N° 122
Novembre

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1erNovembre 2012
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

LES RITUELS DE L'AUTOMNE

Chers Amis,
        Chaque année, à l'automne, les mêmes rituels recommencent.
        1) Le premier rituel est celui de l'état accompagné des médias avec leur cirque politico-médiatico-philosaphico-économique pour nous faire avaler les pilules du prochain budget. Chacun sait que l'économie française s'effondre inexorablement et attend patiemment que le messie " Fanfan la Rose " sauve ce qui reste de ce pauvre pays. Ce cirque est aussi illusoire qu'illuminé que " Le Normal Président " et je ne m'attarderais pas plus longtemps.

        2) Le deuxième rituel est celui de la Toussaint qui se confond avec le jour des Morts. Comme la majorité des Français, la majorité des P.N. commémore ces journées à leurs façons : Il y en a qui ont des pensées intérieures car ils ne veulent pas rentrer dans les cimetières pour différentes raisons ; il y en a qui traduisent leurs pensées par des actes de fleurissement de cimetières dont la plupart seulement ce jour-là.

        La différence de rituel entre les métropolitains et notre communauté Pieds-Noirs, c'est que nos morts sont restés au pays et qu'il est plus difficile de faire fleurir ces tombes ou de s'y rendre soi-même pour y accomplir cet acte de mémoire. Difficile, mais pas toujours impossible.
        L'idée commune parfaitement illusoire est que toutes les raisons observées pour cette difficulté pourraient être résolues par les Etats qui nous ont spoliés. Oui cela est du domaine du rêve et je vous l'accorde. Les Anglais l'ont résolu avec leur cimetière à Bône, donc rien n'est impossible.

        Il y a une autre idée qui vivote, c'est de faire exécuter ces fleurissement par des associations. Certaines n'ont jamais voulu s'engager sur ce terrain là, d'autres s'y sont essayées avec peu de succès et ont abandonné pendant qu'une poignée continue cahin-caha.

        Depuis quelques années avec un groupe d'amis, nous tentons de faire vivre cette tradition mémorielle sur le cimetière de Bône et sans aucune aide désintéressée d'association. L'année 2011 avait été une année d'espoir de voir cette action s'amplifier. Les messages de félicitations et de promesses pour 2012, m'avaient enthousiasmé au point de me laisser illusionner au moins pour un doublement des tombes fleuries pour 2012.

        L'illusion est éphémère.
        En effet, le grain de sable habituel est venu déranger des boîtes crâniennes. Un courrier faisant double emploi avec le mien a fait croire à une arnaque comme cela se serait passé soit disant associativement car il apparaissait deux noms de trésoriers pour une opération de fleurissement dans un même cimetière. Certains pressentant encore une guerre de clans comme dans les associations, se sont désengagés du fleurissement 2012. J'ai du renvoyer des chèques.
        Certes ce 2ème courrier (qui n'est pas de moi) que j'ai qualifié de maladroit, relayé par un autre site a semé la confusion. Il a fait le jeu de petit malins qui ne se sont pas privés pour m'insulter une fois de plus. Il fait aussi le jeu des supers " ego ", de ceux qui ne font rien mais qui revendiquent le droit de descendre en flèche celui qui ose entreprendre. Ces gens à la tête comme un compteur à gaz, n'ont que du gaz mauvais en guise d'idées et bien souvent un horodateur de parking à la place des mains.
        Hélas, les seuls gagnants, sont les ennemis de la vraie communauté. Le mal se propageant plus vite que le remède, l'infirmier s'essouffle...

        Ce 2ème courrier que je ne critique pas, car je comprends le but de son auteur, aurait dû s'il avait été bien rédigé dire qu'il complétait mon action et qu'en définitive c'était le même entrepreneur qui ferait les travaux. Donc pas d'arnaque.

        Cette fausse équation est l'une des composantes de l'illusion fleurie en 2011 et perdue en 2012.
        L'autre composante de cette illusion éphémère est le désintéressement latent de nos compatriotes âgés envers la survie de nos cimetières. Ce désintéressement donne une bonne description de la situation : dégradations naturelles et volontaires des cimetières ; envahissement des herbes et arbres ; J'm'enfoutisme des jeunes par rapport à l'attitude des parents ; découragement et démoralisation des donateurs ou organismes publics ainsi que des participants actifs.

        C'est à croire que les cris d'orfraie lors de la vue de tombes saccagées ou à l'annonce d'un cimetière profané, ou à la disparition complète de ceux-ci, ce ne sont que des cris de soulagement pour les " désintéressés ". Je sais que je vais loin, mais c'est un constat très amer.
        Si l'on veut que nos cimetières aient une survie, il faut s'en occuper soi-même car il ne faut pas compter sur les Etats sans signes forts de la communauté.
        Un de ces signes forts est le fleurissement au moins une fois l'an pour montrer aux pouvoirs publics que nous sommes là.

        Sans être un visionnaire chevronné, je suis sur que les vrais résultats attendus si l'on suit cette simple idée, ne resteront pas éternellement repoussés dans le lointain comme les mirages dans le désert. Ce n'est pas avec des compteurs à gaz ou avec des horodateurs que l'on créera de la dynamique.

        Comment faire pour sortir de toutes ces illusions et revenir à la réalité afin de soulever la chape de plomb qui étouffe notre communauté seule propriétaire de notre mémoire ? Je n'ai pas la solution idéale car il y a trop de divergences, trop d'individualisme, trop d'ego mal placé, etc.. au sein de notre communauté.

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,
        A tchao.

   EDEN DES ASTRES 2012    
Par Mounir Hanneche et J.P. Bartolini


Photo M. Mounir Hanneche

Tombes fleuries
par les familles


Vierge restaurée à l'entrée du cimetière.
Bouquet supplémentaire de M. Hanéche.
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Attanasio
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Bailly
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Blanc
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Bussola
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Cataldo-Pietri
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Cataldo
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Cataldo
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Croneiss
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Daubéze
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Debono
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Defosse
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Dilettato
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Duchene
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Ferre
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Gauci
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Guittard
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Jacono
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Jacono
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Jovinelli
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Laumet
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Latkowski
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Lazari
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Lunardelli
Photo Mounir Hanéche
Tombes : Mizzi et Sammut
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Pardigon
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Pernice
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Rémusat
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Teddée-Bailly
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Teddée
Photo Mounir Hanéche
Tombe Montanelli
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Veneruso
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Wagner
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Yacono
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Santina à Guelma
Photo Mounir Hanéche

Tombes choisies au hazard
et fleuries par les dons reçus


Tombe : Beghain
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Buono
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Cassera
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Colandrea
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Cozzolino,
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Donato
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Duranti
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Ellul
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Girolli,
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Gozzolino
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Lesavre
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Montanelli
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Palomba
Photo Mounir Hanéche
Tombes : Sasso
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Scala
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Stefanelli
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Stella
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Ventura
Photo Mounir Hanéche
Tombe : STELE du Souvenir Français,
Photo Mounir Hanéche
Tombe : STELE DE LA PAIX, Carré J
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Pionnier de 1830, Carré L
Photo Mounir Hanéche
Tombe : Les bouquets réunis. Merci Mounir
Photo Mounir Hanéche

UN GRAND MERCI aux familles et aux généreux donateurs qui nous ont permis de réaliser cette floraison de quelques tombes afin de ne pas oublier ceux qui sont restés là-bas. Notre souvenir ne peut pas s'eteindre et faisons en sorte que l'avenir soit encore plus "fleurissant".
JPB.

A Chaque étoile, une Âme
ECHO D'ORANIE - N°294


              L'aube crépusculaire, émue et assombrie,
             Ecrasée par le deuil qui frappa l'Algol,
             Sanglote dans la brume, où tristes dans l'éther,
             Les anges répandent leurs perles sur la mer.

             C'est dans ce vaste monde où naissent les étoiles.
             Cet univers sans fin, errant ses longs voiles,
             Que nos regards peinés, se portent pour pleurer,
             Et sur leur âme pieuse, en silence pleurer.

             Ce sol, au souvenir empreint de nostalgie
             Et vos tombes de marbre, édifiées à vie,
             Vaincront le feu, le sable et les flots déchaînés
             Sans jamais engloutir, nos esprits enchaînés.

             Repose, dans la plaine inondée de nos larmes,
             Où nobles, s'élèvent les sapins et les charmes,
             Effondrés comme nous, Père et Saints de leurs yeux,
             Déversent sur nos croix, ce sel béni des cieux.

             En ce jour de Toussaint, des fleurs pour votre stèle,
             Un geste symbolique, un amour qui nous scelle
             Qui ne pourra s'éteindre, affligé de douleurs,
             Tant que l'ardente flamme, embrasera nos cœurs.
             
Lucien CHOUAT            
1er novembre 1988            
  



LE MUTILE N° 197, 12 juin 1921

"SOUVENIRS",                                    
           "Les Prisonniers "

                Ils sont quatre étrangers, quatre prisonniers malades, dans la salle froide où clignote la veilleuse.
      Ils sont quatre, maigres à faire, peur sous la couverture légère.

      Aubold essaie de tousser, mais il ne peut : la mort ne veut pas sortir de la caverne; de cette poitrine où elle a élu domicile..
      Aubold, de ses grands yeux d'adolescent, trop creusés par la fièvre, regarde ce Français qui le soigne,- qui le fait boire, qui le drape Aubold regarde le Français et voit en lui non l'âme d'une brute, comme on le lui avait dit, mais d'un frère.

      Wolmer, exténué par les misères passées, par les heures humides des tranchées, essaie aussi de chasser la vilaine bête de sa poitrine. En vain... Alors, sa sensibilité s'attarde sur la petite balle nickelée qui lui est entrée là-bas dans la poitrine et qui lui court maintenant dans le, corps.

      Effel, immobilisé par des rhumatismes, pense à sa petite fille laissée à Berlin.

      Otto, le fou, écarte en gestes angoissés, les shrapnells qui sifflent sur sa tête.
      Il se lamente, il geint, il tousse, avec une faiblesse d'enfant ! Il ouvre des yeux agrandis, par l'horreur.
      Je le soulève pour lui donner à boire. Il retombe, les lèvres serrées ; ses bras, qui me cramponnaient en une attitude de frayeur, retombent ; il est très faible; il ne boit pas ; il va mourir...
      Et sa plainte berce la conversation que j'ai dans le corridor avec la sentinelle qui garde, baïonnette au canon, tous ces morts.

      Il allait. mourir !.. Il est mort !...
      Des mains étrangères, des mains ennemies ont fermé ses paupières.
      Adieu les toits rouges de la Bavière ! Adieu Maman ! Adieu ma sœur qui aura peut-être à pleurer, en plus de ton frère, ton fiancé !...
      Adieu, mon petit pays !
      La tête recouverte, dans la salle froide où clignote la veilleuse, Otto, veillé par un Français, dort son dernier sommeil.

      Combien de Français sont morts ainsi et peut-être d'une mort encore plus triste, en Allemagne !

IZENAH               
©§©§©§©§©§©§©

CONTE EN SABIR
Par Kaddour

LA FEMME DI CADI AFIC SON BACH-ADEL
(CONTE ARABE)

Photo Kaddour Ben Nuolot

             To pri di Mascara, ji trovi on Cadi,
             Vio, tot afi squinti. Il a on femme jouli,
              Jone, bill', manific, ma canaille !! plous qui vous.
              Digordi tot afi. Y fir son zio por tous.
              Por ji fasir gousto à son mari ? Macach !!!
              Y sarch millor blizir, afic l'Adel Bou Tnach.
              On jor qui li Cadi sont parti por Frendach,
              Por trapi on zarab' qui touillé on Fatmah ;
              Son femme y fi vinir Bou Tnach dans son mison,
              Por fir afic loui on p'tit splication.
              " Ji conni bian lontan, ton pir afic ta mir,
              Qand ji li voir bassi, ji trove grann blizir,

              (Qui loui barli, comme ça, la Moukère di cadi)
              Ma quand ji ti voir toi, ji soui fou mon zami
              Porquoi ? ji ni si pas.. on dir one fois por moi.
              Qui toi vos ites capable, di fir gousto doze fois,
              Sans jami fatiguer.
              Moi ji dir dans mon tite, bisoann ji fir prover.
              Ma ji fir on pari,
              Barç' qui ti n'en a pas la forç' akarbi.
              Douman ji crois por sour, li Cadi bartira
              Por ji fir on trasport,
              Ji voir si t'i capable, pot' fir doze fois l'amor.
              - Ça va bian, moi ji fir to quisqui ti vodra.
              (Qui loui répond Bou Tnach)
              Si vous ites pas content, moi ji vo l'fire tletach.

              Li Cadi parti,
              Bou Tnach ji vian le soar, por fasir son pari.
              La madam' di Cadi, ji rangi biann la chambre.
              Ji mitra di Loubin, ji fir broler de l'ambre.
              Bou Tnach y voudra to di souite commencer,
              Y madam' di Cadi ji vodra l' profiter.

              Je commence li pari : on, dos, trois, quatr', cinq, six
              Y marche comm' y faut, bientôt ji fasir dix,
              J'y fir onze fois gousto : ji commenc' por fir doze.
              J'y trabail biann lontan !! Ça n'it pas la même soge.
              Ji commence fatiguer... To d'on coup son fini.
              Y dira : " Ji gani ".
              La femme di Cadi y lui répond : Macach,
              Barç' qui dans mon pays, çoui là qui toch' y mouille
              - Ji gani ma barole, qui lui répond Bou Tnach.
              Si ji ni pas gani, qui li mon Dio mi touille.
              - Vo n'avi pas gani, por moi ji joui biann sour.
              - Si ti vo quand cit soir ji viendra li Cadi,
              Ji fir joger bor loui, si ji gann mon pari.
              Ji ksipt, qui dit la femme, y ji prov' à mon tour
              Qui vos avi perdou,
              Barç' qui manqu'ra on coup. "

              Li soir, quand li Cadi ji viendra di trasport,
              Y dir bojor por tous, sa femm' j'embrasse biann fort.
              Y dimand' por l'adel : quis qui trov' di novel,
              Si to monde son content, didann la mahakma.
              L'adel y loui répond : " Ji cassi mon cervel
              Por joger on zaffir (comm' çoui là ti voir pas).
              Djelloul y Ben Ali, y son fir on pari.
              Ben Ali y a dit qu'afic on coup d'bâton
              Rien qu'on ! ! Ji fir tomber doze noix mon zami,
              Y frappi sor on zarbre, onze noix sont tombi
              Plous on qui son pas bon.
              Ben Ali y dispoute. Djilloul y fir scandal,
              J'y compt' pas le mauviz... L'autr' je m' fot pas mal.
              Ji viendra mi trover, por qui ji fir, jogement.

              Dipoui c'matann ji sarche, y ji trov' pas comment.
              Quisqui ti pense toi, por on zafir comme ça ,
              Ji si por fir la loi, comme toi ji trov' pas.

              Li Cadi cit on homme qui j'en a tri bon tite ;
              Y fir son calcoul ; apri ji son barli ;
              - " Li mon Dio il it grann, Mohammed y brofite
              Akarbi, Ben Ali, ji gani li pari.
              Ji voir dans li Coran (qui cit por tos la loi.)
              Mon Dio fir quisqui vo, ça rigarde pas toi ".

              La femme di Cadi, il acoute y di riann.
              Bou Tnach, y rire beaucoup, barç' qui la trovi biann.
              Bassi plous di ouit jor, la femme di Cadi
              Y viann trovi Bou Tnach, y loui barli : - " Sidi,
              L'otre jor ti gani, ti fir grann fantasia ! ,
              Ma, on femm' y m'a dit, qui quand ti vodra pas,
              Jami on mazmazill, y fir bouss-bouss por toi.
              Y bian ji fir pari, qui t'il fir afic moi.
              - Ça va bian moi ji fir to quisqui ti vodra,
              Qui loui ripond Bou Tnach,
              Li Cadi, y barli qui va fir on transport
              Domann di côté d'Àrbatach,
              Ti viann a ma mizon, di toi ji n'i pas por,
              Y quand ji dira non, jami ti fir bouss-bouss. "

              Li Cadi sont barti,
              Sa femme y viann to d'souit ; y portra son petit' sor
              Por fasir li couscous.
              Y coch' afic Boû Tnach, y mit la petit' encor.
              La femme afic la petit', y loui fir di chatouilles.
              Bou Tnach y son dormir ; la femme partout y fouille,
              Y trap' loui son figour, y tochra son ziza,
              Y loui fir di mazir ! y jitra son fouta,
              Qui son tombi par tirre.
              Ti attendra qui son dire
              Qui ji prann mon mouchoir.
              Y pass' dessus Bou Tnach, y voila qui s'assoir !!!

              " Ah ! Ah ! ti a birdou, qui loui dit la madame.
              - Moi ji ni pas birdou. Ti vo fir di chicann.
              - Grand mentor, toi ti dir qui ji n'a pas gani !
              - Non, vo n'a pas gani, ti vo fir vot mariol
              Si ti vo quand ci soir ji viandra ton mari
              Y dira ji gani. Ji ti jor ma barol !!!
              - Ji ksipt', qui dit la femme, y ji provi por sour
              Qui ti n'it pas capable, por jami fir l'amour. "

              Li soir quand li Cadi, ji viendra di trasport
              Y trovera sa femme, y ji l'embrasse bian fort
              Y dimand, por l'adel : - " Quisqui trov' di novel,
              Si to l' mond' sont content, didan la mahakma "
              L'Adel y loui répond : - " Ji cassi mon cervel'
              Por joger on zafir, comm' çoui là j'en a pas.
              Djelloul y Ben Ali y son fir on pari,
              Ben Ali ji jouri, qui son chival Soltan
              Y restera, sans tochi, di soir jusqu'au matan,
              A côté di do sacs, qui di l'orge y son plein.
              Li jor dija viendra, Soltan ji pas tochi,
              Rian di tout por li sacs. Djelloul (gran carrotier)
              A côti di son boche, on sac ji son prochi.
              La chival qui j'a faim, y mangi sans prier.
              Djelloul y dir' alors, mon zami ji gani,
              Ben Ali y dispout, Djelloul y fir scandal
              - " Pourquoi li sac ti proche
              Di son boche ?
              - Djelloul ji fot pas mal.
              Y viandra mi trover, por qui ji fir jugement

              Dipoui c'matann ji sarch, y ji trov' pas comment.
              Quisqui ti pense toi, por on zafir comme ça ?
              Ji si por fir la loi, comme toi ji trov' pas. "

              Li Cadi cit on zomme qui j'en a tri bon tite ;
              Y fir son calcoul, apri ji son barli :
              - " Li mon Dio il it grann. Mohamed y brofite,
              Akarbi Ben Ali, ji gani li pari
              Ji voir dans li Coran (qui cit por tos la loi)
              Qu'il ne faut pas tenter la créature humaine,
              Barç' qui si ti fasir, ti fir on soge vilaine.

              La femme di Cadi, il acoute y di riann
              Ton mari, di Bou Tnach, ji la coni tri biann.
              Bou Tnach ji soui content, do fois il a gani,
              Ça n'it pas to kif kif, por madame di Cadi,
              Ji carcoul dans son tite, y ji trov' on zafir
              Qui por sor y gani, afic on bon blisir.

              Li soir qui li Cadi sont barti fir trasport,
              Sa femme ji viendra vite, voir Bou Tnach dans l'gorbi
              Y loui dit : " Mon zami, ji pari akarbi,
              Qui quand ji vodra pas, jami ti fir l'amor,
              Bar force afic moi.
              Bou Tnach ji loui répond : Ji soui pas bor di toi
              Si ti vo nos allons commencer la bataille
              Ou bian ji fout moi le camp, si ti vo ji m'en aille.

              La femme y loui dit riste ; ji quittra mon sarrouel,
              Ma fouta, mon merdgan, afic mon gandoura.

              Y loui dit à Bou Tnach, mirar comme ji soui belle,
              Matnant ti po vinir, jamais ti mi trappra.

              Bou Tnach qui ji soui chaud, ji liv' son bornous,
              Calott y gandoura, son ceintur' y son mouss',
              Y quand ji souis to nu, ji me mit à corir
              Por trapi madama.
              La femme di Cadi y si sauv', y sont rire,
              Bou Tnach ji cor tojor, ma ji I'atrap'ra pas.
              Plos d'on hor y corir en travers di gorbi,
              Quand Bou Tnach, y' l'atrap' y loui dit : - " Ji gani.
              La femme y loui ripond : - " Ti gani gran mantor
              Ti parti ti gani ? Ti vo tricher encor.
              Rigard qui vos avi entré di l'autr' côté. "
              - Ça va bian, pas bizoan qui ti fir vot mariol,
              Si to vo, quand ci soir ji viendra vot mari,
              Y dira ji gani, ji ti jour ma barol.
              - Ji ksipt, qui dit la femme y cit fois ji fi voir
              Qui vos avi parsi par li trou di la foir. "

              Li soir, quand li cadi ji viendra di trasport,
              Y trovra son femme qui ji l'aime blous encor.
              Ji dimand' por l'adel : - " Quisqui' ja di novel,
              Si to l'monde sont content didan la mahakma. "
              L'adel y loui répond : - " Ji cassi mon cervel
              Por joger on zafir, comme çoui là jana pas.
              Djelloul y Ben Ali y son fir on pari ;
              Ben Ali ji jouri que son chval Soltan :
              Ji cour gran galop, au milieu di marché,
              Quand ji trov' bocoup d' monde, qui marchra tro pri,
              Sans qui ji fasse di mal, sans qui ji fir toché.
              Barson di marcanti, por qui di là ji viann
              Basser fissa fissa, por la grand porte d'el Bled.
              Ben Ali ji montra sor la chval ji partir,
              Ji travers' li marchi, ji toch' pas les yaouled.
              Ji marche gran fantasia ; ma Soltan qui corir,
              Au lior ji passe gran porte, ji passe por la poterne
              Djelloul di souite ji dir : - " Mon zami ji gani.
              Ben Ali ji dispoute, to li monde afic loui,
              Y dire quel a gani, to li gens di marché.
              Djelloul dans la mosquée de suit' y se prosterne
              Y voudra por son fils, qui ji ti fir sarcher,
              Ji viendra mi trover, bor qui fir jogement. "

              Dipoui c'matan ji sarche y ji trov' pas comment
Quisqui ti pense toi, por on zafir comme çà ? "
Ji si qui por la loi, comme toi j' coni pas. "

              Li Cadi cit on zomme qui j'en a tri bon tite,
              Y fir son carcoul, après ji son barli :
              - " Li mon Dio il it grann, Mohamed y brofite
              Akarbi, Ben Ali ji gani son pari ;
              Ji voir dans li Coran (qui c'it por tos la loi)
              Qui mon Dio il a dit : Carrotti pas bisoins
              Coui la qui pourra plus, aussi y pourra moins.

              La femme di Cadi il a compri trè bian
              Qui por fir bon gousto, di parier pas bizoan.
             
 


PHOTOS
Diverses de BÔNE
Photos de M. J. Bena
Envoyé par M. Charles Ciantar
Préfecture et les Santons
Photo Charles Ciantar
Le Port
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Souvenir
Photo Charles Ciantar
Soldats à Bône
Photo Charles Ciantar
Stade
Photo Charles Ciantar
Pépinière
Photo Charles Ciantar
Justice
Photo Charles Ciantar

Retrouvailles de Quartier
Envoyé par M. Bernard Palomba
Rencontre des Bônois de Sainte Thérèse
8 et 9 Septembre 2012
Par Danièle Mas/Chamboissier  

         Cette année encore et pour la troisième fois, les Bônois du quartier de Sainte Thérèse et alentours se sont réunis.
Photo de M. Bernard Palomba
         Une partie d'entre eux se sont tout d'abord retrouvés le 8 septembre à l'hôtel des Aubuns de Caissargues (30).

Photo de M. Bernard PalombaRéunis autour d'un sympathique apéritif près de la piscine, ROLAND RIBOUD dit "La Mémoire ", nous a décrit avec enthousiasme l'historique du quartier.          Les souvenirs, les anecdotes émaillaient son discours ponctué d'expressions bien de chez nous pour le plus grand plaisir de son auditoire.
         Roland Riboud était maître d'école à Bône, et a retrouvé dans notre groupe d'anciens élèves pour leur plus grand plaisir. Sa mémoire et sa "tchatche" ont enchanté son auditoire.


