Bône, le 3 mars
1860 LA SEYBOUSE
17ème Année N° 757 JOURNAL DE
BÔNE
COURRIER
La
politique est comme le temps, toujours un peu sombre à quelques
éclaircies près. Ces jours derniers on parlait beaucoup d'arrangements avec Sa
Sainteté, mais les bruits sont aujourd’hui démentis. Il paraît, en effet, bien
difficile qu'après s'être prononcé comme il l'a fait dans sa lettre encyclique,
le pape consente à diminuer ses prétentions. Quant à des concessions de la part
de la France, il n'y en a pas à faire. Ce n’est pas elle qui a soulevé les
Romagnes, pas plus qu'elle ne soulèvera les Marches; et ce n'est pas à elle que
le gouvernement romain doit s'en prendre s'il n'a pas su se concilier l'affection
des provinces qui lui étaient soumises.
L’Empereur
n’oubliera pas le principe en vertu duquel il règne et qu'il prend soin de
proclamer tous les jours en tête des actes officiels : Napoléon, par la grâce
de Dieu et la volonté nationale, empereur,
etc.
Il ne
peut, donc vouloir forcer la volonté clairement manifestée des populations
italiennes. Ce n'est pas sa faute si le
pape ne veut régner que par la grâce de Dieu, et que cette grâce ne puisse se
manifester qu'au milieu d'un grand cortège de sabres et de baïonnettes.
Un
académicien, dont le nom était illustre bien avant sa récente élévation, a
écrit : « Depuis 1815, uniquement appuyée sur le bras de fer de l'Autriche, la
papauté s’est peu à peu aliénée le cœur de tout ce qui l'entoure et elle n'a
plus vu son saint que dans une compression par la main de l'étranger. L'état
actuel est intolérable et il faut en souhaiter la fin. ‑ Lacordaire. »
Les
journaux s'occupent toujours de la question
de l'annexion de la Savoie et du comté de Nice à la France; ce qui paraît de
plus positif en ce moment, c'est que cette annexion se bornera à la Savoie.
Le Moniteur publie plusieurs documents
importants : une circulaire de M. Billault aux préfets, une autre de M. Rouland
aux archevêques et évêques de France, et enfin une dépêche de M. Thouvenel à
notre ambassadeur à Rome.
Les
dimensions du journal ne nous permettent pas de les donner in extenso. Nous nous bornerons à analyser les deux premiers. Voici
le texte de celle de M. le ministre des affaires étrangères.
« Paris,
le 12 février 1860.
Monsieur
le duc, je vous ai fait, connaître l'impression que nous a causée l'encyclique
du saint-père aux évêques, et je rie vous ai point dissimulé le regret sincère
que trous en avons ressenti. Je crois devoir aujourd'hui compléter la circulaire
que j'ai adressée aux agents diplomatiques de l'empereur, sous la date du 8 de
ce mois, en examinant avec vous des faits récents qui ont amené la situation
actuelle dans les Légations, afin d'établir d'où vient le mal et à qui
incombent les responsabilités.
Comment
donc ont éclaté les évènements de la Romagne, et comment les choses en
sont-elles venues au point où nous les voyons en ce moment? Est-ce seulement à
la dernière guerre qu'il convient de faire remonter l'état des choses dans ce
pays? Il m'en coûterait de m'étendre sur des détails présents à l'esprit de
quiconque n'est pas entièrement étranger aux affaires de son temps, et, bien
que l’encyclique nous donnât le droit de rappeler le passé et de juger, comme
les grandes puissances l'ont fait dès 1831, le régime politique appliqué aux
Légations, je m'abstiendrai de me placer sur ce terrain. Je me bornerai
simplement à faire observer que du jour où les Autrichiens se retiraient les
évènements qui se sont accomplis après leur départ étaient certains et
inévitables. Nous avons, au surplus, la conviction que le gouvernement
pontificat ne serait fondé, à aucun point de vue, à nous reprocher d'avoir
manqué à son égard de sollicitude et de prévoyance.
Au
début des hostilités, la neutralité du Saint-Siège avait été proclamée et
reconnue par les belligérants. Ils continuaient d'occuper les positions dont
ils se trouvaient les gardiens avant la guerre. Ils renonçaient à s’y fortifier
de manière à pouvoir de là se nuire l’un à l’autre. Il semblaient, en un mot,
pénétrés de cette pensée qu'au-dessus de leurs sentiments passagers s'élevait
un intérêt supérieur, également cher à tous les deux, celui de maintenir
l’ordre dans les états du saint-père. Les garnisons de Ferrare, de Comacchio,
de Bologne et d'Ancône pouvaient, en toute sûreté, veiller au maintien de la
tranquillité dans les Légations et les Marches, pendant que la garnison
française y veillait à Rome.
Il
ne m'appartient pas d'apprécier les circonstances, très-certainement
impérieuses à ses yeux, qui ont déterminé l’Autriche à ne plus continuer son
rôle, mais j’ai le droit de rappeler que la France est, restée fidèle au sien.
Les troupes autrichiennes éloignées, les populations ont profité des
conjonctures sans avoir besoin d'y être entraînées par aucune excitation
particulière, et l’on peut dire qu’elles se sont trouvées plutôt qu'elles ne se
sont rendues indépendantes, Voilà tout le secret du soulèvement des Romagnes,
Ce
soulèvement, monsieur le duc, ne saurait donc être imputé à la France, ni autoriser
un donc quelconque sur la sincérité des assurances de sympathie et de bon
vouloir que l'empereur avait données à Pie IX à l'origine de la guerre. Mais
l'empereur devait-il ne point prendre en considération les faits nouveaux qui
ont surgi contrairement à ses vœux? Sa Majesté envisageant comme elle le devait
les difficultés de la situation et jugeant cependant, que la paix conclue à
Villafranca pouvait produire toutes les conséquences qu'elle en attendait, si
la cour de Rome secondait ses efforts, s'adressait, de Dezennano, au pape, le
14 juillet, pour lui en faire connaître les conditions :
«
Dans ce nouvel ordre de choses, ajoutait l'empereur, Votre Sainteté peut
exercer la plus grande influence et faire cesser pour l'avenir toute cause de
troubles. Qu'elle consente, ou plutôt que, de modus proprio, elle veuille bien
accorder aux Légations une administration séparée avec un gouvernement laïque
nommé par elle, mais entouré d'un conseil formé par l'élection ; que cette
province paie au Saint-Siège une redevance fixe, et Votre Sainteté aura assuré
le repos de ses Etats et pourra se passer de troupes étrangères.
