Bône, le 2
Février 1860 LA SEYBOUSE
17ème Année N° 753 JOURNAL DE
BÔNE
COURRIER
FRANCE. - Le
Moniteur du 25 janvier publie un rapport de M. Magne sur le budget, Voici
quelques-uns des chiffres qui y sont rapportés
Découvert
d'anciens budgets, 660 millions.
Budgets de
1855-1856-1857, clos sans déficit.
Budget de
1858, excédant des recettes, 12 millions.
Dette
flottante, au-dessous de 700 millions. Bons du trésor, 135 millions.
Trésor, en
caisse, 251 millions numéraire et 150 en portefeuille.
Augmentation
de revenus d'impôts; revenus directs, 268 millions.
Les
documents pour la préparation du budget de 1861 permettent de prévoir un
excédant de recettes de 3 millions.
Une
dépêche électrique du 26 janvier porte que:
Le Constitutionnel, en annonçant la
signature du traité de commerce entre la France et l'Angleterre, ajoute
quelques détails sur l'exécution du programme économique de la lettre de
l'Empereur. Suivant ce journal, au mois de juillet 1860 aura lieu la
suppression des droits sur les cotons, les laines et l'adoption du tarif belge
pour les bouilles et le coke anglais. Au mois d'octobre de cette même année,
les droits sur les fers ne seront plus que de 7 fr. par cent kilogrammes.
En janvier
1861 aura lieu une diminution des droits sur les sucres. En juin , la
prohibition sur les fils, tissus et chanvres sera levée et remplacée par un
droit de 30 pour cent. En octobre, toutes les prohibitions seront levées et
remplacées par des droits fixés à 30 pour cent.
Et dans la Patrie on lit :
Le traité
de commerce a été signé par M. Baroche, comme représentant de la France, et
lord Cowley, comme représentant de l'Angleterre.
Si nous
sommes bien informé, voici ses principales dispositions :
L'entrée
des vins, en Angleterre, sera abaissée de 150 pour cent à 28 pour cent. Les
soies entreront en franchise.
Pour les
fers, le droit d'entrée en France sera de 7 fr. par 100 kilogrammes.
Les laines
et cotons manufacturés seront protégés par un droit de maximum de 30 pour cent,
qui sera fixé après enquête.
Les
matières premières dont il a été parlé dans la lettre de l'empereur entreront
en franchise le 1er juillet 1861 ; les prohibitions seront levées le
1er octobre suivant.
Le traité
sera exécutoire pour l'Angleterre à compter du jour de sa promulgation, qui
sera faite après l'échange des ratifications, c'est-à-dire vers les premiers
jours du mois de février 1860. »
M.
Thouvenel, nommé ministre des affaires étrangères, a prêté serment aujourd'hui
entre les mains de l'empereur, en présence de M. Delangle, Garde des sceaux,
ministre de la justice, chargé par intérim du ministère d'état.
ANGLETERRE.
- L'ouverture du parlement anglais a en lieu le 24 janvier.
En moins de trois quarts d'heure, le discours entier de la reine était transmis
à Paris au moyen de trois fils électriques, qui transcrivaient chacun un
tiers.
Le voici
dans son intégralité :
Mylords et Messieurs,
C'est avec une grande
satisfaction que je vous revois réunis en parlement, et que j'ai recours en
votre assistance et à vos avis.
Mes relations avec les
puissances étrangères continuent d'être sur un pied amical et satisfaisant.
A la clôture de la dernière
session, je vous disais que des ouvertures m'avaient été faites, afin de
s'assurer si, dans le cas où une conférence serait tenue par les grandes
puissances de l'Europe, dans le but de régler les arrangements ayant trait à
l'état actuel et à la condition à venir de l'Italie, un plénipotentiaire serait
envoyé par moi pour assister à cette conférence.
Depuis lors j'ai reçu de
l'empereur d'Autriche et de l'empereur des Français une invitation formelle à
envoyer un plénipotentiaire au congrès, qui devait se composer des huit
puissances signataires des traités de Vienne de 1815.
Les objets dont on annonçait
que le congrès aurait à s'occuper devaient consister à recevoir communication
des traités conclus à Zurich et à délibérer, en associant aux puissances
sus-mentionnées les cours de Rome, de Sardaigne et des Deux-Siciles, sur les
moyens les plus propres d'opérer la pacification de l'Italie et à placer sa
prospérité sur une base solide et durable.
Désireuse en tout temps de
concourir à des acte, ayant pour objet le maintien de la paix, j’ai accepter
l’invitation qui m’était faite ; mais en même temps, je faisais savoir que,
dans ce congrès, j'étais décidée à maintenir le principe qu'aucune force
étrangère ne serait employée peut, imposer aux populations d'Italie une forme
particulière de constitution.
Des circonstances ont surgi, qui ont amené un ajournement du
congrès, sans qu'aucun jour ait été fixé pour sa réunion. Mais, soit dans un
congrès, soit dans des négociations séparées, je m'efforcerai d'obtenir pour
les populations italiennes l'affranchissement de l'intervention étrangère par
la force des armes dans leurs affaires intérieures, et j'ai la confiance que
les affaires de la péninsule italienne pourront être réglées pacifiquement et
d'une manière satisfaisante. Des papiers, à ce sujet, vous seront bientôt
soumis.
Je suis en communication avec
l'empereur des Français, dans le but d'étendre les relations commerciales entre
les deux pays et de resserrer ainsi davantage les liens d'une alliance amicale
entre eux.
