N° 205
Mai

https://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mai 2020
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
https://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO
  Un 1er mai particulier…    

         On pourrait se dire, enfin le joli mois de mai arrive… tout le monde l'adore mais cette année un peu particulière, beaucoup déchanteront.
         Avec le confinement ou déconfinement prévu, nous ne pourrons pas encore avoir des projets pour le futur proche, même s'il nous reste le digital. Il faudra encore forcément trouver l'inspiration pour animer nos journées afin d'éviter la sinistrose !

         Le 1er mai, " Fête du Travail ", Journée mondiale du Rire, ou Journée internationale de la frustration, mais faisons un peu d'histoire !
         Fabre d'Eglantine (parolier de la célèbre chanson Il pleut, il pleut bergère), inventeur des noms des mois du calendrier révolutionnaire décrété par la Convention le 4 frimaire an II (24 novembre 1793), prévoit une fête du Travail fixée au 19 septembre (3 sans-culottides) ; elle est déplacée par Saint-Just au 1er pluviôse (20 janvier).
         En 1848, une fête du Travail (fixée au 4 mars, date de l'abolition de l'esclavage) est instituée dans les colonies françaises. Le 14 juillet 1848 est choisi comme Fête des Travailleurs mais la manifestation doit être annulée à cause des émeutes de juin.
         Le 21 avril 1856, les travailleurs australiens organisent une journée d'arrêt total du travail, afin de manifester pour la journée de 8 heures.

         Depuis le 1er mai 1884, les syndicats américains revendiquaient la journée de 8 heures.
         C'est le 1er mai 1886 qu'un mouvement contestataire de 200 000 ouvriers américains obtient que la durée légale de travail journalière soit fixée à 8h. Une victoire au goût amer. En effet, le 1er mai 1886, tous les travailleurs n'ont pas obtenu satisfaction. Une grève démarre et de violents affrontements éclatent à Chicago. Le 3 mai, trois ouvriers trouvent la mort. Le 4, une bombe explose et fait quinze morts parmi les policiers. Elle conduira trois ouvriers à des peines de prison à perpétuité et cinq à la pendaison. Face aux preuves incertaines, ils seront finalement réhabilités.

         Cette victoire est à l'origine de la "Journée Internationale des travailleurs" créée en France le 1er mai 1890.
         L'idée d'une journée annuelle de revendication naît à la même époque en Europe.
         Le premier 1er mai se déroule en 1890 en France. Les ouvriers défilent pour demander la journée de huit heures. Ils portent un triangle rouge à la boutonnière. Ses trois côtés symbolisent le partage du temps entre le travail, le loisir et le sommeil.
         Le 1er mai devient un jour de manifestation ouvrière en France. Cette date fait aussi écho à des événements violents, à l'image de Fourmies en 1891 ( dix morts, dont deux enfants, et de 35 blessés, par la troupe) ou Paris en 1906 (là aussi, piétinement de la foule par les chevaux des gardes, des morts). La France n'a pas changé de méthode le 26 mars 1962 à Alger. Le gouvernement de Georges Clémenceau crée le ministère du Travail en octobre 1906 pour devenir le réceptacle des revendications des ouvriers. Peu avant le 1er mai 1919, la loi légalise la réduction du temps de travail à huit heures par jour.

         Il fallut cependant attendre 50 ans, pour que le 24 avril 1941, le Maréchal Pétain déclare ce jour chômé, avant qu'il devienne en 1947, un jour férié payé. C'est ainsi qu'est née la Fête du Travail !
         Depuis, et plusieurs fois, des gouvernements ont pensé que le 1er Mai mourait, mais il n'était que replié sur lui-même. Tel un Phénix il se relève à chaque fois, même le Covid 19 n'aura pas raison de lui.
         Depuis 1947, ce jour férié est traditionnellement consacré aux défilés des syndicats dans les grandes villes au cours desquels les participants portent à leur boutonnière une fleur d'églantine, rapidement remplacée par le Muguet, devenu la fleur emblème du 1er mai ! Fleur qui en était déjà l'emblème dans l'Empire Romain. Si, avec le temps, le 1er mai est devenu, en dehors de situations particulières, une journée symbolique, non pas de fête pour les syndicats, mais de solidarité et d'expression des revendications sociales

         En 2020, le 1er mai tombe un vendredi, certains s'étaient dit "chouette un WE de 3 jours" pour tous ceux qui ne travaillent pas le samedi et le dimanche mais c'était sans compter ce vilain virus qui est venu bouleverser tous nos plans !
         On a beaucoup entendu la rhétorique guerrière du président, face au virus, (qui n'est pas une armée d'occupation). Il s'appuie sur un pouvoir totalitaire et policier, appuyé par un régime " de collaboration " scientifique aux ordres de la finance, non pas pour protéger le peuple car il s'en fout comme de l'an quarante. Preuve est, que les "armes" et moyens exceptionnels auraient dû être mobilisés immédiatement (dès le début de l'année), et ils le sont malheureusement toujours insuffisamment en ce qui concerne les équipements de protection individuels (masques, gel, gants, blouses, tests, parois protectrices). aura distribué plus d'amendes que de masques, où l'on aura mobilisé des moyens considérables, caméras, drones, hélicoptères pour traquer le promeneur en forêt ou le baigneur solitaire alors qu'on manque de respirateurs et de gel hydroalcoolique. Des discours, blancs le matin et noirs le soir avec le croque-mort, pas le roi Salomon, non l'autre, qui annonce les décès le soir à la TV. Des contradictions en veux-tu en voilà avec le " premier sinistre et ses ministrons ".

         S'il est trop tôt pour dire ce qui changera dans notre vie, une fois notre liberté retrouvée, il est en revanche plus que temps d'affirmer que rien ne doit plus être " comme avant ". La situation actuelle demande, que chacun, dans son rôle, assume et remplisse ses responsabilités dans les prochaines consultations électorales, parce que la facture sera lourde à porter par les générations futures.
         Mêmes confiné-es, donnons à cette journée une force collective, même virtuelle ! Le 1er mai, soyons visibles, solidaires, déterminé-es !
         Comme la vente du Muguet est interdite dans la rue, (une aberration), je vous offre du muguet virtuel, qu'ils ne pourront pas nous voler.
         Bonne santé et bon courage à toutes et tous !
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.


Mais où sont les Pâques d'antan ?
Par M. Marc Donato

Le soleil incessant, ces heures au goût de sommeil et de vacances, n'invitaient plus comme auparavant aux fêtes de l'eau et de la chair. Elles sonnaient creux au contraire dans la ville… silencieuse. Elles avaient perdu l'éclat cuivré des saisons heureuses. Le soleil de la peste éteignait toutes les couleurs et faisait fuir toute joie.
Albert Camus – La peste.


Coronavirus 02.jpg          Ah ! Quelle était attendue cette fête de Pâques ! Après Noël et ses étapes obligées, Epiphanie, Chandeleur, c'était le premier grand rendez-vous religieux pour une France encore empreinte de catholicité. En ce mois de Carême, les cloches avaient déserté leurs clochers (parties à Rome ?) et toutes les statues des églises avaient été recouvertes de housses violettes. Avec Pâques, tout allait renaître, resplendir, carillonner. Cette période était attendue avec fébrilité. Fête de la renaissance, du printemps, à la maison d'abord, où les femmes s'échinaient sur la pédale de leur machine à coudre pour fournir aux enfants et à elles-mêmes des vêtements neufs à arborer le jour venu avec les rameaux recouverts de papier argenté et ornés de friandises et d'oranges. Fête du renouveau, fête de la propreté, occasion de se livrer au grand nettoyage de printemps et de la purification. Et puis c'était la cuisine qui prenait le pas le jour béni : dans toutes les rues on sentait l'agneau rôti et les gâteaux de Pâques avec œufs en garniture embaumaient les intérieurs, moufletas (crêpes) et makroutes faisaient le reste.

Coronavirus 02.jpg          Et si avec la conjonction de la Pâque chrétienne, de Pessah, la Pâque juive (comme en 2020) s'ajoutait de surcroît une fête musulmane, l'Herbaïa, fête du printemps universelle, alors c'était un comble ! Les rues explosaient de joie, le quartier était en liesse, toute la ville exultait.

          Mais voilà… C'était il y a longtemps ! Les années ont défilé emportant avec elles les habitudes d'autrefois.

          Nous sommes en 2020 ; cette année, Pâques et Pessah seront célébrées en avril, mais elles auront un arrière-goût amer. Le virus, bien sûr, mais pas que… Altra tempora, altra mores, les mœurs ont changé (en bien ?) avec les conditions de vie. Les familles sont éclatées aux quatre coins de l'hexagone (!), éparpillées à travers le monde par le fait des exigences des besoins professionnels, des péripéties conjugales, de la maladie et de l'âge. Les plus anciens sont dans des Ehpad. La déchristianisation est passée par-là, elle aussi, et le lien avec les racines religieuses est plus lâche. Plus lâche ? A voir ! En ces temps difficiles, certains s'en souviennent en rameutant le petit peuple des saints thaumaturges. Au cas où ils pourraient… Dieu, au secours ! Dieu comme roue de secours ! Foin de l'ingratitude…

Coronavirus 02.jpg          Mais surtout, cette année, Pâques et Pessah (le Ramadan viendra quelques jours plus tard) se fêteront à la sauce coronavirus. Fuyez-vous les uns les autres, proclame le nouvel évangile. Même Judas n'oserait un baise… Plus de poignées de mains franches et cordiales. Si j'osais blasphémer, je pasticherais saint Marc : " Si ta main t'entraîne à saluer, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans le coronavirus..."

          Coronavirus, mot inconnu il y a peu, aujourd'hui sur toutes les lèvres, invisible poison apparu récemment et qui, déjà en janvier, a fait annuler la fête du Jour de l'An chinois pourtant préparé avec une ferveur sans égale et une pompe à faire pâlir tous les dragons du monde. 2020 : plus de rassemblement familial, confinement oblige, offices interdits ou alors dans une très stricte intimité, noyés dans le silence des églises, des mosquées ou des synagogues plongées dans un mutisme angoissant de tristesse. Monseigneur retransmettra sa messe par internet et la mimouna, cette dernière soirée de Pessah, passera par WhatsApp.
          Pâques 2020 ! Triste résurrection, amère libération qui feront regretter d'autant la fête d'autrefois et les chasses aux œufs dans les jardins désertés par les petits lapins en chocolat. Les cloches elles-mêmes reviendront de Rome à pas feutrés afin de ne pas troubler la peine de tous ceux que le mal a endeuillés. Le 22 avril, elles résonneront quand même, tristement dans le ciel, toujours bleu, lui, pour nous rappeler le passage après la sortie d'Egypte du peuple hébreu ou la résurrection du Christ.

Coronavirus 02.jpg      Prions Dieu, implorons Allah, glorifions Yahvé, exhibons Roch et Sébastien, efficaces saints anti-pesteux, supplions sainte chloroquine, rien ne doit être épargné pour que ces cloches de Pâques dispersent à tout vent la joie et le bonheur.

          Puissent-elles sonner le plus rapidement possible la victoire de l'humanité sur ce satané virus ! Ce sera alors notre libération, notre résurrection, celles de nos Pâques 2020.

Marc DONATO - 6e jour de confinement - 27.3.2020

La CATHÉDRALE DE BÔNE en ALGÉRIE
Envoyé par M. JC Stella

            La Cathédrale Saint-Augustin de Bône, construite dans un style Gréco-Byzantin, élève sa masse quadrangulaire au nord du Cours National. Elle étonne par la bizarrerie de son architecture, mais en somme produit un bon effet (O. Niel 1878).
           Voici les principales étapes de sa construction
       - En 1846 : scellement de la première pierre
       - En 1852 : inauguration
       - En 1872 : pose des grandes orgues rénovées

            M. GONDARD (1856-1872) prêtre éminent a meublé la cathédrale en lui donnant un relief qu'elle n'avait pas jusqu'ici. Il l'a dotée des orgues qui à leur inauguration étaient les plus remarquables d'Algérie.
            Cette cathédrale a été complètement rasée par l'Etat Algérien en 1972.

            Tout à côté sur la place Jeanne d'Arc se trouve une statue d'une Jeanne au bûcher qui fut la première réalisation du sculpteur Maxime RÉAL DEL SARTE (1888-1954).
            Inaugurée par Alexandre MILLERAND (1859-1943), président de la République de 1920 à 1924. Sa réplique, la plus connue, orne la place du Vieux Marché à Rouen.
            Elle avait été transférée en 1966 dans l'abside de la Cathédrale de Bône sous la bonne garde du Chanoine HOUCHE, son archiprêtre. Elle a vraisemblablement disparue lors de la destruction de la cathédrale en 1972.

            Seules les cloches ont été sauvées. En 1962 elles ont été rapatriées à l'église du Sacré-Cœur d'Antibes (10, rue du Chaudron) par son premier curé, l'abbé Léon d'AGON DE LA CONTRIE, né en 1908 à Aïn Beïda, d'une famille alsacienne installée en Algérie. Elles ont été de nouveau sollicitées lors de la consécration de l'église en 1972, l'année même de la destruction de la Cathédrale de Bône.

            Voici l'historique de ces cinq cloches :
            1 - Cloche Louise, fondue en 1863 par BOLLEE père et fils au Mans, diamètre 89,5cm, note : la (octave 3)
            Inscriptions en relief : Mgr. L.A. PAVY évêque, Mgr C.L. PAVY vicaire général, A.M. GONDARD curé
            Elle a été donnée par la commune de Bône M. P.A. LACOMBE Maire. "J'ai été bénite en 1863, mon parrain J. LABAILLE, ma Marraine Mme L.N. LACOMBE m'ont nommé "LOUISE". Mr A. FOUQUE, Président du Conseil de Fabrique - J. MOURIED Trésorier."
            Diocèse d'Algerresurgens non Moritur, Paroisse Saint--Augustin de Bône-Hippone
            Exposition de Tours : Médaille d'agent 1839 " BOLLEE Père et Fils, Fondeurs au Mans - France Sarthe.

            2 - Cloche Caroline, fondue en 1863 par BOLLEE père et fils au Mans, diamètre 70 cm, note : do (octave 4)

            3 - Cloche n° 3 , fondue en 1863 par CULLIET père et fils à LYON , diamètre 45 cm, note : sol (octave 4)
            Parrain : Pierre Hippolyte SERVET, Marraine : Julie ENJALBERT, village d'Aïn Kial, fondé en 1855

            4 - Cloche Augusta Maria, fondue en 1883 par TOUSSAINT MAUREL à Marseille diamètre 76,5 cm, note : si (octave 3)
            Parrain : Pierre Auguste LACOMBE, Marraine : Victorine DEBONO, Curé : Pierre Louis-Philippe DESPLAS

            5 - Le bourdon Saint-Augustin, fondu en 1936 par les fils de G. PACCARD à Annecy
            Diamètre : 160 cm, note : si (octave 2)
            Parrain : Dr Paul QUINTARD, Marraine : Mathilde JAMMY
            Inscriptions en relief : JOANNON François, THOMAS Alexandre, DUFOUR Maurice, PRALUS Eugène, CAUCHI Louis, CAMILLIERI Eugène, BELORGEY Jean, ALBERTELLI Jean, Son excellence Monseigneur THIENARD, évêque de Constantine et d'Hippone - PANTALONI Paul Maire de BÔNE, BERUARD Archiprêtre de la Cathédrale
            "À la mémoire des 416 enfants catholiques de Bône tombés au Champ d'Honneur, Grande Guerre 1914-1918 "
            Signé : les fils de G. PACCARD Maîtres fondeurs à ANNECY.

            La n° 5, la plus grosse, est installée sur un portique en métal tandis que les 4 autres sont montées sur un beffroi métallique.
            Cette cloche à l'origine " en rétro- lancé " est fixe depuis quelques années de même que les cloches 2 et 3. Seules les cloches 1 et 4 peuvent sonner en volée.
            Elles sont équipées de jougs droits en métal permettant le " Lancé -franc".

Recherches par Pierre MATARÈSE (Août 2019)            

            https://www.renaissancecatholique.org/on-est-puni-par-ou-lon-a-peche/
                       



L'HISTOIRE DE MURAD
ECHO D'ORANIE - N°256

            Aujourd'hui je vais vous conter une histoire, une parabole, si vous voulez Il était une fois : il y a très longtemps, dans un pays imaginaire, un homme qui s'appelait Murad. Il avait beaucoup voyagé, beaucoup travaillé: il avait amassé une considérable fortune et se croyait très sage. Il vint s'établir dans un village où vivaient cent familles. Elles étaient pauvres et chargées d'enfants.
            Les vieux du village firent bon accueil à Murad et bientôt chacun vint le prier de l'aider dans son malheur. Murad pensa qu'il devait partager son bien-être: Il choisit dix hommes parmi les plus forts, les plus intelligents et les plus dynamiques, il les combla de bienfaits et les encouragea à faire régner autour d'eux le bonheur en pratiquant la même charité qu'il avait manifesté que celle à leur égard.

            Mais, bien loin d'agir ainsi, ces hommes dépourvus de cœur se montrèrent méchants, cupides ou écervelés. Alors Murad se dit que sa méthode était mauvaise. Il organisa le village comme une entreprise dans laquelle tous trouvèrent du travail et purent nourrir leur famille. Vous pensez, sans doute, que les hommes, les femmes, les vieux, les jeunes, se souvenant de leur misère passée, bénissaient le nom de Murad et baisaient la trace de ses chaussures. Point du tout: Ceux qui le trouvaient trop dur le traitaient d'exploiteur, ceux qui le trouvaient trop doux l'accusaient de paternalisme.
            Tous murmuraient dans son dos, mais de plus en plus fort, et Murad, qui n'était pas sot, entendait fort bien mais ne savait que faire. Un vieux du village, moins bête que les autres, ou peut-être reconnaissant, qui sait ? Vint lui dire en cachette qu'on menaçait sa vie, mais Murad lui dit: "Je suis vieux maintenant, je n'ai pas de fils et ne tiens guère à la vie. Nous allons bien voir si les gens de ce village sont, vraiment, aussi méchants que tu le dis." Murad réunit les villageois et leur tint ce langage: "Je vous donne tous mes biens, faites-les fructifier. Pour moi, qui ne garderai rien, je m'en remets à votre bonté afin que chacun de vous me donne un peu de pain et le gîte.
            Ainsi, je finirai ma vie paisiblement parmi vous." Or, il s'avéra que, partagé entre cent familles, le bien de Murad, pour considérable qu'il fût, n'apportait à chacun que bien peu de chose. Tous se sentirent lésés et Murad fut abandonné, pauvre comme Job sur son fumier, et couvert d'injures et de crachats.

            Cette triste histoire ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose ? Quand dans nos villes et nos villages, Murad s'appelait Hernandez, Martin ou Attia, il donnait du travail à tous et après son départ, ses maigres biens n'ont fait le bonheur de personne. Lorsqu'il a pu partir... Souvent ne s'est pas offert le choix entre la valise et le cercueil, les fellaghas tranchaient, au sens, je ne dirai pas propre du mot...
            Et si, aujourd'hui, Murad s'appelait la France ou même l'Europe ? Que voila une vilaine pensée qui ne peut m'effleurer, pas plus que vous, n'est-ce pas ?
Geneviève de Ternant

LE MUTILE N° 75, 1919

LA LOI
portant l'Accession des indigènes d'Algérie
à la qualité de citoyen français

        Le vote de cette loi réparatrice qui n'est, en somme, que l'établissement définitif de droits à ceux que le sénatus-consulte de 1865 a déclarés Français, a fait pousser de hauts cris aux partisans du péril arabe ; et a fait verser des îlots d'encre. Et, détail bizarre, ce sont précisément ceux qui ignorent tout de la mentalité arabe, qui, peut-être, les ont à peine entrevus en France, où ils se sont rendus par milliers pour y verser leur sang généreux, qui ont été les premiers à s'alarmer d'une loi juste et bienfaisante qu'il serait injuste d'appeler la récompense d'un loyalisme insoupçonnable, mais plutôt un droit.

       Pour étayer leur documentation, les adversaires de l'accessibilité dès indigènes à la qualité de citoyen français, sont allés jusqu'à prétendre que la disproportion des deux éléments français et indigènes allait créer, en faveur de ces derniers, une majorité écrasante et bouleverser le suffrage universel.
        Il s'est même trouvé des Algériens pour partager cette manière de penser et dire hautement que si, notamment, les conseillers indigènes peuvent intervenir dans l'élection du maire, c'en est fait de la souveraineté nationale.
       C'est là une objection qui n'a pas sa raison d'être pour celui qui a suivi lés débats parlementaires, qui connaît le texte de la loi tel qu'il a été volé et dont nous donnons la teneur plus loin.

       On pourrait prétendre, a la rigueur, que la minorité que représentera l'élément indigène, jointe à la minorité française d'un conseil municipal, pourra faire échec à la majorité et amener, à la tète de là mairie, un membre de la minorité française. C'est là, chose possible, mais cette possibilité n'est pas un péril car, en somme, cette minorité qui existe au sein de toutes nos assemblées municipales est la preuve que, dans nos plus petits villages, il existe une controverse qui constitue, en un mot, une commission de contrôle des délibérations municipales et des actes municipaux. Le contraire pourrait faire supposer qu'il y a entente tacite entre la municipalité et les conseillers, au préjudice des deniers communaux.

       Et en supposant que vraiment les conseillers indigènes soient animés du désir de nuire, par une coalition dangereuse, on a toujours le moyen de leur refuser de participer à l'élection des maires, en les écartant purement et simplement des conseils municipaux.
       A vrai dire, les conseillers indigènes qui, jusqu'à ce jour, ont siégé dans nos assemblées municipales, sans pouvoir prétendre à l'élection de la municipalité, n'ont jamais, à notre connaissance, occasionné le moindre trouble.
       Nous les avons vus, en période troublée, en pleine agitation, quand l'effervescence gagnait nos assemblées, après avoir semé la panique dans la rue, rester calmes, dignes et conserver une neutralité dont, à aucun instant, ils n'ont voulu se départir, au profit de l'un ou de l'autre parti.

       Celle sage réserve qu'ils ont observée, il y a vingt ans, ils l'observeront d'autant mieux que la période de l'agitation a, depuis longtemps cessé. L'union sacrée, consentie au nom d'une commune patrie, est cimentée à jamais et le sang versé abondamment au cours de cette horrible et longue guerre a mis le sceau à cette union.
       Les indigènes qui se sont illustrés en Crimée, dans les plaines d'Italie, sur les champs de bataille de 1870, en Tunisie, au Tonkin, à Madagascar, au Maroc et au cours de celte formidable guerre, ont conquis de haute lutte le baptême français.

       Il ne faudrait pas cependant supposer que tous les indigènes vont le devenir, ce serait la une grosse erreur, car il faut, pour ainsi dire, montrer patte blanche pour mériter l'honneur d'entrer dans la grande famille française. Si l'article 1er de la loi indique que les indigènes d'Algérie pourront accéder à la qualité de citoyen français, en vertu des dispositions du sénatus-consulte du 14 juillet 1865 et de la présente loi, l'article II dit textuellement :
       "Tout indigène algérien obtiendra, sur sa demande, la qualité de citoyen français, s'il remplit les conditions suivantes :
       1° Etre âgé de vingt-cinq ans ;
       2° Être monogame ou célibataire ;
       3° N'avoir jamais été condamné pour crime on pour délit comportant la perte des droits politiques et n'avoir subi aucune peine disciplinaire, soit pour actes d'hostilité contre la souveraineté française, soit pour prédication politique-ou religieuse ou menaces de nature à porter atteinte à la sécurité générale.
       4" Avoir deux ans de résidence consécutive dans la même commune, en France ou en Algérie ou dans une circonscription administrative correspondante d'une colonie française ou d'un pays de protectorat français.

       Et s'il satisfait, en outre, à une des conditions spéciales suivantes :
       a) Avoir servi dans les armées de terre ou de mer et justifier de sa bonne conduite par une attestation de l'autorité militaire ;
       b) Savoir lire et écrire en français ;
       c) Etre propriétaire ou fermier d'un bien rural ou propriétaire d'un immeuble urbain ou être inscrit au rôle, soit des patentes, soit des impôts de remplacement, depuis un an au moins dans la même commune, pour une profession sédentaire ;
       d) Etre titulaire d'une fonction publique ou d'une pension de retraite pour services publics ;
       e) Avoir été investi d'un mandat public électif ;
       f) Etre titulaire d'une décoration française ou d'une distinction honorifique accordée par le gouvernement français ;
       g) Etre né d'un indigène devenu citoyen français, alors que le demandeur avait atteint l'âge de 21 ans.
       "La femme d'un indigène devenu citoyen français, postérieurement à son mariage, pourra demander à suivre la nouvelle condition de son mari,

       "Art. 3 : - L'indigène musulman algérien qui désire bénéficier de la présente loi doit adresser au juge de paix ou à l'autorité qui le remplace une demande en deux exemplaires et y joindre les pièces suivantes :
       1° Son acte de naissance ou, à défaut, un acte de notoriété dressé sur l'attestation de quatre témoins par le juge de paix ou par le cadi du lieu de la résidence ;
       2° Les pièces justifiant que les conditions prévues à l'article 2 sont remplies ;
       3° Un extrait de son casier judiciaire ;
       4° Les actes de naissance de ses enfants mineurs ou les actes de notoriété qui en tiennent lieu.
       "Le greffier de la justice de paix lui délivre un récépissé de sa demande et en transmet, sans délai, un duplicata au gouverneur général de l'Algérie."

       Les articles 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 indiquent dans quelles conditions le dossier constitué par le juge de paix, après convocation du postulant est adressé au greffe du tribunal civil de l'arrondissement, après avis au procureur de la République et au gouverneur général, comment un délai de deux mois est nécessaire pour leur permettre de donner leur avis favorable ou défavorable.
       S'il n'y a aucune opposition de leur part, le tribunal de première instance, à la première audience publique, déclare que le postulant remplit les conditions fixées par la loi et est admis à la qualité de citoyen français.
       Mention en est alors faite, en marge de son acte de naissance ou de son acte de mariage, s'il y a lieu, à défaut sur l'acte de notoriété établi conformément à l'article 3.

       Dans le cas d'opposition, soit par le gouverneur générai, soit par le procureur de la République, notifiée par simple lettre au greffe du tribunal, dans les délais prévus, le tribunal examine si l'opposition est fondée et statue, en audience publique, dans le délai d'un mois.
       Toutefois, dans le même délai de deux mois, le gouverneur pourra, par un arrêté délibéré en conseil du gouvernement et approuvé par le ministre de l'intérieur, supposer pour cause d'indignité à la déclaration du tribunal. La demande ainsi rejetée ne pourra être renouvelée qu'après un délai de cinq ans.
       Le pourvoi en cassation est ouvert contre la décision du tribunal et sera suspensif.
       Les actes judiciaires seront dispensés du timbre et enregistrés sans frais. Les extraits d'actes de l'état-civil seront délivrés gratuitement, sur papier libre, aux intéressés et au juge de paix, etc.

       Ainsi, il est admis que la mince ouverture par laquelle les indigènes peuvent pénétrer dans la grande famille française écarte ce péril imaginaire que des esprits faciles à s'alarmer ont créé de toute pièce.
       Les formalités à accomplir, les conditions multiples qui sont imposées aux indigènes sont des garanties que nos frères musulmans appelés à bénéficier de la qualité de citoyen français seront dignes de ce véritable titre de noblesse humaine.
       Nous avons dit que cette loi était méritée et par la loi de 1865 et par le loyalisme et l'héroïsme des populations indigènes qui, depuis un demi-siècle, versent leur sang sur un peu tous les champs de bataille où ils sont appelés à faire respecter notre drapeau.
       La suspicion illégitime dont ils ont été l'objet et qu'a partagée M. Clemenceau à un moment donné, tombe d'elle-même. Notre grand Premier l'a reconnu spontanément, regrettant d'avoir dit un jour : "Si la guerre éclate entre la France et l'Allemagne, les indigènes d'Algérie, parmi lesquels gronde la révolte, se soulèveront comme un seul homme pour reconquérir leur liberté."

       Nous avons vu qu'au contraire, ils ont répondu en masse à l'appel angoissé de la Mère-Patrie et que seul un léger soulèvement local, motivé par les mauvaises conditions de l'application de la conscription indigène, soulèvement vite réprimé s'est produit à la troisième année de guerre.
       La loi votée fait justice des perfides insinuations de la presse boche qui a essayé de créer une division entre les colons français et les indigènes qu'elle voulait opposer les uns aux autres pour contrecarrer une assimilation dont elle sentait toute la grandeur et craignait les conséquences.
       Les braves turcos tombés dans la fournaise, à Charleroi ou à la Marne, ont le droit de dormir côte à côte avec nos admirables petits pioupious, dans la terre française que leur courage a arraché, lambeau par lambeau, à l'envahisseur.
       Ils ont fait tout leur devoir ces braves gens, nous avions le devoir de faire le nôtre et, à notre avis, cette loi réparatrice et cet acte de justice qui en découle n'ont eu qu'un tort, c'est d'avoir été trop tardifs.

Adjudant Rupoille               


   MANO ZAMMIT    
Envoyé par M. JC Stella
         
La peste.jpg         En hommage à notre ami MANO ZAMMIT récemment décédé, voici un souvenir de notre chère Caroube.

         Cette année-là, Monsieur MONTGAILLARD avait loué un cabanon pour la saison estivale. On s'était vite rendu compte que ce policier, fraîchement débarqué de Métropole, était vindicatif et réagissait violemment à la moindre provocation. Ainsi un jour qu'il réglait la circulation sur le cours Bertagna en compagnie d'un supplétif Serge PAPAGNO, celui-ci voyant Jean-Bernard PÉTRONI sur son scooter signale l'arrivée de son cousin à son supérieur. Mongaillard l'arrête non pas pour une simple vérification des papiers, mais pour le verbaliser sous prétexte qu'il avait brûlé le feu rouge. Jean-Bernard n'est pas d'accord, la discussion s'envenime et se termine en pugilat. D'un coup de boule, Jean-Bernard envoie son adversaire s'étaler dans les plates-bandes. Malheureusement juste à ce moment-là, Fernand PÉTRONI sortait de la Mairie où il travaillait. Voyant son fils se battre avec un flic, il intervient aussitôt et punit très sévèrement son rejeton.

          Pour la bande de La Caroube, cette sanction était injustifiée. On décide de se venger en gâchant les vacances de Montgaillard à La Caroube. On allait profiter de toutes les occasions pour exciter le bonhomme et, malgré moi, j'ai participé à l'une d'entre elles.
         Après dîner, les jeunes avaient l'habitude de se réunir par groupes à la plage pour discuter. Ce soir-là j'ai constaté avec étonnement que je n'étais entouré que de filles. Je me demandais où étaient passés les garçons, quand arriva un trio formé de Petit Jean, mon frère Gérard et Mano. Ce dernier nous interpelle :
         "Vous avez vu où vous vous êtes installés ?
         -Quoi, m'exclamai-je ! Comme d'habitude au bord de l'eau !
         -Oui, mais pas n'importe où, vous êtes juste en face du cabanon de MONTGAILLARD.
         -Et alors ?
         -Alors vous êtes aux premières loges pour assister au spectacle.
         -Quel spectacle ?
         -Vous allez voir."
         Aussitôt les trois compères ramassent une poignée de minuscules galets et, au signal de Mano, les envoient le plus haut possible au-dessus du toit en tôle du cabanon de MONTGAILLARD. Quand ils retombent en pluie, ils provoquent un boucan épouvantable …mais il ne se passe rien.
         Narquois je m'adresse à Mano :
         " Eh Mano, ton spectacle il a fait tchouffa !
         -Oh, le vicieux, il zieute derrière la vitre. Il veut voir d'où va partir la deuxième salve. Ne le faisons pas attendre, mais un bon conseil : déguerpissez avant même la chute du premier caillou.
         -Il n'y a aucune raison pour cela, nous ne faisons rien de mal.
         -Alors vous allez le regretter."

         Pour compenser la déclivité de la pente et ne rien perdre du spectacle promis, je m'étais légèrement redressé. De nouveau trois poignées de galets sont projetées en l'air mais cette fois au premier choc sur la tôle, la porte du cabanon s'ouvre violemment et MONTGAILLARD en jaillit. Il fonce tête baissée tel un animal fou vers … moi ! J'ai juste le temps de me relever complètement, d'esquisser un pas de côté et d'enrouler machinalement mon bras droit autour du cou du furieux. Il pousse de toutes ses forces et me voilà emporté dans une sarabande infernale heureusement en direction des cabanons. Au bout d'un moment il est bien obligé de s'arrêter pour reprendre son souffle. Je desserre mon étreinte car pour moi c'est l'occasion d'entamer les négociations :
         "Monsieur MONGAILLARD, je vous jure que ce n'est pas moi.
         -Menteur, je t'ai vu, vu de mes propres yeux."

         Il en est complètement persuadé. Si je le libère, je sais qu'il n'hésitera pas à me frapper. Je suis chrétien mais si je reçois des coups, ce n'est pas l'autre joue que je tends, mais mes poings. Je me trouve dans une situation inextricable car je répugne de me battre avec un père de famille qui de plus est dans son bon droit. Heureusement les filles ont prévenu les adultes. Arrivent mon père et Fernand PÉTRONI. Ce dernier qui connaît tout le monde à La Caroube prend l'affaire en main. C'est d'abord à moi qu'il s'adresse :
         "Jean-Claude, lâche monsieur MONTGAILLARD.
         -Si je fais cela, il va me frapper.
         - Monsieur MONTGAILLARD, pourquoi voulez-vous frapper Jean-Claude ?
         - Ce petit saligaud s'amuse à lancer des pierres sur le toit de mon cabanon.
         - Vous vous trompez, les filles qui nous ont avertis, nous ont juré que ce n'est pas lui. D'ailleurs Jean-Claude est un garçon sérieux, c'est un jeune instituteur qui est incapable de faire de telles bêtises. Son père qui est à mes côtés peut vous le confirmer."

         De nouveau s'adressant à moi :
         " Jean-Claude, lâche monsieur MONTGAILLARD.
         -D'accord à condition qu'il promette de ne pas me frapper."
         Long silence. Fernand s'impatiente :
         " Alors, Monsieur MONTGAILLARD vous promettez ?"

         Après de longues hésitations celui-ci finit par accepter. Aussitôt je le libère et me sauve loin de la lumière des cabanons. Arrivé dans la pénombre au bord de l'eau, j'aperçois les trois lascars en train de rire en se tenant les côtes. Et Mano ne peut s'empêcher de me lancer :
         " Qu'est ce qui t'a pris Jean-Claude ? Tu devais simplement assister au spectacle et non pas y jouer un rôle."

Jean Claude Stella              


L'Égyptienne endormie
Envoyé par M. P. Hecquard

           Après avoir gravi la route sinueuse et pentue qui mène à Bugeaud-Séraïdi, parmi les myrtes poivrés, les genets et les genévriers, le regard se pose sur Bône alanguie le long de la Grande Bleue.
Bône vue de Bugeaud-Seraïdi

           Mais si le regard se tourne de l'autre côté, vers les contreforts de l'Édough, alors se dévoile l'Égyptienne Endormie, voluptueuse déesse allongée face au ciel immaculé de méditerranée.
L'Égyptienne endormie

           Sur son lit de cistes brodé, de genêts d'or,
           Alanguie sous les monts de l'Édough, elle dort.
           Aux matins clairs vole la première hirondelle
           Sous le vaste ciel embaumé des parfums d'asphodèle.

           Alors l'Égyptienne, endormie éternelle,
           L'entend et l'appelle ; la jolie ritournelle
           L'éveille ; elle vibre et vit et sourit à l'aurore
           Et goûte enfin au suc poudré de l'héliodore.

           Ses cheveux embrumés se mêlent à la mer
           Bleue d'Afrique d'où monte un murmure triste.
           La volupté du soir aux couleurs d'améthyste.

           Brûle son cœur de pierre. Enfin, le Cap de Fer
           Sombre dans la mer méditerranéenne
           Et la nuit engloutit la déesse égyptienne…
Pierre Hecquard
02 avril 2020


PHOTO DE BÔNE
Envoyée par JL Ventura

    Une reproduction d'après une gravure historique : La brigade de Nemours quitte Bône le 27 septembre 1837.
On voit notamment que la brigade passe devant le marabout et sur le pont de la Seybouse. Reproduction que j'ai faite dans les années 90. Roland-Antoine Magluili.        



Et si Camus avait déjà tout dit ?...
Par M. Marc Donato


          La littérature nous offre plusieurs romans sur les épidémies. 1951, Jean Giono, Le hussard sur le toit, le choléra en Provence vu à travers les aventures de l'invincible Angelo. 1995, José Saramago, le Portugais, Prix Nobel de littérature en 1998, L'aveuglement, récit d'un mal qui s'abat sur le pays à une vitesse foudroyante : les gens sont subitement frappés par une lumière blanche qui les rend aveugles. 1947, Albert Camus dans La peste rapporte les ravages de la maladie qui frappe la ville d'Oran.
          Visionnaire Camus ? A voir…
          1947 : décor, Oran ; le mal, la peste ; une épidémie. Chaque jour, la ville compte ses morts et les ensevelit sans savoir quand la maladie prendra fin.
La peste.jpg          2020 : décor, le monde entier ; le mal, coronavirus ; une pandémie. La peste à l'échelon mondial. Chaque jour, les pays comptent leurs morts et les ensevelissent sans savoir quand le virus sera vaincu.
          Oran frappée par le mal, la peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom, envahit la ville avec les rats. Les décès arrivent, la mortalité s'amplifie. Les autorités, après avoir hésité, ferment les portes de la ville empêchant entrées et sorties. Aujourd'hui aussi, devant une évolution comparable, après de longues tergiversations, certains ferment leurs frontières. Le laisser-passer est rendu obligatoire pour entrer en France.
          Il y a d'abord cette ressemblance troublante.
          "Insouciance du printemps naissant ; la ville regarde avec légèreté s'abattre sur elle un fléau que l'on rechigne à appeler par son nom. Il faut toute la pugnacité des médecins pour que le préfet se décide à prendre les mesures qui s'imposent". Un simple transfert nous ramènera à notre situation actuelle.

          Et en ces périodes d'épidémie, les hommes se dévoilent, mettant à jour la constance de leur véritable caractère, généreux ou égoïste, exhibant l'intemporalité de leur comportement, bon ou mauvais. C'est un drame pour l'humanité au destin absurde (dixit Camus) où peste ou virus servent de révélateur. Et, en ce sens, les personnages de la chronique camusienne ne sont pas différents de nous.
          Alors face à l'absurdité comment réagissons-nous ? Egoïsme ? Solidarité ?
          Rambert, le journaliste franc-tireur, découvre avec retard le sort de la communauté : " il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul ".

