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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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BONNE ANNEE 2022 A TOUS
Le 1er janvier est bien sûr le Jour de l'An. Le jour d'une nouvelle année que l'on espère toujours plus belle, plus pacifique, plus prolifique que la précédente tant il est vrai que notre monde a de quoi nous faire frémir.
L'année 2021 se termine sans regret, elle nous aura privé de tant de choses, et la Seybouse vous souhaite à tous une bonne année 2022. Formons des vœux pour que demain un monde meilleur se construise, rêve indispensable pour ne pas devenir fou, car nous avons tous besoin d'espérance, de joie et surtout de santé.
Evidemment le premier espoir qui vient à l'esprit serait la fin de la pandémie qui nous a tous paralysés depuis deux ans. Les soi-disant vaccins qui devaient protéger le monde se montrent inefficaces avec l'arrivée de soi-disant variants comme le Delta, l'Omicron et demain peut-être le smarbuck ou le schmilblick. Vaccins à renouveler tous les trois mois !!! Du jamais vu.
Peu d'épreuves peuvent occasionner un engouement mondial. On connaît la coupe du monde de football, le Tour de France, on a maintenant le Covid-19. Même si le mot engouement est un peu fort, pour cet événement " pandémique indésirable ", et le flot continu d'informations et de contre-informations sur le sujet a quand même montré un certain rejet face à cette menace.
Le 2ème espoir, est que les pays se réveillent et notamment la France lors des prochaines élections en ne renouvelant pas les mandats présidentiel et gouvernemental qualifiés comme les plus mauvais depuis plus de 50 ans, ni en remplaçant les benêts blancs par les blancs benêts.
Depuis deux ans, nous vivons dans une atmosphère démoralisante avec d'énormes difficultés économiques et sociales que l'on déplore aujourd'hui, sans compter la dictature qui s'est mise en place et une répression financière outrageante. Sans oublier la troisième dimension du génocide français : spirituel, culturel, intellectuel, moral, et enfin populicide qui sévit depuis plusieurs années. (sic)
Que 2022 nous apporte à tous, et tout particulièrement aux plus précaires et à ceux d'entre nous engagés dans les déboires et luttes, davantage d'aisance matérielle, le bénéfice de plus de solidarité et l'assurance d'un Etat conduisant enfin des politiques conformes à ses intérêts ? autant de conditions du bien-être social sans lequel le bonheur individuel reste difficile d'accès.
Qu'à chacun 2022 apporte santé, réussite et bonheur dans une France plus libre, plus solidaire et plus prospère ! Après le Covid-19, je vous souhaite d'être sûrement saoul, au sens propre comme au figuré, avec la soif de la vie et de rire jusqu'à en perdre la tête !
Belle, Bonne et Heureuse Année à Tous !
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
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"BON BOUT D'AN ET A L'AN QUE VEN !"
Par Hugues Jolivet
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Encore quelques jours, et cet an sera mort !
Un mal venu de Chine, au Monde, a porté tort
Car, sept milliards d'humains, qui avancent masqués,
Estiment, pour la plupart, s'être fait arnaquer !
Que de gouvernements n'étaient pas préparés
A affronter, dans l'heure, un virus déclaré :
Pénurie de produits de prime nécessité,
La communication proche de la cécité !
Ministres et responsables de la Santé Publique,
Souvent en désaccord sur les mesures cliniques,
Paradent sur les plateaux des grandes chaînes d'info
Accusent leur opposants de fautes et de défauts !
En Deux Mille Vingt et Un, une course aux vaccins !
Un marathon géant dans un climat malsain,
Quant aux bons résultats prônés par les labos
Que des experts contestent s'ils mènent au tombeau !
Que l'Etoile de Noël, qui dirigea les Mages
Vers la Crèche du Sauveur, soit pour nous tous l'image
D'une terre délivrée des angoisses du futur,
Qu'elle éclaire notre route, dévoile les forfaitures !
A toutes et à tous, je souhaite "Bon bout d'An
Bon bout à l'an que ven" ! Surtout, soyez prudents !
Hugues JOLIVET 17 décembre 2021
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2021 - CRÊCHES et TRADITIONS
Envois Divers
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Crêche de M. Duchene
Créche d'un petit village où nous avons attéri lors de notre exode en 1962. Louis Aymé
Exposition de Crèches de M. Bernard Lucas
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Je me suis cru à Bethléem...
Une Histoire Vraie
Par M. Marc Donato
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J'ai relu l'évangile de Luc :
A cette époque-Ià parut un édit de I'empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l'Empire. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d'origine. Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu'il était de la famille et de la lignée de David. II y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. Pendant qu'ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né.
Seulement voilà : On n'est pas en Syrie vers l'an 0, mais en Irak en 2015.
Les chrétiens y sont poursuivis, condamnés, exécutés parce qu'ils sont chrétiens.
Alors mon Joseph à moi, condamné à mort, a pris la route de la Turquie, de la Grèce et de l'Europe. Il est arrivé en France, à Paris, sa Bethléem à lui, qui était à mille lieues de sa ville d'origine. Ma Marie à moi a rejoint son époux. Elle aussi était enceinte, et atteinte d'une maladie très grave, de surcroît. Et puis leur périple les a amenés dans la région de Manosque. Et comme I'écrit Luc : … le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né.
Mon Jésus à moi est né à I'hôpital de Manosque.
10 jours après, je me suis trouvé face à Joseph et à Marie qui étaient dans l'incapacité totale de communiquer, parce qu'ignorant tout, absolument tout, de la langue française.
Mais je revois cette scène qui m'a profondément ému : ils sont arrivés devant moi, dans le modeste logement que des amis généreux avaient mis à leur disposition. Et dans la pénombre, ils m'ont présenté sur les deux mains de Joseph largement ouvertes, un petit bouchon de 10 jours, minuscule parce que né prématuré. Les rois mages c'étaient eux : Ils me présentaient, à moi, le roi des gueux, leur présent le plus précieux. C'est tout ce qu'ils pouvaient me dire. Mon Joseph s'appelle Samir, Marie se prénomme Fateha et j'ai appelé ce petit bébé Aïssa. (Jésus en arabe.)
Noël 2015 - Marc DONATO
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JOYEUX NOËL
Par Hugues Jolivet
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Jour de Fête des Chrétiens, car Joseph et Marie
Offrent, à l'Humanité, le Messie attendu !
Youpi, disent les enfants, leur attente assouvie,
En courant au sapin, qu'y a-t-on suspendu ?
Un jouet mécanique ? Une tablette numérique ?
Xylophone et mailloches pour le fan de musique ?
Nous pensons à nos vieux, en Maison de Retraite,
Où une visite s'impose, quand ils sont dépendants.
En famille, en vacances, une promenade parfaite :
Les Marchés de Noël pour un ultime présent !
Hugues JOLIVET
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UN NOËL A ALGER
Par M. Jean Pax Mefret
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Quand c'est qu'je vois tomber la neige
Par-dessus les toits de Paris,
J'ai le moral qui s'désagrège.
Ca c'est un mot qu'tu m'as appris.
Ca sert à rien de te le dire,
C'est vrai, je t'en ai trop parlé.
Je voudrais plus que tu soupires,
Mais c'est le froid qui m'a givré.
Un Noël à Alger
Je peux pas t'expliquer.
Un Noël à Alger
Dommage...
Tu sais,
Le manteau qu' j'ai sur les épaules
Même pas je savais que c'que c'était ;
J'avais lu qu'y en avait au pôle,
Mais le pôle, moi, je voulais pas y aller.
Quand tu te perdais dans la brume,
Moi je respirais l'air des pins.
Quand tu te soignais ton rhume,
Ah ! j'allais faire des cageots d'oursins !
Un Noël à Alger
Je peux pas t'expliquer.
Un Noël à Alger
Dommage...
Tu sais,
Qu'on y sois né, qu'on y soit tout simplement passé,
Alger, Alger c'est une ville qu'on peut pas oublier.
Tu comprends maintenant, dis, tu devines
Pourquoi je regarde tant vers le pays de mes racines ?
Un Noël à Alger
Je peux pas t'expliquer.
Un Noël à Alger
Dommage...
Un Noël à Alger
Je peux pas t'expliquer.
Un Noël à Alger
Dommage que j'ai pas pu... pardon, c'est vrai,
Que je ne puisse pas t'amener...
Jean-Pax Méfret
Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui - 232
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LES ROIS MAGES.
par Jean Claude PUGLISI, année 2000
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En ces temps de Noël je ne puis m'empêcher de m'en aller voguer du côté de chez nous, là-bas, au Bastion de France en Barbarie.
Comme de coutume, me reviennent inexorablement en mémoire, notre église et sa crèche, l'inoubliable minuit chrétien et le carillon de Popol VELLA, + alias - Vellatchoum le sacristain...
Je me souviens de cette période heureuse où, enfant de cœur à Saint Cyprien, j'observais toujours avec autant d'intérêt les trois singuliers personnages, religieusement prosternés autour de l'enfant Jésus : on disait alors ce sont les rois mages et rien de plus ? Tout cela était bien compliqué à comprendre : des rois qui savaient tout et avant tout le monde, rien qu'en observant les étoiles qui scintillaient dans le ciel, et, qui en plus, étaient des mages ? Mais, pensions-nous, qu'est-ce que c'était d'abord un mage ? et pourtant, nous, les enfants de cœur, on aurait dû être au courant et je suis certain que le père Augustin Decroze + notre Curé, n'aurait pas du tout admis la moindre lacune en la matière : il nous appartenait donc et mieux qu'aux autres gamins de notre âge, de bien connaître l'histoire Sainte en général et en ces temps de la nativité - les rois mages en particulier.
Mademoiselle Jeanne BORG qui était très compétente en la matière, nous avait fait un jour dans la sacristie et en dehors des heures de service, une très savante conférence sur la question. Nous étions tous émerveillés et en admiration de l'entendre nous conter toutes ces belles histoires de Noël. Oh ! Combien elle en savait des choses et des choses, notre regrettée Mademoiselle Jeanne. Mais je crois que la seule leçon que j'ai pu retenir et que le temps n'a pu effacer de ma mémoire : les noms des rois mages ! C'est que Mademoiselle Jeanne, elle, elle les connaissait bien ; même que devant la crèche, un jour elle a pointé son doigt, et, un à un, sans façon, les trois elle nous a présentés.
Voilà, disait-elle, avec un profond respect :
Melchior - Gaspard - Balthazar.
Pour marquer Noël et l'année qui s'achève, j'ai voulu à l'aube du 21ème siècle, affectueusement offrir à toi mon peuple chéri du Bastion de France, la singulière petite histoire de trois personnages, dont, il faut dire, qu'ils sont hélas ! les saints les plus mal connus parmi les chrétiens du monde.
Très intrigué par leur passage éphémère, je me suis souvent demandé :
-D'où venaient-ils ?
- Qui étaient-ils ?
- Que sont-ils devenus ?
3 naïves questions, que je ne suis peut-être pas le seul à me poser !
LES ROIS MAGES.
Ces grands oubliés de l'histoire Sainte.
D'où venaient-ils ?
"Venus pour rendre hommage à l'enfant Dieu naissant,
trois chameaux et trois mages arrivaient de l'orient..."
" Vêtus de beaux atours, nos rois portaient présents,
Gages de leur amour pour la Vierge et l'enfant. "
Qui étaient-ils ?
Le premier s'appelait :
Melchior.
Il venait de PALMYRE en SYRIE.
C'était un vieillard aux cheveux blancs, à la longue barbe,
Il portait l'Or à l'enfant Dieu,
Symbole de royauté.
Le second nommé :
Gaspard.
Il venait de MEROE ( Méroé ) au SOUDAN.
Rouge de couleur, jeune et sans barbe,
offrit à Jésus l'Encens,
Symbole de dignité en hommage à sa divinité.
NB : dans certain texte, Gaspard serait noir ! ?
Le Troisième était :
Balthazar.
Il venait de NIPPOUR en IRAK.
dit le Maure, parce qu'il avait la peau noire.
Il avait la Myrrhe entre ses mains, symbole d'humanité,
qui rappelait que le fils de l'homme devait mourir.
Que sont-ils devenus ?
Suivant la tradition, les rois mages, ce qui signifie savants en astronomie, furent martyrisés le 1er et les 6 et 11 janvier du début de l'ère chrétienne. Sainte - Epiphanie était selon la légende la mère des trois rois.
Les corps des Saints rois mages, avaient été pieusement ensevelis par les fidèles dans leur église et plus tard réunis dans un même tombeau. L'impératrice Sainte-Hélène qui en fit la découverte, ordonna leur translation à Constantinople en l'église Sainte-Sophie, et fit élever un autel en hommage aux Saints rois dans la grotte de Bethléem.
A la demande de Saint-Eustorge Evêque de Milan, ces restes furent transférés en 330 dans l'église de cette ville italienne. Prise et ruinée en 1163, par l'empereur Frédéric Barberousse, la ville de Milan possédait encore les restes des rois. Ami de Barberousse l'évêque REINALD de RUSSEL obtint de ce dernier, le transfert des corps des rois mages dans sa ville épiscopale de COLOGNE.
En 1164, décorées de trois couronnes de fer dorées, les portes de la ville allemande s'ouvraient pour recevoir ces restes. Un vieux dôme construit sur ordres de Charlemagne les abrita, avant que l'on ordonna l'érection de la magnifique cathédrale de Cologne une des plus vastes du monde.
C'est ainsi que Cologne, au 17ème siècle, devint la ville des rois.
Par la suite, les Colognais souhaitèrent voir les os des Saints rois reposer dans une châsse incomparable.
Aujourd'hui, la Châsse de Cologne est une des merveilles du monde. Les diamants, rubis, émeraudes et perles qui l'ornementent sont au nombre de 1520, dont 187 de taille étonnante. La châsse représente une église à trois nefs, dont le chef central dépasse de beaucoup les bas-côtés.
L'image des rois mages ornait le drapeau de la Santa Maria de Christophe Colomb, qui les ayant choisi comme Saints patrons, leur vouait une grande dévotion.
Capdenac dans l'Aveyron, a dédié son église aux rois mages. Un bel autel et trois statues des rois en marbre de Carrare, en font un lieu de pèlerinage.
Charlemagne avait pour les rois mages une vénération enthousiaste. C'est ainsi qu'il avait choisi la fête de l'Épiphanie pour consacrer la Basilique d'Aix-la-Chapelle.
Tous les ans à Cologne les rois mages sont honorés pour la fête de l'Épiphanie. En procession la Châsse des rois mages est conduite à travers la ville suivie avec une profonde dévotion par les habitants de la ville.
Voilà ce que je voulais vous dire sur les rois mages.
Maintenant que nous les connaissons un peu mieux, permettez-moi au nom de notre Amicale, de vous souhaiter de bonnes fêtes de Noël, et de former pour vous, au seuil de l'an 2022, les vœux les plus beaux et les plus doux, que Dieu dans sa grande bonté, voudra bien exaucer.
Remercions le Seigneur, ainsi soit-il.
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
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Une drôle d'odeur…
Par M. Marc Donato
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Clochemerle, ce village du Beaujolais, avait connu une guerre mémorable dont la cause était un urinoir. Tout avait commencé quand Barthélemy Piéchut, le maire de la commune, avait dévoilé son projet à Ernest Tafardel, l'instituteur :
- Je veux faire construire un urinoir, Tafardel. […] Enfin, dit-il, une pissotière !
Et bien, Gabriel Chevalier, l'auteur, aurait bien pu venir faire un tour par chez nous pour rajouter un nouveau chapitre à son roman.
Figurez-vous qu’un village proche de Manosque s'est divisé sur une situation identique une histoire de cabinet, pareillement.
Ici aussi, le chef du projet est arrivé en ce début décembre en annonçant tout de go :
- Cette année, nous allons rajouter des cabinets.
Horreur ! Crime de lèse tradition ! Où jamais avait-on vu des cabinets dans ce paysage sacralisé ?
- Et nous les ferons là, sur la place du village…
Bien sûr, il y eut des partisans qui approuvèrent l'initiative.
- C'est une nécessité publique …
- Voilà qui rajoute du naturel à l'ensemble…
- Et puis, c'est la vie, la vraie vie.
L'opposition, s'opposait, c'était son rôle et, subrepticement, ricanait :
- Vouloir construire un cabinet dans ce décor unique, sans pareil, c'est un crime.
- Voilà des années que la réputation du village est bâtie sur ce qui fait son charme et sa spécificité : son panorama.
- Ils ne vont pas gâcher ça avec des cabinets !
Le vocabulaire était plus cru, on l'imagine…
Les employés municipaux attachés à leur travail communal avaient été détachés pour l'occasion : eux, ils obéissaient aux ordres. S'il fallait des cabinets, on construirait des cabinets ; s'il fallait les bâtir ici, on les bâtirait ici ; s'il fallait les ériger là, on les érigerait là.
Il faudrait régler un problème d'arbre au préalable, déplacer un olivier plutôt gênant.
Pour le premier employé, le village s'en trouverait certainement changé, mais cela pouvait apporter une note utile et réaliste à l'ensemble. Pour son collègue, olivier ou pas, il fallait trancher dans le vif et exécuter une décision qui ne pouvait arriver que d'en haut.
Alors on fit venir le premier adjoint. Marri ! Edile plein de sagesse, il observa, entendit, consulta, supputa et… décida :
- Certes, il faut reconnaître que la volonté de rajouter des cabinets dans ce décor traditionnel est peu orthodoxe. Peut-être sera-ce une verrue? Peut-être pas.
Nous les mettrons là. Qu'il soit fait ainsi et qu'on ne revienne pas sur cette décision.
Et les employés d'exécuter…
C'est ainsi que, depuis que la crèche de l'église a été ouverte à la visite cette année-là, on peut admirer dans le village des santons un superbe cagadou placé là où l'édile l'avait décidé. Elément inhabituel dans le décor de la Nativité. Mais on peut lui reconnaître bien des qualités. D'abord, il rajoute un côté réaliste tout à fait en concordance avec le vrai village d'autrefois. Et puis, il est opérationnel, puisque tout de suite il a été occupé par un papé plongé dans la lecture de "l'Aioli", peu gêné par cette mayonnaise qui agite le bocal villageois.
Comme dirait un de mes amis gastro-entérologue :
- Foin de querelles intestines (!), nature oblige…
PS. L'histoire vraie du cabinet construit sur la place du village a été intégrée dans l'histoire de la crèche provençale où un cabinet (cagadou) a été rajouté au décor traditionnel, ce qui, en soi, est une entorse à la tradition.
Marc Donato - 13 décembre 2021
Qui vous invite à venir lui rendre visite dans la crèche de Montfuron.
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UN BOUCHER SYMPATHIQUE
ECHO D'ORANIE - N° 285
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En latin d'Afrique...
Une nouvelle chronique de Gilbert ESPINAL
- Aouela ! Je viens vous chercher ! Clama Angustias l'air affairé en faisant irruption dans l'appartement de la grand-mère.
- Et tu viens me chercher pour aller où ? proféra cette dernière
- Je viens vous chercher pour que nous allions acheter de la viande, dans une boucherie espéciale où il y rien à craind' pour la santé. Prenez votre cabacet' et nous partons, pédibus cum jambis (comme y disait l'Abbé Caparros quand on montait à Santa Cruz pour l'Ascension), j'qu'à cet endroit qu'on m'a indiqué et où on peut acheter du bœuf sans que ce soit de la vieille vache. En bas, devant la porte de votre immeuble, y'a Madame Sacamuelas, Amparo, et six de ces copines, Rose, Rosa, Rosalinde, Rosine, Rosette et Rosalie, qu'elles vous attendent chacune avec un panier. Elles ont pas voulu monter j'qu'à votre cinquième étage, pas que vot' concierge, I'algéroise, elle leurs a dit que la censeur elle était en panne. Elle était plantée devant la grille de l'appareil, avec le balai, pour qu'on monte pas dedans. Elle hait les Oranais ! J'ai eu beau lui dire, pour me concilier ses bonnes grâces, qu'il était pas sur qu'Oran ça avait été la Capitale économique de l'Algérie, là elle est restée plantée, sans un mot, sans un sourire, avec cette fugure de bova (1) qu'elle a ! Quelle salope !
- Et en quel honneur, moi, je vais te suivre avec cette collection de roses, que je sais même pas d'où elles sortent?
C'est les six bonnes attachées au service Lava-Thiva, le voyant estra-lucide, chez lequel Amparo est concierge ou plutôt, comme elle dit tourière. Mais si moi je mange pas de viande ! Protesta la grand-mère. Avec toutes ces horreurs qu'on dit dessus, quelle viande tu veux que je mange ? Y paraît que la vache elle est folle, le mouton il est tremblant, le poulet hormoné, le poisson contaminé, j'qu'aux sardines elles bouffent aussi des granulés I Tant que j'aimais moi l'escabètche ! Y'a rien que le lapin que ça serait encore bon ! Avec la Golondrina on en achète deux par semaine, et chaque jour, morceau après morceau, on le fait, tantôt avec des pâtes, tantôt avec du riz, tantôt en sauce, tantôt avec des pon' de terre et, comme y'a six mois que ça dure, je te cache pas que j'en ai de lapin plein la murmuration !
Pos justement, clama Angustias : nous partons toutes, acheter un produit qui parait que dans ce magasin renommé, c'est de la vache vierge ; avec une queue qu'elle fait des kilomètres ! Ça nous rappellera le bon temps de la guerre, quand y'avait des pénuries ! Vous, vous en souvenez, Aouela, que pour un kilo de patates y fallait se lever à 4h du matin !
- Alors y faut que j'appelle la Golondrina, qu'elle fait la sieste, conclut la vieille femme, à qu'elle vienne avec nous, cette gandoula (2), pour me porter le panier à provisions..
C'est loin d'ici la boucherie que tu parles ?
- J'ai que l'adresse, déclara Angustias...
- Pos horosement que tu as l'adresse ! se moqua la Grand-Mère
- C'est dans un quartier qui s'appelle le Quartier Des Héros, au coin du Boulevard Maréchal Achille Bazaine, et l'avenue du Généralissime Maurice Gamelin; pas très loin de là où les voitures elles tournent et où il y a le tombeau du Soldat Inconnu. Com' y s'appelle ce square ?
- L'Etoile ! Fit prestement la grand-mère ; on l'y a donné un aut' nom mais je me souviens plus ! J'aime bien ce quartier fit Angustias, on y trouve véritablement l'habitat urbain que j'adore.
Ça nous change de la Calère !
- Et comme on va y'aller ? Intervint la Grand-mère. En métro ?
- Ouille en métro ! Couina Angustias, je sais jamais quel couloir prend', quel escalier choisir pour descendre et monter, je marche, je marche, et toujours je me retrouve devant la même direction, exit ,,. L'aut' jour je suis montée à la tchamba (3), dans un wagon sur le quai, et je me suis retrouvée à Pontoise ; ça que je voulais aller aux soldes des galeries Lafayette pour m'acheter un wonderbra, un corset et un porte jarretelles. Comme à Pontoise, sur le quai, y'avait un marchand de légumes, je suis revenu avec 735 grammes de tomates, et une liv' et demie de pon' de terre, Baya de voyage ! J'étais de retour à la maison à 8 h du soir. Bigoté, déjà y parlait de téléphoner aux Pompes Funèbres et y regrettait que je l'y ai pas tout laissé au dernier vivant ! Quelle peine il avait ! Il était en larmes !
Angustias, la Grand-mère et la Golondrina, mal réveillée, descendirent à pieds de leur cinquième étage et affrontèrent l'œil courroucé de madame Mafigue, la concierge algéroise si jalouse de la primauté de la capitale de notre ancien pays. Elle ne put d'ailleurs, s'empêcher de lancer à mi-voix, une invective sournoise à la compagnie : "A Oron, vingt sous ça fait un fron ! Le téléphon y son' et person n'y répon !
Chacun marcha des kilomètres et des kilomètres sans même trouver une vitrine devant laquelle se reposer, elles firent trois fois le tour de l'Etoile pour essayer de trouver le fameux quartier des Héros. Toujours sans boutique ! A la fin, à la fin, près d'une porte cochère, Angustias dégota, dans un vague recoin, une mercerie miteuse qui présentait dans sa vitrine poussiéreuse, un choix de fils et quelques aiguilles piquées dans une pelote à épingles :
"Au moins expectora t-elle, pour trouver une excuse à un si long cheminement, nous ne serons pas venues j'qu'ici pour rien ! J'ai besoin de fil noir". Une protestation sinistre secoua la compagnie ; les six roses se signalèrent particulièrement par leurs ricanements antipathiques.
- Si j'aurais su s'exclama la Grand-mère, en plus de mon cabas, la Golondrina elle aurait porté mon pliant, que j'ai les jambes qu'elles me rentrent dans le corps de tellement des pas qu'il a fallu faire pour arriver là où nous sommes ! Si on me fait parcourir un kilomètre de plus, c'est sur le bas ventre que je vais me traîner, comme les escargots !
- Pos on a trouvé ! S'écria tout à coup Angustias, d'une voix triomphante ! Regardez qu'on est tombé juste sur la boucherie qu'on cherchait, et regardez si y'a du monde devant la porte :c'est qu'ici c'est le règne de l'habitat urbain.
- Et qui c'est cet Urbain, dont t'y arrêtes pas de me rabattre les oreilles ? S'écria la grand-mère ; depuis tout à l'heure tu fais que répéter et qu'Urbain par si, et qu'Urbain par-là, t'y en a plein la bouche ! Bigoté et toi, vous fréquentez rien que des maquereaux ! C'est Bigoté qui te fait faire connaissance de ce beau monde ? Je croyais qu'il était jaloux comme un tig'.
Elles s'inoculèrent toutes tant bien que mal, dans la foule des adeptes de la vache vierge qui se pressaient aux abords de la boucherie, un établissement nauséeux, de l'intérieur duquel jaillissait de temps en temps, un client, serrant sur son cœur un paquet flasque et mal emballé qu'il portait précieusement.
Elles étaient loin derrière les loin-derrière, et la grand-mère commença à maugréer :
- Pos ma fi' ! On en a j'qu'à demain matin à espérer avoir un bout de barbaque qui me fasse oublier les conejos (4) qu'avec la Golondrina nous nous tapons tous les jours depuis six mois.
- Aouela fit Angustias d'une voix encourageante, pour êt'belle y faut souffrir !
- Regardez après nous, après Madame Sacamuelas, Amparos et les six roses, le populo qui s'agglutine ! Horosement que nous sommes arrivées juste après les cent cinquante personnes qui sont devant nous pasqu'autroment ici on passe la nuit raide comme des passe-lacets, à que ça lui vienne bien au marchand de nous servir !
- Tu peux pas lui dire au boucher, implora la Grand-mère et à tout ce populo que moi je suis vieille et que la loi elle dit qu'on doit céder la place aux personnes âgées ? Où c'est que toute cette gentusa (5) elle a appris a viv' ? Moi, si je serais à leur place, y'a longtemps que je me serais faite passer la première ! Mais au jour d'aujourd'hui, les gens c'est une chose et l'éducation c'est une aut'!
- Justement fit une voix dans la chaîne derrière elle, moi je suis, bien que ça se voye pas, plus vieille que vous : la semaine prochaine, je fête mes quatre vingt dix ans c'est pour ça que je fais la chaîne aujourd'hui, pour que je puisse servir un morceau de choix à mes invités, et à mes vieilles dents. Si vous vouliez appliquer vos théories, il faudrait que vous me fassiez tous (vous la première) passer avant les autres.
- Vous avez un de ces culots ! Répliqua la grand-mère. Si vous avez quatre vingt dix ans il faudrait que tout le monde y soye d'accord à que vous passiez devant ! Et moi juste derrière vous. Montrez nous vos dents pour sa'oir si ça que vous dites sur votre âge, c'est pas des bobards.
Elles faillirent se crêper le chignon. Heureusement que l'épineux buisson de Roses, se trouvaient entre elles deux.
- Daya ! S'exclama la Grand-mère, quand s'apaisa un peu, le ressac du ressentiment. Ici tu m'as fait venir, pour que je m'espose au venin des personnes de tous âges : même les vieilles de quatre vingt dix ans elles sont enragées! Angustias, tu m'attraperas pas une fois prochaine à que je vienne avec toi, que je préfère manger du pain et de I'oignon à ma maison, que m'affronter à la vindicte de cette populace. Golondrina ! Tu aurais du penser à prendre mon pliant à que je puisse reposer mes fesses, esténuées qu'elles sont par les kilomètres qu'il a fallu franchir pour arriver j'qu'ici et la fresca (6) qu'elle vient de me faire cette centenaire sans honte.
Le temps passa. La boucherie laissait jaillir de temps en temps un client servi, rendu précieux comme un vase sacré par la charge qu'il portait. Des heures après, ce fut le tour de notre compagnie à renifler les alentours immédiats du commerce : flottait une vague odeur de cage aux lions.
- Ça pue ! Fit la Grand-mère, qu'on sait plus si ta vache elle est folle ou en décomposition !
- Qu'est ce que vous avez à nous offrir ? Fit Angustias au boucher d'un air important, en pénétrant enfin dans la boutique.
- Plus grand chose, déclara le commerçant, que depuis ce matin cinq heure, je désosse, je découpe, je tranche, je débite, j'hache et j'émince !
- Moi je voudrais un steak qu'il soit comme le beurre de tend', pasque bien que mes dents elles soyent pas dans un si mauvais état que la vieille qui vient après nous, je suis obligée de faire entention à mes gencives qu'elles ne sont plus protégées par l'émail. Y faut que je mastique, mais je veux pas m'astiquer en pastiquant.
- J'ai ce qu'il vous faut ! Sauta le boucher.
Angustias prit un air mauvais et lança au boucher :
- J'espère que vot' vache elle vient pas d'Angleterre, pasque si c'est de la folle que vous allez nous servir c'est pas la peine que nous nous soyons levées à potron-minet, et que nous ayons fait la queue depuis des heures, que même mes corps aux pieds, y crient famine !
- Pourquoi tu parles toujours de la vache folle ? Brama la Grand-mère irritée. En Angleterre le boeuf il est jamais fou ? Et dans le monde moderne, c'est toujours les femelles qu'elles prennent ! Toujours on tape sur le deuxième sexe !
- Mesdames, interrompit vivement le commerçant, j'ai tout ce qui faut pour vous rassurer, vous satisfaire, et vous régaler. D'abord c'est pas de la vache que je vais vous servir
- C'est quoi alors ? sauta Angustias
- Du boeuf ! et y vient pas d'Angleterre
- D'ou y vient ?
- d'Espagne lança le boucher d'un ton de bateleur et non seulement c'est pas du boeuf, mais c'est du toro ! Que celui que je vais vous servir, pas plus tard que la semaine dernière, y faisait l'orgueil des arènes de Séville. Ne me demandez pas les oreilles et la queue, c'est le torero qui les a emporté pour les faire, sans doute, ., à la ficelle ".
Mais le morceau qui me reste, y fera le régal et la joie des personnes d'un certain âge qui font partie de ma clientèle ; découpé en fines lamelles, et grillé au barbecue avec du sel et du poivre, les gencives de ces dames n'auront plus à mâcher ni à se préoccuper de Creuzfeld-Jacob, elles pourront se refermer sur un délice à nul autre pareil et faire jouir leurs papilles. De l'animal que depuis ce matin aux aurores, je le débite, il ne me reste plus que la cervelle basse, ou si vous voulez mieux, en termes savants, des rognons blancs : en deux exemplaires.
Dans la foule la centenaire applaudit.
- C'est quoi la cervelle basse et les rognons blancs demanda la Grand-mère ? la voix étranglée d'une personne qui a peur de comprendre
- Aye ! fit Angustias, Aouela vous allez pas m'obliger à vous dire des mots que ça va vous faire monter l'honte au front ! La cervelle basse, ou en bon français, les rognons blancs ce sont les c...
- Ouille ! se révulsa la grand-mère comme si elle allait rendre l'âme. Et tu crois que moi je vais manger ça ! Que asco (7) ! Entre ton Urbain et le toro, la panoplie elle est complète ! Demande lui, au boucher, si dans son frigo il a pas un lapin !
LEXIQUE
(1) Bova : idiote (espagnol)
(2) gandoula : fainéante (espagnol)
(3) Tchamba : au petit bonheur la chance (expression oranaise)
(4) conejos : lapins (espagnol)
(5) gentusa : populace vulgaire ( espagnol)
(6) fresca : l'affront (expression espagnole)
(7) que asco ! : quel dégoût ! (espagnol)
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LE MUTILE N° 124, 18 janvier 1920
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Debout les Morts !..
Ce cri héroïque, digne des grognards de Napoléon, est à nouveau sur toutes les bouches. C'est qu'un poilu algérois, M. Fayard, a fait, dans la tranchée, une oeuvre qui mérite les plus grands éloges. Son " Debout les Morts" est superbe de beauté et de vie.
Le héros qui a jeté cet appel n'est pas un inconnu comme beaucoup le croient. C'est le lieutenant Pericard, l'auteur des vivantes pages de Face à Face, de Ceux de Verdun, de Pâques Rouges. Les premières ont été publiées, pour la première fois par fragments, dans le Petit Marseillais
En 1915, les Annales politiques et littéraires les firent paraître intégralement sous le titre de Face à l'Ennemi.
Inspiré seulement par la lecture du Bulletin des Armées, le peintre Lucien, Jonas nous donna de l'a scène un tableau magnifique. Quand il le vit, le lieutenant Pericard loua chaleureusement l'artiste pour sa composition d'une tenue si conforme à l'a réalité, composition qui n'était au fond qu'œuvre d'imagination.
M. Maurice Barrés, dans l'Echo de Paris, nous a déjà donné un portrait de celle mâle figure aux cheveux blanchis depuis plusieurs années, malgré son jeune Age, quarante-deux ans.
Voici la scène véridique déroulée il y a quatre ans :
Les Allemands, sont vainqueurs ou ils plutôt vont l'être. La tranchée française est semée de cadavres et de moribonds....
" Du sang partout, dit le lieutenant Pericard. Tout d'abord, je marche avec circonspection, peu rassuré. Moi seul avec tous ces morts... Puis, peu à peu, je m'enhardis, j'ose regarder ces corps et il me semble qu'ils me regardent...
Une fureur sacrée me saisit. De mes gestes, de mes paroles exactes, je n'ai pas souvenance. Je sais seulement que j'ai crié à peu près ceci : Ohé, là, debout ! Qu'est-ce que vous foutez par terre ? Levez-vous, allons foutre ces cochons-là dehors !
Debout les morts ! Coup de folie ? Non. Car les morts me répondirent, ils me dirent : Nous te suivons.
Ce qui s'est passé alors ?... Je dois sincèrement avouer que je ne le sais pas. Il y a un trou dans mes souvenirs.,..
Nous, nous trouvâmes de nouveau les maîtres dans notre coin...
Et il ajoute simplement, pour ne pas que l'on se méprenne sur ses paroles : Je sais que je n'ai rien d'un héros.
Chaque fois qu'il m'a fallu sauter le parapet, j'ai grelotté de peur. "
Rendons donc hommage au soldat, en même temps aux deux artistes qui ont fixé à jamais, l'un sur la toile, l'autre dans l'argile, le cri demeuré célèbre.
GUY A. D'ORFOU.
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Chronique du Bastion de France.
par Jean Claude PUGLISI, année 2000
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Le NAUFRAGE
Du Chalutier le MERLAN.
( Fatalité, malchance, erreur humaine ou autre ?…)
C'est à partir de témoignages recueillis auprès des marins pêcheurs de La Calle, que cette affaire qui garde encore aujourd'hui bien des mystères, fera la une de cette chronique du Bastion de France.
Mais avant tout en guise d'avertissement et pour éviter toutes polémiques qui pourraient survenir à l'évocation de cette histoire ancienne, il est bon savoir que ces témoins directs ont raconté les faits tels qu'ils les ont vécus : sans passion ni parti pris, sans mauvais esprit ni propos diffamatoires... Avec le souci constant de ne faire à aucun moment, quelque procès d'intention que ce soit à qui que ce soit.
Mais parlons maintenant de la principale victime de ce drame de la mer : le chalutier le "MERLAN ". Qui lui hélas, n'est plus là pour nous raconter sa tragédie et dissiper le mystère qui entoure son naufrage.
Ce fut un fait très exceptionnel à La Calle, où de mémoire humaine on n'avait jamais vu de chalutier faire naufrage. Cette affaire a soulevé en son temps, d'abord la consternation de la population et ensuite toutes sortes d'interrogations, de polémiques, de discussions, d'hypothèses... Enfin, tout ce qui pouvait se dire, à voix haute ou basse dans cette ville des bords de mer à vocation surtout maritime.
Cela étant dit, ce naufrage qui n'a bien heureusement fait aucune victime parmi l'équipage, n'empêche pas encore aujourd'hui, que parler du Merlan reste sujet tabou : un peu comme ces obscurs secrets de famille, que l'on garde longtemps cachés par discrétion, par gêne, par pudeur, ou peut-être ? pour entretenir le côté mystérieux de l'histoire.
Et voilà l'histoire du Merlan :
Un matin d'automne ou d'hiver de l'année 1953 ou 1954 ( ? ), coup de tonnerre dans le port de La Calle :
" Un chalutier a coulé cette nuit !… "
Pas possible ! Mais lequel ? Mon Dieu et l'équipage ? Que s'est-il passé ?… Angoisse et longue attente de grand matin, guettant sur les quais déserts le retour des bateaux… C'est un peu plus tard que dès l'accostage des premiers chalutiers, que la triste nouvelle tomba aussi nette que cinglante :
" le Merlan a coulé ! Mais l'équipage est sain et sauf. "
Quelle catastrophe ! Mais aussi, quel profond soulagement.
Il faut dire que depuis longtemps déjà, le chalutier Merlan faisait partie du paysage portuaire Callois. C'était un beau bâtiment bien entretenu, solide et surtout très rapide, construit en bois depuis prés de vingt ans. Le savoir par le fond faisait ce jour-là figure de deuil national, malgré le grand soupir de soulagement qui souffla dans la cité : aucun blessé ni victime n'étaient à déplorer.
La seule victime c'était le bateau qui en quelque sorte, faisait partie intégrante de la grande famille Calloise. C'est pourquoi passées les angoisses, on a voulu tout savoir sur le naufrage du chalutier le Merlan.
Les questions qui se posaient étaient toujours les mêmes :
Où ? Comment ? Pourquoi ?
Pour tenter de répondre à ces interrogations d'un autre temps, écoutons les témoins et essayons autant que faire se peut, de faire une synthèse objective de leurs dires :
" En cette fin de nuit du ( ? ) trois bateaux voguaient vers les eaux tunisiennes pour pêcher au-delà du cap Roux entre la Galite et le cap Nègre au lieu-dit - le petit merlan ( ainsi nommé, parce que les petits merlans abondaient dans ce site privilégié ).
Il s'agissait des chalutiers -
le Merlan, le Saint-François et le Jean-Paul :
Le Merlan:
- Armateur : Salem.
- Commandé par : M. Jean Jacomino, alias, Jeannot de Gaulle.
- Le mécanicien : M. Philippe Gigliano.
- L'homme de barre : un Bônois ( M. ? ).
- Les matelots : Meno Cassara...
Le Saint-François :
- Armateur : Salem.
- Commandé par : M. Laurent Sportiello, alias Lolo.
- Le mécanicien : M. ?
- L'homme de barre : M. ?
- Les matelots : ?
Le Jean-Paul :
- Armateur : Esposito.
- Commandé : par M. Louis Olivieri, alias, Louis cinquante sous.
- Le mécanicien : M. Raymond Schiano.
- L'homme de barre : M. Buonomano père, alias, la Parrochio.
- Les matelots : Mes Vincent Dilelio - Marcel Buonomano, alias, Japon - Yvan Buonomano - M. Janvier Olivieri.
Il était deux heures du matin, lorsque les chalutiers quittèrent le port. Dans le sillage du Jean-Paul suivait à distance le Merlan, et un peu plus loin venait le Saint-François. La mer était calme, le temps clair et les feux des bateaux bien visibles. Sur chaque navire comme à l'accoutumée, seuls l'homme de barre et le mécanicien étaient de quart, pendant que dormait le reste de l'équipage.
C'est entre la Messida et le cap Roux à prés de trois milles au large, que le mécanicien du Jean-Paul M. Raymond Schiano, qui venait de monter sur le pont remarqua un bateau qui arrivait à vive allure par l'arrière. Il devait être alors prés de 3 heures du matin… Il cria aussitôt à l'homme de barre, M. Buonomano père, de réveiller le capitaine, M. Louis Olivieri, qui déjà s'était éjecté de sa couchette.
Dans la nuit claire et tous feux allumés, venant à vive allure par l'arrière droit du Jean-Paul, un navire s'approchait dangereusement malgré les appels et signaux de l'équipage.
Une violente collision ne tarda pas à ébranler le Jean-Paul. Les marins réveillés en sursaut par le choc et les appels de M. Raymond Schiano, montèrent précipitamment sur le pont. Là, un spectacle d'épouvante les attendait : sur les trois-quarts arrière droit, l'étrave du chalutier le Merlan qui avait heurté les potences métalliques, chevauchait pratiquement le Jean-Paul, qui donnait dangereusement de la gîte sur son côté droit, arrachant dans sa course les membrures du bastingage.
Stupeur de l'équipage et vent de panique à bord ! …
Comment par temps clair et mer calme le Merlan chalutier rapide et robuste, est-t-il venu heurter le Jean-Paul ?
La réaction des capitaines fût rapide et bien calculée : pour dégager les 2 navires ils virèrent de bord, le Jean-Paul à bâbord vers le large, et le Merlan à tribord vers la côte. Ainsi par cette habile manœuvre, les deux chalutiers se désenclavèrent pour s'éloigner l'un de l'autre, suivant une trajectoire qui devait les amener en direction de La Calle.
Après un abordage il appartient à chaque équipage de prendre soin de son bateau.. Pour le Jean-Paul nous le savons, mis à part les avaries causées au côté droit du bastingage, M. Raymond Schiano ne releva aucune voie d'eaux dans les cales et le moteur fonctionnait normalement. Dans un souci de sécurité et pour faire le bilan des dégâts, le patron de pêche M. Louis Olivieri, décida de regagner rapidement le port d'autant que chemin faisant, vers la côte des feux qui brillaient sans la nuit, indiquaient la présence d'un navire qui se dirigeait vers La Calle. Aucune fusée de détresse n'ayant été lancée, l'équipage du Jean-Paul pensa alors qu'il s'agissait du Merlan qui rentrait et rassuré, poursuivit sa route sans se détourner. On apprendra un peu plus tard que lors de l'abordage, les solides potences métalliques du Jean-Paul avaient gravement endommagé la proue du Merlan créant ainsi une importante voie d'eaux à l'origine du naufrage.
A peine arrivé à quai le Jean-Paul fût rejoint par un autre chalutier et à la grande stupéfaction de l'équipage, c'était le Saint-François qui rentrait avec la totalité de l'équipage du Merlan à son bord ? !
Ainsi le Merlan avait donc bel et bien coulé après la collision et témoin de ce drame, le Saint-François qui faisait route en troisième position, s'est approché du bateau en détresse pour sauver l'équipage.
Voilà ce que relatent les différents témoignages recueillis aujourd'hui. Au-delà de cette affaire, tout l'intérêt de cette chronique ancienne, apparaît au cours de l'enquête réalisée par les autorités maritimes et le procès qui s'ensuivit. Certes, on aurait pu regretter une perte de matériels, mais, grâce au ciel, cet accident n'a fait aucune victime.
Là est l'essentiel !
Cependant passées les angoisses de chacun, il fallut faire le compte des parts, en d'autres termes, établir les responsabilités de chacun dans ce naufrage.
C'est Monsieur Laurence, le syndic des gens de mer, qui devait recueillir les rapports de mer établis par les patrons de pêche : Jean Jacomino - Louis Olivieri - Laurent Sportiello. Ainsi débuta une longue et difficile enquête, avec des conclusions qu'il ne nous appartient pas de juger, mais qui méritent ici d'être exposées, sans idée préconçue d'humilier - de nuire ou de porter ombrage à qui que ce soit.
Après tout, les chroniques du Bastion de France font partie de notre histoire, donc, de notre patrimoine culturel. Par conséquent, ce qu'elles racontent est un héritage dont nous devons être fiers, puisqu'il nous gratifie tous les jours, de cette prodigieuse identité Calloise que nous avons la chance de posséder.
Les conclusions de l'enquête :
1°/ La responsabilité de la collision revient au Capitaine du chalutier le Merlan :
Le navire n'a pas modifié sa route, ni ralenti sa marche, malgré les appels et signaux du Jean-Paul. La responsabilité de l'homme de barre est manifeste, puisque à ce moment il était seul chargé de la manœuvre et que par conséquent, il lui appartenait de faire les gestes adaptés à une telle situation, ou mieux, réveiller le patron de pêche qui est le seul maître à bord.
Mais la loi est ainsi faite, la responsabilité du bateau incombe toujours au capitaine, même si l'acte est le fait d'un des hommes de l'équipage.
2°/ Le chalutier le Merlan a été abandonné prématurément :
Le rapport de mer de M. Laurent Sportiello, patron du Saint-François, révéla que lors du sauvetage du Merlan, il avait noté que son étrave était largement ouverte et piquait de l'avant. Mais le navire étant cloisonné, il demeurait toujours à flots dans cette position particulière. Un autre élément de ce rapport révèle, que le moteur tournait normalement et que le bateau poursuivait sa route, malgré sa posture insolite. Alors pourquoi avoir quitté précipitamment le navire ? Mais enfin, que pouvait faire de plus l'équipage dans l'affolement général ? Lancer des fusées de détresse ? Ramener cahin-caha le Merlan à bon port, ou l'échouer au plus prés du côté de la Calle i lac ? Comme ça, en pleine nuit ? Et pourquoi pas couler avec le bateau ? Allons donc ! Trêve de plaisanterie . Si la critique est aisée, l'art de la mer est sûrement plus difficile !
Mais la loi est ainsi faite, la responsabilité de l'abandon d'un navire est le fait du capitaine, qui ne doit pas quitter son bateau alors que celui-ci est toujours à flots et encore en mouvement.
3°/ Le chalutier le Jean-Paul, n'a pas porté secours au Merlan :
Après la collision comme nous l'avons vu, les bateaux se sont séparés : le Jean-Paul est parti vers le large et le Merlan vers la côte. Le Jean-Paul n'ayant aucune voie d'eau, le capitaine décida de rentrer au port. En fait il aurait dû aller sur place, pour se rendre compte de l'état du Merlan et de son équipage. Ce qu'il a négligé de faire, parce qu'il n'a pas vu de fusées de détresse et que des feux vers la côte signalaient la présence d'un navire qui faisait route vers La Calle : pour le patron de pêche du Jean-Paul, ces conditions étaient suffisantes pour penser que le Merlan était à flots et qu'il rentrait au port par ses propres moyens.
Mais la loi est ainsi faite, un navire doit toujours porter secours à un autre navire en détresse ou supposé tel. Le capitaine du " Jean-Paul " aurait dû se rendre sur les lieux pour juger de l'état du " Merlan "et éventuellement lui porter secours, avant de décider de rentrer au port.
Mais où est passé le chalutier le Merlan ! ?
Dire que le Merlan a fait naufrage, appelle tout naturellement à se demander où le chalutier a coulé. Or, si le lieu de l'abordage avec le Jean-Paul est parfaitement connu, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, personne aujourd'hui ne peut se targuer de connaître l'endroit précis où repose l'épave du Merlan .
Expliquons-nous.
Un navire qui sombre laisse toujours des traces sur la mer : armements divers remontés à la surface, tâches de mazout... Mais surtout il est indispensable de savoir, que la position des épaves se doit d'être parfaitement connue, afin d'être répertoriées sur les cartes marines. C'est ainsi que pour les besoins de l'enquête qui s'ensuivie, une reconnaissance aérienne fût rapidement dépêchée sur place. Rien de particulier n'a été repéré : pas de corps flottants à la surface de la mer et par suite rien de plus sur les côtes environnantes.
Par contre il est bien évident, que si le Merlan avait coulé dans un secteur proche de l'abordage, il devrait reposer par 50 m de fond environ, c'est à dire dans une zone habituelle de chalutage. Or par la suite et à aucun moment, l'épave n'a été accrochée par les filets de quelques chalutiers que se soit.
Lors de l'enquête, aucun des témoins n'a pu être affirmatif quant à la position du naufrage. Car, il faut bien comprendre que le Merlan en perdition, prenait dangereusement l'eau par son étrave et que l'équipage affolé avait quitté le navire, pour se réfugier sur le Saint-François qui était venu l'accoster. Cependant le moteur du Merlan continuait de tourner et le chalutier poursuivit sa route dans la nuit vers une destination inconnue.
Naufrage il y a eu ! Oui, mais nul ne sait où ? En tout cas ce qui est sûr, certainement pas dans une zone de chalutage, mais probablement en eaux profondes. Le Merlan a dû poursuivre sa route clopin-clopant et puis lorsque l'eau doucement a fini par envahir les cales, le chalutier s'en est allé par le fond.
A ce jour le mystère reste entier : où a-t-il sombré ? Mais avant, combien de temps encore a-t-il navigué ?
Autant de questions sans réponse, dont il me plait de croire, qu'à La Calle aussi il s'est crée un jour, une légende de bateau fantôme qui n'aurait rien à envier à celle du génial Wagner !
Mais que disait alors la rumeur publique ?
Nous avons déjà indiqué, que les bateaux étaient la propriété de Messieurs Salem et de Esposito. Il est également bon de savoir, que ces deux armateurs étaient associés, mais, qu'ils s'étaient séparés peu de temps avant l'abordage ! ? Alors de là, se mettre à penser qu'un litige qui opposait deux anciens associés, se serait peut-être réglé d'une façon particulière, il n'y a qu'un pas à franchir ! C'est pourtant ce qui s'est dit tout bas, mais aussi parfois d'un ton plus affirmé pour qui voulait l'entendre.
Pour aller un peu plus loin dans cette affaire, la rumeur publique qui s'était emparée de l'histoire, fit courir le bruit qu'un conflit entre patrons de pêche, aurait été à l'origine de ce malheureux naufrage ? En quelque sorte, un règlement de comptes entre marins, pour des raisons plus qu'obscures.
Qui pourrait croire cela - à La Calle ? Mais cependant, cette hypothèse a quelques fois été évoquée !
Ce que pensent aujourd'hui les anciens :
Des armateurs :
Au moment des faits, Salem et Esposito ont fait preuve d'une grande solidarité et de part et d'autre aucune plainte n'a été déposée. Il semble aussi que les bateaux n'étaient pas assurés ? Ce que l'on sait, c'est que M. Esposito a fait réparer les dégâts du Jean-Paul et M. Salem fit rapidement l'acquisition du Jacques, un magnifique chalutier qui devait naviguer avec M. Jean Jacomino, à qui l'armateur avait conservé toute sa confiance.
Quant au litige des armateurs, là aussi, il semble qu'il ne s'agisse que de racontars, sur lesquels il vaut mieux ne pas s'attarder !
Des responsables des chalutiers le Merlan et le Jean-Paul :
En ce qui concerne l'éventuel conflit entre les patrons des bateaux en question, cette allégation relève incontestablement de la plus pure des fantaisies. En admettant qu'il aurait pu exister entre les deux patrons une certaine incompatibilité d'humeur, comment pourrait-on croire que cet abordage a été manigancé et exécuté froidement par des hommes de mer au-dessus de tout soupçon et estimés de tous ! ?
Conflit de personnes ? peut-être… mais incontestablement sans aucun rapport avec ce malheureux accident !
En conclusion, que peut-on penser de cette affaire ancienne ?
Le naufrage du Merlan a été un événements des plus exceptionnels connu à La Calle et vécu douloureusement comme tel par la population. S'il est vrai qu'au siècle précèdent au bon temps de la marine à voile, les naufrages faisaient parties des risques les plus fréquents, jamais de notre temps un chalutier n'a manqué à l'appel. Certes, il y a eu quelques incidents dont le dénouement fût toujours des plus heureux : par exemple, l'échouage à la Messida par temps de brouillard, du chalutier la Zélée des Maïsto commandée par M. Antoine Delernia ( ? ), mais très vite remise à flots sans aucun dommage, grâce à l'intervention efficace des chalutiers : la Pie de M. Laurora, le Jean-Paul de M. Salem et le Cyrus des Maïsto.
Que dire aujourd'hui de la tragédie du chalutier le Merlan ?
Un témoin du naufrage a dit un jour : " la vérité ? Jamais personne ne pourra la connaître ! "
Nous serions tenté de dire : quelle vérité ? Si du moins il y en a une ! Car à notre humble avis, on a donné à cette affaire plus d'importance qu'elle n'en avait.
Sans être spécialiste des affaires maritimes et compte tenu des témoignages, il apparaît clairement que le Bônois, homme de barre du Merlan, a manifestement succombé au sommeil alors que le chalutier filait bon train dans le sillage du Jean-Paul, alors on comprend aisément la suite et si vérité il y a, c'est bien là qu'il faut la rechercher !
Cependant, comment pourrait-on trouver à redire à l'homme de barre du Merlan , qui a eu la malchance de prendre sommeil dans l'exercice de ses fonctions, sachant que ces braves Bônois, n'avaient pas hélas cette subtile qualité propre à nos marins Callois :
Celle de dormir à points fermés !
Oui mais,
Que d'un ŒIL !!!
Voilà la vérité ! En tout cas la nôtre !
Il est temps de laisser maintenant le Merlan dormir en paix dans son lit de corail, et souhaitons que jusqu'à la fin des temps, le chant mélodieux des sirènes de nôtre méditerranée Calloise, puisse tendrement bercer son sommeil éternel.
Adieu Chalutier Merlan de notre jeunesse, que les Dieux du Bastion de France soient remerciés de t'avoir conservé dans nos mémoires.
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
N.B : Il serait intéressant d'obtenir d'autres témoignages qui permettraient d'apporter plus de précisions dans l'évocation de ce drame. Le comité de rédaction du petit Callois, remercie par avance les Callois qui pourraient leur faire parvenir des informations complémentaires sur ce sujet.
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PHOTOS de ORAN
Envoi de diverses personnes
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CATHEDRALE SAINT-LOUIS
AVENUE LOUBET
BOULEVARD DE STRASBOURG
CASERNE
THEÂTRE
GARE
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Une vision de l'hiver 2026 écologique
Envoyé Par M. J.P. Ferrer
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Pas mal !!! Un régal à lire jusqu'au bout !!!! Et qui sait ????
En tout cas bravo à celui qui l'a pondu !
2026 c'est demain.. marrant et triste à la fois.
Hiver 2026
Les premières semaines du mois de février 2026 étaient aussi froides que celles de 2021, mais la comparaison s'arrêtait là car en 2026 les appartements étaient glacials. La température moyenne descendait à 12°C en les calfeutrant, après les quelques heures de chauffage autorisées. Les tenues d'intérieur ressemblaient à celles du dix-huitième siècle. Les Français retrouvaient mitaines, bonnets et manteaux matelassés pour lire ou regarder leur ordinateur, jusqu'à ce qu'il s'éteigne, faute de capacité suffisante de la batterie.
La France avait élu en 2022 un président écologiste. Son programme de sortie du nucléaire était, quatre ans plus tard, en 2026 donc, bien avancé : la moitié des centrales avaient été fermée, la France avançait vers la sortie définitive en 2030, un des premiers engagements électoraux du candidat. Comme, cet hiver-là aussi, les panneaux solaires étaient couverts de neige, ils ne fonctionnaient plus le jour ; de surcroît, comme cela arrive en hiver, après les chutes de neige une haute pression était venue de Sibérie et couvrait l'Europe de l'ouest.
Les éoliennes qui, en grand nombre, marquaient la campagne et les côtes françaises restaient obstinément immobiles, faute de vent.
Le métro ne marchait qu'aux heures de pointe quand on lui octroyait de manière préférentielle le courant des centrales nucléaires encore en état de marche et que nos voisins acceptaient de vendre à grand prix leur électricité.
A l'instar de 2021, dans la ville d'Amiens, les bus électriques généralisés dans toutes les villes de France depuis 2024, tombaient en panne. En effet, leur chauffage qui fonctionne avec un système de pompe à chaleur, n'arrivait pas à monter en puissance du fait du froid. Non seulement la température dans les bus ne dépassait pas les 10°C, mais le système de freinage qui fonctionne avec des bouteilles d'air, donnait des signes de défaillance. Les musées et les théâtres étaient désertés par les visiteurs et les comédiens rebutés par le froid polaire qui y régnait.
Au nom de la déforestation, Noël tristement sans sapin, fut aussi sans bûche autres que pâtissières, comme le reste de l'année. Il était désormais interdit de rejeter le gaz carbonique séquestré dans son bois. Les brigades écocides de la police nationale pourchassaient les délinquants. Le délit établi, promptement jugé, les coupables devaient se racheter en accomplissant des peines de travaux forcés dans les fermes écoresponsables du Larzac et de la Creuse. Pour les déviants qui gagnaient l'équivalent de plus 4000 euros par mois de 2021 (les riches), la peine se trouvait aggravée.
" L'équivalent " donc, parce que la France, contrainte de sortir de l'Euro depuis 2024, frappait de nouveau sa monnaie et était revenue au Franc. Les partenaires de la France avaient épuisé leur capital de confiance lorsque le débat avait porté sur le non-remboursement de la dette, in extremis reporté à plus tard. Non seulement la dette accumulée par la pandémie de la COVID avait continué à se creuser jusqu'en 2023 mais, comme l'avait suggéré la conférence citoyenne sur le climat de 2020, la durée du travail avait été fixée à 28 heures. De surcroît, reprenant les propositions du candidat écolo qui dataient de la campagne présidentielle de 2017, l'âge de la retraite, pour un nombre significatif de travailleurs, descendait à 55 ans et, pour faire bonne mesure, un revenu universel était versé à chaque Français le jour de sa naissance. En conséquence, étant tenue d'emprunter chaque mois à des taux beaucoup plus élevés que ses voisins européens, la charge de la dette était devenue de loin le premier poste des dépenses budgétaires et engloutissait la totalité de l'impôt sur le revenu.
Certes, depuis 2024, le nombre de naissances était tombé en chute libre, neuf mois après que le Parlement français, à l'instar de la Chine des décennies plus tôt, avait voté une loi " enfant unique " pour limiter les rejets de gaz à effet de serre qu'accompagne le passage sur Terre de tout être humain. Non seulement, toutes les aides sociales cessaient alors d'être versées à la naissance du deuxième enfant, mais les parents devaient payer une très lourde taxe et ne pouvaient plus inscrire leurs enfants dans les écoles publiques. Il faut dire que, de leur côté, les parents faisaient très attention car le chômage s'étant fortement accru, les allocations étaient réduites à la portion congrue et la vie devenait chère.
Du fait du bannissement du moteur diesel, les grandes entreprises françaises de l'automobile avaient déplacé leur production en Afrique du nord et dans les pays de l'Europe de l'est. Il en fut de même d'Airbus, touché par la crise et particulièrement pénalisé en France. En effet, dès 2021, le Gouvernement avait interdit les liaisons aériennes intérieures entre deux villes quand elles étaient accessibles par train en moins de cinq heures. Comme la 5 G était également interdite en France, tous les chercheurs, tous les créateurs, tous les bureaux d'étude avaient déménagé. Non seulement l'emploi était rare, mais le coût de la vie avait fortement augmenté. L'inflation depuis la sortie de l'euro était à plus de deux chiffres.
L'alimentation devenait inabordable car la France avait décidé d'interdire l'importation de tous les OGM, dont le soja.
Or, les volailles, les porcs et certains bovins requièrent pour leur alimentation un apport de protéines végétales.