Un différend s'étant élevé
entre l'Espagne et le Maroc, je me suis efforcée, par des voies amicales, de
prévenir Une rupture, mais sans succès, je regrette de le dire. Je donnerai
l'ordre de vous soumettre des papiers à ce sujet.
Mon plénipotentiaire et le
plénipotentiaire de l’empereur des Français se sont, en exécution de leurs
instructions, rendus à l'embouchure de la rivière du Pei-Ho pour aller ensuite
à Pékin, échanger dans cette ville les ratifications du traité de Tien-Tsin,
conformément à l'art. 56 de ce traité : on s'est opposé par la force à leur
passage, et un conflit a eu lieu, à l'embouchure de la rivière, entre les forts
chinois et les forces navales servant d'escorte aux plénipotentiaires.
Les forces alliées ont
déployé dans cette occasion leur bravoure ordinaire ; mais après avoir subi une
perte sérieuse, elles ont été contraintes de se retirer, et je prépare une
expédition de concert et avec la coopération de l'empereur des Français.
Une expédition est entreprise
pour obtenir réparation et l'exécution des stipulations du traité de Tien-Tsin.
Je verrais avec satisfaction qu’un prompt consentement de l'empereur de la
Chine aux demandes modérées qui ont été faites par les plénipotentiaires
s'opposât à la nécessité d'employer la force. J'ai ordonné que les documents relatifs
à cette question vous soient soumis.
Un acte accompli sans autorisation
par un officier des Etats-Unis sur l'île de San-Juan, entre l'île de Vancouver
et la terre ferme aurait pu amener une collision sérieuse entre mes forces et
celles des Etats-Unis. Cette collision a néanmoins été prévenue par la
modération judicieuse de mes officiers de la marine et d'administration civile
qui se trouvaient sur les lieux, et par l'arrangement conciliateur et
provisoire proposé sur cette question par le gouvernement des Etats-Unis.
J'espère fermement que la
question des limites en dehors desquelles cette affaire a eu lieu pourra
s'arranger à l'amiable, d'une manière qui s'accorde avec les justes droits du
pays, tels qu'ils se trouvent définis dans le premier article du traité de
1816.
Les derniers vestiges de
troubles dans mes possessions des Indes ont été éteints ; mon vice-roi a fait
une tournée dans les districts qui avaient été le siège principal du désordre,
et, par une combinaison judicieuse de fermeté et de générosité, mon autorité a
été solidement, et j'espère pour longtemps, établie partout.
J'ai reçu de mon vice-roi les
rapports les plus satisfaisants sur la fidélité de mes sujets indiens, et des
bons sentiments manifestés par les chefs indigènes et les grands propriétaires
du sol du pays.
L'attention du gouvernement
dans l'Inde a été dirigée vers le développement des ressources intérieures du
pays, et je suis charmée de vous informer qu'une amélioration a eu lieu dans sa
perspective financière.
J'ai conclu un traité avec le
Japon et un traité concernant les limites avec la république de Guatemala ;
j'ai ordonné qu'ils vous soient soumis.
Messieurs de la chambre des
communes, j'ai donné l'ordre qu'on vous communique le budget pour l'année
suivante. Il a été préparé en vue de mettre les services de l'armée et de la
marine, ainsi que les dépenses du pays, sur un pied efficace. Je suis heureuse
de pouvoir vous informer que le revenu public est dans un état satisfaisant.
Mylords et Messieurs, j'ai
agréé avec plaisir et orgueil les offres nombreuses de service volontaire que
j'ai reçues de mes sujets. Cette manifestation d'esprit public a ajouté un
important élément à notre système de défense nationale. Il vous sera communiqué
des mesures pour amender les lois qui règlent la représentation du peuple dans
le parlement , et pour l’asseoir sur une base plus large et plus ferme.
Je vous recommande instamment
de reprendre tous vos travaux pour l'amélioration de votre jurisprudence, et
particulièrement en ce qui concerne la faillite. Le transfert de la propriété
foncière, la consolidation des statuts et une plus ample fusion de la loi et de
I’équité nécessaire pour assurer qu'en chaque procès les droits des parties
soient déterminés d'une manière satisfaisante par la cour où le procès a
commencé.
j'éprouve un vif plaisir à
remarquer que les grands intérêts du pays sont dans une situation généralement
excellente et prospère ; que le paupérisme et le crime ont diminué, et que sur
tous les points de mon empire, tant dans le Royaume-Uni que dans mes colonies
et mes possessions au-delà des mers, il règne un esprit de fidélité, de
contentement, d'ordre et d'obéissance à la loi, ainsi qu'un profond sentiment
de gratitude envers le Tout-Puissant qui gouverne les nations, et, pour ces
inestimables bienfaits, je fais des vœux ardents pour qu'il daigne guider vos
délibérations, accroître et affermir le bien être et le bonheur de mon peuple.
Le Times, en
publiant une dépêche de Paris qui annonce que la signature du traité de
commerce entre la France et l'Angleterre serait ajournée par suite de modifications
qui doivent y être apportées, dans le but de tranquilliser l'industrie
française, proteste d'avance, tout en déclarant qu'il ne sait pas encore
quelles seront les stipulations de la convention, contre toute disposition qui
ressemblerait à une violation quelconque portée aux principes du libre-échange.
Le Times défend d'ailleurs la thèse
que le pays qui impose des droits sur les produits d'un autre pays ne devrait.
consulter à cet égard que les besoins du fisc, et que l'on a tort de faire
d'une telle question l'objet de négociations entre gouvernements.