         Le dimanche, de nouvelles arrivées sont venues compléter le nombre des participants et c'est un convoi d'une cinquantaine de voitures qui, derrière Bernard Palomba, s'est acheminé vers la propriété vinicole mise à notre disposition par Mr Bécamel, maire de Caissargues.
         Ce dernier nous a accueillis avec une extrême gentillesse tout en rendant hommage à notre ami bônois, Jean Zerbib, membre du conseil municipal de la commune.
         Situé en pleine nature au milieu des vignes, l'endroit disposait d'un vaste parc où nos tables étaient déjà dressées sous les arbres.
         Malgré quelques défections de dernière minute, l'assemblée ne comptait pas moins de 64 convives.
         C'est bien sûr par un apéritif qu'a commencé la réunion et, tandis que de délicieuses fèves au cumin étaient picorées, ROLAND RIBOUD nous a de nouveau réjouis en décrivant avec verve et humour la pratique du sport à Bône..... l'ASB ....l'AJBAC... Nous avons tous connu ces valeureuses équipes qui passionnaient les Bônois.
         Un méchoui très apprécié a ensuite régalé les convives.
Photo de M. Bernard Palomba

         Vers 17 heures, les participants se sont séparés pour reprendre le chemin du retour car certains venaient de loin.
         Cette belle rencontre a été permise grâce à Bernard Palomba, Jean Zerbib et Louis Genty, qu'il faut remercier pour leur dévouement et leurs talents d'organisateurs.

Un quartier de Bône:                       
               Sainte Thérèse, éden de villas

De M. Roland Riboud
Envoyé par M. Bernard Palomba
Photo de M. Roffé Albert
         Au rassemblement des Bônois du quartier de Ste-Thérèse des 8 et 9 septembre derniers, il nous a paru bon d'ouvrir la "boite aux souvenirs" et de rappeler la naissance et la transformation de ce quartier sympathique dans cette zone de coteaux en forme d'entonnoir adossée où la route des Crêtes des Beni Ramassés à l'ouest et qui finit en mourrant sur la plaine côtière de St-Cloud et sa plage. Elle était limitée au sud ouest par les pentes de la colline Bellevue et au nord est par les vallonnements de la propriété du Dr Gassiot bordant l'oued Kouba où dans les années 50 sera érigée la cité Plaisance.
         Le Bd Petrolacci, nom d'un ancien maire de Bône, limitera son aire et la séparera de St-Cloud les Plages.
Photo de M. Desio
          Jusqu'en 1900, ce n'était là que campagnes, groupement de belles propriétés agricoles.
         Le bâtonnier Louis Giraud, contemporain de cette époque, nous en rappelle les raisons: il n'y avait alors qu'une seule voie de desserte. En effet, avant 1870, un seul chemin de terre menait au rivage méditerranéen, celui du Fort Génois. Il se greffait au Pont du Zaffrania à l'entrée de ce qui sera le Faubourg de la Colonne, quartier qui naîtra après l'ouverture de la route de l'Edough par le Général Randon et ses sapeurs du Génie en 1842. Ce chemin du Fort Génois longeait le côté est du Jardin d'essai "la Pépinière", où s'implantera en 1936 le stade vélodrome Pantaloni. il suivait ensuite tout le vallon, franchissant un semblant de col entre les collines Bellevue et Ménadia, où au moment de l'électrification, on construira un hideux transformateur. Ce chemin, après une large courbe, sera rectiligne sur plus de 2 km et atteindra l'embouchure de l'oued Kouba.
Photo de Mme Belmonte
          C'était un chemin poudreux en été, bordé de grands frênes, agréable et praticable puisqu'il n'y avait jusqu'en 1918 aucune circulation automobile.
         Rappelons que le petit chemin de terres rapportées qui partait du môle Cigogne jusqu'à la plage de la "Grenouillère" longeait le mouillage des Cazarins en suivant toutes les sinuosités du pied de la falaise des Caroubiers, et s'arrêtait à l'enracinement de la jetée Babayaud. Pour le protéger des vagues, un petit quai de 1,50 m de haut avait été dressé tout au long.
         Depuis la grenouillère, une simple piste desservait la batterie du Lion d'où l'on découvrait tout le golfe, admirant ce rocher symbolique qui figure sur le blason de la ville et la petite plage du "Lever de l'Aurore" où au petit matin du 27 mars 1832, le débarquèrent les 27 fusiliers marins de la Béarnaise, avec D'Armandy, Yusuf et Fréart qui prirent la Casbah turque et la ville. La Grande Darse n'existait pas: les travaux ne débutèrent qu'en 1886 et ne prirent fin qu'en 1914. La Corniche n'était alors qu'un projet, contrecarré par de multiples procès d'expropriation.
         Il y avait enfin un court chemin turc qui depuis la partie haute de la vielle ville et son enceinte, partait de la "Tour des Suppliciés" et de la "Porte des Tombeaux". Il permettait de se rendre à un cimetière musulman proche, édifié sur les pentes de la colline de la Casbah, sur l'emplacement futur de l'Hôpital Civil des Caroubiers. Ce cimetière sera déplacé.

          Ce n'est qu'en 1868, pour exaucer un vœu du couple impérial en visite en Algérie un peu avant 1900, 3 ans plus tôt, que furent réalisées : la destruction des enceintes barbaresques, la construction de la Porte des Caroubiers et des nouvelles enceintes, la promenade d'accès à cette porte, bordée coté colline de caroubiers et côté mer d'acacias.
         Ce chemin dit des Caroubiers nommé après 1945 "Bd de la 1ère armée française", se dédoublait porte franchie: une branche descendait à la batterie haute du Lion et à la plage du Lever de l'Aurore, l'autre, épousant la courbe du flanc nord de la colline, allait jusqu'à la "Fontaine de l'Esclave", improprement appelée "Fontaine Romaine". Elle surplombait ce cimetière marin qu'a chanté Isabelle Eberhardt; cimetière musulman qui rappellerait celui décrit par Pierre Loti à Istanbul-Corne d'or. C'est sans doute cette description émerveillée, traduite en bônois qui est à l'origine de notre expression connue universellement: " si tu vois le cimetière de Bône, envie de mourir y te donne"...

Photo de M. Lunardelli Henri
         En arrivant en haut de la Ménadia, après une large courbe descendante, le chemin devenait étroit et très pentu et rejoignait le chemin du Fort Génois. Il desservait en 1900 4 villas côté colline et leur jardin côté vallon, ainsi que quelques propriétés agricoles fort rares.

          Ce n'est qu'après 1914 que l'essor vers la mer et les plages débutera. Quand la construction de la grande voie portuaire de la Grenouillère sur les terres-pleins de la Grande Darse sera réalisée, quand celle de la Corniche sera effectuée et surtout quand le rasement de la Colline des Santons sera terminé. La grande guerre de 1914/18 reportera cet essor.
         Il faudra attendre 1924 pour que le projet de percement d'un grand boulevard de 22 m de large vers le nord voit le jour depuis le Collège de filles. C'est Henri Narbonne qui le réalisera. Cette magnifique voie permettra le développement du quartier Beauséjour qui s'établira depuis le chemin du Fort Génois et presque jusqu'au sommet de la Casbah d'une part; et dans la partie terminale jusqu'au Bd Jean Mermoz allant vers le cimetière d'autre part: ce quartier s'appellera "Les Palmes".

          Après le transformateur, le boulevard deviendra Bd Petrolacci, jusqu'à sa rencontre avec le Bd Jean Tapie, puis route de Chapuis et Grande Corniche du Cap de Garde.
         La ville neuve allait naître, radieuse, dominant le golfe.
         Toutes les grandes propriétés entre l'entrée de Beauséjour et Chapuis allaient se transformer en lotissements de villas. En voici quelques unes: Panaget ??, Bérépion, Bousseau, Benyacoub, Boulineau, Danton, Vaccaro, Gassiot, Testaud, Court-Picon. La démographie bônoise explique cette extension de la ville vers les zones salubres nord: de 1911 à 1921, la population était passée de 40.188 habitants à 41.777; de 1921 à 1931 la population passait à 65. 653 habitants, soit un accroissement de 23.816 âmes. Vérifier les chiffres avec RR.: il fallait s'étendre et construire.

          Trois hommes furent après Henri Narbonne et De Cerner les artisans de l'essor vers les plages:
         * Louis Jamy, polytechnicien, constructeur de ports et de villes, "deus ex machina" du Patrimoine Coopératif Bônois et père du projet.
         * François Tanti, homme de loi qui donna au projet sa forme légale.
         * Albert Baylet, enseignant, administratif infatigable, qui sera au service de tous les coopérateurs.

          Le Toit coopératif obtint des municipalités la péremption des terrains achetés aux grands propriétaires et bâtit les lotissements. D'autres sociétés coopératives furent créées jusqu'à la fin des années 50. Après Beauséjour se développeront simultanément:
         * La Cité Dubois avec la rue Léon Dubois, où venaient déboucher les rues Amiral Lacaze et Gutenberg
         * Surplombé par cette dernière (la rue Gutenberg), le lotissement Maisoncoop avec la rue de Madrid, prolongée par la rue Blasco Ibanez, les rues des 4ème et 6ème de ligne débouchant toutes sur la rue du Général Mangin et perpendiculaires à la rue Butel Leblanc.
         * Plus haut sur les pentes de Bellevue, c'était le lotissement des Crêtes. On y accédait par la rue Henri Poincaré. L'arête centrale de ce lotissement était la rue du Commandant Raynal, prolongée par la rue Lamartine qui rejoignait la rue Thagaste, la rue la plus haute de tout le quartier.

Photo de M. Roger Sabaton         En 1935, au faite de cette dernière, on construisit l'église Ste-Thérèse. Elle fut consacrée par le chanoine Courrau en 1936. Se développa alors à ses pieds la cité Azur, séparée de la Maisoncoop par la rue Lamartine. De la rue Thagaste descendaient perpendiculairement les rues de Lambèze, Khremissa, de Djemila la branche descendante de la rue Thagaste, coupées par les rues Gallieni, de Rome, Calaman. Le chanoine étant décédé en 1955, la rue entourant l'église porte son nom.

          A la fin des années 1940, on construisit sur la propriété Gassiot la rue Jugurtha qui marque la fin du quartier. On y édifia alors la clinique chirurgicale et obstétricale de Ste-Thérèse, et un grand bâtiment d'enseignement qui regroupait les classes primaires et le collège d'enseignement général, le CEG comme on disait à l'époque, ces établissements mixtes remplaçaient la vieille école de St-Cloud à classe unique, insuffisante et obsolète.

Photo de Mme Belmonte
         L'ensemble des lotissements devint le quartier Ste Thérèse. Les jardinets arborés de toutes ces villas étagées lui donnaient l'aspect d'un agréable verger. La qualité de vie y était exceptionnelle; la vue sur le golfe idéale.

          Des signes précurseurs annoncèrent en 1950 des menaces contre l'environnement de cet eden. Ce furent d'abord dans le vallon de la Ménadia la construction de trois grands ensembles en béton pour loger des populations qui avaient perdu leur habitat au cours des bombardements de la Place d'Armes et de la zone portuaire en 1942 et 1943. Après le discours de Constantine, le gouvernement fit ériger sur la propriété Benyacoub, dernier "poumon vert", la Cité des Mille logements qui va dénaturer tout le quadrilatère formé par le Bd Petrolacci, la rue Ph. Cerner, l'avenue de la Libération jusqu'à la plage Gassiot et les 1ères maisons au sud de St-Cloud.: le petit monticule sableux dominant la mer, couvert par des pins centenaires sera rasé, le sommet de la colline arborée de la propriété Benyacoub sera arasé pour l'édification de 4 tours de 14 étages sur caves et rez-de-chaussée, encadrées à leurs pieds par des barres de 7 étages dont 3 d'entre elles mesuraient chacune 300m de long.

Photo de M. Dasi
          La vue et l'ouverture sur la mer des cités Dubois, les Crêtes et Maisoncoop furent complètement coupées: on appelle cela un massacre architectural. En fait il précéda de quelques années un autre drame humain, celui des Français d'Algérie, notre drame, c'était en 1962:
         L'Histoire était passée par là....
Roland Riboud          

Fais ce que tu veux !
Envoyé par Jean

        
         Quatre amis passent des semaines à planifier une sortie en forêt pour chasser et pêcher.
         Deux jours avant le départ, la femme de Frank lui interdit d'y aller, scène à l'appui.
         Les trois autres sont très agacés mais que peuvent-ils faire ?
         Deux jours après, ils arrivent sur le site où ils doivent camper et trouvent Frank, assis là près de sa tente, ayant empilé du bois et faisant cuire du poisson sur le feu.
         - "Mais depuis quand t'es là et comment t'as fait pour convaincre ta femme de te laisser venir ? "
         - "Je suis là depuis hier soir. Hier après-midi, j'étais assis dans mon fauteuil, ma femme est venue derrière moi et m'a demandé : « devine qui c'est ? » en posant ses mains sur mes yeux.
         Quand je me suis retourné, je l'ai vue dans une nuisette hyper sexy. Elle m'a pris par la main et m'a emmené dans la chambre où brûlaient au moins douze bougies, des pétales de roses un peu partout.
         Et sur le lit il y avait des menottes et des cordes ! Alors elle m'a demandé de la menotter et de l'attacher au lit, ce que j'ai fait...
         Ensuite elle m'a dit :
         - « et maintenant, fais ce que tu veux ! »
         ....et... me voilà !!!! "


HISTOIRE DES VILLES DE LA
PROVINCE DE CONSTANTINE      N°18
PAR CHARLES FÉRAUD
Interprète principal de l'Armée auprès du Gouverneur général de l'Algérie.
LA CALLE

ET DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE
DES ANCIENNES CONCESSIONS
FRANÇAISES D'AFRIQUE.


CORRESPONDANCES
DE LA CALLE ET DE BÔNE

" Marseille, 7 mars 1783.
                   " La Compagnie vient d'apprendre la mort du Cheik Abdallah, allant à la Mecque. Le Bey de Constantine a mandé son fils, El-Bey (El-Bahy), qu'il avait déjà investi de la Chefferie en l'absence de son père.
                   " C'est, sans doute, pour le confirmer dans cette dignité. M. Ramel l'a fait accompagner par le Chancelier de la Place et il a écrit, en même temps, au Bey, pour lui représenter l'intérêt que la Compagnie a à la nomination d'El-Bey, fils du Cheik, et qu'il s'engage à acquitter, envers la Compagnie, la dette de son père, qui s'élève à 40 mille piastres.

" Bonne, le 18 août 1783.
                   " A M. Ferrier, Chancelier du Consulat de France, à Alger.
                   " Je vous félicite, Monsieur, du départ de devant Alger de l'Armée Espagnole. Nous n'avons été bien assurés, ici, de leur arrivée devant votre ville que le 14 de ce mois, jour que l'on a annoncé leur départ par deux salves de canon des deux forts de cette ville. Vous voilà, grâces à Dieu, délivré des craintes où cette attaque a dû vous mettre. J'en fais également, ici, mon compliment à Monsieur de Mercy, à qui je vous prie de présenter mes respects. Il s'agit ici de l'attaque d'Alger par l'Escadre Espagnole, commandée par Don Antonio Barcelo.
                   " Quoique vous fussiez proprement dans le danger, j'étais ici dans une plus grande crainte que vous, attendu que nous n'avons affaire, quant aux habitants, qu'à des gens ignorants, jaloux de notre commerce quoique réduits à rien. Pillards, qui n'auraient souhaité qu'un désordre pour tomber sur notre maison, nous enlever les fonds de notre caisse et nous massacrer en cas de résistance de notre part ; et même sans cela, du côté des Officiers, je craignais encore plus, attendu que le Caïd, Agy Asseïn, qui est également Mercanti, a tellement pris le dessus sur tous les autres, qu'il n'y a que sa volonté qui passe. Ce Caïd est guerrier, juge souverain et législateur, tellement due l'Aga du Divan, le Cadi et le Mufti, et Sidi Cheikh se sont interdits de leurs fonctions, craignant ses emportements et ses violences, et plus encore ses malices : je ne veux pas dire autrement. La quantité de fonds que nous avions en caisse me faisait tout craindre de la part de cet Officier, qui, en apparence, faisait valoir les ordres du Bey pour protéger notre maison.
                   C'était cependant lui qui mettait l'épouvante dans la ville, en disant que les Espagnols étaient arrivés à Alger.
                   " Il détruisait ensuite cette nouvelle et maltraitait ceux qui s'en occupaient, faisant des avanies à tous propos et maltraitant tout le monde. Il a, surtout, tourné sa rage contre les Papas (Religieux) et les Gens de la justice, qu'il a bâtonnés et fait bâtonner ces jours passés.
                   " Il vint un jour chez nous, ne sachant, sans doute, que faire, et y resta quatre heures et demie, tellement, qu'il nous fit dîner à trois heures et demie, et cela pour me tenir des propos d'un enfant ou d'un imbécile. Il s'est toujours imaginé que je savais à quoi m'en tenir sur les entreprises des Espagnols, et tâchait de me sonder pour tirer de moi ce que j'en avais appris. Cependant, la première nouvelle que nous avons eue de la part de la Compagnie, ce n'a été que par le Capitaine Etienne, arrivé hier, qu'elle m'apprend qu'il était décidé que les Espagnols allaient à Alger.
                   " Ce Caïd, dans sa visite, ayant appris ma crainte dans le cas de troubles dans la ville, voulut me rassurer d'un côté, en me disant qu'il en faisait son affaire, qu'ainsi je n'eus rien à craindre de la part des Turcs et des Maures ; mais que si je craignais quelque chose de la part des Espagnols, je l'en avertisse, parce que, alors il enverrait chez nous les argents qu'il a du compte du Bey et les siens, que je ferais passer avec les nôtres à La Calle. A quoi je répondis qu'il ne convenait point d'attendre l'extrémité pour prendre cette précaution, attendu que l'on courait risque de ne pas y être à temps ; que mon avis était d'écrire au Gouverneur de La Calle, de m'envoyer un moment plus tôt la frégate, afin d'y embarquer nos fonds, ceux en quantité que nous avons du Bey, ainsi que ceux qu'il voudrait me remettre. Le Caïd s'étant opposé à cet avis, les choses en restèrent là.
                   " Plusieurs jours après, M. Ramel, prévoyant qu'il ne pourrait m'expédier de quelque temps la frégate, pour nous porter nos besoins, jugea à propos de nous l'envoyer avec du bois et du vin. La frégate étant ici, voyant les continuelles vexations du caïd, et que les enfants de trois à six ans demandaient à nos Messieurs qu'ils rencontraient dans leur promenade, de leur donner de l'argent, qu'autrement on les tuerait à la première occasion, jugeant que ces propos ne partaient pas de leur tête, mais bien de ce qu'ils entendaient dire à leurs pères, mère et autres, j'envoyai notre Drogman chez le Caïd, pour lui dire que puisque la frégate se trouvait ici, et que je ne pourrais l'avoir de longtemps, je pensais qu'il conviendrait d'en profiter, pour faire passer à La Calle les fonds de la Compagnie et du Bey, et que s'il voulait en profiter pour ceux qu'il avait ainsi que s'il me l'avait dit l'autre fois, il en était le maître.
                   Cet Officier m'envoya dire qu'il n'y avait rien à craindre, qu'il avait donné des ordres à diverses Nations maures qui nous environnent, de se tenir prêtes à se rendre à notre plaine auprès de la ville, à la première demande qu'il leur en ferait, qu'ainsi je n'eus rien à craindre. Pour n'avoir rien à me reprocher, en cas d'événement, je renvoyai notre Drogman chez le Caïd, pour lui dire que la précaution que je voulais prendre, n'ayant pas été approuvée par lui, je m'en déchargeais sur lui-même, en cas d'événement fâcheux ; que ce que j'en faisais, était pour le prévenir et me tranquilliser sur ce qui intéressait beaucoup la Compagnie et le Bey. Sur quoi il répliqua que je pouvais être en toute sûreté, laisser jour et nuit, les portes de notre maison entièrement ouvertes et me reposer entièrement sur lui.
                   " Je m'en tins à son dire et ne pensais plus à cette affaire, d'ailleurs la frégate était partie. Le lendemain matin, notre Drogman venant, à son ordinaire, chez nous, je lui vis un air courroucé, je lui en demandai la raison, et me dit : " Ne voulez-vous pas que je sois fâché, je viens de visiter le Caïd qui, d'abord, m'a reçu poliment, mais un instant après, en présence des Chiaoux de la garnison, il m'a dit : le Capitaine de la Compagnie veut fuir ; si cela arrive, je te ferai pendre à la porte de sa maison.
                   " Le Drogman, surpris de ce propos, lui demanda qui est-ce qui lui avait dit que je voulais fuir que c'était lui qui l'inventait ; que d'autre part, il était Turc comme lui et Officier, et qu'ainsi il n'avait aucun pouvoir sur lui et il le quitta aussitôt.

                   " Ce Caïd a ensuite fait courir le bruit dans la ville que je voulais fuir et il le disait à qui voulait l'entendre. Il est détesté de toute la ville qu'il tyrannise. Comme il est beaucoup emporté, on le craint et le bruit court que, prévoyant que le Bey le tirera de sa place, il joue de son reste et tire parti de tout ce qu'il peut. Ce qui fait dire à plusieurs qu'il veut mourir, pour dire que par ses vexations, le Bey ou quelque particulier résolu le tueront, ainsi que peu s'en est fallu, par deux fois, que cela ne lui arrivât. Je ne vous ai fait ce long détail que pour vous faire connaître à quoi nous sommes sujets dans ce pays par le peu de protection que nous avons…
                   " Bourguignon se plaint ensuite de la vente faite à des étrangers, au préjudice de la Compagnie et termine par cette réflexion :
                   " Ainsi, Monsieur, il n'y a que vous et M. le Consul qui, par la voix du Pacha, puissiez faire entendre raison au Bey, en représentant à ce premier, dans les moments favorables, nos raisons, auxquelles votre expérience peut encore ajouter, ainsi que notre situation, car pour peu que ceci augmente, la Compagnie ferait mieux d'abandonner et d'éviter de se ruiner entièrement. La France ne serait plus dans le cas d'avoir dans ce pays quantité d'otages qui y mènent une triste vie, sous peu ou point d'espoir. " BOURGUIGNON,
                   Agent de la Compagnie, à Bonne.