Certes, il existe des alternatives agronomiques cultivables sous notre climat (pois, fèverole, lupin, colza, tournesol, lin ...), mais à l'instar des betteraves en 2020, le rendement de toutes les cultures avait baissé de plus de 40% du fait de l'interdiction par le Gouvernement des " pesticides ", autrement dit : les produits phytosanitaires.
Il devenait alors difficile pour les cantines de respecter un vieil engagement des écologistes à savoir de s'approvisionner exclusivement chez les producteurs de " l'agriculture paysanne et écologique ", tant leurs produits étaient onéreux. Le kilo de leur poulet ainsi produit était en effet quatre fois plus onéreux que celui que l'on pouvait importer de Pologne.
Au demeurant, les menus végétariens devenaient la règle, mais les familles et les enfants, comme au temps de Henri IV, demandaient du poulet au moins une fois par semaine.
Toujours du fait de l'interdiction des OGM, le coût des importations de coton (à 80% OGM) avait augmenté. La laine n'avait pas non plus une bonne presse, car l'on considérait que la tonte des moutons était une violence faite à ces pauvres bêtes couvertes d'une chaude toison. Une taxe " laine " avait été votée. Le marché noir se développait, comme d'ailleurs celui des tissus synthétiques fabriqués avec des dérivés du pétrole. Sur le dark web, on trouvait des patrons pour les tricoteuses anonymes qui se retrouvaient en secret après avoir laissé leur portable à la maison.
Le zéro pesticide avait aussi fait la joie des poux. Ils n'épargnaient plus les adultes. Les hommes se rasaient, les femmes les plus coquettes tentaient, sans succès, des décoctions à base de plantes et sur Internet on trouvait des " tutoriels " dont le fameux : " Comment mieux s'épouiller que les babouins ". La protection des insectes avaient également permis l'expansion du moustique tigre et, avec lui, la diffusion du chikungunya, remonté à l'ouest et au nord des Alpes-Maritimes où il était jusqu'en 2020 cantonné.
Bien que l'on fût en hiver, beaucoup gardaient encore sur leur peau des traces de piqûres infectées, à force d'avoir été grattées.
Le Tour de France, banni de Lyon par son maire en 2020, avait vu cette interdiction s'étendre à la France. Il s'appelait désormais le " tour d'Allemagne ", l'Espagne et l'Italie ayant déjà le leur. Il se déroulait toujours au cours du mois de juillet.
La Marseillaise, trop belliqueuse, avait été remplacée par un poème de Greta Grunberg avec pour fond sonore, une bande reproduisant des cris de dauphins et des champs d'oiseaux.
Mais heureusement, comme l'avais promis le candidat écolo, durant sa campagne de 2017, le cannabis était autorisé. Toutes ces difficultés se noyaient donc dans un brouillard psychédélique qui permettait d'attendre le printemps.
Jean de Kervasdoué
Je remercie Christian Anastasy de m'avoir donné l'idée de cette uchronie et d'en avoir imaginé quelques conséquences.
Auteur, avec Henri Voron, de " Les écolos nous mentent " - Albin Michel 2021
P/S: Comme le disait Monsieur de La Fontaine, "La France se trouva fort dépourvue quand l'écologie politique fut venue......................." Roger MARTIN
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COMMUNIQUÉ IMPORTANT
Envoyé par Monsieur Alain ALGUDO
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Bonjour Chers Compatriotes,
J'ai déjà pris connaissance de ce remarquable discours du Président des Harkis du 01/11/2021 ......... mais hélas comme d'habitude.... sans lendemains du côté d'un l'exécutif clone du félon de Colombey !
Mais, faut-il aussi désespérer de notre communauté anesthésiée ?
En effet, par mon carnet d'adresses et par le communiqué ci-dessous, j'ai lancé, la création INFORMELLE d'un comité de soutien autour de la Stèle emblématique de nos Martyrs à BEZIERS à savoir, sans Président ni bureau, ni cotisation, simplement des "adhésions soutiens" pour l'entretien et le fleurissement de notre monument lors des commémorations de nos dates des différents drames qui ont ensanglanté l'histoire de notre Algérie Française : Le 26 mars, le 5 juillet et le 1er novembre !
A ce jour 35 réponses positives, pas de négatives mais un silence majoritaire qui en dit long pour la survie de notre mémoire dans l'avenir !
Seules deux associations ont répondu favorablement…
Mais enfin nous nous contentons de penser que si il n'y a pas la quantité il y a la qualité et nous persévérons pour la sauvegarde du souvenir de nos morts et disparus !
Si des bonnes âmes veulent nous rejoindre, à l'adresse ci-dessous, D'avance merci pour nos morts.
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COMMUNIQUE POUR NOS COMPATRIOTES
Nous sommes une petite équipe de trois compatriotes à nous occuper de la surveillance, de l'entretien et du fleurissement de la stèle emblématique du souvenir de nos martyrs et de notre pays perdu, à BEZIERS.
La pièce maîtresse en est Madame Vincente LOPEZ qui, avec une abnégation remarquable, est régulièrement présente sur les lieux à longueur d'année, mais quelques unes de nos compatriotes fidèles sont aussi à féliciter.
Pour pouvoir le cas échéant nous en servir nous aimerions avoir le plaisir et l'honneur de votre participation morale à cette initiative de créer un "comité du souvenir de nos martyrs " autour de notre stèle emblématique de BEZIERS.
Pour ceux qui n'oublient pas et n'oublieront jamais et qui voudront bien nous soutenir, vous n'aurez qu'à nous communiquer votre nom, votre adresse postale et votre numéro de téléphone portable pour information rapide en cas de nécessité, renseignements qui resteront confidentiels.
Nous nous engageons de notre côté à vous tenir informé de nos activités de nos projets, et vous rendrons compte du déroulé des commémorations et particulièrement celles qui vont marquer le soixantenaire de notre exode et auxquelles nous voulons donner un éclat particulier digne de notre communauté.
Évidemment pas de cotisations demandées, le but de cette initiative est informelle pour un NON à l'oubli de nos disparus, de ceux qui ont donné leur vie pour nous, et au rétablissement de la vérité historique de notre oeuvre civilisatrice en Algérie Française.
Et pour ce faire l'importance de votre participation est primordiale pour nous... pour nous tous !
Nous vous tiendrons informés de l'avancement de ce projet qui ne dépend que des retours que nous en aurons.
Bien Fraternellement
Alain ALGUDO
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QUI EST ALAIN ALGUDO ?
Un homme intègre à découvrir ci-dessous :
" Son combat ! "
Alain ALGUDO, SAINT UPERY
Né le 10 mai 1934 à MOSTAGANEM en ALGERIE FRANÇAISE. Expatrié le 5 juillet 1962
Père : Antoine (fils d'immigré Espagnol originaire de BENISSA (Alicante)) né à MAZAGRAN Dpt de MOSTAGANEM ;
Mère : Gabrielle SAINT UPERY (issue d’une famille de pionniers (1845) originaire de MANSAN dans les Pyrénées Atlantique) née à RIVOLI Dpt de MOSTAGANEM.
Premières actions militantes en métropole dès les années 60 avec « Justice PN » pour l'obtention de l'Amnistie de nos compagnons d'armes embastillés. Ce qui lui a valu des affrontements musclés avec les communistes d’où un passage devant le procureur de la République en 1965.
Membre cofondateur de l'UNION DES COMITES DE DEFENSE DES AGRICULTEURS RAPATRIES et leurs AMIS ( UCDARA) Association Nationale reconnue représentative au J.O par arrêté du 19 avril 1971.
Membre cofondateur du RECOURS FRANCE, Association Nationale fondée à AIX EN PROVENCE le 17 décembre 1976.
1982 début des actions militantes contre la date du 19 mars 1962.
Président fondateur des Comités de Défense des Français d'Algérie (CDFA) J.O du 04 mai 2002. Son but, défendre les intérêts matériels de nos compatriotes non-agriculteurs.
Nommé, deux fois par le Premier Ministre délégué aux relations avec le Sénat chargé des rapatriés, Mandataire titulaire à la Commission d'aide aux rapatriés de l’Hérault (C.O.D.A.I.R) et comme mandataire à compétence Nationale auprès de la Commission Nationale de désendettement des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée (C.N.A.I.R)
Membre du Comité VERITAS comme rédacteur sur la revue et le 12 juin 2010, sur sollicitation, accepte la vice-Présidence du Comité VERITAS de son Ami fondateur Joseph Hattab Pacha.
Cofondateur du Collectif des Associations et Amicales du Grand Biterrois.
Pour rester libre de ses choix, il a plusieurs fois refusé des propositions de subventions associatives issues de la réserve parlementaire du Député, ainsi que le refus de deux décorations prestigieuses.
Il a toujours refusé ces avantages et les décorations qu’il a jugé dérisoires face au sacrifice suprême de nos fusillés et embastillés.
- Médaille d'Afrique du Nord
- Croix du Combattant
- Titre de Reconnaissance de la Nation.
- Unités Territoriales
Il n'a jamais pris possession de ces médailles, ayant toujours refusé la cérémonie officielle de décorations, tant que nos combattants morts pour l'Algérie Française n'auront pas obtenu justice et vérité.
Et son respect éternel aux vingt étoiles de nos quatre Généraux du Putsch écrasant deux étoiles d’un général de pacotille, de surcroît traître à notre petit peuple des Français d’Algérie.
Voilà Alain Algudo, un compatriote reconnaissant et qui s’engage encore et toujours bénévolement, à 88 ans, pour notre cause.
J.P.B.
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Mémoire de la guerre d'Algérie
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Algérie. Remember. 20 Août 1955.
El-Halia. Un massacre méconnu
"Pour la première fois des personnes dépecées,
vraisemblablement tant qu'elles étaient vivantes."
El-Halia est attaqué entre 11 h 30 et midi le 20 août 1955.
C'est un petit village proche de Philippeville, sur le flanc du djebel El-Halia, à trois kilomètres environ de la mer. Là vivent 130 Européens et 2000 musulmans. Les hommes travaillent à la mine de pyrite, les musulmans sont payés au même taux que les Européens, ils jouissent des même avantages sociaux. Ils poussent la bonne intelligence jusqu'à assurer leurs camarades Degand, Palou, Gonzalès et Hundsbilcher qu'ils n'ont rien à craindre, que si des rebelles attaquaient El-Halia, "on se défendrait" au coude à coude.
A 11 h 30, le village est attaqué à ses deux extrémités par quatre bandes d'émeutiers, parfaitement encadrés, et qui opèrent avec un synchronisme remarquable. Ce sont, en majorité, des ouvriers ou d'anciens ouvriers de la mine et, la veille encore, certains sympathisaient avec leurs camarades européens... Devant cette foule hurlante, qui brandit des armes de fortune, selon le témoignage de certains rescapés, les Français ont le sentiment qu'ils ne pourront échapper au carnage.
Ceux qui les attaquent connaissent chaque maison, chaque famille, depuis des années et, sous chaque toit, le nombre d'habitants. A cette heure-là, ils le savent, les femmes sont chez elles à préparer le repas, les enfants dans leur chambre, car, dehors, c'est la fournaise et les hommes vont rentrer de leur travail. Les Européens qui traînent dans le village sont massacrés au passage. Un premier camion rentrant de la carrière tombe dans une embuscade et son chauffeur est égorgé. Dans un second camion, qui apporte le courrier, trois ouvriers sont arrachés à leur siège et subissent le même sort. Les Français dont les maisons se trouvent aux deux extrémités du village, surpris par les émeutiers, sont pratiquement tous exterminés.
Au centre d'EI- Halia, une dizaine d'Européens se retranchent, avec des armes, dans une seule maison et résistent à la horde. En tout, six familles sur cinquante survivront au massacre. Dans le village, quand la foule déferlera, excitée par les "you you" hystériques des femmes et les cris des meneurs appelant à la djihad, la guerre sainte, certains ouvriers musulmans qui ne participaient pas au carnage regarderont d'abord sans mot dire et sans faire un geste. Puis les cris, l'odeur du sang, de la poudre, les plaintes, les appels des insurgés finiront par les pousser au crime à leur tour.
Alors, la tuerie se généralise. On fait sauter les portes avec des pains de cheddite volés à la mine. Les rebelles pénètrent dans chaque maison, cherchent leur "gibier" parmi leurs anciens camarades de travail, dévalisent et saccagent, traînent les Français au milieu de la rue et les massacrent dans une ambiance d'épouvantable et sanglante kermesse. Des familles entières sont exterminées : les Atzei, les Brandy, les Hundsbilcher, les Rodriguez. Outre les 30 morts il y aura 13 laissés pour morts et deux hommes, Armand Puscédu et Claude Serra, un adolescent de dix-neuf ans qu'on ne retrouvera jamais. Quand les premiers secours arrivent, El-Halia est une immense flaque de sang.
Le groupe de fellagha est commandé par Zighout Youcef. 123 des personnes qui l'habitent, de toutes religions, de tous sexes, de tout âge et de toutes opinions politiques sont massacrés de la façon la plus ignoble que l'on puisse imaginer. (71 européens, 52 musulmans, 120 disparus). Outre les égorgements des hommes (après ablation du sexe et vision du viol de leurs femmes et de leurs filles) et l'éventration des femmes, méthode habituelle, on note pour la première fois des personnes dépecées, vraisemblablement tant qu'elles étaient vivantes.
Ce massacre résulte des nouvelles consignes du FLN qui a échoué dans sa tentative de mobiliser massivement les français musulmans d'Algérie contre la France, que ce soit par la propagande ou par la terreur. Il a également échoué dans sa tentative de créer une force militaire suffisante pour gagner des combats contre l'armée française, par manque de soutien extérieur susceptible de lui procurer des armes, aussi parce que les paras et autres troupes de choc, ramenées d'Indochine, implantent de nouvelles formes de guerre, avec des unités mobiles, et le début des opérations héliportées. Enfin de plus en plus nombreux sont les musulmans qui portent les armes françaises, d'abord protection des sections administratives spéciales nouvellement implantées, gendarmes des groupes mobiles de sécurité, puis progressivement et de plus en plus, auto défense des villages et troupes combattantes, les harkis.
Le FLN a alors décidé de faire régner la terreur, il renforce ses politiques d'attentat aveugles dans les villes, son extermination systématique des européens, ses actions de sabotage de récolte, de routes, de réseau ferré, de lignes téléphoniques qui le conduiront à la victoire. Il vise aussi les nationalistes modérés type Ferhat Abbas, dont le neveu, qui gérait sa pharmacie est égorgé pour l'exemple. Abbas comprendra parfaitement qu'il n'est plus possible de tenter une troisième force et rejoindra le Caire.
El Halia aura une autre conséquence, le gouverneur général Soustelle, qui était venu en Algérie avec la volonté de trouver une solution politique, voyant le massacre, déçu de ses contacts, décide "qu'on ne discute pas avec des gens comme ça". Lors de l'enterrement des victimes, les personnes présentes, menées par le maire, piétineront les gerbes et couronnes offertes par les autorités préfectorales et militaires et feront une conduite de Grenoble au sous préfet.
Soustelle écrira : "Les cadavres jonchaient encore les rues. Des terroristes arrêtés, hébétés, demeuraient accroupis sous la garde des soldats….Alignés sur les lits, dans des appartements dévastés, les morts, égorgés et mutilés (dont une fillette de quatre jours) offraient le spectacle de leurs plaies affreuses. Le sang avait giclé partout, maculant ces humbles intérieurs, les photos pendues aux murs, les meubles provinciaux, toutes les pauvres richesses de ces colons sans fortune. A l'hôpital de Constantine des femmes, des garçonnets, des fillettes de quelques années gémissaient dans leur fièvre et leurs cauchemars, des doigts sectionnés, la gorge à moitié tranchée. Et la gaieté claire du soleil d'août planant avec indifférence sur toutes ces horreurs les rendait encore plus cruelles "
Le 20 août 1955, "une date terrible, une date inoubliable" dira Yves Courrière dans son "Histoire de la guerre d'Algérie"
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Les déportés de 1848
Envoi de M. Christian Graille
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En Algérie lorsque l'on interroge les descendants des colons de 1848, il est rare qu'ils ne déclarent pas qu'ils sont issus des " déportés ". Ils en sont très fiers.
En réalité, presque toujours, ils ont pour ancêtres des concessionnaires libres. Si la légende subsiste c'est parce qu'on n'y a pas jusqu'ici étudié la transportation à laquelle furent condamnés les hommes qui ont été soupçonnés d'avoir joué un rôle important pendant les journées de juin.
En France les documents sont rares, et je doute qu'on en trouve en nombre suffisant, même au prix de longues recherches, puisque, dès 1850, le gouvernement lui-même déclarait à l'Assemblée législative qu'il lui semblait impossible de faire régulièrement le procès des révolutionnaires, la documentation étudiée par les commissions d'enquête ne pouvant plus être réunie. (Moniteur officiel, supplément au n° 22 juin 1850. Compte rendu de la première séance de discussion de la loi sur la déportation par l'Assemblée législative.)
Les pièces officielles conservées en Algérie sont très peu nombreuses et d'un intérêt médiocre. (Archives du Gouvernement Général de l'Algérie, série G (2), cartons 6 à 11. Condamnés politiques 1848-1849.)
Si j'ai aujourd'hui l'audace de tenter de résoudre le petit problème de la déportation, c'est parce que j'ai eu le bonheur de retrouver les papiers de quelques-unes des victimes de cette mesure exceptionnelle : Les mémoires de Terson, (Mémoires de Jean Terson, manuscrit bibliothèque de l'Arsenal, fonds Enfantin, n° 7786, 7787, 7788. Je publie la partie de ces mémoires qui intéresse l'Algérie dans la Revue africaine 1848) quelques souvenirs précis de l'ébéniste Guertling (Ces souvenirs sont recueillis par Lelièvre : " la transportation d'Afrique " manuscrit de la bibliothèque de la ville d'Alger, 1ère partie, p 32.
Lelièvre est un déporté de 1858 qui a réuni scrupuleusement (c'était un ancien greffier) une grosse documentation sur les déportés du Second Empire. Plus tard il est devenu sénateur de la IIIe République. Il existe une copie de son manuscrit qui est conservée par M. Fayolle à Alger) ou de Léon Chautard.
Ils fournissent des renseignements qui sont en assez bonne concordance et constituent une documentation qui n'est pas négligeable sur l'esprit du temps. Au cours des journées de juin, l'armée avait fait 15.000 prisonniers.
L'Assemblée Constituante, terrifiée par l'atrocité de la lutte, voulut prendre aussitôt des mesures pour éloigner les révolutionnaires et prévenir toute émeute nouvelle.
Rapidement une commission rédigea un décret, qui fut signé le 27 juin 1848.
Tous ceux qui avaient pris part à l'insurrection devaient être transportés dans les colonies lointaines.
C'était, a dit le gouvernement " une mesure de salut public et de justice nationale ". Mais on laissa à l'Assemblée législative le soin d'appliquer la décision. Les prisons n'étaient pas assez vastes pour contenir les vaincus. Dès les premiers jours on en mit 6.000 en liberté.
Puis le 9 juillet on institua des commissions militaires chargées d'examiner les dossiers, de vérifier la culpabilité de ceux qu'on retenait captifs.
Elles traduisirent 255 prévenus devant les conseils de guerre et en libérèrent 6.374. (Moniteur Officiel, 22 janvier 1850 p 236 et discours de Baroche p 253.) Il en restait encore trop à transporter.
Le gouvernement ne voulait pas s'imposer de frais inutiles et préférait faire relâcher tous ceux dont la culpabilité était douteuse et qui avaient des chances d'être bientôt absous.
Le 25 septembre, il constitua 10 commissions de clémence, comprenant des officiers des conseils de guerre et des magistrats.
Elles étaient chargées d'examiner les dossiers des prévenus et de faire comparaître des témoins.
Fautes de charges suffisantes on libéra encore 991 personnes.
Les dossiers retenus furent soumis, le 11 novembre, à une onzième commission, dite commission de révision, composée :
- de militaires,
- de magistrats,
- d'avocats
- qui continua de fonctionner pendant toute l'année 1849.
Sous Cavaignac elle fit mettre en liberté 822 individus. Les autres furent transportés à Brest et à Belle-Île.
Il est difficile de les compter parce que de nombreuses arrestations ont été opérées après le décret du 27 juin 1848, à la suite de dénonciations et d'enquêtes policières.
Nous savons seulement que lorsque Louis-Napoléon fut élu Président de la République le 20 décembre 1848, 2.372 prisonniers des pontons de Brest et de Belle-Île avaient été mis en liberté et que, par la suite, 1.121 personnes furent amnistiées. En fin de compte en janvier 1850, il ne restait plus que 468 détenus.
Or le gouvernement estimait qu'il était impossible d'envoyer ces hommes à la Guyane où il n'existait pas d'installation suffisante pour les recevoir.
C'est pourquoi " par mesure d'humanité " il proposa à l'Assemblée de remplacer le décret du 27 juin par une loi qui proscrirait leur " transportation " en Algérie au pénitencier de Lambèse qu'on allait organiser rapidement. Ils y seraient soumis à la discipline militaire et peu à peu transformés en colons.
A l'Assemblée les discussions furent longues et tumultueuses. Les représentants républicains demandaient que les insurgés fussent d'abord traduits devant les tribunaux, puisqu'ils n'avaient pas été jugés mais seulement arrêtés par mesure provisoire de sécurité publique.
Le député Pelletier dénonçait amèrement cette " clémence " qui aboutissait à donner à des détenus politiques, dont on n'osait plus aggraver la peine depuis que le calme était revenu en France, la possibilité d'être désormais condamnés à mort par des conseils de guerre dès qu'il se produirait un acte d'indiscipline.
Au demeurant il en coûterait 500.000 francs par an, disait-il, " pour faire souffrir lentement les hommes qu'aucun jugement n'aura déclarés coupable. "
Jules Favre (1809-1880, avocat, député) évoqua le souvenir de l'insurrection de Lyon de 1831, où les ouvriers furent maîtres de la ville pendant 9 jours ; or après la répression, on n'avait arrêté que 40 personnes dont 15 seulement furent traduites devant le jury de Riom et acquittés.
Allait-on maintenant condamner des hommes, non jugés, " Au service de la glèbe, au servage militaire ? "
Par malheur les discours du grand avocat furent :
- prolixes,
- emphatiques et
- peu persuasifs.
Ses adversaires eurent la malice de lui faire observer qu'il faisait partie de la commission qui rédigea le décret de juin, et sa réplique longue et embarrassée ne fit qu'impatienter l'Assemblée.
D'autres furent plus pathétiques, mais la majorité des députés était encore dominée par une telle peur du socialisme que les arguments humanitaires avaient d'action sur elle.
Le grand orateur Saint Simonien Emile Barrault, député de l'Algérie, jugea plus habile de placer la question sur le terrain économique : " Vous pouvez faire des colons, de condamnés de droit commun, qui n'ont rien à attendre de la société, mais non de condamnés politiques.
Ceux-ci ne sont que des vaincus, soutenus par une conscience qu'ils estiment supérieure à celle de leurs vainqueurs.
Il y a eu des exemples de colonisation par des sectaires isolés libres ou bien trouvaient la liberté sur le nouveau monde.
C'est pourquoi ils ont fait de grandes choses, dont l'Amérique du Nord est sortie.
Mais si vous transportez vos sectaires contemporains avec leur servitude vous n'en obtiendrez que ce que le dey d'Alger tirait des chrétiens prisonniers et tenus à la chaîne !
Jamais on n'a vu un gouvernement tenter ainsi de moraliser ses ennemis vaincus et se faire l'actionnaire d'une entreprise dont ils seront les artisans.
A-t-on fait de l'agriculture avec :
- des Chouans,
- des brigands de la Loire,
- des anarchistes ?
- Que sortira-t-il de cette moralisation cellulaire ?
- Ces hommes sont des citadins.
- En fera-t-on soudain des agriculteurs ?
Le projet prescrit de placer le pénitencier aussi contagion révolutionnaire ; mais en agissant ainsi, on interdira à l'établissement de Lambèse d'incorporer des éléments mieux adaptés et plus vivaces.
Le gouvernement ne veut même pas permettre à ces malheureux de faire venir leur famille avant trois ans ! Et il veut qu'ils s'intéressent au sol d'Afrique qu'on les enverra défricher ! On leur promet la concession d'un terrain s'ils sont sages ; mais ces pauvres gens ne sont pas affamés de propriété : ce qu'ils veulent c'est " la propriété d'eux-mêmes ", c'est la liberté.
Savons-nous ce que ferons ces hommes sur la terre algérienne,
- cette terre d'exil,
- de souffrances et
- de larmes.
- Ils la prendront en horreur,
- ils la maudiront,
- ils vivront toujours les yeux tournés vers la France, se demandant chaque jour, si, dans un siècle aussi mobile que le nôtre, il ne surviendra pas une modification politique qui les rendra à la liberté
Ce sera là, messieurs, la pensée de chaque jour et le rêve de chaque nuit. Vous leur promettez au bout de trois ans la jouissance d'un lot de terre spécial. Ils calculeront autrement.
Dans trois ans, diront-ils, il y aura eu des élections nouvelles, et peut-être de l'urne électorale sera sortie une majorité qui adoucira notre sort !
Dans dix ans la propriété définitive … Dans dix ans :
- le roi,
- l'âne ou
- moi, nous serons morts ".
D'ailleurs sachant d'avance le peu de soin qu'on donnera à ces hommes dans ce bagne du désert, dans dix ans il ne restera plus qu'un ossuaire.
C'est le rétablissement de la peine de mort en matière politique, " seulement le bourreau, ce sera l'Algérie. "
L'Assemblée fut si impressionnée par les arguments de Barrault que le général d'Hautpoul, ministre de la Guerre, fut obligé de prendre la parole :
" Condamner la tentative, c'est condamner la colonisation de l'Algérie.
Le bien le plus précieux c'est la liberté. Eh bien, on la promet à des hommes qui sont actuellement détenus dans une citadelle ! "
D'ailleurs le ministre affirmait que le lieu de la déportation avait été très bien choisi et que les détenus y seraient comme coqs en pâte.
Ainsi les prisonniers de juin ne furent pas jugés mais soumis à la loi du 24 janvier 1850 dont voici les principaux articles :
Art. 1er - Tous les individus actuellement détenus à Belle-Île seront transférés en Algérie quelle qu'ait été l'époque de leur arrestation …
Art. 2 - Les individus transportés seront réunis sur les terres du domaine de l'État et y formeront un établissement disciplinaire spécial …
Art. 3 - Les transportés seront assujettis au travail …
Art. 4 - Dix années après la promulgation de la présente loi la transportation cessera de plein droit ….
Art. 5 - Trois années après le débarquement des transportés en Algérie, ceux qui justifieront de leur bonne conduite pourront obtenir, à titre provisoire, la concession d'une habitation et d'un lot de terre sur l'établissement …
Art. 14 - Jusqu'à ce que l'établissement ait été approprié pour recevoir les transplantés, le gouvernement est autorisé à détenir ces transplantés dans celle des forteresses de l'Algérie qui sera déterminée par le chef du pouvoir exécutif…
*
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Les mémoires des déportés, confrontés avec des documents officiels nous permettent actuellement de savoir comment la loi fut exécutée.
Les 3 et 5 mars 1850, 450 prisonniers politiques furent conduits de Belle Île à Bône par deux navires de guerre le Gomer et l'Asmodée, dont les officiers se conduisirent avec humanité.
Ils furent rejoints par un dernier groupe, qui traversa la France en voiture cellulaire et la Méditerranée de Toulon à Alger, les fers aux pieds. (Les mémoires de Terson sont assez vagues. Ceux de Guertling plus précis. Ils sont complétés pour le dernier groupe par ceux de Chautard (ibid 127, 129).
Le pénitencier de Lambèse n'étant pas encore construit, les proscrits furent enfermés pendant deux ans dans la Casbah, grande caserne fortifiée, bâtie sur une hauteur qui domine la ville de Bône.
Ils y étaient fort mal nourris, mais on ne les astreignait à aucun travail.
C'est eux-mêmes qui, souffrant de l'inaction, organisèrent deux ateliers, l'un de menuisiers, l'autre d'ébénisterie.
Plus tard le génie les employa à fabriquer des voitures pour les colons.
Le haut commandement était décidé à traiter durement les prisonniers.
Le général de Saint Arnaud, commandant la province de Constantine, les passa en revue : " Messieurs, leur dit-il, je vous prie de faire le plus grand silence pour écouter mes paroles afin de vous les rappeler dans votre intérêt.
Faites bien attention qu'il dépendra de votre conduite de rendre bonne ou mauvaise la position que vous vous êtes faite.
Et d'abord il faudra ici abandonner les illusions, les fausses et folles idées qui vous ont perdus et séparés de vos famille et de vos enfants.
Plus rien de tout cela ici. Il ne reste plus qu'à vous soumettre à la loi qui vous a justement condamné.(murmures).
Tout citoyen doit respecter la loi (mouvements, murmures)
Une voix : " Il n'y a pas de loi en dehors du droit. De toutes parts nous n'avons pas été jugés. Des juges ! Des juges ! ….
Le général : La loi est plus forte que les juges…C'est la loi qui fait les juges. (Nouvelle explosion de cris).
De toutes parts : la France jugera. Le général : vos vociférations ne me font pas peur. Vous avez affaire à des hommes habitués à ne reculer devant rien pour accomplir leur devoir, et quand ils rencontrent des obstacles, ils le surmontent et ils les brisent ….
Le général tient en main une canne et gesticule. Et ce n'est pas devant des gens comme vous qu'ils reculeront.
De tous côtés : Nous sommes des gens d'honneur.
Le général : et moi je vous dis que vous êtes des hommes de rien. (Explosion de cris d'indignation).
Un groupe de voix : Citoyens, en présence de pareilles insultes, nous devons nous retirer ".
Tous les détenus s'éloignent aux cris de " Vive la République démocratique ! " (Récit d'un transporté, publié dans le journal l'Atlas d'Alger.)
Il semble cependant que la sévérité des chefs ne s'est pas exercée que dans des circonstances exceptionnelles.
En 1851, trois prisonniers s'évadèrent, mais trois jours après, les Arabes appâtés par une prime de 25 francs qui leur était versée en pareil cas, les ramenèrent à la Casbah, garrottés et attachés sur des mulets.
On enferma ces trois malheureux dans une cellule et on défendit au médecin de leur porter secours.
Toute la nuit on entendit les plaintes de l'un d'eux, le citoyen Loriot, que l'on trouva mort à l'ouverture du cachot.
Cependant les ouvriers du génie étaient républicains et surent adoucir le sort des prisonniers en leur faisant passer les lettres de leurs amis et tous les journaux de Paris.
La population de Bône s'intéressait aussi à eux, au point d'élire Terson commandant de la garde nationale.
Ce Terson, ancien curé converti au saint-simonisme, l'un des 40 du couvent organisé par le père Enfantin à Ménilmontant, puis pacifique combattant au service du peuple, à Lyon et à Paris, fut très touché de ce témoignage de sympathie, qui était plutôt une protestation contre la détention, sans jugement de 468 citoyens.
Un cercle de patriotes Bônois fit une collecte, dont le produit fut versé à la Caisse de secours fraternelle organisée par les déportés dès les premiers jours de leur incarcération.
En avril, quand ils apprirent l'élection à Paris d'Eugène Sue, les captifs illuminèrent la Casbah et le directeur du pénitencier n'osa pas s'y opposer.
Lorsque les victimes du deux décembre arrivèrent à Bône, il fallut leur faire de la place.
Vers la fin de mars 1852, les déportés de juin furent acheminés vers Lambèse en trois détachements, qui y arrivèrent après seize jours d'une marche pénible, tantôt sous la pluie et la neige, tantôt par une chaleur accablante.
Les soldats de l'escorte, lourdement chargés, ayant peine à les suivre, mais les plus robustes ouvriers portèrent les sacs et les fusils de ceux qui étaient les plus fatigués, et, pour entraîner tout le monde, on chantait à tue-tête, la Marseillaise.
Le capitaine n'y voyait pas d'inconvénient nous dit Terson.
Il est vrai qu'à son arrivée à Lambèse il fut mis aux arrêts.
Les bâtiments du pénitencier n'étant pas encore achevés, on coucha les détenus dans de grandes écuries, où l'on avait tendu des hamacs.
Ils étaient bien gardés par les troupes du camp (deux compagnies de ligne et trois brigades de gendarmerie) ainsi que par trois goums (troupes supplétives indigènes) qui faisaient des rondes, suivant des cercles concentriques dont le plus éloigné avait plusieurs lieues de rayon.
Une prime était promise aux Arabes qui ramèneraient un évadé mort ou vif. Sur 40 proscrits qui ont tenté l'aventure 8 seulement ont réussi.
Le pays était salubre et fertile. Les détenus furent astreints à travailler la terre.
La plupart se mirent avec cœur au travail. Mais quelques ouvriers d'art ou artisans de Paris s'y refusèrent en prétendant que la loi prévoyait de les employer aux travaux de leur profession.
Pour ce fait, ils étaient traduits devant un conseil de guerre, qui généralement les condamnait à cinq ans de fer, quelques-uns à la peine de mort (mais elle ne fut pas appliquée).
L'ouvrier Guertling qui s'obstinait à n'accepter que des travaux :
- d'ébénisterie,
- de menuiserie ou
- de charpente,
- nous dit qu'il subit 22 jours de cellule, puis 5 jours de silo (trou creusé dans la terre) à Batna.
Pour décider les ouvriers à travailler la terre, l'administration leur donna un bon terrain pour en faire un jardin.
Elle allouait aux travailleurs 1 franc par jour pour 10 heures de travail et leur promettait d'employer les produits du sol à l'amélioration de leur nourriture, qui était celle des soldats.
On construisit aussi des bassins d'eau et des pavillons pour le logement des jardiniers.
D'autre part, le génie employait les ouvriers à la construction du pénitencier qui devait comprendre 450 cellules.
Pour ce travail ils touchaient 4 francs par jour sur lesquels on retenait 0,80 pour leur nourriture.
Les déportés qui avaient quelque instruction s'occupaient de l'école où ils apprirent à lire à 150 de leurs camarades ou bien s'employaient à fouiller les ruines romaines, sous la direction de l'un d'entre eux architecte de profession, le citoyen Beury ancien conseiller municipal de Passy qui créa la première société archéologique de l'Algérie.
Quand arrivèrent à Lambèse les proscrits du 2 décembre on raconta aux hommes de 48 que les nouveaux venus étaient de redoutables condamnés de droit commun. Ils ne le crurent pas et fraternisèrent avec les victimes de Badinguet (surnom donné à l'Empereur Napoléon III).
Il fallut leur interdire formellement de communiquer avec eux et murer certaines portes intérieures qui auraient permis les communications entre les deux catégories de détenus.
A Lambèse, même défense mais bien inutile puisque le jour tous les déportés étaient réunis pour les mêmes travaux.
La résistance au travail forcé fut considérée à Paris comme un dangereux acte de rébellion.
Le prince-président en tira prétexte pour signer, le 31 mai 1852, un décret en vertu duquel seraient conduits à Cayenne les transportés de 48 qui auraient encouru depuis leur arrivée en Afrique une condamnation afflictive et infamante pour insubordination ou pour refus de travail ou d'obéissance. Cette menace ne fut pas exécutée.
Elle fit cependant quelques victimes en particulier Léon Chotard qui s'évada plus tard de la Guyane au prix de terribles épreuves.
Plusieurs " mauvaises têtes " avaient été incarcérées à Alger dans les cellules humides d'une prison où on les nourrissait pour 15 centimes par jour.
Le 4 octobre 1851, onze de ces captifs, de tout jeunes gens réussirent à s'évader en sciant leurs barreaux et en attachant bout à bout leurs draps et leurs couvertures. Un petit voilier les conduisit en terre étrangère.
Comme contre-partie au redoublement de rigueur, le décret de 1852 permit d'appliquer le régime de l'internement, c'est-à-dire de la résidence surveillée, aux transportés de 1848 qui donneraient des garanties de bonne conduite et d'aptitude au travail. Terson bénéficia de cette mesure.
A Constantine il fut traité avec beaucoup de considération par le général Desvaux, ami des saint-simoniens et il vécut tranquillement en donnant des leçons et en tenant des livres de comptes.
Quand il fut ministre de l'Algérie et des colonies, le prince de Napoléon, cousin de l'Empereur, qui croyait passer pour républicain, se hâta de mettre fin aux persécutions politiques.
Il pensait que l'Algérie n'attirerait que difficilement de nouveaux colons si l'on continuait à la considérer comme un bagne.
C'est pourquoi les déportés d'Afrique furent graciés par le décret du 23 septembre 1859. Combien d'entre eux se fixèrent dans le pays ? Nous ne le savons pas.
A Lambèse, 63 victimes des trois déportations demandèrent à rentrer en France et 57 optèrent pour l'Algérie.
Ceux qui restèrent étaient des hommes qui, dépourvus de tout soutien familial n'étaient pas sûrs de trouver du travail dans la Métropole ou bien des intellectuels qui pouvaient espérer trouver un champ d'activité où la presse jouissait d'une certaine liberté.
A la fin de l'Empire, ils devinrent les véritables maîtres de l'opinion publique mais à peu près tous étaient des républicains du 2 décembre.
D'après un état du 30 juin 1859, le chiffre exact des déportés de juin en Algérie fut de 459.
Sur ce total :
- 50 sont morts,
- 40 ont été transportés à Cayenne,
- 12 se sont évadés,
- 268 graciés sont aussitôt rentrés en France, enfin
- 19 sont classés dans une catégorie diverse.
- Il resterait donc, à cette époque 61 déportés de 1848 en Algérie, dont 123 détenus à Lambèse.
J'en déduis que 2.976 vivaient en résidence surveillée dans les villages de colonisation.
L'état d'esprit des proscrits de 1848 est assez différent de celui des déportés du Second Empire.
Ceux-ci sont des gens rendus furieux par les mauvais traitements qu'ils ont subis dans des camps malsains où des officiers bonapartistes les ont traités comme des galériens.
Ils tirent leurs idées politiques :
- de Ledru-Rollin (1807-1874, avocat, député ) et
- de Proudhon (1809-1865, économiste, philosophe, sociologue, député) et, quand ils ne sont pas partisans de l'abandon pur et simple de l'Algérie,
ils inspirent le parti des petits colons dont ils renforcent :
- l'anticléricalisme,
- l'antimilitarisme et
- l'arabophobie.
Ceux de 1848 ont un peu moins souffert. Ils restent des humanitaires qui ont gardé la mystique des premiers socialistes.
Écoutons la vox des onze évadés d'Alger :
" Nul de nous n'a jamais eu l'intention de frapper la société, et nous plaçons au premier rang de ses bases, le travail dont nous sommes les apôtres.
Nous plions le genou devant la fraternité, cette religion suprême.
Nous voulons l'égalité sainte devant Dieu ? Comme le Christ.
Devant la loi comme devant la Convention, devant les hommes comme tous les martyrs actuels.
Nous serons la liberté vraie, progressive qui marche devant les hommes, un flambeau à la main, sur la route de l'infini.
Avant-garde du progrès, nous avons conservé pure, dans la transportation, l'idée révolutionnaire qui naquit du baiser de février à ton front, ô patrie ! "
En transcrivant cette lettre, Lelièvre, déporté de 1848 ne peut s'empêcher d'ajouter des réflexions qui sont d'un tout autre ton :
" Ceux-ci n'avaient pas besoin par avance de prévenir de leur jeunesse, on s'en aperçoit assez à la naïveté avec laquelle ils donnent le nom de frères à toute cette plèbe idiote de fétichisme napoléonien et qui en a l'obligation :
- aux chansons de Béranger,
- au crayon d'Horace Vernet, (1789-1863, peintre)
- de Charlet (1792-1845, peintre, graveur)
- de Bélangé (1800-1866, peintre, dessinateur, graveur, lithographe)
- d'Épinal,
- aux images de Pellerin almanachs et
- aux cirques de foire….
Ce sont toutes ces belles choses qui, plus certainement que les petits livres de la rue de Poitiers et les discours de M. Thiers et de son allie M. de Montalembert, ont empêché la République de 1848 de se consolider. "
Le nombre de ceux qui sont restés en Algérie est infime. Mélangés aux colons qui avaient eu trop de confiance dans l'avenir de la colonisation sur des concessions d'étendue insuffisante, ils semblent s'être mis à la tâche avec courage et s'être intéressés plus aux humbles travaux quotidiens qu'aux grandes luttes politiques.
Marcel Emerit
(Université d'Alger)
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Village de Bugeaud
Envoi de M. Christian Graille
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La création du village
La station touristique de Bugeaud, à 14 km de Bône, se situait au cœur du massif de l'Edough, à 867 mètres au-dessus du niveau de la mer qu'elle surplombait au Nord et au Sud.
Le village fut créé par l'arrêté du 3 juin 1847 au lieu dit Aïn-Quermat (la fontaine du figuier) sur 997 ha.
Occupé par l'armée à ses débuts, il prit le nom de Bugeaud en 1850 en l'honneur de l'ancien gouverneur d'Algérie qui venait de mourir après avoir achevé la pacification.
Le 4 octobre 1841 le général Randon prit le commandement de la subdivision de Bône. Il se révéla grand administrateur autant que grand soldat durant les six années qu'il demeura à ce poste.
Bône vivait à cette époque dans l'insécurité, harcelée par les tribus insoumises du massif de l'Edough et notamment les Beni-Mahammed que le général Randon, à la tête des troupes disponibles, vint surprendre par une marche rapide.
Quelques jours après la tribu venait faire sa soumission.
Afin de pacifier efficacement le massif de l'Edough il sollicita le Gouvernement général qui lui accorda l'autorisation d'ouvrir une route.
- C'est le 17 janvier 1842 que le capitaine de Génie Guilmot ouvrit une route dans l'Edough ;
- le 18 avril elle arrivait au plateau de Bou-Zizi, point culminant du massif à 1.008 m d'altitude ;
- le 19 mai la route était complètement terminée.
Les 19 kilomètres avaient été réalisés par 1.000 hommes :
- du 10e d'artillerie,
- du 5e génie,
- du 3e léger et
- des zouaves.
Une colonne commémorant cet exploit fut dressée à l'entrée d'un quartier de Bône qui porte comme nom " la colonne ".
A l'indépendance elle fut démontée et installée en 1971 dans le jardin du musée de la Légion Etrangère à Aubagne.
Le 21 septembre 1844, le duc d'Aumale précédé d'une nouba monta à l'Edough où il fut reçu par le lieutenant du train des équipages Marchand, commandant la compagnie de bûcherons.
Il déjeuna près de la source qui fut dénommée de ce fait " la fontaine du prince ". C'est de cet endroit très précisément que partaient les conduites romaines qui alimentaient Hippone ; des vestiges d'aqueducs en très bon état nous rappelaient ces travaux colossaux de l'époque.
On dénombrait dans ce massif 176 sources qui avaient alimenté pendant de nombreuses années la ville de Bône.
Cette alimentation était assurée par une conduite en fonte qui dévalait la pente en coupant régulièrement un tracé appelé " Les cinq cents escaliers " créés pour la surveillance et l'entretien de celle-ci.
C'était pour de nombreux Bônois, une promenade très appréciée et un raccourci pour atteindre le village de Bugeaud.
Un village de colonisation
Les premiers habitants en 1851 furent des Alsaciens-Lorrains (Alsaciens en majorité), bûcherons de profession.
Le journal " la Seybouse " du 30 août 1851 nous rapporte les faits suivants :
" Six familles de bûcherons débarquent à Bône le 28 août 1851, venant des Vosges pour peupler le village. Deux autres familles sont en route et doivent arriver vers le 13 septembre pour compléter l'occupation des huit premières maisons construites dans ce village dont les premiers habitants seront au nombre de 35. "
C'étaient ainsi une dizaine de familles qui étaient installées dans les premières maisons situées de part et d'autre de la rue qui menait à l'église.
En 1869 leur nombre était de 195, tous bûcherons sur un total de 300 habitants.
Citons l'une de ces grandes familles alsaciennes : les Maurer qui furent liégeurs sur trois générations.
Le massif de l'Edough occupait une superficie de 37.273 ha.
L'exploitation de la forêt de chênes lièges débuta en 1849 et fut confiée par adjudication à MM. Berton et Lecoq qui fondèrent " la société des lièges de l'Edough " (concession 6.654 ha).
Celle-ci devint vite prospère ; la plus grande partie de la production était expédiée par voie de mer vers la Métropole et l'étranger, principalement en Grande-Bretagne. La production était estimée à 32.000 quintaux.
Une station climatique
Le village fut érigé en commune de plein exercice dès 1853 et devint dans les années qui suivirent une station estivale réputée compte tenu de la qualité de son air et de ses eaux pour la plupart diurétiques et ferrées : selon le mot d'un grand médecin " une lessive merveilleuse pour les reins et les voies urinaires ".
Un centre aéré, " les enfants de la montagne " fut créé en 1921 par Mme Buovolo et permettait à une centaine d'enfants peu fortunés d'y passer quelques semaines l'été. Une pension privée pour jeunes filles de cent lits " la pension Sainte Thérèse " tenue par les sœurs de Saint Vincent de Paul, s'y établit.
Un préventorium de 300 lits fut édifié en 1955. Par son altitude, son climat Bugeaud attirait bon nombre d'estivants et de Bônois qui avaient construit leur résidence d'été ou fréquentaient l'un des trois hôtels de la station :
- Beauséjour,
- Aïssa ou
- l'hôtel casino du Rocher (Kef-Sga).
L'emplacement de ce dernier offrait un panorama surprenant d'où l'on pouvait admirer l'étendue de la forêt de chênes lièges dans laquelle se détachaient les a-pics de l'Égyptienne et la superbe côte qui s'étalait du cap de Garde à l'Est au cap de Fer à l'Ouest avec une vue plongeante sur la belle plage de l'oued Beugra. En 1960 Bugeaud recensait 5.054 habitants et disposait d'un parc national (réserve botanique) de 770 ha.
Le village des hortensias
Bugeaud méritait sa qualification de " perle des stations " pour la variété de sa végétation d'altitude que nous décrivait si bien l'amiral Marec (historien, directeur des fouilles d'Hippone) :
" Ce massif de l'Edough est le seul coin d'Algérie où :
- le châtaignier se trouve à l'état sauvage et si le chêne liège, seul, y est l'objet d'une exploitation méthodique,
- le majestueux chêne zéen, voire le chêne tout court, y abondent également, ainsi que
- le noyer,
- l'acacia,
- le frêne,
- le pin maritime.
Les vergers y prospèrent car partout chantent les sources vives, les clairs ruisseaux qui, par des vallons touffus, à travers le pittoresque entassement des gros rochers moussus, descendent en cascade vers la plaine ou vers la mer.
Les vestiges d'un vieil aqueduc, enfouis sous la verdure, au creux d'un ravin romantique, donnent à ce tableau sylvestre un charme original tout particulier.
Le printemps le comble des touffes enivrantes du lilas inconnu dans la plaine.
Il n'est pas de vergers qui n'ait ses cerisiers, ses pommiers en fleurs.
Il n'est pas de jardin qui ne se couvre de roses, en attendons le grand pavois des hortensias qui sont une des plus somptueuses parures de la moindre villa….
Yves Marthot (C.D.H.A.)
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Le questionnaire
Envoyé Par Eliane
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L'évêque interroge les futurs communiants.
Il s'adresse à un premier enfant
- Qu'a dit le Seigneur en instituant le baptême ?
Il a dit : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
- Très bien.
Il s'adresse à un deuxième enfant :
- Qu'a-t-il dit pour l'eucharistie ?
- Prenez, mangez et buvez, ceci est mon corps et mon sang. »
C'est bien.
S'adressant à un autre enfant, il demande :
- Et toi : qu'a-t-il dit pour le mariage ?
- Heu ... heu ... ah, oui, il a dit : « Mon Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font.»
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La ferme modèle de Birkadem
Envoi de M. Christian Graille
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Lorsque l'on parle de colonisation agraire en Algérie, la pensée va d'abord aux héros anonymes, débarqués pour la plupart après 1870, attributaires de petits lots de terrains arides ou pestilentiels.
Mais il faut aussi faire une place juste à ceux que l'on a baptisés, de façon injustement péjorative, " les colons aux gants jaunes ".
S'il y avait parmi ceux-ci, des aventuriers, ils étaient pour la plupart des notables ruraux que leurs convictions légitimistes avaient exclu des carrières militaires et administratives après la révolution de 1830.
Ils s'étaient repliés sur leurs domaines héréditaires et s'étaient employés à les mettre en valeur.
Quelques-uns décidèrent d'investir les capitaux et les connaissances agronomiques que leur bonne gestion leur avait procurés.
Dans les zones côtières pacifiées, notamment dans l'Algérois, ils firent l'acquisition des anciennes propriétés turques, les haouch, qui parfois étaient devenues propriétés de l'État, un arrêté du 8 septembre 1830 ayant mis sous séquestre les biens turcs. L'un de ces domaines connus jusqu'en 1962 sous le nom de " ferme modèle " était située à Birkadem à une dizaine de kilomètres d'Alger, moitié dans les collines du Sahel, moitié dans la plaine de la Mitidja.
Il était traversé par deux cours d'eau permanents, l'oued Kerma et l'oued Zouine, affluents de l'Harrach. En 1787 ce haouch appartenait au Dey d'Alger Hassan Pacha. Lorsque celui-ci fut assassiné en 1797, on ne sait pas si ses biens furent réunis au domaine public (belik) ou s'ils furent régulièrement transmis à ses héritiers :
El Hadj Omar et sa sœur Nefissa épouse du caïd Ismaël.
Quoiqu'il en fut les héritiers d'Hassan, réfugiés en Egypte passèrent en 1835 devant le cadi d'Alexandrie un bail à une rente perpétuelle avec un certain Mustapha M'Rabet.
Ce dernier bien qu'il ne fut pas propriétaire vendit le haouch le 30 janvier 1837 au sieur Gandoit qui le revendit aussitôt (3 février) à M. d'Arsonville, lequel loua à l'armée, alors déjà connu sous le nom de ferme modèle ou " ferme expérimentale ".
Nous connaissons mal la période militaire de cette histoire. C'est en 1833 que le maréchal Clauzel aurait créé une colonie militaire. On peut supposer que de 1833 à 1837 le domaine était simplement réquisitionné.
Il s'agissait semble-t-il de faire une expérience de colonisation militaire à la romaine. Cette tentative fut un échec.
On doit au génie militaire la construction, à partir d'une maison mauresque préexistante, d'un grand quadrilatère. Le domaine dont avait hérité Mme de Bérard, fille de M. d'Arsonville fut achevé en 1855 par cinq amis dirigés par deux d'entre eux. Ernest de Fleurieu et Gabriel de Saint Victor.
L'affaire fut conclue le 8 novembre 1855 pour la somme de 228.000 francs.
Quelle était à l'époque l'état du haouch Hassan ?
Sa superficie n'était pas fixée précisément faute de cadastre.
i l'on parlait avant la vente de 1.200 à 1.400 hectares, l'acte ne mentionnait que 850 ha.
En fait, d'après les documents ultérieurs, la contenance devait être un peu supérieure à 1.000 ha. Mais au début la partie cultivée ne dépassait pas 223 ha loués à trente fermiers ou métayers dont quinze Européens et quinze Arabes cultivant des surfaces de 1 à 40 ha.
Les principales cultures étaient les céréales et le fourrage, la plus rémunératrice était le tabac.
Quant aux constructions, les vastes bâtiments de la ferme étaient délabrés et en partie inhabitables. Ils abritaient cependant :
- le régisseur,
- le garde et
- une dizaine de fermiers et d'ouvriers avec leur famille respective.
Quatorze fermiers ou métayers, pour la plupart arabes vivaient dans les gourbis en divers points du domaine.
Il est manifeste que les associés avaient surestimé les aptitudes agricoles de l'Algérois et sous estimé les aléas climatiques notamment les inondations et le sirocco. Leur projet était bel et bien de pratiquer une agriculture à l'européenne.
Ainsi ultérieurement, l'un de leurs premiers investissements fut l'achat d'une batteuse, mue par une machine à vapeur ; les fermiers la trouvèrent gaspilleuse de grains, refusèrent de s'en servir et continuèrent à battre au rouleau leurs maigres moissons. (Les rendements à l'hectare variaient de 1 à 12 quintaux selon les parcelles et les conditions climatiques).
Dans le même esprit on décida de créer un élevage laitier.
On prévoyait d'améliorer les rendements par des méthodes analogues à celles que les associés avaient appliqué dans leurs domaines du Beaujolais :
- labours profonds,
- fumures et amendements,
- sélection des semences,
- rotation des cultures,
- drainages et irrigations.
C'est sur ce dernier point que les propriétaires s'étaient le plus bercés d'illusions.
En dehors des sources et des norias, l'eau ne pouvait venir que des oueds qui traversaient le domaine.
Sur la foi de renseignements non vérifiés, les acheteurs avaient cru pouvoir remettre en service d'anciens barrages d'irrigation.
Cette prétention se heurta, d'une part aux intérêts des industriels concessionnaires des chutes de l'Harrach en aval, d'autre part à la loi qui, en Algérie, attribuait à l'État les eaux courantes, sous réserve des droits acquis avant la conquête. Or, il ne fut pas possible de prouver, sinon l'existence, du moins la régularité de ces droits. D'où quinze ans de procès définitivement perdus en cassation en 1875. Les premières années furent extrêmement difficiles.
En 1857, le régisseur et sa femme furent emportés par les fièvres. Mais c'est lorsque l'échec paraissait inéluctable qu'apparut un homme providentiel, Xavier Bordet. Celui-ci fut pendant un quart de siècle, le vrai patron de la ferme modèle.
Sa correspondance conservée (434 lettres) étant une source de documentation d'une exceptionnelle qualité, il n'est pas superflu de rassembler les rares données biographiques que nous possédons à ce sujet.
Xavier Bordet appartenait à une famille brestoise de moyenne bourgeoisie. Il était diplômé de l'école d'agriculture de Grignon.
La régie de la ferme modèle étant son premier poste, on peut supposer qu'il avait à peu près vingt-cinq ans en 1857.
En 1867, il épousa une jeune fille d'Alger ayant " une bonne éducation, des goûts modestes et l'amour de la campagne " ; d'où l'on peut déduire, à contrario, qu'elle n'était ni très belle, ni très riche…
Bordet était pieux et résolument conservateur ; en politique, il était légitimiste.
Entre 1871 et 1876, Gabriel Saint Victor, alors député royaliste à l'Assemblée Nationale le mit à contribution pour ses travaux parlementaires sur l'Algérie.
La correspondance de Xavier Bordet fait apprécier son esprit méthodique et ouvert. Sa compétence était reconnue par l'Administration qui eût voulu lui confier la direction de la première école d'agriculture algérienne.
Or il vouait aux fonctionnaires une véritable détestation que sa correspondance manifeste de façon non équivoque : " En Algérie, l'administration militaire nous est hostile, c'est bien connu, mais ce qui a lieu d'étonner c'est que l'administration civile le soit aussi. " (8 septembre 1859).
" Le préfet s'intéresse très peu à la colonisation. Il appelle les colons ses " dignes auxiliaires " comme si les colons n'étaient pas la force vive du pays, la raison d'être de M. le préfet " (22 octobre 1860).
" J'ai toujours pensé que l'administration militaire sauf, l'arabomanie, valait mieux moralement que la civile (18 octobre 1864). "
En ce qui concerne l'organisation de l'Algérie et les relations avec les indigènes, les comptes rendus de Bordet reflètent assez fidèlement l'état d'esprit des civils européens à l'époque. Il était arrivé sans idées préconçues.
S'il ne jugea pas nécessaire d'apprendre l'arabe, au besoin, l'épicier juif de Birkadem lui servait d'interprète, c'est qu'il avait surtout à faire à des Français ou à des Mahonnais.
Mais on ne décela chez lui, dans les premières années, aucune hostilité à l'égard :
- des Maures, des Kabyles ou des Juifs.
Certes, il leur reprochait leur attachement à l'économie pastorale et à la propriété collective, mais la responsabilité principale de cet archaïsme incombait, selon lui, aux militaires.
L'attitude de Bordet se radicalisa peu à peu sous l'effet de multiples incidents de voisinage :
- vol de bestiaux, de récoltes, incendies de broussailles …
L'insurrection de 1871 acheva d'en faire un adepte de la fermeté :
" Je suis un garde national, écrivait-il, le 1er mai 1871, mobilisé sous la tente à l'Arba en face de la ferme modèle, à 18 km.
Le sort de la Mitidja n'a tenu qu'à un fil. Vingt-quatre heures de retard dans le départ des troupes et elle était incendiée en entier.
Et voilà après 40 ans de domination pacifique et débonnaire, le résultat.
Nous sommes massacrés avec une barbarie si horrible qu'on en saurait publier les détails par des gens que nous avons fait travailler, que nous avons élevés et enrichis depuis trente ans. "
Et un mois plus tard : " la conclusion à tirer c'est que les Musulmans ne sont pas civilisables ".
Si contestable que fût cette conclusion, il est à remarquer qu'elle n'émanait pas d'un enragé mais d'un simple employé, surtout remarquable par sa conscience professionnelle et sa compétence technique.
La correspondance de Xavier Bordet est une chronique, des travaux et des jours ininterrompus de 1858 à 1882.
Au commencement il n'y avait pas d'exploitation directe. Le territoire défriché était loué. Dans les broussailles et les marécages, il y avait des baux de défrichement gratuit, le terrain devant être rendu net après une durée de trois à six ans.
Outre les cultures traditionnelles :
- céréales, fourrage, tabac,
De nombreux essais furent tentés :
- lin, coton,
- ignames (plante vivrière grimpante des régions tropicales dont le gros rhizome tubérisé est comestible),
- artichauts,
- asperge, menthe,
- caroubiers,
- agrumes etc.
Ce furent généralement des échecs. "Cultures nouvelles Il ne faut pas écouter ceux qui proposent des, écrivait Bordet en 1876. Nous avons tout essayé et tout abandonné. Tout le monde a fait du ricin ici. On nous disait que l'on se servait de l'huile pour les machines à vapeur mais, comme elle encrasse très vite, on y a renoncé. Quant à la pharmacie, il suffirait d'un hectare, je crois pour purger la France… " Le personnel permanent était peu nombreux.
Les grands travaux étaient exécutés par les fermiers avec l'aide de journaliers kabyles. Le vignoble fut créé et entretenu en régie à partir de 1860. L'objectif était de produire des vins de qualité.
Dans les années 1880, au moment même où la viticulture de plaine de " gros vin " prenait son essor en Algérie, le vignoble de la ferme modèle, une trentaine d'hectares, avait acquis une belle notoriété.
Le climat mortifère du domaine s'améliora progressivement par le drainage des marais et les plantations d'eucalyptus, la plupart commandés directement en Australie.
Dès la fin des années 1870, la ferme modèle, vu du chemin de fer Alger-Oran, par Blida qui traversait le domaine se reconnaissait de loin par ses frondaisons, les seules de la région.
Les rigueurs du climat étaient souvent aggravées par des calamités destructrices :
- en 1860 et 1861 des pluies torrentielles et des inondations,
- en 1862 la sécheresse,
- en 1866 les sauterelles en trois vagues successives :
- " Les colonnes d'invasion traversent les rivières à la nage, rien ne les arrête. Le chemin de fer en a tant écrasé que l'odeur est insupportable. " (23 juin).
- " La vigne qui avait repoussé est mangée pour la troisième et dernière fois. Cette fois elles ont mangé l'écorce. Il ne reste rien des plantes et des arbres utiles. " (17 juillet).
- 1867 est " l'année de la famine ".
- Aux mauvaises récoltes conséquence de la sécheresse s'ajoute le choléra :
- Biskra a été évacuée, les trois-quarts de la population ayant péri.
