N° 131
Septembre

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Septembre 2013
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

Comment va la Marquise ?

Chers Amis,

         L'été est presque terminé, la rentrée est commencée.
         Il paraît que nos jeunes pousses se languissent car ils trouveraient les vacances trop longues. Je pense plutôt que c'est surtout une phobie des " intellos, des bobos, des partisans à plus de vacances fractionnées, donc à plus de dépenses pour les familles. " Le résultat final sera sûrement plus ou pas de dépenses pour les familles laborieuses, mais appauvries par des prélèvements et endettements.

         La rentrée c'est aussi le lot habituel des augmentations passées en douceur pendant la période estivale. Principalement le panier de la ménagère qui a flambé. Une flambée des prix mise sur le dos de la météo. Une météo qui elle au moins ne manifestera pas dans la rue en cassant tout sur son passage.

         Bien que l'augmentation des agressions, des crimes doit sûrement être mis sur le dos du soleil qui a tapé sur la tête de ceux que l'on nomme " déséquilibrés " et qui égorgent ou abattent froidement à coup de fusil des " souchiens ", ou font dérailler des trains ou dévalisent les voyageurs sur les trains en marche, ou, ou…
         Que fait le gouvernement face à ces horreurs qui ressemblent à s'y méprendre à ce qui ont été les prémices de la guerre civile d'Algérie au début des années 50 ?

         Le gouvernement actuel, ainsi que les précédents, ont à chaque fois sorti de leur chapeau une annonce de résurgence du nazisme. L'arrestation, la détention arbitraire et une libération sans excuse, d'un couple du centre de la France, ni par la justice ni par les médias qui en avait fait leur Une en est un exemple frappant. Ce qui s'est passé pendant la contestation du " mariage pour tous ", est un autre exemple. La mise en détention d'un militaire accusé d'attentat avant d'en avoir commis la moindre petite parcelle, est un autre exemple. A chaque fois, ces exemples font suite à une agression ou un crime contre de pauvres " souchiens ". Même si on ne veut pas divulguer les noms des assassins, on devine aisément qui ils sont ces protégés de la " bien pensante gouvernante ".

         Tout cela attise les haines et les exclusions contre les patriotes, A terme cela fera couler beaucoup de sang, surtout celui de pauvres innocents.

         Pourquoi ces gouvernants qui ne veulent pas appeler par leur nom, les assassins, les criminels en tout genre, les terroristes, POURQUOI ?
         Pourquoi cachent-ils les vérités aux français ?

         Parce que cela arrange et sert leurs ambitions électorales.
         En effet, ils sont incapables de résoudre les problèmes économiques, sociaux ou sécuritaires, alors ils créent la diversion par des lois iniques ; ils alimentent le "bordel organisé " par des aménagements, des privilèges avec en fond d'espoir qu'une guerre peut les sauver de leur incurie et leur incompétence.

         Bien sur que le peuple finira par se soulever contre les injustices manifestes. La mort de cet Homme à Marignane est un exemple qui sera suivi par d'autres. La tentation de se faire justice gronde dans le pays.
         Ce ne seront pas " des supposés nazis " qui feront la justice mais des petits français comme ce Jacques de Marignane ", même si, il y a laissé sa peau.
         Est-ce souhaitable ? Personnellement, je ne le crois pas car il y aurait trop d'aveuglement.
         Une des solutions serait d'utiliser l'armée sur le territoire français au lieu de l'envoyer servir de cible en d'autres endroits du globe.

         Bien entendu, il faut virer le " ministère de l'injustice " qui protège les condamnés et se moque des victimes. En effet, lorsque l'on libère un condamné avant la fin de sa peine, on " tue " une deuxième fois la victime. Le " ministère de l'intérieur " ne vaut pas mieux, lui qui voudrait bâillonner tous ceux qui parlent vrai. La nouvelle " Stasi " est en marche.

         Une rentrée avec le chantier des retraites. " Hollandix ", l'architecte gaulois et " Ayraultix " le maçon, sans bons outils, n'ont pas de plan validé par le peuple. Ils travaillent à " vista del nas " (vue de nez en catalan) sur des sables mouvants qui enfonceront un peu plus le bâtiment.
         Par contre la hausse continue avec des nouvelles ponctions fiscales, là ils sont les champions, du moment qu'eux n'en sont pas touchés.

         Il ne nous reste qu'à profiter encore un peu de la météo plus clémente que ce gouvernement du " réchauffement des mauvaises nouvelles et du climat français " .
         A part ça, tout va bien Madame " la Marquise ".

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,
        A tchao.




        

HOMME DE JUIN
ECHO D'ORANIE - N°259 - 1998


              N'oublie jamais
             Homme de JUIN
             Que tu fus sacrifié.
             Soldats pleins d'entrain
             Sur ce sol montagneux d'ITALIE
             Pour venger l'affront
             De voir ton beau pays
             Occupé par l'allemand.
             Comme des bouquetins
             De rochers en rochers
             Tu t'accrochais, tu avançais
             Grenades quadrillées à la main,
             Tu te battais au couteau
             Tu détruisais les casemates
             Qui ralentissaient ton chemin
             Tu anéantissais ces pirates.

             Qui occupaient, combien de PAYS
             Tu étais le suprême antidote
             Contre ces voraces sauterelles
             Qui grignotaient tant de vies.
             Tu progressais envers et contre tous
             La terre se soulevait sous tes pieds
             Tes compagnons retombaient déchiquetés
             Imbibant de sang, ce sol semé de cailloux
             Usant de mille astuces, tu échappais
             A l'Observatoire, qui la haut guettait
             O soldat de JUIN, la foi qui t'animait
             Tu redonnas, l'espoir, au PAYS bien aimé.
             Qui est bien ingrat, envers ces PIEDS NOIRS
             Affublés d'étiquettes si vexatoires.
André VILUMBRALES        





PHOTOS de SAINT-AUGUSTIN
Envoyées par M. Charles Ciantar.

Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar
Envoyée par M. Charles Ciantar.
Le 28 août était la fête de Saint Augustin, par ces photos ayons une pensée pour ce Grand Homme d'Hippone et d'Algérie.

LE MUTILE N° 8, 1916


La Marraine de la Tranchée
Pour Mlle Tinou-Garean

        Lorsqu'un de nos soldats est seul
       Qui donc, à son âme penchée,
       Murmure d'une voix d'aïeul
       Ce tendre petit mot : " filleul "?

        La Marraine dé la tranchée.

        Lorsque pour tromper son ennui
       Il sort une lettre cachée
       Déjà son " cafare " s'est enfui
       Qui donc parle bas avec lui ?

        La Marraine de la tranchée

        Lorsque revenu de l'assaut
       Il veut préserver sa tranchée.
       Qui donc lui fit ce plastron chaud
       Qu'il sort d'un petit air finaud?

        La Marraine de la tranchée.

        Quand dans un corps à corps fougueux,
       Dans une ardente chevauchée
       Il va du rêve plein les yeux
       Qui soutient son port belliqueux ?

        La Marraine de la tranchée.

        Lorsqu'il est tombé tout sanglant
       Sur une plaine desséchée,
       Quel est donc ce portrait charmant
       Qu'il baise avec emportement?

        La Marraine de la tranchée.

        Quand pour la décoration
       Qu'il a vaillamment " décrochée "
       Il bondit en permission
       Qui reçoit le noble Lion?

        La Marraine de la tranchée.

        Puis lorsque est fini son séjour
       Et qu'il repart l'âme arrachée
       Quel est le magnifique amour
       Qui change sa peine en humour ?

        La Marraine de la tranchée.

        France, crois en ton zélateur,
       De lauriers tu seras jonchée,
       Mais au grand jour libérateur
       Bénis l'Ange consolateur :

        La Marraine de la tranchée.

Claude-Maurice ROBERT               
Mutilé de guerre .               

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L'appât
Envoyé par M. Hugues
        

           La femme d'André s’est noyée lors de leurs vacances à Cuba…

           Deux ans plus tard, les garde-côtes lui font parvenir un télégramme:
           "Corps de votre épouse retrouvé couvert d‘huîtres perlières d’une valeur d'environ 200 000 $”.

           André s’empresse de répondre:
           "Vendez les perles, transférez l'argent sur le compte 116687636 à la BCI à Genève,
           et remettez l'appât en place".


HISTOIRE DES VILLES DE LA
PROVINCE DE CONSTANTINE      N°27
PAR CHARLES FÉRAUD
Interprète principal de l'Armée auprès du Gouverneur général de l'Algérie.
LA CALLE

ET DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE
DES ANCIENNES CONCESSIONS
FRANÇAISES D'AFRIQUE.


Dubois-Thainville à Alger, paix de 1800...

                  Toutes les propriétés et marchandises de l'Agence d'Afrique à Collo, Bône, La Calle, Tabarque et Cap Nègre étaient saisies. Le commerce des Concessions était entièrement ruiné : les pertes éprouvées furent estimées à 458.115 francs. Le Dey avait été dans son droit en déclarant la guerre ; mais, par l'arrestation des Français, il violait le Traité dans lequel on était convenu qu'en cas de rupture ceux-ci avaient pour se retirer un laps de temps de trois mois. C'est pourquoi, dans son rapport au Directoire, le Ministre crut devoir s'exprimer ainsi :
                  " Sans doute le Directoire ne laissera pas impunie l'imprudente déclaration du tyran d'Alger. Châtié autrefois par la France, il ose aujourd'hui la braver ; c'est un outrage qui ne peut rester sans vengeance, et ce repaire de pirates et de brigands dont l'existence est un opprobre pour les Nations civil lisses, doit disparaître devant la grande Nation. "
                  Une des premières mesures de cette Assemblée fut de faire séquestrer les propriétés des Turcs et sujets barbaresques qui se trouvaient en France et de faire suspendre le paiement de ce qui leur était dû. On emprisonna tous les sujets Algériens qui étaient chez nous ; mais, quelque temps après, sur la demande de Bakri, celui de tous qui souffrait le plus de cet état, de représailles, on leur donna la liberté. Quant au séquestre de leurs biens, il ne fut levé que lorsqu'on sut que les Français d'Alger n'avaient rien perdu des leurs. Mustapha Pacha craignait l'heure de la vengeance ; forcé à cette déclaration de guerre contre son inclination, nous devons reconnaître qu'il fit du moins tous ses efforts pour en affaiblir les conséquences. Dans une occasion, on le vit même protéger un bâtiment français contre les tentatives d'un corsaire anglais. Le Divan tout entier pensait comme lui.

                  En mars de l'année 1800, on apprenait que les Chefs de la Régence n'étaient pas éloignés de faire la Paix et les négociants Bakri ne cachaient pas qu'ils avaient été chargés, par le Dey, de faire des ouvertures au Gouvernement Français. Les réponses de Paris étaient attendues avec impatience ; on redoutait beaucoup une expédition contre Alger, et les alarmes avaient considérablement augmenté depuis que l'on savait le Général Bonaparte la tête du Gouvernement.
                  Après la convention du Général Kléber avec le Grand Vizir, pour l'évacuation de l'Égypte, Talleyrand proposa au premier Consul d'envoyer immédiatement à Alger, Dubois-Thainville pour y traiter de la paix. Le négociateur y aborda le 13 mai 1800.
                  Il reçut immédiatement l'autorisation de débarquer, sa mission, n'était plus un secret : elle était annoncée de partout. Il était porteur d'une Lettre du premier Consul proposant la Paix en ces termes :
                  " Bonaparte, premier Consul de la République
                  Française, à Mustapha Pacha, Dey d'Alger.
                  Illustre et magnifique Seigneur,

                  " L'État de Guerre survenue entre la République Française et la Régence d'Alger, ne prit point sa source dans les rapports directs des deux États il est aujourd'hui sans motif. Contraire aux intérêts des deux peuples, il le fut toujours aux inclinations du Gouvernement Français. Persuadé qu'il est pareillement aux vôtres, je n'hésite point à donner au Citoyen Dubois-Thainville, l'ordre de se rendre auprès de vous avec de pleins pouvoirs pour rétablir les relations politiques et commerciales des deux États sur le même pied qu'elles étaient avant la rupture. J'ai la confiance que vous ferez à ce négociateur le même accueil que j'aurais fait à celui de vos sujets que vous auriez chargé d'une semblable mission près de moi. "
                  Recevez, etc. ...
BONAPARTE.                  

                  Cependant, l'orgueil Algérien se réveilla en voyant la France faire la première démarche. Habitué qu'était le Dey à faire payer chèrement la Paix aux Puissances à qui il l'accordait, il osa demander 200,000 piastres fortes avant de signer le nouveau Traité. Indigné de cette prétention, Dubois-Thainville fit entendre des paroles de menaces sans que le Dey s'en formalisât; mais il s'en tint à sa première demande. Pressé par le général Berthier qui, dans sa correspondance, cherchait à lui faire sentir la nécessité d'une prompte pacification avec Alger, Dubois-Thainville se décida enfin à accorder le million demandé.

                  Un armistice illimité fut conclu par Dubois-Thainville jusqu'à ce qu'il reçut la réponse de Paris. Le 30 septembre 1800, la Paix fut acclamée, selon l'usage, en plein Divan, malgré l'opposition du Consul anglais qui menaçait d'une rupture avec la Régence.
                  Les bases de ce Traité furent :
                  " 1° La Régence d'Alger restitue, à la République Française, les Concessions d'Afrique aux mêmes conditions et de la même manière que la France en jouissait avant la rupture ;
                  " 2° L'argent, les effets et les marchandises dont les Agents de la Régence se sont emparés dans les Comptoirs, devront être restitués, déduction faite des sommes qui auront servi à payer les redevances dues à l'époque de la déclaration de guerre. Il sera, en conséquence, dressé, de part et d'autre, des comptes qui devront être mutuellement consentis ;
                  " 3° Les Lismes ne seront exigibles que du jour où les Français seront rétablis dans leurs Comptoirs. A partir de cette époque, le Dey, pour indemniser la Compagnie d'Afrique des pertes qu'elle a éprouvées, lui accorde une exemption générale des Lismes d'une année ;
                  " 4° Les Français ne pourront être retenus comme esclaves à Alger ;
                  " 5° Le Commissaire de la République continuera à jouir de la prééminence sur les Agents des autres Nations. "

                  Le nouveau tarif fixait à cinq cent mille francs, la redevance annuelle pour les Concessions. Quelques mois après, un Arrêté des Consuls décida que l'ancienne Compagnie d'Afrique serait réorganisée; cet Arrêté était ainsi conçu :
                  " La Compagnie d'Afrique, supprimée en 1794, est rétablie et l'Agence installée à Marseille cessera ses fonctions.
                  " La Compagnie rentre dans la jouissance de ses Établissements en Barbarie, de ses Comptoirs et dépendances, dans l'état ou ils se trouvent.
                  " Toutes les Concessions commerciales accordées par la Régence d'Alger, d'après le Traité de 1694, lui sont rendues.
                  " Pour la mettre en état de rétablir l'activité de ses opérations, il lui sera compté, dès à présent, une somme de trois cent mille francs.
                  " Les Lismes dues à la Régence seront payées annuellement par le Gouvernement, qui s'en indemnisera au moyen d'une rétribution à prélever ultérieurement. "

                  Mais le même Arrêté qui rendait à l'ancienne Compagnie d'Afrique, l'exploitation des Concessions, lui enlevait la Pêche du Corail. Le Gouvernement voulait qu'elle fut faite par une Société particulière, dont le siège était fixé à Ajaccio. La Compagnie réclama ; mais n'ayant pu obtenir que la Pêche du Corail lui fut rendue, elle refusa de reprendre son existence. Elle fut alors dissoute définitivement par la loi du 17 floréal an X (6 mai 1802), qui ordonna la formation d'une nouvelle Société. Comme on voulait toujours que la Pêche du Corail restât libre, celle-ci ne put pas s'organiser ; on établit cependant un Agent provisoire, pour le Service des Concessions, mais les affaires furent nulles.

                  Revenons à Dubois-Thainville.
                  Dès l'apparition de ce Consul à Alger, les Anglais n'avaient rien négligé non seulement pour paralyser sa mission, mais même pour le faire expulser de la Régence, jusqu'à menacer de faire incendier Alger par la flotte de l'Amiral Keith. Le Dey répondit à l'Amiral anglais qu'il était maître dans son pays, qu'il gouvernait à Alger comme son Roi à Londres et qu'il saurait bien se défendre. "
                  Nelson, bien que disposant de la formidable Escadre qui devait, plus tard, nous faire éprouver un rude échec à Trafalgar, n'entreprit rien contre Alger et se retira sans murmurer. C'est que ses instructions lui prescrivaient d'amener avant tout une rupture entre la Régence et la France ; mais non pas de ruiner Alger, dans l'espérance que, tôt ou tard, la Régence se déciderait à nous faire la guerre et que les Anglais prendraient nos Concessions.
                  Les guinées et les intrigues les plus actives n'ayant pas eu plus d'effet que les menaces, les Anglais firent intervenir la Porte pour faire revenir le Dey sur les stipulations déjà arrêtées avec Dubois-Thainville. Depuis deux ans et demi que Moustapha gouvernait à Alger, il n'en avait pas encore demandé l'investiture au Sultan ; après la conclusion de l'armistice avec la France, il expédia à Constantinople, sur une frégate américaine, le Georges Washington, le Oukil Hardji, Ministre de la marine, chargé de la solliciter en son nom. Cette frégate fut suivie quelques jours après de deux navires expédiés, l'un pour Smyrne et l'autre pour Rhodes, à l'effet de faire des recrues. Sur ces trois bâtiments s'étaient embarqués les premiers personnages d'Alger avec des sommes considérables évaluées à 15 ou 16 millions de francs. Lorsque la frégate américaine arriva à Constantinople, le 20 brumaire an IX (12 novembre 1800), elle avait été précédée par une corvette anglaise qui avait annoncé le Traité de paix de la France avec Alger, conclu le 8 vendémiaire de l'an IX (30 septembre 1800) et l'armistice avec Tunis. L'Agent de Londres et l'Internonce d'Allemagne répandirent l'or sans mesure pour déterminer le Capitan Pacha Hassein à faire rompre les nouveaux Traités. Après une quarantaine de jours, le Georges Washington fut expédié à Alger avec un personnage ennemi de la France, porteur de Firmans et de nombreuses Lettres pour les plus notables de la Régence.

                  Ces Lettres annonçaient que le Oukil Hardji avait été très mal reçu à Constantinople ; qu'il y était détenu, comme prisonnier, avec toute sa suite ; que l'Envoyé de Tunis avait été arrêté, mis aux fers avec toute sa suite et l'équipage de son bâtiment ; que le pavillon Barbaresque avait été abattu de la manière la plus ignominieuse ; qu'il avait été défendu, sous peine de la vie, de s'enrôler sous les bannières africaines ; que les présents avaient été refusés et mis en séquestre ; que les sommes considérables appartenant aux particuliers avaient également été saisies ; que le Grand Seigneur et le Capitan Pacha s'étaient prononcés de la manière la plus violente contre les princes d'Afrique ; qu'il les avait traités d'ennemis les plus dangereux de l'Empire Ottoman, unis aux infidèles contre les vrais croyants. Les Firmans du Grand Seigneur réclamaient impérativement la rupture immédiate des nouveaux Traités avec la République, l'armement de tous les Corsaires, la reprise la plus hâtive des hostilités contre la France. Ils intimaient, au Dey, l'ordre d'enchaîner tous les Français qui se trouvaient en Barbarie et surtout le Consul, qui n'avait été envoyé que pour séduire les vrais Musulmans et les détacher de leur Souverain légitime, etc., etc. …

Rupture avec la France, en 1801

                  La frégate américaine arriva, à Alger, le 21 janvier 1801. Le parti anglais et tous les parents de deux qui se trouvaient retenus à Constantinople se joignirent à l'Envoyé de la Porte. Le Divan s'assembla : le Dey et les amis de la France craignant un soulèvement de la milice, ne purent empêcher que la Guerre ne fut proclamée contre les Français et leur arrestation décrétée.
                  Le Dey, en faisant connaître cette résolution à Dubois-Thainville, lui fit dire qu'il avait la faculté de se retirer en France avec toute sa famille. Les Consuls d'Espagne, de Danemark, de Suède, de Hollande, d'Amérique lui conseillèrent de quitter Alger ; mais le représentant de la France fut révolté d'un conseil semblable, à la pensée qu'il quitterait Alger dans un instant où les armes de la France entraient triomphantes dans Vienne.
                  Le Consul fut menacé d'être mis au bagne, avec tous les Français, le 23 ; une partie de la Nation se réunit de grand matin à la maison consulaire, attendant dans la plus vive anxiété qu'on vint les prendre. A huit heures, le Drogman se présenta pour réitérer au Consul, de la part du Dey, l'invitation de quitter Alger. Dubois-Thainville lui fit répondre qu'on ne l'arracherait que mort de sa maison si l'on ne consentait pas à la sortie de tous ses concitoyens. A deux heures, le Drogman reparut disant que le Consul avait la liberté de sortir d'Alger avec tous les Français.
                  Le 23 encore, dans une Conférence qu'eut le Consul avec le premier Ministre, qui ne dissimula pas son affliction de voir la Régence dans la nécessité de déclarer la guerre à la France, il fut convenu entre autres choses que tous les Français qui se trouvaient dans le royaume d'Alger auraient la faculté de se retirer ; que les bâtiments français qui, sur la foi du Traité, aborderaient à Alger, y seraient protégés ; que les Français pourraient embarquer leurs effets sans être soumis à une visite. Les jours suivants, les Consuls d'Amérique, de Suède, de Danemark et d'Espagne voulurent avoir tous les Français à leur table successivement.

                  Le 30 janvier 1801, Dubois-Thainville reçut ordre du Dey de faire embarquer tous ses effets. Le lendemain, les Français s'étant réunis chez le Consul, se dirigèrent tous ensemble vers la Marine. Sur leur passage, le peuple manifesta les regrets que ce départ lui faisait éprouver. A la Marine, les esclaves se précipitaient sur leurs pas ; le Consul, en leur abandonnant sa bourse, leur adressa quelques paroles de consolation. Les consuls d'Amérique, de Hollande et d'Espagne les accompagnèrent jusqu'à leur embarquement. L'hospice des Lazaristes fut forcé de subir le même sort et de donner à son grand regret les mains à la destruction d'un Établissement si précieux à l'humanité...

                  … Il restait encore à Alger environ cinq cents esclaves. Mais la mission de Dubois-Thainville à Alger n'avait pas été sans résultats : ce digne représentant en avait retiré sept cents Français de l'esclavage. On débarqua à Alicante le 4 février. Le Dey éprouva un vif chagrin de la mesure qu'il prenait malgré lui ; il déclara au Consul qu'il voulait toujours être l'ami de la France, qu'il n'armerait pas contre elle et qu'il défendrait à ses Corsaires de courir sur les navires portant le pavillon tricolore. Dans cette circonstance le Dey eut une attention qui dut rassurer le premier Consul sur ses sentiments : ce fut une lettre qu'il lui adressa. Après le préambule d'usage, le Dey disait :
                  " Le renvoi que nous avons fait de votre Consul n'a point été fait avec des apparences d'inimitié, et ce renvoi; qui a pu paraître hostile aux yeux du monde, doit être envisagé d'une manière opposée.
                  " Ce qui s'est passé entre vous et nous ayant paru à la Porte ottomane (que Dieu veuille éterniser) un acte d'inimitié et de manque de foi envers le souverain Maître et Seigneur dont nous sommes les serviteurs et les esclaves, et d'après les ordres qui en sont émanés notre conduite à l'égard de la République Française ayant été considérée comme une trahison complète, il nous a été dit ; "Vous êtes notre ennemi, vous qui êtes Gouverneur d'Alger, si vous ne vous montrez ennemi de la susdite République en chassant de vos États tous les Français ainsi que le Consul qui y réside. " Ces ordres ont été répétés plusieurs fois et enfin, comme il est de notre devoir d'obéir aux lois de notre sainte Religion et aux ordres suprêmes de notre Souverain, il est devenu convenable et nécessaire d'y souscrire.
                  " Si nous avions désobéi, nos propres sujets se seraient mis contre nous. C'est d'après ces considérations que nous avons fait des démarches en apparence hostiles. "

                  Les dispositions favorables du Dey envers la France, ne se démentirent pas malgré la pression de ses ennemis. Aussi, en octobre 1801, à la première nouvelle de la conclusion des préliminaires de la Paix, entre la France d'un côté et les Anglais, et la Porte Ottomane de l'autre, le Consul de Hollande s'étant rendu chez le Chef de la Régence pour lui en faire part, le Dey lui demanda s'il était bien vrai que la Porte eût conclu la Paix avec la République Française; sur sa réponse affirmative, il ajouta aussitôt : que lui aussi voulait faire sa paix avec la République, et lorsqu'il le congédia ce fut avec toutes sortes de marques d'amitié.

                  Il ne s'en tint pas là, il fit même publier sa Paix avec la France et, fit parvenir à Dubois-Thainville qui était toujours à Alicante, une copie du Traité qu'il venait de signer, avec les nouveaux articles qu'il savait que la France désirait introduire et il désigna un de ses ministres pour résider en France en qualité d'Ambassadeur.

Lettres de Bonaparte au Dey d'Alger.

                  Profitant de la bienveillance du Dey, le Ministre des Affaires étrangères enjoignit, le 25 novembre 1801, à Dubois-Thainville de se rendre immédiatement à Alger où sa présence pouvait être utile pour la négociation de la Paix et lui transmit la Lettre du Premier Consul en réponse à celle que le Dey lui avait écrite quelques mois auparavant; il lui faisait savoir qu'il n'attachait pas une grande importance à la présence d'un Ambassadeur en France. Voici la Lettre de Bonaparte :

                  Bonaparte, Premier Consul, à Mustapha-Pacha, Dey d'Alger.
                  " Illustre et magnifique Seigneur,
                  " Des raisons de politique vous ont forcé la main, mais la Lettre que vous m'avez écrite et la conduite que vous avez tenue depuis le départ du citoyen Dubois-Thainville (Commissaire général et chargé d'affaires de la République à Alger) m'ont bien fait comprendre la raison de votre conduite. Le passé est passé. Dans la Paix conclue entre la République, les Anglais et la Sublime Porte. Je me suis assuré qu'ils ne voulaient rien entreprendre contre vous. J'ai ordonné au citoyen Dubois-Thainville d'obtempérer à la demande que vous lui avez faite de retourner à Alger ; nous vous le recommandons, afin de pouvoir précieusement renouveler nos liaisons si avantageuses et dans lesquelles vous trouverez, du moins de notre part, le désir de vous appuyer contre les ennemis que vous pourriez avoir, quels qu'ils soient.
" BONAPARTE. "                  

Paix de 1801

                  Annoncée le 18 décembre 1801 par 21 coups de canon, la Paix fut signée par Châban, Grand Écrivain; et Dubois-Thainville, le 23 décembre à Alger, et ratifiée à Paris, le 5 mars 1802, par Bonaparte.
                  Le Traité stipule qu'il y aura liberté de commerce comme avant la rupture, et que les Français ne pourront être retenus esclaves à Alger, en quelque circonstance et sous quelque prétexte que ce soit. Bonaparte annonçait cette nouvelle au Ministre de la Marine, en ajoutant : " Je désire que vous fassiez prévenir les différents Commissaires de la Marine en Corse, et en Provence, que l'on peut se préparer à la Pêche du Corail dans les mers d'Alger et de Tunis. "

                  Mais, sous l'empire d'une cupidité insatiable, il était impossible que le Dey ne suscitât pas de nouvelles avanies aux Consuls. Il exigea au mois d'avril 1802, du Consul de Danemark 50,000 piastres et 300 quintaux de poudre. En mai, il demanda impérativement au Consul d'Espagne de lui remettre 80,000 piastres, lui signifiant de sortir immédiatement de ses États s'il refusait de s'exécuter ; aussitôt le Consul se vit assiégé d'une quantité de juifs pour lui arracher son consentement : il finit par promettre 60,000 piastres et il resta.
                  Le Consul d'Angleterre, Falcon, fut expulsé ignominieusement à la même époque ; sous le prétexte qu'il avait introduit dans sa maison des femmes musulmanes.
                  L'amiral Nelson, en janvier 1804, demandant sa réintégration immédiate et la restitution de quelques bâtiments, le Dey refusa tout et l'amiral repartit. Au 10 janvier 1805, la flotte anglaise s'était présentée jusqu'à cinq fois devant Alger sans avoir rien obtenu.
                  Cependant le Dey resté inflexible pour l'éloignement du Consul Anglais, Falcon, finit par accepter l'envoi d'un autre Agent, M. Cartwright, qui devait tout mettre en œuvre pour nous brouiller avec la Régence. Mais celui-ci finit aussi par être expulsé comme son prédécesseur. Un troisième Consul, M. Blankley fut plus heureux et réussit à se maintenir et accomplir les vues de son Gouvernement.
                  Le Dey tint une conduite semblable vis-à-vis des Agents des autres Puissances en paix avec la Régence, ils durent accepter la loi que leur imposait le caprice du Chef Algérien. Le sort des Esclaves était devenu affreux, ils étaient plus maltraités que jamais.

                  Voilà où en étaient les relations des Gouvernements de l'Europe et de l'Amérique avec Alger, au commencement du XIXème siècle et lorsque trente ans plus tard, la France eût la généreuse pensée de les soustraire au caprice du despote qui trônait à Alger, il y eût une puissance européenne qui non-seulement vit d'un œil jaloux cette expédition, mais encore mit tout en œuvre pour la faire échouer !
                  Venait le tour de la France; le Dey et ses Ministres se persuadaient qu'elle ne ferait pas plus de difficultés que les autres Puissances, de subir les exigences de son caprice. Les prodigalités du Directoire Exécutif, la condescendance du Premier Consul en 1800, établissaient un précédent qui pouvait les bercer de cette illusion ; mais les victoires qui avaient depuis lors accompagné les Armées Françaises, avaient profondément modifié la conduite que Bonaparte était décidé à tenir vis-à-vis des États Barbaresques.

A SUIVRE

ALGER, TYP. DE L'ASSOCIATION OUVRIÈRE
V. AILLAUD ET Cie
Rue des Trois-Couleurs, 1877
Livre numérisé en mode texte par M. Alain Spenatto.

LA PATATE
Auteur non identifié
envoyé par Chistian

Être comparée à une patate ce n'est pas très flatteur.....!!!!!
Mais il faut admettre que c'est bien trouvé....

La patate

         Pour vous convaincre définitivement de ses qualités,
         Je ne peux mieux faire que la comparer à une femme !
         J’ai toujours été frappé par l’utilisation fréquente de noms féminins
         Pour en désigner les variétés, comme les Charlottes,
         Les Mona Lisa ou les belles de Fontenay,
         Ou surtout les modes de cuisson.
         Mesdames et chères amies, vous n’êtes pas des pommes de terre,
         Et cependant.....

         Que vous soyez en robe de chambre ou en chemise,
         Sans pelure ou drapées de Mousseline,
         Vous restez toujours Duchesses ou Dauphines !
         Parfois atteintes de Vapeur, mais rarement soufflées,
         Vous gardez la ligne allumette et la taille noisette !
         Vous êtes délicieuse à croquer, tant que vous n’avez pas germé !
         Vous êtes délicieuses à croquer, surtout dorées.
         Mais meilleures encore quand vous êtes sautées !

         Quand de vos maris, j’épluche la conduite,
         Je découvre qu’avec vous, ils ont la frite.
         Ils sortent sans pelure, même s’ils pèlent de froid.
         Pour eux, même si vous n’êtes plus des primeurs,
         Vous demeurez d’éternelles nouvelles !
         Pour vous, ils se laissent arracher les yeux,
         Friper la peau et meurtrir la chair :
         Car comme les pommes de terre,
         Ils ont des yeux, une peau et une chair !

         Sans vous, ils sont dans la purée,
         Sans vous, ils en ont gros sur la patate,
         Alors que de la société, ils sont le gratin !

         Pommes de terre, je vous aime !!



TRACES DE VIE
                    Par M. Gilles CAMILLERI (2013)             N°3
1835 / 1836 : " Le manque de femmes "

          Alors que les mariages de militaires, d'anciens militaires ou de cantiniers sont les plus nombreux en 1834 / 1835, les mariages civils dominent à partir de 1835 / 1836 et on note peu d'unions impliquant des soldats. En 1835 par exemple, sur huit mariages, deux seulement concernent des militaires.

Mariages " exotiques "

          Quant aux mariages " exotiques ", ils sont au nombre de deux (76). Le premier peut être considéré comme un mariage " mixte ". Pierre MURGANTI épouse Marie Christine HACIACO, fille de CHAOUCH HACIACO et de Zemillie HACIACO. L'épouse est d'origine turque. Ses parents ont été massacrés à NAVARIN par les Grecs, probablement à la suite de la bataille qui, le 20 octobre 1827, oppose les escadres de l'Angleterre, de la France et de la Russie à la flotte turco-égyptienne (77). La mariée, née en 1807, avait vingt ans à l'époque. Elle présente un acte de baptême délivré à NAVARIN en 1829 d'où il résulte qu'en 1821 elle avait à peu près quatorze ans. Elle produit aussi un acte de notoriété reçu par le juge royal au tribunal de BÔNE qui montre qu'elle a 28 ans et qu'elle est bien connue. Le marié, quant à lui, exerce le métier de gendarme. Il est né à OGLIASTRO, en Corse. Assistent au mariage : François Joseph AVRIL, lieutenant commandant la gendarmerie de BÔNE, deux négociants : Antoine BOCOGNANO (29 ans) d'origine corse et André FAVELLA (43 ans) corse lui aussi. Le dernier témoin est Pierre François BARBE, brigadier de gendarmerie.

          Le deuxième mariage est un mariage " croisé ". Il concerne Jean Pierre Marius REY (né le 26 mai 1812) et Juana Catelina PALMIERI Y ANTONIO (née le 25 novembre 1819). Leur union est célébrée le 4 septembre 1835 à 4 heures du soir. Elle unit un négociant des Bouches du Rhône à une demoiselle de MAHON (MINORQUE) dont la famille a été l'une des premières à aborder à BÔNE. Elle se trouvait peut-être même là avant la conquête. Le père de la future, en effet, décède à BÔNE le 26 novembre 1834.

Mariages corses

          Deux mariages " corses " en 1835 / 1836, permettent aussi de lever un coin du voile sur cette minorité qui semble avoir joué un rôle important dans les débuts de la cité.

          Le 21 octobre 1835, Dominique FILIPPI, marchand né en 1812 à ERSA (Corse), épouse Nicolette MAGGINI, née en 1813 à AJACCIO. L'acte de mariage nous apprend que la famille de l'époux a fréquenté les côtes proches de BÔNE avant la conquête. Jacques Toussaint FILIPPI, père du marié, est décédé à BÔNE pendant la pêche de 1824. Fort probablement la pêche du corail.

          Le général comte de CORNULIER LUCINIERE décrit ainsi sa rencontre avec ces pêcheurs le 26 mars 1832 : " Ces petits bateaux marchaient à la rame et à la voile. C'était les corailleurs qui arrivaient de LIVOURNE pour commencer leur pêche. Rien de plus gracieux et de plus marin que le type de ces bateaux corailleurs, il est sans doute fort ancien, mais il serait difficile de faire mieux (…) La plupart des corailleurs sont des toscans, des napolitains et des siciliens. Ces pêcheurs partent d'Italie vers la fin mars et viennent à la côte d'Afrique. Leurs bateaux sont excellents mais non pontés. Leur équipage se compose toujours de dix hommes et d'un patron. Les pêcheurs ne reçoivent pour ration que du biscuit et de l'eau (…) Ces hommes ont encore à subir une vie très dure. Ils sont toujours occupés à virer leurs filets, et, quand il fait calme, il leur faut ramer pendant des journées entières (…) Quand le mauvais temps se déclare, tous les pêcheurs viennent à la côte et hâlent leurs vaisseaux à terre avec une extrême promptitude. Les Arabes ne les inquiètent pas ; leur bienveillance est achetée par des cadeaux de corail et un commerce clandestin de poudre. " (78) Les Toscans, les Napolitains et les Siciliens ne sont pas les seuls à fréquenter les côtes bônoises, les Corses aussi. Le 23 mai 1816, des corailleurs ajacciens sont massacrés en rade de BÔNE par les barbaresques alors que cinquante gondoles corses y pêchaient. (79).

          Assistent aux épousailles : Antoine BOCOGNANO, déjà présent au mariage MURGANTI / HACIACO, Jean DOMINICI, négociant âgé de 25 ans, Célestin BOURGOIN, 23 ans, propriétaire qui deviendra maire de BÔNE de septembre 1870 à février 1878 et Charles Auguste GUERIN TOUDOUZE, 49 ans, défenseur, avocat. Jean DOMINICI est non seulement un compatriote de Dominique FILIPPI mais aussi un voisin car il est né au hameau de GRANAGIOLO près d'ERSA.

          Un autre mariage corse, le 30 août 1836, celui entre Dominique CERVOTTI, marin, né le 7 fructidor an XII de la république (25 août 1804) demeurant à BÔNE et Pétronille PUGLIESI LAMBROSCHINI, née le 18 octobre 1809 et habitant ordinairement à AJACCIO nous donne quelques indications sur cette communauté corse.

          L'acte de mariage nous apprend que la famille CERVOTTI est aussi originaire d'AJACCIO. Le père du marié : Bonaventure CERVOTTI et son épouse, Marie Hélène ROSSI vivent d'ailleurs à AJACCIO. Sont témoins aux épousailles : Antoine Paul BOCOGNANO déjà présent aux mariages MURGANTI / HACIACO et FILIPPI / MAGGINI et André FAVELLA témoin seulement au mariage MURGANTI / HACIACO. Les deux sont dits marchands. Le premier vend des comestibles. Pour le second, nous ne possédons pas de précision.

          Une étude des premières unions de la ville nous renseigne cependant sur ce dernier personnage dont la carrière présente beaucoup d'intérêt.

          André FAVELLA, en effet, âgé de quarante ans en novembre 1833, est lieutenant des douanes à BÔNE et s'occupe donc de la surveillance des exportations et importations. En mai 1835, comme nous l'avons vu, il est devenu négociant. Enfin, le 15 septembre 1840, lorsqu'il marie sa fille Pétronille avec Jean Baptiste ETIENNE, lieutenant au train des équipages en garnison à BÔNE, il est dit propriétaire.

          Les Corses ont donc assez souvent des époux ou des épouses voire même des témoins de même origine, de la même ville ou parfois même du même village. Ils semblent réussir à s'implanter plus facilement en Algérie car ils connaissent ce pays avant la conquête. Ils y acquièrent maisons et terres. Le marchand Dominique FILIPPI, dont nous avons parlé plus haut, est lui aussi devenu propriétaire lorsqu'il assiste au mariage, le 28 mai 1840, de Marie Magdeleine PERI, native d'AJACCIO, avec Pierre CHARRE, un " continental " natif d'AUBENAS.

Des unions postérieures
à une période de concubinage féconde

          Une autre information précieuse nous est donnée par le mariage CERVOTTI / PUGLIESI LAMBROSCHINI.

          Les époux, en effet, profitent de la cérémonie pour légitimer leurs trois enfants nés le 28 octobre 1830 (Marie Françoise), le 24 octobre 1832 (Hélène) et le 2 mars 1835 (Bonaventure). Ces légitimations sont fréquentes. Elles correspondent à un besoin de stabilité après une existence de soldat, de voiturier, de marin ou tout simplement pleine d'incertitudes.

          Ainsi, le 14 juin 1836, le mariage de Catherine Elisabeth PERRIMOND avec François COMMERSON, lieutenant au 59ème de ligne, nous apprend que les époux ont demandé la légitimation de leur fils Ernest né le 1er décembre 1834.

          Le 11 avril 1837, Auguste Nicolas LAVOUTE, boulanger, épouse Julie Elisabeth DORMOIS. Parmi les premiers arrivés à BÔNE, ce méridional, né à LAGARDE prés de TOULON, fils de propriétaire, exerce d'abord la profession de liquoriste. C'est ce qu'il déclare au mariage de Claude Joseph JACQUOTEY avec Suzanne WEGLER, le 11 novembre 1834. Il confirme ce choix, le 27 août 1836, lors de sa présence, toujours comme témoin, lors de l'union de Fleury PARCEINT avec Jeanne MICHOULIER. En 1837, le 17 janvier, lors du mariage d'Armand DROINARD avec Victoire HIVERT, il est devenu boulanger. Le 7 août 1838, témoin à nouveau lors des épousailles de Denis LEROY, un débitant de vins, avec Anne Catherine METTETAL, il donne comme métier celui plus prestigieux de négociant. Marchant de goutte, boulanger, négociant. Trois métiers en pas tout à fait quatre années mais toujours cependant dans la même ville. La vie dans la BÔNE coloniale des années 1830 demande de grandes capacités d'adaptation. C'est peut-être pour cela qu'Augustin Nicolas LAVOUTE légitime lui aussi sa fille, Julie Marie, née le 21 novembre 1836, lors de son mariage le 11 avril.

          Le 18 août 1840, de même, l'union de Claude Jude CHARTIER qui exerce un métier aventureux voire dangereux, celui de voiturier, avec Marie Magdeleine JOUANNAIS, voit les mariés réclamer la légitimation d'une fille, Julie Césarine, née le 14 octobre 1839.

          Enfin, le 15 mai 1841, lors des épousailles de Nicolas BESSON, employé des subsistances militaires, avec Marie Marguerite Barbe AUDIBERT sont reconnus deux enfants : Julie Fortunée Emilie née le 14 décembre 1838 et Joseph Ernest Xavier né le 27 avril 1841.

          En matière de légitimation, cependant, le record est battu par un officier : Luis Arnold ALLEGRO, l'un des héros de l'histoire de BÔNE avec le capitaine YUSUF.

          Dès le mois d'avril 1832, YUSUF a le souci d'étoffer son bataillon turc. L'endroit qu'il connaît et où il peut le mieux s'adresser pour recruter est la ville de TUNIS. Mais qui est ce YUSUF que les Français appellent Joseph ? (80)

          Né de parents français à LIVOURNE, capturé par les pirates barbaresques lors d'un retour de l'île d'ELBE, il est acheté par le bey de TUNIS qui en fait un mameluk. Placé auprès du ministre de la guerre à dix huit ans, commandant à vingt ans d'un corps de troupe chargé du recouvrement de l'impôt, il est victime d'intrigues qui l'obligent à chercher refuge auprès du consul de France, M. DE LESSEPS. Ce dernier lui trouve un passage à bord du brick " L'Adonis " qui le conduit à ALGER. Sa connaissance du monde indigène, sa maîtrise de l'arabe, de l'italien, du turc et du français le rend indispensable à l'état major général qui en fait un chef de la police puis un interprète. Sa conduite brillante lors des combats lui permet d'obtenir le grade de capitaine des chasseurs algériens. C'est sous ce titre qu'il participe à la prise de BÔNE.

          Maître de la ville, chef du bataillon turc, il lui faut plus de soldats pour remplacer ses pertes mais aussi pour satisfaire un rêve qu'il caresse : devenir bey de CONSTANTINE. Il va faire donc venir des guerriers de TUNIS. Peut être d'anciens camarades, des mameluks comme lui. (81) Pour mettre sur pied une petite armée, il s'adresse à Luis Arnold ALLEGRO, un italien de TUNIS dont l'acte de mariage, le 28 octobre 1851, nous apprend que le père a été consul. Proche du bey, familier du palais et de ceux qui le fréquentent, YUSUF connaît bien le corps diplomatique, ce qui lui sauve la vie lorsqu'il se voit menacé. On peut penser qu'il utilise, une fois à BÔNE, les liens qu'il a su nouer avec Luis Arnold ALLEGRO pour lui demander de recruter des volontaires afin de combattre à ses côtés en Algérie (82).

