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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
Les Voyages de la Mémoire en Algérie….
Chers Amis,
Souvent des lecteurs me questionnent sur les voyages en Algérie. Ce sont plus particulièrement des questions de sécurité, de choix de voyage, sur l'accueil, sur l'hygiène, des questions de bon sens. Malheureusement, il y a aussi de la messagerie nauséabonde à laquelle je ne perds plus de temps à répondre, mais ces personnes sont sûrement influentes sur d'autres qui aimeraient revoir leur pays natal.
Exilés, fils ou petit-fis d'exilés, pour nous, faire ces voyages, c'est d'abord un choix personnel qui ne doit regarder personne d'autre, mais c'est surtout d'abord faire un travail de réflexion sur soi-même.
- Est-on prêt à voir, revoir ou découvrir le pays et la terre de notre naissance, le terroir de notre ascendance et de nos racines ?
- A l’accepter tel qu’il est ?
- A t-on placé au second plan, les visions de vengeance, d’horreur vécue ou ressentie au travers des récits familiaux ?
- Est-ce que la rancœur, la nostalgie ne dominent pas nos sentiments plus de 50 ans après notre exil forcé ?
- Doit-on vivre avec la certitude que la terre d’origine est la plus belle mais sans la connaître véritablement ?
- L’envie de découvrir ou redécouvrir des territoires de notre mémoire familiale ou collective, de voir un cimetière en mauvais état, de regarder la dégradation de bâtiments magnifiques laissés au moment de l’exode, sont-ils des sentiments prédominant de dégoût, de rejet, de satisfaction ou au contraire sont-ils relégués au fond de la mémoire.
Relégué au fond de la mémoire ne veut pas dire : Oubli, Pardon ou Repentance. En Algérie, personne de sensé ne vous le demandera, sauf des français de souche qui n'ont toujours rien compris à notre histoire.
Après les horreurs engendrées par la Seconde Guerre Mondiale, les Peuples européens, à défaut de faire la paix des Âmes (ce qui se comprend), ont su faire la paix des Hommes. Pourquoi ce qui s'est fait en Europe, avec plus de 50 millions de morts, avec les Allemands, ne serait-il pas possible avec les Algériens ?
Je connais la réponse de certains qui me disent : oui, mais l'Islam est incompatible avec la Paix, ce qui est en partie vrai pour une partie des individus qui ne semblent pas voir ou réfléchir objectivement sur leurs croyances. Et les autres ?
Quand l'Europe a combattu l'Inquisition, il y avait de semblables questions qui se posaient envers le Christianisme et la barbarie de ses inquisiteurs. Et pourtant le combat a été gagné, bien sur par les armes, mais surtout par la volonté de Paix des Hommes qui ont su l'imposer à la Religion.
Bien entendu, il y a aussi questionnement :
- Sur la sécurité, qui est plus rigoureuse là-bas qu'en France.
- Sur les relations avec les anciens ennemis, qui ont mis de coté la guerre, en disant le passé est le passé, mektoub, car cela ne leur à rien rapporté. Nous exilés avec l'ADN pionnier de nos anciens, nous avons su reconstruire avec labeur une vie, mais eux là-bas, le peuple n'a pas profité de l'indépendance et de ses richesses, et ça ils le savent et ont compris que l'ennemi n'était pas le Pied-noir. Leurs anciens en ont un sincère regret, de notre refoulement en 1962.
- Sur le portage d'argent ! On est aussi assimilé à " des porteurs de valises " par ceux qui se prennent pour des durs. Pour faire un voyage dans n'importe quel autre pays, il nous faut de l'argent liquide pour limiter les frais bancaires exorbitants et passer un agréable séjour. Il ne faut pas se laisser intimider par les durs à cuire qui au moment de passer l'arme à gauche, regretteront dans leur for intérieur (examen de conscience), de ne pas avoir fait un voyage de retour.
Moi-même, avant de faire le premier voyage, j'ai fait ce travail sur moi et je ne le regrette pas.
Faire son voyage de retour, c'est aller vers cette mémoire que les pouvoirs publics, guidés par une idéologie qui nous a fait tant de mal, et qu'ils veulent enterrer, éradiquer à tout jamais car c'est l'épine dans leur talon d'Achille.
- C'est voir, revoir ou découvrir la terre de mes ancêtres, de ressentir cet ADN des pionniers de ma lignée, de ma culture occidentale empreinte d'orientalisme et mémorisée par la Daube et le Couscous dont se régalent et se vantent même les plus durs.
- C'est découvrir l'âme algérienne commune que nos ancêtres décrivaient.
- C'est constater que les Algériens avec leur accueil chaleureux ne m'ont jjamais demandé de faire repentance, contrairement à la propagande française qui agit consciemment pour attiser le feu.
- C'est être sur, que si l'indépendance avait été autrement négociée, le pays serait mieux que la Californie.
- Mais avant tout, c'est être bien chez soi le temps d'un séjour, de se retrouver à la place de nos parents et grands-parents, de marcher sur leurs traces, de revivre mentalement des moments inoubliables.
- Mais c'est aussi, dormir mieux et en paix, au retour dans le pays d'exil.
J'ai été le premier à organiser un voyage de groupe à Bône et à l'heure actuelle je suis le dernier à l'avoir fait. J'ai renoncé parce que se battre contre " des moulins à vents " est épuisant ; que j'estime que chacun est capable de prendre ses décisions sans écouter ceux qui ne veulent pas connaître les réalités du moment et qui enferment dans leurs carcans leurs compatriotes en les empêchant de vivre du bonheur à l'état pur.
Organiser un voyage de groupe, c'est prendre des responsabilités, avoir de la méthode, de l'organisation et de la patience même si celle-ci doit avoir ses limites ; dans un groupe, il y a de la diversité en tout genre comme il faut de tout pour faire un monde ; il faut s'adapter et vice-versa ; la convivialité est primordiale même s'il se trouve des individualités qui s'éliminent toutes seules ; c'est aussi la volonté et le courage de se lancer dans cette aventure avec le titre de chef de groupe désigné autoritairement par les autorités avec tout ce que cela comporte..
Les voyages que j'ai organisés, contrairement aux dires des médisants, ne m'ont pas enrichi pécuniairement car cet argent ne m'aurait pas donné du bonheur.
Par contre ces voyages m'ont enrichi du savoir des anciens ; de la vision du Bonheur des compagnons de voyage et de leur ressenti émotionnel ; de la découverte de ce pays merveilleux ; de l'accueil chaleureux reçu dans n'importe qu'elle ville visitée du Nord au Sud, de l'Ouest à l'Est ; de vivre des séjours sur des lieux de mémoire de la préhistoire jusqu'à nos ancêtres et qui se retrouvent en partie sur notre Gazette " La Seybouse " ; Cette convivialité permet à la fin du voyage de se trouver de nouveaux amis qui finissent par devenir de la famille ; Cela m'a enrichi d'une sérénité supplémentaire et d'un sommeil retrouvé sans plus rêver à l'Algérie, même si le pays me manque, et je ferai le grand voyage serein et apaisé. C'est ça le bonheur et la richesse, et Grand Merci aux amis qui m'ont fait confiance.
C'est tout cela les voyages de mémoire.
Désormais je voyagerai seul pour moi et mon épouse qui m'a toujours accompagné et je souhaite à ceux qui auront pris la décision de faire leur voyage, de le réussir pour leur bonheur.
Un grand Merci à mes Amis Algériens qui m'ont aidé pour ces voyages et qui se reconnaîtront.
" Dans cet épanouissement de l'air et cette fertilité du ciel,
il semblait que la seule tâche des hommes fût de vivre et d'être heureux. "
Albert CAMUS
Bonne lecture, JPB
Diobône,
A tchao.
Vœux de M. Marc Donato
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Les Voeux de chez nous
Offerts par Jean BRUA
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Voeux de Jean BRUA et de DODIEZE
Recevez mes vœux, auxquels se joint traditionnellement Dodièze.
Amitiés. Jean Brua
P.S. : Dodièze, célébre personnage éternel de la Parodie du CID de M. Edmond BRUA, père de Jean.
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LE MUTILE N° 45, du 3 février 1918 (Gallica)
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LETTRE OUVERTE
à M. le Général Nivelle
Vous arrivez ici, mon général, précédé d'une haute réputation militaire que votre rapide avancement et les hauts faits d'armes, de Verdun, du Chemin des Dames, de la Champagne, de l'Aisne et de l'Oise ont à jamais consacrée.
Vous possédez au plus haut degré ce don de conduire les masses d'hommes, de leur inculquer votre volonté d'arriver à un but savamment préparé, non pas seulement parce que vous êtes un tacticien hors ligne, mais aussi parce que vous vous y connaissez en psychologie humaine, parce que d'un coup d'œil sur vous savez scruter ces hommes que vous, entraînez à la victoire et dans lesquels vous n'avez jamais admis ni timorés, ni traînards, ni embusqués, tout simplement parce que faisant tout votre devoir, vous avez exigé que chacun fasse le sien. Ceci se passait au front.
Vous êtes désormais des nôtres et vous reconnaîtrez, que bien qu'ayant constamment fourni d'importants contingents de bons et loyaux combattants à la Patrie, l'Algérie en est un peu loin ; C'est sans doute la raison qui fait que si nous assistons à ces défilés lamentables de glorieux éclopés de la guerre qui promènent partout un peu dans les artères ensoleillées de notre belle ville, leurs mutilations comme pour montrer les méfaits de la guerre el mieux la faire maudire, nous constatons avec peine que nous avons un important contingent de civils. Jeunes et solides qui se soucient de la guerre comme de Colin-tampon et qui se livrent à une noce effrénée en galante compagnie, parce que des indulgences coupables (le mot dit toute ma pensée) les ont soigneusement tenus loin des dangers de la guerre. Pensez donc mon Général : "Aller à la guerre, mais il faut vraiment être dément ou patriote pour s'amuser à ce jeu là. Fi de la bombe qui éclate avec fracas : mieux vaut la faire en compagnie avec des marmites qui ne vont pas au feu ! " Et c'est ainsi que d'aucuns privilégiés s'excitent les sens, et jouissent d*une vie de débauche cependant que les autres les taisent et meurent stoïquement face au danger.
Ceci, mon Général, va à première lecture vous paraître du Jules Verne tout pur et cependant, vous vous apercevrez bien vile de la triste réalité de ce que vous écrit un rescapé, doublement amoché à la guerre, quand vous aurez fait votre petite enquête, non pas seulement dans les casernes où pullulent les préservés de la guerre, mais aussi dans ce grand public algérois où la jeunesse valide domine ; el vous saurez alors pourquoi la myopie s'est accrue dans de si grandes proportions depuis plus de trois ans el pourquoi les opticiens font fortune.
Vos pouvoirs militaires s'étendent sur toute l'Afrique du Nord, mais vous avez le droit et le devoir comme Français d'indiquer à M. le Ministre de la guerre que si une révision de certains exemptés et réformés à Alger et ailleurs a lieu, vous y trouverez de quoi lever un corps d'armée, sans exagération, ce qui n'est pas à dédaigner par suite de là pénurie d'hommes, et pour cause.
Vous pourrez même si vous voulez être perspicace, remonter jusqu'à l'origine de ces exemptions ou réformes scandaleuses ; savoir quelles influences coupables ont été mises en mouvement pour les obtenir el puisqu'on en est à l'épuration, épurer, laver, lessiver toutes ces turpitudes qui font bondir d'indignation et les poilus permissionnaires dont le dévouement patriotique maîtrise la sourde colère, et les familles de nos grands morts qui comme embuscades n'ont connu que celles que les boches leur tendaient.
La révision de tous les non combattants s'impose aussi bien pour y puiser de nouvelles recrues que pour savoir si véritablement leur incorporation ne permettrait pas de réformer les véritables malades qui ont contracté ou aggravé leur maladie au front et qui encombrent inutilement, un peu tous nos hôpitaux.
Qu'il ne soit plus question de ce protectionnisme honteux qui permet à d'aucuns quoi que très gros dépasser à travers le filet dont les mailles ne se resserrent que sur les petits.
Qu'on révise même les médecins réformés sous prétexte qu'ils ne sont pas aptes à servir dans telle ou telle formation ou dans tel ou tel secteur parce que le climat leur est contraire; qu'on s'imprègne de cette idée que celui qui parfois se montre dur à l'égard du poilu qu'il doit soigner doit se faire violence à lui-même.
Le froid ne vous convient ; pas c'est très bien. Nous allons vous envoyer dans un secteur où vous serez au chaud, mais où du moins vous rendrez les services qu'on attend si non de votre dévouement, du moins de votre art et vice-versa et surtout qu'il n'y ait plus de ces visites qui consacrent les majors inaptes.
En fait d'inaptitudes nous ne connaissons que l'inaptitude à chevaucher ou celles motivées par maladies ou blessures de guerre ; alors nous n'aurons plus l'occasion d'entendre du haut de la Tribune Française, un sous-secrétaire d'Etat nous déclarer : "Il y a dans le corps du service de santé 18.000 majors pour soigner notre armée et encore les deux tiers appartiennent-ils à la réserve". Tous au devoir, à l'avant ou à l'arrière, à l'ambulance ou à l'hôpital.
La besogne est ardue, mais elle est grandiose parce que celui qui s'y consacrera aura pour lui l'admiration tout entière du pays et cela vaut bien quelque effort.
La population algéroise profondément patriote attend de votre intelligente et énergique intervention, mon Général, le coup de râteau qui va bouleverser les plates bandes où se dissimule la fine fleur des faux patriotes, ces gros bébés au teint rose qui se conservent précieusement pour leur maman et….leurs plaisirs.
René MASSON
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PHOTOS DIVERSES
Envoyé par Mrs. Ciantar - Lagarde - Gatto
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LE PORT (Ciantar)
LE MARCHE COUVERT (Ciantar)
BÔNE VUE DES REMPARTS (Lagarde)
TENET EL HAAD (Gatto)
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Fables Bônoises
De M. Edmond Brua
Envoyé Par M. Carpy Dominique
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PETIT GLOSSAIRE
A'c : avec.
Achpéter : attendre.
Adjbet : tire ! pousse !
Afloguer : mettre à mal.
Alakhater : parce que.
Aga : regarde !
Aoufiste : resquilleur.
Atso : interjection polyvalente.
Bagali : emplâtre.
Balek : va-t'en !
Bessif : par force.
Bloffes : bluff.
Bœuf : colère.
Boulâhyia : barbu.
Boumarolle : tomate.
Bourrer (en) : avancer exagérément la main, tricher.
Calamar : drôle.
Caouette : entremetteur.
Carabasse : tête.
Cavé : poire (figuré).
Challah : plaise à Dieu !
Châtier (se la) : se la " couler douce ".
Claouis : testicules.
Coulaud : inverti.
Dio bone, Diocane, Diocane à-madone : gentils jurons spécifiquement bônois.
Falso : faux, hypocrite.
Fartass : teigneux ou chauve.
Flouss : argent.
Fourachaux : propre-à-rien.
Fout-la-faim : famélique.
Gaziste : ivrogne.
Guitche, Guitche-à-l'œil : se dit de qui a mal aux yeux ou mauvaise vue.
Hak Allah : par Dieu !
In âal dine i' mek, babek, ortek, djeddek : maudite soit la religion de ta mère, de ton père, de ta sœur, de ton grand-père !
Jmaouss : insensé.
Jobasse : jobard.
Kelb : chien.
Laouère : borgne.
Loubia : ragout de haricots.
Bol de loubia : bol dont usent les coiffeurs indigènes pour une coupe spéciale.
Louette : malin.
Madonatche : juron corse.
Manmamille : ô ma mère !
Mala : comme si... ne pas ; plus souvent que... !
Manque : pas même.
Mat' femch : ne comprends-tu pas ?
Mejnoun : insensé.
Michquinette : pauvre petit ou petite.
Mitches (des) : la moitié, part à deux.
Mortel : formidable.
Necs : manières prétentieuses.
Œil oui, un œil non (un) : se dit d'un borgne ou d'un individu affligé de strabisme.
Ouach andek : qu'as-tu ?
Ouach ni ada : qu'est-ce que c'est ?
Ouallah : par Dieu !
Ouallou : rien.
Oursin juif : oursin noir, incomestible.
Ou skout : tais-toi !
Pète : peur.
Pillancoul (aller se la) : aller se faire lanlaire.
Plan : moyen.
Plomber : lancer de haut, d'aplomb.
Sacatrape : homme de peu.
Sarracqueur : voleur.
Schkoumoun : malchance, fatalité.
Va fangoule : même sens que " va te la pillancoul ".
Venir : devenir.
Vinga : vas-y !
Zotche : interjection marquant la surprise ou l'admiration ( = mince ! ).
Zoudj : deux, deuxièmement.
Edmond Brua
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Le " PETIT JOURNAL " du 22 janvier 1918
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LA FIN DU " BRESLAU ET DU GOEBEN "
LE " BRESLAU " COULÉ par des canons boches ! (Du correspondant du Petit Journal) Londres, 21 Janvier. - Le monitor Raglan, commandé par le commodore et comte Broome, qui a été coulé aux Dardanelles, après avoir vaillamment combattu, avait comme "armement deux canons de 356 pris aux Allemands à Kiao-Tcheou. Il est fort possible que ce soient les projectiles de ces canons boches qui aient coulé le Breslau et sérieusement mis à mal le Gœben, N'est-ce pas ce type de navire qui a coopéré aux destructions des convois et de leurs escortes les 17 octobre et 12 décembre, dans la mer du Nord ? Ces " croiseurs submersibles " n'auraient-ils pas pris part à, la quasi-mystérieuse disparition des trois, destroyers anglais survenue le jour de Noël ?
Comment fut coulé le " Breslau " et avarié le " Gœben " Londres, 21 Janvier. - L'Amirauté communique les détails suivants sur le combat contre le Gœben et le Breslau. Le Goeben et le Breslau sont sortis des Dardanelles de bonne heure dans la matinée du 20 janvier et ont attaqué nos forces navales au nord d'Imbros. Les monitors Raglan et M.-2S, fortement endommagée par le feu de l'ennemi, ont coulé. Les bâtiments ennemis se sont dirigés alors au sud d'Imbros. Le Breslau acculé contre nos champs de mines a sauté. Le Gœben s'est éloigné alors à toute vitesse vers les Dardanelles. Les contre-torpilleurs turcs arrivant pour assister le Breslau ont été attaqués et repoussés par nos forces. A son tour, le Gœben heurta une mine ; il est maintenant échoué à la côte ouest de Nagara, où il sert d'objectif à nos avions qui ne cessent de lancer sur lui de nombreuses bombes. Nous avons réussi à sauver 172 survivants du Breslau qui ont été faits prisonniers. Des 310 hommes d'équipage du Raglan et du monitor M.-2S, nous avons pu jusqu'ici en sauver 132. COMMUNIQUE FRANÇAIS
Qui sont le Breslau et le Gœben ?
Ce sont deux croiseurs allemands qui ont bombardé Bône et Philippeville dans la nuit du 3 au 4 août 1914. Cela a fait que ces deux villes d'Algérie ont été les premières villes à être bombardée le jour de la déclaration de la guerre 14/18.
Bône venait, en effet, d'être bombardée par un croiseur allemand, alors qu'on ne connaissait officiellement la déclaration de guerre par un télégramme de l'Amirauté d'Alger, que depuis deux heures du matin.
Voici, extrait d'une étude parue dans " L'Armée d'Afrique ", de septembre -octobre 1924, dix ans après, sous la signature du Général Lebel, les conditions dans lesquelles cette attaque inattendue s'est déroulée:
" Le 3 août, vers 14 heures, le sémaphore du Cap " de Garde signale que deux croiseurs allemands, dont " la présence en Méditerranée était connue, le "Gœben " " et le " Breslau " croisent en vue de la Côte.
" Le 4 août, à trois heures, le guetteur du pilotage signale un navire de guerre venant de l'Est, le cap sur la Mafrag, lentement tous feux éteints ; à 3 h. 30, il se trouvait à environ trois milles et demi du port, en dedans du Cap Rosa.
" Environ, 140 coups de 105 (dont 65 points de chute ont été relevés) avaient été tirés sur le port et ses " abords " (parc à fourrage, voisin de la gare, usine à gaz, quais, vapeur " St-Thomas " amarré dans la grande darse à la racine de " la jetée Sud ", et 25 sur le sémaphore.
Voir la suite sur la page de notre site de Bône
http://bone.piednoir.net/titre_rubrique/histoire_de_bone/bombardement1914.html
et sur le site :
http://www.cdha.fr/les-bombardements-de-bone-et-philippeville-en-1914
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Bulletin - Oeuvre de saint Augustin et de sainte
Monique, patronne des mères chrétiennes
N° 18 - Avril 1876 - Brochure trouvée à la BNF
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L'OEUVRE DE SAINT-LOUIS DE CARTHAGE
Sous ce titre la Gazette du midi du 4 août, publiait l'article et la correspondance qui suivent. Nos associés les liront avec intérêt.
Nous recevons de Tunis une très-intéressant correspondance que nous recommandons à l'attention de nos lecteurs. Le beau monument que l'on doit élever sur les lieux qui furent témoins de la mort du meilleur de nos rois de France, attestera sur la terre étrangère notre grandeur nationale. Les croisés, même éprouvés par des revers, attachèrent à notre drapeau une gloire immortelle. De nos jours où notre pays est provisoirement en deuil de son prestige, il sera consolant pour notre patriotisme de faire revivre au loin le nom d'un monarque français qui a élevé la dignité royale au plus haut degré qu'elle ait jamais atteint.
Et ce témoignage a été rendu à saint Louis par un juge peu enclin à la flatterie pour les rois très-chrétiens, par Voltaire qui a dit de Louis IX " II sut accorder une politique profonde avec une justice exacte. Prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats, sans être emporté, compatissant comme s'il n'avait jamais été que malheureux, il n'est guère donné à l'homme de pousser la vertu plus loin.
L'initiative de cette patriotique et pieuse entreprise appartient à un éminent prélat dont les services rendus à Dieu et à la France ne sont plus à compter; Nous avons nommé Mgr Lavigerie dont l'influence morale sur la terre d'Afrique à la puissance d'une armée.
H. Olive.
Tunis, 27 juillet,
Monsieur le rédacteur,
Vous aurez appris la récente visite de Mgr Lavigerie, archevêque d'Alger, à Tunis; mais vous n'avez pas encore eu, sans doute, de renseignements précis sur le but de cette visite. Je suis à même de vous les donner aujourd'hui.
Le roi Charles X avait obtenu, en 1820, quelques jours après la prise d'Alger, du gouvernement tunisien un emplacement sur lequel est mort, en 1270, notre grand roi saint Louis avec les représentants les plus illustres de la noblesse française, qui succombèrent comme lui frappés par la peste. Ces précieux souvenirs avaient été complètement abandonnés. Il appartenait à la monarchie légitime de les ressusciter et de les consacrer par un monument digne d'eux c'est ce qu'entreprit Charles X. Mais il tomba avant d'avoir pu achever son œuvre. Après bien des lenteurs, le gouvernement de Juillet réalisant cette pensée fit élever sur le terrain cédé par le Bey une chapelle dédiée à Saint-Louis, avec les constructions nécessaires à l'habitation d'un aumônier et d'un gardien.
Ce coin de terre entouré de murs est encore vraiment la France au milieu de ces contrées barbares le drapeau français y flotte comme dans notre propre pays; malheureusement cette œuvre de réparation a été exécutée dans des proportions tellement mesquines que tous les voyageurs qui la visitent, et les Français surtout, en sont péniblement frappés. M. Victor Guérin, chargé d'une mission officielle en Tunisie il y a quelques années, s'est fait auprès de notre gouvernement lui-même l'éloquent interprète de ces sentiments de pudeur nationale, en demandant que la chapelle du saint roi ne restât pas abandonnée comme elle l'était alors et surtout qu'elle fût construite dans des dimensions moins indignes de sa destination doublement sacrée.
C'est à ces vœux chrétiens et patriotiques que Mgr Lavigerie a bien voulu répondre; il a commencé par obtenir du gouvernement que le service religieux de la chapelle fût confié aux missionnaires récemment fondés par lui à Alger; il a entrepris ensuite de construire à la place de la chapelle actuelle qui contient à peine quinze personnes une église monumentale sur les murs de laquelle seraient rappelés les noms des familles françaises dont les ancêtres trouvèrent une mort sainte et glorieuse dans ces lieux mêmes, il y a plus de huit siècles.
Déjà, grâce à la générosité des plus grandes familles de France, à la tête desquelles Mgr le comte de Chambord et les princes de sa maison ont daigné s'inscrire, une partie des fonds nécessaires pour réaliser cette entreprise a été souscrite. C'est pour régler les derniers détails de l'OEuvre de Saint-Louis, telle que je viens de l'exposer, que Mgr l'archevêque d'Alger, qui en a été le promoteur, est venu à Tunis tout a été, me dit-on, définitivement réglé, et on espère que les constructions pourront commencer bientôt. Ce sera un bonheur, même au point de vue matériel, car avec l'affreuse misère qui règne ici cette année, le travail que ces constructions vont donner aux ouvriers sera un bienfait véritable. Du reste, Mgr l'archevêque d'Alger a rencontré dans le gouvernement du bey les dispositions les plus favorables, et vous savez sans doute qu'il a été nommé grand-croix de l'ordre tunisien et décoré par le bey en personne devant la foule des musulmans. Pendant tout le temps de son séjour à Saint-Louis l'archevêque n'a cessé d'être entouré d'une multitude de pauvres indigènes qui venaient réclamer les aumônes du grand marabout d'Alger, dont ils avaient entendu raconter les bienfaits vis-à-vis de leurs coreligionnaires de l'Algérie.
Il en est venu de cinq ou six journées de marche et tous ont rapporté chez eux les marques de la charité du prélat. Vous connaissez la jalousie qui divisa entre eux dans ce pays les représentants des diverses nations étrangères et vous ne vous étonnerez pas dès lors de celle qu'ont montrée, un peu trop à mon sens, les consuls d'Angleterre et d'Italie, à la vue de ces sympathies témoignées à un si haut représentant de la France et de l'Eglise. Mais tout leur dépit sera vain, la France est chez elle à Saint-Louis, elle y est maîtresse d'honorer comme elle l'entend les augustes souvenirs que ce lieu lui rappelle.
A SUIVRE
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Vieux juif et Lénine
Envoyé par Hugues.
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Un vieux juif fut enfin autorisé à quitter l'Union Soviétique pour émigrer vers Israël.
Quand on fouilla ses bagages à l'aéroport de Moscou, l'officier des douanes trouva un buste de Lénine.
Le douanier :
- "Qu'est-ce que c?est ? "
Le vieil homme :
- "Qu'est-ce que c?est ? Qu'est-ce que c?est ? Il ne faut pas dire "Qu'est-ce que c?est ?", mais "Qui est-ce ?" "C'est Lénine : l'homme génial qui a inventé ce paradis du travailleur".
L'officier se mit à rire et le laissa passer.
Le vieil homme arriva à l'aéroport de Tel Aviv où un officier des douanes israélien trouva le buste de Lénine.
Le douanier :
- "Qu'est-ce que c?est ?"
Le vieil homme :
- "Qu'est-ce que c?est ? Qu'est-ce que c?est ? Il ne faut pas dire "Qu'est-ce que c?est ?" , mais "Qui est-ce ?". "C'est Lénine ! Ce fils de pute ! Je vais le placer dans mes toilettes, afin que chaque jour je sois dissuadé de retourner en Russie".
L'officier se mit à rire et le laissa passer.
Quand il arriva à la maison familiale à Jérusalem, son fils le vit déballer le buste.
Il lui demanda : "Qui est-ce ?"
Le vieil homme :
- "Qui est-ce ? Qui est-ce ? Il ne faut pas dire "Qui est-ce ?" mais "Qu'est-ce que c?'est ?". "Ceci, mon fils, c'est quinze kilos d'or pur !"
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ANNALES ALGERIENNES
Tome 1
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LIVRE V
Arrivée du général Clauzel. - Commission d'enquête. - Nouvelle organisation de l'armée. - Formation des Zouaves. - Comité du gouvernement. - Organisation des divers services publics. - Justice. - Domaine. - Douane. - Mesures spoliatrices à l'égard des Turcs et des Corporations. - Ferme-Modèle. - Analyse de divers actes administratifs.
M. le général Clauzel, que le nouveau gouvernement venait de mettre à la tête de l'armée d'Afrique, occupait un rang distingué dans les fastes de la gloire française; on l'attendait avec impatience, et l'on était disposé à le recevoir avec transport. Mais nous sommes forcés de dire que ses premiers rapports avec l'armée furent de nature à refroidir un peu cet enthousiasme. Il fit d'abord paraître une proclamation où il se bornait à annoncer aux troupes l'avènement du roi Louis-Philippe, et la mission dont il était lui-même chargé, sans qu'un seul mot indiquât que la patrie fût contente de son armée d'Afrique, ni qu'elle adoptât la gloire dont elle venait de se couvrir.
Le lendemain parut un ordre du jour où une courte phrase laudative servait d'introduction à l'annonce de la formation d'une commission d'enquête chargée de constater la vérité au sujet des soustractions coupables que la rumeur publique reprochait à l'armée d'Afrique.
Cet ordre du jour, dont la rédaction était plus hostile que bienveillante, produisit en général une impression pénible. Certes, les bruits fâcheux répandus par les journaux au sujet des dilapidations commises à Alger, avaient pris assez de consistance pour qu'il fût du devoir du général Clauzel d'examiner s'ils étaient fondés mais il aurait été à désirer qu'il ménageât, un peu plus qu'il ne le fit, l'armée qu'il venait commander, et qu'il ne mît pas, en quelque sorte, 36,000 hommes en état de suspicion pour des délits de nature à n'avoir pu être commis que par un petit nombre d'entre eux.
Le choix des membres de la commission d'enquête ne pouvait adoucir ce que la mesure avait d'humiliant : on y voyait figurer peu de ces hommes que l'on aime à prendre pour juges dans des causes où l'honneur est intéressé.
Ces messieurs commencèrent leur tâche avec une aigreur qui aurait pu faire croire qu'ils étaient plus jaloux des spoliateurs, qu'indignés des vols ; mais ils se radoucirent peu à peu, et enfin, le 21 octobre, l'armée fut instruite officiellement qu'elle n'avait rien perdu dans l'estime de MM. Delort, Fougeroux, Cadet-de-Vaux, Pilaud-de-Bit et Flandin; que quelques désordres particuliers avaient eu lieu, mais que les auteurs en étaient abandonnés aux remords qui les poursuivent, et les poursuivront sans cesse.
Pendant que ceci se passait à Alger, les officiers de l'armée d'Afrique qui rentraient en France, étaient soumis à Marseille et à Toulon, aux recherches les plus désobligeantes. Un misérable employé de la douane eut même l'infamie de fouiller le cadavre du brave Amédée de Bourmont que l'on transportait dans la sépulture de ses pères.
Par un retour assez ordinaire des choses d'ici-bas, M. le général Clauzel a essuyé à son tour les attaques de la malveillance. On lui a reproché avec amertume quelques acquisitions d'immeubles faites par lui pendant son commandement. On est même allé plus loin ; ce qui a dû lui prouver que dans ce siècle on ne ménage personne, pas même ceux qui jouissent de la réputation la plus brillante et la mieux méritée. Au reste, quand bien même le général Clauzel aurait cherché à améliorer sa fortune en Afrique, il aurait toujours la ressource de dire, comme le maréchal de Villars, que s'il a fait ses affaires, il n'a pas du moins négligé celles de la France. Il joint à des vues larges un esprit vigoureux, et possède surtout une qualité bien, précieuse, celle de savoir beaucoup prendre sur soi. Il est à présumer, et nous aimons à croire, que si on l'eut laissé faire, il serait parvenu à tirer parti du pays qu'il administra trop peu de temps. Mais il aurait dû, pour cela, l'étudier avec plus de soin qu'il ne l'a fait, et surtout éloigner de sa personne quelques hommes peu dignes de sa confiance, et qui ne pouvaient que donner une fausse direction aux affaires.
Retirés de l'armée depuis quinze ans, M. le général Clauzel et son chef d'état-major, M. le général Delort, ne pouvaient être parfaitement au courant de l'état de la législation militaire, qui est malheureusement si variable. Quelques affaires s'en ressentirent dans le commencement de leur administration ; mais bientôt ces sortes de détails furent confiés au capitaine d'état-major Chapelié. Cet officier, très capable et bon travailleur, parvint à imprimer à cette partie du service une marche à peu près régulière ; mais il ne put empêcher qu'on ne formât quatre divisions des trois qui jusque-là avaient composé l'armée d'Afrique. Cette mesure n'avait d'autre but que de donner de l'emploi au général Cassan, vieux compagnon d'armes de M. Clauzel, exhumé par la révolution de juillet, quoique moralement et physiquement incapable de rendre aucune espèce de service.
Il était, d'autant moins raisonnable d'augmenter le nombre des divisions, que plusieurs régiments avaient reçu l'ordre de rentrer en France : ces régiments étaient les deux de marche et le 3e de ligne. Pour remplir le vide que leur départ allait laisser dans l'armée, un arrêté du 1er octobre ordonna la formation de bataillons d'Indigènes, sous le nom de bataillons de Zouaves. M. de Bourmont avait conçu le projet de cette organisation, mais il n'avait pas cru devoir le mettre en exécution dans la position précaire où il se trouvait. Les Zouaves, ou plutôt les Zouaouas, sont des Kbaïles indépendants de la province de Constantine, qui vendent leurs services aux puissances barbaresques, comme le font les Suisses en Europe. On forma d'abord un de ces bataillons, dont on donna le commandement à M. Maumet, capitaine d'état-major, d'un mérite incontestable ; on essaya ensuite d'en former un second, qui resta toujours beaucoup au-dessous du complet; le commandement en fut donné à M. Duvivier, capitaine du génie, officier d'un mérite supérieur, qui s'est acquis une réputation brillante dans l'armée. De belles promesses avaient attiré un grand nombre d'Indigènes dans les rangs du premier, mais leur non-exécution en fit déserter plusieurs ; ces bataillons ne durent même la conservation de leur existence qu'à la prodigieuse activité de leurs chefs, qui eurent à lutter contre des difficultés de toute nature, dont la plupart leur étaient suscitées par les envieux qu'ils avaient auprès du général en chef.
Plusieurs généraux et officiers supérieurs avaient quitté leur poste par suite de la révolution de juillet. M. d'Escars était parti un des premiers : il fut remplacé dans le commandement de la 3e division par le général Boyer, qui avait servi pendant quelque temps le réformateur de l'Égypte.
Le général Clauzel, ayant ainsi réglé les affaires intérieures de l'armée, et pourvu aux emplois vacants, songea à étendre un peu le rayon de l'occupation. Il n'existait alors que deux routes praticables à une armée pour se rendre d'Alger à la Métidja ; l'une par le bord de la mer, l'autre à travers les collines du massif d'Alger. Des postes furent établis sur ces routes, et le plus fort occupa Haouch-Hassan-Pacha, qui reçut depuis le nom de Ferme-Modèle ; cette ferme, dont les bâtiments présentent une enceinte d'une défense facile, est située à trois lieues d'Alger, au pied des collines et à l'entrée de la Métidja.
Cependant le général en chef ne perdait pas de vue qu'il devait être à la fois guerrier et administrateur. Nous avons vu que, par l'incurie de M. de Bourmont, tous les services publics avaient été désorganisés ; il devenait d'autant plus urgent de rétablir l'ordre, que la population civile européenne s'accroissait chaque jour.
Le 8 septembre, l'administration des Douanes et celle des Domaines furent constituées Cette dernière fut chargée, non seulement de la gestion des biens domaniaux, mais encore de la perception de tous les droits autres que ceux de la douane ; la direction en fut confiée à M. Girardin. M. Descalonne fut mis à la tête du service des Douanes, qu'il dirigea en homme éclairé ; car, sous son administration, les frais de perception qui sont dans ce moment de 18 %, n'étaient que de 7,5 %.
Le 16 octobre, le comité du gouvernement fut créé pour donner l'impulsion administrative, et décider les questions contentieuses : il se composa de l'Intendant de l'armée d'occupation et de la Régence, qui en eut la présidence, et de trois autres membres, le premier pour la Justice, le second pour l'Intérieur, et le troisième pour les Finances. Les membres de cette commission furent : M. Volland, Intendant en chef, qui avait remplacé M. Denniée ; M. Deval, Consul de France, chargé de, la Justice ; M. Cadet de Vaux, de l'Intérieur ; M. Fougeroux, des Finances ; M. Caze fut nommé secrétaire de ce comité.
La municipalité, instituée par M. de Bourmont, fut conservée. Elle eut pour commissaire du Roi, M. Cadet de Vaux, en remplacement de M. Bruguière ; on lui donna pour adjoint, quelque temps après, M. Germon, qui mit dans cette partie du service un ordre que M. Cadet de Vaux était incapable d'y établir lui-même.
M. d'Aubignosc fut remplacé dans ses fonctions de lieutenant-général de police, par M. Roland de Bussy. Celui-ci n'eut que le titre de commissaire-général; il fut nommé par le Ministre de l'Intérieur, qui lui prescrivit de correspondre directement avec son Ministère, bien qu'Alger ne fût pas dans ses attributions. Je ne sais jusqu'à quel point M. Roland de Bussy s'est conformé à cette disposition qui, certainement, ne devait pas plaire à M. le général Clauzel.
L'acte le plus important de l'administration du général Clauzel, fut l'organisation des tribunaux. Le 9 septembre un tribunal mixte, composé d'Européens et d'Indigènes, fut constitué ; mais il n'exista que peu de temps, et un arrêté du 22 octobre organisa l'administration de la justice sur les bases suivantes.
Une Cour de justice, composée de trois membres, dut connaître de toutes les causes civiles ou commerciales dans lesquelles un Français était intéressé, ainsi que des causes de même nature entre étrangers de diverses nations, et de celles de ces derniers avec les Indigènes.