- Batna et Bou-Saâda sont dans le même état (8 août 1867).
En 1875, pluies et brouillards favorisent :
- l'oïdium de la vigne,
- la rouille des blés, et
- la prolifération des parasites ; au total grande misère dans la campagne.
- 4 septembre 1875)
Lorsque Xavier Bardet quitta la ferme modèle en 1882, sans doute pour raison de santé, il laissait un domaine, sinon florissant du moins dans un état plus qu'honorable.
A l'Exposition Universelle de 1878, il avait obtenu trois médailles d'or sur les trente-six décernées aux deux mille exposants d'Algérie :
- deux pour les céréales,
- une pour la ramie, fibre textile finalement inutilisable…sans compter
- une médaille d'argent pour le vin.
Les propriétaires ne s'étaient pas enrichis mais ils avaient tout de même obtenu, sur la période 1855-1882, un revenu brut moyen de 2%, sans compter la plus-value des terres défrichées.
L'assainissement des marais avait à peu près éliminé le paludisme et plusieurs dizaines de familles trouvaient leur subsistance sur un domaine qui, dans l'état où l'avaient laissé les Turcs ne produisait que de la misère.
En définitive la ferme modèle avait bien mérité son nom.
Bruno de Saint Victor
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Statistique sur les Français d'origine.
Envoi de M. Christian Graille
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Chapitre I
La statistique nous dit qu'il y a 170.964 Français d'origine nés en Algérie.
Les médecins qui ont étudié cette question de " l'implantation " de la race française dans l'Afrique du Nord, feu le docteur Bertillon notamment dans sa préface à " la Démographie algérienne " du docteur Ricoux, ne croient pas que cette implantation se fasse ni soit possible.
Mais les médecins ne font pas autorité quand ce qu'ils disent, en accord avec les lois de la nature, va contre les désirs des politiques et les lois que font ces politiques ; alors ce qui fait autorité c'est l'opinion de l'économiste, celle du professeur qui, pour étudier les documents de démographie, n'ont plus en guide la notion des lois naturelles, mais seulement celles des lois politiques.
Et la croyance commune est produite par l'opinion des économistes comme M. Leroy-Beaulieu qui affirme " l'implantation " de la race française en Algérie avec les plus magnifiques promesses pour l'avenir et qui veut bien nous apprendre pardessus le marché que la nature humaine est plus élastique qu'on ne se le figure. Alphonse Allais, qui trouva dans les œuvres de M. Leroy-Beaulieu matière à fortes méditations, pourrait seul, avec toute la gravité nécessaire en aussi important propos, commenter ainsi qu'il siérait cette " nature élastique "… "
Sans vouloir expliquer par de semblables considérations de haute science le fait que lui montrent les statistiques officielles et les calculs de ces statistiques, M. Wahl nous dit simplement : " Les Français, après avoir traversé des périodes critiques, sont aujourd'hui acclimatés aussi complètement que les populations originaires de l'Europe méditerranéenne.
- Ils ont régulièrement de forts excédents de naissance,
- leur fécondité est plus grande,
- leur accroissement beaucoup plus rapide que dans la métropole. "
Ainsi le " cri de l'opinion publique " au début de la conquête ce " cri " lequel, d'après Galibert, demandait que la France jetât en Algérie des racines fortes et puissantes, la Providence ou la nature élastique de M. Leroy-Beaulieu n'y aurait pas été insensible.
Et si nous en croyons M. Paul Doumer (discours du 22 février 1904 à la Chambre des députés), nous aurions en Algérie 400.000 citoyens français jouissant de la souveraineté.
Je ne sais pas exactement ce qu'il faut entendre par ces mots " racines fortes et puissantes " en matière de démographie.
Peut-être s'agit-il des premiers morts de la race qu'on veut fixer en pays nouveau. Alors, voici, j'ai trouvé, en étudiant les travaux d'un homme qui n'est pas un ennemi de la colonisation, dans le livre de Jules Ferry sur le Tonkin, un chiffre à retenir et qui nous servira lorsque nous établirons le bilan de l'œuvre française en Algérie. Retenons-le :
" A prendre l'Algérie, il faut compter que 150.000 soldats et autant de colons ont péri, soit 300.000 morts. " (Jules Ferry, le Tonkin et la mère patrie, page 400.) :
- 300.000 Français :
- vigoureux
- solides,
- des hommes jeunes,
- des hommes mûrs qui étaient forts pour la guerre,
- qui étaient fort pour le défrichement,
- qui avaient du sang,
- du nerf,
- des générateurs…300.000… et nous avons de bonnes âmes qui s'étonnent des diminutions de la natalité française…
Mais il y a compensation…La France d'Algérie, cette France féconde qui a déjà les 400.000 citoyens de M. Doumer… et qui va se multiplier comme la postérité d'Abraham. Je vous prie de négliger :
- tous les savants tableaux,
- tous les ingénieux calculs,
- toutes les conclusions doctorales des manieurs de chiffres et de lire dans le volume Statistiques générales de l'Algérie, année 1900, publié en 1902, à la page 34-35,
- le tableau récapitulatif de la population de l'Algérie dénombrement de 1901.
Vous voyez : population totale .4.723.000. Décomptez :
- Les étrangers, c'est 245.853,
- les Juifs, c'est 57.132,
- nos sujets 4.072.089,
- les étrangers naturalisés 71.703.
Et pour les Français d'origine, c'est :
- nés en France 121.500
- nés en Algérie 170.964.
Ainsi depuis le plus récent dénombrement, d'après les chiffres officiels, il y a comme Français d'origine en Algérie 292.464 personnes.
Le chiffre qui représente l'implantation de la race française en Algérie après trois quarts de siècle de conquête est évidemment celui des Français d'origine nés en Algérie, c'est 170.964.
C'est celui qui doit rester dans les esprits c'est celui-là qui devra être rappelé par la mémoire quand on parlera de la race blanche implantée en Algérie.
Quant aux 121.500 Français d'Algérie nés en France qui figurent dans le tableau de la population de l'Algérie, notons qu'en ce chiffre est comptée l'armée, c'est-à-dire plus de 50.000 hommes.
La " population à part " en 1901, sans l'armée ne compte que 16.331 personnes.
En 1896, armée comprise, elle s'élevait à 69.843 personnes.
Si aux soldats nous ajoutons les fonctionnaires venus de métropole et destinés à y retourner avec leur famille, nous verrons considérablement diminuer l'appoint apporté par le Français né en France au Français né en Algérie, pour le peuplement français de la contrée.
Mais je ne veux pas me laisser entraîner aux discussions…
Aux questions précises conviennent les réponses précises.
- A quoi mesure-t-on la prise de possession d'un sol par une race ? Au nombre de personne de cette race nées sur ce sol.
- Combien de Français d'origine dans la population actuelle du pays sont-ils nés en Algérie ? 170.964.
- Négligeons pour l'instant la question de savoir si le fait d'avoir 75 ans après la conquête, 170.964 Français nés en Algérie constitue " l'implantation de la race " et cherchons si ces 170.934 personnes sont encore des Français comme ceux de France. Voyons ce qu'ils sont.
Chapitre II
Sur les origines des Algériens français d'origine.
Ceux qui croient que pour être grande une nation doit dominer dans le monde en essaimant partout des colonies voudraient maintenant, logiques, pour ces colonies les élites des métropoles. Ce désir est évident aujourd'hui dans toutes les publications coloniales des nations colonisatrices.
L'ambition est relativement récente.
Dans la pratique de la fondation et du premier peuplement des colonies de toutes les nations on cherche en vain : La guerre d'une part, les folles spéculations sur les maisons de l'autre avait attiré en Afrique :
- une multitude d'aventuriers,
- de cabaretiers,
- de marchands parasites. "
Tout le contraire d'une élite. J'ai vu les " pionniers " de ce genre aux premiers jours :
- du Tonkin,
- de Madagascar,
- du Dahomey etc.
C'est bien ce que les auteurs nous montrent à l'origine française des Algériens.
Je n'insiste pas.
- A cet élément " aventurier "
- suiveur d'armée,
- suiveur des spéculations folles qui se trouve partout aux premiers jours de toutes les colonies, s'est joint en Algérie un autre élément plus particulier, éminemment respectable sans doute, mais néanmoins un peu… spécial, celui des déportés de 1848, 1851, 1858.
La " vigueur " de cet élément est précieuse quand elle est au service des causes justes, quand elle est employée à des efforts de libération ; elle est dangereuse quand elle dévie. Nous verrons plus tard comment elle a dévié.
Quelques-uns de ces " colons de la première heure " existent encore.
J'ai lu dans la Turco-Revue (février 1904), publication d'Alger, la lettre suivante :
" La colonisation de l'Algérie, tout le monde le sait, remonte à 1848.
Pourtant ce n'est pas pour faire de la colonisation que les premiers colons sont partis de France.
Les bourgeois qui étaient au pouvoir, trouvant que la fusillade des grands boulevards n'était pas assez complète, imaginèrent ce moyen de se débarrasser d'un excès de population.
Il faut que les lecteurs de cette revue sachent que l'on retirait du Mont-de-Piété les hardes des partants, croyant, par cet exode, tuer l'idée socialiste qui, malgré tout, a fait son chemin.
En sortant de Paris, les premiers colons sont venus habiter sous des tentes, dans un pays nu et stérile.
Tous les deux jours la ration militaire était distribuée aux malheureux extradés pour les besoins desquels rien n'avait été préparé.
Si les chefs militaires d'alors n'eussent pas été des patriotes, des hommes de cœur pour lesquels la France et l'humanité passaient avant la dynastie, l'Algérie, qui était déjà le bagne, eut été le tombeau pour tous ces malheureux exilés….
Veuillez agréer, etc.
P.E Cornu, cultivateur colon parti de Paris par le canal Saint Martin
le 14 novembre 1848, arrivé le 16 décembre au matin à Bône.
Il ne s'agit point là d'un déporté au véritable sens du mot, comme ceux de l'Empereur. En 1848 c'est le système d'Enfantin (membre de la commission scientifique d'Algérie) qui obsédait les esprits.
On voulait en faire le système de la colonisation algérienne.
Le Docteur Trélat fut chargé de l'appliquer.
C'est à lui que l'on doit les radeaux d'émigrants. 2.500 colons partirent ainsi.
Des cultivateurs qui l'étaient " du jour au lendemain ".
Tel qui était peintre en bâtiment se découvrait la vocation de laboureur et partait.
Le rapport de Louis Reybaud (1849) dit qu'on créa de la sorte " beaucoup de foyers d'oisiveté et d'agitation politiques." Ainsi :
1° des aventuriers dans la mauvaise acceptation du mot,
2° des dévoyés : nommons ainsi les colons de 1848 et les déportés de 1851. Quant à ces deux élément nous aurons ajouté,
3° les retraites, soldats ou fonctionnaires se fixant et faisant souche,
4° les Alsaciens-Lorrains,
5° les colons officiels,
6° quelques émigrants libres, nous aurons les origines des 170.964 Français d'Algérie nés en Algérie de sang français.
Des origines forcées. Car l'émigration libre, causée par une connaissance réfléchie du pays nouveau, raisonnée, avec des chances de succès espérées d'un labeur rationnel, de travail normal de l'émigrant, il n'y en eut peu, très peu.
Les archives de l'Algérie n'existent.
C'est d'hier seulement qu'on a l'air de se douter dans le pays que la statistique est une science exacte, que l'essence même des travaux de statistique c'est la précision, que l'à-peu-près si cher aux discoureurs n'y est point de mise et que les idées générales on y doit les ignorer.
Jusqu'à présent les statistiques furent toujours établies à l'appui de telle ou telle thèse, jamais dans ce désintéressement absolu qui est le gage de leur sincérité.
Aussi est-il impossible de faire le dénombrement des origines que j'indique.
Impossible avec l'exactitude que je voudrais.
Car si l'on se contente des " grandes lignes ", c'est très facile.
Et la lecture des publications, des lettres de chaque époque, des mémoires surtout, puis des journaux, tout cela, rempli d'incessantes plaintes sur la " qualité " de l'émigration permet d'apprécier en leur caractère les " origines " de la population créole française d'Algérie.
Barrès a fait la fortune du mot déraciné. C'est une œuvre délicate en humanité que la transplantation d'un être déraciné.
Elle exige mille conditions réunies dons les principales, dont les essentielles dépendent de l'être lui-même.
Pour conserver le génie de sa race et l'implanter dans la patrie nouvelle, il faut évidemment que cet être en ait la conscience, et qu'il soit fort, et qu'il soit libre…
Or celui-là fut en minorité infime dans les origines du peuplement français de l'Algérie. Les forts des premiers combats contre le sol neuf moururent comme les forts des premiers combats contre les défenseurs de ce sol… à trois cent mille…
Nous en avons dit avec M. Jules Ferry le chiffre !
Les précédents historiques, Rome.
La race romaine implantée par la force des légions dans l'Afrique du Nord y aurait prospéré. C'est le précédent qui allume de joie nos conquérants de l'Algérie et leur dicte dithyrambe (éloge enthousiaste).
Nous sommes les héritiers de Rome.
Le Romain a peuplé l'Afrique du Nord, y a fait souche !
Le Français doit peupler et faire souche !
Le Romain n'a pas peuplé.
Le Romain n'a pas fait souche.
Il en fut de son peuplement comme de sa domination. Précaire toujours.
Le général Duvivier l'écrivait : " A toutes les époques la domination romaine fut précaire. " C'est les pions de Sorbonne qui nous ont collé cette légende de l'occupation romaine bien " assise ".
- Ils ont vu des quantités de cailloux.
- Beaucoup de ruines de forteresses,
- et ils en ont déduit que l'occupation était forte…
C'est lorsque toutes ses places sont fortifiées que le maître d'un pays y est vraiment faible. Voilà la réalité. C'était celle de Rome.
Quant à son peuplement, la lecture intelligente nous montre ce qu'il était.
Ils nous parlent de l'émigration romaine, d'une race romaine ayant pris racine, et tenu, et multiplié dans l'Afrique du Nord….
Mais grands Dieux ! Où Rome aurait-elle pris ces émigrants, Rome qui n'avait plus assez de Romains pour ses armées et qui devait enrôler des barbares et qui mourut d'avoir mis le glaive romain au poing de l'étranger ?...
L'aventurier de partout affluait à Rome ; s'il en partait ensuite pour l'Afrique du Nord, y devenait colon, ce n'était point la race romaine qui s'implantait.
Et c'est à l'honneur de Rome, car les colons de l'Afrique du Nord, s'ils gardaient le nom de romain n'en avaient certes plus les vertus.
Ils étaient brillants, bruyants… mais pour le reste…
Lisons ce qu'en écrit un compilateur des auteurs anciens, le vieux Gibbon :
" Quoique Carthage ne possédât ni les prérogatives de Constantinople ni peut-être le commerce d'Alexandrie ou la splendeur d'Antioche, elle passait cependant pour la seconde ville d'occident et les contemporains la nommaient la Rome d'Afrique.
Cette riche capitale quelque asservie présentait encore l'image d'une République florissante. "
Une subordination régulière d'honneurs civils s'élevait depuis les commissaires de rues et des quartiers jusqu'au tribunal du premier magistrat, qui, avec le titre de proconsul jouissait du rang et de la dignité d'un consul de l'ancienne Rome.
Des écoles gymnastiques étaient ouvertes à la jeunesse et on y enseignait publiquement :
- les Arts libéraux,
- la grammaire
- la rhétorique,
- la philosophie en langues grecque et latine…
Un port vaste et sûr facilitait le commerce des habitants et attirait celui des étrangers.
La réputation des Carthaginois n'était pas aussi brillante que celle de leur ville ; le reproche fait à la foi punique convenait encore à la finesse et à la duplicité de leur caractère.
L'esprit du commerce et l'habitude du luxe avaient corrompu les mœurs ; mais les vices les plus odieux, contre lesquels Salvinien,, prédicateur de ce siècle, s'élève avec véhémence sont le mépris coupable des moines et la pratique criminelle du pêché contre nature.
Et comme si cela ne suffisait point, Gibbon ajoute : " L'auteur anonyme compare dans son latin barbare le pays avec les habitants et leur reproche leur manque de bonne foi. "
Puis : " Salvinien assure que les vices particuliers de tous les pays se trouvent rassemblés à Carthage. Les Africains s'enorgueillissaient de la pratique de leur vice favori. "
Oui. Sans vous contenter de l'idée mise en vous des splendeurs latines de l'Afrique romaine :
- par des diplomates comme M. Millet,
- par des historiens comme M. Boissier,
Remontez aux sources, voyez quel ignoble personnage était devenu le " soi-disant " romain d'Afrique.
Et si après sa morale et sa vertu vous étudiez sa politique, vous verrez avec quelle impatience il supportait le joug de la métropole Rome ou Constantinople ; combien de libérateurs surgirent ; combien d'Empereurs l'Afrique donna, voulut donner ; M. Max Régis n'est pas un phénomène nouveau.
Et si vous relisiez, si vous lisez, vous verrez également comment les Méditerranéens devenus Africains, lorsqu'ils ne luttaient plus contre la métropole se déchiraient entre eux.
Combien l'homme féroce en Europe le devenait plus en Afrique, et l'exaspération des haines sur tout prétexte, politique ou religieux :
- Les persécutions,
- la sauvagerie,
- l'orgueil.
J'ai senti revivre cela, quand sur les mors intérieurs de l'altière cathédrale de Saint Louis de Carthage, peinturlurée en sérail américain, j'ai lu, pleine de superbe, l'instruction du pontife exaltant la primatie de son église rivale de toutes, supérieures à toutes …
M. Jonnart nous a dit que ce pays pourrit très vite les vernis et que c'est très désagréable pour les entreprises de chemin de fer, que les métaux mêmes…. Et les âmes !
Que devint l'âme romaine ? Non ? Non, je vous prie, si vous me voulez donner espoir en l'avenir de ma race sur ce sol maudit, jamais plus ne me parlez de Rome… Jamais, vous-je, ne citez Rome car l'exemple de Rome vous condamne.
C'est de la crapule que la force de Rome avait péniblement accroché à la terre africaine et qui disparaît sans avoir pris racine, emportée comme elle avait été apportée par l'orage.
La vérité sur l'Algérie Jean Hess. Édition 1905
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Question d'Héritage
Envoyé par M. Louis Aymés
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À sa mort, un fermier laissa en héritage dix-sept (17) chevaux à ses trois fils. Dans son testament, le père avait ainsi établi le partage de l'héritage :
- Mon fils ainé recevra la moitié (1/2) de tous les chevaux,
- Mon second fils recevra le tiers (1/3) de tous les chevaux,
- Mon plus jeune fils recevra le neuvième (1/9) de tous les chevaux.
Or . . . il était tout à fait impossible de diviser 17 chevaux par deux, par trois et par neuf !
Les trois enfants décidèrent donc de faire appel à un fermier voisin, dont ils appréciaient l'intelligence, dans l'espoir qu'il puisse trouver une solution à leur différend.
Le fermier prit donc le testament et l'examina avec grand soin.
Après quoi, il alla chercher son propre cheval et l'ajouta aux dix-sept (17) autres.
Il y avait maintenant dix-huit (18) chevaux dans le champ.
Dès lors, il devint possible aux héritiers de procéder au partage, tel que prévu dans le testament du père :
o Fils ainé : la moitié de 18 = 9 chevaux,
- Second fils : le tiers de 18 = 6 chevaux,
- Plus jeune fils : le neuvième de 18 = 2 chevaux.
En faisant l'addition, cela donna : 17 chevaux.
Il restait donc un cheval, celui du fermier voisin que celui-ci reprit et ramena à sa ferme...
Auteur inconnu
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La piraterie musulmane.
Envoi de M. Christian Graille
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S'il est quelque chose de triste à considérer dans le passé de l'histoire européenne, c'est le règne de la piraterie musulmane, si longtemps, si honteusement subie par les puissances de la chrétienté.
Figurez-vous des nuées de vautours :
- s'élançant de leurs immondes repaires,
- fondant sur leur proie,
- la saisissant avec leurs serres,
- mêlant les cris d'une joie féroce à ces cris plaintifs, et
- l'emportant dans leur aire, pour la torturer et se repaître, goutte à goutte, de son sang.
Cette image n'a rien de forcé, la réalité même l'emporte sur la figure.
A toutes heures en effet partaient :
- d'Alger, de Tunis, de Salé, de Tripoli, de Tétouan, de Tanger
- des vaisseaux armés en guerre, montés par ce que :
- le fanatisme, la cupidité, l'audace, la force et
- l'habitude du triomphe ont de plus déterminé.
Ils allaient infestant :
- la Méditerranée, l'Adriatique et bords de l'océan
- abordant quelquefois :
- jusqu'en Angleterre, en Irlande et même en jusqu'en Islande.
Ils livraient à tout navire chrétien qu'ils rencontraient sur les flots, des combats à outrance,
- capturaient à terre tout ce qui leur tombait sous leurs mains, et
- ramenaient dans leurs sauvages capitales : vaisseaux, hommes,
- dépouilles qu'ils se partageaient en toute propriété.
Les bagnes d'Afrique regorgeaient de captifs marqués au sceau du baptême.
La seule ville d'Alger, avec sa banlieue, en comptait dans la première partie du XVIIe siècle près de 25.000. C'étaient :
- des Français, des Espagnols, des Anglais, des Italiens, des Syriens et même des Russes.
Parmi les Français rachetés, dont les noms se trouvent sur les listes de la Rédemption, on en voit, non seulement :
- de la Provence, du Languedoc,
- des côtes de l'Océan et de la Manche mais encore
- de Paris, de Lyon, de Lille, de Rouen, de Limoges, d'Aurillac, de Chartres, de Strasbourg,
- en un mot, de presque toutes les villes de France .
D'illustres personnages s'y trouvent confondus avec la foule obscure des esclaves ; il suffit de rappeler :
- Saint Vincent de Paul,
- Michel Cervantès,
- Regnard,
- Arago.
Depuis Louis XIV, C'est-à-dire depuis les progrès de notre marine, le nombre des esclaves alla cependant en diminuant.
(Dans le bagne du Dey le nombre des esclaves était en 1767 de 2.662, c'est le chiffre le plus élevé ; en 1740 il n'était que de 442. le maximum fut de 1665.
C'est une moyenne de plus de 1.000 esclaves. Or le Dey n'avait qu'un huitième et souvent qu'un dixième des prises. Ce serait donc au moins huit à dix mille esclaves que la ville d'Alger et sa banlieue comptait encore avant 1830.)
Nous pourrions nous arrêter sur les pertes de l'industrie et du commerce ; un seul fait en donnerait la mesure.
Au milieu du XVIIe siècle on estimait à plus de vingt millions, somme énorme pour l'époque, la valeur des objets capturés dans un espace de vingt-cinq ou trente ans par les seuls pirates algériens, mais un plus haut intérêt sollicite notre attention. " S'il y avait, disait Bossuet, quelque chose au monde, quelque servitude capable de représenter à nos yeux la misère extrême de la captivité horrible de l'homme sous la tyrannie des démons, c'est l'état d'un Chrétien captif sous la tyrannie des Mahométans ; car sa foi n'est pas moins en péril que sa vie. "
Plusieurs écrivains nous ont laissé cette effroyable peinture ; c'est à faire dresser les cheveux sur la tête :
- Exposition publique dans un état complet de nudité,
- vente à prix d'argent,
- envoi sur les galères pour y manier la rame dans les expéditions contre les chrétiens,
- travaux excessifs et vils dans la cité et dans les campagnes.
Pour nourriture : dix onces (unité de masse dont la valeur est comprise entre 24 et 33 g)
- de pain, de l'eau, du vinaigre ;
Pour logement : un bouge (taudis) bas et sombre ;
Pour vêtement : d'ignobles haillons couvrant à peine le corps
Et quand le travail cesse ou qu'il le permet,
- de lourdes chaînes aux pieds,
- les plus grossières injures prodiguées avec le plus insolant mépris.
- Les femmes, les enfants et les jeunes gens, tristes jouets de passions abominables. A la moindre faute d'oubli ou de légèreté, d'horribles châtiments, suivant le caprice et la cruauté du maître.
Tantôt on frappait les esclaves : à coups de pierres, de couteau ou de bâton, sur les pieds, sur le dos ou sur le ventre.
Tantôt : on leur brisait les dents, on leur coupait le nez et les oreilles,
Tantôt : on les attachait, pour les traîner par les rues, au cou ou à la queue d'un cheval.
Tantôt : on les rompait, on les brûlait ou on les empalait.
Tantôt : on les roulait dans des tonneaux remplis de clous,
Tantôt : on leur entrouvrait les épaules à coups de hache et dans ces plaies béantes on faisait fondre de longs flambeaux de cire allumés.
Les Deys eux-mêmes prenaient plaisir à ces raffinements de tortures.
" Notre courage s'épuisait, dit l'immortel Cervantès à la vue de ces cruautés que Hassan exerçait dans son bagne. Tous les jours un supplice nouveau ; tous les jours :
- un captif était suspendu au croc fatal,
- un autre était empalé,
- un troisième avait les yeux crevés et cela sans motif, uniquement pour satisfaire la soif de sang qui était naturelle à ce monstre et qui inspirait même de l'horreur aux bourreaux qui le servaient. "
Nous vous livrons les détails plus circonstanciés que nous a laissé un autre témoin oculaire :
Le père Dan, religieux trinitaire raconte ainsi les tourments auxquels les Musulmans soumettaient, à Alger, les esclaves chrétiens.
Les barbares ont de gros crocs de fer en langues de serpent qu'ils appellent des Gauches, en langage franc, qui sont attachés dans les murailles et aux portes des villes, où ils accrochent ceux qu'ils veulent faire mourir, les mains liées derrière le dos et en les faisant tomber dessus où ils s'enferrent tantôt par le ventre, tantôt par l'épaule ou par une autre partie du corps en les laissent ainsi mourir en langueur.
Ils attachent un esclave par les pieds à quatre navires prenant leur route en quatre différents endroits ; et ainsi ils écartèlent, et mettent en pièces les pauvres chrétiens captifs.
Quelquefois aussi les ayant attachés aux antennes du navire, ils les percent et les tuent à coups de flèches.
Enfermant ceux qu'ils ont destinés à la mort dans de grands sacs bien cousus, ils les font jeter dans la mer où ils voguent quelquefois au gré des ondes et enfin se noient.
Ils usent du supplice du feu, brûlant tout vif le patient, qu'ils attachent nu à un poteau, avec une chaîne de fer.
Et ce feu qui n'est que de petit et menu bois de deux pieds de hauteur, rangé en rond, peut avoir vingt-cinq ou trente pieds de diamètre. Or ce qu'ils mettent le patient au milieu est afin de le faire languir davantage.
Ils se servent du supplice de la croix en deux façons :
- l'une le mettant sur une échelle où ils le clouent pieds et mains sur les deux branches de l'échelle et le laissent ainsi languir. Il s'en est vu qui ont vécu dans cet état trois ou quatre jours sans qu'il fut permis à aucun d'y assister.
- L'autre manière est qu'ils font coucher le patient sur une croix en forme de S. André puis l'exposent ainsi à l'entrée des portes de la ville afin qu'il soit vu et en spectacle à tout le monde.
Ils pratiquent une autre sorte de supplice qui est qu'ils ouvrent avec un rasoir les épaules du patient, droit à la jointure, puis y mettent de gros flambeaux de cire, tous ardents, qu'ils laissent là brûler et consommer, après avoir bien lié l'esclave qui meurt misérablement, et de douleur et de faim.
Il l'enferme entre quatre petites murailles jusqu'aux épaules ou dans une fosse qu'ils remplissent de terre et le laissent ainsi languir jusqu'à ce que tous ses membres pourrissent.
Quelquefois ils usent d'un grand tonneau, plein de clous et mettant dedans ceux qui y sont destinés, ils prennent plaisir à les faire rouler jusqu'à ce que les douleurs et la faim les fassent mourir.
L'empalement est le genre de supplice qui leur est le plus ordinaire faisant asseoir le patient sur un pieu pointu qui entre dans le fondement et qu'ils font sortir de force, tantôt par le gosier, tantôt par les épaules.
Leur cruauté va jusqu'à ce point que d'en faire écorcher plusieurs tous vifs.
Leur inhumanité leur fait pratiquer encore un autre tourment qui est d'attacher le patient à la queue d'un cheval, la face tournée vers la terre, qu'ils touchent alors à coups de fouet, le traitant en cet état dans toute la ville et par les lieux les plus raboteux jusqu'à ce qu'il meure, tout rompu et brisé.
Ils ordonnent quelquefois une punition de cinq ou six cents coups de baston et souvent aussi ne spécifiant point le nombre, continuant ce tourment jusqu'e ce que la mort s'en suive, jusqu'à y employer les bras de plusieurs valets du Mesouar.
Où il faut remarquer que ce supplice de bastonne n'est point infâme parmi les Turcs, et notamment en Alger, où assez souvent le Divan ordonne qu'un des officiers de ce Conseil d'État aura tant de coups de baston pour quelque faute commise, sans que toutefois celui qui aura reçu cette libéralité de coups, laisse de demeurer pour cela dans les mêmes grades et honneurs.
L'usage d'étrangler est pareillement en pratique parmi eux, mais ce n'est qu'envers les Turcs seulement qui mènent pour cet effet le criminel en quelque bagne ; et là sans autre cérémonie lui mette la corde au cou, ils ne font étrangler par un esclave, avec un baston qu'il tourne, ayant une corde attachée au cou du patient.
Ils en condamnent quelques-uns à être rompus tous vifs : Ce qu'ils pratiquent ainsi. Le Mezouar ou le bourreau a souvent recours aux pierres et aux cailloux dont il se sert pour décharger sa rage sur les pauvres esclaves.
Il s'en voit encore quelques-uns parmi ces barbares qui transportés de fureur, pendent leurs esclaves par les pieds, avec des cordes attachées au plancher, puis leur arrachent les ongles et leur versent de la cire toute ardente sur la plante des pieds.
Quand ils sont ivres et de mauvaise humeur, ils déchargent leurs colère en les frappant à coup de couteau.
Il y en a d'autres qu'ils font mourir sur un canon chargé auquel ils mettent le feu. Ou bien ils les exposent à la bouche du canon même. Pour rendre plus méconnaissables ceux qui relèvent de leur barbarie, ils leur coupent le nez.
L'inimitié qu'ils ont naturellement contre les pauvres captifs, les rend si insensible à la pitié, qu'ils les laissent languir quelquefois et mourir de faim.
Enfin pour ne mettre en ligne de compte une infinité d'autres barbaries est celle d'obliger tous les autres captifs à donner chacun un coup de hache sur le corps de l'un de leurs compagnons et de le faire mourir ainsi. Comme il arriva, il y a quelque temps à Alger en la personne d'un esclave espagnol, accusé faussement d'avoir écrit plusieurs textes touchant à l'état des affaires de la même ville.
J'oubliais une autre sorte de supplice que l'on appelle une estrapade mouillée, lequel, quoi qu'il soit le moindre de tous, est néanmoins considérable en ce qu'il est fort en usage parmi ces corsaires barbares quand ils sont sur mer.
Voici comment ils le pratiquent : Ils attachent l'esclave par-dessous les aisselles à une longue corde qui tient à une poulie à l'antenne du vaisseau puis lâchent la corde et l'esclave dans la mer et le relèvent ainsi autant de fois qu'ils ont envie de le mouiller, ce qui est leur passe-temps ordinaire.
Ajoutez à ces tortures la sépulture sans honneurs et la cérémonie même des funérailles, exposée à l'outrage, et il vous sera facile de comprendre, qu'un seul point de vue de l'existence, les esclaves cherchassent à rompre leurs chaînes.
Mais outre l'impossibilité de franchir la mer ou de se dérober sur terre aux poursuites acharnées de leurs maîtres, les plus grandes précautions étaient prises pour empêcher toute tentative d'évasion.
Si, malgré cela, quelques-uns parvenaient à s'échapper et qu'on les ressaisit, ce qui était ordinaire, on les brûlait vifs après les plus inimaginables supplices.
En regard de ces traitements et de ces gênes, le fanatisme musulman exerçait le plus violent prosélytisme.
Ce n'est pas avec des raisonnements qu'il s'essayait : c'était avec l'artifice et la cruauté qui ont tant de prise sur les hommes à demi vaincus par les horreurs de l'exil et de la captivité.
On cherchait de préférence pour les séduire,
- les enfants, les jeunes gens et les femmes.
Appât de l'or et de la liberté, pièges voluptueux, (le chrétien qui avait eu un commerce avec une musulmane était obligé de l'épouser et il était censé apostasier ; s'il refusait de l'épouser il était puni de mort) surprises par l'ivrognerie, tels étaient les moyens de conversion ; et quand ces moyens échouaient contre la fermeté des pauvres captifs, il n'est sorte de tourments qu'on inventât pour les en punir.
Les plus aptes à la vengeance étaient les renégats qui, en perdant la foi, semblaient avoir perdu tout sentiment d'humanité.
Chose qui surprendra peu nos lecteurs, mais qui n'en est pas moins douloureuse à dire ! Le succès couronna trop souvent les efforts des bourreaux.
Si le très grand nombre demeura fidèle à la religion de Jésus-Christ on n'en comptait pas moins les apostats par milliers.
Le père Dan comptait :
- à Alger environ 8.000 renégats et 1.000 à 1.200 renégates sur lesquelles trois ou quatre Françaises seulement,
- à Tunis 1.000 à 1.200 renégats et 600 à 700 renégates,
- à Salé 300 renégats et presque pas de renégates,
- à Tripoli 100 renégats
Nous ne voulons pas dire quelle nation en fournissait le plus.
Le principal théâtre de toutes ces indignités était Alger : Alger dominait ces horreurs et ces hontes par l'insolence de sa fortune.
- Nulle part on ne vit autant d'esclaves,
- nulle part il ne fut répandu autant de sang chrétien.
Ce fut, depuis l'occupation de l'Algérie par les Turcs, au commencement du XVIe siècle, la métropole des forbans et des martyrs.
- Que faisait donc l'Église ?
- Que faisaient les peuples et leurs gouvernements ?
Le rachat ou plutôt la rédemption des captifs, comme on l'avait si religieusement nommé était un devoir trop éminemment chrétien ; il tenait trop aux intérêts de la foi et de la charité pour que l'Église put un seul jour le perdre de vue.
L'Église n'a cessé de répéter les paroles de notre admirable Cyprien : " Qu'un membre souffre, les autres membres doivent souffrir avec lui…
Les prisonniers sont les temples de Dieu… C'est Jésus-Christ qui est captif dans ses membres, comment ne pas racheter à prix d'argent celui qui nous a rachetés dans son sang… ?
Les chaînes dont on les charge sont moins encore l'objet de nos larmes que les dangers auxquels est exposée leur vertu. "
De là ce principe admis, dès les débuts du Christianisme et pratiqué par les plus grands évêques : les vases sacrés sont la rançon des esclaves.
De là en grande partie le mouvement imprimé par les papes aux Croisades orientales.
Un faux préjugé a fait croire aux plus doctes écrivains rationalistes que les Croisades n'eurent d'autre but avoué que l'affranchissement du tombeau de Jésus-Christ, tandis qu'il est démontré, par les actes les plus solennels que la délivrance des esclaves chrétiens entrait pour une part principale dans tout ce que l'Église dit et fit dans ces mémorables circonstances.
En voici une preuve sans réplique : C'est l'éloquent discours du pape Urbain II qui institua pour ainsi dire les croisades en l'an 1095 au concile de Clermont :
" Si quelqu'un, disait-il, a du zèle pour la gloire de Dieu, qu'il s'unisse à nous.
- Secourons nos frères,
- rompons leurs chaînes et
- rejetons loin d'eux le joug des infidèles.
Nous vous enjoignons, pour la rémission de vos pêchés, d'arrêter promptement l'insolence de ces derniers par la compassion que vous devez à l'affliction et aux travaux de vos frères. "
L'indulgence plénière, accordée pour la première croisade, exposait formellement le même motif.
On le retrouve exprimé dans le Bref du Pape, adressé à Saint Bernard, pour la deuxième croisade, dans l'épître 322e de ce grand docteur, dans les décrétales (collection officielle des textes de droit canonique) d'Innocent III pour l'approbation de l'Ordre des Trinitaires et de celui de la Merci et dans la lettre qu'il écrivit à l'empereur du Maroc en lui envoyant des religieux de Saint François.
Nous pourrions accumuler ces témoignages. Nous nous contenterons de rappeler que ce fut à la demande du pape Paul III qui, gémissant de voir tant de fidèles sous le joug de la captivité musulmane, invitait les princes chrétiens à tourner leurs armes contre les puissances de la Barbarie que Charles-Quint parut devant Tunis et devant Alger.
L'église a donc fait son œuvre d'influence et de dévouement : elle ne pouvait aller au-delà.
Les peuples et les gouvernements ont-ils fait la leur ?
Disons en toute hâte à l'honneur de Saint Louis que, pénétré de l'esprit catholique, il porta manifestement dans la Croisade le projet d'affranchir les esclaves.
Dans ce but il emmena avec lui le père Gaguin, général des Trinitaires et il avait également invité à le suivre Pierre Nolasque, fondateur de la Merci : preuve évidente de sa ferme résolution de commencer par l'Orient la libération des captifs.
Il n'est pas douteux que si le succès des Croisades eut été complet, la délivrance des esclaves de l'Orient, consommée, on ne se fût tourné vers ceux de la Barbarie pour leur apporter aussi le bienfait de la liberté.
Mais il faut toucher à la fin du XIVe siècle et sauter rapidement au commencement du XVIe pour rencontrer une expédition quelconque poursuivant en Afrique une partie du but qu'on était allé chercher en Terre Sainte :
- En 1390 le duc de Bourbon,
- en 1505, Pierre de Navarre,
- en 1509, le cardinal Ximenès,
- en 1516, Diégo de Vera,
- en 1518, Moncade,
- en 1541 Charles-Quint,
- en 1637, François de Vendôme,
- en 1683, Dusquene,
- en 1687, Destèes,
- témoignent du désir des puissances européennes de réprimer la piraterie.
Mais elle continue avec plus ou moins de violence, dans les longs intervalles de ces expéditions peu considérables ou couronnées d'insuccès (il faut excepter celle de Ximenès à Oran et celle de Pierre de Navarre à Bougie.)
En 1816, lord Exmouth vient, au nom de l'Angleterre imposer à la ville d'Alger l'abolition de la course et de l'esclavage mais la course reparaît en 1823 et elle fait encore des esclaves. (En 1823 deux navires italiens furent capturés et les équipages fait prisonniers. Les consuls protestant au nom du traité de lord Exmouth, contre la décision du Dey, celui-ci se contenta de leur répondre : " Je vous trouve toujours disposé à réclamer contre moi ; si vous êtes justes, que ne réclamez-vous contre le Pape qui ne paie pas le tribut qui m'est dû ? " Cent cinquante Espagnols furent aussi capturés vers la même époque.)
Seulement on les appelle des prisonniers.
En attendant qu'on pût recommencer hautement le cours de la piraterie et les indignités de l'esclavage en 1826, le dernier Dey d'Alger réglait à nouveau le partage des prises futures.
Voilà, jusqu'en 1830, les faits à la décharge dans la cause des États chrétiens ; mais combien plus il en reste à leur charge, grand Dieu !
Si l'on excepte la petite mais inutile expédition du duc de Bourbon sous Charles VI en 1390.
Ce sont d'abord trois siècles au moins où nul effort ne semble avoir été tenté pour venger la civilisation ; et depuis le XVIe siècle dont nous venons d'indiquer les généreuses tentatives on peut affirmer que jusque vers la dernière partie du XVIIe jamais la piraterie ne se montra plus acharnée ni l'esclavage plus nombreux.
Après d'innombrables traités, constamment violés par les infidèles, les princes et les peuples chrétiens oublièrent toute dignité.
- Au lieu de s'unir pour châtier énergiquement d'audacieux corsaires, ils les prirent en épouvante ;
- au lieu de choisir, comme l'indiquait le bon sens, les Baléares ou les places qui avoisinent le détroit pour y tenir leurs flottes armées contre les incursions des barbares, ils employèrent leurs forces à troubler le repos commun de la chrétienté.
Tandis que de nos jours, un peuple met tout en feu et prendrait volontiers les armes pour sauvegarder, à mille lieues de distance, non seulement la liberté et la vie, mais même l'équivoque dignité d'un de ses nationaux, tout entières à leurs divisions intestines et sans cesse renaissantes, les puissances les plus formidables avaient négocié avec la peur.
En regard des bagnes qui regorgeaient d'esclaves chrétiens, elles payaient aux régences barbaresques de honteux tributs et de stériles présents.
Malgré l'impatience de nos lecteurs qui nous pressent d'arriver à notre but, ne craignons pas de tout dire.
Si, d'un côté nous sommes assurés de n'éveiller aucune susceptibilité, en racontant des faits acquis à l'histoire et dont la responsabilité malheureuse est égale pour tous, de l'autre on comprendra mieux par nos récits pourquoi nous provoquons, en l'honneur de Marie, une manifestation d'universelle reconnaissance.
Le Coran avait dit à ses adeptes : Vous poursuivrez l'Infidèle jusqu'à ce qu'il reçoive le Livre ou qu'il paye le tribut.
La conséquence de cet audacieux principe était que tous peuple qui ne se faisait pas musulman ou qui ne payait pas le tribut aux Musulmans se constituait par la même en état de guerre avec eux.
Rien n'était donc plus simple à leurs yeux que la piraterie exercée contre les Chrétiens qui leur refusaient l'apostasie ou l'impôt.
Hélas ! Il faut le dire, la faiblesse de l'Europe n'avait que trop donné raison à cette prétention extravagante.
Certes l'Europe ne songea point à se faire musulmane ; mais la plupart de ses grands et petits États finit par accorder le tribut pour acheter la bienveillance ou seulement la neutralité des Régences barbaresques.
Pour l'ordinaire on n'avouait pas le principe même du tribut, et la diplomatie, cette source féconde de mots ingénieux, savait bien en trouver pour déguiser sa honte ; encore fut-elle condamnée plusieurs fois à cet abandon des fiertés ordinaires.
Il n'y avait que deux manières d'être avec les barbaresques :
- ou rester en guerre avec eux et subir de droit tous les dangers de la piraterie,
- ou conclure un traité qui ne garantissait pas toujours de ses périls, mais qui impliquait essentiellement la condition du tribut, sous une forme plus ou moins déguisée.
On distinguait en Barbarie trois sortes de tributs :
- celui de la Lerzma, provenant d'une obligation nominativement contractée,
- celui des Aouaïds provenant de la coutume et nommé par les Français usances, par les Espagnols aguaites,
Et enfin oserons-nous le dire ?
- Celui des Avanies moyen d'extorquer de l'argent qu'il est inutile d'expliquer, et qui, pour sortir de la règle, n'était nullement une exception, parce qu'on l'appliquait :
- à toute heure,
- sous toutes les formes, et
- chez toutes les nations barbaresques.
Occupons-nous surtout d'Alger.
Six États payaient aux Algériens la lezma tous les deux ans. C'étaient :
- les États-Unis, Naples, le Portugal, la Hollande, la Suède et le Danemark.
(Ce n'est qu'en 1845 et par les soins de la France que ces deux dernières puissances ont été exonérées du tribut qu'elles payaient au Maroc.)
En outre ces trois dernières puissances avaient à livrer des fers et des bois de construction pour la marine du Dey :
- de la poudre, du plomb, de la poix, des cordes
- et autres agrès de marine.
Le tribut de chacun de ces États était estimé en moyenne à 125.000 francs.
Cependant depuis la paix de 1794, le Bandjek (part de l'État sur tout butin) ne parle que de 54.000 francs mais à titre annuel, pour la Suède, et de 50.400 francs au même titre pour le Portugal.
Pour quatre États l'obligation durait encore en 1830.
En 1845, après un heureux coup de main d'un de ses amiraux, la République des États-Unis ne manqua pas de s'affranchir des tributs, mais elle ne consentit à donner, à chaque renouvellement de consul un présent aux Algériens.
La Hollande en fut dégagée en 1816, par suite de l'expédition de Lord Exmouth à laquelle elle avait pris part.
En 1803, le Portugal, voulant faire la paix avec Alger, le Dey réclama vingt millions de francs. Le consul en ayant offert cinq, on le couvrit d'injures et on l'expulsa.
La paix ne fut conclue qu'en 1810, au prix de 1.470.000 francs et en outre 50.400 à titre de cadeau annuel.
- La France, l'Angleterre, l'Espagne, la Sardaigne et la Toscane payaient des présents, tous les deux ans sans parler du cadeau du joyeux avènement (nous avons sous les yeux un tableau semblable à celui que nous venons d'analyser et qui porte la date de 1818, d'un cadeau du joyeux avènement ; il est vrai que ce présent était en même temps offert à l'occasion de la ratification de la paix.)
Le partage s'en faisait entre :
- le Dey,
- certains fonctionnaires,
- officiers,
- employés et
- domestiques du grade le plus infime, jusqu'aux balayeurs de la Casbah.
On faisait aussi des cadeaux au commencement de l'année, à la fête du Bayram (fête turque deux mois et dix jours après le Ramadan ) et chaque fois qu'il s'agissait de traiter quelque affaire importante.
Les Beys d'Oran, de Bône et de Constantine avaient souvent part aux cadeaux : c'étaient des Aouaïds (prélèvement des impôts de coutume) Le présent devait être d'une valeur de 125.000 francs pour les trois premiers États ; il était d'une valeur moindre pour les deux derniers.
Il consistait :
- en armes de luxe,
- en bijoux, en montres,
- en boîtes à musique, en beaux vases,
- en toiles fines, en tuniques brochées, en brocards,
- en beau marbre d'Italie,
- en chocolats de Turin (Un jour le dernier Bey eu le front de demander au consul de Sardaigne de lui préparer lui-même son chocolat)…
- et même en munitions de guerre, et il se distribuait par les consuls, suivant une liste convenue et fournie par le Dey.
On peut voir un curieux et authentique spécimen de ces présents qui n'étaient pas toujours stipulés dans les traités mais qu'on regardait comme une obligation légale. Mémoire d'une distribution faite en 1813 selon la coutume :
Au Dey :
- une montre à répétition ciselée, garnie de diamants, avec une chaîne et son étui, 6.750 francs,
- une autre montre , 5.000 francs,
- un anneau surmonté d'un brillant, 10.000 francs,
- une montre anglaise, 1.750 francs,
- trois cafetans ou robes en brocard d'or,
- quatre pièces de lin d'Irlande,
- trente-six pans de velours,
- soixante-quatre pans de Damas, cent pans de draps fins.
Au premier Ministre :
- Une montre à répétition, 3.000 francs,
- un brillant, 4.700 francs,
- une paire de pistolets garnis en platine, 6.258 francs,
- un cafetan de brocard,
- six autres cafetans en velours ou en damas,
- trois pièces de lin d'Irlande,
- trente-deux pièces de draps fins.
Puis vinrent :
- l'Aga,
- le ministre des finances,
- le trésorier du Dey,
- le chef de la cavalerie,
- le ministre de la marine,
- le premier et le second comptable,
- le corps d'ouvriers,
- le premier et le second cuisinier, les quatre secrétaires,
- les deux gardes de chambre,
- le drogman, le portier,
- le krodja, le crieur du Dey, le biskri du Dey,
- et une foule d'hommes de tout emploi et de tout grade jusqu'à épuisement de la somme convenue.
Une note contient à la suite d'autres présents donnés à l'effet d'éviter les altérations et d'éviter les avanies.
L'auteur ayant énumérés les dons et marqué leur prix, complète son addition par ces mots de la plus originale énergie " enfin dix quintaux de Patience ! " Le Dey et les autres participants à la curée, disputaient âprement la valeur de chaque objet (un jour un consul offrait au Dey d'Alger les présents d'usage. Le Dey ne les trouva pas à son goût et dit au consul : vous êtes un galant homme vous, mais vos cadeaux sont mesquins.)
Aussi pour satisfaire leur incroyable cupidité, fallait-il toujours en tenir quelques-uns de plus en réserve.
A force d'avanies on obligeait souvent les petites puissances à renouveler les consuls pour obtenir le renouvellement du présent ou bien on les chassait sans plus de façon.
L'usage de quelques puissances était de changer leurs consuls tous les cinq ans.
Un jour, au commencement de ce siècle, le Dey fit atteler à un chariot servant au transport de pierres le consul de Hollande, vieillard vénérable et il ne l'en arracha qu'à la prière unanime du corps consulaire.
Un empereur du Maroc tua de sa propre main un pacha qui n'avait pas su prévenir l'évasion du consul, d'Espagne.
En 1764, le pacha Ali décida que les consuls français, suédois et autres, feraient renouveler leur pouvoir tous les deux ans, afin d'assurer de façon plus régulière l'acquittement de l'Aouaïd.
La France républicaine le solda comme la France monarchique et la constatation de la recette figure annuellement au Bendjek.
Pendant deux siècles la compagnie royale paya pour son établissement du Bastion de France une redevance annuelle de 150.000 francs, redevance qui fut portée, à 180.000 francs.
Le prétexte de cette obligation était d'éviter à notre commerce l'embarras d'acquitter une foule de menus droits qu'il n'en payait, pas moins rigoureusement.
En 1797, l'Angleterre fit présent au Dey de quatre canons avec leur matériel.
Après la rupture qu'amena entre Alger et la France, la campagne d'Égypte, l'Angleterre se substitua à la Compagnie royale et jusqu'en 1816, elle paya aux Algériens une redevance annuelle de 350.000 francs pour le loyer de ses établissements qu'elle n'occupa jamais.
En outre si nous nous en rapportons aux renseignements qui nous sont fournis, elle devait 15.000 francs de passeport pour chacun de ses bâtiments de commerce qui naviguaient dans la Méditerranée.
L'Angleterre même après l'expédition de lord Exmouth dut payer l'Aouaïd ; elle l'a fait jusqu'en 1827.
L'Espagne était le principal point de mire de la cupidité musulmane, parce qu'elle était la puissance la plus rapprochée de l'Afrique et l'objet des plus fanatiques emportements de l'Islamisme, depuis qu'elle eut expulsé les Maures.
Dans le XVIIe siècle, quoiqu'elle exerça la domination dans la ville d'Oran, l'Espagne n'en avait pas moins 30.000 esclaves à Alger.
Quand en 1791, elle abandonna cet établissement, elle dut compter au Dey, seulement pour entrer en négociation avec lui, 180.000 francs.
Elle s'engagea ensuite à payer une redevance annuelle de 96.800 francs pour assurer à ses nationaux le privilège exclusif du commerce d'Oran et de Mers-el-Kébir. Le traité d'abandon ne parle que de la deuxième clause.
En 1786, elle paya la paix 2.700.000 francs, plus 2.000 quintaux de poudre etc.
En 1804, elle fut obligée de donner au Dey d'Alger neuf pièces de canon de 24 et neuf de 18.
En 1826, elle acheta la paix avec le Dey au prix de 1.500.000 francs… qui furent regardés comme l'acquittement d'une dette commerciale et de 150.000 francs de présents.
Les républiques italiennes du moyen âge avaient établi des comptoirs dans les principales villes de l'Afrique septentrionale ; les comptoirs furent ruinés par l'avènement des Turcs, mais les Républiques ne voulurent pas traiter avec ces forbans.
De là ce que l'Islamisme appelait l'état de guerre ; de là, en particulier, cette multitude d'esclaves Sardes ou Génois.
D'après le Bendjek, la Sardaigne traita en 1794, avec le Dey d'Alger, moyennant 216.000 francs, plus le tribut annuel de 54.000 francs, versé jusqu'en 1816, époque où elle fut placée sous le régime des grandes nations.
Cette année en effet, le roi de Sardaigne traita, sous les hospices de lord Exmouth avec les puissances barbaresques et il obtint la suppression de la course et de l'esclavage à la condition de donner des présents.
En 1825, la Sardaigne conclut un traité semblable avec le Maroc. La clause du tribut y fut formellement exprimée ainsi que dans le traité passé avec la régence de Tripoli. Le roi s'engageait à compter 25.000 francs de présents à chaque renouvellement de consul.
Les villes Anséatiques (villes allemandes) payaient aussi le tribut, sous forme de présents.
En 1750 Hambourg dut fournir 52 affûts de canon, 300 quintaux de poudre etc.
En 1830, le sénat de Hambourg était en séance pour en voter l'envoi lorsque le consul de France résident lui envoya dire qu'Alger venant d'être pris par les Français, toute délibération devenait superflue.
La même année le consul de Naples, averti de notre expédition sut à force de délais économiser à son gouvernement la somme qu'il avait à verser aux mains des Algériens depuis un traité de 1816.
L'Autriche et la Russie ne s'étaient point soumises au tribut. Elles avaient même fini par imposer au sultan de Constantinople l'obligation de les indemniser des pertes que leur feraient éprouver les barbaresques.
La Porte ne s'y résignait jamais que par la force, et les esclaves russes, en particulier, étaient assez nombreux à Alger.
Pour l'honneur de l'Église, ajoutons, en finissant, que l'île de Malte, défendue par ses religieux chevaliers et que les États romains, protégés dans leur dignité par le Saint-Père, ne s'abaissèrent jamais à compter aux musulmans de l'Afrique, ni tributs, ni présents.
Aussi ne se faisait-on pas faute d'enlever des Maltais, de capturer les galères romaines et de jeter les équipages dans les bagnes.
Il fallait pour arrêter cette déplorable situation, la conquête de 1830.
Revue africaine volume II. 1857.
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Le bain maure (hammam)
Envoi de M. Christian Graille
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Origines
La tradition du bain maure remonte à plusieurs siècles. Elle est issue de la fusion des traditions :
- grecques, romaines et turques.
Avec l'expansion de l'Islam au cœur du moyen âge et surtout sous les Omeyades (dynastie arabe dominant le monde musulman 661-750) vers les XIIe et XIIIe siècles, les hammams ont vu le jour :
- en Andalousie, en Afrique du Nord, en Égypte, en Iran.
Déjà à Bagdad, au Xe siècle on comptait un établissement de bain pour 50 habitants tandis que la ville d'Istanbul s'enorgueillissait d'en posséder des milliers.
Le hammam a toujours été :
- un lieu de palabres,
- un lieu intime où l'on se confie,
- où règne au milieu des brumes parfumées,
- une ambiance extraordinaire faite de bruits d'eau,
- de rires et
- de murmures.
De plus il a toujours été reconnu que le bain maure est un grand stimulant des plaisirs érotiques.
Le hammam fut rapidement intégré aux préceptes de la religion musulmane qui préconise une hygiène méticuleuse et des ablutions régulières notamment avant les prières rituelles.
Dans le hammam les pores se dilatent sous l'effet de la vapeur ce qui permet un nettoyage en profondeur.
Rituel du hammam
Le bain maure est conçu comme les thermes romains :
- une salle froide pour se déshabiller,
- une salle tiède pour permettre au corps de s'habituer graduellement à la chaleur et
- une salle chaude pour la sudation.
Le rituel du bain passe par plusieurs étapes :
- Après une intense séance de sudation,
- on débute par un gommage au gant de crin (kessa) puis
- on enchaîne sur un bon savonnage,
- arrive ensuite la séance de massage dont certaines " tayabatyes " (masseuses) ont le secret.
- Suprême instant de plaisir : le moment où l'on regagne la salle de repos.
On peut alors :
- se désaltérer avec une boisson fraîche et même
- piquer un petit somme.
- Il ne faut pas hésiter à faire appel aux mains expertes de la " tayaba " pour un massage hydratant à base d'huiles parfumées.
- Fermez les yeux : décollage immédiat vers le paradis !
On raconte que, jadis c'est au hammam que l'émissaire du sultan allait débusquer les plus jolies femmes pour " orner " son harem et c'était là que les mères, en quête d'une épouse pour leur fils venaient scruter les baigneuses à la dérobée.
Là, au moins, aucune tromperie sur la " marchandise ". Formes plantureuses ou cadavériques, pas de place pour la contrefaçon !
Les soins du hammam durent de longues heures :
- épilation,
- coloration au henné,
- gommage à l'argile,
- massages aux huiles …
- le hammam va prendre rapidement des allures d'institut de beauté.
Des usages
Dès les premiers jours de la conquête, les Français ont pu connaître et apprécier les bienfaits du bain maure.
Ils ont découvert des usages inconnus en France.
On sait qu'à Alger il existait bon nombre d'établissements réputés dont la création remonterait à la période de l'occupation ottomane.
Les usages en étaient rigoureusement codifiés. Une première règle :
- il ne doit pas y avoir de rencontre entre les hommes et les femmes.
- Des horaires précis sont fixés selon l'appartenance à la gente féminine ou masculine si les deux utilisent le même hammam.
- Quand le client arrive au bain l'assistant ou l'un des masseurs met à sa disposition deux serviettes, l'une pour couvrir la partie inférieure du corps, l'autre pour la partie supérieure car il est d'usage de masquer ses organes génitaux.
Le bain est l'objet d'un rituel très précis où vont alterner plusieurs fois :
- sudation, rinçage à l'eau fraîche, lavage,
- massage, friction avec un gant rêche, le kessa.
Puis le corps est enduit d'huiles douces et odorantes tandis que les femmes s'appliquent du henné.
A l'arrivée des Français en Algérie, les femmes prenaient le bain de six heures du matin à six heures du soir et les hommes de six heures du soir à six heures du matin. Cependant malgré les règlements de police, il est certain que quelquefois au milieu de la nuit les filles mauresques suivaient au bain leurs amants.
Dans ce cas les couples se retiraient dans des cabinets sombres situés aux quatre coins de la salle rectangulaire des ablutions.
Le masseur disparaissait et laissait le couple pratiquer ses ébats à l'abri des regards bien entendu, après avoir encaissé un généreux bakchich.
Organisation
Le hammam se divisait en trois enceintes :
- la première appelée " sqiffa " servait de salle d'attente. Un rideau y était accroché lors de la séance des femmes.
- La seconde était une salle ornée d'arcades de style mauresque et faisait office de vestiaire.
- La troisième appelée " bit eskhouna " ou chambre chaude, était constamment envahie par d'épais nuages de vapeur d'eau produite par une chaudière en sous-sol. Dans cette étuve surchargée d'humidité au sol brûlant où la température variait entre 40° et 60° travaillaient les masseurs ou masseuses.
- Ils savonnaient, lavaient,
- raclaient la peau des clients réunis autour de deux bassins, l'un d'eau chaude, l'autre d'eau froide.
Le personnel
Le personnel masculin et féminin était payé chaque mois mais la plus grande partie de ses revenus était constituée de bakchichs substantiels.
Certains " praticiens " très recherchés avaient même leur clientèle attitrée.
Le personnel très spécialisé devait servir alternativement aux hommes et aux femmes ; il était donc tantôt masculin, tantôt féminin.
Un patron dirigeait l'établissement.
Il recrutait ou remerciait le personnel à sa guise. Il était chargé de surveiller la bonne tenue de l'établissement ainsi que sa propreté et tenait la caisse trônant sur la " Bokana ", une chaire avec un grand tiroir dans lequel il mettait la recette.
Il était secondé par une maîtresse bien souvent une de ses proches parentes. Elle officiait pendant les heures réservées aux femmes. Certains témoins rapportent que cette personne appelée la tayaba, disposait d'une grande notoriété.
Dans une pièce qui lui était réservée, elle recevait les dames à la recherche de la perle rare pour leur fils. A noter que les clientes suspectées de mœurs douteuses étaient soigneusement écartées.
Les masseurs
Les masseurs dits " sanaä " ou " kias ", " tellak " en turc étaient à la disposition des clients de première classe, ceux qui voulaient :
- se faire masser,
- laver ou
- savonner.