Bonne, 9 mars 1784.
                   " Je ne sais si je vous ai jamais entretenu sur le compte de Mohamed Benadoux, écrivain de confiance du Caïd Agy Assen et Mercanti aujourd'hui. Ce Benadoux, qui est Collin, était autrefois marmiton à la maison de la Compagnie, au Collo ; il est aujourd'hui le Sultan à Bonne, c'est lui qui est le Caïd et qui mène tout le monde, Chrétiens et Maures, tambour battant. Il les pressure on ne peut davantage ; par ses fourberies et ses vexations il s'est procuré beaucoup d'argent, au point qu'on lui compte aux environs de 25 mille piastres, dans moins de six années, sans comprendre quantité de présents qu'il extorque sous divers prétextes, de tous en général, mais surtout des Chrétiens marins : il n'oublie pas notre maison. Il est devenu d'une insolence insupportable ; il s'est avisé plusieurs fois de vouloir commander dans notre maison, vouloir tout savoir, tout régler, à contrôler toutes nos opérations. Si le Bey entendait ses intérêts et qu'il fut discret, je l'aurais instruit de tout et me serais certainement débarrassé depuis longtemps de Benadoux qui, à la Traite dernière des Oleddan (Ouled-Dahan), son compte du Caïd arrêté avec le Bey, lui a fait trouver 1.500 caffis de bonne mesure, sur la vente faite aux Chrétiens et autres ; et, appuyé par Agi Messaoud, à la sollicitation de l'Agi Ahmed son Écrivain, pour deux mille sequins vénitiens qu'il présenta à Agi Messaoud, ce dernier sauva le Caïd et, conséquemment, Benadoux, contre lesquels le Bey était furieusement courroucé. Vous sentez bien qu'il ne tira pas ces deux mille sequins de sa bourse, ni de celle du Caïd, mais bien des bénéfices qu'ils avaient faits lors de la livraison des grains qu'ils font paraître au Bey comme ils veulent. Ce pillage, avec les Étrangers et les gens de, la ville, m'importe fort peu, mais je suis irrité contre les manières insolentes de Benadoux qui veut nous mener à volonté et qui nous rend la vie dure dans toutes nos opérations, en irritant le Caïd contre nous, sur ce que nous faisons difficulté sur la recette des grains que nous recevons cependant bien mauvais. Il nous traverse lors de l'embarquement, soit pour avoir des Sandals ou Amals (chalands et portefaix) ; il manœuvre de même avec les étrangers, afin de les faire cracher au bassin. Nos capitaines ne pouvant plus, avec leurs chaloupes, débarquer à port Génois, soit à s'y promener en attendant leur chargement comme pour y faire de petit bois, ce qui de tous les temps, et depuis qu'il y a Compagnie, a été permis : et c'est sous divers faux prétextes. Cependant les Étrangers y débarquent la nuit bien d'articles et surtout de poudre, dont Benadoux est le principal acheteur, laquelle il fait passer au Collo où il gagne gros en la vendant aux Maures ; il en achète quelquefois des interlopes et s'en fait donner, en présent, sous divers prétextes. Enfin, c'est un homme insatiable, insolent et méchant au dernier point. L'on rendrait un grand service au public de l'en débarrasser. Il est protégé d'Agi Messaoud, qu'il fait manger. Il entretient une correspondance avec l'écrivain de l'Okilardji de la Marine d'Alger qui est, comme lui, du Collo.
                   " Cependant, ce Benadoux dont je me plains tant a reçu et reçoit mille services de la maison. M. Serra lui a beaucoup donné. Gelin a aussi donné et il exige de moi jusqu'à cinq piastres par caffis sur cent qu'il me laisse embarquer de plus, ce que je ne faisais que pour améliorer la qualité du blé que j'envoyais à la Compagnie ; car celui du Bey ne me coûtait qu'une piastre de plus, et, sur soixante autres caffis que le Caïd me laissa embarquer, je ne lui en donnais que quatre piastres pour chaque, car il faut distinguer les permissions du Caïd d'avec celles de Benadoux qui comptent davantage…
                   " BOURGUIGNON. "

" Bonne, le 6 avril 1784.
                   " Notre Drogman est arrivé, ce matin, venant de Constantine ; il m'a rapporté les huit canons de fusil que j'avais envoyé au Bey, qui s'en est beaucoup offensé (les trouvant d'une valeur au-dessous du prix qui lui en était demandé)…
                   " Il se plaint aussi de la poudre que la Compagnie lui a envoyée ; il la trouve trop grosse et chère pour sa qualité…
                   " Le Bey en veut absolument à la Compagnie. Il est excité en cela par son Casnadar Braham, par la plupart de ses Esclaves qui sont Napolitains et Génois, et par son Chirurgien Pasquale Cuomo, qui en veut bien à notre Nation : témoin l'insulte faite à M. Amalric. Il a dit à notre Drogman qu'il n'avait pas besoin de la Compagnie, mais bien la Compagnie de lui. Je lui passe ceci ; mais il lui a fait sentir qu'il tramait quelque chose contre elle ; cela ne me surprend pas, parce que l'on voit depuis plusieurs années que cette Puissance la traverse en tout autant qu'il lui est possible. Les Étrangers qui fréquentent ici, et surtout ceux qui y sont affiliés, nous portent un grand préjudice. Ces derniers sont Bartholoméo Scudero, Mahonnais, qui est ici sur un bateau Anglais, Capitaine Wood ; Pietro Magnolo, Maltais, et Giuzeppe Garazino, Génois…
                   " Ces Supercargues, à leur arrivée, vont presque tous à Constantine, portent des présents au Bey, aux divers de ses Officiers, régalent les Esclaves et donnent de hauts prix des grains. Ils portent toutes sortes de marchandises, et Bartholoméo, entre autres, a un magasin où il détaille de l'eau-de-vie; des liqueurs et du vin. Celui-ci et le Maltais prennent souvent de l'argent de Mohamed Benadoux, Écrivain de confiance du Caïd, qui en retire un bon bénéfice et quantité de présents, surtout de poudre qu'il aime beaucoup et qu'il fait passer au Collo. Ces Étrangers, comme vous voyez, ont un grand avantage sur la Compagnie qui, par ses Lismes et autres dépenses qu'elle a à supporter, ne saurait offrir les mêmes prix qu'eux, et se trouve, de plus, obligée de faire porter ses grains à Marseille…
                   " BOURGUIGNON. "

" Bonne, le 7 mai 1784,
                   " A Messieurs les Présidents et Directeurs de la Compagnie Royale d'Afrique
                   " Parti le 24 du mois dernier, pour Constantine, en compagnie du Caïd, Mercanti du Bey de cette ville. Le Mercanti était le nom donné à l'Agent du Bey, chargé de surveiller le commerce avec les Européens. Je me suis rendu à la dite ville, le 27. Le Bey devant expédier son Calife à Alger, le Pacha l'ayant dispensé de ce voyage à cause du soulèvement de plusieurs Nations du côté du Désert, m'envoya prendre l'après-midi pour lui remettre l'argent que je lui avais porté pour solde de son compte, ce qui fut bientôt fait. Cette Puissance me renvoya au 29 pour convenir des articles mentionnés dans son compte avec la Compagnie…
                   " J'avais porté avec moi les huit canons de fusil que le Bey avait commandés et qu'il a refusé deux fois à cause qu'ils étaient trop chers, espérant que par la voie d'Agy Messahoud, son grand Courrier, je pourrais me débarrasser de cet effet, en engageant ce dernier à porter le Bey à m'accorder la permission d'acheter 1.200 caffis blé à la Rabe (ou marché public), dont je lui tiendrais compte au prix de 16 p. le caffis, moyennant quoi, en étant assuré, je ferais présent au Bey des dits canons.
                   " Je fus donc, en conséquence, le même soir de mon arrivée, chez Agy Messahoud, pour lui proposer cet arrangement ; il me promit d'agir. Son Écrivain l'avait déjà prévenu. Je lui portai les remèdes que le Chirurgien-Major de La Calle m'avait envoyé sur l'exposé que je lui avais fait de la maladie de ce grand Courrier. Son titre était Bach S'eïar, Courrier de Cabinet en chef. On remarquera que beaucoup de noms sont écrits tantôt d'une manière tantôt d'une autre. C'est que j'ai conservé exactement l'orthographe des pièces originales.
                   Il me témoigna d'avoir du regret de ce que je n'avais pas amené avec moi ce Chirurgien et me demanda de le faire venir. J'expédiai aussitôt à La Calle, avec prière à M. Amalric de me l'envoyer. J'ai appris, à mon arrivée, que ce Chirurgien était parti le 1er de ce mois pour Constantine. Les détours que nous devons faire sur notre route sont la cause que nous ne l'avons pas rencontré.
                   " Agy Messahoud, avant été instruit que le Bey avait encore dans ses Magasins, à Bonne, environ 300 caffis de blé et voulant l'en débarrasser, jugea à propos de faire proposer au Bey de me donner le blé de ses Magasins au prix de 15 p. de Constantine le caffis, de m'accorder la permission d'acheter 1,200 caffis blé de la Rabe (le marché), dont je tiendrais compte au Bey à raison de 16 p. de Constantine le caffis, moyennant quoi il ferait prendre les 8 canons de fusil au Bey, qu'il me payerait suivant le compte à lui donné ; et comme ce grand Courrier est beaucoup affaibli par ses indispositions, ou soit par politique, il envoya chercher le grand Écrivain le 28 au matin, l'instruisit de l'affaire et le chargea de cette commission auprès du Bey. Notre Drogman me fit part de cet arrangement. Comme je voulais ménager l'amitié du Bey et celle d'Agy Messahoud à cause de la Traite des laines, de blé que je voulais obtenir à la Rabe et me débarrasser des canons de fusil, j'acceptai la proposition.

                   " Le grand Écrivain, rendu chez le Bey, lui parla blé. Cette Puissance, après s'être consultée avec ses alentours, consentit à m'accorder le blé de ses Magasins au prix de 15 p. le caffis et celui de la Rabe à 16 p.. Mais, dès que le grand Écrivain eut ouvert la bouche pour lui parler des canons, il se dresse comme un furieux, traite le grand Écrivain de chrétien et s'emporte contre la Compagnie, contre moi et contre notre Drogman traitant ce dernier de chien sans loi, etc. ... Tous ceux qui étaient dans l'appartement du Bey, le voyant hors de lui-même, furent saisis de frayeur. Cette Puissance m'envoya aussitôt dire, par son Caïd de Gibière (El-Djebira, portefeuille) que j'eusse à partir pour retourner à Bonne, à quoi je répondis que j'allais dîner, fermer mes malles et me mettre en route.
                   " Quelqu'un ayant fait observer au Bey sa promptitude mal en place, le Caïd Mercanti de Bonne qui, sans doute, se trouvait chez cette Puissance, vint me dire qu'ayant prié le Bey de me laisser à Constantine jusqu'à son départ, il le lui avait accordé. Ce retard me donna le temps d'envoyer plusieurs fois chez Agy Messahoud et chez son Écrivain pour l'instruire de l'emportement du Bey. Comme l'arrangement de cette affaire avait été imaginé par ce grand Courrier, il en a été beaucoup affecté et piqué en même temps contre le grand Écrivain de ce qu'il n'a su s'y prendre ; d'autre part, il croit s'être aperçu que cet Écrivain et bien d'autres travaillent à le supplanter et à lui faire perdre crédit.
                   Le 29, Agy Messahoud; ayant la fièvre, ne se dispensa pas de sortir dès que l'accès l'eut quitté ; il se rendit chez le Bey, le raisonna, lui fit sentir le tort qu'il avait d'avoir si mal pris cette affaire et d'en avoir agi de la sorte avec moi. Le Bey n'a pas été seulement blâmé par Agy Messahoud : presque tous les Grands de Constantine lui donnent tort. Agy Messahoud a dû dire au Bey, ainsi qu'il l'a raconté à d'autres, que l'affaire de M. Dejean, ci-devant Agent, à Bonne, coûta bien d'argent au grand Courrier d'alors et à lui-même, Agy Messahoud, quoi qu'il n'eût rien à y voir, et qu'il pourrait bien en arriver autant à l'occasion de ce qui s'est passé à mon égard. Il a dit, au Bey, qu'en fait d'affaire de commerce, il n'était point Bey mais bien Marchand : que lorsqu'une affaire ne lui convient pas, il n'a qu'à la laisser et non point s'emporter et exiger les choses de force.
                   " Le Bey, revenu un peu à lui, a appelé le grand Écrivain, le Casnadar et le Caïd, lesquels s'étant consultés sur l'affaire en question, ils arrêtèrent que le Grand Écrivain et le Caïd viendraient, le 30, me proposer de prendre le blé des Magasins du Bey, au prix de 15 p. de Constantine et celui de la Rabe, que je pourrais acheter jusqu'au blé nouveau, à 16 p. le caffis.
                   " Le 30, le grand Écrivain et le Caïd vinrent chez moi me proposer de prendre le Blé du Bey et celui de la Rabe, ainsi que je viens de le dire, se réservant pourtant la charge de deux bâtiments dont un est celui sur lequel le sieur Millanto est embarqué, et l'autre est le bâtiment sur lequel Bartholoméo Scudero, de Mahon, viendra.
                   Je m'entretins assez de temps avec ces deux Officiers. Et je leur fis connaître combien la Compagnie, en tout temps, s'est prêtée et a été au-devant de ce qui pourrait plaire au Bey. Que ses Agents ne se sont jamais écartés des ordres de la Compagnie là-dessus, mais que les Étrangers, jaloux d'elle, et l'avidité de bien des personnes qui sont auprès du Bey, est cause que cette Puissance, étourdie de continuelles calomnies dont on la charge, se laisse persuader, ce qui l'indispose contre elle, que l'affront que le Bey m'a fait est inouï ; que des personnes honnêtes et qui représentent la Compagnie, le sentent mieux que ne le font les Maures lorsqu'on les maltraite à coups de bâton ; que cette insulte ne me regardait pas particulièrement, mais bien la Compagnie que je représente.
                   " Je n'ai pas laissé ignorer, à Agy Messaoud et à son Écrivain, combien nous sommes traversés en tout. J'en ai également entretenu le grand Écrivain autant qu'il m'a été permis, attendu que c'était en présence du Caïd et de Benadoux, son Écrivain : sur ceux-ci plus que sur les autres, portent mes plaintes. Comme ils sont fortement appuyés par Agy Messahoud et son Écrivain, mes plaintes ne pourront, tout au plus, que me procurer moins d'inquiétudes ; et, si je veux obtenir quelques facilités de ce Caïd; ce ne pourra jamais être qu'en me prêtant à leur pillage et par des présents qui sont indispensables. Il m'a fallu arroser Agy Messahoud et son Écrivain dont je suis plus satisfait que de tous autres, le grand Écrivain et le Caïd. Sur ce qu'Agy Messahoud m'a fait espérer, cette affaire nous ramènera l'amitié du Bey autant qu'il en est capable.
                   " Les premiers temps heureux de la Compagnie sont passés et ne reviendront plus, surtout avec le Bey d'aujourd'hui. Les Étrangers, nos concurrents, traversent trop le commerce de la Compagnie, principalement ceux qui sont comme affiliés. Ils apportent toutes sortes de marchandises à un prix dont on est content. Ils donnent un plus haut prix que nous des grains et font beaucoup de présents et de donatives. Ils comptent, dans leur calcul le bénéfice d'entrée sur les espèces, et, quand ils ne feraient que ce gain, ils se croient très heureux. Ainsi, si la Compagnie veut faire des affaires, elle sera obligée de se contenter d'un profit modique, à moins que les circonstances ne la favorisent. Il faut que les présents ou bonnes-mains soient distribués à propos, sans trop d'économie, et, quoiqu'ainsi que la Compagnie a pu le voir, j'ai donné plus que lors de ma première résidence : je me suis cependant attiré sur les bras presque tous les alentours du Bey. Je dis presque par ce que les Officiers, plus politiques et plus orgueilleux, savent dissimuler : mais ils vous traversent sous main dans vos affaires. L'on m'a cité M. Garcin et M. Serra. M. Garcin, m'a-t-on dit, avait le Bey, ses Officiers et ses Esclaves et donnait gros. M. Serra n'avait que les Officiers et les Esclaves du Bey.
                   " Le grand Écrivain me parlait de M. Garcin. L'on parlerait encore plus de moi si je donnais comme lui, puisque, lors de mon arrivée, je fus pénétré des amitiés que je recevais du Bey ainsi que de tous ceux qui l'entourent ; mais ma juste économie m'a enlevé cette amitié, aujourd'hui trop intéressée, et m'a attiré leur haine. Je la leur ferais bientôt oublier si je semais l'argent dans leurs mains. Voilà comme est devenu Constantine, ainsi que les Officiers du Bey à Bonne...
                   " Le 30, je fus le soir, de l'avis d'Agy Messahoud, chez le grand Écrivain, pour le remercier d'avoir tempéré la fièvre du Bey, qui, dans son délire, avait protesté de ne plus rien faire avec la Compagnie. Cet Écrivain travaille, avec le conseil d'Agy Messahoud, à porter cette Puissance à recevoir ma visite avant ayant protesté que sans cela je n'y retournais pas ; il me donna comme assuré, que je serais satisfait…
                   " Cet Écrivain m'a beaucoup flatté pour l'avenir, il me répétait, sans doute, ce qu'Agy Messahoud lui avait dit en prenant congé de lui ; je lui ai laissé un rouleau de cent sequins Zermabouts... J'ai également donné cent sequins à Agy Messahoud et soixante autres sequins au Caïd et à Agy Ahmed écrivain d'Agy Messahoud...
                   " Le Caïd méritait une punition et non une récompense, car c'est lui qui nous a fait le plus de mal dans cette affaire, ayant été dire au Bey que j'avais dit que je m'embarrassais fort peu de lui et que je ne connaissais que le Pacha, ce qui a beaucoup contribué à irriter cette Puissance qui est extrêmement jalouse de son autorité, se disant être plus puissant dans sa province, que le Pacha à Alger...
                   " Le 2 mai, je me rendis chez le Bey que je remerciai de ce qu'il m'avait donné son blé et permis d'acheter à la Rabe, celui que les Maures apporteront jusqu'à la nouvelle récolte. Cette Puissance me confirma le Traité et me parla avec beaucoup de douceur, tellement qu'on l'aurait pris pour un ange. Il me dit que toute la laine viendrait et qu'il avait donné des ordres sévères pour qu'il n'en passât point à Tunis ; que la belle laine qui est sur les frontières est la plus belle, qu'ainsi je l'aurais. Quant au blé de la nouvelle récolte, il fallait voir comment elle sortirait, qu'alors il verra quel prix il peut y mettre. Je le saluai et pris congé de lui.
                   " Comme c'est l'usage lorsqu'on va visiter le Bey de lui porter un présent, je lui avais envoyé à ma première visite une caisse de sirop, et je comptais de lui présenter les canons ; mais il me la renvoya, lors de son délire, et le sirop resta à Agy Messahoud...

                   " Le Caïd (de Bonne), conduit par Benadoux, son Écrivain, qui est le Maure le plus délié et le plus fourbe que j'aie connu, outre ses droits d'usage accroche autant de présents qu'il peut ; il fait passer en contrebande, sans que le Bey le sache et à son profit, 50, 100 jusqu'à 150 caffis de blé par bâtiments; il pressure les Suprecargues en leur détournant les sandals et amals, afin de les porter à lui laisser quelque chose, et il en agit ainsi tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre ; il leur fait passer, comme à nous, le blé gâté des magasins, qu'il fait mêler avec le bon; peu soucieux à la recette du blé des Maures, qu'il soit chargé de terre, paille ou mouillé, ces derniers chargent à couler presque bas les sandals, tellement que quelques-uns ont péri et quantité ont porté du blé mouillé de l'eau de la mer, soit que le sandal ne soit pas bien calfaté ou que les vagues y entrent facilement, S'il pleut, les tentes ne sont pas mises, et si, à force de crier, on la met, ce ne sont que de mauvaises tentes pourries, d'une toile claire où l'eau passe et mal tendues. Le Raïs des sandals et encore plus les Matelots, sont d'une insolence insupportable, puisque toujours ils insultent les Équipages des bâtiments et exigent qu'on leur donne à manger et à boire et qu'on leur mette dans les sandals un matelot pour les aider. Si le Caïd faisait son devoir, tout cela ne serait pas.
                   " Benadoux, son Écrivain, malin comme un singe et extrêmement avide, a, pour sa portion, au moins les deux tiers de leur industrie, et le Caïd, brutal comme un cheval et bête en même temps, a l'autre tiers. Ce premier s'est acquis, jusqu'à aujourd'hui, par ses rapines, au moins 25 mille piastres. Il échange son argent blanc en sequins, qu'il fait passer à sa maison, au Collo, toutes les fois que le Gouverneur de La Calle y envoie la frégate. Nous nous prêtons à cela et je ferme les yeux sur tous les effets qu'il envoie aussi par ce bateau ; il dépose souvent et presque toujours son argent chez notre Caissier, et, nonobstant cela, ce malheureux nous contrarie et prétend qu'il nous rend service parce qu'il ne nous fait pas plus de mal. S'il n'était que je me suis prêté à son pillage en passant quelques caffis de plus sur nos bâtiments, ainsi que la Compagnie a pu le voir, je l'aurais déclaré au Bey; mais, d'autre part, cette Puissance, peu réfléchie, en lui faisant part des agissements d'Agy Messahoud, je m'attirerais à dos ce grand Courrier qu'il convient de ménager, même qu'il convient de dire du bien de lui dans les représentations que l'on pourrait faire à Alger ; mais il faudrait appuyer sur les malversations et la tyrannie du Caïd et de Benadoux, et sur l'ignorance du Bey à se laisser conduire par ses Esclaves qui, aujourd'hui, mènent pour ainsi dire toutes les affaires en s'employant pour procurer le chargement aux Esclaves mis en liberté et à quelques Mahonnais, Génois et Maltais, affiliés dans ce port quoique de Nations ennemies d'Alger.
                   " La Compagnie verra, par ce que dessus, que le Bey ne fait guère attention aux ordres que le Pacha peut lui donner, et que toutes les représentations de M. de Mercy et de M. Ferrier n'aboutissent qu'à des promesses sans effet. M. Ferrier m'a marqué que le Pacha avait écrit au Bey que s'il avait du blé à donner, de le donner plutôt aux Français qu'il reconnaissait, aujourd'hui, être les seuls ses véritables amis. Cependant, le Bey n'y a aucun égard et traite avec dureté la Compagnie, l'obligeant à prendre son mauvais blé parce qu'il ne peut le placer ailleurs.
                   A Cette Puissance sait cependant, ainsi que tous les Grands, que M. de Kercy, Consul, visite souvent le Pacha et qu'il est très bien auprès de lui ; mais cette Puissance, jalouse de son autorité et voulant user d'un pouvoir absolu, ne voit qu'avec colère et pour ainsi dire avec rage les démarches que l'on fait auprès du Pacha, et qu'il nous traite plus favorablement qu'il ne fait ou, pour mieux dire, avec moins de dureté. "

" P.-S. du 12.
                   " Je dois ajouter, ici, et rappeler à la Compagnie ce que je lui ai écrit dans mes précédentes lettres, ainsi qu'à M. Ferrier, au sujet de Mohammed Benadoux, du Collo, Écrivain particulier de Agy Assen, Caïd et Mercanti du Bey. Ce Maure, le plus fourbe que j'aie connu, et le plus délié, protégé fortement par Agy Messahoud ainsi que par son Écrivain Agy Ahmed, auquel il fait passer souvent toutes sortes de présents et de bons groups de sequins, agit despotiquement à Bonne, en s'appuyant de l'autorité du Caïd Mercanti et des intérêts du Bey, pour écorcher Chrétiens et Maures dans les affaires qui les obligent de passer par leurs mains. Quoique ce Benadoux, en pressant tout le monde sans exception, même les habitants de la ville, écorne beaucoup les droits du Bey et du Caïd, il en est écouté et soutenu, au point qu'on ne saurait faire aucune représentation sans s'exposer à des insultes à rompre toute affaire de la Compagnie avec le Bey surtout, au moins, à n'être pas écoutés. J'ai fait tout mon possible pour m'attacher ce Maure, en me prêtant à toutes ses demandes et le facilitant en tout ; mais son insatiable avidité le rend insensible à tout : il n'a des yeux que pour voir où il pourra piller. Dans la recette que nous faisons du blé des Magasins du Bey, nous sommes convenus à Constantine, avec le grand Écrivain du Bey et avec le Caïd, que je ne prendrai pas le blé brûlé et pourri ; mais cette précaution a été inutile par la coquinerie de Benadoux et des mesureurs du Mercanti, qui sont sous son commandement et avec lesquels il s'entend indubitablement afin de faire passer, autant qu'il est possible, du mauvais grain et diminuer par-là la quantité de celui que nous rebutons, à quoi ils ne sauraient se refuser, attendu sa trop mauvaise qualité... Je vois toujours plus qu'il n'y a rien à compter sur la bonne foi des gens de ce pays, dans quel état et grade qu'ils soient.
                   " L'on m'a voulu assurer, et c'est le nommé Jérémie Timon, Tabarquin, qui a été au service de la Compagnie lorsqu'elle avait le Cap Nègre, que Benadoux a fait embarquer pour son compte ou vendu, ce que je crois plutôt, au Supercargue Bartholoméo Scudéro, Mahonnais, soixante quintaux cire qu'il avait ramassé peu à peu en la faisant acheter, par ses émissaires, des montagnards qui l'apportent en ville et en les envoyant, peut-être, chercher à la montagne ; de laquelle cire, comme de quantités d'autres parties, il a dû vendre aux bâtiments interlopes qui venaient de jour et le plus souvent la nuit aborder avec leurs chaloupes ou canots, à la plage du port Génois, pour y embarquer la cire et y débarquer quantité de poudre dont il fait un grand commerce soit ici, soit au Collo. Bartholoméo Scudero, Architecte Mahonnais, fut appelé à Constantine par Salah Bey, en 1782. Il construisit, sur le Rummel, le pont dit d'El-Kantara, qui s'est écroulé, le 18 mars 1857. Nous voyons, parce qui précède, que Bartholoméo continua à rester en relations avec le Bey qui favorisait son commerce.
                   C'est pourquoi, pour éviter que nous en eussions connaissance, il a ordonné sous le nom du Caïd Mercanti, aux Maures du port Génois, de ne point laisser mettre pied à terre aux équipages Français, tellement, que le Capitaine Couttet et d'autres ont été insultés pour avoir voulu descendre à terre y faire, comme d'usage, quelque peu de petit bois ainsi que nos Capitaines l'ont pratiqué depuis le commencement de nos Établissements sans qu'aucun s'y fut opposé. Mes représentations, là-dessus, n'ont presque pas été écoutées, parce que Benadoux et le Caïd Mercanti ont trop d'intérêts pour ne s'y pas opposer. A ce Caïd, qui est rustre et d'une brutalité sans exemple, l'on ne saurait faire de représentations un peu vives sans s'exposer à son emportement. Depuis quelque temps, il marche avec son couteau et un pistolet moitié tirés de sa ceinture, et comme Benadoux est seul depuis quelques jours, à conduire les affaires, attendu que le Caïd a été faire une tournée à la montagne, il marche aussi, pour la première fois que je l'ai vu, avec un pistolet à la ceinture. Il faut qu'il ait de fortes raisons pour cela, n'ignorant pas qu'il n'est pas aimé car il écorche tout le monde ; il me paraît très essentiel que ceci soit représenté à Alger...
                   " BOURGUIGNON. "

Bonne, 2 août 1784.
                   " Le Corail devient toujours plus rare, surtout le beau, et, par surcroît de malheur depuis quelques années, les Trapanais, Liparotes et autres pécheurs de Corail du Royaume de Naples, viennent en nombre avec leurs bateaux équipés d'hommes jeunes et robustes, escortés de deux bâtiments armés et pêchant depuis l'Île de la Galite jusqu'au Cap Nègre et devant Tabarque, à toucher presque la terre. Il y en a actuellement 297 de ces bateaux, dont 150 pêchent devant le Cap Nègre et Tabarque et le restant pêche au Ponant, Levant et Midi, de l'Île de la Galite.
                   " Partout où pénètrent ces bateaux, ils balayent le fond de la mer, au point qu'ils n'y laissent pas un brin de Corail ; tout est enlevé par eux : aussi, la plupart de nos pêcheurs se sont retirés en France par la tartane du Capitaine Mouton, partie hier matin. Ainsi voilà la Place de La Calle dans une mauvaise situation. Si la Régence n'avait pas été occupée par les Espagnols, peut-être aurait-elle fait courir ses corsaires sur les pêcheurs étrangers qui disent : o morire, o cascare sechiavo, o pescare.
                   " Leurs bateaux vont plus vite que les Gelestes, c'est pourquoi ils se reposent ainsi sur leurs bâtiments armés....
                   " Le Comptoir du Collo ne fait presque plus de cuirs et donne des pertes à la Compagnie. Ainsi, voilà deux Comptoirs (Collo et La Calle), sur lesquels la Compagnie n'a presque plus d'espoir, à moins qu'une forte protection ne les relève. Autrement, celui de Bonne aura la même chute. Tous seraient déjà détruits si n'était la protection que la Compagnie a eu ces derniers temps, mais il est certaines gens qui travailleront toujours à sa ruine et l'obliger à se retirer... "
                   BOURGUIGNON.

