les antipathies religieuses.
                 - Dans la seconde partie du rapport, d'Aubignosc annonçait que le Bey de Tunis se prêterait à autoriser toute espèce d'achat dans ses États, et à devenir lui-même fournisseur, pourvu que sa coopération restât secrète.
                 - La troisième partie du rapport, consacrée à la stratégie, contenait des détails sur le fort de l'Empereur et la presqu'île de Sidi-Ferruch, où devait s'opérer le débarquement.

                 M. Gérardin, qui connaissait à merveille le pays, et qui parlait toutes les langues qui y ont cours, n'était pas un moins précieux auxiliaire ; de son côté, il envoyait aussi des renseignements utiles. Les préparatifs de l'expédition française produisaient, disait-il, le meilleur effet sur toutes les Régences. Tandis qu'Alger était dans la consternation, les Européens n'avaient jamais joui d'une plus grande sécurité à Tunis. Le Pacha de Tripoli lui-même devenait affable.
                 M. Raimbert, agent actif et sévère sur l'origine de ses renseignements tenait le commandant en chef au courant des modifications qui s'opéraient dans l'esprit mobile des populations.
                 D'Aubignosc et Raimbert, de retour de leur mission, rentrèrent à Toulon, un peu avant le départ de l'armée pour Alger. Quant à Gérardin, il rejoignit la flotte en rade de Palma. Parti de Tunis quatre jours avant, à bord de la Bayonnaise, il apprit au général en chef que le Dey d'Alger faisait des préparatifs de défense, et qu'il avait convoqué les contingents des Beys de Constantine, de Titteri et d'Oran.

                 L'armée débarqua sur la côte d'Afrique et, aussitôt après la capitulation, le général de Bourmont, avant d'entrer dans Alger, nomma une commission du gouvernement pour étudier :
                 - les habitudes,
                 - les mœurs,
                 - les institutions locales,
                 - les besoins du pays et proposer toutes les mesures administratives nécessitées par la situation nouvelle.
                 L'interprète d'Aubignosc faisait partie de cette commission qui était présidée par le maréchal de camp Valazé.
                 Peu après, dans sa dépêche du 8 juillet au Ministre des Affaires Étrangères, le général de Bourmont annonce qu'il a investi d'Aubignosc des fonctions de lieutenant général de police.

                 Les autres détails de la vie politique de M. d'Aubignosc sont assez connus. Son séjour en Orient l'avait mis à même d'acquérir parfaitement la connaissance des langues turque et arabe. Rentré en France, vers 1832, il a laissé un ouvrage intitulé : Considérations sur l'Algérie.

Les interprètes de l'armée d'Afrique. Archives du corps
par L. Charles Féraud, interprète principal de l'armée auprès
du Gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876


Un Président et une voyante
Envoyé par Annie
Un président fier et arrogant consulte une voyante. La voyante très concentrée ferme les yeux et lui dit :

          - Je vous vois passer dans une grande avenue, dans une voiture, le toit ouvert, le peuple applaudit. La foule est heureuse, comme jamais. Des personnes courent après la voiture. Il y a tellement de monde que la police a du mal à se frayer un chemin. Les gens portent des drapeaux français, chantent et crient des mots d'espoir : "maintenant, tout ira mieux".

          À ces mots, Le Président se gonfle de joie et demande à la voyante :

          - Et moi, comment je réagis à tout cela ?

          La voyante répond :

          - Je n'arrive pas à le voir, le cercueil est fermé



Ayas (Léon)
Envoyé par M. Christian Graille


                 Né à Marseille le 18 octobre 1807,
                 Guide interprète en 1830,
                 Interprète de 3e classe en 1840,
                 Interprète de 2e classe en 1845,
                 Chevalier de la Légion d'honneur.

                 Plus heureux que son collègue Garoué, après la bataille de Staouéli, Ayas parvint à entrer en pourparlers avec les Arabes ; il se rendit dans l'un de leurs douars et en revint, non seulement sans avoir reçu de mal, mais encore avec des promesses de soumission qui furent loin, il est vrai, de se réaliser.
                 L'interprète Ayas, dans ce voyage, qui n'était pas sans danger, acheta quelques bœufs aux Arabes, à qui il s'adressa. Ceux-ci assuraient qu'ils ne voulaient pas la guerre, et qu'ils étaient très disposés à venir approvisionner nos marchés, pourvu qu'on leur promît justice et protection. On doit bien penser qu'Ayas ne négligea rien pour leur faire comprendre qu'ils trouveraient, l'un et l'autre, chez les Français.

                 M. de Bourmont, satisfait de la tournure qu'avait prise cette négociation, se hâta d'annoncer à l'armée, par la voie de l'ordre du jour, que nous n'avions plus, sur le sol de la Régence, d'autres ennemis que les Turcs. Il prescrivit aux soldats d'user des plus grands égards, et surtout de la plus scrupuleuse probité, dans leurs relations avec les indigènes qui allaient accourir auprès de nous, comme auprès de leurs libérateurs.
                 Une attaque générale vint donner, le 24, au matin, un démenti formel à l'ordre du jour du Général en chef. C'était le premier acte de cette versatilité dont les indigènes nous ont donné depuis tant d'exemples.
                 Ayas s'est signalé, durant sa carrière, par de nombreux faits de guerre ; réputation de bravoure justement acquise dans les expéditions de la province d'Oran, plusieurs blessures, capture d'un lieutenant d'Abd-El-Kader.

                 1845. Combat de Bou-Maza . Rapport officiel :

                 " Je signale encore à toute votre bienveillance M. Ayas, interprète, qui, constamment à mes ordres, a fait preuve d'une bravoure vraiment remarquable, en tuant cinq Arabes, dans le moment le plus difficile de l'action, qui, je vous l'assure, était extrêmement chaude et vigoureuse, ainsi que le prouve le chiffre de nos pertes comparé à notre effectif.
                 Colonel Mellinet ".


                 L'interprète Ayas blessé grièvement d'un coup de feu à la cuisse dans un combat contre Bou-Maza, mourut en 1846 des suites de cette blessure.

Les interprètes de l'armée d'Afrique. Archives du corps
par L. Charles Féraud, interprète principal de l'armée auprès
du gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876.

Rémusat
Envoyé par M. Christian Graille

                  Né le 26 mars 1798 à Alep (Syrie) de parents français. Il entra de bonne heure dans le personnel du consulat de France de Tripoli de Syrie où il occupa le poste de confiance de drogman ( Interprète)
                  En 1830, dès qu'il fut question de diriger une expédition contre Alger, Rémusat se hâte d'accourir et d'offrir ses services au général en chef, à Toulon, où il reçut, le 10 mai, son brevet de guide-interprète de l'une des divisions de l'armée expéditionnaire avec laquelle il débarqua quelques jours après, sur la plage de Sidi-Ferruch.
                  Attaché à l'état-major du Maréchal Clauzel, du Général Berthezène et du Duc de Rovigo, qui se succédèrent dans le commandement en chef des possessions africaines, il ne cessa de rendre de très utiles services, notamment pendant l'expédition de Médéa.

                  En 1832 on le chargea de la mission délicate et dangereuse de se rendre d'abord à Bône, puis à Bougie en 1835, et enfin à Mostaganem en 1836 auprès du bey Ibrahim, pour traiter de la pacification du pays.

                  En 1838 le maréchal Valée, proposant Rémusat pour l'avancement, écrivait à son sujet :
                  " On cite avec éloge son zèle, son dévouement, sa discrétion et sa probité ".
                  En 1839, on lui confiait la direction des affaires arabes de la province d'Alger, et, comme récompense des bons services rendus dans ces fonctions, on l'élevait à la 2e classe le 1er avril 1840.
                  Durant l'expédition de Rachgoun et de Tlemcen, il était attaché au général Bugeaud, et il eut un cheval tué sous lui au combat de la Sikkak.
                  L'année suivante, lors de l'invasion des Zouatna par l'émir Abd-el-Kader, Rémusat, l'un des premiers à s'élancer en avant contre l'ennemi, était blessé d'un coup de feu.

                  Cette blessure, les fatigues de la guerre et l'exercice forcé du cheval, pendant de longues années, l'obligèrent à demander un poste sédentaire à Alger ; mais en 1841, il reprenait le service actif, et était attaché à S.A le Duc de Nemours, (b) pour faire la campagne de Tittery. (b) Louis Charles Philippe d'Orléans, duc de Nemours, deuxième fils du roi Louis-Philippe, s'illustra en Algérie (1834-1842), à Constantine (1837) et contre Abd el Kader (1841). Il s'exila en Angleterre en 1848, fut réintégré dans l'armée avec le grade de général de division en 1871.
                  Né en 1814, il mourut à Versailles en 1896.


                  Il était promu de 1re classe le 1er août 1843.
                  Dans cette position, soit aux affaires arabes, au conseil de guerre, ou employé à l'état-major général, il rendit encore de très longs et très utiles services, jusqu'en 1843, époque de sa mise à la retraite.

                  Rémusat est le traducteur de L'histoire de l'Afrique, de Kairouani, œuvre importante, qui, en 1840, a été publiée par M. Pélissier de Raynaud dans la collection des ouvrages de la commission scientifique algérienne.
                  Il a fourni, par ses notices et ses traductions de documents arabes, une bonne partie des matériaux qui ont servi au général Dumas à publier divers livres sur l'Algérie. Rémusat était chevalier de la Légion d'honneur du 23 janvier 1848.
                  Il est mort à Alger le 12 avril 1874.
                  Rémusat était chevalier de la Légion d'honneur du 23 janvier 1848.

Les interprètes de l'armée d'Afrique. Archives du corps
par L. Charles Féraud, interprète principal de l'armée
auprès du gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876.

Zaccar
Envoyé par M. Christian Graille

                 Zaccar (Jean-Charles), né à Damas (Syrie) le 19 janvier 1789 (naturalisé).
                 Prêtre, élevé dans un couvent du Liban, il se réfugia à Marseille, à la suite d'évènements politiques qui troublaient son pays. Il était vicaire de l'église Saint-Nicolas de Myre, à Marseille, en 1830, lorsque, signalé au gouvernement pour sa connaissance approfondie de la langue arabe, il fut mandé à Paris pour rédiger la proclamation qui allait être adressée aux Arabes de l'Algérie au moment de l'entrée en campagne.

                 Sans quitter la soutane, Zaccar prit l'épée et partit avec l'armée expéditionnaire. C'était un homme fort instruit et fort honorable.
                 Le général de Bourmont lui confia le soin de traduire en arabe le texte de la capitulation du pacha Hussein.
                 Nommé interprète de 1ère classe le 3 avril 1830, auprès du général de Bourmont, il fut attaché comme interprète principal au gouvernement général le 17 avril 1839.
                 Détaché à l'évêché d'Alger le 13 mars 1845, il redevint interprète auxiliaire le 8 novembre 1848.
                 Il était chevalier de la Légion d'honneur depuis octobre 1845.

                 Zaccar, débarqué à Alger avec l'armée française, ne cessa d'être attaché auprès des gouverneurs généraux, depuis le général de Bourmont jusqu'au Maréchal Bugeaud. Tout en remplissant ses devoirs d'interprète, le père Zaccar n'en continua pas moins à observer les règles ecclésiastiques, et c'est lui qui le premier célébra la messe pour le gouvernement et son état-major, dans une petite chapelle installée au fond de la rue de l'État-Major, à peu près à l'endroit où se trouve aujourd'hui le bureau central de la police.
                 Pendant de longues années, Zaccar remplit avec zèle et activité tous les devoirs que lui imposaient ses fonctions délicates d'interprète, partageant les dangers, les privations et les fatigues auxquels les troupes étaient exposées.

                 Trois fois il accomplit la périlleuse mission d'aller en parlementaire auprès d'Abd-El-Kader, et plus souvent encore, de s'aboucher avec les Arabes rencontrés sur le passage des colonnes.
                 Il eut plusieurs chevaux tués sous lui en diverses rencontres avec l'ennemi. Atteint de douleurs rhumatismales après seize années d'une existence des plus fatigantes, à laquelle sa vie religieuse était loin de l'avoir préparé, il sollicita un poste paisible, et, en raison de sa première vocation, on l'attacha à l'évêché d'Alger.
                 Il ne resta pas longtemps dans ces fonctions, qui consistaient à faire des cours de langue arabe, ce que son âge et sa santé ne lui permettaient plus.
                 On le réintégra en 1848 dans le corps des interprètes militaires, comme … auxiliaire, lui l'ancien interprète principal en chef.
                 Il mourut à Alger presque dans la pauvreté, le 22 février 1832.

Les interprètes de l'armée d'Afrique. Archives du corps
par L. Charles Féraud, interprète principal de l'armée
auprès du Gouverneur général de l'Algérie. Édition 1876.

Le sergent Blandan
Envoyé par M. Christian Graille

                 C'était le 11 avril 1842. Le sergent Blandan du 26ème de ligne et seize hommes du même régiment auxquels on avait adjoint un brigadier et deux cavaliers du 4ème chasseurs d'Afrique furent chargés ce jour-là du service d'escorte de la correspondance entre Boufarik et Béni-Méred. Le chirurgien sous-aide Ducros, en retour de congé expiré, avait profité du départ de ce détachement, que commandait le sergent Blandan, pour rentrer à Blida, où il était employé.

                  Cette petite troupe quitta Boufarik à six heures du matin. La plaine, soigneusement fouillée d'abord, à l'aide du télescope, par le sous-officier observateur du Camp-d'Erlon, avait été déclarée praticable. Elle semblait en effet absolument déserte : pas un cavalier arabe ne se montrait entre Boufarik et Mered.
                 Ces vingt et un hommes cheminaient donc tranquillement, le fusil en bandoulière, et devisant entre eux avec cette ronde et franche gaieté et cette absence de tout souci qui n'abandonnent jamais le soldat français, même en présence du danger. Il y avait environ une heure qu'ils marchaient, et ils n'étaient plus qu'à deux kilomètres de Mered : la plaine était toujours aussi calme et semblait toujours aussi vide.

                 Les trois cavaliers d'avant-garde avaient atteint le Châbet-El-Mechdoufa, et ils s'apprêtaient à descendre dans le lit desséché de ce ravin, - aujourd'hui presque comblé, - quand tout à coup le brigadier Villars et ses deux chasseurs, qui marchaient une centaine de mètres en avant, se repliaient sur le détachement et signalaient à son chef la présence, dans le ravin, de nombreux cavaliers ennemis embusqués dans les lauriers-roses et ayant mis pied à terre pour mieux dérober leur embuscade.
                 Le brigadier Villars, vieux soldat à trois chevrons, un de ces vaillants comme les régiments de chasseurs d'Afrique en comptaient tant alors, disait à Blandan sans s'émouvoir, et avec cet admirable sentiment du devoir qui déjà était dans les traditions de ces corps d'élite : " Sergent, il nous serait facile à nous autres, avec nos chevaux de regagner Boufarik : mais soyez tranquille, puisqu'il y a du danger nous le partagerons avec vous.
                 - Halte ! Baïonnette au canon ! " commandait Blandan avec un calme magnifique.

                 Ces cavaliers ennemis dont le nombre s'élevait bientôt de 250 à 300, - car en pays arabe la poudre appelle toujours la poudre, - étaient des coureurs du Khalifa du Sebaou, Ahmed-Ben-Eth-Thaiyeb-Ben-Salem, auxquels étaient venus se joindre quelques cavaliers des Hadjoutes en quête d'aventures.
                 Nous retrouvons là, en effet, Brahim-Ben-Khou-Yled, Mosthafa, Ben-Smaïn et lljilali-Ben-Dououad. Ne pouvant supposer une intention de résistance de cette poignée de Français, qu'il tenait sous sa main, et préférant d'ailleurs les prendre vivants que de courir les chances d'un combat qui ne pouvait manquer, quelle qu'en soit l'issue, d'être fatale à un nombre plus ou moins considérable des siens, Ben-Dououad, qui commande le goum ( contingent militaire recruté en Afrique du Nord parmi les populations indigènes) ennemi, envoie un de ses cavaliers au chef du détachement pour lui signifier d'avoir à mettre bas les armes. Ce cavalier, qui porte le burnous rouge des spahis de l'Emir, s'approche en caracolant de la petite troupe, qui s'était arrêtée et qui avait apprêté ses armes, et, s'adressant à son chef, le somme insolemment de se rendre.

                 Superbe de calme et de sang-froid, Blandan ajuste le cavalier, et lui répond, en pressant la détente de son arme : "C'est ainsi que se rend un Français ! ". Le spahi tombe sanglant, et comme une masse inerte, entre les jambes de son cheval.

                 Sentant bien qu'il ne lui reste plus qu'à combattre, qu'à mourir plutôt, - car Ià, au milieu de cette plaine nue, unie, ne présentant de loin en loin que des mouvements de terrain absolument insignifiants, il n'y a ni position à prendre ni abri à gagner, - le jeune sergent groupe ses conscrits en cercle et leur dit :
" A présent, camarades, il ne s'agit plus que de montrer à ces gens-là comment des Français savent se défendre... Surtout ne nous pressons pas, et visons juste ! "

                 En effet, au coup de feu de Blandan, les cavaliers ennemis sont montés précipitamment à cheval et se disposent à combattre cette téméraire poignée de braves, qui, dans leur esprit, doivent sans aucun doute être frappés de démence. Ils se ruent aussitôt, en poussant leur cri de guerre, à l'attaque de ce groupe superbe d'audace et de fierté ; ils l'enveloppent et se mettent, en le criblant de balles à tournoyer autour de lui comme une volée de rapaces autour d'un cadavre.
                 Leur première décharge tuait deux hommes au petit détachement, et lui en blessait cinq, parmi lesquels Blandan, qui fut atteint de deux balles. Mais cette perte du tiers de leur effectif ne trouble point ces vaillants enfants.
                 Comme le leur a recommandé le sergent, nos conscrits prennent leur temps pour viser et ne perdent pas une balle. Leur feu continue avec régularité, avec précision : à l'exemple de leurs ennemis, ils tirent dans le tas, et leur plomb fait trou. Aussi un certain nombre de chevaux errent-ils déjà sans cavaliers et la selle sous le ventre.

                 Mais la partie est trop inégale et si des secours n'arrivent pas bientôt à nos braves, soit de Mered, soit de Boufarik, il leur faudra mourir : ils en ont déjà pris leur parti, car ils ne veulent point tomber vivants entre les mains de leurs féroces ennemis. Toutefois l'admirable contenance de nos héros tient les cavaliers arabes en respect, et, à l'exception de quelques fanatiques qui viennent vider leurs armes à bout portant sur notre poignée de combattants, le gros du djich s'en tient à une distance pleine de prudence et de réserve. Mais le nombre des assaillants est tellement en disproportion avec celui des assaillis, que le résultat final ne semble point devoir être douteux.
                 Quoi qu'il en soit, le nombre des hommes encore debout diminue d'instant en instant ; mais ceux qui sont par terre continuent néanmoins la lutte tant qu'ils peuvent tenir leur arme et s'en servir.
                 Blandan, - nous l'avons dit, - a déjà été frappé de deux balles et pourtant il est encore debout, brûlant impassible ses dernières cartouches ; une troisième balle, dans l'abdomen, vient le renverser, mortellement atteint, aux pieds de ceux de ses intrépides compagnons que le feu a épargnés. " Courage ! Mes amis !…. Défendez-vous jusqu'à la mort s'écrie le héros en tombant. Que ces lâches n'aient pas l'honneur de nous prendre vivants et de nous couper la tête !".

                 Ces mâles et énergiques paroles ont été entendues : le chirurgien sous-aide Ducros a ramassé le fusil d'un blessé, et il combat vaillamment jusqu'à ce qu'une balle, qui lui brise le bras droit, vienne lui arracher son arme des mains. Tout ce qui reste debout lutte avec une énergie surhumaine, qu'exaltent encore les ardentes excitations de Blandan ; tout ce qui peut encore tenir une arme combat avec ce brillant courage qui illumine et fait resplendir les derniers moments des martyrs, qu'ils meurent pour la patrie ou pour toute autre généreuse croyance. Néanmoins, quant à un certain moment nos braves conscrits ne se comptent plus que cinq pouvant encore combattre, ils comprennent, ces enfants de vingt ans, qu'à moins d'un miracle, ils sont bien exposés à ne plus jamais revoir leurs mères.
                 Et le feu continuait ainsi pendant trois quarts d'heure, et la foule des assaillants se ruait sur les quelques hommes restés debout avec la furie de la vague attaquant un écueil, et avec un tourbillonnement rapide à donner le vertige à ces braves jeunes gens, lesquels combattaient bien plutôt pour la gloire et pour faire une belle fin que dans l'espoir du salut. Tous en avaient pris leur parti, lorsque tout à coup les Arabes cessent le feu et semblent se rallier dans la direction de l'est. Les restes du détachement en étaient à se demander la cause de ce mouvement rétrograde de l'ennemi, quand un tourbillon, une trombe de poussière, roulant comme un nuage de ouate blanc sale sur la route de Boufarik, vint leur en donner l'explication : c'était le secours attendu, mais presque inespéré ; car quelques minutes plus tard, et le sacrifice était consommé.

                 Les Arabes venaient d'apercevoir, de pressentir plutôt les chasseurs d'Afrique, - qu'ils redoutaient comme le feu, - et ils n'avaient pas jugé à propos de les attendre. Cette brave cavalerie, allant au plus pressé, avait piqué droit sur l'ennemi pour en débarrasser les débris du détachement de Blandan.

                 Voici comment les choses s'étaient passées : l'observatoire du Camp-d'Erlon avait signalé l'attaque et le lieutenant-colonel Morris, commandant supérieur de Boufarik, avait immédiatement lancé l'escadron de chasseurs d'Afrique sur la route de Blida. Ces intrépides cavaliers, qui, à ce moment, menaient leurs chevaux à l'abreuvoir, ne s'attardent pas à seller ceux qui ne le sont pas; ils se précipitent à fond de train, et la plupart sans autres armes que leurs sabres, - la terreur des Arabes, - au secours de leurs camarades. Le vaillant sous-lieutenant Joseph de Breteuil, du premier de chasseurs d'Afrique, est à leur tète. En moins de vingt minutes, ils ont joint les fuyards; ils pénètrent cette cohue qu'ifs taillent littéralement en pièces, jalonnant ainsi le chemin de la charge des cadavres des cavaliers de Ben-Salem. La revanche était d'autant plus complète que ces quinze contre un n'avaient pu nous emporter une seule tête.

                 D'un autre côté, dès le commencement de l'action, le lieutenant du génie de Jouslard, qui exécutait les travaux du poste, était sorti de Mered, à la tête d'une trentaine d'hommes, pour se porter à l'aide de cette poignée de héros. Quelques coups de l'obusier de la redoute ralentissaient en même temps la fougue du goum ennemi, qui craignit de se voir couper sa ligne de retraite.

                 Malheureusement, des vingt hommes composant le détachement de Blandan, il n'en restait, à l'arrivée des secours, que cinq qui n'eussent point été touchés ; c'étaient les fusiliers Bire, Girard, Estai, Marchand, et le chasseur Lemercier ; neuf étaient blessés, et furent presque tous amputés : c'étaient le chirurgien sous-aide auxiliaire Ducros, le brigadier de chasseurs Villars, et les fusiliers Le-clair, Béald, Zanher, Kamachar, Père, Laurent et Michel; sept, enfin étaient tués ou blessés mortellement : c'étaient les fusiliers, Giraud, Elie, Leconte, Beurrier, Lharicun, le chasseur Ducasse et le sergent Blandan.