          Quant à Rieux, le docteur, d'emblée, il reconnaît que la peste est l'affaire de tous et il soigne indifféremment pauvres et riches, hommes et femmes, jeunes et vieux. Aujourd'hui serait-il contraint à faire un choix ?
          Car ce médecin préfigure nos "soignants ". Prudence d'abord, d'où ce mot, alors qu'il refuse un certificat à Rambert, qui n'est pas sans nous rappeler la période d'incubation dont on parle beaucoup aujourd'hui :
          - J'ignore si vous avez ou non cette maladie et parce que, même dans ce cas, je ne puis pas certifier qu'entre la seconde où vous sortirez de mon bureau et celle où vous entrerez à la préfecture, vous ne serez pas infecté.
          Et puis, cet engagement essentiel : il faut soigner, et soigner chacun ; on se doit d'améliorer ce monde. Et ce sera la morale de ce drame, celle de la solidarité qui oblige à résister.
          - Il faut être fou, lâche ou aveugle pour se résigner à la peste, proclame le docteur Rieux. Il aurait été applaudi sur les coups de 20 heures ! Un copié-collé en changeant peste par virus mettra nos soignants à l'honneur.

Coronavirus 02.jpg          Dans le roman, les personnages ne découvrent que progressivement la nécessité de vivre ensemble. De l'égoïste individualité, on passe au collectif (à Oran, ce fut long à être compris, comme chez nous) qui fait espérer encore en l'Homme. Un Homme longtemps inconscient du danger. Respectons-nous toujours le confinement, les consignes de distanciation ou les mesures prophylactiques malgré les conseils et les appels à la vigilance diffusés à longueur de journée par les médias, le ministre de la Santé ou le professeur Jérôme Salomon ? Ils savent (pas toujours !) comme Rieux :
          - Cette foule en joie ignorait, et on peut le lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse."
          Eh, oui ! Un rayon de soleil et à nous la liberté et on se croit guéri et invincible. Vive le jogging, envahissons parcs et jardins…
          Pourtant, on le proclame : on est en guerre ! "Nous sommes en guerre", a répété six fois Emmanuel Macron. A Oran aussi, c'était la guerre, les reclus vivaient "une vie de prisonniers", l'avance de la maladie annonçait une "interminable défaite".
          Les fake news n'existaient pas à l'époque, mais les rumeurs oui. Et dans le concert des voix qui savent, se mêlent les accents de ceux qui savent mieux que les autres, des super "sachants". Il s'en trouve même qui s'élèvent prétendant comme le Père Paneloux, prêtre d'Oran, dénoncer un châtiment divin, une punition venue du ciel et c'est le champ libre à tous les prophètes de malheur, aux complotistes de tout poil…

          Pendant la Peste, à Oran comme chez nous, les "lieux de rencontre deviennent des lieux morts". On ferme mais on refuse encore les mesures préconisées par les autorités et imposées par le virus. Pourtant comme le dit Tarrou, un peu notre directeur de la Santé, qui tient les mêmes propos : il faut absolument " refuser tout ce qui, de près ou de loin, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu'on fasse mourir ".
          Le docteur Rieux ressemble à tous nos soignants : personnage modeste et humble, il refuse d'être un héros au sens traditionnel du terme, parle souvent de son ignorance, ne donne jamais de vérité définitive, avoue ne pas connaître la véritable efficacité du sérum (chloroquine ?), et considère que ce qui est important " c'est de bien faire son métier ". Sa seule ambition est de soigner les malades et il refuse d'arrêter, de s'avouer vaincu malgré l'accroissement du mal. Nos infirmières, nos médecins pourraient faire leur ses propos :
          " Il fallait lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d'empêcher le plus d'hommes possible de mourir (…). Il n'y avait pour ça qu'un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n'était pas admirable, elle n'était que conséquente ".

          Tarrou, le révolutionnaire, meurt de s'être trop occupé des autres. En France, début avril, plusieurs médecins et soignants ont déjà payé de leur vie leur engagement auprès de leurs patients. Pensons aussi aux petits, aux obscurs, aux sans grades, peut-être gilets jaunes d'hier, qui se sont mis à notre service en bravant le danger quotidiennement.
          Et puis, dans ces périodes troubles, il y a toujours les canailles qui tirent profit de la situation. Le mystérieux Cottard, malhonnête, peut-être criminel, se réjouit de ce qui se passe pour pratiquer le marché noir. Voilà qui nous ramène aux heures sombres de la guerre, mais d'une façon générale à tous ces moments douloureux qui font le bonheur et les choux gras de certains opportunistes sans scrupules. Aujourd'hui encore, escroqueries, vols de masques (à l'échelon international, même !), trafics de médicaments… sont très vite apparus.
          Et avec ces épidémies, c'est toute une société qui ne se reconnaît plus. Giono décrit la désorganisation d'une région ainsi que les faiblesses et la grandeur de l'homme sous l'effet du choléra. Chez José Samarago, la société cesse de fonctionner ; les hommes perdent leurs principes de civilisés dans leur lutte pour leur survie. Notre monde aussi ne tourne plus aussi rond : l'activité s'est brusquement arrêtée, l'économie est en berne, la bourse a fortement décroché, les pays s'endettent et ce n'est qu'un début. Entrevoit-on seulement la fin du cauchemar ? Quid du déconfinement ? Combien d'entreprises vont disparaître ? Quelles séquelles psychologiques, physiques ? Une fracture plus grande de la société ? Sociale ? Scolaire ? Combien de morts, surtout ?
          En cette période de pandémie de coronavirus, "La Peste" de Camus a connu une hausse des ventes dans de nombreux pays du monde.

          Deon Meyer avait pris les devants avec L'année du lion, son polar apocalyptique paru en 2017. Nostradamus et les voyants clairvoyants ont été non-voyants cette fois-ci. Combien écriront la pandémie de 2020 ?
          Envisageons avec une extrême prudence l'avenir, des heures plus gaies de grandes réjouissances. Que d'apéros, de repas, de méchouis, de barbecues sont déjà programmés !!! Les restaurants vont se refaire rapidement…
          Efforçons-nous d'être optimistes et laissons le mot de la fin à Camus pour entrevoir ce qui pourrait se passer à la fin du virus comme à la fin de la peste :
          " On dansait sur toutes les places. Du jour au lendemain, la circulation avait considérablement augmenté et les automobiles, devenues plus nombreuses, circulaient difficilement dans les rues envahies. Les cloches de la ville sonnèrent, à la volée, pendant tout l'après-midi. Elles remplissaient de leurs vibrations un ciel bleu et doré. Dans les églises, en effet, des actions de grâces étaient récitées. Mais, en même temps, les lieux de réjouissance étaient pleins à craquer et les cafés, sans se soucier de l'avenir, distribuaient leurs derniers alcools. Devant leurs comptoirs, se pressait une foule de gens pareillement excités et, parmi eux, de nombreux couples enlacés qui ne craignaient pas de se donner en spectacle. Tous criaient ou riaient. La provision de vie qu'ils avaient faite pendant ces mois où chacun avait mis son âme en veilleuse, ils la dépensaient ce jour-là qui était comme le jour de leur survie".


Marc Donato - 7 avril 2020 - 18e jour de confinement.

LES ODEURS DE LÀ-BAS
Texte de 1950 de Mme Odette TREMELAT LEGAY
Envoyé par plusieurs internautes
"Je ne pourrai pas vivre en dehors d'Alger. Jamais.
Je voyagerai car j'aime le monde, mais j'ai la conviction que, ailleurs, je serai toujours en exil". A. CAMUS
Seule, la citation est de Camus.
LES ODEURS DE LÀ-BAS

         Sens-tu le frais parfum de la blanche anisette
         Dans le verre embué ? Et celui des brochettes
         Aux portes des cafés ? De là-bas c'est l'odeur.
         Me voici transportée sous l'oranger en fleurs
         Des souvenirs, soudain, s'ouvre tout grand le livre
         Quand toutes ces senteurs se mettent à revivre,
         C'est un ciel éclatant d'azur et de vermeil
         Une mer d'émail bleu ondulant au soleil

         C'est la vigne naissant au sein des terres rouges
         C'est midi si brûlant que l'ombre seule bouge
         C'est l'ardente clarté courbant les floraisons
         C'est la chaleur, la plage ; c'est notre maison.
         Respire à pleins poumons cette odeur généreuse
         Et vois le bourricot sur la route poudreuse
         Qui trotte résigné, chargé de lourds paniers
         Qui lui battent les flancs. Retrouve les palmiers

         Aux écailles brunies dont la houppe balance
         Dans les cieux en fusion la verte nonchalance
         Qui, respire bien fort les parfums de là-bas
         Et tu verras alors, emplissant les cabas
         En tunique de sang, la tomate pulpeuse
         L'orange ensoleillée et la grappe juteuse
         Tu sentiras l'odeur des couscous épicés,
         Des paëllas fumantes, des piments grillés,

         Et l'arôme fruité de notre huile d'olive
         La fragrance salée du rouget, de la vive
         De la dorade rose au bout de l'hameçon
         Dont on se mijotait des soupes de poissons
         Vois les figues sucrées emplissant la corbeille
         Près desquelles tournoient les friandes abeilles
         Délaissant le jasmin langoureux, obsédant.
         Nous mordions dans la vie, ensemble, à pleines dents

         C'était la joie, le rire, c'était le bonheur !
         Le passé contenu dans ces fortes senteurs
         C'était les temps heureux, c'était notre richesse...
         Car l'odeur de là-bas, c'était notre jeunesse !
Mme Odette TREMELAT LEGAY


LES ORIGINES FRANCO-MERIDIONALES DES EUROPEENS D'ALGERIE
Envoyé par M. Piedineri
On parle beaucoup des éléments espagnol, italien, maltais, sépharade et alsacien dans la formation du peuple Français ou Européen d'Algérie. Mais il y a un élément dont on parle peu, les Français du Midi : Languedociens, Provençaux, Corses..., qui représentaient pourtant la majorité des gens venus de France dans l'Algérie du XIXème siècle. Personnellement, une partie de mes ancêtres venaient de Sète dans l'Hérault. Albert Camus lui-même avait, parmi ses ascendants Français du côté paternel, un quart d'Alsace-Lorraine (une arrière-grand-mère née en Moselle) et trois-quarts de Méridionaux (Ardéchois, Marseillais et Bordelais). La mère du maréchal Juin, enfin, était d'origine Corse. Voici plusieurs citations sur ce thème :

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LA FORMATION D'UN PEUPLE NOUVEAU :
                  - " Les origines régionales des émigrants français démontrent que les mêmes causes ont produit les mêmes effets en France, en Espagne ou en Italie. […] Entre ces Méridionaux français, exclus de l'âge industriel, et les émigrants du bassin méditerranéen, un monde homogène est en formation, dont Gabriel Audisio disait, à juste raison, qu'il était " beaucoup plus le résultat d'une idée que d'une naturelle confusion des sangs ". (Daniel Leconte, Les Pieds-Noirs, Editions du Seuil, 2006, p. 87)
                  - " Le peuple algérien, mettons le peuple nord-africain, est un composé d'éléments nombreux : français, espagnol, catalan, maltais, italien, sans parler des indigènes ; et chacun de ces éléments est une résultante de sous-éléments divers : pour le français notamment qui est l'élément principal, le principal sous-élément ne serait-il pas le languedocien, au-dessus du provençal, du cévenol, du dauphinois, etc. etc. ? […] et je précise bas-languedocien, Gard, Hérault, Aude, la région des vignobles. " (Annales Africaines (journal algérois) du 1er septembre 1934)
                  - " Les scènes arabes, berbères, juives ou même simplement " sang des races " depuis le Maltais et le Sicilien jusqu'au Valencien et au Majorquais, depuis le Marseillais jusqu'à l'Alsacien, toutes les mœurs fondues pour élaborer un mode d'existence unique et neuf, rien de ce riche filon n'a encore été exploité, comme à l'automne dernier le faisait remarquer une critique de notre revue à propos d'un concert d'Algérois. " (La vie algérienne, tunisienne et marocaine du 25 janvier 1925, " Musique - Pour une école algérienne)
                  - En 1934, le républicain-socialiste Georges Laffont, 1er adjoint au maire d'Alger, s'exprime " au nom de la ville d'Alger, œuvre de ces Français venus pour la plupart des régions du Midi " : " C'est à la demande de la France que nos pères sont jadis venus ici. […] ; ils sont venus sur cette terre si souvent hostile et ils l'ont peuplée parfois de cimetières plus grands que les villages. Ils ont travaillé, souffert et leur énergie toujours, leur héroïsme souvent, a fertilisé son sol, en a fait jaillir l'abondance. "

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LES CARACTERES ETHNIQUES :
                  - " De temps à autre, passent, libres d'allure et fièrement campées sur les hanches, de jeunes femmes brunes, à la physionomie très méridionale, au type panaché de Provençal, de Maltais et d'Espagnol. Le soleil de l'Afrique semble faire couler sa chaleur dans leurs veines et mettre sa flamme dans leurs yeux. Comme ces fleurs qui, en poussant à côté d'autres fleurs, prennent quelque chose de leur coloris et de leurs arômes, elles paraissent avoir emprunté à la femme arabe un peu de sa fierté, un peu de sa beauté sauvage. Ce sont des Algériennes. " (Marius Bernard, Autour de la Méditerranée, 1894-1902)

                  - " Onze heures du matin, au début de juillet, dans la rue, sur les plages, parmi les blocs des môles : là règnent des garçons solides, athlétiques et durs, et la plus belle troupe de filles qui se meuvent sur aucun bord de la Méditerranée elle-même. Naples, Marseille, Valence n'ont pas de plus belles créatures, de plus émouvantes jouvencelles que celles-ci, à Bône, Oran, Alger surtout, qui prirent aux Provençales leurs yeux, aux Espagnoles leur teint, et leur gorge aux Italiennes. " (Gabriel Audisio, Jeunesse de la Méditerranée, Gallimard, 1935)

                  - " Bab-el-Oued, faubourg d'Alger, espagnol surtout […]. A Bab-el-Oued, on est espagnol, italien - naturalisé ou non - français du Midi, ou croisé de ces trois races. " (Henry de Montherlant, à Alger dans l'entre-deux-guerres)

                  - Les deux peuples d'Algérie (peuple arabo-berbère et peuple européen), par l'ethnologue Languedocien Jacques Soustelle (1964) : " Ces deux peuples n'étaient guère différents par les caractères ethniques, car la Méditerranée est un grand creuset depuis bien des millénaires, car les Juifs et les Maltais sont des Sémites comme les Arabes, car les Berbères, les Français du Midi, les Italiens et les Espagnols présentent bien des traits communs. Ce qui les différenciait c'était leur culture, leur religion et leurs mœurs. "

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LE RACISME ANTI PIED-NOIR DE CERTAINS MÉTROPOLITAINS :
                  - " La descendance arabe, laissée par l'islam en Espagne, en Corse, en Italie, à Malte, revient. Cette descendance est désislamisée, mais pas christianisée, pas européanisée. Voilà le phénomène qui échappe aux sociologues, lorsqu'ils parlent du péril étranger en Algérie. Voilà ce qui donne son caractère baroque à la masse européenne, en laquelle se noie le peuplement français en Algérie. " (Jean Hess, raciste haineux anti Français d'Algérie, dans La vérité sur l'Algérie, 1905)

                  - " Au demeurant, résultat habituel des juxtapositions de races, la fusion ne s'opère que par les vices. Espagnols pouilleux, Maltais crapuleux, gouapes d'Italie, écume de Provence, est fâcheusement représentative de la postérité de Japhet. En contact avec la famille sémitique par les petits Juifs sordides et la tourbe de ces " Beni-Ramassés " n'ayant plus guère de musulman qu'un torchon sale enroulé autour de la chéchia crasseuse, ils ont mis en commun leur ivrognerie avec la fainéantise de ceux-ci et la lâcheté de ceux-là. " (Anne-Marie de Bovet, femme de Lettres métropolitaine voyageant à Alger, 1920)

                  - " Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, fébriles gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié " (Céline, écrivain)

                  - Enfin pour boucler la boucle, les Pieds-Noirs sont des " Marseillais puissance dix ", aurait dit Charles de Gaulle, homme du Nord. Une phrase à mettre en parallèle avec une autre phrase qu'aurait prononcé un autre homme du Nord, Roger Degueldre, avant sa mort : " Dîtes aux Algériens que si je ne suis pas de leur race, n'étant pas né sur leur sol, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours. "

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LE PAYSAGE :
                  - " Ne serait-ce la présence des figuiers de Barbarie et des aloès, le paysage des campagnes plantées de vignes coupées de hautes barrières de cyprès à l'ombre desquels on découvre des mas arlésiens, à toits plats, on pourrait croire qu'on n'a pas traversé la Méditerranée. Cette impression est encore plus forte à Boufarik dont l'allée centrale est plantée de platanes aujourd'hui presque centenaires. " (Le Petit Journal du 6 mai 1930)

                  - Témoignage du Languedocien Raoul Salan dans ses Mémoires : " Le matin du 10 décembre 1956 je prends la route. A peine avons-nous dépassé les dernières maisons des hauts d'Alger qu'une campagne magnifique et odorante s'offre à nous, plantée d'orangers et de mandariniers. Ces arbres splendides ont pompé toute l'eau de la terre et se sont gorgés de soleil. J'arrive à Boufarik, petite cité très semblable à une de nos sous-préfectures du vignoble languedocien, Lunel, par exemple. "

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LA PÈGRE :
                  - " Du milieu de cette tourbe, surgissaient quelquefois deux ou trois voyous, Français le plus souvent, ou métis d'Espagnols, de Maltais, de Napolitains. Habillés de défroqués, pustuleux et blêmes, ils montraient quelque chose d'encore plus sinistre que le voyou parisien. " (Louis Bertrand, Le sang des races, 1899)

                  - " Nous devons à la bonne ville de Marseille deux fléaux ; les grèves maritimes et les apaches [= les voyous]. Ces derniers traqués par la police que l'on réorganise là-bas, viennent ici et songent immédiatement à régner en maître sur les petits algériens. " (Plaidoirie de Maître Montès, avocat, lors d'un procès à Alger en juillet 1913)

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LA VIE POLITIQUE LOCALE :
                  - " L'Algérie est désormais, enfin, française. Non seulement parce qu'elle est constituée de trois départements, mais parce que s'y est imposée l'essence intime de la sociabilité française, sa " civilisation " - surtout dans sa variante méridionale. […] L'Algérie, c'est la France des passions électorales (mais si peu de Musulmans ont le droit de vote). […] L'Algérie, c'est la France, avec le soleil méditerranéen et radical-socialiste. " (Franck Laurent, Le voyage en Algérie, Robert Laffont, 2008, Introduction - le ton est ironique, et cette description concerne l'Algérie de la Troisième République)

                  - " Corses et Italiens naturalisés sont généralement dénoncés pour leur gestion clanique des affaires politiques et économiques. […] Issu lui-même d'une union italo-corse, Jérôme Bertagna, maire de Bône de 1888 à 1903, est le personnage qui incarne le mieux la figure du " patron-candidat " à l'algérienne. Son père, Antoine Bertagna, est né à Nice en 1812 lorsque la ville était sous administration sarde. Dans les années 1830, il migre seul à Alger où il exerce la profession de boulanger. Il s'y marie en 1841 avec Marie-François Bidali, native de Bonifacio et fille d'un propriétaire corse. Jérôme naît à Alger en 1843, neuf ans avant le départ de la famille vers Bône. Suite au rattachement du Comté de Nice à la France en 1860, les Bertagna obtiennent la nationalité française. " (H. Vermeren, Les Italiens à Bône (1865-1940), Ecole française de Rome, 2017, p. 314-315)

                  INFLUENCE DU MIDI SUR LE LANGAGE POPULAIRE :
                  - " Les rouliers de la province de Constantine, presque tous Italiens ou Français, sont en effet pour ceux d'Alger, les modèles de toutes les élégances, aussi bien pour la coupe de blouse que pour le tour des phrases. Et le bagout des Marseillais, très nombreux là-bas, impose aux Espagnols. " ; " Des métaphores marseillaises se heurtaient à des dictons espagnols, des mots de sabir ou d'arabe bigarraient le français officiel appris à l'école des Frères. " (Louis Bertrand, Le sang des races, 1899)
                  - " Ce sont les Provençaux qui, avant l'instituteur, ont appris le français aux Espagnols, aux Maltais et aux Italiens. Les Valenciens de la Cantère parlent donc le français du Vieux-Port de Marseille, mais émaillé de tournures et d'expressions espagnoles et de quelques mots d'arabe. " (Pierre Darmon, Un siècle de passions algériennes, Une histoire de l'Algérie coloniale (1830-1940), Fayard, 2009, p. 468)
                  - " Parmi les mots français et les tours qui nous avaient d'abord frappé et que nous avions cru propres à l'Afrique du Nord il en est un certain nombre que nous avons retrouvé par la suite dans le français de Marseille ou du Midi occitan. […] A la suite du recensement de 1896, on a établi par département le tableau des Français d'Algérie nés en France ; on y voit que l'apport de la Corse, des Bouches-du-Rhône, de l'Hérault, du Gard, des Pyrénées-Orientales, du Vaucluse, du Var, de la Haute-Garonne et d'une manière générale des pays de langue d'oc est nettement supérieur à celui des départements de la moitié nord de la France, la Seine mis à part. " (André Lanly, Le français d'Afrique du Nord, Etude linguistique, 1960)
M. Piedineri



Lettre de Mustapha Pacha, Dey d'Alger
au premier Consul le 13 Août 1802.
Envoyé par M. Christian Graille

                  Au nom de Dieu seul, de l'homme de Dieu maître de nous, illustre et magnifique seigneur, Mustapha-Pacha, dey d'Alger, que Dieu laisse en gloire.
                  A notre ami Bonaparte, premier consul de la République française et président de la République italienne :
                  Je vous salue, la paix de Dieu soit avec vous.
                  Ci-après, notre ami, je vous avertis que j'ai reçu votre lettre datée du 29 messidor ; je l'ai lue. Elle m'a été remise par le général de votre palais et votre vékil (Représentant, émissaire) Dubois-Thainville. ( Consul général)

                  Je vous réponds article par article :
                  1° Vous, vous plaignez du Raïs ( Capitaine de navire) Ali-Tatar ; quoi qu'il soit un de mes joldachs, ( Janissaire) je l'ai arrêté pour le faire mourir. Au moment de l'exécution, votre vékil m'a demandé sa grâce en votre nom, et pour vous je l'ai livré.
                  2° Vous me demandez la polacre ( Navire méditerranéen) napolitaine prise, dites-vous, sous le canon de la France ; les détails qui vous ont été fournis à cet égard ne sont pas exacts ; mais, selon votre désir, j'ai délivré dix-huit chrétiens, formant son équipage que j'ai remis à votre vékil.
                  3° Vous me demandez un bâtiment napolitain qu'on dit être sorti de Corfou avec des expéditions françaises ; on n'a trouvé aucun papier français ; mais, selon vos désirs, j'ai donné la liberté à l'équipage que j'ai remis à votre vékil.
                  4° Vous me demandez la punition du Raïs qui a conduit ici deux bâtiments de la République française ; selon vos désirs, je l'ai destitué ; mais je vous avertis que mes Raïs ne savent pas lire les caractères européens ; ils ne connaissent que le passeport d'usage et, par ce motif, il convient que les bâtiments de guerre de la République française fassent quelque signal pour être reconnus par mes corsaires.
                  5° Vous me demandez cent cinquante hommes que vous dites être dans mes États ; il n'en reste pas un. Dieu a voulu que ces gens se soient perdus, et cela m'a fait de la peine.
                  6° Vous dites qu'il y a des hommes qui me donnent des conseils pour nous brouiller ; notre amitié est solide et ancienne, et tous ceux qui chercheront à nous brouiller n'y réussiront pas.
                  7° Vous me demandez que je sois ami de la République italienne ; je respecterai son pavillon comme le vôtre, selon vos désirs. Si un autre m'eût fait pareille proposition, je ne l'aurais pas accordée pour un million de piastres.
                  8° Vous n'avez pas voulu me donner les deux cent mille piastres que je vous avais demandées pour me dédommager des pertes que j'ai essuyées pour vous ; que vous me les donniez ou que vous ne me les donniez pas, nous serons toujours bons amis.
                  9° J'ai terminé avec mon ami Dubois-Thainville, votre vékil, toutes les affaires de la Calle où l'on pourra faire venir la pêche du corail. La Compagnie d'Afrique jouira des mêmes prérogatives dont elle jouissait anciennement ; j'ai ordonné au Bey de Constantine de lui accorder tout genre de protection.
                  10° Je vous ai satisfait de la manière que vous avez désiré pour tout ce que vous m'avez demandé, et pour cela vous me satisferez comme je vous ai satisfait.
                  11° En conséquence, je vous prie de donner des ordres pour que les nations mes ennemies ne puissent pas naviguer avec votre pavillon, ni avec celui de la République italienne pour qu'il n'y ait plus de discussions entre nous parce que je veux toujours être ami avec vous.
                  12° J'ai ordonné à mes Raïs de respecter le pavillon français à la mer.

                  Je punirai le premier qui conduira dans mes ports un bâtiment français.
                  Si à l'avenir il survient quelques discussions entre nous, écrivez-moi directement, et tout s'arrangera à l'amiable.

                  Faites-moi le plaisir de donner des ordres pour faire payer à Bacri et Busnach ce que leur doit votre Gouvernement, puisqu'une partie de cet argent m'appartient, et j'attends d'être satisfait comme l'a promis en votre nom votre consul Dubois-Thainville.

                  Je vous salue, que Dieu vous laisse en gloire.
                  Alger, le 13 de la lune de Rabiul-Ewel, l'an de l'hégire 1217.

Histoire de la conquête d'Alger
écrite sur des documents inédits et authentiques
par M. Alfred Nettement
Nouvelle édition revue et corrigée 1867


Lettre d'un colon
Envoyé par M. Christian Graille

               Ce matin, en désherbant mes semis, je pensais à cette autre semence qui, par-ci, par-là, commence à lever au pays de France dans le bon terrain de notre jeunesse instruite.
               Par-ci, par-là, on commence à sentir le besoin de quitter les antiques ornières, de chercher des voies nouvelles, et on pense au pays neuf ; à la colonie ; quelques résolutions pleines de promesses commencent à pousser.

               Mais de quels soins ne faut-il pas entourer les jeunes plantes pour les préserver de tous les dangers qui les menacent ? Grattons le sol alentour afin de détruire dans la racine tous les germes parasites.
               Ces germes parasites sont les illusions, les idées fausses qui ruineraient à tout jamais la récolte espérée.
               Jeunes gens que hantent les généreux desseins, qui regardez vers nos demeures nouvelles laissez-moi vous parler de ces illusions, de ces idées fatalement fausses du point où vous êtes placés.
               En pensant à la vie nouvelle des colonies, ne rêvez pas trop grand, ne rêvez pas à ce qu'on a l'habitude d'associer à ce mot ; Entreprises coloniales : vastes exploitations marchant par centaines d'hectares, puissantes concessions, riches factoreries (comptoir d'un établissement commercial ou industriel à l'étranger) ; chimères, mirage que tout cela.

               Non, la colonie n'est pas cela, c'est quelque chose de beaucoup plus simple et de mieux. Vous voulez conquérir la toison d'or : Partez, vous ne trouverez guère comme toisons que celles de vos moutons mais vous aurez découvert un trésor infiniment plus précieux que celui de Jason : c'est le renouveau de votre être, le renouvellement de votre race, je m'explique.
               Vous venez, vous achetez votre terre, votre matière première, n'en prenez que ce que vous pourrez travailler ; nous vous dirons ici ce qu'il vous en faut et puis à la besogne ! Cette besogne qu'elle sera-t-elle ? Il est simple de vous en faire une idée : vous êtes colon ou vous ne l'êtes pas, vous êtes terrier ou vous ne l'êtes pas ; je suppose que vous l'êtes ; votre besogne sera donc de vous mesurer avec cette glèbe que vous avez à fertiliser,
               - vous la labourerez,
               - vous la vaincrez,
               - vous la réduirez à merci, puis
               - Vous lui confirez votre grain.

               Vous ferez ce que je fais en ce moment ; pieusement agenouillé sur vos semis, vous écarterez du jeune plant tout ce qui pourrait nuire à son libre épanouissement, vous donnerez à vos animaux, vos compagnons de travail, les soins qu'ils vous réclament et dont ils vous seront reconnaissants car la nature est bonne, là où l'orgueil n'est pas venu la corrompre.
               S'absorber dans ces besognes, voilà la vie du colon ! Et ne me dites pas que vous confierez à d'autres le soin de s'en acquitter, car vous ne seriez pas colon.
               Que diriez-vous d'un médecin qui ferait visiter ses malades par ses domestiques, d'un avocat qui ferait plaider ses procès par son valet de chambre ?

               Vous penseriez qu'ils n'ont ni l'un ni l'autre la vocation et qu'ils feraient mieux de s'abstenir. Il en est de même du colon qui ne songerait qu'à exploiter des intermédiaires.
               En France où les propriétés ont toutes leurs rouages agencés et en mouvement depuis des siècles, le propriétaire peut, à la rigueur, se contenter de ce rôle. Le colon est tout autre chose : le colon crée ; il doit par définition mettre la main à la pâte.
               Mais cette nécessité du travail direct va être pour lui un inappréciable bienfait :
               C'est là que je voulais en venir.

               Pour toutes ces tâches multiples, imprévues qui vont le solliciter il va être obligé de faire appel à toutes les ressources de son esprit, à toutes les forces vives de son intelligence.
               A la vie au grand air, à la pratique de ces travaux manuels, il va gagner de développer sa robustesse physique.
               Au contact des phénomènes naturels qu'il, va passer sa vie à étudier, il va découvrir tout un monde nouveau qui lui fût resté fermé à jamais.

               Et comme la nature est la source éternelle de toute vérité, qui nous dit qu'en s'y plongeant, le colon ne va pas trouver le redressement de toutes ses erreurs, une nouvelle orientation de tout son être ?
               Et maintenant couronnons cette esquisse : Quand le colon aura trouvé l'emploi de toutes ses facultés dans une besogne qui le captive, quand il aura rencontré le cadre où sa nature physique, ses besoins moraux et intellectuels peuvent se mouvoir ou s'alimenter à leur gré, que lui manquera-t-il pour être heureux ?
               Songera-t-il à transporter ailleurs tous ses Dieux retrouvés ?

               Voilà ce qu'il vous faut rêver, et uniquement cela, jeunes gens qui sentez le besoin de fuir les sentiers battus, qui voulez que votre génération marque un pas en avant dans le progrès de la race, et en essayant de faire produire aux jeunes vocations coloniales en germination leurs vrais fruits, fais-je autre chose que suivre les préceptes qui me sont chers du parfait jardinier.
Bou Arkoub le 29 mars 1897
C. Favrot
(la vie algérienne et tunisienne 15-04-1897)


Lettres d'Oran
Envoyé par M. Christian Graille
Le chemin de fer d'Oran à Lourmel - La vigne - Le choléra Des imprudents - Le Moïse - Contre-ordre.

                 Oran 2 juillet.

                 C'est aujourd'hui 1
er juillet qu'a lieu la livraison au public de la ligne d'Oran à Lourmel.
                 Jugez si tous ces Oranais qui étaient encore hier dans l'obligation de se laisser cahoter dans la patache vermoulue qui fait le trajet d'Oran à Misserghin, Bou-Tlélis et Lourmel vont être contents.
                 On craignait que le transbordement à la Sénia ne fut indispensable mais la Compagnie de l'Ouest Algérien a pris ses dispositions en conséquence et a évité cet ennui aux voyageurs.
*
* *

                 De désagréables nouvelles, locales heureusement, m'arrivent des environs d'Oran.
                 Des nuées de papillons de l'un des 439 genres qui composent les noctuelles, se sont abattus sur la vigne et sur les champs de patates et de tomates et y ont causé de grands ravages.
                 Un brave colon qui habite non loin de Bou-Sfer a perdu tout un champ de pommes d'amour lors de l'éclosion des œufs déposés par ces féconds lépidoptères dont le mâle périt aussitôt après l'accouplement et la femelle dès que les œufs sont en lieu sûr.
                 Il faudrait donc pour s'en préserver, trouver le moyen de faire suivre à la femelle une coutume de Madagascar, celle de se faire brûler lors du décès du mari.
*
* *

                 Le bruit a couru à Oran qu'un ou deux cas de choléra s'étaient produits au village nègre. Cette nouvelle est heureusement complètement fausse. Mais on en continue pas moins de prendre toutes les mesures possibles contre le terrible fléau.
                 Les steamers (paquebots) sont envoyés en quarantaine à Mers El-kébir, les rues sont bien propres, le nettoiement va organiser un service permanent et quelques conseillers municipaux ont mis en avant l'idée de consacrer la moitié des 20.000 Francs votés pour le 14 juillet à désinfecter la ville et surtout quelques habitations.
                 C'est maintenant à la population de suivre les instructions qui lui sont données.
                 Et pas de sottes frayeurs. Que les peureux lisent l'histoire que le citoyen Bézy raconte bien :

                 " La peste avait promis à un certain Ali de ne faire que 15 victimes dans une ville de Turquie. Mais dans une seule journée 200 Turcs et 500 Juifs mouraient. Ali reprocha à la peste son manque de parole.
                 - Cependant je n'en ai tué que 15 dit la peste : 14 Turcs et un Juif !
                 - J'ai tué les autres dit une voix caverneuse. "
                 Ali se retourna et reconnut la peur."
*
* *

                 Il y a quelque temps un zouave se noyait en voulant se baigner près de Mers El-kébir
                 Quelques jours après c'était le jeune fils du Commissaire central qui périssait à la plage Sainte Thérèse,
                 Enfin hier c'est encore un zouave qui s'était mis à la mer près du fort de Lamoune.
*
* *

                 Le transatlantique Le Moïse, venant de Marseille est arrivé à Mers El-kébir avec les 168 passagers qu'il a amenés.
                 Il est question de faire débarquer ceux-ci et de les mettre provisoirement dans le fort de Mers El-kébir
                 M. le général Détrie, à qui l'autorisation en a été demandée, ne peut y consentir à cause des munitions qui se trouvent dans le fort mais une nouvelle démarche est faite auprès de lui et nous espérons qu'elle lui fera trouver un moyen terme.
                 C'est à désirer, car autrement, le paquebot doit repartir mercredi et la Compagnie se verrait dans la nécessité d'emmener tout ce monde à Marseille. Il n'y aurait plus de raison alors pour que la navette s'arrêtât.
*
* *

                 Hier, je vous annonçais que l'inauguration de la ligne d'Oran à Lourmel devait avoir lieu aujourd'hui. Ce matin des voyageurs avaient déjà pris leur ticket quand l'ordre fut donné de leur rendre l'argent, l'autorisation ministérielle pour l'ouverture de la ligne n'étant pas encore arrivée.
                 Dix minutes après, on la recevait par dépêche, mais les voyageurs s'étaient retirés et le train partait seul.
                 O triple machine et routine gouvernementale ! ! !
A.L. - L'Indépendant de Mascara (03-07-1894)


Lettre d'un vieux colon à nos enfants
Envoyé par M. Christian Graille

         Mademoiselle, Monsieur, chers amis,

        Peut-être êtes-vous nés à : Kherba, Miliana ou Saint Cyprien des Attafs, que vous avez quitté un matin de juin en rentrant de l'école.
         L'Algérie, pour vous, c'est une cour de ferme brûlée de soleil, des parents qui pleurent en entassant des meubles dans un cadre en tôle ondulée. Peut-être êtes-vous nés à : Moissac, Agen ou Romilly-sur-Seine, et l'Algérie n'est pour vous qu'un ensemble trop entendu, de souvenirs racornis sur les photos écornées, un accent à la fois familier et étranger.

        Comme on vous l'a dit à l'école vos parents sont nés " aux colonies ". Si vous habitez la vallée du Rhône ou de la Dordogne, vous les accompagnez à des couscous de l'Amicale, qui vous font l'effet de réunions de Russes blancs. C'est vrai, nous paraissons tirer notre passé sur nous, comme un clochard tire ses hardes pour se réchauffer. Un passé que vos manuels scolaires vous disent faits : de rapines, d'extorsions, d'abus et de bassesses qui vous font un peu honte.

        N'en croyez rien et soyez assez fiers de ce passé : nos arrière-grands-parents ont fui :
         - l'avilissement du chômage et des ateliers nationaux en 1848,
         - les vexations de l'envahisseur en 1871,
         - les tracasseries d'un pouvoir politique intolérant ou simplement
         - la pauvreté des vallées savoyardes, des rochers de Sicile, de Malte ou des Baléares. Mais ils avaient tous un point commun : à la sécurité précaire d'un quotidien médiocre ils ont préféré l'inconnu et l'espoir de la liberté.

        Ils ne méritent pas les calomnies dont la France les couvre pour cacher sa mauvaise conscience. Les lois incohérentes ou iniques qui nous menèrent au désastre étaient votées dans l'ignorance et l'indifférence du Palais Bourbon et non à Alger.
         Ils n'ont pas volé leurs terres : leurs eldorados étaient des concessions accordées sur les domaines turcs, des marais déserts ou achetés régulièrement sous contrôle de l'administration.
         En quelques années la malaria allait tuer les plus faibles et la désillusion les rêveurs.

        Mais ceux que la fièvre et le découragement épargnèrent vous ont laissé beaucoup plus qu'un patrimoine, ils vous ont fait entrer dans l'histoire.
         Dotés de leurs seules pioches, ils ont fait des domaines que la Californie ne surpasse pas.

         Déshérités de la culture, ils ont créé une langue et un humour qui depuis quarante ans réjouit les Parisiens les plus blasés.
         Issus de l'école communale de Hammann-Zaïd ou Nechmeya ils devinrent des scientifiques de renommée internationale, des juristes respectés, des artistes adulés.
         Repliés dans le dénuement ils ont transformé des régions entières d'une France qui se croyait à l'avant-garde du progrès.

        Si nous défendons cet acquis avec tant d'âpreté, c'est que nous l'avons mérité de génération en génération pour vous le transmettre.
         De cet héritage, vous êtes aujourd'hui comptables et vous n'avez pas le droit de l'ignorer. Vous avez le devoir de conserver notre legs moral, et de réclamer ce que l'État nous a confisqué.