Le Times voudrait que l'Angleterre
continuât à régler son tarif selon ses besoins fiscaux et nullement selon la
libéralité ou l'illibéralité de ses voisins. Il semble d'ailleurs craindre dès
à présent que le traité de commerce qui sera conclu entre la France et
l'Angleterre ne soit conçu dans un esprit moins favorable à l'Angleterre qu’à
la France.
ITALIE.
- On lit dans l'Indépendance
Belge du 24 :
« Les nouvelles d'Italie n'offrent rien autre à
signaler qu'une agitation croissante dans les Marches, l'Ombrie et la Vénétie,
Cette dernière province surtout prend vis-à-vis de l'Autriche une attitude si
irréconciliablement hostile, que déjà à Vienne on semble prévoir la possibilité de nouvelles luttes, de nouveaux sacrifices, peut-être d'une guerre
nouvelle, sinon pour secourir le Saint-Siége et les dynasties dépossédées de
Toscane et de Modène, du moins pour conserver cette partie de l'empire.
Cependant, d'un autre côté, les journaux allemands et les correspondances
mêmes de Vienne sont d’accord pour représenter la situation de l'Autriche, tant
sous le rapport de ses embarras intérieurs que de ses relations avec la Prusse
et la Russie, sous des couleurs si sombres, que toute action, autre qu'une
action diplomatique, lui semble interdite.
Turin.- La
Gazette officielle publie les
noms des nouveaux ministres :
M. de
Cavour est président du conseil, ministre des affaires étrangères, et par intérim ministre de l'intérieur.
Guerre, le
général Fanti ;justice, M. Cassinis; finances, M. Vegezzi ; instruction
publique, M. Mamiani ; travaux publics, M. Jacini.
Les
nouveaux ministres ont prêté serment le 21 janvier.
Le même
journal publie, en outre, un décret qui prononce la dissolution de l'ancienne
chambre des députés, ainsi que des dispositions relatives aux listes électorales Politiques.
Le Nord publie la dépêche suivante de
Florence:
Hier, deux
bombes ont éclaté auprès du palais de M. Ricasoli ; une autre bombe a éclaté
près de la demeure de M. Salvagnoli ; une autre, également, a fait explosion
sur la place Santa-Croce.
Ces bombes
n'ont causé que des dégâts matériels. La population est indignée, et la garde
nationale a fait une manifestation en faveur du gouvernement.
Le Messager du Midi publie la dépêche
suivante de Gênes, du 22 :
Des
nouvelles de Naples annoncent que le marquis de Villamarina, ambassadeur sarde,
est arrivé hier dans cette ville. M. le baron Brenier, ambassadeur français, et
M. Gropello sont allés à sa rencontre. Un certain nombre de Napolitains ont
envoyé leurs cartes à M. Brenier.
- Une
crise ministérielle a commencé par la démission du prince Petrulla et du
général Filangieri ; elle finira par la démission de tous Ies ministres.
‑
L'ancien ministère serait rappelé et renforcé par la présence de M. Murena. ,
ESPAGNE
- La Patrie a reçu communication de la dépêche télégraphique officielle
suivante :
- Madrid, 24 janvier. - Des masses
considérables de Marocains ont attaqué hier la redoute avancée en construction
sur la rivière Martin. Quelques bataillons de la division Rios et du 2e
corps, avec deux escadrons, ont repoussé l'ennemi.
»
L'infanterie, formant ses carrés, a résisté aux impétueuses attaques de la
cavalerie ennemie. Nos escadrons ont chargé ensuite et se sont emparés d'un
drapeau.
Les Marocains
ont essuyé des pertes très-considérables, à cause de la nature du terrain
marécageux et de la justesse de notre artillerie. Nos pertes sont très faibles.
ALLEMAGNE
- On écrit
de Vienne, 18 janvier, au Times
« Il y a
des motifs pour croire que le gouvernement impérial a envoyé à Paris, il y a
quelques jours, une note qui déclare que l'empereur François-Joseph
continuerait d'insister sur l’accomplissement de toutes les stipulations de
Villafranca. On assure aussi que si la Sardaigne annexait une partie quelconque
des duchés italiens, l'Autriche ne se considèrerait plus liée par la promesse
qu'elle a faite de donner une administration séparée à Venise. La cour
impériale est extrêmement irritée et il n'est donc pas impossible que quelque
mesure ne soit prise qui pût provoquer une nouvelle catastrophe.
Pour extrait - DAGAND.
==============
En
1858, au moment où notre conseil général ouvrait sa première session, on
commença de se préoccuper du régime douanier. Nous émîmes notre avis dans le sens
de la plus large liberté possible ; nous étions alors en contradiction avec la
plupart de nos confrères, qui se bornaient à demander l'assimilation.
Le principal motif de notre opinion était
celui-ci : nous pensions que si, en faveur de l'Algérie, on parvenait à rompre
les langes de la douane, cet exemple serait tôt ou lard profitable à la France.
Notre pensée n'était donc pas de faire à l'Algérie une position privilégiée,
mais bien d'y essayer les facilités commerciales qui doivent être le principal élément
de la paix entre les peuples.
Aussi,
voyons-nous avec joie la métropole se détacher peu à peu du système de
protection exagéré, dans lequel elle s'est renfermée jusqu'ici.
La lettre
de l'empereur à M. Fould est un pas dans cette voie, un manifeste dans notre
sens. Il est loin d'atteindre au point que nous souhaitons, mais il y vise, et
c'est beaucoup. Observons l'effet de cette première brèche ouverte à la
muraille douanière : les ouvriers s'émeuvent, les marin facturiers pétitionnent
et s'agitent; mais en revanche les villes commerciales se réjouissent et
applaudissent à l'espérance qui leur est donnée.