          Luis Arnold ALLEGRO va alors entreprendre une très belle carrière au service de la France. Lorsque, le 3 mai 1837, YUSUF part en congé, le capitaine de MIRBECK le remplace à la tête des spahis et le capitaine BERTHIER à celle du bataillon turc. Le lieutenant ALLEGRO, nommé Agha de l'infanterie, remplace ensuite ce dernier. (83)

          En 1840, le lieutenant ALLEGRO devient le chef du Bureau des Affaires Indigènes. Il parle parfaitement l'arabe et les bônois, toujours facétieux, le surnomment ALI EL NIGRO. Il se marie le 28 octobre 1851 avec une jeune indigène Khadîdja BENT TAHAR BEN TAHAR dont le père est un ancien employé du beylick. Il profite de la cérémonie pour faire légitimer Rosine née le 8 juillet 1842, Béatrix Marie née le 7 mars 1845, Joseph né le 27 octobre 1846, Salomon Alexandre né le 25 juin 1849 et Alexandre venu au monde six mois avant son mariage (24 avril 1851).

          Il est, bien sûr, quelque peu gêné de ces déclarations tardives, surtout qu'à cette époque il est devenu capitaine adjudant major au 3ème spahis. Il s'adresse au tribunal de première instance de BÔNE qui l'autorise à faire transcrire sur les registres de l'état civil les actes de naissance des enfants qu'il a reconnus. C'est chose faite le 4 septembre 1854.

          Devant le tribunal, il argue avoir été victime … des négligences de la sage femme qu'il avait chargée des déclarations successives, de ses fréquentes absences et des habitudes musulmanes de sa compagne !

          Le 30 août 1860, désireux " de remplir les vœux de la loi ", il fait déclarer son sixième enfant, Léonie Camille, par Justine SALAMO, sage femme installée rue Caraman. Il a cependant pris soin de la faire escorter par Eugène BOURNET, brigadier des spahis et Eugène BAZOUX, maréchal des logis au même corps, qui tiennent lieu de témoins.

          Un fait important est toutefois à considérer pour mieux comprendre cette pratique de légitimation tardive. Tous ces hommes campent sur une nouvelle frontière. Ils espèrent que leur nouvelle vie leur apportera un grand changement (84). Ils peuvent donc être restés célibataires, momentanément, par ambition, en attendant d'occuper une situation plus assise dans la société. Ils entretiennent une concubine reconnue et des enfants naturels pendant des années jusqu'à la cérémonie officielle du mariage, véritable " porte de passage " dans un autre monde, celui de la réussite reconnue et assumée.

L'absence de femmes

          Sur vingt mariages (85), quatre concernent des épouses ayant dépassé la trentaine. Albertine MOREAU, qui, le 13 janvier 1835, épouse Bernard MANDOUL, lieutenant au 3ème chasseur d'Afrique est proche de ses trente neuf printemps ; Marie QUERILHAC dont le mariage a lieu le 23 mars 1836, a dépassé les quarante et un ans ; Jeanne Pierre MICHOULIER, couturière, qui choisit d'épouser Fleury PARCEINT, maître ferblantier, le 27 août 1836, a atteint les quarante ans. Enfin, la plus jeune de ces mariées ayant dépassé la trentaine, Marie Ursule Rose MALAUCHE, cuisinière, affiche un peu plus de trente deux ans lorsqu'elle s'unit avec René RICHARD, garde champêtre, le 15 décembre 1836.

          A l'inverse, des jeunes filles à peine nubiles sont choisies comme épouses telle Marie Magdeleine JOUBERT, née le 23 juillet 1817 dont le mariage avec Jean Geoffroi POUCHIOU a lieu le 3 juin 1835. On peut citer aussi Juana Catelina PALMIERI Y ANTONIO, née le 25 novembre 1819, qui n'a donc pas tout à fait seize ans, lorsqu'elle épouse, le 4 septembre 1835, Jean Pierre Marius REY. On relève deux autres jeunes épouses de dix neuf ans, une encore d'un peu plus de 16 ans, Geneviève Hortense BITTARD née le 17 février 1819 dont le mariage avec Pierre FALUY, marchand, a lieu le 14 juillet 1836 et Rosaly LAVIE qui n'a pas encore dix sept ans lors de son mariage, le 4 septembre 1836, avec François GUIBAL (86).

          Ces mariages tardifs ou très précoces traduisent la rareté des femmes dans la BÔNE coloniale des années 1830. Confirmant la chose, citant l'intendant GENTY DE BUSSY, Marc BAROLI, dans son livre sur " La vie quotidienne des français en Algérie " note qu'en 1832, le chiffre des " filles " est très faible : " A BÔNE, à côté de cinq mauresques et d'une juive, on compte neuf françaises, deux espagnoles, une maltaise. " (87) Il ajoute un peu hâtivement que cette " importante immigration " permet à CLAUZEL d'attacher à chaque régiment une escouade de " blanchisseuses " ou de " cuisinières " . Dans cette optique, les pauvres " filles " ne devaient pas manquer de travail car, dans la BÔNE de 1836, parmi les troupes présentes lors de la première offensive sur CONSTANTINE (novembre - décembre) on compte le 3ème chasseurs d'Afrique, le 59ème de ligne, un autre régiment de ligne : le 17ème , le 6ème bataillon de la légion étrangère, le 2ème bataillon de vétérans …

          Pierre DIMECH reprend l'indication et écrit à son tour, dans le bulletin de France / Malte du 24 septembre 1978 que " parmi les femmes qui suivent l'armée, à BÔNE, on trouve des cantinières, des cuisinières, des blanchisseuses et qu'il y a entre autre une maltaise à côté de neuf françaises, de cinq mauresques, de deux espagnoles et d'une juive. " (88)

          Dans son ouvrage de 1986, Hubert CATALDO n'hésite pas, lui, à indiquer : " Dès cette année (1832), il y a à BÔNE, à ce moment-là : le 4ème et le 55ème régiments de ligne, le 3ème d'artillerie, la 15ème batterie, une compagnie du train des équipages, les auxiliaires turcs. Aussi [ajoute-t-il] la prostitution prospère-t-elle et déjà on compte cinq mauresques, une juive, neuf françaises, deux espagnoles et une maltaise qui professent. " (89)

          Il est un peu abrupt de qualifier ces femmes du titre de filles de joie. Un ouvrage récent de Pierre DARMON signale qu'à ALGER on compte une prostituée pour 23 colons en 1837 et ajoute : " la plus forte proportion se situe donc en 1840, avec une prostituée pour une quinzaine de colons en considérant qu'un immigré sur deux est un homme en âge et en mesure de fréquenter les femmes vénales. Les militaires portant cette proportion à 1 pour 30. " (90) En tenant compte, à BÔNE, d'une garnison de 5 500 hommes selon les chiffres avancés par Hubert CATALDO, de 800 immigrés européens, des 2000 maures et juifs ayant survécu à la guerre civile, le chiffre de ces dames serait sans doute plus proche des deux cents que des dix huit malheureuses citées plus haut (91).

          En tout cas, l'élément féminin manque et il faudra attendre les années cinquante pour voir le nombre des femmes atteindre à peu prés celui des hommes … soit, en gros, une génération après la conquête.

          Avant dernière constatation sur ces années 1835 / 1836, vues sous l'angle bien particulier des mariages, les informations fournies par les épousailles de Rosaly LAVIE et de François GUIBAL, le 4 septembre 1836.

" Gants jaunes " ou simples " colons " ?
La famille LAVIE

          La famille LAVIE est intéressante car elle est analysée par certains historiens comme l'une des familles de " colons aux gants jaunes " de la plaine de BÔNE (David PROCHASKA) (92). La définition donnée par Marc BAROLI de ces colons est la suivante :
          " Il s'agissait d'hommes jeunes, disposant de capitaux, le plus souvent de naissance aristocratique et d'opinions légitimistes, qui, se trouvant mal à l'aise dans la France de LOUIS PHILIPPE, vinrent tenter de faire fructifier leur bien dans les quelques arpents qui constituaient alors toute l'Afrique et où ils purent faire vraiment figure de seigneurs féodaux ". (93) David PROCHASKA ajoute que " le doyen des historiens" de l'Algérie coloniale, Charles André JULIEN est à l'origine du terme. Il distingue, dit-il, deux sortes de colons, le plus souvent une racaille (riff raff) appauvrie et ceux qui étaient appelés les " colons aux gants jaunes ", ceux avec assez de ressources financières pour éviter, en gros, "le travail manuel " (94).

          Nous remarquons au passage, que la racaille n'est autre que ce que l'on appelle plus dignement au Moyen-Âge : " il popolo minuto " et au XVIIIe et XIXe siècle, le prolétariat ouvrier et paysan. Prolétariat ouvrier et paysan en Europe, " racaille " dès que ledit prolétariat se risque hors d'Europe… Il est difficile aux déshérités de franchir les vastes étendues marines avec la même facilité que les marins, les soldats et les marchands …

          Qui est donc ce François Marc LAVIE qualifié du terme de " colon aux gants jaunes " ? Une brève biographie parue dans un ouvrage sur " les agriculteurs de la plaine de BÔNE " (95), nous apprend que, François Marc, né le 13 mars 1787 à BOURGUIGNON dans le Doubs, époux à 27 ans d'Elisabeth HARTEMANN âgée d'à peine quinze ans, est le fils d'un chirurgien colon à SAINT DOMINGUE : Marc David LAVIE. Ce dernier, rentré en France en 1785, élu député du Tiers Etat des Baillages de HUNINGUE et de BELFORT aux Etats Généraux de 1789, a un enfant naturel avec Jeanne CHOUFFOT qu'il reconnaît et qui reçoit donc le prénom de François Marc. En 1835, à quarante huit ans, après avoir réalisé de mauvaises affaires en métropole, François Marc débarque à BÔNE. Il est muni de lettres de recommandation du ministre de la guerre ; il bénéficie aussi de l'aide de quatre de ses aînés en âge de travailler (il est père de neuf enfants) et surtout de l'expérience de son père, ancien colon à SAINT DOMINGUE rappelons-le. Il est accompagné de deux ouvriers charrons et de deux menuisiers. Il a amené un matériel considérable avec lui : charrues, charrettes, instruments aratoires, moulins à huile et à farine.

          Voilà donc le fameux " colon aux gants jaunes ". Il est fils d'un révolutionnaire et connaît une situation financière difficile. Il conserve, certes, des contacts avec certains ministres, mais n'est-il pas fils d'un représentant du Tiers Etat sous un gouvernement Louis Philippard ? Il débarque à BÔNE où il est bien reçu, mais n'est-ce pas naturel ?

          Voilà au moins un colon qui débarque en amenant du matériel agricole et non le contenu de sa maison ou de son appartement … Il existe aussi à BÔNE, à notre connaissance, nous l'avons vu, au moins un officier, un capitaine de cavalerie, rattaché à l'état major du général d'UZER dont le père a été colon à SAINT DOMINGUE (96) : Alexandre Fortuné de LACOMBE. S'y ajoute peut être un autre officier : Amédée Ferdinand Michel LEPELETIER, vicomte de SAINT FARGEAU dont le père, ou l'oncle, a été député aux états généraux où il a pu connaître Marc David LAVIE. Ces situations professionnelle et politique antérieures connues par le père de François Marc ont peut-être été à l'origine de liens puissants … En tout cas, le général MONCK d'UZER le reçoit bien. Mais, avouons-le, il ressemble fort peu à la définition donnée plus haut. A BÔNE, en tout cas, Marc David va marier deux de ses enfants.

          Le 4 septembre 1836, Rosaly née le 7 octobre 1819 à DANJOUTIN dans le Haut Rhin épouse François GUIBAL, natif de PIGNAN dans l'Hérault. Cet homme de 32 ans exerce la profession de brasseur. Le secrétaire de la mairie, Ferdinand DESTREES mais surtout trois propriétaires : Joseph Armand DROMARD (39 ans), Charles THIERRY (35 ans) et Henri Michel BADENCO (34 ans) qui est aussi avocat, assistent au mariage.

          En 1838, l'année où la consommation de boissons à BÔNE atteint le chiffre de 1.600.000 francs, Marc David marie Caroline, née le 14 novembre 1820, toujours à DANJOUTIN avec Jean Nicolas GIME, un fabricant de liqueurs de 30 ans natif de DOMEVRE dans la Meurthe. Les épousailles ont lieu le 9 août. Le 29 mars précédant, le même Jean Nicolas GIME témoin au mariage de Christophe LELIEVRE, débitant de liqueurs, et de Thérèse LAUTIER est dit aussi distillateur.

Pas de hiérarchie établie

          Ces deux derniers mariages nous permettent d'effectuer une dernière constatation.

          Dans cette terre de conquête récente, il n'y a pas de hiérarchie établie. Métiers et situations familiales changent au gré de l'évolution économique et sous l'effet des maladies. Un élément, toutefois, demeure. Cette prise de BÔNE et le maintien de la France dans cette ville, nécessitent de nombreuses troupes qui génèrent d'importantes dépenses dans un pays où les ressources sont inexistantes. Ceux qui possèdent marchandises et boissons sont donc maîtres de la situation. Sans eux pas d'occupation, pas de poursuite de la guerre de conquête. Ils réalisent des bénéfices certainement considérables qui leur permettent de grimper très vite dans la hiérarchie sociale pour devenir les parents et les commensaux des hommes de guerre souvent nobles avec lesquels ils peuvent partager une passion commune pour la terre. Marc David, avec la capacité d'analyse que lui donne sa situation de fils de colon, l'a bien compris. Il marie ses filles aux hommes qui lui semblent être les plus aptes à les entretenir dignement, des hommes déjà enrichis par un commerce : celui de la boisson sous toutes ses formes !

1837 " l'attrait de PHILIPPEVILLE "

          En 1837, la population européenne a plus que triplé. On compte 2622 européens dont 954 français (97) et 975 maltais (98).

          On trouve, cette année la première mention d'un nom maltais, une minorité qui va jouer un rôle important dans la ville.

          Le 7 janvier 1837, Jean Antoine MONDY, tailleur de pierre, épouse une veuve d'origine maltaise : Vicentia Maria XUEREB veuve de Jean Baptiste BORG. Vicentia exerce le métier de couturière. L'acte de mariage a été bâclé car nous ne possédons pas les dates de naissance, les lieux d'origine et la mention des publications traditionnelles de mariage. Pas de témoins maltais aux épousailles. On note un menuisier : François ROBERT (26 ans), un marchand de vins : Jean SCHNELL (25 ans) (99), un propriétaire : Michel DENIS (46 ans) et le secrétaire de mairie : Charles Ferdinand DESTREES (40 ans).

          Le premier mariage maltais n'a lieu, comme nous le verrons, qu'en 1840. Doit-on considérer que les maltais ont attendu que la situation de la colonie soit plus stable avant de fonder des familles ? C'est possible mais l'explication principale réside surtout dans les habitudes du pays. Un jeune homme épouse une fille de son village. S'il préfère une étrangère, elle est mal vue car tout le monde se pose naturellement la question suivante : " Pourquoi les hommes du village de la jeune fille n'ont-ils pas choisi de l'épouser ? ". Pèse alors sur elle le soupçon de tares cachées ou d'une vie trop libre ce qui bien sûr, ne la désigne pas à être une bonne épouse et encore moins une bonne mère.

          On peut donc avancer sans crainte de se tromper que les maltais sont arrivés à BÔNE en couples mariés, certains sans doute avec enfants. D'autres comme célibataires.

          Enfin, il est fort probable que, pendant plus de sept ans, les hommes seuls ont dû retourner à Malte, dans leur village, pour s'y marier et ce pour deux raisons. La première a été exposée : le manque de femmes. La seconde, elle, est liée au poids des traditions qui exigent qu'un jeune homme épouse une fille de son village (100).

          En 1837, le nombre des mariages s'élève à vingt, c'est-à-dire qu'il y en a autant que durant les deux années précédentes.

          Ce nombre en augmentation traduit une plus grande confiance des " colons " en l'avenir d'un établissement français stable. L'état major français prépare, après l'échec cuisant de la première offensive destinée à s'emparer de CONSTANTINE (novembre 1836), une deuxième attaque à partir du camp de DREAN (à une journée de marche de BÔNE), de GUELMA (conquise en juin 1836) et de BÔNE. GUELMA et le camp de DREAN tiennent maintenant le rôle de têtes de pont détenu jusque là par BÔNE (101) qui se transforme en base arrière où convergent les troupes et le ravitaillement. Le bey de CONSTANTINE sent le danger puisqu'il entreprend de harceler DREAN et surtout GUELMA. Dix mille hommes (102) s'installent à BÔNE à partir du mois de juillet avant de prendre position au début du mois d'octobre dans les bases avancées en vue de l'assaut que tout le monde en France espère victorieux. Il l'est, puisque CONSTANTINE tombe le 13 octobre

          Le général en chef, le comte de DAMREMONT paie de sa vie la prise de la ville (103) mais la chute de CONSTANTINE marque surtout aux yeux de tous, la volonté de la France de s'établir définitivement en Afrique du Nord. Toute installation de " colon " est donc amenée à durer et cette clarification des objectifs va dynamiser la colonisation.

          Certes, en ce qui concerne BÔNE, les caractéristiques de la cité ne vont pas évoluer du jour au lendemain. Base arrière des expéditions militaires, ville de garnison, elle demeure encore pour des années le lieu où arrive le ravitaillement des troupes et le passage obligé du matériel et des colons nécessaires à l'établissement de la conquête.

          Une base arrière avec ses " défauts " aux yeux des contempteurs de la colonisation. Ainsi sur les quatre vingt témoins assistant à ces vingt mariages de l'année 1837, on découvre bien sûr que la profession la plus représentée est celle des métiers liés au commerce des alcools (6), celle des négociants (5) ou des marchands (7) soit 22.50 %. On entend déjà les termes péjoratifs retentir à nos oreilles : " affairistes ", " mercantis ", " trafiquants ", " bistrotiers " et d'autres mots encore plus négatifs. Cependant, si nous ne nous intéressons qu'à l'Histoire, si nous chassons de notre analyse la morale dans laquelle baignent toutes les études actuelles, si nous nous posons les bonnes questions surtout au nombre de deux, notre vision des choses change et nous pouvons que comprendre ces chiffres.

          La première s'impose : comment nourrir en effet dix mille hommes de troupes, leurs chevaux et les bêtes de somme, 2500 européens et environ 3000 indigènes dans une ville entourée de marécages, dont les fermes des faubourgs et de la plaine toute proche sont en cours d'aménagement ? Soit donc plus de quinze mille personnes et des centaines d'animaux sans rencontrer de grands problèmes. Nous nous devons alors de saluer le travail des officiers du génie, le sens de l'organisation du commandement militaire et la présence efficace des marchands et des négociants. Car à BÔNE, cette année-là, tout vient de la mer… ou de la razzia.

          La seconde question est encore plus basique. Comment occuper ces dix mille hommes de troupe, ces colons qui sont restés en ville ? La chasse, peut-être, dans les marécages qui bordent la ville ; les bals organisés par les officiers supérieurs. Mais ces distractions ne concernent pas la troupe et le petit peuple des " colons ". Le théâtre ne sera inauguré que le 26 avril 1856, les cafés chantants n'existent pas encore. Certes, dans une salle peu commode on a le mérite de commencer à jouer des drames, des opérettes, voire des opéras, mais la chronique théâtrale du journal de BÔNE : " La Seybouse " en 1846 le dit bien : " Quel plaisir trouvez-vous dans une salle aussi bien disposée pour que les spectateurs y soient étouffés par la chaleur, pour ne laisser ni voir, ni entendre ? "

          Alors, les militaires qui ne sont pas astreints à des tâches du génie, à des travaux agricoles ou à la garde des fortifications, mais aussi certains colons, traînent leurs guêtres dans la petite ville à la recherche de chaleur, de convivialité et d'amitié. Un réconfort dans la désespérance d'avoir échoué là et surtout d'y demeurer faute d'argent pour repartir pour beaucoup, à cause d'un orgueil trop grand pour certains ou des exigences du métier pour les militaires.

          Il est alors dit Albert CAMUS : " pour un homme pauvre qui ne se plaît pas chez lui, il est une maison plus accessible, riche, illuminée et toujours accueillante : c'est le café (…) Il y règne cette chaleur de troupeau qui est le dernier refuge contre les terreurs de la solitude et ses vagues aspirations. " (104).

          Les cafés à BÔNE sont légion et avec eux les bistrotiers, marchands de vins et de liqueurs, les distillateurs. Là trouvent refuge dans la " chaleur du troupeau " égaré sur une côte africaine peu hospitalière, des hommes qu'il ne faut pas considérer comme des brutes avinées.

          Dans les cafés ils soignent leur mélancolie, leur désenchantement, leur solitude de célibataire forcé, leur regret de la " belle France ", celui parfois d'un foyer abandonné ou d'un ancien métier. Ni or, ni argent à se partager, pas de populations dominées à se répartir et encore moins de titres comme les conquistadores. Par contre beaucoup de poussière, de chaleur, de maladies mortelles, de terres en friche ou à mettre en valeur, des bâtiments en ruine dans un environnement souvent hostile. On comprend mieux à BÔNE, l'importance de la consommation d'absinthe, de champoreau, de vins ou de liqueurs.

          Le bistrot n'est pas que " l'assommoir " de l'ouvrier, il est, en cette possession du Nord de l'Afrique, celui des " colons " et des militaires. Et si l'on veut faire fortune très vite, il faut être marchand ou limonadier. Rien d'étonnant donc à ce que, en 1838, " la consommation de boissons atteigne prés de 1.600.000 francs, soit plus de 22 % des importations alors que les denrées alimentaires représentent 29 % en valeur. " (105) Devons-nous juger avec mépris les marchands, les négociants et les traiter de " trafiquants " ou de " mercantis ", les débitants de boissons, de tenanciers " d'édens frelatés " ? (106)

          Quand on vit dans un " grand mouroir " (107) on utilise, pour se soigner, les médicaments que l'on peut y trouver. P. DARMON le dit bien : " la ville de BÔNE offre l'exemple typique d'une ville d'Algérie dévastée par les foyers de pestilence ", et de citer un intendant militaire qui écrit : " BÔNE offre l'aspect d'une ville bombardée, ruinée de fond en comble, d'une ville de deuil et de désolation. " (108). Le texte date de 1837 et P. DARMON d'attribuer à la conquête la situation dantesque d'une ville ravagée en fait, non pas par la conquête, mais par la guerre civile entre le bey auto proclamé de BÔNE et celui de CONSTANTINE, et d'oublier surtout aussi que, dès le départ, les troupes françaises doivent nourrir les quelques centaines d'individus qui subsistent de la population antérieure à la rivalité meurtrière entre IBRAHIM Bey et AHMED Bey. Il n'est pas le seul, malheureusement, à écrire à sa manière l'histoire d'une Algérie qui n'existe pas encore. Rappelons-le à nouveau, il est aujourd'hui nécessaire, avant de rédiger quoi que ce soit, de considérer chaque ville, chaque village, dans son originalité, comme une île appartenant à un archipel perdu dans une mer de tribus. Chaque tribu, elle aussi, mais ce n'est pas notre propos, possédant son statut particulier et évoluant dans un espace qui lui donne sa spécificité.

          Viennent ensuite, parmi les témoins, les maçons ou entrepreneurs en bâtiment (cinq) puis les menuisiers (trois) et les tailleurs de pierre (trois). Quoi de plus normal dans une ville en pleine reconstruction ?

          Autre constatation que nous révèle l'étude des mariages en 1837, la baisse du nombre des militaires parmi les témoins. De 43 % en 1833 / 1834, le chiffre passe à 10.2 % en 1837. Mais, nous le savons déjà, la population européenne a triplé, ce qui explique la baisse du nombre des militaires parmi les témoins.

          Le nombre, aussi, des promises plus âgées que leurs futurs maris reste toujours important. C'est le cas dans huit mariages (109) soit 40 % des unions contre seulement 4 épouses plus âgées sur les vingt mariages de 1835 / 1836 (20 %). La situation, sur ce plan, ne s'améliore pas et l'on note que deux mariages unissent des veuves avec des veufs (mariage DROINART / HIVERT du 17 janvier et mariage PETIT-JEAN / ROBERT du 6 mai) ou des célibataires avec des veufs ou des veuves (trois mariages : celui de Maria XUEREB veuve BORG avec Jean Antoine MONDY (7 janvier) ; de Jeanne POIREL veuve TARAILLE avec Adolphe Théodore COLSON (26 janvier) ; de François Balthazar ROUBAUD avec Anne Marie MARCUS veuve TRAPP (décembre 1837). Quatre époux ou épouses sont décédés à BÔNE en 1834 (13 décembre 1834 : Anne CHAPELIER épouse de François PETIT JEAN), en 1835 (15 novembre : Jean TARAILLE époux de Jeanne POIREL - 17 novembre : Pierre ROMPAL époux de Victoire HIVERT) ou en 1836 (23 juin : Jean Baptiste MAXIMIN époux de Marie Antoinette Catherine ROBERT) et, sans doute aussi, Jean Baptiste BORG époux de Vicentia Maria XUEREB.

          La forte mortalité explique la rupture de nombreuses unions et le remariage rapide du (ou de la) survivant(e) quelque mois plus tard.

          Parmi les mariages qui se succèdent en cette année 1837, il faut noter celui de Louis Gabriel LEGENDRE avec Marie Françoise Clotilde LEROUX, le 13 juillet. Le promis et la promise sont blanchisseurs et tous deux originaires du village de BLARU, canton de BONNIERES, Seine et Oise. Ce mariage de " pays " est intéressant parce qu'il y est dit que l'épouse demeurant précédemment à BLARU est domiciliée à BÔNE, ce qui n'est pas le cas pour son époux qui habite " maison BITTARD ". Louis Gabriel LEGENDRE a sans doute fait venir Marie Françoise Clotilde LEROUX de son village pour l'épouser. Sans doute étaient-ils déjà fiancés ? Quant à la maison BITTARD, le nom ne nous est pas inconnu.

          Jean François BITTARD est l'un des témoins du mariage, il est âgé de 60 ans. C'est un " propriétaire " qui, un an plus tôt, est signalé comme marchand de vins au mariage de sa fille, Geneviève Hortense avec un marchand : Pierre GALLY. Il est l'exemple de ces débitants de vins, de liqueurs, de ces limonadiers qui ont réussi, qui possèdent maisons et terres et dont on dit que la puissance financière est à l'origine d'une " maison de commerce ". Lors du mariage, le 5 août 1840, d'Antoine FEUILLERAT (charretier) avec Constance PREVOT (cuisinière), l'acte de mariage indique qu'Antoine FEUILLERAT demeure rue Sidi Ferruch, " maison CAMELIN ", et Constance PREVOT, rue de la Surprise, " maison LABAILLE ". Il s'agit là, sans doute, soit du mariage d'employés des deux " maisons ", soit du mariage de locataires. Jean Joseph CAMELIN est un sellier qui s'est marié en 1833. Quand à la maison LABAILLE, il s'agit sans doute de celle de Jean et Louis LABAILLE, négociants rue Freart, présents au mariage d'Antonio FARRUGIA avec Gaëtana VELLA le 28 avril 1841. Jean LABAILLE est maire par intérim de BÔNE en décembre 1837 et janvier 1838 puis toujours maire par intérim d'avril à juin 1840. Les deux frères possèdent un moulin à vapeur installé en 1842. Jean LABAILLE est né, comme son épouse, à CAMPAN, dans les Hautes Pyrénées. Il décède le 7 juillet 1868 à BÔNE, rue Freart.

          Le terme " maison " traduit, à n'en pas douter, une ascension sociale. Elle existe aussi dans les catégories moins aisées. Louis MALLJEAN, bottier en 1834, lors de son mariage avec Marie Sylvie HIVERT, se dit marchand en 1837 (mariage du 17 janvier DROINARD / HIVERT). Grégoire MAZIERES lors de son mariage le 14 février 1836 indique exercer le métier de maçon. En 1837, le 26 janvier, témoin lors du mariage entre Adolphe COLSON et Jeanne POIREL, il est devenu entrepreneur de bâtiment.

          L'inverse existe aussi : Agricole LOCHE, 44 ans, témoin du mariage entre René RICHARD et Marie MALUCHE, exerce le métier de propriétaire en 1836 ; le 11 février 1839, à nouveau témoin lors d'un mariage, il figure sur l'acte comme concierge de la mairie de BÔNE.

          Les mariages de l'année 1837 nous révèlent sans doute aussi le nom d'un des artisans arrivé avec François LAVIE en 1835. Le 10 octobre 1837, Damien Bernard ROY, âgé de 36 ans, né à ST COSME dans le Haut Rhin (à 3 km de BELLEMAGNY) épouse Marie Madeleine JEANTET née le 28 janvier 1812, à BELLEMAGNY. Damien Bernard ROY est maître menuisier.

          Lorsque l'on se penche sur les noms et métiers des parents de la mariée, on constate qu'elle est la fille de Georges Charles JEANTET, cultivateur et surtout de Françoise HARTEMANN, tous deux demeurant à BÔNE. François LAVIE est marié à une Elisabeth HARTEMANN. Il est d'ailleurs témoin du mariage ROY / JEANTET. Sans doute est-ce l'un de ses " employés " qui se marie et, chose intéressante, le recrutement desdits " employés " s'est sans doute, totalement ou en partie, effectué par le biais de la famille. Une famille dont les parents et alliés sont présents en beaucoup plus grand nombre que ce que nous en savons : M. LAVIE arrive en mars 1835 de BELFORT avec du matériel, quatre de ses enfants les plus âgés et quatre artisans embauchés pour deux ans … (110).

          Autres mariages intéressants qui nous renseignent sur les premiers habitants de la ville, celui de François Balthazar ROUBAUD né le 1er février 1809 à MARSEILLE, avec Anne Marie MARCUS, née le 5 septembre 1809 à SARRELOUIS et veuve de Jean Adam TRAPP. Celui aussi d'Achille LEPETIT né le 18 septembre 1805 à CAEN avec Marie Anne Elisabeth ROUBAUD née le 24 mars 1817 et originaire de TUNIS. Le père et la mère de la mariée, Simon ROUBAUD et Louise ROMBI, dont il est bien précisé qu'ils sont français, sont domiciliés à BÔNE.

          Marie Anne Elisabeth - dont le grand-père et la grand-mère du côté paternel sont natifs d'AUBAGNE - Le grand-père meurt à BÔNE le 25 juillet 1834 à l'âge de 86 ans - a pour frères Simon ROUBAUD né à TUNIS vers 1805 et sous employé aux subsistances militaires, Joseph ROUBAUD lui aussi né à TUNIS vers 1816 et Jean Antoine Prosper ROUBAUD né à SMYRNE (Turquie d'Asie) le 17 février 1828. Cette famille serait donc partie d'AUBAGNE pour s'embarquer sans doute à MARSEILLE, séjourner à TUNIS une dizaine d'années puis à SMYRNE pendant quelque temps avant d'aboutir à BÔNE.

          L'acte de décès du grand-père nous apprend qu'il était boulanger ; son fils Simon Joseph, père de Marie Anne Elisabeth exerçait aussi la profession de boulanger ainsi qu'un et peut être deux de ses fils.

          La famille de Simon ROUBAUD fait montre d'une grande mobilité qu'expliquent sans doute les habitudes alimentaires des communautés françaises installées en Turquie et en Tunisie qui souhaitent disposer de bons artisans en particulier dans le domaine de la boulangerie.

          François Balthazar ROUBAUD est lui aussi boulanger. De même qu'un autre ROUBAUD peut être parent des précédents : Jacques Roch ROUBAUD. Ce dernier vit en concubinage avec la demoiselle Antoinette RIVANO (ou ROVANO). Il est père de cinq enfants qui sont nés : Antoinette le 24 février 1853, Louise Julie le 22 avril 1855, Simon Jean le 27 avril 1859, François Auguste le 17 mai 1864, Jean André le 29 juin 1867. Les actes de naissance et de décès de ces cinq enfants nous donnent les noms des boulangers de la ville dans les années 50-60 car Jacques Roch les a choisis comme témoins : Louis ALLARD et Paulin BONNAUD rue Damrémont en 1853 ; Casimir TOCHE rue Damrémont et Paulin BONNAUD rue Saint Augustin en 1855 ; Louis ALLARD rue Joseph et Louis PICAUD rue Damrémont en 1859 ; Philippe Antoine CALLENT rue Lemercier en 1864 et Jean Marie BUZET à Saint Anne en 1867.

          Notre boulanger, dont nous avons constaté que la faculté familiale à voyager est grande, se déplace aussi dans la ville en fonction sans doute de la population européenne. Celle-ci délaisse peu à peu la vieille cité turque, se loge à partir des années 1850 dans la nouvelle ville protégée par une ceinture de fortifications construite de 1853 à 1861 puis hors ville, Faubourg Sainte Anne, dans le quartier de la colonne RANDON. Ainsi habite-t-il rue Damrémont en 1853, une rue tournée vers les casernes, puis rue Caraman en 1859, un axe de circulation mieux situé car orienté vers la ville nouvelle qui s'édifie au-delà de la porte Bâb el Djedid percée dans les remparts de la vieille ville en 1856. Il déménage à nouveau ensuite puisque son domicile est situé, en 1864, rue Lemercier dans la ville neuve puis, hors ville, colonne Randon en 1867.

          Enfin, cette analyse des vingt mariages de l'année 1837 nous donne une idée de l'enracinement à BÔNE ou dans la campagne environnante de ceux qui viennent de fonder un foyer. Restent-ils sur place ? Se déplacent-ils à nouveau ?

          Car, bien sûr, nous connaissons déjà les difficultés rencontrées par les colons pour s'établir ; des colons pour lesquels il s'agit surtout de survivre et de réussir.

          Nous n'ignorons pas non plus que le gouvernement français demeure, à la fin des années trente, hésitant quant à l'avenir des nouvelles possessions françaises du Nord de l'Afrique. Doit-on se contenter d'une occupation restreinte ? Est-il possible de transformer la conquête en un état vassal ? Est-il imaginable, l'opération de police achevée, le " nid de pirates " éradiqué, d'abandonner le territoire conquis ? Peut-on concevoir de céder la possession française à un autre pays européen, l'Angleterre en l'occurrence ? La conquête, enfin, peut-elle être poursuivie et amplifiée ?

          Ces questions agitent les esprits politiques et autres en métropole. A toutes ces hypothèses donnant lieu à des débats passionnés, se joignent, à un degré moindre, les séduisants projets des utopistes désireux de faire de la conquête le champ d'expérience de leurs laboratoires d'idées.

          Hypothèses et élucubrations alimentent une incertitude nuisible à la colonisation.

          Cependant, en 1837, un élément de réponse est apporté à ceux qui, légitimement, s'interrogent.

          Le 13 octobre, CONSTANTINE est conquise. Un autre signal fort va être fourni à nouveau un an plus tard quand le maréchal VALEE, gouverneur " des possessions françaises du Nord de l'Afrique " décide de faire construire une cité nouvelle : PHILIPPEVILLE, sur les ruines de l'antique RUSICADE.

          A quoi bon, en effet, s'emparer d'une ville et en construire une autre si les " possessions française de l'Afrique du Nord " doivent être limitées ou si le choix de l'abandon ou de la cession peuvent être entérinés ? Est-il possible, aussi, d'envisager l'implantation d'un état vassal alors que l'émir ABD EL KADER est plus disposé à prêcher le " djihad " et à faire parler " le couscous noir " ?

          La solution choisie de l'occupation maintenue et élargie va être confortée, au début de l'année 1840, par la nouvelle appellation de la conquête : " l'Algérie " et, surtout, par la guerre menée contre les troupes de ABD EL KADER.

          Que deviennent dans ce tourbillon de projet divers frappés du sceau de l'indécision, les vingt familles françaises fondées à BÔNE en 1837 ?

          Une recherche portant sur les actes de naissance, les mariages et les décès de toute l'Algérie et fondée sur les noms des familles créées cette année-là, nous permet de constater que seules neuf de ces vingt familles s'installent à BÔNE et tentent d'y faire souche.

          Sur ces neuf familles, quatre s'éteignent rapidement à la suite de la mort du père : les familles KRUMBACH (mort de l'époux en 1839), LEGENDRE (mort du mari en janvier 1838, six mois après les épousailles), LEPETIT (décès du jeune marié le 22 janvier 1838 cinq semaines après son mariage), ROBERT (disparition du chef de famille en 1842).

          Pour les cinq autres, deux s'éteignent faute de descendance : la famille COLSON perd ainsi ses deux garçons : Théodore Alfred et Louis Camille aux âges de huit et onze mois et, semble-t-il, l'épouse âgée de plus de quarante ans ne peut avoir d'autres enfants. La famille DROGUET, quant à elle, ne peut avoir de descendance. Joseph DROGUET décède en son domicile à BÔNE, rue Suffren, à l'âge de 83 ans, le 6 janvier 1892. Son épouse finit ses jours à GUELMA, le 1er août 1883, âgée de 68 ans.

          Trois familles arrivent à faire souche et à s'installer de manière durable : celles de François PETIT-JEAN, de Jean Joseph REMUSAT et de François Balthazar ROUBAUD.

          Que deviennent les familles restantes ?

          Quatre disparaissent. Sans doute rentrent-elles en métropole. En tout cas, nous n'avons pas trouvé d'indications sur une éventuelle réinstallation dans une autre ville d'Algérie. Ce sont les familles BURG, JOANNAIS, BILLES et FAYOL. D'autres quittent BÔNE, avant poste de la colonisation en 1833, pour coller au plus près de la frontière mouvante que les expéditions militaires tracent continuellement.

          Ainsi la construction de la ville nouvelle de PHILIPPEVILLE en 1839 et 1840 attire les familles MONDY, DROMARD, MONDON, LAVOUTE et WAST.

          Jean MONDY exerce la profession de maçon, Armand DROMARD celle de marchand, Pierre MONDON est menuisier, Auguste LAVOUTE boulanger et Louis WAST tailleur d'habits.

          L'histoire de chacune de ces familles dont le chef n'a qu'un objectif : devenir propriétaire ou rentier, est porteuse de nombreux enseignements.

          Jean MONDY, maçon né à RONCENAC (Charente) décède le 19 juillet 1849 à PHILIPPEVILLE. Son épouse dont nous savons qu'elle s'appelle Vicentia, Maria XUEREB, veuve BORG, est devenue, à PHILIPPEVILLE, Rosalia BERENGER. L'acte de décès de l'épouse morte rue d'Orléans alors que son époux décède 14 rue Marengo, confirme le prénom de Rosalia et le nom de BERENGER. On indique cependant qu'elle est fille de Joseph et Marie et qu'elle est née à Malte. On oublie de préciser que son père porte le nom de XUEREB et sa mère celui de BONAVIA.

          S'agit-il là d'une erreur ? Peut être, mais répétée deux fois elle interpelle. Cette francisation d'une épouse " exotique " qui porte le nom de XUEREB à BÔNE et qui est devenue BERENGER à PHILIPPEVILLE est sans doute une expression du malaise qui règne entre les français et les autres populations colonisatrices. En effet, cette chrétienne, par ses habitudes et sa langue, est plus proche des indigènes musulmans que des conquérants français et cette situation matrimoniale de Jean MONDY a du susciter des remarques qu'une modification facile des prénoms et du nom de jeune fille dans la PHILIPPEVILLE naissante a sans doute fait taire.

          Armand DROMARD, tardivement marié (39 ans) à une épouse de prés de 41 ans, n'a pas eu de descendance à PHILIPPEVILLE mais il a gardé des liens avec d'autres " anciens bônois " puisque c'est Auguste Nicolas LAVOUTE, maître boulanger, qui déclare son décès. Ils se sont mariés la même année 1837 à BÔNE et Joseph Armand a fait partie des témoins d'Auguste Nicolas le 11 avril 1837. Peu de temps auparavant, le 17 janvier, Auguste Nicolas a agit de même lors du mariage d'Armand.

          Pierre Honoré MONDON, le menuisier, semble avoir réussi puisque son acte de décès, daté du 4 mars 1867, mentionne sa mort dans la banlieue de PHILIPPEVILLE, faubourg de l'Espérance, et indique qu'il est devenu propriétaire. Mais il décède sans descendance car les trois enfants nés de son union avec Anne BERTRAND sont morts en bas âge.

          Auguste Nicolas LAVOUTE a eu, lui, beaucoup plus de chance. Boulanger à son arrivée à BÔNE, il s'est laissé tenté par le commerce des alcools. En 1836, il est signalé comme distillateur, rue des Santons à BÔNE. Puis il revient à ses premières amours : la boulangerie.

          Sa vie avec Julie Elisabeth DORMOIS a été féconde. Neuf enfants lui sont nés, dont trois hors mariage sur les quatre déclarés à BÔNE. Au début des années quarante, sa venue à PHILIPPEVILLE a été suivie d'un bref séjour au pays natal, dans le Var. Son sixième enfant, d'ailleurs, a vu le jour en 1843 à TOULON. Seuls trois de ses descendants ont survécu. L'un d'eux, Vincent, devient pâtissier à PHILIPPEVILLE puis employé des chemins de fer.

          Devenu veuf, le 27 juillet 1876, de Julie DORMOIS, Auguste Nicolas est lui aussi dit propriétaire lorsqu'il décède, le 25 avril 1888, " maison LAVOUTE ", rue du Ravin à PHILIPPEVILLE.

          Louis Auguste WAST, le dernier à convoler en justes noces, à BÔNE, le 27 décembre 1837, avec Marie Anne BOÜE a eu une existence marquée par des changements de métiers, de multiples déplacements et une nombreuse progéniture.

          Père de dix enfants dont cinq survivent, il est tailleur d'habits à BÔNE en 1837, 1838 et 1839. L'année 1840 le voit propriétaire à PHILIPPEVILLE mais tout ne marche sans doute pas comme prévu car on le retrouve à CONSTANTINE en 1841. En 1848, il redevient tailleur d'habits puis maître bottier, en 1850, au 3ème régiment de chasseurs d'Afrique mais, là encore, sa situation n'est pas satisfaisante puisqu'en 1854 le voici à SETIF où il est marchand. Il est dit débitant, sans précisions, lorsqu'il décède à BIZOT, dans le département de CONSTANTINE, le 31 août 1869.

          Deux familles, enfin, choisissent, après BÔNE, la ville de GUELMA comme lieu de résidence : les ROY et les JUIN.

          Damien Bernard ROY, maître menuisier, et son épouse Marie Madeleine JEANTET, tous deux d'origine alsacienne, s'installent à GUELMA dans les années quarante. Damien Bernard y meurt à 71 ans, le 17 novembre 1871. Son acte de décès mentionne qu'il est propriétaire cultivateur. Ses enfants et petits enfants restent implantés à GUELMA.

          François JUIN, cantinier lorsqu'il épouse Marie Madeleine RICHARD, le 26 décembre 1837 à BÔNE, perd son épouse, toujours à BÔNE, le 16 avril 1844. Il se rend ensuite à GUELMA où il se marie, le 8 juin 1847, avec Anne Louise SURET dont la famille est déjà installée là. A cette époque, il se dit débitant, le 7 décembre 1848 lors de la naissance de son fils Pierre Louis. En 1851, le 11 février, il semble avoir réussi car il dit exercer la profession de colon cultivateur lors de la naissance de sa fille Julie Rose.

