N° 70
février

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Février 2008
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :  60 , 61 , 62 , 63 , 64 , 65 , 66 , 67 , 68 , 69
     Musique de Ennio Morricone       
EDITO

   OUBLIEE, LA CHAIR Á CANON !!!   

    Chers Amis, "Chère France"

    France à mémoire courte, tu as oublié les Algériens de souche européenne et de souche indigène venus défendre de gré ou de force ton territoire, tes biens, ta Personne.

    Oui, ces hommes arrachés à leur terre, qui sont venus mourir pour cette France Métropolitaine, n'ont plus droit à cette plaque de marbre où leurs noms s'inscrivaient et auxquels nous rendions hommage à leur courage et à leur sacrifice.

    Oui, en France, chaque commune a droit à graver dans le marbre le nom de ses enfants tombés au champ d'honneur ; chaque année elles leur rendent hommage à la date anniversaire du conflit au cours duquel ils ont péris.

    Oui, ces Algériens de toutes origines, ces volontaires de 1870, ces engagés et appelés de 14/18 et 39/45 ; tous ceux-là n'ont plus droit à ces honneurs légitimes parce que TOI France, tu les as oublié pendant l'exode et l'abandon que TU as décidé, et cela perdure encore. Cet abandon a permis aux irrespectueux combattants de l'indépendance de dernière minute, de casser tous les monuments rendant gloire et hommage au nom de l'humanité à leur sacrifice. Le sacrifice de nos pères et grands-pères. Ces inconscients de la nouvelle gloire n'ont même pas respecté les algériens de souche indigène qui sont morts pour une cause qu'ils croyaient juste, et c'était leurs pères et grands-pères.

    Oui toute cette chair à canon, n'a plus comptée pour toi dès 1962. Au contraire tu as voulu, par ta décision inique, augmenter le tonnage de la boucherie et enfouir les cendres au plus profond de tes cloaques. Concoctés par le grand Charlot, ton Guide, les massacres des algériens de souches européenne les 26 mars et 5 juillet 1962 ainsi que les massacres des algériens de souche indigène, les Harkis et autres, sont là pour attester de ta mauvaise foi, de ta criminalité et de ta lâcheté.

    France, quand te décideras-tu à ériger un immense monument aux morts dont tous les noms, des Algériens de toutes ethnies et de toutes religions, seraient gravés dans le marbre pour leur rendre cet honneur et cet hommage qu'ils méritent au nom du sacrifice de leur vie qu'ils ont consentis pour te défendre ; pour te rendre ta liberté ; pour te donner le droit de vivre et de rester français.

    France, quand offriras-tu un terrain et des subventions pour rendre grâce à ces combattants, comme tu le fais à d'autres communautés pour des causes pas aussi nobles. Nous ne voulons pas des promesses, mais des actes.

       France, tu as la mémoire courte,      
   nous sommes-là pour te la rafraîchir.   

    La France qui nous a lâchement abandonné, qui nous a maltraité, bafoué et qui le fait encore en permettant la désinformation de notre histoire et la glorification du terrorisme, est en faute, en très grande faute.

    Mais, nos communautés, ne le sont-elles pas ?
    Qu'ont-elles fait de vraiment de concret pour respecter cette chair à canon qu'elles ont fourni durant 3 conflits sur ce sol métropolitain ?

    Rendez-vous compte si depuis ce terrible dépatriement, chaque compatriote avait donné 1 franc ou avec inflation oblige 1 euro depuis son avènement, les sommes amassées seraient si énormes que ce monument aurait pu être érigé par nous même. Et son maintien serait garanti pour l'éternité.

    Quelle est l'organisation vraiment bénévole qui prendra ce problème, plutôt ce projet à son compte ?
    J'ai bien peur que cela reste à l'état de projet, comme celui d'un musée bien à nous car les chikayas associatives sont bien plus enrichissantes et plus festives que la vraie sauvegarde de notre mémoire.

   Cette chair à canon oubliée fait partie de notre mémoire.   

  France, levez-vous devant ces dépouilles oubliées.    
    Pieds-Noirs, relevez-vous pour elles.    

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


ECHOS et POTINS 3
N° 8 de décembre 1950, pages 6 et 8
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        
        Lors des bombardements de BÔNE, un pavé vint briser le coin d'une des plaques de marbre placées au pied du Monument au Morts.
        A l'occasion de la venue du Président de la République, on remplaça bien le morceau de marbre brisé, mais on oublia d'inscrire les noms qui manquaient.
        Et pourtant, les "Officiels" dans leurs discours " ne variatur ", parlent toujours de reconnaissance envers les glorieux morts,
        On oublie d'inscrire leur nom sur un marbre. Imaginez-vous si leur souvenir est dans la pensée de la plupart de ces bavards !

***

        AU banquet de l'Agriculture, le demi-sénateur pleura sur la mévente des vins ; Henri VERNEDE lui passa son mouchoir.
        A la demande des " foudres " du pinard, nous demandons aux Curés de toutes les Paroisses de dire une messe pour que la grêle et le mildiou ravagent les vignobles du Midi de la France.
        Mais personne, dans l'assistance triée sur le volet, n'a pleuré sur le sort des consommateurs.

***

        A l'Assemblée Nationale, PANTALONI a voté contre la remise en liberté du Maréchal Pétain. Tout comme BORRA.
        Seulement BORRA est dans la ligne politique de son Parti. Mais le vote de PANTALONI est-il - conforme à l'état d'esprit de ses électeurs ?

***

        BERNARD YACONO a sa 203 ! Enfin, "j'ai une auto", chante-t-il aux pauvres dockers trompés et désabusés !
        Le "damné de la terre" est sur la trace des " bourgeois " : il a fait sa révolution, c'est-à-dire celle qui consiste à trouver la bonne combine.
        Mais si vous entendez Bernard discourir, vous vous serrez les flancs. " On va employer la bombe lacrymogène " entonne le tribun !
        Il y a, en effet, de quoi verser dés larmes... de rire.
        En attendant, la sueur des pauvres travailleurs sert à promener en auto le Rouge à la Noix.

***

        Le producteur se plaint il a souvent raison. Quant au pauvre consommateur, il est... tondu. Le mal vient des intermédiaires et d'une foule de trafiquants interposés entre celui qui travaille et celui qui achète.
        Il y a aussi un désintéressement complet des Municipalités et du Législateur.
        A Bône, il y a belle lurette que le Conseil Municipal a laissé toute liberté aux spéculateurs de légumes et de fruits.

***

        Un Ami ne perd pas le Nord. A l'Assemblée Algérienne, il s'est fait le défenseur ardent des compagnies maritimes - et pour cause. - Il a trouvé normale l'augmentation des tarifs sur le frêt.
        Parbleu ? Ses commissions augmentent. Mais ses électeurs ne l'ont justement pas élu pour lui voir faire des plaidoiries " pro domo ".

***

        RADICAUX, R.P.F. et M.R.P. mènent une vie bien discrète dans notre bonne ville ?
        Préparent-ils des plans "stratégiques" ou font-ils des moules comme les vieux chalands ?

***
 


     LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES      (56)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
  LA PUBLICITE,
  TU VEUX OU TU VEUX PAS, Y EN A PLUS….

          La nouvelle elle m'est tombée dessur la tête comme ça et en plusse, diocamisère, j'm'y attendais pas du tout alors, vous comprenez, ces jours-ci, y faut m'escuser, j'ai pas le moral. Què nouvelle ? Atso, t'y es pas au courant ? où c'est que tu vis mon pauv', en dedans de quel monde ?

          Oilà, j'vas tout te raconter de A jusqu'à BA ; le Président d'la république patos, çui-là là qu'il a été z'élu le sisse mai de l'année dernière, ce Président-là, eh ben j'te jure, il a décidé comme ça, qu'y aura plus d'la publicité dessur le service public. D'abord, comme toi, j'ai pas compris ça qu'y veut dire le service public et j'm'ai dis, j'm'en fous de ça que ça veut dire mais après que mon fils, tu sais çui-là là qu'y s'la sort bonne tout l'temps pasqu'il a passé toute sa vie dedans une usine à faire des fartasses, y m'a espliqué et c'est à ce moment-là que j'ai compris à de bon que la télévision publique, France 2 et tous les z'aut' numéros qui suivent jusqu'à 5 et aussi à " O " , elle allait ête déshabillée. D'abord je m'ai cru qu'y allait t'y aouar que des films olé olé mais là aussi y m'a dit que j'avais rien compris à cause que c'est nous z'aut' qu'on allaient ête déshabillés par la force des tasques qu'elles vont ête ajoutées dessur les postes, qu'y soient de radio alectriques ou à transistoires et aussi de télévision que, main'nan, y sont tous en couleur et y paraît que ça va toucher même les téléphones, ceux-là là qui sont portabes.

          Purée, j'te raconte pas la colère qu'elle m'a pris, pas à cause des tasques pasque moi, ces appareils-là je m'les z'achète pas, j'les z'ai à bou-blèche, j'ai un oisin complètement jdof, y s'achète tout ça qu'y sort comme nouveauté et y me donne tout ça qu'y le trouve vieux et moi, laisse que je revends tout ça à un aut' oisin tout ça, pour te dire que la télévision que moi j'l'ai encore, elle te marche dedans les couleurs noirte et blanche et en plusse, j'en suis content.

          Comme je marronnais un peu à cause que pour moi la publicité c'est qu'à même un spectaque, mon aut' fils qu'il est pas alphabête pisqu'il a décroché son cerfiticat au troisième coup, ça que moi, j'ai jamais pu le faire, y m'a dit comme ça ô Pa, tu te fais du mauvais sang pour rien, laisse faire les grands, ouah ! Mamma mia, tu peux pas imaginer le plaisir que j'ai eu en m'entendant ça dès ! main'nan, je me ois les soges atorment ; Olio, si que le Président que la Patosie elle s'a soigi, il est grand, y'alors moi, ch'uis pas tellement p'tit.

Rachid HABBACHI

ANECDOTE
Le Chic du Docteur Chick
Echo d'Alger 23 mars 1959




Voilà un docteur qui n'est pas chic. Faire une conférence en anglais à des Algérois, c'est faire injure à leur Pataouète.


J'espère que c'est Robert Castel qui a assuré la traduction, juste pour mettre son piment dans ce cocktail nuclèaire.



MONSIEUR THIERS
SUR LE COURS BERTAGNA
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        MARSEILLE, où naquit, en 1797, Adolphe Thiers, n'a pas élevé de statue à son illustre enfant, à celui que le Corps législatif, au lendemain de la première guerre franco-allemande, dans un élan unanime et sublime avait appelé le " Libérateur du Territoire ".
        La statue de marbre qui devait être érigée sur une place de la grande cité phocéenne, exactement semblable à celle, en bronze, de notre Cours, probablement coulée dans son moule, se trouvait, à la fin du siècle dernier, reléguée au Musée Longchamp.
        Sa face était tournée contre le mur, comme un mauvais élève en pénitence. C'est ainsi que je l'ai vue en 1898, alors que je commençais mes études de Droit.

        J'habitais, à ce moment-là, au 47 de la rue Thiers, juste en face d'une vieille maison sans prétention sur laquelle était apposée une plaque de marbre dont I'inscription rappelait que, là, était né Adolphe Thiers, à la fin du siècle dernier. La rue, qui porte aujourd'hui son nom, s'appelait alors " rue des Petits Pères ".
        J'étais assez fier de contempler cette plaque commémorative de la fenêtre de ma chambre d'étudiant et je me sentais plus familier avec le lieu, puisque, nous, aussi, à Bône, sur notre plus belle promenade, au coeur même de la ville, nous avions une magnifique effigie du grand homme marseillais.

        La découverte de la statue de marbre du Musée Longchamp avait, cependant, mis comme une sourdine à mon enthousiasme excessif du début. Mais, à mon retour à Bône, Thiers était redevenu mon grand homme, que nulle ombre n'assombrissait et qu'aucune calomnie ne pouvait atteindre Il était partie intégrante du décor du Cours de ma ville natale, il faisait corps avec elle.

        Mais pourquoi et comment un si grand hommage avait-il pu être décerné par la ville de Bône au chef du Pouvoir exécutif qui fut le premier Président de la Troisième République ?
        Adolphe Thiers n'était jamais venu à Bône et aucune affinité particulière ne le liait aux Bônois.

        Dans aucune autre cité métropolitaine, sauf à Nancy, un tel monument n'avait jamais été élevé à la mémoire du " Petit Président " comme l'appelait le Roi Louis-Philippe, à cause de sa taille, car Thiers était tout petit, impression que ne donne, certes pas, sa statue juchée sur le beau piédestal de granit d'Herbillon.
        Pourquoi Bône étalait-elle tant de ferveur admirative pour ce petit Grand Homme que sa ville natale refusait d'honorer autrement que par une commune plaque d'émail bleu à son nom, pour marquer la rue où il était né ?

        C'était la question que se posaient certainement ceux qui passaient au pied de la statue majestueuse qui semblait être là pour accueillir les visiteurs arrivant aussi bien par la mer que par le chemin de fer ou la route.
        C'était une énigme autant pour les Bônois que pour les étrangers.

        Or, l'histoire de cette statue est fort simple.
        Il y avait à Bône d'ardents républicains qui n'avaient pas craint, au lendemain de Sedan, d'arracher les plaques de la rue de l'Impératrice pour dédier cette importante artère de la ville à la République naissante en la baptisant, tout simplement de la date de sa proclamation : " 4 Septembre ".
        Adolphe Thiers avait bien été le premier Président de cette République, mais ce n'était point pour cela que ces républicains de Bône avaient décidé d'honorer sa mémoire. Chacun savait, que comme Talleyrand, Thiers avait servi tous les régimes qui s'étaient succédé en France, de 1815 à 1877, date de sa mort, et qu'il n'était pas, par conséquent, un républicain bon teint.

        C'est l'inoubliable séance de la Chambre des Députés du 16 juin qui avait consacré la gloire et le patriotisme de l'ancien " Petit Président " du Roi Louis Philippe, qui en fut la vraie cause.
        " Ce jour-là, dit Maurice Reclus, dans son livre Monsieur Thiers, M. de Fourtou, Ministre de l'Intérieur, ayant du haut de la tribune, fait honneur à l'Assemblée, de la libération du territoire, Gambetta, désignant Thiers assis à son banc, s'écrie d'une voix tonnante : Le Libérateur du territoire, le voilà ". C'est alors, sur tous les bancs, un tonnerre d'applaudissements, une explosion d'enthousiasme qui gagne insensiblement les bancs de la droite ; de nombreux députés de la majorité se lèvent et la Chambre quasi-unanime fait à Thiers une mémorable ovation.
        " Le vieillard ainsi acclamé par les représentants de la Nation chancelle sous la glorieuse rafale et, en proie à une indicible émotion, verse des larmes ".

        Le tableau représentant cette scène pathétique fut reproduit à des millions d'exemplaires et est resté le plus fort tirage de l'imagerie populaire de la Troisième République.