Ce double
symptôme nous sourit également. En admettant que la concurrence étrangère doive
diminuer le nombre des ouvriers employés dans nos manufactures, nous ne
saurions considérer ce fait comme un malheur. Les manufactures, en effet, ont
retiré à l'agriculture un grand nombre de bras ; les gens de la campagne
désertent de puis longtemps les rudes travaux de la terre pour ceux de
l'industrie, moins lucratifs comme salaire, mais plus tranquilles, non exposés
à l'intempérie des saisons et qui réunissent souvent dans les mêmes ateliers
des jeunes gens et de jeunes filles. À la vérité, le développement des machines
tendait à modifier cet état de choses ; mais la nécessité même de soutenir la
concurrence étrangère excitera les manufacturiers à multiplier l'emploi des
forces mécaniques, et le premier, le plus important besoin du pays,
l'agriculture y gagnera.
Nous avons dit que les villes commerciales
accueillaient avec joie les menaces faites à la prohibition ; nous ajouterons
que la nation entière doit s'en réjouir avec elles. Car la liberté commerciale
multiplie forcément les opérations de commission et de transit, qui amènent à
leur tour l'extension de la marine marchande.
Or, la,
marine marchande, c'est la pépinière et la réserve de la marine nationale ; et
la marine, dans nos temps modernes, C'est la force principale d'un état : c'est
par elle que l'Angleterre domine les mers et pèse sur les continents ; c'est
par le commerce maritime que la France élèvera sa force navale au même niveau
que celle des trois royaumes.
Ce n'est pas par crainte ou amour de la guerre
que nous désirons voir notre flotte militaire égaler celle de nos voisins,
c'est au contraire pour, rendre plus solide l'alliance des deux peuples; parce
qu'il nous semble que les alliances politiques comme les amitiés n'existent
sincères et durables qu'entre égaux. OLIVIER.
===============
Les brochures se
multiplient. Chacun, paraît-il, croit devoir déposer son vote pour ou
contre la papauté dans quelques pages d'impression ; l’Indépendance belge du 15 janvier en reproduit une intitulée : Napoléon Ill et le clergé. C'est
encore une réponse à l'évêque d'Orléans. Nous avons été des premiers à émettre
très nettement notre avis sur cette question, aussi, nous trouvons-nous fort à
l'aise avec tous ces nouveaux venus qui tiraillent la même idée dans un sens ou
dans l'autre. En effet, on ne peut pas sortir de l'une ou de l'autre de ces,
hypothèses : Y a-t-il un lien nécessaire entre le pouvoir temporel et le
symbole, ou bien n'y en a-t-il pas? L'auteur de la dernière brochure est d'avis
qu'il n'y en a pas; il suffit, Pour apprécier son opinion, de lire ses trois
derniers alinéas, les voici :
« L'immixtion
de la papauté dans les questions de nationalité, de souveraineté et dans les
affaires, politiques, est devenue insupportable aux masses depuis que le
perfectionnement de l'état a permis à la religion de ne pas sortir de ses
grands attributs et de vivifier sans administrer. Nous voulons, en un mot,
aujourd'hui, que le pape prie et que l’empereur gouverne. Les guerres de
religion ou à cause de la religion
nous offensent aujourd'hui comme un anachronisme. Nous n'aimons pas à donner
notre or et notre sang pour des guerres de ce genre. Autant nous avons
d'enthousiasme dans les guerres ordinaires, autant nous éprouvons d'indécision
et de répugnance à mettre l'épée dans des conflits où, en définitive, il s'agit
d'une affaire de conscience.
» Ces
luttes armées à propos d'affaires religieuses, nous désirons donc à tout prix y
mettre fin. Ce n'est ni par Philosophisme, ni par impiété, ni par désir
d’humilier l’Eglise que nous parlons ainsi. Sincèrement, nous ne demanderions
pas mieux que le pape pût conserver intégralement ses états, si cette
conservation était compatible avec l'indépendance de l'Italie et avec
l'équilibre de l'Europe. Mais cette incompatibilité, trop évidente dans les
principes, est encore plus flagrante dans les faits. Qu'on le veuille ou non, la
force des choses amènera une solution. Il est possible qu'elle s'écarte sur tel
ou tel point de la brochure, cette solution nécessaire ; mais on peut prédire
et affirmer qu'elle aura pour résultat de séparer plus profondément que par le
passé l'Eglise d'avec le mouvement politique, et de concentrer les forces de la
religion sur son propre terrain, de l'écarter de plus en plus de toute
immixtion dans les affaires diplomatiques.
» Oh !
combien votre mission serait belle si vous daigniez l'accepter, papes et prêtres
du monde moderne ! Tandis que pied à pied vous disputez le sol en Italie,
les consciences, distraites, troublées, errent comme des troupeaux sans
pasteurs dans le désert de l'irréligion. La foi nous échappe; vous le
constatez, vous en gémissez, et non moins que vous nous en gémissons. La foi
est une bonne chose ; c'est un puissant viatique dans la traversée de ce monde.
Et de toutes parts ce feu sacré vacille comme une flamme expirante. Là est le
mal, là est le péril ! Ne laissez pas mourir ce feu sacré. Voilà le but digne
de vos efforts et le plus sûr moyen de la conservation de votre haute
intervention dans le mouvement des sociétés humaines. Sur ce terrain, parlez,
écrivez, agissez, développez votre, génie, votre activité, et soyez certains
que le respect et la reconnaissance des peuples et des princes ne vous fera
point défaut. ». OLIVIER
=================
La
Patrie publie l'article suivant intitulé : les Vœux de la Savoie !