                 Bien qu'atteint de trois balles, l'héroïque sous-officier respirait encore.
                 Le lieutenant-colonel Morris avait fait suivre les chasseurs d'Afrique de tout ce qu'il avait de troupes disponibles : des prolonges, des cacolets et des litières, destinés au transport des morts et des blessés, avaient été placés sous leur escorte. Un détachement du 26ème de ligne s'était porté au pas gymnastique sur le lieu du combat et y arrivait en même temps que les moyens de transport. Plusieurs colons s'étaient joints spontanément aux troupes. Le commandant supérieur ordonnait au capitaine Orssaud (Décédé à Boufarik le 18 octobre 1888) de réunir la milice, et il lui confiait, pendant l'absence de la garnison, la garde dos barrières de la place.
                 Le commandant supérieur du Camp-d'Erlon s'était porté de sa personne en toute hâte sur le lieu de l'action : il avait voulu, par de cordiales paroles et des éloges bien mérités, exprimer de vive voix aux survivants de ce glorieux drame toute sa satisfaction d'avoir sous ses ordres de pareils soldats. Le colonel Morris demande de suite où est Blandan ; ceux de son détachement qui étaient restés debout, et qui avaient formé le cercle autour de l'héroïque sous-officier et des six vaillants conscrits tombés autour de lui, ouvrent le cercle et le montrent au colonel : il était étendu sur le sol, la tête soutenue par un de ses soldats. A la voix de son chef, Blandan essaie de se mettre sur son séant. Le colonel s'incline vers le glorieux mourant, et loue chaleureusement son admirable conduite, tout en s'efforçant de lui démontrer que sa situation est loin d'être désespérée; mais c'était là, bien plutôt l'expression d'un désir qu'un espoir, les blessures de Blandan présentaient trop do gravité pour laisser la moindre chance de le conserver au pays.

                 Le lieutenant-colonel Morris se pencha au chevet de Blandan mourant et lui dit : " Je vous propose aujourd'hui même pour officier, et en attendant que vous soyez nommé chevalier de la Légion d'Honneur, laissez-moi placer sur votre vaillante poitrine le signe des braves que vous avez si bien mérité... " et, en même temps, le colonel détachait sa croix et la plaçait sur la poitrine du héros, qui, du reste, avait conservé toute sa connaissance, mais qui comprenait qu'il était perdu. Il tournait son regard vers le colonel, et le remerciait d'un sourire plein de larmes et chargé de regrets ; car, nous le répétons, il ne s'illusionnait pas sur son état. Du reste, il avait fait son devoir, le colonel Morris le lui avait dit, et son commandant de compagnie, le capitaine Lacarde, l'en avait loué; et cela suffisait à ce héros de vingt-trois ans, à cet entrant dans la vie, qui semblait n'être né que pour se donner en exemple aux soldats de l'avenir.
                 Cette scène avait fortement ému et enthousiasmé ceux qui en étaient tes témoins, et ce fut à ce point que les cinq qui n'avaient point été touchée demandèrent instamment au lieutenant-colonel Morris de prendre part au combat que Ies chasseurs menaient vigoureusement et en jonchant de cadavres ennemis le chemin de la poursuite. Le colonel leur fit observer qu'ils avaient largement fait leur part et qu'il ne leur restait plus qu'à escorter leurs frères d'armes jusqu'à Boufarik.

                 Les morts furent placés sur des prolonges ; les blessés ne pouvant marcher furent ramenés en cacolets (bât composé de deux sièges à dossier fixés de chaque côté du dos de la bête de charge et qui sert à transporter des voyageurs ou des blessés ) et Blandan en litière; l'autre coté de la charge du mulet était occupé par un cacolet sur lequel on avait placé un blessé.
                 Le retour sur le Camp-d'Erlon s'effectua sans accident. Le colonel Morris n'avait pas cessé un instant de tenir son cheval à hauteur de la litière sur laquelle était couché Blandan, et de montrer la plus vivo sollicitude pour le noble blessé.

                 Le funèbre cortège rentrait au Camp-d'Erlon à une heure et demie de l'après-midi.
                 Quant aux chasseurs, qui avaient poussé la charge très loin, c'est-à-dire jusqu'à entière disparition des cavaliers ennemis, ils rentrèrent à Boufarik chargés des dépouilles des Arabes, et ramenant de nombreux chevaux provenant des tués du goum.

                 Le jeune et intrépide héros expirait le lendemain 12 avril, vers deux heures du matin.
                 Blandan (Jean-Pierre, Hippolyte) était né à Lyon le 9 février 1819 rue de la Toge. Il exerçait la profession d'imprimeur sur étoffes lorsqu'il contracta un engagement volontaire pour sept ans à la mairie de Lyon, le 24 février 1837. Incorporé au 8ème de ligne, il passa au 28ème le 28 janvier 1838, fut nommé caporal le 6 août 1838 et sergent le 1er janvier 1839.

                 On fit, le 13 avril, aux glorieux morts de Mered des funérailles dignes de leur éclatante valeur ; le cimetière qui est à l'ouest du Camp-d'Erlon reçut leur dépouille mortelle. Le colonel Morris, dont la valeur était déjà proverbiale, sut trouver dans son mur quelque; paroles marquant une foi ardente au culte de l'honneur militaire, et des croyances enthousiastes aux dogmes do la religion du drapeau; il eut des accents qui émurent véritablement les assistants, et. il courut parmi eux comme un frisson électrique quand il s'écria, avec cette chaleureuse et communicative éloquence qui n'appartient qu'aux croyants : " J'envIe ton sort, Blandan ; car je ne sais point de plus noble et de plus désirable mort que celle du champ d'honneur ! "
                 Une petite construction quadrangulaire, terminée en toit et surmontée d'une croix de fer, marque la place où le corps du héros fut rendu à la terre. Quant à ses six compagnons de gloire, ils furent inhumés séparément sur plusieurs points du cimetière.
                 Quatre des blessés furent faits chevaliers de la Légion d'honneur; ce sont les suivants : les fusiliers Père et Michel, du 26ème de ligne, blessés grièvement ; le brigadier Vlllans, du 4ème de chasseurs d'Afrique, blessé, et le chirurgien sous-aide Ducros, des ambulances de l'armée, amputé du bras droit.
                 Un ordre général, qui est transcrit chaque année en tète des registres d'ordres du 26ème d'infanterie, - régiment qui a conservé intact jusqu'à nos jours le culte de son héros, - fit connaître à l'armée la conduite héroïque de Blandan et sa glorieuse mort dans le combat de Mered, fait d'armes que le général Bugeaud classait au rang des plus beaux dont eût à se glorifier l'armée d'Afrique depuis la conquête, c'est-à-dire dans une période de douze années.

                 Le Général Bugeaud ayant décidé, à la date du 6 juillet 1842, qu'un monument destiné à perpétuer le souvenir de ce beau fait d'armes serait élevé sur le lieu même de l'action, des souscriptions furent ouvertes dans l'armée et dans la population civile. Lyon, la ville natale de Blandan, participa à cette souscription pour une somme de 2.000 francs. Le Ministre de la Guerre souscrivit par une subvention. Il fut décidé que ce monument commémoratif serait une fontaine monumentale surmontée d'un obélisque. Cet obélisque devait porter une inscription rappelant en français et en arabe les noms des vingt-et-un héros de Mered et le fait d'armes qui les avait immortalisés.
                 Ce monument qui devait primitivement s'élever sur le lieu même du combat du 11 avril, c'est-à-dire au ravin de Mechdoufa, fut construit, en 1844, au centre du village de Mered.
                 Le 31 mars 1887, les restes de Blandan ont été exhumés de l'ancien cimetière du Camp-d'Erlon et solennellement transportés à l'ossuaire ménagé dans te piédestal du monument élevé à Boufarik et Inauguré le 1er mai 1887.

                 Depuis, en 1884, le vaillant colonel Trumelet prit l'initiative d'un monument à élever sur la principale place de Boufarik à Blandan et à ses vingt compagnons de gloire, et il eut la satisfaction de mener à bien ce projet.
                 L'inauguration du monument de Boufarik a eu lieu le 1er mai 1887, en présence de Monsieur Tirman, gouverneur général, du général Delebecque, commandant le 19ème corps d'armée, des députés et d'un très grand nombre de notabilités algériennes.
                 " Ce fut la plus belle, la plus grande, la plus patriotique, la plus émouvante manifestation à laquelle il nous ait été donné d'assister. Il semblait vraiment que l'âme de la France fût là dans ce coin de la Mitidja, palpitante, attendrie, et qu'elle fît battre tous les cœurs du même sentiment d'espérance en glorifiant le passé, qui nous est garant de l'avenir ".

                 Hé! sans doute!... Le peuple qui compte de tels enfants, dont les fêles sont consacrées à l'apothéose de tels héros, - d'humbles soldats, - ce peuple-là est un grand peuple et sa gloire ne périra pas ; ses fils ont le droit d'envisager l'avenir avec confiance et sérénité.
                 " L'Algérie, comme l'ancienne Grèce, a eu ses temps héroïques, son âge légendaire. J'appelle de ce nom les dix années de 1830 à 1840, " dit M. Camille Rousset dans les Commencements d'une conquête. C'est vrai, c'était l'ère héroïque. Est-ce à dire qu'elle soit à jamais fermée ? Non : pour le philosophe comme pour le soldat, les temps héroïques ne sont jamais clos. C'est avec l'héroïsme seulement qu'on vit une vie digne d'être vécue. Sans la réciprocité du sacrifice, il n'est pas de sentiment fécond, pas de famille, pas de patrie. Et la France tout entière le comprend ; la France, qui est un héros, a-t-on dit. Pour lors Ies Blandan n'ont plus à donner leur sang dans la Mitidja ; mais, n'en doutons point, ils tomberont encore tout aussi noblement à la frontière, - demain peut-être !
                 Et c'est cette pensée, cette conviction, irraisonnée mais consciente, d'un héroïsme toujours latent, qui, le 1er mai 1887, agitait la foule d'un long frémissement patriotique, faisait courir de l'un à l'autre nous ne savons quelle sensation, poignante mais consolatrice, en assistant à la résurrection d'un enfant du peuple dans la majesté du bronze! "

LE LIVRE D'OR DE L'ALGERIE (de 1830 à 1889)
Narcisse Faucon Edition 1889
Narcisse Faucon se réfère à l'ouvrage du Colonel Trumelet :
Boufarik - notes personnelles (Boufarik 2ème éd 1887)


 Halard François Alphonse
Envoyé par M. Christian Graille

                 Il est probablement originaire de la Nièvre où il est né vers 1812.
                Il épouse Jeanne Duchet qui est née à Bourges le 23 juin 1818.
                Ensemble, ils ont deux enfants, le premier, Théodore, naît le 23 novembre 1837 dans le huitième arrondissement (depuis 1860, onze ou douzième arrondissement) de Paris. Le second enfant, Marie, naît le 5 mars 1844 à Nevers.

                En septembre 1848, il est ferblantier et vit avec sa famille dans le sixième arrondissement (depuis 1860 dixième ou onzième arrondissement).
                A cette période, Paris et de nombreuses régions françaises connaissent une grave crise économique qui conduit à la paupérisation et au chômage de nombreux ouvriers et paysans.
                En juin 1848, l'Assemblée Constituante de la seconde République, élue au suffrage universel, prend différentes mesures (fermetures des Ateliers Nationaux, incorporation dans l'armée des ouvriers de dix-huit à vingt-cinq ans).

                Ces mesures conduisent à l'insurrection des ouvriers des Ateliers Nationaux des 22 au 25 juin.
                - Pour résoudre le paupérisme,
                - mettre fin au chômage dans la capitale,
                - assurer la tranquillité de la ville au lendemain des journées troublées,
                - répondre aux gros colons présents à Paris qui cherchent des bras pour leurs grands domaines en Algérie,

                L'Assemblée nationale vote un décret le 19 septembre 1848 qui ouvre un crédit au Ministère de la Guerre destiné à l'établissement de quarante-deux colonies agricoles dans les provinces d'Algérie.
                Pour la première fois une politique coloniale cohérente cherche à peupler la colonie naissante en organisant l'implantation du trop-plein de la population active de Paris, en transformant les prolétaires en propriétaires de concessions de terres ou en ouvriers d'art.
                En effet les colons étaient admis :
                - soit comme " cultivateurs " et devaient, à ce titre, recevoir une maison et une étendue de terre de deux à sept hectares, du cheptel, des semences et des instruments aratoires ainsi qu'une allocation de nourriture pendant trois ans,
                - soit comme " ouvriers d'art " sans dotation de terre.
                Une commission fut créée, la " commission des Tuileries " chargée d'organiser le départ des colons et de recevoir les candidatures.

                Les colons n'étaient pas des insurgés condamnés des journées de juin 1848 ces derniers condamnés furent détenus à Belle-Isle jusqu'au 24 janvier 1850 et une loi édicta leur transfert en Algérie, à Bône puis dans le camp disciplinaire de Lambèse.
                Les colons de 1848 étaient tous :
                - des candidats volontaires,
                - habitant la plupart les quartiers populaires de l'est parisien,
                - voulant fuir le chômage ou la misère,
                - attirés par l'espérance du travail ou de la propriété individuelle.
                Néanmoins, ils furent dupés par une propagande mensongère qui leur faisait miroiter l'image d'une terre fertile et généreuse.

                D'ailleurs, pour être admis " la Commission des Tuileries " exigeait des candidats un certificat de bonne vie et de mœurs, qui assurait qu'ils n'avaient pas pris part à l'insurrection de juin 1848.
                Nombreux furent les candidats au départ, mais peu furent acceptés.
                Au total dix-sept convois seront organisés.
                Le premier partit du quai de Bercy à Paris le 8 octobre 1848.

                François, Alphonse Halard fut admis en qualité de " cultivateur ".
                Il fit partie, avec sa femme et ses deux enfants, du huitième convoi qui quitta la capitale le 5 novembre 1848 à destination de la colonie agricole de Lodi.
                Ce convoi, composé de 853 personnes vogua sur les canaux jusqu'à Chalons ; de Chalons à Arles où François prit le bateau à vapeur, puis le chemin de fer jusqu'à Marseille où il arriva le 19 novembre .
                Il traversa la Méditerranée sur la frégate le Christophe Colomb qui aborda à Alger le 24 novembre.

                La précipitation des départs de Paris empêcha l'armée de faire les travaux indispensables pour accueillir les colons à leur arrivée dans les colonies agricoles. Au lieu de trouver un village édifié dans une campagne hospitalière, ils trouvèrent pour logement des baraquements sommaires …
                Le 13 avril 1849, un courrier du bureau de la colonie agricole de Lodi fut adressé à Monsieur le Gouverneur Général de l'Algérie : il s'agissait d'une demande formulée par Halard, colon à Lodi, afin de faire venir auprès de lui son frère Théodore Halard, sa femme et ses trois enfants demeurant à la fonderie de Fourchambault près de Nevers.

                Ayant exécuté tous les travaux de culture et de constructions que comportait l'exploitation de ces terres François, Alphonse Halard signa à Blida le 10 octobre 1854 le titre de concession définitive.
                Cette concession avait été obtenue le 29 juin 1851. Il lui était fait cession définitive des biens situés à Lodi :
                - une maison et une cour situées dans le village : 6 ares,
                - les jardins (terre) : 32 ares,
                - les Amandiers (prairie) : 72 ares,
                - les Amandiers (terre) : 204 ares,
                - les Caskrants (bois et terre) : 494 ares,
                - le plateau de Médéa (terre) : 539 ares,
                - la montagne du crime (terre) : 16 ares
                - soit au total 1363 ares.
                 L'intéressé n'eut malheureusement pas le loisir de profiter des fruits de son dur labeur. Il mourut à Médéa le 12 juillet 1856.

                Le 12 mars 1858, à Alger, ses héritiers devinrent cessionnaires d'une propriété rurale en vertu d'un titre transmissible.
                Un arrêté de concession accorda, aux héritiers de François, Alphonse Halard, cultivateur domicilié à Lodi, d'un terrain de 63 ares situé sur le territoire du village. Ils avaient obligation de le défricher et de le cultiver dans sa totalité sans omettre de le délimiter par des fossés avant le premier juillet 1860.

                Le 16 décembre 1859 un accord de concession, signé par les actionnaires du Moulin, fut accordé à des propriétaires de Lodi, dont Jeanne la veuve de François, Alphonse faisait partie.
                Sur un terrain de 26 ares, situé à Lodi, un moulin à farine devait être construit.
                Le 21 juillet 1860 un arrêté prolongea les délais accordés aux héritiers afin de leur permettre de terminer la mise en valeur d'un terrain de 63 ares obtenu le 21 juillet 1862.
                Il était stipulé que si au premier juillet 1862 les travaux n'étaient pas terminés les héritiers seraient déchus de leur concession.
                400 pieds de vigne furent donc plantés et le reste du terrain fut ensemencé de seigle.
                Là s'arrêtent les informations concernant la descendance de Halard François Alphonse.

                Certes les recherches entamées par bon nombre de citoyens sont longues et difficiles, les archives dispersées mais on peut aussi regretter qu'elles soient sont souvent incomplètes. Dommage !

Recherches généalogiques effectuées par Graille Richard


Contrôle fiscal....
Envoyé par M. Hugues
Visite inopinée d'un Contrôleur des Impôts, à un paysan des Vosges car il apparaîtrait qu'il ne paie pas son personnel correctement.

         L'inspecteur :

         - "J'aimerais voir la liste de vos salariés ainsi que leurs fiches de paye !

         - "Bien sûr", dit le fermier, qui l’entraîne dans la pièce qui lui sert de bureau et pose devant lui un petit classeur.

         - "D'abord il y a le garçon de ferme ; il travaille 35 heures par semaine et je le paie 1 200 Euros par mois plus le logement et le couvert".

         - "Ensuite il y a la cuisinière ; elle travaille 30 heures par semaine et je lui donne 1 100 euros par mois plus logement et couvert".

         - "Enfin, il y a le Simplet"...

         - "Le Simplet " ? dit le Contrôleur d'un air interrogateur.

         - "Oui, il travaille 18 heures par jour c'est à dire 126 heures par semaine ; il accomplit 80 % de tous les travaux de la ferme.

         Je lui donne 200 Euros par mois, mais il paie sa nourriture et son logement Le Samedi soir je lui achète une bouteille de Whisky et à l'occasion, il dort avec la patronne!"

         - "Ahahah", dit l'Inspecteur en se frottant les mains, c'est LUI que je veux voir

         - "Il est en face de TOI, connard", dit le fermier," c'est moi..."


Le vignoble algérien
Envoyé par M. Christian Graille

                 - Qu'est-ce que le vignoble algérien ?
                 - Comment est-il composé ?
                 - Quel est son rendement ?
                 - Quelle est la valeur intrinsèque de ses produits ?
                 - Quels sont leurs mérites et leurs défauts ?
                 C'est à ces interrogations que nous nous proposons de répondre.

                 Constatons d'abord que le seul fait qu'elles soient formulées constitue un succès pour l'Algérie, car il fut un temps, encore peu éloigné, où il n'était pas admis que les coteaux algériens fussent jamais capables de donner un vin convenable. Vin d'Algérie ! Ce mot suffisait à provoquer un vif mouvement de répulsion.
                 Les adversaires des colonies, et ceux de l'Algérie en particulier s'étaient tacitement ligués contre la viticulture algérienne et avaient réussi à créer un courant d'opinion franchement hostile à ses produits. Il fait avouer que l'inexpérience qui accompagna inévitablement les débuts de certains viticulteurs de la colonie, seconda singulièrement la manœuvre et parut la justifier.
                 La bonne foi ne fut pas le caractère dominant de cette injuste campagne : on rendait un jugement définitif, sans révision possible, à propos des premiers essais, de résultats obtenus à la hâte, sans moyens, sans méthode ou par les tâtonnements les plus hasardeux.

                 C'était dénier à la science, au travail et à l'expérience, le pouvoir d'enfanter le moindre progrès dans l'avenir. L'ignorance était donc aussi l'ennemie de l'Algérie. Et si elle ne soupçonnait pas la possibilité d'une amélioration, elle ne découvrait pas non plus que les voyageurs anciens et les conquérants du XVIe siècle avaient trouvé dans les États barbaresques des produits déjà renommés et que les vins d'Afrique avaient eu, à Rome, le privilège d'être réservés pour les hauts fonctionnaires.
                 Ce fut toujours l'ignorance qui permit pendant longtemps, à des industriels sans vergogne, fabriquant des millions d'hectolitres de mixture innommables, de présenter et de vendre leurs produits au public sous la dénomination générale de vins d'Algérie ; Il eut été cependant facile de constater que ces boissons étaient presque toutes livrées à des prix inférieurs aux cours pratiqués pour les achats chez les propriétaires récoltant les vins les plus ordinaires en Algérie.

La création du vignoble

                 Le vignoble algérien s'étend presque sans discontinuité sur plus de 1.200 kilomètres de littoral et occupe une profondeur qui s'avance parfois à plus de 100 kilomètres dans la direction du Sud.
                 L'Algérie est classée aujourd'hui parmi les grands pays producteurs. Mais pour conquérir ce rang, nos colons ont dû surmonter d'innombrables obstacles. Ce n'est guère cependant que depuis l'année terrible qu'ils se sont mis à résolument à la culture de l'arbre de Noé.
                 L'histoire de la création de ce vignoble et de son développement est un des faits les plus éloquents qui puissent être invoqués pour démonter les progrès de la colonisation française en Algérie, pour donner une idée de la somme d'efforts et de sacrifices fournis par nos nationaux.
                 Longtemps après la prise d'Alger le pays resta en état de guerre ; l'agriculture ne pouvait être que fort précaire tant que les colons devaient quitter leurs charrues pour aller faire le coup de feu, tant que les récoltes et les moissons étaient menacées par les pillards des tribus insoumises.
                 L'établissement d'une culture qui n'était pas annuelle impliquait une sécurité des biens et des personnes absentes encore. Le gouvernement lui-même n'encourageait pas la plantation des vignes, et M. L. Moll, au retour d'une mission officielle vers 1842 signalait aux pouvoirs publics la concurrence prochaine des vins d'Algérie et conseillait d'en entraver la production. Une autre cause retarda la création des vignobles : le manque d'argent.
                 La population agricole des premières périodes de la colonisation était riche … en bonne volonté. Les colons de 1848 et ceux des deux décades suivantes partaient à la conquête de l'Algérie le cœur plein enthousiasme, mais le gousset vide, et ils arrivaient sur leurs concessions :
                 - sans argent,
                 - sans outils,
                 - sans la moindre notion de ce qu'ils pourraient faire de leurs terres.
                 Il y eut :
                 - des échecs,
                 - des découragements,
                 - des deuils.
                 La mise en état de culture de ces sols depuis longtemps abandonné se traduisit tout d'abord :
                 - par une effroyable consommation d'hommes,
                 - beaucoup de colons jeunes
                 - et forts furent fauchés par la fièvre,
                 - des familles nombreuses disparurent complètement,
                 - des villages entiers furent dépeuplés,
                 - La ville de Boufarik, aujourd'hui riche et prospère vit 3 fois sa population se renouveler totalement.
                 Tant hommes que femmes, il n'y eut pas une douzaine des premiers occupants qui résistèrent à la terrible maladie.
                 Dans la création des centres de colonisation, dans le choix de l'emplacement des villages, l'administration encourut souvent de graves reproches. On l'accusa de maladresse, d'imprévoyance et les colons ne lui ont pas pardonné leurs griefs.

Quand même

                 A partir de 1880, le mouvement des plantations prend une allure extraordinaire d'intensité. Les 23.124 hectares de 1880 sont 70.880 en 1885 ; cinq ans plus tard ils deviennent 110.042 pour atteindre 150.000 dix ans plus tard.
                 A l'heure actuelle la surface du vignoble peut être évaluée à 180.000 hectares.
                 La production des vins suit une marche parallèle :
                 - les 227.000 hectolitres de 1872,
                 - soit vingt après 1892, 2.866.870
                 - puis en 1889 de 4.453.037.
                 - Il est possible qu'elle dépasse 6.000.000 en 1903.
                 Les 9/10 de cette production, qui est exportée en France représente des sommes considérables, variant selon l'importance et la bonne qualité des récoltes et les cours des vins.
                 La vendange de 1903 peut hardiment être évaluée à 150 millions de francs, valeur qui fera retour, comme celles des précédentes récoltes, à la terre française, au lieu de disparaître de la richesse nationale en allant comme autrefois enrichir les viticulteurs d'Espagne et d'Italie.