Bonne, 29 août 1786.
                   " Je ne crois pas devoir vous laisser ignorer que le 22 du mois dernier, quelques Officiers de La Calle firent une partie de pêche et s'embarquèrent dans la chaloupe du Capitaine Mouton qui fut du nombre des pêcheurs, parcourant divers endroits pour y trouver du poisson. Ils s'avancèrent jusque près le Cap Rose, où trouvant ce qu'ils cherchaient, s'y arrêtèrent et s'amusèrent agréablement et innocemment. Deux sandals qui suivaient la côte ne les épouvantèrent pas ; ne devant craindre personne là où ils étaient.
                   " L'un de ces sandals qui était un Gerbin, passait entre la terre et la chaloupe et fit la route tranquillement. L'autre, qui passait en dehors, avait environ quarante hommes dedans. Il s'approcha insensiblement de la chaloupe, et, à environ trente pas de distance sans qu'il fut question de rien et sans dire mot, tirèrent sur la chaloupe un coup de fusil et deux coups de pistolet.
                   " Ces messieurs n'eurent rien de plus pressé que de se cacher dans la chaloupe où ils se mirent ventre à terre. L'un d'eux, nouveau venu de France, voulant donner à connaître aux gens du sandal qu'ils n'étaient point là pour mal faire et qu'ils étaient amis et habitants du pays, prend un poisson, le dresse et le fait voir aux gens du sandal ; au même instant, il part une pierre de ce sandal qui attrape la tête de cet Officier, le renverse dans la chaloupe grièvement blessé. Le sandal fit sa route et vint à Bonne ainsi que le Gerbin. Ignorant ce qui s'était passé, il ne m'était pas possible de faire aucune démarche. Deux jours après, un courrier que M. Ramel m'expédia, m'apprit l'affaire.
                   J'envoyai secrètement notre Drogman pour prendre des informations ; le Gerbin dit bien que l'autre sandal était du Collo, mais rien de plus. Comme il était tard, j'attendais au lendemain pour prendre les éclaircissements nécessaires et faire les démarches convenables, mais ce sandal, du Collo, était parti. J'ai su ensuite, par M. Hugues et par des gens de cette ville, que le Raïs de ce sandal est Raïs Bergem, du Collo. Je suis tellement pénétré de la haine des Collins contre nous, que s'il dépendait de moi jamais aucun Français ne mettrait plus le pied dans ce pays. "
                   BOURGUIGNON .

Ramel, gouverneur de La Calle, à la Compagnie Royale d'Afrique.
" La Calle, le 7 novembre 1784.
                   " Vous m'aviez prévenu en son temps, Messieurs, qu'après les démarches faites à Alger, de votre part, en faveur du Chef de la Mazoule, celui-ci serait dorénavant plus tranquille et moins pressuré de la part du Bey, qu'il ne l'avait été jusqu'alors. Sur cette nouvelle, le Chef paraissait content et moi, à mon tour, qui connais que le mal être de ce Chef reflue toujours infailliblement sur la Compagnie, je l'étais également. Cependant, depuis, les choses n'ont jamais changé ; le Bey continue toujours ses vexations et ses demandes indiscrètes à ce Maure, et d'une façon inconnue encore même avec Abdallah père.
                   " Tous les étés, le Camp du Calife vient se camper auprès de ce Chef, et, là, à portée de diverses Nations pour ramasser les droits du Bey à l'aide de la Nation dudit Chef qui sabre quand il le faut, contre les rebelles, il y reste des deux à trois mois, aux frais de ce dernier, par un brigandage et un dégât immense de son camp voisin du pays de la Mazoule, et, ce Calife se retirant, reçoit du Chef 1,200 piastres, pour le droit appelé droit de Deïfe. Donner la nourriture journalière nécessaire aux hommes et aux chevaux.
                   " Indépendamment de ce coûteux évènement, le Bey renchérissant toujours sur des usages lucratifs, oblige annuellement le Chef de la Mazoule, le menaçant à défaut de le remplacer par son frère, d'aller lui baiser la main avec un présent de trois à quatre mille piastres, sans compter les accessoires de ce voyage et douze cent cinquante six piastres de Lisme annuelle, que ce Chef paye à ce Prince. Il n'est pas possible, d'après cela, que ce Chef puisse subsister avec de si fortes entraves n'y ayant point de Traites, sans ruiner, désoler sa Nation, sans importuner cette Place par des demandes en argent, en pure perte pour la Compagnie s'il fallait s'y prêter.
                   " Ce Chef fait donc annuellement le voyage de Constantine, par recommandation du Bey, par la crainte de son frère comme il a été dit ci-devant. Jusqu'à présent, comme nouveau Chef, il a convenu qu'un Officier de la Compagnie l'accompagnât, autant pour annoncer publiquement notre crédit auprès du Bey que pour encourager la timidité de ce nouveau Chef. L'usage de ce pays étant qu'on ne saurait se présenter devant les Puissances les mains vides, l'Officier de la Compagnie a toujours fait, au Dey, un présent qui ne vaut jamais moins avec les frais du voyage d'environ douze cents livres. Aujourd'hui que la Chefferie est assurée et vraiment établie sur la tête du nouveau Chef, l'accompagnement d'un Officier de la Compagnie, dans ces sortes de visites, paraît d'autant plus superflu qu'en continuant plus longtemps on s'exposerait, et à un usage qui ferait enfin loi, et à une nouvelle dépense annuelle pour la Compagnie.
                   " Les choses en l'état, il paraît indispensable, Messieurs, pour la tranquillité de cette Place et pour les intérêts de la Compagnie qu'elle fit agir vivement à Alger, vis-à-vis du Bey, pour modérer son avidité et son espèce de tyrannie envers ce Chef qu'il doit laisser tranquille, une fois qu'il lui a payé sa Lisme de 1,256 piastres, et sa Deïfe de 1,200 piastres pour le Calife. C'est ainsi que le Bey se comportait constamment avec Abdallah père et comme il le pratique avec les autres Chefs. Sans cette démarche, ce pays est réduit à la misère sans espoir d'aucune production et la chose presse.
                   " RAMEL. "

                   Entrons maintenant dans quelques détails sur Collo : Les archives des missions conservent encore le texte d'un contrat de nolis pour un voyage à faire en 1326, à cette localité. On y apportait, des montagnes voisines, de grandes quantités de cire qui étaient principalement achetées par les marchands de cette Nation. Les Kabyles venaient aussi échanger à Collo des cuirs excellents et des céréales contre des marchandises européennes. Au rapport de Léon l'Africain, " il n'y avait pas alors, par toute la côte de Tunis, cité plus opulente ni plus sûre, à cause que l'on y gagnait toujours au double sur les marchandises. "
                   Collo, que les négociants français fréquentaient déjà dans le courant du XVIème siècle, devint une des Échelles les plus importantes de la Compagnie d'Afrique qui y avait un comptoir. Peyssonnel rapporte que, de son temps, 1725, les employés y passaient toute l'année pour y faire leurs achats de cuirs et de cire. Celle-ci, ils pouvaient se la procurer directement par les Kabyles ; mais il n'en était pas de même des cuirs qu'il ne leur était permis d'acheter que par l'intermédiaire des habitants de Collo, remplissant l'office de courtiers. C'était un usage depuis longtemps établi et dont la Compagnie s'accommodait. Elle payait, au Bey de Constantine, dix pour cent de toutes les marchandises qu'elle achetait et qui se composaient annuellement de 400 quintaux métriques de cire, des céréales, du miel, de l'huile, du corail, du suif, un peu de coton, et 130 à 150,000 cuirs non tannés. D'Aviti assure que " la Compagnie des marchands de cette ville rendait en six mois au pacha d'Alger 26,000 doubles. "


A SUIVRE

ALGER, TYP. DE L'ASSOCIATION OUVRIÈRE
V. AILLAUD ET Cie
Rue des Trois-Couleurs, 1877
Livre numérisé en mode texte par M. Alain Spenatto.

LES LÉGENDES DU SIROCCO
Photo Marcel Pernice

Chers amis,

Natif de La Calle, j'ai publié plusieurs ouvrages dont "Les légendes du Sirocco" (ci-dessous la 4ème de couverture).
Je vous invite à en découvrir un épisode
L'ouvrage étant en cours de réédition chez un nouvel éditeur.
             René FALANGA

Les Légendes du Sirocco
De René Falanga

       René FALANGA a passé son enfance à La Calle, petit paradis du bord de mer dans l'est Algérien. A dix-neuf ans, alors que l'enfer se déchaîne dans son pays, il débarque en Provence, bien décidé à conquérir La Gaule… Après Sciences Pô, Sciences Éco, et un passage rocambolesque sous les drapeaux, il sera promu à des postes de direction dans plusieurs régions de France avant de devenir parrain en mission d'insertion pour les jeunes. Un jour, il reprend ses carnets de note, où, au fil du temps, il a croqué les choses de la vie.

       De là naitront plusieurs ouvrages dont " Les Légendes du Sirocco " qui relatent les trajectoires authentiques de femmes et d'hommes que rien ne prédisposait à devenir des héros. Mais le Destin, complice ou implacable, bouleversera leur vie. Comme Grand'mère courage, son aïeule qui, veuve avec huit enfants accrochés à ses basques, débarqua sur cette nouvelle terre promise pour tenter de refaire sa vie.

       Avec, toujours prégnante, l’haleine brûlante du Sirocco qui accueillera les nouveaux immigrants et, un siècle plus tard, chassera leurs descendants loin du pays qui les avait vu naître. Errances douloureuses d’un petit peuple ballotté entre deux rivages.

       « Les Légendes du Sirocco » constitue un recueil d’épopées réelles à 95% qui se sont déroulées des deux cotés de la Méditerranée, du milieu du XIXème siècle jusqu’aux années 1990.

       Il s'agit de neuf histoires où le destin transformera des femmes et hommes simples en autant de personnages extraordinaires, aussi héroïques que pathétiques. Avec le souffle brûlant du Sirocco qui les accompagne tout au long de leur trajectoire…

       Titres de nouvelles : "D'une rive à l'autre » - « Le cimetière d’Arthur » - « Grand’mère courage » - « Une famille méritante » - « La pyramide de Philomène » - « Naissance d’un petit consulat de France » - « La maison sur la digue » - « L’ironie du destin » - « Une histoire d’amour » - « Le légionnaire de la Messida ».

       Du même auteur : " Un pied-noir à la conquête de La Gaule " T1 et T2, " Arthur et Ève ", " L'odyssée du futur ", " J'ai décroché un entretien d'embauche ", " Un parrain ".

Amicalement
René FALANCA
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Grand'mère Courage
Par M. René Falanga
L'exil
Extrait du Livre La Légende du Sirocco

La Calle - Août 1950.
           A cette heure matinale, la chaleur était encore supportable. Comme tous les jours, Medhi Ben Salah, la quarantaine robuste et une chéchia blanche enfoncée sur le crâne, poussait sa charrette à bras d'un pas nonchalant. Les ridelles de la carriole débordaient de légumes et de fruits odorants cueillis du matin. L'homme parcourait les rues du village en braillant à tue-tête :
                  - Les pêches de vigne de Fifine ! Le muscat de Pomponnette ! Les figues de Biou ! Que du miel ! Que du miel ! Les tomates coeur-de-boeuf, les courgettes, les poivrons du Tonga ! Que du bon ! Que du bon ! .
                  - Le bien de Dieu ! s'exclamaient les ménagères pressées de faire leurs choix.
           L'imaginaire des villageois entourait toujours les fruitiers de Fifine d'un parfum de mystère. Mais, dans la famille d'Arthur, on se transmettait de génération en génération les secrets de l'aïeule italienne venue refaire sa vie en Algérie plus d'un siècle auparavant.
           Quant au brave Medhi, il était né dans la maison de ces immigrés, une nuit où sa mère était venue se réfugier en ressentant les douleurs de l'enfantement. L'enfant avait grandi avec les autres garçons de la famille, participant à leurs jeux et plus tard prenant sa part des travaux de la terre. A cette époque, les différences de races et de religions n'empêchaient pas les gens modestes de fraterniser. Seul comptait le labeur accompli qui permettait aux familles de survivre.

Ile d'Ischia - Printemps 1849
            En mars de cette année-là, Giuseppe, puisatier de son état, emporté par un tétanos foudroyant, passa brutalement de vie à trépas. Sa femme, la belle Francesca, la trentaine à peine sonnée, se retrouva seule pour nourrir et élever une nichée de huit enfants âgés de deux à douze ans. Au retour de l'enterrement, elle s'enferma dans sa masure avec les petits agrippés à ses basques et pleura en silence son homme qui avait toujours été bon pour eux. A la nuit tombée, les ventres creux criant famine la ramenèrent à sa dure réalité.

            Avec les légumes du jardin et un morceau de lard elle cuisina un minestrone, sorte de soupe épaisse qui rassasia toute la famille. Plus tard, les yeux grands ouverts dans le noir, elle commença à réaliser son grand dénuement. Huit bouches à nourrir, plus d'homme au travail et plus un sous dans l'escarcelle à cause des frais d'obsèques. Mais au bout de la nuit, retrouvant un courage forgé par des générations de galère et de privations, Francesca décida de se battre contre le malheur.
           De bon matin, elle alla consulter il Municipio, le maire du village, qui lui octroya un sac de grains et quelques piécettes, juste de quoi apaiser la faim des enfants pendant quelques jours. Ne pouvant rien faire de mieux pour elle, il finit par lui conseiller de quitter l'île et d'aller tenter l'aventure en Algérie où, semblait-il, les paysans courageux au travail étaient accueillis à bras ouverts par les autorités françaises. En effet, vingt ans après la prise d'Alger, le roi Louis-Philippe venait de d'engager une politique de colonisation et encourageait l'implantation de paysans et d'artisans en provenance de France, mais aussi des autres pays du pourtour méditerranéen.
           Pendant plusieurs jours, Francesca réfléchit. Quitter son île natale ? Abandonner la tombe à peine refermée de son époux ? Partir s'installer seule, sans le secours de bras d'homme et avec la charge de huit enfants, dans un pays peut-être hostile ? Alors que s'achevait sa cinquième nuit d'insomnie, elle estima qu'en dehors de sa masure elle n'avait plus rien à perdre et se résolut à faire le grand saut.
           Deux mois plus tard, elle prenait place avec ses petits à bord d'une balancelle cabotant entre le sud de l'Italie et les côtes d'Afrique du Nord. Une courte escale à l'île de Lampedusa permit d'embarquer plusieurs familles venues d'autres villages du sud, tentées elles aussi par l'aventure. Sans en avoir le moins du monde conscience, ces pauvres gens allaient participer à la mise en valeur de cet immense territoire conquis depuis peu par la France.
           Après plusieurs jours d'une traversée inconfortable sur le pont du navire, et une nuit passée à bord dans le port de Tabarka, la petite troupe miséreuse arriva enfin à La Calle, village situé tout près de la frontière algéro-tunisienne. Le temps était superbe et le vent du sud chassa rapidement le froid humide de cette dernière nuit passée en mer. Sitôt débarquées, les familles furent parquées sans ménagement dans un coin de la plage servant à l'échouage des barques de pêche et durent attendre en plein soleil qu'on leur fasse remplir les formalités administratives indispensables.
           Plus tard, les exilés apprendront que ce village du bout du monde s'enorgueillissait d'avoir été la tête de pont d'une implantation française entreprise 350 ans plus tôt, bien avant la prise d'Alger. A une époque où un audacieux marseillais d'origine corse, dénommé Tomaso Lencio, avait obtenu l'autorisation de créer en terre barbaresque un comptoir commercial pour pratiquer la pêche et le commerce du corail. En cette année 1856, après bien des tribulations souvent dramatiques, La Calle comptait un peu plus de 900 habitants vivant des ressources de la mer, de l'exploitation du liège et du commerce des blés, avoine et sorgho.
           La matinée s'avançait et l'haleine du sirocco accentuait peu à peu la touffeur de l'air. Assis sur leurs maigres ballots, les élus de cette nouvelle terre promise patientèrent dans un silence hébété jusqu'à ce qu'un détachement de l'armée, un sergent et son escorte de goumiers, vienne les prendre en charge. Alors, suivant la tradition d'une administration déjà tatillonne hommes, femmes, enfants et bébés passèrent le reste de la journée entassés dans des locaux en torchis surchauffés pour constituer leurs dossiers d'immigrants. Sans distribution de nourriture, avec très peu d'eau potable et une hygiène plus que rudimentaire. A peine permit-on aux mères d'aller rafraîchir leurs enfants en bas âge dans la mer toute proche.

            Le sous-officier baragouinait un peu l'Italien, mais les migrants pas un traître mot de Français. Malgré, on les interrogea sans interprète et leurs réponses furent consignées par écrit. Tous illettrés, ils signèrent d'une croix les documents qu'on leur présentait. Ils ne le savaient pas encore qu'aucune de ces pièces administratives ne leur permettrait de prétendre, en tous cas dans un avenir prévisible, à l'obtention de la nationalité Française.
           Même si Francesca n'y comprit goutte sur l'instant, l'un des formulaires revêtait pourtant une importance capitale pour elle et sa descendance puisqu'il lui concédait ad vitam la propriété d'un lot de colonisation. Par cette disposition, chaque famille se voyait attribuer un hectare et huit centiares de maquis, charge à elle de le défricher et mettre en culture pour assurer sa survie. Ces lopins de terre situés à la sortie du village, propriété de l'administration, étaient répartis à flan de colline le long d'un chemin carrossable baptisé la route de Tunis Plus loin commençait la forêt de chênes-lièges dense et sauvage.

            Mais, en attendant de prendre possession de leur nouveau domaine, les immigrants devaient subir quarante jours d'isolement sanitaire. En fin d'après midi, on les conduisit dans une vaste grotte appelée la grotte du lion, située au pied de la falaise dominant l'entrée du port où, en arrivant le matin, ils avaient aperçu le moulin fortifié construit un siècle auparavant. L'abri se composait de plusieurs cellules à peine équipées de grabats et d'ustensiles rudimentaires. On y accédait par un sentier escarpé serpentant au ras des flots. Contrainte et forcée, la petite troupe s'y installa tant bien que mal.
           Pendant cette période de claustration, l'administration leur fournit une nourriture à base de pain, pois chiches et poissons séchés que deux délégués du groupe récupéraient tous les jours au poste militaire. On mit aussi à leur disposition la fontaine publique installée sur les quais, leur assurant ainsi l'eau pure et fraîche de la source du Boulif pour se désaltérer et effectuer un minimum de toilette à l'abri d'une cabine de toile.

La quarantaine s'acheva un samedi.
            Dés l'aube, le même détachement militaire qui avait accueillis les immigrants à leur débarquement les conduisit sur la route de Tunis. Le sergent procéda à l'attribution des parcelles déjà délimitées par des bosquets de lauriers roses et de petites pyramides de pierre. Le soleil brillait déjà haut dans le ciel quand, la répartition achevée, les soldats regagnèrent leur casernement, abandonnant les nouveaux venus à leur sort.
           Insouciants, les enfants s'égayèrent pour explorer leur nouveau domaine. Francesca s'assit sur une grande pierre plate adossée à la pente. Comme en signe de bienvenue, la brise d'est lui apportait les senteurs des plantes sauvages qui poussaient à profusion sur la colline. Les mêmes que sur son île natale. A quelques centaines de mètres en contrebas la mer scintillait à l'infini. Le cœur lourd, la jeune femme contempla son nouvel horizon. Quel long chemin parcouru depuis Ischia ! Tenaillée par les soucis du voyage et la quarantaine elle n'avait pas eu le temps de vraiment réfléchir à sa situation. A présent, il allait lui falloir beaucoup de force et de volonté pour assurer la survie des enfants. De loin, elle constata que les autres familles semblaient plongées dans la même contemplation morose. Tous allaient devoir retrousser leurs manches et travailler très dur pour que cette terre inhospitalière accepte de les nourrir.

            La gorge serrée, Francesca réalisa que, sur son lopin à elle, nul bras d'homme ne viendrait assumer les travaux de force. L'image de son Giuseppe surgit, avec sa puissance et sa bonhomie. Elle ne put retenir ses larmes. Son homme avait toujours été gentil avec elle, attentif à ses désirs et patient avec les enfants. Ils formaient un vrai couple. Lui, la soutenait dans les mauvaises passes de la vie et elle lui apportait une aide précieuse au travail chaque fois que ses devoirs de mère de famille lui en laissaient la possibilité.
           Perdue dans ses pensées, elle réalisa soudain que la petite Maria tirait sa robe pour lui offrir une branche de ciste fleurie. La jeune femme sourit de ce rappel à l'ordre à peine déguisé de la nature. Un instant encore elle contempla la mer immense puis sauta de son rocher et prit la fillette dans ses bras. Il était grand temps de restaurer les enfants avec les rations fournies par l'armée. Après, elle préparerait un abri de fortune pour la nuit.

La lutte pour la vie

            Tôt le lendemain, un détachement de l'intendance militaire vint distribuer à chaque famille le strict nécessaire pour son installation et sa survie. Divers matériaux, madriers, ferrailles, ciment, clous, et différents outils destinés à la construction, à la menuiserie, au défrichage et au travail de la terre. Des marmites et ustensiles de cuisine ainsi que des couvertures, un coupon de tissu et des bougies. Quelques produits de subsistance, du pain pour plusieurs jours, des pois chiches, haricots et lentilles, des tranches de lard, des anchois salés, de l'huile d'olive grossière, du vin et un tonnelet de dix litres d'eau potable.
           Cette manne inattendue redonna force et courage à Francesca. A peine les soldats partis, elle distribua à chacun une ration de pain, rangea soigneusement les provisions puis, après avoir choisi ses outils, se mit à l'ouvrage. Hors de question de faire passer aux enfants une autre nuit à la belle étoile.

            Dans le bas du domaine, elle avait déjà repéré une petite esplanade protégée des vents marins par une butte pierreuse dominée par un majestueux figuier. A l'aide de madriers et de branches de yeuses coupées à la serpe, elle entreprit de bâtir l'ossature d'un gourbi, sorte de case à la mode indigène. Elle demanda aux enfants de rassembler des fagots de bruyère, de tamarin et d'abjoumards, une sorte de palmier nain. Elle alla cueillir elle-même des brassées de disse, une herbe longue aux feuilles étroites poussant en touffes épaisses qui servirait à confectionner des grabats de fortune. En attendant mieux. La construction de l'abri s'acheva avec la pose du toit que la jeune femme s'évertua à rendre étanche en entrecroisant étroitement tous les branchages. Contre la paroi adossée à la butte, elle aménagea un foyer avec de grosses pierres plates et une ouverture dans le toit pour l'évacuation de la fumée. Les bâtisses de ce pays n'étaient pas très différentes de celles des paysans d'Ischia sauf que, sur cette île, les murs étaient recouverts de pisé.
           La cabane fut achevée à la tombée de la nuit. Rudimentaire mais rassurante, elle pourrait accueillir toute la famille. Satisfaite, la veuve apprécia un moment son oeuvre. Le disque rouge du soleil disparaissait dans la mer au pied du cap Rosa. Elle sourit en pensant que ses trois aînés avaient grandement pris leur part de cette rude tâche tandis que, de leur propre initiative, les plus petits cueillaient des cœurs d'abjoumards, des pissenlits trouvés dans la ravine au bord du chemin et de grosses figues violettes. Réconfortée, elle alluma son premier feu dans l'âtre et entreprit de cuisiner dans une marmite en terre la première soupe au lard qu'ils dégusteraient sur le sol de leur nouvelle patrie.