Ils avaient également pour tâche le lavage des :
- " kessa ", haïks et burnous qui leurs étaient confiés.
De plus ils devaient surveiller les gens qui venaient passer une nuit utilisant l'établissement comme un simple asile, comme il était d'usage à l'époque.
Nous savons aujourd'hui, grâce aux textes laissés par les auteurs ottomans, qui étaient ces hommes, quels étaient leurs tarifs, ainsi que leurs pratiques sexuelles.
Ils étaient à proprement dire des " travailleurs du sexe ", recrutés parmi les non musulmans de l'empire turc :
- Grecs, Arméniens, Juifs, Albanais, Bulgares, Roumains et autres.
Plus tard ce rôle devint plus prosaïque et au moment de la conquête les tellaks (masseurs turcs) n'exerçaient plus que des activités de lavage et massages, laissant à d'autres le côté spécifique de pratiques sexuelles dans le bain maure.
Les masseurs étaient secondés par des " taïabin " qui distribuaient l'eau chaude et froide aux clients dans l'étuve (sekhoun).
La taïaba remplissait pour les femmes le même rôle.
Un ou deux jeunes aides étaient là pour distribuer aux clients des serviettes appelées " fouta " ou " bechkir " destinées à cacher les organes génitaux en entrant dans l'étuve.
Ils accomplissaient également diverses tâches et commissions tant pour les clients que pour les masseurs et le patron.
C'étaient les hommes à tout faire de l'établissement.
Ces jeunes garçons dont l'âge variait entre huit et quinze ans seront peut-être plus tard masseurs, mais il va sans dire qu'ils servaient le plus souvent à assouvir les besoins sexuels de la riche clientèle toujours à la recherche de jeunes et beaux adolescents.
Un chauffeur dit " sakhâne " alimentait les chaudières pour amener l'eau à bonne température et surveiller les niveaux.
Le " Ghabbar " était quant à lui chargé d'approvisionner le hammam en combustible généralement constitué de grignons, résidus de la pression des olives.
La clientèle
La casbah d'Alger recelait un grand nombre de bains :
- hammam Sidna,
- hammam Bab-al-Waâd,
- hammam Yatû,
- hammam Al-Saghîr,
- hammam Bouchlaghem,
- hammam Bab-Djazira,
- hammam Sidi-Ramdane.
Il y avait deux services.
La première classe où les baigneurs avaient droit au massage dans l'étuve et celle du bain ordinaire qui ne bénéficiait pas de ce privilège.
Mais les femmes devaient puiser elles-mêmes l'eau dans la chaudière et seules les vieilles et celles qui étaient enceintes avaient droit à titre exceptionnel à un traitement gratuit.
Hammam et prostitution
Avant 1830 les filles publiques disposaient de bains particuliers. Il n'est pas dit que dans tout le pays les deux sexes étaient séparés, mais à Alger, ils l'étaient.
Au moment de la conquête on vit dans les rues d'Alger de jeunes garçons faire des propositions grivoises aux hommes esseulés et les inviter à fréquenter les bains afin d'y rencontrer de jeunes adolescents.
Dans chaque bain maure, un jeune garçon d'une douzaine d'années était attaché à l'établissement.
Toujours d'agréable figure, coiffé d'une tarbouche (bonnet rouge de forme conique) au gland, il proposait ses services au client.
Lorsque ce dernier se présentait nu dans l'étuve, les parties génitales enveloppées d'un morceau d'étoffe légère, le jeune éphèbe commençait à lui masser les cuisses, puis avec mille agaceries se lançait dans des attouchements plus intimes.
Si ses provocations ne retenaient pas l'attention du client, le jeune homme l'abandonnait aux mains du masseur. Mais pour peu que vous acceptiez ses avances, il se proposait de satisfaire tous vos désirs.
Selon certains témoins ces garçons offraient régulièrement ce genre de services aux officiers français de la garnison.
Les ablutions avant mariage
Dans tout le Maghreb existait une coutume consistant à offrir un bain à la jeune promise avant ses épousailles. Pour ces ablutions avant le mariage, l'établissement était réservé pour une journée entière.
Les parents de la jeune fille devaient s'acquitter auprès du patron d'une somme importante, aussi seules les familles très riches pouvaient réserver ce bain.
Les familles moins aisées se contentaient d'une demi-journée, voire quelques heures. Le jour retenu, les parents de la jeune fille devaient donner au chauffeur de gros pourboires mais, s'ils négligeaient de s'en acquitter, l'homme coupait l'eau ou n'en distribuait qu'une quantité insuffisante ou froide.
Lorsque le bain était réservé pour une journée entière, la somme était versée moitié dans la caisse commune, moitié dans la caisse du ou des patrons ; pour une demi-journée c'est le patron qui encaissait la totalité de la recette.
Que ce soit :
- à Alger, à Constantine
- ou Oran, le bain de la mariée représentait un évènement important , même si les manières de le célébrer étaient presque toutes semblables.
Certaines régions du centre du pays connaissaient toutefois un rituel spécial qui consistait à célébrer le dernier bain de la future épouse en " grandes pompes " avec orchestre et danseuses.
L'heureuse élue entrait au bain accompagnée de toute sa tribu sous un enchaînement de youyou et de chansons jusqu'à la porte du hammam.
Tradition oblige, elle ne devait se déshabiller que dans la pièce chaude où une chaise entourée de bougies allumées l'attendait.
Après son bain, elle revenait s'asseoir parmi ses convives, puis ensemble elles se dirigeaient vers la salle froide où elles dégustaient les gâteaux au miel offerts par les parents de la mariée à tous ceux présents dans le hammam y compris les étrangers à la famille.
Le bain maure pouvait être également réservé à l'occasion du mariage d'un jeune homme.
Un lieu social
Depuis près de mille ans, les femmes arabes utilisaient le hammam :
- centre de bien être,
- de beauté,
- lieu privilégié où il était agréable de se ressourcer de se détendre.
Au-delà de sa fonction purificatrice, le hammam demeurait l'espace de liberté des femmes. C'était leur grande sortie.
Elles aimaient s'y retrouver pour faire :
- peau neuve, papoter, oublier le quotidien.
Bref, c'était l'endroit où l'on pouvait :
- échanger avec les autres,
- prendre des conseils, en donner,
- rire …
Ces traditions se perdirent plus ou moins par la suite. De nos jours il existe encore dans le Maghreb des établissements de bains mais ils ne ressemblent en rien aux hammams que découvrirent les Français au moment de la conquête.
Relation d'un touriste (extrait de l'ouvrage " un an à Alger " de M-J Baudel. 1887)
" De six heures du soir à midi, le bain maure est réservé au sexe fort.
Les Européens y vont d'ordinaire avant le dîner de onze heures à minuit. Bien qu'on puisse s'y rendre impunément, aussitôt après le repas, il vaut mieux se livrer aux masseurs une fois la digestion terminée.
Toutes les villes d'Algérie possèdent plusieurs établissements de bains.
Dans les pays chauds, c'est à la fois un besoin et un plaisir, l'hygiène le recommande ; alors même que le voyageur ne serait pas envoyé par un médecin, il n'y serait pas envoyé par la curiosité, et ramené par le bien-être, la variété et la douceur des sensations qu'on y éprouve.
Le bain maure dont le massage excitant nettoie parfaitement la peau doit être préféré aux bains tièdes qui sont débilitants. Il constitue une série d'opérations que nous allons essayer de décrire.
Après avoir franchi un vestibule où sommeillent quelque Arabes on soulève un rideau et on pénètre dans une vaste salle. C'est à la fois le vestiaire et le dortoir.
Une lampe fumeuse éclaire de ses vagues et vacillantes lueurs :
- les colonnes de marbre blanc,
- les glaces de Venise,
- la fontaine dont le doux murmure invite au repos.
En entrant, on est surpris par l'obscurité, on ne voit rien, on s'habitue vite à ce demi-jour, ce clair-obscur et on ne tarde pas à distinguer les détails, et à découvrir, dans la pénombre des galeries, des dormeurs mollement couchés et enveloppés de longs voiles blancs.
Indolemment appuyé sur une pile de coussins, le chef de l'établissement fait signe de s'approcher du nouvel arrivant, et lui demande son argent et ses bijoux qu'il enferme, après vérification dans un coffre à coulisse dont lui seuil possède la clef.
La probité de ces industries est proverbiale ; jamais un objet de quelque valeur n'a été égaré ou dérobé. Cette précaution prise, un Arabe ou un nègre, demi-nu :
- conduit le baigneur à la place qu'il doit occuper,
- le fait déshabiller,
- range ses vêtements sur une planche,
- lui ceint les reins d'une pièce de cotonnade,
- lui met un voile sur la tête, des sandales aux pieds, et l'introduit dans la salle de bain, rotonde pavée d'ardoise et de marbre, où des bouches de vapeur entretiennent constamment une température plus que sénégalienne.
La première impression n'est pas agréable. La chaleur est si suffocante, la buée si épaisse que vous hésitez à entrer.
Mais votre guide vous entraîne et vous fait asseoir sur le pavé brûlant, après l'avoir au préalable lavé à grande eau à plusieurs reprises.
Jetez alors vos yeux autour de vous.
De tous côtés, vous apercevez des corps étendus auprès desquels s'agitent et trépignent, dans des attitudes les plus variées, les serviteurs indigènes vêtus d'un simple cotillon (jupon).
- Avec leur tête rasée,
- leur peau luisante,
- leurs dents blanches,
- leurs yeux étincelant,
On dirait une légion de diables.
Ils travaillent avec ardeur :
- frottent, nettoient,
- pétrissent les membres,
- font craquer les articulations des baigneurs et dans les mouvements désordonnés, la mèche de cheveux qu'ils gardent sur la tête s'agite comme un serpent.
Et quel tumulte sous ces voûtes sombres,
- quels chants bizarres,
- quels cris aigus.
- Il y aurait de quoi s'effrayer si on ne se savait pas dans un pays sûr, en terre française.
Mais vous suez à grosses gouttes, vous êtes littéralement en nage. A votre tour maintenant. Deux, trois, quatre Arabes :
- vous saisissent,
- vous étendent brusquement et
- se mettent à vous frictionner,
- à vous étriller avec leurs gants en poil de chameau,
- à vous masser,
- à vous tirer bras et jambes comme s'ils voulaient vous les arracher.
Vous n'êtes pas sans inquiétude sur l'intégrité de vos os.
Rassurez-vous ! Aussi bien que le physiologiste le plus exercé, ils connaissent le moment précis, la limite certaine où cesse le plaisir, où commence la souffrance et savent s'arrêter à temps. Quand on a bien été :
- pétri, tourné, retourné, désarticulé,
Ils saisissent une poignée d'étoupe (partie la plus grossière issue du chanvre ou du lin) et vous inondent d'eau tiède. Douce transition et sensation délicieuse que celle de ce lavage bienfaisant après les frictions quasi brutales dont vous venez d'être l'objet.
Bien nettoyé, bien épongé on vous emmaillote comme un bébé et on vous transporte sans secousse dans la première salle, sur un lit de repos au-dessous de la planche qui supporte vos habits.
Là, voluptueusement allongé vous assistez à votre tour au défilé des arrivants. On vous apporte une tasse de café ou de thé et une longue pipe garni de fin tabac.
Bientôt :
- la fatigue du bain, la demi-obscurité du lieu,
- les parfums de benjoin (baume) dont sont imprégnés vos draps, agissent sur vous, vos paupières s'appesantissent, le tuyau d'ambre échappe de vos lèvres.
On recommence, mais plus mollement, le massage de l'étuve.
Et c'est avec le bien-être infini d'un enfant bercé par sa mère que vous passez tour à tour du repos à l'assoupissement et de l'assoupissement au sommeil.
Quand on s'éveille on se sent :
- plus léger, plus dispos et plus ragaillardi.
On éprouve un indéfinissable bien-être et c'est avec plaisir et avec l'espoir d'un prochain retour qu'on remet au maître étuviste les trente sous qu'il demande pour les soins empressés et son attentive hospitalité.
Gérard Séguy " Mémoire vive "
Revue du Centre de Documentation Historique sur l'Algérie
C D H A N° 50 1er trimestre 2012
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PHOTOS BATNA
Envoi de diverses personnes
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VUE GENERALE
HÔTEL DES NEGOCIANTS
HÔTEL DES ETRANGERS
LA POSTE
RUE GAMBETTA
LE FONDOUK
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Bastion de la France à La Calle
Envoi de M. Christian Graille
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Située sur la côte algérienne à une vingtaine de kilomètres de la frontière tunisienne, La Calle occupe l'emplacement de l'ancienne cité romaine Tuniza (du berbère Tounès signifiant bivouac) ou Tuniha figurant sur les cartes de l'Empire romain dressées au IIIe siècle.
Ce nom peut laisser supposer que Tuniza était déjà une halte, une pause autour d'un point d'eau, sur la voie reliant la Tunisie du Nord à la Numidie. Saint Félix y aurait été martyrisé à cette époque.
Le père Van, religieux espagnol en voyage en cette place en 1633, indique que la quantité importante de ruines subsistantes proviendrait de l'ancienne Utique selon les dires des Maures vivant en ces lieux.
Vers le Xème siècle, ce petit port s'appelle Mers-El-Kharez signifiant le port aux breloques ou Massacarès en transcription européenne.
Ce nom imagé s'explique par le fait que les fonds marins recelaient des coraux très recherchés à l'époque qui étaient transformé en bijoux de toutes sortes.
Dès le 9ème siècle dit l'historien arabe El-Bekri, Mers-El-Kharez servait à la construction des navires que les khalifes de Kairouan destinaient aux ravages des côtes de l'Empire byzantin.
Vers 1150, Alidrîsî, savant et prince musulman, rédige à la demande du roi chrétien Roger II de Sicile une géographie du monde connu.
La Calle y est décrite ainsi : " Au Nord, vis-à-vis, et à une forte journée de Béja, au bord de mer est située Mars-El-Kharaz. C'est une petite ville entourée d'une forte enceinte et munie d'une citadelle.
Les environs sont peuplés de nomades arabes.
La prospérité des habitants repose sur la pêche au corail qui s'y trouve en grande quantité et qui est supérieur en qualité à celui du reste du monde…
Le banc y est exploité tous les ans. On y emploie en tout temps cinquante barques plus ou moins… "
En 1534, en raison du traité de paix conclu avec Charles-Quint, Moulay Hassan sultan de Tunis offre aux chrétiens le monopole de la pêche du corail.
De Tabarka à Bône, toute la côte est mise sous contrôle chrétien, en échange d'une redevance de 5% sur le trafic commercial, versé au trésor public tunisien.
Mais l'acte signé est difficile à exécuter car les tribus algériennes sont réfractaires aux ordres de Tunis, d'autant que la présence étrangère (espagnole et italienne surtout) est perçue comme une occupation militaire.
En 1540, la Sublime Porte (grande porte du siège du gouvernement turc) du temps de Soliman 1er confirme ce privilège à son allié François 1er moyennant une redevance très importante.
A la suite de ce contrat des campagnes de pêche sont organisées avec des bateaux à rames et à voiles de modestes dimensions, armés par des équipages du Cap Corse, et souvent la proie des navires barbaresques.
En 1553, la famille Linci ou Lincio) armateurs entreprenants, originaires de Morsiglia dans le Cap Corse va normaliser ces campagnes.
Thomaso Linci, dit Thomas Lenches, né aussi à Morsiglia mais établi à Marseille, avec l'aide du marseillais Carlin Didier, va être l'artisan d'un traité entre le roi de France Henri II et le Dey d'Alger, par lequel il obtient la concession de la pêche du corail sur le site de La Calle du Massacarès.
En 1560, ce traité étant confirmé par le roi Charles IX et le sultan Soliman III, Thomas Lenches commence par édifier un établissement non fortifié dans la baie à 10 km à l'Ouest de Massacarès : C'est le bastion de France.
Tout d'abord constitué d'un bâtiment servant d'abri et d'entrepôt, il va s'étendre et s'enrichir :
- d'une église (Sainte Catherine),
- d'un fortin,
- d'une tour et
- d'autres entrepôts.
Dans le même temps le havre de Massacarès est aussi occupé par la Compagnie française afin que ses navires puissent y trouver un abri.
A cette époque il ne reste dans cette ancienne ville qu'un douar des Maures habitant sous la tente et une mosquée où les Indigènes viennent faire leurs prières.
Et comme cet oratoire passait pour être l'un des plus anciens de la côte du Maghreb on y enterrait des Maures amenés d'une distance de 40 lieues.
Cet établissement français ainsi composé du bastion de France et de Massacarès, concentre autour de lui toute la communauté européenne qui, avec le temps, s'étale sur toute la côte jusqu'à Bône.
L'opulence de la région se manifeste très vite grâce au corail et aux redevances payées d'avance par les chrétiens.
En 1568, les rivalités et les craintes ressenties par les Arabes qui voyaient d'un mauvais œil l'installation de la compagnie Lenches, conduisirent à la destruction du Bastion de France.
Ce dernier fut pourtant reconstruit l'année suivante grâce à la ténacité de la famille Lenci.
En 1582, cette famille obtient le monopole de la concession, grâce au contrat signé entre le Dey D'Alger et le neveu de Thomaso Lenci, le comte de Moissac.
Dès lors, le bastion de France va jouer un rôle prépondérant et la famille Lenci étendre son privilège à la côte tunisienne.
La Compagnie du corail regroupe alors 200 à 300 pêcheurs, tous originaires du Cap Corse.
Cette compagnie monopolise le commerce français avec la Barbarie et se livre au commerce des épices avec l'Orient. Elle se range parmi les plus importantes entreprises commerciales françaises.
Outre le corail, le Bastion fournit aussi :
- de la laine,
- du blé,
- du cuir,
- de la cire,
- du raisin sec,
- des figues etc.
Sa renommée est telle que le Bastion de France attire toutes sortes de nationalités :
- Anglais, Français, Espagnols, Hollandais, Livournais, Pisans, Génois, Mahonnais et Juifs.
Les successeurs de Thomas Lenches furent :
- Antoine Lencio (1568-1582),
- Visconte Lencio (1582-1592),
- Jean Porrata (1592-1597),
- Thomas Lencio sieur de Moissac (1597-1608).
En 1604, les relations avec le Dey se détériorent. Le Dey qui voit d'un mauvais œil l'extension et la consolidation des comptoirs français fait raser de fond en comble l'ensemble des installations portuaires et des locaux commerciaux par l'amiral Mourad Raïs et réduit le personnel du bastion de France en esclavage.
Il fallut toute l'habileté du roi Henri IV pour rétablir la famille Lenci dans ses droits. Le bastion est reconstruit avec grande difficulté.
En 1617, une nouvelle destruction du Bastion intervient à la suite d'une expédition d'intimidation organisée par la flotte française devant Alger.
En ce début du 17ème siècle, la piraterie barbaresque sévit partout en Méditerranée au point que le roi de France Louis XIII décide d'intervenir.
Il charge un chevalier de l'Ordre de Saint Michel, Sanson Napolloni (dit maîtrise Sanson Napollon ou Sieur Sanson des Linci, qui ayant été consul à Alger parfaitement la langue turque), d'origine corse, mais habitant Marseille, de négocier une paix avec les Turcs.
Ce nouvel ambassadeur est apparenté et héritier de la famille.
En 1628, après 2 ans de négociations laborieuses mais très habiles, un nouveau traité est conclu entre la France et le Sultan, par lequel le Bastion est rendu à la France et les 2.000 esclaves libérés.
Cette paix perpétuelle permet au bastion de France d'être érigé en gouvernement et à Sanson Napollon d'être nommé Gouverneur avec l'accréditation de Richelieu.
Le bastion est alors reconstruit et fortifié, les corailleurs se réinstallent avec une majorité de personnel originaire du Cap Corse.
Le commerce prend soudain un essor fulgurant et se diversifie.
A son apogée, on ne comptait pas moins de 400 bateaux corailleurs (coralines).
Rien n'est entrepris sans en référer à Richelieu et Louis XIII.
Mais ce succès suscite des jalousies de la part des Anglais et surtout des Génois qui créent d'importants préjudices au commerce des Français à tel point que Sanson Napollon se déclare en " état de belligérance " avec la République de Gênes.
Il assiège à deux reprises le fort de Tabarka tenu par une famille génoise depuis 1543, les Lomellini.
A la troisième tentative le 15 mai 1633, par suite d'une trahison, la garnison du fort écrase l'assaut donné par les Français. Sanson Napollon est abattu et sa tête clouée sur le portail de la forteresse génoise.
C'est donc sous l'impulsion de Sanson Napollon que le Bastion de France a connu une telle prospérité et on peut dire qu'il en a été le véritable créateur.
Toujours chargés de jalousies, les Génois fomentent une révolte des Arabes contre le Bastion de France qui est détruit, le 13 décembre 1637, par la flotte barbaresque commandée par le corsaire Ali Bichimi (ex-italien nommé Bienini).
Par la suite le Bastion connaît, avec alternance, des périodes heureuses d'activité succédant à des destructions.
Son destin sera le reflet des relations de la France avec la Régence d'Alger. Aux périodes de paix et d'entente correspond une ère de prospérité et de quiétude pour le comptoir.
Les relations viennent-elles à s'envenimer, aussitôt le Bastion connaît le pillage et l'abandon. Les successeurs de Sanson Napollon furent :
- Sanson Lepage (1633-1637),
- Coquel (1640-1643),
- Piquet (1643-1658),
- J. Arnaud (1666-1674),
- de la Font (1674-1678),
- Dussaut (1678-1687)
- Pierre Hély (1691-1706)
En 1679, c'est donc Dussaut qui décide d'abandonner l'emplacement initial pour cause d'insalubrité.
En effet la proximité de nombreux lacs, foyers de miasmes et de malaria, nuisait aux corailleurs que les fièvres décimaient à 90%. Le Bastion de France s'installe sur l'îlot de France, face à Massacarès situé à environ 10 km de l'ancien bastion.
Cette petite ville naissante est fortifiée, pourvue :
- de quais, de magasins,
- d'un lazaret, d'un hôpital,
- d'une église, la première construite en Afrique du Nord,
- de postes militaires,
- enfin de tout ce qui était indispensable à la vie et à la défense de ses 2.000 habitants.
Cette embryon de ville donnera naissance au site actuel de la Calle. (La Cade)
Le nom de La Cade figure d'ailleurs au côté du Bastion de France sur les cartes du début du 17ème siècle. Ce nom lui a été attribué en raison des faciliter pour " caler " les bateaux qui venaient, depuis très longtemps, se réfugier dans les deux anses, selon la direction du vent.
Toutes les maisons de la presqu'île ainsi que l'église datent ainsi de la fin du 17ème siècle. A la fin de ce 17ème siècle, suite aux malversations d'un certain Picquart, responsable de la Compagnie Lyonnaise, seul exploitant de la pêche du corail, la concession est accordée aux Anglais pendant une dizaine d'années.
Durant tout le 18ème siècle, on assiste à des tribulations commerciales, tantôt favorables, tantôt néfastes avec de nombreux changements de concessionnaires.
Ainsi du milieu du 17ème à la fin du 18ème siècle, se sont succédées :
- la Compagnie Lyonnaise,
- la Compagni Dussaut,
- la Compagnie Hély,
- la Compagnie de l'Occident,
- la Compagnie des Indes,
- la Compagnie royale d'Afrique.
En 1798, en représailles à la campagne d'Egypte engagée par Napoléon, la Calle est de nouveau détruite et pillée.
La concession est à nouveau remise aux Anglais durant dix années, puis restituée aux Français le 17 mars 1817.
En 1827, en relation directe avec les faits relatifs à l'affaire du blé algérien acheté par la France et en riposte au blocus des côtes algériennes qui s'est ensuivi.
La Calle et l'îlot de France sont une dernière fois incendiés par les Turcs. Ces évènements conduiront, trois ans plus tard, à la conquête de l'Algérie.
Ainsi en l'espace de trois siècles, une suite ininterrompue de destructions se sont succédées :
- 1288, - 1551, - 1568, - 1586, - 1604, - 1617, - 1637, - 1658, - 1683, - 1744, - 1798, - 1807, - 1827.
Le 14 juillet 1836, à la tête de quarante cavaliers, Berthier de Sauvigny entre la Calle où les autochtones l'accueillent chaleureusement.
Les immeubles sont restaurés, et bientôt des corailleurs reviennent :
- de Corse, de Sicile et de Naples.
En même temps des colons Européens s'installent dans les environs et la population ne cesse de grandir : vers 1900, la ville compte environ 6.000 habitants. La plupart des Italiens se font naturaliser Français.
A partir de 1850, la cité va s'étendre progressivement sur la terre ferme, en face de l'îlot et le 22 novembre 1887, le projet de construction du port est approuvé, après 10 années de tergiversations et tentatives malheureuses.
Le Bastion de France a été classé monument historique le 9 septembre 1930.
Christian Costa " Mémoire vive "
Revue du Centre de Documentation Historique sur l'Algérie.
N° 49. 3ème 4ème trimestres 2011.
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En Algérie, trois mois de vacances.
Envoi de M. Christian Graille
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Les environs d'Alger méritent à coup sûr tous les éloges dont les touristes qui ont récemment parcouru la colonie africaine sont si prodigues. De quelque côté que l'on se tourne, on retrouve les merveilles de la nature unies aux prodiges dus au travail humain.
Sur ce dernier rapport, le village de Boufarik (ou plutôt le bourg, sinon la petite ville) mérite d'être cité comme type et comme modèle de cette puissance de colonisation que l'on a jusqu'à ce jour voulu contester à la race française et que l'on continue à contester par habitude et par routine.
Boufarik est situé à trente kilomètres d'Alger, et que l'on atteint à présent par le chemin de fer, était vers 1848 un marécage pestilentiel où il ne faisait pas bon s'arrêter longtemps.
Les diligences qui partaient de la place Bresson pour se diriger vers l'intérieur traversaient cette région au triple galop de leurs chevaux :
- on fermait hermétiquement les portières,
- on descendait les capotes du cabriolet pour préserver les passagers de ce pernicieux contact.
- On citait pour leur intrépidité les chasseurs qui avaient le nemrodisme (genre de vie caractérisé par le déplacement des hommes) assez invétéré pour aller à la poursuite des canards sauvages, halbrans (jeunes canards sauvages) et autre gibier aquatique sans craindre le contact de la malaria.
Le maréchal Bugeaud fit commencer les travaux de dessèchement et ils coûtèrent la vie à plus de braves, peut-être que la bataille d'Isly.
Mais les véritables pionniers de Boufarik furent les déportés de 1848, ces vaincus de la grande bataille socialiste, transportés en lasse, non pas en vertu de jugement mais par décret de l'Assemblée Nationale.
Après des travaux herculéens et des efforts sans nom, les marécages de Boufarik ont été métamorphosés en terres de rapport, et de quel rapport !
Le fermier beauceron le mieux partagé doit contempler d'un œil d'envie :
- ces champs,
- ces grasses prairies,
- ces pâturages,
- ces immenses potagers
- dont les produits sont pour ainsi dire achetés sur pied, vendus d'avance pour les grands marchés d'Europe.
Rien de plus aimable, de plus réjouissant à l'œil que la vue de ces jolies maisons blanches entourées de jardins qui rappellent les paysages les plus fortunés de la mère patrie.
La mairie a un air tout à fait respectable,
- la gendarmerie est une petite villa entourée de gazons verdoyants et d'arbustes, et
- la prison elle-même (car il y en a comme dans toute localité civilisée) n'offre rien de lugubre ni de repoussant. On ne la reconnaîtrait même pas si ce n'étaient les vantaux de bois aux fenêtres qu'encadrent d'ailleurs le lierre et la vigne vierge.
Toute la population y compris quelques Arabes vivant en frères avec leurs voisins est dans l'aisance.
Mais le seigneur agricole de la localité, le Crésus est M. Chiris, autrefois député de Nice, aujourd'hui sénateur, qui a établi dans la Mitidja une ferme modèle, très vaste, abritant avec leurs familles des centaines de journaliers employés aux travaux de culture les plus divers :
- l'élevage des bestiaux,
- la culture des roses,
- des violettes et
- d'autres plantes qui alimentent les grandes usines de parfumerie que M. Chiris possède dans le midi de la France.
Cet établissement dont la valeur dépasse un million fut une des grandes attractions du voyage parlementaire de 1879. M. Chiris reçut sur ses domaines :
- le gouverneur général de l'Algérie,
- le préfet
- les hauts fonctionnaires d'Alger,
- ses collègues du Sénat,
- de la Chambre et
- les journalistes faisant partie de la petite expédition pacifique.
On visita en détail la ferme et l'heureux propriétaire reçut les plus chaleureuses félicitations. M. Albert Grévy le remercia au nom du président de la république pour ce grand effort colonisateur.
Il était dit que les visiteurs devaient faire connaissance non seulement avec les choses mais aussi avec les hommes.
A la fin du banquet servi sous un hangar que décoraient avec beaucoup de goût les produits agricoles de la ferme, une députation de pionniers ayant à leur tête des vétérans de juin, à la barbe grisonnante, coiffés de farouches sombreros et le torse entouré d'une ceinture rouge symbolique, vinrent haranguer les députés dans un langage farouche, trop farouche même au gré des personnages officiels qui s'empressèrent de lever la séance.
Chaque année, cette vieille phalange de vétérans de la révolte s'éclaircit, et les fils, élevés dans des principes plus doux, n'ayant pas eu à soutenir la lutte âpre et souvent ingrate des pères, sont d'humeur moins sombre.
Ils songent plus au travail qu'à la revanche sociale et étant devenus à leur tour propriétaires, grâce aux sacrifices et aux efforts de leurs prédécesseurs, ils peuvent passer pour des conservateurs si on les compare aux intraitables pionniers de Boufarik.
Celui qui met le pied en Algérie se priverait d'un des plus grands charmes de ce voyage s'il dédaignait de s'arrêter pour une demi-journée dans la ville des orangers, dans cette ville de Blida mollement étendue au milieu des vergers qui traversent de minuscules et innombrables rivières, et comme enfermée dans un sachet de parfums.
On pénètre dans cette ville d'une dizaine de mille d'âmes par des temples de verdure, des arcs de triomphe naturels de feuillage.
On croit toujours être dans un parc enchanté, aux fruits d'or que déjà on est au centre de la ville
Où sont les maisons ? A droite, à gauche, devant vous ; si on ne les voit pas c'est que :
- les arbres touffus,
- les fleurs,
- les buissons de roses et
- de géraniums leur servent d'impénétrable muraille.
Nulle part, peut-être, l'homme ne vit aussi littéralement au sein de la belle nature. L'apparence de ces maisons est assez modeste : pas de palais, presque pas de villas, des maisons de campagne à un seul étage comme les rêve le boutiquier parisien pour le jour où il se retirera des affaires, ou même des petites bastides, semblables à celles du midi de la France, petites constructions en bois, ne renfermant guère que deux ou trois pièces où le Marseillais et le Toulonnais vont passer le dimanche. La population qui habite ces jolis réduits se compose :
- de fonctionnaires en retraite, habitués au climat et aux séductions de l'Algérie ou
- d'officiers qui, après avoir conquis la colonie ne peuvent se résoudre à manger ailleurs la pension de l'État,
- quelques négociants retirés doivent également être compris dans cette statistique.
Le centre de la ville est formé par une jolie place entourée de colonnades et ornée des plus beaux orangers ; c'est le forum où les fortes têtes se réunissent par les chauds après-dîners pour discuter les affaires de l'État et de la commune ou celles du prochain.
La bonne humeur inhérente à de braves gens, exempts de tous soucis, domine dans ces conciliabules et les éclats de rire jaillissent souvent de ces entretiens.
Heureux mortels Blidéens ! Ils ont le rire large et facile ; aussi sont-ils de bonne composition pour les Indigènes et souvent quelque cheik ou burnous flottant, à la barbe de prophète ou quelque Maure dans son pittoresque costume de théâtre :
- veste bleue brodée d'arabesques,
- gilet à petits boutons de nacre et rehaussé de galons d'or,
- large pantalon bleu bouffant et brodé de maroquin vient à passer.
On l'interpelle amicalement et on l'invite à prendre place.
Les femmes musulmanes de la contrée sont attirées à Blidah par le tombeau d'un saint (marabout) qui, selon la légende, a le pouvoir tout spécial d'intercéder en leur faveur auprès de Mahomet.
Ce tombeau est situé dans un beau jardin public que traversent de toutes parts de petits ruisseaux, dont le susurrement va se perdre dans le lointain, après avoir accompagné le gazouillement des oiseaux qui chantent dans les jardins des particuliers.
De Blida on peut entreprendre sans trop de fatigues deux excursions qui, toutes deux, laissent de profonds souvenirs. La première est celle des gorges de la Chiffa.
Une fois les bois d'orangers et de citronniers dépassés, une fois les dernières pelouses de fleurs qui ressemblent à un tapis de Turquie foulées, le touriste se trouve plein pays de montagne, terrible et grandiose.
La route, pratiquée par le génie militaire contourne lentement les abîmes dont les personnes sujettes aux éblouissements feront bien de ne pas trop sonder les profondeurs.
A chaque lacet on semble s'élever davantage vers la région des nuages et les eaux de la rivière qui coule à nos pieds, scintillent comme un mince filet aquatique échappé d'une carafe.
De l'autre côté du fleuve se dressent des montagnes encore plus grandes dont les flancs autrefois couverts de forêts protectrices contre les inondations sont aujourd'hui nus et stériles.
C'est au sommet de cette route, à travers le col de Médéa que nous trouvons le ruisseau de la Chiffa, appelé aussi ruisseau des singes.
Dans la fente que forme cette gorge très pittoresque, un industriel a établi un hôtel-restaurant où, depuis les premiers temps de la conquête, la mode prescrivait d'organiser des parties fines.
La cuisine et la cave se trouvant à la hauteur de la circonstance, cette mode ne fît que croître et embellir, et des peintres, doués à la reconnaissance de l'estomac, s'amusèrent à décorer al fresco (au frais) d'abord les panneaux de la salle à manger, puis les murs extérieurs de la maison.
Le thème qui revient dans ses tableaux, l'éternel thème, c'est la vie, les tours et les grimaces de messieurs les singes.
Les artistes ont pu travailler d'après nature, car les bouquets de bois qui s'élèvent au-dessus du restaurant de la Chiffa servent d'asile à des centaines de ces amusants quadrumanes, dont les cabrioles et les gambades égayent fort le dessert des repas servis céans.
Seulement les messieurs singes ont leurs caprices ; parfois ils ne daignent pas de se montrer ; quelques pressants que soient les appels qu'on leur adresse, ils restent cachés au plus profond des fourrés.
D'autres fois, en revanche, les simiesques deviennent importuns : sautant e branches en branches avec leur agilité proverbiale, ils bombardent les consommateurs avec tous les projectiles qui leur tombent sous la patte, y compris des pierres, en accompagnant cette manœuvre de cris aigus et de piaillements qui ressemblent à ceux d'une bande d'enfants.
Alors pour obtenir la paix, il ne reste qu'à user de représailles en envoyant une pierre ou deux dans le camp aérien de ces audacieux agresseurs.
Mais la tradition est de n'envoyer ces projectiles qu'à blanc, c'est-à-dire de façon à ne pas atteindre les coupables. Il faut se contenter de leur faire peur.
Celui qui blesserait ou tuerait un de ces animaux serait très mal vu dans toute la colonie.
Quant à se servir d'un fusil contre les gambadeurs, ce serait commettre non seulement une cruauté, mais, chose toute aussi grave, une inconvenance insigne. Lorsque nous payâmes notre tribut, très modéré d'ailleurs, au propriétaire du restaurant de la Chiffa sous la forme d'un déjeuner fort satisfaisait et arrosé d'un vin qui n'était pas ô bonheur ! L'horrible bleu de Sète et de Narbonne coupé de trois-six que l'on débite dans toute la colonie sous les étiquettes les plus menteuses, mais qui pouvait passer pour du Médoc authentique, les singes se montrèrent bons princes.
Ils nous laissèrent achever tranquillement notre repas et donnèrent cependant une représentation des plus réjouissantes lorsque nous fûmes parvenus au moment psychologique du café, où les distractions sont les bienvenues.
C'est à cet instant que l'un de nous fit la remarque que le garçon arabe, d'âge mûr et à la barbe grise, qui nous avait servis avec beaucoup de prévenance pendant le repas portait obstinément son turban en tapageur sur le côté gauche de l'occiput de façon à cacher complètement l'oreille.
Un autre convive de l'espèce des " vieux Algériens ", connaissant les dessous de bien des petits mystères se mit à rire.
Si Mourad cache si soigneusement la place de son oreille gauche, c'est qu'il a ses raisons pour cela.
Comment la place ? Est-ce que le pauvre garçon aurait une oreille coupée ?
Toute juste. Oh ! Le pauvre ! s'exclama une âme sensible. Ne le plaignez pas trop vite. Si Mourad n'est aujourd'hui possesseur que d'une seule oreille, il l'a bien voulu et, en tout cas il n'a que ce qu'il mérite.
Il y a une trentaine d'années, le maréchal Randon avait organisé son expédition dans la Grande Kabylie ; de part et d'autre on n'y allait pas de main morte.
Le maréchal avait décrété que l'on paierait une prime assez forte pour chaque tête de Kabyle qui l'on rapporterait au bureau arabe le plus voisin. Cela n'est ni bien beau ni bien ragoûtant ; mais c'est, ou plutôt c'était la guerre.
Nos soldats ne s'en tenaient guère à cette prescription, et une fois la bataille terminée, ils ne songeaient pas à décapiter les ennemis morts.
Les Indigènes qui servaient dans nos rangs, au contraire ne manquaient jamais de pendre à l'arçon de leur selle un chapelet de têtes fraîchement coupées dont ils allaient toucher le prix.
Or pour que ces objets ne pussent pas être représentés deux fois, le bureau arabe faisait enlever les oreilles de chaque tête servant de preuve à l'appui et ensuite, pour simplifier la procédure, on exigeait, non plus la tête mais simplement les oreilles. Or Mourad et un autre lascar de ses amis servaient alors dans les spahis. Un jour, l'idée leur vint de toucher la prime, bien que n'ayant pas tué de Kabyles.
Chacun sacrifia une de ses propres oreilles et ils vinrent apporter la paire au plus prochain bureau arabe.
Le capitaine, qui n'était pas naïf, examina scrupuleusement les oreilles coupées avant d'ouvrir la caisse. " Tiens, dit-il, mais ce sont deux oreilles gauches ! Je ne puis pas vous payer cela si vous ne me rapportez pas les oreilles droites. Allez mes amis me les chercher et vous toucherez la prime pour deux paires au lieu d'une. "
Les lascars s'en allèrent honteux comme des renards qu'une poule aurait pris, et depuis cette époque, si vous rencontrez un turban de travers sur la face balafrée de vieux spahi à chevrons, dites-vous que c'est le compagnon d'infortune de Mourad ici présent. N'est-ce pas ? Fit " le vieil Algérien " en se tournant vers le garçon qui fit un signe d'acquiescement.
Aujourd'hui la Kabylie est conquise et pacifiée ; les bureaux arabes sont réduits à la plus simple expression, et on ne paye plus, fort heureusement, les oreilles d'Arabe comme des dents de vipère ou des pattes de sanglier.
L'excursion aux bains de Hammam Rhira nous montre la résurrection d'une fraction de l'Algérie romaine, grâce à l'initiative et à la hardiesse d'un moderne M. Arlès Dufour.
Les maîtres du monde, utilisant des sources abondantes avaient créé des bains organisés avec tout le luxe que comportaient alors des établissements de ce genre, et entourés de toutes les ressources que les Romains exigeaient dans les villes où ils allaient se reposer et faire des ablutions.
Les musulmans avaient succédé aux grands conquérants, et depuis de longues années deux énormes piscines, surmontées de vastes coupoles abritent à différentes époques de l'année tout un monde de pèlerins des deux sexes qui viennent se plonger dans ces eaux, réputées merveilleuses, avec accompagnement de prières et de génuflexions.
L'ampleur de ces coupoles qui font ressembler les piscines à de petites cathédrales, prouvent combien ces eaux sont réputées et combien nombreuse est la foule de ceux qui viennent y demander la force et la santé.
Lors du régime français en Algérie, l'attention de l'autorité militaire fut attirée sur ces eaux, et les officiers blessés furent envoyés à Hammam Rhira pour y achever leur convalescence.
Seulement les premiers baigneurs durent loger sous la tente et apporter eux-mêmes leurs vivres comme le faisaient d'ailleurs les musulmans qui, pendant leur cure, couchaient en plein air et allumaient des feux de bivouac pour rôtir leur couscoussou.
Aujourd'hui tout cela est changé. Depuis que M. Arlès-Dufour a obtenu la concession des bains de Hammam Rhira, les constructions se sont rapidement élevées l'une à côté de l'autre.
D'abord deux vastes caravansérails au pied de la colline, à l'usage des familles musulmanes ; des milliers de baigneurs peuvent camper dans ces interminables dortoirs.
Sur la hauteur nous apercevons l'établissement des bains installé avec tout le confort et tous les raffinements des grandes stations thermales.
Un hôtel avec :
- grande salle de table d'hôte,
- salons de jeu,
- billards,
- café maure etc., sans oublier la terrasse d'où l'œil découvre un site magnifique, à la fois sauvage et plantureux, avec de gros villages fondés par des émigrants Franc-comtois qui, ont donné à l'une de ces colonies le nom de Besançonville.
En même temps qu'il mettait ainsi à la disposition des baigneurs d'Algérie tout le confort et toutes les ressources que l'on trouve à :
- Royat,
- Luchon,
- Wiesbade,
M. Arlès-Dufour faisait pratiquer avec toutes les ardeurs d'un savant des fouilles qui, effectivement, ont mis à nu une série de vestiges de cette époque où les Césars régnaient sur la Numidie et la Maurétanie.
Cette ville thermale devait être des plus considérables car on a découvert de véritables monuments et même un théâtre.
Chaque année des fouilles donnent de nouveaux résultats et il ne tient qu'à M. Arlès-Dufour d'installer un petit musée que tous les baigneurs visiteront avec plaisir, le nombre de ces baigneurs augmente chaque année.
Des familles d'Alger s'installent pour 2 mois entiers à Hammam Righa, des malades ou convalescents commencent à arriver d'Europe, enfin à côté de l'hôtel on installe un hôpital militaire pour les blessés en traitement qui donne d'excellents résultats.
En Algérie, trois mois de vacances
par F. Kohn-Abrest. Édition 1880.
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NOËL 1956
Envoyé par Mme Bernadette Léonelli
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A l'automne 1956, en Algérie, le 3ème Bataillon (commandant Langlois) du 3ème REI (Colonel Gaumé) quitte les postes qu'il occupait en bordure de l'Oued Addi, dans le massif des Aurès, pour se regrouper en réserve de secteur à Biskra.
La 12ème Compagnie (Capitaine Bussière, allias " Bubu "), avec la 11ème, bivouaquent dans l'école de Ksar el Melouk, quartier sud de Biskra, sur la route de Tolga.
Noël est proche. Je suis l'unique Lieutenant de la 12, il me revient donc de veiller à la préparation de notre traditionnel concours de crèches.
Nous disposons de peu de temps, nos activités opérationnelles occupent l'essentiel de celui-ci. Le choix d'une crèche vivante nous paraît le meilleur pour tenir compte de cette contrainte.
Des légionnaires feront de fiers bergers. Pour les rôles de Marie et Joseph, je ne m'en mêle pas, ils seront cooptés au sein de la compagnie.
ET JESUS ?
Contre toute attente, la solution s'est miraculeusement imposée d'elle-même.
AÏCHA !…
Aïcha est une charmante petite algérienne du douar voisin, âgée d'environ 3 années. Elle vient fréquemment traîner dans le cantonnement. Adoptée par tous, elle est devenue la mascotte de la Compagnie.
La maman consultée, accepte avec joie notre idée.
C'est ainsi qu'en cette nuit du 24 décembre 1956, dans une étable improvisée, à Ksar el Melouk, dans le sud Algérien, une petite fille musulmane fut l'enfant Juif qui allait devenir le Seigneur de la Chrétienté.
Sur la place, devant l'école, une foule musulmane assiste émerveillée à cette fête de la Nativité. Et je crois, que tous, nous étions en communion…
Capitaine François, GIRAULD
1er RE, 3ème REI, 2ème REP (1955-1961)
REI : Régiment Etranger d'Infanterie
REP : Régiment Etranger Parachutiste
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L'émigration allemande en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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Les premier Européens, non Français, ayant pénétré en Algérie ont été tout d'abord quelques Mahonnais qui approvisionnaient en légumes les unités de l'armée dès 1830.
Également un grand nombre de ressortissants allemands sont venus s'engager en 1831 dès la création de la Légion étrangère.
Ils représentaient en décembre 1832 un effectif de 2.196 sur un total de 3.168 légionnaires de toutes nationalités soit 69,3%.
Mais on ne peut au travers de ces deux cas parler d'une véritable émigration…
Au 19e siècle, pour des raisons économiques, misère et surpopulation, des millions d'Européens émigrèrent vers les " pays neufs " :
- Amérique du Nord,
- Brésil,
- Afrique du Sud,
- Australie,
- Nouvelle Zélande.
En ce qui concerne l'émigration allemande, rappelons que depuis 1815, Bavarois et Prussiens se disputent le Palatinat voisin qu'ils ont arraché aux Français.
Combien de temps encore le grand-duché de Bade conservera-t-il son indépendance ?
Pour se résumer, c'est toute la rive gauche du Rhin Prusse rhénane, Palatinat bavarois, grand-duché de Bade qui subit la pression prussienne.
Des familles victimes d'agents recruteurs.
" Des raisons politiques que des raisons économiques poussent la population de différentes contrées allemandes à s'expatrier " écrit le baron de Weber qui fut longtemps le porte-parole et l'avocat des émigrés.
Il évalue à " quatre-vingt pour cent " la part des préoccupations politiques dans les motivations de ceux qui s'expatrient.
Ainsi plusieurs centaines de milliers d'Allemands quittèrent leur pays entre les années 1815 et 1870, principalement vers l'Amérique du Nord et le Brésil.
Les Allemands et les Suisses ont été parmi les premiers émigrants sur le sol algérien, contre leur gré quelquefois comme les soixante-treize familles originaires :
.- de Prusse rhénane,
- de Bavière,
- du Wurtemberg, soit environ cinq cents personnes, qui en février 1832 étaient abandonnées au Havre par un agent recruteur qui devait les faire passer en Amérique du Nord
Alsaciens et fiers de l'être
Les deux villages vont végéter jusqu'en 1860 et lorsqu'en mai 1865 Napoléon III traverse Sainte Léonie, décoré de feuillage, sous un arc de triomphe dressé, la chaleur de l'accueil qu'on a fait à l'illustre visiteur est la preuve de l'aisance obtenue. Le maire dans sa harangue demande que soient simplifiées les formalités d'accession à la nationalité française.
Il est certain que ce vœu est à l'origine de la promulgation de l'article trois du Sénatus Consulte de 1865.
Une hausse significative du nombre de naturalisations apparaît entre 1867 et 1869. En 1870, tous sont restés d'une fidélité totale à leur nouvelle patrie et pour ne pas risquer d'être appelés " les boches ", ils se sont proclamés Alsaciens et fiers de l'être. Cette émigration s'est faite, tout d'abord :
- dans la plaine de la Mitidja,
- puis dans le département d'Oran,
- enfin dans celui de Constantine.
" L'arrêté ministériel du 28 septembre 1853 rappelait les conditions de recrutement des émigrants allemands. Outre le dossier de demande, pour obtenir une autorisation de passage gratuit en Algérie, un ouvrier célibataire devait présenter une somme de cent francs, deux cents francs pour un couple et leur famille. Quant au colon concessionnaire et sa famille, la somme était de deux mille francs ; cela lui permettait d'obtenir gratuitement un permis de passage et une concession de quatre à six hectares ".
Ces conditions assez restrictives étaient reprises par la presse. Ainsi à la même période, la gazette de Kassel écrivait : " L'attaché de l'ambassade de France à notre cour, M. le Comte Eugène de Belcourt a fait connaître au gouvernement dans une note les conditions sous lesquelles l'émigration des sujets Hessois en Algérie pourrait s'opérer en pleine sûreté dans qu'ils fussent exposés à être renvoyés. Ces émigrants devront notamment prouver s'ils veulent obtenir une concession de terre, qu'ils possèdent ….. " Et de citer les conditions énumérées ci-dessus de l'arrêté ministériel du 28 septembre 1853.
Des effectives affectés par une forte mortalité
Notons que cette émigration allemande fut fondamentalement différente des migrations du Sud de l'Europe telles :
- l'Espagnole,
- l'italienne ou
- la maltaise et fut organisée par les pouvoirs publics français avec un réseau d'agents recruteurs sous la direction de préfets dès 1855 pour éviter tout dérapage comme ceux dont avaient été victimes les émigrés de Dunkerque de 1832 à 1848. D'après les recensements, cette émigration allemande représente 3 à 5% de la population européenne de 1856 à 1872.
L'effectif se stabilise à 6.000 personnes entre ces deux dates et se place au 5ème rang des minorités européennes.
" L'étude du graphique de l'effectif des Allemands et des Suisses de 1853 à 1896 " tiré de l'excellent ouvrage de Jean-Maurice Di Contanzo " Allemands et Suisses en Algérie " nous montre l'évolution de cette émigration, notamment les trois grandes vagues :
- (1853-1854),
- (1871-1877),
- (1881-1886) et les baisses d'effectifs qui les suivent.
Celles-ci sont consécutives aux épidémies :
- variole,
- paludisme,
- choléra,
- sécheresse,
- insurrections qui entraînent une mortalité supérieures aux naissances.
René Meyer dans son ouvrage " Algérie, mémoire déracinée " nous rapporte que " d'octobre 1853 à février 1854 la proportion de décès chez les adultes avoisine la moitié "…
Ce qui entraîna pour certains une démotivation et le retour sans ressource au pays où l'accueil compte tenu de la situation politique n'a pas été des plus chaleureux. De plus les Allemands ne semblaient pas s'acclimater à l'Algérie, ce qui explique ainsi cette baisse de l'effectif en 1896 par rapport à la grande vague de 1853.
La répartition de ces émigrés a été dès le début bien étudiée, citons quelques villages des trois départements.
Pour celui d'Alger :
- Blida, Boufarik, Douéra, Dély-Ibrahim…
Pour celui d'Oran :
- Sidi-Bel-Abbès, La Stidia, Sainte Léonie, Misserghin, Detrie, Dublineau…
Et pour celui de Constantine :
- Guelma, Penthièvre, Héliopolis, Nechmeya….
Georges Jacob Wolf un grand nom des brasseries en Algérie
Parmi la réussite de cette émigration, citons Georges Jacob Wolf (1837-1923) qui débarqua à Alger en 1855.
Il est âgé alors de 18 ans et s'installe en 1865 à Constantine comme tonnelier brasseur à la brasserie Kablé.
Il crée en 1868 sa propre brasserie qu'il dirige jusqu'en 1903.
De très nombreuses brasseries existaient à cette époque dans ce département et Constantine n'en compta pas moins de cinq mais la Brasserie Wolf se place déjà au premier rang des brasseries du pays.
C'est son fils Gustave (1878-1939), son cinquième enfant qui prend la relève en 1903 et ne cesse de la remanier et de la moderniser, assisté dès 1913 par Charles Auguste Kessler (1869-1944). C'est ce dernier qui en assumera la gestion après l'accident d'avion qui coûta la vie de Gustave Wolf en 1939.
La Brasserie comprend alors tous les derniers perfectionnements :
- concasseurs,
- chaudières en cuivre,
- réfrigérants,
- cuves de fermentation… leur permettant de rivaliser avec les meilleures marques de la Métropole.
Village de la Stidia (Clémenceau)
La Stidia se situe en bord de mer à 15 km à l'Ouest de Mostaganem.
Le nom de Stidia a été déformé ; son nom d'origine viendrait du nom arabe Aïn Stidia, source ferrugineuse, de couleur rouille.
Afin de préparer l'arrivée des 517 Prussiens en provenance de Dunkerque, le maréchal Bugeaud, alors Gouverneur Général de l'Algérie, nomme le 2 septembre 1846 une commission chargée :
- de préparer les bases de l'établissement du village de la Stidia,
- de délimiter un territoire qui permettrait de donner une douzaine d'hectares à chacune des 100 familles devant composer le village.
- Le choix de l'emplacement du village était commandé par la fontaine existante au bord de la route.
La commission choisit cette fontaine comme centre du village afin de diminuer la distance à parcourir par chaque famille pour s'approvisionner en eau, mais le débit de la source (2 litres par seconde) d'avéra nettement insuffisant pour une population estimée à 1.000 personnes :
- colons, soldats, indigènes.
La commission émet le vœu de voir augmenter le débit de la source et creuser des puits.
Ce manque d'eau va se faire cruellement ressentir dans les premières années.
Devant l'urgence, pour loger les premiers colons, la commission décida de construire des baraques provisoires de 80 m de long et de 5 m de large.
Ces baraques avaient une séparation en planche tous les 10 m.
Il y avait 8 pièces par baraque, chaque pièce avait une porte et deux fenêtres.
Quatre à cinq familles soit 25 à 30 personnes ont ainsi vécu dans 50 m2 pendant près d'un an.
La première baraque a été achevée le 1er octobre 1846. Elle a servi à loger les 2 premiers convois de colons.
La deuxième baraque a été achevée le 21 octobre 1846 et a servi de logement aux 3èmes convois.
Dès le 15 octobre, les travaux d'enceinte du village commencèrent avec la création d'un fossé de 2 m de profondeur et d'un remblai de protection de 2 m de haut et 2 m de large.
L'armée craignait toujours des actions de Bou Maza qui harcelait avec ses cavaliers sans cesse les troupes françaises et terrorisaient les tribus arabes.
Le général Pelissier, commandant la subdivision de Mostaganem, chargea le lieutenant-colonel Bosc de diriger les travaux et au colonel Flo d'envoyer un bataillon du 32e de ligne pour construire le village.
Le nombre de militaires établis à la Stidia a été de 507.
La commission adopta un type unique d'habitation à une seule pièce (44 m2 en terre battue, 2 portes, 3 fenêtres et une cheminée) recouverte d'une terrasse.
54 maisons auront été construites entre le 23 décembre 1846 et le 20 mai 1847.
Le 25 août, la construction des maisons est terminée, 91 familles totalisant 445 personnes les occupent. La construction de l'église a commencé en 1879 pour s'achever en 1934.
" le dernier officier du 32e de ligne quitta la Stidia le 15 mai 1848 et alla rejoindre l'armée d'Italie. Entre temps 3 soldats libérés qui s'étaient mariés avec des filles du village y restèrent. Il y avait parmi eux un nommé Pierre Juillard qui était jardinier.
C'est lui qui a créé les premiers jardins et fourni des légumes aux soldats et colons. A sa libération il obtint une concession au bourg.
Le personnage était un méridional haut en couleur et fort en gueule qui de 1847 à 1880 eu 3 épouses et vécut 14 ans avec la 4e avant de l'épouse à près de 80 ans. Il mourut vers 1900, âgé de plus de 80 ans. Il était connu dans le village et dans les environs sous le nom de Juillard le jardinier. Il fut le premier maire-adjoint du village. "
Dès son arrivée, chaque famille reçoit un matricule pour l'identifier car personne ne parlait le français et leurs papiers d'identité avaient été perdus pendant le transport. Les colons étaient nourris par l'ordinaire de l'armée jusqu'au 22 décembre 1846 et ensuite ne recevaient plus que :
- du pain,
- des légumes et
- du lard.
Le 20 mai 1847 la première moisson commence.
Le 15 septembre, chaque famille reçoit sa part de blé et d'orge. Immédiatement, c'est-à-dire le 16 septembre, les colons sont informés :
- que toute aide matérielle leur est supprimée,
- plus de soldes,
- plus de rations alimentaires.
C'est à partir de ce jour que va commencer l'affreuse misère des gens de la Stidia. Cette misère frôlera parfois la famine et durera jusqu'en 1851.
Certaines familles durent pour vivre, aller vendre à Mostaganem le bois qu'elles avaient défriché. Cette " industrie " dura 3 ans.
Pendant cette période, l'ordre avait été donné dans les casernes de Mostaganem de ne pas jeter les restes des repas de la troupe, mais de les donner aux colons de la Stidia.
Le manque de pluie pendant les années 1848-1849-1850 donna des récoltes catastrophiques.
La plus mauvaise fut celle de 1850.
Les colons n'ayant aucune récolte fuyaient la Stidia et allaient travailler comme journalier dans les villages environnants pendant que leurs femmes et leurs enfants gardaient les moutons.
Pendant les premières années ils s'adaptèrent assez mal dans les autres centres de population car la barrière de la langue était difficilement surmontable.
A partir de 1851, la vie des colons s'améliora et l'économie démarra réellement.
En 1929 le conseil municipal décida de donner à la Stidia le nom de Georges Clémenceau en l'honneur de l'action menée par celui-ci.
Yves Marthot Publication du Centre
de Documentation Historique sur l'Algérie
cdha 3e et 4e trimestres 2009
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La messe
Envoyé par Annie.
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C’est un fermier qui vit tout seul avec son chien, dans une ferme isolée de la lande irlandaise. Mais le chien est vieux, très vieux, et un beau jour, il meurt. Le fermier est bouleversé. Il s’en va voir le prêtre du village et lui dit :
– Mon père, mon chien est mort. Je n’avais que lui pour me tenir compagnie. C’était un chien foncièrement bon. Pourriez-vous dire une messe pour lui ?
Le curé lui répond :
– Hé non, malheureusement. Il nous est interdit de dire des messes pour les animaux; mais il y a une chapelle protestante au bout de la rue, peut-être qu’avec un don ils accepteraient de faire quelque chose… pour votre animal.
Le fermier répond :
– D’accord. Je vais essayer auprès d’eux. Vous pensez qu’un don de 5000 euros suffirait ?
Et le curé :
– Doux Jésus ! Pourquoi ne pas m’avoir dit que votre chien était catholique ?
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L'émigration suisse en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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L'émigration suisse est liée à celle des Allemands avec quelques particularités que nous allons développer.
Ce premier flot migratoire au début de la colonisation est principalement la conséquence d'un détournement vers l'Algérie de ces émigrants en partance pour les États-Unis, conséquence d'une domination bernoise, d'une surpopulation causant une misère aussi bien en Allemagne qu'en Suisse.
Mais c'est une minorité suisse, comparée à l'Allemagne qui émigre durant les deux premières décennies de la colonisation.
Ce n'est qu'à partir de 1850 que l'on assiste à une poussé émigration suisse avec notamment en 1851 :
- la création du village d'Ameur el Aïn,
- des hameaux de Koléa et
- en 1853 l'implantation de la Compagnie Genevoise à Sétif, pour ne citer que ces trois cas.
La particularité des Suisses est caractérisée par :
- leur dynamisme et
- leur esprit d'entreprise, la famille Borgeaud en est un exemple…
Les Suisses réputés pour :
- leur courage,
- leur discipline et
- leur fidélité,
Ont défendu les monarchies et les principautés d'Europe pendant près de six siècles. La légion étrangère en est un exemple. Son encadrement est en partie assuré par 17,8% de Suisses et 9% d'Allemands, entre 1832 et 1842, alors que le recrutement dans son ensemble était de 6% pour les Suisses et de 43% pour les Allemands.
Dès sa création le 9 mars 1831, Louis-Philippe confie le commandement de ce corps d'élite au colonel Stoffel d'origine suisse.
Notons également que le premier légionnaire tué le 7 avril 1832 dans la région d'Alger est le lieutenant Cham, également d'origine suisse.
