N° 199
Novembre

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Novembre 2019
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
  LA MEMOIRE DE NOVEMBRE    

         Les 1er et 2 novembre, l'on célèbre la fête des Saints et celle des Morts. Pour nous, exilés forcés, célébrer les morts ou fleurir leurs sépultures, est souvent très difficile parce que des tombes et des cimetières ont disparus, mais pour celles encore " debout " cela est possible avec un peu de volonté.

         C'est certain, que pour notre communauté Pieds-Noire, la date du 1er novembre évoque de tristes souvenirs. Le 1er novembre 1954, en Algérie, des terroristes indépendantistes commettent plusieurs dizaines d'attentats, dont certains meurtriers. C'est la "Toussaint rouge" qui touche particulièrement la population civile. Cela est gravé dans notre mémoire collective.

         Ces actions surnommées " événements " surviennent dans une Algérie française découpée en plusieurs départements mais divisée entre :
         - 8 millions, environ, de musulmans qui ont un statut d'indigène et relèvent du droit coranique coutumier voulu et revendiqué par eux,
         - Et près d'un million de citoyens français appelés Pieds-Noirs issus de l'immigration de la métropole et du bassin méditerranéen, de juifs locaux naturalisés par obligation en 1870, de musulmans peu nombreux ayant renoncé au statut coranique.

         Ces " événements " durèrent 8 ans et firent des milliers de morts de part et d'autre, sans oublier notre tragique exode de 1962 après de terribles massacres contre notre communauté.

         C'est pourquoi, notre communauté aspire à vivre dans la paix comme tout homme normalement constitué. Vivre dans la paix et la sécurité est une nécessité de l'homme. Cela lui permet d'assurer sa survie et celle de sa famille, de réaliser ses projets et accomplir son parcours sur terre dans la sérénité.

         Il faut donc, faire ce que l'on peut pour éviter les guerres. Il ne faut pas laisser faire ceux qui veulent nous entraîner dans des conflits, à cause de leurs propres intérêts qui sont proches de la finance ou de la religion. Cela ne veut pas dire que nous devons tout accepter. Une saine coopération entre les peuples est toujours plus avantageuse que le conflit voulu par des " Etats ".

         C'est ainsi qu'Albert Camus le 8 août 1945 écrivait après le lancement de la bombe au Japon.
         " Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. " Albert Camus 8 août 1945 dans Combat.

         En 1962, " l'entre l'enfer et la raison " de Camus, s'est traduit " entre la valise ou le cercueil ". Dans très peu d'années cela se traduira " entre l'exode ou la dhimmitude ", par la faute de gouvernants aussi criminels et lâches que ceux de 1939 et ceux de 1962.

         Dans mes éditos, j'ai souvent parlé de Mémoire, d'Histoire et de Paix, ces journées de novembre sont aussi importantes qu'un 11 novembre où nos ancêtres ont chèrement payé de leurs personnes pour la paix et il est primordial d'y penser et de se souvenir. La Seybouse, notre journal mensuel, en est un des passeurs de Mémoire pour préserver la paix et prévenir l'avenir.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.


Saint-Louis
ECHO D'ORANIE - N°280
A Jocelyne,

         Si tu savais petit village oranais,
                   Combien enfant je t'ai aimé,
          Aujourd'hui, loin de toi, restent la nostalgie,
                   Les souvenirs, les regrets.
          Invisible à nos yeux, immanent pour toujours
                   Dans nos cœurs,
          Naguère, tu étais le berceau de ma mère,
                   De mon père et des leurs...
          Temporelle, ton image me hante désormais
                   Perdue dans les ténèbres du nombre des années.

         L'église, ses escaliers, tes rues blanches,
                   Tes arbres au carré, le Ros café...
          Ou est le cimetière? Saccagé?
                   Les êtres aimés qu'on voulait longtemps prier ?
          Unique y était ta fraternité:
                   Tes fils "arc-en-ciel" y vivaient en toute amitié
          Illusion d 'avenir en commun... Ignominie
                   Des hommes et leurs idées,
          Si tu savais Saint-Louis, tes enfants éloignés, séparés,
                   Et ceux déjà partis, au ciel, se retrouver ! 
        
Colette
Décembre 2001


GRANDES FIGURES
FRANÇAISES D'ALGERIE  
Envoyé par M. Piedineri
JERÔME BERTAGNA (1843-1903), LE " BOSS " BÔNOIS
Inauguration de la statue en l'honneur de l'ancien maire de Bône Jérôme Bertagna (extrait de L'Illustration algérienne, tunisienne et marocaine d'avril 1907) :
" LES FÊTES DE BÔNE
Une Statue à Jérôme Bertagna


                 A l'heure où paraissent ces lignes, la ville de Bône inaugure, en grande pompe, la statue de Jérôme Bertagna qui administra pendant un quart de siècle cette coquette cité. Le monument qui se dresse sur la principale avenue est de belle allure ; les traits ont été couverts au moyen d'une souscription publique qui a rapidement atteint une centaine de mille francs. Il est dû au ciseau d'un artiste de grand talent, le sculpteur Sicard qui compte parmi les grands maîtres de la statuaire moderne. Le piédestal est fait d'un très beau marbre moucheté vert et gris provenant d'une carrière de Corse, le motif principal et les bas reliefs sont en bronze. Le maire de Bône est représenté, assis au sommet du piédestal dans une attitude méditatrice. A ses pieds une figure allégorique de femme, symbolisant l'Algérie, offre les produits du pays tandis qu'un marin dont la barque se détache de la masse du monument salue d'un geste large le bronze de l'ancien maire.

                 Les grandes fêtes organisées à l'occasion de cette cérémonie impatiemment attendue par les amis du statufié, aussi fidèles à sa mémoire qu'ils le furent à sa politique, seront présidées par les plus hautes personnalités du département. (...)

                 L'hommage qui est rendu à Jérôme Bertagna est de ceux que la critique ne saurait ni amoindrir ni entamer, car l'œuvre de l'homme considérable dont l'image se dresse au-dessus de la cité qu'il aima tant ne tient pas dans des phrases creuses ou des gestes inutiles ; elle a marqué sa puissante et bienfaisante empreinte au point de vue économique sur tout un département, au point de vue politique sur l'Algérie toute entière. Des fêtes magnifiques auront lieu à Bône, à l'occasion de l'inauguration du monument Bertagna. La présence de la musique du 3e Zouaves et d'une flottille de torpilleurs en rehausseront encore l'éclat. "


CHARLES DEBONNO, " LE ROI DE BOUFARIK "

                 " Le Maltais, Charles Debono, le roi de Boufarik, fut un aventurier qui devint, en 10 ans de travaux et d'efforts intelligents, l'un des plus riches colons de l'Algérie. Grâce à l'aide du gouverneur Tirman, qui le fit chevalier de la Légion d'Honneur trois ans après sa naturalisation, il fut, un temps, le plus gros viticulteur du pays mais aussi l'homme le plus endetté. En 1902, il devait encore à la Banque d'Algérie la coquette somme de 8 315 000 F, et son domaine, fortement hypothéqué, de 1816 hectares ne valait pas plus de la moitié de cette somme. Ce colon brasseur d'affaires que le gouverneur et les ministres recevaient régulièrement, riche de millions qu'il empruntait, dut finalement liquider tous ses biens. Sa mémoire resta pourtant honorée, surtout à Boufarik dont il fut le bienfaiteur. " (Charles-Robert Ageron, historien)


                 Extrait de L'Illustration algérienne, tunisienne et marocaine du 20 avril 1907 : " On a appelé la Mitidja " le joyau d'émeraude " de l'Algérie et, de fait, nulle contrée ne semble mériter mieux ce titre flatteur si l'on songe surtout que la culture européenne avec ses prairies, ses vignes, ses immenses champs de céréales, ses orangeries, ses vergers, son élevage, y a triomphé de la pestilence, des marécages et des fièvres. Parmi les pionniers de cette œuvre colossale, M. Charles Debonno doit être placé au premier plan tant par l'étendue de son domaine que par la variété des cultures et l'audace de son énorme effort.


                 Pendant trente ans, dans la plaine et sur les coteaux, il a semé une douzaine de fermes admirablement outillées, cultivées selon les données les plus rigoureuses de l'agronomie, démonstration évidente de ce que peut la terre algérienne quand le travail, l'intelligence, l'activité et le capital s'unissent pour la féconder. (...)

                 Il a transformé totalement le pays, et, par son exemple, a attiré dans la Mitidja, dans le Sahel et sur le versant nord de l'Atlas, une pléiade de courageux colons. Il affronté les fièvres et les difficultés de tout ordre ; poussé et soutenu par le Gouvernement qui attendait de lui des démonstrations décisives, il a arraché des milliers d'hectares à l'inculture, au marécage, au palmier nain et au lentisque pour en faire des vignobles, des orangeries, des jardins. "



LE MUTILE N° 64 du 20/10/1918 (Gallica)

Le Vrai Poilu
                 Vous m'avez demandé, Monsieur, de vous expliquer ce que c'était qu'un poilu dont vous avez si souvent entendu parler. Bien que votre ignorance soit d'ordre criminel, je veux bien vous édifier alors qu'il vous aurait suffi d'assister à un débarcadère de la Transat et d'écarquiller les yeux pour vous instruire, puisque vous ne pouvez pas aller à la tranchée voir les poilus sur le vif.

       Le poilu, c'est l'homme dont tout le monde parle, c'est l'homme redevenu rustique par instinct et par nécessité. C'est celui que tout le monde regarde avec plus de curiosité que de pitié ; c'est l'homme qui souffre et ne sait pas se plaindre, qui sent sa fin prochaine, qui court à la mort et meurt sans une plainte.
        C'est lui qui, pendant plusieurs jours, sait demeurer enterré dans un trou profond, étroit, à demi rempli d'eau, de boue et parfois de sang, dans le voisinage de cadavres qui lui servent de parapet et parfois d'oreiller, qui supporte la pluie et le froid beaucoup plus vif qu'autour des chenets chargés de braise, qui vit dans les ténèbres qu'il lui est défendu d'abréger par un brin de clarté.

       Le poilu c'est celui qui ne peut jamais être propre, qui se couche machinalement aussi bien sur la paille humide en décomposition que sur la paille sèche où courent les totos ou encore sur la terre glacée, à moins que ce ne soit dans la boue.
        II sait demeurer quelquefois 48 heures, immobile, accroupi dans un boyau, en bulle à l'artillerie ennemie qui peut le carboniser, l'asphyxier, le rendre fou ou le décapiter. Il vit depuis quatre-ans passés dans cet enfer, s'attendait à tout instant à être déchiqueté, cependant qu'autour de lui les uns rient ou pleurent. Parfois son sang jaillit cependant qu'il étanche celui d'un camarade, il ne dort presque jamais car il entend travailler sous lui dans les entrailles de la terre et s'attend à voltiger dans les airs.

       Le poilu sait rester deux ou trois jours le ventre presque vide, il sait se désaltérer à l'aide de l'eau puisée sous ses pieds à moins qu'il n'ait l'aniol qui tord les boyaux et endort le cerveau. Il a perdu la notion de la civilisation, de l'hygiène, du confortable, de la raison, de la pitié ; rien d'humain ne subsiste en lui si ce n'est pour ses camarades de combat avec lesquels il est en contact quotidien. Les autres, le poilu ne s'en préoccupe pas. Il les voit tomber d'un oeil sec ; pourquoi devrait-il- s'attendrir puisque le même sort est réservé à tous ? Le poilu ne porte généralement pas de décoration, peut-être parce qu'il en faudrait trop pour récompenser tous ses exploits. Il n'est ni secrétaire d'état-major, ni employé d'intendance, ni automobiliste ; c'est sans doute pour cela que ceux-ci les regardent avec morgue, avec insolence, presque avec mépris. Il ne porte pas une vareuse pincée, surmontée d'un faux-col éblouissant, comme certains militaires dont le soin apporté à la toilette atteste les loisirs.
        Il ne couche pas dans un bon lit, ne cire pas ses belles trois fois par jour mais se voit critiquer par les oubliés de l'arrière parce qu'il a le pantalon taché, une capote sans boutons, les cuirs déchirés.

       C'est lui qui, dans les cantonnements, arrive toujours le dernier et se loge en plein vent quand les autres, que ne risquent pas d'atteindre les balles, sont installés dans les granges abondamment pourvues. On l'admire mais on s'écarte de lui de crainte d'attraper des poux, on craint ses propos trop crus.
        Le poilu, c'est celui qui ne parle que lorsqu'il revoit sa famille, ses amis, son pays, trop occupé de les aimer. C'est le fantassin qui va dans la tranchée ainsi que le sapeur qui, sans relâche, travaille dans les entrailles de la terre, toujours dans les ténèbres au fond des galeries traîtresses et sournoises, qui s'arrête par moment pour appliquer l'oreille contre la paroi de la galerie et relient son souffle pour écouler l'ennemi qu'il devine tout a côté.

       Combien sont-ils de poilus sur le front ?
        Moins que l'on ne croit. Que souffrent-ils, que risquent-ils ? Beaucoup plus qu'on ne croit. Que fait-on pour eux ? On en parle, on les vante, on les admire... de loin.
        Les illustrés tentent de les passer à la postérité par le crayon de leurs, artistes, les clichés de leurs appareils ; les névrosées se plaisent flirter avec eux par lettres, mais ou oublie trop que le poilu c'est le seul espoir du pays, que c'est lui seul qui garde ou prend la tranchée malgré et contre tout, et voila pourquoi, Monsieur, des gens peut-être bien intentionnés nous demandent, après quatre ans de guerre, ce que c'est qu'un poilu.
Jacques COMBERLET
Mutilé de guerre, amputé du bras droit, décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre.


PHOTOS DE BÔNE
Envoyé par M. Jean Louis Ventura
 
PLACE D'ARMES  




CASERNEMENT DES OFFICIERS DE LA 3ème DB




LE PORT



QUELQUES VUES DE BÔNE




QUARTIER ARABE VU DU MARABOUT DES SANTONS



COURS NATIONAL ET HÔTEL DE VILLE

CIGARETTE LA SEMEUSE


Un journal algérien au XIXe siècle :
La Démocratie Algérienne de Bône (1886-1913).

             Résumé

             De 1870 à 1918, la presse bônoise compte 154 titres. Parmi lesquels La Démocratie Algérienne, fondée en janvier 1886. Ce journal qui est le premier quotidien à un sou à paraître dans le département de Constantine s'affirme bientôt comme le plus important des organes de la presse bônoise. Son tirage est de l'ordre de 1000 à 1500 exemplaires et son aire de diffusion couvre tout l'est du département de Constantine. Il paraît sur quatre pages et édite, lorsque le besoin s'en fait sentir, un supplément de deux pages. Les deux tentatives qu'il fait en 1890 et 1893 pour se doter d'un supplément hebdomadaire illustré se soldent par un échec. La Démocratie Algérienne se présente d'abord comme un journal d'informations et consacre régulièrement sa première page au service des dépêches que lui assure l'Agence Havas. Mais elle est également, et surtout, l'organe du Parti Républicain Progressiste (opportuniste), des milieux d'affaires et de la grosse colonisation de la région bônoise.

             Dominique Bertagna qui s'en assure la propriété dès 1888 est le frère de Jérôme Bertagna, maire de Bône, conseiller général de Mondovi (Dréan) un des leaders du parti dans l'Est Algérien où il est un des plus grands propriétaires fonciers. En 1913, La Démocratie Algérienne cesse de paraître ; elle est remplacée par La Dépêche de l'Est.

             Le 18 janvier 1886, à Bône paraît le premier numéro d'un nouveau journal : La Démocratie Algérienne. Dans cette ville, la seconde du département de Constantine, par la population (1) et dont l'activité économique se développe sous l'impulsion du trafic portuaire et de la mise en valeur de la plaine de la Seybouse, la presse est déjà ancienne et particulièrement vivante (2). Elle compte treize journaux et revues dont La Seybouse, doyenne de la presse locale qui paraît depuis 1844. Le Petit Bônois organe du parti radical et La Petite Revue Agricole organe des intérêts viticoles de l'Est algérien et de la Tunisie, dirigée par Jules Royer, propriétaire-viticulteur à l'Allélick dans la banlieue bônoise. Quelques années plus tard, le 24 décembre 1890, dans un article intitulé "A nos lecteurs", La Démocratie - est ainsi que le journal est désigné habituellement - se félicite de cette importance de la presse locale qui, compte alors dix-huit titres :

             "Avec l'instruction laïque et obligatoire tous ceux qui savent lire considèrent comme un devoir de se tenir au courant des événements. De là une abondance de publications périodiques qui font de notre cité une des plus avancées de la colonie. Loin de déplorer cette pousse de feuilles nous nous en félicitons. Elle est le signe caractéristique du degré intellectuel atteint par nos concitoyens. Le soleil luit pour tout le monde ici. Les nombreux journaux trihebdomadaires bônois comme les quotidiens ont leur raison d'être".

             En 1890 La Démocratie Algérienne a conquis définitivement la première place dans la presse bônoise. Son concurrent le plus dangereux Le Petit Bônois a disparu en 1888 à la suite d'un conflit entre ses principaux dirigeants V. Quaintenne et Pierre Omessa (3) et la fondation en 1891 du Réveil Bônois par Maxime Rasteil (4) ne remettra pas en cause cette prépondérance malgré les attaques incessantes dont La Démocratie sera l'objet de la part de cette nouvelle feuille. Jusqu'à sa disparition le 28 février 1913, La Démocratie fait donc figure de véritable institution bônoise. Elle s'impose par sa longévité et sa stabilité alors que les autres publications, à l'exception du Réveil Bônois (5), disparaissent tour à tour après une plus ou moins brève existence. Elle triomphe de la concurrence et des rivalités politiques et réussit à conserver une large clientèle de lecteurs. Son tirage qui se maintient entre mille et mille cinq cents exemplaires (6) est un des plus importants de la presse du département de Constantine et n'est dépassé que par ceux de l'Indépendant et du Républicain, deux journaux du chef-lieu du département qui tirent chacun à plus de deux mille exemplaires. "L'Annuaire de la Presse" signale d'ailleurs que La Démocratie est très répandue et que, de ce fait, elle est, à Bône, le Journal le plus recherché pour les annonces publicitaires commerciales et financières.

             En effet, l'audience de La Démocratie déborde le cadre de la ville de Bône. Elle fait plus figure de journal régional que de feuille locale. Certes, c'est à Bône et dans son faubourg de la Colonne - Randon qu'elle est le plus largement diffusée. C'est là que se trouve le plus grand nombre de dépôts de vente : trois en 1886, cinq en 1890, sept en 1891. Un service assuré par des "yaouleds" porte à domicile le journal des abonnés. En outre, à partir du 27 décembre 1890, La Démocratie est criée sur la voie publique toute la matinée.

             "Certains lecteurs s'étant plaint de ne plus trouver le journal dans les dépôts une heure après sa parution".

             Mais la diffusion de La Démocratie est aussi organisée dans d'autres villes de l'Est Algérien. A La Calle il en existe un dépôt de 1886 à 1894 (7), puis deux à partir de 1898, l'un chez Monsieur China, coiffeur, et l'autre chez Monsieur Lucien Gaillard, propriétaire. A Guelma, elle est en dépôt chez M. Nataf, libraire place Saint-Augustin, dès 1886 et vendue sur la voie publique à compter du 19 novembre 1891. Le 30 septembre 1894 c'est à Tébessa qu'un nouveau dépôt est ouvert chez Constant Counis, marchand de tabacs rue du Cours. D'autres dépôts sont implantés à Souk-Ahras - où le journal est distribué à partir de 11 heures (8) - et à Constantine où "les Docks de la Presse" fondés en 1889 (9) assurent dans leur kiosque de la place de la Brèche et grâce à trente crieurs la diffusion de la plupart des journaux du département.

             Zone de Diffusion de "la Démocratie Algérienne" (En Algérie)

             Au moyen des abonnements La Démocratie pénètre également dans les campagnes. Elle est distribuée dans les domaines et les centres de colonisation de la plaine de Bône et dans les régions desservies par le chemin de fer de la compagnie du Bône-Guelma qui joue un grand rôle dans la diffusion de la presse bônoise. Certains abonnés sont mentionnées à Morris, Randon, Mondovi, Zerizer, Duvivier, Blandan. Par les services de messageries et les diligences elle peut pénétrer encore plus loin dans l'intérieur. Un abonné, Monsieur Charnellet, écrit le 5 septembre 1891 de Sedrata près de Ain-Beida et des correspondances assez régulières en provenance de Youks-les-Bains, Cheria, Morsott, Ain Fakroun, Canrobert, semblent indiquer la présence dans chacun de ces villages de quelques lecteurs de La Démocratie. D'après les renseignements fragmentaires dont nous disposons, l'aire de diffusion de La Démocratie semble donc correspondre essentiellement à l'Est du département de Constantine, c'est-à-dire à la région qui, de 1956 à 1974, constituera le département de Bône (Annaba) (10).

             Hors d'Algérie La Démocratie diffuse quelques exemplaires en métropole et sans doute en Tunisie. L'envoi, en 1890, de quelques numéros à Mendoza en Argentine, ne peut être qu'occasionnel (11). A cette époque, quelques colons quittent l'Algérie pour l'Amérique latine.

             En France, la clientèle du journal est constituée par les colons en vacances - à l'intention desquels est institué chaque année un abonnement d'été au numéro, - et par certaines familles de colons ou de fonctionnaires installés dans la région bônoise.

             Le 28 juin 1891 on trouve la mention d'un abonné résidant à Villeneuve-le-Roi. Ils devaient être plus nombreux dans le Midi et en Corse d'où sont originaires de nombreux bônois (12). D'ailleurs le 6 novembre 1900 La Démocratie annonce qu'elle est désormais en vente dans tous les kiosques de Marseille et 17 rue Paradis, dans la même ville. En ce qui concerne la diffusion en Tunisie on ne possède aucun renseignement précis si ce n'est la référence faite à la Régence dans le titre du journal qui se définit en 1886 "organe des intérêts de l'Algérie et de la Tunisie" (13). Mais on sait par ailleurs qu'il existe de nombreux liens économiques et humains entre la région bônoise et certaines zones tunisiennes. Beaucoup de familles installées à Bône ont des parents dans les régions de Tabarka, Ain-Draham et Tunis. Certains imprimeurs et publicistes comme E. Lecore-Carpentier (14), Pierre Omessa (15), Jacques Gaillard (16), Paul Jacquinot d'Oisy (17), partagent leurs activités entre Bône et Tunis et les rapports entre la presse bônoise et la presse tunisoise sont étroits tout au long de la période 1870-1918 (18).

             L'apparition et le succès de La Démocratie Algérienne constituent une date importante dans l'histoire de la presse du département de Constantine où elle est le premier quotidien à un sou (19) et le premier journal d'informations rapides. L'Indépendant et le Républicain de Constantine, les deux grands quotidiens du chef-lieu ne passent respectivement à un sou qu'en 1894 et 1898. Ces deux nouveautés sont soulignées dans le premier numéro du 18 janvier 1886 : "la création d'un journal quotidien à bon marché avec un fil télégraphique spécial répondait à un besoin dans le département de Constantine où il n'existait jusqu'à ce jour que des journaux dépourvus à peu près d'informations rapides . . ."

             La Démocratie est un quotidien du matin qui paraît à 11 heures sauf le dimanche. Après avoir annoncé le 27 décembre 1890 que "le travail de nuit étant organisé, La Démocratie sera vendue tous les jours sur la voie publique comme les grands journaux de France à 6 heures du matin en été et à 7 heures en hiver. . ."

             L'heure de parution fut définitivement ramenée à 11 heures le 1er novembre 1893. La pagination n'en comporte jamais plus de quatre pages. Seul le format s'agrandit à plusieurs reprises. La dernière fois, le 1er décembre 1896, il passe de 35/50 à 40/57 ce qui entraîne l'accroissement du nombre de colonnes par page, de quatre à cinq. A partir de cette date la surface de lecture offerte par le journal ne varie plus jusqu'à sa disparition.

             Elle peut cependant se révéler trop étroite, compte tenu de l'actualité et des nécessités de l'information. Le journal, qui n'a qu'une édition, procède alors à une deuxième, voire à une troisième édition dans le courant de l'après-midi. Mais le cas est relativement rare. On ne le relève que quatre fois : en 1891 (le 21 janvier) après une chute de neige exceptionnellement importante sur la région bônoise et en 1894, les 25, 26 et 27 juin à l'occasion de l'assassinat du Président Carnot. La solution la plus couramment adoptée est celle du supplément de deux ou quatre pages, gratuit le plus souvent, ou à 5 centimes comme l'édition normale du journal. De 1886 à 1913 ce sont vingt neuf suppléments qui sont ainsi édités. Ces suppléments sont consacrés soit au feuilleton (20), lorsque les nécessités de l'actualité l'ont empêché de trouver place dans l'édition normale du journal, soit aux télégrammes concernant un événement important lorsque ceux-ci sont arrivés après l'heure de parution du journal. Ces suppléments sont diffusés uniquement dans la ville de Bône, sauf ceux consacrés au feuilleton, et le contenu en est repris dans l'édition normale du lendemain à l'intention des lecteurs de l'intérieur comme le signale l'avis "à nos lecteurs du dehors" du 29 mars 1899 :

             "nous avons fait paraître hier soir à 17 heures un supplément annonçant l'expulsion de Max Régis, l'arrivée du préfet et relatant divers incidents. Nous reproduisons ce supplément dans le corps du journal".

             Enfin par deux fois, en 1890 et 1893, La Démocratie essaie de se doter d'un supplément illustré hebdomadaire. Elle désire ainsi prouver qu'un journal algérien est capable de rivaliser avec les dernières innovations de la presse métropolitaine. Le 24 décembre 1890 elle annonce à ses lecteurs :

             "nous avons en outre pensé que pour rester au niveau du mouvement ascensionnel qui se produit dans la Métropole, une lacune devait être comblée. On aime maintenant voir populariser par l'image l'actualité. La plupart des feuilles quotidiennes sont complétées par des publications hebdomadaires illustrées. Il nous était impossible de ne pas suivre le mouvement. Dimanche prochain nous ferons paraître, sous le titre Bône-Illustration, un journal illustré de quatre pages avec plusieurs gravures".

             Cette première tentative échoua sans doute par suite de difficultés techniques (21). Le journal était imprimé partie à Bône et partie à Paris. Seuls quelques numéros paraissent en 1891(22).

             En 1893 nouvelle tentative annoncée le 10 juin sous le titre : La Démocratie Algérienne Illustrée : "nous allons faire paraître très prochainement - peut-être dimanche 18 ou lundi 19 - un journal illustré de 8 pages supplément à la Démocratie Algérienne. Cette nouvelle feuille sera exclusivement littéraire. Les illustrations de la première et de la huitième page seront en couleur dans le genre de celles du Petit Journal. A la quatrième et à la cinquième page seront des gravures et des portraits d'actualité et de mode. C'est une innovation qui, à Bône et dans la région, aura certainement un grand succès. Déjà sans en avoir parlé dans ce journal nous avons une page entière de réclames locales et un certain nombre d'abonnés".

             Vendu 5 c le numéro, La Démocratie Algérienne Illustrée eut peut-être un grand succès lors de la parution de ses premiers numéros en juillet 1893 mais, comme son prédécesseur Bône-Illustration, elle n'eut qu'une vie éphémère et ce pour les mêmes raisons. A Bône, l'imprimerie Centrale d'où sortait La Démocratie n'était pas suffisamment outillée. L'impression d'une partie du nouveau périodique était confiée à une société parisienne et, par suite de difficultés de liaisons entre Paris et Bône il ne put paraître régulièrement (24). Il ne put donc concurrencer victorieusement les journaux parisiens comme il semble en avoir eu l'intention, et disparut assez rapidement sans doute dès la fin de 1893. Dans le cadre de ses quatre pages, la présentation du journal ne varie que faiblement tout au long de son existence de 1886 à 1913.

             La première page est consacrée essentiellement aux télégrammes reçus de l'agence Havas avec laquelle Démocratie signe un contrat le 1er mars 1886 (25). En général ils occupent les trois, puis quatre, colonnes de gauche lorsque le journal passe à cinq colonnes. Une seule fois, le 11 avril 1895 ils sont rejetés en page trois. Ce jour-là la première page est consacrée à l'affaire Nicolas (26) qui fait grand bruit dans la région bônoise. Les télégrammes sont classés sous diverses rubriques qui varient en fonction de l'actualité : Débats à la Chambre, débats au Sénat, pendant les sessions du Parlement français, Madagascar en 1895, l'affaire Dreyfus en 1899, la guerre du Transvaal en 1900 ou la question marocaine en 1907. Les titres de certains télégrammes sont repris en manchettes sur toute la largeur de la page. Ces manchettes se contentent de signaler l'événement jugé le plus important. Elles sont strictement informatives et ne donnent en aucune manière l'opinion du journal sur les faits cités. La colonne de droite est consacrée aux nouvelles locales et algériennes et parfois au début de l'article - leader. Le haut de la première colonne est un emplacement privilégié dont l'utilisation varie : avis aux lecteurs concernant la vie du journal, annonce d'un nouveau feuilleton répétée plusieurs jours de suite, bulletin de la Bourse de Paris communiqué par le Crédit Lyonnais, renseignements généraux tels que météo, mouvement du port, intitulés "la journée d'hier" et, du 1er août 1892 au 2 juillet 1895, tous les lundi" cliché d'actualité". Il s'agit du portrait gravé d'un homme" qui fait l'actualité", suivi d'une biographie sommaire ou d'un interview.

             "C'est un genre nouveau adopté par nos confrères de Paris et de la province". . . ainsi que le signale un avis publié le 29 juillet 1892 pour annoncer cette modification apportée dans la présentation du journal. C'est la seule illustration du journal si l'on excepte, les 21 et 22 mars 1903, la photo des trois assassins de l'affaire de Sidi-Aissa. Comme le dit le journal du 18 janvier 1887 pour son premier anniversaire :

             "il suffit au lecteur affairé ou qui ne peut lire une grande quantité de journaux, de parcourir attentivement cette page pour être au courant, non seulement de la politique, mais encore des événements survenus dans le monde entier".

             La dernière page est consacrée exclusivement à la publicité. Les réclame pour les entreprises de Bône et de sa région sont les plus nombreuses mais il s'y mêle de la publicité provenant de Métropole par l'intermédiaire de l'agence Havas, par exemple, pour les grands, magasins parisiens tels que "Le Printemps". Particulièrement nombreuses sont les publicités pour les produits pharmaceutiques, les compagnies de navigation, les boissons alcoolisées, au premier rang desquelles figure l'Absinthe. Avec le temps la publicité s'accroît et déborde sur la page trois qu'elle partage avec les petites annonces, les annonces légales et parfois l'Etat-Civil hebdomadaire de Bône, les mercuriales" (27) ou une rubrique "faits divers".

             La page deux est celle dont la présentation change le plus. L'élément le plus stable en est le feuilleton qui, placé en bas de page, occupe à peu près le quart de la surface imprimée. C'est un élément important du journal auquel il doit apporter la clientèle féminine considérée a priori comme peu intéressée par les informations politiques. C'est du moins ce qui ressort de la publicité faite pour chaque nouveau feuilleton. Viennent ensuite l'article-leader qui occupe la première colonne à gauche, la chronique régionale, la chronique locale, la chronique théâtrale, en automne-hiver, qui occupent les trois colonnes de droite et débordent parfois sur la page trois. C'est dans cette page que sont insérés les différents articles qui traitent des questions d'actualité, articles écrits par un rédacteur permanent ou occasionnel du journal ou extraits d'un autre journal. Leur importance est très variable mais ils sont souvent réduits à une seule colonne. Ces articles peuvent être remplacés par des rubriques éphémères telles que "courrier de Paris" en 1895, "un peu de tout" en 1895, "chronique sportive", en 1905, "à travers la presse" en 1905. par des correspondances ou par les compte-rendu des séances du conseil municipal de Bône, du conseil général de Constantine, du conseil supérieur de l'Algérie, des Délégations Financières ou du Parlement, lorsque c'est un représentant du département qui est intervenu ou que leur objet intéresse particulièrement l'Algérie. Enfin chaque année au mois de juillet, cette page deux est entièrement consacrée plusieurs jours de suite aux palmarès des différentes écoles de Bône et à la publication in-extenso des discours de distribution des prix. Même le feuilleton cède momentanément sa place ; le journal s'en excuse auprès de ses lecteurs le 20 juillet 1896.

             "ainsi que les années précédentes les palmarès et discours prononcés aux distributions des prix nous ont fait transformer la physionomie habituelle du journal et interrompre la publication de notre feuilleton qui sera repris sans interruption demain".

             La fondation de La Démocratie Algérienne est due à l'initiative d'un "groupe politique très influent dans le département" comme le signale l'annuaire de la presse en 1894. Ce groupe où se mêlent hommes d'affaires, colons, politiciens et journalistes constitue le noyau du parti républicain progressiste qui s'est mis en place à Bône et dans sa région dès la fin du Second Empire.

             Le journal est d'abord la propriété d'une société anonyme enregistrée le 21 mars 1886 en l'étude de maître Diehl notaire à Bône. Cette société fondée pour vingt ans, dispose d'un capital de 40 000 francs souscrits par cent quinze actionnaires (28) parmi lesquels figurent la plupart des hommes d'affaires importants de la région bônoise (29) et le député de Constantine Gaston Thomson. Le conseil d'administration de neuf membres est placé sous la présidence de Prosper Dubourg, maire opportuniste de Bône (30). En août 1888 le journal est racheté par Dominique Bertagna (31) qui semble bien avoir joué un rôle déterminant dans sa fondation.

             En effet, lorsque La Démocratie consacre, le 3 janvier 1905 un article à son vingtième anniversaire, elle le cite comme étant un des principaux fondateurs aux côtés de Ferdinand Marchis, Albert Fournier et Louis Vernin. D'autre part le nom de Dominique Bertagna figure pratiquement sans interruption dans le titre du journal de 1888 à 1908. Il y est qualifié de propriétaire (32) puis de directeur politique à partir du 24 décembre 1890.

             Dominique Bertagna appartient à une famille de la région de Nice venue s'installer en Algérie peu de temps après la conquête. Avec son frère aine Jérôme il se lance dans les affaires et tout deux acquièrent rapidement une des plus importantes fortunes de la région bônoise (33). Le symbole de leur réussite est le domaine de Guebar qu'ils rachètent en 1881 à Monsieur de Saint-Croix (34). Forts de leur immense fortune Dominique et Jérôme Bertagna figurent parmi les notables les plus influents de la région bônoise, où, de 1880 à 1908, ils s'assurent pratiquement le contrôle du parti républicain opportuniste (35) et relèguent dans l'opposition le parti radical (36). La carrière politique de Jérôme Bertagna est particulièrement brillante (37) : Membre de la commission municipale de Bone en 1870, adjoint au Maire Dubourg, il est révoqué par un décret du Maréchal Mac-Mahon. En 1879 il retrouve sa place de deuxième puis de premier adjoint et en 1888 il devient maire de Bône à la mort de Dubourg. Il siège à la Mairie de Bône sans interruption (38) jusqu'à sa mort le 24 août 1903 (39). Conseiller général de Mondovi de 1886 à sa mort, il est à plusieurs reprises président du Conseil Général et délégué au Conseil supérieur de l'Algérie. Il fait partie de nombreuses commissions telles que la commission d'enquête sur le Biskra-Ouargla (1893) (40) et la commission extraordinaire interdépartementale chargée de présenter au Conseil Supérieur les mesures pour rétablir la sécurité (1893). Il est enfin à partir de 1892 directeur du "Syndicat de la Seybouse association de colons fondée pour régler le problème de l'irrigation dans la plaine de Bône.

             La carrière politique de Dominique Bertagna apparaît moins brillante que celle de son frère aine dont il seconde les desseins dans la presse (41). Conseiller municipal et conseiller général de Morris-Randon depuis 1895, il quitte cette circonscription en 1903 pour se faire élire à Mondovi au siège de conseiller général laissé vacant par la mort de son frère. La même année il est élu conseiller municipal de Bône et délégué au Conseil supérieur de l'Algérie. Après s'être démis, en 1908, de tous ses mandats "pour convenance personnelle" il revient à la politique en 1909. Il est élu maire de Mondovi, délégué financier colon, conseiller général et délégué au conseil supérieur de l'Algérie de la même circonscription. Il conserve ses mandats jusqu'à sa mort survenue à Paris en novembre 1916 (42).