Je
supplie Votre Sainteté d'écouter la voix d'un fils dévoué à l'église, mais qui
comprend les nécessités de sort époque et qui sait que la force ne suffit pas
pour résoudre les questions et aplatir les difficultés...
Je
vois dans la décision de Votre Sainteté ou le germe d'un avenir de paix et de
tranquillité, ou bien la continuation d'un état violent et calamiteux. »
Vous
savez, monsieur le dite, que ces suggestions ne furent point accueillies.
Pendant que les évènements, et, se succédant, multipliaient les difficultés, la
cour de Rome persistait à se renfermer dans une abstention uniquement propre à
aggraver un état de choses qui déjà ne pouvait plus se concilier avec soit
autorité sans sacrifices ou sans compensations.
C'est
ainsi qu'on a laissé échapper toutes les circonstances opportunes pour
rattacher les Légations au Saint-Siège ; c'est ainsi qu'on s'est trouvé en
présence d'une éventualité que l'empereur a voulu conjurer, et que Sa Majesté a
été amenée à adresser au Saint-Père sa lettre dit 31 décembre.
Et
maintenant, je le demande, les choses s'étant passées comme je viens de le
rappeler, les conseils que l’on a repoussés, étaient-ils donc si étranges?
Certes, la sincérité des sentiments dans lesquels ils ont été donnés est au
moins bien démontrée. Les égards, disons mieux, le dévouement que le
gouvernement impérial a montrés, en toute occasion, au chef de l'église, sont
un des traits dominants de l’histoire des dix années qui viennent de s'écouler.
Le
clergé de France sait avec quelle bienveillance et avec quelle largeur de vues
le gouvernement impérial a toujours pratiqué les lois qui règlent ses rapports
avec la cour de Rome. Il sait qu'il a trouvé, lui aussi, dans l’empire, un
pouvoir réparateur, et que, sous cet appui tutélaire, il a repris dans la
société française l'influence et l’autorité que d’autres régimes lui avaient
disputées. Ces faits seuls suffiraient pour attester de quelles dispositions le
gouvernement impérial était animé à l’égard de la papauté, lors même qu'il ne
lui en aurait point donné des preuves directes et incessantes.
Nous
ne contestons point que l'occupation de Rome, à l’époque où elle a été
entreprise, n'ait été dictée par des considérations politiques en même temps
que religieuses ; mais qui peut nier que le gouvernement de l’empereur
n’ait été déterminé à continuer, d’année en année, tes sacrifices que cette
mesure impose à la France, avant tout par une sollicitude affectueuse et
persévérante pour les intérêts du Saint-Siége ? Qui ne reconnaît les
ménagements au moyen desquels nous avons atténué ou même prévenu les
inconvénients que l'occupation de Rome était de nature à entraîner, dans le
fond comme dans la forme, pour la souveraineté du Saint-Père ? Qui peut se
refuser à voir dans cet ensemble de faits un témoignage des intentions les plus
cordiales et de la volonté la plus formelle, non seulement de protéger la
position personnelle du saint-Père, mais d'étendre, s'il était possible, son
influence morale ?
C'est
à cet ordre d'idées, notamment, que se rattache le concours prêté par la
diplomatie française au Saint-Père dans toutes les contrées où il y a des
intérêts religieux à défendre, et que se relient, dans une large mesure, les
expéditions accomplies ou entamées dans les mers de la Chine et du Japon. Et
enfin, monsieur le duc, quelle meilleure preuve à fournir de cette
préoccupation constante que la stipulation de Villafranca par laquelle
l’Empereur, en déférant au Saint-Père la présidence honoraire de la
confédération, voulait le placer à la tête de l’Italie régénérée ?
On
peut déduire de cet exposé combien le gouvernement impérial eût été heureux et
le serait encore, dans les conjonctures présentes, de rencontrer une
combinaison capable de diminuer les embarras du Saint-Siège. Mais ici le bon
vouloir de la France risque d'échouer contre d'insurmontables difficultés.
En
effet, il ne s'agit pas seulement de rendre les Légations au pape, il faut
encore trouver le moyen de les maintenir entre ses mains sans faire succéder
une nouvelle occupation à une nouvelle intervention. Les évènements ont assez
démonté combien cette mesure serait impuissante à remédier au mal. L'opinion de
l'Europe est formée sur ce point, et l’occupation, condamnée par les leçons du
passé dans les Légations même, est un expédient auquel personne ne pourrait
plus songer à recourir, à moins de méconnaître des nécessités qui s'imposent à
la sagesse et à la prévoyance des gouvernements. Une telle politique est
inadmissible aujourd'hui. L'autorité monarchique, ni la majesté de l’église
n'auraient rien à y gagner; la religion et la raison se réunissent pour la
repousser avec une égale énergie.
Ainsi
donc, monsieur le duc, le moment était bien venu de se préoccuper de
combinaisons différentes, lorsque l’Empereur en a signalé la nécessité au pape.
Les intérêts les plus évidents, les considérations les plus pressantes y
convient le Saint-Siége. Un parti pris, absolu, de se refuser à reconnaître le
caractère vrai de l'état de choses actuel ne ferait que l'aggraver de plus en
plus et finirait par créer des impossibilités également insurmontables.
Au
contraire, si le Saint-Siége se décidait enfin à quitter la région religieuse
où la question n'est pas réellement placée, pour revenir sur le terrain des
intérêts temporels, seuls engagés dans le débat, pet-être apporterait-il,
quoiqu'il soit bien tard, un changement favorable à sa cause. Il permettrait en
tous cas au gouvernement de l'empereur de prêter son appui a une politique
conciliante et raisonnable.
Vous
êtes autorisée à donner lecture de cette dépêche au cardinal Antonelli et à lui
en laisser copie s'il vous en exprime le désir.
Agréez,
monsieur le duc, les assurances de ma haute considération.
THOUVENEL.
M.
Billault signale à MM. les préfets que la question romaine donne depuis quelque
temps prétexte à des agitations auxquelles il est urgent de mettre un terme;
que des paroles d'un zèle aussi injuste que peu éclairé se sont fait entendre
dans la chaire soit contre le gouvernement, soit contre l’Empereur lui-même,
paroles que n'ont arrêtées ni la vigilance des évêques, ni les conseils et les
observations bienveillantes de l’autorité civile; qu'oubliant ce que la France
a fait depuis dix ans pour le Saint-Père, on parle d'hostilité, de spoliation
et d'attaques contre la religion ; qu’enfin des brochures rédigées dans ce sens
sont répandues et distribuées gratuitement dans le peuple et même dans les
écoles.