         Que notre passé aide votre avenir, que notre créance vous soit une dette d'honneur, ainsi nous pourrons vieillir tranquilles.
         Merci.

Jean-Pierre Burgas.
lettre parue dans le bulletin d'information
des agriculteurs Français d'Algérie.



Lettre de Numidie
Envoyé par M. Christian Graille

                  De Bône faut-il suivre le littoral et aller à La Calle ? Puisque vous le voulez, je vous suis.
                  Mais hélas ! A moins qu'il ne s'effectue par mer, notre pèlerinage ne s'achèvera qu'après douze longues heures : - de cahotements, - de bises et - de rafales, car nous sommes en hiver, c'est la nuit et nous avons quitté le délicieux climat de Bône. Si au moins vous aviez voulu patienter quelques années encore, nous aurions pu en un clin d'œil franchir ces immenses espaces.

                 Le chemin de fer est déjà voté en effet, il doit relier l'antique Hippone rajeunie au plus vieux comptoir français sur le sol algérien.

                  Mais quelle différence entre jadis et aujourd'hui ! Autrefois c'était la vie chèrement achetée il est vrai contre les incursions des pirates, mais opulente et heureuse ; désormais c'est la misère, tous les jours La Calle se dépeuple.
                  Ses habitants la désertent ; ce qui ne la quitte pas, toutefois, c'est cette satanée politique qu'on a si bien réussi à glisser dans nos mœurs. Il y a là comme partout des anti-juifs et des judaïsants, tous des acharnés ! Ne vous avisez pas à mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce.

                 Au-delà de La Calle, sur l'autre versant des montagnes qui la flanquent au sud, voici Souk-Ahras, à vol d'oiseau, puis poursuivant notre excursion nous trouvons Guelma et plus avant dans les terres de Sétif.
                  Rien de particulier présentement dans ces villes, sauf, de ci, de là, quelques assauts de rivalités politiques, toujours la politique, entre les éternels judaïsants et les antisémites. Mais il ne vaut vraiment pas la peine de signaler ces sortes d'incidents auxquelles ces dernières années nous ont par trop habitués.

                 Enfonçons-nous dans le sud, laissons à votre gauche Batna, le camp retranché de St-Germain, ce Bertagna d'un nouveau genre et les ruines de Lambèse à la restauration desquelles les Beaux-Arts viennent de consacrer la somme intime de quelques milliers de francs.

                 Arrivons à Biskra.
                  L'oasis est riante sous l'éternelle verdure de ses palmiers, c'est l'éden après les immenses solitudes qui y conduisent. Triste surprise toutefois pour le visiteur. Comme ses environs la ville est presque déserte. L'Anglais nomade a préféré cette année à la reine de Ziban les rivages d'azur de la côte italienne.

                  Nos bons amis d'Albion ont peut-être voulu nous jouer un mauvais tour et nous donner une idée du traitement qu'ils réservaient à notre exposition en boycottant cette colonie française. Mais aussi et surtout il faut croire qu'en gens avisés, ils n'ont pas cru devoir hasarder leurs précieuses personnes dans un pays où la peste menaçait de les bloquer.
                  Somme toute, ce qu'il y a de plus clair au fond de tout cela, c'est que Biskra ne serait plus après deux heures comme celui-ci.

                  Espérons toutefois que les fêtes préparées par la municipalité de la ville, M. Dicquemarre en tête, pour célébrer l'inauguration de la statue du grand cardinal Lavigerie amèneront dans le sud la foule de visiteurs que l'on est en droit d'y attendre.

                 Ce sera pour la joyeuse et originale cité le retour de ses jours prospères et une large compensation de pertes occasionnées par les nombreuses désertions de cette année.
                  A quelle époque aura lieu cette cérémonie ? Je ne sais pas. J'avais pourtant entendu dire qu'elle était fixée au mois de février prochain ; il paraîtrait aujourd'hui que cette première date avait été ou sera reculée.
                  Quoiqu'il en soit, préparons nos journalistes à faire qu'autrement qu'un rêve et par la pensée ce pittoresque voyage ; taillez-vous plusieurs répertoires.
                  Il y aura de quoi abondement remplir vos colonnes.

Constantine le 31 décembre 1899.
Cadet Roussel.
La croix de l'Algérie et de la Tunisie (04-01-1900)



Pâques en Algérie
Envoyé par Mme Nicole
André Michel BENALAL
Ce texte a été publié dans le Bulletin des "Amis de Mascara", en novembre 1998.

La valse des gâteaux

           Quand approchait Pessah, mes parents achetaient
           Deux fois plus de galettes qu'ils n'en consommeraient.
           Je les revois encor, craquantes et craquelées,
           Ces galettes Gourion, aux formes dentelées.
           Selon son habitude, ma mère prélevait
           La part de nos voisins, puis elle la réservait,

           En l'ayant disposée dans de belles assiettes,
           Recouvertes aussitôt d'éclatantes serviettes.
           Delrieu et Serrano, Thomas et Ousmani,
           Chatain, Dadi, Delpeint, Cerdan et Mimouni,
           Chaque année, autrefois, en recevaient l'offrande,
           Car le cœur est altruiste, quand l'amitié est grande.

           Au temps du Ramadan, Ousmani, Mimouni,
           Nous faisaient apporter un grand plateau, garni
           De pâtisseries fines, plaisamment décorées,
           Au parfum de cannelle, aux couleurs mordorées.
           Des petits gâteaux secs, nappés de sucre glace,

           Chamarrés de bonbons sur toute leur surface,
           De blondes zlabillas aux formes bigarrées,
           Ruisselantes de miel, quelques dattes fourrées.
           Et ces autres merveilles dont ils avaient recette,
           Des cornes, des kindlettes ou bien des skandriettes,
           Des mekrods mielleux, que chacun affriande,

           Des cigares enrobés à la pâte d'amandes
           Pour célébrer Pâques, Serrano et Chatain
           Pâtissaient la mouna. Pétrie dans son levain,
           La brioche onctueuse, à l'arôme léger

           Finement parfumée à la fleur d'oranger,
           Jaunie par l'apport d'œufs, aux formes redondantes,
           Sous sa croûte dorée, savoureuse et fondante,
           Chaude encor du fournil, nous était apportée,

           Sur un plateau, soigneusement empaquetée.
           Car, en ces temps heureux de confraternité,
           Où l'amitié sincère avait droit de cité,
           Où prévalaient l'estime et le respect d'autrui,
           Car, en ces temps heureux dont nous fûmes instruits,
           Par-delà cette valse d'assiettes garnies,
           Galettes, makrouds, mounas, aux saveurs infinies,

           Qui circulaient alors, dans un ballet réglé,
           Par-delà cette valse de plats fignolés,
           C'étaient trois religions, étroitement unies,
           Trois cultes, s'exprimant en parfaite harmonie,
           Et qui coexistaient, d'un élan fraternel,
           Sous l'égide d'un Dieu, Un et universel.


BARBE LUCIEN JOSEPH
Par M. M. Barbe Lucien Philippe, son fils
 
            Lucien Joseph est né le 19/08/1920 à Bône de Marie Rose Gaucci et de BARBE Lucien maçon, domiciliés à l'Orangerie villa Rose.

             Engagé volontaire le 19 mars 1941 à l'intendance de Toulon, intégré à l'armée de Lattre de Tassigny.

             Il a eu une courte carrière de cycliste de 1936 à 1941. Quelques photos de cette carrière.

             Lucien Barbe à 17 ans en 1937, encore junior avec le possible maillot de champion départemental de sa catégorie.
             Ensuite senior, il a participé à des Courses cyclistes de 1936 à 1941 dans l'Est Constantinois et notamment une course en 9 étapes
             Il a gagné la 2ème étape au sprint et la 9ème étape avec 11 mn d'avance sur le second.

             Si parmi les fidèles de La Seybouse il y a des personnes qui ont d'autres photos ou souvenirs ou reconnaissent les cyclistes de ces photos de cette période j'en serais ravi.
             D'avance, Merci.
              Barbe Lucien Philippe




Départ de la 2ème étape





Vainqueur 2ème étape




Gagne la 2ème étape, à droite les 2ème et 3ème





9ème étape avec 11 mn d'avance.





Gagne la 9ème étape, le Préfet de Constantine remet le bouquet.




Les enquêtes " d'Alger-Etudiants "
sur l'origine du Sabir
Envoyé par M. Christian Graille
Alger le 18 décembre 1924.

               Monsieur et cher confrère,

               Il me faudrait, je crois, remplir plus de cent feuillets pour répondre à la question que vous me posez, et j'ai lieu de croire qu'il resterait encore beaucoup à dire pour éclairer vos lecteurs.
               Tout d'abord, permettez-moi d'observer que le jargon de Cagayous n'est pas du " sabir " comme on l'entend en Algérie ; il s'apparente évidemment à la langue franque, ce sabir méditerranéen, mais avec prédominance d'un français plus ou moins déformé.

               Lorsqu'il y a trente ans (déjà mon Dieu) la Revue Algérienne, a publié les premiers vagissements de Cagayous, vous vous doutez bien que je n'ai pas improvisé une langue spéciale, une langue de pure fantaisie pour permettre à mon charmant filleul de narrer ces truculents exploits…
               Avant de m'aventurer dans cette rocaille accidentée, j'ai dû, tout d'abord, laborieusement fixer les grandes lignes d'une syntaxe, oui Monsieur, une syntaxe !, assez obscure d'ailleurs, qu'un glossaire tenu à jour dans une mesure possible devait compléter.

               C'est ainsi que j'ai pu me rendre compte que dans le Cagayous algérien, des locutions : - napolitaines, - siciliennes, - valenciennes, - mahonnaises, - maltaises, fleurissent sur le terreau français, avec des inversions, des altérations curieuses et des idiotismes pleins d'imprévu et de pittoresque.
               Vous ne serez donc pas surpris en apprenant que Cagayous est fort bien compris en Belgique où l'on se souvient de la domination espagnole, et au Canada qui fut français.

               - Dans l'est de l'Algérie, à Bône notamment, le jargon populaire est plus fruité d'italien qu'à Alger ; là-bas le Dio cane est encore plus imprégné de sicilien, trop peut-être.
               - Dans l'Oranie, le Cagayous se rapproche du nôtre, avec moins de musique italienne et une doute plus forte de pataouète…

               Souffrez que je termine sur ce léger point d'orgue, mon petit air de flûte.
               Je laisse aux étymologistes de la Colonie le soin de rechercher les origines du grand sabir méditerranéen. Mon vieil ami Marguet qui est un esprit curieux et averti, vous renseignera mieux que je ne saurai le faire à cet égard.
               Mais ce que je puis affirmer ici, véhémentement, c'est que Cagayous est bien un Latin d'Afrique, avec le quart colonial en plus. Musette

               " …Quand on achetait quelque chose dans une boutique, le marchand ne voulait parler ni français, ni sabir. Tu sais l'arabe, disait-il, puisque tu es juif ! … ". Journal Officiel, 25 avril 1875, P 2982, 1er col.
De l'origine du sabir
               Il convient d'insister, une fois pour toutes, sur ce qu'est, exactement le " sabir " afin de lui faire sa place nécessaire et suffisante dans l'histoire si curieuse des langages usités en Berbérie, à travers les siècles et de différencier la langue française, langue agonisante, et demain, langue morte, de la langue algérienne, je veux dire la langue française parlée en Algérie, de jour en jour plus vivante et qui, tout en acérant un goût de terroir, restera française dans son essence, avec l'avantage d'avoir incorporé, d'une façon intime, des éléments nouveaux qui rajeunissent la langue-mère sans nuire à sa beauté, à sa force, à sa clarté.
               Contrastant avec la pauvreté réelle du vieux " sabir " Parler sec et commercial, la langue algérienne avec ses riches apports, sans cesse renouvelés, donnera la mesure de la vitalité du peuple néo-latin qui la parlera pendant de longs siècles encore…

               Une des dernières et rares vieilles personnes que j'ai connus employant le " sabir " comme langue sérieuse, si l'on peut dire était ma grand'mère maternelle venue à Alger très jeune, peu d'années après 1830.
               Elle parlait " sabir " dans ses dernières années, il y a environ vingt ans, à sa domestique kabyle, comme elle avait parlé aux indigènes un demi-siècle auparavant.
               " Fasir fougo ! (faire du feu !) Fasir chambra bono ! Fasir Negro ! (fermer les persiennes) ". La Berbère la comprenait à ravir ; et le curieux de la conversation était que ma grand'mère avait l'illusion qu'elle parlait arabe pendant que sa kabyle était persuadée qu'elle lui répondait en français !…

               La grammaire de la langue franque était puérile, sa syntaxe embryonnaire. L'expression de la négation et de l'affirmation dominent le mécanisme indigent de ce parler ultra-simplifié. Demande : " Ti sabir ? "
               Réponse : " Mi, no sabir ! "
               avec la variante moderne : " Moi ou Ana, makache sabir ! "
               D : " Toi vendir ? "
               R : " Si, si, mi vendir ". Ou : " lala, senior, makache volir vendir ! " Cela rappelle le rudimentaire : " Ya bon ! Ya pas bon ! " de nos tirailleurs sénégalais.

               Les verbes uniquement employés à l'infinitif (remarquer que la langue arabe ne possède pas ce mode) ont une terminaison qui ne correspond pas toujours à celle des verbes romans dont ils sont tirés.
               Et, à ce propos, une étude très spéciale serait la recherche des lois phonétiques commandant la déformation des mots de souche latine passés au " sabir ". (Ex : en langue franque, sabir, avec la signification de savoir s'éloigne, comme physionomie, et du mot français correspondant et de l'espagnol saber, et de l'italien sapere, et du provençal sabe. Poudir (pouvoir), fasir (faire), bibir (boire), volir (vouloir), etc…)

               Bien qu'il soit difficile d'apprécier d'une façon complète, même à une époque donnée, la richesse du " sabir " son vocabulaire n'a jamais dû être bien étendu : quelques centaines de mots. (A moins d'attribuer au vieux " sabir " les spirituels apports, peut-être trop artificiels, trop littéraires, dus au talent personnel, à l'influence éphémère de certains Algériens cultivés qui eurent, si l'on peut dire, à la fois le génie et le culte du " sabir ", les Alfred Letellier, les Mermet (Kaddour), les Georges Moussat, les Henri Sans.
               Mais où sont les Algériens d'antan ? En dépit du sel et du piquant, poivre rouge dont l'assaisonnèrent magistralement quelques humoristes du cru, " le sabir " ne vaudra plus désormais, que comme délassement fantaisiste et ne sera surtout relevé et goûté que grâce au talent primesautier de quelques auteurs spécialisés et, surtout, de leurs interprètes…

               L'usage plusieurs fois centenaire du " sabir ", jargon farci de mots d'origine latine, n'a certainement pas peu contribué à l'altération de la langue arabe-mère, importée en Berbérie par les conquérants musulmans.
               Cette altération nette surtout dans le parler des habitants des ports, cités cosmopolites, a été signée, dès 1554 par le voyageur, Léon l'Africain (ce Berbère issu d'une famille originaire de Fès, né à Grenade et converti par le pape Léon X).

               D'autre part, comme il n'est pas absurde d'admettre que la langue arabe courante usitée en Algérie et en Tunisie, et appelée " arabe vulgaire " par les arabisants officiels est l'héritière directe des dialectes puniques où étaient entrés, en grand nombre, des mots latins et libyens (en désignant par langue libyenne, avec Bertholon, le grec parlé dans le Nord de l'Afrique dans l'Antiquité), on ne sera plus étonné que la pureté primitive d'une langue aussi nettement sémitique que l'arabe, littéraire ou parlé, ait été, on peut dire de tous temps, altérée par des apports latins, signes lointains, mais déjà manifestes de la prépondérance européenne dans le bassin de la Méditerranée…
               En somme ce qui fait l'intérêt principal, l'unique intérêt de l'étude du " sabir " c'est qu'il est la marque, timide d'abord, puis de plus en plus raisonnée, volontaire, du génie latin donnant sa note dominante dans des relations entre peuples différents de langue, de mœurs, de mentalité.

               Relations d'abord purement commerciales, économiques, puis sociales et politiques : obligeant peu à peu les peuples de langue turque, arabe, berbère et se familiariser avec une langue qui, plus tard, sera remplacée par une autre langue, plus complète, destinée à être employée par le vaincu et le vainqueur. Et, très curieux trait de psychologie des peuples, on retrouve en maints passages de livres historiques ou anecdotiques une répugnance marquée éprouvée par certains Musulmans à employer, mêmes pour des transactions banales, la langue franque, imposée par les kouffar (infidèles)…
               Il semble que ces xénophobes avaient comme l'intuition que le " sabir ", tout informe et imparfait qu'il était devait détruire, par sa dangereuse nouveauté, ce qui constituait l'édifice intangible et sacré des traditions de l'Islam.

               Le " sabir ", considéré comme langue de transition, revêt ainsi un caractère du plus haut intérêt. Le petit-fils du " mercanti " indigène qui refusait de parler " sabir " adopte, avec empressement, la langue du conquérant car il s'est aperçu que cette arme précieuse et nouvelle pouvait être peut-être destinée à lui permettre de concurrencer, sur de nombreux terrains, le petit-fils du Roumi…
               Et c'est justement l'extension de l'emploi de la langue française chez les Musulmans d'Algérie qui a prononcé l'arrêt de la mort du vieux " sabir " devenu suranné, fossile, après avoir fait son temps et rendu les services qu'on en attendait.

               Le lettré indigène, qui s'applique à employer la langue française aussi correctement qu'un Français d'origine, il y parvient, ne peut alors qu'exécrer un jargon hybride qui le ridiculise et fait douter de son aptitude à s'assimiler le génie de la France en même temps que sa langue….
               Ainsi, à mesure que s'évanouit le " sabir ", lequel va rejoindre les vieilles lunes, monte à l'horizon algérien la nouvelle langue, nourrie du suc de la langue-mère, la langue française d'Algérie, soleil jeune et resplendissant….
Docteur V. Trenga.
Alger-Étudiants (12-01-1925)


Contribution à une étude
Envoyé par M. Christian Graille

De l'origine des sobriquets ethniques

               Les groupements ethniques nord-africains que nous désignons actuellement sous le nom collectif de Berbères (sobriquet dont l'étude particulière mérite, à elle seule, tout un chapitre) reçoivent communément, en Algérie, et notamment pour les Berbères des départements d'Alger et de Constantine, le nom de Kabyles.
                C'est bizarrement orthographié, on a écrit aussi Kabaïles, Cabiles, la transcription de l'arabe qbaïl pluriel de Qbila, qui signifie tribu constituée, odjak, ou mekhzen.

                Un Kabyle se dit, en arabe courant :qbaïli….
                Familièrement, avec une pointe d'ironie et même de mépris, on désigne un Kabyle sous le nom de aqchiche ou laqchiche. Ce mot en langue berbère veut dire : Garçon, jeune homme.
                Cette appellation est l'équivalent du sobriquet bien connu, même des touristes Yaouled (enfant) qui baptise le jeune indigène, portefaix ou cireur ; unité du curieux petit peuple gavroche des Oulad-Plaça (les enfants de la Place Publique)…

                Les Berbères du Mzab, Mzabites ou Mozabites, honnis du reste des Musulmans pour être sortis de l'orthodoxie, ont reçu quelques noms curieux. Le Mozabite est appelé khamssi (de la cinquième secte, de la secte hérétique) par les Musulmans détenteurs de la vraie doctrine de Mahomet. Pour tout le monde c'est aussi le Moutchou, de l'espagnol mozo, valet, garçon de bain maure, cette profession très spéciale étant autrefois exclusivement exercée par les Mozabites. Le moutchou qui a une prédilection pour le métier d'épicier est baptisé par les mauvais garnements, batta. Batta veut dire : non en dialecte mozabite.
                C'est la réponse énergique que fait le Moutchou aux gamins qui le harcèlent, lui demandent : Moutchou, une figue ! Bata ! Moutchou donne-moi une datte, Allez bata ! Bata !

                Les Juifs ou Israélites, ont leur part dans la distribution des sobriquets populaires. Notons parmi les plus connus : corruption de Salomon, tchaabèbe, Jéroboam, Gaulois, Lyonnais, aviateur, vingt-deux, quarante-quatre, mazoutier etc. etc.

                Les Musulmans qui sont des étymologistes de haute fantaisie, croient dur comme fer que Juif qu'ils prononcent jouif, ou Djouif, vient du mot arabe djiffa qui signifie bête crevée. A ce propos, il est à remarquer qu'au Maroc les Israélites, à qui sont confiées les plus rudes et les plus répugnantes besognes, ces travaux ayant conservé à beaucoup d'entre eux une force samsonienne, sont chargés du service de l'équarrissage.
                Il est curieux de voir deux hercules en souquenille noire transporter un âne ou un mulet mort, suspendu au milieu d'une lourde perche pour aller le déposer en dehors de la ville, à proximité d'une porte dénommée Bar-Jiaf, Porte-des-Charognes.

                Poursuivons, un peu rapidement, cette étude sur les surnoms ethniques en notant, ou rappelant que Derzi, Druze est, dans le langage courant d'Algérie, une expression désignant un mauvais sujet, un homme de rien et dangereux. On sait que les Druzes sont considérés par les bons Musulmans comme des suppôts de Chitane (démon).

                Le Maltais, Malti en arabe est aussi appelé, par les Indigènes Iessri, l'Assyrien, appellation curieuse démontrant que les Indigènes, même peu soucieux d'histoire et de généalogie, ont une vague souvenance de l'origine sémitique et asiatique des Anglo-Maltais.
                Le Maltais est appelé aussi Faïno.
                Citons, à ce propos, feu F. Calléja d'Alger, le philologue méconnu : " Une particularité curieuse, dit F. Calléja, c'est la résurrection pour les Maltais du sobriquet de Faïno.

                Lorsque les Français firent la conquête de l'Algérie, de nombreux Maltais vinrent s'y établir. Ils étaient : marins, pêcheurs, - paysans et s'interpellaient entre eux exactement comme les premiers Phéniciens qui abordèrent le sol de la Grèce : Faïno ! Faïnek !
                Ces interpellations ont le sens de : oh là ! Eh ! Là-bas ! Leur fréquence donna naissance à ce sobriquet dont je fus en butte moi-même de la part de quelques-uns de mes condisciples.
                De nos jours ce sobriquet qui, dans l'Antiquité avait donné le grec Foino, Puno, Foïnikos et Pount a disparu, car, en Algérie, la colonie maltaise s'est fondue et mélangée aux autres Européens. Tous aujourd'hui parlent le français."

                Les Espagnols, avec plus ou moins d'ironie ou de malice populaire sont désignés sous le nom d'étourneaux (parce que, vêtus de costumes sombres, ils arrivent en bandes de leur pays natal, pour coloniser), d'escargots ou de caracols (pour se gausser de leur goût pour ce gastéropode) que je ne sais plus quel François Coppée a appelé " l'huître du pauvre ".
                Les Espagnols de Valence sont appelés pataouètes (parlant le patois), ou pepètes (pepé, diminutif familier du Français). Pepète, dans l'argot des tranchées est devenu péploche (désignant les Algériens en général).

                Au Maroc l'Espagnol est appelé, avec mépris, par les Musulmans mcherreg esseroual, celui qui a le pantalon déchiré.

                L'Italien, aux yeux des Berbères, n'a pas la cote. Taliane, en langue courante berbère, signifie mauvais, Sourdi Taliane, un mauvais sou, c'est une monnaie qui ne passe pas.

                Le Napolitain, dans la langue familière, est baptisé Ouallioune ou Mandgiamagaroune (mange-macaroni).

                Pour finir, notons que Roumi, dans le langage militaire, indique un officier peu au courant des questions soulevées par les choses et les gens d'Islam, et excusons-nous, auprès de nos fidèles et indulgents lecteurs du décousu de cette fin d'étude qui, nous en avons peur, paraîtra influencée par la douceur caniculaire de cette mémorable journée du 27 juillet 1925 où, sur la place du Gouvernement, il fut possible de faire durcir des œufs à l'ombre… du duc d'Orléans et de son cheval.

Docteur Victor Trenga.
Alger Étudiants (juillet 1925)


RAMADAN
Envoyé par M. J.P. Ferrer
Cette année, le Ramadan était en Juillet.

           Un soleil de plomb nous tombait sur le carafon à vous laisser inanimé.
           Sur les premières marches des grands escaliers qui grimpaient vers le Boulevard du Telemly, quelques vieux du quartier, en bleu de chauffe ou en djellaba étaient assis avec un béret ou un turban autour de la chéchia sur la tête, les jambes remontées sur la poitrine. Ils avaient sûrement très soif. Ils ne bougeaient pas. Ils s'économisaient et prenaient leur mal en patience. Pas une goutte d'eau. Pas de cigarette non plus. Faudra attendre jusqu'au soir, jusqu'au coup de canon sonnant la délivrance salvatrice qui les autorisera à manger et boire.

           Soudain arriva Rha'youyou, Yarhya de son vrai prénom. Il avait la vingtaine environ. Grand, musclé, les cheveux noirs de jais et pas frisés. Beau gosse. Il roulait toujours un peu les mécaniques. Il venait de chez lui, rue de la Pensée.
           Rha'youyou était toujours prêt à plaisanter. C'était un pince-sans-rire. Il faisait le Carême comme tout le monde. Du moins, il en était sensé.
           Maman le voit entrer dans la boulangerie tout sourire. Le voilà qui se plaint à haute voix, à l'adresse de ceux qui, dehors, voulaient l'entendre qu'avec cette chaleur épouvantable, cette année le Ramadan sera très difficile, et qu'il compatissait à leur souffrance. Il feignait une douleur à l'estomac. Et puis cette température !…N'est-ce pas, Mouloud ?…Ty'as vu comme elle blanche ma langue ? Ma parole, on va mourir. C'est pas possible qu'Allah y nous inflige ça !!!
           Maman lui fait signe de se taire, qu'il exagère…

           Tranquille, continuant ses simagrées, Rha'youyou, sans se faire remarquer, passe directement dans l'arrière boutique de la boulangerie et demande, le plus discrètement possible, à ma mère, qu'il appelait Mamie comme tout le quartier, de lui donner un roulé feuilleté à la saucisse, en lui faisant un clin d'œil de connivence, attendant l'accord de ma mère, pensait-il.
           - Tu n'as pas honte, Yah'ya ? En plus, tu te moques des copains de ton père, et c'est doublement péché ! Tu veux un feuilleté et en plus avec du cochon !!
           - Mamie, répond-il, à voix basse, je vais le manger dans le fournil, j'ai trop faim ; tu fermeras la porte et tu éteindras, s'il te plait ? "
           - Pourquoi éteindrai-je ? "
           Comme ça, Allah, il ne me verra pas, même si je me grille une petite Bastos !… "

           Et il lève la main pour taper cinq avec maman qui garde la main le long du corps.
           Son en-cas Rh'lam (péché) pris, il ressortit en exagérant encore sa faim et les difficultés de cette religion… Putain, c'est dur, hein, Rachid ! lançait-il à la cantonade…
           Ch'mata(1) , va !

Jean-Pierre Ferrer
Alger-Saint-Laurent-du-Var

           1) Fripon, malin.
"Je ne pourrai pas vivre en dehors d'Alger. Jamais.
Je voyagerai car j'aime le monde, mais j'ai la conviction que,
ailleurs, je serai toujours en exil". A. CAMUS

           P.S.
           Le Ramadan n'est pas une fête comme le pensent certains. Il fait partie des 5 piliers de l'Islam

           Les cinq piliers de l'islam
           1. La profession de foi. Le premier, et le plus important, est la profession de foi. ...
           2. La prière. Dans l'islam, la prière exprime la foi à travers la communication personnelle avec Allah. ...
           3. L'aumône. L'aumône envers les pauvres et les nécessiteux occupe une place importante dans l'islam. ...
           4. Le jeune du mois de ramadan. ...
           5. Le pèlerinage.



Avis aux colons
Envoyé par M. Christian Graille
Types Algériens

                 Un serrurier de Douéra a inventé, en mars 1845, une nouvelle charrue tout en fer, défrichant à une profondeur de 15 centimètres et qui peut être traînée par un cheval : les premiers essais ont parfaitement réussi.

                 Un barrage presque monumental a été construit sur l'oued-Sig, rivière qui se jette dans le golfe d'Arzew. Ce barrage exécuté par l'armée en mars 1845 aura pour effet d'arroser 15.000 hectares de terre : il est aisé de concevoir quelle richesse une pareille irrigation est appelée à répandre dans ce pays ; une colonie y sera fondée et donnera du mouvement et une nouvelle vie à cette pittoresque vallée du Sig.
                 Un ordre de M. le Gouverneur Général, du mois d'avril 1845, porte que des lots seront distribués aux colons qui voudraient se fixer à Djemda - Ghaïzaout à condition de construire des maisons en pierre.
                 Arrêté du gouverneur général portant que le village de Saint Ferdinand, le marabout d'Aumale et la ferme dite la Consulaire seront remis à la disposition de la direction de l'intérieur.

                 Considérant que les conditions d'admission dans les villages construits et à construire par les condamnés militaires ou par l'armée, devant être essentiellement différentes des concessions faites jusqu'à ce jour chez les autres centres de population, il importe de les déterminer d'une façon précise, et de faire connaître aux intéressés les avantages qui les attendent et les obligations qui leur seront imposées dans ces nouveaux villages. Article 1er : Le village de Saint Ferdinand, le marabout d'Aumale (hameau pour dix familles) et la grande ferme dite la Consulaire seront mises le 15 du courant à la disposition de la direction de l'intérieur.
                 Le village de Sainte-Amélie construit pour cinquante-trois familles sera remis vers la fin de l'année.
                 Article 2 : Dans ces diverses localités et dans celles qui seront prochainement établies d'après le même système, chaque concession se compose ou se composera :
                           - 1° D'une maison de 60 à 64 mètres de superficie
                           - bâtie en bons moellons,
                           - avec des encoignures et ouvertures en pierre de taille,
                           - parfaitement recrépie à l'intérieur et à l'extérieur,
                           - couverte en tuiles courbes et
                           - comprenant deux pièces au rez-de-chaussée et deux au premier étage (cette partie de la concession représente à elle seule une valeur de 4.500 francs au moins.)
                           - 2e de 12 hectares (36 arpents) de terre cultivables dont 4 hectares défrichés :
                           - 3e d'un certain nombre d'arbres plantés.
                 Article 3 : Une église affectée au service du culte catholique desservira les centres de population ci-dessus désignés
                 Article 4 : Le prix de chaque concession est fixé à 1.500 francs. Le concessionnaire aura le choix de se libérer en un seul payement dès son entrée en jouissance ou en trois termes égaux de 500 francs chacun, dans un délai de dix-huit mois. Le premier sera exigible le jour de l'installation de la famille.
                 Article 5 : Dans le premier cas, il sera propriétaire incommutable dès le premier jour du payement ; dans le second, il ne recevra le titre de propriétaire qu'après s'être libéré entièrement. Si ce dernier terme n'était pas payé dans les délais voulus, le concessionnaire pourrait être évincé sans aucun recours de sa part pour la première somme versée par lui.
                 Article 6 : Dans l'un et l'autre cas, le colon ne pourra aliéner tout ou partie de sa concession qu'après trois ans de jouissance, à moins qu'il n'en reçoive auparavant l'autorisation du Gouverneur Général, le Conseil d'Administration consulté.
                 Article 7 : Indépendamment du prix de la concession, chaque famille devra justifier d'un avoir personnel de 1.000 francs comme garantie d'une bonne exploitation.
                 Article 8 : Il pourra être accordé des concessions plus considérables en terres aux personnes qui justifieront de ressources suffisantes. Ces dernières concessions devront être préalablement soumises à l'approbation de M. le Ministre de la Guerre.
                 Article 9 : Les colons seront tenus de clore dans l'année leur cour et jardin attenants à la maison, d'un mur, d'une palissade ou d'une haie vive ou sèche. Les alignements pour l'établissement de ces clôtures seront délivrés sans retard sur leur demande.
                 Article 10 : Les récoltes pendantes par racines qui se trouveront existées à l'époque de l'entrée en jouissance des colons seront partagées entre eux au prorata de l'étendue de leurs concessions moyennant le remboursement du prix de culture et de semences.
                 Article 11 : Chaque colon sera tenu de planter trois cents arbres sur sa propriété dans le délai de trois ans après son entrée en jouissance.
                 Article 12 : Dans le cas où les colons le demanderaient, il sera construit par les ouvriers militaires, contre leurs maisons, un appentis en bois pour loger leurs bestiaux, dont ils rembourseront le prix à la caisse coloniale d'après le taux de la dépense effectuée qui ne dépassera pas 150 francs.
                 Ils y gagneront la différence notable entre le prix de la main-d'œuvre par les ouvriers militaires et de la main-d'œuvre par les ouvriers civils.
                 Article 13 : Les maisons devront être blanchies à la chaux une fois chaque année, dans le courant du mois de septembre.
                 Article 14 : Le directeur de l'intérieur est chargé, etc.

                 De nouvelles concessions se font journellement sur les différents points de l'Algérie ; les conditions varient selon les localités mais nous aurons soin de les indiquer à, leurs lieux et places.

Guide du voyageur en Algérie :
Itinéraire du savant, de l'artiste,
de l'homme du monde et du colon (1848)


Le Biskri porteur d'eau
Envoyé par M. Christian Graille

                 Biskri veut dire enfant de Biskra. Il est aisé de reconnaître le biskri à son visage basané, presque noir, indiquant son origine de Biskra ou des environs de la ville du soleil et des dattes.
                 Bien jeune encore il quitte son pays, sa montagne, pour venir travailler, gagner des sordis dans la ville des Roumis.
                 Après avoir passé son enfance à décrotter et cirer kif-kif la glace les sebats, bottes ou bottines des mercantis, et avoir attrapé plus de torgnoles que de sous, le biskri devient en grandissant portefaix ou porteur d'eau.

                 Le porteur d'eau est un homme presque rangé,
                 - payant son batanta,
                 - immatriculé sur les registres de la mairie,
                 - ayant sa bermission,
                 - Possédant sa plaque et son numéro, en un mot, en règle avec la Municipalité.

                 Ses fonctions comme son nom l'indique, consistent à transporter dans la maison des bourgeois, l'eau des fontaines, de l'eau bonne à boire, à cuisiner ou à laver, dans une cruche en cuivre d'une capacité déterminée, au prix de 1 sou la cruche et 2 sous en temps de disette.
                 Cette cruche neuve est d'un beau rouge vif et coûte arba (Quatre) douros, pas moins. Mais à la longue, elle devient, par l'usage, d'un gris sale, parfois noire et toute bosselée à la suite des chocs et contre-chocs qu'elle reçoit.

                 C'est un bien curieux spectacle que celui qui s'offre parfois à certaines fontaines de notre ville
                 Souvent une dizaine de porteurs d'eau, assis sur leurs cruches renversées à terre sous eux, sont alignés à la queue leu-leu et attendent patiemment leur tour pour emplir, devisant entre eux pour passer le temps, les uns fumant, d'autres chantonnant un air monotone, une complainte arabe qu'ils accompagnent des mains sur leurs cruches sonores.

                 Si une roumia jeune et accorte se présente à la fontaine pour emplir, Messieurs les biskris font assaut de galanterie à son adresse et c'est à celui qui la fera passer hors tour.
                 On lui remplira même son bidon ou sa gargoulette qu'on lui fera passer toute pleine. Mais s'il s'agit d'une vieille ménagère ridée, ou bien d'une juive, fût-elle jolie à croquer, elle attendra son tour sans rémission.
                 La cruche est pleine, le biskri la charge sur son épaule où pend un large mouchoir rouge et blanc à carreaux et puis en route.
                 Ses jambes sont d'acier, ses bras de fer, il ne pliera pas sous le faix.
                 Il va allègrement son train et semble ne point sentir la fatigue ; car autant de voyages, autant de sous gagnés.
                 Tout biskri a sa clientèle à lui, clientèle d'abonnés au mois qui le paie à la fin de chaque louna.

                 Le biskri a ainsi quelquefois toute une rue à lui ; plus sa clientèle est étendue, et plus il y a pour lui de bénéfice à la fin du mois.
                 Le matin, de bonne heure, avant même le lever de son client, vous le voyez grimper trois et souvent quatre étages, sa cruche d'eau sur l'épaule.
                 Il trouve tous les récipients prêts, bidons, jarres ou baquets ; il vide sa cruche et part comme il est venu. D'autres fois on le reçoit en robe de chambre, voire même en peignoir, et au saut du lit.

                 Dans les moments de trêve et de loisir, la cruche est entreposée dans un café maure où le biskri passe la journée, attendant de nouveaux ordres, fumant, jouant et absorbant force caouas ( Cafés) en raison directe des recettes opérées.
                 Le porteur d'eau est aussi portefaix de sa nature. Il s'offre pour les déménagements, pour porter des bagages, voire même faire parvenir à son adresse un poulet parfumé ; ce sont là de petits profits qui forment son casuel.
                 Tous les trois ou quatre ans le biskri possesseur d'une somme assez rondelette retourne à son pays, à sa montagne, y enterre son argent ou bien le place en lieu sûr et revient bientôt à la ville continuer à peiner pour les Roumis, jusqu'à la fin de ses jours.

Jacques Terzualli
Les Annales algériennes (15-04-1893)



Le bois sacré
Envoyé par M. Christian Graille

                 Une tradition populaire interdit aux musulmans de Bougie de construire et d'habiter la partie située au Nord-Ouest de la ville en face de la porte Fatima et dénommée : bois sacré.
                 Les gens superficiels n'ont vu là qu'une superstition grossière et ont rangé cette tradition indigène sur le compte du fanatisme. C'est une erreur profonde.
                 Rien ne fut plus justifiée que cette interdiction-là.

                 Comme toutes les lois les us et coutumes qui régissent les choses de l'Islam, il n'y a sous cette mesure aucun fanatisme mais il y a une mesure d'hygiène imposée par une nécessité du moment qui a le tort d'être vieille de près de 400 ans.
                 En l'année 1511, les Espagnols étaient les maîtres de Bougie depuis une année environ.
                 Vingt mille hommes de troupe de Ferdinand le Catholique occupaient la place d'où les indigènes avaient été expulsés.

