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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
LA COMMEMORATION DE NOS MORTS
Pourquoi notre commémoration à l'égard des morts ? Pourquoi notre chant à leur souvenir ? pourquoi cette fête même que nous célébrons le 2 novembre ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors qu'il paraît, d'après les religions, que la haut, ils sont honorés ?
De nos honneurs les morts n'ont pas besoin, par contre nos pensées et l'hommage pour vénérer leur mémoire, peut nous faire du bien afin de ne pas les oublier et perpétuer ce qui est nos racines.
Pour ma part, je l'avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un sentiment de bien-être, de réveil des souvenirs. Une joie d'être en communion avec eux.
Les morts nous attendent et une petite fleur sur leurs tombes ravive des désirs et des vœux de bonheur.
Ce bonheur, il nous faut le vouloir et le souhaiter d'une totale et ferme espérance. Et, pour qu'il nous soit permis de recevoir un tel bonheur, il nous faut entretenir, avec le plus grand soin, le culte de nos disparus et de leurs sépultures, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeurerait hors de nos propres possibilités.
Il en est de même des autres commémorations que l'Etat actuel voudrait faire disparaître, poussé par des lobbies favorables à la transformation de notre histoire et au remplacement de notre civilisation.
Pour le 11 novembre, montrons à ce Pouvoir que nous respectons tous ceux qui se sont battus pour que le pays reste libre, en nous rendant aux monuments aux morts de nos lieux de résidence, même si nous ne sommes pas nés dans ces lieux, mais aussi en pensant aux nôtres restés là-bas.
Amicalement votre.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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Naissance de l'Algérie
Envoyé par M. Jean Louis Ventura
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CENTENAIRE DE L'ARMISTICE
Envoyé par M. Hugues .
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Jour de liesse, jour de deuil que ce onze novembre !
Halte aux tirs des fusils, des obus, des grenades.
Ils sortent des tranchées qu'ils n'ont plus à défendre,
Ces poilus harassés, tous prêts pour la parade !
Ils celèbrent la victoire, rendent hommage aux morts
Tombés en Flandres, Chemin des Dames ou à Verdun,
Ces millions de victimes que la France commémore :
Appelés régionaux et Alliés opportuns.
Un père, un frère, un oncle, tous enfants de Marianne,
Donnent un titre de gloire aux millions de familles
Urbaines, villageoises, fermières des campagnes
Et aux quelques milliers, d'Afrique et des Antilles,
Qui, par le sang versé, nous imposent le devoir
De protéger l'acquis d'une patrie sauvegardée.
Promesse à renouveler, après cent ans d'histoire,
En faveur d'une France aujourd'hui chambardée !
A l'instar de deux oncles, les frères de mon père,
Dont les noms sont inscrits sur une Stèle Normande,
Je renouvelle mon don , le jour du Centenaire,
D'amour de mon pays, de vie s'il la demande !
Hugues JOLIVET
11 Novembre 2018
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2018 : NETTOYAGE DU CIMETIERE DE BÔNE
Par M. Mounir Hanneche - Entrepreneur
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LE MUTILE N° 56 du 7 juillet 1918 (Gallica)
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Une figure chez nos mutilés
SAUTTER
Le nom d'une de nos victimes de la barbarie teutonne. Engagé volontaire le 4 août 1914 : Il quitta son foyer familial (laissant sa mère veuve, son frère et ses sœurs) pour rejoindre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique. Au bout de quelques mois d'instruction il partit pour prendre part au combat si dur, (Arras-Carenzy).
Son Régiment fortement éprouvé il fut affecté au 97ème régiment d'infanterie Alpine où il se distingua très brillamment à la Vaillante défense de la citadelle de Verdun.
Il continua bravement son devoir au Bois le Prête où il fût blessé gravement par une grenade à fusil, qui lui fractura le crâne. Evacué à l'Hôpital de Toul de là à l'Hôpital des quinze-vingt où il fut très bien soigné.
Mais, malheureusement, malgré les soins qui lui étaient prodigués, il devint aveugle et sourd de son oreille droite. Lorsqu'il fût à peu près rétabli, on l'envoya à l'école de rééducation de Reuilly si bien organisée où il apprit la brosserie et après :sa réforme il revint auprès de sa famille, lise mit de suite au travail à Tassis des aveugles dirigée par M. Fillon.
Il travailla pendant quelque temps mais, par suite de circonstances qui nous sont pour l'instant inconnues et que nous ferons connaître une fois notre enquête terminée, il se vit obligé de quitter et lui qui pouvait aider sa famille se trouve actuellement sans travail. Pour l'aider notre directeur va s'occuper de lui, va faire son possible pour lui procurer le nécessaire afin qu'il puisse fabriquer des brosses.
Et nous sommes persuadés que tous ceux qui ont le cœur de l'aider, commanderons leurs brosses à linge, à parquet, etc.. à cette noble victime qui aura son atelier à la coopérative du Mutilé, cela sera une belle action.
R. BELIN
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J'avais 12 ans...
Envoyé par M. plusieurs correspondants
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S'il est vrai que la marque infaillible d'un mauvais règne est l’excès des louanges adressées au monarque, on sait ce qu'on doit penser de notre présent régime.
Jacques Soustelle ( réflexion académie française 10 Décembre 1992)
Sachant qu'une majorité de Français rejette le Président et sa "clique de ministres incompétents", Macron recherche les voix des "français d'importation" (la plupart du temps "binationaux"), qui n'ont aucun amour de la terre qu'ils "ont conquise" et dont ils n'attendent que le meilleur, au titre de leurs droits, sans devoirs en retour !
J’avais 12 ans quand les terroristes du FLN soutenus par Maurice Audin, déposaient leurs bombes dans les bus, les stades, les salles de spectacles et de concerts, et les brasseries d’Alger.
J’avais 12 ans quand j’ai été confronté au corps affreusement mutilé d’une femme, rassemblé à la hâte sous son manteau, victime d’une poseuse de bombe du FLN soutenue activement par Maurice Audin, et retrouvée quelques années plus tard dans un hôpital parisien, soignée vraisemblablement grâce à l'A.M.E. !!!
J’avais 12 ans quand je retrouvais les parents d’un ami scout à l’hôpital Mustapha à Alger, elle amputée au niveau du genou et lui amputé d’un pied, victime d’une bombe placée dans un lampadaire à l’arrêt d’un bus, par un terroriste du FLN soutenu activement par Maurice Audin.
J’avais 12 ans lorsqu’un ami de mon père, Mercier (son prénom m’échappe), syndicaliste CFTC aux Chemins de fer Algériens a été lâchement abattu de trois balles dans la tête par un terroriste du FLN soutenu activement par Maurice Audin, son corps ensanglanté gisant de longues heures sur un trottoir sous son imperméable.
J’avais 12 ans lorsque j’ai moi même échappé aux conséquences d’un attentat perpétré par un terroriste du FLN soutenu par Maurice Audin contre un commerce de vêtement de la rue d’Isly à Alger.
J’avais 16 ans quand mon copain Gérard Briard, élève de 1ère M’ au lycée Bugeaud a été abattu de deux balles dans la tête, à coté de moi, sous les arcades de la rue Bab Azoun à Alger, par un terroriste du FLN que Maurice Audin avait activement soutenu. Le jour de ses obsèques son père m’a dit « Ne pleure pas Didier, un ange de plus au ciel »
J'en connais qui, au même âge roucoulait avec leur prof de français !!
J’écris ces lignes la rage au coeur, l‘émotion à fleur de peau et les larmes aux yeux.
C’est dire quel était mon état d’esprit lorsque Emmanuel Macron a décidé d’honorer la mémoire du collabo Maurice Audin.
On a les héros que l’on peut. Danielle Mitterand allait se prosterner devant Castro à Cuba. Marchais faisait régulièrement le voyage à Moscou. Macron se contente d’un minable déplacement à Bagnolet à la recherche de soutien auprès d’une population déjà fortement haineuse de la France et de ses valeurs.
En guise de héros, je préfère le Capitaine d’Anjou mort à la tête de ses troupes à Camerone; Geneviève de Galard, infirmière dans l’enfer de Dien Bien Phu; le sergent-chef Flament du 1er REP, Français par le sang versé, mort en opération dans le sud algérien; le général Bigeard, officier le plus décoré de l’armée française; le Colonel Arnaud Beltrame et tous les anonymes qui ont fait don de leur vie sous les plis du drapeau tricolore.
Monsieur Macron vous n’êtes pas digne de la fonction que vous exercez.
A Lyon, à Toulouse, à Montauban, au Bataclan, chez Charlie et à l'hyper casher, au métro Saint Michel, à Nice sur la promenade des Anglais ,....., et un peu partout en Europe ce sont les descendants des barbares soutenus activement par Maurice Audin qui sèment leur oeuvre de mort dans des flaques de sang et des membres déchiquetés et il y a encore des Maurice Audin dans la société française prêts à passer à l’action.
Et puis est arrivée à l'Assemblée Nationale Madame Parly. La frange bien coiffée, le tailleur strict, propre sur elle. Elle est venue nous parler des droits de l'homme et de dignité.Evidemment la torture "c'est pas bien" surtout si on aborde le problème de manière hémiplégique.
Le grand Albert Camus avait résolu le problème "entre ma mère et la justice, je choisi ma mère ».
Alors Madame Parly pouvez vous affirmer que semer volontairement des bombes dans des lieux publics fréquentés par des civils c'est respecter les droits de l'homme et en particulier ceux des enfants handicapés à vie à cause des barbares soutenus activement par Maurice Audin.
Alors Madame Parly pouvez vous affirmer qu'à Melouza, massacrer des femmes, musulmanes, à coups de pelle et de gourdin et éventrer celles qui étaient enceintes pour massacrer à coups de pierre les enfants qu'elles portaient, c'est respecter les droits de l'homme. Les victimes étaient supposées soutenir le MNA. Les assassins étaient des membres du FLN et de l'ALN soutenus activement par Maurice Audin.
Alors Madame Parly pouvez vous affirmer que le massacre de 50 000 à 70 000 harkis, abandonnés par la France en Algérie, c'est respecter les droits de l’homme.
Alors Madame Parly pouvez vous affirmer que refuser aux descendants de ces harkis de retourner sur LEUR terre, celle de leurs ancêtres c'est respecter les droits de l’homme.
Ma grand-mère disait qu'il fallait tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de dire une sottise, pour rester poli.
Alors madame, la dignité que vous avez évoquée, vous eussiez dû la faire vôtre ....... et vous taire!
Écrit par Didier Ball
Publication : 21 septembre 2018
"Au train où vont les choses, dans cinquante ans, après que les historiens auront bien relu les faits, au nom de l’antiracisme triomphant et de la charia, le Président d’alors – non binaire, bien sûr – viendra peut-être visiter la veuve de Salah Abdeslam." (Nicolas Lévine BV du 22 09 2018)
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ANNALES ALGERIENNES
Tome 1
2ème partie
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LIVRE V
Sur les Villes et les Outhans de la province d'Alger.
Alger
Alger, capitale des possessions françaises dans le nord de l'Afrique, est située sur une rade très ouverte qui s'étend entre le cap Caxine et le cap Matifou. Le port en est peu vaste et peu sûr. Cependant ce n'est pas une position maritime sans importance, car elle n'offre quelques dangers à la navigation que dans les mois de février et de mars. Il est même certain que dans une guerre maritime elle serait d'une très grande utilité à la France.
Alger est bâti en grande partie sur le penchant d'une colline escarpée. La ville basse, qui est en plaine, est traversée par trois rues principales aboutissant toutes les trois à la place du gouvernement, qui en occupe le centre. Cette place, qui a vue sur la mer, est très vaste et sera fort belle lorsque les édifices qui doivent l'entourer seront construits. La ville haute est un labyrinthe de petites rues étroites et tortueuses. Une seule est longue un peu plus large que les autres. C'est celle qui, du bas de la ville, conduit à la Casbah, d'où elle a pris son nom.
En général l'aspect matériel de la ville est repoussant. Les maisons, qui n'ont presque point d'ouvertures extérieures, sont tellement rapprochées qu'elles se touchent presque par le haut, et que les étroits passages que l'on appelle des rues, ne sont, à vrai dire, que des boyaux sombres que l'on pourrait prendre pour des égouts. Mais au bout de quelques jours les yeux se familiarisent avec cette construction, dont la chaleur du climat démontre du reste bientôt les avantages. On n'est plus alors frappé que du prodigieux mouvement qui règne dans cette ville, dont les rues sont sans cesse encombrées d'une foule bigarrée et hétérogène, qui, par la diversité du costume et des habitudes, présente le spectacle le plus varié et le plus attachant.
Le grand désir que nous avons eu de faire d'Alger une, ville européenne, nous a porté à élargir et redresser les principales rues, très souvent outre mesure, ce qui a nécessité de nombreuses démolitions. L'administration, qui avait mis de côté toutes ses formalités pour détruire, se les est rappelées lorsqu'il s'est agi des reconstructions, et a opposé les lenteurs de ses décisions à l'activité des particuliers qui tendait à remplacer, par des bâtiments à l'européenne, les édifices mauresques que détruisait le marteau administratif ; il en est résulté que pendant quatre ans on a détruit sans reconstruire. Mais enfin, depuis un an, une partie des obstacles ont, été levés, et un Alger nouveau commence à sortir des ruines de l'ancien. Il est seulement à regretter que l'on abandonne totalement l'architecture arabe qui est si gracieuse et si bien appropriée au climat, et qu'il serait si facile, par quelques légères modifications, de plier à nos habitudes.
Nous avons déjà fait connaître Alger sous le point de vue militaire, nous avons parlé de ses remparts et de ses forts, tels qu'ils étaient à l'époque où les Français en firent la conquête; nous ne reviendrons pas sur ce sujet. Cette ville est habitée dans ce moment par. 6,000 Européens, y compris ceux de la banlieue ; 14,000 Musulmans, et 5,000 Juifs.
Nous pourrions grossir cet article d'une foule de détails et de considérations sur Alger, mais ils ont déjà trouvé, ou ils trouveront leur place dans d'autres parties de cet ouvrage.
Le Fhos, ou banlieue d'Alger, est un pays délicieux où la nature s'est plue à déployer ses plus riants caprices : il est déchiré par de larges et profonds ravins, tapissés d'une végétation abondante et vigoureuse; l'œil s'y promène avec ravissement sur une foule de sites plus pittoresques les uns que les autres, tellement mobiles et changeants, que le voyageur a de la peine à reconnaître les lieux qu'il n'a encore examinés que de deux ou trois points de vue. Aussi la monotonie, cette lassitude de l'admiration, n'existe point pour cette belle contrée, qui, semblable à l'ingénieux kaléidoscope, présente sans cesse aux regards surpris de nouvelles et inépuisables combinaisons.
Le Fhos, habite maintenant par une population mêlée d'Indigènes et d'Européens, est aussi complètement soumis que la ville d'Alger elle-même : il se divise en sept cantons qui sont : Bouzaréa ; Beni-Messous ; Zouaoua ; Aïn-Zboudja ; Byr-Khadem ; Kouba ; Hamma.
Chacun de ces quartiers a un chef qui chez les Indigènes, est considéré comme Cheikh, mais qui pour nous n'a que le titre plus modeste de garde-champêtre. Ces Cheikhs sont sous les ordres du Kaïd-El-Fhos, qui réside à Alger, et reçoivent une solde de 90 cent. par jour. Le Kaïd-El-Fhos a auprès de lui sept gardes qui reçoivent la même solde. La sienne est de 60 fr. par mois. Il est placé sous les ordres immédiats du commandant de la gendarmerie. Toute cette organisation est assez imparfaite, comme on le voit, car elle laisse sans chef de localité les Européens du Fhos, si ce n'est ceux des villages de Kouba et de Del-Ibrahim, qui ont des espèces de maires, sous le titre de commandant de quartiers, chargés de la police rurale. Il conviendrait de diviser le Fhos en communes, avec des maires européens et des adjoints indigènes. Cela assurerait l'action de l'administration, qui manque d'agents intermédiaires dans la campagne, et rendrait plus facile et plus régulière la surveillance de la gendarmerie. Dans l'état de chose actuel, il se commet des vexations et des actes de violences des deux races l'une contre l'autre, qui passent presque inaperçus. Ici ce sont des Arabes qui dévastent des propriétés européennes ; là, des Européens qui font arbitrairement saisir, par les gardes qu'ils établissent sur leurs terres, les troupeaux des Arabes, qu'ils rançonnent ensuite impitoyablement. Il en est qui se vantent publiquement d'avoir trouvé de cette manière un moyen de tirer un profit assuré de leurs propriétés : c'est là un abus criant qu'il est urgent de faire cesser.
Après avoir fait connaître le Fhos dans son ensemble, il ne nous reste plus qu'à parler de chaque quartier en particulier.
Le Bouzaréa prend son nom de la montagne de Bouzaréa, qui y est située : il est borné au nord et à l'est par la mer, à l'ouest par le Sahel, au sud par deux ruisseaux qui le séparent, le premier du quartier de Byr-Khadem, et le second de celui de Beni-Messous. Son territoire se divise physiquement en deux parties : la basse, qui s'étend le long de la mer, et la haute, qui comprend les plateaux du mont Bouzaréa et de ses dépendances. La partie basse est une zone étroite, très belle et très fertile, qui s'étend jusqu'au cap Caxine. A partir de la pointe Pescade, elle a été rarement visitée par les Français, et les Maures qui l'habitent vivent dans un complet isolement. Le chemin qui longe la mer dans cette direction, n'est qu'un sentier en fort mauvais état : cependant cette belle portion du Fhos, mériterait d'être mieux traitée à cet égard. A l'entrée de cette partie basse, est l'ancienne maison de campagne du Dey, dont le duc de Rovigo a fait un magnifique hôpital, quoiqu'elle lui eût été assignée pour son habitation d'été ; à côté est l'hôpital de la Salpetrière ; plus loin est le fort dit des Anglais, et plus loin encore celui de la pointe Pescade, notre dernier poste dans cette direction.
On monte de la partie basse à la partie haute du quartier de Bouzaréa, par quelques gorges dont la principale est celle qui forme le bassin de l'ouest à Bouzaréa : ces rares chemins sont détestables. Il serait cependant bien à désirer qu'il y en eût au moins un de bon et de carrossable, dans l'intérêt de l'exploitation agricole des riches campagnes, qui couvrent les flancs du mont Bouzaréa, très propres à la culture de l'olivier. La partie haute de ce quartier contient un grand nombre de maisons isolées, et deux hameaux maures, le grand Bouzaréa, et le petit Bouzaréa. Non loin du premier, est le Marabout de Sidi-Youssef. Au-delà de ce point, le pays est peu fréquenté par les Européens. Il existe dans le quartier de Bouzaréa 150 Indigènes en état de porter les armes.
Beni-Messous, à la droite de la route de Del-Ibrahim, au-delà du consulat de Hollande, est un petit quartier qui ne le cède à aucun autre en beauté et en fertilité ; beaucoup d'Européens y ont des propriétés. Il n'y a que 42 Indigènes en état de porter les armes. Il y existe un hameau maure du même nom.
Aïn-Zeboudja est le quartier où est situé le village de Del-Ibrahim, il est au midi de Beni-Messous, un peu plus étendu et moins beau que ce dernier. La population indigène en état de porter les armes y est de 67 hommes ; c'est dans ce quartier que se trouve le beau vallon de Kaddous. Le village de Del-Ibrahim a été bâti dans l'endroit le plus aride du pays. On a voulu choisir une position militaire, et par conséquent dominante, et tout a été sacrifié à cette considération, qui n'en est plus une depuis que nos avant-postes sont à Douera. Ce qui pouvait être bon pour un camp, ne vaut certainement rien pour un village agricole; aussi les malheureux colons de Del-Ibrahim sont-ils obligés, en été, d'aller chercher l'eau à une demi-lieue de leurs demeures : ce village compte dans ses maisons chétives et misérables 230 habitants, à qui l'on a distribué 304 hectares de terre. A côté de Del-Ibrahim est un camp du même nom occupé par un bataillon : il est formé des casernes en pisé, à un seul étage, recouvertes en chaume, crénelées et disposées quadrangulairement de manière à présenter l'aspect d'une redoute.
Zouaoua, au-delà de Beni-Messous, en allant vers la mer, est un quartier assez peuplé, mais peu étendu ; il tire son nom des Zouaves, à la solde des Turcs, qui s'y sont établis, il y a environ un siècle. Il y a à Zouaoua 73 Indigènes en état de porter les armes.
Byr-Khadem est le quartier le plus peuplé du Fhos, il s'étend le long de la nouvelle route de ce nom, depuis les hauteurs de Mustapha-Pacha, jusqu'au pont d'Oued-el-Kerma : il prend son nom d'un beau café maure, et d'une magnifique fontaine qui en occupent le centre. On trouve dans le Fhos un grand nombre de cafés qui servent de points de réunion aux habitants ; mais il n'en est pas de plus beau et de mieux situé que celui de Byr-Khadem. A un quart de lieue de ce café, est le camp appelé aussi Byr-Khadem. On trouve encore sur le territoire de Byr-Khadem le camp de Texeraim, situé entre Dely-Brahim et Byr-Khadem ; la population indigène de ce quartier susceptible de porter les armes, est de 221 hommes.
Kouba, entre Byr-Khadem et l'Arath, couronne toutes les hauteurs qui sont au sud-est de celle de Mustapha-Pacha. C'est un quartier susceptible d'une excellente culture, mais malsain dans la partie qui avoisine la plaine de la Métidja ; c'est là que se trouve la ferme, dite Ferme-Modèle, que l'on pourrait croire n'avoir été ainsi nommée que par antiphrase, car, ainsi qu'on l'a dit fort plaisamment, elle n'est pas le modèle des Fermes. Sous l'administration du général Clauzel, une compagnie anonyme s'était formée pour l'exploiter ; mais elle n'a fait autre chose que de lui donner ce nom qu'elle mérite si peu. Le village européen de Kouba est mieux situé, quoique plus misérable que celui de Dely-Brahim ; il compte 92 habitants à qui on a distribué 150 hectares de terre. A une demi-lieue de ce village, sur la crête des hauteurs, est le camp du même nom. Le quartier de Kouba compte 136 Indigènes en état de porter les armes.
Hamma, le plus petit quartier du Fhos, s'étend le long de la mer, au-dessous de Mustapha-Pacha et de Kouba. Il est admirablement beau et fertile ; il est traversé par la route de la Maison-Carrée, qui longe la mer, et par celle dite de Constantine, qui longe les collines de Mustapha-Pacha, gravit cette Kouba, traverse ce quartier, et descend dans la plaine à l'est de la Ferme-Modèle. On trouve sur cette route, à une lieue d'Alger, le café et le hameau d'Hamma, connu parmi les Européens sous le nom de café des Platanes. Sur la route de la Maison-Carrée, on voit un café dit d'Hussein-Dey, et un quartier de cavalerie du même nom non loin de là, est le fameux jardin de la Naturalisation. Il n'y a à Hamma que 41 hommes en état de porter les armes.
Blida.
Blida est bâtie au pied du petit Atlas à douze lieues au sud d'Alger, dans une position délicieuse et sur un terrain très fertile et bien arrosé. Rien n'est plus beau que les environs de cette charmante ville, qui est entourée d'une épaisse et odorante ceinture d'orangers et de citronniers. Blida est plus régulièrement bâtie qu'Alger, les rues en sont en général plus larges et mieux alignées.
Elle est sans défense, et n'a qu'un faible mur de clôture en mauvais état. La population de cette ville, dont le développement est assez étendu, était autrefois de douze à quinze mille âmes, mais elle n'est plus aujourd'hui que de cinq à six mille. Un terrible tremblement de terre qui la bouleversa en 1825, y ? t périr beaucoup de monde. Le gouvernement turc voulut alors la reconstruire un peu plus loin de la montagne, mais l'enceinte seule de cette nouvelle ville fut élevée. C'est ce qu'on appelle la nouvelle Blida.
Coléa.
Coléa est une très petite ville, ou plutôt un bourg de quinze à dix-huit cents habitants, bâtie sur la rive droite du Mazafran, à trois quarts de lieue de cette rivière, et à pareille distance de la mer. Elle est fort bien située dans un vallon fertile, et entourée de beaux jardins. Coléa est une ville sainte chez les Arabes; aussi, malgré sa faiblesse, n'a-t-elle jamais rien à craindre de leurs attaques.
Dellys.
Dellys est une petite ville dans le genre de Coléa, située au bord de la mer, au pied d'une colline couverte de verdures. Elle fait avec Alger, dont elle est éloignée de quinze lieues, un commerce assez actif de fruits et de menues productions. Les habitants de Dellys excellent dans l'art de teindre les étoffes.
Cherchell.
Cherchell est l'ancienne Césarée, capitale de la Mauritanie Césarienne, que Juba II mit un soin particulier à embellir. Elle n'a conservé que peu de vestiges de son ancien état. Elle ne compte guère maintenant que trois à quatre mille habitants. Elle a un petit port qui ne peut être fréquenté que par des bâtiments de petites dimensions ; il est formé par une langue de terre qui s'avance à une certaine distance de la mer, et qui paraît avoir été jetée par la main de l'homme. L'entrée en est défendue par deux petits châteaux armés de quelques canons. Les habitants de Cherchell sont belliqueux, et se sont toujours défendus avec succès contre les tribus voisines lorsqu'ils en ont été attaqués. Ils font quelque commerce avec Alger.
Outhan de Beni-Khalil.
L'Outhan de Beni-Khalil est borné au nord par le Fhos ou banlieue d'Alger, au sud par la province de Titery, à l'est par l'Arath, qui le sépare de celui de Beni-Moussa et à l'ouest par la Chiffa et le Mazafran qui le séparent, de l'Outhan-d'el-Sebt. Il comprend trois grandes divisions qui sont le Sahel ; la plaine ou le quartier de Boufarik, et la montagne.
Le Sahel est la division la plus rapprochée du Fhos. Le terrain est montueux, couvert de broussailles, de lentisques, de palmiers nains et de myrtes. Cependant il offre quelques vallons fertiles et bien arrosés : le principal cours d'eau du Sahel est l'Oued-el-Kerma ou rivière des Figues, qui se jette dans l'Arath, non loin de la Ferme-Modèle. Le Sahel est divisé en 4 cantons qui sont : Oulad-Fayed, Maalema, Douera et Ben-Chaoua.
Oulad-Fayed, qui s'appuie à la mer du côté de Sidi-Féruch, est le canton le moins montueux du Sahel Le centre en est occupé par une plaine assez fertile et assez étendue; c'est la plaine de Staouéli, célèbre par la bataille du 19 juin 1830. Tout ce canton rappelle les souvenirs historiques de cette époque; c'est là que se trouve Sidi-Féruch, point de débarquement des Français ; la route qui fut construite par eux, traverse le canton du nord-ouest au sud-est ; elle est encore très praticable, quoiqu'elle n'ait pas été entretenue. Celle de Douera, commencée en 1833, passe à l'est d'Oulad-Fayed. Les principaux centres de population du canton d'Oulad-Fayed, sont Aïn-Kala, Staouéli, Chergga, Oulad-Fayed et Haouch-Deschioua.
Maalema, canton vaste, mais peuplé, est situé entre Oulad-Fayed et la Métidja. Il est tout montueux et traversé par de larges et profonds ravins. Les principaux centres de population sont : Maaléma, Haouch-ben-Kandoura, Haouch-ben-Omar, Dekhekna, Essadia, Bederna, Ben-Chaaban, Haouch-Touta, Haouch-Bery, fermes ou villages rapprochés du Mazafran, et qui ont été abandonnés par suite des déprédations des Hadjoutes. Le chemin d'Alger à Coléa, qui n'est qu'un assez mauvais sentier, traverse ce canton de l'est à l'ouest. Les communications entre les deux rives du Mazafran, ont lieu par deux gués situés à un 1/2 mille l'un de l'autre : le premier se nomme Mokta-Khera ; il se trouve au confluent du Mazafran et de l'Oued-Boufarik, au fond d'une gorge : le second est au-dessous de celui-ci, il est connu sous le nom de Mokta-Ensara. Le terrain au-dessus et au-dessous de ces deux gués est occupé par un très beau bois où l'on trouve plusieurs essences d'Europe ; ce bois est marécageux dans la partie qui s'étend sur la plaine de la Métidja, qui, dans cette direction, commence à peu de distance de Mokta-Khera.
Douera est le moins étendu des cantons du Sahel il est montueux comme celui de Maalema, à l'est duquel il est situé ; les principaux centres de population en sont Haouch-bab-Hassem, Xaria, Douéra et Ouled Mendil, situé à la descente des collines : le camp de Douéra occupe le centre de ce canton.
Ben-Chaoua, situé à l'est de Douéra, est en partie sur les collines et en partie dans la plaine. Ses centres de population sont : ben-Chasua, Oulad-si-Soliman et Oulad-ben-Hadj. La partie qui est dans la plaine est occupée par le bois de Byr-Touta, qui traverse la route d'Alger à Blida.
Le quartier de Boufarik, tout entier dans la plaine, est traversé de l'est à l'ouest par le cours d'eau du même nom qui se jette dans le Mazafran, près de Mokta-Khera : il a été divisé en trois cantons, qui sont l'Otta, le Merdjia et l'Hamaïd.