Lors de notre recherche sur cette émigration suisse nous remarquons une stabilité de son importance jusque dans les années 1860, suivie d'une croissance constante jusqu'en 1891 où le nombre de Suisses (3.282) est supérieur à celui des Allemands (3.189), alors que ces derniers étaient trois fois plus importants que les premiers vers 1853.
Une famille très entreprenante du canton de Vaud : la famille Sider
Frédéric Sider (1820-1900) fut l'un des tous premiers vaudois à émigrer pour des raisons professionnelles à Philippeville en 1839. La famille Sider était composée de trois garçons et cinq filles.
Frédéric avait 17 ans quand il rejoignit, à Lyon, son frère aîné Adolphe qui travaillait dans une maison de commerce de soieries.
Commis, il fut muté à Philippeville et participa en novembre 1842 à la création d'une succursale à Constantine.
Il s'associa à deux Espagnols en octobre 1843 pour monter deux maisons commerciales, l'une à Philippeville, l'autre à Constantine.
Il parlait et lisait couramment l'arabe.
En 1844 lors d'un premier retour au pays, il décida ses deux frères Auguste (1824-1869) puis Adolphe (1817-1874) à venir s'installer en Algérie.
Au cours de l'un de ses déplacements, il épousa en 1851 une stéphanoise Emilie Abrial et, de cette union, naîtrons six enfants.
Frédéric et ses descendants élargirent avec le temps leurs activités autour de Philippeville.
Frédéric exploitait une concession de chênes lièges appartenant à l'État dont son fils aîné Paul (1852-1879) hérita, mais un grave incendie réduisit tout à néant en 1878. Un moment armateur, Frédéric acheta un navire " l'Orient " qui sombra en faisant la traversée Marseille-Philippeville en 1869.
Seule la petite propriété du nom de " couscoussou " achetée aux Béni- Mêlek fut durable puisque son avant dernier enfant Lucien (1856-1951) l'exploita ensuite. Ce dernier fut aussi avoué et se lança dans la politique.
Maire de Philippeville de mai 1896 à mai 1900, il fut également président du conseil général et membre du conseil supérieur de l'Algérie.
Son frère Frédéric (le second du nom : 1858- 1888) fut avocat à Batna puis à Philippeville.
Georges (1868- 1946) y tint une officine de pharmacie.
Louis (1862-1904) géra les affaires de son père à la fin de sa vie.
La seule fille de la famille Emilie se maria à un sieur Demay qui abandonna sa propriété située à Saint Antoine, décimée par le phylloxera.
Lucien la lui racheta en 1886.
Que devinrent les deux frères que Frédéric avait persuadé de venir en Algérie ?
Le benjamin Auguste (né en 1924) épousa en 1854 une jeune fille de Rhénanie dont il eut quatre enfants.
Il acheta un domaine à 20 km de Constantine, au Kroubs, puis monta une succursale commerciale à Biskra après avoir fondé une œuvre charitable pour venir en aide aux populations indigènes décimées par la famine en 1868-59.
Quant à l'aîné Adolphe (1817-1876) il acquit une petite exploitation fruitière et s'associa ensuite, avec Frédéric, à un sieur Durrieux afin de construire la portion de la route Constantine-Alger entre 1869 et 1871.
Ameur El Aïn village de colonisation suisse
L'information apportée ci-après a été relevé dans l'ouvrage de Jean-Maurice Di Costanzo " Allemands et Suisse en Algérie ".
" Situé à environ 60 km au Sud-Ouest de la Mitidja, Ameur el Aïn fait partie des villages de colonisation de l'année 1849 dont les 51 maisons sont achevées par l'armée en 1850.
Les 8 premières familles valaisannes s'installent en janvier 1851 et sont rejointes par d'autres familles :
- en février, en avril puis en mai.
Le directeur du centre, le capitaine des zouaves Michel Blanc est d'ailleurs lui-même par le fait du hasard, d'origine valaisanne.
En juillet on compte 60 familles suisses, soit 287 personnes. Aidés par une prise en charge de l'administration, les valaisans pourvoient aux travaux de défrichement, d'ensemencement de 15 ha d'orge et de 1.500 pieds de vigne.
Hélas, avec l'été, le paludisme s'abat sur le village faisant une cinquantaine de victimes. Du fait des décès et des retours (38 familles), le village ne compte plus que 22 familles et 97 habitants en décembre.
A la fin de l'année 1851, 77% de la population a disparu d'une façon ou d'une autre. En 1858, le village a un aspect traditionnel avec :
- sa mairie, son église, son auberge et son four banal.
On y compte 238 habitants mais il ne reste que 13 familles concessionnaires d'origine valaisanne.
Des familles alsaciennes et franc-comtoises prennent le relais.
Les hameaux suisses de Koléa
Les premières familles valaisannes, dès mai 1851 furent dirigées sur Koléa située à 35 kilomètres d'Alger. Création de 5 hameaux autour de Koléa :
- Berbessa (8 familles),
- Chaïba (5 familles),
- Messaoud (9 familles),
- Saïgr (21 familles)
- Zoudj el Abess (Saint-Maurice 26 familles).
Soit un total de 69 familles bénéficiant de 424 hectares. Les concessions accordées étaient de l'ordre de 7 ha environ par famille.
Les hameaux suisses de Koléa ne bénéficieront pas tous de la même qualité de terre. Les deux hameaux de Saïgr et Zoudj el Abess étaient situés dans un secteur très marécageux et infesté de paludisme.
A Berbessa les terres, en grande partie dans la plaine, sur les bords du " Mazafran " étaient fertiles, alors que les colons des autres hameaux furent en proie à une misère noire et obligés de solliciter des secours de l'administration, ceux de Berbessa purent dès le début se suffire à eux-mêmes.
La Compagnie Genevoise
Le 26 avril 1853 le gouvernement, par décret impérial, concéda au Comte Sauter de Beauregard, représentant de la " Compagnie Genevoise ", 20.000 ha de terres situées aux alentours de Sétif.
La Compagnie s'engageait à fonder 10 villages de 2.000 ha dans un délai de 10 ans qui seraient peuplés de 500 familles au minimum originaires de Suisse et à construire 50 maisons par village.
Ainsi les 2.000 ha concédés reçurent les destinations suivantes :
- 10.000 à répartir par fraction de 20 ha entre les 500 habitants de 10 villages de 50 feux,
- 2.000 ha à affecter aux communaux de ces villages,
- 8.000 ha à accorder comme rétribution aux investisseurs.
Un capital de 3.000 francs était exigé à ces colons. Sur ce capital, 1.000 francs étaient directement versés aux concessionnaires comme acompte sur le prix de leurs futures maisons.
Dès le mois de mai 1853 la Compagnie fonda son premier village : Aïnt-Arnat et en automne elle installa les 50 premiers colons originaires des cantons :
- de Genève,
- de Vaud,
- d'Argovie qui formèrent avec leurs familles un groupe de 361 personnes.
La Compagnie construisit ensuite quatre villages :
- Mahouan,
- Bouhira,
- El Ouricia, et
- Aïn Messaoud,
- puis ne put les peupler que de 222 personnes, lorsqu'en juillet 1854 survinrent les premiers écueils.
Une terrible épidémie de choléra et de typhoïde frappa la colonie suisse. Le bilan s'éleva à 97 victimes sur les 5 villages déjà construits.
La Compagnie eut quelques difficultés à recruter de nouvelles familles. Les quatre derniers villages furent construits mais on y put y installer que 130 familles sur les 500 prévues…
Dans son rapport au prince Napoléon du 19 décembre 1858, le directeur des affaires civiles en Algérie juge ainsi l'œuvre de la Compagnie Genevoise :
" La Compagnie Genevoise n'a :
- ni bien bâti,
- ni bien peuplé,
- ni bien cultivé…
On ne pourrait pousser la libéralité plus loin sans froisser à la fois les principes d'une bonne justice distributive et les véritables intérêts du pays. "
Éconduite, la Compagnie, libre désormais vis-à-vis du Gouvernement entra dans la voie des transformations, notamment elle fit cultiver par des métayers indigènes toutes les terres pour lesquelles elle ne put trouver des colons suisses.
Le sous-préfet de Sétif écrivait : " Le vide européen s'est fait sur l'immense domaine de la Compagnie Genevoise qui n'exploite plus par elle-même et ne constituera désormais qu'une caisse de recouvrement ouverte à Sétif pour le compte des actionnaires de Genève ".
Si entre 1870 et 1929 les revenus de la Compagnie sont passés de 321.920 francs à 13.369.000 francs, pendant ce même temps la population suisse de ses domaines est passée de 428 habitants à 120 et la population indigène de 2.917 à 3.700 habitants. Si la Compagnie a échoué dans la tâche essentielle pour laquelle elle a été constituée, elle a, en revanche, réalisé une œuvre économique remarquable pour laquelle il convient de reconnaître ses mérites en tant qu'entreprise agricole.
Les Suisses devenus célèbres dans l'armée
Le colonel Christophe Stoffel (1780-1842)
Originaire d'Arbon en Thurgovie sur les bords du lac de Constance, issu d'une famille de militaires avec pas moins de six officiers dont quatre colonels, Christophe Stoffel est né le 19 juillet 1780 à Madrid, fils d'un lieutenant colon du Régiment de Saint Gall alors au service de l'Espagne.
En 1807 en tant que capitaine il demanda à rejoindre le 3ème Régiment Suisse qui servait en France.
Il fut promu chef de bataillon en 1809 et fait officier de la Légion d'Honneur le 6 avril 1811. Il fut blessé et fait prisonnier pendant la campagne du Portugal.
Colonel en 1815, il commanda le 70ème Régiment de Ligne et fut fait baron d'Empire par Napoléon pendant les " cent jours ".
Il prit le premier commandement de la Légion Etrangère en 1831, sous Louis-Philippe et mourut le 4 juillet 1842.
Son frère cadet Augustin, né également à Madrid le 15 novembre 1781, suivit la trace de son frère Christophe.
Napoléon le mit à la tête du 2e Régiment Etranger et il fut nommé colonel le 28 avril 1815. Il décéda à Versailles en 1854.
Le colonel baron Eugène Stoffel (1821-1907), fils d'Auguste Stoffel, servit sous Napoléon III dont il fut très proche.
Attaché militaire en Prusse il rédigea des rapports alarmants sur la puissance militaire de la Prusse à la veille de la guerre de 1870. Ceux-ci restèrent malheureusement sans échos auprès du gouvernement français ce qui conduisit à la chute du second Empire après la défaite de Sedan. Il mourut en France sans laisser de descendance.
Général Théophile Voirol (1781-1853)
Général de division né dans le Jura suisse en 1781. Il est commis marchand de Bâle lorsqu'il est enrôlé en 1799 dans le bataillon auxiliaire du Mont-Terrible à la place de son frère de faible constitution.
Il fut sous-lieutenant lors de la bataille d'Austerlitz, promu chef de bataillon à Pultusk et fait prisonnier en Espagne par les Anglais en 1811.
Il participa en 1812 à la campagne de Russie et reçut les galons de lieutenant-colonel. Napoléon lui remit personnellement la croix de la Légion d'Honneur le 21 mai 1813.
Il se distingua durant la campagne de France, notamment à Nogent-sur-Seine et Bar-sur-Aube en 1814.
Au cours de la cérémonie des adieux, l'Empereur l'éleva au grade de général de brigade.
Tombé en disgrâce en 1815, son grade de général lui fut enlevé, puis rendu en 1823.
Général Eugène Daumas (1803-1871)
Melchior Joseph Eugène Daumas naquit à Delémont (Suisse) le 4 octobre 1803 et entra dans l'armée comme engagé volontaire en 1822.
Nommé sous-lieutenant en 1827 il fut envoyé à l'école de Saumur.
Il partit en 1835 en Algérie sous les ordres du maréchal Clauzel et fit les campagnes de Mascara et de Tlemcen. Il étudia l'arabe et les mœurs algériennes.
De 1837 à 1839 il résida, en qualité de consul, auprès de l'émir Abd-El-Kader.
Le général Lamoricière lui confia la direction des bureaux arabes dans la province d'Oran qu'il commandait.
Le maréchal Bugeaud le chargea ensuite des affaires indigènes de toute l'Algérie.
Il épousa en 1847 à Bordeaux Catherine Caroline Mac-Carthy-Reach, nièce du maréchal Bugeaud.
- Il fut nommé général de division le 14 janvier 1853,
- sénateur le 12 août 1857 et
- promu grand-croix de la Légion d'Honneur le 28 décembre 1868.
- Il décéda à Camblanes (Gironde) le 29 avril 1871.
Eugène Daumas fut aussi un grand historien et fit paraître une vingtaine d'ouvrages concernant l'Algérie.
Général Alexandre Charles Perrégaux (1791-1837)
Né le 21 octobre à Neuchâtel en Suisse, naturalisé français, il entra le 20 juillet 1807 dans le bataillon de Neufchâtel en qualité de sous-lieutenant.
Il fut envoyé en Algérie où il commanda en second la place de Bône en 1833.
Puis dans les expéditions de Mascara et de Tlemcen, de même que son compatriote Eugène Daumas, il se fit rapidement remarqué par son commandement et fut promu maréchal de camp le 15 juin 1834.
Lors de la seconde expédition de Constantine, il fut nommé chef d'état-major des troupes d'opérations.
Le 12 octobre 1837, en se précipitant sur le général Danrémont qui venait d'être tué par un boulet, il fut frappé à son tour par une balle à la tête.
Transporté à Bône on l'embarqua sur le navire la " Chimère " qui devait le ramener en France, mais il succomba pendant la traversée.
Autres personnages célèbres d'origine suisse.
Georges Henri Borgeaud (1826-1889)
Après avoir suivi une formation à l'Institut agronomique de Versailles, il devint directeur de l'Ecole Industrielle de Lausanne.
Il fut recommandé par l'un de ses amis de promotion auprès du général Chanzy, Gouverneur Général de l'Algérie à cette époque et c'est ainsi qu'à 54 ans il quitta Lausanne en 1880 avec sa femme Élise Lacombe et ses sept enfants âgés de 14 à 22 ans.
Il participa activement à la fondation de la première École d'agriculture de Rouïba qui ouvrit ses portes en février 1882.
Il y enseigna et devint par la suite consul de Suisse en Algérie avant de s'éteindre le 14 janvier 1889 à l'âge de 63 ans.
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L'émigration maltaise en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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Jusque dans les premières années du XIXe siècle l'émigration n'a pas beaucoup tenté les Maltais.
- L'arrêt de la guerre de course menée par les Chevaliers,
- l'ordre imposé par la France et l'Angleterre en Méditerranée,
- l'implantation de ces mêmes puissances au Nord de l'Afrique
- ont incité alors les insulaires, désormais à l'étroit sur leur archipel à tenter l'aventure outre-mer.
L'Algérie et la Tunisie ont attiré la majorité des partants, aussi semble-t-il important de situer l'arrière-plan économique et les fluctuations entrant en jeu dans le processus migratoire.
Le départ des Chevaliers de Malte en 1802 a causé un choc important ; la politique menée par la puissance coloniale anglaise à partir de 1800 n'a pas perturbé le système économique très paternaliste de ces chevaliers.
Il faudra attendre les années 1840 pour que les dépenses publiques atteignent le niveau qu'elles connaissaient en 1798.
La guerre de Crimée les quadruplera (200.000 livres en 1840, 817.000 en 1856) : ces centaines de bateaux des milliers de marins transiteront par Malte pour rejoindre la mer noire.
Jusque vers 1800 la culture du coton constitue l'essentiel des revenus des paysans. Elle va connaître des fortunes diverses pendant le siècle.
C'est au tout début de la période, gouvernement espagnol qui interdit l'importation du coton étranger provoquant par là-même une chute des cours que renforce, vers 1825, l'arrivée à bas prix du coton égyptien, portant ainsi un coup fatal à l'économie domestique maltaise. Seule la guerre civile en Amérique du Nord permettra une reprise de la culture sur l'archipel qui, entre temps, aura connu un doublement de sa population.
Entre 1840 et 1870, La Valette va jouer le rôle de port-entrepôt essentiel dans le commerce de redistribution (1840, l'importation de blé, 6 millions de francs ; 1870, 160 millions) L'émigration fournit un réseau de correspondants dont la fonction sera essentielle dans les pays où ils se fixeront.
- Périodes de dépression,
- calamités agricoles,
- épidémies ne manquent pas contribuant à maintenir un état de misère chronique sur l'archipel.
La population double en 100 ans avec un accroissement décennal de 10.000 Personnes. Tous ces éléments auront un impact très profond sur l'émigration malaise. Les échanges accrus, les nouvelles possibilités offertes vers l'Ouest de la Méditerranée vont drainer des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants vers les colonies françaises.
Y a-t-il eu volonté des autorités d'établir une colonisation officielle ?
L'Angleterre tout au long du siècle a adopté une politique de laisser-faire : le principe fondamental étant de ne pas consacrer de fonds publics à une émigration organisée par l'État à fortiori vers des terres colonisées par une puissance rivale.
Algérie puis Tunisie recevant des milliers d'insulaires qui s'y dirigeaient spontanément, il y avait lieu de s'en réjouir : il n'était pas nécessaire d'entreprendre des négociations avec les autorités françaises ou le gouvernement de la Régence de Tunis.
Anglais étaient même favorables à une émigration qui pouvait s'avérer dépolitisante dans le contexte politique de la deuxième partie du siècle où les idées du Risorgimento italien étaient véhiculées sur l'archipel.
Ils pensèrent cependant à une émigration momentanée avec perspectives de retour, ce en quoi ils firent erreur, l'émigration a toujours été à Malte un processus sans retour.
Ce n'est qu'en 1873, à la suite d'une crise économique et le moment où le problème démographique prend de l'importance que le ministre Houlton prend contact avec les autorités françaises.
Le Colonial Office propose une émigration officielle vers l'Algérie. Elle permettrait de décongestionner les îles dont on se rend compte qu'elles ne pourraient plus nourrir les habitants ni les défendre en cas de conflit.
Les autorités françaises surprises de l'intérêt subit que les Anglais portent à ces émigrants répondent que les Maltais viennent s'installer depuis des années et qu'ils peuvent continuer à immigrer sans qu'il soit nécessaire de leur accorder un quelconque privilège.
En Tunisie le consul Wood a élaboré un projet de colonisation capitaliste agricole. En 1863, les autorités de la Régence ont autorisé les étrangers à devenir propriétaires. Les Maltais, nombreux dans le pays, avaient eu recours jusque-là, à des prête-noms tunisiens.
L'appel de Wood aux financiers anglais resta sans écho mais, à compter de cette période de nombreux Maltais purent acquérir des terres.
En 1875, c'est l'avocat maltais Dingli qui tourne ses yeux vers la Régence et envisage d'y orienter un millier de personnes.
Il demande la création d'une " maltese emigration society ", sollicite l'aide du Colonial Office, sensibilise les milieux d'affaires maltais.
Il veut acheter 6.500 hectares de terre pour y installer des paysans maltais ; pour diverses raisons le projet ne réussira pas.
Dernier appel en 1904, émanant de la Chambre de Commerce de Malte, la Chambre d'Agriculture de Tunisie demande une augmentation des échanges entre Malte et le protectorat français.
Dans sa réponse la Chambre de Commerce de La Valette insiste pour que la main-d'œuvre maltaise soit mieux employée, immigrés déjà installés ou nouveaux immigrants.
Côté français les appels à la colonisation maltaise ne furent pas très nombreux, rien de comparable à ce qui fut entrepris pour les pays du Nord de l'Europe.
Il y eut même certaines interventions invitant à se méfier de l'immigration du Sud de la Méditerranée.
Dès 1820, les Chevaliers de Malte avaient proposé d'aider les autorités françaises à coloniser l'Algérie. Ils suggéraient l'utilisation des Maltais pour faciliter les contacts avec les autochtones et les aider à la pénétration dans le pays.
En 1830, tout de suite après l'intervention française à Alger, le consul de France à Malte, Dominique Miège, écrit une longue lettre à ses supérieurs dans laquelle il évoque pour les paysans maltais, l'espoir ouvert par l'opération menée en Algérie.
Les chefs de famille sont nombreux à demander au consulat l'autorisation de s'établir dans ce qui n'est pas encore une colonie.
Le diplomate évoque la possibilité d'établir 3.000 paysans maltais. L'administration française avait d'autres soucis et le courant migratoire s'établit spontanément.
La commission d'enquête envoyée en Algérie en 1833, demandait d'accélérer la colonisation et recommandait " de prendre des colons partout : des Allemands aux qualités solides et … des Maltais moins recommandables mais s'adaptant facilement. "
Cela rejoignait l'opinion de Bugeaud qui recommandait de faire vite et de prendre des colons partout " chez nos voisins. "
D'autres voix s'élèvent pour s'opposer à cette venue des Maltais (comme à celle des Mahonnais ou des premiers espagnols).
Genty de Bussy, Conseiller d'État déplore que l'Europe envoie en Algérie ses rebuts et qu'elle en fasse le dépôt de ses mendiants.
" Nous avons à nous défendre des émigrations répétées des Baléares et de Malte ! " écrit-il.
Les lieutenants généraux Lamoricière et Bedeau dans un projet de colonisation des provinces d'Oran et de Constantine daté de 1847, sont à peine plus discrets quand ils recommandent de ne rejeter aucun mode de colonisation à l'exclusion de celui des pauvres. En Tunisie, où il n'y avait pas lieu d'appeler à la colonisation maltaise, celle-ci s'était faite spontanément et bien avant l'établissement de la France, une tentative officielle de type capitaliste a tenté l'installation d'une centaine de Maltais, hommes et femmes dans le golfe d'Hammamet.
Chaque famille devenait propriétaire d'animaux, de terre et recevait une somme d'argent. L'essai se solda par un échec.
Evolution des effectifs de la population maltaise en Algérie et en Tunisie
Année Algérie Tunisie
1833 1.123 -
1841 3.795 2.500
1856 7.114 6.500
1866 10.627 7.000
1881 15.402 7.000
1891 14.677 11.706
1906 10.933 10.330
1921 5.000 13.520
En Algérie les premiers immigrants ont suivi l'entrée des Français dans Alger. L'installation de commerçants, de bateliers sur les côtes a été immédiate et, par la suite, la progression des effectifs et l'implantation dans le pays ont suivi :
- Bône, Constantine puis
- Philippeville ont reçu les plus gros effectifs,
- Alger et sa région ont accueilli le reste.
Puis les immigrés maltais ont avancé au gré :
- des créations de centres,
- des ouvertures de routes,
- de la construction de voies ferrées.
En 1872 :
- 73% de la colonie était établies dans le constantinois,
- 26% à Alger,
- Oran et sa province ne totalisaient que 1% des effectifs.
Cette raréfaction dans les zones occidentales du pays se retrouve à l'échelle des trois pays du Maghreb " français ". Il y aura moins de 100 Maltais en 1890 alors que l'Algérie culmine au même moment à près de 15.000 individus au recensement de 1881.
En 1914, les chiffres marocains donnent un maximum de 1.000 Anglais (Gibraltariens compris) à une époque où l'Algérie ne compte de 5.000 Maltais après naturalisation, et où la Tunisie culmine à 13.500 au recensement de 1921.
L'implantation en Tunisie a bénéficié de la proximité des îles et de la Régence.
Des liens commerciaux avaient été tissés entre les deux pays, l'entrée de la France en Algérie a stimulé l'émigration vers les côtes d'Afrique les plus proches.
Dans ce pays la colonie a précédé de longtemps l'arrivée de la puissance coloniale. Les premiers individus sont signalés dès le début du 19e siècle de Tabarka à Zarzis. L'immigration suivra par les ports de :
- La Goulette,
- Porto Farina,
- Djerba,
- Sousse,
- Tunis concentrant les plus gros effectifs.
Les effectifs maximums pour les deux colonies se situent en 1891, date à laquelle l'Algérie totalise près de 15.000 personnes et la Tunisie 12.000.
A Bône dont on a pu dire qu'elle était la deuxième capitale des Maltais, leur colonie dépassera longtemps le groupe italien pratiquement jusqu'en 1885 et ce n'est que vers 1850 que l'élément français dépasse l'ensemble maltais.
Les décrets de naturalisations successifs assurent la naturalisation contre la conscription, obligeant les prêtres ou les marins à devenir français pour pouvoir embarquer ou émarger au budget.
Mais ce sont les naturalisations automatiques et les mariages croisés qui vont affaiblir le groupe des Maltais en favorisant son insertion dans la communauté française. Surpopulation et vicissitudes économiques qui ont poussé les Maltais hors de leur archipel.
Pourquoi se sont-ils concentrés un moment sur l'Algérie et la Tunisie ?
Les Maltais n'ont pas donné suite à des tentatives d'émigration hors du cercle méditerranéen :
- échec de l'émigration militaire vers les îles Caraïbes et d'un projet de soldats-paysans,
- échec en 1848 de la tentative de remplacer à Hong-Kong des régiments anglais par des régiments maltais
On pourrait citer de même les tentatives du Colonial Office d'envoyer des civils aux Antilles en 1825, ou rappeler l'invitation des planteurs antillais en 1840, désireux d'employer une main-d'œuvre plus qualifiée que la main-d'œuvre noire, même si elle constituait un sous-prolétariat européen.
Seuls quelques individus partiront pour la Guyane en 1830 ou à Grenade en 1840.
Ce n'est qu'à partir de 1861 que les autorités australiennes du Queensland pensent aux Maltais suivis en 1884 par celles de la Nouvelle-Zélande.
Mais là encore, à cette époque, les Maltais ne sont pas attirés par ces terres des antipodes. On sait qu'elles constituent avec le Canada, les terres privilégiées de l'émigration maltaise depuis le début du XXe siècle.
Les Maltais ont privilégié les terres de la Méditerranée du Sud. Les projets civils d'émigration à l'intérieur de ce cercle ont tenté de les attirer vers les îles de Chypre ou de Céphalonie (île située à l'Ouest de la Grèce) mais le courant naturel va se porter vers les côtes de l'Afrique, de l'Egypte, au Maroc. Même si de petites colonies se formeront :
- à Constantinople,
- à Smyrne,
- en Sicile ou
- à Gibraltar,
C'est vers les côtes tripolitaines,
- la Cyrénaïque (partie de la Libye) et
- la région du Nil que s'installeront quelques milliers de Maltais attirés par :
- les grands travaux et
- l'espérance de meilleures conditions de vie.
Les pays arabes les ont attirés plus que d'autres.
Manifestement ils ont préféré le Maghreb aux régions africaines et la protection française à celle de l'Angleterre qui s'installait dans toute la partie orientale du continent africain : on ne relève vers les années 1870 que quelques individus isolés dans un effectif global de 20.000 Européens recensés dans l'Afrique orientale anglaise.
Outre les facteurs d'appel les plus couramment avancés :
- proximité des pays,
- salaires plus élevés,
- possibilités commerciales, il est certain que dans le cas spécifique des Maltais, les facteurs psychologiques et culturels ont joué un rôle déterminant.
- En amont les déceptions furent nombreuses avec l'administration anglaise, elles furent d'autant plus grandes que l'on attendait beaucoup après l'expérience révolutionnaire française.
Les Anglais n'ont affiché que morgue et mépris pour ces " Italiens dégénérés ", ces " Orientaux n'ayant rien de Britannique ".
Ils n'ont pas hésité à les remplacer dans les emplois qu'ils occupaient, ne leur on accordé que 5% des effectifs dans les régiments de Sa Majesté et les ont supplantés dans le commerce et la marine grâce à la supériorité de leurs navires et la meilleure organisation des structures commerciales.
Enfin la querelle linguistique entre l'anglais que la puissance coloniale voulait imposer et l'italien que parlaient et lisaient les Maltais a empoisonné les rapports à la fin du siècle. Le souvenir des Français était vif, et, somme toute, nostalgique :
Des derniers grand maîtres, M de Rohan, avait régné 20 ans sur l'archipel et, outre l'expérience jacobine malheureuses, les retombées culturelles du passage de Bonaparte, les liens universitaires qui unissaient certains Maltais lettrés à la France étaient importants.
En Algérie les immigrés étaient assurés d'une protection armée et d'une administration de plus en plus structurée en qui ils avaient totalement confiance.
Ils préféraient s'en remettre à elle, et aux Capucins italiens en Tunisie dans les premiers temps, plutôt que de se faire immatriculer auprès des consuls anglais qui ne s'en occupaient pas toujours comme il aurait fallu.
La possibilité de devenir propriétaire d'une terre, riche de surcroît, dont le manque se faisait sentir sur les îles n'a pas été un des moindres facteurs d'attirance.
Faut-il ajouter qu'ils retrouvaient en Algérie ou en Tunisie la possibilité de pratiquer une religion pour laquelle ils affichaient une dévotion très particulière, Par-dessus tout, la langue maltaise proche de l'arabe parlé en Afrique du Nord a facilité les contacts avec les autochtones.
Avantage certain sur d'autres immigrés qui a placé les Maltais à la charnière des groupes allogènes et des sociétés indigènes, l'armée utilisant dès le début les services d'interprètes maltais.
Les premiers groupes se sont distingués par leur comportement. La première image qu'ils laissent aux arrivants est celle de ces bateliers qui assurent la liaison entre les navires en rade et la côte, moyennant finance dans des conditions d'honnêteté relative.
Les observateurs de l'époque sont unanimes à signaler leur saleté très particulière et leur lenteur à s'en défaire.
Leur parcimonie et leur rôle dans les échanges ont été vite remarqués passant rapidement pour de l'avarice, ce qui lui attira hostilité et mépris.
Et ce, au moment où parmi les premiers arrivés, les aventuriers ne manquaient pas, seul le rôle des prêtres réclamés par les consuls permit de faire reculer la violence et le vol contre lesquels se battait l'administration française.
Pour que les autres Européens, et même plus tard en Australie, ils avaient une tendance bien nette à se rassembler et à former des groupes bien distincts des autres.
Pour l'administration le Maltais est un personnage peu recommandable dont on tolère par force la présence.
Les consuls anglais le signalent dans leurs rapports : " Les Français n'aiment pas les Maltais ; ce sont les étrangers pour lesquels les fonctionnaires français ont le moins de sympathie " signale Baudicourt.
Il faut dire, en plus, qu'à cette époque on ne fait pas bien la différence entre Maltais, sujets britannique et Anglais.
Pour les autres immigrés il ne fait pas de doute que les Maltais sont au bas de l'échelle, à la limite même entre les Européens et les autochtones Arabes ou Juifs. Ils considèrent ces " étrangers " comme réellement inférieurs et ils n'éprouvent pour eux que du mépris.
Pour les autochtones l'image n'est pas meilleure.
Rapidement les Maltais vont prendre des places recherchées d'intermédiaires. Ils évinceront les Juifs dans :
- le commerce,
- l'usure
- et la spéculation,
Remplaceront, par la force s'il le faut, les Arabes dans le métier de colportage sur les côtes, puis du transport dans l'intérieur.
Ils constituent pour ces derniers une véritable énigme : ces gens-là leur ressemblent, parlent leur langue.
Les mariages sont célébrés entre eux.
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Voilages
De Jacques Grieu
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VOILURES
Ceux qui vont à vapeur, des voiles ignorent tout.
Ils croient que la voilette est voile pour youyou,
Et veulent porter plainte contre le vol … à voile !
Le " perroquet " est-il voile à plume ou à poil ?
" A voile et à vapeur " n'est pas voile intégral ;
La nudité sans voile est gréement tropical,
Et la " voile d'étai " devient voile d'été !
Combien de voiles au tiers dans la voile carrée ?
Au fameux " port du voile ", aucun bateau n'y vint,
De port n'a que le nom et des voiles se plaint !
La burqa, le nikab, le hijab, le tchador
Sont-ils voiles de deuil ou des confiteor ?
Est-ce signe d'islam que se voiler la face ?
Et de féminité est-ce toujours la trace ?
Il faut lever le voile, avec moult précautions,
Sur ces sortes de voiles avec leurs acceptions.
Passions gonflent les voiles et font souvent la " une ".
La voile spinnaker n'est pas voile de hune.
" Selon le vent, les voiles ", a dit le philosophe ;
Sur-voilé, sous-voilé sont mêmes catastrophes.
" Toutes voiles dehors " est d'honnête conduite,
Pourtant " mettre les voiles " annonce vile fuite ;
D'ailleurs " prendre le voile " est aussi dérobade …
Toutes ces voiles-là ignorent le djihad !
Le sourire est le voile inventé pour mentir,
Mais de ma roue le voile il ne peut abolir.
Le voile du palais ou le voile au poumon,
Sont-ils voiles à misaine ou voiles d'artimon ?
L'expression " faire voile " exclut tout savoir-faire,
Comme les chars à voile évitent toute mer.
S'il faut porter le voile au Golfe, le Persique,
Celui du Morbihan a des voiles … laïques !
Jacques Grieu
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L'émigration italienne en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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Dans le cadre général du phénomène migratoire Italien il est désormais clair que son évolution historique est encore à préciser.
S'il ne manque pas d'études spécifiques sur des chronologies restreintes et sur des aspects particuliers, on est encore loin de disposer des éléments généraux et sur une longue période qui sont à la base de toute entreprise historique.
Même dans le cas d'une émigration relativement bien connue, celle des Italiens vers la France, les éléments d'incertitude sont nombreux, et cette ignorance risque de rester totale, car souvent de par sa nature spontanée et désorganisée l'émigration italienne en France comme ailleurs, n'a laissé que très peu de traces dans les statistiques officielles et ceci pour de multiples raisons qui vont :
- de la " marginalisation " des immigrés,
- à leur ignorance de la langue des pays d'accueil,
- du choix d'une certaine clandestinité, pour des raisons d'impôts ou pour des motifs politiques,
- au refus du fichage systématique que les régions d'accueil ont tenté de réaliser.
Donc les données statistiques, s'il y en a, sont des éléments à considérer dans le meilleur des cas avec une extrême circonspection.
A ce propos, l'observation amère de Pierre Milza selon laquelle il est tout à fait impossible de se fonder sur les statistiques de l'émigration italienne pour évaluer l'accroissement de la colonie en France et son importance numérique est exacte dans le cas français comme dans celui plus général de l'émigration dans son ensemble. (Milza P : Français et Italiens à la fin du XIXe siècle).
Mais si les difficultés sont grandes dans l'examen de ces Français, elles sont presque insurmontables dans le cas de l'émigration italienne dans l'Afrique française du Nord que nous désirons étudier :
- dans sa variété,
- dans son évolution et
- dans sa nature historique.
Il s'agit d'un problème qui n'a concerné que peu d'observateurs et ceux-ci ont été pour la plupart dominés, non par des intentions de nature scientifique mais plutôt par des exigences de genre politique dans le cadre des heurs et malheurs des rapports diplomatiques entre Paris et Rome.
Très peu d'études donc et en général des études à thèmes ce qui n'est certainement pas notre cas ; ceci pour souligner la difficulté de notre recherche dans un sujet, trop souvent, a été mis en marge des études sur les relations franco-italiennes directes comme celles de nature coloniale.
Mais avant tout il s'agit de situer notre recherche sur le plan chronologie car le phénomène de l'émigration italienne a plus été le résultat de l'histoire de la présence française dans cette région que le fruit des différentes phases historiques de l'Italie :
(les uniques exceptions sont celles relatives aux émigrés politiques :
- Durant le Risorgimento (renaissance de la période au cours de laquelle l'histoire de l'Italie de la seconde moitié du XIXe siècle au terme de laquelle les rois de la maison de Savoie ont unifié la péninsule, )
- avec les émigrations de Mazzini, de Garibaldi, des libertaires, etc … et durant le fascisme - avec le phénomène des fuoriuuusciti (exilés) antifascistes.
- Ces émigrants sont loin d'être des émigrants " normaux " mais, vu leur nombre dans les deux cas, il y a lieu de les rappeler.
Ce qui veut dire qu'en général les Italiens dans leur émigration ont été plus sensibles aux étapes de la colonisation française, qu'aux problèmes intérieurs de l'Italie.
Pour l'Algérie le phénomène de l'émigration italienne doit être considéré dans le cadre des États pré-unitaires italiens avec des présences de ressortissants :
- du Royaume de Sardaigne,
- du Royaume des Deux-Siciles,
- du grand-Duché de Toscane etc.,
- et dans certains cas dans un cadre étranger à l'Italie telle l'Autriche-Hongrie pour les gens de Vénétie ou l'État Pontifical pour les gens du Latium ou de Rome.
Dans une recherche pré unitaire les difficultés ne manquent pas car la présence italienne, si elle manifeste, elle s'émiette et est sujette à des facteurs politiques et économiques totalement différents selon l'origine régionale de ces émigrés.
Ceci entraîne une dispersion des données statistiques.
Il ne faut pourtant pas croire que la proclamation de l'unité italienne et surtout la conclusion du Risorgimento avec l'occupation de Rome capitale du nouvel État (20 septembre 1870), rendent ces recherches plus aisées : la doctrine officielle de l'État italien prône le désintéressement des organes de l'État envers l'émigration que l'on veut considérer comme un libre choix des sujets de cette nouvelle Italie.
Dans le cas français, et ceci nous intéresse pour ses répercussions en direction de l'Afrique du Nord, le passage entre les deux États est libre.
Il s'agit de franchir une frontière théorique et donc les difficultés d'évaluation de ce flux " libre " qui est à l'origine même de nos incertitudes.
Absence de passeport personnel avec un passeport du chef de famille qui autorisait, celui-ci à se déplacer avec toute la famille (même au-delà des parents de premier degré et en comptant aussi les serviteurs) sans que pour autant les membres de cette " famille " figurent dans l'intitulé du passeport, et donc dans les statistiques.
- Libre passage,
- passeport familial et
- va-et-vient frontalier ou saisonnier
Sont autant d'éléments qui peuvent nous donner une idée des conditions de l'émigration italienne vers la France.
Les difficultés de documentation sur l'émigration entre l'Italie et l'Afrique du Nord augmentent car les voies de cette émigration sont multiples et compliquées.
Les données statistiques des passages par bateau entre les ports italiens et les ports nord africains sont en partie dénuées d'intérêt car elles illustrent une situation qui est loin d'être celle réelle.
La première raison réside dans le fait que beaucoup de passages étaient réalisés par des voies non régulières c'est-à-dire des embarquements de famille entière sur des bateaux de pêche ou des navires réguliers de service en échange de travaux à faire à bord à l'aller et le débarquement après la campagne de pêche ou le voyage de ces "passagers " sur la côte nord-africaine.
Le deuxième élément réside dans le fait que très souvent le choix de l'émigration n'est pas un choix direct mais il est le résultat d'une première émigration en direction de la France et après un séjour plus ou moins long à partir de ports français.
Dans le cas d'émigration politique la clandestinité et les voies indirectes sont la règle mais c'est aussi le cas pour les familles ayant des jeunes en âge militaire redoutent, souvent sans motif que les autorités italiennes ne laissent pas partir le futur conscrit.
Arrêtons-nous un instant pour considérer les voies de cette émigration : celles plus évidentes, les passages par bateau de la péninsule vers le Maghreb sont le fait de très peu d'émigrants.
Ils sont trop chers pour des candidats à l'émigration pour la plupart réduits à l'extrême pauvreté au moment du départ.
Nous disposons des données statistiques d'après les sources italiennes et nous pouvons constater que ces données sont bien loin de la réalité numérique de la colonne italienne.
L'émigration italienne en Algérie
selon les statistiques officielles italiennes (1881-1899)
Années Nombre
1881 1.552
1882 3.325
1883 2.882
1884 1.636
1885 3.423
1886 2.243
1887 1.375
1888 751
1889 765
1890 744
1891 718
1892 805
1893 1.054
1894 810
1895 956
1896 1.304
1897 936
1898 1.074
1899 1.150
Total 27.503
Ces données statistiques de la police italienne (la Pubblica Securezza), nous confirment qu'un très fort pourcentage d'émigré arrivait par des voies peu contrôlables : nous les trouvons dans le pays sans pouvoir indiquer d'une manière exacte :
- ni leur nombre,
- ni leur qualité,
- ni la voie empruntée pour le rejoindre.
Beaucoup, après un passage plus ou moins clandestin vers la Tunisie,
- s'en vont à pied,
- travaillent où ils peuvent,
- se rendent en Algérie,
Retournent d'où ils sont partis par des itinéraires incertains avec des épisodes de " transhumance " à l'occasion :
- d'ouverture de chantiers,
- de décisions de travaux publics ou
- d'appels quelconque de main d'œuvre.
Après le premier contact avec l'Algérie le sort de ces Italiens est divers :
- Certains s'en vont à la recherche d'occasions toujours meilleures (ou moins mauvaises) et passent même au Maroc,
- d'autres à la fin de leur contrat ou de leur saison de travail se décident à faire " le grand saut " et s'en vont en Amérique (Panama surtout et l'Amérique du Sud),
- d'autres retournent en France ou y vont pour la première fois,
- d'autres encore, après 1911, sont tentés par l'aventure Tripolitaine de l'Italie et s'y rendent dans l'espoir de réaliser une expérience " tunisienne ",
- d'autres enfin, avec un modeste pécule s'en retournent en Italie.
Comme on peut s'en rendre compte après cette rapide énumération de cas, l'Afrique du Nord représente pour les Italiens un univers bariolé :
- de choix, de fortune,
- d'avenir. Et c'est ainsi que le problème d'une analyse unitaire devient extrêmement complexe.
Dans une recherche de ce genre les exceptions sont la règle et les voies les plus indispensables deviennent des réalités telle celle évoquée par Louis Bertrand dans son roman historique " le sang des races " où le cas d'un prolétaire italien, un certain Cecco, y est décrit d'une manière curieuse :
Sais-tu d'où il arrive ? … Il vient d'Abyssinie où on l'a fait prisonnier, il est venu à pied depuis Bône jusqu'à Alger et il y a huit jours… Je l'ai trouvé dans un champ de fèves… à moitié nu et crevant de faim… je lui ai donné à boire et à manger et je lui ai trouvé du travail…
Une autre voie insolite pour rejoindre l'Afrique du Nord ; celle liée aux déboires du colonialisme italien en Afrique qui après la vague qui a suivi la défaite d'Adoua de 1896 et des séquelles éthiopiennes, aura d'autres épisodes en raison des difficultés de prise de possession et de conquête de la Tripolitaine (région de Libye) et de la Cyrénaïque (région de Libye) dans un laps de temps qui va de 1911 à la fin officielle de la rébellion anti-italienne en 1932.
Après ce bref examen des difficultés relatives à l'analyse des voies d'arrivée des Italiens en Afrique du Nord voyons de plus près quelques conséquences de ces observations.
Avant tout il faut signaler l'importance du facteur français : la France continentale ou nord-africaine est réellement l'élément décisif quant au sort de cette émigration.
La France est la plaque tournante de l'émigration italienne qui se dirigea successivement vers les Amériques du Nord ou du Sud ou choisira d'aller tenter sa chance dans l'Afrique française, surtout celle du Nord mais aussi d'Afrique noire. Il faut rappeler qu'en de telles conditions cette émigration doit être considérée comme flottante au gré des décisions ou des vagues d'informations plus ou moins exactes sur les conditions d'hébergement ou de travail existantes dans un certain pays.
Sortis d'Italie, ces émigrants se dirigent n'importe où dans l'espoir de trouver rapidement un travail stable et durable.
Et dans cette optique, malgré les récits plus ou moins héroïques d'émigrations imaginaires.
Il faut observer que dans leur majorité, ces émigrants refusent l'aventure : ils la vivent quelquefois, c'est pour des motifs tout à fait indépendants de leur volonté :
- fausses nouvelles,
- refoulement des nouveaux arrivés,
- spéculations éhontées,
- erreurs géographiques des nouveaux venus,
- exploitation insupportable etc…
Les émigrants italiens qui souvent partent avec leur famille désirent occuper des places " sûres " et secondaires, à l'ombre d'infrastructures déjà bien en place, en mesure de leur offrir des emplois stables et des traitements durables.
Ce genre de " sécurité " tranquillise ces émigrants qui n'ont jamais été assurés dans leur pays de départ sur leur devenir professionnel.
Et cette situation très particulière explique pourquoi la main d'œuvre italienne a mal accepté les incertitudes des aventures coloniales italiennes qui leur offrent une situation qu'ils ne sont pas en mesure de gérer : une activité de colonisateur direct et responsable dans un cadre à créer avec des responsabilités des gestionnaires que :
- leur qualité,
- leur dimension technique et
- leur nature financière rendent hautement problématiques.
Dans le cas de l'Afrique du Nord les conditions historiques locales confirment cette analyse : l'émigration italienne attend les décisions françaises pour naître et se développer.
En Algérie, comme en Tunisie après 1881 et au Maroc, les courbes de croissance de l'émigration italienne commencent à être importantes après la mise en place des structures françaises politiques et économiques et donc avec la sécurité de " la paix française ".
- A l'ombre des initiatives économiques françaises,
- à l'ombre du capitalisme colonial français, l'émigration italienne s'installe et prospère.
C'est au fond un phénomène induit et bien en rapport avec le premier celui des activités politiques et financières de la France.
Sur le problème de l'évaluation des rythmes et du nombre pendant la phase pré-unitaire, nous en sommes presque réduits à de simples conjectures car les chiffres sont bien souvent des éléments d'évaluation que les différents auteurs évoquent sans pouvoir en démontrer le bien-fondé.
Par exemple, selon " le Moniteur algérien " de 1852 sur une présence de 132.980 Européens établis alors en Algérie on comptait 7.607 d'origine italienne.
Quelques années plus tard Duval en comptait 12.765 et dans l'ouvrage classique de Leone Carpi la présence italienne en Algérie devant se situer dans les mêmes années entre 7 et 11.000 individus.
Où est la vérité ? Et quelle a été en réalité l'évolution d'une présence qui s'accentuait dès que les difficultés de mise en place dans la France métropolitaine augmentaient pour les Italiens et surtout en relation directe avec les projets de colonisation algérienne que le régime français réalisait vigoureusement ?
Tout est mis sous le signe de l'action coloniale française et au sein de cette action les Italiens suivaient le courant :
- Ils faisaient ouvrir des carrières,
- élevaient des fours à chaud,
- fabriquaient des briques,
- ils tiraient des ports d'Italie le marbre, les carreaux de faïence.
On pouvait davantage compter sur eux :
- ils étaient plus rangés,
- moins dissipateurs.
- Ils supportaient mieux la chaleur du jour,
- travaillaient avec moins de mollesse,
- allaient moins souvent à l'hôpital.
Dans cette optique il est bien évident que la chronologie italienne n'a guère de répercussions réelles sur ce flux d'émigrants.
Même les dates les plus importantes ne touchent que très peu les candidats à l'émigration et si même la conquête de Rome capitale de l'État peut nous offrir une date importante elle n'est en réalité qu'un fait divers pour les futurs émigrants et leur univers de souffrance et d'indécision.
Dans le cas français elle ne sera qu'une date négative car les difficultés diplomatiques et politiques entre Paris et Rome ne font que rendre plus précaire encore une situation qui était en général déjà largement instable.
Dans le cas algérien, qui est jusqu'en 1879-1880 l'unique objet d'une émigration d'envergure, les difficultés d'informations sûres que nous rencontrons se compliquent après la mise en quarantaine de l'Algérie comme lieu d'émigration décidée par " la circulaire Lanza " du 23 janvier 1868.
Les motifs de cette ordonnance qui défendait l'émigration italienne dans deux pays, l'Algérie et les États-Unis d'Amérique, sont en rapport avec les conditions d'accueil et de travail qui y existaient selon les autorités italiennes.
Pour les États-Unis la circulaire est assez loquace, pour l'Algérie les motifs ne sont pas évoqués et, chose assez curieuse, on l'oublia très rapidement : les textes officiels ne l'évoquèrent jamais et l'émigration italienne vers l'Algérie n'en eut aucune répercussion.
Même dans les analyses historiques de l'émigration faites par les autorités consulaires italienne la circulaire Lanza ne figure jamais.
En août 1904 le consul italien à Alger dans une étude sur l'origine et l'évolution de la présence italienne en Algérie soulignait même, que notre immigration en Algérie est… libre et spontanée car l'engagement collectif de travailleurs en Italie ne s'effectue qu'en circonstances extraordinaires…
La croissance de cette émigration fut continue et il est intéressant de noter que cette présence italienne n'est pas négligeable : en 1876 cette émigration représentait 16% de la présence italienne en France.
Cette année-là il y avait en effet 25.759 Italiens et en France 165.313.
Dix ans plus tard, en 1886, ce pourcentage sera encore plus élevé (presque 17%) surtout à cause des nouveaux grands travaux publics qui attirent beaucoup de travailleurs auxquels ils offrent une aubaine de travail et de gain :
On bâtissait l'Algérie moderne. La fièvre de construction qui dure encore, commençait à répandre dans les faubourgs tout un monde remuant et bariolé de travailleurs…
Et parmi ceux-ci les Italiens se multipliaient rapidement.
Les régions préférées par eux pour lieu de résidence sont Alger et la région de Constantine mais ils sont présents un peu partout.
Les activités exercées sont surtout celles liées :
- à la pêche,
- à la terre et
- au bâtiment.
Les pêcheurs pour la plupart originaires du golfe de Naples sont dans le Constantinois où ils forment des noyaux serrés d'émigration.
Ils y exercent leur métier dans des conditions de rivalité avec d'autres pêcheurs d'origine italienne, les Siciliens, et tous donnent à cette activité un essor exceptionnel :
- le corail,
- les éponges,
- le thon étaient les secteurs d'activité depuis les temps les plus reculés, réservés aux Italiens.
Dans le secteur primaire il y a lieu de distinguer entre les activités minières et celles de la culture. La mine d'Algérie est un appel séduisant pour les mineurs sans travail de Sicile et aussi de Sardaigne.
En effet si les grands ports en construction d'Alger et d'Oran sont des motifs d'attrait pour les immigrants italiens qu'ils soient maçons ou terrassiers, les richesses du sous-sol avec la construction des chemins de fer le sont également pour ces travailleurs.
La présence des Italiens dans les mines d'Algérie a été d'une importance certaine :
dans le département de Constantine les mines les plus fréquentées par les Italiens sont les plus importantes soit :
- Timerzit pour le fer,
- Ouasta,
- Aïn Arko et
- Djebel Felten pour le zinc et le plomb,
- Aïn Babar pour le cuivre.
Dans le département d'Alger c'est la mine de
- Ouarsenis pour le zinc et le plomb et
- Djebel Hadid pour le zinc.
Enfin dans le département d'Oran
- Béni-Saf,
- Kristel Camerata et
- Dar Rih pour le fer.
Ces activités sont à l'origine de plusieurs courants d'immigration et elles ont eu des répercussions intéressantes même dans le secteur de l'histoire du syndicalisme au Maghreb (cadre qui dépasse notre analyse mais qui mérite d'être retenu pour établir un point de repère quant aux relations sociales que les travailleurs italiens établissent avec les autres couches de travailleurs soit français soit indigènes.)
Dans les activités rurales les Italiens sont présents assez vite mais c'est surtout dans celles du bâtiment qu'ils sont un élément important des transformations économiques de l'Algérie :
- terrassiers,
- manœuvres,
- maçons, ce sont pour la plupart des travailleurs immigrés qui sont à l'origine d'une présence permanente, car :
- ces travailleurs font des économies,
- se placent dans les meilleures conditions et
- trouvent ainsi manière de se constituer des situations souvent solides.
Ils viennent :
- du Piémont,
- de la Lombardie, souvent
- de la province de Côme.
Les débuts sont difficiles.
En décembre 1870 le vice-consul italien à Alger le signalait au Ministère italien des Affaires Etrangères.
Mais il est temps de faire quelques considérations sur l'évolution numérique de cette présence.
Nous l'avons indiqué dans le cadre suivant mais il convient d'en tirer quelques observations. La première est à propos des deux lois qui décapitèrent la présence italienne officielle, c'est-à-dire la moi sur la pêche du 1er mars 1888 et la loi sur la naturalisation automatique du 26 juin 1889.
Avec la première, les eaux territoriales algériennes sont interdites à la pêche pour les bateaux étrangers et cette loi interrompt, après bien des années, une habitude de pêche et d'émigration par la pêche et par les bateaux saisonniers constituant un apport d'émigrants surtout Italiens.
Avec la deuxième loi sur la loi de naturalisation automatique des fils d'étrangers nés sur le sol algérien le nombre des Italiens commencera à diminuer car la deuxième génération ne figurera plus parmi les étrangers, mais ira grossir le nombre des " Français-Algériens " établissant avec le pays d'origine des rapports très lointains.
Les chiffres que les " spécialistes "fascistes établirent quant à l'importance italienne en Algérie sont en croissance évidente chaque année et surtout tentent à se différencier toujours plus nettement des chiffres des " Italiens-Italiens " des recensements français.
- Ainsi pour 1901 on oppose 45.000 Italiens contre les 38.781 dénombrés par les autorités françaises,
- en 1926, 37.000 contre 28.594 et enfin
- en 1940 contre les 20.000 officiellement Français 100.000 " Italiens de race et origine ".
Naturellement ces évaluations découlent toutes du fameux discours du 1er novembre 1938 du Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement fasciste Ciano sur " les aspirations naturelles du peuple italien " qui provoqua la crise des rapports italo-français.
Une ultime observation sur cette dernière période, celle de la crise des relations entre Paris et Rome : Les Italiens officiellement tels ou d'origine sont très souvent pris dans le jeu polémique des revendications fascistes mais seulement une minorité y participe.
La thèse italienne sera très claire durant la période de l'armistice avec la France de Vichy : La revendication sur la Tunisie devra toucher aussi l'Algérie avec une annexion du Constantinois dans son ensemble à l'Afrique italienne du Nord et le fait que la majorité des Italiens réside dans cette région est souvent porté par les autorités d'armistice comme un élément décisif pour cette thèse qui ne survivra pas à l'effondrement italien du 9 mai 1943 et surtout à celui du 8 septembre suivant.
Les Italiens en Algérie (1833-1940)
Années Données françaises Données fascistes
1833 1.112
1841 3.258
1853 8.000
1866 16.655
1876 25.759
1886 44.315
1891 39.161
1896 35.539
1901 38.791 45.000
1911 36.795
1921 31.900
1926 28.594 37.000
1931 26.090
1936 20.929
1940 20.000 100.000
(1)
Romain H. Rainero. Université de Milan.
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L'émigration des Alsaciens Lorrains
Envoi de M. Christian Graille
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Cette émigration a été bien plus importante que les deux précédentes traitées (allemande et suisse).
Elle est la conséquence dans cette première partie du 19e siècle :
- d'une forte pression démographique et
- d'une crise économique touchant une partie de l'Europe ainsi que
- la famine de 1847 dans la Meurthe…
Dans ce contexte les Alsaciens Lorrains sont stimulés également par le transit des migrations :
- rhénanes, suisses et allemandes
Principalement vers l'Amérique en 1858, 1.139 personnes y partent et 64 pour l'Algérie : les États-Unis déclarent avoir reçu 433.711 français de 1821 à 1905.
Le nombre d'Alsaciens Lorrains ayant émigré en Algérie serait, d'après les statistiques de plus de 34.000 pour la période de 1830 jusqu'au début du XXe siècle.
Ce chiffre approche celui donné par Fabienne Fischer de 33.435 qui note également que l'Algérie a de tout temps attiré les populations alsaciennes et secondairement celles de la Lorraine. Le rapport entre les deux régions est d'environ un quart trois quarts.
Première vague d'émigration : 1830-1871
Cette première vague représente environ 22.000 personnes, se situe plus exactement entre 1830 et 1862.
Elle est plus importante que la seconde (de 1871 à 1904) estimée à 12.000 personnes, contrairement à l'idée que l'on se fait sur l'exode massif des années 1871 et 1874 où l'estimation donnée par M. Guynemer pour ces deux années est de 6.000 personnes.
Les exodes les plus importants se situent entre 1836 et 1860..
1843 a été l'année où le plus grand nombre de départs d'Alsaciens a été enregistré (2.006 pour le Haut-Rhin).
Ces départs se ralentissent entre 1860 et 1870 à cause de la politique impériale de " royaume arabe " qui veut substituer la colonisation des capitaux à la colonisation de peuplement en supprimant les concessions gratuites de terres.
On note une présence d'Alsaciens Lorrains dès 1832, notamment dans les actes civils de Dély-Ibrahim et Kouba qui furent les premiers villages de colonisation en accueillant soixante-treize familles allemandes et quelques familles d'Alsaciens Lorrains dont la destination première était l'Amérique.
La répartition de cette première vague d'émigration se fait principalement dans les régions d'Alger et d'Oran.
Très tôt, le gouvernement exige des futurs colons la possession d'un pécule suffisant pour permettre leur installation et éviter qu'ils ne tombent à la charge de l'administration locale.
Pourcentage des émigrants Alsaciens Lorrains en Algérie
rapporté à la population française de 1845 à 1876.
Année % Population française Alsaciens Lorrains
1845 14.06 46.339 6.515
1851 21,13 66.050 13.956
1856 23,64 92.756 21.927
1866 19,71 122.119 20.398
1876 19,62 155.700 30.548
La justification de telles ressources est l'une des conditions d'obtention du passage gratuit et d'un titre de concession :
- Depuis 1841 la somme minimum est fixée à 1.200 francs,
- en 1851, elle est élevée à 1.500 francs,
- en 1854 elle est portée à 3.000 Francs.
A l'automne 1852
- seules 12 familles sur 208 candidates au départ possèdent la somme minimale de 1.500 francs,
- 84 ont 1.000 francs,
- 112 n'atteignent pas cette somme et ne peuvent être admises.
Les terres allouées aux premiers colons en fonction du quotient familial et de la disponibilité sont de 4 à 12 hectares, insuffisantes compte tenu de l'état inculte d'une grande partie de celles-ci. De ce fait certains :
- délaissent la concession,
- changent d'activité ou
- rentrent au pays.
Cet échec est de l'ordre de 50% par endroit ...
La famille Dolfus Seconde vague d'émigration : 1871 à 1904
Par le traité signé le 10 mai 1871 à Francfort, la France cède à l'Allemagne les départements :
- du Bas-Rhin,
- du Haut-Rhin,
- de la Moselle
- ainsi qu'une partie du département de la Meuse..
Elle doit en outre payer une dette de 5 milliards de francs or.
Ce traité autorise les habitants des territoires concernés à choisir leur nationalité avant le 1er octobre 1872 (un article du 11 décembre 1871 repousse ce délai au 1er octobre 1873).
Les Alsaciens Lorrains émigrés en Algérie depuis 1830 sont également concernés par ce traité.
La proposition de loi du 4 mars 1871 octroie 100.000 hectares de bonnes terres aux nouveaux colons émigrant en Algérie.
Celles-ci proviennent en grande partie de séquestres des tribus révoltées en Kabylie en 1871.
Au cours de la dernière semaine de septembre 1872, 1.000 Alsaciens embarquent pour l'Algérie, leur nombre augmentera dans les jours suivants.
En Alsace entre 1871 et 1875, 166.117 personnes émigreront vers la France, l'Amérique et l'Algérie sur une population de 1.043.178 recensée en 1871.
Le plus déterminant pour les jeunes gens nés entre 1851 et 1855 fut de fuir le service militaire prussien.
Certains s'engageront dans la Légion étrangère où l'on notera entre 1882 et 1885 un effectif de 45% d'Alsaciens dans les rangs des deux régiments étrangers.
Les conditions offertes par les agents recruteurs pour l'Amérique attirent une grande partie d'émigrants.
Du 10 mai 1871 au 23 août 1872 on relève 17.000 départs pour l'Amérique soit trois fois plus que pour l'Algérie.
Le contrat proposé à l'émigrant en partance pour l'Amérique lui permet d'aller à New York pour 150 francs depuis Strasbourg, vivres et bagages compris ; ces derniers étant acceptés jusqu'à 100 kilos alors que la limite pour l'Algérie est fixée à 30 kilos.