Le
Ministre ajoute que, bien que les populations semblent peu s'émouvoir de toute
cette effervescence plus nuisible qu'utile aux vrais intérêts de la religion,
on pourrait croire que si le gouvernement ne la réprime pas, ce n'est point par
longanimité, mais par faiblesse.
M. Billault rappelle aux préfets que la
loi française punit de semblables faits; que la loi du 18 germinal an X a prévu
les premiers, et la loi du 27 juillet 1849, les seconds. Il les engage, à
donner d'abord des avertissements mais ensuite, au cas où on n'en tiendrait pas
compte, MM. les préfets devront agir rigoureusement.
La
circulaire se termine ainsi :
« L'empereur
veut, pour la religion, paix et liberté ; il entend que le plus profond
respect, que la plus bienveillante protection lui soit assurée à elle et à ses
ministres; que les fidèles aient pleine sécurité sur le maintien et la liberté
de leur foi ; mais il veut, en outre, que son autorité, qui est la clé de la
voûte sous laquelle s'abritent les intérêts religieux comme les autres, soit
aussi, elle, respectée; que ceux qui doivent le plus souhaiter la paix publique
ne travaillent pas à la troubler, et que, personne en France ne pouvant être
au-dessus ou en dehors des lois du pays, elles soient partout fidèlement
observées.
On ne peut
qu'applaudir à ces sages avis. Un gouvernement ne peut, en effet, souffrir
qu'on l'attaque d'une manière aussi ouverte et aussi injuste. Comme le dit fort
bien M. le ministre, ce n’est pas au gouvernement que cela fait tort, mais à la
religion. Louis XIV avait dit : « L'état, c'est moi. » Le clergé aurait-il
la même prétention et dirait-il aussi : La religion, c'est moi. Qu’il y réfléchisse! ce n'est pas au XIXe
siècle qu'une semblable proposition peut réussir.
La
circulaire de M. Rouland est écrite dans le même esprit que celle de M. de
Thouvenel aux ambassadeurs français, mais il prend la question sous un autre
point de vue. M. de Thouvenel l'a traitée sous le rapport de la politique;
c'est sous celui du droit que M. Rouland la discute. Nul mieux que lui ne
pouvait le faire, et elle nous a rappelé ces beaux discours que nous avons été
assez heureux d'entendre quelquefois, alors que le ministre d'aujourd'hui était
l’éminent magistrat à la cour de cassation.
Il
commence par constater que l'agitation qui se produit aujourd'hui s'est
manifestée toutes les fois qu'il s'est agi de dissentiments entre la papauté et
les souverains : les uns et les autres se reprochaient toujours l'esprit
d'usurpation sans jamais s’entendre sur la véritable nature des intérêts
débattus.
C'est pour
éviter ces discussions fâcheuses, ces querelles désastreuses pour l'intérêt des
peuples, que nos pères fondèrent le droit public du royaume de France et
constituèrent, à côté de l'autorité incontestée de l'église sur la société
religieuse, l'autorité indépendante de l'état sur la société civile et
politique. Une pareille tâche ne s'est pas accomplie sans beaucoup de luttes ;
mais les doctrines du droit public ont triomphé de toutes les épreuves.
M. le
ministre cite ensuite les déclarations de saint Louis, de l'assemblée du clergé
français en 1682, les anciennes lois françaises qui toutes établissent que
depuis de longs siècles les souverains de France ont été indépendants du
Saint-Siège pour les affaires temporelles, enfin la loi du 18 germinal an X et
le concordat de 1801. Il rappelle qu'en 1817 la restauration n'avait pas osé
persévérer dans un projet de concordat qui abolissait la loi de germinal an X.
Toutes ces
lois, dit M. Rouland, auxquelles il faudrait joindre celles qui régissent les
communautés religieuses, montrent assez l'esprit des gouvernements qui se sont
succédé en France, et que la société a toujours voulu être libre dans son
domaine et rester suffisamment armée contre les abus et les agitations
résultant du choc de l'église et de l'état.
M. le
ministre cherche ensuite quelle a été la conduite de l'empereur vis-à-vis du
pape et termine ainsi :
Nous
demandons donc au pape, sans cesser de croire que nous sommes de bons
catholiques, qu'il veuille bien, en sa qualité de souverain d'un état italien,
envisager les évènements comme la Providence elle-même les laisse se dérouler
dans la longue histoire de l’humanité. Nous le supplions de tenir compte de
tout ce qui a une influence nécessaire sur le règlement des affaires de ce
monde; nous le conjurons de faire des sacrifices matériels, s'ils sont
inévitables, au repos de l'Europe et de la chrétienté. Nous lui offrons, comme
nous lui avons toujours offert, le plus sincère concours pour les solutions
possibles et les moins dommageables au souverain temporel. [)ans le cas où nos
avis seraient encore repoussés, nous ne donnerons pas le triste exemple des
récriminations. C'est l'avenir qui décidera si les sentiments et les efforts de
la politique française ont été imprévoyants et contraires aux véritables
intérêts de le cour de Rome. Mais au moins Dieu qui lit dans les consciences,
sait bien que l'Empereur n’a jamais voulu nier les droits légitimes, ni porter
atteinte à l’autorité morale et religieuse du Saint-Siège. Ce soupçon
n’appartient qu'aux rancunes des partis qui se connaissent en accusations
téméraires comme en coalitions insensées.
La
modération doit mieux servir en France la cause du Saint-Père que l'esprit
d'agitation qu'on chercherait à développer. Il n'est besoin pour cette cause,
ni d'enflammer le zèle des vivants ni de troubler la cendre des morts. La plus
déplorable faute qui pût être commise contre la religion serait d'exciter en
son nom des discordes civiles.
J’aime
à reconnaître, Monseigneur, que I’immense majorité du clergé a su échapper à
de pareils écueils par une conduite exemplaire. Mais qu'il me soit permis de
dire avec un vif regret que quelques ecclésiastiques, religieux et séculiers,
ne sachant pas se défendre des emportements que le pays réprouve, ont abusé de
la liberté de la chaire pour se livrer à des allusions blessantes et à des
provocations coupables. Je compte, Monseigneur, sur les sentiments de prudence
et de charité qui ont toujours distingué l 'épiscopat
pour ramener dans les voies de l'Evangile et du devoir les hommes qui s'en
écartent. Veuillez leur rappeler tous les services que l'empereur a rendus à
la religion et à tous ceux qu'il rend encore au Saint-Siége. Qu’ils se
souviennent que nous sommes tous, prêtres et laïques citoyens de la même
patrie, que si le clergé doit sa vénération profonde au chef de l'Eglise
catholique qui siège au Vatican, il doit son respect et sa fidélité au
souverain de la France qui siège aux Tuileries. C'est ainsi qu'on préviendra
des désordres compromettants pour la religion et nuisibles au repos de l'état.