        Et Thiers avait aussi signé le manifeste des 363 et il devait se présenter aux élections du 14 octobre 1877, avec Gambetta, qu'il se proposait " de présenter à l'Europe ".
        Sa mort, survenue brusquement, le 3 septembre, jeta la France entière dans la consternation et le deuil.
        Il n'eut pas d'obsèques nationales et le Maréchal de Mac-Mahon s'abstint de rendre à son prédécesseur à la Présidence de la République, l'hommage qu'il lui devait au nom de la Nation.
        Un décret du 5 septembre avait bien décidé que les funérailles seraient faites " par les soins et aux frais de l'Etat ", mais le décret avait été rapporté, parce que la famille du défunt tenait à ce que les membres de la Chambre dissoute occupassent les premiers rangs du cortège funèbre.
        Le peuple de Paris lui fit des obsèques grandioses, véritable manifestation nationale à laquelle participèrent près d'un million de citoyens.

        C'est dans l'intense émotion de la France, que l'on devine, qu'Emile Brisset, honorable entrepreneur de peinture, justement considéré et estimé à Bône proposa d'ériger un monument à celui dont Gustave Flaubert, avait dit, au lendemain des obsèques qu'il avait une vertu rare : le patriotisme, et " qu'il avait résumé la France en sa personne ".
        Emile Brisset, offrait, en même temps de participer pour une somme de vingt mille francs à la dépense de cette érection.


La statue Thiers peu de temps après son érection

        La proposition du généreux Brisset fut accueillie avec d'autant plus d'empressement que les " Allées " offraient un emplacement idéal à la première statue qui allait être élevée dans la ville de Bône.
        Ce que les Bônois d'alors admirèrent le plus, ce fut le piédestal de la statue, gros bloc de ce pur granit d'Herbillon dont la renommée est grande.
        Monolithe relativement énorme, tout comme un obélisque, il avait fallu faire des prodiges d'art et d'adresse pour l'extraire des carrières et le transporter jusqu'à Bône.
        On l'avait solidement amarré sur un bâti de madriers entre deux balancelles, que les marins appelaient des " pareilles " et l'on avait attendu qu'un jour de beau temps permit d'effectuer la traversée.
        Parvenues à Bône, les deux " pareilles " vinrent se placer au bas des " Allées " en face de l'emplacement réservé au monument et c'est sur un plan incliné partant du quai - il n'y avait pas alors d'outillage du port - que l'énorme bloc fut hissé jusqu'à sa place.
        Puis il fut taillé et lorsque la statue fut en place, les " Allées " furent appelées " Cours National ", dénomination qui devait plus de trente ans après, se transformer en " Cours Jérôme Bertagna ".

        Toutes les choses sérieuses ont un côté plaisant.
        L'imposante effigie de notre grand homme national perd un peu de sa solennité, lorsqu'on la regarde de la troisième arcade du Palais Calvin, sur sa gauche.
        De là, les jours de pluie, notre Adolphe Thiers, en plus vieux et plus habillé, pourrait, par certain côté, être comparé au " Manneken-Piss " de Bruxelles.


La statue Thiers installée
sur une placette d'une petite commune de la Vienne - St Savin

***


On supprime le père Hugo aussi ?
Envoyé par M. Guy Rolland
1453

Les Turcs, devant Constantinople,
Virent un géant chevalier
A l'écu d'or et de sinople,
Suivi d'un lion familier.

Mahomet Deux, sous les murailles,
Lui cria : "Qu'es-tu ?" Le géant
Dit : "Je m'appelle Funérailles,
Et toi, tu t'appelles Néant.

"Mon nom sous le soleil est France.
Je reviendrai dans la clarté,
J'apporterai la délivrance,
J'amènerai la liberté.

"Mon armure est dorée et verte
Comme la mer sous le ciel bleu ;
Derrière moi l'ombre est ouverte ;
Le lion qui me suit, c'est Dieu."

Victor Hugo, La Légende des siècles - Les Petites Epopées (1859)


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 15

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

PREMIÈRE PARTIE

DES TROUPES PASSENT...
L'INSURRECTION ARRIVE...


          Un beau matin, une grosse nouvelle courut de bouche en bouche. On annonçait le prochain passage à Mondovi du général Mac-Mahon, et, après lui, du général Canrobert et du général Randon, alors Gouverneur de l'Algérie. Quelques jours plus tard, ce fut l'arrivée à l'improviste de la colonne de Tourville, forte de trois mille hommes de toutes armes, et qui fit une halte de vingt-quatre heures dans notre bled.
          Ma soeur m'ayant demandé de lui prêter la main pour recevoir ces hôtes de marque, j'eus l'honneur de servir à table ces grands chefs militaires.
          Grand branle-bas, d'autre part, chez les habitants, heureux d'assister à ce brillant défilé de troupes et plus réjouis encore en songeant aux profits commerciaux à tirer d'une pareille affluence de soldats.

          C'est à qui fit provision de denrées, boissons et comestibles. Il y en eut même qui, peu scrupuleux, saisirent cette occasion pour mettre passablement d'eau dans le vin débité aux combattants de notre armée d'Afrique. Est-il besoin de dire que ceux-ci, mangeant bien et lichant encore mieux, eussent préféré le boire naturel?

          Mais toute médaille a son revers. Pour montrer qu'ils n'étaient pas dupes de ce vilain procédé, beaucoup de nos braves " Zouzous " profitèrent de la cohue qui régnait ce jour-là dans les auberges pour s'esquiver sans payer leur écot.
          On s'aperçut, en outre, que nombre de cuillers, fourchettes, serviettes, verres et couteaux avaient disparu avec les consommateurs. Mais les " chacals " de la colonne de Tourville ne s'arrêtèrent pas en si bon chemin. La nuit venue, alors que la population tout entière se régalait du coup d'oeil que présentait le campement de ces trois mille hommes avec ses tentes dressées et ses feux de bivouac allumés aux portes du village, l'arrière-garde embusquée à l'intérieur des murs, opéra en silence dans les caves, les remises et les poulaillers, la razzia complète des poules, oies, pintades et canards. Tout y passa, jusqu'aux petits cochons de lait qui donnaient à leurs éleveurs les plus belles espérances.
          Le lendemain, il fallut entendre les cris de désolation et de malédiction poussés par les victimes de cette rafle nocturne. Décidément, le baptême du " pinard " avait fini par coûter plus qu'il n'avait rapporté non seulement aux aubergistes indélicats qui avaient vendu de l'eau rougie pour du jus de la vigne, mais encore aux colons honnêtes qui n'y étaient pour rien.
          Quant aux troupiers, tambours battant et clairons sonnant, ils s'en allaient sac au dos vers Guelma et Constantine parachever l'oeuvre de la conquête et pacifier les Arabes dont la haine nous réservait encore de sanglantes surprises.

          A quelques semaines de là, en effet, soudainement, en plein mois de juin 1851, par une chaleur qui accablait tout le monde, le proche centre de Barrai qu'on appelait aussi Mondovi-le-Haut, se réveilla sous le coup d'une terrible alerte.
          C'étaient les indigènes des tribus environnantes qui, après avoir commis des vols, massacré quelques ouvriers forestiers et incendié les récoltes, venaient de se soulever en masse du côté de Maison-Blanche, de l'autre côté de la Seybouse. Excités par les prédications de leurs marabouts, entraînés à la révolte par certains caïds traîtres à leurs serments de fidélité à la France, ils eurent bientôt passé la rivière pour s'attrouper à proximité du moulin de Barral, où leur audace prit le caractère d'une insurrection des plus sérieuses.
          Pour tous moyens défensifs, les Colons ne possédaient que quelques fusils de chasse et fort peu de munitions.
          On peut donc juger de leurs craintes en voyant s'approcher des centaines de cavaliers en burnous, hurlants, menaçants, et suffisamment armés pour donner l'assaut à leurs remparts minuscules.

          Devant un si grave danger, un des habitants du village cerné fut désigné pour enfourcher un cheval et aller à toute bride prévenir le commandant de la Place de Bône de la situation critique où se trouvaient ces malheureux. Quelques heures plus tard, l'autorité militaire devait envoyer sur les lieux un fort détachement de spahis sous les ordres du capitaine Mesmer, et d'un lieutenant qui, par la suite, est devenu général.

          Mais que faire en attendant l'arrivée de cette troupe? II fallait s'ingénier à tenir tête tant bien que mal aux assaillants, et c'est alors qu'un colon barrallois eut une idée vraiment originale.
          A cette époque, on ne connaissait pas encore la charrue fixe. Nous ne nous servions que de la charrue à avant-train qui se démontait facilement. Or, voilà ce qu'imagina notre homme : il hissa l'avant-train d'un de ces instruments sur l'un des bastions à créneaux de l'enceinte fortifiée et braqua sur cet affût improvisé un long tuyau de poêle. Les Arabes prirent cela pour une pièce d'artillerie et s'en tinrent éloignés le plus possible.
          Bien entendu, en voyant l'effet produit par cet épouvantail, d'autres colons eurent tôt fait de recourir au même stratagème, ce qui augmenta la terreur des insurgés embusqués prudemment à une distance respectueuse de ces canons imaginaires.

          Pendant ce temps de répit, les spahis mandés de Bône arrivaient à fond de train. Je pus les voir débusquer à Mondovi, où toute la population était elle-même sur le qui-vive. Ah ! Le magnifique escadron ! Par la chaleur étouffante, les cavaliers rouges étaient couverts de poussière et leurs chevaux d'écume.
          Au plus vite, on versa un verre de vin frais aux hommes, on fit boire les bêtes, puis, sur un bref commandement, tout le monde étant remonté en selle, le détachement repartit ventre à terre dans la direction de Banal où il était anxieusement attendu. Derrière lui, à marches forcées, accourait en outre une forte compagnie de fantassins.

          Le capitaine Mesmer, emporté par sa bravoure et par I'élan de son cheval meilleur coursier que tous les autres, entra le premier dans le village, mais à peine laissa-t-il souffler sa monture. Sa troupe regroupée, il se mit de nouveau à galoper en avant de l'escadron pour se porter à la rencontre des rebelles.
          Cette imprudence devait lui coûter la vie. Avertis, en effet, par leurs émissaires de la proche arrivée des spahis, les Arabes avaient repassé la Seybouse pour se retrancher dans l'épaisse broussaille bordant la rivière. Dans cette embuscade où ils se tenaient invisibles, armés de leurs longs moukalas, ils attendaient les nôtres.
          En apercevant le capitaine isolé de ses hommes, ils le mirent en joue et le criblèrent de coups de feu. L'officier s'écroula sous cette décharge terrible, et ses cavaliers n'arrivèrent que pour disputer sa dépouille à ses meurtriers.
          Alors, fous de rage en voyant leur chef mort, les spahis résolus à le venger se lancèrent à la poursuite des insurgés, en tuant un grand nombre et faisant les autres prisonniers.
          Grâce à cette offensive foudroyante, appuyée le lendemain par l'entrée en scène de 200 hommes d'infanterie, Barrai fut sauvé du péril qu'il avait couru, car les révoltés avaient juré d'égorger tous les habitants, après quoi ils se seraient rués sur Mondovi où le même sort nous eût été réservé.

          Quant au capitaine Mesmer, tombé au champ d'honneur, victime de sa fougue et de son courage, - je l'avais vu passer la veille plein de force et de vie, - il me fut donné quelques heures plus tard d'assister au défilé du convoi qui ramenait à Bône son cadavre glorieux escorté de ses compagnons d'armes.
          C'est pour honorer sa mémoire qu'un modeste monument de pierre rappelant son exploit héroïque a été élevé sur la place de Barral, d'où l'on domine le théâtre de l'insurrection vaincue.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Dieu surveille
Envoyé par Suzy Mons

     Les enfants attendaient en rang pour dîner dans la cafétéria d'une école élémentaire catholique.
     Au début de la table de service se trouvait une grosse pile de pommes.
     La religieuse avait placé une note sur le plateau précisant:
     "N'en prenez qu'une seule, Dieu vous surveille".

     A l'autre bout se trouvait une grosse pile de biscuits aux brisures de chocolat.
     Et là il y avait une note griffonnée par une main d'enfant :
     "Prenez-en tant que vous voulez, Dieu surveille les pommes"!



COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 30 
IIIème PARTIE
ORGANISATION DES INDIGÈNES.

CHAPITRE II.
LIEUX FAVORABLES A LA SOUMISSION PROGRESSIVE DES TRIBUS
ORDRE SELON LEQUEL ON DOIT PROCEDER À LEUR
ORGANISATION.

  
        XI. - L'histoire de la conquête et de l'occupation de l'Afrique par les Arabes, nous enseigne qu'il n'est pas difficile d'amener les tribus du Sud vers le littoral, car elles y sont venues bien souvent, sans y être appelées et même pour en chasser les vainqueurs; toutes les révoltes des indigènes contre la domination des Arabes, ont eu à leur tête les Zénètes, les Zanaga, les Lamptunes, tribus berbères du Sud, qui ont aidé d'abord toutes les révolutions purement arabes des 0mmiades, des Abbassides, des Idrissides et des Aghlabides, et qui ont enfin placé leur propre race sur le trône des Califes, dans la personne des Almoravides et des Almohades de Fez et de Maroc, des Béni-Mériin et des Béni-Zian de Tlemcen.
        On dira sans doute alors qu'il serait impolitique de ne pas résister à cette tendance manifeste des peuplades du Sud vers le Nord, comme 'on prétend ailleurs qu'il est impolitique de ne pas résister à la tendance des Russes vers le Midi. Cette idée appartient en effet à une politique qui contrecarre les dispositions naturelles des peuples, et qu'on peut nommer, à bon droit, contre nature. La véritable politique, la politique naturelle, dirige et régularise les dispositions naturelles des peuples, comme la véritable agriculture le fait pour les dispositions du sol et du climat; elle les utilise. Elle n'empêche pas les hommes glacés de rechercher le soleil, elle les empêche de s'y brûler, et d'incendier alors ce qu'ils touchent ; elle n'empêche pas les hommes altérés, desséchés, brillés par les sables du désert, de rechercher la fraîcheur de la mer, elle les empêche de se noyer et d'entraîner avec eux tout ce qu'ils accrochent en se précipitant.
        Les Russes cesseront d'être à redouter pour l'Europe, quand ils tourneront tout à fait leur face vers le soleil, sur lequel Pierre et Catherine ont jeté, à la dérobée, un éclair de leur regard d'aigle; depuis lors, les Czars le convoitent en louchant; ils le regarderont franchement, lorsque la politique européenne comprendra que c'est pour le repos de l'Europe elle-même, et pour l'affranchissement de l'Asie esclave, que Dieu montre aux Russes, comme un signe d'appel, le soleil de Perse.
        De même, malgré nous, malgré notre brillant courage, malgré nos braves soldats, ces Berbères nomades, pillards et belliqueux, entraînés par leur pente naturelle, tôt ou tard se précipiteraient sur nous, comme ils l'ont fait sur tous les vainqueurs qui nous ont précédés en Afrique, si nous ne fixions pas nous-mêmes ces nomades au sol qu'ils ravageaient autrefois, si nous n'intéressions pas ainsi ces pillards à la sécurité des richesses qu'ils convoitent, si nous ne transformions pas ces féroces guerriers, exterminateurs de tous les maîtres de l'Algérie, en instruments de paix, au service des maîtres actuels de l'Algérie ; en un mot, ils resteraient barbares, si nous, Français, nous n'avions point passé la mer pour civiliser l'Afrique.