A travers le vignoble

                 La configuration même du sol de l'Algérie divise son vignoble en plusieurs parties bien distinctes qui ont pour principales et première ligne de démarcation les différences d'altitude. D'autres considérations accentuent entre les dissemblances résultant de cette première cause :
                 - la composition du sol,
                 - son exposition ou son relief,
                 - la nature des cépages etc.
                 - En examinant que le seul vignoble du département d'Alger, on remarque que la vigne, y est cultivée en des conditions très variées.
                 Elle y est peuplée exclusivement d'anciens cépages français importés :
                 - du Bordelais,
                 - de la Bourgogne,
                 - du Beaujolais et
                 - de quelques contrées renommées de l'Espagne.
                 Jusqu'à présent ce département a été préservé du phylloxéra et aucun cépage américain ou greffé n'y est toléré, même à l'état de pépinière obtenue par semis. La vieille vigne de France y est demeurée intacte ; elle s'y est régénérée.

Plaines et coteaux

                 On la cultive dans les sables chauds et fins du littoral, à quelques mètres seulement au-dessus du niveau de la mer, à Guyotville, Staouéli, où les raisins de primeurs commencent à mûrir dès les premiers jours de juillet. Puis sur les coteaux du Sahel, successions de crêtes rocailleuses, calcaires et de mamelons argilo siliceux se prolongeant à une distance variable du littoral. L'altitude varie entre 200 et 300 mètres, et le raisin à :
                 - El-Achour,
                 - Drariah,
                 - Douéra,
                 - Mahelma,
                 - Koléa, n'atteint sa maturité que dans la première quinzaine de septembre.
                 Dans la plaine de la Mitidja, à Birtouta, à Boufarik, où le sol est formé d'une profonde couche d'alluvions et n'est guère élevé que de 50 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, la vendange commence dès la mi-août.
                 Huit à dix jours plus tard, elle a lieu dans les autres vignobles de la plaine à :
                 - Oued-el-Alleug,
                 - Bourkika,
                 - Marengo,
                 - Meurad,
                 Mi-plaine, mi-coteau :
                 - Béni-Mered,
                 - la Réghaïa,
                 - Rouïba,
                 - en terrains siliceux,
                 - alluvions,
                 - cailloux et galets roulés.
                 Dans les hauts coteaux :
                 - à Vesoul Bénian,
                 - à Margueritte,
                 terrains marneux, marno-ferrugineux, la maturation ne se produit que vers le milieu de septembre
                 - A Médéa,
                 - Berrouaghïa,
                 - Damiette,
                 - Lodi, région montagneuse à environ 1.000 mètres d'altitude dans un sol tantôt rouge, siliceux, argilo-calcaire, schisteux, les chaleurs ordinairement assez fortes de septembre sont nécessaires pour amener à point les riches grappes de ce vignoble. Les cépages sont aussi forts variés.
                 Sur le littoral se récolte :
                 - les chasselas et
                 - les muscats, habituellement vendus comme raisins de table et exportés à Paris et dans les grandes villes dès juillet.
                 Puis :
                 - le Morestel,
                 - la Blanquette,
                 - l'Ugni blanc,
                 - le Cinsault,
                 - le Carignan,
                 - la Clairette,
                 Y composent ainsi que dans le Sahel, la grande majorité des cépages cultivés pour le vin.
                 Dans la Mitidja :
                 - l'Aramon,
                 - le petit Bouschet,
                 - l'espar occupent une place plus importante qu'ailleurs,
                 tandis que :
                 - le Cabernet,
                 - le Mourvèdre,
                 - l'Alicante,
                 - la Farana sont largement représentés dans les hauts coteaux et avec le Carignan, le Morestel, le Cinsault et le Pineau constituent le peuplement de la région montagneuse, à l'exclusion presque absolue de l'aramon et du petit Bouschet.

Autres dissemblances

                 La quantité du rendement est très inégale. Dans les vignes de plaine, en terrains d'alluvions, plantées d'aramon, on obtient parfois deux cents hectolitres à l'hectare. La moitié de cette quantité est à peine atteinte dans le Sahel et elle est réduite au quart environ pour la région montagneuse.
                 Ceci établi, on comprend que les vins d'Algérie diffèrent beaucoup entre eux sous le rapport :
                 - du degré alcoolique,
                 - du bouquet,
                 - de l'extrait sec et surtout
                 - des principes qui assurent leur conservation.
                 La vinification est aussi d'une grande importance et selon les soins dont elle est entourée, l'intelligence avec laquelle elle est menée, elle aboutit à des résultats dissemblables. On ne peut donc considérer les vins de l'Algérie comme appartenant tous à un type défini, et c'est une grossière erreur que de généraliser une appréciation quelconque à l'égard de l'ensemble de leur production.
                 Les viticulteurs, les commerçants, tous ceux qui s'intéressent à l'avenir de la vigne constatent que peu à peu certains cépages paraissent subir une transformation : leurs produits s'affinent sous l'influence du climat, par leur assimilation au sol, par l'instabilité de la proportion des éléments dont le terrain est composé.
                 C'est là un phénomène tangible et facilement explicable en ce qui concerne surtout les terres d'alluvions.
                 En outre, chaque année, de nouvelles vignes dont la création a été faite en tenant compte des leçons du passé entrent en production. Elles donnent des vins qui ne ressemblent aucunement à ceux d'autrefois, et dont l'examen déconcerte souvent les dégustateurs professionnels.

La vinification

                 A l'époque des débuts, les viticulteurs qui n'opéraient pas au hasard, ne comprenaient la vinification que selon la méthode que chacun avait apporté du pays natal :
                 - Bourgogne,
                 - Languedoc,
                 - Bordelais,
                 - Beaujolais,
                 - Franche-Comté,
                 - Charente etc….
                 Mais la température générale de l'Algérie exceptionnellement favorable à la vigne et à la santé du raisin, exigeait d'autres procédés de vinification que ceux qui sont employés en France.
                 Pendant les années chaudes, c'est-à-dire dans les conditions habituelles, les fermentations se déclaraient instantanément.
                 Aussitôt les raisins foulés et mis en cuve, le mouvement commençait, devenait tumultueux en quelques heures et atteignait une effervescence extraordinaire.
                 La température du moût s'élevait souvent au-dessus de 40 degrés.
                 Les ferments étaient alors paralysés, sinon détruits.
                 La fermentation s'arrêtait, demeurait inachevée, laissant un vin doucereux, accessible aux altérations les plus redoutables et incapable de se conserver.
                 Lorsque cette cause de défectuosité fut reconnue, les viticulteurs recherchèrent les moyens d'y remédier. Tout d'abord ils songèrent à couper les raisins vers le soir et à les laisser exposés à la fraîcheur de la nuit pour ne les fouler et ne les entonner dans la cuve que le lendemain de bonne heure. La vendange, un peu refroidie, se comportait mieux dans la cuve.
                 Mais lorsque les celliers dans lesquels on opérait n'étaient pas suffisamment abrités ou aérés, que quelques bouffées de sirocco l'envahissaient, la température des fermentations dépassait aussitôt les limites convenables.

La réfrigération du moût

                 On eut alors recours, là où l'eau était en quantité suffisante, à des courants froids autour des cuves.
                 On construisit des récipients à double parois entre lesquelles de l'eau était versée et renouvelée lorsqu'elle s'était échauffée.
                 On essaya aussi des serpentins disposés à l'intérieur des cuves et dans lesquels circulait de l'eau fraîche. Ces systèmes sont assez coûteux et ne peuvent être établis que dans les localités où l'eau se trouve en abondance, ce qui est assez rare en Algérie. On a donc cherché d'autres moyens :
                 - des ventilateurs puissants,
                 - des appareils de pulvérisation d'eau,
                 - des machines soufflantes, etc.
                 Mais le procédé le plus pratique, et dont l'usage s'est rapidement généralisé, est l'emploi du réfrigérant formé d'une série de tubes et dans lesquels circule le moût à refroidir.
                 Ces tubes sont recouverts extérieurement de toile grossière qu'il suffit de mouiller : il se produit une évaporation très grande et un abaissement très sensible de la température du liquide à faire fermenter.
                 L'eau échauffée peut elle-même être refroidie, car on est ordinairement dans l'obligation de l'économiser.
                 Pour cela on a construit des appareils spéciaux, tel que :
                 - le bâti à balais,
                 - les fagots de sarment,
                 - le bassin d'évaporation,
                 - planchettes en chicane,
                 - les ficelles, etc.
                 L'appareil à ficelles d'évaporation consiste en cordelettes de 5 à 6 mètres de long suspendues au fond d'une cuvette percée de trous, et disposée à 8 ou 10 mètres au-dessus du sol et un récipient placé au-dessous de cette cuvette. Un échafaudage dressé en l'air supporte le tout.

                 Au moyen d'une pompe on refoule l'eau échauffée dans le récipient supérieur, elle coule le long des ficelles, s'évapore en partie, et le reste retombe froid dans le récipient inférieur d'où elle est dirigée sur le réfrigérant à vendange ou à moût.
                 L'appareil à fagots de sarment est construit d'après le même principe.
                 L'eau échaudée est refoulée dans le récipient, dont le fond est percé de petits trous. Elle s'en échappe en rosée pour tomber sur plusieurs rangs parallèles et superposés de fagots de sarment, qui la divisant à l'infini, provoquent une grande évaporation et un refroidissement sensible de l'eau qui parvient au récipient inférieur et est envoyée sur le réfrigérant.
                 Celui-ci se remplit de moût par l'adaptation de l'extrémité supérieure du tube au robinet de la cuve qui contient le jus de raisin à refroidir.
                 Le niveau du contenu de la cuve étant plus élevé que celui du réfrigérant, le liquide s'introduit dans ce tuyau qui, par sa disposition et ses dimensions présente un grand développement ou une grande surface soumise à l'action de l'eau refroidie dans la cuve dont il est sorti.

                 Ce procédé de réfrigération, malgré son aspect primitif, produit les meilleurs résultats. Il abaisse la température du moût de 5 à 8 degrés et permet de maintenir les fermentations dans les conditions les plus favorables. De nouveaux systèmes seront certainement inventés mais dès à présent, le but recherché est atteint.

Différence des vins

                 Plus de vins défectueux, plus de produits condamnés par avance à se gâter, si le vigneron est intelligent, s'il dispose d'assez de bras pour récolter la vendange au moment précis où les raisins doivent être cueillis et en même temps donner à la vinification tous les soins qu'elle exige.
                 Lorsque par une vinification heureuse, le jus de raisin a été transformé en vin, et que l'opération a pleinement réussi, les différences de qualité entre les produits du vignoble algérien n'en subsistent pas moins.
                 Les uns sont des vins de plaine, les autres de coteaux ou de montagne. Leur teneur en alcool n'est pas uniforme : elle varie de 9° environ pour produits d'aramons plantés en plaine, à 11 ou 12° pour ceux des Carignans et Morestels plantés en coteaux et montagne.
                 Il n'est pas rare de trouver aussi des vins dépassant 13 degrés.
                 La somme d'acidité, la coloration, le bouquet sont aussi très dissemblables.
                 Des différences de qualité entre les vins même similaires peuvent encore se déclarer et s'accentuer après la vinification et le décuvage.
                 La propreté de la vaisselle vinaire, la disposition du chai, les soins que réclame le vin, tels que soutirages opportuns, ouillages ( action périodique visant à toujours maintenir le maximal des fûts et des cuves de vin dans une cave) et remplissage continuel des récipients, ne sont point choses négligeables.
                 Confiés à des observateurs expérimentés et actifs, possédant quelques notions d'œnologie, les vins se clarifient et s'améliorent rapidement, tandis qu'ils contractent tout aussi vite des germes d'altération et se gâtent fatalement s'ils sont abandonnés à des cavistes routiniers ou ignorants.

La main d'œuvre indigène

                 L'étendue du vignoble est tellement développée que les bras européens sont loin d'être suffisants pour l'exploiter.
                 La majeure partie des travaux que nécessite la culture de la vigne, c'est-à-dire les deux ou trois piochages et la taille sont exécutés par les indigènes guidés par des contre maîtres, ou en partageant la besogne avec les colons.
                 Il en est de même de la vendange, de la vinification, des soins qu'exigent les vins après décuvage.
                 Les salaires payés par la viticulture algérienne aux travailleurs indigènes représentent des sommes considérables.
                 Ils sont, selon les années, de dix à vingt fois plus élevés que la valeur du produit du sol avant l'occupation française. De sorte que la vigne, dont le fruit engendre la force, et cause la bonne humeur chez les " Roumis " assure la subsistance et souvent tout le bien-être désirable à des centaines de mille, de disciples du Prophète.

                 Il n'est pas hors de propos de rappeler que depuis 1830 la population indigène a plus que quadruplé. Le million d'Arabes, Kabyles, Mozabites et Juifs qui peuplaient l'Algérie n'y vivait que difficilement. Une féodalité guerrière dominait les tribus arabes en lutte continuelle.
                 - La paresse,
                 - l'ignorance,
                 - l'insécurité,
                 - le fatalisme, s'opposaient aussi à la mise en valeur du sol.
                 Les magnifiques travaux des Romains, les aqueducs superbes par lesquels ils avaient animé les plaines en apportant l'eau, avaient été ruinés :
                 - Leurs barrages,
                 - leurs routes,
                 - leurs villes,
                 - leur ports,
                 - tout était détruit, anéanti. Aussi n'était-ce qu'à grand peine et en recourant forcément à la piraterie que les populations algériennes d'alors parvenaient à se pourvoir des aliments les plus nécessaires à leur subsistance.

                 Encore la guerre et la peste se chargeaient-elles, de temps en temps, de réduire le nombre des bouches.
                 C'est donc grâce à la colonisation française que la race indigène a pu y croître et se multiplier dans l'Afrique du Nord et qu'elle y trouve les ressources indispensables à son existence.
                 A la vigne doit être attribuée une large part du mérite que représente ce résultat.

Mœurs arabes

                 Les Arabes, eux aussi, attribuent beaucoup à la vigne l'accroissement de la population. Mais ils ne comprennent pas précisément comme les colons l'influence de l'arbre de Noé.
                 Pour l'indigène la fortune est assurée s'il lui naît beaucoup d'enfants. Il lui importe peu de savoir comment ses rejetons seront nourris, élevés.
                 C'est une considération fort secondaire et qui ne saurait le faire hésiter devant les avantages escomptés par la possession de plusieurs femmes, car la moukère est une propriété. Elle appartient bien à son seigneur et maître, qui en a acquitté à la famille le prix, débattu et arrêté.
                 
                 Dans la pensée de l'Arabe de nombreuses femmes et de nombreux enfants doivent produire beaucoup de travail. Et cela permettra au chef de famille d'exercer sa dure autorité sur un plus grand nombre, de se livrer à de douces siestes, de songer fréquemment au paradis de Mahomet et de prendre les airs de grand personnage ou d'ascète qui en imposent tant aux badauds et aux visiteurs. Il s'agit donc de remplir de moutchatchous la maisonnée, la tente ou le gourbi.
                 Parfois les espérances fondées sur de jeunes épouses de 12 ou 13 ans ne se réalisent pas assez promptement.

                 Rendre les moukères à leurs familles, c'est accepter une perte assez sensible. Car si la femme est une richesse, si elle représente un capital par son travail et par la descendance présumée, les parents, toujours disposés à la reprendre, sauf à la rétrocéder, tiennent une conduite fort différente de celle de certains grands magasins : ils refusent ordinairement de rendre l'argent. Ils invoquent mille prétextes, dépréciations, avaries, manque de foi au Marabout.
                 Souvent la poudre a le dernier mot en ce genre de contestations.

                 C'est ici que se manifeste la puissance de la vigne, sa vertu bienfaisante et féconde. La moukère rebelle à la repopulation, entourée des autres femmes de son maître, ou de celles de la tribu, est amenée auprès d'une vieille et forte souche.
                 Elle y est solidement attachée par la taille ou par un pied.
                 Les femmes forment le cercle, poussant des cris, insultant la réprouvée.
                 L'épreuve dure un temps indéterminé, souvent plusieurs jours pendant lesquels la patiente est soumise à un jeûne rigoureux et subit à chaque instant les injures et les quolibets du beau sexe indigène des environs.
                 Quand le propriétaire, à des indices inconnus des Roumis, juge que le contact du sarment a produit l'effet désiré, la moukère est de nouveau admise à la natte conjugale.
                 L'expérience étant, parait-il, très souvent couronnée de succès, elle se trouve heureusement facilitée par la proximité de la vigne qui s'est propagée dans la plupart des régions cultivables de l'Algérie.

                 C'est ainsi que Morestel, Carignan, Alicantes, Farana et autres cépages auraient contribué à la multiplication de l'élément indigène.
                 Cet accroissement rapide et continu de la population arabe, aujourd'hui dix fois plus nombreuse que l'élément français ne laisse pas que de préoccuper justement les économistes.

                 Cela pourrait être aussi le sujet de sérieuses méditations pour quiconque se soucie de l'avenir de la prépondérance française dans le nord de l'Afrique.
                 Mais sans entrer dans l'étude de questions qui vraisemblablement devront être bientôt solutionnées, il est intéressant de constater cette situation ; elle démontre que sous l'égide de la France, au voisinage des colons et des commerçants français, la race arabe n'a pas enduré les souffrances, subi les persécutions sur lesquelles s'apitoient certains humanitaires.

Période de crise

                 1901, année de surproduction générale et de mévente des vins avait marqué un brusque arrêt dans la création de nouveaux vignobles.
                 Des prophètes de malheur, évidemment inspirés par d'adroits spéculateurs, s'ingéniaient à effrayer les vignerons, annonçant la ruine fatale de la viticulture. Plusieurs propriétaires pris de panique et s'imaginant que moins que jamais les prix de vente du vin couvriraient les frais exigés par la production, firent arracher de grandes et superbes vignes.
                 La plupart des colons restreignirent leurs dépenses de culture, hésitant à faire travailler les indigènes dont quelques-uns semblèrent, à cette heure, se rendre compte de la solidarité qui lie leurs destinées à celles des Roumis.
                 Le moment était critique. Une partie du vignoble algérien n'est pas encore complètement libéré des emprunts que sa création avait nécessités :
                 - Le défonçage des terres,
                 - les années d'attente que demande toute plantation avant que de produire,
                 - l'établissement des chemins à travers le vignoble,
                 - la construction des caves,
                 - l'achat du matériel vinicole et de la vaisselle vinaire, tout cela avait entraîné de lourdes dépenses.

                 Les établissements de crédits paraissaient douter de la sécurité de leurs placements. On prononçait pour beaucoup de colons le mot d'expropriation : une sorte d'affolement semblant s'être emparé des Algériens et des catastrophes financières étaient à craindre. Cependant quelques personnalités résistèrent au mouvement de l'opinion et essayèrent de réagir.
                 Témoins ces lignes :
                 Si la culture de la vigne en Algérie ne semble plus garantir infailliblement la réussite de hardies spéculations, l'édification rapide de grandes fortunes, elle n'est partant pas irrémédiablement perdue. Car entre les mains de colons laborieux et intelligents, elle conservera certainement de nombreuses chances de succès.
                 Pour le moment, nous ne voulons envisager que l'éventualité de l'excédent de production de la future récolte dans la métropole. Nous estimons que c'est un peu hâtivement, et bien à la légère que cette surabondance persistante est considérée comme un fait acquis et absolument certain. Car malgré la reconstitution du vignoble des départements méridionaux, le rendement n'est pas destiné nécessairement et inévitablement à suivre une progression ascendante.
                 Les résultats de la campagne vinicole actuelle démontrent péremptoirement que les efforts de la viticulture algérienne doivent tendre surtout à l'amélioration de la qualité de vin. C'est donc vers ce but que s'orienteront tous les viticulteurs avisés.
                 Mais outre ce changement de méthode, les lois ordinaires de la végétation semblent aussi concourir à empêcher la surproduction.
                 Les viticulteurs algériens ne doivent point se décourager, se laisser abattre ; mais il est indispensable qu'ils sachent tirer de la situation actuelle les enseignements qu'elle comporte.
                 A. Demange (l'Algérie économique, 4 mai 1901)


                 Ce que prévoyait l'auteur de cet article s'est réalisé. La production du vin en 1902 fut généralement moins abondante que l'année précédente. Les cours augmentèrent et les défonçages et plantations recommencèrent.
                 On vit de nouveau :
                 - les énormes défonceuses à vapeur descendre leurs socs de 70 à 80 centimètres dans le sol des plaines,
                 - les attelages de 15 à 18 paires de bœufs traîner les lourdes charrues au profond versoir,
                 - des légions de travailleurs indigènes ou européens attaquer les broussailles, disparaître à mi-corps dans le sillon profond creusé par leurs pioches.

                 Puis sur la couche épaisse du sol ameubli, les cordeaux se tendirent, et espacés entre eux de 1m50 à 20 mètres, apparurent régulièrement alignés, les petits sarments.

Colons et Indigènes

                 Mais si les colons se sont repris à espérer que la viticulture allait encore apporter le bien être à un grand nombre d'Européens et d'indigènes, leur joie ne fut pas sans mélange. La sourde hostilité des vaincus n'a pas désarmé.
                 Et souvent cette question a été posée tranquillement par l'Arabe ou le Kabyle au vigneron qui l'employait :
                 " Tu plantes la vigne, es-tu bien sûr que ce sera toi qui la verras porter des raisins ? Tu laboures, es-tu certain de vendanger ? "

                 Depuis quelques années, le musulman dont la mentalité se refuse à concevoir le régime démocratique, s'imagine que la France est atteinte de décadence. Certains faits saillants de notre vie nationale ont eu un grand retentissement dans les tribus même qui sont en contact journalier avec les colons. Nos journaux politiques sont lus dans les cafés maures par les indigènes auxquels nous avons donné l'instruction. Là, les polémiques de presse sont interprétées, commentées. Le prestige de la France en est singulièrement amoindri. L'arrogance de certaines tribus alors devenue telle que beaucoup de colons se préparaient aux évènements.

                 C'est ainsi qu'un jour de foire à Boufarik, les habitants de cette ville et des environs, réunis en un groupe, parlaient de se rendre dans la tribu des Hadjoutes, célèbre par sa résistance et ses fréquents soulèvements.
                 Au marché qui avait lieu le matin, plusieurs membres de cette tribu, ne dissimulant point leurs sentiments et leurs espérances, avaient tenu, ostensiblement des propos insultants à l'égard des colons et de leur pays.
                 Quelqu'un proposait de faire revêtir à toute la troupe le costume anglais, dont la vue eut été tout d'abord agréable aux Arabes, et de terminer la visite par une correction qui serait administrée à ceux qui l'avaient méritée. Cette proposition ne fut heureusement pas écoutée. Elle ne rencontra pas d'approbation ; mais le seul fait qu'elle ait été formulée laisse entrevoir les causes qui étaient parvenues à l'inspirer.

                 Puis il s'était montré pendant le procès de Montpellier, couvrant les accusés de sa protection et indiquant que les Français n'oseraient condamner à mort les assassins. Mais le " précurseur " ne répandit pas assez d'ombre pour entraver l'action du soleil d'Afrique.
                 Les vignes fleurirent et leur parfum fut plus délicat que jamais. Les raisins se formèrent, grossirent, en même temps que se développèrent les larges feuilles qui les préservaient des ardeurs du jour. Et bientôt commencèrent à se colorer les premières grappes

Le sucrage

                 A ce moment un danger sérieux vint encore menacer la viticulture. La détaxe des sucres, votée par le parlement français allait être étendu à l'Algérie, et la spéculation escomptait déjà les bénéfices qu'elle tirerait de cette situation nouvelle.