L'empereur sera toujours heureux de protéger le clergé français, mais il veut
énergiquement, dans l'intérêt de tous, le maintien et l’exécution des lois, et
il a le ferme espoir que l'épiscopat remplira de son côté sa mission d'ordre,
de paix et de conciliation.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ANGLETERRE. ‑
Le cabinet anglais vient de remporter une première victoire qui doit
l'encourager à persévérer dans la politique franco italienne.
Sur une
motion de M. Disraëli, le ministère a eu 63 voix de majorité.
Quoique
cette motion ne doive être regardée que comme un ballon d'essai de
l'opposition, le vote qui l’a suivie paraît décisif à toute la presse anglaise,
au Times lui-même qui, ainsi qu'on le sait, ne représente que les intérêts de
la cité, c'est-à-dire du grand commerce. Cette nouvelle a été accueillie en
France avec joie, car c'est une garantie de plus contre la guerre.
On raconte
que lord Elgin a été chargé par la reine Victoria d'une mission en Chine, et on
en conclut que l'expédition va être contremandée. Pour nous, nous n'en croyons
rien.
Si, en effet, l'ambassade de lord Elgin est
vraie, elle ne peut-être considérée que comme une dernière sommation faite au
Fils du Ciel; mais le noble lord, n'ira, comme on dit dans les Huguenots, que
bien accompagné, et l'entêtement connu du gouvernement chinois permet d'espérer
que l’échec de Peï-Ho sera vengé. Il faut, du reste, puisque aujourd'hui les
frais d'expédition sont faits, que les Chinois soient convaincus du pouvoir que
nous avons de châtier toute tentative de trahison de leur part.
CH.
CHAPUIS.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ITALIE. Nous
empruntons au Siècle les passages suivants d'une lettre de son correspondant de
Naples :
Dans mes
lettres, je vous ai parlé souvent de la désorganisation de l'armée de la
frontière et des plaintes du général Pianelli. Maintenant je suis à même de
vous donner, quelques détails. Depuis le mois de janvier jusqu'à aujourd'hui,
dans le corps d'armée de la frontière, ont été arrêtés deux cent cinquante-six
officiers et soldats, qui ont été envoyés, sans aucun jugement préalable, aux
présides de la Javignana et de Pontellevia, sur les côtes de la Sicile.
Ceux-ci. n'étaient que suspects ou légèrement coupables aux yeux du
gouvernement et du général PianeIli. Quatre-vingt-dix autres, que la cour a cru
plus criminels, ont été transportés au château Saint-Elme. Une commission
composée du colonel Latour, du major Ombelli, du lieutenant Jori et de
l'inspecteur de police d’Antoni, a commencé l’instruction du procès. On accuse
ces militaires de conspiration contre l'état et contre la dynastie.
Comme on
n'a pas trouvé de pièces établissant incontestablement l'accusation, les
prévenus ont été soumis à la torture. Les moyens qui ont été adoptés sont
d'abord la fameuse coiffe du silence; ensuite la privation d'eau pendant quarante-huit
heures, après avoir donné à manger aux condamnés des mets très-salés ; enfin,
des fétus de roseau introduits entre l'ongle et la chair, des petites ficelles
passées à la cire liées aux poignets, et le fouet.
L'homme
qui a été employé à l'exécution de ces horreurs est un certain Andréa Romano,
que l'on a fait venir exprès de la prison d'Avellino, et un jésuite dont je
veux taire le nom, quoiqu'il soit ici sur toutes les lèvres. Le gouvernement
voulait connaître principalement les chefs de la conspiration (que l'on croit
être de hauts personnages vivant a l'étranger), le noyau principal de cette
conspiration et ses moindres ramifications. Il n'a rien su du tout. Ces pauvres
martyrs ont opposé le silence le plus complet et montré la dignité la plus absolue.
On dit que plusieurs d'entre eux ont succombé.
Mais si
l'on poursuit avec tant d'atrocité les conspirations contre le gouvernement
bourbonien, la police encourage, et laisse prospérer celle que quelques
fanatiques et plusieurs membres des corporations religieuses ourdissent ici
contre le gouvernement français. La chose est fort ridicule en elle-même, mais
elle ne l’est peut-être pas autant si l'on juge l'esprit de la cour de Naples.
Pour
extrait ; DAGAND.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Un
décret impérial, en date du 11 février, contresigné par M. le
ministre de l'Algérie et des colonies et M. le ministre de l'agriculture, du
commerce et des travaux publics, autorise l'admission en franchise dans les
ports de l'empire d'un certain nombre de produits naturels de l'Algérie, dont
les principaux sont : les soies moulinées, la cire brute, l'orge perlée, les
conserves alimentaires, les olives, les graines de sorgho, les résines, les
graisses de poisson, le bois commun, le henné, la garance, l'or et l'argent
bruts, le fer, le cuivre, l'étain, le zinc, etc,
Sont
également admis en franchise les produits fabriqués de l’Algérie, tels que la
potasse brute, le carmin, le noir animal, les parfumeries, l'amidon, les
boules, les vins ordinaires et de liqueurs, les vinaigres, les alcools, les
poteries, fils, nattes, cordages, carton, papier, peaux préparées, liége ouvré,
meubles, orfèvrerie et bijouterie, brosserie, machias en velours, chapeaux du
Sahara, ouvrages ; en marqueterie indigène, lanternes mauresques, oeufs
d'autruche, pantoufles, porte-cigares, pipes arabes, passementeries arabes,
gandouras, instruments de musique arabes, etc., etc.
Sont
assujettis à des droits à l'importation : la soude naturelle, les savons
autres que ceux de la parfumerie, les peaux, les coussins en drap, la
passementerie en laine ou en soie, les gandouras en laine pure, les liqueurs
alcooliques, etc.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
DÉPÊCHE TELEGRAPHIQUE.
Paris, 24
février.
Les villes
de Batna et de Djidjelli sont érigées en communes d'Algérie. (Moniteur.)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ESQUISSES ESTHÉTIQUES.
Mais
quelle étrange révolution ! Quelle erreur nouvelle entraîne l'homme? - Il
s'acharne à éteindre la lumière du souvenir, il jette un voile épais sur les
douces lueurs de l'espérance. Sa terre d'exil lui suffit et lui plait; il s'y
arrange, il ne veut plus d'autre avenir.