             Ferdinand Marchis (43) qui joue un rôle essentiel aux côtés des frères Bertagna dans le financement de La Démocratie Algérienne, est né à Bône en 1851. Après avoir débuté comme "employé de la maison Bertagna" il passe ses examens de droit et s'inscrit au barreau de Bône. Grâce à l'influence de Jérôme Bertagna il ne tarde pas à être nommé avoué et son étude, avec 50000 francs de revenus par an, devient rapidement la plus importante de la ville (44). Allié à la famille Bertagna (45) c'est encore grâce à elle qu'il débute dans la vie politique. Conseiller général de Bône-Nord dès 1877, conseiller municipal en 1884, premier adjoint en 1890, il succède en 1903 à Jérôme Bertagna en tant que maire de Bône et président du syndicat de la Seybouse. En 1904 enfin il est élu délégué financier colon de Bône. En 1908 il rompt avec Dominique Bertagna (46) et, contre La Démocratie lance un nouveau journal Le Républicain de Bone (47). Cette rupture est le début d'une période d'instabilité municipale qui se répercute dans la presse bônoise (48) et qui entraîne, en 1909, la disparition momentanée de La Démocratie Algérienne (49).

             Par opposition aux hommes politiques que sont les frères Bertagna et F. Marchis, Albert Fournier et Louis Vernin, qui figurent également parmi les fondateurs de La Démocratie sont avant tout des journalistes.

             Le premier (50) ne fait qu'une courte apparition au sein de la rédaction du nouveau journal. Louis Vernin (51) qui occupe le poste de rédacteur en chef de 1890 à 1910 en est au contraire la véritable cheville ouvrière.

             A côté de ces fondateurs-dirigeants, La Démocratie Algérienne regroupe beaucoup d'autres personnalités de moindre importance dont la collaboration au journal est souvent limitée dans le temps. Pour la plupart d'entre elles nous ne disposons que de renseignements très fragmentaires. C'est le cas de la plupart des gérants qui se succèdent de 1886 à 1913 et parmi lesquels seuls Charles Schmitt (52) et surtout Matthieu Alexandre Mariani (53) atteignent une certaine notoriété ; le second, après avoir débuté comme typographe, finit par s'associer à Dominique Bertagna auquel il rachète, en 1898 l'Imprimerie Centrale et, semble-t-il, La Démocratie Algérienne.

             Il est difficile d'autre part de définir parmi tous les noms qui signent des articles dans le journal, quels sont les membres de la rédaction, les collaborateurs occasionnels ou les personnes entièrement étrangères au journal. Deux fois seulement le journal annonce qu'il s'est attaché les services de journalistes en renom sur le plan algérien.

             Il s'agit, le 12 août 1896, de Emile Foubert et, le 3 novembre, de la même année, de François Beuscher (54). La plupart du temps les signatures apparaissent et disparaissent du journal sans explication ; en effet, beaucoup d'articles sont empruntés à un confrère de la presse métropolitaine ou algérienne. Dans ce cas la signature du journaliste est généralement accompagnée du nom du journal auquel l'article a été emprunté. Cette formalité est cependant parfois omise (55) et on ne peut donc affirmer pour autant que Georges Clemenceau était effectivement collaborateur de La Démocratie Algérienne, lorsque le 6 janvier 1904 un éditorial consacré au traité franco-siamois y paraît sous sa signature sans autre précision. La Démocratie Algérienne compte parmi ses rédacteurs de nombreux collaborateurs locaux (56) qui signent des correspondances, des poèmes, des chroniques théâtrales, judiciaires, agricoles ou médicales. Ils utilisent la plupart du temps des pseudonymes dont on parvient rarement à percer l'anonymat (57). Pour beaucoup d'entre eux le journalisme n'est qu'une activité secondaire (58) et leur collaboration au journal qu'occasionnelle.

             Certaines personnalités politiques de la région bônoise, outre Dominique Bertagna et Fernand Marchis prêtent également leur concours au journal. Dominique Forcioli jusqu'en 1892, Charles Michel, Philippe de Cerner, José Barris du Penher, René Gelas, Emile Verrier y signent quelques articles. Leur collaboration, en général très épisodique s'accroît durant les périodes électorales et à l'occasion de certains événements comme l'affaire des phosphates (59) ou l'affaire de l'Ouenza (60). Gaston Thomson député de la circonscription de 1898 à 1932 (61) est celui dont la participation est la plus soutenue, il signe de nombreux éditoriaux consacrés à des questions de politiques étrangère ou de défense nationale.

             A la rédaction du journal figurent enfin des journalistes professionnels : A. Fournier, A. Dumont, G. Poulet en ont la responsabilité au cours des premières années avant l'arrivée de Louis Vernin au poste de rédacteur en chef.

             Avant 1886 ils faisaient déjà partie de la presse bônoise et ont contribué, sous l'égide de Dominique Bertagna, à lancer les journaux du parti opportuniste parmi lesquels Le Phare de l'Est qui cesse de paraître le 17 janvier 1886. Après le départ de Louis Vernin, la rédaction en chef est confiée en 1912 à Geoffroy Mataguez "qui s'est déjà fait connaître dans la presse métropolitaine et algérienne où il a été recruté par Dominique Bertagna" (62) dont il est le secrétaire jusqu'en 1913.

             Les signatures de nombreux journalistes en renom figurent également dans les colonnes de La Démocratie. Ce sont des journalistes de la presse métropolitaine comme J. Domergue, Hugues Le Roux, Emmanuel Arène, H. Harduin, Lissaragay (63) auquel Louis Vernin consacre un article le 26 janvier 1893 où il le dépeint comme "un ami de l'Algérie et un adversaire des arabophiles". Plus nombreux sont les journalistes "algériens" comme Lys du Pac, Henri Quiévreux, Pierre Batail, Auguste Beuscher, E. Cat, A. Casteran. Mais pour la plupart d'entre eux il est difficile d'établir la nature de leur collaboration au journal et, en tout état de cause, celle-ci ne semble jamais avoir eu qu'une importance secondaire dans leur carrière journalistique qui se déroule pour l'essentiel à Paris, Alger, Constantine ou Oran

             La Démocratie se veut journal d'information avant tout.

             Cette vocation est soulignée fortement dans le programme exposé dans le numéro 1 du journal :
             "Ne sera-t-il pas en effet agréable et utile pour tout le monde de pouvoir, chaque matin, dès la première heure, prendre connaissance des débats parlementaires de la veille en même temps que des nouvelles départementales et régionales, satisfactions que n'ont pu procurer jusqu'ici à nos concitoyens les feuilles de Constantine et d'Alger qui, tout en donnant des renseignements intéressants sur la politique générale ne peuvent arriver en temps utile avec La Démocratie Algérienne ni s'occuper des intérêts locaux comme le fera ce journal".

             Cet aspect régional de l'information est plus particulièrement souligné dans la suite du programme :

             "Est-il nécessaire d'ajouter que ce journal offrira à tous nos concitoyens du département où il sera répandu avec profusion un autre avantage que chacun comprendra : des mesures ont été prises et dans chaque ville, dans chaque commune, dans chaque hameau, un correspondant spécial et désigné fera parvenir â La Démocratie Algérienne tout fait intéressant la société ou la politique".

             Le souci de l'information régionale reste primordial pour le journal tout au long de son existence. Le 18 janvier 1887, l'éditorial précise :
             "c'est par les informations que nous voulons obtenir la faveur du public. Notre première page contient chaque jour et résume brièvement les faits les plus marquants qui se produisent quotidiennement.
             Le 23 avril 1904 le service télégraphique est amélioré et un avis paru en première page en avise le public en ces termes :
             "nous avons le plaisir d'annoncer à nos fidèles lecteurs et abonnés que notre service télégraphique de la Dernière Heure a été considérablement augmenté. Nous recevons tous les jours de l'Agence Havas un télégramme direct de Paris daté de 5 heures du matin, lequel nous donne les événements les plus importants qui se sont produits dans le monde".

             Le 3 janvier 1905 pour son vingtième anniversaire c'est encore sur la qualité de ses informations que le journal met l'accent en soulignant qu'il répond par là à un désir général : le public réclame surtout des informations télégraphiques. Il veut lire tous les matins dans son journal des nouvelles du monde entier. C'est pour le satisfaire que nous allons nous imposer de nouveaux sacrifices. Nous avons à cet effet passé un traité avec l'Agence Havas et dans 15 ou 20 jours, grâce à un fil spécial et à un service de nuit très complet nos lecteurs trouveront en première page quatre fois plus de dépêches qu'actuellement.

             Enfin au cours des années, lorsqu'un événement important se produit soit en Algérie soit à l'extérieur de la colonie, le journal fait remarquer qu'il met tout en œuvre pour que ses informations soient les plus rapides et les plus complètes de toute la presse locale. En 1887 la fête du 14 juillet risque d'être troublée par l'agitation boulangiste. Dans le numéro portant la date du 14 juillet, La Démocratie Algérienne annonce :
             "qu'elle a pris ses dispositions pour pouvoir publier dès demain vendredi matin le compte rendu détaillé de la fête nationale du 14 juillet. Elle a assuré son service télégraphique de façon â donner tous les incidents qui pourraient se produite aujourd'hui jeudi à Paris, à Clermond-Ferrand et dans les principales villes de province".

             En novembre de la même année 1887 se déroule à Bône un procès important celui de "l'affaire des fausses taxes". Le 10 novembre le journal prévient ses lecteurs qu'il a pris ses dispositions pour sortir à 6 heures du matin au lieu de 11 heures pendant toute la durée du procès. En 1891, au contraire, le 25 janvier, le journal paraît exceptionnellement de 11 heures à midi au lieu de 7 heures pour pouvoir donner l'audience du matin du procès Omessa (64). On pourrait ainsi multiplier les exemples montrant combien le journal est soucieux de s'adapter aux nécessités d'une information aussi complète et rapide que possible (65). Les préoccupations politiques ne sont pas pour autant absentes du journal qui, dès son premier numéro, affirme son intention d'être.

             "le journal du parti républicain progressiste"
             La Démocratie n'est cependant pas un journal d'opinion. Les grands débats politiques qui agitent les débuts de la République ne suscitent dans ses colonnes qu'un faible intérêt (66). La politique est surtout envisagée sur le plan régional et à l'occasion des campagnes électorales. Lors de chaque consultation le journal intervient. Il publie les noms de ses candidats, parmi lesquels figurent systématiquement les frères Bertagna, leur profession de foi et des réponses aux attaques dont ils sont la cible dans les journaux adverses. Mais La Démocratie n'est ni un journal de combat ni un journal électoral. Dans ses colonnes, la campagne électorale, toujours brève, garde un ton modéré.
             Le vocabulaire injurieux, si fréquent dans la presse algérienne, surtout lors de la crise antijuive, n'est utilisé qu'exceptionnellement (67) même dans les nombreuses polémiques avec le Réveil Bônois (68) et il semble bien que le journal n'ait été condamné qu'une seule fois pour diffamation en 1892.

             La Démocratie fait preuve d'ailleurs de beaucoup de méfiance vis à vis de la politique ; elle déplore que, en Algérie, elle se réduise trop souvent à des querelles de personnes où la diffamation tient lieu d'arguments. La politique divise et entrave le développement économique, cette idée chère à la bourgeoisie est naturellement reprise par La Démocratie qui sous l'influence des Bertagna est l'organe de la bourgeoisie d'affaire et de la grosse colonisation de la région bônoise (69).
             La plupart des candidats qu'elle soutient lors des élections appartiennent à cette catégorie sociale (70) et se sont ses intérêts économiques que le journal défend à propos du canal de la Seybouse (71) du dessèchement du lac Fetzara (72), de l'affaire des phosphates, de la crise phylloxérique ou de l'affaire de l'Ouenza. L'économie tient donc une grande place dans le journal et parmi les questions économiques, la priorité est accordée à l'agriculture, la clientèle du journal étant en majeure partie constituée de colons (73).
             L'agriculture est abordée dans ses aspects techniques et dans ce domaine de nombreux articles sont empruntés à des publications spécialisées comme Le Fellah qui paraît à Constantine à partir de 1890, le Chêne Liège qui paraît à Bône à partir de 1895 ou La Petite Revue Agricole. Ils traitent de l'introduction de nouvelles cultures comme la ramie ou le sorgho à sucre et surtout des moyens de lutte contre le phylloxera. La commercialisation des produits agricoles : blé, vin, liège, bétail. . . fait d'autre part, l'objet de longs développements (74). Enfin les relations entre colons et indigènes sont surtout évoquées en termes de sécurité, la paix dans le bled conditionnant la production agricole et donc la prospérité de l'Algérie souvent assimilée à celle des colons. "

             Ainsi La Démocratie comme elle l'indique encore le 26 février 1908 se place résolument sur le "terrain des affaires" plus que sur celui des idées et c'est dans cette perspective que, à partir de 1906, elle défend la politique de conciliation qui amorce, dans le département de Constantine, le rapprochement entre radicaux et opportunistes dans le cadre du parti radical et radical-socialiste sous l'égide de Gaston Thomson et de Paul Cuttoli (75).

             Après avoir été durant vingt huit ans le porte -parole le plus écouté des milieux de la colonisation dans la région bônoise, La Démocratie Algérienne disparaît le 28 février 1913. Elle en était à son 8245e numéro. Cette disparition liée sans doute au déclin de la famille Bertagna après la mort de Jérôme et à la nouvelle redistribution politique sur le plan local, est due également à l'évolution des formes de la presse écrite dans le département de Constantine depuis l'apparition en 1908 de la Dépêche de Constantine.
             La Démocratie Algérienne était dans sa conception, un journal de province typique du XIXe siècle. Elle cède la place à La Dépêche de l'Est où, sous des formes nouvelles, les mêmes intérêts vont continuer à s'exprimer et à contrôler une part importante de l'information dans l'Est Algérien (76).

NOTES
(1) 29 640 habitants en 1888. (Annuaire de la Presse).
(2) La Seybouse (1844) - L'Est Algérien (1868) - Le Courrier de Bône (1871) -Le Phare de l'Algérie (1874) - L'Avenir de l'Est (1880) - Le Simoun (1880) - Le Radical Algérien (1881) - La Fronde (1882) - Le Petit Bônois (1882) - Le Tam-Tam Algérien (1883) - La Torpille (1864) - Le Courrier de l'Est (1884) - Le Passe Temps Algérien (1884) - Le Phare de l'Est (1885) - La Petite Revue Algérienne (1885) - La Gazette Algérienne (1885) - La Bonne Nouvelle (1885) - La Petite Revue Agricole (1886) - Le Progressiste (1886).
(3) Le Réveil Bônois, 26 avril 1900 : V. Quaintenne (M. Rasteil) La Kabylie, 1 février 1891 : Omessa (Jean de Blida).
(4) Le Réveil Bônois, 16 février 1933 : article nécrologique sur Maxime Rasteil.
(5) Le dernier numéro (18 201) du Réveil Bônois paraît le 22 octobre 1946.
(6) On possède trois chiffres de tirage : 1 000 exemplaires en 1886 (A.N.-F.80 1729) ; 1 000 exemplaires en 1901 (P. Albert, Documents pour l'histoire de la presse de province dans la seconde moitié du XIXe siècle (CNRS) ; 1 200 exemplaires en 1904 (AN-F.80-1729).
(7) le 19 novembre 1894 La Démocratie Algérienne annonce la fermeture de ce dépôt et recommande aux lecteurs callois de s'abonner s'ils veulent continuer à recevoir le journal.
(8) "Avis aux lecteurs", 24 décembre 1891.
(9) Publicité parue dans le Clairon de Constantine en septembre 1889.
(10) Les sentiments régionalistes contre la prépondérance de Constantine sont assez développés dans la région bônoise. La presse s'en fait l'écho et réclame très tôt la création d'un département dont Bône serait la préfecture. La Démocratie Algérienne, 22 août 1900 : Le département de la Seybouse (Louis Vernin). 118 L.P. MONTOY
(11) La Démocratie Algérienne, 12 juillet 1890.
(12) En 1907, est fondé à Bône un journal intitulé La Corse Algérienne. L'imprimeur- propriétaire en est A. M. Mariani.
(13) La référence à la Tunisie disparaît le 28 mars 1891.
(14) Edmond Lecore-Carpentier (1860-1920). Imprimeur et publiciste à Bône où il est un des propriétaires du Petit Bônois. En 1888, il transfère son imprimerie à Tunis où il devient directeur du Petit Tunisien puis de la Dépêche Tunisienne dont le premier numéro paraît le 25 décembre 1889.
(15) Pierre Omessa ( -1938). Journaliste et imprimeur à Bône de 1883 à 1890 : il est associé à Lecore-Carpentier. Il est rédacteur en chef du Petit Bônois puis du Bônois. En 1891 il doit quitter Bône à la suite d'un drame familial et se fixe à Tunis où il collabore successivement au Messager Tunisien (1892) à la Libre Dépêche (1893) et à la Victoire (1906).
(16) Jacques Gaillard ( -1914). Journaliste à Tunis ; fondateur en 1907 du Cri de Tunis ; il est le frère de William Gaillard (1870-1934) qui est un des principaux journalistes de la presse bônoise. Leur père Jean-Jacques Gaillard est avocat à Bône où il meurt en 1896.
(17) Jacquinot d'Oisy (1862 ) Directeur de La Kasbah de Tunis. En 1890, il devient rédacteur en chef du Courrier de Bône ; il est appelé par Dominique Bertagna.
(18) Le 11 février 1913 La Démocratie Algérienne signale que La Dépêche Tunisienne est un des journaux les plus lus dans l'Est du département de Constantine.
(19) Le prix du journal n'a pas varié jusqu'à sa disparition en 1913. Le numéro : 5c

(20) Neuf suppléments sont consacrés au feuilleton.
(21) La Démocratie Algérienne, 28-29 décembre 1890 : "par suite de la perturbation apportée en France dans les courriers, l'apparition de Bône-Illustration est retardée de quelques jours".
(22) Ils sont conservés à l'Annexe de la Bibliothèque Nationale de Versailles.
(23) Aucun numéro n'en a été retrouvé dans les différents dépôts d'archives consultés : Archives de la wilaya de Constantine, Archives de la wilaya d'Alger, B.N. d'Alger, archives municipales de Annaba (Bône) ; Archives d'outre-mer à Aix ; annexe de la B.N. à Versailles.
(24) La Démocratie Algérienne, 3 juillet 1893 : "les numéros de la Démocratie illustrée que nous attendions par le courrier de ce matin de Paris, ne sont pas arrivés".
(25) La Démocratie Algérienne, 4 mars 1886 : "à nos lecteurs".
(26) II s'agit du procès des meurtriers de Charles Nicolas, inspecteur général de l'agriculture, assassiné le 10 novembre 1894 dans sa propriété de Bou Zitoun près de Duvivier.
(27) Démocratie Algérienne, 7 juillet 1887. "Sur la demande d'un grand nombre de nos lecteurs, nous donnerons tous les jours le prix du blé sous le titre "mercuriales". Les colons des environs seront ainsi tenus au courant des variations subies par les blés et pourront, avec la certitude de connaître le prix moyen, apporter leur récolte sur le marché de Bône".
(28) La liste de ces cent quinze actionnaires est publiée dans le Réveil Bônois, le 21 novembre 1908.
(29) Parmi les actionnaires figurent : José Barris du Penher, propriétaire de plus de 10000 hectares de chênes-lièges dans la région de la Calle ; Jérôme Bertagna ; Philippe de Cerner, directeur du Mokta el Hadid ; Bernard Denave, minotier à Souk-Ahras ; Louis Lavie, minotier à Guelma ; Georges Lesueur, propriétaire des carrières de Filfila ; René de Sainte-Croix, colon à Mondovi ; Achille Veil, négocient à Bône.
(30) Prosper Dubourg (1816-1888). Son portrait et sa biographie paraissent le 14 avril 1907 dans le numéro 2 de La France Algérienne, journal de Bône.
(31) Le Républicain de Constantine, 4 août 1888 : vente de La Démocratie Algérienne.
(32) II semble bien qu'il soit associé à son frère Jérôme Bertagna qui est souvent présenté dans la presse bônoise comme le véritable fondateur et propriétaire de La Démocratie Algérienne.
(33) Le Républicain de Constantine, 17 octobre 1915. Dominique Bertagna souscrit pour 660 000 francs à l'emprunt de la Victoire. Il est le plus gros souscripteur du département de Constantine après la Compagnie Algérienne qui a souscrit pour 1 500 000 francs.
(34) Ce domaine de 5 000 hectares d'un seul tenant est situé dans la plaine de Bône près de Mondovi. Les conditions dans lesquelles les frères Bertagna s'en rendent acquéreurs suscite une polémique quelques années après dans Le Réveil Bônois - 18 décembre 1895 : la succession de Sainte-Croix et les frères Bertagna.
(35) Leurs adversaires radicaux intransigeants puis antijuifs parlent de Bertagnisme cf. le Réveil Bônois, 28 août 1901 : Ce qu'est le Bertagnisme ce qu'est le Mauginisme (M. Rasteil).
(36) Le partie radical est mieux implanté dans la région de Constantine qui est le fief électoral de son leader Emile Morinaud (1865-1952).
(37) Biographie très complète de Jérôme Bertagna dans la Démocratie Algérienne du 25 août 1903 et dans {Avenir de l'Est du 18 avril 1907. Sa statue érigée par souscription publique en 1907 sur le Cours National rebaptisé Cours Bertagna, domina jusqu'en 1962 cette artère centrale de la ville de Bône.
(38) Impliqué dans "l'affaire des phosphates", il fut révoqué au début de 1896 et réélu triomphalement au mois de mai de la même année.
(39) Cette mort est un événement considérable pour La Démocratie Algérienne qui paraît avec sa première page encadrée de noir les 24, 25, 26, 27, 28, 29 et 30 août 1903. Quant à la rubrique" la presse et la mort de Jérôme Bertagna" elle dure jusqu'au 10 septembre 1903.
(40) II s'agit de la voie ferrée dont la construction doit être l'amorce du Transaharien à destination du Tchad.
(41) Outre son rôle à la Démocratie Algérienne, il est, en 1886, rédacteur au Phare de l'Est de Bône et en 1901, il achète avec Maurice Boët l'Indépendant le grand quotidien opportuniste de Constantine.
(42) Le Réveil Bônois, 13 novembre 1916 : Dominique Bertagna (M. Rasteil).
(43) La Dépêche de l'Est, 8 et 10 octobre 1930 : la mort de F. Marchis (article nécrologique).
(44) Ses annonces légales paraissent régulièrement dans La Démocratie Algérienne.
(45) Dominique Bertagna est son beau-frère (Atlas Sétifien, 22 décembre 1907).
(46) En janvier et février 1908, Le Réveil Bônois publie à propos de cette rupture toute une série d'articles intitulés "Autour de la cassure"
(47) Le premier numéro paraît le 29 janvier 1908.
(48) Le 15 mai 1809, Le Républicain de Bône et La Démocratie Algérienne cessent de paraître ; ils sont remplacés par l'Union Algérienne. Les adversaires de ce rapprochement font paraître le 17 mai 1909 l'Action bônoise qui se présente comme le successeur de la vieille Démocratie de 1886. Le 20 décembre 1909, après l'échec de Marchis aux élections municipales, La Démocratie Algérienne reparaît et contre elle est lancé, le 13 mars 1910, Le Ralliement Bônois, qui soutient le maire Bulliod face aux ambitions vraies ou supposées de D. Bertagna et de F. Marchis réconciliés.
(49) Déclaration de Dominique Bertagna, Démocratie Algérienne, 16 mai 1909.
(50) La Démocratie Algérienne, 19 mai 1890, article nécrologique - Albert Fournier, (1840- 1890) né à Dijon ; il est le cousin d'Eugène Spuller. Il collabore à l'Est Algérien de 1868 à 1870 puis à La Seybouse de 1872 à 1886 avant d'occuper le poste de rédacteur en chef de La Démocratie Algérienne de 1886 de France à Callao (Pérou) auquel il vient d'être nommé.
(51) La Dépêche de l'Est 17 février 1923, article nécrologique. Louis Vernin (1849-1923) né à Apt. Il vient s'installer à Bône à la fin du Second Empire. Après s'être adonné au commerce, il se lance dans le journalisme où, à la tête de La Démocratie Algérienne il devient un des principaux animateurs de la presse opportuniste du Constantinois. En 1910 il est nommé sous-préfet de Calvi. En 1918 il entre dans l'administration des tabacs et meurt à Nice en février 1923.
(52) La Dépêche de l'Est, 9, 12, 13 avril 1929. Charles Schmitt (1876-1929) fils d'un fonctionnaire des douanes à La Calle. Typographe à Tunis, Constantine et Sétif, il entre en 1899 à l'Imprimerie Centrale ou est édité La Démocratie Algérienne ; il y exerce la fonction de Prote durant 20 ans et celle de gérant du journal de 1902 à 1912. Après la guerre il quitte la presse et devient l'associé de son beau-père F. Chamboredon, acconier à Bône.
(53) La Dépêche de l'Est, 1 et 2 juillet 1941 ; la mort de M.A. Mariani (articles nécrologiques).
(54) La Dépêche de l'Est, 24 septembre 1952 : la mort de F. Beuscher.
(55) Ce genre d'omission provoque des protestations, surtout lorsque l'article a été emprunté à un confrère de la presse régionale.
(56) Leur entrée à la rédaction est souvent indiquée dans la chronique locale : 25 janvier 1886 ; 27 octobre 1890 ; 26 janvier 1894, 7 février 1894.
(57) Les pseudonymes des journalistes professionnels sont par contre mieux connus : Moustique (François Beuscher) - Jérôme Paturot (Auguste Beuscher) - Bombyx (Henri Girou) - Jean de Blida (Ernest Mallebay) - Maximilien, Jean de Bone et Julie de Reillane (Louis Vernin).
(58) Victoriano Prax est propriétaire forestier ; Th. Bauguil, vétérinaire ; Ch. Bodin ingénieur agronome ; A. Souleyre ingénieur des Ponts et Chaussées ; P. Dubois, colon au Nador ; E. Dandrieu, pharmacien.
(59) Voir A. Ageron, Les Algériens Musulmans et la France (P.U.F. 1968), tome I p. 475 et suivantes.
(60) De 1902 à 1910, deux projets sont en présence pour l'exportation du minerai de fer de l'Ouenza, l'un par Bizerte, l'autre par Bône.
(61) La Dépêche de l'Est, 15, 16, 17 mai 1932 : la mort de Gaston Thomson.
(62) La Démocratie Algérienne, 4 juin 1912.
(63) Prosper Olivier Lissagaray (1830-1901) jouit d'une grande popularité en Algérie où il effectue plusieurs voyages. En 1892, il vient à Bône : cf Le Bônois 7 juin 1892 ; La Démocratie Algérienne, 8 juin 1892.
(64) Pierre Omessa, journaliste à Bône, tue sa femme et son amant, le lieutenant Darier - Chatelain en août 1890. Acquitté par la cour d'assises de Bône, il s'installe à Tunis en mars 1891.
(65) La Démocratie Algérienne, 10 février 1906 : nos câbles et notre service télégraphique (Louis Vernin).
(66) La Démocratie Algérienne adopte alors une attitude anti-boulangiste, anti-panamiste, anti-anarchiste, anti-dreyfusarde (mais pas antijuive) et anticléricale.
(67) La Démocratie Algérienne, 28 janvier 1892 : la diffamation (Louis Vernin) ; La Démocratie Algérienne, 23 février 1896 : la déconsidération de la presse (L. Vernin).
(68) Les polémiques entre Le Réveil Bônois et lu Démocratie Algérienne sont évoquées par une carte postale parue vers 1900 et reproduite dans Bône, son histoire, ses histoires, par Louis Arnaud, 2e édition, 1960.
(69) Le Réveil Bônois se veut au contraire le défenseur des petits colons et des indigènes contre les tenants de la grosse colonisation capitaliste et contre les administrateurs. C'est de l'imprimerie du Réveil Bônois que sort, en 1 892, le journal El Hack.
(70) Beaucoup de ces personnalités figurent parmi les actionnaires du journal en 1886.
(71) La Démocratie Algérienne, 3 juillet 1895 : Histoire d'un canal (Louis Vernin).
(72) La Démocratie Algérienne 16 octobre 1907 : le dessèchement du lac Fetzara (F. Marchis).
(73) La Démocratie Algérienne, 16 février 1892. "La Démocratie toujours en quête de sujets touchant à la production agricole ne pouvait laisser passer un si remarquable article. Nous sommes heureux de rencontrer des amis de cette valeur dans les rangs de la presse métropolitaine et nous engageons nos agriculteurs à suivre les conseils de l'écrivain si érudit du Petit Parisien (Junior)" ; ces considérations introduisent un article de Jean Frollo sur "la crise du mouton".
(74) Le journal fait également paraître des mercuriales.
(75) La Dépêche de l'Est, 1 et 2 mai 1949 : article nécrologique.
(76) Gaston Thomson est directeur politique ; A.M. Mariani, administrateur ; D. Bertagna actionnaire. La Dépêche de l'Est se présente comme le continuateur de la Démocratie Algérienne dont elle conserve le nom en sous-titre.

36 QUAI DES ORFEVRES
Par Hugues Jolivet

            "Les Mystères de Paris, dans l'Ile de la Cité
             Réunissent le Divin et la laïcité." (1)
             Au printemps, Notre Dame, s'embrase, est proie des flammes ;
             A l'automne, endeuillée par un fou de l'Islam,
             L'autorité suprême de la Police d'Etat
             Chancelle, "ko debout", après un attentat
             Commis par l'un des siens, ce, au nom de sa foi.
             Un acte terroriste qui suscite l'effroi !

             Jamais, le grand Maigret, en allumant sa pipe,
             N'aurait imaginé qu'un membre de son équipe
             Puisse, en un instant, supprimer ses collègues
             Quelles que soient ses raisons, les motifs qu'il allègue.
             Sept minutes seulement, sept minutes terribles :
             Quatre humains sacrifiés, un bain de sang horrible,
             Dans lequel baignent les corps de Damien et de Brice,
             D'Anthony, d'Aurélia, fonctionnaires de Police.

             Hommage de la Nation, dans la cour du Trente Six,
             A ces martyrs laïcs offerts en sacrifice
             A "l'hydre islamique". Et notre Président
             Invite les Français à être résistants,
             A répérer les signes de l'Islam radical,
             Ceux de l'obscurantisme mortifère, féodal,
             Et ce, pour combattre la radicalisation,
             Pour que vive la France, notre grande Nation !

(1) Mon poème "Ile de la Cité" 6/12/2017
Hugues JOLIVET
8 octobre 2019
 


Saint Augustin et l'Eglise d'Afrique
Envoyé par M. Christian Graille

                  Le 28 août 430 mourut le plus illustre sans doute des Berbères, Aurelius Augustinus, alors que la ville où il était évêque, Hippo Regius, était assiégée depuis trois mois par les Vandales de Genséric. Hippo Regius (Hippone), Bouna, Bône, Annaba
                  L'empire romain d'Occident allait s'effondrer en Afrique aussi ; la pensée de saint Augustin, au contraire, allait pendant des siècles marquer profondément le christianisme et fonder la doctrine catholique, sans jamais cesser d'intéresser penseurs et philosophes. Albert Camus, natif de Mondovi, lui consacra l'une de ses recherches universitaires.

                  L'Afrique du Nord devenue romaine était fortement christianisée. Elle avait facilement ajouté à ses divinités autochtones non seulement celles du panthéon romain mais également, venues d'Orient, celles qui promettaient la survie de l'âme : Cybèle, Isis, Dionysos, Mithra comme en témoignent textes et vestiges archéologiques. Les vestiges d'églises et de tombes chrétiennes y sont eux aussi Le culte de Mithra, dieu solaire et sauveur dans l'Iran antique, fut répandu dans tout l'Empire romain, auprès des soldats d'abord. Le taurobole (sacrifice du taureau) est souvent représenté dans la statuaire. A sa fête solaire du 25 décembre a succédé la fête de Noël.
                  Extrêmement nombreux, à Tébessa, Tipasa, Djemila, Timgad, à Hippone même où la basilique du temps de saint Augustin fut découverte dans les années 1950. Cependant le christianisme triomphant était menacé de l'intérieur par des schismes et des hérésies.

                  C'est dans un monde instable, ébranlé par les Barbares, où le dogme de la religion chrétienne devait être précisé, que vécut Augustin, esprit brillant et âme tourmentée, qui eut à prendre part aux plus grands mouvements de pensée et devint un exceptionnel théologien et l'un des plus grands écrivains en langue latine.
                  Il s'intéressa au manichéisme, qu'il eut plus tard à combattre comme hérésie, au néo-platonisme, qu'il respecta toujours, au christianisme, qu'il adopta pleinement, et il lutta contre les schismes donatiste puis pélagien. Sa vie fut très active, son esprit jamais en repos et son influence décisive sur la pensée occidentale.

                  Jeunesse d'Augustin. Situation du christianisme

                  Né en 354 à Thagaste, (Souk-Ahras) en Numidie, Aurelius Augustinus grandit auprès d'un père, modeste citoyen romain d'origine berbère resté païen, et d'une mère très chrétienne (future sainte Monique) qui souhaitait ardemment que son fils connût lui aussi la grâce divine. Il reçut le baptême à Pâques 387, ayant près de trente-trois ans : sa conversion avait été longuement mûrie, préparée par un douloureux cheminement que lui-même narra dans ses célèbres Confessions, adressées avec humilité à Dieu, dont il invoque la clémence et la bonté pour le pardon de ses péchés. Joyau d'analyse psychologique, morale, intellectuelle et spirituelle, cette œuvre permet de le connaître et de saisir la place essentielle de l'Église africaine en Occident.

                  Le jeune homme commença ses études à Thagaste, les poursuivit à Madaure puis à Carthage, véritable capitale culturelle d'Afrique romaine. Sans doute parlait-il les langues locales ; il ignorait l'hébreu et ne put jamais connaître suffisamment le grec mais il maîtrisait parfaitement le latin, qui supplantait le grec comme langue de l'Église. Il pratiquait les historiens et les orateurs latins ; cette formation dans l'art de la parole, sa mémoire exceptionnelle et sa culture allaient faire de lui un remarquable défenseur du christianisme orthodoxe.
                  Madaure, à une cinquantaine de kilomètres de Thagaste Souk-Ahras, connaissait une vie intellectuelle développée. Le philosophe et romancier Apulée y était né.

                  Comme la plupart des jeunes gens, Augustin mena une vie estudiantine agitée où les plaisirs de la chair avaient leur place, ce qu'il se reprochera amèrement plus tard. Pourtant, il se lia dès dix-sept ans à une jeune femme dont il tait le nom et dont il eut un fils ; ils partagèrent leur vie une quinzaine d'années. Ne pouvant, pour des raisons financières, approfondir sa culture auprès des grands maîtres d'Athènes ou d'Alexandrie, il enseigna la grammaire dans sa ville natale en 375, puis la rhétorique à Carthage, ensuite à Rome et, en 384, à Milan. Son esprit sans cesse en éveil cherchait avec ardeur la vérité ; les inquiétudes métaphysiques le tourmentaient.

                  S'il est vrai que les chrétiens ne furent jamais persécutés pour leur religion proprement dite - les Romains, polythéistes, accueillaient les dieux étrangers - leur refus d'observer le culte dû à Rome et à l'empereur avait mis en péril la paix de l'empire et posé un problème politique. L'Église d'Afrique avait eu ses martyrs mais depuis l'édit de tolérance de l'empereur Galère en 311 et celui de Constantin 1er en 313, les chrétiens n'étaient plus persécutés, leur culte était libre et quasi-officiel. Pourtant la paix interne n'existait pas : des courants divergents suscitaient entre chrétiens non seulement d'âpres débats mais aussi des actes violents. En outre, divers systèmes de pensée philosophiques sollicitaient les jeunes gens en quête de vérité : le futur saint Augustin fut de ceux-là.

                  La conversion

                  Le christianisme ne lui était certes pas inconnu mais la religion de sa mère ne l'avait pas convaincu, encore trop élémentaire et parlant plus à la sensibilité qu'à la raison. En effet, il semble que l'Église d'Afrique ignorât encore les épîtres de saint Paul, et la Bible latine dans laquelle Augustin lut les Écritures, rédigée dans une langue très imparfaite, ne répondit pas à ses attentes intellectuelles et spirituelles.

                  Aussi devint-il " auditeur " (et non-adepte) de la doctrine manichéenne, très répandue depuis le III° siècle, fondée sur le dualisme opposant le bien et le mal, hérité du mazdéisme. Le mazdéisme est une religion orientale de l'Iran antique, dont le dieu est Ahura Mazda et le prophète réformateur Zoroastre - Zarathoustra.