Au
commencement de l'année dernière, nous mimes plus d'empressement à poser la
question D’Italie que nous vous mis cette année à aborder la question de
Savoie. C'est qu'alors il s'agissait de porter secours à une nationalité
opprimée qui ne pouvait être sauvé que par nous, et, dans ce cas la France ne
devait pas se faire attendre. Aujourd'hui il s'agit d'un Intérêt qu'on peut croire personnel, et nous avons voulu,
avant de nous prononcer, que le doute fut presque impossible et que l’évidence
eût parlé.
Les
journaux, les correspondances, les voyageurs sont d'accord pour affirmer que le
vœu de la Savoie est d'être française. Elle l'est par la langue, elle I’est par
les mœurs; pourquoi ne le serait-elle pas de nom et de fait? Elle le fut, et
comment cessa-t-elle de l'être? par la force, uniquement par la force. Mais les traités de 1815 n’ont pu changer la
nature des choses et il ne leur a pas plus été possible de faire la Savoie
italienne que de supprimer les Alpes. Un jour devait venir où l’œuvre de la
diplomatie disparaîtrait fatalement devant la puissance de la logique et les
sentiments de tout un Peuple. Il a été facile de comprendre que ce jour était
prochain, quand on a vu la politique française, par l'influence de ses
conseils, par le sang de ses soldats, par des sacrifices de toutes sortes,
s'efforcer de substituer aux combinaisons arbitraires de congrès du Vienne le
généreux et fécond principe des nationalités.
Certes, on
serait mal venu à accuser la France de n'être pas restée fidèle à son programme
de désintéressement. Une idée de justice et l'intérêt de l'équilibre de
l'Europe lui avaient mis les armes à la main : elle les a déposées après la
victoire, sans demander aucun dédommagement et sans, autre satisfaction que
l'honneur d'une grande tâche accomplie. Aucune ambition de conquête ne l’a
tentée. Elle a donc tenu parole, elle a rempli héroïquement son devoir. Est-ce
une raison pour repousser les vœux de populations qui veulent se donner à elle
précisément en vertu du principe pour lequel nous venons de Combattre ? Ce
ne serait plus du désintéressement et ce serait une rare inconséquence.
Sur quoi
d'ailleurs serait fondé ce refus? Il est vrai que le Piémont est notre allié et
que son roi chevaleresque a droit à notre admiration et à toutes nos
sympathies. Ses soldats sont les frères
d'armes des nôtres et, malgré la disproportion des territoires, nous attachons
un prix véritable à son alliance. Mais il faut voir au vrai I'état des choses.
Le Piémont s’agrandit, grâce à Magenta et à Solferino, du côté où le portait
depuis si longtemps son ambition légitime. Il devient la puissance italienne
par excellence, le conseil et l'épée de l'Italie. Dans cette nouvelle et
glorieuse évolution, il est vraisemblable qu'il entraînerait encore moins la
Savoie qu'il ne l'a entraînée jusqu’à présent. Les populations savoisiennes
deviennent plus pour le Piémont un élément de étranger. Avec cette intelligence
politique dont Victor-Emmanuel et ses principaux hommes d'état ont récemment
donné tant de preuves, on comprendra certainement à Turin que ce sont les mêmes
causes, dans des circonstances différentes, qui poussent le Piémont vers
l'Italie et la Savoie vers la France.
Dira-t-on
que c’est la richesse de la Savoie qui nous attire ? C'est un des pays les plus
pauvres de l’Europe,
Dira-t-on
que c'est pour donner a la France la frontière des Alpes ? ci nous acceptons
l'allégation, et nous ne craignons pas de répondre que les Alpes sont notre
frontière naturelle, et que cette clef est plus que jamais nécessaire dans nos
mains, quand il va se former à nos portes un véritable royaume d'Italie, qu'on
a eu raison de comparer à la Prusse pour l'étendue, la force et l’esprit
militaire.
Les Alpes
sont si bien la frontière naturelle de la France, « la Savoie, dit M. Anselme
Peletin, est si visiblement une découpure de notre carte militaire et politique,
qu'en 1814, lorsque nous étions écrasés, que nous n'avions plus je ne dis pas à
dicter, mais presque à implorer des conditions, on nous donnait la Savoie par
le traité de Paris.
Notre
droit fut donc reconnu par l'Europe en 1814. Supprimé en 1815, on sait pourquoi
et comment, il reparaît aujourd’hui avec l'assentiment de la Savoie tout
entière, et l’avènement du principe des nationalités en Europe.
Dans la
Savoie, comme dans le comté de Nice, dont nous parlerons un autre jour, le
mouvement national est maintenant assez prononcé pour qu'on puisse dire. Le
jugement est déjà rendu : vox populi. Cependant, comme nous sommes de ceux qui
aiment les situations nettes et qui
veulent le triomphe des principes au grand
soleil nous ne désirerions pas que l'annexion de la Savoie à la France
s'accomplit sans que le vœu populaire fut solennellement constaté. Le suffrage
universel sera encore ici la meilleure solution.
Française,
la Savoie retournera à la France. L'histoire, la politique, la langue, les
mœurs auront raison, et nous aurons nos frontières naturelles, - les Alpes,
qui, selon une expression heureuse, sont un décret de Dieu.