                 La possibilité d'augmenter à peu de frais la quantité du vin à vendre était séduisante. Les viticulteurs honnêtes s'émurent. Au nom de la loyauté et de l'intérêt supérieur de l'Algérie ils s'opposèrent à ce que le sucrage des moûts fut pratiqué. C'est ainsi que l'un de ceux qui ont le plus contribué à faire connaître les vins algériens, écrivait dans la dépêche algérienne du 20 juin 1903 : " Ce n'est pas sans quelque anxiété que l'on se demande quelle sera l'influence de la détaxe des sucres sur les destinées de la viticulture algérienne et la vente de ses produits.
                 Tout d'abord l'emploi du sucre ne semble pas devoir améliorer la qualité générale des vins de la colonie. Bien au contraire.
                 Les vins d'Algérie loyalement vinifiés, n'ont jamais encouru de reproche pour insuffisance de degré alcoolique.
                 Il est donc inutile d'introduire du sucre à la vendange dans le but d'augmenter leur teneur en alcool.
                 Toute adjonction de cet élément entraînerait presque nécessairement un mouillage, ce qui constituerait une fraude caractérisée, rendant passibles des rigueurs de la loi les détenteurs de ces vins réputés falsifiés.
                 En outre, quel que soit le mode d'emploi du sucre, avec ou sans mouillage, il est à craindre qu'il ne se transforme pas complètement et que la présence, même en petite quantité, de ce sucre ajouté, ne nuise à la bonne conservation du vin en déterminant des fermentations secondaires ou la piqûre.
                 Enfin, il n'est pas démontré que l'opération de sucrage fût-elle pratiquée sans encourir les risques et les inconvénients signalés, puisse être avantageuse à la viticulture algérienne. Car il ne faut pas oublier que les conditions actuelles du marché des vins sont exceptionnelles et rien n'est moins assuré que leur continuité. Le vignoble métropolitain reverra inévitablement des récoltes moyennes, et même abondantes, le sucre aidant plus ou moins. Les vins d'Algérie se trouveront donc de nouveau en concurrence avec ceux des départements méridionaux. C'est à ce moment inévitable et peut-être peu éloigné, qu'ils devront s'imposer par leurs bonnes qualités, par une supériorité incontestable.

                 Or le sucrage arrêterait définitivement les progrès déjà si lents de la bonne renommée à laquelle prétendent justement la plupart de nos vins, qui risqueraient encore d'être condamnés irrémédiablement à une moins-value désastreuse. "
                 A. Demande.


                 Cet article fut le signal d'une vigoureuse campagne contre le sucrage.
                 - Les délégations financières, dont les attributions comprennent la discussion et le vote du budget algérien, refusèrent de libérer les sucres de la part d'impôt à percevoir au profit de ce budget,
                 - les droits d'octroi de mer furent maintenus de sorte que la détaxe ne fut que de 16 francs par 100 kilos, tandis qu'elle était de 35 francs pour la Métropole,
                 - les associations viticoles,
                 - les comices agricoles engagèrent leurs adhérents à éviter le sucrage,
                 - le syndicat commercial algérien adopta les conclusions d'un rapport présenté par. Demange, combattant le sucrage et demandant aux pouvoirs publics l'application rigoureuse des lois régissant cette matière.
                 Dans de nombreuses localités, il fut décidé que les sucreurs seraient considérés comme des ennemis publics et leurs noms affichés sur les murs des édifices communaux et dans les cafés.
                 De sorte que pour l'homme de la colonie, et son plus grand avantage, les projets des spéculateurs furent déjoués.

La vendange

                 Lorsque l'on parcourt le territoire d'une commune du littoral du Sahel ou de la Mitidja au moment de la maturation du raisin, il semble impossible que tout le travail que représente la vendange puisse être effectué en temps opportun. Pour le vigneron le moindre nuage qui se forme à l'horizon semble présager la prochaine arrivée des pluies dont l'effet est si nuisible au fruit délicat et fragile qu'est le raisin mûr.
                 Le viticulteur se demande si :
                 - Kabyles,
                 - Beni-Menasser,
                 - Ouled-Brahim
                 - et autres auxiliaires viendront à l'heure où il faudra remplir les cuves.

                 C'est que plusieurs raisons peuvent arrêter l'immigration momentanée de ces travailleurs indigènes : refus de permis de l'autorité, mesures sanitaires, retard dans les travaux agricoles, récolte de céréales suffisante dans les tribus etc.. Mais un beau matin ils sont là. Ils sont arrivés pendant la nuit, dix fois, vingt fois plus nombreux que les habitants du village. Roulés dans leur burnous terreux, ils dorment, couchés sur le sol.
                 Il y en a :
                 - tout le long des rues,
                 - sur la place,
                 - autour de la mairie et de l'église,
                 - jusque sur le seuil des maisons.
                 - Quelques chefs de groupe offrent alors leurs équipes, débattent avec les colons les prix et conditions de leur travail.
                 - Ils se mettent à l'œuvre quand ils ont obtenu un engagement qui leur paraît rémunérateur. Sauf à déguerpir comme ils sont venus, s'ils s'imaginent qu'ils gagneront 10 centimes de plus par jour, quelle que soit la distance à parcourir pour se rendre en un nouveau chantier.

                 Malgré les prédictions sinistres des apôtres du fanatisme musulman, la vendange de 1903 s'est faite, non pas comme les années précédentes, mais dans des conditions exceptionnellement favorable La vigne n'a souffert d'aucune affection ; ni excès d'humidité, ni chaleur trop forte, ni sécheresse prolongée, rien n'avait contrarié la maturation.
                 Les raisins, très abondants, avaient été favorisés à souhait par la température jusqu'à ce que les plus retardataires fussent livrés au pressoir. Pas de grappes desséchées ou pourries, ou demi-mûres : cela devait donner un bon produit. Et en effet tous les vins algériens sont cette année d'une qualité supérieure à celle des dernières récoltes. Non pas que le degré alcoolique soit plus élevé, mais les autres éléments dont la vigne forme le vin se trouvent réunis en un ensemble plus harmonieux, plus agréable.
                 Aussi voit-on circuler depuis la décuvaison des milliers de fûts. Les lignes du P .L .M algérien, de l'est algérien, les chemins de fer qui aboutissent au port d'Alger en sont littéralement encombrés Les chemins du vignoble, les routes, sont sillonnées de charriots de vin.

Mode d'embarquement

                 La récupération des vins est un travail assez pénible dans les régions encore trop nombreuses où les chemins vicinaux n'existent qu'à l'état de tracé. Les fûts destinés à recueillir le vin à " enlever " sont chargés sur de petits vapeurs qui partent des grands ports et s'en vont longeant la rive jusqu'à proximité du village, de la ferme ou de la cave où se doit faire le chargement. Mais les côtes algériennes sont escarpées et hérissées de petites roches sous-marines qui s'avancent souvent assez loin dans la mer, rendant les abords extrêmement dangereux.
                 Arrivé à quelques centaines de mètres du débarquement, le vapeur stoppe, fait des appels ; la sirène joue de son assourdissant sifflet, jusqu'à ce que sur la plage apparaissent les colons et leurs aides indigènes.
                 Les tonneaux vides sont alors précipités à la mer. Des hommes de l'équipage, dans de petites barques, les harponnent au moyen d'un câble, en forment un chapelet. Un des rameurs descendant dans l'eau porte une des extrémités du câble jusqu'à terre.
                 Colons et Arabes saisissent cette corde, et unissant leurs efforts, l'attirent à eux. Les fûts qui flottaient en désordre, s'entrechoquant au gré des flots, paraissent s'animer. Ils s'alignent docilement, et vont, en se suivant, jusqu'à la plage.
                 Ils disparaissent aussitôt pour revenir remplis de jus vermeil. Le bateau qui les a débarqués ne les attend pas toujours. La moindre bise l'oblige à s'éloigner du rivage. S'il veut reprendre sa cargaison, il louvoie aux environs, et profitera d'un moment de calme plat pour s'avancer de nouveau vers la plage.
                 S'il approche et fait des signaux, les tonneaux pleins sont roulés vers la mer, jusqu'à ce que, perdant contact avec le fond, l'eau suffise à les soulever et permette de les entraîner, après qu'un nouveau chapelet en aura été formé.
                 - Les bruits de la terre,
                 - cris de charretiers,
                 - roulement
                 - des véhicules,
                 - chants des bergers,
                 Appel des Arabes etc., ne parviennent-ils plus aux oreilles du commandant du vapeur ; la fumée des feux allumés çà et là dans les montagnes s'enfuit-elle plus vivement vers le sud, le bateau s'empresse alors de gagner le large.
                 Il a hâte de sortir de la zone des récifs où il s'est engagé. Il disparaît, se présente de nouveau, revient si le vent est tombé et si la mer est sans vagues et sans lames de fond.
                 Le chargement commence, le chapelet est amené à proximité du vapeur, les fûts, l'un après l'autre, sont saisis par une corde munie de crochets. Le treuil les élève à hauteur du pont et les redescend dans la cale.
                 Quelquefois un grain surgit avant la fin de l'opération. Les fûts, trop éloignés, ne peuvent plus être ramenés à terre. Ils sont abandonnés à la mer qui ne les rend pas souvent.

Sur les quais. Exportation

                 Dans les grands ports de l'Algérie, dans celui d'Alger notamment, il existe chaque année, pendant plusieurs mois, un très grand mouvement :
                 - Les trains de chemin de fer,
                 - les vapeurs côtiers,
                 - des centaines de charriots apportent continuellement des fûts pleins, qu'ils échangent contre de la futaie vide, transportée au vignoble.
                 Des encombrements se produisent souvent, toute la surface des terre-pleins et des quai est couverte de tonneaux qui, s'y amoncelant parfois, paralysent les opérations du trafic.

                 Aussi devant ces inconvénients, la Chambre de commerce d'Alger, faisant preuve d'une remarquable initiative, construit actuellement un second port pour l'installation duquel le commerce algérien s'est lourdement imposé.
                 Si les notables commerçants d'Alger ont ainsi engagé cette grande dépense, c'est qu'ils ont eu foi dans l'avenir de la colonie, c'est qu'ils ont espéré que les pampres ( branches de vigne avec ses feuilles et ses grappes ) des coteaux algériens continueraient à être féconds, que l'exportation du vin demanderait de plus en plus de bras, de machines, d'étendue de quais, de bateaux. On ne peut que partager la confiance de ces organisateurs de la nouvelle France, quand on voit chaque jour les énormes steamers ( bateaux à vapeur) qui, chargés de vins d'Algérie, partent pour toutes les directions.
                 Au cours de la dernière campagne vinicole de septembre 1902 à fin août 1903, plus de 2 millions d'hectolitres ont été exportés par le seul port d'Alger.
                 - Une partie de ces vins, près de 3.000 hectolitres étaient à destination du port de Bordeaux,
                 - 900.000 environ par Le Havre ou Rouen, étaient dirigés sur Paris,
                 - d'autres expéditions étaient faites sur Marseille, pour le centre de la France, la Bourgogne et l'est,
                 - sur La Rochelle , Nantes, Saint-Nazaire et Brest pour l'ouest,
                 - sur Dunkerque pour la région du nord et la Belgique ;
                 - enfin des chargements partaient pour Anvers, Hambourg, Liverpool, le Tonkin, la Cochinchine, l'Amérique du sud l'Égypte etc…
                 Les destinations si diverses et si opposées auxquelles sont expédiés les bons vins d'Algérie supposent nécessairement des acheteurs de goûts ou de besoins différents. Ici l'on demande des vins de coupage, colorés et riches en alcool, destinés à être mélangés de petits vins ou de piquettes avant que d'être livrés à la consommation ; là se sont des vins à consommer directement, capables de se bonifier et de s'améliorer par la conservation en cave, ou encore des vins qui, après un séjour plus ou moins long dans une contrée vinicole bien réputée y augmenteront la récolte et seront revendus chèrement aux consommateurs sous l'étiquette de crus renommés.

Producteurs et consommateurs : hommage rendu aux vins d'Algérie

                 Que de coûteux intermédiaires s'interposent habituellement entre le producteur et le consommateur. Si encore de cette succession d'achats et de ventes subie par le vin avant qu'il ne parvienne au consommateur, il ne résultait qu'une augmentation de prix, ce ne serait que le moindre inconvénient.
                 Mais passant par des mains peu scrupuleuses, avides de gros bénéfices, le vin est souvent soumis à un mouillage qui l'affaiblit tout d'abord.
                 S'il tombe ensuite dans les chais de petits négociants se livrant au commerce sans connaissances spéciales il est incorporé à d'autres liquides d'origine douteuse et se transforme en un produit manufacturé capable de pervertit le goût et de causer d'étranges désordres dans l'organisme humain.
                 Cette condition est aussi très importante. Elle n'a pas échappé à l'auteur d'un rapport sur le commerce de l'Algérie avec le marché de Lyon, M. Selosse, secrétaire-adjoint de la chambre de commerce de cette ville.
                 Bien des choses seraient à citer dans ce remarquable travail. Mais une page entre autres mérite la plus grande publicité :
                 " Lyon tirait autrefois du Beaujolais la plus grande partie de ses vins. Quand les moyens de transport se développèrent, son commerce en amena du Midi où il fit vendanger moins mûr et où il modifia la vinification.
                 La fraîcheur, la couleur cerise, étaient une couleur et une qualité qui plaisaient aux Lyonnais dans le vin de Beaujolais ; il fallait donner cet aspect et cette fraîcheur aux vins du Midi pour les acclimater chez nous et le commerce les leur donna en allant vendanger lui-même un peu vert, et en faisant peu cuver.
                 Les vins d'Algérie qui vinrent plus tard, souvent mal faits, plus souvent encore dénaturés, eurent ici, à quelques exceptions près, dès le début, mauvaise réputation. On reprochait à leur couleur d'être foncée sans vivacité, à leur goût d'être chaud, à leur tenue d'être peu solide, ou disait qu'ils ne se clarifiaient jamais etc.
                 Comme ces vins, vendus sous le nom de vins d'Algérie étaient trop souvent le produit de mauvaise fermentations, ou se ressentaient de manipulations ou de coupages grossiers fait aux lieux d'origine ou aux ports d'arrivée, les reproches, d'une façon générale, n'étaient que trop fondés, et l'on comprend que notre commerce local préférât, à ces mélanges, des vins :
                 - d'Espagne purs,
                 - d'Italie,
                 - de Dalmatie,
                 - de Grèce etc. qu'il coupait ensuite avec de petits vins du pays.
                 Aucun de ces vins exotiques, profitables à l'acheteur par la couleur et le degré, n'ayant plus, en raison des droits, accès en France, force est bien au commerce de se rejeter sur les vins d'Algérie qui, lorsqu'ils proviennent de plants appropriés au sol, et il est beaucoup de vignobles actuellement dans cette condition, et lorsqu'ils sont bien faits, et qu'on obtient maintenant par les réfrigérants, rendent les mêmes services que les vins étrangers, et par surcroît, ont suivant les provenances, d'autres qualités.
                 Les vins d'Algérie sauf ceux des terres légères ont beaucoup de degrés, d'extrait sec et de couleur, couleur d'autre nature, il est vrai, que celle du Beaujolais, mais dont ne se plaint ni Bordeaux, ni Paris, ni La Rochelle, ni l'Est, tous grands débouchés de l'Algérie. Ils ne sont point plats comme les vins du Midi ou d'Espagne, et dès qu'on en a bu quelques temps, le goût les préfère en même temps qu'on leur reconnaît l'avantage de supporter beaucoup mieux l'eau, et de nourrir beaucoup plus à quantité égale.
                 Ils sont supérieurs à ce que nous appelons vins du Midi, maintenant surtout que les vins d'Algérie se font mieux ; enfin suivant que l'on sait aller les prendre, ou dans la plaine de la Mitidja, ou dans celle de Bône, ou à Souk-Ahras, ou à Médéah, ou dans l'Oranie, on pourra mettre leurs services en comparaison, sans leur nuire, avec les meilleurs vins exotiques dont l'élévation des droits en vigueur interdit actuellement l'entrée en France.
                 Seulement il faut savoir à qui on les achète et comment ils sont faits (septembre 1903).


                 Cette conclusion : " il faut savoir à qui on les achète et comment ils sont faits " est certainement dictée par les leçons de l'expérience.
                 Elle est un témoignage de plus en faveur de l'aptitude de la colonie à produire, en même temps que les vins ordinaires, des vins supérieurs.
                 Et encore n'y a-t-il que ceux qui sont susceptible de s'allier au Beaujolais ou de le remplacer, ceux qui sont capables de flatter le goût des consommateurs de la région lyonnaise qui sont, dans ce rapport considérés comme parfaits.

                 Cependant il en est d'autres dont ne se plaint ni Bordeaux, ni Paris qui, pour ne pas convenir exactement au commerce lyonnais n'en sont pas moins excellents, appréciés et recherchés spécialement par une nombreuse clientèle.
                 Ils ont fait leurs preuves, les bons vins algériens :
                 - ceux qui ressemblent aux Bordeaux,
                 - ceux que l'on confond avec le Bourgogne,
                 - ceux qui présentent les qualités demandées au Beaujolais.

                 Tous ont affronté les concours, les expositions. Ils sont entrés en parallèle avec les meilleurs produits de l'univers vinicole et ont obtenu leur très large part des plus hautes récompenses. Ils ont subi victorieusement l'épreuve de l'exportation sous tous les climats.
                 La campagne 1903-1904 sera apparemment un triomphe pour eux.
                 Ils sont riches en alcool, mais c'est là une qualité naturelle due à la parfaite maturité du raisin, et qui ne peut leur être donnée artificiellement : le privilège des bouilleurs de cru n'existant plus depuis longtemps en Algérie et les alcools y étant soumis à un régime excessivement rigoureux qui équivaut à l'interdiction de distiller Ils sont le produit naturel du raisin frais, sans adjonction de sucre. On a vu la réprobation que le sucrage a soulevé en Algérie, ainsi que le peu de bénéfice que l'opération aurait procuré puisque le sucre n'y a pas été détaxé comme dans la mère patrie et qu'il y coûté beaucoup plus cher.
                 Si dans plusieurs régions malheureusement éprouvées de la Métropole, les viticulteurs ont largement pratiqué le sevrage, pour lequel ils demandaient encore aux pouvoirs publics de reculer la limitation, s'ils ont augmenté leur récolte à peu de frais, réalisant ainsi d'importants bénéfices , s'ils ont augmenté leur récolte à peu de frais, réalisant ainsi d'importants bénéfices, les colons algériens ne se repentent pas d'avoir dédaigné cette pratique.
                 Ils détiennent la partie la plus importance de vin pur de la récolte de 1903 qui a été assez bonne dans la colonie. Leurs produits commencent à être connus, appréciés et admis partout.
                 Les prix sont rémunérateurs et se maintiendront tels pendant longtemps encore, comme le démontrent les études que viennent de publier plusieurs économistes ainsi qu'un ancien ministre de l'agriculture M. Turrel.
                 Aussi bien arrêterons-nous notre rapide exposé à cette constatation qui venant de nos frères de la Métropole nous est à la fois un réconfortant et précieux encouragement.
                 L'Algérie productive, enfin connue pénètre en effet chaque jour plus avant dans les justes préoccupations de la mère patrie, et du même coup, dissipant les malentendus, détruisant les préjugés et brisant les légendes, conquiert toute l'affection que son opiniâtre labeur lui vaut depuis des années.
                 Parler de l'Algérie, c'est encore parler de la France, et rendre hommages aux productions algériennes, les vulgarise, c'est encore faire connaître nos richesses nationales et travailler à la grandeur de la commune patrie.

A travers l'Algérie :
le vignoble par Jean de Nador 1903

QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER

Source Gallica

Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils

        CHAPITRE XIII
Difficultés avec le préfet Carette (1848-1849).
- Expédition dans le Zouacha (mai-juin 1849).
- Expédition de l'Oued-Kebli (juin 1849).
- Défaite du colonel Cabuccia devant Zaatcha.       

        A côté des difficultés militaires surgissent dans cette période agitée des préoccupations d'un tout autre ordre, et, interrompant un instant le récit des expéditions, s'intercalent dans le vieux registre les lignes suivantes qui nous montrent qu'alors, comme souvent, se heurtaient les pouvoirs civils et militaires :

        Le 23 mars 1848, je reçus avis que M. Carette était nommé directeur des Affaires Civiles de la province de Constantine. Je le connaissais pour l'avoir reçu en ami, tandis que j'étais chef du Cercle de Guelma ; nous avions même couché sous la même tente.
        M. Carette était alors capitaine du génie et membre de la Commission scientifique. Il parcourait la subdivision de Bône, prenait partout des renseignements et venait se reposer de ses courses à Guelma, où il recevait une cordiale hospitalité qu'il semblait apprécier.
        Il arriva à Constantine le 2 avril, vint me voir aussitôt. Je l'accueillis en ancien camarade, lui exprimai ma satisfaction de le voir et je lui dis qu'en nous entendant, il serait facile de mener les choses à bien. Il me quitta en m'assurant de toute sa bonne volonté et en me répétant qu'il était heureux de se trouver avec moi.

        Mais la bonne entente ne devait pas longtemps durer. Il s'était jeté dans les idées démocratiques, avait sollicité et obtenu cette Direction des Affaires Civiles et était venu avec l'idée bien arrêtée de tout dominer et de remplacer en pouvoir le Commandant de la province. Ce fut la cause de notre lutte, dans laquelle il succomba, mais non sans miner ma position auprès du Gouverneur, et du Ministre. Il fut le promoteur de tous les désagréments que j'ai éprouvés pendant mon commandement.
        Il y avait à la Direction un jeune homme, M. Deloche, qui avait de l'instruction, de l'entrain, mais d'une ambition outrée. Versé dans l'Administration, il lui fut facile de s'emparer de l'esprit de M. Carette qui subit vite son influence et se laissa entraîner dans une voie peu conciliante.

        Une circonstance se présenta bientôt qui mit à jour le caractère du Directeur et de son acolyte. Tous deux s'étaient rendus à Bône pour visiter leurs administrés. Le Sous-Directeur de cette localité était M. de Soubeiran, homme de mœurs douces, estimé et aimé. Ce fonctionnaire était un obstacle à l'avancement de M. Deloche et ne pouvait plaire au démocrate Carette. Aussi, le 3 mai, celui-ci m'annonça-t-il par une lettre datée de Bône que M. de Soubeiran était remplacé provisoirement par M. Deloche qui, immédiatement, entra en fonctions.

        Pendant que M. Carette était à Bône, une affaire grave s'était passée à Constantine. M. le chef d'escadrons Desvaux, directeur des affaires arabes, vint me prévenir le 28 avril, à 10 heures du soir, qu'un espion de Hamed-Bey était dans la ville et qu'une réunion d'affiliés devait avoir lieu chez un certain Abderrhaman-ben-Nouadaf. Des ordres furent donnés tout de suite. La maison d'Abderrhaman fut cernée, les Arabes du parti de l'ex-bey furent arrêtés, les espions mis en prison, et Abderrhaman embarqué le lendemain pour Alger. M. Duverney, qui remplaçait le directeur, fut immédiatement prévenu, précaution utile pour éviter tout conflit d'autorité.

        Mais M. Carette ayant appris cette arrestation par la voix publique, m'écrivit le 28 mai qu'il portait plainte contre moi au Ministre et au Gouverneur, car Abderrhaman, comme habitant de Constantine, se trouvait sous sa direction.
        M. le Directeur était dans le faux, d'abord parce que son intérimaire avait été prévenu par lettre, en second lieu parce que dans le moment grave que nous traversions, il ne fallait pas tergiverser, mais frapper vite pour arrêter toute tentative d'insurrection.
        Cette plainte n'eut d'ailleurs aucune suite; le Gouverneur approuva l'arrestation d'Abderrhaman, qui fut séquestré à Alger.

        Je ne pus m'empêcher de manifester mon mécontentement à M. Carette ; mais, dans ces moments d'agitation, il ne fallait pas donner l'exemple de la mésintelligence entre les deux principales autorités de la province; je profitai d'un jour où nous nous trouvions à l'église pour le prendre à part à la sortie du temple. Là, avec la plus grande franchise, je lui témoignai tout mon regret de voir notre brouille et lui dis que tout le monde avait les yeux sur nous, qu'il fallait mettre du bon vouloir chacun de notre côté et éviter le choc de deux amours-propres. Nous nous donnâmes la main et la réconciliation fut faite le 12 juin.
        Cependant le Directeur cherchait toujours à empiéter au-delà de ses attributions. Il étouffait dans le rayon peu étendu des affaires de la ville; il ne cachait pas son intention d'arrondir la banlieue de Constantine, et son ambition bien ostensible était de marcher au moins d'égal à égal avec le commandant de la Province.
        La promulgation de la Constitution lui donna l'occasion de manifester hautement cette intention.