Le voyage vers Toulon ou Marseille reste pénible et coûteux du fait que les compagnies de chemin de fer n'accordent pas les mêmes avantages aux émigrants en partance pour l'Algérie malgré un secours de route de 15 centimes par lieue (4 km) qui leur est accordé, soit la somme de 30 francs environ pour le trajet Strasbourg-Marseille.
Rappelons que le salaire d'un journalier de l'époque est entre 0,50 à 1 franc.
Pour l'attribution des lots l'Amérique accorde une superficie de 80 ha à l'immigrant ; la possession devenant effective au bout de cinq années de résidence continue.
Pour combattre cette attirance vers les États d'Amérique, plusieurs projets de colonisation sont proposés au gouvernement par certains notables alsaciens.
C'est le cas de T. Achard et de l'abbé Landmann, curé de Sélestat ; jugés trop onéreux aucune suite ne leur est attribuée.
Les premiers départs
Ils se déroulent pendant l'été 1871 d'une façon plus ou moins anarchique ; certains partent sans passes par les commissions récemment mises en place à Nancy et à Belfort ayant, pour la plupart, dépensé leur pécule et constaté à l'arrivée que rien n'avait été préparé pour les recevoir (l'exemple du convoi Ziegler avec 167 personnes en février 1872 illustre bien cette situation.)
Une première loi, celle du 15 septembre 1871, impose au demandeur un capital de 5.000 francs celui-ci devenant immédiatement propriétaire de sa concession.
Le transport par mer est gratuit ainsi que l'installation mais la majorité des candidats n'a pas les ressources nécessaires pour bénéficier de la loi.
Pour accentuer cette émigration et éviter que ces candidats ne partent vers l'Amérique un décret du 16 octobre 1871 permit aux plus démunis de recevoir leur concession moyennant un loyer de 1 franc par hectare et par an.
Ils deviendront effectivement propriétaires au bout de neuf ans. Les surfaces de terrains accordées étaient en moyenne de 20 à 30 hectares.
Pour la première fois (décret du 30 septembre 1878), les étrangers sont exclus des concessions de terre : " Nous avons à fonder dit le rapport une colonie française, non européenne. "
Ceux qui paraient étaient le plus souvent des gens qui n'étaient pas attachés à la terre comme les paysans mais plutôt des artisans.
Peyerimhoff qui fut directeur de la colonisation en Algérie indique que la majorité des émigrants étaient des ouvriers d'industrie.
On relève dès le début de l'émigration, dans les registres de passage, du 19 octobre 1841 au 31 décembre 1844, 382 agriculteurs seulement pour 1.046 ouvriers enregistrés.
Aussi devant les difficultés rencontrées un certain nombre d'entre eux abandonnent leurs concessions pour se replier vers les villes ou rentrer en France. 1899 sur 1.183 familles installées :
- 387 possèdent leurs concessions,
- 519 s'en séparent et
- 277 quittent la colonie (rapport au gouverneur Jonnart).
Les causes de cet échec sont très diverses :
- Mauvais recrutement,
- dépaysement climatique,
- mauvaise qualité de la terre,
- sécheresse …
Il faut également rappeler que les conditions d'hébergement, la plupart du temps médiocres (tentes et gourbis) sont les causes :
- de maladies, fièvres et découragement.
Dans le village de la Réunion, 18 enfants sur 102 décèdent en l'espace de trois mois ; ailleurs ce sont les vieillards que les fièvres emportent.
Puis 1874 amène son lot de malheurs avec les sauterelles qui ravagent les champs dans le pays tout entier.
En France une dizaine de comités se forment pour venir en aide à cette population sinistrée.
Le plus important est celui créé par le comte d'Haussonville connu sous le nom de " Société de Protection des Alsaciens Lorrains Demeurés Français. "
Soutien également du " comité des Dames de France " patronné par Mmes Worms et Franchetti. Cette dernière était la veuve du capitaine Franchetti qui avait servi plusieurs années en Afrique ; son nom fut d'ailleurs attribué à une commune oranaise fondée en 1872 et qui accueillit une douzaine de familles Alsaciennes-Lorraines.
Camp-du-Maréchal
Village créé en 1873 dans une zone marécageuse à 80 km à l'Est d'Alger sur la rive gauche de l'oued Sebaou.
Les travaux d'assèchement sur 1.800 hectares de terrains s'étalèrent jusqu'en 1876 et permirent en 1880 l'installation de 33 familles d'Alsaciens-Lorrains.
C'est en ces lieux que le maréchal Randon, lors de l'expédition de 1857, avait fait bivouaquer ses troupes d'où le nom donné à ce village.
Sur un piton rocheux, au-delà du Sébaou, se trouvent les restes d'un bordj turc qui, sous la Régence, joua un rôle dans les combats que se livrèrent Turcs et Kabyles. Les céréales et le tabac furent les premières cultures entreprises par les colons. En 1889 la vigne fut introduite avec succès.
Sa population en 1880 comptait 322 Européens.
Haussonvillers
Le nom arabe d'Aïn-Zamoun, " femme de Zamoun " est celui d'un des lieutenants d'Abd-El-Kader.
Le village prit le nom d'Haussonvillers en 1885 en hommage légitime rendu au plus zélé de ses fondateurs.
Le village, distant de 82 km à l'Est d'Alger domine tout le territoire et offre ainsi une garantie de salubrité. Les eaux sont abondantes et les terres embrassent une superficie de plus de 2.000 ha.
Avant de quitter Alger M. le comte d'Haussonville avait chargé l'ingénieur des ponts et chaussées de dresser le plan de 60 maisons et d'en surveiller ensuite l'exécution. Les travaux d'édification du village débutèrent en 1873 et permirent de 1873 à 1875 l'installation de 50 familles d'immigrants.
Les maisons :
- sont en bonne maçonnerie,
- avec couvertures en tuiles,
- comprenant une cave,
- rez-de-chaussée de deux pièces et
- appentis pour le bétail.
Elles sont carrelées et plafonnées, l'intérieur est blanchi à la chaux.
Quelques-unes occupées par les familles les plus nombreuses possèdent un étage avec une ou deux pièces de plus.
Chaque famille recevait un lot de 10 ha proche du village et un second lot de 25 ha plus éloigné qui formait l'étendue nécessaire à la subsistance d'une famille.
Après bien des discussions et des réticences le gouvernement général décida de les porter à 50 ha.
En avril 1871, les 30 Européens du village durent se réfugier à l'intérieur du caravansérail devant la menace des insurgés kabyles.
Ils eurent la vie sauve grâce à l'intervention du caïd Ben Zamoun, chef d'une tribu locale.
Un monument dédié au compte d'Haussonville fut érigé à l'entrée du village ; sur l'un des côtés le mot " Alsace " est gravé, sur l'autre celui de " Lorraine ".
Rapport de Mr A. Guynemer en 1873
A. Guynemer, ancien Sous-Préfet de Saverne et membre de " la Société de Protection Des Alsaciens Lorrains Demeurés Français " visite de décembre 1872 à janvier 1873, la quarantaine de villages créées depuis décembre 1871, date de la création du premier village " Belle Fontaine " situé à 48 km d'Alger sur une hauteur et en vue de la mer.
Création de 41 concessions de 28 ha, dont 30 sont allouées à des familles d'Alsace-Lorraine et 11 à des familles algériennes.
Chaque famille a été installée à son arrivée dans des baraques en planches construites par le génie, puis le gouvernement leur a fait construire des maisons en pierre.
Chaque famille a reçu de l'administration :
- une paire de bœufs,
- une charrue et 800 kg de semence de quoi ensemencer 8 ha.
Une école est déjà installée, la mairie et l'église sont en cours d'édification.
L'eau vient d'une source abondante et excellente qui a donné à ce village le nom de belle fontaine.
28 décembre 1872 25 février 1873
Familles personnes familles personnes
A l'Alma 14 60 15 57
Bellefontaine 30 158 30 162
Col des Béni-Aïcha 3 9 5 13
Blad-Guittoun 27 125 27 14
Bordj-men-Aïl 6 32 9 38
Rébeval 10 48 10 44
Ouled-Keddah 18 71 18 86
Souk-el-Haad 3 18 3 15
ra-el-Mizan 23 10 23 111
St Pierre- Saint Paul 10 42 16 55
Zaatra - - 2 9
Tizi-Ouzou - - 3 12
Chaque visite de village fait l'objet d'un rapport complet sur les coûts et réalisations à venir.
Il est accompagné dans cette tournée par le préfet ou un officier quelques fois très connu, comme le chef de bataillon Flatters commandant le cercle de Bougie lors de sa visite au village " la Réunion " créé en avril 1872 avec 40 Alsaciens-Lorrains et 10 Algériens.
Ce rapport nous donne le chiffre de 3.261 Alsaciens-Lorrains émigrés d'octobre 1871 au premier mars 1872.
Nom de Guynemer a été donné en 1874 à un village de colonisation d'Alsaciens-Lorrains de Kabylie situé à 4 kilomètres de Tizi-Ouzou.
Emplacement arrêté par M. Guynemer lors de son passage en 1872 et appartenant à Jean Dillfus, ancien maire de Mulhouse.
Trente colons s'y installèrent et reçurent une concession de 40 ha d'un sol argileux et pierreux, d'un mauvais rendement qui entraîna le départ de la quasi-totalité d'entre eux.
Il ne restait plus qu'un seul colon en 1948.
L'industrie cotonnière
Au 19e siècle le coton est la principale activité de la ville de Mulhouse.
Les industriels de la région l'importent d'Amérique dans sa totalité, mais la guerre de sécession réduit cette importation à 11.000 tonnes alors que les besoins sont dix fois supérieurs à ce chiffre.
C'est alors que des industriels mulhousiens notamment la maison " Dollfus " se tournent vers l'Algérie.
L'État promet en 1853 l'achat de toute la production de coton au prix fixé par le décret de mars 1852.
Cette production se développe avec une qualité égale à celle produite en Amérique. La reprise des exportations de cette dernière, qui a retrouvé la paix, entraine avec la crise du textile de 1867 et l'annexion de l'Alsace-Lorraine, le déclin du coton algérien.
La famille Dolfus
C'est Jean Dolfus, conseiller général et maire de Mulhouse de 1863 à 1869, qui s'engage le premier dans la promotion de la culture du coton en Algérie et fonde le village de Bou Kalfa pour ses ouvriers.
Trois autres Dolfus sont aussi célèbres :
- Charles Dolfus prend vers 1880 la direction du domaine agricole d'Amourah, petite ville florissante qui portera le nom de Dolfusville. Il développera tout autour un important vignoble.
- Gustave Dolfus acquiert, entre Collo et Djidjelli 10.000 ha dans la forêt de l'Oued el Kébir et se consacre à l'exploitation du liège.
A El Hanner il construit :
- des usines, des moulins, des scieries,
- des ateliers ainsi que des maisons pour les ouvriers.
Il édifie :
- une chapelle,
- une école et à Abd-el-Aziz
Il fait également :
- percer des routes vers la mer et l'intérieur et
- collabore à l'étude et à la construction du chemin de fer d'intérêt local,
- à l'assainissement des plaines insalubres.
Pour les plus nécessiteux il organise la distribution d'orge ou un peu d'argent sous forme de dons ou d'avances.
Résidant à Djidjelli, il participe financièrement à la fondation d'un journal local en 1890 " l'impartial de Djidjelli " et collabore au " chêne liège " fondé à Bône en 1895. Gustave Dolfus devient l'un des plus importants propriétaires récoltants d'Algérie et récolte annuellement entre 12.000 et 15.000 m3 de Liège.
En 1907 la ville de Djidjelli inaugure un square à la mémoire de Gustave Dolfus.
Jules Dolfus acquiert le domaine agricole de Lismara à Saf-Saf près de Tlemcen.
En 1895 il y crée un important vignoble de 236 à 400 ha de céréales.
Lui aussi contribue à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers en créant :
- une épicerie,
- une boulangerie,
- une école,
- un cinéma…
La famille Lavie
François Marc Lavie fils du docteur Lavie, député de l'Alsace à l'Assemblée Constituante de 1789, vient en Algérie avec toute sa famille dès le début de la colonisation. Il s'installe tout d'abord à, Bône puis à Constantine.
Il est le premier à ouvrir la voie à la colonisation et à l'industrie par la découverte et la vulgarisation de procédés qui ont pour résultat de livrer à la consommation des farines de blés durs du pays.
Au début de la conquête l'armée et la population n'ont pour aliments que des farines venues à grands frais de la Métropole.
Lavie achète des moulins arabes en mauvais état situés aux cascades du Rhummel.
Il y installe une usine qui devient l'une des plus importantes du pays. Il crée également une magnifique ferme dans le centre alors naissant d''El-Arrouche.
Après sa mort survenue en 1863, son fils, Pierre né à Danjoutin en 1828 prend la suite en développant la minoterie de son père.
Ses produits obtiennent dix médailles d'or et d'argent dans les différentes expositions de 1860 à 1867.
Il est successivement juge au tribunal de commerce et président de 1859 à 1868, conseiller municipal de Constantine après 1870.
Il est ensuite nommé au conseil supérieur de l'Algérie de 1875 à 1877 et président départemental en 1886. Sa sœur Rosalie prend une part active dans la gestion des minoteries, mais elle est surtout connue pour son action au sein de l'asile pour orphelins Alsaciens-lorrains qu'elle a créé à Constantine en 1879.
D'autres Alsaciens-Lorrains s'illustrèrent comme Jacques Nessel ou Léon Lefébure. Sans équivaloir le grand courant migratoire espagnol ou italien, la communauté alsacienne et lorraine d'Algérie se révèle cependant comme l'une des composantes majeures de la population française d'Algérie en cette fin de siècle.
Plusieurs pages de cet article nous renvoient au livre de Fabienne Fisher " Les Alsaciens-Lorrains en Algérie ", éditions Gandini, l'un des ouvrages références concernant cette émigration.
" Mémoire vive "
Revue du Centre de Documentation Historique sur l'Algérie C D H A
N° 45 2ème trimestre 2010
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Le Poker
Envoyés par Mme Sandrine
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À 21 heures, le téléphone sonne au domicile d''un médecin qui décroche.
Un collègue lui dit :
- " On a besoin d'un quatrième pour un poker ! "
- " J'arrive dans 10 mn. "
- " C'est grave ? demande sa femme. "
- " C'est très grave, il y a déjà 3 médecins sur place ! "
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L'émigration mahonnaise en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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Cette immigration mahonnaise est originaire de l'île de Minorque qui fait partie des îles Baléares.
C'est un grand rocher de 692 km2 posé sur la Méditerranée, une petite île :
- aride, caillouteuse, balayée par la tramontane.
Cette immigration devrait s'intituler " immigration minorquine " mais c'est de la plus grande ville, Mahon, que découle son nom et à partir de là, tous les minorquins venus en Algérie sont appelés " Mahonnais ".
Les Baléares ont été occupées par différents pays au fil des siècles, mais depuis 1802, elles appartiennent à l'Espagne.
Pourtant lorsque l'on étudie les immigrations en Algérie on dissocie l'espagnole de la mahonnaise.
Relation entre Mahon et la conquête de l'Algérie.
Mahon est un port naturel au fond d'un goulet qui se termine par un large estuaire. C'est donc un lieu de refuge sûr en cas de tempête.
En outre, il est situé à égale distance de Toulon d'où partent les vaisseaux français pour la conquête de l'Algérie et Alger.
Les Français y ont créé une base d'intendance ainsi qu'un hôpital.
Les causes de l'émigration
La principale cause en est la misère. Elle est la grande responsable de ces départs. Le minorquin a faim :
- terre aride,
- sécheresses prolongées qui engendrent la perte des récoltes et la mortalité du bétail,
- pénurie de blé depuis l'interdiction de son commerce en 1820,
- explosion démographique.
A cette raison primordiale s'ajoute la peur du tirage au sort pour le service militaire, les Minorquins y étant hostiles.
S'ensuit une émigration spontanée vers cette Algérie proche, riche en terres de cultures et en emplois, notamment dans le bâtiment et l'agriculture. Les Mahonnais furent attirés en Algérie au lendemain de la conquête.
Leur arrivée fut joyeusement saluée par l'armée d'occupation qui fut peu de temps après abondamment pourvue en légumes frais et variés.
Cette émigration a peut-être même commencé avant la conquête car, lorsque l'on interroge les Pieds Noirs d'origine mahonnaise ils parlent de la 6ème ou 7ème génération, et donc à une époque antérieure à 1830.
Certains ne viennent que pour quelques mois ou années puis retournent sur leur île, mais la plupart s'installent définitivement et dès 1833, ils sont déjà plus nombreux que les Maltais et les Italiens. En 1834 Alger possède sa rue de Mahon.
Organisation de l'immigration mahonnaise
Les Minorquins (en fait les habitants des îles Baléares) font partie des tous premiers étrangers à venir en Algérie sur les traces de l'armée française.
C'est un exode en général familial, certaines familles arrivant sur leurs propres barques de pêche. Une fois en place, ils ont tendance à se regrouper. Ils s'installent plutôt dans la région algéroise.
C'est une immigration libre
Dès septembre 1830, le général Clauzel en fervent partisan, tente d'organiser la colonisation en promettant le voyage gratuit sur les bateaux français à des hommes et à des femmes honorables, désireux de travailler en Algérie.
Mais son projet n'aboutit pas, il est remplacé par Berthezène, nouveau Gouverneur Général, lui-même hostile à la colonisation.
Au nouveau changement de gouvernement en 1834, le Comte d'Erlon, nommé Gouverneur Général de l'Algérie, prend, par décret des mesures strictes tant il est vrai, qu'avec une immigration anarchique toutes sortes d'individus débarquent en Algérie :
- sans ressources, sans profession, sans emploi.
Cela provoque de nombreux troubles : vols, assassinats, etc…
Clauzel devenu Maréchal est nommé Gouverneur Général de l'Algérie et souhaite une politique de colonisation.
En 1836, V. de Zugasti, agent consulaire d'Espagne écrit au sous-secrétariat d'État : " Son Excellence, le maréchal dès qu'il est arrivé ici au mois d'août dernier, souhaitait donner une meilleure contention à la colonisation, persuadé sans aucun doute que beaucoup de capitalistes se rassembleraient, il leva cette interdiction.
Il s'adressa au consulat pour dire que, sur cette côte, iraient tous les cultivateurs travailleurs et artisans qui voudraient y venir.
Il ordonna aux consuls français et en particulier à celui de Mahon de viser aucune difficulté autant de passeports qu'on leur présenterait pour ici.
Pour conséquence, sont venus de l'île de Minorque, depuis le mois de novembre dernier, plus de mille neuf cents personnes :
- de toutes classes,
- d'âges,
- religions,
- enfants et
- personnes âgées dans l'impossibilité de travailler,
Il ne m'est pas possible, et je vous prie de m'en excuser, de vous faire un portrait exact de l'état de dénuement et de misère dans lesquels sont arrivés ces malheureux. "
On tente de leur donner du travail, notamment dans :
- les travaux publics, l'agriculture et la marine.
En 1832, alors qu'il allait en Égypte, le baron de Vialar fait escale à Alger. Séduit par cette terre il décide de s'y installer.
En 1835, il est chargé par la Société Coloniale de se rendre à Paris pour y défendre la colonisation.
Pris dans une tempête son bateau fait escale à Mahon où il rencontre Don Costa, secrétaire à la police du Gouverneur de l'île.
Ensemble ils décident d'organiser l'immigration : Don Costa recrute les familles, s'assure que le gouvernement espagnol ne fait pas obstacle tandis que le baron de Vialar s'occupe du transport et du travail. Le mouvement migratoire s'accélère donc.
Ralentissement de l'immigration
A partir de 1840, avec la nomination au poste de Gouverneur Général de l'Algérie du Général Bugeaud, la colonisation prend une autre tournure. Il réalise que la colonisation par les militaires est un échec, selon G. Tudury " à cause :
- de l'inexpérience,
- de l'abandon ou
- de la désertion des colons. "
Il décide donc d'organiser une colonisation civile aidée et protégée par l'armée.
Ainsi des fermes sont créées dans la Mitidja et dans la plaine du Chélif.
Mais avant de faire venir des cultivateurs, il favorise l'immigration des terrassiers et autres ouvriers d'art.
Ne doivent partir en Algérie que ceux qui payent leur voyage, cette décision freine le départ des Minorquins. D'autant que beaucoup d'ouvriers français débarquent en Algérie. La politique coloniale devient de plus en plus restrictive.
En 1851 il est décidé que " il n'y aura plus de délivrance de passeports pour les possessions françaises d'Afrique du Nord que pour les individus de moralité sûre et habitués surtout à la réalisation de travaux en relation avec l'agriculture. "
Cette décision stricte est prise parce que nombre de ressortissants espagnols commettent des actes répréhensibles en Oranie.
En 1858, les dispositions deviennent plus strictes. Parallèlement une industrie de la chaussure est fondée à Minorque, créant des emplois.
L'émigration des Mahonnais cesse alors pratiquement.
Mais à cette époque plus de 20.000 personnes d'origine minorquine vivent en Algérie.
Un village typiquement mahonnais : Fort de l'Eau
Les Turcs installés au Maghreb construisent entre 1556 et 1582 un fort sur un rocher au bord de la mer à 17 km à l'Est d'Alger dans le but de protéger la baie d'Alger. Ils l'appellent Bord el Kiffan, le " fort des coteaux ". Dès le début de la conquête française les militaires l'occupent et l'appellent " Fort de l'Eau ".
En 1835 Fort de l'Eau fait partie d'un territoire étendu appelé " la Rassauta ".
Les habitants de Majorque et de Minorque contribuent largement à la colonisation de ce territoire au cours des années 1830 et 1840.
En 1847, le baron de Vialar, reconnaissant la capacité de certains des travailleurs minorquins, écrit au Ministère de la guerre pour demander la fondation d'un petit centre de population à Fort de l'Eau, près du fort, dans le quartier de la Rassauta.
Le but serait d'en faire un village agricole. Cette demande est refusée car ces colons ne sont pas de nationalité française et que d'autres difficultés notamment financières existent.
Devant leur insistance soutenue par le Dr Jaume Moll, l'autorisation est obtenue en 1849 et le 11 janvier 1850 Louis Napoléon Bonaparte signe le décret de création de " Fort de l'Eau " qui devient commune de plein exercice par le décret de juin 1881. Cinq cents hectares sont attribués.
45 familles s'y installent avec des titres de concessions dont les lots sont attribués dès 1849, soit 230 habitants officiellement, 250 à 300 officieusement.
Lors d'une deuxième distribution par tirage au sort, ils reçoivent en moyenne :
- six ares constructibles,
- 20 pour le jardin potager,
- deux terrains de culture de deux et six hectares,
- plus quarante-cinq hectares communaux.
Ils ont un délai de :
- trois mois pour prendre possession de la propriété,
- six mois pour construire leur maison et
- deux ans pour préparer leurs terres cultivables et planter 25 arbres fruitiers ou forestiers.
Ensuite l'exploitant obtient la propriété des biens immobiliers.
En raison de l'insécurité, ils se regroupent pour construire et défricher. Très vite la région est cultivée et Fort de l'Eau devient un village très prospère ce qui amène l'expansion de tout le long du littoral.
Les produits maraîchers alimentent Alger et sont même exportés en Métropole.
En 1884 Fort de l'Eau possède déjà une école, une église, on y trouve aussi un poste de douaniers mais ne sont Français dans ce village que :
- le maire, les régisseurs et le maître d'école.
Dans les années 1890 un journaliste, E. Mallebay suggère à la municipalité de créer une station balnéaire qui accueillerait les Algérois.
La municipalité offre alors des terrains à bâtir et en 3 ans sont construits :
- un casino,
- un hôtel de luxe,
- ainsi que de belles villas face à la mer.
En 1908 Fort de l'Eau est classé station estivale. C'est devenu un village riche et très fréquenté. Les vieilles maisons rurales ont été remplacées par de belles demeures et l'endroit devient un lieu incontournable pour la dégustation de sa kémia et surtout de ses brochettes accompagnées de pain mahonnais.
Développement des villages
et du paysage maraîcher dans la région d'Alger
La majorité des Minorquins ont une vocation agricole. Au début ils vont travailler dans des propriétés appartenant à des citoyens français. Ils économisent pour acheter leurs propres terres, souvent arides, qu'il faut, au prix de gros efforts :
- défricher en assécher les marais et en même temps
- se protéger des attaques des tribus arabes.
Ils créent :
- des puits, des norias,
- des haies de roseaux si caractéristiques de leurs campagnes.
Ceux de Fort-de-l'Eau créent même la route qui les relie à Maison-Blanche, marché agricole et de bestiaux.
Ils se regroupent, s'entraident et s'acclimatent bien
Très vite ils développent la culture maraîchère plantent des arbres fruitiers puis de la vigne. Ils envoient leurs légumes à Alger et lorsque les moyens de communication entre l'Algérie et la Métropole deviennent plus réguliers et plus rapides, ils développent les primeurs.
Voici un extrait de ce qu'écrivait au sujet des Mahonnais le baron de Vialar lors de sa demande au ministre pour la création de Fort-de-l'Eau :
" Tandis que les villages fondés par l'administration n'offrent que des cultures encore bien rares et plutôt plus onéreuses que productives pour les concessionnaires qui y ont été placés, les Mahonnais :
- plus acclimatés,
- plus sobres et
- plus habiles dans la petite culture ont trouvé le moyen de vivre dans l'aisance sur les propriétés des autres Européens en leur payant des fermages assez élevés.
Ce sont eux réellement qui ont doté le massif de la culture et de la vie. "
C'est pourquoi Fort-de-l'Eau, une fois créé, toute la région se développe rapidement. Les concessions ne demandent qu'à s'agrandir, c'est toute la côte à l'Est d'Alger qui est mise en valeur avec la création de nouveaux villages :
- Aïn-Taya, Cap Matifou, Suffren, Surcouf.
L'agriculture se développe également dans les régions de :
- Rouïba, Réghaïa, Maison Blanche etc …
Plus tard quand le gouvernement français réservera les concessions de terres à ses seuls ressortissants, les grands propriétaires terriens rechercheront de préférence les colons mahonnais à qui ils louent une partie de leurs terres pour 15 ans avec option d'achat.
Cependant les Minorquins ne sont pas tous agriculteurs. Dans beaucoup de villages et à Alger, on trouve de nombreux commerçants. Rien qu'à Alger on en dénombre 3.000 en 1888.
Style de vie des Mahonnais
Dans ses souvenirs sur les Mahonnais de Fort-de-l'Eau, Lucienne Pons, cite souvent le père Roger Duvollet, Père Blanc de Maison-Carrée qui a écrit 24 volumes sur les régions et les communautés d'Afrique du Nord :
" Les nouveaux colons (les Mahonnais) construisent non un gourbi ou une cabane comme le faisait la plupart des immigrants mais une véritable maisonnette, la maison mahonnaise, d'apparence proprette, passée au lait de chaux, parfaitement adaptée au climat africain. "
Il explique que se connaissant tous, ils préfèrent en général, pour leur sécurité, se regrouper en village plutôt qu'habiter des fermes isolées.
Leur foi et leur esprit de famille sont un atout pour lutter contre leurs dures conditions de vie.
Lorsque leur labeur acharné commence à porter ses fruits " l'aisance règne dans chaque famille. Elle se traduit par une remarquable propreté au-dehors et au-dedans de chaque habitation.
La Mahonnaise spécialement chargée des soins du ménage et d'élever les enfants procède chaque samedi à la toilette de la maison, l'extérieur et l'intérieur sont dans les plus petits détails blanchis à la chaux, les meubles cirés … "
Les Mahonnaises sont également :
- de fines brodeuses,
- de bonnes cuisinières et
- de bonnes pâtissières,
Elles pétrissent leurs pains qu'elles font cuire dans des fours traditionnels installés dans le jardin de chaque maison.
Certaine vieilles Mahonnaises, au tout début, faisaient parfois des kilomètres avec des légumes et des fruits dans leurs tabliers pour aller les vendre au marché.
" Quant au Mahonnais, à moins que vous ne passiez par là un dimanche, ne le cherchez pas :
- dans l'habitation,
- ni aux alentours,
- et encore moins dans un café.
Il est aux champs avec tous ses fils, travaillant sous le soleil ardent avec cette assiduité et cette persévérance sans lesquelles il n'y a pas de vrais cultivateurs ".
Ils emploient rarement des Musulmans sauf lorsqu'ils n'ont pas suffisamment de fils. Ils forment un groupe ethnique fermé qui maintient de bonnes relations avec les Français des alentours parce que ce sont des relations indispensables. Sinon : ils font tout par eux-mêmes,
- n'ont recours qu'aux autres Minorquins et
- aident les nouveaux immigrants pour leur permettre l'accession à la propriété.
Dans les villes ils ont leurs propres représentants pour leurs affaires et peu de contact avec les commerçants français.
Économes, ils ont la réputation d'être " un peu près de leurs sous ", ce qui leur permet peut-être une ascension plus rapide.
En général ils ne se mêlent pas de politique.
Bien que gros travailleurs, ce ne sont pas des personnes austères et les pique-niques du dimanche sur la plage pour ceux qui habitent au bord de la mer sont très animés, joyeux… et les repas copieux.
Ils économisent pour acheter leurs propres terres, souvent arides, qu'il faut, aux prix de gros efforts, défricher, en asséchant les marais et en même temps se protéger des attaques des tribus arabes. Ils créent des puits, des norias, des haies de roseaux si caractéristiques de leurs campagnes.
Ceux de Fort-de-l'Eau créent même la route qui les relie à Maison-Carrée, au marché agricole et de bestiaux.
Nicole Domenech-Lenzini " mémoire vive "
Revue du Centre de Documentation Historique sur l'Algérie.
N° 52 3ème trimestre 2012.
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La France en Algérie
Envoi de M. Christian Graille
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Avant la conquête
La domination turque en Algérie qui dura trois siècles (1515-1830) n'engendra aucune mesure d'un développement du pays digne de ce nom et bien peu d'améliorations des conditions de vie des habitants.
Il y eut de forts nombreux différents qui opposèrent la France et la Turquie. Cependant il serait inexact de réduire l'origine de la conquête à un malheureux coup d'éventail.
Sous le Directoire, une grande quantité de blé avait été achetée à Bacri et Busnach, deux importants commerçants, qui ayant acquis le monopole du commerce en Algérie percevaient en qualité d'intermédiaires de substantiels dédommagements financiers. Les retards de paiement de la France s'accumulant, la dette gonflait inexorablement. Un important acompte fut versé aux deux négociants qui s'empressèrent de les encaisser sans en aviser le Dey.
L'affaire traîna jusqu'à l'arrivée des Bourbons au pouvoir qui, eux, consignèrent le reliquat des sommes dues.
Blessé par l'attitude inamicale de la France le Dey lors d'un entretien pour le moins orageux avec le Consul Duval, entretien qui, peut-être, se termina par une bousculade ou par un ou plusieurs coups d'éventail portés par le Turc (rien n'étant certain).
Cet incident diplomatique ne fut, certes pas, à l'origine du débarquement des troupes françaises à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 puisque 3 ans s'écoulèrent entre ces deux faits.
Il nous faut, tout d'abord, expliquer les causes de l'expédition de 1830. Ce ne fut point un fait isolé qui amena la rupture entre la France et la régence d'Alger. Les griefs du gouvernement français remontaient à l'accession au pouvoir du dernier Dey Hussein Pacha en 1818 et au fil des ans le conflit se fit plus grave :
- Le traité qui en 1817 permettait à la France la pleine jouissance de ses possessions de la Calle et du monopole de la pêche du corail stipulant une redevance de 60.000 fut arbitrairement portée trois ans plus tard à 200.000 francs.
- En 1818 un brick français fut pillé par les habitants de Bône.
- En 1823 la maison de l'agent consulaire à Bône fut violée par les autorités ottomanes sous prétexte de contrebande et malgré la fausseté de ces accusations le Dey ne donna aucune suite à cette offense.
- Des autorisations illicites de séjourner et de commercer dans cette ville et sur les côtes de la province de Constantine furent accordées à des négociants anglais et mahométans.
- En 1826 des navires appartenant à des sujets du Saint Siège mais couverts du pavillon et de la protection de la France furent injustement capturés et leur restitution refusée.
- Des visites arbitraires et des dépravations furent commises à bord des navires français.
- Enfin le 30 avril 1827 lorsque le Consul de France, que des raisons financières avaient déjà brouillé avec le Dey, le complimenta, selon l'usage, la veille des fêtes musulmanes, une grossière insulte fut la seule réponse à cet hommage officiel.
Le gouvernement intima l'ordre au Consul de quitter Alger, ce qu'il fit le 15 juin.
Le Dey fit aussitôt détruire les établissements français et notamment le fort de la Calle qui fut pillé complètement.
La France décida le blocus d'Alger qui ne produisit pas les effets escomptés et coûtait très cher. Une ultime démarche de Monsieur de la Bretonnière, parlementaire, fut alors tentée mais échoua et dès la sortie du port le bateau fut la cible des batteries turques ; cette éclatante violation du droit ne pouvait rester impunie.
La guerre fut donc décidée ; une flotte et une armée se réunirent à Toulon mais la conquête s'inscrivait surtout dans une tentative de restaurer l'autorité royale remise en question.
La conquête et ses résultats
La prise d'Alger n'avait guère intéressé que les milieux d'affaires métropolitains impatients et avides de réaliser de bonnes affaires et de substantiels profits dans la colonie qui, à leurs yeux, promettait tant.
Pour les responsables politiques, l'opinion publique et la presse les préoccupations étaient bien différentes.
On observait, certes, avec attention les dernières joutes oratoires et les derniers soubresauts d'une crise qui agitait le pays et opposait une monarchie restaurée à une assemblée considérée comme libérale mais aucun projet politique précis ne se profilait au-delà de l'expédition militaire.
Le débarquement sur les côtes algériennes à Sidi-Ferruch près d'Alger eu lieu le 14 juin 1830 et un début de colonisation militaire s'effectua avant de permettre à une colonisation agricole bien délicate et périlleuse de s'établir.
Le territoire occupé était désigné dans la communauté officielle sous le nom de possession française dans le Nord de l'Afrique, ou sous celui de la Régence d'Alger, ou enfin sous celui d'Algérie.
C'est ce dernier plus court, plus simple et plus précis qui fut choisi le 14 octobre 1839.
L'œuvre de la France a été la mise en valeur des terres incultes, laissées à l'abandon ou exploitées selon des méthodes d'un autre âge. Les Turcs se contentaient de lever des impôts sans se soucier des populations et du développement des territoires sous leur contrôle.
L'Administration était uniquement préoccupée de maintenir, sur un plan politique, son autorité sur les tribus et à en tirer fiscalement le meilleur rendement.
Les ressources de la régence d'Alger étaient principalement issue de la piraterie pratiquée à grande échelle en Méditerranée (saisie des bateaux et de leurs cargaisons, vente des marins et passagers comme esclaves, demande de rançon, trafic d'or.)
Lors de la prise d'Alger le 30 juin 1830 par les troupes françaises, 10.000 personnes de différentes nationalités ont été libérées.
En 1815 déjà une flotte américaine était intervenue contre Alger et à Tripoli pour lutter contre la barbarie barbaresque.
Le pays était peu cultivé, les fellahs travaillant une zone littorale très insalubre (malaria, fièvre jaune y sévissaient).
Aucune prévision n'était faite lors des années de sécheresse qui généraient de bien maigres récoltes. Rien ne permettait de pourvoir aux besoins des populations lorsque le pays était victime de plusieurs années de quasi-disettee.
Que découvrirent les premiers Français qui s'implantèrent ?
Dès 1848 le capitaine Lapasset eut l'idée de regrouper les silos existants que certains fellahs ou commerçants avaient constitué pour en revendre aux populations, avec profit, le grain et en confier la gestion aux caïds sous l'autorité des officiers des bureaux arabes.
Le général Liebert, commandant la subdivision de Miliana créa en 1869 les premières sociétés indigènes de prévoyance qui prirent plus tard le nom de Sociétés Agricoles de Prévoyance (S.A.P) et furent étendues aux trois départements.
On y développa, en leur sein, les Secteurs d'Amélioration Rurale (S.A.R) permettant aux petits cultivateurs, que leur faible production, leur statut immobilier et leur inexpérience excluaient, de pouvoir accéder aux facilités offertes aux colons implantés et aux fellahs évolués.
C'est donc au bénéfice de toute une population exclue du progrès technique et économique que s'élaboraient les fondements du paysannat dans le respect absolu des règles du Coran.
Il était indispensable de rappeler ces actions commencées au tout début de la présence française destinée à la paysannerie la plus démunie, une réalité loin de l'image colportée bien souvent d'une présence pesante exploitant les populations.
Géographiquement ce territoire s'étendait sur 1.000 Kms de façade méditerranéenne et s'enfonçait 2.000 kms au Sud.
12.700.000 hectares seulement (chiffre de 1958) furent utilisés par l'agriculture dont 2.700.000 par les Européens qui en mirent en valeur la plus grande partie :
( Mitidja, plaine de Bône et de l'Habra par exemple) et ce au prix de lourds sacrifices humains.
A Boufarik en 4 ans de 1837 à 1840 sur 450 implantations enregistrées, 331 colons décédèrent.
En 1954, 21.635 agriculteurs y étaient installés et disposaient de :
- moins de 1 hectare pour 2.400
- de 1 à 10 ha pour 5.600
- 10 à 50 ha pour 5.017
- 50 à 100 ha pour 2.635
- 100 à 200 ha pour 2.586
- 200 ha et plus 3.397.
Il faut cependant préciser que dans bien des régions les rendements étaient très faibles bien en deçà de ceux des agriculteurs métropolitains.
La colonisation se fit en plusieurs étapes selon les conceptions des différents gouvernements qui se succédèrent à Paris.
Petite colonisation officielle de Bugeaud, différente sous le second empire à connotation Saint-Simonienne, concessions gratuites, ventes à bureaux ouverts etc. Réservée aux tous débuts à des immigrants, elle fut, peu à peu, étendue à tous, européens et musulmans.
Des équipes d'agronomes et des colons d'avant-garde s'efforcèrent avec acharnement de définir et d'appliquer des règles d'agronomie adaptées à des conditions de sol et de climat fort mal connues.
L'exportation dans les années qui précédèrent l'exil représentait les trois-quarts des ventes vers la France, 32 pays de la zone francs et 104 autres États.
En 1960 le total s'élevait à près de 7 millions de tonnes et à plus de 2 milliards de nouveaux francs. (Chiffres de la région économique d'Alger en 1960).
Cela engendra aussi une activité soutenue pour un grand nombre d'entreprises métropolitaines et l'activité de développement, en particulier celle du port de Marseille, devenu à l'époque le premier port de la Méditerranée, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
De nombreuses innovations dans de multiples domaines virent le jour et bénéficièrent ensuite à la Métropole.
Nous allons donc essayer de développer cette colonisation en nous appuyant sur des documents irréfutables pouvant être consultés si l'on ne se contente pas de l'écriture officielle donnée par nos gouvernants successifs de droite et de gauche depuis plus de 50 ans et de leurs relais dans les médias.
Ces derniers se sont efforcés d'occulter, de minimiser l'œuvre accomplie par ces pionniers en 132 ans, présentant la colonisation sous un jour néfaste, présenté comme la marque d'un asservissement des populations.
Il est important de rappeler que les premiers arrivants trouvèrent un pays sans nom, pauvre délabré sur tous les plans, pratiquement sans infrastructure ni industrie.
La climatologie
Il faut, en préambule, parler des phénomènes climatiques qui furent un obstacle important, limitant au départ l'action des premiers pionniers. Citons, le sirocco.
Ces effets de dessèchement en quittant le littoral d'une dizaine de kilomètres les températures grimpaient au-dessus de 45° à l'ombre dans la plaine du Chélif, 50° dans la du vallée de la Medjerda, 52° à Souk-el-Arba.
Au pied de l'Atlas de Blida on releva 60° pendant quelques heures en août 1954.
Les variations de températures atteignaient des températures de moins 10°.
Des chutes de neige se produisaient en Kabylie et parfois même des gelées de printemps sur le littoral.
Bien plus que la température c'est surtout la répartition géographique des chutes de pluie qui détermine l'aspect de la campagne algérienne. Elles se caractérisent essentiellement par leur irrégularité.
Il pleut en général plus de 400 mm par an sur la bande côtière d'environ 150 kilomètres de largeur (littoral, atlas tellien, hautes plaines telliennes).
Ces précipitations atteignent à peine 400 mm en Oranie où sont situées pourtant les plus belles et les plus vastes terres ; elles sont de l'ordre de 800 mm dans l'Algérois et passent à des valeurs parfois très élevées, supérieures à un mètre dans le Constantinois.
Il pleut autant à Alger en quelques jours qu'à Brest en 12 mois.
Au-delà de cette bande côtière et sur 300 kilomètres de profondeur les pluies n'atteignent que 200 mm (Hauts Plateaux et Atlas saharien) pour être quasiment nulles, plus au sud, au Sahara.
Toutefois ces indications n'ont qu'une valeur relative car les chutes de pluie variaient d'une année à l'autre dans la proportion du simple au triple et à l'intérieur même des saisons étaient très inconstantes et trop souvent torrentielles.
L'eau alors burinait ici la montagne, dénudait les pentes, alluvionnait les plaines en haussant sans cesse les champs d'épandage sur lesquels les oueds changeaient leur cours ; cela pouvait occasionner des dégâts d'autant plus graves que le pays moins boisé permettait un ruissellement plus important.
80% des précipitations s'effectuaient d'octobre à avril mais les années où la quantité de pluie enregistrée s'écartait sensiblement de la moyenne étaient relativement fréquentes.
Au cours des sept mois de pluviosité principale d'une année il n'était pas rare d'observer des périodes sèches qui pouvaient atteindre 60 jours successifs comme on pouvait observer des pluies importantes sur une période de quelques jours seulement.
En résumé les difficultés majeures de l'agriculture algérienne avaient pour cause l'irrégularité des pluies et leur insuffisance.
C'est pourquoi, au tout début, la lutte s'engagea pour adapter les cultures à ces aléas climatiques :
- Création d'ombrages par plantations,
- haies filtrantes et brisantes contre le vent protégeant les vergers,
- cloisonnements en roseaux abritant les cultures maraîchères,
- assainissement par drainage,
- ouvrages de régulation,
- barrages réservoirs,
- création de nombreux puits,
- cultures en terrasse en suivant les courbes de niveaux,
- plantations forestières,
- travaux de restauration des sols etc.
- l'utilisation de la charrue araire à soc de fer avec versoir et deux mancherons à la place de la charrue phénicienne utilisée par les fellahs (soc, unique mancheron d'une pièce en bois le plus souvent en olivier durci au feu).
Ainsi pour les céréales, une parcelle débroussaillée, épierrée et labourée plus profondément produisait deux fois plus en année moyenne que la parcelle voisine non débroussaillée.
L'incursion d'une autre agriculture ne se fit pas sans heurts sur des territoires où, durant des siècles, les pasteurs nomades pratiquaient leur transhumance d'été vers le Tell. Des droits coutumiers très anciens attribuaient à chaque tribu le droit de passage sur les terres de parcours indispensable à la subsistance des troupeaux lors de cette migration annuelle.
Deux civilisations se heurtaient, la vieille bédouine des pasteurs, nomade et la jeune agricole des sédentaires céréaliers.
Des conflits se produisaient, les agriculteurs s'opposant à l'invasion des troupeaux qui se ruaient sur les récoltes avant moisson. Les nomades ne reconnaissaient pas les droits de propriété sur leur parcours, le passage de leurs tribus se faisant ainsi depuis des millénaires.
Une législation très particulière naquit pour protéger l'ensemble des troupeaux contre la famine, les agriculteurs contre l'incursion prématurée des ovins dans les récoltes. Parallèlement des associations d'intérêt agricole et commercial conformes aux plus vielles coutumes maghrébines du pays se constituèrent entre les sédentaires européens, musulmans et pasteurs du Sud.
On améliora l'élevage des troupeaux, en particulier des ovins, en adaptant au pays de nouvelles races par croisement.
Les barrages
Les premiers arrivants découvrirent un Tell marécageux, insalubre, infesté par le paludisme, ne permettant que de maigres récoltes des zones nues et arides parcourues par des tribus nomades pratiquant un élevage ovin dans des conditions pénibles et incertaines.
Cet environnement ne découragea ni les militaires ni les civils, la recherche d'eau potable, son stockage, le drainage des zones marécageuses étant une priorité.
La recherche des solutions aux problèmes de l'eau fut une obligation de produire un effort considérable.
Avec opiniâtreté des barrages furent construits au fil du temps, citons- en quelques-uns :
- Grib, Oued Fodda, Hamiz (Algérois),
- Kef, Saint Lucien, Bou-Hanifia (Oranie)
- Zardezas, Cheffia, Foum el Gherza (Constantinois).
Tous évoluèrent au fil du temps pour des besoins de :
- consolidation ,
- d'agrandissement et
- de modernisation.
Ils permirent une mise en valeur agricole importante. La tâche des ingénieurs et techniciens fut très importante, difficile en raison :
- de la nature des terrains,
- du régime torrentiel des pluies,
- des cours d'eau,
- de l'érosion avancée,
- de l'étendue des zones marécageuses,
- de l'insalubrité,
- des problèmes spécifiques aux zones présahariennes et sahariennes.
Dompter les eaux sauvages fut à elle seule une tâche immense.
L'hydraulique adapta, mit au point, perfectionna de nombreux procédés et conclut des innovations qui eurent un très grand retentissement.
Le vignoble
La vigne a été cultivée depuis fort longtemps, par les Phéniciens puis par les Romains.
Les mosaïques de Cherchell nous en ont donné un témoignage saisissant en nous révélant, de surcroît, le mode de culture en treilles très hautes comme on peut le voir au sud d'Alicante, Murcie et Carthagène.
Les Berbères et les Turcs cultivèrent aussi la vigne sur une très petite échelle.
En 1958, le vignoble assurait 30 milliards de francs anciens de revenu aux salariés musulmans.
Un professeur de viticulture de Montpellier écrivait dans les années 1950 :
" Qu'il s'agisse du vignoble ou de la vinification nous sommes en retard d'un quart de siècle ici dans le Languedoc une des régions les plus avancées en France sur ce qui a été fait en Algérie ".
Une innovation fit son apparition dans l'Ouest du littoral d'Alger, le célèbre chasselas de Fontainebleau grâce à Charles Pons, vigneron d'origine provençale qui en 1853 en apporta quelques milliers de boutures pour les planter à la Trappe de Staouéli.
Le vignoble, l'équivalent de 25% de celui de la France, avait fait de la province le quatrième pays vinicole du monde passant de 200 hectares en 1830 à 328.000 en 1960.
Grâce à ces encépagements adaptés aux soins de culture et à la parfaite maîtrise des méthodes de vinification, le vin allait devenir indispensable comme vin de force, de coupage et de couleur aux négociants et à la viticulture métropolitaine Citons :
- Les coteaux de l'Harrach (caves des pères blancs de Maison Carrée),
- la Trappe de Staouéli (domaine Borgeaud),
- Zammouri (domaine Vasseur à Courbet),
- les zones d'Aïn Bessem et du haut-Darha, de Miliana et Médéa,
- Mascara, Tlemcen,
- Tsamara (domaine du Comte d'Hespel à Jemmapes)
- Guebar (domaine Bertagna à Bône).
Ces cépages étaient classés en vins délimités de qualité supérieure.
La culture de la vigne n'aurait pas connu une telle extension sans la création d'une œnologie adaptée à la climatologie spécifique de l'Algérie qui eut à maîtriser quatre données essentielles :
- L'excessive richesse des raisins en sucre due à l'ensoleillement,
- la faible acidité des moûts, cette neutralisation desservait la régularité des fermentations et la bonne conservation,
- les températures excessives,
- la dotation de moyens pour traiter la vendange dans les meilleurs délais.
Ces dangers ont été pratiquement éliminés par la mise d'équipements fiables (caves coopératives ou particulières.)
L'arboriculture
Avant 1830, contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle n'existait pas. A la conquête il n'y avait que quelques îlots d'arbres fruitiers dans les montagnes du Tell en Kabylie et dans les Aurès ou les Berbères, repoussés par les envahisseurs arabes, avaient les connaissances culturales et l'amour de l'arbre.
Tout ce que l'histoire et la littérature en retiennent est contenu dans le souvenir de 170 hectares aux environs de Blida (Alexandre Dumas Voyage en Algérie.)
- Des vergers, figuiers, oliviers, palmiers dattiers, abricotiers
N'étaient cultivés que pour la consommation locale et comme monnaie d'échange dans une économie de tribu.
En Kabylie, vers 1880, la culture de l'olivier était presque abandonnée et le fruit récolté au même titre qu'un arbre forestier.
L'introduction de nouvelles variétés, l'invention de la clémentine (obtenue en 1898 par le frère Clément à l'orphelinat de Misserghin en Oranie), les nombreuses acquisitions dues au docteur Trabut allaient déterminer la vocation fruitière de l'Algérie.
Le mandarinier fut introduit dès 1850 par Auguste Hardy, créateur du jardin d'essai d'Alger.
L'arbre avait été importé de Canton à Londres en 1805.
Vers 1830 il fit son apparition :
- en Espagne,
- Italie et
- sur la côte d'azur.
Le docteur Trabut fit importer des variétés exotiques comme le kaki ou plaquemine le pacanier produisant des noix dont l'amande est comestible, le néflier.
La culture de la clémentine se développa :
- en Tunisie, au Maroc, en Espagne,
- en Italie et son extension gagna de nombreux pays.
Après M. Trabut, Mrs Pellegri et Brichet, directeurs de l'arboriculture se firent " les apôtres de l'arboriculture fruitière."
A la veille de l'indépendance 80 variétés étaient à l'étude à la station expérimentale de Boufarik.
Plus de la moitié de la production était exportée ; le volume pour la seule Algérie en 1959 et 1960 atteignait 250.000 tonnes pour une production de 400.000 tonnes.
Les expéditions de clémentines, mandarines, oranges, pomelos représentaient cette année-là une valeur à l'exportation dépassant 10 milliards de francs de l'époque. Cette extension fut réussie grâce à de constants progrès des méthodes de culture, du travail des scientifiques en totale collaboration avec les arboriculteurs et le négoce.
L'olivier
Sa présence dans le pays est fort lointaine Les cultures de la " pax romana " se développèrent jusqu'à l'effondrement de Rome puis de Byzance. L'invasion arabe et le déplacement des populations sonnèrent le glas de l'olivier dans la seconde partie du VIIe siècle.
La présence française redonna un nouvel essor à la reconstitution des oliveraies, particulièrement en pays kabyle symbole de l'olivier.
De remarquables plantations d'arbres permirent d'implanter dans cette région de nouvelles industries. (Huileries, conserveries)
En 1890 dans cette contrée les arbres étaient constitués en grande partie d'arbres plusieurs fois centenaires produisant une année sur deux.
En 1900 une centaine de moulins modernes produisaient une huile propre et commercialisable. Une poignée de colons installés en Kabylie avaient créé des olivettes représentant 500.000 arbres très productifs.
Qu'il nous soit permis de rapporter cet hommage dédié à l'olivier :
- Arbre roi des rivages méditerranéens, arbre symbole de la paix, vénéré par le Coran, béni par la Bible il fut donné aux hommes par Minerve.
- Où l'olivier renonce finit la Méditerranée.
- Avec l'olivier trébuchent tous dieux d'Athènes et de Rome.
- Sophocle a dit de l'olivier " l'arbre inégalé "
- Loué par Platon, Aristote, Sophocle il mérite noblement le nom d'arbre de la paix.
- Ô toi humain qui sur ton chemin rencontre un olivier, arrête toi et accorde-lui quelques instants de méditations : Tu seras surpris de la découverte du cheminement de tes pensées.
Le figuier
En Kabylie, 6.000.000 d'arbres représentaient 90% des plantations et seulement 2% de cette culture étaient assurés par des cultivateurs européens.
En harmonie avec les stations de vulgarisation et recherches la défense et restauration des sols participa au développement des plantations sur banquettes de centaines de milliers d'arbres. En 1960 on en dénombrait 8.400.000.
Là aussi une industrie vit le jour. Des ateliers de traitement et de conditionnement des fruits, de désinsectisation sous vide assurèrent une production commercialisable. Ainsi l'arboriculture fruitière conquit dans la vie rurale et dans d'économie une importance considérable grâce aux colons, techniciens, ingénieurs et chercheurs.
Cet accroissement de richesse n'aurait pas été atteint sans la pleine adhésion des agriculteurs et des cultivateurs musulmans tournés vers le progrès, collaborant au travail des chercheurs.
Le palmier dattier
Le pays comptait 7 à 8 millions d'arbres en 1955 et une production de 100.000 tonnes. Dans le Sahara sa culture était liée à l'extension de l'irrigation, des forages profonds permettant la création et l'agrandissement des palmeraies.
En exemple un forage à Bordj El Hamraïa permit la plantation de 20.000 arbres.
L'extension d'oasis fut essentiellement due à la présence française.
Des techniques d'amélioration de la pollinisation en particulier furent utilisées avec succès Les travaux des Messieurs Monciero et Wertheimer sur les fameuses " Deglet Nour " (dattes muscades) améliorèrent nettement leur qualité.
Les primeurs
En 1832 Le baron Vialar, procureur du roi, appartenant à la noblesse du Languedoc, décida d'abandonner la magistrature et partit pour l'Algérie.
Il acheta avec un ami, De Tonnac un autre aristocrate qui était, comme lui, natif de Gaillac dans le Tarn des domaines à Tixeraïn, près de Birkadem (85 hectares), à Kouba (180 hectares), à Khadra (la verdure) entre Fondouk et l'Arba avant d'en acquérir un autre à Baraki avec le docteur Baudens.
Il y fit venir une trentaine d'ouvriers agricoles de sa terre natale pour cultiver certaines de ses terres, traitant pour les autres avec des fermiers français, mahonnais et indigènes
Les cultures maraîchères s'étendirent :
- dans la Mitidja, sur les pentes de l'Atlas,
- Bône, Philippeville,
- Djidjelli, Bougie, Dellys,
- l'embouchure du Chélif,
- les environs d'Oran, de Perrégaux et de Saint Denis du Sig.
La majorité de ces cultures étaient gérées par de petits colons. Les terres consacrées à la production de primeurs couvraient 60.000 hectares et la valeur des produits était d'environ de 20 milliards d'anciens francs.
Ces nobles furent parmi les plus remarquables colons de la première heure.
Les communications
Avant d'examiner les échanges algériens avec l'extérieur, il était utile de dresser un rapide tableau des voies de communication dont le réseau concourait à l'ensemble de l'activité commerciale intérieure et extérieure.
Tout avait été aménagé depuis 1830 parallèlement à l'accroissement des mouvements commerciaux qu'engendrait le développement économique du pays et perfectionnée au fur et à mesure des progrès marqués par les moyens de transport.
A la conquête il n'existait en Algérie aucune infrastructure et le port d'Alger se réduisait à une darse étroite et peu sûre. Les transports terrestres s'effectuaient sur des pistes, à dos de cheval, d'âne ou de chameau.
C'est en fonction de ces considérations, jointes aux conditions physiques du pays, qu'il convient d'apprécier les résultats acquis. D'abord construites par le génie militaire avec surtout en vue des préoccupations de sécurité et destinées à des transports hippomobiles, les routes changèrent d'aspect pour permettre aux automobiles et aux camions d'y circuler aisément, en grand nombre et à des vitesses de plus en plus rapides.
En trente ans l'Algérie a procédé au réaménagement complet de ses routes et à la percée de nouvelles voies selon des techniques modernes.
L'effort poursuivi a tendu davantage à la modernisation qu'à l'extension du réseau : élargissement des voies et des ponts, amélioration des profils, suppression des passages à niveau
Voici un tableau résument les tâches effectuées :
1938 1952
Kilomètres Kilomètres
- Routes à revêtement moderne 17.088 19.516
- Autres routes 5.812 6.459
- Pistes et chemins 47.050 47.601
- Sections en lacunes 7.329 6.411
Total général 77.279 79.987
Les chemins de fer algériens
Sur leurs 4.350 kilomètres de réseau les trains transportaient chaque année 11 millions de voyageurs et 7 millions de tonnes de marchandises.
Le réseau se composait essentiellement d'une principale ligne traversant le pays d'ouest en est sur laquelle se greffait des voies pénétrant vers le sud (bassin minier de Colomb-Béchar, zones de production d'alfa des hauts plateaux oranais et de Djelfa, région de production de dattes de Biskra, de Touggourt) ou qui, vers le nord, desservaient les ports.
Le tracé général souffrait beaucoup du relief ; les courbes de faibles rayons et les rampes souvent trop fortes nuisaient à la vitesse des convois ; très utilisés durant la seconde guerre les chemins de fer ont réalisé de gros efforts pour améliorer l'infrastructure et renouveler leur matériel : La traction diesel électrique s'est substituée à la traction à vapeur sur l'ensemble du réseau.
Le parc des wagons renouvelé s'est enrichi de 60 voitures très modernes ; celles-ci constituées en rames dites " inox " reliaient Alger à Oran et Constantine en des temps record malgré le profil défectueux des voies :
Les 425 kilomètres séparant Alger d'Oran étaient parcourus en 5 heures au lieu de 6 heures 45 précédemment.
La signalisation, les circuits téléphoniques, l'outillage des ateliers et des services furent améliorés et transformés. Ainsi modernisés, les Chemins de Fer Algériens (C F A) assurèrent convenablement leur rôle économique ; comme partout ailleurs leur exploitation se ressentit d'une concurrence routière aiguë.
Cependant leurs trafics voyageurs et marchandises s'accrurent respectivement de 12 et 32 %.
Le trafic
1938 1949 1950 1951 1952
Voyageurs-kilomètres (en millions) 559 809 819 839 843
Marchandises-kilomètres (en millions) 923 1215 1259 1324 1267
Les minerais
Production de minerais en milliers de tonnes
1950 1955
houille 258 302
fer 2.573 3.600
pyrite de fer 25 21
zinc 16 58
phosphates 684 757
La production de phosphates s'élevait à 800.000 tonnes dont la quasi-totalité était exploitée dans le gisement du Kouif dans le Constantinois.
Notons également la création d'entreprises importantes telles :
- Liminana fabrique de la fameuse anisette locale dont le fondateur était originaire d'Alicante,
- Juan Bastos de Malaga, fabrique de cigarettes
- Schiaffino, génois, qui créa une importante flotte commerciale,
- Ferrero fabricant de pâtes,
- Ricci, fabricant de pâtes et de couscous natif d'Albenga dans la province italienne de Savone en Ligurie,
- Duroux minotier à Maison Carrée,
- Borgeaud, Suisse, propriétaire, viticulteur au domaine de la Trappe à Staouéli ,
- Hamoud Boualem, limonadier,
- Tamzali, propriétaire d'huileries.
Tout n'était pas parfait, beaucoup restait à faire, c'était un pays neuf qui naissait.
On n'a pas laissé le temps aux pionniers et bâtisseurs de parfaire leur tâche.
Immense gâchis pour la France, perte économique et sociale qu'aucun gouvernement n'eut le courage de chiffrer, perte d'une position stratégique majeure en Afrique du Nord, économique, politique, militaire.
Inutile d'entamer ici un débat qui attriste, l'état de l'Algérie actuelle n'étant qu'un simulacre de démocratie ; il suffit de parcourir la presse du pays souvent critique pour se rendre compte de l'état réel de l'ancienne province française :
- Corruption galopante,
- administration déficiente,
- agriculture en régression,
- autosuffisance.