=================
Le
décret qui étend à l'Algérie le bénéfice du crédit foncier est conçu en ces
termes :
« Art.
1er. Le privilège accordé au crédit foncier de France, par nos
décrets des 28 mars et 10 décembre 1852, est étendu au territoire de l'Algérie.
- Art. 2.
Les prêts qui seront faits par le crédit foncier de France aux propriétaires
d'immeubles situés en Algérie ne pourront dépasser cinq pour cent de la
totalité des prêts qui auront été effectués sur le territoire continental de la
France.
- Cette
proportion ne pourra être augmentée que par un décret rendu dans la forme des
règlements d'administration publique, sur la demande du conseil
d'administration du crédit foncier, approuvée par l'assemblée générale des
actionnaires.
- Art. 3.
Les prêts seront réalisés en numéraire ; ils seront remboursables par annuités
comprenant : 1° l'intérêt; 2° la somme nécessaire pour amortir la dette dans le
délai de trente ans au plus; 3° les frais d'administration.
- Le taux
de l'intérêt rie pourra dépasser 8 pour Cent, et l'allocation pour frais
d'administration n’excédera pas 1.fr. 20 c.
« Pour
les emprunts d'une durée moindre de trente ans, l'annuité sera établie sur les
mêmes bases que ci-dessus.
- Art. 4.
Dans les cas de remboursements anticipés, l'indemnité allouée à la société par
l'article 63 des statuts est fixée à 50 c. pour cent.
- Art. 5.
Pendant toute la durée du privilège de la société, les bureaux d'administration
du crédit foncier seront établis à Alger dans une maison dont la jouissance
gratuite lui sera assurée par le ministre de l'Algérie et des colonies.
Pendant le
même temps, les agents du crédit foncier auront droit au transport gratuit des
côtes de France aux côtes de l'Algérie.
- Art. 6.
Nos ministres secrétaires d'état aux départements de l'Algérie et des colonies
et des finances sont chargés chacun en ce qui le concerne, dé l'exécution du
présent décret, qui sera publié au Bulletin
des lois, inséré au Moniteur, au Bulletin officiel du ministre de l'Algérie
et des colonies, et dans un journal judiciaire du département de la Seine.
- Fait au
Palais des Tuileries, le 11 janvier 1860.
NAPOLÉON »
==================
L’Africain de
Constantine, dans son numéro du 27 janvier, a glissé un entrefilet
conçu dans les termes suivants :
« Les
Bélisaires du journalisme algérien continuent à tendre leurs casques aux
passants : DONNEZ, Passants, DONNEZ votre obole aux pauvres aveugles. ‑
Nous ne
voulons pas recommencer avec cette feuille la lutte de mauvais goût qui s'était
allumée entre elle et l'un de nos devanciers; nous y sommes d'autant moins
disposé que, parmi les opinions qu'elle soutient, quelques-unes sont les
nôtres. Mais de bonne foi, l'esprit qui a dicté les ligues ci-dessus est-il
bien noble et généreux?
Une
injure, une grossièreté échappée à la discussion ne seraient-elles pas préférables
à ce sarcasme dont le seul but est de faire de l'esprit?
Si nous
habitions Constantine, notre premier mouvement, après avoir lu l’Africain, serait de porter notre obole
à l'Indépendant.
Deux
journaux algériens ont été fondés en vue d'émettre et de soutenir des doctrines
qui, pour n'être pas officielles, n'en sont pas moins fort répandues dans la colonie
: le premier est l'Algérie Nouvelle.
Nous n'avons pas toujours eu à nous louer de cette feuille et nous sommes loin
de partager toutes ses idées ; mais nous n'apprécions pas moins ce qu'il y a de
courageux et obstiné dans sa bonne volonté.
L'Indépendant de Constantine est le second. L'Indépendant a des allures plus
sérieuses, plus mesurées; sa forme est généralement polie et de bon goût ; du
moins c'est ainsi que nous l’avons trouvé pour nous.
Qu'y
a-t-il donc d'extraordinaire à ce que ces feuilles, filles de l'opinion,
s'adressent à leur mère pour obtenir la vie et l’Indépendance ?
Personne
dans la presse, ne vit de son propre fond, et nous aimerions tout autant pour
notre part puiser à la caisse de nos concitoyens que dans celle de
l'administration.
S'il est
vrai que Bélisaire aveugle ait jamais tendu son casque pour demander l'aumône
(ce que nous sommes loin de croire, même sous la responsabilité de Tzetzes et
de Marmontel), ce fut à la honte de Justinien, mais jamais à celle du héros
persécuté par les intrigues de cour dont le Bas-Empire abondait.
OLIVIER.
Chronique
locale.
Il parait
à peu près certain que M. le général Périgot quitte la subdivision de Bône pour
passer à celle de Tlemcen.
Quel que
soit notre nouveau commandant supérieur, nous sommes convaincu que la
population bônoise suivra de ses regrets et de son affection M. le général
Périgot.
Depuis six
ans qu'il administre la subdivision qui n’a pas admiré sa droiture d'esprit et
sa modération, sa bienveillance pour tous et sa haute prudence envers tous ?
M. de
Mézange, que l'on désigne comme son successeur, est connu de plusieurs de nous
comme un homme intelligent et lettré, digne à tous égards du poste qu'on lui
destine. Qu'il continue son devancier et il petit être assuré de nos sympathies.
- Par
décision ministérielle du 15 janvier dernier, M. Gremilly, capitaine de la
santé à Stora, a été promu à la première classe, de son grade.