        Le 2 décembre 1848, je réunis chez moi, au palais, le Directeur, le général Dessolles, le commandant de la place et l'abbé de la paroisse. Après leur avoir manifesté le désir de nous entendre pour donner de la solennité à la promulgation de la Constitution, j'insistai pour que la milice et les autorités se mêlassent à l'armée, afin de prouver aux Arabes que la Révolution n'avait pas ébranlé l'accord parfait qui existait parmi les corps constitués et les habitants. Je priai ensuite le général Dessolles de libeller la Proclamation qui devait être affichée. M. le directeur en prit connaissance, puis, après un instant de réflexion, fit observer qu'il ne croyait pas que les habitants européens de la ville se rendraient à une invitation émanant du Commandant supérieur et que cette invitation devait venir de lui, Directeur civil.

        M. le curé surtout se récria sur cette prétention qui, si on devait la mettre à exécution, dit-il, pouvait produire un fâcheux effet et annihiler en partie l'autorité du Commandant de la Province.
        Toutefois, comme il convenait d'agir avec la plus grande prudence, et ne donner aucun motif de conflit entre la troupe et les habitants, je décidai que la proclamation de la Constitution se ferait en deux endroits, que la troupe serait réunie sur la place de la Brêche et que M. le Directeur, avec les autorités civiles, lirait cette proclamation sur la place du Palais.

        Mais il arriva ce que M. le Directeur n'avait pas prévu : c'est que les habitants européens et arabes se portèrent où se trouvait la troupe et que M. Carette fut seulement entouré des employés de la Direction et de ceux des autres administrations. Cette cérémonie manqua donc d'entente et ne produisit qu'un piteux effet. De ce moment, M. le directeur évita pour ainsi dire toute relation avec moi et nous ne nous vîmes plus que rarement.

        Le 23 décembre, me parvint le décret du 9, relatif aux territoires civils et militaires et au remplacement des directeurs civils par les préfets. M. le capitaine du génie Carette se trouva donc élevé à cette haute fonction et se crut autorisé à revendiquer le pouvoir du commandant supérieur, en s'appuyant sur le décret de messidor an XII qui donne aux préfets le pas sur les généraux de brigade. Ses prétentions aux préséances devinrent tellement prononcées que je me décidai à écrire au ministre de la Guerre pour qu'une solution fût apportée à ce différend.
        Le ministre ne donna pas raison au préfet et les généraux de brigade commandant les provinces eurent les mêmes droits que les généraux de division.

        A l'époque où cette mésintelligence existait entre le préfet et moi, jamais il n'y eut plus besoin de s'entendre. L'établissement des colonies agricoles, les nombreuses concessions demandées et accordées, la remise à. l'administration civile de la banlieue de Constantine, la fermentation qui se propageait parmi les Arabes, la présence du chérif Jamina dont les feux de bivouacs étaient aperçus de la Kasbah, le soulèvement des Kabyles de Collo et les courses des frères Ben-Azzeddin sur les Azels du Rummel étaient choses sérieuses qui demandaient le concours de tous ; mais M. Carette ne voyait pas les faits du même œil que moi, regardait les soulèvements des Arabes comme peu dangereux et prétendait même qu'avec quelques spahis, les employés de son administration pourraient parcourir les montagnes et la Kabylie et percevoir l'impôt sans difficulté.

        Comme tel n'était pas mon avis, j'avais écrit la situation au Gouverneur en lui expliquant la nécessité de marcher immédiatement pour étouffer ces menaces d'insurrection. Il m'ordonna de former une colonne et de me rendre dans le Zouagha.
        Avant de partir, je voulus m'entendre avec le préfet et lui donner quelques renseignements. Je lui envoyai donc le capitaine Lebœuf, mon officier d'ordonnance, pour le prier de venir causer avec moi. Ne l'ayant pas trouvé, le capitaine lui écrivit un billet en lui exprimant combien il était urgent et politique de nous voir. M. Carette lui répondit avec impertinence :
         " Dites au général Herbillon que, s'il veut me parler, je serai chez moi de telle heure à telle heure.
        " Je n'avais rien à répondre à une pareille insolence; je quittai Constantine quelques jours après et je me rendis dans le Zouagha.

        Depuis ce jour, je n'ai plus eu avec le préfet, que des relations de service et toujours par lettre.

        Le 20 avril, la fête de Aid-Skris eut lieu comme les années précédentes. Comme cette fête était toute militaire, je n'invitai pas officiellement l'administration civile. Le préfet en fut blessé, je restai indifférent à son mécontentement. Mais, pour se venger, M. Deloche ayant trouvé quelques-unes de mes lettres sur lesquelles les secrétaires avaient mis en tête "Monsieur " au lieu de Monsieur le Préfet ", et dont les formules finales n'avaient point été libellées selon les règles adoptées, plainte fut portée sur mon peu d'égards vis-à-vis du préfet. M. le général Charron, Gouverneur Général, m'écrivit une lettre fort dure dans laquelle il me reprochait de donner un mauvais exemple. Ma réponse fut aussi fière que digne (5 septembre 1849).

        Je partis le 25 septembre pour l'expédition des Zibans et le siège de Zaatcha; je revins à Constantine le 13 décembre. A mon arrivée, j'appris que M. Carette était remplacé par M. de Soubeiran, le même fonctionnaire dont il avait donné la place à M. Deloche. Il partit pour Paris par le courrier du 23 décembre.
        Lorsque M. Carette fut désigné pour venir dans la province de Constantine, M. le général B..., homme de tête et de jugement, m'avait écrit qu'il craignait que ce capitaine qui quittait ses épaulettes pour des fonctions civiles ne me causât bien des soucis. Le pronostic ne s'est que trop réalisé.

        Ici se place le récit de deux nouvelles expéditions qui furent particulièrement pénibles.

        L'année 1849, disent les notes, commença dans la Province sous des auspices inquiétants. Les Arabes, à la vue de tous les colons débarqués pour lesquels on leur prenait une partie de leurs territoires, manifestaient un grand mécontentement; des chefs influents les excitaient à la résistance et des chérifs prêchaient la guerre sainte. Dans la montagne de Collo, c'était un nommé Sidi-Janina qui menait le mouvement. Il eut même l'audace de faire une attaque sur El-Arouch où il fut battu. Cela ne l'empêcha pas de continuer ses prédications chez les Kabyles ; en particulier, ceux du Djebel Zouagha subissaient son influence.
        Les frères Ben-Azzeddin poussaient leurs coreligionnaires à secouer le joug de l'occupation et suscitaient de grandes difficultés à leur neveu en engageant les tribus de son caïdat à ne pas le reconnaître.
        Levant peu à peu le masque, ils en vinrent à envoyer leurs goums ravager les terres des Azels et poussèrent la hardiesse jusqu'à venir faire une razzia sous les murs de Milah, ce qui m'engagea, pour la sécurité de cette petite ville, à y envoyer deux compagnies de tirailleurs et 25 spahis en donnant le commandement du pays au commandant Bourbaki.

        Il devenait urgent d'arrêter le commencement de la rébellion. Le Gouverneur venait de me désigner pour aller dans les montagnes de Bougie me joindre au général de Saint-Arnaud pour châtier les Beni-bou-Sliman qui s'étaient insurgés, mais à la suite de mon rapport, appréciant comme moi qu'il fallait avant tout rétablir la tranquillité dans ma Province, il m'ordonna de me porter dans le Zouagha et ce fut le général Dessolles qui prit le commandement de la colonne de Bougie,
        Laissant le commandement de Constantine au colonel Janet, je partis le 18 mai pour Milah, où se réunissaient les divers éléments de ma colonne composée d'environ 3.500 hommes et 4 pièces de montagne.
        Le 20 mai, à 4 h. 30 du matin, nous quittions Milah et nous dirigions sur Djemala. Le lendemain, on se mit en marche sur Beïnam.
        La route était en pente assez rapide, inégale, parfois couverte de broussailles. Il y eut à passer un défilé étroit, boisé, où nos mulets chargés de caisses à biscuits ne purent passer qu'avec la plus grande difficulté.

        Je n'arrivai à Beïnam qu'à 10 heures du matin. Les Arabes couvraient les contreforts et les mamelons que nous devions occuper. Voulant profiter de la journée pour les chasser, j'attendais avec impatience l'arrière-garde qui avait été arrêtée au défilé, mais qu'heureusement les Arabes n'avaient pas attaqué. Enfin, à midi, toutes les troupes étant réunies, je fis établir le plan, et à 1 h. 30, je partis avec 1.000 hommes, 2 pièces de montagnes et 2 escadrons pour pousser une reconnaissance jusqu'au pays des Beni-Mimoun, qui devait être le lieu de rassemblement des effectifs fournis aux Ben-Azzeddin. Je marchais assez tranquillement jusqu'à un kilomètre au pied du haut piton où est perché le village de cette tribu. Les Arabes, embusqués dans le lit d'un ruisseau, derrière des murs de jardins, font feu sur la colonne de tous les côtés. Il n'y avait pas à hésiter ; je lançai mon infanterie qui, éparpillée par groupes, se porta sur les Arabes qui venaient de décharger leurs armes sur nous. Lancés au pas de course, mes troupiers ne permirent pas aux tireurs de recharger, et ceux-ci s'enfuirent, nous laissant troupeaux et chevaux harnachés. A 7 h. 30, nous étions rentrés au camp.

        Cette affaire produisit un excellent effet, et le lendemain 22, les Kabyles du Zouagha et du Djebel Arrhès vinrent au camp faire une démarche de soumission. Je leur promis que leur pays ne serait pas ravagé et ils rentrèrent sur leur territoire avec leurs troupeaux.
        Parcourant le pays, j'appris au camp de Beïnam, par une lettre du colonel Carbuccia qu'un nommé Bouzian, se disant inspiré, prêchait la guerre sainte dans le Ziban.

        Le Journal mentionne ici des courses rapides dans de nombreuses tribus qui toutes se soumettent, et la colonne s'était arrêtée à Fedj-Akdel, pendant que la tranquillité était rétablie, quand le général fut avisé que les Beni-Mimoun montraient de nouveau de fâcheuses dispositions.
        Ceux-ci, dont le Decherah était placé sur un piton très élevé, se croyaient à l'abri de nos troupes.

        Le 1er juin, reprennent les Mémoires, j'allai camper sur les territoires de cette tribu. Tandis que les hommes rentraient au camp, après avoir fait le fourrage, des coups de fusils furent tirés. Le lendemain, les Beni-Mimoun vinrent nous menacer. Comme on ne semblait pas s'occuper d'eux, ils furent tellement enhardis qu'à 7 heures du soir nous les vîmes se glisser, pour nous attaquer, le long des champs cultivés et des haies; on les laissa s'approcher jusqu'à 150 mètres environ, et une vigoureuse charge menée par le bataillon d'indigènes et le bataillon d'élite les mit en fuite.

        Cette attaque faite après une soumission acceptée ne pouvait rester impunie. Aussi, le lendemain, je sortis du camp et formai deux colonnes : la première composée du bataillon d'élite, sous les ordres du commandant de Saint-Germain, devait faire un grand détour et prendre le piton à revers; la deuxième, que conduisait le commandant Bourbaki avec son bataillon indigène, devait attaquer le Decherah de front. Les deux pièces de montagne furent placées de façon que les obus pussent atteindre les maisons, et un bataillon. du 8e de ligne resta en réserve.

        La manœuvre réussit parfaitement; les Arabes fixant leur attention sur le mouvement du commandant Bourbaki ne s'aperçurent pas qu'ils étaient tournés et les deux bataillons pénétrèrent ensemble dans le village. Un énorme butin fut fait, et les deux colonnes poursuivirent les fuyards jusqu'au sommet de la montagne d'où elles aperçurent l'embouchure de l'oued Kebir et la mer.
        La tête du cheik des Ouled-Habibi me fut apportée, et le lendemain les Oued-Mimoun, les Oued-Baudours, les Oued-Ammour demandèrent l'aman. En même temps, j'apprenais par une lettre du colonel Jamet que le chérif Janina avait été tué et que sa tête avait été exposée à Constantine.

        Cette expédition dans le Zouagha, dont nous avons fortement abrégé le récit, fut très pénible et offrit de grandes difficultés.

        Le pays est coupé, montagneux, les chemins sont le plus souvent ravinés. Les Ben-Azzeddin qui dominaient le pays depuis de nombreuses années y avaient une grande influence, tellement enracinée qu'il avait été avec nos moyens actuels impossible de les abattre complètement. Ils se soumettaient un jour et se révoltaient le lendemain. Ne voulant et ne devant pas céder, je nommai leur neveu Boulakros caïd de toute la contrée, mais ce fut une nomination illusoire, car cet homme, comme je l'ai déjà dit, n'avait ni l'intelligence, ni la force nécessaire pour assurer son autorité. J'avais cependant l'intention de continuer manœuvre et peu à peu d'établir une organisation qui briserait la résistance des Ben-Azzeddin. Mais les événements qui suivirent ne me permirent pas d'achever ce que j'avais projeté. Pour le moment, toutefois, le but que je me proposais était atteint; les goums arrogants des deux frères avaient vu les Français camper dans leurs territoires et ils avaient dû se courber sous la loi commune.

        Le 7 juin, le général ayant terminé l'expédition du Zouagha, se trouvait avec sa colonne à Bou-Nossura, quand il prit la décision de se porter dans la vallée de l'Oued-Kebli et les montagnes de Collo où les Kabyles se montraient de plus en plus hostiles et récalcitrants. Le général Dessolles avait déjà été envoyé avec une colonne pour réprimer des désordres, mais cela n'avait pas suffi et il était devenu urgent de procéder à une répression rapide et sévère pour empêcher le mouvement de révolte de s'étendre.
        Cette expédition fut vivement menée et toutes les tribus de la région durent se soumettre et demander l'aman. Les territoires des Beni-Salah, des Bou Naîm, des Achaich, des Beni-Mazouz, etc..., furent parcourus et après ces courses où nos soldats montrèrent une rare endurance et une vigueur pleine d'entrain, les tribus rebelles furent châtiées, les chérifs fanatiques disparurent et la tranquillité régna dans le pays.
        Le général rentra le 25 juin à Constantine. Une grave attaque de choléra mit ses jours en danger, mais il lui fallut bientôt se préparer à partir de nouveau en expédition, car, le 22 juillet, le colonel Carbuccia lui écrivait qu'il avait essuyé une défaite devant Zaatcha, et l'ère des difficultés allait s'ouvrir de nouveau.
        
A SUIVRE


L’Indécence, l’arrogance et le Mépris !
Par M.José CASTANO,


« Thor, fils d'Odin je t'accuse d'avoir trahi le commandement de ton roi, par ton arrogance et stupidité. Tu as livré ce paisible royaume et ces vies innocentes à l'horreur et à la désolation de la guerre. Tu es indigne de ces royaumes, tu es indigne de ton rang, indigne de la famille que tu viens de trahir. Je te retire ton pouvoir ! Au nom de mon père et de son père avant lui ! Moi Odin Père de toutes choses je te bannis ! » - (THOR (film) Odin à Thor) - [THOR : Dieu du tonnerre dans la mythologie nordique]

       Alors que la colère gronde et enfle dans le pays, que la crise atteint son paroxysme, que le peuple pressuré, exsangue, hurle sa détresse et se révolte contre les bas salaires, la vie chère, la précarité, les taxes et les impôts, le couple Macron qui compte bien laisser sa trace à l’Elysée, a décidé de restaurer ce palais pour un montant estimé à plus de 100 millions d’euros par la Cour des comptes.

       Moquettes, rideaux, mobilier, ornements, rien ne sera omis afin de rénover dans le luxe les 365 pièces, la salle des fêtes, le salon Napoléon III et le jardin d'hiver.

       Les travaux ayant débuté le 29 novembre 2018, ils dureront jusqu'au 15 janvier 2019. Pour les justifier, la première dame s’est ainsi expliquée : « On avait l’impression que l’Élysée était devenu une forteresse qui se protégeait de l’extérieur. On va alléger, épurer. Il faut que la lumière entre ».

       Quand on demande des sacrifices au bon peuple et qu’en contrepartie on dilapide son argent en futilités, il y a, effectivement, de quoi se révolter…

       Et le couple présidentiel n’en est pas à son coup d’essai…

       Qui se souvient de la « vaisselle de l’Elysée » ?…

       Le 13 juin 2018, Le Canard enchaîné dévoilait que l’Elysée avait passé commande à la manufacture de Sèvres : 1200 pièces de vaisselle pour la coquette somme de 500.000 euros. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, justifiait alors cette dépense en ces termes : « Le président de la République procède à une commande publique qui permet de recevoir à la hauteur des personnalités qui défilent à l’Elysée […] Une commande a été faite pour changer le service dans sa totalité, cela n’avait pas été fait depuis le président René Coty »… sauf que, Jacques Chirac avait déjà procédé en son temps au remplacement de la faïence élyséenne…

       Conclusion : Le couple présidentiel peut festoyer dans des assiettes à 400 euros pièce alors que ceux qui sont pauvres, restent pauvres… et mangent dans des assiettes souvent ébréchées.

       Qui se souvient de la piscine du fort de Brégançon ?

       Fin juin 2018, le couple présidentiel préférant l’eau chlorée au sel de mer, a déboursé (par le biais du contribuable) 34 000 euros pour faire installer une piscine dans cette résidence estivale… L'idée étant d'éviter de s'exposer aux paparazzis lors de leurs baignades... Tout cela pour, qu’in fine, Emmanuel Macron sorte à un badaud quelques semaines plus tard : « Je n’aime pas les piscines, je préfère mille fois la mer ».

       … Et ce n’est pas fini !...

       Dans son rapport annuel sur l'Élysée, les magistrats de la Cour des comptes viennent de dévoiler une estimation globale des coûts liés à Brigitte Macron en cette première année de quinquennat. Depuis son arrivée à l'Élysée, la Première dame de 65 ans (issue d’une des plus riches familles d’Amiens) qui, aux dires du personnel demeure toujours la « maîtresse d’école » du président (de 24 ans son cadet) a, à sa disposition, un directeur de cabinet et un chef de cabinet, tous deux aidés de deux secrétaires – notamment en charge de la préparation de ses rendez-vous et déplacements-. Une petite équipe à ses côtés au quotidien dont sept agents spécifiquement chargés de répondre au courrier (paraît-il important) : Masse salariale estimée à 278 750 euros par an.

       A l’exception de cette somme affichée officiellement, le rapport est avare de détails, au regret des magistrats : « La Cour s’est attachée à recenser les différentes dépenses qui sont plus particulièrement affectées à Brigitte Macron, sans toutefois pouvoir chiffrer la totalité de ces dépenses, en l’absence d’une comptabilité analytique suffisante ».

       À cela s'ajoute également les six bureaux dont Brigitte Macron dispose dans « l’aile Madame » de l’Hôtel d’Évreux. Outre les quatre collaborateurs précités, ils abritent aussi les membres du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) qui se chargent de sa sécurité, ainsi que deux véhicules présidentiels, un pour ses déplacements et une voiture pour les agents du GSPR « précurseurs ».

       Bien qu'aucun budget de représentation ne lui soit attribué, la première dame bénéficie, en sus, des services de la coiffeuse-maquilleuse de la Présidence. Celle-ci perçoit un forfait brut mensuel de 5 200 euros… chiffre moindre (reconnaissons-le) par rapport à celui de François Hollande dont les près de 10 000 euros de coiffeur avaient fait polémique…

       Question vestimentaire, Brigitte Macron n’est pas en reste… Souvent décriée pour le contenu exorbitant (voire, outrageant) de sa garde-robe, elle a essuyé les foudres de l’écrivain Yann Moix qui, le 24 novembre 2018, s’insurgeait de la sorte sur le plateau « Des Terriens du samedi » : « Lors des commémorations du 11 novembre, de sinistre mémoire, elle a porté un manteau Vuitton à 3 600 euros. La marque du manteau a supplanté la marque de l’Histoire ce jour-là. Mais c’est normal en fait, qu’elle aime Vuitton, parce qu’il y a des liens vraiment très forts entre Vuitton et Emmanuel Macron », a-t-il déclaré.

       À l’occasion de ces mêmes cérémonies, le magazine Closer qui assure la « promotion » de la première dame, se pâmait : « Brigitte Macron enchaîne 5 tenues différentes en deux jours ! » Les « gilets jaunes » apprécieront…

       Pour 2018, la dotation budgétaire de la présidence ayant été fixée à 103 millions d’euros par la loi de finances, le couple élyséen ne connaîtra certainement pas de marasme…

       « Qui s'aime trop a aisément du mépris pour les autres », dit un proverbe danois. En ces jours de colère exprimée par le petit peuple lassé de tant de mépris et de cynisme, l’arrogance de Jupiter gagne en déchéance et précède sa ruine, son orgueil précède sa chute.
José CASTANO       
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
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"Albert Camus, Ombres et Lumières"
Par M. Manuel Gomez
Envoyé par M. Jolivet


Conférence de Manuel Gomez donnée à Antibes et à l’Université d’Alicante ,

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              Tout comme Albert Camus j’ai vécu à Alger.

              Mais, en ce qui me concerne, j’ai été élevé dans le quartier de Bab-el-Oued que beaucoup d’entre vous connaissent bien.
              Et tout comme lui j’ai fait mes études au lycée Bugeaud,
              Je voulais être journaliste et ma mère qui connaissait Albert Camus a fait en sorte qu’il me permette de rentrer au quotidien Alger Républicain. La rencontre fût brève mais elle m’a permis d’entamer ma carrière.
              Je suis passé ensuite à la rédaction de La Dépêche d’Algérie et je suis devenu correspondant pour le quotidien parisien l’Aurore.
              En mai 1958 j’ai été muté à Paris et en 1960 je suis devenu chroniqueur judiciaire et politique afin de couvrir le procès des barricades et par la suite ceux des généraux et des membres de l’OAS.

              Je vais vous entretenir sur Albert Camus, cet homme illustre, né de père "Soleil" et de mère "Méditerranée", donc fils d’Algérie, et qui était sans conteste l’une de ses plus sérieuses références, et non pas du Camus littéraire conté par beaucoup d’auteurs bien plus qualifiés que moi.
              J’ai eu le privilège de rencontrer plusieurs fois Albert Camus au cours des années 1958/59 et je me souviens encore de l’une de ses dernières confidences :
               « J'ai toujours prôné l'égalité entre tous les enfants de l'Algérie, sans aucune prépondérance d'une communauté sur l'autre. C'est la raison pour laquelle je me suis prononcé contre le collège unique. Je l'ai dit, je l'ai écrit, et, aujourd'hui, je l'affirme encore plus fort : l'indépendance de l'Algérie est une hérésie car en un demi-siècle elle se retrouverait dans l'état où la France l'a découverte en 1830. D'autres solutions sont possibles, souhaitables même. »

              55 ans après il m’apparaît nécessaire de rétablir certaines vérités déformées sur Albert Camus.
              Je tiens surtout, à prouver à la majorité des français d’Algérie, qui a eu toutes les raisons de penser que Camus, l’avait trahie en donnant l’impression, en tous les cas par ses actes, qu’il était partisan "modéré mais engagé" de l’indépendance algérienne.
              Cette impression était confortée bien sûr par la rectitude de ses idées politiques, toujours positionnées à gauche et par le guet-apens que lui avaient tendu le dimanche 22 juin 1956 ses « amis » communistes en lui proposant la salle du Cercle du Progrès, place du gouvernement, au pied de la Casbah.
              Il s’agissait là d’une provocation organisée car les Français d’Algérie savaient que dans ce lieu se réunissaient toujours les partenaires de l’indépendance et les libéraux d’Alger qui trouvaient là une occasion inespérée de montrer aux observateurs nationaux que Camus était de leur côté.
              Camus ignore tout cela, il ne vit plus à Alger et il ne suppose pas un seul instant que les organisateurs sont des partisans du FLN.