          S'en suit une période difficile qui voit François JUIN se rendre à PETIT (111). Ce village de colonisation qui porte d'abord le nom de MILLESIMO I s'appelle PETIT à partir de 1850. Là il continue à être colon cultivateur mais semble éprouver des difficultés dans le domaine de l'agriculture puisqu'on le retrouve momentanément garde champêtre en 1861. Pendant cette époque, il a quatre enfants, trois filles : Héloïse Françoise (8 octobre 1855), Marie Rose Augustine (5 janvier 1858) et Gabrielle Alexandrine Louise (15 décembre 1865) et un garçon : Joseph Edouard (12 juin 1861). On le retrouve à GUELMA en 1868 où, pour la naissance de son septième enfant : François Alexandre, il déclare être journalier. Il meurt 5 ans plus tard, à l'âge de 64 ans, le 10 août 1873, dans les locaux de l'hôpital militaire où il est hospitalisé. Sa profession est toujours celle de journalier mais il est cette fois domicilié à MILLESIMO, tout prés de PETIT. Son épouse, lors du mariage de sa fille Marie Rose Augustine avec Félix RITTLING, un cultivateur de MILLESIMO, le 20 juin 1874, dit exercer le métier de couturière.

          Voilà donc un homme qui a cherché à réussir que ce soit à BÔNE, GUELMA, PETIT ou MILLESIMO dans le commerce et l'agriculture mais qui, ainsi qu'en témoigne son acte de décès, a terminé sa vie comme journalier, obligeant sa veuve à exercer la profession de couturière.

          L'aventure coloniale dans son cas comme dans celui de Louis Auguste WAST n'a pas été une réussite. Le peu d'éléments en notre possession ne nous permet pas de dire cependant pourquoi une aventure porteuse d'espérance s'est transformée en odyssée voire en cauchemar.

          En résumé, ces vingt mariages de 1837, en dehors d'une idée de la composition professionnelle de la population européenne forcément parcellaire, car n'apparaissent pas encore les minorités italienne, maltaise, espagnole, et de la constatation connue du déséquilibre homme / femme, nous fait entrevoir la fragilité des familles menacées par une importante mortalité infantile. Deux, trois enfants ne sont pas suffisants pour assurer la pérennité du nom. Il est nécessaire pour un couple d'en mettre au monde sept, huit, neuf voire plus pour espérer voir survivre deux ou trois enfants. A cette fragilité des enfants s'ajoute celle des couples. Les parents, eux, sont guettés par les maladies qui peuvent frapper n'importe quand ainsi qu'en témoigne le décès d'Achille LEPETIT cinq semaines à peine après son mariage.

          Enfin, l'installation à BÔNE ou dans ses environs n'est envisageable que si elle amène une amélioration des conditions de vie, une élévation dans l'échelle sociale par un argent gagné rapidement. Nos " colons " sont des hommes pressés. Ils se déplacent et s'installent là où l'activité économique leur permet d'envisager de devenir un jour " propriétaire ", " rentier " ou maître de " maison ". Ils s'implantent là où leur travail a le plus de chances de leur rapporter des profits : une ville en construction (PHILIPPEVILLE), un camp militaire situé en avant poste (GUELMA), des villages de colonisation (PETIT, MILLESIMO), un point de rencontre, des voies de communication couplées à un marché important alimenté par une riche plaine agricole (SETIF). Malgré cela, les échecs sont fréquents et si la colonie est pour beaucoup terre d'espoir, elle est aussi pour certains un monde où les désillusions sont plus cruelles qu'ailleurs car celui qui arrive à réussir se trouve au départ sur la même ligne que celui qui échoue.
ANNEXE

      (76) Certains qualifieront le premier mariage de mariage " croisé " car l'épouse présente un acte de baptême délivré à NAVARIN. Claudine ROBERT GUIARD dans son ouvrage (op. cit. p 115) signale que " l'administration coloniale" et les familles distinguaient deux types de " mélanges " par mariage : "les unions entre européens et indigènes israélites ou musulmans qualifié de mariages mixtes et les unions entre français et étrangers d'origine européennes dit mariages croisés. "
      (77) Le cas de Marie Christine HACIACO soulève plusieurs questions. L'histoire nous apprend qu'à la suite de la bataille navale de NAVARIN, l'armée française débarque en MOREE à partir du 29 août 1828. Les soldats vont s'installer dans la presqu'île jusqu'à l'évacuation de l'armée égyptienne. Mais on sait aussi que la présence française va se poursuivre jusqu'en 1833. Marie Christine HACIACO n'a pas fait partie des " non grecs " évacués de MOREE, fin 1828, qui ont pris la destination de SMYRNE. Orpheline, a-t-elle été " adoptée " par les troupes françaises qui s'installent à NAVARIN ? Est-elle la parente d'un des turcs de la garnison de BÔNE ? Fait-elle partie de ces nombreuses femmes qui suivent les troupes françaises : vivandières, cantinières, blanchisseuses, couturières et prostituées ?
Est-elle enfin la " domestique " d'un des négociants témoins du mariage ? Il est impossible en l'état actuel de nos connaissances de répondre à ces interrogations.
Il existe d'autres jeunes filles originaires de MOREE :
1) à BÔNE : DIMITROULA ou DEMITROUL, 20 ans en 1834, donne naissance à Gustave Marius DEMITROUL le 19 novembre 1834. Le nouveau-né décède le 27 novembre. En 1836, le 6 août, elle met au monde Marie DIMITROULA. DIMITROULA ou DEMITROUL est native de NAVARIN.
2) à LA CALLE : Hélène MUSTINA née en 1803 à CALAMA en MOREE. Cette dernière est fille de feu MUSTINA de MITRY et de Marie " domiciliés " en leur vivant au dit CALAMATA. Elle épouse en premières noces Joseph CATTANI, un italien de TRIESTE et se remarie en 1845 avec un patron de barque corailleur napolitain : François Xavier SERPE. Le même François Xavier SERPE, devenu débitant de boissons à LA CALLE, marie le 23 décembre 1845 à BÔNE sa fille Rose, Anne, Sylvie SERPE, née à SAINT JACOB (TOSCANE), tout juste âgée de 15 ans, avec Vincent PALOMBA, né à TORRE OCTAVIA (Royaume des deux Siciles) le 2 octobre 1817. Vincent est patron corailleur et son père Joseph exerce le même métier.
      (78) Général comte de CORNULIER LUCINIERE op. cit. p 124, 125, 126
      (79) La guerre de courses en méditerranée 1515 / 1830, ouvrage collectif, op. cit. p 248
      (80) Le personnage de YUSUF, Joseph en français, admiré autrefois par les historiens est aujourd'hui très controversé. A titre d'exemple, voilà comment P. DARMON (op. cit. p 62) le considère : " Un certain YUSUF, aventurier de grande envergure mais de piètre moralité … ".
Cet homme, capturé jeune par des pirates barbaresques et élevé comme un janissaire, a joué le même rôle que la malintche ou la malintzin, TENEPAL de son vrai nom, Dona Maria pour les espagnols, lors de la conquête de l'empire Aztèque par les espagnols de Hernan CORTES (1519).
      (81) Général comte de CORNULIER LUCINIERE op. cit. p 269 : " Des aventuriers arrivent de TUNIS pour s'enrôler avec les turcs de YUSUF ".
      (82) Parmi ces anciens camarades volontaires pour servir dans le corps auxiliaire des turcs et des arabes sous le commandement de YUSUF, on peut aussi citer Salvador, Angel, Raphaël BAXU né à QUARTO (SARDAIGNE) le 21 septembre 1815. Compagnon de YUSUF à TUNIS, ancien mamelouk, il est admis aux spahis de BÔNE en qualité d'interprète auxiliaire de l'armée. Il se marie le 5 février 1852 (AM n°5) avec une maltaise : Joaquina FABRI native de LA VALETTE où elle a vue le jour le 12 août 1834. Il est alors sous lieutenant au 3ème régiment de spahis en garnison à BÔNE ; Le 18 septembre 1855 il est le père d'une fille : Victoire Virginie, née à BÔNE (AN 231 du 19 septembre) qui va épouser successivement deux lorrains : Nicolas Hélie HALLOT (AM 114 du 9 novembre 1875) puis, son époux étant décédé le 20 mars 1889, le frère de son défunt mari : Jules Gustave HALLOT le 12 juillet 1894.
Il est aussi le père d'une autre fille : Adélaïde Louise Antoinette BAXU qui possède la particularité d'être née à SOUSSE, régence de TUNIS, dans le courant de janvier 1858. Salvador a sans doute éprouvé le besoin de revenir avec son épouse en Tunisie où il a passé sa jeunesse de mamelouk. Il perd son épouse Joaquina FABRI, dont le prénom et le nom ont été francisés en Jeanne FABRE, le 21 avril 1861 à CONSTANTINE. Lors du remariage de sa première née, il est dit décédé à MONDOVI village de colonisation près de BÔNE.
      (83) H. CATALDO op. cit. T III p 19
      (84) Comme leurs prédécesseurs, les conquistadores, ces hommes ont quitté la France pour s'établir dans les possessions françaises d'Afrique du Nord, pour s'imposer et s'affirmer socialement. " Ir a valer mas ", " partir pour valoir plus " comme le signale Ruggiero ROMANO dans son ouvrage sur " Les conquistadores " Questions d'Histoire FLAMMARION 1972 p 36. Comme les conquistadores, ils entretiennent des concubines dont ils ont des enfants naturels. Ils légalisent leurs unions et leurs enfants par le mariage lorsqu'ils estiment avoir réussi.
      (85) Comme en Europe, durant les périodes épidémiques, on ne se marie pas. En 1835 le dernier mariage a lieu le 21 octobre, au tout début d'une terrible épidémie de choléra (voir graphiques et étude des décès durant cette période). En 1836, de même, nous n'enregistrons aucun mariage du 22 septembre au 15 décembre. La ville est à nouveau touchée par une épidémie de choléra.
      (86) Le mariage entre Rosaly LAVIE et François GUIBAL a une issue tragique, comme beaucoup de mariages à cette époque. François GUIBAL décède le 9 août 1838. Il exerçait le métier de brasseur impasse d'Arcole et habitait rue d'Armandy. Quelques mois plus tard, sa fille Elisa Claire GUIBAL, née le 24 décembre 1837, décède à son tour le 5 décembre 1838. Moins de trois ans auparavant, François GUIBAL avait perdu sa sœur Elisa, âgée de 22 ans, le 13 novembre 1835, durant l'épidémie de choléra.
      (87) Marc BAROLI (op. cit. p 15).
      (88) Pierre DIMECH, BULLETIN France / Malte n°24 septembre 1978
      (89) Hubert CATALDO (op. cit.) T III p 16
      (90) Pierre DARMON (op. cit.) p 198 d'après une étude d'Emile BERTHERAND
      (91) Hubert CATALDO T III op. cit. p 16
      (92) David PROCHASKA op. cit. p 66
      (93) Marc BAROLI " La vie quotidienne … " op. cit. p 33
      (94) David PROCHASKA op. cit. p 66
      (95) G. BAILLY " A la mémoire des agriculteurs de la plaine de BÔNE " p 96
      (96) Il existe un autre homme originaire des Antilles : François Jean Guillaume MESTRE, chirurgien major à BÔNE, dont on trouve le nom au bas de tous les actes de décès de la période 1832 / 1835. Il poursuit sa carrière à l'hôpital de PHILIPPEVILLE avant de prendre sa retraite à BÔNE, " hors ville ", " chemin de ceinture " où il possède sans doute une villa.
      Originaire de " l'Isle GRAND TERRE " en Guadeloupe (quartier du MOUL) où il est né le seize brumaire an X de la république (7 novembre 1801), il est le fils de Raymond MESTRE et de Dame Joséphine MIEGEVILLE.
      Comme un certain nombre d'européens de ces années-là, il n'est pas marié mais il vit en concubinage avec une demoiselle Marie DE SANTIS (ou DESSANTIS) dont il a deux enfants :
      - Françoise Marie Louise DE SANTIS née le 11 décembre 1834 et
      - Jules Alphonse DE SANTIS né le 26 décembre 1836.
Il épouse, la quarantaine venue, le 24 octobre 1841, Françoise Marie OURSE née à SAINT RAPHAEL le 6 février 1825. Le père de Françoise Marie est décédé à NAVARIN le 16 mai 1833. Sans doute, installé en Algérie à BÔNE, a-t-il vu dans l'intervention française en MOREE l'occasion de réaliser des profits importants en vendant des boissons et de la nourriture aux troupes dont il connaît bien les habitudes car il a été restaurateur limonadier, place Rovigo, à BÔNE.
La mère de Françoise Marie : Madeleine GAUD, appartient à une famille de boulangers. Son oncle, Barthélemy GAUD exerce le métier de " maître boulanger " rue Damrémont. Les familles OURSE et GAUD se connaissent bien puisqu'elles sont originaires du même village : LE MUY, arrondissement de GRADIGNAN, dans le Var.
Dans le livre de Louis ARNAUD : " BÔNE, son histoire, ses histoires " on trouve à la page 10 la phrase suivante : " L'élite de la population tournait en rond autour d'elle [la place d'Armes ex place Rovigo], le dimanche matin à la sortie de la messe, ou venait en fin de journée s'asseoir aux terrasses des grands cafés WITOWSKY et OURS (SIC) pour se délasser des fatigues de la chaleur ou du travail. " Madeleine GAUD, veuve OURSE, a, en effet, continué l'activité de son défunt mari pour finir par posséder un des plus beaux cafés de BÔNE.
L'alliance évoquée plus haut, du sabre, de la boutique, du troquet et de la charrue, semble là se confirmer même si nous ne pouvons apporter la preuve que des membres des familles GAUD, OURSE et alliées (comme la famille SALENAVE) qui sont dits " propriétaires " possèdent effectivement des terres.
Au mariage MESTRE / OURSE les témoins sont de qualité. On relève la présence de trois négociants : Jean LABAILLE, membre d'une des familles les plus puissantes de la ville, Jean LABAILLE est maire de BÔNE par intérim en décembre 1837 et janvier 1838 puis à nouveau maire, toujours par intérim, en avril, mai, juin 1840] ; Martial OLIVIER ; Louis MALJEAN. Le quatrième témoin n'est autre qu'un commissaire de police : Silvestre HAURE, compagnon de la première heure avec lequel François Jean Guillaume MESTRE effectuait toutes les constatations des décès.
De son épouse légitime il a deux autres enfants :
- Louis Marie Raoul MESTRE né le 21 décembre 1847 (acte 248) et
- Louis Marius François MESTRE né le 21 avril 1860 (acte 140).
Au lendemain de ses soixante ans, François Jean Guillaume MESTRE reconnaît ses deux enfants naturels par les actes de naissance 403 et 404 du 30 novembre 1861.
Qu'est devenue Marie DE SANTIS ? La compagne des premiers jours de la conquête ? Lors du mariage, le 5 mai 1863, d'Alexandre ROCHOUX avec Françoise Marie Louise DE SANTIS / MESTRE, elle est dite décédée mais la preuve légale de sa mort ne peut être apportée ni son dernier domicile connu indiqué. Le père de la mariée, les futurs époux et les témoins affirment cependant son décès. Tout ce que nous savons d'elle c'est qu'au moment de la naissance de son deuxième enfant, elle réside rue Sidi Ferruch et qu'elle est âgée de 24 ans.
Peut-être est-ce une jeune fille d'origine corse ? Il est, en tout cas, des destins dont il vaut mieux ne pas faire état …
François Guillaume MESTRE, après avoir donc échappé aux nombreuses épidémies qui ravagent la ville au XIXe siècle, meurt dans son lit, en son domicile de la rue du Cadi, le 7 décembre 1886, à l'âge de 85 ans.
      (97) Hubert CATALDO (op. cit.) T III p 20
      (98) Marc DONATO (op. cit.) p 119
      (99) Jean SCHNELL orthographié aussi SCHENEL est un ex ouvrier de l'administration qui s'est marié le 26 mai 1835 avec Marguerite ADAMY. Jean est lorrain et originaire de METZ (Moselle). Son épouse est aussi lorraine, mosellane, de NEUFRANGE REMELFRINGE. Ces deux jeunes mariés vont devenir " suiveurs de camp " et vendre vin et nourriture aux troupes engagées dans la première expédition de CONSTANTINE. Une de leurs enfants, Magdeleine SCHNELL naît en juin/juillet 1836 camp DREAN. Une autre fille, Marie SCHNELL, née à ALGER le 14 septembre 1834, enfant naturelle non reconnue lors du mariage, décède camp CLAUZEL (du maréchal CLAUZEL) à BÔNE le 23 septembre 1836. Sa sœur Magdeleine lui survit peut de temps puisqu'elle meurt à BÔNE le 7 décembre.
      Antoine MONDY a été témoin lors du mariage de Jean SCHNELL et de Marguerite ADAMY. Cette dernière a sans doute une sœur plus âgée d'un an (ou une parente) à BÔNE puisqu'une Elisabeth, habitant rue (ou place) des Numides comme la famille SCHNELL, perd son enfant naturel, la petite Augustine âgée de 14 mois, le 29 août 1836. Augustine est née à CUERS département du Var et c'est le sieur Joseph GOICHOT, 39 ans, officier des chasseurs d'Afrique qui déclare le décès.
      (100) Autre hypothèse plausible, les maltais auraient privilégié le mariage religieux et boudé le mariage civil.
      (101) Les bases avancées, en dehors de GUELMA (60 km de BÔNE) et de DREAN sont aussi constituées par les camps de NECHMEYA (40 km au S.O. de BÔNE) et HAMMAM BERDA (15 KM au Nord de GUELMA).
      (102) Dix mille selon Hubert CATALDO (op. cit. T III p 20).
      Seize mille selon Pierre DARMON (op. cit. p 65).
      (103) Il meurt le 11 selon H. CATALDO, le 12 selon G. FLEURY (op. cit. p 206), et est toujours vivant selon Pierre DARMON qui écrit dans son ouvrage : " Un siècle de passions algériennes … " (op. cit. p 66) " Effrayé par son audace (la prise de la ville), DAMREMONT tentera encore de négocier avec AHMED (bey) qui mènera une vie errante jusqu'en 1848, date de sa soumission et de sa mort… "
      (104) Albert CAMUS : " La mort heureuse " Folio GALLIMARD 1971 p 65
      (105) Hubert CATALDO : " La BÔNE … " T III (op. cit.) p 20
      (106) Selon un mot de P. DARMON dans son ouvrage (op. cit. p 197)
      (107) Le terme est de P. DARMON. C'est le titre de son chapitre V.
      (108) P. DARMON op. cit. p 130
      (109) Dans l'un de ces mariages, celui de François JUIN, cantinier, avec Marie Madeleine RICHARD, le futur époux est dit être né le 27 juin 1808 et sa promise le 7 novembre 1808. L'analyse des documents postérieurs au mariage nous apprend qu'en fait, François JUIN est né le 27 juin 1809. Peut-être François JUIN a-t-il eu la coquetterie de se vieillir … Comme Napoléon BONAPARTE lors de son mariage avec Joséphine de BEAUHARNAIS.
      (110) L'étude ultérieure des actes confirme cette impression.
Nous savons qu'Elisabeth HARTMANN, épouse LAVIE, est née à FONTAINE, canton de BELFORT (Haut Rhin) à une dizaine de kilomètres de BELLEMAGNY. Françoise HARTMANN, épouse du sieur Georges JEANTET, cultivateur, a une fille Françoise qui épouse Joseph ESCHAINE né à SAINT COSME (à trois kilomètres de BELLEMAGNY) comme Damien Bernard ROY. Elle est sans doute une parente (sœur ?) d'Elisabeth HARTMANN. Les enfants LAVIE sont nés à DANJOUTIN, dans la banlieue Sud de BELFORT. Ajoutons aux familles ROY, JEANTET et ESCHAINE, celle de Charles THIERY, époux de Marie CUENIN (ou GENIN).
Charles THIERY comme Marie CUENIN sont aussi originaires de DANJOUTIN. Ces familles de " cultivateurs " sont mobiles, aussi bien dans leur métier que dans leur implantation géographique. Georges JEANTET, propriétaire, est décédé à GUELMA le 19 avril 1853 (AD59). Après son débarquement à BÔNE, en janvier 1836, de la gabare de l'état " Le Finistère ", Charles THIERY se retrouve aubergiste à CONSTANTINE (acte de naissance 72 de son fils Léon Ferdinand en 1847). Il est dit en son vivant " employé " lors de l'acte de mariage de sa fille Marie Joséphine THIERY née à DANJOUTIN le 31 janvier 1832 avec le négociant Gabriel PASQUET (acte de mariage 23 du 5 juin 1852, état civil de CONSTANTINE). Marie CUENIN, quant à elle, décède à PHILIPPEVILLE le 9 janvier 1873 (AD n°9) où réside son fils Léon. Mais aussi des " pays " : les RINGENBACH (orthographié aussi REGEMBACK). Le père François Xavier RINGENBACH meurt le 15 août 1842 à PHILIPPEVILLE, au numéro 3 de la rue d'Orléans. Il exerce le métier de cabaretier et a vu le jour à MASEVAUX dans le Haut Rhin. Ses deux filles Ursule Hortense et Joséphine Clémentine se marient rapidement à l'âge de 15 ans et trois mois pour la première née le 27 août 1827 à DANJOUTIN ; à l'âge de 15 ans et deux semaines pour la seconde native de MONTBELIARD (acte de mariage 28 du 24 novembre 1842 pour Ursule Hortense).
      (111) PETIT : village de colonisation fondé en 1848 sur 8166 ha. Il s'appelle d'abord MILLESIMO I et porte le nom de PETIT à partir du 23/07/1850. Il est situé sur la route de GUELMA à DUVIVIER, à une dizaine de kilomètres de GUELMA.

      
A SUIVRE



CARTES POSTALES de BÔNE
Collection M. Roger Sabaton.

ENTREE DU PORT
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PORT
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LES QUAIS
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QUAI WARNIER
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QUAI WARNIER et les DOCKS
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COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
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L'EL-DJEZAÏR
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LE DJURDJURA
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LE CIRCE
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LE CIMETIERE ARABE au LEVER de L'AURORE
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ANECDOTE
Trouvée sur GALLICA
Un Extrait du Bulletin de la société de Pathologie Exotique, tome 39 de 1946.
LA STELE DE MAILLOT Á BÔNE

              Un hommage à LAVERAN, au cours de la séance du 9 janvier 1946, consacrée au paludisme par la Société de Pathologie exotique en France, et à l'Institut Pasteur répond à une tradition. Cet hommage en appelle un second, celui qui doit être rendu à F. MAILLOT dont l'œuvre médicale exotique prépara, sur le plan clinique, la découverte de l'hématozoaire du paludisme par LAVERAN.
              Un rapprochement d'un sens symbolique profond peut être fait entre l'activité de ces deux hommes de science. L'oeuvre médicale exotique de MAILLOT, qui aboutit à une connaissance clinique précise des fièvres palustres, conduisit LAVERAN, de la clinique, à l'étude anatomo-pathologique de la mélanémie et à la découverte de l'hématozoaire du paludisme. Or, les voies d'accès naturelles qui mènent à Constantine, où LAVERAN confirma sa découverte en 1880, passent par Bône où MAILLOT a isolé, des fièvres continues, les pseudo-continues palustres et a institué le traitement de ces états pathologiques par le sulfate de quinine à haute dose.
              C'est d'ailleurs dans le vieil hôpital de Bône où MAILLOT inscrivit l'essentiel de son œuvre que LAVERAN reconnut, pour la première fois en 1878, les schizontes et les corps en croissant de P. faleiparum ; c'est là aussi qu'il supposa la nature parasitaire de ces éléments. LAVERAN, avec la simplicité supérieure qui était un des traits de son caractère, relate ce fait dans la conférence qu'il fit à Stockholm en 1907, lorsque l'Académie Suédoise des Sciences lui attribua le prix Nobel. Voici comment. il s'exprimait alors : En 1878, après avoir terminé mon temps d'agrégation à l'Hôpital Militaire du Val de grâce, je fus envoyé en Algérie et chargé d'un Service à l'Hôpital de Bône. Un grand nombre de mes malades étaient atteints de fièvres palustres et je fus naturellement amené à étudier ces fièvres dont je n'avais connu en France, que des formes rares et bénignes. J'eus l'occasion de faire l'autopsie de sujets morts de fièvre pernicieuse et d'étudier mélanémie, c'est-à-dire la formation de pigment noir dans le sang des sujets atteints de lièvres palustres. Je trouvai qu'il s'agissait de parasites.
              Après une maturation de 2 ans, en 1880, à l'Hôpital de Constantine, LAVERAN démontrait la nature parasitaire de " l'impaludisme".
              Ainsi s'établit la relation qui conduit de l'oeuvre de MAILLOT à celle de LAVERAN ; par une logique et étrange convergence, l'hôpital de Bône aura été le berceau de deux découvertes, l'une préparatoire mais nécessaire, l'autre essentielle, de malarialogie.
              FRANÇOIS CLÉMENT MAILLOT était un lorrain laborieux, perspicace et persévérant, issu d'une famille médicale des marches de l'Est. II naquit à Briey (Moselle) le 23 Pluviôse an XII (13 février 1804), en 1834 il est médecin en chef de l'hôpital de Bône qu'il quitte en 1835 pour rentrer en France. Il meurt à l'âge de 90 ans, le 24 juillet 1894, à Paris, rue du Vieux-Colombier.

              L'œuvre médicale exotique de MAILLOT se résume dans deux découvertes importantes d'ordre clinique :
              1) La mise en évidence des fièvres continues ou, pour employer la terminologie de MAILLOT, des " pseudo-continues " palustres.
              2) Le traitement des fièvres palustres par le sulfate de quinine à haute dose.

              Il codifie la posologie du sulfate de quinine et la proportionne au degré de gravité de la maladie portant les doses administrées de 16 à 40 grains par jour, soit de 1 à 2 gr/jour.

              Sur le plan de la pratique médicale et les faits, quels sont les résultats obtenus par MAILLOT à Bône ? Ils ressortent partiellement des deux statistiques suivantes : En 1833, avant MAILLOT, il y eut, à l'hôpital de Bône, 6704 entrants et 1526 décès, soit 23% environ. Du 9 février 1834 au 21 février 1835, MAILLOT reçut Bône, dans ses salles, 3765 malades, le nombre des décès fut de 135, soit 3,4% environ, c'est-à-dire sept fois moindre. La statistique, pour l'hôpital de Bône, dans son ensemble, enregistrée en 1835, donne 11593 entrants, 5o8 décès, soit 5%.
              Ces résultats, traduits par la statistique, se retrouvent de façon amusante, sur le plan psychologique, dans la relation suivante figurant dans le discours prononcé par le Médecin Inspecteur DUJARDIN BAUMETZ aux obsèques de MAILLOT en 1894(5) : " C'était alors que l'on voyait les malades traités dans les service, voisins de celui de M. MAILLOT, mais par des méthodes anciennes, se hâter d'abandonner leurs lits pour se disputer ceux que, non plus les décès, mais les convalescences laissaient dans les siens ; qu'un les entendait répondre à ceux qui s'étonnaient de les y trouver sans inscription régulière : je viens dans le Service où l'on guérit. " Attitude et réflexion peu conformes à la discipline militaire mais bien naturelles et non inattendues dans le cadre familier et patriarcal qu'était celui de l'armée de métier en campagne, en 1834 où tout le monde se connaissait un peu.
Source Gallica
Stèle commémorative de l'oeuvre de MAILLOT à l'hôpital de Bône.

              Le nom de François MAILLOT fut attribué à une place de sa ville natale (Briey), à une rue de Bône, au village de Souk-et-Tleta en Algérie et à l'ancien hôpital du Dey à Alger en 1881.
              Parmi les monuments qui rappellent l'oeuvre et la mission de MAILLOT, le plus émouvant est certainement la simple stèle indigène qui est située à l'entrée de la chapelle du vieil hôpital de Bône.
              Ci-dessus, nous pouvons y lire l'inscription gravée : " L'emploi du sulfate de quinine à haute dose dans le traitement des fièvres intermittentes, pseudo-continues et pernicieuses, autrefois si meurtrières, inauguré à Bône en 1833 par le Médecin-major MAILLOT a sauvé des milliers de soldats et fut le salut de la colonisation. Le nom de MAILLOT doit être placé parmi ceux qui honorent la France et l'Humanité. "

UNE SENTINELLE DANS LES ETOILES
Envoyée par différentes personnes

Le Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc
     est décédé, Paix à son âme…     

                 Lundi 26 août 2013 est mort un Grand Homme, un Grand Français, le légionnaire parachutiste du 1er REP, Hélie Denoix de Saint-Marc.
        Pour faire simple au point d'en faire " ségrégationismement ", nombre de médias (notamment ceux de l'audiovisuelle source principale d'information de nombre de nos concitoyens par ce qui est trop souvent " une boite de prêt à penser ". Le papier cela salit les doigts et oblige à annoter, à critiquer, bref à réfléchir….) ne retiendront " que " " résistant et putschiste "…bien que sa longue vie, bien et très remplie, ne s'arrêta pas qu'à cela même s'il y puisait l'essentiel de ce que fut son existence. S'il résista c'est que son indignation était telle qu'il ne pouvait en être autrement, résister, même si s'indigner est une étape indispensable pour entrer en résistance. Ce qui était vrai hier l'est tout autant aujourd'hui.

        Donc, en hommage à ce grand Français, arrêtons-nous un instant sur cela : " résistant et putschiste ".
        Alors s'il fut tout à son Honneur, il en savait le poids et le prix à payer, d'avoir été résistant à 19 ans parmi d'autres authentiques résistants de la 1ère heure, quand nombre de Français collaboraient et quand d'autres plus nombreux encore " regardaient ailleurs " en attendant des jours meilleurs où ils sauraient pour certains devenir des combattants de la 25ème heure s'auto-gratifiant et s'auto-congratulant… Cela fut tout autant à son Honneur d'avoir été le 21 avril 1961 putschiste quand d'autres préférèrent une forme d'abdication/collaboration devant et avec le pouvoir en place (en s'affirmant alors commodément " légitimiste ", souvent par souci de " préserver (son) l'avenir ") alors pris la main dans le sac de haute trahison à la parole (dont l'on sait qu'elle est ciselée de l'argent le plus pur) donnée aux populations civiles algériennes.

        Celle, harkie massacrée à hauteur de 80000 personnes (tache de honte indélébile sur le drapeau français), celle algérienne d'origine européenne et juive plurimillénaire ethniquement purifiée (même si en Droit International le terme n'existait pas encore), mais aussi l'arabo-berbère abandonnée à un pouvoir incapable, implacable, tyrannique, corrompu qui s'empressa de se mettre dans les draps tous chauds de ceux qu'il avait - avec la complicité tacite du pouvoir français - chassé, les propos, en off, recueillis des leaders nationalistes en apportant la preuve (pouvoir algérien dont la France savait bien depuis longtemps qu'il était vérolé. De Gaulle lui-même qui entendait s'incarner en elle ayant dit et écrit " qu'il faudrait être fou pour abandonner l'Algérie à une bande d'égorgeurs " ! On sait ce qu'il en fit…). Un inamovible pouvoir entre les mains desquelles l'Algérie se désagrège depuis 51 ans…

        La France et son gouvernement d'alors se contenta de se laver les mains à bien mauvais comptes qu'elle continue de rendre (lire Alain Peyrefitte dans " C'était De Gaulle " à ce sujet) se rendant coupable (comble du déshonneur en totale opposition avec l'engagement pour l'honneur d'hommes comme Hélie Denoix de Saint-Marc) de non-assistance à compatriotes en danger, quand sa " passivité " n'encourageait pas l'ignominie (Cf les massacrés harkis et les civiles par centaines à Oran le 05 juillet 1962. Lire de l'historien reconnu Jean-Jacques Jordi, Soteca 2011, " Un silence d'Etat. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie ")!

        D'ailleurs, les choses à venir étaient si évidentes à envisager que dès 1963 une guerre interne revue le jour en Algérie pour la prise d'un Pouvoir depuis lors entre les mains de ceux pour lesquels l'honorable peuple algérien est un paillasson sur lequel ils se font sans discontinuer la semelle de leurs chaussures dorées aux pétrodollars….peuple cherchant désespérément depuis de fuir l'harraga de toutes les manières imaginables , notamment pour aller vers le faux Eldorado de l'ancienne métropole. Une Algérie de 1962 à nos jours toujours aux mains des mêmes, de leurs affidés et de leurs héritiers devant laquelle la France fait des courbettes, comme récemment devant la dépouille de Ahmed Ben Bella qui devant l'Histoire (car ce moment-là finira par arriver) aura des comptes à rendre et sera déboulonné, comme d'autres co-responsables français et algériens de ce désastre, du piédestal où il fut confortable (comme " solde de tous comptes ") de le hisser...

        Un largage que des Algériens un jour rencontrés traduisirent en me disant " vous (la France) nous avez abandonné au milieu du gué ! "…Pour ma part je ne me sens pas concerné par ce " vous "…
        Algérie, qu'as-tu fait de ton indépendance ? Il n'est pas indécent au moment de la mort de ce Grand Homme attaché si précisément à une phase douloureuse de son histoire récente, de se poser la question, que nombre d'Algériens se posent également, faisant fi des querelles de clochers et de minarets, par simple souci de salubrité publique et de vérité historique due à ceux, de tous bords, ayant eu à souffrir et souffrant encore. Ce n'est en cela pas une volonté de règlement de comptes que refusa dans ces multiples écrit Hélie Denoix de Saint-Marc devenu vers la fin de sa vie conférencier et écrivain de talent dont je vous suggère d'aller à la rencontre des livres, c'est la place à laisser à l'Histoire, toute l'Histoire rien que l'Histoire pour que la réconciliation entre la France et l'Algérie soit franche et totale, en guise de Paix entre nos peuples et entre ceux qui par ce qu'ils sont font la synthèse, ce pont de fraternité partagée et retrouvée. Une Histoire que les historiens honnêtes et non inféodés commencent véritablement à écrire, les derniers témoins finissant de porter haut et dignement leur part de vérité en lègue aux générations montantes.

        Monsieur Hélie Denoix de Saint-Marc fut de cela. Qu'il en soit remercié.
" On ne naît pas fort, faible ou volontaire.
        On devient fort, on devient lucide "

        Camus, L'Etranger.
        Mes respects mon Commandant.

        Eric-Hubert Wagner, enfant d'Algérie, Le Port.
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   Hélie de Saint Marc,      
    les combats d'une vie    

Par Frédéric Pons

Le lieutenant hélie de Saint-Marc en Indochine Il se leva pour vivre, avec honneur et fidélité. Il le paya très cher. Il nous transmet les leçons d’une vie intense.

        Marcher à la rencontre d'une légende vivante est une joie profonde, doublée d'une légère inquiétude. Je suis à Lyon, à deux pas du parc de la Tête d'Or. Hélie de Saint Marc, 88 ans, m'attend. Je le sais affaibli. Comment vais-je trouver le soldat, l'écrivain, cette autorité morale qui subjugue par une vie d'engagements et d'épreuves au service de la France ? Marqué par la souffrance dès l'âge de 21 ans, Saint Marc a raconté son destin incroyable dans deux maîtres ouvrages, les Champs de braise (1995) puis les Sentinelles du soir (1999) - " le meilleur de mes livres " -, du jeune résistant de 1941, capturé par la Gestapo puis déporté à Buchenwald, jusqu'au commandant putschiste de 1961, condamné à dix ans de réclusion criminelle puis gracié en décembre 1966.
        Les yeux disent tout. Hélie de Saint-Marc me regarde avec malice et intérêt. Le regard d'azur a pâli mais livre, intacte, sa passion de transmettre et de comprendre. Il me tend son dernier livre, l'Aventure et l'Espérance (Les Arènes) : " J'approche du mystère et je me sens plus démuni qu'un enfant. "
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Grand-croix de la Légion d’honneur, en date du 25 novembre 2011.
Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation
Croix de guerre des TOE avec 8 citations
Croix de la valeur militaire avec 4 citations
Médaille de la résistance
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Croix du combattant
Médaille coloniale avec agrafe « Extrême-Orient »
Médaille commémorative de la guerre 1939-1945
Médaille de la déportation et de l’internement pour faits de Résistance
Médaille commémorative de la campagne d’Indochine
Médaille commémorative des opérations du Moyen-Orient (1956)
Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord (1958) avec agrafes « Algérie » et « Tunisie »
Insigne des blessés militaires
Officier dans l’ordre du mérite civil Taï Sip Hoc Chau
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Déclaration d’Hélie Denoix de Saint Marc
devant le haut tribunal militaire, le 5 juin 1961.


        « Ce que j’ai à dire sera simple et sera court.

        Depuis mon âge d'homme, Monsieur le président, j'ai vécu pas mal d'épreuves : la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d'Algérie, Suez, et puis encore la guerre d' Algérie…

        En Algérie, après bien des équivoques, après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l'adversaire, maintenir l'intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l'égalité politique.

        On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne ne pouvait ou ne voulait les faire. Nous avons mis dans l'accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme. Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes. Nous y avons gagné l'indifférence, l'incompréhension de beaucoup, les injures de certains. Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des dizaines de milliers de musulmans se sont joints à nous comme camarades de combat, partageant nos peines, nos souffrances, nos espoirs, nos craintes. Nombreux sont ceux qui sont tombés à nos côtés. Le lien sacré du sang versé nous lie à eux pour toujours.
        Et puis un jour, on nous a expliqué que cette mission était changée. Je ne parlerai pas de cette évolution incompréhensible pour nous. Tout le monde la connaît. Et un soir, pas tellement lointain, on nous a dit qu'il fallait apprendre à envisager l'abandon possible de l'Algérie, de cette terre si passionnément aimée, et cela d'un cœur léger. Alors nous avons pleuré. L'angoisse a fait place en nos cœurs au désespoir.

        Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d'abus de confiance et de reniement. Nous nous souvenions de l'évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Nous nous souvenions de Diên Biên Phû, de l'entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français.
        Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d'Afrique. Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse.
        Nous pensions à ces inscriptions qui recouvrent les murs de tous ces villages et mechtas d'Algérie : " L'Armée nous protégera, l'armée restera ".
        Nous pensions à notre honneur perdu.

        Alors le général Challe est arrivé, ce grand chef que nous aimions et que nous admirions et qui, comme le maréchal de Lattre en Indochine, avait su nous donner l'espoir et la victoire.
        Le général Challe m'a vu. Il m'a rappelé la situation militaire. Il m'a dit qu'il fallait terminer une victoire presque entièrement acquise et qu'il était venu pour cela. Il m'a dit que nous devions rester fidèles aux combattants, aux populations européennes et musulmanes qui s'étaient engagées à nos côtés. Que nous devions sauver notre honneur.
        Alors j'ai suivi le général Challe. Et aujourd'hui, je suis devant vous pour répondre de mes actes et de ceux des officiers du 1er REP, car ils ont agi sur mes ordres.
        Monsieur le président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c'est son métier.
        On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer.
        Oh ! je sais, Monsieur le président, il y a l'obéissance, il y a la discipline. Ce drame de la discipline militaire a été douloureusement vécu par la génération d'officiers qui nous a précédés, par nos aînés. Nous-mêmes l'avons connu, à notre petit échelon, jadis, comme élèves officiers ou comme jeunes garçons préparant Saint-Cyr. Croyez bien que ce drame de la discipline a pesé de nouveau lourdement et douloureusement sur nos épaules, devant le destin de l'Algérie, terre ardente et courageuse, à laquelle nous sommes attachés aussi passionnément que nos provinces natales.
        Monsieur le président, j'ai sacrifié vingt années de ma vie à la France. Depuis quinze ans, je suis officier de Légion. Depuis quinze ans, je me bats. Depuis quinze ans j'ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé.

        C'est en pensant à mes camarades, à mes sous-officiers, à mes légionnaires tombés au champ d'honneur, que le 21 avril, à treize heure trente, devant le général Challe, j'ai fait mon libre choix.

        Terminé, Monsieur le président. "

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Décembre 2004. Avec l'aimable autorisation d'Eric Soudan, photographe.
« QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS »

http://www.heliedesaintmarc.com/Quelques_vertus.htm


Quand on a connu tout et le contraire de tout,
quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,
on est tenté de ne rien lui dire,
sachant qu’à chaque génération suffit sa peine,
sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
font partie de la noblesse de l’existence.

Pourtant, je ne veux pas me dérober,
et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

«Il ne faut pas s’installer dans sa vérité
et vouloir l’asséner comme une certitude,
mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère».

A mon jeune interlocuteur,
je dirai donc que nous vivons une période difficile
où les bases de ce qu’on appelait la Morale
et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique,
sont remises constamment en cause,
en particulier dans les domaines du don de la vie,
de la manipulation de la vie,
de l’interruption de la vie.

Dans ces domaines,
de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
Oui, nous vivons une période difficile
où l’individualisme systématique,
le profit à n’importe quel prix,
le matérialisme,
l’emportent sur les forces de l’esprit.

Oui, nous vivons une période difficile
où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
tend à être occultée.

Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
Il faut savoir,
jusqu’au dernier jour,
jusqu’à la dernière heure,
rouler son propre rocher.
La vie est un combat
le métier d’homme est un rude métier.
Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

Il faut savoir
que rien n’est sûr,
que rien n’est facile,
que rien n’est donné,
que rien n’est gratuit.

Tout se conquiert, tout se mérite.
Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

Je dirai à mon jeune interlocuteur
que pour ma très modeste part,
je crois que la vie est un don de Dieu
et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît 
comme l’absurdité du monde,
une signification à notre existence.

Je lui dirai
qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
cette générosité,
cette noblesse,
cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
qu’il faut savoir découvrir ces étoiles,
qui nous guident où nous sommes plongés
au plus profond de la nuit
et le tremblement sacré des choses invisibles.

Je lui dirai
que tout homme est une exception,
qu’il a sa propre dignité
et qu’il faut savoir respecter cette dignité.

Je lui dirai
qu’envers et contre tous
il faut croire à son pays et en son avenir.

Enfin, je lui dirai
que de toutes les vertus,
la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres
et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres,
de toutes les vertus,
la plus importante me paraît être le courage, les courages,
et surtout celui dont on ne parle pas
et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

Et pratiquer ce courage, ces courages,
c’est peut-être cela.

«L’Honneur de Vivre» 
Hélie de Saint Marc

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        Les adolescents d'aujourd'hui ont peur d'employer des mots comme la fidélité, l'honneur, l'idéal ou le courage. Sans doute ont-ils l'impression que l'on joue avec ces valeurs - et que l'on joue avec eux. Ils savent que leurs aînés se sont abîmé les ailes. Je voudrais leur expliquer comment les valeurs de l'engagement ont été la clef de voûte de mon existence, comment je me suis brûlé à elles, et comment elles m'ont porté. Il serait criminel de dérouler devant eux un tapis rouge et de leur faire croire qu'il est facile d'agir. La noblesse du destin. humain, c'est aussi l'inquiétude, l'interrogation, les choix douloureux qui ne font ni vainqueur ni vaincu.

        Que dire à un cadet ? Peut-être, avec pudeur, lui glisser dans la paume de la main deux ou trois conseils : mettre en accord ses actes et ses convictions ; pouvoir se regarder dans la glace sans avoir à rougir de lui-même ; ne pas tricher, sans doute la plus difficile, pratiquer et tâcher de concilier le courage et la générosité ; rester un homme libre.

        J'ai toujours essayé de récupérer les débris de mon existence pour faire tenir debout mon être intérieur. Même en prison et réprouvé, j'ai cherché à être heureux.

        Un ami m'a dit un jour : " tu as fait de mauvais choix, puisque tu as échoué ". Je connais des réussites qui me font vomir. J'ai échoué, mais l'homme au fond de moi a été vivifié. Je tiens le courage en haute estime car il me semble contenir toutes les autres vertus.

        Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses … Pour ma part, j'avance au milieu d'incertitudes. J'ai vécu trop d'épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes.

        Ai-je toujours été fidèle ? Ai-je toujours agi selon l'honneur ? J'ai essayé, sans jamais y parvenir entièrement, d'être digne des autres et de la vie. Je ne connais pas de vérité tranquille. Je veux ajouter de la vie aux années qui me restent, témoigner de tout ce qui dure, retrouver la vérité de l'enfant que j'ai été. Simplement essayer d'être un homme.

Toute une vie
Éditions Les arènes

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        Le Commandant Hélie DENOIX de SAINT-MARC est décédé au matin du 26 août 2013.