Elle fut autorisée à appliquer les lois françaises ou celles de la Régence d'Alger, selon le cas. Elle devait juger en dernier ressort jusqu'à la somme de 12,000 fr., indépendamment de tous dommages et intérêts.
Les affaires criminelles entre Français devaient être instruites à Alger par la Cour de justice, et renvoyées en France pour le jugement. Les affaires criminelles, entre Français et étrangers étaient instruites de la même manière, et il en était rendu compte au général en chef pour qu'il statuât ce qu'il appartiendrait.
Un tribunal de police correctionnelle fut créé : il réunissait à ses attributions celles des justices de paix, et jugeait comme les tribunaux de simple police.
Les Indigènes conservèrent leurs juges et leurs lois. Toutes les causes entre Musulmans durent être portées devant le Cadi Maure, jugeant sans appel, tant au civil qu'au criminel. Toutes les causes entre Israélites, tant au civil qu'au criminel, furent dévolues à un tribunal de trois Rabbins, jugeant également saris appel. Enfin, le Cadi Maure devait prononcer dans toutes les causes entre Musulmans et Israélites, sauf appel à la Cour de justice.
Un arrêté du 15 octobre mettait sous la juridiction des conseils de guerre, les Indigènes accusés de crimes ou de délits commis contre les personnes ou les propriétés des Européens. Il ne fut rien changé à cette disposition.
L'arrêté du 22 octobre, ne toucha point aux justices consulaires. Les agents des diverses puissances continuèrent à connaître des causes entre gens de leur nation.
Le général en chef, en donnant au Cadi et aux Rabbins une juridiction sans appel, se réserva le droit de statuer sur les plaintes en prévarication ou en déni de justice qui pourraient être portées contre eux.
L'acte législatif que nous venons d'analyser, a mérité les éloges de M. Pichon lui-même, ce critique sévère de tout ce qui, à Alger, n'a pas été fait par lui. Il sut pourvoir au besoin du moment sans rien préjuger pour l'avenir, et en tournant les difficultés avec habileté (1) .
(1) Le maure Hamdan-ben-Othman-Khodja, dans l'ouvrage qu'il a publié sur Alger, reproche à l'arrêté du 22 octobre, d'avoir aboli la juridiction du Cadi Hanephy. Il prétend que cette mesure est une entrave aux donations pieuses, en ce que la législation des Hanephys les admettant, même lorsqu'elles sont conditionnelles, offrait à cet égard bien plus de facilité que celle des Malekis, qui ne les admet que lorsqu'elles sont immédiates et absolues. M. Hamdan se plaint à tort dans cette circonstance. Les fonctions du Cadi Hanephy ne sont point abolies, car cette magistrature existe toujours à Alger ; seulement elle n'existe guère que de nom, puisque l'éloignement des Turcs, qui étaient les seuls Hanephys de la Régence, l'a laissée à peu près sans justiciables. Du reste, le Cadi Hanephy, s'il a cessé d'être juge, est toujours notaire musulman ; et, si M. Hamdan veut faire devant lui, à quelque établissement pieux, la donation de ses biens, elle sera reçue avec autant de légalité que d'empressement.
De quelque côté qu'on le considère, il y a peu de chose à dire contre l'arrêté du 22 octobre ; mais il n'en est pas de même des nominations de juge, qui présentèrent plusieurs irrégularités. D'abord M. Deval, qui, à cette époque, remplissait encore les fonctions de consul, en ce qui est relatif aux actes de l'état civil et au notariat, n'aurait pas dû, par cela même, y figurer, puisqu'il pouvait être appelé à juger la validité d'actes émanés de lui ; ensuite, M. Roland de Bussy n'aurait dû être juge qu'en cessant d'être commissaire de police; nous l'avons cependant vu, pendant plusieurs mois, exercer ces fonctions doubles et incompatibles.
M. le général Clauzel, après avoir organisé les grandes branches de l'administration, créa quelques emplois subalternes d'une utilité plus ou moins contestable. C'est ainsi qu'il forma une commission de voirie, laquelle devait prendre nécessairement une partie des fonctions naturelles de la municipalité ; car il n'y avait certainement pas lieu d'établir à Alger, à cette époque surtout, une distinction quelconque entre la grande et la petite voirie.
Le secrétaire de cette commission reçut pour mission de changer les noms de toutes les rues, ce dont il s'acquitta si bien que les habitants d'Alger ne se reconnaissaient plus dans leur propre ville. M. Clauzel aurait désiré placer avantageusement tous ceux qui l'approchaient. Cet exemple de bienveillance pour ses créatures fut suivi par son chef d'état-major, qui fit porter ses domestiques gascons sur le tableau des interprètes arabes.
Les rouages administratifs, constitués comme nous venons de le dire, commencèrent à fonctionner ayant pour force motrice, tantôt les arrêtés du général en chef, tantôt la législation de la métropole. Je vais faire connaître les plus importants de ces arrêtés, en commençant par ceux qui sont relatifs à l'administration des Domaines.
Le 8 septembre, le général Clauzel, au mépris de la capitulation, signa un arrêté qui réunit au Domaine les propriétés du Dey, des Beys et des Turcs déportés, ainsi que celles de la Mecque et de Médine. Cette violation de la foi jurée était fort condamnable. Elle passa, cependant, presque inaperçue à Paris ; mais à Alger, elle excita de vives et justes réclamations, non de la part des Turcs, trop abattus pour oser même élever la voix, mais de la part des familles Indigènes, qui s'étaient alliées à eux.
Ceux qui conseillèrent cette mesure au général Clauzel, en connaissaient si bien eux-mêmes l'illégalité, qu'elle ne fut pas rendue publique par la voie des affiches, seul moyen de publication qui existât alors à Alger : on ne la connut que par les applications qui en furent successivement faites, selon les circonstances, et peut-être aussi selon les convenances des personnes chargées de l'exécution. Nous verrons plus loin que, sous l'administration du général Berthezène, l'on convertit en séquestre d'une durée indéterminée, la confiscation prononcée si légèrement contre les malheureux Turcs par M. le général Clauzel. Ce séquestre existe encore au moment où j'écris.
Le 7 décembre, parut un arrêté qui donna à l'administration des domaines la gestion des biens de la Mecque et Médine, de ceux des mosquées, et généralement de tous ceux dont les revenus ont une destination spéciale se rapportant à des communautés. Il y a deux remarques importantes à faire sur cet arrêté. La première, c'est qu'il parle des biens de la Mecque et Médine comme appartenant encore à cet établissement, quoique celui du 8 septembre les eût réunis au domaine, ce qui semble indiquer que le législateur, qui est ici le général Clauzel, regardait le premier arrêté comme nul, ou qu'il en avait oublié l'existence. La seconde remarque est que l'esprit qui dicta l'arrêté du 7 décembre a quelque chose de moins fiscal que celui qui présida à la rédaction de l'arrêté du 8 septembre. C'est tout simplement l'expression d'une monomanie administrative qui voulait détruire dans la Régence les affectations spéciales, parce que les règles de notre législation financière ne les admettait plus en France; car, il était bien entendu que le trésor devait pourvoir aux dépenses que ces affectations étaient destinées à couvrir.
L'arrêté du 7 décembre fut appliqué sans difficulté aux biens des fontaines ; tout le monde sait que l'érection des fontaines est, chez les Musulmans, un acte de charité publique très fréquent de la part des personnes riches, qui affectent à leur entretien des immeubles ou des rentes. Il existait à Alger plusieurs établissements de ce genre que l'arrêté du 7 décembre dépouilla. Le soin de la conservation des fontaines passa de l'Amin-el-Aïoun, qui ne fut plus qu'un employé subalterne, à de savants ingénieurs français ; et depuis ce changement, la ville d'Alger est chaque année menacée de manquer d'eau. Le génie civil ne demanda pas moins de 600,000 francs pour assurer le service.
Cette avance représente une dépense annuelle de 30,000 francs qui devait être ajoutée aux frais d'entretien des fontaines, lesquels se sont élevés en 1834 à 24,000 francs. Les revenus que le domaine retire des biens des fontaines ne sont que de 17,763 fr. 23 cent. Ainsi, nous serons obligés de dépenser pour cet objet 36,236 francs 78 cent., que nous aurions pu économiser en laissant subsister l'administration de l'Amin des fontaines, qui assurait le service à bien meilleur compte que nos ingénieurs. Je sais fort bien que l'on peut répondre à cela, que les soldats ayant dégradé ou détruit tous les aqueducs, et que la surcharge imposée aux conduits d'eau par nos lourdes voitures, les ayant souvent écrasés, il n'est pas étonnant que les frais se soient accrus.
Mais si les soldats ont détruit les aqueducs, à qui la faute en doit-elle être imputée ? quant à la surcharge imposée aux conduits, chacun sait qu'il n'existe à Alger que trois rues où les voitures peuvent circuler, et qu'au dehors le génie était assez maître de son terrain pour ne pas faire passer les routes qu'il a construites précisément au-dessus de ces mêmes conduits, s'il s'était donné la peine d'en étudier la direction. Je citerai pour exemple la route de Birmadreis, où ce n'est qu'après avoir terminé les travaux de terrassement, que le génie s'est aperçu qu'il était au-dessus de l'aqueduc de ce nom. Certes je ne suis pas un admirateur du gouvernement Turc, mais il est bien déplorable de voir que nous faisons plus mal, et à plus de frais que lui.
La gestion par l'administration des domaines des biens des établissements religieux et charitables, ouvrit la porte à de nombreuses plaintes : le gouvernement en fut étourdi ; mais, selon son habitude de ne jamais résoudre entièrement aucune question, il n'abrogea pas les arrêtés des 8 septembre et 7 décembre, et se contenta d'en mitiger l'application. Il fut convenu que les biens de ces établissements continueraient d'être régis par des Oukils ou procureurs musulmans, mais que l'excédant des revenus sur les affectations serait versé au trésor.
La marche qui fut suivie dans cette affaire a été telle, que les intérêts du trésor et ceux des établissements religieux et charitables, ont été sacrifiés à des intérêts privés, c'est-à-dire à ceux des Oukils. En effet, si l'arrêté du 7 décembre eût été appliqué complètement, le domaine, après s'être acquitté des charges des établissements, aurait profité du surplus ; si, au contraire, cet arrêté eut été complètement abrogé, les revenus auraient suivi sans obstacle leur ancienne destination ; Mais, le gouvernement ayant reculé devant l'application pleine et entière d'un arrêté qu'il laissait cependant subsister, il en est résulté une espèce de chaos qui, d'un côté, a exempté de tout contrôle les Oukils des établissements religieux, et qui, de l'autre, a permis à ces mêmes Oukils d'opposer les termes d'un acte législatif encore existant, aux demandes de ceux qui avaient des droits sur les revenus de ces établissements. " Nous n'avons rien à vous donner, pouvaient-ils leur dire, puisque les Français se sont emparés de nos revenus. " Cette réponse était d'autant plus admissible, qu'il y a eu, en effet, des versements faits au domaine : d'abord, dans les premiers jours de la conquête on enleva tout ce que les Oukils avaient laissé dans les caisses ; ensuite des sommes plus ou moins considérables ont été versées à diverses époques. Mustapha-Bouderbah, Oukil de la Mecque et Médine, a versé depuis quatre ans 34,531 fr. au trésor, il a dû distribuer dans le même laps de temps environ 50,000 fr. aux pauvres, à qui il ne donne guère plus de 250 fr. par semaine ; or, les revenus qu'il a gérés étant, de l'aveu de tout le monde, et du sien propre, de 80,000 fr. par an au moins, il a dû percevoir dans ces quatre ans 360,000 fr., dont 275,469 sont nécessairement restés entre ses mains.
Parmi ces établissements religieux, celui de la Mecque et Médine est le plus riche de tous; viennent ensuite celui de la grande mosquée, ceux des autres mosquées, celui des Andalous ou descendants des Maures d'Espagne, celui des descendants de Mahomet, ceux des Zaouïas ou chapelles et quelques autres ; tous ont pour origine des donations et legs pieux, et tous doivent pourvoir, soit aux dépenses du culte, soit aux besoins des pauvres, ou d'une certaine classe de pauvres, selon le but de l'institution. Celui de la Mecque et Médine doit, de plus, défrayer les pauvres pèlerins qui partent d'Alger pour les lieux saints, et envoyer de certaines sommes aux pauvres de ces deux villes. L'interruption des secours accordés aux pèlerins est très condamnable et très impolitique ; car on a pu remarquer que tous les Musulmans qui ont fait le voyage de la Mecque depuis ces quinze dernières années, et qui par conséquent ont vu l'Égypte sous Mehemed-Ali, comprennent fort bien que les Chrétiens et les Musulmans peuvent vivre sous les mêmes lois.
Au reste, toutes les irrégularités que présente, dans ce moment, l'administration des établissements religieux et charitables n'ont point, comme on l'a dit, un grand retentissement chez les Arabes. Ceux-ci s'en occupent fort peu : nous pouvons donner à l'excédant des revenus de ces établissements la destination qui nous conviendra, sans avoir autre chose à craindre que les criailleries des personnes intéressées au maintien des abus existants ; mais la justice et la politique nous font un devoir d'employer ces revenus au bien-être de la population musulmane.
Depuis la prise d'Alger, la partie de cette population qui habite la ville est dans un état de souffrance difficile à décrire. D'un côté, ses ressources ont diminué, et de l'autre, les prix des denrées ont augmenté dans des proportions effrayantes. Beaucoup d'immeubles ont été occupés militairement, et quantité de maisons ont été démolies pour l'élargissement des rues et la construction des places. Cette fureur de démolition commença sous M. de Bourmont ; sous M. Clauzel un arrêté du 26 octobre, promit des indemnités aux propriétaires ainsi dépossédés, et y affecta les immeubles du domaine. Cette mesure juste et humaine n'a pas été mise à exécution : un odieux esprit de fiscalité à prévalu sur les règles de la justice et de l'honneur. La capitulation a été foulée aux pieds. Une nation dont les revenus s'élèvent à 1,200 millions, a fait banqueroute à de pauvres familles qu'elle a dépouillées contre toutes les lois divines et humaines. Je dis banqueroute, car, qu'est-ce que des promesses dont l'exécution est sans cesse ajournée ? rien de plus facile cependant que d'affecter à l'acquittement de cette dette sacrée les immeubles du domaine, dont les revenus seront toujours honteux pour le trésor, tant que les victimes de notre administration ne seront pas indemnisées ; quoi ! la famille que vous avez dépouillée est sans asile, et, dans la rue même dont le pavé lui sert de lit, vous osez spéculer sur une maison au lieu de la lui donner ! Nous reviendrons plus tard sur ce triste sujet ; mais nous avertissons le lecteur, dès à présent, que les démolitions qui ont fait d'Alger un vaste amas de ruines, n'ont eu, très souvent, d'autre cause que les idées routinières de quelques ingénieurs systématiques, qui ont mis cette malheureuse ville sur le lit de Procuste, taillant et coupant sans être arrêtés par aucune considération. C'est ainsi que des bazars utiles au commerce, des manufactures, des établissements publics ont été impitoyablement sacrifiés. Sur différents points, des démolitions ont été commencées subitement par caprice, et puis abandonnées, reprises, et abandonnées de nouveau. Des constructions commencées sur ces démolitions ont du être abattues pour être refaites d'après de nouveaux plans de l'autorité, qui sont loin encore de paraître définitifs. Mais reprenons la suite de nos analyses administratives.
Le 8 novembre, un arrêté interdit l'aliénation des biens du domaine, et n'en permit la location que pour trois ans. L'administration ne connaissait pas très bien, à cette époque, ce qu'elle possédait, et ce n'est, qu'avec beaucoup de peine, qu'elle est parvenue à être un peu plus instruite aujourd'hui.
Le 7 décembre, un arrêté soumit à la patente les professions industrielles, divisées en quatre classes, et en une catégorie exceptionnelle composée de banquiers. Le 31 du même mois, les débitants de boissons furent assujettis au droit de vente.
Le 17 septembre, parut un arrêté sur les douanes, qui, modifié par un autre arrêté du 17 octobre, établit le système sur les bases suivantes.
Le droit d'importation fut fixé à 4 % pour les marchandises françaises, et à 8 % pour les marchandises étrangères, sans distinction de pavillon. Les objets de petite consommation furent, en outre, assujettis à un prétendu droit d'octroi, qui n'est en réalité qu'un supplément du droit de douane fixé à un dixième en sus.
Le droit d'exportation fut fixé à 1 % pour les navires français et algériens , et à 1,5 % pour les navires étrangers.
Les lingots, l'or et l'argent monnayés, excepté les monnaies de France, furent assujettis à un droit d'exportation de 3 francs par lingot pour l'or, et de 20 francs pour l'argent, mais seulement pour les quantités excédant 5 kilogrammes pour l'or, et 25 kilogrammes pour l'argent.
La valeur des marchandises d'après laquelle les droits seraient liquidés, dut être réglée chaque mois par une mercuriale arrêtée par la chambre de commerce.
Mais cette mercuriale devant nécessairement présenter des lacunes, les marchands sont souvent obligés d'estimer eux-mêmes la valeur des marchandises qu'ils introduisent, et si cette estimation ne convient pas aux employés de la douane, le droit de préemption est exercé dans toute sa rigueur.
Les droits de navigation furent réduits à un droit d'ancrage réglé ainsi qu'il suit, sans distinction de pavillon : 50 fr. pour tous les navires de 5 à 50 tonneaux ; 75 fr. pour ceux de 50 à 100 tonneaux ; 100 fr. pour les navires de plus de 100 tonneaux. Les navires de moins de 5 tonneaux, et les corailleurs étrangers ne paient point de droit d'ancrage.
Un arrêté du 7 décembre, voulant favoriser l'introduction des vins français, porta à 15 % le droit d'entrée sur les vins étrangers. Cette surtaxe fut appliquée aux liqueurs et aux eaux-de-vie étrangères par celui du 28 du même mois.
Par un arrêté du 17 septembre, autre que celui dont nous venons de parler, les droits d'octroi perçus, soit en nature sur les denrées et les productions du pays, furent abolis, excepté pour les blés et les cuirs. Le droit d'octroi sur les marchandises importées par mer, fut le seul qui continua à exister jusqu'à l'administration du général Berthezène ; mais le produit en fut versé au trésor, et non à la caisse municipale, ainsi que l'avait réglé M. de Bourmont.
Un arrêté du 9 janvier 1831, établit que le conseil municipal composé de sept Maures et de deux Israélites serait renouvelé tous les ans. La présidence en fut dévolue au commissaire du roi près la municipalité. L'emploi de consul de France ayant été enfin supprimé dans une ville qui, étant devenue française, n'en avait évidemment plus besoin, les actes de l'état civil furent mis, par arrêté du 7 décembre, dans les attributions de ce même fonctionnaire.
Le 16 novembre, un arrêté nomma Jacob Bacri chef de la nation juive ; il fut statué, par le même arrêté, que les plaintes contre le chef de la nation juive pour prévarication ou abus d'autorité, seraient portées au général en chef qui statuerait suivant la gravité du cas.
M. le général Clauzel, après avoir organisé les services, et fixé les bases des divers branches de l'administration, régla le mode de comptabilité. Il fut établi, par arrêté du 14 décembre, que chaque mois une répartition de fonds serait faite par l'intendant entre les trois départements de la Justice, de l'Intérieur et des Finances. Les membres du comité du gouvernement chargés de ces départements, purent ordonnancer les mandats de moins de 500 fr., sans régularisation à la fin du mois, par un mandat unique de l'intendant ; les mandats au-dessus de 500 fr. durent être ordonnancés directement par l'intendant.
Tel est l'ensemble des dispositions domaniales, fiscales et municipales, prises par M. le général Clauzel. Il nous reste à parler des arrêtés relatifs au commerce, à l'agriculture et à la police.
Le 4 novembre, l'exportation des grains et des farines pour toute autre destination que la France fut interdite.
Le 7 décembre, un arrêté institua à Alger une chambre de commerce composée de cinq Français, d'un Maure et d'un Israélite. Les membres en furent nommés pour six mois par l'autorité, et il fut statué qu'après ce laps de temps, le commerce les élirait librement.
Un arrêté du 31 décembre accorda à la place d'Alger un entrepôt réel, en mettant en vigueur les principales dispositions de la loi du 17 mai 1826 sur cette matière.
Mais le manque de magasin a empêché jusqu'ici de mettre cet arrêté à exécution, l'entrepôt fictif n'est accordé que pour certaines marchandises ; les sels et les produits manufacturés n'y ont aucun droit.
Le 30 octobre, parut un arrêté remarquable, en ce qu'il fut le premier pas vers la colonisation. Plusieurs personnes, plus aventureuses qu'habiles, avaient suivi M. le général Clauzel en Afrique. Elles conçurent l'idée d'établir une ferme expérimentale pour servir de régulateur à tous les établissements agricoles qui viendraient se former. Une société anonyme s'organisa à cet effet, et l'arrêté dont il est ici question en approuva les statuts, et lui loua la ferme dite Haouth-Hussan-Pacha, qui, depuis ce moment, a été connue du public Européen sous le nom de Ferme-Modèle. La location comprit les bâtiments, et 1000 hectares de terrain.
Elle fut faite au prix annuel d'un franc par hectare, et pour 9, 18 ou 27 ans, avec faculté de résiliation, mais en faveur des preneurs seulement. Les actions de la Ferme-Modèle, qui, comme on l'a dit plaisamment, n'est pas le modèle des fermes, furent d'abord de 500 fr., mais elles n'ont fait que baisser depuis. Plusieurs causes ont contribué à arrêter le développement de l'établissement, et la plus agissante est l'insalubrité de la position.
L'inauguration de la Ferme-Modèle se fit avec un certain éclat. On y établit un poste pour protéger les travailleurs. Quel qu'ait été le peu de succès de cette entreprise, le général Clauzel n'en fut pas moins très louable d'avoir favorisé, autant qu'il dépendait de lui, un établissement dont le but était aussi évidemment utile.
La police attira aussi l'attention du général Clauzel le grand nombre d'étrangers qui affluaient à Alger de toutes parts rendait une surveillance active bien nécessaire ; d'un autre côté, les soins de la police générale et politique exigeaient des dispositions spéciales sur le droit de port d'armes, et sur la vente des armes et de la poudre.
Nous avons vu qu'aussitôt après la conquête, la population d'Alger avait été désarmée sans difficulté ; mais il ne pouvait en être de même des Arabes des campagnes. Ensuite, quand même leur désarmement eût été possible, comment exiger qu'ils voyageassent sans armes lorsque, pour venir à nos marchés, ils étaient obligés de suivre des routes que l'anarchie avait peuplées de brigands. Cependant la prudence semblait demander qu'on ne les laissât pas pénétrer armés dans nos lignes.
En conséquence, il leur fut désigné des postes où ils devaient déposer leurs armes en arrivant sur le territoire occupé par l'armée Française, et où ils les reprenaient en partant. Le général Clauzel, ne trouvant pas cette précaution suffisante, y ajouta, le 22 octobre, la peine de mort contre tout Arabe qui pénétrerait armé en dedans de la ligne de nos postes. Le même arrêté interdit, sous la même peine, le transport de la poudre et du plomb, au-delà des limites des camps. Toutes ces mesures furent prises à la suite d'un assassinat commis sur un officier du 35e régiment de ligne.
Un second arrêté, du 22 octobre, ordonna l'établissement à Alger de bureaux de débit de poudre et de plomb. Les munitions ne devaient être délivrées aux acheteurs que sur un permis du commandant de la place. Une commission de trois membres fut instituée pour surveiller ces bureaux, qui, du reste, n'existèrent que sur le papier, ainsi que l'entrepôt, dont l'établissement fut ordonné par un arrêté du 14 décembre Ce même arrêté prononçait des peines sévères contre les débitants clandestins ; mais comme, pendant quatre ans, il n'a existé aucun débit légal et constitué par l'autorité, malgré l'arrêté du 22 octobre, et une foule d'autres, rendus depuis sur cette matière, et qu'il est cependant évident que la population ne peut se passer de poudre, le commerce interlope s'en est fait au vu et au su de l'autorité, qui n'avait ni le pouvoir ni la volonté de s'y opposer.
Le 14 novembre, un arrêté prescrivit des dispositions tendant à restreindre le commerce des métaux propres à la confection des armes, mais elles furent abolies par un arrêté du 28 décembre. Le 14 du même mois, l'introduction des armes de guerre, soit étrangères, soit françaises, fut interdite ; il fut réglé que celle des armes de chasse et de luxe n'aurait lieu que sur un permis du commandant de la place d'Alger.
Je me suis peut-être arrêté trop longtemps sur des détails qui tous n'auront pas été d'un intérêt égal pour le lecteur; mais je devais lui faire connaître l'ensemble de l'administration civile de M. le général Clauzel, qui mérite d'être étudiée.
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L'ALGERIE
ECHO D'ORANIE - N°249
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Ce pays où tu es né,
Ce pays où tu as passé une partie de ta vie.
Cette France d'Outremer qui était ta patrie.
Ce village où tu as vécu,
Ce village que tu connais si bien,
Où tu en as découvert chaque recoin,
Où tu as laissé tes morts,
Où tu as perdu tes amis,
Cette France si belle qu'était l'Algérie,
Tu l'as laissée avec ce remord et cette nostalgie
De ta jeunesse perdue.
Aujourd'hui, avec le temps,
Tu as retrouvé des amis
Eux aussi Pieds Noirs.
Tu reparles de votre pays.
Eux non plus n'ont pas oublié leur passé.
Les plus âgés sont partis en laissant derrière eux,
Le souvenir de leur pays.
Le souvenir merveilleux de l'Algérie.
Après notre génération,
Je pense que les jeunes oublieront.
Ils n'ont pas connu ce pays
Dont on leur parle tant
Et qui pourtant fait partie de leur vie.
C'est la culture de vos parents,
C'est la culture de votre pays,
Que vous allez oublier aussi.
J'aurais aimé t'accompagner
Pour connaître aussi ton pays.
Tu n'en parles pas souvent de ton passé,
Pourtant au fond de ton cœur,
Je sais qu'il y a une place privilégiée
Pour ton pays "l'ALGERIE".
Mes enfants n'oubliez pas,
Que le pays de votre papa,
Etait la France d'Outremer,
Cette France qu'il chérit,
C'était "I'ALGERIE".
Mme CONTRERAS
P.N. de cœur
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Les premiers Colons Algériens
L'Effort Algérien N°143, du 28 juin 1930 .
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Les de Vialar, de Tonnac et Baudens.
En cette année du Centenaire, ce qui y a de plus intéressant à connaître, ce sont les débuts de la Colonisation à l'époque héroïque.
Car il y eut une période héroïque que beaucoup ignorent, avant la période de la colonisation administrative; ce fut celle d'une poignée de braves qui certes n'avaient pas peur et qui savaient se passer la plupart du temps des secours de l'armée et défendre eux-mêmes leurs propriétés.
Parmi ces hommes héroïques issus de l'ancienne noblesse de France, nous en signalerons spécialement deux. Ce sont M. le baron de Vialar d'une part, et M. de Tonnac d'autre part. Antoine Etienne Auguste de Vialar était né à Gaillac en l'année 1799. Sa famille appartenait à la grande noblesse du Languedoc. Son père avait épousé une des filles du fameux médecin de Louis XVI, le baron de Portal. Devenu auditeur au Conseil d'Etat, puis substitut à Mantes et Procureur du roi à Epernay, la révolution de 1830 le décida à quitter la magistrature.
Il quitta la France voulant se diriger vers le Levant, mais en route, il s'arrêta à Alger et décida de s'y fixer. " Je vis, dit-il que le sol était fertile et l'insalubrité du climat à peu près chimérique." Ceci se passait deux années après la prise d'Alger.
Dès son arrivée M. de Vialar fit la connaissance de M. de Tonnac qu'il ne devait plus désormais quitter et dont les opérations agricoles allaient devenir communes.
" Je crus, nous rapporte Edouard Cat dans ses biographies algériennes, entrevoir le temps où cette belle contrée algérienne, magnifique don de la Providence, actuellement stérile, serait par la suite fécondée par le travail, et où plus de vingt départements français accroîtraient les richesses et la puissance de mon pays. "
C'est avec cette confiance magnifique que le baron de Vialar entreprit de concert avec son ami de Tonnac la mise en culture de nombreuses terres incultes en Algérie.
Les environs d'Alger en l'année 1833 n'étaient pas encore très sûrs. Il acheta à Tixérain, près du camp, un petit domaine d'environ 85 hectares qu'il cultiva avec de Tonnac, puis, il en acheta un second à Kouba de 180 hectares et d'autres de moindre importance dans les environs.
Pour mettre en valeur leurs propriétés, nos deux colons firent venir du Languedoc une trentaine d'ouvriers agricoles, puis ils utilisèrent la main-d'œuvre de métayers français, mahonnais et indigènes se trouvant sur place.
Ils produisaient surtout du fourrage pour nourrir le bétail d'abord, des céréales et des légumes pour la nourriture de leur personnel, et ils n'essayèrent les cultures coloniales qu'à simple titre d'essai.
Un an après, ils jetèrent un coup d'œil au-delà du Sahel, sur cette immense plaine de la Mitidja, qui vue de loin paraissait un marécage infect, mais qui promenait, une fois drainée et cultivée, de devenir une plaine très féconde. Dés 1834, de Vialar acheta avec un de ses amis, Baudens, le domaine de Baraki et avec de Tonnac, celui de Khadra situé entre l'Arba et le camp de Fondouk prés de l'endroit où fut créé quelques années plus tard le village de Rivet.
C'était une propriété indigène située bien avant nos postes. Ce ne fut que le 30 juin 1834 que, pour la première fois, le chef de bureau arabe Pélissier de Raynaud, accompagnant le baron de Vialar et de Tonnac, fit son entrée dans le marché de Boufarik où jusqu'alors aucun européen n'avait encore pénétré, et où il était très dangereux de se faire voir attendu que ce marché n'était fréquenté que par nos pires ennemis, les Hadjoutes.
Ils passèrent donc tous les trois au milieu des indigènes sans être l'objet d'attaques ouvertes, mais les regards des arabes étaient chargés de haine et pleins de menaces.
Nos trois courageux colons voulurent, acheter quelque chose aux indigènes mais ces derniers ne voulurent rien leur céder, sauf un chien.
Voyant cette animosité et désirant faire cesser cet état de choses, le baron de Vialar donna en juillet 1834 les fonds nécessaires pour fonder deux prix : le premier de deux cent francs pour le colon qui le premier conduirait au marché de Boufarik une voiture chargée de marchandises et un autre prix de cent francs à celui qui mènerait trois fois de suite un cheval ou un mulet chargé. Mais, malgré cet encouragement ces deux prix ne furent décernés que sept mois après, en février 1835.
Le baron de Vialar fonda ensuite la société Coloniale d'Algérie; c'est dans cette société que fut lu le 17 novembre 1834 le premier rapport sur l'état de la colonie aux environs d'Alger, et le 14 avril 1835 le second mémoire fournissant les renseignements les plus précis sur l'état des exploitations du Sahel d'Alger, et le régime des ventes de terrains, les contrats des fermages avec les indigènes et la sécurité. Ce mémoire a été imprimé à Paris. il se compose de 38 pages et est intitulé : simples faits exposés à la Réunion Algérienne du 14 avril 1835 par M., le Baron de Vialar délégué des Colons.
C'est aussi cette même année qu'il fut nommé Maire de Birmandreis.
De son côté, son ami el collaborateur, de Tonnac, ne restait pas oisif ; il avait appris assez rapidement l'arabe, était entré en relations avec de nombreux indigènes et portait fréquemment le burnous. il acheta la propriété de l'Aïn-Kadra, c'est-à-dire" Verdure".
Cette propriété se trouvait située presque au pied de l'Atlas. Le Gouverneur auquel il avait demandé quelques hommes pour prendre possession de son domaine les lui ayant refusés, taxant son projet d'imprudence, il se décida à partir seul, bien armé, avec un cuisinier arabe et une forte provision de café.
Arrivé sur sa nouvelle propriété de l'Aïn-Kadra, de Tonnac fait préparer le café, campe et attend les indigènes qui étaient cachés dans les broussailles. Les uns viennent les uns après les autres, d'abord ce sont les enfants, puis les hommes, qui s'approchent peu à peu. Alors la conversation s'engage. De Tonnac leur explique en arabe qu'il a acheté a l'Haouch, mais qu'il ne veut rien changer aux usages établis, et qu'il traitera les habitants de l'endroit comme les traitait l'ancien propriétaire.
Il les rassure, créé des associations avec eux pour la culture, puis, fait réparer un de leurs marabouts qui tombait en ruines, et enfin se bâtir une maison assez forte et assez grande pour y réunir tous ses voisins. Il devient ainsi une sorte de chef reconnu par les indigènes des environs, partageant avec eux les frais et les profits que l'exploitation, les traitant avec justice et bonté.
En avril 1835, voici ce que de Tonnac écrivait au baron de Vialar on ami, son associé: " -Nos prairies ont été bien gardées, l'herbe y est très belle et de première qualité. J'ai donné une étrenne à deux laboureurs de l'Haouch qui avaient pris soin de les garder, et je leur ai promis une récompense double, si dans trois semaines les foins sont préservés. Je leur ai dit que mon intention était de venir faucher, ils m'ont répondu que je pourrai le faire en toute assurance, et pourvu que j'emmenasse deux ou trois faucheurs, qu'eux-mêmes apprendraient ce travail et nous aideraient dans celle opération. Sous ce rapport, je crois qu'ils promettent plus qu'ils ne pourraient tenir, car nous savons assez quelle est leur adresse, mais cela prouve du moins leurs bonnes intentions. Je n'ai d'ailleurs eu qu'à me louer de l'accueil que j'ai, reçu de tous les gens de la ferme et des dispositions dont ils sont animés à notre égard. Nous aurons plus de facilités que nous espérions pour l'établissement de notre village, l'avance des fourrages serait un immense avantage...
" Pour moi les criailleries des journaux de Paris ne me découragent pas ; au lieu de me refroidir, elles m'animent davantage, et je te jure que quand nous ; serons à l'exécution, je te seconderai avec persévérance et acharnement."
L'on voit sur le vif, d'après cette lettre, quelle était la mentalité des colons héroïques de cette époque. Ils n'achetaient pas des terres par spéculation, mais bien pour les faire valoir et avec la volonté bien arrêtée de créer des villages. Il faut remarquer aussi leur attitude loyale vis-à-vis des indigènes, hardie en même temps que pleine de générosité et de justice, ce qui arrivait à leur concilier leurs métayers indigènes et leurs ouvriers. Ainsi se faisait un rapprochement entre les vainqueurs et les vaincus.
Malheureusement, il y avait un point noir, c'était l'Administration. Celle-ci secondait mal leurs efforts et arrivait à les contrarier.
Elle travaillait à les détourner de leurs entreprises, leur refusait toute espèce de secours, les volait même quand elle leur achetait leurs fourrages. Il ne fallait pas compter sur cette dernière, car elle en était arrivée à refuser même des munitions aux colons qui avaient à défendre leurs vies et leurs propriétés contre les arabes pillards de la montagne.
Il fallait que le colon se défendit lui-même ou abandonnât son bien. En voici un exemple pris parmi plusieurs. Malgré son personnel dévoué et armé, Tonnac était obligé de veiller sur ce poste avancé de la colonisation. Un jour ayant appris qu'une tribu devait venir l'attaquer, il alla avec tous ses gens, métayers et Khammés, l'attendre à une dizaine de lieues dans une gorge de la montagne. Dans l'escarmouche qui s'y livra, la troupe de Tonnac fit plusieurs prisonniers et enleva même deux belles juments. Comme on avait à craindre un retour offensif des arabes contre le bordj de Kadra, de Tonnac envoya demander des munitions à Alger. Le Général Négrier plus généreux que ses prédécesseurs lui délivra 500 cartouches et avec ce secours Sidi de Tonnac ainsi appelé par les indigènes, pût ne pas trop redouter une nouvelle attaque.
Il arriva même à signer des traités avec ses voisins notamment avec le Caïd Ben Salem, le khalifat d'Abd-el-Kader.
Henri MURAT.
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LES ŒUVRES DE MUSETTE
LE MARIAGE DE CAGAYOUS
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CHAPITRE VI
LES FEMMES ELLES PARLENT
Moment après que je m'ai assis dessur l'escayer de un magasin qui touche ma maison, oilà que je vois qui s'amène Lina la poileuse. Madame Sacco et Mamoiselle Thérésine qu'elles venaient pour parler vec ma soeur.
Quand elle m'a vu, Mamoiselle Thérésine elle a venu un peu rouge et Mina la poileuse elle s'a f... à rigoler comme une petite gargoulette qu'y a le sifflet et que les enfants y jouent vec de l'eau dedans.
- Chicanelle elle est à la maison ? elle me parle Madame Sacco.
- On se fait la grève à la fabrique. Forcé qu'elle y est. Vous allez marcher à la manifestation ?
Nous venons pour une commission qu'elle nous attend.
Après, les trois femmes elles ont monté achez ma soeur.
Moi je monte un peu darrière pour aller sercher le tabac dedans ma chambre, et oila j'entends qu'on parle fort dedans la chambre à Chicanelle qu'y a devant la petite terrasse vec tout plein des pots du fleurs et des boites à pétrole qui pousse le basélic, les tomates et les piments rouges qu'avec la pointe d'un, au c... vous y faisez sauter le cheval à le Duc d'Oléans dessur la mosquée. Même y a une caisse qu'elle pousse les carabasses que ça sert pour faire les gourdes. Tout c'est mon père qu'il est aveugue, le pôvre, qui se l'a planté. En dessur la porte, y a la cage petite vec le moineau qu'il a les oeils crévés et qui chante bien. Le chardonneret qu'y avait avant il a mouru de vieillesse. La calandre qui chantait pluss mieux que un rossignol dedans la cage esprès vec la toile par en haut, elle s'a tordit son bec et à peu à peu elle a crévé. Reste rien que deux poules dedans une caisse vec le grillage, un chat noir voleur comme je sais pas quoi et un coq anglais méchant qui s'en va ousqu'y veut, pourquoi il est bien enprivoisé. Des fois y s'attaque à le chat jusqu'à temps qui s'ensauve. La maison ça semble la petite campagnette. Manque plus que le cochon pour faire les sobressades à la Noël.