Seule la manne pétrolière permet de donner l'illusion d'un pays en bonne santé économique.
En 1962 la France a abandonné d'une façon lamentable, indigne malgré une victoire militaire sur le F L N :
- un pays avec des infrastructures solides,
- une agriculture à la pointe du progrès,
- une industrie naissante adaptée au pays,
- les débuts prometteurs de l'industrie pétrolière,
- une population dynamique, entreprenante dans l'obligation de s'exiler accompagnée de nombreux Harkis dans des conditions plus que difficiles, dégradantes et honteuses pour la Métropole abandonnant de très nombreux Musulmans qui ne souhaitaient pas de cette Algérie sans les Français.
L'arabisme est présent depuis 13 siècles. L'aliénation la plus profonde n'est plus de se croire Français mais Musulman ; or il n'y a ni race arabe, ni nation arabe.
Il y a une langue sacralisée, celle du Coran dont les religieux se servent pour masquer au peuple sa propre identité.
Permettons à certains esprits brumeux de méditer sur ces quelques chiffres concernant les Européens d'Algérie.
Un recensement effectué en 1958 faisait état de :
- 24% d'ouvriers,
- 20% d'employés,
- 18% de commerçants et artisans,
- 12% de fonctionnaires,
- 10% de retraités
- 8% de professions libérales
- 8% d'agriculteurs.
Leur niveau de vie moyen était inférieur de 20% à celui des Métropolitains.
Leurs conditions sociales et économiques établies par les membres du club Jean Moulin (laboratoire d'idées composé de journalistes, de syndicalistes, d'universitaires et de hauts fonctionnaire pour la majorité) a fait apparaître la situation suivante :
- 3% avaient un niveau de vie cinq fois supérieur à la moyenne française,
- 25% un niveau égal,
- 72% un pouvoir d'achat inférieur de 15 à 25% de celui des continentaux.
Drôles de colonialistes !
Pour mémoire furent édifiés et construits :
- 8.500 kms de routes nationales,
- 12.700 de routes départementales,
- 12.200 de pistes carrossables,
- 18.900 de chemins ruraux,
- 4.485 kms de voies ferrées,
- 33 aérodromes dont trois nationaux,
- 3 grands hôpitaux régionaux,
- 1 hôpital dans la quasi-totalité des villes du nord,
- des dispensaires et des centres d'assistance médicale gratuits,
- 14 barrages hydrauliques d'importance,
- de très nombreuses écoles primaires, collèges, lycées.
Au lendemain de l'indépendance, l'économie algérienne a connu une grande désorganisation et la perte de :
- 70% de ses enseignants,
- 80% de hauts fonctionnaires,
- 50% de médecins,
- 60% de cadres et 90% de propriétaires dans les secteurs directement productifs (industrie et agriculture).
Les productions baissèrent :
- 17% pour le vin,
- 17% également pour l'électricité,
- 28% pour le minerai de fer,
- 40% pour les matériaux de construction,
- 60% pour les constructions métalliques.
Rappelons, pour conclure quelques propos tenus par des personnalités politiques, acteurs, observateurs de la guerre d'Algérie et écrivains résumant le fossé qui a dressé la majorité des Métropolitains contre les Pieds-Noirs.
Nous ne pouvons que regretter qu'incompréhension et intolérance subsistent encore aujourd'hui dans les cœurs et les esprits de certains mais un souffle, tel un zéphyr :
- apaisant,
- réconfortant et
- empreint d'honnêteté intellectuelle rassure nos cœurs meurtris.
Il est cependant très surprenant de constater que ceux qui furent adversaires et farouches opposants à la France reconnaissent aux Européens d'Algérie des qualités que bien des Métropolitains leur dénient.
Quelle surprenante et déroutante constatation de pensées troublées mais ô combien lénifiante !
Si les Pieds-Noirs n'étaient pas partis en masse, l'Algérie ne serait peut-être pas dans l'état désastreux dans laquelle elle se trouve. "
Malika Boussouf, journaliste
A son indépendance, nul pays extérieur au monde occidental, Japon et Afrique du Sud exceptés, ne disposait d'une infrastructure aussi développée que celle de l'Algérie.
Bachir Ben Yamed, Directeur de la revue "jeune Afrique
S'il existe en Algérie un domaine où l'effort de la France ne se discute pas c'est bien celui de l'enseignement. On doit dire que l'école a été un succès certain. Les vieux maîtres, les premiers instituteurs ont apporté toute leur foi pédagogique, sans arrière-pensée, et leur influence a été extrêmement heureuse.
Abderrhamane Farès, Président de l'Assemblée algérienne (1953), Président de l'exécutif algérien (1962)
En un siècle, à force de bras, les colons ont, d'un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux. Seul l'amour pouvait oser pareil défi.
Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous qui sommes ses enfants.
Boualam Sansal, homme de lettres algérien.
Trente ans après l'indépendance, nous voilà ruinés avec plus de nostalgies que le pays comptait d'habitants et plus rapetissé qu'il n'abritait de colons. Beaucoup d'Algériens regrettent le départ des Pieds-Noirs ; s'ils étaient restés nous aurions peut-être évité cette tragédie.
Boualam Sansal.
La France a commis un crime : elle a livré le peuple algérien aux assassins.
Fehrat Abbas l'un des chefs nationalistes algériens
" La France n'a pas colonisé l'Algérie, elle l'a faite ".
Fehrat Abbas
Oui, je dis bien une tragédie humaine et pour reprendre le mot de Talleyrand, plus qu'un crime une faute ! Une faute terrible pour l'avenir politique, économique et même culturel, car notre chère patrie a perdu son identité sociale en chassant les Pieds-Noirs.
N'oublions pas que les religions, les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique bien avant les Arabes musulmans, eux aussi hégémonistes.
Avec les Pieds-Noirs et leur dynamisme, je dis bien les Pieds Noirs et non les Français, l'Algérie serait aujourd'hui une grande puissance africaine méditerranéenne.
Hélas, je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques et stratégiques. Il y a eu envers les Pieds Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l'Algérie devra répondre au même titre que les Turcs envers les Arméniens.
Revue ensemble n° 248. Propos tenus par Hocine Aït Ahmed, l'un des chefs historiques de la révolte algérienne
L'Algérie, pays mal-aimé, ballotté par le vent des passions humaines fut meurtrie, appauvrie, mutilée. Après le drame de la guerre les Musulmans connaîtront celui du vide et de la solitude.
La communauté française à cause des erreurs qu'elle a commises s'est exilée de l'autre côté de la Méditerranée. Malgré l'accueil de la France ces Français pleurent le pays qui les a vus naître. Les Algériens, de leur côté, pleurent un grand nombre d'entre eux.
D'autres cadres sont venus de toute l'Europe ; ces cadres ne valaient pas ceux que l'Algérie a perdus.
L'Algérie est un vaste pays où beaucoup de choses restent à faire.
Tous ses enfants y avaient leur place. La République algérienne édifiée par les uns et les autres pouvait dans les meilleures conditions multiplier les richesses du pays, assurer son développement et sa prospérité et guérir ses blessures.
Ces Français qui avaient grandi au milieu de nous et qui étaient aussi Algériens que nous étaient un maillon qui rattachait notre pays à la civilisation et à la culture française. Nous, Musulmans étions un maillon qui liait ce même pays à l'Orient et à l'Afrique : Nos chances de succès étaient double.
Aït Ahmed
Avant, vous voulez dire du temps de la colonisation ? Du temps de la France ? Mais c'était le paradis ! Des fleurs, des fruits, des légumes partout, des restaurants. Maintenant nous manquons de tout : De crèches, d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires, mais le parti et la police ont des immeubles neufs. La plus grande misère ici est intellectuelle.
Réponse de Hocine Aït Ahmed à un journaliste du Figaro magazine en Février 1990 qui lui demandait comment était l'Algérie avant l'indépendance.
Si j'avais découvert la nation algérienne je serais nationaliste et je n'en rougirais pas comme d'un crime. Les hommes morts pour l'idéal patriotique sont journellement honorés et respectés. Ma vie ne vaut pas plus que la leur ; et cependant je ne mourrai pas pour la patrie algérienne car cette patrie n'existe pas. Je ne l'ai pas découverte ; j'ai interrogé les vivants et les morts, j'ai visité les cimetières, personne ne m'en a parlé. On ne bâtit pas sur du vent.
Fehrat Abbas (1936)
Les colons ont des vertus laborieuses et patriotiques mais ne possèdent pas l'équité de l'esprit et du cœur ; ils ne connaissent que leurs propres droits et sont animés de rancune, de dédain et de crainte.
Jules Ferry
Ce peuple très singulier, d'une race méditerranéenne, française par la langue mais non par le tempérament, soumises à des passions raciales dont la Métropole était à cent lieues et que la seule idée de céder devant l'Arabe réduisait au dernier désespoir.
François Mauriac.
Ce pays est sans leçon ; il ne promet ni ne fait entrevoir ; il se contente de donner, mais à profusion. Il est tout entier livré aux yeux et on le connaît dès l'instant où on en jouit.
Albert Camus
Le plus ignoble, le plus abject et le plus haineux propos tenu sur les Pieds Noirs fut celui de Jean Paul Sartre qui affirmait dans la préface des damnés de la terre, un essai de Franz Fanon, psychiatre martiniquais :
" Un seul devoir, un seul objectif ; chasser les colonialistes par tous les moyens. Abattre un Européen c'est faire d'une pierre, deux coups : supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé ; restent un homme mort et un homme libre. "
Faudrait-il tout lâcher ? Tout brader ? Se replier peureusement et piteusement sur l'hexagone métropolitain ? Se désintéresser du sort d'un million de compatriotes et de l'œuvre magnifique, malgré son passif, qu'ils ont réalisés ? "
Beuve-Méry (le Monde 1958).
Le général De Gaulle a abusé l'armée quand les militaires disent qu'il les a trompés et ils n'ont pas tort car il a toujours dit que ruse et dissimulation sont nécessaires à un chef ; sa capacité de mentir était étendue. En vérité, ceux qui le connaissent s'attendaient à être trompés.
Paul Delouvrier, Délégué Général de gouvernement à Alger
La tragédie algérienne : Ces Français ont créé l'Algérie d'aujourd'hui ; ils ont fertilisé les terres, ils ont creusé, bâti, lutté contre la nature et contre les hommes.
Raymond Aron (1957)
Il y a aussi un concept sur lequel j'aime bien faire friser les cheveux des gens, c'est dire que l'Algérie a été inventée par la France, qu'elle a été créée de toute pièce en 1830 dans les bureaux.
La France, quand elle est arrivée avait affaire à une Régence avec les Beylicats, des tribus qui, prêtaient allégeance ou qui acceptaient l'impôt turc. C'est tout ce qu'il y avait ; il n'y avait ni frontière, ni drapeau, ni nom, ni Algérie, ni Djezaïr, ni rien du tout. A l'époque Djezaïr c'était un terme marin qui désignait les petites îles qu'il y avait au port d'Alger, c'est tout.
Aziz Chouaki homme de lettres algérien
Sur les drapeaux des tirailleurs algériens et sur les étendards des spahis était gravée une devise ; ce n'est même pas " honneur et fidélité" mais "honneur et patrie". Notre patrie, c'est la France et nous n'admettons pas qu'on l'arrache de nos cœurs. Nous n'admettons pas après le 13 Mai 1958 qu'on revienne sur notre volonté de vivre et de mourir Français.
Nous n'admettons pas non plus que la Métropole soit consultée pour savoir si l'on nous autorise à être des Français. C'est une injure qui nous est faîte à nous Musulmans qui avons défendu sur tous les champs de bataille un patrimoine commun, un honneur commun, une patrie unique et qui était d'ailleurs un mélange de races, de confessions et de peuples ni plus ni moins divers que le peuple français lui-même. Quand les Français débarquèrent en Algérie, le mot Algérie n'existait pas.
Notre histoire commence en 1845 comme celle de la France, en tant que peuple a commencé avec les Capétiens. 1830, en cette terre d'Afrique du Nord c'est le chaos, deux millions d'esclaves rançonnés par les pillards et les féodaux, rongés par la syphilis, le trachome, la choléra, la malaria, des déserts, des marais pestilentiels, plus rien de ce qui avait été la paix romaine. "
Bachaga Boualam ancien vice-président de l'assemblée nationale
Je suis d'abord allé à l'école coranique, je n'aimais pas la religion en particulier quand on nous frappait avec une règle sous la plante des pieds pour nous faire apprendre le coran par cœur. A l'école française la maîtresse était comme une seconde mère pour nous. Celle que j'ai eu était extraordinaire ; elle savait comment nous intéresser ; elle nous donnait envie d'aller à l'école.
Yacine Keteb écrivain algérien.
Pourquoi je ne suis pas musulman (1989)
Je me suis toujours senti d'occident et j'ai toujours pensé que ma Kabylie natale en était également malgré les décalages, les malentendus et les frustrations de l'histoire.
Ibazizen Augustin, Avocat, écrivain, homme politique
L'histoire ancienne de notre pays et sa géopolitique attestent que les Berbères, premiers occupants de l'Afrique du Nord, installés depuis 3 ou 4.000 ans appartiennent à " la civilisation de l'olivier ". Ils étaient bel et bien méditerranéens d'occident.
Ibazizen Augustin
Testament d'un Berbère
Tout algérien raisonnable reconnaît à la France le mérite de l'avoir arraché sur tous les plans au stade moyenâgeux. On peut tourner la page d'une histoire qui a duré 132 ans mais on ne peut effacer l'histoire. On ne peut pas effacer ce que le Français a apporté à l'Algérie. Cette présence qui est dans le cœur de ses pères ennemis, dans les villes et les villages, dans les champs, dans les vignes et jusque dans ce paysage qui a été modifié par la France.
(Les Harkis au service de la France 1963).
Bachaga Boualam
Pour juger l'œuvre de la France, imposée d'abord par le soldat, rendue possible par le colon, l'ingénieur, le médecin, l'ouvrier, il me parait utile de faire une comparaison : En Algérie deux recensements. 1856 : 2.307.000 musulmans. 1954 : 8.670.000.
En Amérique du nord, lors de l'arrivée des blancs il y avait 1.500.000 peaux-rouges ; aujourd'hui ils sont moins de 300.000 ; ces chiffres sont rarement cités par les décolonisateurs.
Bachaga Boualam
Je sais le prestige et le pouvoir sournois de ce pays, la façon insinuante dont il retient ceux qui s'y attardent, dont il les mobilise, les prive d'abord de questions et les endort pour finir dans la vie de tous les jours.
La révélation de cette lumière si éclatante qu'elle en devient noire et blanche a d'abord quelque chose de suffocant. On s'y abandonne, on s'y fixe et on s'aperçoit que cette trop longue splendeur ne donne rien à l'âme et qu'elle n'est qu'une réjouissance démesurée.
(L'été 1954).
Albert Camus.
Lors du débat sur l'amnistie De Gaulle prononça enfin quelques mots apaisants :
Indiscutablement, à part quelques agitateurs, les Rapatriés d'Algérie ont eu une attitude fort convenable, une attitude nationale ; elle est compréhensible et même excusable.
Il semble superflu et inutile d'ajouter, à ce propos, le moindre commentaire.
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Envoi de diverses personnes
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LE NOUVEAU-NÉ
Envoyé par Mme E. Saurel
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SI JÉSUS NAISSAIT AUJOURD'HUI…
les MÉDIAS se déchaîneraient !
Cela donnerait la "une" suivante dans tous les journaux télévisés :
"Hier 24 décembre, un "nouveau-né" a été trouvé dans une étable. La police s'est rendue immédiatement sur les lieux et a fait appel au SAMU.
Un charpentier et une mineure (vraisemblablement la mère) ont été placés en garde à vue.
Ce matin très tôt, les autorités ont été avisées par un citoyen de la banlieue de Bethléem qu'une famille de S.D.F s'était installée dans son étable.
À son arrivée sur les lieux, la police a découvert un nouveau-né enveloppé dans des morceaux de tissu sans précaution d'hygiène et dormant sur une litière de paille.
Le charpentier, identifié plus tard, Joseph (de Nazareth), s'est opposé à ce que les autorités emmènent l'enfant afin de le mettre en lieu sûr. Il était aidé de plusieurs bergers ainsi que de trois étrangers sans papiers. Ces trois étrangers, se présentant comme mages, ont été arrêtés.
Le ministère de l'Intérieur s'interroge sur l'origine de ces trois hommes probablement en route vers Calais. Le préfet a confirmé qu'ils n'avaient pas de papiers d'identité mais qu'ils détenaient de l'or ainsi que des produits suspects et illicites. Ils prétendent que Dieu leur a dit de ne pas répondre aux questions... Les produits suspects ont été envoyés en laboratoire pour analyse.
Le lieu où le nouveau-né se trouve actuellement n'a pas été communiqué.
D'après le service social en charge de l'affaire, le père avoisinerait la cinquantaine tandis que la mère n'est certainement pas majeure. On vérifie pour le moment la relation entre les deux. Mais à défaut de soupçon de pédophilie, le détournement de mineure est très suspecté…
La mère se trouve pour l'instant à l'hôpital universitaire de Bethléem pour des examens médicaux et psychiatriques. Elle prétend être encore Vierge et affirme que le bébé vient de Dieu. Si son état mental le permet, elle sera mise en examen pour non-assistance à personne en danger.
La consommation de stupéfiants, probablement amenés par les trois étrangers, doit sans doute être prise en compte dans cette affaire.
Des prélèvements et des prises de sang ont d'ailleurs été faits en vue de retrouver les empreintes d'ADN nécessaires à l'enquête.
Aux dernières nouvelles on apprend que les bergers présents sur les lieux affirment avoir vu un grand homme, tout de blanc vêtu, qui leur a ordonné de se rendre à l'étable, avant de s'envoler mystérieusement. Aucune hypothèse n'est écartée, comme celle d'embarquement à bord d'un OVNI qui n'est pas exclure…
L'opposition s'est indignée que le gouvernement ne mettent pas en place les moyens de protection suffisante pour éviter que n'importe quel OVNI puisse survoler notre espace aérien. Ils demandent une enquête parlementaire.
- Les verts rappellent que faire un feu de bois dans une étable est source de pollution…
- L'extrême gauche dénonce ce capitalisme sauvage qui augmente les loyers et empêche les familles modestes d'avoir un logement décent.
- Le président déclare que depuis son élection le gouvernement a ouvert de nombreuses nouvelles places d'accueils pour éviter de laisser des familles à la rue alors que son prédécesseur en avait supprimées.
Une cellule de crise a été installée sous la direction du préfet Hérode, l'autorité craignant un complot dont les rumeurs avaient persisté ces derniers temps.
On pourra également suivre les images en direct sur BFM télé et, à 17h30, " C'est à vous " organisera un débat sur le thème " peut-on encore accoucher dans une étable de nos jours ? " en présence de plusieurs invités :
- notre confrère de libération auteur d'une enquête sur " la rue pour toute la vie ",
- d'un sociologue enseignant à l'Institut d'Étude Politique, spécialiste de la précarité sociale,
- de l'écrivain Hugo Victor qui a écrit " les Misérables"
- et de M. Pilate Ponce représentant le gouvernement.
Et, pour conclure, après examen médical, la fille mineure ayant effectivement été reconnue vierge, le couple a été placé en garde a vue pour rapt d'enfant...
EST-CE QUE LE MONDE A CHANGÉ DEPUIS 2000 ANS...?
INCRÉDULE UN JOUR INCRÉDULE TOUJOURS
DIRONT CERTAINS...!
SIGNÉ... THOMAS 20 décembre 2017.
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ROBERT RANDAU
LES LOISIRS
Par M. Bernard Donville
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Chers amis,
Voici mon dernier envoi concernant Robert Randau où je fais apparaitre le défenseur de ce qu'il a appelé "l'Algérianisme".Ce n'est pas que des mots en l'air car on peut constater que dans toutes ses actions il magnifie son (notre) pays. Quel meilleur botaniste que quand il décrit la végétation de la côte algéroise?
Sa conception du développement de l'Algérie Française va vous paraitre très anachronique à vous qui avez été abreuvé des bienfaits de l'indépendance algérienne; mais s'ils (ceux là ;à qui je pense...) s'en étaient inspiré quel beau pays ce serait. Qui aujourd'hui aurait le courage d'énoncer l'épilogue de cet exposé?
J'arrête là ma rabia et vous souhaite une bonne lecture.
Un joyeux Noel et mes meilleurs voeux à mes lecteurs assidus ( du moins je l'espère!). Etes vous sortis entiers de ces fêtes et prêt à vous instruire?
J'aborde une nouvelle série concernant notre vie sur cette terre ensoleillée, pour vous rappeler non pas " travail et effort" mais les moments de détente et le rappel de nos loisirs ensoleillés.
Je vous conterai d'abord des loisirs de ceux qui nous ont précédé et y ont laissé des traces. Puis ceux que nous avons gouté en extérieur, surtout au contact de la mer, et corsos, fêtes et bals aux villages..
Comment ne pas aborder les terrains extérieurs de nos sorties voire de nos exploits : hippodromes, meetings aeriens, stades...
Et tous les plaisirs que nous avons gouté en salles dans les casinos, théâtres et cinémas !
Vous voyez on en a pour un bout de temps à vous faire sourire plutôt qu'à restaurer la larme à l'oeil.
On attaque en remontant l'histoire au sein des restes ludiques des romains
Bonne lecture!
Amitiés, Bernard
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RANDAU 3
LOISIRS 1
A SUIVRE
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DISPARITIONS
De Jacques Grieu
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DECHEANCE
Si le "quoi qu'il en coûte" devient fort à la mode,
Certains, tout au contraire, en sont aux antipodes
Et vont jusqu'à rogner nos bons vieux dictionnaires
En supprimant des mots qui ne semblent plus plaire.
Larousse ou bien Robert ont de drôles d'idées
Qui ne sont pas toujours celles du bon Littré.
Ces économies-là, réduisant le papier,
Aux purs écologistes des voix feront gagner...
Un galant amoureux était un "galantin" :
Au rebut, l'amoureux ! Préfère-t-on "copain" ?
Normal, quand "l'accordée" qui disait : "fiancée"
Est passée à la trappe et semble surannée.
D'ailleurs "libertiner" est lui aussi châtré,
Disparu à jamais. Trop osé ? Pas assez ?
Si passion du cheval était "hippomanie"
La bagnole l'a tué comme un vil ennemi.
"L'accul" était un lieu sans une échappatoire :
Seraient-ce un migrant qui le mit au mouroir ?
"L'aumusse" des chanoines était ostentatoire
Pour les purs laÏcards : elle aussi, au placard !
"Friponneau" supprimé s'explique à l'évidence :
Terme trop gentillet pour notre délinquance !
Nos coffres sont percés, depuis longtemps vidés :
C'est qu'on a oublié le nom de "coffretier" !
Exit, les fours à chaux pour maçons en campagne :
Plus un seul "chaufournier" pour châteaux en Espagne !
Le métier "d'argenteur", à moi, ne dit plus rien ;
C'est qu'on a des engins qui font ça aussi bien.
Autrefois, on pouvait soudain changer d'idée
Et alors "déprier" ceux déjà invités.
Etait-ce "lourderie" que ce renoncement ?
Le terme est obsolète, alors pas de tourment.
L'expression les "sans-dent", chère à monsieur Hollande,
Avait nom "claquedent" avant qu'on ne le rende.
Si pour certains, " Covid " est une "chappechute"
Pour la plupart de nous, c'est une dure lutte.
Mais cessons de pleurer sur nos chers mots déchus
Bravant tous les écueils, notre élite, à l'affût,
Au contraire a sorti un nouveau mot génial :
Il s'agit d'un pronom ! Vraiment transcendantal !
Car ce tout nouveau " iel ", bien neutre, est capital,
Il est dans l'air du temps et d'usage vital.
Et politiquement, relevant du " wokisme ",
Il est bien dans la ligne où vont nos conformismes.
Tout ceci est bavard, chansons pour un "racleur",
Comme une "musiquette" pour ancien auditeur.
Le vieux "poétereau" qui ici peine et trime
A fort "opulément" transpiré sur ces rimes...
Jacques Grieu
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Rafraîchir les mémoires
De M. M. Gomez,
Envoi de Mme A. Bouhier
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Total des pertes, environ 100.000 morts, après la « Fin de la Guerre » d’Algérie du président Charles de Gaulle
Il est souvent nécessaire de rafraîchir les mémoires et de remettre les pendules à l’heure.
Après l’inauguration, en 2002, d’un monument au quai Branly pour rendre hommage aux «Morts pour la France» au cours de la «Guerre d’Algérie», la date du 5 décembre a été choisie par le chef de l’Etat, en 2003, pour commémorer chaque année une journée nationale d’hommage.
Toutes les associations d’anciens combattants ont accepté cette décision, à l’exception d’une seule fédération, dont je tairais le nom, et qui devrait avoir honte de sa décision.
Lorsque l’État Français a reconnu comme «Morts pour la France» tous les militaires tués après le 19 mars 1962 et jusqu’au retrait définitif de l’armée française, le 1er juillet 1964,
Lorsque le président François Hollande a reconnu, le 25 septembre 2016, le massacre des «Harkis», après le 19 mars 1962,
Il a été admis implicitement que cette date du 19 mars 1962 n’était nullement la fin d’une guerre, mais uniquement un «cessez le feu» unilatéral de l’armée française.
Il est utile de rappeler quelques chiffres.
Avant le 19 mars 1962 il y eut :
12.954 soldats tués au combat, plus 3200 supplétifs,
1071 disparus (538 appelés et 462 militaires de l’actif)
1247 soldats tués au Maroc (au 03 mars 1956),
665 soldats tués en Tunisie (au 20 mai 1956)
Après le 19 mars 1962 :
Environ 75.000 supplétifs massacrés (Harkis, Moghaznis, etc.), engagés aux côtés de l’armée française.
751 soldats, dont 693 morts pour la France (162 : 122 tués et 36 disparus – 1963 : 48 tués de l’actif et 74 appelés – 1964 : 31 engagés et 15 appelés)
Les pertes civiles s’élèvent officiellement à 3093 Français et Européens de souche.
969 ont été retrouvés vivants, 306 ont été assassinés et 1818 disparus à tout jamais.
Et tout cela sous la présence d’une armée française totalement désengagée et aux ordres d’un chef d’État et d’un gouvernement qui auraient dû comparaître devant un tribunal pour crimes contre l’humanité (Voir mon livre «J’accuse De Gaulle*».
Alors qu’un «cessez le feu» implique l’interruption des combats entre deux belligérants et nécessite la reprise des combats si l’un des deux ne le respecte pas. Ce qui fut le cas !
Total des pertes, environ 100.000 morts, dont plus de 75.000 après le 19 mars 1962 (Accords d’Évian), et après une soi-disant «Fin de guerre».
Le 5 décembre 2021, il est un devoir pour tous les Français de rendre un hommage solennel à tous ces «Morts pour la France», qu’ils soient militaires ou civils, au pied de l’Arc de Triomphe sur cette place qu’en cette occasion il faut oublier qu’elle a été baptisée «général de Gaulle».
Comme les années précédentes, nous avons pu le constater, sur ordre des autorités, cette manifestation patriotique a été ignorée par la majorité des médias nationaux et la télévision.
Parmi ces mille drapeaux, regroupés par la très grande majorité des associations patriotiques, on ne pouvait que regretter l’absence des drapeaux de cette Fédération d’Anciens Combattants qui, sous prétexte d’une idéologie partisane, refuse obstinément de rendre hommage à ces milliers de soldats et de civils tombés sur le champ de bataille, après le 19 mars 1962, comme s’il y avait des morts de droite et des morts de gauche ! Ne sont-ils pas tous morts de France !
Un drapeau, c’est l’emblème qui représente la Patrie et sous lequel on tombe pour la défendre, pour le défendre.
Pour ceux qui en doutent, voici l’exemple du drapeau des anciens combattants de Mostaganem (Algérie) qui honore les campagnes d’Italie, de libération de la France métropolitaine et de l’Indochine.
Tcham Kouider portait ce drapeau aux cérémonies patriotiques et aux obsèques de ses camarades, qui tombaient dans cette guerre qui n’avait, alors, ni nom ni loi.
Pour tout l’or du monde, il n’aurait pas renoncé à cette charge glorieuse et cela malgré les menaces de mort.
Kouider fut abattu par un terroriste FLN le 14 février 1957.
Lors de ses funérailles, c’est son compagnon, Caid Mechta, qui portait ce même drapeau. Il sera assassiné le 21 juin 1957.
À son tour, Benserade Yahia inclina ce drapeau sur la tombe de Caïd Mechta. Il refusa de le céder à un autre lors des cérémonies du 14 juillet et fut exécuté le 8 août 1957.
Hennouni Besseghit devint le quatrième porte-drapeau de cette même année. Il sera assassiné le 5 octobre 1957.
Lui succéda Hadj Gachegache, exécuté à son tour le 27 août 1958.
Puis Bey Bagdad, tué le 14 juillet 1959, à l’issue des cérémonies.
Ensuite Addad Ali, assassiné le 11 septembre 1959,
et le suivant, Rahmouni Lakdar, exécuté le 7 novembre 1960.
Le dernier porte-drapeau, de l’époque française, sera Belarbi Larbi. Il reçut une balle dans la tête le 16 janvier 1961. Miraculeusement resté en vie, il sera rapatrié vers la métropole, en emportant son drapeau, puisque la terre où il était né n’était plus française.
Belarbi Larbi est mort à Mantes-la-Jolie en mai 1996.
Il était le dixième porte-drapeau à avoir donné sa vie pour l’honneur de le dresser.
Ce drapeau présent ce 5 décembre 2021, sous l’Arc de Triomphe, pour leur rendre un vibrant hommage.
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Guerre d’Algérie, chantage mémoriel
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Mais à quoi joue Emmanuel Macron ?
L’édito de Michel Taube 10 décembre 2021
Le président Emmanuel Macron continuera-t-il encore longtemps à céder au chantage mémoriel des autorités algériennes ? Que cèdera-t-il le 19 mars 2022, jour de commémoration du cessez-le-feu qui mit fin, il y a soixante ans, à la guerre d’Algérie ? Et le 8 avril 2022, soixante ans après le référendum qui scella les Accords d’Evian et l’indépendance annoncée de ce bout d’Afrique ? Nous serons à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle.
Au surlendemain d’une séance de courbettes du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant les autorités algériennes, Emmanuel Macron a envoyé Roselyne Bachelot, la plus inutile et carriériste de ses ministres, expliquer au micro de BFMTV que la France allait devancer de quinze ans l’ouverture des archives de la Guerre d’Algérie.
Et pas n’importe quelles archives ! Celles « relatives aux enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d’Algérie ». De quoi dévoiler l’extrême vilénie des troupes françaises, et donc, de la France pendant ces années de plomb, et la complicité d’une justice aux ordres.
« La ministre des Archives, c’est moi », a dit la ministre. Ce midi, lors d’une conférence de presse en présence de son homologue allemand, le nouveau chancelier Olaf Scholz, Emmanuel Macron expliquait, que dans le prolongement du rapport de l’historien Benjamin Stora, « les différentes composantes mémorielles de la France » doivent être reconnues.
« On a des choses à reconstruire avec l’Algérie », précisait madame Bachelot ce matin, ajoutant que cette amitié ne pourrait « se reconstruire que sur la base de la vérité ».
La vérité, certes, mais toute la vérité. Y compris celle des exactions commises par le FNL, ses massacres de civils, ses tortures.
Non, voyons ! Ça, il faut le taire. Seule la France aurait falsifié l’histoire : « C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines », précise même la ministre qui a toujours su choisir ses amis, elle qui présida naguère le groupe d’amitié France-Irak à l’Assemblée nationale, à l’époque de Saddam Hussein.
Réciprocité ? Comme nous le rappelle Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, « quid des massacres de harkis, des Européens d’Algérie massacrés à Oran, des milliers de disparus européens à la suite des enlèvements orchestrés par le FLN pendant la guerre d’Algérie ? »
Comment Emmanuel Macron a-t-il pu pousser ce qui s’apparente à une soumission au régime algérien, en tout cas à un chantage mémoriel, jusqu’à mettre dans le débat de la campagne électorale la thèse unilatérale d’une Algérie alors engagée dans une guerre d’indépendance ? Que cherche le chef de l’Etat ?
Serait-il si inquiet du résultat de sondages non publiés qu’il en arrive à racoler la même clientèle que Jean-Luc Mélenchon, peut-être bientôt supplanté par Christine Taubira, aujourd’hui plus indigéniste que socialiste ? Ce serait, de surcroit, se tromper de « cible », car outre le fait que la principale immigration maghrébine est aujourd’hui marocaine et non algérienne, cette allégeance au régime d’Alger revient à considérer qu’il a le soutien massif de tous les Algériens de France. La fausse démocratie algérienne a-t-elle menacé la France de représailles terroristes ? La vérité, que dame Bachelot invoque, serait d’expliquer les vraies raisons de cette soudaine précipitation, deux jours après la visite de Monsieur Le Drian à Alger.
Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de crime contre l’humanité. Dans ce cas, il devrait directement proclamer l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, sans référendum, et en faire de même pour tous les territoires ultra marins (et pourquoi pas le Pays basque, la Savoie, la Corse, la Bretagne ou l’Alsace). Il devrait aussi exiger la restitution de l’Amérique aux Indiens et celle du Maghreb aux Berbères.
Nous n’irons pas jusqu’à dire que la colonisation est née avec l’humanité, lorsque les premiers hominidés traversèrent la rivière, et qu’ils s’aperçurent que l’autre rive était plus viable que la leur. Plus forts et plus déterminés, ils en chassèrent les hominidés qui l’occupaient déjà, les massacrèrent ou les réduisirent en esclavage. C’était il y a environ huit millions d’années. Les indigénistes voudraient nous faire remonter aux origines de l’humanité pour bien nous faire porter le poids de l’histoire, de toute l’histoire. Damnés de la terre, bonsoir !
Dire que la colonisation est un crime contre l’humanité, c’est projeter sur le passé des catégories certes de progrès mais nées bien plus tard que les forfaits commis. Elle est, ou du moins elle fut, l’incarnation de l’humanité à une époque, comme le fut la guerre trop longtemps… Mais les vices de l’homme ne caractérisent pas à eux seuls toute l’humanité.
Il fallut du temps pour arriver à la démocratie, aux droits de l’homme et à l’acceptation de ce que la colonisation et l’esclavage sont des crimes, des vices et des fautes, même si ledit esclavage est encore pratiqué dans certaines contrées, ce qui dérange les indigénistes et wokes d’Occident.
Esclavagisme contemporain, disions-nous. Mais aussi autocratie contemporaine. Gangréné par la corruption, le régime algérien n’a rien d’une démocratie moderne fondée sur un État de droit et de grands principes humanistes. Il est belliqueux, antisémite et haineux de la France (sauf lorsqu’elle se prosterne devant lui). Il maintient son peuple dans un état de pauvreté et de désespoir qui l’a conduit à chercher des exutoires et à allumer des contre-feux pour tenter de rétablir un semblant de cohésion nationale. La jeunesse algérienne, celle du Hirak qui descendit dans les rues tous les vendredis pendant deux ans, en sait quelque chose.
Revenons à l’histoire. La guerre d’indépendance de l’Algérie fut le théâtre de nombreuses exactions, comme toutes les guerres. L’armée française n’a pas été en reste, à l’instar des Marines américains et des Viêt-Cong au Vietnam. Faut-il aussi blâmer la France pour avoir massacré des Allemands à Verdun (et réciproquement) ? Faut-il blâmer les Américains pour nous avoir sauvés, sur les plages de Omaha Beach, ou en bombardant Dresde ou Berlin ?
Si la France ouvre prématurément ses archives de la Guerre d’Algérie, il faudrait a minima exiger la réciprocité. Mais l’autocratie algérienne ne le voudra jamais.
Le refus d’Emmanuel Macron de conditionner ce travail de mémoire au même traitement côté algérien est une faute politique majeure.
Michel Taube
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AFRIQUE SEPTENTRIONALE.
Gallica : Revue de l'Orient 1844(3) pages 368 à 373
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HISTOIRE DES ZENAKRAS
Il y a dans le désert du Tittery une tribu nommée les Zenakras, dont une fraction était réclamée par deux chefs voulant chacun l'avoir sous son commandement.
Le général Marey, commandant la subdivision du Tittery, fut amené, par suite, à rechercher auprès des anciens du pays l'histoire des Zenakras. Des renseignements qu'il reçut ainsi il résuma le document suivant, qui peint bien les mœurs des populations arabes, et intéresse par la diversité des événements.
Les Zenakras se composent depuis un temps immémorial de deux races très distinctes, savoir : une famille noble, les Djouec, qui viennent de l'ouest et qui sont les seigneurs ayant le commandement reconnu de la tribu, puis le peuple arabe des Zenakras.
Les Djoued n'avaient anciennement qu'un seul chef ; mais à la suite de querelles où il y eut du sang répandu, la famille se divisa, ainsi que cela se voit dans la plupart des tribus ; les Oulad-Zaber firent scission et emmenèrent avec eux les Zenakras-el-Gourt; les Oulad-Sâd restèrent à la tête des Zenakras-Mabonchas, qui sont doubles des premiers en nombre et en richesse. Quoique séparées, les deux fractions des Zenakras concouraient ensemble pour les dépenses communes, pour la guerre et pour les grandes déterminations générales.
La tribu avait pour séjour habituel le grand désert près et au sud du Gebel-Amour, là où sont maintenant les Larbas. Les Mahonchas déposaient leurs grains à Laghouat, et les El-Gourt à Aïn-Madhi ; les premiers venaient faire leurs achats du Tell dans le Tittery, les deuxièmes du côté de Tiaret. La tribu entière présentait 1200 cavaliers, était riche, puissante, très adonnée à la guerre ainsi qu'au brigandage, et très incommode pour ses voisins.
Vers le milieu du siècle dernier, les Zenakras, ayant eu des querelles avec les gens des Ksars et les tribus voisines, abandonnèrent leur terrain habituel et se tinrent dans le petit désert. Les Mahonchas labourèrent près de Boghar, les El-Gourt se tenaient plus au sud-ouest. Cette position permettait à chaque Zenakras, selon ses moyens, soit de cultiver dans le Tell sous la protection des Mahonchas, soit d'élever des bestiaux dans les pâturages illimités du désert avec les El-Gourt.
Leur établissement près du Tell donna lieu à de grandes guerres avec les tribus des environs de Boghar, non seulement à cause du terrain, mais encore à cause de leurs brigandages continuels. La tribu entière faisait toujours cause commune pour les frais et les combattants à fournir dans toutes ces querelles. Enfin, vers 1806, les tribus du Tittery dirigèrent contre eux une coalition qui les força à quitter le pays; ils passèrent alors ensemble dans l'est.
Le Tittery était alors et depuis longtemps en querelle relativement à des terrains du coté de l'oued Djenaine avec les Aribs et les Beni-Soliman, c'étaient continuellement des combats individuels et de tribu à tribu, des jugements par les chefs turcs, par les cadis, par le midjelès d'Alger, mais jamais un accord définitif n'avait lieu. L'agha d'Alger soutenait les Aribs et les Beni-Soliman ses sujets ; le bey de Tittery soutenait les siens. Cette question agitait profondément et toujours les populations et les autorités. Le dey, n'ayant pu mettre les parties d'accord, ordonna de laisser décider la question par les armes. Les tribus du Tittery réunirent leurs contingents après avoir reçu des otages du bey pour se garantir de razzia pendant l'opération ; un combat acharné eut lieu entre elles et leurs ennemis sur le terrain des Adaouras ; plus de 12,000 cavaliers combattirent. Le Tittery vainquit, chassa les Aribs et les Beni-Soliman du terrain en litige, qu'il occupa. Mais la querelle n'en devint que plus ardente.
Enfin Rabah-ben-Taleb chef des Aribs, profita de l'ébranlement général causé par les insurrections religieuses du beylik d'Oran Mascara était pris par les Derkaouis soutenus par l'agha d'Alger Omar, il fit un appel à tous ses adhérents ; la Mitidja, le désert, lui fournirent 8 A 10000 cavaliers ; il dirigea une razzia colossale sur les Oulad-Driss et tout le Dira, pilla les tribus et attaqua le fort de Sour-Rhouzelane. Ce poste turc, très bien placé au versant nord du Dira pour coercer les tribus environnantes, était très mal disposé sous le rapport des constructions. Je l'ai vu l'année dernière dans l'expédition du Gebel-Dira, il est dominé de très près on aurait pu beaucoup mieux faire. Trois canons, 25 janissaires et le caïd du Dira (frère du bey de Médeah) étaient dans le fort. La garnison se rendit, fut dépouillée et renvoyée à Médeah.
Les constructions furent ruinées, le matériel fut enlevé. Rabah-ben-Taleb prit alors un ascendant très grand; le dey dut le réprimer. Mais le bey de Médeah ne le pouvait plus et craignait d'ailleurs d'agir contre les sujets de l'agha Omar, homme puissant, cruel et très vindicatif. Des trêves, des reprises d'hostilités, eurent lieu à diverses reprises. Enfin le dey donna l'ordre, deux ans après cet événement, au bey Mohammed d'Oran de faire une razzia sur les Aribs campés sur l'oued Djenaine. Mohammed réunit ses cavaliers à Milianah, passa par Taza, longea la limite du Tell et du désert, surprit les Aribs, leur tua beaucoup de monde, fit un immense butin, et ramena à Médeah de grands troupeaux, 45 prisonniers et 200 femmes ; mais Rabah-ben-Taleb s'échappa. Le dey fit trancher la tête aux prisonniers et rendit les femmes après un arrangement pris avec les Aribs qui reçurent l'aman.
Le bey de Médeah eut l'ordre péremptoire de tuer Rabah d'une manière quelconque. Il envoya son chaouch à Sour-Rhouzelane avec un présent pour Rabah, qui vint au marché des Oulad-Driss, s'approcha du fort sans mettre pied à terre, et au moment où il parlait au chaouch fut frappé de trois balles qui le tuèrent. La razzia du bey d'Oran irrita encore plus contre lui l'agha Omar qui était déjà son ennemi ; aussi quand Mohammed se révolta, ce fut Omar qui fut choisi pour le réduire, Il parvint à le faire arrêter, fit décapiter ses quatre enfants, le fit écorcher vif, et envoya sa peau à Alger. La querelle du Tittery contre les Aribs et les Beni-Soliman dura toujours, et en 1833, ceux-ci furent définitivement battus et chassés de tout le terrain. Ils ne sont rentrés que sous Abd-el-Kader dans la partie non contestée, où ils se tiennent maintenant..
Dans cette longue lutte, les Zenakras qui avaient été chassés par les tribus du Tittery furent très bien reçus par les Aribs; ils axèrent leur neja sur le terrain de ceux-ci et firent de grands bénéfices de guerre et de brigandage. Après l'affaire de Sour-Rhouzelane, ils quittèrent les Aribs et allèrent près de Msila et des Oulad-Madhi.
Les Oulad-Madhi formaient une tribu très-puissante dont les chefs, djoued très renommés, avaient de fréquentes querelles au sujet du commandement général. Les Zenakras et les Oulad-Madhi firent la guerre à tous leurs voisins et s'enrichirent beaucoup. Mais les chefs zenakras, redoutant avec raison leurs alliés, entretenaient avec habileté entre les chefs des Oulad-Madhi des causes d'irritation et aidaient successivement les uns et les autres dans leurs guerres civiles. Cet état de choses dura plusieurs années, au grand avantage des Zenakras; enfin, vers 1806, il y avait eu une grande sécheresse, très peu de grains dans le Tell, presque pas d'herbe dans le désert ; les chevaux des Zenakras périrent presque tous, la tribu devint faible ; cela motiva entre les trois chefs des Oulad-Madhi, Bouras, Ahmet-ben-Serhir et Ahmet-bou-Mebida, un arrangement pris en secret et en ce sens: "cessons "de nous quereller et d'engraisser l'étranger de nos dépouilles ; les Zenakras "sont devenus trop insolents sur notre terrain, les voilà amoindris, soyons "d'accord ensemble pour les dépouiller et les chasser. " Ce fut arrêté, et bientôt après commença un combat violent qui dura cinq jours; te résultat fut que les Zenakras eurent un grand nombre de tués, qu'ils perdirent toutes leurs richesses, et qu'il n'échappa à grand-peine que quelques douars.
Cet événement avait été précédé d'une brouille entre les deux tribus; les Zenakras s'étaient un peu rapprochés du Tittery; le bey prévenu était parti pour faire une razzia sur eux: il rencontra dans le désert leur population entièrement nue, et d'après ce qu'il apprit, poursuivit sa route pour reprendre leurs biens aux Oulad-Madhi. Mais ceux-ci tinrent leur neja dans les montagnes près de Bousàda et en défendirent, les approches. Le bey dut revenir ; il sut que quelques débris des Zenakras, ayant échappé aux Oulad-Madhi, avaient été pillés par les tribus du Tittery: il abandonna à celles-ci les moutons, bœufs et le menu butin, et se fit livrer 750 chameaux qu'il garda.
La masse des Zenakras, après la razzia des Oulad-Madhi, fut laissée nue et sans vivres au milieu du désert; c'était t'hiver. Le froid et la faim firent périr bon nombre de ces malheureux, qui mangèrent leurs chiens, leurs morts et beaucoup d'enfants, jusqu'à ce qu'ils eussent pu atteindre quelque tribu. Les EI-Gourt se dirigèrent vers l'ouest et furent recueillis par les Oulad-Chaïb. Les Mahonchas gagnèrent le Tell. Ils se divisèrent alors dans toutes les tribus, dans le Tittery, chez les Aribs, dans la Mitidja, vers le Chelif, etc. Ils vendirent presque toutes leurs filles et même leurs femmes, en disant que les maris étaient morts. Ils vécurent très-misérablement comme kramnes ou exerçant le brigandage cependant peu à peu ils acquirent de l'aisance. Vers 1825, le cheik El-Ràz s'adressa, pour réunir son neja, au dey, qui l'y autorisa, le mit sous la protection d'un de ses ministres, le khodja El-Khriel, et lui assigna les environs de Boghar comme résidence. Ce neja se reforma avec difficulté et lenteur. Les maris qui avaient vendu leurs femmes sans les répudier les réclamèrent ; un grand midjelès fut réuni pour juger ce cas non prévu. tt fut décidé que les femmes choisiraient entre tes deux maris légitimés; la plupart optèrent pour les Zenakras.
Quand les Français prirent Alger, ils aidèrent beaucoup à la reconstitution de la tribu. En effet, l'anarchie étant devenue générale, beaucoup de Zenakras qui avaient acquis quelques biens et restaient au milieu des autres tribus furent pillés comme étrangers sans appui; les autres sentirent la nécessité de se réunir au neja qui pouvait seul leur donner protection on en retrouve cependant qui sont restés sur les terres qu'ils avaient acquises, principalement chez les Hadjoutes.
Le neja des Mahonchas, près de Boghar, dans le Tittery, était au milieu d'anciens ennemis; cependant il a toujours grandi, n'a pas éprouvé de nouveaux malheurs, et, grâce à une politique habile ainsi qu'à une grande activité, il était déjà devenu en 1843 une des belles tribus des environs.
Les El-Gourt, qui, après la razzia des Oulad-Madhi, avaient été recueillis par les Oulad-Chaïb, reprirent aussi peu à peu de la force. Quelques années après ils quittèrent les Oulad-Chaïb, qui faisaient la guerre aux Oulad-Madhi, et passèrent près d'El-Gharoubi. Ils se tenaient habituellement dans les environs de Goujila ; là ils subirent de la part du bey de Médeah une dizaine de razzias, mais sans grande importance. Le bey d'Oran s'en plaignit la première fois au dey, qui lui donna tort et autorisa les autres razzias. Quand Abd-el-Kader gouverna, il plaça les El-Gourt sous l'agha El-Gharoubi. Ils y demeurèrent jusqu'à la prise de la Smala.
Cette époque était fort-difficile pour tes tribus du désert. Les Mahonchas firent leur soumission avec le reste du Tittery. Ils étaient toujours en rapport avec les El-Gourt ; ceux-ci, après l'affaire de Taguine, se retirèrent dans le Gebel-Amour, sauf deux douars peu considérables qui restèrent avec El-Gharoubi puis sur ce qu'ils apprirent des Mahonchas de la protection qu'ils auraient près de nous, ils firent aussi leur, soumission, rejoignirent leurs frères, fournirent les meilleurs guides pour la razzia faite en 1843 sur les Oulad-Khretif d'El-Gharoubi, et y prirent une part très-active.
A partir de ce moment les deux nejas furent réunis. Chacun a son cheik, le caïd est pris dans les Mahonchas. Tous ces chefs sont choisis parmi les djoued. L'ensemble forme une très-belle tribu qui cultive, élève des bestiaux, fait le commerce, est très-unie, prospère de plus en plus, et donne lieu à moins de plaintes qu'aucune autre.
Cette année les Mahonchas présentaient treize douars, et les El-Gourt six. Il y avait de plus, en dehors du neja, deux petits douars chez les Oulad-Krhelif, et peut-être deux cents tentes dispersées dans les tribus. Le kaid a fait des efforts pour rallier les tentes dispersées, mais c'est difficile. Les El-Gourt des deux douars restés chez les Oulad-Krhelif ont demandé à rejoindre leurs frères, mais ne l'ont pas pu jusqu'ici. Telle était la position des Zenakras quand El-Gharoubi a demandé dernièrement que les El-Gourt passassent sous ses ordres.
Médeah, le 4 novembre 1844
Le maréchal de camp commandant la subdivision, MAREY.
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Made in china
Envoyés par Mme. Annie
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Et v'lan dans les dents !
Un touriste chinois atterrit en France à l'aéroport de Roissy. Il saute dans un taxi et se dirige vers Paris.
Sur le trajet, le taxi croise quelques bus. "Ces bus sont très lents", remarque le touriste chinois au chauffeur de taxi. « En Chine, les bus sont très rapides.
Le chauffeur de taxi l'ignore.
Un peu plus tard, ils croisent un train sur la nouvelle voie ferrée. "Ce train est très lent", remarque le touriste chinois. « En Chine, les trains sont très rapides.
Le chauffeur de taxi l'ignore toujours.
Quand ils arrivent à Paris, ils voient des gens se promener. "Ces gens marchent très lentement", remarque le touriste chinois. "En Chine, les gens marchent très vite."
Le chauffeur de taxi l'ignore toujours.
Ils arrivent enfin à l'hôtel du touriste. « Quelle est la lecture du compteur ? » demande le touriste.
"200 euros", répond le chauffeur de taxi.
"C'est fou", répond le touriste chinois.
« En France, les bus roulent lentement, les trains roulent lentement et les gens marchent lentement. Comment se fait-il que le compteur soit la seule chose ici qui aille vite ?
Le chauffeur de taxi hausse les épaules et dit: "Le compteur a été fabriqué en Chine."
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LES ARCHIVES !!!
Par M. Robert Charles PUIG
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Les archives sur l'Algérie française s'entrouvrent à nouveau par ordre de l'Elysée.
Des archives choisies une nouvelle fois, ne nous faisons pas d'illusion. Le macronisme veille à ce que l'histoire qui sera racontée corresponde à l'objectif fixé par Macron et donner l'impression que la guerre d'Algérie était une guerre contre l'humanité et les algériens. Souvenons-nous de ses propos en 2017, à Alger. Il l'a dit et l'a confirmé avec ses condoléances à la famille Audin, ce traître au service du FLN puis en s'excusant auprès de la famille d'un suppôt du FLN disparu lors des événements. Il n'y a rien de nouveau et je me souviens de la phrase de De gaulle, le : je vous ai compris. La phrase la plus terrible pour nous car elle préparait notre fin. Un : Je vous ai compris menteur mais que beaucoup pensaient être une victoire pour une plus grande France. Ce n'était que le début du Grand Remplacement vécu à partir de 1962 et de l'envahissement depuis cette date de millions d'algériens et du monde d'Orient.
Macron fait fort avec son suppôt du diable, Stora. Les deux maquillent la vraie histoire et ne montrent de l'épopée pied-noire et de l'armée française d'avant le Putsch des généraux de 1960 que ce qui accuse notre Algérie française. Il oublie le premier massacre par la gendarmerie des français lors des barricades de 1961.
Il tient absolument à manger le couscous algérien avec le FLN et pour cette raison il continue à s'incliner devant le doigt du sieur Tebboune qui foudroie en maître dictateur d'un peuple en déroute malgré ses manifestations.
Il faut croire que la haine de Macron est forte. Ses petits pas pour la fameuse réconciliation sont avant tout des bras d'honneur contre les Pieds-noirs et les propos de Mme Bachelot vont dans le sens du macronisme : "Il met la France en face de sa vérité !" Quelle vérité ? Celle qui est pleine de contrevérités ! C'est une ministre qui n'a jamais eu honte de ses propos, même les plus faux et qui a su butiner d'un parti à l'autre pour un confortable fauteuil... Ils sont nombreux ceux qui ont baissé leur pantalon plus que tourner leur veste.
Bien entendu, Nice-Matin en fait un "plat" de cette ouverture des archives. C'est de bonne guerre pour la mairie niçoise et "macronne" qui a perdu son âme. Ne faut-il pas se défaire de l'esprit de Jacques Médecin qui avait ouvert ses bras aux exilés venus d'Algérie ? Le temps est révolu de croire à une Grande France. Il faut se rapprocher du monde des irresponsables qui ouvrent les frontières, jouent la carte de la mixité, celle que dénonce Eric Zemmour et que Ciotti craint, le Grand Remplacement. Il approche si les français ne se réveillent pas. Si les français hésitent à changer les chiffres des prévisions d'avril 2022. Il faut faire attention au piège. Il faut prendre garde à l'arabe dans les écoles, les mosquées de plus en plus grandes remplaçant la crèche et le Noël de nos enfants. Et nos frontières ouvertes à un prochain Emirat européen qui frappe à nos portes.
Robert Charles PUIG / 11 décembre 2021
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LA MAGHREBINE
Par M. Par Malika Sorel 24/06/2015
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La maghrébine … à lire, c'est remarquable elle est maghrébine ... Lisez, c'est remarquable et par respect pour ce texte, faites suivre en respectant la présentation.
Ancien ingénieur d'affaires et de recrutement de cadres de PME, aujourd'hui membre du Haut Conseil à l'intégration, Malika Sorel a passé ses dix premières années en France, avant de suivre ses parents en Algérie où elle suit sa scolarité. Après avoir terminé l'école polytechnique d'Alger, elle revient en France, où elle suit le troisième cycle de Sciences Po.
En 2007, elle publie : le Puzzle de l'intégration et les Pièces qui vous manquent (Mille et une nuits). Elle y explique que la question de l'immigration-intégration doit être traitée globalement et non plus de façon sectorielle, qu'il faut cesser d'octroyer la nationalité française à des personnes qui ne sont pas prêtes, psychologiquement et moralement, à l'assumer, et s'appliquer, en revanche, à faire respecter la loi française par tous, sans exception.
Pourquoi avez-vous écrit ce livre ?
Les émeutes de 2005 m'ont poussée à écrire ce livre parce que je me sentais responsable de n'avoir, alors, rien dit. Moralement, mais aussi sur le plan affectif, je ne supportais plus cette injustice vis-à-vis du peuple français : les Français sont bâillonnés, et quand ils osent s'exprimer, on leur fait un procès en racisme ou en xénophobie alors qu'ils veulent simplement préserver leur identité.
Mes origines me permettaient peut-être, de dire que la véritable victime de l'immigration est le peuple français.
Vous parlez beaucoup du rôle délétère de la " repentance ". Non seulement pour les Français, mais pour les immigrés eux-mêmes.
Le rôle des élites françaises a toujours été déterminant dans l'instrumentalisation de l'histoire.
La décolonisation a traumatisé tout le monde, soit ! Mais il devrait tout de même être possible, cinquante ans après des drames partagés, de traiter sereinement du passé, avec ses ombres et ses lumières, au lieu de renier son histoire en se laissant enfermer dans la dialectique culpabilisation - victimisation.
Or, c'est malheureusement ce qui se passe. Le discours dominant ne parle que des " horreurs " de la colonisation, et plus personne n'écoute le peuple français, qui est pourtant le plus légitime pour parler objectivement des problèmes engendrés par l'immigration.
De surcroît, transformer les Français de souche en bourreaux, n'a fait qu'injecter le poison de la haine dans le cœur des enfants issus de l'immigration.
La France s'autodétruit sans rendre service aux immigrés, puisqu'on attribue leurs erreurs, ou encore leur manque d'investissement, à la société. Une excuse facile qu'ils reprennent pour ne pas assumer leurs responsabilités. A partir du moment où l'on enferme des gens dans le rôle de victimes, on leur envoie le signal que tout leur est dû. Or, cela n'est pas vrai.
La France fait beaucoup pour les immigrés et leurs descendants, et ceux-ci ont encore énormément. à faire pour se rapprocher des Français de souche européenne, en particulier les Maghrébins et les Africains dont la culture reste très éloignée de celle de leur pays d'accueil.
Il fallait d'emblée être ferme et affirmer que nos valeurs fondamentales ne changeraient pas. On a fait l'inverse. Dans ces conditions, il est naturel qu'ils développent de moins en moins d'efforts pour respecter les normes collectives françaises. Ils sont convaincus que celles-ci vont changer pour s'adapter à eux.
Il faut aussi dire aux populations d'origine étrangère tout ce que l'Etat fait pour elles.
L'argent qui est injecté dans tous les domaines : c'est ainsi qu'on aidera les enfants de l'immigration à se construire le socle de reconnaissance sans lequel rien d'harmonieux ne sera jamais possible.
Ce n'est pas en se flagellant qu'on fera aimer la France aux enfants et aux adolescents des banlieues.
Bien au contraire. Notre comportement relève parfois de la psychiatrie !
Pourquoi l'idée de " discrimination positive " est-elle dangereuse à vos yeux ?
Parce que c'est une escroquerie. L'intégration n'est pas un ascenseur automatique, mais un parcours semé d'obstacles ! L'idée que l'on puisse progresser dans la société de manière passive est absurde. C'est un engagement sur plusieurs générations, la famille entière doit s'engager autour du projet éducatif. Aujourd'hui, beaucoup d'élèves ne font plus rien. Il faut arrêter de les bercer de mensonges ! Pour réussir, il faut se prendre en main.
Et puis la " discrimination positive " est injurieuse pour les immigrés eux-mêmes : on part du principe que les gens issus de l'immigration n'y arriveront pas seuls parce que les Français les détesteraient.
C'est zéro pointé sur toute la ligne. Quand vous travaillez dans une équipe, il faut acquérir sa légitimité auprès des autres. Si vous n'avez pas respecté le même processus de sélection, c'est impossible. Pour devenir légitimes, les personnes issues de l'immigration doivent se plier aux mêmes exigences que les autres.
Vous êtes également très sévère avec la Halde !
Elle joue un rôle d'exaspération et de crispation entre les groupes. Elle passe le plus clair de son temps à exacerber les tensions en disant que les gens issus de l'immigration sont victimes de notre société, alors que c'est l'ignorance des codes sociaux et culturels qui empêche les jeunes d'être recrutés.
Cela avait été parfaitement mis en évidence par l'analyse d'entretiens d'embauche auxquels la sociologue Jacqueline Costa-Lascoux avait assisté.
Le fait qu'on accepte d'eux ce qu'on n'accepterait jamais des autres ne fait que les enfermer dans leurs propres codes culturels.
J'ajoute que je prends comme une bonne nouvelle la mise sous tutelle de la Halde. Mais il faut, à terme, qu'elle disparaisse. Le système judiciaire français est là pour traiter des vraies affaires de discrimination. On n'a nul besoin d'une institution qui participe, vraisemblablement sans le vouloir, à dresser les gens les uns contre les autres.