        Que ces derniers mots n'effraient point; je ne viens pas proposer d'établir un chemin de fer d'Oran à Tombouctou ou bien au Sénégal ; mais il faut pourtant rappeler que nous ne sommes pas venus en Afrique pour ignorer pendant des siècles ce qu'on ignore encore aujourd'hui, par exemple : où commence le Grand-Désert, s'il y a un désert, ce que c'est que le désert, s'il est partout inhabité, s'il a des eaux, des lacs, une mer peut-être; si, au-delà de ce qu'on appelle, sans les connaître, les limites de la Régence, c'est-à-dire sur la limite septentrionale de ce désert, il y a des Touariks, comme il y en a au Sud, à l'Est, à l'Ouest; où passent les caravanes de Maroc à la Mecque, et si cette route d'Egypte n'a pas un intérêt pour l'Algérie française ; quelles sont les relations de Maroc avec Tombouctou, et si nous pouvons en profiter; enfin mille autres questions qui intéressent la prospérité future de l'Algérie, la science, et notre honneur de missionnaires de la civilisation.
        Or, qui donc nous instruira de ces choses et nous aidera dans ces recherches, si ce ne sont ces tribus du Sud, devenues nôtres en vivant avec nous, ayant bientôt les mêmes intérêts que nous? Ne nous faisons pas illusion : l'Afrique ne nous sera connue et ouverte que par le secours de musulmans, convertis à notre science et à nos usages, avant de l'être au christianisme. Les musulmans de l'Egypte et ceux de l'Algérie, tels sont les explorateurs scientifiques et commerciaux qui doivent faire mille fois plus pour la science et l'industrie européennes, et aussi pour la civilisation de l'Afrique, que n'ont pu faire les courageux et si souvent malheureux voyageurs anglais et français, qui se sont aventurés dans ces audacieuses et presque toujours vaines tentatives.
        Je ne m'écarte pas de mon sujet, comme on pourrait le croire, ni surtout de ma mission, puisque je suis membre de la commission scientifique d'Algérie. Oui, quelqu'étrange que paraisse ce que je vais dire, je prétends que nos colonies militaires devront choisir, parmi les Arabes de l'Est et les Berbères de l'Ouest, des commis voyageurs de commerce et aussi des commis voyageurs de la science; et ce choix sera l'un des objets dont les chefs des colonies militaires devront être chargés très spécialement (1).
        Je viens de dire, Arabes de l'Est et Berbères de l'Ouest, et ceci me ramène à la différence totale qui existe entre ces deux extrémités de la Régence; nous verrons, là encore, une des causes qui se sont opposées de tout temps à une domination facile dans l'Ouest.
        Il suffit de songer que Tlemcen a été le siège de la puissance berbère, et par conséquent kabyle, pendant plusieurs siècles, avant l'invasion turque, et tandis que les Arabes occupaient encore l'Espagne, mais ne régnaient déjà plus depuis longtemps à Marne, pour comprendre la constitution de cette partie de la Régence sous le gouvernement turc; pour comprendre aussi celle que voudrait lui donner l'Arabe Abd-el-Kader, et qui diffère de celle des Turcs; et enfin, pour se faire une idée juste de celle que nous devrions lui donner nous-mêmes, et qui différera nécessairement des deux précédentes.
        L'invasion arabe n'a pas pu, de ce côté, rester maîtresse des indigènes ; les Berbères du Sud, frères des Kabyles, sont venus renverser la puissance arabe, ont dominé les Kabyles indigènes et les Arabes vainqueurs de ceux-ci; tel est le résumé de l'histoire de Tlemcen.

        Pendant cette domination berbère, les anciens vainqueurs, les Arabes, qui occupaient les plaines, ont été les véritables opprimés.
        La domination turque a changé cet état. Le makhzen a été généralement et progressivement arabe, quoiqu'il ait commencé par les Gharaba, tribu mixte, d'origine douteuse, et qui semble avoir été, par rapport aux Berbères et pour les Turcs, ce qu'étaient, par rapport aux Turcs, et ce que sont pour nous les Koulouglis des représentants bâtards du dominateur précédent. Les Kabyles se sont renfermés, le plus qu'ils ont pu, dans leurs montagnes ; les Turcs leur ont donné pour chefs, pour surveillants, pour geôliers, les vainqueurs primitifs qui naguère étaient opprimés, c'est-à-dire les Arabes, qui se sont vengés à leur tour sur les Kabyles
        Quant aux Berbères, les uns sont rentrés dans Maroc, les autres se sont réfugiés au désert d'Angad ; d'autres, qui s'étaient mêlés aux Labiles, sont restés.

        Lorsque nous sommes venus, les Turcs avaient déjà si bien relevé les Arabes des plaines et abaissé les Kabyles des montagnes, que les uns et les autres étaient au même niveau, presque à la hauteur de leurs maîtres. Probablement même sans nous, les Turcs auraient perdu, un peu plus tard, leur puissance de ce côté; le père d'Abd-el-Kader avait commencé; son fils et le Kabyle Bou-Hamedi auraient certainement continué ; et le Bey d'Oran était déjà à moitié détrôné, quand il nous a remis très bénévolement sa faible autorité.
        En ce moment, Abd-el-Kader l'Arabe, qui a cherché à avoir pour lui les Berbères d'Angad et les Kabyles de Tlemcen, a échoué auprès des premiers, mais a réussi en partie auprès des autres; en donnant à l'un d'entre eux, Bou-Hamedi, un pouvoir que depuis longtemps les Kabyles n'avaient plus s car il lui a donné autorité sur plusieurs fortes tribus arabes.
        Abd-el-Kader n'est pourtant, à vrai dire, que le représentant de la population qui, dans la province d'Oran, occupe la place et remplit le rôle qui appartenait, dans celle de Constantine, aux Chaouïa (2) Cette population des plaines intermédiaires entre le désert et la mer, renfermait les tribus le plus soumises, ou plutôt le moins insoumises aux Turcs, durant toute leur domination ; et, parmi elles, les deux grandes tribus des Hacheur et des Beni Amer ressemblent beaucoup, politiquement, aux Harakta et aux Abd-el-Nour de Constantine. Abd-el-Kader est le représentant de la zone intérieure, et particulièrement de notre ligne stratégique des colonies militaires futures, et des lignes secondaires de communication à la mer, c'est-à-dire du cadre de toute domination étrangère en Algérie; tandis que, sous la domination indigène des Berbères et des Kabyles, avant les Turcs, les points importants du gouvernement national étaient des villes dans les montagnes de Bougie, dans celles de Kala et de Kouko, dans celles de Mazouna, de Nédroma et de Tlemcen.
        Nous avons commencé comme les Turcs : nous avons conservé d'abord quelques débris de la puissance précédente; nous avons pris à notre service des soldats turcs, des Koulouglis, des Maures, les Zmélas d'Oran, et nous serions, je crois, fort disposés à organiser les Hacheur, la propre tribu d'Abd-el-Kader, en principale tribu makhzen, si elle se soumettait.
        Cependant, comme nous ne voulons pas régner et finir comme les Turcs, il serait prudent de ne pas trop copier leurs commencements ; il est même temps de s'arrêter.

        XII. - Lorsque nous succéderons enfin à Abd-el-Kader, comme nous avons succédé à Achmet-Bey, prenons garde de trouver ici des Ben-Aïssa et des Bel-Hamlaoui, qu'il faudra envoyer bientôt aux galères ; prenons garde d'instituer des Kaïds et Cheiks impuissants qui se prélasseraient dans nos villes, sous le poids de nos burnous et de nos décorations, comme le Kaïd des Uarakta et le Cheik-el-Arak. Nous qui avons chassé les Turcs, en détrônant le Dey d'Alger, nous n'avons eu, en cela, qu'un tort : c'est de ne pas avoir gouverné nous-mêmes, à leur place, mais quand nous détrônerons Abd-el-Kader, n'ayons pas le double tort de ne pas gouverner, et de faire gouverner par les lieutenants ou serviteurs d'Abd-el-Kader.
        Les Hachent, les Beni-Amer, les Gharaba, les Borgia, et, en général, les tribus arabes des plaines, sont bien, ici comme ailleurs, les populations que nous devons organiser les premières, puisqu'elles sont sur nos lignes de passage; mais nous devons les organiser nous-mêmes et de très près, et non pas les laisser s'organiser les unes par les autres, ni surtout les employer à soumettre celles que nous ne pouvons pas encore organiser.
        Si nous nous servons d'indigènes pour cette organisation, et il le faut, prenons-les donc, autant que possible, parmi ceux que nous ne voulons ou ne pouvons pas gouverner immédiatement chez eux; prenons-les, comme le sentait bien Abd-el-Kader, prenons-les, mais sous une autre forme que celle qu'il a employée, parmi les vrais indigènes de race, parmi les Kabyles, et parmi les Berbères d'Angad; faisons venir dans la plaine quelques montagnards, appelons à la culture des nomades du désert; que ces montagnards, intrépides fantassins , et ces nomades, légers cavaliers, nous aident dans cette organisation, et fassent la police des tribus que nous organiserons dans les plaines; mais ne songeons pas à dominer sur la montagne et à parader au désert, nous y réussirions encore moins que les Turcs ; et ne donnons pas à ces Kabyles et à ces Berbères, comme l'a fait Achmet Bey, comme nous l'avons fait nous-mêmes à Constantine , une autorité politique ou administrative sur les tribus arabes de notre réseau colonial.
        Limitons-nous à cette première oeuvre ; jusqu'à ce qu'elle soit achevée, gardons-nous de vouloir des impôts et de donner des burnous, là où les Français ne s'installent pas comme des maîtres véritables doivent le faire ; attendons que les Kabyles ou les Berbères viennent nous attaquer ou viennent commercer avec nous ; offrons-leur l'hospitalité chez nous, à condition de culture et de service subalterne de police; exerçons ainsi, sur la montagne et sur le désert, une influence très civilisatrice, quoiqu'elle ne soit ni directe ni gouvernementale ; le temps grandira cette influence, les armes n'y feraient rien aujourd'hui, que du mal.
        Nous avons eu tant d'exemples funestes de la vérité du vieil adage, qui recommande de ne pas tout faire à la fois, que je craindrais presque de trop appuyer sur l'absolue nécessité de bien fixer le champ de notre action immédiate; je le craindrais, si je ne voyais pas que sans- cesse la règle de sagesse est enfreinte, et qu'à force de vouloir trop embrasser on n'étreint rien. Tout le monde est convaincu, depuis longtemps, que nous commettons une faute immense, chaque fois que nous forçons une tribu à une soumission qui n'est suivie d'aucune garantie pour nous et pour elle, puisqu'il n'en résulte que des pertes pour elle et de nouvelles pertes pour nous ; pourquoi donc retombons-nous toujours dans la même faute? - C'est qu'il n'a pas encore été dit positivement quelles étaient les tribus que nous devions soumettre, et quelles étaient celles que nous ne devions pas soumettre et sur lesquelles il ne faut employer que les moyens indirects d'un respectable mais bon voisinage.
        Le fossé d'enceinte d'Alger est une expression très bornée de la règle de conduite que nous devons suivre en Algérie; au moins il limite quelque chose, c'est beaucoup. Faisons donc, mais sur la carte seulement, le tracé de fossés semblables, dans l'intérieur desquels nous maintiendrons notre action politique, et même habituellement notre action militaire. Ces lignes renfermeront les tribus que nous devons gouverner, et laisseront en dehors les tribus qu'il sera défendu à nos gouvernants d'essayer de gouverner, comme on défend sans doute aujourd'hui à des colons de s'établir en dehors du fossé d'enceinte d'Alger.

        XIII. - Maintenant que j'ai dit l'influence indirecte qu'il me paraît convenable d'exercer sur les tribus placées en dehors de notre action légitime de gouvernement et de colonisation, et que j'ai indiqué, d'une manière générale, la position des tribus qui se prêtent le mieux à cette influence indirecte, j'arrive plus particulièrement à celles sur lesquelles nous devons agir directement.
        Dans quels lieux sont-elles, et dans quel ordre devons-nous les organiser progressivement?
        La réponse à cette question déterminera, mieux que je n'ai pu le faire dans les chapitres précédents, les lieux où doivent être placées nos colonies militaires et nos colonies civiles.
        D'abord, remarquons que le principal motif d'établissement colonial, même pour les colonies civiles, ne saurait être un motif purement agricole; c'est trop évident pour avoir besoin d'être démontré ; j'ajoute que ce motif ne saurait être purement militaire, mais qu'il doit être avant tout politique. Ceci paraîtra peut-être plus contestable, au moins pour les colonies militaires; mais cela tiendrait à ce que l'on donnerait à ce mot : militaire, une extension qu'il n'a pas, et que surtout je ne lui attribue pas ici, puisque je le mets en regard de ces deux mots agricole et politique. Sans contredit, l'ensemble des conditions qui constituent un bon établissement militaire, comprend les besoins économiques, ceux d'hygiène pour la troupe, et les rapports politiques de cette troupe avec les voisins qu'elle doit protéger et ceux qu'elle doit combattre. De même, un établissement agricole ne doit pas se faire seulement en raison de la fertilité du sol, mais il est soumis aux besoins de sécurité, de salubrité, de communications. Toutefois, nous avons vu beaucoup de colons, entraînés par l'appât d'un sol fertile, négliger toutes les autres conditions ; et, je le dis aussi, nous avons vu beaucoup de militaires établir des postes, des camps, des forts, parfaitement placés pour se défendre ou pour attaquer, mais qui étaient infiniment coûteux, politiquement inutiles, et horriblement malsains et mortels.