‑ Un crime affreux a été commis dans
notre ville, le 30 janvier, et pour les causes les plus futiles.
Un Sicilien
avait commandé à un de ses compatriotes, exerçant la profession de savetier, un
raccommodage de souliers. La somme de 1 fr. 25 c. réclamée pour prix de
l'ouvrage parut exorbitante au propriétaire de la chaussure, qui refusa de la
payer; enfin, après une longue discussion, les deux adversaires transigèrent,
et il fut convenu que la somme de 1 fr. 25 c. serait payée en consommation chez
le marchand de vin. Là, une nouvelle querelle s'éleva à propos du refus de
trinquer fait par le Vendeur au débiteur. Le savetier partit en disant :
« Tu me le paieras. »
Hélas! ce
ne devait être que trop tôt et d'une manière trop cruelle qu'il devait tenir sa
parole. Le soir même il aborda son compatriote sous les arcades de la place
d'Armes et lui porta, dans le côté et dans le ventre, deux coups d'un long
couteau à deux tranchants. La victime se sentant frapper saisit le poignard, et
au moment où l'assassin se retournait pour fuir, il lui fit dans le dos une
profonde blessure et laissa le couteau dans la plaie.
Les deux
blessés furent transportés à l'hôpital, où bientôt arrivèrent M. le procureur
impérial et son substitut, ainsi que M. le juge d'instruction. Par leurs soins,
et malgré les dénégations des deux Siciliens, la vérité fut bientôt connue, du
moins c'est ainsi que nos magistrats ont cru l'entrevoir. L'état des deux
blessés est fort grave, et on désespère des jours de la première victime.
On ne
comprend pas un pareil crime pour une semblable cause; et cependant nul ne
s'étonne quand les couteaux sont mis en jeu entre adversaires italiens. C'est
dans leurs mœurs , dit‑on?
Quelles
tuteurs!
Ch.
Chapuis.
Faits
divers.
L'Algérie
nouvelle vient de
recevoir un avertissement ainsi motivé :
Nous,
préfet du département d'Alger,
Vu
l'article publié dans le numéro du 18 janvier courant de l'Algérie nouvelle,
lequel affirme que « l'on frappe de pénalité les Arabes qui veulent s'établir
en territoire civil ».
Considérant
que cette assertion, essentiellement fausse, n'a d'autre but que d'égarer
l'opinion et de représenter le gouvernement comme hostile au développement de
la colonisation et à la fusion des intérêts ;
Vu les
autres passages du même article qui commentent le décret du 31 décembre 1859 ;
Considérant
que cet article nie la portée des progrès accomplis et consacrés par ce décret,
et qu'en demandant la suppression radicale de la justice musulmane ; si
intimement liée aux croyances religieuses du pays, il est de nature à jeter
l'inquiétude et l'agitation parmi les populations indigènes.
Arrêtons
Art. 1. -
Un premier avertissement est donné au journal l'Algérie nouvelle dans la
personne du sieur Arthur de Fonvielle, signataire de l'article et gérant du
journal.
Art. 2. -
M. le commissaire central de police est chargé de l'exécution du présent
arrêté.
Alger, le 18 janvier 1860. Le préfet,
Signé LEVERT.
Un
décret impérial du 11 janvier dispose :
Art. 1er.
- Sont exécutoires en Algérie, sous la réserve mentionnée dans l'article
suivant, les dispositions des art. 19, 20, 21 , 22, 23 et 24 de la loi du 11
juin 1859, sur la perception des droits de timbre et d'enregistrement.
Art. 2. -
Aux termes de l'art. 2 de l'ordonnance du 15 octobre 1841, il ne sera perçu en
Algérie que la moitié des droits, soit fixes, soit proportionnels (décime non
compris) établis par l'art. 22 de la loi du 11 juin 1859.
- Il est
question d'apporter des modifications dans l'uniforme de notre armée. Ce sera
dorénavant à juste titre que l'on désignera, à l'étranger, nos braves légions
par le sobriquet de pantalons rouges ; car il est décidé, en principe, que l'armée française tout entière,
fantassins et cavaliers, sera revêtue avec les inexpressibles couleurs garance. Conséquemment MM. les hussards se
verront dépouillés de la prérogative du plus gracieux costume militaire. La
pelisse, considérée comme un embarras en campagne, est supprimée.
Chaque
brigade de hussards aura, avec le pantalon rouge, une veste de couleur différente. Les numéros impairs porteront le
tressage jaune ou or. On prétend, mais en cela rien de certain, qu'il sera
créé, en outre, un régiment de génie à cheval, et qu'il n'y aura plus de
régiments de cuirassiers. Quant à l'infanterie, elle adoptera l’habit veste
des chasseurs, avec le pantalon large serré dans la guêtre. DAGAND.
CAISSE D’EPARGNE DE BÔNE
Le
mouvement mensuel a donné les résultats suivants : versements reçus
pendant le mois de janvier 1860 de seize
déposants, dont quatre nouveaux. – 1.442 fr.
Remboursements effectués pendant le
même mois . . ... . . . . . . . 1.078,15
Dimanche
prochain, 5 du courant, les opérations
seront présidées par M. Abadie,
administrateur du service.
Par
décision du conseil d'administration en date du 24 janvier 1860, le taux
de l'intérêt à servir aux déposants a été maintenu à 3 3/4 %.
Bône, le 1er février 1860.
Le caissier, J. CARLE.
Extrait
des minutes du greffe du tribunal de Bône
(Algérie).