Mon père et ma mère y restent en coté de Chicanelle, dedans une chambre qu'elle est à le fond de la terrasse oùsqu'y a un pied de la vigne longo qui monte depis en bas la rue et que mon père y s'en a entortillé un peu vec le fil de fer pour que ça li fait la tonnelle.
Des fois, quand c'est le temps, y pousse le raisin. Cette vigne là un peu elle est à chaque locataire de la maison. A cause de ça y sort des disputes chaque moment.
Ma chambre à moi que Chicanelle elle me la surloue une pièce de dix francs par mois, elle touche l'escayer en bois. Comme ça je rentre et je sors quand ça me fait plaisir sans que personne y me voit.
Oilà quand j'a rentré dedans ma chambre, j'entends ma soeur que toujours elle crie, qui parle vec les femmes qu'elles sont venues pour la voir.
Oh ! ma fille, si tu verrais connue la mère à Thérésine elle est en colère dessur la tia Tonia pour ça qu'elle a raconté de l'histoire qu'il a eue ton frire vec Vittorine.
- C'est une chouarri, je te dis, qu'elle répond Chicanelle, Elle a la rage à cause de la jalousie, pas pluss.
Si on voudrait parler, va, elle dit Madame Sacco, on li demanderait aoùsqu'elle a porté l'enfant qu'elle s'a fait en cachette achez une sage-femme et que son père c'est un Arabe. C'est t'honteux ! Et cette saleté là elle marche vec la couronne dessur la tète. comme si ça serait la Sainte-Vierge. Tsss aïe aïe !
Y a longtemps qu'elle fait la vie, va, elle crie ma soeur, et si on s'écrirait dessur le livre tous ceuss-là qu'on s'y a pris la mesure de la taille, faut pluss un lite de l'encre et quate draps de lit du papier...
- Et comment qui va le petit Scaragolette " elle dit Mamoiselle Thèrèsine pour pas qu'on parle tout le temps dessur Vittorine.
- Ça va pas mal merci, elle dit ma soeur.
Y s'a attrapé les boutons à les genoux à force qui monte dessur les arbres. Un de ces quate matins y va se casser la tête. Cuilà là on peut pas dire qui se ressemble pas à son père : tout lui craché c'est. Quand y peut se poser la main dessus la bouteille de l'anisette, y s'en liche un verre connue un homme.
- Qué dégourdi qu'il est, elle dit Lina la poileuse.
Une fois y a envoyé une purée qui tient plus debout. Aloi que je savais pas ça qu'il avait, je viens folle, pourquoi je me croyais qui s'avait attrapé l'attaque des nerfs.
- Eh ben merci.
- Y criait des choses vilaines ; y tapait tout ça qui trouve vec une cassérole et après il a grimpé dessur l'armoire que je mets le linge et d'en haut oilà qui fait pipi dessur moi en criant : Fresca limonade... Beurrreud, beurreud !
Il a pas peur des mouches, elle dit Lina en rigolant.
J'y a fait voir un sou et un morceau de formage pour qui descend, et après je l'a porté achez le pharmacien. Le pharmacien y m'a dit comme ça : " Madame, vote petit il est plein comme une bourrique, pas pluss. " Maria santissima, c'est pas possible ! Alorss le pharmacien il a fait connue ça : "Y faut li faire respirer l'ammoniaque et pis le coucher...
Scaragolette du temps que je me le tenais, y se lançait des coups de pied en s'eng... à le pharmacien : M... ! M... ! Vendeur de... ! et un tas des insultes que l'honte elle me mange la figure. Le monde y s'avait fait le rassemblement en devant la porte de la pharmacie en demandant : Qu'est-ce c'est ? Qu'est-ce qu'y a ? Si vous arriez vu, ma pôvre, qué escandale !
J'comprends ' Et qu'est-ce que vous y avez fait à le petit ?
- Qu'est-ce que j'y a fait ". J'y a f... une tannée dessur le c... qui s'y a levé la tasse tout de suite. Et après j'y a donné la purge. Tout ça c'est la faute à Cagayous...
Amane ! je me pense entre moi-même.
- Toujours quand y boit l'anisette, elle parle ma soeur, faut qu'il en fait goùter à le petit. Y dit comme ça que ça li fait venir la force, le courage et tout. Alorss Scaragolette que tout le temps y se f... des castagnes vec ses camarades, y boit l'anisette.
- Ça c'est mauvais, elle dit Madame Sacco, pourquoi y va s'arrêter de grandir. Les petits chiens quant on veut qui restent petits on li fait boire le rhum.
- Moi je crois pas, elle dit Lina la poileuse. Vous se connaissez à mon onque, le frère à ma mère ? Eh ben depis qu'il a attrapé l'âge de raison y boit l'absinthe pluss de dix verres par jour et quand même il a venu si tant longo, que quand y marche en côté les maisons, les femmes qu'elles restent à le premier étage, elles se ferment sa fenêtre pour pas qui rigare. Encore y pousse chaque mois.
- Et quel métier qui fait votre onque ?
Elle demande mamoiselle Thérésine, en rigolant.
Y travaille en dessous les voûtes oùsqu'on fait les peaux de chèvres. Juste le magasin il est à le commencement de la rampe, en bas le boulevard, oùsque les portes elles sont pluss petites qu'à le bout. Ça fait qui faut qui rentre à quate pattes...
Du temps qu'on parle les femmes entre elles et que moi j'écoute pour voir si des fois on me casse pas la réputation, on s'entend crier dedans la courette oùsqu'y se tient les baquets pour laver le linge :
Chica Chica ti est là ?
(Chica c'est soisandisant une miquette de le nom à ma soeur pour çuilà qu'il a la flème).
- Oui c'est qui m'appelle, elle crie Chicanelle en se penchant qu'on croit qu'elle s'en va tomber en bas. C'est toi, Lydia ? Monte.
- Descends toi, je vais te dire quéque chose.
Pourquoi ti montes pas : monte !
- Je peux pas, pour qu'après y m'arrive malheur. Tu voudrais pas, ma pôvre !
Ti es bête. De quoi tu veux me dire ?
- C'est à rapport à la grève. Quest-ce tu fais dimanche ?
- Encore je sais pas. Y a le temps, va !
- Nous autes nous allons à Aïn Taya vec Esther, Tina, son frère et une bande, vec le char à bancs à Frédéric, nous faisons balthazar. Aïe qué rire !
Onofro tu sais, sa femme elle y a fait deux jumelles ahier soir ; une elle a sorti vec l'enfirmité qu'on sait pas quoi c'est. Sûr que c'est le coup qu'elle a reçu l'aute fois vec le siau. Alorss tu viens pas ; tu laisses le petit à ta mère. Allez, va, viens !
Faut que je fasse la lessive, ma fille ; sans rire : tout le linge il est dehiors. Tu travailles à présent, toi ?
C'est rare ! Je me mange mes rentes vec la chimise à l'envers. Alorss tu marches pas. Ça sera pour une aute fois. Allez, adieu, et le bonjour à tes poules.
- Pourquoi elle a pas voulu monter Lydia ? elle demande Madame Sacco.
Elle a la sousto qu'il y vient l'accident. Une sorcière elle y a dit compte ça un jour qu'elle va tomber d'en haut le troisième étage. Depis ça, elle veut plus monter aucun escayer. Elle reste à le rez-de-chaussée et pas même qu'on li donne la montre en or vec le sautoir elle monte pas à aucun endroit que c'est pluss haut de un mètre. Dessur elle, elle porte un tas des médailles, des petits Padoue, des bouts de choses qu'on li a données les sorcières pour pas qu'il y vient le diable...
(A suivre)
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Petite chronique Histoire : d'hier à aujourd'hui
Envoyé par Marius Piedineri
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Pieds-Noirs & patriotisme
Le patriotisme et le grand courage des Pieds-Noirs, mythe ou réalité ?
Réalité bien sûr, attestée aujourd'hui par les historiens les plus sérieux. Les archives ont parlé. Pierre Darmon écrivait récemment, dans son livre L'Algérie de Pétain : " En 1939, les conscrits algériens sont partis en guerre le cœur léger et avec la volonté d'en découdre avec les " Boches " alors que les métropolitains ont bouclé leur paquetage avec une résignation docile. Le contrôle postal confirme cet état d'esprit. Des lettres de soldats que ronge l'inaction sont émaillées d'envolées patriotiques ". Un autre historien, Frédéric Harymbat écrit qu'au lendemain du débarquement allié de novembre 1942, Alger " connaît comme toute l'Afrique du Nord une mobilisation sans précédent de sa population d'origine européenne, les jeunes des Chantiers devançant l'appel en masse au grand étonnement des autorités qui sont complètement débordées par l'afflux de volontaires " (1).
A ces jeunes soldats libérateurs de la Patrie et de l'Europe face au nazisme, de Gaulle rendra plus tard un vibrant hommage : " Qu'est-ce que c'est que tous ces Fernandez, ces Lopez et autres Segura qui se voudraient français ? "
Pieds-Noirs & nettoyage ethnique
A ceux qui croient encore que le FLN algérien n'a jamais souhaité expulser par la force les Pieds-Noirs de leur pays, cette phrase de Guy Pervillé, historien on ne peut plus sérieux, les fixera définitivement. Dénonçant " l'inconcevable aveuglement de ceux qui, un demi-siècle après ces faits effroyables, persistent à les nier en attribuant aux Français d'Algérie l'entière responsabilité de leur exode et en affirmant que les Algériens n'avaient rien voulu de tel ", Guy Pervillé affirme : " Le fait que les responsables du FLN, de toutes tendances, voulaient faire la révolution en excluant la masse des Français d'Algérie et à leurs dépens est pourtant bien établi depuis longtemps "(2) . Le débat devrait donc être clos.
Et ce sont les Pieds-Noirs, après ça, que l'on ose accuser de " crime contre l'Humanité " ?!?
Une histoire de publicité
Avez-vous remarqué que la publicité faite actuellement à la télévision pour la collection " Les journaux de guerre ", qui reproduit les journaux parus pendant la guerre d'Algérie, précise, à propos des conséquences de cette guerre, qu'elle a " entraîné la naissance de la Vème République et l'indépendance de l'Algérie ", mais oublie de dire qu'elle a aussi entraîné l'exode sans retour de plus d'un million de Français ? A voir cette publicité, " la naissance de la Vème République " a l'air d'être un évènement beaucoup plus important que ce tragique exode, épuration ethnique de grande ampleur.
Une nouvelle maladie contagieuse :
la " nostalgite de l'Algérie française "
" Nostalgiques de l'Algérie française ", " nostalgiques de l'Algérie française "…
FLN, gaullistes et gauchistes, tous mouillés d'une manière ou d'une autre, ont trouvé un moyen imparable pour continuer à nier les crimes qu'ont subi les Français d'Algérie de toutes confessions, en jouant sur la fibre anticolonialiste - ou, parfois, anti-arabe - de beaucoup de Français. Quitte à falsifier l'Histoire, et faire comme s'il n'avait pas existé de solutions intermédiaires entre " l'Algérie française " proprement dite, et l'abandon total et criminel dans la précipitation que le pouvoir a mis en œuvre. Qu'un Pied-Noir souhaite honorer les disparus d'Oran, qu'il rappelle que le sang a continué à couler en abondance après le " cessez-le-feu " du 19 mars 1962, ou qu'il affirme avoir été victime d'un nettoyage ethnique et religieux, traitez-le aussitôt de " nostalgique de l'Algérie française "(3), et l'affaire est réglée. Après ça il n'aura plus qu'à la fermer, soit assimilé à un débile profond (" l'Algérie française ? mais vous rêvez mon bon monsieur… Faire de 40 millions d'Arabes des Français à part entière ? "), soit marqué du sceau d'une infamie éternelle (" colonialiste ! "). Les médias Algériens l'ont bien compris : " La question des crimes coloniaux français en Algérie ne semble plus constituer un tabou dans la classe dirigeante de l'Hexagone, expurgée des nostalgiques de l'Algérie française " , indiquait en septembre dernier un journal du pays. Voilà un bel euphémisme pour se féliciter de la disparition d'un peuple. Parler d'une France " expurgée des Pieds-Noirs " aurait sans doute été plus clair.
Le sombre constat d'André Rossfelder
Le Pied-Noir André Rossfelder (dont il faut souligner qu'il n'était pas un exalté), décédé en 2011, évoquant dans son livre Le onzième commandement (Gallimard, 2000) la complicité née en 1962 entre les forces armées françaises et celles du FLN pour mater les Pieds-Noirs, ainsi que l'abandon criminel des Harkis par la France de de Gaulle, aura ces mots qui font frémir :
" On peut s'entretuer et rester pourtant solidaires, mais que reste-t-il d'une nation qui tire sur ses propres drapeaux et qui fait appel à l'ennemi d'hier pour tuer les siens ? Je l'ai su, mais je n'ai pas voulu d'abord y croire : la nation française est morte en Algérie au printemps 1962. "
1) L'algérianiste, septembre 2017.
2) Lien : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=265
3) http://www.lexpressiondz.com/actualite/276222-on-prepare-la-rencontre-de-paris.html
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PHOTOS de BÖNE
Envoyé par M. Renzo Barony
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SAINT-AUGUSTIN
SAINTE-THERESE
LES REMPARTS
LES REMPARTS
LE PORT
LES QUAIS
LA SEYBOUSE
LE PONT ROMAIN
VIEUX THEATRE
LA GARE ET LES CALECHES
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P'TIT PAUL
OU LE BLEU DES JOURS GRIS
Envoyé Par M. Paul Rocca
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Chers Compatriotes,
Ce livre relate l'enfance de Paul né en 1948, quelques mois après la mort de son père, dans le village de Randon proche de Bône en Algérie. Il est le cinquième des enfants que sa mère Augustine doit élever face à un grand dénuement et bien des obstacles à surmonter. Elle y parviendra avec obstination et dignité, en mère courage, heureuse de livrer bataille dans son commerce le Café des amis. Paul coulera des jours heureux au village et dans le Café, entre joies et drames, tout au long des années cinquante, dans le cadre des "événements" d'Algérie.
L'auteur, Paul Rocca, a quitté son Algérie à 14 ans, en 1962. Après le B.E.P.C et le Bac philo, il s'est orienté vers les études de droit à la faculté d'Aix en Provence. Après l'obtention de sa licence, il est devenu directeur d'hôpital en Picardie, à Compiègne et Amiens, après une formation à l'Ecole de santé de Rennes. Il est actuellement retraité en Provence, dans le Vaucluse et il y publie son 1er livre en fin 2016.
Ce livre est disponible chez lulu.com France ou alors joindre l'auteur à l'adresse paulo8084@gmail.com
DES LIEUX ET DES HOMMES
La chaleur est accablante en ce jour de juillet, comme c'est souvent le cas l'été en Algérie, plus particulièrement dans les régions de montagnes ou dans les villages de l'intérieur du pays, dès qu'ils sont tant soit peu distants de la Méditerranée. Je me suis très vite habitué aux étés brûlants de mon petit village de Randon*. Très tôt dans la matinée, un voile tiède et ondulant de douceur commence par vous envelopper et à glisser sur tout le corps jusqu'à devenir, au fil des heures, une chape pesante qui, sournoisement, vous happe. Elle a tôt fait d'enlever toute tentative de résistance à celui qui se laisserait aller à la nonchalance, à la rêverie, et qui, par la force des choses n'aurait plus, une fois assommé avec délice et consentement, qu'à abdiquer et sombrer dans les limbes d'une sieste réparatrice. La pensée se met à flotter et le corps à s'alanguir dans un apaisant ressenti. Ce corps, alors, n'appartient plus à la personne qui l'habite et se dissout dans l'air alourdi qui efface le temps et réduit l'espace. Mais la mollesse a du bon quand la chaleur est de plomb, surtout en début d'après-midi. Ce jour-là, une fois n'est pas coutume et sitôt après le déjeuner, je suis monté dans ma chambre du premier étage pour m'y reposer au gros de la journée. Il serait plus juste de dire que je ne l'ai pas décidé de mon plein gré mais plus exactement sur l'injonction de maman Augustine qui voulait absolument imposer un temps de sieste à ses deux garçons. Quand il fait chaud à ce point, pas de quartier selon elle : on se repose et on ne discute pas. Ce n'est pas dit sur un ton brutal et impératif mais ça sait être convaincant par la façon de l'exprimer, comme s'il ne pouvait être émis la moindre réserve. C'est comme ça et il ne peut en être autrement !
Comme mon frère aîné Jean-Pierre, je m'y résigne sans trop de peine. Cela est d'autant plus facile que maman ne sera pas derrière nous pour vérifier la bonne exécution de ses ordres, qui n'en sont pas en réalité. Libre à nous de faire toute autre chose. Cependant, cette fois, j'avoue éprouver le besoin de m'accorder un brin de repos après toutes les allées et venues accomplies le matin même, à pied dans les rues, à la recherche des copains consentant à faire une partie de ballon ou bien un concours de billes ou de noyaux dans la cour de l'une ou l'autre de nos maisons. C'est finalement à une partie de pétanque que je me suis adonné avec ceux de mon âge, suivie d'une longue promenade à vélo à travers l'enfilade des rues de Randon et au mépris du soleil ardent sur la fin de la matinée. Les coups de pédale n'ont pas été ménagés pour essayer de battre de vitesse Marc ou Ramon. Cela en valait la peine de se mesurer et tester notre résistance, mais à présent, dans la chambre, la fatigue est bien là et tant pis s'il faut renoncer à l'habituelle bagarre de polochons et d'oreillers avec Jean-Pierre. Ce dernier choisit d'ailleurs de se plonger dans la lecture d'un petit illustré qui traîne dans la pile des Pim Pam Poum, Dakota et autres Tartine Mariolle, sous la table de nuit, bien décidé à ne pas s'éterniser dans la chambre et à rejoindre ses meilleurs copains dès que possible.
Je choisis donc de m'allonger et m'assoupir sur le lit partagé avec le frangin. La chaleur continue à monter et devient telle que je m'empresse de retirer l'édredon d'épais coton vert bronze, orné de motifs en losanges brodés au fil doré sur toute la surface de l'étoffe. Je préfère reposer à même le drap, qui m'apporte au début un semblant de fraîcheur, mais pour peu de temps à vrai dire car mon corps est assez vite tout humide de transpiration. Les volets de la fenêtre donnant sur le minaret de la mosquée blanche d'en face sont pourtant étroitement entrebâillés mais rien n'y fait, ça dégouline et ça ruisselle. Mieux vaut ne plus bouger. Entre deux eaux, la rêverie m'amène à parcourir en pensée bien des souvenirs et paysages de la région, ainsi que les coins et recoins de ce village où je suis né il y a une douzaine d'années et où je me sens si bien, où les journées sont bien trop courtes pour étancher ma fringale de jeux partagés avec les copains de l'école comme avec ceux de la rue.
Je suis venu au monde le 19 avril 1948 dans ce coquet bled de l'est algérien, Randon, situé à 24 kilomètres de Bône. Cette dernière, "capitale" du secteur mais seulement la troisième ville du département par sa population d'environ 140.000 habitants, est distante de la frontière algéro-tunisienne d'une bonne centaine de kilomètres.
Toute la région est prospère au plan économique. La plaine bônoise est riche de longues étendues de terres fertiles et productives de raisin, tabac, coton, tomates, céréales diverses. Elle est par ailleurs prodigue en arbres fruitiers aussi multiples que variés. Ceux-ci, splendides et fières sentinelles des champs, jardins et bords de route, se déploient dans tous les environs et se parent, en saison, de fruits juteux, gorgés par un soleil généreux, et sont prêts à rivaliser sans vergogne dans tous les vergers ou domaines des alentours. C'est ainsi que paradent et flamboient en abondance dans un horizon de lumière, les orangers, les mandariniers, mais encore les figuiers, les bananiers, les néfliers, les grenadiers, les jujubiers, les palmiers dattiers et tant d'autres espèces sur lesquelles je passe et qui ne cessent de monter la garde à tour de rôle et à perte de vue tout autour de Bône. Ils se dressent et se déploient en corne d'abondance destinée à ne jamais se tarir et s'offrent au regard à n'en plus finir, comme si cette exposition prolifique devait se perpétuer jusqu'à la fin des temps !
La plaine jouit d'une solide réputation pour toutes ces richesses héritées du maraîchage des petites exploitations et de la production de nombreux domaines agricoles, pas forcément vastes mais très viticoles, répartis dans les villages et fermes portant des noms évocateurs : "les Fermes Françaises", "Chapeau de gendarme", "Dahroussa", "MechMech", "Guébar", "Karmouda", "Beujin". La culture céréalière n'est pas en reste, au regard des rendements de blé lors des moissons annuelles, tout comme celle plus originale du tabac. Ces productions permettent de faire vivre, ainsi, les différentes sociétés coopératives locales qui se sont développées corrélativement à l'essor de l'agriculture au long des années : la "Tomacoop", la "Tabacoop", la "Cotocoop", l' "Oléocoop", les Docks et Silos. Ces dernières sont issues de la collaboration de quelques décennies, et en toute confiance et solidarité, des agriculteurs français comme musulmans. L'objectif commun est la recherche d'une production de qualité alliant expérimentation scientifique et enseignement. Ce cadre offre aux deux communautés la possibilité de cohabiter longtemps dans un esprit d'ouverture et de respect. L'autre originalité tient au mode de fonctionnement de la "Tabacoop" qui regroupe jusqu'à 12000 adhérents et dispose d'un accord d'achat d'une part de la récolte de tabac avec la Régie Française des Tabacs.
En somme, je vis au pays de cocagne par certains côtés, sur un territoire éclairé d'une lumière tour à tour violente, crue, aveuglante d'intensité, d'une sublime pureté l'été et au printemps, puis adoucie, apaisée dans ses tons pastels bien qu'encore contrastée et plurielle, en automne et en hiver. Ces deux dernières saisons ne sont, en réalité, qu'épisodiques en Algérie et j'ai plutôt l'impression que le soleil y est installé à demeure et ne fait guère que des fugues passagères en cours d'année. Randon est mon éden, mon ancre d'attache, mon nid de charme de deux mille âmes tout au plus, à forte population musulmane qui côtoie la double centaine de français, les européens comme on les appelle parfois ici, et souvent essentiellement issus de lointains émigrés arrivés et disséminés sur cette terre de recours, depuis 1830 : italiens, maltais, alsaciens, espagnols, grecs d'origine, mais aussi français de souche évacués après la période de la Commune en France, pour des raisons politiques ou tout simplement pour y trouver de quoi vivre, fut-ce au prix de grands sacrifices au départ pour faire de ce sol pauvre, sec ou marécageux un grenier de prospérité.
J'ai appris à connaître très tôt et rapidement toutes les rues et ruelles de mon petit paradis et je les arpente allègrement chaque jour que dieu fait, car je suis un enfant libre, de la rue en quelque sorte, un peu par nécessité car maman n'a guère le temps de dorloter, chouchouter sa couvée, ainsi que je serai amené à le conter. Dès que les heures d'école sont terminées, ou pendant les vacances, je ne ménage jamais mes efforts pour sauter sur la moindre occasion de rendre visite aux copains ou pour aller blaguer et "tchatcher" avec les quelques commerçants du village, l'épicier, le boulanger, Maxime et Emma, qui ont l'agréable mission de remplir tous les jours, sur le coup de dix sept heures, mon pot au lait du liquide tiède et fumant, crémeux, tout juste sorti du pie des vaches dont ils font l'élevage. Je ramène ensuite à la maison ce lait que nous buvons sans exception dès le lendemain matin, mélangé au café noir. Pour les randonois qui ne cessent de me voir déambuler de-ci, de-là au quotidien, dans tous les coins de rue, je suis avant tout p'tit Paul le gamin haut comme trois pommes, à la langue bien pendue et à l'imagination débordante, dont la constitution générale semble le destiner à ne guère dépasser le 1,60 mètre à l'âge adulte, selon toute vraisemblance. Je suis brun de cheveu, j'ai les yeux marron, le teint entre clair et mat et, contrairement à mon frère blond à la peau très claire, je ne suis pas ce que l'on appelle un beau petit garçon. Mignon, disent certaines dames qui ont des gentillesses envers moi car je chante souvent "le petit chat fait sa toilette", est mon grand succès, au même titre que "la petite diligence", "le chien dans la vitrine" ou "Davy Crockett" et cela les fait rire. Cela ne m'empêchera pas de faire une conquête dès mes six ou sept ans, en la personne de Yolande, jolie brunette italienne d'une vingtaine d'années qui était venue faire le remplacement du responsable de la Poste pendant ses vacances d'été. Le courant était passé immédiatement entre nous à son arrivée dans le village. Comme il lui était possible de prendre un repas léger au café de maman, "le Café des amis", elle m'emmenait promener parfois en me tenant par la main.
Je devenais alors le coq du village et n'étais pas peu fier d'avoir droit aussi à un bisou de temps en temps. A la fin de sa journée de travail, se retrouvant seule, il lui arrivait de s'occuper de moi sur la place du village, alors que je faisais mes débuts de cycliste sur un petit vélo. Elle ne cessait de sourire et de s'amuser de mes angéliques bêtises ou de mon débit intarissable. Mais voilà, la belle histoire n'a duré que quelques semaines et il a bien fallu qu'elle restitue son poste temporaire. Et là, j'ai vraiment été mauvais joueur. Lorsqu'elle est venue au café pour me dire au revoir, sous le coup de ma terrible déception j'ai refusé de la regarder et de l'embrasser. Le chagrin de son départ m'a rendu odieux et la pauvre Yolande, que je ne devais plus jamais revoir, n'a pu qu'emporter le souvenir d'un petit enfant ingrat. Mais connaissant sa gentillesse et son grand cœur, je sais qu'elle n'a pas pu m'en vouloir et qu'elle a compris le motif de ma réaction. Fin de ma première amourette !
Pour en revenir à Randon, je dirais que c'est l'un des plus riches terroirs agricoles de la plaine bônoise, dont l'un des centres névralgiques est constitué par la place du village et son environnement immédiat. Celle-ci est située en face du Café des amis, notre commerce et résidence donc. C'est une vaste esplanade d'une presque centaine de mètres de long et d'environ soixante quinze en largeur, plantée sur deux rangées bien ordonnées et parallèles, de nombreux arbres à branches sèches et sombres à l'origine restée mal connue. Ces dernières pullulent de turgescences à forme de capsules noires que tous les enfants, mais aussi les adultes malicieux, s'amusent parfois à faire éclater entre leurs doigts pour le seul plaisir d'émettre un petit claquement à l'oreille de la personne se trouvant à proximité, qu'elle surprend et fait sursauter.
La place est bien entretenue par les cantonniers municipaux qui se font fort de veiller à ce que son parement soit toujours impeccable. Le mur d'enceinte, entièrement blanchi, est tout en arceaux de ciment ajourés et rehaussés d'un large bord sur lequel il est facile de se jucher, de préférence aux heures chaudes de la journée, quand l'ombre y est fréquente en maintes parties, grâce à la bienveillante protection des arbres plantés sur son pourtour. Le mur est, par ailleurs, et sur deux de ses quatre parties frontales, agrémenté de multiples bacs à géraniums où les fleurs poussent en abondance et se parent de leur plus tendre et délicate couleur rose à la belle saison. En contrebas, à chacun des accès des quatre côtés ouverts de la place, deux larges assises de briques rouges font le bonheur des promeneurs qui souhaitent s'y reposer et faire la pause détente en compagnie, parfois amoureuse, et des enfants lorsque, déposant vélo, ballon, sacs de billes ou raquettes, ils en profitent pour se livrer à des jeux d'expression, tel le métier muet, ou pour feuilleter la mine de "comics" qui font habituellement leurs délices : "Tarou", "Météor", "Mickey", "âmes vaillantes" et tant d'autres pépites de pur divertissement.
Dans l'enceinte de la place, de vastes étendues de gazon prolifèrent le long d'arceaux métalliques. De même, fourrés et buissons ceinturent et délimitent les longues étendues dallées que traversent, en cours de journée, promeneurs et travailleurs avant de laisser la place, en fin d'après-midi et d'école, aux enfants qui s'y livrent à toutes sortes de jeux possibles : billes, football, cerceau, cache-cache, saute-mouton, patin à roulettes et autres amusements. Cette place va connaître, à la fin 1955, un sort particulier qui a failli mettre en péril la vie d'une partie de ce petit monde randonois insouciant, ce que je ne manquerai pas d'évoquer plus loin.
Sur tout son pourtour s'est érigé un ensemble d'édifices, publics ou privés, d'intérêt majeur pour le village. Sur l'un des côtés, la mairie et l'église se côtoient fraternellement, simplement séparées par un coquet jardin où s'exhibent de splendides parterres fleuris de blanches marguerites, de pensées multicolores, d'œillets à tendance discrète, d'arums d'une blancheur immaculée, de lys neigeux qui diffusent en saison leur parfum suave et entêtant au pied du monument aux morts. Celui-ci impressionne par sa liste des victimes tombées au combat lors de la première guerre mondiale et domine largement l'ensemble du square.
Le second côté est occupé par la petite poste du village, dirigée par Charles, l'homme à la pipe vissée à la bouche, installé à demeure à son bureau et toujours prêt à solutionner les problèmes de chacun, qu'il soit français ou arabe puisqu'il se débrouille dans cette dernière langue presqu'aussi bien que dans la pratique de sa langue maternelle. Dans le prolongement de la poste se trouve le lieu sacré, "l'institution" indispensable : le boulodrome ! C'est là que chacun vient se libérer du stress ou de sa fatigue pour s'adonner à l'une des occupations ludiques les plus prisées en Algérie, comme dans bien des pays de lumière et de soleil. La commune n'a jamais hésité à "bichonner" ses boulistes fervents, le maire lui-même étant un intervenant assidu de ce terrain pimpant, délicatement entretenu par les agents communaux depuis de longues années. Presque chaque soir, aux beaux jours et après la journée de labeur, plusieurs des hommes viennent s'y retrouver et partager les quatre jolies pistes planes de terre et de sable damées au rouleau compresseur à périodicité très régulière. Ils constituent les équipes sans tarder et se livrent à de fougueuses parties de boules, à la longue plus qu'à la pétanque, jalonnées d'éclats de rire comme de voix, selon l'évolution du jeu en points marqués ou perdus. Le tout s'accompagne de gesticulations, d'envolées de gestes et de grimaces, rageuses ou libératrices selon l'enjeu, et de salves de mots balancés à tue-tête. On compte et recompte les points amèrement disputés Ce sont alors jurons ou cris d'admiration pour un beau coup, suivant le cas. Après s'être enflammé, on refait copain, on reprend les quolibets bon enfants. Il ne peut en être autrement puisqu'après l'affrontement aux boules va suivre un autre combat à mener ailleurs, au Café des amis, où ces acharnés insatiables vont plonger dans de redoutables parties de belote.
En face, sur le troisième côté de la place, trône l'épicerie principale où œuvre toute une grande famille composée de deux couples, leurs enfants et les grands-parents, ainsi que leur domestique, Nana, jeune algérienne qu'ils ont recueillie et intégrée à leur foyer définitivement. La boutique est une joyeuse caverne d'Ali Baba où voisinent, savamment rangées et localisées, toutes sortes de boîtes de conserve, d'épices, de graines, mais aussi biscuits, friandises, caisses de fruits et légumes, produits d'entretien ou de toilette. J'y fais souvent des stages prolongés pour discuter avec les "chefs", Henri, Marcel et son fils Claude, mais aussi pour rapporter les courses à maman. Cela fait partie de mes attributions lorsque les grandes sœurs Pauline, Denise et Gisèle ne sont pas disponibles ou lorsque, plus tard, elles seront mariées et auront quitté la maison. J'en profite parfois, bien évidemment, et avec l'accord maternel, pour me récompenser moi-même de mes efforts et me rétribuer, en quelque sorte. J'ai droit à un maximum de vingt francs, à cette occasion, pour m'acheter des bonbons. Le compte est alors vite fait : c'est quatre fois cinq francs pour m'offrir, rituellement et respectivement, caramels mous, pastilles de menthe, chewing-gum globo et figurines de réglisse, comme les têtes de nègre. Autant ajouter beaucoup de plaisir aux petites corvées, somme toute assez sympathiques !
Après l'épicerie se dresse le presbytère, logement réservé à monsieur le curé qui habite ainsi à proximité immédiate de l'église où il officie. Pendant longtemps ce sera le bon père Lefranc qui sera le maître des lieux et le client des repas d'Augustine pour le matin comme pour le soir.
Enfin, le dernier côté de la place ouvre sur le Café des amis, l'un des deux bars français du village, qui est tout simplement le commerce familial que maman Augustine gère seule, ardemment et courageusement, depuis son veuvage en septembre 1947 jusqu'à son remariage en 1960 avec René, un légionnaire du régiment stationné à Randon depuis quelques années.
La particularité du café, outre la délivrance de boissons en tous genres, c'est d'accueillir les boulistes dans la semaine à la tombée du jour, ou le dimanche en fin de matinée. A la fin de leurs parties de boules, ils viennent accomplir quelques manches de belote ou belote bridgée, agrémentées d'un salutaire verre d'apéritif. C'est l'occasion de siroter par petites gorgées rafraîchissantes, la douce et alcoolisée anisette, parfois rehaussée d'orgeat pour constituer la dite "mauresque", tout en grignotant dans l'assiette que leur prépare fréquemment madame Rocca, c'est ainsi qu'ils appellent tous maman respectueusement. Cette "kémia" proposée se compose, selon les jours, l'humeur ou les saisons, d'une bonne poignée de cacahuètes, d'olives noires ou vertes, de graines de lupin, les "tramousses", ou, luxe suprême les jours d'exception, de fèves bouillies au cumin ! En règle générale, d'ailleurs, les clients ont du mal à se passer de ce petit réconfort gustatif et ne se gênent pas pour réclamer gentiment, sur un ton badin, l'assiette ou la soucoupe précieuse lorsqu'elle n'est pas servie par la patronne étourdie.
En résumé, la place centrale constitue donc avec son café, son épicerie, son église, la poste, la mairie et le boulodrome, le centre de vie principal des randonois affairés et des piétons, certes, mais c'est aussi le passage obligé ou le lieu de convergence des automobilistes dont le centre d'intérêt va les conduire hors du village, vers Bône, Mondovi, Morris, Blandan, Duzerville, situés à proximité immédiate, ou à une distance bien plus éloignée. Deux voies routières principales aboutissent jusqu'à elle. La première conduit vers Morris et, en sens contraire, Mondovi. Vers ce dernier village, elle mène à environ 150 mètres au second café de Randon "l'Oasis", qui fait face à la boulangerie, elle-même contiguë à la forge. Plus loin à 50 mètres, c'est l'école primaire qui se dresse, alors que, de l'autre côté de la route s'élève, majestueux, le grand foyer communal d'un blanc étincelant. Ce dernier bâtiment, après avoir été principalement le lieu des fêtes ou du cinéma du village jusqu'aux événements tragiques et sanglants de l'Algérie, sera occupé dès 1955 et jusqu'en 1962, date de l'indépendance du pays, par les soldats des différents corps d'armée en transit et garnison à Randon. S'y succèderont respectivement : la Coloniale, avec ses tirailleurs sénégalais, jusqu'en 1957 puis le Régiment d'Artillerie, en 1957 et 1958 et la Légion étrangère - 3è R.E.I - de 1958 à 1960 ; enfin, le Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine - R.P.I.M.A -, de 1960 à 1962. A la sortie du village se détache par ailleurs, isolée en retrait de la route, l'imposante cave coopérative où est entreposé, pressé, traité au temps des vendanges le raisin des exploitations agricoles de Randon et des fermes environnantes.
La seconde voie, perpendiculaire à l'ouverture principale sur la place et qui longe notre café, conduit à Bône. Cette grande ville s'épanouit à 24 kilomètres de là dans la fierté de ses plus belles richesses que sont, outre la Basilique Saint-Augustin et ses douze kilomètres de plages de sable fin et de côte sauvage, son actif port commercial et le cours qui le prolonge jusqu'à la cathédrale qui le clôt. Il convient de ne pas oublier aussi l'importance du grand marché couvert, tout comme du théâtre récemment réhabilité, rutilant non pas de rouge mais, étonnamment, d'une blancheur éclatante.
A mi-chemin de Bône et Randon, au lieu-dit "le douzième", se trouve le petit aéroport régional, assis dans son environnement minéral et blanchâtre des salines, en rase campagne. Il est voué à l'isolement, au sein de vastes étendues libres aux plantations maigrichonnes, à l'arborescence modeste, mais faisant le bonheur des troupeaux de moutons, de chèvres. Il est le paradis idyllique d'oiseaux de toutes sortes assurant le spectacle lors de vols étourdissants, bruyants et colorés au dessus des marais argentés sous l'effet du soleil.