              Il a perdu ce jour-là le peu de crédibilité qui lui restait auprès des Français d’Algérie.
              « Je suis suspect aux nationalistes des deux bords. J’ai le tort, pour les uns, de ne pas être assez patriote, pour les autres, je le suis trop. Ce que trop d’arabes ne comprennent pas c’est que j’aime l’Algérie comme un Français qui veut qu’ils soient chez eux en Algérie, comme j’y serais chez moi, sans pour cela m’y sentir un étranger. »

              Mon principal objectif a donc été de rectifier cette impression, de l’effacer, de rappeler qu’il avait écrit dans « Combat », en novembre 1954 : « L’Algérie est un prolongement de la France sans lequel notre pays ne serait pas une grande nation » et de permettre ainsi à Albert Camus de retrouver la "place forte", qu’il n’aurait jamais dû quitter, dans le cœur des "Algérois".
              En 1962 pas une seule voix des « intellectuels » métropolitains ne s’est élevée en notre faveur. Même les églises de France n’ont pas défendu la chrétienté qui leur échappait.
              Il aurait fallu la présence d’un Albert Camus pour tenter de réveiller les consciences.
              Lui qui écrivait, en 1955, lorsqu’il démissionnait de « L’Express » :
              « Entre la métropole et les Français d’Algérie, le fossé n’a jamais été plus grand. A lire une certaine presse il semblerait vraiment que l’Algérie soit peuplée d’un million de colons à cravache et à cigare, montés sur Cadillac. Quatre-vingt pour cent des Français ne sont pas des colons, mais des salariés ou des commerçants. Leur niveau de vie est bien inférieur à celui de la métropole. En voici deux exemples : le SMIG est fixé à un taux nettement plus bas que celui des zones les plus défavorisées de la métropole et en matière d’avantages sociaux un père de famille de trois enfants perçoit à peu près 7200 francs contre 19.000 en France. Qui sont les profiteurs de la colonisation ? »
              « Les gouvernements successifs de la métropole, appuyés sur la confortable indifférence de la presse et de l’opinion publique, sont les premiers et les vrais responsables du désastre actuel. Ils sont plus coupables en tout cas que ces centaines de milliers de travailleurs français qui survivent en Algérie avec des salaires de misère et qui, par trois fois en trente ans, ont pris les armes pour venir au secours de la métropole et qui se voient récompensés aujourd’hui par le mépris des secourus. »


              Mais revenons sur sa jeunesse :
              Souvent Albert Camus, afin d’économiser quelques sous, après être arrivé en tram, avec le CFRA, du Ruisseau où il habitait jusqu’à la place du Gouvernement, il préférait se rendre à pied jusqu’au lycée Bugeaud. Il traversait ainsi d’un bout à l’autre la rue Bab-el-oued, où, quelques années plus tard, je vivrais mon enfance et mon adolescence.
              Comme on le sait, Albert Camus était un sportif et il estimait que « dans le sport, comme chez les nudistes, les inégalités s'ignorent ».
              Cependant et malgré sa condition sociale, il avait tout de même choisi de s'inscrire dans le club le plus "chic" d'Alger, le Racing Universitaire Algérois (RUA) Probablement, déjà, le désir de se démarquer de son milieu, de s’en sortir, de ne plus ressembler aux siens, à ceux de son quartier, comme cela se notera bien mieux un peu plus tard, lorsqu’il sera à l’université.

              Camus sera goal de l’équipe junior pour deux raisons : il manque de technique et de rapidité pour être un joueur de champ mais la principale étant que son état de santé déjà fragile ne lui permettait pas de gros efforts d'entrainement.
              Ce poste de gardien de but lui convient assez, il aime être le dernier défenseur, le rempart final, il aime qu’on compte sur lui.
              Mais Albert Camus a d’autres soucis. Le diagnostic est tombé, brutal, cruel, il vient d’apprendre qu’il est tuberculeux.
              Très fatigué, il doit abandonner le foot, et toutes ses espérances de réussite physique.
              Son séjour à l’hôpital de Mustapha, en 1930, l’hôpital des pauvres, comme on le surnomme, le replace dans la dure réalité, dans son contexte véritable. Là, il sent, encore plus, sa différence. Il sait, à présent, qu’il devra compter uniquement sur son intelligence pour s’arracher à sa condition d’enfant du peuple.

              Dorénavant il a un objectif précis : se révolter contre la mort, "cette ennemie horrible et sale".
              Cette année du Centenaire de la conquête de l’Algérie va marquer un tournant important dans sa façon de penser, d’appréhender l’avenir et d’interpréter les événements.
              Jusqu’à cette date il n’avait marqué aucun intérêt particulier pour la politique, ses études et le sport l’occupait pleinement.
              Sa maladie lui a fait prendre conscience de l’inégalité des êtres devant la vie, pourquoi n’a-t-il pas les mêmes droits que d’autres à s’installer dans une longue attente, à profiter totalement de chaque tranche de cette belle orange dans laquelle on aimerait mordre à pleines dents, de préparer avec patience son avenir, d’attendre que les opportunités se présentent à lui, et non pas d’être dans l’obligation de les précipiter. Aujourd’hui il lui faut remettre en cause tous les plans qu’il avait échafaudés. Il n’a plus le temps, il est persuadé d’avoir engagé une course contre la mort et il veut courir très vite afin qu’elle mette le plus de temps possible à le rattraper.
              Son premier souci, dorénavant, est de vivre mieux, dans un autre milieu, de s’élever intellectuellement et socialement, de forcer la porte de son destin, de le violer, en quelque sorte.

              C’est pour cette raison qu’on le retrouve paressant près de cette piscine du RUA, alors qu’il n’a que 17 ans. Les autres, ceux qui l’entourent, sont déjà des hommes.
              On ne le prend pas très au sérieux, on le néglige un peu, surtout Max-Pol Fouchet, dont il écoute religieusement les différentes théories sur chaque événement, artistique, littéraire ou politique. Il est amoureux fou de Simone Hué, la maîtresse de Max-Pol.
              Il est certain que, sans son état de santé fragile, Camus se serait dirigé vers le foot et n'aurait jamais été un intellectuel reconnu. Dans ce cas-là nous aurions perdu un prix Nobel de littérature et peut-être gagné un grand gardien de but !
              Il affirmait qu’entre le foot et le théâtre, son choix allait vers le premier ? Il se sentait bien plus innocent sur un terrain que sur une scène.

              C’est également cette même année 1930 qu’un événement va marquer la vie quotidienne des algérois : l’assassinat d’un Arabe ce qui motivera l’écriture du roman « L’Etranger ». Il me l’a lui-même affirmé lors de l’une de nos rencontres parisienne en 1958.
              « C’est l’affaire Sierra, qui m’a incité à écrire mon livre « L’Etranger ».
              J’ai eu l’opportunité de recueillir les confidences de François Sierra quelques temps après son retour du bagne de Cayenne, où il avait passé seize années. Il souhaitait que je les fasse parvenir à Albert Camus, qui avait été l’un des rares à avoir cru en son innocence.
              Je les lui ai fait parvenir quelques mois plus tard, par l’intermédiaire de l’éditeur Charlot, qui le rencontrait chaque fois qu’il se rendait à Paris.

              J’ai su qu’il les avait bien réceptionnées car je reçus un appel téléphonique de sa part. Camus me disait notamment :
              « Faute de temps, je n’ai pu parcourir encore entièrement le récit de François Sierra. De belles qualités de sincérité et une étonnante mémoire, presque « proustienne », pour reconstituer un univers inconnu. Des figures hautes en couleur. Ton style, très « populiste », convient parfaitement à ce récit de ses souvenirs, qui a besoin, je crois, d’être encore travaillé afin de le rendre plus « coulé » et plus limpide. Il faudra s’efforcer de faire comprendre, aux gens qui nous connaissent mal, la grande importance de l’honneur, du sens profond de la parole donnée, très développé, chez nous méditerranéens, jusqu’à un point qui dépasse souvent la normalité".
              Albert Camus confirme ce sens de l’honneur, chez les méditerranéens (page 280 de son livre « Le Premier Homme »).


              Après son « bac » le nouveau siège social d'Albert Camus est, dorénavant, la Brasserie de la Renaissance, près des facultés, rue Michelet.
              Il se vêt avec une certaine recherche qui attire l’attention, costume gris clair, chemise et chaussettes blanches, chaussures bicolores, brun jaune, toujours étincelantes, et feutre "Borsalino" ou "Fléchet".
              Max-Pol Fouchet est le leader incontesté et brillant de la jeunesse intellectuelle algéroise. Obligés de s’accepter, dans ce microcosme de la gauche bourgeoise, ces deux esprits supérieurs s’opposent, se jalousent. Il ne peut y avoir deux "rois" dans leur cercle.
              Effacé, pour le moment, sur sa reconnaissance intellectuelle, Camus se venge en "soulevant" la maîtresse de Max-Pol, cette Simone Hué qu’il désire depuis des mois. Il ira, même jusqu’à l’épouser le 16 juin 1934, ce qui était, d’ailleurs, la condition sine qua non.
              Malheureux, et passablement irrité, Max-Pol Fouchet quittera l’Algérie, pour, aller, enfin, briller sur la rive gauche parisienne : une scène plus à sa taille.
              Simone ne tardera pas à perdre tout son éclat et sa santé, sous les effets dévastateurs de la drogue, dont elle use abondamment depuis des années.

              Albert Camus présente l’agrégation en 1937, mais la tuberculose n’a pas dit son dernier mot, elle torture ses poumons, l’épuise physiquement et l’écarte finalement d’une carrière professorale.
              Elle est également responsable de ce qui sera l’une des plus grandes frustrations de son existence : n’avoir pas eu la force d’aller se battre en Espagne, aux côtés des forces républicaines. Il restera profondément marqué, toute sa vie, par son manque de décision à cette époque.
              Dès le mois d’octobre 1938, Albert Camus s’engage résolument dans le journalisme, avec la création d’un nouveau quotidien, d’obédience communiste, "Alger Républicain", dont les presses et la rédaction seront installées à l’orée de Bab-el-oued, rue Koechlin, il assume la responsabilité de nombreux éditoriaux, souvent très engagés.

              En 1939 Albert Camus part à Oran. Il fera la connaissance, et épousera en secondes noces une belle oranaise, Francine Faure, qui aura le mérite de retenir ce « macho », gourmand de la femme, jusqu’au bout. Ils auront deux enfants.
              Au printemps 40, le couple déménage et rejoint la Métropole. Camus retrouve Robert Namia à la rédaction de "Paris Soir", mais, fuyant l’ordre nouveau, qui règne à présent dans la capitale, il se réfugie à Lyon, avec toute la rédaction de ce quotidien, puis prend la décision de retourner quelque temps à Oran.
              Albert Camus ne peut rester longtemps spectateur de ce qui se déroule en France; il s’est déjà tenu en retrait du drame espagnol, il se doit d’apporter son aide à mère patrie occupée par les nazis.
              En 1942 il quitte son foyer, son havre de paix dans un monde en ébullition, et le voilà de retour à Paris.
              Dès la libération il poursuit véritablement sa carrière littéraire et philosophique au cœur du milieu intellectuel gauchiste sous le parrainage entre autre de Jean-Paul Sartre.
              Dès 1954, Il s’implique dans les événements de la guerre d’Algérie mais politiquement Camus subit l'immoralité des hommes, même de proches "camarades".
              Il commence à se démarquer de la gauche quand il se rend compte que ses « amis intellos » collaborent avec les ennemis de l’Algérie Française et il démissionne de l’Express.

              Courant juillet 1958, quelques semaines après mon arrivée à Paris, je rencontre enfin Albert Camus.
              Dès qu’il apprend que je suis le fils d’Antoinette Escobedo il m’ouvre les bras.
              Je lui fais souvenir que c’est grâce à son intervention que j’ai débuté dans la profession, à Alger Républicain.
              Nous étions attablés à la Brasserie Lipp qu’il fréquentait beaucoup.
              Ce même après-midi, Albert Camus me parla longuement du 13 mai 58, du vaste changement qui s’était opéré dans les esprits en Algérie.
              Il m’expliqua que ces changements lui avaient donné de grandes espérances, en même temps que des craintes. .

              Il m’affirma que certains de ses proches, surtout Charles Poncet, avaient fait l’impossible pour lui faire croire qu’il n’y avait pas eu "spontanéité". Qu’il n’y avait pas eu de véritable fraternisation entre français et musulmans ce jour-là ! Que l’armée française avait tout organisé dans les campagnes et les douars en envoyant de nombreux camions.
              - Toi qui as eu la chance de vivre ces événements le 13 mai, qu’en penses-tu ? Comment les as-tu ressentis ? me demanda-t-il.
              Je lui affirmais que, dans les villes, l’élan avait été spontané mais qu’en ce qui concerne les campagnes je ne pouvais me prononcer, n’y ayant pas assisté. Il me paraissait cependant logique que l’armée ait mis ses camions au service des arabes du bled, qui exprimaient le désir de se rendre dans la capitale afin de participer aux différentes manifestations. Comment auraient-ils pu le faire sans cette aide ? D’ailleurs il y avait eu un précédent, en 1930, lors du Centenaire de l’Algérie. L’armée avait, déjà, prêté ses camions. A mon avis, personne n’aurait pu les embarquer de force sans que la presse internationale le sache.
              Je lus cependant le doute dans son regard. Cet homme, je le sens, est très atteint par les événements qui se déroulent en Algérie et en France, il n’a plus de certitude et c’est avec presque des larmes au bord des yeux qu’il me dit :
               « Jamais je ne serai pour l’abandon de l’Algérie. Et cela pour bien des raisons, dont la principale est que, livrée à son propre sort, elle retomberait en une décennie en l’état où nos ancêtres l’ont trouvée. Serait-il juste que plus d’un siècle de dur labeur, de souffrances, de larmes, soit balayé par ce soi-disant vent de l’Histoire? Et qu’il n’en reste plus rien.
              Non, il doit exister une solution. A nous, gens de bonne volonté, de la trouver et de l’appliquer ".


              Début 1959 nous sommes allés voir ensemble “La Famille Hernandez ” au théâtre Gaumont, sur les Grands Boulevards, puis nous avons ensuite dîné, en compagnie de Marthe Villalonga.
              - Tu vois, me dit Camus, nous avons bien ri, mais il ne faudrait pas que les Français de métropole voient, à travers des spectacles comme celui-ci, le vrai visage des français d’Algérie. Ce serait totalement faux et impardonnable. Ces scènes appartiennent à notre folklore, au même titre que les "Mystères de Paris", le "Bal à Jo" ou la "bourrée auvergnate" le sont aux métropolitains.
              C’est notre rôle de démontrer que le Français d’Algérie parlent certes avec un accent, tout comme le français de toutes les régions de France, à l’exception paraît-il des tourangeaux, mais qu’il n’a rien à envier aux métropolitains en ce qui concerne la syntaxe ou la pureté du langage. Ce sera à des journalistes comme toi de rappeler sans cesse cette vérité première, de citer à chaque occasion les noms de tous ces français de chez nous qui appartiennent toujours à l’élite française : Hommes de lettres, professeurs, Maîtres du barreau, de la chirurgie, de la médecine, sportifs de très haut niveau, acteurs, chanteurs, musiciens et, hélas, politiciens aussi.
              Il faudra rappeler sans cesse que l’Algérie a donné à la France les meilleurs de ses fils, sans les lui marchander.

              Camus m’informa qu’il travaillait à l’écriture d’un roman : il me dit “ j’ai toujours eu l’intention de le "pondre" sans jamais en avoir eu le temps. On n’a jamais le temps pour l’essentiel, pour le réel, pour les seules choses qui comptent. On en perd trop pour le superficiel.
              J’ai toujours eu ce sentiment que je ne terminerai jamais le seul livre que j’ai toujours voulu écrire, sur mes racines, ma famille, mon enfance. Sur tout ce qui a contribué à forger l’homme que je suis ”.
              Il s’agissait bien sûr du « Premier homme » édité longtemps après sa disparition dans lequel il a écrit, en s’adressant aux Arabes :
              «Je vous défendrai à n’importe quel prix, sauf au prix de ma mère, parce qu’elle a connu plus que vous l’injustice et la douleur. Et si dans votre rage aveugle, vous touchez à elle, ou risquez d’y toucher, je serai votre ennemi jusqu’au bout ».

              Déjà dans le quotidien « Le Monde », le 17 décembre 1957, il déclarait : « Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice ».
              Cela confirme la phrase exacte, souvent controversée, prononcée lors de la remise de son Prix Nobel et qu’il adressait à un jeune étudiant Arabe qui l’avait interpellé : « A l’heure où nous parlons on jette des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est là votre justice, je préfère ma mère à la justice. »
              Courant décembre 1959, je dois retrouver Albert Camus à la Brasserie Lipp à Paris, pour un déjeuner en compagnie de Pierre Blanchar, né à Philipeville dans le même immeuble que mes grands-parents et à l’époque l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français. Camus doit partir quelques jours plus tard afin de passer les fêtes de Noël en famille à Lourmarin, dans le Lubéron.
              Je lui propose d’inviter le lieutenant-colonel Ahmed Rafa, commandant le 7e RTA, de passage à Paris. Il venait d’être reçu par de Gaulle qui lui avait fait l’honneur de l’accueillir personnellement, et il tenait absolument à nous informer sur cet entretien qui l’avait choqué énormément.
              Le courant passe immédiatement entre les deux hommes et cela ne m’étonne guère, connaissant leur amour de l’Algérie et leur déchirure profonde causée par les événements dramatiques qu’elle vit depuis quelques années.
              Qui mieux que Camus pouvait comprendre les états d'âme de Rafa ? Lui qui était « franco-algérien » et le lieutenant-colonel qui était « algéro-français. »
              Cette journée restera gravée dans mon esprit pour deux raisons : la première est que c'était la dernière fois que je rencontrais Camus. La seconde est qu’Albert s'est livré totalement sur ses sentiments véritables concernant la guerre d'Algérie.
              Ce jour-là Albert Camus m’a paru totalement « déboussolé » par ce qu’il venait d’entendre de la part d’Ahmed Rafa. Il ne comprenait plus ! Il ne comprenait pas cette escalade de la violence, de la haine, entre deux communautés qui avaient tout pour s'entendre. Il citait ce passage de Paul Geraldy, dans « L'Homme et l'Amour » :
              « Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer. Oui, semblables et dissemblables... N'est-ce pas ce que nous sommes ? »

              Il estimait que c'était la somme de toutes les promesses non tenues par les gouvernements successifs de la France qui avaient abouti à cet éclatement.
              On entrevoyait déjà le sort que réservait De Gaulle à l’Algérie et Camus nous affirma avec force :
              « Si demain le pouvoir nous impose un référendum sur l'indépendance de l'Algérie, je me prononcerais« contre », sans équivoque, aussi bien dans la presse française qu'en Algérie.
              Je maintiens qu’algériens, français et musulmans, doivent cohabiter.»

              Il se plaisait à répéter cette parabole :
              « L’Algérie est catholique à la Toussaint, musulmane à l’Aïd–el-Kebir et juive à Yom Kippour. »

              Nous devions nous revoir dès son retour et nous avions convenu de nous retrouver vers la mi-janvier toujours chez « Lipp » Il profiterait de son séjour en Provence pour « pondre » un article très critique sur la politique gaullienne qu’il me remettrait dès son retour afin de le publier sur « L’Aurore »
              Mais cela ne se fit pas Albert Camus disparaissait le 4 Janvier 1960, dans un accident de la route.
              Il s’était installé à Lourmarin, dans la région même d’où était originaire son aïeul, qui avait rejoint l’Algérie un siècle plus tôt. Il vivait là avec sa famille et un "bourricot" que Pierre Blanchar lui avait envoyé de Philippeville.
              Depuis plusieurs semaines le garagiste de Lourmarin, qui s'occupait de l'entretien de la Facel Vega du fils Gallimard, demandait à celui-ci de penser à changer les pneus de sa voiture, particulièrement usés. Peut-être que si cela avait été fait il n'y aurait pas eu d'accident où, malgré la pluie qui rendait la route glissante, les conséquences auraient été moins dramatiques.
              Bien des gens se permettent d'interpréter les pensées de Camus, ce que je me refuse de faire l'ayant pourtant mieux connu que certains qui ne l'ont jamais côtoyé. Effectivement il était en froid avec la gauche...ou plutôt la gauche était en froid avec lui. Quant à la droite il ne l'avait, ni elle ne l'avait, jamais accepté.

              Il m’avait dit : Ce sera à des journalistes comme toi de rappeler sans cesse notre vérité première.
              C’est ce que je tente de faire.
Manuel Gomez
22 septembre 2018


Du fil à retordre
De Claude Bourgeyx
Envoi de Louis AYMES Dijon.


      Gégé-la-Flemme se demande pourquoi la maitresse a dit ce matin qu'il lui donnait du fil à retordre, vu qu'il ne se rappelle pas lui en avoir jamais donné à tordre et qu'il est impossible de retordre du fil si on n'en a pas déjà tordu.
      D'ailleurs il est impossible qu'il lui en ait donné à tordre, encore moins à retordre, parce que du fil il n'en a jamais sur lui. Et s'il en avait, il ne le donnerait pas, il le vendrait.
      Si en encore elle avait dit " tu me vends du fil à tordre " ç'aurait été différent.

     Mais tout cela est idiot. A quoi bon tordre soi-même du fil quand tous ces quincaillers en vendent du déjà tordu et, en plus, barbelé.
      En admettant qu'elle ait dit " tu me donnes du fil de fer barbelé à détordre " il aurait compris, Gégé-la Flemme.
      Détordre du fil de fer barbelé se conçoit mieux que retordre du fil qui le l'est pas.
      La vérité, pense Gégé-la-Flemme, c'est que la maitresse a l'esprit complètement tordu, encore plus que le fil. Et qu'elle ne compte pas sur lui pour le lui détordre, parce que, si ça se trouve, son esprit, en plus d'être tordu, il est barbelé. Dans ce cas, faudrait y aller avec des tenailles mais ce n'est pas possible vu que la maîtresse n'est pas à prendre avec des pincettes et que lui de toute façon, il n'est pas outillé.
Claude Bourgeyx          
Poésie du monde pour l'école .          




Intifada sur les Champs-Élysées ?
Par M. Mohamed Louizi le 30/11/2018
Envoyé par plusieurs internautes

                Contrairement à ce que les autorités françaises et des rédactions parisiennes disent ou laissent entendre, une partie de la presse arabe, considère que les actes de violence et de saccage de la belle avenue des Champs-Élysées, en marge des manifestations pacifiques des Gilets Jaunes du samedi 24 novembre 2018, seraient (ou étaient) le fait de membres de la branche secrète paramilitaire de l'organisation internationale des Frères musulmans : al-Tanzim al-Dawli.

                En effet, le mercredi 28 novembre 2018, le quotidien égyptien Al-Masri Al-Youm - L'Égyptien aujourd'hui - a publié un article accusant la mouvance des Frères musulmans d'être impliquée, directement ou indirectement, dans l'éclatement des violences sur les Champs Elysée Il s'est appuyé sur l'analyse d'un fin connaisseur (de l'intérieur) des méthodes fréristes dans de telles circonstances. Il s'appelle Mohamed Habib. Jusqu'à sa démission en 2009 de toutes ses fonctions islamistes, Mohamed Habib occupait un poste clef au sein de l'échiquier international des Frères musulmans. Il était premier adjoint de leur "guide suprême". C'est dire !