        XIV. - Un exemple très général, quant à l'Algérie, fera ressortir clairement cette idée. - Le réseau colonial, tel que je le trace, dépend d'une opinion politique sur le gouvernement de l'Algérie, et toute opinion politique qui serait autre déterminerait un autre plan d'occupation. Ainsi, M. le général Duvivier pense qu'il ne faudrait pas de Gouverneur général pour l'Algérie; que les trois provinces devraient être isolées et indépendantes, et que leurs chefs respectifs correspondraient avec Paris ; il est donc conduit à tracer, sur la carte de l'Algérie, trois grandes lignes, Nord et Sud, joignant la mer au désert, dans chaque province, et sur lesquelles il pose ses établissements militaires. En conséquence, il supprime Sétif et Mua, Bougie et Jigelli, et il efface Miliana, Tékedemt, tout le cours du Chélif et même Mascara, Mostaganem et Arzeu. D'un autre côté, comme les montagnes dominent les plaines, c'est sur les montagnes que M. le général Duvivier poste ses établissements; ils y seraient fort bien en effet, militairement, en ce sens qu'ils plongeraient, comme des tours, sur les plaines; ils y seraient bien, hygiéniquement, car on aurait bon air. Mais les Kabyles eux-mêmes n'y peuvent tenir que pendant quelques mois de l'année, lorsque le roc suinte un peu d'eau très limpide, la meilleure eau sans contredit, le Champagne de nos soldats en Algérie; à toute autre époque, les Kabyles habitent dans les petites vallées, ils se retirent dans les anfractuosités ombragées de la montagne, fort mauvaises positions militaires, mais où les hommes et les animaux trouvent de l'eau ; enfin, ce sont les Kabyles qui s'y tiennent et non les Arabes ; ceux-ci n'ont jamais songé à s'y poster militairement, et pourtant ils ne sont pas plus mauvais militaires , pour l'Algérie, que les Kabyles, puisqu'ils ont conquis l'Algérie, l'ont dominée pendant longtemps du bas de leurs plaines, y sont restés très puissants sous les Turcs, y sont maintenant nos adversaires immédiats, et occupent les plaines que nous voulons conquérir.
        Je crois le principe politique de M. le général Duvivier incomplet, et son principe agricole plus qu'incomplet ; et il me paraît qu'il les a trop subordonnés à un principe purement militaire; savoir : que pour dominer les hommes par les armes, et surtout par les armes à feu, il faut être géographiquement et matériellement plus élevés qu'eux; principe militaire très général, qui ne saurait cependant s'appliquer à tous les cas de guerre, et, à plus forte raison, aux principales circonstances d'une organisation coloniale.

        Comme ce sont les hommes des grandes plaines et des grandes vallées qu'il faut organiser, sauf à surveiller (ou faire surveiller par des Kabyles même) les Kabyles des montagnes, il y a nécessité politique de fonder des établissements organisateurs et surveillants dans ces plaines, où se placeront d'ailleurs les colonies européennes qu'il faudra protéger. Sous le rapport hygiénique, économique et agricole, les indigènes eux-mêmes nous indiquent comment nous devons nous y placer; c'est-à-dire près des rivières quand la montagne n'a pas d'eau, près de la montagne quand les rivières débordent et jusqu'à ce que la plaine soit desséchée et par suite assainie : en campagne, une partie de l'année, en station, l'autre partie ; et progressivement, avec les travaux de dessèchement et d'assainissement, avec la recherche et l'entretien des sources, la conduite des eaux et le reboisement, nous finirons par avoir des habitations fixes, entre la rivière et la montagne.

        Quant au point de vue militaire : comme nous serons, nous, Français, habituellement dans les plaines, il me paraît que nos stations militaires devront surtout être disposées favorablement pour la cavalerie (3) et non pour l'infanterie et l'artillerie, de manière à pouvoir poursuivre vite et longtemps l'ennemi, plutôt que de soutenir longtemps des attaques et des sièges. En un mot, nous ne devons jamais nous exposer à être bloqués; une colonie militaire française, en plaine, ne peut pas l'être; dans les montagnes, elle le serait toujours; elle supporterait bravement le blocus, cela est certain ; elle saurait même y périr de faim et de soif, mais ce n'est pas la question. Si donc nous devons avoir des postes sur les montagnes, ces postes ne sauraient être que des avant-postes, des vedettes, des télégraphes, et non des stations, et surtout des colonies, propres à gouverner, à organiser ou même à combattre des tribus de plaine, des cavaliers.
        Mais l'Algérie, dira-t-on, n'est pas un pays de plaines. - Non, sans doute, et voilà pourquoi nous devons avant tout, nous emparer du peu de plaines qui s'y trouvent, nous y établir solidement et fructueusement, nous y entourer des indigènes qui aiment et connaissent le mieux les travaux de la plaine ; nous verrons le reste après.
        Sauf des exceptions rares, je le répète , les tribus que nous devons soumettre et organiser sont celles de ces plaines par lesquelles passent les lignes de notre réseau colonial ; ces plaines ne forment pas un plateau continu, cela est vrai ; car, s'il y en a peu, il y en a surtout très peu de grandes; néanmoins, aux portés de toutes les villes qui forment les noeuds du réseau colonial, il y a des plaines assez étendues pour occuper toute l'activité colonisatrice, organisatrice et gouvernementale de la France, pendant un siècle.

        Par exemple, le Gouverneur de la province d'Oran, qui aurait colonisé et organisé seulement les plaines du littoral, celles du Sig, de l'Habra, de l'Hill-Hill et de la Mina; ou bien le Gouverneur de la province de Constantine qui aurait fait oeuvre semblable, seulement dans la plaine de Sétif et dans la Medjana, c'est-à-dire dans un pays de plaine qui a généralement douze à quinze lieues de large sur quarante de longueur; les Gouverneurs qui feraient pareille oeuvre, en vingt ans, auraient bien mérité de la France et de l'Algérie (4).

        On peut en dire autant du Gouverneur de la province d'Alger qui aurait colonisé et organisé la plaine qui, devant Miliana, ouvre la vallée du Chélif et le grand plateau qui, sous Médéa, conduit vers Hamza et vers le Sahara.

1 - Ceci me conduit à faire remarquer que si l'on utilisait toute la science qui est renfermée en Algérie, dans les corps du génie, de 1'artiIlerie, de l'état-major, de la médecine, on aurait déjà, depuis douze ans, des connaissances et des matériaux très précieux (on a des cartes géographiques assez bonnes, mais voilà tout ) et il aurait été complètement inutile d'y envoyer une commission scientifique, on du moins, si on l'avait envoyée, ce n'aurait dû être que pour organiser les travaux isolés de ces nombreux ouvriers de la science, et réunir leurs collections individuelles dans un misée algérien.

2 - La position d'Achmet-Bey, quand nous avons pris Constantine, devait être et était, en effet, un mélange de celle du Bey d'Oran et de celle d'Abd-el-Kader: d'une part, sa puissance turque sur les tribus du centre (Chaouïa) et du littoral (Kabyles) déclinait; et de l'autre, comme lui-même avait détruit les Turcs, il appelait à son aide le désert (Cheik-el-Arab) et donnait grande puissance au Kabyle Ben-Aïssa, comme Abd-e1-Kader appelait Tedjini et prenait Bou-Hamedi pour Khalifat. - Même sans nous, les Chaouïa et les Kabyles de Constantine auraient chassé Achmet-Bey; sans nous, les Arabes et les Kabyles d'Oran se délivreraient aussi d'Abd-el-Kader.

3 - La question des haras, si souvent agitée pour l'Algérie, et qui n'a reçu encore, très heureusement, aucune solution, est tout à fait liée à l'établissement de nos colonies militaires qui sont les véritables, les seuls haras qu'on doive établir. C'est principalement de chevaux et de mulets, et non de moutons, que nos colons militaires devront s'occuper, comme pasteurs. Blé, orge, foin et chevaux, voilà toute leur économie agricole; de même que c'est surtout par les plantations que les colonies civiles pourront prospérer.

4 - " Un bon gouvernement, et, par suite, une bonne agriculture ~ feraient de la vallée du Chélif, dans un demi-siècle, l'un des plus beaux pays du monde. " - Rapport du Gouverneur général du 13 juin 1842.

A SUIVRE

INONDATION
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut

Une pluie est tombée, à verse, sans arrêt,
Depuis plusieurs longs jours, aussi les oueds roulent
Des vagues boueuses qui se cabrent en houles
Comme la barre d'eau que forme un mascaret.

Et l'inondation submerge le guéret.
Les berges de sable que sapent le flux croulent,
Des gourbis emportés où perchent quelques poules
Passent dans le courant où, parfois apparaît

D'un animal noyé la masse chavirée.
Mais la pluie a cessé, l'eau s'étant retirée,
Des petits Arabes rapportent dans leurs bras.

Capturés dans des trous, pleins après la décrue,
En chapelets entiers, des barbeaux blancs et gras
Qui, salés aux gourbis, tiendront lieu de morue.



SA-FOU-TI-KA...
Par Georges Henri CARBUCCIA
anciens des E.N. de Bouza et d'El Biar.
Trait d'Union N° 33

       "Azimut 100 !"
       En novembre - décembre 42, notre bataillon, le 2ème bataillon du 15ème R.T.S. fit la sentinelle avancée durant un mois, à Philippe Thomas, près de Gafsa. Les italiens étaient en face de nous, à Kebili, mais loin... Un jour, revenant d'une patrouille embuscade sur les confins nord du Chott-el-Djerid, ce qui me valut quatre-vingt kilomètres à pied, nous entendons une canonnade lointaine mais d'une ampleur inhabituelle... Quand nous arrivons, à la nuit tombante, à Philippe Thomas, nous ne trouvons plus qu'un seul tirailleur, porteur d'un message "Repliez-vous immédiatement sur Redeyef'...
       Un train nous attend, deux wagons, où je range mes quarante hommes, et une locomotive, précédée de deux "trucs", wagons plats, mis là pour sauter les premiers, pour le cas où une mine... Enfin, nous arrivons à Redeyef et y retrouvons le bataillon...

       A l'aube, départ à pied, vers le nord, pour rejoindre "le gros des troupes". Direction : Bir-el-Ater... Cent kilomètres, sans aucune "couverture" à droite, c'est-à-dire à l'est... Six à l'heure... Pauses de dix minutes toutes les heures... J'ai passé mon cheval à Pema Baniemba, un grand sénégalais qui avait une entorse à la cheville, avançait du pied gauche, et tirait sa jambe droite qui raclait le sol pour rejoindre l'autre... Brave Pema ! Cent kilomètres en traînant la jambe !... A droite, par intermittence, une canonnade qui se rapprochait...
       C'était un plateau légèrement "ondulé"... Quand on arrivait à une "crête", on voyait la piste sur 10 kilomètres, descendant d'abord, puis remontant vers l'horizon... Quand on arrivait à la crête suivante, même "paysage" renouvelé... Deux jours, à traîner sa carcasse, les muscles devenant durs et rigides... On se sentait "plombés"... Enfin, on arrive à Bir-el-Ater où l'on s'écroule, morts de fatigue, sur le blé des silos où l'on restera, quasi inanimés, vingt-quatre heures à dormir...

       Enfin, on vient nous chercher, du nord... Une trentaine de camions américains, de G.M.C... D'abord, la piste de Bir-el-ater vers Tebessa... Deux heures... Puis, nous l'abandonnons pour du "tout terrain"... Abominable : rochers innombrables, aigus... Nous allons "au canon"... C'est tout près, maintenant, mais nous avançons peut-être à deux à l'heure... Des camions crèvent... Enfin, une piste, une très bonne piste.
       Des troupes passent, en camion... Maintenant, le canon "claque sec"... On est tout près...
       Nous descendons de camion et gagnons la première ligne à pied... Une forêt... Une crête, où la forêt s'arrête... Nous sommes à la lisière et assistons, comme au théâtre, à une bataille "avions américains contre chars allemands"... A la jumelle... Les chars dans la vallée, celle de l'Oued-el-Kebir, maigre filet d'eau... Quelques chars sautent...

       Quelques avions s'abattent, suivis d'un filet noir comme d'une queue qui se dilue après l'éclair de la chute mortelle... Tout cela s'atténue...
       Toujours à la jumelle, je me rends compte que les forêts, en haut, sur les collines, regorgent de monde... Vraiment, il y a là un regroupement d'hommes incroyable...
       La nuit tombe, une nuit d'encre... Silence total... Le commandant de ma compagnie, le Capitaine Painchaud, nous place un peu en retrait, à une vingtaine de mètres de la lisière, disséminés dans le bois de pins, avec des sentinelles à l'orée du bois... Nous mangeons, devisons, chantonnons pour passer le temps... La nuit n'est pas froide... Certains s'endorment, plus ou moins... L'ennemi envoie, de temps en temps, quelques volées de fusants... Les schrapnells percent le feuillage... Un tirailleur est blessé... On attend, et on pense... Que sera demain ?
       Un bruit lointain, venant de l'est... Comme un roulement sourd, continu, ample... Un ordre du bataillon "Ne pas bouger"... Le grondement s'approche, s'affirme... Un pinceau lumineux troue la nuit et détecte le passage, dans le noir... Dans un bruit d'apocalypse passent devant nous, fuyant vers l'ouest, chars, canons, caissons, camions de troupes américaines à l'étoile blanche... Tous les tirailleurs sont là et regardent... Quel spectacle ! Quel déchaînement ! Si cela "part'', si cette énorme force part, qu'est-ce qu'il doit y avoir en face ?... Quatre heures !... Ce défilé dure quatre heures, de dix heures du soir à deux heures du matin... Nous avons vu l'armée américaine se retirer vers l'ouest... Nous saurons plus tard que son commandement comptait se replier jusqu'à Palestro et axer la défense sur le Djurdjura... Rommel, alors aurait dilué ses forces dans l'immense département de Constantine, sans pouvoir recevoir de renforts importants, les alliés étant les maîtres de la mer et de l'air, dans ce secteur... A partir de deux heures du matin, plus rien... Je sommeille... Les sentinelles veillent, car il ne doit y avoir plus rien pour nous couvrir, à l'est...

       On me secoue "tu te réveilles, oui !"... C'est le Capitaine Painchaud... Je me frotte les yeux "Tu es bien réveillé ? Alors, écoute... Nous attaquons à l'aube... Azimut 100 !".
       Mes yeux s'arrondissent comme des billes... Azimut 100 ! Plein Est... Nous attaquons les allemands... Certainement pour retarder la poursuite...
       Tu as compris, oui !...
       - Oui, oui...
       Dispositif de départ en carré... Tu seras en premier échelon, à droite... Couvre-toi à droite... La section Trochet à ta gauche... Intervalle cent mètres... Je serai derrière toi avec Orazzi... Distance cent mètres... A sa gauche, la section Lanez... Rappelle-toi : Azimut cent... Bien sûr, s'il m'arrive quelque chose, c'est toi qui prends le commandement de la compagnie... C'est moi qui donnerai le top de départ... Arrivedercci !"
       A mon tour, je donne mes ordres... Je me tiendrai avec le 1er groupe, et c'est moi qui prendrai le fusil mitrailleur... Togba ne demandera pas mieux... Comme je ne peux pas bien fermer mon oeil gauche, et qu'il faut viser du droit, je mettrai mon bandeau noir, comme au champ de tir du polygone, à Constantine... Nous ne serons certainement pas les seuls à attaquer, du moins je le pense... Les tirailleurs ne seront avisés qu'un quart d'heure avant d'attaquer... Pensons à autre chose...
       ...Le ciel est devenu un peu moins sombre...
       Dispositions de combat !...
       Du remue-ménage... On entend les culasses maniées énergiquement... On sort les chargeurs de F.M. des sacs et l'on en fixe un à l'arme... Je dirige ma torche électrique vers Roncier... Adossé à un pin, il ronge placidement un biscuit... Diop et Fanté distribuent le café... Comme il est bon, ce jus militaire, toujours bien sucré... Maintenant, il fait franchement jour...
       Tout à coup, l'adjudant Samba Koulibali, que j'avais placé en observateur sur un rocher avancé, se tourne vers nous et nous fixe bizarrement, puis il se tourne, scrute à nouveau l'horizon, se met franchement à découvert pour mieux voir... Un bond et un cri :
       - Mon lieutenant, sa-fou-ti-ka !... J'te jure, sa-fou-ti-ka L..
       Je suis debout... Une dizaine de voix transmettent la nouvelle...
       - Safoutika !... Safoutika !... Ils ont foutu le camp !... pas possible...
       Comme on ne sait jamais, je hurle "A vos postes, bande d'andouilles ! A vos postes !"...
       Tout se remet en place, mais avec des petits sourires, des petits cris. Moi, je suis déjà sur le rocher, lorgnette à la main... Je scrute. Plus rien, dans la vallée, que quelques carcasses métalliques "mortes" hier, et qui ne fument plus... Rien ! Rien ! Peut-être sont-ils bien camouflés et vont-ils bondir !...
       Le téléphone de campagne sonne... C'est Painchaud... Mon coeur bat... Va-t-il donner le "top" annoncé ?
       Ne bougez pas !... Le bataillon a téléphoné de ne pas bouger !... Oui, il est possible qu'ils aient foutu le camp...