        Ses obsèques ont eu lieu vendredi 30 août en la cathédrale de Lyon (place Saint-Jean 69005) à 15 heures.
        La messe a été célébrée par le cardinal Barbarin.
        Les honneurs militaires étaient organisés par le gouverneur militaire de Lyon.


        Eloge envoyée par Mme Odile PEREIRA DA SILVA


Eloge funèbre du
Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc,
prononcé par le général d'armée (2S) Bruno DARY,
Président de l'Association
des anciens légionnaires parachutistes (AALP)
le vendredi 30 août 2013 à Lyon.

        Mon commandant, mon ancien,

        Ils sont là, ils sont tous présents, qu'ils soient vivants ou disparus, oubliés de l'histoire ou célèbres, croyants, agnostiques ou incroyants, souffrant ou en pleine santé, jeunes soldats ou anciens combattants, civils ou militaires, ils sont tous présents, si ce n'est pas avec leur corps, c'est par leur cœur ou par leur âme ! Tous ceux qui, un jour, ont croisé votre chemin, ou ont fait avec vous une partie de votre route ou plutôt de votre incroyable destinée, sont regroupés autour de vous : les lycéens de Bordeaux, les résistants du réseau Jade-Amicol, les déportés du camp de Langenstein, vos frères d'armes, vos légionnaires que vous avez menés au combat, ceux qui sont morts dans l'anonymat de la jungle ou l'indifférence du pays, les enfants de Talung que vous avez dû laisser derrière vous, les harkis abandonnés puis livrés aux mains du FLN ! Je n'oublie pas vos parents et votre famille, qui ont partagé vos joies et vos épreuves ; il faut ajouter à cette longue liste, les jeunes générations, qui n'ont connu, ni la Guerre de 40, ni l'Indochine, pas plus que l'Algérie, mais qui ont dévoré vos livres, qui vous ont écouté et que vous avez marqués profondément ! Cette liste ne serait pas complète, si n'était pas évoquée la longue cohorte des prisonniers, des déchus, des petits et des sans-grades, les inconnus de l'histoire et des médias, ceux que vous avez croisés, écoutés, respectés, défendus, compris et aimés et dont vous avez été l'avocat. Eux tous s'adressent à vous aujourd'hui, à travers ces quelques mots et, comme nous en étions convenus la dernière fois que nous nous sommes vus et embrassés chez vous, je ne servirai que d'interprète, à la fois fidèle, concis et surtout sobre.

        Aujourd'hui, Hélie, notre compagnon fidèle, c'est vous qui nous quittez, emportant avec vous vos souvenirs et surtout vos interrogations et vos mystères ; vous laissez chacun de nous, à la fois heureux et fier de vous avoir rencontré, mais triste et orphelin de devoir vous quitter. Vous laissez surtout chacun de nous, seul face à sa conscience et face aux interrogations lancinantes et fondamentales qui ont hanté votre vie, comme elles hantent la vie de tout honnête homme, qui se veut à la fois homme d'action et de réflexion, et qui cherche inlassablement à donner un sens à son geste !

        Parmi tous ces mystères, l'un d'eux ne vous a jamais quitté. Il a même scandé votre vie ! C'est celui de la vie et de la mort. Car qui d'autres mieux que vous, aurait pu dire, écrire, prédire ou reprendre à son compte ce poème d'Alan Seeger, cet Américain, à la fois légionnaire et poète, disparu à 20 ans dans la tourmente de 1916 : " j'ai rendez-vous avec la mort " ?

        C'est à 10 ans que vous avez votre premier rendez-vous avec la mort, quand gravement malade, votre maman veille sur vous, nuit et jour ; de cette épreuve, vous vous souviendrez d'elle, tricotant au pied de votre lit et vous disant : " Tu vois Hélie, la vie est ainsi faite comme un tricot : il faut toujours avoir le courage de mettre un pied devant l'autre, de toujours recommencer, de ne jamais s'arrêter, de ne jamais rien lâcher ! " Cette leçon d'humanité vous servira et vous sauvera quelques années plus tard en camp de concentration. Votre père, cet homme juste, droit et indépendant, qui mettait un point d'honneur durant la guerre, à saluer poliment les passants, marqués de l'étoile jaune, participera aussi à votre éducation ; il vous dira notamment de ne jamais accrocher votre idéal, votre ''étoile personnelle'' à un homme, aussi grand fût-il ! De l'époque de votre jeunesse, vous garderez des principes stricts et respectables, que les aléas de la vie ne vont pourtant pas ménager ; c'est bien là votre premier mystère d'une éducation rigoureuse, fondée sur des règles claires, simples et intangibles, que la vie va vous apprendre à relativiser, dès lors qu'elles sont confrontées à la réalité !

        Puis, à 20 ans, vous aurez votre deuxième rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, vêtu d'un méchant pyjama rayé, dans le camp de Langenstein. Deux ans de déportation mineront votre santé et votre survie se jouera à quelques jours près, grâce à la libération du camp par les Américains. Mais votre survie se jouera aussi par l'aide fraternelle d'un infirmier français qui volait des médicaments pour vous sauver d'une pneumonie, puis celle d'un mineur letton, qui vous avait pris en affection et qui chapardait de la nourriture pour survivre et vous aider à supporter des conditions de vie et de travail inhumaines. En revanche, vous refuserez toujours de participer à toute forme d'emploi administratif dans la vie ou l'encadrement du camp d'internement, ce qui vous aurait mis à l'abri du dénuement dans lequel vous avez vécu. Vous y connaitrez aussi la fraternité avec ses différentes facettes : d'un côté, celle du compagnon qui partage un quignon de pain en dépit de l'extrême pénurie, du camarade qui se charge d'une partie de votre travail malgré la fatigue, mais de l'autre, les rivalités entre les petites fraternités qui se créaient, les cercles, les réseaux d'influence, les mouvements politiques ou les nationalités….
        Mystère, ou plutôt misère, de l'homme confronté à un palier de souffrances tel qu'il ne s'appartient plus ou qu'il perd ses références intellectuelles, humaines et morales !

        Vous avez encore eu rendez-vous avec la mort à 30 ans, cette fois, à l'autre bout du monde, en Indochine. Vous étiez de ces lieutenants et de ces capitaines, pour lesquels de Lattre s'était engagé jusqu'à l'extrême limite de ses forces, comme sentinelles avancées du monde libre face à l'avancée de la menace communiste. D'abord à Talung, petit village à la frontière de Chine, dont vous avez gardé pieusement une photo aérienne dans votre bureau de Lyon. Si les combats que vous y avez mené n'eurent pas de dimension stratégique, ils vous marquèrent profondément et définitivement par leur fin tragique : contraint d'abandonner la Haute région, vous avez dû le faire à Talung, sans préavis, ni ménagement ; ainsi, vous et vos légionnaires, quittèrent les villageois, en fermant les yeux de douleur et de honte ! Cette interrogation, de l'ordre que l'on exécute en désaccord avec sa conscience, vous hantera longtemps, pour ne pas dire toujours ! Plus tard, à la tête de votre Compagnie du 2° Bataillon étranger de parachutistes, vous avez conduit de durs et longs combats sous les ordres d'un chef d'exception, le chef d'escadron RAFFALLI : Nhia Lo, la Rivière Noire, Hoa Binh, Nassan, la Plaine des Jarres. Au cours de ces combats, à l'instar de vos compagnons d'armes ou de vos aînés, vous vous sentiez invulnérables ; peut-être même, vous sentiez-vous tout permis, parce que la mort était votre plus proche compagne : une balle qui vous effleure à quelques centimètres du cœur, votre chef qui refuse de se baisser devant l'ennemi et qui finit pas être mortellement touché ; Amilakvari et Brunet de Sairigné vous avaient montré le chemin, Segrétain, Hamacek, Raffalli et plus tard Jeanpierre, Violès, Bourgin, autant de camarades qui vous ont quitté en chemin. Parmi cette litanie, on ne peut oublier, votre fidèle adjudant d'unité, l'adjudant Bonnin, qui vous a marqué à tel point, que, plus tard, vous veillerez à évoquer sa personnalité et sa mémoire durant toutes vos conférences ! Et avec lui, se joignent tous vos légionnaires, qui ont servi honnêtes et fidèles, qui sont morts, dans l'anonymat mais face à l'ennemi, et pour lesquels vous n'avez eu le temps de dire qu'une humble prière. Tel est le mystère de la mort au combat, qui au même moment frappe un compagnon à vos côtés et vous épargne, pour quelques centimètres ou une fraction de seconde !

        10 ans plus tard, vous aurez encore rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, ce ne sera pas d'une balle perdue sur un champ de bataille, mais de 12 balles dans la peau, dans un mauvais fossé du Fort d'Ivry. En effet, vous veniez d'accomplir un acte grave, en vous rebellant contre l'ordre établi et en y entraînant derrière vous une unité d'élite de légionnaires, ces hommes venus servir la France avec honneur et fidélité. Or retourner son arme contre les autorités de son propre pays reste un acte très grave pour un soldat ; en revanche, le jugement qui sera rendu - 10 ans de réclusion pour vous et le sursis pour vos capitaines - montre qu'en dépit de toutes les pressions politiques de l'époque, en dépit des tribunaux d'exception et en dépit de la rapidité du jugement, les circonstances atténuantes vous ont été reconnues.
        Elles vous seront aussi été reconnues 5 ans après, quand vous serez libéré de prison, comme elles vous seront encore reconnues quelques années plus tard quand vous serez réhabilité dans vos droits ; elles vous seront surtout reconnues par la nation et par les médias à travers le succès éblouissant de vos livres, celui de vos nombreuses conférences et par votre témoignage d'homme d'honneur. Ces circonstances atténuantes se transformeront finalement en circonstances exceptionnelles, lorsque, 50 ans plus tard, en novembre 2011, le Président de la République en personne vous élèvera à la plus haute distinction de l'Ordre de la Légion d'Honneur ; au cours de cette cérémonie émouvante, qui eut lieu dans le Panthéon des soldats, nul ne saura si l'accolade du chef des armées représentait le pardon du pays à l'un de ses grands soldats ou bien la demande de pardon de la République pour avoir tant exigé de ses soldats à l'époque de l'Algérie. Le pardon, par sa puissance, par son exemple et surtout par son mystère, fera le reste de la cérémonie !….Aujourd'hui, vous nous laissez l'exemple d'un soldat qui eut le courage, à la fois fou et réfléchi, de tout sacrifier dans un acte de désespoir pour sauver son honneur ! Mais vous nous quittez en sachant que beaucoup d'officiers ont aussi préservé leur honneur en faisant le choix de la discipline. Le mot de la fin, si une fin il y a, car la tragédie algérienne a fait couler autant d'encre que de sang, revient à l'un de vos contemporains, le général de Pouilly, qui, au cours de l'un des nombreux procès qui suivirent, déclara, de façon magistrale et courageuse, devant le tribunal : " Choisissant la discipline, j'ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d'un abandon… Et pour ceux qui, n'ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l'Histoire dira sans doute que leur crime est moins grand que le nôtre " !

        Et puis, quelque 20 ans plus tard, alors que, depuis votre sortie de prison, vous aviez choisi de garder le silence, comme seul linceul qui convienne après tant de drames vécus, alors que vous aviez reconstruit votre vie, ici même à Lyon, vous êtes agressé un soir dans la rue par deux individus masqués, dont l'un vous crie, une fois que vous êtes à terre : " Tais-toi ! On ne veut plus que tu parles ! " Cette agression survenait après l'une de vos rares interventions de l'époque ; elle agira comme un électrochoc et vous décidera alors à témoigner de ce que vous avez vu et vécu à la pointe de tous les drames qui ont agité la France au cours du XXème siècle. Ainsi, au moment où vous comptiez prendre votre retraite, vous allez alors commencer, une 3ème carrière d'écrivain et de conférencier. Alors que le silence que vous aviez choisi de respecter, vous laissait en fait pour mort dans la société française, ce nouvel engagement va vous redonner une raison de vivre et de combattre ! Toujours ce mystère de la vie et de la mort ! Au-delà des faits et des drames que vous évoquerez avec autant d'humilité que de pudeur, vous expliquerez les grandeurs et les servitudes du métier des armes et plus largement de celles de tout homme. A l'égard de ceux qui ont vécu les mêmes guerres, vous apporterez un témoignage simple, vrai, poignant et dépassionné pour expliquer les drames vécus par les soldats, qui, dans leur prérogative exorbitante de gardien des armes de la cité et de la force du pays, sont en permanence confrontés aux impératifs des ordres reçus, aux contraintes de la réalité des conflits et aux exigences de leur propre conscience, notamment quand les circonstances deviennent exceptionnellement dramatiques. A l'égard des jeunes générations, qui n'ont pas connu ces guerres, ni vécu de telles circonstances, mais qui vous ont écouté avec ferveur, vous avez toujours évité de donner des leçons de morale, ayant vous-même trop souffert quand vous étiez jeune, des tribuns qui s'indignaient sans agir, de ceux qui envoyaient les jeunes gens au front en restant confortablement assis ou de notables dont la prudence excessive servait d'alibi à l'absence d'engagement. Vous êtes ainsi devenu une référence morale pour de nombreux jeunes, qu'ils fussent officiers ou sous-officiers ou plus simplement cadres ou homme de réflexion.

        Puis dans les dernières années de votre vie, vous avez aussi eu plusieurs rendez-vous avec la mort, car votre " carcasse " comme vous nous le disiez souvent, finissait pas vous jouer des tours et le corps médical, avec toute sa compétence, sa patience et son écoute, ne pouvait plus lutter contre les ravages physiques des années de déportation, les maladies contractées dans la jungle indochinoise et les djebels algériens, les conséquences des années de campagnes, d'humiliation ou de stress. Pourtant, vous avez déjoué les pronostics et vous avez tenu bon, alors que vous accompagniez régulièrement bon nombre de vos frères d'armes à leur dernière demeure ! Là encore, le mystère de la vie et de la mort vous collait à la peau.

        Et puis, aujourd'hui, Hélie, notre ami, vous êtes là au milieu de nous ; vous, l'homme de tous les conflits du XXème siècle, vous vous êtes endormi dans la paix du Seigneur en ce début du XXIème siècle, dans votre maison des Borias que vous aimiez tant, auprès de Manette et de celles et ceux qui ont partagé l'intimité de votre vie.
        Mais, Hélie, êtes-vous réellement mort ? Bien sûr, nous savons que nous ne croiserons plus vos yeux d'un bleu indéfinissable ! Nous savons que nous n'écouterons plus votre voix calme, posée et déterminée ! Nous savons aussi que, lors de nos prochaines étapes à Lyon, seule Manette nous ouvrira la porte et nous accueillera ! Nous savons aussi que vos écrits sont désormais achevés !


        Mais, Hélie, à l'instar de tous ceux qui sont ici présents, nous avons envie nous écrier, comme cet écrivain français : " Mort, où est ta victoire ? "

        Mort, où est ta victoire, quand on a eu une vie aussi pleine et aussi intense, sans jamais baisser les bras et sans jamais renoncer ?
        Mort, où est ta victoire, quand on n'a cessé de frôler la mort, sans jamais chercher à se protéger ?
        Mort, où est ta victoire, quand on a toujours été aux avant-gardes de l'histoire, sans jamais manqué à son devoir ?
        Mort, où est ta victoire, quand on a su magnifier les valeurs militaires jusqu'à l'extrême limite de leur cohérence, sans jamais défaillir à son honneur ?
        Mort, où est ta victoire, quand on s'est toujours battu pour son pays, que celui-ci vous a rejeté et que l'on est toujours resté fidèle à soi-même ?
        Mort, où est ta victoire, quand après avoir vécu de telles épreuves, on sait rester humble, mesuré et discret ?
        Mort, où est ta victoire, quand son expérience personnelle, militaire et humaine s'affranchit des époques, des circonstances et des passions et sert de guide à ceux qui reprendront le flambeau ?
        Mort, où est ta victoire, quand après avoir si souvent évoqué l'absurde et le mystère devant la réalité de la mort, on fait résolument le choix de l'Espérance ?

        Hélie, notre frère, toi qui a tant prôné l'Espérance, il me revient maintenant ce vieux chant scout que tu as dû chanter dans ta jeunesse et sans doute plus tard, et que tous ceux qui sont présents pourraient entonner : " Ce n'est qu'un au revoir, mon frère ! Ce n'est qu'un au revoir ! Oui, nous nous reverrons
        Hélie ! Oui, nous nous reverrons " !

        Oui, Hélie, oui, nous nous reverrons à l'ombre de Saint Michel et de Saint Antoine, avec tous tes compagnons d'armes, en commençant par les plus humbles, dans un monde sans injure, ni parjure, dans un monde sans trahison, ni abandon, dans un monde sans tromperie, ni mesquinerie, dans un monde de pardon, d'amour et de vérité !

        A Dieu, Hélie….A Dieu, Hélie et surtout merci ! Merci d'avoir su nous guider au milieu des " champs de braise ! "

        

LE JOUR DES LONGS COUTEAUX
Par Mme Marie Elbe
(Historia Magazine N° 206 – 1971) (Pour Rappel)

             ZIGHOUT YOUSSEF, commandant rebelle de la wilaya 2, celle du Nord Constantinois, entre, le 20 août 1955, dans la mythologie du F.L.N. par un coup d'éclat sans précédent dans la rébellion: l'insurrection généralisée de toute une région placée sous ses ordres.
             Un triangle que les routes de Constantine à Philippeville et de Constantine à El-Milia dessinent avec la mer. Au-delà, c'est encore la wilaya 2 mais, dans cetriangle, Zighout décide de porter son action. Là vivent 100 000 personnes environ dont une minorité européenne. La consigne est stricte : tuer tous les Français. Pour la première fois depuis 1954, on ne fait plus de différence entre ce qui porte un képi et la petite population rurale pied-noir. Dans la liste des villages condamnés à mort (trente-neuf exactement), deux vont illustrer d'emblée, par le poids du sang, des atrocités, et par l'innocence des victimes, les massacres du 20 août, sinistre remake, dix ans après, de la tragédie de Sétif : Aïn-Abid et El-Halia. Nous y reviendrons.
             - Pour l'heure, que cherche Zighout Youssef ?
             - Pourquoi le 20 août ?
             - Comment déclencher une insurrection généralisée avec seulement quelques centaines de rebelles et de fusils ?
             Zighout Youssef est un forgeron de Condé-Smendou. Un manipulateur du feu. Pour les Arabes, en Algérie, le for­geron est, par tradition, l'homme étrange
             Lié à des puissances occultes, il vit généralement à l'écart du village, dans une aura aussi fascinante qu'inquiétante. Zighout gravit les échelons classiques de tout cadre rebelle : le P.P.A. (il est conseiller municipal de Condé-Smendou sous cette bannière), l'O.S., la prison à BÔne, l'évasion, puis la clandestinité avant l'heure, dès 1951. Malingre, apparemment chétif, il se révèle, bizarrement, un remarquable organisateur de massacres dans la wilaya 2.
             Pour cela, il met au point une technique qui va se révéler infaillible : rameuter des foules de civils, qu'on a au préalable gavés de slogans et de fausses nouvelles, les armer de tout ce qui se présente, pioches, pelles, serpes, escopettes et gourdins, et, au jour J, les lancer contre des objectifs précis. Foules encadrées discrètement et téléguidées par des hommes du F.L.N. en armes et en uniforme, qui observeront les meurtres et se retireront en tirant des coups de feu au moment où l'armée intervient, laissant ainsi les masses musulmanes livrées à la répression, et comptant les points. On devine le profit que le F.L.N. va tirer de cette répression. Finalement, elle va plus loin que la tuerie des Européens et la supplante dans l'horreur. Cette tactique, Zighout la met au point à partir de mai
             Coupant les poteaux télégraphiques et barrant les routes qui mènent au petit centre d'El-Milia, il isole le village pendant quelques heures, pour noter la rapidité de la réaction du commandement français. Puis il se retire avec ses hommes, sans attaquer El-Milia. Cette manœuvre, il la répète, en la « peaufinant », quelque temps après, contre le P.C. du colonel Ducournau, à El-Arrouch. Cette fois, il pousse en avant la population civile et se retire avec son commando quand les paras interviennent. Ducournau comprend à temps, interdit à ses paras de tirer sur cette foule en furie et déjoue de justesse les plans de Zighout. Mais ce dernier, hanté par l'idée d'attaquer en force un centre européen, décide enfin de porter son grand coup le 20 août.

             « Oradour » algériens
             Le 20 août 1955, c'est l'anniversaire de la déposition du sultan du Maroc, Mohammed ben Youssef. Un thème de propagande qui doit faire fortune. A cela, on ajoute une série de fausses nouvelles : les Egyptiens vont débarquer sur le rivage algérien, près de la presqu'île de Collo, pour prêter main-forte aux rebelles et sauver les populations de la répression. Cette répression, qui pèse de plus en plus sur les musulmans
             Au point que, début août, Ferhat Abbas est à Paris pour tenter d'obtenir du gouvernement français que l'état d'urgence ne soit pas appliqué à tout le territoire.
             Quand on connaît la crédulité des foules, et de celles du Maghreb en particulier, on comprend que, faisant flèche de tout bois, Zighout soit parvenu à mobiliser son monde pour le 20 août. Jusqu'à laisser croire aux fellahs (paysans) que, dans les camions qui pouvaient les transporter, Allah les changerait en moutons au moment de passer devant les militaires...

             Le 20 août à midi. Pourquoi midi ?
             Parce que c'est l'heure brûlante, où le soleil donne tous les vertiges. C'est elle aussi qui va permettre, dans les coins perdus, de trouver les Européens chez eux. A table, ou faisant la sieste. Il faut profiter de la surprise.
             Sur le carnet de route de Zighout, les noms des villes et des villages où le sang va couler : Philippeville, Djidjelli, Collo, El-Milia, Le Kroub, Guelma, Bône, Jemmapes, El-Arrouch, Oued-Zenati, Saint-Charles, Robertville, Aïn-Abid, El-Halia, Catinat, Kellermann, Gallieni, Condé-Smendou, Aïn-Kercha, la liste n'en finit plus...

             Revenons à Aïn-Abid et à El-Halia.
             Ils restent dans les mémoires comme les « Oradour », de la guerre d'Algérie.
             La formule n'est pas outrée. Elle recouvre des scènes dont l'horreur laisse pantelant et dont les photos ne sont décemment pas publiables. Qu'il suffise de savoir qu'à Aïn-Abid, une petite fille de cinq jours, Bernadette Mello, fut tronçonnée sur le rebord de la baignoire, devant sa mère, dont on ouvrit ensuite le ventre pour replacer la nouveau-née Que, sous le même toit, Faustin Mello, le père, est assassiné dans son lit amputé à la hache, des bras et des jambes, que la tuerie n'épargne ni Marie-José Mello, une fillette de onze ans, ni la grand-mère de soixante-seize ans. Qu'à El-Halia, sur 130 Européens; 32 sont abattus à coups de hache, de serpe, de gourdin, de couteau, les femmes violées, les tout petits enfants fracassés contre les murs.

Des enfants d’El-Halia après le passage des massacreurs du 20 août 1955.

«Pas de pitié, pas de quartier », avait dit Zighout Youssef.

El-Halia, l’entrée de la mine de fer

La confiance piégée

             Ces exemples ne sont pas cités par complaisance morbide. Ils peuvent aider, non pas à justifier, mais à comprendre la réaction de ces Européens du Nord Constantinois dont le frère, ou le fils, ou la femme eurent à subir pareil sort.
             Et d'éviter de tirer des massacres du 20 aoÛt, une leçon unilatérale et la morale d'une histoire dont la répression seule ferait les frais.
             A El-Halia et à Aïn-Abid, la stupéfaction se mêle à l'horreur. Ceux qui levaient brusquement le couteau sur les Européens étaient des familiers, des villageois musulmans paisibles. Au point qu'à Aïn-Abid le maire avait refusé toute protection militaire, craignant que des uniformes ne vinssent troubler la paix des rapports entre les deux communautés.
             El-Halia est attaqué entre 11 h 30 et midi. C'est un petit village proche de Philippeville, sur le flanc du djebel El-Halia, à trois kilomètres environ de la mer. Là vivent 130 Européens et 2000 musulmans. Les hommes travaillent à la mine de pyrite, les musulmans sont payés au même taux que les Européens, ils jouissent des mêmes avantages sociaux. Ils poussent la bonne intelligence jusqu'à assurer leurs camarades Degand, Palou, Gonzalez et Hundsbilcher qu'ils n'ont rien à craindre, que si des rebelles attaquaient El-Halia, « on se défendrait » au coude à coude.

Aïn-Abid et El-Halia: les you–you des femmes
couvrent le massacre

             A 11 h 30, le village est attaqué, à ses deux extrémités par quatre bandes d'émeutiers, parfaitement encadrés, et qui opèrent avec un synchronisme remarquable. Ce sont, en majorité, des ouvriers ou d'anciens ouvriers de la mine et, la veille encore, certains sympathisaient avec leurs camarades européens...
             Devant cette foule hurlante, qui brandit des armes de fortune, selon le témoignage de certains « rescapés », les Français ont le sentiment qu'ils ne pourront échapper au carnage. Ceux qui les attaquent connaissent chaque maison, chaque famille, depuis des années et, sous chaque toit, le nombre d'habitants. A cette heure-là, ils le savent, les femmes sont chez elles à préparer le repas, les enfants dans leur chambre, car, dehors, c'est la fournaise et les hommes vont rentrer de leur travail.
             Les Européens qui traînent dans le village sont massacrés au passage.
             Un premier camion rentrant de la carrière tombe dans une embuscade et son chauffeur est égorgé.
             Dans un second camion, qui apporte le courrier, trois ouvriers sont arrachés à leur siège et subissent le même sort.
             Les Français dont les maisons se trouvent aux deux extrémités du village, surpris par les émeutiers, sont pratiquement tous exterminés. Au centre d'El-Halia, une dizaine d'Européens se retranchent, avec des armes, dans une seule maison et résistent à la horde. En tout, six familles sur cinquante survivront au massacre.
             Dans le village, quand la foule déferlera, excitée par les « you-you » hystériques des femmes et les cris des meneurs appelant à la djihad, la guerre sainte, certains ouvriers musulmans qui ne participaient pas au carnage regarderont d'abord sans mot dire et sans faire un geste. Puis les cris, l'odeur du sang, de la poudre, les plaintes, les appels des insurgés finiront par les pousser au crime à leur tour.
             Alors,la tuerie se généralise. On fait sauter les portes avec des pains de cheddite volés à la mine. Les rebelles pénètrent dans chaque maison, cherchent leur « gibier » parmi leurs anciens camarades de travail, dévalisent et saccagent, traînent les Français au milieu de la rue et les massacrent dans une ambiance d'épouvantable et sanglante kermesse.
             Des familles entières sont exterminées : les Atzei, les Brandy, les Hundsbilcher, les Rodriguez.
             Outre les 30 morts, il y aura 13 laissés pour morts et deux hommes, Armand Puscédu et Claude Serra, un adolescent de dix-neuf ans, qu’on ne retrouvera jamais. Quand-les premiers secours arrivent, El-Halia est une immense flaque de sang.

Abattu par le F.L.N.: le neveu de Ferhat Abbas

             Aïn-Abid, dans le département de Constantine, est attaqué à la même heure. Un seul groupe d'émeutiers s'infiltre par différents points du petit village, prenant d'assaut, simultanément, la gendarmerie, la poste, les coopératives de blé, l'immeuble des travaux publics et les maisons des Européens.
             Comme à El-Halia, jusqu'à 16 heures, c'est la tuerie, le pillage, la dévastation.
             Les centres sont isolés les uns des autres, les Français livrés aux couteaux.
             Mais, à Aïn-Abid, les civils sont mieux armés et ils se défendent avec un acharnement qui finit par tenir les rebelles en respect jusqu'à l'arrivée des renforts militaires, vers 16 heures. C'est à cette heure-là qu'on découvrira le massacre de la famille Mello.
             Ce nuage de sang dissipé, viendra l'heure des informations plus claires et des bilans. On se rendra compte que, dans cette journée du 20 août, la chasse à l'homme commença d'abord, sur les ordres de Zighout, par la chasse aux Européens.
             En tout, de Constantine à Philippeville, à Jemmapes, à Catinat, à Hammam-Meskoutine et dans toutes les localités du Nord Constantinois, 171 Français ont été massacrés. Dans la répression qui suivra, celle de l'armée et celle des civils, 1 273 musulmans seront exécutés. Un chiffre qui n'émut le F.L.N. que pour les besoins de sa propagande, car, en fait, c'est ce que cherchait Zighout Youssef pour relancer la révolution.
             A partir du 20 août 1955 cette révolution deviendra véritablement une guerre, Dès lors, le ver est dans le fruit, la peur dans chaque homme, quelle que soit sa communauté, et la méfiance s'installe. La sauvagerie avec laquelle ont été tués les Français d'Aïn-Abid et d'El-Halia impressionnera tellement les musulmans que les slogans sur la répression française porteront moins que ceux de mai 1945, après Sétif. Puis, parmi les victimes du F.L.N., il y eut des musulmans modérés, notamment le neveu de Ferhat Abbas, Allouah Abbas, tué dans sa pharmacie de la rue Clemenceau, à Constantine, et Hadj Saïd Chérif, un avocat blessé de plusieurs balles tirées par une jeune stagiaire du barreau de Constantine. On retrouva, sur le cadavre d'un homme de main des rebelles, une liste d'élus musulmans à abattre, dont Ferhat Abbas. Zighout Youssef ignorait probablement encore que Ferhat avait franchi le Rubicon et qu'Abane Ramdane l'y avait énergiquement poussé.
             D'une façon générale, la réaction de l'armée est vive, brutale. Partout, les attaques sont stoppées sous le feu des armes automatiques. Les paras sont engagés dans d'immenses opérations de ratissage et, dans le même temps, l'autorité militaire semble débordée par les groupes de civils européens qui battent le bled à la recherche des tueurs F.L.N.
             En effet, et c'est là une des conséquences les plus graves des massacres d'août 1955, la répression frappe dès lors tous les musulmans, jusque dans les douars les plus innocents, d'où de paisibles fellahs s'enfuiront pour échapper aux mitraillettes des commandos civils. Si l'armée attaque méthodique ment les P.C. du F.L.N. dissimulés dans les mechtas autour des centres européens désignés par Zighout Youssef, en revanche, les civils, emportés par le désespoir, la peur, et la haine aussi, ne font pas quartier.

             Au slogan F.L.N. : «Tuez tous les Français civil», répond le slogan pied-noir : « Abattez-tous les Arabes. »
             L'« escalade du sang » commence. Elle va durer huit ans. Mais, d'abord, saper tragiquement le programme de réformes que Jacques Soustelle s'est efforcé de préparer, en homme de bonne volonté, dans l'espoir de sauver l'Algérie.

Soustelle : un autre homme

             Quand les premières dépêches parviennent au palais d'Eté, dans l'après-midi du 20 août, Soustelle prend immédiatement l'avion pour le Nord constantinois. Il débarque à Constantine, qui n'est plus qu'une ville en état de siège, sillonnée par des patrouilles militaires, jonchée de débris de meubles, de chaussures abandonnées dans des flaques de sang, de vitres brisées. Les façades sont mortes, les places désertes.
             La peur est partout. Militaires et civils le tiennent au courant des détails de ce samedi sanglant. Lourd bilan. Soustelle décide de se rendre sur place, comme il le fera toujours. Le dimanche matin, il parcourt Aïn-Abid et El-Halia, où les cadavres des victimes européennes sont alignés, sous le soleil, dans un silence sinistre, troublé parfois par des cris de douleur, de rage, des appels à la vengeance. Soustelle voit tout, écoute tout, boit cette coupe jusqu'à la nausée. Un autre Soustelle quittera les villages martyrs.
             Cet homme-là a compris que, désormais, il lui faudra se battre sur deux fronts. Contre le F.L.N., pour protéger les musulmans encore acquis à des réformes, et contre les meneurs pieds-noirs, qui exploitent le 20 août à des fins politiques personnelles. Ceux­ là aussi sont dangereux. Soustelle, à Philippeville, où se déroulaient les obsèques des victimes, a entendu des cris hostiles. Le maire de la ville, Dominique Benquet-Crevaux, appelle ses administrés à la ratonnade et piétine les couronnes déposées par le gouverneur général au monument aux morts.
             Jacques Soustelle rentre à Alger bouleversé. Il donne des ordres pour que la justice soit appliquée rigoureusement aux tueurs musulmans, mais aussi pour que l'armée désarme les Européens les plus déchaînés. En réalité, on désarme peu d'Européens, et presque tous les prisonniers musulmans du 20 août sont passés par les armes. Désormais, l'insécurité va s'installer et plus jamais Jacques Soustelle n'acceptera, comme il l'avait fait quelques mois auparavant, de rencontrer des envoyés de l'adversaire pour un dialogue entre hommes de bonne volonté.
             Le jugement des rebelles arrêtés à la suite du massacre terminait le premier grand procès du drame algérien. Soustelle, aussi bien que les chefs militaires et la population civile Européenne, devait être à jamais marqué par ce drame
             En ce mois d'août finissant, commence le temps des assassins.

Marie ELBE

El-Halia :pour le F.L.N. un tournant dans la guerre

             El-Halia : une exploitation minière, des ateliers, un gros village. Cinq cent soixante-dix ouvriers musulmans, originaires des mechtas voisines du djebel Filfila et de la région de Sétif, ainsi qu'une trentaine d'Européens y travaillent, Leurs familles, soit environ deux milliers d'âmes, vivent en bonne intelligence. Philippeville est à 22 kilomètres par une route de montagne, la mer à 3 kilomètres à vol d'oiseau,
             On sait que les rebelles ont implanté un petit maquis dans le Filfila et que leurs agents s'infiltrent à El-Halia. Le 20 juillet 1955, trois ouvriers suspects de francophilie ont été assassinés et une vingtaine d'autres se sont enfuis après le coup.
             Il semble évident que la population ravitaille une bande qui campe à l'oued Soudan, mais ses protestations de fidélité devant les Européens sont jugées sincères et contribuent à créer un sentiment de fausse sécurité. Néanmoins, toutes les familles françaises ont leurs armes individuelles, auxquelles s'ajoutent 25 grenades OF distribuées par l'entreprise.
             Le 20 août 1955, quatre bandes de quinze à vingt hommes attaquent le village à ses deux extrémités, montent une embuscade sur la piste de la mine et encerclent les ateliers. La surprise est totale. Tous les Européens, y compris les femmes et les enfants, isolés sur la route ou pris au piège à l'heure du repas sont égorgés. Aucune défense cohérente n'a le temps de s'organiser. Six familles, avec seulement deux fusils de chasse, deux revolvers, une carabine et quelques grenades, parviennent à se barricader et tiennent jusqu l'à l'arrivée des secours. D'autres trouvent le salut dans la fuite.
             On compte 35 morts, 15 blessés et 2 disparus.

             Cette affaire d'El-Halia allait provoquer, selon la formule consacrée, une « grande émotion »dans toute l'Algérie. Or trois de ses aspects retiennent l'attention :
             1.- L'attaque est préparée avec un soin inhabituel et le secret parfaitement gardé.
             En effet, le choix des points d'attaque et de l'heure, la simultanéité des opérations sont le fait d'un véritable spécialiste. Les renseignements font d'ailleurs état de la présence de deux Européens dans les rangs des fellaghas. On constate également que toute la population musulmane était au courant de l'attaque au moins vingt-quatre heures plus tôt. Une cinquantaine d'ouvriers ne se sont pas présentés au travail le matin du jour et, la veille, de nombreuses familles ont quitté leur maison.
             Aucun des Européens, y compris les plus liés à des familles musulmanes, n'a été informé de ce qui se tramait ; aucun ne semble avoir perçu de signe annonçant des perturbations dans la vie quotidienne. A la complicité du secret des uns correspond l'insouciance des autres ;
             2.- Le rôle principal est joué par les ouvriers de la mine et par les femmes qui les encouragent. En fait, l'irruption des fellaghas fait simplement office de détonateur dans une population qui a subi un conditionnement mental. Délibérément, les rebelles ont provoqué la crise d'hystérie collective, la remontée d'instincts primitifs, la tuerie des « infidèles». Le but visé est politique en ce qu'il consacre une rupture irrémédiable entre les deux communautés ;
             3.- Les premiers coups de feu sont tirés à 11 h 55. El-Halia n'a aucun moyen d'appeler à l'aide. Le téléphone est coupé, le poste de radiotéléphonie ne fonctionne pas, le garde champêtre, qui dispose de deux fusées d'alarme, est absent.
             A 14 heures, le garde forestier, qui a échappé par miracle à une embuscade, donne l'alerte à Philippeville, puis le directeur de la mine parvient à rejoindre à pied le camp Péhau à 10 kilomètres d'El-Halia.
             Deux avions de chasse envoyés pour soulager les assiégés mitraillent et bombardent les assaillants. Une compagnie de parachutistes atteint enfin le village. Aux premières rafales les émeutiers prennent la fuite. Il est 15 h 30.



" L'HISTRIONISME GAULLISTE "

Envoyé par Le Docteur J.C. Perez
Chronicité d'une involution politique…

              histrionisme : attitude théâtraliste en relation avec une pathologie profonde, durable et invalidante du cerveau et de la conscience .(1)

              Lorsque nous osons évoquer avec nostalgie, mais surtout avec une fierté violemment exprimée, le siècle de l'Algérie française, nous enregistrons l'invite pressante à laquelle on prétend nous soumettre aujourd'hui encore : celle d'éprouver tout logiquement un sentiment de repentance. La repentance que l'on doit ressentir lorsque l'on manifeste l'audace, l'imprudence ou tout banalement le courage d'évoquer avec orgueil la page coloniale de l'histoire de France.
              Quand on utilise le terme de repentance on fait référence à un sentiment de regrets douloureux générés par nos erreurs, par nos pêchés reliés à l'histoire de l'Algérie française. Un nouveau code moral nous est ainsi imposé qui dans peu de temps jouira vraisemblablement du renfort d'une loi.
              Dans des délais pas très éloignés en effet, nous risquons de voir naître une disposition pénale sanctionnant avec rigueur ceux qui osent célébrer les effets bénéfiques de la colonisation. Ceux qui osent raconter à nos enfants la geste que représentait le rayonnement universel de la France consécutif à la présence de notre drapeau, de nos escadres, de notre armée, et surtout d'un peuple multiconfessionnel animé d'une prodigieuse volonté créatrice, sur tous les continents.
              Dans peu de temps, l'évocation des effets bénéfiques de la colonisation sera susceptible d'être à l'origine de sanctions judiciaires en vertu d'une interprétation perverse de la loi " Gayssot ". (2)
              Néanmoins ceux qui éprouvent à l'instar de ceux qui nous recommandent d'éprouver une repentance, devraient se livrer à un effort préalable de reconnaissance. Cette reconnaissance consiste en une identification correctement formulée des évènements reliés à la colonisation en général et tout particulièrement à l'épisode historique " Algérie française ". Cette identification est nécessaire avant de proposer une sanction éventuelle. Une sanction contre les audacieux et les fidèles qui rejettent toute attitude de culpabilité à l'évocation du passé Algérie française, qui analysent avec loyauté cette page d'histoire de la France sud-méditerranéenne. La repentance c'est-à-dire une souffrance, une attitude contrite de regrets, une attitude coupable …, voilà ce que nous sommes loin d'éprouver.

              Un phénomène historique de référence : c'est ainsi que vit encore l'Algérie française. Algérie française dont il est difficile de décrire aujourd'hui ce qu'il en serait advenu si l'on était allé jusqu'au bout de son accomplissement.
              L'accomplissement de l'Algérie française, c'était l'intégration. Ce ne pouvait être que l'intégration.
              Celle-ci pour s'accomplir exigeait dans un premier temps, une victoire totale sur le FLN. Dans un second temps, une adhésion du peuple algérien de confession musulmane aux exigences de la laïcité.
              La laïcité : elle seule, dans le respect de la foi et du culte librement exprimés des uns et des autres, aurait enfin ouvert la voie à l'égalité. Celle-ci, en l'absence d'une laïcité vécue dans tous les actes quotidiens de la vie, est apparue impossible à instaurer en Algérie. Et c'est bien pour conférer à l'égalité un coefficient d'impossibilité qu'en Algérie, à partir de 1865 et surtout à partir du 4 février 1919, on a institutionnalisé imprudemment une laïcité sélective. Sélective parce que l'on prétendait, en silence, rendre extrêmement difficile sinon impossible l'accession des musulmans à la citoyenneté française. L'impossibilité de cette accession était évidente puisque le code coranique continuait à être mis en pratique quotidienne en lieu et place du code civil français. Et plus encore en opposition avec celui-ci.

              L'égalité en Algérie hier, comme en France aujourd'hui, exigeait et exige la sécularisation de l'islam. C'est-à-dire l'adhésion des musulmans à la sécularité, par une pratique modernisée de leur foi.
              La sécularité définit en première analyse, un concordat entre une religion qui veut rester libre de s'exprimer et de s'épanouir d'une part, et les exigences des institutions de notre pays qui résultent de la volonté du peuple souverain d'autre part.
              La sécularité définit en seconde analyse un concordat qui se propose de mettre une société laïque à l'abri d'une dictature religieuse, qui refuserait d'évoluer en harmonie avec la souveraineté populaire.

              Les musulmans d'Algérie n'ont jamais été invités sérieusement, je veux dire officiellement, à se séculariser. Ils ont été confortés, tout au contraire, dans un refus du partage de la laïcité avec leurs compatriotes français. Je précise compatriotes français car les musulmans d'Algérie étaient de nationalité française depuis 1830. Nationalité confirmée d'une manière officielle et historique par le sénatus-consulte du 14 juillet 1865. Cette nationalité les soumettait comme les autres Français au droit pénal et au droit constitutionnel français. Mais il fallait obtenir de leur part une adhésion complémentaire et nécessaire au code civil, au code Napoléon. Etape incontournable pour qu'ils puissent accéder à la citoyenneté française pleine et entière.
              Le problème de la sécularisation des musulmans en Algérie : on a refusé de le résoudre là-bas, de la même manière que l'on s'entête à ne pas le résoudre aujourd'hui en métropole.
              La thèse de la sécularisation définit aujourd'hui en Europe une thèse majeure de la modernité. C'est donc une thèse dont il est capital de préciser la signification en rappelant que trois termes doivent être distingués car ils sont de sens différent, voire opposé :

              - Le sécularisme : il implique une négation de Dieu, une soumission aux valeurs matérielles de la vie, qui sont absolutisées comme les seules valeurs de référence dont on nie évidemment qu'il faut les soumettre à Dieu. Le sécularisme est un terme de signification contraire de celui de sécularisation avec lequel il est souvent confondu.

              - La sécularité : elle reconnaît l'existence des valeurs matérielles de la vie mais elle refuse de les absolutiser. Elle les soumet à Dieu.

              - La sécularisation : c'est l'ensemble des attitudes, des initiatives et des décisions qui permettent de parvenir à la sécularité. Par choix. En toute liberté.

              L'intégration en Algérie exigeait donc que l'on garantît la liberté de s'exprimer aux sécularisationnistes musulmans. Ceux-ci, sans porter atteinte au message du Prophète, démontraient à leurs coreligionnaires, avec conviction, la possibilité de vivre sur la terre algérienne en toute liberté, en toute égalité, et pourquoi pas, en toute fraternité avec leurs compatriotes non musulmans.
              Il n'est pas inutile d'évoquer la prière ultime du Prophète. Celui-ci, la veille de sa mort a déclaré en substance :
              " J'ai peur pour ma communauté, après ma mort, de trois actions :
              - Première action : le faux-pas d'un spécialiste en sciences religieuses
              - Deuxième action : le pouvoir d'un gouvernement injuste
              - Troisième action : la passion de celui qui suit ma religion "


              J'ai souvent fait référence à cette prière d'adieu du Prophète, prononcée avant sa mort. Je l'ai évoquée et commentée dans plusieurs de mes livres, en particulier dans " Attaques et Contre-attaques " .(3)
              La connaissance de cette prière nous permet de comprendre que le Prophète invitait les propagateurs de son message, à plus de tolérance dans l'enseignement de sa parole et la pratique de sa religion. Je ne me souviens pas d'avoir enregistré une autre allusion à cette prière ultime du Prophète si ce n'est dans un traité d'histoire universelle dont j'ai précisé les références dans la bibliographie de mes différents livres. Traité dans lequel j'ai découvert cette prière prononcée par le razoul (4) la veille de sa mort.

