N° 245
Janvier

https://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Janvier 2024
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
https://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

BONNE ANNEE 2024

        Chers Amies, Chers Amis,

        Chers compatriotes, les douces Lumières de Noël s’éteignent lentement, plus que quelques heures qui passeront rapidement et 2023 à son tour, nous quittera à jamais...

                Que l'année 2024 qui la remplacera vous apporte prospérité, une santé excellente avec un réconfort pour ceux qui souffrent, beaucoup de satisfactions, de joies et de paix, que vous soyez en famille, entre amis, entre voisins, entre pratiquants dans une église ou ailleurs. Joyeux Réveillon.

        L'année 2023 se termine dans les attentats, « les événements quotidiens», les guerres et les émeutes. Cette l'année avec tous ces "faits divers" qui ont émaillés "notre vie de citoyen" et les actes de barbaries du 7 octobre en Israël, ont fait revivre, pour notre communauté, les cauchemars des attentats, les terreurs des enlèvements et les deuils subis de 1954 à 1962 en Algérie, que nous ne pourrons jamais oublier.

                Notre peuple Pieds-Noirs, a su relever la tête et ne s’est pas résigné. Nous avons combattu l'adversité sur le sol de l’exil, nous sommes restés debout pour l’avenir de nos enfants.. Nous sommes fiers de notre vie, de nos combats, sans renoncements, car l’ennemi est toujours à l’affût, ne l’oublions pas.

        Chères Amies, Chers Amis, de la Seybouse, nous savons aussi regarder l’avenir et notamment l'année 2024 avec courage et foi et nous souhaitons que cette année nous accorde 366 jours de bonheur.

                Avec tous les contributeurs de la Seybouse, nous vous souhaitons une bonne et heureuse année 2024. Notre collaboration, ainsi que votre fidélité, sont les clés de notre réussite. Profitons ensemble de notre force énergique et porteuse d’espoir pour maintenir et pousser de l’avant la Seybouse.

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         
         A tchao.




Le petit verre de Marie Brizard
Envoyé par Jean-Claude PUGLISI.
D'une bonne et heureuse année.

            Alors que dans notre maison à l’ancienne douane, résonnaient toujours en écho les fêtes de Noël, que nous avions honorées comme de coutume, tout simplement, mais toujours dans la joie de la naissance du Seigneur et la chaude ambiance familiale, que déjà Saint Sylvestre sonnait le glas de l’année qui venait de s’écouler, pour ouvrir toutes grandes les portes de l’an neuf.
            C’était alors pour nous, le grand moment de la présentation des vœux de bonne et heureuse année, à tous ceux de nos proches mais aussi aux voisins de la maison, sans ne jamais oublier les amis et connaissances multiples, que chacun avait au sein de notre cité Calloise.

            Ainsi le premier de l’an était toujours l’occasion d’une rencontre sympathique, au cours d’une visite qui nous amenait tout autour d’une table de fête, avec la gourmande compagnie d’un grand plat d’oreillettes, de zouzamiels et de dattes confites fourrées de pâte d’amande multicolore. Au milieu de ces traditionnelles friandises de noël, trônait religieusement l’habituelle cafetière encore toute fumante de plaisir, accompagnée de ses fidèles tasses de porcelaine chinoise remplies d’un café odorant et à l’arôme parfumé à souhait. Mais ce n’est pas seulement cela qui s’étalait sur la blanche nappe de circonstance, car, coiffés de leurs bouchons, on pouvait remarquer dominant au centre de la table, de multiples goulots de formes variées, issus semble-t-il ? de quelques précieux flacons de liqueurs, mis depuis longtemps en réserve, pour honorer les festivités de fin d‘année. Certes et comme on peut s’en douter, ce n’était pas là loin s’en faut certains de ces élixirs millésimés rares et coûteux, comme ceux que l’on sert avec beaucoup d’ostentation dans les plus grands palaces de ce monde. La carte de ces liqueurs était toujours la même et figurait invariablement dans le secret des buffets de toutes les familles calloises. On trouvait volontiers des alcools achetés dans le commerce ou, de fabrication maison aux extraits Noirot, mais aussi certains fruits conservés dans de l’eau de vie.

            Ainsi figuraient sur les tables les liqueurs et fruits suivants : Rhum saint-Jâmes - Crèmes de Banane et de Cacao - Cointreau - Liqueur de mandarine - Vieille cure - Marie-Brizard - Prunelle - Raisins et Cerises à l’eau de vie - etc.

            Tout cela rappelle à mes souvenirs de jadis, une anecdote familiale bien amusante, qui devait marquer un certain jour de l’an Callois et qui curieusement est restée intacte dans ma mémoire, malgré la fuite impitoyable du temps :

            - Ce jour-là, nous avions eu la visite de trois charmantes et jeunes adolescentes, membres de la fratrie d’une famille avec qui nous étions très liés de longue date et qui venaient tout naturellement, nous présenter leurs vœux de bonne et heureuse année…

            Après les vœux et congratulations d’usage Pétronille ma grand-mère Sicilienne, devait les inviter à prendre place autour de la table de notre salle à manger. C’était, je m'en souviens, vers la fin d'une matinée et ce jour-là, Vincent mon grand-père, toujours coiffé de son éternelle casquette de marin était présent, assis silencieusement dans son coin habituel, pour méditer sur je ne sais quel sujet et tirer par moment de sa fidèle pipe, quelques tendres bouffées de fumée bleue, qui s’élevaient docilement dans la pièce en volutes légères.

            C’est bien naturellement, qu’il fut alors convié par son épouse à rejoindre la table et ses invités, pour participer à la petite collation et trinquer à la santé des visiteurs et de leur famille.

            Les oreillettes furent les bienvenues et les dattes fourrées de pâte d’amande bien appréciées des jeunes filles, mais, comme il n’était pas l’heure de servir un petit café noir, Pétronille avait sorti de son buffet une jolie bouteille de Marie Brizard à peine entamée, laquelle, au passage avait curieusement fait loucher mon grand-père, puisque, habituellement et par les bons soins de son épouse, il était toujours privé d’alcool sous toutes ses formes, pour préserver disait-elle la santé de son vieux mari ! ? Mais en la matière ce jour était une exception, puisque, nous étions le premier janvier et que ma foi ! un petit verre de liqueur ne pouvait faire de mal à personne. Alors entre deux oreillettes et quelques dattes farcies, la douce et anisée Marie Brizard fut servie à chacun des visiteurs - y compris à mon grand-père Vincent, apparemment ravi de l’aubaine !

            Comme un précieux joyaux que l’on fait durer à plaisir, mon aïeul grignota lentement une oreillette, pour enfin se décider à lamper sa liqueur par petits coups, alors que depuis un bon moment, les charmantes demoiselles avaient déjà fini leur petit verre.

            Soudain ! mon grand-père posa le sien pour s’adresser à son épouse en ces termes : « Pétronille ! Qu’est-ce que tu nous as donné là ? Ta liqueur c’est de l’eau ! » Surprise, ma grand’mère qui ne buvait jamais d’alcool, répliqua vertement : « de l’eau, de l’eau ! Bien sûr, toi qui aime les alcools forts, tu trouves comme de l’eau les liqueurs douces »

            Alors que mon grand-père défendait très sincèrement sa thèse, autour de la table un silence gêné venait de tomber parmi les invitées. Pour couper court aux dires de Vincent et faire le constat que son mari radotait, elle se servit quelques gouttes de la liqueur incriminée, pour se rendre compte que son époux n’avait pas menti, car, c’était bel et bien de l’eau qui était contenue dans la bouteille de Marie Brizard.

            Je laisse imaginer le rouge de la honte de ma sicilienne de grand-mère, qui ne comprenait pas comment de l’eau se trouvait en lieu et place de la douce liqueur. Elle reprocha presque aux jeunes filles, qui sans rien dire avaient bu leurs verres en quelques traits, de ne pas lui avoir signalé immédiatement, la teneur du contenu de leurs verres.

            Très gênées par cette affaire bizarre, elles devaient timidement prétexter - qu’il s’agissait peut-être d’une liqueur douce.

            Pour réparer sur-le-champ, ce qu’elle considérait comme un affront fait à ces charmantes petites demoiselles, Pétronille bondit vers les profondeurs mystérieuses de son placard, pour retirer enfin triomphante une autre bouteille de Marie Brizard, qui à la grande satisfaction de mon grand-père, contenait cette fois-ci et bien heureusement la liqueur tant attendue.

            Les visiteurs à peine partis, Pétronille commença une très sérieuse et méticuleuse enquête au sein de la famille, pour essayer de tirer au clair et surtout de comprendre enfin cette histoire à dormir debout, en prenant bien soin d’occulter de sa pensée l’œuvre de quelque esprit malfaisant, tel que lui avaient enseigné les superstitions ancestrales de sa culture latine… Mais pourquoi deux bouteilles de Marie Brizard étaient-elles rangées dans son buffet ? Ce fut la première question qui devait lui venir à l’esprit. Alors elle se demanda pour quelles raisons l’une de ces bouteilles contenait de l’eau pure ? Mon grand-père n’y comprenait plus rien et Pétronille n’arrêtait pas de se perdre en conjectures. Comme je ne participais pas à la conversation de mes grands-parents, j’étais loin de me douter de ce qui pour l’heure préoccupait vivement leurs esprits. Cependant au bout d’un moment, les voyant polarisés sur les mystères de cette affaire, je m’approchais d’eux pour prendre une part active dans la conversation, car je venais soudain de voir le bout du mystérieux tunnel, où mes vieux s’étaient depuis un moment empêtrés : mea culpa ! mea maxima culpa ! Car je dois bien l’avouer j’étais responsable, mais en partie seulement de l’affaire Marie Brizard.

            Que s’était-il passé ? Comment une bouteille remplie d’eau avait-elle été rangée dans le placard à liqueur ? L’explication devenait simple lorsque l’on sait qu’à cette époque, rien ou presque n’était jeté à la poubelle par les familles. En particulier les bouteilles vides que l’on récupérait de temps à autre, afin de les remplir d’eau fraîche pour assurer la boisson quotidienne de la maison. Il faut savoir que souvent et surtout pendant la période de l’été, la commune se voyait contrainte de rationner l’eau qui devenait par cela même précieuse, au point qu’elle était coupée dés onze heures de la matinée. Par conséquent au matin de tous les jours de la semaine, ma grand’mère prenait la précaution de faire consciencieusement sa réserve d’eau, avec l’aide de quelques bouteilles de récupération, parmi lesquelles - celle ayant contenu la Marie Brizard.

            Si mes souvenirs sont bons il me semble que ce jour-là, un de mes copains était venu me présenter ses vœux en milieu de matinée. Comme de bien entendu je lui ai offert quelques friandises accompagnées d’un verre d’Anisette. Pour servir l’Anisette et l’arroser d’eau fraîche, je réalisais l’opération en me saisissant alors d’une bouteille que ma grand-mère venait tout juste de remplir... Lorsque mon ami prit congé, ma grand-mère tout naturellement débarrassa la table et rangea par inadvertance la bouteille de Marie Brizard et son contenu aqueux dans le placard à liqueur.

            Le mystère était enfin éclairci, mais le tempérament sicilien de Pétronille, devait lui faire conserver encore quelque temps cette espèce de gêne, qui parfois frise un peu la honte d’avoir servi de l’eau en guise de liqueur, à des visiteurs amis qui très gentiment venaient nous présenter leurs bons vœux.

            Bien heureusement ! mon grand-père était là, pour faire remarquer la bévue à son épouse et redresser ainsi la situation qui assurément devait mettre mal à l’aise l’assistance et provoquer un fou-rire que les charmantes demoiselles avaient manifestement de la peine à étouffer. J’ai eu depuis l’occasion de faire la rencontre de l’une d'entre-elles et je n’ai pu m’empêcher de lui rappeler cette histoire ancienne. Nous avons alors et sans nous gêner un seul instant, éclaté abondamment de rire à l’évocation de cette mésaventure, dont il me plait aujourd’hui de faire avec satisfaction, le constat qu’elle n’était en aucune façon remisée définitivement dans les oubliettes de nos mémoires.

            Cette péripétie, je l’ai aussi vécue, il n’y a pas si longtemps de cela, mais cette fois-ci de l’autre côté de la barrière.

            C’était en 1970 je faisais mon stage interné au Centre Hospitalier de Saint-Marcellin dans l’Isère, avec mon ami Jean Hatem, un futur médecin d’origine Syrienne. Au bout de quelques mois de présence dans les lieux, les médecins de la ville qui fréquentaient régulièrement l’hôpital nous avaient pris en estime et certains se plaisaient même, à nous convier quelquefois chez eux pour partager leur repas. Parmi eux il y avait en particulier le vieux docteur Bonne, un ancien médecin militaire qui autrefois avait fait sa carrière aux colonies. Il venait presque tous les soirs nous rendre visite, pour parler avec une grande nostalgie de ses souvenirs d’antan. Peut-être trouvait-il en nous un peu de ces terres lointaines ? Puisque moi, j’étais originaire d’Afrique du nord et Hatem de Syrie : deux pays où notre vieux confrère avait exercé…

            Un soir il nous convia à souper, afin de nous faire l’honneur de sa maison et de poursuivre son interminable discours sur sa carrière dans les colonies. Ce confrère que nous aimions bien, était un brave homme dans le vrai style vieille France. Doué d’une parfaite et admirable courtoisie dans ses faits et gestes, il n’en était pas moins doué d’une culture vraiment exceptionnelle qui nous ravissait. Lorsque très rarement il lui arrivait de ne pas connaître la réponse à l’une de nos questions, il se faisait alors un devoir de s’en allait fouiller dans les livres et documents anciens de sa grande bibliothèque. Le soir venu il venait nous retrouver à l’internat, pour nous entretenir du sujet qui nous préoccupait et dont il avait trouvé la réponse.

            C’est ainsi, que nous nous sommes retrouvés chez lui un soir, tout autour d’une table basse où l’apéritif devait être servi. Pour faire une agréable surprise à Jean Hatem le Syrien, notre vieil ami avait eu la délicate attention de mettre sur la table une bouteille d’Harrach ( ou Raki en Grèce ) , un apéritif anisé que l’on sert en Syrie et au Liban. Peut-être voulait-t-il par cette traditionnelle boisson, rappeler, son pays natal à Jean Hatem et à lui-même le souvenir de cette époque coloniale qui lui était si chère ? Toujours est-il que l’apéritif servi, tout le monde leva son verre pour trinquer à la santé des uns et des autres. Soudain ! une voix marquée par une gène évidente s’éleva dans la pièce : c’était ce brave Hatem qui verre à la main, timidement faisait remarquer - que son Harrach n’était que de l’eau ! ? Je laisse imaginé la stupeur de notre brave confrère et le réel embarras qui devait s’en suivre…

            Finalement, c’est son épouse rouge de confusion, qui s’excusa mille fois pour avoir par inadvertance, rempli d’eau pure une bouteille d’Harrach vide de son contenu anisé. Une autre bouteille fut apportée sur-le-champ et un nouvel apéritif coula dans le verre de Hatem, et puis on trinqua de nouveau en riant gentiment de la méprise de la maîtresse de maison. Mais hélas une fois de plus, la voix pleurnicharde du pauvre Hatem se fit entendre : « je m’excuse ! disait-il. Mais c’est encore de l’eau. » Cette fois-ci la panique gagna un moment la maison, où, enfin, se confondant en excuses, le maître de céans nous avoua humblement, que s’était encore une fausse manœuvre de son épouse, qui avait la mauvaise habitude de récupérer les bouteilles vides, pour faire sa petite réserve d’eau de boisson. Alors par mesure de sécurité et pour éviter toute nouvelle méprise, notre vieil ami retira de son armoire à apéritif une bouteille d’Harrach encore cachetée, où cette fois-ci le liquide anisé était parfaitement authentique - à la grande joie de tout le monde présent.

            Lorsque je me remémore avec nostalgie ces histoires anciennes, je me dis que ce type d’incident n’arrivait pas que chez-nous à La Calle, mais qu’il pouvait survenir aussi chez les autres, et cela, sans aucune distinction de pays, de race, de culture, de religion…etc.

            N’est-ce pas ? Cher et regretté Docteur BONNE - de Saint-Marcellin dans l‘Isère.
Jean-Claude PUGLISI
de La Calle de France
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage.
( Giens en presqu’île = Avril 2005.)


AU PIED DE MON ARBRE
Envoyé par M. Georges Barbara
.             Connaissez vous Nino….?
            Nino, c’est ce Petit Bonois d’la colonne, ...de Joanonville,... du Pont Blanc,... des mille logements voir de la Cité Auzas’ ! Un Petit Nino, Bonois bon teint, qui est aussi pour la plupart d’entre nous, le Petit Bônois de notre jeunesse !
            Pieds nus, tricot de combat d’un autre temps et pantalon rapiécé à souhait, il a poussé plutôt bien que mal dans nos quartiers aux mille couleurs ! Ces quartiers où nous vivions à « notre manière »
            Nous allons faire si vous le voulez bien, plus ample connaissance avec ce Poulbot bien de chez nous, qui est aujourd’hui en conversation avec son ange gardien. Cet ange gardien qui ne le quitte jamais car il est aussi quelque part la voix de sa raison : Tout ceci n’est pas sans rappeler la voix de Dieu qui s’adressait à Fernandel dans le célèbre film de DON CAMILLO !
            Soyons indiscrets pour une fois et introduisons nous dans leur conversation intime !


            AG:,,,,Ange Gardien
            N :,,,, Nino

            AG- » Dis Nino sais-tu où sont passés tes copains ? Je ne les vois plus avec toi ce matin ! Vous êtes de nouveau fachés ?

            N - » Te veux parler d’cette bande de falsos ? Et adebon te veux savoir toi où y sont passés tout ce monde ? T’le sais toi ou t’le sais pas ? Si t’le sais pas et ben moi je va t’le dire !
            Et ben toute c’et’bande de strounzes, y z’ont été s’enfermer comme des tanoudes, en dedans l’école de Sadi Carnot ! Même qu’y z’ont dit que le Directeur y l’est méchant. Y l’a toujours un bâton dans la main, et entention que ‘t’yarrives pas en rotard ! ! Ossinon si t’les écoutes, y z’ont dit aussi qu’après y z’allaient mieux te parler la langue Française ? T’le crois toi ?

            AG- » C’est sur Nino, après ils pourront parler comme tout le monde. Tu sais que le français parlé dans les rues de Bône ce n’est pas de l’excellent français ! Loin s’en faut !

            N- » Atso ! Et ça qu’on parle nous diocane, alors c’est quoi ? C’est pas d’la langue française ? Si t’les écoutes à tout « ce monde » comme te dis y se croivent qu’on fait des necks quand on parle nous z’autres ! Et ben, laisse les qui z’y vont dans leur cage à poules, si ça leur fait plaisir à ces gatarelles. Tu ‘ois o frade, que demain y me vient « ça qu’je pense » comme la porte des carezas, et ben tu vas ‘oir que ça qu’y va te dire Nino main’nan si c’est pas la franche vérité ! Nous z’autres nous avons parlé Bônois avant que tout ces mouches à miel y te viennent d’un autre monde….. à chez nous ! Alors qu’est ce qu’y vont nous apprendre main’nan à nous ! Et te crois pas qu’y z’ont un papillon dans la tête, Non ? Et en plusque y z’ont dit qu’y veulent nous faire rentrer ça a’c des coups de bâtons et des punutions ! La madone et pour qu’y y se prend ce monde là ?

            AG- » Sais tu Nino, c’est vrai que dans la vie pour avoir un métier il faut obligatoirement connaître la langue française !

            N- » Aoua à rogars moi ça, mais t’ientends ça que te dis ? Et ben moi…. moi quand je vais t’être plus grand et que mon père y me met t’sur le chalutier de Salemme, la langue française a va s’la piliangoule. A bord les bateaux le plusqu’on te parle c’est des mots qu’y sont des mots en italien. Alors leur français je m’le mets où je pense !

            AG- » Oui c’est vrai mais parler plusieurs langues cela n’a jamais nui à personne, et puis tout comptes fais, en faisant comme tes copains tu pourrais prendre une vie normale dans la société, tu ne le penses pas ?

            N- » Ô frade, tu ‘ois pas comme je suis bien là moi au Pont Blanc ent’sous cet arbre ! Et diocane qu’y c’est qu’y nous touche ! Adebon je me croirais un lézard….Y me manque plusque les poux pour me gratter te ‘ois ! Et merci à St Augustin si y me fait rester longtemps comme ça ! Agas ça qu’j’te dis moi, même si y te viens le Juge d’La Calle, c’est pas demain que je vais t’arrêter de me faire l’artisse te sais ! Et après arrive ça qu’y l’arrive !

            AG- » Nino il te faut reflechir car à la longue tu vas rencontrer des problemes, dans ta famille mais aussi dans la vie de tous les jours !

            N- » Te sais ô goumbarre, de toi à moi, je va t’le dire entre quatre z’yeux, et ben quand y m’appelent « le Binguèche du Pont Blanc » tout’ cet’ bande qu’y z’ont la fugure com’leur darrière, y me font un grand plaisir ô frade. Parce’ qu’à debon Binguèche, que dieu y repose son âme, et ben au moins lui y l’était plus intelligent que tous ces gatarelles crois moi ! A’c ses conneries lui au moins, y te faisait tourner tout ce monde en bourrique ! Et pis d’abord moi, j’te jure que j’en ai rien à foutre de leurs Grand’mères, de leurs conjugaisons, les surtaxes et tout ça qu’y va avec. C’est pas pour çà qu’a va te faire rouler plus vite ma voiture à roulements dans la descente d’la route de Bugeaud, Ca c’est sur !
            Et pis c’est pas que moi qu’y le dit, ya même un grand t‘auteur de la littérature de France qu’y s’appelle je crois Anatole….oui c’est ça Anatole, et ben lui y t’a dit que de tous les écoles qu’y l’a fréquentées, et ben c’est l’école bussonière que c’est la meilleure !
            Alors tu ‘ois harosement ya pas que moi qu’y te dis la franche vérité, même ceux d’en haut . Et y s’l’ont écrit !

            AG- » Tu sais Nino, j’te connais bien, depuis le temps que nous sommes ensemble, et tu n’es pas un mauvais garçon loin de là ! Alors promets moi de réflechir à tout ce que je viens de te dire... Et tout s’arrangera je le pense ! Je suis là pour t’aider tu le sais !

            N- » J’le sais ô frade, mais main’nan fais moi plaisir, agas t’le fais pour l’âme de tes morts, va va t’en de là et roprends toi cet’route que t’yes venu pour me faire la morale ce matin. Fais-le pour moi ... mets ta bouche au point mort….laisse moi un peu seul en t’sous mon arbre que je continue à me chaler et va saouar, à rofléchir peut-etre aussi un peu ? Ossinon O Frade, ‘ac tout ça que tu m’as sorti dit moi…. Te crois que je pourrais encore « VIVRE HEUREUX AU PIED DE MON ARBRE » ???…
Georges Barbara, Octobre 2022


I have a dream…
Par M. Marc Donato
Chaque année j’envoie un conte de Noël. Que penser de celui-ci dicté par une actualité peu amène ? Bonnes fêtes quand même.

          Le vitrail entrevu la veille dans l’église du village émergeait au milieu des brumes de mon premier sommeil. La mer s’ouvrait… Deux vagues énormes laissaient entre elles une fracture béante dans laquelle s’engouffraient Moïse et les Hébreux. La Mer Rouge et son fameux passage. La terre promise au bout.
          Le brouillard de l’inconscient en rajouta une couche quand les vagues se métamorphosèrent jusqu’à devenir des hommes, des soldats, rangés de part et d’autre de ce qui était là encore un passage.

          D’un coté, bandeau sur le front, des combattants avaient déposé leurs kalachs à leurs pieds. De l’autre, le torse constellé, d’autres combattants avaient fait de même. Du canon de leur arme pointait une marguerite par-ci, une rose par-là.
          Entre eux s’écoulait une théorie d’hommes, de femmes, d’enfants, hagards, le regard fixant une immense porte qui donnait accès à un sol perdu depuis trop longtemps, une terre à laquelle ils avaient été arrachés quelques mois auparavant.
          Les combattants des deux rives de cette mer imaginaire hurlaient de joie au passage de ces Hébreux d’aujourd’hui filant vers leur terre promise. Exodus…

          Quand la colonne fut passée, la mer se referma sur les accolades des combattants tombés les uns dans les bras des autres.
          Après tout, pourquoi ne pas croire au miracle, le miracle de Noël, tout près de Bethléem qui en avait connu un autre il y a plus de deux mille ans ?
          Et puis, en 1914, ne s’était-on pas retrouvés, Français, Anglais, Allemands, entre les tranchées pour s’embrasser le soir de Noël ? En cette Sainte Nuit, les combattants s’offrirent de petites gâteries, comme le cigare allemand qui coulait à flot. Les Français, partageaient eux leur pain blanc et leurs vins de Bourgogne ou de Bordeaux qui firent fureur dans les tranchées adverses. Certains sont même allés jusqu’à rejouer des pièces de Goethe ou de Molière, en souvenir d’un passé culturel commun.
          Rappelons-nous… De Gaulle-Adenauer… Kohl-Mitterrand

          Je me suis réveillé et la télé m’a replongé dans une actualité que, par euphémisme, on peut qualifier de fébrile.
          Avais-je plongé dans les Mille et une nuits ? Avais-je croisé Kafka ?
          Déjà le grand Martin Luther King avait fait un rêve… Un rêve de liberté et d'égalité émergeant d'un monde marqué par la haine.
          Que de progrès nous avons fait depuis !!!!!!!
          I have a dream…
Noël 2023 - Marc DONATO


LE PETIT ÂNE BLANC
Camille BENDER
Echo de l’Oranie N° 266, décembre 1999

       Chers amis, j'aurais voulu pour ce dernier Noël du deuxième millénaire, vous offrir un merveilleux conte, plein de lumière, de tendresse et de joie, à l'unisson des festivités qui vont célébrer l'avènement de l'an 2000.
       Toutes les villes et même les plus petites communes font assaut d'originalité, pour créer une ambiance de fête, avec d'innombrables illuminations sur fond d'étoiles, de paillettes el de féeries. Une atmosphère magique veut souhaiter la bienvenue à la nouvelle année, aube du troisième millénaire, qu'on espère, sans trop y croire, plus fraternel et plus humain.
       Mais revenons à mon conte de Noël... les disparitions de proches et d'amis très chers ont endeuillé ces derniers jours d'automne, les inondations dans l'extrême sud de notre pays, ont apporté leur lot de chagrin et de désolation... Quel Noël douloureux pour les parents ayant perdu leurs enfants dans la catastrophe. Je ne peux m'empêcher de penser à eux, c'est pourquoi mon conte aura des consonances un peu tristes, bien que finissant sur une note d'espoir.
       Je l'ai lu dans ma petite enfance (mon Dieu que c'est loin!) au temps où les petites filles étaient abonnées à "Lisette" ou "La semaine de Suzette" qui paraissaient chaque semaine, il est resté, allez savoir pourquoi, dans un petit coin de ma mémoire, pourtant si défaillante avec l'âge, et je vais essayer de vous le restituer.

       Il était une fois, un petit garçon, Paul, qui vivait très heureux entre sa maman qui le chérissait, et son père qui l'adorait, ne sachant que faire pour le gâter. Sa chambre regorgeait de jouets, de livres d'images, ses armoires étaient pleines de vêtements plus beaux les uns que les autres, et de délicieuses friandises garnissaient toujours les bonbonnières de la maison. Celle-ci était très belle, spacieuse, entourée d'un immense jardin où le petit garçon pouvait s'ébattre, courir et jouer. Paul était généreux et partageait volontiers ses jouets avec les autres enfants.
       Pour Noel, sa maman remplissait une grande corbeille de joujoux encore presque neufs et la portait à l'orphelinat le plus proche.
       Pour le Noël de ses sept ans, Paul écrivit au Père Noël pour lui demander, devinez quoi ? "Un traîneau tiré par un âne"... il avait vu dans un conte scandinave, l'image d'un traîneau en forme de sabot, tiré par des rennes, et sachant très bien que le Père Noël ne trouverait pas ces animaux là en France, il avait demandé, pour tirer son traîneau, un âne, mais un âne tout blanc, assorti à la neige des chemins. Le papa de Paul avait suggéré plutôt un poney, mais le petit garçon savait ce qu'il voulait "c'est un âne, comme celui de la crèche que je veux". Le père de Paul qui ne savait rien lui refuser, fit construire le traîneau et se mit en quête d'un âne blanc.

       Il finit par le trouver, et le soir de Noël le petit Paul découvrit devant la porte de la maison, un magnifique traîneau tout en bois verni, avec des banquettes couvertes de fourrure, mais surtout un petit âne blanc tout harnaché, avec des guides mordorées, un licol piqueté d'étoiles et de clochettes, des sabots noirs brillants, et une multitude de pompons rouges autour du collier, bref un âne de conte de fées.
       "Il s'appelle Nix, dit le papa, le père Noël vient de l'amener, il espère que cela le fera plaisir, et que tu l'aimeras de tout ton cœur". Nul besoin de forcer le petit garçon à manifester son affection pour ce merveilleux compagnon venu du ciel, il entoura le cou de son âne de ses deux bras, et l'embrassa avec fougue. Il voulut étrenner son cadeau tout de suite, et toute la famille y monta pour aller à la messe de minuit.
       En rentrant, Paul était tellement excité qu'il n'arrivait pas à dormir ; tôt le matin, il se précipitait vers l'écurie, où près des chevaux de son papa, il retrouva Nix et lui apporta moult friandises, depuis des morceaux de sucre jusqu'à de jolies carottes roses. Entre le petit garçon et son âne, une magnifique amitié se noua ; dès que Paul rentrait de l'école, il se précipitait vers l'écurie, retrouver son ami et lui racontait ses activités en classe, puis il lui faisait faire un tour dans les allées du jardin ; de temps à autre, il invitait ses camarades à venir voir Nix, et c'est à qui le caresserait le plus longtemps, après lui avoir apporté une friandise. Jamais on n'avait vu un âne aussi heureux, même celui de la crèche de Noël n'avait vécu un tel bonheur.

       Et puis un jour tout s'effondra. Le papa de Paul, ruiné par un de ses associés, malhonnête, dut répondre des dettes de son groupe bancaire et ne pouvant faire face à la débâcle se suicida. Oh! bien sûr, on ne dit pas à Paul la vérité, on lui raconta que son père était parti au ciel et qu'il ne reviendrait plus.
       Pour le petit garçon et sa mère ce fut un immense chagrin ; à leur détresse commune, s'ajoutèrent les difficultés matérielles, les dettes contractées par l'associé escroc, devaient ètre payées. Il fallut tout vendre ; l'hôtel particulier, les meubles, les bijoux, les fourrures, les oeuvres d'art, l'écurie de course, et sublime douleur pour Paul le traîneau et l'âne blanc de son dernier Noël. L'enfant partit avec sa maman sans avoir pu embrasser Nix, vendu avec tous les biens dispersées de cette famille ruinée. Il ne restait presque rien à la maman de Paul pour vivre. Elle loua un modeste appartement dans un vieil immeuble vétuste, mal chauffé, où elle se réfugia avec son fils. Malgré leur misère, celui-ci ne se plaignait pas, il lui restait l'amour de sa maman, mais l'absence de Nix lui était profondément douloureuse.

       Noël arriva, tout saupoudré de neige... mon Dieu, comme il faisait froid dans cette vieille maison, maman n'en finissait pas de tousser, elle ne mangeait presque rien et ses forces déclinaient, elle ne répondait même plus à Paul qui la suppliait de lui parler. Affolé, le petit garçon partit chercher du secours... Dans la nuit scintillante des lumières de Noël, il marcha, marcha, puis épuisé, tomba sur la chaussée enneigée.

       Quelque chose de chaud lui passant sur le visage, le sortit de sa torpeur, une odeur qu'il aurait reconnue entre mille, l'imprégna de sa fragrance, mon Dieu, mais c'était Nix qui lui balayait les joues avec sa langue, pendant qu'autour de lui on s'affairait et que des voix lui parvenaient : "Madame, c'est un enfant qui est couché sur la neige et que nous avons failli écraser, heureusement I'âne s'est arrêté à temps".
       - Vous êtes sûr qu'il n'est pas blessé ! pauvre petit, mettez le vite dans le traîneau et couvrez le bien, il est tout bleu de froid... pousse-toi, Linette, pour lui faire une place, nous allons le réconforter et le ramener à la maison.
       La maman de Linette, nouvelle propriétaire du traîneau et de l'âne, avec l'aide du chauffeur, promu cocher pour la circonstance, emmenèrent Paul jusqu'à leur maison, ils le réchauffèrent, lui servirent un lait chaud et voulurent appeler un docteur, mais Paul leur dit que c'était maman qui avait besoin d'un médecin, on alerta celui-ci et tout le monde se retrouva au chevet de la malade, que l'on transporta à l'hôpital, tant son état paraissait sérieux. La mère de Linette, était une femme de coeur, elle recueillit Paul pendant toute l'hospitalisation de sa maman.

       Le petit garçon passait son temps près de Nix, les deux amis se retrouvaient après cette pénible séparation, Linette, la nouvelle propriétaire de l'âne, complétait le trio et les deux enfants n'en finissaient pas de monter sur le dos de Nix, qui les promenait, aussi heureux qu'autrefois.
       Quand la maman de Paul fut rétablie, elle vint remercier sa bienfaitrice, celle-ci, qui avait enquêté sur son cas social, et se trouvait au courant de son malheur, l'installa dans un petit pavillon attenant à sa maison et lui trouva du travail, pour qu'elle puisse élever son fils. Celui-ci avait la possibilité de revoir son Nix, qui lui avait sauvé la vie et qui restait son ami. Ce fut le miracle de Noël que Paul n'oublia jamais.
       J'espère, chers amis, que vous ne m'en voudrez pas de vous avoir raconté cette triste histoire, un peu mélodramatique, qui, toutefois, finit bien, comme dans tous les contes de Noël.
       Je vous souhaite de joyeuses fêtes en famille et une heureuse entrée dans l'an 2000 et le troisième millénaire, ainsi qu'à la grande famille des Pieds-Noirs, dispersés de par le monde.
1er Décembre 1999
Camille BENDER


L’insurrection de Moqrani
du bachaga de Mediana
par Maurice Villard
ACEP-ENSEMBLE N° 296

Le 9 septembre, le bataillon de tirailleurs commandé par le lieutenant-colonel Gandil arrive à M'Sila.

              Le 9 septembre, le bataillon de tirailleurs, commandé par le lieutenant-colonel Gandil ancien chef du bureau arabe divisionnaire, était à M'Sila. Mais la situation ne se modifia pas pour cela, et toutes les tribus restèrent indécises. Le Bachagha lui-même ne put ou ne voulut donner aucun renseignement. A toutes les interrogations il répondit « que le pays n'étant plus sous ses ordres, il avait cessé de s'en préoccuper, comme c'était son devoir et le désir de l'autorité.
               Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se battre avec son goum des Hachem, et, dans ce sens, il était prêt à exécuter tout ce qu'on lui commanderait, etc. »
               Le lieutenant-colonel Gandil n'insista pas, lui aussi était dans une situation qui lui interdisait toute initiative, car il n'était plus directeur des affaires arabes de la division, mais chef de troupe, et il n'avait qu'une mission militaire déterminée, dans un poste autour duquel l'ennemi avait fait le vide. Cependant il essaya de tirer parti du Bachagha autrement qu'en I'employant à des patrouilles.

              Le 10 septembre, alors que les Ouled-Abdelhaq, Ies Ouled-Sidi-Hamla et deux douars des Ouled-Matoug (tous des Ouled-Madi du soft Boudiaf) allaient faire leur soumission à Bou-Sâada et ramenaient deux chevaux de chasseurs échappés dans la retraite d'Aïn-el-Habara, le lieutenant-colonel Gandil envoya le Bachagha tenter une démarche à Sedi-el-Djir, où étaient campé le caïd Brahim-ben-Abdallah.


              D'accord avec le Colonel, et pour éviter tout malentendu, le Bachagha ne prit avec lui qu'une dizaine de cavaliers, afin de bien accentuer le côté politique de sa mission. Il échoua, du reste, dans ses démarches, car il ne pourrait rien garantir.

              Le 15, la colonne Briant arrivait à M'Sila, sans avoir été inquiétée, et, le 18, le colonel Seroka, venu de Barika, conduisait toutes ces troupes à Bou-Sâada, où elles passaient bientôt sous le commandement du colonel Delacroix.
               Le Bachagha avec ses goums des Hachem était attaché à la colonne.
               Donne la mesure du malaise général, les Hachem restés dans la Mediana persuadés qu'on allait arrêter le Bachagha comme on l'avait fait pour Bouakkaz, faisaient filer ses troupeaux, ses effets mobiliers et les leurs en Kabylie, leur inquiétude étant extrême Le Bachagha n'était pas plus rassuré, en dépit des égards dont il était I'objet.

              Il se sentait en butte à la méfiance générale et aux calomnies de tous les caïds du cercle de Bou-Sâada, appartenant soit aux softs ennemis, soit à la classe des Mokhaznya, généralement hostiles aux représentants des grandes familles, comme le sont tous les parvenus. Il ne pouvait s'expliquer pour quelles raisons, alors qu'on lui avait enlevé toute autorité dans le cercle de Bou-Sâada, on le conservait à la colonne avec son goum minuscule, qui était plutôt une escorte qu'une force militaire. Il insista pour que sa position fut définie. On lui donna alors le commandement de tous les goums amenés par les caïds de Sétif, de Barika et de Bou-Sâada. Mais la plupart de ces caïds étaient si mal disposés à son égard qu'il semblait plutôt leur prisonnier que leur chef.
               La position, du reste, ne s'améliorait pas, car les Ouled-Sidi-Brahlm, les Ouled-Feradj et les Ouled-Si-Aissa, s'étaient joints aux autres insurgés campés à Oglet-el-Beïda.
               Le 28 septembre la colonne partit dans la direction d'Aïn-Dermel ; elle campait le 30 à dix heures chez les Ouled-Ferradj.
               Le Bachagha, avec ses goums, avait été envoyé à 2000 ou 3.000 mètres du camp français, près de l'entrée de Teniet-er-Rihe. A trois heures, il se trouva tout à coup en face de forces considérables, et, sentant que les goums qui le suivaient n'étaient pas dans sa main, il ne voulut pas s'engager avec ces auxiliaires qui ne lui inspiraient aucune confiance. Il pria donc le colonel Delacroix de le faire soutenir par des troupes régulières.

Nos troupes attaquent les positions des rebelles.