L'Otta est compris entre la route de Blida et l'Arath : il est peu fertile dans les environs de cette route, mais il change d'aspect sur les bords de la rivière : les principaux centres de population sont : Oulad-Chebel, un des plus beaux villages de la plaine ; Goreith, Souk-Aly, ferme du Beylik, où il existe un vaste bâtiment, et Haouch Beyel-Gharb. Haouch est une ferme. - Djemâa est un village. - Déchera st le nom des villages dans les montagnes. - Arch est un canton de tribu. - Douar est un village de tentes.
El-Merdjia, ainsi que l'indique son nom, est très marécageux ; les marais sont formés par le ruisseau de Boufarik ; les principaux centres de population sont : Haouch-ben-Khalil, Mered, Bouagueb. C'est près de ce dernier Haouch que se tient le marché de Boufarik ; il y a en cet endroit plusieurs ruisseaux, que la route de Blida traverse sur dix ponts en pierres en fort mauvais état.
El-Hamaïd est la plus belle partie de l'Outhan de Beni-Khalil. Il s'étend jusqu'au pied de l'Atlas; les principaux centres de population, sont : Guerouaou, Halouga, très grands villages ; Haouch-Abriza et Haouch-Chaouch, fermes du beylik, où il y a aussi un grand bâtiment, qui commande le marché de Boufarik, presque à portée de fusil : la route de ce marché à Blida sépare l'Hamaïd du Merdjia.
La partie de l'Outhan de Beni-Khalil située dans la montagne nous est peu connue. Elle comprend les tribus Kbaïles de Beni-Missra , Beni-Salah et Beni-Messous.
Beni-Missra est une tribu d'une faible population ; on appelle Farrouka, la partie de son territoire qui touche à celui de Beni-Moussa. Beni-Salah est à l'est de Beni-Missra, au-dessus de Blida ; cette tribu compte près de 500 fusils, mais n'a que 7 ou 8 cavaliers ; elle est riche et fertile, et a pour chef El-Arley-ben-Brahim, qui a été deux fois Kaïd de l'Outhan. Il fut Cheikh de Beni-Salah dès l'âge de 8 ans, après la mort de son père, qui avait cette dignité. Beni-Messous est au sud-est, de Beni-Salah, tout à fait dans le cœur de la montagne, c'est une petite tribu liée par sa position à celle de Beni-Salah.
La population de l'Outhan de Ben-Khalil est évaluée approximativement à 3,000 familles ; elle est tracassière et difficile à gouverner, mais la moins brave de la plaine. Elle peut mettre sur pied 700 cavaliers et 1,200 fantassins. Les Hadjoutes, qui traitent avec beaucoup de dédain les gens de Beni-Khalil, ont fait contre eux des chansons fort plaisantes, où ils les qualifient de marchands de beurre et de fromages. Sous l'administration des Turcs, il y avait dans l'Outhan de Beni-Khalil deux Kaïds-el-Achour; l'un demeurant dans l'Hamaïd, et l'autre dans le Sahel Le Kaïd de l'Outhan avait à Blida pour la montagne, un lieutenant qui portait le titre de Cheik des Cheiks, et était en même temps Kaïd-el-Achour pour cette partie de l'Outhan.
Outre les dîmes, l'Outhan payait en contributions tous les deux mois, 2,675 rials drain sghers (1,605 fr.); entre la fête du Ramadan, et celle du Bairam, 8,800 rials (5,280 fr.), somme destinée au Dey et à ses employés ; enfin, par mois, au Kaïd, 200 rials, ou 120 fr. ; le total de ces contributions s'élevait ainsi, par an, à 16,350 francs.
Le Kaïd de l'Outhan percevait en outre et perçoit encore un droit sur certaines denrées mises en vente au marché de Boufarik : il recevait par jour un boudjou (1 fr. 80 c.) par chameau, bœuf ou mule, mis en fourrière, et avait de plus une assez large part dans toutes les amendes : le Mézouar de Blida lui donnait par semaine deux quartiers de moutons, une mesure d'orge et 8 pains.
Il existe à Haouch-Ben-Omar, dans le Sahel, des ruines d'un ancien édifice que la tradition du pays dit avoir été le palais d'une princesse chrétienne, appelée Métidja, qui donna son nom à la Métidja. Cette princesse, dit-on, avait une conduite fort déréglée. Était-ce la Cava que Marmol dit avoir été enterrée non loin de là ?
Outhan de Beni-Moussa.
L'Outhan de Beni-Moussa est le moins étendu, mais le plus beau et le plus fertile de la province d'Alger : il est borné au nord par le Fhos, au sud par celui de Beni-Khelifa, à l'ouest par l'Arath, qui le sépare de celui de Beni-Khalil, et à l'est par celui de Krachna. Il est arrosé par l'Arath et par le Djouma, rivière torrentueuse qui s'y jette, par la rive droite, au-dessus de la Ferme-Modèle. Il comprend deux grandes divisions, la plaine et la montagne.
La plaine de Beni-Moussa est un pays délicieux et très peuplé, comparativement au reste de la Métidja : elle contient 101 Haouchs, boisés, bien arrosés et rapprochés les uns des autres ; ils sont répartis en 7 cantons, qui sont : Chéraba, Oulad-Hamed, El-Hamiret, Oulad-Slama, El-Meraba-El-Cheraga, Beni-Hourly et El-Meraba-El-Gharaba.
La montagne est également divisée en 7 cantons, qui sont : Beni-Azzoun, Beni-Mohammed, Beni-Kachemit, Beni-Zerguin, Beni-Athya, Beni-Djellid et Beni-Ghmed.
Le marché de Beni-Moussa se tient tous les mercredis, en un lieu qui en a pris le nom d'Arba y situé au pied de la montagne.
Sous l'administration des Turcs il y avait à Beni-Moussa deux Kaïds-El-Achour. Le Kaïd de l'Outhan n'avait point de traitement fixe : il n'avait que les droits qu'il percevait sur le marché, et une part dans les amendes. L'Outhan de Beni-Moussa payait par mois la valeur de 700 fr., outre la dîme. Beni-Moussa ne pourrait guère fournir que 200 cavaliers et 300 fantassins.
Outhan de Khachna.
L'Outhan de Khachna est borné au nord par la mer, au sud par celui de Ben-Djéad et par celui de Hamza, à l'est par le Korso, qui le sépare de l'Outhan d'Isser, et à l'ouest par celui de Beni-Moussa. Il est arrosé par l'Arath, le Hamise, l'Oued-Reguïa et le Korso; il touche au Fhos vers l'embouchure de l'Arath, au-dessus et au-dessous de la Maison-Carrée. On traverse en cet endroit la rivière sur un fort beau pont en pierres, de cinq arches.
La plaine de Khachna, y compris les collines qui servent en quelque sorte de marchepied à l'Atlas dans cette direction, est divisée en 8 cantons, savoir : Zerouala, dans les collines dont nous venons de parler. Ce canton est admirablement beau. On y trouve le grand et magnifique village de Kadra ; Djouab, au sud de Zérouala, tout à fait en plaine ; Meridja, Oulad-Adage, Oulad-Bessam, Oulad-Saad, Chaër-Ben-Djenan, Araouah.
La montagne de Khachna comprend : au centre, la tribu Kbaïle d'Ammal ; à l'ouest, celle d'Oued-Zeythoun, presque entièrement habitée par des Courouglis descendant de ceux qui y furent exilés par un Dey, il y a une soixantaine d'années ; à l'est, celle de Beni-Aïcha. Ces trois tribus sont très riches en oliviers, et font avec Alger un commerce d'huile considérable. La route de Constantine qui traverse Khachna, passe à Oued-Zeythoun.
La plaine de Khachna est assez fertile en céréales : elle a quelques marais entre la Maison-Carrée et Kadra, et sur les bords de l'Oued-Réguïa : il existe sur la rive droite de cette rivière, à une lieue de la mer, une très belle ferme du même nom, où l'on trouve une écurie pour près de 900 chevaux ; ce serait un très beau poste militaire, mais peut-être un peu malsain. Haouch-Rhéguïa est à quatre lieues à l'est de la Maison-Carrée : à moitié de cette distance, on rencontre Rassautha, où se trouve un bâtiment en pierres en assez mauvais état. Le terrain de Rassautha est occupé par les Aribs que le général Voirol y a réunis sous le commandement de Ben-Zekry ; à un quart de lieue de cette ferme, est le fort de l'Eau (Bardj-et-Kifan), sur le bord de la mer : la garde en a été confiée aux Aribs ; il y a quelques pièces de canon : à deux lieues de là, sont le cap et le fort Matifou, où se trouvent encore quelques canons encloués.
Khachna est riche en beaux et féconds pâturages, surtout sur les bords du Hamise : l'armée française y fit, en 1833, une abondante récolte de foin ; en 1834, la cavalerie y est allée prendre le vert.
C'est dans ces Outhans, entre le cap Matifou et l'embouchure du Hamise, que se trouvent les ruines de Rustanium, colonie romaine, appelée aussi Rusgania, Rusconia et Rhustisia. Le Haouch-Rhéguïa a conservé quelques traces de ces noms ; il reste encore dans cette ville, des débris d'une jetée qui formait le port, des pans de murs peu élevés, répandus sur un assez grand espace, quelques souterrains et quelques mosaïques, en tout, rien de fort remarquable. On y a trouvé des médailles et des fragments de statues ; on en trouve même encore souvent.
On voit dans le canton de Oulad-Bessam, un présidium, dont le tracé est bien conservé, mais les murs sont à fleur du sol. Les fouilles produisent aussi quelques médailles sur ce point.
Près du beau village de Khadra, on trouve les ruines d'un ancien château qui paraît aussi de construction romaine. Les gens de Khachna pourraient réunir 800 chevaux et 1,500 fantassins.
Outhan d'Isser,
L'Outhan d'Isser est borné au nord par la mer, au sud par l'Outhan de Hamza, à l'est par l'Isser, qui le sépare de celui de Sébaou, et à l'ouest par le Korso, qui le sépare de l'Outhan de Kachna ; il est très fertile, quoiqu'il y ait quelques marais, et contient un grand nombre de hameaux, tous assez rapprochés les uns des autres : la partie d'Isser située dans la montagne fait avec Alger un grand commerce d'huile. Quoique cet Outhan soit dans la province d'Alger, le Bey de Titery en nommait le Kaïd ; aujourd'hui il est sans chef reconnu, mais depuis que Ben-Zamoun n'agit plus, il a cessé de nous être hostile, quoiqu'il ne reconnaisse en rien notre autorité.
Outhan de Sébaou.
L'Outhan de Sébaou est borné au nord par la mer, au sud par la puissante tribu Kbaïle de Flissa-Moutaga ; à l'est par les Zouaves, et à l'ouest par Isser. Il est arrosé par l'Isser, le Bouberak et l'Oued-Sébaou, qui se jettent dans la mer.
Le Kaïd de Sébaou était fort puissant sous le gouvernement Turc ; il avait droit de vie et de mort : comme il était entouré de tribus indépendantes, on avait dû lui donner une grande force.
Il habitait le fort de Sébaou, sur la rivière du même nom. Ce fort est encore armé de 6 canons ; il n'est plus occupé par personne. A deux lieues vers l'est, il existait un autre fort appelé Tisiousou, qui a, dit-on, été détruit par les Arabes : c'est dans les environs de ces deux forts qu'habitent les Amaraouas, puissante tribu Kbaïle qui s'étend sur la plaine et sur la montagne. Au nord, et à quatre heures de marche du fort Sébaou, est la petite ville de Dellys, sur le bord de la mer. Les environs de cette ville sont habités par la tribu Kbaïle de Flissa-El-Bard (Flissa-de-Mer), qui reconnaissait l'autorité du Kaïd de Sébaou, laquelle s'étendait aussi sur les tribus Kbaïles des montagnes qui ferment, vers l'est, la plaine de la Métidja. Nous allons en donner la nomenclature en suivant l'ordre de leur voisinage dé la mer : Beni-Ouganoun, Beni-Sénad, Beni-Sélim, BeniYrated, Beni-Tohr, Nézeliona, Beni-Khalfoun.
A l'est de ces tribus sont les Kbaïles indépendants, dont les principales tribus sont Zaffoun, Kaila, Beni-Iddel, Beni-Abdalah, Beni-Oughlis et Mezaïa, dont le territoire entoure Bougie.
La tribu de Flissa-Moutaga, située au nord de l'Outhan de Sébaou, est fort redoutable et fort puissante.
Elle est divisée en 19 cantons, qui peuvent mettre chacun de 400 à 2,000 hommes sous les armes. Les Flissa fabriquent de la poudre et des armes, surtout des yatagans qui ont de la réputation dans le pays : c'est sur leur territoire que se trouve le mont Jurjura, le point le plus élevé du petit Atlas; le grand Marabout Ben-Aïry y a sa demeure ; c'est également à Flissa, mais à l'entrée de la plaine, et vers le point le plus rapproché d'Isser, que demeure le célèbre Ben-Zamoun. Son habitation est à deux lieues de Bourg-Menaïl, ferme du Beylik, située dans Isser, elle s'appelle Beni-Chennecha.
Pour contenir les gens de Flissa, les Turcs avaient construit un fort au-dessus de Sébaou, dans un lieu nommé Bougay, et ils y entretenaient toujours une forte garnison. Ils avaient des Zemouls à Sébaou et à Tisiousou.
Outhan de Hamza.
L'Outhan de Hamza, situé au-delà de la chaîne du petit Atlas, avait appartenu longtemps à la province de Constantine, puis à Tetera, dont il fut séparé, il y a 8 ou 10 ans. Le Kaïd de cet Outhan demeurait dans la plaine de Hamza, dans un fort de même nom, où il y avait toujours une forte garnison turque. Il commandait non seulement à la plaine, mais encore aux tribus Kbaïles de Bel-Azez, Beni-Allah et Oulad-Medour ; il avait auprès de lui la tribu arabe de Oulad-Bellil, qui formait sa cavalerie.
Hamza a été envahi dernièrement par la puissante tribu nomade d'Oulad-Maadi, qui a pour chef Abil-Diap-Ben-Hamed, grand ennemi d'Hamed-Bey : il nous a écrit plusieurs fois pour nous offrir ses services dans le cas où nous marcherions sur Constantine. En 1833, il battit les troupes qu'Hamed-Bey avait envoyées dans la province de Titery il habite à Drissa, derrière le Jurjura.
Le fort de Hamza est bâti sur les ruines de la ville d'Auza ou d'Auzia. Les Arabes appellent ces ruines Sour-Guslan, ou murs des Antilopes. Une partie de ces murs était encore debout du temps de Schau, qui rapporte plusieurs inscriptions latines qu'il y a trouvées.
Outhan d'Arib.
Les Aribs sont une tribu arabe du Sahara qui était venue s'établir dans la plaine de Hamza, et qui avait son Kaïd particulier, indépendant de celui de cet Outhan ; depuis l'invasion des Oulads-Maadi, les Aribs se sont dispersés. Ceux qui se sont dirigés sur la Métidja ont été réunis en grande partie à Haouch-Rassoutha, sous le commandement de Ben-Zekry.
Outhan de Beni-Djéad.
Cet Outhan, situé au nord de celui de Khachna, est composé de montagnes et de plateaux élevés : il est habité par des Arabes et par la tribu Kbaïle de Kastoula. On y fait beaucoup de charbon et l'on y cultive l'olivier et la garance. Ce pays est dans la plus complète anarchie.
Le duc de Rovigo y avait nommé pour Kaïd Ben-Chaanan, qui y fut assassiné. Le Bey de Constantine voulut alors en mettre un de sa façon, qui fut Dely-Hassem, Kourougli d'Ouled-Zathoun ; mais il fut chassé par les habitants.
Outhan de Beni-Khalifa.
Cet Outhan, entouré au sud et à l'ouest par la province de Titery, est borné au nord par celui de Beni-Moussa, et à l'est par Hamza et Beni-Djéad : il est habité par les Beni-Khalifa, les Beni-Soliman et les Beni-Selim ; nous n'y avons jamais nommé de Kaïd. Il est fort beau et très fertile.
Outhan d'El-Sebt.
L'Outhan d'El-Sebt, le plus vaste de la province d'Alger, s'étend au midi jusqu'à la ville de Méliana : il est borné au nord par la mer, à l'ouest par Beni-Menasser, et à l'est par Beni-Khalil : les principales rivières qui l'arrosent, sont : le Bou-Roumy, l'Oued-Djer et la Chiffa, dont la réunion forme le Mazafran, qui se jette dans la mer, à deux lieues de Coléa : l'Outhan se divise en plaine et en montagne.
La montagne comprend Mouzaya, Soumatha, Beni-Menad et Bouhalouan. Mouzaya, à l'ouest de Beni-Salah, est une puissante tribu Kbaïle qui peut mettre sur pied prés de 1,000 fantassins, mais qui n'a pas de cavalerie : elle s'étend sur les deux versants de l'Atlas ; la route de Blida à Médéah la sépare de Soumatha ; cette route est assez praticable et pavée en plusieurs endroits : c'est là que se trouve le col de Ténia, célèbre par le combat du 21 novembre 1830. Il existe sur le territoire de cette tribu des mines de plomb et de cuivre qui ont été exploitées autrefois, et qui pourraient l'être encore, car elles paraissent encore fort riches. Soumatha, tribu Kbaïle, à l'ouest de Mouzaya, est une contrée plus puissante encore que celle-ci. Elle peut mettre sur pied 1,500 fantassins et 200 cavaliers elle se divise en 5 cantons. Le marché de Soumatha se tient tous les dimanches dans un emplacement : situé à près d'une heure de marche des fermes d'Aïn-El-Dem, d'Amoura et de Ouar-El-Oued, appartenant toutes les trois au Beylik. Au nord-ouest de Soumatha, on trouve les Beni-Menad, autre tribu Kbaïle, qui compte plus de 1,000 fantassins et 60 cavaliers ; elle se divise en 14 cantons : c'est dans cette tribu que l'ex Agha Mahhidin s'est retiré depuis l'affaire de Souk-Aly ; il y a fait bâtir une maison. Bou-Halouan est une contrée au sud de Beni-Menad, habitée par des Arabes, qui sous les Turcs étaient presque tous Zémouls : ils ont encore une sorte d'organisation militaire, et reconnaissent l'autorité de ceux qui étaient leurs chefs sous l'ancien gouvernement.
Dans la plaine de la Métidja, l'Outhan d'El-Sebt comprend les Hadjoutes et les trois petites peuplades d'Oulad-Hamidan, Zanakra et Beni-Ellal. Ces trois peuplades viennent originairement du Sahara ; mais elles sont depuis longtemps établies dans la Métidja. Oulad-Hamidan est traversé par la route de l'ouest, et situé sur la rive droite de l'Oued-Djer. Zanakra, est sur la rive gauche de cette rivière, en allant vers Beni Menasser. Beni-Ellal est entre la Chiffa et Oulad-Hamidan.
Les Hadjoutes, avec qui ces trois petites tribus sont unies et même confondues, forment la population la plus belliqueuse de la plaine. Ils sont fiers, indépendants, et assez disposés à faire sentir à leurs voisins leur supériorité ; mais on a beaucoup exagéré leurs brigandages : pendant longtemps ce qui s'est fait de mal dans la plaine leur a été attribué. Maintenant que nous les connaissons mieux, nous commençons à être en garde contre ces accusations. Le territoire des Hadjoutes est fort beau et parfaitement cultivé, ce qui annonce quelques habitudes d'ordre et de travail. Leur marché se tient tous les samedis, près de la ferme d'El-Sebt, qui était autrefois le séjour habituel du Kaïd. On voit dans le pays des Hadjoutes, au sommet d'une colline, d'où on a vue sur la mer, une pyramide assez élevée, connue dans le pays sous le nom de tombeau de la Chrétienne Koubar-El-Roumia. Ce peut être, ou le monument qui, d'après Marmol, fut élevé à la fille du comte Julien, la fameuse Cava, ou la sépulture des anciens rois Numides, qui, d'après Pomponius-Méla, étaient ensevelis entre Jol et Icosium, c'est-à-dire entre Cherchell et Alger. Ceci expliquerait la croyance assez généralement répandue dans le pays " que ce monument renferme de grandes richesses. " Les histoires les plus merveilleuses courent à ce sujet (1) .
Il faut remarquer que les Zanakra qui habitent dans le pays des Hadjoutes, portent le même nom qu'une des cinq principales tribus du Yemen, qui, d'après Léon l'Africain, vinrent s'établir en Afrique, sous la conduite de Melez-Afriki ; il est aussi souvent question de ces Zanakra dans l'histoire des Arabes d'Espagne. Tout ce que savent sur leur origine ceux qui habitent actuellement l'Outhan El-Sebt, c'est qu'ils viennent du Sahara.
(1) Voici une de ces historiettes que je rapporte, pour prouver que les Arabes n'ont pas perdu le goût des contes dans le genre de ceux des Mille et une Nuits.
Il existait, il y a fort longtemps, dans le pays des Hadjoutes, un homme nommé Youssouf-Ben-Cassem, riche et fort heureux dans son intérieur. Sa femme était douce et belle, et ses enfants étaient robustes et soumis. Cependant, comme il était très vaillant, il voulut aller à la guerre; mais, malgré sa bravoure, il fut pris par les Chrétiens, qui le conduisirent dans leur pays, et le vendirent comme esclave. Quoique son maître le traitât avec assez de douceur, son âme était pleine de tristesse, et il versait d'abondantes larmes lorsqu'il songeait à tout ce qu'il avait perdu. Un jour qu'il était employé aux travaux des champs, il se sentit plus abattu qu'à l'ordinaire, et, après avoir terminé sa tâche, il s'assit sous un arbre, et s'abandonna aux plus douloureuses réflexions.
" Hélas ! se disait-il, pendant que je cultive ici les champs d'un maître, qui est-ce qui cultive les miens ? que deviennent ma femme et mes enfants ? suis-je donc condamné à ne plus les revoir, et à mourir dans le pays des infidèles ? " Comme il faisait entendre ces tristes plaintes, il vit venir à lui un homme grave, qui portait le costume des savants. Cet homme s'approcha et lui dit :
Arabe, de quelle tribu es-tu ?
- Je suis Hadjoute, lui répondit Ben-Cassem.
- En ce cas, tu dois connaître le Koubar-Roumia.
- Si je le connais... Hélas ! ma ferme, où j'ai laissé tous les objets de ma tendresse, n'est qu'à une heure de marche de ce monument.
- Serais-tu bien aise de le revoir, et de retourner au milieu des tiens ?
- Pouvez-vous me le demander ? Mais à quoi sert de faire des vœux que rien ne peut exaucer
- Je le puis, moi, répartit le Chrétien. Je puis t'ouvrir les portes de ta patrie, et te rendre aux embrassements de ta famille. Mais, j'exige pour cela un service. Te sens-tu disposé à me le rendre ?
- Parlez, il n'est rien que je ne fasse pour sortir de ma malheureuse position, pourvu que vous n'exigiez rien de moi qui puisse compromettre le salut de mon âme.
- Sois sans inquiétude à cet égard, dit le chrétien. Voici de quoi il s'agit : Je vais de ce pas te racheter à ton maître, et je te fournirai les moyens de te rendre à Alger. Quand tu seras de retour chez toi, tu passeras trois jours à te réjouir avec ta famille et tes amis, et le quatrième tu te rendras auprès de Koubar-Roumia, tu allumeras un petit feu à quelques pas des monuments, et tu brûleras dans ce feu le papier que je vais te donner.
Tu vois que rien n'est d'une exécution plus facile. Jure de faire ce que je viens de te dire, et je te rends aussitôt à la liberté.
Ben-Cassem fit ce que lui demandait le Chrétien, qui lui remit un papier couvert de caractères magiques dont il ne put connaître le sens. Le même jour, la liberté lui fut rendue, et son bienfaiteur le conduisit dans un port de mer il où s'embarqua pour Alger. Il ne resta que quelques instants dans cette ville, tant il avait hâte de revoir sa femme et ses enfants, et se rendit le plus promptement possible dans sa tribu. Je laisse à deviner la joie de sa famille et la sienne. Ses amis vinrent aussi se réjouir avec lui, et pendant trois jours son haouch fut plein de visiteurs.
Le quatrième jour, il se rappela ce qu'il avait promis à son libérateur, et s'achemina, au point du jour, vers le Koubar-Roumia. Là, il alluma du feu, et brûla le papier mystérieux, ainsi qu'on le lui avait prescrit ; à peine la flamme eut-elle dévoré la dernière parcelle de cet écrit, qu'il vit, avec une surprise inexprimable, des pièces d'or et d'argent sortir par milliers du monument, à travers les pierres. On aurait dit une ruche d'abeilles effrayées par quelque bruit inaccoutumé. Toutes ces pièces, après avoir tourbillonné un instant autour du monument, prenaient la direction du pays des Chrétiens avec une extrême rapidité, et formant une colonne d'une longueur indéfinie, semblable à plusieurs vols d'étourneaux.
Ben-Cassem voyait toutes ces richesses passer au-dessus de sa tête. Il sautait le plus qu'il pouvait, et cherchait avec ses mains d'en saisir quelques faibles parties : après s'être épuisé ainsi en vains efforts, il s'avisa d'ôter son burnous, et de le jeter le plus haut possible. Cet expédient lui réussit, et il parvint à faire tomber à ses pieds une vingtaine de pièces d'or et une centaine de pièces d'argent ; mais à peine ces pièces eurent-elles touché le sol, qu'il ne sortit plus de pièces nouvelles, et que tout rentra dans l'ordre ordinaire. Ben-Cassem ne parla qu'à quelques amis de ce qui lui était arrivé. Cependant, cette, aventure extraordinaire parvint à la connaissance du Pacha, qui envoya des ouvriers pour démolir le Koubar-Roumia, afin de s'emparer des richesses qu'il renfermait encore. Ceux-ci se mirent à l'ouvrage avec beaucoup d'ardeur ; mais aux premiers coups de marteau, un fantôme, sous la forme d'une femme, parut au haut du tombeau, et s'écria : Aoula, Aloula (C'est le nom d'un lac qui est auprès du Koubar-Roumia), viens à mon secours ou viens enlever tes trésors. Aussitôt des cousins énormes, aussi gros que des rats, sortirent du lac, et mirent en fuite les ouvriers par leurs cruelles piqûres. Depuis ce temps là, toutes les tentatives que l'on a faites pour ouvrir le Koubar-Roumia ont été infructueuses, et les savants ont déclaré qu'il n'y a qu'un Chrétien qui puisse s'emparer des richesses qu'il renferme.
Outhan de Beni-Menasser ou de Cherchell
L'Outhan de Cherchell comprend la ville de ce nom, et les tribus Kbaïles de Beni-Menasser, Chenouan et Tsaouria : il est montagneux, mais fertile en céréales. La principale rivière qui l'arrose est le Teffert, qui se jette dans la mer, entre Cherchell et Tenez.
Beni-Menasser, dont le territoire entoure Cherchell, est une tribu très nombreuse, qui peut mettre de 2 à 3,000 hommes sur pied.
Chenouan, à l'est de Beni-Menasser, confine aux Hadjoutes. Les habitants de cette contrée sont belliqueux, mais plongés dans la plus horrible barbarie.
Tsaouria, à l'ouest de Beni-Menasser, touche au territoire de Tenez.
A SUIVRE
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Prière à Notre Dame de Santa Cruz
ECHO D'ORANIE - N°292
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O! Notre Dame de
Santa Cruz
Madone souveraine
Toi qui connais nos
chagrins et nos peines
du haut des cieux
pose sur nous tes yeux
O! Vierge tutélaire
toi que l'on vénère
veille sur nous ici bas.
Du haut de la montagne
tu protégeais la ville
et les campagnes
Souviens toi, pour l'Ascension
quand nous grimpions
ces raidillons ardus, pieds nus,
quelques fois, j'en ai vu
qui grimpaient à genoux,
pour venir fidèles,
prier dans ta chapelle
pour te remercier d'une guérison,
d'un voeu exaucé.
Quand,
nous avons quitté,
ce pays ou nous sommes
pour ne pas t'abandonner,
nous t'avons, avec nous
ramenée.
Maintenant, près de Nîmes,
où tu es, sur la colline
comme autrefois,
nous venons vers toi,
O! Divine Madone,
symbole d'espérance et
de clémence,
toi qui vois nos souffrances,
veille sur nous,
Pour cela, je t'implore
à genoux
Ne nous abandonne pas,
veille sur nous comme
autrefois, là bas.
ANNETTE BRANCHE-RICO
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" L'INELUCTABLE "
Par Marius Piedineri
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Avez-vous remarqué, ami lecteur, que les mêmes qui, à l'époque de la guerre d'Algérie, expliquaient que la livraison de ce pays et de ses habitants aux djihadistes du FLN était " inéluctable " et allait dans le " sens de l'Histoire ", les mêmes nous expliquent aujourd'hui que l'invasion de l'Europe par les migrants est quelque chose d'" inéluctable " auquel il serait absurde et stupide de vouloir s'opposer ?
L'" inéluctable ", avec le temps va donc devenir de plus en plus inéluctable, et le " vent de l'Histoire ", après avoir balayé les Pieds-Noirs, risque bien de balayer demain l'ensemble de la France et de l'Europe !
Faisons une petite comparaison entre les propos d'un collabo bien connu du FLN, Charles de Gaulle, et le " Manifeste pour l'accueil des migrants " paru il y a un mois dans la presse :
- Charles de Gaulle aurait en effet déclaré en 1955 à l'un de ses proches, au sujet de la guerre d'Algérie, justifiant sa position en faveur de l'indépendance :
" Nous sommes en présence d'une vague qui emporte tous les peuples vers l'émancipation. Il y a des imbéciles qui ne veulent pas le comprendre ; ce n'est même pas la peine de leur en parler ".