D'un
jugement rendu le treize janvier mil huit cent soixante par le tribunal de
première instance séant à Bône, jugeant en matière correctionnelle, à la
requête du ministère public,
Contre
Laurent Bugini, âgé de 53 ans, épicier, demeurant à Bône, né à Malte,
A été
extrait ce qui suit
Le
tribunal
Déclare
Laurent Bugini coupable, mais avec circonstances atténuantes, des délits de
falsification de denrée alimentaire
destinée à être vendue et de vente et
mise en vente de cette même denrée qu'il savait être falsifiée;
Et, par
application des articles 1er, N° 1 et 2, 6, 7 de la loi du 27 mars
1851, 423 et 463 du code pénal, le condamne à la peine de quinze jours d'emprisonnement , seize francs d'amende et
aux frais;
Ordonne,
en outre, l'affiche du présent jugement en dix exemplaires qui seront apposés à
Bône, et dont un notamment à la porte du magasin du condamné, et l'insertion
dudit jugement par extrait dans le journal la
Seybouse qui parait à Bône; le tout aux frais du condamne.
Pour
extrait conforme délivré à M. le procureur impérial, à Bône :
Vu au
parquet : Pour le
greffer,
Le Procureur impérial, E. BRISSET.
A.
LETOURNEUX. Commis-greffier.
Annonces
légales.
Etude de Me PAILHÈS, défenseur à Bône.
VENTE
SUR SAISIE IMMOBILIÈRE
En l'audience des criées du tribunal de première
instance, séant à Bône
D'UNE
MAISON
Située à Souk-Ahras, rue de Bône
Commune de Souk-Ahras, arrondissement de Guelma
En un seul lot.
Adjudication le
7 mars 1860.
On fait
savoir à tous ceux qu’il appartiendra qu'il sera procédé, le sept mars
prochain, à deux heures de relevée, en l'audience des criées du tribunal civil
de première instance de Bône au palais de justice, à l'adjudication au plus
offrant et dernier enchérisseur ,
D'une
maison et dépendances, située à Souk-Ahras, commune dudit arrondissement
administratif de Guelma et arrondissement judiciaire de Bône, département de
Constantine (Algérie), rue de Bône, non encore numérotée, tenant, par devant et
du midi, à la rue de Bône ; par derrière et du nord, à la rue de la Synagogue;
d'un côté et du levant, à la dame Choiselat née Barbier, et d'autre côté et du
couchant, au sieur Hadj-Brahim-ben-Omar et au sieur André Boni.
Elle
consiste en un rez-de-chaussée construit en maçonnerie et couvert en tuiles ;
le rez-de-chaussée est divisé en deux magasins ayant chacun une porte vitrée
garnie de volets sur la rue de Bône et une porte pleine sur le derrière. L'un
de ces magasins est occupé par le sieur Raisir, brasseur, à titre de location
verbale et moyennant un loyer de vingt francs par mois l'autre magasin est
inoccupé.
Elle est
construite sur un lot de terrain d'une contenance de deux cent cinquante-un
mètres de superficie, portant le numéro 51 du plan de lotissement des lots urbains
de Souk-Ahras, lequel n'a pas encore été concédé par l'état ; mais il doit
l'être à la demoiselle Julie Fourcade, par suite de la vente que les sieurs
Portes et Clémençon lui ont fait de tous leurs droits sur ladite maison et sur
ledit lot de terrain, suivant acte sous seing privé fait double à Souk-Ahras le
vingt huit août mil huit cent cinquante-six, enregistré à Bône le treize
juillet mil huit cent cinquante-sept, folio 77, verso, case 6, 7 et suivantes,
au double droit de soixante francs cinquante centimes.
Cette
maison avec ses dépendances a été saisie à la requête de dame Marguerite
Freich, veuve du sieur Michel Bethèze, propriétaire, demeurant à Bône, ayant
pour avoué Me Pailhès, sur la demoiselle Julie Fourcade,
propriétaire, demeurant à Bône, par procès-verbal de Bailly, garde colonial,
faisant fonctions d'huissier près le commissariat civil de Souk-Ahras, en date
du vingt-deux novembre mil huit cent cinquante-neuf, visé le même jour et
enregistré à Bône le vingt-trois novembre mil huit cent cinquante-neuf et
transcrit après dénonciation à la partie saisie au bureau des hypothèques de
Bône le six décembre suivant, vol. 8, N° 30.
Mise à
prix.
Ladite adjudication aura lieu sur la mise à
prix fixée par la créancière poursuivante de cinq cent francs, ci 500 fr.
Déclarant que tous ceux du chef desquels il
pourrait être pris inscription pour raison d'hypothèques légales devront
requérir celle inscription avant la transcription du jugement d'adjudication.
S'adresser à Me Pailhès, avoué
poursuivant.
Fait et
rédigé à Bône le trente janvier mil finit cent soixante.
Le défenseur poursuivant,
A.
PAILHÈS.
Enregistré
à Bône le vingt-quatre janvier mil huit cent soixante, fol. 176, case 8. Reçu
cinquante centimes. ‑
Signé VERNIER.
VENTE
après
faillite.
Le jeudi 9
février 1860, et jours suivants, à huit heures du matin, il sera procédé, par
M. le commissaire-priseur, dans le magasin du sieur David, marchand
quincaillier, rue Damrémont, à la vente par lots des marchandises contenues
dans ledit magasin, consistant en grosse et mince quincaillerie, limes,
serrures, clous, vis, charnières, armes, ustensiles de chasse, mercerie et
autres articles.
Le tout
sera payé comptant.
Annonces diverses.