                  Cette religion pratiquait l'ascèse, bannissant les relations charnelles, le mariage, la consommation de chair animale. Organisée en Église, elle avait ses prêtres, ses évêques, célébrait l'eucharistie et baptisait. Aux XI-XIII° siècles, Bogomiles et Cathares représenteront un néo-manichéisme mêlé de christianisme. Le bogomilisme est une hérésie bulgare du X° siècle qui se répandit au XII° siècle dans les Balkans et l'Empire byzantin.

                  Elle ne répondit pas à toutes les questions métaphysiques du jeune homme, dont la lutte intérieure ne s'apaisait pas, si bien qu'il rompit avec cette religion à Milan, à la faveur de sa rencontre avec l'évêque chrétien de cette ville, Ambroise, grâce auquel il découvrit la philosophie des néo-platoniciens. Le néo-platonisme lui fit poursuivre son chemin, son ascension vers Dieu ; il défendit toujours par la suite cette philosophie, la trouvant " parfaitement vraie ".

                  Survint enfin l'appel qui décida de sa vie. Un jour, alors qu'il se désespérait d'être constamment déchiré entre le bien et le mal, l'impureté et la chasteté, il entendit une voix du ciel : " Prenez et lisez ". Il ouvrit alors le livre des épîtres de saint Paul : " Revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à contenter votre chair selon les plaisirs de votre sensualité ". A cette lecture Augustin est frappé par la grâce : " Il se répandit dans mon cœur comme une lumière qui le mit dans un plein repos, et dissipa toutes les ténèbres de mes doutes ". (Confessions, livre VIII, chapitre XII).

                  Converti, il décida de cesser d'enseigner et envisagea une vie monastique ; il se retira près de Milan avec sa mère Monique, son fils Adéodat (" don de Dieu ") et des amis, menant avec eux ses recherches philosophiques et théologiques, écrivant de nombreuses lettres sur ces sujets ainsi que le " Traité de la vie bienheureuse ". Adeodat : a deo datus = donné par Dieu.
                  Il y affirme que la béatitude dans ce monde ne peut venir que de la parfaite connaissance de Dieu, de sa lumière qui éclaire l'âme et l'intelligence. Pour lui, la foi et la raison ne s'opposent pas, croire et comprendre ce que l'on croit sont indissociables.
                  Sa foi ainsi affermie, Augustin fut baptisé dans la cathédrale de Milan par l'évêque Ambroise, avec son fils Adéodat, à Pâques 387.
                  Nous savons par ses Confessions l'intensité de sa quête, le bouleversement de sa conversion, sa piété ardente et combien sa sensibilité fut comblée et apaisée dans l'idée du Dieu d'amour qui venait de lui faire don de sa grâce. Nous savons aussi la profonde union de cœur en Dieu d'Augustin et de sa mère, et comment elle mourut, sereine enfin de le savoir chrétien catholique, à l'automne 387, à Ostie.

                  Augustin évêque. Le donatisme

                  Augustin ne retourna en Afrique qu'un an plus tard, avec son fils (qui mourut encore adolescent). Il vécut à nouveau en communauté et poursuivit son œuvre de défense du christianisme orthodoxe en combattant l'hérésie du manichéisme. Il fut ordonné prêtre en 391 puis élu par les chrétiens d'Hippone pour seconder leur évêque âgé, auquel il succéda en 396. Il fut donc évêque en cette ville, la deuxième d'Afrique après Carthage, jusqu'à sa mort, pendant trente-quatre ans.
                  Les tâches épiscopales, en ces temps où le christianisme s'était affirmé mais devait réfuter les hérésies, étaient nombreuses et harassantes ; outre la liturgie et la catéchèse, il fallait, dans cette société très inégalitaire, intercéder pour les pauvres auprès du pouvoir impérial et assumer, de plus, le rôle de juge. Inlassablement l'évêque Augustin dut parcourir son diocèse, dans les conditions d'inconfort aisées à imaginer. Il dispensait dans ses sermons et ses écrits des conseils pour la vie quotidienne de ses ouailles, sachant s'exprimer simplement et toucher leur cœur.

                  Son œuvre dogmatique et théologique est considérable, essentielle : elle s'est formée au fil des années, notamment dans la lutte contre les dissidences (c'est le sens étymologique du mot schisme) nées d'opinions contraires au dogme (tel est le sens du mot hérésie). L'arianisme avait été condamné mais s'était propagé parmi les peuples " barbares ", tels les Vandales. L'arianisme est une hérésie qui, bien que condamnée au Concile de Nicée en 325, fut vivace, surtout en Orient, aux IV°, V°, VI°) siècles. Cette doctrine niait la consubstantialité du Fils avec le Père.

                  Le manichéisme l'avait été aussi. La personnalité, l'influence, voire l'ambition de tel ou tel faisaient naître des schismes dont le plus important, le donatisme, né après la persécution de Dioclétien (303-304) dura plusieurs siècles. Il rassemblait les chrétiens résistants, ceux qui n'avaient pas plié et qui, intransigeants, n'acceptaient pas le pardon accordé aux apostats, le retour dans l'Église des tièdes et des opportunistes.


                  S'ajoutèrent à cette querelle religieuse l'affaire des reliques dont le culte, désavoué par l'Eglise officielle (que soutenait le pouvoir impérial) était cher au peuple ; et, surtout, l'existence d'une très grave crise sociale que l'évêque lui-même pouvait constater. En effet de faibles récoltes sur des terres épuisées et l'accroissement démographique augmentèrent le nombre des travailleurs agricoles pauvres employés sur de grandes propriétés. Ils furent attirés dans leur révolte par la pureté proclamée du donatisme ; des groupes violents encerclaient (on les appelait les circoncellions) et dévastaient les propriétés, tuant aussi des membres du clergé officiel. La foi donatiste eut ses martyrs volontaires, des hommes et des femmes qui, par le suicide, en témoignèrent (tel est le sens du mot martyr : témoin). Robert Laffitte repéra, soixante kilomètres au sud de Constantine, au pied du djebel Nif en Nser, des pierres dont les inscriptions l'attestent.

                  Augustin, représentant de l'Église officielle, tenta longtemps de les convaincre de leurs erreurs. Enfin en 411, lors de la conférence de Carthage réunissant près de trois cents évêques catholiques et autant de donatistes, le pouvoir impérial accorda la victoire aux catholiques représentés par le célèbre et brillant évêque d'Hippone. Il s'ensuivit une véritable persécution officielle qu'Augustin justifia par le souci du " salut éternel " de ces impies à qui il fallait faire retrouver la voie de la vérité divine ; il s'agissait de les persécuter " par amour ". L'on trouve ici l'intransigeance essentielle de tout monothéisme et l'esprit de croisade. L'hérésie fut à peu près anéantie.

                  La doctrine de la grâce et de la prédestination.

                  Le dernier combat néanmoins, Augustin ne fut pas en repos les dix-neuf dernières années de sa vie. Sa combativité, son talent oratoire, son art de la controverse, sa science théologique affrontèrent une autre hérésie, issue de l'enseignement de Pélage. Le futur père et docteur de l'Église développa contre elle sa doctrine fondamentale de la grâce et de la prédestination, qui allait nourrir les débats pendant des siècles, notamment aux XVIe et XVIIe siècles (Luther, Calvin, Jansénius …). La lutte fut âpre entre théologiens d'égal talent, d'égale conviction. Les Pélagiens, profondément religieux, estimaient l'homme libre et capable de choisir entre le bien et le mal, en suivant les préceptes divins. Augustin avait trop constamment éprouvé dans sa propre jeunesse la défaite de la volonté et les déchirements de l'âme pour accepter cet optimisme. Selon lui, l'homme est essentiellement imparfait, pécheur, divisé en lui-même, incapable quels que soient ses efforts d'accomplir sa destinée. Seule la grâce divine peut lui donner sa plénitude. Le mal prend racine dans le péché originel, que saint Augustin lie à la concupiscence charnelle ; chaque être naît en état de péché, seul le baptême le rendra susceptible de rédemption.
                  L'hérésie fut condamnée.

                  Un nouveau combat s'offrit à l'évêque d'Hippone après la prise de Rome par les Wisigoths d'Alaric en 410. Cet événement eut un retentissement considérable et certains païens rendirent les chrétiens responsables de cette catastrophe, puisque, disaient-ils, le dieu unique ne tolérait pas les divinités protectrices de la cité et les chrétiens étaient uniquement préoccupés de leur salut individuel. Le problème politique ne pouvait plus être contourné. Augustin entreprit, dans " La Cité de Dieu " (413-427), de réfuter cette dernière accusation et de montrer que le christianisme n'était plus la secte fanatique des tout premiers siècles mais était devenu compatible avec l'État. Le chrétien pouvait être un citoyen, s'engager dans la vie publique, faisant le bien sans s'attacher aux biens terrestres mais en travaillant à construire la cité de Dieu.

                  Le christianisme en Afrique après saint Augustin

                  Ainsi le christianisme fut contraint de préciser le dogme par les hérésies qui se développèrent en Orient et en Occident ; saint Augustin y apporta une contribution essentielle. L'Afrique vécut dans une paix relative au IV° siècle, alors que les pays du Nord subissaient les invasions. C'est pourquoi des familles d'Europe (Italie, Gaule, Espagne) vinrent s'y installer, augmentant le nombre des chrétiens, qui furent plus nombreux peut-être que sur la rive Nord de la Méditerranée.

                  Pourtant, si l'Afrique comptait 700 évêchés au milieu du V° siècle, elle n'en avait plus que 40 au début du VIIIe. L'on peut penser que le christianisme n'avait pas touché le plus gros de la population autochtone (en particulier dans les massifs montagneux et dans le Sud). Sans doute aussi les familles des notables quittèrent-elles l'Afrique notamment lors de l'invasion arabe, de la conquête musulmane. Des vestiges archéologiques attestent que çà et là subsistaient encore, au XI° siècle, des communautés chrétiennes.

                  Quant aux lieux de culte, soit ils furent détruits soit ils devinrent mosquées après l'arrivée des Arabes puis des Turcs, avant, parfois, de redevenir églises avec le " retour " des Européens chrétiens, puis à nouveau mosquées, ou bibliothèques, ou musées … A Bône avait été édifiée à la fin du XIX° siècle la basilique Saint-Augustin, sur l'emplacement d'un temple dédié au dieu punique Baal puis à Saturne ; de nos jours la population vient à nouveau y célébrer le culte ancien de Lalla Bouna. Au moment de la conquête, sous Louis-Philippe, les Français purent avoir le sentiment de revenir sur une terre chrétienne, que l'enseignement religieux d'une part, celui des humanités, latines surtout, d'autre part, leur avaient rendue presque proche. Le nom d'Hippone évoquait à la fois une religion et une langue, un dogme et une philosophie : Aurelius Augustinus, saint Augustin.

                  Son œuvre la plus accessible de nos jours aux non-spécialistes, ses Confessions, œuvre très nouvelle d'introspection sincère et émouvante, a inspiré dans notre littérature philosophique en premier Michel de Montaigne puis Jean-Jacques Rousseau. Les programmes de lettres, par le thème de l'autobiographie Adès le collège, et de philosophie permettent de lui faire une place : les jeunes latinistes peuvent avoir traduit telle ou telle page de son enfance ou de ses amitiés et en être émus par-delà les siècles car " chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition " (Montaigne).
                  Plus largement, l'œuvre morale, philosophique et dogmatique de saint Augustin est immense. Certes, la rigueur de sa pensée concernant la sexualité, les hérésies, la grâce a suscité et suscite de fortes réticences, des oppositions de la part de ceux pour qui le message chrétien est avant tout celui de l'amour divin et de la rédemption. En revanche les qualités de son style où fermeté et lyrisme s'unissent, sa puissance intellectuelle, sa recherche passionnée de la vérité, l'intensité de sa vie spirituelle sont unanimement admirées.

Recherches et rédaction de Josette Zevaco-Fromageot
Bibliographie :
- Encyclopedia Universalis.
- Divers sites en ligne, dont Wikipedia ; Abbaye Saint Benoît de Port-Valais (pour l'icône de Philippe Grall).
- Divers guides touristiques d'Algérie et de Tunisie (XX° siècle ; début du XXI°).
- Guy Bayet Littérature latine éd. Armand Colin 1965
- Robert Laffite C'était l'Algérie éd. Confrérie Castille 1994
- Saint Augustin Confessions (passim)


Sainte Monique
Envoyé par M. Christian Graille
4 mai
(Tiré du bréviaire romain.)

                 Monique fut la mère de Saint Augustin à double titre, puisqu'elle l'enfanta sur la terre et pour le ciel.
               Sainte Monique naquit en 332, d'une famille où régnaient la piété et la crainte de Dieu.
               Lorsqu'elle fut en âge d'être mariée ses parents lui firent épouser Patrice, bourgeois de Tagaste, homme d'honneur, mais païen de religion.
               Elle eut toujours pour lui une soumission parfaite et travaillait de toutes ses forces à le gagner à Jésus-Christ.

               Le principal moyen qu'elle employait pour le retirer de ses vices était une conduite irréprochable, qu'elle soutenait constamment.
               Elle supportait ses infidélités avec patience, sans jamais les lui reprocher avec amertume, espérant toujours que Dieu aurait pitié de lui.
               En général, Patrice était d'un excellent caractère, mais en même temps, il était violent et emporté. Lorsque Monique le voyait en colère, elle observait de ne pas le contredire ni par ses actions ni par ses discours. La fougue étant passée, elle lui parlait avec douceur.

               Quand des femmes maltraitées par des maris violents ou débauchés venaient lui faire part de leurs peines, elle avait coutume de leur répondre :
               "Vous ne devez vous en prendre qu'à vous-mêmes et à vos propres paroles ".
               Son mari embrassa le christianisme un an avant de mourir (371).
               Il renonça à ses débauches et passa le reste de sa vie dans la pratique de la vertu.

               Elle gagna aussi sa belle-mère à Jésus-Christ, après l'avoir fait revenir des préventions qu'elle avait conçues contre elle.
               - Elle mettait au nombre de ses principaux devoirs le soin de soulager les pauvres,
               - elle assistait tous les jours au saint sacrifice de la messe,
               - elle allait à l'église le matin et le soir, avant de se trouver à la prière publique et d'entendre la parole de Dieu.
               Mais son exactitude à remplir les devoirs de la religion était réglée sur les vrais principes ; elle ne l'empêchait point de veiller au soin de sa maison, et surtout à l'éducation de ses enfants. La sainte avait deux fils, Augustin et Navigius et une fille dont on ignore le nom.

               Après la mort de son époux, elle passa son veuvage dans la chasteté et l'exercice des œuvres de miséricorde. Elle ne cessait de répandre d'abondantes larmes dans ses prières à Dieu pour son fils, qui avait été séduit par la secte des Manichéens. Qui séparent sans nuance le bien et le mal
               Elle le suivit pourtant à Milan, où elle l'exhortait souvent à fréquenter Saint Ambroise, qui en était évêque.
               Cédant à ses désirs, il reconnut la vérité de la foi catholique par suite des discours publics et des entretiens particuliers de ce Saint Docteur et reçut le baptême de ses mains (387).

               Elle lui ménagea alors un bon parti, dans l'espérance que le mariage le fixerait et le préserverait du malheur de la rechute.
               Mais Augustin lui apprit qu'il était résolu de vivre le reste de ses jours dans la continence. Elle le suivit dans une maison de campagne où il alla passer les vacances avec quelques-uns de ses amis. Elle eut part aux entretiens les plus relevés qu'ils eurent ensemble, et y montra un jugement et une pénétration extraordinaires.
               Saint Augustin nous a conservé plusieurs de ses réflexions, qui décèlent beaucoup d'esprit et de piété.

               Peu après, la mère et le fils, revenant en Afrique, s'arrêtèrent au port d'Ostie, Monique fut prise de la fièvre. Un jour qu'elle perdit connaissance, elle revint à elle en disant : " où étais-je ? …" et regardant ceux qui l'entouraient, elle ajouta : " Vous enterrerez ici votre mère. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l'autel du Seigneur ".
               Cette sainte femme rendit son âme à Dieu en 387, à la cinquante-sixième année de son âge, après neuf jours de maladie, et fut inhumée dans l'église d'Ostie. Plus tard sous le pontificat de Martin V, ses restes furent transportés à Rome et placés avec honneur dans l'église qui porte le nom de Saint Augustin.

               Au livre V de ses Confessions, chapitre 12, Saint Augustin parlant de la mort de sa mère, s'exprime ainsi :
               " Nous ne pensâmes pas qu'il fut convenable de célébrer ses funérailles par
               - des plaintes,
               - des pleurs et
               - des gémissements, parce que ce n'était point dans la peine qu'elle mourait, et qu'elle ne mourait pas non plus toute entière.
               C'était en conséquence de sa vie innocente et de sa foi sincère que nous avions raisonnablement cette pensée.

               Ensuite, j'étais ramené insensiblement à ma première douleur au sujet de cette servante du Seigneur ; je me rappelais sa dévotion envers Dieu, envers nous sa piété, sa tendresse, ses bons avis, dont je me trouvais tout-à-coup privé ; et ce fut pour moi un amer plaisir de pleurer sur elle et pour elle. Si quelqu'un venait à trouver blâmable que, durant quelques instants, j'eusse pleuré ma mère …, ma mère que j'avais vue morte devant mes yeux !… elle qui pendant tant d'années, m'avait tant pleuré pour que je fusse vivant devant les siens ! … qu'il ne se rie pas de moi; mais que plutôt, s'il a quelque charité, il pleure aussi pour mes péchés devant vous Seigneur, qui êtes le Père de tous les frères de votre Christ Jésus ! ".

               Réflexions

               Sainte Monique a eu à remplir la mission la plus commune et, le plus souvent, la plus efficace : celle de l'édification domestique ; et cette mission n'a pas moins de dégoûts à essuyer et d'épreuves à subir que celle de l'apôtre qui va, sur des plages lointaines, annoncer Jésus-Christ à des peuplades sourdes et féroces.

               Malgré les constants exemples de vertus de cette sainte femme et ses douces exhortations à prendre le joug du Seigneur,
               - ne voyons-nous pas son époux s'y soustraire jusqu'aux tristes jours de son extrême vieillesse, et ne consentir à offrir son cœur à Dieu que lorsqu'il ne savait plus à quelle idole de sa jeunesse il pourrait le consacrer encore.
               - Ne voyons-nous pas son fils Augustin ne se donner à Dieu qu'à l'appel d'une mystérieuse voix, et non à l'accent de ses gémissements et de ses larmes, qui obtinrent sans doute cette heureuse conversion, mais ne semblèrent pas ici-bas en avoir le mérite, non plus qu'elle ne jouit guère des admirables résultats dont ce changement miraculeux illustra l'Afrique et toute l'Église ?

               Au moins vit-elle fleurir l'espoir arrosé de ses pleurs.
               Mais n'y a-t-il pas encore des épouses et des mères qui pleurent dans la même intention ?
               Que de Monique, hélas et qu'il y a peu d'Augustin ! Mais que ces mères désolées se demandent si elles vivent comme Monique a vécu, dans la piété, la modestie, la macération, dans le calme de la retraite et de l'oraison … et qu'elles répètent avec l'Église cette confiante prière :
               " O Dieu, consolateur des affligés et salut de ceux qui espèrent en vous, qui avez reçu avec miséricorde les pieuses larmes de Sainte Monique pour la conversion de son fils Augustin, donnez-nous, par l'intercession de l'un et de l'autre, la grâce de pleurer nos péchés et d'obtenir l'indulgence de votre bonté, par Notre Seigneur Jésus christ ".
Les Saints d'Algérie
par Victor Bérard, Receveur des Domaines,
membre de la Société historique algérienne. Édition 1857

Conversion d'une Mauresque
à la religion chrétienne
Envoyé par M. Christian Graille

I

                 Une mauresque divorcée se présenta un jour au Général Voirol (1), et lui déclara que son intention était d'embrasser la religion chrétienne.
                 Le Général après s'être assuré que cette femme n'était pas en puissance de mari l'envoya au commissaire du roi près de la municipalité, en lui prescrivant de veiller à ce qu'elle ne fût pas maltraitée par les Musulmans qui pourraient voir sa conversion d'un mauvais œil.
                 La néophyte, assurée de la protection de l'autorité, se mit alors à s'instruire des premiers principes de notre religion, en attendant son baptême.

                 Le Cadi d'Alger, Sid-Abdel-Aziz, homme instruit, mais fanatique, ayant appris ce qui se passait, courut se plaindre au général en chef, prétendant que la mauresque n'avait pas le droit de changer de religion et qu'elle méritait même d'être punie pour en avoir formé le projet.
                 Le Général l'écouta avec beaucoup de patience, et lui répondit qu'il lui était personnellement fort indifférent que cette femme fût chrétienne ou musulmane, mais qu'il ne souffrirait pas qu'il lui fût fait la moindre violence sous prétexte de religion :
                 - que chacun était libre de suivre le culte qui lui convenait,
                 - que ce principe avait été respecté par l'autorité française qui ne s'était opposée en rien à la conversion de plusieurs chrétiens à la religion musulmane,
                 - Et que par analogie il ne pouvait empêcher une conversion à la religion chrétienne.

                 Le Cadi n'ayant rien de raisonnable à proposer à cela pria le Général de lui permettre au moins de voir la mauresque afin de tâcher de la ramener par ses conseils à la religion de ses pères.
                 Le Général répliqua qu'il en était parfaitement libre et que personne n'avait songé à l'en empêcher. Le Cadi parut satisfait de cette réponse. Il paraît qu'il comptait sur les effets de son éloquence auprès de la mauresque ; mais le prêtre chrétien qui l'instruisait avait deux puissants auxiliaires, le goût qu'avait pris cette femme pour les mœurs européennes et son désir d'épouser un français. Sid-Abdel-Aziz échoua donc dans ses tentatives.

                 Renonçant alors à la persuasion, il voulut avoir recours à la force ; il fit enlever la mauresque par des chaouchs. Le Général, instruit de cet acte de violence, envoya un de ses aides de camp au Cadi pour lui rappeler ce dont ils étaient convenus. Sid-Abdel-Aziz en voyant entrer dans son prétoire cet officier, avec lequel cependant il avait quelques relations d'amitié, se leva de son siège et sortit, sans lui donner le temps de s'expliquer et en proclament à haute voix que la justice de Mahomet n'était plus libre.
                 La mauresque, à qui on était sur le point d'administrer la bastonnade, se voyant délivrée de ses persécuteurs s'enfuit à l'église catholique où elle fut sur-le-champ baptisée sans que cet événement ne produisit la moindre sensation dans la ville.

                 Le Cadi, en sortant du prétoire, se rendit chez le muphti Sid-Mustapha-Ben-El-Kebabty, pour s'entendre avec lui sur ce qu'il y avait à faire dans la circonstance, et tous deux convinrent d'interrompre le cours de la justice.
                 En effet le lendemain les tribunaux restèrent fermés, ce qui fit sur l'esprit des indigènes beaucoup plus d'impression que la conversion de la mauresque. Mais le Général Voirol eut bientôt brisé cette opposition factieuse et déraisonnable, il fit sommer les deux magistrats musulmans de reprendre sur-le-champ leurs fonctions, et sur leur refus, il les destitua, et nomma à l'emploi de Cadi deux hommes éclairés et recommandables.

                 Les notables musulmans furent convoqués pour assister à cette cérémonie où se rendirent aussi plusieurs personnes non convoquées qui firent entendre quelques murmures désapprobateurs et qui même insultèrent le nouveau Cadi.
                 Deux ou trois arrestations eurent bientôt rétabli l'ordre, et la cérémonie s'acheva paisiblement.
                 Le jour d'après le muphti Mustapha voyant la tournure qu'avaient prise les affaires vint présenter ses excuses au Général en chef et lui demanda de continuer ses fonctions.
                 L'installation du nouveau Cadi eut lieu le 10 septembre et dès le 11 la justice reprit son cours, et il n'y eut plus de trace d'agitation.

                 Voici maintenant le rôle que M. de Bussy (2) joua dans cette affaire.
                 Le jour de la fermeture des tribunaux musulmans, le Général en chef le fit appeler et lui dit :
                 - " Je vous ai mandé, monsieur l'intendant civil, pour vous entretenir de l'événement du jour.
                 - Quel événement mon Général ? Demanda M. de Bussy.
                 - Mais, monsieur, reprit le Général, vous devez bien le savoir, la conversion de cette mauresque et les suites de cet incident.
                 - Comment mon Général, il y a une mauresque qui a embrassé le christianisme ? Je vous assure que je n'en savais rien ".

                 Le Général Voirol, indigné de cette affectation ironique d'ignorer une chose que tout Alger connaissait, le pria froidement de se retirer en lui disant que puisqu'il en était ainsi, il lui ferait connaître plus tard ses ordres.
                 Cependant, vers le soir il lui écrivit pour lui demander s'il avait quelques candidats à présenter pour les emplois de Cadi et de Muphti ; sa réponse ayant été négative, le Général signa l'arrêté qui nommait Sid-Hamed et Sid-Aoued, et l'envoya à l'intendant civil.

                 Le lendemain, de très bonne heure, M. de Bussy se rendit chez le Général Voirol pour lui faire quelques observations sur cet arrêté. Au bout de peu de minutes, la conversation prit une direction telle, que M Voirol, abandonnant sa position de chef, se mit à l'égard de M. Bussy, dans celle d'un homme jaloux sur le point d'honneur, qui se sent outragé par quelqu'un qui n'a pas sur ces sortes d'affaires les mêmes idées que lui.
                 Cette scène pénible clôtura d'une manière fâcheuse pour M. de Bussy l'administration de ce fonctionnaire.

                 Les Maures mécontents des mesures qu'avait prises le général Voirol, trouvant un appui avoué dans M. de Bussy, excitèrent le commencement des tumultes ; voyant qu'ils ne réussissaient pas de ce côté, ils se mirent à pétitionner contre le Général Voirol ; mais comme celui-ci était très aimé de la majorité des indigènes, il y eut des contre-pétitions et le terrain de la polémique, comme celui de l'émeute, manqua aux perturbateurs.

                 Des rapports calomnieux, mais qui ne venaient pas tous des Maures furent adressés au ministre de cette affaire, la fausseté en a été officiellement démontrée sous le Comte d'Erlon ; une chose assez remarquable c'est que M. Genty qui trouvait mauvais que le Général Voirol n'eût pas empêché la conversion de la mauresque, exprime, dans un ouvrage qu'il a écrit sur Alger, le désir que les missionnaires aillent prêcher la foi aux Arabes.
                 N'ayant pas été compris dans la nouvelle organisation administrative de la Régence, il quitta Alger peu de jours après l'arrivée de son successeur, M. Lepasquier qui arriva le 28 septembre 1834 avec le Comte d'Erlon.
                 Il laissa peu de regrets en Afrique où il était loin d'être aimé

                 M. le général Voirol, qui l'était extrêmement, ayant refusé le commandement des troupes qu'il remit au Général Rapatel, partit d'Alger dans le mois de décembre.
                 Son départ fut un triomphe véritable.
                 Tous les caïds des tribus s'étaient réunis pour lui faire leurs adieux et lui offrir, au nom de leurs administrés, des armes du pays.
                 La population presque entière l'accompagna jusqu'au port en exprimant hautement ses regrets de le voir s'éloigner ; enfin une médaille d'or lui fut offerte comme témoignage de la reconnaissance d'une colonie où son nom et son souvenir seront toujours chers et respectés.

(1) Commandant en chef intérimaire (1833-1834)
(2) Mr. Genty de Bussy, intendant civil (1832-1835)
Annales algériennes
par E. Pellissier, capitaine d'État Major, chef du bureau des Arabes à Alger
en 1833 et 1834 tome II Édition 1836

Après le Ramadan
Envoyé par M. Christian Graille

         L'Islam tout entier vient de s'éveiller d'une longue torpeur et, sur tous les points du vieux continent les musulmans ont repris le cours de leur vie normale.
         Des fêtes brillantes secouèrent l'engourdissement des derniers jours de jeûne.
         L'Islam ressuscite. Tous indifférents, tous sceptiques que nous sommes, européens raffinés et blasés, nous n'avons pu cependant nous défendre d'une impression poignante devant cette ruée de fanatisme que le frôlement de notre civilisation n'est pas parvenu à émousser.
         Pendant un mois entier, des millions d'individus se sont astreints à toutes les privations, guidés par une idée fixe, par le fatalisme obstiné.
         D'autres ont décrit en des pages très littéraires, la somnolence des jours et la vie intense des soirs de Ramadan ; ils ont dépeint les veillées au café maure, après de longues journées de jeûne ; ils ont montré les casbahs africaines endormies sous le soleil, s'éveiller, le crépuscule venu, dans l'agitation des foules, dans les clameurs, les chants et les danses qui se prolongent jusqu'à l'aube…

         La fin du Ramadan, l'Aïd-el-Seghir est en Tunisie une fête officielle.
         Le Bey reçoit ce jour-là en grand apparat tout le monde des fonctionnaires européens et indigènes.
         La réception de l'Aïd-el-Seghir vient d'avoir lieu dans la grande salle des fêtes, dite " salle des Portraits ".
         S.A Mohamed en Nacer a reçu les hommages du baron d'Anthouard, délégué à la Résidence Générale. La réception terminée, le Bey a quitté le palais, entouré des membres de sa famille, du Premier Ministre, du ministre de la plume et des membres de son État-Major.

         En Algérie, l'existence de tombeaux de certains marabouts vénérés, est, vers la fin du Ramadan, l'occasion de pèlerinages qui attirent la foule des fidèles.
         C'est ainsi qu'à Bougie se célèbre chaque année la " grande prière ". Plusieurs milliers d'indigènes serrés en troupeau se prosternent en cadence au simple geste d'un marabout.
         Tlemcen est un foyer religieux de l'Islam en Algérie, et les récentes fêtes de l'Aïd-el-Seghir y ont été célébrées en grande pompe.
         Enfin à Alger, tout près du cimetière de Saint-Eugène, subsiste encore une vieille coutume barbaresque.
Chaque mercredi, dans la matinée, des mauresques et des noires se réunissent autour d'un petit foyer de charbons ardents et brûlent de l'encens et de la myrrhe. Elles immolent un coq dont elles font couler le sang dans les cendres du foyer.
         Les plumes de l'animal sont arrachées et brisées une à une, puis lancées dans les flots. Les intestins sont alors brûlés et le corps est exposé pendant un instant à la fumée du foyer. Cette cérémonie revêt une certaine importance le dernier jour du Ramadan. Un repas suit généralement ce sacrifice dont l'origine remonte au temps des corsaires.
         Les femmes d'Alger croyaient que ces sacrifices en l'honneur du diable portaient bonheur à leurs maris en course sur la Méditerranée et étaient la cause des prises plus importantes sur les chrétiens.

Illustrations algériennes, tunisiennes et marocaines (08-12-1906)



La France face à l'Islam
Envoyé par M. Christian Graille

                 " L'exercice de la religion musulmane restera libre " déclarait le Général de Bourmont, au nom du Roi et de la France dans le cinquième article de la capitulation d'Alger, le 5 juillet 1830. Et le lendemain une proclamation rédigée par le même général et traduite en langue arabe répétait aux quatre coins de la ville conquise : "Pour les Couloughis, fils de Turcs et pour les Arabes habitants le territoire d'Alger : nous respectons votre religion sacrée car sa Majesté le Roi protège toutes les religions."

                 Ce légitime respect de la liberté de conscience n'équivalait pas dans la pensée de Charles X et de ses ministres à l'interdiction de tout apostolat et au rejet de tout espoir d'amener un jour les Arabes à la foi chrétienne.
                 Dans son discours du trône, le 2 mars 1830, Charles X insinue le contraire :
                 " La réparation éclatante que je veux obtenir, en satisfaisant à l'honneur de la France, tournera, avec l'aide du Tout-Puissant, au profit de la chrétienté. "
                 Et le Ministre de la Guerre Clermont-Tonnerre est plus explicite encore : " Ce n'est peut-être pas sans des vues particulières que la Providence appelle le fils de Saint-Louis à venger à la foi l'humanité, la religion et ses propres injures. Peut-être, avec le temps, aurons-nous le bonheur, en civilisant les Indigènes de les rendre chrétiens. "

                 Mais la monarchie de juillet interpréta, dans le sens le plus antilibéral, le cinquième article de la capitulation. Non seulement elle rejeta la neutralité expectante de l'État, mais elle refusa aux Arabes la liberté de conscience, les forçant en quelque sorte à rester dans l'Islam, les empêchant en tout cas, de toutes ses forces, d'en sortir.
                 Le Général Voirol, Gouverneur intérimaire, en 1834, se l'entendit appeler, en termes d'une brutale clarté, par le ministre de la guerre dans une circonstance qui mérite d'être rappelée.
                 Le Gouvernement, pour se justifier, crut bon de s'appuyer sur le principe français de neutralité en matière religieuse et sur la liberté de conscience individuelle.
                 Le Ministre de la Guerre fit la réponse suivante que nous retrouvons dans la " note sur l'administration d'Alger " du député La Rochefoucaud-Liancourt.

                 " La conversion à la foi chrétienne d'un musulman est et sera encore longtemps dans nos possessions du Nord de l'Afrique un évènement très grave, et qui tendra toujours plus ou moins à compromettre nos rapports non seulement avec la population des villes, qui peut paraître moins à craindre, mais encore et surtout avec les tribus, auxquelles il importe d'inspirer de la confiance et dans le sein desquelles les marabouts qui exercent une influence quelquefois sans bornes, ne manqueraient pas de tirer parti contre nous de tout ce qui pourrait ressembler à du prosélytisme religieux.
                 Le gouvernement a si bien senti cela qu'il n'a pas voulu permettre jusqu'à présent en Afrique aucune mission, soit catholique, soit protestante, quoique plusieurs demandes lui aient été adressées dans ce but.
                 Il ne peut pas dire avec le Général Voirol que tout ce que l'on peut exiger de l'autorité, c'est qu'elle s'abstienne de prosélytisme dans un pays récemment conquis où, comme le remarque le Général lui-même, les questions de religion sont des questions de nationalité.
                 En présence d'une population que le Général lui-même appelle, avec raison fanatique, l'Administration a autre chose à faire que les lieux communs sur la liberté de conscience. Elle a le droit et le devoir d'empêcher tout ce qui tend à troubler l'ordre, et, par conséquent de s'opposer aux conversions des musulmans.
                 Elle ne doit pas sans doute user pour cela de contrainte, mais elle doit les prévenir par tous les moyens dont elle dispose, et tout au moins refuser son concours et son appui à des actes où l'apparence d'une intervention de sa part peut avoir des conséquences si dangereuses. "

                 Cette règle de conduite, exprimée sans restriction ni fausse honte, dans ce document ministériel, n'a jamais cessé d'être en vigueur dans l'Afrique du Nord, depuis 1830, quels que soient les régimes politiques : Roi, Empereur, République et les divers gouvernements qui se sont succédés.
                 Quand la crainte d'une insurrection ou d'une grave complication ne put être décemment invoquée, après la pacification totale de l'Algérie, on prétexta, afin de continuer la prohibition de tout apostolat chrétien auprès des Arabes, la nécessité d'acquérir leur confiance absolue (!) pour les pouvoir plus facilement :
                 - ou civiliser,
                 - assimiler,
                 - ou associer,
                 - ou à naturaliser, selon le programme gouvernemental de l'heure.
                 Mais la politique française ne s'en est pas tenue à cette protection obstinée du mahométisme, elle a cherché positivement à le réveiller de la conscience attiédie des Berbères, à lui donner un lustre que les Algériens des villes n'avaient jamais connu ni demandé.

                 D'où l'imposition de l'écriture arabe et d'une unique jurisprudence religieuse à toutes les tribus et cités qui ne s'en souciaient guère, la dotation du culte musulman jusque dans les moindres services, la restauration ou l'édification d'innombrables mosquées et zaouïas, écoles et collèges coraniques, pèlerinages à La Mecque, etc.., etc.
                 L'Islam a même été imposé de force à certaines peuplades fétichistes de l'Afrique équatoriale. Les récits de l'historien rapporteront dans les détails jusqu'où la France laïque a été pour la :
                 - protection,
                 - restauration et
                 - propagation de la religion de Mahomet, pour si exacts qu'ils soient, paraîtront toujours fantaisistes tant le vrai ici est invraisemblable.