- Voici maintenant ce qu'on pouvait lire il y a un mois dans le " Manifeste pour l'accueil des migrants ", manifeste signé par 150 bobos, acteurs de cinéma et autres " intellectuels " :
" Il est illusoire de penser que l'on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. [...] Dans les décennies qui viennent, les migrations s'étendront, volontaires ou contraintes. [...] Que va-t-on faire ? Continuer de fermer les frontières [...] ? C'est indigne moralement et stupide rationnellement. Politique de l'autruche… "
Comme on le voit, les propos tenus par de Gaulle en 1955 sur la " décolonisation " sont exactement les mêmes, au mot près, que ceux utilisés par les signataires du Manifeste pour l'accueil des migrants le mois dernier. Même manière de courber l'échine. Même certitude de détenir la vérité révélée. Même réflexe d'assimiler à des idiots ceux qui pensent autrement et ne croient pas à leur " sens de l'Histoire ". Même aveuglement devant les conséquences catastrophiques que risque de provoquer ce " sens de l'Histoire ".
La sombre prédiction faite par Jean-Marie Bastien-Thiry à son procès en février 1963, est donc en train de se réaliser :
" Il faut peser toutes les conséquences, sur la vie nationale, des conditions dans lesquelles fut réalisé cet abandon [de l'Algérie], expliquait Bastien-Thiry. Une opinion publique que le chef de l'Etat a à ce point dénationalisée, à laquelle il a peu à peu enlevé le sens de l'honneur et de la fierté nationale, le sens de la solidarité et de la conservation nationale, ne pourra plus, à propos de n'importe quel autre problème, à propos de n'importe quel autre péril extérieur ou intérieur, retrouver ce sens national qui n'est que la transposition, sur le plan personnel, de l'instinct de conservation. Ayant participé au suicide du patrimoine français en Algérie, on voit mal comment les Français pourraient ne pas se laisser aller, à propos de la première épreuve venue, au suicide national. "
Autre prédiction, très semblable : celle de Georges Bidault. Georges Bidault, homme politique de centre-droit, successeur de Jean Moulin à la tête de la Résistance intérieure qui deviendra plus tard l'un des chefs de file des partisans de l'Algérie française, écrivait en 1965, trois ans après la capitulation - sans défaite - d'Evian :
" On a vu beaucoup de choses dans notre longue histoire : des capitulations qui, jusqu'à présent, n'ont pas été couronnées d'honneurs, des défaites, des trahisons... Mais faire tirer les canons, mitrailleuses et fusils qui doivent servir à la défense nationale pour l'amputation du territoire...
Au-delà du drame poignant de l'Algérie, il s'agit là d'un précédent terrible. Car, de même que le 18 juin a eu des imitateurs, l'anti-18 juin, qui comporte moins de risques, peut en avoir aussi. Il n'y aurait plus, en pareil cas, à faire le joyeux sacrifice de tout un continent, arrosé de sang, de sueur et de larmes. Il ne resterait qu'à entamer l'hexagone de la grandeur. C'est tout ce qui nous reste et c'est ce dernier carré que le précédent de l'amputation algérienne peut menacer demain. "
Georges Bidault qui écrivait aussi, en plein milieu de la guerre d'Algérie, d'une manière prophétique :
" Il y a toute une révision de l'histoire de France qui se prépare, à moins qu'on y prenne garde à temps, mais pour le moment nous sommes sur la route. Clovis, Charles Martel, Charlemagne, Saint-Louis qui eut le tort de mourir sous les murs de Tunis et tous les autres, de Jules Ferry à Lavigerie, réconciliés par les amis du progrès dans un égal oubli, ne seront plus des éléments recommandables, parce qu'ils n'ont pas su comprendre le sens de l'histoire tel que l'ont bien saisi désormais les amis des fellaga. "
Georges Bidault qui enfin, écrivait dès 1965 :
" A raison de mille par jour, à une cadence qui ne se ralentit pas, les Algériens musulmans fuyent l'Algérie indépendante pour aller chercher du travail et des soins médicaux dans la France capitaliste, colonialiste, impérialiste. On n'a pas voulu de l'Algérie française en Afrique, c'est pourquoi on est en train d'installer l'Algérie algérienne en France. "
Nous y sommes.
Ainsi, après avoir refusé non seulement l'Algérie française mais également la solution intermédiaire d'un partage de l'Algérie, c'est, moins de soixante ans après, du risque de partition DE LA FRANCE dont on parle de plus en plus aujourd'hui, un grand nombre de Français semblant même s'y résigner comme ils se sont résignés hier, sous la pression de de Gaulle et de ses alliés gauchistes, à abandonner toute l'Algérie. " Je pense qu'il y a trop d'arrivées, d'immigration qui ne devrait pas être là. [...] Comment peut-on éviter la partition ? Car c'est quand même ça qui est en train de se produire : la partition ", a dit, récemment, François Hollande.
Serait-ce également " un fait inéluctable ", la partition de la France ?
Mais à l'époque de la guerre d'Algérie comme aujourd'hui il y eut, il y a des hommes et des femmes pour refuser l'" inéluctable ". Parmi eux Jacques Soustelle, chef de file des partisans de l'Algérie française qui écrivait en 1957 :
" J'imagine sans peine ce qu'un astucieux intellectuel de ce temps-là pouvait dire, en 732, à Charles Martel : " A quoi bon lutter contre la vague de l'avenir qui déferle sur nous après avoir recouvert l'Afrique et l'Espagne ? C'est bien évidemment la fatalité historique qui veut que le Croissant arabe domine nos contrées ". Mais Charles Martel, n'ayant pas compris ce raisonnement, gagna la bataille de Poitiers. "
Cette réflexion, est valable aujourd'hui comme hier.
De Charles Martel à Salvini en passant par Jacques Soustelle, refusons le sens de l'Histoire !
Annexes :
- Affiche troublante de 1955, illustrant l'" Appel pour le salut et le renouveau de l'Algérie française ", appel signé autant par des hommes de gauche que par des hommes de droite :
- " Tout le monde comprend bien - même ceux qui ne l'avouent point - qu'en réalité le drame n'est pas celui de l'Algérie, c'est celui de la décadence. C'est la question, le " défi " comme dirait Toynbee, qui nous est posée, à tous et à chacun : " Acceptez-vous la décadence de la France ? "
C'est bien là, en effet, la question, et il n'y a pas vingt réponses. Deux, et deux seulement : oui ou non.
Oui, c'est s'incliner, en peignant la résignation aux couleurs du courage, en invoquant les mythes obscurs et commodes de l'esprit du temps et de la fatalité historique.
Non, c'est résister. C'est croire que la volonté et le sacrifice des humains pèsent dans la balance. C'est se dire que si la France a abandonné Pondichéry, le Portugal est demeuré à Goa. C'est se rappeler que l'Afrika Korps fonçait sur l'Egypte mais qu'il y a eu El-Alamein, que la Wermacht a foulé les rives de la Volga mais qu'il y a eu Stalingrad. C'est savoir que toute vague historique connaît son flux et son reflux, que le temps arrive toujours où la cavalerie d'invasion tourne bride, qu'on a vu cent fois des assiégés obstinés briser l'élan des conquérants qui battaient les murailles, et qu'enfin on a toujours une chance de gagner une bataille, à condition de la livrer. [...]
La France est alertée et alarmée. Elle se rend compte plus ou moins clairement (elle le comprendrait mieux encore si ceux qui prétendent la guider lui parlaient le langage auquel elle a droit) qu'en abandonnant l'Algérie elle commettrait le geste du suicide, qu'elle abattrait la dernière digue qui contienne encore le flot, qu'elle souscrirait elle-même à sa déchéance. "
(Jacques Soustelle, Le drame algérien et la décadence française, 1957)
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TRIBUNE LIBRE
De L'Effort Algérien
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Front Unique
Nous avons reçu de Bled-Gaffar (Constantine) la lettre suivante :
" Ne nous est-il pas donné tous les jours, à nous catholiques et bons Français de constater qu'en ces temps de troubles, de désarroi, où tous désirent ardemment un redressement moral, économique et social, nous agissons par le fait en ordre dispersé et par conséquent, sans cohésion suffisante pour pouvoir arriver à former utilement tan front unique capable de pouvoir en imposer aux dilapidateurs de nos fonds publics.
" Mais aussi, pourquoi tous ces groupes, sous-groupes et associations diverses qui tout en tendant au même but, le redressement en toutes choses, agissent néanmoins séparément en prenant des chemins différents. Si tous ces protestataires qui clament si légitimement contre le désordre, le gaspillage, l'impéritie ville et le scandale, savaient s'unir, se rallier à des chefs de file résolus et énergiques, il y a beau temps que la France se serait libérée de tous ces indésirables et relevée de ses embarras financiers.
Mais voici : chaque groupe a sans doute un but imparfaitement défini et qui sait ! Chaque chef a peut-être également ses petites et nobles ambitions, et alors que nenni ! !
" Et, si au lieu de nous débattre dans ce chaos nous avions un but fixe, déterminé; un programme loyal et juste ayant pour idéal l'intérêt de tous, dans le cadre national, nous pourrions alors nous entendre, nous unir, prendre nos dispositions et, par une discipline attrayante, entraînante, marcher de l'avant et assurer le triomphe de nos droits pour la bonne cause.
Et, que faudrait-il pour arriver â ces fins ? Tout simplement la création d'un comité de bons et dévoués citoyens, exempts de toute compromission, et capables d'enthousiasmer les foules, par leur loyalisme, leur bon exemple et leur entrain.
Contribuables, bons patriotes, secouons notre apathie et levons-nous en répétant bien haut; vive la France !
UN BLEDARD
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Le paon et le palais.
Envoyé par M. Hugues
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Jean de la Fontaine aurait-il ressuscité ? Il y aurait-il de l'actuel dans cette fable ? Auteur inconnu.
Un jeune paon, imbu de son plumage
Fût pris dès son plus jeune âge
En mains par une vieille pintade
Qui laissa son vieux coq en rade.
Lors, notre jeune volatile
Qui se trouvait fort volubile
Ne fût plus satisfait de son habitat
Et se rêva en costume d’apparat.
Pourquoi, se disait-il, se contenter
D’un simple poulailler, fût-il doré,
Alors que, sans travailler,
Je puis demeurer au palais.
Il me suffit, si mes calculs sont bons,
De prendre mes congénères pour des pigeons
Et, pour les prochaines élections,
De bien jouer les trublions.
Ainsi fût fait, et contre toute attente,
Il prît la place laissée vacante
Par tous les vieux coqs déplumés
Dont tout le monde s’était lassé.
Pour constituer sa basse-cour
Il fit appel à des vautours
Aptes à tondre la laine,
A amasser toutes les graines.
Ses anciens congénères
Qu’il jugeait fort vulgaires
Virent enfin, mais un peu tard,
Qu’on les prenait pour des bâtards.
Fort de son plébiscite aux élections,
Notre dieu-paon, tel Pygmalion,
Favorisa un jeune sardouk (1)
Dont il se servait comme bouc.
Grisé par ses nouvelles prérogatives,
Celui-ci, de manière fort hâtive,
Se crût par son maître autorisé
De jeunes oisons brutaliser.
Las, malgré la volonté manifeste
De celer ces faits funestes,
L’histoire vînt à transpirer
Hors de murs du Palais.
Devant ce gros scandale,
Notre apprenti Sardanapale
Dût rétropédaler
A son grand regret.
Il envoya ses janissaires
Désigner un bouc émissaire
Mais la sauce ne prît pas
Et l’oisillon resta sans voix.
Moralité :
Même les rois de l’enfumage,
Ceux mêmes qui se voulaient rois mages,
Tombent un jour de leur piédestal
Et devront quitter leur habit royal.
(1): Sardouk : coq en tunisien
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La population algérienne en 1901
Envoyé par M. Christian Graille
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Le Bulletin des renseignements généraux du 8 décembre donne un résumé des résultats constatés par le dénombrement de la population algérienne en 1901.
Ce tableau sommaire ne permet pas d'étudier sous toutes ses faces le difficile problème de la démographie algérienne ni de déterminer les variations des si nombreuses catégories d'habitants mais, tel quel, il peut fournir quelques chiffres intéressants. Ce document partage la population en trois grands groupes :
1° Habitants jouissant de la qualité de citoyens français (Français d'origine nés en France ou en Algérie), étrangers naturalisés (Israélites),
2° les sujets français (Indigènes musulmans),
3° les étrangers (Tunisiens, Marocains, Espagnols, Italiens et autres nationalités.)
On constate tout d'abord que la population globale est de 4.739.331 habitants, soit depuis 1896 une augmentation de 8,7%. Si cette proportion se maintient constante la population serait double en 1945.
Pour nous rendre compte de la part que pourrait bien encore avoir, vers le milieu du siècle, les Français de France dans cette nation de 10 millions d'âmes, calculons ce taux d'accroissement pour les divers groupes. Nous constatons :
- alors que les citoyens français d'origine européenne (Français d'origine et étrangers naturalisés) ont augmenté en 5 ans de 14 %,
- les Israélites de 17%,
- les sujets indigènes de 8,2%
- et les étrangers de 7,5 % seulement.
Il faut bien cependant se garder de conclure d'après ces chiffres et d'en déduire que la prépondérance des Français n'est pas en péril.
Leur taux d'accroissement, 14 % est faussé et masque notre infériorité réelle.
M. Demontès dans un précieux mémoire publié par la Société de géographie d'Alger, établit que chaque année il a produit 5.000 naturalisations soit individuelles et volontaires (environ un cinquième), soit automatiques (environ quatre cinquièmes) c'est-à-dire sans que ces naturalisés aient seulement souhaité l'être, mineurs régularisés avec leurs parents, femmes étrangères épousant des Français, enfin et surtout, en vertu de la loi de 1889.
Il y avait donc eu depuis 1896, environ 25.000 naturalisations ; si nous les déduisons du chiffre de citoyens d'origine européenne, leur accroissement n'est alors que de 6,5% et par contre celui des étrangers atteint le chiffre énorme de 18,5%.
Il est à noter que cette distinction entre Français d'origine et naturalisés n'est pas rigoureuse et dans l'avenir se fera de plus en plus difficilement en raison des croisements, les chiffres en seront impossibles à fixer exactement.
Les Israélites dont la population s'accroît par la seule natalité, arrivent à 17 % et si les chiffres sont exacts leur nombre double en 1923.
En examinant comparativement les trois groupes fournissant les électeurs algériens on peut tirer des rapports curieux relativement à la composition du corps électoral des trois provinces.
On constate que sur cent citoyens il y a :
Alger Oran Constantine
Français 73 62 74
Naturalisés 16 22 11
Israélites 11 16 15
Pour l'ensemble de l'Algérie la population " citoyenne " se décompose comme suit :
- Français d'origine : 69%
- Étrangers naturalisés : 17%
- Israélites : 14%
M. Demontès fait encore remarquer que cela peut servir de conclusion que, si le régime actuel des naturalisations est maintenu en 1915 ou 1920, en appliquant les taux d'accroissement donnés plus haut ce serait vers 1930 que le corps électoral serait composé pour moitié de Français d'origine et pour l'autre moitié 2/5 naturalisés et 3/5 Israélites, peut-être le corps électoral se composera en majeure partie de néo-Français.
P. R. E
Le Progrès d'Orléansville (09-01-1902)
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La population européenne en Algérie
Envoyé par M. Christian Graille
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D'après le recensement de 1881, le nombre des Musulmans algériens soumis à la France, soit en territoire civil, soit en territoire militaire s'élevait à 2.850.866 ;
- celui des israélites naturalisés à 35.665,
- celui des Français à 233.937,
- celui des étrangers à 189.944 dont 70.999 nés en Algérie.
Soit au total de 3.310.412.
Le recensement de 1886 vient nous apporter des résultats qui dépassent nos espérances et sont la meilleure preuve de la vitalité de notre colonie. Il y a une augmentation de plus de 500.000 habitants. On en compte 3.324.475 en territoire civil et 492.990 en territoire militaire, soit au total, 3.817.465.
Chaque province est en progrès
1881 1886
Alger 1.231.018 1.380.541
Constantine 1.273.965 1.566.449
Oran 749.949 870.505
La population européenne, a largement progressé, comme dans la période précédente, dont les résultats étaient des plus rassurants ; elle s'élève à près de 500.000 personnes dont 194.267 étrangers.
Il y a aujourd'hui 42.470 Israélites naturalisés. Dans l'espace de cinq ans, de 1881 à 1886, le nombre des Français s'est accru de près de 40.000.
Les Espagnols (ils sont plus de 100.000) forment l'élément le plus important de la colonie étrangère. Des villages entiers comme Aïn-Taya, aux environs d'Alger ne sont peuplés que de cultivateurs ou de maraîchers de cette race sobre et forte.
Mais c'est surtout dans la province d'Oran, qui fit longtemps partie de leur empire, que les Espagnols ont prospérés. Ils y sont en majorité comme population européenne ; aussi ne manquent-ils pas de prétention et d'arrogance et se considèrent-ils comme chez eux.
Les Italiens viennent ensuite, 30.000 au moins, et se fixent de préférence dans la province de Constantine, voisine de la Tunisie et plus rapprochée de la Sardaigne et de la Sicile.
Les Anglo-Maltais, les Allemands et 18.000 autres étrangers de nationalités diverses complètent ce mélange disparate que composent, d'une manière à peu près exclusive, la race latine et les peuples du bassin méditerranéen. Ce n'est pas la fine fleur des pois que nous envoient ainsi nos voisins.
Les Mahonnais, qui s'occupent surtout de jardinage, sont en général, honnêtes et laborieux et sont fixés en Algérie sans esprit de retour.
Mais la plupart des autres Ibères, qu'ils arrivent :
- de Carthagène,
- de Valence ou
- de Barcelone sont gens violents et vindicatifs, peu ardents au travail, prompts à jouer du couteau et ayant trop souvent maille à partir avec la justice de leur pays.
Les Siciliens et les Calabrais qui forment la principale part de l'émigration italienne sont ordinairement pêcheurs ou mariniers.
C'est une population besogneuse et bruyante, de mœurs grossières quoique très pieuse en apparence et très attachée aux pratiques extérieures du culte. Ce n'est pas sur elle qu'il faut compter pour bien peupler nos campagnes et faire œuvre de colonisation.
La France est surtout représentée par :
- des Provençaux,
- des Languedociens et
- des Corses, plus aptes à s'acclimater.
Cependant les Francs-Comtois y occupent plusieurs villages comme Vesoul Bénian et nos malheurs de 1870 ont amené toute une légion d'Alsaciens et de Lorrains. C'est à la culture du soi que se livre la majeure partie des Français.
On a beaucoup médit d'eux. Sans doute, au début de la conquête, notre armée traînait à sa suite un certain nombre d'aventuriers, hommes d'argent et de plaisir, en quête d'une position ou d'une fortune, peu scrupuleux sur les moyens à employer. Dans ce pays nouveau et inconnu s'ouvrait un refuge dont profitèrent des gens dont le passé n'était pas sans reproches et qui avaient des torts à réparer ou à faire oublier.
Mais les temps sont changés. L'Algérie a déjà englouti plusieurs générations de soldats et de colons qui dorment côte à côte dans ces plaines qu'ils ont conquises, sous ces sillons qu'ils ont tracés. Aux marchands d'absinthe de la première heure, aux trafiquants interlopes qui exploitaient sans vergogne les malheureux émigrants, aux chercheurs d'aventures ont succédé de vaillants ouvriers, d'honnêtes négociants et d'habiles agriculteurs. La colonie s'est transformée.
La Mitidja, naguère encore marais empesté et désert est aujourd'hui cultivée et fertile comme nos plus belles terres de France. Des villages qui sont presque des villes, Boufarik par exemple, se sont bâties comme par enchantement. Les plantations de vigne se multiplient dans les trois provinces et l'Algérie pourra bientôt devenir le grenier et le cellier de la mère patrie. Les mœurs aussi se sont modifiées. On a toujours plus de liberté d'allures dans la jeune Algérie que dans la vieille France ; mais à mesure que la population augmente, que l'instruction se répand, que l'aisance s'établit, le niveau moral s'élève.
Les spéculations véreuses ne sont plus à l'ordre du jour, les catastrophes financières deviennent rares, la famille se constitue dans de meilleures conditions. La population européenne, exclusivement adonnée à l'agriculture, s'élève déjà au chiffre de plus de cent cinquante mille personnes et occupe près de douze cent mille hectares. C'est beaucoup sans doute mais ce n'est pas assez et si on met en regard ces douze cent mille hectares défrichés par nos colons les quinze millions qui restent aux Indigènes et où ne s'introduit aucune nouvelle méthode. Essentiellement routinier l'Arabe fait peu de progrès. En vain il voit les Européens perfectionner leur outillage, il en est toujours à sa vieille et incommode charrue. Et cependant en 1886, plus de trois millions de quintaux de céréales ont été exportés d'Algérie.
Que serait-ce donc si la colonisation prenait le développement nécessaire ? si cette terre si fertile, abandonnée depuis des siècles aux palmiers nains et aux lentisques était mise en plein rapport sur toute sa surface ; si de nouveaux villages étaient créés dans tous les endroits propices et si un fort courant d'émigration se dirigeait vers le Nord de l'Afrique et venait augmenter le nombre de ces pionniers intrépides qui luttent avec tant d'énergie contre la fièvre redoutable.
La sécurité, déjà grande, serait plus certaine. Il est vrai que nos colons possèdent au plus haut degré l'insouciance et le mépris du danger. Des fermes isolées, complètement perdues au milieu des propriétés indigènes sont quelquefois gérées par des femmes, seules avec des enfants en bas âge, entourées uniquement de serviteurs arabes. J'en connais de ces veuves au cœur viril, de ces vaillantes Françaises qui, pour conserver à leur fils un patrimoine péniblement acquis, se sont volontairement condamnées à cette rude existence de solitude et de combat.
Que la culture s'étende, que les habitations et les hameaux se multiplient, que la population européenne, dont la densité est de 13,54 par kilomètre carré, tandis qu'en France elle est en moyenne de 70, devienne plus nombreuse et la mère patrie ne tardera pas à connaître et à utiliser les innombrables ressources de cet admirable pays. Il ne manque ici que des bras et des hommes de bonne volonté.
Comme le dit Onésime Reclus (géographe), l'Algérie vaut la France pour les Français, du moins pour ceux du Midi.
On a cru longtemps que la terre d'Afrique était meurtrière pour les Européens ; on s'est demandé maintes fois si nous pourrions y fonder des établissements durables.
Le général Duvivier disait un jour, sans paraître trop paradoxal : " Les cimetières sont les seules colonies toujours croissantes en Algérie " et un médecin estimé prétendait que les enfants étaient impitoyablement moissonnés.
Ces sinistres prévisions sont loin de s'être réalisées. Le sol, s'est assaini, on lutte avec succès contre la fièvre, le climat même s'est modifié dans une certaine mesure, et se modifiera encore si le commandant Roudaire a des successeurs pour réaliser son gigantesque projet d'une mer intérieure.
Les naissances surpassent aujourd'hui les décès et l'expérience de cinquante ans prouvent que les populations françaises ont la faculté de vivre, de s'accroître et de se perpétuer sur le sol algérien comme en Corse, comme en Provence et comme en Roussillon.
Tournons nos regards et nos efforts de ce côté ; mettons à profit les ressources et les richesses que nous offre ce vaste territoire ; et, pour l'honneur de notre époque et la grandeur de notre pays faisons une vérité de cette parole : " L'Algérie n'est que le prolongement de la France. "
(1) Tous les chiffres sont empruntés à des documents officiels, comme l'État de l'Algérie, publié chaque année par le Gouvernement Général et le dénombrement de la population en 1886 que vient de faire paraître le Ministère de l'intérieur.
Un an à Alger. Excursions et souvenirs par J M Baudel 1887
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Question d'émigration
Envoyé par M. Christian Graille
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S'il y a un fait qui mérite de fixer l'attention de ceux qui désirent voir s'affermir en France la politique d'expansion coloniale, de ceux qui rêvent de la plus grande France, c'est assurément celui de l'émigration. Grâce au perfectionnement des moyens de communication, il nous est permis aujourd'hui de mettre en valeur le coin le plus reculé de la terre avec plus de facilité, à coup sûr, que n'auraient pu le faire non seulement les anciens, mais même les hommes du moyen âge malgré l'étroitesse du monde où ils évoluaient :
" Le moyen âge, a dit avec raison Monsieur De Molinari, offre l'image d'une véritable pétrification sociale : l'homme meurt sur le coin de la terre qui l'a vu naître, comme l'huître sur son rocher, et, avec la circulation des hommes, on voit s'arrêter celle des richesses. "
Si l'émigration présente un intérêt pour tout le monde, pour la France elle est un problème capital à cause de sa faible natalité et du nombre de ses colonies et pays de protectorat.
Nous allons donc considérer tour à tour : les diverses formes qu'affecte l'émigration, les pays de grande émigration et ceux de grande immigration, l'influence de l'émigration sur la natalité, et, finalement l'émigration française. Pour le bureaucrate assis tranquillement à sa table de travail, l'émigration n'est guère qu'un sujet à circulaires, à ordonnances, et à règlements plus ou moins bien compris.
Pour le philanthrope sentimental qui met en pratique la doctrine de Sénèque et si spirituellement définie par Victor Hugo :
Et l'austère Sénèque, en louant Diogène, boit le Falerne (vin de Campanie en Italie réputé depuis l'antiquité) dans l'or….
Elle n'est qu'un thème à déclarations doucereuses sur le véritable sort des pauvres émigrants et sur la cruauté de ceux qui les exploitent.
Pour le philosophe et le sociologue elle est presque toute l'histoire.
- Elle crée de nouvelles nations,
- elle fonde des États lointains,
- elle féconde des régions peu ou point connues auparavant,
- elle en abandonne d'autres qui paraissaient destinées au plus brillant avenir,
- elle détermine les routes commerciales et
- déplace l'axe des influences économiques.
C'est par elle que sortie des limbes de la " mer ténébreuse " il y a quatre siècles, l'Amérique grandit par-delà l'océan en s'appropriant le sang du vieux monde et en le rajeunissant par les croisements et les influences du milieu. C'est par elle seule que l'on pourra relever de son tombeau cette grande morte qui s'appelle l'Afrique méditerranéenne.
Lorsque l'on parle d'émigration généralement on ne distingue pas assez les diverses de déplacement des peuples, et l'on raisonne comme s'il ne s'agissait là que d'un phénomène des plus simples, affectant toujours le même mode et aboutissant toujours aux même résultats Or, comme le fait remarquer M. James Bryce (juriste, historien et homme politique britannique) ces mouvements de population revêtent ordinairement trois formes qu'il est bon de distinguer :
- le changement d'habitat,
- la dispersion et
- l'infiltration.
Le changement d'habitat comporte le départ en masse de tout un peuple, d'une tribu entière quittant son ancien domaine pour se transplanter dans une autre région.
C'est la forme ancienne de l'émigration.
C'est celle qu'ont adoptée, entre le cinquième et le sixième siècle de notre ère les barbares du Nord dont les avalanches inondèrent l'empire romain et donnèrent naissance à la plupart des États modernes. La dispersion est la forme qu'affecte de préférence l'émigration de nos jours. Aujourd'hui, en effet, nous voyons une race ou un peuple, tout en conservant son ancien habitat, se répandre sur de nouvelles contrées occupées ou inoccupées, tantôt chassant les Indigènes pour prendre leur place, tantôt s'établissant à côté d'eux. Mais se gardant autant que possible de s'unir à eux.
C'est par la dispersion que la race anglo-saxonne s'est étendue à travers l'Amérique du Nord et sur presque toute l'Amérique du Sud. C'est par un procédé analogue que les Russes, depuis deux siècles, sont en train d'occuper lentement les meilleures parties de la Sibérie.
Dans tous ces cas, la population qui émigre opère ou n'opère pas sa fusion avec la population qu'elle trouve sur place, selon le degré de civilisation et les préjugés des deux races au contact.
- Ainsi entre les colons anglais émigrés dans l'Amérique du Nord et les Indiens, c'est à peine s'il y a eu quelques rares mélanges de sang.
- Entre les Français débarqués au Canada et les Indiens il y en a eu un peu plus.
- Enfin entre les Espagnols et les Portugais d'une part, et, d'autre à part,
- les naturels du Mexique, du Pérou et du Brésil, moins barbares sans doute, il y a eu un tel mélange de sang que le métissage est fort remarquable dans ces trois pays.
L'infiltration, finalement, est cette forme d'émigration qui s'opère plutôt par l'exploitation des idées que par celle des hommes. Dans ce cas un peuple déteint, pour ainsi dire, tellement sur un autre en le pénétrant :
- de sa langue,
- de sa littérature,
- de ses institutions,
- de ses coutumes en le faisant puiser à toutes ou à quelques-unes de ces sources d'influence qu'il parvient à inculquer au peuple " infiltré " quelque chose de son caractère propre.
Dans ce procédé le mélange de sang peut être très léger, presque nul ; avec le temps l'influence de la race assimilatrice n'en est pas moins réelle.
Nous en avons un exemple dans l'expansion de la France dans une grande partie de l'Amérique latine où son influence morale et intellectuelle réussit à se maintenir quoi qu'elle n'y envoie que peu de bras et fort peu de capitaux relativement.