              Ce refus d'une sécularisation de l'islam en Algérie s'est exprimé par le moyen d'une radicalisation de l'expression temporelle de la foi en Dieu telle que celle-ci avait été révélée au prophète de la Mecque et de Médine. Cette radicalisation s'est exprimée avec une ténacité constante. Avec une efficacité d'autant plus vigoureuse qu'elle a bénéficié d'une bienveillance très complice du pouvoir français.
              Une bienveillance en particulier à l'égard de l'association des ouléma (5), officiellement à partir du 5 juin 1931. Celle-ci avait exploité tendancieusement un message lancé en 1920 par le cheik Omar Smaïl à travers les Cénacles qui prescrivaient aux croyants la nécessité de " lutter contre l'assimilation, la francisation et l'évangélisation ".
              Omar Smaïl avait agi en 1920 comme s'il redoutait une volonté de la IIIème République française de soumettre les musulmans d'Algérie à une entreprise autoritaire de conversion par le biais d'une adhésion à la citoyenneté française. Cette crainte, il la justifiait par une interprétation tendancieuse et caricaturale d'une loi de promulgation récente. Cette loi du 4 février 1919 jouissait en effet, d'une simplicité d'application en apparence désarmante. Il suffisait au demandeur de la citoyenneté française, de se présenter dans le bureau d'un juge de paix et d'y prendre l'engagement, par écrit, de se soumettre au code civil français, comme tous les autres citoyens français.
              Cette loi connut une double efficacité.

              Une première efficacité négative, une efficacité espérée par les législateurs français, en ce qui concerne les demandes d'accession volontaire à la citoyenneté française, qui furent très peu nombreuses.

              Une efficacité positive en ce qui concerne le but véritable et occulte de cette loi du 4 février 1919 qui, ne l'oublions pas, avait été promulguée par un gouvernement de la IIIème République, inspiré par un redoutable activisme anti-chrétien, symbolisé par le nom prestigieux de Clémenceau, en particulier.
              Un gouvernement effectivement animé d'un antichristianisme fondamentaliste qui espérait, grâce à l'opposition qu'allait faire naître cette loi du 4 février 1919 dans les milieux islamistes, générer une réaction de regroupement et de prise en main du dogmatisme musulman par des révolutionnaires anti-français. Par les ouléma berbères qui vont s'arabiser à outrance pour développer, avec une efficacité renforcée, leur combat destiné à incorporer la France dans l'universalité de la umma. Combat contre la France qui, à l'échelon planétaire, s'identifiait à une phase de déclenchement de la guerre contre le christianisme universel.

              Lorsque nous manifestons l'audace, l'entêtement et j'ose le dire encore le courage de défendre la thèse passée de l'Algérie française, nous exhibons en réalité une volonté : celle de bien faire capter comment l'étude de cette thèse d'un passé encore récent, permet de capter dans sa vérité pernicieuse, une thèse révolutionnaire qui se développe aujourd'hui sous nos yeux.
              En France, nous voyons s'exprimer de nos jours avec courage et avec foi une thèse sécularisationniste musulmane. Cette thèse existe. Mais elle est combattue par les islamistes fondamentalistes, par les épitres djihadiens qui jouissent de la passivité sous-jacente mais réelle, de la Vème République.
              Celle-ci s'interdit de prescrire aux musulmans de France l'obligation légale de vivre leur foi de la même manière administrative que les juifs et les chrétiens vivent la leur.
              Quand nous évoquons la sécularisation d'une religion, nous n'évoquons pas une entreprise de matérialisation terminologique et philosophique du message religieux, qu'il soit musulman ou chrétien. Nous faisons référence, par le terme de sécularisation, à une expression quotidienne de la foi en Dieu, chez les catholiques plus particulièrement de la foi trinitaire, respectueuse de nos institutions. Nous estimons qu'il n'est pas encore nécessaire de nous réfugier dans des catacombes pour avoir le courage d'affirmer " je suis chrétien ". Cette sécularisation à laquelle nous avons adhéré est vivable aussi, dans les mêmes conditions, pour les autres fois monothéistes qui connaissent le bonheur et l'avantage surtout, de s'exprimer sur le territoire français.
              La sécularisation, c'est elle qui détient le potentiel de générer une égalité. Cette égalité, lorsqu'elle sera vécue, ressentie et évidemment protégée, sera génératrice logiquement de fraternité... si l'intelligence parvient un jour à prendre le pas sur les passions.

              En Algérie française, nous nourrissions l'ambition de parvenir au stade d'une Algérie ayant accédé au rang d'une terre de rencontre élaborée entre les trois religions monothéistes. La tête de pont de l'Occident en Afrique. A partir de là créer des dynamismes qui allaient projeter la notion d'Occident à l'échelon de l'Afrique toute entière. L'occident, rappelons-le, c'est la terre ou plutôt l'espace géopolitique à l'intérieur duquel les chrétiens peuvent vivre libres sans connaître le risque quotidien de massacres, de soumission ou de vexations violentes. La terre d'une harmonisation nécessaire, affirmée, structurée et historiquement établie par la France en Algérie, entre les chrétiens, les juifs, les musulmans et les non-croyants, telle s'exprimait l'œuvre française. Celle-ci détenait le pouvoir de s'accomplir au sud de la Méditerranée. L'Algérie française était, à l'évidence, la première étape d'une extension possible de l'Occident au continent africain.
              De Gaulle a dédaigné l'Algérie française avec un mépris hautement exprimé. Il l'a dédaignée au nom de quoi ?

              Au nom d'impératifs économiques auxquels on " l'avait préalablement soumis ". Au nom de la valeur ajoutée des investissements, au nom de l'argent que fabrique l'argent. Voilà ce qui décore ou plutôt remplit l'étendard perpétuel du capitalisme financier, du capitalisme néo-florentin inspirateur, décideur, organisateur et exécuteur de la mort de l'Algérie française, par le relais du général De Gaulle. Par le relais du gaullisme fossoyeur de la France sud-méditerranéenne.

              La repentance doit être rejetée avec force et mépris. Ce rejet résulte d'un effort préalable d'accession au savoir, c'est-à-dire de reconnaissance, nous l'avons vu. La reconnaissance qui s'enrichit avant tout de la trahison dont les Français d'Algérie, les peuples français d'Algérie de toutes confessions, ont été victimes. Cette reconnaissance, ou plutôt ce diagnostic de la trahison, est facile à poser. Il suffit d'évoquer les paroles du général De Gaulle.
              Ces déclarations étaient évidemment solennelles puisqu'elles émanaient du grand chef d'état que prétendait représenter l'homme de Colombey.
              L'homme de Colombey qui ne s'identifie en aucune manière au " prince de l'équivoque " tel que le désigne l'auteur britannique socialiste Alistair Horne, dans son livre " Histoire de la guerre d'Algérie ". De Gaulle, en effet, n'a jamais été l'homme de l'équivoque. Il a toujours personnalisé, sans aucune ambiguïté, un ennemi fondamental de l'Algérie française. L'exécuteur désigné et choisi par les tenants de la thèse du " délestage économique du débouché algérien ".

              En 1957, il déclara : " bien sûr l'indépendance viendra, mais ils sont trop bêtes là-bas pour le savoir ". Le mépris, c'est une attitude constante chez De Gaulle. Il ne rate jamais l'occasion d'exprimer avec dédain ce qu'il pense du peuple pied-noir et des Français musulmans, partisans de l'Algérie française.
              En juin 1958, il affirma avec solennité : " je vous ai compris ! " et à maintes reprises, il criera " vive l'Algérie française ! ".
              Certains hagiographes du général De Gaulle, nous prenant pour des arriérés mentaux, prétendent nous rassurer en apportant une précision justificative de ce propos : " lorsque le général De Gaulle évoquait l'Algérie française, il manifestait un espoir. Comme la Gaule était restée romaine, l'Algérie devait rester sous influence historique française ".
              C'était un propos destiné à faire ramper des dizaines milliers de Pieds-Noirs qui venaient l'acclamer et qui refusaient avec entêtement, de voir en lui l'homme de Satan. Je tiens à souligner que je n'ai jamais été de ceux-là.
              En juin 1958, il déclara : " L'Afrique est foutue, et l'Algérie avec ! ".
              C'était loin d'être la manifestation d'un regret, d'une souffrance. Car l'Algérie et l'Afrique, il voulait s'en débarrasser parce qu'elles représentaient, d'après lui, une charge économique dont il prétendait libérer la France. Mais " foutue " est un terme qui d'un point de vue géopolitique est doté d'un infantilisme grotesque. Car comment peut-on effacer l'Algérie de l'histoire du monde, par dédain, par dégoût ? Comment peut-on méconnaître les conséquences sur la France et sur l'Europe que pourraient provoquer un désastre algérien et un désastre africain ?
              En octobre 1958, il déclare à Delouvrier : " L'indépendance algérienne ? Dans 25 ans …Delouvrier… ". A cette époque Delouvrier, inspecteur général des finances, allait prendre ses fonctions de délégué du gouvernement en Algérie. Partisan de l'indépendance, il avait manifesté au général De Gaulle son accord pour assurer le destin de l'Algérie sous sa direction. Mais il tenait à souligner qu'il était partisan de l'indépendance. De Gaulle a voulu en quelque sorte, calmer les ardeurs de celui qui va lui être soumis avec une servilité rampante.
              En mars 1959, il déclare : " L'armée française ne quittera jamais ce pays et moi, le général De Gaulle, je ne traiterai jamais avec ces gens du Caire ou de Tunis ". Voilà une traduction limpide de l'inspiration satanique qui animait l'homme de Colombey. Car il n'a rien fait d'autre depuis 1956, à partir de la rue Solferino dans le VIIème arrondissement de Paris, que de traiter avec les gens du Caire et de Tunis. Il l'a fait en 1956 par l'intermédiaire de Maître Boumendjel et d'autres complices. A partir de 1959, il le fera par l'intermédiaire de Farès.
              A quoi correspond cette autre affirmation belliqueuse dont il est aussi l'auteur : " l'armée française ne quittera jamais ce pays ? ". Affirmation enrichie plus tard par celle-ci, en mai 1959 : " Une nouvelle Algérie, liée pour toujours à la France ".
              Ces affirmations pleines d'équivoques et de tromperies semblaient ne plus enterrer la notion, ou plutôt la thèse " Algérie française ".
              Elles ont été prononcées par le général De Gaulle, alors qu'il préparait le fameux discours du 16 septembre 1959 sur lequel je vous propose de nous attarder à partir des lignes qui vont suivre.

              Nous ne nous intéressons qu'à la partie du discours qui traite de l'avenir de l'Algérie française. D'emblée, il évoque ce problème de la façon suivante :

              " Pourtant, devant la France un problème difficile et sanglant reste posé : celui de l'Algérie ".

              C'est clair et net, l'Algérie pour lui ce n'est pas la France. Il a oublié qu'en juin 1958, il a déclaré devant des dizaines de milliers de personnes : "il n'y a ici que des Français à part entière ".
              Il n'hésite pas à centraliser l'intérêt du problème algérien sur ceux qui manifestent leur volonté de lutte : sur " ceux-ci ou bien ceux-là qu'obnubilent en sens opposé, leurs intérêts, leurs passions et leurs chimères ". On perçoit que c'est aux partisans de l'Algérie française qu'il pense tout particulièrement.
              Il n'oublie pas de s'intéresser à l'identité du peuple algérien. Nous notons en passant, qu'il refuse avec obstination, dans ce discours, d'utiliser le terme de " peuple algérien ". Il évoque des " populations " car manifestement d'après lui, les Algériens de confession musulmane ne constituent pas un peuple. Des populations et par-dessus le marché, il souligne qu'elles végètent en Algérie.
              En effet, il s'exprime ainsi :
              " là, végètent des populations ".
              C'est un terme volontairement péjoratif qu'il utilise, aussi bien quand il évoque les populations que lorsqu'il fait référence au fait qu'au lieu de " vivre " en Algérie, ces mêmes populations n'y font que " végéter ". Poursuivant l'expression de son mépris discriminatoire, il n'hésite pas à nous apporter la précision suivante : des populations…
              " doublant tous les 35 ans, sur une terre en grande partie inculte ".
              Une conséquence de son diagnostic est précisée dans le fragment de phrase suivant : ces populations …
              " sont, pour les trois-quarts plongées dans une misère qui est comme leur nature ".
              Il donne ainsi du peuple algérien, de ce qu'il appelle les populations, une image, une représentation destinée à provoquer chez nos compatriotes la réflexion suivante :
              " mais que va-t-on faire chez nous de cette population ? "
              C'est un rejet raciste qu'il veut induire chez nos compatriotes. " Que peut-on faire en France d'un peuple dont la nature est d'être miséreux ? "

              Toutefois, ces populations vont être amenées à choisir leur destin. Elles vont être dans l'obligation de choisir une identité historique définitive.
              Quand ?
              " Au plus tard, quatre années après le retour effectif à la paix ".
              C'est net. La paix doit survenir. Quatre ans de paix doivent se dérouler et c'est alors seulement que l'on demandera à ces populations de choisir leur destin.
              Oui, mais la paix, c'est quoi ça ?
              Il nous propose une définition qui mérite que l'on s'y attarde quelques secondes :
              " c'est une situation telle, qu'embuscades et attentats n'auront pas coûté la vie à 200 personnes en un an ".
              Nous avons bien compris : jusqu'à 200 cadavres par an, c'est la paix. Et à partir de 201 cadavres par an, c'est la guerre.
              Il est inutile de s'attarder sur cette formulation mathématique hasardeuse, que je me suis permis d'évoquer comme telle au procès des barricades, devant le Haut Tribunal Militaire qui me jugeait.

              Le président de la république propose trois solutions. Il est précis : il déclare qu'il s'agit de trois solutions concevables. Concevables si l'on se réfère à la constitution de 1958, d'après lui. Ces trois solutions concevables feront l'objet d'une consultation électorale.

              Première option : c'est la sécession.
              " Je suis, pour ma part, convaincu qu'un tel aboutissement serait invraisemblable et désastreux ".
              " La sécession entraînerait une misère épouvantable, un chaos politique, un égorgement généralisé ".
              La sécession aboutirait à " un extraordinaire malheur ".

              Donc, il n'existe aucun doute, la sécession, c'est-à-dire dans sa bouche l'indépendance, il n'en veut pas !

              Deuxième option : c'est la francisation
              Ecoutons-le :
              " … Les Algériens pouvant accéder à toutes les fonctions publiques…résidant ou travaillant où bon leur semble…. devenant partie intégrante du peuple français qui s'étendrait dès lors, effectivement de Dunkerque à Tamanrasset.
              Il manque un commentaire qui pourrait être celui-ci : " voilà ce que vous subirez en cas de francisation de l'Algérie ".

              Donc la francisation : il n'en veut pas !

              Troisième option : c'est celle d'une Algérie en étroite relation avec la France.
              Par quel moyen ?
              Par le moyen d'une solution fédérale. Mais la Vème République était-elle devenue le 16 septembre 1959 une république fédérale ? Il s'agit donc d'une solution formulée…. pour ne rien dire. Car elle n'est pas constitutionnellement envisageable.

              Où se situent les intentions réelles du général De Gaulle ? J'essaie de répondre à cette interrogation dans le chapitre qui va suivre.

              L'heure est venue effectivement de vous proposer un essai d'interprétation élargie de ce discours du 16 septembre 1959, dans sa partie consacrée à l'avenir de l'Algérie.
              Nous avons noté que le général De Gaulle, président de la République, ne se prive pas, dans son intervention, de rabaisser à leur plus bas niveau, aussi bien la signification de la guerre d'Algérie que l'importance géopolitique de la terre d'Algérie. Manifestement, il est dépourvu de toute angoisse métaphysique. Il n'est tourmenté par aucune préoccupation géopolitique africaine, européenne et mondiale, que pourrait générer le conflit algérien. Conflit dont le dénouement ne dépendait encore ce jour du 16 septembre 1959, que de la volonté de la seule nation française.
              Nous avons enregistré à quel point il s'était donné pour but, avant tout, de provoquer chez nos compatriotes de la mère-patrie, un sentiment de répulsion à l'égard de l'Algérie et à l'égard des Algériens de toutes confessions. Il évoque, avec une désinvolture agressive, " ceux-ci " ou bien " ceux-là ". Et, ceux-ci comme ceux-là, il l'affirme, nous l'avons vu, sont " obnubilés " par " leurs intérêts, leurs passions et leurs chimères ". Il refuse de conférer au conflit algérien d'une part, dont il osera assumer la défaite, ainsi qu'au territoire algérien d'autre part, relié par ses frontières à l'Afrique profonde, l'importance géopolitique, historique, humaine et spirituelle dont ils sont porteurs l'un comme l'autre. On a l'impression qu'il raisonne comme si la Méditerranée était une mer immense, un océan difficilement franchissable. Il refuse de faire percevoir aux Français, à quel point l'Algérie est proche géographiquement de la France. A quel point il est imprudent, voire criminel, de décider du sort définitif de cette terre. D'agir comme si ce dernier n'allait avoir aucune influence sur l'avenir de la France. Tout cela, il ne l'envisage pas, il ne l'évoque pas. Il a pris le pouvoir pour perdre la guerre selon les exigences des tenants capitalistes du délestage économique de l'Algérie, ou plutôt du délestage économique des peuples algériens. Il envisage avec sérénité, comme concevable, une défaite de la France. Défaite déjà décidée, enregistrée, parmi les trois solutions qu'il qualifie de concevables.

              Quand on s'attarde sur le destin historique de l'Algérie d'une part, et sur la terminologie dont il fait usage d'autre part, on se rend compte à quel point il s'est planté ! A quel point il a trompé les Français !

              La sécession c'est-à-dire l'indépendance : " un aboutissement invraisemblable et désastreux " déclare-t-il.

              La sécession, c'est-à-dire l'indépendance : " elle entraînerait une misère épouvantable, un chaos politique, un égorgement généralisé ".

              La sécession c'est-dire- l'indépendance : " un extraordinaire malheur ".

              Il s'est trompé. Il a menti. Plus encore, il paraît être sous l'effet d'un épisode délirant. Car comment imaginer qu'il ose s'exprimer en réalité, comme s'il voulait expliquer aux Français qu'accepter la sécession c'est-à-dire l'indépendance, correspondrait à accepter, sinon à promouvoir selon lui, un gigantesque crime contre l'humanité ?
              Nous avons bien noté, en effet, quelle était la signification éclatante de son affirmation. Il ose déclarer que l'indépendance, la sécession, il la refuse. Il n'en veut pas. Il la condamne. Il la refuse, je répète, par charité, par souci humanitaire. Pour éviter un extraordinaire malheur, consécutif à cette indépendance à laquelle il se ralliera néanmoins, ainsi que l'exigent les sectes sataniques qui le véhiculent à travers l'histoire, lui, le général De Gaulle.

              Alors, quel autre avenir pour l'Algérie ? La " francisation " ?

              Je ne parviens pas, aujourd'hui encore, à comprendre ce qui a motivé le choix de ce terme plutôt que celui d'intégration. Au-delà du commentaire dépourvu de sens politique qu'on lui prête (6) il est raisonnable de proposer, en toute logique, une autre explication.
              " Vous prétendez faire de ces gens-là, des Français ? Vous prétendez les franciser ! "
              La francisation, il la refuse ou plutôt il la rejette. Pourquoi ?
              Parce que : " vous en aurez partout ! ".
              C'est ce message qu'il veut faire percevoir à nos compatriotes. C'est la signification exclusive qu'il attribue à la notion de " France de Dunkerque à Tamanrasset ". Notion évoquée en novembre 1954, par le tandem Mitterrand-Mendès France. Mitterrand, souvenons-nous, avait manifesté à cette date qu'il fallait garder l'Algérie. Il précisait : " il fallait que la force de la nation l'emporte, quelles que soient les cruautés de la tâche ".
              De Gaulle veut faire naître chez nos compatriotes métropolitains, par l'emploi de ce terme de francisation, une peur physique : celle d'une invasion par le biais d'un afflux d'Algériens musulmans " francisés " vers la terre de France.

              Il semble alors frappé d'un trait de clairvoyance politique exceptionnel, qui va lui permettre d'éviter la francisation dont il ne veut pas, selon son propos, ainsi que la sécession, c'est-à-dire l'indépendance qui lui fait peur, toujours selon son propos.
              Il propose, nous l'avons vu : " une Algérie en union étroite avec la France ". Par un lien de type fédéral, de manière à protéger chaque communauté religieuse à l'égard de l'autre. Il affirmait ainsi, implicitement, que les collectivités religieuses minoritaires allaient connaître un grave danger dans une Algérie " sécessionniste ". Il fallait donc prévoir une protection de chaque communauté religieuse à l'égard de l'autre. Ce qui revenait à dire à l'évidence, mais il se garde de le formuler en langage clair, qu'il fallait prendre toutes les dispositions statutaires et autres, pour protéger les juifs et les chrétiens contre les musulmans hyper-majoritaires. Par quel moyen ? Par le moyen d'un lien fédéral… qui n'était pas constitutionnellement envisageable, qui était un leurre, qui n'était pas concevable, puisque la France n'est pas une république fédérale.

              Il exprime soudain, en prenant soin de ne pas le dire en langage clair, une inquiétude pour l'avenir des juifs et des chrétiens dans une Algérie indépendante. Il la suggère. Cette inquiétude était donc concevable selon ses propres termes. Cette inquiétude était-elle fondée ?

              Historiquement, cette inquiétude que De Gaulle exprimait, était plus que raisonnablement justifiée. Car le président de la Vème République, était forcément instruit, c'est évident, des pressions majeures qu'ont connues les chrétiens dès la naissance de l'Algérie musulmane.
              Lorsque l'islam ou plutôt lorsque le message du Prophète de la Mecque et de Médine fut véhiculé en Numidie, il le fit sur une terre en grande partie acquise à un culte monothéiste unitaire, adversaire de l'église catholique apostolique et romaine. Avant Mohamed, la thèse unitaire dominante sinon majoritaire, de la foi en Dieu, c'était l'arianisme. L'arianisme fut véhiculé militairement, en grande partie, par des migrants goths. L'histoire de Fulgence, un saint du catholicisme romain, illustre tout particulièrement, cet épisode historique. Disciple de son parent Saint-Augustin, il est né en 451 en Tunisie. Il connut les occupations vandales de Hunéric, puis de Trasamund. Ariens fanatiques, ceux-ci persécutaient les fidèles de l'église romaine. Ces derniers, non-ariens, qui croyaient au dogme de la Sainte Trinité et à la consubstantialité du Père et du Fils étaient persécutés sans ménagement. Les ariens de Numidie obligèrent les chrétiens trinitaires, à se soumettre à l'arianisme par " l'édit de représailles du 25 février 484 ". Cet édit menaçait les chrétiens trinitaires de spoliation, de bannissement, de captivité ou de mort s'ils refusaient de rallier la foi arienne, la foi unitaire. Fulgence, évêque dans l'est de la Berbérie, s'attacha, dans cette ambiance de persécution, à préserver les restes de Saint-Augustin que les ariens voulaient disperser aux quatre vents.
              Lorsque des émigrants porteurs du message de Mohamed, parvinrent en Numidie, ils bénéficièrent très rapidement d'un appui de masse de la part des ariens, opposés au catholicisme apostolique et romain. C'est-à-dire ennemis, comme les musulmans, du dogme trinitaire. Illustrant dès cette époque, un adage bien connu à savoir que l'ennemi de mon ennemi est mon ami.
              Car les ariens ont trouvé dans la schahada, la prière fondamentale des musulmans, une confirmation de leur conviction unitaire. Confirmation ? Pourquoi ?
              Parce qu'elle exprime une vérité, enseignée ou plutôt révélée au Prophète par l'archange Gabriel. Dieu s'est donc exprimé par l'intermédiaire de l'archange. Le razoul , donne mission aux croyants de transmettre ce message d'origine divine.
              Ainsi, dès l'origine de l'implantation de l'islam algérien ou plutôt numidien, se manifeste une volonté anti-chrétienne post-islamique, qui va prendre le relais opérationnel de la volonté anti-chrétienne pré-islamique, des ariens.
              Cette volonté post-islamique, se concrétisa ultérieurement, en transformant les collectivités de juifs et de chrétiens, en collectivités de dhimmis. C'est-à-dire des collectivités religieuses astreintes quotidiennement à acheter leur droit à la vie.

              Plus tard, l'islam nord-africain et ibérique, l'islam occidental, va connaître une nouvelle genèse ou plutôt un renforcement dogmatique par l'intermédiaire d'une réactivation du message du Prophète.
              Ce fut l'œuvre d'une mouvance africaine occidentale¸ la mouvance almoravide.
              Les almoravides sont apparus parmi les derniers convertis du Maghreb. Adossés à l'Atlantique, ils vont s'imprégner profondément du message du razoul. Berbères mauritaniens, frontaliers du Mali et d'autres territoires africains, ils vont conférer une nouvelle vigueur au processus d'unification et d'universalisation de l'islam. Pour accomplir cette mission, ils vont arabiser à outrance la pratique et l'expression de l'islam au sein du monde maghrébin, africain et hispanique. Par l'intermédiaire de talebs c'est-à-dire de notables berbères très instruits de l'enseignement du coran. Ils vont créer des ribats : petites cités fortifiées au sein desquelles ces talebs vont enseigner à outrance la langue arabe littérale. Ils vont se charger de mettre en pratique avec une volonté dogmatique rigoureuse, la prescription impérative du 3ème calife, qui au VIIème siècle, avait commandé que la diffusion du coran s'effectuât désormais en langue arabe littérale exclusive.
              A l'ouest du Maghreb s'élabora un nouvel essor de l'arabo-islamisme fondamentaliste. Celui-ci conféra à l'islam occidental un potentiel messianique renforcé. Un messianisme orienté cette fois d'ouest en est. C'est ce que j'ai désigné par le terme de " l'onde de retour islamique ". Comme si l'islam avait rebondi sur l'Atlantique pour s'implanter, revigoré et rajeuni, vers l'est du Maghreb et vers l'Ibérie.
              En Espagne, le califat de Cordoue, disparut en 1036. Lui succéda le royaume almoravide, un royaume berbère, religieusement et culturellement arabisé à outrance. Il devint une expression du nouveau dogmatisme conquérant de l'islam (1061-1147).
              Je vous prie d'accepter mes excuses mes chers correspondants pour cette longue digression. Elle était utile car il est difficile d'évoquer un chapitre de l'histoire de l'Algérie ainsi que l'histoire de la guerre d'Algérie, sans faire référence, tout au moins schématiquement, à la manière dont l'islam et l'arabisme se sont implantés sur cette immense contrée. L'un tirant sa vigueur de l'autre.
              Je suis persuadé que le général De Gaulle se situait à mille lieues de ces préoccupations historiques et confessionnelles lorsqu'il a prononcé le discours du 16 septembre 1959.
              L'Algérie…. ? Il n'en veut plus ! Les conséquences ultérieures… ? C'est pour les autres. " Qu'ils se dépatouillent ! ". " Je leur souhaite bien du plaisir ! " pense-t-il surement, comme il le dira quelques années plus tard d'ailleurs, dans d'autres circonstances tout à fait étrangères à l'Algérie.
              Finalement, il est facile de constater aujourd'hui, que rien, mais absolument rien, ne s'est déroulé comme il l'avait affirmé. Comme il a prétendu le commander. Il a prononcé un discours frappé du sceau de l'incompétence, ou plutôt de la fourberie la plus totale.
              L'aboutissement de sa politique ce fut la sécession avec ses risques de malheurs et de massacres. Avec ses risques de chaos sur lesquels il a cru judicieux de s'appuyer pour théoriquement inviter les Français à rejeter la sécession.
              Le risque d'imprégnation islamiste dont il prétendait protéger notre pays apparaît aujourd'hui s'identifier au résultat le plus évident du refus gaulliste de l'Algérie française. La mort de l'Algérie française a fait de la France un terrain d'expérimentation privilégiée pour une implantation des structures de l'arabo-islamisme fondamentaliste universel. Pour l'incorporation possible, d'après nos ennemis, de notre terre française dans l'universalité de la umma, dans le siècle à venir, si nous nous dérobons devant le combat qu'il nous reste à mener, par la faute exclusive du général De Gaulle.

              Où se situait le véritable motif opérationnel de ce désastre " possible " annoncé, remarquablement décrit, puis cependant choisi et accepté par De Gaulle ? Mis en œuvre par De Gaulle ?
              N'oublions jamais une motivation sous-jacente, constante et réelle de son rejet de l'Algérie. Nous évoquons son dégoût des Algériens. De la terre comme des hommes. Il a formulé ce dégout d'une manière insidieuse et néanmoins perceptible le 11 avril 1961 quand il a déclaré :
              " La France n'a aucun intérêt à porter à bout de bras l'existence de populations dans une Algérie qui n'offrirait rien en échange de ce qu'elle aurait à demander. C'est pourquoi la France considérerait avec le plus grand sang-froid que l'Algérie cessât d'appartenir à son domaine ".
              Le discours du 16 avril 1961 exprime une volonté répétitive et obsessionnelle chez De Gaulle : un dégoût, qu'il ose exprimer, permettez-moi d'insister, pour l'Algérie. Dans le but de se débarrasser de celle-ci, il fait appel à l'esprit mercantiliste qui peut animer parfois nos compatriotes, comme nous-mêmes d'ailleurs.
              L'Algérie n'a rien à offrir, prétend-t-il. Le pétrole, le gaz, et beaucoup d'autres avantages, " c'est quoi ça ? ".
              Mais surtout les frontières avec l'Afrique profonde, avec le Mali, la Lybie, le Niger… Quelle importance ? Ça ne compte pas pour l'avenir de la France. Voilà ce que pense De Gaulle lorsqu'il s'apprête à poignarder l'Occident le 19 mars 1962.

              Oui, l'Algérie française m'obsède encore. Son destin s'inscrit dans une phase cruciale de l'histoire du monde, de l'histoire de la Méditerranée et de l'histoire de la chrétienté. Elle m'obsède d'autant plus que pour moi s'approche à petits ou à grands pas, l'heure du grand saut. Ce n'est pas exhiber un pessimisme de circonstance que d'affirmer cette évidence, quand on s'approche de ses 86 ans.
              Je reste nourri d'une conviction fondamentale : notre combat pour l'Algérie française fut un combat d'avant-garde. C'est cette identité qui confère à la thèse " Algérie française " un coefficient de développement durable qu'il faut se garder de négliger.
              Le 50ème anniversaire que nous avons connu en 2012, fut l'occasion de voir porter contre cette thèse quelques coups bas " lynchards " de la part de ceux qui restent soumis intellectuellement et spirituellement au chamanisme gaulliste. Ils ne voient pas, aujourd'hui encore, que la confrontation qui nous fut imposée et devant laquelle une minorité d'entre nous, d'Algérie comme de métropole ne se sont pas dérobés, déborde très largement les limites d'un combat pour la seule grandeur de notre patrie française. La France était, certes, notre conviction première, notre conviction basale. Mais pour survivre libre et indépendante en tant que terre majeure de l'Occident chrétien, la France avait besoin du voisinage d'un pays qui était en train de naître. Je précise d'un pays, je ne dis pas d'une nation.
              D'un pays qu'il fallait créer.
              Ce pays c'était la Méditerranée.
              Ce pays était nécessaire à la formulation d'un refus : le refus d'une solution de continuité définitive entre l'Occident et l'Afrique.
              Nos ennemis, je veux dire les ennemis de l'Algérie française de tous horizons et de toutes identités politiques, ethniques ou religieuses, s'identifient à l'évidence aux ennemis les plus efficaces de l'Occident. Ils ont préféré tuer dans l'œuf ce pays, la Méditerranée, pour en faire une frontière.

              Au sud de cette frontière : un nouvel envahisseur s'organise. Se structure. Se fanatise. Il prend son temps. Il contrôle par des attentats qu'il met en œuvre contre les personnels humains qu'il menace, qu'il tue ou qu'il fait enlever, les têtes de pont africaines économiques et bancaires des structures et entreprises capitalistes. Celles qui ont prétendu se libérer de la charge des peuples pour produire une meilleure rentabilité de leurs exploitations des richesses minières de ces pays. Ces envahisseurs prennent tout leur temps. Ils sont animés en permanence et pour un très long terme, de l'ambition de nous soumettre à une intégration sud-nord qui bouleverserait l'identité des peuples du nord de la Méditerranée, si cette intégration réussissait à s'accomplir dans le siècle à venir.

              Au nord séjournent, pour le moment, des peuples divisés. Stagnent des peuples spirituellement dégénérés dans leur majorité. Des peuples qui, en France, se réfugient dans une béatitude générée et entretenue par une référence rabâcheuse et ringarde au gaullisme. Le gaullisme qui confère, je l'ai maintes fois exprimé, des airs de jeunes gérontes, prématurément attardés, vieillis, fripés, à ceux qui restent soumis à un comportement obsessionnel résultant de leur aveuglement gaulliste.

              De Gaulle ! Un mythe ! Un mirage ! La fausse grandeur. Le faux héroïsme. La drogue nécessaire des mal-comprenants comme l'a écrit mon camarade Jean-Marc de Marseille.
              De Gaulle s'est attaqué dans son discours du 16 septembre 1959 à la thèse qui évoquait la France de Dunkerque à Tamanrasset. Il n'a pas voulu enregistrer qu'une autre thèse historique était en train de s'exprimer. Celle qui fut annoncée en langage clair par un ennemi de la France, Ben M'hidi, qui déclara en 1957 : " vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis, moi, que vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ".
              Une Algérie donc qui des frontières nord du Mali et du Niger, pourrait franchir la Méditerranée et conférer au territoire français un destin tout à fait opposé à celui que nous voulions garantir à notre patrie.
              En Algérie française, un choix fut imposé en 1954 à la France, à l'Europe et à l'Occident. C'était l'une ou l'autre de deux alternatives : la France de Dunkerque à Tamanrasset ou l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque, dans le siècle à venir.
              De Gaulle a volontairement opéré pour rendre possible la seconde alternative, qu'on le veuille ou non.
              De Gaulle, le gourou des hommes politiques modernes, des gérontes de la Vème, personnifiait l'exécuteur majeur des thèses du délestage économique du débouché algérien. Se débarrasser du peuple algérien, c'était sa priorité obsessionnelle, je persiste à l'affirmer.
              En Algérie, tout fut mis en œuvre par les ennemis de la France, pour enrichir d'un maximum de pugnacité l'arme tactique majeure nécessaire à combattre la Croix en Afrique, en France et dans le monde. On a éprouvé le besoin d'affranchir, dans la réalité du quotidien, la pratique de l'islam à l'égard de la loi de 1905. Cette loi que nous avons subie, dans une perspective anti-chrétienne exclusive de la IIIème république, était cependant précise et, la plupart du temps, elle est évoquée d'une manière perverse. Cette loi en effet évoque une séparation des églises et de l'état. Or, tout ce passe comme si, en France, cette loi ne concernait pas la pratique de l'islam. Donnant une sorte de blanc-seing aux révolutionnaires. Celui de développer à partir de leur expression de la foi en Dieu, un arabo-islamisme fondamentaliste. C'est-à-dire une organisation religieuse regroupant en réalité des pratiquants qui s'excluent eux-mêmes de la citoyenneté française, puisqu'ils prétendent soumettre la France à la Charria.

              Le général De Gaulle s'identifie aujourd'hui et plus qu'hier, au véhicule privilégié d'une malédiction satanique de la France : il a fait de notre pays une proie accessible aux ambitions conquérantes de l'arabo-islamisme fondamentaliste.
              Lui aussi est atteint d'une maladie commune aux Français, parait-il : il a la mémoire courte.
              Rappelons qu'il accepta de se rendre à Londres en 1940, presque sous la contrainte du général Spears pour préparer la venue du président du conseil, Paul Reynaud, dans la capitale britannique. Avant de devenir sous-secrétaire d'état à la guerre, il avait servilement exprimé par écrit à ce même Paul Reynaud, toute son approbation et toute son admiration pour la manière dont celui-ci avait organisé les opérations militaires qui aboutirent au désastre que nous avons connu.
              De Londres, dès la constitution d'un gouvernement en France par le maréchal Pétain, il manifesta l'intention de revenir auprès du maréchal. Il offrit ses services à celui qui allait accepter la redoutable responsabilité de diriger la France dans cet épisode noir de notre histoire. On sait que De Gaulle ne fut pas retenu dans le gouvernement qui se mettait en place.
              Il devint désormais l'homme de Churchill pour le profit exclusif de l'Angleterre. Dans ses prises de position, il éprouva constamment la nécessité de souligner à quel point l'empire français était nécessaire à la vie et à la grandeur de la France. Le 27 octobre 1940, à Léopoldville, au Congo belge, il prononça un discours dans lequel il déclara qu'il fallait empêcher Hitler et Mussolini " de prendre possession de notre Afrique du Nord, de notre Syrie et de notre Afrique occidentale ".
              Plus tard, il bénéficia d'une promotion royale octroyée par les Rothschild, lorsque ceux-ci à la fin de l'année 1942 condamnèrent Giraud parce que cet officier général n'avait pas pris l'initiative d'abroger l'abrogation du décret Crémieux en Algérie, dès le débarquement américain. De Gaulle participa en 1943 à la rencontre de Casablanca. Roosevelt et Churchill s'entretinrent avec les généraux Giraud et De Gaulle. Roosevelt offrit son aide pour l'équipement de l'armée d'Afrique. En échange, il exigea une exclusivité de la future clientèle économique de la France au profit des USA. Il mit à l'octroi de son aide, une autre condition : que la France abandonnât son empire dans les 30 ans qui allaient suivre la fin de la guerre mondiale. Giraud, outré des exigences américaines, claqua la porte. De Gaulle resta et se soumit en acceptant de mettre en application les perspectives rooseveltiennes.

              En Algérie, en 1943, il prit appui sur tous ceux qui allaient se rallier à sa personne pour combattre la France. Il obtint, par sa soumission aux exigences rooseveltiennes, le soutien de Murphy, le représentant personnel de Roosevelt en Afrique du nord française, depuis décembre 1940. Il devint aussi le complice de Ferhat Abbas. Celui-ci s'affirma dès cette année-là, en 1943, comme un admirateur inconditionnel de De Gaulle. Ce dernier en effet, contre la volonté de Giraud, accepta que fût constituée l'AML. C'est-à-dire l'association des Amis du Manifeste de la Liberté. Cette AML regroupait 4 organisations anti-françaises qui avaient manifesté déjà leur volonté séparatiste :
              - le Parti Communiste Algérien,
              - le PPA de Messali Hadj, Parti du Peuple Algérien,
              - le premier parti de Ferhat Abbas, le Manifeste Algérien de la Liberté
              - enfin, l'Association des Ouléma, dont le chef Ben Badis avait déclaré : " ma religion c'est l'islam, ma langue c'est l'arabe, ma patrie c'est l'Algérie ".

              A partir de l'AML naîtra plus tard, le FLN qui fit la guerre à la France. De Gaulle devint le correspondant de Ferhat Abbas. Celui-ci rejoignit le FLN en 1956 qui l'accepta parce que disait-il, " il jouissait de l'appui du plus prestigieux des Français ".

              Dans cette communication que je vous transmets, on se rend compte que nous fûmes victimes en Algérie française, comme nous le sommes aujourd'hui, des entreprises serviles d'un monde de courtisans. Pour eux, l'encensement perpétuel de leur idole, De Gaulle, s'identifie à une raison de vivre. Ils nous ont imposé et nous imposent d'évoluer encore au milieu d'un monde politique affligé d'une obsession gaulliste. Obsession génératrice d'une dépendance dont personne ne parvient à se libérer.
              Les frémissements masochistes et rampants, parfois haineux, souvent médiocres du cinquantenaire de la mort de l'Algérie française, du cinquantenaire de la défaite de la France gaulliste concrétisée à Evian le 19 mars 1962, n'ont pas eu le pouvoir d'effacer quelque chose d'essentiel :
              l'Algérie française définitivement morte, perdure dans nos âmes, dans notre souvenir. L'astre " Algérie française " est mort mais la lumière qu'il a généré durant sa vie manifeste encore toute son énergie et nous éclaire pour quelques décennies encore.
              Pour nous, qui avons risqué vie, liberté, équilibres familiaux et honneur parfois pour la défendre, l'Algérie française s'identifie au nouveau Graal.
              C'est-à-dire une thèse de référence dont la connaissance est nécessaire à la survie de l'Europe et de l'Occident. Une thèse qu'il faut avoir le cran et l'ambition d'éclairer et d'enrichir.
              Nos souvenirs, nos enthousiasmes du passé, sont nécessaires à nos successeurs. Qu'ils se libèrent de ceux qui nous condamnent et se retranchent frileusement derrière le paravent du gaullisme destructeur de tout ce qui était beau et grand en France.

              Mais regardez-les, ces pauvres histrions de la politique ! Chacun passe son temps à s'affirmer meilleur gaulliste que son voisin ! De Gaulle c'est le recours de ceux qui nous ont trahis et qui blasphèment contre ce magnifique enthousiasme français, qui nous a guidés dans notre combat pour l'Algérie française. Ils prétendent nous salir, ils dégradent notre pensée d'une manière obsessionnelle. Ils me font souvenir de quelques vers de Musset que je me permets de vous rappeler :
" Que du moins l'histrion, couvert d'un masque infâme,
N'aille pas, dégradant ta pensée avec lui,
Sur d'ignobles tréteaux, la mettre au pilori ".
Jean-Claude PEREZ        
Nice, juin 2013         

1- Histrionisme : cette définition est une définition médicale. Car depuis 20 ans au moins, en médecine on refuse d'employer le terme d'hystérie. Ce terme a été remplacé par histrionisme. La définition que je vous propose est une définition d'un aspect majeur de l'hystérie.
2- Loi Gayssot : 13 juillet 1990. Une loi qui définit arbitrairement ce qu'il est bon ou mauvais d'écrire.
3- " Attaques et contre-attaques" : chapitre 21, page 377
4- Razoul : l'envoyé de Dieu
5- Ouléma : c'est un pluriel donc pas de " s ". Ouléma : docteurs de la foi coranique
6- Il refusa ce terme d'intégration parce " qu'on voulait le lui imposer ", a-t-il déclaré en substance, à un journaliste oranais


BIBLIOGRAPHIE

Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :
- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez " OAS, le docteur PEREZ parle " ;
- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d'un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site http://www.jean-claude-argenti-sauvain.com.


Bibliographie à consulter, Site internet : http://www.dualpha.com
L'assassinat de l'Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012 : Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.
L'islamisme dans la guerre d'Algérie : Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004
Le sang d'Algérie : Histoire d'une trahison permanente, 2006 ; 2e édition
Debout dans ma mémoire : Tourments et tribulations d'un réprouvé de l'Algérie française, 2006 ; 2e édition
Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie : Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition
Attaques et Contre-attaques : Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Agérie II, 2008


MOIS de JUILLET 2013...
Envoyé Par M. Robert Charles PUIG
" Pied-noir phobie " socialiste.