                 Ajoutons que de 1830 à 1879, l'Algérie vécut sous le régime militaire.
                 Ce régime eut des partisans et des ennemis également acharnés et persuasifs. Nous n'avons pas à trancher. Mais pour ce qui est de l'exécution du programme politico-religieux indigène, il faut avouer que les Gouverneurs et les Officiers Supérieurs furent aussi intraitables et mesquins que les officiers subalternes et les adjudants des fameux Bureaux Arabes.
                 Les Indigènes étaient la chose de l'armée dans la guerre, ils l'étaient tout autant et plus dans la paix. Là, elle avait :
                 - à les dompter,
                 - à les exterminer, ou à les soumettre.

                 Ici elle devait :
                 - les défendre,
                 - les éduquer,
                 - les tenir sous sa tutelle.

                 Dans les deux cas sa jalousie ne transigea jamais ni avec les colons, ni avec les fonctionnaires civils, ni surtout avec les religieuses et les prêtres. Toute œuvre de charité, même de pure assistance médicale, dès qu'il s'agissait des musulmans soulevait des difficultés innombrables. Les protestations indignées se multiplièrent, mais en vain, dans la presse et dans les livres, à Paris et en France.

                 Quant à l'Algérie elles ne purent s'y faire entendre ouvertement jusqu'à Lavigerie, toute publication demeurant sous la censure. Louis Veuillot qui n'avait pourtant rien d'antimilitariste, confessait : " J'ai peur quelquefois qu'on craigne le bien, et qu'une incompréhensible jalousie, s'ajoutant aux préjugés de l'éducation et de l'ignorance, ne fasse considérer comme ravi à la gloire du sabre tout ce que la soutane pourrait accomplir d'heureux et de grand. "

                 A Alger, par crainte d'offusquer les Arabes qui en réalité auraient été édifiés on alla jusqu'à défendre au clergé toute manifestation extérieure du culte : pas de processions ; mêmes pas de cérémonies hors de l'église à l'occasion des sépultures : accompagnement au cimetière avec surplis, enfant de chœur ; pas de croix au fronton des temples ; pas de cloches. Et cela dura huit ans, jusqu'à la fin de 1839. Pendant une trentaine d'année, une sentinelle au port d'armes fut postée aux portes de Notre-Dame-des-Victoires pour en barrer le seuil aux Indigènes que la curiosité ou le sentiment religieux aurait attiré.
                 Que pouvait réaliser le clergé dans ces conditions.
La nouvelle Eglise d'Afrique ou le catholicisme
en Algérie, en Tunisie et au Maroc
Depuis 1830 Par Mgr A. Pons, protonotaire apostolique.



La Peine !
Envoyé par Annie

           Un prisonnier d'un pénitencier très dur discute avec un nouveau:

           - Moi, j'ai pris 5 ans pour escroquerie, et toi ?

           - 20 ans pour secourisme.

           - Arrête, tu déconnes, personne n'a jamais pris 20 ans pour secourisme, même pas un an !

           - Si, si : ma belle-mère saignait du nez, alors je lui ai fait un garrot autour du cou pour arrêter l'hémorragie.



L'islamisation de l'Afrique du Nord
Envoyé par M. Christian Graille


               L'islamisation de l'Afrique du Nord qui couvre d'un semblant d'unité l'extrême variété des races et des Mœurs africaines, ne s'est pas accomplie d'un seul coup. Un changement soudain des croyances ne s'accorderait pas avec ce que l'on sait de la résistance opposée par les Berbères aux Arabes du VIIe au Xe siècle.
               Il semble que cette révolution religieuse se soit accomplie en 3 périodes.

               1° période : Du VIIe au XIe siècle.
               Les Arabes du VIIe siècle imposent sur leurs passages, aux Berbères, la conversion à l'Islam. La conversion est le signe de la soumission. Mais les troupes arabes traversent le pays plutôt qu'elles ne l'occupent ; elles sont peu nombreuses.
               Les Berbères réagissent contre l'imposition du " crédo " musulman.
               Les tribus berbères, rapporte le grand historien Ibn Khaldou, apostasièrent jusqu'à douze fois, ce qui signifie que, les hordes arabes écoulées, les Berbères se hâtaient de rejeter une foi que la terreur seule leur avait fait accepter. Cependant deux faits ont dû agir dans un sens favorable à la propagation de cette foi :
               - la conquête de l'Espagne (VIIIe siècle),
               - puis celle de l'Egypte (Xe siècle), accomplies en grande partie avec le concours des Berbères.

               Dans les deux cas, les Berbères, devenus conquérants au nom de l'Islam, s'islamisèrent. Mais cette islamisation ne fut ni générale, ni profonde.
               Beaucoup de Berbères à peine entrés dans l'Islam, se jetèrent dans un schisme qui les séparait des autres musulmans. On les appela Kharedjites .
               Leur histoire est celle d'une lutte féroce contre les orthodoxes.
               Vaincus, ils s'expatrièrent vers le Sud.
               Leurs descendants sont les Mzabites, peut-être aussi les Touaregs.
               D'une part, toute trace du Christianisme ne disparut pas de l'Afrique après l'invasion des Arabes. Jusqu'au XIIIe siècle, quelques relations se maintiennent entre le pape de Rome et les chrétiens d'Afrique.

               2° période : Du XIe au XVe siècle.
               L'invasion hilalienne renforce considérablement l'influence musulmane en Afrique.
               Les Hilaliens ne sont pas des conquérants qui passent. Leur migration amène, par milliers, des familles musulmanes qui se fixent en Afrique.
               Toute la région que recouvre l'invasion (hauts plateaux oranais, Sahara) déjà habitée par des nomades, ne semble avoir opposé de sérieux obstacle ni à la conquête, ni à l'islamisation. La résistance à l'une et à l'autre se concentre chez les Berbères de la haute montagne. Encore aujourd'hui ce n'est pas le Koran qui régit la vie civile et familiale des Berbères mais bien les Kanouns (règles de droit) traditionnels.

               3° période :
               La troisième poussée islamique, la plus ardente de toutes, s'est produite au XVe siècle.
               Elle a pour cause la défaite des Musulmans d'Espagne (chute de Grenade 1492). Les mesures prises par les Rois catholiques de ce pays refoulent les Musulmans en Afrique.
               Leurs groupes forment autant de foyers religieux intenses, car la défaite n'a fait que renforcer tous les sentiments hostiles à la Chrétienté victorieuse.
               D'innombrables marabouts se répandent dans les campagnes, réveillant, stimulant la foi. Des Koubas (tombeaux de saints) couvrent le pays.
               Les légendes pieuses, les récits miraculeux se propagent.
               L'établissement des Turcs à la même époque n'est explicable que par cette exaspération du sentiment religieux, confondu avec la haine de l'Espagne et des Chrétiens.

L'Algérie : Histoire, colonisation, géographie, administration
Par P. Bernard et F. Redon 1926


L'islamisme algérien
Envoyé par M. Christian Graille


               Tous les Indigènes algériens sont musulmans. Ils observent les prescriptions du Coran :
               - ablutions,
               - prières,
               - Jeûne du Ramadan.
               - Les plus riches font le pèlerinage à la Mecque.
               - Les hommes fréquentent les mosquées, surtout le vendredi.
               - Les femmes font plutôt leurs dévotions dans les cimetières, près des Koubas, petits monuments avec coupoles, blanchis à la chaux, appelés communément " marabouts " parce que de pieux musulmans y sont enterrés.

               La religion musulmane n'a pas de clergé. Dans les mosquées l'imam est un lecteur du Coran ; le muezzin, qui rappelle l'heure de la prière, du haut des minarets, un sacristain. Ce ne sont pas des prêtres. Le muphti, qui est le grand chef, exerce les fonctions d'un juge religieux.

               Les marabouts ne sont pas des moines, mais de dévots personnages, laïques, à qui la foi populaire attribue le pouvoir de guérir les malades, comme aux d'autrefois. La dignité maraboutique se transmet de père en fils, c'est une sorte de noblesse religieuse.
               Les Musulmans aiment à s'associer en confréries pieuses, mais laïques.
               Ils s'appellent alors Khouans (frères). Ils paient des cotisations destinées surtout à entretenir les écoles musulmanes appelées zaouïas où l'on apprend le Coran aux étudiants.

               Bien que très attachés à l'Islamisme, les Kabyles se différencient des Arabes, sur certains points, dans la pratique de la religion. Ils acceptent le Coran comme loi religieuse, mais non comme loi civile ; ils suivent, à cet égard, les traditions de leurs kanouns (coutumes) ; ils n'ont pas de mosquées. Ils ne vont guère à la Mecque.

Histoire, colonisation, géographie, administration
par P. Bernard et F. Redon 1926


Carnets de voyage
Envoyé par M. Christian Graille


                 Michel Lorenzo, appelé par le gouvernement péruvien à percer un tunnel, a tenu un journal de son voyage, du 16 mars à décembre 1873. Voici des extraits de ses carnets que nous a aimablement confiés l'un de ses descendants, membre de notre Cercle.

                  Michel Lorenzo et les siens partent du col de Béni-Aicha (à 60 kilomètres d'Alger, futur Ménerville, actuellement Thénia) le dimanche 16 mars 1873 pour Alger ; malheureusement, vers le champ de manœuvre (Alger) la voiture écrase une petite fille …
                  Après quelques jours en famille le narrateur embarque avec Eugène, le samedi 29 mars à 12 h 45, sur le " Bastia " à destination de Marseille ; le passage lui aura coûté 18 francs. Ils débarquent après 34 heures de traversée le 31 et partent le 3 avril vers Paris où le dîner (" 20 francs soixante " pour 5 personnes) n'est ni bon ni bien servi : " Ah ! Les voleurs, je m'en souviendrai ". Le chemin de fer conduit nos voyageurs au Havre par Rouen en douze heures.
                  Le dimanche 6 " rameaux-fête " est noté " triste journée, malgré avoir écouté de la musique ".

                  Le soir du 9 avril Michel Lorenzo embarque sur le " Waverly " pour Southampton où il arrive douze heures plus tard ; aucun repas ne leur est servi, on les laisse " dans la salle aux marchandises ".
                  C'est sur le " Koning Willem " que se fera la traversée de l'Atlantique vers le Pérou.
                  Le 11, Michel note, après le temps et la vitesse, la nourriture à bord : " midi demi-choucroute et pommes de terre " " dîner thé, beurre, très mauvaise eau ".
                  Les conditions atmosphériques se détériorent : " Triste jour de Pâques " (dimanche 13 avril). L'océan ne redevient calme qu'une semaine plus tard. "Après une traversée de 19 jours " les passagers débarquent à Saint-Thomas (dans les îles Vierges) et visitent la ville d'où ils reviennent " tous très satisfaits ". Le 26, passage tout près de " Puerto-Rico ". Le 29 " on nous fait payer à bord, pour supplément de bagages, 63 francs ".

                  Enfin, le 30 avril 1873 le navire accoste à Colon, port de la côte nord du Panama, d'où le chemin de fer les conduit à Panama, sur la côte sud, donc sur l'océan Pacifique.
                  " Nous avons été étonnés de voir une voie entre Colon et Panama aussi imparfaite. Nous avons été surpris par la beauté du bois. Tout le long du chemin l'on voit de belles forêts, toutes sortes de fruits d'Amérique et des cabanes en bambous recouvertes de feuilles de savane et de branches de cocotiers. Les femmes portent presque toutes des robes en velours et les hommes sont presque nus. On voit une infinité d'oiseaux de toutes les couleurs, pour nous inconnus ". Embarquement immédiat sur le " Santiago " ; " chaleur étouffante " ; la ligne est passée le 2 mai " à trois heures du soir ".
                  Il faudra cinq jours, en se dirigeant vers le sud, pour gagner Lima (le 7) puis, plus au sud, San Bartolomé et San Juan (le 9).

                  Voici quelques détails (ils sont rares) de cette navigation :
                  - 3 samedi (mai 1873) : Passons près de l'île de Saint Hélène ; nous avons vu deux tortues que nous avons estimées de 6 à 8 pieds de long et de 4 à 5 de large, son (sic) poids à 1.000 kilos ; cette estimation a été faite par plusieurs passagers.
                  Nous avons vu également une grande migration de poissons énormes. Sommes entrés dans le port de Guayaguil à 9 heures du soir (Équateur).

                  - 4 dimanche : Partis de Guayaguil à une heure et demie ; avons descendu la rivière en 3 heures pour un parcours de 40 milles. La largeur moyenne du fleuve est de 500 mètres.
                  Le fleuve abonde de perroquets de diverses couleurs et grosseurs.

                  - 5 lundi : Arrivons à Pesa (Pérou) à 7 heures du matin pour prendre du charbon et des fruits de diverses natures ainsi que des passagers. Repartis à 13 h 30. On a arrêté et mis aux fers des individus qui se sont embarqués sans payer, comme à Guayaguil où d'autres avaient été arrêtés.

                  - 7 mercredi : Arrivons à Calao à 2 heures du soir. En chemin de fer jusqu'à Lima. Partis à 4 h 15 du soir.
                  A Lima nous avons été surpris de voir que le train passait dans les rues sans barrière ni autre chose pour garantir la circulation.
                  Nous avons payé pour débarquer 21 soles
                  transport de bagages jusqu'à l'hôtel 60 soles
                  pour ma place 5 soles
                  Total 86 soles.

                  - 9 vendredi : Partis de Lima à 8 heures du matin. Arrivons à Saint Bartolomé. 4 numéros pris à la loterie en arrivant à San Juan.
                  - 18 dimanche :
                  Pris chez Monsieur Martin diverses marchandises 48 soles
                  1 bouteille de Risco 5 soles
                  1 carnet 3 soles
                  Total 56 soles
                  Sole = Monnaie péruvienne

                  - 28 mercredi : J'ai commencé le tunnel de nuit.
                  Michel Lorenzo n'a plus beaucoup de temps pour écrire et peut-être rien qui lui paraisse important à noter, avant le vendredi 20 juin 1873 : " 14 mètres d'avancement dans la couronne " ; le 21 il envoie " mille francs à la famille " ; le 22 " j'ai perdu un billet de 5 soles " ; le 23 " commencé les tracés ".

                  Un accident survient début juillet :
                  - 2 mercredi : La poudrière a sauté près de chez nous à environ 500 mètres. Il y a eu 4 hommes tués et 8 blessés ; mon voisin avec 2 autres hommes ont été tués. Une pierre de quinze livres a démonté le pied de mon lit après avoir traversé le toit en zinc au moment où je tenais à la main le portrait de ma famille, étant couché dans mon lit.
                  -12 samedi : Reçu une lettre de la famille.

                  Le 23 il écrit " à la famille ", à des amis, à son beau-père et la semaine suivante à son père.
                  En août, deux notes seulement : le 24, il écrit à son père ; le 28 " percé le tunnel à 11 heures du matin ".
                  En septembre, une seule note où transparaît le chagrin d'être loin des siens en ce jour de fête de son saint patron.
                  - 29 lundi (Saint Michel) : triste journée. J'ai été voir l'ingénieur en chef pour le travail.
                  Heureusement, on ne l'a pas oublié ! Le premier octobre " reçu une lettre de ma famille " (son épouse et ses enfants ?).

                  " Enfin, le travail est terminé. J'ai remis les outils. Satisfaction des chefs.
                  Dieu merci ".
                  Ce sera le retour. Mais d'abord Michel et Eugène qui partent de La Oriya (un peu au nord-est de Lima) se rendent à Matucana puis à Toréno Mesa.
                  - Jeudi 16 octobre : " nous avons été payés ; avons touché 4.912 soles ".

                  -17 vendredi : J'ai payé mon passage pour Saint-Nazaire 805 francs ; au total avec Eugène nous avons payé 1.610 francs.
                  - 18 samedi : Avons été avec Eugène au palais des Expositions à Lima.
                   - 19 dimanche : Grande procession à Lima. On a jeté le chapeau d'Eugène par terre.
                  - 20 lundi : J'ai échangé les billets de banque du Pérou pour 108 aigles américains que j'ai payé 113 soles chacun. Aigle : Unité de base des monnaies d'or émises aux Etats-Unis. Un aigle = 10 dollars
                  - 21 mardi : Embarquons sur le " Ville de Bordeaux ". Nous passons toute la journée à bord à attendre le départ. Payé au garçon 25 soles.
                  - 22 mercredi : Partons à 11 heures 30 de Calao ; beau temps ; marchons 14 miles à l'heure ; nuit variable ; remis au Commissaire de bord 10.000 francs en aigles américains ; payé 100 soles de droit de passage.
                  - 24 vendredi : Arrivons à Pesa à 6 heures et demie du matin ; sommes descendus à terre ; repartons à 3 heures du soir après avoir fait du charbon.
                  Nous avons vu deux baleines à la hauteur des îles du Guano vers le soir.
                  - 25 samedi : Remontons la rivière de Guayaguil à la pointe du jour. Sommes descendus à terre pour visiter le pays.

                  - Le 29 octobre, Michel Lorenzo débarque à Panama, d'où il gagne Colon : " avons couché à l'hôtel du Négro, mal nourris pour 10 francs par jour sans vin ". Dans un lac il voit pour la première fois " un lézard d'un mètre de long " " on le nomme caïman ". Le " Washington " arrive avec trois jours de retard, le premier novembre.
                  La mer est mauvaise ; la première escale donne lieu au chargement de lin, quinquina, indigo, café.
                  Une lame manque l'emporter le 6 novembre " couché sur le gaillard ".
                  - 7 vendredi : Avons marché à midi 65 lieues en 24 heures ; vent de bout et très fort ; mer agitée ; Passons près de Curaçao (île) République du Venezuela ; passons assez près pour distinguer le joli pays.

                  - Le 12 novembre, le navire arrive à la Martinique " à 6 heures du soir ; on a chargé du charbon toute la nuit ". Le lendemain, visite de la ville " qui est très jolie ". Et Michel ajoute : " nous nous sommes bien amusés avec les négresses qui chargeaient le charbon ". Embarquement le 14.

                  Les jours suivants la mer est belle ; passage sous le tropique le 18 novembre à midi. A partir du 22, notre voyageur note les miles parcourus et, par deux fois, ceux qu'il reste à franchir : " 1.896 miles jusqu'à Saint-Nazaire " (le 22). Le 30 au soir, il aperçoit les feux de Belle-Île ; Le lendemain arrivée en rade de Saint-Nazaire. Les voyageurs " apprennent la perte du " Havre " avec 226 passagers ".

                  Le chemin de fer d'Orléans le mène, le 2 décembre, à Tours. Par Poitiers et Toulouse, il arrive le 4 au matin à Saint Girons.
                  Quelles furent les retrouvailles après plusieurs mois d'absence ? " Je trouve toute la famille bien portante ". " Avons été à la foire avec la mère ; nous avons vu toute la famille ". Sans doute a-t-il hâte de rejoindre son épouse et ses enfants puisque arrivé le 4 il repart le 7 pour Toulouse et de là le 8 pour Marseille.

                  " - 9 mardi : Embarque à 5 heures pour Alger à bord du " Maréchal Canrobert " ; quittons le port à 6 heures.
                  - 10 mercredi : Belle mer toute la journée ; passons les îles Baléares à midi.
                  - 11 jeudi : Arrivée à Alger à 4 heures du matin.
                  Dieu merci. "

D'après les documents de Monsieur Lorenzo
membre du Cercle algérianiste de la Région Centre-Val de Loire
Etude des documents et rédaction de Christian Graille
et Josette Zevaco-Fromageot


Chronique de la famille Chappuis
en Afrique du Nord (1853-1962)
Envoyé par M. Christian Graille

                 Les Chappuis d'Afrique du Nord sont issus d'une lignée originaire de Carrouge, village situé dans le canton de Vaud en Suisse.
                 Cette famille d'agriculteurs a changé de pays ou de régions à chaque génération entre 1853 et 1962.

                 Jean-François quitta la Suisse pour l'Algérie en 1853 et s'établit à Sétif.
                 Émile, son fils, s'installa en 1878 dans la région de Bordj-Bou-Arreridj.
                 Julien partit en 1912 d'Algérie pour la Tunisie et s'installa à Bou Arada puis à El Aroussa.
                 Émile dut, malheureusement, abandonner son pays et regagner la France en 1962 après l'indépendance et la nationalisation des terres par l'État tunisien.
                 Daniel, son fils, dont les recherches ont permis de brosser ce fort beau tableau d'une saga familiale, rejoindra la même année ses parents sur la rive nord de la Méditerranée.
                 L'aventure de toute une famille s'achevait donc après cinq générations et 109 ans de présence sur le continent africain.
                 Quel fut donc le parcours de cette famille helvète ?

                 Jean-François Chappuis, né en 1827, quitta la Suisse avec son épouse Jeanne Marguerite, ses deux enfants Émile et Louis, et son père, veuf.
                 Ce dernier mourut du choléra le 18 septembre 1854, quelques mois seulement après son arrivée à Aïn Arnat, à la suite de l'épidémie qui toucha la jeune colonie. Il avait cinquante-trois ans.
                 Jean-François avait été recruté par la Compagnie genevoise de colonisation qui avait obtenu de l'État français la cession de terres agricoles à condition d'installer des colons dans la région de Sétif.
                 La Revue historique vaudoise indique que l'intéressé et sa famille quittèrent leur région natale fin 1853 avec deux mille francs de fonds propres et cinquantefrancs de subsides communaux, pour Sétif. Ces sommes étaient exigées des émigrants afin qu'ils puissent pourvoir à leurs premiers besoins lors de leur arrivée ainsi qu'à l'achat de bestiaux et d'instruments nécessaires à la mise en culture des terres concédées.
                 Mais la vie qui attendait ces pionniers ne fut pas aussi facile que certains l'imaginaient : de nombreux colons épuisèrent leur maigre pécule et retournèrent en Suisse sans tarder. D'autres furent victimes d'épidémies de fièvre typhoïde, de typhus, de choléra ou terrassés par le paludisme. Fin 1854 Aïn-Arnat, premier village créé par la Compagnie genevoise en 1853, déplora 60 morts.
                 Sur une population de trois cent soixante-dix âmes en 1854, cent quarante étaient encore présentes en 1858 et sur cinquante lots attribués, vingt-cinq étaient cultivés par des fermiers, neuf hypothéqués, neuf vides de leurs occupants d'origine et il ne restait plus que sept propriétés de colons arrivés quatre ans plutôt.

                 Les familles recrutées par la Compagnie genevoise étaient regroupées à Genève puis acheminées vers Lyon en diligences et en chariots.
                 Une note intitulée Conseils pour la route était remise aux émigrants.
                 Chaque voyageur devait payer sa place douze francs et avait droit à trente kilos de bagages. Il devait, en outre, se munir de vivres pour douze à quinze heures. Se loger à Lyon coûtait soixante-quinze centimes pour un grand lit, quinze centimes pour une soupe et un franc pour un repas (vin compris).
                 Puis on allait acheter ses places à la Compagnie générale des bateaux à vapeur de Lyon à la Méditerranée sur lesquels un prix " de faveur " de huit francs était consenti. Les enfants payaient une demi-place. A Avignon il fallait prendre le train pour Marseille au prix toujours " de faveur " de trois francs quarante-cinq centimes la place. Le trajet se faisait alors en moins de quatre heures. On se rendait ensuite chez le sous-intendant militaire prendre son passage. Le transport maritime des personnes, des bagages et la nourriture à bord étaient concédés gratuitement par le Gouvernement français.

                 La traversée durait soixante heures et le débarquement se faisait à Stora près de Philippeville qui ne possédait pas encore de port. La baie de ce village abritait un petit port de pêche au corail et à l'éponge et ne permettait pas l'accostage des navires.
                 Ceux-ci mouillaient donc au large et les passagers débarquaient sur la plage en louant, après une négociation du prix, des barques à voile conduites par des pêcheurs siciliens ou maltais qui trouvaient là un complément de revenus. La plage une fois atteinte, les bagages étaient chargés à dos de mulets ou entassés dans des charrettes pour parvenir, par une mauvaise route littorale longue de trois kilomètres, à Philippeville où les émigrants suisses étaient accueillis par le pasteur Curie.
                 Des chariots bâchés de l'armée tirés par des mulets les conduisaient, sous escorte militaire, avec étapes aux postes d'El-Harrouch, Constantine, Mila, Djemila, jusqu' à destination sur les hautes plaines de Sétif, à mille mètres d'altitude.

                 La famille Chappuis s'installa le 7 janvier 1854 à Aïn Arnat où chaque propriétaire avait obtenu dix-huit hectares de champs, un hectare quatre-vingts de prairies et quelques arpents de jardin près du village où étaient regroupées toutes les habitations des colons. Avec vingt hectares pour nourrir onze personnes au moins et des terres de médiocre qualité, la Compagnie se réservant pour son compte les meilleures, c'était la misère assurée.
                 Jean-François et les siens furent, par la suite, envoyés vers Kalfon, une des fermes de la Compagnie, sans doute après la reprise de leur lot par un capitaliste genevois qui y installa un fermier. Cette information reste cependant à vérifier mais il est probable que Jean-François devint fermier, métayer ou ouvrier de la Compagnie sur les terres que celle-ci avait reçues.
                 Il mourut le 7 septembre 1871 à l'hôpital militaire de Sétif à quarante-quatre ans. Il laissait une veuve, Jeanne Marguerite âgée de quarante-sept ans et six enfants dont Émile alors âgé de vingt-trois ans et Louise, la petite dernière, trois ans.

                 Emile, né à Carrouge en 1848, cultivateur, domicilié à Sétif, épousa à Bouhira le 8 novembre 1872 Rose Resin, originaire elle aussi de Suisse. Ils eurent cinq enfants dont Julien.
                 En 1876 la décision de créer un village proche de Bordj-Bou-Arreridj permit l'exécution, dès 1877, des premiers travaux : lavoir, abreuvoir, fontaine.
                 Mais les premiers arrivants, pour la plupart d'origine corse, refusèrent de s'installer dans " ces lieux malsains ", les superficies proposées ne permettant pas de faire décemment vivre une famille. Le plan fut alors remanié et comporta donc vingt-huit lots agricoles et deux fermes plus au sud du territoire sur une superficie totale de trois mille deux cent quatre-vingt-quatre hectares.
                 Les premiers colons arrivèrent au " bled Bel Imour " et s'installèrent dans des villages de toile.
                 Émile Chappuis fut l'un d'eux.

                 Le premier document est une lettre d'Émile au sous-préfet de Sétif datée du 18 juillet 1876 par laquelle " il sollicite de sa haute bienveillance un lot de terrain dans le centre nouvellement projeté de Bir Haïssa, arrondissement de Sétif ".
                 Dans la soumission officielle la demande est formulée pour le nouveau centre de colonisation de Bel Imour. Dans la feuille de renseignements accompagnant la soumission il était indiqué qu'il était naturalisé français par décret en 1876, possédait une somme de trois mille francs, que sa famille était composée de sa femme et de ses deux fillettes en bas âge (Julien naîtra plus tard), qu'il résidait à Sétif depuis vingt-trois ans, cultivateur de bonne moralité qui n'avait jamais obtenu de concession ni possédé de terres à aucun titre.
                 La concession lui fut accordée pour une superficie de soixante-deux hectares, quarante-six ares et quarante-six centiares.
                 Mais à cette date le village peina à se développer. La vie était extrêmement difficile, les aides rares, les moyens faibles. Les colons devaient bâtir leurs maisons, défricher, épierrer, semer, jardiner afin de survivre plus que vivre ; le climat, été comme hiver, était difficile à supporter.

                 Malgré toutes ces difficultés la première école mixte s'ouvrit en 1884. 1887, 1888, 1889 furent trois terribles années : sécheresse, invasions de sauterelles, paludisme, auxquels s'ajoutèrent vols et pillages. Certains colons ne résistèrent pas et quittèrent " ces lieux maudits ". Seules onze familles " s'accrochèrent " et en 1891 il ne restait que cinq attributaires primitifs dont la famille Chappuis. En 1889 ces agriculteurs sollicitèrent et obtinrent du Gouverneur Général de l'Algérie l'achat de terres nouvelles d'une superficie de vingt à vingt-cinq hectares pour chacun.
                 C'est à cette date que le centre de Bel Imour prendra le nom de Cérez.

                 Auparavant vers 1881 Émile avait accueilli sa mère, Eugénie sa sœur et Louis son frère. Celui-ci sollicita une concession. C'était un célibataire de trente-quatre ans, disposant de trois mille francs en espèces, cultivateur en qualité de fermier sur des terres qu'il louait. Sa moralité était bonne et il n'avait jamais été militaire ni obtenu d'attribution territoriale en Algérie.
                 Cependant, malgré l'avis favorable du maire : " Le sieur Chappuis fera un excellent colon ; sa demande mérite d'être prise en considération " et celui du Préfet : " Célibataire mais a avec lui sa mère et sa sœur. Fera un bon colon. Avis favorable ", il n'obtint pas cette concession. Ce fut pour lui une grande déception.
                 En 1887 il renouvela sa demande car sa situation avait évolué : il était encore célibataire mais " en instance de mariage ", ne disposait pas de ressources pécuniaires mais pourrait se faire prêter deux mille francs. Il possédait un cheval, un tombereau et quelques instruments agricoles ; cultivateur et meunier, sa moralité était bonne et il n'était pas propriétaire de terres et il résidait en Algérie depuis 34 ans.
                 L'avis du maire " travailleur sérieux mais manque d'argent, chose essentielle pour s'installer et faire valoir sa concession " ainsi que celui du Préfet " célibataire, sans ressource. Avis défavorable " sonneront le glas de ses ambitions. En effet, les couples étaient prioritaires pour l'attribution des concessions et Louis était resté célibataire.
                 A la fin du siècle, Émile et Rose, son épouse, pouvaient, eux, s'enorgueillir d'avoir mis en valeur une propriété de 85 hectares environ à Cérez.

                 A la fin du dix-neuvième siècle l'Algérie comptait 4.740.000 habitants dont 4.100.00 Indigènes dont la population avait doublé depuis 1830, 580.000 Européens (moitié de Français et moitié d'étrangers, Espagnols et Italiens principalement) et 60.000 Israélites.
                 La population agricole européenne pouvait être estimée à 210.000 à laquelle il fallait ajouter 200.000 artisans et non-cultivateurs habitant les campagnes. Les rendements de céréales restaient faibles malgré la mise en application de nouvelles méthodes de culture. Le rendement moyen de blé, avec les fortes fluctuations d'une année sur l'autre, pouvait être estimé à une dizaine de quintaux à l'hectare. La fameuse charrue française, si elle était bien supérieure à l'araire des Arabes, restait tirée par une paire de bœufs ou de mulets. Sur ces terres difficiles la profondeur du labour ne devait pas être bien grande.

                 En outre il fallait composer avec les tribus voisines qui restaient très turbulentes et n'hésitaient pas à venir, la nuit, voler le bétail pourtant enfermé dans les cours de ferme. Il fallait alors négocier, par l'intermédiaire d'ouvriers, et grâce " à la rumeur ", une rançon permettant au colon de retrouver ses animaux. D'autres colons se réunissaient, s'armaient et, à cheval, poursuivaient les voleurs pour récupérer leurs animaux, non sans, quelques fois, échanger quelques coups de feu avec les voleurs. En cas de litiges les Autorités, quand elles intervenaient, donnaient le plus souvent raison aux tribus arabes.
                 Quelques jours avant le mariage de sa troisième fille Émile mourut le 3 mai 1904 à l'âge de cinquante-six ans, vraisemblablement à la suite d'un coup de sabot porté par un cheval. Sa veuve en avait cinquante-quatre.

                 Julien né à Cérez le 6 janvier 1883 avait vingt et un ans au décès de son père. Il était le dernier enfant et l'ultime porteur du nom. A cette époque il effectua son service militaire au sein d'une unité du 3ème régiment de zouaves.
                 La durée du service militaire était alors réduite à une seule année (au lieu de trois ans pour les autres), pour ceux qui, métropolitains ou coloniaux, acceptaient de servir en Algérie ou dans une colonie.

                 Il est probable qu'il ait poursuivi l'exploitation des terres avec ses deux beaux-frères Moulin qui avaient épousé deux sœurs aînées de Julien. Nous le retrouverons quelques années plus tard en Tunisie à la tête d'une propriété. Sa future épouse, Mathilde Blanche Fau, naquit le 23 décembre 1890 à Isserville, commune du canton de Bordj-Menaël, en bordure de la grande Kabylie et de la plaine de la Mitidja.
                 On ignore les raisons pour lesquelles son père, Mathieu Fau, (trente ans) originaire de l'Aveyron, était parti en Algérie. Là il s'était marié le 7 mars 1885 à Isserville avec Anna Garcin (18 ans) native de Provence, et exerça la profession de forgeron à Béni-Amrane à une dizaine de kilomètre d'Isserville.
                 Ils eurent quatre enfants. Peu d'informations sur la vie de ce couple si ce n'est leur séparation en 1901 qui perturba de façon sensible la vie familiale car Mathilde Blanche fut placée dans une institution religieuse où elle resta pratiquement jusqu'à son mariage. On peut supposer qu'à la suite de cette rupture Mathieu ait quitté Isserville et se soit installé à Cérez comme forgeron.

                 Blanche rencontra son futur époux Julien Chappuis lors d'une visite à son père à Cérez. Ce fut, sans doute, le coup de foudre car le mariage eut lieu trois mois plus tard. La surprise dut être grande, pour tous, car la jeune fille catholique, élevée chez les sœurs, entrait dans une famille qui avait gardé de fortes traditions huguenotes. A leur mariage le 4 février 1911, Julien a vingt-huit ans et Blanche vingt. La naissance, à Cérez le 30 août, d'Emile, leur premier enfant fut difficile et délicate….Quelques mois plus tard, après la vente des terres, c'était le départ pour la Tunisie.

                 Quelles raisons amenèrent donc certaines familles à quitter l'Algérie et recommencer, dans un nouveau pays, une nouvelle vie ?
                 On peut penser que les terres peu fécondes, le climat rude et capricieux de ces hautes plaines situées entre l'Atlas tellurien et l'Atlas saharien et l'exiguïté relative des exploitations empêchaient les familles nombreuses de prospérer.
                 La Tunisie, soumise au protectorat de la France depuis 1881, cherchait des colons pour la mise en valeur de son territoire.
                 Des affiches étaient apposées dans les mairies et les gares pour inciter les Français de Métropole et d'Algérie à aller coloniser la Tunisie. Ces affiches proposaient des terres à vendre à partir de cinquante francs l'hectare, terres propres à la culture de la vigne, de l'olivier, des céréales et de l'élevage des bœufs et des moutons. Elles indiquaient aussi la possibilité de cultures industrielles, lins et tabacs, et de cultures maraîchères, primeurs, oranges, citrons, cédrats, figues, dattes. L'affiche soulignait " on traite au comptant et on livre immédiatement à la signature " comme s'il s'agissait d'une vulgaire marchandise achetée dans un bazar.

                 Pour faire bon poids elles notaient aussi la possibilité d'exploitation des forêts de Kroumirie : chênes-lièges, chênes zen, écorces à tan ; l'exploitation d'alfa ; la présence de pêcheries de thons, de sardines, d'anchois, de poulpes, et d'éponges ; l'exploitation également des mines de fer, de plomb, de cuivre, de zinc, et de puissants gisements de phosphates.
                 Enfin elles proposaient des billets à demi-tarif " pour les émigrants français " sur les compagnies de chemins de fer et de transports maritimes. Cinq départs de bateaux par semaine de Marseille à Tunis. Trente-six heures.

                 Beaucoup de colons d'Algérie tentèrent l'aventure et nous retrouverons en Tunisie, dans la colonie protestante, des descendants d'immigrants suisses en Algérie.

                 Une exploitation fut achetée par Julien et ses beaux-frères Moulin à Bou Arada à quatre-vingts kilomètres environ au sud-est de Tunis.
                 En 1912 on chargea meubles, matériels, animaux sur des chariots tirés chacun par six mulets pour rejoindre la voie de chemin de fer Alger-Tunis qui passait par Bordj-Bou-Arreridj afin d'embarquer dans le train et partir vers l'est commencer une nouvelle aventure des familles Chappuis et Moulin.

De gauche à droite Blanche, Rose mère de Julien, Julien et les enfants Juliette et Emile, le père de notre adhérent

                 La plaine de Bou Arada était en partie constituée par un domaine de cinq mille hectares qui avait été acheté en 1906 par le Fonds de colonisation de la Direction de l'agriculture à Madame Taine, épouse de l'historien Hippolyte Taine. Cette propriété, achetée dans l'indivision par la communauté des familles Moulin et Chappuis, avait une superficie de neuf cents hectares constituée de plaines embroussaillées et peuplées de jujubiers aux racines hostiles et d'oliviers sauvages.