Il ne faut pas croire, cependant, que ces deux dernières formes d'émigration aillent toujours séparément. Au contraire, souvent elles marchent de pair, dans des proportions inégales sans doute et produisant aussi des effets différents.
En effet, tantôt la race assimilatrice garde un caractère primitif bien distinct, tantôt elle le perd presque entièrement.
"Le Maure du Maroc, fait remarquer M. James Bryce, diffère de l'Arabe autant que le Syrien parlant grec, et le Lusitanien parlant latin différaient du Grec de l'Attique et du Romain du Latium.
- Mais les tribus finlandaises de la Russie septentrionale et orientale,
- les Vogouls (peuple de Russie appartenant au groupe finnois de l'Oural),
- les Tcheremisses, (peuple de la haute Volga),
- les Tchouvaches, (peuple turcophone de la Volga) et
- les Mordvins (peuple occupant un territoire qui s'étend de l'Ukraine à l'Asie centrale) qui ont été russifiés peu à peu pendant ces deux derniers siècles sont en train de devenir pratiquement indispensables des vrais Russes slaves de Kiev. "
Le transfert ou changement d'habitat était donc la forme barbare de l'émigration. L'essaimage ou la disposition en est la forme moderne.
Entre les deux se place la pénétration ou l'infiltration qui est la forme d'émigration particulière aux nations, comme la France, douée d'une grande force d'expansion intellectuelle et morale mais chez lesquelles la natalité s'est affaiblie et le besoin de déplacement ne se fait plus sentir aussi vivement, soit à cause du développement exagéré du bien-être, soit à la suite de nouvelles mœurs ou de lois mais conçues.
F. De Santa Anna Nery
(La vie algérienne et tunisienne (15-05-1897)
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La question des naturalisés
Envoyé par M. Christian Graille
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I
La question des naturalisés est à l'ordre du jour, un peu parce que le rapport de M. Périllier fait du bruit, beaucoup parce que les élections législatives approchent et qu'il serait prudent de se faire des amis de naturalisés en les défendant, sans en penser un mot.
L'ancien député d'Oran, M. de Solliers, sortant de sa réserve traite cette question palpitante dans la Dépêche algérienne. En Oranie le nombre des électeurs naturalisés est important. Aussi, pourrait-on se demander à l'occasion de la campagne qu'il a entreprise, si l'ancien député d'Oran n'aurait pas l'intention de…qui sait ?
M. de Solliers malmène un peu le député Périllier. Après avoir dit que le rapport était preuve de polémique, après avoir dit que les conclusions étaient passionnées, après avoir traité le rapporteur de député d'arrondissement, le délégué financier, élu grâce au patronage de l'antijeu prédit au travail du député de Corbeil un médiocre succès et se demande ce qu'il adviendra " si d'aventure elle (cette œuvre) arrive à avoir les honneurs d'une discussion politique ".
Nul n'est prophète en son pays !
Déjà le travail de M. Périllier a été acclamé à Paris par une partie de l'aristocratie de la pensée française, dans la salle des ingénieurs, déjà, les journaux algériens commentent le rapport de l'éminent député et la plupart de nos confrères l'approuvent.
M. de Solliers veut voir dans un étranger éloigné de son pays depuis 30 ou 40 ans, un français assimilé par la religion ou l'affinité des races. Certes oui, les étrangers trouvent en venant dans ce pays ce que dit M. Decolliére et bien autre chose avec ! Mais ils y viennent avec :
- d'autres mœurs,
- d'autres usages,
- d'autres croyances,
- d'autres goûts,
- d'autres mentalités en un mot.
Ils trouvent chez nous la même religion mais ils ont le plus souvent des prêtres de leur pays auxquels ils s'adressent, qui les guident. D'ailleurs l'étranger qui nous arrive amène avec lui une religiosité étrange que nul Français ne possède en Algérie.
Changera-t-il ? Quand cessera-t-il de marmotter de ses patenôtres devant une Maria Santissima ou de se labourer le visage d'une multitude de microscopiques signes de croix, pour se sucer le pouce après ?
Qui le sait !
La religion ne constitue pas un lien suffisamment fort pour retenir à nous les Italiens ou les Espagnols. Notre liberté de conscience, notre pensée indépendante font horreur aux fils de l'Inquisition. Ils sont cléricaux et royalistes.
Au contraire les fils de Français, en Algérie sont anticléricaux et républicains.
Ni en religion, ni en politique, la similitude n'est parfaite, quoique les races soient sœurs !
Il est vrai, comme le dit M. de Solliers, qu'à l'occasion de Drumont et de son élection de néfaste mémoire, il s'est trouvé des Français unis aux naturalisés de la veille. Pas plus à ces Français algériens qu'aux naturalisés, nous ne reconnaissons une vraie mentalité de Français de la métropole !
L'antisémitisme n'est pas, ne peut pas être un parti politique, les descendants des hommes de 89 ne peuvent pas proscrire une race et fouler aux pieds la Déclaration des Droits de l'homme !
L'antisémitisme, c'est le nationalisme et le nationalisme ce n'est rien, ce n'est que l'étiquette du bocal où s'agitent tous les partis politiques antirépublicains.
C'est cette tendance antirépublicaine qui explique la présence de tant d'étrangers dans ce mouvement.
Nous devons nous garder des intempérances politiques de nos hôtes et c'est pour cela qu'il est nécessaire, pour sauvegarder et notre pensée et notre liberté et notre idéal politique, de réglementer sévèrement l'administration de cette faveur qu'est la naturalisation des étrangers.
Et comme disait Gary (Homme de loi. ) au Tribunal de la séance du 17 ventôse an XI pour qu'on ne le prodigue pas à ceux qui ne croient pas devoir la solliciter " sans doute la richesse est une partie de la puissance, sans doute les nombreux capitaux excitent et fécondent l'industrie, mais il nous faut aussi des cœurs français et l'honneur d'appartenir à la grande nation vaut la peine qu'on daigne le mériter et déclarer qu'on y aspire. "
Kabou.
Le Progrès d'Orléansville (26-12-1901)
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Toto et la vieille dame
Envoyé par M. Hugues
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Dans le bus, Toto est assis à côté d'une vieille dame.
Enrhumé, il n'arrête pas de renifler.
Agacée, la vieille dame finit par lui dire :
- Dis-moi, tu n'as pas de mouchoir ?
- Si, mais je ne le prête pas !
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La question des naturalisés
Envoyé par M. Christian Graille
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II
M. Arroyo d'Oran et onze de ses compatriotes ont envoyé à M. Pourquery de Boisserin (Avocat, brillant orateur, député du Vaucluse) un télégramme de protestation contre le rapport de M. Périllier, disent les journaux..
Les termes de ce télégramme ont été blâmés par beaucoup de naturalisés qui ont trouvé qu'il y avait pour l'honorable rapporteur des mots offensants dans la protestation Arroyo et consorts.
Si à ce pétitionnement les Français d'Algérie, sauf toutefois les rêveurs qui " caressent encore le projet d'une union des races latines sur cette terre même où jadis s'épanouit la civilisation romaine " (Fabre de Parel, Avocat.), si les Français répondaient par un contre pétitionnement, qu'adviendrait-il ?
Tout d'abord, remarquons que les protestataires ont été faits français par la loi de 1889. Nous leur supposons des sentiments français tout en reconnaissant qu'il leur est impossible de ne pas garder au fond du cœur de l'amour pour leur véritable patrie. Si cela n'était pas, ils baisseraient singulièrement dans notre estime.
La France est pour eux la patrie d'occasion !
On bénit le palais qui vous abrite un soir d'orage, on lui préfère la chaumière dans laquelle on est né. Tel est le cas !
M. Arroyo et ses compagnons se flattent d'aimer la France, c'est bien possible, nous les en félicitons tout en reconnaissant que ce n'est que justice. Mais combien d'étrangers sont-ils dans ce cas ?
De ce que M. Arroyo aime la France veut-il induire que tous les étrangers, que tous les néo-français l'aiment ? Ce serait aller trop loin !
Nous avons montré dans un précédent article que les étrangers étaient séparés de nous par une barrière infranchissable : la croyance. En politique, en religion, ils ne sont pas de notre siècle. Mais les protestataires sont français, quoi qu'ils ne l'aient peut-être pas voulu, leurs fils le sont ou le seront. Quel mobile fait donc agir ces Français d'hier ?
Ils croient voir dans la loi de 1889 un bienfaisant moyen de peupler de néo-français l'Algérie, comme si un jeune homme arrivé d'Espagne ou d'Italie à 18 ans n'était plus espagnol après son service militaire, comme s'il suffisait d'un coup de plume, pour enlever à un homme sa nationalité pour la lui rendre indifférente et pour lui faire préférer une autre. Ils s'étonnent que l'on puisse vouloir enlever aux fils des " pionniers de l'Algérie " (sic) le titre de français.
Outre que ce titre de pionnier de l'Algérie me semble un peu prétentieux, les étrangers n'ayant pas été, que je sache, les conquérants ni les premiers travailleurs du sol, il y a beau temps que les fameux pionniers ont disparu et que ceux qui arrivent aujourd'hui des rivages latins de la Méditerranée viennent le plus souvent dans l'espoir d'échapper à l'injustice de leur pays plutôt que celui de coloniser le sol français.
D'autre part leur crainte est vaine. On n'a jamais songé à leur enlever le titre de français qu'on leur a donné, quoique, la non-rétroactivité des lois ne s'applique pas en matière électorale.
Mais que veulent-ils ? Si :
- nos lois,
- nos mœurs,
- nos usages,
- nos coutumes,
- les séduisent,
- qu'ils fassent des prosélytes,
- qu'ils nous fassent aimer et respecter, mais comme le dit P. Batail
- " qu'ils n'aient pas les prétentions d'être plus français que nous. " Leurs voix sont trop peu autorisées pour se faire entendre et ils ne sont pas qualifiés pour protester.
- Qu'ils laissent aux vrais, aux vieux Français, le droit de légiférer et de se régir.
Ce qu'ils veulent c'est de faire automatiquement le plus de Français possible, ce qu'ils veulent c'est dans des villes comme Oran et Constantine être maîtres de la situation par leur bulletin de vote. : " Ne voyons-nous pas ces néo-français (au jour du scrutin) venir en rangs serrés déposer docilement dans l'urne le bulletin convenu, faussant le suffrage universel et mettant en échec le seul parti auquel doive appartenir la suprématie politique. " (Favre de Parel).
- Ce qu'ils veulent c'est avoir des députés plutôt choisis par eux que par nous, des députés espagnols ou italiens francisés. Ils sont français et en sont heureux, disent-ils, est-ce là une raison pour vouloir forcer leurs compatriotes de l'être ?
- Ce qu'ils veulent :
- c'est la direction des affaires,
- c'est la haute main sur la politique,
- le commerce et
- l'industrie.
Pour cela, le moyen est bien simple : tous français et le tour est joué. Devant cette coalition des étrangers, il y aura trois Algéries :
- une espagnole à l'ouest,
- une autre italienne à l'est,
- une troisième mixte au centre.
Les protestataires, on le devine, ont pensé à cela. Ce sont des bourgeois et ils sont sûrs de mener quand ils le voudront la plèbe ignare qui ne demande pas à être autre chose :
- qu'espagnole,
- italienne,
- maltaise.
On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux.
C'est ce que disent les Français et que rapporte si éloquemment M. Dupuy dans quelques lignes que nous transcrivons ci-dessous :
" Nous considérons, nous, comme bien funeste cet envahissement du corps électoral par des naturalisations automatiques ; je maintiens le mot, avant qu'ils aient pu faire leur éducation française, avoir le cœur vraiment français. Et nous sommes d'accord sur ce point, d'accord avec les étrangers naturalisés individuellement qui sont intimement mêlés à la population française d'origine, qui parlent notre langue, ont adopté nos idées et ne se différencient de nous par aucun de ces caractères que nous retrouvons chez les autres ".
Enfin il nous reste à citer la phrase typique d'un général de division, au sujet de l'envahissement par les Italiens des départements du sud de la France :
" En cas de guerre avec l'Italie, il suffirait aux Italiens de débarquer des officiers, leurs soldats sont déjà chez nous ; ce sont les naturalisés."
Ces mots s'appliquent à la France où 150.000 Italiens sont noyés dans la population. Que dirait-on de l'Algérie où les étrangers sont en majorité ?
Kabou Le Progrès d'Orléansville (02-01-1902)
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Aux Espagnols algériens
Envoyé par M. Christian Graille
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On a, à propos du crime de Tassin plus ou moins malmené les Espagnols Algériens dans la presse de la colonie. Beaucoup méritaient les reproches qui leur ont été adressés, mais malheureusement ce ne sont pas ceux qui se sont trouvés atteints.
Il était insoutenable, en effet, que nous ne soyons pas maîtres chez nous et que nous ne puissions punir des assassins espagnols aussi inexorablement que nous aurions châtié des assassins français.
La loi est la même pour tous ceux qui sont habitants de l'Algérie ; elle doit être appliquée à tous, sans distinction de nationalité ; les mêmes crimes doivent être passibles des même peines. Les étrangers qui gagnent ici leur vie se sont placés sous la protection de notre justice, et ils l'ont tacitement acceptée.
Jamais la France n'a songé de se plaindre à l'Espagne que des meurtriers français, demeurant en terre ibérique, aient subi la mort par le garrot, suivant le code de ce pays.
Les colons espagnols avaient donc tort de nous menacer d'une guerre avec leur patrie, si Macéras, Garbin et Garcia étaient envoyés à la guillotine ; le gouvernement de la Régence a d'autres soucis en tête que de se déclarer le défenseur des plus féroces et des plus vils brigands ; il se déshonorerait aux yeux de l'Europe. Ah ! S'il s'agissait de sauver la vie des nationaux innocents, l'Espagne aurait raison de s'opposer, de toute son énergie, mais ce sont des malfaiteurs.
Les émigrants ibériques nous ont rendu des services dans l'œuvre de la colonisation ; ils y ont contribué plus que nous dans le département d'Oran, moins que nous dans les autres, mais ont-ils pour cela le droit de se croire maîtres ici ? Ils nous ont donné du travail, nous leur avons donné du pain, ou plutôt cette terre africaine que nous cultivions côte à côte, nous a payés eux et nous en nous fournissant notre nourriture.
Ils sont chez nous et il leur faut reconnaître, comme les Français vivant en Espagne ou dans les colonies de ce pays, conviennent qu'ils ne sont pas chez eux, et se montrent reconnaissants de l'hospitalité qu'on leur accorde.
Que les colons ibériques nous réclament beaucoup de liberté, toutes celles dont nous jouissons nous-mêmes, mais, dans leur propre intérêt qu'ils ne demandent pas la liberté de l'assassinat.
N'ont-ils pas remarqué que c'était trois Espagnols qui avaient été tués, trois de leurs compatriotes ?
Et au lieu de venger trois des leurs, trois innocents lâchement poignardés, ils voulaient se faire les protecteurs des meurtriers ? C'est insensé !
Si Garbin, Macéras et Garcia eussent commis leur crime en Espagne, leurs défenseurs en eussent-ils exigé la grâce ?
Je pense qu'ils auraient lynché les coupables sans jugement ! Qu'ils laissent donc la justice française suivre son cours !
Il n'en est pas moins déplorable que des haines de races séparent ici divers peuples concourant tous à la même œuvre, à celle de la colonisation.
Tout en gardant au cœur l'amour de leur pays originel, les Espagnols, les Italiens, les Maltais réunis ici avec des Français devraient se considérer comme enfants de l'Algérie, avoir la même affection pour cette patrie commune et la vouloir aussi prospère.
Ceux qui en compromettent la sécurité nuisent à sa richesse ; tous les étrangers de la colonie ne comprennent-ils pas qu'il leur faudrait rompre toute solidarité avec ces malfaiteurs, désirer qu'ils soient expulsés ou châtiés inexorablement ?
Les Espagnols, les Italiens, les Français assassins se sont mis au ban de la société ; ils ne sont plus ni Espagnols, ni Italiens, ni Français, ni Algériens, ce sont des criminels. Il devrait y avoir ici deux catégories de gens : les honnêtes et les malhonnêtes ; les premiers, de toute nation,
- s'estimant,
- s'aimant,
- s'entraidant et ligués pour une lutte sans merci contre les seconds.
Émile Comtat.
Les Annales algériennes (12-06-1892)
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Les étrangers d'origine européenne
Envoyé par M. Christian Graille
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Une question d'une importance majeure et dont les conséquences, selon la façon dont elle sera résolue, influeront profondément sur les destinés ultérieures de l'Algérie, est celle des étrangers européens.
Nous ne nous sommes pas assez préoccupés de leur condition sur le sol algérien. En fait beaucoup parmi eux, dont près de la moitié (45%) est née en Algérie, se regardent comme Français ; en droit ils restent étrangers et non seulement nous ne faisons rien pour les attirer à nous, mais que quoique la plupart n'aient aucun esprit de retour dans leur pays d'origine, n'aient même conservé aucun rapport, aucune relation avec lui, nous favorisons les revendications de leur gouvernement et nous faisons dresser par nos agents, à l'usage des consuls étrangers, des statistiques plus complètes que celles que nous établissons pour nos propres nationaux.
J'ai entendu bien des étrangers, des Espagnols notamment, s'en plaindre amèrement.
Il est donc urgent d'élaborer une loi de naturalisation spéciale en Algérie.
Il faut pousser vers notre nationalité les Européens fixés sur notre sol.
Le recensement de 1886 accuse 206.000 étrangers contre 265.000 Français (armée non comprise). Les deux tiers de ces étrangers sont Espagnols d'origine et beaucoup d'entre eux se croient Français.
Je ne saurais peindre l'étonnement et la stupéfaction d'un vieux pêcheur de Tipaza, venu d'Espagne vingt ans auparavant, lorsqu'on lui déclara qu'il devait faire franciser son bateau s'il voulait continuer à pêcher. Le bonhomme n'y comprenait rien :
" Mais je suis Français, disait-il, voilà vingt ans que je suis dans le pays, mes fils ont servi dans l'armée française. Moi je suis Français ! "
On lui répondit que notre loi n'admettant pas la francisation par le seul fait de la résidence, s'il désirait acquérir la qualité de citoyen français, il avait à remplir les formalités légales. Que lui en coûterait-il, les droits de chancellerie n'étant pas exigés en Algérie ?
Mais ces pauvres gens ignorants et craintifs ont traversé le détroit et se sont fixés sur la terre française pour fuir une administration tracassière. Bien que tranquilles chez nous, ils n'en ont pas moins conservé une terreur religieuses de ce qui a nom : Administration.
S'épouvantant des démarches qu'ils auraient à faire, ils préfèrent rester dans une fausse situation. Devant l'intérêt considérable qu'il y a pour nous à faciliter l'accès à notre nationalité à ceux-là même qui se considèrent moralement comme nôtres, et dont les fils, s'ils sont Espagnols, accomplissent, en vertu de la convention franco-espagnole du 7 janvier 1862, leur temps de service militaire dans notre armée algérienne, (sur 2.500 jeunes gens inscrits annuellement sur les listes de recrutement, 400 sont Espagnols).
Ne devrait-on pas laisser de côté toute paperasserie administrative ?
Certes, les sentiments généreux vis-à-vis des nations étrangères sont fort beaux mais comme ils ne sont jamais compris et qu'on ne nous paie pas de retour, il vaudrait beaucoup mieux nous préoccuper tout d'abord de nos propres intérêts ; on ne nous en respecterait que davantage.
Et la situation de Français de fait qu'occupent les étrangers en Algérie est si évidente, ces étrangers sont, dans leur propre esprit et dans celui des colons de là-bas si bien des Français que personne ne s'étonne qu'ils soient électeurs municipaux et éligibles au Conseil de la commune. C'est cependant une disposition extraordinaire et qui certes est mauvaise.
Si on ne veut pas, au moyen d'une législation spéciale en faire légalement ce qu'ils sont en fait, c'est-à-dire des Français qu'on ne leur donne pas accès à nos Conseils municipaux.
S'ils désirent y entrer, qu'ils se fassent naturaliser ! Si au contraire on les considère moralement comme des Français, pourquoi tergiverser, pourquoi ne pas le dire franchement ?
Il semblerait que de gaieté de cœur on veuille favoriser l'éclosion d'une population mixte, ni française, ni étrangère, mais algérienne. Ce n'est sans doute pas à quoi l'on vise ! On agit pourtant comme si telle était l'intention, et certes il serait déplorable d'arriver à un tel résultat après tant d'effort, tant de sang versé, tant d'argent dépensé !
Ces étrangers " légaux " parlent notre langue ; 40% d'entre eux au moins n'en connaissent pas d'autre.
Un Espagnol habitant Médéa depuis de longues années, me disait : " Ce que nous voulons c'est qu'on ne nous mette pas sous la coupe des consuls et des agents du gouvernement espagnol. Notre pays n'est plus l'Espagne mais l'Algérie !
- Pourquoi ne pas demander la naturalisation alors ?
- Des pétitions à écrire,
- des démarches à faire,
- des tracas,
- des ennuis, oh ! Non.
- pourtant !
- et si on nous la refuse ! On ne sait pas ce qu'il peut arriver.
Que le gouvernement nous déclare Français de droit, puisque nous le sommes de fait, nous ne protesterons pas, soyez-en sûr.
La qualité de Français dont ils se parent même quand notre loi ne leur accorde pas en est la preuve. Parmi les fonctionnaires et parmi les employés municipaux, beaucoup, étrangers de naissance, sont devenus Français.
Les croisements entre nationalités européennes par le mariage sont assez nombreux en Algérie. En général les étrangères recherchent plus les Français que les Françaises ne recherchent les étrangers. Cela tient peut-être à l'instruction plus grande du Français et aussi à cette tendance à la francisation qu'ont les européens d'Algérie. Sur 100 mariages européens, le quart se fait par croisement
Sur 550 mariages croisés célébrés en 1885, 301 étaient contractés entre Français et étrangères, c'est-à-dire que 301 étrangères acquéraient par le mariage la nationalité française tandis que 122 filles françaises seulement devenaient, par le mariage, étrangères.
Malgré la répugnance des étrangers à faire les démarches nécessaires à la naturalisation, environ 375 en moyenne sont accordées chaque année. Peut-être pourrait-on faire pour l'Algérie une loi de naturalisation analogue à la loi italienne, d'après laquelle naît Italien l'enfant dont les parents, étrangers d'origine, sont fixés depuis 10 ans en Italie, mais avec faculté pour cet Italien de hasard de décliner la nationalité italienne à sa majorité.
D'après ce système nous aurions de suite action sur 170.000 ou 175.000 personnes et nous n'aurions que plus de liberté dans la surveillance, plus de force dans la répression des éléments hostiles à notre influence.
Si nous n'agissons pas dans ce sens, voici ce qui arrivera. Au bout de deux générations, les Européens d'Algérie seront légalement Français. Mais comme ils ne seront pas passé obligatoirement par nos écoles, comme nos instituteurs ne les auront pas imprégnés de nos traditions nationales, ces Français de droit seront des Algériens de fait. Déjà aujourd'hui les fils d'Espagnols nés dans la colonie s'irritent de la qualification d'Espagnol. Ils sont, disent-ils, non pas des Espagnols mais des Algériens.
N'est-il pas à craindre, nos lois continuant à les considérer comme Espagnols et officiellement les laissant en dehors de l'éducation française, qu'il ne se forme chez eux un esprit particulariste, et que si des évènements graves venaient à se produire sur le continent européen, en Algérie l'élément français étant noyé dans l'élément " algérien " la France d'Afrique ne se sépare de la France d'Europe ?
C'est pour prévenir toute tentative de scission qu'il faut faire entrer les étrangers dans la patrie française, faire asseoir leurs fils sur les bancs de nos écoles et faire de la politique d'assimilation.
Ce ne serait pas la peine,
- d'avoir compromis notre situation politique et territoriale en Europe,
- versé notre sang en Afrique,
- dépensé notre or par milliards, si nous nous contentions de faire de l'Algérie une terre mixte, un pays où tous les peuples de l'Europe méridionale viendraient vivre à nos dépens et se réclameraient d'une loi étrangère au moment du danger.
L'Algérie est un pays français. Il faut y faire de la politique nationale, de la politique d'assimilation ou plutôt de francisation. Il faut que l'Algérie devienne une vraie terre de France et forme des départements français au même titre que la Bretagne et la Corse.
Une excursion dans le département d'Alger par Camille Viré 1888
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S'il existe des colons en Algérie
Envoyé par M. Christian Graille
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Nous constatons en France, à l'égard de l'Algérie un courant d'opinion défavorable contre lequel il faut réagir avec d'autant plus d'énergie que ce courant est plus puissant et que cette opinion est plus enracinée.
Pour ceux qui ont vu notre pays d'adoption, je ne dis même pas pour ceux qui l'ont habité, mais simplement pour ceux qui l'ont parcouru en touristes, il n'y a pas un long prêche à faire. Ils sont tous convertis ; la plupart y retournent, et s'ils ne s'y fixent pas, c'est le plus souvent parce qu'ils ne le peuvent pas.
Mais ceux qui n'y sont pas allés et qui n'iront pas, sont dans un tout autre sentiment. Ignorant ce que nous savons, ne se doutant pas de ce qu'ils ignorent, ils ne peuvent réprimer un mouvement de mauvaise humeur quand on leur parle de l'Algérie.
Les appréciations varient suivants les goûts et le degré d'instruction, mais elles sont généralement défavorables.
- L'Algérie, disent-ils, le pays des lions et des panthères, d'Abd-el-Kader et des Arabes !
- L'Algérie le pays de la soif, des sauterelles et des insurrections !
- L'Algérie le pays des soldats et surtout des généraux, la contrée du globe où la graine d'épinards prospère avec le plus d'intensité, on peut même dire sans culture.
- L'Algérie enfin, ce tonneau des Danaïdes, où se sont engloutis tant de millions de francs et de milliers d'hommes, cet embarras perpétuel, ce souci sans cesse renaissant, ce boulet rivé au pied de la France !
Voilà bien à peu près par quels côtés les Français d'Europe envisagent notre France nouvelle. Ces faces ne sont pas brillantes et je veux rassurer le lecteur en lui montrant qu'il y a un autre point de vue à considérer pour se faire de cette contrée one idée juste. Il y faut voir l'élément européen, l'élément stable et fixé à tout jamais dans le pays, il y faut voir la colonie et par conséquent les colons .... Car il y a des colons en Algérie, de vrais colons, des hommes qui ne se lassent pas de défricher, de cultiver, de bâtir, qui, par leur travail de chaque jour, de chaque heure, accroissent le domaine de la civilisation européenne.
Vous vous étonnez peut-être, cher lecteur, d'apprendre une nouvelle aussi neuve, et c'est sans doute la première fois de votre vie que vous entendrez parler d'eux. Mais enfin, si étrange, si nouveau que cela puisse d'abord vous paraître, il faudra bien vous habituer à cette idée.
Et d'abord, voulez-vous savoir combien nous sommes ?
Nous sommes, d'après le dernier recensement, deux cent quarante-cinq mille. La plupart français, un tiers environ espagnol ou italien ; mais l'élément français domine par le nombre, par la fortune et par l'éducation. C'est ainsi que nos quinze ou vingt journaux, tous rédigés en français ne s'occupent que des affaires de la France. J'ajoute que nous ne sommes pas seulement Français de naissance mais que nous le sommes de cœur et que nous n'avons jamais manqué une occasion de le prouver. Nous sommes même chauvins, et je suis heureux de pouvoir constater qu'en 1870-71, l'Algérie a envoyé à l'armée de la Loire et à l'armée de Garibaldi plus de deux mille volontaires.
Cela parait n'être rien, mais eu égard au chiffre de notre population, deux mille hommes correspondent précisément à une levée de quatre cent mille hommes pour la France.
Oublieux des dangers dont nous étions menacés nous-mêmes, nous avons voulu protester contre l'exemption du service militaire, dont les régimes précédents nous avaient gratifiés et nous avons payé spontanément notre dette à la patrie. En quoi nous avons peut-être mieux agi que plus d'un département français…mais n'abordons pas ce point délicat ! Nous avons fait notre devoir et cela suffit.
Est-il besoin de dire encore que nous sommes républicains, et républicains de la veille ?
Comme Paris et Marseille nous avons voté NON au plébiscite de 1870, et les six députés que l'empire nous refusait avec obstination, nous les avons choisis tous les six républicains.
Tout cela ne veut pas dire que nous ayons toutes sortes de mérites et pas un seul défaut. Nous avons au contraire tous les vices des habitants des grandes villes en même temps que nous avons leurs qualités. Mais nous nous corrigerons peu à peu parce que nous avons un peu d'instruction et d'intelligence.
Oh ! sans doute, nous avons en Algérie des escrocs et des chevaliers d'industrie, rien n'est moins contestable, et trop souvent le palmier-nain n'a été arraché que pour faire place tout d'abord à un champ de " carottes. "
Les méchants n'ont-ils même pas été jusqu'à prétendre que ce légume était originaire de l'Algérie ? C'est pure exagération ; mais si les " carottes " algériennes ont atteint quelquefois de regrettables dimensions, les renseignements que nous pouvons recueillir sur les autres colonies et spécialement sur les États-Unis, nous permettent d'affirmer qu'il n'y a pas en Afrique plus d'escrocs et de faiseurs que dans les quatre autres parties du monde.