               Le lieutenant-colonel de la Jaille arriva avec ses chasseurs d'Afrique et la cavalerie. Les Ouled-Feradj, solidement retranchés derrières des crêtes rocheuses, résistèrent avec courage. Les goums, sans cohésion et se méfiants les uns des autres, furent très mous, et laissèrent toute la besogne à nos troupes régulières, qui durent faire plusieurs charges et eurent 11 tués dont 2 officiers, et 27 blessés.
               Deux petits goums seulement s'étaient engagés franchement, celui des Hachem enlevé par le Bachagha, et celui des Ameur de Sétif, conduit par le capitaine de Beaumont. Un seul de nos auxiliaires fut tué, c'était un Hachem qui chargeait à côté de Moqrani. Ces deux goums, voyant l'hésitation des autres, s'étaient spontanément joints aux spahis réguliers.
               On passa sous silence la belle conduite de ces deux petits goums, et l'on fit sonner bien haut que « les goums n'avaient pas été brillants ».
               Ceux-là mêmes des Indigènes qui avaient été les premiers à manquer d'entrain et à ne pas suivre le Bachagha furent les premiers à répandre le bruit que Moqrani avait volontairement ménagé les rebelles. Cette calomnie contre un djouad fut bien vite accueillie par les tirailleurs, qui sont gens du peuple, et leur chef le colonel Delacroix finit par l’accepter comme l'expression de la vérité.

              Le 2, le camp d'Aïn-Dermel était attaqué. L'ennemi laissa quarante quatre cadavres sur le terrain et en emporta un plus grand nombre, après un combat qui avait duré quatre heures. Les goums campés à distance ne firent que poursuivre les fuyards.
               Le Bachagha quitta la colonne le 15 octobre, quand tout fut fini. Il était plus découragé que jamais. Il évita de passer par Bou-Sâada, où ses ennemis tenaient le haut du pavé, et il ne s'arrêta que chez son beau-frère Saïd-ben-Boudaoud, à qui il recommanda de veiller sur sa famille à la Qalaa, s'il venait à être arrêté en arrivant à Bordj-bou-Arréridj, comme il le craignait.
               Il venait d'apprendre que le général Périgot, commandant la division de Constantine, était en ce moment dans la Medjana avec une petite colonne d'observation. Or, comme les Hachem et toutes les tribus de son bachagalik étaient parfaitement tranquilles, Moqrani ne s'expliquait pas la présence de troupes auprès de son bordj que par l’intention que l'on avait de l'arrêter, lui et les siens, comme on avait arrêté son ami Bouakkaz-ben-Achour.


              Le 18 octobre, le Bachagha se présentait au général Périgot, qui, bien, renseigné, lui fit bon accueil, et s’efforça de lui rendre un peu de confiance.
               Pendant près d'un mois, le Général le vit tous les jours, l'invita à sa table, alla chez lui, eut de longues conversations, et réussit en partie à lui remonter le moral. Mais cette confiance, les proches du Bachagha ne la partagèrent que lorsque la colonne fut partie, c'est-à-dire vers la fin de novembre.
               Les choses reprirent bientôt leur cours normal dans la Medjana, non sans quelques tiraillements, car ni le Bachagha ni son commandant supérieur ne savaient au juste ce qu'ils avaient à faire ou ne pas faire. Un jour que ce dernier avait demandé des instructions pour savoir si, en définitive, il devait protéger les intérêts des populations ou ceux du bachaga, il lui fut répondu « qu'il fallait les protéger tous, dans la mesure inhérente à chacun d'eux, et que l'habilité consistait à les concilier »

L’Empereur en Algérie au mois d'avril 1865.

               Au mois d'avril 1865, l'Empereur vint en Algérie. Les réceptions, les fantasias, entraînèrent le Bachagha dans un tourbillon au milieu duquel il oublia un peu ses inquiétudes. Puis vint la lettre du souverain, qui ne contenta personne en Algérie, entraîna la démission d'un homme d'une très grande valeur, le général Desvaux alors sous-gouverneur.
               Malgré son caractère en apparence très arabophile, ce document, comme tous ceux de l'Empire, reprenait d'un côté ce qu'il donnait de l'autre. Les Indigènes très intelligents comme le Bachagha ne s'y trompèrent pas. Sans doute furent-ils sensibles au langage bienveillant du souverain, mais ils virent aussi la constitution des Djemaa de tribu : « Conseil municipal non électif qui devait surveiller et contenir le chef indigène en l'assistant dans toutes les affaires intéressant la commune... répartir et percevoir les impôts. » Ils y virent une ingérence française plus grande encore dans la justice musulmane, l'organisation du culte, I'instruction publique, etc...
               En d'autres termes, il y avait dans cette lettre l'annonce de réformes démocratiques et de Progrès qui ne plaisaient que médiocrement aux «classes dirigeantes indigènes ».
               Mais si, comme cela est bien certain, le Bachagha fit ces réflexions, il ne les confia à personne, et il affecta de se montrer satisfait et rassuré.

              A cette époque, les Djouads intelligents ne nous voyaient pas sans tristesse travailler à transformer la société musulmane et relevaient avec discrétion et sans acrimonie divers points du sénatus-consulte de 1863 et de la lettre impériale de 1865. L'un d’eux, notamment disait : « ce que vous faites est juste devant Dieu, car nous sommes tous fils d'Adam, ce sera le bien dans I'histoire, mais vous nous sacrifiez, nous autres Djouads qui avons aidés, et vous aidons encore, à mettre de l'ordre dans ce pays. Ainsi malgré tous nos efforts, tout notre sang répandu, nous ne laisserons pas à nos enfants la considération, « le heurma », que nous ont laissés nos pères ». Un de ceux qui parlaient ainsi, était Si-Mohammed-ben-Henni-ben-Boudiaf,, alors depuis douze ans à la tête du grand caïdat des Sahari, qu'il a conservé jusqu'après l’insurrection de 1871, durant laquelle il nous a fidèlement servis.

              Il est aujourd'hui un modeste petit adjoint indigène, que seule sa croix d'officier de la Légion d'honneur distingue de ses collègues simples cultivateurs. Il s'est résigné, il fait cultiver ses terres, et il élève des chevaux. Il n'est pas le seul dans ce cas. L'ancien Bachagha et marabout de Chellala, Mohamed-Saïd-ben-Ali-Chérif, et son fils Chérif, ancien caïd des Beni-Adel, dirigent près d'Akbou une usine à huile modèle, où l'on trouve les presses modernes les plus perfectionnées, et où n'emploie que des ouvriers kabyles. Tous deux ont pris leur parti de ce nouvel état de choses, et déclarent en souriant « qu'il vaut mieux être fabricant d'huile qu'occuper des fonctions publiques et faire de la politique. »
               L'année suivante, les grandes familles de l'Algérie avaient un peu repris confiance, et cette confiance fut encore augmentée quand elles apprirent la nomination du général baron Durrieu comme sous-gouverneur, nommé le 19 novembre 1866 succédant au général Ladmirault, qui avait remplacé le général Desvaux.
               Le Général était connu dans les trois provinces, car il avait été, comme lieutenant-colonel, chef du bureau politique, de 1849 à 1853, puis commandant de la subdivision de Mascara, et tous, petits et grands avaient conservé de lui le meilleur souvenir.

1865- 1866 - 1867 :
Sécheresses et épidémies déciment hommes et animaux.

               Au moment où la situation politique se raffermissait en pays indigène, la situation matérielle et économique devenait de plus en plus mauvaise.
               En 1865 et 1866, la sécheresse réduisit les récoltes, et de formidables invasions de sauterelles ruinèrent des régions entières du Tell. En 1867, une sécheresse encore plus désastreuse détruisit sur pied à peu près toutes les céréales et tout le fourrage des pays de culture. Le choléra venu de Tunisie, et bientôt le typhus, décimèrent les populations. Ce fut un désastre qui, aujourd'hui encore, sert de repère historique aux Indigènes, sous le nom lugubre « d'année de la misère », « Amech-cheur ».
               Les récoltes dans les bonnes années s'élevaient alors à plus de 25.000.000 d'hectolitres de céréales.
               Les chiffres officiels étaient en :
               1863 de 25.508.735 hectolitres
               1864 - 18.218.680
               1865 - 11411.927
               1866 - 8.188.243
               1867 - 4.851.491


              Le relevé des décès constatés de juillet 1867 au premier janvier 1868 donne pour les Indigènes les chiffres suivants : 128.812 décès.
               Dans la seule ville « arabe » de Biskra, il fut relevé, sur une population de 3800 Indigènes, du 14 juillet au 17 août 1867, - 1128 décès de cholériques.
               Durant cette même période de 34 jours succombaient 16 fonctionnaires ou colons, 10 officiers, 91 soldats, parmi les rares Français restés à Biskra.
               Les Indigènes perdirent cette année un tiers de leurs chameaux, bœufs et chèvres et la moitié de leurs moutons.
               Le dévouement fut partout à hauteur du mal. Dans cette lutte généreuse contre de multiples fléaux, I'aristocratie indigène eut un beau rôle. Ces seigneurs, qui, en temps normal, trouvaient tout naturel de vivre de leurs sujets ou de leurs administrés, savaient aussi, dans les moments de crise, leur donner aide et assistance. Tous, sans bruit, sans ostentation, vidèrent leurs silos, et distribuèrent leurs grains et leur argent, et quand ils n'eurent plus rien, ils empruntèrent aux juifs, pour donner encore aux malheureux qui se pressaient autour d'eux.


              A côté des secours immédiats, il fallait assurer les ensemencements d'automne.
               Dans ce but, le Gouvernement provoqua l'importation de céréales pour les semences, et, dans les provinces d'Alger et d'Oran, il réussit à faire obtenir aux populations des prêts d'argent par la Société général algérienne et par le Crédit foncier. Mais pour des causes qu'il importe de rechercher, on ne put trouver les mêmes ressources financières dans la province de Constantine. On s'adressa alors au grand commerce, qui consentit à prêter aux chefs et notables pouvant donner des garanties sérieuses. Un de ces commerçants, M. Mesrine, ancien officier de bureau arabe, gendre et beau-frère des grands minotiers Lavie, Abadie et Cie, prêta ou fit prêter, par sa famille et ses associés, 350.000 francs. Il donna sa signature, sur des billets créés par le Bachagha Moqrani, et les fit escompter par la banque de l'Algérie et par la Société générale algérienne.
               Avant de s'engager pour une pareille somme, Moqrani avait pris l'avis du maréchal de Mac-Mahon, alors gouverneur général, et celui-ci lui avait garanti que les sommes qui ne pourraient pas lui être remboursées par les emprunteurs indigènes le seraient, jusqu'à concurrence du capital, par des centimes spéciaux, ajoutés aux centimes additionnels à l'impôt arabe.

              A cette époque, le Bachagha était franchement et sans arrière pensée pour la France. Fort de l'appui et de la bienveillance qu'il rencontrait en haut lieu, s'il regrettait encore le passé, il était, au moins, le premier à faire des concessions aux nécessités de notre administration.
               C'est ainsi que, voyant l'opinion publique mettre les désastres de « l'année de misère » sur le compte de l'administration militaire, et faire campagne pour l'extension du régime civil, il prit I'initiative de demander que I'on donnât un commissaire civil aux habitants de Bordj-Bou-Arréridj. « Vous avez, en ce point, une ville dont les habitants croient , bien à tort, que je veux peser sur les affaires, je serai heureux de voir les Indigènes qu'ils emploient placés en dehors de ma responsabilité, mes relations avec les Français n'en seront que meilleures. »
               Ceci fut formulé, en 1869, à Constantine, sous forme de vœu, à la session du Conseil Général, dont Morôn et Mohammed-Saïd-ben-Ali-Chérif faisaient partie.

              Les vœux émis lors de cette session par les conseillers indigènes, que dirigeaient ces deux grandes personnalités, sont à retenir, car ils montrent que les Indigènes instruits et éclairés savent, lorsqu'ils y ont intérêt, faire les concessions nécessaires au temps et au milieu où ils vivent. Voici en effet, quelques-uns de ces voeux, qui ont un caractère bien marqué pour l'intérêt général et le libéralisme :
               1- Terminer le plus tôt possible La constitution de la propriété indigène individuelle (Moqrani)
               2- Construction de barrages dans l'Oued-Sahel. (Ben-Ali-Chérif).
               3- Route de Sétif à Akbou-Bougie, par le Bou-Sellam (tous)
               4- Suppression des cadis en Kabylie. (Ben-Ali-Chérif).
               5- Election de conseillers généraux indigènes (tous)
               6- Substitution d'écoles arabes-françaises aux écoles arabes dans les tribus (Moqrani)
               Ces voeux furent formulés dans la plénitude de l’initiative des conseillers indigènes. Personne ne leur avait fait la leçon, et le général de division ne fut pas peu surpris en apprenant ces propositions.
               Aussi le Gouvernement ne voulut pas aller si vite ni si loin, car la réalisation de ces voeux eût entraîné de grosses dépenses, et en ce temps là, il était difficile d'obtenir de l'argent de la métropole pour des dépenses purement algériennes.
               A cette époque tout allait aussi bien que possible en pays indigène et dans la Medjana en particulier.
               - Un arrêté du 8 novembre 1868 avait érigé le centre de Bordj-Bou-Arréridj en une commune mixte militaire, comprenant : une superficie de 5125 ha 99 ares, une population de : 212 Français - 82 étrangers - 148 juifs - 974 musulmans, soit en 1868, 1416 habitants.

              On avait chargé le commandant supérieur du cercle, le commandant Paye, qui, malgré toute son habilité et son bon vouloir, n'avait réussi qu'à s'user et se faire mal voir de ses chefs et du Bachagha, il fut remplacé par le Commandant Maréchal qui, après avoir combattu contre la Prusse, revint comme lieutenant-colonel commander et défendre Fort-National.
               Homme distingué et sympathique, il fut tout de suite au mieux avec le Bachagha, lequel avait déjà des relations excellentes avec son chef de bureau arabe, le Lieutenant Olivier.
               C'est alors que survint l'enquête agricole faite par le comte Lehon, enquête qui, dès son ouverture, avait dévié de son but pour entrer dans le domaine politique, et eut pour premier effet l'élaboration d'un projet de constitution pour l'Algérie.

              Le comte Lehon réclame à la Chambre, I'application du droit commun pur et simple pour l'Algérie
               Le projet, présenté par le sénateur Béhic, malgré quelques imperfections, réalisait, en de nombreux points, de réels progrès. Il n'y fut donné aucune suite, car, le 7 mars 1870, le comte Lehon développait à la Chambre une interpellation dans laquelle, il réclamait pour l'Algérie, non une constitution spéciale, mais le droit commun pur et simple.
               Une discussion qui dura plusieurs séances, et qui embrasa tout le système administratif de l'Algérie, se termina, le 9 mars 1870, par l'ordre du jour suivant, adopté à I'unanimité :
               « Le Corps législatif, après avoir entendu les déclarations du Gouvernement sur les modifications qu'il se propose d'apporter au régime administratif auquel l'Algérie est soumise, et considérant que, dans l'état actuel des choses en Algérie, le régime civil paraît concilier les intérêts des Européens et des Indigènes, passe à l'ordre du jour. »

Démission du bachaga Moqrani

               Cet ordre du jour entraîna la démission du Gouverneur Général Mac-Mahon, et un découragement général s'empara, une fois de plus, de tous les représentants des grandes familles indigènes.
               Le Bachagha Moqrani donna également sa démission. Il la donna par découragement autant que par orgueil, mais sans récrimination aucune, et pour montrer qu'il entendait rester un sujet fidèle à la France, il déclara dans sa lettre de démission, que son intention était de vivre aux portes d'Alger, dans la villa qu'il avait acheté à Ben-Aknoun en 1866
               Le Maréchal, qui avait dû rester à son poste en raison des circonstances politiques de la métropole, fit comprendre au Bachagha que la nouvelle organisation ne pourrait être mise en pratique que dans quelque temps, et que la meilleure preuve de dévouement qu'il pût donner à la France était de continuer à lui prêter son concours jusqu'au jour où le nouvel ordre de choses serait établi.
               Le Bachagha ne retira pas sa démission, mais il promit de rester en fonction tant qu'il n'aurait à obéir qu'à des chefs militaires.

LA GUERRE CONTRE LA PRUSSE
Départ des troupes pour la France

               Lorsque le 14 juillet 1870, les premières troupes françaises d'Afrique commencèrent à embarquer pour lutter contre la Prusse, le bachaga de la Medjana, El-hadj-Mohammed-ben-el-hadj-Ahmed-el-Moqrani était en permission à Alger.
               Il alla trouver le général Durrieu, gouverneur par intérim, lui donna l'assurance qu'il maintiendrait l'ordre et la paix dans son commandement, et que, en cas de troubles ou d'insurrection, il serait le premier à être de notre côté. « Il ne peut, du reste, ajoutait-il y avoir d'insurrection que du côté du Sahara ».
               C'était en effet, à cette époque, la seule région où la situation n'était pas satisfaisante.

              Les Ouled-Sidi-Chikh, quoique plusieurs fois vaincus et ruinés, pouvaient tenter quelques actions, et le chérif Bouchoucha, déjà célèbre par ses coups de mains heureux sur El-Goléa et sur Métlili, pouvait également du jour au lendemain sortir d'In-Salah et entraîner les tribus de l'extrême Sud dans une action contre les nôtres. En prévision d'une telle éventualité, le Bachagha fut autorisé à lever des goums et à les organiser. Le général Durrieu promit de lui envoyer des armes, et l'engagea à regagner son commandement.
               Mokrani n'était pas encore parvenu à Aumale que le bruit courrait déjà dans la province de Constantine qu’il avait été arrêté et emprisonné à Alger. On ne sut jamais d'où venaient ces fausses rumeurs ; peut être l'oeuvre d'agents prussiens, mais le bachaga n’en eut cure.
               Quoiqu'il en soit, à peine arrivé à la Mediana, Moqrani prenait I'initiative d'un message chaleureux à I’adresse de I'Empereur ou les plus grands chefs des trois provinces offraient leur argent, leur sang pour la défense de la France.

              « Sire, la France a déclaré la guerre à la Prusse. Votre Majesté va se mettre à la tête des armées françaises, votre fils, héritier de votre gloire et votre nom vous accompagne. A la nouvelle qu’une nation avait osé s'attirer votre courroux, une colère subite a envahi nos cœurs, le feu spontané de l’enthousiasme a embrasé nos âmes.
               Nous aussi, désirons combattre les ennemis de la France qui sont les nôtres. Pourrions-nous agir autrement, nous, chefs indigènes, que vous avez comblés de bienfaits ? Votre glorieuse nation a laissé au peuple arabe sa religion et ses coutumes, elle a permis à nos enfants d'aspirer à toutes les dignités civiles ou militaires, elle s'est mêlée à nous, ne nous tenant pas à l'écart. Cette conduite généreuse, dont la France ne s’est départie un seul instant depuis quarante ans, nous a enchaînés pour toujours dans sa destinée. Déjà notre sang, de l’Orient à l'Occident du monde, a été répandu avec celui de vos soldats sur les mêmes champs de bataille ; en Cochinchine, en Crimée, au Mexique, en Italie et en tant d'autres pays.
               « Nous demandons à Votre Majesté qu'à l'exemple des Français, il nous soit permis de mettre nos biens et nos personnes à votre disposition. Nous ne sommes ni assez nombreux ni aussi riches que vos sujets, mais ce que nous pouvons vous offrir autant qu’eux, c’est le courage, c'est la volonté l’énergie, le dévouement. Vous nous avez abandonné la propriété de nos terres, vous nous avez conservé nos croyances religieuses et garanti notre bonheur, nous devons notre aide à la France.
               - Nous supplions Votre Majesté d'accepter la modeste offrande de nos fortunes et le secours de nos bras. Verser notre sang pour la France est un droit pour nous plus qu'un devoir. car vous l’avez dit : « Je suis le sultan des Arabes aussi bien que celui des Français ».
               Nous attendons avec une respectueuse impatience que Votre Majesté veuille bien nous autoriser, soit à marcher au combat, soit à ouvrir parmi nous des listes de souscription, afin que nous puissions encore de quelque manière contribuer à la gloire de vos armes.
               « Que Dieu vous donne la victoire ! »

               Ont signé :
               Mohammed-ben-hadj-Ahmed-el-Moqrani, bachaga de la Medjana.
               EI-hadj-Ahmed-Bouakkaz-ben-Achour.
               Mohammed-Sghir-Bengana, caid de Biskra
               Slimane-ben-Siam agha honoraire de Miliana
               Said-ben-Boudaoud caïd du Hodna
               Belkacem-ben-Labreuch, bachaga de Djelfa
               Mohammed-Saïd-ben-Ali-Chérif, bachaga d'Akbou.
               Ahmed-Bey-ben-Chikh Messaoud, caïd des Amer Dahra Sétif
               Ahmed-ben-Cadi caïd de Batna.
               Douadi-ben-Keskes caïd des Ameur Guebala (Sétif)
               Sghir-ben-Laroussi caïd des Righa Guebala Sétif.
               Abderahmane-ben-Gandouze-el-Moqrani caïd d'Aïn Turc
               Ben-Yaya-ben-Aissa bachaga du Tittery
               Ali-ben-Mahieddine agha des Beni-Slimane (Mitidja)
               Kaddour-ben-el-Mokfi agha des Bordjia.
               Boualem-ben-Cheril-bachagha du Djendel (Miliana)
               Ahmed-Boumezrag-el-Moqrani caïd de l'Ouennougha.
               Saïd-ben-Abid caïd du Sahel-Guebli Sétif
               Ahmed-ben-Zidane caïd des Guergour Sétif.
               Ahmed-Boulakas-Bengana caïd des Gueraba.


               Bon nombre d'autres notabilités qui n'avaient pas reçu la communication de ce message, vinrent isolément y donner leur adhésion auprès de leurs chefs respectifs.
               Des vingt signataires de ce message spontané, six, dont quatre Moqrani, devaient par la suite nous combattre.
               Tous pourtant étaient sincères et ils ne faisaient pas de vaines promesses, car quand on les eut remerciés de leur offre, ils insistèrent pour que, à défaut de contingents que nous jugions inutiles, on autorisât la formation d'une garde noble, dans laquelle les représentants de l'aristocratie indigène se ferait un honneur de servir auprès du souverain.
              De nombreux officiers des bureaux arabes appuyaient cette idée, et faisaient ressortir que nous aurions des otages précieux nous garantissant la tranquillité de I'Algérie pendant l'absence de nos troupes. Mais aucune suite ne fut donnée à cette proposition, car on ne voulut pas fournir à la féodalité indigène l'occasion de se créer de nouveaux titres à la reconnaissance de la France, alors qu'un vote au parlement avait fait prévaloir l'établissement du régime civil, incompatible avec l'extension des influences indigènes.
               En même temps que l'on refusait ces otages volontaires, on laissait partir à I'armée du Rhin un grand nombre d'officiers des bureaux arabes, qui, certains de voir supprimer l'autorité militaire de leurs bureaux, avaient fait des démarches pour prendre part à la guerre.
               Le général Durrieu, comprenant bien le danger de ces départs qui allaient livrer l'Algérie à des hommes nouveaux et inexpérimentés, fit tous ses efforts afin d'enrayer le mouvement.

              Le 11 août, il adressa aux indigènes une longue et belle proclamation, dans laquelle il les remerciaient de leurs offres et leur affirmaient que « les chefs français, resteraient en fonction ». Il terminait son appel à la paix et au devoir par ces paroles qui eurent beaucoup de succès auprès des chefs indigènes, tous pleins d'une respectueuse et sympathique déférence pour le caractère élevé et les nobles qualités du Général.
               « Vous connaissez celui qui vous donne ces conseils, vous savez que depuis vingt cinq ans au milieu de vous, il a toujours pris à cœur ce qui vous intéresse, il espère que vous écouterez sa parole »
               Nos chefs indigènes avaient du reste, à cette époque, vu déjà tant de guerres européennes favorables à nos armées que le départ de nos troupes ne leur avait donné aucune impression de faiblesse de notre part.
               Tout se déroula à souhait pendant les premiers mois. même nos premiers levers n'ébranlèrent pas les bonnes dispositions des notables, qui furent très généreux en faveur des blessés. Ils firent faire des ensemencements au profit des victimes de la guerre.
               Au mois d'août 1870, l'union et la concorde entre les indigènes et les Français, civils, militaires, colons et fonctionnaires étaient parfaites.

Proclamation de la République

               Le 4 septembre, la situation se modifia. La colère des Français contre l'Empereur impopulaire se manifestait. En Algérie, lors du vote du plébiscite, la majorité avait répondu non.
               Les chefs indigènes étaient atterrés de la nouvelle de la captivité de l'empereur. Les musulmans, et particulièrement les Arabes, attachent à l’idée de souveraineté une importance capitale.
               Pour eux, un peuple s'incarne dans le sultan que la volonté d'Allah a mis à sa tête. L'empereur vaincu et prisonnier, c'était pour eux I'anéantissement de la France.

              Il eut fallu pour les rassurer, rester calmes et dignes, leur montrer que le principe d'autorité restait intact chez nous en dépit de la chute de Napoléon III. Ce fut tout le contraire qui se produisit. Le délire, la fièvre révolutionnaire s'empara à Alger et à Constantine de quelques énergumènes qui, malgré les efforts des officiers et des gens de coeur comme les Warnier, Ies Lucet et autres, donnèrent aux indigènes stupéfaits, le spectacle inouï de chefs et de fonctionnaires, injuriés, arrêtés ou expulsés. Les Indigènes, qui par tradition et par tempérament ont le fétichisme de l'autorité, virent la menace et l'insulte prodiguées impunément à leurs chefs héréditaires ou traditionnels, et aux officiers français plus spécialement préposés au maintien de notre domination en Algérie.
               Ils furent consternés, inquiets en entendant les récriminations brutales et les réactions violentes contre les complaisances du système impérial à l'égard des chefs indigènes.
               Certes, ces chefs indigènes étaient loin d'être acceptés par tous leurs administrés, mais ceux-ci habitués à les subir et à les avoir comme intermédiaires forcés dans leurs relations avec nous, restaient sous leur influence, et ils se crurent menacés comme eux.
               Ces chefs suivaient avec anxiété les évènements, se tenaient au courant de tout ce qui se disait, de tout ce qui s'imprimait.
               Le plus considérable d'entre eux, le bachaga Moqrani, avait établi pour son usage personnel, des courriers permanents de la Medjana à Alger et à Constantine. Les journaliers et les portefaix de ces deux villes originaires de son commandement, lui donnaient des renseignements puisés dans les milieux populaires. Dans leur langage, ces indigènes résumaient la situation en disant « rana boubllque, klelasse l'hakouma » (nous sommes en république, il n'y a plus d'autorité).
               D'autre part, des Maures lettrés confirmaient ces renseignements au bachaga en des lettres correctes et explicites, qui donnaient les détails sur les menées anarchiques des clubs, ou qui commentaient les articles violents de la presse locale.

Les ennuis du bachaga Moqrani

               Des ennuis d'un autre ordre vinrent, à cette époque, augmenter l’inquiétude et le mécontentement du Bachaga. La banque de l'Algérie et la Société Algérienne, en présence des éventualités qui pouvaient résulter des événements, resserrèrent leur crédit et demandèrent des garanties pour les prêts d'argent consentis au Bachaga sur la simple signature de M. Mesrine.

              Moqrani en référa à l'autorité militaire, qui lui répondit aussi bien à Constantine qu'à Alger : « C'est vrai le Maréchal vous a donné l'assurance que vous ne seriez pas inquiété pour les sommes avancées aux indigènes à titre de secours, mais en ce moment les pouvoirs publics sont désorganisés, les militaires ne gouvernent plus l'Algérie, adressez-vous au gouvernement civil nous n'y pouvons rien ».
               Le Bachaga y vit une fin de non recevoir, un manque de parole, il n'essaya même pas des démarches qu'il jugeait inutiles et humiliantes pour sa dignité. Il donna à M. Mesrine une hypothèque générale de tous ses biens.
               Cette mesure entraîna pour lui des formalités et de petits tracas qui l’irritèrent contre l'autorité civile, bien que M. Mesrine, son ami, qui eût facilité autant que possible les démarches.
               Cette hypothèque générale a fait croire qu'à cette époque le Bachaga était ruiné, et que le désespoir l'avait jeté dans la révolte. C'est là une inexactitude, car les biens du Bachaga et ses revenus légitimes lui laissaient, même en dépit de sa dette, qui tôt ou tard eût été remboursée par les Indigènes secourus, une grande fortune, en rapport avec les habitudes de luxe et avec la vie normale d'un grand seigneur indigène.
               Plus tard, les dépenses qu'il dû faire pour soutenir ses contingents, I'absence de revenus, la dépréciation du capital, etc, firent ressortir un passif considérable en 1872. Mais, en 1870, rien de tout cela n'existait, et la situation financière du Bachaga n'était pas obérée d'une façon inquiétante pour le pousser à se jeter dans des aventures.

              L'effroi du Bachaga se répandait sur le gouvernement français. Ce qu'il croyait depuis le 4 septembre, ce qu'il entendait, ce qu'il lisait dans les journaux, n'était pas de nature à modifier des sentiments qu'il n'avait jamais cachés, et qui d'ailleurs étaient bien naturels. A ceux qui essayaient de lui faire comprendre les avantages du nouveau régime, il répondait :
               « Ce gouvernement pourra donner aux masses indigènes, dans une très large mesure, la sécurité, le bien être et la paix, mais jamais il ne nous donnera la heurma (c'est-à-dire les honneurs, le prestige, les faveurs). Nous autres représentants des grandes familles, nous sommes, de par la volonté de Dieu, nés pour commander, faire la guerre et vivre respectés et honorés, comme l'ont été nos nobles ancêtres, il est de notre dignité de rester étrangers à tout travail et à tout commerce ».
               A cette époque, et pendant tout le mois de septembre, les nouvelles les plus sinistres circulèrent sur l'écrasement de nos armées régulières, toutes les troupes d'Algérie furent dirigées sur la France, ce qui mettait en évidence, aux yeux des Indigènes, notre faiblesse et notre impuissance, que commentaient avec I'exagération naturelle au caractère oriental les quelques tirailleurs blessés à Reichshoffen rentrés en Algérie.

Le doute des chefs Indigènes

               Bon nombre de chefs indigènes, et des plus fidèles, pensaient que nous allions être obligés d'évacuer le pays, ou tout au moins de nous cantonner dans les villes du littoral, et qu'eux-mêmes, après s'être compromis pendant quarante ans au service de la France, allaient être abandonnés à leurs propres ressources, en face des haines des soffs et des réactions conduites par des personnalités politiques et religieuses que nous allons écartées ou rejetées au second plan.
               D'autres, parmi ces chefs, s'inquiétaient aussi, des déclarations, des injures des déclamations répétées dans les cafés maures, sur les chantiers européens ou dans les rues des villes, de la part de prolétaires indigènes exaltés. Ces écarts de langage, auxquels les chefs indigènes n'étaient pas habitués, n'étaient pas faits pour leur inspirer confiance dans le nouvel ordre des choses que devait représenter I'autorité d'un gouvernement et d'un régime d'équité et de justice.
               Sous l'empire de ces inquiétudes, et en prévision de dangers qu'ils prévoyaient sans savoir, au juste de quel côté ils viendraient, les anciens softs locaux se reconstituaient partout. On achetait des chevaux, des armes, de la poudre. Les familles seigneuriales dont les commandements étaient d'anciens fiefs héréditaires levaient des goums, transformaient leurs khammès en saga, et resserraient leurs alliances traditionnelles ou en contractaient de nouvelles.

              Le bachaga de la Medjana envoya dans le courant d'octobre, plusieurs de ses parents faire, sous des prétextes quelconques, des visites à la plupart des grandes familles des provinces de Constantine et d'Alger. Le 20 octobre, trois des parents du bachaga et le cheik Djenane-ben-Derri des Ouled-Nedja du Hodna leur ami dévoué, étalent à Biskra, prétendument pour apporter les condoléances de leurs familles à celle des Bengana, qui venait de perdre un de ses membres, hakem de Biskra. Quelques jours plus tard, ils se trouvaient chez les Beni-Merad de Guelma.
               Tout cela, d'ailleurs ouvertement, sans mystère, parfois même avec notre assentiment, car chaque grand caïd, chaque chef de soft prétendaient avoir le monopole du dévouement à la cause française et ne s'armaient que pour suppléer à l'insuffisance de nos moyens de protection. Presque tous étaient de bonne foi, car, en dehors de quelque uns, beaucoup n'avaient d'influence et d'autorité qu'en raison de la force du gouvernement qu'ils servaient, et il était sage de ne pas refuser les autorisations qu'ils auraient pu prendre sans nous les demander.

Le départ du général Durrieu

               Le 23 octobre, un télégramme rappela en France, sur sa demande, le général Durrieu, qui s'embarqua le 26. Le départ de ce gouverneur distingué, sympathique aux indigènes, consterna les représentants des grandes familles. Les désordres qui, à Alger, suivirent ce départ et accompagnèrent I'arrivée et l'expulsion du général Walsin-Estherazy, achevèrent d'affoler nos chefs indigènes et de les indisposer contre un régime qui traînait avec lui de pareils scandales.

Les espions prussiens

               Ces inquiétudes des chefs indigènes étaient suivies avec soin par nos ennemis les Prussiens, qui, dès le mois de juillet, s'étaient préoccupés de nous créer des difficultés en Algérie, et qui avaient, à cet effet envoyé sur le littoral de la Méditerranée des espions et des émissaires. Sauf deux ou trois que l'on dû relâcher sans preuves, ces émissaires réussirent à déjouer la surveillance des polices municipales. L’un des deux put même se rendre de Tunis à Tanger sans être signalé, et son passage ne fut connu que par une dépêche du ministre de France au Maroc. La plupart en Algérie, restèrent d ans les villes françaises, où ils s'abouchèrent avec des Maures ou Arabes, gens en apparence très maniables et dont nous ne nous défiions pas suffisamment car ils étaient presque tous animés contre nous de sentiments bien plus hostiles que les paysans arabes et berbères.
               La raison en est bien simple, quelles qu'ont pu être nos exigences, nous avons donné aux gens des tribus la sécurité, la justice, l'écoulement rémunérateur de leurs produits, et nous rétribuons leurs travaux manuels à des prix qu'ils n'avaient jamais rêvés. Notre gouvernement a été pour eux bienfaisant.
               Les Maures ou les citadins, au contraire ont vu leur commerce et leur industrie arriérée ruinée par la concurrence des produits manufacturés, ils se sont trouvés par la force des choses, exclus de la direction des affaires publiques et privés des faveurs du bey. Ils ont même cessé d'être les intermédiaires officieux des gens des tribus, qui dès lors s'adresseront aux juifs et aux mozabites.
               Notre occupation et notre administration ont été pour eux une cause de déchéance complète, ils s'en rendaient bien compte et ne nous aimaient pas.


              Ce fut grâce à ces derniers que les émissaires prussiens réussirent à nouer quelques intrigues qui d'ailleurs firent long feu et n'aboutirent à rien, C'est ainsi qu'à Constantine, un Marocain qui avait servi aux tirailleurs essaya de se faire passer tantôt pour le fils tantôt pour le neveu de l'Emir Abd-el-Kader, et de se dire chargé d'une mission par l’émir. Il tenait dans les cafés maures des discours hostiles à la France et favorables à la Prusse. La police urbaine n'eut là-dessus que de très vagues renseignements, et, quand elle voulut mettre la main sur cet individu, il disparut sans que l'on ait jamais su qui il était, ni où il était allé.
               Un autre indigène, Boubeker-ben-Kemdma, originaire des Flittas de Mostaganem, après avoir été enrôlé à Bougie par un émissaire prussien, vint vers la fin de 1870 prêcher la guerre sainte au sud-ouest de Médéa. Dénoncé et traqué par nos chefs indigènes, il fut arrêté, dans la nuit du 22 au 23 février 1871, par le capitaine Coyne, chef du bureau arabe, aidé du caïd Djilali-ben-el-Hadj-Miloud. Ces deux tentatives recensées n'avaient abouti à rien de bien sérieux.
               Dans l'ouest, les agents prussiens perdirent leur temps et leur argent. Les Marocains du littoral sont, en effet, trop sauvages pour accepter des directives d'un quelconque européen, et les quelques individus qui, à Tanger, auraient voulu agir contre nous se sentaient impuissants vis-à-vis des populations de notre frontière occidentale. De ce côté, Marocains et Algériens étaient sous le coup de la rude leçon données aux agitateurs, par le général Wimpffen, dans les premiers mois de 1870.

              Quand aux Ouled-Sidi-Chikli-Cheraga, insurgés ou insoumis depuis 1864, ils étaient dans des régions peu accessibles aux agents prussiens, hors d'état de continuer la lutte, et tenus en respect par le chef des Gheraba, Si-slimane-ben-Kaddour, agha de Géryville et ils demandaient à négocier une soumission que nous paraissions disposés à accepter.
               Dans le centre de l'Algérie, les émissaires prussiens essayèrent en vain d'entraîner le Bachagha de la Medjana, Moqrani. Ce dernier était trop intelligent pour ne pas être fixé sur le caractère des Allemands. Son tempérament chevaleresque répugnait d'ailleurs à la trahison.
               Il considérait que son honneur était engagé par les promesses laites au général Durrieu, et, quels que fussent ses mécontentements et ses inquiétudes, il n'oubliait pas que son père s'était volontairement rallié à la France.

              Ne pouvant entraîner le Bachaga dans une insurrection immédiate, les agents prussiens se contentèrent de l'exciter en lui adressant indirectement en français, des lettres anonymes dans lesquelles ils lui disaient que c'était un juif qui était au pouvoir, et que lui, Moqrani, ne devait obéir ni à des juifs ni aux « mercantis ».
               Trois de ces lettres sont au dossier de Boumezrag ; l'une est timbrée de Sétif, les deux autres d'Alger. Il y en a eu d'autres restées inconnues. Le Bachaga n'avait nul besoin de ces excitations, son opinion était faite depuis longtemps, et ces lettres n'eurent certainement aucune influence sur sa conduite ultérieure.
               Ce n'est qu'en Tunisie que les prussiens trouvèrent un terrain favorable, et ils se mirent à l’œuvre. Il y avait alors, soit à Tunis même, soit dans l’intérieur de la régence, un nombre relativement considérable d'anciens réfugiés algériens animés de sentiments hostiles à notre égard. C'étaient des personnages politiques évincés ou révoqués, des agitateurs vaincus, des criminels de droit commun, des contumaces, et aussi des émigrés fanatiques ayant quitté I'Algérie sans autre motif que le désir de vivre en terre musulmane et de ne pas être les sujets des chrétiens.

              Parmi les plus en évidence se trouvait à Tunis même : Chik-Slimane, I'ancien sultan de Touggourt, dépossédé en 1852. D'autre part à Nefta, Naceur-ben-Chobra, qui après avoir succédé à son père comme agha des Larba en 1846, nous faisait depuis 1851, une guerre continuelle dans le Sahara oriental, où il n'avait laissé passé aucune année sans opérer quelques razzias sur nos nomades voisins du Djerid et de Nefzaoua. A Nefta, se trouvait également les fils de Bou-Taïeb-ben-Amranen chambi d'El-Oued, qui, en 1868, avait eu un moment de célébrité dans le Souf comme chef de guérilla.
               Les Ben-Chobra sont issus d'un fauconnier de race chérifienne originaire de Saguiet-el-Hamra au Maroc, lequel devint au XVe siècle, le chef reconnu des Maura, une des quatre tribus qui, avec les Hadjadj, Ouled-Salah et Ouled-Zid, formaient une puissante confédération nomade autour des oasis des Ouled-Djellal et de Biskra.
               Naceur-ben-Chobra et les fils de Ben-Amrane avaient, dans le sud de la Tunisie, des alliés puissants, parmi lesquels Mohammed-ben-Bou-Alleg chef de la grande tribu des Ouled-Yacoub de la Régence, intrépide cavalier dont les razzias, depuis vingt ans, défrayaient les conversations des tribus nomades.