Tandis que je rêvasse dans la torpeur de juillet, je reconnais au loin un tintement familier, celui que provoque Gaston le forgeron dans son antre obscur et mystérieux, digne de celui de Vulcain. Quel courage a cet homme de se livrer à ses activités de maréchal-ferrant en de tels moments ! Comment peut-il, sous une telle chaleur, endurer en plus la violence du brasier qu'il entretient pour exécuter ses tâches ? La forge m'a toujours fasciné et intrigué, livrée à cet homme robuste et taiseux, le visage le plus souvent noirci. Il abat à coups réguliers sa masse sur l'enclume meurtrie, afin d'y modeler à sa guise les métaux rougis à l'incandescence par le feu éclatant de son four d'enfer. J'aime et crains à la fois de traverser ces lieux où Gaston fait jaillir au plafond haut des gerbes d'étincelles dans un élan soutenu. Elles illuminent par brassées fleuries le décor lugubre et encombré d'objets les plus hétéroclites, où l'on est brusquement engagé, en rupture totale avec l'ambiance et la lumière apaisantes de l'extérieur. Dans la rue, en effet, le soleil éclabousse les trois quarts de l'année un ciel consentant d'un bleu immaculé ou, tout au plus, parsemé d'infimes et aériens moutons de coton blanc. J'apprécie aussi d'entendre les plaintes lascives et les gémissements du fer ou de l'acier torturés par la frappe imposante, qui s'épuisent jusqu'à l'extinction lorsque le forgeron les plonge brûlés à blanc dans l'eau de refroidissement. Ils émettent alors dans un soupir exténué leur dernier râle, avec un sifflement de soumission fatale. Et il en va ainsi, tout au long de la journée. La forge vit toute entière de ces bruits de frappe, de grincements, d'éclats, de vomissures de bois ou de métal raboté, dans un théâtre de flammes jaillissantes et ardentes, crépitantes, crevant, déchirant l'obscurité de l'atelier, avant de s'abandonner, au final, à un silence de plomb en fin de journée.
Entretemps, il a fallu aussi faire place aux chevaux qui, guidés par leur maître sur le terrain des opérations, viennent confier leurs jambes à la main experte de Gaston pour un examen attentif de la blessure malvenue et handicapante ou alors, tout simplement pour un simple rafraîchissement des sabots, bientôt cerclés de rutilants fers tout neufs, qui assureront une marche mieux équilibrée et adaptée aux travaux des champs. Quand ce ne sont pas les chevaux, c'est au tour des chariots, charrettes, brouettes et autres ustensiles à usage rural dans les cours, ateliers, garages et jardins, de venir se refaire une santé ou une beauté à la forge. Gaston a tous les talents pour assurer le service sur place en ferronnerie, plomberie, serrurerie, petits travaux en tous genres, qui n'ont pas de secret pour lui, le petit Vulcain des campagnes. Il est un personnage typique des villages de cette époque, au même titre que l'instituteur, le garde-champêtre, le facteur, le cantonnier… On les connait bien et on fait facilement appel à eux. Ils sont l'âme du lieu, leur professionnalisme est affûté, reconnu et apprécié, et on ne saurait se passer de leurs conseils puisque ce sont des gens de proximité. Ils ont leurs manies, leur caractère parfois, leurs expressions hautes en couleur, souvent, mais ils ont tous su trouver leur place au sein de la population française et arabe du village. Ce sont eux qui constituent aussi une grande partie de la clientèle fidèle du Café des amis, port d'attache de ma famille à partir du tout début des années quarante.
Depuis la mort de mon père en 1947, le café est tenu par maman Augustine, de main de maître et à une cadence d'une folle énergie. Levée très tôt chaque jour, hiver comme été, elle assure aux alentours de 8 heures l'ouverture des deux portes de la salle du bar. Cette pièce essentielle de la maison peut contenir jusqu'à six tables de quatre places, installées sur un carrelage bicolore noir et blanc et accueillant, outre les passagers irréguliers, les traditionnels fidèles, qu'ils soient boulistes et beloteurs ou non. Un grand comptoir en bois de trois bons mètres orne le fond. Au fil du temps il a évolué. D'abord simple meuble alimenté de multiples pains de glace pour refroidir les boissons qu'il logeait, il est devenu par la suite un vrai frigidaire moderne, électrique, d'aspect plus convivial et répondant mieux à la demande de la clientèle. Beaucoup préfèrent s'y accouder plutôt que de s'attabler, surtout s'ils disposent de peu de temps. Là, ils commandent une boisson ou un sandwich à maman et en profitent pour assurer la conversation avec elle qui, aux heures creuses, prend le temps de leur tenir compagnie et de partager leur moment de détente.
Derrière le comptoir, en hauteur et dans le dos de la "patronne", c'est toute l'armée des bouteilles d'alcool, de sirop, de digestifs, qui peuplent les étagères de part et d'autre de la grande glace donnant plus de profondeur à la salle du café. Et, en surplomb, deux coussins de velours bleu recueillent et mettent en relief tous les insignes et quelques écussons militaires que chaque corps d'armée de passage cède bien volontiers pour étoffer la collection.
Mais ce que j'apprécie personnellement par-dessus tout, ce sont ces nouveaux appareils installés récemment et qui vont constituer mes terrains de jeux privilégiés à la maison : le flipper magnifique, avec ses explosions de couleurs vives jaillies des dessins imprimés sur la vitre supérieure ; le juke-box blanc et rouge, du plus bel effet plastifié et métallisé. Ce dernier peut recevoir dans son ventre une quarantaine de disques à deux faces et diffuse à coup de pièces de 20 francs tous les airs à la mode popularisés par l'objet implanté dans les foyers depuis belle lurette, je veux dire l'ex-poste de T.S.F devenu entretemps le transistor électrique ou à pile.
Le reste de la maison est composé, au rez-de-chaussée, de deux pièces adossées au café. L'une est destinée à la cuisine, sommairement équipée d'un évier en pierre prolongé par une table de travail maçonnée, jusqu'à un four à cuisson tout simple, puis d'une table en formica bleue sur laquelle la famille prend ses repas, et quelques chaises. L'autre, est réservée au stockage de l'alimentaire et de caisses de boissons, essentiellement. C'est un débarras mais on l'appelle "la petite chambre", vraisemblablement en raison de son affectation d'origine. Elle donne accès à la cour, au poulailler, ainsi qu'au jardin et au four, ainsi dénommé car cette annexe bâtie et fermée, attenante à la maison, servait autrefois de boulangerie où l'on cuisait le pain. A droite de l'entrée principale du café, se trouve la porte conduisant à la salle à manger, par laquelle on accède à l'étage où trois chambres et une salle d'eau sont aménagées et desservies par un palier de distribution, juché au sommet des escaliers. L'avantage de cet ordonnancement général des lieux réside dans le fait de pouvoir circuler sur tout l'arrière de la maison sans avoir à traverser la salle de café, réservée à l'usage commercial. En effet, la salle à manger ouvre aussi directement sur la cour.
C'est dans ce cadre modeste mais à l'espace généreux et particulièrement agréable à vivre que va s'épanouir entre les années 40 et 60 la vie de chacun des membres de la famille Rocca.
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1962 : Notre premier jour de l'An... en France métropolitaine !
Par M.Manuel Gomez
Envoyé par M. JC Gatto
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1962 - Adieu Algérie... Bonjour France !
Les Français nous attendaient, où, du moins, ils attendaient ceux qu'une propagande raciste avait inlassablement introduit dans leurs cerveaux depuis des mois, ils attendaient d'arrogants milliardaires, enrichis grâce à la "sueur des pauvres burnous", ils attendaient des colons habitués à être servis et à se servir, des énergumènes armés de revolvers, de mitraillettes et de bombes.
Eh ! Bien non, métropolitains, vous aviez devant vous des hommes et des femmes ruinés, dépouillés, épuisés, accablés par l’horreur des épreuves subies, déchirés par la perte d’une affection, d’un être aimé, désemparés dans cette France dont ils avaient tant rêvé mais qu’ils connaissaient si mal.
Il n'y eut pas alors de contact.
Comme l'avait écrit Maître Isorni : le cortège des vacanciers se rendant sur les plages de la Côte d'Azur, croisait le cortège des réfugiés, et il passait indifférent, fermant les yeux, avec, sans doute, le besoin inavoué de garder bonne conscience, devant tant de sang et de larmes répandus, devant leur incroyable indifférence face aux atrocités perpétrées en son nom.
Rien n'avait été préparé, aménagé, organisé, pour recevoir, diriger, conseiller, ce million de français qui débarquait presque, pourrait-on dire, par surprise.
En effet, on espérait, on était presque certains, que les « Pieds Noirs » resteraient en Algérie en grande majorité. Pouvait-on vraiment croire que les Français d'Algérie choisiraient le cercueil plutôt que la valise ? Le pouvoir aurait certes préféré nous voir demeurer chez Ben Bella, au risque même d'une extermination massive.
Devant cet envahissement qui "allait coûter très cher", ne cessait-on de répéter aux métropolitains, le pouvoir conçut de nouvelles armes : les départements méditerranéens furent interdits, et le flot des réfugiés repoussé vers le Nord.
L'accueil des services officiels fut glacial, on fit traîner en longueur l'attribution des aides, des subventions, des prêts, avec le secret espoir qu'ils allaient retourner en Algérie, devant le dépaysement, les difficultés d'implantation, l'augmentation subite et volontaire des prix demandés pour les commerces, les logements, etc. on espérait qu'il prendrait, enfin, conscience de l'erreur qu'avait été leur départ précipité.
Dans une certaine presse, on publiait chaque jour, après le chiffre des arrivants, le chiffre important des réfugiés qui retournaient en Algérie, car "ils" avaient parfaitement compris que la vie était possible là-bas. On affirmait que ces départs augmentaient sans arrêt et on les encourageait, quand ce n'était pas l'Algérie, on nous conseillait l'Amérique du sud, le Canada, l'Espagne, enfin n'importe où pourvu que ce ne soit pas la France.
Rien n'y fit, les "Pieds Noirs" réussirent "seuls" leur intégration.
Elle ne se fit pas "sans heurts, sans drames, sans douleur", comme l'avait déclaré le général De Gaulle, le 11 juin 1964 à Saint-Quentin, affirmant qu'elle avait été une réussite et s'auto félicitant en quelque sorte.
Qu'on nous laisse, au moins, nos drames et nos douleurs, si de heurts il n'y eut point.
"Sans drames", les meurtres, les enlèvements, les mitraillages des rues, des toits, des terrasses, des balcons, les 5000 disparus, dont on n'entendra jamais plus parler, les 60.000 harkis de l'armée française, désarmés par celle-ci, afin qu'ils puissent être mutilés, égorgés, ébouillantés, brûlés vifs.
"Sans douleurs", les visages ravagés, les sillons creusés par les larmes, de ces hommes, de ces femmes, qui attendaient de revoir l'enfant, le mari, le frère, en prison ou en exil, qui assistaient, impuissants, aux suicides de ceux qui ne pouvaient plus vivre dans cette France-là. De nos vieux qui disparaissaient avant l'heure, découragés et sans plus envie d'exister, loin du pays où s’étaient écoulées leurs plus belles années.
"Sans heurts", heureusement sans heurts, mais parce que nous étions brisés, nous qu'on avait arraché à nos foyers, à notre terre, à nos morts. Oui, heureusement pour l'avenir, il n'y eut pas de heurts.
2017 - Pour nous, qui avons connu 1962, aucune autre année ne pourra atteindre de plus hauts sommets dans la souffrance, dans les larmes, dans les regrets. Nous avons dû apprendre des mots nouveaux, dont nous ignorions le sens. Aux souhaits habituels de bonheur, de santé, de prospérité, de longue vie, d'existence heureuse, il nous avait fallu ajouter les souhaits d'amnistie, de réparation, d'indemnisation, de fin d'exil. Il nous fallait, surtout, apprendre à dissimuler certains de nos souhaits, comme un secret, des souhaits, il est vrai, qui n’étaient pas tout à fait chrétiens.
Toutes nos traditions s’étaient trouvées bouleversées par les événements.
Là-bas, avant 1962, chaque année nouvelle était, pour nous, l'occasion d'oublier, de pardonner : les histoires de familles repartaient à zéro, on effaçait tout et on recommençait. "Meilleurs vœux, bonne année" et voilà on se sentait heureux, comme neufs.
"Bonne année, bonne santé, mettez la main au porte-monnaie"... "Bonne année, bonne santé, la paille au cul pour toute l'année".
Dans un éclat de rire joyeux, la bande de gamins dévalait la cote de la "Bassetta".
Aux terrasses des cafés, les hommes la regardaient passer en riant, heureux.
Nous avons tous fait partie de l'une de ces bandes de gosses, nous avons tous laissé éclater notre bonheur, notre vitalité, cours Bertagna, avenue de Saint-Eugène ou de la Bouzaréah. Ces premiers jours de l'an neuf de notre Algérie, aujourd'hui perdue, où nous mettions si facilement nos soucis, nos ennuis, de côté, pour quelques heures. Comme nous étions heureux alors !
De par la volonté d'un seul homme tout a été balayé. Le chaos et la douleur, nous les avons connus, ils ne nous font plus peur. Le grand vent de l'histoire nous a jetés, comme feuilles mortes, sur des rivages inconnus pour un grand nombre d'entre nous, il a fait de nous de grands voyageurs, nous qui n'aimions pas trop nous éloigner de nos rivages si bleus, si chauds.
Grâce à cette rafale dévastatrice il y a un "Pieds-Noirs" dans chaque continent, un Pieds Noirs qui passera, comme nous tous, de 2017 à 2018.
Il boira sans doute un whisky dans un bar de la 42° rue, à New-York, triste et mélancolique, se souvenant de l'équipe joyeuse qu'il retrouvait, ce soir-là, dans un café de la Place d'Armes, à Blida.
Accoudé à son balcon, il assistera au déroulement frémissant et rythmé d'une longue procession dans une république d'Amérique du sud, cherchant en vain, dans cette foule colorée, le souvenir de Jeannot, Paulo ou Louis, qui venaient le tirer de table par un sifflement strident, sous sa fenêtre de la rue Valée, à Philippeville.
Mains dans les poches, il se promènera autour du Manneken-Pis, attendant qu'un groupe de fêtards bruxellois l'invite à se joindre à lui.
Dans le reflet de l'eau, il se reverra assis sur la marche du bassin de la Place d'Isly, à l'heure où le jour pointe, ennuyé d'avoir à rentrer si tôt.
Dans un cabaret de Madrid, sur la terrasse d'un café d'Alicante, sur une plage de Salou ou de Benidorm, il aura la chance de retrouver plusieurs Pieds Noirs et de trinquer : "A l'année prochaine... si Dieu veut".
Est-il nécessaire, d'ailleurs, de se rendre au-delà des frontières pour rencontrer des Pieds Noirs en exil ? Ne le sont-ils pas non plus dans cette bourgade de Moselle, noyés dans ces teintes noires et grises, sous le froid et la neige ? Ne le sont-ils pas non plus dans ces petites villes de Bretagne ou du Pas-de-Calais, ne le sont-ils pas également dans les grandes cités du Nord : Paris, Lille, Lyon ou Nantes ? A quoi croyez-vous qu'ils pensent, ces Pieds Noirs, qui remontent les Champs-Elysées couverts de lainages, les oreilles rouges de froid et le nez insensible au toucher ?
A quoi croyez-vous donc qu'ils rêvent en ce soir de nouvel an ?
Même plus à l'Algérie, quand ils laissent échapper, dans une buée glacée, un : "C'est pas possible, c'est pas une vie, ça". C'est au soleil qu'ils rêvent, à la mer bleue, au sable chaud des plages, à la partie de cartes, à l'anisette bien fraîche, aux copains qui sont partout sur la Côte; et c'est pourquoi ils ont l'air si agressifs quand ils commandent un "grog" au garçon de cette brasserie des grands boulevards.
Oui, c'est à nous qu'ils pensent, à nous qui, dans notre malheur, sommes des privilégiés, à nous qui pouvons, en ces dernières heures de Décembre, commander à un garçon, sans nous les geler : "S'il vous plaît... un Cristal, avec des glaçons".
Si nous pouvions envoyer, à tous ces Pieds Noirs, ceux d'au-delà des frontières, ceux qui se trouvent disséminés aux quatre coins de la France, loin du Sud, si nous pouvions leur offrir un peu de notre soleil, de notre mer bleue, de notre chaleur, car notre amitié ils l'ont déjà, ce serait certainement le plus beau présent à leur faire.
C'est là notre vœu le plus cher, amis Pieds Noirs : illuminer quelques instants vos yeux, les faire briller "comme avant".
Tous ensemble par la pensée sur cette côte sud-est de l’hexagone, car si nous n'avons pas pu faire la France de Dunkerque à Tamanrasset nous avons fait de Perpignan à Menton, notre Algérie à nous.
PS. J’avais promis de vous faire sourire pour le jour de l’An. J’espère tenir ma promesse !
**Sur la place des martyrs de la résistance (ex-place du gouvernement), Julien Thouret, grand reporter à la station périphérique Europe 1, débute son reportage.
- Nous sommes entourés par une foule immense et colorée, sous un brûlant soleil d'été. Je vais interviewer ce monsieur qui se dirige vers nous.
-Pardon, monsieur, que pensez-vous de l'Algérie indépendante ?
-Vous êtes qui, vous ?
-Julien Thouret d'Europe 1
-Europe quoi ?
-Europe « ouahad ».
-Ah bon ! Et qu'est-ce que vous voulez savoir ?
-Ce que vous pensez de la nouvelle Algérie.
-Ca dipend.
-Ca dépend de qui ?
-Quelle radio vous êtes ?
-Je vous l’ai dit : Europe 1
-Ah bon ! Et on vous écoute dans toute l'Europe ?
-Euh... oui ! Dans presque toute l'Europe.
-On vous entend en France, en Allemagne, en Italie ?
-Oui, bien sûr.
-Et en Espagne, en Angleterre, en Suisse ?
-Bien sûr, voyons.
-Aussi aux Pays-Bas et, peut-être aussi en Amérique ?
-C'est possible.
-Alors passez-moi le micro : "Au secours... au secours... au secours".
2018 - Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour souhaiter une heureuse année 2018 à tous mes compatriotes rapatriés. Sera-t-elle heureuse ? Pleinement heureuse... Peut-être. Tous nos souhaits se réaliseront ils ? Peut-être.
L'essentiel étant que nous soyons tous présents pour nous souhaiter 2019 !
Manuel Gomez
2 Janvier 2018
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Algérie. Les survivants de juillet 1962
Envoyée par M. Marc Mottet
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Ils étaient français...Ils ont choisi de partir et ont été spoliés...avec la CGT comme comité d'accueil à Marseille...mais solidaires, courageux, entreprenants, ces survivants de juillet 1962 qu'on a voulu refouler de France nous ont donné une belle leçon à méditer.
L'amnésie est parfois salutaire...
J’ai lu l’appel de Bernard Cazeneuve invitant les Maires de France à accueillir le mieux possible les Migrants qui souhaitent s’installer en France.
J’ai entendu l’Appel des Artistes demandant que les Pays Occidentaux et les Monarchies du Golfe assument leur Devoir d’Asile, en ouvrant leurs Frontières et leurs bras aux réfugiés qui fuient la Guerre et la Barbarie.
J’ai noté l’Appel de la CGT à défendre le Droit d’Asile et à respecter la Convention de Genève.
J’ai vu les milliers de Manifestants qui se mobilisent dans toute la France pour venir en aide aux Populations en détresse.
Humanité, Solidarité, Générosité, Fraternité, Assistance, Tradition d’Accueil et Droits de l’Homme sont dans la bouche de toutes nos Élites depuis la découverte du corps du petit Eylan, échoué sur une plage de Turquie. Partout, l’émotion est à son comble.
Mais si tout cela me parait bien légitime, je ne peux m’empêcher de ressentir une grande amertume en pensant à l’accueil que la France avait réservé aux Rapatriés d’Algérie en 1962 .
Pour eux, il ne fut pas question d’Humanité, de Solidarité ou de Fraternité. Je n’ai pas vu de mobilisation des Maires pour les accueillir.
Je n’ai pas entendu d’appel des artistes pour soulager leur détresse.
Je n’ai pas souvenir de défilés pour défendre nos traditions d’accueil et leur venir en aide.
Pourtant, non seulement ils étaient Français, mais eux aussi fuyaient la guerre et la barbarie, puisque les accords d’Évian n’ont jamais été respectés par le FLN.
Pieds Noirs et Harkis furent tout simplement abandonnés par les Pouvoirs Publics et les Français de Métropole.
Qui se souvient des Odieuses Paroles du Maire Socialiste de Marseille, Gaston Defferre ?
“ En tout cas je ne les recevrai pas ici….. Qu’ils aillent se faire pendre où ils voudront. En aucun cas je ne veux des Pieds-Noirs à Marseille."
Et, comble de l’ignominie, cette phrase abjecte :
" Français d’Algérie, allez vous réadapter ailleurs. Il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer…
Jamais je ne les recevrai dans ma Cité. "
Quant à Louis Joxe, le Ministre négociateur des Accords d’Évian, il ne fut pas en reste.
" Les Pieds Noirs vont inoculer le Fascisme en France…. Il n’est pas souhaitable qu’ils s’installent en France. Il vaudrait mieux qu’ils aillent en Argentine, au Brésil ou en Australie. "
Pompidou voulait les envoyer en Amérique du Sud alors que De Gaulle préférait la Nouvelle-Calédonie ou la Guyane, Terres de pionniers.
Sans oublier la CGT, qui ne trouvait rien à redire quand ses Dockers jetaient dans le Port de Marseille les caisses des rapatriés, seuls biens qu’ils avaient pu sauver au cours de leur exode. Il est vrai qu’à l’époque, l’URSS soutenait le FLN, dans l’espoir de chasser les Français et d’implanter son Influence dans tout le Maghreb….
Selon un Sondage de 1962, pour 62% des Métropolitains, il n’était pas question de sacrifice pour aider les Français d’Algérie, rendus responsables de la Guerre et des nombreux morts parmi les Appelés du Contingent. T elle fut la Véritable Tradition d’Accueil que la France réserva à ses Propres Ressortissants, il y a plus de cinquante ans !
Une sinistre Page d’Histoire qui n’honore pas nos Élites de l’Époque et qui contraste amèrement avec les manifestations de générosité déployées aujourd’hui envers les Migrants étrangers .
Pour beaucoup de Métropolitains, les Pieds Noirs et les Harkis n’étaient pas Français.
Pourtant ils n’avaient fait que servir les Intérêts de la République depuis 1830, transformant les Marécages en jardins, éradiquant les Épidémies de Typhus, de Choléra et de Peste.
En 132 ans de présence, à force de Courage et de Volonté, ils avaient fait pousser partout des Villes magnifiques, des Ports, des Écoles, des Voies ferrées, des Hôpitaux, faisant des trois départements Français d’Algérie le Pays le plus moderne de tout le Continent Africain avec l’Afrique du Sud.
Personne n’a jamais autant aimé l’Algérie que les Pieds Noirs.
Hélas, la Dictature du politiquement correct a fait table rase de ce bilan exceptionnel, ne gardant que l’image caricaturale du colon avide, faisant suer le burnous aux indigènes.
Il est vrai que le Terrorisme intellectuel n’est pas à un mensonge près, même s’il salit la France…
Les Français se veulent la Patrie des Droits de l’Homme et des Valeurs Humanistes, évoquant l’Accueil réservé de tous temps aux Populations persécutées : Russes chassés par la Révolution bolchévique de 1917, Espagnols fuyant Franco, Arméniens victimes du Génocide turc, Chiliens, Bosniaques ou boat people vietnamiens….
Mais ils ont oublié qu’en 1962, ils n’ont même pas été capables d’accueillir dignement leurs propres compatriotes, lesquels n’avaient pourtant d’autre choix que la Valise ou le Cercueil.
Heureusement, dans leur malheur, les Pieds Noirs sont arrivés en plein boom économique des Trente Glorieuses.
Courageux et travailleurs, ils ne mirent pas longtemps à s’adapter et à contribuer fortement à notre Croissance.
Qu’ils en soient remerciés, car ces Battants qui avaient défriché les Terres hostiles d’Algérie pour en faire un verger ont été et sont toujours une réelle richesse pour la France.
JACQUES GUILLEMAIN Ancien Officier de l' Armée de l' Air .
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Rêverie cauchemardesque
Envoyé Par M. Robert Charles Puig
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Yaya ! Yaya ! Pour moi la France,
C'est com' la corne d'abondance.
J'ai quatre femmes, vingt enfants
Et je partage tout mon temps,
Entre mes devoirs conjugaux
Et la caisse des alloc... à gogo !
A Nice, Paris, Lyon ou Pau,
C'est pareil à la vie de château !
Ici, moi je vis en pacha.
C'est tout " bénèf ! ". Ramdoulila !
Avec mes frères nous sommes rois,
Car les élus espèrent nos voix.
Ils savent bien qu'aux élections,
S'ils ne veulent pas être " marron "
Ils doivent bâtir des mosquées…
Sans oublier le minaret.
Dans les écoles publiques, primaires,
Il nous faut une salle de prières
Et à la cantine, le midi,
La viande hallal, mieux qu' en Algérie !
Ici, je vis com' un pacha.
C'est tout " bénèf !". Ramdoulila !
Ma première femme a accouché,
La deuxième ne va pas tarder,
La troisième est très avancée.
La dernière ? Je vais m'en occuper.
Elle arrive juste du bled
Pour lui faire un petit Mohamed.
Grâce à moi, à mes frères, la France
A la palme, pour les naissances.
Pour cela, je remercie Allah,
En attendant, bientôt, la charia.
Robert Charles Puig / 02 / 2011
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De l'étendue et des dehors du sérail
Envoyé par M. Christian Graille
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Nouvelle relation de l'intérieur du sérail du Grand Seigneur
par J B Tavernier . 1675
Le Sérail du Grand Seigneur est le palais où les Princes Ottomans tiennent ordinairement leur cour. Toutes les Maisons Royales, et en Turquie et en Perse ont le même nom qui tire son origine du mot sérail qui signifie hôtel en langue persane.
Le grand seigneur a plusieurs sérails dans les provinces de son empire et les principaux sont ceux de Burfe et d'Andrinople (1), deux résidences assez ordinaires de ce monarque selon la conjoncture de ses affaires. Sans sortir de Constantinople, on y voit trois sérails qui ont chacun leur différente beauté.
(1) préfecture limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce.
Le vieux sérail est le palais où se retirent les femmes qui ont servi aux prédécesseurs du prince régnant et d'où elles ne sortent point que pour être mariées. Le Grand Seigneur n'y va que rarement, et que lorsqu'il est chagrin, pour y passer quelques jours de solitude.
Le sérail de l'Hippodrome que fit bâtir Ibrahim Pacha, gendre et favori de l'empereur Soliman second, sert aujourd'hui d'amphithéâtre pour des fêtes publiques, des jeux, des combats, des carrousels et particulièrement pour la circoncision des princes ottomans.
Je m'arrêterai peu à la structure des bâtiments qui n'ont rien de fort extraordinaire et j'infiltrerai plutôt sur ce qui se passe de particulier dans chaque appartement de ce grand palais.
Le grand sérail est un vaste enclos qui vient aboutir à cette pointe de terre où fut bâtie l'ancienne Byzance sur le Bosphore de Thrace et à la jonction de la mer Égée et du pont Euxin qui font la beauté et la richesse de Constantinople. Cette grande ville, quelque vent qui règne, reçoit à toute heure des rafraîchissements de l'une ou l'autre mer, et le sérail qui s'avance dans le canal qui les joint se ruent le premier des avantages qu'on peut en tirer.
Cet enclos fait un triangle, dont l'un des côtés est appuyé de la terre et touche la ville et les deux autres sont battus de la mer et d'une rivière qui s'y jette.
Ce triangle est inégal et si on le divise en huit parties, de côté de la terre en emporte trois et les cinq autres sont pour les deux mers. Et ce palais est fermé partout de hautes murailles, flanquées du côté de la mer de tours carrées dans une assez grande distance les unes des autres et du côté de la ville de tours rondes qui sont plus voisines, depuis la grande porte du sérail qui regarde Sainte Sophie jusqu'à la mer où l'on passe pour aller à Galata. (Quartier d'Istanbul)
C'est dans ces tours que l'on tient la nuit des Azamoglans (2) pour prendre garde que personne n'approche du sérail ni par mer, ni par terre, et au besoin ils peuvent mettre le feu à quelques pièces d'artillerie que l'on tient toujours chargées sur un quai de cinq toises de large qui règne le long du sérail. Sur l'une de ces tours à cent pas ou environ de la grande porte du sérail en descendant pour passer à Galata, on a pratiqué un cabinet où le Grand Seigneur va quelquefois pour se divertir et pour voir passer le monde sans être vu.
(2 ) Enfants qui sont chargés des fonctions les plus basses et les plus pénibles
Plus bas et sur le bord de la mer il y a un grand couvert sous lequel comme dans un petit havre on tient les Caïcs ou brigantins, où le Prince va se promener quand l'envie lui prend.
Tout proche de là suivent dans l'enclos suivent les loges de Boftangis (3) destinés à la conduite des brigantins ; et plus loin en tirant à la pointe du sérail qui regarde Scudaret (4) est le quartier du Boftangibachi, intendant des jardins du sérail, et de tous les autres qui appartiennent au Grand Seigneur.
(3) Jardiniers du sérail
(4) Ville située au bord du canal de la mer noire
Sur le quai qui règne le long des murs du sérail se trouvent rangés quarante ou cinquante pièces de canon de différente grandeur et il y en a de tel calibre qu'un homme y pourrait entrer.
Vis-à-vis et au milieu du canal se voit une tour bâtie sur une roche que les Turcs nomment Quizler-boulefi, ou la tour des vierges. Elle est gardée par des Bostangis et a ses canons à fleur d'eau qui défendent mieux le détroit que ceux de la pointe du sérail, qui la plupart sont sans affûts et hors d'état de servir. D'ailleurs ils manquent de bons canonniers et si toute cette artillerie était bien montée et gouvernée par d'habiles gens, elle tiendrait bien mieux en bride tout ce qui vient de la Méditerranée et de la mer noire.
A quelques pas du lieu où ces canons sont rangés coule une fontaine qui sort du sérail. Près d'elle on voit un salon assez bien enjolivé où le Grand Seigneur se rend quand son armée navale va en mer et quand elle en revient et lorsqu'il veut prendre le divertissement de la promenade ou de la pêche.
Il faut maintenant considérer plutôt ce qui se passe dans chaque appartement. J'ai vu du sérail tout ce qu'un étranger en saurait voir et je l'ai vu plusieurs fois en divers voyages, ayant considéré à loisir les deux premières cours, le Divan et la salle d'audience, sans y avoir pu remarquer de grandes beautés.
Il y a quantité de marbre et de porphyre dans tous les appartements ; tout y est irrégulier, la plupart des chambres ne reçoivent que peu de jour et n'ont pour tout ornement que d'assez riches tapis qui en couvrent le plancher et de carreaux de brocard d'or et d'argent, dont quelques-uns sont relevés d'une broderie de perles.
Mais au fond, si les murs et les tours qui sont dans l'enclos du sérail ressemblent plus à une prison qu'à une maison royale, les appartements qui la composent n'ont point aussi cette richesse et cet air riant de nos palais ou de France ou d'Italie et n'offrent rien de quoi arrêter longtemps la vue d'un curieux.
Tout ce qui pourrait rendre le sérail un agréable séjour, est l'avantage de son assiette, et l'on ne peut en effet s'en imaginer une plus belle ; car il regarde le soleil levant et tient tout le haut et le penchant d'un tertre depuis Sainte Sophie jusqu'au canal.
Les bâtiments occupent le lieu le plus élevé et des deux mers qui se viennent joindre à la pointe du sérail, d'où le Grand Seigneur peut voir à la fois l'Europe et l'Asie, où il étend bien avant sa domination.
Mais enfin il n'y eut jamais de belle prison et il n'y a guère de gens dans le sérail qui n'aimassent mieux une cabane et la liberté que d'être continuellement enfermés dans un palais sous une si rude discipline.
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Quartier des femmes en Turquie
Envoyé par M. Christian Graille
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Nouvelle relation de l'intérieur du sérail du Grand Seigneur
par J B Tavernier . 1675
Je fais un chapitre du quartier des femmes pour entretenir le lecteur de l'impossibilité qu'il y a de bien le connaître et de savoir exactement ni comme il est disposé, ni de quelle manière on s'y gouverne.
Il n'y a point dans la Chrétienté de monastère de filles dont l'entrée soit plus étroitement défendue aux hommes ; et mon eunuque blanc qui m'a si bien fait le détail du sérail intérieur où il a demeuré plus de cinquante ans, ne m'a pu apprendre de certain de l'appartement des femmes.
Il m'a seulement dit que les portes en sont gardées par des eunuques noirs et que hors le Grand Seigneur et le médecin il n'y était jamais entré d'homme ni même de femme que celles qui y demeurent et qui n'en sortent jamais que pour être renfermés dans le vieux sérail.
Il faut excepter de ce nombre les Sultanes et leurs dames d'honneur que le Grand Seigneur fait venir quand il lui plait dans les jardins du sérail, où qu'il mène quelquefois à la promenade sans qu'elles puissent être vues de qui que ce soit.
Quatre eunuques noirs portent une manière de pavillon sous lequel est la sultane et le cheval qu'elle monte.
Quant au médecin il n'entre que dans une extrême nécessité dans l'appartement des femmes, avec de telles précautions qu'il ne peut ni voir la malade ni en être vu, lui tâtant le pouls au travers d'un crêpe, toutes les autres femmes s'étant retirées. Voilà des quelles précautions on se sert pour ôter aux femmes du sérail tous les moyens d'avoir la fréquentation ni même la vue d'autres hommes.
Et s'il entre quelque juive dans leur quartier pour trafiquer avec elles et leur vendre quelques bijoux, elles sont exactement visitées par les eunuques noirs de peur que ce ne soit quelque homme travesti en femme, ce qui lui causerait la mort sur-le-champ.
Si la curiosité de quelques femmes chrétiennes les a portées à voir les Sultanes, elles ne s'en sont pas bien trouvées.
Il semble que par le rapport de ces juives il y aurait moyen de savoir les embellissements des salles et des chambres du quartier des femmes et une partie de ce qui se passe dans le gouvernement de cette petite République : mais ces juives n'ont pas la permission d'entrer fort avant, il y a une chambre destinée pour leur négoce et les eunuques noirs en sont les courtiers.
Ils prennent connaissance de tout et ce que les princesses veulent acheter passant par leurs mains, ils leur font payer le double et le triple de ce qu'il vaut et amassent des richesses sans avoir guère de lieu de s'en servir.
Mais faut-il s'étonner de cette grande exactitude à ne pas souffrir qu'aucun homme, non pas même un eunuque blanc approche de l'appartement des femmes après une chose qui arriva à Andrinople en 1639 : Amurat au retour de la prise de Bagdad vint faire un séjour à Andrinople. Il avait un page qui était de Toscat en Anatolie et que du lieu de sa naissance on nommait Tocateli. C'était un garçon bien fait, adroit et robuste et le Grand Seigneur l'avait fait chef des lutteurs.
Un des plus célèbres de ce métier arriva à Andrinople des confins de Moscovie et dans toutes les villes de son passage il avait toujours vaincu ceux qui s'étaient présentés à la lutte contre lui.
Sa réputation était répandue dans tout l'empire où il ne trouva point de lutteur qui ne lui cédât, et le page jaloux de la gloire de cet homme que tout le monde vantait lui envoya un homme au service d'un officier pour lui faire civilement un défi de sa part et lui témoigner l'envie qu'il avait de lutter avec lui en la présence du Grand Seigneur.
Il lui fit savoir en même temps qu'avant que d'en parler au prince, il était bon qu'ils connussent leurs forces, et qu'afin que personne n'en sut rien il lui enverrait une robe et un bonnet pour entrer dans le sérail.
Quand le Grand Seigneur est hors du sérail, les Boftangis ont permission d'entrer et de sortir par la porte du jardin ; et comme ils sont en grand nombre, il est aisé de faire passer un homme sous leur équipage.
C'est de cette manière que le lutteur entra le lendemain au sérail à la sollicitation du page qui lui envoya pour cela ce qu'il fallait, le Grand Seigneur ayant été à la chasse ce jour-là.
Ils se mirent tous deux en caleçon de cuir graissé, le reste du corps nu et graissé de même ; après une longue dispute le page eut le dessus soit par la force et par son adresse, soit que l'autre lui cédât par complaisance.
Cette action se passa au milieu de la place qui est devant le jardin en présence des muets et de tous les pages du sérail.
Le Grand Seigneur étant de retour de la chasse, le chef du trésor lui dit qu'il était arrivé un Pehlivan moscovite de nation, robuste et de bonne mine, des plus forts et plus experts à la lutte et que s'il plaisait à sa Hautesse elle aurait la satisfaction de le voir lutter, ce qui fut fait.
La victoire ayant longtemps balancé, un muet fit comprendre par signe à un de ses compagnons qu'il s'étonnait de ce que le page avait tant de peine à venir à bout du moscovite qu'il avait si aisément vaincu le jour d'avant.
Le langage par signe des muets est aussi intelligible dans le sérail que s'ils avaient la parole libre et le Grand Seigneur qui l'entend mieux qu'aucun autre pour s'y être accoutumé dès son enfance fut surpris d'apprendre que le Moscovite avait été le jour précédant à la même place. La colère apparut aussitôt sur son visage ; il commanda qu'on cessât la lutte et demanda au page comment cet homme était entré dans le sérail. Le malheureux Tocateli qui ne put nier la chose lui raconta comment elle s'était passée et le Sultan n'attendit pas qu'il eut achevé pour commander que le Boftangi-bachi vint et lui ordonna de saisir le lutteur et de lui faire donner cinq cents coups de bâton sur la plante des pieds, ce qui suffisait pour le mettre hors d'état de s'exercer durant longtemps à la lutte. Le Maître donna ordre que le même châtiment soit donné au page Tocateli.
On croyait que ces deux malheureux en seraient quittes chacun pour cinq cents coups de bâton. Le Grand Seigneur décida de la pendaison des deux hommes.
Le lendemain Sultan Mahomet fit appeler le Capi-Aga le premier des eunuques pour le faire tuer malgré les demandes à la clémence des membres du palais.
Fort heureusement le Mufti avec le seligdar, obtinrent sa grâce mais le page fut chassé. Voici donc ce qui se peut savoir de certain de l'appartement des femmes qui servent aux plaisirs des monarques ottomans ; tout ce qui au-delà n'étant appuyé que sur des imaginations et des conjectures qui sont peut-être très éloignées de la vérité.
Il est certain que ce quartier du sérail jouit en partie de la belle vue de celui du Grand Seigneur et que jour et nuit des eunuques noirs les plus difformes et les plus affreux en gardent les portes.