                Dans sa déclaration au quotidien égyptien, il a fait remarquer les ressemblances entre les actes de violence constatés sur les Champs-Élysées samedi dernier, et des actes similaires observés au Caire, la capitale égyptienne, en janvier 2011. "La similitude - dit-il - entre les événements du Caire et de Paris est très importante. Ce qui nous invite à réfléchir et à analyser attentivement cette question. En général, nous pouvons dire que les islamistes sont impliqués directement ou indirectement dans ce qui s'est passé en France. Mais, pour que nous soyons cohérents, il nous faut davantage d'investigations précises pour savoir exactement qui est derrière ces manifestations qui ressemblent très fortement à ce que nous avons observé [au Caire] durant la révolution [du 25] janvier [2011]". Mohamed Habib précise que si le début de la contestation est le fait de citoyens français en colère, les Frères musulmans tentent d'investir cette colère et l'utiliser à leurs fins de déstabilisation politique.

                Dans la foulée, le même quotidien invita un autre islamiste presque "repenti", Nabil Naïm , présenté comme étant "spécialiste des mouvements islamiques". Nabil Naïm est l'un des fondateurs du mouvement du "Jihad Islamique" égyptien, impliqué en 1981 dans l'assassinat du président Anwar al-Sadat. "Sans aucun doute - dit Naïm - les Frères musulmans participent aux manifestations en France." Il ajoute : "N'oublions pas qu'en France, il y a des Frères musulmans Algériens, Tunisiens et Marocains, vivant dans les banlieues. Bien sûr ils participent aux manifestations en France qui laissent apparaître leurs méthodes et leurs idées."

                Par ailleurs, de son côté, l'autre quotidien de référence en Égypte, Al-Ahram, a relayé le propos du journaliste Mohamed Al-Baz. Dans une émission de télévision, ce dernier a évoqué clairement les " doigts de l'organisation internationale des Frères musulmans " qui se cacheraient derrière les violences sur les Champs-Élysées. Il a fait remarquer que le slogan "Macron dégage !", qui n'a rien à voir avec des slogans sociaux et économiques, rappelle curieusement celui que des fréristes, entre autres, avaient scandé lors desdits "printemps arabes" qui avaient ouvert une autoroute vers l'accès des islamistes au pouvoir dans de nombreux pays.

                Sans parler des réseaux sociaux arabes qu'ils l'ont relayés des milliers de fois, dès que cette information accusatrice et lourde de sens a fait surface, elle a trouvé très vite, sa place sur les colonnes d'autres supports arabes nationaux et internationaux, comme, par exemple, au Maroc, en Jordanie ou en Angleterre. D'autres médias, plutôt proches des Frères musulmans, tentent de la contester alors que sa source n'est pas anodine : il s'agit quand même de l'ex-premier adjoint du "guide suprême" des Frères musulmans. Ces médias pro-fréristes, comme s'ils étaient objectifs, essayent de mettre en cause l'objectivité du quotidien égyptien et sa prétendue proximité du président Al-Sissi qui aurait quelque chose à gagner en accusant ses ennemis, les Frères. C'est l'avis du quotidien londonien arabe Al-Quds Al-Arabi, par exemple.

                Quant à Al-Jazeera, la chaîne de l'émir du Qatar, elle s'en est fait l'écho aussi pour en discréditer le contenu. Al-Jazeera titre déjà "Printemps parisien : comment les taxes de Macron enflamment les rues de France." On peut constater qu'elle lâche l'expression "printemps parisien" qui rappelle bien des souvenirs de son déchaînement médiatique contre des régimes arabes depuis la "révolution du Jasmin" en Tunisie et le départ de Ben Ali. Al-Jazeera qui a déstabilisé l'autre rive de la Méditerranée en amplifiant le slogan "Dégage !" se mettra-t-elle à plein régime pour détourner la colère légitime des Gilets jaunes au profit du projet islamiste en France ? Une chose est certaine, elle sait faire …

                De son côté, la presse française, presque comme à l'accoutumé, demeure silencieuse à ce sujet. Elle continue à se poser des questions sur l'identité des casseurs qualifiés par des responsables politiques de " séditieux ", de "peste brune", d'"ultra droite", d'"anarchistes", de "black bloc" et j'en passe. Toutefois, à en croire cette même presse, les profils des personnes interpellées en marge des violences sur les Champs-Élysées n'accréditeraient pas tous ces qualificatifs. L'Express révèle que la plupart des personnes placées en garde à vue après la violente manifestation parisienne "n'ont pas d'antécédents judiciaires." C'est aussi ce que révèle Le Parisien.

                Des questions demeurent entières : qui sont ces casseurs munis curieusement de masques à gaz que l'on a vu jeter des pavés et des pierres sur les forces de l'ordre ? Pourquoi écarte-t-on, en France, contrairement aux pays arabes, la piste islamiste qui serait, entre autres, responsable de l'éclatement des violences sur les Champs-Élysées alors que cette éventualité est sérieusement avancée et soutenue par des personnes qui connaissent l'idéologie et les actions violentes des Frères musulmans ? Aussi, quand le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner déclarait, comme pour dissuader les manifestations pacifiques des "Gilets jaunes", je cite : "Notre pays fait face à des risques sécuritaires majeurs, dont le risque terroriste qui est présent.", faisait-il (ou pas) allusion, sans pouvoir le nommer, à ce risque bien connu ?

                Si cette information s'avère juste et crédible, il devient plus qu'urgent pour que les autorités agissent vite et fermement. Autrement, le sort de la France ne sera guère différent des pays qui, sous couvert du "printemps", n'ont vu s'installer durablement chez eux qu'un terrible automne islamiste agité, ses tempêtes et ses feuilles mortes. Le mieux pour la France serait d'accéder, sans jouer la montre, aux revendications légitimes du mouvement populaire et pacifique des Gilets jaunes. Le pire serait de laisser pourrir une situation qui, in fine, ne fera que le jeu de tous les extrêmes qu'ils soient brun, black ou vert. Est-on déjà entré dans une phase redoutée, celle d'un "face-à-face" auquel faisait allusion l'ex-ministre de l'Intérieur le jour de son départ ? Une sorte d'Intifada ?
Mohamed Louizi

Monsieur le Président,
Par le Général (2s) Antoine Martinez
Envoyé par Mme Bouyer


         Vous vous apprêtez à signer les 10 et 11 décembre prochains le « pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières » qui institue un véritable droit à la migration. Il pourra s'imposer à notre législation nationale par le biais de traités préexistants ou du principe de responsabilité commune fixé dans ce pacte.
         Il nous apparait que la seule souveraineté qui restera à la France consistera à fixer librement la façon dont les objectifs du pacte devront être mis en œuvre. Vous ne pouvez pas céder ce nouveau pan de la souveraineté nationale sans un débat public alors que 80% de la population française considère qu'il faut stopper ou réguler drastiquement l'immigration. En décidant seul de signer ce pacte, vous ajouteriez un motif de révolte supplémentaire à la colère d'un peuple déjà malmené. Vous vous rendriez coupable d'un déni de démocratie, voire de trahison à l'égard de la nation.

         Par ailleurs, les finances de notre pays sont exsangues et notre endettement progresse. Vous ne pouvez donc pas prendre le risque d'un appel d'air migratoire couteux sans avoir démontré préalablement que vous ne serez pas obligé de recourir à plus d'impôts pour répondre aux objectifs du pacte. D'autre part, vous devez être capable, en terme sécuritaire, de juguler les conséquences liées à l'arrivée de populations extra-européennes. Enfin, vous ne pouvez pas ignorer que l'essence même du politique c'est d'assurer la sécurité à l'extérieur et la concorde à l'intérieur. Or, cette concorde ne peut être obtenue qu'à la condition de maintenir une certaine cohérence interne de la société seule capable de permettre de vouloir faire ensemble, ce qui devient de plus en plus problématique aujourd'hui.
         En effet, l'Etat français réalise un peu tard l'impossibilité d'intégrer des populations trop nombreuses, de surcroit de culture totalement différente, qui se sont regroupées au cours de ces quarante dernières années dans des zones qui ne se soumettent plus aux lois de la République.
         Vous ne pouvez pas décider seul d'effacer nos repères civilisationnels et nous priver de notre patrie charnelle.
         Nous vous demandons donc de sursoir à la signature de ce pacte et d'appeler par voie de référendum les Français à se prononcer sur ce document. Vous êtes comptable devant les Français de vos actions. Votre élection ne constitue pas un blanc seing.

         Nous soutenons l'initiative du Général MARTINEZ contre la signature de ce pacte qui doit être adopté par les États membres de l'ONU à la Conférence intergouvernementale de Marrakech.
         M. Charles MILLON Ancien Ministre de la Défense
         Général Marc BERTUCCHI
         Général Philippe CHATENOUD
         Général André COUSTOU
         Général Roland DUBOIS
         Général Daniel GROSMAIRE
         Général Christian HOUDET
         Général Michel ISSAVERDENS
         Amiral Patrick MARTIN
         Général Christian PIQUEMAL
         Général Daniel SCHAEFFER
         Général Didier TAUZIN
         Colonel Jean Louis CHANAS

         Général (2s) Antoine MARTINEZ
         Président des Volontaires Pour la France

Observatoire du MENSONGE        
https://observatoiredumensonge.com/2018/12/09/monsieur-le-president-2/        


LA FRANCE ET SON ARMÉE
Envoyé par M. Jolivet

           Je ne crois ni aux hasards, ni aux coïncidences. Tout a un sens dès lors que les événements émanent d'une même source.
           C'est, biensûr le cas en stratégie politique.
           Si nous considérons plusieurs faits récents, apparemment indépendants les uns des autres, et si, avec un peu de réflexion et d'attention, nous essayons de leur trouver un ferment commun, NOUS SOMMES IMMÉDIATEMENT AMENÉS À NOUS INTERROGER SUR LES CALCULS QUI SOUS-TENDENT CERTAINES ACTIONS DU GOUVERNEMENT.

            Un phénomène latent depuis quelques années vient de prendre une acuité toute particulière avec les dirigeants actuels : les Français ne se contentent plus des paroles issues du système politique traditionnel, ils analysent et ils jugent de la pertinence des décisions.
            Désormais ils s'informent grâce aux réseaux sociaux, à internet et à une solidarité qui s'est créée en dehors des cheminements habituels et qui porte un nom : ras-le-bol ! Ils en tirent inévitablement des conclusions.

            DANS UN PANORAMA D'INSATISFACTION NATIONALE S'AJOUTANT À L’INSÉCURITÉ, nous pouvons nous interroger, aussi, sur le fond des relations entre le pouvoir et l'armée.

            Les forces armées sont LES GARANTES DE L'INTÉGRITÉ DU TERRITOIRE, DE LA DÉFENSE DE LA POPULATION ET DES INTÉRÊTS NATIONAUX. C'est dire que leur mission est essentielle, régalienne, et doit les rendre intimes avec le peuple.

            Elles sont, d'ailleurs, constituées par des citoyens qui en sont issus. Dans le paysage politique présent il est bon de le rappeler. Bien avant la révolte des gilets jaunes, le président et ses soutiens ont montré à la fois une indifférence hautaine et une crainte inavouée du peuple. Ils persévèrent. Méconnaissant les gens d’en-bas ils prennent des décisions à l’emporte-pièce, en cohérence avec leur idéologie européiste et mercantiliste, sans se soucier des conséquences sociales, parce qu’ils se sentent assurés de leur intelligence et donc de la qualité de leurs choix.

            Ils savent, cependant, probablement de manière encore confuse et en sous-estimant les conséquences possibles, QU’ILS NE SONT PAS À L'ABRI DE SÉVÈRES REMOUS, car leur politique ne sert pas la France indépendante alors que les Français restent toujours attachés à leur pays, à leur mode de vie, à la grandeur de leur histoire et à leur culture. Cette crainte a sans doute été confirmée par les actions des gilets jaunes.

            Cette arrogance va de pair avec une inquiétude. Ils prennent donc quelques précautions pour éviter un mouvement populaire puissant et structuré qui viendrait mettre en péril la permanence de leur démarche politique. Mais nous pouvons douter de leur compréhension de la situation, donc de la justesse de leur réaction…Une de leur appréhension, non dite, SERAIT QUE LES ARMÉES SORTENT DE LEUR NEUTRALITÉ EN CAS DE CRISE MAJEURE, contestant la globalité de la politique conduite.
           Cette méfiance est en soi une preuve supplémentaire d'une politique très sensiblement en contradiction avec un destin national indépendant. ILS ONT À L'ÉGARD DES MILITAIRES CE MÊME REGARD QU'ILS PORTENT AU PEUPLE.

            Ils additionnent, donc, des gestes et des décisions vers les armées qui visent à les affaiblir et à les décérébrer mais à les conserver aux ordres. Cette action de défiance complète le désir de ne pas développer un instrument de défense nationale, qui serait en contradiction avec leur idéologie. Dans cette ligne, le président émet l'idée d'une armée européenne, rejetant celle de patrie et montrant, à l'évidence, qu'il ignore pourquoi un soldat accepte de mourir.

            LA DÉFENSE EST UN MONDE QUI LUI ÉCHAPPE. Il constitue, par essence, un obstacle au supra nationalisme financier. Aucun président, avant lui, n'a trouvé nécessaire de rappeler qu'il était chef des armées. Les militaires savent parfaitement que celui qui, seul, peut engager le feu nucléaire et décider d'une opération militaire est bien le responsable suprême. Nul n'est besoin de le clamer et de défier et humilier un chef d’état-major pour asseoir une autorité constitutionnelle.
           Pourtant il est surprenant que le président actuel réponde aux questions d’un journaliste, à bord du porte-avions Charles de Gaulle, tout juste sorti de sa grande visite, avec en fond de tableau un Rafale Marine,
           COMME S'IL VOULAIT SE METTRE SOUS LA PROTECTION DE CES ARMÉES QU'IL MALTRAITE PAR AILLEURS.
           De même en imaginant d'accorder aux grands responsables militaires parisiens une prime conséquente de très haute responsabilité, sachant pertinemment qu'ils sont les véritables chefs opérationnels des armées, ALORS QUE CADRES ET MILITAIRES DU RANG SUBISSENT TOUTES SORTES DE RÉGRESSIONS SOCIALES ET FINANCIÈRES et se heurtent, au quotidien, à des conditions de vie professionnelles et personnelles difficiles. Les nantis sont censés être du côté du pouvoir ! Diviser pour régner et faire accepter une nouvelle baisse de capacité opérationnelle ?

            L’ATTITUDE DU CHEF DE L'ÉTAT N'EST PARADOXALE QU'EN APPARENCE. Simultanément le président, par l’intermédiaire de son ministre des comptes publics, rabote le budget de la défense de 400 millions d’euros, malgré la LPM, ALORS QUE LA MENACE ISLAMISTE INTÉRIEURE ET EXTÉRIEURE EST BIEN PRÉSENTE et que l'immigration musulmane ne cesse pas.
           Il essaie de dissocier la Nation et son armée, notamment, lors de la commémoration du centenaire de l’armistice de 1918, refusant, en outre, d’honorer les maréchaux qui ont conduit à la victoire l’armée de la nation et non pas « des civils que l’on avait armés ».

            Et, tout récemment, en humiliant les SaintCyriens et, en fait, tous les militaires, EN FAISANT DÉBAPTISER LA DERNIÈRE PROMOTION DE L’ECOLE SPÉCIALE MILITAIRE au prétexte que le parrain choisi, LE GÉNÉRAL LOUSTAUNAU-LACAU pourtant héros des deux guerres et de la Résistance, déporté par les nazis ne répondrait pas aux critères de la bien-pensance, à laquelle il voudrait se référer, et aux critères de ceux qui ont fait son élection. Il bafoue le contexte historique et la tradition d'une grande école qui a fourni à la France ses sauveurs, des présidents et un saint.
           En agissant ainsi C'EST BIEN L'INTIMITÉ DU PEUPLE ET DE SON ARMÉE QU'IL VOUDRAIT FRACTURER.

            Il affiche le même mépris des militaires que du peuple. Nous pouvons dès lors nous interroger sur la finalité d'une politique générale qui vise à appliquer contre vents et marées les obligations supranationales du traité de Maastricht en s'opposant, notamment, aux revendications populaires, pour s'inclure dans des règles budgétaires inappropriées et à continuer, par petites touches, à résorber l'héritage gaullien d'une politique militaire indépendante.

            La réponse va de soi : IL FAUT TOUT FAIRE POUR RÉDUIRE ENCORE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE pour mieux paraître, individuellement, dans la coterie mondialiste. D'ailleurs certaines idées sont étonnantes, sortes de ballons sondes ; mais qu'elles aient pu être émises don la direction souhaitée par le pouvoir actuel : Partage de la direction de la dissuasion nucléaire avec un autre État, s'ajoutant à la proposition d'armée européenne, partage du siège permanent au conseil de sécurité…

            D'un personnage aussi complexe, élu grâce à une manipulation médiatico-financière, partenaire des plus fervents « mondialistes », il n’y aurait là rien d'étonnant.

GÉNÉRAL (2S) HENRI ROURE ANCIEN OFFICIER DES TROUPES DE MARINE
27 novembre 2018


Algérie : La succession du président Bouteflika
Par M. Bernard Lugan - 16/12/2018

         L’Algérie est face à deux crises gravissimes. L’une politique, l’autre économique :
         - Politiquement, la question de la succession du président Bouteflika pourrait être réglée prochainement car les partisans du clan Bouteflika et ceux du général Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’armée, ont le poignard à la main. Qui frappera le premier ? Nous devrions le savoir bientôt à moins que les deux camps décident d’une trêve en reportant les élections présidentielles prévues au mois d’avril 2019.

         - Economiquement, en raison de l’épuisement des nappes, la production algérienne de pétrole est en baisse constante. Quant à celle du gaz, elle ne pourra bientôt plus permettre d’assurer les exportations. Comme, les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires, l’avenir de l’Algérie est donc plus que sombre…

         L’addition de ces deux crises pourrait donc provoquer un tsunami dont les conséquence seraient dévastatrices pour la sous-région. Sans parler de la vague migratoire qui toucherait alors la France, une partie des Algériens ayant des parents résidents qui pourraient juridiquement être fondés à les accueillir.

         Révélations et explications :

         Le sérail algérien n’en finit plus de s’entredéchirer entre partisans de Saïd Bouteflika, frère du président moribond, et ceux du général Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major, né en 1940. La situation peut être résumée en deux points :

         1) « Monsieur frère » qui semble avoir enfin compris que l’idée d’un 5ème mandat de son ainé est proprement suicidaire, vient de porter le premier coup en tentant, mais en vain, d’éliminer le général Gaïd Salah, lequel a, méthodiquement durant les derniersmois, épuré l’armée de tous ceux qui ne lui avaient pas fait allégeance.

         2) Le clan Bouteflika aux abois sait que s’il n’impose pas l’un des siens à la tête de l’Etat, il sera la victime expiatoire du nouveau pouvoir qui lui fera porter la faillite du pays. Acculé, Saïd Bouteflika tente actuellement d’abattre sa dernière carte qui est de tenter de rassembler autour de sa personne ou de l’un de ses affidés, les nombreux ennemis du général Gaïd Salah. Au premier rang de ces derniers figure l’ancien chef du DRS, le général Toufik, qui dispose encore de solides réseaux dans tous les milieux politiques et militaires algériens. Quelles promesses et quelles assurances lui sont-elles actuellement faites ? Seront-elles suffisantes pour lui voir rallier le camp Bouteflika ? Nous le saurons dans un avenir probablement proche, la seule inconnue demeurant de savoir qui portera le premier coup de poignard.

         Une solution permettrait aux deux camps de gagner du temps afin de se renforcer, dans l’attente de l’explication finale, et ce serait celle d’une tacite acceptation d’un report des élections présidentielles prévues au mois d’avril 2019.
         Pendant que le sérail s’autodétruit dans des intrigues dignes d’une cour orientale, nous avons la confirmation de ce que n’a cessé d’annoncer l’Afrique Réelle depuis plusieurs années : la production algérienne de pétrole baisse et que celle de gaz ne pourra bientôt plus permettre de fournir les exportations. Or, comme les hydrocarbures fournissent bon an mal an entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires du pays, le cataclysme est donc en vue…

         En 2012, Abdelmajid Attar, ancien ministre et ancien PDG de la Sonatrach, la société nationale des hydrocarbures, avait provoqué un séisme en Algérie quand il avait déclaré que « le degré d’épuisement avancé de nos réserves nous impose de constituer une réserve stratégique pour les générations futures, à défaut de leur léguer une économie diversifiée capable de progresser par elle-même ». Deux ans plus tard, au mois de juin 2014, M. Abdelmalek Sellal, le Premier ministre algérien de l’époque avait à son tour sonné le tocsin en déclarant devant l'APN (Assemblée populaire nationale) que « d'ici 2030, l'Algérie ne sera plus en mesure d'exporter les hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement (...) D'ici 2030, nos réserves couvriront seulement nos besoins internes. »

         De telles déclarations iconoclastes intervenaient dans un contexte d’euphorie dû à l’envolée des prix du baril de pétrole qui masquait la baisse de production. Troisième producteur africain, l'Algérie avait en effet connu son pic pétrolier entre 2005 et 2007, avec 2 millions de barils/jour, avant l’inexorable courbe décroissante depuis 2008.
         Un temps, les dirigeants algériens nourrirent l’espoir que le gaz viendrait combler opportunément l’effondrement de la production pétrolière. Cette illusion fut dissipée le 13 décembre 2018 par M. Mustapha Guitouni, ministre algérien de l’Energie quand il déclara devant les députés de l’APN : « Si nous ne trouvons pas rapidement d’autres solutions pour couvrir la demande nationale en gaz, en hausse constante, nous ne serons plus en mesure, dans deux ou trois ans, d’exporter ».

         La situation est donc dramatique à court terme. Laissons en effet parler les chiffres : la production gazière algérienne est de 130 milliards de m3 par an. Sur ce volume, 50 milliards de m3 sont actuellement consacrés à la consommation locale en hausse de 7% par an et qui va encore augmenter proportionnellement avec une population de 50 millions d’habitants en 2030. Restent donc, dans l’état actuel de la production, 80 milliards de m3 sur lesquels 30 milliards de m3 sont réinjectées dans les puits de pétrole pour simplement maintenir leur activité. L’exportation ne peut donc à ce jour compter que sur 50 milliards de m3 or, et je viens de le dire, ce volume va diminuer automatiquement d’année en année en raison de l’augmentation de la demande intérieure liée à l’essor démographique....
         Coïncidence, la plupart des contrats gaziers avec l’Europe se terminent en 2018 et en 2019, les acheteurs européens ayant probablement anticipé une situation dans laquelle l’Algérie qui sera condamnée à satisfaire prioritairement ses propres besoins, ne pourra plus exporter les volumes espérés. Le cataclysme économique algérien est donc programmé car, troisième fournisseur de gaz à l’Europe dont elle couvre 25 à 30% des besoins, l’Algérie va donc devoir céder la place à la Russie, à la Norvège, au Qatar et aux Etats-Unis. Et comme elle devra réduire ses exportations, tant de pétrole que de gaz, elle va donc voir ses recettes baisser en proportion.

         Une situation intenable compte tenu de sa démographie suicidaire.

         Au mois de janvier 2017, l’Algérie comptait 41,2 millions d’habitants avec un taux d’accroissement annuel de 2,15% et un excédent de 858 000 habitants chaque année. Le pays ne produisant pas de quoi les habiller, les soigner et les équiper, il doit donc tout acheter à l’étranger. Encore plus grave, comme il ne peut nourrir sa population, il consacre le quart de ses recettes tirées des hydrocarbures - ses seules recettes -, à l’importation de produits alimentaires de base dont il était pourtant exportateur avant 1962… du temps de l’Algérie française... L’agriculture et ses dérivés ne permettant de satisfaire qu’entre 40 et 50% des besoins alimentaires du pays, l'importation des biens alimentaires et des biens de consommation représente actuellement environ 40% de la facture de tous les achats faits à l'étranger. Depuis 2014, l’Algérie est ainsi devenue le premier importateur-acheteur africain de biens alimentaires pour un total annuel moyen de 12 milliards de dollars (Centre national de l'informatique et des statistiques-douanes-CNIS). Or, comme tous les achats à l’étranger ainsi que toutes les subventions destinées à garantir la paix sociale reposent sur une rente des hydrocarbures qui est condamnée à diminuer, l’Algérie est donc dans une impasse.