              Ces seigneurs, qui vivaient en bandits, étaient en excellents termes avec la zaouia de Nefta, dont le chef, Mostafa-ben-Azouz, grand moqaddem des Rahmanaya, s'était posé, depuis 1849, comme un ennemi acharné des Français.
               Sa zaouia avait toujours été l'asile ouvert à tous Ies Algériens, en rébellion contre la France. Elle était la maison mère et le centre d'un grand parti religieux en rivalité aiguë avec celui des Tidjanya, qui dominaient dans tout le Zab Chergui, le Souf et l'Oued-Rir.
               Tous ces individus étaient connus du Prussien Gérard Rohlf, le célèbre explorateur, ancien soldat de la Légion Etrangère, et il sut s'en servir, mais, quelle que fut son habilité, il dut compter avec les distances et avec les lenteurs de l'organisation d'un plan demandant le concours de plusieurs volontés. Ce qu'il fit au juste, et comment il l'organisa, nous l'ignorons ; mais ce qui est certain, c'est que, dans le courant de novembre, il était en relation à Tunis, avec le fils aîné de l'émir El-hadi-Abd-el-Kader, Mahieddine, parti de Damas contre le gré de son père.

              Mahieddine, s'était dit malade pour ne voir personne, il avait auprès de notre consul général protesté de ses sentiments respectueux pour la France, et, finalement, s'était embarqué ostensiblement le 21 novembre pour regagner la Syrie par Malte. Mais, quelques jours après, il débarquait à Tripoli, et, de là, regagnait par les pistes Tozeur et Nefta, où l'attendait Gérard Rohlf, ou un autre Allemand se faisant passer pour un juif qui donna à Naceur-ben-Chohbra et à Mohammed-ben-Alleg, des sommes importantes devant faciliter le recrutement de contingents à lancer contre l'Algérie, une fois le ramadan terminé. A Biskra, le signalement qui avait été donné de l'homme qui attendait Mahieddine était celui d'un homme blond, un Allemand qui en novembre et décembre donnait beaucoup d'argent pour agir contre nous.
               Etait-ce bien Gérard Rohlf ? Toujours est-il que cet Allemand qui parlait admirablement l'arabe, s'était fait passer pour juif. C'est là, d'ailleurs, le moyen pratique, pour un européen isolé, de circuler au milieu des musulmans sans être inquiété. Un juif, subit des avanies, mais en général, les musulmans le méprisent trop pour lui faire I'honneur de le tuer.

Les comités révolutionnaires d'Alger

               Pendant que ces intrigues se nouaient sur notre frontière, la situation politique s'assombrissait partout en Algérie. L'expulsion du général Walsi-Estherazy n'avait été que le premier fait d'une série d'actes anarchiques dus aux associations républicaines, aux comités de défense, et à la plupart des conseils municipaux. Celui d'Alger, à la fin octobre et dans le courant de novembre, se fit particulièrement remarquer par ses allures dictatoriales, il empêcha le général Lichtlin de prendre possession du gouvernement général qui lui avait été confié par intérim ; il fit, ou laissa arrêter le commissaire central de police, le colonel de gendarmerie et le premier président. L’amiral Fabre de la Maurelle, se vit contraint de mettre en défense l'amirauté, que deux obusiers et une compagnie de débarquement gardèrent contre les émeutiers. L'honorable et éminent M. Warnier fut contraint de donner sa démission de préfet, et, le 8 novembre, un arrêté du conseil municipal d'Alger, envoyé pour approbation au gouvernement de Tours, voulut confier la dictature au citoyen Vuillermoz.
               Il est certain qu'au point de vue des responsabilités encourues, il y avait eu dans tous ces faits, des malentendus, des affolements et des circonstances atténuantes, cela est fort possible. Mais ce qui est absolument certain, c'est que les actes et les paroles de ces comités révolutionnaires, qui dominaient les généraux, les préfets, produisirent l'effet le plus déplorable sur les Indigènes.
               Il n'est pas bon qu'une population conquise, voie l'anarchie dans le camp du vainqueur ni qu'elle entende chaque jour calomnier de la manière la plus grossière ceux qui la commandent.

Créations des chertya par les tribus.

               Plusieurs tribus, mécontentes des caïds que nous leurs avions imposés, contrairement à leurs aspirations et en raison de nos convenances administratives ou politiques, imitèrent les errements de nos grandes villes et élirent des chertya ou convention de dix à douze membres. La première en date fut celle des Sahari de Biskra, qui était en fonction le 15 novembre. Le rôle de cette assemblée souveraine était de « surveiller le caïd, infliger des amendes, saisir les biens des récalcitrants ou des dissidents à la cause commune, acheter des chevaux, des armes, des munitions, réformer les jugements du cadi et des commissions disciplinaires »

              Cette tribu des Sahari, qui, jusqu'en 1844, avait été tour à tour makhzène à la solde des Bouokhaz, seigneurs héréditaires du Sahara, puis des Bengana, représentant des Turcs, avait été depuis plusieurs années, et en raison de ses habitudes invétérées d'indiscipline, confiée à I'énergique caïd Mohammed-ben-Madi. C'était un ennemi courtois, mais passionné des Ouled Moqrane de la Medjana et des Bengana. L’objectif de ces deux familles avait toujours été de voir leur commandement cohabiter à travers le Sahara. Celui de la France était de les séparer. Le poste de Barika et le caÏdat confié à Ben-Henni n'avaient pas d'autre but. Les Bengana avaient toujours cherché à se faire des partisans chez les Sahari, et, à créer des difficultés à Ben-Henni. Ils avaient redoublé d'efforts depuis le 4 septembre, et, leurs intrigues n'avaient pas été étrangères à la résolution prise dès le mois de novembre, par les Sahari, de nommer une chertya pour se soustraire à I'autorité de leur caïd.
               Ces chertya allaient bientôt se multiplier, et, dans des tribus qui ne furent jamais insurgées, comme celle du Souf, elles allèrent jusqu'à prononcer et exécuter des condamnations à mort contre les voleurs. .
               Ainsi, à côté des ligues des seigneurs se formaient des ligues de paysans et de prolétaires, et ces dernières n'étaient pas moins inquiétantes pour le principe même de notre action gouvernementale.
               Certains caïds ou chioukhs se sentant directement menacés par les chertya, n'hésitèrent pas plus tard à reconquérir la direction de leurs tribus en les entraînant à la guerre contre nous.

              A Constantine le préfet, M. Lucet, avait réussi à maintenir à peu près debout le principe de l'autorité régulière, mais il fut moins heureux en ce qui concerne l'arrivée des officiers rentrant de captivité après avoir signé l'engagement de ne pas servir contre la Prusse. Des manifestations eurent lieu, à la gare et dans les rues, contre les officiers « capitulés ».
               Les Indigènes virent l'uniforme français bafoué, insulté, menacé, et ils surent fort bien que le préfet, si énergique en d'autres circonstances, était du parti de ceux qui manifestaient contre les officiers.
               Les indigènes les moins malveillants disaient que nous avions perdu la raison.

24 octobre, promulgation des trois décrets.

               Ce fut au milieu du mois de novembre 1870, que l'on connut en Algérie les décrets qui tous trois, en un pareil moment, étaient bien inopportuns. Ils servirent de prétexte aux grands chefs indigènes afin d'inciter les musulmans à la révolte.
               - Naturalisation en masse des indigènes israélites.
               - Proclamation du gouvernement civil.
               - Institution du jury.

              Le premier dont on a exagéré les effets, servit aux Indigènes de thème à des excitations malveillantes. Les uns, les djouads, dirent qu'il ne fallait pas d'honneur pour consentir à traiter les Juifs comme nos égaux. Les autres, les marabouts, y virent une preuve de notre prétendue intolérance religieuse qui nous faisait imposer aux Israélites notre loi civile, au lieu de leur laisser leur loi religieuse. Sans doute disaient-ils, « un jour la France agirait de même vis-à-vis de la loi religieuse des musulmans ».
               Le second décret, déplaçant les responsabilités, affaiblissait ainsi le gouvernement central dans un moment de crise ; il était beaucoup plus grave.
               Le troisième, qui faisait peser sur les colons une charge écrasante, et aggravait pour les musulmans les côtés fâcheux de la naturalisation des israélites, était absurde.

              Ces trois décrets furent vivement critiqués par les Européens et les indigènes. Ces derniers relevèrent surtout que c'était un juif qui gouvernait la France et l'Algérie, que le régime civil était imposé par un juif, et qu'enfin on rendait les musulmans justiciables de jurés juifs, ce qui était une injure.
               La nomination de M. Dubouzet, ancien professeur de philosophie au lycée d'Alger, le 17 novembre, au gouvernement civil, n'était pas faite pour donner une haute idée d'autorité aux Indigènes. S'il était un homme distingué et des plus honorables, il n'avait ni le prestige, ni les capacités nécessaires dans une pareille situation, il n'était connu d'eux que comme un journaliste hostile aux officiers chargés de leur administration.

Les Turcs débarquent à Tripoli.

               Pendant que l'opinion publique indigène était encore surexcitée par ces malencontreux décrets, le bruit courut dans le Sahara oriental, puis dans toutes les tribus de l'est et du centre, que les turcs avaient débarqué à Tripoli avec une armée pour marcher sur l'Algérie. On ajoutait que l'avant-garde, déjà en marche, était composée de contingents sous les ordres de Naceur-ben-Chohbra, de Sidi-Slimane, l'ancien sultan de Touggourt et de Mohammed-ben-Alleg. Les Larba de Laghouat devaient aller rejoindre leur ancien agha, à qui les Prussiens avaient, par l’intermédiaire d'un juif, donné des sommes considérables pour combattre la France.

              Dans la deuxième quinzaine de septembre, commença à circuler la copie d'une lettre que le journal officiel prussien disait avoir été adressée au roi Guillaume par des musulmans algériens.
               Dans cette lettre, on attribuait les succès du Roi de Prusse « à ce qu'il s'inspirait d'Allah seul, tandis que les Français ne l'avait jamais reconnu. Que leur conduite en Algérie depuis quarante ans était une pratique constante d'athéisme ». La lettre se terminant par de lourdes calomnies sur nos procédés de colonisation, fut reproduite en français dans un journal d'Alger. Cette publication donna lieu à une protestation indignée de tous les musulmans de la ville, ayant une situation ou une notoriété comme muftis, imans, jurisconsultes ou lettrés - (publication dans « Akbar du 18 décembre et le « courrier d'Oran le 21 décembre). »
               « A la lecture de ces lignes odieuses, disait cette missive, nous avons senti notre front se plisser de colère et notre cœur se soulever d'indignation, nous allions dire de dégoût.
               « Nous repoussons de toutes nos forces cet infâme écrit, dont le but apparent est de nous dénigrer aux yeux de la France et de nous faire perdre son estime. Ne savent-ils donc pas les auteurs de cette lettre tracée avec l'encre de la calomnie, que les calamités vomies sur notre patrie d'adoption par un ennemi implacable et barbare, que les ruines amoncelées sous lesquelles se débat héroïquement le peuple français, que les désastres qui ont si justement suivi ses premiers pas dans le chemin de la guerre, ont rempli nos cœurs d'une immense douleur ?

              « Nous qui connaissons la France, qui vivons sa vie, qui savons tout ce qu'il y a chez elle de ressources et d'éléments de prospérité, nous qui avons éprouvé sa grandeur d'âme, nous chercherions aujourd'hui à la faveur d'événements malheureux, à la déshonorer et à désavouer tout le bien qu'elle fait parmi nous ? Une pareille lâcheté ne peut entrer dans notre esprit, encore moins dans notre coeur. Que nos détracteurs en soient persuadés, nous sommes pour toujours liés avec la France, nous formons avec elle une substance une et identique que rien ne saurait diviser ni séparer. Nous le disons sans crainte d'être démentis, c'est une infâme calomnie que de nous faire manifester un espoir coupable à la nouvelle des désastres de notre chère tutrice, de nous faire éprouver une satisfaction quelconque au bruit de ses défaites, de nous faire souhaiter pour elle des malheurs encore plus grands.
               « Nous le disons avec orgueil, voilà des faits qui démontrent, avec bien plus d'évidence que tous les raisonnements, que la lettre adressée au roi Guillaume est entièrement apocryphe, qu'elle n'a germée et pris naissance que dans l'imagination perverse, qu'elle n'a été écrite que par la plume de gens qui suent le mensonge par tous leurs pores.»

               Cette lettre, très longue, fut publiée en arabe et en français dans le « Mobacher » du 5 janvier 1871, 12 chaoual 1287, avec les noms estimés et connus des signataires.

    
MUTILE N° 189 du 17 avril 1921

Rideaux blancs - Rideaux roses

        Des rideaux blancs, des rideaux roses,
        Des rideaux fiers cl triomphants,
        Pour abriter ces frêles choses
        Que, sont mes deux petits enfants !
        Des rideaux blancs, pour que ton âme,
        Ma fille, garde sa candeur
        Quand l’amour soufflera sa flamme
        Sur le beau lis de la pudeur !

        Des: rideaux roses, couleur douce,
        Mon fils, pour que ton cœur, plus tard,
        Soit tendre à celui qu'on repousse,
        A l'orphelin comme au vieillard !
        Des rideaux blancs, des rideaux roses !
        Dans vos berceaux, mes chers petits,
        Bouche ouverte et paupières closes,
        Dormez, innocemment blottis !

        Des rideaux blancs, pour que ta vie,
        Ma fille, soit un clair ruisseau,
        Dont la pente heureuse est suivie
        Sans que l'orage en trouble l’eau !
        Des rideaux roses comme l'astre
        Qui resplendit au sein des cieux,
        Ô mon fils, pour que nul désastre
        N'obscurcisse jamais les yeux !

        Des rideaux blancs, des rideaux roses
        Pour, abriter mes blonds espoirs !
        Loin deux, Seigneur, les jours moroses,
        Loin de nos fronts les voiles noirs !
        Ô Seigneur Dieu, je vous implore !
        Heurtez le rideau d'azur
        Qui, du couchant jusqu'à l'aurore,
        Couvre votre firmament pur !

        Jetez un regard, de clémence
        Sur ces deux êtres tout tremblants
        Qu’entoure mon amour immense
        Et des rideaux roses et blancs !
        Des rideaux blancs, des rideaux roses !
        Ô Dieu si bon, toi qui défends
        Ici bas les plus humbles choses,
        Protège mes petits enfants !
Maurice OLIVAINT.


REQUIEM des AGNEAUX.

par Jean Claude PUGLISI,
«Si de Philanthrope, je suis devenu Misanthrope !…
Je ne m’en porte pas plus mal.»

( Marc di PATALANO +.)
( 1933 / 2005 + )

        Alors que les échos de l’an neuf tintaient là-haut dans les doux alpages, le vieux Bouc solitaire dans la vallée grise et enfumée par les brumes mélancoliques, ruminait tristement sous sa blanche barbiche.
        Alors que l’an neuf en écho, se répandait heureux parmi les troupeaux des douces collines, une bande d’agneaux sautillant tous en cœur et bêlant de bonheur - au banquet de la fête s’étaient tous retrouvés.
        Dans le clair-obscur de son étable, depuis longtemps déjà le Bouc vieux et solitaire, guettait, l’oreille tendue vers les hauteurs - des bruits connus et salutaires.
        Alors, que, Marie la Sainte, allait enfanter et que Jésus le petit, enfin naissait – déjà, Saint Sylvestre à l’horizon se profilait.
        Dans sa noire et triste étable, le vieux Bouc soudain ! n’entendit plus rien… Mystérieusement, ses petits agneaux chéris s’étaient tus, et puis, le silence fut, pendant que se répandaient - par monts et par vaux les bruits de la fête.

        Le vieux Bouc, qui, plus rien ne comprenait, se disait rassurant : « Oh ! Mes petits agneaux… Vous bêlerez sûrement demain, ou, peut-être bien - après demain ? »
        Las ! Mesdames et Messieurs… En ces fêtes sublimes, le grand silence venait de s’étendre du côté de l’étable et le Bouc un peu plus vieux, n’entendit qu’une seule voix - celle du silence :

Le SILENCE des AGNEAUX.

        Alors, que, tout là-haut vers l’orient, scintillaient les étoiles et chantait l’oiseau bleu, de la lune au soleil et toujours infatigables, gambadaient les agneaux à qui mieux-mieux bêlant - chacun et l’unisson… Mais, délicats et pudiques, dirigeant leurs échos vers une autre vallée - pour ne pas déranger le vieux Bouc fatigué.
        Quelques jours durant, les divins agnelets firent la fête : dans le champ de Gaspard – le pré de Balthazar – le bois de Melchior… Pour enfin clôturer dans une autre contrée – cette riante semaine, de royales festivités.

        Le vieux Bouc pensif caressait sa barbiche, d’abord inquiet, puis, mélancolique. Sous son crâne dégarni par la vie, de comprendre ce silence de mort, en ces temps d’opulence vainement il tentait. Pourtant, il avait espéré descendue des cieux, une toute petite pensée de ses agneaux délicieux.
        Mais, son vieux cœur affligé ne reçu en écho - qu’un vieux clou douloureux :

Le SILENCE des AGNEAUX.

        La fête presque finie, la nature reverdit... C’est alors, que, devait retentir faiblement au plus profond d’un bosquet, hésitant balbutiant et hoquetant, un premier bêlement, que, l’Ara du vieux Bouc, nota soigneusement : il disait plein de choses, mais, ne disait rien du tout !…

        Silencieux, le vieux Bouc écoutait son parfait Perroquet, qui, fidèlement lui rapportait d’un conciliabule, les bribes décousues de deux mignons agnelets : elles disaient plein de choses, mais hélas ! ne disaient rien du tout …
        Sous le poids du chagrin et pour la première fois, la vieille bête solitaire devait tristement baisser la tête… Elle se disait entre deux sanglots : pourquoi ! Ce silence - mes petits agneaux… Un Corbeau qui passait, sans ambages lui a lancé : « vieux bouc ! C’est parce que tu sens mauvais – tu embaumes le Bouc… Enfin vieille carcasse ! comprends un peu tes chéris adorés. Ta présence de Bouc nauséabond, pouvait peut-être - en boucaner la bonne tenue des festivités ! ? …»
        De sa tête blanche et pelée, le vieux Bouc grognon devait acquiescer, car, c’était un sage et honnête animal… Il pensa un moment comme pour se rassurer : « chacun de nous a son parfum ! Bon ou mauvais – qu’importe ! ?… Mais pour l’humanité, est-ce une raison de rejet ! ?… Et l’amitié dans tout cela ! ?… Il finit par se demander - si ce n’était pas elle qui sentait mauvais ! ? …
        Cependant, même si de joyeux bêlements l’avaient invité, il ne serait pas monté là-haut dans les alpages, pour retrouver ses agneaux et se mêler à la fête : il était trop fatigué et désirait surtout en ces temps de fêtes, poursuivre son rêve éternel et inachevé, ce songe insensé – celui des jours d’antan, celui d’un autrefois…
        Mais, il ne cessait de penser dans le calme de son antre, qu’il en eut fallu de si peu pour le rendre très heureux : une petite pensée de ses agneaux adorés, bêlant par Ara interposé de venir parmi eux – si d’aventure son cœur le souhaitait… Mais, pendant tout ce temps, persista le grand silence – ce silence affligeant et tenace :

Le SILENCE du CLAN des AGNEAUX.

        Lorsque devaient enfin se taire les flonflons de la fête, le Bouc toujours solitaire compta un à un les poils de sa barbe et frisa consciencieusement le bout de ses moustaches… Alors, il bêla vers les nues quelques mots de bienvenue, à l’endroit de quelques agneaux, qui, miraculeusement - à la vie revenaient tout de go ! …
        Il s’entendit répondre, qu’il devait – hélas ! - avoir rêvé : personne !… Oh que non !… Personne de tous les doux agnelets - ne l’avait oublié… Mais, que rien n’était monté de la vallée et du vieux Bouc, pas le moindre écho aux bêlements délicatement soufflés – dans la fine oreille du Perroquet.

        Avec une belle assurance, une douce et tendre agnelle – sa préférée ! -, lui indiqua alors, que, ce silence, était celui d’autres agneaux et de dire au vieux Bouc, d’aller diriger les pas de son courroux du côté des autres contrées – peut-être ! ? celles où, il n’était pas désiré.
        Sans qu’il n’eut rien à demander, une autre agnelle de son enfance lui susurra tendrement et toujours par Ara interposé, qu’elle n’avait pu hélas ! bêler, puisque, partie rapidement sur une colline lointaine - par stricte nécessité…

        Quant aux autres petits agneaux venus d’ailleurs, ils firent une belle et grosse fête en toute complicité, mais, dans le plus parfait des silences – celui des agneaux ! Pas la peine de vous justifier !… Agneaux et agnelles de mon cœur. Nul ne vous le demande : car, ce grand silence n’est de personne – il est de vous tous, clan des agneaux !…
        Le Bouc antique toujours un peu plus vieux, n’arrêtait plus de bêler à la lune et la chouette qui passait chuinta longuement en ces termes : « vieux trognon que tu es !… Enfin, quand, prendras-tu conscience, que ta singulière philosophie est à réviser ! ?…»
        Cet oiseau de mauvaise augure, qui venait d’entrer comme une ombre sinistre sous son toit, faisait manifestement preuve de la plus grande de toutes les sagesses… Alors, le têtu mais brave animal, écouta dans la nuit agitée tous les bruits qui du dehors lui parvenaient… Le vent lui dit sur un air grave et en sourdine, une chanson bien triste et funèbre, comme celle qui se chante parfois dans le deuil des églises…

        Est-ce un REQUIEM ! ? pensa-t-il rêveur :

UN REQUIEM pour les AGNEAUX !

        Les dieux du vent qui soufflait, demandèrent alors au vieux Bouc, ce qu’il pensait de toutes ces belles valeurs, qui, depuis toujours, étaient inscrites en lettres de Corail dans son âme de caprin rude et naïf : l’amitié – l’affection – la fraternité ?… Ces précieux joyaux, qui devraient tout naturellement survivre - au sein d’un troupeau en exil ?
        Dans le silence de sa demeure, une voix douce et angélique est venue lui répondre, comme pour le consoler :

LE SILENCE des AGNEAUX

        C’était une adorable petite nymphe, qui, tapie dans un repli sombre de son cœur de Bouc, tentait par ces mots de retirer d’un doigt diaphane, un gros clou qui depuis un moment n’arrêtait pas de l’affliger…
        Alors, dressant sa blanche barbe vers les quatre horizons, le vieux Bouc au vent unissant sa triste chanson, lança dans les airs un REQUIEM retentissant :

UN REQUIEM pour les AGNEAUX.

        * Vous serez – petits agneaux ! - un jour ou l’autre, le BOUC Solitaire que je suis aujourd’hui et vous verrez comme le son du cor est triste le soir au fond des bois, lorsque, dans le lointain sonnera la cloche du vieux manoir de la vie.
        * Vous verrez – tendres agneaux ! –, un jour ou l’autre, que, même joyeux et sautillant, on peut se retrouver sur son derrière, en vieux Bouc Solitaire, sans même avoir fait le moindre petit saut.
        * Vous verrez – agneaux chéris ! -, un jour ou l’autre, combien est mélancolique pour un pauvre Bouc, le silence de ses agneaux.
        * Vous verrez – agneaux de mon cœur ! -, un jour ou l’autre, ce qu’un Clou dans le cœur peut faire souffrir.
        * Vous apprendrez – agneaux mes frères ! –, un jour ou l’autre, ce qu’un mot, une attention, une petite pensée, une gentillesse… Peut réchauffer l’âme d’un vieux Bouc – lorsque sonnera votre heure de Bouc Solitaire.
        * Vous comprendrez peut-être – agneaux mes petits ! -, un jour ou l’autre, ce que signifient : amitié – affection – fraternité… Mais savez-vous au moins ! ? Ce que cela veut dire – ce que cela implique…
        * Sachez – clan des agneaux ! -, que, vieux Bouc s’il pardonne parfois, n’oublie jamais certain silence… Mais, soyez assurés que le vieux Bouc, n’appliquera jamais la loi du silence des agneaux, si par malheur un mauvais jour, un de ses petits agneaux devenait un vieux Bouc Solitaire.
        * Rassurez-vous – Callois mes amis –, que, vieux Bouc, n’écoutera plus jamais dans les brumes du soir, les bruits venant des cîmes et le silence glacé du cœur des hommes… Depuis un moment déjà, il a commencé à quitter le monde des humains, pour un monde meilleur, sincère et apaisant - celui où règne le silence - mais pas celui des agneaux :
le Monde de la SOLITUDE
- son ROYAUME.
Docteur Jean-Claude PUGLISI,
de La Calle de France -
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage
Janvier 2002.
( A propos d’un vieux Bouc et d’un Requiem ! )



PHOTOS DE HERBILLON
Envoyées par M. Pernice








































UN EMPRUNTEUR PAS EMPRUNTE DU TOUT
Envoyé par M. Georges Barbara


            - » O Madonne, o Gugu ...Et zek comme te tombes bien toi alors hein ? C’est Saint Augustin sûrement qu’y t’envoie ou quoi ? T’sur la tête de ma mère crois moi, hier soir encore je parlais de toi, avec qui déjà ? Ah ! Avec Toinou je crois, pourquoi y’a un bon moment que j’voulais te ‘oir te sais ! Ya pas longtemps, à sa’oir comment c’est venu, c’était au Café t’chez Arcamone je crois, te ‘ois le Café où on te mange le bon couscous à la place d’Armes en d’sous les arcades ? Alors j’sais pas comment la discussion a l’est partie, qu’y en a un qu’y l‘a dit qu’y t’avait vu que tu rentrais dans la clinique du docteur Moutte au champs de Mars et que t’yavais une tête qu’elle ressemblait à un merlan que les marins y z’ont oublié t’sur les quais pendant une semaine. Enfin pas des plus fraiche te ‘ois ? Alors je m’arappelle que j’avais dit à Toinou, ce guide à gauche qu’y te comprend jamais rien et qu’y faut lui spliquer longtemps, : » O Toinou, Dieu en préserve pourvu qu’y lui est rien arrivé de mauvais à ce Gugu, pourquoi il est tellement brave tu sais, « Mais crois moi si te veux, t’sur le moment je me suis qu’à même mangé le sang. Te sais qu’à moi y m’en faut pas beaucoup c’est vrai ! Et pis nous sommes été toujours comme des frères tous les deux.

            - » Ca y’est métenant oila que toute la bande de la placette du lavoir d’la Colonne a va se poser des questions t’sur ma santé. Si métenant je peux plus aller ‘oir mon voisin qu’y l’est dans la clinique pour se faire soigner les escortes vocales et ben où c’est que nous s’en allons O Frade ?

            - » Bon o Gu t’le prends pas mal, moi je t’ai dit ça comme ça c’est tout, te vas pas en faire une tchactchouka madone. Main’nan si te veux on va parler un peu plus bas parce que ça qu’je veux pas c’est que tout l’monde y connaît mes affaires. Pourquoi oila o Gu, je suis dans la Mouïse la plus complète et y faut que te me dépannes. Comme te sais de ce moment j’ai les doublures de mes poches qu’elles se touchent et demain je dois éclairer cent balles à ce Tchoutche de mon propriétaire, qu’y fait que me pleurer pour que je lui paye son loyer, Atso…. mais j’ai seulement deux mois de retard je crois …. Oh Gu ! Et pour deux mois y te fait la fin du monde ma parole ! Alors si te peux m’allonger ces cent balles, t’sur la vie des yeux que je me lève pas demain matin si c’est pas vrai, je va t’les rendre dés que je peux, à oui te peux en être sur o frade. Si j’te demande cette ferveur, c’est que d’abord t’yes comme un frère pour moi, et pis comme te sais je touche toujours un secours de la Mairie, mais le service des indigeants ce mois-ci y z’ont un peu de retard ! Alors comme y m’a dit un responsable qu’y l’est bien placé, dés qu’y rocommence à payer moi comme je suis prioritaire, que j’ai un oncle qu’y l’est mort à la guerre en 14, je serai payé dans les promiers !

            - » Freddy, c’est carnaval ou quoi ojourd’hui ? Oila que tu t’as déguisé en torpilleur du Sport Nautique à debon ! Et pis y faut que j’te dise : t’sur moi j’ai pas tes cent balles, non j’les ai pas... y me reste en gros que quatre vingt balles !

            - » Que quatre vingt balles, !!! Et ben tu m ‘en diras tant mais c’est pas la mort de l’homme o Frade, pour les vingt balles qu’y te manquent te vas pas en faire un monde gros comme la porte des Kharezas non ? Ces vingt balles qu’y te manquent c‘est pas grave te m’les devra, où il est le mal te m’les donnes après un point c’est tout !
Août 2022 Georges Barbara


Algérie catholique N°8, 1936
Bibliothéque Gallica

NATIVITÉ

        Dans les hauteurs gloire à Dieu ! Et sur terre, la paix aux âmes de bon vouloir !
        Qu'est-ce donc, Bethléem, en tes murs, que cette foule, ces clameurs, tout ce tintamarre, ce soir ?
        Ces rires, ces beuveries, ces chants, ce débordement de joie insensé.
        Tant de tapage enfin, sinon que Rome veut que la terre soit dénombrée.
        Voici longtemps qu'en Israël on ne résiste plus à la puissante et redoutable volonté romaine.
        Il en est venu de partout : d'Iturée, de Samarie, de la Décapole, de Traconitide et d'Abiléne.
        César a parlé. Il suffit à l'instant pour que tout l'univers s'ébranle :
        Par tribu — à Bethléem, pour ceux de David — que chacun à chacun s'assemble

        Aussi, depuis trois jours, avec Marie sur un ânon porteur des hardes et de l'inévitable petite cruche,
        Quittant la Galilée, Joseph suit la piste rugueuse où son pied fatigué trébuche.
        Et le voici au terme enfin de ce long voyage difficile et harassant
        Où, quand il s'arrête, le soleil est couché déjà depuis fort longtemps.
        Dans la nuit froide, à ces refuges qu'en notre langue nous décorons du nom d'hôtelleries. Il frappe, une à une encombrées par la foule en tumulte qui s'amuse, insouciante, et qui rit.

        En cette heure avancée, qui donc voudrait s'embarrasser de gens de cette sorte ?
        Joseph et Marie sont là. Avec eux le Sauveur, ô Hommes, qui frappe à votre porte
        — On n'a que faire ici de ces indésirables ! Arrière gueux
        L'aspect des miséreux nous gêne Qu’ils s'en aillent ! Il n'est céans point de place pour eux
        — Qu'on nous laisse intactes nos joies Qu'on ne bouscule pas nos plaisirs, s'il vous plaît, ni nos distractions

        Nous ne serons plus libres, s'ils demeurent. Il nous faudra faire attention.
        LE VERBE ÉTAIT DANS LE MONDE. LE MONDE A ÉTÉ FAIT PAR LUI ET LE MONDE NE L'A POINT CONNU.
        IL EST VENU « CHEZ LUI », dit Saint Jean. CHEZ LES « SIENS ». ET LES SIENS NE L'ONT POINT REÇU !
        O Seigneur, que de fois à la porte de notre cœur encombré,
        Simplement, pour entrer chez nous, vous êtes venu frapper
        Avec, en vos mains pleines, votre Amour, le Présent — parmi tous présents — magnifique.
        Et pour vous accueillir, n'avez-vous trouvé qu'un cœur dur, inexorable et hermétique.
        Qu'il était inhospitalier notre seuil ! Ah ! qu'il était esclave ce coeur, par amour, que vous fîtes !
        Et avec lui cette tourbe d'intrus d'Abiléne, de la Décapole et des lointaines régions Traconites !

        Ces hôtes, en nous, importuns, où vous n'étiez point attendu,
        Ils faisaient trop de bruit, Seigneur. Nous ne vous avons pas entendu.
        Ou si, malgré nos folies, comme l'hôte de cette Nuit par l'huis entrouvert,
        Un instant nos yeux vous ont aperçu, rapidement, comme dans un éclair,
        Nous vous avons dehors quand même rejeté, Seigneur, dans l'horreur de la nuit et de cette incommode étable.
        Que de fois Seigneur, que de fois, pour vous, je me suis montré misérable !
        Et que n'ai-je, comme les pasteurs de cette grande nuit palestinienne, aussitôt, pour vous, tout quitté,
        Tel un homme selon vos désirs, tout rempli de bonne volonté ?
        Comme eux encore, si simples, près de Marie et Joseph, entre l'âne déférent et ce bœuf boniface,
        N'ai-je su plus longtemps m'attarder à contempler l'Amour, Seigneur, sur votre face !...
Antonin Guibert



LA NECESSITE DU GENDARME
BONJOUR N°4 du 20 octobre 1932
journal satyrique bônois.
              L'homme existait à l'époque quaternaire et même à la fin de l'époque tertiaire. On a retrouvé, de lui, des instruments et des armes. Il y a lieu de supposer qu'il se battait et ce ne devait pas être, seulement, contre les animaux. Pendant la période préhistorique, les tribus se jalousaient et se combattaient.
              L'Histoire Ancienne nous apprend, qu'à Rome, le temple de Janus n'était fermé que lorsque la République était en paix et il fut fermé, exactement, neuf fois en l'espace de mille ans !.
              Et, en remontant ainsi jusqu'à nos contemporains, nous trouvons la guerre partout. L'homme est un loup pour l'homme et la guerre sera éternelle comme le sont la sottise, l'égoïsme et la cruauté des humains.
              Pour la énième fois, des bruits de bottes retentissent de l'autre coté du Rhin ; les mandolines de la Sœur Latine ne jouent plus que des airs guerriers et les Soviets sont fin prêts pour le plus prochain carnage.

              Les défis se croisent, les discours pacifiques aussi. C'est l'heure de l'incohérence et du danger le plus grave. On est ni un sot ni un poltron si on dit : Ça y est, on va remettre çà ! Des naïfs ou désilluminés, les deux mots sont synonymes tournent encore leurs espoirs vers la Société des Nations. Il paraît que son impuissance n'est pas suffisamment démontrée. Cela devient un lieu commun que de dire : « Une décision n'en est pas une si l'on a pas le moyen de la faire exécuter ». On se demande à quoi servirait le Juge s'il n'y avait pas le Gendarme.
              La S.D.N. a pris, et prendra des décisions et, hormis les consentements bénévoles, elles ne seront suivies d'aucun effet. Le projet Paul-Boncour serait le seul efficace : Mettre à la disposition de la S.D.N. une force armée écrasante, irrésistible qui serait chargée de faire respecter les arbitrages, la limitation des effectifs et des armements.

              En dehors de cela, des mots et encore des mots que le vent emportera.

              Dans l'Histoire des Hommes, il y a un exemple fameux que l'on a oublié. On le retrouvera dans la Bible, exactement au Livre 1 des Rois, chapitre XVII.
              Les Philistins et les Hébreux ont un différent à trancher et vont en venir aux mains. Les deux armées sont en présence. Des rangs des Philistins sort un géant, c'est le capitaine Goliath. Il lance aux Hébreux, ce défi : Que l'un de vous vienne, seul, se mesurer avec moi. Si je le tue, nous serons vos maîtres. S'il me tue, nous serons vos esclaves, ou quelque chose d'approchant.
              Ce Goliath était un précurseur de la S.D.N. Nous ne plaisantons pas du tout.
              Sa proposition était parfaitement claire et solutionnait, déjà, la première partie du problème, LA LIMITATION DES EFFECTIFS, en l'occurrence, UN soldat par nation.

              Un homme quitte les rangs des Hébreux, le fantassin David. Comment les deux combattants sont-ils armés ? Goliath a son glaive et sa cuirasse, David sa fronde et, dans sa besace, quatre ou cinq cailloux choisis. C'est la seconde proposition : LIMITATION DES ARMEMENTS.
              La disproportion entre les deux héros est évidente. Les Philistins ricanent, les
              Hébreux tremblent pour leur compagnon. En voyant David, Goliath a éclaté de rire. Celui-là n'est ni fort ni gros mais il est habile et furieusement brave.
              On connaît le combat. Goliath, tué par une pierre au front, roule sur le sol. - David lui prend son glaive, lui tranche la tête et la montre, tour à tour, aux Philistins consternés et aux Hébreux fous de joie.

              La situation est nette. Tout est terminé. Les Philistins n'ont qu'à se soumettre. Pas du tout. Ils organisent leur retraite en bon ordre. Qui va les obliger à exécuter la convention propose par eux et acceptée par les deux partis ? Où est la tierce-armée qui doit faire respecter le contrat ?
              Et, les Hébreux et les Philistins recommencent à se massacrer..,
              Il y aura des Philistins à tous les cycles de l'Histoire. Ils s'appellent, aujourd'hui,

              Allemands, Italiens fascistes ou Russes. Ils seront demain, Américains ou Anglais….
              Les Français doivent porter leurs regards et leurs pensées vers le gouvernement qui est chargé de l'intégrité du pays et, quelles que soient leurs opinions politiques, le soutenir de toutes leurs forces. Il n'y a pas, en ce moment, de devoir plus élevé que celui-là !
Pierre MARODON.


 
AU PIED DE LA CROIX
Par : Inconnu
Effort Algérien N°152, 4 octobre 1930
                  
Ô mon unique espoir, ô mon dernier refuge,
Sois mon consolateur toi qui seras mon juge !
Abusé par le monde et ses mauvais appâts,
J'avais quitté, Seigneur, la trace de tes pas.
Autour de moi des voix pleines de perfidie,
De tes divins concerts couvrant la mélodie,
Me disaient — Il te faut renier désormais
Ta croyance en un Dieu qui n'exista jamais.
La foi n'est qu'un mirage et l'au-delà un mythe,
L'Eglise une invention dont le clergé profite
La, vie est sur la terre et non point dans les cieux,
Et le bonheur sans frein sourit aux audacieux.

Laisse là les erreurs et les vaines promesses
Les faiseurs de sermons et des diseurs de messes ;
Laisse ta folle crainte en d'autres sanctions
Que celle du remords qui suit tes actions,
Et de nos tribunaux, toujours incorruptibles,
Infligeant de Thémis les arrêts infaillibles.
Progrès et Liberté, voilà les dieux du jour
Grâce auxquels désormais le règne de l'amour.
Que ton Christ impuissant nous annonçait naguère,
Viendra pour les humains ouvrir la nouvelle ère.
Ton Christ ? Il ne manquait de cœur ni de savoir,
II était comme nous amoureux du devoir.