       Elle existe. Elle cherche par tous les moyens, et ils sont nombreux parce que le pouvoir appartient à son parti, à faire de nous une abstraction, une non-réalité... Cette " pied-noir-phobie " s'est manifestée chez les socialistes depuis tellement longtemps. Elle a pris un essor nouveau lorsque François Hollande a fait ses premiers voyages en Algérie à la recherche de voix de français musulmans pour ses élections.... Bien entendu je n'oublie pas les différents ambassadeurs de Nicolas Sarkozy, mais avec les socialistes nous atteignons des sommets. Après son élection de mai 2012, ce mépris, cette haine socialisante s'est accentuée dans ses discours sur le sol algérien et son hymne au courage du FLN durant les années de terrorisme anti-Pieds-noirs. Pas un mot n'a été prononcé pour exprimer un instant de compassion à tous nos morts et l'Exode, dans la peur. Il a fait mieux encore dans sa " pied-noir-phobie " par ses décisions absurdes sur la responsabilité de la République dans la manifestation interdite du 17 octobre 1961 puis avec la reconnaissance du 19 mars 1962 comme date de cérémonie de la " fin de guerre " en Algérie. Des mesures qui prouvent combien le président de la France actuelle porte un incommensurable mépris, à la mémoire pied-noir et les 132 ans passés sur une terre sans nom, sortie du moyen-âge pour en faire un pays moderne à la force des travaux effectués par les pionniers du début du XIXème siècle.
       C'est un fait. Depuis 1962 et parce que le gaullisme et le socialisme entretiennent à travers leurs valets les mensonges les plus éhontés et les plus minables, nous subissons la hargne d'une politique qui n'a qu'un but : éliminer de l'Histoire notre épopée, celle d'une plus grande France présente sur toutes les terres du globe ! Mais les temps de gloire ont changé ! Nous ne sommes plus aux yeux des socialistes que des outlaws qu'il faut chasser sans pitié. Faire disparaître de la mémoire d'un peuple. C'est un programme où de nombreux médias aux ordres de ce pouvoir de la gauche malsaine sont partie prenante. Ils y trouvent la pitance nécessaire à leur survie de journalistes ou de chroniqueurs. Ils ne sont pas les derniers à nous prendre pour cible, puis satisfaits de leurs faux témoignages, ils courent toucher les deniers de leurs vomissures, de leur traîtrise, au pied des marches du palais de l'Elysée.
       Ce n'est pas nouveau ce temps du mensonge, de la fausse certitude, de la fausse preuve pour nous rendre coupable devant l'opinion publique et nous interdire d'évoquer notre peur, nos drames, nos assassinés et nos disparus ! Souvenons-nous à cet effet combien la France - ses hommes politiques bien entendu - se sont montrés veules et ingrats en refusant d'intégrer les disparus d'Algérie des années 1960, dont environ 600 jeunes militaires métropolitains, dans la convention internationale qui traitait de ce sujet : les disparus dans le monde pour faits de guerres ou de révolutions.
       Cependant, permettez-moi de revenir sur cette " pied-noir-phobie " socialiste d'aujourd'hui, année 2013. Il est de notoriété publique qu'il est dangereux d'être démocrate, républicain et partisan d'un pays de l'ordre, de la sécurité et du respect de la famille. C'est la prison qui guette les défenseurs des valeurs de nos ancêtres.

       Quant à nous, Pieds-noirs, peut-être finirons-nous pour cette raison, en garde-à-vue sous le régime Taubira, parce que nous défendons notre honneur de Français d'Algérie et les aspects positifs de notre présence " là-bas ", la terre de notre naissance ! Peut-être serons-nous pourchassés parce qu'en ce début de IIIème millénaire nous continuons à défendre les intérêts de nos parents dont les biens ont été spoliés, et parce que pour les socialistes, ce n'est pas un sujet d'actualité. Peut-être serons-nous interdits d'associations, comme extrémistes de droite parce que nous protestons contre l'état lamentable de nos cimetières en Algérie et le non respect des engagements pris par la France et l'Algérie pour entretenir les tombes de nos ancêtres. Peut-être que la " pied-noir-phobie " socialisante a trouvé, en éliminant le code de notre nationalité des départements de l'Algérie française, en nous imposant le 99, la meilleure façon de nous faire passer pour des étrangers... Pas ceux que l'Etat reçoit à bras ouverts de l'Europe des vingt huit ou des pays d'Orient ou d'Afrique, pas les sans-papiers, les envahisseurs de l'Europe diffuseurs de la charia et bénéficiant des avantages les plus énormes que le pays peut leur offrir, tandis que par opposition, nous les Pieds-noirs, nous demeurons des indésirables ! Voilà où le président François Hollande nous a tous embarqués... Un pédalo dans une tempête. Bien entendu malgré une dépense publique insupportable et sanctionnée par l'Europe, il continue à verser ses pourboires à son entourage et joue les donneurs de leçons... Pas assez de gaspiller l'argent des contribuables, il innove encore avec une prime aux étudiants à la rentrée 2013 / 2014, parce qu'il sait qu'il doit donner de la graine à moudre à ces associations d'étudiants d'obédience socialisante ou d'extrême gauche, comme celle de la Sorbonne, pour contrer une jeunesse catholique et démocrate qui s'élève de plus en plus contre l'abandon des valeurs de la France profonde...
       Avec quel argent, ces primes ? Le nôtre. Une augmentation nouvelle des impôts ! Les prélèvements obligatoires, ceux qui pèsent sur notre pouvoir d'achat et qui vont bientôt atteindre 50 % des ressources des ménages ou des entreprises, tandis que le déficit budgétaire sera bientôt à la hauteur du PIB ! Du jamais vu ! Pendant ce temps, la bribe est lâchée aux ministres qui s'en donnent à cœur joie dans la critique du gouvernement dont ils sont des représentants. C'est le panier de crabes ! De plus, et sans que des sanctions soient annoncées, dans l'entourage socialiste il y a trop de concubins et de concubines. Cela tweete à tort ; refuse un siège au défilé du 14 juillet ou passe son temps à boire un café avec un ministre préposé au budget... Il y a un plus... le ministre de l'intérieur. Une belle figure d'un Etat socialiste où la police devient une arme anti démocratique contre ceux qui ne sont pas dans la mouvance socialiste, qui ruent dans les brancards du non-droit et s'élèvent contre les rigueurs d'une tendance dictatoriale qui emprisonnent sélectivement ses opposants, à la manière de 1789. Observons les effets de manches d'un Manuel Valls ! L'accident ferroviaire de Brétigny en est le meilleur dernier exemple. Est-ce un accident, un sabotage programmé ? Il y a eu des morts, des blessés dont on sait que certains ont été dépouillés de leurs biens... Mais silence ! Silence sur l'objet du déraillement, silence sur les vols. Par contre, il faut détourner l'attention du peuple... éviter qu'il se rende compte que le ministre n'est pas à la hauteur de sa charge, alors ? Alors avec les médias qui s'empressent de donner le " la ", vite on découvre un quidam d'extrême droite, le mot à la mode dans le langage socialiste, et on l'arrête lui et sa femme pour quatre vingt seize heures !
       Qu'a-t-il fait ce quidam ? Il écrit et mails avec l'innocence de croire à la liberté de pensée et de dire. Il oublie qu'il se trouve dans le pays des lois Gayssot et Taubira. Les lois qui interdisent ! Il est virulent dans ses mots, mais va t-il plus loin ? Passe t-il à un acte terroriste quelconque ? Et son épouse ? Elle achète des armes dans le cadre légale prévu pour ce type d'opération. Est-elle aussi une terroriste ?
       Trois jours après la détention le mari et la femme sont libérés de leur emprisonnement mais le voile de la suspicion a changé de camp... Brétigny passe au second plan. Le venin et le soufre du doute sont dans les esprits et surtout celui du questionnement d'une innocente population, sur l'accident ferroviaire... Bravo Monsieur le ministre de l'intérieur ! Bravo ces messieurs-dames du journalisme ! Vous avez une fois de plus mérité vos émoluments exonérés de taxes et d'impôts...

       Ainsi, une fois de plus la propagande obscurantiste des socialistes a fonctionné. La Métropole est entre de bonnes mains (?) Est-ce une consolation ? La " pied-noir-phobie " ne touche pas que les Français d'Algérie, ceux de France sont aussi dans la ligne de mire du relativisme socialiste, de lois sociétales imposées et d'un djihad aux portes des banlieues, pour un futur sans horizon.

Robert Charles PUIG : juillet 2013       

      

PHOTO D'HISTOIRE
Envoyée par M. Sauveur Teuma
LA CATHEDRALE SAINT AUGUSTIN DE BÔNE

Cathédrale Saint Augustin
Photo M. Teuma Sauveur
Intérieur de la Cathédrale de Bône
Photo M. Teuma Sauveur
Maître d'autel de la Cathedrale
Photo M. Teuma Sauveur
Grandes orgues de la Cathédrale.
Photo M. Teuma Sauveur

Simplet !!
Envoyé par Jean
        

       Ce fermier reçoit la visite inopinée d'un contrôleur des contributions, car il apparaitrait qu'il ne paie pas son personnel correctement !

       'L'inspecteur : ' J'aimerais voir la liste de vos salaries ainsi que leur fiche de paye !'

       Le fermier Belge :
       D'abord il y a le garçon de ferme : je le paie 400 euros par semaine + le logement et le couvert.
       Ensuite il y a la cuisinière : je lui donne 300 euros par semaine + logement et couvert.
       Finalement il y a 'Simplet' : il travaille 18 heures par jour et accomplit 80% de tous les travaux de la ferme.
       Je lui donne 10 euros par semaine, mais il paie sa nourriture et son logement.
       Le Samedi soir je lui achète une bouteille de whisky et a l'occasion il dort avec ma femme !

       L'inspecteur :
       C'est ça ! C'est lui que je veux voir !

       Le fermier : 'Il est en face de vous ! C'est moi !'.



PROJET DE LOI
Envoyé par M. Barisain
PROPOSITION DE LOI N° 1258
Enregistrée à la Présidence de l'Assemblée nationale le 16 juillet 2013. visant à reconnaître le massacre de la population française à Oran le 5 juillet 1962, (Renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution d'une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.) présentée par Madame et Messieurs

Lionnel LUCA, Élie ABOUD, Thierry MARIANI, Philippe MEUNIER, Philippe VITEL, Alain CHRÉTIEN, Bernard BROCHAND, Laurent FURST, Jean-Claude GUIBAL, Jean-Frédéric POISSON, Patrice VERCHÈRE, Jean-Jacques GUILLET, Guy TEISSIER et Valérie BOYER, députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

         Mesdames, Messieurs,

         Le 5 juillet 1962 restera la date d'une tragédie pour les Européens installés en Algérie lorsqu'elle était française.

         Le journaliste Georges-Marc Benamou a écrit à juste titre, " le massacre du 5 juillet d'Oran semble être un évènement clandestin, discutable, fantasmé, et dont les seuls survivants se repassent le souvenir. Aucune étude historique définitive. Pas de véritable investigation. Peu de livres. Pas une plaque, nul hommage officiel de la République ".

         La reconnaissance, en octobre dernier par François Hollande, de la responsabilité de la France dans la tuerie d'Algériens à Paris en octobre 1961, semble être une pierre de plus dans cette volonté d'ignorer celles et ceux qui ont payé de leur vie le fait d'être français durant cette période.
         Le 5 juillet 1962 il reste à Oran, environ 100 000 Européens.

         Les accords d'Evian du 18 mars 1962 ont fixé la date du cessez-le-feu au 19 mars entre le FLN et la France et le principe d'indépendance de l'Algérie.

         À compter de cette date, massacres de harkis, enlèvements d'Européens contraints de traverser des quartiers musulmans pour se rendre à leur travail, se multiplient faute de patrouilles militaires.

         Dès lors, la population civile française terrorisée comprend la fragilité de son statut défini par les accords d'Evian, son manque de protection, dont la seule issue est l'exode massif en métropole.

         Si l'exode s'organise, celui-ci est très vite ralenti, faute de moyens suffisants, terrestres et aériens, pour assurer le retour sur le continent de toutes les familles, qui, effrayées par les exactions, tentent de fuir un territoire qu'elles ont aimé.

         Le 3 juillet 1962, après le référendum organisé en Algérie, le Général de Gaulle reconnaît officiellement l'indépendance de l'Algérie et le transfert de la souveraineté à l'exécutif provisoire algérien.

         La proclamation de cette indépendance est prévue pour le 5 juillet, date du 132ème anniversaire de la prise d'Alger par les Français en 1830.

         Cette journée sera une journée dont l'histoire restera à jamais écrite avec le sang d'innocents, lynchés sur la place d'armes d'Oran, tués à coup de fusils ou de couteaux.

         Les témoignages recueillis sont accablants ; les chiffres varient de quelques centaines à quelques milliers de victimes.

         À la douleur des souffrances vécues, s'est ajoutée au fils des ans, la douleur de l'inacceptable oubli de ce massacre.
         Certains, pourtant, se sont élevés pour que les Français d'Algérie, sacrifiés à des dessins politiques, ne le soient pas par l'indifférence qui confine à la négation des faits.

         Le Révérend Père Michel de Laparre, présent lors des massacres, fut l'un des premiers à publier en 1964 " Le journal d'un prêtre en Algérie ", relatant les heures durant lesquelles les Français furent massacrés dans les rues du centre-ville, sans qu'intervienne ni l'armée, ni les gardes mobiles, pourtant encasernés en grand nombre dans les différents bâtiments militaires, lycées ou collèges, et qualifiant cette journée de " journée de honte ".

         Jean-Jacques Jordi, dans son livre " Un silence d'État : Disparus civils et européens de la guerre d'Algérie " retrace les évènements de ce 5 juillet 1962, où hommes, femmes, enfants furent lapidés, égorgés, torturés, sur la place publique, sans que l'armée française n'intervienne pour les sauver.

         Plus récemment, Guillaume Zeller, dans son livre publié en 2012 " Oran, 5 juillet 1962, un massacre oublié " pointe du doigt cette ignorance voulue jusqu'au plus haut sommet de l'État.

         Qualifié par l'auteur de " nouvelle Saint Barthélemy ", le massacre d'Oran, grâce à sa position de journaliste, sort peu à peu de l'ombre, touche le grand public, et fait reculer le déni historique.

         Reste l'État français, qui a fait sienne une théorie fort connue en psychanalyse : " ce qui n'est pas dit, n'existe pas ".

         Ce massacre collectif, rendu possible par une passivité coupable au plus haut niveau de l'État, a volontairement été occulté par les protagonistes qui n'avaient aucun intérêt à la vérité.

         Mais, comme le souligne Jean-Pierre Pister, Agrégé de l'Université, Professeur de Chaire supérieure honoraire, lycée H. Poincaré à Nancy, " l'Histoire, la vraie, celle qui n'est pas falsifiée, ni par les idéologies, ni par les raisons d'État, finit toujours par s'imposer ".

         Ce massacre qui a blessé dans leur chair les Français d'Algérie, mais qui blesse aussi aujourd'hui les Français qui n'ont pas vécu ces évènements, doit être enfin reconnu par l'État français qui ne peut plus s'extraire d'une mémoire collective, dont il doit être le gardien, et qui est aujourd'hui partagée par des historiens, des journalistes, des écrivains…

         Il n'est que temps que la République française honore les victimes innocentes dont le seul tort fut d'être françaises, ou d'avoir servi la France le 5 juillet 1962 à Oran.
         Il vous est ainsi soumis la proposition de loi suivante.

PROPOSITION DE LOI

         Article unique
         La République française reconnaît le massacre de la population française du 5 juillet 1962 à Oran.

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LIENS UTILES si vous désirez leur envoyer un message.
Lionnel LUCA
Élie ABOUD Thierry MARIANI
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         Juste commentaire sur la proposition de loi de M. Lionnel Luca
         Article unique :
         "La République française reconnaît le massacre de la population française du 5 juillet 1962 a Oran".

         Je ne vois pas ce que cette phrase amène de plus. Messmer a toujours dit que la France n'était plus responsable après la déclaration d'indépendance et a refilé la responsabilité des massacres au FLN.
         Il faudrait y ajouter: "reconnaît la responsabilité de la France dans le massacre du 5 juillet 1962 et le non-respect des accords d'Evian, l'abandon de ses ressortissants civils et militaires, alors qu'elle était garante de leur sécurité jusqu'à l'élection d'un gouvernement légalement élu et représentatif du 25 septembre 1962."

         

COMMEMORATION
Envoyé par M. Hugues Jolivet

ORAN JUILLET 1962

 
Photo Hugues Jolivet
Photo Hugues Jolivet
Photo Hugues Jolivet

       FALICON a honoré la mémoire des Martyrs d'Oran du 5 juillet 1962, tout d'abord par une Messe à leur intention, célébrée par le Père SCOTTO, Pied Noir d'Oran, puis par une cérémonie au pied de la stèle, inaugurée l'an passé , présidée par Mme KRUPPERT, notre Maire, enfin en partageant un moment d'amitié autour d'une anisette et d'une "kémia" oranaise !
        Bien amicalement, HUGUES Jolivet .


ORAN 5 Juillet 1962
La vague mortelle !
Envoyé par M. Alain Algudo
        

Une journée de deuil que certains d'entre-nous ont toujours commémorée
Une journée où par une monstrueuse volonté un peuple s'est déshonoré
Une journée que l'histoire désignera un jour comme une tragédie Nationale
Une journée où un homme s'est transformé en monstre infernal
Une journée où l'histoire d'un pays a basculé dans un immonde caniveau
Une journée où le sang Français a coulé par la volonté d'un sordide cerveau
Une journée marquée du sceau d'une perfide trahison
Une journée dont nul ne pourra jamais comprendre la raison
Une journée qui défie l'entendement pour les sains d'esprit
Une journée qui nous interpelle encore confrontés au même mépris
Une journée où la France aurait dû sonner le tocsin
Une journée où la France venait de sceller notre destin
Aujourd'hui nous disons à cette France du mensonge qui persiste et signe
Aujourd'hui nous disons à cette France : Nous croyons en la justice divine.
Le 5 juillet 1962 le malheur s'est abattu sur des innocents, hommes, femmes, enfants immolés dans la fureur
Le 5 juillet 2013 tous réunis nous disons haut et fort que jamais vous ne nous les arracherez du cœur.
--------0---------
Alain Algudo       




PROPOS REALISTE !!!!!!
Envoyé par M. Christian Migliaccio
  Aucun politique, aucun média ne s'exprime ainsi,
         par peur du politiquement correct           


Propos du général Lalane-Berdouticq,
en clôture d'un séminaire à l'I.H.E.D.N.

            L'IHEDN est l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Le discours que nous reproduisons ci-dessous a été prononcé par le général Lalanne-Berdouticq (ancien commandant du 3ème régiment étranger d'Infanterie et ancien chef du bureau de liaison de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban - FINUL 2), lors de la clôture d'une session de l'IHEDN en novembre 2012.


             Après ces dix huit jours inoubliables à travailler ensemble, à vous forger des amitiés dont certaines seront définitives, à voir les choses différemment, voici ce que, comme votre " entraîneur " et un peu " ouvreur de voie ", je voudrais vous dire. En toute liberté bien sûr et avec mon franc-parler habituel !

             · Le monde est complexe et dangereux

             Il est loin des " blocs " que nous avons connus des décennies durant, aussi bien que de la " fin de l'histoire " que l'on nous annonçait voici vingt ans, et encore plus loin de la " paix définitive " qui aurait permis " d'engranger les dividendes de la paix " chers à des hommes à la courte vue.

             Ce monde, notre monde, reste dangereux. Comme les prophètes que personne n'écoutait dans les années 1930, je ne cesse de dire que le décuplement des dépenses militaires en Extrême-Orient depuis dix ans devrait nous inciter à mieux surveiller les diminutions insensées que subissent les nôtres. Dans l'Histoire en effet les mêmes causes produisent les mêmes effets et il y a donc tout à craindre des abandons qui se produisent chez nous.
             Mais encore faudrait-il voir le monde comme il est et non comme beaucoup voudraient qu'il soit.

             · Méfions-nous du " prêt à penser "

             Il est presque toujours faux et ordonné à des fins peu recommandables.
            Non le Kosovo n'est pas meilleur après la campagne qu'y ont conduite les alliés en 1999, montée suite à une incroyable guerre d'intoxication médiatique diabolisant les Serbes et présentant les Albanophones comme des anges persécutés…
            Il en résulta la fondation du premier pays[1] presque totalement mafieux du continent européen, dont la population originelle, serbe, a été sans pitié chassée de chez elle dans le silence des médias ; ses monastères détruits et ses maisons incendiées.

             Non l'Afrique d'aujourd'hui ne vit pas mieux que du temps de la colonisation, à commencer parce que l'esclavage (personne ne le dit) et les massacres ethniques sont repartis de plus belle et que bien des Etats officiellement constitués sont en faillite aussi bien financière que politique.

             Non la Libye d'aujourd'hui n'est pas meilleure que celle d'hier, puisque au demeurant elle n'existe tout simplement plus, et que son tyran a été remplacé par d'autres, en plus grand nombre.
            Non la démocratie occidentale n'est pas applicable à tous les continents et à tous les pays. D'abord parce que ce n'est pas un système unique (voyez comme la nôtre est différente de celle des Etats-Unis ou d'Israël, ou bien encore de la Grande-Bretagne) ; ensuite parce que ce système politique ne peut s'épanouir qu'au sein de peuples voyant la personne comme un individu et non comme une partie d'un tout (société personnalistes contre sociétés holistiques)…

             · Dans les grandes questions du monde...

             ...n'oublions jamais de considérer le paramètre démographique. Il est capital et le silence des médias et des analystes sur ces sujets en dit long sur l'aveuglement, qui ne peut qu'être volontaire, de nos élites autoproclamées.

             Ainsi, quel est l'avenir de l'Allemagne, qui aura perdu sept millions d'habitants en 2030 et se verra peuplée en grande partie de ressortissants d'origine turque ? Sera-t-elle-la même ?
            On sait que l'islam confond la sphère publique et la sphère privée en refusant absolument de distinguer " Dieu " et " César ". Or, cette distinction est à la base même des systèmes démocratiques.

             Enfin, oublie-t-on qu'une population peut être chassée de chez elle, ou se voir remplacée par une autre, les autochtones se retrouvant alors comme étrangers sur leur propre sol ?

             Sans remonter à la diaspora juive du premier siècle, pensons aux Coptes d'Egypte, aux chrétiens de Turquie et d'Asie (20% de la population en 1900 alors qu'ils sont aujourd'hui 0,02%, soit mille fois moins) ou bien encore aux Serbes du Kosovo, déjà cités (90% de la population en 1900 et moins de 10% aujourd'hui) !

             Hors les idéologues, qui peut être assuré qu'en France, nous sommes à l'abri de tels phénomènes ?
            Refuser d'examiner la question sous couvert de mots en " isme " est singulièrement irresponsable.
            Or, entendons nous que l'on pose cette question ? Non.

             Considérons aussi l'incroyable effondrement démographique de nos voisins Italiens et Espagnols et tentons d'imaginer ces deux pays dans trente ans ! " Il n'est de richesse que d'hommes ", dit le proverbe.

             Que sera la civilisation occidentale si, dans trois siècles, des touristes visitent nos cathédrales sans que personne ne puisse leur expliquer le sens d'un Christus pentocrator dont ils contempleront la sculpture sur le tympan, ainsi que cela se passe pour les églises de Cappadoce, alors que plus aucun chrétien ne vit aux alentours ?

             Rien n'est définitif dans l'histoire des hommes, pas plus le tracé des frontières que les peuples qui s'abandonnent et doutent d'eux-mêmes.

             · Enfin, cessons de nous croire à l'abri des menaces militaires...

             ... au motif que nous possédons d'admirables sous-marins nucléaires.
            La guerre est bien de retour et le fracas des combats des Balkans, maintenant assourdi, nous rappelle qu'elle peut s'inviter dans des contrées européennes très proches, et pourquoi pas chez nous ? Qui peut ignorer que si tout le monde (tout le monde, sauf nous !) réarme sur la planète, c'est bien pour quelque raison !

             Et l'Europe, direz-vous !

             Fort bien, mais l'Europe n'est sur le plan militaire qu'une addition de faiblesses, vous le savez. Ajouter des faiblesses à d'autres faiblesses n'a jamais constitué une force mais bien une faiblesse plus grande encore[2] !

             Comme le disait, je crois, Roosevelt au moment de la Grande dépression, puis au début de l'engagement américain dans la 2e guerre mondiale, " Ce que nous devons craindre le plus au monde, c'est la peur elle-même ". Or, l'histoire nous enseigne que les populations qui ont peur de la mort sont celles qui disparaissent de la surface du globe.

             Notre manière " d'évacuer " la mort de la vie sociale est effrayante en elle-même, car un jour ou l'autre nous devrons combattre pour notre vie, et donc la risquer. Ne pas s'y préparer c'est nous assurer de perdre cette vie à coup sûr.

             Cela s'appelle la lâcheté, qui n'a jamais attendri aucun adversaire déterminé ; jamais, bien au contraire.

             Rappelons-nous avec honte que certaines erreurs peuvent être commises puis recommencées : la République naissante déclara la guerre illégale en 1791 et se trouva en conflit avec l'ensemble de ses voisins deux ans plus tard. En 1928, à la Société des Nations, cet ancêtre de l'ONU, le " Pacte Briand-Kellog " déclara la guerre " criminelle " à la face du monde. Onze ans plus tard aussi bien la France que la Grande-Bretagne étaient acculées à une mobilisation générale dans des conditions désastreuses, pour aboutir à ce que l'on sait : l'occupation de toute l'Europe sauf la Suisse, et aussi les camps de concentration. Nous n'avions pas voulu lire Mein Kampf, non plus que méditer les pensées de Lénine et voir les camps soviétiques, qui mèneraient l'un à Katyn et l'autre à Treblinka ou Sobibor.

             " Le droit sans la force n'est rien, la force sans le droit c'est la tyrannie " disait à peu près Pascal.
            Souvenons-nous-en.

             Enfin, je voudrais insister sur le sens des mots. Discutant avec plusieurs d'entre vous pendant la session j'ai une nouvelle fois constaté que les mots n'avaient souvent pas le même sens pour l'un et pour l'autre. Je pense à un échange récent sur le mot République dont mon partenaire me disait que " Pour lui la république c'était… ".
            Or, là est le danger : nous n'avons pas à dire que " Pour nous " un mot veut dire telle chose ; nous devons au contraire nous référer à sa définition exacte sinon plus aucun échange n'est possible.

             Reprenant l'exemple de la République, je lui disais que celle-ci se définit par trois critères et seulement trois : Un gouvernement collégial, qui obéit à des lois, et dont le mode de succession n'est pas dynastique. Un point c'est tout.

             La république romaine était-elle démocratique ? Non, mais c'était tout de même une république.

             Donc, ne confondons pas les mots les uns avec les autres. Ainsi de la démocratie[3], qui peut parfaitement trouver sa place dans un système monarchique comme en Grande-Bretagne et ainsi de suite.

             À notre époque où le dialogue semble érigé à la hauteur de vertu et de principe cardinal des relations sociales, travaillons donc à ce qu'il qu'il soit possible au travers de mots employés dans leur juste sens. Nous aurons alors fait un grand pas vers la clarté et de saines relations interpersonnelles.

             J'insiste : cette question de la précision du vocabulaire est absolument essentielle si l'on y réfléchit bien.

             En conclusion :

             -Il nous faut chasser l'idéologie, quelle qu'elle soit ; de " droite " ou de " gauche ". C'est une maladie mortelle de l'esprit car elle fait voir la réalité au travers de systèmes d'idées, qui sont autant de lunettes déformantes.

             A l'idéologie il faut opposer le principe de réalité qui veut que les choses soient ce quelles sont, que cela nous plaise ou non. Alors on peut agir en espérant ne pas trop se tromper.

             Il n'y a pas de bons camps de concentration (cubains, nord-coréens, chinois) dont on ne parle jamais, et de mauvais, les nazis, dont il faut sans cesse se souvenir.

             Il y a eu et il y a des camps de concentration où des innocents sont morts et meurent encore dans des conditions atroces.

             Il n'y a pas l'antisémitisme, évidemment condamnable, des " néonazis ", et sa variété excusable, celle des " islamistes ", qui est passée sous silence. Il y a l'antisémitisme (qui d'ailleurs est un antijudaïsme), un point c'est tout.

             Au nom de quoi devrait-on condamner " l'islamophobie " si l'on ne le fait pas de la " papohobie " ou de la " christianophobie " ? A-t-on vu un chrétien Chaldéen ou un Melchite se faire sauter dans une mosquée d'Irak ? Un seul ? Dès lors, comment mettre sur le même pied " les " intégrismes ?

             Il existe quand même une différence de nature entre un zélateur d'Al Quaeda et un Mormon, je crois.

             Distinguer souverainement le bien du mal, ne pas mettre à égalité le bon et le mauvais s'appelle aussi : Liberté.

             -Il nous faut être convaincus que la France est et reste une grande puissance. Du moins si elle continue de le décider.

             Aujourd'hui, combien de pays ont-ils une représentation diplomatique dans le monde comparable à la nôtre ? Un seul.

             Combien de pays disposent-ils de sous-marins lanceurs d'engins totalement conçus, fabriqués, maîtrisés par leur gouvernement national dans le monde ? Trois, et pas la Grande-Bretagne.

             Combien de pays disposent-ils de porte-avions de premier rang à catapulte avec une flotte aérienne adaptée, moderne et entrainée ? Deux.

             La France est au premier rang de toutes les grandes négociations mondiales, elle dispose d'un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, ses avions volent dans tous les cieux de la planète. Elle est au premier rang de la technique, de l'art, de la littérature.

             Elle est au premier rang des pays possédant un patrimoine multiséculaire, admirable et entretenu.

             Elle est au premier rang de certains travaux de recherche, elle inonde une partie du monde de son rayonnement culturel, artistique, commercial, d'influence, et ce depuis neuf siècles sans discontinuer !

             Quand la France parle, on l'écoute, parfois on la jalouse et on la brocarde de temps en temps, mais on l'écoute et son message est souvent reçu. C'est un fait.

             Cependant… restons modestes et cessons de donner des leçons au monde entier, car, comme d'autres, nous n'avons pas que des qualités. Le blanc de notre drapeau n'est hélas pas immaculé. Nous avons aussi de graves défauts : nous sommes souvent arrogants, légers, hâbleurs, désunis, insupportables.

             Nous voulons répandre les Droits de l'Homme sur le monde, mais nous avons inventé le génocide sous le terme de populicide, puis l'avons mis en œuvre en Vendée en 1793. Nous sommes (avec raison) pour la tolérance religieuse, mais… des Dragonnades de Louis XIV[4] aux " baptêmes républicains " de Carrier à Nantes ou aux lois d'Emile Combes en 1905[5], nous savons aussi persécuter nos concitoyens pour leurs convictions religieuses…

             Cependant et tout bien considéré, soyons fiers de ce que nous sommes, mais avec mesure.
            Soyons fiers de notre héritage multiséculaire, en ayant conscience de ce que nous sommes les " débiteurs insolvables " des richesses léguées par nos ancêtres.
            Nous ne pourrons jamais rembourser cette dette, qui nous oblige.

             Mais soyons aussi convaincus que cet héritage est fragile et peut s'effondrer en quelques années, voire quelques mois si des événements dramatiques venaient à se produire et auxquels nous n'aurions pas fait face à cause de notre impréparation, de notre inconscience, ou par inconsistance ou imprévoyance.

             Voyez comme s'est écroulé l'Ancien régime en quelque semaines[6], ou encore le tsarisme, le communisme, la Vienne impériale, sans parler des empires romain, moghol, khmer ou aztèque…

             Ce formidable patrimoine, notre patrimoine (matériel et immatériel) est fragile et se trouve entre nos mains.

             Alors restons vigilants et combattons les idées dangereuses pour l'avenir, tout en travaillant d'arrache-pied à l'unité de notre nation, qui en a de jour en jour plus besoin.
            Nous savons de mémoire séculaire, depuis Bouvines pour le moins, que la France unie est victorieuse des défis.
            Désunie elle se dissout et, qui sait, pourrait disparaître.
            Cela ne se doit pas.
Alexandre Lalanne-Berdouticq             

[1] Grand comme un département de chez nous : 10 000 km2 et un million d'habitants…
[2] Dix estropiés au départ d'un cent mètres olympique ne feront pas un champion !
[3] Dont la caractéristique essentielle est que le siège de la souveraineté se tient " dans la personne du peuple ", qui délègue ou non son autorité à des mandataires (démocratie directe ou indirecte).
[4] Contre les Protestants
[5] Contre les Catholiques
[6] Il a succombé à des crises multiples et simultanées : économique avec des dettes abyssales et une fiscalité inopérante et injuste, une défiance du peuple dans ses élites qui ne le représentaient plus, l'incapacité du système à se réformer et un pouvoir impuissant qui refusait de voir la réalité. Comparons avec aujourd'hui…


Le poème de ma nuit
Envoyé par Rémi


               Couchée dans mon lit, pensant à toi,
               j'ai senti ce besoin urgent
               de t'attraper et de te serrer très fort,
               parce que je ne peux oublier la nuit dernière

                Tu es venu pendant cette nuit calme
               et ce qui est arrivé dans mon lit
               me laisse encore des sensations de picotements.
               Tu es apparu de nulle part et,
               sans aucune gêne, ni retenue,
               tu t'es couché sur mon corps.
               Tu as senti mon indifférence,
               alors tu as commencé à me mordre sans remords
               et ça m'a rendue folle.

                Ce matin, lorsque je me suis réveillée,
               tu étais parti.
               Je t'ai cherché partout!!
               Sans succès.
               Seuls les draps sont les témoins
               de ce qui s'est passé la nuit passée.
               Mon corps porte encore les marques de ta visite, ce qui rend encore
               plus dur ton oubli.
               Ce soir, je vais rester réveillée à t'attendre...


               ? SALE MOUSTIQUE DE Mer..... !!!!!!


  Cimetières de Blida :
profanations au grand jour   

envoyé par Jeanne-Marie Santina
A Blida, les cimetières musulman, chrétien et juif sont la cible de criminels.
le 25.07.13
 © El Watan
Entrée du cimetière israélite inondée de sacs...

     En l'absence de toute visite officielle ou privée, le cimetière juif subit un traitement particulier. Réduit en un champ de ruines, les ordures ménagères y sont entassées et incinérées à l'entrée. Guerre de religions ? Sectes ? Pour tous les citoyens interrogés sur le sujet, l'infâme comportement est dû à l'absence de l'autorité publique et à l'impunité. Le voisinage des cimetières des trois religions monothéistes est sans doute une des particularités de la commune de Blida. Unies dans le même espace ombragé pour le repos éternel, ces dernières demeures, privées de toute protection, sont profanées avec une sauvagerie rarement égalée.

     Pourquoi ? C'est l'interrogation sans réponse qui revient sans cesse chez nos interlocuteurs, choqués pas les injures infligées aux morts, musulmans, juifs et chrétiens. Ces sacrilèges ne semblent nullement préoccuper les dépositaires de l'autorité publique. "De passage devant ces lieux, nous baissons la tête, impuissants, pour éviter le triste spectacle. Le rôle des citoyens n'est pas de se substituer à l'autorité de l'Etat. La responsabilité citoyenne en est un complément. Or l'Etat est démissionnaire ou, plus grave, est complice." C'est le verdict d'un magistrat qui se dit "terriblement attristé par la gravité de cette situation qui discrédite tous les Algériens".

     Au cimetière de Sidi Hallou, la conception traditionnelle des sépultures musulmanes ne serait pas du goût des sectes orientales avec leurs adeptes salafiste et wahabite. Aussi, les stèles finement ciselées sur le marbre sont brisées. Les tombes sont souillées. Seraient-ce les symptômes d'une guerre de religions ? Pas du tout selon un avocat du cru. Il s'agit, dit-il, d'une criminalité gratuite qui agit ouvertement, encouragée par la mise entre parenthèses du code pénal sur ce crime.

     Des morts sans défense
     Il n'y a sans doute pas de mots pour qualifier l'acharnement dévastateur contre le cimetière israélite. Livrée au pillage, cette page de la mémoire de la ville est à la merci de mains criminelles qui hantent les lieux en toute impunité pour se livrer au saccage de plus de cinq siècles de générations. Les premières populations juives, fuyant la Reconquista espagnole s'étaient installées ici dès les débuts du XVIe siècle sous la protection de Sid Ahmed el Kebir. L'entrée, devenue un dépotoir, est inondée d'ordures ménagères incinérées sur place. Pour voir les dégâts, il suffit de regarder par les trous béants percés dans les murs. C'est le choc.

     Pas un seul caveau n'a échappé au vandalisme. Les plaques des noms sont arrachées, les tombes vidées et les restes éparpillés. Le cimetière chrétien, malgré la ceinture de barbelés, n'échappe pas aux visites nocturnes. Les marchands des quatre saisons qui occupent le parking de l'entrée ont forcé le portail et se faufilent dans l'enceinte utilisée comme un terrain vague, en toute impunité.
Rachid Lourdjane    

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D’une colonistation l’autre.
Vers la guerre civile…

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Envoyé par : Francephi diffusion
« Une légende particulièrement tenace
voudrait que la France
soit une terre de mélange depuis des siècles.
C’est totalement faux »

           Entretien avec Emil Darhel à propos de son livre D’une colonistation l’autre. Vers la guerre civile…

          Que nous apprend votre livre ?
         Que les Français sont dans une situation particulièrement pénible : ils baignent dans le formol depuis des décennies. C’est assez confortable a priori. Ils sont gentiment bercés par le complexe médiatico-politique. Mais ce formol est un peu particulier… Au lieu de les préserver en tant que peuple, il les fait disparaître au profit d’autres peuples. L’écrivain Renaud Camus parle de “grand remplacement”. L’expression est particulièrement bien trouvée. Mon livre veut faire sortir nos compatriotes de leur état comateux. Les informations réunies dans D’une colonisation l’autre concernant la démographie, la criminalité, les intentions plus ou moins assumées des partis politiques traditionnels, etc. sont jusqu’à présent et pour la plupart d’entre elles restées hors de portée du grand public. Pourtant, lorsqu’elles sont recoupées, on peut voir quel avenir se dessine pour notre pays, et il est loin d’être “désirable”, si je peux me permettre cette allusion au slogan ringard d’une candidate socialiste…

          L’actualité semble apporter de l’eau à votre moulin…
         Tout à fait : entre Houria Bouteldja, porte-parole du parti des Indigènes de la République qui nous dit que les Blancs ont tout intérêt à lécher les babouches des nouveaux arrivants car ces derniers ne se priveront pas, quand ils en auront le pouvoir, de faire payer les premiers pour toutes leurs exactions (lesquelles ? on se le demande encore !), et Rokhaya Diallo, chroniqueuse pour la télévision, qui n’y va plus par quatre chemins et qui affirme à la télévision (sur France Ô) que “lorsqu’un pays s’interroge autant sur ce qu’il a été, c’est qu’il sent qu’il est en train de changer et que le rapport de force est en train de s’infléchir”, nous ne sommes plus dans le délire paranoïaque de suprémaciste blanc…

          Reprochez-vous aux néo-français leur manque flagrant d’intégration ?
         C’est une question à double tranchant… On peut effectivement déplorer leur manque d’intégration. D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, on ne parle que de cela en insistant sur le fait que le fameux “modèle d’intégration à la française” ne fonctionne plus. On notera d’ailleurs que, là encore, c’est la faute des Français de souche et non celle des immigrés si ces derniers ne s’intègrent pas… Mais on oublie systématiquement que ce modèle d’intégration ne peut fonctionner que si deux conditions sont remplies : il faut que les nouveaux arrivants aient la volonté de s’intégrer, mais il faut aussi et surtout que leur culture soit intégrable. Une légende particulièrement tenace voudrait que la France soit une terre de mélange depuis des siècles. C’est totalement faux. Mais les vagues récentes d’immigration de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, beaucoup plus réduites que le tsunami actuel, remplissaient ces deux conditions.
         Aujourd’hui, la grande majorité des nouveaux arrivants n’ont pas la volonté de s’intégrer, mais – et c’est beaucoup plus intéressant à mon sens – ils n’en ont pas les moyens. Leur culture est insoluble dans la nôtre. Et comme ils sont très nombreux, ils sont de plus en plus revendicatifs. Faut-il le déplorer ? Je ne crois pas. C’est plutôt une chance pour nous ; il ne pourra pas y avoir de cinquième colonne. Il y a déjà deux camps : celui de mesdemoiselles Bouteldja et Diallo, et le nôtre. Malheureusement pour les indécis, ils devront choisir.

          Vous parlez de culture. Pensez-vous à l’Islam ?
         Pas seulement, mais il est évident que l’Islam est particulièrement problématique. Le plus étonnant, c’est que l’Islam a été perçu comme une menace depuis le VIIème siècle en Europe et dès 721 en France, avec la première grande bataille de notre histoire contre les musulmans à Toulouse. Aujourd’hui, nous devrions considérer cette religion comme une chance pour nous, mais elle n’est pas comme les deux autres grandes religions monothéistes. Tout est dans Le Coran. L’Islam est un projet de société. Les progressistes ne pouvant occulter les revendications toujours plus grandes des musulmans pour modifier en profondeur notre société, ils ont inventé le concept d’Islamisme. Seulement l’Islamisme n’existe pas, il n’y a que des musulmans. Le caractère ochlocratique [du grec “Okhlos”, foule, multitude, et “kratos”, pouvoir, autorité] des populations musulmanes fait qu’elles ne peuvent absolument pas s’intégrer à une population non musulmane et qu’il ne peut y avoir que deux solutions : soit la population indigène non-musulmane résiste et combat, politiquement d’abord, puis physiquement si cela ne suffit pas, et sa terre restera le Dar Al Kufr, “domaine des incroyants”, soit elle cède et sombre dans le Dar Al Islam, “la maison de la soumission”. Pour le moment, nous sommes dans le Dar al Harb, “domaine de la guerre”. C’est pour le moment un conflit de basse intensité, mais cela reste une guerre…

          Justement, la probabilité d’une guerre civile, que vous semblez anticiper, est-elle vraiment envisageable ?
         J’aimerais préciser que ce que je crains n’est pas ce que je souhaite. Mais effectivement, je pense que le contexte économique actuel ne fait qu’augmenter ce risque. Il n’y a qu’à voir la situation des immigrés en Grèce aujourd’hui… La plupart des Occidentaux n’ont pas vraiment de conscience nationale : “Peu importe ce qui se passe dans mon pays tant que ma vie personnelle n’en est pas affectée”. Quand ils ne manquent de rien, ils balaient les discours qui risqueraient de gâcher leur plaisir. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui les Français s’accrochent encore aux programmes à la fois lénifiants et grotesques des candidats socialistes qui promettent de mettre au pas les marchés financiers, de créer des millions d’emplois aidés et d’abaisser l’âge légal de départ à la retraite… Les électeurs veulent y croire et sont prêts à ne pas accorder d’importance au reste du programme du Parti socialiste, c’est-à-dire le droit de vote des étrangers, les régularisations massives et le “changement de civilisation” cher à Madame Aubry… Quand le réel aura frappé, tout cela sera oublié. Certains en feront forcément les frais. Mais il n’est pas trop tard, et il suffit que certaines décisions soient prises pour que la disparition de notre civilisation soit évitée, et sans aucune violence.

D’une colonisation l’autre, Emil Darhel, Éditions L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 130 pages, 18 euros.
          


Ce que tous les Français
devraient savoir

envoyé par plusieurs correspondants



Document peu courant mais authentique car émanant du gouvernement français de 1957.
C'est un document officiel, maintenant renié, comme Beaucoup d'engagements.

Reproduction Intégrale.



         Il faut savoir :
         - que l'Algérie n'est pas, comme certains le croient, une terre de richesses fabuleuses où quelques gros colons, vautrés dans leur or, tiennent en esclavage une population d'indigènes faméliques.