         La cleptocratie d’Etat qui, depuis 1962 a fait main-basse sur le pays, aura donc dilapidé ou détourné des dizaines de milliards de dollars de recettes gazières et pétrolières sans songer à préparer l’avenir. Ne lui restera bientôt plus que son habituelle recette qui est d’accuser la « France coloniale ». A Paris, les héritiers des « porteurs de valises » boiront naturellement avec volupté le calice de la repentance, mais cela ne remplira pas les assiettes des Algériens qui finiront peut-être par sortir de leur insolite résilience.

Bernard Lugan - 16/12/2018



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Annaba

Envoyé par René
https://www.liberte-algerie.com/est/rehabilitation-de-9-stations-de-pompage-deau-305091

Par APS ,publié le 06/12/2018

Réhabilitation de 9 stations de pompage d’eau

             Le projet de réhabilitation de neuf stations de pompage d'eau, destinées à l'approvisionnement en eau potable (AEP) des habitants de la wilaya de Annaba, sera livré “à la fin du mois de février prochain”, a-t-on appris de la direction des ressources en eau.
             Inscrite dans le cadre de l'exécution du plan d'urgence consistant à parer au problème de pénurie d'eau, la réhabilitation de ces stations permettra de renforcer le réseau d'AEP de la wilaya de Annaba, dont le nombre de stations de pompage est estimé à 64 infrastructures, ont expliqué les responsables de cette direction.
             En plus d'assurer le contrôle du système d'approvisionnement quotidien en eau potable, la réhabilitation et la maintenance de ces stations de pompage, notamment celles de Maksa et Chaiba de la commune de Sidi Amar et Zaafrania de la ville de Annaba, permettront d'améliorer le service public d'approvisionnement en eau et mettre fin aux perturbations signalées dans l'AEP dans cette région, a-t-on souligné de même source.
             Plusieurs projets ont été réceptionnés dans la wilaya de Annaba, dans le cadre du plan d'urgence d'approvisionnement en eau potable, notamment le doublement des canalisations Meksa et Henichat (El-Tarf), la réalisation de puits, la réhabilitation et l'exploitation de puits à l'arrêt faute de pompage, ainsi qu'un projet de réalisation de canalisations d'adduction d'eau Annaba et Seraïdi.
             Les opérations de ce programme d'urgence ont permis d'éliminer plus de 2000 points de fuite d'eau à travers le réseau d'AEP de la wilaya, assurant 80 000 m3 d'eau par jour au profit de la population de cette région à raison de 200 l/jour/habitant.
APS           


L’Algérie est un pays des vieux et pour les vieux !

Envoyé par Paul
https://www.liberte-algerie.com/chronique/lalgerie-est-un-pays-des-vieux-et-pour-les-vieux-435


Liberté-Algérie   l Par M. Amin Zaoui 08/12/ 2018

Arrêtez, SVP, cette messe des morts : “L’Algérie est pays de la jeunesse” ! Depuis cinquante ans, soixante ans presque, ils n’arrêtent pas de nous matraquer les oreilles par cette expression : “L’Algérie est le pays des jeunes” !!

         Arrêtez, SVP, cette messe des morts : “L’Algérie est pays de la jeunesse” !
         L’Algérie était un pays de jeunesse. Elle ne l’est plus. “L’Algérie est le pays des jeunes” est une expression vieille comme les vieux qui la portent, qui la chantent ! Ceux qui jadis étaient jeunes !
         “L’Algérie est le pays des jeunes”, cette prière politico-religieuse mensongère a trouvé son éternel nid dans les prêches des mosquées, dans le socialisme spécifique, dans la sociologie tiers-mondiste, dans les mauvais romans, dans la poésie en bois froid, dans la chanson sans âme, dans les statistiques fallacieuses…
         “L’Algérie est un pays des jeunes” est un mensonge avec mille âmes et mille têtes!

         Arrêtez, SVP, cette messe des morts !
         Ceux qui depuis l’âge de leur jeunesse explosive n’ont pas cessé d’écouter ce disque rayé écumant cette messe funèbre, sont devenus des grands-pères. Et leurs enfants et leurs petits-enfants, à leur tour, eux aussi, sont en train d’écouter la même messe mortuaire !
         Et les belles jeunes femmes, celles qui dans leur jeunesse pleine de rêve ont pour longtemps écouté la prière funèbre “le pays de la jeunesse”, sont toutes, aujourd’hui, devenues grands-mères, et leur vieilles filles sont ménopausées !
         Même les écrivains qualifiés par la presse de “pays de la jeunesse” comme “jeunes écrivains” sont devenus des retraités sans dents et sans denrées !!

         Ils nous ont piégés avec cette prière des morts : “l’Algérie est le pays de la jeunesse” !
         Et les mamans, qui étaient, il y a quelques décennies de cela, belles et charmantes, ont enfantés des enfants qui à leur tour sont devenus des pères ! Ces mamans n’attendent “dans le pays de la jeunesse” qu’une seule et dernière chance, z’har, qui peut survenir du tirage au sort annuel d’el hadj. Aller se laver les os à La Mecque !
         Dans “le pays de la jeunesse”, tout le monde veut partir à La Mecque. Et La Mecque, pour l’Algérien, est le chemin vers le monde de l’au-delà ! Ceci dit : tout le monde veut mourir. Ou en train de mourir ! À l’heure de mourir !
         Et la messe des morts continue tantôt dans les prêches religieux politisés tantôt dans les discours politiques religiosés ! Au “pays de la jeunesse”, il n’y a pas de séparation entre la religion et la politique ! Même marmite !
         Ceux qui sont nés avant la révolution sont jeunes !
         Ceux qui ont fait avec brio la révolution algérienne, au milieu du siècle dernier, sont jeunes !

         Dans un pays où il n’y a pas de rêve, où l’espoir est un cauchemar, ceux qui sont nés les premières années de l’indépendance ne sont plus jeunes !
         Ceux qui sont nés le jour du coup d’État de Boumediene ne sont plus jeunes !
         Ceux qui sont sortis au Printemps berbère en avril 82 ne sont plus jeunes, même leurs slogans ont vieilli.
         Les jeunes qui ont participé aux événements du 5 octobre 88 sont vieux comme des chaussettes trouées !
         Mais, où est-il ce pays de la jeunesse ? Personnellement, je ne le vois pas ! SVP, ne me dites pas que la jeunesse est un état d’esprit, dans la tête !
         Ce qui éternise cette messe des morts “l’Algérie est un pays de la jeunesse” est l’existence en force du “ministère des Moudjahidine”.
         Tant que les moudjahidine sont là, les autres, tous les autres qui sont venus au monde après eux, sont des jeunes ! Tant que le budget du ministère des Moudjahidine, de 2019, est plus important que celui de la culture, la messe “l’Algérie est un pays des jeunes” continue d’exister. Arrêtez, SVP, cette messe des morts : “L’Algérie est un pays des jeunes” !

         Nous sommes un pays des vieux. Ce qui reste des jeunes de l’ex-pays des jeunes quittent le pays vers les autres pays pour vivre leur jeunesse perdue.
         Nos jeunes meurent par la vieillesse de nos vieux, les vieux “du pays de la jeunesse” ou dans la mer.
         Oui, dans “le pays de la jeunesse” le flambeau s’est éteint dans les mains des vieux sans qu’il passe à d’autres mains !
A. Z.            aminzaoui@yahoo.fr           

Pour une béatification de l’Algérie plurielle !

Envoyé par Georges
https://www.liberte-algerie.com/chronique/pour-une-beatification-de-lalgerie-plurielle-436

Liberté-Algérie  Par - Amin Zaoui 13/12/ 2018

Ce pays appelé, avec fierté, l’Algérie, anciennement la Numidie ou Tamazgha, est la patrie pour toutes, de tous.

           Ce drapeau ébranlé sur les terrasses des immeubles, dans les cœurs, est le symbolique partagé de toutes, de tous. Ces langues parlées sont les siennes. Cette dernière guerre de libération, exemplaire, juste et courageuse, que les enfants de Jugurtha ont menée, a été le labeur de toutes et de tous, l’édification humaniste collective et historique.
           Les martyrs pour la liberté et pour l’indépendance de l’Algérie étaient des musulmans, des chrétiens, des juifs, des communistes et d’autres... Les traîtres de l’Algérie étaient aussi des musulmans (les harkis), des juifs et des chrétiens… La liberté est la religion commune, avant toute autre religion, de toutes et de tous. L’honneur et la dignité sont des valeurs chères pour toutes, pour tous.
           Cette grande terre, bénie soit-elle, est la terre de toutes les religions : nos premiers aïeuls étaient totémistes, étaient des juifs, étaient des chrétiens, étaient des musulmans, étaient… Et sur cette terre jadis, les voix des fidèles récitaient les paroles d’Allah, de Yahvé, de Dieu… Et cette terre pour qu’elle demeure grande dans sa noblesse par tous ses enfants, il faut qu’elle recouvre sa mémoire plurielle. Son clair miroir pluriel.
           Nous sommes fiers, nobélisés grâce à toutes ces traces ineffaçables laissées par nos ancêtres sur les rochers durs, sur les sables chauds, dans les langues énigmatiques, dans les contes fabuleux…

           Ce pays longtemps fatigué par “l’adoration du UN” a vécu, la semaine dernière, un événement exceptionnel. En fait, à Oran, la béatification des religieux chrétiens nous a réconciliés avec une partie de notre mémoire. La béatification de ces moines martyrs de Tibhirine est une immense leçon destinée à une génération qui a été, malheureusement élevée dans la haine de l’autre, la haine des autres religions. Cet acte est un message profond aux imams, qui à chaque prêche du vendredi, lancent des pierres-insultes et des injures diaboliques à l’encontre des chrétiens et des juifs. Un début d’une prise de conscience, peut-être ?
           Le jour où les imams, et derrières eux les fidèles musulmans, n’insulterons pas les juifs et n’injurierons pas les chrétiens, ne condamneront pas les laïcs, ne rejetterons pas les communistes et ne repousseront pas les athées, ce jour-là ce pays sortira sa tête de la haine et entrera dans le paradis des valeurs humaines de la citoyenneté.
           Et pour la première fois, après le colloque international consacré à saint Augustin, c’était en 2001, du 1er au 7 avril, organisé par le Haut Conseil islamique et sous le haut patronage du président Abdelaziz Bouteflika, le pays est enfin en connexion avec le monde qui ne lui ressemble pas.

           Nous avons besoin de ceux qui ne nous ressemblent pas, ils sont notre force, ils forment avec nous, nous formons avec eux, ensemble, le rêve pour un monde juste, propre, libre, pluriel et différent.
           Le jour où l’Algérie accueille tous ses enfants sans distinction religieuse aucune, elle se transformera en une grande patrie : la grande Numidie. Oui, l’Algérie de demain, de la génération future, a besoin de ses chrétiens, a besoin de ses juifs, a besoin de ses laïcs… pour faire face à la haine, une maladie moderne et ravageuse.
           Le jour où nous avons renié, oublié, falsifié notre histoire nous sommes tombés dans l’obscurantisme religieux et nationaliste.
           Notre fertile mémoire, celle faite, entre autres, par le roi savant Juba II, par Apulée de Madaure (M’daourouch) le prince des romanciers, par saint Augustin le philosophe des religieux et le religieux des philosophes, par le Rabin Ephraïm Al-Naqawa médecin et figure emblématique pour juifs et musulmans, par Ibn Khaldoun précurseur de la sociologie et démographie …. Le jour où nous nous sommes séparés de cette mémoire nous sommes tombés dans l’obscurantisme et la maladie de l’autosatisfaction.

           La béatification des moines à Oran est le deuxième pas sûr sur un long chemin pour une Algérie plurielle tant rêvée par tous les martyrs : Zabana le musulman, Yveton le juif, Audin le chrétien…
          
A. Z.           
aminzaoui@yahoo.fr           


Annaba pleure ses enfants disparus

Envoyé par Pierre
https://www.elwatan.com/edition/actualite/annaba-pleure-ses-enfants-disparus-05-12-2018


El Watan   Par Mohamed Fawzi Gaidi - 05 décembre 2018

Ne pleure pas maman, notre jeunesse se perd»,

           «Annaba pleure ses jeunes disparus», «Annaba est en deuil», «Nous demandons aux autorités locales de se pencher sur le sort des disparus», tels sont les tristes slogans affichés sur des banderoles noires que les jeunes de la ville de Annaba brandissent, depuis avant-hier, sur les boulevards principaux de la cité populaire Plaine Ouest.

           Des proches d’au moins cinq candidats à l’émigration clandestine, dont une fille, portés disparus depuis le 8 novembre dernier, pleurent leurs enfants.
           Ils ont largué les amarres à partir d’une plage déserte de la commune d’El Kala (El Tarf). «Il s’agit de Mohamed Sami Kébaili, Bouacha Sofiane, Djouamaâ Ahlem, Djamel dit l’Algérois et Zerrouri Yacine», a énuméré en sanglots le frère de Mohamed Sami.
           Ces cinq harraga sont tous originaires de la wilaya de Annaba, dont la disparation a mené leurs familles jusqu’en Tunisie à la recherche de leur progéniture auprès des autorités civiles et militaires.
           En vain. Le cas de ces disparus fait la une des discussions sur la place publique annabie, notamment après le repêchage de deux cadavres, la semaine dernière, au large des plages de l’Edough de Séraïdi.

           En effet, vendredi dernier, un cadavre en état de décomposition avancé et un squelette de harrag ont été repêchés au large de la plage déserte Oued El Agueb (Séraïdi) par les unités du commandement de la façade maritime est relevant de la 5e Région militaire, en collaboration avec la Protection civile de Annaba, avons-nous appris de sources hospitalières.
           La confirmation de l’identification officielle de leur ADN a conclu que le premier est L. Slimane 27 ans, habitant la cité Oued Edheb de Annaba. Quant au squelette, repêché le lendemain, il s’agit d’un jeune harrag de la wilaya de Tiaret, porté disparu depuis deux mois, selon sa famille, lors d’une expédition vers la rive nord de la Méditerranée.
           Contactées par les services de sécurité, les familles des deux malheureuses victimes ont fait le déplacement à la morgue de l’hôpital Ibn Rochd de Annaba pour récupérer les restes de leur progéniture qu’elles ont inhumées quelques heures plus tard.
           Ayant eu vent de cette information, plusieurs autres familles de harraga disparus d’Alger ont également approché les gardes-côtes de Annaba dans l’espoir de retrouver leurs malheureux enfants. Parallèlement, l’opération de recherche et de sauvetage «SAR» au large des côtes de Annaba se poursuit, répondant à l’appel de détresse de plusieurs familles de harraga partis à partir des plages de Annaba.

           Selon des informations persistantes, le défunt Slimane était parmi 18 candidats à l’émigration clandestine, dont l’âge varie entre 18 et 34 ans, à avoir pris la mer le 22 novembre dernier à bord d’une embarcation artisanale.
           Ils ont appareillé à partir de la plage déserte Oued El Agueb, relevant de la commune de Séraïdi (Annaba). Sur les 18 harraga, dont 9 sont originaires d’Alger, 11 seulement auraient pu rejoindre la rive de Aïn Barbar (Séraïdi) alors que les autres auraient été portés disparus suite au naufrage de leur embarcation de fortune à quelques milles nautiques de cette côte.
           Les recherches des forces navales et de la Protection civile sont actuellement concentrées au large de Oued El Agueb, où les deux cadavres ont été trouvés et repêchés.
           D’importants moyens humains et matériels ont été exploités dans l’espoir de repêcher d’autres cadavres de malheureux jeunes harraga. En effet, outre des frégates semi-rigides, un hélicoptère Merlin EH 101 a été mobilisé pour la circonstance.
           Ainsi, ces derniers jours, l’ambiance est funèbre dans la ville de Annaba et cette situation a chagriné tous les habitants, notamment les parents qui demeurent impuissants devant cette saignée de jeunes, tous profils confondus. Loin s’en faut, les candidats à la harga ne cessent d’augmenter paradoxalement.
           Pessimisme, sentiment de non-appartenance et tentative de chercher ailleurs un avenir vraisemblable sont, entre autres, les convictions qui animent l’esprit de cette catégorie de jeunes qui croient dur comme fer que leur pays et trop exigu pour contenir leurs rêves.

           Cette volonté de quitter l’Algérie par n’importe quel moyen est expliquée par Saâdi Kamel, un jeune harrag de la cité populaire Didouche Mourad (ex-Laurier rose) de Annaba, qui a tenté à deux reprises de quitter le pays, sans succès, cependant. «Le bilan de ma vie est plus que négatif, comme des milliers de mes pairs.
           Je suis un célibataire endurci de 40 ans, sans emploi et sans logement. Je ne regrette pas d’avoir quitté tôt l’école, puisqu’en Algérie, les médecins et les ingénieurs sont au chômage et se comptent souvent parmi les harraga.
           Après avoir consacré leur jeunesse dans les études, ils accourent actuellement derrière un hypothétique contrat DAIP que l’Etat accorde au compte-gouttes par mesure d’austérité.
           Avec la crise du pétrole dont les conséquences ont impacté sévèrement l’économie nationale, la seule alternative est de tenter ma chance sous d’autres cieux, plus cléments certainement. J’ai tenté à deux reprises la harga, mais à chaque fois je me suis fait arrêter par les gardes-côtes et condamné par la justice.

           Franchement, je ne suis pas prêt à baisser les bras et je retenterai ma chance quitte à rejoindre les défunts harraga, portés disparus», résume ainsi ce jeune homme son projet de vie.
           Tel un cauchemar qui revient sans cesse, il ne se passe pas un jour sans que l’on assiste à des départs à travers les différentes plages du pays, notamment dans les wilayas côtières de l’Est et de l’Ouest dont la majorité confirme à ses proches, le lendemain, son arrivée à travers des appels téléphoniques.
           Et si les jeunes de l’Est visent les côtes italiennes, ceux de l’Ouest, proximité oblige, s’ébranlent souvent vers l’Espagne.
           En dépit de l’entrée en vigueur, depuis le 8 mars 2009, de la criminalisation de l’acte de l’émigration clandestine, des jeunes Algériens continuent toujours à braver les dangers de la mer pour fuir leur pays. Parfois, ils y arrivent. Et d’autres le payent de leur vie.
Mohamed Fawzi Gaidi                      


Centre anti-cancer (CAC) d’Annaba

Envoyé par Martin
https://www.elwatan.com/regions/est/annaba/centre-anti-cancer-cac-dannaba-lancement-des-hospitalisations-a-partir-daujourdhui-10-12-2018


El Watan   Par Leila Azzouz - 10 décembre 2018

Lancement des hospitalisations à partir d’aujourd’hui

           Si le problème de l’hospitalisation est réglé, on déplore cependant le retard dans l’achèvement d’une maison pour les cancéreux.

           Bonne nouvelle pour les cancéreux de la région d’Annaba. À partir d’aujourd’hui (lundi), le Service d’oncologie médicale assurera des gardes de nuit par les médecins résidents. Au démarrage, dix lits seront dédiés à cette activité avec possibilité d’augmenter le nombre progressivement.
           Cependant, précise la direction générale du CHU Annaba, «il est préférable aux malades de se présenter au service d’oncologie avant 16 h pour bénéficier de l’hospitalisation si besoin est. Au-delà de cette heure et les weekends, ils seront amenés à se présenter aux urgences médicales».

           Autre précision, ajoute la même source : «Il n’y aura pas de point d’urgence au-delà des heures de travail, soit 16 h 30 maximum les jours ouvrables, heure de fermeture du bureau d’entrée au CAC». Un travail de coordination avec le chef de service des urgences sera fait pour discuter la possibilité d’évacuation des patients cancéreux du point d’urgence au service, après accord. Les patients concernés par ce nouveau service (hospitalisation) sont ceux ayant un dossier médical au niveau du CAC Annaba.
           Cette extension d’activité est à mettre à l’actif du Pr Djedi Hanène, la cheffe de ce service, avec l’assistance du directeur général du CHU Annaba, Dr Bensaid Nabil, qui ont milité durant plusieurs années pour imposer l’hospitalisation des cancéreux.

           D’une capacité d’accueil de 150 lits, le CAC comporte quatre unités. Deux d’entre elles sont spécialisées en radiothérapie, l’une métabolique (médecine nucléaire) et l’autre avec trois accélérateurs linéaires. Si la 3ème unité doit assurer la Curiethérapie, la 4ème, quant à elle, est actuellement en activité et prend en charge tout ce qui a trait à l’oncologie médicale.
           Le rayonnement de ce CAC sur les wilayas de Guelma, Souk Ahras, Tébessa, Tarf et Skikda lui confère un statut régional. Et si le problème de l’hospitalisation est réglé, il n’en demeure pas moins que le retard dans l’achèvement d’une maison pour les cancéreux, dont l’opération est chapeautée par une association active est déplorable.
Leila Azzouz                      


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Transition Ecologique !!!  
Envoyé par Fabien

       Petite histoire à destination de "l'écologisme"

       Seuls les + de 50 ans peuvent comprendre....

       A la caisse d'un supermarché, une vieille dame choisit un sac en plastique pour ranger ses achats.

       La caissière lui reproche de ne pas se mettre à l'écologie et lui dit :
       " Votre génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique. Seuls les jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources ! "

       La vieille femme s'excuse auprès de la caissière et explique :
       - Je suis désolée, il n'y avait pas de mouvement écologiste de mon temps."

       Alors qu'elle quitte la caisse, la mine déconfite, la caissière ajoute :
       - "Ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à nos dépens. C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement dans votre temps.

       Alors, un peu énervée, la vieille dame fait observer :
       - A cette époque on retournait les bouteilles de verre consignées. Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau. Les bouteilles étaient recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.
       elle ajoute :
       - De mon temps, on montait l'escalier à pied : on n'avait pas d'escaliers roulants et peu d'ascenseurs. On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer de deux rues : on marchait jusqu'à l'épicerie du coin. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.
       On ne connaissait pas les couches jetables : on lavait les couches des bébés.
       On faisait sécher les vêtements dehors sur une corde
       On avait un réveil qu'on remontait le soir.
       Dans la cuisine, on s'activait pour préparer les repas ; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit.
       Quand on emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait comme rembourrage du papier journal, dans des boîtes ayant déjà servi, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en plastique.
       On n'avait pas de tondeuses à essence autopropulsées ou autoportées : On utilisait l'huile de coude pour tondre le gazon.
       On travaillait physiquement; on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants qui fonctionnent à l'électricité.
       Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.
       On buvait de l'eau à la fontaine quand on avait soif.
       On n'utilisait pas de tasses ou de bouteilles en plastique à jeter.
       On remplissait les stylos dans une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo.
       On remplaçait les lames de rasoir au lieu de jeter le rasoir entier après quelques utilisations.
       Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.
       Les gens prenaient le bus, le métro, le train et les enfants se rendaient à l'école à vélo ou à pied au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi 24 H sur 24.
       Les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs, gommes, taille-crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient, pas un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rue. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique !
       On n'avait qu'une prise de courant par pièce, et pas de bande multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques devenus indispensables d'aujourd'hui.

       ALORS VIENS PAS ME FAIRE CH... AVEC TON MOUVEMENT ECOLOGISTE !

       "Tout ce qu'on regrette, c'est de ne pas avoir eu assez tôt la pilule, pour éviter d'engendrer la génération des jeunes cons comme vous, qui s'imagine avoir tout inventé, à commencer par le travail, qui ne savent pas écrire 10 lignes sans faire 20 fautes d'orthographe, qui n'ont jamais ouvert un bouquin autre que des bandes dessinées, qui ne savent pas qui a écrit le Boléro de Ravel… (pensent même que c'est un grand couturier), qui ne savent pas mieux où passe le Danube quand on leur propose Vienne ou Athènes, etc. mais qui croient tout de même pouvoir donner des leçons aux autres, du haut de leur ignorance crasse !"



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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».


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