       Nous attendons toujours, en dispositif de combat, mais j'ai de la peine à contenir mes hommes...
       ... Enfin, Painchaud arrive en courant et tombe dans mes bras : "Ils on foutu le camp ! Rommel a décampé ! Tu parles d'une rigolade ! Ils sont maintenant au moins à cinquante kilomètres les uns des autres, et nous sommes tout seuls !"...
       La situation est tellement comique, et l'on est tellement délivrés, que c'est l'explosion des rires, des tapes dans le dos, des cris inarticulés des tirailleurs, qui sont sans signification pour nous, européens, mais qui doivent signifier quelque chose, là-bas, dans la forêt vierge.
       On apporte une "rince" de café... On le boit de meilleur coeur que l'autre, celui qui aurait pu être le dernier !... Les échos d'un chant lointain nous parviennent...
       On nous "oublia" huit jours, dans notre bois de pins... deux jours de liesse, puis vint l'ennui... Nous comprenions que nous ne participerions pas à la poursuite, n'ayant aucun moyen de transport, mais nous étions un peu vexés... Enfin, un après-midi, on vit arriver, une caravane de G.M.C... On avait pensé à nous ! Ils nous emmenèrent dans la zone du Pont-du-Fahs, à l'est de Bou-Arada, au pied du Djebel Mansour... Tous ceux qui, en 1943, lisaient le communiqué savent à quoi s'en tenir, sur l'enfer de Pont-du-Fahs !...

N.B. - "Sa-fou-ti-ka"; phonétiquement "Ils ont foutu le camp"... On sait que, dans nos troupes coloniales, la prononciation était très approximative.

N.B. - Ce moment de la Campagne de Tunisie est devenu historique. Tout le monde sait que les américains avaient décidé le repli "sur d'autres points d'appui"... L'Histoire a même dit qu'ils envisageaient de se retirer jusqu'au Djurdjura... C'est le Maréchal Juin, alors général, qui refusa... C'était un Constantinois - Philippevillois, un des nôtres... Il avait raison... Son rôle, dans la guerre, a été immense...


Georges Henri CARBUCCIA      

LE CONGRÈS ANTIESCLAVAGISTE
Paru sur la Revue des Colonies. 5 octobre 1890
Par M. HENRI LAVERDAC.

       Au moment où le continent africain est l'objet des convoitises générales, on ne saurait nier l'importance que présente pour la colonisation la campagne entreprise, depuis quelque temps, afin d'arriver à la suppression de l'esclavage. La plupart des puissances européennes, en apposant leur signature au bas de l'acte général de la conférence de Bruxelles, ont montré quel intérêt capital elles attachaient à cette question. Il y a lieu de se féliciter de voir un Français à la tête de cette œuvre.
       Le nom du cardinal Lavigerie a pu, au premier abord, faire croire à beaucoup de gens que, sous prétexte d'oeuvre humanitaire, il ne s'agissait en réalité que de propagande religieuse; le prélat s'est chargé lui-même de calmer les appréhensions, lors du congrès libre antiesclavagiste, qui s'est réuni à Paris il y a quinze jours.

       " Ce que les puissances déclarent tout d'abord, sans hésitation et sans vaine sensibilité, comme nous l'avions déclaré nous-mêmes, c'est que pour réaliser une telle oeuvre, ce qui est, avant tout, nécessaire, c'est la force, la force armée, décidée à user de ses armes. Ceux qui la repoussaient pour demander qu'on se bornât aux seuls moyens de la persuasion et de la douceur, à la puissance exclusive des missions évangéliques, s'abusaient eux mêmes.
       Il fallait d'abord arrêter la traite à son lieu d'origine, là où se fait, selon le nom aujourd'hui consacré, la chasse à l'homme. Les puissances y ont pourvu, dans l'acte de Bruxelles, en ordonnant qu'elles établiraient des stations armées partout où la chasse impie est en vigueur, pour réprimer par la force les fureurs de l'esclavagisme.

       Elles ont fait plus, elles ont cherché à supprimer le mal jusque dans sa racine, en prohibant désormais, comme nous le demandions, l'entrée, dans la portion du continent africain déshonorée par la traite, des armes et de la poudre.
       La conférence de Bruxelles nous a donné satisfaction sur tous les points. Sans doute, l'esclavage ne peut s'abolir en un jour. Non seulement cela ne se peut, mais un tel résultat, s'il était possible, serait un malheur affreux. La traite, la chasse à l'homme doit disparaître, et rapidement; mais l'esclavage est comme une tradition constitutionnelle en Afrique. Il faut ménager la transition, car ces traditions assurent à l'Afrique une forme telle quelle d'état social dont la suppression subite la jetterait dans le chaos. "
       Tel est le langage tenu par le cardinal ; il ne peut laisser de doute à personne :

       La campagne antiesclavagiste n'est point une campagne cléricale. Ceux qui la dirigent ont maintes reprises déclaré que ce n'était point uniquement le désir de convertir au catholicisme les populations africaines, qui les faisait agir, mais bien l'idée de mettre fin à un état de chose que condamnent les sentiments humains et la civilisation. Ils ne font que reprendre les aspirations de la Révolution et de l'Assemblée nationale de 1848, qui, solennellement, proclamèrent l'abolition de l'esclavage et reconnurent les droits de toutes les races à la liberté, ils poursuivent donc une oeuvre éminemment française et à ce titre ont droit à toutes nos sympathies. Tandis que les autres nations se ruent sur le continent noir mues par des idées commerciales, la France a prouvé qu'elle était surtout guidée par la pensée civilisatrice; la campagne du congrès antiesclavagiste en fournit une nouvelle preuve.
       Le cardinal Lavigerie a rendu justice aux efforts faits par la France, pour amener à la civilisation les peuples de ce continent aujourd'hui encore si peu connu. Nous ne pouvons nous dispenser de citer ici ses paroles.

       Nous savons que la France voit aujourd'hui s'ouvrir devant elle un nouveau champ d'influence.

       La France n'avait pas attendu les temps actuels pour commencer la conquête africaine. Elle avait précédé presque tous les peuples dans ce duel immense de la civilisation et de la barbarie. Elle a, depuis plus d'un demi-siècle, travaillé en Algérie, dans le Sénégal, dans les colonies de l'océan Atlantique, plus récemment enfin, dans la Tunisie. Mais, entre ces contrées qui lui appartiennent depuis longtemps sur les deux mers, reste encore une région immense, grande presque comme la moitié de l'Europe et où l'esclavage se montre avec plus de cruautés peut-être que dans le reste du continent africain: dans le Soudan où les princes musulmans l'ont élevé à l'état d'institution publique, avec leurs nègres du trésor, dans le Sahara qui sert de lieu d'exportation et de passage incessant, avec des barbaries sans nom, aux esclaves destinés aux marchés du Maroc, de la Turquie, de la Tripolitaine.

       Pour se rendre des bords de la Méditerranée où nous sommes les maîtres, et où d'ici nous arrivons aujourd'hui en moins de deux jours, grâce aux progrès de la vapeur, il faut, pour pénétrer jusqu'au Soudan qui nous offre tant d'espérances, avec ses populations nombreuses, ses produits naturels, ses mines d'argent et d'or, contourner la moitié d'un continent et remonter le Niger avec des frais et des périls sans nombre, alors que, dans quatre jours, une voie ferrée nous permettrait d'ouvrir à notre France, à l'Europe, les dernières profondeurs de l'Afrique.

       Tous les dévouements se sont unis en France pour une conquête que nous destinait la Providence : la science, la charité, l'armée même ont laissé, depuis un quart de siècle, dans le désert, les traces de leur sanglant héroïsme.
       Et cela, vive Dieu ! Il eût fallu le venger, parce qu'il y allait de l'honneur de la France et de celui de l'armée et qu'il n'est pas permis à un peuple, surtout chrétien, de faire litière de son honneur. Mais on a tristement hésité jusqu'à ce jour. Aussi, lorsque les feuilles publiques nous ont appris que, par un accord avec les puissances de l'Europe, le Sahara et le Soudan central venaient d'être reconnus comme appartenant désormais à notre influence, ai-je regardé cet acte comme la revanche providentielle de tant de sacrifices.
       Mais ce qui est fait n'est qu'une aurore :

       Il y faut maintenant le travail du jour et de la chaleur.
       Pour ceux qui ont étudié ces questions, les éléments de leurs solutions matérielles et morales, les objections sont tombées déjà. "

       Nous ne rendrons pas compte des séances du congrès auxquelles ont assistés de nombreux délégués de la France, de l'Angleterre, de l'Autriche-Hongrie, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne, de la Belgique, du Portugal, envoyés par les sociétés esclavagistes de ces différents États. Contentons-nous d'en donner les conclusions exprimées dans les voeux suivants :

       1° Le congrès adresse aux puissances signataires de l'acte général de la conférence internationale de Bruxelles l'expression de sa reconnaissance et exprime le voeu que les dernières conditions qui restent à remplir en vue d'une action collective de ces puissances le soient le plus prochainement possible, de manière à répondre aux sentiments et aux désirs du monde civilisé :

       2° Afin de sauvegarder la liberté d'action des diverses Sociétés représentées au congrès, il est décidé que l'oeuvre antiesclavagiste demeurera divisée selon les sphères d'action que ces Sociétés ont choisies, ou pourront choisir sous la direction de comités nationaux indépendants;

       3° Le congrès compte avant tout sur les moyens pacifiques et sur la coopération des missionnaires. Aussi est-il résolu de seconder les missions par tous les moyens en son pouvoir ;

       4° Recherchant s'il n'y aurait pas lieu, pour les comités nationaux, de prêter un concours actif à leurs gouvernements respectifs, notamment en organisant des corps de troupes armées, le congrès émet le voeu que les comités fassent œuvre utile là où, dans le but qu'ils poursuivent, ils pourront être secondés par le dévouement privé et par des engagements de volontaires, ainsi que les autorise le chapitre premier de l'acte général de la conférence de Bruxelles ;

       5° Le congrès exprime le voeu que le Saint-père se rende à la prière du cardinal Lavigerie et accorde l'autorisation de faire dans la chrétienté une quête annuelle en faveur de l'oeuvre antiesclavagiste ;

       6° Le congrès émet le voeu que des mesures soient prises pour prévenir les abus qui se commettent en Afrique dans les engagements des travailleurs libres et assurer la sécurité des noirs menacés d'une nouvelle sorte d'esclavage;

       7° Le congrès appelle l'attention des puissances sur les entraves que le développement de certaines sectes musulmanes fanatiques apporte à l'œuvre de la civilisation de l'Afrique;

       8° Il est à désirer que chaque comité national publie un bulletin qui fasse connaître ses moyens d'action et devienne une sorte de trait d'union entre tous les membres de l'oeuvre;

       9° Un donateur inconnu ayant mis à la disposition du congrès une somme de 20.000 francs destinée à couronner l'ouvrage le plus populaire et le plus méritoire sur l'abolition de l'esclavage, le congrès remet à une commission composée des délégués de chaque comité national le soin de désigner le lauréat;

       10° Le congrès émet le vœu que les secours envoyés aux missionnaires soient affranchis des droits de douane;

       11° Enfin, le congrès décide qu'un nouveau congrès libre des Sociétés antiesclavagistes aura lieu à Paris dans le délai de deux ans au plus tard.

       Tous les hommes de coeur applaudiront à l'œuvre de conciliation et de paix à laquelle s'est attachée la ligue antiesclavagiste.

HENRI LAVERDAC.        

Le ventriloque et la blonde
Envoyé par M. Marcel Treels

       Un ventriloque qui fait la tournée des clubs, s'arrête dans une petite ville pour une représentation.
       Il commence son show avec sa poupée Ouin-Ouin qu'il fait parler en racontant des blagues sur les blondes, quand une très belle jeune femme BLONDE se lève et crie :
       - J'en ai assez de vos blagues stupides sur les blondes ! Qu'est-ce qui vous permet de stéréotyper les femmes de cette façon ? Quel rapport peut avoir la couleur des cheveux d'une personne avec sa personnalité et son âme ? Ce sont de pauvres gens comme vous qui empêchent des femmes comme moi d'être respectées professionnellement et humainement. A cause de vous et de vos préjugés, les gens continuent de répandre ce genre de légende. Vous êtes un retardé pathétique, et ce que vous faites est non seulement contraire à la loi sur la discrimination dans tout pays civilisé, mais également extrêmement offensant pour toute personne sensible au respect de l'homme en général. Vous devriez en mourir de honte !

       Le ventriloque, très embarrassé, commence à bafouiller des excuses quand la blonde l'interrompt :
       - Restez en dehors de ça, Monsieur ! Je parle au petit con qui est assis sur vos genoux !

         


LA LEGION ETRANGERE
Par Jean des Vallières
                                                   Envoyé par M. Bailly                                               N°1
        Jean des Vallières est né, en 1895, d'une vieille famille parisienne, à laquelle sa grand-mère irlandaise avait infusé le goût des aventures héroïques. Son père, le général Pierre des Vallières, dont il a écrit l'histoire sous le titre d'Au Soleil de la Cavalerie, fut le plus brillant cavalier de son temps et tomba sur la ligne de feu, frappé d'une balle au cœur, le 28 mai 1918, à la tête de la 151ème D.I.

          Saint-Cyrien lui-même de la promotion dite des gants blancs, Jean des Vallières passa dans l'aviation de chasse (3 citations, Légion d'Honneur).
Ses livres, l'Escadrille des Anges, Kavalier-Scharnhorst, Spartakus-Parade, racontent les exploits des pilotes de chasse sur le front de Reims,  
 

sa capture, ses évasions, la révolte du camp de représailles de Magdebourg, sa condamnation à dix ans de bagne et la révolution allemande qui le délivra.
        De nombreuses opérations sur les confins sahariens, avec la Légion étrangère lui ont apporté la matière des cinq ouvrages qu'il lui a consacrés et qui - des Hommes sans nom au dernier en date, dont nous publions le condensé - sont considérés par les Légionnaires comme les plus véridiques et les plus complets.