En vain le
murmure importun de sa conscience lui rappelle-t-il un Dieu vengeur ; il le
rejette ce Dieu loin de sa pensée. Il l'enferme comme un esclave dans l’inertie
de son infinité - « Gardez le ciel, dit-il, et laissez-moi ma vie. - Plus de
bonheur éternel, le plaisir me contente. » La mort en vain lui montre ses
ossements desséchés ; il couronne de fleurs sa chevelure encore jeune et dit :
« La mort est un repos ou un néant ; hâtons-nous, bâtons-nous de jouir. »
Voyez-le
dans les riches palais de Babylone, assis à
ses festins splendides. Le vin pétille dans les coupes d’or, le diamant
brille au diadème des chefs ; des femmes à demi-nues et le sourire aux lèvres
chantent l'amour des sens. L'ivresse de l’orgie et le délire de la volupté
étouffent sous leurs accents joyeux l’écho solennel de l’expiation. Le pinceau
lui-même a semé sur la toile ou la pierre toutes les images qui embrasent le
cœur.
Et le
poète est là, prêtre apostat, qui mêle le mal et le bien dans un coupable
hyménée, qui prête son fard à tous les rêves de l'homme ; et le perfide qu'il
est ne le prévient pas même des désenchantements du réveil.
Et alors
il se fait une division entre les arts comme celle des anges au jour où Lucifer
s'éleva contre le Christ. Les uns fidèles à Dieu rappellent ses lois et les
châtiments préparés à ceux qui les violent ; les autres, esclaves de la corruption de l'homme, excusent ses
fautes et exaltent ses désirs.
Voilà le
grand partage qui scinde les oeuvres de l'esprit : le bien avec toute sa beauté
réelle , le mal avec tous ses attraits d'emprunt.
Mais les
fils d’Adam n'ont pas tous fermé l'oreille à la voix de la vérité ; le
sentiment du bien domine encore plusieurs d’entre eux qui résistent courageusement
à tout ce qui ne porte pas le signe de Dieu. Le plaisir leur plait comme à
l’impie, mais l’esprit règne en eux ; la tradition les guide, les affermit,
Jérusalem les enveloppe de son manteau ; et, si Babylone veut les voir à ses
fêtes, il faut qu'elle les amorce par un appât digne d’eux ; il faut qu’elle
illusionne leur conscience, qu’elle déguise le mal sous les candides vêtements
du bien, et que pour les retenir elle les enivre.
Alors
commence la faute la plus grave à laquelle se soit livré l’esprit de l’homme,
faute dont les arts ont été les plus dévoués et les plus puissants complices la
réhabilitation du mal.
Et l’homme
dit au bien : Tu es le mal, car tu me déplais; et il dit au mal : Tu es le
bien, car je t’aime. il trouve dans les trésors de, son imagination assez de
faux brillants pour en parer son idole; car la parole a été donnée à l'homme
non-seulement pour tromper ses frères mais aussi pour se tromper lui-même.
Et le
monde désormais, incapable de suivre les lois de Dieu, s'abandonne sans réserve
à ses passions ; et, pour n'avoir plus à redouter un ciel réprobateur, il
peuple le ciel de ses vices, et les déifie sous des noms charmants.
En vain
Cham se réjouit au pays de Tsin ; en vain Chanaan va cacher sa malédiction
dans la noire Ethiopie ; en vain des enfants de Japhet, une moitié
parcourt en dansant l’Inde émaillée de fleurs
et de pierreries, tandis que l’autre, du haut du Caucase, s’élance dans
les forets de l’Occident ; en vain ces lointains aventuriers oublient, aux
fatigues de la route, la doctrine, originelle; quelques- uns des fils de Noé
rappellent incessamment leurs frères à la prière. Le patriarche, paisible sous
sa tente, redit à la veillée du soir, le savoir de ses pères et les trois
grandes croyances qui font le salut de l'humanité : la chute, l'expiation et le
jugement. - Et, quand la vérité épuisée se sent faiblir parmi les sauvages
colons de la Bactriane ou de l’Achaïe, elle revient vers les fidèles enfants de
Sem se retremper aux sources de la tradition ; puis, elle, repart plus
courageuse et plus forte, et, va retrouver les exilés égarés dans leurs
symboles nouveaux. Et si une âme pure l’aperçoit, soudain elle reconnaît la
tradition, mère de toute pureté ; elle court vers elle et repousse loin d'elle
le mal, en dépit de ses masques trompeurs. Ainsi le chien d'Ulysse le reconnaît
après sa longue absence ; ainsi le vieux serviteur de la famille reconnaît
l'enfant étranger qu'on substitue au fils du maitre pour enlever son héritage.
Si donc le mal veut garder son empire, il faut qu'il se prémunisse contre ces
retours; et s’il ne peut écarter la tradition, il faut qu'il la défigure ou
l'asservisse; et que s'il la montre, ce ne soit plus que couverte d'oripeaux et
de faux brillants. Il faut que le mensonge l'escorte; d'abord humblement et de
loin, répandant à la dérobée, derrière elle, de faux noms, de faux récits, de
trompeuses explications. Bientôt, s'il voit qu'on l'écoute et que la faveur le
seconde, il faut qu'il passe devant, prenant seul la parole alors, et
permettant à peine à la vérité de mêler un mot çà et là.
Ainsi les
sublimes traditions de l'Eden seront étouffées sous des amas de fables. Et
l'esprit du mal ne laissera juste à la broderie qu'assez de canevas pour la
soutenir, à ses mensonges qu'assez de vérité pour leur servir de passé.
0 douces
traditions du souvenir et de l'espoir! 0 vous qu'Eve et son bien-aimé se
redisaient avec amour comme leur seul bien passé, le seul héritage de leurs
enfants, qu'êtes-vous devenues? quel encens étranger obscurcit votre lumière,
quels feuillages de rapport étouffent votre fleur si belle, ? ‑ Ainsi,
j'ai vu dans les champs d'El-Hajar, près de la tente de l'Arabe, une aubépine
étoilée de toutes ses fleurs de mai ; elle était splendide et radieuse cette
aubépine, dans sa parure de printemps ; mais de cette simple plante, créée par
le bon Dieu pour les oiseaux du ciel et la joie du passant, l'Arabe fit un
marabout; et soudain des milliers de lambeaux et de baillons s'attachèrent à
l'aubépine comme une vermine avide, et les douces fleurs de l'arbuste
disparurent sous les linges déchiquetés des femmes du voisinage.
Et
cependant alors seulement l'Arabe stupide commença de révérer l'aubépine et de
se prosterner devant elle.
Hélas! le
vice qui ronge le cœur de l'homme pouvait-il épargner son intelligence?