  Il faut savoir :
         - que sur 1 200 000 Français européens qui habitent l'Algérie, on compte à peine 21 000 colons, 21 000 colons dont 120 seulement ont des propriétés qui excèdent deux cents hectares,
         dont 7 000 ne possèdent pas chacun dix hectares ;
         - qu'il y a donc en Algérie 1 180 000 Français européens qui ne sont pas des colons. Que sont-ils ? Des artisans, des employés, des ouvriers, des fonctionnaires, des commerçants, des avocats, des médecins, des ingénieurs... exactement comme on en voit à Draguignan, à Nevers et à Évreux ;
         - qu'en dehors d'une classe aisée qui comprend à peine 15 004 personnes, le revenu moyen de ces Français d'Algérie est inférieur de 20 % à celui des Français de la métropole.
         Mais que ces Algériens, tout en restant profondément français, sont aussi attachés au pays qu'ils habitent que les Français de France le sont à leur province.
         Car leurs grands-parents ou arrière-grands-parents, lorsqu'ils se sont établis en Algérie, n'y sont pas venus pour s'y enrichir et retourner ensuite chez eux ; ils y sont venus pour y vivre, pour s'y fixer définitivement, pour que leurs enfants y demeurent. Ils sont devenus des autochtones.

  Il faut savoir :
         - que l'Algérie n'a que 11 millions d'hectares de terres cultivées(1)
         - et que sur ces 11 millions d'hectares, 9 millions, c'est-à-dire plus des trois quarts appartiennent à la population musulmane, 2 millions d'hectares seulement à des Européens.

  II faut savoir :
         - que la plus grande partie des terres européennes a été gagnée sur des steppes jadis incultes ou sur des marais jadis inhabités parce que mortellement insalubres (2) ;
         - que le vignoble algérien, qui occupe 372 000 hectares, a été, dans sa presque totalité, créé de toute pièce par des Européens, et qu'il distribue, chaque année, près de vingt milliards de francs de salaires. (3)

  IL FAUT SAVOIR AUSSI...
         II faut savoir :

         - que le pays qui se nomme aujourd'hui l'Algérie n'était pas en 1830, à l'arrivée des Français, un Etat comme l'étaient le Maroc et la Tunisie ;
         - que ce pays se composait alors d'un ensemble de tribus sans aucun lien entre elles ;
         - que ces tribus étaient même animées les unes envers les autres d'une hostilité que l'occupant turc avait pris bien soin d'entretenir, de crainte qu'une même haine pût les unir contre lui ;
         - que le sentiment de patrie était, chez ces populations, totalement ignoré ;
         - que ce pays n'avait même pas de nom. (4)

  (1) Parce que, si étrange que cela paraisse, l'Algérie n'a que 11 millions d'hectares de terres cultivables : 11 millions d'hectares sur 220 millions. Une proportion de 5 %.
         (2) A Boufarik, en quatre ans, de 1837 à 1840, on compte 231 colons décédés sur 450.
         (3) C'est une erreur de croire qu'une conversion de ce vignoble en cultures de céréales améliorerait la situation alimentaire. Ces terres seraient-elles même distribuées gratuitement â, de petits exploitants, que leur production en céréales serait loin d'atteindre chaque année la valeur de vingt milliards de francs qu'elles assurent actuellement sous forme de salaires.
         (4) Le nom d'Algérie date d'une ordonnance de 1842.


  II faut savoir :
         - qu'en ce pays régnait, à l'état endémique, la peste, la variole, le typhus, et que le chiffre de la population était en diminution constante depuis l'époque romaine ;
         - que ce chiffre de la population musulmane, qui était, en 1830, `tombé à moins de deux millions, est aujourd'hui de huit millions trois cent mille ;
         - que la population musulmane s'accroît actuellement de 225 000 âmes chaque année - ce qui pose un grave problème sur le plan alimentaire ) (1);
         - qu'un des effets de cette progression démographique (2) est que la moitié de la population musulmane est âgée de moins de vingt ans.

  II faut savoir : -
          qu'avant l'arrivée des Français, les plaines étaient inhabitées, les cultivateurs ne pouvant se mettre à l'abri des pillards (3) qu'en demeurant dans les montagnes
         - que 700 centres ruraux furent alors créés et aménagés par l'Administration française, lesquels sont devenus des villages qu'habitent aujourd'hui les deux éléments de la population --- et certains même des villes (comme Sidi-bel-Abbès, Boufarik, Tizi-Ouzou, Bordj -Bou-Arréridj..)
         - qu'en raison de leurs méthodes archaïques, les agriculteurs musulmans n'obtenaient, jusqu'à ces dernières années, dans la culture des céréales, que des rendements très inférieurs à ceux qu'enregistrent les agriculteurs européens (4)

  (1) Problème qui, évidemment, ne se poserait pas si, à l'exemple de certaines nations, la France avait anéanti ou même simplement laissé s'éteindre - la population autochtone ; mais ce n'est pas ainsi qu'opère le " colonialisme " français.
         (2) Une des plus fortes existant dans le monde.
         (3) Les nomades, éternels ennemis des sédentaires.
         (4) Quatre quintaux et demi à l'hectare au lieu de neuf. (A noter que ce dernier chiffre est, à cause de la pauvreté du sol, très inférieur, lui-même, aux rendements de la métropole qui atteignent vingt-trois à vingt-cinq quintaux à l'hectare.)

         - que l'éducation technique des agriculteurs musulmans a été dès lors organisée sur une grande échelle par la création d'organismes nommés Secteurs d'Amélioration Rurale (S.A.R.) qui, établis en grand nombre dans le bled, ont pour mission de mettre à la disposition du fellah du matériel moderne et de lui enseigner les méthodes rationnelles de travail (1)
         - qu'outre les nombreux forages de puits qui ont été pratiqués dans les régions dépourvues d'eau, onze grands barrages ont été construits, qui permettent d'irriguer 140 000 hectares.

  IL FAUT SAVOIR ENCORE...
         II faut savoir :

         - que la nationalité française a été donnée à tous les Musulmans algériens par un sénatus-consulte de 1865 ;
         - qu'une loi du 20 septembre 1947 a proclamé l'égalité absolue des droits entre Français d'origine métropolitaine et Français-Musulmans ;
         - que cette loi de 1947 déclare notamment toutes les fonctions dans les administrations, les services publics ou concédés, dans les armées de terre, de mer ou de l'air et dans la magistrature, également accessibles aux deux éléments ethniques ;
         - qu'un décret de mars 1956, tenant compte de ce que les jeunes Musulmans éprouvent souvent, du fait de certaines coutumes familiales, un retard dans leurs études, a reculé, pour ceux-ci, la limite d'âge dans tous les examens et concours.

  II faut savoir :
         - que l'enseignement primaire compte, en Algérie, 12 000 classes fréquentées par 523 000 enfants, dont 350 000 enfants musulmans;
         - que l'enseignement secondaire est donné, dans 51 lycées et collèges, à 35 000 élèves, tant européens que musulmans ;
         - que l'Université d'Alger, la troisième de France, compte 5 200 étudiants, dont 5 50 Musulmans ;
         - que la formation professionnelle est donnée à plus de 12 000 élèves des deux groupes ethniques.

  (1) On calcule que si l'on réussissait à élever de cinq quintaux à l'hectare le rendement de la culture musulmane, il en résulterait une augmentation de la production annuelle qui résoudrait le problème alimentaire.
         Il faut savoir : - que, dans toutes ces écoles, les enfants musulmans et européens sont reçus sans aucune distinction, comme ils le sont, du reste, partout (1). Coude à coude sur les bancs de l'école, les Français des deux origines se retrouvent coude à coude dans les rangs de l'armée où se forgent entre eux les liens d'une indestructible amitié. (2)

  IL FAUT SAVOIR ENFIN...
         Il faut savoir enfin, nous le disons un peu en désordre :

         - que l'équipement sanitaire de l'Algérie comprend :
         - 150 hôpitaux, avec 30 000 lits (3),
         - un Institut Pasteur,
         - 2 000 médecins,
         - des colonnes médicales mobiles qui luttent sans répit contre le paludisme, la tuberculose, le trachome (4),
         - sans parler d'innombrables oeuvres privées ;
         que l'Algérie a :
         - un réseau routier de 80 000 kilomètres sur lequel circulent 130 000 véhicules automobiles (voitures et cars),
         - un réseau ferroviaire de 4 350 kilomètres, transportant chaque année 15 millions de voyageurs,
         - 32 aérodromes, sur lesquels atterrissent annuellement 10 000 avions,
         - 14 ports modernes,
         - 16 000 kilomètres de lignes téléphoniques,
         - une production électrique de 950 millions de kilowatts-heure. (1) Il n'y a pas, en Algérie, de discriminations raciales, comme celles qui, dans certains pays, réglementent l'entrée dans les hôtels ou les tramways, selon la couleur de la peau.
         (2) L'armée de la Libération (Tunisie, Italie, Corse, Provence, Rhin et Danube). constituée en Afrique du Nord et formée, pour la plus grande part, de volontaires, se composait de 250 000 Français d'Algérie et 240 000 Musulmans.
         (3) Dans les hôpitaux d'Algérie, on trouve neuf Musulmans pour un Européen.
         (4) Dans les seuls Territoires du Sud, plus de 3 millions de consultations ont été données en 1956 aux populations musulmanes. Il a été pratiqué 3 300 opérations des yeux.

         - que l'Algérie est tout ensemble le principal client et le principal fournisseur de la métropole (1) ;
         - que les Français européens paient, à eux seuls, 80% des impôts directs - lesquels sont consacrés, pour les neuf dixièmes, à l'amélioration des conditions de vie des populations musulmanes ;
         - que les Musulmans algériens qui travaillent en France envoient, chaque année, 40 milliards de francs à leurs familles ;
         - que les salaires agricoles sont les mêmes pour les Européens (2) et pour les Musulmans, et que ces salaires, bien que considérés par la France comme trop bas, sont à égalité avec ceux d'Espagne et d'Italie, et quatre à cinq fois supérieurs à ceux des fellahs des bords du Nil ;
         - que, pour faire face à l'accroissement de la population - lequel nécessite la création de 60 000 emplois nouveaux chaque année il est fait actuellement un intense effort d'industrialisation de l'Algérie, notamment dans la zone de Colomb-Béchar où l'on trouve, en importants gisements, charbon, fer, manganèse, cuivre, et où a surgi, en quelques semaines, au milieu des dunes de sable, une véritable ville-champignon qui s'étend tous les jours ;
         - que cette industrialisation du Sud-algérien peut être puissamment aidée par la découverte faite récemment au Sahara de poches de gaz naturel dont l'une, celle de Djebel-Berga, près d'In-Salam, est d'une exceptionnelle importance ;
         - que les prospections minières faites au Sahara ont révélé l'existence d'importants gisements de fer, de cuivre, de plomb, de potasse, de tungstène, de nickel, d'étain, de chrome, d'uranium ;
         - que le seul gisement de fer de Tindouf pourra fournir quelque dix millions de tonnes annuellement, ce qui dépasse largement la capacité d'absorption de l'industrie française ;

  Et disons, pour finir :
         que les prospections pétrolières, pratiquées depuis 1952, sont confiées à quatre sociétés dans lesquelles les trois quarts des capitaux sont français ;
         qu'en cinq points déjà les sondages se sont révélés productifs

  (1) L'Algérie a, en 1954, vendu à la France pour 102 milliards de marchandises, et lui en a acheté pour 172 milliards.
         (2) IL Y A en Algérie, 9 000 ouvriers agricoles européens.


  - que les réserves en pétrole du Sahara sont, d'après les estimations les plus modérées, de même importance que celle du Venezuela
         - dont la production annuelle représente actuellement le cinquième de la production mondiale ;
         - et qu' " avant dix ans, a déclaré le président du Conseil Guy Mollet (1), le Sahara pourra satisfaire au moins la moitié des besoins de l'Europe. "

  Mais n'oublions pas
- que le sous-sol saharien a d'autres richesses : ses nappes d'eau artésienne ;
         - que l'une d'elles, dite de l'Albien, d'une capacité de dix mille milliards de mètres cubes, s'étend, dans le Sud-Algérois, à une profondeur d'environ quatorze cents mètres, sur une superficie supérieure à celle de la France ;
         - que les moyens actuels de forage permettent de faire jaillir l'eau, en trois semaines ou un mois, en un point quelconque de cette vaste région et donc d'y créer autant de centres de culture qu'on le désirera ;

  - que, pour commencer, des cités verdoyantes ne tarderont pas â apparaître à côté des puits de pétrole ;
         - et que, la vie se répandant de proche en proche sur toute l'étendue des régions aujourd'hui désertiques, le Sahara " peut devenir demain, comme le déclarait récemment M. M.-E. Naegelen devant l'Académie des sciences morales et politiques, une prodigieuse oasis qui étonnera le monde ".

  Terminons sur cette réconfortante perspective qu'a développée en détail l'ancien Gouverneur général de l'Algérie, faisant sienne la formule du président du Conseil: " LE MIRACLE SAHARIEN SERA LA GRANDE TACHE DE NOTRE GENERATION ".
         Et associons-nous à sa conclusion, lorsque insistant sur la nécessité de vocations sahariennes, il citait ce mot de M. Louis Armand, président du Bureau industriel africain : " Le Sahara devra être non seulement un réservoir de ressources minières et pétrolières, mais une école d'énergie et d'initiative pour les Français. "

  Alger, avril 1957. (1) Discours d'Arras, le 24 mars 1957.

Trépanation des Kabyles
PAR Le Dr LUCAS-CHAMPIONNIÈRE 1912
(Ci-dessous, un condensé de ce livre sur la Trépanation néolithique, trépanation pré-Colombienne, trépanation des Kabyles, trépanation traditionnelle. Source Gallica)

AVERTISSEMENT

« Ce volume donne la première partie d'une étude historique sur la trépanation. Bien que j'aie voulu limiter mon travail à l'ouverture du crâne pour le traitement des maladies médicales, je n'ai pu le compléter aussi rapidement que je l'espérais. Cette partie terminée depuis longtemps aurait trop attendu.
       Il m'a paru qu'elle pouvait à elle seule présenter un ensemble de recherches. Elle est née d'une conception particulière de l'utilité de l'histoire de notre art. »

LE PASSÉ ET LE PRÉSENT
DE L'OUVERTURE DU CRANE
                Il y a trente-cinq ans seulement la pratique de la trépanation pour les fractures du crâne était tombée en désuétude, si bien qu'il fallait en quelque sorte s'excuser pour faire une trépanation après un traumatisme crânien. En tous pays, quelques rares chirurgiens la défendaient encore, surtout quelques chirurgiens militaires ou marins. Mais ils ne formaient qu'une petite minorité et ne la pratiquaient guère. Leurs opérations, très rares, se rapportaient surtout à des cas d'intervention secondaire.

       La trépanation, dite préhistorique, découverte en 1868, est bien certainement le document le plus extraordinaire que nous ayons pu rencontrer dans l'histoire de l'humanité. Ce document est emprunté à une époque à laquelle nous ne connaissons de l'homme que ses ossements et quelques instruments misérables dont nous devinons l'usage plutôt que nous ne le démontrons. Puis nous le retrouvons en quelque sorte à toutes les époques de l'humanité. Tout près de nous, autour de nous, nous le retrouvons encore à une époque contemporaine, non parmi les oeuvres de la science moderne, mais parmi les coutumes de populations qui n'ont point participé à l'évolution de cette science. Il représente une conception extraordinaire de la puissance d'une action curatrice sur le système nerveux.
       II nous montre le sauvage attaquant en quelque sorte la masse cérébrale, cherchant une action directe sur le système nerveux. Il nous permet de supposer que l'homme des temps préhistoriques avait pu s'élever à une conception thérapeutique si importante qu'il fallut aux temps de la civilisation arriver jusqu'à la fin du XIXème siècle pour que le monde savant, après des découvertes très complètes sur le système nerveux, adoptât une thérapeutique que nous avons pu croire toute nouvelle et qui n'était qu'un perfectionnement de la thérapeutique des temps inconnus.
       Aussi étudier la pratique de cette ouverture du crâne, chercher à retrouver les motifs et la technique de ces opérations est pour nous une occasion d'un retour bien singulier sur l'histoire de l'esprit humain, sur la puissance de l'observation dans les siècles passés, sur l'évolution du mouvement scientifique.
       Il est tellement difficile de concevoir comment ces primitifs sauvages que nous supposons sans existence scientifique ont pu arriver à une conception aussi compliquée que l'exécution d'une opération d'une importance considérable appliquée à des phénomènes d'une analyse impossible pour eux, que ceux qui ont eu le bonheur et l'habileté de découvrir les preuves anatomiques de la trépanation préhistorique ont éprouvé une sorte de stupéfaction. On commença par douter de la réalité des opérations, par la nier. On hésita à admettre qu'elles aient pu être pratiquées pendant la vie, puis après des constatations qui ne pouvaient laisser aucun doute, on évoqua pour ces opérations les motifs les plus étranges. Les auteurs qui ont donné libre cours à leur imagination, ont trouvé les interprétations les plus romanesques des faits qu'ils observaient.
       Ils ont supposé que, pour ouvrir le crâne, l'homme primitif avait dû avoir la pensée d'en faire sortir les démons qui engendraient les conclusions ou la folie. On a pensé que le fanatisme religieux pouvait seul justifier des opérations cruelles et l'on imagina une initiation par l'ouverture du crâne
       Il nous parait infiniment probable que les motifs de ces opérations furent bien plus simples et beaucoup plus justifiés par une bonne observation. Si nos maîtres ne se sont pas arrêtés à ces motifs très simples, c'est que l'état de leur science les éloignait beaucoup trop de la réalité des faits : c'est que cette conception de thérapeutique bien légitime était hors de leur portée.
       En effet, l'étude des pièces d'ouverture du crâne ne leur montrait pas seulement. l'homme préhistorique supérieur en audace aux chirurgiens les plus célèbres de leur temps lorsqu'il appliquait cette ouverture au traitement des fractures du crâne, elle leur montrait ces sauvages élevés à une conception thérapeutique des maladies intra-crâniennes d'une hardiesse inconnue pour la chirurgie régulière au XIXème siècle. Nos premiers essais qui sont venus ensuite ne devaient être qu'une réalisation scientifique de ces conceptions thérapeutiques. Il fallait partir de cette conception thérapeutique pour trouver la pratique des sauvages infiniment plus simple, plus facile à justifier qu'on ne put le penser d'abord. Il fallait admettre qu'aux âges passés, l'empirisme, une suite d'observations régulières et très prolongées par la tradition avaient suffi à instituer une coutume thérapeutique utile.
       Cette thérapeutique utile disparut avec les siècles pour ne laisser subsister que la trépanation limitée aux fractures du crâne, que l'on peut considérer comme un reste dégénéré de la pratique préhistorique plus étendue et plus parfaite.
       Cette supposition peut devenir le thème légitime de tous les développements que peuvent faire naître ces curieuses observations. On peut sur les causes probables de l'intervention discuter à perle de vue, mais il subsiste toujours un fait brutal : la constatation d'une grande opération pratiquée fréquemment et heureusement.

       Lorsqu'on veut étudier cette curieuse question de la trépanation, il faut déterminer avec précision ce que l'on entend par trépanation préhistorique, parce que l'on aurait une tendance, en se fiant au mot de trépanation, à vouloir trop assimiler l'opération des époques inconnues à l'opération faite sur le crâne comme on nous l'a classiquement enseignée.
       Celle-ci n'était que l'ouverture du crâne faite par les chirurgiens réguliers limitée à certains cas de fracture du crâne Connue et préconisée par Hippocrate, elle fut transmise à toutes les nations civilisées suivant une formule assez régulière, pratiquée plus ou moins souvent : mais au XVIIIème siècle, elle eut en tous pays une vogue importante pour disparaître presque de la chirurgie au XIXème siècle, de telle façon qu'au XIXème siècle, les exemples en étaient d'une grande rareté. En tous pays, c'était devenu une opération exceptionnelle.
       La trépanation que les maîtres depuis le temps d'Hippocrate, jusqu'au XVIIIème siècle nous ont enseignée, était-elle, comme on l'a cru si longtemps, - l'œuvre toute nouvelle de la chirurgie régulière telle qu'elle put être instaurée lorsque la science chirurgicale s'est constituée, appuyée sur l'expérience d'opérateurs réguliers et, instruits?
       Etait-elle plutôt le souvenir très dégénéré et très affaibli des pratiques de la chirurgie néolithique? Cette dernière supposition est facile à défendre comme nous le verrons plus loin.
       Il ne semble pas impossible de retrouver dans les pratiques vraiment chirurgicales la filiation qui aurait dû rattacher la science à la tradition. L'histoire a gardé quelque souvenir de l'utilité de l'ouverture du chine pour les maladies, sans la maintenir dans la thérapeutique scientifiquement acceptée (1).
1) Broca cite le livre suivant de JEAN Taxil Traité de l'Epilepsie, maladie vulgairement appelé au pays de Provence, la goulette aux petits enfants. Lyon. 1603. volume 8 où la trépanation serait citée. Velpeau parle des circulatoires empiriques trépaneurs, d'après Sylvaticus. Il m'a été impossible de retrouver les éléments de la citation dans Sylvaticus que Velpeau ne sachant pas le latin, n'avait évidemment pas lu.

       Mais, même si on admet ce fait, il faut admettre aussi que le divorce de la science chirurgicale et de la tradition fut complet, car il n'y a que des analogies assez lointaines entre la trépanation régulière et l'opération préhistorique qui ouvrait le crâne.
       Au temps du XVIIIème siècle où elle était le plus préconisée, la trépanation n'était qu'une opération rare, une opération d'exception qui ne s'appliquait que pour certaines fractures du crâne, et par conséquent, ne pouvait avoir sa place que dans certains traumatismes.
       Tout au contraire, à en juger par le nombre considérable des pièces que donnent les fouilles, la trépanation préhistorique était une opération d'un tout autre genre, extraordinairement fréquente. Dans toutes les régions où les squelettes appartenant à ces peuples disparus ont montré ces ouvertures du crâne, les exemples recueillis ont été très nombreux. Je suis même convaincu que les exemples devraient être plus nombreux que ne l'ont admis les inventeurs de ces précieux restes.
       En effet, en effectuant cette découverte, on a considéré surtout comme caractéristiques de la trépanation les ouvertures crâniennes avant une certaine régularité et certaines dimensions qui les rapprochaient de l'aspect des ouvertures que laisse la trépanation de la chirurgie contemporaine.
       Au contraire, certaines de ces ouvertures paraissaient énormes. Mon expérience personnelle m'a appris qu'à côté de ces sujets typiques, on en rencontrait de plus irréguliers, avec des pertes de substance considérables, ne rappelant guère les ouvertures dont nous sommes coutumiers en chirurgie, mais dues certainement à une intervention opératoire. En examinant un certain nombre de crânes provenant d'un cimetière Gaulois, j'ai vu un bon nombre de ces ouvertures mal attribuées parce que seuls, les orifices réguliers avaient frappé les observateurs.
       II y a encore un fait qui montre la trépanation préhistorique bien plus fréquente qu'elle ne nous avait paru au premier abord; c'est le cas de la trépanation incomplète, le fait que la trépanation peut être complète ou incomplète, c'est-à-dire que la trépanation peut être constituée par un orifice ouvrant la boite crânienne ou par une excavation dans le diploé ouvrant la table externe et laissant intacte la table interne.
       C'est une forme qui a été mal comprise et, mal comptée parce qu'elle est trop différente de notre chirurgie. Peut-être dans la chirurgie ancienne, en eut-on retrouvé des exemples. Mais dans la chirurgie contemporaine, elle n'existait plus et. on ne s'attendait pas à la constater. Cependant., sa réalité est devenue évidente par l'étude des pièces
       La découverte des ouvertures crâniennes artificielles fut faite d'abord dans des foyers qui appartiennent à des âges qui nous sont tout à fait inconnus. La première pièce recueillie le fut par Prunières de Marvejols dans un dolmen de la Lozère (1868)"
       Les suivantes furent trouvées par Joseph de Baye, dans les grottes sépulcrales artificielles de la vallée du Petit Morin (Marne).
       Depuis, des pièces nombreuses furent rencontrées dans des cavernes ou stations très éloignées appartenant. à coup sûr à des périodes très différentes, et toutes ces pièces furent. étudiées surtout par Prunières, de Baye, Broca.
       Plus tard, on signala les mêmes traces d'opérations à des époques infiniment plus récentes, puisque l'on a recueilli des rondelles fixées à un torque gaulois, et de Baye a trouvé à Targemoulin (Marne) une rondelle semblable suspendue à un fil de laiton et percée de trois trous.
       Il est curieux de constater que plus tard encore, en se rapprochant du temps des civilisations connues, on retrouve la trépanation sous des formes absolument identiques à celles de la trépanation préhistorique et son mode de distribution est presque aussi intéressant que sa facture même.
       La distribution géographique de ces trépanations mérite d'être rappelée, tant au point de vue historique qu'au point de vue philosophique. On peut faire des remarques très curieuses relatives aux pays et aux races dans lesquels on retrouve plus tard la trace de la même opération, des mêmes pratiques. Après que l'histoire est constituée, on ne trouve plus cette trépanation chez les peuples qui ont pris une part active à l'évolution de la civilisation.
       Il est difficile d'affirmer que les civilisations indoues et chinoises n'ont pas connu la trépanation. Cela est pourtant tout à fait probable. On n'en a point signalé les traces chez les Egyptiens et pas davantage chez les Grecs et les Romains. Pourtant, on l'a bien retrouvée dans les cimetières gaulois d'une époque contemporaine de la civilisation romaine.
       En Amérique, d'après Capitau, la trépanation fut souvent employée avant la conquête européenne, soit chez les Peaux-Rouges de l'Amérique du Nord, soit dans les empires du Mexique, de l'Amérique centrale et du Pérou.

       On signale également de notre temps cette trépanation identique, toujours essentiellement différente de la trépanation des chirurgiens civilisés. On peut énumérer des populations importantes qui la pratiquent encore, les montagnards du Daghestan, d'après le docteur Krivyakyn. On a signalé les mêmes coutumes à Tahiti et dans les îles de la Polynésie. L'opération a été signalée et décrite par le révérend Samuel Ella dans l'île d'Uvéa, groupe des Loyalty, où l'opération se ferait par grattage avec un morceau de verre.
       Mais nous pouvons faire directement une étude bien plus curieuse encore, et cette étude nous l'avons faite nous-même sur place. En notre temps, tout près de nous, on peut retrouver et observer cette trépanation toujours différente de la trépanation des pays civilisés. C'est. au Nord de l'Afrique surtout, dans l'Aurès, chez les Kabyles, qu'elle persiste intégrale, vivante en quelque sorte.
       Elle persiste pour ces peuplades barbares, peu instruites, inconnue en quelque sorte des Arabes de grande tente qui ne sont pas aujourd'hui sensiblement plus instruits ni plus civilisés, mais qui eux auraient pu retenir quelque chose de la science Arabe.
       Chez les Kabyles, ces coutumes ne paraissent pas davantage leur être communes avec certaines peuplades moins civilisées, car chez les nègres d'Afrique, même chez ceux qui ont été le plus souvent en contact avec, les Kabyles, la trépanation est aussi inconnue que chez les Arabes. Au moins, jusqu'ici, ni sur les ossements étudiés, ni sur les vivants, on n'a eu occasion de l'observer.
       En Europe, chez les montagnards du Monténégro, on a retrouvé la trépanation très analogue à celle des Kabyles. Nous y reviendrons.
       Peu de temps après que l'on eut découvert les crânes artificiellement ouverts, c'est-à-dire les pièces de la trépanation préhistorique, par une fortune remarquable on découvrit les rondelles crâniennes. C'est-à-dire qu'après avoir découvert les crânes artificiellement ouverts, on découvrit les fragments osseux, les rondelles que la pratique de la trépanation avait pu faire enlever et que l'on avait conservé.
       Cette découverte fut encore dues à Prunières, en 1873.

       Mais, si le but de la trépanation même restait mystérieux, cette coutume de la conservation d'un fragment crânien enlevé parut plus mystérieuse encore. L'imagination des observateurs prit un libre cours. Cette étude des rondelles crâniennes devint le point de départ d'une interprétation très compliquée, de toute une théorie nouvelle de la trépanation préhistorique. Ce fut Broca surtout qui fut l'auteur de ces théories. Sur ces théories et sur ses observations, il est intéressant de revenir. Il y a un grand intérêt à discuter le but et l'importance de la trépanation. Mais il ne faut pas se dissimuler que l'étude de ces faits est plus complexe qu'on ne peut le penser au premier abord.
       Ce n'est qu'en étudiant, les détails avec soin, en comparant les faits du même ordre qu'il sera possible d'établir si l'homme de l'âge de pierre n'a eu là qu'une visée fantaisiste, une pratique cruelle sans raison ou si faisant, dans la suite des temps, de justes observations, il a pu constituer une thérapeutique heureuse et compliquée. Il faut montrer s'il a eu raison de l'établir. Il faut savoir si son oeuvre fut belle, précieuse et digne d'être reprise et perfectionnée.

       Il est donc indispensable de se rendre le compte le plus exact possible de cette pratique du passé, si lointain qu'il soit, de la discuter dans ses détails. Peut-être verra-t-on alors que si elle a paru barbare et cruelle, sans raison valable, cela tint simplement r, ce que l'on ne pouvait la comprendre.
       Mieux informés aujourd'hui de sa valeur thérapeutique, nous nous demanderons tout simplement si, dans ce passé ténébreux, nous n'avons pas été devancés par des observations justes et des pratiques utiles.
       Il faut donc bien poser en l'étudiant les questions suivantes :
       En quoi consiste la trépanation préhistorique?
       Comment pouvait-elle être pratiquée avec les moyens misérables que nous supposons avoir été ceux de l'homme de l'âge de pierre?
       Quelles pouvaient être les maladies traitées par cette trépanation ou quelles étaient les raisons de cette trépanation?
       Quelles sont les analogies de la trépanation préhistorique et de la trépanation contemporaine des Kabyles ou des Monténégrins?
       Dans les pays beaucoup plus civilisés, pourrait-on retrouver quelque trace de la méthode préhistorique ?
       Enfin, les notions toutes modernes sur la trépanation justifient-elles ou condamnent-elles les pratiques du sauvage de l'âge de pierre et du Kabyle contemporain?
Trépanation kabyle.

       Cette figure est faite d'après une photographie originale et a été publiée dans le Mémoire de Verneau et Malbot. Le professeur Verneau a bien voulu nous autoriser à la reproduire.

       Les pièces de ce genre sont fort rares. Celle-ci est la seule que j'ai pu étudier au Muséum. Je ne connais aucune autre pièce de trépanation Kabyle à Paris et je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup d'autres dans les musées.
       D'après le mémoire Verneau et Malbot, ce crâne était aux démonstrations du toubib qui enseignait la trépanation. On peut voir sur la photographie et mieux sur le crâne qu'il n'y a guère de traces de réparation, Une partie des sections portent sur une portion d'os qui était altérée en voie de production d'un séquestre.
       Ce n'est pas là le procédé coutumier des Kabyles chez lesquels la trépanation est suivie de guérison assez rapide.
       Je croirais volontiers que ce crâne, qui avait subi quelque traumatisme, fut destiné aux démonstrations opératoires et n'est pas le reste d'une trépanation ordinaire. La ligne droite qui réunit deux perforations faites avec le brima n'est peut-être pas contemporaine de l'opération complète en arrière. Elle présente plusieurs orifices et lignes qui ne paraissent pas être trace de trépanation complète et n'ont peut-être été faits que pour un essai de démonstration.

PIECE DU MUSEUM DU JARDIN DES PLANTES

Source Gallica

       Crâne kabyle du Musée d'anthropologie du Muséum d'Histoire naturelle. Il est figuré dans le mémoire de Verneau et Malbot: Les Chaouias et la trépanation du crâne dans l'Aurès in Anthropologie, T. VIII, 1897. Il est figuré aussi dans le Mémoire de Capitan sur La chirurgie nerveuse des peuples sauvages. Paris, 1903.

       Nous verrons plus loin que cette disposition donne des notions très claires sur la méthode employée pour pénétrer le crâne. Le Professeur Verneau qui nous avait fait connaître cette pièce de ses collections, nous a dit avoir rencontré la même disposition sur un autre crâne Péruvien.
       Il y a encore d'autres documents sur la trépanation suivant le mode préhistorique. Toutefois, nous ne les trouvons pas plus intéressants que ceux-ci.
       Ceux qui viennent des Kabyles devraient être tout à fait intéressants. Malheureusement, comme je le dirai plus loin, nous sommes trop dépourvu de pièces anatomiques pour qu'on puisse en publier de belles représentations à coté de celles que nous avons signalées.
       C'est un fait assez particulier que même aujourd'hui, alors que les collections de crânes sont si nombreuses, celles relatives à la trépanation kabyle, opération si commune, sont fort rares. Celles qui existent sont modérément intéressantes.

       La pièce la plus connue et la plus belle est, celle qui existe au Muséum du Jardin des Plantes et qui a été figurée dans le beau Mémoire de M. le Professeur Verneau et Docteur Henri Malbot. (page 36 et fig. 21).
       Le crâne en question parait avoir servi de démonstration opératoire. Mais il a peut-être, lors d'une opération, été l'objet d'un traumatisme particulier, car une grande surface osseuse parait destiné à être entraînée par la suppuration. Quoiqu'il soit possible qui chez les kabyles les opérations aient eu lieu quelquefois en plusieurs temps, en attendant l'élimination de séquestres osseux, cela ne parait pas être un procédé Habituel.
       Il est probable, au contraire, que les Kabyles, comme d'autres primitifs, attaquent la rondelle qu'ils ont entourée de lignes d`incision et l'enlèvent en donnant à la perte de substance une forme arrondie ou ovalaire; d`autres fois, en lui donnant une forme carrée.
       Aujourd'hui, du moins, ils emploient des procédés qui diffèrent un peu suivant les opérateurs, mais que l'on peut ramener à deux types comme A. Paris l'avait indiqué autrefois.
       Les uns font des traits droits avec une courte scie droite (Menchar).
Source Gallica

       Les autres, avec un instrument perforateur qui ressemble à une vrille (brima) un peu large, font une série de perforations rapprochées les unes des autres, fusionnent entre elles toutes ces perforations en entourant une pièce du crâne ou bien en réunissant deux perforations avec une scie. Cette pièce sera la rondelle enlevée.
       On peut voir sur la pièce de Verneau et Malbot comment ils combinent l'action du brima et celle du menchar en joignant deux perforations par un trait de scie. C'est exactement la méthode employée aujourd'hui avec les appareils les plus modernes de Martel.
       Il est à espérer que des fouilles futures nous mettront en possession de crânes anciennement ouverts et trépanés qui doivent être très nombreux en une contrée où l'ouverture du crâne ou plutôt les ouvertures multiples du crâne sont faits habituels.

Age des crânes et survie.

       Il serait sans doute fort intéressant de faire une enquête sur l'âge probable auquel a été faite la trépanation. Mais comment faire cette enquête?
       Faire remonter toutes les trépanations à l'enfance est une supposition toute gratuite. Nous avons vu qu'il n'y a en réalité aucune disposition anatomique qui puisse être évoquée en preuve.
       Si la coutume de trépaner les enfants avait dominé cette pratique, ou aurait dû trouver au moins quelques crânes d'enfants trépanés; or, les exemples en sont plus que douteux au lieu d'être fréquents, si tant est qu'ils existent. On pourrait dire que la friabilité des crânes jeunes aurait pu les empêcher de venir jusqu'à nous. Cependant dans les régions dans lesquelles on a trouvé des crânes d'adultes trépanés, on a trouvé quelques crânes d'enfants. Dans les publications sur le sujet, je n'en ai relevé qu'un seul trépané et encore a-t-il été observé hors de France.
       Enfin, comme nous l'avons dit plus haut, dans aucune des études sur la trépanation des Kabyles ni sur la trépanation des Monténégrins et pas davantage dans les études sur les trépanations des races rouges antérieures à la conquête de l'Amérique, je n'ai vu de trépanation signalée sur des enfants.

Ouverture de la dure-mère.

       II y a encore un problème aussi insoluble que celui-ci. Au cours de ces trépanations, la dure-mère était-elle ouverte? Cela n'est pas probable pour la grande majorité des opérations. Chez les Kabyles, dans les opérations les plus communes, la dure-mère n'est pas ouverte.
       Arrive-t-il qu'elle soit blessée? C'est bien possible.
       Dans les cas dans lesquels l'opération est faite pour fracture du crâne, il peut bien arriver qu'elle soit ouverte.
       Quel que soit du reste le mode de terminaison de l'opération, il ne faut pas trop s'étonner de la guérison et de la survie. La trépanation ne parait pas par elle-même exposer extraordinairement aux complications septiques.
       Elle est devenue une opération très meurtrière surtout lorsque les tristes pratiques de pansement du XIXème siècle ont amené hospitalièrement l'épanouissement de toutes les septicémies. La protection des plaies de trépanation pouvait être plus simple que l'on imagine. En ce qui concerne les Kabyles, les plaies paraissent avoir été utilement protégées par de véritables substances antiseptiques comme le goudron, ou par des substances astringentes.

Le pansement.

       Comme on peut bien l'imaginer nous ne pouvons avoir sur le pansement des préhistoriques aucun renseignement et il serait intéressant de savoir comment peuvent panser les sauvages, les Kabyles ou les Monténégrins qui opèrent encore aujourd'hui. Or sur ce sujet les renseignements manquent un peu. Vedrènes a donné beaucoup de détails sur une certaine huile d'œufs. C'est une sorte de concocté de jaunes d'œufs, une huile empyreumatique obtenue par une torréfaction de jaunes d'œufs.
       Vedrénes qui a essayé de la produire en quantité assez grande pour en expérimenter l'application à des ulcères lui trouve une valeur antiseptique.
       Il est possible qu'on l'ait employé dans l'Aurès, mais cet usage est bien loin d'être exclusif. Ce qui est remarquable dans les pratiques de la chirurgie des Kabyles, c'est l'emploi qu'ils font de certaines substances astringentes ou franchement antiseptiques.

       Ils emploient comme pansement :
       Du miel après cuisson;
       Du beurre après cuisson, après l'avoir bien fondu.
       On emploie encore du safran.
       Mais la substance antiseptique dont l'usage est sans contredit le plus intéressant, c'est le goudron. Les Arabes se servent beaucoup de goudron, et le pansement au goudron pour les plaies de trépanation avait été déjà signalé dans les Mémoires anciens de Paris et de Martin.
       Les autres applications de topiques chirurgicaux par ces Kabyles ne sont pas assez connues pour qu'on en puisse faire quelque comparaison. Mais nous pouvons retenir de ces faits que leur expérience pour la trépanation leur à fait employer ces substances dans le même sens que tous les opérateurs de plaies de tête l'ont fait aux grandes époques de la trépanation.
       Il ne faut pas de remèdes onctueux ou pourrissants, dit, dans sa médecine opératoire, Dionis qui a consacré un chapitre très bien documenté aux applications du trépan.

       De cette étude, nous pouvons conclure que l'homme primitif avait pu, malgré l'insuffisance apparente de ses instruments, arriver à concevoir un procédé opératoire satisfaisant pour pénétrer dans le crâne
       Il ne nous parait pas plus difficile d'admettre qu'il le fit en connaissance de cause, que cette trépanation préhistorique ne devait pas être un supplice cruel ou une mutilation imposé par les superstitions.
       Il ne nous semble pas impossible d'admettre que tout sauvages qu'ils fussent, ils soient arrivés à une conception thérapeutique et aient trouvé des clients pour s'y soumettre.
       Y a-t-il une grande difficulté à concevoir que les opérateurs aient imposé, et que les patients aient accepté une semblable opération fatalement assez longue et assez douloureuse.
       Je ne le crois pas, pour plusieurs raisons. D'abord les sauvages, même actuels, sont peu ménagers de la douleur d'autrui. Il n'y a aucune raison pour ne pas supposer qu'ils aient eu des occasions de faire des opérations multiples sur les os du crâne plus ou moins compromis par des traumatismes.
       Puis, nous aurions tort de juger de ces questions de douleur avec nos observations de civilisés. Les sauvages redoutent sans doute la douleur tout aussi bien que nous. Mais ils ne la perçoivent pas du tout de la même façon.
       J'ai montré dans un autre travail que la douleur est perçue d'une façon très différente suivant les races, suivant les climats. Déjà, parmi les nations civilisées, on observe une perception de la douleur infiniment différente, suivant les conditions sociales.

       Dans son histoire de la campagne de Russie, de Ségur avait été frappé du peu de sensibilité des soldats russes comparés aux soldats français
       Mais il y a plus. Nous en avons sous les yeux un exemple frappant pour les trépanations. Les Kabyles, qui, sans aucune anesthésie, se soumettent à la trépanation par les toubibs indigènes subissent une opération qui, même avec leurs instruments de métal, ne doit guère être moins longue que celle que l'on faisait à l'âge de pierre et dont les procédés ne sont pas faits pour atténuer la douleur. Cependant ils se soumettent très facilement â cette opération, non seulement pour obtenir le soulagement de grandes douleurs, mais souvent sans motifs bien graves, même quelquefois dans l'espoir de gagner un procès qu'ils intentent à des gens qu'ils accusent frauduleusement de les avoir frappés et blessés.
       Je vais plus loin. Je crois que l'impression de la douleur est chez eux tellement différente de la notre qu'ils ont de la peine à comprendre notre manière de voir. Lorsque j'interrogeai le toubib Kabyle avec lequel j'ai pu causer, je lui posai précisément cette question relative à la douleur, pour savoir comment ses opérés supportaient la douleur de l'opération et comment lui-même l'avait supportée puisqu'il avait été opéré. Il avait l'air de fort mal comprendre la question que je lui posais et me répondit qu'il n'y avait en réalité aucune difficulté de ce fait.
       Il n'y a donc aucune raison d'invoquer des motifs extraordinaires pour faire admettre la possibilité antique d'opérations qui sont encore faites couramment pour les mêmes motifs et dans des conditions qui sont assez analogues.
       II n'est pas inutile d'ajouter en terminant que toutes ces idées que j'ai défendues, dès le début, aussi bien celles qui sont relatives au mode opératoire que celles qui sont relatives au but poursuivi par l'opération, sont aujourd'hui bien près d'être admises par tous ceux qui ont étudié l'ensemble de ces opérations.

       Lorsque j'ai étudié les trépanations des Kabyles, j'ai commencé par rechercher avec soin tout ce qui pouvait en leurs pratiques avoir un caractère religieux, et ce furent précisément ces recherches qui, ne me révélant point ce caractère religieux dans des pratiques contemporaines, m'ont détourné de ces interprétations. J'ai dû alors non seulement réfléchir sur le sujet, mais étudier de plus près les pièces qui avaient été l'objet de ces interprétations extraordinaires.
       Or, d'une part, j'ai trouvé ces pièces sensiblement différentes des descriptions qui en avaient été données: ou du moins certains des caractères qui leur étaient attribués n'avaient aucune netteté.

       On peut dire que la trépanation préhistorique est actuellement encore vivante chez les Kabyles de l'Aurès. Peut-être a-t-elle chez eux quelque tendance à disparaître. Pourtant rien n'est plus instructif que l'étude de leurs procédés et de leurs indications thérapeutiques.
       Lors de mes premières recherches je n'eus guère, pour m'édifier sur ce sujet, que les deux Mémoires, forts remarquables du reste, d'Amédée Paris et de Th. Martin. Comme ils durent le faire eux-mêmes, je me laissai influencer par les souvenirs et les préjugés de notre éducation. Je cherchai tout naturellement dans leurs Mémoires ce qui pouvait rapprocher le plus les faits observés de la pathologie et de la thérapeutique qui nous étaient familières,
       Je cherchai là aussi les observations cadrant avec les idées de Broca au point de vue anthropologique. Aussi mon livre de 1878 comprend des considérations qui sont conformes aux inspirations qui avaient préoccupé ces observateurs.
       Pourtant j'avais été immédiatement frappé par certains caractères qui devaient différencier ces opérations de celles qui nous étaient connues. Je les avais rapprochées des trépanations préhistoriques. J'avais insisté sur les variétés de forme, sur la trépanation carrée, sur les irrégularités des orifices.
       Tout en suivant de près Paris et Martin qui ne me semblent plus aujourd'hui avoir vu tout ce qu'ils auraient dû voir, je distinguai immédiatement et très nettement ces opérations de la trépanation de la chirurgie régulière.