            Plus tard, les enfants endormis sous les couvertures, elle sortit pour respirer un moment non sans avoir vérifié la solidité de la porte d'entrée. Dans l'obscurité naissante, elle distingua les fumées s'échappant des autres cases et la lueur des bougies filtrant au travers des parois mal assemblées. Rassurée, presque apaisée, Francesca ne put cependant s'empêcher d'éprouver un petit pincement au coeur en songeant que nul d'entre eux n'était venu proposer ses services à une veuve pourvue de huit enfants. Cette nuit-là, épuisée par les travaux et l'émotion, elle dormit d'une seule traite, heureuse de sentir les petits venus se blottir dans ses bras.
           Le glapissement d'un chacal la réveilla en sursaut. Le jour commençait à poindre. Brusquement, elle reprit pied dans la réalité en se disant que les véritables travaux de force allaient à présent commencer. Plus question de s'apitoyer sur son sort. Avant tout, il fallait trouver une source d'eau potable. Elle avait déjà constaté que, non loin de la butte de terre, le chiendent et les fleurs sauvages poussaient avec plus de vigueur que sur le reste de son territoire et que les arbustes y paraissaient plus verdoyants. Giuseppe lui avait appris que ces indices signalaient souvent la présence d'une certaine humidité en profondeur. Les enfants restaurés, elle se mit au travail. Avec pic, pioche et pelle, la veuve courageuse, qui avait déjà aidé son défunt mari à construire des puits dans leur île natale, entreprit de creuser à l'endroit repéré.

            Pendant trois jours et pratiquement trois nuits elle s'acharna comme une forcenée pour déblayer pierraille, terre glaise et racines. Toute en sueur, elle priait à mi-voix, suppliant la Santa Madonna dans sa langue natale :
                 - Madre mia prega per me, Madre mia prega per me, dell'acqua, dell'acqua, dell'acqua...
           Il faut croire que la mère de Dieu veillait sur elle car, au soir du troisième jour, l'eau commença à suinter au fond du trou dont la profondeur avoisinait à présent les quatre mètres. Encore quelques coups de pioche rageurs et, divine récompense, la source apparut, ténue mais déjà gazouillante. Alors, s'agenouillant sur l'emplacement de la future margelle, Francesca rendit grâce avec toute la ferveur de sa foi primitive :
                 - Ave Maria, Ave Maria, Madre di Dio, molto graie... Ave Maria, Ave Maria, Madre di Dio, molto gracie...
           Instant béni. Le soleil couchant embrasait l'horizon marin. Elle avait réussi ! Son coeur débordait d'une allégresse enfantine. Là-haut dans le ciel, son Giuseppe devait être fier d'elle.
           Les jours suivants elle consolida les parois du puits avec les pierres plates accumulées par les enfants. L'eau claire atteignait à présent soixante centimètres. Des voisins admiratifs, certains un brin jaloux, vinrent examiner l'ouvrage accompli par la vedova, la veuve, ainsi qu'ils la surnommèrent.
           Un siècle plus tard, la source continuera de fournir généreusement son eau pure et fraîche, non seulement aux descendants de l'exilée, mais aussi à tous les voyageurs qui, provisions faites au village, s'en retourneront dans leur mechta du lac Tonga en pleine chaleur de midi.

            L'issue heureuse de ce premier chantier dopa le courage et l'obstination que l'instinct de survie avait ancrés au coeur de Francesca. Aidée de ces aînés, elle entreprit de transformer sa garrigue sauvage en terre cultivable. Pendant une bonne quinzaine de jours, la petite équipe s'attela à l'arrachage des souches de bruyère, cistes, genévriers et abjoumards. Ensuite, munie du lourd crochet à deux dents emmanché sur une solide branche de chêne, la jeune femme entreprit de fouir cette terre qui n'avait jamais connue la morsure d'un outil. Tâche exténuante qui requérait des bras, des reins, une force d'homme. Mais personne, ni Italien, ni Français, ni Arabe ne vint lui proposer une aide. Courbée vers le sol, le dos douloureux et les mains en sang, elle serrait les dents et priait en silence tandis que les enfants entassaient les blocs et la pierraille en bas de la propriété. Plus tard, des tombereaux tirés par les chevaux de l'administration viendraient les récupérer pour l'empierrement de la route en construction moyennant une très légère rétribution. Un premier revenu bien modeste mais encourageant.

            Le temps pressait car, avec l'arrivée de l'automne, il devenait urgent de planter les légumes d'hiver dont la vente permettrait d'acheter quelques produits indispensables. Des paysans siciliens installés un an auparavant lui cédèrent à bon prix les plans et graines nécessaires à la constitution de son premier jardin potager et, en paysanne aguerrie, elle agença ses carrés de poireaux, carottes, choux et céleris aux alentours du puits. Elle planta aussi en grand secret un petit sac de graines de fèves et un grand semis de brodes, des brocolis amers, qu'elle avait réussi à dissimuler dans ses hardes depuis son départ de l'île.
           Mais, en attendant les premières récoltes, il fallait trouver de quoi subsister. Surtout avec des enfants perpétuellement affamés du fait de leur âge et des lourds travaux accomplis sans rechigner. Pendant les premiers mois de son installation, la famille se nourrit de pain noir, des produits d'épicerie fournis chichement par l'Armée, mais aussi avec la cueillette des fruits, salades sauvages et champignons d'automne. Élevée à la dure école de la vie des pauvres, Francesca possédait plus d'un tout dans son sac pour améliorer l'ordinaire. Comme l'art de capturer des lièvres au collet et celui de ramasser dans les rochers oursins, moules, bigorneaux, arapèdes, tomates et orties de mer, tous délices qu'on trouvait alors à profusion.
           A l'entrée de l'hiver, un voisin lui fit part de ses difficultés pour se procurer du charbon de bois. La jeune femme réalisa qu'elle allait se trouver dans le même cas. Cette nuit-là, elle tenta de se souvenir de la méthode employée par son défunt Giuseppe pour en fabriquer. Au matin, elle décida de se lancer dans cette nouvelle expérience. Sur un terre-plein rocailleux situé tout en haut de son domaine, elle construisit quatre charbonnières avec des branches de yeuses issues du défrichage, calfeutra de glaise les cônes ainsi formés et alluma les foyers avec de la bruyère sèche. Deux jours plus tard, la combustion lente du bois étant achevée, elle obtint une quantité appréciable de charbon qui lui permettrait d'alimenter son canoun rempli de braises pour réchauffer la cahute et cuire les aliments pendant toute la mauvaise saison. Elle se permit même de gagner quelques précieux sous en vendant le surplus à un marchand du village.

            L'hiver fut assez clément cette année-là. La veuve en profita pour consolider la masure avec des murs en pierres véritables et compléter son maigre mobilier en fabriquant trois grabats sur pieds destinés aux enfants et un bahut rudimentaire pour abriter les provisions et loger vaisselle et linge. Un vieil artisan sicilien qui l'avait prise en sympathie vint l'aider à réaliser ces ouvrages.
           En février, crochet et pioche en main, elle entreprit de préparer une belle surface de terre meuble pour les cultures de printemps à venir. En même temps, elle se renseigna auprès des commerçants du village sur les possibilités d'obtenir un travail rémunéré. Et puis, avec les autres chefs de famille nouvellement débarqués, elle prit contact avec l'école pour faire scolariser les enfants à la prochaine rentrée. Mais, faute de moyens et de place, la mission catholique refusa de prendre en charge leur marmaille pour cette première année. Il est vrai que les six familles ne totalisaient pas moins de trente et un marmousets dépenaillés, braillards, pleins de vigueur et ne parlant pas un traite mot de Français.
           Premier printemps en terre d'exil. La brise du matin se chargeait des senteurs de la garrigue et bruissait à nouveau du chant des oiseaux. Francesca retrouvait avec plaisir les vocalises des fauvettes, chardonnerets, mésanges et rouges-gorges de son pays natal. Tôt sortis de terre, les plants de fèves alignés au cordeau et déjà couverts de fleurs blanches suscitèrent l'admiration des cultivateurs voisins. Impressionnés par les résultats spectaculaires obtenus par la vedova, les hommes commencèrent à la traiter d'égal à égal, certains lui proposant même de l'aider pour les travaux pénibles. Avec un brin d'ironie dans le regard, Francesca déclina poliment ces offres de services un peu tardives.

            A l'approche de l'été, elle eut la stupeur d'être demandée en mariage par Jacques Morin, un officier français du Génie démobilisé sur place qui venait d'ouvrir un commerce d'épicerie sur la place du marché. Quelques mois plus tôt, cet homme honnête et bien fait de sa personne, l'avait aidé à consolider les parois du puits ébranlées à la suite d'un violent orage. Certes, ils avaient sympathisé mais cette proposition matrimoniale inattendue déstabilisa la jeune femme. Elle réalisa brusquement que sa vie amoureuse avait volé en éclats le jour de la disparition de son homme, créant dans son coeur un grand vide de tendresse et étouffant dans son corps toute envie de plaisir. Le soir même, une fois les enfants endormis, elle alla s'asseoir sur sa pierre plate au sommet de la butte.

            Elle contempla un long moment la voûte étoilée qui éclairait la campagne environnante et nimbait la mer lointaine d'un halo laiteux. Elle tenta d'invoquer la Vierge Marie mais Celle-ci resta sourde à ses prières. Elle sentait bien que sa rage de vivre faisait sourdre parfois dans son corps une sève exigeante qui mettait en émoi sa féminité et toute la vigueur de ses trente printemps... Francesca était une très belle femme au profil pur hérité de ses ancêtres grecs, au maintien altier et au regard chaud des Italiennes. Son corps plantureux ne semblait pas avoir souffert des maternités et, d'ailleurs, elle percevait très bien au village les regards appuyés des hommes que son oeil noir tenait à distance respectable. La demande de Jacques la troublait. Très émue, les yeux fixés sur l'étoile du berger lointaine, elle imagina un long moment ce que deviendrait sa vie en cas de remariage... Et puis, soudain, elle réalisa que son Giuseppe n'avait disparu que depuis quelques mois et que le rosier planté au pied de sa tombe, là-bas, sur leur petite île, devait être à présent tout fleuri. Alors, sentant la honte l'envahir, elle tomba à genoux et pria la Santa Madona de lui pardonner ses pensées coupables. Rouge de confusion, elle fit serment de ne plus jamais appartenir à un homme, de renoncer à l'amour et de faire disparaître de son corps ces pulsions sacrilèges. Persuadée que sa force de caractère lui permettrait de survivre par ses propres moyens, elle prit l'engagement de se battre pour assurer une vie meilleure aux enfants de son défunt époux. Alors, rassérénée, elle rentra se coucher et finit par s'endormir.
           Le lendemain elle annonça à l'officier qu'elle repoussait sa demande en mariage et entendait demeurer la vedova. Sans autre explication. Peiné, Jacques Morin respectera cependant sa décision et les deux célibataires deviendront bons amis.
           Les récoltes de printemps et d'été furent abondantes. Sa terre d'adoption récompensait ainsi la jeune femme de l'avoir mise en culture et désaltérée avec son puits magique. Pommes de terre, fèves, petits pois et haricots verts, puis tomates, courgettes, aubergines et poivrons emplirent les cagettes de l'Armée qui lui acheta la plus grande partie de sa production. La boite à biscuit qui servait d'escarcelle commença à se remplir de pièces tintant agréablement.

            Mais le destin jaloux ne pouvait longtemps supporter que d'humbles gens puissent profiter en paix des fruits de leurs efforts.
           A la fin de ce premier été d'exil, à deux mois d'intervalle, Francesca perdit successivement ses deux plus jeunes enfants. Maria, la toute petite, d'une dysenterie, et Pepe, le fils de quatre ans, portrait craché de Giuseppe, d'une crise de malaria foudroyante. Le médecin de la colonie ne disposait d'aucun moyen efficace pour combattre ces fléaux. Certes, en ce temps-là, la perte d'enfants en bas âge apparaissait comme une fatalité admise mais, désespérée devant une telle injustice, la vedova osa refuser les paroles de réconfort du curé et s'interdit de prier la Santa Madona pendant plusieurs semaines.
           Une bonne partie de ses maigres économies disparut avec le coût des soins et enterrements mais, cette fois, les autres familles ne lui ménagèrent pas leur soutien. Les femmes l'entourèrent et, pendant quelques jours, prirent en charge l'entretien des enfants survivants, la cuisine et le ménage. Et Jacques le fidèle s'occupa des légumes du jardin. Ainsi réconfortée, la jeune femme serra les dents et fit tarir ses larmes. Le chagrin était un luxe qu'elle ne pouvait s'accorder bien longtemps.

            L'automne était déjà de retour. Elle récolta ses pommes de terre tardives, en conserva une partie à l'abri de la lumière et de l'humidité pour subvenir aux besoins de sa famille et vendit le reste à son ami l'épicier. Puis, armée de son crochet à deux dents et de la zappa d'oro, sa pioche magique, elle prépara à nouveau la terre en prévision des futures plantations légumières.
           En même temps, elle parcourait avec ses enfants la forêt et les collines environnantes à la recherche des champignons. Les espèces nobles, cèpes, oronges et girolles étaient vendus à bon prix aux frères Mariani, négociants corses installés à La Calle. Les plus courantes, coulemelles et clous, i chiodi, séchés sur une claie de roseaux exposée au soleil et au vent, serviraient à la consommation familiale.
           Au cours de ce deuxième hiver, elle déploya des trésors d'ingéniosité pour nourrir correctement ses enfants et, en même temps, réaliser quelques économies. Cette fois, elle mit à feu cinq charbonnières constituées de branchages de chêne-liège et obtient un charbon de bois de qualité supérieur à celui de l'année précédente, et en plus grande quantité. L'armée lui en acheta plus de la moitié, ce qui lui permit de déposer un joli lot de pièces de monnaie dans sa boite secrète.

            Par gros temps, quand le bafougne, le vent mauvais d'ouest, déchaînait la mer, la courageuse bonne femme s'en allait au petit matin à la pêche sur les rochers dangereux de l'île du cimetière chrétien. Les lourds nuages gris chargés de pluie, les rafales de vent et les déferlantes ne l'effrayaient pas. Son Giuseppe lui avait appris à confectionner un matériel rudimentaire mais ingénieux et efficace. Un roseau de la plus grande longueur possible, soigneusement redressé à la flamme en guise de canne. Des brins de crins provenant de la queue d'un cheval mâle attachés les uns aux autres pour obtenir une ligne de longueur égale à celle du roseau. Un morceau de fil de fer recourbé et aiguisé en pointe en guise d'hameçon et, comme appât, des escargots de terre et des morceaux de crabes lisses capturés sur les galets.
           Calant sa ligne dans une petite crique à l'abri des vagues, elle ramenait souvent plusieurs beaux poissons, dorades, sars, loups et mérous. Les plus belles pièces atterrissaient dans les marmites des notables du village. Rosina, la fille aînée, qui avait aisément appris à parler français et à compter dans cette langue se chargeait de la vente. Quant au menu fretin, petits sars et mulets, il passait dans la poêle à frire où, avec ail, oignons et tomates, Francesca cuisinait une délicieuse aqua pazza, l'ancêtre de la bouillabaisse. Ces jours-là les enfants, plutôt habitués aux pommes de terre et à la soupe de fèves, faisaient un vrai repas de fête.

            Un matin, en remerciement pour services rendus, Rosina apporta une belle dorade royale à l'ami Jacques qui, devenu commerçant prospère, participait à la gestion des affaires du village. Il expliqua à l'adolescente que la commune recherchait un fossoyeur pour creuser dans le cimetière chrétien les sépultures des gens de peu. Connaissant le besoin dans lequel se trouvait Francesca de gagner de l'argent, et sa force de caractère, il proposa de lui faire confier ce travail peu ordinaire. Sitôt informée, l'intéressée accepta avec d'autant plus d'empressement que le forfait proposé pour chaque enterrement ferait tomber de jolies pièces dans l'escarcelle familiale. A dater de ce jour, le cantonnier l'informa des décès survenus et, pendant deux longues années, la vedova creusa les tombes des humbles gens dans l'espace qui leur était réservé sur un terre-plein tout au bord de la mer. Son travail du jardin terminé, elle partait à la tombée de la nuit avec ses outils sur l'épaule pour accomplir son sinistre ouvrage à la lueur des bougies ou à la clarté de la lune et des étoiles. Dorénavant, en signe de respect pour son grand courage, tous les villageois, de vieille souche ou de fraîche date, l'appelleront Signora Francesca.

            A l'approche de l'été suivant, la jeune femme apprit que l'usine à crin du village recherchait des fournisseurs de abjoumards dont les feuilles effilochées par des machines à carder servaient à fabriquer les matelas de crin. Elle se lança aussitôt dans cette nouvelle bataille. Les jours de cueillette, sa fille aînée et les deux cadets, Saverio et Alessandro, prenaient en charge le ramassage et la vente des légumes du jardin. Ce travail de cueilleuse lui apportant des revenus réguliers, Francesca abandonna sans regret son emploi de fossoyeur de nuit.
           Heureusement, malgré leur participation plus qu'active aux travaux de la terre, deux de ses enfants, Rosina et Alberto, un gamin de huit printemps, parvenaient à suivre une scolarité normale.

            Des années passèrent. Les enfants devenaient de vigoureux adolescents. Rosina, jeune fille robuste et agréable à contempler secondait sa mère en tous points. Ayant le statut de fille instruite de la famille, elle se chargeait des formalités, des comptes et du courrier. Quant à Alberto, il assurait avec ses frères une bonne part des travaux de force et caressait fièrement sa barbe naissante. Avec leur mère, ils formaient une équipe de travail solide, forgée à l'épreuve des années de galère et de privations. Les cadets partageaient encore leur temps entre les travaux de la terre et les cours de l'école communale.
           Francesca entrait dans sa quarantième année et, sous son éternel fichu noir, ses magnifiques cheveux longs se teintaient à présent de larges mèches blanches. Certaines nuits d'insomnie, elle revoyait son Giuseppe et, comme dans un mirage de plus en plus lointain, revivait les temps heureux d'autrefois. Mais quand ses pensées la ramenaient dans sa nouvelle patrie elle ne pouvait s'empêcher d'une certaine fierté devant l'ampleur de la tâche accomplie à la seule force de sa volonté et de ses bras.

            En juin de cette année-là, de nouveaux colons venant d'Italie s'installèrent dans les environs du village. Ils profitèrent de l'expérience acquise par leurs devanciers et bénéficièrent aussi des moyens que le gouvernement Français mettait enfin à la disposition de son administration pour réaliser une véritable politique d'implantation. Certes, le défrichage de la garrigue demeurait toujours aussi ardu mais les nouveaux arrivants purent s'intégrer plus rapidement dans la société locale en apprenant la langue française et en scolarisant leurs enfants dés leur arrivée.
           Dans le même temps, les jeunes gens, enfants des premiers immigrants, se mariaient et, selon les coutumes de l'époque, s'installaient non loin des familles et belles-familles. Le village comptant à présent près de 2.300 âmes, les autorités décidèrent de construire une église et une mairie digne de cette nouvelle population.
           Les autochtones vivant dans les mechtas de la région avaient accepté l'implantation des colons sans vraiment rechigner. Et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, les terres distribuées à ces derniers n'appartenaient à personne en particulier. Ensuite, l'arrivée de population nouvelle favorisait le commerce local et donnait du travail à un certain nombre de femmes et d'hommes. Enfin, à La Calle, la cohabitation avec les Roumis, les chrétiens, ne datait pas d'hier. Elle avait débuté presque quatre siècles plus tôt et, après moult incendies et pillages suivis de ripostes sanglantes, une paix durable avait fini par s'instaurer entre les communautés dans le respect des mœurs et des religions. La mémoire commune avait fini par faire sienne l'arrivée à la fin du XVème siècle des premiers aventuriers marseillais, pêcheurs et négociants en corail, venus s'installer dans le Bastion de France, avant de créer, quelques décennies plus tard, le village à son emplacement actuel.

                                        A SUIVRE


UN AUTRE SOLEIL
par M. Guy Rolland


Le souvenir de ton visage
Est une brindille qu’emporte
A l’horizon des rives sages
Le feu follet des amours mortes

Qu’importe les parfums d’aurore
Et les bruits lents des crépuscules
Lorsque le jour brulant s’endort
La vie transpire en points virgules

Le souvenir de ton visage
Est une feuille au vent d’autan
Qui déforme le paysage

Comme un mauvais rêve d’antan
Viennent viennent les nouveaux âges
Et vienne avec un soleil sage

Guy Rolland


PHOTO D'ECOLE
Envoyée par M. Bernard Palomba
Saint Augustin 1955, 5ème B ?
Photo Bernard Palomba

Masson ? - 2 ? - 3 Marc Zerbib - 4 Marc Toubal - 5 José Torre - 6 Marc Mottet - 7 Jean Paul Vernede - 8 Megherbi -
9 Rossi - 10 ? - 11 Tubiana - 12 ? - 13 Jacques Kienlen - 14 Mélies - 15 Claude Nadal - 16 Nabeth - 17 Gérard Terlier -
18 ? - 19 Méraud - 20 Padovani - 21 Merle - 22 Jean Marc St-André - 23 Saliba - 24 Francis Zammit - 25 Mazella - 26 ? - 27 ? -
28 ? - 29 Charley Palomba - 30 Bernard Palomba - 31 Jean Pierre Vernede - 32 Guy Sagnol - 33 Martin - 34 Alain Nabeth -
De haut en bas et de droite à gauche
Photo envoyée par M. Bernard Palomba

___________________
Est-ce que d'autres amis se reconnaîtront ?
Merci M. Bernard Palomba

ANECDOTE
Envoyé par Christian Cami

   Richesses gouvernementales  

                 REALITE ou CANULAR ?

      J'espère que vous n'avez pas raté la dernière bonne blague qui serait de notre gouvernement productif !!!
      Ils auraient eu le culot de nous annoncer une baisse des péages...... mais pour les voitures électriques.....
      Quand on sait que ce type de véhicules a entre 100 et 150km d'autonomie, et qu'aucun moyen de recharger n'existe sur les autoroutes, on a de quoi se marrer....
      Mais supposons, que l'autonomie augmente et que des bornes électriques existeront un jour pour recharger sur les aires d'autoroutes....
      Si vous faites Paris-Marseille, il vous faudra recharger de 5 à 7 fois, à raison de 6 heures à chaque recharge,
      Ce qui fait entre 30 et 42 heures de recharge, à rajouter aux 8 heures de route....ça fait donc entre 42 et 50 heures de trajet en voiture électrique, contre 3H en TGV pour faire Paris-Marseille.... Ca prenait moins de temps en diligence !!!....
      Alors même avec une ristourne sur le péage, c'est l'exemple type de décision débile dont on nous abreuve quotidiennement.... et ce n'est pas les "journalistes-gauche-caviar" qui vont relever ce genre d'ineptie !!!!

      Vivement demain, qu'on ait la prochaine bonne blague....
      "Ils sont vraiment nuls à chier!"


Paul Mangion raconte ...
Nouvelles Algériennes  
Manuscrit de M. Paul Mangion, transmis
par M. Roger Brasier et son épouse Hélène
Mis en page par Mme Marchetti Suzette

" L'abbé Lambert " songe à Oran

              Ces souvenirs remontent à l'époque où l'auteur, son service militaire accompli au 45ème génie, à Hussein-Dey, fut nommé professeur à l'école primaire supérieure Ardillon à Oran, en octobre 1929. Par une coïncidence curieuse, à peu près la même époque, y débarquait aussi " l'abbé Gabriel, Irénée Lambert " qui eut le privilège de voir sa biographie écrite, de son vivant par la journaliste Odette Parmentier.
              Ce robuste gaillard, haut en couleur, y arrivait flanqué de sa secrétaire, Martha Rossignoli, et précédé d'une solide réputation de sourcier. La ville était alors administrée par un conseil municipal élu en sa majorité, par les nombreux espagnols, qui formaient, dans la cité, le fond de la population et qui avait choisi, comme maire, Monsieur Ménardier.
              Sur le plan religieux, la ville (et toute l'Oranie) vivait sous la houlette de Monseigneur Durand, prélat de forte personnalité, et de belle prestance, qui faisait penser à l'Oranie des " lois mousquetaires " d'Alexandre Dumas.
              Son égérie, connue de tous, était Madame Maraval-Berthoin, femme de lettres, une figure marquante de la ville.
              La cité était prospère. On y travaillait ferme. Et son port rivalisait en importance avec celui d'Alger. Pourtant, les Oranais n'étaient pas satisfaits. L'eau ne leur était pas donnée en quantité suffisante et de surcroît, elle était horriblement salée. Aussi voyait-on arriver en ville de l'eau puisée à Sainte-Clotilde, que les gens achetaient comme une eau minérale, au moins pour préparer un café buvable.