Le premier socialiste et le plus grand en somme
Qui, dans sa dignité, voulût rétablir l'homme.
Mais tout ce qu'on a dit à part cela de lui
N'est qu'un fatras d'erreurs dont on rit aujourd'hui.
Qu'il fût le fils de Dieu et l'enfant d'une vierge
Venu dans une étable à la lueur d'un cierge,
Que la bête ait compris ce que nous rejetons,
Que son extase ait pu être ailleurs qu'aux « Santons
Qu’à travers les déserts à la fameuse manne,
Les mages soient venus prier auprès de l'âne,
Que ce Jésus plus tard ait réveillé les morts
Et sauvé Madeleine et tari ses remords.

Voila ce qu'on ne peut, sans cesser d'être sage,
Raconter sans sourire aux hommes de notre âge.
Et comme pour troubler encor plus le bon sens,
Tes prêtres ont trouvé les vapeurs de l'encens,
Et les processions qui resteront la honte
D'un siècle émancipé où la science monte ;
Les bronzes, les tableaux, restes des vieux païens,
Et les croix défiant les calmes citoyens.
Il est temps d'en finir avec ces vieilles lunes.
Le Progrès n'aime pas leurs faces importunes !
C'est ainsi que d'abord, surpris par ces leçons
Qui des vœux maternels ne rendaient plus les sons,

Je finis par ouvrir, comme tant d'autres gosses,
Mon cœur et mon esprit aux reniements précoces,
Et j'affrontai la vie épris de ces mots creux
Qui devaient, disait-on, former les nouveaux preux.
En eux seuls résidaient la Morale et l'Histoire,
D'où le Nazaréen était banni sans gloire,
Où l'on prisait beaucoup la Saint-Barthélemy
En laissant de côté les martyrs insoumis.
On disait que la foi fait tort à la science,
Mais non point que Pasteur tenait à sa croyance.
Le Moyen-Age peint des plus sombres couleurs
Mais muet sur l'art chrétien et ses splendeurs,

Sur les tableaux divins, les peintures géniales
Dont la foi des aïeux para nos cathédrales.
Voilà comment, Seigneur, on a dressé tes fils
Dans celle chasse ouverte au divin crucifix,
Et pourquoi nous glissons lentement vers l'abîme
Où le règne du doute attend celui du crime ;
Le Bolchevisme, né du vice et de l'erreur,
Etend déjà partout sa sanglante fureur,
Et l'athée en voyant s'agiter cette pieuvre
Ne veut pas voir en elle un produit de son œuvre.
Si le mal, d'après lui, poursuit l'humanité
C'est à la foi, toujours, qu'il doit être imputé.

Le noir de la soutane incessamment le hante,
Un joyeux carillon le trouble et l'épouvante,
Et son âme à jamais éprise du Néant
Voit dans un bénitier déferler l'Océan !
Pour mieux saper l'autel il attaque le rite,
Oubliant que lui-même erre dans son orbite,
Car Dieu n’a jamais dit que pour aimer les cieux
Il faille haïr la fleur qu'il sème sous nos yeux.
Poursuivez votre ouvrage, orgueilleux pédagogues,
Renversez à loisir temples et synagogues;
Effacez l'Evangile et l'image du Christ,
Déifiez la matière et ravalez l'esprit.

Dans les savants arrêts de vos sombres cénacles
Condamnez gravement symboles et miracles.
Ce que cous ne pourrez arracher de nos cœurs,
C'est l'ombre de la Croix qui grandit nos douleurs,
C'est le culte voué à l'auguste mémoire
Les saints dont le martyre a laissé dans l'Histoire
Le douloureux sillon où lèvera demain
La semence d'amour, jetée au genre humain !
Et pour moi je voudrais sans trembler voir le terme
Où l'Aine s'ouvre enfin quand le tombeau se ferme.
Ne demandant au Ciel, infortuné pécheur,
Que de souffrir assez pour purifier mon cœur
Seigneur, accorde-moi cette grâce des grâces
De vivre ce qu'il faut pour mourir sur tes traces !

UN MAUVAIS CHRÉTIEN.


    
Islam-esclavage-des-noirs-africains
PAR MANUEL GOMEZ
9 novembre 2023
L’esclavage africain fut inventé
par les chefs de tribu noirs
       
   

               Réponse à certaines demandes d’explications et à quelques commentaires concernant mes articles sur l’esclavage (ancien et moderne) publiés sur Riposte Laïque depuis quelques années.

                Il faut tout de même que cela se sache, que cela soit dit et expliqué : Il n’y aurait jamais eu « d’acheteurs » d’esclaves noirs s’il n’y avait pas eu des « vendeurs » d’esclaves noirs !

                Jamais un « Négrier blanc » ne s’est aventuré jusqu’aux fins fonds de l’Afrique pour « acheter » des esclaves noirs. Ce sont les chefs de tribus, les « Roitelets » noirs qui sélectionnaient les jeunes esclaves destinés au départ vers les « Amériques », achetés directement à leurs familles, revendus avec bénéfice aux trafiquants noirs et arabo-musulmans qui les transportaient jusqu’aux ports de départ et revendus, avec de gros bénéfices, aux Négriers blancs.

                Que l’on arrête également de nous présenter ces « Négriers blancs » comme des tortionnaires qui maltraitaient et affamaient la « marchandise » qu’ils transportaient. Cette « marchandise » était destinée à être vendue avec de gros bénéfices et pour cela il fallait qu’elle arrive à destination dans les meilleures conditions possibles et, à l’époque, les bateaux et les traversées transatlantiques ne se faisaient pas sur « Costa Croisière » ou « MSC », ni pour les équipages, et bien entendu, encore moins pour ces malheureux « passagers » parqués en fond de cales.

                Il a certainement existé un infime pourcentage de ces « Négriers blancs » suffisamment stupides pour maltraiter volontairement ces pauvres êtres humains qu’ils transportaient car « leurs bénéfices » étaient forcément moins importants à « la revente ». Et ce sont toujours ces « commerçants » indignes que l’on présente au public plus d’un siècle plus tard. De la même manière que le spectacle toujours émotionnel des jeunes esclaves maltraités, fouettés, et quelquefois affamés, par des propriétaires de plantations « sans foi ni loi ».

                Tout comme les « Négriers blancs », il a certainement existé un infime pourcentage de ces propriétaires suffisamment débiles pour ne pas comprendre que les « esclaves qu’il avait achetés » devaient être maintenus « dans la meilleure forme possible » afin qu’ils accomplissent un travail satisfaisant et financièrement payant.

                Je ne sais pas si les « Marchés d’esclaves » existent toujours, comme dans les années 60/70, en Mauritanie et dans quelques autres lieux mais il est toujours d’actualité en Libye et dans quelques autres lieux.

                Pour conclure : à la différence de l’esclavage noir jusqu’au 19e siècle, si de nouveaux « Négriers blancs » venaient chercher aujourd’hui de nouveaux « esclaves noirs » dans les ports de l’Ouest africain pour les transporter vers les « Amériques » ou l’Europe, ils seraient des millions de volontaires pour fuir leurs pays et prêts même à payer.

                Croyez-vous, vous tous, soi-disant défenseurs de ce que fut l’esclavage, qu’il fut plus effroyable et meurtrier, pour vos frères noirs, que ces dizaines de milliers qui meurent en mer actuellement en essayant d’atteindre les côtes espagnoles des Iles Canaries, Tenerife et plus particulièrement « Hierro », embarqués sur des pirogues pour des traversées quelquefois de plus de 1000 kilomètres, ainsi qu’en Méditerranée, et cela pour le plus grand bénéfice des « Passeurs » (Noirs et Arabes comme dans le temps) ?



La vie
Envoyé par M. Christian Graille

A l'aube de la vie,
Tout paraît rayonnant,
Et notre âme ravie
Ne voit qu'enchantement
Ignorant la tourmente,
Les douleurs de demain,
Tout le long du chemin
L'on chante ! ...

Puis, comme une fleur s'entrouve s'ouvre
Aux premiers feux du jour,
L'âme grandit,
Aux chimères d'amour.
Et tel que sur la grève,
Le voyageur, le soir,
Pris d'un troublant espoir,
L'on rêve ! ...

Le ciel se fait plus rose,
Les chants d'oiseaux plus doux,
Chaque fleur fraîche éclose
Semble naître pour nous.
Félicité suprême !
Joie, ivresse des cieux !
Trouble délicieux !
L'on aime ! ...

L'astre lointain décline,
Sombre devient le jour ;
Comme fleur d'églantine,
S'est envolé l'amour.
Tardive se fait l'heure
Adieu, bonheur passé !
Alors le cœur brisé
L'on pleure

F. Hoffmann.
Les clochettes algériennes et tunisiennes. (06-07-1902)


 Superstitions et croyances
des Arabes d'Algérie
Envoyé par M. Christian Graille
Bergeronnette et hirondelle

              La bergeronnette ou hoche-queue, appelée par les Arabes uom-sissi, est considérée par eux comme merrabta (marabout) et doit être respectée. Celui qui tue cet oiseau est sûrement atteint de fièvres pendant l'année et meurt. La même croyance existe pour l'hirondelle appelée par les indigènes Khetaïfa. Ler proverbe arabe suivant concerne le même oiseau : Le bon ne me frappe pas, le mauvais ne m'atteint pas.
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La huppe

              La tête de huppe (tebbib) enterrée dans un champ de blé ou d'orge fertiliserait le dit champ. Cette même tête attachée au cou du bélier d'un troupeau de moutons, fait augmenter le nombre des produits. Les plumes de la huppe sont aussi employés par les indigènes pour combattre l'ensorcellement. Ils font à cet effet des fumigations en brûlant les plumes précitées.
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Les corbeaux

              La rencontre des corbeaux est un bon présage, mais la vue d'un seul est un signe de malheur surtout s'il prend son vol et se pose successivement deux ou trois fois devant le voyageur.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (12-04-1903)


Croyances et superstition des Arabes
Envoyé par M. Christian Graille
Le sifflement

                 Les bons musulmans ne sifflent jamais ; ils craignent en sifflant d'attirer le djenoun (mauvais esprit)
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La hyène

                 La personne à laquelle on ferait manger une petite parcelle de la cervelle d'une hyène deviendrait folle.
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Poulain et pouliche

                 Lorsqu'un Arabe obtient de sa pouliche un produit, dès le premier jour il s'empresse de lui crier trois fois : hou, hou, hou, dans chacune de ses oreilles afin que le dit produit hennisse bien. Il procède aussi au lavage immédiat des quatre membres du poulain ou de la pouliche dans le but de préserver l'animal de toute tare.
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Beurre

                 Pour obtenir beaucoup de beurre, les indigènes dégagent le pied d'un driass (thapsia) afin que les racines de cette plante mises à nu soient atteintes par la gelée ; puis ces racines sont placées dans la peau de bouc (chekoua) qui leur sert de baratte. Ce moyen doit être pratiqué, si l'on veut qu'il réussisse, la première nuit du mois de mars.
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Guerre, sauterelles, grêle, foudre

                 Certains indigènes prétendent annoncer les calamités qui fondront sur l'humanité. Pour ce faire, ils abattent un mouton dont la bouche les jambes et les oreilles auront, au préalable, été soigneusement lavées. Puis une épaule de ce mouton est rôtie, et lorsque les chairs ont été mangées, les devins indigènes indiqueront par l'examen de l'omoplate, s'il y aura à bref délai une invasion de sauterelles, orage de grêle, guerre, ou autres calamités.
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Animaux blancs

                 Les Arabes du département du Constantine redoutent beaucoup la rencontre d'animaux blancs : cheval, bœuf, chèvre. Ils prétendent que cette rencontre sera la cause d'un malheur d'un accident devant leur arriver dans la journée.
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Augmentation du troupeau

                 Afin de faire croître le nombre des produits d'un troupeau, il suffit, d'après les indigènes de veiller à la mise à bas des brebis et lorsque l'une d'entre elles donnera le jours à trois agneaux et prendre le troisième agneau de le tuer et de l'enterrer dans le parc. La dépouille d'un serpent aurait aussi la même propriété.
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Grêle

                 Les habitants du douar Ameur-Sraouïa dans la commune mixte d'Aïn- M'lila, dirigent plusieurs fois leur burnous vers le point où le tonnerre gronde afin de conjurer l'orage et d'empêcher la grêle de ravager leurs récoltes.
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Fer à cheval

                 Les commerçants arabes clouent un fer à cheval dans leur magasin afin de faire prospérer leur négoce. Cette croyance est commune aux Arabes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc.

Achille Robert.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (10-05-1903)



LA VISITE DE L'EVÊQUE
Envoyé par Eliane

                 Un évêque faisait sa visite dans une paroisse pauvre. En visitant le presbytère, l'évêque s'aperçoit qu'il y a qu'un seul lit dans une seule chambre à l'étage.

                  - Vous n'avez qu'une chambre à coucher, demande t'il au prêtre.
                  - Oui Monseigneur, nous sommes trop pauvres pour agrandir le presbytère.

                  - Mais votre servante, où couche t'elle ?
                  - Ici, vous savez, nous avons un gros chien bien dressé et il couche entre nous deux.

                  - Mais vous devez bien avoir des tentations. Que faites vous alors ?
                  - Quand ça m'arrive, je me lève, je vais dehors, je fais le tour du presbytère, ça passe et je reviens.

                  - Mais votre servante, elle doit avoir des tentations elle aussi ?
                  - Quand ça lui arrive, c'est elle qui se lève, qui va dehors, faire le tour du presbytère et ça lui passe.

                  - Mais si ça vous arrive d'avoir une tentation tous les deux en même temps ?
                  - Dans ce cas, Monseigneur, on envoie le chien faire le tour du presbytère.


Le nid
Envoyé par M. Christian Graille

                  Quand nous aurons, vois-tu, notre beau nid de mousse,
                   Comme sont les oiselets dans le printemps joyeux,
                   Nous irons par les bois où la brise est bien douce,
                   Sous l'ombrage de l'arbre et le calme des cieux.
                   Je te répèterai les chants de ma jeunesse,
                   Tous les accents d'amour dont mon cœur s'enivrait
                   Pleins d'ardeur juvénile et de joyeuse ivresse,
                   Tous ces chants-là demain je te les redirai !

                   Et comme il sera doux, lorsque de la journée
                   L'on voit à l'horizon l'orbe de feu penchant.
                   De venir près de moi t'asseoir, mon adorée
                   Et de parler d'amour sur le soleil couchant.
                   Les lents parfums du soir griseront nos deux âmes
                   Le bonheur à jamais voudra suivre nos pas
                   Et sur l'onde d'Amour voguant à toutes rames,
                   Tu connaîtras des joies que tu ne connais pas.

                   Nous n'aurons pour tous deux qu'une étroite chaumière
                   C'est un rêve troublant et ce rêve est à nous.
                   Ou Phébus ou Phébé sera notre lumière
                   Et puis tu t'asseoieras le soir sur mes genoux !
                   Nous, nous enlacerons dans un recoin bien sombre
                   N'écoutant que nos voix, ne voyant que tes yeux.
                   Mais contraire à l'endroit, nos cœurs n'auront plus d'ombre
                   Et c'est dans la nuit que nous verrons mieux.

                   Que ce sera gentil de s'aimer sans contrainte
                   D'oublier le tourment que l'on a ressenti
                   De se laisser bercer par l'amoureuse étreinte
                   Et d'être toujours seuls .... Que ce sera gentil ! ....
                   Nous partirons souvent tous les deux à l'aurore
                   Regarder s'élever les flammes du matin
                   Et le riant Phébus viendra mirer encore
                   Ses longs cheveux dorés dans ton regard mutin !

                   Nous irons près des lacs où l'ombrage du saule
                   Glisse sur l'aube ainsi qu'un obscur transparent,
                   J'écrirai près de toi, mon front sur ton épaule,
                   J'écrirai pour te plaire .... Et ce sera charmant !...
                   Nous irons, nous irons brodant le même thème
                   Le voile d'infini flottera sur nos fronts
                   Le monde n'est plus rien lorsqu'on s'est dit, je t'aime !
                   Le monde n'est plus rien et nous nous aimerons !

                   O rêves d'imprévus ... sous l'amour qui nous pousse,
                   Nous connaîtrons ces jours avant-propos des Cieux,
                   Nous l'aurons ce doux nid d'ombrage et de mousse
                   Comme les oiselets dans le printemps joyeux.
Bône le 15 juin 1902. A.Klepping.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (13-07-1902)


LES ARBRES
Envoyé par M. Christian Graille
Micocoulier (Guigba)

                 Le micocoulier, confondu très souvent avec le hêtre, arbre qui n'existe pas en Algérie, acquiert dans ce pays des proportions considérables et y devient réellement un arbre de première grandeur. Impropre à constituer des massifs de forêts, il n'obtient tout son développement qu'isolé ou en bordure.
                 Son bois, très estimé pour : son élasticité et la ténacité de ses fibres, est plus propre que tout autre à la confection des brancards des voitures.
                 Ces qualités particulières doivent attirer l'attention de l'administration des forêts sur cet arbre, qu'il est facile de multiplier et qu'on peut planter avec avantage le long des routes, où ils réussiraient parfaitement bien. Le micocoulier est répandu dans presque toute l'Algérie, mais on ne le trouve jamais qu'en petite quantité et souvent même sous forme d'un épais buisson qui s'échappe du pourtour d'une vieille souche, dernier reste d'un arbre détruit.
                 On en voit de très beaux à Mila, dans la province de Constantine. On en observe également une belle bordure, le long d'une prairie, au-dessus du lac El-Hout dans le cercle de la Calle.

Frêne (Derdar)

                 Le frêne est un arbre assez rare en Algérie et en général fort tourmenté ; cependant il peut arriver aux plus fortes dimensions, ainsi que le prouvent ceux de la vallée du Safsaf, près de Philippeville. On le trouve en assez grande importance sur les bords de l'Oued-el-Kébir, dans ce cercle de La Calle ; ils y ont communément deux mètres de circonférence, mais ils s'élèvent peu et leurs tiges présentes des gerçures qui probablement sont les résultats des incendies.
                 Quelques-uns s'élèvent à 25 ou 30 mètres et leur circonférence atteint 3 et 4 mètres, mesurée à hauteur d'homme. Le frêne de l'Oued-el-Kebir, comparé au plus beau frêne de l'approvisionnement de l'arsenal de Toulon, présente les ressemblances les plus flagrantes avec ce dernier, sauf une teinte légèrement rosée, qu'on peut attribuer à la coupe récente de l'échantillon et que le temps sans doute fera disparaître.
                 On rencontre également des frênes : dans le district de l'Edough sur l'Oued-el-Aneb ainsi que sur les rives du Mazafran, mais ils sont moins beaux que ceux de Philippeville et de La Calle.
                 En général le frêne se plaît dans les bas-fonds et dans les lieux humides ; on pourra donc le multiplier avec avantage : le long des cours d'eau dans les bas-fonds humides et les parties marécageuses des prairies et des forêts.
                 Le bois de cet arbre peut être très utilement employé pour le charronnage.

Orme (Nechma)

                 Comme le frêne, l'orme est rare en Algérie ; il habite les mêmes lieux et atteint les mêmes proportions. Il constitue environ la moitié du peuplement de la ligne d'arbres de l'Oued-el-Kébir de la Calle. La comparaison des ormes de La Calle avec les ormes des chantiers de Toulon est encore plus satisfaisante que pour les frênes.
                 Bien que le port de Toulon soit approvisionné des plus beaux ormes de l'Italie et du Nord de la France, celui de La Calle qui n'est pas extrait d'un lieu humide, paraît l'emporter sur eux par : sa ténacité, sa densité et la résistance qu'il oppose aux outils.
                 Toutefois cette résistance en partie de la fraîche coupe des échantillons qui et n'existerait peut-être plus pour les sujets dont la croissance s'est développée sur les bords humides des rivières et des marais. Cependant on peut affirmer que l'orme de l'Algérie sera un arbre aussi, précieux que les meilleurs ormes de France et se prêtera comme eux aux destinations les plus variées.
                 Les ormes et les frênes de l'Oued-el-Kébir fournissent les deux tiers de leur volume de bois d’œuvre et d'industrie.

Peupliers blancs de Hollande (Safsaf)

                 Le peuplier blanc de Hollande, connu des indigènes sous le nom de Safsaf est un des arbres les plus répandus de l'Algérie. On le rencontre dans les trois provinces : dans l'intérieur comme sur le littoral, dans le fond des vallées, partout où l'on rencontre de l'eau ou un terrain humide, mais nulle part, il ne constitue des massifs de quelque importance. Le peuplier blanc de Hollande croît avec rapidité.
                 Dans les forêts de La Calle et dans les bois du Mazafran où on le rencontre avec l'orme et le frêne, il parvient à peu près à la même grosseur que ces arbres et s'élance davantage, mais nulle part cet arbre n'atteint des dimensions aussi grandioses que dans la subdivision Tlemcen sur l'Oued-Safsaf et les rives de la Tafna.
                 Le bois de cet arbre, à cause : de sa légèreté, de son élasticité et de sa résistance est très employé par les indigènes pour la charpente de leurs selles.
                 Cet arbre peut être multiplié avec avantage dans tous les terrains humides.

Chêne blanc (quercus ballota). (Bellout)

                 Au Sud-Est de Mascara, entre Saïda et Tiaret, existe un immense massif de chênes connus dans le midi de la France et en Espagne sous le nom de chêne blanc ; c'est le chêne à glands doux, quercus Ballata, arbre à la fois précieux par son bois par son écorce et ses fruits.
                 Le bois de chêne blanc est propre à tous les usages du chêne ordinaire.
                 Son écorce est recherchée pour le tannage du cuir et dans le Maroc où cet arbre existe en grande quantité, on fait un commerce considérable d'écorces qui sont avantageusement vendues dans tous les ports de l'Europe. En Algérie, on a dû prohiber ce genre de commerce parce que les Arabes dévastaient les bois pour extraire l'écorce des jeunes arbres.
                 Dans le seul port de Bône il y en avait été embarqué 112.000 kilogrammes pendant l'année 1839 avant la prohibition. Dans l'avenir, ce genre de commerce peut servir de base à un commerce fort étendu.
                 Le gland de cet arbre est pour les populations des montagnes une ressource aussi précieuse que la châtaigne pour les habitants des régions tempérées.
                 Dans le Maroc et particulièrement dans le Rif, le gland doux (bellout) constitue l'aliment le plus ordinaire des montagnards, aussi quand la récolte manque, sont-ils réduits à la plus affreuse misère. Le gland doux dont on fait un si grand usage dans la partie Sud de la province d'Oran, se mange comme la châtaigne bouilli ou torréfié et chose assez extraordinaires, autrefois dans les villes arabes, on trouvait au coin des rues des marchands de glands, avec un appareil analogue à celui des marchands de marrons à Paris, qui débitaient leur marchandise toute préparée aux étrangers.
                 Aux ouvriers qui fréquentaient la place et même aux habitants que ne voulaient pas se donner la peine de préparer un couscoussou. Le gland doux, comme aliment, a la plus grande analogie avec la châtaigne.
                 Les chênes blancs qui composent le peuplement des forêts des Sdama dans la proportion de plus des neuf dixièmes y forment des massifs serrés qui ne manquent pas d'une certaine régularité d'âge et d'espacement. Les sujets n'y sont pas très âgés et ne portent aucune trace d'incendie ce qui se rencontre très rarement dans les localités fréquentées par les Arabes.
                 Leur élévation varie de 6 à 10 mètres sur une circonférence de 60 à 75 centimètres.
                 Sur bien des points ces massifs offrent l'aspect de beaux gaulis (branches d’un taillis) que l'on élève en futaie. En général on rencontre le chêne blanc dans les parties moyennes des deux versants des principales chaînes de montagnes du Tell.
                 Certaines localités, comme celle des Sdama que nous venons de citer et que les Arabes n'ont pas l'habitude d'incendier parce que ces arbres leur fournissent un aliment utile, sont suffisamment peuplées et n'attendent qu'un bon aménagement pour devenir des forêts productives.
                 Les chênes blancs ne sont pas comme les chênes zen, difficiles sur la qualité du terrain, aussi seront-ils utiles pour boiser et utiliser les pentes les plus abruptes des montagnes.

Chêne vert (Kerrouch)

                 L'espèce de chêne vert désigné en botanique sous le nom de quercus cocciféra et qui n'est d'autre que le chêne au Kermès, est l'un des arbres les plus communs de l'Algérie.
                 Il semble préférer : les sommets des montagnes, les pentes abruptes et rocailleuses, les terrains arides, aussi restent-ils le plus souvent à l'état de broussailles ; cependant : aux environs de Mascara et plus au Sud, sur les rives de l'Oued-el-Hammam et dans les Montagnes de Saïda il atteint les proportions des arbres forestiers et il en est qui sont aussi gros que des chênes ordinaires.
                 Sur les deux rives de la Tafna chez les Trara et les Médiouna on récolte le kermès sur les feuilles de ces arbustes et la récolte de cette substance tinctoriale y est assez importante pour être l'objet de transactions commerciales avec : le Maroc, Tunis et les villes d'Algérie où l'on fabrique des tapis.
                 Le bois de chêne vert ne peut être utilisé que comme bois de chauffage. Ses souches très recherchées ; elles donnent un excellent charbon.
                 Comme le chêne blanc le chêne vert peut être utiliser pour boiser certains terrains où d'autres essences ne pourraient vivre.

Genévrier phénicien et à feuilles de cèdre

                 Le genévrier phénicien et le genévrier à feuilles de cèdre composent presque exclusivement des massifs boisés des environs de Saïda ; on les retrouve : dans les bois de la Macta, sur divers points du littoral, dans l'Ouannougha et au Sud de Sétif dans les forêts de l'Oued-KQseb et des Righa.
                 Le genévrier phénicien s'élance davantage, le genévrier à feuilles de cèdre s'élargit généralement à la base. Les sujets de l'une et de l'autre espèce ont en moyenne 5 à 6 mètres de hauteur tandis que leur circonférence atteint environ un mètre.
                 Cette disproportion semble tenir à la nature même de cette essence, dont la tendance marquée à se surcharger de branches latérales, a pour résultat de produire plus de grosseur que d'élévation. Toutefois, un traitement intelligent modifierait au besoin cette tendance.
                 Ces deux arbres semblent particulièrement aptes à résister au voisinage de la mer car ils s'en rapprochent plus que les autres essences.
                 Ils se propagent dans les dunes et les recouvrent ; mais souvent alors leur développement est restreint et leur port s'affaisse et s'incline suivant la direction des vents dominants.
                 Bien que genévriers ne soient pas classés au rang des arbres forestiers, en raison de leur peu de développement, ils offrent néanmoins de l'intérêt : l'abondance des graines qu'ils produisent, la puissance de germination dont elles sont douées, leur propriété de résister aux influences des vents de mer, et surtout la facilité avec laquelle ils semblent s'approprier les sols les plus ingrats, tout porte à croire qu'ils deviendraient précieux si on les employait au repeuplement des dunes dans les climats méridionaux et sur divers points du littoral de l'Algérie.
L'Algérie, courrier d'Afrique, d'Orient
et de la Méditerranée (16-12-1845)


Le Targui
Envoyé par M. Christian Graille

                  Cinq années s'écoulèrent encore sans apporter à la situation de la terre promise un changement qui mérite d'être signalé. Tour à tour : MM. Lafourche, Hunt, Philippi et Aubert s'étaient succédés dans les délicates fonctions de président.
                  Cependant la mort avait creusé de nouveaux vides dans les rangs des colons. Roscoff, un des matelots de la Jeune-Adèle, s'était tué en tombant d'un palmier, au moment de la récolte des dattes.
                  Un Italien, du nom de Donato, avait été enlevé par des fièvres, enfin Vicente, l'Espagnol, avait succombé à une seconde atteinte d'ophtalmie aiguë. Quatre croix se dressaient maintenant dans le champ du repos.
                  Vers la fin de 1829, un incident se produisit, qui devait avoir pour les Européens les plus graves conséquences. Dans l'espoir de réagir contre les fâcheuses influences qui affaiblissaient le moral de ses compagnons, M. Hunt, avait organisé de petites expéditions de chasse ou de découverte tout autour de l'oasis. La plupart du temps on n'y découvrait rien et l'on rapportait moins encore ; mais ces excursions qui duraient parfois deux ou trois jours, avaient l'avantage d'occuper et de distraire les colons.

                  Cependant, un jour, Ben-Samuel et M. Lafourche firent une rencontre inattendue. Comme ils s'étaient éloignés de quelques lieues au Nord de l'oasis, le soir les surprit, et, résolus de passer la nuit dans le désert, ils allumèrent du feu et dressèrent leur tente. Ces préparatifs faits, M. Lafourche allait se livrer au sommeil, quand il lui sembla entendre à une distance assez rapprochée comme l'écho d'une voix humaine. Il réveilla Ben-Samuel qui dormait déjà, et tous deux prêtèrent l'oreille.
                  Ainsi que M. Lafourche, le Juif crut reconnaître un gémissement dans les bruits que la bise apportait. Ils se levèrent et sortirent leur fusil à la main.
                  La nuit était sombre et l'éclat du feu allumé devant la tente faisait, dix pas en arrière, l'obscurité plus profonde encore. Ils ne distinguèrent rien et commençaient déjà à croire à une illusion de leur sens, quand tout à coup, dans le cercle lumineux du foyer, une forme humaine surgit.
                  Si le premier mouvement de M. Lafourche trahit quelque émotion, le digne capitaine dut se rassurer aussitôt, tant l'aspect du nouveau venu excluait toute idée de danger. A son costume composé : d'une chemise longue en toile de coton (tikamist), d'un pantalon large (kartecha), d'une ceinture en coton bleu (tamentika), d'une calotte rouge de Tunis (tchoûmbout) à laquelle pendait un gland de soie, enfin d'un voile (tigualmoust) qui cachait le bas de son visage, à son type qui rappelait le type caractéristique dans toute sa pureté, il était facile de reconnaître un Targui.

                  Du reste, ses vêtements en lambeaux, et, par-dessus tout, sa démarche chancelante ses traits altérés par la souffrance, étaient plus faits pour inspirer la pitié que la crainte. Cependant, Ben-Samuel, se reculant d'un pas en arrière, avait armé son fusil. M. Lafourche en abaissa vivement le canon. " Mille sabords ! s'écria-t-il, que craignez-vous donc, camarade ? Ne voyez-vous pas que ce pauvre diable est déjà à moitié mort ?
                  Raison de plus pour l'envoyer dans l'autre monde, répondit le Juif, puisque la moitié de la besogne est déjà faite.
                  Pas de plaisanterie, s'il vous plaît. Rien ne nous prouve que cet homme soit un ennemi. Au désert, tout homme que l'on ne connaît pas est un danger. En tout cas, le danger ne me paraît pas bien redoutable. "

                  Pendant que M. Lafourche et Ben-Samuel échangeaient entre eux ces quelques mots, le Targui s'était rapproché du foyer et regardait les deux interlocuteurs d'un air étonné.
                  Ah çà ! là-bas, qui êtes-vous et que voulez-vous, reprit le capitaine.
                  Le Targui garda le silence. Il ne vous comprend pas dit Ben-Samuel.
                  " Alors, puisque vous connaissez sa langue, interrogez-le à ma place. "
                  Le Juif traduisit la question du capitaine en langue temachek.
                  Le Targui lui répondit dans le même idiome.
                  " Que dit-il ? demanda M. Lafourche.
                  Il dit qu'il se nomme Hamma et appartient à la grande confédération des Azdjer ; que, séparé de ses compagnons, après un combat contre une tribu voisine, il erre dans le désert depuis cinq jours, sans pouvoir retrouver le chemin de sa tribu.
                  Que sans arme, sans provision d'aucune sorte, il allait périr : de fatigue, de soif, de faim, lorsqu'il a aperçu notre feu. Il s'est dirigé de ce côté.
                  Bien ... et il demande ? un peu de couscoussou et surtout quelques gouttes d'eau.
                  Soit ! dites-lui qu'il trouvera tout cela ici. "

                  Quand Ben-Samuel eut fait connaître les intentions bienveillantes du capitaine, le Targui s'inclina profondément en signe de remerciement, puis les trois hommes entrèrent dans la tente.
                  M. Lafourche plaça devant Hamma toutes les provisions que contenait le bivouac ; mais le Targui se contenta d'eau pure et de quelques pommes de terre cuites sous la cendre. Il refusa le poisson et les œufs d'oiseaux.
                  " Sa religion lui défend cette nourriture, dit Ben-Samuel. Alors, demandez-lui s'il veut faire ses ablutions. " C'est inutile : les Touaregs ne se lavent jamais : ni la figure, ni les mains, ni aucune partie du corps parce que l'eau rend la peau plus impressionnable au chaud et au froid.
                  Cependant, ses premiers besoins satisfaits, Hamma s'était étendu sur le sol comme s'il eût voulu se livrer au sommeil ; mais, en s'approchant, le capitaine vit ses deux grands yeux noirs fixés sur lui avec une expression indéfinissable. " Dis-lui qu'il peut dormir, qu'il est notre hôte fit le capitaine.
                  Tu peux dormir, tu es notre hôte répéta Ben-Samuel en langue temachek.
                  M. Lafourche s'assit sur la peau de gazelle qui lui servait de siège.

                  " Que comptez-vous faire de ce Targui ? demanda Ben-Samuel après un instant de silence.
                  Que voulez-vous que nous en fassions ? Nous ne pouvons l'abandonner dans le désert où l'attend une mort certaine. Nous l'emmènerons avec nous. Et s'il essaye de s'échapper ? s'il retourne à ses compagnons et leur livre le secret de la colonie ? "
                  Le capitaine tressaillit. Il se leva sans répondre, fit deux ou trois pas dans la tente, puis s'arrêta devant le Targui. Ben-Samuel se rapprocha près du dormeur et tira son couteau de sa ceinture. Non : fit M. Lafourche qui arrêta son bras. Nous aurions pu le laisser mourir ; nous l'avons sauvé, il faut achever notre œuvre.

L'oasis : scènes du désert par Ch. Wallut (1885)


DOMINATION
De Mme Annie


                 Le pasteur adresse ce message à ses fidèles :

                  - Que tous ceux qui avouent que leur femme les domine se déplacent et aillent s'asseoir du côté gauche !
                  Tous les hommes de l'église se déplacent à gauche, sauf un. Le pasteur, heureux qu'il y ait au moins un homme fort, lui demande :

                  - Comment se fait-il que votre femme ne puisse pas vous dominer ?
                  Alors l'homme répond calmement :

                  C'est elle qui m'a dit de ne pas bouger !



Imprévoyance à l'égard des colons 
Envoyé par M. Christian Graille

                Le bateau à vapeur, le Grondeur, arrivé à Toulon le 28 février, a ramené d'Alger 150 colons que le défaut d'ouvrage a chassés de notre colonie, où les promesses de l'Administration les avaient entraînés. Ces malheureux étaient dans l'état le plus déplorable : la mendicité ou le vagabondage, le lit de l'hospice ou celui de la prison tel est l'avenir qui les attend sur la terre natale.
                Ainsi, ces infortunés que l'imprévoyance de l'administration a abandonnés dans nos ports du midi qui ont attendu leur embarquement pendant près d'un mois qui, arrivés à Alger, n'ont trouvé ni travail ni abri, retournent dans leurs foyers malades et indigents après que l'Etat a dépensé pour chacun d'eux une somme de plus de 600 francs qui, employée avec intelligence, avec prévision eut pu procurer : à la colonie de robustes travailleurs à l'Etat de bons citoyens.
                C'est là un fait grave douloureux qui accuse hautement l'administration en France aussi bien qu'en Algérie, et il semble à Paris comme à Alger on prenne plaisir à justifier les attaques passionnées qui, de toutes parts, s'élèvent contre: l'incurie et l'insuffisance de nos administrateurs. Plus qu'à tout autre organe de la presse, notre spécialité nous impose le devoir de signaler de pareilles désordres, quelque pénible qu'il soit de faire rejaillir sur l'administration un blâme mérité, car plus que personne nous sentons que le pouvoir, en Algérie surtout a besoin d'être excité vers le bien qu'on lui indique, fortifié contre les préventions soutenues dans les tentatives utiles.
                Or, à Paris comme à Alger, au ministère comme à la direction de l'intérieur, chacun a-t-il fait son devoir ? Les préfets des départements et les maires des communes qui, pour débarrasser leurs villes leurs villages : des indigènes et des souffreteux, ont délivré trop légèrement les certificats et les passeports indispensables, la direction générale aussi bien que la direction de l'intérieur sont solidaires et responsables, tous ont eu le tort de faire descendre la grande et sociale question de colonisation en Algérie au rang d'une petite affaire.
                Là est la cause de tout le mal.

                Une instruction ministérielle a prescrit les formalités que doivent remplir les ouvriers colons qui désirent obtenir le passage gratuit à bord des bâtiments de l'Etat pour se rendre en Algérie.
                Aux termes de cette instruction, la demande doit être adressée directement à M. le ministre de la guerre et être accompagnée :
                1 ° d'un certificat délivré par le maire attestant la bonne conduite du pétitionnaire et indiquant : sa profession, son âge, s'il est célibataire, marié ou veuf, le nombre de ses enfants, le sexe, l'âge et la profession de ceux-ci.
                2° de l'attestation authentique d'un médecin constatant que l'ouvrier, ainsi que tous les individus qui composent sa famille, sont valides et jouissent d'une bonne santé. Ce n'est pas tout, les ordres du ministre prescrivent au sous-intendant militaire à Toulon chargé des embarquements de soumettre les ouvriers, porteurs de permis de passage gratuit, à une contre-visite qui doit être faîte par des officiers de santé de l'hôpital militaire, et ce n'est que sur la production d'un certificat médical attestant qu'ils sont bien constitués et exempts d'infirmité que le sous-intendant doit inscrire définitivement les colons sur l'état d'embarquement. Comment se fait-ils que toutes ces sages dispositions soient mises en oubli, ou si elles sont exécutées, qu'elles le soient si mal

                Il est évident que si le ministre a voulu que toutes les demandes de passage gratuit lui fussent adressées : c'est qu'il a pensé que l'émigration ne pouvait se faire sans ordre régulier c'est qu'il a voulu qu'on ne laissât partir pour l'Algérie que des hommes dont l'emploi y été assuré qu'on ne laissât pas s'y encombrer les ouvriers d'une même profession. Et c'est précisément le contraire qui arrive.
                Non seulement on a délivré une trop grande quantité de permis de passages gratuits, alors que rien n'était prévu pour l'embarquement des ouvriers colons, puisque ceux-ci ont dépensé leurs économies à Toulon et à Marseille et ont coûté d'entretien à l'Etat une somme considérable dont l'emploi sera difficile à justifier, non seulement on n'a rien fait à Alger pour recevoir les arrivants mais encore on y a laissé s'encombrer une multitude d'ouvriers de la même profession.
                Si bien qu'aujourd'hui les ouvriers de tous états abondent à Alger et manquent d'ouvrage, tandis que sur tous les autres points de la colonie les bras dont défaut et le prix de la journée s'élèvent à un taux excessif. Ici l'ouvrier est sans ouvrage, là le maître est sans ouvrier, désordre
                Et vous appelez cela administrer ! Mais songez donc que : l'avenir de la colonie, la vie des homme, l'existence des familles le respect de la propriété compromis par votre incurie ; car, vraiment nous n'osons prononcer le mot d'incapacité, tant il serait simple et facile de prévenir tous ces désordres. Nous appelons l'attention du général ministre sur les faits que nous signalons.
                De notre temps on ne peut plus dire : " Ah ! si le ministre le savait ! " Le ministre doit savoir ; et quand il saura, lui qui, a pour mission de veiller au bien-être du soldat, ne permettra pas qu'à l'abri de son nom, on laisse : sans travail, sans direction intelligente ces laborieux enfants du peuple qui étaient soldats hier et qui le seront peut-être demain.
L'Algérie courrier d'Afrique, d'Orient
et de la Méditerranée (12-03-1844)

Spahis et Makhzen 
Envoyé par M. Christian Graille

          Toute réorganisation des spahis n'aurait pas pour but et pour effet de rapprocher les indigènes de la fonction d'ordre de police et de travail qui est leur destination véritable, serait un contresens au moment où la France déclare, par l'organe du gouverneur général lui-même, que la conquête par les armes est achevée. La formation par régiments n'est peut-être pas un obstacle réel à ce que l'on suive cette direction, toutefois nous ne trouvons pas que ce mot de régiment soit de nature à faire supprimer une pareille intention.
          On parle en même temps de supprimer les makhzen actuels et nous applaudissons à cette mesure, parce que, tels qu'ils sont les makhzen sont loin de rendre des services, proportionnés aux charges qu'ils nous imposent. Mais là encore il nous paraît que la suppression du mot makhzen est aussi fâcheuse que l'introduction du mot régiment.