En résumé, pour moi, depuis que j'habite l'Algérie, je n'ai jamais cessé de croire que je continuais d'habiter Paris. Je me suis senti, bien qu'en pleine broussaille, au milieu d'une population urbaine ; et j'ai rarement rencontré ici cet être lourd, têtu et routinier qu'on appelle un paysan.
Rien de rural chez nous, même à la campagne ! Si bizarre que cela puisse paraître, ce n'en est pas moins la vérité.
Pour en revenir à ce que je disais au début, je n'ai fait ce livre que pour prouver notre existence.
On n'a guère parlé jusqu'ici au lecteur français que des batailles, des chasses, des animaux féroces, des indigènes de l'Algérie. M. Félix Mornand a publié sur les mœurs des indigènes, sur la vie arabe un ouvrage excellent et que je crois devoir recommander pour son exactitude. Pour moi, ce que je cherche à vous montrer c'est la vie du colon algérien. Je veux que vous sachiez quelles sont ses joies, quelles sont ses douleurs. Je ne vous ferai pas plus grâce de ses petites misères que des grands fléaux qui l'accablent quelquefois. Aussi remarquerez-vous que la part du mal est beaucoup plus considérable dans mes descriptions que celle du bien. On me dira que j'aurais mieux fait d'intituler mon livre : " les misères de la vie de colon. " Sans doute, mais le mal tient toujours plus de place dans la vie que le bien et j'aime mieux insister sur les obstacles que nous rencontrons que sur les satisfactions qui récompensent nos efforts. Le bonheur et surtout le bonheur intime de la campagne ne se raconte guère. Il se sent, il vous pénètre,, il fait partie de l'atmosphère qu'on respire, mais on réussit mal à le définir, à le faire partager à autrui. C'est à vous de deviner combien nous devons aimer ce nouveau pays qui nous a coûté tant de sacrifices, où tout a été chaque jour remis en question, qui en quarante ans a dévoré plus de quarante gouverneurs et usé plus de mille systèmes.
Nous aimons cette contrée où nous avons été si rudement éprouvés, comme une mère aime les enfants qu'elle a eu le plus de mal à élever, nous l'aimons d'autant plus que nous y avons plus combattu et plus souffert. Si je rédigeais un prospectus pour une agence d'émigration sur l'Algérie, je parlerai sans doute autrement. Je passerais tout le mal sous silence pour ne montrer que les beaux côtés.
Mais je fais une œuvre sincère, et je peux dire toute la vérité.
Peu m'importe d'éloigner les irrésolus ou de décourager les timides. Je sais que ces esprits aventureux que l'inconnu attire, qui cherchent de nouvelles terres et de nouveaux horizons, que les difficultés existent au lieu de les éloigner, qui vont au-delà de l'océan respirer plus librement qu'en Europe, je sais que ceux-là ne seront pas effrayés du tableau un peu sombre que je fais passer sous leurs yeux. Et il me suffit d'être compris de ceux-là !
Hier encore pour ressembler aux États-Unis d'Amérique, Il manquait à l'Algérie la République et la liberté qui l'accompagne ou la suit fatalement.
Or grâce à Paris, grâce à la France, grâce aussi aux terribles enseignements qui nous ont été donnés par nos désastres, nous avons dès aujourd'hui la République.
Quand avec la République nous aurons encore la liberté, il ne nous restera plus rien à envier aux Américains, et l'émigrant se rendant en Afrique y pourra trouver les États-Unis sans quitter la France.
La vie de colon en Algérie par Paul Blanc 1874
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Toto et le verre d'eau
Envoyé par Eliane
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Toto est dans son lit lorsqu'il appelle son papa :
- Papa ! Je peux avoir un verre d'eau ?
- Non, Toto, c'est le nuit, on dort !
- Mais j'ai soif, je voudrais un verre d'eau !
- Toto, arrête ou tu vas avoir une fessée !
- Papa ! - Quoi, encore ?
- Quand tu viendras me donner une fessée, tu pourras m'apporter un verre d'eau ?
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Le défrichement
Envoyé par M. Christian Graille
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Quand vous traversez la partie colonisée de l'Algérie en chemin de fer ou en diligence, sur une route bien unie ou sur des rails bien lisses et que vous regardez à gauche et à droite les champs de blé jaunissant et les pampres (branches de vigne avec ses feuilles et ses grappes) verts de la vigne, vous vous croyez en France.
S'il ne se trouve pas près de vous un colon pour vous le rappeler, vous oubliez volontiers qu'il y a quelques années la plupart de ces champs n'étaient que broussailles. Tout au moins vous ne vous rendez pas compte de la peine qu'il en a coûté pour conquérir le sol une autre fois sur l'inculture, après l'avoir conquis une première fois par les armes. Des deux conquêtes la première était assurément plus facile que la seconde.
Dans beaucoup de terrains vous ne trouverez pas dix centimètres carrés qui n'aient reçu leur coup de pioche. Certains hectares ont coûté jusqu'à six cents francs de défrichement. Comme en Hollande où les habitants ont dû prendre pied à pied leur pays sur la mer, l'homme a dû souvent " faire la terre ".
Et s'il ne s'agissait que de se donner beaucoup de peine, ce ne serait que demi-mal. Il faut que les hommes travaillent, c'est la loi du monde. Mais le défrichement est un travail malsain qui affecte la santé, qui donne la fièvre aux plus robustes.
Il nous faudrait pouvoir établir une statistique pour les malades et les morts que nous coûte ici le charbon de bois extrait des nouveaux défrichements ; on peut penser que plusieurs milliers de défricheurs ont déjà péri à la tâche.
Et nous sommes loin d'avoir fini ! Nous commençons à peine. Il faudra encore longtemps pour continuer l'œuvre entreprise et la mener à bien.
- Terrible combat de l'homme contre la nature,
- de la culture contre la stérilité
- de la vie contre la mort !
Les difficultés contre lesquelles nous luttons en Algérie sont vraiment exceptionnelles. Nous sommes en présence d'un pays dévasté, d'une contrée à refaire de fond en comble. Il faut :
- rétablir les forêts détruites,
- emmagasiner les eaux,
- ramener les pluies,
- restituer le climat.
Et pour en arriver là, la première chose à faire, l'œuvre initiale avant laquelle on ne peut rien entreprendre, c'est le défrichement. On doit défricher dans toutes les colonies, mais ici le défrichement est le plus malaisé qu'ailleurs.
A l'île de France (Ile Maurice) on se contente d'incendier les forêts, puis après avoir labouré avec des araires légers, on sème le maïs entre les troncs d'arbres coupés ras terre.
Même procédé aux États-Unis. Quelquefois même, dans cette dernière contrée, on ne prend pas la peine de couper les troncs d'arbres dès la première année.
On se bornera à faire périr les arbres en les écorçant, de sorte que le soleil passant à travers leurs branches dépouillées de feuilles suffit à mûrir les premières moissons. Ne riez pas de ces petites économies dans le travail de la première heure. Elles ont plus d'importance que vous ne pouvez l'imaginer, car c'est souvent de ces premiers grains de maïs que dépend tout l'avenir de la famille du colon. Nous ne pourrions pas imiter les Américains à cet égard. Il nous faut arracher les souches coûte que coûte, et ce n'est pas une mince besogne. Il nous faut arracher les palmiers-nains et c'est bien autre chose encore.
Les Arabes ne partagent pas nos idées. Ils ne défrichent pas et si on les voit parfois arracher une souche de lentisque qui, par l'exubérance de sa végétation, rend leur labour impossible, on ne les voit jamais s'attaquer aux racines des palmiers-nains.
Approchons-nous d'une tribu arabe. Nous entendrons bien avant d'y arriver le grincement sourd de la pierre qui écrase le blé dont on fera tout à l'heure le couscoussou.
Les femmes tournent la meule pendant que les hommes jacassent des heures entières à l'entrée des tentes. D'autres femmes rentrent, apportant des charges énormes de bois sec ; ou bien encore des outres de peau de chèvre remplies d'eau, sous le poids desquelles leur échine se plie douloureusement.
Tout autour du campement vous n'apercevez que de la broussaille rabougrie, dévorée par les chèvres et même par les bœufs. Les jeunes pousses sont rasées pour ainsi dire avant de naître ; aussi le niveau des buissons ne dépasse-t-il la terre que de quelques centimètres.
Par-ci, par-là, quelques clairières auxquelles on ne saurait donner le nom de champs. Ce sont des espaces irréguliers entrecoupés de palmiers-nains, autour desquels la charrue arabe dessine consciencieusement les courbes les plus savantes.
Aujourd'hui c'est de l'orge qu'on a semé entre les touffes et qui végète misérablement. L'an prochain, le terrain se reposera de cette grande fatigue et nous ne verrons plus qu'un gazon pelé, tondu par la dent famélique des bestiaux comme par la faux d'un jardinier expérimenté.
Si maintenant nous laissons la tribu arabe pour aller voir un défrichement européen, nos impressions changent. Nous apercevrons de loin une tache sombre sur le fond vert de la campagne. C'est dans la broussaille vierge, le terrain déjà nettoyé, remué dans tous les sens par la pioche infatigable.
Des roseaux alignés servent de jalons pour indiquer à angle droit, soit le travail accompli, soit le travail à faire. Au milieu de toutes les lignes courbes que nous offre la nature sauvage, cette ligne droite, tracée par le défricheur pour la formation du champ nouveau, forme un contraste frappant. Le défrichement s'avance, bousculant tout devant lui avec une inflexible régularité. Il ne connaît ni les vallons ni les collines ; il suit l'équerre. Il va toujours en avant et tout droit.
Il y a dans sa marche géométrique quelque chose qui rappelle la phalange macédonienne, la légion romaine, ou plus simplement le bataillon carré des armées modernes.
En dépit de la lenteur de sa marche progressive, on pressent que rien ne peut lui résister et qu'il est invincible.
La vie de colon par Paul Blanc 1874
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Téféschoun (Les sauterelles)
Envoyé par M. Christian Graille
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De la ferme le 20 avril 1866
Nous étions gais et tranquilles il y a huit jours. Dans l'intervalle de nos travaux nous allions voir les blés qui commençaient à fleurir, nous les caressions du regard, nous espérions une récolte abondante qui nous récompenserait de nos efforts. L'année étant sèche, nous avons ensemencé un peu tard, et cependant tout s'annonçait bien. Nous croyions déjà tenir les épis sur l'aire et être délivrés de tout souci.
La fatalité ne l'a pas voulu. Les sauterelles ont tout envahi, tout ravagé, tout détruit. C'est un désastre effrayant. Elles ont commencé à paraître il y a six jours.
Pendant cinq jours entiers, du matin jusqu'au soir, elles ont défilé par nuées immenses tantôt à de grandes hauteurs, tantôt ras de terre.
Aujourd'hui seulement, grâce à des brouillards qui se sont élevés de la mer, elles n'arrivent plus.
- Peut-être allons-en être délivrés ?
- Peut-être n'est-ce qu'un moment de répit qu'elles nous laissent ?
Nous avions d'ailleurs grand besoin de repos : nous sommes affaissés par la fatigue physique. Pour ma part, voici cinq jours que j'ai passés, depuis le matin jusqu'au soir sur le dos d'une faux en circulant au pas de course dans les champs. Nous en avons tous fait autant, hommes, femmes et enfants.
Le premier jour ce n'était encore rien. On était un peu surpris mais on se remettait bien vite. On pensait que c'était quelque chose comme le vent meurtrier du désert, un siroco vivant qui voulait sa part comme l'autre et on acceptait cela.
La résistance s'organisait, les battues commençaient : on se promettait de défendre efficacement les biens de la terre contre l'ennemi commun. Il y avait de la vigueur et de l'entrain ; on ne désespérait de rien.
Le second et le troisième jour, l'invasion continuait de plus belle. Des zouaves nous aidaient ; nous marchions au son du tambour, déployés sur de grandes lignes, criant, vociférant, faisant tout le vacarme imaginable ; mais déjà nous devenions tristes. Plus d'un regardait en passant son champ de blé, dont tous les épis disparaissaient successivement et il se demandait à quoi servaient tant d'allées et venues, s'il était écrit que tout devait-être dévoré !
Ne valait-il pas mieux :
- s'asseoir,
- regarder
- attendre sans fatigue que le désastre s'accomplît ?
- Hier et avant-hier, c'était pis encore : les sauterelles redoublaient de furie et nous ne savions plus que faire. Le plus grand nombre d'entre nous avait abandonné tout espoir de sauver même la paille de sa récolte. Les battues générales cessaient ; on n'y croyait plus.
Quelques-uns rentraient dans le village et allaient s'asseoir sur le seuil de leurs maisons, mornes, l'œil hagard, perdus dans la contemplation intérieure de leur malheur.
Les autres, accablés et vacillants, s'acharnaient quand même à combattre ce combat inégal. Ils allaient et venaient, errants comme des ombres, à travers leurs champs dévastés. A quoi pensaient-ils, et s'ils pensaient, c'est ce qu'on ne pourra jamais dire
J'ai vu un vieillard qui avait ensemencé avec son petit-fils un demi-hectare de blé et qui comptait trouver là du pain pour passer l'année : c'était tout son avoir.
Il venait regarder son champ ! Le fléau avait rongé jusqu'au chaume ; on ne distinguait plus que la terre rouge, nue, dépouillée comme après le passage du feu. Le pauvre vieux n'en allait pas moins, le regard fixe, les jambes tremblantes, traversant son demi-hectare de long en large, agitant une sonnette. Il n'y avait plus de sauterelles : elles n'avaient rien laissé. Et cependant il marchait toujours, abîmé dans la douleur, ne sachant ce qu'il faisait.
J'ai passé près de lui, il ne m'a pas vu. C'est une chose triste, je vous assure, pour le cultivateur. Que va-t-il rester pour payer les dettes, pour échapper à l'expropriation ? Jour par jour, heure par heure, le travail d'une année et parfois le travail d'une vie entière, s'anéantit.
Hier encore il vous restait la moitié de la récolte ; aujourd'hui vous n'en avez plus que le quart, demain le cinquième, après-demain plus rien.
Vous êtes assassiné en détail, vous mourez à petit feu.
Et vous ne pouvez pas opposer de résistance sérieuse ; vous vous agitez et c'est en vain, la destinée s'accomplit ; la nuée passe comme un tourbillon de neige ; elle passe sans cesse,
- grossissante,
- innombrable, incessante.
Elle se rit de vos efforts impuissants. Vous avez beau avoir pour vous :
- la force,
- l'intelligence,
- l'énergie,
- la volonté. Elle a le nombre et elle vous écrase, insaisissable.
J'ai entendu un soldat dire qu'il aimerait mieux avoir à combattre tout autre ennemi que celui-là et ce soldat avait raison.
Ce n'est rien que d'avoir en face de soi des hommes ou des bêtes sauvages, on peut se défendre ; on n'a pas à faire à des fantômes vivants qu'on ne sait comment atteindre. Ici vous êtes désarmé, vous êtes impuissant, vous sentez plus que jamais toute la faiblesse humaine.
La ville ne comprendra jamais tout ce que les colons ont perdu en quelques jours ; elle ne pourra pas s'en faire une idée. Tous ces champs ravagés, il faut le dire et le redire, c'est notre pain qui s'en est allé. Nous serons sans ressources car il parait que le mal est partout dans le pays entier.
Nous n'avons pas seulement perdu la récolte d'une année, mais notre avenir est gravement compromis.
- Le travail manquera au journalier car la moisson va se trouver faite sans moissonneurs dans la plupart de nos champs.
- Les fermages ne seront pas payés.
- La semence manquera pour l'année qui vient.
- La farine fera défaut au colon jusqu'au mois de juillet de l'année prochaine, etc., etc.
- Il est impossible de calculer dès à présent combien de ruines et d'expropriations vont s'en suivre. Dans dix ans on se ressentira encore dans nos villages l'année 1866, de l'année des sauterelles.
Ici finissait ma lettre, elle ne parle que des mères sauterelles. Mais après elles, de leurs œufs déposés dans toute la contrée sont éclos un mois plus tard les petits criquets et cette nouvelle vengeance nous a causé des dommages presque aussi considérables que la première invasion. Les criquets ne sont venus qu'en juillet, et notre maigre moisson était faite ; mais les champs de tabac et les vignes ont disparu devant leur féroce appétit.
En une heure on a vu des vergers dévastés ; des fruits ils ne laissaient que les noyaux :
- abricotiers,
- figuiers,
- orangers,
- peupliers n'avaient bientôt plus ni feuilles, ni écorce.
Les criquets n'ont pas d'ailes comme les mères mais ils ont des jambes excellentes et ne connaissent que trop la manière de s'en servir. Comme le Juif Errant, ils marchent, ils marchent sans jamais s'arrêter. Ils vont tout le jour, ne se reposant que la nuit, mangeant en marchant, ou marchant en mangeant, comme l'on voudra.
Ils avancent par rangs pressés, en bon ordre de bataille. Rencontrent-ils des arbres, des buissons, des vignes ? Ils s'y accumulent. Une maison ? Ils passent par-dessus … ceci est à la lettre. Grimpant le long du mur avec une agilité surprenante, ils montent sur le toit, passent entre les tuiles et viennent jusque dans les chambres dévorer les tapis et les rideaux.
Un fossé plein d'eau ? Ils le franchissent à la nage et continuent leur course sur l'autre bord sans sourciller.
Des poètes, car nous en avons quelques-uns en Algérie, ont prétendu qu'en pareil cas l'avant-garde remplissait le fossé de ses cadavres et que le reste de la colonne passait ensuite imperturbable sur ce pont improvisé. La chose, hélas ! n'est pas vraie.
Ce qui est poétique, mais parfaitement exact, c'est que les criquets se dévorent entre eux, tout comme des créatures raisonnables exactement comme les hommes. Par esprit de discipline ou par amour de l'ordre, dès que l'un d'entre eux devient invalide, cinq ou six camarades s'empressent autour de lui et le mangent.
Cette méthode pour exciter les retardataires et supprimer les traînards a sans nul doute de grands avantages. Elle a dans tous les cas celui de contribuer efficacement à la nourriture d'une armée en campagne, mais je la trouve cependant un peu sévère et je n'oserais la proposer à l'adoption d'un de nos Ministres de la Guerre.
Pour finir donnons l'état officiel des pertes causées par les sauterelles en 1866.
Il s'élève à 19.652.981 francs :
- 13.868.337 francs dans la province d'Alger.
- 3.343.151 francs dans la province d'Oran.
- 2.441493 francs dans la province de Constantine.
23 mai 1874Les sauterelles sont revenues pendant qu'on imprimait cet ouvrage.
Elles ont duré moins longtemps qu'en 1866 et ont fait beaucoup moins de mal. Non qu'elles fussent en plus petit nombre mais parce que le fourrage était fauché et le blé déjà en épis. Elles étaient d'ailleurs si nombreuses que sur la ligne de chemin de fer, entre Blidah et Milianah, elles couvraient les rails et formaient en s'écrasant une pâte glissante qui empêchait les locomotives d'avancer. Les trains ont eu pendant quelques jours, entre Alger et Oran plusieurs heures de retard à cause de cela.
Telles ont été nos pertes. Les chiffres prouvent que nos descriptions n'ont rien exagéré.
Les sauterelles ne reviennent, dit-on, que tous les 20 ans…. C'est encore bien souvent.
La vie de colon en Algérie par Paul Blanc 1874
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Incendies
Envoyé par M. Christian Graille
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Le Sahel est cette série de collines qui constitue les côtes de l'Algérie. Il se compose d'une longue bande de terre parallèle à l'Atlas et est situé entre la mer d'une part, les grandes plaines de l'autre.
- Ici c'est la riche plaine de la Mitidja,
- là l'immense vallée du Cheliff,
- ailleurs la plaine d'Oran avec son grand lac salé,
- ou bien encore la vallée de la Seybouse, dans la province de Constantine.
La même disposition se retrouve à quelques interruptions près, dans toute l'Algérie. Elle fait du Sahel :
- la contrée la plus saine
- la plus fraîche et
- la plus pittoresque de chaque province.
Placé sur le versant Nord, l'observateur a la mer en face de lui, la grande mer, toujours changeante et toujours belle. Reflétant la couleur du ciel, elle est tantôt d'un bleu foncé presque noir, tantôt d'un azur pâle voilé par une dentelle de brumes. Elle est vide d'habitants. C'est le désert d'eau.
Aujourd'hui nous ne voyons même plus, comme hier, de petites voiles blanches qui, courant sur les rides du vent, attiraient invinciblement nos regards. Car nous avons beau vouloir nous isoler des hommes et chercher la nature vierge.
Ici comme au sein des villes populeuses, c'est encore l'homme qui captive notre intérêt, remplit notre pensée ; c'est encore lui que nous cherchons le premier dans chaque paysage.
Cependant, au bout de l'horizon, se confondant presque avec les nuages, une tache noirâtre nous annonce la présence d'un bateau à vapeur. Nous suivons des yeux cette fumée. Déjà nous avons cessé d'être seuls. Où il y a du feu il y a des hommes.
Si maintenant nous regardons du côté de la plaine, c'est encore le feu qui nous signale, de la façon la plus expressive, la présence de l'activité humaine. Là encore la vie se manifeste par la fumée.
- C'est la fumée des fermes enfouies dans les massifs de saules ou de peupliers.
- C'est la fumée des feux de défrichement qui sort du sein des broussailles.
- C'est la fumée des machines à battre le blé.
- C'est la fumée blanchâtre des locomotives du chemin de fer.
Les jets de vapeur lui donnent une teinte spéciale qui la fait reconnaître au loin. Mais ce qui la signale surtout à notre attention, c'est que seule entre toutes celles dont la plaine est parsemée, elle se déplace. Seule elle est douée de ce mouvement incessant et voulu, de cette activité progressive et raisonnée qui sont les attributs essentiels d'une vie supérieure.
- Mais peut-être aussi cette fumée qui marche est-elle poussée par le vent ?
- Peut-être est-ce la fumée d'un incendie à ses débuts ?
Les incendies ne sont pas rares en Algérie. Sous un climat comme celui-ci où la pluie manque le tiers de l'année, les meules de pailles et les maisons brûlent comme des allumettes chimiques.
Mais des incendies isolés, si graves que soient leurs effets pour ceux qui en souffrent, ne doivent pas nous intéresser davantage que ceux de même genre qui se produisent en Europe, soit par malveillance, soit tout simplement par imprudence.
Notre spécialité à nous, c'est l'incendie des broussailles et des forêts, c'est l'incendie en grand, où tout ce qui est à la surface du sol brûle, animaux et végétaux. On pourrait dire alors, si l'expression n'était pas un peu forcée, qu'on a mis le feu à la nature.
Les années 1860, 1865, 1865, 1871 et 1873 ont eu leurs grands incendies. Mais l'année 1865 surtout a été terrible. " Du 22 au 27 août, dit le rapporteur d'une commission élue par les concessionnaires des forêts de chênes-lièges, pendant cinq longues journées et cinq longues nuits, sur une étendue de 250 lieues de côté et sur une profondeur de dix à quinze lieues, de la frontière de Tunis à celle du Maroc, le feu du plus vaste incendie qui ait jamais été constaté a dévoré :
- forêts, - bois, - broussailles, - maquis, - vergers,
- chaumes, - meules de fourrage, et en plusieurs endroits
- des hangars, - des maisons d'habitation, - des fermes entières avec tout leur matériel.
Ce tableau n'est pas chargé. Sept villes ont été menacées par le feu :
- Stora,- Philippeville, - Jemmapes, - Miliana,
- Marengo, - Relizane ,- Sidi-Bel Abbès.
Nommerons-nous maintenant les villages ? Nous croyons que cela vaut mieux pour attester l'étendue du désastre d'une façon plus nette, plus précise. Les villages suivants ont été entourés par les flammes et défendus par leurs habitants :
- Hammam-Meskoutine, - Robertville, - Gastu, - Sidi-Nassar, - Héliopolis,
- Saint-Antoine, - Sidi-Moussa, Douaouda, - Fouka, - Bou-Ismaël, - Chaïba,
- Téféschoun, - Attatba, - Bérard,- Duperré, - Bel-Assel, - Ouled-Mimoun etc.
Je manquerais à tous mes devoirs de citoyen de Téféschoun si je ne vous disais pas qu'en cette circonstance les meules du village ont brûlé. Tout notre Sahel depuis Alger jusqu'au tombeau de la Chrétienne, soit dix ou douze lieues de côtes étaient changé en un morceau de charbon. Les chaumes avaient disparu et laissaient voir la terre nue. Des broussailles il ne restait plus que quelques bois brûlés dépourvus de leurs feuilles. On rencontrait parfois des lapins, des perdrix, des sangliers étouffés par la flamme.
D'ailleurs les incendies nous visitent souvent, si souvent que nous commençons à en avoir l'habitude. Tous les ans, régulièrement, ils s'approchent d'une ferme que je connais bien, tantôt à deux cents, tantôt à cent, tantôt à dix mètres
Ils arrivent un jour par le Sud, le lendemain par l'Ouest, ou encore par l'Est ou même par le Nord : tous les vents leur sont bons.
On se défend comme on peut. Avec des branches vertes, on frappe à coups redoublés sur la terre enflammée, et on tache d'arrêter le feu dans sa course rapide. Mais quand il s'agit de la grande broussaille, on est plus embarrassé car les flammes s'élèvent et empêchent d'approcher.
Alors le danger devient imminent, l'esprit de fraternité se réveille. On se porte secours les uns aux autres et tout le village, hommes, femmes, enfants, vieillards se mettant de la partie, une branche de lentisque ou d'olivier en mains, court sus à l'ennemi commun.
La fréquence des incendies a d'ailleurs pour effet de les rendre moins dangereux.
On comprend en effet qu'une broussaille qui brûle tous les deux ou trois ans n'a pas le temps de s'élever bien haut, et qu'on peut souvent, sinon s'en rendre maître, du point préserver tel ou tel point donné.
N'importe : C'est toujours l'inconnu
- Où s'arrêtera-t-il ?
- Où brûlera-t-il ?
- brûlera-t-il la vigne ou seulement quelques arbres du verger
- Ira-t-il jusqu'à la meule de fourrage
- à la meule de grain ou même
- jusqu'au hangar,
- jusqu'à la maison ?
Nul ne le sait. Une saute de vent, un coup de siroco ou même une brise de mer peuvent tout sauver ou tout perdre.
En attendant la chaleur augmente autour de nous, elle devient excessive et rend la respiration difficile. La fumée s'épaissit, couvrant une immense étendue du ciel, et masquant souvent le soleil comme d'un nuage de cendres : Phébus prend alors cette teinte jaune spéciale qu'on remarque chez lui lors d'une éclipse.
La fumée vue de près est noire mais en s'étendant et s'élevant elle prend un ton grisâtre moins foncé. Elle emporte avec elle au loin l'odeur aromatique ou résineuse des essences d'arbres que le feu vient de dévorer.
A plusieurs lieues de distance, cette odeur révèle parfois la nature de l'incendie de sorte qu'on peut dire à coup sûr : " ce qui a brûlé là-bas c'est de la broussaille de lentisque ou bien c'est un bois de pins. "
Il faut s'approcher des broussailles en feu : le spectacle en vaut souvent la peine. Les yeux et la gorge sont bien un peu saisis par l'âcreté de la fumée. Mais pourvu que vous ayez quelque curiosité d'impressions, vous prendrez plaisir à entendre ronfler la flamme, éclater le bois vert et siffler les feuilles vertes atteintes par les langues de feu.
Ce sifflement surtout est caractéristique : on dirait un fer rouge qu'on trempe dans l'eau. J'imagine que l'enfer, cet enfer que les chrétiens se réservent tout spécialement doit être une chose comme cela.
Mais pour revenir à l'incendie de 1865, le Journal Officiel d'Alger avait trouvé à cet incendie qui venait de dévorer une valeur de vingt ou trente millions de francs, une explication simple mais peu consolante. Il assurait que par le grand soleil du mois d'août des culs de bouteilles oubliés dans la broussaille par les défricheurs avaient joué le rôle de verres grossissants et mis le feu, par hasard, en même temps dans les trois provinces.
Voyez-vous ces malicieux culs de bouteilles. C'était absurde, mais officiel. Il n'y a pas toujours incompatibilité d'humeur entre ces deux adjectifs.
Ce qui est officiel n'est pas toujours absurde, mais ce qui est absurde devient quelques fois officiel. Pour nous, colons, nous connaissons très bien les incendiaires. Quand, armés de branches de lentisques, nous frappions sur la broussaille pour étouffer le feu et en arrêter les progrès nous n'avons pas songé un instant à accuser les culs de bouteilles. Nous n'avons pas accusé le siroco qui, cependant, il faut le reconnaître, était un peu complice.
Tous les ans, vers la fin de l'été, il souffle avec fureur à tel point qu'on se croirait, pour employer la comparaison la plus répandue, " en face de la gueule d'un four. "
C'est ce moment que les Arabes choisissent pour allumer les feux ; ils suivent une coutume en incendiant, pour s'épargner la peine de défricher. Les branches et les feuilles des broussailles une fois brûlées, l'herbe pousse à foison entre les racines ; et pendant deux ou trois ans, jusqu'à ce que les rejets aient recouvert le sol, les troupeaux rencontrent là des prairies naturelles assez fournies où ils peuvent s'engraisser.