Il est certain aussi qu'il est peuplé des plus belles femmes de divers pays qui par le sort de la guerre ou autrement sont tombées entre les mains des Bachas et gouverneurs de province qui les envoient en présent au Grand Seigneur. On sait que de ce grand nombre de femmes le prince ne s'attache qu'à deux ou trois et même il y en a eu d'assez sages pour n'en vouloir qu'une après l'avoir épousée.
La première des femmes qui accouche d'un mâle et devient mère de l'héritier présomptif de l'Émir ottoman est considérée comme la première sultane et traitée selon sa dignité ; on sait enfin que les jeunes princes sont élevés auprès de leurs mères jusqu'à un certain âge et que lorsqu'ils sont assez forts pour apprendre quelques exercices on leur donne des gouverneurs et des maîtres dans des quartiers séparés.
Outre ces choses qu'on peut savoir positivement du quartier des femmes du sérail on peut croire qu'il n'y a guère moins d'enrichissements que celui du Grand Seigneur puisque c'est le lieu où il va souvent passer d'agréables heures ; il a son infirmerie, les bains et toutes les autres commodités que l'on saurait souhaiter.
On peut aussi juger que l'on suit à peu près dans ce quartier là les mêmes règlements qui s'observent dans les chambres des Ichoglans ; qu'il y a de vieilles filles qui instruisent les jeunes et qui, jour et nuit, veillent sur leurs actions ; et que leur prison forcée, les porte entre elles aux même débordements où s'emporte la brutalité de ces jeunes hommes quand elles en peuvent trouver l'occasion.
Mais soit par une punition du ciel, soit par les sortilèges communs en Turquie et dont les femmes se servent les unes contre les autres pour s'attirer l'affection de leurs maris, on a toujours remarqué que les Turcs qui entretiennent plusieurs femmes n'engendrent pas tant d'enfants que ceux qui vivent chastement et qui ne s'attachent qu'à une seule. Ceux qui ont écrit de la religion de Mahomet ont sans doute assez parlé de cette pluralité de femmes et de la nature du mariage des Turcs.
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Esclaves chrétiens
Envoyé par M. Christian Graille
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Voyage à Alger, de ses environs et du royaume 1830
Les esclaves chrétiens sont ici en très grand nombre et seraient, peut-être, assez forts pour s'emparer du pays s'ils pouvaient s'entendre et s'ils n'étaient pas retenus par la crainte des châtiments.
Leur sort n'est pas à beaucoup près aussi malheureux qu'on se l'imagine, sur la foi de quelques relations fabuleuses, publiées par des Religieux, ou par les captifs eux-mêmes qui ont eu, dit-il, leur raison d'en imposer au public.
Eloignons tout jugement malin mais rapportons avec franchise quelques particularités qui semblent confirmer l'opinion de cet écrivain.
C'est une erreur de croire qu'on tâche de les attirer vers le Mahométisme, soit par de mauvais traitements, soit par la voie des caresses et de la séduction.
Les Turcs et les Maures d'Alger ne les achètent que pour les vendre aux Pères de la Rédemption et seraient très fâchés qu'ils se fissent Mahométans, parce que cela leur ferait perdre le profit qu'ils en attendent.
Ils n'ambitionnent la conversion que des jeunes esclaves, dont ils croient pouvoir faire de bons Musulmans. Ce sont ordinairement des personnes riches qui les achètent pour les faire instruire et les élever comme leurs propres enfants, œuvre très agréable à Dieu suivant leurs préjugés.
Pour ce qui est des esclaves d'âge mûr, les Algériens, loin de chercher à les séduire, leur refusent très souvent la circoncision, disant communément qu'un mauvais chrétien ne saurait faire un bon Turc.
Un captif nommé Jean, natif de Marseille, sollicita inutilement auprès d'Ali Pelegrini, général des galères, la permission d'apostasier.
Un jour que cet amiral se disposait à mettre à la voile, l'esclave, pour éviter de s'embarquer parut devant lui avec un turban et un habit turc qu'il avait emprunté à un renégat de sa Nation. Ali connaissant la ruse du provençal, le fit approcher, en l'appelant par son nom. Je ne m'appelle plus Jean lui dit l'esclave, je me nomme Mustapha et je suis musulman.
Ali lui demanda s'il était circoncis et commanda qu'il fût visité. Comme il se trouve qu'il ne l'était pas, le général lui fit donner une bastonnade, sous prétexte qu'il s'était moqué de la religion.
Loin de gêner les esclaves sur cet article, plusieurs maîtres les conduisent eux-mêmes à la chapelle du Bagne les jours de fêtes solennelles et s'informent exactement s'ils sont confessés.
Au reste, l'apostasie ne procure point ici la liberté comme en Turquie mais elle rend la condition des esclaves un peu plus douce et leur fournit quelques facilités pour se sauver.
Le Dey a une attention particulière pour les captifs qui lui appartiennent. Il choisit parmi eux un certain nombre de jeunes gens qui lui servent de pages. Ils sont bien nourris et bien habillés et reçoivent de riches présents des personnes qui viennent à la cour .Quelques autres sont employés au service des casernes où ils sont traités fort doucement par les soldats turcs. Le reste est distribué dans les Bagnes qui appartiennent à l'État.
Ils ont une chapelle où l'on dit la Messe et ils peuvent vaquer librement à tous les exercices de la religion. On ne leur donne par jour que trois petits pains mais ils peuvent se procurer quelques douceurs par leur industrie. Ceux qui savent quelque métier ont la liberté de sortir du Bagne. Les deux tiers de ce qu'ils gagnent sont retenus par le Dey qui leur abandonne le reste.
Les esclaves qui n'ont aucun talent sont employés aux travaux publics, mais on ne leur impose point des corvées trop pénibles. Ils ont alternativement un jour de travail et un jour de repos ; lorsqu'ils sont malades ou qu'ils feignent de l'être, on les laisse tranquilles. Mais si le gardien s'aperçoit qu'ils abusent de cette indulgence pour le tromper, il les fait châtier sévèrement et les envoie au travail. Ils retournent tous les soirs au Bagne dont les portes sont fermées pendant la nuit, après qu'on a fait une exacte revue de tous les esclaves.
On embarque toujours sur les bâtiments corsaires un nombre de captifs ; et quand ils se comportent bien on les associe au profit des prises. Quelques autres obtiennent le privilège de tenir taverne et s'enrichissent tellement à ce métier qu'ils gagnent au bout de six mois de quoi payer leur rançon.
Les esclaves des particuliers ont une condition plus incertaine. Leur bonne ou mauvaise fortune dépend de l'humeur de leur maître et plus souvent encore de leurs qualités personnelles. Ceux qui se conduisent bien sont ordinairement traités avec douceur ; les libertins et les indociles s'attirent par leur faute beaucoup de mauvais traitements.
Les maîtres riches en prennent plusieurs à leur service et se font un point d'honneur à les habiller proprement. Lorsqu'ils sont satisfaits de leur conduite, ils les font manger à leur table, les couchent dans leur chambre et les traitent comme leurs propres enfants.
Les plus à plaindre sont ceux qui tombent dans les mains des Tagarins, race de Maures espagnols qui n'achètent les esclaves que pour les revendre et pour en tirer une utilité mercenaire. Ces maîtres avides les emploient à de rudes travaux, sans leur laisser le moindre profit, les nourrissent mal et les accablant quelquefois de mauvais traitements dans l'unique vue de se procurer une rançon plus forte et plus prompte.
Ce qu'il y a de plus fâcheux, dit l'écrivain que j'ai cité, c'est que ce sont ordinairement les personnes de quelque rang qui tombent au pouvoir des Tagarins, lesquels ont un talent merveilleux pour discerner les esclaves dont on peut tirer un plus grand profit.
Un captif d'une condition distinguée ne peut être trop en garde contre les perquisitions de ces marchands qui mettent en œuvre toutes sortes de ruses, jusqu'à corrompre ses propres camarades, pour s'instruire de son état et de ses facultés.
On sera surpris d'apprendre que les esclaves sont ici en quelque sorte plus considérés que les Chrétiens libres. Ceux-ci sont continuellement en butte aux injures des Turcs, des Koulouglis (issus de l'union d'une mauresque et d'un Turc) et des Maures.
Un captif commet souvent avec impunité plusieurs crimes ou n'en reçoit qu'un châtiment léger, parce que son maître ne veut pas le perdre en le dénonçant à la Justice.
On assure qu'il règne une grande débauche parmi les esclaves Chrétiens et que cette vie libertine a pour eux tant de charmes qu'il y en a plusieurs qui ne se soucient point d'être rachetés. Ils conviennent seulement du prix de leur rançon, et en payant une partie, ce qui empêche que leur maître ne puissent les vendre à d'autres ; mais ils évitent d'acquitter le reste, aimant mieux payer un petit droit par mois, pour se conserver le titre d'esclave et la protection du Dey ou de leurs patrons.
Tout cela suppose que les captifs d'Alger ont en général une assez grande liberté, et qu'il y a beaucoup d'exagération dans les récits qu'on nous fait ordinairement de leurs infortunes.
Il n'en est pas de même à Fez et au Maroc où l'esclavage est certainement très rude, les Maures étant en général bien plus cruels et bien plus méchants que les Turcs.
Lorsqu'un corsaire est entré dans le port d'Alger avec une prise, il conduit tous les esclaves au palais du Dey où tous les consuls européens se rendent aussitôt.
Ceux-ci se font présenter les prisonniers de leur nation, et leur demandent s'ils servaient en qualité de soldats ou de matelots sur le vaisseau captif, ou s'ils n'étaient que passagers. Dans ce dernier cas on les rend à leur consul, et la liberté leur est rendue s'ils appartiennent à une nation qui soit en paix avec Alger. Tous les autres sont condamnés à l'esclavage.
Le Dey en prend un sur huit, à son choix, et tâche de faire tomber dans son partage les plus qualifiés et les plus robustes. Il s'empare aussi du huitième des marchandises et du butin : le reste est partagé par moitié entre les armateurs et l'équipage. Les esclaves qui ne sont point dans le lot du Dey sont conduits au Batistan, ou marché public, où il s'en fait une première estimation qui est rarement portée fort haut parce qu'ils ne sont vendus que dans une seconde enchère qui se fait dans le palais.
On ne donne aux armateurs et à l'équipage que le prix de la première estimation, l'excédent de la seconde étant dévolu au Dey.
La vente se fait par l'entremise des Delel ou courtiers qui promènent les esclaves l'un après l'autre, publiant à haute voix la qualité ou le talent de chaque captif, avec l'enchère qu'on y met jusqu'à ce qu'il soit livré au plus offrant. On les fait courir, sauter, porter quelques fardeaux ; on visite soigneusement les membres, la bouche, les yeux etc. Les femmes même sont sujettes à cette abominable exploration.
Lorsque les esclaves du gouvernement sont arrivés au Bagne, on prend leur nom, celui de leur pays, on leur attache un anneau de fer à la jambe et on leur donne une grosse chemise, une capote et une culotte de laine brune.
Leurs travaux commencent au lever du soleil et finissent vers quatre heures du soir. Les femmes dont on espère une bonne rançon tombent toujours dans le partage du Dey qui les fait conduire à la maison du Chekelbeled, ou maire de la ville, où elles sont gardées et assez bien traitées jusqu'au temps de leur délivrance. Celles dont on n'attend rien sont vendues au premier acquéreur et livrées sans réserve à tous ses caprices.
Le gardien Bachi ou chef des gardiens des esclaves est un personnage de considération par la relation que lui donne sa place avec le Dey et les grands de l'État. Il a le privilège de tenir une taverne dans le Bagne qui ne paye rien au gouvernement.
Le grand écrivain esclave lui-même en est considéré comme le chef, il est chargé du rôle des esclaves et de percevoir le mois que payent ceux qui obtiennent la faculté de s'exempter des travaux publics et de travailler chez les particuliers.
Il rédige les billets en les faisant signer au gardien Bachi ; pour ceux qui contractent ensemble pour prêt d'argent, il punit et fait mettre à la chaîne ceux qui ont commis quelques délits.
Il reçoit une piastre pour chaque esclave qu'on rachète et pendant les cinq ans qu'il doit occuper sa place il arrive une rédemption générale il obtient la liberté. Dans le cas où cette rédemption n'arrive pas, sa libération lui coûte 15.000 francs.
Comme le Dey ne veut pas être dupe des malversations de ce personnage, le cautionnement de sa place lui coûte 60,00 francs qu'il ne retire jamais, et malgré cette avance, il sort presque toujours riche de cet emploi.
Le rachat se fait par deux sortes de gens :
1° par des religieux espagnols,
2° par des agents séculiers.
La seconde manière coûte moins que l'autre à cause des présents que les religieux sont obligés de faire au Dey et aux principaux officiers du Divan (Services administratifs et financiers, ministère) outre les droits particuliers qu'on exige de ces Pères. Leur rédemption se fait avec éclat.
Quand ils arrivent à Alger, ils vont saluer le Dey qui leur donne un beau logement dans la ville avec un drogman ( interprète officiel) de la Cour pour leur rendre tous les services dont ils ont besoin. On les charge ordinairement de délivrer par préférence les jeunes femmes et les enfants que la faiblesse du sexe et de l'âge expose plus que les autres.
D'un autre côté, le Dey exige qu'ils rachètent dans ses bagnes un certain nombre d'esclaves dont il fixe lui-même le prix.
Pendant cette négociation, les captifs présentent aux Religieux plusieurs placets (acte de procédure comportant les références d'une affaire) pour tâcher de les intéresser à leur délivrance. Ceux qui ont amassé quelque argent par leur industrie le remettent à ces Pères, les priant de suppléer le reste.
Les captifs sont assemblés dans l'hôpital d'Espagne, pour rendre à Dieu des actions de grâces, et on les mène ensuite au palais du Dey qui fait délivrer à chacun d'eux un teskeret ou billet d'affranchissement. Après cela les Pères prennent congé du Dey et s'embarquent avec les captifs sur le vaisseau qui les attend.
On observe que la plupart des esclaves ont coutume de laisser croître leur barbe pendant tout le temps de leur captivité et que c'est une des choses que les Religieux espagnols leur recommandent le plus. Ce qu'il ajoute sent un peu la critique : " Etant arrivés en Espagne, on y fait une procession solennelle où tous les esclaves sont conduits deux à deux avec leurs barbes et chargés de chaînes qu'ils n'ont jamais portées. Ces barbes et ces chaînes attirent la compassion du public, qui fait de grandes libéralités, qui jette des pièces d'or et d'argent dans les bassins qui sont portés par des gens de distinction…. "
Les Religieux de la Merci et de la Trinité donnaient à peu près en France le même spectacle, et quand il y aurait un peu d'ostentation dans cette cérémonie, on ne peut nier sans injustice, qu'elle ne tourne à l'avantage de la religion, et que ces Pères, en consacrant leurs travaux à la rédemption des captifs, ne rendent un important service à l'humanité.
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JEAN GABIN REVIENT...
Envoyé Par Mme Jocelyne Mas
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Jean Alexis Gabin Moncorgé nait à Paris le 17 mai 1904, 23, boulevard Rochechouart (9e). Il est le fils de Ferdinand Joseph Moncorgé (1868-1933), tenancier de café et comédien d'opérette sous le nom de scène de Ferdinand Gabin, et de Madeleine Petit (1865-1918), plumassière du quartier du Sentier reconvertie dans le registre " chanteuse fantaisiste " de café-concert sous le pseudonyme d'Hélène Petit. Il a six frères et sœurs aînés, Ferdinand-Henri (1888-1939), Madeleine (1890-1970) et Reine (1893-1952), trois bébés ne survivant pas.
En 1928, il fait ses débuts au cinéma dans deux courts-métrages avec le comique Raymond Dandy, Ohé! Les valises et On demande un dompteur.
À partir de 1935, il devient une star du cinéma français grâce à son " charisme exceptionnel " et à Julien Duvivier qui lui offre les rôles principaux de La Bandera avec Annabella, qui est son premier succès, La Belle Équipe avec Charles Vanel, dans lequel il chante la chanson Quand on s'promène au bord de l'eau, et Pépé le Moko. Il incarne des héros tragiques et romantiques d'origine populaire.
Le 3 septembre 1939, mobilisé dans la marine nationale à Cherbourg, il obtient une permission exceptionnelle pour terminer le film Remorques, avec Michèle Morgan avec qui il vit une brève idylle.
Le 2 février 1941, refusant de tourner pour les Allemands pendant l'occupation, il s'expatrie à Hollywood aux États-Unis où il va retrouver les Français Jean Renoir, Julien Duvivier, Charles Boyer, Jean-Pierre Aumont, etc.
En octobre 1940, il avait accompagné à la gare Saint-Charles à Marseille Michèle Morgan, qui partait pour Barcelone, puis le Portugal, afin de rejoindre les États-Unis. Souhaitant également la rejoindre, il va à Vichy pour obtenir une autorisation. Il franchit la frontière espagnole en février 1941, sans que l'on sache s'il le fait légalement. À Barcelone, il obtient un visa du consulat américain et peut gagner New York à bord de l'Exeter.
L'acteur se détourne du cinéma et pense à la France, voyant plusieurs acteurs américains participer à l'effort de guerre (Carole Lombard vend des bons de guerre, Charles Laughton déclame du Shakespeare dans une tournée et reverse les bénéfices à ce profit, Bette Davis et John Garfield tiennent la cantine de Hollywood, un club où les soldats sont servis par des stars). Il confiera plus tard : " J'étais malade à l'idée d'être obligé de finir ma vie aux États-Unis. Je ne pouvais pas rester les mains dans les poches, continuer à faire des grimaces devant une caméra - en étant bien payé en plus - et attendre tranquillement que les autres se fassent descendre pour que je retrouve mon patelin ".
Fin 42, Gabin quitte Hollywood pour New York (4 jours de train ou 17 heures d'avion en Dakota - Il ne prend plus l'avion depuis un accident dont il a réchappé quelques années avant guerre)
Après qu'il a pris contact avec la France libre, fin 1942, il lui est demandé de jouer dans le film de propagande gaulliste L'Imposteur, dont le succès critique et public est mitigé. Long-métrage de propagande gaulliste saluant aussi la bénéfique entrée en guerre américaine, ce film tourné en anglais est produit par le service américain de propagande avec, au générique, seulement deux Français : Julien Duvivier et Jean Gabin. Il se présente au capitaine Sacha de Manziarly, un des représentants de De Gaulle à New York pour la propagande. Celui ci lui dit qu'il sera plus utile à la France dans ce domaine et le renvoie à Hollywood pour tourner avec Duvivier " l'Imposteur ". Jean-Pierre Aumont connaît le même aléa.
À la fin du tournage, Gabin retourne voir Manziarly bien décidé cette fois ci à partir. Il émet cependant une petite restriction. Depuis son départ de France, sa physionomie a changé. Ses cheveux sont tout blancs. Il va avoir 40 ans. Il se voit mal dans le grade de quartier maître avec un pompon rouge ( équivalant à caporal dans l'armée de terre).
Manziarly lui fait signer un engagement pour la durée de la guerre avec le grade de second maître ( équivalent à sergent dans l'armée de terre). Il portera une casquette.
Gabin revient ensuite à la charge et obtient enfin, À la mi-avril 1943 il embarque à Norfolk sur l'escorteur " Élorn " des Forces navales françaises libres qui avec d'autres bâtiments vont accompagner un convoi de pétroliers pour Alger. Il occupe les fonctions de capitaine d'armes et commande une batterie anti-aérienne. Il est chef de pièce antiaérienne de 40mm. Son convoi sera la cible des avions de la Luftwaffe et il tremble de peur au milieu des flammes: ".
Il traverse l'Atlantique en convoi à destination de Casablanca, attaqué au large par des sous-marins et par des avions allemands aux approches de la Méditerranée et au large du cap Ténès.
Au large des Açores, apparition d'un sous-marin allemand qui coule un des pétroliers. Il est mis en fuite par les escorteurs. À la fin du voyage, au large de l'Algérie, l'enfer surgit sous forme d'une escadrille allemande qui coule plusieurs pétroliers et atteint plusieurs escorteurs. Pour Gabin c'est le baptême du feu.
Une fois arrivé à Alger, il souhaite débarquer de l'ELORN pour intégrer une unité de combat. Il rencontre Louis Jacquinot, Ministre de la Marine qui veut le faire entrer au centre artistique de la France Libre d'Alger, il refuse catégoriquement, et émet le souhait de rejoindre le centre Siroco. Il est finalement accepté. Il aura en charge la formation des jeunes recrues, qui se souviendront de son instruction, menée à la dure !
Il est affecté au centre Sirocco des fusiliers marins d'Alger comme instructeur. Louis Jacquinot, ministre de la marine de De Gaulle à Alger le fait appeler et lui propose une planque comme dit Gabin : s'occuper du cinéma aux armées. Il refuse. Il veut rester dans une unité de combat.
"La guerre c'est pas du cinéma ". A cheval sur les principes, il refuse d'aller faire disait-il. le "clown" au Théâtre des armées (mais où se trouvait-il ? Le Mess du Square Bresson?).
Par patriotisme, en Avril 1943, à son arrivée à Alger, le soldat Jean Moncorgé de son vrai nom, Jean Gabin à l'écran, s'engage dans les forces libres navales françaises. Quelque chose a changé depuis le tournage de Pépé le Moko en 1936. Les artères grouillent de Yankees et les "Hey man" fusent de chaque coin de rue.
Marlène Dietrich viendra le rencontrer rapidement à Alger, en uniforme de WAF, elle partira ensuite sur le front Italien pour y rencontrer la 1ère DFL.
La ville blanche grouille de politiciens de tous bords et de partisans gaullistes. Les Américains sont omniprésents et préparent le débarquement en Italie. Après avoir à nouveau refusé de faire le " clown " au théâtre des armées, Gabin est affecté comme instructeur au centre Sirocco, (cap Matifou aujourd'hui Bordj el Bahri).
L'école des fusiliers-marins, qui formait les marins français qui allaient par la suite se battre pour libérer la France , Il voudrait bien faire oublier son statut de vedette de cinéma afin d'obtenir une place dans le combat en Europe. Cette volonté de discrétion est mise à mal avec le passage de Marlène Dietrich à Alger, qui en profite pour aller embrasser son Français préféré.
Jean Moncorgé apprend qu'un bataillon va être transformé pour devenir le Régiment Blindé de Fusiliers Marins, qui sera ensuite rattaché à la 2e Division Blindée du Général Leclerc. Il souhaite rejoindre cette unité en formation, mais trop tard, l'unité part pour l'Angleterre sans lui. Il obtiendra la possibilité de suivre une formation de conducteur de char
Volontaire au Régiment blindé de fusiliers-marins, il prend sur sa demande des fonctions de chef de char, à bord du Souffleur II, sous les ordres de l'enseigne de vaisseau et futur vice-amiral André Gélinet. Il appartient alors au 2e escadron du régiment blindé de fusiliers-marins de la célèbre 2e division blindée du général Leclerc.
Il embarque alors sur le croiseur GLOIRE à destination de Brest. Une fois arrivé, il rejoint Paris où il y retrouve Marlène Dietrich.
En 1945, il prend part à la libération de la poche de Royan et rejoint la 2ème DB pour la bataille des Vosges comme chef de char sur le " souffleur 2 " ( le souffleur 1 a été détruit. Un seul survivant Le Godinec qui continuera avec Gabin ) et à la campagne d'Allemagne. Il est démobilisé en juillet 1945. Il est toujours resté discret sur ses faits d'armes.
Février 45. La 2ème DB est au repos à Bourges et à Châteauroux. Gabin obtient une permission et gagne Paris pour la 1ère fois depuis 1940. il essaye de renouer avec ses amis du tout-Paris. C'est une catastrophe. Les uns ont trahi, Céline, Le Vigan. D'autres qui n'avaient pas fait grand mal ont eu des peines de principe mais n'en garde pas moins une rancune tenace contre les " planqués " partis aux USA comme Dalio et Gabin. Pierre Blanchard (né Gustave Pierre Blanchard le 30 juin 1892 à Philippeville) grand résistant, fait infliger un blâme à l'ami de Gabin, Marcel Carné.
Le Centre Siroco de Cap Matifou et Lapérouse
- où Le soldat J. Moncorgé au Centre Siroco,
était à l'école des Fusiliers-marins de Cap Matifou (Alger)- 1944.
" Le panache de Gabin n'est plus une affaire de cinéma, mais un courage politique. On mesure mal aujourd'hui le risque pris par la star de 35 ans qui renonce à la gloire pour entrer dans la guerre. D'autant que l'acteur n'a jamais présenté son geste comme politique : il a dit non aux Allemands parce que ça "l'emmerdait " de travailler avec eux. "Je partais avec le sentiment que j'allais laisser ma peau dans cette guerre que, pour-tant, je voulais faire pour être en règle avec moi-même. "
Gabin aura la vie sauve, mais paiera cher son engagement. Quand il revient en France à 40 ans, il a perdu son aura et son prestige. Les temps ont changé, les grands rôles ne sont plus pour lui.
Quant à la classe politique, il ne manque pas une occasion pour lui dire son mépris : "Je n'ai aucune opinion politique. Les partis sont tous aussi cons. " Le panache de Gabin est avant tout affaire de liberté. La liberté comme absolu. "
Le résumé de cette carrière patriotique a été tiré de ces sites ci dessous :
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HARKI
Par M. Robert Charles PUIG
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Toi le Harki qui, sans façon,
Défendit sans peur la Nation
Contre un terrorisme sauvage
Qui sema pleurs, crimes et carnage
Sur cette terre aimée d'Algérie,
Je veux ce soir te dire : " Merci ! "
Toi le Harki, né d'une terre
Envoutante, charnelle et fière,
Où les esprits de tes anciens
Imprégnaient champs, routes et chemins,
Accepte, fils de la Kabylie,
Mes excuses, au nom de la Patrie.
Toi le Harki, loin des tiens
Crapahutant, fusil en main
Pour défendre les trois couleurs
D'un vieil Empire sans honneur,
Permets-moi de louer ta vaillance,
De désigner " coupable ", la France.
Toi le Harki, héros déçu,
Toi qui as subi le refus
D'être sauver de l'ennemi
Lorsque la guerre fut finie,
Au nom des miens et de la Nation,
Je souhaite te demander : " Pardon ! "
Tout au long des huit ans de guerre,
Des morts, de la grande misère,
Tu fus un combattant fidèle,
Luttant sans peur dans le djebel,
Sans croire que la France éternelle
Sera un jour, amante infidèle.
Toi le Harki, en bon soldat,
Toujours devant dans les combats,
Tu croyais défendre ta terre,
Tu n'as gagné qu'un cimetière
Lorsque Paris t'a abandonné
Au FLN, qui t'a égorgé.
Harki ! Tu échangeas ta vie
Contre la paix en Algérie
Mais De Gaulle et l'État français
Ont préféré t'éliminer,
Faisant de toi, sans cœur ni pitié,
Un condamné à mort, immolé !
Toi le Harki qui, sans façon,
A cru aux chants de la Nation,
Toi le fellah, l'enfant du bled,
Tahar, Mohamed ou Ahmed,
Pourras-tu pardonner à la France
Son mépris et son indifférence ?
Robert Charles PUIG / Janvier 2018
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LES FRANÇAIS EN ALGERIE (1845)
Source Gallica : Louis Veuillot N°16
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XXIV - FIGURES DE PASSAGE.
Un jour, du temps, que l'on parlait de donner à l'Algérie un gouvernement civil, vu le peu de fruits qu'avait produit jusque-là le gouvernement militaire, un Premier ministre en disponibilité, qui gênait beaucoup en France, s'entendit proposer très sérieusement de devenir gouverneur, ou, s'il l'aimait mieux, vice-roi. Il était grand partisan de la main civile, et un officier du plus haut mérite, M. Le général Bugeaud lui-même, s'offrait généreusement à commander l'armée sous sa direction. "Eh ! S'écria l'homme d'Etat, qu'on reconnaîtra sans doute à sa vivacité, que voulez-vous que j'aille faire en Afrique ? L'Afrique n'est qu'un grenier à coups de poings."
Ce sont précisément ces coups de poings qui tentent un grand nombre de ceux qui font le voyage volontairement. ILs viennent dans le dessein de suivre une expédition, de s'y distinguer, c'est-à-dire de donner un coup de poing, au risque d'en attraper un eux-mêmes, et de gagner ainsi la croix d'honneur, facile à se procurer en France, mais qu'il est de meilleur goût de rapporter d'Alger, où elle se laisse volontiers prendre par tout individu civil pourvu qu'il ne manque point d'amis. Le calcul est des plus simples ; seulement il y a de ces affamés de gloire qui prennent trop leur bonne volonté pour du courage. Un élégant de Paris, brillant et riche, en fut l'exemple lamentable. On l'avait appelé le beau un tel, et on commençait à le nommer le gros un tel. Ce fut peut-être la cause de son malheur. Tant qu'il avait été le beau, il ne s'était point aperçu que rien ne lui manquât ; Dès qu'il fut le gros, il se sentit piqué du désir de la croix d'honneur. Peut-être pensait-il que cette fanfreluche le rajeunirait. Comment l'obtenir ? Il n'avait beaucoup brillé qu'à l'opéra, et beaucoup servi que les cuisiniers et les tailleurs. Enfin les prétextes manquaient absolument, car on devine assez qu'un personnage de tant d'éclat n'était point dépourvu d'amis. Il avait bien un grade dans la milice nationale, mais l'anarchie courbait la tête, et les occasions de pourfendre ne se présentaient plus ; il fallait attendre, cela pèse aux grands cœurs. On parlait de prendre Constantine, notre héros n'hésite point, le voilà parti. Quelques rates, dit-on, répandirent des larmes.
Hélas! Tout alla passablement jusqu'aux murs de la ville, quoiqu'il fit bien mauvais temps ; puis on fit retraite, et le temps devint plus mauvais encore ; la neige était d'Arabes enragés, la grêle était de balles tirées à bout portant. Le pauvre un tel n'y put tenir, et fit une chose piteuse : il prit une si forte peur, que cette peur le rendit fou, et il en mourut sans autre blessure, dans son bel uniforme de soldat citoyen. Voilà pourquoi uniquement il n'eut pas la croix d'honneur; mais il ne la manqua que d'un jour. Quelques bons compagnons, non moins effrayés, quoique plus heureux, arrivèrent le lendemain à Bône, et j'aime à croire qu'ils n'ont point perdu leurs peines. Qu'ils croient bien que je ne leur reproche nullement leur peur, je ne leur reproche que l'enfantillage de vouloir des croix militaires lorsqu'il y en a de civiles, vu que leurs entrailles ne sont point faites pour le métier des héros. Ce sont leurs disgrâces qui inspirèrent cette chanson des soldats, sur l'air national des Arabes:
Tu vas à Constantine,
T'auras pas beau chemin !
Du fond d'un bureau tranquille, l'Algérie vit un jour arriver jusqu'au pied de ses lauriers-roses un autre présomptueux, tout jeune, qui ne demandait point l'étoile des braves, mais qui se voulait former à l'art de gouverner les hommes, de quoi je le loue en cas qu'il y songe encore ; et s'il ne réussit pas, il aura du moins l'honneur de l'avoir entrepris. Ce jouvenceau ne bornait point ses vœux à tenir un jour le sceptre; il voulait en outre grimper sur le Parnasse. Il fit une campagne, il en naquit un feuilleton où nous lûmes qu'il avait, lui aussi, senti bondir son cœur déjeune homme lorsque son cheval avait bondi frappé par une balle arabe. Cela parut étrange : on chercha bien sur ce cheval, et il fut prouvé qu'il avait été blessé au dos, sous la selle et sous le cavalier, où l'on vit une légère écorchure. Il a fallu que la balle arabe, pour arriver là, traversât la cuisse du conteur, qui ne s'en est point aperçu. J'en connais de plus misérables. Hélas ! Au plus brillant de ses exploits, ce pauvre garçon se laisse prendre par la fièvre. Il s'émeut, il perd presque la tète. Il se fait saigner et se purge le même jour; il guérit néanmoins, mais il reste frappé. Le voilà qui se répand en élégies sur le propos de sa patrie et de sa mère, dont il est, dit-il, séparé par un espace de deux cents lieues ; qui sait s'il pourra les franchir! Il se prétend triste et mourant à son aurore ; il demande à revoir son vieux père, sa chaumière et son bureau ; il maigrit, jaunit, déraisonne; il veut partir, il veut être parti. Un bateau quitte Alger, il y prend passage et s'embarque la veille du départ. Si, par quelque accident, ce fortuné bateau n'avait pu lever l'ancre de huit jours, le nourrisson des muses serait mort comme le beau un tel ; je ne ris plus. Cette étrange maladie menace tout le monde, personne n'est maître de cela. J'en ai vu de mieux trempés qui jaunissaient tout aussi vite. Jugez des ravages que la nostalgie doit faire sur nos soldats, qui n'ont point d'éducation, point d'adoucissement, dont la misère est effroyable, que personne au monde ne console, et qui ne peuvent partir. C'est un terrible mal, en vérité.
Il y a en Algérie bon nombre d'autres individus que n'y attire point la curiosité, encore moins l'honneur, mais qui viennent sans emploi, sans argent, tout bonnement pour brusquer fortune comme ils le pourront, ou pour fuir quelques désagréments qu'ils rencontrent dans la mère-patrie. Ceux-là n'ont rien à craindre de la nostalgie, ni du soleil, ni de la fatigue, ni des privations. Il semble qu'ayant échappé aux recors et aux gendarmes, ils soient indestructibles. On les peut mener au feu, les Arabes les peuvent prendre, les balles et les sabres peuvent leur traverser le corps, rien n'y fait : on les voit soudain reparaître, bien portants, ayant toujours quelque chose à vendre et surtout toujours quelque chose à acheter. M. Berbrugger, qui a beaucoup d'esprit et qui conte les choses d'Alger, plaisantes ou sérieuses, dans la perfection, m'a fait une peinture que je veux garder.
Pendant la paix il s'était formé, aux environs du cap Matifou, sur le bord de la mer, une certaine ferme exploitée par une trentaine d'individus dont le chef, assez mal portant du cerveau, savait pourtant se procurer de l'argent au moyen des petits articles dont il remplissait les journaux de France, et qui montraient sa spéculation sous un beau jour. Les employés étaient plus habiles : ils passaient pour avoir trouvé le secret de voler les Arabes. Ils prétendaient couper du bois, l'endroit étant plein de broussailles; mais on les accusait de se mettre la nuit à l'affût des bestiaux indigènes, d'attraper des bœufs, de les tuer, de les saler et de les revendre à certaines pratiques européennes, moyennant un bénéfice clair.
M. Berbrugger, allant par-là faire des fouilles scientifiques, y vit des personnages fabuleux. L'un de ces bûcherons entre autres se présenta, vêtu d'un habit noir, magnifique par-devant, mais qui, par derrière, souffrait d'une solution de continuité qui s'étendait depuis le collet jusqu'à la taille, où cette effroyable blessure était pansée imparfaitement par un morceau de drap gris.
Il portait un débris de pantalon garance, constellé de pièces vertes, bleues, brunes, etc. ; la chaussure n'avait plus de forme, le chapeau ne saurait avoir de nom; je laisse à penser quelle était la figure. M. Berbrugger lia conversation, curieux de savoir à quoi s'employait le possesseur d'un pareil accoutrement. L'homme, avec le plus grand sérieux, se déclara professeur de calligraphie.
" Mais, reprit M. Berbrugger, vous ne devez trouver ici que bien peu d'écoliers. - Il est vrai, dit l'autre; j'y reste cependant pour me perfectionner dans la langue française. Tel que vous me voyez, je suis Italien, son Italiano.- Eh quoi ! continua M. Berbrugger, vous n'avez pour compagnons que des gens de Malte, des Espagnols, des Allemands. - C'est que, répliqua le colon, je coupe aussi du bois. De grands malheurs, des malheurs de famille, et des persécutions politiques m'ont réduit à cette condition, qui est fort au-dessous de ma naissance. Forcés de fuir, nous confiâmes notre fortune à des dépositaires infidèles, et nous fûmes audacieusement floués. - Très-bien, dit M. Berbrugger, je vois que la langue française vous devient familière. Prenez garde aux gendarmes."
Un autre colon, lié d'amitié avec le calligraphe, se promenait couvert d'un carrick immense, chargé d'une multitude de collets. Sous ce singulier vêtement, il exerçait le talent spécial d'attraper les lapins à la course, et véritablement il les attrapait. Il ne faut point se récrier : en Algérie tout est possible. On voit là des hommes qui n'existent point ailleurs.
Puisque j'en suis à cette espèce, je décrirai un genre qui s'y rattache de près, et dont le nom, de la langue des corps de garde a passé, par droit de conquête, dans celle des affaires et des salons, du moins des salons africains. Que l'on me permette de l'écrire ici, je n'en connais point d'autre pour désigner le fricoteur.
On appelle fricoteur, en Algérie ,tout homme d'affaires qui friponne à peu près légalement, dans cette mesure où l'on a droit au mépris des honnêtes gens et à la protection de la justice.
Un directeur d'hôpital militaire n'est ni un fournisseur, ni un comptable, c'est un personnage de confiance. Il a le droit et les prérogatives d'officier, il en reçoit les honneurs, il en touche la retraite. Il peut être le plus honnête homme du monde, il peut être fricoteur. Comment volera-t-il, il n'a aucun maniement de fonds? Son mécanisme est simple. Un marché oblige, par exemple, quelque fournisseur à livrer des sangsues à trois sous la pièce ; mais une circonstance arrive qui fait monter subitement le prix des sangsues à dix et quinze sous. Le directeur demande qu'on lui en livre vingt mille. Le fournisseur se récrie. On lui répond que les malades ont absolument besoin de sangsues; qu'il est sans doute malheureux que ce besoin se manifeste dans un moment où les sangsues sont si rares, mais qu'enfin il en faut, et qu'il n'y a pas à en rabattre d'une. Le fournisseur comprend. Il invite le directeur à dîner. Au dessert les besoins de l'hôpital ont changé de nature, les sangsues ne sont plus nécessaires.