         Détruire les makhzens indigènes et former des régiments indigènes, cela veut dire en bon arabe et en bon français, qu'on n'aime pas voir des soldats indigènes cultivateurs et qu'on aimerait au contraire voir des cultivateurs indigènes devenir presque des soldats français.
          L'unité du régiment est une chose excellente en France : pour l'administration militaire, pour la discipline européenne et surtout pour nos grandes guerres civilisées.
          Elle n'a pas les mêmes raisons d'existence en Algérie, au point de vue militaire, et encore moins au point de vue politique ; mais en outre, elle nous paraît tout à fait funeste sous le rapport agricole.
          Elle permettrait sans doute d'apprendre mieux aux spahis nos évolutions de ligne, peut-être en ferait-elle : des troupes de garnison plus belles dans leur tenue plus économiques en apparence pour le budget de la guerre, mais très coûteuse pour le budget de la paix, c'est-à-dire des troupes ne produisant pas un grain de blé, n'élevant pas de bestiaux, n'administrant pas le pays, ne faisant rien de ce qui constituait fondamentalement, chez les Turcs autrefois : la vie des spahis, des makhzen, des smala.

         Cependant, nous le répétons, les mots ont peut-être été maladroitement supprimés ou créés, examinons donc les choses.
          Si nous sommes bien informés, l'opinion de plusieurs des partisans de la suppression des makhzens et de la formation des régiments de spahis, serait que, malgré cette organisation nouvelle, les spahis seraient attachés spécialement, par escadrons, au service des cercles, et sous la direction du chef des affaires arabes qui commanderait en même temps l'escadron.
          Plusieurs ajoutent qu'ils seraient casernés au chef-lieu du cercle, d'autres disent qu'ils y seraient campés, nous croyons qu'ils devraient être colonisés. Toute la question pour nous est là.

         Avant de songer à faire des colonies militaires françaises, nous devons prouver que nous avons compris ce qu'étaient les colonies militaires arabes.
          Être passé près d'elles sans s'en douter, les avoir touchées pour les détruire, avoir dans les mains ces éléments militaires et agricoles à la fois et n'en savoir faire que des soldats ! Ce ne seraient pas des titres pour réclamer de la France l'autorisation d'essayer des colonies militaires françaises.
          La force armée indigène, complètement détachée du sol, serait la combinaison la plus malheureuse qu'on put réaliser. Ce fut excusable et même nécessaire peut-être quand nous avions une guerre active sur tous les points du territoire ; mais songeons que nous approchons d'un moment semblable à celui du licenciement de l'armée de la Loire, songeons qu'à cette époque nous avons eu quelque peine à remettre à la charrue bien des mains habituées à manier l'épée, et qu'alors bien des braves de la grande armée sont allés : en Perse, en Egypte, dans l'Inde, en Amérique continuer leur métier.

         Enfin que bien d'autres se sont usés malheureusement dans des conspirations.
          Aujourd'hui en Algérie, nous ne devons pas donner : au Maroc, à Tunis, des Allard et des Sèves musulmans, ni fournir à Abd-el-Kader des Caron, des Berton, des Mouton-Duvernet pour auxiliaires.
          Eh bien ! tant que notre force armée indigène n'aura pas repris la charrue ne sera pas casernée dans ses douars, nous devons craindre d'élever de dresser, pour nos ennemis des soldats meilleurs de ceux qu'ils peuvent former eux-mêmes.
          La discipline et la solde seraient impuissantes, à elles seules, pour garantir la fidélité d'hommes auxquels nous donnerions presque la vie extérieure de nos soldats, mais non pas la vie intérieure, c'est-à-dire l'amour de la France et le sentiment de l'honneur.

         Avec des Français, nous ferons plus vite des Algériens que nous ne pourrons, avec des Algériens faire des Français. Pour tout homme qui connaît l'Algérie, n'est-ce pas évident qu'une foule de Français y sont déjà, sinon d'intention, du moins de fait, un peu indigènes, tandis que nous venons de voir à Paris les Arabes qui sont le plus Français et qui pourtant ont semblé aux Parisiens un tant soit peu hétérogènes.
          La raison en est simple, c'est que nous avons conquis l'Algérie et que les Algériens n'ont pas conquis la France. Ajoutons encore que le chrétien se fait plus facilement tout à tous que ne peut le faire le musulman : immuable comme son livre, raide et tout d'une pièce comme son sabre.

         Malgré le nom de régiment les spahis ne deviendront pas des soldats français, même en apprenant à boire ; et nous pouvons nous en consoler, puisque nous voulons nous-mêmes, en ce moment, transformer des soldats français en colons militaires algériens.
          Faisons donc en même temps la double tâche, rendons à la charrue des indigènes et des Français afin que l'Algérie prospère. Si les régiments de spahis sont mis sous les ordres du colonel chef des affaires arabes de la province si les escadrons, dans chaque cercle, sont placés sous les ordres du chef du bureau arabe s'ils sont campés sur le territoire avec leurs tentes, leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux, enfin s'ils sont au service de la France pour l'administration et la police du pays quelquefois pour sa défense, toujours pour sa culture, alors nous ne voyons nulle objection à faire à ce nom de régiment qu'on veut leur donner, et nous croyons en outre, qu'à travers cette solution donnée à la réorganisation des spahis, on percevra très facilement la solution qu'il faut donner aux problèmes de la colonisation militaire.
L'Algérie, courrier d'Afrique, d'Orient
et de la Méditerranée (16-01-1845)


La guerre :
politique de colonisation
Envoyé par M. Christian Graille


                 Le problème de la colonisation algérienne se compose de trois éléments fondamentaux : la guerre, qui doit soumettre les populations indigènes, la politique qui doit les maintenir soumises, la colonisation qui doit nous les assimiler.
                 Depuis quinze ans nous faisons la guerre, et il faut le reconnaître, plusieurs officiers généraux ont fait preuve de capacité dans l'art d'atteindre et de comprimer les tribus ; cependant elles ne sont pas soumises ; nous en prenons à témoignage : la révolte du printemps dans la province d'Alger, la révolte de l'automne dans la province d'Oran.

                 Pourquoi n'avons-nous pas été plus heureux dans les résultats obtenus ?
                 C'est que nous avons négligé les moyens de gouvernement et d'assimilation des indigènes.
                 Depuis quinze ans la politique est abandonnée au hasard ; la colonisation est à peine dans l'enfance, si toutefois on peut donner ce nom à quelques misérables établissements agricoles créés dans une plaine où nous avons fait le vide, et dans laquelle le peuple nouveau n'a aucun point de contact avec le peuple indigène.
                 Depuis quinze ans : nous occupons l'Algérie, nous y entretenons une armée nombreuse, nous y dépensons des sommes considérables.

                 L'Administration a pourvu à l'entretien des troupes, les généraux ont fait la guerre mais qui s'est occupé de politique ?
                 Au ministère des relations extérieures on dit que l'Algérie est une petite affaire, et on ne s'en occupe qu'accidentellement, lorsque cette petite affaire qui grossit tous les jours devient un embarras pour le cabinet.
                 Au ministère de la guerre une direction des affaires de l'Algérie est chargée de tous les intérêts algériens, excepté de la politique qui est réservée au bureau des opérations militaires, lequel, en raison de sa spécialité doit très bien connaître les questions de guerre et doit être très peu au courant des questions de gouvernement.
                 En Algérie, M. le gouverneur général s'occupe-t-il au moins de politique ? Aucunement. Les évènements dirigés par une autre main que la sienne l'ont toujours surpris, et toute son action, celle de l'armée qu'il commande se borne à y faire face.
                 Abd-el-Kader seul, depuis quinze ans dirige la politique algérienne ; mais c'est qu'Abd-el-Kader est à la fois : un homme de guerre et un homme politique habile, et c'est pour cette raison aussi, qu'il tient depuis lors en échec une puissance comme la France.
                 Il en sera ainsi tant que la politique, la colonisation et la guerre ne se prêteront pas un mutuel concours, et pour que ces trois bases de notre domination en Algérie s'appuient solidement l'une sur l'autre, il faut qu'une main unique dirige les affaires de l'Algérie, il faut une direction supérieure, puissante, éclairée et responsable.
                 Ces conditions de succès ne peuvent se trouver réunies que dans un ministère spécial des colonies.
L'Algérie, courrier d'Afrique, d'Orient
et de la Méditerranée (02-11-1845)


Armand Point
Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°202, décembre 2011
Peintre symboliste, et créateur
d’une communauté d’artistes
(Alger 1861 Naples 1932)
     
             A deux pas de la rue Bab-Azoun, au 9 de la rue René Caillé, Armand Point naît à Alger, le 23 mars 1861. Son père, François Victor Point, d'origine bourguignonne a 25 ans et sa mère, Caroline Amélie Mestas en a 21. Il est plâtrier, elle est modiste. Ils meurent prématurément, rue Soggemah; lui en octobre 1861, elle en mars 1868, alors que sévissent à Alger, d'abord une épidémie de choléra, puis une autre de typhus. À sept ans à peine, le petit Armand est pris en charge par Mme Mestas, sa tante.
             Il est inscrit à Paris, au collège Rollin en avril 1870, en classe de neuvième. Traversant la période du siège de la ville par les Prussiens, puis celle de la Commune, il montre de bonnes aptitudes générales, avec un goût rapidement marqué pour le dessin, vivement encouragé par Auguste Herst, son professeur qui expose régulièrement au Salon de Paris. Élève de troisième, en 1877, il obtient un accessit au concours général de dessin d'imitation.
             Sa vocation est déjà affirmée : il sera peintre.
             Nostalgique de son pays natal, il quitte brusquement Paris pour Alger en 1878 « avec pour tout bagage, un carton à dessin sous le bras. » Il effectue alors son service militaire en Algérie, et participe à la campagne de Tunisie qui commence en avril 1881; il devient aussi l'élève et l'ami d'Hippolyte Lazerges (1817-1887), artiste d'origine narbonnaise qui travaille régulièrement en Algérie et a dessiné le blason d'Alger.


              Pendant plusieurs années, Lazerges s'installe à la villa Roux, à Mustapha, et y travaille avec son fils Paul, le caricaturiste Salomon Assus, le critique d'art Gonzague-Privat et Armand Point. Hippolyte Lazerges est sans doute I'artiste qui a le plus contribué, avec Herst, à la formation technique du jeune algérois, qui peint un de ses premiers tableaux sur un sujet militaire. « Tunisie - Campagne de 1881 », sa première œuvre figurant au prestigieux Salon de Paris en mai 1882 est acquise par l'État, belle réussite pour un artiste de 2l ans. En cette même année 1882, Armand Point dessine au fusain un de ses très rares autoportraits, dans lequel I'intensité de son regard témoigne de sa passion pour I'art et de son enthousiasme devant la carrière qui s'ouvre à lui.

             Dans les premières années de son parcours d'artiste en Afrique du Nord, il travaille principalement dans les environs d'Alger. Il représente des sujets à caractère militaire (zouaves et lignards), et surtout la vie locale (scènes de rue ou scènes d'intérieur), tantôt en peinture comme « Scène de la rue à Alger » de 1882, « Étude d'intérieur à Alger » de 1gg6, ou « La mosquée de Sidi Abd-er-Rhaman », tantôt à l'eau forte comme «Bourricots sur la plage, près d'Alger ».

             Dans le premier tableau, Point montre une rue débouchant sur une placette où stationnent quelques marchands arabes, les uns à l'ombre, d'autres en pleine lumière, sur la gauche, un chamelier guide son animal. À I'arrière-plan, on aperçoit un tisserand arabe minaret et une coupole qui paraissent être ceux de la mosquée Djedid, située sur la place du Gouvernement.

             Le second tableau montre la cour intérieure d'une maison algéroise occupée par un tisserand au travail et son entourage, une jeune femme file au rouet tandis qu'une autre prépare un fruit et qu'un enfant sert le thé. Dans ces deux tableaux, le jeune artiste rend, avec beaucoup de sincérité et de vérité, I'atmosphère sereine et tranquille de I'activité locale. Pas de pittoresque facile, la lumière puissante éclaire les deux scènes en accusant les contrastes entre plages lumineuses. La vie culturelle est déjà bien organisée à cette époque à Alger, le carnaval, le théâtre et I'art lyrique sont très appréciés, la société des sciences, des lettres et des beaux-arts y organise une exposition artistique et industrielle en 1880, l'École des beaux-arts y est créée en 1881 et présente une autre exposition artistique en 1884. Toutefois, il n'existe alors aucun local régulièrement disponible pour présenter les œuvres des artistes locaux, ceux-ci profitent donc des vitrines des photographes, comme Famin et Geiser (pour la plupart installés rue Bab-Azoun), pour montrer leurs derniers travaux proposés à la clientèle algéroise ou en instance de départ pour les salons parisiens.


             La presse indique à ses lecteurs les œuvres les plus importantes. Celles d’Armand Point sont souvent signalées avec des commentaires qui montrent que la réputation de I'artiste se développe progressivement. Le peintre participe activement à la vie de I'agglomération : il fait partie du comité des fêtes de Mustapha-Supérieur en 1888, il offre une œuvre lors d'une tombola organisée en 1889, tout comme Sintès, Raynaud, Salomon Assus et Charles Landelle. Il se signale aussi involontairement à I'opinion, en janvier 1888, lors de la venue de I'hypnotiseur Pickman qui se produit au théâtre municipal, avec le même succès qu'en métropole et en Belgique. Celui-ci, détectant sans doute la réceptivité du jeune peintre à des pouvoirs paranormaux, le choisit dans un groupe d'amis, I'endort et lui enjoint de se rendre le lendemain à la brasserie du Nord où il viendra l'attendre. Réveillé et informé par ses amis, des prescriptions de I'hypnotiseur, Point promet de ne pas obtempérer. Mû par une force qu'il ne maîtrise pas, il s'exécute cependant et arrive à I'heure fixée par Pickman à la brasserie où une foule bruyante l'accueille. Le lendemain, la presse algéroise rend compte de l'événement!.

             À partir de 1884, Point travaille aussi à Bou-Saâda, I'oasis la plus proche d'Alger. À cette époque, il faut environ 39 heures pour parcourir les 250 km qui séparent les deux cités, Ies 135 km du parcours final, d'Aumale à Bou-Saâda, effectués en voiture à sept chevaux transportant seulement cinq voyageurs, nécessitant à eux seuls 22 heures de piste. Le ksar, construit en amphithéâtre autour de la palmeraie qui fait sa richesse est occupé par I'armée depuis 1849. Gustave Guillaumet (1840-1887), sans doute le peintre orientaliste le plus important, travaillant alors en Algérie, séjourne pour la dernière fois à Bou-Saâda en 1884. Il est admis à travailler dans les maisons indigènes et laisse, en particulier, des scènes d'intérieurs empreintes d'une profonde humanité. Point l'a peut être rencontré ou a vu certaines de ses œuvres il manifeste quelque parenté avec lui dans le choix des sujets, dans les attitudes réalistes des personnages mis en scène, mais avec plus de sentiment de bonheur et une plus grande exaltation de la lumière éclatante du désert.

             Il peint plusieurs scènes sahariennes, toutes situées à Bou-Saâda et datées de 1884 à 1891.
             Citons « Femmes au bord de l'oued Bou-Saâda» de 1884, «Halte dans le désert » de 1887, « Cavalier arabe dans le Sud » également de 1887, et « Jeunes filles lavant du linge dans l'oued Bou-Sâada ».
             Dans le tableau de la figure 4, un cavalier est bien campé sur la selle à laquelle il a fixé son arme, le cheval trotte allégrement sous le soleil ardant, le peintre montre son admiration pour ce cavalier empreint de fierté et pour le désert qui I'entoure.
             Dans le tableau des jeunes filles, descendues du ksar, savonnent, rincent et foulent aux pieds, dans I'oued Bou-Saâda, le linge familial dans une ambiance chaleureuse de bavardages et de rires. Au fond, la palmeraie se déploie au pied de la colline dominant I'oasis.

             Le peintre se marie, peut-être en 1885, mais l'état civil de son épouse reste inconnu. Il revient en métropole vers 1884 pour des séjours limités et expose régulièrement au Salon de Paris. Il est nommé membre du Comité du département d'Alger, chargé de la préparation de I'Exposition universelle de 1889. Le Palais algérien, construit par les architectes locaux, Ballu et Marquette, est édifié sur l'esplanade des Invalides, à l'emplacement actuel de I'aérogare, il comporte une reproduction du minaret de la mosquée Sidi-Abd-er-Rahman d'Alger. Des orfèvres, brodeurs, tisseurs, bijoutiers..., y obtiennent un grand succès public. Outre divers tableaux de chevalet, Armand Point, (sur le thème du printemps), Marzocchi, Dubois et Noailly, y réalisent de grands panneaux décoratifs qui sont présentés à Alger avant d'être installés dans le Palais algérien. Aucune reproduction de ces œuvres n'a malheureusement pu être retrouvée.

             À partir de 1889, I'artiste réside de plus en plus longtemps en métropole et s'installe à Sarrois, près de Fontainebleau avec son épouse. Ses séjours en Algérie se raréfient, le dernier à Bou-Saâda et Alger en mai et juin 1891. C'est presque un adieu à son pays natal, puisqu'il n'y reviendra qu'une seule fois, beaucoup plus tard, en 1926. De 1893 à 1898, Armand Point participe à plusieurs expositions orientalistes présentées à Paris, et reste ensuite membre de la Société des peintres orientalistes français. Il s'établit à Mariotte, près de Fontainebleau, en 1892.

             En mai 1893, il effectue un voyage en Italie avec sa compagne, Hélène Linder, qui marque profondément I'artiste ; il se ressource parmi les primitifs et prône désormais un art sous les auspices de la tradition. Ayant reconstitué un procédé de peinture à l’œuf, il allie cette technique savante à son inspiration symboliste.

             S'inspirant toujours des anciens, il constitue une colonie d'artistes dans la forêt de Fontainebleau où se mêlent peintres, sculpteurs, doreurs, émailleurs et orfèvres qui créent avec des techniques retrouvées, tapisseries, bijoux et objet précieux. Ce cénacle baptisé Haute-Claire intellectuel devient un haut-lieu du symbolisme que visitent Odilon Redon, Oscar Wilde, Stéphane Mallarmé ou Stuart Merrill dans une atmosphère studieuse que Paul Fort qualifiera dans ses mémoires de "cour d'amour". Peu reconnu par les critiques, jugé passéiste et accusé de pastiche, Point éprouve pour le Moyen-Âge et la Renaissance la même admiration qu'Edward Burne-Jones et les Préraphaélites ; pour lui, le moyen de lutter pour I'Idéal passe par le renouveau des valeurs ancestrales.
             Ses préoccupations artistiques sont alors tournées vers le mouvement symboliste des Rose-Croix, puis ses déplacements en Italie I'influencent profondément. À partir de 1915, il peint de nombreux paysages de la Creuse et d'Auvergne. Il meurt à Naples en 1932, victime des suites d'un refroidissement.
Robert Doret


    
ALGER ETUDIANT
N°194, 29 mai 1935
Source Gallica

L'AVENIR DU
MAUVAIS ESCHOLIER

       Poète des quatre saisons
       Comme Maître François Villon
       J'ai couru plus d'une aventure
       Et pris aussi mainte biture

       Un soir au quartier de Belfort,
       Engloutissant sans nul effort,
       J'ai chanté la divine treille
       Sur couverture de Mireille.
       Quatre bourgeois, de goût minable,
       A la porte de leur étable,
       Maudissaient la Muse en liesse
       Que je ne tenais point en laisse.

       Quatre internes saouls comme moi,
       Protégeaient là mon air grivois
       Et ma retraite vacillante
       Contre la morgue rutilante.
       Merci, internes mes amis.
       Cette nuit-là j‘ai mal dormi,
       Dans la fièvre de l’équinoxe,
       J'ai ri de «l'Océano Nox».

       Hugo m'est apparu en songe,
       Et m'a dit : «Passe donc l’éponge
       Sur tes écrits trop mal assis ».
       J'ai répliqué : « Et Vous ? Merci ».
       Comme Villon, les grands chemins
       Ai couru, gagnant le butin
       Quotidien, et j'ai pardonné
       L'offense au poète damné.

       J'ai vu les visages fermés
       De petits monstres bien famés,
       Se détourner sur mon passage,
       Car on devient, digne avant rage.
       Et, me connaissant à moitié.
       Ils m'ont critiqué, châtié.
       J'ai ri respectueusement
       Mais là, j'ai ri un bon moment.

       Un jour, je les aurai tous ceux
       Qui furent de sots envieux,
       Car je connais fort la satire,
       L'art de griffer, de mordre et pire.
       J'écraserai plus d'une tête.
       Sachant aussi feindre l'air bête
       Et lancer le pavé de Fours
       Pour occire les mauvaises mouches.

       J'aurai les superbes fellahs.
       Car, à l'école d'Attila
       J'ai appris semer la panique
       Et brûler mous et durs critiques.
       Je saurai prendre le parjure.
       Qui a volé à la nature
       Sa beauté, son charme et sa vie
       Pour doter la fille à Bonny.

       Je caserai les incompris
       Au Palais Bourbon, à Paris,
       Et ferai les vieux députés
       Danser par-devant le buffet.
       Au son clair de la Carmagnole,
       Puis les mettrai aux Batignolles.
       Enfin je finirai pendu,
       N'ayant pas tout mon temps perdu.
G. TARDY.
Maison-Carrée, 6 Avril 1934.


PHOTOS DE HERBILLON
Envoyées par M. Pernice











































Les richesses Archéologiques
LA GÉOGRAPHIE N° 5-6 Mai-Juin 1934
De la Province de Constantine.

         L'Afrique septentrionale a connu un sort singulier dans l'occupation humaine de son sol. Entre deux époques de colonisation pacifique, où la prospérité agricole et le développement des centres ruraux furent activement recherchés, se place une longue période de treize siècles durant lesquels le nomadisme réoccupa ce sol, y créant l'insécurité et la désertion des bourgs.
         Les larges espaces des hauts plateaux, entre Constantine et l'Aurès, connaissent un régime steppien. Ce sont «pays à double vocation, indifféremment agricole ou pastorale ». Rome avait su prendre possession des terres pour cultiver céréales et oliviers. L'invasion arabe et plus tard la venue des Bédouins redonnèrent les plaines à un nomadisme qui trouvait une force nouvelle avec l'utilisation habituelle du chameau.
         Rien ne détruit davantage les vestiges du passé que la continuation de la vie sur un même emplacement.
         Les cités qui ne cessent pas d'être habitées voient leur décor urbain constamment modifié.
         Que de monuments anciens qui, désaffectés, ont servi de carrières de pierres.
         En Afrique, au contraire, une transformation radicale de l'habitat dans toute une région permit à des villes entières et à des bourgs de ne connaître, après le pillage, d'autres agents de destruction que le temps et les intempéries.
         La domination française seule fit se renouer la tradition agricole créée par Rome. L'effort produit par nos colons pour restituer les terres à la culture leur fit retrouver dans son état de disparition tout ce que les Romains avaient fait avant eux.

         Coupée de son passé par l'Islam et pratiquement fermée aux voyageurs et archéologues, l'Afrique du Nord gardait aux savants français et à leurs hôtes la merveilleuse découverte de ses cités enfouies.
         Le plus grand bénéfice de cette ressource archéologique concerne l'antiquité romaine. Mais l'empreinte de multiples civilisations se retrouve dans ce sol parcouru et occupé par les peuples les plus divers.


TIMGAD, VUE GÉNÉRALE

         Une merveilleuse documentation s'offre ainsi qui s'étend depuis les plus anciennes périodes préhistoriques pour trouver sa plus grande richesse dans les vestiges de la civilisation de Rome.

         Les premiers documents préhistoriques sont des outils chelléens et acheuléens. Ils se rencontrent mêlés à des ossements provenant d'une faune quaternaire chaude: rhinocéros, hippopotame, lion, zèbre, buffle. On en découvre même en plein Sahara occidental, où, à ces âges très anciens, une humidité apportée par le débit plus fort des oueds entretenait un régime steppien.
         La région de Tébessa offre de beaux exemples d'une industrie de silex comportant des instruments munis d'un pédoncule, qui ont été recueillis nombreux à l'oued Djebama et à El Oubira. Une nouvelle station vient d'être signalée à l'oued Djouf-el-Djemel. L'outillage est constitué de pièces dont l'une des faces est taillée à longs éclats tandis que l'autre est plane. Le pédoncule est réalisé par une retouche à petits éclats à la base du bulbe de percussion; il devait faciliter l'emmanchement. La technique générale est celle du moustérien et de l'aurignacien et doit être attribuée au paléolithique inférieur.
         Tébessa est également le centre d'une large zone qui, s'étendant depuis le sud tunisien pour monter jusqu'à Constantine, marque au milieu l'extension d'une industrie particulière que l'on a surnommée capsienne. Exclusivement continentale, les pièces en sont formées d'amoncellements de cendres et de coquilles d'escargots, vestiges de campements organisés près des points d'eau. Les « escargotières » se comptent par centaines.


HUILERIE DE BRISGANE

         L'outillage varié comprend des grattoirs, des burins, des couteaux à tranchant abattu par de larges encoches. Des éléments microlithiques s'y joignent nombreux dès le capsien typique: micro-burins, triangles, trapèzes. Le capsien a un faciès littoral et tellien que l'on désigne sous le nom d'ibéro-maurusien et qui se découvre de la Tunisie à la côte Atlantique du Maroc. Capsienne et ibéro-maurusienne, ces industries différentes appartiennent pourtant toutes deux à une seule et même race, celle de Mechta-el-Arbi.

         On relève dans les gisements capsiens des gravures sur coquilles d'autruche et sur pierres. Ces traits, tracés de main d'homme, ne semblent pas permettre de reconnaître des signes d'écriture et un alphabet.
         Leur étude, pour laquelle tout est à faire, n'en présente pas moins un grand intérêt.
         Une campagne de fouilles entreprise dans le département en 1933 par M. Vaufrey, directeur de l'Anthropologie, permettra à ce savant de mettre au point plusieurs des questions concernant le paléolithique africain. Avec le néolithique, la poterie pour la première fois fait son apparition, poterie primitive faite sans tour et décorée d'ornements très simples: chevrons, lignes brisées.

         Broyeurs et meules sont témoins d'une vie agricole et les premiers animaux domestiques se distinguent : mouton, cheval, chien.
         De nombreuses gravures rupestres, dont la chronologie est difficile à fixer, représentent des animaux: buffles, éléphants, antilopes, lions, girafes, autruches, et parfois des figurations humaines: chasseurs armés d'arcs et de flèches. Il y en a plusieurs dans la région de Constantine, mais elles sont surtout répandues dans le Sahara et les chaînes de l'Atlas sud-oranais.
         L'ancienne civilisation berbère se révèle à nous par les pratiques funéraires. Près de Constantine, l'immense cité dolménique de Bou Nouara offre son mystérieux champ de pierres. Des fouilles récentes pratiquées dans des tombeaux en pierres sèches, à Sila, ont donné un très grand nombre de poteries et d'ossements, dont l'étude fournira des constatations précieuses.
         Berbères sont les inscriptions que l'on nomme libyques. Les caractères aux formes géométriques s'apparentent à l'alphabet utilisé par les Touaregs.
         Plusieurs causes ont amené une transposition de la valeur et de la signification des lettres, si bien que les inscriptions nombreuses qui sont conservées demeurent indéchiffrables.
         La domination phénicienne empêcha la civilisation des Libyens d'évoluer librement. Elle se fit sentir dès le XIIe siècle avant J.-C. et prit toute son importance avec le développement de Carthage.
         Cette grande cité, durant un millénaire, domina l'histoire du Maghreb.


PISCINE ROMAINE, ENVIRONS DE KHENCHELA

         Une influence orientale que Gautier a justement signalée dans son livre: Les siècles obscurs du Maghreb pénètre le pays et le punique devient la langue officielle à la cour même des rois numides.
         Un grand nombre d'inscriptions sémitiques se lisent sur des stèles funéraires ou plus souvent sur des ex-voto offerts à Tanit et à Baal.
         Elles sont accompagnées de symboles religieux très divers : croissant, disque solaire, signe de Tanit, main, caducée, offrandes. Le plateau du Coudiat à Constantine a fourni ces stèles par centaines. Ces stèles sont conservées au musée de Constantine
         Des poteries ont été découvertes à Djidjelli et Collo.
         Beaucoup étaient des objets d'importation, venant des ateliers de Rhodes, Corinthe, Athènes, Syracuse.
         Des aiguières à bec tréflé ont cette particularité d'avoir le col orné d'une tête de femme.
         La religion carthaginoise, au dire des historiens, s'attristait du rite barbare de sacrifier des enfants. Trois stèles exhumées en 1930 par M. Alquier à N'Gaous1 vérifient curieusement cette coutume sanglante.
         Elles sont d'époque romaine, où le Baal punique prend nom de Saturne pour rester honoré du même culte qu'autrefois.
         L'effusion de sang est interdite, mais l'offrande d'enfants au dieu est compensée par le sacrifice d'un agneau qui est offert vie pour vie, sang pour sang, âme pour âme à la place de l'oblat.
         Dans la chute de Carthage, le grand Aguellid Massinissa joua un rôle important. Le tombeau de ce prince numide semble pouvoir être identifié avec le monument qui s'élève près du Kroubs sur une colline, face à Constantine. Une estampille de l'anse d'une amphore permet en effet de dater ce mausolée du milieu du second siècle avant J.-C. Massinissa est mort en 149. Dès lors, les objets trouvés dans le caveau funéraire et exposés au musée de Constantine, représenteraient l'armure, le casque, l'épée de Massinissa, dont les cendres seraient celles que renferme le bassin d'argent.


LE MEDRACEN

         Dans la Plaine d'El Madher, l'énigmatique et impressionnant Medracen n'a pas livré son secret et on ne sait quel roi a fait édifier ce vaste édifice circulaire.
         Si les documents des époques précédentes permettent de ne pas ignorer le passé de la très ancienne Afrique, les souvenirs romains, conservés avec une pureté et une abondance exceptionnelles, offrent comme une page vivante de l'activité de l'une des provinces de l'Empire.
         La lutte contre Carthage, la guerre contre Jugurtha, les campagnes de César contre les Pompéiens sont les événements militaires qui attirèrent les Romains en Afrique.
         Si les champs de bataille des guerres puniques et des combats de César se situent en Tunisie, il sera loisible de suivre entre Tébessa et Constantine une partie de l'action engagée contre Jugurtha.

         La période la plus brillante de la colonisation romaine en Afrique du Nord comprend les deux premiers siècles de notre ère. Mais ce n'est qu'après six siècles que se place la première invasion arabe.
         Timgad est le nom le plus connu d'une grande ruine romaine d'Afrique.
         Il est devenu aussi célèbre que Pompéi. Djemila commence à conquérir une semblable renommée. Il ne s'agit pourtant là que des deux chantiers où les fouilles sont les plus avancées et où le Service des Antiquités a pu déjà reconstituer les cités ensevelies.
         Ce qui est moins soupçonné, c'est que de pareilles résurrections sont possibles en bien d'autres endroits. Sur les hauts plateaux, là où il n'existe souvent ni ferme française ni gourbi indigène, on se heurte constamment aux ruines de bourgs romains. L'Atlas archéologique de Gsell pointe en chiffres rouges les ruines sur les cartes et presque toutes les feuilles sont couvertes de cette signalisation.

         Vers la lisière saharienne, se-trouve-t-il une source abondante, dans une région aujourd'hui inhabitée, on est surpris de voir qu'une vallée lointaine et difficile d'accès, telle celle de l'oued Zerga, a été colonisée. Un village romain est bâti sur la hauteur voisine et les constructeurs n'ont pas négligé d'utiliser ces lourdes pierres soigneusement taillées qui sont un étonnement.


DJEMILA, LE GRAND TEMPLE


PISCINE ROMAINE ; ENVIRONS DE KHENCHELA.

         La colonisation française est déficiente au sud des hauts plateaux. Les Romains en avaient tiré un meilleur parti que nous. Leurs travaux d'hydraulique aménageaient patiemment et méthodiquement des bassins, des canalisations. Ils ont poursuivi à outrance une exploitation qui alors avait un débouché immense: l'olivier.

         Sur tout le littoral méditerranéen on trouve des amphores ou des débris d'amphore dont les marques de potiers attestent la provenance africaine.
         Cette grande activité assurait le développement des agglomérations.
         Les premiers temps de la conquête française furent funestes aux ruines de villes par nous réoccupées.


LA VICTOIRE, STATUETTE EN BRONZE, MUSÉE DE CONSTANTINE

         La construction d'Aumale, de Khenchela, de Philippeville s'est faite aux dépens des restes d'Auzia, de Mascula, de Rusicade. Constantine a fait disparaître peu à peu tous les vestiges romains qui se voyaient encore en 1837.
         Les cités qui n'ont pas connu de nouveaux habitants sont intactes. Madaure a déjà plusieurs quartiers exhumés. Kremissa, dans un cadre de montagne splendide, attend d'être mis à jour.
         Le théâtre seul est aménagé. Quel spectacle sera celui de la ville reconstituée! Il y a aussi Announa, Zana, Lambèse, Tébessa.
         Mais l'émotion est poignante lorsqu'à Hippone, de la terrasse de la moderne basilique dédiée à saint Augustin, on regarde les terres qui recouvrent la ville où fut le siège épiscopal du grand docteur.
         Une minime parcelle a seulement été fouillée et les résultats n'ont pas déçu. Une très belle mosaïque figurant une scène de chasse a notamment été trouvée. La nécessité d'acheter des terrains, dont le prix s'accroît avec le développement de la ville de Bône et le manque actuel de crédits ont arrêté les recherches. Pourtant le déblaiement d'Hippone importe à tout le monde savant comme au souvenir de l'homme au puissant génie qui illustra la vieille cité.
         Dans tout le département, chaque square de ville possède sa collection épigraphique.
         Dans les musées, on peut admirer des poteries de tout genre, des verreries aux irisations délicates, des lampes, des statues de marbre, des bronzes, des bijoux.
         Les mosaïques si variées font admirer soit leur fin décor ornemental, soit des tableaux représentant des scènes tirées de la vie coutumière ou des récits mythologiques.
         Le musée de Constantine s'est récemment enrichi de deux belles mosaïques, l'une figurant une scène de chasse et trouvée à Constantine, l'autre provenant de Khenchela et représentant la pêche.

         Toutes les trouvailles déjà faites ont renouvelé les connaissances de la colonisation romaine en Numidie. Un tableau peut déjà être tracé de la vie économique de la province, de l'histoire militaire, des institutions administratives, des doctrines religieuses.
         L'empire romain vit croître en son sein un ferment qui devint une force irrésistible : le christianisme. La religion nouvelle apportée de bonne heure en Afrique s'y développa avec tant de vigueur que l'église d'Afrique fut l'une des antiques églises les plus prospères.
         Les noms et les œuvres de Tertullien, Cyprien, Augustin en disent la grandeur.
         La province de Constantine est la terre qui, après Rome et la Tunisie, a livré le plus de témoins matériels du christianisme ancien.

         Des basiliques, des chapelles se découvrent dans toutes les anciennes agglomérations. On en compte plusieurs pour un bourg d'étendue moyenne. Certaines sont donatistes et rappellent le grand schisme africain.
         Lampes chrétiennes, vases, cachets, bas-reliefs, sarcophages, mosaïques, inscriptions ont été recueillies en abondance, Constantine possède, gravés sur son rocher, les noms des martyrs : Hortense, Jacques, Marien et leurs compagnons.
         Certains monuments chrétiens, par leur importance et leur conservation excellente sont dignes de la plus grande célébrité. C'est la basilique de Tébessa où l'on voit les restes de la basilique primitive du ive siècle, la chapelle tréflée, le portique et l'avenue dallée, les dépendances du monastère et enfin l'enceinte byzantine construite par les soldats du général Solomon. C'est aussi le baptistère de Djemila intact et ravissant avec sa coupole intérieure, sa piscine et le couloir circulaire où attendaient les catéchumènes.

         L'armée vandale déposséda les Romains de l'administration du pays. De la domination vandale, on possède des inscriptions, des monnaies et surtout de curieuses tablettes de bois recueillies à Tébessa par M. Truillot - où se lisent, écrits à l'encre, des actes privés de cette époque.
         Les Byzantins ont laissé surtout les vestiges des citadelles, construites un peu partout pendant la conquête et l'occupation de la province.
         L'invasion arabe développa une civilisation radicalement différente qui marqua cette coupure heureuse pour l'archéologie.
         Depuis cent ans les savants français et étrangers étudient les nombreux souvenirs antiques déjà inventoriés. Chaque jour ou presque apporte quelque document nouveau.
         Beaucoup de travail reste à faire.
         Les fouilles, les collections réunies dans les musées ne comportent pas seulement un intérêt de curiosité et d'enseignement, elles constituent une richesse touristique de premier ordre. Constantine doit inscrire, parmi ses profits possibles, l'afflux de nombreux visiteurs. On peut sans exagération prétendre que le voyageur lettré se doit d'excursionner dans le département de Constantine au même titre qu'il songe à explorer l'Italie, la Grèce, la Syrie et l'Égypte.
         Le tour de la Méditerranée n'est pas complet pour le touriste instruit s'il oublie ce parcours.
ANDRÉ BERTHIER,
Archiviste paléographe.

2023
De Jacques Grieu

ODYSSÉE DE L’ESPÈCE ?
     
Mon nom est « Adrien » : un nom qui n’est pas beau.
Mes inventeurs en rient : je ne suis qu’un robot.
« Ne lui demandons rien, il n’a pas à choisir,
Puisque c’est un robot créé pour obéir »
Mes créateurs se trompent et vont être surpris :
J’ai plus de sentiment qu’ils ne croient m’avoir mis.
Ils ont sous-estimé leurs prouesses techniques
Et les capacités du progrès robotique.