                 Quelques années plus tard le paysage avait changé. La plus grande partie de la terre arable avait été défrichée. Des plantations de vigne, d'arbres fruitiers et des champs de blé remplaçaient les touffes de jujubiers.
                 La partie montagneuse restait couverte de lentisques, d'oliviers sauvages et de pins, où lièvres et perdreaux abondaient.

                 La guerre de 1914-1918 vint perturber la vie familiale et la mise en valeur des terres.
                 Julien, mobilisé au 4ème régiment de zouaves, partit pour le front, participa aux combats sur l'Yser et à la terrible guerre des tranchées. Blessé au bras et après une longue hospitalisation il rentra en Tunisie et fut versé dans le service auxiliaire.
                 La vie se réorganisa après la guerre. Une terre fertile, un travail acharné, un climat favorable favorisèrent de bonnes récoltes qui, associées à une vie simple et économe, procurèrent au groupe familial des disponibilités financières qui permirent à Julien d'acheter une exploitation agricole à El Aroussa.
                 Ce fut donc en septembre 1920 que la famille Chappuis, composée alors des deux parents et de quatre enfants, prit possession de la ferme. Les terres encore largement couvertes de broussailles et de jujubiers occupaient le centre d'une grande plaine.

                 Un nouveau travail de pionnier débutait.
                 Julien, secondé par des ouvriers européens, partait de grand matin, pioche et hache sur l'épaule à la tête d'une équipe d'ouvriers indigènes pour défricher les parcelles qui n'étaient pas encore utilisables pour la culture. Les moyens mécaniques n'avaient pas fait leur apparition et les travaux des champs s'effectuaient avec des attelages de mulets ou de bœufs. Puis au fil des ans la mécanisation fit son apparition : tracteur, moissonneuse batteuse, charrue à disques de labours, herses, rouleaux, épandeurs d'engrais, semoirs facilitèrent grandement le travail des hommes.

                 La mise en valeur de la totalité des terres de la propriété, des récoltes et des prix favorables apportèrent une certaine aisance à la famille après des années d'austérité. En 1924 Julien acheta sa première automobile, une Citroën B 12.
                 Ces années 1920 à 1935 furent les années les plus belles de la Tunisie agricole. La crise mondiale qui frappa l'agriculture avec la mévente et la chute des cours des céréales dès 1935, puis les années de guerre de 1939 à 1943 et les restrictions furent des périodes de médiocres récoltes.

                 A la fin des années vingt Emile, fils aîné de Julien, obtint son certificat de fin d'études techniques et, plutôt que de poursuivre des études comme il aurait souhaité le faire, rejoignit la ferme à la demande de son père. Ce dernier, qui avait agrandi l'exploitation, était de plus en plus accaparé par des fonctions de représentation auprès des organismes mutualistes et coopératifs et aussi par celle de président de l'Association des colons d'El Aroussa.
                 Émile, aidé par un contremaître allemand et sous le contrôle de son père, prit en main les destinées d'une exploitation d'une superficie de cinq cents hectares environ. En 1931 le temps du service militaire vint interrompre, une année durant, sa participation aux tâches de la ferme. Il devança l'appel de quelques mois et fut incorporé au 6ème escadron d'automitrailleuses de combat qui relevait du quatrième régiment de Chasseurs d'Afrique.
                 A son retour son père lui offrit sa première voiture, un cabriolet Ford " modèle A " de 1930. C'est lors d'un bal qu'Émile fit la connaissance de Paule Carrault dont le père était agriculteur. Une passion amoureuse rapprocha les deux jeunes jusqu'au jour où il fallut penser aux fiançailles, malgré les réticences au sein des deux familles en raison, probablement, des différences de religion (les Chappuis étaient protestants) et peut-être aussi des conditions sociales, les Carrault ayant moins bien " réussi " que les Chappuis. Les fiançailles eurent lieu en 1932 et le mariage fut célébré le 6 juillet 1933 à El Aroussa. Paule avait vingt et un ans et Émile vingt-deux.
                 Il faut noter que quelques mois avant la célébration du mariage, une exploitation limitrophe de celle de Julien comportant deux lots de colonisation fut mise en vente à des conditions de prix intéressants avec un délai de paiement de dix ans. Julien avança les premiers fonds à Emile qui emprunta le reste et l'acheta.

                 L'installation des jeunes mariés en 1934 ne fut pas chose aisée : pas d'eau, la nappe, si elle existait étant trop profonde et le creusement d'un puits, avec les moyens de l'époque, trop onéreux ; pas d'électricité, jusqu'en 1946 où fut installé un petit moteur à essence associé à une dynamo ; pas de téléphone ni de chauffage. La vie était donc très inconfortable si on y ajoutait la chaleur, le sirocco et la poussière en été, le froid et le gel parfois en hiver. Les orages, la boue, l'oued en crue interdisant l'utilisation de la piste complétaient ces réels désagréments.


La famille Chappuis en 1921 Julien le père, Blanche la mère, les enfants (de gauche à droite) Emile, Juliette, Julien, Odile

                 La proximité des deux fermes permettait au père de bénéficier du concours de son fils qui, en retour pouvait utiliser les machines agricoles. Mais si cette option était valable pour les années qui pouvaient être considérées comme " normales ", ce qui était rare en Tunisie, il en était tout autrement dans les années difficiles et ce qui arriva en 1935 fut désastreux. Émile s'obligeait à terminer les travaux sur les terres de ses parents avant de commencer les siens. L'automne pluvieux avait retardé les semailles sur les terres paternelles et lorsqu'elles furent terminées la pluie reprit pendant une longue période.

                 Le blé fut semé très tardivement et une longue période de sécheresse compromit une récolte bien faible. L'écroulement du prix du blé mit en péril l'équilibre de la jeune exploitation ; ce fut pour le ménage une période bien difficile ; Paule eut un surcroît de travail avec la basse-cour et la laiterie et c'est la vente du beurre qui assura cette année-là la trésorerie de la ferme.

                 Émile décida de s'équiper d'un tracteur, prit en location des terres de voisins indigènes ainsi qu'un troupeau de vaches et un troupeau de moutons dont il partagea les produits avec eux avant de se constituer son propre cheptel.
                 Le 3 octobre 1935 naquit, à Tunis, Marc le premier enfant, et c'est dans cette même capitale que le 5 janvier 1939 Daniel vit le jour.


El Aroussa, la petite ferme de Tunisie

                 Mobilisé le 28 août 1939, Émile rejoignit son régiment le 4ème Chasseurs d'Afrique et quitta Tunis pour le sud tunisien où son unité reçut une mission de surveillance de la frontière tripolitaine. Nommé maréchal des logis il fut désigné, en mai 1940, avec quelques autres camarades, pour être instructeur au Centre de formation de l'arme blindée du 10ème régiment de Cuirassiers, à Montlhéry, dans la région parisienne. Il apprit à la radio l'invasion de la Hollande, de la Belgique et du Luxembourg par les troupes allemandes et fut affecté dès le 11 mai à la protection du Q G du général Gamelin, commandant en chef des troupes françaises, dans un village des environs de Meaux. Désigné comme chef comptable de l'escadron il eut en charge l'équipement, l'organisation du ravitaillement et les paiements des soldes.

                 Sur le front le sort des armes n'était pas favorable à la France. La bataille sur la Somme et sur l'Aisne faisait rage. Le 7 juin une terrible nouvelle lui parvint : son régiment d'affectation, le 10ème Cuirassiers, engagé dans les Ardennes au mois de mai, avait été complètement décimé. Il ne restait que quarante-cinq survivants. Horrible boucherie…

                 Le 10 juin il apprit la déclaration de guerre de l'Italie à la France et s'inquiéta pour sa femme et ses enfants en Tunisie dont il était sans nouvelles régulières mais il sut bientôt qu'ils étaient partis se réfugier, pour plus de sécurité, à Souk-Ahras dans le Constantinois. En effet les nombreux Italiens de Tunisie s'agitaient en prenant fait et cause pour l'Italie et, voyant déjà les troupes transalpines s'installer dans le pays, les ressortissants français se laissaient gagner par la peur et l'incertitude. Devant l'avancée des troupes allemandes l'unité d'Émile se replia jusqu'à Montauban.
                 Enfin il regagna le 5 Août la Tunisie que sa petite famille avait rejointe fin juillet. Il ne fut pas mobilisé en 1943 car il était père de trois enfants, Gilles étant né à El Aroussa le 23 décembre 1942 lors de la terrible bataille que se livrèrent Anglais et Allemands.

                 Daniel et son frère Marc débutèrent leur scolarité à l'école franco-arabe d'El Aroussa avant de devenir, en 1946, pensionnaires à l'Institution Sainte Marie car aucune place à cette époque n'était libre dans les autres établissements publics de la capitale tunisienne.
                 Ayant connu les grands espaces et désormais sevré de liberté, Daniel se retrouve, subitement, à sept ans, dans un univers clos, loin des siens et de l'affection maternelle, ne rejoignant la maison que lors des vacances scolaires. Il gardera de cette époque un bien désagréable souvenir. Sa scolarité ne lui laissa pas de souvenirs impérissables ; élève très, très moyen, avoue t-il, et bien peu d'apprentissage dans les classes primaires.

                 En 1950, les parents rejoignirent Tunis. Le passage à la demi-pension n'améliora nullement ses résultats scolaires et ses connaissances.
                 Son père avait acheté une petite exploitation de dix hectares plantée en vigne et oliviers et pour partie un champ réservé au pacage des animaux. Située à onze kilomètres de Tunis, elle était d'un accès facile et lui permettait de s'en occuper tout en consacrant du temps aux organisations professionnelles agricoles : Assurances mutuelles, Coopératives de céréales et Chambre d'agriculture, Crédit agricole, organisme qui l'employait. Il entreprit des travaux d'aménagement importants.
                 Vers 1958, après l'indépendance de la Tunisie, la ferme fut vendue, à petit prix, ce qui permit le transfert en métropole des sommes résultant de cette transaction.
                 S'ils ne prirent l'ampleur, ni par la durée, ni par l'intensité, des évènements d'Algérie, ceux de Tunisie causèrent de 1951 à 1954 des troubles importants : manifestations de rues, émeutes, terrorisme et assassinats. Tout incident était prétexte à une agitation. L'incapacité des gouvernements des Troisième et Quatrième Républiques de définir une doctrine sur le rôle de la France et l'avenir de la Tunisie, de décider et d'appliquer des réformes, bloquait toute évolution. Les instructions de Paris aux Résidents Généraux étaient le plus souvent imprécises et contradictoires.
                 Ainsi la carence des pouvoirs publics, le conservatisme des Européens et les exigences désordonnées des Tunisiens débouchèrent au mois de janvier 1952 sur des manifestations violentes ou des émeutes à Bizerte, Ferryville, Mateur, Sousse.
                 L'autonomie accordée à la Tunisie en août 1954 sonna le glas des espérances françaises dans le pays. Entre 1955 et 1962 ce sont cent trente-huit mille personnes, en majorité des fonctionnaires, qui quittèrent le pays.
                 Curieusement la plupart des Tunisiens, même chez les nationalistes, ne pensaient pas que les Français (colons, industriels et commerçants) devaient quitter le pays.

                 Bourguiba disait " que nul Tunisien ne méconnaissait l'importance des réalisations françaises sur le plan matériel comme dans le domaine culturel. Nul Tunisien ne pouvait imaginer que les intérêts légitimes de la France et des Français de Tunisie puissent être méconnus ".
                 Cependant en 1952 et 1953 malgré les incertitudes politiques et l'agitation, aucune manifestation de découragement n'apparaissait chez les agriculteurs français. Les relations avec les Tunisiens étaient bonnes dans les campagnes.
                 Pourtant à partir de 1954, avec l'aggravation de l'insécurité, des colons commencèrent à demander aux autorités d'envisager la reprise de leurs terres " afin de pouvoir aller mettre leurs familles et leurs biens en sécurité et porter leurs activités sous des cieux plus cléments ".
                 En 1952 Émile avait d'ailleurs fait l'acquisition d'une maison à Esbly près de Meaux, en Seine-et-Marne.

                 C'est au cours des vacances de Noël de 1958, lors d'une soirée dansante à La Marsa, que Daniel fit la connaissance de Claude Ancey. Dès cet instant naquit une tendre et amoureuse passion entre les deux tourtereaux.

                 Fin 1959 le jeune homme se présenta à l'examen d'entrée à l'École Supérieure d'Agriculture Africaine de Maison Carrée, où il fut admis. Diplôme en poche, après trois ans d'études, il fit un stage d'un mois, à Alger, à la Caisse Centrale des Mutuelles Agricoles d'Afrique du Nord. Ce premier contact lui permettra par la suite de développer toute sa carrière professionnelle en France dans le mutualisme agricole.
                 Mais auparavant, en juin 1962, il avait retrouvé les siens en Métropole et c'est le 27 juillet, à Esbly, petite commune de Seine-et-Marne qu'il épousa Claude.
                 Une nouvelle vie commençait … et une autre histoire aussi.

Documents de Monsieur Chappuis
membre du Cercle algérianiste de la Région Centre-val de Loire,
Etude des archives effectuée par Christian Graille


L'Achoura
Envoyé par M. Christian Graille

                 Des cris, des voix, une bousculade, et toute une cohue de jeunes gens au visage masqué d'une étoffe, se précipitent agitant de longues branches de palmier, dépourvues de leurs palmes et tendant la main aux spectateurs en s'inclinant profondément devant eux.

                 C'est le Carnaval berbère en pays d'Ouargla.
                 Dans cette cohue agitée et bruyante, on ne distingue d'abord aucun détail. On vit un cauchemar, on a l'impression d'être devant un tableau cubiste, dont l'incohérence s'animerait devant un kaléidoscope géant à travers lequel, ce ne serait plus des rosaces lumineuses qui apparaîtraient, mais des peintures de toute l'École de Montparnasse, revenant, s'agitant, se superposant en un perpétuel changement.

                 Puis peu à peu, toute cette foule se discipline, un cortège se forme, et alors majestueusement, défilent devant nous les personnages traditionnels, et parfois très modernes, que l'antique carnaval berbère ressuscite en plein Sahara.
                 - Et voici d'abord l'Agha, majestueux personnage. Son aspect est des plus imposants : deux grandes moustaches postiches lui coupent le visage.
                 - Un guennour (1) de taille colossale surmonte sa tête et sur sa poitrine étincellent les nombreuses décorations, vieux fonds de boîtes de cirage, que lui donnèrent nos gouvernements successifs. Sa majesté l'Agha a grande allure. Il est toute majesté, et toute dignité, il a d'ailleurs hérité de sa charge et de son costume de ses ancêtres. Il a droit à notre respect et le sait.
                 - Puis c'est le thaleb, l'instituteur maraboutique, tout ceinturé de planchettes de bois, brinquebalantes, sautillantes, résonnantes qui servent d'ardoises à ses élèves.
                 - L'instituteur français le suit, important, avec ses lunettes, le visage sévère, portant sous ses bras des livres qui dégringolent lamentablement, et s'essayant à parler un sabir des plus risibles.
                 - Enfin le père Blanc, le chef surmonté de la chéchia classique. Sa robe blanche est faite de journaux assemblés et la coupe en est assez exacte. Sa longue barbe, encadrée par un chapelet fait de crottes de chameau, retombe très bas sur sa poitrine et de nombreux enfants l'entourent répétant : " Oui mon père, non mon père ".
                 - Puis ce sont les anciens Officiers du lieu, assez fidèlement caricaturés ; les voyageurs et explorateurs célèbres passés dans la région.
                 - Et enfin les touristes, la tête coiffée de casquettes invraisemblables, trimballant avec eux d'immenses appareils de photographies qu'ils mettent sans cesse en batterie pour photographier sans résultat artistique appréciable, les choses les plus simples.

                 - Et derrière ce cortège de personnages où, à côté des personnes classiques, l'Agha, le père Blanc etc., nous retrouvons :
                 - d'anciennes connaissances,
                 - anciens camarades,
                 - explorateurs
                 - ou " chargés de missions célèbres ", s'avance toute une cohue de jeunes gens,
                 - déguisés en danseuses,
                 - en guerriers,
                 - en touareg, ainsi qu'une faune d'animaux invraisemblables, chameaux agitant le squelette d'une tête décharnée, singes marchant par longues foulées, buffles, etc.

                 La raïta et les tambourins se mettent maintenant de la partie. Le cortège officiel fait face et la danse commence.
                 - Danse de fausses Ouled-Naïls,
                 - danse langoureuse,
                 - Danse du mouchoir où des jeunes gens la tête recouverte d'un voile de soie, font valoir toute la souplesse de leurs corps juvéniles.
                 - Danses de guerriers où de longues chaînes d'éphèbes revêtus de costumes faits de bric et de broc, mais simulant assez bien des armures, se croisent et se défient.
                 - Danses générales,
                 - Danses d'origine nègre probablement.
                 Et toutes ces danses sont entremêlées, coupées de pitreries de certains individus qui rappellent singulièrement les entrées de nos clowns et qui parfois jouent de véritables sketchs.

                 Lorsque la fête bat son plein, lorsque l'ensemble n'est plus qu'une multitude d'êtres s'agitant en cadence, suivant un rythme marqué par les tambourins, lorsque les lentes mélopées répondent aux stridences de la raïta, soudain un être fait irruption et sème le désordre.
                 C'est Monseigneur le Lion reconnaissable, si l'on peut dire, à ses yeux phosphorescents, bouts de paille enflammés et à sa fourrure tachetée, tapis quelconque piqueté de morceaux d'étoffe blanche.
                 Aux grands jours de fêtes, Monseigneur le Lion à trois yeux, quelques fois plus. Deux Ourgli animent le mannequin fait de branches de palmier.
                 Il se précipite en des bonds formidables, et en une minute, c'est la fuite éperdue de tout un peuple, nos courageux guerriers compris.

                 Le Lion célèbre son triomphe en dansant un véritable menuet.
                 Les deux jeunes gens, dans la position la plus difficile, dissimulés dans la carcasse de branches de palmier recouverte de tapis, évoluent avec un ensemble parfait et un sens indéniable du rythme.
                 Cette danse du Lion, très calme, très harmonieuse mais avec de brusques sursauts d'animal en éveil, est un véritable régal chorégraphique.

                 Soudain un chasseur survient, et nous assistons aux plaisanteries parfois obscènes que se font les deux adversaires. La chasse au lion se déroule avec de multiples péripéties pour aboutir à la mort du carnassier.
                 On procède alors à la vente aux enchères du cadavre car, comme de bien entendu, tous ceux qui s'étaient enfuis reparaissent pour la curée.
                 Malheureusement alors que chacun discute le prix et que des plaisanteries sont échangées sur les impôts, sur le prix de la vie, alors que chacun palpe la victime, le lion ressuscite et c'est une nouvelle fuite, une nouvelle chasse, une nouvelle victoire cette fois définitive que célèbre la foule dans une prière ardente à l'Éternel.

                 Ce n'est d'ailleurs, chose invraisemblable, chez ces gens qui vont régulièrement à la mosquée, qu'une parodie de la prière arabe, où l'iman est blagué, bafoué et où les flexions rituelles de la prière, servent de prétexte à des chutes retentissantes, à des embrassades qui n'ont rien d'islamique.
                 Et c'est ainsi qu'en pays d'Ouargla, au temps de l'Achoura, nos Berbères, islamisés cependant, tournent en ridicule la prière sainte.
                 Et tout ceci est l'Achoura chaste de bon ton, visible pour les mineurs… européens et les touristes.
                 Mais il est une autre Achoura qui dans les nuits de ce temps de carnaval se danse aux carrefours de chaque quartier du village, sur la " Djemma " ou place sacrée de chaque fraction de la tribu.

                 Ce sont de véritables saturnales, de véritables priapées. Les costumes existent encore, mais ils sont moins solennels, et parfois très réduits.
                 Parfois aussi ils s'agrémentent d'accessoires triomphants.
                 Les danses sont alors ce quelles…sont.
                 Le groupe principal des " déguisés " comprend le plus souvent deux jeunes gens dont l'un est déguisé en femme. L'autre porte sur ses épaules une longue Krechba, poutre de palmier.
                 Les indigènes prétendent que ce groupe représente " Monsieur, Madame et l'Amant ".
Honni soit qui mal y pense.
(1) coiffe particulière portée par les spahis, constituée d'une calotte rigide de forme arrondie.
                 
Commandant Carbillet.
Les amis du Sahara (juillet 1932)


C'est divin !!
Envoyé par Annie

           Après avoir rangé les bagages du Pape dans le coffre de la limousine, le chauffeur réalise que le Pape reste sur le trottoir.

           "Excusez-moi, Votre Sainteté" dit le chauffeur, "Voudriez-vous, je vous prie, prendre place dans la voiture pour que nous puissions partir ?"
           "...Pour vous dire la vérité, dit le Pape, au Vatican ils ne veulent pas me laisser conduire et j'aimerais beaucoup pouvoir le faire aujourd'hui."

           "Je suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire cela. Je perdrais mon job ! Et que faire s'il arrive quelque chose ?" proteste le chauffeur.
           " N’ayez aucune crainte, Je vous couvrirai toujours, dit le Pape.

           De mauvaise grâce, le chauffeur passe à l'arrière et le Pape s'installe derrière le volant.
           Très vite le chauffeur regrette sa décision, quand après avoir quitté l'aéroport, le pape met la pédale au plancher accélérant jusqu'à 170 Km/h.
           "Je vous en supplie, votre Sainteté, ralentissez !" implore le chauffeur très inquiet.
           Mais le Pape continue jusqu'à ce que les sirènes de police retentissent.
           "Mon Dieu, je vais perdre mon permis," s'écrie le chauffeur.
           Le Pape se range sur le côté et baisse sa vitre quand le policier s'approche.

           Mais dès qu'il voit le Pape, il retourne à sa moto, ouvre sa radio et dit à son chef qu'il a arrêté une limousine roulant à 170.
           "Où est le problème ? Bouclez-le !" dit le chef.
           "Je ne pense pas qu'on puisse faire ça, c'est quelqu'un de très important," dit le policier.
           Le chef s'exclame : "Il n'y a pas de raison !"
           "Non, je veux dire réellement important," dit le policier.
           Le chef demande alors : "Qui avez-vous coincé ? Le maire ? ? ?

           Le policier : "Plus gros.
           Le chef : "Un sénateur ?"
           Le policier : "Beaucoup PLUS GROS."
           Le chef : "Bien! Dites-moi qui c'est !"

           Le policier : "Je pense que c'est Dieu lui-même !"
           Le chef : "Vous vous foutez de ma gueule ????"
           Qu'est-ce qui vous fait croire que c'est Dieu?????"

           "Il a le Pape comme chauffeur...!"



La Tabouka
Envoyé par M. Christian Graille

Tabouka, tabouka, tabouka !

                Danse de l'hyménée en pays d'Ouargla. Ton nom, à lui seul, est un rythme marqué, scandé et déjà dessiné sur nos lèvres par le heurt de tes syllabes berbères.
                 Rien qu'à te prononcer, je revois ces longs cortèges aux rangs successifs de fillettes et de vierges s'avançant ondulant d'un mouvement tellement lent et tellement harmonieux qu'on a l'impression d'une vague irisée venant s'étaler sur une plage, à la fin de sa course.
                 Superbement parées, drapées dans des étoffes éclatantes, les danseuses par taille et par âge :
                 - se serrent étroitement formant de longues chaînes qui
                 - se succèdent,
                 - s'étagent,
                 - pyramident et que
                 - dominent les bras des matrones agitant les vastes tambourins, où de grands mannequins de chiffons bariolés destinés à éloigner les démons et à préserver du mauvais œil.
                 Toutes, petites et grandes, balancent de haut en bas, par petits coups saccadés et suivant le rythme de la musique, les mains dont les paumes peintes de henné sont appliquées l'une contre l'autre.

                 Encore que les costumes soient des couleurs vives où le rouge groseille et le vert dominent, l'ensemble est sombre, parce qu'au-dessus des costumes des petites du premier rang, s'étagent les visages bronzés de toutes ces danseuses.
                 Une coiffure savante, et qui discipline des cheveux crépus et noirs, affecte la forme d'un casque dont la visière descendrait jusqu'à la naissance du nez, et qui laisserait échapper sur les côtés, de longues mèches ornées de pendeloques de cuivre, d'argent ou d'or, et venant encadrer le visage des fillettes.
                 Une pièce de laine noire accrochée derrière la tête et dont les pans passent sous le menton et engoncent le cou contribue à donner à l'ensemble un aspect sévère.

                 Les vêtements sont clairs, les bijoux d'argent abondent et scintillent et cependant dans cette symphonie c'est le noir qui semble dominer parce qu'instinctivement le regard se reporte vers ces têtes crépues qui s'étagent, têtes de tout petits enfants, têtes de fillettes, têtes de jeunes filles.

                 Et le cortège toujours dansant, toujours ondulant s'avance à pas menus, menus. Toutes ces fillettes, et il en est qui n'ont pas quatre ans, processionnent balançant leurs hanches mises en relief par une ceinture serrée au niveau des cuisses.
                 L'ample morceau d'étoffe sans ceinture qui par-dessus les chemisettes les drape harmonieusement, longues ailes au bras tendu en avant, amples plis s'écartant symétriquement de la ceinture vers le sol, participe de la danse, et l'on n'a pas l'impression d'une enfant qui danse, mais d'une longue draperie qui fait frissonner rythmiquement un souffle léger et tout le cortège s'avance, s'avance doucement comme un mur de poussière dorée aux soirs de sirocco.

                 Tous ces enfants accompagnent leur marche de chants mélancoliques et doux qui contrastent étrangement avec les sons assourdis des tambourins, et les stridences de la raïta (flute).
                 Marchant à reculons le joueur de flageolet (1) berbère semble attirer à lui vers le pavillon argenté de son instrument diabolique, tout l'ensemble que dominent les tambourins, et sur lesquels plane la chantante prière à Vénus des fillettes de Ouargla.

                 Et parmi ces têtes noires, en contraste violent apparaissent, oscillant et dansant aussi, des mouchoirs de soie éclatante, recouvrant les figures des fiancés de la ville, de celles qui ont été choisies dans des takouka précédentes.
                                  Les autres…
                 Les autres, yeux constamment baissés vers le sol, s'attachent à donner aux mouvements du bassin, le plus d'ampleur possible, sans déranger la position de pieds encerclés de bracelets, de la taille enserrée d'un cordonnet de soie.
                 Et voici la nuit qui arrive et le cortège atteint la jemmâ du village, place sainte de la tribu.

                 - Les danseuses s'assoient à terre au voisinage des grands feux de palmes dont la lueur cuivrée et enfumée donne un relief extraordinaire aux costumes.
                 D'un peu partout, d'autres cortèges arrivent.
                 - Les joueurs de raïta sont allés dans les ruelles du village chercher avec le même cérémonial d'autres fiancées dont le mariage est proche et celles-ci s'avancent tête voilée de soie pourpre ou verte, accompagnées de leurs " sœurs d'honneur".
                 - Les hommes, les jeunes gens arrivent à leur tour porteurs de palmes enflammées, de bougies, d'antiques lampes à huile, voire de lampes à acétylène qui jettent la stridence de leur flamme, lumière et bruit, dans cette symphonie antique.
                 - De nombreuses femmes jeunes ou vieilles se glissent comme des ombres et vont s'asseoir discrètement sur l'emplacement qui leur est réservé.
                 Et un peu partout, l'eau bout dans les théières reposant sur de petits brasiers improvisés, et les verres délicats contenant la boisson divine sont offerts aux fiancés par leurs frères d'honneur.

                 Les chaînes des danseuses se reforment et maintenant évoluent séparées appuyant toujours vers la gauche, dans le cercle des jeunes gens.
                 Les fiancés occupent le centre des diverses chaînes ayant à leur droite et à leur gauche leurs sœurs d'honneur. Toutes ces chaînes dansent suivant une direction bien rectiligne, pivotant autour d'une de leurs extrémités lorsqu'elles viennent à rencontrer le cercle des jeunes gens.

                 L'intérieur présente bientôt l'aspect d'un polygone étoilé, en perpétuelle ébauche, aux lignes :
                 - flottantes,
                 - dansantes,
                 - ondulantes,
                 - chantantes
                 - et en transformation constante.

                 Les danseuses fatiguées viennent s'asseoir dans le groupe des femmes, mais vite reposées, repartent ondulant, former un nouveau maillon aux chaînes serpentantes.
                 A la lueur des djerids (2) enflammés, les fillettes couvertes de bijoux apparaissent assez semblables à des madones noires.
                 Dans le casque de leur chevelure, des étoiles d'or, rehaussées en leur centre d'un rubis, étincellent.
                 Les colliers de bimbeloterie, de clinquant, mais aussi d'argent, s'étagent et descendent à hauteur de la poitrine.
                 De longues épingles d'argent coincées dans les anneaux de grandes dimensions, réunies par de longues chaînettes d'argent, accrochent à l'épaule les draperies qui constituent véritablement une robe de style.

                 En brinquebalant, sautillant sur le tout, les amulettes d'argent ou de cuivre heurtent les colliers étagés en pièces d'or, de pendeloques, de clinquant.
                 Sur les cheveux noirs, des cercles de coquillages blancs, des cordonnets de perles bleues, tranchant violemment ; quelques parures de corail aussi et de larges plaques rondes, de filigrane feu sur la poitrine infantile des plus nobles et des plus riches.

                 Les cheveux sont oints d'huile, de parfum, de henné, les yeux sont faits au kohl, il n'est pas jusqu'à l'intérieur de la bouche et à la langue qui n'aient été teintes et parfumées avec une décoction d'écorce de chêne.

                 Et ainsi parée, tout bijoux, toute soierie, tout parfum, la jeune vierge d'Ouargla, diadème de roses et de plumes d'autruches piquées dans les cheveux, attend aux soirs de printemps qu'un jeune homme lui couvre le visage d'un mouchoir de soie, et en fasse sa fiancée.

(1) Flûte du XVII° siècle.
(2) Tiges de palmier dépouillées de leurs feuilles.

Les amis du Sahara (octobre 1932)


Une ouaâda en Oranie
Envoyé par M. Christian Graille

                 Une vaste plaine ensoleillée où fourmille une foule éblouissante d'indigènes des douars environnants, arrivés dès l'aube, pour prendre part à la fête qui se prépare aux abords de la ville.
                 Par instants des coups de feu, signal précurseur, déchirant l'air diaphane où s'effiloche une fumée bleuâtre, floconneuse, qui se confond bientôt avec l'air satiné du ciel immaculé.
                 D'étincelantes chevauchées caracolent çà et là au soleil, avec un cliquetis métallique de gourmettes et d'étriers. La plaine rutilante où ondulent d'innombrables burnous, éclatent, de-ci, de-là pareils à de grands coquelicots, les chéchias pourpres des yaouleds ivres de joie, gambadant, hurlant comme des singes apeurés ; en l'éparpillement des tentes qui émergent du sol tel un semis de blancs et bizarres cryptogrammes.

                 Là-bas, à l'orée de la plaine surchauffée, s'érigent d'autres tentes d'un aspect tout différent et destinées au public européen, plus ou moins select, qui a coutume d'assister en foule à cet exotique spectacle.
                 Sous des abris improvisés hâtivement, se dressent des tables primitives, peu ou prou claudicantes le long desquelles courent des bancs rustiques où s'alignent pêle-mêle, impatients de participer à une plantureuse diffa, Français et Espagnols, confondus en un banquet gigantesque, pantagruélique.

                 Il est midi.
                 L'estomac peu complaisant des roumis gracieusement invités par le caïd organisateur de la fête commence à crier famine. Mais en dépit de leur gourmande convoitise, ils ne voient, comme sœur Anne que le sable d'or qui poudroie et le soleil torride qui flamboie au zénith, surchauffant la plaine aride où ne verdoie qu'une herbe grisâtre, calcinée, l'on dirait saupoudrée de poivre.
                 Soudain, une vaste rumeur se propage, telle une brusque traînée de poudre, parmi la foule expectante des convives affamés qui s'ébrouent en un gai hourvari (2), escaladant les bancs et les tables pour mieux contempler l'arrivée si impatiemment attendue des porteurs de victuailles affriolantes et parfumées.

                 Cependant, là-bas, à l'extrémité du vaste cirque ensoleillé où grouillent des trôlées de burnous, apparaît comme une fantastique vision, l'hétéroclite cortège indigène qui s'achemine lentement, d'un pas solennel, hiératique, vers la salle ombreuse du festin.
                 Et cela s'accroît à vue d'œil, progressivement ; l'on dirait bientôt d'une étrange procession de moines vêtus de blanches cagoules, brandissant d'énormes crucifix à l'ossature maigre ! décharnés !
                 Et l'on voit enfin surgir, comme érigés au bout de longues piques brunes, au-dessus des têtes encapuchonnées, d'affreux méchouis empalés, découvrant en un horrible rictus leur mâchoire jaunâtre, grimaçante, étalant, pitoyable, aux yeux des roumis alléchés, voraces, la chair bronzée, ratatinée, croustillante, qui recouvre tant bien que mal leur squelette anguleux, dégingandé.

                 Puis viennent les porteurs de couscous, tenant en équilibre sur leur tête enturbannée de grands plats débordant de blanche semoule granulée, fleurant la cannelle, truffée de morceaux de mouton et parsemés de raisins et de gros pois chiches.
                 De frénétiques bravos, d'enthousiastes hourras accueillent le menu exotique, substantiel ! C'est alors la lutte pour la vie et chacun s'efforce, sans coup férir, mais avec énergie, de prendre sa place au soleil … ou plutôt à l'ombre, résolu coûte que coûte à participer à ce gargantuesque banquet et à obtenir sa large part du plantureux couscous offert si généreusement aux roumis par les notables indigènes.
                 C'est, parmi la foule loquace, bruyante, des invités un pittoresque imbroglio, un indescriptible tohu-bohu, une joyeuse prise d'assaut des tables où l'on finit par s'installer à qui mieux-mieux, sans cérémonie, à la bonne franquette, confondus en une touchante et démocratique fraternité.

                 Cependant, pareils à des hérauts d'armes, les indigènes, porteurs de méchouis, se tiennent immobiles, rigides à proximité des convives qui taillent, découpent à même la chair pantelante, effilochée tandis que d'autres, moins patients et plus primitifs, dépècent sans vergogne, à l'aide de leurs doigts sordides, la viande dorée, luisante, saturée de graisse.
                 Et l'on mange de toutes parts, les uns du bout des dents, les autres avec un farouche appétit, vidant comme par enchantement, les grands plats de couscous parfumé, mettant à nu, tels de voraces cannibales, la squelettique ossature des succulents méchouis, transmués soudain, presque à vue d'œil, en pièces anatomiques…

                 Voici maintenant que les jeux et les divertissements si chers aux Arabes, se préparent là-bas, en plein air, au soleil, parmi les aveuglantes rafales de poussière grise tourbillonnant par instants sous la brûlante haleine du siroco.
                 Rangés en cercle, en une masse compacte, les uns accroupis, recroquevillés comme des Bouddhas, les autres debout immobiles, impassibles, hiératiques, on dirait étagés sur les gradins d'immenses arènes.
                 Cà et là à travers la piste éblouissante évoluent des groupes de musiciens indigènes, coiffés ainsi que de larges parasols, de grands chapeaux de paille à larges bords, en alfa festonné de multicolores arabesques ; munis de tambourins et de derboukas, marchant d'un pas rythmé ils préludent par d'étranges sonorités, de rauques vibrations, aux jeux athlétiques qui figurent en tête du programme de la fête et dont est si friande la tourbe musulmane.

                 Soudain, de la foule des spectateurs indigènes, se détachent lentement de deux points opposés, deux arabes s'avançant l'un vers l'autre, nu-tête, les cheveux noirs, crépus, ébouriffés, le torse découvert, on dirait des bronzes florentins avec des reflets dorés, luisants.
                 Et tandis que les tambours et les cylindriques derboukas accélèrent de plus en plus leurs notes sourdes, les deux adversaires se rapprochent peu à peu, érigeant verticalement leurs bras nus, musclés, vers le ciel avec un rapide frémissement de mains ouvertes comme pour s'adresser un mutuel défi.
                 Ce sont les préliminaires accoutumés de la Rabah, lutte brutale, toujours dangereuse et parfois mortelle qui a le don de passionner les indigènes et de susciter leur enthousiaste admiration.