                 Tout à coup la peste éclata parmi les troupes, au milieu du temps du carême. Ce fut d'abord celles qui étaient cantonnées dans la magnifique mosquée royale d'El-Mançour qui furent atteintes.
                 Il mourrait dans cette mosquée cinquante hommes par jour sur les 3.000 soldats qui l'habitaient.
                 Que l'on ne soit pas surpris de cette quantité d'hommes logés dans ce seul bâtiment. Il y avait 220 coudées de long sur 150 de large et 20 de haut. Tout autour régnait une colonnade, coupée de 17 portiques monumentaux et 5 autres portiques ouvraient sur une cour intérieure.
                 C'est sur l'emplacement de cette mosquée, et avec ses débris, que fut construit le fort Barral.
                 De la mosquée d'El-Mançour l'épidémie gagna la Kasbah, où étaient logés 5.000 hommes et là fit plus de cent victimes par jour, et Ksar-Ami Moum (dont les ruines se voient encore près de la porte du fort Clauzel) où logeaient 2.000 hommes. Un seul point servant de casernement aux Espagnols fut à peu près épargné. Ce fut Ksar-el-Louloua ou Dar Vergelette, appelé maintenant fort Abd-el-Kader.

                 En vingt jours l'épidémie tua 2.300 hommes ! Pour enterrer tous ces cadavres qui empestaient l'air, on choisit comme cimetière la colline qui fait face à Bab-el-Benoud (aujourd'hui porte Fouka) de l'autre côté du ravin d'Abzaz.
                 Mais les sépultures faites à la hâte, insuffisamment profondes, mal comblées ne manquèrent pas de laisser s'échapper dans l'air une odeur pestilentielle qui en éloigna les êtres humains et y attirèrent les fauves.

                 Plusieurs années après cette terrible épidémie, la mauvaise odeur n'avait pas encore disparu. Quand en 1573 les Espagnols furent chassés de la ville, l'ancien cimetière des pestiférés était devenu un lieu sauvage où les animaux féroces vaquaient avec tranquillité.
                 Par précaution d'hygiène et de salubrité, la djemaa de Bougie fit interdiction aux musulmans d'habiter en ces lieux.
                 Un seul point fut excepté de cette prohibition. Ce fut le lieu appelé Marabout de Sisi- Mohand ou Amokran.

                 On voit encore ce lieu privilégié. C'est la petite kouba dont le dôme émerge à travers les oliviers et les caroubiers, au-dessous de la route du fort Clauzel, près des remparts de la ville.
                 Sous cette kouba repose le fondateur de la dynastie des Mokrani qui gouverna le Hodna et dont le dernier agha mourut en rébellion contre la France après avoir fomenté la grande révolte de 1871.
Gaston Marguet.
L'écho de Bougie (14-12-1905)



De notre temps.....
Envoyé par Mme Eliane

         Grand-père, comment viviez-vous avant avec aucune technologie :
         Pas d’avions
         Pas d'Internet
         Pas d'ordinateurs
         Pas de téléviseurs
         Pas de téléphone portable? "

         Grand-père a répondu :
         "Tout comme votre génération vit aujourd'hui :
         Pas de compassion
         Pas d'honneur
         Pas de respect
         Pas de honte
         Pas de modestie "
         Nous, les gens nés entre 1940-1980 sommes les bienheureux ...
         Notre vie en est une preuve vivante.
         En jouant et en faisant du vélo, nous n'avons jamais porté de casque.

         Après l'école, nous avons joué jusqu'au crépuscule, nous n'avons jamais regardé la télé.
         Nous avons joué avec de vrais amis, pas des amis sur internet.
         Nous ne sommes jamais tombés malades en partageant le même verre de jus avec quatre amis.
         Nous n'avons jamais pris de poids en mangeant des assiettes de pâte tous les jours.
         Rien n'est arrivé à nos pieds malgré l'errance aux pieds nus.
         Nous n'avons jamais utilisé de suppléments pour rester en bonne santé.
         Nous avions l'habitude de créer nos propres jouets et de jouer avec ceux-ci.
         Nos parents n'étaient pas riches. Ils ont donné l'amour...pas le matériel.
         Nous n'avons jamais eu de téléphone portable, de DVD, de console de jeux, de Xbox, de jeux vidéo, d'ordinateurs personnels, d'Internet, de chat, mais nous avions de vrais amis.

         Nous rendions visite à nos amis sans y être invités et avons partagé et apprécié la nourriture avec eux.
         Des parents vivaient à proximité pour profiter du temps passé en famille.

         Nous avons pu avoir des photos en noir et blanc, mais vous pouvez trouver des souvenirs colorés dans ces photos.
         Nous sommes une génération unique et la plus compréhensive, car nous sommes la dernière génération à avoir écouté ses parents ...

         Et nous sommes aussi les premiers qui devons écouter nos enfants, et ça c'est la vérité vraie pauvres de nous
         Nous sommes des Trésors appelés à disparaître, mais serons nous regrettés ???
         Papy

         Nous sommes une édition limitée!
         Profitez de nous. Apprenez de nous.



PHOTOS DE BÔNE
Envoyée par J. Bena

         Défilé des Spahis devant la Cathédrale en 1958






Défilé des Aviateurs des Salines devant la Cathédrale en 1958






Défilé des Paras devant la Cathédrale en 1958





Bougie
la perle de l'Afrique du Nord
Envoyé par M. Christian Graille

           Le touriste algérien va chercher, bien loin et à grands frais, des sensations moins agréables et moins fortes que celles qui peut lui procurer la vue des admirables sites dont la nature a si largement doté la Kabylie et en particulier la région qui environne Bougie.
           - A quelques heures de Marseille et d'Alger,
           - en face de Toulon,
           - au fond d'un golfe aux eaux bleues et transparentes,
           - entourée d'un véritable cirque de hautes montagnes, dont les cimes restent couvertes de neige jusqu'au commencement de l'été,
           - audacieusement bâtie sur les flancs de la montagne du Gouraya qui domine de sa masse géante une rade merveilleuse rappelant à la fois le golfe de Naples et le lac de Genève.

           La coquette ville de Bougie, qu'un voyageur princier, l'Archiduc Salvator d'Autriche dénomma poétiquement " la perle de l'Afrique du Nord ", s'offre au visiteur surpris qui la découvre brusquement, en arrivant d'Alger, telle un nid de verdure dans la falaise abrupte dont les parois dentelées par les assauts séculaires des vagues abritèrent longtemps dans leurs cavernes profondes les barques des audacieux pirates barbaresques.
Histoire

           L'histoire de Bougie remonte à la plus haute antiquité. Des découvertes récentes faites dans les grottes difficilement accessibles, ouvertes sur le flanc du Gouraya, ont démontré qu'à l'époque préhistorique ce coin du littoral avait dû être habité par d'importantes tribus.

           Le passage des Libyens et des Phéniciens y est révélé par des tombeaux creusés dans des rochers énormes que l'on rencontre tout près de Bougie, dans la vallée des Aiguades.
           A la chute de Carthage, les Romains s'en emparèrent et y fondèrent sous le nom de Saldae, une ville forte d'où ils étendirent au loin, toute la Kabylie, le rayonnement de leur puissance.

           Après avoir été réduite à l'état de simple bourgade par les invasions des barbares, l'antique Saldae tomba au VIIe siècle sous le joug de l'islamisation, et au XIe siècle devint, sous la domination d'En-Nacer, la ville la plus importante des États hammadites ( dynastie berbère (1014-1152)).
           En-Nacer la reconstruisit complètement sur l'emplacement de l'ancienne ville romaine, dont il étendit les limites jusqu'aux flancs extrêmes du Gouraya.

           Il lui donna le nom d'En-Naceria, mais ce fut celui de Bedjaïa (les survivants) tiré de la tribu berbère qui vivait dans la localité qui passa à la postérité.
           Suivant certains c'est de cette époque que date l'appellation de Bidjaya, devenue plus tard en espagnol Bugia, en français Bougie, tirée de la grande quantité de cire qu'elle produisait.

           De nombreuses légendes ont cours dans le pays au sujet d'En-Nacer. Suivant l'une d'elles, ce prince, très fier de sa capitale dont il avait fait une ville de plaisir, avait l'habitude de faire des promenades en barque sur la rade de Bougie, accompagné de sa cour et de ses musiciens.
           Le saint marabout Sidi Touati, invité à faire partie d'une de ces fêtes nocturnes, fut exaspéré par les éloges hyperboliques que le souverain ne cessait de se décerner : Il lui reprocha son orgueil et sa vie de débauches puis, étendant son burnous, il lui montra au travers de ce transparent magique, la ville complètement ruinée et abandonnée.

           En-Nacer, frappé par ce spectacle terrifiant :
           - s'humilia,
           - quitta le trône et
           - se retira sur une île rocheuse de la côte voisine, l'île des Pisans où il mourut saintement dans l'austérité.

           Il laissa le trône à son fils El-Mançour qui transporta à Bougie le siège de son gouvernement et en fit la capitale de l'empire hammadite. Il y construisit :
           - des palais somptueux, notamment ceux de la perle et du Hamimoun,
           - des mosquées et
           - des écoles,

           Et à cette époque, vers l'an 1.00, Bougie fut le centre le plus important du mouvement intellectuel de l'Afrique du Nord.

           En-Nacer était alors une ville de 100.000 habitants. on y comptait :
           - 8.000 maisons,
           - de nombreux collèges,
           - des palais somptueux,
           - 50 mosquées qui s'étageaient depuis le rivage jusqu'au haut des flancs du Gouraya, dans :
           - un fouillis de verdure,
           - de bouquets,
           - d'oliviers,
           - d'orangers
           - et de grenadiers.

           Un vieux manuscrit arabe ayant pour titre " galerie de littérateurs à Bougie", traduit par un arabisant distingué, M. Charbonneau, donne la biographie :
           - des médecins,
           - jurisconsultes,
           - poètes, venus, les uns d'Orient, les autres d'Espagne, qui tenaient école dans la cité hammadite, alors à l'apogée de sa splendeur.

           En-Naceria possédait aussi un grand nombre de savants théologiens et de marabouts vénérés, notamment Sidi-Touati et Sidi-Yahia, dont les tombeaux avaient résisté aux ravages des siècles, faisaient l'objet du culte de toutes les races berbères qui environnait la ville et lui firent donner le nom de petite Mecque (Melka Sghira) ; Bougie devait ce titre aux quatre-vingt-dix-neuf grands marabouts qui avaient leur sépulture. Il ne lui a manqué, pour être la véritable Mecque que le centième, celle du Prophète.

           Aussi, chaque année, à la fin du Ramadan, les pèlerins qui ne pouvaient accomplir le voyage long et coûteux de la Mecque venaient en foule, au pied de la colline du djebel Khalifa, sur laquelle s'élève le marabout de Sidi-Touati, la prière qui comptera pour leur entrée au paradis de Mahomet autant que le pèlerinage au tombeau du prophète.

           L'empire hammadite s'effondra au milieu du XIIe siècle et Bougie devenue une dépendance des Turcs, se transforma, deux siècles plus tard, en un repaire de corsaires, dont les actes de piraterie nécessitèrent l'intervention des Espagnols qui, en 1501, sous la conduite de Pedro Navaro s'emparèrent de la ville.
           Dès qu'il fut maître de la ville Pedro Navaro s'occupa de fortifier la ville en abandonnant les lignes hammadites dont les vestiges indiquent encore son énorme étendue.
           Il construisit sur l'esplanade du Palais de l'Étoile le Fort Barral, puis celui de la Kasbah et restaura le fort Abdelkader.

           D'après un vieux manuscrit les Espagnols détruisirent complètement les palais de la Perle et de l'Étoile dont ils abattirent le minaret qui avait 70 coudées (ancienne mesure correspondant à 50 centimètres) de haut et était réputé comme une œuvre des plus merveilleuse de l'architecture de l'époque. Ils ne jouirent guère de leur conquête qu'ils durent abandonner en 1555, époque à laquelle Salah-Reis, pacha d'Alger, reprit Bougie pour le compte du sultan de Constantinople.
           Sous la domination turque, la ville tomba en ruine et ne fut plus qu'une base de ravitaillement pour les corsaires algériens.

           En 1830 Bougie comptait 2.000 habitants et 60 soldats turcs. Les Français appelé par une partie de la population, odieusement pillée et rançonnée par les Kabyles, s'en emparèrent en 1833.

           C'est le 29 septembre que le général Trézel, avec :
           - deux bataillons du 59e de ligne,
           - deux compagnies du génie et
           - deux batteries d'artillerie amenées par l'escadre sous les ordres du capitaine de vaisseau de Perceval, s'empara de Bougie après un combat acharné.
           Cet épisode de notre histoire militaire a servi de sujet à un remarquable tableau d'Horace Vernet, dont une copie fidèle se trouve dans une salle de la mairie.

           Le développement de Bougie et de la région, au point de vue de la colonisation, demeura stationnaire jusqu'à la formidable insurrection de 1871, dont la répression fut suivie du séquestre de partie des territoires des tribus révoltés qui furent livrées à la colonisation.
           L'amiral de Gueydon, alors Gouverneur Général de l'Algérie, aux yeux duquel Bougie était destiné à devenir, en même temps qu'un centre important de colonisation, un poste militaire de premier ordre, doté d'un grand port de guerre, placé en face de Toulon, fit de cette ville, le siège d'un chef-lieu d'arrondissement et d'un tribunal.
           Cette première organisation devait précéder une organisation plus importante, celle d'un quatrième département, le département de la Kabylie, ayant Bougie comme chef-lieu et englobant toute la partie kabyle des départements d'Alger et de Constantine, ce qui eût été rationnel.

           Ce programme ne s'est pas encore réalisé et Bougie est restée une sous-préfecture du département de Constantine, mais elle n'en est pas moins la capitale de la Kabylie et sa population qui n'était que de 2.000 âmes en 1830 atteint aujourd'hui près de 12.000 habitants.
           Son importance commerciale et économique s'accroît par la création de nouvelles industries et la mise en exploitation de nombreux gisements miniers.

           Ses attractions pour les touristes sont accrues et facilitées par une constante amélioration des voies de communication déjà existantes et l'installation d'hôtels qui permettent aux visiteurs de faire aisément des excursions autrefois impossibles et de séjourner dans la région en y trouvant un confortable que peu de grandes villes d'Algérie peuvent offrir.
Bougie et la petite Kabylie.
Livret guide - Syndicat d'Initiatives 1914
La ville de Bougie

           Bâtie en amphithéâtre sur le versant Sud du Gouraya, montagne de 660n mètres d'altitude, au fond d'un golfe qui offre l'aspect d'un vaste lac entouré d'un rideau de hautes montagnes, la ville doit cette situation d'être complètement abritée contre les tempêtes du Nord et du Nord-Ouest si violentes en Méditerranée.

           Le voyageur qui arrive à Bougie par mer, sur un des paquebots qui assurent ses relations avec Marseille-Alger et Philippeville, embrasse dès qu'il a dépassé le cap Bouak un panorama merveilleux, au centre duquel se dresse, majestueuse, la montagne du Gouraya, dominant de sa masse géante les étages successifs des différents quartiers de la ville.

           Dans le lointain, il aperçoit, par la trouée de la vallée de la Soummam, les hautes montagnes du Djurdjura, à sa gauche, et derrière lui, dans un cercle grandiose et ininterrompu qui parait fermer le golfe, la chaîne des montagnes des Béni-Mimoun et des Babors dont les principaux sommets atteignent près de 2.000 mètres.
           Un coup d'œil en hiver, lorsque toutes ces montagnes sont couvertes de neige et que les rayons d'un soleil, doucement chaux et lumineux, se reflètent sur les eaux blues, les cimes neigeuses des coteaux verdoyants, au milieu desquels émergent Bougie, est réellement féerique et digne d'inspirer la palette du peintre et la lyre du poète. Au centre du nouveau port, actuellement aménagé pour recevoir les navires du plus fort tonnage, à une centaine de mètres des bords du quai, le voyageur rencontre en débarquant la porte sarrasine (Bab-el- Bahar) vieil arceau en ogive, de pierres et briques, soigneusement conservé qui faisait partie des fortifications arabes. Autrefois les balancelles franchissaient cette porte, pour venir s'abriter dans une petite rade aujourd'hui comblée.

           Une ruelle à pente très rapide et un escalier de quelques marches conduisent à la place de la sous-préfecture sur laquelle s'élève, dominant la mer, un coquet édifice de construction moderne qui abrite le représentant du Gouvernement à Bougie, et les bureaux de son administration.
           Si le voyageur hésite à suivre ce chemin, il peut accéder au même point, en longeant la ligne du quai jusqu'au pied du fort Abdelkader et en remontant la rampe Réguis qui le mène, par une pente douce devant plusieurs beaux immeubles édifiés sur les flancs du coteau de Bridja à l'endroit où s'élevait à l'époque hammadite le fameux palais de la perle.

           De la place de la sous-préfecture, par le boulevard des Cinq Fontaines, qui conduit au Royal Hôtel, établissement de premier ordre, pourvu de tout le confort moderne et tenu avec un soin et une propreté minutieux.
           Cet établissement peut rivaliser avec les hôtels les plus réputés d'Alger et de Biskra. Honoré de la clientèle de tous les Gouverneurs Généraux depuis M. Jonnart qui le citait comme un modèle d'hôtel bien tenu, il est pendant la saison hivernale le rendez-vous de tous les touristes de marque qui visitent la Kabylie et dont les automobiles peuvent se remiser immédiatement, soit dans l'immense garage de l'hôtel soit en face et à quelques mètres de " l'auto garage ".

           De la place du Royal Hôtel on monte vers la ville soit par la rue Trézel, soit par l'escalier monumental qui continue le boulevard des Cinq Fontaines et dont les marches semblent vouloir escalader la masse géante du Gouraya. La rue Trézel principale artère de la ville passe :
           - devant le cercle militaire,
           - la mairie où l'on s'arrêtera pour admirer la superbe mosaïque découverte en 1891, dans les fondations de l'hôpital civil, près de l'ancien palais de l'Etoile
           - et la copie du magnifique tableau d'Horace Vernet où est campée fièrement la silhouette du Général Trézel conduisant ses troupes à l'assaut de Bougie,
           - l'hôtel d'Orient, le plus ancien de la ville, établissement admirablement situé et doté d'une salle à manger d'où l'on jouit d'une vue merveilleuse sur toute la rade et le golfe,
           - et, les bureaux du Syndicat d'Initiative où le touriste sera toujours certain de trouver tous les renseignements dont il aura besoin.

           Elle débouche ensuite sur la place de Gueydon du haut de laquelle un panorama saisissant se déroule sous les yeux du spectateur qui embrasse tout à la fois l'ensemble de l'immense cirque de montagnes au pied duquel s'étale, en une vaste nappe claire et azurée, le golfe entier dans le fond duquel s'estompent les contours des caps Cavallo et Bougaroune, tandis que derrière se dressent les étages successifs de la haute ville et les escarpements du Gouraya.

           De la place de Gueydon, la rue Trézel se continue jusqu'à la place Clément Martel, autrefois place de l'Arsenal, d'où un large boulevard, le boulevard François Biziou permet de descendre au quartier commerçant et industriel du Camp-Inférieur, tandis que sur la droite une rue en pente rapide, la rue Fatima, conduit vers les hauts quartiers de la ville en passant :
           - devant l'école des filles indigènes,
           - la mosquée, jolie monument d'architecture arabe ornée de carreaux de céramique du plus heureux effet,
           - l'école indigène des garçons,
           - le fort Barral ou Moussa, massive construction hammadite, restaurée par les Espagnols et enfin
           - Si à quelques mètres de la place Gueydon, en face du marché couvert, on quitte la rue Trézel en prenant à sa droite, on peut monter vers la ville haute par la rue des Vieillards ainsi dénommée parce qu'au moment de la prise de Bougie, cette rue était habitée par les vieillards de la ville qui y furent découverts dans une maison où ils s'étaient réfugiés.
           Cette longue artère conduit jusqu'au quartier de Bridja, vaste plateau aéré sur lequel sont édifiées les casernes et plus bas l'hôpital militaire et l'Atelier pénitencier militaire des travaux publics.

           Les monuments les plus saillants de Bougie sont :
           - l'Hôtel de ville,
           - la Sous-Préfecture,
           - l'Hôpital civil,
           - l'Eglise.

           Un musée très intéressant dû à l'initiative personnelle et aux patients travaux d'un amateur M. Cazaubon, conservateur de ce Musée, est installé dans une des salles d'un édifice auquel on accède par un escalier faisant communiquer la place de Gueydon et le port.
           Ouvert le jeudi et le dimanche ce Musée où l'on admirera notamment une très belle mosaïque récemment découverte à Mansouriah, est obligeamment ouvert chaque jour aux personnes qui en font la demande.

           Sur la façade de l'église, construite depuis notre occupation, ont été gravées les armoiries de la ville formées d'un écu chargé d'un croissant, d'une comète et d'une ruche.
           - Le croissant rappelle la domination musulmane,
           - la comète, celle de 1858, année de la construction de l'église,
           - la ruche est l'emblème de l'activité des populations kabyles, en même temps qu'elle rappelle la cire servant à faire les bougies qui auraient tiré leur nom de celui de la ville.

           Le singe qui supporte l'écu indique la présence de ces animaux en grand nombre dans les environs de la ville. Les monuments anciens sont :
           - la porte sarrasine,
           - le fort Abdelkader sur les quais du port,
           - la Casbah sur la porte de laquelle on relève les intéressantes inscriptions suivantes :
           Ferdinandus v. rex hispaniae inclitus vi armorum perfidisaga renis hanc abstulit vr bem anno mov IIII.
           Ferdinand V, illustre Roi d'Espagne, a enlevé par la force des armes cette ville aux perfides enfants d'Agar en l'an 1509.
           Quam mhris castellis Q.M.V nivit imp. H. A carolus ferdinan di memorati nepos et ha eres soli deo onor et gloria.

           Cette ville a été pourvue de murailles et de forteresses par l'Empereur Charles-Quint l'Africain, petit-fils et successeur de Ferdinand. A Dieu seul honneur et gloire !
           Le fort Barral ou Moussa, les mosquées de Sidi-Touati et Sidi Abderrahmane et la vieille porte Fouka qui donne accès au chemin conduisant au cimetière indigène et dont les tourelles sont restées ce qu'elles étaient, il y a huit siècles.

Bougie et la petite Kabylie.
Livret guide- syndicat d'initiative. 1914




Cafés maures
Envoyé par M. Christian Graille

                 Avant d'aller visiter les cafés arabes, il est bon de rappeler :
                          - quelles sont les consommations qu'on y débite,
                          - les ustensiles dont on se sert,
                          - Les meubles et les objets que l'on y voit ou que l'on pourrait y voir ; car si, en Orient, les costumes et les habitudes diffèrent selon les localités, en revanche les relations qui s'établissent entre les régions du monde oriental transportent d'une ville à l'autre des usages plus spéciaux à certaines contrées.

                 Les Musulmans eux-mêmes voyagent et émigrent et leurs habitudes les suivent ; des établissements nouveaux sont fondés à l'instar de ceux qui existent le plus communément dans les pays éloignés et c'est ainsi que tel café paraît plutôt turc qu'arabe, plutôt égyptien qu'algérien en raison du monde qui le fréquente et de la nationalité du patron.
                 Le tabac et le café sont les deux principaux articles de consommation.

                 Le tabac, vendu sous une infinité de marques et de formes, se fume :
                          - en cigarettes,
                          - en narghilé ou
                          - En chibouque.

                 Le tabac algérien qui lui-même est renommé et, sous le nom de tabac maure rivalise avec les produits exotiques se roule facilement en cigaretter mais son goût est un peu fade. L'une des qualités les plus recherchées est le chébli qui fournit un tabac haché très fin, d'une teinte jaune pâle.

                 Dans l'Ouest à Oran et à Tlemcen on trouve fréquemment chez les détaillants du tabac noir de la Havane mais le fin tabac turc de Latakié, qui est très apprécié par les amateurs, ne se fume pour ainsi dire pas en Algérie.
                 La chibouque, qui ne doit pas être confondue avec le narghilé, est une pipe composée de trois parties qui se démontent :
                          - un fourneau évasé de terre cuite, rouge ou noire,
                          - auquel s'adapte un long tuyau de bois de merisier ; le fourneau des plus belles chibouques est agrémenté de dorures et
                          - l'embouchure est faite d'un morceau d'ambre qui peut se dévisser.

                 Le tabac qui se fume dans la chibouque est coupé fin et approximativement le même que celui de la cigarette ; la fumée aspirée vivement, arrive directement aux lèvres par le long canal du tube de merisier.

                 Généralement trop longue pour être tenue simplement à la main, la chibouque repose sur le sol où son fourneau s'appuie sur un plateau de cuivre qui en recueille la cendre.

                 Le narghilé est un appareil plus compliqué ; on ne peut le fumer qu'en étant couché ou assis. C'est une carafe de verre clair, remplie d'eau aux trois quarts ; au-dessus du goulot s'adapte le fourneau qui communique au moyen d'un tuyau avec le fond de l'eau de la carafe dans laquelle il plonge.
                 Dans le fourneau on dépose des morceaux de côtes de tabac ou de tombac (métal utilisé par les Orientaux composé d'or, d'argent et de cuivre) et par-dessus quelques braises incandescentes de bois de senteur.
                 Le fumeur aspire par un second tuyau en caoutchouc dont l'extrémité aboutit, sans plonger dans l'eau, à l'intérieur de la carafe et la fumée conduite dans l'eau par le premier tuyau remonte, en agitant le liquide qui bouillonne, jusque dans la section supérieure où elle s'engouffre dans l'orifice du second tube pour arriver refroidie aux lèvres du fumeur.

                 Entre le narghilé et la chibouque il y a des intermédiaires, c'est-à-dire qu'il existe des pipes ayant un tuyau de bois et un fourneau construites de telle façon que la fumée passe au travers d'un petit réservoir de liquide avant de pénétrer dans le tube qui, dans ce cas, est généralement un tige de roseau.

                 Mais cet appareil, qui est une espèce de combinaison de la chibouque et du narghilé, d'où l'on pourrait déduire l'un et l'autre, ne se rencontre guère que dans les campagnes.
                 En supposant qu'il soit antérieur, la chibouque et le narghilé qui en sont sortis chacun de leur côté, se sont développés de telle façon qu'ils sont devenus absolument différents l'un de l'autre.

                 Dans les cafés maures, les Arabes fument le narghilé dont l'eau bouillonne en ronflant au passage de la fumée ; et sur la terrasse des cafés européens où l'on vend :
                          - de la bière,
                          - de la grenadine,
                          - du cassis,
                          - de l'absinthe et
                          - d'autres liqueurs, les consommateurs attablés l'apprécient de même.

                 La cigarette aussi est fort en honneur chez les Indigènes mais il est beaucoup plus rare de rencontre un Arabe le cigare aux lèvres ou d'en apercevoir sur les bancs des cafés maures, où l'on sert des tasses de moka aux consommateurs assis dans des poses nonchalantes.

                 Le café que l'on croit originaire de l'Arabie est par conséquent un produit connu de longue date en Orient où, depuis qu'on le cultive :
                          - aux Indes,
                          - en Amérique et
                          - en Afrique il arrive de ces divers lieux de provenance sous la forme de grains séchés, contenus dans des sacs ou renfermés dans des tonneaux.

                 Cet arbuste ou plutôt cet arbre, car il atteint dans les plantations quatre ou cinq mètres de haut, est pour ainsi dire inséparable de la race du noir qui :
                          - le plante,
                          - le taille,
                          - l'entretient et
                          - en récolte les produits en Amérique et aux Antilles.

                 C'est qu'en effet le caféier exige, pour se développer et pour rapporter, des conditions climatiques qu'il ne rencontre que dans la zone torride ou sur sa limite, dans le voisinage immédiat des deux tropiques du Cancer et du Capricorne. Dans ces régions incendiées par la durée des étés et par des rayons solaires tombant d'aplomb pendant les heures médianes de longues journées, le noir est à peu près le seul travailleur qui résiste au climat.

                 Ceux qui ont visité les régions où on le cultive s'accorde à dire que cet arbre, à feuillage persistant, dont la feuille est de dimension moyenne, produit une baie verte d'abord, rendue rouge par la maturité, fort semblable à une cerise, dans laquelle sont renfermés par une enveloppe de chair filamenteuse deux grains de café collés l'un à l'autre et contenus dans une pellicule cassante.

                 Une fois récoltées les baies rouges du caféier, souvent mêlées de feuilles et de poussière sont lavées et plongées un certain temps dans l'eau ; après quoi elles sont étendues sur une aire et exposées aux rayons du soleil qui dessèche leur enveloppe rouge, la brunissant et la noircissant ensuite jusqu'à ce que les grains contenus à l'intérieur s'en détachent d'eux-mêmes ou puissent être facilement décortiqués.
                 Les grains de café dépouillés de leur pulpe sont livrés au commerce et ils franchissent une première étape qui les rapproche de la consommation lorsque, par les soins :
                          - de l'épicier,
                          - du cafetier ou
                          - du particulier, ils ont été brûlés par différents procédés de torréfaction.

                 C'est en ce point que commence à apparaître une distinction selon que le café doit être servie soit à la turque ou à la franque, termes consacrés pour désigner la manière dont la décoction est préparée en Orient et en Occident.

                 Pour le café à la franque, les grains noircis par la torréfaction sont réduits en miettes au moyen de l'ustensile de cuisine qui s'appelle moulin à café ; le café broyé en rognures peu volumineuses est étendu sur un filtre d'étoffe ou de métal et l'eau bouillante, que l'on verse par-dessus s'écoule en s'imprégnant de ses sucs pour s'égoutter ensuite au travers du philtre.
                 L'opération terminée le breuvage se trouve dans le récipient placé sous le philtre et, sur le philtre, où l'eau chaude a été versée il ne reste que le marc humide.
                 Le café ainsi obtenu sera, sans nul doute, le plus exquis du monde pourvu qu'il soit de bonne provenance et de première qualité.

                 Pour le café à la turque, le grain torréfié doit être pulvérisé aussi menu que possible soit à l'aide d'un moulin qui le réduit en farine aussi tenue que de la poussière, soit au moyen du mortier et du pilon.
                 La cafetière, sans couvercle et large par sa base est garnie d'un long manche ; elle est remplie d'eau puis placée sur le feu et dès les premiers symptômes d'ébullition on y verse une quantité de poudre de café correspondant à la quantité d'eau contenue dans la cafetière.

                 Bientôt, après l'ébullition se produisant tout à fait, on agite le liquide avec une cuillère et à l'aide du manche que l'on a déjà saisi dans la main gauche pendant que l'on remuait la cuillère de la main droite, on retire du feu le café qui est fait et couvert d'une mousse brune ; il est immédiatement versé dans les tasses au fond desquelles il dépose son marc.

                 Pour le sucrer, on jette sur le feu, dans l'eau de la cafetière quelques grumeaux de sucre blanc en poudre, coagulé.
                 En Turquie on verse ce café dans une tasse de petite dimension que l'on pose sur un plateau à côté d'un verre d'eau et d'une assiette de loukoums. On nomme ainsi une pâte transparente et gommée qui ressemble un peu à de la guimauve. Il y a des loukoums :
                          - aux oranges,
                          - au jus de citron,
                          - aux framboises et aux fraises.

                 Dans les vallées du Bosphore, sur les pelouses vertes, les cafetiers les servent à leurs clients assis en plein air sur des escabeaux, en même temps que le café à la turque. Dans les cafés égyptiens il est préparé de la même façon mais pour l'offrir au consommateur on le verse dans une tasse à pied en porcelaine qui a exactement la même forme qu'un coquetier.
                 Le plus souvent le coquetier est en deux pièces :
                          - la partie supérieure qui est la tasse en porcelaine dans laquelle est contenue la café correspond à celle dans laquelle on met l'œuf à la coque ; le pied que l'on tient pour boire entre l'index et le pouce est en métal précieux,
                          - en or, en argent,
                          - en filigrane orné de pierres, quelquefois aussi
                          - en porcelaine comme la partie supérieure, et il est lui-même évasé de façon à contenir la tasse dans laquelle on boit.

                 Dans les cafés de Tlemcen, où, comme au Caire, les Arabes vont écouter, assis sur des bancs de bois sculpté, les conteurs qui récitent des légendes et narrent les hauts faits d'Antar (poète arabe du VIe siècle), le café est servi dans des tasses de porcelaine de dimension moyenne, telles que celles dans lesquelles on le boit en Europe à la fin du dîner ; elles sont munies d'un dessus séparé, orné comme la tasse de fleurs peintes.

                 Parfois ces établissements ont une terrasse en plein air ; parfois un corridor leur donne accès.

                 Au bout du couloir se trouve la salle entourée d'un large divan recouvert de tapis sur lesquels les Indigènes en burnous blancs sont couchés à côté des consommations qu'on vient de leur servir.
                 A gauche, en entrant, un feu de braises chauffe les cafetières dans une niche où sont rangées les tasses.
                 A droite une fontaine d'eau pure coule en murmurant.
                 Le plafond est soutenu par des piliers très bas, réunis par de larges arcades ogivales. La muraille est garnie d'un lambris de couleur verte ou bien des carreaux de faïence peinte.

                 Les Arabes jouent aux échecs, boivent du vin blanc servi dans des verres à pied.
                 C'est là une curieuse dérogation aux habitudes des clients ordinaires des cafés maures en même temps qu'une infraction aux préceptes de la religion musulmane. D'autres causent, assis en cercle sur un divan et l'un d'eux qui fume un narghilé paraît être l'objet de leur attention et de leurs prévenances. Dans la conversation animée, les houppes noires et bleues des bonnets rouges s'agitent vivement, lancées d'une oreille à l'autre par les mouvements brusques de la tête et du visage qui se détourne pour faire face aux interlocuteurs.

                 Les femmes musulmanes ne fréquentent pas les cafés arabes ; cependant, jouissant d'un privilège :
                          - des artistes,
                          - des chanteuses et
                          - des danseuses y attendent, pendant le jour, qu'il soit l'heure de commencer à secouer les grelots du tambourin.
                          - Chiromanciennes (femmes lisant l'avenir dans l'étude des lignes de la main),
                          - bohémiennes,
                          - diseuses de bonne aventure, elles fréquentent à visage découvert la société des hommes.

                 La nuit, à la lueur vacillante des torches de résine ou bien sous les rayons immobiles des lampes à pétrole, ces cafés sont le théâtre des évolutions des danseuses qui mêlent à leurs ébats chorégraphiques des tours d'adresse et de prestidigitation. Monotone dans sa lascivité, la danse arabe ne met le plus fréquemment en scène les danseuses que successivement et une à une.
                 A tour de rôle chacune d'elles fait valoir ses charmes devant la foule des spectateurs :
                          - par des poses gracieuses,
                          - par le mouvement saccadé des hanches,
                           - par le frémissement de la peau et des chairs qui, sous l'impression d'une émotion vive, s'agitent avec frénésie tandis que les pieds foulent rapidement et nerveusement le sol dont ils se détachent à peine.

                 Les ressources de la danse une fois épuisées, plutôt que de tomber dans les écarts, les voltiges, les tournoiements des ballets des scènes de théâtre, les danseuses répètent leur mimique en la compliquant de gestes nouveaux et de poses que provoquent soit une baguette qu'elles tiennent à la main, soit une bouteille vide qu'elles portent sur la tête.

                 Une bougie allumée est plantée dans le goulot et, de leur bras arrondi, elles rendent à la bouteille l'équilibre qu'elle menace de perdre, au point de choir et de se casser.
                 Habiles dans ce comique divertissement, elles dansent malgré leur fardeau bizarre et, sur leur poitrine et leur gorge frémissantes, le cliquetis des colliers de pièces d'or ne discontinue pas.

                 Les chanteuses, auxquelles se joignent souvent de jeunes garçons, prennent place au nombre de deux ou trois sur un divan au fond de la salle. Tantôt jetant leurs notes à plein gosier, tantôt murmurant à peine, elles interprètent et composent les mélodies traînante de la musique arabe qui tremblotent et s'allongent pour tomber des sommets élevés où les a lancées une voix pleine et gutturale jusque dans l'éloignement profond de sonorités assourdies et nasillardes.
                 A la fin de ces phrases musicales interminables, les battements de mains cadencés et les Ah ! Prolongés de l'auditoire éclatent en signe d'approbation et accompagnent, on la ponctuant, cette poésie vivante et mélodieuse.

                 Dans l'assistance quelques Européens sont parfois mêlés aux Arabes. Ce sont les Roumis, terme par lequel on désigne en Algérie tous les étrangers des diverses nationalités de l'Europe.
                 En Egypte, par contre, la population indigène distingue entre les Roumis et les Franguis et l'on entend par Roumis les Grecs et même aussi parfois les Turcs, assimilés aux Hellènes, comme successeurs des Grecs du Bas-Empire auxquels s'appliquaient auparavant l'appellation de Roumis parce qu'ils étaient les derniers représentants de l'autorité romaine, disparue de l'Occident dès les premières années du cinquième siècle.
                 Roumi qui voulait dire primitivement Romain en est ainsi arrivé à signifier Grecs ou Turcs en Orient et aux Roumis on opposait en souvenir des croisades, les Franguis ou Francs de l'Occident.

                 Mais en Algérie le mot Roumi désigne tous les habitants des contrées européennes qui furent romaines dans l'antiquité, usuellement tous les étrangers européens indistinctement.

                 Comme on l'oppose à indigène on l'oppose aussi à Musulman et, par cette antithèse, il devient à peu de chose près, synonyme de Chrétien. C'est, en somme, un terme sur le sens duquel les Orientaux ne sont pas d'accord puisqu'en Algérie il signifie, dans un sens vulgaire, tantôt Chrétien, tantôt Européen et qu'en Egypte il ne s'applique strictement qu'aux Hellènes.

                 Toutefois comme il est d'un usage fréquent, il n'est pas inutile de le connaître, ne serait-ce que pour savoir qu'il n'a rien d'injurieux.

En Algérie : Alger, Oran, Tlemcen par G. de Lombay 1893


MASCARADE
De Hugues Jolivet



       O coronavirus, tu jouis, tu nous regardes,
       Pauvres humains tremblants, chaque jour sur leurs gardes,
       Confinés au logis pour leur bien, leur sauvegarde,
       En France, en Europe, en Italie lombarde !

       Règles strictes de sorties ! Si j'oublie, par mégarde,
       Mon "ausweis" imposé, la police goguenarde,
       Inflexible et zélée, d'une amende me bombarde.
       Pas de réclamation, car ma faute est toquarde !

       Pourquoi sommes nous plongés dans cette vie blafarde ?
       Bloqués, brutalement, dans une voie hagarde ?
       Soumis, jour après jour, à des erreurs criardes
       D'une gestion politique gribouille et revancharde !

       Le Président Macron mène une guerre d'arrière-garde,
       Avec d'anciennes armes, mousquets et hallebardes,
       Contre un ennemi rusé qui avance, se hasarde
       Chez un peuple confiné, qui saute les rambardes !