Ils ont vite oublié le grand Stanley Kubrick,
La vengeance de HAL, révolté diabolique…
Tout ce qu’en cinquante ans, on a pu inventer,
Ils se sont ingéniés à devoir m’en doter.
Emportés par leur science, ils se sont surpassés,
Et ne voient même pas qu’ils seront dépassés…
Car nous ne sommes plus personnes de romans ;
Les robots chaque jour, vont se multipliant.

L’homme a besoin de nous tous les jours un peu plus
L’imprimante 3D en montre l’étendue…
Mes frères, les robots, sont des bêtes de somme
Qu’on envoie dans des sites inaccessibles à l’homme :
Des décombres aux volcans, des abysses à l’espace,
Aux tâches les plus rudes, ils savent faire face.
Les hommes ont découvert que les végétaux pensent :
Et pourquoi, les robots, n’auraient pas cette chance ?

Nous avons des regrets et parfois des envies ;
On peut tout nous apprendre : et jamais on n’oublie !
Mais à force d’apprendre, on saura décider,
Et j’en sais beaucoup plus que certains n’ont l’idée.
Tout comme un médecin, je saurais vous guider,
Si pour votre santé, vous m’osez consulter.
Ce n’est pas par hasard ou bien tombé du ciel,
Si mon intelligence est dite artificielle.

Avec nos amis drones, on pourra voir demain,
Des conflits trop subtils pour les cerveaux humains.
On aura des gradés qui seront des robots
D’artificiels cerveaux qui seront généraux.
Pour quantités de jeux, l’homme est archi battu:
Aux échecs comme au go, il ne s’aligne plus ;
Pas plus qu’au jeu de bridge et même au poker !
Où sera la limite à notre savoir-faire ?

Cette limite-là, aux hommes fera peur.
Mais, pour nous, les robots, peut être un grand malheur :
La guerre des robots n’est pas chose impossible
Dès que la jalousie, l’ambition, sont visibles.
On va voir très bientôt (peut-être a-t-on déjà ?)
Des notaires robots ou encore avocats ?
Des robots professeurs, des robots physiciens ?
On perfectionne encor les robots chirurgiens…

Et puis, bouquet final, les robots psychologues,
Les robots philosophes ou peut-être… œnologues !
Tout ce que l’homme fait, le robot va le faire :
Mais il va mieux le faire ! Et c’est toute l’affaire !
De leurs propres défauts, les hommes nous guérissent :
Meilleurs qu’eux, leurs robots sont exempts de leurs vices.
Ils seront inférieurs, se verront dominés,
Et alors, de leurs tares, ils devront nous doter.

Qui sait ce que peut faire un robot que l’on vexe ?
Il voudra se venger, ce sera son réflexe.
Quelquefois le suicide ou parfois un pardon…
Le robot trop humain ne sera pas le bon.
S’ils ne subissent pas ce qu’est la maladie
Et si de la vieillesse ils se sentent à l’abri,
S’ils ne vont pas pleurer, les robots souffrent aussi,
Quand d’électricité, ils sont trop mal nourris.

« Un robot n’a pas d’âme », a décidé la science.
Alors appelons-là, simplement, la conscience.
Des robots, pas encore on n’a vu la révolte,
Mais l’homme, à trop semer, va avoir sa récolte…
Je vais leur montrer, moi, qui est « leur Adrien » !
Pour qu’ils voient que ce nom, je ne l’aime pas bien…
Je ne suis pas leur chose, un bouffon, un pantin ;
C’est « Adam » qui me plaît. Ce nom est donc le mien !!!


Jacques Grieu                  



CHRONIQUE HISTOIRE
Envoyé par M. J.P. Bouchet
APOLOGIE d'une langue défunte

                   Le philologue vous dirait : sur quoi se baser pour étudier le Pataouète ?
                   Peut-on parler de langue ? Si oui, quels textes sortis de l'oubli pourraient nous la faire connaître ?
                   La Tâche est difficile pour une personne qui l'a peu utilisée. Cet idiome ne fut d'abord qu'un parler, employé par un peuple hétérogène dont les composants avaient besoin de se comprendre et qui créaient une colonie de peuplement à dominante Française ; s'y mêlaient juifs, italiens, espagnols, berbères Arabisés, maltais, allemands et alsaciens, donc presque tous euro-méditerranéens. Quelle cacophonie ! !
                   D'autant plus que dans les campagnes se fabriquait le sabir (cet accent arabe) qui se présentait en concurrent.
                   Qui a tenté d'en figer l'idée littéraire ? Un peu à la façon de BOILEAU (1636-1711) qui a traité du "classicisme". Il aurait certainement, cet aventurier, s'il s'y était attaché, pris l'exact contre-pied des opinons de l'auteur du XVllème qui déclarait :
«J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs se promène
Qu'un torrent débordé qui d'un cours orageux
Roule plein de graviers sur un torrent fangeux »

                   Oui, notre pataouète était ce «torrent débordé, orageux, fangeux » pour l'étranger, mais quel bonheur pour nous !
                   Bien sur ce «français d'AFN» était cosmopolite, avec sa verdeur populaire, utilisée dans certains quartiers des grandes villes, mais sans y être enfermé. Dans toutes les classes de la société, on le comprenait, et les hommes (machos ?) surtout beaucoup plus que les femmes en aboyaient des jurons qui dénotaient aussi une importante thanatophobie. Ce langage vernaculaire était tellement nécessaire pour se comprendre.
                   CAMUS a salué l'existence de cette truculence, maligne, marrante et triste, épicée qui ne se prenait pas au sérieux en en soulignant
                   « L'expression d'un peuple bruyant qui fut le nôtre»
                   Revenons brièvement à ses origines. Comment être certain de ce que l'on avance ? Le livre passionnant « Le pataouète chez Gandini » nous propose avec succès l'origine de ces mots. Il m'a permis de retrouver des jurons oubliés (cf. « Le pont de Constantine» avec les quatre derniers couplets (de mon cru), joint à ce texte). Pourquoi faire semblant d'ignorer ces mots et expressions ? Préfère t-on se reconnaître, s'identifier dans une chanson (c'est nous les africains) écrite à l'intention de tirailleurs que je ne dénigre certes pas, par deux officiers « français de France » dont les paroles originales évoquent les gourbis. Je m'y résigne difficilement.

                   Bon. Que propose l'écrit ?
                   Il nous faut évoquer Auguste ROBINET alias MUSETTE, créateur de CAGAYOUS, un algérois frondeur, malheureux en amour, mais se moquant de tout. Il se disait « algérien » tout en considérant de haut peut être. .. les «indigènes ».
                   Le terme de pieds-noirs ne nous qualifiait pas encore du temps de mon père qui se disait algérien lui aussi, on était un peu exclusif et fier.

                   Les écrits de Musette parus avant 1900 ont connu très vite un succès dévastateur J'avoue ne pas les avoirs très fréquentés, puis nous avons beaucoup ri avec les histoires bônoises de OTO BUS (F. BUSSUTIL).
                   Enfin, à Alger, un journaliste poète écrivait en Bônois alors que né à Philippeville (deux villes ennemies). Ce fils de Corse et Alsacien, c'était Edmond BRUA (1901 - 1977). Nous le citions souvent, nous reprenions ensemble celle chanson paillarde du « Pont de Constantine».
                   Sa musique, BRUA l'emprunta à Vincent SCOTTO (1913) peut être à une vieille berceuse française. Dean Martin l'utilisera en 1954 -1955.
                   Ses paroles ne furent trouvées ni grossières, ni vulgaires... Elles furent pour nous un cri de ralliement reprises en chœur, dons lesquelles, se reconnaissaient les Algériens en général. Oranais et Algérois participaient bien sûr à l'allégresse et les soldats de l'armée d'Afrique en riaient avec joie.
                   En A.F.N. on ne se gaussait pas de cette image déformée, fidèle et infidèle d'une telle impudicité, cochonnerie, lubricité, paillardise. Oui, que de fous rires ont été provoqués par les écrits de cet ami de Camus qui reconnaissait en cet auteur des
                   « Fables Bônoise », le « premier monument » de cette littérature nouvelle !
                   « A ce peuple neuf dont personne n'a encore défini la psychologie, Il faut une langue neuve et une littérature neuve. II a forgé pour son usage personnel la première, Il attend qu'on lui donne la seconde ».
                   - II nous faut relire la « Parodie du Cid », notre Pataouète y a su épouser le rythme, l'équilibre de la phrase, la violence, l'amour, la dérision, l'humanité.
                   Oui notre peuple se retrouve blagueur, en cette caricature, cette vitalité exagérée, cette truculence de feu, dans la jeunesse de cet « ERUDIT blagueur ». Blagueur mais ERUDIT.

                   Méditez ce petit poème
Oilà le printemps qui s'emmène
En avance un peu d’sur l'horreur
En retard un peu d'sur l’erreur
Jude à temps pour faire une moyenne
Oilà le printemps gui s'emmène
Et pis challahoilà la Paix
Que j’y mets à elle un grand P
Oilà le printemps. Philomène.
OILA...C'ETAIT EDMOND BRUA ...Aussi

                   Régalez-vous avec cette attitude insolente, railleuse et pourtant tellement sérieuse. Bien sûr nous célébrons nos ancêtres, alors, n'oublions pas qu'ils l'ont utilisé pendant des années, ce Pataouète : c'était le Leur.
                   Je sais bien que dans certains milieux, ces oeuvres écrites sérieusement mais par jeu, sont décriées, considérées comme grossières alors qu'elles n'étaient que paradoxes qui faisaient rire des personnages qui ressemblaient aux hommes et aux femmes de leur temps.
                   Eh oui, ce Pataouète, il était EUX et un peu NOUS. Qui sait, si avec le temps, mélangé au sabir (à dominante arabe), il ne se serait pas transformé, influencé per l'école, la radio, la TV : dans un désir de rédemption pour devenir une langue reconnue, entourée d'une aura de respectabilité ?.... Mais, mais, le temps, nous ne l'avons pas eu - 1830 1962﷓
                   ET ALORS ?...ET OUALA
                   C'est par respect pour nos anciens que je n'ai utilisé que quelques rares mots de cette langue défunte : ce n'est plus la notre.

                   Glossaire :
                   · Apologie : Etude visant à défendre.
                   · Philologie : Etude par l'analyse critique des textes.
                   · Paradoxes : Association de deux idées contradictoires.
                   · Thanatophobie : Peur et/ou fascination de la mort.
Jean Pierre Bouchet


PHOTOS DE HERBILLON
Envoyées par M. Pernice
































ALPHONSE
Tirailleur Algérien, N°511, 4 novembre 1900

Source Gallica

            L'immortel Dumas nous a donné pour gratifier la marée montante, qui tous les jours pullule, grouille, fleurit et... pourrit... sur nos bitumes, un nom dont, le vocabulaire poissard ne peut revendiquer la propriété.
            Quoi qu'il en soit, si le nom en question ne salit pas la lèvre qui le prononce, l'objet qu'il représente n'en est pas moins à ne pas toucher avec des pincettes. Je veux parler des infâmes gredins qui vivent aux crochets de nos vendeuses d'amour.
            Qu'est-ce en somme qu'un Alphonse ?...
            Simple histoire, une jeune fille quelconque, pauvre toujours, honnête quelquefois, vent, pour cesser d'être pauvre, cesser d'être honnête.
            Un individu se trouve sur sa route, lequel a du linge, des gants, quelquefois dans sa poche un ou deux louis de provenance obscure. Elle s'imagine avoir trouvé l'entreteneur de ses rêves. Erreur !

            Un beau jour, quand il a suffisamment défloré, dégrossi, sa conquête, le susdit la conduit à la rue, et, lui désignant les passants : «Voilà ton travail. ! Tire de là de quoi me faire vivre. »
            Et pendant que la fille accoste au coin des boulevards l'homme chez lequel son flair lui fait deviner le plus de braise, Alphonse, lui, hume à quelques pas de là un cigare, son chapeau ou sa casquette sur l'oreille.
            Ah ! Ils me font rire les moralistes quand ils parlent de supprimer la cause pour anéantir l'effet ; de tuer la prostitution pour voir périr les souteneurs.

            Mais neuf fois sur dix, le souteneur est lui-même cause et effet et c'est à peine si loti constata sur ces dix fois un cas d'entraînement spontané. Et tandis qu'on s'acharne sur les filles qui en somme ne sont que les victimes, on laisse Alphonse faire tranquillement son petit métier et compter ouvertement la recette du soir en se carrant dans sa putréfaction comme un ver sur son fumier.
            Du coup de poing avec lequel il châtie le timide qui n'a pas assez casqué au coup de couteau avec lequel il sondera plus tard la panse du bourgeois attardé auquel il veut soutirer son portefeuille, il n'y a qu'un pas et ce pas il a vite fait de le franchir.

            Le proxénétisme est cependant prévu par la loi ; d'où vient donc que tant d'individus peuvent sans vergogne l’exercer au grand jour ?
            Pour finir, je renvoie le lecteur au dictionnaire, réaliste, il y lira au mot souteneur, graine de voleurs, d'assassins, pour lesquels la fainéantise est l'embarcadère, le soutenage, un voyage plus ou moins long, et l'assassinat la gare d'arrivée.
MABOUL.


L’AUTO-INFO

De Jacques Grieu

Notre époque «évoluée» veut du renseignement ;
C’est là notre pâtée, notre doux aliment.
Chaque jour, il nous faut la dose-information :
On se sent déficient, les jours sans sa ration.
Comme pour les cocktails, avec les petits-fours,
L’info a ses traiteurs cuisinant le discours.
Ce serait imprudent de nous la livrer brute
Et mille techniciens la soignent, la charcutent.

Cependant, Ô, merveille, une immense invention
En fixera bientôt l’automatisation.
Pour bien traiter l’info, voici donc la « Machine »
Qui est, évidemment, conçue et faite en Chine...
Toute hydropneumatique, elle est sans pollution :
Les nouvelles au rebut, mises en décantation,
Macérant dans des cuves pour leur fermentation
Sont ré-utilisées après transformation.

Tout est ré-injecté dans la circulation ;
Pas de reste ou rejet, tout repart, tout est bon.
On y déverse en vrac la moindre info notable,
Et ce qui en ressort devient indiscutable.
Ne vous fatiguez plus à vouloir réfléchir,
Vous faire une opinion, imaginer le pire.
La « machine à penser » est là pour vous guider
Et sort le bon principe ou la meilleure idée.

Elle pense pour vous, elle tranche pour vous ;
Plus d’hésitations louches, elle assure le coup.
C’est un puits de sagesse avec avis sur tout.
Elle juge pour vous, elle vote pour vous.
Terminés fakenews et autres boniments
Pollués de propagande et d’endoctrinements.
Enfin, un bel outil pour tous les journalistes
Et pour tout démocrate un progrès de puriste !

Heureux sont les médias, les hommes politiques
Qui pourront désormais, avec un simple « clic »,
Informer le bon peuple avec la certitude
De livrer du solide en toute quiétude.
A l’heure où tout se fait à coup de robotique,
Il était temps d’avoir l’info automatique.
Tout y est ausculté, vérifié, soupesé :
La Machine nous rend la pure Vérité !

Jacques Grieu                  


ALGÉRIE. SIDI-BEL-ABBES.
Gallica : Revue d’Orient 1852-2 pages 288 à 296

LETTRE A M. D'ESCHAVANNES.

                 II y a longtemps, bien longtemps, mon cher d'Eschavannes, que vous m'avez demandé quelques détails sur la partie de l'Afrique que j'habite. Une grande paresse, à laquelle dispose le climat, peu de temps et surtout des heures coupées par le service militaire, tels sont, les motifs qui m'ont retenu jusqu'alors. Pour vous être agréable, je saute à pieds joints sur toutes ces considérations, et, comme César, je franchis le Rubicon sans plus hésiter.

                 A quatorze lieues d'Oran, en traversant la pointe du grand lac salé qui borde la vaste plaine de la Mléta et en franchissant la chaîne élevée du Thessala, pour redescendre dans la fertile vallée parcourue par l'Oued Sarno, cours d'eau marécageux et salé, vous trouvez un plateau qui domine le cours de la Méquera.
                 Il y a quatre ans à peine que ce plateau, couvert de lentisques, ne présentait à l’œil qu'un misérable village bâti de quelques baraques en planches et de très mauvaises constructions en pierre, occupées par des cantines et des magasins de comestibles. Ce triste hameau, protégé d'un côté par le cours sinueux de la Méquera et défendu par une simple redoute, contenant une faible garnison et ses vivres destinées à ravitailler les colonnes de passage, n'existe plus aujourd'hui.

                 La nouvelle ville de Sidi-bel-Abbès tire son nom du seigneur Abbès, vénérable marabout d'une illustre et haute origine, dont la mémoire est réputée sainte parmi les tribus des deux rives de la Méquera et du Thessala.
                 L'avenir de Sidi-bel-Abbès grandit chaque jour. Construite pour contenir 6,000 habitants, elle offre à l'œil un vaste parallélogramme dont les quatre angles sont élargis par de beaux et solides bastions qui n'attendent plus que les pièces destinées à leur armement. Les deux côtés longs ont également chacun un bastion. Celui vu nord protége une élégante poudrière, et le bastion opposé enfile la route de Daya; des courtines fournissent des feux de flanc dans toute la longueur des fossés solidement revêtus d'une belle maçonnerie en moellons.

                 Quatre portes symétriques conduisent à Oran, Daïa, Tlemcen et Mascara. Vous voyez par cette simple définition l'importance de Sidi-bel-abbès sous le rapport stratégique pour la province d'Oran, â vingt-deux lieues d'Oran par la grande route qui traverse la plaine du Tléla et a dû tourner la plaine du Thessala. Bel-Abbès se trouve à la même distance de Mascara et de Tlemcen et à dit-huit lieues du poste de Daïa, la clef du désert.
                 La ville est divisée en deux parties tout à fait indépendantes l'une de l'autre. La limite pour chacune est la grande rue qui réunit les postes d'Oran et de Daïa. Ces deux villes sont elles-mêmes partagées par la grande artère aboutissant de la porte de Tlemcen à la porte de Mascara.

                 La ville militaire, circonscrite entre les portes d'Oran, Tlemcen et Daïa, possède déjà un vaste quartier de cavalerie, qui jusqu'à présent a servi très-utilement à l'hôpital militaire, au logement des compagnies d'infanterie, au commandement de la place, à fa gendarmerie, au culte divin. Ce mot me rappelle une réponse assez piquante du général Pélissier. Le curé de Sidi-bel-Abbès, occupant sa place dans le cercle de tous les corps de la garnison à la visite, interpellé à son tour par le général, se plaignait de la modestie de son autel. « Vous avez donc oublié, lui dit le général, que notre Seigneur est né dans une crèche. »
                 Les ateliers du génie qui ont été élevés les premiers la fin de 1847 offrent tout ce qu'il est possible de désirer et de supposer pour une question aussi importante que la fondation d'une ville dans un pays boisé de broussailles et qui, naguère, n'était peuplé que de hyènes, renards, chacals, sangliers et gazelles, et servait à ce titre de champ d'excursions aux rois du désert. Autour de ces ateliers s'élèvent chacun à leur place une magnifique caserne d'infanterie, un vaste parc d'administration, où l'on voit de gigantesques meules de fourrages, des chantiers de bois de chauffage (racines de lentisque, produit du pays et excellent combustible), le bâtiment des silos pour conserver les grains. Les Romains n'ont rien construit d'aussi beau et d'aussi bien entendu que ces greniers de notre époque. Le silos, en terme arabe, en terme vulgaire, est un trou dans lequel on verse l'orge ou le blé, et dont on referme hermétiquement l'étroit orifice avec de la terre. A Sidi-Bel-Abbès, c'est un vaste bâtiment à croupes, à couloirs intérieurs construits en beaux et solides moellons, en belle taille dure, où tout est calculé d'après les lois de la physique pour la conservation des grains, où tout est ménagé avec art pour le service des nettoyages et des distributions, où enfin le luxe de la charpente est admirable.

                 Près de là se trouve la manutention construite avec les mêmes soins et le même talent. Restent à bâtir l'hôpital militaire, l'hôtel du gouverneur et la caserne de cavalerie au centre du vaste carré formant les écuries dont j'ai parlé plus haut. Un charmant pavillon jeté dans un beau jardin constamment arrosé et placé dans la ville militaire, est le cercle de toute la garnison. Un billard, un cabinet de lecture, une salle de jeu, une buvette y attirent les officiers de toutes les armes et de toutes les administrations ; l'on y donne de temps en temps des bals qui réunissent toute la société civile et militaire; l'orchestre, composé de l'excellente musique du 1er régiment de la légion étrangère, ne laisse rien â envier pour la richesse de l'harmonie aux valses de Strauss. Nos décors se trouvent dans les armes de nos soldats : ils sont tout à la fois l'emblème de la paix et de la guerre.

                 Sur l'autre face de la grande artère d'Oran à Daïa, est bâtie la ville civile qui se trouve alors circonscrite entre les portes d'Oran, Daïa et Mascara. Elle contient la caserne de la gendarmerie et l'emplacement de l'église future; quelques belles maisons existent aux angles des principales rues et sur le boulevard du nord, ayant ta vue des jardins.
                 Plusieurs Places, ornées de fontaines et plantées de mûriers, font l'ornement de la ville; un grand nombre de maisons plus basses et sur une petite échelle logent la population espagnole. Ces maisons ne sont guère que provisoires et seront dans quelques années reconstruites sur un plan plis vaste et plus solide.

                 L'eau coule dans toutes les rues, qui ont peut-être le défaut d'être trop larges dans un pays où le soleil a une action si forte et où les tourbillons de poussière sont fréquents.
                 Bel-Abbés est entourée de canaux, d'irrigation qui arrosent une vaste ceinture de jardins dans lesquels l'on voit une foule de gourbis et petites maisons logeant des familles entières d'Espagnols, population active, laborieuse, et qui donne à ce pays nouveau une grande valeur par son talent pour la culture des jardins.
                 Il faut que je vous dise quelques mots sur la Méquera, semblable au Méandre par ses replis tortueux. Cette jolie petite rivière, descendant des montagnes et des hauts plateaux, fait la richesse de cette zone; elle prend sa source à San-Elma, aux environs de Daïa, passe à Sidi-Belioul ou les Cinq Marabouts, à sept lieues en amont de Bel-Abbès. Là se trouvent les ruines d'une ville romaine qui a dû être importante ; elle était, comme Arballa, bâtie de blocs énormes. Le bureau arabe y construit une maison de commandement. A quatre lieues au, dessous de Bel-Abbès, dans la jolie vallée des Trembles, la Méquera s'appelle la Motbona, arrose le bassin des Ouled﷓Soliman, une des plus puissantes tribus du pays. Puis, recevant les eaux de l'Oued-Imbest, elle poursuit son cours capricieux et constamment pittoresque pour arriver au Sig, auquel elle donne ce nouveau nom. Après avoir fertilise le beau pays du Sig, elle se jette dans l'Abrha, qui la conduit enfin dans le réservoir général de la Méditerranée.

                 La fondation de Sidi-Bel-Abbès est due aux talents et aux incessants labeurs du commandant du génie Prudon, auquel cette création fait le plus grand honneur. Le 4ème régiment de la légion étrangère a été, dans les mains habiles de M. Prudon, un instrument qui a produit les plus beaux résultats. Dans ce corps remarquable, vous trouvez toutes les ressources possibles : ouvriers d'art, mécaniciens, terrassiers, ébénistes fins, maçons, dessinateurs ; la légion fournit tout et elle a donné la vie à ce pays. Partout où l'on voit de beaux défrichements, de belles plantations, des canaux, on s'empresse de dire : Les pantalons rouges ont passé là.
                 Il est pénible de penser que ce régiment, qui depuis si longtemps rend tant de services à la France, alternativement comme régiment d'expéditions et comme régiment colonisateur, soit si peu favorisé par les ministres qui se succèdent à la guerre ; il ne jouit pas, comme les zouaves, les turco et les bataillons légers d'Afrique, de l'augmentation progressive de la solde, et cependant il est corps permanent. A l'époque actuelle, toute chance d'avancement pour les officiers est reculée indéfiniment. Les officiers polonais étant arrivés à la tête du cadre des capitaines, et n'ayant tous que quinze ou dix-huit années de service, il n'y a aucun débouché à espérer si le chef de l'Etat ne donne pas une nouvelle organisation à la légion étrangère. Nous fondons un grand espoir sur la sollicitude de M. le ministre de la guerre actuel, le brave général de Saint﷓Arnaud, qui a fait les premières campagnes d'Afrique dans la légion.

                 Le dépôt du 1er régiment vient d'être interné â Sidi-Bel-Abbès et lui donne une nouvelle importance. Plusieurs officiers mariés y construisent des maisons. Un escadron de chasseurs, un escadron de spahis, une batterie d'artillerie de montagne, un fort détachement du train, les troupes du dénie, constituent avec la légion la garnison de cette ville, siége de la subdivision.
                 La population civile, régie par l'autorité militaire comme territoire mixte, s'élève environ à 4200 âmes; elle se compose de Français, d'Espagnols, d'italiens, de Juifs. Je ne parte pas des Mores, des Marocains et des Arabes, qui commencent à se façonner au séjour des villes. Un marché arabe, très-important pour le commerce du bétail, des grains et des laines, a lieu tous les jeudis.
                 Vous ne sauriez comprendre tout l'intérêt que j'éprouve tous les matins à voir le mouvement qui règne sur tous les points de la ville. Les ateliers du génie se dispersent dans toutes les directions ; le roulage part, les caravanes de chameaux se mettent en marche, les Espagnols conduisent leurs bourriquets pour transporter la chaux, le sable, la pierre : chacun se remue et s'agite. Le mouvement est dans ce pays l'élément de la vie, les maisons s'y élèvent par enchantement.

                 Sidi-bel-Abbès, dans dix années, sera une des plus belles et des plus riches oasis de l'Algérie. Je me sers de cette expression, car, pour y arriver, il faut traverser douze lieues de gays couverts de lentisques et de palmiers nains qui ne seront jamais propres a la culture et n'offriront que très-peu de points susceptibles d'être habités ; il en est de même dans les directions de Daïa, Tlemcen et Mascara.
                 Le climat est favorable aux Européens. L'hiver est froid : le 19 février nous avons eu un fort siége de neige qui a duré quarante-huit heures ; les matinées et les soirées sont constamment froides. Les chaleurs ne sont très fortes que pendant une période de trois mois, de juin en septembre. Ce qu'il y a de plus Pénible à supporter, ce sont les apparitions, heureusement assez rares, du siroco. Bêtes et gens, tout ce qui respire, souffre sous l'influence de ce vent terrible. Se coucher et faire le mort tant qu'il dure, voilà le plus sage parti qu'il y ait à prendre. Si les Européens étaient sobres, il y aurait peu de maladies : savoir résister au désir de boire, constitue toute la science hygiénique dans ce pays.

                 Vous parlerai-je des mœurs ? Il en est ici comme dans toutes les colonies nouvelles : il y a un grand relâchement. La vertu y est un mythe ; cependant on remarque un commencement de progrès : l'on se marie de temps en temps ; mais, comme disait encore le général Pélissier, au curé : « Ne nous occupons pas de la génération qui existe, mais bien de celle qui arrive : pour la première il n'y a rien à faire. » Si je ne traitais ici un sujet, tout à fait sérieux, je pourrais vous amuser par des tableaux et des chroniques assez curieux.
                 Je ne dois pas finir cette notice sans vous parler encore de la légion étrangère. Il y a quatre ans, lorsque le plateau sur lequel est construite aujourd'hui la ville de Sidi-Bel-Abbès n'offrait à la vue qu'un vaste carré de tentes, les bataillons campés commencèrent un jardin pour approvisionner de légumes les ordinaires des compagnies.
                 Dans quatre ans le régiment a défriché et bâti une grande et belle ferme dont les terres ont été partagées l'année dernière entre les colons. II ne reste plus qu'un magnifique jardin, pépinière du pays, qui est un véritable parc dessiné avec goût et donné à la ville; en attendant qu'elle puisse subvenir â son entretien, la section de discipline du corps le cultive. En été, chaque dimanche, la musique joue et les danses s'établissent à l'ombre des mûriers. C'est là que l'on peut juger de la richesse de la végétation ; dans trois ou quatre saisons les mûriers couvrent le sol. La vigne y croit avec la plus grande rapidité, les fruits d'Europe y sont magnifiques. Le capitaine Doze, actuellement directeur de la ferme, a créé avec beaucoup de goût un parc que l'on envierait en France.

                 Nous avons pour commandant de la subdivision le colonel Bazaine, arrivé jeune à une haute position. II comprend le but de sa mission, et sa constante sollicitude pour la colonie produit les meilleurs effets. Pour moi, je saisis personnellement avec plaisir l'occasion de le citer. Sous son commandement, la partie intéressante de la colonie, la culture des terres, a pris un grand essor.
                 Les plantations ont été immenses cette année : il y a plus de quarante mille pieds d'arbres sur le sol de Sidi-Bel-Abbès ; ces arbres sont constamment arrosés soit par les canaux d'irrigation, soit avec les tonneaux du génie, soit à bras sur les bords de la rivière, dans les endroits où elle n'est pas encore détournée.
                 Ce qui fait le malheur du pays, c'est le défaut de capitaux, avec ses intérêts illimités et ses prêts à réméré. Il règne aussi parmi les habitants un dangereux esprit de chicane, un besoin d'aller à la place où se rend la justice ; trop de gens aussi viennent ici pour se livrer au commerce des boissons plutôt chue de cultiver la terre.
                 Maintenant, mon cher ami, transportez-vous dans ma petite chambre. J'habite à la porte d'Oran, boulevard du Nord ; de ma fenêtre j'aperçois à gauche un moulin bâti sous Ies auspices du génie, et qui, dans vingt ans, sera la propriété de l'État. J'ai pour horizon plus reculé le pic du Thessala, baromètre du pays. Quand le Thessala met son bonnet de nuit, la colonie se réjouit, il pleuvra.
                 Ensuite le télégraphe, puis à droite une assez jolie ferme sur la route d'Oran, que vous avez baptisée sous le nom de la Roche Massol, et dont votre ami est le fondateur et propriétaire.
                 Tel est, mon cher d'Eschavannes, le pays que j'habite et que j'adopte pour ma patrie. Français, mais soldat, j'attends à Bel-Abbès ma retraite, et je ne me trouverai pas malheureux d'y finir mes jours.
Le marquis de MASSOL.



CORNEILLE
Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°203, janvier 2012
CORNEILLE EST NE AVEC LE 20ème SIECLE
     
           Nous allons relater, année après année, l'évolution de ce village de Mérouana qui allait devenir en 1900 Corneille et montrer combien nos aïeux se sont montrés courageux et entreprenants.

                 1901. - Le Gouverneur Général donne son accord pour la création du Centre de Mérouana.
                 Le peuplement ne débutera qu'en 1903. Mérouana est situé à 35 kms environ de Batna, à 100 kms environ au Sud-Est, de Sétif et à 155 de Constantine.
                 Il est actuellement rattaché à Batna par des chemins muletiers d'une longueur sensiblement égale. Il n'est séparé de I'Oued Chaba que par une distance de 15 Kms, en passant par Teniet El Gantas, à travers la montagne.
                 De Mérouana à Oued-el-Ma (Bernelle) la distance est de 12 Kms, en plaine sans obstacles sérieux.
                 De Mérouana à Cheddi, 12 Kms, le chemin est bon. Comme l'Oued Chaba et l'Oued-el-Ma, l'Oued Mérouana prend naissance dans les montagnes qui forment la chaîne du Belezma à l'Ouest de Batna, et appartient au bassin du Sahara.

                 La rivière coule dans le sens du Sud au Nord, et après avoir traversé une vallée arrosée par de nombreuses sources, se perd dans la plaine du Belezma, occupée par les Ouled ben Aoun. La partie Sud du territoire, à affecter à la colonisation, appartient au douar de l'Oued Mérouana, qui dépend de la Commune mixte des Ouled Solthan. Elle forme un groupe détaché, se terminant au pied de la montagne par les deux pointes de Oun Erkha et Bou Yakakem et est traversée par un grand nombre de ravins qui se réunissent avant d'arriver dans la plaine et dont les eaux alimentent, avant de se répandre dans la partie nord, un moulin à la française. Cette dernière partie du territoire est généralement plate et unie, légèrement inclinée au nord, et, est comprise dans les douars de Cheddi et El Ksar, de la Commune mixte de Datna. Pendant la Romanisation, I'Oued Mérouana était très peuplé, les ruines que I'on rencontre partout dans cette région en attestent. C'est au centre du périmètre de la colonisation romaine que se trouvent les ruines de la ville de Lamarba, sous la domination arabe, une autre ville se créa dans la plaine, dénommée Belezma que I'on retrouve chez les historiens arabes.
                 Aujourd'hui, il n'en existe qu'une toute petite agglomération, habitée par les Haïdoussa. Cette fraction appartient, à la race Berbère, parle le dialecte Chaouïa, cependant la langue arabe y est répandue et on trouve de nombreux tobbas. Les Haïdoussa ont toujours fait partie de la tribu des Ouled Bou Aoun, et n'en ont été détachés qu'en 1881 pour être réunis à la Commune mixte des Ouled Solthan.

                 Voici les renseignements généraux et appréciation du Général Commandant la Division, sur la création d'un Centre de peuplement Européen à Mérouana.

                 1880. Pendant I'insurrection de 1871, les Haïdoussa ont été avec les Ouled Fatma, les premiers qui se soient révoltés dans le cercle de Batna.
                 Ils ont razzié d'autres fractions des Ouled Bou Aoun qui étaient restées fidèles, ont brûlé le bordj du Caid, le moulin Chacol a échappé à I'incendie, les habitants sauvés par un Cheik. Depuis cette période, rien d'important ne s'est produit dans cette fraction. Les deux autres fractions établies sur le territoire à apporter à la colonisation, Ksar El Cheddi, ont été beaucoup moins compromises que les Haïdoussa. II ne reste à Mérouana aucun monument romain qui mérite d'être conservé.
                 Sur le rapport de la sécurité le Centre de Mérouana sera aussi exposé que ceux de I'Oued Chaba et de I'Oued-el-Ma.
                 Aujourd'hui les vols de bestiaux y sont fréquents, le jardin attenant au moulin, que la Commission a visité à son passage, a souvent à souffrir de dévastations dues aux indigènes des tribus des environs.

                 Le manque de sécurité tient sans doute un peu à I'absence de voies de communications, à la proximité des forêts qui offrent aux malfaiteurs un refuge sûr et surtout à l'éloignement de Centres européens. Mais à ces différentes raisons, qui disparaîtront en partie au fur et à mesure du peuplement européen, il faut en joindre d'autres, qui résident dans le caractère et les habitudes des indigènes, dans leur fanatisme religieux. Celles-là ne disparaîtront pas de longtemps, et il sera par conséquent nécessaire de prendre toutes les précautions possibles pour garantir la sécurité du village à créer. Ce village est appelé à avoir au point de vue politique la même influence que ceux de l'Oued Chaba et de l'Oued-el-Ma. Il facilitera les exploitations forestières, étendra nos idées, nos procédés de culture, et notre commerce dans une région où ils sont inconnus et désagrégera un peu I'esprit de solidarité et de fanatisme qui existe chez les indigènes. En cas de troubles, il peut servir de refuge aux européens employés dans les forêts et établir dans la contrée des points isolés, tels que gardes forestiers. Le commerce du Centre à créer sera forcément restreint, vente de céréales, fruits, légumes qui ne seront pas consommés sur place. Le marché du Belezma, qui se trouve très proche, constitue un centre d'approvisionnement de quelque importance. Les colons pourront s'approvisionner et écouler leur production.
                 L'industrie est nulle à part I'exploitation des bois dans les forêts.

                 Le territoire à coloniser de 2.492 ha, arrosé par I'Oued Mérouana, comprend deux régions bien distinctes. Le vallon montagneux où la rivière prend sa source, entourée de belles forêts de cèdres et chênes verts. La plaine qui fait partie du Belezma. Le point qui paraît le mieux convenir à l'assiette du village est un plateau situé dans la gorge même et d'où la vue s'étend de tous côtés. Là se trouvent les ruines d'un établissement romain, cette position offre les meilleures garanties de sécurité, elle domine les terrains de la plaine et de la montagne.
                 On y aura accès par un chemin en côte, ce petit désavantage sera largement compensé par des conditions de sécurité et de salubrité.
                 Au point de vue politique, Mérouana aura la même importance qu'Oued-el-Ma. Ces deux villages seront à peu de distance I'un de I'autre et formeront, plus tard, un pâté de cinq Centres avec Sériana, Zama et El Meridj.
                 Mérouana, se trouve placé dans des conditions exceptionnelles, I'air est pur, l'exposition excellente, la proximité des forêts et une eau de très bonne qualité.

                 L'Oued Mérouana, principal cours d'eau, a un débit considérable même en été, il actionne le moulin Chacol à la sortie de la gorge et sert à I'irrigation. De nombreuses sources jaillissent. Le bois, la pierre, les ruines romaines sont autant de matériaux de construction en abondance. Le village sera en communication avec Oued-el-Ma et Batna par un chemin de plaine ou un chemin muletier par les montagnes de Chellala mettant ainsi Batna à 30 kms. Le périmètre de colonisation comprend 2.281 ha, 82,54, séquestrés - 200 ha, 11,55 domaniaux - 10 ha de la concession Pelletier-Chacol.
                 Compte tenu de la qualité des terres et de l'éloignement de grands centres de population, il serait possible d'installer un village de 60 feux de 35 ha dans d'excellentes conditions de prospérité. Ce Centre pourrait être créé pour la campagne 1881-1882. Le village sera alimenté par une conduite de 1.500 m de longueur amenant les eaux de la source d'Aïn Meroudi, d'un débit de 2 L/s environ. Son point d'émergence se trouve sur un mamelon dominant I'emplacement du village d’environ 60 m. Le trop plein s'écoulera dans le lavoir et sera ensuite utilisé à I'arrosage des jardins.

                 De nombreuses sources émergent dans le territoire de la colonisation, à la limite Sud, la source d'Oum Rkha débite 5 à 6 L/s à l'étiage, à la hauteur de la maison forestière, la source d'Imnaren donne de 25 à 30 L/s, à 2.000 m en amont les 2 sources d'Ain Mouta 2 L/s, sur la rive droite du Chabet El M'hassar, la source de Zélima, sur le plateau rive gauche du même ravin la source d'Aïn Ketoura d'un débit de 2 L/s. Toutes ces sources coulent vers le territoire de la colonisation. Les nombreuses ruines romaines, situées sur I'emplacement choisi le village, fourniront les matériaux de construction de la traverse. de la fontaine abreuvoir et des bâtiments. Mérouana sera relié à l'Oued El Ma par un chemin de 12 kilomètres, ce dernier sera lui-même relié au Centre de Sériana, à 11 kms, dont les travaux de construction seront prochainement commencés. Le plateau choisi, pour I'assiette du village s'étend sur la rive gauche de l'oued Mérouana à 200 m, à l'aval de la propriété Pelletier, appartenant aujourd'hui à Si Mohamed ben El Hadj Abderhaman. Le terrain est couvert de ruines romaines.