Vol sur la viande, vol sur les légumes, vol sur le pain. Un sergent de planton est là, qui doit tout vérifier et peser à un décagramme près. On le traite avec une politesse recherchée, on l'appelle monsieur, on lui offre un verre de vin de Bordeaux; c'est une précaution d'hygiène ; à l'hôpital on sait ce qui convient. Le planton, touché de ces raisons excellentes, va boire son verre de vin, il en accepte deux, trois, dix, il est ivre. Alors tout est bon, tout a le poids.
Quand le fricoteur a fait fortune en Afrique, il va jouir en France d'une considération qu'on ne refuse jamais aux écus. On trouve bien parfois qu'il s'est enrichi un peu vite ; mais quoi! n'a-t-il pas présenté des comptes en règle ? S'il est riche, c'est qu'il est bon administrateur, dit-on.
Que de plaintes j'ai entendu faire contre cette improbité qui s'est glissée partout, et qui laisse la justice impuissante et indignée ! On est moralement et matériellement sûr que tel comptable a multiplié les fraudes les plus audacieuses, et qu'il ne l'a pu faire qu'avec le secours des plus flagrantes connivences. Cependant nul moyen de le prouver ; ses registres sont admirablement tenus, pas une rature, pas une surcharge, tout est juste à un centime près. Sous le joug d'un système de comptabilité perfectionné par le génie de la méfiance, la fraude entasse lestement ses butins illicites. A mesure qu'on perfectionne les serrures, le brigandage perfectionne les fausses clefs, et d'ailleurs il y a toujours, dans la famille de Minos, une Ariane pour faciliter à Thésée la sortie du labyrinthe. C'est dans la conscience des employés de l'État qu'il faudrait savoir placer les verrous de la caisse publique.
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Les oeufs et la voiture
Envoyé Par Mme Eliane
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Une femme est en train de cuire des oeufs lorsque son mari rentre à la maison.
Il vient dans la cuisine et se met à crier : “Attention !
Attention ! Plus de beurre ! Retourne-les ! Retourne-les
Retourne-les ! Du Beurre, Plus De Beurre !!!
Tu ne vois pas qu'ils vont brûler ???
Mais Attention, Fais Attention ! Retourne-les, Dépêche !!!
Retourne-les Maintenant! Maintenant !!!
Attention Trop De Beurre, Trop De Beurre, ca Va gicler, Attention ! Tu vas Te Brûler !!!
Attention Tu Vas Te Brûler !!!
Hola, Hola , Beaucoup Trop De Beurre !!!
Et Pas Assez De Sel , Il Faut Plus De Sel !!!
Elle lui demande :
- Mais qu'est-ce qui te prend ?
L'’homme se retourne et dit très calmement, en quittant la cuisine:
- “Rien, c’'est juste pour te montrer ce que ça fait quand tu es à côté de moi en voiture !!!
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Chantiers nords-africains
Trouvé à la BNF 01-1932
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Les kiosques à essence
Le développement de plus en plus impressionnant de la circulation automobile a mis au premier plan le problème de la distribution de l'essence.
Il y a peu d'années, ce produit était livré aux consommateurs dans des récipients métalliques de diverses capacités, mode de distribution peu avantageux aussi bien pour les usagers que pour les Sociétés pétrolières. Aux premiers, la vidange d'un bidon de 5 litres est une petite opération facile, mais ennuyeuse. D'autre part, on doit garder par-devers soi une certaine provision dans des emballages consignés.
En ce qui concerne les Sociétés, ces caisses, fûts et estagnons multicolores ont besoin d'être nettoyés, étiquetés, peints et remplis ; soumis en un mot à des manipulations d'autant plus coûteuses que l'emballage est plus petit. Tout cela devra ensuite être chargé et déchargé à bras d'hommes, dans des camions ou des wagons, et souvent à plusieurs reprises ; donnera lieu à des comptabilités compliquées, à des vérifications diverses, à des coulages, à des détériorations, de sorte qu'un litre d'essence se trouvera en fin de compte grevé de frais accessoires, multiplié de ce fait par un fort coefficient.
Aussi fournisseurs et acheteurs trouvent-ils leur avantage à éliminer le petit bidon, à recourir au fût de 200 litres, plus solide et relativement moins coûteux, mieux encore au réservoir souterrain à poste fixe que remplira un camion-citerne directement chargé au dépôt. Une tuyauterie munie d'un dispositif d'aspiration permettra de Vider sans manutention pénible une partie de ce liquide dûment mesurée dans le réservoir à essence du moteur. Ainsi les opérations auront-elles été réduites au minimum.
Le distributeur d'essence est le " combiné " d'un aspirateur et d'un mesureur. Ses avantages ont assuré sa multiplication sous tous les cieux, sous notre ciel en particulier, où il évoque des statues humaines traitées à la manière " dada ", voire des idoles nègres, peinturlurées de couleurs vives rouges, jaunes, oranges, vertes, arc-en-ciel encore incomplet des sociétés pétrolières.
Service-Station " Shell, à Staouèli
Photo Lombard.
Derrière lui, est enterré un réservoir ou caché un gros cylindre. L'automobile s'arrête, arrête aussi son moteur, tout au moins le devrait-elle. Le chauffeur, sans quitter sa place, jette un chiffre par la fenêtre. Le préposé pompe déjà. Déjà il masse des deux mains le tuyau de caoutchouc comme on masserait un boa "frappé d'une indigestion. Sa complaisance s'étend jusqu'au radiateur, jusqu'aux pneus. Le client ne s'est dérangé que pour ouvrir son portefeuille.
Service-Station " Shell, à El-Biar.
Photo Lombard.
Un appareil aussi commode a pullulé rapidement à la ville et à la campagne, jusqu'au seuil même du désert. Dans les rues les plus étroites où parfois, faute de place, il s'applique contre le mur, voire s'enfonce dans lui. Sur les places. Sur les grandes routes. Dans la cour de la ferme pour les tracteurs du colon. Dans l'usine de l'industriel, au dépôt de l'entrepreneur.
Cette floraison bariolée, et à son début anarchique n'a pas manqué, et de bonne heure, d'inquiéter les pouvoirs publics. On a dû la réglementer, la soumettre à des prescriptions plus ou moins draconiennes, plus ou moins avisées ou biscornues, suivant les compétences, intérêts ou complaisances des municipalités. Le réservoir souterrain gonflé d'hectolitres explosifs constitue sous les maisons un danger dont il est bien porté d'exagérer la gravité. D'une façon plus sérieuse, l'appareil, par sa présence, gêne la circulation sur les trottoirs, par les autos qu'il immobilise, la circulation routière.
Tout cela donne lieu à diverses prohibitions.
Les villes denses ou encombrées paraissent à l'heure actuelle saturées de distributeurs. Par ailleurs il répugne parfois à certains commerçants de s'en charger. A moins que les Sociétés elles-mêmes ne préfèrent se passer d'intermédiaires et vendre directement à la clientèle passante.
On est donc conduit à installer des distributeurs loin de toutes habitations, soit, en ville, sur des places, soit, en plein bled, à des carrefours. Pour abriter le préposé on construit une guérite, au début toute modeste, nouvel élément de laideur à côté du distributeur. Mais la publicité s'en est mêlée. La primitive baraque est devenue le kiosque luxueux. On y abrite aussi le client ; on lui propose des fauteuils, une table avec des brochures touristiques, un lavabo, le téléphone. On tend même, assez illogiquement et d'ailleurs assez vainement, à l'y immobiliser. Pour cela, s'il est nécessaire, on annexera un ESSO, heureux d'être logé gratis. Demain on installera un quelconque automatic-bar ou une salle d'auditions.
En même temps que le chauffeur on immobilise l'auto. Tous les kiosques sont munis de crics, de gonfleurs, d'outils divers. Certains comportent des postes de lavage et de graissage munis des derniers perfectionnements. On prévoit des abris pour les véhicules en remplissage, voire même en stationnement. Principe : Faire l'impossible pour " Sa Majesté le Client ".
Station " standard " des deux moulins.
Photo Lombard
Le kiosque devient de ce fait un édifice tentaculaire. Il envahit les places où on le laisse s'installer. Raison de plus pour que les édiles l'envoie s'épanouir aux champs. Pour peu alors que s'en mêle un certain manque de mesure, une mégalomanie publicitaire, on en arrive à des constructions qu'on ne peut plus appeler des kiosques et qu'on désigne pompeusement par des mots plus ou moins français. La " Service Station " remplace le panneau réclame, fort avantageusement d'ailleurs, car, bien souvent, elle embellit le site qu'il salit régulièrement.
C'est que le kiosque est devenu peu à peu un véritable genre architectural, soumis à des principes esthétiques.
Le distributeur n'était pas beau, soigné au point de vue technique, et peut-être publicitaire, mais négligé quant il sa forme, nanti en particulier du pied le plus disgracieux. La proximité du kiosque le rend déjà plus acceptable. Il est dès lors à souhaiter qu'on établisse l'appareil sur un socle plus élégant, plus en harmonie avec le goût moderne, et avec les formes architecturales voisines ; tels ces piliers maçonnés carrés que présentent deux de nos gravures.
Les premiers kiosques eux aussi furent lamentablement laids, apparentés à leurs confrères pour journaux comme leurs pompes aux réverbères. De bois plus ou moins peints et délavés, coiffés de pyramides, de bulbes ou de coupoles, ou plus simplement transformables en guitounes pour factionnaires. Il ne faut pas en con-dure que la menuiserie soit sans ressources. Les premiers modèles de la Shell établis en bois représentaient déjà une certaine recherche. D'autres formes sont imaginables et peuvent donner lieu à de curieuses réalisations.
De plus en plus cependant on recourt à la maçonnerie, de la cloison de brique jusqu'au béton armé.
Kiosque " Standard ", à La Bridja.
Photo Lombard
Nous mentionnerons d'abord les kiosques à armatures métalliques, à panneaux de tôle ou de fibrociment. Ils peuvent donner lieu, pourvu que le matériau soit suffisamment camouflé, à d'agréables ensembles ; ils ont l'avantage d'être économiques et faciles à monter ; mais on leur reproche de mal abriter leurs hôtes contre le froid et la chaleur. On leur réserve les postes d'un débit trop faible pour légitimer la dépense d'un kiosque en béton armé Celui-ci s'impose pour les grandes " Services Stations " que représentent nos gravures. Avec ce matériau les piliers sont réduits au minimum, les dalles, formant auvents ou abris de galeries, aussi larges qu'on le désire. D'autre part, le petit édifice acquiert une unité absolue, très désirable étant données ses dimensions, et qu'on ne saurait lui donner avec un autre procédé.
Mentionnons toutefois les élégants modèles à ossature métallique et emplissage de briques qu'une maison algéroise (Etablissements Garcia) a établi pour la Société Shell, et dont on construit actuellement un exemplaire à Blida.
Le béton armé est le matériau favori de nos grandes sociétés internationales dont les types sont logiquement internationaux, aussi peu régionalisés que leurs produits et leurs formules. Et l'architecture réalisée est de l'architecture internationale moderne, d'angles droits, de plans blancs et d'ornements méplats, sans autre motif algérien, voire méditerranéen. que les fleurs et les plantes vertes qui ornent ces géométries.
Une telle conception peut donner lieu à de beaux ensembles, d'autant plus que le style dit " moderne ", par ses couronnements horizontaux et son amour des blancheurs nues, convient spécialement à nos contrées. Quatre de nos photographies en convaincront d'ailleurs nos lecteurs.
Voici d'abord un des géants de l'espèce, trop grand pour être appelé kiosque, plus naturellement baptisé d'un vocable d'allure anglaise, la "Service Station " de Staouéli, construite par la Société Shell. On peut certes se demander si elle n'est même pas trop belle, en tout cas un peu trop grande.
Sollicités à accélérer par la rectitude de la grande route, les voyageurs s'y arrêtent moins que la somptuosité et le confort ultra-modernes les y solliciteraient. Qu'importe ! Elle constitue tout au moins une magnifique réalisation publicitaire. Située au haut d'une côte, elle ne manque pas, surtout la nuit, d'impressionner le touriste qui, s'il ignore ces parages, s'étonne d'apercevoir ce monument insolite illuminé sur son chemin. Une seconde, il a rêvé d'une Vision orientale dans des lumières de féerie. Mais la ligne moderne se manifeste, positive et scientifique, piliers carrés sans chapiteaux, dalles en porte à faux aux nervures bien calculées, tourelles octogonales ; l'ensemble rappelle plutôt une tribune de course, de rallye Shell, bien entendu. Des employés en uniforme, stricts comme des marins anglais, attendent presque au garde à vous. Si l'on s'arrête, on peut admirer l'ensemble vraiment monumental et la disposition générale remarquablement étudiée jusqu'en ses moindres détails. Voilà qui est rassurant. Le genre kiosque, si suspect à l'artiste tout au moins à ses débuts, a Valu à une grande route sa principale décoration architecturale, vraiment la plus belle construction de ses abords entre la Mosquée de la Pêcherie et les ruines de Tipasa.
La " Service Station " d'El-Biar, moins grandiose, est peut-être plus élégante. Le style est d'ailleurs identique, et le parti analogue. L'emplacement excellent au point de vue commercial, le cadre esthétique plus ingrat.
Un peu partout la Société Shell a construit de tels kiosques, sans parler de ses premiers modèles, établis en menuiserie, jaunes et rouges, puis blancs et rouges, tous avides de célébrer la gloire de " la coquille".
La G10 Standard, conformément à son nom, standardise ses modèles. Qu'ils soient à ossature métallique comme celui de la Bridja ou bien en béton armé, il s'agit toujours d'édicules à base carrée, à parois presque sans relief, ouvertes de deux larges baies, toutes les quatre abritées par une marquise plate. Un peu sec de ligne, sur nos photographies par exemple, l'ensemble se rachète par ses oppositions de couleurs. Les deux kiosques représentés sont intéressants, l'un par l'adjonction d'une galerie couverte, l'autre par l'aménagement en square de ses abords et accès.
Ces édicules, en effet, sont toujours plus ou moins fleuris. Le kiosque appelle le jardin pour lequel il fut créé en des palais d'Orient. Le mot lui-même est turc, dérivé du persan. Certains peuvent estimer qu'on devrait moins l'oublier en un pays d'islamisme. Je n'ouvrirai pas le débat. Avec sa formule internationale la Shell a réalisé de belles construction. Mais la Standard s'est peut-être souvenue des merlons mauresques aux quatre angles de ses cubes. D'autres Compagnies n'ont pas hésité à découper des arcs outrepassés, voire à dresser des croissants sur des coupoles.
Une tentative plus curieuse a été faite par l'une d'elles, la Raffinerie du Midi. Son kiosque de la Colonne Voirol, récemment construit, est de petites dimensions, un peu trop petites même. Mais il dénote une recherche artistique tout à fait originale. A l'opposé des grandes installations de la Shell dont toute la beauté résulte de la composition des plans et des volumes, il s'agit ici d'une harmonisation complexe de matériaux et de motifs. L'ensemble n'est pas mauresque et cependant il n'est pas " moderne " dans le sens où le " vain peuple" entend d'ordinaire ces mots.
Kiosque à essence à la colonne Voirol
Architectes : MM. Seiller et Lathuillière
Photo Lombard.
Les deux colonnes qui encadrent sa porte à plein cintre, les petits carreaux de ses baies, ses corniches savamment dessinées, ses panneaux de staff doré, sa toiture de tuiles romaines, ses mosaïques, ses céramiques relèvent de l'art de Grenade. Mais ses têtes de Gaulois, cubistes et métalliques rappellent opportunément la France, les temps modernes, une marque d'automobile et les bouchons des radiateurs. La coloration est chantante depuis le rouge profond du haut des panneaux jusqu'aux roses des soubassements et au vert de la toiture, sans parler des variations métalliques que jouent divers ornements.
La nuit, un éclairage au néon, dont rend compte notre photographie, incendie le proche bois de Boulogne et ensanglante héroïquement le masque argenté des Gaulois. Nous avons affaire à une synthèse savante, mais réussie. Les architectes, des Algérois, semblent avoir voulu composer une œuvre d'art algérien. Et la Raffinerie du Midi, fixée depuis plus longtemps que ses consœurs sur notre terre d'Afrique, s'est vraisemblablement associée à leur manifestation régionaliste.
Cette étude a pu paraître un peu longue. C'est que nous avions à analyser un genre architectural nouveau, envahissant, important par les problèmes qu'il pose, techniques, administratifs et artistiques. Ne convient-il pas aux hommes de l'art de méditer un peu sur l'organisation et l'esthétique des kiosques, ne serait-ce qu'à l'arrêt de leurs autos, lorsque le distributeur se vide rythmiquement dans leur réservoir d'essence ?...
H. V.,.
Ingénieur-Architecte. .
A SUIVRE
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PHOTOS de BÔNE
Envoyé par M. Charles Ciantar
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Plan Aérodrome des Salines
Plan de l'Allelick
Vue de satellite de la Baie des Corailleurs
Le navire "Ville de Bône"
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RELATION DU SIÉGE DE ZAATCHA
Paris. - Imprimerie COSSE et J. DUMAINE, rue Christine, 2. - 1863
Source Gallica
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INSURRECTION SURVENUE
DANS LE SUD DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE En 1849
Par M. le Général HERBILLON,
Commandant la province de Constantine de 1848 à 1850.
CHAPITRE VIII
Embarras extérieurs suscités par les rebelles. - Hamed-hen-Hadje se dirige sur Sidi-Okha. - Mouvement hostile à Bouçada - les nomades quittent le Tell pour se rendre dans le Sahara. - Le cheik El-Arab. - Effectif réduit. - Reconnaissance de cavalerie attaquée par les nomades. - Combat de Sidi-Rouak. - Attaque des tranchées par les gens de Lichana et de Zaatcha. - Démonstration sur le camp. - Conséquences de l'arrivée des nomades. - Convois et fourrages inquiétés.- Les Arabes incendient la galerie blindée.
Cette défense acharnée, tout à fait exceptionnelle, n'aurait probablement pas eu cette ténacité, si les rebelles n'avaient pas été encouragés par l'espérance de nous forcer à abandonner le siège, en nous suscitant de grands embarras extérieurs, qui, faisant diversion, devaient nous contraindre à disséminer les troupes. En effet, on ne put en douter, lorsque, le 27 octobre, le général apprit que Hamed-bel-Hadje, cet ancien khalifat d'Abd-el-Kader, dont il a déjà été question, avait fini, après de longues hésitations, par quitter Souf avec quelques contingents, et qu'il se dirigeait sur Sidi-Okba, où il avait de nombreux partisans. Cette nouvelle ayant jeté une grande inquiétude parmi ceux des habitants de cette localité qui étaient du parti de notre caïd, il écrivait : " qu'il redoutait de voir ses administrés en venir aux mains, et que l'ancien khalifat, ayant conservé de l'influence dans le pays, sa présence y causerait le plus grand trouble."
Il fut confirmé en même temps que la faible garnison laissée par le colonel de Barral à Bouçada, avait été effectivement attaquée par le marabout Chabira, originaire de cette ville, qui avait marché contre elle avec une partie de la population. Heureusement ce mouvement hostile avait été arrêté, à son début, par le capitaine Pein, chargé du bureau arabe, et par le khalifat Akmed-ben-Mohammed-el-Mokrani. Cette agression pouvant se renouveler, on dirigea sur Bouçada une petite colonne, sous les ordres du colonel Canrobert, partant d'Aumale. Mais l'événement le plus grave, qui devait compliquer considérablement notre position devant Zaatcha, fut l'arrivée des nomades du cheik El-Arab, qui venaient de quitter leurs campements du Tell, pour reprendre ceux du Sahara, et cela malgré les ordres les plus formels que le général avait donné à Constantine pour empêcher ce mouvement. Aucune des dispositions prescrites n'ayant été prises pour y mettre obstacle, ils émigrèrent comme de coutume, quoiqu'on sût fort bien qu'une fois rapprochés de leurs campements d'hiver, ces enfants du désert, parents et alliés des habitants des oasis, embrasseraient immédiatement la cause des rebelles.
Le cheik El-Arab, surnommé le Serpent du désert, on ne sait pourquoi, vint confirmer la nouvelle que les nomades avaient forcé le passage du Tell au Sahara. Le général le questionna sur les intentions de ses administrés du désert, et il l'engagea à employer toute son influence pour les empêcher d'embrasser une cause qui serait tôt ou tard sévèrement punie. Il lui exprima, en outre, le désir de voir les Daouda, ainsi que les principaux membres de sa famille, aller au-devant d'eux et assister à leur campement. Ce grand chef fut incapable de prendre aucune détermination, et, comme d'ailleurs il avait perdu toute autorité sur les nomades, il comprit qu'il n'en serait pas écouté ; Son concours, qui, dans cette circonstance, aurait été d'une grande utilité, devint donc nul, et il fallut se préparer à lutter contre un nouvel ennemi, sur un territoire qui lui était connu.
L'arrivée de l'ancien khalifat de l'émir et celle des nomades, en augmentant la confiance des insurgés, allaient évidemment déterminer un soulèvement plus étendu et plus compacte parmi les habitants des oasis, et donner aux tribus limitrophes du Sahara un grand encouragement à la révolte. Pour s'opposer à toutes les entreprises de ces ennemis qui enveloppaient la colonne expéditionnaire, le général n'avait à sa disposition, à la date du 26 octobre, qu'un effectif de 5.152 hommes de toutes armes, au lieu de 6.040 qui existaient le 15 octobre, après l'arrivée du colonel de Barrai. Cette réduction provenait des pertes causées par le feu de l'ennemi et par les maladies, suite inévitable d'un séjour prolongé dans un camp établi au milieu des sables, où l'eau était saumâtre et où la nourriture ne pouvait être variée. Aussi, était-ce avec la plus grande impatience que l'on attendait les renforts.
Pendant cette attente, le génie consolidait ses travaux, les avançait même en terminant, à l'attaque de droite, le passage du fossé qui avait 4 mètres 50 cent. de largeur et qui fut élevé au-dessus du niveau de l'eau de 70 centimètres; à l'attaque de gauche, la sape blindée arrivait aux deux tiers du fossé.
L'artillerie de son coté, ayant exhaussé ses batteries (N° 5 et 8), continuait son feu qui, en produisant de nombreux éboulements, faisait découvrir des murs qu'il fallait encore chercher à abattre. La coupe des palmiers avait aussi continué, et tous les jardins, du côté de l'Oued-Kelbi, d'où les Arabes pouvaient inquiéter les travaux d'attaque de gauche, avaient été entièrement rasés.
La cavalerie ne restait pas non plus inactive. Deux cents chevaux, sous les ordres du colonel de Mirbeck, avaient été envoyés à Biskra, pour assurer la communication de ce point à Batna; il en restait au camp deux cent soixante, employés à l'escorte des convois et à faire des reconnaissances aux alentours des oasis. Ce service avait pour but d'inquiéter les contingents se rendant à Zaatcha, et de gêner le passage des Arabes d'une oasis dans une autre ; il se faisait de concert avec les goums du cheik El-Arab.
Ces reconnaissances n'avaient pas encore rencontré l'ennemi, lorsque celle envoyée entre Farfar et Tolga, le 30 octobre, à 4 heures du soir, fut vivement attaquée et se replia sur le camp. Averti de cette attaque, le général fit monter toute la cavalerie à cheval; celle-ci, appuyée de deux compagnies de tirailleurs indigènes et de deux du bataillon d'Afrique, se porta rapidement entre ces deux oasis, où plusieurs charges furent exécutées par des pelotons du 36 chasseurs et du 3e spahis contre des groupes de cavaliers arabes répandus dans la plaine, qui, après une courte résistance, se retirèrent en laissant quelques tués sur le terrain.
La nuit étant arrivée, toute poursuite devenant impossible, la cavalerie rentra au camp, rapportant un chasseur tué et dix blessés.
Le lendemain, dès le matin, le général monta à cheval, prenant avec lui les deux cents chevaux de cavalerie qu'il y avait au camp, les goums du cheik El-Arab, deux compagnies de chasseurs à pied et deux pièces de montagne. Son intention était de s'assurer quels étaient les Arabes qui, la veille, avaient attaqué la reconnaissance, ce qui ne fut pas long; car, après avoir dépassé l'oasis de Farfar et s'être avancé dans la plaine, il vit les cavaliers nomades sortir des oasis et surgir de tous côtés : dispersés par groupes, ils manœuvrèrent avec le projet de l'entourer. Derrière eux se tenaient, sur la lisière de l'oasis de Tolga, une nuée de fantassins dont la plupart étaient armés de fusils, de pistolets.
A la vue d'un ennemi aussi nombreux, ne pouvant se retirer sans s'exposer à être coupé de la route et à être vigoureusement harcelé, et ne voulant pas du reste paraître craindre un engagement avec les Arabes, le général envoya au camp demander des renforts et se dirigea sur le monticule où se trouve le marabout de Sidi-Rouak, qui était peu éloigné. Dès que les nomades s'aperçurent de la direction qu'il prenait, ils se portèrent si rapidement de ce côté pour lui barrer le chemin, que les groupes les moins éloignés arrivèrent à environ 100 mètres sur sa gauche, au moment où il prenait position à Sidi-Rouak. Mais la cavalerie, qui suivait à quelque distance les voyant venir, n'hésita pas un instant, elle les chargea avec la plus grande vigueur, les mit en fuite, et les poursuivit même avec beaucoup trop d'ardeur, car quelques pelotons s'étant trop avancés furent compromis, et ne purent être dégagés qu'après plusieurs charges successives, dans lesquelles les chasseurs et les spahis rivalisèrent de courage pour arracher les blessés des mains de l'ennemi.
L'occupation du monticule de Sidi-Rouak étant devenue dès lors inutile, le général l'abandonna, et suivit la cavalerie en s'avançant dans la plaine, appuyé par deux obusiers de montagne et quatre compagnies envoyés du camp. Ce mouvement offensif détermina la retraite immédiate des nomades, qui furent maintenus au loin par le tir des obusiers. Quant à la multitude d'hommes en burnous blanc, et de femmes qui se tenaient sur la lisière de l'oasis de Tolga, quelques obus lancés au milieu d'eux et le feu des chasseurs à pied durent y causer un grand ravage, si on en juge par les fluctuations produites dans cette foule, et par la rentrée précipitée du plus grand nombre dans les jardins.
Il était trois heures après midi, la troupe était fatiguée, n'ayant eu aucun repos depuis la sortie du camp; de plus la poursuite des rebelles, qui avaient pour refuge les murs des jardins et des forêts de palmiers, aurait été une grande imprudence. La retraite fut donc ordonnée : elle se fit avec calme, quoique nous fussions suivis jusqu'auprès du camp par une partie des cavaliers nomades et par les habitants des oasis.
Cette affaire de Sidi-Rouak nous coûta 3 tués et 25 blessés dont deux officiers. La perte de l'ennemi, en prenant la moyenne des rapports qui furent adressés, a dû être d'une centaine d'hommes, tués ou blessés.
Pendant ce combat contre les nomades, 5 à 600 Arabes sortirent de Lichana et de Zaatcha, et se portèrent sur le sape de gauche, sur les jardins de l'attaque de droite et successivement sur toute la ligne qui garantissait les tranchées, espérant trouver quelques points dégarnis et par conséquent accessibles ; repoussés partout, ils se retirèrent en abandonnant deux morts au pied des retranchements. Irrités de cette résistance, ils se réunirent ensuite et vinrent en force faire une démonstration sur le camp. Le lendemain, les gens de Bouchagroun, Farfar, Lichana, Zaatcha et, Tolga, Accompagnés des nomades, renouvelèrent cette démonstration.
Ils arrivèrent avec l'intention de nous attirer vers les oasis ; défilés derrière tous les accidents du terrain, ils cherchèrent à engager un combat de tirailleurs ; mais l'ordre ayant été donné de ne point bouger, on ne répondit pas à leur feu.
Enfin, après trois heures de provocation et d'attente, un groupe nombreux de cavaliers et de fantassins qui se tenait à 600 mètres en arrière, se découvrit subitement pour se rapprocher. L'artillerie, saisissant avec promptitude ce moment, leur lança trois boulets qui tombèrent au milieu d'eux. A la chute de ces projectiles, on vit plusieurs cavaliers et chevaux rouler sur le sable. Ce fut le signal d'une retraite générale. Tous disparurent, comme par enchantement.
Ainsi, l'arrivée des nombreuses tribus nomades produisit une grande surexcitation chez le rebelles de la région des oasis, surtout dans le Zab-Dahari, où ils étaient pour la plupart propriétaires de dattiers; et comme, par leurs nombreux cavaliers et leurs campements, ils étaient maîtres de la plaine, ils dominaient donc tout le pays. Le cheik El-Arab, n'ayant conservé parmi eux que la déférence due au prestige du nom de sa famille, n'avait d'autorité que celle émanée du pouvoir français dont il était l'intermédiaire et qui était nulle en ce moment. Ces enfants du Sahara n'étant donc maintenus par aucun frein, se répandirent au loin, enlevèrent les courriers porteurs des dépêches, inquiétèrent la route du camp à Biskra, au point que l'on fut forcé de faire escorter les convois par un fort bataillon, ayant avec lui 100 chevaux et une pièce de montagne, et de soutenir par de forts détachements d'infanterie les cavaliers, muletiers et chameliers qui s'éloignaient pour aller arracher le chiay, plante fourragère dont se nourrissent les chameaux et que l'on donnait, faute d'autre, aux chevaux et mulets.
Cependant il fallait répondre aux exigences d'un service aussi multiplié avec un effectif qui ne dépassait pas 4.716 hommes disponibles; mais quoique la responsabilité pesât entièrement sur le général, il était sans inquiétude en voyant l'abnégation, la patience, l'activité, le courage de ses soldats, qui, ne se comptant pas, répondaient sans aucune plainte à l'appel du devoir.
Malgré toutes ces agressions qui nécessitaient des prises d'armes continuelles, les travaux du siège n'en continuaient pas moins, et les Arabes, défenseurs de Zaatcha, suivaient avec anxiété leurs progrès. Car ils ne voyaient pas sans crainte l'effet produit par le canon depuis, que les batteries avaient été exhaussées et que le tir des mortiers avait été mieux dirigé ( Les bombes effrayaient les Arabes, mais produisaient peu d'effet ; l'épaisseur des terrasses résistait à leur choc). Ils comprenaient aussi que les masques qui avançaient peu à peu, que les galeries qui gagnaient en même temps sur le fossé déjà comblé vis-à-vis les brèches, finiraient à arriver jusqu'au pied des murs de la place. Bien décidés à se défendre , ils résolurent de détruire ces ouvrages avancés, en les incendiant.
Le 5 novembre, à 8 heures du soir, par une nuit très-obscure, ils allumèrent autour de Zaatcha de grands feux qui éclairèrent tout à coup le camp ; puis franchissant le fossé hors de notre vue, ils coururent vers la sape de droite avec des torches allumées; mais, frappés par un coup de mitraille d'une pièce de 8, il furent ébranlés et n'osèrent s'aventurer plus loin.
Il n'en fut pas de même à l'attaque de gauche, dont les travaux beaucoup plus rapprochés de la place donnèrent aux Arabes la facilité d'entourer de feux la tranchée, de jeter du bois sec sur le masque, sur la galerie blindée, de lancer des torches enflammées, de l'huile, du goudron, et d'attiser le feu avec de grandes perches ; une fusillade très-vive ne put les arrêter dans leur tentative, et ce ne fut qu'à 11 heures du soir, au lever de la lune, qu'il fut possible de juger des dégâts causés par cet incendie. Cependant l'ennemi ne put pénétrer nulle part, et le lendemain, vers 10 heures du soir, il lança de nouveau des matières inflammables sur le blindage de la tête de sape, qui prit feu et fut perdu dans toute sa longueur; il y eut même un moment où la batterie de montagne fut gravement compromise.
Telle était dans les premiers jours de novembre la défense opiniâtre des Arabes que Bouzian avait réunis, et ce qu'était devenue cette rébellion restreinte d'abord, et dont la violence avait grandi par la défection des nomades et par l'hostilité hautement déclarée de toutes les oasis.
Mais rien n'était désespéré ; car Zaatcha tombant, tout rentrerait dans l'ordre : pour arriver à ce résultat, il fallait le renfort des troupes que l'on avait demandées, et qui étaient impatiemment attendues.
CHAPITRE IX.
Arrivée du colonel Canrobert venant de Bouçada. - Il enlève un troupeau de moutons à une fraction de tribu saharienne. - Sa colonne apporte le choléra avec elle. - Retour d'une partie de la cavalerie. - Le colonel Carbuccia remplace le colonel de Mirbeck à Biskra. - Construction d'une redoute. - Arrivée du commandant Le Brettevillois, du génie. - Il prend la direction des travaux. - Corvée du fourrage attaquée. - Combat de Sidi-Merazzi. - Défaite des nomades. - Assassinat du caïd Si-el-Bey. - Mauvaises dispositions des Saharis et des Ouled-Déradje. - Travaux d'investissement. - Les Arabes inondent les tranchées. - Le choléra prend une grande extension. - Arrivée du lieutenant-colonel de Lourmel avec deux pièces de 12 et un renfort d'infanterie. - Formation de la colonne en trois brigades.
Les opérations du siège de Zaatcha n'auraient pas été prolongées au-delà de toute prévision si, dès le début, la province de Constantine avait eu les troupes nécessaires pour faire face à toutes les éventualités ; mais les renforts venant d'Aumale, d'Alger et même d'Oran, et arrivant à des époques plus ou moins éloignées, laissaient aux habitants des oasis et aux Arabes des tribus voisines du Sahara la latitude d'agir avec impunité.
Pendant ce temps, le général faisait tous ses efforts pour repousser les attaques du dehors, tout en continuant le cheminement vers les murs du Bordj ; aussi, les forces de ses troupes s'épuisaient, et, dans les premiers jours de novembre, il fut impossible de fournir à l'artillerie et au génie le nombre de travailleurs demandés pour la continuation des travaux.
On luttait donc contre de grandes difficultés, lorsque, le 8 novembre, la colonne qui avait été envoyée d'Aumale à Bouçada pour rétablir l'ordre momentanément troublé, arriva à Zaatcha, sous les ordres du colonel Canrobert. Pendant la route de Bouçada au camp, cet officier supérieur ayant rencontré une petite fraction de tribus sahariennes, lui enleva un troupeau de 3,000 moutons et chèvres. Cette prise, distribuée aux troupes, répandit un moment de joie parmi elles; car il faut peu de chose au soldat pour lui faire oublier ses privations et ses fatigues.
L'arrivée de cette colonne, forte de 1,210 hommes, en faisant renaître l'espérance, produisit un très-heureux effet sur les troupes. Elle fut donc reçue avec bonheur, quoiqu'elle traînât à sa suite le choléra qui, avec une rapidité extraordinaire, atteignit les hommes du 3e bataillon d'Afrique, ceux du 3e chasseurs à cheval d'Afrique et sévit ensuite sur tous les autres corps. Il fallut combattre immédiatement ce fléau en isolant le plus possible les cholériques du camp. A cet effet, le sous-intendant Bazire, dont le zèle intelligent ne se démentit pas un instant pendant cette expédition, établit à l'extrême gauche nord-est une ambulance assez éloignée pour qu'elle fût hors de la vue, et que les gémissements des malheureux atteints de cette cruelle maladie ne fussent pas entendus.
Ce renfort permit au général de rappeler une portion (150 chevaux.) de la cavalerie qu'il avait envoyé à Biskra, sous les ordres du colonel de Mirbeck, pour assurer la communication de ce point à Batna. Cette arme était devenue indispensable pour l'opposer aux attaques des cavaliers nomades, de jour en jour plus audacieux et plus entreprenants. M. de Mirbeck rentra le 10 novembre; il fut remplacé par le colonel Carbuccia, commandant supérieur de la subdivision de Batna, qui retourna à son commandement avec des instructions relatives à l'établissement, à Biskra, de locaux destinés aux cholériques, aux mesures propres à conserver la sécurité des routes et à la politique à tenir avec les chefs arabes; il partit avec le bataillon de la légion étrangère, afin de remplacer celui du 43e, rentré au camp avec la cavalerie.
Tous ces mouvements de troupes, qui auraient dû faire voir aux Arabes que notre intention n'était point de nous retirer, ne les intimidèrent pas; car, ne pouvant plus approcher du camp vers la partie nord-est, que l'on avait dégagée par l'abatage des palmiers, ils se portèrent au nord-ouest; et, dans la soirée du 10 novembre, étant sortis des jardins d'Aïn-Fouar, ils arrivèrent assez près des tentes pour que leurs balles tombassent au milieu d'elles. Comme il était possible que cette attaque nocturne fut renouvelée, le génie proposa la construction d'une petite redoute qui, placée entre Aïn-Fouar et Aïn-Meïoub, couvrirait l'espace vide entre ces deux points. Reconnaissant dans cette proposition une grande sécurité pour le camp, le général décida qu'elle serait mise à exécution dès le lendemain, 11 novembre.
A cet effet, le 43e de ligne se rendit à six heures du matin sur l'emplacement où devait s'élever cet ouvrage avancé, et il y travailla jusqu'à huit heures du matin sans être inquiété.
Mais, au moment où il fut relevé par un détachement du 38e de ligne et du 3e bataillon d'Afrique, les Arabes engagèrent une vive fusillade avec les postes, que l'on plaçait pour couvrir les travailleurs. Ils avancèrent résolument, enlevèrent un grenadier du 38e de ligne, qu'ils décapitèrent à l'instant même, et après avoir enduit sa tête d'une couche de miel, ils l'exposèrent en plein soleil sur la brèche, d'où on la fit disparaître par un éclat d'obus, pour ôter à la vue des hommes un spectacle aussi pénible.