              C'est dans cette ambiance que l'abbé Lambert arriva à Oran, à peu près à la même époque que l'auteur de ces lignes.
              De son nez robuste, aux puissantes narines, il flaira les odeurs de la cité et comprit qu'il pouvait y trouver un champ favorable à ses ambitions. Toujours revêtu de sa soutane, quoique " interdit à divinis ", toujours coiffé d'un casque colonial blanc, il entreprit dans tous les cafés d'Oran, où sa silhouette et sa soutane devinrent très vite familières, une vaste campagne ayant pour thème : l'eau d'Oran. Partout, il proclamait qu'il était largement possible de donner à la Ville une eau abondante et totalement dépourvue de sel. Il se chargeait de le faire, lui Lambert, à condition de pouvoir secouer l'apathie de ce conseil municipal composé de bélîtres et d'incapables. Sa campagne eut un succès énorme et, pour ainsi dire, foudroyant. Très vite, tous ceux qui ajoutaient foi à ses propos constituèrent des comités de soutien dits : " Amitiés de l'abbé Lambert " Sa photo, toujours en soutane et casque blanc, ne tarda pas à décorer toutes les vitrines de la ville et de petites statuettes blanches, le représentant en buste, prirent place à tous les foyers et même à l'avant de bateau de pêche dont aucun ne se hasardait en mer, sans arborer, en proue l'effigie de l'abbé. De même, aucun mariage ne pouvait être considéré comme achevé si, après la mairie et l'église, il n'avait pas reçu la bénédiction de l'abbé Lambert. Sa notoriété s'étendit, même au peuple des petits " yaouleds " cireurs de chaussures et porteurs de paniers aux marchés qui l'appelaient : " Bi Lambert "

              Son action marchait si rondement qu'un beau jour un conseiller municipal, acquis à ses idées, démissionna pour lui permettre d'accéder à la municipalité. L'abbé Lambert se heurta à la très vive opposition de M. Ménardier et ses amis d'abord, puis à celle de tous les dévots soumis à Mgr Durand, absolument hostile à ce prêtre en rupture de froc.
              Malgré cela, il fut élu triomphalement et, le lendemain du jour où son élection fut faite la rue d'Arzew d'abord, puis l'avenue Emile Loubet, et la rue d'Alsace-Lorraine, virent passer un cortège carnavalesque célébrant la victoire de Lambert sur son Excellence Monseigneur Durand.
              En tête, figurait une énorme photo représentant le nouvel élu. Suivait une charrette portant une manière de cercueil recouvert d'un drap violet et surmonté d'une mitre en carton. Autour du cercueil et derrière lui, une quantité de figurants en civil représentant les tenants de l'évêque, en proie au désespoir, avec force lamentations et grimaces de douleur, accompagnant à Tamashouet, le grand cimetière de la Ville, la " dépouille " de l'évêque, mis à mort, symboliquement au moins, par le Maître de l'Eau. C'est à partir de ce moment-là que l'affaire se corsa.

II. Le triomphe de l'abbé.

              Quelques jours après, le Maire convoqua le Conseil Municipal en séance plénière pour un certain jour de la semaine, à 18 heures.
              Vers 16 heures 30, une foule de plusieurs milliers de manifestants hurlait des slogans en faveur de l'abbé, place de la Bastille. L'Abbé Lambert en émergeait de sa haute stature, toujours avec sa soutane noire et son casque blanc. A un moment donné, on hurla : " un discours ! un discours ! La parole à Lambert ". S'aidant des épaules et de quelques partisans, l'Abbé se hucha sur les premières basses branches d'un ficus et, de là, harangua la foule :
              " Oranais ! Avez-vous assez d'eau ? "
              Cris multiples : " Non ! Non ! Non ! "


              Mon ami George Debono, qui était à mes côtés, me jeta, d'un air inquiet : " De-bo-no ! Qu'est-ce que je lui ai fait ? "
              Mais, à la suite des mêmes cris : " Non ! Non ! Non " l'Abbé poursuivait : " Pour Oran, c'est la question primordiale ! Il nous faut de l'eau, beaucoup d'eau ! Et de la bonne eau ! On peut en avoir, en avoir beaucoup, et l'avoir bonne. Fermement soutenu par vos suffrages, je me fais fort de remuer, au Conseil Municipal, la bande d'incapables qui ne peuvent, ou ne savent pas donner aux Oranais une eau à la fois douce et abondante, une eau qui existe, et qui comblerait tout le monde, si on se donnait la peine de la chercher où elle est ".

              Alors la clameur grandit : " Lambert au pouvoir ! Lambert à la tête de la Ville ! Lambert à la mairie! " Lambert descendit de son arbre, s'installa sur les épaules de deux de ses fanatiques et la foule prit, par la rue de la Bastille, le chemin de la Mairie, en scandant : Vive Lambert ! Vive Lambert sur l'air des lampions.
              Au débouché de la rue de la Bastille sur le boulevard Séguin, le cortège se heurta à un autre défilé. C'était celui de l'instituteur Dubois, qui venait de tenir, à Karguentah, un meeting socialiste. Comme Lambert, Dubois était juché sur les épaules de deux de ses partisans, et on voyait s'agiter sa tête " branlochante " et sa longue barbe noire.
              Jusqu'à la place Foch, les deux cortèges restaient confondus, puis, arrivés devant la Mairie, ils se séparèrent, celui de Dubois poursuivant vers la Basse Ville, celui de Lambert s'agglutinant devant la Mairie, face aux deux lions de bronze du sculpteur Cain. Lambert montra sa carte d'identité au commissaire qui commandait le solide service d'ordre mis en place autour du bâtiment. Puis, seul, il monta lentement le monumental escalier précédant la grande porte de l'Hôtel de ville et s'engouffra dans la Maison Commune.
              A la porte de la Salle des Séances, les conseillers hostiles l'attendaient. A peine avait-il paru, qu'ils se ruèrent sur lui, le jetèrent à terre, et lui administrèrent une formidable raclée. Après quoi, on le fit rouler, à terre, jusqu'aux premières marches du grand escalier.

              A la vue de son idole ainsi malmenée, la foule poussa des hurlements d'indignation et des clameurs vengeresses. Le service d'ordre eut toutes les peines du monde à contenir les manifestants qui voulaient envahir la Mairie. Enfin, on fit venir une ambulance qui emmena l'Abbé dans une clinique, cependant que la foule, lentement, se dispersait avec des cris de colère.
              Le lendemain et les jours suivants, il ne fut boutique ni café qui n'afficha, bien en vue, les " bulletins de santé " quotidiens de l'Abbé Lambert. Dans les églises, on brûla des cierges et on fit des prières pour le prompt rétablissement de l'Abbé, pour la plus grande fureur de Mgr l'Evêque.

              Devant des faits aussi scandaleux et devant la perturbation des esprits, le Préfet ordonna la dissolution du Conseil Municipal et de nouvelles élections. L'Abbé Lambert se remit assez vite pour participer à la nouvelle campagne qui fut un triomphe pour les lambertistes, la liste Lambert étant élue au grand complet.
              Aussitôt, la nouvelle Municipalité se mit au grand œuvre, c'est-à-dire à la recherche de l'eau, publiant de temps à autre des bulletins optimistes.
              " Sous la haute direction du Maire, les études ont commencé et se poursuivirent d'arrache-pied. "
              " Résultats fort satisfaisants des études entreprises. Un jour prochain, Oran aura de la bonne eau, douce, à volonté. " Etc.. etc…
              La popularité du nouveau Maire s'accrut formidablement. Son effigie se retrouvait partout et sa photo trônait dans tous les foyers, le représentant maintenant ceint de l'écharpe tricolore.

III. Scandales à la cathédrale.

              Vint l'anniversaire du 11 novembre 1918. Selon une tradition bien établie, Mgr Durand convoqua, pour ce jour-là, les fidèles à une messe solennelle à laquelle il devait, lui-même, officier. Traditionnellement aussi, il invita à cette cérémonie, toutes les autorités civiles et militaires, sauf le Maire et son Conseil Municipal.
              Ce 11 novembre, donc, revêtu des habits sacerdotaux, assisté du clergé de la cathédrale l'évêque quittait la sacristie et pénétrait dans le chœur de l'église après avoir accueilli, à leur arrivée toutes les notabilités qu'il avait invitées et assister à cet office. Bien entendu, la cathédrale était archi pleine de fidèles. Et tous se levèrent à l'entrée dans le chœur de Mgr Durand.

              C'est alors qu'on perçut, à la porte, une sorte de scandaleux tumulte et chacun se demanda ce qui se passait. Or voici :
              Juste à ce moment-là, l'abbé Lambert et ses adjoints, tous ceints de leur écharpe tricolore, avaient gravi les marches d'accès de la cathédrale et s'étaient présentés au grand portail. Là, ils se trouvèrent en présence du suisse en grande tenue, bicorne emplumé en tête, l'épée au côté et hallebarde en mains, qui prétendait, au nom de l'évêque, de sa hallebarde maintenue des deux mains à l'horizontale, leur interdire l'accès des lieux.
              Ce ne fut pas long ! Une vigoureuse poussée envoya promener, sur un côté, suisse, bicorne et hallebarde. C'était la hallebarde qui, du bruit de sa chute, avait fait retourner les têtes et provoquer le tumulte dont nous avons parlé.

              Puis, sans s'occuper du malheureux suisse qui, se remettait péniblement sur ses jambes, l'Abbé Lambert et ses acolytes s'avancèrent fermement par l'allée centrale pour parvenir aux tous premiers rangs, aux travées qui auraient dû, normalement, leur être réservées.
              Ce que voyant, Mgr Durand, fou de rage et d'humiliation, se retira précipitamment dans la sacristie, suivi de son clergé, attestant le ciel et tous les saints qu'il ne célébrerait point la messe devant de tels profanateurs.
              Jouant des coudes et bousculant les uns à droite, les autres à gauche, le groupe lambertiste avait pris place et, froidement, s'était assis en attendant le commencement de l'office, retardé par leur arrivée en force.
              A la sacristie, l'évêque ne voulait point démordre, malgré les objurgations de ses clercs qui lui demandaient de ne pas ajouter à un scandale déjà fâcheux un autre scandale encore plus grand en refusant d'officier.
              Cependant, parmi les personnalités officiellement invitées, il y eut un conciliabule et une délégation se rendit auprès de l'évêque pour le supplier d'accomplir son devoir de prêtre. Enfin, il finit par céder et la cérémonie se déroula normalement, sauf que le sermon habituel, que Monseigneur aurait dû prononcer, fut purement et simplement remplacé par une homélie inconsistante de l'archiprêtre.
              Sitôt que l' "Ite missa est " fut dit, Maire et adjoints se retirèrent aussi dignement qu'ils étaient entrés.
              Ce fut là le " summum " de la carrière oranaise de l'Abbé, du moins pour l'époque où l'auteur se trouvera à Oran.

IV. Déclin

              Il apprit par la suite que l'Abbé Lambert avait pu alimenter copieusement la ville en eau, mais que cette eau était toujours aussi saumâtre qu'auparavant.
              Sur le plan politique, l'ex abbé avait poussé à la formation d'un grand parti " national ", unique, destiné à combattre les marxistes, juifs et communistes compris. Il réussit à faire fusionner tous les partis dits " nationaux " : Parti Social français, Union Nationale (issue de " l'Action française ") Union latine, de Paul Bellat, Nationaux Indépendants, Musulmans Nationaux, Unités Latines. Lambert, président de ce dernier groupe, fut, naturellement, porté à la présidence du nouveau " Rassemblement National ".
              Mais, aux élections de 1936, il maintint sa candidature au 2ème tour, assurant ainsi la défaite d'un autre candidat de même tendance, mais aussi le succès du candidat " Socialiste Unifié ". Peu à peu, son étoile à Oran même, déclina. Lambert quitta par la suite la Ville et alla s'établir dans une petite localité d'Oranie où ce qui lui restait de prestige lui permit, néanmoins, d'être élu maire. Il y était encore au moment de la 2ème guerre mondiale, en 1940, et même en 1942, au moment du débarquement anglo-américain. En 1962, comme tant d'autres, l'ex abbé, qui avait, une bonne fois, jeté sa soutane aux orties, se retira dans le midi de la France, où il retrouva, autour de lui quelques solides amitiés oranaises.

              Ancien combattant, croix de guerre, capitaine de réserve aux 6ème tirailleurs, ancien Maire et Conseiller général d'Oran, Irénée Lambert décéda le 30 mars1979. Les obsèques eurent lieu le 3 avril 1979, en l'église de la Sainte Famille et l'inhumation à Cagnes-sur-Mer.

                                         Paul Mangion


FOU ou GENIE !
Envoyé par Marc Spina

Ce professeur est-il vraiment un génie ?

         Dans un collège anglo-saxon, un professeur d'économie a annoncé qu'aucun de ses étudiants n'avait jamais échoué à son cours mais que, récemment, ce fut le cas d'une classe entière : la classe avait insisté pour dire que le socialisme fonctionne et qu'en conséquence, personne ne serait ni pauvre ni riche, un égaliseur extraordinaire.

         Alors, le professeur annonça : "D'accord, nous allons tenter une petite expérience en classe : je vais retenir comme note la moyenne de toutes vos notes. Ainsi, vous aurez tous la même note et personne n'échouera ni n'aura un A ou un zéro .... (En remplaçant les dollars par des notes, on aura un résultat plus concret et mieux compris par tous).

         Après le premier examen, tout le monde obtint un B. Ceux qui avaient étudié fort étaient déçus et ceux qui avaient étudié peu étaient ravis.

         Lors du deuxième examen, ceux qui avaient étudié peu, étudièrent moins et ceux qui avaient étudié beaucoup décidèrent de lever le pied et étudièrent peu. La moyenne du deuxième examen fut un D ! Personne ne fut content.

         Lors du troisième examen, la moyenne fut un F.

         Pendant les examens ultérieurs, les notes ne montèrent jamais. Les pointages de doigt commencèrent, les jugements dominaient les conversations et tout le monde se sentait mal. Personne ne voulait plus étudier pour le bénéfice de l'autre.

         À la grande surprise de tout le monde, ils échouèrent tous. C'est alors que le professeur déclara que le socialisme ne pouvait que faillir ultimement car lorsque la récompense est grande, l'effort pour réussir est grand mais lorsque le gouvernement enlève toutes les récompenses, personne ne fournit plus d'effort ni ne cherche à réussir. Rien ne peut être plus simple comme conséquence.
Les 5 phrases qui suivent sont les meilleures conclusions de cette expérience:
         1. Vous ne pouvez pas ordonner aux pauvres d'obtenir le succès en ordonnant aux riches de ne plus en avoir.

         2. Ce qu'une personne reçoit sans avoir à travailler, une autre personne doit travailler sans en recevoir la récompense.

         3. Le gouvernement ne peut donner quelque chose à quelqu'un sans l'avoir enlevé à quelqu'un d'autre auparavant.

         4. Vous ne pouvez pas multiplier la richesse en la divisant !

         5. Lorsque la moitié du peuple perçoit l'idée qu'elle n'a pas besoin de travailler car l'autre moitié va s'occuper d'elle et, lorsque l'autre moitié comprend que ça ne vaut pas la peine de travailler car quelqu'un d'autre récoltera ce qu'elle mérite par ses efforts, c'est la fin de toute une nation.



PHOTOS de BÔNE
Par M. Roland CAMILLERI
Envoi de M. Charles Ciantar


La Centrale
Photo Roland CAMILLERI
Les Salines
Photo Roland CAMILLERI
Saint-Cloud
Photo Roland CAMILLERI
La Préfecture et les Santons
Photo Roland CAMILLERI
La Corniche
Photo Roland CAMILLERI
La Place Maria Favre
Photo Roland CAMILLERI
La Cathédrale
Photo Roland CAMILLERI
Saint Augustin
Photo Roland CAMILLERI
Le Cap de Garde
Photo Roland CAMILLERI

A ma terre natale ....
Envoyé par Guy d'Ennetières - Juin 2007


Sans cesse de mon village des images reviennent,
Des visages d'amis, des souvenirs lointains,
Je m'efforce dans ce cas de contenir ma peine
D'avoir quitté ma terre et vous, tous mes copains.

Nous étions des enfants et nous étions heureux,
Parcourant les montagnes de ce pays magique,
La jeunesse en ce temps nous rendait insoucieux
D'une vie qui cachait des lendemains tragiques.

Le dimanche réunis sur le terrain de boules
Les " quadrettes " se formaient en pointeurs et tireurs.
Grillades et anisette attiraient une foule,
La victoire en finale nous tenait tous à coeur.

Nos parents, à la mine avaient un dur labeur.
Sous la terre le travail n'était jamais facile,
Redoutant le danger et sans cacher sa peur,
Le mineur avançait sous ces parois fragiles.

Notre Dame du Kouif, Mon Dieu tu étais belle !
Tes vitraux magnifiques et ton chemin de croix
Faisaient de ta maison la plus belle chapelle
Où nous chantions unis pour clamer notre foi.

Puis vinrent les années où tout a basculé.
Dans notre vie tranquille une guerre éclata,
Dans des abris précaires nous devions nous cacher
Sans savoir si demain nous serions toujours là.

Beaucoup nous ont quittés, arrachés violemment
A leur famille, leur terre et à tous leurs amis,
A ce pays chéri où pendant bien longtemps
Dans la joie, le bonheur ils savourèrent la Vie.

Certains disent aujourd'hui qu'il faut voir l'avenir,
Ne pas se retourner, oublier son passé,
Mon coeur crie très fort qu'il faut se souvenir
Que cette déchirure est présente à jamais.

Sans cesse de mon village des images reviennent,
Je revois mes amis, je revois tous ces lieux,
Je m'efforce dans ce cas de contenir ma peine,
Des larmes de douleur coulent alors de mes yeux.


"De la Côte Turquoise à la Côte d'Azur"
Envoyé par Mme Joceline MAS

Cannes Baraki : le dur chemin de la mémoire...

http://pariscotedazur.fr/credits/jocelyne.mas/

              Jocelyne Mas habite quartier de l'Europe à Cannes. En face de chez elle, il y a une vieille maison et un magnifique jardin, elle aperçoit de temps en temps un vieux monsieur aux cheveux blancs. Et, en une fraction de seconde, son cœur se remplit d'émotion, les larmes brouillent sa vue. Elle se revoit à Baraki chez son grand-père. Baraki, ce petit village à 20 kilomètres d'Alger, dans la plaine de la Mitidja. Cette plaine si fertile, couverte à perte de vue de vignes, d'oliviers, d'orangers et de citronniers : un enchantement ! L’air embaumait et les yeux ne se lassaient pas d'admirer ce paysage, se rappelle-t-elle.

Photo Jocelyne Mas

- Souvenir de Baraki -

Le Grand-Père

              « C’est la fin du printemps, il fait beau et doux. La journée a été magnifique. Le ciel est d’un bleu pur, sans un nuage. Le soleil descend doucement et bientôt va disparaître. La fraîcheur s’étale et l’air embaume. Les orangers sont en fleurs et le simple fait de respirer devient un délice de tous les instants.
              Au fond du jardin, sous un figuier, un vieux monsieur est assis, sur un banc de bois. Ses cheveux sont blancs, ses yeux bleus semblent se perdre dans l’immensité du ciel. Son sourire un peu édenté, au-dessous d’une petite moustache blanche, est doux. Il est en bleu de travail et semble fatigué. Ses deux mains, posées sur ses genoux, sont larges et noueuses, de grosses veines bleues battent au rythme de son cœur. Il est pensif et triste. Bientôt, il faudra partir, quitter cette maison, qu’il a construite petit à petit, tout au long de sa vie. Et surtout quitter son jardin, cette terre qu’il aime d’un amour viscéral, ses arbres qui sont un peu ses enfants. Il les a plantés tout petits, les a vu grandir, les a soignés, leur a donné de l’engrais et tout son amour. Maintenant, ils ont plus de trente ans et produisent bien. Il en est fier. Il savoure chacun de leurs fruits comme un cadeau de Dieu. Sans qu’il s’en aperçoive, de grosses larmes roulent sur son visage. Au-dessus de lui, les abeilles se gavant de figues bien mûres, bourdonnent. Pourquoi ? Mais pourquoi doivent-ils partir ?
              Une fillette s’approche silencieusement. Elle pose sa petite main fraîche sur celle de son grand-père, comme une caresse.
                            - Grand-père ? Pourquoi pleures-tu ?
                            - Mais non ! Mais non ! Je ne pleure pas, j’ai reçu une poussière dans l’œil.
                            - Viens ma pitchounette, viens sur mes genoux.
              Ravie, l’enfant grimpe sur les genoux fatigués de son grand-père et se blottit contre lui.
                            - Dis Pépé, raconte-moi ta vie, demande-t-elle d’une voix pressante et câline.
                            Mais je te l’ai déjà racontée, ma vie !
                            - Oui, mais j’aime tellement quand tu racontes, vas-y recommence, supplie-t-elle.
              Et le grand-père avec un gros soupir (d’aise et de contentement) commence à raconter comment ses parents sont arrivés dans ce pays tout neuf. Comment ils ont vécu, dans ce nouveau pays qu’ils voyaient pour la première fois.
              Ils venaient de Sicile, parce qu’ils n’avaient pas de travail, et ils n’avaient plus de quoi nourrir leurs cinq enfants. Ici, dans ce pays neuf, le gouvernement leur avait alloué une terre pour qu’ils puissent la faire fructifier, cultiver des légumes, du blé. Enfin pouvoir vivre correctement. Mais cette terre était si sèche, si pierreuse, que le travail de défrichement était très dur et ils étaient si pauvres. Ils n’avaient que leurs mains nues et des outils très rudimentaires, qu’ils avaient fabriqués eux-mêmes. Mais le courage ne leur manquait pas, et du matin jusqu’au soir, ils travaillaient dur. Les enfants aussi aidaient.

              Ils dormaient sous une tente, en attendant que le papa, Edouardo, aidé de quelques autres colons comme on les appelait, mais ils ne savaient pas exactement ce que cela voulait dire, construise leur maison. Ils avaient défriché une partie bien plate de ce terrain. Avec toutes les pierres trouvées sur ce terrain, ils avaient coulé une solide fondation. L’eau serpentait tout en bas du terrain, un oued bordé de lauriers roses et jaunes. Il fallait remonter seau par seau, cette eau si précieuse. Et le soir après une journée épuisante, la sublime récompense : aller se laver et se rafraîchir dans ce petit cours d’eau.
              Les enfants, après quelques jeux d’éclaboussures, remontaient vite, ils étaient trop épuisés pour jouer. La maman, Maria, en bonne italienne, avait préparé un énorme plat de pâtes, elle avait trouvé des herbes aromatiques dans les environs, un filet d’huile d’olive complétait ce repas bien gagné. Pendant que les enfants s’endormaient rapidement, les parents, leurs voisins et amis, préparaient le travail du lendemain et répartissaient les tâches. Le douar le plus proche était à dix kilomètres. Edouardo irait le lendemain essayer de trouver de l’aide.

              La petite fille connaît cette histoire, mais elle la redécouvre à chaque fois et ne se lasse jamais de l’entendre.
              Après quelques années assez dures, Edouardo et Maria ont enfin leur maison, une grande pièce, avec trois matelas de crin, un pour les parents derrière un joli rideau et deux pour les enfants qui dorment blottis les uns contre les autres, les plus grands surveillant les plus petits.
              Dans un angle, ouvrant sur la vallée, une autre pièce plus petite sert de cuisine, et de laboratoire pour toutes les plantes médicinales. Il y a des petits pots de pommades, des onguents, des herbes séchées servant pour les tisanes. Des tresses d’ail et d’oignons pendent au plafond. Et toutes sortes de plantes et d’herbes.

              Maria tous les matins va au village, avec son aînée, Angèle ; elles connaissent maintenant toutes les familles musulmanes ; elles vont apporter leurs soins, en échange de quelques nourritures. Maria connaît les secrets des plantes, elle en cueille en chemin, elle a toujours un grand sac de toile avec elle. Elle connaît les herbes qui soulagent les douleurs, celles qui calment les brûlures, celles qui guérissent les plaies. Elles lavent les yeux des petits et apprennent à leur mère l’hygiène. Tous les jours, elles doivent leur répéter qu’il faut se laver, que c’est nécessaire, qu’il faut faire bouillir l’eau pour les bébés. Elles soignent les plaies infectées des vieillards et commencent à se faire comprendre et à parler leur langage. Elles repartent avec une poule, ou un lapin, ou des œufs.

              Maria, sur le chemin du retour, apprend à sa fille tout ce qu’elle sait, elle-même l’a appris de sa mère, qui l’a appris aussi de sa mère.
                            Dis, Pépé, est ce que c’est moi qui habiterai dans ta maison, plus tard ? Tu me la donneras avec le jardin, que j’aime tant ?
              Et là, la voix de Pépé, s’enroue, il tousse et ne sait comment cacher son émotion.
                            Non, ma chérie, on va partir bientôt dans un autre pays.
                            Mais qui habitera ici alors ? Je ne sais pas, répond le grand-père.
                            Mais ce n’est pas possible. C’est TA maison, TON jardin. Tu ne vas pas abandonner tous tes grands arbres quand même ! Qui va les arroser, leur donner de l’engrais ? Et les animaux, les poules, les canards, les lapins ? Qui va s’en occuper si tu t’en vas ?
                            - Je ne sais pas, je ne sais pas.