          A la suite de son mariage avec une Provençale, Jean des Vallières s'était fixé à Fontvieille, au mas de Montauban, où Alphonse Daudet écrivit Les Lettres de mon moulin. A son tour aussi, il a chanté les gloires de la Provence dans plusieurs livres : Les Filles du Rhône, Le Chevalier de la Camargue, sur son ami Folco de Baroncelli, Mademoiselle de Malemort, et il y a quelques mois, Découverte de la Provence. Il a même revêtu, pour défendre sous l'occupation son pays d'Arles, l'uniforme du sous-préfet aux champs - ce qui l'a enrichi d'une nouvelle expérience des geôles allemandes.   


PREMIERE PARTIE
Le vrai visage de la Légion

Vous légionnaires, vous êtes soldats pour mourir,
je vous envoie où l'on meurt.

Général de Négrier, Tonkin, 1885.          

        La grande inconnue

        De l'unique régiment qu'elle fut à l'origine, la Légion Étrangère est devenue une véritable armée, forte de plus de trente mille hommes. Mais ni l'augmentation de ses effectifs, déterminée par les guerres d'Indochine et d'Algérie, ni le rôle prépondérant qu'elle y a joué, en qualité de force de rupture, n'ont dissipé le mystère qui l'a toujours entourée.
        Pour les profanes elle reste la " grande inconnue " et le droit qu'ont les Légionnaires de ne pas déclarer leur véritable identité y contribue certainement, encore que ceux qui en usent soient une minorité et que l'orgueil plus souvent que des raisons d'ordre privé les incite à demeurer anonymes dans le rang, en n'y accomplissant que pour leur satisfaction personnelle les hauts faits dont ils sont coutumiers.

          Beaucoup d'idées fausses courent sur la Légion. Son éloignement favorise les légendes tendancieuses qui la défigurent. Initialement créée " pour servir hors des limites du royaume ", elle n'a foulé le sol métropolitain qu'à quatre reprises, lorsqu'il fallut en chasser l'envahisseur. Ces interventions exceptées, le commandement ne l'a employée, conformément à sa destination, que sur les théâtres d'opérations extérieures. La vie qu'elle y a menée, le travail qu'elle y a fait, ses épreuves, ses sacrifices, sont restés à peu près ignorés de ceux qui en bénéficiaient et que ses pertes mêmes ne touchaient guère, car ses morts n'ont personne en France pour les pleurer.
        Ira-t-on pourtant, parce que les temps ont changé, jusqu'à oublier la part de la Légion dans la conquête et l'organisation de l'immense empire qui, hier encore, teintait de rose - couleur distinctive de la France - les cartes de l'Afrique et de l'Asie ? Pendant plus d'un siècle, sa vigilance dans la fonction d'y défendre notre souveraineté s'est exprimée par d'impérissables exploits, chaque vie donnée par les étrangers qui la composent épargnant une vie française au moins et souvent bien davantage, car ces professionnels du combat savent mieux déjouer l'ennemi qu'à courage égal les jeunes soldats, moins aguerris, de la conscription.


Légionnaire à Sidi-Bel-Abbès. " D'un camp vous avez fait une ville florissante,
d'une solitude un canton fertile, image de la France".

          On se trompe en imaginant la Légion comme une sorte de corps autonome, affranchi des devoirs auxquels les autres sont soumis. Intrinsèquement dotée d'une charte particulière, avec des obligations dont les exigences sont différentes, elle n'en fait pas moins partie de l'armée au même titre et sur le même rang que les troupes qui agissent à ses côtés. Ce n'est même pas une arme spéciale; mais, d'une plus redoutable agressivité, la Légion représente normalement l'élément de choc.
        II en fut ainsi dès son origine, en Algérie et pendant toutes les campagnes du second Empire qu'elle fit au sein de l'armée régulière. Comme les autres forces françaises, elle combattit sur le continent en 1870, en 1914-1918, en 1939-1945.

          Seuls, les légionnaires originaires des pays en guerre contre nous demeurèrent dans nos possessions d'outre-mer. Par trois fois, ils y ont maintenu l'ordre, en matant de dangereux soulèvements, et nous les ont intégralement gardées, ce qui n'est pas un témoignage minime de leur fidélité.
        Cette fidélité, comme tout ce qui touche à la Légion, nous entraîne si loin des petites mesures bourgeoises qu'on ne peut écrire une histoire intelligible de la Légion Étrangère sans se référer à la psychologie des chevaliers de fortune qui y entrent comme en religion et sans montrer comment les fins exaltantes qu'elle leur assigne en ont fait les premiers soldats du monde

        L'honneur des mercenaires

        L'emploi des mercenaires remonte à la plus haute antiquité. Rome et Carthage y ont recouru. En France, ils apparaissent dans la piétaille de Philippe le Bel et les grandes compagnies de Du Guesclin. Charles VII se constitue une garde écossaise qui longtemps servira la monarchie avec une exemplaire loyauté. Évoquant ensuite les guerres d'Italie, Brantôme mentionne parmi la cavalerie de Louis XII des partis venus des Balkans et de Turquie et qui avaient accoutumé, nous dit-il, d'accrocher la tête de leurs ennemis à l'arçon de leurs selles.


Grenadier du régiment de Hohenlohe, dont les vétérans ont compté parmi les premiers légionnaires.

          Des reîtres aux armures noires chevauchent " dans le chemin de l'honneur " autour du panache blanc d'Henri IV. Richelieu incorpore le Royal-Allemand du duc Bernard de Saxe-Weimar et leurs fastueux uniformes ajoutent au renom des Hussards hongrois du grand Roi. - Au soir désastreux de Rossbach, un régiment en habits rouges couvre la retraite avec une impassibilité sous le feu qui consterne Frédéric II :
        - Quel est ce mur de briques que mes canons ne peuvent entamer ? demande-t-il.
        - Sire, lui répond-on, ce sont les Suisses.

          Cette garde suisse que les Bourbons, depuis François 1er, ont chargée de défendre leur trône, montrera ce que vaut pour elle un serment en se faisant massacrer jusqu'au dernier homme, le io août 1792, sur les marches des Tuileries (1). Sa devise " Honneur et Fidélité " a remplacé sur les drapeaux de la Légion celle de " Valeur et Discipline ", qui y figurait primitivement.


Légionnaire (1838-1840), d'après une sépia anonyme de cette époque. Sapeur du 1er Régiment étranger (1856-1859). La Légion s'est déjà immortalisée.

          A la fin de l'ancien régime, les contingents allemands, suisses, hollandais, liégeois, suédois et irlandais représentent un tiers de l'armée royale et le nombre des corps étrangers qui combattent sous les aigles françaises augmente encore pendant les guerres du Consulat et de l'Empire. De gré ou de force, Napoléon, qui se pose en libérateur des peuples, en excipe pour lever des troupes à travers toute l'Europe. Il a sa garde de Mamelucks aux flamboyantes couleurs de l'Orient, des régiments italiens, des lanciers polonais, qui ont passionnément lié leur sort au sien ; féale jusqu'à la dernière heure, la Pologne lui envoie à l'île d'Elbe un escadron de chevau-légers.
        Il réorganise pendant les Cent-Jours huit régiments étrangers et ce qui en reste fournit à la Restauration la Légion de Hohenlohe, ainsi nommée parce que le prince de Hohenlohe-Bartenstein la commande. On la réunira seize ans plus tard aux derniers gardes suisses, sans emploi depuis la chute de Charles X, pour former le noyau de la Légion Etrangère. Mais ces éléments y entreront dans le cadre d'une institution entièrement nouvelle, conçue selon des principes qui n'ont jamais eu de précédents dans les annales du service étranger.

          En France comme ailleurs, les troupes étrangères que l'éclat de ses victoires lui procura toujours facilement se louaient par régiments constitués avec leurs officiers, leurs uniformes, leurs armes, leurs chevaux même, quand c'était de la cavalerie. Transplantées seulement, elles gardaient, avec leur caractère national et leur mode de vie particulier, une complète autonomie. Initialement, d'ailleurs, les engagés à la Légion y furent groupés par nationalités et cette expérience ne donna pas de bons résultats. On lui substitua vite la formule de l'amalgame de toutes les races qui est la grande nouveauté de ce corps d'exception et le secret de sa cohésion.
        Le respect de tous les sentiments nationaux est pourtant une des règles fondamentales de la Légion. Loin de les brider, elle exploite les tendances et les capacités de chaque race pour élargir, en les assimilant, le champ de ses possibilités. D'où qu'ils sortent, les légionnaires y constatent l'importance donnée à leur apport personnel; et, sous ce jour, leur façonnage porte bien la marque de la France, ouverte aux aspirations de tous les peuples, habile à tirer parti de leurs qualités diverses et récompensant les services rendus avec une générosité qui est la même pour tous.

          Parlé avec plus ou moins d'accent, le français est la langue du commandement et le principal trait d'union. Parfois une pancarte, à la porte d'un mess, rappelle aux sous-officiers que la politesse les invite à y parler français. Mais, à cette réserve près, les légionnaires sont libres de s'exprimer dans leurs langues d'origine. Ce sont forcément celles du plus grand nombre : à savoir l'allemand, répandu dans une bonne moitié de l'Europe, et le russe, compris par tous les peuples slaves. De nombreux termes du vocabulaire légionnaire lui sont venus d'Allemagne avec la plainte aiguë de ses fifres : la corvée de Holz, par exemple, et la réponse : Ist da ! " à l'appel, au lieu de " Présent ".

          Une ancienneté de dix ans de service ou des titres de guerre exceptionnels confèrent aux légionnaires le droit de se faire naturaliser français. Beaucoup le font valoir, montrant ainsi qu'ils se sont définitivement donnés à leur seconde patrie. Mais aucune pression ne les y pousse et ceux qui, libérables, choisissent de rentrer dans leur pays ne sont tenus ni pour défaillants, ni pour perdus. Car l'ineffaçable empreinte de la Légion en fait ses témoins à travers le monde. Les amicales sans nombre qui les groupent dans tous les pays se livrent à une active propagande pour la France et assurément les " bras tatoués ", qui ont sous tant de ciels roulé leur bosse, parlent-ils d'expérience en affirmant que, dans toutes les escales classées - ports ou quartiers internationaux des modernes Persépolis -, le cri " d'A moi, la Légion ! " n'a jamais retenti, même en pleine nuit, sans qu'aussitôt du secours n'en surgisse... Où qu'ils se retirent, au village comme à la ville, les vieux de la Légion, par une infatigable propension à narrer leurs campagnes et leurs aventures, sont ses meilleurs agents de recrutement.

          Quelle autre nation que la France a inspiré à des étrangers une pareille admiration ? Laquelle a su les convaincre qu'ils s'acquittent, en lui offrant leur jeunesse et souvent leur vie, d'une dette justifiée par sa prééminence ? Une si grande ferveur, ni les sortilèges exotiques qui ont enluminé leur carrière aventureuse ne l'expliquent, ni l'ivresse des héroïsmes victorieux ; car jamais les légionnaires n'ont témoigné plus d'attachement à la France qu'aux jours où les revers l'ont accablée..

          Et nous touchons là au principe même d'un ordre militaire dont l'action se place d'abord sur le plan spirituel. C'est une école de grandeur. Simple matériel humain, les mercenaires, dans le passé, n'étaient bons que pour les coups de chien et n'avaient rien de mieux à faire ensuite que de s'abrutir dans la pénombre enfumée des estaminets et des lupanars. La première, la France, en créant la Légion, les a associés à de grands desseins. A l'instar des légions romaines qui lançaient à l'assaut du désert leurs voies triomphales et érigeaient les villes militaires de Timgad et de Volubilis sur les marches de l'empire, elle en a fait une troupe de bâtisseurs dont la double mission de pacifier et de construire a changé la nature de la guerre. Centurions modernes, destinés, autant qu'à combattre, à organiser et à aménager les territoires qu'ils arrachaient à la barbarie, ils sont devenus, au service d'une pensée civilisatrice, la force qui ne s'emploie que pour dispenser la paix et la prospérité.

          Tel est le vrai visage de la Légion, machine à former les missionnaires armés d'une nation forte et bienfaisante qui leur a communiqué ses passions lumineuses. On la diminuerait en ne rappelant que les batailles qui l'ont immortalisée. Ses réalisations, non moins grandioses, l'honorent autant que ses exploits guerriers. Unique en son genre, elle montre à la fois la France sous son aspect entreprenant et dans sa volonté charitable. Chaque combattant, dans ses rangs, se double d'un ouvrier dressé à équiper le terrain conquis - et c'est à la Légion, sa troupe de prédilection, que le maréchal Lyautey pensait en prononçant la parole fameuse : " Un chantier vaut une victoire. "

A SUIVRE

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau
LUCIEN, ADRIEN
BERBRUGGER

        Né à Paris, le 11 mai 1801 (21 floréal an IX) - mort à Alger, le 2 juillet 1869.
        Secrétaire particulier du Général Clauzel, il arrive à Alger le 10 Août 1835. Nommé Bibliothécaire le 13 octobre 1835.
        A sa mort, la bibliothèque d'Alger contenait 5000 imprimés et 1500 manuscrits.
        "Vous apprendrez avec étonnement que moi, paisible bibliothécaire, j'ai suivi nos braves soldats et leur illustre chef sur les champs de bataille que, comme eux, j'ai entendu siffler les balles, subi les inconvénients du bivouac, les fatigues des marches, en un mot, que j'ai mené la vie du troupier pendant trois mois. Le feu de la mousqueterie était beaucoup trop vif pour qu'il me fut possible d'entreprendre les investigations toutes pacifiques dont j'étais chargé. "(30 novembre 1837).
        Nommé Rédacteur en chef du "Moniteur Algérien" et conservateur de la Bibliothèque-Musée, il suivit les expéditions de Mascara (dont il a publié la relation), de Tlemcen et de Constantine, en rapporta de nombreux manuscrits arabes. En 1856, à l'instigation du maréchal Randon, il fonda la Société Historique Algérienne et la "Revue Africaine".
        En arabisant, archéologue, historien, il a publié de nombreux ouvrages et articles dans lesquels il a plus effleuré qu'approfondi, mais en esprit curieux il a eu le mérite d'attirer l'attention des travailleurs sur les sujets les plus divers". (Gabriel Esquer - Iconographie -1930)

Divertissement Princier, miniature du XVII°

Un des manuscrits de la Bibliothèque d'Alger.