                 Mais voici que les deux antagonistes, escortés chacun du groupe de ses partisans, prennent contact et se baisent réciproquement le front avant d'engager le duel inquiétant qui va bientôt les mettre aux prises et projeter peut-être brusquement l'un d'eux sur le sol, inerte, frappé à mort.
                 Tout à coup, rapides comme l'éclair, ils se précipitent l'un sur l'autre, tête baissée, le regard farouche ; puis tournoyant sur lui-même en une volte-face imprévue, l'un des lutteurs lance à son adversaire un vigoureux coup de pied, l'atteignant à la nuque, le fait vaciller soudain et tomber lourdement comme un homme ivre, aux acclamations et aux huées de la foule en délire.
                 Terrassé par cette violente commotion, mais en proie à un simple évanouissement, il ne tarde point à recouvrer sa vigueur d'athlète en se redressant par un brusque sursaut, voici qu'il s'élance à son tour sur son robuste partenaire ; puis se révoltant avec une vertigineuse dextérité il lui imprime tout coup la plante du pied entre les deux omoplates, prenant ainsi sur-le-champ une éclatante revanche saluée aussitôt par les hourras frénétiques, enthousiastes de ses multiples coreligionnaires.
                 A cette lutte émouvante succèdent bientôt d'autres luttes dont les péripéties se déroulent tantôt angoissantes, tantôt monotones aux regards extasiés, contemplatifs des indigènes, cependant que dans l'air surchauffé, baigné d'une aveuglante lumière, les tambourins, les derboukas, les clarinettes nasillardes égrènent indéfiniment leurs soporifiques mélopées.

                 C'est alors la traditionnelle fantasia qui clôture immuablement les grandes fêtes arabes. Les nombreux goums des douars voisins, l'arme au poing, le burnous flottant, précédés de leurs caïds drapés de pourpre, évoluent çà et là sur la piste empoussiérée, criblée de soleil avec des miroitements, des étincelles d'acier, de rutilantes chamarrures.
                 Soudain, de brèves détonations pareilles à un brusque déchirement de toile crépitent sous l'azur d'un ciel de et surgissant d'un épais nuage de fumée bleue, des cavaliers farouches on dirait ivres de sang et de carnages, s'élancent à bride abattue, brandissant leur fusil comme à la poursuite d'un invisible ennemi qui semble fuir, épeuré là-bas, dans les lointains vaporeux.
                 D'autres cohortes, l'œil étincelant, l'aspect sauvage, se précipitent à leur tour, lancées à fond de train, en une course éperdue, une charge effrénée, pourchassant à outrance avec de rauques éructations, de barbares rugissements, d'imaginaires mécréants qui, affolés, en proie à une panique terreur viennent de disparaître à l'horizon.
                 Et le crépitement de la fusillade ininterrompue fait un bruit pareil au claquement sec d'une pluie de grêlons sur les vitres, ou d'une coulée de grenaille de plomb sur une plaque de tôle.

                 C'est le soir. La fête est terminée. Au ciel diamanté d'étoiles, la lune d'argent profile sur un fond de velours bleu son croissant effilé, telle qu'une étincelante faucille suspendue là-haut par un fantastique moissonneur.
                 On dirait aussi d'un emblème islamique surmontant au clair zénith le faîte d'un invisible minaret. Éclairée comme par un jet de lumière électrique, la vaste plaine où évoluaient tantôt dans la poussière ensoleillée les chevaux arabes aux naseaux frémissants, à la croupe écumante, à la queue flottante, empanachée, resplendit, muette, plongée en un nostalgique silence interrompu par la toux saccadée, haletante du tam-tam ou par le son aigrelet, monotone, d'une clarinette arabe modulant une bizarre cantilène.
                 De-ci, de-là, pareils à des fantômes errants dans la nuit comme des âmes en peine aux entours d'une immense nécropole, de longs burnous blancs déambulent, mornes, silencieux, parmi les tentes qui émergent éclatantes du sol ainsi que de blancs mausolées.

                 D'autres prostrés, hiératiques, accroupis, tels des sphinx, surgissent à la lueur satinée des étoiles tandis qu'éclairés par la flamme rougeâtre, vacillantes, de funèbres bougies plantées en terre comme sur les tombes le jour des morts, des mendiants indigènes psalmodient en plein air d'interminables et pieuses complaintes que leurs coreligionnaires écoutent debout dans le calme mystérieux d'une nuit lactée, phosphorescente, charmeresse.

(1) Ouaâda : fête populaire qui rassemble une population qui partage généralement les mêmes origines ou habite la même région.
(2) Hourvari : tumulte

Charles Barbet.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (14-02-1904)


Les Espagnols à Oran
Envoyé par M. Christian Graille

                  Alfred Salinas (1), dans un ouvrage (2) remarquable, dense et fort bien documenté, éclaire de brillante façon le passé d'Oran, ville :
                 - vivante,
                 - fière,
                 - libre,
                 - dynamique,
                 - Accueillante, quoique parfois rebelle.

                 Il ne conteste ni ne réfute le fait d'être Pied-noir mais définit ainsi son identité en la nuançant quelque peu : " Je suis en effet un Oranais avant d'être quoique ce soit d'autre ; Ceci veut dire que je ne suis pas né en Algérie après 1830 mais mille ans auparavant, que mes racines plongent dans le passé le plus lointain de la terre nord-africaine à l'égal de tous mes semblables, originaires comme moi d'Andalousie ou du reste de l'Espagne, qui peuplèrent majoritairement la ville d'Oran avant l'indépendance de ce pays en 1962 ".
                 Subtile précision pour présenter cette intéressante communauté.

                 Il est vrai qu'en 902 des marins andalous décidèrent de s'installer à Oran. Au fil du temps, le développement économique de la ville s'accrut ; grâce au port de Mers el Kébir, la cité devint le carrefour des relations commerciales méditerranéennes.
                 1492 sonna le glas de la domination musulmane sur la péninsule ibérique.
                 Au début du XVIe siècle, la recrudescence des actes de piraterie incita l'Espagne à s'installer durablement à Oran mais l'esprit de revanche sur les Maures n'était pas absent des buts de la conquête.

                 L'opération militaire vit le jour en 1509. La ville fut prise ; Commença alors une période de domination qui dura jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, interrompue par une courte domination turque de 1708 à 1732.
                 Si la cité fut :
                 - riche,
                 - vivante,
                 - insouciante,
                 - conviviale,
                 - tolérante,
                 - libertine à certaines époques de son histoire, elle n'en était pas moins demeurée :
                 - courageuse,
                 - fière,
                 - laborieuse et
                 - Douloureusement meurtrie au fil des ans.

                 Lors du tremblement de terre de 1790, la majeure partie de la ville fut détruite. Près de 1.200 habitants périrent (certaines sources font état de 3.000 morts) sur un total de 9.500. Les Turcs profitèrent de ce désastre pour attaquer la citadelle et c'est en 1792 que les Espagnols abandonnèrent la cité.

                 La conquête de l'Algérie par la France en vit revenir un grand nombre et dans un état d'extrême dénuement ; vêtus de haillons, portant de rares objets personnels sur les épaules et un maigre baluchon, on les appelait les " caracolès " (les escargots) car c'est leur maison qu'ils transportaient sur le dos.
                 On les accusait de tous les maux de la société ; un vol était-il commis ?
                 Ce ne pouvait être qu'un Espagnol ; la police faisait croire que certains d'entre eux n'étaient que :
                 - des repris de justice,
                 - des mendiants,
                 - des vagabonds,
                 - Des déserteurs.

                 On laissait aussi volontiers accréditer l'idée que l'Espagne se séparait, à bon compte, d'une partie de sa communauté jugée marginale.
                 L'Administration tentait de les éloigner de leurs racines, les humiliait en les traitent de " cinquante pour cent " car nés Français en Algérie de parents espagnols.

                 Les souvenirs d'Emmanuel Roblès, écrivain sont, à ce sujet, révélateurs de l'état d'esprit qui régnait dans la province :
                 " A l'école on nous interdisait de parler notre patois et nous considérions cela comme une brimade, sans déceler l'intention purement pédagogique de nos bons maîtres.
                 Verneuil, un de nos camarades de classe, me surprit un jour à parler espagnol et fit une remarque désobligeante. C'était la première fois que j'entendais l'expression cinquante pour cent dans son sens injurieux et, piqué au vif, je répliquais, par dépit, défi et amour propre blessé que je n'étais pas cinquante mais zéro de Français et que si tous les Français n'étaient pas contents ils pouvaient toujours repartir chez eux tandis que nous, ici, nous étions chez nous, parfaitement, et sans rien demander à personne etc. etc. "

                 Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls à subir de tels affronts et de telles vexations.
                 Certains Français, arrivés avec l'armée au tout début de la conquête, considéraient que les nouveaux arrivants de Paris en 1848 n'étaient :
                 - " qu'un ramassis de fainéants,
                 - de débauchés et
                 - de francs vauriens ".
                 Une partie de la population d'origine espagnole était présentée comme un ensemble de trublions dont il fallait se méfier et surveiller étroitement tous les faits et gestes dont certains pouvaient être susceptibles de troubler l'ordre public.

                 Après 1870, ils furent encore victimes de fortes discriminations ;
                 ne jouissant pas de la nationalité française, ils ne pouvaient accéder à l'attribution de terres réservées en priorité aux " Français de souche " ; devant de telles injustices le seul espoir qu'ils nourrissaient était celui de se replier vers des métiers manuels :
                 - manœuvres,
                 - portefaix,
                 - ouvriers agricoles,
                 - maçons.

                 Leur afflux massif inquiétait les autorités qui tentaient, par tous les moyens, de les dissuader de gagner les rivages de la province.
                 Fort heureusement une loi de naturalisation fut promulguée en 1889, atténuant leur isolement en privilégiant le droit du sol à celui du droit du sang, permettant enfin aux enfants nés en Algérie de parents espagnols d'acquérir automatiquement la nationalité française.

                 L'intégration prenait forme et se mettait lentement en marche ; elle allait s'ancrer dans les esprits grâce à :
                 - un labeur acharné,
                 - un exceptionnel courage et
                 - une farouche volonté de vaincre l'adversité.

                 Entre 1870 et 1900 les autorités françaises agitaient, auprès des citoyens natifs de la Métropole, l'épouvantail de " l'invasion espagnole en l'Oranie ".
                 - On surveillait,
                 - on refoulait,
                 - on expulsait car on voulait que la région soit peuplée de Français afin de rétablir l'équilibre démographique.

                 Les Oranais conservaient jalousement :
                 - les mœurs,
                 - les traditions,
                 - la ferveur religieuse de l'Espagne et maintenait un très fort lien affectif avec elle. Malgré les nombreuses naturalisations qui changèrent la composition du corps électoral, une logique de l'exclusion se poursuivit.

                 Pour le pouvoir ces immigrés continuèrent à être méprisés et à compter bien peu dans la vie de la province. Ce sont, en partie, certainement les raisons qui en poussèrent certains à regarder vers l'Espagne plutôt que vers la France. D'ailleurs jusqu'en 1940 il n'y eut aucun parlementaire ou maire issu d'une famille de naturalisés. La défaite de la France attisa l'appétit de conquête de Franco… La population oranaise semblait accepter l'idée d'un rattachement de la région à l'Espagne, encouragée par l'intense propagande faîte par son consulat et ses représentants.

                 Dès 1939, l'arrivée massive de réfugiés espagnols fuyant la guerre civile jeta le trouble et l'inquiétude au sein de l'Administration française qui n'avait pas totalement perdu ses vieux réflexes anti espagnols.

                 Le vent tourna et les sombres projets du Caudillo (3) ne purent se concrétiser ; Le débarquement des troupes alliées en Afrique du Nord en novembre 1842 sonna le glas de ces ambitions démesurées.

                 " La ville d'Oran devenait vraiment française 112 ans et 10 mois après l'entrée des troupes du général Charles Denys de Danrémont ".

(1) Universitaire
(2) Oran la joyeuse. Mémoires franco-andalouses d'une ville d'Algérie.
(3) Franco a choisi cette appellation en souvenir des chevaliers espagnols ayant repoussé les Arabes, au moyen âge, hors d'Espagne.

Christian Graille



 Au hasard
Envoyé par M. Christian Graille

                  Voulez-vous, autour de Mustapha-Supérieur, faire une promenade pittoresquement capricieuse ?
                  Vous êtes devant l'église. En face de vous un poteau du Club Alpin vous indique un sentier qui mène à El-Biar. Prenez-le. Vous cheminez entre des murs de clôture ; par-dessus, les odeurs volent et vous arrivent ; des grappes parfumées pendent même au-dessus de votre tête et vous n'avez qu'à tendre les mains pour les cueillir.

                  Au printemps ce sont des glycines d'un violet pâle ; en été, des jasmins enivrants qui forment en tombant une litière neigeuse sous vos pas.
                  Des orangers et des citronniers ont des fruits d'or rouge ou d'or vert en janvier et des cassolettes blanches d'encens, en mai. Des lauriers roses font de larges taches carminées et bleues dans les feuilles noires, lorsque août brûlant règne dans la splendeur. C'est là le commencement de votre promenade.

                 A moins de 200 mètres, la grille d'une villa semble barrer votre route, vous tournez à gauche le sentier monte et se cache de plus en plus sous les frondaisons. C'est par endroits une nuit mystérieuse et fraîche. Puis des trouées s'ouvrent dans la voûte verdoyante qui s'arrondit sur vous, et ce sont des échappées radieuses du soleil.

                  Je rêve d'un tableau qui me montrerait un couple divinement beau, enlacé dans une de ces trouées lumineuses. Il serait comme transfiguré, comme immatériel dans une poussière d'or impalpable.
                  Le sentier cesse de s'élever et incline à droite. Il n'est plus sombre ni fermé. Plus de tunnel de verdure ; un vallon qui descend vers la mer et la Méditerranée en bas.

                 Un léger et court pont sur un lit d'oued vide. Engagez-vous à gauche dans un sentier tout juste large pour placer vos pieds. Que vous en dirai-je ? Il est délicieux. Vous rejoindrez le grand chemin de la colonne à El-Biar, proche de la colonne. Poussez jusqu'à ce village. Égarez-vous dans le bois de Boulogne.
                  Le hasard vous conduit au bas du Splendid Hôtel.

                  Voyez-vous ce poteau du Club Alpin, comme à l'entrée d'une grotte de feuillages ? C'est le sentier des voleurs. Il paraît qu'on y fait de mauvaises rencontres. Ce que j'affirme, c'est qu'il n'en est pas un aussi étrange, aussi merveilleux où l'on surprenne autant de rêves et d'amoureux. Il est raviné, en casse-cou, absolument discret et caché, changeant à chaque dix pas. Il débouche à Mustapha-Inférieur, près du Champ-de-Manœuvres.

Errans
Les Annales algériennes (12-02-1893)


De la pêche au corail
Envoyé par M. Christian Graille
Anciennes possessions françaises de la Calle.

                  Avant la guerre de 1830 contre Alger, comprenant une soixantaine de lieues de côtes de Barbarie, notre prise de possession datait de 1520.
                  Les établissements eurent à souffrir plusieurs vicissitudes jusqu'au moment où les Français furent chassés définitivement de la Calle, ville incendiée par les Arabes, d'après l'instigation des Turcs le 18 juin 1827.
                  L'Est de ces parages où se trouvent nos anciennes possessions de la Calle, du cap Rosa, du bastion de France et du cap Roux était affecté à la pêche du corail ainsi que le golfe de Bône et les environs du cap Ferrat près d'Oran.

                  L'autre partie des côtes de la province de Constantine, objet des concessions commerciales, était exploitée par une compagnie française qui y faisait un commerce exclusif sur :
                  - les grains,
                  - les cuirs,
                  - la laine,
                  - le miel,
                  - la soie et
                  - l'huile.

                  L'avantage de ce monopole coûtait à la France une redevance annuelle de deux cent mille francs payés au Dey d'Alger. Le trésor rentrait dans ses avances en accordant des patentes de pêche aux bâtiments corailleurs à raison de mille francs pour la saison d'été et de cinq cents francs pour celle d'hiver.
                  Souvent le même bateau prenait une patente tunisienne afin de pouvoir pêcher dans les eaux de Tabarcâh (Tabarka) ; elle coûtait moitié moins que celle de la France. On comptait jusqu'à deux cents bateaux corailleurs en mer ; leur réunion dans un petit espace offrait un coup d'œil agréable.
                  La compagnie commerciale n'était assujettie à aucune rétribution.
                  Le gouvernement français ayant voulu exploiter ce commerce ne put couvrir ses frais : il l'abandonna à une compagnie française avec la condition avantageuse pour elle de fournir aux corailleurs les objets de consommation.

                  La ville maritime de Bône était le centre des pêcheries et des opérations commerciales. Un consul de France y résidait et la compagnie d'Afrique y avait formé ses plus grands établissements. Ce n'était qu'éventuellement qu'elle faisait des achats dans les ports de Stora, Collo et de Bougie.
                  La France déclara la guerre au Dey d'Alger, il n'existait plus de distinction entre les concessions commerciales et les anciennes possessions territoriales limitées par la Seybouse et le cap Roux.

                  Aussi avait-on laissé tomber en ruine nos fortifications du cap Rose, du bastion de France et du cap Roux. Ce ne fut qu'accidentellement que celles de la Calle furent réparées.
                  Comme pendant mon premier séjour à Oran en 1831, j'ai résidé pendant un an au fort de Mers-el-Kébir, j'eus l'occasion de voir constamment les bateaux corailleurs et j'eus la curiosité de les visiter et d'aller voir comment se faisait cette pêche ; je fus plusieurs fois en mer avec eux pour jouir de ce coup d'œil et j'étais loin de l'imaginer comment s'opérait cette pêche.

                  La pêche au corail est faite par des balancelles, bateaux pontés du port de quinze à vingt-cinq tonneaux, ayant de huit à douze hommes d'équipage et deux mousses constamment occupés à faire et à réparer les filets.
                  La voilure est fort basse soutenue par un seul mât ; elle se compose d'une voilure latine et d'une brigantine.
                  Les filets de pêche sont formés par deux forts madriers placés en croix, longs d'un mètre cinquante centimètres. A leur réunion est une grosse pierre carrée et un câble assez long pour laisser descendre le filet jusqu'à quatre-vingt brasses de profondeur (quatre cents pieds) et quelquefois plus.

                  Aux quatre extrémités des madriers sont fixés des paquets de réseaux en grosse ficelle.
                  Cet appareil fort simple est jeté à la mer et retenu au moyen du câble fixé à un petit cabestan (treuil).
                  En entrant dans l'eau les réseaux du filet s'étendent et parvenus au fond ils s'étalent autour des madriers qui, agités par les flots, cassent les branches de coraux.
                  Quand on suppose qu'une quantité suffisante a été détachée des rochers sous-marins on enlève les filets au moyen du câble ; alors les réseaux se rapprochent par leur propre poids et accrochent les morceaux de corail cassés par le madrier.

                  Les filets étant parvenus sur le pont on cherche dans les réseaux les coraux qui s'y trouvent. On ne conserve que les morceaux qui résistent à la cassure qu'on cherche à faire avec les doigts.
                  Cette pêche n'est exploitée que par des Sardes et des Napolitains. Un bateau bien équipé pêche pour dix ou douze mille francs de corail avec une dépense de six à sept mille francs. On le transporte à Livourne où il est vendu de trente à cinquante francs la livre.
                  Les gros morceaux de corail, propres à tailler des médaillons se vendent à la pièce jusqu'à mille francs et au-delà. Ce n'est que dans ce port et à leur retour que les patrons s'acquittent du prix de leurs patentes auprès du consul français.

                  Depuis que nous occupons Alger, cette pêche a repris une activité plus grande que jamais car à l'époque où j'étais à Oran c'était la saison d'été ; il y avait au moins une trentaine de bateaux corailleurs qui tous les matins partaient du port de Mers-el-Kébir et se dirigeaient vers le cap Ferrat où était leur point de mire et la réunion des autres bateaux qui cependant se tenaient à distance des uns et des autres lorsqu'ils commençaient leur pêche.
                  Je les examinais tous les matins et toute cette réunion de petits bateaux formait une petite citadelle fort agréable à la vue qui donnait une activité étonnante à ces parages.

L'Algérie française par Arsène Berteuil
Ancien pharmacien en chef des hôpitaux militaires de l'Armée d'Afrique.
Édition 1856


Le p'tit Julien...
Envoyé par Mme Annie

         Un enseignant"de gauche " a demandé aux élèves de sa classe combien d'entre eux étaient des fan de MELANCHON. Ne sachant pas vraiment ce qu'est un fan de MELANCHON, mais voulant être aimés de l'enseignant, tous les enfants ont levé la main, à l'exception du petit Julien

         L'enseignant a demandé au petit Julien pourquoi as-tu décidé d'être différent ... encore une fois.
         Petit Julien a dit : « Parce que je ne suis pas un fan de MELANCHON. »
         Le professeur a demandé : "Pourquoi n'es-tu pas un fan de MELANCHON?"
         Julien a dit : 'Parce que je suis de droite.'
         Le professeur lui a demandé pourquoi il est de droite.
         Le petit Julien répondit: "Eh bien, ma mère est de droite et mon père est également de droite, alors je suis de droite."
         Le professeur, agacé par cette réponse, lui demanda: "Si ta mère était une idiote et ton père, un crétin, tu serais quoi ??
         Le petit Julien a répondu: 'Un fan de MELANCHON'


QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER

Source Gallica

Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils

        CHAPITRE XXII
Correspondance avec le général Pélissier et le général d'Allonville. - Bataille de Traktir (16 avril 1855). - Incident avec le général Pélissier. - Impressions des combattants. .

       

        Le général en chef ne croyait pas beaucoup à une attaque des Russes sur nos lignes. Je ne partageais pas sa manière de voir et connaissant les forces sérieuses qui étaient en face de nous, j'avais fait étudier et préparer le terrain et donné des instructions très complètes pour être prêt en cas d'attaque. La crise n'allait pas tarder à se produire.

        Le 12 août, le général en chef m'écrivit :
        " M. le Général en chef de l'Armée anglaise vient de me faire prévenir qu'il résultait des renseignements recueillis par un de ses agents que les Russes se préparent à une attaque générale fixée à demain 13 courant.
        " Je n'ajoute pas une foi entière à ce renseignement. Néanmoins, je vous en préviens afin que vous puissiez redoubler de surveillance et que, le cas échéant, tout soit prêt pour l'exécution des dispositions arrêtées dans cette prévision..."
        
Ces dispositions étaient celles que j'avais arrêtées le 27 juillet.
        Le 15 août, je recevais du général d'Allonville détaché dans la vallée du Baïdar, la dépêche télégraphique suivante :
        " Mordrinoff-Serai, 7 heures du soir.
        " Attaque probable des deux côtés... Serons bien faibles..."

        Interrompue par le brouillard.

        Pendant la nuit, un cavalier m'apportait la dépêche complète. La voici :
        " Les renseignements que je reçois de deux côtés différents, et par des hommes sûrs, indiquent une concentration d'infanterie sur Ozenbach et de cavalerie sur Cardonebell.
        " Je prends des précautions, mais je suis bien faible et bien embarrassé du troupeau et des magasins. Envoyez-moi un peu d'infanterie et tenez la cavalerie prête à marcher."

        
J'avais transmis immédiatement la dépêche interrompue par le brouillard au général en chef qui m'écrivit :
        " G. Q. G. Devant Sébastopol, 15 août 1855. 9 h. 30 du soir.
        "Général,
        " Je reçois à l'instant 9 h. 1/2 votre lettre partie du Camp à 7 h. 1/2 et datée assez légèrement du 14 août quand nous sommes le 15.
        " D'abord, vous deviez indiquer l'heure, indiquer en même temps l'heure de la dépêche télégraphique. Je vous invite de nouveau et une fois pour toutes à indiquer l'heure des dépêches de cette nature.
        " Maintenant, je m'étonne qu'après une indication aussi vague, n'appuyant sur aucun renseignement précis et après l'avis qui vous est donné si incomplètement, vous n'ayez pas envoyé immédiatement un officier au général d'Allonville afin d'obtenir un renseignement plus circonstancié. Veuillez y suppléer sans le moindre retard et me tenir aussitôt informé de ce qui vous parviendra.
        " J'avais reçu cet après-midi des avis indirects que le général d'Allonville pouvait être menacé. Je lui ai répondu directement une lettre dont je vous envoie copie, par duplicata, vous l'ayant communiquée sous cachet volant.
        " Il ne faut pas que vous perdiez de vue le petit camp de l'Intendance de Pshatka-sous-Phoros qui aurait à se rembarquer immédiatement en cas d'attaque. Avisez-le sans retard. "
        
Le Général en chef, PÉLISSIER.

        La lettre adressée au général d'Allonville était ainsi conçue :
        15 août 1855.
        " Général,
        " Des bruits dont je ne puis vérifier la valeur indiquent l'arrivée de renforts à l'Armée russe et des intentions d'attaque générale.
        " Dans ce système, l'ennemi se renforcerait sur sa gauche, ferait filer de l'infanterie sur les plateaux d'Izalia et projetterait de déboucher sur vous par les passages que vous observez et gardez sur notre droite extrême.
        " Vous devez redoubler de surveillance à cet égard. Je sais que je puis m'en rapporter à vous. J'ajoute que si vous veniez à être menacé d'une attaque, vous devriez vous replier et évacuer la vallée de Baïdar, afin de ne pas engager une action séparée qui nous forcerait à nous diviser sur notre centre, tandis que je compte sur vous pour nous renforcer au besoin et saisir les avantages d'une affaire décisive."
        
Le Général en chef, PÉLISSIER.

        Ces deux lettres prouvent à l'évidence qu'au Grand Quartier général pas plus qu'ailleurs on ne prévoyait une attaque des Russes sur la Tchernaïa.
        Les chicanes contenues dans la lettre du général Pélissier sont insignifiantes. On avait dit : " Je vous transmets sans retard la dépêche télégraphique reçue à l'instant.

        Il était sans intérêt qu'elle portât 6 h. ½ ou 7 h. 5 minutes. Je lui répondis :
        " Mon Général,
        "J'aurais dû, il est vrai, indiquer sur la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser, l'heure de 7 heures du soir que portait la dépêche télégraphique de M. le général d'Allonville.
        " Je n'ai pas cru devoir envoyer un officier à cet officier général, parce que, sachant lui-même que sa dépêche n'avait pu passer, il allait m'en envoyer la confirmation par ordonnance, et, en effet, au moment où je recevais votre dépêche du 15 août 9 h. 1/2 du soir, cette confirmation m'arrivait.
        Elle était ainsi conçue : (Voir plus haut.)
        "Dois-je envoyer à M. le général d'Allonville de l'infanterie comme il le demande? Je vois par votre dépêche à lui adressée, que je lui ai fait passer aussitôt que je l'ai reçue, qu'il doit évacuer la vallée de Baïdar s'il venait à être attaqué, j'attendrai donc vos ordres à cet égard.
        " Je lui écris au sujet du petit camp de l'intendance établi à Pshatka-sous-Phoros, mais j'ignorais complètement son existence."

        
L'avis du général d'Allonville me faisant connaître qu'il s'attendait à être attaqué, j'en conclu que l'ennemi tenterait sans doute une attaque sur nos lignes. En conséquence, j'en informai les chefs de l'armée sarde et de l'armée turque, ainsi que les généraux Morris, Camou et Faucheux, en les prévenant de se tenir sur leurs gardes.
        Pendant la nuit, six divisions russes d'infanterie et trois de cavalerie parties des hauteurs de Mackenzie et du haut Schouliou, étaient venues prendre position sur la rive droite de la Tchernaïa et sur les hauteurs qui dominent le Schouliou.
        Le 16 août, à 4 heures du matin, la 17e division russe attaque les avant-postes piémontais et les force à repasser la rivière. Immédiatement après, une nombreuse artillerie borde la crête du plateau; en même temps, des pièces russes placées à mi-côte ouvrent un feu très vif sur nos embuscades placées le long de la rivière.

        Au premier coup de canon, les trois divisions furent sous les armes, et les dispositions que j'avais prescrites à l'avance furent prises à l'instant même.
        Un brouillard très épais régnait sur la Tchernaïa. La fumée des pièces russes ne pouvait s'élever. Aussi je ne pouvais distinguer quel serait le point d'attaque choisi par l'ennemi. Toutes nos embuscades soutenues par quelques bataillons descendus le long du canal tenaient bon et retardaient le passage de la rivière. Trois divisions russes 7e, 12e et 5e en réserve se portent en avant : la 7e à droite vers la maison blanche située vis-à-vis le mamelon que j'occupe, la 12e soutenue par la 5e, droit sur le pont de Traktir.
        La 7e division repousse les hommes embusqués et marche sur le centre de ma position. Le général de Wimpfen s'aperçoit de ce mouvement; il donne l'ordre au colonel Douay du 50e de charger les Russes à la baïonnette. Ce brave régiment s'élance et refoule l'ennemi au-delà du canal.

        En même temps d'autres troupes de la 7e division Russe attaquaient la partie du canal en avant de la petite maison blanche. Mais cette colonne rencontre le 3e zouaves, qui le colonel de Polhes en tête, charge les Russes. Un combat, acharné s'engage, le colonel est blessé, son régiment ayant, devant lui un adversaire d'un effectif cinq fois supérieur au sien, lutte avec vigueur. A ce moment, le colonel Castagny, du 82e, débouche avec le 1er bataillon de son régiment et, malgré son infériorité numérique, n'hésite pas à se jeter sur le flanc gauche de la colonne russe; celle-ci surprise, s'enfuit et repasse en désordre la Tchernaïa. Les tirailleurs algériens, sous les ordres du colonel Roze, appuient le mouvement du 82e et des zouaves, la 4e batterie du 13e (capitaine des Essarts) a contribué par son feu à ce brillant succès.
        Le colonel Ganze avec son 6e de ligne a maintenu sa position sur le canal. La division russe n'a pu se rallier que quelques heures plus tard sous la batterie Bilboquet et n'a plus pris part au combat.

        La 12e division russe avait suivi la rive droite de la Tchernaïa, et, à 4 h. 30, elle attaquait le pont de Traktir. Le général Faucheux n'avait à ce moment sous la main que le 2e zouaves, le 19e bataillon de chasseurs et la 6e batterie du 13e. Il établit ses pièces de manière à battre tout le terrain en avant du pont de Traktir et fait soutenir cette batterie par un bataillon de zouaves et trois compagnies de chasseurs. Le général de Failly, spécialement chargé de la défense du pont, avait pris ses dispositions avec les faibles ressources qu'il avait à ce moment, plaçant la 3e batterie de ma division à gauche du pont pour qu'elle puisse croiser ses feux avec l'autre batterie et la faisant soutenir par un bataillon du 97e. Arrivés à 400 mètres, les Russes, sous la protection de leurs batteries placées sur la hauteur précédemment occupée par les Piémontais, débordent le pont à droite et à gauche. Devant leur masse compacte, les défenseurs durent se retirer, et l'ennemi passe le canal sur des échelles jetées en travers et des ponts volants. Ils commencent à gravir les hauteurs de droite et de gauche du ravin quand le général de Failly reçoit les restes de sa brigade. Sur son ordre, le colonel Danner du 95e rallie la garde du pont et deux bataillons du 97e se portent en avant. De son côté, le général Faucheux fait avancer les deux bataillons du 2e zouaves et les compagnies du 1ge chasseurs. Au signal de la charge, les Russes sont culbutés dans le canal et rejetés au-delà de la rivière; le brouillard, la fumée de nos pièces favorisent leur retraite.

        Cette 12e division ainsi repoussée est ralliée par la 5e, puis soutenue par la 17e qui descend des hauteurs de Schouliou. Cette masse d'environ 30.000 hommes se forme en trois colonnes.
        J'avais, aussitôt l'alerte donnée, envoyé le général Cler, Commandant ma 2e brigade, avec deux bataillons du 62e et un du 73e au général Faucheux et deux bataillons du 73e au général de Failly, comme réserve. Le colonel Forgeot, qui commandait l'artillerie des lignes, avait réparti ses batteries et elles se trouvaient toutes en position quand les Russes s'apprêtèrent de nouveau à attaquer le pont de Traktir.

        Le brouillard s'était dissipé; aussi les colonnes russes se virent-elles bientôt assaillies par les boulets, les obus et la mitraille des sept batteries qui leur causèrent des pertes énormes. L'ennemi continua pourtant sa marche et aborda le pont. Déjà un mouvement de retraite se faisait sentir, mais le colonel Danner du 95e, placé dans la tête de pont maintint sa position et sa ferme contenance empêcha les Russes de tourner le pont par la gauche. Alors, le 2e zouaves à droite, le 50e à gauche, le bataillon du 73e au centre, sous les ordres du colonel Metmann, abordent l'ennemi à la baïonnette et le refoulent pour la deuxième fois au-delà de la Tchernaïa. La 12e division russe est repoussée et la 5e suit son mouvement de retraite.
        Mais, la 17e division russe sur qui les 12e et 5e s'étaient repliées, précédée par une nuée de tirailleurs aborde la droite de la position du général Faucheux, afin de s'emparer du passage qui donne dans la plaine de Balaclava.
        Cet officier général, qui venait à peine de repousser la 12e division, se voit donc de nouveau attaqué par une division fraîche. Je lui envoie immédiatement le 14e bataillon de chasseurs qui servait de réserve au général Camou. Je retirai également à cet officier général le reste de ma première brigade, sauf un bataillon du 47e; j'envoyai les deux autres bataillons du 47e au général de Failly et gardai le 52e en troisième ligne.

        Avec trois compagnies du 19e chasseurs, le colonel Lebrun, chef d'état-major du général Faucheux, se porte sur la position menacée et emmène trois pièces de la batterie de Sailly. La colonne russe franchit la rivière, passe le canal et gravit les hauteurs. C'est alors que le général Cler débouche avec deux bataillons du 62e et un du 73e.
        Le général Faucheux se porte en avant. Le colonel Pérussis, du 62e, fait prendre le pas de gymnastique à son régiment qu'il déploie, le général Cler laisse le bataillon du73e en réserve, la batterie Armand prend une position qui lui permet d'enfiler le ravin par où les Russes pouvaient arriver sur le plateau. Au moment où le 62e est déployé, les Russes arrivent sur la crête; alors le général Cler fait battre la charge et le 62e se précipite sur les têtes de colonnes russes, les culbute, les rejette au-delà du canal et les poursuit même au-delà de la Tchernaïa.
        Ce fut le dernier épisode de cette journée. Il était 9 h. 30 du matin et la bataille était gagnée. Le général en chef venait d'arriver avec la division de la Garde et la division Dulac.

        Le nombre approximatif des pertes russes était de 3.679 tués. De l'avis de l'ennemi lui-même, l'affaire de la Tchernaïa a été leur combat le plus meurtrier. Ils ont accusé 15.000 blessés. Ces pertes sérieuses s'expliquent facilement quand on songe que pendant quatre heures 50 bouches à feu n'ont cessé de tirer sur leurs masses agglomérées.
        De notre côté, nous avions 8 officiers supérieurs blessés, 9 officiers subalternes tués et 53 blessés, 172 soldats tués et 46 disparus, 1.163 blessés. 600 prisonniers russes environ étaient restés en notre pouvoir. Un général de division russe et deux généraux de brigade ont été tués.
        On m'apporta le soir le fanion et le sabre du général Read, sur lequel on trouva l'ordre des opérations russes qui nous éclaira sur l'intention de l'ennemi et l'importance qu'il attachait à réussir cette attaque.
        Les troupes françaises avaient admirablement combattu, et des régiments d'infanterie qui reçurent là le baptême du feu se montrèrent les dignes émules de leurs prédécesseurs. Ce fut à qui rivaliserait pour montrer le plus de vaillance et d'entrain.

        En résumé, environ 9.000 hommes, dans une position défensive excellente, c'est vrai, subirent le choc de 50.000 soldats et, en cinq heures de temps, l'effort d'un assaillant d'un effectif très supérieur, de ténacité enragée, fut totalement brisé. Quand le général en chef arriva au moment de la troisième attaque, je pus lui dire que la partie était entièrement gagnée.
        Fut-il un peu vexé de voir que ses prévisions avaient été déçues et que, là où il n'avait pu penser qu'il y aurait d'attaque sérieuse, une réelle bataille avait eu lieu, mais tout en rendant justice au courage des troupes, il se montra plutôt froid à mon égard. Dans la journée même, le général Regnaud de Saint-Jean d'Angély me fit savoir que le général Pélissier avait l'intention de citer son nom comme ayant commandé les troupes pendant la bataille.
        " Je ne puis admettre cela me disait le général Regnaud de Saint-Jean d'Angély ; je suis en effet plus ancien que vous et je commande le corps de réserve; si la bataille avait duré, j'aurais dû naturellement en prendre la direction, mais quand je suis arrivé avec ma division, tout était fini et bien fini. C'est à vous et à vous seul que nous devons ce beau succès. Je vous préviens tout de suite, afin que vous puissiez agir auprès du général en chef.