              Et les larmes coulent à nouveau sur les vieilles joues ridées du grand-père. Son cœur est trop lourd, il ne peut plus répondre à sa petite-fille. De toute façon, que lui répondre ? Des hommes ont décidé de son destin. Que peut-il faire ?
              Après avoir participé à deux guerres, avoir été gazé à Verdun pour défendre son pays : la France, après avoir échappé à plusieurs attentats, avoir défendu son bien contre les partisans du FLN, s’être battu toute sa vie pour faire sortir de cette terre aride, ce petit coin de paradis, il doit partir. Où, il ne sait pas. Toute sa vie est ici. Son pays, la France, l’abandonne. Il ne comprend pas. Il n’y peut rien. Il ne peut que souffrir (encore). Il aurait pourtant bien mérité de se reposer un peu, maintenant qu’il va vers ses 80 ans. Il aurait aimé finir ses jours sur cette terre qu’il aime ; et qu’elle soit sa dernière demeure. Rester pour l’éternité là-bas sous les eucalyptus. Mais ….

              La petite fille non plus, ne comprend pas. Son grand-père qui sait tant de choses, sur la vie, sur les animaux, sur les plantes, quand les planter, quand les récolter.
              Qui sait comment redémarrer la pompe du puits, qui sait réparer les moteurs, construire, fabriquer des meubles et des jouets, rire et chanter en cueillant ses oranges, prendre grand-mère dans ses bras et la faire tournoyer, en embrassant ses cheveux blancs. Il devrait savoir ! Savoir pourquoi on doit partir ?

Jocelyne Mas

Photo Jocelyne Mas
Les grands-parents de Jocelyne Mas dans leur
modeste appartement à Golfe-Juan en 1962

Photo Jocelyne Mas

Extrait du livre
De la CôteTurquoise à la Côte d'Azur "

Médaille de Bronze avec Mention d'Excellence décernée par le Centre Européen pour la Promotion des Arts et Lettres.

Jocelyne MAS
Poète-Ecrivain
Chevalier dans l'Ordre National du Mérite
Membre de la Société des Poètes Français.


Site Internet : http://www.jocelynemas.com
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


             Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages necessaires pour les villes ci-dessouset je viens d'ajouter Kellermann et Mileesimo, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net
Pour Aïn-Mokra
http://www.livredor-bonois.net/ain-mokra/ainmokra1418-liste.html
Pour Bugeaud
http://www.livredor-bonois.net/bugeaud/bugeaud1418-liste.html
Pour Duvivier
http://www.livredor-bonois.net/duvivier/duvivier1418-liste.html
Pour Duzerville
http://www.livredor-bonois.net/duzerville/duzerville1418-liste.html
Pour Herbillon
http://www.livredor-bonois.net/herbillon/herbillon1418-liste.html
Pour Kellermann
http://www.livredor-bonois.net/kellermann/kellermann1418-liste.html
Pour Milesimo
http://www.livredor-bonois.net/milesimo/milesimo1418-liste.html
Pour Mondovi
http://www.livredor-bonois.net/mondovi/mondovi1418-liste.html
Pour Morris
http://www.livredor-bonois.net/morris/morris1418-liste.html
Pour Nechmeya
http://www.livredor-bonois.net/nechmeya/nechmeya1418-liste.html
Pour Penthievre
http://www.livredor-bonois.net/penthievre/penthievre1418-liste.html
Pour Randon
http://www.livredor-bonois.net/randon/randon1418-liste.html

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :  
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 

    Lettre au Président Hollande   
Par Jean Claude Stella

                                     Mes chers amis,
                 Je crois que comme moi vous aimeriez que nos registres de l'état civil abandonnés par la France après l'indépendance de l'Algérie soient rapatriés à Aix-en-Provence aux Archives Nationales d'Outre-mer. Le prochain voyage en Algérie du Président HOLLANDE offre une excellente opportunité pour réclamer ces registres qui nous sont chers. Aussi j'ai envoyé la lettre ci-jointe au Président de la République, mais pour que ce projet ait une chance d'aboutir, il faudrait que toutes les associations de Pieds-Noirs et de Harkis suivent mon exemple en envoyant comme moi une semblable demande.
                Vous pouvez écrire au Président de la République par voie postale sans affranchissement (solution qui est à mon avis préférable) ou par e-mail : http://www.elysee.fr/ecrire/
                 J'aimerais aussi que vous puissiez transmettre ce message aux autres associations que je n'ai pas pu contactées car j'ignore leurs coordonnées.
                 En comptant sur votre aide, je vous adresse mes plus cordiales pensées.
                 STELLA Jean-Claude

La Seyne-sur-mer, le 20 octobre 2011   

   Monsieur STELLA Jean-Claude
   83500 La Seyne-sur-mer
   jcmstella@yahoo.fr

Monsieur le Président de la République
                 Palais de l'Élysée
                 55, rue du faubourg Saint-Honoré
                 75008 PARIS

Objet : Registres de l'État-Civil d'Algérie (1830-1962)

              Monsieur le Président de la République,

              J'ai l'honneur de vous écrire au nom de tous les anciens Français d'Algérie pour qu'à l'occasion de votre prochain voyage dans ce pays devenu indépendant, vous demandiez au président Algérien la permission de ramener en France tous les registres de l'État-Civil d'Algérie jusqu'à la fin de 1962.

              Je vous rappelle que ces registres ont été créés par la France et sont rédigés en langue française. Ils font partie intégrante de notre patrimoine national. Je pense que le président Algérien n'y trouvera pas d'inconvénients car ils sont de plus en double exemplaires et l'Algérie pourra en conserver un. Si par hasard il en manquerait quelques uns, le gouvernement français s'engagerait à en faire des copies pour les remplacer.

              Ces registres devront être remis à Aix-en-Provence aux Archives Nationales d'Outre-Mer.

              Je sais bien que théoriquement les deux tiers des actes ont été numérisés, mais dans la pratique il s'avère que l'on n'ait pas comptabilisé les actes de nos compatriotes musulmans. Ayant décidé de restaurer sur les sites internet du Mémorial de GenWeb et du livredor-bonois, tous les monuments aux morts détruits après l'indépendance, il m'a été impossible d'accéder à de nombreux actes d'européens et à presque tous ceux des musulmans. De toute façon, nous tenons à retrouver en notre possession les registres originaux qui sont la mémoire de notre communauté et qui sont pour nous aussi chers que les reliques les plus précieuses.

              Nous avons été contraints d'abandonner tous nos biens et nos morts, ne nous privez pas de notre Passé.

              Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments respectueux.
M. Jean-Claude Stella         

Le Berger de
Mostaganem 
Photo André Trives

Le Berger de Mostaganem
De André TRIVES

       Chers compatriotes,

       Je dédicacerai mon ouvrage le 16 novembre 2012 au Salon du Livre de Toulon (Var) de 10 h à 18 h. Je vous accueillerai sous le chapiteau dressé sur la Place d’Armes.

       Recension sur l’ouvrage en date du 8 juillet 2012 par Geneviève de Ternant, lauréate de l’Académie Française :

        “ Roman historique dit la couverture et certainement très autobiographique car nul ne pourrait inventer les péripéties d’une vie commencée en gardant les moutons sur les collines de Mostaganem, poursuivie à Alger dans différents métiers, avec les bonheurs et les épreuves d’une vie pour se terminer à Marseille sous une pierre tombale dont les gerbes de fleurs disent : “ Amitié du Club de boules ” ou “ Souvenir des voisins ”...
       Mais Jean a laissé à ses enfants la plus émouvantes des surprises : Un récit de sa vie, qu’ils n’ont pas eu le temps de lui entendre raconter. C’est là qu’Adrien découvre la personnalité attachante de son père, là qu’il rencontre l’ami d’enfance, le petit berger du douar qui partageait l’enfance et le casse-croûte sous le figuier d’un Jean de 10 ans, là qu’il suivra pas à pas l’existence de travail et de courage de ses parents, de sa mère partie trop jeune et l’évocation de ces existences mêlées aux bouleversements de l’histoire, aux méandres de la politique, aux sacrifices quotidiens mais aussi aux joies simples, à l’amour fou pour ce pays magnifique.
       Non, ce n’est pas un livre de plus, une histoire banale, c’est un bel et beau récit, un roman vrai mais aussi un vrai roman. “
       Ci-dessous je vous offre un extrait intitulée "Une Histoire contée dans le train".

Très cordialement
André TRIVES
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Photo André Trives


  L'histoire contée dans le train  

       Depuis le retour de la guerre en 1918, je retrouvais pour la seconde fois l'ambiance d'une gare. Les portefaix, le pas pressé, poussaient des monticules de malles et de valises arrimées sur de grands diables ; ils vociféraient pour se frayer un passage au milieu de la foule :
               - M'dame, M'siou, si'ou plaît, si'ou plaît.

       Les voyageurs entassés sur le quai attendaient l'arrivée du train d'Oran. Un porteur d'eau et sa cruche allait et venait. Pour un sou, il rafraîchissait les gorges desséchées par l'ardeur du soleil. Le chef de gare en casquette et veste sombre, sorti d'une baraque vitrée, annonçait dans son porte-voix :
               - Le train à destination d'Alger entre en gare, le train à destination d'Alger entre en gare, écartez-vous des voies, écartez-vous des voies, vingt minutes d'arrêt, vingt minutes d'arrêt.

       Soudain, venue de nulle part, une énorme machine crachant en rafale des panaches blancs pointa dans l'alignement de l'embarcadère. Sur le quai, les voyageurs impressionnés s'écartaient du nuage conquérant pour ne pas suffoquer. Semblables à des charbonniers, le chauffeur et le machiniste, les lunettes posées sur la visière de leur casquette, s'attelaient à la manœuvre, le torse suspendu dans le vide, les bras rivés sur les manettes. L'effort paraissait surhumain. Ils s'employaient à calmer la domination de l'engin jusqu'au grincement de l'arrêt.

       La Garratt-Pacific-1925, à la manière d'un attelage de chevaux freinant de ses quatre fers, les naseaux couverts d'écume, crachait ses ultimes jets de vapeur avant l'arrêt. Enfin apaisée, elle s'immobilisait sagement dans le prolongement des voies. Sans perdre un instant, le tender garé sous la citerne recevait son plein d'eau. Comme à l'entrée d'un théâtre, la foule à l'arrêt attendait au pied des portières. L'arrêt brusque des voitures bondées semait l'agitation devant les marchepieds pris d'assaut par les quidams pressés. Une chose était sure : je ne serai pas seul dans le compartiment et je ne pourrai pas m'abandonner à une douce évasion durant le trajet. Une bousculade bon enfant naissait sur le quai. Tous avaient hâte d'arriver ou de partir.
       Les places disponibles dans mon compartiment étaient vites prises d'assaut. Le chipotage des rouspéteurs calmé, la quiétude reprenait ses droits. Un souffle de soulagement libérait les inquiets après avoir trouvé où poser leurs fesses. Par chance, je me retrouvais assis près de la fenêtre, aux premières loges, avec vue imprenable. Je me réjouissais à l'avance des cartes postales qui allaient défiler sous mon regard entre Relizane et Alger. Une impatience montait en moi à l'idée de voir dérouler en réel la géographie de mon pays. J'ignorais encore les conversations qui s'échangeraient entre les passagers. Je faisais confiance aux bavards qui ne manqueraient pas de se manifester.

       Soudain, la gare de Relizane résonna des percussions d'un marteau sur l'acier des roues. En écho, un porte-voix répandait des informations inaudibles dans le lointain, suivies de brefs coups de sifflet. Des familles restées sur le quai agitaient des mouchoirs dans un dernier salut. Sous la stridence des roues qui patinaient, les passagers penchés aux fenêtres répondaient par une moue grimaçante. Provenant de la tête du convoi, des crissements en saccade déchirèrent la gare engourdie. La locomotive de nouveau rugissait des salves de fumées blanches. Un court instant, la machine vrombissait sur place dans sa lutte pour quitter le quai. Sortie des entrailles, elle déversait des projections étincelantes sur les traverses de bois et aveuglait les machinistes pris dans un nuage de vapeur. La fureur maîtrisée, le convoi s'éloignait du quai. La machine à vapeur s'habituait à l'effort et prenait sa cadence petit à petit. Le train s'ébranlait avec peine. La mélancolie transportée semblait trop lourde à déplacer. Les claquements métalliques sur la voie ferrée s'accéléraient à l'allure d'un métronome, rappelant le tempo d'un flamenco andalou. Sans l'avoir désirée, une musique de fiesta se fixait dans ma tête.
       A l'extérieur, le défilement des rues alignées à angle droit s'accélérait jusqu'aux limites de la ville. La région s'arrachait à moi de plus en plus vite. Le spectacle des immensités désertiques et des plaines verdoyantes, raconté par mon maître d'école, n'allait pas tarder à se présenter dans le cadre de la fenêtre. Un vent chaud semblable au sirocco soufflait des tourbillons de poussières et roulait des touffes d'alfa, rondes et légères comme des boules de billard. Elles heurtaient et rebondissaient sur les troncs des néfliers et des mandariniers. J'avais l'impression que la nature jouait une gigantesque partie de quilles.

       Le train s'élançait dans la campagne. Sur un chemin escarpé remontant des bords du Chélif, un ânier menait à la baguette sa caravane chargée de gargoulettes. Elle avançait cahin-caha avec l'approvisionnement en eau destiné aux besoins du douar situé à proximité. Dans la rude pente caillouteuse, les ânes maigrichons avec leurs petits sabots abîmés trimaient sous l'énorme monticule de cruches. Un passager à forte corpulence, assis face à moi, regardait dans la même direction la scène pathétique. Inspiré par le tableau, il rompit le silence :
               - Jeune homme, l'approvisionnement en eau me rappelle ma jeunesse à Oran. Enfant, je portais l'eau chez les personnes âgées pour me faire de l'argent de poche pendant les vacances d'été. Au robinet, nous avons toujours de l'eau saumâtre, non potable. L'eau a toujours été un gros problème dans toute l'Algérie.
               - - Vous avez raison, cher Monsieur, c'est un problème majeur, renchérit un autre manifestement intéressé par le sujet. Sans eau, on meurt de soif et rien ne pousse. Mon père et ses parents, chassés par la guerre contre les allemands en 1870, faisaient partie d'une vague d'agriculteurs déracinés d'Alsace. Enfant, il nous racontait les récoltes perdues et brûlées par la sècheresse quand elles n'étaient pas dévorées par les nuages de sauterelles venus du Sud. L'Algérie est un pays où il pleut mal, trop ou pas assez. Impossible de maîtriser l'eau si précieuse.

       Un autre dandinait sa tête de bas en haut, approuvant les propos de notre voisin. Son regard pétillait d'impatience, il s'invita dans la conversation :
               - Je vous écoute attentivement. Le problème de l'eau est un problème que je connais parfaitement. Mon père, ingénieur hydraulicien, diplômé de l'école Nationale des Arts et Métiers a quitté Paris en 1875, pour participer aux travaux d'aménagement du barrage du Hamiz au Fondouk, près d'Alger.

       Un quatrième voyageur à l'autre bout de la banquette qui avait écouté la narration de l'ingénieur, trépignait d'empressement. Il voulait à son tour prendre part à la discussion. Caressant sa barbe fleurie, et dressant l'index comme un écolier, la parole lui fut accordée :
               - Veuillez excuser mon intrusion cavalière, mais vous remuez en moi des souvenirs impérissables d'enfance. Mon père, que Dieu ait son âme, avait obtenu le marché du transport des décombres au barrage du Hamiz. Avec un tombereau à cheval, il déblayait la terre provenant du creusement, et ramenait la caillasse nécessaire à l'enrochement.

       Sur la gauche, à l'entrée du compartiment, un passager ventripotent, pas encore tiraillé par la fringale, les joues écarlates, le menton sur la poitrine, boudiné dans sa ceinture de flanelle et assoupi depuis Relizane dans un doux ronflement, tirait sa flemme sans gène, les bras tendus vers le plafond. Son visage arrondi par d'énormes rouflaquettes lui donnait l'allure d'un personnage sorti d'un conte de Dickens. Son pantalon rouge à jambes bouffantes en forme de sarouel le faisait ressembler à un zouave de la guerre de 1870. Le brave " Pickwick " avait quelque chose à révéler. Son histoire personnelle le tenait à coeur. Il ne s'en priva pas :
               - Je vous écoute conter cette période du siècle dernier. J'ai l'impression de revoir la vie de mes ancêtres. Mon grand-père, viticulteur ruiné par les ravages du phylloxéra en 1865 et séduit par la propagande des autorités avait quitté la Provence avec sa famille pour venir s'installer à Médéa. L'administration, suivant la loi, lui avait chichement accordé cinq hectares de terrain sans lui préciser que chaque mètre carré était planté de palmiers nains, de rosacées épineuses et de cailloux. Le comble de l'embrouille avait été atteint lorsqu'un fonctionnaire zélé lui avait fait signer un engagement fixant la production d'un ratio d'hectolitres de vin à l'hectare dans les quatre ans à venir, sans avoir vu l'état du terrain et sans avoir reçu les plants en provenance d'Amérique dont il ignorait la date de livraison. Le titre de propriété lui serait accordé que s'il remplissait son engagement. Ainsi, avant d'entrevoir la moindre perspective, le grand-père s'était lourdement endetté.

       Le fils de l'Alsacien, porteur d'eau dans son enfance à Oran s'exprima de nouveau :
               - Vos témoignages me remuent d'émotion. Mes parents aussi n'ont pas pu s'en sortir avec une concession de terrain limitée à cinq hectares, truffée de lentisques et de pierres. La rentabilité à l'hectare étant insuffisante, l'administration reconnut son erreur plus tard et elles furent portées à dix hectares. Pour un très grand nombre, c'était trop tard, ils avaient fait faillite. A cette époque, seules les terres achetées aux propriétaires indigènes âgés qui s'en débarrassaient à bon prix, restaient valables. Critiqués par leurs frères d'avoir vendu leurs terres à des français, les vieux fellah s'en sortaient par une pirouette habile : " Les français avec leur méthodes industrielle vont enrichir la rentabilité à l'hectare de nos terres et nous les récupèreront quand ils seront repartis ". Les rapports de l'Administration faisaient état du découragement de nombreux fermiers décontenancés par la pauvreté des terres, la dureté du climat, les maladies mortelles et les exactions meurtrières. Ils envisageaient de mettre fin à leur migration, plier bagage et rentrer. En 1848, lors de son exil en France, l'émir Abdelkader, pendant son voyage en diligence entre Sète et Pau, séduit par les plaines verdoyantes, les vergers, les forêts, les fleuves, l'abondance de l'eau, avait eu ce commentaire : " Avec tant d'abondance, quel besoin ont les français d'occuper mon pays de sable et de rocher."

       Toutes ces prises de parole relataient les drames d'une époque révolue. J'avais du mal à comprendre en cette année du centenaire, l'entêtement des premiers colons à vouloir faire souche ici, malgré les difficultés climatiques, économiques et sanitaires rencontrées. Sans parler de l'hostilité de bandes incontrôlées qui n'avaient de cesse de vouloir les rejeter à la mer.

       Le compartiment avait pris l'allure d'une tribune. Tous les passagers semblaient approuver le contenu poignant des monologues, excepté l'un d'entre eux. Celui-ci ne semblait pas adhérer aux propos tenus.
       Seul dans son coin il affichait avec ses sourcils en broussaille un regard coléreux. Tout de blanc vêtu, du turban à son manteau de laine en passant par une barbe chenue, je regardais ses babouches vertes, la seule partie de sa personne qui prêtait à le rendre sympathique. Je m'interrogeais :
               - Pourquoi reste-t-il silencieux, l'air bougon et les mâchoires serrées ? .../...



Le retour du Paganisme en Europe
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Envoyé par : Francephi diffusion

               Entretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe (préface d’Alain de Benoist) par Fabrice Dutilleul

               Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.

               Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.

               Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?

               C’est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.
               Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?

               Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.

               Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.

               Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.

               Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.

               Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.

               S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?

               Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.

               Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe de Gilbert Sincyr, préface d'Alain de Benoist, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 232 pages, 25 euros.

Stress !!!
Envoyé par Hugues


               Un monsieur s'arrête pour faire monter une autostoppeuse dans sa voiture.
               Elle est belle et jeune !
               Soudainement, la demoiselle s'évanouit dans l'auto et le monsieur va à toute vitesse pour la faire admettre à l'hôpital.
               Ça, c'est du STRESS

               A l'hôpital, on annonce qu'elle est enceinte et on félicite le monsieur qui sera bientôt "papa"!
               Ça, c'est du STRESS

               Le monsieur dit qu'il n'est pas le père et qu'il ne la connait même pas...
               Mais la demoiselle affirme que c'est bien LUI le papa !
               Alors, le STRESS augmente d'un cran

               Alors, le monsieur demande un test d'ADN pour prouver qu'il n'est pas le père du bébé.
               Après le résultat, le docteur dit que le monsieur est stérile, probablement depuis sa naissance.

               Alors, il N'EST PAS le père du bébé ! Il est soulagé mais le stress revient car
               Sur le chemin du retour à la maison, le monsieur se met à penser qu'il a trois enfants...

               ET ÇA........ C'EST LE PIRE DES STRESS !


LE FANATISME
Envoyé par Gilles Martinez
5 minutes pour lire et réfléchir
avec ce texte de Martin Niemöller (1892-1984).

          Un homme dont la famille faisait partie de l'aristocratie allemande, avant la seconde guerre mondiale, possédait un certain nombre de grandes usines et de propriétés. Quand on lui demandait combien d'allemands étaient de véritables nazis, il faisait une réponse qui peut guider notre attitude au regard du fanatisme.

          "Peu de gens sont de vrais nazis " disait-il, " mais nombreux sont ceux qui se réjouissent du retour de la fierté allemande, et encore plus nombreux ceux qui sont trop occupés pour y faire attention. J'étais l'un de ceux qui pensaient simplement que les nazis étaient une bande de cinglés. Aussi la majorité se contenta-t-elle de regarder et de laisser faire. Soudain, avant que nous ayons pu réaliser, ils nous possédaient, nous avions perdu toute liberté de manœuvre et la fin du monde était arrivée. Ma famille perdit tout. Je terminai dans un camp de concentration et les alliés détruisirent mes usines. "

          Aujourd'hui, des " experts " et des " têtes bien pensantes ", ne cessent de nous répéter que l'Islam est la religion de la paix, et que la vaste majorité des musulmans ne désire que vivre en paix. Bien que cette affirmation gratuite puisse être vraie, elle est totalement infondée. C'est une baudruche dénuée de sens, destinée à nous réconforter, et, en quelque sorte, à diminuer le spectre du fanatisme qui envahit la Terre au nom de l'Islam. Le fait est que les fanatiques gouvernent l'Islam, actuellement. Ce sont les fanatiques qui paradent. Ce sont les fanatiques qui financent chacun des cinquante conflits armés de par le monde. Ce sont des fanatiques qui assassinent systématiquement les chrétiens ou des groupes tribaux à travers toute l'Afrique et mettent peu à peu la main sur le continent entier, à travers une vague islamique. Ce sont les fanatiques qui posent des bombes, décapitent, massacrent ou commettent les crimes d'honneur. Ce sont les fanatiques qui prennent le contrôle des mosquées, l'une après l'autre. Ce sont les fanatiques qui prêchent avec zèle la lapidation et la pendaison des victimes de viol et des homosexuels. La réalité, brutale et quantifiable, est que la "majorité pacifique", la "majorité silencieuse" y est étrangère et se terre.

          La Russie communiste était composée de russes qui voulaient tout simplement vivre en paix, bien que les communistes russes aient été responsables du meurtre d'environ vingt millions de personnes. La majorité pacifique n'était pas concernée.

          L'immense population chinoise était, elle aussi, pacifique, mais les communistes chinois réussirent à tuer le nombre stupéfiant de soixante-dix millions de personnes.

          Le japonais moyen, avant la deuxième guerre mondiale, n'était pas un belliciste sadique. Le Japon, cependant, jalonna sa route, à travers l'Asie du sud-est, de meurtres et de carnages dans une orgie de tueries incluant l'abattage systématique de douze millions de civils chinois, tués, pour la plupart, à coups d'épée, de pelle ou de baïonnette.

          Et qui peut oublier le Rwanda qui s'effondra dans une boucherie. N'aurait-on pu dire que la majorité des Rwandais était pour "la Paix et l'Amour" ?

          Les leçons de l'Histoire sont souvent incroyablement simples et brutales, cependant, malgré toutes nos facultés de raisonnement, nous passons souvent à côté des choses les plus élémentaires et les moins compliquées : les musulmans pacifiques sont devenus inconséquents par leur silence.

          Les musulmans pacifiques deviendront nos ennemis s'ils ne réagissent pas, parce que, comme mon ami allemand, ils s'éveilleront un jour pour constater qu'ils sont la proie des fanatiques et que la fin de leur monde aura commencé.

          Les Allemands, les Japonais, les Chinois, les Russes, les Rwandais, les Serbes, les Albanais, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens, les Nigériens, les Algériens, tous amoureux de la Paix, et beaucoup d'autres peuples, sont morts parce que la majorité pacifique n'a pas réagi avant qu'il ne soit trop tard. Quant à nous, qui contemplons tout cela, nous devons observer le seul groupe important pour notre mode de vie : les fanatiques.