Fronstipice du Mouwatta
de l'Imam Al Mandi
        "Un de ces algériens de la première heure qui, vaillamment, et surtout sans cesser d'être Français, sacrifiaient leurs années comme leur intelligence au succès de notre belle colonie". (Professeur Charbonneau)
        "Travailleur dont la méthode et l'exactitude n'égalaient pas le zèle". (William Marçais)

A SUIVRE

LES MENTEURS
Extrait tiré du Livre Blanc - Alger le 26 mars 1962
Edité par VERITAS

       Outre le fait que le déroulement même des faits contredise les versions officielles, qui se contredisent entre elles, chacun des complices de ce crime d'Etat a tenté, à sa manière, d'expliquer l'inexplicable, de justifier l'injustifiable et de rejeter sur les victimes elles-mêmes la responsabilité du massacre.
       Les bourreaux, les complices, ont tous essayé de se disculper, et ils l'ont fait, maladroitement, en mentant, même dans leurs écrits, de façon tellement cynique parfois, que leurs mensonges sont revenus les cingler en plein visage.
       Or, ils ont tous - ou presque parce que nous citerons l'exemple d'un officier placé en forteresse pour avoir voulu démonter le dispositif meurtrier - obéi aveuglement aux ordres du Chef de l'Etat qui avait décidé de tester dans le sang la capacité de résistance de la ville d'Alger.
       Nous l'avons démontré, depuis des années, l'Etat gaulliste avait tout fait pour que les Français d'Algérie - qu'on ne qualifiait plus, de manière péjorative que de Pieds Noirs - deviennent les boucs émissaires de cette subversion terroriste.
       Dans notre résistance désespérée à tant de reniements et d'injustices, on n'a voulu voir qu'une intolérable violence terroriste à laquelle il fallait mettre un terme. Mais, De Gaulle, qui jusqu'au 26 mars a toujours cru possible un retournement de la situation, voulait écraser le patriotisme de l'Algérie, et, en particulier, de la ville d'Alger.
       La préméditation, la préparation et l'organisation du massacre sont à inscrire à l'actif de la parfaite alliance de la force locale (FLN) avec les forces françaises, Armée, Gendarmerie, C.R.S.
       Ce qui nous révolte encore et que nous voulons dénoncer ouvertement dans cet ouvrage, c'est que, pour parfaire le crime de l'Etat français, on a fait jouer le rôle de coupables et d'agresseurs aux victimes civiles et innocentes qui n'avaient répondu qu'à un sentiment de solidarité envers d'autres victimes civiles innocentes, celles du ghetto de Bab-el-Oued.

       Parmi les mensonges qui ont circulé, jusqu'à nos jours, souvent par des écrits condamnant les victimes, citons les écrits de M. Vitalis Cros, Préfet de Police de la place d'Alger au moment des faits.
       Dans un livre ayant pour titre " Le temps de la violence " M. Cros fustige la période coloniale et couvre d'assertions diffamatoires les colonisateurs...
       Devant l'ampleur du crime d'Etat du 26 mars, nous aurions pu penser que la pudeur contraindrait l'ancien Préfet à s'abstenir d'évoquer le sujet.
       Bien au contraire, M. Cros s'empêtre dans une relation des faits qui serait grotesque s'il ne s'agissait pas d'événements aussi douloureux, mais qui est, non seulement indigne, mais aussi totalement mensongère.
       Il paraît, tout d'abord, que le barrage de la Grande Poste subissait l'assaut de la foule d'une façon bien particulière : les femmes usaient contre les tirailleurs algériens d'armes de séduction dignes de Bethsabée, en les embrassant et en les serrant dans leurs bras...
       Ici, il nous semble utile d'évoquer les traditions de pudeur et de réserve inculquées, dès l'enfance, aux Françaises d'Algérie. On n'abordait pas d'inconnus dans la rue, et, encore moins, en cette période troublée, les femmes se seraient permises d'embrasser des membres des forces de l'ordre pour obtenir le passage.

       En réalité, ces soldats ne faisaient pas vraiment un barrage. La plupart d'entre eux se tenaient sur les trottoirs, le long des magasins... Cros aurait dû se relire au lieu d'écrire : "Le barrage céda sous la pression de la foule " et assurer ensuite " tout semblait se passer sans heurts "...
       Il prétend, ensuite, que l'on tirait des fenêtres de la rue d'Isly, de la rue Alfred Lelluch, et de la rampe Bugeaud, dans le dos des soldats du barrage, affirmant même que " trois soldats français tombaient... "
       Là est le mensonge fondamental... Pour l'authentifier, Cros se croit obligé de donner des précisions sans même se rendre compte qu'elles détruisent les contrevérités qu'il écrit :
       D'après lui, trois soldats français auraient été tués ! Mensonge ! Parmi les tirailleurs du 4ème R.T., il n'y a eu que six blessés, et aucun par balles ! Cette indéniable vérité suffit à pulvériser le mensonge sur les tirs provocateurs de l'O.A.S. justifiant une riposte... En effet, comment imaginer qu'aucun des militaires n'ait été touché par une seule de ces balles prétendues tirés de toutes parts ?
       Cros écrit (page 146) " La nouvelle que nous redoutions, et souhaitions à la fois, arriva, ajoutant " le premier mouvement de panique passé, le barrage agressé a réagi. Un fusil-mitrailleur est entré en action. Nous espérions encore qu'il tirait au-dessus des manifestants ". Mensonge ! N'a-t-il pas écrit, paradoxalement, que la réussite de ce crime d'Etat était souhaitée, en même temps que redoutée !

       Oui, le massacre était souhaité et tout avait été monté de toutes pièces pour arriver à ce résultat. Le but recherché était de briser définitivement, ce jour-là, toute velléité de résistance de la part d'un peuple sacrifié...
       Le premier tir ayant donné le signal de la fusillade généralisée, comment penser encore que l'on tirait au-dessus de la foule ? Mensonge et hypocrisie ! Capodano blêmit en apprenant la nouvelle alors qu'il avait mis en place la chausse-trape ? Mensonge et ignominie !
       Cros écrit encore (page 100) : " Le mitrailleur, débordé par la foule et ne sachant d'où venaient les tirs nourris qui submergeaient aussi bien les manifestants que les soldats, tirait comme il pouvait pour se dégager ". Mensonge et machiavélisme ! N'importe quel lecteur désinformé peut croire que, seul, un fusil-mitrailleur tirait " comme il pouvait ", sans viser la foule, et que celle-ci pouvait très bien avoir été victime de ces tirs " qui submergeaient autant les manifestants que les soldats ".
       La suite du texte, de ces contrevérités impudiques et odieuses, implique le Colonel Fournier. C'est lui qui a mis en place les tueurs des rues d'Isly et Bugeaud. Celui-ci confirme que " on a tiré dans le dos des tirailleurs et un fusil-mitrailleur a réagi " .1l ajoute : " A aucun moment, les forces de l'ordre n'ont pris l'initiative de déclencher les armes à feu ".
       On découvre, dans le livre de Cros que le mensonge est l'unique couverture des auteurs et des complices de cet abominable crime d'Etat. La seule homélie funèbre que Cros réservera aux innocentes victimes civiles du massacre organisé du 26 mars dont il est l'un des premiers responsables, est la suivante : " Il y a eu 54 tués et 140 blessés, ce n 'est guère plus qu'une journée moyenne d'attentats de l'O.A.S... ".
       Que cette dernière diffamation, ajoutée à la montagne de ses autres mensonges, lui soit comptée au Jugement Dernier !
       Une question se pose, et nous appelons les esprits intègres et objectifs à y répondre. Voici le communiqué de l'O.A.S. du 28 février 1962, qui fut totalement étouffé par la presse et la radio aux ordres du Régime :

       " L'O.A.S. dément formellement avoir déclenché la moindre " ratonnade " à Alger ou Oran, mais confirme qu'elle a donné l'ordre à tous ses éléments spéciaux de procéder à l'élimination physique des membres du F.L.N. dont les listes sont soigneusement établies à l'avance. Toute autre action est le fait de provocateurs.
       L'O.A.S. respecte et défend les musulmans comme les Européens. Elle ne se livre pas au terrorisme aveugle, contrairement au FLN, qui tue chaque jour de DIX à VINGT Européens innocents, sans que cela suscite le moindre titre à la une de la presse parisienne ".

       L'O.A.S., mouvement de Résistance française en Algérie, a été anéantie de la manière suivante : Charles De Gaulle n'avait-il pas déclaré que "L'O.A.S. vivait dans la population comme le poisson dans l'eau "
       Le Chef de l'Etat français décida alors de vider l'eau pour que le poisson meure d'asphyxie.
       C'est pour " vider l'eau " que l'Etat déclencha, contre ses propres ressortissants une répression telle qu'aucun autre Etat n'en avait jamais lancé contre ses nationaux...

       De là viennent les attaques contre la population, de là vient le siège de Bab-el-Oued, de là vient le mitraillage de quartiers entiers par des avions et des mitrailleuses lourdes, de là viennent les rafles de tous les hommes, et même des enfants de 14 à 15 ans, de là vient, et Français, vous devez le savoir, de là vient un terrorisme collectif organisé par l'Etat lui-même !
       Les nazis en avaient fait autant contre les Juifs ... Les Russes en avaient fait autant contre les Hongrois... Mais jamais un Etat démocratique ne s'était livré à un tel comportement envers ses nationaux
       L'Etat français a commis là un crime contre l'Humanité qui se doublait d'un crime contre la solidarité nationale.

       Car le 26 mars 1962, c'est la solidarité nationale qui a été écrasée dans le sang sur les pavés de la rue d'Isly


La glorieuse Armée Française charge dans chaque GMC,
40 civils innocents qu'elle vient d'assassiner.

Le nouveau livre blanc
Sur le crime d’Etat du 26 mars 1962
EST MAINTENANT DISPONIBLE !

       Cet ouvrage, cette étude approfondie ne nous a été dictée par aucun esprit de vindicte. Nous ne demandons pas de réparation, car on ne répare pas l’irréparable. Nous ne demandons pas, non plus, de compassion, rien ne pourra nous consoler des souffrances de notre peuple. Mais, devant l’égarement de nos compatriotes métropolitains, nous avons estimé de notre devoir de fournir des explications valables à tous ceux qui sont déconcertés par la conjoncture actuelle.

       Ce recueil, sincère, objectif, ne nous appartient déjà plus. Nous l’offrons au peuple de France, nous l’offrons à cette jeunesse, de droite comme de gauche qui cherche, hors des voies officielles aujourd’hui dépassées, les fils conducteurs de notre Histoire contemporaine.

       Nous avons écrit, ou retranscrit, ces textes, réunit ces témoignages, en pensant que, parmi tant de jeunes Français, aujourd’hui, bouleversés par des idéologies perverses, il s’en trouve, peut-être, qui portent en eux, en puissance, un avenir politique ou militaire.
       Nous avons pensé qu’ils ne devaient plus ignorer les raisons de nos catastrophes engendrées par le mépris des Droits de l’Homme et des lois morales.

       Si le contenu de ce livre est ressenti, par certains, comme un réquisitoire, ce ne pourrait être que contre l’utilisation de procédés immoraux par les intentions qu’ils dissimulent et par les catastrophes qu’ils engendrent.

       Dès parution, nous l’adresserons, avec nos vœux, au Chef de l’Etat, à tous les membres du Gouvernement, à tous les membres du Parlement, à tous les membres du Parlement Européen.

       Cela, c’est l’effort de VERITAS, un effort laborieux, mais aussi un effort financier considérable de la part d’une association qui agit, sans aucune subvention, d’aucune part, mais avec un dévouement sans limite à la cause sacrée que nous défendons.

       Mais nous avons besoin de votre aide : il ne s’agit pas seulement d’acheter (à prix coûtant, nous vous le rappelons) un recueil de détails et de preuves sur un drame que vous portez dans votre cœur.

       Nous demandons à chacun d’entre vous d’acheter, non pas un, mais deux exemplaires de ce Nouveau Livre Blanc et d’offrir le second exemplaire à un métropolitain de son entourage, choisi, de préférence parmi les autorités locales, les enseignants, les historiens, les journalistes.

       C’est l’aide que nous sollicitons et que nous attendons de vous. Nous sommes certains que vous nous l’accorderez. Consacrez dix euros à la diffusion de la vérité historique et nous sommes certains que votre geste sera bénéfique à la reconstitution de notre Histoire.

       Si nous requérons ce petit effort de votre part, c’est parce que nous croyons, nous, vraiment, qu’ensemble, tout devient possible, même de déboulonner la statue d’une fausse idole !


BON DE COMMANDE à retourner à : Comité VERITAS – B.P 21 – 31620 FRONTON
http://veritas.cybermatrice.biz/z_4647/index.asp?password=z_4647&page=1

Veuillez m’adresser :…exemplaire(s) du NOUVEAU LIVRE BLANC SUR UN CRIME D'ETAT

Nom……………….……..………..Adresse…………………………………………………

Ville…………………………………..……...Code Postal………………………………….

Je joins à ma commande,
          par chèque ou mandat-lettre la somme de 10€00 port compris x par……exemplaire(s)

(Toute commande non accompagnée de son règlement ne pourra être prise en considération)


LE VIEUX FORT TURC
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut

Jusque sur la grève maintenant le fort croule.
Ses murs sur la plage s'effritent en galets,
Les pécheurs à ses pieds font sécher leurs filets,
Sur le sable brillant fleurant l'algue et la moule.

Et le voilier qui passe large, tangue et roule,
Ne craint plus ses canons d'antan dont les boulets
Eloignaient de la côte, en des soirs violets,
Les vaisseaux pirates en fouettant la houle.

Car le rempart est vide et le créneau sans bruit,
Le chemin de ronde que le temps a détruit
Ne résonnera plus au pas des janissaires.

Seul un mortier rouillé sur son affût branlant
Tend encor vers la mer son mufle vigilant
Guettant toujours au loin les voiles de corsaires.



Charlotte LOUVET
- Princesse Charlotte de MONACO
Envoyé par M. Raymond Levrat
Constantine 30 septembre 1898 - Paris 15 novembre 1977 Mère de Rainier III, Prince de MONACO

       La Princesse Charlotte de Monaco (mère du Prince Rainier III de Monaco et grand-mère de son Altesse Sérénissime Albert II) aimait beaucoup le château de Marchais. Le Prince Rainier III venait, durant la saison de chasse, parcourir les forets giboyeuses et se reposer des charges de la Principauté. Les couleurs "fauves d'automne" ont un charme qui rivalise avec le ciel bleu de la Cote d'Azur. Le futur Louis II de Monaco eut une fille naturelle (de Marie Juliette Louvet) en 1898, à Constantine (Algérie), ville où le Prince Soldat était en garnison.
       Elle fut déclarée par sa mère à sa naissance sous le nom de Charlotte Louvet.
       Son père la reconnut en 1900 et elle devint Charlotte Grimaldi. Elle porte le titre de "Mademoiselle de Valentinois".
       Le prince régnant Albert 1er de Monaco avait un héritier (à Monaco, il porte le titre de prince héréditaire), le futur "Louis II de Monaco". Le deuxième dans l'ordre de succession était "Mindaugas II de Lituanie" (1864-1928) (il avait régné en Lituanie en 1918) petit-fils de "Florestan 1er de Monaco". Il appartenait à la branche Urach (maison royale de Wurtemberg) qui depuis 1871 était dans l'Empire allemand. Depuis 1914, la guerre sévissait entre la France et l'Allemagne. L'État-major français craignait que le port de Monaco puisse un jour, abriter les sous-marins ennemis.