C'est à peu près ce qui se passe aux Etats-Unis. D'après le récit d'un voyageur, en date de l'année 1853, " les incendies sont quelquefois organisés par le hasard ou par la négligence des voyageurs et des chasseurs ; mais d'ordinaire c'est à dessein que les habitants des prairies mettent le feu à de très grandes surfaces, afin d'obtenir un gazon plus jeune et plus vigoureux.
Au bout de quelques jours, on voit déjà poindre une herbe tendre dont la verdure cache les endroits noircis et calcinés par le feu, et quand ce gazon a poussé, les Indiens s'y rendent avec leurs troupeaux après avoir mis le feu dans d'autres directions.
Par malheur ces incendies prémédités tournent souvent au détriment des Indiens et détruisent le bétail et le gibier ; car si l'homme ne peut à son gré enflammer cet océan de gazon, il est hors de la puissance humaine de diriger le feu, surtout quand un orage s'élève et chasse les flammes sur des espaces immenses. " (Mollhausen, voyage au Mississipi aux côtes de l'océan pacifiques.) Rien de plus simple que ce système, rien de moins coûteux, rien de plus tentant pour la paresse des pasteurs qui ne cultivent de céréales que juste ce qu'ils ont besoin pour vivre.
Aussi nous pourrons-nous pas les empêcher à mettre le feu aux broussailles qu'en montrant à leur égard une extrême sévérité. Jusqu'ici l'Administration est restée impuissante, sourde, aveugle et muette.
Elle a même été coupable….
Les Hindous ont un proverbe d'après lequel celui qui a planté un arbre peut mourir, parce que sa vie n'aura pas été inutile au reste des hommes.
Renversant la proposition, nous n'irons jusqu'à dire, tant nous avons de respect pour les arbres, que celui qui détruit un arbre mérite la mort …. Comme au fond nous ne voulons la mort de personne, nous nous bornerons à demander beaucoup d'années de prison pour les incendiaires, pour les allumeurs de feu d'abord, mais surtout pour les chefs de ces allumeurs, grands criminels restés impunis jusqu'à ce jour.
Incendier des forêts en Algérie, dans une contrée sans bois, sans eaux courantes, sans pluies dans un pays bordé au midi par le Sahara ! Mais si c'est un crime ailleurs, que sera-ce donc ici ?
Allez voir où il y avait un bouquet de bois, quelques années après le passage du feu. Au lieu de l'ombre et de la verdure qui vous avez charmées, il ne reste plus des arbres pour tout souvenir que des espèces de poteaux grisâtres, sortant de terre à un demi-mètre de hauteur.
Les Arabes de la tribu voisine ont abattu pour leur usage les perches de bois brûlé au niveau qui leur paraissait le plus commode. Economes de leur travail, ils ont jugé inutiles de se baisser un peu pour les couper ras de terre, ainsi que le font les bûcherons d'Europe.
La production de la terre végétale due aux débris de feuilles et d'écorces fabriquées par les arbres, cette création de l'humus nourricier qui alimente à son tour la végétation dont il est issu, cette création s'arrête.
Pour peu que le terrain soit en pente, les eaux que rien ne retient plus dénudent le sol et on voit reparaître à la surface les roches, que les laboureurs appellent poétiquement les os de la terre. Soyez sûr que le géographe Elisée Reclus, amoureux passionné de la planète terre qu'il anime de son souffle comme le sculpteur Pygmalion donnant la vie à sa statue, soyez sûr qu'Elisée Reclus saisirait cette métaphore au vol. Il est capable de nous dire que la terre, nous laissant voir sa charpente osseuse, a évidemment maigri. Ou s'il ne va pas jusque-là, il nous prouve du moins qu'elle s'épuise et qu'elle devient stérile.
Autrefois l'Afrique du Nord n'était toute entière qu'une forêt. Du temps des Romains on pouvait aller de la Tunisie au Maroc sans cesser d'être à l'ombre.
Nous avons beaucoup de broussailles mais nous n'avons pour ainsi dire pas de forêts qui méritent ce nom ; dans la plupart d'entre elles il n'y a pas d'arbres et quand il y en a ce sont des arbres qui ne fournissent pas de bois.
Or ces forêts sans arbres et ces arbres sans bois ont le privilège de coûter beaucoup, de brûler toujours et de ne rapporter jamais. Sans hésitation il faut défricher et reboiser. Le reboisement n'est pas d'ailleurs aussi difficile ni aussi dispendieux qu'on le croit généralement.
Presque toutes les espèces d'arbres verts d'Europe réussissent à merveilles et enfin nous avons les arbres d'Australie qui dépassent toutes les essences européennes par la rapidité de leur croissance.
L'eucalyptus globulus est le plus intéressant de tous ces végétaux. En effet, chacun de nous dans la pratique ordinaire de ses propres plantations le voit grandir de deux ou trois mètres par an, sans grands soins.
Au bout de huit ans de semis, son tronc atteint plus d'un mètre cinquante de circonférence. Or il faut soixante ans à un chêne pour en arriver là. Aussi avons-nous tous plantés des eucalyptus.
- Après M. Ramel qui nous l'a apporté d'Australie,
- après M. Cordier qui a déjà de petites forêts
- M. Trottier qui poursuit la culture de cet arbre à la fois pratiquement et scientifiquement en a pour sa part en 1874 trente hectares à sa propriété de Rovigo. Nous réunissons tous dans nos plantations. Seule l'Administration des forêts échoue. Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, elle a tenu à nous montrer par ses essais infructueux qu'organisée comme elle l'est, elle ne sert à rien, ni à conserver les broussailles ni à créer les forêts.
L'initiative individuelle a donc suffi pour répandre l'eucalyptus dans toutes les parties de l'Algérie, depuis les environs de Bône jusque dans la plaine du Cheliff, à ce point que le paysage en est déjà transformé. Partout vous le voyez balancer gracieusement ses flèches élancées semblables aux pyramides du peuplier.
La moindre brise agite ses feuilles, allongées comme celles du laurier et retombantes comme celles du saule pleureur.
La fabuleuse rapidité de sa croissance permet à celui qui le sème aujourd'hui de se reposer à son ombre quatre ans après, de sorte qu'on a pu dire de lui très justement que c'est l'arbre des vieillards. C'est donc l'arbre de notre siècle pressé, de notre siècle positif et calculateur. Il résout mieux que tout autre végétal les données du problème forestier. " Produire aussi rapidement que possible, le plus de bois possible. "
L'Australie exportait en 1870 pour vingt millions de francs de bois d'eucalyptus.
- C'est l'arbre aux fibres incorruptibles qu'on emploie pour la construction des navires et des jetées de débarquement.
- C'est l'arbre au bois dur, si dur qu'on est souvent obligé de le travailler vert.
- Enfin c'est l'arbre à l'odeur empyreumatique qui donne la santé.
- Il se plait dans les lieux profonds et humides. Il assainit les marais et en chasse la fièvre. Ce sera donc :
- l'arbre des villages de création récente,
- l'arbre des défrichements,
- l'arbre des colonies nouvelles.
Ce sera bientôt l'arbre algérien. Aux insurrections nous opposerons la colonisation. Au déboisement et à l'incendie nous opposerons l'eucalyptus
*Pour comprendre comment nous pouvons opposer aux incendies un arbre qui après tout est combustible comme tous les arbres, il faut remarquer que la culture nécessaire à l'eucalyptus les met à l'abri du feu pendant les trois premières années. Il demande en effet à être planté en lignes et pioché comme la vigne. Au bout de trois ans il est assez grand pour étouffer toute végétation autour de lui et comme il se dépouille successivement de ses branches inférieures à mesure qu'il s'élève, on ne comprend pas bien comment il pourrait brûler. Pour que les bois d'eucalyptus brûlent il faudrait beaucoup de bonne volonté de la part des incendiaires et encore plus de négligence de la part des propriétaires.
La vie de colon en Algérie par Paul Blanc. 1874
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Les tremblements de terre. Mouzaïaville
Envoyé par M. Christian Graille
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On ne s'attendait pas à ce que je parle :
- du tremblement de 1716 qui démolit à Alger un grand nombre de maisons,
- ni celui de 1790 qui détruisit à peu près toute la ville d'Oran,
- non plus que la secousse de 1825 qui en 15 ou 20 secondes renversa toute la ville de Blida et ensevelit sous ses décombres un grand nombre d'habitants.
- non plus que de celle de 1846 qui lézarda l'église et les principales habitations de Philippeville.
Nous remarquerons seulement par l'énumération de ces diverses localités qu'aucune des provinces de l'Algérie n'a échappé à ces désastres et qu'elles sont toutes trois exposées à leur retour.
J'arrive de suite au tremblement de terre de 1867, le plus récent.
J'ai pu contempler immédiatement après la secousse les ruines qu'il laissait à Blida, Mouzaïaville, El Affroun, Bou-Roumi, Ameur el Aïn etc.
Dans ces quatre derniers villages j'ai trouvé toute la population sous la tente : des baraques en bois ne furent construites que plus tard.
A Mouzaïaville, sur soixante-quinze maisons, il n'y en avait plus une seule debout. A Bou-Roumi même désastre.
A El Affroun, sur plus de cent maisons, il en restait une. Après un bombardement, il reste bien quelques pans de mur debout : tout n'est jamais jeté à terre. Mais ici le cataclysme "était complet : quatre grands villages avaient été rasés.
L'église de Mouzaïaville se tenait cependant encore à peu près sur ses piliers, mais dans quel état ! Le cadran de son horloge subsistait intact au centre d'une rosace affreusement disloquée, mais il marquait toujours sept heures quinze minutes, l'heure fatale.
- Le toit effondré jonchant la nef de ses débris,
- les contreforts, en pierre de taille rose, démantibulés dans tous les sens,
- les murs lézardés du haut en bas, penchant excessivement,
- les vitraux brisés,
- les portes descellées et branlantes, présentaient un spectacle d'une tristesse morne qui serrait le cœur.
C'est qu'il n'y avait pas eu seulement des dégâts matériels. Les pertes d'argent sont réparables ; elles s'oublient. Mais on pleurait les morts.
La secousse se produisant le 2 janvier à sept heures du matin avait trouvé dans leurs maisons un grand nombre d'habitants.
Au seul village de Bou-Roumi elle a écrasé quatre enfants couchés dans leurs lits.
Les colons d'Ameur el Aïn ont eu trois morts, ceux d'El Affroun douze.
A Mouzaïaville on comptait, gisant dans la boue pendant toute la journée du 2 janvier, une rangée de quarante cadavres. Près de là se trouvaient étendus, exposés sans abri à une pluie torrentielle, un grand nombre de blessés
Assurément cette centaine de morts paraîtra peu de choses auprès des milliers de victimes produites par le dernier tremblement de terre de l'Amérique du Sud, celui de 1868.
Là c'était bien autre chose. Dans ces contrées, la Providence n'y va pas de main morte, elle fait les choses en grand. La secousse américaine se propageant sur une étendue de six cents lieues, a englouti un nombre considérable de villes, si bien qu'on évalue les pertes à un milliard et demi de francs et le chiffre des morts à trente mille.
Les soubresauts capricieux auxquels se livre la partie de l'écorce planétaire où nous sommes fixés sont par bonheur moins violents et nous dormons plus tranquilles que les habitants de la chaîne des Andes.
Néanmoins les tremblements de terre ont des inconvénients même pour ceux qui ne reçoivent pas les toits de leurs maisons sur la tête. Il faut refaire des pans de murs lézardés, recreuser des puits dont l'eau se trouve subitement tarie. Il faut bâtir d'aplomb et ne pas bâtir trop haut.
Pendant tout le cours de l'année 1867, les esprits étaient frappés en Algérie et on ne rêvait que tremblements de terre partout. On en avait tellement parlé que les imaginations en étaient affolées.
Dans la ville de Blida qui a été, il est vrai, très éprouvée, dont les maisons vigoureusement secouées ont dû subir des réparations considérables, mais qui n'a pas eu un seul mort, voilà un beau jour tous les habitants d'une rue sortent subitement de leurs maisons et prêts à s'enfuir dans la campagne.
On entendait un roulement sourd semblable à celui qui avait précédé la secousse du 2 janvier… Qu'était-ce ? Le bruit produit par un portefaix arabe traînant au galop une grande armoire sur une petite charrette.
Il ne faut pas trop s'étonner de ces paniques, car au 2 janvier même les plus braves ont eu peur.
Toute la ville d'Alger était sur pied. Les uns s'embarquaient dans des canots, les autres se réfugiaient sur les places, dans les jardins, partout où ils croyaient éviter la chute de trois ou quatre étages de leurs maisons. Il a régné pendant quelques heures une confusion inexprimable, qui s'est apaisée peu à peu lorsqu'on a pu constater que les dégâts étaient insignifiants et les accidents nuls.
Parlez aux colons du tremblement de terre et vous verrez abonder aussitôt les descriptions, foisonner les récits pittoresques.
L'un parlant de la place d'Armes de Blida au moment de la secousse vous dira que les platanes s'entrechoquaient comme des gens ivres et que la place se soulevait par le milieu comme le ventre d'un grand animal.
L'autre vous racontera que prêt à tomber, il voulait s'appuyer sur un arbre, mais que l'arbre fuyant son étreinte, lui a échappé.
Enfin une impression dont on m'a fait part et que je ne veux pas oublier de rapporter est celle d'un homme parti de Mouzaïaville à cheval à six heures du matin, le 2 janvier. Il rentre au galop à sept heures et demie. Il n'avait pas ressenti la secousse, les mouvements du sol s'étant probablement confondus avec ceux de la bête qui le portait…
Quelle n'est pas sa stupéfaction, ignorant la cause du désastre, de se trouver en face de l'effet, et de ne plus rien apercevoir du village qu'il vient de quitter il y a une heure ?
Un instant il s'est cru fou et il pensait en effet un peu de quoi le devenir. Quoi qu'il en soit, nous ne pensons plus aujourd'hui aux tremblements de terre. Les quatre villages sont reconstruits tout à neuf. Leurs maisons de briques sont un peu plus basses mais beaucoup plus élégantes que les anciennes bâtisses grossièrement composées des cailloux roulés de la rivière voisine. L'État a remboursé aux colons les frais de cette reconstruction et je ne crois pas qu'il manque maintenant une seule maison.
Personne ne s'est découragé, personne n'en est parti.
Exactement comme pour les villages du sud du Vésuve détruits par les éruptions, on a rebâti à la même place.
Les Maures de Blida avaient agi de même après le tremblement de terre de 1825. Faites-vous montrer à un kilomètre de Blida l'enceinte de la " nouvelle Blida " enceinte restée sans habitants et dont les murs s'écroulent chaque jour un peu davantage. Aussitôt après l'accident les Blidéens avaient eu l'idée de refaire là une ville nouvelle mais ils n'ont pas tardé à se raviser. Ils ont déblayé les décombres de l'ancienne et sont revenus s'y installer.
- Est-ce routine ?
- Est-ce constance ?
L'un est souvent bien près de l'autre et c'est peut-être tous les deux à la fois.
Où en serions-nous bien souvent si la routine, la bienheureuse et facile routine ne venait pas en aide à la difficile constance ?
La vie de colon en Algérie par Paul Blanc 1874
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L'eau ou l'alcool
Envoyé par Eliane
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Le conférencier essaie de convaincre la salle des méfaits de l’alcool et n’hésite pas à employer des exemples très terre-à-terre.
- Mettons deux seaux devant un âne :
un rempli d’eau et un rempli d’alcool.
D’après vous, vers quel seau se dirigera-t-il ?
Dans la salle, un homme éméché répond :
- Vers l’eau
- Et pourquoi, d’après vous ?
- Parce que c’est un âne !
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QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER
Source Gallica
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Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils
CHAPITRE XI
Expédition contre Bou-Maza (janvier-février 1847). - Dévouement de Chateaubriand. - Expédition des Nemenchas. - Commandement par intérim de la division de Constantine. - Pierre tombale du colonel Combes.
L'année 1847 va débuter par une nouvelle expédition dans une région où nos troupes n'avaient pas encore pénétré. L'affaire n'a pas eu son origine dans la province de Constantine.
Bou-Maza, dit le général Herbillon, qui par ses prédications avait remué les populations de la province d'Alger, se voyant poursuivi et traqué de tous côtés, se dirigea vers le sud de la province de Constantine en traversant le pays des Ouled N 'Ails, tribu nombreuse et difficile à soumettre. Connaissant le fanatisme religieux qui domine les Arabes du Ziban et comptant sur l'appui des nomades, il vint s'établir près des Ouled Djellal et de Sidi Kraled, à un endroit appelé Kreen Fre. De là il se mit en relations avec les habitants de ces deux oasis et après s'être assuré de leurs dispositions, il vint sacrifier à la Djema de Sidi Kraled, dont le tombeau est en grande vénération dans tout le pays du Sud. Sidi Kraled passe pour avoir été un des compagnons de Sidi Okba et chérif ; des pèlerinages nombreux se font à certaines époques de l'année à l'endroit où ses cendres ont été déposées.
Bou-Maza n'avait pas au début un nombre de partisans assez considérable pour qu'on pût s'inquiéter de ses menées ténébreuses. Mais son esprit de ruse lui permit d'utiliser les rivalités entre chefs, la haine commune du chrétien, par ses accointances enfin avec les grands des Ouled N'Ails ; il sut soulever les tribus, organiser la résistance en s'entourant d'un goum nombreux. Mission fut donnée au cheik de Biskra de surveiller l'imposteur, mais ce cheik ayant commis l'imprudence de s'avancer avec des forces insuffisantes pour razzier les troupeaux des Ouled Djellal, Bou-Maza en profita pour lui infliger une défaite qui augmenta encore son prestige auprès des habitants de Sidi Kraled, des Ouled Djellal et des Ouled N'Ails.
L'insurrection s'étendit rapidement, fit tache d'huile et gagna le Ziban, dont les indigènes n'attendaient qu'une occasion pour secouer le joug français. Le commandant de Saint-Germain du Cercle de Biskra en rendit compte au général Bedeau qui m'envoya l'ordre de me porter au plus vite contre l'agitateur.
Les renseignements permettant de croire que la présence d'une petite colonne suffirait pour faire rentrer les oasis (Ouled Djellal et Sidi Kraled) dans le devoir et chasser Bou-Maza du Sud, je quittai Batna avec 99 baïonnettes, 2 escadrons de chasseurs et 2 pièces de montagne. Je fis emporter quinze jours de vivres et le 15 janvier 1847, je me mis en route. Le 8, à 5 heures du soir, j'arrivai à l'oasis de Tolga.
Les habitants de Tolga et de Zab-Dahari me reçurent avec de grandes démonstrations d'honneur et de respect ; les nombreux goums du cheik El Arab et de Si Mokram vinrent au devant de la colonne, à laquelle ils se réunirent.
Le cheik des Ouled Djellal me fut présenté. Il me donna des indications sur l'esprit de ses administrés, sur leurs mauvaises dispositions. Il affirmait que Bou-Maza, dès notre arrivée, serait abandonné et forcé de s'éloigner.
Ses paroles paraissaient sincères, mais je n'y apportai qu'une foi relative. Je voulais surprendre l'homme qui était venu jeter le trouble dans les Zibans. Après avoir changé mes mulets contre des chameaux pour les donner à l'infanterie sans plus tarder, je me portai en avant.
Il y avait 10 lieues de Tolga aux Ouled Djellal. A l'oasis de Liouah, plusieurs grands Djellakiens vinrent m'annoncer que Bou-Maza avait quitté le village. Ils demandaient que la colonne n'allât pas plus loin, ajoutant qu'ils n'avaient pu s'opposer à ce que le marabout s'installât chez eux.
Malgré cette démarche, je continuai ma route. Nous arrivâmes à Rabath à 6 heures et demie du soir où j'eus confirmation du départ de Bou-Maza. Le camp fut établi sur les bords de l'oued Djeddi et je fis dire aux Ouled Djellal d'avoir à se présenter le lendemain à mon arrivée sur leur territoire pour faire soumission.
Le 10 janvier, la colonne arrive à hauteur des dattiers de l 'oasis. Le cheik El Arab, le khalifat Si Mokran et tous les grands qui m'entouraient étaient tellement persuadés qu'il n'y aurait aucune résistance qu'ils s'engagèrent dans le lit de la rivière qui coule au sud et au pied des jardins de l'oasis.
Le commandant de Saint-Germain étant dans la même persuasion, avait poussé avec quelques spahis d'escorte jusqu'au bord des cultures, lorsqu'il remarqua que tous les Arabes de l'oasis étaient en armes, drapeaux déployés et avaient l'attitude de gens bien décidés à la résistance. Il vint au galop me prévenir et m'engager à camper à distance.
J'établis mon camp sur un mamelon qui dominait l'oued Djeddi et les jardins et je fis prévenir les grands de venir faire leur soumission. Quelques-uns se présentèrent, mais ils appartenaient à la fraction du cheik qui était au camp. Je les envoyai dire à leurs coreligionnaires que si dans deux heures, des représentants de chaque fraction n'étaient pas près de moi, j'attaquerais l'oasis.
Je profitai de ce laps de temps pour en faire le tour, afin de reconnaître les endroits les plus accessibles.
L'oasis des Ouled Djellal est appuyé au sud à l'oued Djeddi, au nord à une vaste plaine sablonneuse. Elle a la forme d'un losange et peut contenir 45.000 dattiers renfermés dans des jardins clos de murs et arrosés par le moyen de puits. Le village qui est au centre est composé d'environ 400 maisons dont quelques-unes solidement construites. Une porte assez élevée ferme la face nord, et la face sud n'a d'autres entrées que des rues extrêmement étroites qui longent les jardins. La forêt de dattiers cache l'agglomération d'où émerge seulement un très petit minaret.
Ma reconnaissance me prouva le danger et les difficultés de pénétrer de vive force dans le dédale des jardins. Je résolus donc de faire jeter, en cas de non-soumission, quelques obus sur le minaret pour effrayer les habitants et les forcer à se rendre près de moi.
De retour au camp, j'y trouvai les mêmes grands des fractions soumises venant me dire de la part de leurs frères que : leur intention n'était pas de se soumettre aux chrétiens tant qu'ils seraient campés près de l'oasis; qu'ils ne les recevraient pas dans leur village; qu'ils avaient donné asile à Bou-Maza, il est vrai, mais qu'étant entièrement libres, ils étaient maîtres de recevoir chez eux qui bon leur semblait.
Le but évident des Arabes était de ne pas céder. Un mouvement rétrograde aurait soulevé immédiatement les oasis voisins, permis à Bou-Maza de revenir. Il n'y avait pas d'hésitation à avoir et la nécessité d'une démonstration s'imposant, je prescrivit au commandant Billon du 31e de prendre avec lui le bataillon d'Afrique, un bataillon de son régiment, une pièce de montagne et le goum de Si Mokran pour prendre position contre la face nord de l'oasis. Au signal donné par un coup de canon, il devait faire une simple démonstration avec son goum pendant que j'agirais de même sur la face sud avec le goum du cheik El Arab. Si les habitants sortaient, nous devions faire appuyer les goums, mais sans dépasser les premiers murs. L'artillerie devait tirer de dix en dix minutes sur le minaret.
Les deux escadrons de chasseurs étaient prêts à charger dans le lit très large de la rivière à sec si les Arabes s'aventuraient hors des jardins.
Au sud, les Arabes se retirèrent devant l'attaque. Au nord, au contraire, ils poursuivirent le goum de Si Mokran. Billon prit nettement l'offensive et enlevant le bataillon d'Afrique au cri de : Allons, Zéphyrs, en avant ", se jeta dans l'oasis où ses hommes entrèrent pêle-mêle avec les habitants. Ceux-ci connaissant toutes les issues, s'étaient promptement dérobés aux vues. Abrités derrière les murs, les dattiers, ils tiraient sur les soldats qui, perdus dans les ruelles, agissaient chacun pour son compte. Le commandant Billon, suivi de quelques hommes, arriva jusqu'à la route du village et, au moment de la franchir, fut tué à bout portant. Encouragés par ce succès, les Arabes reprirent l'offensive et les troupes ne pensèrent plus qu'à sortir du labyrinthe où leur fougue les avait engagées.
Du côté du sud, nos fusils de remparts avaient fait beaucoup de mal aux Arabes. A la nouvelle de la mort du commandant, je tentai une attaque décisive pour dégager les unités aux prises. Je ne laissai au camp que quelques hommes de confiance avec les cuisiniers et les malingres. Il me restait 4 compagnies du 2e de ligne. Je mis pied à terre et escorté de mon aide de camp, du maréchal des logis Chateaubriand et de quelques hommes, à la tête du détachement, je fis prendre à tout le monde le pas de course. La diversion, en attirant les Arabes de notre côté, permit au bataillon d'Afrique et à celui du 31e de battre en retraite.
Il eût été imprudent de pousser plus loin et toutes les troupes se retirèrent ensuite. Notre marche rétrograde excita nos ennemis à se ruer sur nous. Le capitaine Oudin, du 2e, eut à lutter corps à corps avec eux. Il tomba même entre leurs mains, dont il fut arraché par un brigadier de spahis. Sa compagnie étant fortement compromise, je dus charger pour le dégager à la tête des chasseurs. On put ainsi ramener les blessés, entre autres le capitaine, qui avait trois blessures fort graves.
Le feu avait cessé et j'étais resté pour surveiller la retraite, quand Chateaubriand, qui était à ma gauche, s'écria en me couvrant : "Général, prenez garde à vous, on vous ajuste." A peine ces mots étaient-ils prononcés, qu'une douzaine de balles vinrent frapper mon escorte. Chateaubriand eut la jambe cassée, deux chasseurs furent grièvement blessés, plusieurs chevaux tués. Nous ne rentrâmes au camp qu'à 6 heures.
Le bilan des pertes fut de 104 blessés et 40 tués, dont le brave commandant Billon. Son cadavre, ainsi que ceux de 14 hommes, avaient été laissés entre les mains des Arabes, 45 fusils avaient été abandonnés, ainsi que beaucoup d'effets. Le plus embarrassant, c'est que je n'avais pas d'ambulance complète et qu'il me manquait des cacolets pour le transport des blessés.
Je donnai l'ordre à Ben Canah, cheik El Arab d'envoyer deux de ses serviteurs les plus dévoués aux grands des Ouleds Djellal pour les prévenir que : l'intention du général était de ne pas quitter la position de campement qu'il avait prise, que si les habitants ne se soumettaient pas, il ferait de nouveau lancer des obus sur le village et qu'il demandait des renforts à Constantine.
Après une journée tout entière de luttes et de combats, ce fut la saisissante peinture du bivouac dans la nuit, rempli de gémissements des blessés avec, pour augmenter l'horreur poignante de l'obscurité, les lamentations lointaines des femmes arabes sur les corps de ceux qui ont payé de leur vie leur opiniâtreté dans la rébellion.
Les cris, les pleurs des femmes qui venaient jusqu'au camp étaient un indice certain qu'il y avait des quantités de tués et blessés parmi les habitants. D'autre part, autour de nous on n'entendait que les plaintes des malheureux blessés. Il était minuit, la nuit était froide, bien que nous fussions dans le Sahara. Je dictais dans ma tente, à mon aide de camp, le rapport des faits de la journée, quand les postes avancés envoyèrent prévenir qu'un assez grand nombre d'Arabes, éclairés par des torches, venaient à nous par le lit de l'oued Djeddi.
Tout le groupe me fut amen. Ils n'étaient plus ni si fiers, ni si insolents que le matin. Devenus souples, suppliants, ils déplorèrent leur entêtement, pleurèrent la mort de leurs frères et finirent par m'implorer en se soumettant entièrement à ma discrétion.
C'était le moment de leur en imposer par une grande fermeté. Aussi après leur avoir reproché leur conduite peu loyale, l'hospitalité donnée à Bou-Maza, ennemi de la France, je leur promis l'aman aux conditions suivantes :
1 ° Ne plus recevoir dans leurs villages le marabout Si Moktar qui, après avoir excité ses coreligionnaires à ne pas se soumettre, s'était sauvé;
2° Fournir 20 otages pris dans les deux fractions insoumises;
3° Payer 50.000 francs;
4° Rapporter les cadavres qui avaient été abandonnés dans les jardins;
5° Restituer les fusils et les effets laissés entre leurs mains.
Ils avaient jusqu'au lendemain 10 heures du matin pour la restitution des fusils, des effets et la remise des otages, sans quoi le bombardement recommencerait.
Les 50.000 francs devaient être payés dans les cinq jours.
Toutes ces conditions furent remplies. Restait à assurer l'évacuation des blessés sur Biskra. Le commandant de Saint-Germain en fut chargé.
On réquisitionna 150 chameaux et en agençant sur leur dos des tapis pour constituer des sortes de lits, on put constituer le convoi. Les amputés furent transportés sur des brancards. La colonne resta campée au même endroit jusqu'au 24 janvier. Elle reçut ce jour-là des renforts amenés par le colonel Butafuco du 2e (2 bataillons, 2 pièces, des munitions et des vivres). Le 24, je poussai jusqu'à Sidi Kraled et reçus la soumission de ses habitants. Entre temps, j'avais pacifié la région et le 4 février, j'entrai chez les Ouled N'Ails pour donner la main au général Marey qui opérait de son côté dans le Sud de la province d'Alger.