        Je fus très sensible à cette démarche du général Regnaud de Saint-Jean d'Angély sans être toutefois étonné, car je connaissais la loyauté de cet officier général et l'amitié qu'il avait pour moi ; je ne fus pas non plus trop surpris de l'arrière-pensée du général Pélissier, avec le caractère duquel le mien ne s'accordait pas du tout. Mais je ne pouvais accepter pareille chose. Je partis donc immédiatement avec mon fils et allai trouver le général en chef avec lequel, tout en restant très déférent, j'eus une explication très orageuse. Il finit toutefois par se rendre à mes raisons et à l'évidence, et je pris congé de lui pour aller remercier le général Regnaud de Saint-Jean d'Angély de son acte de camaraderie.
        Ce serait à la suite de cet entretien que le général Pélissier aurait dit, d'après le fils du général qui l'a entendu : " On dit que j'ai le plus sale caractère de l'armée française, eh bien général Herbillon, on ne vous connaît pas. "
        Le général Pélissier ne devait pas oublier qu'il avait cédé et nous verrons plus tard comment il prouva sa rancune.
        Néanmoins l'ordre suivant fut proclamé :

        ARMÉE D'ORIENT
        État-major général
        ORDRE GÉNÉRAL N° 21

        "Soldats !
        " Dans la journée du 16 août, vous avez vaillamment combattu, et vous avez puni l'Armée russe de son aventureuse tentative contre nos positions de la Tchernaïa.
        " Pour avoir été remportée le lendemain de la Saint-Napoléon, votre victoire n'en célèbre pas moins dignement la fête de votre Empereur ! Rien ne pouvait être plus agréable à son grand cœur que le nouveau laurier dont vous avez décoré vos aigles.
        " Cinq divisions d'infanterie russes, soutenues par une artillerie nombreuse et des masses considérables de cavalerie, et présentant un effectif d'environ soixante mille hommes, ont fait effort contre vos lignes. L'ennemi comptait vous en chasser et vous refouler sur le plateau de la Chersonnèse. Vous avez confondu ses présomptueuses espérances; il a échoué sur tout son front d'attaque, et les Sardes, à votre droite, se sont montrés vos dignes émules. Le pont de Traktir a été le théâtre d'une lutte héroïque, qui couvre de gloire les braves régiments qui l'ont soutenue.

        "Soldats !
        " Cette affaire où les Russes ont perdu plus de six mille hommes, plusieurs généraux, et laissé entre nos mains. plus de deux mille deux cents blessés ou prisonniers, et leur matériel, préparé de longue main pour le passage de la rivière, fait le plus grand honneur au général Herbillon qui commandait les ligne de la Tchernaïa, et à sa division Les divisions Camou et Faucheux ont été à la hauteur de leur vieille réputation. Les généraux de brigade de Failly surtout, Cler et Wimpfen, les colonels Douay, Polhes, Danner et Castagny, ont droit à la reconnaissance de l'armée. Je ne puis nommer ici toutes les émules de leur valeur, mais je dois signaler particulièrement l'habile direction que le colonel Forgeot a imprimée à nos énergiques canonniers, la brillante conduite de l'artillerie de la Garde impériale et des divisions. Une batterie de position anglaise, du sommet qui domine Tchorgouna, nous a puissamment aidés à décider le mouvement de retraite de l'ennemi sans engager nos réserves. Les Turcs, débarrassés d'une fausse attaque, nous ont apporté l'appui de six bataillons et d'une batterie. La cavalerie anglaise était prête, avec les escadrons sardes à seconder les braves chasseurs d'Afrique du général Morris si la poursuite de l'ennemi eût pu ajouter utilement au succès. Mais je n'ai pas perdu de vue notre grande entreprise, et j'ai voulu ménager votre sang, après avoir obtenu un résultat qui consacre une fois de plus votre supériorité sur cette infanterie russe si vantée, vous présage de nouvelles victoires, et augmente vos droits à la reconnaissance du pays. "

        
Au Grand Quartier général, devant Sébastopol, le 17 août 1855.
        Le Général en Chef,
        Signé : PÉLISSIER.
        Pour ampliation :
        Le Général de Division,
        Chef d'État-major général,
        E. DE MARTIMPREY.
        Cet ordre fut suivi de félicitations du général Simpson, commandant l'armée anglaise, de lettres de compliments de l'Empereur et de la reine Victoria.
        Mais, où la joie se manifesta de la façon la plus vive et la plus faite pour toucher le cœur d'un chef, ce fut parmi les propres troupes du général Herbillon. Quelques passages pris dans les correspondances adressées au maréchal de Castellane prouveront combien celui qui commandait les lignes de la Tchernaïa avait pu gagner l'estime et l'affection de ses subordonnés et de ses compagnons d'armes.
        Le sous-intendant militaire écrit, le 16 août :
        "Monsieur le Maréchal,
        "Vous apprendrez avec plaisir que votre ancien lieutenant Herbillon vient de remporter une belle victoire sur la Tchernaïa, au pont de Traktir. Avec dix mille hommes, il en a battu cinquante mille, fait plus de huit cents prisonniers...
        "Le rapport vous fera connaître que la division Herbillon et celle du général Faucheux ont été admirables de courage, d'élan et d'entrain...
        "La journée a été belle pour le général Herbillon. Il commandait en chef et il a fait preuve de calme, de coup d'œil, de précision dans tous les mouvements qu'il a ordonnés comme chef; c'est donc pour lui la gloire; et je suis convaincu, Monsieur le Maréchal, que votre cœur bondit, car le général sort de votre école et vous lui avez appris à vaincre...
        "Pour fêter dignement la fête de l'Empereur, ceci fera du bien en France où on nous croit perdus tandis que nous marchons, je l'espère, vers un grand succès...
        "J'ai cependant déjeuné avec le général Herbillon, homme aussi modeste que méritant, et qui considère ce qu'il a fait comme un simple devoir envers la Patrie ; cet homme m'a toujours fait l'effet d'avoir un caractère antique."
        "La journée a été superbe, dit le capitaine Boisdenemets, tout l'honneur en revient au général Herbillon qui a été admiré par ses divisions; le général Pélissier a été averti tard et n'est arrivé qu'après la troisième attaque,.. "

        
On retrouve les mêmes impressions dans les lettres de colonel Desaint, du général Clerc, etc...
        Plus tard,, pour des raisons personnelles et diverses, on chercha à diminuer l'importance de cette victoire. Le général Pélissier en voulait aux événements d'avoir déjoué ses prévisions, à son lieutenant d'avoir vaincu sans lui. Il eût dû cependant lui être reconnaissant d'avoir réussi, car si les lignes de la Tchernaïa avaient été enfoncées, les Russes comptaient atteindre Balaclava, couper la base d'opérations des Anglais, et tandis que nous aurions dû renforcer l'armée d'observation par des troupes prises au corps de siège, faire une sortie vigoureuse sur notre gauche. Notre succès final eût été fort compromis.
        Quoi qu'il en soit, Traktir est une victoire dont le résultat moral fut encore plus grand que le résultat tactique. "Elle effaça, dira le colonel Desaint, le douloureux souvenir de la journée du 18 juin.""
A SUIVRE

ALGER OCTOBRE 1959
Par M. Bernard Donville

             Rentrée des classes: 780 000 enfants scolarisés (on ne faisait rien dit-on...).
            Les attentats continuent en ville mais l'armée crapahute en campagne. Dans Alger fleurissent les conseils de révision (questkseksa ??? diraient les jeunes).
            Rue Duc des Cars ça monte et les bus peinent et soufflent leur mazout! Il y a 90 ans on choisissait des candélabres pour " la capitale de l'AFN".
            En banlieue faut faire gaffe ils conduisent mal ( j'attends vos récriminations) Le boulisme est un sport de détente pour les autres sportifs au repos.
            Le festival de jazz de newport a envoyé ses ambassadeurs chez nozotres! En coup de coeur ça ne se passe pas chez nous mais dans notre journal (Qui c'est cuilà visionnaire qui a écrit "Miterrand est coulé"?)
            J'ai remplacé mon bonus par les nouvelles agricoles, ce qui faisait vivre notre pays!
            En sports et beaucoup d'autres rubriques on se repose. La mode annonce la ligne vamp 1960.Vous connaissez mon attirance pour les travaux de Brouty et ne serez pas étonnés de trouver en "coup de coeur" un texte sur "Maison Verte" et en Bonus le début des vendanges !
            Bonne lecture à tous. Bernard Donville.

Voir la suite du dossier sur : donville-octobre1959.pdf

De, et envoyé par M. Piedineri
"ULTRAS" DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE,
OU " ULTRAS " DE LA SOLIDARITÉ NATIONALE ?

                Pourquoi, certains se demandent, l'Espagne persiste-t-elle à se maintenir à Ceuta et Melilla, les deux villes qu'elle possède encore en Afrique du Nord sur la côte marocaine, deux villes revendiquées par le Maroc et assimilées par beaucoup à des vestiges " anachroniques " de la colonisation européenne ?
                La réponse à cette question a été donnée par un certain Robert Rézette dans les années 1970, écrivant, que : " si des nécessités de prestige poussent l'Espagne à s'accrocher à ses anciens " Présides ", ce prestige se paie cher. Aucun avantage économique réel ne justifiant par sa contrepartie indirecte de telles dépenses, il est donc bien évident que l'Espagne ne se maintient dans ces territoires contestés que dans le souci de sauvegarder le mythe de la " hispanidad " à vocation africaine, et aussi avec la préoccupation, plus empirique, de conserver à 150 000 Espagnols leurs intérêts dans des territoires qui leur appartiennent depuis longtemps et qui ne sauraient sans injustice être jetés à la mer du jour au lendemain. Ce sont là des pièces essentielles du litige hispano-marocain ".

                 L'Angleterre a fait de même en Ulster, pour protéger les protestants d'Irlande du Nord, au nom du prestige et de l'honneur. La France de la Troisième République aussi, en faveur des chrétiens du Liban, il y a cent ans. Voilà tout simplement ce que la France gaulliste a refusé aux Français d'Algérie de toutes confessions : ASSURER LA SURVIE ET LA PROTECTION DE SES ENFANTS D'OUTRE-MER AU NOM DU PRESTIGE ET DE L'HONNEUR. Le règlement de la guerre d'Algérie, ne se résume et ne se résumera toujours qu'à cette trahison, en dépit de tous les pitoyables arguments que continueront à nous opposer les défenseurs de la politique gaulliste, avec leur mauvaise foi et leur écœurante bonne conscience.
                 Car il faut le dire et le répéter : la plupart de ceux que l'on a appelé les " partisans de l'Algérie française ", défendaient moins l'Algérie française que la solidarité nationale ! : " L'Algérie est le pays de ces Européens. Ils n'ont, à mes yeux, pas plus de droits que les autres ; mais ils en ont autant. Ni plus, ni moins. Il n'y a pas d'iniquité plus atroce, de traitement plus intolérable à infliger à un peuple, que de l'arracher à son pays. (...) Nous n'avons pas le droit de le trahir ", affirmait par exemple leur leader Jacques Soustelle en pleine guerre d'Algérie, en réponse à l'intellectuel Raymond Aron qui lui ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'un million de Français d'Algérie soient dépossédés de la terre de leurs aïeux sous prétexte que celle-ci finirait par coûter trop cher à la France.
                 De même, quelques mois plus tôt le futur prix Nobel d'économie Maurice Allais, favorable à un partage de l'Algérie, prévenait solennellement qu'" il est impossible d'abandonner, en droit et en fait, comme nous avons commencé à le faire en Tunisie et au Maroc, les deux millions d'Européens d'Afrique du Nord. Céder l'intégralité du pouvoir politique aux musulmans équivaudrait à les condamner à voir tôt ou tard bafouer leurs droits politiques et économiques fondamentaux. Ils n'auraient plus alors qu'à partir, et nous aurions indignement trahi les devoirs impératifs de la solidarité nationale. Les deux millions d'Européens d'Afrique du Nord appartiennent à la communauté française. Rien, absolument rien, ne peut permettre d'envisager leur abandon partiel ou total, public ou déguisé. Il est tout autant impossible d'abandonner ceux des Musulmans qui ont pris parti pour la France. Notre départ, comme on l'a vu au Maroc, les livrerait aux pires représailles. La fidélité à l'amitié nous dicte des devoirs auxquels nous ne saurions nous soustraire " (1956). "
                 Mais, à des années-lumières de cet état d'esprit :
                 " Nous n'allons pas suspendre notre destin national aux humeurs des pieds-noirs ", dira, entre autres exemples de son cynisme assassin, Charles de Gaulle, président de la République, à Alain Peyrefitte, lorsque ce dernier lui expliquait que sa politique algérienne allait aboutir à des massacres et à l'exode total des Pieds-Noirs de leur terre natale.
                Le maréchal Juin lui, à propos de cet étrange " destin national " à la mode gaulliste bâti sur le sacrifice des Pieds-Noirs et des musulmans du parti de la France, aurait dit : " La France est en état de péché mortel. Elle connaîtra un jour le châtiment. "
                 La France a sacrifié les Pieds-Noirs, elle a récolté à leur place les voyous de banlieue. Et les défenseurs de la politique algérienne du général de Gaulle pourront donner tous les arguments qu'ils veulent, ils ne pourront rien contre cette vérité géopolitique toute simple.


NOUVELLES LARMES DE MARIANNE
De Hugues Jolivet


              Marianne, pourquoi ces larmes ? De quel mal souffres-tu ?
       Je pleure sur moi-même, car je suis abattue !
       Le ver est dans mon coeur et me ronge les sangs,
       Il souhaite nous affaiblir et nous rendre impuissants !

       Quand l'un des mes enfants, mon fils, Eric Zemmour
       Dénonce les "bisounours", me clame son amour,
       La Presse, les Politiques le vouent aux gémonies,
       Se complaisent dans l'erreur, savourent leur félonie !

       Leur confiance aveugle espère l'intégration
       Des nouveaux occupants du sol de la Nation.
       Une vaine espérance, depuis des décennies
       Que le roi du Maroc a, lui-même, démentie !

       Des cultures s'affrontent. S'il s'agit de l'Islam,
       Ses fidèles, à la France, imposent ce qu'ils réclament,
       Arrivent à leurs fins, pénètrent tous les services, Les rouages de l'Etat, perpètrent des sévices !

       Leur dernière signature, au sein du saint des saints,
       Haut lieu de la Police. L'un des leurs, assassin,
       Salafiste confirmé, poignarde quatre agents,
       Pour démontrer au monde qu'un Etat indulgent

       Est faible et vulnérable,
       Moi, Marianne, misérable !
      


Hugues Jolivet         
Le 6 octobre 2019          




Lettre au Président
Envoyée par Mme B. Leonelli

LOMBEZ, le 14 octobre 2019              

A Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
         Monsieur le Président de la République,

        Le 10 octobre dernier, mon père, Jean-Claude VIVÈS, aurait eu 79 ans.
        J'emploie le conditionnel car il n'est plus, il a mis fin à ses jours en février dernier.
        Permettez-moi, en tant que fils aimant, de l'appeler " Papa ".
        Papa, donc, était né le 10 octobre 1940 à Oran. Il était l'enfant d'une Algérie alors française, le fils d'un pays qui, pensait-il, ne le trahirait jamais. Cette certitude était fortement ancrée dans son cœur. Hélas… Rien n'est plus douloureux que de voir sa confiance jetée aux orties.
        Son père était ouvrier typographe, sa mère tenait une petite épicerie. Une famille qu'on qualifierait aujourd'hui de " lambda ", loin de l'image d'Épinal des riches colons qui s'est imposée par la suite auprès de nombre de nos compatriotes. Quand on veut tuer son chien, vous connaissez la suite…
        Papa sera le premier de la famille à obtenir son baccalauréat. Il rentrera alors comme guichetier au Crédit Lyonnais d'Oran. Jusqu'à ce que le cataclysme de l'indépendance ne l'emporte, lui et les siens, dans la tourmente si douloureuse de l'exode et des décennies d'un insupportable sentiment d'exil.
        Papa a dû se reconstruire en arrivant sur le sol métropolitain, il avait 22 ans. Il fondera sa propre famille et poursuivra une belle carrière au Crédit Lyonnais.
        Mais il ne guérira jamais de " son " Algérie, la terre qui l'avait vu naître, celle de sa jeunesse, de ses amours, de ses amis. Il a dû tout abandonner, y compris ses morts, dans le cimetière de Tamashouet aujourd'hui en grande partie profané.
        Papa n'a jamais rien oublié, jamais rien pardonné, la résilience reste une attitude bien difficile à adopter.
        En avançant dans l'âge, le passé se fait plus prégnant.
        Papa souffrait, des affres de l'âge certes, mais surtout de la blessure béante du manque de sa terre natale. La douleur était trop grande, il a préféré en finir.
        Comment continuer quand celui qui deviendra le Président de la République du pays que vous avez tant aimé vous qualifie, vous et votre famille, à Alger en février 2017, de " criminels de guerre " ?
        Monsieur le Président de la République, vous et vos prédécesseurs êtes en partie responsables du décès de mon père que vous avez cloué au pilori, comme un million d'autres Français d'Algérie.
        Recevez, Monsieur le Président de la République, mes salutations empreintes de douleur filiale.
Monsieur Lionel VIVÈS-DIAZ


Lettre d'information - Octobre 2019
postées sur le site de l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF)

www.asafrance.fr
Envoyée Par l'ASAF
La guerre insidieuse
Une mise en perspective nécessaire

       Comme les autres pays de l’Alliance atlantique, la France célébrera prochainement le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, marquant l’effondrement du bloc soviétique et la fin du système communiste (1).
       Le monde libre est sorti vainqueur de cette « Guerre froide » qui dura près d’un demi-siècle.
       La France prit toute sa part dans cet affrontement mondial qui se déroula non seulement en Europe sous la menace nucléaire permanente mais également en Extrême-Orient et en Afrique, dans des guerres périphériques sanglantes. Au cours du XXe siècle, la dislocation du bloc soviétique fut la 2e victoire contre un totalitarisme après celle face au nazisme.

       Une vulnérabilité croissante de nos sociétés

       À peine cette victoire remportée, les pays occidentaux se retrouvent aujourd’hui en première ligne pour affronter une nouvelle menace : l’islamisme. Cette menace se répand de façon plus sournoise que les précédentes car elle se pare des vêtements de ce qui est présenté et perçu par de nombreux dirigeants comme une religion comparable aux autres. En réalité, il s’agit d’un système politico-religieux global, totalitaire, nourri du salafisme, qui se développe à l’étranger mais également sur notre sol.
       Le terrorisme islamique, forme violente et ponctuelle de cette idéologie conquérante qui nous vise en priorité, est le fait d’étrangers mais aussi de Français, d’origine étrangère ou de « souche », convertis récemment à l’islam dit radical.
       Cette menace s’appuie sur la démographie dynamique de la population de confession musulmane installée en France ; elle bénéficie d’un soutien financier considérable de monarchies pétrolières du Moyen-Orient et des trafics en tous genres que facilite la création de zones propres à chaque communauté dans nos villes.
       Enfin, elle exploite l’absence de clairvoyance et de volonté de nombreux Français, le doute de soi, que suscitent le dénigrement du passé et la repentance, poisons instillés par les philosophes de la déconstruction. Ils sont relayés par une classe politique qui ne cesse de culpabiliser la France et son Histoire, tout en étant incapable de proposer une ambition nationale forte et d’affirmer les valeurs supérieures de notre pays.
       L’atomisation de notre société, ses dimensions spirituelles et philosophiques traditionnelles évacuées au profit d’une société de consommation délirante et la perte du sentiment d’appartenance à une communauté nationale solidaire rendent notre nation très vulnérable.

       Un état des lieux révélateur

       L’origine de cette situation remonte à plus de 40 années avec l’autorisation du regroupement familial pour les immigrés et l’afflux important, parmi ceux-ci, d’individus de culture musulmane, venus d’Afrique du Nord mais aussi de l’Afrique subsaharienne, que la France n’a pas pu, su ou voulu assimiler, trop soucieuse qu’elle était du respect de la culture de l’étranger.
       À cause de cette situation non maîtrisée et acceptée, parfois portée par nos responsables politiques, se sont créées en France des zones étrangères de non droit, abandonnées par l’État, inaccessibles aux forces de l’ordre et dans lesquelles se sont développés les trafics et multipliées les exactions amplifiant encore la communautarisation de ces « quartiers ».

       Le Bataclan, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvrais, le colonel Beltrame, jusqu’aux meurtres de fonctionnaires de la préfecture de police au cœur même du service de renseignement de la lutte anti-terroriste de Paris, marquent les étapes et sont les signes d’une véritable guerre insidieuse qui se poursuit silencieusement. Le noyautage de toutes les institutions de l’État et l’infiltration à tous les niveaux de la société sont des faits avérés. La menace est devenue mortelle. Pourtant, la classe politique hésite à parler de guerre pour ne pas effrayer la population. Les terroristes ne souhaitent pas susciter de riposte organisée. Ils préfèrent infiltrer, terroriser, discréditer pour saper, affaiblir, neutraliser avec l’appui des inévitables « idiots utiles » et collaborateurs conscients ou pas.

       Agir vite et dans la durée

       La guerre s’inscrit plus que jamais dans le temps long nécessité par l’éducation et la démographie - soit plusieurs décennies -, mais la riposte ne peut plus tarder sauf à devenir impossible.

       La situation exige non seulement une vigilance des citoyens, comme le demande le président de la République, qui passe d’abord par une connaissance et une compréhension de l’ennemi ainsi que par une mobilisation de l’ensemble des capacités de l’État. Il ne s’agit pas de faire face à un phénomène marginal et ponctuel mais de mener une guerre totale contre tous les hommes et les femmes imprégnés de cette idéologie islamique tout à la fois « religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie ». À l’instar de ce qui est advenu dans les années 30 où les démocraties, en particulier la France, n’ont pas voulu voir la menace nazie ni comprendre son idéologie, tout se passe aujourd’hui comme si les nations européennes refusaient de regarder la réalité de cette menace prégnante.

       Le soldat ne peut l’occulter car il sait que tôt ou tard cette menace amènera son engagement comme c’est déjà le cas au Sahel. Mais pour vaincre, le peuple doit lui aussi être lucide, connaître son ennemi et rejeter les propos consensuels et annihilant du politiquement correct.
       Bref, il est urgent qu’une élite responsable, courageuse et combative s’impose pour dénoncer la situation inacceptable du lent démembrement de notre territoire, pour exiger avec toute la rigueur nécessaire l’application stricte des lois françaises et imposer les valeurs portées par notre pays. Elle doit être prête à utiliser tous les moyens nécessaires pour détruire ce que le Président a appelé récemment « l’hydre islamique ».
Le président de l'ASAF

(1) L’ASAF publie d’ailleurs, à l’occasion de cet anniversaire, son numéro hors-série de l’année 2019 qui couvre cette période, au cours de laquelle la France combattit en affichant à la fois une loyauté totale à l’Alliance tout en bâtissant une force de dissuasion nucléaire lui permettant de restaurer et renforcer son indépendance.

COMMUNIQUE
Message envoyé par M. J. Villard
Journal officiel du Chef de l'Etat Pied-Noir
Sisyphe, le vendredi 11 octobre 2019
L'ETAT PIED-NOIR EST VIVANT !
Il prospère !
  
          Cher(e)s Compatriotes

          Il y a trois ans, le 1er Octobre 2016, l'Etat Pied-Noir, dit Fédération des Deux Rives (FDR), est apparu dans le concert des Nations du Monde.
          Le Peuple et la Nation Pieds-Noirs se dotaient d'un Etat afin de faire entendre leurs voix, leurs cris au-delà de l'hexagone français.
          Nous partons comme le souhaitaient certains responsables : "Que les Pieds-Noirs aillent se faire voir ailleurs !"

          Oui, nous aimons la France et l'Algérie d'un même cœur. Il n'y a pas de haine ou de ressentiment en nous ! Nous ne sommes pas des desperados.
          Vous trouverez, en annexe, un document de présentation de cette expérience exceptionnelle.
          D'autres vont suivre. Restez attentifs !
          Depuis le 1er octobre 2016, nous endurons à nouveau les épreuves classiques réservées aux lanceurs d' alertes : mensonges, calomnies, menaces, isolement, agressions verbales et physiques, interdiction de s'exprimer dans toute la presse, trahisons, désertions, ruine économique...

          Peu importe, notre foi et notre idéal sont intacts. Nous sommes désormais plusieurs centaines à porter notre Espérance et plusieurs dizaines à travailler, journellement et bénévolement, avec Courage en faveur de notre organisation internationale.
          D'avance, nous nous croisons les bras devant toutes les haines.
          Nous n'ignorons pas que nous dérangeons celles et ceux qui ont pactisé avec les tenants de la Vème République française et de la Ière République algérienne, en déposant un linceul sur notre passé tragique.

          Oui, nous avons tout connu : la valise et le cercueil.

          Cependant, nous ne sommes pas les seuls à contester les pratiques de ces deux régimes.
          Chaque semaine, les peuples français et algériens sont dans la rue pour réclamer de nouvelles institutions, une meilleure répartition des richesses, la vérité historique, un développement durable, serein, pacifique et écologique.
          Ils se retrouvent confrontés aux violences des systèmes que nous avons combattus dans le passé. Ils connaissent les procès, les prisons, les blessures les plus graves, les exécutions sommaires, la censure sur les faits, la répression judiciaire.
          De véritables actes de guérillas sont commis chaque jour impunément en France et en Algérie.
          Les systèmes en place démontrent leurs limites. Ils n'endiguent plus rien.
          Quelques soient les politiciens concernés, ils mettent en valeur leur inefficacité car, au nom de leurs carrières et de leurs conforts, ils n'osent pas franchir le Rubicon et mettre un terme aux souffrances de leurs peuples respectifs.
          Le nouveau Monde n'est guère plus réjouissant que l'Ancien. Les deux sont à renverser si nous voulons retrouver la Paix et la Fraternité.
          Dans le cadre de la Déclaration Universelle des Droits des Peuples, nous sommes un certain nombre de Pieds-Noirs et leurs amis à avoir choisi de donner un destin, un avenir à nos descendants sans ne rien cacher de notre calvaire et de nos intentions.
          Nous pouvons parler et agir parce que nous sommes libres d'une quelconque tutelle, d'un quelconque asservissement à des pratiques politiques d'un autre âge, contraires aux intérêts des deux peuples.

          Des puissances obscures ont tenté de nous éradiquer en nous massacrant (génocide) ou en nous dispersant (exode).

          Ces agissements sont autant de crimes de guerre que personne ne dénonce.
          La corruption, sous toutes ses formes, a fait taire les plus belles voix.
          Si les élites ne s'expriment plus et laissent faire, le peuple pied-noir et les peuples associés militent pour bouleverser les conventions.

          Nos vagues feront tomber les falaises. Il nous suffit d'être patients.
          La Fédération des Deux Rives, Etat Pied-Noir au sein de la Méditerranée, est désormais reconnue comme un Etat de Souveraineté fonctionnelle. Elle en détient tous les attributs. Des Peuples, des Nations, des Etats lui parlent et échangent avec elle.
          Nous sommes bien dans le cadre du texte de la Convention de Montevideo et de la Charte de l'Organisation des Nations Unies.

          Il nous reste à récupérer les domaines qui sont notre propriété en France et en Europe (51 domaines spoliés par la Vème République française pour un total de 24.000 hectares, sans droit, sans titre, ni paiement) qui constituent notre territoire national.
          Nous devons, enfin, obtenir une réparation morale et financière qui n'est que l'expression de dommages de guerre, après que la Vème République française et la Ière République algérienne aient demandé pardon publiquement pour les mensonges diffusés et les atrocités commises sur le Peuple Pied-Noir.

          Comme à une époque historique, un Peuple injustement condamné et diffamé a connu les plus graves persécutions et la mort violente après des enlèvements en nombre.
          Nous sommes pacifiques, sereins et déterminés. C'est par la plume et la diplomatie internationale que nous obtiendrons justice.
          Les tribunaux sont aux ordres des pouvoirs en place. L'espoir n'est plus devant la barre.
          Nous affirmons qu'il y a eu, en Algérie, une épuration ethnique dont nous ne sommes pas les seules victimes et dont les coupables ne sont pas forcément ceux auxquels on pense généralement.

          Cette épuration ethnique a été pensée, organisée et appliquée avec méthode et détermination sur une collectivité, sur un peuple naissant. C'est une interruption volontaire de grossesse politique sans cause réelle, ni sérieuse. C'est un crime contre l'humanité.
          Il nous appartient désormais de démontrer notre bonne foi et notre innocence par tous les moyens légaux sans employer aucun violence physique ou verbale.
          Nous devons entreprendre un long périple comme d'autres ont su le faire dans le passé.
          Les hommes qui étaient à la tête de ces mouvements pacifiques ont été assassinés, certes, mais leurs morts ont marqué l'humanité, leurs noms résonnent et leurs idées ont fait leur chemin.

          Chers Compatriotes Pieds-Noirs, chers amis, nous avons besoin de chacun et de chacune d'entre vous.
          Ne vous engagez pas à la légère ! Posez-nous toutes les questions ! N'hésitez pas à nous écrire et à nous rencontrer !
          Nous sommes partis pour gagner !
          Je vous embrasse bien fraternellement
          Merci pour votre excellent accueil.
          Bravo pour votre persévérance !
Jacques Villard
Chef de l'Etat Pied-Noir
Président de la FDR
Contact secrétariat : msvillard@gmail.com
 

Dernier hommage à notre très regretté Frère
John Henri Bennett,
Président du Conseil d'Etat
Fédération des Deux Rives
(Etat Pied-Noir)

          Mon Cher Président, Mon Cher Frère de Combat, Mon Cher John,

          Ce matin, j'ai appris ton décès.
          Depuis des semaines, j'étais inquiet.
          Je sentais le drame.
          Toutes et tous, nous t'avons cherché comme des fous.
          Peine perdue !
          Puis, vers 10 heures, un appel téléphonique nous annonçant la terrible nouvelle de ta disparition.
          Pour respecter ton intention de discrétion et pour ne pas créer de problèmes supplémentaires à ta famille, nous en resterons à ce dernier message.
          Tout le monde sait maintenant que tu ne reviendras plus.
          Quelle tristesse !
          Une consolation : tu sembles ne pas avoir souffert.
          Il n'y a pas eu d'enquête : Tu es mort debout comme tu as vécu, en faisant face à tous les éléments déchaînés.
          Je ne sais pas où tu te trouves, maintenant.
          Pourtant, mon regard scrute les horizons les plus lointains.

          Simplement, j'espère que tu vas bien, que tu es serein et que tu commences une autre vie dans la Paix et l’Éternité.
          Nous avons combattu ensemble, pour nos familles et notre peuple massacrés, pour essayer de leur donner un toit, une terre, une espérance et une raison de vivre dignement sans causer de tort à personne, mais en rétablissant la Vérité sur le passé de nos ancêtres.
          Toi et moi, mais aussi la légion des nôtres, nous aimions la France et l'Algérie, leurs deux peuples, d'un même cœur, mais nous nous opposions aux pratiques détestables des deux républiques.
          L'Histoire se chargera de terminer correctement nos luttes.
          Nous avons eu certainement tort d'avoir raison trop tôt.
          Nous, nous n'avons pas de sang sur les mains. Tout le monde ne peut pas en dire autant, y compris chez les donneurs de leçons.
          Tu étais un homme droit, un officier remarquable, un chef d'entreprise inventif, un expert judiciaire de talent, mais surtout un vrai Pied-Noir.

          Né à Hussein Dey, près d'Alger, tu possédais toutes les qualités des gens simples et celles de l'élite, car tu savais commander et entraîner.
          Ton apparence vestimentaire et ta tournure d'esprit étaient celles d'un gentleman.
          Ce n'était pas pour rien que ton père avait vu le jour à Londres et ta maman, à Mostaganem.
          Tu savais te diriger dans le brouillard et sous le soleil.
          Pour connaître nos sentiments sur le cours des événements, sur les dispositions à prendre, nous n'avions qu'à nous regarder droit dans les yeux et les paroles devenaient inutiles.

          Tu m'as appris beaucoup : la compassion, la foi, la tempérance, la détermination, le courage, la connaissance.
          Merci du fond du cœur !
          Comme tu l'aurais souhaité, nous allons continuer le combat, nous allons relever le drapeau, sans savoir d'ailleurs si nous pourrons gagner, mais il le faut, car nos descendances ne comprendraient plus rien.
          Il y a tant de haine autour de nous !
          Mon Ami, le temps de la séparation provisoire est venu.
          Mais tu le sais, ce n'est qu'un au revoir.
          Oui, nous nous reverrons, mon Frère.
          Peut-être avec le drapeau de la Victoire !
          Mais peu importe !
          Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.

          Toutes et tous, nous avons été fiers d'être à tes côtés.
          Nous t'embrassons une dernière fois à la manière des Méditerranéens.
          Là où tu te trouves, guide nos pas, tempère notre impétuosité.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
A Dieu, mon Capitaine !



Sisyphe, le 12 octobre 2019
Jacques Villard
Président de la Fédération des Deux Rives
Chef de l'Etat Pied-Noir

https://www.youtube.com/watch?v=HsCp5LG_zNE

https://www.youtube.com/watch?v=8atXhBVsRvk

Faut-il nous quitter sans espoir,
Sans espoir de retour,
Faut-il nous quitter sans espoir
De nous revoir un jour

Ce n'est qu'un au-revoir, mes frères
Ce n'est qu'un au-revoir
Oui, nous nous reverrons, mes frères,
Ce n'est qu'un au-revoir

Formons de nos mains qui s'enlacent
Au déclin de ce jour,
Formons de nos mains qu
i s'enlacent
Une chaîne d'amour.

Ce n'est qu'un au-revoir, mes frères
Ce n'est qu'un au-revoir
Oui, nous nous reverrons, mes frères,
Ce n'est qu'un au-revoir

Unis par cette douce chaîne
Tous, en ce même lieu,
Unis par cette douce chaîne
Ne faisons point d'adieu.
Ce n'est qu'un au-revoir, mes frères
Ce n'est qu'un au-revoir
Oui, nous nous reverrons, mes frères,
Ce n'est qu'un au-revoir

Car Dieu qui nous voit tous ensemble
Et qui va nous bénir,
Car Dieu qui nous voit tous ensemble
Saura nous réunir.


Lettre percutante d'un retraité-poète courageux...
Envoyé par Mme Nicole Marquet
Au nom des vieux travailleurs retraités qui ont œuvré pour l’économie Française.

           Monsieur le Président,

           Vous êtes jeune et beau, nous devenons vieillards.
           On compte en petits sous, vous comptez en milliards.
           La flamme de l’espoir, chez nous, elle vacille,
           Vous, par votre fonction, vous pensez qu’elle brille !
           Les ailes du pouvoir vous ont fait envoler,
           Vers des cieux bien lointains à ne plus avoir pied ...
           Eloigné du réel et du tout quotidien,
           Souvenez-vous, qu’en bas, habitent des humains.

           Pourquoi punissez-vous notre caste vieillesse ?
           Pourtant elle a trimé toute sa vie durant !
           Elle a sacrifié sa si belle jeunesse,
           Cela fut bien trop tôt, dès l’âge de quinze ans ;
           Des huit heures par jour, et six jours par semaine,
           Sans congés, ou si peu, nous passâmes ce temps,
           A bâtir notre toit à s’en péter nos veines,
           Pour être à l’abri aux vieux jours arrivant.

           Non ! On n’a rien volé !… Si ce n’est de nos ailes !
           On avait des principes, on faisait son devoir,
           On ne quémandait pas aux belles demoiselles
           ’Ces caisses de l’état, ces faciles abreuvoirs. ‘‘
           Avec nos seules mains, et beaucoup de fierté
           On travaillait très dur du matin jusqu’au soir ;
           Oui ! C’était notre honneur, notre esprit du clocher,
           Animé par un mot qui s’appelait ‘’ Espoir’’ :
           L’espoir pour nos vieux jours avant l’éternité,
           De voir un coin de bleu, avant le grand trou noir.

           Monsieur le Président, toute notre jeunesse
           On paya la vignette pour aider nos aïeux,
           Elle servait, déjà !… A renflouer des caisses,
           Cet argent disparu à ‘’La barbe’’ des vieux !....