       Le 17 juillet 1918, un traité eut lieu entre Monaco et la France. "En cas de vacance de la couronne, notamment faute d'héritiers directs ou adoptifs, le territoire monégasque formera, sous le protectorat de la France, un État autonome, sous le nom d'État de Monaco. " (Article 3).
       L'adoption officielle de Charlotte se déroula à Paris le 16 mai 1919 en présence de Raymond Poincaré président de la République Française (de 1913 à 1920) et de Stéphen Pichon, ministre des Affaires étrangères du cabinet Clemenceau.
       Charlotte fut créée "Princesse de Monaco", Altesse Sérénissime, et duchesse de Valentinois par le prince souverain "Albert I er de Monaco" (son grand-père) à Paris. Titres confirmés par ordonnance souveraine en date du 20 mai 1919.
       Charlotte accéda aussi au 2ème rang successoral (derrière son père) ce 16 mai 1919 : l'ordonnance organique du 30 octobre 1918 (publiée le 7 novembre 1918) modifiants les statuts de la maison souveraine de Monaco (publiés le 15 mai 1882) permettant l'adoption de l'héritier au trône.
       Charlotte fut reconnue princesse héréditaire de Monaco par ordonnance princière datée du 1er août 1922 du prince souverain Louis II de Monaco son père qui venait de succéder à Albert I er de Monaco décédé le 26 juin 1922.

       Du fait de son illégitimité, des généalogistes français ont contesté qu'elle transmette les nombreux titres des Grimaldi (relevant du droit français) à sa descendance.
       Elle épouse à Monaco le 19 mars 1920 le Comte Pierre de Polignac qui fut naturalisé sujet monégasque sous le nom et les armes des Grimaldi par ordonnance princière datée du 17 mars 1920 et fut créé Prince de Monaco et duc de Valentinois par ordonnance princière du 18 mars 1920.
       De ce mariage naquirent : Antoinette de Monaco (née en 1920), et Rainier III de Monaco (1923-2005). Ils divorcèrent le 18 février 1933.
       Elle renonça à ses droits au trône de Monaco et à son titre de princesse héréditaire le 30 mai 1944, la veille du jour où son fils le futur Rainier III de Monaco devenait majeur (21 ans). Elle passa sa vie entre Paris et le château de Marchais (où elle résidait depuis son divorce) entourée de ses nombreux chiens.
       Elle devint "visiteuse de prisons" et en engagea à son service sans s'occuper du "qu'en dira-t-on". Elle fut récompensée par l'Etat Français pour son aide dans la réinsertion des prisonniers.
       Elle se rendit au mariage de son fils le prince souverain Rainier III de Monaco avec Grace Kelly en 1956 accompagnée de René Girier dit "René la Canne" un ancien voleur de bijoux qui était devenu son chauffeur.

       Elle décéda le 15 novembre 1977 à Paris.


                 

LES MOTS ECRASÉS
                                    Par R. HABBACHI                            N°12
Les, qu’y sont couchés

1- P'tits, c'est sûr, au moins une, on l'a tous reçue. Ils sont obligégatoires dedans les z'usines à faire les fartasses.
2- Les patos y z'appellent ça une entourloupette.
3- La moitié d'un goiye. Des fois elle est flottante, jamais quan elle est en mer. A nous z'aut', c'est sûr.
4- Conjonction. Elles sont placées à l'étude.
5- Y paraît qu'on en a tous en dedans l'estomac sauf moi, bien sûr. Note.
6- Une liste longue, longue…
7- Prénom. Pronom.
8- Des fois ça fait beaucoup et des fois pas. Elle a été envoyée paître y a très longtemps de ça.
9- Point opposés. Purée de lui, y devait aimer les lentilles. Conjonction précieuse.
10- Là ousqu'y mangent les z'officiers. Plusse y en a et plusse y pèsent dessur les épaules.

             Les, qu’y sont debout

             1- 1- Un couscous qu'on a tous connu en Patosie. Sa devise c'est " droit au but ".
             2- le p'tit goiye y le dit toujours. On oit ça dessur les terrains de golf.
             3- En bas d'une lette quan c'est que t'y as pas de PS à mette. C'est le sigle d'une compagnie de transport aérien.
             4- On appelle ça des z'évènements z'heureux.
             5- Elles tournent main'nan leurs bras en plein dedans les champs et des fois même en pleine mer.
             6- N'ayons pas peur des mots, celles-là là, elles z'ont été couillonnées. Là ousque Napoléon il a donné une tannée aux prussiens.
             7- On a toujours dit que c'était la première. Pronom.
             8- On dit aussi que c'est des nuances. Note à condition.
             9- Tout seul, tu peux pas le faire, à trois non plus. C'est le roi.
             10- C'est pas des oiyelles et en plusse, elles sont tordues toutes les deux mais pas dedans le même sens. Progrès, développements, envols.


Solution des Mots Ecrasés N° 11
Les, qu’y sont couchés

I- Un moins que rien que si tu t'le prends au sens prope, il est sale - Une belle oiture d'avant.
II- Comme ça, l'Egypte on l'appelait du temps de Nasser - Un poisson que tu t'le prends à pic au Cap de Garde juste en face la grotte aux pigeons.
III- Ça, c'est les crises du poètre - Comme ça, il a une grande chatine, donne lui une aile, y s'envole pas mais tu fais la fête.
IV- Çui-là là, donne lui une aile et de suite t'y as l'équilibre.
V- C'est des poissons que même la matsame, elle en veut pas y'alors quan c'est des femmes, j'te dis pas.
VI- Comme ça, elle est l'alliance. Des oiyelles.
VII- Quan t'y en as de trop en dedans le sang, à de bon tu peux dire que t'y as la goutte - Celle-là là, mieur tu t'la gardes en dedans les z'oeils.
VIII- Quan c'est comme ça, t'y as rien à dire ni à peser - Un bon élève, ça y doit ête pour les z'aut'.
IX- Ceux-là là si qu'y sont toujours vivants, y sont pas bessif pensants - C'est des oiyelles ou alors des points opposés, comme tu veux, tu choises.
X- Préposition que, des fois, elle te fait des propositions de dates et des z'aut' fois, des propositions d'endroits - Coupée en p'tits morceaux, hachée menu comme y dit le patos.

             Les, qu’y sont debout

             1- Purée d'eux z'aut', mieur tu leur donnes à manger qu'à boire surtout du govinal.
             2- A coire qu'en Suisse, une seule rivière, y z'ont - C'est ça que tu le fait normalement quan un STOP, tu ois.
             3- C'est en face ousqu'y se lève le soleil - " J'EXPIRE " il a dit que là elle était la question.
             4- Ça qu'on le fait en usine pour s'apprende le métier - La même préposition que t'à l'heure.
             5- Celle-là là, c'est une conjonction mais elle te fait pas mal aux z'oeils - Ces deux-là, des fois tu les ois dessur les lettes recommandées - Ces deux-là, purée, j'aurais voulu aouar un diplôme et qu'elle soient dessur, diocamisère.
             6- En Patosie, c'est seulement des morceaux de chiffon.
             7- A coire qu'y pas d'aut' prépositions que celle-là là - C'est le même, qu'il hausse ou qu'il va à l'école.
             8- Cherche pas loin, c'est la plus grande des mauvaises langues, le plus grand des kaouèdes - Ça, y paraît que tu t'l'attrapes quan c'est qu'amoureux, tu viens.
             9- Y faut ête deux pour le faire, à trois, tu peux pas - Avec un peu des câpres et ça, un film tu peux te faire.
             10- C'est la p'tite dessur le calendrier - Elle est placée à chez le notaire.


Objet : Réunion des anciens des Mines de Phosphate du KOUIF (Dept de BONE)

        Bonjour,

        En juin 2007 et pour la première fois depuis 45 ans, les anciens des Mines de Phosphate du KOUIF se sont retrouvés pendant 3 jours dans un village des Monts d'Auvergne. L'énorme succès de cette réunion nous a amenés à renouveler cette rencontre qui aura lieu début septembre 2008 sur 4 jours
        Une exposition de plus de 1.000 photos et cartes postales du KOUIF sera présentée.
        Egalement plusieurs films des années 1949 à 1960 ainsi que des diaporamas de notre village de 1918 à ce jour.
        Au total plus de 4.500 photos des principales villes d'Algérie et des villes romaines seront présentées aux participants.
        Hébergement et restauration sur place pour la durée de la rencontre.
        Pour tous renseignements et inscriptions s'adresser à Guy d'Ennetières.
        E-mail : LAGATIERES@aol.com

        Je vous en remercie bien vivement par avance et profite de ce message pour présenter à tous nos compatriotes, nos meilleurs voeux de bonne et heureuse année 2008.

Guy d'Ennetières.


Annonce
envoyé par alsacemoselle@wanadoo.fr

Le Mémorial d'Alsace-Moselle, à Schirmeck, prépare une grande exposition (octobre 2008) sur les liens entre l'Afrique du Nord et l'Alsace, de 1830 à nos jours.

        Celui-ci fait donc appel aux témoignages des personnes originaires d'Afrique du Nord ou y ayant vécu, à ceux engagés ou enrôlés dans l'armée française ou les usines allemandes, soldats ayant participé à la libération de l'Alsace, harkis et séfarades installés en Alsace après la guerre d'Algérie...

        Cette manifestation traitant des relations entre l'Alsace et l'Afrique du Nord, si vous possédez des archives familiales, documents, photographies ou objets des guerres de 1870 et 14-18, que le Mémorial pourrait présenter, ceux-ci seront les bienvenus.

        Contact : Marion Christmann, Mémorial d'Alsace-Moselle, 03.88.47.45.50, alsacemoselle@wanadoo.fr

http://www.memorial-alsace-moselle.com/f/pourquoi.html



  " Les Sacrifiés de l'Algérie Française - Ile de Ré "  
par M. Armand Belvisi

             " Les Sacrifiés de l'Algérie Française - Ile de Ré " est un album de photos, qui raconte le plus fidèlement possible la vie des prisonniers O.A.S détenus au fort Thoiras à l'île de Ré, pour la défense de la France et de l'Algérie Française.
            Au travers de nombreux clichés nous allons découvrir la vie de ces hommes qui pendant de longues années ont perdu la liberté, mais qui ont conservé leur honneur et leur amour pour la patrie.

Le prix de vente pour l'album historique,
" Les Sacrifiés de l'Algérie Française - Ile de Ré "
est fixé à 35 € ( + Participation aux frais de port 4 € )

  BON DE SOUSCRIPTION  

Nom ……………………………………… Prénom……………………………………………………

Adresse…………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………

E-mail…………………………………………
désire souscrire…………………………exemplaire(s) de
  " Les Sacrifiés de l'Algérie Française - Ile de Ré "   

Je joins un chèque de…………………euros, à l'ordre de Armand Belvisi, et je l'adresse chez l'auteur afin que toutes les commandes soient centralisées. Armand Belvisi-Ullys-Press- 7/9 Rue des Ponts - 78290 Croissy sur Seine.

Si la parution de l'ouvrage devait être annulée pour des motifs indépendants de notre volonté, les chèques seraient restitués à leurs émetteurs.

Pour tout renseignement complémentaire :mailto:belarm@noos.fr    

SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de M. Marc Spina
Décès de M. André Chetcuti


"Chers(es) amis (es),

       Encore un pied noir qui disparaît !
       André Chetcuti était originaire du Tarf, entre Bône et La Calle
       Amitiés
       Marc





MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

--------------------


De M.


Mon adresse :

DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er janvier.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er janvier.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

cliquez ICI pour d'autres messages.

L'Abbaye du Saint Jeudemots
Envoyé par Graziella
Communiqué au Père Spicace,

        Un grand malheur est arrivé à l'abbaye et j'ai la pénible mission de vous en faire part.

        Mardi soir, pendant que l'Abbé Nédictine donnait les dernières grâces, l'Abbé Quille perdit l'équilibre dans l'escalier et tomba inanimé dans les bras du Père Iscope.

        Les révérends pères, en perdant l'Abbé Quille, perdaient leur seul soutien.

        Un seul restait joyeux : le Père Fide. Quant à l'Abbé Tise, il n'y comprenait rien. Il aurait bien voulu que le Saint Plet l'aide à comprendre ce qui s'était passé mais rien n'y fit.

        Après l'accident de l'Abbé Quille, on alla chercher le Père Manganate et le Père Itoine, les deux médecins de l'abbaye. Ils pensaient ranimer le malheureux mais leurs efforts furent vains et celui-ci décéda peu après.

        Le lendemain fut donc célébré son enterrement. Chacun fut appelé à l'abbaye par les célèbres cloches du Père Sonnage. La messe fut dite sur une musique de l'Abbé Thoven. Le Père Ocquet fut chargé du sermon et comme il n'y avait pas de chaire, il monta sur les épaules du Père Choir. A la fin de l'homélie, le Père Cepteur fit la quête et remit les dons ainsi recueillis à notre frère africain, l'Abbé N'Pé. (rappel pour les non-français: BNP, Banque Nationale de Paris)

        Après la messe, une grande discussion s'engagea pour le transport de la bière : l'Abbé Canne et l'Abbé Trave voulaient passer par les champs.

        Le Père Clus s'y opposa. L'Abbé Casse en fut enchanté. Le Père San avec sa tête de turc ne voulait rien entendre. Le Père Vers et le Père Nicieux semaient le doute dans les esprits.

        Finalement on décida que, comme à l'accoutumée, l'Abbé Taillière serait chargé du transport du corps du défunt. Devant la tombe creusée par le Père Forateur et en l'absence du Père Missionnaire, l'Abbé Nédiction donna l'absolution. Le Père Venche et l'Abbé Gonia avaient joliment fleuri la tombe. Celle-ci fut recouverte d'une belle pierre tombale préparée par l'Abbé Tonneuse. Sur le chemin du retour, le spectacle fut déchirant.

        Le Père Pendiculaire était plié en deux de douleur et de chagrin.

        L'Abbé Vitré était lui aussi plein de larmes. La Mère Cédès, invitée pour l'occasion, fermait la marche en compagnie du frère du Père Igord.

        A l'arrivée, le Père Sil et l'Abbé Chamelle préparèrent le repas tout en consultant les livres culinaires du Saint Doux. Le Père Nod et le Père Collateur servirent à boire et chacun put se remettre de ses émotions.

Signé : L'Abbé BICI                

        S'associent à ce communiqué:
        La Mère Credi, la Mère Veille, la Mère Cerisier,
        Le Père Sage, le Père Drix, le Père Stroïka, le Père Fection, le Père Manent, le Père Séverant,
        L'Abbé Névole, l'Abbé Casse, l'Abbé Donnant, l'Abbé Douine, l'Abbé Déphile, l'Abbé Stiole, et l'Abbé Lote.



Aprés cette visite,
(---nous vous invitons à Cliquer )


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


Numéro Précédent RETOUR Numéro Suivant