Au moment de regagner Batna, on apprend que Bou-Maza se rapproche, qu'il est pour le moment chez les Ouled Sussy campés aux puits de Maingoub. Vivement désireux de ne pas perdre le fruit de la journée du 10 janvier, je résolus de le poursuivre sans retard. Après des souffrances atroces causées à mes hommes par le manque d'eau en plein désert, par le siroco dans la journée, cédant la place pendant la nuit à des gelées véritables, après toutes les difficultés surmontées pendant une marche de quarante heures sans repos, la colonne arrive à Maingoub.
Maingoub est une ancienne station romaine, où il existe sept puits bien conservés qui sont profonds et alimentés par une rivière souterraine. L'eau en est bonne et fraîche. Les Ouled Sussis avaient abandonné l'oasis le matin même de notre arrivée. Ce fut un contre-temps, mais on n'avait rien à se reprocher. Le but principal de l'expédition était d'ailleurs rempli, car Bou-Maza se voyant poursuivi d'un côté par le général Marey, de l'autre par moi, quitta la province définitivement. Quelque temps après, il fit sa soumission entre les mains de M. de Saint-Arnaud, je crois. (Le Moniteur du 22 avril 1847 nous annonce en effet la prise de Bou-Maza chez les Ouled Jonnes et, d'autre part, le même journal rend compte que le célèbre fanatique assiste à une séance de la Chambre le 7 juin 1847.)
La colonne expéditionnaire se retrouva, le 6 mars, en vue de l'oasis des Ouled Djellal. Les indigènes sortirent en foule du village et apportèrent 400 plats de couscous avec du lait, des dattes, des fruits qui furent distribués à la troupe. Le 14, elle rentra à Batna.
Dans cette expédition, officiers et soldats prouvèrent quel parti on peut tirer des troupes françaises et quel est le pouvoir de la discipline, car, malgré les pertes douloureuses du 10 janvier, malgré la course pénible de trois jours sans eau en plein Sahara, pas une plainte, pas un cri ne fut proféré. Rentrés à Batna le 14, les mêmes hommes en repartirent le 25, pour opérer chez les Nemenchas, grande tribu rebelle; je trouvai chez eux même courage, même zèle et même abnégation.
Cette expédition des Nemenchas s'est bornée à une simple promenade militaire dans une région difficile et de ressources plus que minimes. Elle ne trouvera son épilogue définitif qu'en octobre 1848, par une démarche des grands des Némenchas à Constantine pour solliciter une organisation.
Le 11 juillet 1847, un ordre de l'armée d'Afrique appelle le maréchal de camp Herbillon, commandant la subdivision de Batna, au commandement par intérim de la division de Constantine.
C'est à cette époque que se place vraisemblablement le fait cité par le maréchal Canrobert dans ses Mémoires, concernant la grande dalle romaine en marbre blanc qui servait de pierre tombale au colonel Combes, du 47e, tué le 13 octobre 1837 à la prise de Constantine. Nous la reproduisons uniquement ici au point de vue anecdotique :
Lorsque en 1847, dit le maréchal Canrobert, je fus nommé colonel, je pris le commandement du 2e de ligne à Batna.
Je passai par Constantine et j'allai voir la plaque de marbre. Je ne la retrouvai pas. Je courus alors chez le général Herbillon et lui demandai où se trouvait cette plaque. Il l'ignorait et ignorait même qu'elle eût jamais existé. Il la fit rechercher de suite et on la retrouva dans un bain mauresque, où elle servait de lit de repos. Le général Herbillon la fit remettre à sa place (Mémoires du Maréchal Canrobert).
Voici ce qu'écrivit, en novembre 1847, le lieutenant-général commandant la province :
Le général Herbillon s'est toujours fait remarquer, depuis dix années qu'il sert en Afrique, par un zèle soutenu.
Il est fort utile dans un commandement de politique indigène par sa prévoyance calme et sa sagesse.
Et le duc d'Aumale, alors gouverneur général de l'Algérie, Ajoutait :
Homme tout à fait spécial à l'Afrique, consciencieux, ferme, M. le général Herbillon sait commander et obéir. Il a l'habitude des troupes et une grande pratique des affaires arabes. Il convient parfaitement au commandement dont il est pourvu.
A SUIVRE
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Le conte des sables
Envoyé Par M. Fabien
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Née dans les montagnes lointaines, une rivière traversa bien des contrées pour finalement atteindre les sables du désert.
De même qu’elle avait franchi tous les autres obstacles, la rivière essaya de passer celui-là mais elle s’aperçût qu’au fur et à mesure qu’elle coulait dans le sable, ses eaux disparaissaient.
Elle était certaine cependant que son destin était de traverser le désert.
Mais par quel moyen ?...
C’est alors qu’une voix cachée, une voix venue du désert, murmura :
« Le vent traverse le désert, la rivière peut en faire autant. »
La rivière répliqua qu’elle se jetait contre le sable et ne parvenait qu’à être absorbée ; que le vent, lui, pouvait voler et ainsi traverser le désert.
« En t’élançant de la façon qui t’est coutumière, tu ne traverseras pas. Tu ne peux que disparaître ou devenir un marécage. Tu dois laisser le vent t’emporter à ta destination. »
Mais comment était-ce possible ?
« En te laissant absorber dans le vent. »
Cette idée était inacceptable pour la rivière.
Après tout, elle n’avait jamais été absorbée auparavant.
Elle ne voulait pas perdre son individualité : une fois perdue, comment pouvait-on être sûr de jamais la retrouver ?
« Le vent remplit cette fonction, dit le sable. Il absorbe l’eau, la porte au-dessus du désert puis la laisse retomber.
L’eau tombe en pluie et redevient rivière. -- Comment puis-je savoir si c’est la vérité ?
-- C’est ainsi. Et si tu ne le crois pas, tu ne pourras devenir rien de plus qu’un marais et cela même peut prendre bien des années. Et ce n’est certainement pas la même chose qu’une rivière.
-Mais ne puis-je demeurer la rivière que je suis aujourd’hui ?
« De toute façon tu ne peux rester la même, dit le murmure.
La part essentielle de toi-même est emportée et forme à nouveau une rivière. Même aujourd’hui, tu portes ce nom parce que tu ne sais pas quelle part de toi-même est la part essentielle. »
Quand elle entendit ces paroles, certains échos s’éveillèrent dans les pensées de la rivière.
Vaguement, elle se souvint d’un état où elle – ou était-ce une partie d’elle-même ? – avait été dans les bras du vent.
Elle se souvint aussi -- mais était-ce un souvenir ? – que c’était cela qu’elle devait faire. Même si la nécessité ne s’en imposait pas.
Alors la rivière éleva ses vapeurs jusque dans les bras accueillants du vent.
Et celui-ci, doucement, et sans effort, les souleva et les emporta au loin, les laissant délicatement retomber dès qu’elles atteignirent le sommet d’une montagne, à bien des lieues de là. Et parce qu’elle avait douté, la rivière put se souvenir et enregistrer dans son esprit avec autant d’acuité les détails de l’expérience. « Oui, j’ai appris maintenant ma véritable identité », se dit-elle.
La rivière commençait à apprendre. Mais les sables murmuraient :
« Nous savons parce nous voyons cela arriver jour après jour et parce que nous, les sables, nous nous étendons de la rivière à la montagne. »
Et c’est pourquoi l’on dit que les voies qui permettent à la rivière de la vie de poursuivre son voyage sont inscrites dans les sables.
« Contes Derviches » de Idries Shah.
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"La Dernière Classe "
De M. (Alphonse Daudet )
Envoyé par M. J.P. Ferrer
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Ce matin-là j'étais très en retard pour aller à l'école, et j'avais grand peur d'être grondé, d'autant que M. Hamel nous avait dit qu'il nous interrogerait sur les participes, et je n'en savais pas le premier mot. Un moment l'idée me vint de manquer la classe et de prendre ma course à travers champs.
Le temps était si chaud, si clair.
On entendait les merles siffler à la lisière du bois, et dans le pré Rippert, derrière la scierie, les Prussiens faisaient l'exercice. Tout cela me tentait bien plus que la règle des participes; mais j'eus la force de résister, et je courus bien vite vers l'école.
En passant devant la mairie, je vis qu'il y avait du monde arrêté près du petit grillage aux affiches.
''Cest de là que nous sont venues toutes les mauvaises nouvelles, les batailles perdues, les réquisitions, les ordres de kommandantur.
Et je pensai sans m'arrêter: " Qu'est-ce qu'il y a encore ?
"Alors, comme je traversais la place en courant, le forgeron Wachter, qui était là avec son apprenti en train de lire l'affiche, me cria:"
Ne te dépêche pas tant, petit; tu y arriveras toujours assez tôt à ton école !
"Je crus qu'il se moquait de moi, et j'entrai tout essoufflé dans la petite cour de M. Hamel.
D'ordinaire, au commencement de la classe, il se faisait un grand tapage qu'on entendait jusque dans la rue, les pupitres ouverts, fermés, les leçons qu'on répétait très haut tous ensemble en se bouchant les oreilles pour mieux apprendre, et la grosse règle du maître qui tapait sur les tables:
" Un peu de silence ! "
Je comptais sur tout ce train pour gagner mon banc sans être vu; mais justement ce jour-là tout était tranquille, comme un matin de dimanche. Par la fenêtre ouverte, je voyais mes camarades déjà rangés à leurs places, et M. Hamel, qui passait et repassait avec la terrible règle en fer sous le bras. Il fallut ouvrir la porte et entrer au milieu de ce grand calme. Vous pensez, si j'étais rouge et si j'avais peur!
Eh bien, non. M. Hamel me regarda sans colère et me dit très doucement:
" Va vite à ta place, mon petit Frantz; nous allions commencer sans toi. "
J'enjambai le banc et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu'il ne mettait que les jours d'inspection ou de distribution de prix.
Du reste, toute la classe avait quelque chose d'extraordinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude, des gens du village assis et silencieux comme nous, le vieux Hauser avec son tricorne, l'ancien maire, l'ancien facteur, et puis d'autres personnes encore. Tout ce monde-là paraissait triste; et Hauser avait apporté un vieil abécédaire mangé aux bords qu'il tenait grand ouvert sur ses genoux, avec ses grosses lunettes posées en travers des pages.
Pendant que je m'étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans sa chaire, et de la même voix douce et grave dont il m'avait reçu, il nous dit:
" Mes enfants, c'est la dernière fois que je vous fais la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine... Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs."
Ces quelques paroles me bouleversèrent. Ah ! les misérables, voilà ce qu'ils avaient affiché à la mairie.
Ma dernière leçon de français !...
Et moi qui savais à peine écrire! Je n'apprendrais donc jamais ! Il faudrait donc en rester là!...
Comme je m'en voulais maintenant du temps perdu, des classes manquées à courir les nids ou à faire des glissades sur la Saar ! Mes livres que tout à l'heure encore je trouvais si ennuyeux, si lourds à porter, ma grammaire, mon histoire sainte me semblaient à présent de vieux amis qui me feraient beaucoup de peine à quitter. C'est comme M. Hamel. L'idée qu'il allait partir, que je ne le verrais plus me faisait oublier les punitions et les coups de règle.
Pauvre homme !
C'est en l'honneur de cette dernière classe qu'il avait mis ses beaux habits du dimanche, et maintenant je comprenais pourquoi ces vieux du village étaient venus s'asseoir au bout de la salle. Cela semblait dire qu'ils regrettaient de ne pas y être venus plus souvent, à cette école.
C'était aussi comme une façon de remercier notre maître de ses quarante ans de bons services, et de rendre leurs devoirs à la patrie qui s'en allait...
J'en étais là de mes réflexions, quand j'entendis appeler mon nom. C'était mon tour de réciter. Que n'aurais-je pas donné pour pouvoir dire tout au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute; mais je m'embrouillai aux premiers mots, et je restai debout à me balancer dans mon banc, le cœur gros, sans oser lever la tête. J'entendais M. Hamel qui me parlait:
"Je ne te gronderai pas, mon petit Frantz, tu dois être assez puni... voilà ce que c'est. Tous les jours on se dit: Bah ! j'ai bien le temps. J'apprendrai demain. Et puis tu vois ce qui arrive... Ah! ç'a été le grand malheur de notre Alsace de toujours remettre son instruction à demain. Maintenant ces gens-là sont en droit de nous dire: Comment ! Vous prétendiez être Français, et vous ne savez ni parler ni écrire votre langue !... Dans tout ça, mon pauvre Frantz, ce n'est
" Vos parents n'ont pas assez tenu à vous voir instruits. Ils aimaient mieux vous envoyer travailler à la terre ou aux filatures pour avoir quelques sous de plus. Moi-même n'ai-je rien à me reprocher? Est-ce que je ne vous ai pas souvent fait arroser mon jardin au lieu de travailler? Et quand je voulais aller pêcher des truites, est-ce que je me gênais pour vous donner congé ?...
" Alors d'une chose à l'autre, M. Hamel se mit à nous parler de la langue française, disant que c'était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide: qu'il fallait la garder entre nous et ne jamais l'oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu'il tient sa langue, c'est comme s'il tenait la clef de sa prison... Puis il prit une grammaire et nous lut notre leçon. J'étais étonné de voir comme je comprenais. Tout ce qu'il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n'avais jamais si bien écouté, et que lui non plus n'avait jamais mis autant de patience à ses explications. On aurait dit qu'avant de s'en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d'un seul coup.
La leçon finie, on passa à l'écriture. Pour ce jour-là, M. Hamel nous avait préparé des exemples tout neufs, sur lesquels était écrit en belle ronde: France, Alsace, France, Alsace. Cela faisait comme des petits drapeaux qui flottaient tout autour de la classe pendu à la tringle de nos pupitres. Il fallait voir comme chacun s'appliquait, et quel silence! on n'entendait rien que le grincement des plumes sur le papier. Un moment des hannetons entrèrent; mais personne n'y fit attention, pas même les tout petits qui s'appliquaient à tracer leurs bâtons, avec un cœur, une conscience, comme si cela encore était du français... Sur la toiture de l'école, des pigeons roucoulaient bas, et je me disais en les écoutant:
" Est-ce qu'on ne va pas les obliger à chanter en allemand, eux aussi ? "
De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans sa chaire et fixant les objets autour de lui comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'école... Pensez ! depuis quarante ans, il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Seulement les bancs, les pupitres s'étaient polis, frottés par l'usage; les noyers de la cour avaient grandi, et le houblon qu'il avait planté lui-même enguirlandait maintenant les fenêtres jusqu'au toit. Quel crêve-cœur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses, et d'entendre sa sœur qui allait, venait, dans la chambre au-dessus, en train de fermer leurs malles! car ils devaient partir le lendemain, s'en aller du pays pour toujours.
Tout de même il eut le courage de nous faire la classe jusqu'au bout. Après l'écriture, nous eûmes la leçon d'histoire; ensuite les petits chantèrent tous ensemble le BA BE BI BO BU. Là-bas au fond de la salle, le vieux Hauser avait mis ses lunettes, et, tenant son abécédaire à deux mains, il épelait les lettres avec eux. On voyait qu'il s'appliquait lui aussi; sa voix tremblait d'émotion, et c'était si drôle de l'entendre, que nous avions tous envie de rire et de pleurer. Ah ! je m'en souviendrai de cette dernière classe...
Tout à coup l'horloge de l'église sonna midi, puis l'Angelus. Au même moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de l'exercice éclatèrent sous nos fenêtres... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand.
" Mes amis, dit-il, mes amis, je... je... "
Mais quelque chose l'étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase. Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu'il put :
" VIVE LA FRANCE !
"Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main il nous faisait signe:" C'est fini... allez-vous-en.
"Ce conte d'Alphonse Daudet est tiré des " Contes du lundi " .
L'histoire se passe en 1871 après la défaite et l'occupation de l'Alsace-Lorraine par les prussiens ....
" L'Angélus sonna. Suivi des trompettes prussiennes . Le français cessa d'être la langue enseignée "!
A lire , pour ceux qui aiment la poésie , pour ceux qui aiment la France . Avant peut-être que d'autres trompettes sonnent comme le firent à cette époque les prussiennes .
Comme cet instituteur, écrivons: " Vive la France " au tableau noir, pendant qu'il en est encore temps ! Merci à ce correspondant de nous rappeler ce texte, l'histoire est un éternel recommencement. Espérons que ce ne soit pas le cas...Pour nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants...
Rappel: Daudet est né à Bezouce ( Gard ) entre Remoulins et Nîmes
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Les politiques, l'État et l'Armée
A observer certains évènements récents qui se sont produits en France, on est en droit de s'interroger sur leur sens et de se demander s'ils n'expriment pas une forme de nihilisme privilégiant systématiquement le rejet d'un passé qui serait honteux plutôt que la célébration d'une histoire riche et glorieuse. Une telle attitude conduit insidieusement à fragiliser la Nation. L'autorité de l'État, si nécessaire aujourd'hui, peut-elle sortir renforcée du dénigrement de son action passée ?
Cette culpabilisation est irresponsable. Elle instille le doute, conduit à la perte de confiance et entraîne inexorablement notre pays sur la voie du déclin. Elle est d'autant plus surprenante qu'elle se développe au moment où l'État peine à exercer ses prérogatives régaliennes. Elle est d'autant plus grave qu'elle met en cause non seulement des hommes politiques mais également, et implicitement, son bras séculier l'Armée.
Le mensonge par omission
L'ASAF estime que la politique de Mémoire a pour but principal la connaissance et la compréhension de notre Histoire, qu'elle doit contribuer à rassembler les Français plutôt qu'à les diviser et à leur donner des exemples propres à renforcer leur confiance en leur pays.
Cela impose de rappeler le contexte historique et le cadre géographique dans lesquels se déroulent les évènements évoqués.
La démarche du président de la République vers la famille de Maurice Audin s'est affranchie de cette exigence intellectuelle. En effet, le destin de ce militant doit être inscrit dans le soutien qu'il apportait aux terroristes poseurs de bombes du FLN qui tuaient et estropiaient chaque jour des civils innocents à la sortie des écoles ou dans les bars fréquentés par de nombreux jeunes.
Omettre sciemment ces éléments de contexte aussi fondamentaux, c'est travestir la réalité. Il n'est pas acceptable de dénigrer les décisions de l'État et condamner même implicitement l'action de l'Armée si l'on oublie de rappeler que, chaque jour, des victimes innocentes comme celles du Bataclan en 2015, tombaient à Alger en 1957. Les Français d'aujourd'hui pourront alors comprendre pourquoi, dans l'urgence et faute d'outils techniques plus performants pour rechercher les renseignements, tous les moyens disponibles furent utilisés pour arrêter cette hémorragie.
Une repentance trompeuse et destructrice
À entendre la surenchère de certains propos culpabilisants, on en vient, par exemple, à oublier que les terribles massacres de dizaines de milliers de harkis, qui commencent le 19 mars 1962, malgré les engagements pris, et qui vont se poursuivre massivement après l'indépendance de l'Algérie du 3 juillet 1962, sont le fait des égorgeurs et éventreurs du FLN algérien !
Cette attitude de repentance qui consiste à taire et détourner les réalités du présent, telle la sévérité des combats au Sahel contre les islamistes, en condamnant le passé est dévastatrice pour nos armées et par là même pour notre Défense. Elle sème le doute dans les esprits de nos soldats sur le bien fondé de leurs engagements opérationnels d'aujourd'hui. L'Armée est-elle condamnée à servir de bouc émissaire aux dirigeants politiques n'assumant pas leurs responsabilités du moment ? Leurs successeurs dénonceront-ils demain, dans un contexte inévitablement différent, les engagements de nos armées en Afghanistan, en Irak et au Mali contre les djihadistes ?
Enfin, cette repentance, servie ad nauseam à propos de l'aventure coloniale française, ne contribue-t-elle pas à faire douter les Français d'eux-mêmes et à susciter chez certains d'entre eux, fraîchement naturalisés, un désir de revanche fragilisant un peu plus la cohésion nationale ?
Plutôt que Maurice Audin, complice de terroristes, pourquoi n'avoir pas mis en avant des comportements héroïques tels celui de l'ingénieur Keller révélé récemment au grand public par une production de France 5, " la source K ", ou de ce couple, parents de cinq enfants, qui s'est engagé dans la Résistance malgré les risques considérables encourus pour leur famille ? Ces trois résistants qui seront déportés et dont deux succomberont dans les camps de la mort, ne sont-ils pas les héros dont les jeunes ont besoin et que, hélas, la France ignore ?
Une Nation fragilisée
La France a célébré récemment le 75e anniversaire de la libération de la Corse, premier département libéré. Il l'a été par le bataillon de choc, les goumiers marocains et la Résistance.
Des jeunes scolaires ont été intelligemment associés aux cérémonies. Mais quelle honte d'avoir vu des élus de cette région, et non des moindres, participer aux cérémonies sans porter leur écharpe tricolore, sans chanter la Marseillaise, et déposer des gerbes sans ruban tricolore avec des inscriptions en langue corse.
Ces comportements sont-ils acceptables alors que la Constitution rappelle que " la France est une République indivisible, que la langue officielle de la République est le français, et enfin que les partis et groupements politiques … doivent respecter les principes de la souveraineté nationale... " ?
Quand bien même ces dirigeants indépendantistes n'étaient pas nés alors que les résistants, les goumiers et les commandos se sacrifiaient pour le drapeau français et la liberté, devons -nous accepter dans l'indifférence ces comportements d'élus ? Si oui, de quelle Nation et de quel lien armée-nation parlons-nous ?
Une raison d'espérer cependant : les applaudissements nourris initiés par des Corses profondément français, lors des dépôts de gerbes par le consul général du Maroc en Corse puis par madame Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées. Les quatre dépôts de gerbes précédents, ceux des élus corses, eurent lieu dans un silence gêné et réprobateur.
L'urgence d'un État rassembleur et fort
Il est temps que les responsables politiques d'aujourd'hui cessent d'affaiblir l'État en s'érigeant en juges d'un passé qu'ils connaissent souvent mal où qu'ils observent d'un œil partisan. Ils doivent, au contraire, renforcer l'unité de la Nation, susciter le dépassement des Français en honorant les héros qui ont fait et font aujourd'hui la fierté de notre pays. Il est essentiel qu'ils se concentrent sur la tâche immense qui est la leur aujourd'hui plutôt que de dénigrer l'action de leurs prédécesseurs et de notre Armée.
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Sauver Choupinet !!!
Envoyé par Eliane
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Trois adolescents sauvent Choupinet de la noyade .
Très reconnaissant, "El Présidente" leur propose un remerciement.
Le premier lui répond :
"J 'aimerais un scooter pour aller à l'école car mes parents n'ont pas les moyens de m'en acheter."
Choupinet rétorque :
"OK, tu m'as sauvé la vie. Il y a un scooter qui ne sert plus à l'Elysée . Je te le donne, tu auras un scooter."
Le second demande :
"J'aimerais une play-station 2, et un smartphone Galaxy note 8 car je n'ai pas d'argent et mes parents ne peuvent pas financièrement..."
Choupinet dit :
"Pas de problème. Je suis tellement reconnaissant que je t'offre même un super PC portable.
Et toi, que désires-tu ?"
Le troisième répond :
"Moi, j'aimerais des obsèques nationales avec tout le cérémonial, la fanfare, comme Johnny."
Compte tenu de l'âge du jeune homme, Choupinet s'interroge..
Il ne comprend pas sa requête et lui demande pourquoi ?
Le jeune homme lui répond :
"Lorsque mon père va apprendre que je vous ai sauvé, il va me tuer !"
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LA RÉPUBLIQUE INALTÉRABLE
Par le Général (2s) Antoine Martinez
Envoyé par M. Jolivet.
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Dans l'affaire Benalla, chaque jour qui passe apporte son lot de révélations toutes aussi extravagantes et incroyables les unes que les autres.
Depuis la publication par le journal Le Monde d'un article révélant les agissements scandaleux commis le 1er mai dernier par un très proche conseiller du président de la République, chaque jour qui passe apporte son lot de révélations toutes aussi extravagantes et incroyables les unes que les autres. Et d'une affaire qui aurait dû rester cantonnée dans son traitement au niveau individuel portant sur cet individu au comportement qu'on peut qualifier de voyou, voire de barbouze, cette affaire dite " affaire Benalla " est en train de virer au cauchemar pour la présidence de la République car l'état de droit est mis à mal et c'est un véritable scandale d'Etat qui est découvert et qui atteint directement le président de la République lui-même. Pourquoi ?
En premier lieu, le cas Alexandre Benalla, désormais poursuivi pour " violences en réunion n'ayant pas entraîné d'Incapacité ", " immixtion dans l'exercice d'une fonction publique ", " port public et sans droit d'insignes réglementés ", " recel de détournement d'images issues de la vidéo protection " et " recel de violation du secret professionnel " doit interpeller les représentants de la nation et les citoyens français à deux titres.
Tout d'abord, présenté aujourd'hui comme un simple chargé de mission ou conseiller, il bénéficiait en réalité d'un statut particulier du fait de sa proximité avec le président ce qui lui donnait accès, à 26 ans, à certains privilèges et passe-droits exorbitants (logement de fonction dans une dépendance de l'Elysée, salaire insensé, véhicule haut de gamme de type berline avec chauffeur, port d'arme, badge de type H permettant l'accès dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, titre de lieutenant-colonel dans la réserve citoyenne, promesse d'appui pour une candidature au poste de sous-préfet (nomination au tour extérieur) cette candidature ayant été retirée, habilité secret défense…) qu'il considérait de nature à lui permettre de s'arroger des pouvoirs excessifs que personne n'osait ou ne pouvait contester puisque protégé par le président. C'est ainsi d'ailleurs qu'il a pu obtenir des bandes de vidéo-surveillance communiquées par trois fonctionnaires de police de haut rang. C'est dire le pouvoir de ce voyou et sa certitude d'impunité jusque-là.
Par ailleurs, cette affaire est révélatrice d'une dérive de cette République exemplaire prônée par le président de la République. On peut même avancer qu'elle est le symptôme d'un dérèglement du pouvoir personnel et que le président démontre par ailleurs sa méconnaissance de la menace qui pèse aujourd'hui sur le pays.
Sélective dans les sanctions qu'elle peut être amenée à prendre, cette République favorise curieusement l'infiltration ou le noyautage de nos institutions et des cercles dirigeants de notre pays par le recrutement ou l'entretien de relations obscures, malsaines et inquiétantes avec des personnages dont la loyauté à l'égard de l'Etat français et de de la nation peut être mise en doute. Alexandre Benalla, d'origine marocaine, dont on peut penser qu'il possède une capacité certaine d'influence sur le président, est notamment très sensible à la cause musulmane et à la " Ligue de défense judiciaire des musulmans " créée par l'avocat Karim Hachoui, avocat des voyous, radié du barreau de Paris pour manquements déontologiques et inscrit aujourd'hui au barreau d'Alger et avec lequel il entretient ou a entretenu des relations suivies. D'autres relations avec des personnes non moins embarrassantes ne peuvent pas être ignorées : Makao, ex-garde du corps du président reçu récemment à l'Elysée, s'affiche sans complexe avec Jawad Bendaoud, logeur des assassins du Bataclan ; n'oublions pas l'hésitation du président, en avril 2017, pour prendre ses distances avec Mohamed Saou, référent d'En Marche pour le Val d'Oise, qui pourtant ne cachait pas ses accointances avec " l'islam politique " ; que dire de " l'humoriste " Yassine Belattar pour qui le problème c'est l'homme blanc de plus de 60 ans et qui conseille, voire guide le président à qui le couplet sur " les deux mâles blancs " a probablement été suggéré ; sans oublier Hakim El Karoui conseiller chargé de l'islam qui préconise la création d'une taxe halal pour financer ce que le président croit être une religion. Rappelons que Alexandre Benalla a été introduit dans les rouages du parti socialiste par Najat Valaud Belkacem qui, avec d'autres, n'a fait qu'appliquer dans son action politique la stratégie culturelle islamique à l'extérieur du monde islamique élaborée par l'OCI. Enfin, dans l'optique de la création évoquée par certains d'une police parallèle au sein de l'Elysée, avec des individus comme Alexandre Benalla on ne peut pas exclure, sous couvert de la sécurité du chef de l'Etat, la mise sur pied d'une officine clandestine dérivant vers un système d'écoutes téléphoniques et le montage de coups tordus visant, entre autres, des organisations patriotiques qui dénoncent le danger islamique. La clairvoyance ne paraît pas animer nos responsables politiques et le président semble témoigner une certaine complaisance à l'égard des adeptes du système islamique.
En second lieu, il est évident que sans la révélation de cette affaire accablante par le journal Le Monde personne n'aurait rien su. Elle a donc été soigneusement cachée par nos dirigeants politiques qui à présent se félicitent, toute honte bue, que la justice soit saisie. Il semble cependant que le président de la République n'a pas pris la mesure de la gravité de la situation lorsqu'il a été informé au moment des faits. Mais il ne prend pas conscience non plus de la crise politique qui est en train de se développer depuis cette révélation, jetant le trouble dans les esprits, provoquant l'ébranlement de nos institutions et alimentant la tension chez nos concitoyens persuadés de l'impunité liée au pouvoir de cette " république des copains et des coquins ". Alors, seulement deux questions se posent.