Ali ! si
maintenant Dieu ne redresse pis lui-même les croyances de l'humanité déchue, la
poésie , la sainte poésie, historienne du passé, prophétesse de l'avenir, ne
sera plus qu'un mensonge entre deux rêves. Non, non, peuples, ne craignez rien
! Dieu veille sur la terre comme une mère sur le berceau de son premier-né; son
ange tient le final allumé, et la vérité ressortira pure du creuset. Ne
s'est-il pas trouvé une arche pour sauver Noé du déluge des eaux? Il se
trouvera aussi une arche pour sauver la vérité du déluge des erreurs ; un
centre d'élite, une église subsistera toujours parmi les hommes, prête à
redresser la tradition égarée, à la débarrasser de tout alliage.
Sem a
redit à ses fils ce qu'ils doivent retenir ; Abraham, Isaac et Jacob se le sont
transmis avec fidélité. En vain le peuple de Dieu, mêlé aux Peuples idolâtres,
est esclave au pays de l'Egypte ; il tient son patrimoine inviolable dans sa
pensée; et, dès qu’il en sera temps, cette pensée sortira du tabernacle de son
cœur pour être écrite en lettres ineffaçables jusqu'à la consommation des
siècles.
Et si plus
tard les lampes posées sur le chandelier pascal de la ville sainte deviennent
trop faibles pour éclairer l'univers, le Verbe divin descendra lui-même sur la
terre ; à force de miracles et de bienfaits, il amassera sous ses pieds toute
la haine des hommes ; et de là, dressé sur une croix comme un fanal, il
rayonnera sur le mande entier. Et, depuis les sommets du Tibet jusqu'aux plages
des Gaëls, depuis les îles de l'Inde jusqu'aux caps glacés des Finnois, la
poésie, la grande poésie du Dieu fait homme et de l'homme relié à Dieu,
s'allumera de proche en proche et couvrira de ses rayons vivifiants ses fidèles
et ses ennemis.
Ainsi
quand l'antique Phénix, noble image du génie pur, se sentait faiblir, il
s'accouvait sur un bûcher. Un instant la fumée l'enveloppait, et les insensés
de s'écrier : « Il n’est plus ! » Mais, ces ténèbres dissipées, l'oiseau
divin, éclos de sa mort même, reprenait son vol radieux plein de jeunesse et de
beauté nouvelle. 0. B.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Chronique locale.
M. le
général Périgot est arrivé dans nos murs lundi dernier et doit repartir le 7
mars pour se rendre à son nouveau commandement.
Les
habitants de Bône se sont empressés de saisir cette occasion de témoigner à
l'honorable général leurs vives sympathies. Un bal par souscription a été
organisé en peu d'instants, pour mardi prochain et M. le général Périgot a bien
voulu l'accepter. Chacun, en l'y voyant, se rappellera ces belles fêtes dont il
faisait les honneurs avec tant d'affabilité.
- On nous
écrit de La Calle que le mardi-gras, il y a eu dans cette localité cavalcade et
bal. La fête a été aussi brillante et aussi animée que possible, grâce à
l'heureux accord qui règne entre, les autorités civiles et militaires.
La souscription a produit au bénéfice
des pauvres une somme de 450 fr., chiffre important eu égard à celui de la
population.
Nous ne
sommes pas aussi heureux à Bône. Nous avons eu trois bals, dont deux masqués,
tous au profit des pauvres, mais pas de cavalcade. Quant au chiffre que le
bureau de bienfaisance a inscrit sur ses livres, nous ne pouvons le faire
connaître à nos lecteurs. Il ne nous a pas été communiqué, ainsi que cela se
pratique ordinairement. Ch. Chapuis.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Faits divers.
On nous
écrit de Tunis :
« S.
A. le bey vient d'autoriser l'organisation de transport de dépêches dans toute
la régence.
Une
compagnie a été immédiatement formée sous sa protection pour l'exploitation de
tous les services postaux que peut ou pourra comporter la Tunisie.
Cette
dernière entreprise est due à l’initiative de M. Wood, consul général
d'Angleterre. Cet agent diplomatique a conduit le gouvernement dans une voie de
progrès qui ne peut pas manquer de donner un vaste développement aux ressources
du pays.
Il est bon
de rappeler ici que M. Léon Roche, consul général de France, a aussi déjà donné
des preuves de son utile influence en décidant le gouvernement du bey à établir
des lignes télégraphiques sur les principaux points de la régence.
- Par
décret du 31 décembre dernier, une contribution spéciale de 29,200 fr.,
destinée à l'acquittement des dépenses des chambres et bourses de commerce de
l'Algérie, pendant l'année 1860, et répartie conformément au tableau y annexé,
plus 5 centimes par franc pour couvrir les non-valeurs et 3 centimes par franc
pour les frais de perception, seront payés en Algérie par les patentés désignés
dans l'article 35 de l'ordonnance du 3-1 janvier 1847.
‑
Sur la proposition de S. Exc. le ministre secrétaire d'état de la guerre 676
condamnés militaires, détenus en France et en Algérie, ont été l'objet de la
clémence de l'empereur.
396
d'entre eux ont obtenu remise du restant de leur peine, et les 280 autres une
réduction dans la durée de leur condamnation. (Moniteur.)
Pour les
faits divers : DAGAND.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Cour
d'assises de l’arrondissement de Bône (Algérie).
Par arrêt
de la cour d'assises de l'arrondissement de Bône, en date du vingt-quatre
février mil huit cent soixante, rendu à la requête de M. le procureur général
impérial de l'Algérie,
Les nommés
1°
Mohammed-ben-Salah, âgé d’environ 40 ans, né dans la tribut des Beni-Yahi,
cercle de Guelma, demeurant au douar d'El-Yayaoui, tribu des Ouled-bou-Ranera
(Tunisie ),
2°
Ahmed-ben-Mohammed, âge d'environ 30 ans, né et demeurant à Mohadjamba, tribu
des Ouled-bou‑Ranem (Tunisie), contumax,
Déclarés
coupables :
Premièrement.
- D'avoir, à Millesimo, le 10 août 1858, conjointement, soustrait
frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Dubos, avec les circonstances
aggravantes : 1° de nuit, 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée,
4° de port d'armes, 5° d'effraction extérieure ;
Deuxièmement.
- D'avoir, au même lieu et à la même époque, conjointement soustrait
frauduleusement un cheval au préjudice de la femme Fages, avec les
circonstances aggravantes : 1° de nuit, 2° de dépendance de maison habitée, 3°
de pluralité de personnes, 4° de port d'armes, 5° et d'escalade ;
Troisièmement.