Le général ayant vu, du camp, nos postes fortement engagés et les Arabes cherchant à les déborder, monta à cheval et se porta rapidement à la redoute, dont le travail avait été arrêté.
A son arrivée, un retour offensif ayant été fait avec la plus grande vigueur, l'ennemi se retira à la hâte dans les jardins : il reparut un instant après, et, malgré tous ses efforts, il ne put empêcher la construction de cet ouvrage, qui fut achevé et immédiatement occupé.
Cette affaire nous coûta 5 tués et 14 blessés, parmi lesquels le capitaine d'état-major de Tugny, qui était chargé de diriger ce travail. Le lieutenant Peyssard, du 3e bataillon d'Afrique, se fit remarquer par son entrain et par l'élan qu'il imprima aux hommes de son détachement.
Ce même jour, M. Le Brettevillois, chef de bataillon du génie, arriva au camp en remplacement du colonel Petit. Il amenait avec lui 2 officiers et 30 sapeurs, et, ayant pris la direction des travaux le jour même de son arrivée, il organisa immédiatement son service en donnant au capitaine Schemmagel, nouvellement arrivé, la conduite des travaux de l'attaque de droite et chargea le capitaine Laberge de ceux de gauche. Il fut décidé que l'on chercherait à investir la place, si on ne rencontrait pas de trop grandes difficultés, puis que, suivant les circonstances, on ouvrirait une ou plusieurs brèches vers la partie ouest de l'enceinte du village qui était encore intacte.
Les opérations du siège furent, dès ce moment, suivies avec plus d'ensemble, et, bien que les différents détachements arrivés au camp n'eussent porté l'effectif général qu'à 6118 hommes disponibles, il fut possible de donner au génie et à l'artillerie une grande partie des travailleurs dont ces deux armes avaient besoin : en même temps, avec l'aide de la cavalerie, qui comptait 512 chevaux disponibles, on put faire repentir les nomades de leur audace, qui était basée sur leur conviction que le général n'avait pas à sa disposition les forces nécessaires pour les châtier.
Ces cavaliers nomades, grands coureurs et pillards, étaient une plaie qui, ajoutée aux ravages du choléra et aux fatigues d'un siège difficile, fit de cette opération militaire une guerre tout à fait exceptionnelle; elle ne put être jugée et appréciée que par ceux seulement qui en suivirent toutes les péripéties ; car il fallait être sur les lieux pour se rendre compte de ces luttes continuelles contre des assiégés fanatiques et contre ces nomades rôdant sans cesse aux alentours du camp, épiant toutes les sorties des détachements et des corvées; celles surtout du fourrage paraissaient avoir pour eux un attrait particulier.
Ayant été prévenu qu'ils projetaient d'attaquer cette corvée, qui se faisait à une assez grande distance, le général ordonna, le 12 novembre, au colonel de Mirbeck, de prendre toute la cavalerie pour le fourrage ; il la fit accompagner par le bataillon de tirailleurs indigènes et par une pièce de montagne. Le fourrage se fit tranquillement; mais au retour, les nomades, couverts par un mouvement du terrain, cherchèrent à entourer cette petite colonne, pendant que des fantassins, sortant en grand nombre de l'oasis de Bouchagroun, s'avancèrent hardiment sur son flanc gauche ; les troupes continuèrent à marcher dans le plus grand ordre et d'un pas accéléré. Les Arabes, trompés par ce simulacre de retraite, précipitèrent leur course, et lorsque le colonel de Mirbeck les vit assez près pour être attaqués avec succès, il fit un signal convenu. Aussitôt, les chasseurs et les spahis jetèrent le fourrage que portaient leurs chevaux, et appuyés par le bataillon indigène, ils se lancèrent sur cet ennemi entreprenant, qui se sauva à toutes jambes, en laissant le terrain couvert de tués et de blessés.
Pendant que cette charge s'exécutait sur les fantassins arabes, un escadron du 36 chasseurs tourna le mamelon du marabout Sidi-Merazzi, et se rencontra avec les cavaliers ennemis, qui, à leur vue, tournèrent bride ; en ce moment, un escadron du 1er chasseurs arriva sur leur derrière et leur coupa la retraite. Les nomades auraient été probablement écrasés, si les goums du khalifat Mokrani, ayant devancé les deux escadrons, ne se fussent mêlés avec eux. Les chasseurs ne pouvant les reconnaître, les frappèrent indistinctement d'estoc et de taille. Les ennemis furent involontairement favorisés dans cette lutte par nos amis ; les uns et les autres se dérobèrent au plus vite aux coups de nos chasseurs. Dans cette mêlée, trois hommes importants du goum du khalifat Mokrani furent tués. Toutefois, la leçon fut sévère pour les nomades. La retraite ne fut pas inquiétée, et, de ce jour, le fourrage put se faire sans être troublé.
Nous eûmes dans ce petit combat trois hommes tués et six blessés. La perte de l'ennemi dut être considérable, si l'on en juge par le découragement qui se manifesta, personne n'ayant suivi la colonne à son retour.
Cette défaite des nomades à Sidi-Merazzi, où ils perdirent plusieurs de leurs grands, les rendit beaucoup moins entreprenants; ils ne se montrèrent plus que de loin, et la route de Biskra au camp ne fut plus inquiétée par eux. Leur voisinage, cependant, n'en était pas moins dangereux et forçait le général à garder près de lui la cavalerie, dont il aurait désiré détacher une grande partie tant à Batna qu'à Biskra, pour maintenir la communication entre ces deux points. Cette route, plus que jamais, pouvait être interceptée, depuis que les tribus limitrophes de la route s'étaient déclarées en pleine révolte; il y avait surtout à redouter les Ouled-Solthan, qui venaient d'assassiner le caïd Si-el-Bey, des Bou-Aoun, homme dévoué et sincèrement attaché à notre domination, qu'ils avaient frappé traîtreusement, au moment où il réunissait les mulets de réquisition destinés à porter des vivres à la colonne expéditionnaire, symptôme convaincant de l'esprit de révolte qui les animait.
Ces faits, déjà fort graves, étant encore exagérés par les rapports que l'on adressait au général et par le dire des Arabes, le jetèrent un moment dans une grande perplexité, qu'il voulut faire cesser en donnant l'ordre au khalifat Si-Mokran d'aller s'établir avec sa smala à El-Outaïa, et de couvrir cette plaine des tentes des Saharis ; c'était le moyen d'occuper tout le pays et d'assurer la route. Mais le khalifat lui répondit : " que les grandes tribus des Saharis et des Ouled-Déradje étant dans les plus mauvaises dispositions, il ne pouvait compter sur elles, et qu'il lui était impossible de remplir la mission dont on voulait le charger." Ce point important ne put donc être occupé. Tels étaient nos grands chefs arabes, dont l'influence et l'autorité étaient remplacées par celles de quelques prédicateurs fanatiques.
Le général ne put donc pour le moment obvier à ce grand embarras qu'en donnant les ordres les plus positifs pour que les convois devinssent plus rares et qu'ils partissent de Batna et de Biskra de manière à pouvoir se rencontrer et à former ainsi une force assez considérable pour intimider les Arabes.
Mais comme il était persuadé que tous ces soulèvements tomberaient avec les murs de Zaatcha, la plus active impulsion fut donnée aux travaux pour en hâter la chute. Pour éviter les dégâts causés par les incendies des 5 et 6 novembre, au lieu de masque, on se servit d'un gabion recouvert d'une peau de bœuf, et on n'employa les fascines qu'après les avoir dépouillées de leurs feuilles, qui, en séchant, étaient un aliment puissant pour le feu. On fut même forcé de les couvrir de peaux de bœufs et de moutons fraîchement tués.
A la sape de droite, on s'avança dans le chemin d'Aïn-Fouar malgré l'opposition de l'ennemi, qui nous força à blinder le cheminement à mesure que l'on gagnait du terrain; puis, après être arrivé à environ dix mètres dans cette direction, on entreprit un débouché vers l'ouest pour essayer, au moyen d'une tranchée, l'investissement de ce côté de la place. Le 13 novembre, à la pointe du jour, une reconnaissance fut faite, et les jardins nos 15 et 16 ayant été trouvés favorables aux travaux à exécuter, ils furent occupés, le 15 novembre, par trois compagnies d'élite du 43e de ligne. Cette occupation nous rendit maîtres du chemin d'Aïn-Fouar jusqu'au point où se réunissent les sources, et permit de commencer la route, longue et contournée, destinée à faire arriver les pièces de douze dans le jardin n° 10, où devait s'élever la batterie.
Pendant que vers la droite on entreprenait l'investissement de la partie nord-ouest de la place, la même opération se faisait au sud, en débouchant à gauche de la batterie n° 5, dans le but d'établir une parallèle avec laquelle on se proposait d'investir une partie du village. Ce travail, qui se faisait à la sape volante, fut tellement inquiété par les Arabes, que les travailleurs furent obligés de se retirer, et on renonça à cette sape pour avancer à la sape pleine, en ayant soin de se couvrir de chaque côté avec des rondins en troncs de palmier. Le 15 novembre, pendant la nuit, la sape volante ayant été reprise, le cheminement fut conduit sur une longueur de dix-huit mètres jusqu'à l'extrémité du jardin n° 8. Ce travail d'investissement n'avait pas empêché de continuer celui du passage blindé du fossé, qui, le 13 novembre, était arrivé jusqu'au pied du mur de la première maison.
L'artillerie secondait le génie dans tous ses travaux, en les protégeant par son feu, qu'elle dirigea de manière à battre les points culminants, d'où l'ennemi avait le plus de facilité pour inquiéter les travaux d'attaque ; elle arma successivement les batteries 5, 8 et Besse de canons et d'obusiers de 0,15, tant pour opérer de nouvelles démolitions que pour fouiller et bouleverser les décombres. Elle entreprit aussi la construction de la batterie n° 9, qui, devant recevoir des pièces de douze, était principalement destinée à faire brèche au saillant nord-ouest de la place.
La plus grande activité était donc apportée à presser les travaux, qui étaient souvent retardés, non-seulement par les attaques réitérées des Arabes, mais encore par le manque de sacs à terre, que l'on était obligé de remplacer par des caisses à biscuit, des sacs de vivres, et enfin par des rondins de palmiers, qu'il fallait débiter en grande quantité. Les matériaux manquaient souvent, car bien que le bois de palmiers fût en abondance, il n'était pas susceptible d'être employé partout; ces arbres, en outre, ne pouvant être abattus et transportés que de nuit à cause des feux très-rapprochés de l'ennemi, il en résultait de grandes fatigues et de grandes difficultés.
Les défenseurs de Zaatcha, de leur côté, ne restèrent pas inactifs et renouvelèrent leur tentative d'incendie en débutant par un feu très-nourri sur l'extrémité des cheminements; puis, s'éclairant de torches enflammées qu'ils brandissaient dans l'air, ils approchèrent, à l'abri des palmiers, assez près pour essayer d'incendier et de détruire de nouveau la galerie blindée établie sur le fossé de gauche. Cette fois, n'ayant pu réussir, ils employèrent un autre moyen de destruction, en dirigeant les eaux d'irrigation de l'oasis sur le terrain de la sape parallèle au fossé. En un instant, cette sape fut entièrement inondée, ainsi que le terrain environnant les batteries Besse et n° 8. La sape fut abandonnée ; on se mit à arrêter l'eau qui se répandait dans les jardins et on creusa un écoulement pour la rejeter dans le jardin n° 16.
La prise de possession des jardins 15 et 16, qu'il fallut défiler au moyen de traverses, l'attaque de notre gauche et les efforts des Arabes pour s'opposer à l'écoulement des eaux, nous firent éprouver une perte de trois tués et seize blessés.
Ces vides causés par le feu de l'ennemi étaient augmentés par les victimes du choléra qui, apporté le 8 novembre par la colonne venue d'Aumale, s'était rapidement étendu sur tous les corps. Cruelle position, que d'être campé au milieu des sables, éloigné de toutes ressources, ayant ses derrières insurgés, ses communications menacées, et assailli en même temps par un fléau terrible, sans avoir les moyens de pouvoir apporter le moindre soulagement, la moindre consolation aux malheureux cholériques; ceux-ci, souvent atteints dans leur service, étaient portés au plus vite à l'ambulance, et de là, s'ils ne succombaient pas, transportés le plus promptement possible à Biskra, où ce même fléau frappait impitoyablement les habitants de cette oasis. Cependant cette petite colonne, où rien ne pouvait être caché, supporta cette épreuve terrible avec la plus grande résignation; et, dans cette circonstance difficile, M. Malapert, chirurgien-major de 1ère classe, chef du service de santé de la colonne expéditionnaire, ainsi que M. Doquin chirurgien en chef de l'hôpital de Biskra, furent admirables par les soins qu'ils prodiguèrent aux malades.
Ce fut au plus fort de cette crise cholérique, le 15 novembre, que le lieutenant-colonel de Lourmel, venant de Constantine, arriva avec deux pièces de douze, un bataillon du 51e de ligne et le 8° bataillon de chasseurs à pied. Ce renfort porta l'effectif à 8,075 hommes, dont 7,149 disponibles et 926 hommes malades tant à l'ambulance que sous les tentes.
Cette augmentation de troupes et l'arrivée de plusieurs colonels d'infanterie facilitèrent la formation de la colonne en trois petites brigades. La première fut mise sous les ordres du colonel de Barrai; la deuxième fut donnée au colonel Canrobert, et la troisième au colonel Dumontet; la cavalerie resta sous les ordres du colonel de Mirbeck; l'artillerie sous ceux du lieutenant-colonel Pariset, et le génie sous la direction du commandant Le Brettevillois.
A SUIVRE
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Adorable
Envoyé Par Mme Eliane
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Une petite fille marchait tous les jours pour aller et revenir de l'école.
Bien que ce matin-là, des nuages se formaient, elle se rendit à pied à son école.
Durant l'après-midi, les vents s'élevèrent et les éclairs apparurent.
Inquiète, la Maman , s'empressa de prendre la route, en voiture, vers l'école.
En route, elle vit apparaître sa petite, qui, à chaque éclair, s'arrêtait, regardait en haut et souriait.
Quelques éclairs se succédèrent rapidement et, chaque fois, l'enfant regardait vers l'éclair et souriait.
Sa mère parvint à ses côtés, baissa sa fenêtre et lui demanda :
Mais,que fais-tu là?
L'enfant de répondre:
"J'essaie d'être belle, car Dieu n'arrête pas de me prendre en photo ! "
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Face au Terrorisme Islamiste : LA MORT… AU NOM DE DIEU
Par M.José CASTANO,
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« Quoi qu’il en soit, l’homme de la tolérance sera assassiné au nom du fanatisme par des gens qui continuent de regretter l’absence d’un unanimisme religieux » (Max Gallo)
Depuis que les groupes armés de l’Etat Islamique ont été mis à mal en Irak et en Syrie, il est régulièrement question du retour des ressortissants « français » internés dans ces pays. Cependant, un critère essentiel semble ne pas retenir l’attention de nos médias : l’extrême sauvagerie de leurs méfaits.
Profondément apatrides, ils n’ont eu de cesse de s’enorgueillir en diffusant dans une orgie de clips d’égorgements, décapitations et mutilations multiples, leurs mœurs barbares. Sur ce point, la chaîne d’information BFMTV nous avait livré un aperçu de leur bestialité en diffusant les images de ces « jeunes Français désœuvrés » traînant derrière un pick-up aux cris d’« Allah Akbar ! » des cadavres de soldats de l’armée régulière syrienne. Images glaçantes et terrifiantes.
Il y a aussi les femmes françaises converties à l’islam, parties se faire sauter –non à l’explosif !- mais par une multitude de djihadistes (il fallait bien les divertir et leur permettre de se reproduire…) Du fruit de « leurs passions », des enfants sont nés… la plupart de pères différents. Alors, dans un épanchement de tendresse infinie, les voici suppliantes, pour que l’on rapatrie au plus vite ces enfants en France. « C’est dur de les voir souffrir ! » s’exclame, l’une d’elles, à Franceinfo en novembre 2017.
Aujourd’hui, sachant ce qu’ils encourent s’ils étaient jugés sur les lieux de leurs forfaits, tous se souviennent subitement d’« être français » et comptant sur la mansuétude de nos juges, réclament d’être traduits devant une juridiction française.
Et puis, il y a les autres… tous les autres ! Les islamistes radicaux qui, basés dans notre pays, attendent de fondre sur leurs proies avec, au bout du voyage la mort qu’ils recherchent car il est écrit que « quiconque meurt au cours du djihad entrera au Paradis et deviendra un martyr » et que « les délices du Paradis consistent principalement dans les voluptés sensuelles »… Paradis où « 70 vierges attendent chaque martyr »….
Pas étonnant que bon nombre de Musulmans veuillent mourir en « martyr » !... Seulement, comme disait Chateaubriand, « on n’apprend pas à mourir en tuant les autres ».
Alors, que faire ?... Quelles sanctions infliger à ces irréductibles, ennemis de tout humanisme ?... De toute civilisation ?...
A la lumière des actions criminelles qui ont terrorisé les principales villes européennes, faute de solution appropriée, on est désormais en droit de se poser la question du rétablissement de la peine de mort.
Que faire face à tant de cruauté… de barbarie… d’inhumanité ?... Et les partisans de la peine capitale, de se faire plus pressants après chaque attentat : « Il faut terroriser les criminels ! Il faut qu’ils sachent qu’en tuant, ils seront tués. C’est la seule solution ! »
Lors d'une interview, il fut demandé au Général Schwartzkopf, commandant en chef de la coalition de l'opération « Desert Storm » (Tempête du désert) en Irak : « Le pardon est-il envisageable pour ceux qui ont aidé les terroristes ayant perpétré l'attaque contre les États-Unis le 11 septembre 2001 ? »
Sa réponse :
« Je crois que c'est le rôle de Dieu de leur pardonner… Notre boulot, c'est d'organiser la rencontre ! ». On ne peut être plus clair !...
Oui, mais voilà !... En France, c’est le genre de déclaration que refuseraient la « bien-pensance », le « politiquement correct », les « moralistes à la conscience pure », les « humanistes », qui, choqués par cette « inhumanité » que représente la peine de mort, s’élèveraient avec force contre l’organisation d’une telle « rencontre »…
Et pourtant, Saint Thomas d’Aquin légitimait, sous certaines conditions, le tyrannicide (action de tuer un tyran) en ces termes : « Nul n’a la droit d’ôter la vie à quiconque sauf au tyran ! ». Il considérait la sédition (terrorisme/guerre civile) comme péché contre les effets de la charité (c’est-à-dire la paix) et justifiait que tuer un tyran n'était pas séditieux, que cette action pouvait être donc un acte de charité envers la multitude. Et de se conformer au texte biblique : « Celui qui frappe un homme à mort sera lui-même puni de mort » (exode 21 : 12-14).
Et Napoléon Bonaparte de justifier également ce tyrannicide en ces termes : « Celui qui lutte pour la survie de sa nation ne transgresse aucun droit ».
Dostoïevski écrivait déjà, dans la « légende du Grand Inquisiteur » : « Qui aime trop l’humanité en général est en grande partie incapable d’aimer l’homme en particulier. Qui plaint trop le malfaiteur est fort souvent incapable de plaindre la victime ». Et le drame actuel c’est que nos sociétés vieillottes s’interdisent tout moyen coercitif. Elles ont lentement accumulé pendant une longue procession de siècles, les règles, les précautions et les interdits destinés à protéger l’idée qu’elles se faisaient de la civilisation. Elles ont imaginé couler la sagesse dans des lois… codifier l’indulgence et la mesure, pour défendre l’homme contre lui-même. Préoccupées d’exorciser la violence qui bouillonne toujours confusément dans des instincts mal maîtrisés, elles ont naturellement été conduites à s’interdire la seule forme de violence sur laquelle elles pouvaient peser : la cruelle mais indispensable gamme des châtiments qui prétendent moins punir le crime, que décourager le criminel.
Négligeant cette suprême mise en garde d’Aristote « Tolérance et apathie sont les dernières vertus d'une société mourante », elles ont inventé un arsenal de répression humain conçu à l’exacte mesure de coupables considérés comme des « égarés » ou des « déséquilibrés ». Or, on ne combat pas des terroristes avec de tels jugements… On doit adopter une riposte appropriée afin de les stopper dans leur folie meurtrière ; agir sans oublier la foi formulée par Engels : « Ne jamais jouer avec l’insurrection armée et, quand on la commence, la mener jusqu’au bout ».
Dès lors, la France -confrontée à l’un des plus graves périls de son histoire- ne doit pas s’embarrasser de préjugés pour prendre les mesures appropriées afin d’assurer sa propre survie. « Celui qui s’incline devant des règles établies par l’ennemi ne vaincra jamais » soutenait Léon Trotski.
Mais, empêtrée dans ses règles, ses décrets et ses scrupules, voilà notre civilisation chrétienne paralysée par les dogmes qui la fondent et les lois qui la défendent qu’elle ne peut transgresser sans se renier. Et voici les barbares, forts de cette assurance (en tuant, ils savent qu’ils ne seront pas tués !) qui frappent dans nos villes… les peuples loups qui grondent aux frontières. Pressés de courir à leur tour la grande aventure de la civilisation et exaltés par la présomptueuse conviction qu’ils détiennent des recettes miraculeuses, ils négligent les trésors de l’héritage… Ils veulent tout détruire, tout raser pour tout recommencer sur les décombres d’un passé qu’ils haïssent parce qu’ils ne le comprennent pas. Et ils tentent d’imposer leur loi par l’assassinat et la terreur à des sociétés qui ont su dissiper ces cauchemars depuis si longtemps qu’elles n’en imaginent plus l’éventuel retour. Voici qu’enchaînées par les règles qu’elles ont accumulées pour se prémunir contres les excès de leur propre colère, les sociétés stupéfaites s’abandonnent aux coups que leur portent des colères inconnues…
Et voici que s’écroule la civilisation parce que les barbares puisent dans son raffinement, ses complications et son indulgence, la seule force qui rend leurs débordements irrésistibles. Ils retrouvent brutalement le plaisir d’égorger sachant combien timide sera la répression. Jamais les passions déchaînées et la haine n’ont fait autant de ravages… semé autant de morts… Jamais on n’a assassiné autant d’hommes au nom du bonheur de l’humanité… Jamais le mot de Malaparte n’a été plus juste : « Jamais on n’a couché autant de Christs dans les charniers du monde ».
José CASTANO
Courriel : joseph.castano0508@orange.fr
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LES CRIMES DE L’EPURATION
Par M.José CASTANO,
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« Il y a deux histoires, l’une que l’on enseigne et qui ment, l’autre que l’on tait parce qu’elle recèle l’inavouable » (Honoré de Balzac)
Si l’on en croit l’historien Henri Amouroux, les Français étaient majoritairement pétainistes jusqu’au débarquement en Normandie le 6 juin 1944. Mais l’histoire d’après-guerre, écrite et enjolivée par les gaullistes et les communistes, a scindé le pays, de façon assez caricaturale, en deux camps : les résistants et les « collabos », ce qui permettait de minimiser les crimes commis à la libération : une période appelée « l’épuration » et qui, hélas, justifie bien son nom !
Qu’on le veuille ou non, la France de 1940 à 1944 a été pétainiste et passive à 90 ou 95%. Il y a bien eu une poignée, une faible proportion de la population, pour fournir les « résistants de la première heure ».
Le 22 juin 1941 l’armée allemande attaqua l’URSS scellant ainsi la rupture du pacte germano-soviétique. C’est seulement à partir de ce moment là que les communistes basculèrent dans la résistance. En mars 1942, l'instauration du STO poussa plus massivement des jeunes vers les maquis mais la résistance restera cependant marginale jusqu'au débarquement allié du 6 juin 1944.
Dans les clichés de cette époque trouble, on a retenu des résistants -gaullistes, communistes, socialistes- et une droite « maréchaliste » voire collaborationniste, ce qui relève des « mensonges de l’Histoire ».
La droite d’avant-guerre était, dans son immense majorité fortement antiallemande. Deux partis, exclusivement, se déclaraient fascistes : le « Faisceau » de Georges Valois –arrêté pour « faits de résistance » à l'Hôtel Dardières, aux Ardillats par la Gestapo, le 18 mai 1944, il mourra du typhus, en déportation, à Bergen-Belsen, en février 1945- et le « Franscisme » de Marcel Bucard.
Seul le premier avait des accointances avec l'Italie fasciste. Le chantre de la collaboration fut Pierre Laval, ancien député socialiste. Les partis les plus collaborationnistes furent le « Parti Populaire Français » créé et dirigé par Jacques Doriot, ancien député-maire communiste de Saint-Denis qui mourra sous l'uniforme allemand et le « Rassemblement National Populaire » du député socialiste Marcel Déat, éphémère ministre de l'aviation en 1936.
La droite nationaliste, souvent favorable au maréchal Pétain, va s'impliquer massivement dans la résistance. Son premier martyr connu fut l'officier de la « Royale », Honoré d'Estienne d'Orves, fusillé au Mont-Valérien, le 29 août 1941. L'amiral Darlan était sur le point d'obtenir sa grâce quand, le 21 août, le Communiste Pierre Georges, futur « colonel Fabien » -qui ne sera qu’un pseudonyme que les communistes s’empresseront de sacraliser- tira dans le dos d'un officier allemand, l'aspirant Moser, au métro « Barbès ». L'histoire officielle n'a pas retenu ce détail, ni le fait que l'aspirant Moser attendait le métro sans arme, quand Pierre Georges lui a (héroïquement) tiré dans le dos. En représailles, cent otages sont exécutés dont Honoré d'Estienne d'Orves.
Hélas trop souvent, tels les ouvriers de la dernière heure, certains résistants tardifs se montreront les pires épurateurs (parfois pour faire oublier un passé de « collabo » ou une fortune bâtie en faisant du marché noir.)
C’est une époque où l’armée française, qui veut se persuader qu'elle a gagné la guerre, reconstitue ses effectifs en régularisant des FFI et des FTP communistes. Heureusement, avant d'en faire des militaires d'active, on envoie ces cadres au rabais tester leur niveau de connaissance à l'école des officiers de Cherchell, en Algérie. L'ancien député Marcel Bouyer, lieutenant FFI, ex-agent de liaison dans la poche de Royan, racontait en riant :
« Cherchell, c'était impayable ! Des gens y rentraient avec des galons de colonels et en ressortaient... sergents. ». Il est vrai que l'inflation aux galons était monnaie courante à l'époque : Jacques Delmas (Chaban dans la résistance), futur maire de Bordeaux, aspirant en 1939, sera... général en 1944, à 27 ans. Malgré des états de service honorables, on n'avait plus vu ça depuis Bonaparte ! Mais, en ces temps troublés, tout est permis, il suffit d'oser ! On a même vu, chez les FTP, des « colonels à 6 galons » (un colonel en porte 5) dont un qui avait échoué à son peloton de… caporal en 1939.
De Gaulle, décorant à Bordeaux une rangée d'une douzaine de « colonels » FFI ou FTP trouve, en bout de file, un simple capitaine auquel il déclare en souriant : « Vous ne savez pas coudre ? »
Tout ceci pourrait prêter à sourire, mais la France de la libération, c'est aussi celle des crimes de l'épuration qui demeureront une honte et entachera à jamais notre Histoire…
A la libération, en métropole, commencera une kyrielle de procès, plus ou moins bâclés, plus ou moins expéditifs, mais avec une apparence de légalité.
Intransigeance d’une justice partisane et injuste : le 27 janvier 1945, la cour de justice de Lyon rend son verdict : Charles Maurras, 76 ans, l'un des écrivains les plus influents de son temps, est condamné à la réclusion perpétuelle et à la dégradation nationale pour « intelligence avec l'ennemi ».
Si quelqu'un n'avait jamais eu d'« intelligence » avec l'Allemagne, c'était bien Maurras. Lutter contre le germanisme avait été l'un des buts de sa vie. Mais nous étions en 1945 et le seul fait d'être proche de Pétain valait d'être taxé aussitôt du crime de collaboration… donc de traître.
Durant la même période s’ouvre le procès de Robert Brasillach, directeur du journal « Je suis partout ». Condamné à mort, il a bénéficié d'un soutien massif des intellectuels -gaullistes et communistes, entre autres- qui ont signé une pétition pour demander sa grâce à De Gaulle. Le « premier résistant de France » refusa son recours en grâce et Brasillach fut fusillé le 6 février 1945 au fort de Montrouge.
De Gaulle justifiera sa décision, plus tard, par « son indignation d'avoir vu Brasillach posant en uniforme allemand sur la couverture d'un magazine ... ». Oui mais voilà, Robert Brasillach n'a jamais porté l'uniforme allemand. De Gaulle l'a simplement confondu avec Jacques Doriot. Un « détail » peu glorieux qui entache la « belle histoire » du gaullisme…
Le 15 août 1945, en plein été, la cour rend son verdict au procès Pétain : la peine de mort.
Ce vieux maréchal, qui, en juin 1940 avait « fait don de sa personne à la France pour atténuer ses malheurs » paie pour la lâcheté de tout un peuple.
En effet, arrêtons de faire croire que ce vieillard aurait fait, avec la complicité de Pierre Laval, une sorte de coup de force pour s'emparer du pouvoir. Rappelons les faits : les parlementaires français ont accordé les pleins pouvoirs à Pétain par 569 voix pour et 80 contre, soit, en gros, 85% des suffrages exprimés. Ce vote eut lieu le 10 juillet 1940. Comment ose-t-on écrire que la France et ses représentants légaux ne pardonnaient pas au maréchal d'avoir demandé les conditions d'un armistice le...18 juin ? Ils ont eu le temps de la réflexion et ont donc voté en leur âme et conscience.
Dans un entretien à Valeurs actuelles en date du 13 décembre 1993, l’historien, Henri Amouroux, déclarait : « Le gaullisme a imposé l'idée qu'il ne fallait pas signer cet armistice et que Vichy était illégitime. C'est fabuleux ! Mais, ce n'est pas sérieux ! ».
L'épuration a été sanglante dans presque toute la France. Citons, par exemple, les « purges » et règlements de compte effectués, en toute impunité, par les FTP du Limousin. Des comportements monstrueux qui finiront par irriter puis indigner Georges Guingouin, commandant le « régiment de marche du Limousin » (FTP), bien qu'il s'agisse de ses propres troupes. Guingouin, maire de Limoges à la libération, sera exclu du PCF après un long procès « stalinien » ; il avait osé écorner le mythe d'une France combattante pure, incarnée par les communistes !
L'épuration, c'est aussi cet exploitant agricole en Charente, Paul de M...., qui a vu son père et son frère fusillés sous ses yeux parce qu'ils étaient aristocrates, catholiques et châtelains. L'enquête prouvera qu'ils aidaient la résistance non-communiste.
Robert Aron, historien de la période de l’épuration, note : « C’est un véritable armorial, un annuaire des châteaux ou un bottin mondain de province que l’on pourrait constituer avec les victimes. D’autant que beaucoup d’entre elles ont eu le tort inexpiable, tout en étant antiallemandes, de faire confiance à Pétain, ou bien d’être, dans la résistance, d’un camp différent de celui de leur assassin… ».
C'est aussi, cette jeune fille, catholique et cheftaine des guides de France, qu'on viendra chercher le jour de son mariage pour la fusiller devant ses proches au motif que sa famille -mais pas elle !- aurait été « collabo...
C'est cet amiral en retraite, proche du maréchal Pétain, que les épurateurs vont écarteler entre deux camions en le brûlant à la lampe à souder...
C'est le comte Christian de Lorgeril, parent de d'Estienne d'Orves, mais à qui on reproche son château et ses idées monarchistes. Il est arrêté le 22 août 1944 : « Complètement nu, le malheureux dut s'asseoir sur une baïonnette. Puis il eut les espaces métacarpiens sectionnés, les pieds et les mains broyés. Les bourreaux lui transpercèrent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu. Le martyr fut ensuite plongé dans une baignoire pleine d'essence à laquelle les sadiques mirent le feu. Leur victime s'étant évanouie, ils le ranimèrent pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé. Le malheureux vivait encore. Il devait mourir, 55 jours plus tard, dans les souffrances d'un damné... ».
Ce récit, d’un sadisme écœurant, est paru dans le quotidien « L'Aube » en novembre 1950. Nous étions revenus aux pires heures de la Révolution de 1789 !
Parmi la faune de barbares « résistants » de l’époque, figurait un certain Henrot, responsable, entre autres, du massacre de la famille de Buffières et du pillage de leurs propriétés de Dolomieu et Milliassière, près de Grenoble. Le rapport d’enquête établit que : « Le 16 août 1944 au matin, une équipe d’une dizaine d’hommes fut désignée et placée sous la responsabilité d’Henrot, pour se rendre au château de Dolomieu afin de ramener au maquis le comte et la comtesse signalés comme collaborateurs… Lourdement armés, ils enfoncèrent la porte et abattirent philibert venu à leur rencontre les bras levés. Il fut abattu d’une rafale de mitraillette… Son épouse, qui protégeait leur petit garçon Michel, resta au premier étage… Marcelle et son fils Michel furent emmenés au camp du Châtelard… Arrivée au camp, Marcelle fut soumise aux pires tortures… une nuit d’orgies, devant son fils… Marcelle fut exécutée par ordre ainsi que son fils, sans qu’il soit question de la mise en jugement ou d’une décision de condamnation… ».
Ce rapport d’enquête stipule que l’enfant de 5 ans reçut une balle dans la tête, allongé sur le corps de sa mère.
Philibert de Buffières avait un frère en camp de concentration. Il y mourra. Son fils Bernard était sous-officier dans l’armée de Lattre.
Quelques jours plus tard, le 22 août, toujours sous les ordres du « lieutenant » Henrot, la bande investit le domaine de Milliassière : « Elisabeth de Buffières nota dans son livre de messe, une phrase prémonitoire : « Aimer c’est se donner jusqu’au sacrifice. 22/08/1944 ». Les FTP pillent et saccagent le château. Puis, vers 22h30 ils repartent vers d’autres forfaits : « Elisabeth ne réapparaissait pas… Etendue sur son lit, elle avait reçu trois balles de revolver dont une dans la tempe, après avoir été violée… »
Le « lieutenant » Henrot, lui, ne rendra jamais de compte à la justice : tué d’une balle en pleine tête (sans doute tirée par un de ses hommes), le 3 septembre, place des Terreaux, à Lyon, durant la libération de la ville. Le nom de ce « grand résistant » figure quelque part, sur un monument aux morts « pour la France ».
Il existe un autre volet de l’épuration qu’on a trop tendance à minimiser : celui des femmes tondues.
Pour les « épurateurs », le fait de coucher avec l’occupant était sanctionné, à minima, par la tonte des cheveux. Ces femmes tondues étaient accusées de « collaboration horizontale », un acte qui n'est pas incriminé dans le code pénal et qui n’a donc rien d’illégal. Certaines ont été lynchées, violées, torturées ou tuées. Le compte de ces victimes est difficile à établir. On parle de 20 ou 30 000, peut-être plus ?
Au nom de l’épuration, on a martyrisé et tondu des femmes amoureuses (celles, par exemple, qui refusèrent de quitter leur concubin ou leur mari allemand, lors des évacuations de civils des bases de sous-marins de Saint-Nazaire, Lorient et Dunkerque), puis celles qui, après tout, n’ont fait que leur métier (entraineuses, prostituées…). On se souvient de la tirade de la comédienne Arletty à qui on reprochait un amant allemand et qui répondit de sa voix gouailleuse et nasillarde : « Et alors ? Mon cœur est français mais mon cul est international ! ».
Après-guerre, des femmes tondues, battues, violées ont tenté des actions en justice contre leurs bourreaux mais leur action a été disqualifiée, elles n’étaient pas considérées comme des victimes.
Le chiffre officiel de l'épuration, communiqué par Adrien Tixier, alors ministre de l'intérieur, au « colonel Passy » (le capitaine Dewavrin) est de 105 000 victimes. Ce chiffre émanait des rapports des préfets. Il n'a jamais trouvé de démentis sérieusement étayés.
On a toujours tendance, pour minorer voire légitimer les crimes de l’épuration, à les mettre en parallèle avec ceux de la Milice, de sinistre mémoire. Mais les exactions barbares de la Milice, dans les derniers mois de la guerre, représentent entre 2 000 et 5 000 victimes. C’est odieux et énorme (sur une courte période et avec des effectifs armés d’environ 10 à 15 000 hommes à peine) mais cela représente de 2 à 5% maximum des crimes commis par les FTP et/ou d’autres (vrais ou faux) résistants…
Durant la seconde guerre mondiale, sur le sol de France, les « purges » de la libération et les bombardements anglo-américains firent, officiellement, 3 à 4 fois plus de victimes civiles que celles attribuées aux nazis.
« C'est la mémoire qui fait toute la profondeur de l'homme » soutenait Peguy. Dans le but de promouvoir une vérité historique par trop malmenée, Eric de Verdelhan –avec la sagacité qu’on lui connaît- a réussi la prouesse de transmettre dans son livre « Les massacres oubliés », cette mémoire si maltraitée de nos jours...
Jusqu’ici, l’Histoire n’a été qu’un recueil de mensonges, d’ironies, de bouffonneries, un amoncellement de massacres et de cris de douleur. C’est ce qui est lassant chez elle : cette trame toujours semblable sous l’infini variété des motifs, cette lutte constante pour un chimérique pouvoir, ces victoires perdues, ces espoirs trahis, ces décadences, ces chutes, ces reniements, ces efforts vers un avenir qui se dérobe sans fin et qui ne relâche rien de ses exigences sanguinaires, donne une image de l’homme dont on ne saura jamais si elle exprime sa grandeur ou au contraire sa misère.
Albert Camus soutenait que « seule la vérité peut affronter l’injustice. La vérité ou bien l’amour ». Un homme qui écrit a charge d’âme, tout livre est un plaidoyer. Eric de Verdelhan, nous livre, ici, une étude réaliste à base de faits et de vérités vraies à l’histoire morale du XXème siècle.