           Solidarité ! Généreuse rengaine,
           Que vous chantez à ceux qui travaillent, et peinent,
           Et ‘’Piquez notre argent’’ pour tous les endormis,
           Qui eux ! N’hésitent pas à rester dans leur lit.....
           Nous, nous avons vécu sans aide !… Mais promesses !!!!!
           En vrai chef de famille assumant son foyer,
           Quand vous nous ponctionnez pour ‘’ La pauvre jeunesse ‘’
           Sur nos retraites acquises en toute honnêteté,
           On s’insurge, Monsieur ! Plutôt, on se révolte !
           Devant votre justice vraiment imméritée,
           Car votre doigt pointé sur le lieu de récolte,
           A désigné les vieux comme gens argentés.

           Est-ce que vous savez ce qu’est une famille ?
           Vous qui n’avez pas, et n’aurez pas d’enfant.
           Nous, nous aspirions qu’à un moment tranquille,
           Gagné par le travail, la sueur et le sang.
           C’est drôle ! Hilarant ! C’est même pitoyable,
           Quand un énarque dit : « C’est pour l’égalité »
           Mais octroie des pensions de façon lamentable,
           Aux vieux venus d’ailleurs, qui n’ont pas travaillé.
           Elle est belle Monsieur ! La généreuse France,
           Dans ses excès de zèle et de Fraternité !

           Ecoutant vos Ministres, on a froid dans le dos,
           Ils clament que les vieux on fait leur temps sur terre ;
           De Gaulle avait dit : « Les Français sont des veaux »
           Ouvrez des abattoirs pour tous les volontaires,
           Mais je vous le parie, ce sera un fiasco.
           Et pas de bousculades au ‘’ Marin cimetière ‘’.
           Nous préfèrerons nous rappeler d’un mot
           Fuir et embarquer pour ‘’ l’Ionienne Cythère’’

           Vos soumis maroquins, jurent et promettent,
           Qu’il n’y aura jamais plus, de taxes, et d’impôts.
           Mais le lendemain ils se trouvent très bête
           A l’annonce subtile, d’augmentations de taux.
           Vous devriez conseiller à tous vos bons Ministres,
           De parler de cela, que les premiers Avril,
           Leurs propos qui sont, des plus anthraconistre,
           Feraient de bonnes blagues en ce jour puéril.

           Vous rejetez les vieux, vous n’aimez pas la pierre,
           Car votre patrimoine, vide d’immobilier,
           Laissait bien présager de façon manœuvrière,
           Que tout l’intransportable, vous le surtaxeriez ;

           Même si pour donner ‘’ En même temps ‘’ le change
           Oui ! Vous faites un cadeau ! ‘’Mais qu’offrent les cités‘’
           Il faut dans nos vieux jours bien plus que du courage,
           Pour avoir sa maison, et vivre en son foyer.

           L’action et la startup ont votre préférence,
           C’est l’immatériel, l’invisible parfait,
           Si cela est pour vous l’avenir de la France,
           Il n’est pas pour autant le bonheur des Français.
           Vous vous trompez, Monsieur, car vous brisez des rêves,
           Les esprits bâtisseurs, déjà désenchantés,
           Ont rangé les outils et mis la pierre en grève,
           Et votre économie en est désaffectée.

           Taxer ! Taxer ! Taxer ! Ce n’est pas du courage.
           C’est même son contraire, et la facilité,
           Nous sommes, il est vrai, de dociles otages,
           Partir serait pour nous, trop de complexité !
           Il vous faut de l’argent ?... Montrez votre puissance !
           A tout politicien aux rentes cumulées,
           Payez-en une seule ; Ce pas vers la décence,
           Serait déjà un signe de bonne volonté.

           Avec tout le respect pour votre Présidence,
           - Acquise sans ma voix - Aux prochaines élections,
           Je rêve que les vieux de notre ’’Pauvre France ‘’
           Oublient votre parti, et oublient votre nom.

           Je vous prie d’agréer , Monsieur le Président de la république, mes salutations les plus distinguées

Yvan Buonomo
Retraité du secteur privé

Il est minuit moins le quart
Par le Général (2s) Antoine Martinez
Envoyé par Mme Bouhier.


         Il est minuit moins le quart, Monsieur le Président. Depuis trop longtemps, par naïveté, manque de clairvoyance, déni de réalité, voire collaboration, croyant sauver ainsi la paix civile et sociale, la classe politique n’a cessé de fournir et mettre en place tous les ingrédients qui alimentent les tensions et conduisent à la guerre sur notre propre sol. L’islam doit être soumis aux lois de la République ; et ceux qui ne l’acceptent pas doivent partir, voire être poussés vers la sortie. Votre prudence, comme celle manifestée par vos prédécesseurs, résonne aujourd’hui, dans ce rapport de force engagé par l’islam et auquel vous n’échapperez pas, comme un renoncement à affronter l’esprit totalitaire ».

         Ces propos étaient adressés au président de la République dans la lettre ouverte du 13 mars 2018, il y a donc plus de dix-huit mois.

         Depuis cette date, la situation n’a cessé de s’aggraver avec à présent des agressions ou des attaques au couteau devenues quasi-quotidiennes provoquant des morts et des blessés considérés comme des faits divers, avec des incendies d’origine douteuse, avec nos églises profanées, vandalisées (875 en un an !), voire incendiées (26 en un an !) dans un silence assourdissant de la part du gouvernement et des médias !

         Et aujourd’hui, après les centaines de morts qui ont endeuillé la France et les milliers de blessés qui l’ont meurtrie au cours des dernières années, un nouveau carnage frappe notre pays avec quatre morts et plusieurs blessés, non plus de la main de l’ennemi dans l’espace public, mais dans une enceinte officielle abritant un service de l’Etat assurant une de ses missions régaliennes, de surcroît de la main d’un traitre – appartenant à ce service – passé à l’ennemi. Cette fois, la mort est venue de l’intérieur. Alors, au-delà des polémiques stériles habituelles et des débats politiciens que provoquent ce drame épouvantable, nos dirigeants politiques, qui savent que l’ennemi (nous sommes en effet en guerre) utilise le terrorisme comme instrument de déstabilisation, ne peuvent plus se défausser et s’abriter derrière des déclarations. Ils vont devoir prendre rapidement des décisions désagréables dans l’intérêt de l’Etat et de la nation débouchant sur des actions coercitives s’ils veulent vraiment empêcher cette guerre sur le territoire national, cette guerre vers laquelle nous nous engageons inexorablement. Et s’ils n’en sont pas capables, ils doivent laisser leur place. Car que révèlent non seulement l’acte meurtrier dans sa préparation et son exécution mais également la gestion qui en a été faite par le pouvoir ?
         Malgré plusieurs alertes sur sa radicalisation après sa conversion à l’islam, ce djihadiste potentiel était employé dans l’un des services de renseignement chargé de la lutte contre l’islamisme, disposait d’une habilitation « secret défense » – qui plus est, renouvelée récemment – et avait donc accès à des informations ultra-sensibles notamment celles en lien avec l’islam dit radical. C’est sidérant ! Comment ce dysfonctionnement peut-il se produire dans un domaine aussi sensible ? Par ailleurs, alors que le mode opératoire signait l’acte djihadiste, pourquoi a-t-il fallu une trentaine d’heures avant que le parquet antiterroriste s’empare du dossier ?
         La prise de parole du ministre de l’Intérieur, au minimum maladroite, a semé le doute sur sa sincérité, laissant même à penser qu’il aurait menti. Car ne disposait-il pas, à ce moment précis de son intervention, environ quatre heures après la tuerie, d’informations sur la radicalisation du terroriste ? En effet, au cours d’une interview un député indique que lorsqu’en 2015 ce dernier s’était réjoui de l’attaque de Charlie Hebdo, sa hiérarchie avait été informée. Et il précise que le directeur de cabinet de l’époque du préfet de police est l’actuel Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, présent à ses côtés lors de la déclaration de ce dernier. D’autre part, il intervenait après la venue à la préfecture de police du président de la République, puis du Premier ministre. Sa déclaration n’était donc probablement pas improvisée. D’autant plus que certains témoignages font état de pressions exercées sur des policiers pour, au mieux retarder la divulgation de l’origine islamiste de l’attaque, au pire tenter de la passer sous silence.
         En fait, il faut bien reconnaître que la crainte de l’accusation d’islamophobie empêche la classe politique et en particulier ceux qui dirigent le pays d’agir dans l’intérêt des Français et notamment de leur sécurité. Or, l’islamophobie n’est que la conséquence logique de la teneur des textes fondateurs de l’islam et les carnages que leur application radicale produit à travers le monde. En refusant de nommer l’ennemi, les responsables politiques commettent une lourde faute et mettent en danger la vie des citoyens. Le déni de réalité dont se rend coupable l’Etat est grave et criminel. Et cet ennemi est à présent, non plus seulement sur le territoire, mais au cœur même de l’Etat, dans nos institutions, dans nos services publics, dans nos transports, dans notre police, dans nos armées.
         On ne peut pas s’empêcher dans le cas particulier de ces dernières, de s’interroger. Par exemple, combien de soldats français musulmans effectuent chaque année le pèlerinage à La Mecque ? Dans quel état d’esprit rejoignent-ils leur unité après avoir scandé avec des dizaines, des centaines de milliers de pèlerins ces prières de haine contre les non-musulmans ?

         Depuis des années, l’ennemi déroule son plan sans être inquiété, simplement en se servant de notre démocratie et en appliquant la stratégie adoptée en 2000 à Doha par l’OCI (Stratégie culturelle islamique dans les pays non islamiques). Notre pays est gangrené de l’intérieur et nos dirigeants, au lieu de prendre conscience de la menace et de la contrer, accompagnent cette islamisation criminelle de la France. C’est ainsi que la cathédrale Saint-Louis des Invalides a été profanée par la prière islamique au cours d’un concert, et qu’on a également facilité l’organisation d’une conférence à Paris par la Ligue islamique mondiale. Et que dire du rapatriement des djihadistes d’Irak et de Syrie avec leurs enfants, véritables bombes à retardement ?
         La situation est donc extrêmement grave et si la 5ème colonne a facilité le carnage du 13 novembre 2015, la tuerie de la préfecture de police confirme l’existence d’un ennemi intérieur prêt à passer à l’action. Il n’y a plus de frontière entre l’ennemi et l’ennemi intérieur. En niant la menace et son caractère religieux dont se réclament les djihadistes, les responsables politiques trahissent leur mission de protection des Français et l’avenir de la nation qui devrait être leur priorité.
         Nos concitoyens doivent prendre conscience que nous sommes dorénavant face à une guerre sainte menée au nom de l’islam par les soldats d’Allah. Il faut donc s’y préparer, nous sommes prévenus. Résister à l’islam doit devenir un acte patriotique.
         Ce carnage de la préfecture de Paris se produit au plus mauvais moment pour le président de la République et pour le gouvernement, quelques jours après le lynchage d’Éric Zemmour (exécuté parce qu’il dit la vérité), le lendemain de la grande manifestation des policiers exprimant leur colère et juste avant le lancement du débat sur l’immigration. Il va bien falloir que le pouvoir comprenne que la France n’est pas simplement une start-up, que c’est une pure folie que de continuer à laisser entrer une immigration de culture hostile à notre civilisation. Il faut dans l’immédiat écarter des services publics et notamment régaliens ceux qui sont suivis pour radicalisation, fermer les mosquées salafistes et renvoyer leurs imams. Et à ceux qui invoqueraient l’état de droit pour ne rien faire, on répondra que nous sommes en guerre et que de toutes façons le droit est un outil à la disposition du pouvoir pour lui permettre de légitimer son action. Il peut donc être modifié et confirmé par le Parlement. Ainsi l’état de droit est respecté. L’islam doit être soumis aux lois de la République, et ceux qui ne l’acceptent pas doivent partir, voire être poussés vers la sortie. Car entre nos cercueils et leur valise, il va falloir choisir.

Général (2s) Antoine MARTINEZ
Président des Volontaires Pour la France
Le 06 octobre 2019

V.P.F. :   
   https://volontaires-france.fr/lettre-ouverte-au-president-de-la-republique/


 Ces voltairiens qui veulent embastiller Zemmour
Par Elisabeth Lévy
Envoyé par Jacques Loufrani

Zemmour fait plus de bien au débat public que ses tristes censeurs.

           Tous contre un ! C’est fou comme les robinets d’eau tiède peuvent être haineux. Zemmour n’avait pas encore commencé son discours devant la convention de la droite que tous les petits flics des associations, délateurs numériques et autres vigilants médiatiques étaient aux aguets, se demandant avec gourmandise s’ils trouveraient de quoi demander des interdictions, des censures et des sanctions. Ils ne partagent pas ses idées et ils se battront pour qu’il ne puisse pas les défendre. Vieille histoire chez « les bâtards de Voltaire ».

           Glissons sur la sottise épaisse de Dominique Jamet et son évocation de Goebbels. La palme de l’indignité revient à François Hollande, vous savez le président qui parlait du risque de partition de la France à ses visiteurs du soir, mais ne leva pas le petit doigt durant son mandat pour l’enrayer. Notre ex offusqué redoute aujourd’hui la « banalisation de l’extrême » mais, alors qu’il savait la sécession islamiste à l’œuvre dans les territoires perdus, il n’a rien fait. Sans doute craignait-il, en disant ce qu’il savait, d’écorner sa belle image d’homme de gauche. Et cet homme qui a préféré sa réputation à l’avenir de son pays joue sur France Inter, toute honte bue, les vierges outragées.
           La société des journalistes du Figaro s’en mêle

           On ne s’étonne plus non plus de voir un syndicat de journalistes, une profession qui devrait considérer que la liberté d’expression est sacrée, faire chorus avec les censeurs. « Eric Zemmour use de sa liberté d’expression comme il l’entend, à ses risques et périls judiciaires », écrit la SDJ du Figaro dans un communiqué hallucinant. En somme, que l’on embastille (métaphoriquement) Zemmour, ce sera de sa faute. Il n’avait qu’à écouter les consignes du parti. La SDJ ricane sur « la position, fort commode, de rentier de la polémique qui est la sienne ». Etonnant comme ces défenseurs de l’humanité peuvent dénier à leur adversaire la moindre humanité. On aimerait presque voir l’un d’eux essuyer le dixième de la boue qui à intervalles réguliers s’abat sur notre confrère et ami pour lui demander s’il trouve cela commode. La SDJ demande donc à la direction de « mettre un terme à cette situation ambiguë ». Oui, vous avez bien lu, une organisation de journalistes demande à sa direction de mettre un journaliste au pas. Si avez un combat à mener, assurez-vous que ces gens ne sont pas dans votre camp. Les journalistes de LCI ont réagi plus honorablement. Tout en critiquant la diffusion in extenso du discours de Zemmour, à l’image de ce qui se fait pour les responsables politiques, ils ont précisé qu’ils ne voulaient nullement l’interdire d’antenne.

           Le spectacle de la bonne conscience lyncheuse et de la vertu haineuse, pour habituel qu’il soit, est à vomir. C’est qu’avec Zemmour, la haine est un devoir civique puisque lui-même, répètent les perroquets, tient des discours de haine.

           J’aimerais bien me disputer avec Zemmour, faire le tri dans ses propos entre ce que je partage et ce que je conteste. Je pourrais lui dire que son discours cède plus au désespoir qu’à la haine (ce qui n’est pas criminel, sinon, il faudrait aussi condamner Greta Thunberg qui a le catastrophisme moins élégant et moins cultivé que lui) ; qu’il a raison de défendre l’identité française tout en discutant sa conception de l’identité. J’aimerais lui parler de la dose respective d’ancien et de nouveau que doit comporter cette identité, des immenses vertus de la société libérale. J’aimerais lui faire entendre que, pour l’avenir, nous n’avons pas le choix entre des femmes qui s’appellent Robert et des islamistes venus d’autres temps et d’autres lieux. Je lui dirais que la machine à assimiler française, pour grippée qu’elle soit, a fabriqué des millions de Français qui n’ont pas disparu par enchantement. Il moquerait ma candeur, invoquerait l’histoire. Je lui rétorquerais qu’il fait parfois le jeu de l’adversaire.

           Zemmour indispensable au débat public
           Avec les hyènes et les vautours qui tournoient autour de Zemmour, attendant la faute pour pouvoir crier « On le tient chef ! », toute dispute devient un procès et tout ce qu’on pourrait dire à Zemmour sera retenu contre lui – raison pour laquelle j’en viens à regretter d’avoir publiquement contesté ses idées, en oubliant qu’avec l’armée de caméras qui guettait, nous n’étions pas entre gens de bonne compagnie : le résultat des broncas anti-Zemmour, c’est qu’on ne peut pas l’engueuler tranquillement. Bien joué camarades.

           Alors que ces tristes sires qui demandent qu’on le fasse taire sachent qu’il a fait plus de bien au débat public qu’ils ne le feront jamais. La preuve, c’est que depuis deux jours, on ne parle que de ça, chacun tenant absolument, sur tous les plateaux, à participer au brouhaha. Y compris ma pomme. N’empêche, sans Zemmour, on en serait peut-être encore à ânonner que tout va bien, qu’il n’y a pas de territoires perdus et que le grand problème de notre pays est l’islamophobie. Il est outrancier, s’écrient ces âmes distinguées. C’est vrai, l’entendre peut secouer, heurter, inquiéter, enrager. Vivre dans un monde où aucun propos ne pourra nous faire sursauter, est-ce cela que nous voulons ? Pauvrets ! Il faudrait les protéger contre les têtes qui dépassent et les idées qui défrisent. Sont-ils à ce point incapables de lui répondre qu’il leur faille agiter des gousses d’ail en psalmodiant salaud, raciste, islamophobe ? Leur déni persistant, tel qu’il ronronne du matin au soir sur France Inter, est en réalité bien plus dangereux que ses exagérations.

           Le président qui ne dit la vérité que dans le secret du off ­ – curieux mélange de cynisme et de naïveté – a regretté sur un ton doucereux que les médias invitent un tel personnage (enfin, les médias, ils font ce qu’ils veulent), et a lancé, sans même avoir le courage de la nommer, quelques vilenies à l’adresse de l’émission de Pascal Praud sur C News. Puis, alors que Léa Salamé prononçait enfin les mots « liberté d’expression », il a lâché le morceau : pour débattre, on peut très bien inviter « un modéré de droite et un modéré de gauche ». Enfin un bon mot du président Blagounet. Comme le disait mon cher Muray organisons un débat entre patinette et trottinette – moderne contre moderne.

           Si la coalition des trouillards qui préfère faire taire Zemmour qu’argumenter contre lui (grâces soient pour cela rendues à l’ami Raphaël Enthoven), devait parvenir à ses fins, notre débat public, déjà semé d’interdits et de procès, médiatiques ou judiciaires, deviendrait une bien morne plaine. Nos concitoyens n’ont pas besoin de sermons mais de raison. Exclure Zemmour, c’est signifier à tous ceux qui veulent l’entendre, quoi qu’ils pensent de ses idées, qu’ils ne sont pas assez adultes pour forger leur propre jugement. Quant à moi, je préfère le désaccord avec Zemmour que le consensus avec François Hollande. Pour la bonne raison que je n’oublie jamais que sa liberté, c’est la mienne.


Hollande 
Envoyé par M. Pierre Barisain

        FIGAROVOX/ANALYSE - L'un des chapitres du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme Un président ça ne devrait pas dire ça... révèle ce que pense François Hollande de l'immigration, l'islam et l'identité. Sidérant.
        Vincent Tremolet de Villers Mis à jour le 14/10/2016 à 14:33
       «Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu'est-ce que ça charrie ? Toujours la même chose, la chrétienté, l'histoire, l'identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C'est ça qui fait que les gens basculent, ce n'est pas parce qu'ils ont perdu 3 % de pouvoir d'achat - qu'ils n'ont pas perdu d'ailleurs! - ou parce qu'ils sont chômeurs. Il y a des choses qui les taraudent, ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…» Ce n'est pas un extrait de La Cause du peuple (Perrin) de Patrick Buisson mais des propos du chef de l'État rapportés par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre d'entretiens «Un président ne devrait pas dire ça» (Stock). Curieusement, le président de la République y apparaît moins vigilant qu'à l'habitude lorsqu'il dénonce ceux qui «jouent sur les peurs» et «stigmatisent». A l'entendre «l'insécurité culturelle» n'est pas un sentiment. L'intégration? «Il y a à la fois des choses qui marchent très bien et l'accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue.»
        Nadine Morano ? «Je suis convaincu que, quand on interroge les Français, ils sont majoritairement sur sa position. (…) Ils pensent: “On est plutôt des Blancs, il y a plus de Blancs que d'autres.”»
        L'équipe de France de football ? Elle est en proie à une «communautarisation, une segmentation, une ethnicisation». Le seuil de tolérance? «Je pense qu'il y a trop d'arrivées, d'immigration qui ne devrait pas être là.» Et de prendre l'exemple des professeurs devant les nouveaux immigrés. «C'est Sisyphe! On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s'arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s'arrête.»
        L'islam ? «Qu'il y ait un problème avec l'islam, c'est vrai. Nul n'en doute.»
        Le ? «Un asservissement.» Les migrants ? «On ne peut pas continuer à avoir des migrants qui arrivent sans contrôle, dans le contexte en plus des attentats.»
        La sécession des territoires ? «Comment peut-on éviter la partition ? Car c'est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.»
        2/ Gérard Collomb, Ministre de l'Intérieur en exercice, le 31 10 2018.
        Au fond du fond, demande-t-on, comment jugez-vous la situation sécuritaire en France ?
        - C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste.
        Les rapports entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble…

        Quel est la part de responsabilité de l’immigration ?
        « Énorme (…) »
        – Votre loi ne s’attaque qu’à l’immigration illegale. La légale permet de faire entrer plus de 200.000 personnes sur le territoire chaque annee.
        - C’est vrai. On fait étape par étape. Mais ça reste un problème… »

        – Vous pensez qu’on n’a plus besoin d’immigration en France ?
        « Oui, absolument »
        « Des communautés en France s’affrontent de plus en plus et ça devient très violent… »
        « Je dirais que, d’ici à 5 ans, la situation pourrait devenir irréversible. Oui, on a cinq, six ans, pour éviter le pire. Après… »
        « on vit côte à côte ; je crains que demain on ne vive face à face ». ( 3 octobre 2018)


        Eric Zemmour ne fait que mettre en lumière les inquiétudes de 2 hauts responsables politiques qui annoncent une partition, une guerre civile sans donner de solution, car ils n'osent nommer l'adversaire. Lui ose désigner l'Islam, l'Islam actuel, qui a le takouk comme d'autres idéologies l'ont eu en d'autres temps. Après tout, l'idéologie des Lumières en 1789 a mis l'Europe à feu et à sang pour se calmer à Waterloo, 26 ans de boucheries inouies et de destructions.


LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


Que diraient nos frères d'armes, disparus en Algérie ?
Par M. Jean Yves Jaffres,

         Au fond de l'âme, entendez-vous nos râles ?
         Sur la guerre qui brisa notre vie !
         D'une France muette, à notre égard !
         De nos familles qui souffrent d'un vide !
         D'amis, fiancées qui nous attendaient
         Et, tous nos projets de jeunes, éclipsés !
         Les considérés "ni morts, ni vivants",
         Tels volatilisés, dans le néant,
         Gommés en France, ignorés du public !
         Nos proches dans le tourment, s'inquiètent

         Du grand trou noir où nous sommes placés !
         Mais pourquoi ce silence autour de nous?
         Nous souffrons de l'abandon de la France !
         Amers, envers nos hommes politiques !
         Critiques, sur ceux qui veulent l'oubli
         Pardonnons aux Maghrébins qui trahirent
         Pour sauver leur peau, car c'est leur pays
         Recherchez la vérité historique.
         Un fil affectif nous relie à vous,

         Frères d'arme, qui creusez le passé
         Nous sommes heureux, de sortir de l'oubli
         Et, vos recherches nous font quitter l'ombre
         Nous vous sommes reconnaissants de toutes
         Vos réactions qui nous réhabilitent.
         SOLDIS, excellente idée pour nous tous
         Recenser, parler de notre vécu,
         Nous faire connaître, nous réjouit
         La stèle donne un lieu du souvenir,

         De recueillement pour tous les esprits
         A défaut de tombe pour notre corps !
         Rancunes et vengeances ne servent à rien,
         Les disparus concernent les deux pays
         Unis par notre Histoire et la Mémoire.
         Recherchez la vérité des deux bords
         Familles, amis, vivez sereinement
         Frères d'armes, ne nous oubliez pas!


Jean Yves Jaffres,
Vice-président d'honneur de SOLDIS
26/04/2019   Soldis info N° 8

Association SOLDIS ALGERIE
Association Nationale pour la Mémoire
des militaires français portés disparus en Algérie
15 rue Thiers 24 000 PERIGUEUX
Tél. 05.53.53.12.42
Courriel: soldis.algerie@orange.fr



NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

FAUTE D’ESCORTE SÉCURITAIRE

Envoyé par René
https://www.liberte-algerie.com/est/des-touristes-etrangers-bloques-a-tamanrasset-325781

Par Liberté Algérie par RABAH KARÈCHE le 12/10/2019

Des touristes étrangers bloqués à Tamanrasset
Des touristes français attendant la fameuse escorte

             L’accablant constat dressé par les experts sur le tourisme saharien, lors de la toute dernière journée d’étude tenue récemment au centre universitaire de la wilaya de Tamanrasset, a été confirmé jeudi, suite au blocage d’un groupe de touristes français composé de huit personnes.

             L’agence de voyages et de tourisme Maha Tours a été contrainte, jeudi, d’annuler le circuit prévu à cause de “l’absence d’effectif devant assurer l’escorte sécuritaire”. Après une longue et lassante attente devant l’enceinte de la direction locale du tourisme, le directeur de l’agence concernée, Mohamed Benhamdoune, a appris à ses dépens que l’escouade qui devait l’accompagner pour visiter les sites touristiques de Tangat et de Tamekrest a été “mise au service” d'une agence qui aurait bénéficié d’un traitement de faveur en violation de la réglementation imposée aux voyagistes de Tamanrasset. Tout en dénonçant cette forme de népotisme, M. Benhamdoune a tenu à préciser que l’agence en question a atterri dans la wilaya tard dans la journée de mercredi. “Aussi étrange que cela puisse paraître, le facteur temps ne s'est pas posé pour ce voyagiste qui aurait passé un coup de téléphone avant de se voir accorder une escorte sécuritaire à ses clients polonais qui devaient se rendre à l’Askrem. C'est injuste et aberrant à l'idée de savoir que pour aller visiter l’Asekrem, les agences de voyages n’ont que deux jours par semaine, dimanche et mercredi. La liste des touristes étrangers doit comprendre tous les renseignements relatifs à l’expédition, particulièrement les coordonnées des chauffeurs, le matricule de leurs véhicules, les noms, la fonction et la nationalité des clients, pour pouvoir bénéficier de l’accord de la commission de sécurité compétente et, du coup, avoir droit à une escorte sécuritaire. Toutefois, on déroge souvent à cette règle pour les super agences qui usent de leur passe-droit au détriment des tour-opérateurs de la région”, peste notre interlocuteur. Et de poursuivre : “Je ne comprends pas pourquoi ce sabotage et à qui profite réellement ce blocage qui risque de nuire sérieusement à l’image touristique de notre pays. Ce n’est pas évident de faire venir des touristes étrangers dans une wilaya à laquelle ils portent un amour particulier, pour leur faire boire le calice jusqu’à la lie. C’est inconcevable ! Pourtant, nous avons accompli toutes les procédures liées à cette aventure saharienne depuis le 5 septembre dernier.
             Les services de sécurité en étaient informés à temps. Cependant, le favoritisme a la peau dure dans cette wilaya qui s’est vu confier son tutorat à des responsables qui œuvrent sciemment pour la destruction de la destination Algérie.” La déception est perceptible sur le visage de tous les touristes français qui, assis à même le trottoir, attendent la fameuse escorte. “Sincèrement, c’est une aberration de trop. J’ai 80 ans et je ne suis pas là pour faire de la contrebande ou de l’espionnage. Je suis à Tamanrasset pour rendre visite à des amis de longue date. Vu mon âge, il se peut que je n’arrive plus à revenir dans cette région que, mon mari et moi, connaissions depuis plus de 40 ans. C’est dire que je n’ai pas besoin d’escorte pour me rendre chez mes amis d’Izarnen. Le problème n’a d’autres explications que celle de vouloir détruire la destination Tamanrasset, puisque le tourisme fonctionne normalement dans les autres villes sahariennes, dont Djanet”, se lamente Odette Frolich, touriste française. Pour son époux, Jean-Louis Bernouzat, auteur de plusieurs livres et guides sur le tourisme saharien, ce blocage fournit la preuve palpable de l’absence d’une bonne volonté de développer ce créneau d’activité dans une région pourtant gâtée par dame nature.
             À la direction du tourisme et de l’artisanat, on a affirmé que l’escorte relève des compétences du service de la sûreté interne de la wilaya qui a été destinataire de tous les documents confortant la demande de l’agence lésée. “La DTA ne peut en aucune manière assumer les conséquences de cette humiliation de trop”, nous dit-on.
          


GHARDAÏA

Envoyé par Jeannine
https://www.liberte-algerie.com/centre/hausse-de-la-production-oleicole-325324


Liberté Algérie   l Par M. BOUHAMAM AREZKI - 04/10/2019

Hausse de la production oléicole

        La filière oléicole connaît un essor remarquable dans la wilaya de Ghardaïa.

        La production d'huile d'olive dans la wilaya de Ghardaïa est attendue à plus de 36 910 q pour la campagne 2018-2019, plus importante que prévu selon les statistiques de la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Ghardaïa, et mieux que l'année 2017-2018 qui avait vu une production de 26 000 q. Selon la direction des services agricoles, la production de cette année devrait atteindre un rendement moyen de 26 q/ha.

        Cette campagne touche une superficie de 1003 ha, soit près de 300 000 oliviers productifs sur une superficie globale de 1919 ha, soit près de 450 000 pieds plantés ces dernières années à travers la wilaya, a-t-on fait savoir. Selon les statistiques de la DSA, plus de 70% des oliviers productifs sont plantés en éparse, soit plus de 210 000 arbres, alors que 90 000 arbres productifs sont plantés en masse, ce qui rend la cueillette difficile. Les services de la DSA estiment également que sur cette récolte de 36 910 q d’olives prévues, près de 30 000 q seront consommés comme olive de table et 6910 q pour l’extraction de près de 550 000 litres d’huile d’olive vierge et bio par le biais de trois huileries modernes implantées à Guerrara, Ghardaïa et à Beni Isguen. La filière oléicole, qui constitue une des principales filières agricoles dans la wilaya de Ghardaïa, connaît un essor remarquable ces dernières années.
        Sa superficie est passée de 118 ha en 2004 à près de 2000 ha en 2019. Les surfaces plantées d’oliviers sont en constante progression, comme en témoignent les nombreuses rangées d'oliviers nouvellement plantés comme brise-vent autour des périmètres agricoles créés le long de la RN 1 entre Ghardaïa et la limite administrative avec la wilaya de Tamanrasset, entre El-Menéa et Timimoun (Adrar) ainsi qu’à Guerrara. Cependant, la vocation de la région étant agropastorale, et en l’absence de tradition d’oléiculture, les techniciens des services agricoles recommandent l’entretien de l’olivier, des tailles périodiques, notamment les tailles de formation qui doivent être effectuées les premières années suivant sa plantation.
        Pour améliorer la performance des oliveraies, des sessions de formation au profit des agriculteurs sur l’itinéraire technique à adopter ont été lancées dans le cadre de la vulgarisation afin d’améliorer la production et la productivité.

        Le programme de développement de l’oléiculture et l’intensification de la culture de l’olivier dans la région de Ghardaïa peuvent contribuer à la création de nouvelles huileries, notamment au sud de la wilaya dans la région d’El-Menéa et générer des emplois.
BOUHAMAM AREZKI           


PRODUCTION DE LA POMME DE TERRE À MOSTAGANEM

Envoyé par Léon
https://www.liberte-algerie.com/ouest/plus-de-900-000-quintaux-attendus-325698


par liberté Algérie, E. Yacine 10/10-2019 , A. Z.

Plus de 900 000 quintaux attendus

           La production de la pomme de terre d’arrière-saison au titre de la campagne agricole actuelle devrait atteindre plus de 900 000 quintaux dès le mois de novembre, a-t-on appris de la direction locale des services agricoles (DSA).Une superficie de 36 000 ha est concernée par cette opération, à travers la wilaya, à savoir Aïn Tédeles, Khair-Eddine, Mesra, Bouguirat, Aïn Nouissy et Bled Touahria, où la plantation de ce tubercule a été effectuée le mois d’aout dernier, a indiqué une source responsable du service des statistiques à la direction des services agricoles, signalant que l’opération d’arrachage de ce tubercule débutera fin novembre.

           Pour rappel, une quantité de plus de 900 000 quintaux de pomme de terre d’arrière-saison a été produite l’année écoulée, dans la région de Mostaganem. Le rendement escompté par hectare est de 250 quintaux, a précisé notre source, relevant que la production est notamment concentrée dans les régions de Aïn Tédeles, Khair-Eddine, Mesra, Bouguirat, Aïn Nouissy et Bled Touahria.

           Par ailleurs, durant la saison agricole 2017/ 2018, il a été enregistré une hausse de 500 quintaux environ, par rapport à la saison précédente, avec un rendement record qui a atteint les 320 quintaux à l’hectare, selon les responsables des Services Agricoles (DSA). D'après la DSA, ce résultat est dû à l'extension des superficies agricoles qui sont réservées à cette culture, en plus du soutien de l'État à l'agriculteur et les efforts déployés par la DSA à travers des actions de vulgarisation et de suivi.

           Pour rappel, la wilaya de Mostaganem compte 200 producteurs de pomme de terre exploitant des parcelles de 5 à 100 hectares. Cependant, la DSA a affirmé que si certaines limites sont atteintes et que les objectifs initiaux ont été largement dépassés, le défi est de maintenir ce niveau de production en continuant à préserver le cycle végétatif non seulement en lui assurant une protection contre les parasites, mais en développant aussi une mécanisation plus soutenue, notamment par l'introduction de machines pour la récolte. À signaler que la wilaya de Mostaganem dispose de 16 chambres froides d'une capacité globale de 60 069 mètres cube.
          
E. Yacine                      


AGRICULTURE À RELIZANE

Envoyé par Xavier
https://www.liberte-algerie.com/ouest/recolte-de-9240-quintaux-de-grenades-325647


 Liberté Algérie - Par E. Yacine - 09/10/2019

Récolte de 9240 quintaux de grenades

           Pas moins de 9240 quintaux de grenades ont été récoltés à Relizane, sur une superficie de 80 ha, depuis le début de la saison, avec une hausse qui devrait atteindre 11%, soit 116 quintaux par hectare, a-t-on appris auprès de la Direction des services agricoles.

           La même source a précisé que ce niveau de production renforce la diversité des récoltes fruitières de cette wilaya qui a produit, à la saison agricole actuelle, 57 885 quintaux d’abricots et 13 000 quintaux de pêches. La récolte sera obtenue sur 767,75 hectares répartis sur l’ensemble des communes que compte la wilaya de Relizane et elle dépassera d’environ 5 000 quintaux la production de la saison dernière à la faveur de l’entrée en phase d’exploitation de nouveaux vergers, selon les prévisions, a-t-on expliqué.
           Ces superficies devront croître au cours des prochaines années, a-t-on noté, regrettant toutefois que malgré l’abondance de la grenade, son prix reste en hausse, variant entre 100 et 170 DA le kilogramme sur les marchés de la wilaya.

           Cette augmentation est due, selon les membres de la Chambre d’agriculture à “une régulation du marché” effectuée par les propriétaires de chambres froides qui injectent dans le marché des quantités permettant de maintenir à la hausse le prix de ce fruit.
E. Yacine                      


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De M. Pierre Jarrige

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Les notables
Envoyé par Fabien
       Tout l’après-midi, Nasreddin Hodja s’est promené en compagnie de deux notables de la ville, l’imam et le kadi, mais l’heure est venue de se séparer.

       — Tu es vraiment un homme surprenant, remarque le religieux. Parfois on dirait que tu es un filou capable de voler et de duper n’importe qui, et puis, quelques instants après, on croirait avoir affaire à un imbécile.

       — Allons, Nasreddin, sois franc pour une fois, continue le magistrat, dis-nous donc qui tu es en réalité : un escroc, un idiot ?

       — Cela dépend, répond Nasreddin Hodja. Et ce que je peux vous dire tout de même, chers amis, c’est qu’en ce moment je suis juste entre les deux !


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