Après le col de Bès... vers Philippeville
Bône - La Calle |
De La Calle, nous étions revenus vers l'ouest par Bône, Aïn Mokra, Herbillon…Voici la suite de la description de " l'admirable pays qu'est la nouvelle France. " Lorsque ensuite, après le col de Bès, vous rentrerez à l'intérieur des terres. ne manquez pas de faire, sur la droite, le petit aller et retour de 3 kilomètres environ qui vous conduira aux carrières de marbre du Filfila. Un joli nom qui, par hasard, devient ici descriptif. Ce sont des fils, en effet, de longs fils d'acier, bizarrement coudés sur des poulies, qui, actionnés par des moteurs à pétrole, en un circuit compliqué et sans fin-, attaquent en plein sol, scient et découpent, en cubes d'une tonne et davantage, l'admirable marbre de cette région, plus blanc et d'un grain plus fin que le carrare lui-même. Mines inépuisables, d'ailleurs, où la Rome africaine a trouvé longtemps de quoi figurer ses dieux et ses empereurs et qui nous fournissent encore un des plus beaux marbres statuaires du monde.
Cela, et de grandes prairies, de larges vignobles, précédés de pins ou d'allées de palmiers, explique la jeune prospérité de ce port artificiel. Nous y arrivons par une route à revêtement moderne, suivie d'une somptueuse avenue de platanes et de palmiers, à double contre-allée: entrée telle qu'en ont peu de grandes villes en France. Philippeville, par cette voie triomphale, évoque le Rusicade romain dont elle est descendue.
Quant à la ville actuelle, une longue rue, toute en arcades, lui conserve une physionomie africaine malgré l'activité et la gaîté européennes qui s'y déploient. Elle s'épanouit au bord de la mer, en une place avenante, puis en une terrasse concave qui court le long du port, encerclant une blanche flottille de bateaux de pêche à l'ancre, rangés comme à la parade.
Mais ce qu'il ne faut pas manquer d'aller voir au nord-ouest, c'est l'ancien port de Rusicade, Stora, joliment blotti sous des escarpements tout crépus de chênes-lièges. Promenade doublement exquise puisqu'on peut la faire, aller et retour, par deux chemins, l'un en bordure du rivage, l'autre en corniche sinueuse et verdoyante, parmi les menues villas et la flore fantasque et débordante d'une sorte de serre naturelle.
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