- D'avoir, au même lieu, le 11 août 1858, conjointement, soustrait
frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Nicolas avec, les circonstances
aggravantes : 1° de nuit , 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée,
4° de port d'armes ;
Quatrièmement.
- D'avoir, au même lieu et à la même époque, soustrait frauduleusement, un
cheval et un licou au préjudice du sieur Cappour, avec les circonstances
aggravantes : 1° de nuit, 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée,
4° de port d'armes ;
Cinquièmement.
- D'avoir, au Même lieu et au même temps, conjointement, soustrait
frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Placé, avec les circonstances
aggravantes : 1° de nuit, 2° de dépendance de maison habitée, 3° de
réunion de plusieurs personnes, 4° de port d'armes apparentes ou cachées ;
Ont été
condamnés chacun à la peine de quinze années de travaux forcés et aux frais ,
En
exécution des art. 384, 381 § 4, 385, 386 § 1er et 12, 55 du code pénal, 365 et
368 du code d'instruction criminelle,
La cour a,
en outre, ordonné qu'un extrait du présent arrêt serait, dans les huit jours de
la prononciation, inséré dans un des journaux du département et affiché dans
les lieux déterminés par les art. 482 du code d’instruction criminelle et 36 du
code pénal.
Pour
extrait conforme délivré à M. le procureur impérial, à Bône.
Bône, le 28 février 1860.
Pour
le greffier
Vu au parquet E.
BRISSET ,
Le procureur impérial, Commis-greffier.
A.
LETOURNEUX.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Extrait
des minutes du greffe du tribunal de Bône (
Algérie ).
D'un
jugement rendu le vingt-six janvier mil huit cent soixante par le tribunal de
première instance de Bône, jugeant en matière correctionnelle, à la requête du
ministère public,
Contre
François Aquilina, âgé de 55 ans, boulanger, né à Malte, demeurant à Bône,
A été
extrait ce qui suit
Le tribunal
Déclare
François Aquilina coupable de tromperie sur la quantité de la marchandise
livrée ;
Dit
toutefois qu'il existe en sa faveur des circonstances atténuantes ;
Et, par
application des art. 1er, no 3, 6, 7 de la loi du 27 mars 1851, 423 et 463 du code
pénal, le condamne à la peine de vingt-cinq fr. d’amende et aux frais ;
Ordonné,
en outre, l'affiche du présent jugement en dix exemplaires, qui seront apposés
à Bône, dont un notamment à la porte du magasin du condamné, et son insertion,
par extrait, une fois dans le journal la Seybouse; le tout aux frais du
condamné.
Pour
extrait conforme délivré à M. le procureur impérial, ce requérant :
Vu au
parquet : Pour le greffier,
Le
procureur impérial, E. BRISSET ,
A.
LETOURNEUX. Commis-greffier.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Le
succès du nouveau journal la Mode Illustrée dont nous annoncions
l'apparition il y a à peine un mois, a pleinement confirmé nos prédictions. En
effet, une publication reproduisant toutes les modes dans une limite raisonnable,
donnant tous les travaux d'aiguille, de tricot, etc., représentés par des
gravures où sont clairement indiqués jusqu'aux moindres détails, enfin venant
apporter chaque samedi, par ses nouvelles littéraires, une certaine somme
d'intérêt et de plaisir à ses lecteurs, ne pouvait manquer d'obtenir un
résultat satisfaisant.
Sans doute
il existe déjà un grand nombre de publications de modes ; mais celle-ci
diffère entièrement des autres, en ce qu'elle ne s'occupe uniquement que de ce
qui petit intéresser le bien-être de la famille et le lui procurer le plus
économiquement possible, en y joignant le bon goût.
Le prix
modique de cette publication, malgré la bonne exécution de ses nombreuses
gravures, ainsi que la faculté de ne s’y abonner que pour un trimestre,
doivent engager chaque famille à se le procurer, et cela dès l'origine, car
cette publication formera un recueil curieux de toutes les modes, qu'il sera
plus tard fort difficile de se procurer.
Les
éditeurs, désirant avant tout l'examen de leur journal, nous en ont envoyés les
premiers numéros. Les personnes qui voudraient se rendre compte de cette
publication pourront donc s'adresser à notre bureau, où ces numéros sont
déposés. Les abonnements y sont également reçus.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
MUSIQUE
DU 58ème.
Programme
des morceaux qui seront exécutés dimanche, aux Allées, à quatre heures du soir.
Le Roi des
mers, pas-redoublé (Gurtner).
Ouverture
de la Muette de Portici (Auber).
Le
Sansonnet, polka pour petite flûte (G. Daniel).
Mosaïque
sur le Songe d'une Nuit d'été (Thomas).
Mosaïque
sur la Norma (Bellini).
Victoire, mazurka
(Gurtner).
Morceaux
qui seront exécutés à la messe.
Ouverture
de Zanetta (Auber).
Saint-Laurent, morceau
d'élévation (E. Zwierzina).
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ARRIVÉE
DES PASSAGERS.
DE FRANCE
: MM. Abrial, voyageur de commerce. - Dufil, curé de Millésimo. - De
Miraulandem, négociant, - Gondard, curé de Bône, et son frère. - Penoud,
charpentier. - Colombet, propriétaire.
DE TUNIS :
MM. Lacroix, ingénieur en chef des ponts et chaussées. - L'Haossine,
propriétaire.
DÉPARTS.
Pour
FRANCE : MM. Le Roy du Burret, inspecteur de la compagnie générale
d'assurances. - Palnot, tisseur. – Mme Roustans, sage-femme.
Pour
CONSTANTINE : MM. Olivier-Delamarche, avocat. - Patu de Bosemont, propriétaire.
- Abrial, voyageur de commerce.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
MOUVEMENT
DU PORT
Du 25
février au 2 mars 1860.
ARRIVAGES
Le 25.
MESSINE, le 23 janv., br.-g. Mary-Marton,
angl., 232 t., c. Davison, div. march
ALGER , le
23 fév , vap. Tanger, fr., c. Aune, 100 pas., lest.
Le 27.
TUNIS, le 26, vap. Céphise, fr., 469 t., c. Teriggi
, 8 pass., div. march.
LA CALLE ,
le 26, bat. Louise-Anaïs, fr., M t., c. Siché, 5 pass., lest.
Le 29.
STORA, le 28, vap. Marabout, fr., 370 t., cap.
Hourst, 38 pass., div. mirch.
Le 2 mars.