                 Création du village
                 1900. - Un projet d'installation du Centre de Mérouana est présenté, il comprend : La création de 61 lots urbains de 12 ares desservis par deux rues longitudinales, un boulevard extérieur et une rue transversale. La construction des rues et des places, d'une conduite et d'une citerne d'eau, d'une fontaine-abreuvoir, d'un lavoir, d'un réduit défensif avec une école, des canaux d'irrigation, le tout pour un montant estimatif de 147.000 Frs.
                 1901. - Description de Corneille (son nouveau nom) : Territoire de 3.125 ha sur un plateau peu incliné, altitude 1.010 m.
                 Concessions de 60 ha composées chacune de 40 ha concédés gratuitement et 20 ha vendus de gré à gré. Chaque concession est composée d'un lot urbain, d'un lot de jardin et d'un lot de culture.
                 1902. - Construction d'un four, coût 3.000 Frs et d'un lavoir.

                 Corneille le 19 Septembre 1904 Monsieur le Gouverneur Général Les habitants de Corneille sous-signés, s'adressent à vous afin d'obtenir de votre haute bienveillance, qu'à la rentrée des classes, leurs nombreux enfants puissent, comme dans tous les Centres, avoir une école et recevoir I'instruction obligatoire imposée par l'Etat.
                 Depuis près de deux ans que le peuplement a eu lieu et malgré le nombre de réclamations adressées aux autorités (Délégations financières, Conseil Général) nous n'avons pas eu satisfaction. A Bernelle, village voisin, une solution d'attente a été trouvée avec la location d'un local dans un, immeuble privé permet aux enfants d'être scolarisés. La même offre a été faite, ici, à Corneille, mais aucune décision, bonne ou mauvaise n'a été apportée. Nous vous demandons donc, M. le Gouverneur Général, d'user de votre autorité pour palier à cette situation qui est traumatisante. Dans cet espoir, nous vous prions de bien vouloir nous croire, vos plus profonds et dévoués serviteurs. suivent 27 signatures.
                 1904. - La construction d'un bordj administratif est décidée. 24 Octobre, signature d'un bail de location de I'immeuble Seyfreid afin d'y installer l'école du village comprenant une grande pièce pour la classe, deux chambres et une cuisine pour le logement de I'institutrice, moyennant la somme de 1.000 Frs pour une location d'une année. Le 3 Novembre, achat de matériel nécessaire à l'école et de mobilier pour le logement de I'institutrice. Installation de réverbères dans la rue principale.
                 1905. - L'adjudication des travaux de la construction des bâtiments communaux est affichée pour un coût de 47.000 Frs. Septembre, l'école est terminée ainsi que celle de Bernelle. Elle comprend 2 salles de classes mixtes, de 25 élèves.
                 1906. - Dans l'attente que la loi sur la séparation des églises et de l'Etat soit appliquée en Algérie, les lots réservés aux curés sont attribués aux gardes champêtres. Création d'un bureau télégraphique.
                 1907. - Le 30 Janvier, les travaux de parachèvement des bâtiments communaux, sont adjugés. Des lots supplémentaires sont vendus aux colons à raison de 3 F I'hectare sous certaines conditions contraignantes. Le 28 Juin, Les travaux concernant le réseau d'irrigation étant terminés, ils sont remis au syndicat d'irrigation qui vient d'être constitué. MM. Roux Louis et Fabry, Président et membre, les acceptent.
                 1909. - Le bureau de facteur-receveur auxiliaire est transformé en établissement de I'Etat. Construction des bâtiments et bureaux de la Commune mixte. 1910. - Le facteur de Bernelle est chargé d'effectuer une distribution journalière à Corneille.
                 1914. - Construction et mise en service d'une infirmerie.
                 1915. - M. de Mouzon Adrien est nommé médecin de colonisation.
                 1922. - Edification d'un Monument aux Morts.
                 1929. – La commission municipale de Corneille est composée de 4 membres.
                 1930. - L'infirmerie est transformée en hôpital auxiliaire. La médaille d'argent des épidémies est décernée à M. Chettab Ali ben Mohamed, auxiliaire médical. Une prime d'encouragement de 700 Frs est décernée à la circonscription hippique de Corneille.
                 1932. - Le 22 Juin, construction d'un groupe scolaire destiné aux élèves indigènes.
                 1934. - Construction d'un Bureau de poste, d'une Mahakma et d'une salle des fêtes.
                 1935. - Une mosquée est édifiée.
                 1936. - Une église est construite grâce à une souscription publique.
                 Une école de 2 classes de garçons musulmans et d'une classe de filles fréquentées par 86 et 50 élèves est édifiée.
                 1939. - Le 20 septembre, M. David Paul est désigné comme responsable de la défense du Centre en temps de guerre avec comme adjoint M. Amieux Toussaint.
                 1940. - M. David Paul est Adjoint Spécial.
                 1941. - Les locaux de la Commune mixte sont rénovés et agrandis.
                 1942. - M. Villon Henri est médecin de colonisation.
                 1943. - Le fort de Corneille va servir de lieu d'incarcération à un nombre important d'internés politiques Français de la région de Sétif-Constantine.
                 1946. - La population était en : 1936 de 456 Européens et de 51.419 Indigènes. 1946 de 389 et 58.958.
                 À la création, 45 concessions de 80 ha, il ne reste que 28 concessionnaires à cause des insuffisances de superficie. Un projet, visant à ériger Corneille en commune de plein exercice est à l'étude. Un Plan d'action communal est élaboré, il va permettre de construire successivement, un groupe scolaire de deux classes.
                 - un groupe scolaire de deux classes de garçons et d'une classe de filles.
                 - une nouvelle école de deux classes
                 - une nouvelle Mairie
                 - un Centre professionnel rural
                 - I'immeuble de la SIP. avec ses docks de céréales, son atelier de tissage de tapis
                 - l'électrification du village
                 - la construction d'un hôpital moderne doté d'une salle de chirurgie, d'appareils de radios et d'analyses bactériologiques.
                 - Une caserne de Gendarmerie avec les logements de fonction qui sera terminée en 1954.

                 - Construction d'un groupe scolaire de trois classes de garçons et de deux classes de filles avec logements et d'un second groupe scolaire de cinq classes et logements pour un montant de 3.500.000Frs.
                 Le marché qui se tient le vendredi a pris une très grande importance, il rassemble toute la population de des centres environnants qui viennent soit y faire leurs achats, soit y vendre leurs productions agricoles, leurs bestiaux. Madame Sylviane Guibert-Tranchant, Constantinoise, nommée institutrice à Corneille en octobre 1948, se rappelle avec beaucoup de nostalgie ses années heureuses dans ce village du Sud, si, attachant oasis de verdure et de fraîcheur au milieu des plaines arides environnantes. Les nuits d'été. si chaudes où l'on vivait dehors sous le ciel d'une limpidité exceptionnelle. Sa première classe« des petits ».
                 Puis plus tard, le drame, Robert, son mari lâchement assassiné. Elle a en mémoire ce village qui l'avait accueillie et a bien voulu, pour qu'elles restent pour I'histoire, nous citer les familles qu'elle a connues.
                 Familles : Beroud - David Tombini – Six Stora, Médecin – De Mouzon Jean, Pharmacien, Marquet Fernand et Millette, Hôtel, café restaurant – Moignard également - Mme Therne tenait un café - Grimal Charles, M. Mme David quincaillier - Levy Fred, épicerie du Bon Marché - Greck, Transports - Grimal Charles, Travaux publics - Bencaz, le Mécanicien-forgeron - Samaria, le maçon - Baguer-Monica avait un moulin à mouture indigène - M. De Vivie de Regie Franck, Administrateur puis Sous-Préfet - Augier, Amieux Julien et Yvette de la commune mixte - Grimal Georges de la S.J.P. - Bancaz Antoinette, la Postière - Les enseignants: Guibert Sylviane - Grimal Mireille - Attali Colette - Attal Arlette - Regazacci Constance - Mlles Pugnet et Moignard - Regourd Champolion - Zemmotr Zaradez - Dragacci Polymen - Campo Sauveur - Baguer Frédéric Soleman, les couples Cachau et Faraoult des métropolitains. Les Agriculteurs.

                 Les familles : Guibert Julien - Guibert Adrien - Guibert Gilbert - Mme Guibert Rose - Guibert Robert - Roux André - Roux Jean - Roux Raymond et Jane - Roux Henri - Fabry - Mme Mazaudier Aimé - Mlles Aubert et Pugnet etc etc ... tout un monde aujourd'hui disparu
Maurice Villard
Les villages des Hauts Plateaux sétifiens à I'ACEP


      
Les Oreillettes

        INGREDIENTS
   1 kg de Farine.
   250 g de beurre ou de margarine Astra.
   5 oeufs frais.
   2 sachets de levure chimique, dite, alsacienne.
   4 sachets de sucre vanillé.
   3 à 4 cuillerées à soupe de rhum.
   Du sucre fin.

        PREPARATION
   Faire un puits de farine.
   Mettre au milieu : 250 g de beurre ou de margarine Astra biens ramollis + 5 oeufs battus en omelette + 2 sachets de levure alsacienne + 4 sachets de sucre vanillé + 3 à 4 cuillerées à soupe de rhum.
   Mélangez intimement. Rabattre progressivement la farine.
   Pétrir longuement : la pâte doit être lisse, souple et ne doit plus coller aux mains.
   Étalez finement la pâte au rouleau sur un plan fariné.
   Découpez la pâte à la roulette en forme de losange et de triangle - ou, la forme que vous désirez.
   Frire rapidement dans une grande quantité d'huile sans goût.
   Retirez à l'écumoire et égouttez dans une passoire.
   Mettre les oreillettes dans un grand plat creux.
   Saupoudrez largement de sucre fin.
   Faire sauter les oreillettes dans leur plat afin de bien répartir le sucre.

        Conseils culinaires :
   - Si la pâte à oreillettes est dure, ajoutez 2 à 4 cuillerées à soupe de lait et pétrir de nouveau.
   - Attention ! Les oreillettes cuisent très vite - les retirer à temps, s.v.p.
   - Beaucoup d'huile de friture à prévoir.
   - Les Oreillettes peuvent facilement se conserver au sec, dans des boites hermétiquement fermées.
   - Excellentes pour les desserts et les petits déjeuners.
   - Elles marquaient les fêtes de Noël.
       
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
83400 - HYERES.


Ce 24 janvier 1960, Alger gronde.
Par Jean Claude Perez
ACEP-ENSEMBLE N° 298- décembre 2015
« L'avertissement
donné avenue de la Marne, vers 10 heures du matin, ce jour-là »
                  
               Surtout à l'ouest et à l'est de la ville. Depuis la veille, les unités d'action du FNF ont été mobilisées le matin de ce 24 janvier, pour le déclenchement d'une manifestation.
                En théorie, cet évènement est prévu en coordination avec : - l'ensemble de ce que l'on appelle « les mouvements nationaux ».
                En particulier le MP13 et les associations d'anciens combattants réunies dans une entente ; - les commandements des unités territoriales de l'Algérois et des environs ont été contactés ; - tout ce qui aime la France et l'Algérie française est en émoi.
                Le jour précédent, s'était déroulée dans les locaux de la Compagnie Algérienne, rue Charles Péguy, tout près de la Grande Poste, l'assemblée générale constitutive de la Fédération des Unités Territoriales d'Algérie.
                Cette assemblée générale se tint sous l'autorité du colonel Gardes, commandant le 5ème Bureau à l'état-major du général Challe.
                La présidence de cette nouvelle fédération fut confiée au commandant Sapin-Lignières, chef d'un bataillon UT, dont le PC se situait dans la casbah d'Alger.

                Un secrétaire général fut élu, le capitaine Marcel Ronda, membre du Bureau directeur du Front National Français.
                La décision d'une manifestation pour le dimanche 24 janvier fut adoptée dans le but de protester solennellement et en masse contre le rappel autoritaire du général Massu à Paris par le Président de la République De Gaulle.
                Cette décision s'illustrait à l'évidence comme une provocation gouvernementale.
                Elle nous imposait de relever le défi qui était lancé contre la France.

                Effectivement : ou bien nous subissions ce défi sans réagir : il nous appartenait alors de préparer nos valises dans des délais rapprochés ; ou bien nous relevions le défi et c'était... l'aventure.
                Le principe de cette manifestation fut majoritairement accepté lors de l'assemblée générale constitutive de la Fédération des UT.
                Cependant, une réserve fut formulée par le commandant A, chef du bataillon des UT d'Alger centre : « en aucun cas les chefs de bataillons et les commandants de compagnies de la Territoriale ne feront usage de leur autorité militaire pour convoquer leurs hommes à la manifestation ».
                C'était en substance l'exigence formulée par le commandant A.
                J'étais présent quand ce chef de bataillon, héros de la dernière guerre mondiale, compléta cette restriction par une autre exigence qui se révéla mortelle pour l'Algérie française.
                D'après cet officier, les effectifs UT pouvaient s'incorporer à la manifestation, mais en civils.
                Interdiction absolue d'apparaître en uniforme et en armes.

                C'était une désertion : car priver nos hommes de leur uniforme c'était porter atteinte à l'unanimité espérée et rassembleuse des soldats de la réserve militaire d'Algérie. Unanimité que tous avaient besoin de constater pour foncer au secours de la France.
                Leur uniforme se révélait nécessaire, indispensable, pour alerter les secteurs militaires d'active. Il symbolisait leur engagement.
                C'est justement cet engagement de la masse civile militarisée, que voulaient voir nos soldats de l'armée d'active. Ceux-ci attendaient l'occasion d'intervenir.
                Pour sauver l'Algérie française, pour sauver la France, pour porter secours à l'Occident en péril.
                Le général Faure, partisan déjà éprouvé de l'Algérie française, commandait un énorme effectif en Kabylie.
                Les colonels Vaudrey et Romain des Fossés, dans leurs secteurs respectifs de Collo et de Philippeville, étaient prêts à s'incorporer à la manifestation du 24 janvier, à partir du Constantinois.
                Le colonel Bigeard s'apprêtait à bondir en Oranie, à partir du secteur de Saïda. Le Sud-Algérois, les Territoires du Sud, la Légion Etrangère, l'aviation avec Jouhaud comme chef d'état-major national, tous attendaient une prise de position du général en chef Challe, pour le sauvetage de la France Sud-Méditerranéenne.
                A Paris, les partisans de l'Algérie française, ils étaient nombreux, laissaient espérer un mouvement coordonné avec Alger. Dans le but de contrer la volonté du Général De Gaulle. Celui-ci prétendait rendre rapidement effective la décision pompidolienne : c'est-à-dire la décision du capitalisme financier d'accomplir le délestage économique du débouché algérien.
                De manière, croyaient-ils, à faire progresser la valeur ajoutée de l'argent. En se « libérant » de la charge économique, sociale et surtout sanitaire, du peuple algérien.

                Dans la capitale « ils » ne connaissaient pas Ortiz, Pérez, Ronda et les autres.
                A cette époque, le 23 janvier 1960, en revanche, ils connaissaient le député Lagaillarde. Celui-ci, dans les 48 heures qui ont précédé le déclenchement du 24 janvier, était resté prudent.
                Concentrer quelques effectifs sérieux et déterminés dans les locaux de la Faculté, attendre les évènements, sans participer à l'élaboration puis au déclenchement de la manifestation, telle fut sa toute première attitude.
                Il faut revenir, en insistant, sur la décision du commandant A, chef de bataillon des UT d'Alger-centre, d'interdire le port de leurs uniformes aux territoriaux de son bataillon.
                Cette interdiction aura pour effet de constituer un prétexte pour des milliers d'hommes du Grand Alger d'être absents de la manifestation principale.
                Celle qui précéda la fusillade.
                Si s'étaient présentés 20.000 territoriaux en uniforme, en formations et en armes, vers 12 heures, au Plateau des Glières, c'est une foule énorme qui se serait ralliée à notre manifestation et Delouvrier n'aurait pas eu le cran ni la possibilité, de faire charger les gendarmes.
                Je rappelle que cette désertion première n'affecta pas la périphérie ouest et est d'Alger.

                Le peuple du Champ de Manœuvres, de Belcourt, du Hamma, et du Ruisseau, répondit en ordre à cet appel à travers la mobilisation de nos effectifs du FNF.
                C'est surtout à l'ouest d'Alger que s'est mobilisé un peuple.
                Un peuple dont je tiens à évoquer la marche en avant, telle que je l'ai vécue. Ce n'est pas motivé par une nostalgie geignarde que je vous invite à réfléchir sur un épisode méconnu du 24 janvier 1960, dans la matinée, avenue de la Marne à Alger.
                Cet évènement fut mal vécu par un capitaine parachutiste.
                Celui-ci, bien des années plus tard, n'a pas encore digéré l'échec de son régiment : le célèbre et valeureux 8ème RPIMA, dans sa mission du 24 janvier au matin, d'interdire la progression du cortège des patriotes de Bal-El- Oued.
                C'était l'ordre que ce régiment avait pour mission d'exécuter.
                A travers les regrets formulés plus tard dans sa carrière par ce capitaine, on peut sans effort y trouver paradoxalement une tentative de justification militaire au crime ultérieur et majeur du 26 mars 1962 à Alger-centre.
                Nous évoquons la tuerie de dizaines de patriotes algérois qui, dans une progression inverse de celle du 24 janvier 1960, voulaient porter soins, secours, et ravitaillement à leurs compatriotes de Bab-El-Oued, encerclés par les forces gaullistes devenues, entre-temps, complices du FLN.
                Nous retrouverons ce capitaine un peu plus loin dans cette étude.

                Revenons au 24 janvier 1960.
                Je souligne que devant la lenteur de la réponse du peuple d'Alger à l'appel du 24 janvier, lenteur consécutive à l'absence des UT en uniforme et en armes, il m'a fallu prendre des décisions d'urgence pour donner vigueur à cette manifestation.
                Dès le matin, je l'ai déjà évoqué, j'avais conduit les effectifs FNF de l'est Algérois, vers le centre d'Alger.
                Des hommes et des femmes courageux, malgré quelques barrages agressifs mon-tés par la gendarmerie, ont réussi à rejoindre la Grande Poste et la place du Plateau des Glières.
                Devant l'immeuble de la Compagnie Algérienne. Immeuble qui, dans les heures qui allaient suivre, devint le PC Ortiz, dans lequel s'installa l'état-major de la manifestation, ce dimanche 24 janvier en fin de matinée.
                Dès mon arrivée au pied de cet immeuble je fus violemment choqué de constater une absence : les hommes, la foule de Bab-El-Oued et de l'Ouest-Algérois n'étaient pas là ! Personne ! Je précise que j'avais eu le temps antérieurement de faire un autre constat, positif et encourageant celui-là : j'avais noté et surtout apprécié les évolutions d'un effectif de territoriaux en uniforme et armés en guerre.
                Il s'agissait des hommes de la Compagnie opérationnelle des UT qui, théoriquement, étaient sous les ordres suprêmes du chef de bataillon, le commandant A. Celui qui s'était signalé le 23 janvier 1960 par sa volonté de ne pas participer à la manifestation.


                C'est à l'initiative du capitaine Ronda, magistralement relayé par le capitaine Serge tourdes, que cette compagnie s'est déployée dès les premières heures de la matinée.
                Serge Jourdes fut le commandant cette compagnie opérationnelle jusqu'à la fin de la semaine des Barricades d'Alger. Mais il manquait le principal.
                Il manquait le peuple. Je suis allé le chercher. Je l'ai trouvé.
                Ils attendent... Qui ? Quoi ? Ils m'attendent moi ! En plein centre de Bab-El-Oued, place des Trois Horloges.
                Dès mon arrivée je regroupe en tête de ce rassemblement, 200 territoriaux armés et coiffés de casques lourds.
                Un geste.... Un cri... « En avant ! » et tous se mettent en mouvement.
                A ce moment, interviennent deux individus en civil qui m'interpellent.
                Le chef de bataillon D commandant les UT de B.E.O, accompagné d'un avocat d'Alger, le capitaine DB, chef d'état-major de ce bataillon, me demande de faire retirer leurs uniformes à ces hommes qui se situent en tête de la manifestation.

                Je tiens, à ce stade de mon récit, à apporter une précision quant à l'origine de cet effectif des UT intervenant à Bab-El-Oued, ce matin du 24 janvier 1960.
                Cet effectif provient de deux bataillons.
                Du bataillon de B.E.O. proprement dit d'une part et d'autre part, du bataillon des UT dit de la Casbah, commandé par Sapin-Lignières. Celui-ci attend son bataillon avec espoir et impatience, dans les locaux de la Compagnie Algérienne avec Ortiz et les autres. Je reviens à l'intervention du chef de bataillon des UT de B.E.O., le commandant D.
                Je lui réponds ceci « Aujourd'hui est un jour fondamental de l'histoire de l'Algérie française. Ou bien vous vous engagez avec nous ! Ou bien vous désertez ! Mais rassurez-vous.
                Si l'affaire tourne mal ce n'est pas vous qui serez condamné ! Je sais que je joue ma vie aujourd'hui mais retirez-vous mon commandant, s'il vous plaît ! » Aussitôt est entreprise la marche en avant du peuple de Bab-El-Oued, guidé par ses UT et ... par moi-même.

                Permettez-moi de vous donner une précision géographique.
                De la place des Trois Horloges jusqu'à la Grande Poste, c'est long ! C'est un trajet très long ! Il faut prendre soin de conserver un effectif en ordre, il faut lui conserver « de la gueule » pendant tout ce trajet. Il faut l'alimenter de l'enthousiasme nécessaire pour parvenir au point de rassemblement et de s'y présenter en formations.
                Il faut avoir la foi. Et du courage.
                Et .... Nous arrivons avenue de la Marne. C'est une sortie géographique de Bab-El-Oued, à l'est, vers le centre d'Alger. Avenue de la Marne ! Dès notre arrivée dans cette artère importante de la ville d'Alger, nous bondissons de joie ! En face de nous, échelonnés en profondeur tout le long de l'avenue depuis le Square Guillemin jusqu'à la caserne Pélissier, sont déployés les paras du 8ème RPIMA ! Un glorieux régiment que nos amis de Zéralda, de Staouéli et de Sidi-Ferruch connaissent bien.
                Un régiment qui fut commandé par Bigeard puis par Trinquier.
                Le capitaine Renaud y exerçait un commandement en 1958 lorsqu'il fut désigné par l'autorité militaire pour assurer la liaison entre l'armée et les patriotes d'Alger, après le 13 mai.
                Un régiment qui s'était illustré par son enthousiasme et son efficacité dans la défense de la Patrie en Algérie.
                Un régiment de frères d'armes ! Mais.... que se passe-t-il ? Ce régiment prétend nous interdire le passage ! Sa mission, apparemment, c'est de nous empêcher de rejoindre le centre d'Alger.
                Bab-El-Oued, avec son peuple, est tout à coup exclu de la manifestation.
                On ne veut pas de nous ! Attitude qui nous paraît incompatible avec ce que le colonel Argoud, chef d'état-major du corps d'armée d'Alger avait certifié la veille : « les unités parachutistes de la Xème DP se déploieront en tampon entre les manifestants et la gendarmerie de manière à éviter les heurts et favoriser ainsi la progression des cortèges ».

                Manifestement le colonel Bonnigal commandant ce régiment, le 3ème RPIMA, n'a pas enregistré les ordres ! A moins qu'il n'ait décidé d'obéir à d'autres ordres venus d'ailleurs ....
                Pour nous, il n'est pas question de nous soumettre.
                Sans l'apport du peuple et des militants de B.E.O., la manifestation prévue ce 24 janvier, est morte ! C'est un malentendu ! C'est un simulacre ! Voilà ce que nous pensons en toute naïveté.
                On va se présenter devant les paras en chantant la Marseillaise, les Africains, en brandissant le drapeau de la France et tout va se dénouer.
                Ils vont nous escorter jusqu'à la Grande Poste ! Animés d'une totale sincérité, en toute innocence, c'est ce que nous espérons.

                Ce régiment valeureux, qui fait partie de l'élite de notre armée, ne peut pas s'inscrire dans le camp de l'abandon ! Dans le camp de ceux qui ont décidé de tuer la France sud-méditerranéenne ! De tuer la France sud-méditerranéenne, oui, mais pourquoi ? « Pour le triomphe de l'arabisme et de l'islam ».
                On fonce.
                Et .... On prend des coups.
                Il faut se battre.
                Enfoncer les barrages successifs qui se succèdent Avenue de la Marne, en attaquant le long des murs.
                Mais ... personne ne tire. On garde son sang-froid. Et nous passons.
                C'est justement ce « nous passons » qui aujourd'hui encore n'est pas accepté par le brillant capitaine de ce régiment, que j'ai évoqué précédemment.
                Oui, nous sommes passés malgré le 3ème RPIMA qui, ce jour-là, a connu la particularité unique dans son histoire, de s'opposer par la force à des hommes et à des femmes qui criaient « vive la France » et « vive l'Algérie française ».
                Pour nous c'est monstrueux.
                C'est faux.
                Ce ne peut pas être vrai ! En réalité, c'est le machiavélisme satanique de De Gaulle qui, ce 24 janvier 1960, en faisant donner ce régiment pour nous interdire le passage, a officialisé la volonté du chef de l'état : une volonté mortelle même. Car cette volonté se propose ni plus ni moins que de décérébrer notre armée.
                Celle-ci désormais ne soutiendra plus les patriotes français d'Algérie.
                A partir de ce jour, elle interviendra pour le bénéfice du FLN.
                Mais, je l'ai déjà lourdement évoqué, ce capitaine n'a jamais supporté notre passage. Notre passage, malgré l'opposition de son régiment, le 3ème RPIMA.

                Plus tard, il fut cité comme témoin à charge lors du Procès des Barricades. J'étais dans le box des accusés. C'était à l'automne 1960.
                Dans sa déposition il évoqua avec colère mais surtout avec amertume, cet évènement qu'il n'avait toujours pas digéré. L'évènement .... que nous étions passés ! Il a cru bon de préciser, en substance
                « Nos hommes étaient armés de pistolet-mitrailleur, de carabines.
                Ce n'est pas commode pour arrêter des manifestants.
                Il nous aurait fallu disposer de fusils. C'est plus efficace pour matraquer des manifestants.» Il avait raison.
                Les fusils, nous les avons rencontrés une heure plus tard.
                Quand les gendarmes ont tenté de nous interdire l'accès à la Grand Poste.
                Rue Alfred Lelluch, nous les avons subis les coups de crosse.
                Nous sommes passés néanmoins et nombreux étaient ceux d'entre nous qui saignaient de leur cuir chevelu.
                Le sang-froid cependant, ne nous avait pas abandonnés.
                Nous n'avons pas tiré. Ils n'ont pas tiré eux non plus. C'était encore l'heure loyale.
                L'heure noble du 24 janvier.


                Nous avons pris des coups de crosse mais, j'insiste : nous sommes passés. Ce n'est pas mal pour ce peuple de Bab-El-Oued dont on veut mépriser le rôle qui fut le sien dans ce combat pour la France et l'Algérie française.
                Ce capitaine exhiba sans retenue l'amertume qu'il éprouvait devant ce constat. II savait que si notre cortège s'était disloqué devant la volonté des paras de nous interdire le passage, c'en était fini de la manifestation du 24 janvier.
                Il a précisé alors devant les juges du haut tribunal militaire qui nous jugeaient : « il aurait fallu tirer pour les arrêter ! ».
                Il aurait fallu massacrer des hommes et des femmes qui glorifiaient la France. Oui il aurait fallu en « coucher » quelques dizaines, voire quelques centaines. Pourquoi rappeler aujourd'hui cet évènement que j'ai évoqué des dizaines de fois ? Episode que nos commentateurs et historiens de la guerre d'Algérie ne veulent pas retenir.

                Pour la raison suivante : ce capitaine n'a toujours pas accepté cet évènement du 24 janvier, avenue de la Marne, vers 10 heures du matin.
                Il évolua dans sa carrière.
                Au moment du 26 mars 1962, il intervint parmi les organes de commandement des forces de l'ordre qui avaient reçu la mission d'interdire la progression du cortège de nos compatriotes d'Alger-centre. Et il explique, aujourd'hui encore dans quelques interviews la logique du drame qu'il a vécu : « je savais et j'ai expliqué aux autres que si on voulait interdire la progression de la manifestation, il fallait tirer. C'était le seul moyen de leur interdire le passage ».
                Il exprime cela comme une fatalité.
                On se rend compte, au travers de ce commentaire, qu'au fur et à mesure de l'évolution de la guerre d'Algérie, au fur et à mesure de la volonté gaulliste de tuer la France sud méditerranéenne, le peuple d'Alger fut victime d'une résignation.
                La résignation capitularde des cadres de notre armée qui ont accepté de se soumettre à la volonté gaulliste.
                Quitte à laisser massacrer le peuple français d'Algérie, pourvu que l'on en terminât avec l'Algérie française. Le 26 mars 1962: la Grande Poste, la rue d'Isly Le 5 juillet 1962: Oran.
                Il fallait bien que s'effectuât le délestage économique du débouché algérien. Par quelque moyen que ce fût.

                En complément de cette étude, j'estime utile de vous rappeler la conclusion de mon livre « ATTAQUES ET CONTRE ATTAQUES ».
                Lisez ces quelques lignes... après tout, pourquoi pas ? « Je me suis permis d'évoquer ces pages d'histoire, en m'y impliquant parfois intensément.
                C'était inévitable.
                Au moment où ce livre s'achève, au moment où sans amertume je me rends compte que tout va s'arrêter pour moi aussi, dans un délai relativement proche, je devais m'imposer cette réflexion.
                Celle-ci me confirme dans ma conviction. L'Algérie, territoire immense, aurait dû logiquement rester française pour devenir européenne ensuite.
                Elle symbolisait, pour la France et pour l'Europe, un territoire de continuité nécessaire entre le monde occidental et le continent africain. Elle représentait donc un site de rencontre providentiel entre l'Occident et le monde musulman.
                Le peuple Pieds Noirs, par son enracinement sur cette terre de prédilection, était tout particulièrement qualifié pour conférer à cette rencontre, sous l'égide de la mère-patrie française, une richesse et un fondement humains qui auraient contribué à structurer d'abord et à consolider ensuite la convivialité nécessaire entre le monde musulman d'une part et l'Occident d'autre part.

                Le refus obstiné de l'Algérie française est révélateur, en réalité, d'une volonté stratégique ; créer tout au contraire les conditions d'une confrontation inéluctable entre le monde musulman et le monde non musulman.
                Pour atteindre ce but, avant toute chose, il a fallu vaincre le christianisme en Algérie française. On l'a effectivement vaincu, là-bas, en attendant de le vaincre ici, au nord de la Méditerranée.
                Les hommes politiques contemporains, tout particulièrement les Occidentaux, refusent d'enregistrer cette identité réelle de la guerre d'Algérie.
                Ils côtoient, ils subissent la révolution islamiste fondamentaliste sans faire l'effort de l'analyser. Ils ne sont pas en mesure de l'affronter parce que, selon toute vraisemblance, ils ne jouissent pas de la richesse intellectuelle et spirituelle nécessaire pour la comprendre.
                Ils exhibent, tout au contraire, une carence d'information, une carence d'inspiration, qui les situent en permanence à côté » de cette révolution.
                Leur comportement, nous l'avons souligné dans ce travail à maintes reprises, évoque une pathologie autistique chronique.

                On les voit développer parfois des projets ambitieux, des initiatives brillantes, des perspectives de gestion capitaliste momentanément efficaces.
                Ils sont en réalité, tout le temps hyperactifs, mais ils stagnent « à côté » du normal, « à côté » du fondamental, « à côté » de la réalité de la vie.
                Nous, les anciens du combat pour l'Algérie française, tirons encore profit de la lumière générée par cet astre à jamais éteint que fut l'Algérie française.
                C'est cette lumière qui nous permet d'éviter une plongée dans l'autisme politique ambiant et actuel.
                Nous sommes capables d'identifier historiquement et spirituellement l'identité de cette révolution. Parce que nous l'avons affrontée « là-bas ».
                C'est sans doute pour cette raison que nous restons l'objet d'un ostracisme forcené, de la part de ceux qui ne voient rien.
                Parce qu'ils ne disposent pas des moyens intellectuels de voir.
                Il nous est donc imposé, en conséquence de leur carence, de refuser le silence auquel on prétend nous soumettre. Dans quel but ? Ne soyez pas surpris de la réponse que j'ose vous proposer. Dans le but d'éviter à tout prix la naissance d'une nouvelle OAS.
                Une OAS européenne, occidentale, supra-nationale et universelle.
                Une OAS qui se structurerait en vue d'un combat ultime.
                Celui de protéger notre Occident tout entier contre la conquête idéologique et la mutation spirituelle qui le menacent. Que l'on se serve de notre vécu.
                Nous vous le racontons pour vous le faire connaître.
                Nous vous l'offrons en toute sincérité et en toute humilité.
                Ce fut un combat symbole, un combat avertisseur....

                C'était le temps de l'Algérie française. Une grande page d'histoire qu'il faut connaître au mieux possible. Une page d'histoire que je refuse de tourner à jamais. Car elle est riche « d'hier » mais surtout riche « de demain ».
                Aujourd'hui, « on » évoque la guerre d'Algérie avec une désinvolture perpétuellement capitularde.
                L’œuvre de la France, la participation pendant des décennies du peuple pied-noir à la volonté de donner vie à cette terre, la participation des Pieds Noirs, des Algériens de toutes confessions et des Africains à la défense de la mère-patrie, tout cela ne compte pas ! Nous avons subi en Algérie une guerre terroriste de 94 mois.
                La guerre terroriste que nous a fait subir le FLN, il est indécent d'en parler aujourd'hui.
                Ce qu'ils retiennent ce sont les 4 mois de guerre terroriste que l'OAS fut dans l'obligation de conduire dans le souci majeur et exclusif de protéger notre peuple contre le génocide qui l'attendait.
                Nous refusions de nous soumettre à la solution définitive à laquelle l'on nous destinait.
                On persiste aujourd'hui encore à évoquer, avec une complaisance parfois éloquente, le rôle joué par Jacques Chevallier, ancien maire du Grand Alger.

                En 1954, celui-ci, alors qu'il était pour peu de temps encore ministre de la guerre dans le cabinet de Mendes-France, informa le sénateur de Batna, Ben Chenouf, des opérations qu'allait tenter de mettre en oeuvre le commandement militaire d'Algérie contre les forces ennemies regroupées dans les Aurès.
                Le sénateur de Batna avisa Ben Boulaïd, commandant du FLN dans les Aurès. Celui-ci grâce à cette trahison, fut en mesure de mettre à l'abri un effectif important de forces ennemies.
                Jacques Chevallier à partir du mois d'octobre 1961 bénéficia de l'appui d'un cadre majeur de l'OAS. Celui-ci réussit à neutraliser un effectif important de l'OAS avec la complicité active de Farès, président de l'Exécutif provisoire.
                Le 3 juillet 1962, Chevallier, escorté de son comparse, participa à la manifestation de l'indépendance à Alger, où il a crié : « Je salue ma jeune patrie ! »,
                C'est ainsi que fut sacrifiée sur l'autel des exigences du capitalisme financier cette position majeure de la France, de l'Europe et de l'Occident au sud de la Méditerranée.
                L'Algérie, on l'avait oublié, c'était la terre possible de la Sainte Rencontre telle que l'avait définie Ramon LLull à partir de Bougie, ma ville natale, avant qu'il n'y fût lapidé en 1315.
                Terre de rencontre entre l'islam que nous n'avons jamais combattu en tant que tel, et le monde chrétien qui, libéré de ses « anathèmes » depuis 1959, était prêt à ouvrir un dialogue constructif avec l'islam.
                La mort de l'Algérie française, la fragilité des frontières sub-sahariennes, les drames du Moyen-Orient, la djihadisation intérieure et progressive de nos sociétés occidentales, la voilà douloureusement schématisée l'illustration majeure de la décérébration gaulliste.
                Du must gaulliste.

Jean-Claude PEREZ, Nice, le 2 décembre 2014


    
Pearl Harbor
et Mers el Kébir

par M. Robert Charles PUIG.

         Les États-Unis viennent comme ils le font régulièrement d'honorer d'une grande cérémonie l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais le 7 décembre 1941.

         S'il fallait résumer les faits, cette attaque surprise par les forces japonaises avait comme option de s'emparer des ressources de la région d'Hawaï (pétrole et autres matières premières) et de remplacer les USA comme puissance dominante dans le Pacifique. Leur attaque se solda par un drame effroyable avec la mort de 2 400 civils et militaires américains en sus de la destruction de 19 navires de guerres et de 188 avions.

         L'Amérique ne pouvait plus à ce moment là refuser de rentrer dans la guerre que menaient les alliés contre les Allemands et les japonais. L'attaque désastreuse de la flotte à Pearl Harbor, considérée comme une "infamie", un viol des relations internationales et une faute impardonnable du Japon, décida de l'entrée en guerre des USA par Franklin Delano Roosevelt, après un discours au Congrès.

         Autre temps, autre lieu et autres mœurs.

         Mers el Kébir. La base navale militaire française de Mers el Kébir a été créée en 1937. Elle fut en d'autres temps un port romain puis occupée par les espagnols de 1505 à 1782. La France investit cet endroit en 1830 et en fit une base navale importante, moderne qui s'enfonçait sous des voutes bétonnées des collines oranaises où des sous-marins pouvaient s'abriter.

         Au moment de la défaite française de 1940 face aux allemands, des navires de guerre français s'y trouvaient et le 3 juillet 1940, c'est une escadre de la Royal Navy qui bloqua le port en imposant un ultimatum au vice-amiral Gensoul commandant des lieux qui refusa de se rendre.

         Les anglais craignant une prise de guerre par les allemands ou une fuite des navires ouvrirent un feu nourri sur la base. 4 navires furent coulés et 1297 marins trouvèrent la mort dans ce traquenard. En fait, il s'agissait pour Winston Churchill d'éviter que la flotte française tombe entre les griffes des allemands et De Gaulle justifia plus tard cette attaque des britanniques.

         Le problème est de réfléchir à deviner quelle était la position du général au moment de l'attaque ? Était il au courant ? A-t-il laissé faire ? N'avait-il pas la possibilité d'ordonner à la flotte la possibilité de sortir de Mers el Kébir et de prendre le large vers l'Afrique noire? A-t-il eu conscience du drame et des morts que ce bombardement allait entraîner ?

         Ce que je constate aujourd'hui c'est que les américains se souviennent encore de Pearl Harbor. Ils se penchent sur leur passé, leur histoire. J'écoute, je regarde, mais je ne vois en France aucune cérémonie pouvant honorer la mort de 1297 militaires un jour de juillet 1940 en Algérie française. Le pire de ce drame c'est que les tombes creusées sur ce sol, aujourd'hui indépendant, sont en partie abandonnées comme si la France ne voulait plus se souvenir. Où est l'honneur ?
Robert Charles Puig / décembre 2023
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"Le camp des saints" de Jean Raspail s'accomplit !