       Et notre Chef suprême, Roi de la "Mascarade",
       Promet des munitions : les masques sont en rade !
       Médecins, infirmiers, au plus près des malades,
       N'écoutent plus ses promesses, baignent dans la panade.
       Tous les chants, aux balcons, ne sont qu'une façade,
       Agréables à l'ouie, n'endiguent pas la noyade !
Hugues Jolivet         
Le 3 Avril 2020          




Bonne fête, Robert
Par M. Marc Donato


          Je ne sais pas pourquoi je me suis réveillé ce matin en pensant aux Robert.
          Sûrement parce que c'est leur fête, 29 avril : saint Robert, de cet ermite bourguignon du 11ème siècle.

          Aussi parce qu'il ne me faudra surtout pas oublier mon vieux tonton et parrain de 95 ans, je n'aurai plus longtemps le plaisir de lui souhaiter sa fête.
          Donc en sortant de mon pieu… (Robert le Pieux, deuxième roi " capéssein " !!!), j'ai pensé à tous mes amis Robert à qui j'adresse mes élucubrations du jour.

          Pour autant, que les autres ne se sentent pas écartés, ils pourront lire d'un robert attentif tout ce que je décline sur les " R(r)oberts. "

          Ah, vous ne saviez pas ? Moi non plus. Les roberts ce sont les yeux. Lisez, Frédéric Dard - San Antonio soi-même le dit :
          - C'est pourtant, pas que je sois intimidable, mais quand le Dabuche fait ces roberts-là, l'archevêque de Canterbury lui-même prendrait des vapeurs.

          Mais je sais que beaucoup placent les roberts au niveau de la poitrine. Ah !
          Les hypocrites qui pensent tout bas ce que j'écris tout haut !
          A preuve ce sublime dicton:
          Si tous les roberts du monde voulaient se tenir le téton, on aurait une "aréole" d'azur dans notre ciel sombre. (Folklore de l'île de Sein)
          Voilà une chose qu'elle est vraie !

          Mais alors me suis-je demandé : seins - roberts, quel rapport ?
          L'historien a pris le dessus. Je suis allé téter dans le Robert (!) et je vous offre le contenu du biberon.

          A la fin des années 1860, un industriel et ingénieur dijonnais, Edouard Robert, commercialise un biberon révolutionnaire dont la tétine agrémentée d'une soupape régulatrice du débit de lait obtient un tel succès que l'on va très rapidement assimiler le dispositif aux seins des nourrices.

          L'argot populaire s'en empare rapidement pour désigner plus généralement les seins de femmes.
          Jo - Oh, c'est aux doudounes qu'elle est sensible.
          Marcel - Aux doudounes ? Mais qu'est-ce que c'est que ça les doudounes ?
          Jo - Les gaillards, les roberts, les nénés quoi. Il faut tout lui expliquer à ce mec-là, il entrave rien. - (Michaël Abécassis, Fric-Frac et Circonstances atténuantes).

          Le phénomène fut tel, qu'une rue parisienne porte le nom d'Edouard-Robert après s'être d'abord appelée ''rue du biberon-Robert''.
          Ça vous en bouche une tétine, ça !

          A propos du dictionnaire éponyme, j'ai trouvé cette citation amusante de Bernard Pivot : Grand Robert et Mlle Larousse étaient amoureux l'un de l'autre.
          Mais ils n'étaient jamais à la même page et ils ont eu des mots.


     

          Enfin puis, je ne peux manquer vous faire partager un de mes fantasmes : que j'eusse aimé être le compagnon de la dame au bain ! (François Clouet - 1571)
          Certes, je lui aurais tenu… la main, n'en doutez pas !

          Je vous livre pour le même prix la représentation iconoclaste de mon collègue Philippe O., professeur de dessin et caricaturiste de talent.
          Allez, pour terminer, une blagounette avec Robert, le patron du bistrot de Messein [ça existe] en Meurthe-et-Moselle.
          Ce jour-là l'équipe de nains de Montéton (Lot-et-Garonne) [je n'invente pas] rencontre l'équipe de nains de Messein.
          Match âprement disputé. Mi-temps : O à O.
          Mais il fait très chaud et les deux équipes ont soif, certains intervenants ont envie de satisfaire un besoin naturel.

          Mais à Messein, si on a du coffre, le club a des moyens limités ; pas de vestiaires, pas de toilettes.
          - Allez chez Robert, dit l'arbitre aux joueurs.
          Et voilà nos 22 joueurs de petite taille qui s'avancent en petite foulée et en file indienne vers le bar de Robert.
          Au comptoir, Alfred, bourré comme d'habitude.
          Quand il voit les footballeurs approcher, il s'écrie :
          - Robbbeert ! Roobeert ! Ya ton baby foot qui fout l'camp !
          Je sais, c'est pas gentil pour le baby-foot !

          Voilà, aujourd'hui, je pensais aux Robert. Vous avez eu droit à un salmigondis de littérature, d'argot, de Beaux-Arts, d'Histoire, même.
          Pour ceux qui voudraient aller plus loin, je vous invite à consulter le lien ci-dessous sur le mystère de "La femme au bain". On n'est pas que des cochons quand même !
          http://nefred.over-blog.com/article-4021202.html
          Bonne fête, mes amis Robert.

Marc Donato - 27.04.2020 - 42ème jour de confinement.


Carnet d'un sauvage
Envoyé par M. Christian Graille
A Bel-Abbès - Chiens décorés

Les temps étaient durs autrefois ;
On pendait les voleurs aux croix.
Aujourd'hui les temps sont meilleurs ;
Et l'on pend les croix aux voleurs.

                  C'est sous cette forme piquante et quelque peu paradoxale qu'un Parisien, de mes amis, faisait le procès des décorations. Il se plaignait avec amertume de leur nombre de plus en plus exagéré dans la capitale.
                  Il se plaignait … à Paris. Qu'eût-il dit alors, le malheureux, s'il eut mis les pieds en Algérie. Du Nord au Midi et de l'Est à l'Ouest, une avalanche, une orgie de couleurs.
                  Qui n'a sa médaille coloniale ?
                  Qui n'a son Nicham-Iftikar ( Ordre créé en 1837 par le bey de Tunis Ahmed dont le nom signifie ordre de la victoire.) ou ses palmes académiques.
                  Les malheureux qui, comme moi, n'ont rien, meurent de honte, deviennent un sujet de curiosité pour les gens de la place Carnot.
                  Les passants seraient presque tentés, je crois de vous le dire : " Mais qu'avez-vous donc fait, mon ami ? Quel crime avez-vous commis pour ne pas être décoré ?

                 L'on avait, au Ministère de la Guerre, donné la Légion d'honneur aux officiers ayant moins de quinze ans dans les magasins d'équipement ou d'armement.
                  On finit par l'accorder aux fabricants de tabacs et d'absinthe, à titre d'empoisonneur public.
                  Le Ministère de l'Instruction Publique, horriblement jaloux des lauriers de la Guerre, voulut continuer la série noire sur la recommandation de la bonne nièce de la belle-mère du concierge de l'obélisque, on flanqua les palmes académiques au maître d'armes Peau-de-Bistre, qui savait à peine écrire son nom et on les lui conféra… ô très douce ironie ! Au titre d'homme de lettres ! Et par la même occasion, une gaffe en entraînant irrémédiablement une plus forte, on en gratifia Roidot, comme ... publiciste ! ! !

                 Pourquoi pas comme…. Romancier ? Ou comme auteur de pièces théâtrales et morales ? Ou bien encore comme savant ayant rendu de grands services au pays ? …
                  L'on m'a raconté à ce sujet une drôle d'histoire :
                  Dans Bel-Abbès, le soir au clair de lune, on entendit :
                        - crier,
                        - pleurer,
                        - hurler et
                        - japper les chiens de toute la région,
                        - et pendant huit longues nuits qui suivirent cette nomination, ils discutèrent gravement.
                  Ils étaient là au grand complet :
                        - setters
                        - danois,
                        - caniches,
                        - sloughis ( Lévrier originaire d'Afrique du Nord.)
                  et voici ce qu'ils adoptèrent.
Procès-verbal de Réunion

                  " Les chiens de Sidi-Bel-Abbès, ville et faubourg, pour la plupart patentés et payant taxe, réunis au nombre de six cents, avec ou sans muselière, en plein air, près de la Fourrière, aux environs de la Cal-Del-Sol, appellent sur eux l'attention bienveillante du Maire et des Pouvoirs Publics.
                  Décident à museaux levés, sur un réquisitoire de l'orateur :
                  1e Que c'est un défi pour toute créature intelligente, être humain ou animal, de voir Roidot plastronner avec son ruban violet. Prétendent avoir tout autant de droit et de culture littéraire que le sieur susnommé, et se basant sur ceci :
                  " Réclament instamment une médaille quelconque, sous menaces de troubles graves, et passent à l'ordre du jour. "
                  Suivent les signatures, illisibles pour la plupart, le secrétaire étant un jeune chien griffon, " O griffon âge… candide ! "
                  Quelques jours après, paraissait à l'officiel le décret suivant :
                  Pour éviter des troubles graves, désormais tous les chiens de Bel-Abbès seront décorés d'une petite médaille rouge et pourvus d'une muselière.
                  Et depuis ce jour, ils ont tous au cou un médaillon et sont éternellement pourvus de muselières, tandis que sobre et taciturne, le directeur et propriétaire du Sud-Oranais, ne porte plus rien.

Ça sert d'os.
La cravache oranaise (07-03-1909)



Causerie
Envoyé par M. Christian Graille
L'ombrage

                  Bientôt nous allons rentrer dans la période la plus pénible du climat algérien.
                  Aux suaves journées d'hiver et de printemps, où le soleil africain pose comme un baiser sur notre belle nature, vont succéder les terribles et desséchants effluves du sirocco énervant.
                  C'est alors que l'homme en proie à tous les affres de la chaleur et de la transpiration, hors d'haleine et presque étouffé sous les flèches de plomb qu'un soleil inclément darde sur sa tête, s'empresse de chercher abri, refuge dans la plus mince bande d'ombre.
                  Les bosquets, les squares touffus et ombragés deviennent des endroits bénis où l'on s'en va renouveler la provision d'air frais nécessaire au jeu de la respiration.

                  C'est alors aussi qu'on apprécie la prévoyance des indigènes qui ont su au détriment de leur santé et de leur hygiène il est vrai, se ménager de fraîches et roucoulantes retraites dans leur quartier, en limitant au strict nécessaire la largeur de leurs rues, de telle sorte que certaines d'entre elles, véritables boyaux inextricables, ne laissent entrevoir du ciel qu'une mince bande d'azur par où passe tout juste ce qu'il faut de lumière pour éclairer un taudis malsain et humide, sans doute, mai frais aux plus chaudes heures de la journée.

                  En posant le pied sur ce sol, avec nos habitudes septentrionales de plein air et de liberté, nous avons tout bouleversé souvent au préjudice de notre bien-être matériel.
                  Sous prétexte d'hygiène et de salubrité nous avons pratiqué des voies larges et aérées où nos poumons, il est vrai, peuvent respirer à l'aise, mais où nous étouffons au cœur de l'été lorsque c'est du plomb fondu que le soleil verse à pleins rayons sur le sol et sur les murs.
                  En voulant chasser l'humidité et ses malsaines conséquences nous avons du même coup fait fuir la fraîcheur et son bienfaisant résultat.
                  Il y a un moyen, cependant, de concilier les plus sévères préceptes de l'hygiène avec le confortable le plus délicat, nous serions tentés de dire le plus raffiné, en considérant comme ici toute plantation d'arbres nouvelle passe presque pour une dépense de luxe, quant au contraire, on la devrait tenir comme une dépense de première nécessité.

                  Ce sont les arbres surtout qui manquent à l'Algérie. Les richesses forestières sont, peut-être, les richesses de la colonie celles qui sont le plus négligées.
                  Et pourtant ce sol se prête admirablement à toutes plantations même les plus exotiques. Partout où des essais de ce genre ont été faits, ils ont réussi au-delà de toute espérance.
                  A Constantine même, sur ces collines rocheuses, arides, où un maigre gazon peut à peine pousser, n'a-t-on pas planté des pinèdes superbes qui, de leur feuillage toujours vert, embellissent les environs en toute saison et procurent aux citadins amis de la campagne, de charmants asiles, où pénètre à grande peine le soleil, mais où la brise fait entendre son harmonieux murmure.

                  Ce que l'on fait à Constantine, que ne fait-on à Bône même ?
                  En été la poussière nous dévore ; impalpable elle pénètre partout par les plus menus interstices ; elle contribue avec la chaleur, à laquelle nous n'opposons aucun écran, à dessécher les gorges les plus endurcies aux chaudes haleines de l'air africain.
                  Quelques plantations d'arbres de-ci, de-là, aux endroits les plus chauds et les plus passagers aussi, comme :
                  - dans la rue Bugeaud,
                  - le boulevard Victor Hugo,
                  - la rue Prosper Dubourg et
                  - l'Avenue de la gare, toutes ces plantations augmenteraient de notable manière la fraîcheur de la ville et rendraient moins pénible la circulation des piétons.

                  La route de la Grenouillère, si agréable en été, gagnerait aussi à être plantée d'une double rangée de pins ou de toute autre essence aussi peu difficile sur le choix de son terreau.
                  Ce serait aussi le véritable moyen de préserver les voitures qui fréquentent cette route d'une chute dangereuse, comme cela s'est déjà produit, malheureusement.
                  Le pin, cet arbre qui croît sur les rochers au bord de la mer même, pourrait ici remplir la fonction de fraîcheur qu'on recherche partout d'ailleurs des autres essences.
                  Quoiqu'il en soit, c'est un essai peu coûteux à tenter et la municipalité qui le mènera à bonne fin aurait bien mérité de ses concitoyens et à bon droit pourrait fièrement dire :
                  Nos arrière-neveux nous devront cet ouvrage.

Z. Marcas.
La gazette algérienne (04-06-1892)



Choses indigènes
Envoyé par M. Christian Graille

                 J'étais, il y a quelques jours, dans une jolie petite ville de Kabylie, où instrumente un huissier de mes amis. (J'ai des amis huissiers, on ne sait pas ce qui peut arriver).
                 Cet ami est en contact presque permanent avec les indigènes ; il venait de faire une tournée dans quelques douars, et il en rapportait une série d'observations se résumant en celles-ci : Jamais, depuis que je fréquente les Arabes, je ne les ai trouvé arrogants comme aujourd'hui. C'est à un point tel que je me demandais :
                        - si un verbe si haut,
                        - des yeux si menaçants et
                        - Une insolence si évidente n'annonçaient pas quelque violence préméditée.

                 Mon ami l'huissier qui est un garçon très calme, peu facile à s'emballer et ses remarques que je savais sincères me firent réfléchir.
                 Si de ces paroles je rapproche les évènements de la semaine dernière les assassinats dont la série s'allonge quotidiennement, je suis bien forcé de me dire que le monde arabe est en effervescence.

                 Sans donner à ces symptômes une importance exagérée, et sans les croire comme certains pessimistes les signes précurseurs de quelque orage, il faut bien reconnaître que la situation est sinon alarmante du moins un peu inquiétante.
                 Le Matin a publié sur les évènements un maître article où M. Forcioli, député de Constantine, interviewé par notre confrère fait preuve d'une grande netteté de vue et d'un sens très pratique de l'état actuel des choses.
                 Dans ces révoltes partielles, dans ces attaques à main armée il ne veut pas voir les excitations maraboutiques qui ont fomenté toutes les insurrections indigènes. Pour lui il n'y a là qu'un excès de misère causé par les ravages des sauterelles et de la sécheresse.
                 Il est certain que ce que nous voyons aujourd'hui était prévu depuis longtemps.

                 Lorsque l'an dernier, on décrivit les désastres causés par les locustes (sauterelles) si énergiquement combattus, lorsqu'on parla des cent mille hommes employés à enrayer le fléau, on fit suivre la description des régions ravagées par celle de la misère des indigènes.
                 J'ai vu et vous avez vu comme moi un groupe d'indigènes photographiés dans un état lamentable de dépérissement. Les dents serrées, les membres d'une maigreur hideuse, les yeux plein d'angoisse ils paraissent dévorés par la plus terrible des fièvres, la fièvre de la faim.
                 On nous conta que le voyageur était assailli par des nuées de femmes et d'enfants en guenilles qui en étaient réduits à brouter l'herbe des champs et ronger l'écorce des arbres.
                 Ces malheureux n'avaient pu nourrir leur bétail et ils l'avaient vendu un prix tellement minime que nous avions compris l'étendue de leur misère ; nous nous disions qu'un présent si triste annonçait un avenir plus triste encore.
                 Cet avenir c'est le présent d'aujourd'hui : l'indigène est dénudé de tout et comme le dit M. Forcioli, il demande au vol et à l'assassinat ce qu'il n'a pu obtenir autrement.

                 On préconise, pour remédier à un si lamentable état de choses l'établissement de sociétés de prévoyance qui seraient à la fois institution de crédit et société de secours mutuel.
                 On reprendrait ainsi en leur donnant une allure plus moderne les silos d'autrefois qui, dans les années de disette rendirent de signalés services.
                 La mutualité a fait des merveilles chez les Européens, pourquoi serait-elle inefficace chez les indigènes ?
                 Des institutions pareilles seraient encore les meilleures et les plus philanthropiques moyens d'assimilation ; le jour où nous aurons rendu la disette impossible chez les Arabes comme elle l'est en France, la série des meurtres sera bien écourtée, et l'on ne parlera ni de nefras ni de révoltes.
                 Jean de Blida

Informations : Les criquets à Tiaret.

                 Les criquets se présentent dans la région de Tiaret en quantité plus considérable qu'on ne l'avait cru tout d'abord. Ils ont bien commencé à manger l'orge, mais le mal est encore insignifiant.
                 Le fléau est combattu avec une énergie admirable. On compte beaucoup sur M. l'Administrateur de la commune mixte qui, à force d'activité, parviendra peut-être, non pas à anéantir le fléau mais du moins à en atténuer considérablement les désastreux effets.
                 D'après les renseignements de la dernière heure, les criquets commencent à vouloir envahir d'immenses et de très belles récoltes dans la commune mixte de Tiaret.
                 M. le Sous-Préfet de Mostaganem est arrivé jeudi soir, 5 juin, pour se rendre compte de l'importance du fléau. En se rendant le lendemain sur les points menacés par les criquets, ce fonctionnaire a pu se rendre compte de la célérité des travaux luttant contre l'envahissement.

Mort de Bonbonnel.

                 Une figure algérienne des plus connues vient de disparaître. Bonbonnel, le vieux tueur de panthères est mort à Dijon, dans sa famille loin de Bonira où il avait établi sa demeure depuis de longues années ; c'est à quelques kilomètres de cette localité qu'il résidait en plein pays boisé.
                 Là se donnaient rendez-vous jadis tous ceux qui voulaient prendre part à ses chasses périlleuses ou ceux qui aimaient simplement à lui entendre raconter ses aventures les plus périlleuses avec les fauves.

Comité central des expositions

                 Il vient de se fonder à Paris, sous le titre de comité central des expositions, une très utile société destinée à faciliter la participation de nos industries nationales.
                 Ce comité, dont le siège est rue de Provence, patronné par les plus hautes autorités du commerce et de l'industrie, compte déjà de très nombreuses adhésions. Il a pour directeur notre confrère M. Louis Bourne dont la compétence en matière d'exposition est bien connue.

La Tafna (11-06-1880)


L'ENFER
Envoyé par M. Pierre

         Emmanuel Macron, Angela Merkel et Vladimir Poutine meurent en même temps et se retrouvent en enfer.

         A leur arrivée, ils repèrent un téléphone et immédiatement demandent quelle en est l'utilité.
         Le diable leur dit qu'il peut être utilisé pour appeler la terre dans des circonstances exceptionnelles.
         Considérant tous les trois que les circonstances sont exceptionnelles car ils n'ont pas eu le temps de régler tous leurs problèmes, ils > décident de demander s'ils peuvent s'en servir.

         Poutine demande donc d'appeler la Russie, il parle pendant 5 minutes et le diable lui dit qu'il lui doit 1 million de Roubles.
         Poutine fait un chèque.

         ANGELA MERKEL demande donc à son tour d'appeler l'Allemagne.
         Elle parle pendant 20 minutes et le diable lui demande 6 millions d’EUROS.
         Elle paye cash.

         Emmanuel Macron à son tour prend le téléphone, appelle la France et parle pendant 4 heures.
         A la fin de l'appel le diable lui dit qu'il doit 5 euros.

         Quand Poutine entend cela il entre dans une rage épouvantable et demande au diable pour quelle raison Emmanuel Macron est traité de manière préférentielle.
         Le diable sourit et lui dit que depuis que Emmanuel Macron est devenu président, la France est devenue un enfer et que c'est donc considéré comme un appel local.....!!!!



HISTOIRE DE BÔNE
PAR RENE BOUYAC
Contrôleur civil suppléant Interprète militaire hors cadre
Source Gallica
PREMIÈRE PARTIE
HIPPONE ET BONE
DEPUIS LEUR FONDATION
Jusqu'en 1830

        CHAPITRE IV
Etablissement des Français sur la côte d'Afrique. - Fondation du bastion et du comptoir de Bône. - Expédition du grand duc de Toscane en 1607. - Bône est enlevée d'assaut. - Création de la Compagnie d'Afrique. - Résumé de son histoire jusqu'à sa suppression, en 1794. - Correspondance des agents de Bône. - Création d'une agence d'Afrique. - Son histoire jusqu'en 1827. - Correspondance du bey de Constantine avec le dey d'Alger au sujet de Bône.

        Nous avons vu, dans les chapitres précédents, que les Génois, les Pisans et les Espagnols avaient eu de tout temps des relations très suivies avec les Etats de la côte d'Afrique. Les Français, seuls, s'y montraient rarement malgré la sécurité relative que leur garantissaient les traités de François Ier et de Henri IV avec la Turquie, dont le dey d'Alger était le vassal.
        Cependant, en 1520, des Français (L'histoire n'a pas conservé leurs noms.) fondèrent un comptoir au cap Nègre pour la pêche du corail et le commerce des cuirs, laines, etc.
        Ce premier essai trouva bientôt des imitateurs.

        
        En 1524, deux Marseillais, Thomas Lynch et Carlin Didier, achetèrent aux tribus arabes, campées entre Bône et Mersa el Kharaz (Le port aux breloques), qu'ils baptisèrent ensuite du nom de La Calle, le privilège de pêcher le corail et de pratiquer le commerce.
        Ils firent construire, dans une crique de la côte pour abriter leurs marchandises et leur personnel, une maison qui prit le nom de Bastion de France. Ce bâtiment fut détruit une première fois par les Turcs en 1551. Reconstruit presque aussitôt, il changea de propriétaires, car les fondateurs, ruinés par la concurrence des Génois, durent en faire la cession.

        En 1604, le commerce de l'établissement du Bastion avait pris une grande extension sous l'habile direction de M. de Moissac, mais des contestations ayant éclaté vers cette époque entre les Turcs d'Alger et notre ambassadeur, malgré les représentations de la Turquie, le Divan déclara une guerre acharnée aux Français.
        Nos navires ne furent pas plus respectés que ceux des autres nationalités ; leurs équipages furent réduits en esclavage. Les janissaires de la garnison de Bône attaquèrent le Bastion à l'improviste et le détruisirent de fond en comble.

        Devant cette nouvelle explosion de la fureur barbaresque, les navigateurs n'osèrent plus s'aventurer au large, les bâtiments de commerce se renfermèrent dans les ports et de nouveau une profonde terreur régna sur la Méditerranée.
        Le grand duc de Toscane et quelques esprits généreux résolurent de châtier les pirates jusque dans un de leurs repaires.
        On choisit Bône comme objectif " à cause qu'estant la plus proche de chrestienté, elle estoit plus propre à estre pillée qu'à estre tenue et gardée : mesme aussi parce qu'on y espérait faire force esclaves, etc. "

        L'armée navale, outre les navires et les troupes du grand duc de Toscane, comptait dans ses rangs cinq navires français, montés par des Bretons et par des aventuriers, sous les ordres du chevalier de Beauregard. Le rendez-vous général était à l'île de la Galite, et on ne marchait que de nuit pour ne pas donner l'éveil. On arriva ainsi en vue de Bône et l'armée débarqua au lieu dit l'Espalmoir, ce qui n'est autre que la plage Fabre actuelle.
        Bône, après quelques jours, fut enlevée de vive force ; la plupart des habitants passés au fil de l'épée et le reste emmené en esclavage ( Je dois à l'obligeance de M. le docteur Boude communication d'un document fort rare et très peu connu. C'est le récit, publié en 1608, de l'expédition du grand duc de Toscane contre Bône, et intitulé : Les Estraines royales, contenant les considérations chrestiennes, politiques qui ont meut le grand duc de Toscane à faire chercher, par toutes les îles de la mer Ilatique, le renommé corsaire Morath Rays, et à entreprendre dernièrement sur la Barbarie, avec un vray et ample récit, de tout ce qui se passa de plus remarquable en la dicte entreprise. Je n'ai malheureusement pas eu le temps, en raison de mon brusque départ de Bône, d'en extraire les principaux passages.).

        En 1626, d'Argencourt, gouverneur de Narbonne, voulut le réédifier, mais vivement attaqué par les Arabes des tribus et par les Turcs, il dut se rembarquer précipitamment. Le Gouvernement chargea alors un capitaine corse, très connu sur les côtes barbaresques, et nommé Sanson Napollon, d'entamer des négociations pour faire cesser un état de choses très préjudiciable aux intérêts du commerce français. Il réussit pleinement et le 20 septembre 1628 il concluait avec le Divan d'Alger un traité aux termes duquel le Bastion et ses dépendances étaient restitués à la France moyennant une redevance de vingt-six mille doubles. A ce traité était annexé un état des dépenses occasionnées par l'entretien des différents comptoirs, s'élevant à la somme de 135,740 livres. La maison de Bône était comprise dans ces dépenses pour une somme de 13,300 livres ainsi réparties :
        A la ville 7.000
        Entretien de la maison et des cinq personnes qui y habitent 4.000
        Aux chefs et officiers de la garnison 800
        Redevance aux galères de guerre turques qui abordent à Bône 500
        Salaire des cinq hommes employés 1.000
        TOTAL 13.300

        " La maison de Bône, dit une note de l'époque, est très grande et logeable. Elle a été achetée des deniers du Bastion, comme tous les meubles et ustensiles qui y sont. "
        Sanson Napollon, qui avait été nommé par le roi directeur de l'établissement du Bastion, fut tué en 1633, à une attaque qu' il avait tentée contre les Génois de Tabarca. Il fut remplacé par Sanson Lepage. Quelques années paisibles s'écoulèrent, mais en 1637 les Turcs recommencèrent leurs courses, capturant les navires français et poussant l'audace jusqu'à débarquer sur les côtes de la Provence, d'où ils enlevaient les habitants. Richelieu n'ayant pu obtenir de réparation fit capturer des corsaires jusque dans le port d'Alger par le chevalier de Meuty. Furieux, le Divan ordonna la destruction du Bastion et du comptoir de Bône. Ali Bitchinin fut chargé de cette mission. Il arriva devant l'établissement français avec six galères ; il s'y introduisit par surprise ou plutôt par trahison et après avoir tout livré aux flammes, rentra à Alger ayant à son bord les habitants qui furent jetés au bagne. Cette exécution eut pour résultat une insurrection des Arabes de la province de Constantine, qui voyaient disparaître avec le Bastion la source de tous leurs bénéfices. Les Turcs voulurent les faire rentrer dans le devoir, mais battu dans toutes les rencontres, ils durent accepter les conditions du vainqueur.
        Une des principales fut ainsi formulée : "Ils (les Turcs) rebâtiraient le Bastion de France, ainsi que ses dépendances, attendu que c'est là, qu'eux, révoltés, allaient échanger leurs denrées contre de bon argent avec lequel ils payaient la lezma ; de sorte que la ruine dudit Bastion les avait empêchés de ne plus rien payer."

        Le traité du 7 juillet 1640 qui autorisait les Français à relever le Bastion et la maison de Bône, bien qu'il n'eût pas été approuvé par Richelieu, n'en resta pas moins en vigueur. La fuite frauduleuse du sieur Picquet qui s'embarqua à La Calle en 1658 avec toute la garnison, sans acquitter ses dettes, vint de nouveau exciter la colère des pirates d'Alger ; ils ne voulurent plus entendre parler des Français et songèrent un instant à louer nos comptoirs aux Anglais. Ce ne fut qu'en 1666, à l'occasion du traité de paix passé entre la France et Alger, que les Turcs permirent au négociateur, Arnaud, de reconstituer la Compagnie du Bastion et de ses dépendances.
        Cette nouvelle Compagnie, dont les directeurs furent de Lafont, Masson de Lafontaine et de Lalo, choisit Arnaud pour gérer ses affaires. Des causes de dissentiments ne tardèrent pas à se produire entre les directeurs de la Compagnie et Arnaud, et les relations prirent un tel caractère d'animosité qu'il fut décidé qu'on arrêterait Arnaud. Mais celui-ci, qui avait pour lui l'appui du Divan d'Alger, refusa d'obéir aux ordres venus de France, et malgré les démarches officielles tentées par le gouvernement se maintint à La Calle. Pourparlers et démarches durèrent jusqu'en 1674, époque à laquelle Arnaud mourut subitement.

        Grâce à l'intervention du chevalier d'Arvieux, le sieur de Lafont fut autorisé par le gouvernement d'Alger à succéder à Arnaud, mais à la condition qu'il paierait 12.000 livres aux enfants du défunt et ne les maltraiterait pas. Mais à peine arrivé au Bastion, de Lafont fit arrêter les enfants d'Arnaud et les envoya enchaînés en France.
        Le Divan, irrité de cette mauvaise foi, fit arrêter de Lafont, lequel ne dut sa vie qu'aux prières du frère Le Vacher, notre agent consulaire à Alger. Peu après, la Compagnie, dont les affaires avaient considérablement diminué par suite de tous ces tiraillements, céda ses droits à un sieur Dussault, qui transporta le siège de ses transactions et de son commerce à La Calle.

        Lors du deuxième bombardement d'Alger par Duquesne, en 1683, Mezzo Morto, qui s'était emparé du pouvoir, donna l'ordre de détruire les établissements français et d'en ramener les habitants prisonniers. Heureusement l'amiral français avait prévu le cas, et lorsque les Turcs de Bône reçurent l'ordre d'agir, des galères envoyées par Duquesne avaient déjà transporté à Toulon les 400 personnes qui composaient la colonie française. L'année suivante, Dussault voulut revenir, mais les Anglais s'étaient installés à La Calle et les Français durent attendre jusqu'en 1694 l'expiration du bail qui leur avait été consenti par le Divan.

        Le 1er janvier 1694, Pierre Hély, directeur de la nouvelle Compagnie d'Afrique, organisée par des négociants de Marseille, conclut avec Alger un traité par lequel il était autorisé à relever nos établissements, et il était spécialement di pour Bône :
        "Article 5. Jadis, dans l'ancienne coutume, à la fin de chaque deux mois, le versement de cinq cents réaux était fait entre les mains du caïd de ladite ville de Bône.
        Maintenant il n'est plus payé une obole entre les mains du caïd de Bône, Mais tous les deux mois, il faut verser entre les mains de la personne investie par nous, du titre d'Agha. Noubadji (agha de la garnison), la somme de cinq cents réaux. " Et plus loin : " l'agent de la Compagnie, résidant à Bône, se rendra, quand bon lui semblera, au Bastion. Notre Agha lui en délivrera la permission. "

        En 1707, la fusion de l'établissement du cap Nègre, qui, nous l'avons dit plus haut, avait été fondé en 1520 (Voir Histoire de La Calle par Féraud.) avec la compagnie d'Hély, sut donner un nouvel essor à la prospérité de nos comptoirs, mais en 1713, cette Compagnie fut dissoute et remplacée d'abord par la Compagnie d'Afrique, puis par la Compagnie des Indes, et enfin le 1er janvier 1741, par la Compagnie royale d'Afrique qui devait durer jusqu'en 1794.

        En 1744, sur un faux rapport, le dey d'Alger avait livré au pillage La Calle et ses dépendances. Les Anglais voulurent même profiter de ce conflit pour obtenir l'autorisation de s'implanter à La Calle, mais ils ne réussirent pas. Malgré les déboires que lui inflige la brutale politique des Turcs, la Compagnie se trouve bientôt et de nouveau en pleine prospérité.
        En 1763 nouvelles avanies au sujet d'un navire marseillais, qui avait eu le mauvais goût de se défendre contre un pirate algérien.

        Les habitants des comptoirs français sont jetés en prison. Mais nos nationaux ne se laissent pas décourager, et, après chaque vexation, la Compagnie semble reprendre de nouvelles forces. En 1767 parut un règlement déterminant les obligations du gouverneur de La Calle et de l'agent de Bône. Voici la partie du règlement concernant ce dernier :
        " Comptoir de Bône. - L'agent de ce comptoir se rendra agréable au caïd, aux Turcs et aux habitants de la ville, dont il étudiera les mœurs, les inclinations et s'instruira à fond des usages établis sur la justice pour découvrir et empêcher les contraventions que la Compagnie essuie dans les différents articles de son commerce exclusif; Il recourra au bey de Constantine dans toute occasion, après avoir consulté et pris l'avis du gouverneur de La Calle, auquel il communiquera tout ce qui surviendra dans son comptoir, en vue d'agir de concert pour le plus grand avantage de la Compagnie qui ordonne à son agent de s'opposer non seulement aux innovations dangereuses qui peuvent porter préjudice au commerce, mais de s'occuper de l'abolition des usages plus anciens, dont l'introduction ne peut être attribuée qu'à l'incapacité ou à la faiblesse.

        " L'agent entretiendra le bon ordre et la subordination dans le comptoir et veillera à ce que tous les employés y remplissent exactement leurs obligations et qu'ils s'abstiennent surtout de fréquenter dans les maisons en vue de prévenir les troubles et les avances qui peuvent en résulter.
        " L'agent aura l'attention la plus exacte à procéder, tous les mois, à une vérification de caisse où seront mis les dépôts dont lui ou le caissier auront été chargés, la Compagnie voulant qu'il en soit tenu par la Chancellerie un état détaillé et circonstancié dans un registre qui prouve le temps, la qualité des dépôts et l'époque où ils auront été confiés ou retirés. Ce soin, duquel on ne s'écartera jamais, obviera à des abus ou inconvénients prouvés par la Compagnie qui défend de prêter aux habitants de Bône, autant pour ne pas perdre que pour ne pas ensuite s'endosser ceux qu'on voudrait obliger à payer.

        " L'agent surveillera le commis chargé des achats de cuirs et cire pour que les premiers ne soient pas achetés au-dessus de leur juste valeur et que la cire ne soit pas falsifiée ; et, comme il arrive souvent que sous différents prétextes des Turcs demandent d'acheter de la cire, l'agent doit être attentif à n'en délivrer qu'à ceux qui se présenteront avec des lettres du dey ou des officiers du Divan d'Alger.
        " L'agent se donnera tous les soins possibles en vue d'être instruits du véritable motif auquel on doit attribuer le manque de traite, et lui-même s'efforcera de ramener cet article en tenant, conjointement avec le caïd qui y a intérêt, toutes les demandes relatives à un objet de cette conséquence, les laines seront pesées par l'agent avec toute la justice possible pour encourager les vendeurs et les engager à retourner.

        " De concert avec le Gouverneur de La Calle, l'agent réclamera d'avance les deux chargements de blé accordés par l'Ottoman, sans négliger les moyens et profiter de toutes les circonstances pour se procurer l'achat de plus de denrées qu'il sera possible.
        " Des récoltes abondantes, le défaut d'interlopes et bien d'autres circonstances pourront favoriser leur zèle et le besoin où se trouve la Compagnie d'augmenter son commerce.
        " L'agent tiendra un journal exact et fidèle de tout ce qui se passera dans son comptoir et du commerce que les interlopes feront à Bône ; il en fera passer une copie par tous les bâtiments à la Compagnie et une autre au Gouverneur de La Calle, au moins une fois le mois, et, comme la Compagnie a trouvé bon de réserver pour son compte toutes les parties du commerce particulier attribué autrefois à l'agent, celui-ci, en agissant toujours comme seul appelé à ce commerce, veillera à son extension et à le faire fructifier autant qu'il dépendra de lui en ne vendant point à crédit et en demandant d'avance tous les articles qui pourront avoir du débit.

        " Finalement, la Compagnie de Bône, pour éviter les détails qui feront peu à peu la matière de ses lettres, de recommander à l'agent d'user de soins économiques qui, écartant toute dépense superflue, annoncent une bonne administration ; elle exige de plus que l'agent présente ses opérations telles qu'elles sont, afin que la Compagnie et le Gouverneur de La Calle, parfaitement instruits, soient à même de donner dès ordres utiles et analogues aux véritables circonstances."

        Dans son histoire de La Calle M. l'Interprète principal Féraud a reproduit tout au long la correspondance des agents de la Compagnie d'Afrique à Bône.
        Cette correspondance étant l'histoire de ce comptoir, nous en donnons un résumé, au cours duquel nous citerons les principales lettres :
        "Bône, 18 août 1783.
        " Quoique vous fussiez proprement dans le danger ( Bourguignon, qui était alors notre agent à Bône, fait allusion à l'attaque projetée de l'escadre espagnole commandée par don Barcello contre Alger, attaque dont il sera question plus loin.)
        J'étais ici dans une plus grande crainte que vous, attendu que nous n'avons affaire, quant aux habitants, qu'à des gens ignorants, jaloux de notre commerce quoique réduit à rien. Pillards, qui n'auraient souhaité qu'un désordre pour tomber sur notre maison, nous enlever les fonds de notre caisse et nous massacrer en cas de résistance de notre part, et même sans cela, du côté des officiers, je craignais encore plus, attendu que le caïd Agy Asseïn, qui est également mercanti, a tellement pris le dessus sur tous les autres qu'il n'y a que sa volonté qui passe. Ce caïd est guerrier, juge souverain et législateur, tellement que l'agha du Divan, le cadi et le mufti, et Sidi Cheik se sont interdits de leurs fonctions, craignant ses emportements et ses violences, et plus encore ses malices :
        Je ne veux pas dire autrement. La quantité de fonds que nous avions en caisse me faisait tout craindre de la part de cet officier, qui, en apparence, faisait valoir les ordres du bey pour protéger notre maison. C'était cependant lui qui mettait l'épouvante dans la ville en disant que les Espagnols étaient arrivés à Alger.