CARLOFORTE, le 19, bat. Ville-di-Buonaria, sarde, 15 t., c. Perussini, porcs et
fromage.
CARLOFORTE,
le 18, bat. San-Antonio, sarde, 14 t., c. Tassara, pores et fromage.
DEPARTS
Le 25. PHILADELPHIE, br-g. Mary-Marton, angl., c.
Davison , div. march.
Le 27.
STORA, vap. Céphise, fr., c. Teriggi, div. m.
GÈNES br.
Miltiade, fr., c. Fabre blé.
GÈNES, br.-g. Due-Figli, toscan, c.
Mazelli, foin.
ALGER,
vap. Tanger, fr., c. Aune, lest.
Le 28.
MARSEILLE, vap. Prophète, c. Cotton, il. in.
Le 29.
TUNIS, vap. Marabout, fr., c. Hourst, div. m.
ALGER,
bat. Ernest-et-Marie, fr., c. Garcias, orge.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ANNONCES
Avis
administratifs.
TABACS.,
Récolte de
1859.
Le préfet
du département porte à la connaissance des colons que, par décision en date du
2 février courant, M. le ministre des finances a autorisé l'administration des
tabacs à acheter en Algérie une quantité supplémentaire de 4 à 500.000 kilos.
de tabacs en feuilles provenant de la récolte de 1859, et qu'en conséquence,
les magasins de Bône et de Philippeville sont ouverts, de nouveau, à partir du
21 février, pour la réception des portions de ladite récolte dont les colons
seront encore détenteurs et qui seront reconnus susceptibles d'emploi dans la
fabrication de la régie.
Constantine,
le 16 février 1860.
Le préfet,
A. DE TOULGOET.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
PLACE
DE BONE
GÉNIE
MILITAIRE
AVIS
Aux
entrepreneurs de travaux publics, relatif à la passation de marchés pour
travaux et fournitures à faire pendant les exercices 1860, 1861, 1862, 1863,
1864 et 1865.
Il est
donné avis aux entrepreneurs de travaux publics qu'un concours sera ouvert le
20 mars , à deux heures de l'après-midi dans les bureaux du chef du génie, rue
d’Uzer, N° 4, par voie de soumissions cachetées, des travaux et fournitures
ci-après, à faire pendant les exercices 1860, 1861, 1862, 1863, 1864 et 1865
EN UN LOT
UNIQUE, SAVOIR :
Tous les
travaux de terrassement, maçonnerie, charpente, menuiserie, ferronnerie,
serrurerie, ferblanterie, poêlerie, plomberie, peinture et vitrerie à exécuter
aux fortifications et aux bâtiments militaires dans la place de Bône et ses
dépendances rapprochées.
Les
travaux sont estimés approximativement pour chaque exercice :
Pour les
travaux de terrassement, maçonnerie, etc., à …………………... 170,.000 fr.
On devra prendre, connaissance du
cahier des charges au bureau de la gérance, rue d'Uzer, N°4, à partir du 1er
mars 1860, tous les jours, de huit à dix heures du matin et de une heure à cinq
heures du soir, les dimanches et les fêtes exceptés.
Il ne sera
admis que des concurrents pourvus de certificats de solvabilité et de moralité
délivrés par le maire de leur commune, et qui présenteront des cautions
personnelles offrant les mêmes garanties. Les soumissionnaires et leurs
cautions devront être agréés par le chef du génie qui s'assurera qu'ils ont une
expérience et une capacité suffisantes pour bien faire exécuter les travaux.
Les
soumissions des concurrents et les formules d'engagement des cautions seront
écrites sur papier timbré.
Le gérant
du génie, A. LEGAY.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ANNONCES
LEGALES
Etude de Me
KRUPSKI, avocat-défenseur à Bône.
Par
jugement de défaut du tribunal civil de Bône, du dix-sept janvier, mil huit
cent soixante, enregistré, la dame Joséphine Géobert, sans profession,
demeurant ci-devant à Bône, actuellement à Marseille, ayant, Me
Krupski pour défenseur, a été sur sa demande séparée de corps d'avec le sieur
Jean-Batiste Brizy, ex-commerçant, demeurant ci-devant à Bône, actuellement
menuisier, demeurant à Constantine.
Pour
extrait .
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Annonces
dIverses
Etude de Me
PASQUIER, notaire à Bône.
À
VENDRE OU À LOUER
Une
Propriété rurale, connue sous le nom de PROPRIÉTÉ BOURRET, située au Bou-Hamra,
près de Bône, d'une contenance en superficie d'environ vingt hectares, et
consistant en bâtiments d'habitation et d'exploitation, vastes jardins bien
plantés, prairies et terres de culture.
Pour
prendre connaissance des conditions, s'adresser audit Me Pasquier,
notaire.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
M.
PIERRE BATESTI a l'honneur d'informer le public qu'il vient d'acheter la
maison de confection connue à Bône nus le nom de Succursale de la maison
Larade, d’Alger.
Les
relations d'affaires qu'il vient d'ouvrir avec les meilleures maisons de Paris
vont lui permettre d'offrir à sa clientèle un assortiment d'été des plus
complets et qui ne laissera rien à désirer sous le rapport de l'élégance, de la
coupe et des prix.
Il va
s'adjoindre un coupeur sortant des premiers ateliers de Paris, pour relier à la
confection les commandes sur mesure et satisfaire sous tous les rapports les
personnes qui voudront bien l'honorer de leur confiance.
M. Pierre
Batesti a l'honneur d'informer le public que par conventions verbales
intervenues entre M. Pacifico Coen et lui, la maison de nouveautés connue sous
le nom de Pacifico Coen prend le nom de Pauvre Diable et pour raison sociale P.
Batesti et Cie.
Désirant
donner de l'extension aux affaires de cette nouvelle maison, M. Pierre Batesti
vient d*ouvrir des relations importantes avec les meilleures manufactures de
France qui lui permettront d'offrir au public des marchandises du meilleur
choix et au plus bas prix.
MN. les
créanciers de la faillite de M. Pacifico Coen sont prévenus que la première
répartition aura lieu du 1er au 10 avril prochain chez M. Pierre
Batesti qui continuera chaque mois aux mêmes jours de distribuer les dividendes
mensuels jusqu'à extinction des 45 p.% par lui garantis.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
A
LOUER, UNE GRANDE CAVE.
S'adresser
à M. Le Marchant, rue Tabarca.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
A
louer présentement, GRAND MAGASIN
Planchéié
en bois de chêne, avec soupente de la largeur du magasin, communiquant avec
l'intérieur, ayant entrée par les rues Saint Louis et Joséphine.
S’adresser
au bureau du journal.