Qu'opposer, alors, aux doctrines que vous dénoncez ?
Rien d'autre que le modèle d'intégration républicain qui fonctionnait très bien ! On doit accueillir les gens dans la communauté française et non l'inverse. Ils doivent respecter le système français. Si on avait fait ça, on aurait suscité le désir d'intégration.
Mais comment y parvenir quand on injecte 200 000 nouveaux entrants par an dans une société déjà en proie à des difficultés majeures ? C'est irresponsable, grave et fondamentalement dangereux.
Il est évident que là réside le défi des prochaines années : si l'on continue comme aujourd'hui, nous irons vers des troubles majeurs. Trop de gens arrivés récemment n'éprouvent plus le besoin de respecter la loi de la République, et reconstituent leurs sociétés d'origine sur le territoire français. Si rien n'est fait pour y mettre un terme, la pression va devenir rapidement intenable.
Quelles pressions, justement, exercent ces sociétés reconstituées ?
Dans les cultures maghrébines et africaines, le groupe prend possession de l'individu. Or, plus la société est déstructurée et permet des accommodements, plus les membres des groupes mieux structurés sont tentés de bafouer les règles françaises, qu'on peut défier à moindre risque. La culture de l'école de la République que les enfants ramènent à la maison est aussitôt rejetée parce qu'elle ne correspond pas aux normes culturelles d'origine.
Le racisme anti-blanc est une réalité. L'insulte suprême utilisée, c'est " céfranc ". Les professeurs nous le disent : être sérieux en cours, c'est déjà, pour certains, vouloir devenir français : une honte, car assimilé à une traîtrise. Les bons élèves sont, de ce fait, de plus en plus soumis à des pressions par les enfants issus de la même origine culturelle. Le fait que les institutions françaises, la police et l'école soient attaquées n'est évidemment pas anodin. Or , on continue à excuser les auteurs de ces attaques, à les déresponsabiliser en invoquant leurs conditions sociales.
Ces mêmes populations, avec des conditions sociales nettement inférieures, ne se comportent pas ainsi dans leur pays d'origine. C'est bien la preuve que l'attitude de notre société a joué un rôle déterminant dans l'apparition des problèmes que nous connaissons.
Vous accusez le droit du sol. Pourquoi ?
Devenir français est un processus qui doit être personnel, car il faut être prêt à assumer d'inscrire ses propres descendants dans un nouvel arbre généalogique qui n'est pas celui de ses ascendants biologiques et culturels. Il y a là, une véritable rupture, très difficile à assumer. C'est pourquoi, aujourd'hui, pour une multitude de raisons, peu de gens ont le désir de devenir français. Ils prennent les papiers parce qu'ils savent que c'est le sésame avec lequel ils n'auront plus jamais faim. Ils sont honnêtes et l'avouent : - " je ne suis pas français, j'ai juste les papiers ! " C'est la classe politique, dans son ensemble, qui ment et occulte ce que signifie l'identité française.
La communauté française reste pour l'instant silencieuse, car elle est bâillonnée, mais, comme dans tous les pays du monde, elle n'est pas prête à accepter comme françaises des populations étrangères à son identité. Il y a aujourd'hui, en France, une négation fondamentale du droit des Français à être français.
Quelle distinction faites-vous entre insertion et intégration ?
L'intégration, c'est le fait d'assumer l'héritage du peuple français, de porter soi-même les valeurs et les principes des Français, de les transmettre à ses propres enfants. Il y a une forte dimension affective et morale. On ne peut pas exiger cette étape, elle est trop personnelle, trop intime. En revanche, l'insertion est absolument non négociable, c'est le respect des règles et lois de la société.
Nombre de ces règles sont tacites. Elles ne sont pas nécessairement inscrites dans des lois. L'insertion dans la société française constitue une étape indispensable avant l'intégration dans la communauté nationale française. C'est ce que ne respecte pas le droit du sol.
L'une des plus grandes erreurs a été, selon vous, de dégrader l'apprentissage de la langue et de la culture française. Pourquoi ?
L'école de la République a un savoir à transmettre, qui crée un référentiel commun à tous les enfants. La langue est un passeport culturel pour naviguer dans la société française. On les a empêchés de pouvoir le faire en revoyant nos exigences sans cesse à la baisse. Pis, l'école s'est mise à verser dans le relativisme culturel, et même à leur transmettre des éléments de leur référentiel culturel alors que, c'est bien la seule chose que leurs familles leur transmettent.
Aimer une langue est un tremplin pour aimer un peuple. Au travers de la langue, des textes de littérature et aussi des contes et des chansons enfantines, c'est bien la culture qui est transmise.
Aujourd'hui, dans les rues, dans les cours d'école, on ne parle plus français.
C'est un signe, sans équivoque, du réel refus d'intégration. Sans compter qu'un enfant qui ne peut s'exprimer et se faire comprendre du fait de la pauvreté de son langage a une plus grande propension à devenir violent.
Commençons donc par accentuer l'effort sur la maternelle et sur les premières classes de l'école primaire, en réduisant les effectifs par classe et en mettant l'accent sur la transmission de la langue.
Revoyons aussi le circuit des allocations. Il faut impérativement que cet argent aille, en priorité, au projet éducatif, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. A chaque rentrée scolaire, au lieu de remettre aux parents un chèque qui, souvent, sera envoyé dans le pays d'origine, donnons un cartable, des cahiers et des livres directement à l'enfant.
Que pensez-vous de la déchéance de nationalité ?
Il faut la mettre en place, et il faut cesser de donner la nationalité française à tout le monde.
Les gens qui risquent aujourd'hui la déchéance de nationalité n'auraient jamais dû l'obtenir. Il faut vraiment que les politiques s'occupent de toutes ces questions très rapidement. Beaucoup, parmi eux, sont habités par la peur car les populations de l'immigration leur apparaissent comme ayant facilement recours à la violence. Il va pourtant falloir avoir le courage de traiter toutes les dimensions de ce sujet.
C'est dans l'intérêt de tous. Notre société est chaque jour plus déstabilisée. C'est la cohésion nationale qui est désormais en jeu !
Tout accepter met la France par terre !
Et, si nos dirigeants acceptent que l'Éducation Nationale enseigne l'arabe dans nos écoles comme certains de nos politiciens le demandent, la France sera foutue et disparaîtra sous la domination de l'islamisme !!!
NDLR : C'est un texte qui est d'actualité même s'il est vieux de 6 ans.
Envoyé par P. Barisain
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RECONQUISTA
Eric de Verdelhan, Le 16 décembre 2021
Envoyé par plusieurs internautes.
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« L’homme idéal est une vraie femme. Il a rendu les armes » (Eric Zemmour).
Au mois de novembre, j’ai lu le dernier livre d’Éric Zemmour « La France n’a pas dit son dernier mot ». Ce n’est pas son meilleur livre ; j’ai de loin préféré « Le suicide français » ou « Destin français », mais j’adhère à sa vision de la France dégénérescente et à ses solutions pour (tenter de) la redresser. Et puis, lors de son meeting de Villepinte, j’ai entendu – enfin ! – ce que je voulais entendre depuis des décennies ! Pas trop tôt ! Enfin quelqu’un qui, sans langue de bois, prône NOS valeurs ; celles défendues autrefois par Jean-Marie Le Pen, avant que sa fille ne décide de « dédiaboliser » le Front National et d’en faire une composante tiédasse du panel politique de notre pauvre pays.
Pour Marine Le Pen, il importait d’être un parti fréquentable, de ne pas effrayer le bourgeois, et surtout, de ne pas être taxé d’extrémisme de droite ou de fascisme. Elle voulait, comme les autres, devenir un parti attrape-mouches et n’hésitait pas à pratiquer la démagogie la plus racoleuse.
Nous avons tous en mémoire le fiasco lamentable de son face-à-face avec Macron en 2017.
De son côté, Macron a réalisé le rêve de Giscard qui voulait une « société libérale avancée de type permissive gouvernée au centre » : l’amalgame, le conglomérat (l’association de malfaiteurs ?) entre la droite molle, le centre flou et la gauche bobo. Le mariage de la « droite-cachemire » et de la « gauche-caviar ». Zemmour appelle ça « le parti bourgeois », moi « l’extrême centre ».
Beaucoup de Français semblent hélas se satisfaire de cet européisme débridé, cette avancée vers un gouvernement mondial, ce libéralisme dépravé, cette France laïcarde qui ne vénère plus que le fric. On sait pourtant que l’œcuménisme et la permissivité du Concile Vatican II ont vidé les églises ; les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le centrisme fourre-tout, sans valeurs et sans âme, a fait déserter les bureaux de vote, CQFD !
Éric Zemmour envisage une reconquête. C’est un clin d’œil à l’histoire : en 1492, les armées d’Isabelle la Catholique – Isabelle de Castille – et celles de Ferdinand d’Aragon chassaient le Maure de Grenade. La ville a été libérée le 2 janvier 1492. La mère du Sultan Boabdil reprocha à son fils « d’abandonner comme une femme une ville qu’il n’avait pas su défendre comme un homme. »
C’était la fin de la « Reconquista ». Or nous sommes bien obligés de faire un parallèle avec une guerre que nous sommes incontestablement en train de perdre : celle du monde libre contre la barbarie ou, si vous préférez, celle de l’Occident chrétien contre l’Islam salafiste.
Les Occidentaux ont oublié, semble-t-il, le message clair d’Abou Bakr al-Baghdadi, « Calife et successeur de Mahomet », fondateur de l’État islamique aussi appelé Daech, le 29 juin 2014, qui annonçait l’instauration d’un Califat et déclarait « nous reprendrons Grenade ».
Ils n’ont pas voulu entendre non plus Recep Tayyip Erdogan quand il annonçait vouloir récréer, en 2024, le Califat ottoman aboli en 1924 par Mustafa Kemal Pacha, dit Ataturk.
En France, Éric Zemmour est le seul à proposer des mesures qui peuvent nous permettre de ne pas devenir un nouveau Liban ou un nouvel Afghanistan. Lors de son meeting à Villepinte, il a su tendre la main aux musulmans qui acceptent nos lois et nos coutumes ; ceux qui aspirent vraiment à l’intégration. Aux autres, il entend répondre par des mesures justes, fortes, autoritaires, mais après tout, il en va de notre survie. Il serait temps que nos bons bourgeois ouvrent les yeux.
Après l’indépendance de l’Algérie, Boumediene déclarait : « Après l’Algérie française viendra le temps de la France algérienne ; nous vaincrons ce pays par le ventre de nos femmes. »
Il est possible, en effet, que la démographie galopante de l’immigration africaine – qu’elle soit du Maghreb ou d’Afrique noire – fasse que l’Islam arrive au pouvoir démocratiquement, porté par la veulerie d’une classe politique qui a très peur d’une guerre civile. Elle préfèrera la soumission et le statut de « dhimmi » plutôt que de devoir défendre son pays, et elle n’en sera que plus méprisée par des gens qui, eux, ne respectent que la force et le courage.
Depuis la nuit des temps, l’agressivité est la règle de l’espèce humaine. L’idéal kantien (ou chrétien moderne) de la paix perpétuelle, n’a jamais fonctionné. L’histoire est – hélas – structurée par la guerre. L’état de paix n’est généralement qu’une transition passagère entre deux conflits.
D’ailleurs, depuis la fin du néolithique, les guerres n’ont représenté qu’une cause très marginale de la mortalité. Personne, bien sûr, ne peut souhaiter la guerre, mais vouloir l’éliminer (idéologie pacifiste), est aussi stupide que de vouloir éliminer la sexuation (théorie du genre), la religion et l’économie privée (idéologie marxiste) ou le sentiment d’appartenance et d‘identité ethniques (cosmopolitisme). Le problème n’est pas d’éliminer les guerres, ce serait une utopie, c’est de les gagner le plus rapidement possible, pour que les effets positifs de la victoire l’emportent sur les effets négatifs de sacrifices prolongés.
L’auteur de cette vision n’est pas Clausewitz, dans son traité « Des principes de la guerre » (1812), c’est Jules César (« Commentaires sur la Guerre des Gaules » 51 av. J.C.).
Les musulmans se battent – et se battent bien – depuis toujours. Fanatisés par l’Islam qui promet à ses martyrs, 72 houris, (1) au paradis d’Allah, ils font la guerre pour la gagner et n’ont pas peur d’y laisser leur peau. Ils mènent une guerre sainte, le Djihad pour que le Dar al-Harb, le « domaine de la guerre » devienne le Dar al-Islam ou « domaine de la soumission à Dieu ». C’est plus motivant, si je puis dire, que le matérialisme athée des communistes, ou l’hédonisme narcissique et l’adulation du Fric-roi des capitalistes. De plus, la Taqîya, la dissimulation est, pour eux, politiquement utile et moralement louable.
Comme je n’ai aucune envie qu’on me tombe dessus pour « incitation à la haine raciale ou religieuse » je tiens à dire qu’il n’est pas question pour moi de mettre tous les musulmans dans le même sac. J’ai un profond respect pour ceux qui se sont battus – et souvent sont morts – pour la France ; pour nos Harkis qu’on a laissé massacrer ou qu’on a parqué dans des camps ; pour ceux qui ont travaillé dur pour reconstruire notre pays, durant les « 30 glorieuses » entre autres ; pour ceux qui, comme Alain Mimoun, se sentent « plus français que des Français » ; bref pour tous ceux qui veulent devenir français et, pour ce faire, acceptent et adoptent nos us et coutumes (sans pour autant renier leur religion et leurs traditions dans la sphère privée).
Un récent sondage nous apprend qu’en Île de France, 75% des jeunes issus de l’immigration musulmane placent la Charia avant les lois de la République. Disons, alors, que je n’ai pas envie que demain, un gouvernement – arrivé au pouvoir démocratiquement ou par la force – nous impose le Hallal, l’interdiction de l’alcool et des musiques « décadentes », le port de la burqa pour les femmes, l’amputation de la main des voleurs, la lapidation des femmes adultères…etc…
De notre côté, nous sommes prêts à accueillir toujours plus de migrants, comme si la « 5ème colonne » musulmane présente en France n’était pas déjà importante ?
Éric Zemmour s’en inquiète et IL A RAISON. Je partage ses craintes mais je me pose une autre question : Que faut-il penser des brillants stratèges qui nous expliquaient, il y a plus d’une vingtaine d’années, qu’il fallait supprimer le Service Militaire (et réduire drastiquement le budget de la Défense) car l’effondrement de l’URSS nous assurait la paix au sein d’une Union Européenne créée précisément pour garantir la paix ? Ces gens-là n’ont pas compris que c’est la paix qui a fait l’Europe et non l’inverse. Et ils ont oublié que la défunte « Société des Nations » (SDN) ancêtre de l’ONU, visait, elle aussi, la paix entre les peuples : une utopie qui a coûté 50 millions de morts entre 1939 et 1945.
Mais, sans être le moins du monde « complotiste », je me dis que ces gens-là savaient, et que tout ceci était voulu, prévu, planifié par les tenants du Nouvel Ordre Mondial.
Eric de Verdelhan
1)- Les « houris » sont, selon la foi musulmane, des vierges dans le paradis d’Allah.
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De quelques principes simples pour résister face à la folie covidiste
Envoyé Par G. Le Maitre 13/12/2021
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https://www.breizh-info.com/2021/12/13/176033/
de-quelques-principes-simples-pour-resister-face-a-la-folie-covidiste/
Nous avons tous besoin, au milieu de l'épreuve actuelle, de réaffirmer des principes et des vérités fondamentales qui nous permettent de tenir face aux folles décisions des gouvernements et aux flots d'informations charriant beaucoup de mensonges et de propagande.
De se dire et se redire les certitudes inébranlables que nous avons acquises et qui nous permettront de résister encore face à ce qui reste à venir. Car nous sommes sans doute au début d'une sorte de coup d'Etat mondial pour imposer, sous prétexte sanitaire, une limitation drastique des libertés partout dans le monde.
Au matin du premier confinement, j'eus l'intuition puissante d'un basculement dans un monde kafkaïen et absurde. Cette impression d'absurde dura plusieurs jours au milieu de ces rues vides et désertes. Cette intuition initiale ne s'est jamais démentie depuis, renforcée au contraire par la série de mensonges, de manipulations et d'injonctions contradictoires des gouvernements. Je compris donc qu'il s'agissait avant tout d'une crise politique avant d'être une crise sanitaire. Que tout était planifié pour mettre en place des mesures liberticides et totalitaires et d'user de la peur pour contrôler les populations. La peur la plus redoutable qui soit puisqu'il s'agit de celle de la mort ! Les gouvernements du monde entier se sont donc comportés comme des clans mafieux qui se servent des menaces physiques pour tenir leurs obligés.
Le premier principe qui m'est apparu est donc celui du Christ à ses disciples, relayé par St Jean-Paul II le Grand dans sa lutte contre le totalitarisme communiste : " N'ayez pas peur ! "
Oui, je décidais intérieurement de ne pas avoir peur du virus, de la maladie et de la mort. Envisager sereinement sa finitude et la perspective inéluctable de sa propre mort libère radicalement et permet de résister sereinement.
En outre, il est apparu assez rapidement pour celui qui voulait bien ouvrir les yeux que ce virus n'était pas très létal et qu'il touchait essentiellement les populations vieillissantes et/ou affaiblies par la maladie. Dès le début, rien ne justifiait un tel affolement et de telles atteintes à nos libertés civiles. Les traitements précoces qui apparurent très tôt, grâce au remarquable travail de vrais chercheurs comme le Professeur Didier Raoult, auraient dû suffire à traiter l'épidémie. Mais comme par hasard, tout fut fait pour les diaboliser et faire passer une molécule non toxique utilisée massivement depuis 70 ans pour une chimiothérapie agressive et extrêmement toxique.
Et là apparaît un deuxième principe à mettre en œuvre pour résister : le bon sens ! Comme dit Descartes, le bon sens est la chose la mieux partagée au monde et finalement je crois que c'est vrai. Faites confiance à votre bon sens paysan qui est enfoui quelque part en vous !
Le bon sens commandait dans cette crise de tout utiliser. Or, les gouvernements interdirent ces traitements précoces et pire que tout, l'Etat interdit aux médecins de soigner ! La nature criminelle de ces décisions ne fait pour moi aucun doute.
Si cette crise n'est pas sanitaire mais que le virus n'est qu'une excuse pour prendre des décisions politiques au niveau mondial qui ne seraient pas possibles sans le contrôle extrêmement fin des populations, quelle est l'origine exacte de cette crise ? Quelle est sa nature ?
Quelques mois avant le déclenchement de l'épidémie, réfléchissant à la crise économique et monétaire que l'Occident affronte depuis 2008, j'eus la certitude que seulement deux solutions s'offraient à nos dirigeants.
· Soit laisser s'effondrer le système et notamment l'Union européenne et l'euro en proposant des alternatives politiques de décentralisation radicales répondant aux désirs identitaires nouveaux des peuples (Brexit, Trump, Catalogne…) et en se servant des technologies nouvelles répondant à ce désir de décentralisation radicale, je pense notamment à la Block Chain.
· Soit accélérer le projet centenaire de gouvernance mondiale, exact opposé des désirs populaires exprimés récemment, en brusquant sa mise en place par l'installation d'un mode de gouvernance autoritaire dans tous les pays occidentaux. Il fallait simplement trouver les bonnes conditions pour réaliser ce coup d'Etat.
La virus Covid-19 fut l'occasion rêvée. Il y eut probablement une tentative en 2009 avec le virus H1N1 mais le virus ayant évolué naturellement vers des formes bénignes, l'épidémie s'arrêta d'elle-même.
Le Covdi-19 en revanche nous hante déjà depuis deux ans et chacun de ses variants provoquent une aggravation de la crise et des mesures de plus en plus liberticides et totalitaires. Il semble avoir été créé tout exprès…Le fait qu'il soit issu des recherches de gain de fonction semblent aujourd'hui une piste très sérieuse. Même si je ne crois pas que ce virus ait pu être créé dans le but d'engendrer cette panique, la question de son origine et de son instrumentalisation politique se pose de manière aiguë.
Un troisième principe politique de résistance apparaît clairement ici : le bénéfice des peuples est toujours dans une organisation fortement décentralisée. Le bénéfice de l'Etat dans une organisation autoritaire et centralisée. Toutes les décisions politiques doivent être jugées selon ce principe.
Au matin du premier confinement, ces trois principes étaient déjà bien installés dans mon esprit ce qui m'a, je crois, permis de mesurer l'ampleur de la manipulation en cours au regard de la réalité, somme toute négligeable, de l'épidémie.
La dignité inaliénable et irréfragable de la personne humaine, la richesse précieuse de nos libertés personnelles, civiles et politiques, conquises de haute lutte, ne sont pas compatibles avec le régime inédit, mondial et autoritaire, qu'on cherche à nous imposer.
C'est un NON POSSUMUS radical que nous devons opposer aux dérives liberticides actuelles.
Je souhaite maintenant aborder les principes scientifiques, heuristiques et épistémologiques qui permettent de résister à la fausse science et à la médecine corrompue qui se déversent dans nos têtes depuis le début de la crise.
Les menaces et pressions faites sur des sommités scientifiques et médicales qui ne sont pas conformes à la narration qu'on cherche à nous imposer doit alerter tout esprit rationnel. Qu'est-ce que la science ? Le doute. Le fait qu'on ne puisse pas critiquer le narratif officiel est un signe évident que nous ne sommes pas en présence d'un discours scientifique, ni même rationnel.
Le doute et la possibilité de falsifier la théorie dominante sont des principes épistémologiques qui sont aujourd'hui connus du grand public cultivé Or, face à la narration covidiste, il est interdit de douter et il est interdit de tenter de falsifier le discours dominant. Il s'agit donc de propagande, pas de science.
Ce qui m'a frappé depuis le début de la crise est cette volonté de noyer les citoyens sous des flots de statistiques qui semblent rationnelles et imparables. Les chiffres ne mentent pas…En fait si, les chiffres peuvent mentir, seuls les faits ne mentent pas.
Quatrième principe de résistance intellectuelle : La science c'est l'humble observation du réel, alliée à un discours qui suit les règles de la logique pouvant éventuellement déboucher sur une théorie mathématisée. La science n'est ni un flot de statistiques, ni de simulations numériques.
L'effondrement intellectuel des générations contemporaines permet toutes les manipulations, notamment celles des No Fake Med et celle de ceux qui vous noient sous un flot de statistiques invérifiables dont les biais sont impossibles à déterminer facilement pour un non-spécialiste.
C'est à cause de cette incroyable confusion intellectuelle, savamment entretenues, que purent alors s'imposer des traitements expérimentaux.
Si ces principes de refus de diffuser la peur, de bon sens, de décentralisation des décisions politiques et d'une conception rationnelle de la science avaient été maintenus, jamais ces vaccins géniques expérimentaux n'auraient pu être imposés à la totalité de la population mondiale, particulièrement occidentale.
Je souhaite maintenant appliquer ces principes au cas particulier des vaccins expérimentaux qui nous sont désormais partout imposés sous peine d'exclusion sociale. Celle-ci pouvant aller jusqu'à la mise en camp de quarantaine comme en Australie, ou pire, à la mise en danger de la vie en interdisant l'accès aux biens de première nécessités comme au Canada.
Première question. Comment des vaccins ont-ils pu être développés en six mois face à un virus inconnu, à l'origine incertaine, dont les conséquences cliniques commençaient seulement à être traitées et étudiées. Tous les spécialistes disent qu'il faut 7 à 10 ans pour mettre un nouveau vaccin sur le marché. La létalité du Covid-19 ne justifiait pas une telle précipitation.
En outre, ces traitements font appel à des technologies nouvelles, certes connues et développées en laboratoires et testées dans de rares essais cliniques, mais jamais utilisées à si large échelle. L'homme libre que je suis n'est pas un cobaye. Vous n'êtes pas des cobayes, aucun homme ne l'est !
Ici le bon sens et la prudence commandent de dire : non, je ne vaccinerai pas.
La technologie utilisée dite à ARN messager est très innovante et c'est très certainement une technologie qui apportera dans le futur de grands bienfaits à l'humanité. Mais la science, humble et patiente face au réel, nous dit aujourd'hui qu'une cellule vivante est la chose la plus complexe de l'univers. Nous ne savons non seulement pas synthétiser la vie, mais plus encore, nous ne savons ni la définir précisément, ni en fixer précisément les limites. Les virus étant d'ailleurs ironiquement à cette frontière entre vie et non vie…
En utilisant cette technologie qui va au cœur des mécanismes de la cellule pour faire une protéine toxique de la surface du virus Covid-19 nous jouons aux apprentis sorciers. Malheureusement, des premiers effets secondaires gravissimes commencent à apparaître : thromboses, myocardites et péricardites, troubles neurologiques, maladie de Kreuzfel-Jacob, affaiblissement du système immunitaire…
Je rappelle que les vaccins ne sont pas des médicaments. Ils ne soignent pas, ils préviennent. Injectés à une population en bonne santé, leur sécurité doit être absolue.
La véritable science, telle que nous l'avons définie, impose la prudence et de ne pas prendre l'humanité entière pour cobaye !
C'est pourquoi, non, je ne me vaccinerai pas.
Dès le début de la crise, des vétérinaires ont alerté sur la nature particulière des coronavirus. Les vétérinaires connaissent bien les coronavirus car ils sont à l'origine de plusieurs maladies mortelles chez des animaux domestiques ou d'élevage. Toutes les tentatives de vaccination contre les coronavirus se sont soldées par un échec. La mortalité post-vaccinale était beaucoup plus importante. C'est l'effet VAED (Vaccine Associated Enhanced Disease). Les anticorps formés au cours de la vaccination sont paradoxalement facilitateurs d'une post infection vaccinale au lieu d'en protéger. L'infection étant facilitée, les malades font des formes plus sévères. C'est ce phénomène qui s'est produit avec des vaccins Sanofi contre la dingue aux Philippines et qui a conduit à la mort de milliers d'enfants. SANOFI a été condamné. Les coronavirus sont connus pour créer le même effet.
La reprise épidémique dans des pays fortement vaccinés suggère que c'est cet effet qui se produit.
C'est pourquoi, non, je ne me vaccinerai pas, même avec des vaccins traditionnels à virus atténué.
La mise en place de passes sanitaires partout dans le monde avec une séparation entre vaccinés pouvant garder leurs droits civils et les non vaccinés privés de ceux-ci jusqu'à mettre en danger leur vie et perdre leur liberté physique est un signal d'alarme absolu pour toute personne rationnelle, ayant conservé bon sens et humanité.
Cette dérive liberticide et totalitaire est inacceptable. Aucune maladie, aucune épidémie, aucune crise ne justifie de telles mesures. Quels sont les buts réels et les desseins occultes qui se cachent derrière de telles décisions aussi graves ? Il est légitime de poser la question.
Nous devons donc résister face à cette inquiétante dérive politique et celle-ci passe par le refus de ces injections géniques expérimentales.
Ingénieur, j'ai eu la chance de travailler avec le dernier Prix Nobel de Chimie français, je travaille dans le domaine de la chimie et livre l'industrie pharmaceutique, je faisais jusqu'à l'année dernière tous les ans le vaccin contre la grippe. Je suis donc loin de la caricature qu'on fait des gens qui résistent à la folie covidiste actuelle, des complotistes idiots sous-diplômés !
Mais j'ai toujours eu un esprit critique, c'est-à-dire scientifique et ma foi éclaire mes décisions morales. J'appartiens ainsi pleinement à la tradition occidentale.
Celle-ci nous ordonne de résister aux très graves dérives totalitaires actuelles. C'est ce que je souhaitais rappeler.
Bertrand LEROY
Précision : les points de vue exposés n'engagent que l'auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d'expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
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SOUVENIR pour NOTRE COPAIN
Par Jean Pierre Bartolini
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Le 19 Janvier 2022, ayons une pensée fraternelle pour NOËL.
L'ASSASSINAT DE NOËL MEI, 59 ans déjà
Bône, le 19 Janvier à 18 h. 45, le S-Lieutenant PALVADEAU Gilbert, Substitut du Procureur militaire attaché au Général Cdt la Z. E. C., apercevant deux jeunes garçons qui collaient des affiches, arrête sa 2 CV, dégaine son revolver et tire à plusieurs reprises, tuant d'une balle au cœur Noël MEI, âgé de 16 ans et blessant son compagnon âgé de 14 ans.
59 ans de crime impuni !!!
https://piednoir.fr/bone/titre_rubrique/nostalgie/noelmei.html
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Lettre d'information - Décembre 2021
www.asafrance.fr
Envoi de l'ASAF 17 Décembre 2021
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« Ne pas subir »
Après 40 années de réduction drastique des ressources indispensables au maintien à long terme de forces armées modernes et efficaces, malgré une très timide remontée des budgets depuis 5 ans, les armées sont encore bien loin de pouvoir combler leurs insuffisances les plus criantes.
Restaurer notre souveraineté, réduire notre dépendance
Une récente prise de conscience malgré des exemples passés
Les ruptures d’approvisionnements en médicaments constatées il y a déjà plusieurs années et la crise de la Covid depuis 2 ans ont révélé aux Français notre extrême dépendance vis-à-vis de l’étranger. Déjà, dans les années 70, la crise pétrolière avait conduit la France à développer une filière complète de production d’électricité d’origine nucléaire afin de réduire sa dépendance énergétique. C’est cette filière d’excellence qui fournit encore aujourd’hui les trois-quarts de notre électricité.
Dès 1945 et malgré les ravages des 5 années de guerre, la France avait déjà compris que pour rester indépendante elle devait maîtriser l’espace et l’atome. Malgré des moyens limités, les remarquables résultats obtenus permettent à notre pays de disposer aujourd’hui de capacités indispensables à son indépendance stratégique. Ils ont aussi conforté chez les Français le goût de la grandeur et de l’excellence. Les réussites de la France, troisième puissance spatiale en 1963 et première puissance militaire nucléaire indépendante en Europe dès 1964, effaçaient dans l’esprit des Français le traumatisme de la défaite de 1940.
Notre pays bénéficie aujourd’hui des choix effectués et des efforts consentis il y a plus de 60 ans d’autant que ceux-là ont été poursuivis sans solution de continuité. La mise en orbite récente de satellites de la nouvelle génération de « la composante spatiale optique » (CSO 1 et 2) et de renseignement électromagnétique (CERES) démontre la pertinence du choix de l’accès à l’espace dès 1945.
Rappelons tout de même que la part de la richesse nationale consacrée à la Défense s’établissait encore à plus de 4 % du PIB en 1967. Elle n’était plus que de 3 % en 1980 en raison des 2 chocs pétroliers des années 70. Après être descendue à 1,6 % en 2015, elle atteindra à peine 1,8 % en 2022 et devrait s’établir à 2 % en 2025 si les engagements pris dans la LPM de 2019 sont tenus…
Des défis à relever avec détermination
Après 40 années de réduction drastique des ressources indispensables au maintien à long terme de forces armées modernes et efficaces, malgré une très timide remontée des budgets depuis 5 ans, les armées sont encore bien loin de pouvoir combler leurs insuffisances les plus criantes.
Parallèlement de nouveaux champs de confrontation s’ouvrent dans des domaines de hautes technologies exigeant des ressources financières et humaines importantes dont la maîtrise est essentielle pour les armées. Il s’agit par exemple :
- de bases de données nationales dont le stockage et les logiciels d’exploitation soient français afin de garantir la protection, l’intégrité des données et leur utilisation à des fins strictement nationales ; ce n’est pas le cas aujourd’hui avec Microsoft et Google ;
- de capacités de recherche, d’exploration et d’exploitation des fonds sous-marins. La France dispose, grâce à ses DROM-COM de la 2e plus grande zone économique exclusive (ZEE) avec plus de 11 millions de km2. Elle se doit également d’assurer la surveillance de certains câbles sous-marins qui assurent 95 % des échanges de données. Elle doit enfin absolument maîtriser ce milieu sous la mer où évoluent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la force de dissuasion et les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) qui, pour leur part, contribuent avec discrétion à la dissuasion conventionnelle et au recueil du renseignement.
Il faudrait y ajouter de nombreux autres domaines déterminants dont la puissance de calcul, l’intelligence artificielle, la cyberguerre, la défense de nos satellites… sans oublier naturellement la fabrication des microprocesseurs dont la production est assurée à ce jour à 70 % par Taïwan.
On voit, comme ce fut le cas en 1945 pour l’espace et le nucléaire, que ces investissements exigent une farouche volonté du pouvoir politique et non de simples déclarations d’intention. Il y faut également une grande continuité dans l’action afin que le successeur ne remette pas en question ce qui a été fait par le prédécesseur, comme ce fut le cas dans le domaine du nucléaire civil avec l’arrêt du surgénérateur Superphénix en 1997 qui nous a fait perdre des années de recherche et d’avance technique.
Urgence signalée
Il est évident qu’un effort visant à renforcer notre souveraineté dans les domaines tant civil que militaire doit être entrepris au plus tôt. Nos armées, qui font face à des menaces hybrides mêlant matériels de pointe opérant dans l’espace matériel à des actions dans les espaces immatériels ou opaques, doivent disposer des moyens de vaincre.
Il convient de rappeler sans fausse pudeur que l’industrie de Défense, domaine où la France possède un savoir-faire d’excellence reconnu, est une industrie de haute technologie dans de nombreux domaines (lasers, optique, métallurgie hautes performances, radars, transmissions de données…), peu délocalisée, et dont les exportations contribuent à réduire le déficit de notre balance commerciale.
Mais il est certain que, face aux défis nombreux, les coopérations entre États visant des objectifs convergents sont indispensables. En effet, les investissements financiers et humains nécessaires sont tels qu’il est illusoire de croire que nous pouvons tout faire tout seuls. En revanche nous pouvons, et devons, y associer des partenaires comme Dassault a su le faire avec des industriels pour réaliser le démonstrateur de drone de combat Neuron dont l’exemple est à méditer.
C’est avec une équipe de France civilo-militaire que la France relèvera ou pas le défi de la souveraineté. Elle doit absolument rassembler ses talents, sélectionner les secteurs stratégiques qu’elle juge essentiels et nouer des coopérations avec des partenaires fiables sans a priori comme elle le fait déjà avec la Russie à Kourou en Guyane. Encore faut-il que les moyens financiers disponibles soient à la hauteur des enjeux.
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens de faire des mises à jour et d'ajouter Oued-Zenati, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Clauzel, Duvivier, Duzerville, Guelaat-Bou-Sba, Guelma, Helliopolis, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Oued-Zenati, Penthièvre, Petit et Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers
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Lutte contre la migration clandestine
Envoyé par Basile
http://www.lestrepublicain.com/index.php/annaba/item/
9032448-rapatriement-de-42-ressortissants-subsahariens
Est Républicain / par Zarrougui Abdelhak le 21 Déc 2021
Rapatriement de 42 ressortissants Subsahariens
Une nouvelle opération de rapatriement de migrants sahariens, principalement maliens et nigériens, a été menée cette semaine par les autorités de la wilaya d’Annaba. Entrant dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la migration clandestine, cette opération coïncide avec le retour au calme des deux pays dont sont originaires les ressortissants refoulés. Ainsi, une quarantaine de migrants ont été acheminés vers Constantine pour y faire l’escale dans le centre d’hébergement régional, avant d’être accompagnés jusqu’aux frontières.
D’autres opérations de rapatriement devraient être organisées prochainement dans le cadre d’une stratégie nationale pour la lutte contre ce phénomène dans le strict respect des conventions et traités internationaux ratifiés par l’Algérie qui assure toutes les conditions propices pour l’opération de rapatriement.
Cela afin de préserver la dignité des migrants à travers la création de centres d’hébergement, la restauration, le transport, et la prise en charge médicale, y compris la vaccination, tout en assurant les fournitures nécessaires dont les vêtements pour enfants.
L’Algérie, faut-il le souligner, appuie le programme du retour volontaire de migrants clandestins en coopération avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ce qui a permis le rapatriement de nombre de migrants, surtout que de jeunes migrants subsahariens sont exposés à des exploitations dans le cadre de réseaux de mendicité.
Dans le même volet, la Gendarmerie nationale a réussi cette semaine à démanteler un réseau de passeurs constitué de sept individus et procédé à la saisie de deux embarcations, deux moteurs et deux véhicules. Ce coup de filet vient couronner les efforts consentis dans le cadre des mesures complémentaires de lutte contre la migration clandestine.
Il s’agit de l’installation de barrages mixtes entre la police et la Gendarmerie nationale à travers le réseau des routes frontalières qu’empruntent les passeurs de migrants clandestins, la démolition des habitations anarchiques, qui les abritent les migrants clandestins, où se propagent toutes sortes de fléaux.
Ce plan d’action inclut, en effet, le démantèlement des réseaux d’accueil de migrants dans les hangars, les chantiers et habitations en cours de construction ou dans d’autres lieux, ainsi que la confiscation automatique des moyens de transport utilisés dans ces opérations.
Zarrougui Abdelhak
Grand port du centre
Envoyé par Pierre
https://www.tsa-algerie.com/grand-port-du-centre-
lalgerie-negocie-une-baisse-du-cout-avec-la-chine/
tsa-algerie.com - Par Rédaction 13 Déc. 2021
l'Algérie négocie une baisse du coût avec la Chine
Du nouveau pour le projet du grand port du centre. Les études techniques et administratives de ce futur port ont été achevées, a indiqué ce lundi 13 décembre le directeur général de l'Agence nationale de réalisation du Port du Centre de Cherchell (Tipasa) Amar Grine.
" Les préparatifs pour le lancement de ce projet vont bon train et ont atteint un stade avancé ", a expliqué M. Grine en marge d'une visite de travail du wali de Tipasa, Abou Bakr Seddik Boucetta, sur le site d'implantation du nouveau port, rapporte l'agence officielle.
Il a ajouté qu' "un accord a été trouvé avec le groupement d'entreprises en charge du projet sur le coût et les délais de réalisation, après l'achèvement de toutes les études techniques et d'impact sur l'environnement ", a-t-il observé.
S'agissant du coût du projet, le même responsable prévoit une révision à la baisse du montant de l'enveloppe financière annoncée en 2018 et qui était de 5,1 milliards de dollars, sans fournir plus d'informations sur le coût révisé qui, selon lui, " est à l'étude avec le partenaire chinois, en sa qualité de bailleur de fonds ".
Il s'agit d'un méga projet stratégique, dont le financement sera assuré par le partenaire chinois et nécessitant de ce fait, selon M. Grine, " son examen et l'approbation des délais et coûts de sa réalisation, avant l'approbation par les deux parties (algérienne et chinoise) de l'étude et la signature d'un accord de financement qui constituera la dernière étape, avant le lancement officiel du chantier du projet ", a-t-il expliqué.
Le même responsable a signalé que ces procédures viennent en application des instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, émises lors du Conseil des ministres qu'il a présidé le 28 juin dernier, durant lequel il a recommandé le réexamen du projet du port Centre d'El Hamdania, avec le partenaire chinois, selon de " nouvelles règles transparentes ".
Concernant l'impact de ce projet sur l'environnement, notamment l'exploitation des carrières à Tipasa, vu que les besoins du chantier sont estimés à près de 30 millions de tonnes d'agrégats, M. Grine a déclaré que les études techniques menées par des bureaux d'études étrangers spécialisés ont confirmé que " l'exploitation de neuf carrières ne dépassera pas 2% de leur capacité ", de ce fait, les effets négatifs de l'exploitation de ces carrières seront " très faibles ", a-t-il observé.
Il a rassuré, en outre, que toutes les phases de réalisation du projet (avec ses équipements et ses installations de base), " sont soumises à un plan d'étude strict et rigoureux concernant son impact sur l'environnement et les biens culturels ".
Au sujet des biens culturels ou des vestiges archéologiques se trouvant dans le périmètre du site du projet du port, y compris ceux immergés, le même responsable a affirmé qu'une " attention extrême sera accordée à la prise en charge de ce dossier ", signalant que les sites archéologiques seront intégrés dans le projet et seront clôturés et préservés.
Grine a aussi indiqué que 36 canons datant de la période ottomane seront déplacés vers la plage Tizirine de Cherchell, en perspective de leur transfert vers le musée maritime, au moment où une autre étude est en cours pour déterminer la valeur historique d'une épave de bateau en bois, retrouvée à la plage " Rocher blanc ", dans le périmètre du chantier du projet .
Projet financé entièrement par la Chine
Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit, lors du Conseil des ministres qu'il avait présidé le 28 juin dernier, le Premier ministre de réétudier le projet du port du Centre d'El Hamdania avec le partenaire chinois sur de nouvelles bases transparentes.
Réagissant, lors de ce même conseil, à l'exposé présenté par le ministre des Travaux publics sur le projet du port du Centre, le président de la République avait rappelé les pertes occasionnées à l'économie nationale en général, par le retard de sa réalisation, l'objectif stratégique de ce port étant le désenclavement des pays africains sans accès maritimes, avec ce que cela implique en termes d'impulsion de la vie économique et de création d'emplois.
Le projet sera financé par un prêt à long terme du Fonds national d'investissement (FNI) et un crédit de la banque chinoise Eximbank of China.
Cette infrastructure portuaire sera réalisée dans un délai de sept ans, mais sera mise en service progressivement, dans quatre ans, avec l'entrée d'une compagnie chinoise, Shanghai Ports, qui assurera son exploitation, selon les prévisions du ministère de tutelle.
Le choix du site d'El Hamdania, à l'est de Cherchell, pour l'implantation de ce projet s'est faite sur la base des premières études techniques ayant déterminé que cette zone est dotée d'un tirant d'eau (hauteur de la partie immergée d'un bateau) de 20 mètres et d'une large baie lui assurant une protection naturelle.
Ce futur port en eau profonde sera non seulement destiné au commerce national par voie maritime, mais aussi aux échanges à l'échelle régionale.
La structure comptera 23 terminaux d'une capacité de traitement de près de 6,5 millions de containers/an, avec 25,7 millions de tonnes/an de marchandises.
Rédaction
NDLR: 5,1 milliards de dollars pour le moment. Ils peuvent multiplier par 3 quand dans 10 ans, le port et ses annexes seront achevés....une partie en retro commission et autres backchiches s'exilera vers Paris et la Suisse.
Déjà en 2018, "incapable de payer ses dettes, le gouvernement kenyan semblait contraint de céder la gestion de son principal port à son créditeur chinois. Le Kenya ne serait pas le premier pays à faire les frais de la "générosité" de Pékin.
Le Port d'El Hamdania est un projet de port en eau profonde en Algérie qui sera construit à Cherchell dans la wilaya de Tipaza. Lancé en 2015, le projet a été reporté après que les études de réalisation soient jugées insuffisantes et que des suspicions de corruption aient bruité1. Le projet a été relancé en 2020 par les autorités algériennes. Il sera réalisé par un financement mixte algéro-chinois.
Le port sera relié au réseau routier algérien, notamment l'autoroute Est-Ouest ainsi qu'au réseau ferroviaire. Dans ce cadre, une pénétrante de 37 kilomètres reliant le port à l'autoroute Est-Ouest au niveau d'El Affroun, ainsi qu'une double voie ferrée électrifiée de 48 km entre le port et la gare d'El-Affroun seront engagés2. Le port, qui deviendra le plus grand d'Algérie, disposera de 23 quais d'une capacité de traitement de 6,5 millions de conteneurs et 25,7 millions de tonnes de marchandises par an3, il sera destiné au commerce national maritime, tout en étant un axe d'échanges au niveau régional notamment vers l'Afrique subsaharienne. Son coût de réalisation est estimé entre 5 et 6 milliards dollars US4.
ELECTIONS DE FRANCE
Envoyé par Lucien
https://www.tsa-algerie.com/france-la-diaspora-algerienne-
un-levier-politique-pour-la-presidentielle/
TSA-Algérie - Par : Soraya Amiri 09 Déc. 2021
La diaspora algérienne, un levier politique pour la présidentielle ?
La France est en plein échauffement électoral pour la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en 2022. Les premiers candidats se déclarent, les thèmes de campagne se dessinent plus ou moins subtilement.
L’immigration ainsi que les questions d’identité et de laïcité sont les premiers sujets sur lesquels les candidats se placent. Une tradition française.
La France étant l’un des pays européens qui reçoit le plus d’immigration, la place des diasporas étrangères est un enjeu crucial pour chaque élection. Parmi les étrangers, la communauté algérienne se retrouve de fait, en première ligne des programmes politiques.
La diaspora algérienne, un poids dans l’élection
La communauté algérienne est la première population d’origine étrangère en France. On estime la diaspora à environ 2,6 millions de personnes, dont près de 800 000 qui ont à proprement parler le statut d’immigrés. Ce qui signifie que la majorité de la diaspora algérienne représente également des citoyens ayant la nationalité française et donc de droit de vote.
Ces électeurs d’origine algérienne représenteraient 1,4 million de voix potentielles à chaque élection. Difficile de négliger cet électorat. Toutefois, cette diaspora n’est pas un bloc monolithique, au contraire, en raison de son nombre important, elle présente plusieurs courants.
"La diaspora algérienne est difficile à cerner car elle est très diversifiée. Les différences reposent sur des critères sociaux. Il y a une classe moyenne qui émerge, avec des professions intellectuelles, des cadres, des entrepreneurs. Elle est composée de personnes qui ont une conscience politique et qui sont sensibles aux discours politiques", analyse un ancien haut fonctionnaire français d’origine algérienne. Cette classe s’orientera traditionnellement vers la politique centriste ou de droite, estime notre interlocuteur.
"Mais il y a également une classe plus modeste, qui connaît des difficultés d’intégration sociale, ayant un pouvoir d’achat faible, dont une partie de la jeunesse connaît un important taux de chômage. Cette catégorie sera plus sensible à la gauche, voire à l’extrême gauche", ajoute l’ex-haut fonctionnaire fin observateur de la société algérienne en France.
Or les candidats à la présidentielle ont-ils conscience de cette diversité et sont-ils prêts à la prendre en considération ?
La diaspora autant rejetée…
Les candidats semblent bien prendre en compte les nuances dans la diaspora algérienne. Chacun a choisi sa part d’électorat dans cette communauté, un choix fait sur des critères sociaux. On voit d’ores et déjà apparaître une différence de traitement entre les classes sociales.
D’un côté, les immigrés seulement résidents français, les Algériens de confession musulmane ou encore ceux à faible revenus sont diabolisés. De l’autre côté, la classe moyenne émergente, celle des cadres et des entrepreneurs est valorisée et considérée comme un potentiel électorat.
Le rejet est massif à droite et à l’extrême droite. Au moins trois candidats se prononcent pour des mesures anti-immigration. À l’extrême-droite, Eric Zemmour et Marine Le Pen s’engagent à réviser des droits tels que le regroupement familial, l’aide d’urgence médicale.
Le droit du sol est également dans leur viseur, ils comptent tout simplement le supprimer s’ils sont élus. Valérie Pécresse, candidate des Républicains, veut annuler son automatisation et l’autoriser sur preuve d’une maîtrise de la langue et de la culture française. L’accès aux prestations sociales seulement pour les Français et les résidents de plus de 5 ans est également très présent dans les discours de campagne de ces trois candidats de la droite.
Des réformes anti-algériennes ont même été évoquées. Marine Le Pen, par exemple, appelle à arrêter complètement l’immigration algérienne et bloquer les transferts d’argent des immigrés vers l’Algérie. Une proposition d’ailleurs reprise par Arnaud Montebourg, pourtant candidat de gauche. Ce dernier veut bloquer les transferts vers les pays qui ne facilitent pas le rapatriement de leurs citoyens expulsés par la France. Il se trouve que l’Algérie est en tête de liste.
… que convoitée
De l’autre côté, la diaspora dite intégrée est valorisée et appelée à s’exprimer. C’est surtout le camp d’Emmanuel Macron qui lui fait du pied.
Dîners, concertations, légions d’honneur, tous les outils ont été utilisés par la majorité actuelle pour attirer cette partie de la communauté. Fin novembre, le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin organisait un dîner avec des cadres et entrepreneurs issus de la diaspora algérienne. L’invitation à cette rencontre privée, visait à écouter les expériences de ces personnes, entendre leurs propositions pour ajuster leur place dans la société.
Ce n’est pas tout, Emmanuel Macron a promis durant son mandat de s’attaquer aux discriminations à l’embauche, en mettant en place des testing géants.
Il a également tenté un travail sur le devoir de mémoire concernant le passé commun de la France et de l’Algérie. Sa dernière démarche réunissait un groupe d’enfants et petits-enfants d’Algériens qui ont été réunis sous le nom de « Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes » pour effectuer un travail mémoriel. Des discussions visant à panser les dernières blessures de l’histoire franco-algérienne à la demande de l’Élysée.
Les tentatives sont là mais ne réussissent pas toujours. La lutte contre les discriminations à l’embauche est restée à l’état d’étude mais aucune réforme n’en est sortie.
Côté mémoire, le président français a fait des pas vers l’Algérie en reconnaissant entre autres les « crimes inexcusables » de la France contre les Algériens en octobre 1961. Mais il s’est aussitôt tiré une balle dans le pied en critiquant "la rente mémorielle" dont profiteraient les dirigeants algériens. Il s’est même interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830. Lançant ainsi un froid dans les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie.
Il ne faut pas oublier l’acharnement fréquent sur les communautés musulmanes, dont font partie de nombreux franco-algériens issus de la classe moyenne. Ce mandat les a fortement secoués sur des questions personnelles comme leurs croyances personnelles ou leur identité.
Une communauté forcée à prendre position
Les discours contradictoires perturbent la diaspora. Que ce soient ceux de rejet voire de haine, comme ceux de séduction. Finalement la diaspora algérienne a tendance à être traitée comme une vulgaire masse que l’on implique coûte que coûte dans des enjeux auxquels elle ne prétend pas.
Les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, la peur d’un Islam menaçant ou à l’extrême-droite la théorie du grand remplacement sont des sujets qui, aujourd’hui, ne touchent pas vraiment les Algériens de France fatigués de devoir se justifier sur ces thèmes.
"La classe moyenne par exemple se sent complètement intégrée et rencontre les mêmes problèmes que n’importe quel Français. Ce sont des gens qui s’enracinent en France et le discours sur l’immigration, la réduction des visas ou autre mesure, ne les concerne plus. C’est triste mais l’Algérie a perdu le lien avec sa diaspora. Aujourd’hui on est sur la 3e et 4e génération d’Algériens, dont des personnes qui n’ont jamais mis les pieds en Algérie", estime l’ex-haut fonctionnaire franco-algérien.
Côté classe modestes il en est de même, ils s’intéressent davantage à des questions de pouvoir d’achat, de création d’emploi ou encore de formation que d’identité algérienne ou française. "Avant d’être des électeurs d’origine algérienne, ce sont des votants qui font leur choix en fonction de leur vie économique et personnelle", rappelle notre observateur.
Quel sera le vote des Algériens pour 2022 ?
Sur cette base de réflexion, peut-on prédire quel sera le vote dominant au sein de la diaspora ? Alors que tous les candidats ne se sont pas déclarés, il est difficile de prévoir le ou plutôt les votes de la diaspora. L’abstention pourrait être majoritaire, faute de candidat qui prend en compte les nuances des Franco-Algériens.
Les classes moyennes gardent un goût amer du mandat d’Emmanuel Macron qui n’a su réaliser toutes leurs attentes et les impliquer dans les sphères de pouvoir. Ce désamour pourrait coûter à Emmanuel Macron l’éloignement des cadres et entrepreneurs d’origine algérienne qui étaient nombreux à le soutenir lors de la dernière élection.
Elles pourraient se tourner à nouveau vers la droite représentée par Valérie Pécresse. Ou à l’inverse, elles pourraient se laisser tenter par le vote écolo. Les verts commencent à peser dans les élections françaises et européennes et leur atout est de donner des fonctions de représentants à des personnes issues de la diversité, rappelle notre observateur franco-algérien.
Les classes modestes ont très peu de représentants. Le quasi effacement du Parti Socialiste a mené les électeurs à se détourner des scrutins ou à donner leurs voix à des candidats plus indépendants à gauche comme Arnaud Montebourg ou d’extrême-gauche tels que Jean-Luc Mélenchon. Mais ces deux hommes politiques semblent être passés à côté de la crise majeure des gilets jaunes. Et il faut rappeler que Jean-Luc Mélenchon a perdu de sa superbe avec son implication dans des scandales politiques.
Pour notre observateur de la vie politique, une autre possibilité se profile. "Je fais partie de ceux, qui, au contraire, pensent que la présence de Zemmour peut provoquer la mobilisation de toutes les composantes de la diaspora. Il y a un sentiment d’appartenance à une mémoire commune et les attaques répétées d’Eric Zemmour sans oublier ce climat très anti-algérien peut créer un bloc contre l’extrême-droite. On avait vu une forte mobilisation pour François Hollande, afin de voter contre Nicolas Sarkozy en 2012, cela pourrait se reproduire", rappelle l’ex haut-fonctionnaire.
Il s’agit peut-être de la seule certitude. L’électorat franco-algérien est un pouvoir et pourrait le transformer en force commune seulement si les discours de haine se poursuivent et si les candidats d’extrême-droite se hissent en tête des sondages.
Soraya Amiri
VARIANT OMICRON
Envoyé par Paule
https://www.tsa-algerie.com/
omicron-aucun-deces-ni-infection-en-algerie-benbouzid/
Par TSA - Par: Rédaction 10 Déc. 2021
Aucun décès, ni infection en Algérie (Benbouzid)
Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid a affirmé vendredi, à Alger, qu’aucun cas de décès ni de contamination par le nouveau variant « Omicron » n’a été enregistré en Algérie.
Dans une déclaration à la presse à l’occasion de la Journée internationale des volontaires, le ministre a affirmé que « les analyses effectuées par l’institut Pasteur en coordination avec les experts ont démontré qu’aucun décès ou infection par le nouveau variant n’a été enregistré », estimant qu’il n’y a pas lieu de craindre ce nouveau variant, car moins dangereux que le Delta, selon les experts.
Regrettant le faible engouement des citoyens pour l’opération de vaccination, le ministre de la Santé a qualifié de « très faible » le taux de 27% de personnes vaccinées par rapport aux doses de vaccin disponibles, selon le compte rendu de l’agence officielle.
M. Benbouzid a annoncé, à cet égard, le lancement, la semaine prochaine, d’une campagne de vaccination de grande envergure, et ce, en coordination avec le ministère de l’Education nationale et d’autres secteurs concernés au profit des employés et des enseignants des établissements éducatifs du cycle primaire », soulignant que la vaccination est « le meilleur moyen de protéger la santé des citoyens contre cette pandémie ».
Par ailleurs, M. Benbouzid a indiqué que « quelques cas d’infections au Coronavirus ont été enregistrés dans les établissements éducatifs », appelant à l’intensification des efforts et au respect du protocole sanitaire pour faire face à la pandémie.
Concernant la possibilité de recourir à la vaccination des enfants, le ministre a précisé que le principal objectif est de vacciner le plus grand nombre possible de citoyens adultes, relevant que « le comité scientifique avait étudié cette question hier (jeudi NDLR) avec des experts, et aucune décision n’a été prise, en attendant la décision de l’Organisation mondiale de la santé ».
Rédaction
Sénateur algérien
Envoyé par Martine
https://www.tsa-algerie.com/senateur-algerien-israel-
mene-une-politique-de-peuplement-au-maroc/
- Par TSA - Par Rédaction 02 Déc. 2021
« Israël mène une politique de peuplement au Maroc »
Le sénateur Abdelouhab Benzaim prévient le peuple marocain contre les visées d’Israël dans leur pays. Il appelle à un sursaut national marocain contre la « politique de peuplement » que mène Israël au Maroc.
Vous avez lancé un appel au « réveil » du peuple marocain alors que le Maroc accélère sa normalisation avec Israël. Quel est le sens de votre appel ?
Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a, au Maroc, aujourd’hui un million de juifs, selon les officiels israéliens. Ils sont installés et circulent librement dans le royaume. Ils possèdent des hôtels, des terrains, etc.
A la faveur des derniers accords signés entre le Maroc et Israël, on assistera à une politique de peuplement qui sera facilitée. Cela amènera d’autres juifs qui viendront s’installer au Maroc.
Le peuple marocain est pauvre dans sa quasi-majorité. Les richesses de son pays sont accaparées par le roi et son entourage. Le risque vient de ce million de juifs déjà installés dans ce pays, qui ont déjà commencé par acheter des hôtels, des terrains. Leur objectif c’est de réduire les Marocains au rang d’esclaves. Les juifs installés au Maroc vont participer dans l’économie locale où les Marocains seront des serviteurs.
Comment interprétez-vous les récents accords conclus par le Maroc et Israël en un laps de temps très court ?
L’accord de normalisation signé entre le Royaume marocain et Israël est un signe de faiblesse du régime marocain. En ce sens ce dernier veut montrer ses muscles face à l’Algérie.
Quant à ceux qui nous reprochent de commenter ce qui se passe, nous disons que cette situation nous concerne directement en tant qu’Algériens. Nous avons même des compatriotes qui vivent au Maroc.
De plus, les Israéliens sont venus avec l’intention de vivre au Maroc dans la paix. En réalité, ils cherchent la guerre et projettent de perturber toute l’Afrique du Nord. Les Israéliens lorgnent aussi les richesses des Territoires occupés du Sahara occidental. Ce sera la seconde phase de l’installation des Israéliens, sachant qu’Israël ne tient pas compte des résolutions des Nations Unies et du Conseil de sécurité.
Des manifestations contre cette normalisation ont eu lieu au Maroc. Elles ont été réprimées par les forces marocaines. Il y a un front intérieur qui s’oppose à cette relation. Comment va-t-il peser sur cette politique officielle ?
Personnellement, je vois ces manifestations comme le début de la fin du royaume au Maroc. Les Marocains doivent savoir qu’ils se débarrassent de la monarchie pour instaurer une République, le Maroc deviendrait un pays développé. Aucun parlementaire ou syndicat ne s’est opposé à cette politique, à l’exception du peuple qui est sorti pour la dénoncer. Il viendra le jour qui n’est pas très loin où le trône du Maroc tombera et pour que la République s’installe enfin dans ce pays voisin.
Rédaction
NDLR: Le sénateur algérien confond la communauté de Juifs d'origine marocaine vivant en Israël avec les Juifs résidant actuellement au Maroc
Des statistiques officielles parlent de 700.000 Israéliens d’origine marocaine résidant en Israël, d’autres avancent le chiffre de 800.000. Jean Daniel, le directeur du Nouvel Observateur, dans sa fameuse «réponse à Elie Weisel», s’adressait, quant à lui, aux 900.000 Marocains d'Israël.
Ils seraient donc près d’un million de juifs originaires du Maroc à ancrer doucement mais sûrement leurs spécificités socioculturelles au sein d’une société israélienne élitiste.
Actuellement le nombre de juifs au Maroc est au maximum de 3.000. Leur présence remonte au II ème siécle avant JC. Les Arabes arrivent au Maroc au 8 ème siécle après JC. Ils subissent l'assimilation forcée et la Dhimmitude. 2 vagues d'immigration juive ont lieu en 1391 et 1492 venant de la péninsule ibérique. Le nombre maximum est sous le protectorat français en 1960: 250.000.
Prétendre que les Juifs vont coloniser le Maroc alors que c'est en réalité, les Arabes qui ont colonisé le Maroc où les Juifs étaient présents depuis 18 siècles est évidemment grotesque.
Dire que le renvoi du Roi ferait du Maroc une république "développée" est encore plus grotesque quand on voit ce que la république "sociale, de langue arabe et de religion musulmane" issue du FLN a fait de l'Algérie en 60 ans
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Les saltimbanques
Guillaume Apollinaire
Envoyé par Fabien
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Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.
Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L’ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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