La première porte sur la nature de la relation entre Alexandre Benalla et le président de la République. Pour quelle raison le premier bénéficiait-il de tels privilèges et passe-droits qui le conduisaient à profiter de sa position pour s'arroger en toute impunité des pouvoirs extravagants ? Et pourquoi était-il protégé par le président ? Car, si cette affaire a été soigneusement cachée, et si, de surcroît, la sanction arrêtée était totalement inadaptée - il semble cependant qu'elle n'ait pas été appliquée - c'est bien qu'il était protégé. D'ailleurs, compte tenu de la gravité des faits, le président avait la possibilité, à son retour d'Australie, de demander sa révocation. Il ne l'a pas fait alors que son exercice du pouvoir nous a habitués à des réactions immédiates et brutales lorsqu'il est contrarié. Personne ne peut oublier qu'il y a tout juste un an il poussait le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, à démissionner pour avoir fait son devoir et rappelait aux militaires que le chef, c'est lui ! Plus récemment, personne n'oublie le limogeage d'Eric Fournier, ambassadeur de France en Hongrie, pour avoir dénoncé dans une note interne la "magyarophobie" des médias français et anglo-saxons. Par ailleurs, personne n'oubliera qu'en 2016, alors qu'il avait été relaxé par le tribunal, le général Christian Piquemal avait été radié des cadres des officiers généraux par M. Hollande pour avoir dénoncé le non-respect de la Constitution et la non-application des lois de la République par l'Etat à Calais. Personne n'a pu oublier, en 2013, l'éviction du général Bertrand Soubelet qui n'a dit que la vérité aux parlementaires qui l'auditionnaient. Est-ce cela la République exemplaire ?
La seconde porte sur l'article 40 du code de procédure pénale et sur l'obligation faite aux différentes instances ou personnes ayant eu connaissance des actes de violence commis par Alexandre Benalla d'en informer le parquet. On imagine aisément que compte tenu de la personne concernée (très proche conseiller du président, ce dernier ayant en outre une conception très verticale du pouvoir), et alors que cette question n'a pas pu ne pas être évoquée dès le 2 mai, quel responsable (ministre de l'Intérieur, préfet de police, cabinet du ministre de l'Intérieur, directeur de cabinet de l'Elysée, secrétaire général de l'Elysée) aurait pris l'initiative de saisir le parquet avec le risque de mettre le président en porte-à-faux ? Cela dit, personne n'ayant pris cette initiative, il revenait logiquement au président lui-même de le faire ou de donner aux services de l'Elysée l'ordre de le faire. Encore une fois, pourquoi le président ne l'a-t-il pas fait ? Et cette seconde question nous ramène à la première car elles sont liées. Tout converge donc vers le président.
Dans cette affaire grave qui tourne au scandale d'Etat, même si des têtes vont tomber, il n'y a pas de réel fusible et le président, qui le sait, est en première ligne et sortira très affaibli de cette débâcle politique. Car finalement, le plus important dans le dénouement de ce scandale ne réside pas dans l'incident du 1er mai mais dans la personnalité d'Alexandre Benalla associée aux dérives qui seront dévoilées par l'enquête. Les réponses attendues à ces deux questions légitimes détermineront si le président a manqué à ses devoirs dans l'exercice de son mandat. Auquel cas, il pourrait tomber sous le coup d'une procédure de destitution prévue par l'article 68 de notre Constitution. Si la République peut être inaltérable, elle est au service de la France et ceux qui la dirigent ne sont pas au-dessus des lois.
Général (2s) Antoine MARTINEZ
Coprésident des Volontaires Pour la France
6. Le 25 juin 2018, Mediapart publie un second article juste après les arrestations dans les rangs de l'AFO et reste toujours autant, voire plus virulent et offensif contre les VPF. Le média persiste en s'appuyant sur une vision islamo-gauchiste qui lui est propre, usant de contre-vérités, fabriquant de fausses informations (fake news), se retranchant derrière la formule bien pratique « selon nos sources», ou en utilisant des informations connues de la seule DGSI. S'agissant de ces dernières, comment les a-t-il obtenues ? La DGSI les a-t-elle fournies de sa propre initiative, ou sur ordre ? De qui ? Cela confirme bien une collusion entre les services de l'Etat et un média acquis à la cause de la lutte contre ceux qui veulent défendre l'identité de la France et s'opposent à l'immigration extra-européenne de masse et à l'islamisation de la société. En tout cas, Mediapart persiste sur les motivations des VPF : «créés mi-2015, les VPF ont réellement été mis sur orbite au lendemain des attentats du 13 novembre ». Et pour s'en convaincre, il n'hésite pas à en justifier la cause : « l’un de ses membres fondateurs a perdu sa fille au Bataclan ». Cette information, évoquée par certains médias et concernant l'une des deux personnes de l'AFO exclues des VPF, a semble-t-il été démentie par le Parquet. Enfin, Mediapart fait croire que ses journalistes ont contacté les VPF au début du mois d'avril. En fait, la prise de contact s'est effectuée avec le secrétariat du mouvement qui, dans une réponse courte et de portée générale, fournissait les coordonnées téléphoniques d'un des deux coprésidents des VPF, en l'occurrence le général Martinez. Mais l'article était déjà rédigé et le coprésident des VPF n'a jamais été contacté. On notera le professionnalisme de journalistes qui s'autoproclament journalistes d'investigation mais qui n'en sont pas.
26 juillet 2018 Observatoire du MENSONGE Général Antoine Martinez
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La France en colère : les VPF s’associent à l’action du 17 novembre
Par le Général (2s) Antoine Martinez
Envoyé par VPF. 27/10/2018
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Communiqué
— A l’heure où le gouvernement essuie de nombreuses critiques depuis plusieurs mois sur le pouvoir d’achat, plusieurs membres de l’opposition ont dénoncé cette semaine la hausse excessive du prix des carburants due essentiellement à l’augmentation continue des taxes qui devrait se poursuivre tout au long du quinquennat. Mais cette hausse des carburants qui provoque aujourd’hui la colère des automobilistes est l’arbre qui cache la forêt et n’est, en fait, que l’élément déclencheur d’une protestation plus large car elle s’ajoute à d’autres hausses de taxes ou impôts qui ne cessent d’amputer le pouvoir d’achat des Français.
C’est dans ce contexte qu’une pétition lancée par une automobiliste en colère atteint en quelques jours plusieurs centaines de milliers de signatures et des appels à bloquer les routes et les autoroutes le 17 novembre prochain se multiplient sur les réseaux sociaux au point d’inquiéter nos gouvernants dont le seul argument avancé consiste à invoquer la nécessaire transition écologique pour lutter contre la pollution.
En réalité, l’argument écologique de la hausse des prix des carburants n’est qu’un prétexte car, après avoir, entre autres, créé délibérément une discrimination intolérable et inacceptable entre les citoyens actifs et retraités (cf. polémique sur la CSG), ce que ne dit pas le gouvernement c’est qu’il est probablement à la recherche de ressources supplémentaires et qu’il a un besoin urgent de remplir les caisses de l’Etat. Et il lui devient difficile de cacher le poids de plus en plus lourd de l’enveloppe financière à consacrer pour l’accueil, le logement, la nourriture, les soins d’une immigration de peuplement non désirée, phénomène aggravé ces trois dernières années par l’arrivée massive et continue de clandestins qui entrent illégalement sur le territoire.
Sur le long terme, et sur le seul plan économique, cette situation conduit inexorablement à la mise en danger de notre système de protection sociale et à la précarisation, voire à la paupérisation progressive d’une frange de plus en plus large de la société française. Mais la destinée d’un peuple, d’une nation ne repose pas seulement sur le seul plan économique. La France n’est pas une start-up et elle est aujourd’hui non pas dirigée, mais aux mains de mondialistes prêts à combattre le peuple gagné par une prétendue lèpre dont ils ne veulent pas comprendre les raisons pourtant évidentes. Plus grave, dépassés peu à peu par les événements qu’ils pourraient ne plus maîtriser, ils cherchent à faire taire par tous les moyens ceux qui affichent leur opposition. La vérité sur la finalité de toutes ces hausses de taxes et impôts qui amputent le pouvoir d’achat est donc cachée aux Français. Mais à terme, c’est la culture du peuple français, sa langue, son identité, sa sécurité, sa survie qui sont menacées.
Dans ces conditions, les Volontaires Pour la France, fidèles à leur engagement, ne resteront pas spectateurs le 17 novembre mais acteurs. Ils s’associent donc à l’appel citoyen de cette France en colère et seront présents dans les rassemblements sur tout le territoire afin de contribuer à faire entendre la colère des Français. Ils le feront dans le calme, le respect des lois de la République et le refus de toute action violente éventuelle. Face à un pouvoir centralisateur, autoritaire, arrogant et méprisant qui refuse toute contradiction, toute opposition, et qui est de plus en plus contesté – l’arrivée au pouvoir du président de la République par « effraction » n’est-elle pas finalement à l’origine de cette contestation – ce 17 novembre doit être une opportunité pour lui exprimer la colère légitime du peuple face à sa politique mondialiste guidée par la seule finance qui vise à effacer la nation. C’est le moment de passer du stade de la résistance au stade de la reconquête des esprits seule capable de réveiller les consciences et les énergies pour que le peuple souverain reprenne son destin en main et sauve sa culture et sa civilisation.
Général (2s) Antoine MARTINEZ
Coprésident des Volontaires Pour la France
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Maman casse-cou
Envoyé par M. Paul
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Le professeur a donne un travail à ses élèves d'une classe de cinquième :
Demandez à vos parents de vous raconter une histoire avec une morale à la fin.
Le lendemain, les enfants reviennent et, un par un, commencent à raconter leurs histoires.
Il y avait toutes sortes d’histoires... du lait renversé au dollar sauvé.
Seul Pierre n'avait rien raconté.
- Pierre, as-tu une histoire à partager avec nous ?
Oui madame !
Mon papa m'a raconté une histoire au sujet de ma maman.
Elle était pilote de guerre et son avion a été touché.
Elle a dû s'éjecter au-dessus du territoire ennemi, et tout ce qu'elle avait, c'était une bouteille de whisky, un pistolet et un couteau de survie.
Elle a bu le whisky en descendant afin que la bouteille ne se brise pas, et puis son parachute la déposa au milieu de 20 rebelles irakiens.
Elle en a abattu 12 avec son pistolet, jusqu'à ce qu'elle manque de balles.
Puis, elle en a tué 4 de plus avec son couteau, jusqu'à ce que la lame se brise.
Enfin, elle a tué les 4 derniers avec ses mains nues.
- Seigneur ! dit le professeur horrifié.
Qu'est-ce que ton papa t'a dit au sujet de la morale de cette histoire horrible ?
- Qu’il ne faut pas faire chier maman quand elle a bu
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INFO : ETAT PIED-NOIR
Par M. Jacques Villard
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Note du Webmaster : Afin de couper court à toute polémique, je tiens à préciser que ceci est une information de l'Etat Pied-Noir.
Je ne fais parti d'aucune association, ni groupement ou similaire. Je tiens à ma neutralité afin de pouvoir informer et continuer mon travail de mémoire.
Merci de votre compréhension, le Webmaster, J.P.B.
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Guelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers
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Le niqab “interdit” sur les lieux de travail
Envoyé par Henri
https://www.liberte-algerie.com/actualite/le-niqab-interdit-sur-les-lieux-de-travail-302073
Par Liberté-Algérie / 20/10/ 2018 l Par M. Amar Rafa
La DG de la Fonction publique le rappelle dans une instruction aux walis
La ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghabrit, s’était attiré les foudres du courant islamo-conservateur pour avoir pris un arrêté interdisant le port du voile intégral et du niqab dans les établissements scolaires.
Le gouvernement a publié une décision rappelant l’interdiction du port du niqab ou de tout vêtement empêchant l'identification d’un individu sur les lieux de son travail.
Une instruction de la Direction générale de la Fonction publique, envoyée le 8 octobre aux ministres et en communication aux walis, rappelle, en effet, les obligations des fonctionnaires et agents publics en matière vestimentaire, notamment l’interdiction du port du niqab, conformément aux dispositions de l'ordonnance n°06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la Fonction publique.
“Mes services ont été saisis au sujet de l’obligation des fonctionnaires et agents publics dans le domaine des effets vestimentaires, notamment à la question relative au niqab”, indique l’instruction de la DGFP, qui rappelle que “compte tenu de leur mission de service public, les fonctionnaires et agents publics sont astreints à des obligations légales et statutaires particulières”.
Dans ce cadre, et conformément aux dispositions de l’ordonnance susmentionnée portant statut général de la Fonction publique, “les fonctionnaires agents publics doivent, outre les obligations professionnelles auxquelles ils sont soumis, observer les règles et exigences de sécurité et de communication au sein de leur service, qui imposent leur identification physique systématique et permanente, notamment sur leur lieu de travail”, indique le document.
Ainsi, il est demandé aux ministres et walis d’instruire l’ensemble des fonctionnaires et agents publics à l’effet de “se conformer scrupuleusement aux dispositions de l’ordonnance susmentionnée et de s’abstenir de tout acte ou comportement quel qu’il soit, y compris au plan vestimentaire, incompatible avec la nature de leur fonction, et d’avoir une conduite digne et respectable, devant traduire les règles et principes régissant le service public”.
Les fonctionnaires et agents publics sont ainsi instruits de “s’abstenir de porter toute tenue vestimentaire qui entrave l’exercice de leurs missions de service public, particulièrement le port du niqab qui est strictement interdit sur les lieux de travail”, selon la même instruction.
Cela étant, en dépit de son caractère contraignant, puisqu’elle prévoit des sanctions contre les contrevenants à ses dispositions, force est de constater que l’ordonnance n°06-03 du 15 juillet 2006 n’a pas connu d’application formelle, notamment dans les services publics (écoles, administrations, etc.). La ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghabrit, s’était attiré les foudres du courant islamo-conservateur qui a dénoncé une “atteinte à la liberté des filles voilées” dans les écoles, pour avoir pris un arrêté qui interdit catégoriquement le port du voile intégral et du niqab dans les établissements scolaires. La campagne de protestation mettant en scène des enseignantes en niqab qui s’en était suivie suggérait que cette interdiction était mue par des considérations idéologiques plutôt que pédagogiques. Ce qui avait donné lieu à des explication laborieuses de la part du département de Benghabrit selon lequel il était inconcevable qu'une enseignante dispense des cours à ses élèves tout en portant le niqab, considérant que le visage de l'enseignant doit être visible pour les élèves. Ce qui n’a pas empêché des enseignantes de continuer à donner des cours, le visage complètement caché par un niqab ni dissuadé d’autres femmes fonctionnaires à porter ledit voile.
A. R.
amar.rafa@liberte-algerie.com
L’Église protestante d’Algérie dénonce
Envoyé par Georges
https://www.liberte-algerie.com/actualite/leglise-protestante-dalgerie-denonce-302189
Liberté-Algérie l Par M. L. OUBIRA 22/10/ 2018
FERMETURE DE TROIS LIEUX DE CULTE CHRÉTIEN À BÉJAÏA
Le conseil national de l’Église protestante d’Algérie (EPA) a dénoncé, hier, dans un communiqué parvenu à notre bureau, la fermeture de ses trois lieux de culte dans la wilaya de Béjaïa. Il s’agit, en effet, des lieux de culte chrétien adventistes, affiliés à l’EPA, situés dans les communes d’Akbou, d’Aït-Mellikeche et d’Ighrem, et fermés sur ordre du wali de Béjaïa, affirme un membre de la communauté chrétienne de la wilaya de Béjaïa.
“L’Église protestante d’Algérie est à la fois étonnée, inquiète et indignée par ce regain d’intimidations et de fermetures ciblant ses communautés, notamment après la levée des scellés aux trois lieux de culte fermés à Oran”, écrit-on dans le communiqué de l’EPA avant de se déclarer “déterminée à défendre ses droits reconnus et consacrés par la Constitution algérienne et les conventions internationales des droits de l’Homme, ratifiées par l’Algérie”.
L’EPA réclame “l’enlèvement des scellés aux lieux de culte fermés à Béjaïa”, “l’arrêt des intimidations à l’encontre des chrétiens”, “l’abrogation de l’ordonnance 06-03 du 28 février 2006, censée régir et améliorer la situation des cultes autres que musulmans, mais qui s’est avérée un arsenal répressif contre les chrétiens” et “la délivrance du permis de construire à l’église d’Akbou, bloqué depuis plus de quatre ans, et ce, malgré le dépôt d’un dossier en bonne et due forme”.
L’EPA rappelle, à ce titre, dans son document, qu’elle dispose d’un agrément depuis 1974, confirmé par le ministère de l’Intérieur en juillet 2011.
Les trois lieux de culte chrétien ont été fermés dans la wilaya de Béjaïa, précise ce membre de la communauté chrétienne de Béjaïa, les mois de mai et juillet passés, pour respectivement l’église d’Aït Mellikeche et celle du village Colonel Amirouche (ex-Riquet) à Akbou, et mardi dernier celle de la commune d’Ighrem.
L. OUBIRA
Annaba : les travailleurs libèrent le siège de l’UGTA
Envoyé par Victor
https://www.liberte-algerie.com/actualite/annaba-les-travailleurs-liberent-le-siege-de-lugta-302291
Liberté-Algérie Par - A. Allia 23/10 2018
Ils ont riposté à l’action désespérée des syndicalistes de Sider évincés
Les travailleurs soupçonnent le député Tliba, qu’ils dénoncent par ailleurs, de continuer à manœuvrer pour le retour des syndicalistes en fin de mandat, qui sont à sa solde.
Quelque deux cents travailleurs brandissant des banderoles exprimant leur soutien indéfectible au secrétaire général de l’union de wilaya UGTA d’Annaba, Fritah Kamel, ont battu le pavé, hier matin, devant le siège de cette institution, située en plein centre de la ville côtière. Les manifestants, qui ont fait le déplacement depuis le site sidérurgique d’El-Hadjar, se sont rassemblés devant les locaux de la représentation syndicale, vers 9h du matin, avant de faire sauter, au moyen de barres de fer, les cadenas qui en verrouillaient l’accès. Une action aussi musclée que spectaculaire, qui se veut une réponse au coup de force opéré la veille, dimanche, par le groupe d’anciens syndicalistes dont le mandat est venu à expiration, lesquels avaient cadenassé le siège de ladite union de wilaya.
Menaçants envers les syndicalistes évincés et notamment à l’endroit de leur ex-secrétaire général d’entreprise, Amouri Noureddine, les travailleurs ont permis à la dizaine d’employés de l’UGTA, entre secrétaires, employés de bureau et autres agents de sécurité, de rejoindre leurs postes de travail. Ils ont ensuite arpenté, durant de longues heures, la rue qui mène au très animé Cours de la révolution, y provoquant un gros embouteillage. On notera la présence discrète sur les lieux de nombreux policiers qui s’étaient mêlés à la foule craignant que la situation ne dégénère entre pro et anti-Fritah Kamel. Contacté par nos soins, ce dernier s’est dit chagriné par l’action de déstabilisation qui a été tentée par les inconditionnels de l’ex-SG du syndicat d’entreprise de Sider El-Hadjar. “En s’attaquant au siège de l’union de wilaya et en en interdisant l’accès, les syndicalistes désavoués ont commis un grave impair, dont ils devront répondre devant la justice. Nous avons, pour notre part, déposé une plainte en référé devant le procureur de la République pour cette occupation illégale de nos locaux et pour menaces. Je ne comprends personnellement pas pourquoi ils ont agi de la sorte sachant que l’étude des dossiers des 349 candidats au renouvellement des 29 sections syndicales de l’entreprise est toujours en cours. Pour l’heure, 310 d’entre ces dossiers ont été retenus alors que les demandes de recours introduites sont prises en charge pour une éventuelle réhabilitation de ceux qui seront jugés éligibles. Pour nous, membres de l’union de wilaya, rien ne se fera sans l’aval des travailleurs, qui restent libres de choisir leurs représentants par la voie des urnes, le 25 octobre prochain, et nous y veillerons quoi qu’il arrive. Nous savons bien que le député Tliba est derrière ce mouvement et qu’il veut rééditer, à l’échelle locale, le hold-up opéré au niveau de l’Assemblée nationale ces derniers jours, mais nous lui barrerons la route par la légalité”, a affirmé, avec force, le secrétaire général de l’union de wilaya, en prenant à témoin l’ensemble des élus de cette instance.
Cela avant d’ajouter qu’il a été contacté par la plupart des représentants syndicaux de la wilaya qui lui ont exprimé leur solidarité, en lui demandant de riposter vigoureusement aux attaques de Tliba et de ses affidés. “Les syndicalistes de toutes les entreprises de la wilaya et de nombreux représentants des associations locales nous ont proposé d’organiser une marche pour débarrasser la ville et la wilaya de cet homme d’affaires véreux. La marche du rejet aura lieu, si tout se passe comme prévu, après les élections pour le renouvellement du syndicat de l’entreprise Sider, c'est-à-dire la semaine prochaine au plus tard”, assure Kamel Fritah.
A. Allia
Sidi-Achour (Annaba)
Envoyé par Albert
https://www.liberte-algerie.com/est/les-habitants-reclament-un-terrain-de-sport-de-proximite-301406
Liberté-Algérie Par B. Badis - 09/10/ 2018
Les habitants réclament un terrain de sport de proximité
Les habitants de l’un des meilleurs boulevards de la ville de Annaba, en l’occurrence Sidi-Achour, ont saisi le wali pour la dotation de leur quartier d’un terrain sportif de proximité.
En effet, dans une pétition signée par la majorité des locataires, les habitants ont sollicité le chef de l’exécutif, dans le cadre de l’amélioration urbaine et la généralisation de la pratique sportive au sein de la masse juvénile, de doter leur quartier d’un espace de jeux, devant permettre aux jeunes de sortir du marasme et d’éviter les boissons alcoolisées et la drogue.
Dans leur missive, ils ont proposé un terrain idéal, situé dans le prolongement du boulevard, plus précisément à proximité du parc d’attraction. Cet espace, devant abriter, il y a plus d’une décennie, un hôtel, est à l’abandon et donne une image des plus ternes au site. De ce projet, il n’a été réalisé que le creusement des fondations depuis gorgées d’eau durant les 4 saisons de l’année, avant que le chantier soit abandonné. “La majorité des quartiers de Annaba disposent d’un terrain sportif de proximité sauf le nôtre.
À Sidi-Achour, nos enfants n’ont pas où pratiquer le sport collectif ni une aire de jeu à même de contenir les centaines d’enfants de la cité AADL. Nous lançons un appel au wali de Annaba pour annuler l’attribution d’un terrain à lisière de notre cité AADL au profit d’un particulier pour le transformer en terrain de sports de proximité. L’attributaire peut en avoir un autre mais nos enfants n’ont pas le choix. C’est un appel de société à l’adresse du premier responsable de la wilaya et nous ne doutons pas de sa réponse positive au grand bonheur de nos enfants”, c’est l’appel lancé par les locataires du boulevard Sidi-Achour.
Faut-il rappeler, à ce sujet, le pari gagnant de l’ex-wali de Annaba en matière d’amélioration du cadre de vie et d’encouragement de la pratique sportive. Ce chef de l’exécutif de la wilaya a réussi en l’espace de deux années, la réalisation de pas moins de 100 stades de proximité, un peu partout dans les douze communes que compte Annaba. Ces espaces sont devenus par la force de la pratique sportive de masse “des temples de quartier”. Gérés, protégés et dotés de gazon synthétique 5e génération, ces aires de jeux de quartiers sont venus à point afin que les jeunes puissent se défouler, organiser des rencontres inter-quartiers et même inter-villes. Réputée pour la qualité de ses logements qui sont considérés, à juste titre, comme les meilleurs logements construits en Algérie depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, cette avenue mérite bien d’être dotée d’un terrain sportif de proximité.
Outre l'esthétique, les logements AADL se caractérisent également par une finition appréciable des travaux qui manquait, il faut le souligner, terriblement aux promoteurs immobiliers.
B. Badis
Inondations à la cité Seybouse d’Annaba :
De vieilles femmes seules interpellent le wali
Envoyé par Louis
https://www.elwatan.com/regions/est/annaba/inondations-a-la-cite-seybouse-dannaba-de-vieilles-femmes-seules-interpellent-le-wali-20-10-2018
El Watan Par MOHAMED FAWZI GAIDI - 20/10/ 2018
Les autorités sont appelées à prendre en charge sérieusement ce problème
Le réseau d’assainissement de la cité Seybouse (ex-Joinnonville) est hors service. C’est le constat qu’ont relevé les habitants de ce grand quartier populaire, situé à la sortie est de la ville d’Annaba. Depuis le début des pluies, la cité est à chaque fois submergée par les eaux pluviales et les habitants n’arrivent plus à régler ce problème qui, a fortiori, dépend des services de la commune d’Annaba.
«A chaque inondation, aucune autorité n’a daigné se déplacer sur les lieux pour s’enquérir de notre situation. Nous sommes une vieille mère et une fille et ne pouvons pas dégager les fortes inondations qui envahissent notre maison. C’est le cas aussi pour tous nos voisins du rez-de-chaussée», regrettent-elles. Ces femmes, comme leurs voisins, habitent du côté de la sûreté urbaine (arrondissement de police) de la cité Seybouse. Sans compter sur les collectivités locales, elles ont ont sollicité les services des entreprises privées. Cependant, en vain. «Je n’ai aucune solution pour votre problème. Vos constructions sont battues sur de la terre et vos réseaux d’assainissement sont obsolètes. Il faut refaire toutes les installations à nouveau, car les inondations ont vu le jour depuis que les travaux du grand pont Y par une entreprise espagnole ont été achevés», tranchent les experts.
Choquées, ces femmes et leurs voisins interpellent le nouveau wali, le chef de daïra et surtout le maire pour venir à leur aide, car elles appréhendent déjà l’installation de la période des grandes pluies face à laquelle elles se disent impuissantes. «Comment peut-on résister à toute la saison hivernale avec ce problème récurrent des inondations ? Faut-il un drame pour que ce problème soit pris en charge par les autorités locales ?» s’interrogent les victimes de cette embarrassante situation. En effet, il a fallu qu’une petite averse s’abatte dans la soirée de mardi à mercredi, sur la ville d’Annaba pour que la plupart des rues de la cité Seybouse soient totalement inondées. Le lendemain, les enfants n’ont pas pu rejoindre leurs écoles et les adultes, eux aussi, se sont retrouvés dans l’impossibilité de rejoindre leurs lieux de travail. Même la circulation routière s’est transformée en véritable calvaire. Dans cette vieille cité, les rares routes et rues en bitume se sont transformées en oueds, marécages, et gadoue. Dans certains îlots, particulièrement ceux situés du côté du siège de la sûreté urbaine, les citoyens ont éprouvé moult difficultés pour éviter les crues lourdes et salissantes qui s’étaient entassées jusque devant les portes d’entrée de leurs maisons, y compris les portails des établissements scolaires.
Qui aura le courage de les délivrer de cette situation «marécageuse» ? Seul Toufik Mezhoud, le jeune nouveau wali pourra venir à leur aide en ordonnant à ses subordonnés de solutionner leur problème à la veille des grandes averses de l’hiver.
MOHAMED FAWZI GAIDI
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini
Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura
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De M. J.C. Rosso
BONJOUR,
PERDUE DE VUE : Une compatriote est à la recherche de son amie, Maryse NORMAND, dont le père était régisseur d’une exploitation fruitière dans la région proche de Bône.
Maryse était enseignante/responsable d'une école de filles gérée par le SFJA à AÏN-BEÏDA (Constantine). Le « Service de Formation des Jeunes en Algérie » était une branche de l’Armée. Son personnel était formé au CEMJA de Nantes pour les filles et à Issoire pour les garçons ; personnel payé par l’Armée.
Si quelqu’un peut nous aider à la retrouver MERCI de bien vouloir me contacter. Je transmettrai…
Mon adresse est, (cliquez sur) : jeanclaude.rosso3@gmail.com
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Novembre 2018
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
http://piednoir.fr/guelma
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Sexe Vert
Envoyé par Fabien
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Un type marié revient d'un voyage d'affaires en Chine ... où il a pris du bon temps avec quelques jolies filles.
Seulement, quand il revient, il se rend compte que son sexe est tout vert.
Il cache d'abord la chose à sa femme tant bien que mal et va voir un docteur
Ha ha... On a séjourné en Chine, cher ami ?
Ben oui !
Et on a fait des bêtises avec les petites chinoises ?
Ben oui !
Humm... C'est très grave, vous savez ! Malheureusement, aujourd'hui, la science ne peut rien faire pour ça.
Je crains fort qu'il faille songer à vous amputer.
Le gars n'en croit pas ses oreilles !
Il décide de consulter un deuxième médecin qui, malheureusement, lui confirme le diagnostic.
Le mec, complètement déprimé, va voir un urologue de renommée mondiale qui, lui aussi, confirme le diagnostic.
Il finit par avouer ses escapades à sa femme qui, après une bonne engueulade, lui conseille d'aller voir un médecin chinois directement sur place, en Chine.
Après tout, ils sont sûrement familiarisés avec cette infection !
Le gars retourne donc en Chine et prend rendez-vous avec un médecin réputé.
En l'examinant, le médecin chinois ricane et lui dit :
Hi hi ! Vous venu en Chine récemment ?
Ben... Oui !
Et vous faire des bêtises avec pitites sinoises !--
Ben.. Oui !
Et vous allé voir docteur français ?
Ben... Oui !
Et docteur français dit fallait couper ?
Ben... Oui !
Ben, non ! Pas besoin couper ! Hi hi hi !
Le type n'en croit pas ses oreilles ! Il est fou de joie !
C'est alors que le médecin chinois précise :
Docteur français, nul !
Pas besoin couper :
tombera tout seul !!!
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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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