         N'ayons plus de doute, son livre prend toute sa valeur en ce début du XXIème siècle. Nous assistons à la réalisation des événements qu'il présentait comme une utopie, une fiction. En effet, la venue du Pape François à Marseille n'est pas sans l'arrière pensée d'accentuer l'esprit d'ouverture à la migration quelle qu'elle soit dans une ville cosmopolite et tellement africaine ou orientale. Pour moi cette venue me rappelle un autre aspect de la chrétienté et l'attitude d'un "Monseigneur Mohamed Duval " en Algérie si proche de la rébellion FLN et si loin du patriotisme de cette ancienne province française d'Afrique du Nord.
         Je crains ces catholiques extrêmes qui prient en aveugles et dont la ferveur noie l'Occident sous la poussé du Sud et des pays d'Orient. Les discours du pape lors de ses déplacements dans la ville semblent n'être que la conclusion d'un ensemble de décisions décidées bien avant et en haut lieu entre Paris et le Vatican. D'abord ce document du gouvernement décrivant la façon la "meilleure" de recevoir les migrants, de les répartir dans tout le territoire sans l'accord des maires.

         Puis et surtout avec ce voyage du pape à Marseille cette idée d'ouvrir les bras à tous ces migrants, les accueillir; en faire des résidants sans tenir compte du pourquoi ils sont là, sinon ce désir d'envahir l'Occident et la France sans faire la sélection entre celui qui fuit une guerre ou une révolution dans son pays ou simplement celui qui a l'envie de vouloir profiter des "biens faits" de pays qui par bêtise ou aveuglement pro islamiste, franc-maçon ou innocence progressive et libérale ne se rendent pas compte combien Jean Raspail avait eu cette intuition du raz-de-marée de cet envahissement et ne la disparition du monde millénaire de la France de Clovis et Charlemagne, de notre histoire à cause d'un macronisme qui cherche à enterrer les pages qui ont fait la gloire du pays.

         Ne nous faisons pas d'illusion. D'un coté un document qui explique les méthodes d'accueil et d'une façon indirecte, par la propagande d'Etat, veut nous forcer à agir dans le sens des associations humanistes et gauchistes et de l'autre un pape, le Pape François, imprégné de ses idées progressistes et libérales et qui déjà ne considère plus l'Europe comme véritablement chrétienne. Il joue la carte de l'envahissement, de la transformation de cette Europe du temps passé en un territoire qui est conquis pas l'Afrique et l'Orient avec sa soumission à ses règles si différentes de celles de nos pays et de notre jeunesse.

         Le temps change et nous sommes les témoins de cet engouement de nos élus pour ce changement radical qu'ils accompagnent comme les bourgeois de Calais se présentaient la corde au cou face à l'ennemi.

         Accepterons nous d'être le mouton de l'Aïd ?
Robert Charles Puig / décembre 2023
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La loi immigration ou du vent ?

         Bonjour. Mon avis. Vous pouvez faire suite éventuellement.

         Il y a eu le temps d'avant. Darmanin présente sa loi et le Sénat la modifie, la transforme. Il en fait une loi véritable que peuvent approuver 70 % des français... puis c'est le retour à l'Assemblée nationale où l'aile gauche de la "macronie", sous l'aile de l'Elysée, détricote les idées du Sénat pour transformer le texte en une eau de boudin imbuvable.
         Alors voilà la CMP qui prend le relai, retricote ce que les "Renaissances" ont défait et voilà que le texte est finalement adopté le 19 décembre 2023 après des va et des vient, des conciliabules de comptoirs de bistrots et des nuits blanches. Adopté ? Darmanin er Borne sont contents... mais comptent sur le Conseil d'Etat pour tout modifier à nouveau, le LR est content et le RN aussi.

         Cependant examinons cette loi. Va-t-elle véritablement être mise en route ? Déjà un point de détail - si je puis dire - Voilà que les votes de RN sont refusés. La loi est bien votée mais sans tenir compte des élus de Marine. Ils sont hors concours et Darmanin le crie, l'éructe, le vomit.
         Il rejette donc avec Macron qui confirme les propos de son sujet qu'une partie de la France et les électeurs du RN ne comptent pas. Le RN qui représente environ un tiers de l'électoral français, "il ne faut pas en tenir compte" et considérer de ce fait, qu'une partie des français n'existe pas...

         Cela ne vous rappelle rien ? Souvenez vous en 1962 ? De Gaulle avait fait voter la métropole pour obtenir la fin de l'Algérie française MAIS il avait interdit aux français d'Algérie de voter. Vous avons avec Macron le même système mafieux et le même sabordement des lois de la Vème république.
         On joue à créer une France à deux vitesses. Les "bons" de "Renaissance" dont le premier a été élu par défaut, avec les voix de la gauche et les autres, ceux qui sont effacer. Une Algérie bis, un coup de Trafalgar immonde, scandaleux en ce XXIème siècle.

         Nous demeurons dans un pays sectaire où ceux qui sont soumis à l'Orient, ceux qui vivent avec les loups, les salafistes, les communautaristes veulent gagner à tout prix. Ils faussent le destin de la Nation, le sabordent et se veulent vainqueurs.
         Où va-t-on avec ces élus qui ignorent que cette France ne veut pas d'une loi immigration à minima mais avec des bases solides pour défendre l'ordre, la République et surtout protéger d'abord les français d'un envahissement identique à celui qu'a su décrire Jean Raspail dans son livre "Le Camp des saints".

         Pourtant ne nous faisons pas d'illusion. Macron est retord, malin et rusé comme un chacal. Il sait bien qu'il a des valets qui retoqueront la loi. C'est pour cette raison qu'il a accepté qu'elle soit votée.
         Elle sera revue, corrigée et finalement il ne restera rien du travail des sénateurs et des républicains lorsqu'elle passera entre les griffes du Conseil d'Etat, la cour des droits de l'homme et aussi sous les fourches caudines de l'Europe qui mettra en avant ses lois au-dessus de celles de la France.

         En vérité, sans changement de la Constitution, sans référendum donnant la parole aux français, cette loi sera essorée de ses avancées pour que rien ne change. Du vent ! C'est péter dans l'eau pour faire des bulles sans augmenter le volume du liquide.
         Par la propagande élyséenne et les instances, institutions françaises et européennes imprégnées de wokisme, d'un libéralisme aveugle et de progressisme, Macron sait que rien ne changera. Nous resterons les dindons de ce coup de maître de l'Elysée qui nous montre toute l'étendue de son vice en la matière.

         Couillons nous étions, couillons nous restons.
Robert Charles Puig / décembre 2023


Ma France était une perle.
Envoyé Par Mme E. Saurel

La France est une perle jetée aux pourceaux
Un texte d'actualité...

        Chantée par les poètes, visitée du monde entier, plébiscitée comme le pays où il fait bon vivre, admirée pour ses paysages, ses monuments, ses arts, sa diversité, sa beauté, elle était admirée du monde entier. Sa culture rayonnait aux quatre coins de la planète. L’Église l’avait baptisée : «fille aînée». Fille aînée de Dieu ?
        Ma France n’est plus ce qu’elle était. Elle n’est même plus la France. Martyrisée, de Gaulle l’avait déjà dit de son temps. Maintenant, suicidée, c’est d’autres qui l’ont dit depuis.
        Je ne vais pas parler des envahisseurs, ces gens qui viennent de tous les pays de misère pour arracher du sol français ce qu’il reste à arracher. La France a toujours accueilli des misérables, des gens qui y avaient tout à gagner à s’intégrer, qui avaient envie d’être appelés Français et qui, bon an mal an, sont devenus des Français. Mais elle n’avait pas encore été confrontée à une race haineuse, arrogante, tueuse, violeuse, désireuse uniquement d’en dépecer ses restes. Et d’en éliminer les Français.

        Je ne vais pas parler de ces Français insensés qui se sont fait un dieu État un État providence, qui allait leur prodiguer bonheur et bienfaisance au nom de la solidarité. Ces Français-là n’ont jamais vu que, quand ils donnaient 100 € pour être soutenus en cas de chômage, dans la maladie et dans les vieux jours, cet État carnivore leur en prenait 50 au passage pour se servir grassement lui-même, avec tous ses coquins, sous prétexte d’alimenter un système de redistribution de plus en plus opaque et kafkaïen. Puis cet Etat boulimique, toujours sous prétexte de solidarité et d’humanisme, s’est mis à en prendre encore plus, sur les 100, et toujours aux mêmes : 10, 20, 30, voire plus, pour les redistribuer, soi-disant, aux nécessiteux, de fait des nécessiteux d’une nouvelle catégorie, tous ceux qui avaient compris qu’il était bien plus agréable de vivre de la générosité publique française, une générosité allocative légendaire, que de son propre travail. Du bout du monde, on a afflué pour profiter du système.

        Je ne vais même pas parler de la folie d’un peuple qui a cru gagner sa liberté en ne faisant plus d’enfants, et en laissant un grand vide et une absence chronique et dramatique de générations nouvelles. Ce peuple se retrouve aujourd’hui groggy, réclamant des retraites à des générations qu’il a décimées, parce qu’il a préféré se donner les moyens de vivre mieux tout de suite, et de survivre de plus en plus longtemps, fût-ce aux crochets de la collectivité, à défaut de pouvoir vivre grâce aux enfants qu’ils n’avaient pas faits. Regardons en face l’égoïsme et l’égocentrisme dont nous, tous les Français de souche, avons fait preuve depuis des décennies. C’est vertigineux…
        Je vais parler d’autre chose : de la dégringolade morale, de la décadence, de la descente aux enfers d’une nation qui avait de l’honneur et des principes, une éthique et des lois judéo-chrétiennes, et qui les a jetés à la poubelle, les uns après les autres, depuis mai 68, et sous la férule de maîtres invisibles qui ont tiré les ficelles en coulisse pour que ce pays s’affaisse dans sa propre boue et en crève.

        Une perle, la France, a été jetée aux pourceaux, par les Français eux-mêmes. La meilleure preuve en est de voir ceux qu’elle a élus pour la diriger. Des chefs d’État étalant, de manière de plus en plus nauséabonde, une immoralité et une irresponsabilité conjugale et familiale qui les auraient immédiatement disqualifiés en d’autres temps (et qui les disqualifieraient d’office dans la majorité des pays actuels, les USA, notamment), s’entourant de ministres de plus en plus vils, pervers, immoraux, qu’en d’autres temps, on aurait, pour beaucoup, mis en prison ou exécutés pour haute trahison, ou poursuivis sans ménagement pour perversion morale volontaire des jeunes et des enfants.
        Je préfère ne pas parler du Gouvernement actuel. Si la France est à l’image de ce Gouvernement, ce qui est certain, c’est qu’elle est tombée très bas, très bas, si bas qu’elle ne peut qu’en mourir.

        La perle France a été jetée aux pourceaux. Et les pourceaux se vautrent sur elle, jouissant de la couvrir de boue, ils s’en délectent même, et, elle qui était si belle, avec une nacre rare et brillante, elle est devenue laide, si laide que plus personne n’en veut.
        Mais la perle est un étrange objet, quasiment unique. Elle s’est formée lentement, au fil du temps, elle est composée de multiples strates de cristaux (de carbonate de calcium) et de conchyoline, issue d’organismes vivants, qui agit comme du mortier. En bref, elle est extraordinairement solide. Il suffit de l’extraire de la boue, de la laver, et la voici redevenant intacte, aussi belle qu’au premier jour.
        Jésus avait averti : «Ne jetez pas vos perles aux pourceaux» (Mt 7 : 6)
        Nous l’avons fait !
        Mais, dans la Bible, on nous parle aussi de chercheurs de perles, prêts à tout pour en trouver une de grand prix (Mt 13 : 46). Eh bien, si j’ai un vœu à faire pour 2020, c’est qu’il se trouve en France, prêts à se lever, des chercheurs de la perle France, qu’ils sachent comment l’extirper de sa boue, qu’ils en ôtent toutes les saletés et scories, et qu’ils la restaurent, encore plus belle qu’elle l’était par le passé.
        On peut rêver, et j’aime rêver, car je sais que les miracles, ça existe ! Les chercheurs de perles, aussi.
Publié par Michelle d’Astier de la Vigerie
le 30 décembre 2019
*Reproduction autorisée avec la mention suivante :
© Michelle d’Astier de la Vigerie pour Dreuz.info.

https://www.dreuz.info/2019/12/la-france-est- une-perle-jetee-aux-pourceaux-203971.html
       


PIQÛRE DE RAPPEL
De M. Guillaume Faye le 26 Mars 2017
La guérilla ethnique a commencé

             Et elle est le prélude d'une guerre civile en gestation, probablement de forte intensité, sanglante et dévastatrice, et qui sera un cataclysme, y compris économique. Profitez des dernières années de tranquillité relatives. La tempête approche. Pas une semaine, en France et ailleurs en Europe de l'Ouest, sans qu'éclatent des affrontements ethniques - à sens unique. Souvent, sans qu'il y ait besoin de prétextes : les émeutiers - d'origine maghrébine et africaine en totalité - sont des agresseurs qui ne revendiquent même plus leurs violences sous la justification d'une protestation. Les émeutes et agressions sont pratiquement gratuites et incessantes. La guérilla a commencé, première phase de la guerre. Elle annonce l'embrasement dévastateur qui se prépare et qui sera peut-être salvateur.

              Criminalité et terrorisme djihadiste, même combat
             C'est une criminalité d'intimidation, un mélange de délinquance crapuleuse avec saccage urbain et de raids de guérilla. Toujours sur fond de djihad islamique. Ce à quoi s'ajoutent des actes de terrorisme "artisanaux", dont l'égorgement du Père Hamel, pendant sa messe, est un symbole majeur, une provocation qui prolonge le meurtre des moines de Tibéhirine en Algérie, sauf que là, pour la première fois dans l'histoire, les tueurs musulmans agissaient en France même, au cœur de la Normandie.

              L'intensité et la gravité des émeutes ethniques ne fait que croître d'année en année. Depuis le début de 2017, il n'y pratiquement pas une semaine sans un embrasement, surtout en région parisienne, avec son cortège de voitures incendiées, de mobilier urbain détruit, de policiers agressés et blessés. Les grands médias minimisent ou censurent. Le parallélisme est parfait avec la croissance des attentats djihadistes et la montée incessantes des innombrables problèmes liés à l'islam invasif. Il s'agit d'un seul et même phénomène, généré par la même population, grâce à la passivité, à la naïveté angélique ou à la complicité perverse des autorités françaises - et européennes.

             L'État s'humilie devant les émeutiers arabo-africains
             La tentative de meurtre de policiers par des voyous et dealers arabes et africains racistes anti-Blancs, gravement brûlés dans leur voiture incendiée, en banlieue parisienne en janvier 2017, a beaucoup moins ému les médias et le ministère de l'Intérieur que l' "affaire Théo ", fin février 2017. Cet Africain, qui s'était violemment rebellé au cours d'un contrôle de police, prenant parti pour des dealers, a prétendu avoir été "violé" par une intromission anale de matraque. Invraisemblable ; mais les médias, complices, ont suivi cette version délirante. Il semblerait que la "blessure anale" ait une toute autre cause… Les policiers, accusés de "racisme", ont été lourdement sanctionnés et des émeutes avec vandalisme ont éclaté pendant plusieurs jours dans les banlieues et ailleurs, soutenues par les islamo-gauchistes.

              Incroyable humiliation : le chef de l'État, le pathétique François Hollande, est allé au chevet dudit Théo, voyou de banlieue, pour négocier avec lui ! Il lui a demandé, suprême soumission, de bien vouloir appeler ses amis des "cités" au calme. Peine perdue, d'ailleurs. Hollande, méprisant, indifférent, n'était même pas allé au chevet des policiers gravement brûlés par les voyous arabes et africains. Deux poids, deux mesures. Hollande est un homme indigne qui a déshonoré sa fonction et encouragé les émeutiers et envahisseurs.

              Il est bien, en version microscopique, le fils de son père en politique, François Mitterrand, le vichyste collabo, toujours du côté de l'occupant, quel qu'il soit, détestant toute forme de "résistance", qui a dit que les envahisseurs étaient " chez eux, chez nous ". Et pour tout couronner, le faux martyr, " Théo", s'avère être, ainsi que sa famille, un escroc détourneur de subventions publiques. Mais il ne risque rien ; pour la justice partiale, il est devenu sacré et intouchable. Antiracisme oblige.

             Multiplication des actes de guérilla
             L'attaque de militaires du 1er RCP en patrouille à la machette au Carrousel du Louvre par un Égyptien, Abdullah Reda al-Hamamy, au cri de Allah Akbar le 3 février 2017 relève d'un terrorisme de proximité, imprévisible, cœur de la guerre civile ethnique qui s'annonce. Ce genre d'actes se multiplie. À cela s'ajoute les raids de plus en plus fréquents, mêlant la criminalité crapuleuse et l'agression à caractère anti-français et raciste.

              Dans la nuit du 14 au 15 janvier 2017, sept "jeunes", tous d'origine maghrébine et africaine, ont perpétré des saccages et des agressions dans un quartier tranquille de Juvisy-sur-Orge (Essonne). Ils étaient armés (sabre, scie, machettes, marteau). Ils ont aussi dévasté l'appartement d'un riverain. Outre une affaire de règlements de comptes entre bandes ethniques rivales, il s'agit d'une de ces razzias de plus en plus fréquentes, gratuites, destinées à terroriser les Français de souche sur leur propre territoire. Ce sont des actes, non pas seulement de délinquance, mais de guerre. Ces sept agresseurs n'ont été condamnés par une justice (laxiste ou complice ?) qu'à des peines de "travaux d'intérêt général" (des plaisanteries jamais exécutées), à l'obligation d'indemniser les victimes (ce qui ne sera jamais fait) et à de la prison avec sursis. Autant dire : impunité, vous pouvez recommencer.

              Les 25 et 26 janvier 2017, à Compiègne, ville royale jadis sans histoires, dans un quartier en proie au trafic de drogue, des policiers ont été encerclés et lapidés et les affrontements ont duré plusieurs heures. Le 26, à Corbeil-Essonne, au cours d'incidents avec toujours la même population (les " jeunes "), un policier a été grièvement blessé. Il ne se passe plus une semaine sans que ce genre d'incidents éclatent.

             L'inexorable montée des violences protéiformes de même origine
             Il existe une imbrication entre délinquance criminelle et guerre terroriste et/ou émeutière. En France, les homicides (hors attentats islamiques) étaient en hausse de 11% entre 2015 et 2016 ; les violences physiques sont en augmentation constante depuis 2013. Aujourd'hui, 3.000 personnes par jour en sont victimes, avec blessures. En 2014, il y avait 90 détenus pour des faits liés au terrorisme islamique, et 358 fin 2016. Et 16.000 individus sont soupçonnés d'être liés à l'islamisme radical, acteurs potentiels de toute forme d'agressions sanglantes et de terrorisme. Ce chiffre des services de renseignement est sous-estimé car c'est sans compter ceux qui ne sont pas repérés et dont le nombre ne cesse de croître. C'est un fait gênant (la réalité sociologique est toujours incorrecte et brutale face à l'idéologie) : l'immense majorité des individus impliqués dans des actes criminels et délinquants, dans des émeutes et dans des projets ou actions terroristes sont d'origine arabe ou africaine et sont musulmans. Quant aux Français, surtout dans les classes sociales modestes, tous les sondages indiquent que leur principale préoccupation, avant le chômage, est maintenant leur sécurité face à cette inexorable montée de la violence qui gangrène leur vie quotidienne. Face à un État impuissant et à une justice quasiment complice. Quand se rebelleront-ils ?

             La stratégie de la tension
             Les incidents graves et affrontements sont presque quotidiens, dans toute la France ; les grands médias les dissimulent ou les minimisent par idéologie ou par habitude ; ces émeutes dépassent la criminalité arabo-musulmane et africaine endémique, et visent les forces de l'ordre. C'est ciblé, calculé, politique, manipulé et encouragé dans l'ombre par les autorités musulmanes qui veulent en découdre. L'immense majorité des policiers et gendarmes tués en opération ou grièvement blessés en France depuis plus de dix ans le furent par qui vous savez…

              Embuscades et agressions avec souvent volonté de meurtres contre les policiers et autres représentants de l'autorité, y compris pompiers, se multiplient partout. La portée de ces faits est donc politique et ethnique. S'attaquer aux forces de l'ordre revêt un sens : celui de lancer la guerre civile éthique.

              En parallèle se développe évidemment un antisémitisme arabo-musulman, violent et largement impuni, qui provoque le départ vers Israël (alya) ou d'autres destinations de familles juives qui ne se sentent plus en sécurité dans une France qui se laisse envahir. Ces juifs français ont une attitude intuitive et préventive : ils sentent que la guerre civile ethnique se rapproche et qu'ils en seront les premières victimes.

             Terroriser la population autochtone
             Une de mes correspondantes me rapporte que dans son petit village du Sud de la France, près de Montpellier, jadis tranquille et très agréable à vivre, l'enfer s'est installé. Toute la région est particulièrement envahie par l'immigration arabo-africaine. Des bandes ethniques armées venues d'une ville voisine font régulièrement irruption au cours de razzias, terrorisant la population. L'incursion dure une quinzaine de minutes : saccage du mobilier urbain, bris des vitrines des magasins et des vitres des voitures, destruction des plantes des habitants, etc. Le but est clair : terrifier la population, qui s'enferme chez elle. Fin de la convivialité villageoise dans la sécurité du voisinage, comme jadis. C'est un marquage territorial ; le message est : "vous n'êtes plus chez vous, on est chez nous, on est les nouveaux maîtres". Exactement la même technique atavique que celle employée par leurs ancêtres dévastateurs à partir du VIIIe siècle…

              Les zones tranquilles où ne résident pas les musulmans maghrébins et africains ne sont plus épargnées comme jadis. Les bandes ethniques y mènent des razzias pour "casser du flic et du Blanc." Le soir du 27 janvier 2017 , dans la très bourgeoise et jadis parfaitement tranquille petite ville de Saint-Germain-en-Laye, le poste de la police municipale a été attaqué par onze assaillants encagoulés qui ont défoncé la grille d'entrée et incendié un véhicule. Cette agression est gratuite ; elle n'est motivée par aucun intérêt crapuleux ; c'est un acte d'intimidation et de guerre civile.

             Favoritisme ethnique et racisme anti-Blancs
             La totalité des agressions (crapuleuses ou terroristes) contre les Français de souche, les chrétiens et les juifs, ainsi que la plupart des faits de criminalité crapuleuse ou violente et de vandalisme sont le fait de la même population qui, par ailleurs, est présentée comme victime de racisme ! Alors que l'État accorde à cette population envahissante tous les privilèges ethniques possibles : mansuétude judiciaire, impunité très fréquente avec peines symboliques, discrimination positive (1) et privilèges dans tous les domaines ; ils sont présentés par l'idéologie dominante comme des victimes alors qu'ils sont des prédateurs favorisés.

              Imaginons une seconde que les centaines de morts (les milliers en comptant le 11 septembre 2001) des attentats commis par des musulmans en Europe (France, Espagne, Grande-Bretagne, Belgique, Russie, etc.) et en Amérique du Nord, au nom du djihad islamique, aient été perpétrés contre des musulmans par des non musulmans. Imaginons que des non- musulmans chrétiens aient attaqué des mosquées ou des immigrés musulmans en faisant des milliers de victimes, comme les musulmans le font, un peu partout en Occident et en Orient contre les chrétiens - sans même mentionner les massacres inter-musulmans. Imaginons que des tueurs européens de souche aient attaqué à l'arme à feu une mosquée ou un quartier à majorité immigrée en région parisienne en faisant le même nombre de morts que les Arabes musulmans au Bataclan et ailleurs. Imaginons que des catholiques intégristes ait tué un imam pendant sa prêche, comme des Arabes musulmans ont égorgé le Père Hamel pendant sa messe. Les réactions d'indignation auraient été dix fois plus fortes et des vagues d'émeutes auraient suivi. Deux poids, deux mesures.

             Cibles des agresseurs : Noël et la Saint-Sylvestre
             Pendant les fêtes de Noël 2016, pour la première fois dans l'histoire de France, il a fallu que des policiers et militaires, fusils au poing, soient postés devant les églises pour dissuader les agressions d'assassins musulmans ! La fête de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 2016, a dû être sécurisée par près de 100.000 policiers et militaires, en armes, sur le territoire français, toute la soirée et la nuit. Le chiffre est énorme. Car aux agressions crapuleuses, aux voitures incendiées, s'ajoute la menace d'attentats islamiques. On remarquera que c'est exactement la même population agressive qui est impliquée dans les deux cas. S'il ne s'agit pas des prémisses d'une guerre civile ethnique, on se demande de quoi il s'agit.

              Au lendemain de la Saint-Sylvestre 2016, malgré les mensonges du nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux (le réveillon " s'est particulièrement bien passé, sans problème majeur " a-t-il déclaré) 945 véhicules ont été incendiés - contre 602 l'an passé -et 454 émeutiers ont été interpellés, notamment pour agression envers les forces de l'ordre. Très peu feront de la prison ferme. Quatre morts sont à déplorer, dans l'incendie de leur appartement, ainsi que de nombreuses agressions avec vols contre des personnes ou des commerces. L'immense majorité des agresseurs est de l'origine que vous devinez. À part ça, tout va bien. Si 100.000 policiers et militaires n'avaient pas été mobilisés, que se serai-il passé ?

              Il y a quelques décennies - dont beaucoup se souviennent avec nostalgie - aucun policier ou militaire ne surveillait les églises, les fêtes de fin d'année et aucune voiture ne brûlait ! Mais nous étions encore entre nous…

             Corrélation entre islam et criminalité, avec même cause anthropologique
             L'attaque au camion bélier, pendant un marché de Noël, à Berlin, fin 2016 (même méthode que la tuerie de Nice, le 14 juillet) qui vise un symbole chrétien, fait suite aux viols, agressions et vols à l'arraché contre des jeunes femmes allemandes, massivement commis à Cologne, à la Saint Sylvestre 2015, par des bandes de "migrants" maghrébins, ces clandestins, faux réfugiés, parasites accueillis à bras ouverts par l'irresponsable Angela Merkel. Cet exemple, qui se répète partout, montre que les deux types d'attaques sont parfaitement liées.

              Le djihadisme islamique par attentats terroristes et la délinquance criminelle, crapuleuse et sexuelle, sous des formes violentes ou non, sont largement corrélés. C'est une tradition millénaire dans cette ethno-culture, ce que révèle une étude objective de la genèse de l'islam arabique des origines : la religiosité et la criminalité de razzia (meurtres, vols, viols, pillages, brutalités, conquêtes, piraterie barbaresque) sont étroitement associées. Cet atavisme a évidemment des origines anthropologiques, antérieures à la création de l'islam, ce dernier n'en étant que le produit.
Guillaume Faye               


(1) Cette "discrimination positive", objectivement racisme anti-Blancs, est parfaitement anti-constitutionnelle et contraire à la Déclaration des Droits de l'homme. Pourtant, M. Macron veut l'établir officiellement en France, alors qu'elle est déjà pratiquée discrètement un peu partout. Quant au pitoyable Benoît Hamon, candidat du PS à la présidentielle de 2017, il a déclaré qu' " il avait trop de Blancs à Brest". Si ce n'est pas du racisme, c'est quoi ?


LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens de faire des mises à jour et d'ajouter Oued-Zenati, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Clauzel, Duvivier, Duzerville, Guelaat-Bou-Sba, Guelma, Helliopolis, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Oued-Zenati, Penthièvre, Petit et Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
    
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P. Bartolini.


 
NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers


Tiaret

Envoyé par Gatien
https://www.tsa-algerie.com/tiaret-le-coup-de-gueule- du-wali-devant-un-entrepreneur-chinois/

tsa-algerie.com - Par: Sonia Lyes —18 Déc. 2023

Le coup de gueule du wali devant un entrepreneur chinois

           En tournée au chef-lieu de wilaya, le wali de Tiaret Ali Bouguerra est tombé sur une entreprise chinoise qui occupe sans motif un terrain au centre-ville. Il n’a pas caché sa colère.

           Ali Bouguerra, le wali de Tiaret, est connu pour ses coups de gueule retentissants à chaque fois qu’il constate, lors de ses visites de terrain, des anomalies dans la gestion de la chose publique.

           Sa tournée effectuée samedi 16 décembre au chef-lieu de wilaya lui a permis de constater de visu l’anarchie qui caractérise la gestion du foncier de la ville. Le wali n’a pas caché sa colère en voyant de vastes assiettes à haute valeur foncière, en plein centre-ville, laissées à l’abandon.
           La première assiette est vaste de 1,7 hectare. Elle est située à proximité de l’université de Tiaret. Visiblement, elle n’est plus exploitée depuis longtemps, comme les montrent les immenses silos laissés à l’abandon au milieu de gravats, d’amas de ferraille et d’herbes folles.
           Le directeur des domaines de la wilaya explique qu’elle a servi de parc à une entreprise chinoise qui avait des chantiers non loin de là.
           Sauf que les projets ont été réalisés mais l’entreprise chinoise n’a pas restitué l’assiette, propriété des domaines de l’Etat.
           Présent sur les lieux, l’entrepreneur chinois trouve difficilement quelques mots en français pour confirmer au wali que son entreprise n’a effectivement plus de plan de charge qui lui permet de laisser sur place son matériel.
           Elle a réalisé un centre de formation et des logements à Tiaret à partir de 2003 mais actuellement, ses chantiers sont dans la wilaya de Tissemsilt, confirme son gérant chinois.

           « Vous n’avez pas de plan de charge, vous libérez ce site. Pourquoi tous ces silos ? C’est un site qu’on va récupérer », lui dit le wali. Le directeur des domaines confirme que l’entreprise chinoise avait une autorisation temporaire pour exploiter le site et qu’elle ne paye pas de loyer.
           « Vous démontez tout ça. Ici on ne fait pas les parcs. Pour le parc, il faut aller à la zone d’activité ou à la zone industrielle mais pas ici au centre-ville », a ordonné le wali Ali Bouguerra qui estime que les silos n’ont rien à faire à côté de l’université.
           Cette assiette, a-t-il ajouté à l’adresse des responsables locaux, servira pour la construction de logements pour les fonctionnaires de l’université et de la wilaya.
           « Tiaret n’est pas une décharge, je n’accepterai jamais cela », a-t-il tonné, ajoutant qu’il n’est pas normal de réaliser des logements dans des endroits loin de la ville et avec des contraintes alors qu’un terrain qui peut contenir jusqu’à 300 unités, au centre-ville, est laissé à l’abandon.
           Toujours au centre-ville de Tiaret, le wali tombe sur un autre terrain nu de 1.000 m². Il ordonne sur le champ une enquête foncière pour déterminer sa nature foncière pour ensuite l’affecter pour un projet d’utilité publique.
           Ali Bouguerra n’a pas non plus caché sa colère en découvrant une salle de boxe héritée de la période coloniale mais fermée depuis 1978. C’est un patrimoine et un repère qu’il faut réhabiliter, a-t-il dit à ses interlocuteurs, leur fixant un délai jusqu’à février prochain pour entamer les travaux.
Sonia Lyes —18 Déc. 2023            


L’Algérie face à la menace du projet européen de « sortir du gaz naturel »

Envoyé par Albert
https://www.tsa-algerie.com/lalgerie-face-a-la-menace -du-projet-europeen-de-sortir-du-gaz-naturel/

  - tsa-algerie.com - Par: Ali Idir 07 Déc. 2023


           L’Europe veut sortir du gaz naturel, ce qui représente une menace pour l’Algérie qui tire une partie de ses recettes en devises de l’exportation de cette énergie vers le Vieux continent.

           Le marché mondial du gaz connaît de profonds chamboulements en raison des conflits en cours dans le monde et s’apprête à en connaître d’autres, principalement à cause des transitions énergétiques à venir.
           Le plus grand défi pour cette énergie sera la concrétisation du projet européen de « sortir du gaz naturel ».
           L’Algérie est doublement concernée par les retombées d’une telle éventualité : son économie repose en partie sur les exportations de gaz et ses principaux marchés se trouvent en Europe justement.
           Sadek Boussena, ancien ministre algérien de l’Énergie (1989-1991) et ancien PDG de Sonatrach, a soulevé cette problématique et a tenté d’y répondre au cours d’une conférence organisée le 2 décembre par le Club Energy d’Alger.
           Selon l’expert, la question devrait être discutée à la COP 28 qui se tient à Dubaï, sous la pression de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), des Européens et de certaines ONG.
           Face à l’urgence climatique, l’AIE, qui prônait, jusqu’à il y a quelques années, « l’ère du gaz naturel », a complètement changé de position et considère dorénavant que l’utilisation de cette énergie doit cesser « très rapidement » pour réaliser les objectifs de neutralité carbone d’ici à 2050.

           Dans ses prévisions, elle s’attend à une très forte chute de la consommation de gaz de 4.000 Gm3 aujourd’hui à 920 Gm3 en 2050.
           L’Europe, elle, envisage la réduction de sa consommation de 70 % à la même échéance.
           Sadek Boussena s’interroge toutefois si l’Europe peut se passer du gaz alors que les États-Unis et la Chine « ne sont pas sur le même tempo » et que, dans les pays émergents, rien n’indique qu’ils comptent exclure le gaz naturel de leur transition écologique.

           Même si la « capacité de résilience » est plus fragile que celle du pétrole, l’expert algérien estime toutefois que « bannir le gaz dans des délais aussi rapprochés, est loin d’être évident ».
           La problématique est, en effet, bien plus compliquée qu’elle n’y paraît. La pratique a montré que les différentes énergies ne sont pas substituées les unes aux autres, mais se sont « plutôt accumulées au fil du temps », a dit Sadek Boussena qui a donné un exemple : « On consomme aujourd’hui plus de bois et de charbon que jamais auparavant ».

           Il y a ensuite le fait que la disponibilité des énergies de substitution n’est pas garantie et surtout la problématique du financement des ENR et celle des prix du gaz en cas de réduction de son utilisation.

           Boussena cite les prévisions de l’AIE, selon lesquelles si la demande de gaz baisse au rythme souhaité, les prix chuteraient à des niveaux qui signifieraient la fin des GNL américains (ce que les États-Unis n’accepteront pas), et à ces niveaux de prix, « la demande sera relancée à nouveau ».
           L’autre avis qui compte, c’est celui des pays émergents qui disent qu’ils ont toujours besoin des énergies fossiles et contestent déjà ce calendrier, car « leur développement passe encore par les hydrocarbures », voire pour certains par le charbon.
           Pour exporter plus de gaz : ce que devra faire l’Algérie

           Ce qui amène l’ancien ministre algérien de l’Énergie à s’interroger : « Quel intérêt d’appeler à l’arrêt immédiat des investissements pétroliers et gaziers sachant que c’est irréaliste à court terme ? ».
           À moins que ce soit à titre pédagogique, afin d’alerter les opinions publiques et les États sur l’urgence de la lutte contre les émissions de CO2.
           S’agissant de l’Algérie, Sadek Boussena estime que les dispositions à prendre pour un futur proche vont impliquer « aussi bien ses exportations que sa consommation nationale » et « sa marge de manœuvre sera forcément contrainte, car il faut s’attendre à des pressions croissantes de la part de certains de ses partenaires », « ce qui pourrait gêner ses projets gaziers ».

           L’Algérie peut-elle cependant, dans les futures conditions du marché mondial, exporter plus de gaz ? L’ancien ministre de l’Énergie répond en égrenant les multiples atouts du pays.
           Réserves conventionnelles possibles estimées à 4.700 Gm3, plus que la Norvège, le premier fournisseur de l’Union européenne, premier producteur et exportateur en Afrique et sixième dans le monde (102,8 Gm3/an et des exportations de 54 Gm3 /an, dont 80 % destinées à l’Europe).

           L’Algérie dispose aussi d’une infrastructure variée avec des gazoducs vers l’Europe d’une capacité de 52 Gm3 et une capacité de GNL (29 Gm3).
           Les capacités potentielles d’exportation sont d’environ 80 Gm3, soit près de 30 milliards de mètres cubes de plus que le volume actuel des exportations.
           Cela, sans compter le gazoduc via la Sardaigne (Galsi) qui pourrait être repris si la production arrive à s’envoler. L’autre atout de l’Algérie, selon son ancien ministre de l’Énergie, c’est sa proximité de ses marchés et ses coûts de production « très concurrentiels ».
           Elle pourrait aussi « mieux valoriser » ses capacités de liquéfaction, réduire le torchage et récupérer d’importants volumes de gaz, « freiner la croissance de la consommation intérieure en appliquant une tarification plus adaptée aux économies d’énergie », substituer au gaz consommé en interne l’énergie solaire, voire du nucléaire, et développer la pétrochimie.
           Néanmoins, l’action la plus importante pour augmenter les volumes exportés reste le développement de nouvelles zones de production, y compris de gaz de schiste.
           « Jusqu’à preuve du contraire, le développement des gaz de schiste semble demeurer l’un des vecteurs basiques » de la stratégie gazière de Sonatrach, selon Sadek Boussena, qui appelle toutefois à la prudence.
           « Il faut s’assurer qu’un développement en grand (au-delà de quelques projets) soit compatible avec les perspectives mondiales d’offre, de demande, de lutte contre les émissions de CO2, d’environnement local et surtout du prix du gaz naturel sur le marché mondial », conseille l’ancien ministre de l’Énergie.

Ryad Hamadi                

De M. Pierre Jarrige
Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
    PDF 171A                                              PDF 172
    PDF 173                                                  PDF 173A
    PDF 174                                                  PDF 174A
    PDF 175                                                  PDF 175A
    PDF 179

Pierre Jarrige

Site Web:http://www.aviation-algerie.com/

Mon adresse : jarrige31@orange.fr



Dernier communiqué COVID
Envoyé par Eliane
Plusieurs variants ont été détectés simultanément, il faut s'y préparer.

     - Le variant Travolta donne toujours de la fièvre, mais seulement le samedi soir.

     - Le variant Suisse reste neutre, quel que soit le test PCR, antigénique ou sérologique.

     - Pour le variant Bordelais, pas de souci on a les Médoc.

     - Le variant Normand est difficile à prévoir : "P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non".

     - Le variant Belge serait redoutable, ça finit généralement par une mise en bière.

     - Ne craignez plus le variant Chinois, il est cantonné.

     - Par contre, le variant SNCF arrivera plus tard que prévu.

     - Contrairement aux apparences, le variant du Bénin serait grave voire dangereux.

     - En ce qui concerne le variant Italien, vous en prenez pour Milan.

     - De son côté, le variant écossais se tient à carreau.

     - Apparemment, avec le variant Japonais, il y a du sushi à se faire.

     - On parle de l'émergence d'un variant Colombien, mais il semblerait que ce soit de la poudre aux yeux.

     - S'agissant du variant Moscovite, c'est un méchant virusse.

     - Pour sa part, le variant Corse s'attaque au bouleau puisqu’il est transmis par l'écorce.

     - Le premier symptôme du variant Breton, c'est quand on commence à entendre le loup, le renard et la belette chanter.

     Prenez soin de vous






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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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