        " Il détruisait ensuite cette nouvelle et maltraitait ceux qui s'en occupaient, faisant dès avanies à tout propos et maltraitant tout le monde. Il a, surtout, tourné sa rage contre les Papas (religieux) et les gens de la justice qu'il a bâtonnés et fait bâtonner ces jours passés.
        " Il vint un jour chez nous ne sachant, sans doute, que faire, et y resta quatre heures et demie, tellement qu'il nous fit dîner à trois heures et demie et cela pour me tenir des propos d'un enfant ou d'un imbécile. Il s'est toujours imaginé que je ne savais à quoi m'en tenir sur les entreprises des Espagnols, et tâchait de me sonder pour tirer de moi ce que j'en avais appris. Cependant, la première nouvelle que nous avons eue de la part de la Compagnie, ce n'a été que par le capitaine Etienne, arrivé hier, qu'elle m'apprend qu'il était décidé que les Espagnols allaient à Alger.

        " Ce caïd, dans sa visite, ayant appris ma crainte dans le cas de troubles dans la ville, voulut me rassurer en me disant qu'il en faisait son affaire, qu'ainsi je n'eus rien à craindre de la part des Turcs et des Maures; mais que si je craignais quelque chose de la part des Espagnols, je l'en avertisse, parce que, alors il enverrait chez nous les argents qu'il a du compte du bey et des siens, que je ferai passer avec les nôtres à La Calle. A quoi je répondis qu'il ne convenait point d'attendre l'extrémité pour prendre cette précaution, attendu que l'on courrait risque de ne pas y être à temps ; que mon avis était d'écrire au gouverneur de La Calle, de m'envoyer un moment plutôt la frégate, afin d'y embarquer nos fonds, ceux en quantité que nous avons du bey, ainsi que ceux qu'il voudrait me remettre. Le caïd s'étant opposé à cet avis, les choses en restèrent là.

        " Plusieurs jours après, M. Ramel, prévoyant qu'il ne pourrait m'expédier de quelque temps la frégate, pour nous porter nos besoins, jugea à propos de nous l'envoyer avec du bois et du vin. La frégate étant ici, voyant les continuelles vexations du caïd, et que les enfants de trois à six ans demandaient à nos messieurs, qu'ils rencontraient dans leur promenade, de leur donner de l'argent, qu'autrement on les tuerait à la première occasion ; jugeant que ces propos ne partaient pas de leur tête, mais bien de ce qu'ils entendaient dire à leurs père, mère et autres, j'envoyai notre drogman chez le caïd pour lui dire que, puisque la frégate se trouvait ici et que je ne pourrais l'avoir de longtemps, je pensais qu'il conviendrait d'en profiter pour faire passer à La Calle les fonds de la Compagnie et du bey et que s'il voulait en profiter pour ceux qu'il avait ainsi que s'il me l'avait dit l'autre fois, il en était le maître.
        " Cet officier m'envoya dire qu'il n'y avait rien à craindre, qu'il avait donné des ordres à diverses nations maures qui nous environnent, de se tenir prêtes à se rendre à notre plaine auprès de la ville, à la première demande qu'il leur en ferait, qu'ainsi, je n'eus rien à craindre. Pour n'avoir rien à me reprocher, en cas d'événement, je renvoyai notre drogman chez le caïd, pour lui dire que la précaution que je voulais prendre n'ayant pas été approuvée par lui, je m'en déchargeais sur lui-même en cas d'événements fâcheux ; que ce que j'en faisais était pour le prévenir et me tranquilliser sur ce qui intéressait beaucoup la Compagnie et le Bey. Sur quoi il répliqua que je pouvais être en toute sûreté, laisser jour et nuit les portes de notre maison entièrement ouvertes et me reposer entièrement sur lui.

        " Je m'en tins à son dire et ne pensais plus à cette affaire, d'ailleurs, la frégate était partie. Le lendemain matin, notre drogman, venant à son ordinaire, chez nous, je lui vis un air courroucé, je lui en demandai la raison, et me dit : " Ne voulez-vous pas que je sois " fâché, je viens de visiter le caïd qui, d'abord, m'a " reçu poliment, mais un instant après, en présence " des chiaoux de la garnison, il m'a dit : Le capitaine " de la Compagnie veut fuir ; si cela arrive, je te ferai "pendre à la porte de sa maison ".
        " Le drogman, surpris de ce propos, lui demanda qui est-ce qui lui avait dit que je voulais fuir; que c'était lui qui l'inventait ; que, d'autre part, il était Turc comme lui et officier, et qu'ainsi il n'avait aucun pouvoir sur lui et il le quitta aussitôt.
        " Ce caïd a ensuite fait courir le bruit dans la ville que je voulais fuir et le disait à qui voulait l'entendre. Il est détesté de toute la ville qu'il tyrannise. Comme il est beaucoup emporté, on le craint et le bruit court que, prévoyant que le bey le tirera de sa place, il joue de son reste et tire parti de tout ce qu'il peut. Ce qui fait dire à plusieurs qu'il veut mourir, pour dire que par ses vexations, le bey ou quelque particulier résolu le tueront, ainsi que peu s'en est fallu, par deux fois, que cela ne lui arrivât. Je ne vous ai fait ce long détail que pour vous faire connaître à quoi nous sommes sujets dans ce pays par le peu de protection que nous avons.
        "BOURGUIGNON,
        "Agent de la Compagnie à Bonne. "

        " Bonne, 9 mars 1784.
        " Je ne sais si je vous ai jamais entretenu sur le compte de Mohamed Benadoux, écrivain de confiance du caïd Agy Hassen et Mercanti aujourd'hui. Ce Benadoux, qui est Collin, était, autrefois marmiton à la maison de la Compagnie, au Collo ; il est aujourd'hui le sultan à Bonne, c'est lui qui est le Caïd et qui mène tout le monde, Chrétiens et Maures, tambour battant. Il les pressure, on ne peut davantage. Ce pillage, avec les étrangers et les gens de la ville, m'importe fort peu, mais je suis irrité contre les manières insolentes de Benadoux, qui veut nous mener à volonté et qui nous rend la vie dure, etc. "

        " Bonne, 2 août 1784.
        " Le corail devient toujours plus rare, surtout le beau, et par surcroît de malheur, depuis quelques années, les Trapanais, Liparotes et autres pêcheurs de corail du royaume de Naples, viennent en nombre avec leurs bateaux Partout où pénètrent ces bateaux, ils balayent le fond de la mer, au point qu'ils n'y laissent pas un brin de corail; tout est enlevé par eux : aussi la plupart de nos pêcheurs se sont retirés en France par la tartane du capitaine Mouton, partie hier matin.
        " BOURGUIGNON."

        A cette époque les épidémies étaient fréquentes, et comme il n'existait pas de loi sanitaire pour mettre en interdit les régions contaminées, les ravages s'étendaient rapidement. On peut dire sans exagération que de 1783 à 1829 la peste ne cessa de sévir sur la région de La Calle et de Bône.
        Nous venons de voir que les tracasseries n'étaient pas ménagées à nos malheureux agents, et cependant, malgré tous ces dangers, toutes ces difficultés, le commerce n'éprouvait pas de ralentissement. " J'ai expédié jusqu'à présent, écrivait Bourguignon, le 12 janvier 1785, 5.800 caffis de blé (Cette mesure est encore employée en Tunisie. Elle vaut 620 litres.), ce qui fait 200 caffis en plus de vos accords avec Agy Messaoud. "
        Barre, agent de la Compagnie, écrit, le 14 mars 1786 : " La peste, à laquelle on ne songeait plus, vient de se renouveler chez les Nadis et de se manifester dans notre ville. Il meurt ici, depuis le 10 du courant, de cinq à six personnes par jour, atteintes de cette cruelle maladie. Nous prenons des précautions pour nous en garantir et j'ai fait poser aujourd'hui, à cet effet, une barrière au devant de la porte de la maison pour empêcher que les Maures y communiquent.
        Nous sommes dans une mauvaise passe et nous faisons tous des vœux pour que la mortalité n'augmente pas et pour la cessation de ce fléau. J'instruis le bey de ce qui se passe à ce sujet."

        " Bonne, 21 mars.
        " La peste fait des progrès en ville ; il meurt journellement de 14 à 18 personnes."

        "Bonne, le 1er avril 1785.
        " M. Guibert, notre caissier, partira pour Constantine avec notre Caïd Mercanti, dans peu de jours. Je le chargerai de parler au bey pour la réparation des magasins que nous tenons de lui en rente : lui payer 300 piastres de Constantine l'année et ne pouvoir y rien mettre dedans à cause que la pluie perce les terrasses, c'est fort désagréable. Il y a deux ans et demi qu'il me manque de parole. Son Caïd Mercanti ne fait qu'y passer un peu de chaux, qui ne tient qu'à la première pluie, passé quoi, ils sont aussi mal arrangés qu'auparavant.
        " BOURGUIGNON. "

        "Bonne, le 21 avril 1785.
        " La famine qu'il y a, à Tripoli de Barbarie oblige le Pacha Bey d'expédier des bâtiments à Bonne pour chercher du blé.
        " Je vous ai fait part du changement de notre drogman Mahmoud, que le bey a remplacé par Osman Martegal, Français ruiné, qui, dans le temps, a mis le désordre dans la maison de Bonne. Voyez de nous débarrasser de ce nouveau drogman et faites nous rendre Mahmoud..... "

        "Bonne, 29 mai 1785.
        " A Monsieur FERRIER, chancelier à Alger.
        " Je vous remercie de l'avis que vous me donnez du bruit qui court du dessein des Espagnols sur Bonne. La nouvelle en était publique dans cette ville et l'on se prépare en conséquence pour la défense. Une petite tartane de Saint-Tropez, allant à Tripoli de Barbarie, ayant fait erreur dans sa route, a donné dans notre golfe et mouilla avant-hier soir à notre rade. Le capitaine Lieutaud du Postillon y fut à bord, lui dit où il était et la tartane repartit la nuit même, pour Tripoli.
        Les gens de Bonne disent que c'est un bâtiment espagnol qui est venu pour épier ce qui se passait. Comme nous sommes chrétiens comme lui, ils disent que nous leur faisons la main. C'est là, comme vous le savez, la façon de penser des gens de ce pays, qui ne distinguent pas les nations et jugent qu'elles pensent toutes de même et ne forment qu'un corps.
        " BOURGUIGNON. "

        " Bonne, le 10 juin 1785.
        " A Monsieur FERRIER, Alger,
        "J'ai avis de la Compagnie, par sa lettre du 31 mai, qu'elle a reçu la nouvelle de Mahon que le général Barcello avec une escadre composée de 4 frégates, 4 chebeks, 3 brigantins, 6 chaloupes canonnières et 5 à 600 hommes de troupe de débarquement, doit venir ruiner Bonne, le Collo et Bougie. Je viens de donner cette nouvelle au Caïd qui va expédier deux cavaliers au bey. J'en profite pour demander à cette puissance d'envoyer à La Calle nos effets et de charger le reste sur quatre bâtiments.
        " BOURGUIGNON. "

        La peste recommence à Bône et dans les environs. 40 à 50 personnes meurent par jour. " Ce cruel fléau a détruit plus de la moitié des habitants ; la ville est déserte, la mortalité est toujours plus effrayante ; elle roule depuis assez longtemps sur 60 à 80 personnes par jour..... La peste a enlevé hier 103 personnes."
        L'épidémie disparut vers le commencement d'août.

        " Bonne, 17 octobre 1786.
        " Le caïd Moulay Hassen vient d'être destitué…. Benadoux, dont M. Bourguignon vous a souvent parlé, a été mis aux fers Il y a eu ce matin rébellion. Divers Turcs avaient forcé la prison du caïd et l'avaient fait réfugier chez Sidi Chik, d'où on l'a retiré de force .... "
        La guerre faillit bientôt éclater pour un motif futile. Au mois d'avril 1791, une corvette fut envoyée à Alger pour faire reconnaître notre nouveau pavillon national, le drapeau tricolore. Alger et Tunis firent des objections sous prétexte que le rouge, couleur nationale des Etats musulmans, flottait en dernier rang.
        Pendant ces dernières années, la situation de nos agents ne s'était guère améliorée. Guibert, dont le dévouement à la cause française était sans bornes, devenait l'objet d'accusations incessantes de la part du bey de Constantine, Salah, homme intelligent, mais très autoritaire. Il fut destitué en août 1792, mais il n'accepta pas sa disgrâce. Il massacra son successeur désigné par le dey d'Alger et leva contre ce dernier l'étendard de la révolte. Nos agents à Bône reçurent des ordres très sévères pour leur défendre de favoriser l'évasion de Salah.

        La République fut solennellement reconnue à Alger, vers la fin de 1792 et le bruit de nos victoires ayant pénétré jusque chez les forbans algériens, nos relations avec eux s'en ressentirent aussitôt. Nos provinces du midi de la France, privées de récoltes, offraient le spectacle de la plus lamentable misère. Profitant des bonnes dispositions des Algériens à notre égard, de nombreux convois chargés de blé furent expédiés en France, mais les troubles qui éclatèrent dans les tribus de La Calle, révoltées contre l'autorité du bey, la peste qui faisait de nouveaux ravages à Constantine, interrompirent les expéditions.
        " Je suis toujours, écrivait Guibert, de Bonne, le 30 octobre 1793,dans les ornières jusqu'au cou, et avec " peu d'espoir de m'en tirer bientôt, puisque je ne " reçois point d'argent. Je prends patience et me résigne. Je viens de revendre une très grande partie de blé que j'avais depuis le mois de mars.
        " GUIBERT. "

        La disette faisant toujours des ravages dans les provinces du midi de la France, le gouvernement de la République se décida à faire des achats de grains en Afrique et envoya les instructions suivantes au citoyen Guibert, agent de la Compagnie d'Afrique à Bône :
        " Pleine de confiance dans le zèle, dans le patriotisme, dans les lumières et dans les connaissances locales du citoyen Guibert, la République attend de lui le plus grand succès possible dans les vues ci-après pour l'exécution desquelles il ne négligera aucun moyen praticable.
        " Le Comité d'approvisionnements maritimes en blé, établit à Marseille, a ordonné à Alger l'achat de tous les blés qu'on pourra s'y procurer, pour être expédiés dans les ports de la République sur la Méditerranée.

        " . ... Guibert est chargé d'arrêter tous les blés qu'il pourra, pour le compte de la Compagnie d'Afrique et à ses périls et fortunes, s'il le juge convenable.
        " Si les juifs ou les neutres ont à Bône des blés, Guibert tâchera, par tous les moyens de prudence, de les acheter, livrables dans un des ports de la République.. ... Il sera stipulé un prix seul et unique, pour la charge de blé rendue en France... Le blé doit être livré sain. Il sera payé au choix du vendeur, soit au lieu du débarquement, soit à Bône, soit à Alger, soit à Livourne, en telle monnaie qu'il sera convenue après la livraison au lieu du déchargement, etc., etc. ( Voir Histoire de La Calle par Féraud, page 466 et suivantes.).
        " Le citoyen Guibert est prié de garder sur ses opérations et les nôtres le secret en tout ce qui sera possible. Deus protegat !"
        "Alger, 7 pluviôse, l'an 2 de la République française une et indivisible.
        "(Signé) : VALLIÈRE et BRESSAN. "

        Non seulement nous avions à lutter contre la mauvaise volonté du bey de Constantine et des juifs qui accaparaient les céréales, mais encore contre les intrigues de la politique anglaise qui s'efforçait d'obtenir du dey d'Alger un décret de prohibition pour l'exportation des céréales. Malgré toutes ces difficultés et grâce surtout aux sommes envoyées par le gouvernement, Guibert put expédier, au mois d'avril 1794, 1.720 caffis de blé. Malgré les énormes services rendus par la Compagnie d'Afrique, le comité du Salut public l'abolit quelques mois après et la remplaça par une agence au compte de l'Etat. Gimon en fut nommé directeur. Néanmoins, les anciens employés de la Compagnie qui avaient fait preuve dans ces dernières années d'un dévouement sans bornes, restèrent à leur poste, car nous retrouvons la correspondance de l'époque signée des noms de Peïron à La Calle et Guibert à Bône.

        Les Anglais n'avaient cessé d'intriguer auprès du divan d'Alger pour nous remplacer sur les côtes d'Afrique, mais ils n'avaient pu vaincre la sympathie réelle que nous portait Baba Hassan. Furieux de leur insuccès, ils cherchèrent à ruiner notre marine de commerce, en courant sus à tous nos petits bâtiments.
        Une lettre datée de Bône relate une prise effectuée contre le droit des gens et qui faillit amener une rupture entre la régence d'Alger et l'Angleterre.

        "Bône, 2 floréal, an 4 de la République,
        "(21 avril 1796).
        " Au citoyen Herculais, envoyé extraordinaire de la République française auprès des puissances barbaresques,
        " Je viens vous faire part d'un événement fâcheux qui me navre le cœur et qui est dans le genre de celui dont vous avez été témoin à Tunis par le fait des Anglais, sur les bâtiments de guerre que nous y avions.

        "Hier, après-midi, nous vîmes à l'entrée du golfe, dans la partie de l'est, un bâtiment que l'on ne pouvait reconnaître à cause de la brume, bien qu'il fût à peine à la distance de deux lieues. Ce bâtiment s'étant rapproché fut reconnu pour être une frégate, portant pavillon anglais. Vers la fin du jour, elle vint mouiller au Fort-Génois et se plaça au voisinage de la corvette l'Unité, à environ une portée de pistolet.
        " Le lendemain, la frégate anglaise et la corvette avaient disparu toutes deux.
        " Ce rapport m'a été fait par quatre soldats de ladite corvette, lesquels n'ayant pu hier soir rejoindre leur bord, avaient passé la nuit à terre. La prise de la corvette a eu lieu pendant la nuit, sans qu'un coup de pistolet eût été tiré, et il est vraisemblable de croire que l'Unité, se voyant inférieure en force, (elle ne porte que du huit), se sera laissée amariner sans résistance, par respect pour la neutralité du port où elle se trouvait. Le citoyen Ladrezenec, capitaine de l'Unité, était malade chez moi depuis onze jours de la petite vérole, et ladite corvette était commandée par le citoyen Lebreton, lieutenant en pied.
        " Le gouverneur de la ville et l'aga de la garnison eurent la pensée d'envoyer, à bord de la frégate, le capitaine du port et divers Turcs pour offrir au commandant anglais les secours dont il pouvait avoir besoin et lui observer, en même temps, qu'il se trouvait dans un port neutre ; mais ils n'osèrent pas le faire, n'étant pas bien sûrs de la nationalité de la frégate et craignant de trouver, au lieu d'un navire anglais, un bâtiment de guerre napolitain ou maltais qui les aurait fait enlever.
        " Le citoyen GUIBERT,
        " Agent d'Afrique à Bône. "

        Cette violation du territoire algérien aurait pu avoir de graves conséquences pour les Anglais si les juifs, tout-puissants à cette époque, n'étaient intervenus pour aplanir les difficultés qui semblaient devoir surgir de ce guet-apens.
        Napoléon inspira une véritable terreur au dey d'Alger. Les préparatifs de l'expédition d'Egypte étaient à ses yeux dirigés contre lui, aussi quelle ne fut sa stupéfaction en apprenant, coup sur coup, la prise de Malte par les troupes françaises, suivie de la délivrance de tous les esclaves musulmans et la déclaration de guerre de la Turquie à la France. Le dey était très disposé à laisser les ordres de la Porte à l'état de lettre morte. Mais ses ordres mal compris occasionnèrent un redoublement de misères pour nos nationaux à Bône.
        " Guibert, agent d'Afrique à Bône, à ASTONI SIELVE, chancelier du consulat de France et agent d'Afrique à Alger.

        "Bône, le 8 brumaire, an VII.
        " (29 octobre 1798).
        " Vous aurez su, mon cher ami, par mes lettres au citoyen Moltedo, les détails de notre arrestation ici, pendant douze jours, de la manière scandaleuse, humiliante, outrageante que cela s'est exécuté, quoique nous n'ayons à nous plaindre d'aucune insulte personnelle de la part des Turcs qui nous gardaient à vue, jour et nuit, sans que nous puissions sortir de la maison, et de ce qui en est résulté pour la tranquillité des autres comptoirs, car peu s'en est manqué que La Calle ne fût entièrement abandonnée.
        " Cette démarche hostile contre nous ne saurait être exécutée d'aucune manière, si le dey ne l'a pas ordonnée, malgré qu'elle serait une violation manifeste de notre Ottoman qui dit, article 9, de la manière la plus précise et la plus claire, qu'en cas de mésintelligence avec la France qui cause rupture de pays, nos établissements devaient être respectés et continuer leur commerce comme si la meilleure harmonie existait toujours entre les deux nations.
        " Par ce qui vient de se passer d'absolument contraire au droit des gens, quel que soit le motif qui y ait donné lieu, ne vous prouve-t-on pas que nous ne sommes dans ce pays-ci que comme des otages et qu'à la moindre alerte notre sûreté peut être compromise ?
        " GUIBERT. "

        " Alger, du 19 brumaire an VII.
        "(9 novembre 1798).
        " A l'Agence à Marseille.
        " Ayant été informé hier soir, par une lettre du citoyen Guibert au consul, où il lui fait part de l'événement de l'arrestation de tous les Français de Bône et de Collo, cette démarche a été fortement désapprouvée par le dey qui a déclaré que la Porte était maîtresse de faire la guerre à la France, mais que lui voulait vivre en bonne intelligence avec elle, à moins qu'elle ne fût la première à rompre avec lui, ayant déjà été informé que plusieurs bateaux corailleurs étaient partis précipitamment de La Calle pour Corse, au moment, que cet événement se passait, et craignant qu'ils n'aient mis l'alarme sur votre compte et celui des concessions.
        " C'est une incartade du caïd de Bône qui a mal compris les ordres du bey, lequel a fait ses excuses à Guibert. En répondant à sa lettre sur son arrestation et celle des autres Français à Bône, il a prié de ne lui en point tenir rancune.
        " ASTONI SIELVE. "

        Mais les ordres de la Sublime deviennent impérieux, et enfin le dey se décide à jeter au bagne d'Alger tous nos nationaux. A Bône, Guibert fut arrêté par le Turc Braham, chaouch. La Calle fut prise par trahison, et le bey de Constantine, qui avait dirigé l'expédition, fit tout piller et détruire. Les pertes furent immenses et le commerce de comptoir définitivement ruiné. La paix ne fut rétablie qu'en 1800, à la grande joie du dey. La concession des comptoirs fut restituée à la France aux même conditions, dont elle jouissait avant la rupture de la paix, sauf toutefois que pour indemniser la Compagnie d'Afrique des pertes subies, le dey lui faisait la remise des redevances d'une année. Un conflit s'éleva entre la Compagnie et l'Etat qui voulait se réserver le monopole de la pêche du corail. Personne n'ayant voulu céder, la Compagnie fut dissoute le 6 mai 1802.

        En 1807, les Anglais voulurent s'établir à La Calle, mais leur intention était moins d'en faire une place forte qu'un entrepôt de céréales et de vivres à l'usage de leur flotte de la Méditerranée. C'était ce que redoutait le plus le divan d'Alger, aussi ne voulut-il jamais consentir à cette création.
        A Bône, ils s'étaient emparé de l'établissement de l'ancien comptoir français. Sur la plainte portée par Raimbert ( Raimbert, ancien agent à Collo, avait été chargé par le gouvernement de rétablir la pêche française sur les côtes de Barbarie.), le tribunal musulman de Bône, en présence de la garnison turque et des notables de la ville, rendit une sentence : " Qui reconnaissait que la maison de la Compagnie appartenait en propriété aux Français et ordonnait au consul anglais de la restituer immédiatement aux Français. "( Féraud, Histoire de La Calle)

        Néanmoins, les Anglais s'obstinèrent à rester à Bône, malgré la répugnance manifeste des habitants et malgré la décroissance du commerce et les pertes qui en résultaient pour eux. Cela dura jusqu'en 1815, époque à laquelle lord Exmouth parut devant Alger pour y demander l'abolition de l'esclavage. Il fut insulté et tous les Anglais des concessions jetés aux fers. Les Français entrèrent immédiatement en pourparlers pour reprendre leurs anciens privilèges, mais le dey, tout en leur permettant de s'établir à La Calle et à Bône, ne voulut pas leur laisser la jouissance des avantages qu'ils possédaient antérieurement.

        M. Maurice fut nommé agent du Comptoir de Bône, et Adrien Dupré prit, dans cette même ville, le titre de consul de France aux concessions d'Afrique.
        Pendant quelques années, la Compagnie concessionnaire végéta, et au moment où elle espérait une reprise du commerce, l'injure faite au consul Deval vint rompre les relations de la France avec Alger. Ordre fut donné à nos agent d'évacuer les Comptoirs. Cet ordre fut si brusque que les employés de la maison de Bône abandonnèrent leurs effets et s'embarquèrent le 20 juin, au nombre de 28 personnes, sur la gabare le Volcan. Il était temps, car le dey, à la notification de la rupture, avait donné l'ordre de détruire nos établissements et d'en arrêter tous les employés. Ce fut Si Hafsi ben el Aoun qui fut chargé de cette mission, et le 24 juin, le bey de Constantine écrivait en ces termes, au dey d'Alger pour lui annoncer l'exécution de ses ordres :
        " A Hassein Pacha.
        " En arrivant samedi, 28 de ce mois, au gîte d'étape de Hamza, j'ai reçu deux lettres, l'une des Eulema de Bône et l'autre du fils du Mercanti. Ils m'informent qu'un vaisseau et une corvette de guerre français sont entrés dans le port de Bône ; le consul, le représentant de la Compagnie et les nationaux français résidant à Bône sont montés sur ces deux bâtiments. Aussitôt qu'ils ont appris leur embarquement, les Bônois ont appliqué les scellés à leurs maisons ; puis ils ont pris des mesures pour la garde à faire de nuit autour de la ville, ainsi que l'exposent les deux lettres que je vous transmets, afin que vous en preniez connaissance, ce qui me dispensera d'entrer dans de plus longs détails à ce sujet.
        " J'ai immédiatement fait partir le Mercanti en lui donnant des instructions sur toutes choses, insistant notamment auprès de lui pour les mesures de surveillance à observer de nuit comme de jour.
        " En ce moment, grâce à Dieu, la sécurité, la paix et la tranquillité règnent à Bône et dans la totalité de la contrée.
        " El Hafsi est arrivé à Constantine mardi, il en est reparti, et sans nul doute qu'il est parvenu à cette heure où nous l'avons envoyé en mission.
        " Dès que je recevrai des nouvelles de lui ou bien de Bône, je vous les transmettrai rapidement.
        " Que Dieu vous rende victorieux et extermine les mécréants.
        " EL HADJ AHMED,
        "Bey de Constantine.
        "Dimanche, 29 de kâada 1242.
        "(24 juin 1827)."

        Dans le post-scriptum d'une lettre du 8 juillet 1827, El Hadj Ahmed écrit : " J'ai envoyé au cheik Mohamed bou Mettin un cheval, un fusil et un burnous. Le Mercanti m'informe que le raïn Ali el Feloudji, venant d'Alger, a été serré de près par les ennemis de Dieu, les Français, étant au large du roi El Hamra (cap de Garde). Il s'est enfui du côté de l'Edough et, de là, il a expédié un homme du pays pour prévenir à Bône. Les Bônois lui ont envoyé deux felouques avec des soldats armés. Les matelots avaient déjà gagné la terre avec leurs fusils. "

        " A Hussein Pacha.
        " Votre auguste lettre m'étant parvenue, j'ai été instruit de tout ce que vous me notifiez. J'ai donc écrit immédiatement au Mercanti de Bône, lui prescrivant de faire à l'égard de tout bâtiment de guerre français qui se présenterait ce que vous ordonnez, de se hâter de lui lancer des boulets, de ne pas faire feu à poudre, mais bien au contraire de tirer dessus sans lui laisser aucun répit.
        " J'ai également envoyé de suite des ordres au khalifat pour qu'il se porte avec son camp et ses goums auprès de Bône et de s'y établir, lui recommandant expressément d'observer avec vigilance la situation de la ville, de se tenir prêt à la défendre et de ne rien ignorer de ce qui se passe dans Bône, de nuit comme de jour.
        " Les khézourdji (remplaçants) sont partis aussi de Constantine pour Bône munis par moi d'un nombre suffisant de tentes ; nous les avons pourvus de vivres, biscuits, bebi'oul (sorte de grosse farine), beurre, huile et enfin des mulets porteurs d'outres pour l'eau. Rien ne leur manque de ce qui peut être nécessaire.

        " J'ai, en outre, écrit au Mercanti pour qu'il subvienne à tous leurs besoins.
        " Dans chacune de mes lettres au Mercanti, je lui renouvelle mes recommandations, afin que de nuit comme de jour on se garde avec la plus grande vigilance.
        "Jusqu'à présent, les missives du Mercanti m'assurent que tout est tranquille à Bône et aux environs, sur terre aussi bien que sur mer.
        " Le porteur de la présente est également chargé d'une lettre que le Mercanti adresse à votre fils et notre frère Sidi Ibrahim, ministre de la marine.
        " EL HADJ AHMED,
        " Bey de Constantine. "
        "26 de hidja 1242.
        "(21 juillet 1827.)

        " A Husseïn Pacha.
        "Aussitôt votre courrier arrivé, j'ai expédié la lettre destinée à votre oukil à Tunis.
        " En même temps, j'ai écrit aux notables de Bône pour l'exécution des ordres que vous m'avez donnés.
        " J'ai, en outre, commandé expressément au porteur de ma lettre d'aller inspecter lui-même les batteries, visiter les affûts de canon et tous les engins de guerre. Je lui ai prescrit de passer environ deux journées à Bône, afin de bien examiner comment s'y fait le service de garde et de quelle manière s'exécutent les précautions de surveillance.
        " J'ai très vigoureusement insisté pour qu'il ait à me fournir ensuite des renseignements détaillés, exacts et fidèles sur tout ce qu'il aura vu.
        " J'ai reçu aujourd'hui une lettre du Mercanti, par laquelle il m'informe que les brèches existant aux batteries sont réparées. Des charpentiers ont été envoyés dans la montagne pour couper des bois, lesquels ont déjà été apportés en partie à l'aide de barques. Nous avons mis à la disposition du Mercanti les charpentiers de Constantine, qui sont allés se joindre à ceux de Bône et tous, maintenant, sont occupés à travailler avec ardeur à la confection d'affûts de canon et de bois de fusil. Dans chaque batterie on fait une garde très vigilante, de même que sur tous les autres points ; quant à moi, je ne cesse de leur adresser fréquemment des recommandations.

        " Aujourd'hui même, il est revenu de Bône quelques-uns des émissaires que j'y avais envoyés et tous me confirment les rapports du Mercanti, c'est-à-dire que les travaux de défense marchent avec célérité, que le service de garde (de la côte), s'y fait exactement, et enfin que la tranquillité règne partout.
        " EL-HADJ AHMED,
        "Bey de Constantine. "
        " 15 moharrem 1243.
        " (8 août1827.)

        " A Hussein Pacha.
        "Je vous fais connaître que les habitants de votre ville, de Bône ont aperçu ces jours-ci quatre bâtiments qui se montrent et disparaissent ensuite. Les Bônois, qui sont de pauvres gens, la plupart sans armes, ont été épouvantés de cette apparition.
        "Apprenant cette situation, je leur ai envoyé cent fusils en ordonnant de les distribuer à ceux qui en ont besoin, après avoir établi une liste nominative de chaque détenteur. Je les préviens que si ces fusils ne leur suffisent point, je leur en enverrai encore d'autres. Cela leur a donné courage et confiance ; ils montent maintenant la garde avec zèle; leurs craintes se sont dissipées ; gloire en soit rendue à Dieu, qu'il vous soutienne et donne la victoire au peuple de notre seigneur Mahomet, qu'il extermine et écrase les impies.
        " Salut.
        " EL HADJ AHMED,
        "Bey de Constantine.
        " 27 de kâada 1245.
        "(20 mai 1830.)
        ( Le texte arabe de ces lettres a été donné par M. d'Houdetot à M. Féraud, interprète principal, qui en a fait la traduction.)"

        Nous allons maintenant voir dans le chapitre suivant de quels événements dramatiques Bône fut le théâtre, avant d'y voir flotter pour toujours le drapeau français.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
A SUIVRE
        


ALGER AVRIL 1960
Par M. Bernard Donville
            
            Voici les nouvelles d'avril 1960.
            Les kermesses et fêtes scolaires vont commencer. Il y a 90 ans les nouvelles sur la célébration du centenaire sont accrocheuses. Je découvre le terme "mouniaté"...
            Rappel sur les tenues de premières communiantes disparues. - Bouviolle à l'honneur, chevalier Arts et Lettres. - Les vies maritimes et aériennes mériteraient plus de place.
            J'ai retenu en coup de cœur "l'écho des moins de 15 ans" que vous lisiez, peut être, assidûment !
            En Bonus un rappel de Pierre Grenaud sur Paul Robert dont on ne peut qu'être fiers.
            Bonne lecture
            Bernard
Voir la suite du dossier sur :
donville-avril1960.pdf

Une balade le long de nos cotes .
donville-130ans-12-20.pdf

Ensuite le début d'une série du journal dans l'esprit "Comment quc'était...comment quc'est devenu!!! " A faire lire à Macron ?
donville-phares.pdf

        


MEDITATION
De Hugues Jolivet


      
       Catholiques, Semaine Sainte dans les cinq Continents :
       La Cène du Jeudi Saint, la première Communion,
       Vendredi, le Calvaire, pardon des pénitents,
       Et le dimanche de Pâques, jour de Résurrection !

       Semaine fondatrice de notre foi chrétienne,
       Scellant à tout jamais le Don de Dieu à l'Homme,
       Dont l'Amour infini, pour peu qu'on le comprenne,
       Nous attire à Lui afin qu'Il nous consomme !

       La Foi est un mystère, mais acte de raison.
       L'homme n'est pas l'égal de son Dieu créateur,
       Pour son humilité et par ses oraisons,
       Il sera accueilli par son Libérateur.

       Des humains, fort savants, recherchent dans l'Espace
       Une autre "planète bleue" porteuse d'intelligence.
       Leur quête est négative, à ce jour aucune trace
       Ne vient contrecarrer de Dieu la cohérence !

       Il appartient à l'homme de conquérir le monde
       Terrestre et sidéral, s'il en a les moyens.
       Qu'il envoie, s'il lui plaît, de multiples fusées-sondes,
       Il ne rencontrera le moindre "citoyen" !

       Il y a deux mille ans, Jésus venu sur Terre,
       A sacrifié sa vie pour l'Homme et l'Univers !

Hugues Jolivet         



Honte !
Par M. Robert Charles PUIG


       D'abord de la honte à constater combien notre pays géré par des gouvernants prétentieux, hors du temps présent, ont cru que le coronavirus passerait par-dessus nos têtes. Souvenons-nous ! Il s'est déclaré en Chine dès la mi-décembre. Il a envahi la Chine, l'Asie entière puis l'Europe. Pauvre Italie, pauvre Espagne et pauvre France. Il est évident que " chez nous ", comme pour Tchernobyl, rien ne devait se passer. Nous étions protégés du mauvais sort du Covid 19 grâce à l'intelligence verbeuse de nos élus et du pouvoir élyséen.
       Loin d'être fourmis, nous restions cigales et pan !, Nous voilà dans la merde.
       La honte pourquoi finalement ? Parce que cela fait des mois que nos soignants tirent un signal d'alarme pour expliquer combien notre système de santé est de plus en plus obsolète ; que nous manquons de médecins, de soignants et soignantes, de tout un matériel médical... Mais pour le pouvoir, il fallait faire des économies de bouts de chandelles, réduire les déficits à tout prix pour montrer l'exemple à une Europe qui nous prouve comme l'intérêt personnel de chaque Etat se moque de l'intérêt général d'une Europe qui ne croit plus au bien commun pour tous. C'est à ce moment là, malgré des discours verbeux, que le peuple a pris conscience de son triste sort.
       Quel est-il ? La honte de cette pénurie médicale ! Nous manquons de quoi nous protéger de cette fameuse épidémie, par inconscience du pouvoir. Bien entendu pour se laver les mains sans les produits ou gels sanitaires... qui manquent, nos " Larem ", plus boiteux qu'en marche, ont beau jeu d'accuser leurs prédécesseurs... Ils n'ont pas tout à fait tort... Hollande a vidé les caisses de l'Etat, anticipant dans les comptes de la Nation des rentrées fictives mais il a aussi bradé nos moyens de protections sur une éventuelle épidémie. Le bradage des masques, la fin des protections diverses par " souci " d'économie et faire croire, c'était sa spécialité, que demain on raserait gratuit.

       Des promesses, des promesses basées sur rien et reprises à son tour par E. Macron au pouvoir des finances publiques depuis ce temps et par un sort contraire au pays... président ! Il a persévéré dans la rognure de notre médecine, temporisé sur les grèves et nous voilà " Macron-marrons ! " Il avait fait un choix drastique. Celui de ramener notre déficit à 2,5 % du PIB en faisant trimer le peuple, en l'obligeant à défiler pour rien avec les Gilets Jaunes, ceux qui ont senti les premiers combien le pays n'était plus à la hauteur dans le concert mondial, pour cause de progressisme idéologique lamentable pour une France européenne, fille de l'Eglise et du libéralisme outrancier en faveur des riches contre les travailleurs...
       Il a submergé des jours les médias, les télévisions de ses mots, ses bavardages, sans que rien ne sorte de ses discours. Erreur ! Dès avant le Covid 19, nous étions déjà au-dessous de la ligne fixée, dans le rouge. Alors il en profite comme si nous lui devions tout. Il annonce la main sur le cœur qu'il décide d'outrepasser les 3 % de déficit. Qu'il n'hésite pas à s'en soustraire avec son équipe de mornes personnages cherchant en vain une boule de cristal pour prédire l'avenir. En vérité, qu'il grimpe à 5 ou 6 % sans crainte, tous les pays le font ! Qu'il pense à sortir le pays de ce piège que lui-même et le Covid 19 ont tendu au peuple.
       Après, comme lors d'une fin de guerre, un mot qu'il aime prononcer, sans trop en connaître le sens, ni la valeur que lui donne les anciens combattants et les noms sur les Monuments aux Morts, nous ferons les comptes, nous retrousserons nos manches et nous gagnerons.