       En 1881, j'eus l'occasion d'aller en pays Kabyle et d'interroger un trépaneur indigène. J'ai publié à plusieurs reprises les faits que j'ai pu relever (Société de chirurgie, 1885, page 592). La trépanation des Kabyles m'apparut alors sous un jour tout à fait nouveau.
       Dans la petite ville de Sidi-Okbah, je pus interroger le Cheik Arabe Ben Gana. Questionné sur les trépanations qui se pratiquaient en ce pays, il me dit que les Arabes eux-mêmes ne pratiquaient, ni même ne connaissaient guère cette opération, mais qu'il savait que parmi les Kabyles, c'était une opération fréquemment faite. Il me fit venir un toubib Kabyle du nom de Si-Ali-ben-Si-Mohamed-Taieb.
       Celui-ci appartenait, à une famille de trépaneurs. De père en fils, on se transmettait l'enseignement de la trépanation, et on se trépanait même en famille, car il avait été trépané lui-même quatre fois et son père l'avait été douze fois.
       II avait trois frères qui étaient comme lui habiles dans l'opération de la trépanation.
       Il ne paraissait pas considérer la trépanation comme bien dangereuse et devait la pratiquer avec une singulière facilité, car il me proposa, si je restai deux jours de plus dans le pays, de trouver un malade à trépaner devant moi.
       Sur les indications de la trépanation, il fut très net. Il avait trépané dans les fractures du crâne. Mais ce n'était là qu'une éventualité très rare, tandis que l'opération était faite très souvent. L'indication devait être surtout dans les douleurs de tête qui paraissaient profondes, consécutives ou non à un traumatisme.

       Il entra dans de grands détails pour m'indiquer les maladies multiples auxquelles la trépanation devait remédier. Mais il faut remarquer que ce Kabyle, comme tous les toubibs algériens, n'avait aucune notion médicale proprement dite, et qu'il était difficile de bien déterminer, d'après son récit, ces indications. Ce qui en ressortait avec toute évidence, c'est qu'il employait la trépanation en dehors de tout traumatisme. C'étaient les douleurs persistantes dans la tête qui étaient pour lui la grande indication de la trépanation.
       La confiance dans cette thérapeutique était telle qu'il n'était pas rare que l'on revint à la même opération dans le cas où la première intervention n'avait pas donné toute satisfaction.
       D'après la description qu'il me fit, je crus comprendre qu'en certains cas il faisait la trépanation incomplète. De fait, lorsque j'examinai son crâne qui, me disait-il, avait été trépané quatre fois, je trouvai bien la trace de quatre opérations. Mais deux seulement avaient été assez larges pour laisser des orifices à travers lesquels on sentait les battements du cerveau.
       Au niveau des deux autres plaies, les battements n'étaient. pas sensibles. Il fallait, ou que la trépanation eût été infiniment moins importante en surface, ou, la largeur de la cicatrice étant à peu près la même, Que la trépanation eut été incomplète et n'eût pas ouvert le crâne jusqu'à la dure-mère. Dans cet examen un peu rapide, je ne pus pas bien déterminer les conditions du fond de la plaie.
       Comme je l'ai dit déjà, ce Kabyle considérait l'opération en elle même comme une oeuvre très simple, et il semblait bien qu'elle fût acceptée ainsi par ses compatriotes. Tous ceux qui ont été en relation avec les toubibs trépaneurs ont fait la même remarque, si bien que certains observateurs, toujours imbus de leurs préjugés, jugeant avec hauteur ces actes qu'ils connaissaient mal ou ne connaissaient point, se sont plus à accuser les Kabyles d'être des hâbleurs. D'autres se sont même employés à faire empêcher les Kabyles de se trépaner entre eux, ne pouvant admettre la bénignité de cette pratique, malgré les affirmations des indigènes.
       Cependant il est certain que là, comme en d'autres circonstances, c'étaient ces empiriques qui avaient raison.
       Je note, pour terminer ce qui a trait au Kabyle, qu'il avait une main admirable de finesse et de souplesse comme on les rencontre souvent chez ces indigènes. Elle semblait apte à une adresse manuelle extrême.

       II est bien certain que ces opérations ne sont point très graves. Cela a étonné bien des observateurs, qui ne pouvaient être conscients du peu de gravité que comporte l'ouverture du crâne.
       On en a cherché la cause dans l'immunité de la race Kabyle, dans sa résistance aux traumatismes, qui est indéniable. Mais il n'était pas nécessaire d'aller si loin, car on retrouve la même bénignité dans des opérations faites sur des sujets très différents, sans des précautions bien plus parfaites, comme un le verra à propos des mineurs de la Cornouaille. Pour les Kabyles, si elles étaient meurtrières, elles ne seraient pas acceptées aussi facilement ; et non seulement on les accepte, mais on les réclame.
       Quant au motif, d'après notre Kabyle, c'était très nettement la douleur qui en était l'indication. A cet égard, il était très précis et il était facile de constater qu'il ne trépanait pas habituellement pour fractures.
       On peut affirmer qu'il ne connaissait pas la trépanation telle que nous la concevions, dirigée contre la fracture. Cela pouvait ne pas l'empêcher de rapporter les douleurs de tête aux traumatismes. Les civilisés eux-mêmes ne rapportent-ils pas tout, même l'évolution des néoplasmes, et des traumatismes? Mais c'était bien en quelque sorte la maladie médicale qu'il visait. Il ne cherchait aucun foyer de fracture.
       On peut opposer à mon affirmation le résultat d'autres enquêtes, qui ont fait croire que les Kabyles recherchaient les fractures du crâne et qui, par contre, ne signalaient pas cette intervention manifeste en dehors du traumatisme.
       Bien que cette indication soit contraire à la réalité, cette affirmation s'est reproduite plusieurs fois pour plusieurs raisons.
       D'abord, il est parfaitement certain qu'en bien des circonstances, les réponses des Kabyles étaient intentionnellement, inexactes.

       Il ne faut pas oublier que souvent, en Algérie, les médecins militaires ont voulu imposer des règlements à outrance. Ce sont des médecins militaires qui, n'ayant aucune notion de l'importance, de l'utilité, ou même du but poursuivi par ces trépanations, ont proposé sérieusement à l'autorité militaire d'interdire ces pratiques et d'en punir les auteurs.
       Or ces opinions bien connues mettaient les Kabyles en défiance contre les chirurgiens militaires et le Cheik Ben Gana qui me procura une entrevue avec le toubib Kabyle me dit immédiatement que j'aurais chance d'avoir des informations exactes, parce que je me présentais sans uniforme, et par conséquent ne devais pas éveiller sa défiance.
       Il est parfaitement évident, par exemple, que, lorsque les Kabyles ont soupçonné qu'on voulait leur interdire leurs opérations, ils ont de leur mieux dissimulé la fréquence de ces opérations, et par conséquent les indications très multiples auxquelles ils obéissent.
       Fort intelligents du reste, ils ont rapidement compris que le cas de fracture était seul celui qui légitimait l'intervention aux yeux de l'interrogateur.
       Mais il faut comprendre aussi que la mauvaise réponse résultait souvent de l'ignorance de l'enquêteur.
       Les Kabyles n'ont pu répondre qu'aux questions qu'on leur posait, et si ces questions étaient posées par des médecins ignorants de tous les faits de trépanation préhistorique et des sauvages, ne connaissant de la trépanation que ce que faisait la chirurgie régulière pour les fractures du crâne, les Kabyles ne pourraient répondre qu'en affirmant qu'ils trépanaient des gens ayant des fractures du crâne. Ils n'avaient certainement pas l'esprit assez scientifique pour attirer l'attention de ceux qui les interrogeaient sur les différences de la trépanation pour les douleurs des fractures et de la trépanation pour les douleurs de tête d'origine traumatique ou non, sans fracture. On verra bien facilement, en lisant les lignes suivantes, comment une enquête peut être menée d'une façon défectueuse, et conduire à des résultats erronés, puisque son auteur, passant dans le pays même où j'avais constaté des faits d'ordre capital, n'a pu les noter, malgré des conditions particulièrement favorables, plusieurs années plus tard, et comment cette enquête quasi officielle, publiée solennellement, put induire en erreur tous ceux qui l'ont connue depuis plus de vingt ans.

       J'étais en 1884, à Alger, où Védrènes était directeur du Service de santé. Il m'apprit qu'il allait faire un voyage d'inspection en Kabylie. Je lui dis alors que ce devrait être une occasion excellente pour faire une enquête sur l'état actuel de la trépanation chez les Kabyles. Comme il m'avoua qu'il ne connaissait pas du tout la question, je le mis au courant de ce que je connaissais bien et lui fis venir de Paris mon livre sur La trépanation guidée par les localisations cérébrales, où fut publiée en 1878 ma première étude sur les Kabyles et la trépanation préhistorique. Je complétai ces renseignements, en lui disant tout ce que j'avais appris au cours d'un voyage dans le sud de l'Algérie, en 1881.
       Comme il ne passait pas longtemps dans les localités qu'il inspectait et ne pouvait rien voir par lui-même, il envoya une circulaire aux jeunes médecins qu'il allait inspecter pour leur faire faire l'enquête locale, et comme ces jeunes médecins ne connaissaient pas plus que lui cette trépanation, il leur adressa un questionnaire.
       Alors pris du désir de faire son travail en dehors de moi, de façon à faire sa publication sans dire qui en avait été l'inspirateur, il ne m'en parla plus au moment de partir et ne me soumit pas sa circulaire, comme il m'avait promis de le faire. Il est bien facile de concevoir comment il fit porter tout le questionnaire sur la trépanation dans les fractures du crâne, la seule qu'il connaissait et la seule que connaissaient ses mandataires.
       On trouvera donc dans son Mémoire l'indication d'un certain nombre d'opérations faites pour fractures du crâne. Il put obtenir le dessin de quelques fragments osseux laissés probablement pour compte aux toubibs par de mauvais payeurs.
       Il donna un compte rendu des pansements qui me parait fort imparfait, et, en tous cas, cadre mal avec les indications données par les auteurs qui avaient étudié les Kabyles avant lui.

       Enfin il ajouta de son crû quelques considérations personnelles pour établir que la trépanation n'avait pas de caractère religieux, et il proposa de la rattacher à l'enseignement chirurgical ancien des Arabes, sans donner du reste un détail quelconque sur ce sujet et seulement en émettant une supposition.
       Il ne dit rien sur la trépanation en dehors du traumatisme.
       Cependant, pour qui connaît bien mon livre, il est facile de voir qu'il l'a suivi constamment, qu'il lui a emprunté bien des indications. Puis, probablement. pour acquérir quelque originalité, il a cherché à le contredire, souvent sans avoir compris l'importance ou la nécessité de certains documents. Cela résulte toujours de ce que lui, comme la plupart des autres observateurs, envisageait la question de trépanation avec les idées étroites de tous les chirurgiens réguliers, idées étroites que nous avons toujours combattues.
       Son étude contient sans doute quelques faits intéressants, réunis un peu au hasard. Mais elle doit être tout à fait non avenue au point de vue de l'histoire réelle du trépan chez les Kabyles. Sur beaucoup de points, elle est en contradiction absolue avec les faits observés par moi, et d'autres observés par A. Paris.
       Cependant on trouve cette étude citée comme une autorité dans beaucoup de travaux, et il serait bien à souhaiter que l'on comprit enfin pourquoi elle a surtout engendré des erreurs graves pour cette question.
       Ou trouve en tous passages de son Mémoire la parfaite ignorance de l'esprit et des indications chirurgicales auxquelles obéissent les toubibs. C'est ainsi qu'il rapporte que ces toubibs trépanent pour des douleurs ostéocopes, comme si ces médicastres étaient capables de différencier les douleurs térébrantes intra-crâniennes quelconques des douleurs dues à une lésion osseuse.
       La critique détaillée de ce Mémoire serait vraiment trop facile et nous ne nous y arrêtons pas.
       Toutefois nous devons au moins rappeler quelques faits principaux et surtout celui-ci qu'il insiste sur l'origine possible de la trépanation Kabyle dans l'enseignement conservé de la science Arabe, qui aurait laissé entre leurs mains la technique et l'art de la trépanation.
       On pourrait. d'abord montrer aisément qu'aucune des techniques Kabyles n'a une relation quelconque avec la technique Hippocratique. Mais au point de vue historique il y a mieux.
       Il faut à la fois bien peu connaître les relations des Kabyles et des Arabes et ignorer largement l'histoire de la chirurgie.
       Kabyles et Arabes sont tellement séparés, que malgré les siècles de domination, les Arabes n'ont pas pénétré les Kabyles. Si ceux-ci sont devenus musulmans, c'est d'un mahométisme dissident et très distinct. Du reste les Arabes de grande tente ne pratiquent ni n'acceptent la trépanation comme beaucoup d'autres coutumes Kabyles.

       Au point de vue de l'histoire, il est bien connu que la trépanation ne fut jamais en honneur chez les Arabes, quoique héritiers de la science grecque.
       Avenzoar dit expressément qu'à l'époque à laquelle il vivait, aucun médecin de sa nation n'était en état de pratiquer la trépanation et Albucasis parait exceptionnellement avoir été le seul qui ait osé trépaner.
       Védrènes était si bien pénétré de son erreur sur la trépanation qu'il considérait comme toujours pratiquée pour les fractures du crâne, qu'il l'importa quelques années plus tard dans l'analyse des curieux Mémoires de Boulongue et de Frilley sur la trépanation des Monténégrins. On trouve en effet chez les Montagnards du Monténégro une coutume de trépanation très analogue à celle des habitants de l'Aurès. Leurs opérations sont tellement fréquentes que les auteurs qui les ont observés disent qu'ils s'en font un jeu. Ils décrivent les sujets subissant des opérations multiples et successives et ne les rapportent point aux fractures de sorte que la supposition de Védrènes est gratuite.
       Védrenes qui voulait absolument ne constater que des trépanations pour fractures, ne comprit pas l'importance des trépanations multiples successives ne visant point les fractures elles-mêmes, mais comme le dit bien le Mémoire, les douleurs intra-crâniennes consécutives aux traumatismes sur la tête.
       Il était bien facile de comprendre que, là comme dans l'Aurès, les indigènes opèrent et réopèrent pour les douleurs de tête bien plus que pour la lésion osseuse du traumatisme. C'est une conformité de plus avec les Kabyles pour lesquels l'ablation des esquilles n'est qu'un fait accidentel et infiniment plus rare que la trépanation multiple et fréquente dirigée avant tout contre les douleurs qu'ils croient dans la tête.
       Le désir de ne point me citer, et de prêter â sa publication un caractère original qu'elle n'avait pas, avait amené Védrènes à quelques autres erreurs. C'est ainsi qu'il cita sans me nommer un article très inconnu en littérature dont il n'avait pu avoir connaissance que par mon livre, et qui par la suite, fut cité, toujours sans mon nom, par des auteurs qui lui empruntaient cette citation.
CONCLUSIONS


       Il serait superflu de chercher à démontrer que les faits précédents sont par eux-même pleins d'intérêt. La seule considération de ces documents si curieux dans l'histoire de l'humanité les rendrait précieux aux yeux de tous.
       Mais au point de vue de l'histoire du trépan d'une part, et d'autre part au point de vue de l'histoire de la chirurgie, il me semble qu'il y a un intérêt capital à préluder à l'étude historique du trépan en comparant les faits de l'âge de pierre, des sauvages anciens, modernes, des demi-civilisés avec la conception la plus haute de notre science chirurgicale moderne. Sans doute nous n'avons pas la prétention de tout assimiler. Mais nous trouvons là les éléments de méditations philosophiques et historiques.
       Nous oublions trop souvent dans notre vanité scientifique que pendant des milliers d'années on a observé et médité avant nous.
       Nous devons être trop heureux d'en trouver des témoignages aussi saisissants que ceux que nous avons exposés, et d'en faire notre profit, comme il faut en tous temps savoir faire notre profit des observations qui ont été faites avant les nôtres, même si elles nous sont transmises par la tradition populaire en apparence la plus ignorante.
       Il est bien vraisemblable que la trépanation a été pratiquée à des époques très différentes sans aucune relation entre elles, et que les procédés ont varié,
       Mais le motif devait être toujours le même : un but thérapeutique, un but utile à l'humanité à toute époque.

       La recherche et le soulagement des douleurs profondes de la tête furent une indication à intervention, autrefois comme aujourd'hui.
       Il est facile de concevoir que les procédés aient varié. Toutefois ces variations n'ont pu se produire que dans une certaine mesure. Elles restaient toujours nécessairement en rapport avec le mode suivant lequel les instruments étaient généralement employés,
       Or, de tout temps et partout où les instruments de pierre ont régné, leur emploi par rotation si fréquent a dû trouver une facile application à l'ouverture du crâne. Cela nous permet de supposer avec beaucoup de vraisemblance que le procédé que nous avons réinventé a dû avoir été très proche de ceux qui ont été réellement le plus employés. Les plus usités ont certainement été ceux de cet ordre.
       Si on évoque le but thérapeutique, il parait évident que lorsqu'on poursuivait la douleur profonde de la tête, la décompression obtenue par l'ouverture du crâne a constitué le véritable bénéfice du patient.
       Ce sont donc les résultats merveilleusement et immédiatement efficaces de cette décompression cérébrale qui ont mené à la coutume opératoire dont nous trouvons tant de restes crâniens.
       Cette constatation n'implique pas nécessairement que ces sauvages, dont nous ne pouvons rien savoir, avaient une thérapeutique et une chirurgie organisées. Toutefois est-il bien téméraire de supposer que des gens qui étaient arrivés à créer une pratique chirurgicale aussi complexe pour le crâne, n'avaient pas dû négliger toute autre partie du corps et toute autre cavité?
       Il est probable au contraire que leur chirurgie, dont naturellement il ne reste pas d'autre témoignage, était plus complète et plus hardie que nous ne pouvions le supposer
       Cela est d'autant plus facile à admettre que nous trouvons encore dans les peuplades sauvages un sentiment très différent de celui qui nous éloigne aisément, nous civilisés, des entreprises de la chirurgie. Leur sensibilité est essentiellement différente de celle des peuples civilisés. Or une insensibilité relative peut leur faire subir sans trop grande répugnance, des interventions chirurgicales dont, très sensibles à la douleur, nous acceptons difficilement la perspective.
       Les mutilations volontaires, auxquelles se soumettent certaines peuplades par simple coquetterie, donnent la preuve d'une indifférence vis-à-vis de la douleur dont il est facile de trouver de nombreux exemples.
       Dés lors, les sauvages préhistoriques pouvaient être plus enclins à l'intervention chirurgicale que nous ne l'imaginons au premier abord.
       Puis cette chirurgie était relativement facile, plus heureuse à coup sûr qu'on ne la rencontre chez les peuples civilisés, il devait s'ensuivre que le succès des opérations, l'innocuité des interventions en apparence trop hardies encourageaient et entraînaient beaucoup de patients à subir des interventions qui paraîtraient hasardeuses, imprudentes, inutiles et graves pour des civilisés.
       Nous aurions tort du reste de regarder ces faits et ces actes de trop haut. Malgré les notions scientifiques et précises qui nous guident, nous n'avons pas le droit de penser et de dire qu'il ne reste devant nous rien de cette obscurité dans laquelle ces hardis pionniers de la chirurgie n'hésitaient pas à s'avancer.
       Nous n'avons pas le droit de reprocher rétrospectivement aux sauvages leur hardiesse pour la marche dans l'inconnu, car ce doit être notre honneur de la continuer. Si nous y mettons moins de hardiesse ou plutôt moins de témérité, en cherchant à nous couvrir de nos notions complexes, en ménageant de notre mieux la vie ou les souffrances de nos semblables, nous n'avons le droit ni d'oublier ni de blâmer l'exemple qu'ils nous ont donné en agissant avec les moyens les plus misérables, et les garanties scientifiques les plus embryonnaires.
       Quel que soit le progrès de la pathologie cérébrale, nous avons encore aujourd'hui l'occasion de faire sur le crâne des opérations heureuses, tout en nous guidant sur des symptômes dont l'analyse difficile ne nous donne aucune notion précise. Sans doute nous comprenons un peu mieux les conditions dans lesquelles l'opération sera utile. Mais nous avons aussi l'occasion de poursuivre la douleur profonde du crâne qui nous guide sans nous donner une notion précise du mécanisme de notre succès, sans nous indiquer exactement la lésion que nous allons modifier, ni la cause exacte de cette modification.

       J'ai exposé tous ces faits parce qu'il me semble qu'il ne peut guère y avoir de doute sur les rapports qu'il y a entre la trépanation préhistorique, la trépanation des sauvages, et l'ouverture du crâne inaugurée par notre moderne chirurgie. Pour ma part, je vois â cette lointaine tradition l'avantage de nous donner un réel encouragement pour l'évolution de cette nouvelle chirurgie.
       En considérant ces faits, je suis étonné de constater que le chirurgien moderne, armé comme il l'est aujourd'hui, n'ait pas encore fait dans cette voie plus de progrès. J'attribue cette faiblesse à ce que, même pour cette nouvelle chirurgie, le médecin est resté trop routinier. Le fait d'ouvrir le crâne pour rechercher un corps étranger ou une tumeur, était un fait conforme à des habitudes anciennes prises pour d'autres régions. Aussi, dans ce sens, depuis trente ans, la chirurgie a fait beaucoup. Mais, à mon gré, ce n'est pas le champ le plus favorable au progrès.
       L'action thérapeutique que peut produire l'ouverture crânienne est d'un tout autre ordre dont nous ne sommes pas coutumiers. Il s'agit d'une méthode qui transforme brusquement les conditions d'équilibre circulatoire et par conséquent les modes de la vitalité du cerveau, du cervelet, et du bulbe. Sans doute, nous ne savons pas encore où mènera cette action si brutale et si puissante. Mais nous pouvons augurer qu'elle doit mener à des modifications profondes dans l'évolution des maladies.
       L'ouverture large du crâne, avec ou sans action directe sur la substance cérébrale, donnera une puissance considérable au médecin pour le traitement de certaines maladies, pour lesquelles nous sommes restés impuissants.
       Il est probable que la décompression, avec ou sans emploi de substances médicamenteuses, s'appliquera à un grand nombre d'états morbides différents.
       Les maladies qui compromettent les centres nerveux ne sont encore chez nous l'objet que d'une bien médiocre thérapeutique, d'une action essentiellement tardive, et par là inefficace. Nombre de sujets arrivent à l'incurabilité et à la mort, alors qu'ils étaient en pleine valeur intellectuelle, et nous ne connaissons guère de l'évolution de la maladie que les périodes tardives et irrémédiables.

       La notion de la décompression cérébrale et de l'action directe dans la boite crânienne doit compter au premier rang des ressources thérapeutiques dont nous disposons, et nous n'en avons presque rien fait. On peut dire qu'elle n'est pas même en enfance. Elle est embryonnaire.
       Mais lorsqu'elle aura pris le rang qu'elle mérite, lorsque l'intervention chirurgicale dans les maladies cérébrales aura la fréquence nécessaire pour le traitement heureux de nombreuses maladies, l'ouverture du crâne redeviendra une opération commune. Les hommes de l'avenir pourront trouver parmi les restes osseux des hommes civilisés des traces d'opérations identiques à celles que nous avons découvertes dans les restes préhistoriques aussi fréquentes et plus heureuses encore, puisque scientifiquement dirigées.
      
FIN

LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


             Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages necessaires pour les villes ci-dessouset je viens d'ajouter Kellermann et Mileesimo, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
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http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :  
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 

NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie
Alger met en garde contre les fetwas subversives
Envoyé par Pierre
http://www.liberte-algerie.com/actualite/alger-met-en-garde-contre-les-fetwas-subversives-elles-sont-emises-par-des-predicateurs-du-moyen-orient-204202#rediger
Liberté Algérie : Samedi, 27 Juillet 2013
          Par : Souhila HAMMADI

           Le ministère des Affaires religieuses met en garde contre les fetwas émises par des imams et ulémas étrangers, notamment ceux des pays de l’Égypte et de l’Arabie Saoudite, estimant qu’elles induisent un danger pour l’intérêt du pays et son intégrité religieuse.

           Le bureau des fetwas au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, par le biais de l’imam de la mosquée Al-Qods de Hydra, Djelloul Guessoum, a averti, hier, les Algériens contre toute propension à demander conseil sur le jeûne ou la religion auprès de muftis étrangers. Il a soutenu que les fetwas, obtenues par des voix professant la bonne parole de l’islam de l’extérieur du territoire de souveraineté nationale, «véhiculent des messages pouvant altérer l'intérêt suprême du pays et son intégrité religieuse». L’imam de la mosquée de Hydra a expliqué que «les Algériens qui se renseignent, notamment durant le mois de Ramadhan, auprès d'ulémas d'autres pays arabes comme l'Arabie Saoudite et l'Égypte ne tiennent pas compte du fait que la fetwa diffère selon l'espace, le temps et la personne qui la promulgue».
          Il a tenu à préciser que ce n’est là qu’une recommandation, et non une interdiction formelle. De son avis, il est important de ne pas prendre pour vérité les conseils de jurisprudence et d’exégèse donnés par des étrangers sans prendre la peine de connaître leurs tendances politiques et leurs motivations. «Une fetwa promulguée dans un royaume n'est pas la même dans un État démocratique. Influencé par la pensée monarchique qui est loin de notre culture et pensée, ce mufti a le pouvoir d'endoctriner les gens et d'influer sur leurs opinions», a-t-il complété.
          Le porte-parole du bureau des fetwas du ministère de tutelle ne fournit, néanmoins, aucune indication sur les raisons qui motivent cette mise en garde. D’autant que chaque année à la même période, les chaînes satellitaires de tous les pays arabes, et particulièrement ceux du Golfe, diffusent à profusion des émissions mettant en scène des «Cheikhs», répondant aux nombreuses sollicitations des musulmans sur les bonnes pratiques du jeûne. Sans jeu de mots, c’est le mois sacré des télécoranistes, les télémuftis et les téléulémas. Il est vrai que les réponses de ces religieux, dont l’apparence se décline sous deux formes (abaya saoudienne, la tête coiffé d’un keffieh et la barbe fournie ou costume en alpaga arborant une barbe bien taillée), sont souvent contradictoires, voire consternantes. En la matière, les exemples foisonnent. Cheikh ibn el-Otheymine (Arabie Saoudite) a décrété, il y a quelques années, que le jeûne de celui qui n’accomplit pas les cinq prières obligatoires ne sera pas accepté. Pour lui, «celui qui abandonne la prière est considéré comme un mécréant». Le grand ayatollah Assadolah Bayat Zanjani a émis, au cours de ce mois de Ramadhan 2013, que «ceux qui ne peuvent supporter la soif peuvent boire juste assez pour étancher leur soif et (...) le jeûne ne sera pas invalidé». Cette fetwa, aussitôt contredite par la tendance radicale, a provoqué une grosse polémique en Iran. Certains imams affirment que la femme, qui se soumet au devoir conjugal sous l’autorité de son mari, même durant la période de jeûne, n’a pas besoin de compenser la journée en question. Ces fetwas et contre-fetwas sont de nature à désarçonner les fidèles qui ne savent plus à quel prédicateur se vouer.
          Comme pour mieux dissuader les Algériens de chercher un conseil religieux ailleurs que dans leurs pays, l’imam de la mosquée Al-Qods de Hydra a informé, par ailleurs, ses concitoyens, que le bureau des fetwas du ministère des Affaires religieuses et des biens Waqfs reçoit, chaque jour, des centaines de questions portant sur la religion.
          Des réponses y sont apportées en fonction de la spécificité de la demande et de l’environnement de son auteur. «Le ministère travaille en matière de fetwa suivant une hiérarchie, en commençant par l'imam de la mosquée, puis la cellule communale et le conseil scientifique de wilaya avant d'arriver en dernier ressort au bureau des fetwas», a-t-il précisé.

           NDLR: La religion est universelle et les Fetwas sont particulières, mais vous êtes soulagés d'apprendre que la femme, qui se soumet au devoir conjugal sous l’autorité de son mari, même durant la période de jeûne, n’a pas besoin de compenser la journée en question.
          Le bureau des fetwas ne spécifie pas comment la femme peut "compenser" la journée et ce qui se passe si elle se soumet au devoir conjugal en outrepassant l'autorité de son mari.

           


…SOUFFLES…
On n’a pas de poésie sur l’Aïd !
Envoyé par René
http://www.liberte-algerie.com/culture/on-n-a-pas-de-poesie-sur-l-aid-souffles-205248


Liberté Algérie : Jeudi, 15 Août 2013          Par : Amine ZAOUI

           L’Aïd ? Depuis Al-Mutanabbi (915-965), il y a de cela dix siècles, un peu plus, les Arabes n’ont pas pondu un seul poème, un seul beau poème célébrant l’Aïd ! Et quand la poésie fait l’absente dans les moments supposés de bonheur, cela signifie une défaillance, une anomalie intellectuelle et religieuse.
          J’attends l’Aïd, dit un Algérien, demain ou après demain, peu importe ! Les gens ne se retournent plus vers le ciel pour guetter le croissant de l’Aïd. Ils regardent le fond de leurs poches et les chaînes satellitaires orientales avec leurs feuilletons froissés. En cet Aïd musulman, il y a moins d'arôme de gâteaux et beaucoup de sang. Moins de musique et beaucoup de pleurs.
          La nuit du doute qui faisait le début de la fête, celle qui avait son odorat, n’est qu’une nuit caniculaire et humide d’un été africain ! En cette nuit dite du doute, on doute de tout et on oublie l’Aïd qui tombera du ciel, le lendemain !
          L’Aïd d’autrefois n’avait rien de malentendu autour de la Zakat. En ces jours de l’Aïd contemporain, même la zakat déclenche des guerres dans les maisons d’Allah !
          Tout est devenu polémique dans la religion. Tout s’est transformé en conflit. Jadis, l’Aïd était la source de la clémence, de la bienfaisance, de l’amour, du henné. Un havre de bonheur. En cet Aïd de ces jours musulmans, le bonheur recule dans la terre d’Islam pour laisser place à la haine et aux tueries. L’Aïd était pour le pardon. On efface les rancunes et on ouvre une page blanche. Aujourd’hui, on dirait qu’il n’y a plus de page blanche !
          On cet Aïd, on constate que le bonheur est devenu rare dans les rues, sur les visages, dans la langue, dans les messages standards et standardisés envoyés des téléphones portables contrefaits ! Tout est faux ou presque ! Sommes-nous en jour de deuil ou d’allégresse ?
          Depuis que la politique s’est installée confortablement dans la religion, l’Aïd a été pollué. La politique chasse le bonheur prétendu dans les fêtes religieuses. En cet Aïd, autour de nous s’est répandue une couche de souffrance généralisée. Toutes les couleurs de la souffrance. La religion de nos parents était chanson et gaieté. Aujourd’hui, cette même religion pleut la guerre ! Crachine la haine. Beaucoup de sang est déversé au nom de la religion. Les gens fêtent la mort. On ne vit pas la vie. La chaleur de la vie recule devant l’odeur de la mort et la senteur de la haine.
          La religion d’aujourd’hui, celle souillée dans la politique, dans l’argent, comme ses fêtes, n’a plus l’énergie de rassembler, ne porte plus le sens de vivre ensemble. Elle divise. Elle sème la haine sur cette belle terre. Les musulmans qui excellaient dans l’art de la fête à Bagdad, à Damas, à Grenade, à Kairouan à… ont rangé leurs instruments de musique en les remplaçant par les armes. Ont classé la belle lecture du Coran pour la troquer contre des prêches haineux et injurieux.
          Et quand la vie est amère, le sang est versé, l’Aïd n’est que chimère. La belle littérature se tait. Et depuis Al-Mutanabbi, il y a de cela dix siècles, un peu plus, les Arabes n’ont pas pondu un seul poème, un seul beau poème sur l’Aïd ! Et c’est triste !
A. Z.                    
aminzaoui@yahoo.fr          



A Trappes, se joue l’honneur de la République
et l’avenir de l’islam de France
Envoyé par Pierre
 http://www.tunisie-secret.com/A-Trappes-se-joue-l-honneur-de-la-Republique-et-l-avenir-de-l-islam-de-France_a532.html

tunisie-secret.com, 22 Juillet 2013
           Par : Salem Ben Ammar

           L’insurrection de Trappes est-elle le prélude de la fin de la république française et le symptôme annonciateur des futures nuits de Cristal en terre voltairienne ? Monsieur Valls, la république n’a pas à accepter les excès violents de ce que vous avez appelé à juste titre l’islamo-fascisme, ni à tolérer l’intolérable, elle a pour seule et unique obligation de les sanctionner et de sévir contre tous ceux qui transgressent ses lois. Onze années durant, vous avez été l’un des rares élu socialiste, sinon le seul, à démontrer que la fermeté va de paire avec la liberté, que le respect des lois de la république n’est pas négociable.

           Et ce n’est pas en bordant les musulmans irrespectueux de ses lois que la république va acheter la paix sociale. Bien au contraire, elle ne fait que les renforcer dans toute leur-puissance, leur octroyer une immunité juridique en pensant naïvement qu’elle va calmer leur ardeur de plus en plus insolente et violente depuis le dopage de l’islamisme par l’escroquerie du « printemps arabe ». La "minorité de voyous" est de moins en moins minoritaire et de plus en plus voyou. La police autant que la Justice le sait.

           Au lieu de se montrer ferme, intransigeante et vigilante, elle se met à louvoyer devant eux, à faire dans le politiquement correct de peur de ne pas stigmatiser soi-disant l’ensemble des musulmans. Ce faisant, c’est l’ensemble des musulmans qui se sent infantilisé et offensé dans son intelligence ! La majorité des musulmans de France se reconnait dans la laïcité et rejette l’abomination intégriste que certains élus locaux ont laissé proliférer par lâcheté ou par démagogie politicienne.

           La république la vraie, ce qui n’est plus le cas de la France depuis qu’elle joue à la mariée orientale du Qatar et de l’Arabie, n’a pas et ne doit pas faire la moindre concession à l’islam, ni appliquer aux musulmans un régime d’exception à des fins bassement électoralistes, car à trop vouloir lécher les babouches de l’islam et des musulmans, elle est entrain de précipiter sa propre chute comme naguère Byzance. La majorité des musulmans dans ce pays n’attend pas que l’on flatte son ego religieux, ni qu’on lui dise des mots gentils sur la grandeur de l’islam. Elle aspire à une vie normale, banalisée et paisible, sous les lois de la république.

           Aveugles et incapables de discernement, certains ne savent toujours pas que l’islam des banlieues n’est pas empreint de haute spiritualité et de tolérance, mais gangréné par le wahhabisme et l’idéologie théocratique des Frères musulmans, qui avance à visage couvert (taquiyya), pour mieux la berner et tromper sa vigilance, en attendant de lui porter le coup de grâce. La loi interdisant le port du niqab dans les lieux publics doit être fermement appliquée, et tous ceux qui cherchent à intimider la république en suscitant des émeutes doivent être impitoyablement pourchassés, emprisonnés et expulsés. Par la grâce du « printemps arabe », bien des pays les accueilleront à bras ouverts, à commencer par le mien.

           Il ne doit y avoir aucun traitement de faveur à l’égard d’une idéologie qui veut étendre son pouvoir sur la France, après avoir fait main basse sur les pays dits du « printemps arabe ». De toutes les croyances religieuses, qu’elles soient monothéistes ou pas, c’est malheureusement l’islam qui a le plus de relents bellicistes et ultra violents et ce n’est certainement pas en cherchant à éviter le choc frontal avec lui, qui est le choc des cultures, que la partie de bras de fer engagée par certains musulmans dans leur rapport de force avec la république tournera à l’avantage de celle-ci. Plus on lui concèdera un pouce de son territoire, plus elle lui cèdera des pans entiers de son pouvoir. Leur octroyer le droit de vote ne fera qu’accélérer un processus qui ne menace pas uniquement la république, mais aussi les citoyens français de confession musulmane.
           C’est pourquoi les incidents de Trappes portent en eux tous les germes de futures nuits de Cristal et résonnent comme un requiem de la république. Il est encore possible d’éviter le pire. Pour la république et pour la majorité des musulmans de France, qui aspire à la paix et au vivre ensemble sous la bannière de la laïcité et les lois de la république. Tunisie-Secret.com
           Salem Ben Ammar


L’islam, religion primitive
pour peuple barbare (vidéo -18) ?
Envoyé par Jacques
 http://www.elwatan.com/hebdo/sante/des-milliers-de-malades-meurent-en-silence-23-06-2013-218441_156.php

tunisie-secret.com, 15 Août 2013
           Par : Karim Zmerli

           La barbarie islamiste n’a d’égale que la barbarie nazie. Le titre de cet article est volontairement provocateur, mais il exprime le dégoût que l'on ressent en regardant cette vidéo. Cette fille somalienne a moins de 20 ans. Son « crime », un acte d’amour. Elle a été sauvagement lapidée par des infrahumains aux pulsions refoulées, des malades mentaux qui ont un grave problème avec les femmes. Voici l’islam que le Qatar et l’Arabie Saoudite financent et propagent, et que l’Occident approuve. Cette vidéo est interdite aux enfants et aux âmes sensibles.

           J’ai écrit à un site de Somaliens vivants aux Pays-Bas pour comprendre ce que cette pauvre fille dit aux criminels barbares qui l’enterrent avant de procéder à sa lapidation. Les seules phrases déchiffrables de cette fille suppliciée dont on peut imaginer la souffrance et l’angoisse terrible sont les suivantes : « Je vous jure que je n’ai rien fait de mal…, il m’a juste embrassé…Au nom d’Allah ne me faite pas de mal, laissez-moi voire ma mère et mes sœurs. Au nom d’Allah laissez-moi revenir chez mes parents… ».

           Un rocher aurait entendu cet appel à la clémence, mais pas ces infrahumains à l’islam nauséabond. Les criminels sont les sinistrement célèbres « Shebab », un groupe islamiste issu de fraction de « L’union des tribunaux islamiques » qui sévissent en Somalie depuis une dizaine d’années. Ils ont été financé et armé par le Qatar et, jusqu’à ce jour, Al-Jazeera en parle comme d’héroïques résistants. Ils appartiennent à la même secte wahhabite des Qataris et des Saoudiens. Parmi les rares pays qui pratiquent la lapidation, il y a l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Afghanistan et l’Iran.

           Pourtant, la lapidation n’a jamais été autorisée par le Coran. La racine même du mot RAJM n’existe pas dans le Coran, livre supposé être l’autorité suprême en islam. Que dit le Coran ? « Celles de vos femmes qui forniquent, faites témoigner à leur encontre quatre d'entre vous. S'ils témoignent, alors confinez ces femmes dans vos maisons jusqu'à ce que la mort les rappelle ou qu'Allah décrète un autre ordre à leur égard. " (4, 15). Dans un autre verset, le châtiment de la femme ou de l’homme adultère est 100 coups de fouet. Il n’est donc pas question de lapidation dans le Coran, pas même le mot. D’où vient donc cette pratique barbare ? D’une certaine interprétation de la Sunna (tradition prophétique).

           En réalité, la lapidation a pour origine la Loi juive. Grace à la sagesse de certains rabbins, elle est progressivement tombée en désuétude. Elle devait être transmise aux chrétiens mais, dans son infinie bonté, Jésus l’a abolie. Voici le récit de cette abolition selon les Evangiles :

           « Et Jésus gagna le mont des Oliviers. Dès le point du jour, il revint au temple et, comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les Pharisiens amenèrent alors une femme qu'on avait surprise en adultère et ils la placèrent au milieu du groupe. « Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi dans l'intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le sol. Comme ils continuaient à lui poser des questions, Jésus se redressa et leur dit : « Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre ». Et s'inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l'un après l'autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieu du cercle, Jésus se redressa et lui dit : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur », et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus » Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie ».

           Dans la Sunna, on retrouve à peu près la même symbolique. Abd'Allah Ben Burydah a rapporté de la part de son père qu'une femme (al-Gamidya) a dit au prophète : "ô Messager d'Allah ! J'ai forniqué, purifie-moi." Mais le prophète l'a renvoyée. Le lendemain, elle lui a dit "Ô Messager d'Allah ! Pourquoi tu me renvoies ?! Me renvoies-tu comme t'as renvoyé Maëz ! Par Allah, je suis enceinte " Il lui répondit : "Bon, vas-t-en et reviens quand tu auras accouché." (dans quelques mois). Quand elle a donné naissance à son garçon, elle le lui a apporté dans une étoffe et elle a dit : "Le voilà, je l'ai mis au monde" "Vas l'allaiter et reviens après sevrage" répondit le prophète (c’est-à-dire dans 3 à 4 ans). Quand elle l'a sevré, elle lui a apporté le gamin portant un morceau de pain à la main et a dit : "Le voilà, ô Messager d'Allah ! Je l'ai sevré et il s'est bien nourri." C’est à partir de là que divergent les rapporteurs de la tradition. Pour les uns, Mohamed aurait ordonné sa lapidation et le sang aurait giclé de sa tête sur la chemise de Khalid Ibn el-Walid. Pour d’autres, Mohamed lui aurait dit la même phrase de Jésus à Marie-Madelaine.
           Selon nous, Mohamed ne peut pas avoir autorisé une telle horreur. Le fait de renvoyer cette femme à trois reprises est hautement significatif. Et si certains musulmans continuent à soutenir que la lapidation est dans la Sunna et dans la Charia, alors au diable leur Sunna et leur Charia.Tunisie-Secret.com
           Karim Zmerli

           NDLR: Pour voir la vidéo, cliquer ici


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La Guêpe
Envoyé par Hugues

     Une dame ultra chic, arrive dans sa limousine et en urgence chez son médecin de Neuilly.
     Elle passe devant tout le monde en hurlant :
     - Hubert, Hubert, vous devez me recevoir immédiatement !
     Le Docteur, tout aussi BCBG, s'excuse auprès de ses autres patients et fait entrer son amie dans le cabinet.
     - Mais chère Alix-Anne, que vous arrive-t-il donc pour être aussi désemparée ?
     - Ah Hubert, je me suis fait piquer par une guêpe !
     - Bien, je vais voir cela. Où avez-vous été piquée ?
     - Ah non Hubert, je vous en supplie ne me demandez pas cela.
     Si je vous le dis je serai la risée de tout Neuilly.
     Je ne peux absolument pas vous désigner l'endroit où j'ai été piquée.
     Demandez-moi n'importe quoi, mais pas cela.

     - Mais Alix-Anne, je suis médecin, tenu par le secret professionnel.
     Et de plus, ma chère, nous sommes amis. Vous me connaissez, jamais je ne parle travail à mes amis. Je ne dirai rien vous concernant croyez-moi.
     Un peu de courage chère amie, racontez-moi où cette méchante guêpe vous a piqué ?
     - Entendu Hubert, mais me promettez - vous de ne rien dire à personne ?
     Pas même à votre épouse ? .Je ne supporterai pas les sarcasmes du tout Neuilly !

     - Je m’y engage ! Allez-y, dites-moi.
     Et Alix-Anne se penche vers l'oreille du médecin et lui dit tout bas, mais vraiment tout bas....
     - Au rayon fruits et légumes de chez Lidl...


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