          Enfin, au risque de choquer ceux qui doutent que le sujet soit sérieux et détruiront simplement ce message, sans le faire suivre, qu'ils sachent qu'ils contribueront à la passivité qui permettra l'expansion du problème. Aussi, détendez-vous un peu et propagez largement ce message!

          Espérons que des milliers de personnes, de par le monde, le liront, y réfléchiront et le feront suivre.

          "Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste.

          Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif.

          Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.

          Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.

          Et lorsqu'ils sont venus me chercher, il n'y avait plus personne pour protester."


          Texte de Martin Niemöller (1892-1984), pasteur protestant arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen. Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau. Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945.



EGLISE INCENDIEE
Envoyé Par M. Blanc Henril,
Marseille/Vauban : encore une Église incendiée dont les noms des auteurs resteront censurés.
octobre 11th, 2012

          Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans la ville de Marseille.
Photo la Provence


         Décembre 2006: Le 13 décembre, une salle de prière située à la Rougière dans le 11ème, squattée depuis le début du ramadan par une communauté musulmane, est récupérée par les forces de police suite à une plainte de l’organisme HLM . La salle est murée par la municipalité. Le 14 au soir, en représailles, des individus mettent le feu à la chapelle de la Rougière. Au même endroit, 6 voitures ont été brûlées et un slogan a été taggé sur le mur d’une boulangerie : “pas de mosquée = émeute toute l’année”.

         Août 2007: Un incendie criminel vise la chapelle Saint-Marc dans le 12e arrondissement de Marseille. Après vérification auprès des autorités paroissiales, il se confirme que la chapelle, située au cœur de la cité Bois Lemaître, fut entièrement détruite. L’intention criminelle étant avérée, le curé de la paroisse a déposé plainte contre X pour incendie volontaire. Aucune réaction politique à cette attaque, aucun média national ne s’en émut.

          Lu dans La Provence du 10 octobre:
          “Hier, en milieu d’après-midi, un feu s’est déclaré à l’intérieur de l’église Saint-François de Sales, dans le quartier de Vauban (7e). Les nappes de l’autel auraient été volontairement incendiées, entraînant des dégâts considérables. Deux individus auraient été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de cette enquête pour “incendie criminel”.”
          Pour chaque acte de profanation, et les actes délictuels en général, les patronymes français sont systématiquement divulgués. Il semble donc très plausible que les incendiaires de cette Église aient des noms allochtones.
          Cette information n’apparaît quasiment nulle part dans la presse, exceptée dans La Province (journal local). La haine de soi en terre de France, a encore de beaux jours devant elle.


Il fait une chaleur d'enfer ici
Envoyé par Salah


         Un couple de parisiens décide de partir en week-end à la plage et de descendre au même hôtel qu'il y a 20 ans, lors de leur lune de miel.

          Mais, au dernier moment, à cause d'un problème au travail, la femme ne peut pas prendre son jeudi.
         Il est donc décidé que le mari prendrait l'avion le jeudi, et sa femme le lendemain.
         L'homme arrive comme prévu et après avoir loué la chambre d'hôtel, il se rend compte que dans la chambre, il y a un ordinateur avec connexion Internet.
         Il décide alors d'envoyer un courrier à sa femme.
         Mais il se trompe en écrivant l'adresse.

         C'est ainsi qu'à Perpignan, une veuve qui vient de rentrer des funérailles de son mari mort d'une crise cardiaque reçoit l' e-mail.
         La veuve consulte sa boîte aux lettres électronique pour voir s'il n'y a pas de messages de la famille ou des amis.
         C'est ainsi qu'à la lecture du premier d'entre eux, elle s'évanouit.
         Son fils entre dans la chambre et trouve sa mère allongée sur le sol, sans connaissance, au pied de l'ordinateur.
         Sur l'écran, on peut lire le message suivant :
         "À mon épouse bien-aimée,
         Je suis bien arrivé.
         Tu seras certainement surprise de recevoir de mes nouvelles maintenant et de cette manière.
         Ici, ils ont des ordinateurs et tu peux envoyer des messages à ceux que tu aimes.
         Je viens d'arriver et j'ai vérifié que tout était prêt pour ton arrivée, demain vendredi.
         J'ai hâte de te revoir.
         J'espère que ton voyage se passera aussi bien que s'est passé le mien.

         P.S. : Il n'est pas nécessaire que tu apportes beaucoup de vêtements : il fait une chaleur d'enfer ici !"



NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie
Islamisme total et raffinement analytique
Envoyé par Pierre
http://www.liberte-algerie.com/contrechamp/islamisme-total-et-raffinement-analytique-187083
Contrechamp Lundi, 15 Octobre 2012 09:50
          Par : Mustapha Hammouche

           La vidéo de Ghannouchi invitant les islamistes tunisiens à écarter les “laïcs” des rouages de l’État et de l’administration en a ému plus d’un dans les chaumières démocrates. Le leader du parti au pouvoir en Tunisie y révèle, dans la quiétude et la spontanéité d’une intime causerie entre intégristes, l’objectif et la stratégie d’Ennahda : éliminer les “laïcs” des institutions et s’emparer de l’administration, mais progressivement pour ne pas susciter la réaction de l’armée qui n’est pas encore acquise au projet islamiste.
           Certains “émus” ne le sont surtout que parce qu’ils ont perdu leur rêve d’islamisme “modéré”, fréquentable, en Tunisie. Et donc en Libye, en Égypte et ailleurs. Et Ghannouchi et les dirigeants islamistes n’y sont pour rien : ce ne sont pas eux qui ont inventé la catégorie d’“islamisme modéré” qui serait tolérant à l’empire d’une autre vision de l’organisation de la cité que le peuple se choisirait.
           Ce serait même une absurdité que, dans “un pays musulman”, le peuple musulman se choisisse une autre forme d’État que l’État islamique. Et comme, “l’islam, c’est nous, et tous ceux qui sont contre nous sont contre l'islam” (c’est Ghannouchi qui le dit dans la même vidéo), la boucle est bouclée : il n’y a de place pour une autre forme d’État que pour celle d’un État islamique. Car ce qui est enjeu dans les élections post-Printemps arabe, ce ne sont pas des programmes politiques, mais la nature de l’État que les peuples de “pays musulmans” devront se donner.
           Ici, Ghannouchi fait acte d’une véritable fetwa de takfir. Elle vaut sentence d’apostasie pour tous ceux qui ne sont pas avec lui. Si les démocrates s’échinent à trouver des nuances et à désigner des variantes dans la nébuleuse islamiste, les islamistes, de leurs côtés, ne s’embarrassent pas de cet effort sociopolitique. Il y a “nous” et “eux”, les autres. Et tous les autres, quand ils constituent un obstacle politique à l’hégémonie totalitaire de l’islamisme, sont des “laïcs”.
           Comme le contexte “familial” de la vidéo, dont il ignorait le tournage, ne l’obligeait pas à dissimuler sa véritable intention, Ghannouchi désigne tout ce qui n’est pas islamiste par le terme de “laïc”. D’un côté, cette appellation désigne tous les citoyens qui agissent sous d’autres égides que le projet intégriste ; ceux-ci en deviennent, par la logique du takfir, des mécréants, des apostats, cibles légitimes de la vindicte islamiste. De l’autre, elle permet de désarmer les démocrates, les “laïcs” ordinaires, qui ne se reconnaissent pas dans cette identité réservée aux mécréants. Ils seront éliminés par catégories, par étapes, par ordre de priorité, sans qu’ils n’aient jamais perçu le sens de la menace commune.
           Du point de vue de cette stratégie “étapiste”, l’expérience algérienne est particulièrement instructive. Elle montre l’utilité stratégique d’un islamisme à étages rendant possible entrisme institutionnel, grenouillage social, terrorisme “de proximité” et terrorisme armé. Pendant que nos analystes “laïcs” se délectent de nuances conceptuelles.

           Commentaires
           Adelil1 - 15-10-2012 14:50
           L'islamisme est une calamité qui a envahi l'Algérie progressivement depuis les années 70. C'est aussi un ticket sans retour vers l'obscurantisme et la décadence culturelle. Nous pouvons aujourd'hui constater les dégâts sur l'école, la culture et par ricochet sur l'économie. Il n'y a ni création, ni innovation, ni progression dans différents domaines. Tout semble se figer dans les valeurs du 14ème siècle, refusant de voir que le monde évolue. Résultat, les jeunes fuient par milliers leur pays.

Le Pr Pierre Bidart, directeur de l’école doctorale des sciences humaines et sociales à l’université
“Les réformateurs de l’Islam sont, soit au cimetière soit en Europe”
Envoyé par Pierre   
Liberté-Algérie, Actualité Mardi, 24 Mars 2009 10:48
Par : Salim KOUDIL
http://www.liberte-algerie.com/actualite/les-reformateurs-de-l-islam-sont-soit-au-cimetiere-soit-en-europe-le-pr-pierre-bidart-directeur-de-l-ecole-doctorale-des-sciences-humaines-et-sociales-a-l-universite-111353

         Rencontré en marge du colloque international sur “la tolérance en Islam”, organisé par le HCI qui a débuté hier, le professeur Pierre Bidart, directeur de l’école doctorale des sciences humaines et sociales à l’université de Bordeaux II, a abordé le thème de la tolérance sous l’angle de la réforme.

         Pour cet anthropologue, la réforme de l’Islam, qui “s’est arrêtée au moment où a débuté la Renaissance en Europe”, a besoin de “génie” pour pouvoir se relancer. Se voulant plus “concret”, il reviendra sur les fameux dialogues entre Averroès (Ibn Rochd) et le juif, Maimonide, à Cordoue (en Andalousie) au XIIe siècle (le livre de Jacques Attali “la confrérie des éveillés” publié en 2004 est une bonne référence sur ce sujet) avant de se poser la question : “actuellement y a-t-il des réformateurs en Islam ?”. Sa “sentence” était sans ambiguïté : “Ma réponse tout en étant pathétique : les réformateurs en Islam sont soit au cimetière, soit en Europe.” Pour lui, le meilleur exemple se trouve dans “sa” région, Bordeaux : “il y a sur place un imam, Tariq Oubrou. Il est d’origine tunisienne, d’environ 45 ans, et fait un excellent travail. Il ne travaille pas pour les algériens ou les tunisiens, mais pour tous les musulmans de France.”
         Défendant la thèse d’un islam différent, Bidart nous affirma : “c’est tout à fait possible d’avoir des islams pour chaque pays. Il y a bien un catholicisme français, espagnol et italien, et donc c’est réalisable même si les fondamentalistes n’aiment pas du tout cette idée de séparation géographique de la religion”, avant de préciser : “j’étais, il y a quelques semaines, en Arabie Saoudite et j’étais vraiment surpris par leur système juridique totalement basé sur la charia. C’est inimaginable chez nous.” ...//....

Tunisie :
Le mausolée d’une sainte ( musulmane) incendié par des individus cagoulés
Envoyé par Pierre
http://www.algerie1.com/flash-dactu/tunisie-le-mausolee-dune-sainte-incendie-par-des-individus-cagoules/

Par Agence | 16/10/2012 | 20:17
           Le mausolée, ou zaouia, d’une sainte tunisienne a été attaqué et incendié mardi à l’aube par des individus cagoulés, a rapporté l’agence officielle TAP. L’incendie a ravagé presque totalement le sanctuaire dont les murs ont été noircis par les flammes.

            Selon le témoignage de quatre femmes âgées résidant dans le sanctuaire, cinq individus cagoulés ont pris d’assaut l’édifice, situé à La Manouba, une banlieue du nord-ouest de Tunis, à 3h00 locales (4h00 GMT).

            Les individus sont entrés directement dans la pièce où se trouve le tombeau, sur lequel ils ont versé un liquide hautement inflammable avant d’y mettre le feu, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur qui a dépêché une patrouille sur les lieux.

           Avant de prendre la fuite, les assaillants, non identifiés, ont subtilisé deux bagues et un téléphone portable appartenant aux résidentes, en plus d’un mouton et de deux chèvres appartenant à un voisin, a ajouté le ministère, qui a ouvert une enquête pour identifier les auteurs de l’agression.

           La sainte dont le mausolée a été attaqué est Lella Manoubia, de son vrai nom Saïda Aïcha Manoubia. Elle a vécu de 1180 à 1257. Disciple d’Aboul Hassan Al-Chadhili, un saint musulman d’origine marocaine qui a longtemps vécu en Tunisie, et imprégnée du savoir scientifico-théologique, elle est considérée comme “un haut pôle” de la dignité soufie.

           Sa sépulture est toujours visitée par les femmes afin d’obtenir l’exaucement de leurs vœux ou la guérison de malades. Les adeptes viennent aussi le dimanche participer à la cérémonie animée par des officiantes femmes.

           En mars dernier, un groupe de salafistes avait distribué des tracts au sanctuaire de Lella Manoubia appelant les visiteurs à rompre avec cette pratique jugée “blasphématoire” et sans rapport avec l’Islam.

           L’acte est loin d’être isolé. Mercredi dernier, un autre incendie s’est déclaré dans la zaouia de Sidi Bouhdida à El Fahs, à une cinquantaine de kilomètres de Tunis. Le tombeau, des lustres ainsi que des livres saints ont été détruits.

           Des mausolées ont été la cible d’attaques similaires en Libye, au nord du Mali et en Somalie. Les islamistes radicaux estiment que vénérer un saint consiste à porter atteinte à l’unicité de Dieu.

           Le 14 septembre dernier, l’ambassade des Etats-Unis et l’école américaine de Tunis avaient été le théâtre de violences de la part de salafistes qui entendaient protester contre un film tourné en Californie jugé offensant vis-à-vis de l’islam. Outre d’importants dégâts matériels dont une centaine de voitures incendiées, quatre personnes avaient trouvé la mort lors de ces troubles. (Sipa)

Tizi Ouzou
Envoyé par Pierre  
Encore un refus de prénoms amazighs à l’APC de la ville Dimanche, 14 Octobre 2012 09:50
Par : http://www.liberte-algerie.com/radar/encore-un-refus-de-prenoms-amazighs-a-l-apc-de-la-ville-tizi-ouzou-186989


           C’est au cœur même du bastion de la revendication identitaire que les nouveau-nés n’ont pas le droit de porter un prénom amazigh. Depuis quelques années, c’est l’APC de Tizi Ouzou qui s’illustre pitoyablement par le refus d’inscrire des nouveau-nés sous des prénoms amazighs. Après Mass-Iles, Selyan, Taknarit…, c’est au tour du prénom Mélina, pourtant connu dans la région, d’être refusé par les fonctionnaires de la mairie. Daho Ould-Kablia s’est engagé, depuis sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur, de revoir la nomenclature, mais en vain. Le HCA a élaboré, avec des spécialistes, une nouvelle liste de prénoms amazighs, qu’il a soumise aux services du ministère, mais depuis, rien n’est fait. Malgré sa reconnaissance en tant que langue nationale depuis 2002, tamazight demeure le maillon faible au pays de Massinissa…

           Commentaires,

           Harmon 15-10-2012 08:01
           C'est pitoyable ce qui ce passe dans cette mairie, heureusement que les autres mairies de la wilaya ne sont pas pareilles (notamment dans les "petites " communes reculées) ça fait mal de voir ça a tizi ville...

           Afernas 15-10-2012 00:17
           À l'époque de l'Algérie française on n'interdisait pas aux parents algériens le choix de donner des prénoms qu'ils veulent à leurs enfants. Maintenant qu'on est à l'époque de l'Algérie arabe, on assiste à une pratique criminelle qui ne relève que l'épuration ethnique de notre identité par l'effacement de tout fait amazigh de l'Algérie.


Le programme de la visite du président François Hollande en Algérie
Envoyé par Pierre
http://www.algerie1.com/actualite/le-programme-de-la-visite-du-president-francois-hollande-en-algerie/  

El Watan : 31 - 08 - 2012
           Par : Mourad Arbani | 18/10/2012 | 21:08

           Le président français François Hollande se rendra début décembre prochain en Algérie pour une visite de deux jours. Celle-ci a été précédée de celles de quatre ministres de son gouvernement qui s’étaient rendus tour à tour à Alger pour préparer ce déplacement.

           Durant son séjour algérien, le président français aura un programme chargé. Au menu de cette visite, il est prévu un entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika, un discours devant les députés de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) et recevra, à l’ambassade de France à Alger, les membres de la communauté française établie en Algérie.

           François Hollande ferait même un ” geste envers le peuple algérien” comme soit l’annonce de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sahara algérien ou la remise d’archives ou bien la remise du canon Baba Merzoug ou encore des clés de la ville d’Alger.

           Le président français abordera également, à l’occasion de la même visite, avec les autorités algériennes les dossiers du Sahel et de la Syrie.

           Les questions relevant de la coopération bilatérale ne seront pas en reste des discussions algéro-françaises notamment dans leur volet économique avec en particulier le dossier de la construction d’une usine Renault en Algérie. Les domaines de la défense et de la sécurité, l’enseignement, la jeunesse, l’énergie et l’entrée des Algériens sur le sol français seront eux aussi abordés par les deux parties. En d’autres termes, rendre la relation algéro-française plus apaisée.


Tramway d’Oran : Mise en marche non commerciale en 2013
Envoyé par Pierre
http://www.algerie1.com/actualite/le-tramway-doran-mis-en-marche-non-commerciale-en-2013/  

El Watan : 31 - 08 - 2012
           Par : Kaci Haider | 20/10/2012 | 17:22

           La mise en marche non commerciale du tramway d’Oran se fera le 5 mars 2013. Celle-ci sera précédée de deux autres essais techniques. C’est ce que le ministre des Transports, Amar Tou, a annoncé samedi à l’occasion de la supervision des premiers essais du tramway d’Oran sur une distance de 2,6 kilomètres.

           Il a précisé que les deux autres opérations similaires seront effectuées respectivement le 20 novembre sur le tronçon reliant la gare multimodale de Sidi Maarouf à Dar El Beïda et le 10 décembre prochain sur le tronçon reliant la même gare de Sidi Maarouf à la Place du 1er novembre, au centre-ville d’Oran.

           Le ministre a effectué le trajet “dépôt de Sidi Maarouf à la zone de bifurcation de l’Université des sciences et technologie d’Oran (USTO Mohamed Boudiaf)” par le tramway avec les membres de délégation qui l’a accompagné à l’occasion de cette visite.

           Pour Amar Tou, cet essai “constitue un évènement important pour la capitale de l’Ouest algérien qui disposera d’un moyen de transport moderne, silencieux et confortable”.

           Il est à noter que le tramway d’Oran, une fois réalisé, sera le plus long du pays puisqu’il couvrira une distance globale de 48 kilomètres.
Photo Bertrand Bourre

           NDLR: Oran redécouvre le tramway. L'image ci-dessus montre que l'Algérie française le connaissait bien avant et au même endroit.


Les pouvoirs publics ont ordonné aux commerçants d’assurer le service
Envoyé par Pierre
L’autorité de l’état à l’épreuve de l’Aïd
http://www.liberte-algerie.com/actualite/l-autorite-de-l-etat-a-l-epreuve-de-l-aid-les-pouvoirs-publics-ont-ordonne-aux-commercants-d-assurer-le-service-187659  

Jeudi, 25 Octobre 2012 09:50
           Par : Azzeddine Bensouiah

           L’Aïd El-Adha devrait être différent des précédents. C’est la première fois que le ministère du Commerce agite la menace de sanctions à l’encontre des commerçants qui ferment les jours de l’Aïd.

           Force est de constater que ces menaces sont de la poudre aux yeux des commerçants. Mercredi déjà, ces derniers ont annoncé la couleur en baissant rideau. Tous les restaurants et autres fast-food et même des cafés ont fermé depuis hier et cela risque d’être ainsi jusqu’à dimanche ou lundi prochain voire toute la semaine.
           La notion de service public que les pouvoirs publics voudraient imposer ou réhabiliter devrait concerner tous les acteurs, pas seulement une certaine catégorie. Il est vrai que le citoyen se plaint surtout du fait que l’épicier et le boulanger ferment les jours de l’Aïd, et parfois au-delà, mais il en est de même pour les cafetiers, les restaurateurs, les chauffeurs de taxi, les bus de transport privé et les pharmacies, les banques et tout ce qui a trait aux besoins ordinaires des citoyens.
           Les commerçants de détail se cachent derrière les grossistes qui se permettent le luxe de prendre une semaine de congé pendant les fêtes. Ces derniers, agissant souvent en toute impunité, en toute illégalité, se permettent même de menacer l’État de le prendre en otage, quand il s’agit de se conformer à la loi. Imposant leurs propres règles, en matière de non-facturation des transactions et de non-traçabilité de l’argent et de non-paiement des impôts, mais aussi de non-respect des règles élémentaires d’hygiène, les grossistes évoluent dans leur propre “émirat” et se sentent non concernés par les injonctions de l’État, jusqu’à preuve du contraire. C’est que l’activité a été complètement dévoyée, échappant au contrôle de l’État et devenant, avec le temps, une véritable bombe à retardement. Les émeutes de janvier 2011, en plein Printemps arabe ont donné un petit aperçu des capacités de nuisance des grossistes.
           Ceci dit, les commerçants de détail n’ont pas, non plus, à prendre en otage les citoyens. Ils n’ont qu’à assurer le service public durant les jours de fête, qu’à s’approvisionner suffisamment avant l’Aïd, quitte à ce que certains produits manquent. Car, lorsque le détaillant assume sa part de responsabilité, les autres acteurs, notamment les distributeurs de lait, seront mis devant leurs responsabilités. Les arguments des commerçants de détail sont indéfendables, sachant que d’autres commerçants, comme les bouchers, par exemple, ouvrent durant les deux jours de l’Aïd et travaillent jusqu’à des heures tardives.
           Cette mentalité de gain facile, qui a fait tant de tort aux citoyens et même à la profession de commerçant, doit changer. Le gouvernement, qui voudrait voir les commerces ouvrir le soir, doit donner l’exemple, en matière de sérieux, de persévérance et surtout en mettant en place les conditions d’une telle éventualité. Les commerçants, de leur côté, doivent apprendre à prendre des risques, à contribuer aux changements des habitudes des citoyens, parce que si les commerces étaient ouverts le soir, tous les soirs, les citoyens iraient s’y approvisionner, comme c’est le cas des mois de Ramadhan.
           Dans les pays qui se respectent, on n’ouvre pas un commerce n’importe où, n’importe comment et quand on est commerçant, on est obligé de respecter un cahier des charges. On ne ferme pas quand on veut et on ne prend pas de congé quand on veut.
           Depuis hier, les commerces ont commencé à baisser rideau et la situation ira en s’aggravant quoi qu’en dise le ministre du Commerce. Si, pour les Algériens, cette souffrance fait partie du lot habituel, pour un étranger c’est un motif suffisant pour ne pas s’aventurer dans ce pays paranormal.
           Longtemps absent du circuit commercial, l’État aura du pain sur la planche pour réhabiliter son autorité de régulateur. Que ce soit pour imposer quoi que ce soit à “l’émirat de Gué-de-Constantine”, qui monopolise le commerce de gros des produits alimentaires, ou encore, “l’empire du square Port-Saïd” par où transite tout l’argent sale.


MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
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De M. Jacques Frachon-Germain
       "Bonjour chers amis:
       Je recherche tous témoignages et documents relatifs à la famille GERMAIN en Algérie (Mitidja Mouzaiaville, Alger, Bone...).
       Leurs exploits agricoles et aéronautiques.
       Un grand MERCI. Fraternellement.
       Jacques Frachon-Germain
       (petit fils de Jacques Germain et Lucie Brossette, Mouzaiaville-Boufarik-Alger-Bône...)
Mon adresse : Jacques Frachon-Germain

De M.
       Bonjour
      
Mon adresse :

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
    Diaporama 50                                          Diaporama 51
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Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : jarrige31@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Septembre 2012.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois, guelma-collectif@orange.fr

Cher-e compatriote,
Je vous annonce la sortie officielle du site : http://www.lebergerdemostaganem.fr
Merci de le faire connaitre à vos amis.
Fraternellement à vous,
André Trivès
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DACIA de RICHE
Envoyé par Franck

        Sur une route de montagne, 3 voitures se suivent : Une Dacia suivie d'une Ferrari, elle même suivie par une Porsche .
        Soudain, à la sortie d'un virage sans visibilité, un CAMION !!....
        La Dacia se plante dans le camion...
        La Ferrari se plante dans la Dacia ....
        Les trois voitures sont .... épaves.

        Franck Ribery sort de la Porsche en s'exclamant !! .... Ho là là ! 3 jours de salaire !
        Joe-Wilfried Tsonga sort de la Ferrari en criant aussi ..... Ça fait chier ! 3 semaines de salaire !
        Et enfin, en pleurant, Pierre Martin, sort de la Dacia .....Putain!!! 3 ans de salaire !

        Et les deux autres de lui répondre ......
        Faut vraiment être con pour acheter une voiture aussi chère !!!!!!


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