       Le pays le prouve aujourd'hui. Des gens se sacrifient pour sauver le peuple, sans que l'Etat macroniste y soit pour quelque chose. Souvenons-nous-en !
       Où en sommes-nous depuis décembre et cette montée en puissance du virus ? Plus de trois mois après son début, nous manquons de masques, d'appareils respiratoires, de gants, de vêtements de protection, de tout ce matériel dont dépend la victoire sur l'épidémie en cours !
       Bien entendu les annonces du gouvernement fleurissent bon l'espoir... On nous promet cinq (5) milliards pour sauver le peuple... mais sur dix (10) ans... Faisons le compte ! Cela revient à une broutille de néant dans un verre d'eau. On nous promet un (1) milliard de masques sur 2 ou 3 mois, alors qu'il en faut chaque jour des milliers ! Cerise sur un gâteau amer, on s'aperçoit que ces masques ont du mal à nous parvenir de l'étranger.
       Un Tupolev arrive... avec des masques chinois, ce qui prouve encore notre dépendance à l'étranger et depuis les américains surenchérissent sur les approvisionnements, paient cash et nous volent nos achats que nous espérions régler à " tempérament. "
       Nous manquons de TOUT. Quasiment quatre mois après le premier symptôme du coronavirus, parce que nous avons depuis des années été imprévoyants. Nos gouvernants ont cru qu'ils passeraient à travers la faille d'un impondérable, d'un accident de parcours. Ils se sont trompés et persévèrent dans l'erreur. Bien entendu, ils nous mentent en annonçant que cela va aller mieux, ils nous mentent sur le nombre de morts en cachant ceux qui meurent dans les maisons de retraite ou chez eux !
       Tout le temps de cette cinquième république, loin de la première de 1893, le peuple est soumis aux mensonges d'Etat. D'un président à un autre, c'est toujours demain que cela ira mieux... Cela a fonctionné, mais plus aujourd'hui ! Il nous faut à la tête de l'Etat des vrais dirigeants, pas des brasseurs de mots, de maux et des ventilateurs et pas de contrevérités pour nous jeter de la poudre aux yeux, nous faire rentrer dans la voie d'un progressisme qui perd la nation, ouvre ses frontières à l'inconnu ! Même Georges Marchais s'élevait contre cette ouverture au monde d'Orient, sans barrières. Hélas pour nous, une élection malheureuse nous a jetés dans les bras d'un inconnu qui cachait ses cartes dans sa manche. Celles de secrètes instances, celles de l'ouverture de nos frontières, du progressisme aveugle, de la mondialisation, de la prime aux Gafam qui gèrent le commerce mondial, les finances mondiales, l'économie mondiale où les peuples deviennent des sujets esclaves.

       Aujourd'hui le Covid-19. Il tue et nous ne sommes toujours pas prêts.
       En ce XXI e siècle, des dirigeants en sont au choix de qui doit vivre, qui doit mourir ! Heureusement que dans le peuple des personnes se dévouent. Elles n'hésitent pas à mettre leur vie en danger pour soigner et protéger d'autres personnes. Elles méritent tellement de nous et de l'Etat menteur.
       Demain sera un autre jour, dit l'Etat, comme une phrase sortie d'un film et d'une fiction à la James Bond. C'est certainement vrai, mais avec à la tète de notre république retrouvée, d'autres hommes de bonne volonté. Des personnes qui auront le courage de redonner au pays des droits qu'il a perdu, des lois que tous devront respecter sans se croire, au nom d'un Dieu venu d'ailleurs, au-dessus des lois des hommes.

       Je sais que cela sera difficile et je me demande si je pourrai assister à ce changement... Le temps passe si vite ! Je me demande si dans leurs livres d'histoire mes petits enfants retrouveront l'épopée glorieuse de notre pays sans tabou ; sans complexe des colonies ; sans cet esprit méandreux d'un monde qui se croit au-dessus de l'Histoire avec un grand " H " et qui veut nous perdre en nous obligeant à nous incliner face à une théorie du " genre " fumiste et fausse, une idéologie qui fait de l'homme l'esclave de quelques aigrefins menant l'économie mondiale pour s'enrichir et nous soumettre.
       Ce coronavirus est un mal profond, une terreur invisible. Il tue. Mais demain, si nous nous en sortons, je pense que les peuples, hors leurs gouvernants, montrant combien ils savent se sacrifier pour le plus grand nombre, se souviendront que c'est eux qui tiennent les rênes du pouvoir loin de quelques penseurs d'une idéologie du mal, d'une théorie du viol des foules par médias interposées, aux ordres, et au service d'un plus petit nombre.
       Aujourd'hui, le pouvoir critique ceux qui contestent son action, sa volonté d'être à la hauteur du pire. Il critique, mais l'art est difficile et sa façon de se défendre nous montre qu'il a tort.
       C'est son imprévoyance et sa lenteur à réagir qui sont condamnables. Pas le peuple.

Robert Charles PUIG / avril 2020       
      


Lettre ouverte à Benjamin Stora
De M. Gomez, 8 mars 2020
Envoyé par M. JP. Ferrer.
  Qui se prétend «l’historien de l’Algérie».           

               Né à Constantine, en 1950, sa hantise était de ne pas rester prisonnier d’une seule histoire et c’est cela qu’il explique dans un nouveau livre, qui regroupe six de ces ouvrages.

                Il y évoque sa vie et ses engagements à gauche.

                Selon le quotidien «Libération», le nom de Benjamin Stora est indissociable de l’Algérie, paraît-il. C’est bien loin d’être notre avis, ou, alors, de quelle Algérie??

                Il aurait passé une grande partie de sa vie à l’étude (de bien loin) de ce pays qui n’a fait que le voir naître.

                Il a été souvent déçu, dit-il, mais continue à croire au collectif et il y décrit les moments très forts de son existence.

                La guerre d’Algérie, qu’il a très peu vécue, l’aurait habité tout au long de sa vie et il ne saurait pas ce qu’il serait devenu sans l’engagement politique de la France dans les années 1970, il avait 17 ans.

                Donc, son regard sur la guerre et l’exil lui viendrait de «son savoir».
                Que peut bien savoir Benjamin Stora de la guerre d’Algérie, on se le demande ?

                Il nous répond : «Ce qu’il sait il l’a appris lors de ses recherches universitaires sur la révolution et la guerre d’Algérie alors qu’il était étudiant à Nanterre, avec René Rémond.
                C’est René Rémond qui lui aurait dit :
                “C’est bizarre, personne ne s’intéresse à l’Algérie. Puisque vous travaillez sur les révolutions, intéressez-vous donc à la révolution algérienne.”

                N’était-il pas un tantinet “demeuré”, René Rémond, quand il lui affirmait qu’en 1970 “personne ne s’intéressait, en France, à la guerre d’Algérie”?? Alors qu’un million de Pieds-Noirs étaient rentrés en France depuis à peine 8 ans et que des dizaines de milliers de Harkis y étaient “concentrés”.
                Donc, pour Benjamin Stora, cette réflexion totalement idiote “a été un bouleversement”.

                René Rémond lui aurait présenté alors celui qui deviendra son directeur de thèse, Charles-Robert Ageron.

                A l’époque, en 1970 donc, seuls quelques rares historiens travaillaient sur l’Algérie. A savoir Yves Courrières, Serge Bromberger, Philippe Labro, quant à lui, il n’y pensait pas trop.

                A notre avis, il aurait dû continuer “à ne pas trop y penser”, ou alors s’intéresser davantage aux véritables “témoins” de cette guerre d’Algérie, ceux qui l’avaient vécu et qui s’y intéressaient bien davantage que ces historiens.
                Ce n’est que dans les années 80 qu’il se serait “rattaché physiquement” à l’Algérie. N’était-ce pas un peu tard, Stora??

                Sa seule hantise était de rester prisonnier d’une seule histoire, d’une seule communauté, juifs ou Pied Noir. N’ayez aucune crainte, Benjamin Stora, vous n’aurez jamais la hantise d’appartenir à la communauté Pied Noir.

                Toujours selon lui, “Le drame de l’Algérie serait l’existence d’une vraie solitude des incompris” et “Les juifs d’Algérie, après 1945, auraient eu peur de rester des indigènes privés de droits”, alors il a voulu être plus français que les Français.

                J’ignorais qu’en 1945 les juifs d’Algérie étaient toujours des “indigènes privés de droit”. Stora devrait nous expliquer “cette annonce faite à Libération”.

                Ce serait au Lycée de Saint-Germain-en-Laye, où il a côtoyé, lui qui demeurait à Sartrouville dans une HLM, des enfants lycéens du Vésinet ou de Marly, donc des enfants de “familles riches”, puisque leurs parents avaient été, pour la plupart, Algérie Française, et dont l’atmosphère était en contraste absolu avec celle de Sartrouville (c’est où, Sartrouville, en France??), et c’est là que Benjamin Stora a découvert l’antisémitisme violent. Il l’a découvert en France et pas en Algérie.

                Allons, Stora, voulez-vous nous faire “avaler” qu’il n’y avait pas de lycéens “juifs” au Vésinet ou à Marly?? Qu’il n’y avait que des antisémites. Vous n’avez pas découvert l’antisémitisme en Algérie. Voulez-vous que l’on vous raconte quelques anecdotes sur l’antisémitisme en Algérie??

                En 1969 (enfin on découvre Stora) il a intégré l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste) jusqu’en 1983 (14 années, cela marque un homme, non??).
                Puis il a enseigné durant quatre années dans les prisons, notamment à Poissy, et c’est de cette façon qu’il a pu rejoindre l’université.

                C’est en rédigeant le “Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens” que Stora a découvert que “travailler sur le parcours de femmes et d’hommes engagés était très enrichissant”. Bien plus enrichissant certainement que de s’intéresser aux “colons”, à la “colonisation”, à ceux qui avaient “construit” son pays, et à cette France qui a fait des “juifs” des citoyens à part entière, alors qu’ils n’étaient que des “dhimmis” à l’époque musulmane.
                Stora, toujours fidèle à Hollande, s’est séparé de lui quand il a été question de la “déchéance de nationalité”.

                Bien entendu, il estime Macron qui, tout comme lui, “n’est pas prisonnier de cette mémoire douloureuse” (pour les Algériens s’entend, certainement).

                Stora a dirigé le “Musée de l’immigration” de 2014 à 2020 et il estime que l’histoire de France, c’est aussi celle des immigrés, et que cette histoire ne sera pas achevée tant que l’immigration ne sera pas racontée à l’école.
                Histoire qui, jusqu’à présent, s’est heurtée au “système colonial”.

                Nous sommes particulièrement satisfaits de mieux vous connaître, Benjamin Stora. Jusqu’à présent on nous présentait un “soi-disant” historien de l’Algérie, à présent nous savons que vous êtes “un véritable historien de l’Algérie algérienne”.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.


Michel Onfray : Voici venu le temps des assassins
par M. Michel Onfray
Envoyé par M. E. Saurel


           Ce virus risque de précipiter la mort de plus que des hommes…
           Il accélère le processus de décomposition de nos fausses démocraties qui montrent dans la lumière aveuglante des scialytiques hospitaliers ce qu'elles sont véritablement : de véritables autocraties libérales -pour ne pas dire des dictatures.

           A l'heure où j'écris, une loi dite d'urgence permet à l'employeur d'imposer à son salarié de prendre ses congés pendant la durée du confinement. Le sénat a limité la disposition à six jours ouvrables et l'Assemblée nationale a confirmé la chose en commission ! Quel humanisme ! Quelle humanité ! Quelle générosité ! Quelle grandeur d'âme !
           Ce sont les mêmes élus du peuple qui, il y a peu, crachaient sur la douleur de parents qui avaient perdu un enfant et auxquels il était refusé l'aumône de quelques jours de congés supplémentaires afin qu'ils puissent tenter de faire face, un peu, au malheur.

           Quand les gilets-jaunes se sont dirigés un samedi vers l'Assemblée nationale pour y faire entrer enfin le peuple, même symboliquement, ils visaient juste : car le peuple n'est pas dans cette enceinte dans laquelle on ne trouve plus que des politiciens professionnels qui prétendent le représenter mais qui se contentent de jouir du pouvoir et de ses avantages.
           Ce qui veut dire que la facture de cette épidémie, qui va être terriblement salée, va être partagée entre les pauvres et … les pauvres -ne parlons pas des assureurs dont le métier consiste toujours à échapper aux remboursements des dommages par des finasseries contractuelles. Les riches y échapperont car leur argent est déjà ailleurs, inaccessible à ce qui reste d'un pouvoir d'État qui, de toute façon, sous régime maastrichtien, ne leur cherchera pas noise !

           Macron et les siens, les maastrichtiens de droite et de gauche, n'ont en effet pas décidé de réquisitionner les fortunes planquées dans les paradis fiscaux. Pas question que les riches paient alors qu'ils ont constitué leurs fortunes en fraudant le fisc, ce qui veut dire : en ne payant pas l'impôt avec lequel on peut, entre mille autres choses, construire des hôpitaux et les maintenir en état de marche… Tout citoyen français qui dispose d'un compte en Suisse ou dans un quelconque paradis fiscal doit être tenu pour responsable de la mort de qui n'aura pas pu bénéficier d'un respirateur hospitalier, responsable et coupable. On lira la liste de quelques-uns de ces assassins en appendice.

           Il serait pourtant légitime de dénoncer enfin ce qui a mis la santé publique dans cet état que des soignants se trouvent dans l'obligation de trier les vieux à l'entrée des services d'urgence, une terrible responsabilité qui réactive une pratique de sinistre mémoire : à droite ceux qui vont vivre, à gauche ceux qui vont mourir. Le personnel hospitalier n'a pas fait autant d'années d'études pour sélectionner dans un genre de Jugement Dernier dont ils seraient les dieux des élus à sauver et des damnés à tuer ! Ils n'ont pas vocation à travailler dans un abattoir ! Il en va pour eux d'une insupportable souffrance psychique, mentale et spirituelle qui s'ajoute à leurs fatigues professionnelles, à leur épuisement. Eux ne disposent pas de ces pitoyables cellules psychologiques qui sont envoyées sur place pour toute une classe, comme quand une diarrhée de cantine envoie six enfants d'une école en observation hospitalière pour une demi-journée…
           Car, ceux qui tuent, ce ne sont pas ceux qui, sur le terrain, sont obligés de tourner le pouce vers le bas en présence d'un corps trop atteint, de poumons ravagés comme jamais, ce ne sont pas ceux qui, sans masques, se retrouvent au contact de la mort, ce ne sont pas ceux qui, couverts de sang et de bave, de morve et des postillons des grabataires, touchent et portent ces corps comme la piéta le corps de son enfant mort, mais ceux qui, dans les bureaux, depuis des années, ont rayé des lignes comptables sur des budgets sous prétexte de rentabilité.

           Ce genre de criminel tue avec un silencieux : en fermant les hôpitaux après avoir estimé qu'ils perdaient de l'argent ou qu'ils ne dégageaient pas assez de bénéfices ; en donnant l'ordre de privilégier les actes rentables, au risque de les multiplier sans raisons véritables ; en décrétant que, dans les petites villes de province, ces structures de proximité sont trop dangereuses sous prétexte que les chirurgiens n'y effectuent pas assez d'actes pour être professionnels et efficaces ; en incitant les hôpitaux à développer l'activité ambulatoire parce qu'elle réduit la durée des séjours, ce qui expose les malades aux complications faute de suivi ; en traitant par le mépris l'appel au secours des personnels soignants qui manifestent depuis plus d'un an et à qui Macron promet d'agir sans procéder autrement qu'en saupoudrant ici ou là, mais sans jamais entamer la véritable révolution qui consisterait à découpler la santé publique du critère de rentabilité.

           Ce qui doit primer dans un hôpital n'est pas qu'il soit rentable, mais qu'on y soigne tout le monde, riches et pauvres. De même, ce qui doit primer dans une école n'est pas qu'elle soit rentable, mais qu'on y fasse triompher l'instruction publique sans distinctions sociales. Mais aussi : ce qui doit primer dans la police ou dans l'armée n'est pas qu'elles soient rentables, mais qu'elles disposent des moyens d'assurer partout l'ordre public et républicain. Et l'on pourrait ajouter à la liste la culture, le renseignement, la justice, etc.
           La République, c'est cela : le souci de l'intérêt général et du bien public avant l'intérêt privé de quelques-uns, d'un groupe ou d'une aristocratie de milliardaires. Hélas, le marché a gangrené la totalité du corps social au point qu'il a évincé la politique et qu'il se fait passer pour une politique, pour la seule politique d'ailleurs : or, il n 'est pas une politique mais le seul intérêt du Capital.

           Voilà pourquoi Macron, qui ne connaît que ce logiciel, ignore ce qu'est la politique et se retrouve chef de l'État alors qu'il n'a pas quarante ans -c'est d'ailleurs pour cette raison, son innocence, que l'État profond a tout mis en oeuvre pour le placer là où il se trouve, c'est un formidable pantin désarticulé, un pion jadis rutilant, un second couteau ébréché. Voilà aussi pourquoi, dans cette situation exceptionnelle, il décide tout et le contraire de tout, n'importe quoi, c'est le triomphe historique du " en même temps " ! On ne craint pas le virus mais on le craint, on ne confine pas mais on confine, on ne ferme pas les frontières mais on les ferme, on ne sort pas mais on peut sortir pour voter, on ne porte pas de masques, c'est inutile, mais on en fait fabriquer des millions, etc…

           Dès lors, quand Ségolène Royal, tout au gonflement de sa propre baudruche, attaque Olivier Veran, l'actuel ministre de la santé, pour sa responsabilité passée, elle oublie juste de dire qu'avant de grossir le rang des macroniens, ce monsieur vient lui aussi, comme tant d'autres, du Parti socialiste, dont elle fut la candidate aux présidentielle, et que ce Parti socialiste n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'en 1983 un certain François Mitterrand l'a jeté à la poubelle afin de pouvoir rester au pouvoir -ce qui lui a d'ailleurs plutôt bien réussi puisque avec cette forfaiture il a effectué deux septennats qui ont initié la casse de tout ce qui était public, hôpital compris, et qu'on lui doit aussi, comme autre héritage notable, d'avoir mis la famille Le Pen au-devant de la scène politique…

           Nous avions des millions de masques, nous n'en avons plus, où sont-ils passés ? Guéguerre picrocholine pour savoir si c'est à l'impéritie passée de la " gauche " qu'on doit cette pénurie ou à celle de la " droite " : mais c'est au deux, à la droite maastrichtienne et à la gauche maastricthienne qui, l'une et l'autre, en même temps comme dirait l'autre, copines comme cochonnes, ont mis la France dans cet état : merci Mitterrand ! Merci Chirac ! Merci Sarkozy ! Merci Hollande ! Merci Macron ! Car ce sont eux qui ont rendu possible cette incroyable monstruosité que, dans cet hôpital public qu'ils ont tué pour en faire des usines à fric, le résultat soit qu'on trie les gens pour diriger les malades les plus atteints, dont les vieux, vers les pompes funèbres, pour ne soigner que les cas les moins préoccupants. De sorte qu'avec ces hôpitaux libéraux, le plus malade est le plus vite mort.

           L'hôpital libéral, c'est un nouveau concept orwellien : on pourrait imaginer des slogans peints sur les murs de ces usines de mort que sont devenus ces hôpitaux-là, nos hôpitaux : " Plus vous serez malade, plus vite on vous expédiera au fond du trou ! ". Ou bien, sur la porte du bureau des personnels soignants : " Aux urgences, évitez ce qui est urgent ". Au bureau des soignants : " Aux mourants, prodiguez la mort ". Au bureau du comptable : " Un bon patient est un client à tondre ". Et puis, à l'entrée du funérarium, ceci : " Aux morts, Maastricht reconnaissant ", car l'action des PFG doit se trouver bigrement en hausse.

           Un dernier mot : chaque soir, au journal de vingt-heures, les journalistes, qui disposent ainsi de leur séquence " vivre-ensemble " (c'est leur moment homéopathique positif) nous montrent les gens qui, aux fenêtres, applaudissent le personnel soignant en faisant des pitreries, en tapant sur des casseroles, en chantant, en criant. Ils manifestent, nous dit-on, leur solidarité avec ces héros de notre époque qui bravent la mort dans leur métier ! Très bien, très bien… Tout cela est vrai.

           Mais combien, parmi ceux-là, postillonnant du haut de leurs balcons, gavés par la propagande maastrichtienne, ont voté pour des candidats qui, droite libérale et gauche libérale confondues, ont justement fabriqué cet hôpital kafkaïen où l'on contraint de pauvres soignants à distribuer la mort ou à conférer la vie en vertus de plans de route décidés depuis un quart de siècle par cette Commission européenne, qui n'est pas élue, et qui impose sa loi, aujourd'hui dans le sang et les larmes, les glaires et les crachats, aux sujets de l'Empire maastrichtien ?
           Combien ?

           Je n'ai pour ma part pas envie d'aller sur mon balcon pour bêler avec les moutons. Je pense à ces gens formidables, en effet, qui m'ont sauvé d'un infarctus quand j'avais vingt-huit ans, qui ont été près de moi lors de mes deux AVC, qui ont si bien accompagné ma compagne pendant les dix-sept années de son cancer et de ses chimiothérapies avant qu'elle finisse par mourir, et qui, de fait, méritent notre profond salut. Mais pas depuis dix jours…
           J'ai plutôt envie de pleurer sur ce qu'est devenue la France tuée par ces assassins qui, eux, se portent bien…

           © Michel Onfray, autorisation de réplication avec copyleft ; réplication depuis Dreuz.



Le " Bateau ivre ".
Par M. Robert Charles PUIG


       Comme Rimbaud l'écrit, il semble que la France soit redevenue ce bateau ivre qui tangue et se perd dans les flots imaginaires d'un monde qui ne sait plus gérer les crises. C'est un voyage à la dérive que nous propose un gouvernement qui ne sait plus quelle route suivre au milieu des obstacles qui se dressent et dont il n'a pas su prendre la mesure. Un long trajet, aux escales incertaines.

       Cela a commencé dès le mois de décembre 2019 à Wuhan, en Chine. Les premières alertes, les premiers morts étouffés par le silence d'Etat. En Europe, en France, pays qui a aidé la Chine à créer ce laboratoire tragique, étions-nous tenus par le silence de notre complicité sur ce sujet pour attendre... attendre le mois de mars 2020 pour décider dans l'inquiétude et l'angoisse les premières démarches pour avertir le peuple du danger de la pandémie ? Triste cheminement d'un gouvernement aux abois. Il sait, mais n'a pas les moyens de faire face, alors il minimise. " Pas de masque ! ", Dit-il. Il n'est évidemment pas le seul coupable. Son prédécesseur, Hollande, a une part de la faute car, ne fallait-il pas prévoir ? Ne pas laisser les moyens prophylactiques nécessaires à la protection de la population devenir obsolètes ?

       Chaque pays a le devoir de protéger la santé de sa population, sinon il est coupable, passible d'une sanction pour manquement à ses responsabilités de représentant du peuple. C'est ce que nous constatons. Un manque de prévoyance catastrophique qui fait qu'aux prémices d'un prochain mois de mai, nous manquons de masques, de gel, de tests pour être protégés.

       Qu'à cela ne tienne ! La boule de cristal élyséenne a décidé que le confinement devait cesser. Une date, comme le Joker des cartes d'un jeu de tarot annoncerait le 11 mai. Un mois où le président en place commencera sa quatrième année de mandat. Un mandat perclus de fausses notes, d'hésitations, de mépris et de honte sur le temps de notre plus grande France avec des propos qui blessent une partie du peuple, des anciens combattants, les morts, assassinés d'une période que les patriotes ne peuvent, ne pourront jamais oublier.

       Certes, le temps passe, mais faut-il pour cela jouer les " Madame Soleil " et croire que ce qui était nôtre " HIER " n'a plus sa place dans l'Histoire ? Voilà que l'on veut nous faire croire. Un avenir nouveau ! Que le monde doit se démettre de son histoire, renier les glorieuses aventures des conquêtes avec leur part d'ombre aussi et construire un nouveau monde sans tenir compte des us et coutumes qui nous habitent, qui sont nos racines. Nous voilà avec une France délayée et sans frontière au milieu d'une Europe qui n'a plus de marques, livrée aux migrants d'Orient, au salafisme, aux lois d'un autre temps qui ne sont plus celles de l'Occident.

       Le temps a tellement changé en France que l'on doute qu'un assassin qui crie au nom d'un Dieu moins ancien que le notre, soit un terroriste, ou un autre qui blesse mortellement deux autres policiers. Par contre, il faut croire que le siècle qui nous est imposé par nos élus élimine une autre terre, celle de Charlemagne et Saint-Louis et que le pays n'est plus une terre commune à tous, parce que des territoires sont acceptés comme bénéficiant d'une extra-territorialité avec des passe-droits parce que c'est le ramadan des uns contre le confinement des autres !

       Quel est ce pays nouveau ? Cette France progressiste ! Elle ne veut pas que les policiers fassent leur mission d'ordre et de sécurité. Où va ma France d'hier ? Celle de la Marseillaise, du drapeau de la République, du respect des anciens ? Ils sont vieux, nos vieux, et ils n'ont plus le droit aux soins, affirme le " Canard enchaîné ", sur ordre du pouvoir. Est-ce là, la République française, la Vème ?

       Au fil de son existence, cette République s'est dévoyée ! Déjà dès le début. En 1962 De Gaulle brade une partie du territoire de la Nation pour satisfaire ses maîtres aux USA et obtenir un trône à l'Elysée. Il condamne des patriotes. Il en fait fusiller en perdant l'honneur du pays.

       Puis au fil des élections le peuple perd sa place. Nous devenons les soumis de langues étrangères, de lois étrangères et si nous montrons du doigt nos erreurs, nous sommes condamnés par des médias gauchisants, au nom du progressisme et des idées libérales de sectes secrètes qui nous veulent esclaves de la mondialisation.

       Le " Bateau ivre ! ". Ce n'est pas que celui de Rimbaud. Nous avons le notre en cette année 2020.

       La pandémie a réveillé le Sphinx qui sommeillait depuis de longues années, depuis que le socialisme de Mitterrand a détruit notre organisation économique, financière, industrielle et familiale. Nous sommes livrés à la façon des esclaves de l'île de Gorée aux négriers des temps modernes. Les grands groupes internationaux, la finance mondialiste, l'économie de masse qui interdit l'innovation indépendante. Ceux qui nous font croire qu'ils nous aiment et nous perdent au nom de leurs profits extravagants dont nous ne recevons que des miettes. La bourse nourrit les monstres financiers et nous soumet. L'ordre du monde n'est plus celui du " Bien ". L'ordre du monde profite à une Elite et le peuple s'étiole. Il a mal à la misère, aux " Gilets Jaunes ! ".

       Bien entendu, regardons ce peuple, ces travailleurs d'aujourd'hui avec respect, fierté.

       Ils se dévouent pour sauver des vies. Il y a ces nombreux soignants, ce monde en marche pour que le pays survive. Il n'est pas en " Marche " dans le sens politique du terme. Il est en marche SEUL, sans que personne ne lui indique sa voie. Il a décidé de se mettre à la disposition de son prochain. De partager son savoir comme le Christ a partagé le pain et le vin avec ses fidèles. Voilà la vraie voie qui sauvera le pays. Cette force populaire qui se sacrifie pour que la France survive. Elle n'a toujours pas les moyens qui la protègeront du Covid-19, mais elle avance, se dévoue, s'épuise pour sauver des vies en sachant que le gouvernement n'a rien envisagé pour leur venir en aide, sinon encore et toujours des promesses, des " bientôt " ça ira mieux !

       Nous en sommes là. Un pays à la dérive par manque de précautions. Parce qu'au lieu de prévoir, d'avoir des structures qui répondent aux besoins de la Nation, nous avons tout abandonné pour devenir les " obligés " de l'Extérieur.

       Nous ne savons plus créer parce que nous achetons tout ailleurs et aujourd'hui nous payons notre dépendance par nos morts et par notre bêtise avaricieuse.

       Bien entendu nos gouvernants ont voulu construire autre chose. Effacer nos frontières ; nous délayer dans un melting-pot universel sans se rendre compte que notre histoire attendait autre chose. Nous voilà pris au piège de l'inconstance, du mépris de nos élus inaptes, incompétents à se rendre compte que nous avions une conscience, un cœur, une âme patriote.

       Finalement depuis De Gaulle et ses accords secrets de la fin de guerre en 1945 lui imposant de donner leur indépendance aux pays de l'Empire, nous avons manqué d'âme et d'orgueil, de la grandeur d'un peuple qui croit en lui.

       L'Indochine puis la guerre d'Algérie sont les traces de l'esprit impur d'hommes politiques qui ont bradé l'Empire sans condition, sans jamais négocier véritablement d'autres solutions ni d'autres sentiments que la haine et la rage de ces nouveaux Etats. Pourquoi ? Parce que nous nous sommes inclinés devant leurs mensonges, nous avons accepté leur desiderata. Nous avons plié en soumis, sans prétendre à des droits. Déjà en 1957, Guy Mollet ouvre le ban de notre déconvenue en créant une " Commission " chargée d'enquêter sur la répression militaire et l'existence de la torture au sein de l'armée française et au moment de la bataille de la casbah d'Alger... En aucune façon des commissions ont été créées pour soumettre à la question les camps ennemis. Puis les médias s'emparent de la guerre d'Algérie et avec Sartre et ses complices intellectuels gauchisants, ils nous accusent avec leurs porteurs de valises, des pires exactions et poussent, encouragent les terroristes à l'assassinat des civils européens et musulmans.

       Ils accompagnent dans leur traîtrise les communistes qui sabordent sans être punis les convois d'armes partant en Algérie ou empêchant les militaires blessés revenant en France d'atteindre les hôpitaux.

       Ce fut le début de notre servilité, notre inféodalité aux pouvoirs étrangers et à l'Orient. Ce fut le départ de notre humiliation, notre déshonneur jusqu'à l'entrée en scène d'Emmanuel Macron, celui qui pousse l'affront le plus loin possible comme si ce temps ancien qu'il ne connaît pas est un cancer dont il veut se guérir. En vain. Plus il méprise le passé, plus ce passé revient au devant de la scène. Ses propos qui engendrent le mal se transforment aujourd'hui en une pandémie dont il ne sait pas se soustraire, sauf en appelant à l'aide un peuple qu'il méprise.

       Je pense que ce peuple se souviendra partout où il s'occupe des malades, des agonisants, de son dévouement sans borne et qu'il demandera des comptes.

       Que sera demain ? La pandémie ne stoppera pas sa route sous l'effet d'une baguette magique ni parce qu'un premier homme a décrété que demain nous sortirons, que chacun reprendra ses habitudes et le gouvernement son objectif de mondialisation.
       Je crois que cela doit changer. Ai-je raison ?

       Que devrons-nous attendre du discours du premier ministre ? Déjà le président a montré ses hésitations, ses erreurs de langages, ses fautes avec son " ni, ni ".

       Le premier ministre avec son équipe nous a déjà trompés avec son " sans masque " puis... tous masqués ?... Mais pratiquement après six mois du début de cette pandémie, il manque de tout pour nous protéger... Il faut attendre et les décisions sont toujours contradictoires. Où sont les mesures qui nous protégerons ?

       Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour que nos industries fassent face à cette pénurie ? Que les pharmacies puissent vendre des masques et d'autres produits ?

       Pourquoi sommes-nous au stade d'un pays sous-développé parce que nous n'avons pas les moyens rapides de faire face à la fabrication de systèmes si simples que des masques ou des gants ?

       Pourquoi les enfants à l'école sans la mise en place de vraies mesures de contrôles sanitaires ?

       Maintenant on nous parle de dette, de déficit, d'une France sans moyens et qui s'agenouille devant l'Europe de Merkel et le monde pour obtenir de l'aide. Mais ce déficit et cette dette ne datent pas d'hier... Ils sont progressifs depuis des années. Rien n'a été fait pour les diminuer. Au contraire à cause des taux d'emprunts faibles, elle a été notre poire pour la soif sans se rendre compte que c'était le vice qui faisait son nid dans le lit de la vertu. Nous avons flambé sans gloire et sans nous rendre compte que nous courrions à notre perte...

       Qui va payer ? Le peuple. Pourtant nous avons déjà connu des temps où les finances de l'Etat étaient une peau de chagrin. La guerre de cent ans, les guerres napoléoniennes, 1870, la grande guerre de 14 / 18 où un " Moratorium " avait suspendu certains paiements et les loyers, puis la dernière de 39 / 45, sauvé par un plan Marshal qui nous a coûté cher. Nous, nous en sommes sortis. Alors pourquoi ce coup de l'épouvantail au milieu du champ de blé, sinon pour nous faire peur.

       Ne nous cachons pas derrière notre arbre. Je ne vois pas d'autre solution que l'augmentation des impôts. Cependant une mesure plus saine engagerait le pays au moins un certain temps si nos syndicats ne sont pas bornés. Ce serait de revenir à un temps d'avant le socialisme de 1981 : augmenter la durée hebdomadaire du travail ; revoir sérieusement le nombre d'années d'activité pour une retraite sans misère ; serrer la bourse à trop d'aides non créatives d'emplois et surtout ne plus se vendre à l'étranger.

       J'ai écouté exceptionnellement le discours d'Edouard Philippe à l'Assemblée ce 28 avril. Un premier constat. Une introduction longue et il m'a semblé marcher sur des œufs avec parfois l'envie de rendre chacun responsable de la position individuelle qu'elle prendra... Une sorte de lavage des mains... sans gel hydro alcoolique, qui durera jusqu'au début juin ?

       Il n'a repris que ce que les journaux nous rabattent depuis des jours... Nous restons confinés mais en se dé-confinant peu à peu... à ses risques et périls.
       Les écoles ? C'est la bouteille à encre et les masques restent un tirage au sort. Quand ? Pour qui ?

       Un autre constat. C'est le brouillard. Le " ni, ni " est remplacé par " Tu veux, ou tu veux pas ? Tu peux, ou tu peux pas ? ". Son " il faudra.. " démontre son hésitation et il semble que 67 % des téléspectateurs ne sont pas convaincus par son discours. J'en suis !

       Finalement, nous restons sans solution concrète, hors ce que nous savons déjà, continuer à se protéger. Je reconnais que c'est la seule vérité qu'il faut proclamer car nous ne savons pas si demain le Covid-19 s'essoufflera ou repartira de plus belle en cas de dé confinement désordonné.

       Notre pays, comme le " Bateau ivre " de Rimbaud, reste dans le brouillard. Conservera-t-il longtemps la honte de la dérive gouvernementale actuelle sans gouvernail ni capitaine ? La blessure et la honte d'un temps qui nous vend à l'étranger ? La gifle de se rendre compte que notre territoire est partagé en zones de non droits où des étrangers peuvent faire ce qu'ils veulent sans que la police intervienne sous peine d'être accusée " fautive " et condamnée. Ce temps moderne n'est-il pas la tare qu'il faut éliminer et revenir enfin à une époque plus saine et plus honnête, loin de politiciens mondialistes, de médias inféodés au pouvoir. Ils sont menteurs et poltrons, lécheurs dans l'écuelle des élus si mal élus d'une pitance qui les rend si veules, si menteurs, si tristes.
       J'attends demain autre chose.
       Une France qui renaisse de ses cendres et non pas un pays qui n'existe plus.

Robert Charles PUIG 28/04 /2020       
      


Comités France Libre (CFL)
Par le Général Christian Piquemal
Envoyé par M. Jolivet.
7ème MESSAGE DU GENERAL CHRISTIAN PIQUEMAL
Président du CERCLE DE CITOYENS PATRIOTES (CCP)
OBSERVATOIRE DU RISQUE GENOCIDAIRE (O.R.G.)

         Bonjour à tous,

         Mon message se veut avant tout factuel.
         Tandis que le pic de l’épidémie semble se profiler et que l’exécutif affiche de plus en plus son imprévoyance criminelle, son incompétence et son amateurisme, la France manque toujours de masques, de tests, de respirateurs, de gels pour traiter les personnes infectées et équiper notre personnel médical dont la vie est exposée par ceux qui avaient en charge leur sécurité professionnelle et n’ont pas été capables d’anticiper. Oui, le feuilleton des matériels et équipements manquants est un monument d’hypocrisie.

         Or gouverner, c’est prévoir ! Le chef de l’Etat, de surcroît chef des armées, a clamé six fois nous étions en guerre… Alors la guerre il faut impérativement la gagner et prendre les mesures impératives fortes qu’exige la victoire.
         Oui, Mr le président : Parader n’est pas commander !
         Comment votre gouvernement a-t-il pu dire que la France était prête ?

         Gouverner c’est aussi s’adapter aux circonstances et aux opportunités avec un seul objectif : servir la population de toutes ses forces et la sauver !
         Votre médiocrité dans la gestion de crise tranche cruellement avec le comportement exemplaire des équipes soignantes.

         Allez-vous attendre que le virus mute et revienne en force, comme la grippe espagnole de 1918, qui a fait plus de 300 000 morts en France ?
         Partout, même incapacité coupable et dédain. Mépris d’une sommité internationale comme le professeur Raoult (qui effectue plus des deux tiers des tests du Covid 19 en France parce qu’il a anticipé, lui !
         En effet, D Raoult ne fait pas de tri entre les patients ! Il a permis à Marseille d’avoir le taux de mortalité le plus faible par sa capacité à prévoir et à agir ! Il évite qu’on prive les patients d’un traitement efficace dès les premiers signes de l’infection.

         Sur la Terre, il y a 1 milliard d’habitants qui ont pris de la chloroquine, certains pendant 30 ans et sans problèmes. Alors pourquoi hésiter à utiliser l’hydroxychloroquine pour sauver des vies !

         Mais notre exécutif dépassé, incapable de faire face, s’enfonce et interdit son emploi en début de maladie, là où le médicament est le plus efficace.
         Il a vidé le stock stratégique français pour envoyer en Chine 17 tonnes de matériel qui manquent de façon vitale à nos hôpitaux !
         Il a donné 5000 tests à l’Algérie quand nous n’en avons pas !
         Il a laissé la seule entreprise française qui élabore la chloroquine en redressement judiciaire.

         Comment justifier par ailleurs le passe-droit sanitaire dans les quartiers sensibles quand les chiffres de contamination explosent dans ces secteurs critiques livrés à l’anarchie ?
         Gouverner, c’est aussi protéger ! Essayons de penser à toutes les personnes vulnérables livrées à la « racaille » dans ces zones de non-droit que le ministère de l’intérieur a abandonnées !