José CASTANO
Courriel : joseph.castano0508@orange.fr
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« Il y a une jeune école historique qui veut mener une sorte de guerre privée et qualifiée d'héroïque contre le gouvernement de Vichy. Il me paraît absurde de renverser les choses au point de dire que non seulement le gouvernement a été complice mais qu'il a pris l'initiative d'une entreprise de répression des juifs. Je me demande parfois si, contrairement à l'idée commune, la part de sacrifice dans la politique et la conduite du maréchal Pétain n'ont pas eu des effets plus certains et positifs sur le salut des juifs que sur le destin de la France ». (Annie Kriegel, journaliste-historienne Juive, ex militante communiste – Entretien à Valeurs actuelles, 25 mars 1991).
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Cher Monsieur Castano
Je ne peux vraiment pas ici négliger de vous adresser mes remerciements sincéres pour avoir en ces lignes rendu un hommage au combien douloureux, aux victimes tellement innocentes de la barbarie marxiste de cette ignoble période de l'épuration, ou les ...MONSTRES FTP sous les ordres implicites du tyran Staline, répandérent une terreur atroce sur la France.
Seul l'avenir dira si des hommes de votre grande valeur, continueront à tenter de reveiller les consciences et redonner vie à tous ces émouvants martyrs dont le seul tord fut d'appartenir à cette France traditionnelle, que la clique des révolutionnaires crasseux de 1793 avait voulu déjà détruire comme le démontre la tragédie de la touchante Vendée catholique.
Mais indépendamment de l'émotion normale, encore nous faut t-il tirer des enseignements historiques indispensables, sur le comportement mental de personnages et en particulier d'un certain De Gaule ( je ne dis pas général, car il ne le mérite pas !!! ), dont les dispositions criminelles misent en évidence à travers l'assentiment accordé au massacres des européens d'Algérie, pouvaient déjà être mises en évidence à l'occasion de l'assassinat politique immonde de ce malheureux Robert Brasillach. Ce premier crime d'état, commis avec une froideur et une absence totale d'humanité nous dispense donc de toute réaction de stupeur quand nous contemplons la gestion finale de la guerre d'Algérie, ou De Gaule ne pouvait ignorer matériellement le sort abominable de nos fréres français d'Algérie.
De Gaule était capable de sacrifier toute vie humaine au profit de la raison d'état, dont il s'attribuait le monopole exclusif de l'interprétation, ...Faisant de lui un des dirigeants les plus ..ABJECT ! de l'histoire de France.
La vérité historique aurait beaucoup à gagner si nous parvenions à imposer le fait indéniable que De Gaule, aprés avoir échoué à convaincre Churchill de consacrer son aviation de chasse à la défense du territoire français pendant l'offensive allemande du printemps 1940, rentra en France pour constater qu'aucune place ne lui avait été réservé dans le prochain gouvernement Pétain,et que par conséquent il pouvait perdre son grade de général attribué à titre temporaire dans le cadre d'une mission spéciale auprés du dirigeant britanique couronnée de l'insuccés notable que nous connaissons !!! . De fait De Gaule, profondément bléssé dans son orgueil et son ambition personnelle, décida de se placer en situation de desertion, et sans aucune autorisation officielle, reparti pour l'Angleterre ou son destin historique devait connaitre un tout autre développement !!!
De fait De Gaule n'est pas rentré en résistance par conviction politique ( selon la légende ) mais parce que le nouveau pouvoir ne lui offrait plus aucun avenir à la mesure de ses propres ambitions professionnelles et politiques, éléments largement suffisants pour mettre en lumiére toute la duplicité et le cynisme fondamental de cet individu, déjà peu apprécié par les militaires allemands eux mêmes de la premiére guerre mondiale, en raison de sa fort médiocre rédition quand il était simple capitaine sur le front, alors que les officiers français faits prisonniers en forteresse aprés une attitude courageuse au combat, bénéficaient d'une considération plus élévée !!
Si donc De Gaule avait été réintégré dans le gouvernement Pétain avec la fonction de secrétaire d'état à la défense et grade de général, nous n'aurions jamais, jamais entendu parler d'appel de Londres à la radio, et de conseil national de la résistance, hors de la sphére communiste pure agissant exclusivement sous les ordres de Staline.
La résistance française aurait existé, mais presque uniquement de nature marxiste aprés l'invasion de l'union soviétique au printemps 1941, et l'annulation factuelle du pacte germano soviétique.
Dismas
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EPIPHANIE
Envoyé Par Hugues Jolivet
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Ici, Radio Trottoir : "Qu'est ce que l'Epiphanie ?"
Moins d'un passant sur deux donnera la réponse,
L'autre accusant de semer la zizanie,
Avec cette question totalement absconse !
Par contre, si l'on demande : "Connais tu les Rois Mages ?"
Les réponses fuseront, déviant vers "La Galette"
Qu'on déguste en famille, au travail, au Village,
Celui qui prend la fève, porté sur la sellette !
Futur Evêque de Gênes, Jacques de Voragine
Ecrit, au treizième siècle, la Légende Dorée,
Livre des traditions et de leurs origines,
Et du sens des présents, trop souvent ignoré.
Les Mages étaient trois, un vieillard, Melchior,
Reconnaît Jésus "Roi" en lui offrant de l'or.
Gaspard est un jeune homme, il fait brûler l'encens,
Hommage à Jésus "Dieu", le sens de ce présent.
Balthazar, visage noir, présente de la myrrhe,
Produit d'embaumement pour Jésus "Christ" martyr.
L'Epiphanie n'est autre que "l'apparition"
De Jésus comme Dieu à toutes les Nations !
Hugues JOLIVET
3 janvier 2018
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ANALYSE du " Journal de guerre ALGÉRIE n° 1 "
Envoyé par M. J.C. Gatto
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LIBRE OPINION Général (2S) Henry-Jean FOURNIER.
Posté le vendredi 12 janvier 2018
Diverses sources, parmi les membres de plusieurs associations, se sont inquiétées de la publication récente d'un magazine présentant des journaux d'époque de la guerre d'Algérie. De quoi s'agit-il ?
Dans la série dite " Les Journaux de guerre " qui a récemment produit la période 1939-45, l'éditeur anglais Peter Mac Gee propose " une collection unique de quotidiens originaux de la guerre d'indépendance algérienne "(formule sans doute volontairement calquée sur la guerre d'indépendance américaine, dont la renommée est forte en France et qui hisse ainsi les rebelles algériens au niveau des " Patriots " américains)
En ouverture du n° 1, paru le 28 décembre 2017, la rédactrice en chef, Julie MAECK (qui est une spécialiste de l'image en histoire) explique que cette nouvelle publication " a pour ambition d'éclairer les deux versants - français et algérien- de cette histoire, en faisant écho à la pluralité des voix ". Elle s'appuiera pour cela sur la presse de l'époque, qui était alors la principale source d'information (pas de TV ni d'Internet ni de réseaux sociaux) et qui exprime donc " la multiplicité des facettes d'une guerre qui ne dit pas son nom ", selon son propos introductif.
D'emblée, le ton est donc donné, car, si l'intention est louable, le terme employé de " guerre d'indépendance algérienne " exprime en lui-même une prise de position que ne reflètent pas les comptes rendus de l'époque. La publication proposée (n°1) comporte :
- la reproduction du journal LE FIGARO du 2 novembre 1954
- la reproduction du journal ALGER REPUBLICAIN du 2 nov 1954 (journal lié au Parti communiste algérien)
- un cahier de 7 pages de commentaires signés par :
o Patrick EVENO, universitaire de Paris I, spécialiste de l'histoire des médias
o Maurice VAISSE, professeur à l'IEP de Paris, historien des Relations internationales et président du conseil scientifique pour la recherche historique au Ministère de la Défense
o Annick LACROIX, universitaire de Paris 10
o Daho DJERBAL, universitaire de la Faculté d'Alger
o Guy PERVILLE, historien spécialiste de la guerre d'Algérie
- un document " historique " intitulé " colonie cherche colons ", reproduisant une affiche de 1903 encourageant l'installation de fermiers en Algérie (en soulignant que l'attribution des terres vient de la confiscation de celles-ci aux autochtones)
- un DVD présentant le film " La bataille d'Alger " de Pontecorvo, produit par Yacef SAADI. Le simple énoncé du contenu de cette publication parle de lui-même quant à son objectivité historique. Il est vrai que l'une des conseillères historiques est Mme Raphaëlle BRANCHE, dont on connaît l'œuvre. Les commentaires présentent un habile mélange de faits incontestables et d'interprétations plus libres, notamment par le fait de généralisations abusives de quelques cas particuliers ou d'événements d'importance limités. Le tout s'appuie sur la doctrine officielle algérienne tendant à démontrer que la rébellion née le 1er novembre 1954 est héritière d'un siècle d'une résistance populaire commencée sous Abd-El-Kader. On regrettera que certains universitaires de talent et connus pour le sérieux de leurs travaux, se soient laissé entraîner dans cette aventure, à moins que leur participation, au fil des numéros suivants, ne parvienne à équilibrer le discours. Mais le plus grave, en ces temps de terrorisme islamique, réside :
o d'une part, dans la désignation de la France comme coupable des faits reprochés, phénomène qui ne peut qu'encourager toutes les rancœurs en laissant croire que la population algérienne a été victime d'une persécution permanente, générale et organisée, aujourd'hui à l'origine de la situation de l'Algérie
o d'autre part, dans l'encouragement ainsi apporté à l'action terroriste, puisque l'argumentation développée tend à démontrer que les procédés démocratiques n'ayant pas produit les résultats attendus, seule l'action terroriste engagée le 1er novembre 1954 a permis de déboucher sur l'indépendance de l'Algérie.
On notera enfin que cette production est le fait d'une société d'édition anglaise, dont le directeur, Peter Mac Gee, a été à l'origine de la tentative récente de réédition de la version originale de " Mein Kampf ", le but étant sans doute de se livrer à un " coup " médiatique. Il en est sans doute de même pour cette publication, qui ne relève d'autant moins d'une démarche historique que l'un des principaux contributeurs en est la FNACA. Et l'on pourrait résumer la question en se demandant " à qui profite le crime " ? Certains s'étonneront de constater que l'un des organismes présentés comme partenaire de la collection (avec la Bibliothèque Nationale de France qui a sans doute fourni les journaux originaux) est l'Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD). Sous réserve d'avoir confirmation d'un éventuel engagement actif de cet établissement de l'Etat dans cette entreprise hasardeuse, on observera qu'il est normal que cet organisme soit cité dès lors qu'il fournit (en général de manière payante) des images exploitées par l'éditeur. Cela fait partie de la convention que celui-ci a dû signer avec l'ECPAD. Il n'y a donc vraisemblablement pas lieu de faire un procès d'intention à l'ECPAD.
En conclusion, et en attendant de voir ce que seront les numéros suivants (le n° 2 sera consacré à la torture…) on se contentera d'observer que tous ceux qui ont une autre vision de l'histoire de cette période tragique peuvent rapprocher cette production de récentes expositions institutionnelles ou de livres destinés à la jeunesse. Leurs auteurs, même lorsqu'ils sont de bonne foi, sont en effet victimes de la désinformation générale dont le récit de la guerre d'Algérie fait l'objet depuis plus de cinquante ans.
Les plus jeunes n'ont d'autres sources que celles d'une certaine forme d'histoire et ne peuvent que se trouver confortés dans leurs opinions par la convergence des récits, alimentés par des mémoires orientées. D'autant que des documents plus objectifs, réalisés par des universitaires de qualité ou des témoins honnêtes, sont souvent demeurés confidentiels et peu connus du grand public.
Il ne faut pas s'en étonner : nombreux sont ceux qui se révoltent à la lecture des documents tels que celui évoqué ci-dessus, mais peu sont ceux qui prennent leur plume, avec mesure et compétence, pour en démontrer les mensonges, les erreurs ou les amalgames.
Général (2S) Henry-Jean FOURNIER
Président de Soldis ; Délégué ASAF 24
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L'anglais et le gendarme
Envoyé par Mme Eliane.
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Histoire véridique concernant un contrôle d'alcoolémie :
C'est arrivé à un Anglais qui réside en Dordogne entre Le Bugue et Les Eyzies …
Le British dans la voiture est saoul comme une bourrique.
Un policier arrête la voiture, se présente à l'individu et lui demande :
- Vous avez bu ?
Avec une élocution pâteuse, le British répond :
- Oui. Ce matin j'ai marié ma fille et comme je n'aime pas les messes, je suis allé au café et j'ai bu quelques bières.
Puis pendant le banquet, j'ai bu trois bonnes bouteilles (Corbières, Minervois et Faugères)
Pour finir, dans la soirée j'ai ingurgité du whisky Johnny Walker
Irrité, le policier lui dit :
Avez-vous remarqué que je suis gendarme et que je vous ai arrêté pour un contrôle d'alcoolémie ?
Le british plein d'humour lui répond :
- Et vous, avez-vous remarqué que cette voiture est un modèle anglais et que c'est ma femme à côté de moi qui conduit ?
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A monsieur Macron, Président de la République, Palais de l'Elysée, Paris
Par Alexis Arette, Paysan retraité, invalide de guerre à Momas 64230, 24 La Carrère.
Envoyé par Mme Annie Bouhier
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Monsieur le Président,
Lorsque vous avez présenté vos vœux aux français, ma femme venait de recevoir le nouvel avis d'imposition sur sa retraite Agricole. Celle-ci passait de 6, 50 % à 8,50.Cette nouvelle l'a empêchée de goûter vos propos à leur juste valeur. Je sais bien que ma femme ayant eu quelques enfants de plus que la moyenne, et ayant été quelques années chef d'exploitation, est une privilégiée avec une retraite de 850 Euros mensuels, alors que certaines de nos agricultrices n'en touchent que la moitié, mais son caractère la porte à se référer à la devise Républicaine qui contient toujours le terme Egalité. Or, dans une nation ou quantité de citoyens touchent 10 fois plus qu'elle, et ou Sénateurs et députés viennent d'augmenter leur traitement de ce qu'elle perçoit par mois, cela lui paraît faire un peu désordre, et je crains qu'elle ne finisse par porter des jugements répréhensibles sur le chef de l'Etat. Et comme en tant qu'Agriculteur je touche un peu moins qu'elle, vous comprendrez que mes arguments contraires en votre faveur ne lui paraissent pas recevables…
C'est qu'en fait, je suis un mauvais agriculteur m'étant un instant distrait de mes labours pour être combattant volontaire dans une guerre que je croyais nationale. En fait, la France depuis De Gaulle était devenue l'Hexagonie, mais les cérémonies du 11 Novembre faisaient encore illusion. Je pense qu'aujourd'hui les Hexagonaux sont devenus plus réalistes que je ne l'étais, et que s'il y avait ordre de mobilisation pour sauver l'Hexagonie en danger, la jeunesse prendrait le maquis, puisque de toute façon l'Hexagone a pris l'habitude de perdre les guerres.
Mais j'en reviens à l'essentiel, car bien que n'ayant pas voté pour vous, je suis votre expérience avec intérêt. Vous êtes Monsieur le Président, très bien construit sur le plan intellectuel, mais l'intelligence n'est qu'une qualité et pas une vertu. Pour l'instant vous nous parlez avec intelligence, mais nous n'en saurons la qualité qu'à ses résultats puisque, l'arbre se juge à ses fruits. Et l'Evangile m'a appris qu'il était des figuiers stériles. Pardonnez-moi cette référence si peu laïque. Elle contrevient à la morale républicaine qui faisait dire à Monsieur Pelletant : " Et si les évènement viennent trop brutalement infirmer nos prévisions, nous nous consolerons en songeant qu'ils ont tort ! "
Une opinion populiste mal éclairée, vous fait grief d'avoir recruté en dehors des braves gens qui, écœurés par les partis de gouvernement, vous ont fait confiance, quelques déjections des anciens régimes. Il est certain que les Colomb, Lemaire, le Driant, et Castaner entre autres, ne sont pas des perdreaux de l'année. Mais en ce qui me concerne, je comprends très bien votre choix. Dans la situation actuelle un pouvoir directif doit s'imposer. Le mérite de Monsieur Fillon d'ailleurs, aura été, outre ses déclarations d'amour à son épouse, de dire clairement aux Français que nous étions en faillite. Il est donc certain que des esprits libres et capables d'initiative dans le gouvernement pourraient contrarier vos décisions. Il vous fallait donc choisir des êtres absolument serviles et c'est ce que vous avez su faire. En accordant à vos ministres du genre, une situation inespérée, et étant donné que vous n'auriez aucune peine à les remplacer, vous vous êtes assuré d'une fidélité à toute épreuve. L'important c'est que vous, vous restiez maître du terrain pour assurer la rapidité des réformes nécessaires.
Pour avoir succédé à un cloporte multidimensionnel qui faillit nous faire entrer en guerre avec la Syrie, et qui contribua à ce que Monsieur Poutine s'allie avec la dangereuse Chine, je mesure, l'effrayant héritage qu'il vous faut assumer. Déjà la Chine s'était intéressée à nos aérodromes, car elle forme des milliers de pilotes destinés à couvrir les besoins du monde entier, et voici qu'elle achète à des prix qui ne peuvent être concurrencés, des terres qui étaient nécessaires à notre autonomie alimentaire. Cela certes démontre d'abord, depuis le projet morticole du Gaullisme, la totale incapacité des ministres de l'agriculture, et surtout la faillite d'un syndicalisme Agricole soviétisé par le dénommé Chirac, qui n'avait pas attendu le grand âge pour être un imbécile patenté. Mais c'est vrai qu'au moins aujourd'hui, ce syndicalisme de la FNSEA, devenu une chambre d'enregistrement du régime, ne vous causera aucune nuisance pour peu que vous ne le priviez pas de ses picaillons.
La prévoyance doit être la qualité majeure du Politique. Or, la menace de troubles internationaux qui suspendraient les échanges est réelle. La prévoyance doit donc, en temps de crise assurer à un peuple le minimum nécessaire à sa survie, d'où le rôle vital de l'Agriculture qui doit être cadrée dans ce but, ce qui requiert la moindre dépendance des marches internationaux. Or " l'imbécilisme " moderniste ne pose jamais le problème en ces termes, et j'insiste sur cette faille de notre régime.
Mais bien sur, cela ne saurait avoir priorité sur le fait d'un nouveau peuplement du territoire qui veut faire de l'Hexagone, une Hexocoranie. Dans cette perspective, le Pape et les Francs-maçons voient dans la cité future, celle radieuse de paix et d'amour, plus idéale que n'en avait rêvé Le Corbusier. Cela avec l'assentiment d'une administration formatée par L'ENA. Vos prédécesseurs sont entrés pleinement dans le projet, de sorte qu'il est aujourd'hui interdit de penser qu'il pourrait y avoir une relation quelconque dans l'Hexagone, entre l'augmentation de la délinquance, et l'augmentation de la population Coranique. Mais je pense qu'à votre place, vous avez le droit de penser par vous-même. Il vous faudra donc voir s'il n'y a pas un rapport à faire entre les zones dites de " Non-droit " ou la " Charia " fait la loi, et les incidents comme les incendies de poubelles et de voitures, le saccage des lieux public, le caillassage des pompiers, et le dernier incident qui a vu deux policiers échapper à la mort de justesse….
Se sentant quelque peu concernée, la police a demandé le rétablissement des " peines -Plancher ", ce que les membres du gouvernement, qui risquent un peu moins que les policiers auraient refusé. Par contre, ils ont décidé la prison pour les joyeusetés de ce genre, comme si auparavant cette sanction n'existait pas ! Cependant, comme les prisons sont surpeuplées, on ne pourra y loger les délinquants du genre, qu'en libérant les condamnés bénins qui n'ont à leur actif que 2O,30 ou 4O petites condamnations. Je ne suis pas sur que la sécurité citoyenne y gagnera !
Un jour, et malgré les lourdes menaces qui pèsent sur les policiers auteurs de " bavures ", des policiers malmenés tireront, bien qu'ils sachent qu'en principe ils n'ont le droit de tuer qu'après être tués eux-mêmes, la riposte devant être proportionnée à l'attaque. Alors, s'il y a fusillade, on ne sait pas ce qui peut s'ensuivre, à partir de cités qui ressemblent à des poudrières, et avec un peuple qui s'est résigné à poser des fleurs, là où les islamistes posent des bombes. La république, qui eut des instants de virilité, est devenue aujourd'hui une école de lâcheté, sous l'étiquette de l 'Humanisme.
Or l'humanisme dont on veut faire la nouvelle religion ne peut que se référer à la diversité des hommes, et l'humanisme qui découle de l'homme Staline n'est pas le même que celui qui découle de l'homme St François d'Assise. C'est donc une extraordinaire duperie que faire de l'humanisme, une sorte de super-charité, dont devraient bénéficier aussi les chenapans ! La défense nationale, plus que toute autre exige la rigueur, et parfois l'extrême rigueur.
Toutes proportions gardées, Monsieur le Président, je crains que sous le couvert de cet humanisme imprécis, vous ne deveniez quelque chose, comme un Kerenski hexagonal, et cela avec des intentions dont je ne mets pas en doute ni la sincérité ni la noblesse. Mais la république est aujourd'hui dans l'état des écuries d'Augias, tellement vos prédécesseurs ont laissé s'accumuler les immondices, et je préfèrerais que vous fussiez Hercule plutôt que Jupiter pour faire le ménage. Hercule possédait une massue, et il ne s'en servait pas comme d'un chasse-mouches.
Un président Herculéen, Monsieur le président rétablirait la peine de mort. Il donnerait l'ordre de tirer, sur les incendiaires de voitures, sur les saccageurs, et sur toute manifestation de désordre qui arborerait un drapeau étranger. Il y aurait certain un petit bain de sang, mais pas deux ! Et nous assisterions à un reflux rapide des toute la conjuration, qu'elle soit religieuse ou politique, car les émeutiers de tout genre, ne sont forts que de notre faiblesse …
Et si vous assortissiez ces mesures, d'une réduction immédiate de 50% de tous les salaires des élus politiques et de haute administration, non seulement cela ne refrénerait pas les véritables vocations, ni n'empêcherait de vivre ( un peu moins fastueusement) les sanctionnés, mais immédiatement vous auriez l'assentiment populaire nécessaire à l'application des réformes. Car j'avoue n'avoir pas trouvé dans vos propositions, la véritable stratégie qui pourrait éponger les 20Milliards des dépenses excessives de l'Etat. Il faut donc commencer par le commencement. D'abord supprimer totalement les retraites de préfets " honoraires " nommés par le favoritisme de Monsieur Hollande, puisqu'ils n'eurent jamais d'activité préfectorale, et toutes les prébendes et faveurs républicaines du même genre, c'est-à-dire s'en prendre au " profitariat " tout azimut, et puis faire répondre les anciens chefs d'Etat de ces complaisances devant la justice. Et Je ne n'oublie pas dans ma vision " justicialiste ", les évadés fiscaux, car leur sanction, et celle de leurs complices administratifs pourrait également boucher quelques trous de notre dette.
Il n'y aura pas de salut autrement.
Je connais assez bien l'Histoire Monsieur le Président, et en sus j'ai une riche expérience de vie. J'ai toujours la trace d'une balle communiste à deux doigts du Cœur reçue en montant à l'assaut, j'ai encore à mes poignets la brûlure des menottes Gaullistes, pour n'avoir pas accepté le dépeçage des harkis, j'ai le goût de la pitance des prisons républicaines pour avoir refusé la Soviétisation du syndicalisme agricole, J'ai dénoncé le fricotages des Fracs à la tête de la culture du Conseil régional d'Aquitaine, et responsable national d'un syndicalisme libre, j'ai exigé de n'être rétribué qu'au Smig, désirant le cas échéant, souffrir comme souffraient tellement de mes compatriotes. Avec ce bilan, comme le chantaient mes camarades Légionnaires sur la route de Zéralda, je ne regrette rien, sinon de n'avoir eu qu'une seule vie à donner à mon Dieu et à mon pays.
< br> C'est donc en homme tout à fait libre Monsieur le président que je vous écris, pour vous souhaiter une année héroïque, face à la crapule rouge, verte, orange, noire, ou même tricolore dont vous devriez nous libérer, afin de rallier le restant des hommes d'honneur de la Nation.
Ce n'est pas que je pense avoir le talent d'augmenter votre réflexion monsieur le Président, mais comme toujours je fais ce que je crois devoir faire, avec de pauvres moyens, mais cela de tout cœur.
Alexis Arette.
Le 4 Janvier2018.
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Guelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers
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ORAN Des sangliers descendent en ville!
Envoyé par Jean Claude
http://www.lexpressiondz.com/actualite/280311-des-sangliers-descendent-en-ville.html
Par L'Expression 21/11/ 2017 l Par M. Wahib AïT OUAKLI
Des colonnes entières formant de longues processions défilent dans les coins et recoins de la ville en quête de nourriture.
Est-ce la ruralisation et le dépérissement de la cité que l'on ambitionne de transformer en ville métropolitaine? Rien n'indique le contraire puisque cette ville a perdu ses couleurs chatoyantes d'antan! Dans ses entrailles les plus profondes, cette ville abrite des centaines de bêtes de toutes les espèces et d'agressivité apprivoisant, côte à côte, les humains, des sangliers et des chiens errants. Dans leurs dernières battues opérées, les services municipaux, en collaboration avec les services de la Conservation des forêts ont éliminé près de 700 bêtes, dont plus d'une vingtaine de sangliers. D'aucuns, y compris les responsables locaux, n'ignorent une telle «colonisation», ahurissante, opérée, en nombre, par des animaux sauvages dans la ville, très précisément le vieil Oran ou encore le quartier de Sidi El Houari surplombé par le mont forestier du Murdjadjou. Dans leurs récentes correspondances, les responsables de la délégation communale de Sidi El-Houari, dévoilent le mal qui règne en maître des lieux, mais également les opérations de chasse déclenchées contre les animaux errants. Dans le tas, l'on parle de plusieurs dizaines de chiens et une vingtaine de sangliers qui ont été abattus dans les différentes rues et ruelles de la ville du saint patron d'Oran, Sidi El Houari.
Un tel évènement n'est pas nouveau dans la ville d'Oran, si l'on prend en compte la mitoyenneté du quartier de Sidi El Houari du fief de ces bêtes, toutes féroces, ayant élu domicile dans la forêt de Murdjadjou, d'où leurs descentes de jour comme de nuit, pour se nourrir de en fouinant dans les réceptacles des déchets ménagers.
La forêt voisine du Murdjadjou, enveloppe les espaces urbains des Planteurs, de Ras-el-Aïn, les lotissements de l'habitat spontané du lieudit Coca. Si les populations n'omettent pas d'évoquer un tel sujet dans leurs discussions, en l'occurrence les incursions répétées des sangliers affamés, les autorités locales, évoquent, quant à elles, l'état d'insalubrité dans lequel se débat la cité, d'où les colonnes de ces bêtes avec pour conséquence, de longues processions pour défiler dans les coins et recoins de la ville en quête de nourriture en semant la pagaille lors de leurs descentes s'étalant jusqu'aux quartiers de Haï Ed-Derb, ou près des habitations de la Pêcherie.
Plusieurs témoignages crédibles font état, du passage de sangliers adultes, suivis par des marcassins, aux abords des habitations du quartier de la Calère, (Scalera), dans la partie basse de Sidi El-Houari, près de l'ancien «Bassin des lavandières», et même au niveau de la place du 1er-Novembre 1954.
L'une des dernières opérations a été menée avec le concours des services de la Conservation des forêts, et des membres de l'association des chasseurs de la wilaya d'Oran, pour enrayer ce phénomène, qui constitue une réelle menace contre l'intégrité physique des habitants et aussi leur santé.
En effet, le problème de l'hygiène refait surface, dans cette ville que l'on dit cosmopolite alors qu'elle peine à se débarrasser, de ces situations très souvent fâcheuses renvoyant une image hideuse. Administrés et administration, jettent la responsabilité sur l'origine de ce tableau peu reluisant, sur le plan de l'esthétique. Et pourtant, cette assertion reflète le contraire si l'on tient compte des autres métropoles voisines du Bassin méditerranéen. Au demeurant, des actions sporadiques des services communaux sont menées tout au moins à «bon escient», visant la propreté de la cité. Ces opérations sont appuyées par les ordres du wali d'Oran pour faire de ce chef-lieu une locomotive dynamique, devant servir de modèle aux autres municipalités. Ne dit-on pas que la deuxième ville d'Algérie mérite mieux?
La population locale n'en revient pas en évoquant la propreté et le cadre de vie sain. Pour ces mêmes populations, en finir avec les rats, les moustiques, les chiens et les sangliers errants et tous ces points noirs est impératif. D'autant que ces faits altèrent le paysage urbain de la capitale de l'Ouest, El Bahia-Wahrane.
Par ailleurs, cette ville incarne le statut d'une commune aux riches potentialités pluridisciplinaires. Il suffit d'un petit effort pour assurer son essor, sachant que les perspectives d'extension de son parc immobilier sont en bonne voie, la modernisation de ses voies de communication, ses équipements, nouveaux projets engagés à l'horizon de 2021, pour abriter les 19èmes Jeux méditerranéens. C'est un enjeu de taille pour cette collectivité locale qui est dans l'obligation d'être au rendez-vous de cet évènement, sachant qu'elle sera pour un temps, une vitrine de l'Algérie et de sa population. «La moindre erreur n'est donc pas permise», met-on en garde au niveau de la wilaya d'Oran.
Wahib AïT OUAKLI
Sidi Achour (Annaba)
Envoyé par Sylvain
https://www.liberte-algerie.com/est/28-constructions-illicites-rasees-285012
Liberté Algerie l Par B. BADIS - 13/01/ 2018
28 constructions illicites rasées
Une large opération de démolition de 28 baraques illicites, qui ont vu le jour lors de la dernière campagne électorale sur les hauteurs du boulevard de Sidi Achour à Annaba, a été exécutée par l’APC de Annaba, a-t-on constaté sur place.
L’action en question, à laquelle le chef de l’exécutif de la wilaya de Annaba a tenu à assister personnellement, a vu la mobilisation un important dispositif sécuritaire, principalement les éléments de la brigade antiémeute de la police, et a été menée jusqu’au bout sous l’œil attentif du maire de Annaba, Farid Merabet.
Ce dernier entend proposer à la direction des forêts la création d’une forêt récréative afin de protéger le site des dépassements. La majorité de ces baraques, qui donnaient à ce beau boulevard une image des plus ternes, est détenue par des personnes totalement étrangères à la wilaya de Annaba.
Paradoxalement, près de chaque habitation précaire outrageusement équipée en climatiseurs est stationné un véhicule haut de gamme, entre autres des Golf, y compris la série 6, des 4x4 bolides à l’image de Jeep ou Land Rover, Kia Sportage et Nissan, pour ne citer que ceux-là. Toujours en matière de lutte contre les constructions illicites, le chef de l’exécutif a annoncé qu’une large opération devrait cibler prochainement le chef-lieu de la commune de Berrahal.
Il est vrai qu’à Berrahal, la razzia sur les espaces publics bat son plein à travers des extensions sauvages et illicites des locaux commerciaux et la réalisation de nombreux kiosques multiservice aussi illégaux.
B. BADIS
Réhabilitation du vieux bâti de Annaba Plus de paraboles et climatiseurs en façade l
Envoyé par Louis
https://www.liberte-algerie.com/est/plus-de-paraboles-et-climatiseurs-en-facade-284634
Liberté Algérie Par B. Badis - 08/01/ 2018
Façades d’immeubles totalement débarrassées des antennes paraboliques et de climatiseurs.
“On ne peut pas sacrifier l'environnement de tous à son petit confort personnel”, précisera le wali de Annaba.
Le placement, aussi bien toute antenne parabolique que des climatiseurs sur la façade des immeubles donnant sur la plus grande place publique de Annaba, à savoir le cours de la Révolution, est formellement interdit.
C’est ce qu’a décidé Mohamed Salamani, wali de Annaba, lors de sa visite de travail et d’inspection du projet de la réhabilitation du vieux bâti de cette wilaya, précisant à ce sujet qu’“on ne peut pas sacrifier l'environnement de tous à son petit confort personnel”.
En effet, après avoir pris connaissance de l’avancement de l’opération, en l’occurrence du lot n°1 devant cibler les immeubles des rues Ibn-Khaldoun et Asla-Hocine, le chef de l’exécutif de la wilaya de Annaba a donné des instructions fermes dans ce cadre.
D’ailleurs, il n’a pas arrêté de marteler en direction des responsables d’ôter également au fil de l’opération de réhabilitation les paraboles et climatiseurs déjà installés, lesquels donnent à cet espace, considéré vitrine de la Coquette, une image des plus ternes.
Il a, dans ce cadre, invité les responsables à trouver une solution urgente pour l’installation des paraboles collectives et les climatiseurs à l’intérieur des immeubles. Toujours en matière de maintien et de protection de l’unité architecturale et esthétique des bâtiments, le wali a exigé également le respect strict par les propriétaires des magasins des arcades du cours de la Révolution un devant unitaire de leur commerce. “Il faut se débarrasser des stores marquises des magasins qui pullulent au niveau des arcades, et dont beaucoup sont dans un état avancé de clochardisation. On ne peut pas espérer une ville connectée avec de tels combles. Je ne tolérerai aucune atteinte aux parties communes ou à l’aspect extérieur de l’immeuble.” Pour sa part, Farid Merabet, P/APC de Annaba, a tenu à préciser, par la même occasion, qu’une large opération de sensibilisation au profit des locataires pour le respect des normes en vigueur est en cours.
Aux yeux du 1er magistrat de la commune de Annaba, la règle en la matière est claire et simple. “Tous les éléments en façade doivent s'intégrer à l'architecture des immeubles”, affirme-t-il.
Les paraboles comme les climatiseurs doivent d'ailleurs être implantés à l'intérieur des immeubles plutôt que sur la façade. Et ceci ne se limite pas aux seuls climatiseurs et paraboles, les commerçants doivent éradiquer définitivement les stores marquises qui sont dans un état lamentable. À noter que l’opération de réhabilitation du vieux bâti en question, dont le taux des travaux d’avancement est de l’ordre de 10%, ciblera 9 immeubles d’un total de 130 logements.
B. BADIS
Marché couvert de Annaba
Envoyé par Alphonse
https://www.liberte-algerie.com/est/loperation-de-rehabilitation-enclenchee-284337
Liberté Algérie Par B. Badis - 03/01/ 2018
L’opération de réhabilitation enclenchée
Nouvellement réélu à la tête de l’Assemblée populaire communale de Annaba, Farid Merabet s’est attaqué à l’un des points noirs de la Coquette, en l’occurrence la situation de clochardisation du marché couvert, sis au centre-ville.
L’action en question tant souhaitée et qui est venue à point nommé concernera, une dizaine de jours durant, aussi la poissonnerie, située au sous-sol, alors que l’étage supérieur est réservé au commerce des viandes et des fruits et légumes.
Cette action est assurée par les moyens humains et matériels de la mairie de Annaba. Accompagné par le SG de l’APC et du commissaire du 9e arrondissement urbain, le président de l’APC de Annaba donne, à l’issue des pourparlers avec les commerçants, un ultimatum aux propriétaires de box, ayant procédé illicitement durant la campagne électorale à la construction, pour que ces commerces reviennent à leur état initial.
À ce sujet, le maire s’est montré menaçant : “Les contrevenants qui ne se plieront pas à cette décision encourent des poursuites en justice en plus de la destruction de certaines des modifications apportées au stand.” Sur les 160 box marchands, cette action a mis au grand jour le fait que de nombreux stands sont abandonnés et livrés à eux-mêmes depuis des années, a-t-on constaté sur place.
La poissonnerie sera également réhabilitée de la meilleure manière, et les stands non exploités seront attribués à d’autres personnes concernées par cette activité. Il est vrai cependant que la poissonnerie du marché couvert, un lieu jadis très fréquenté par une clientèle qui trouvait toutes les commodités requises répondant à cette activité, a vu son environnement se dégrader et envahi par des commerçants à l’aspect de prédateurs pour ne ressembler actuellement qu’à un endroit sordide.
Le maire de Annaba a tenu à rassurer, à ce sujet, la clientèle qu’une fois cette opération clôturée, il n’y aura plus de vendeurs clandestins tentant, au niveau des deux portails de cette poissonnerie, vaille que vaille à écouler leur produit, exposé essentiellement sur des feuilles de papier journal.
Situé au centre-ville et occupant un îlot entier qui se situe à l’intersection de deux artères principales de la ville, à savoir Ibn-Khaldoun (ex-Gambetta) et Émir Abdelkaer (ex-Bugeaud) d’une part et de l’autre l’intersection de deux autres ruelles, le marché couvert de Annaba, connu localement sous le nom de “marché français” ou encore “marché el-hout” (poisson), a été construit en 1936 et inauguré en 1938.
B. Badis
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MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté,
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Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
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De M.
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DIVERS LIENS VERS LES SITES
M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Janvier 2018
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Les gateaux du vieil homme
Envoyé par Eliane
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Un très vieil homme était étendu, mourant, dans son lit.
Soudain, il sentit l'odeur de ses biscuits aux pépites de chocolat favoris…
Il prit le peu de force qui lui restait pour se lever du lit.
Se tenant au mur, il se dirigea hors de la chambre à coucher.
Et avec un plus grand effort, il descendit l'escalier en tenant la rampe avec ses deux mains.
En respirant péniblement, il se tint dans le cadre de la porte regardant vers la cuisine. S'il n'avait pas été à l'agonie, il se serait cru déjà au ciel…
Là, dans la cuisine, sur la nappe, il y avait des centaines de ses biscuits favoris.
Était-ce le ciel ? Était-ce un acte héroïque de sa femme dévouée désirant qu'il quitte ce monde en homme heureux ? ? ?
Dans un ultime effort, il rampa vers la table, se soulevant péniblement avec ses mains tremblantes, et tenta de prendre un biscuit.
Soudain, il reçut un coup de spatule sur la tête.
Touche pas ! Lui dit sa femme, c’est pour l’enterrement...
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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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Une dernière carte pour terminer.
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