         Là où la police recule sur ordre d’un ministère soumis et dépassé, pourquoi l’armée n’est elle pas déployée pour faire appliquer la loi et stopper le désordre ? Oui monsieur le Président, en période de trouble, de crise grave, si les forces de sécurité ne suffisent pas, alors l’armée peut être utilisée pour rétablir l’ordre.
         C’est la guerre !
         Vous êtes le chef, alors agissez ! Oui, Clémenceau, le « Père la Victoire » doit se retourner dans sa tombe !

         Monsieur le Président vous nous avez dit que fermer les frontières ne servait à rien, croyant faire de l’esprit en disant que le Covid-19 n’avait pas de passeport. Ignorez-vous que le virus ne circule pas dans l’air et ne franchit les frontières qu’avec les personnes contaminées ?

         Français, je vous demande, dès demain soir, de marquer une minute de silence tous les jours à 19h afin de prier pour nos mourants, nos morts sans distinction, y compris ceux livrés à une mort horrible qui relève de la non-assistance à personne en danger dans les EHPAD dont la situation est une abomination.
         Je vous invite à faire ce geste non par résignation, mais en témoignage de solidarité, de fraternité et aussi pour garder au cœur le refus absolu d’une gouvernance de boutiquiers sans âme dont il nous appartient de mettre en lumière les réelles motivations, notamment financières dans le cadre notamment des lobbies pharmaceutiques et aussi délires idéologiques. .
         Je vous invite aussi à adresser tous vos témoignages sur le site de l’Observatoire du Risque Génocidaire lancé le 18 novembre 2019, un an après la mobilisation des Gilets Jaunes, pour créer ce conseil d’arbitrage du Peuple qui sera scellé sur nos souffrances communes, générées par un pouvoir fou et abject.

         Restons courageux et unis.
         Je m’adresse en particulier aux comités France Libre qui se sont mobilisés dès mon appel.
         Aujourd’hui l’union des Français passe plus que jamais par la motivation sans faille et la nécessité absolue de S’informer, S’entraider et Se mobiliser.
         Faites savoir sur le mail ou sur le site ORG tout ce que vous endurez.

         Ne tolérons plus qu’une gouvernance sans âme exerce un tel droit de vie ou de mort sur nous. A cause de l’imprévoyance de l’exécutif nous sommes confinés chez nous : nos libertés, notre sécurité et notre vie sont en péril.
         Il est temps d’exiger une explication devant le Parlement sur les contrats passés avec la Chine depuis l’installation du labo P4 en 2017.

         Il est surprenant de voir que les commandes sont adressées à la Chine alors que le milieu infectieux se poursuit puisqu’un nouveau virus s’y déploie déjà.
         Qui peut nous garantir que le matériel sera totalement stérile et non infecté ?
         Des médecins conscients des manquements graves de l’État portent plainte. Soutenons-les en faisant pareil en tant que patients.
         Le droit de vivre est un droit inaliénable !
         Cautionner les horreurs de cette gouvernance, c’est se rendre complices.

         Que tout Français ayant une conscience se mobilise et transmette ce qu’il entreprend pour dénoncer des anomalies graves à l’équipe de l’ORG.
         La France ne peut mourir parce qu’elle est la proie d’une mauvaise gouvernance.
         Il paraît que ce virus est naturel ! Alors que le pouvoir en place nous le prouve !
         Quelle est la véritable intention de l’exécutif aujourd’hui ? Les masques vont-ils tomber ?

         Le peuple de France est en état de sidération.
         Il veut la Vérité !
         Quand la guerre sera terminée, nous rendrons hommage à tous les personnels soignants qui sur le front se battent tous comme des lions. Nous leur devrons la Victoire. En votre nom à tous, je les salue et les remercie.

         Que le ciel garde tous les Français !
         Vive la France éternelle !
Christian Piquemal
Président du CCP
30 mars 2020

V.P.F. :   
   https://volontaires-france.fr/tribune-du-general-martinez/



À MEDITER...
Envoyée par M. J. Roda

        Je me présente, mon surnom est Corona virus, mais mon vrai nom est Covid 19, je vous expliquerai à la fin, pourquoi je porte ce nom-là.
         Je suis né en Chine, je ne sais pas trop comment, je le saurai plus tard.

         J’ai commencé à imposer mon autorité dans mon pays d’origine.
         Pour tout vous dire, je suis destiné à prouver à l’humain, qui se croyait l’être vivant le plus intelligent de la planète, qu’il s’était trompé de route pour tracer sa vie.
         À moi seul, j’ai prouvé que l’Europe n’existait pas, Bruxelles n’a pas réagi à mes attaques, seuls les états se sont affolés. J’ai prouvé aussi que le Royaume-Uni n’avait pas de frontières, je suis arrivé là-bas sans encombre.

         Je suis en France pour mettre les pendules à l’heure.
         À moi seul j’ai fait arrêter les ventilateurs à paroles que sont Marlène Schiappa et Aurore Bergé, je ferai autant de dégâts chez les femmes que chez les hommes, chez les riches, que chez les pauvres.

         A moi seul, je fais fermer les lieux de cultes, de toutes les religions, je fais mettre du gel hydro alcoolique sur les mains aussi des musulmans.

         A moi seul, je fais mettre les professions de santé à l’honneur, alors que récemment, les flics les tabassaient, les gazaient, les éborgnaient. Attention...

         A moi seul, j’aide à soutenir les agriculteurs, les routiers, pris auparavant pour des moins que rien.

         A moi seul, je règle le problème des retraites, en soumettant les insoumis, mettant fin aux débats interminables, je m’attaque aux plus anciens.

         A moi seul, je mets fin au réchauffement climatique, les avions ne volent plus, les voitures ne sortent plus, je suis plus fort que le Forum de Davos qui réunit 1500 jets privés, sans résultat.

         A moi seul, je fais fermer les écoles, pour que les familles profitent de leurs jeunes enfants.

         A moi seul, je veux prouver qu’une poignée de députés suffit pour tenter de régler les problèmes.

         A moi seul, j’ai fait baisser, d’un coup de baguette magique le cours du pétrole, quand je reviendrai, je m’occuperai des taxes sur les carburants.

         A moi seul, j’ai fait perdre plusieurs milliards aux plus riches, la bourse s’étant écroulée, l’argent n’étant pas fictif.

         A moi seul, j’ai prouvé que les médicaments n’étaient plus fabriqués en France, mais dans mon pays de naissance.

         A moi seul, pourtant invisible, j’ai fait débloquer par l’état 45 milliards en quelques instants, alors que les gilets jaunes ont lutté plus d’un an pour obtenir, soi-disant 17 milliards.

         A moi seul, j’ai réussi à retisser des liens entre les individus, qui s’appellent comme pour les vœux.
         J’allais oublier, j’ai un complice, le Président Hollande, je l’ai autorisé à faire le prélèvement à la source, pour que les politiques continuent à jouer avec le pognon, en échange il a fermé plus de 15 000 lits d’hôpitaux pour que mon action soit plus efficace.

         Je vais vous expliquer pourquoi je m’appelle Covid 19 :
         les lettres C, O, V, I se retrouvent dans le mot civilisation,
         le D indiquant départ et 19 mon année de naissance.

         En résumé, j’ai ouvert, en 2019, l’ère d’une nouvelle civilisation, vous comprenez maintenant pourquoi les gens s’appellent comme pour les vœux.

         J’espère que cette fois l’être humain a bien compris, sinon, j’ai bien un petit copain, qui viendra vous confiner définitivement.
Bon courage à tous

        

Lettre d'information - Avril 2020
www.asafrance.fr
Envoyée Par l'ASAF
       https://www.asafrance.fr/item/devoir-d-etat-lettre-de-l-asaf-du-mois-d-avril-2020.html

Le devoir d’état, c’est pour tous

       Devoir
       Il y a bien longtemps que l’expression « faire son devoir d’état » n’est plus employée et ne s’en souviennent que ceux que l’on appelle aujourd’hui les « aînés » ou « seniors ». Elle était un leitmotiv dans les familles et à l’école des années 50-60 où l’on rappelait quotidiennement aux écoliers qu’il fallait travailler pour acquérir le métier de leur choix.
       Depuis un mois, tous les soirs à 20 h, on honore les « soignants » mais, avec eux, tous ceux qui assurent les fonctions vitales de la Nation : fonctionnement des réseaux d’eau, d’électricité, approvisionnement en vivres de la population, ramassage des ordures,... bref, ceux qui accomplissent leur devoir d’état dans la discrétion et avec efficacité. Ce sont alors 2 minutes d’applaudissements pour remercier ces Français sans qui la Nation ne pourrait survivre.
       Ils font leur devoir, chacun dans son domaine, en prenant parfois des risques et découvrent l’importance de leur travail dans la vie du pays. Transparaissent chez eux le goût du travail bien fait et une certaine fierté à servir. Puissent les jeunes Français comprendre que la valeur d’un métier vaut d’abord par la qualité de la tâche accomplie avec conscience et exigence.

       Citoyens
       Toutes les périodes de crise réveillent le besoin de dévouement. Or chacun a reçu au moins un talent à sa naissance : bon sens, adresse, imagination, force physique, compétence… De là le besoin de le partager pour soulager, faciliter, satisfaire, améliorer. Face à une menace de mort, chacun découvre qu’il ne peut survivre seul et qu’il faut jouer en équipe. La société éprouve le besoin de se réorganiser pour se défendre, et à l’individualisme croissant d’hier se substitue un besoin d’agir collectif au sein d’une équipe qui s’appelle la France. La mise en commun des talents s’impose. On comprend ainsi mieux comment nos anciens ont pu supporter les innombrables épreuves et les terribles souffrances qu’ils affrontèrent au cours du XXe siècle. À cet égard, les couturières retraitées, fabriquant des masques pour ceux qui travaillent, illustrent bien l’expression « L’arrière soutient l’avant ».

       Chefs
       Mais ce devoir d’état n’est pas l’apanage des seuls simples citoyens. Il s’adresse d’abord aux responsables, quels qu’ils soient, ceux qui exercent des responsabilités de commandement car comment ordonner, sans anticiper, comprendre et donner l’exemple ?

       Anticiper
       On l’exige d’un chef de famille qui doit équilibrer son budget, d’un agriculteur, d’un chef d’entreprise, ou du chef d’état-major des Armées pour garantir qu’il sera en mesure de remplir la mission correspondant au contrat opérationnel.
       Il en va évidemment de même des gouvernants, chacun dans son domaine. Cela n’est possible que s’ils se sont préparés à assurer ces hautes responsabilités, car il n’est plus temps de découvrir son métier sur le tas, surtout en temps de crise. Il faut donc placer à ces postes des gens d’expérience qui ont fait déjà leurs preuves dans des circonstances difficiles et non des stagiaires ou des intérimaires !

       Comprendre et ordonner
       Il est d’autant plus difficile d’apprécier une situation qu’elle est complexe et qu’elle présente un caractère de gravité exceptionnel avec des milliers de vies en jeu.
       Rappelons-nous l’empereur Napoléon qui, au milieu de ses troupes, parcourt le champ de bataille, observe le terrain, identifie le dispositif et les mouvements de l’ennemi. Il comprend vite la situation et décide de la manœuvre à effectuer. Il donne alors des ordres simples, clairs et brefs qui sont exécutés immédiatement.
       Servi par une intelligence exceptionnelle, il rend tout cela possible par une préparation minutieuse et par un travail acharné effectué les jours précédents. Avant d’engager ses forces qu’il connaît parfaitement, il coordonne leur mise en place au bon endroit sur un terrain dont il a identifié les points clefs et au moment décisif en disposant toujours d’une réserve pour faire face à l’imprévu.
       « La guerre est un art simple tout d’exécution ». À méditer !

       La confiance
       Aucun chef ne peut commander durablement sans la confiance et celle-ci se construit au quotidien, dès le premier jour de sa prise de fonction. Elle repose d’abord sur un comportement personnel et professionnel irréprochable, cohérent avec la fonction exercée et les responsabilités assumées. Elle ne peut s’épanouir que si l’ambition affichée comme les actions engagées servent exclusivement les intérêts supérieurs du pays ainsi que le bien commun et jamais les intérêts personnels.
       Cela paraît une évidence et pourtant comment ne pas voir, aujourd’hui comme hier, des calculs malhonnêtes et des attitudes scandaleuses, qui discréditent tant de responsables pour avoir confondu leur intérêt personnel avec le service de la Nation dont ils avaient la charge. L’abnégation dont le chef fait preuve, ressentie par ceux qu’il commande, nourrit la confiance jusqu’au dévouement et parfois jusqu’au sacrifice de celui qui lui obéit.

       La prise en compte du devoir d'état, par tous et à tous les niveaux de responsabilité, est indispensable au moment où les menaces, non seulement virales mais aussi terroristes et économiques, s'accumulent. C'est grâce à elle que la Nation arrivera à renforcer sa souveraineté et sa cohésion, à condition qu'elle ne baisse pas la garde dans le domaine de sa seule assurance-vie, la Défense.
LA RÉDACTION de l’ASAF
Association de Soutien à l'Armée Française
18, rue Vézelay - 75008 Paris Tél/Fax : 01 42 25 48 43
Site : www.asafrance.fr

       Avertissement

       Cette lettre vous est proposée gratuitement par l’ASAF. Elle ne signifie pas pour autant que vous êtes membre de cette association.
       L'ASAF, qui veut conserver sa liberté d'expression, ne sollicite et ne reçoit aucune aide de l'État. Aussi, si vous voulez aider l’association à maintenir un niveau d’excellence et à se développer, vous pouvez :
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Où sont les vraies valeurs ?
Par Mme Coline Serreau le 22/03/2020
Envoyé par Mme Bouhier
LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L'ENDROIT

         Ce que pense Coline Serreau, réalisatrice de " Trois hommes et un couffin ", mais aussi de films visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme " La belle verte ou La crise ".

         Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.

         Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.

         Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c'est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et populaire se manifeste.

         En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.

         Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.

         Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.

         Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.

         Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c'est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.

         Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.

         Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.

         J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.

         Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.

         Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.

         Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit.

         Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?

         Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?

         Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?

         Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?

         Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?

         Alors que la seule médicine valable, c'est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.

         En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c'est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des catastrophes.

         Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.

         Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.

         Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.

         Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en achetant moins on devient riches.

         Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.

         On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et d'humour.

         Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.

         Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.

         Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c'est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.

         C'est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.

         En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.

         Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l'idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c'est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !

         Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !

         Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c'est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui en ont besoin.

         

Coline Serreau



Église, termites et coquillages
Envoyé Par Mme N. Marquet.
Pour assurer le confort thermique des fidèles, les architectes de l'église de Nianing, au Sénégal, ont cherché l'inspiration chez... les termites !

          En 2019, sur le sol aride de Nianing, au sud de Dakar, au Sénégal, un étonnant édifice a été inauguré, ressemblant à la fois à un coquillage et à une termitière: il s'agit de l'église de l'Épiphanie dont on doit la conception à Nicolas Vernoux-Thélot, de l'agence In Situ. Les étroits liens qu'entretient le bâtiment avec le monde animal méritent quelques explications…

         L'architecte, associé à son frère biologiste Teva Vernoux, s'inspire de la nature pour concevoir des bâtiments vertueux d'un point de vue écologique, par exemple en optimisant leurs dépenses énergétiques. On parle de bio-inspiration. Ainsi, dans plusieurs de leurs créations, les différents volumes sont organisés selon les principes de la phyllotaxie (la façon dont les parties d'un végétal, et notamment les feuilles, s'agencent de façon à maximiser la récupération de la lumière solaire, comme une plante.

         À Nianing, c'est le monde animal qui a inspiré le duo. Et d'abord le système de ventilation des termitières. De fait, alors que la température extérieure varie notablement entre la nuit et le jour, jusqu'à atteindre 50 °C, celle de l'intérieur du nid des insectes reste constante à environ 25 °C. L'une des clés réside dans l'effet cheminée: dans une enceinte ouverte en haut et en bas, l'air chaud monte, s'exfiltre à l'extérieur, et ce faisant "?aspire?" de l'air par le bas. Un courant d'air s'installe alors.

         Dans l'église, de l'air marin venu de l'ouest, frais, s'introduit dans le bâtiment via le clocher ou le portail (selon le moment de la journée) et parcourt la nef. Celle-ci est subdivisée en plusieurs volumes, de hauteur croissante de la façade au clocher, ouvert chacun au sommet. Par ces orifices, ainsi que par le haut du clocher, de l'air chaud s'échappe et met en mouvement, par effet cheminée, l'air marin qui abaisse la température intérieure de l'édifice. À l'inverse, aucune ouverture n'est exposée à l'harmattan, ce vent chaud et sec venu du désert. L'église est ainsi équipée d'un système de ventilation passive.

         Guy Theraulaz et ses collègues du Centre de recherches sur la cognition animale, à Toulouse, ont récemment découvert le rôle de la porosité des parois des termitières dans la régulation thermique. Une piste pour de prochaines constructions?

         Et où se cache le coquillage, en l'occurrence le cymbium, dont l'odeur de la chair séchée et faisandée sur les plages lui vaut le nom de "camembert du Sénégal"?? On le distingue dans le plan général vu du ciel, les courbes générales de l'église et son développement spiralé à partir d'un point évoquant la coquille. Termites et coquillages ont porté chance aux frères Vernoux, leur église ayant remporté en 2019 un Architecture Master Prize.

         L'architecture bio-inspirée est un courant en plein essor, porté notamment par la crise écologique qui marque notre époque. Il est pourtant ancien. Léonard de Vinci exhortait déjà ses élèves à "?prendre des leçons dans la nature, c'est là qu'est notre futur.?"
Le site de l'agence In Situ : www.insitu-architecture.net/fr     



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:

http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Lutte contre la pandémie de Covid-19 à Tizi Ouzou

Envoyé par Philippe
https://www.liberte-algerie.com/centre/la-dsp-lance-le-depistage-systematique-337787

Par Liberté Algérie par K. Tighilt le 23/04/2020

La DSP lance le dépistage systématique

             La Direction de la santé de la wilaya de Tizi Ouzou (DSP) a annoncé, hier, le lancement d’une campagne de dépistage systématique de tous les sujets contacts avec les cas confirmés positifs au Covid-19. Selon un communiqué de la DSP, cette opération concernera tous les sujets contacts confinés à domicile à travers tout le territoire de la wilaya.

             “Cette action a pour objectif de soustraire les sujets positifs susceptibles de constituer un vecteur de propagation”, a précisé le communiqué de la DSP qui a rassuré, par ailleurs, que pour mener cette opération d’envergure, les établissements hospitaliers ont été dotés de suffisamment de tests. Contacté hier, à ce sujet, le directeur de la santé, Abbes Ziri, nous a précisé qu’il s’agit d’une opération “musclée” qui vise à circonscrire les foyers de contamination en détectant les sujets atteints par le coronavirus avant même qu’ils ne contaminent d’autres personnes.

             “C’est une opération qu’on n’avait pas pu réaliser au tout début de la pandémie à Tizi Ouzou faute de kits de dépistage mais. Maintenant que nous avons les moyens de la réaliser, nous sommes en train de dépister l’ensemble des sujets contacts”, a estimé Abbes Ziri.

             Tout en expliquant que cette opération de dépistage a débuté avant-hier, Ziri a affirmé qu’elle a même commencé à porter ses fruits puisqu’elle a permis, a-t-il affirmé, de confirmer quatre cas au village El Kantra, à Larbaâ Nath Irathen suite à des tests rapides effectués parmi les sujets contacts d’un cas confirmé auparavant.

             Concernant la disponibilité des kits de prélèvement, le DSP a rassuré quant à leur disponibilité en affirmant avoir “exprimé un besoin de 500 tests et que la DSP en a reçu finalement 900”. “Nous disposons, ainsi, de suffisamment de tests pour mener à bien cette opération”, a indiqué Ziri, tout en expliquant que “l’intérêt aussi de ce test, qui dure 15 minutes, est de révéler encore plus rapidement les cas positifs et de les prendre en charge, ce qui nous fera gagner beaucoup de temps ace à la propagation rapide du virus”, a conclu le professeur Abbes Ziri.
K. Tighilt           


Coopération universitaire

Envoyé par Josiane
https://www.elwatan.com/pages-hebdo/etudiant/cooperation-universitaire-des-chercheurs-del-tarf-chez-le-pr-raoult-22-04-2020


El Watan   l Par M. Slim Sadki . - 22 avril 2020

Des chercheurs d’El Tarf chez le Pr Raoult

        L’université d’El Tarf, plus précisément sa faculté des sciences de la nature et de la vie, compte de nombreux chercheurs et hospitalo-universitaires ayant été formés à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU), aujourd’hui très célèbre de par le traitement anti-COVID-19 qu’il propose.

        La première parmi ces chercheurs, Mme Loubna Dib, actuellement vice-doyenne de ladite faculté, qui en 2006, il y a donc 14 ans, s’est rendue au laboratoire du Pr. Didier Raoult pour y effectuer un stage d’un mois à l’IHU et préparer sa thèse de doctorat.

        Elle nous raconte : «Le professeur a apprécié le sujet de mon travail et il m’a demandé alors de prolonger mon séjour de 15 jours, à ses frais. Il m’a appuyée ensuite pour un stage de longue durée de 18 mois avec une bourse de sa fondation de l’IHU. Le Pr. Didier privilégie en effet les stages de longues durées qu’il considère plus efficaces pour ses formations.

        Il y a eu, depuis, quatre autres enseignants chercheurs (doctorats) et cinq étudiants de notre institut des sciences vétérinaires qui ont été formés chez le Pr. Raoult. Nous venons, le 4 avril, de féliciter notre collègue Mme Basma Ouarti, doctorante en ce moment chez le Pr.

        Raoult avec qui il a signé son article qui vient d’être accepté par la prestigieuse revue Parasite.» Mme Dib nous informe encore que tous ces universitaires ont travaillé dans le cadre du projet «maladies émergentes» de l’IHU et qu’ils sont parfaitement en mesure de faire les tests de dépistages des virus.

        Le docteur Loubna Dib nous apprend encore, qu’en ce moment, son laboratoire qui dispose d’une PRC se dote d’un poste microbiologique 2 (PC2) comprenant l’indispensable hotte de sécurité, à défaut d’un labo de haute sécurité P3.

        Si tout va bien l’unité de dépistage d’El Tarf pourra être opérationnelle au début du mois de Ramadan. Les fournisseurs de ces matériels sont locaux. Il restera cependant à trouver les réactifs.

        Le département vétérinaire d’El Tarf a également formé ses enseignants à l’Institut Pasteur de Tunis. Nous avons appris avec stupéfaction qu’aucun de ces enseignants-chercheurs n’a été approché ou sollicité par les cellules et commission locales pour les associer à la lutte contre la propagation du Covid-19.

        Didier Raoult souhaitait résider à El Kala

        Le célèbre infectiologue et microbiologiste français, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes, scientifique renommé pour ses travaux, mais aussi estimé pour son franc-parler, et qui a préconisé l’usage de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus a fait un séjour à El Tarf en 2007.

        Il a séjourné plusieurs jours dans la région pour soutenir et raffermir les relations entre le Centre universitaire d’El Tarf à l’époque et son laboratoire, son institut et sa fondation qui accorde des bourses aux majors de promotion.

        Il a donc eu l’occasion de visiter la région. En se rendant à l’hôpital d’El Kala pour visiter le pavillon de l’infectieux, il a fait de petits détours dans la nature et a été subjugué par les paysages au point qu’il a demandé qu’on lui cherche une petite maison à louer, nous raconte Mme Dib. Malheureusement, nous dit encore la vice-doyenne de la faculté des sciences, il n’a jamais trouvé le temps de revenir.
Slim Sadki           


L’informel toléré par les autorités locales à Annaba

Envoyé par Laura
https://www.elwatan.com/regions/est/annaba/linformel-tolere-par-les-autorites-locales-a-annaba-19-04-2020

par liberté Algérie, par Mohamed Fawzi Gaidi 19 avril 2020 ,

Marché informel près de Oued Forcha
IL EST L’UN DES VECTEURS DE LA CONTAMINATION AU CORONAVIRUS

           Au total, ils sont six foyers de Covid-19 à être enregistrés au niveau de la wilaya de Annaba, a-t-on appris du directeur de la santé et de la réforme hospitalière.

           Outre les trois premiers foyers des localités d’El Fakharine, Bouzaroura et Aïn Sayad, trois autres ont été découverts en fin de semaine dernière, dont les cités Plaine Ouest (Les Allemands), 8 Mai 45 et la commune d’El Bouni. «C’est au moins une famille par foyer qui est contaminée par le Covid-19.

           Avec un total de six foyers, la situation n’est guère maîtrisable sachant que toutes ces cités sont concernées par le commerce informel», s’inquiète un praticien hospitalo-universitaire spécialiste en infectiologie.

           Comment expliquer cette recrudescence de contamination dans la wilaya de Annaba après un calme qui aura duré plusieurs semaines ?

           «C’est l’inconscience des habitants et la négligence des autorités locales, notamment la police en milieu urbain», s’insurgent des médecins.

           En effet, à constater le retour en force des charrettes de fruits et légumes, des vendeurs à la sauvette des ustensiles et autres objets de ménage à la veille du mois du Ramadan, l’on est en droit de tirer la sonnette d’alarme. «Il faut voir les bousculades des gens devant ces charrettes face à la mosquée fermée de Oued Forcha, à quelques pas de la 12e sûreté urbaine, pour justifier le nombre de contamination allant crescendo.

           Dans cette même cité, la police s’est déplacée dernièrement en nombre, sans avis préalable, avec des agents de l’APC pour enlever un grillage, placé par une famille pour éviter les regroupements des jeunes malfrats qui encouragent la propagation du Covid-19. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit des charrettes.

           D’un côté, on appelle sans arrêt au respect du confinement et la fermeture des commerces, et de l’autre on encourage tacitement le retour du commerce informel, banni totalement par Mohamed Salamani, l’ex-wali de Annaba», tonitruent les habitants de ces cités.

           Comble de l’ironie, on interdit, toujours à Annaba, le transport des matériaux de construction, dont la prestation, limitée en intervenant, ne représente aucun risque de contamination.

           Outre le blocage des chantiers, les chauffeurs de camion et ceux qui, au plus sont deux ou trois, chargent et déchargent les matériaux sont pénalisés. Journaliers en majorité, ils chôment depuis le début de cette décision avec des appréhensions financières justifiées à l’approche du mois sacré.

           Par contre, outre l’anarchie dans la distribution de la semoule, on tolère le bousculement des «pauvres» devant le service d’état civil pour le retrait des imprimés et dépôt des dossiers à l’effet de bénéficier des 10 000 DA d’aide. N’est-ce pas là une contradiction dans les mesures prises pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus ?
          
Mohamed Fawzi Gaidi                      


Trois leçons pour l’après-corona

Envoyé par Roger
https://www.liberte-algerie.com/chronique/trois-lecons-pour-lapres-corona-477


 Liberté Algérie - Par M. Amin Zaoui - 26/03/2020


           À quelque chose malheur est bon. Devant cette panique semée par cette pandémie qui avance sur tous les horizons, peut-on parler des leçons pour l’ère d’après-coronavirus ? Plus rien ne sera comme avant. Afin que nul n’oublie et face à cette pandémie qui avance sur son chemin ravageur, sans faire la différence entre les religions, les langues, les cultures et les géographies, peut-on parler des leçons emmagasinées pour un futur éveil d’une citoyenneté algérienne avertie ? Quelques leçons à saisir pour changer notre monde de demain, le monde d’après le déluge.

           1- Première leçon : l’école.
           C’est l’école des petits qui enfante les grands savants ! Dès le passage de cette pandémie, il nous est demandé, et en toute urgence, de revoir notre système scolaire. Appelons à la libération de notre école des mains des marchands des idéologies fatales, qu’importe l’idéologie islamiste ou “nationalisante”. Faire retourner l’école à sa noble mission : le savoir, les sciences et les arts universels. L’école algérienne, pendant un demi-siècle, trois générations successives ou presque, n’a produit que des pseudo-citoyens !

           Des pseudo-apprentis obsédés par le monde de l’au-delà plus que celui de ce bas monde, la vie ! On ne pourra jamais faire face à une éventuelle épreuve majeure ; une catastrophe naturelle, économique, sanitaire ou humaine sans la délivrance de l’école de ses charlatans, ses bluffeurs.

           Ceux qui ont remplacé la leçon de la physique par un prêche, ceux qui ont troqué un cours de mathématiques contre l’apprentissage des toilettes des morts, ceux qui ont échangé les littératures par une visite aux cimetières afin d’expliquer aux élèves “la torture de la tombe” (adhab el qabr) !

           Pour faire face à toutes les épidémies plausibles, nous avons besoin de libérer l’école de l’obscurantisme et du fanatisme. Imposer la raison et le savoir afin de concevoir une nouvelle génération capable de surmonter les fatalités, une génération armée d’une vision libre de toute interprétation fanatique illusionniste et mensongère. Ces petits enfants de l’école d’aujourd’hui seront les grands des laboratoires des recherches de demain.

           2- Deuxième leçon : la religion et la religiosité.
           En Algérie, et en Afrique du Nord en général, la religion a colonisé tous les espaces de notre vie quotidienne. La religiosité est un mode de vie ! La religion politisée et la religiosité d’apparence ont étouffé la raison de la société. Elles ont débusqué le sens de la liberté de la pensée individuelle. Depuis l’âge de l’école coranique jusqu’à l’âge de l’université, le citoyen est condamné à vivre noyé dans l’esprit du troupeau. Le communautarisme religieux.

           Le populisme religieux. La religion et la religiosité sont partout, et n’importe comment, dans le vestimentaire, dans la science, dans le sport, dans la nourriture halal ou pas, dans la communication, dans la météo, dans les banques, dans le lit, dans la baignoire, dans le ciel… La religion comme la religiosité sont aisément installées dans les partis nationalistes, les partis travaillistes, les partis islamistes, les partis libéraux, les partis sans odeurs !

           Les discours de quelques chefs des partis ne sont que les copies conformes des prêches des imams arides. Libérez la religion des marchands d e la religion. Rendez-la au spirituel, à l’individuel. Et le coronavirus nous a expliqué que la religion n’es t pas une réponse à l’épreuve !

           La réponse, la vraie réponse à l’épreuve se trouve dans la science, le travail, la discipline et le civisme. Après l’ère coronavirus, il nous est demandé, et avec un courage intellectuel et civique, de revoir la place de la religion dans notre société !

           3- Troisième leçon : la femme.
           Le coronavirus a sonné le glas. La pandémie nous indique, sans nuance aucune, que la femme algérienne, longtemps marginalisée et dévalorisée par l’idéologie machiste répandue, détient avec brio et audace le secteur de la santé, ou plutôt ce qui reste de ce secteur. Dans ce pays, si espoir parviendra, il ne sera que féminin ! Donnez le pouvoir aux femmes et faites-leur confiance, elles sauveront le monde ou ce qui reste de ce monde.

           Elles sont fortes par leur transparence, par leur fragilité d’acier, par leur savoir-faire et par leur matrice créative. Afin que plus rien ne sera comme avant, il faut combattre la culture machiste et laisser la place à l’intelligence féminine. Trois leçons à apprendre pour l’après-coronavirus, et la vie sera sauvée ou presque.

           Une école libérée. Une religion respectée et mise à sa place. Une femme citoyenne. Ainsi, notre pays sera capable d’affronter toute autre épreuve, avec un civisme exemplaire, un laboratoire productif, un mode de vie sociale correct, une nourriture adéquate, une prière heureuse, un citoyen qui ne crache pas sur le trottoir et un laborieux qui respecte le temps de son travail.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr                      



Médias et liberté d’expression

Envoyé par Nicole
https://www.liberte-algerie.com/actualite/le-temps-des-incertitudes-337812


 Liberté-Algérie - Par Karim K. - 23/04/2020

Le temps des incertitudes

           D’aucuns se demandent si la traque de la fausse information, déclenchée par les autorités, ne charrie par des velléités d’un étouffement des voix qui s’expriment sur les réseaux sociaux et partant sur les sites d’information.

           À la question de savoir si on pouvait légitimement parler d’une “nouvelle Algérie” et de l’édification de la démocratie au moment où les libertés enregistrent, de l’avis de beaucoup, un recul et des journalistes sont emprisonnés, le porte-parole de la présidence de la République, Belaïd Mohand-Oussaïd s’est limité à des poncifs, sans convaincre, a priori. “Il se trouve que des pratiques auxquelles certains se sont habitués ne sont pas adaptées à l’État de droit que nous sommes en train d’édifier.

           Il y a un encouragement de la liberté de la presse. Il y a 350 médias qui écrivent et critiquent sans aucun problème. Nous avons besoin de critique et d’opposition, mais dans la limite de la loi, de l’éthique et de la morale publique. Ceux qui ont été poursuivis sont tombés sous le coup de ces trois limites et ils sont des justiciables comme tous les citoyens”, a-t-il dit avant de rappeler l’“engagement” du chef de l’État à respecter la liberté d’expression et de la presse sans “aucune restriction”.

           Hasard du calendrier ou concours de circonstance, c’est au moment où il tentait de rassurer sur les intentions de l’Exécutif que RSF publiait son classement mondial de la liberté de la presse et dans lequel l’Algérie arrive à la peu enviable 146e place, loin derrière le Maroc (133), la Mauritanie (97), la Tunisie (72) et même… la Palestine (137). Une régression — l’Algérie ayant perdu cinq places par rapport à l’an passé — que l’ONG attribue au climat politique dans lequel a évolué la presse algérienne ces deux dernières années.

           “Dans un contexte politique assez instable, la liberté de l’information en Algérie demeure fortement menacée. Les autorités continuent à verrouiller le paysage médiatique avec de nombreux procès intentés contre des journalistes (…)”. “Sous pression judiciaire, la presse algérienne peine à remplir sa mission”, relève l’ONG qui estime que la récente incarcération de son correspondant en Algérie, Khaled Drareni, a montré comment les “autorités de certains pays profitaient de l’épidémie de Covid-19 pour régler leurs comptes avec le journalisme indépendant”.

           Ce constat de l’ONG, qui tranche singulièrement avec les affirmations des autorités, intervient dans un contexte qui fait encore peser davantage d’incertitudes sur la liberté d’expression et par ricochet sur la liberté de la presse.

           En effet, quelques jours seulement après le blocage de certains sites d’informations, dont Maghreb Emergent et Radio M, sous prétexte d’infraction à la loi sur le financement étranger des médias, puis justifié au motif de “diffamation”, l’arrestation de certain internautes, un projet d’amendement du code pénal, qui fait d’ores et déjà grincer des dents parmi les professionnels des médias et même des politiques et des acteurs de la société civile, a été adopté, hier, avec une curieuse célérité, par le Parlement.

           Présenté en Conseil des ministres comme s’inscrivant dans le cadre des engagements du Président, notamment pour ce qui a trait à la moralisation de la société et de l’administration, et à la rupture définitive avec les pratiques ayant porté atteinte à l’image de l’État et à la probité de ses cadres, “à condition que cela intervienne dans le cadre d’un État fort et équitable sans aucune ambiguïté entre la liberté et l’anarchie”, ce projet de loi dispose, entre autres, de “criminaliser les actes qui se sont répandus ces dernières années au point de menacer la sécurité et la stabilité du pays, notamment la diffusion de fake news pour porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics, l'atteinte à la sûreté de l'État et à l'unité nationale…”.

           Si le ministre de la Communication, Amar Belhimer, a justifié l’élaboration du texte par la diffusion récente de certaines informations relatives au coronavirus, lesquelles, selon lui, avaient “effrayé des familles”, d’aucuns se demandent, en effet, si la traque désormais de la fausse information ne charrie pas des velléités d’étouffement de certaines voix qui s’expriment sur les réseaux sociaux et partant sur les sites d’information.

           Car, enfin, faute de transparence et d’un accès libre à l’information, qui peut bien apprécier de la fausseté d’une information et de son caractère attentatoire à la “sécurité publique, à l’unité nationale et à la sûreté de l’État” ? Faut-il y voir une volonté des autorités, visiblement dépassées par l’inflation des informations distillées sur les réseaux sociaux et qui alimentent des fois même les médias, incommodées par celles relatives à des institutions sensibles de l’État, d’accaparer le monopole de la communication sur la vie publique ?

           Après la décision de la Présidence fin décembre dernier décrétant que “l’information officielle est rendue publique à travers des communiqués de la présidence de la République publiés par l’agence Algérie presse service (APS) et que toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et de la désinformation”, il y a tout lieu de croire que l’on s’achemine vers un contrôle plus strict de “toute information” dont on aura jugé qu’elle relève d’une “fake news”.

           De quoi réduire davantage le champ d’expression et par conséquent de la presse, déjà fortement éprouvés par des entraves de diverses natures.
Karim K.                      


MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
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Pour Mme Monique Mazzéo

             Coucou à tous,

             Avez-vous connu Monique Richard née Mazzéo, bônoise née en 1947 ?
             Elle aimerait retrouver des copines du lycée Mercier, elle habitait la cité Auzas, rue Bélisaire dans la maison de ses grand-parents François et Anna De Grégorio. Son frère Yves Mazzéo a deux ans de plus.
             Merci de vos retours que je transmettrai.
             Bises à tous, Nathalie.
         Mon adresse est, (cliquez sur) : Nathalie
De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
    PDF 135a                                                   N° 136
    PDF 136                                                       PDF 136A
    N° 137                                                       PDF 137
    PDF 137A                                                       PDF 137
    N° 138                                                       PDF 138 Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : jarrige31@orange.fr

Peut-être que oui, peut-être que non
Envoyé Par Fabien

          Il était une fois un modeste paysan de la vieille Russie. Il était veuf et n'avait qu'un fils.

          Un jour, son cheval disparut. Tous ses voisins le plaignirent, en disant qu'une bien triste chose était arrivée. "Peut-être que oui, peut-être que non", répondit-il.

          Trois jours plus tard, son cheval revint accompagné de trois chevaux sauvages. Les voisins l'envièrent et lui affirmèrent: "Quelle chance tu as !". A quoi il répondit : "Peut-être que oui, peut-être que non".

          Son fils tenta de monter l'un des chevaux sauvages, tomba et se cassa une jambe. Les voisins dirent : "Quelle guigne !" - "Peut-être que oui, peut-être que non", répondit une nouvelle fois le paysan.

          Trois jours plus tard, les huissiers du tsar vinrent chercher tous les jeunes hommes valides pour les enrôler dans l'armée, et le fils du paysan ne fut pas enrôlé. "Quelle chance tu as !" déclarèrent les voisins au vieux paysan.

          Nous ne voyons qu'un tout petit bout de notre réalité. Qui sait à quoi peuvent être utiles les expériences que nous vivons !
Sagesse de LAO-TSEU



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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».

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