Le Rowing club de Bône
Et le Championnat de France 1938
Envoyé par Jean Yves SARDELLA

" Le départ de cette épreuve est magnifique, Bône prend immédiatement la tête suivi de la Mixte parisienne à quelques mètres ! En troisième position, Pont à Mousson.
Aux 300m, le Rowing Club de Bône est en tête, il accentue son avance qu'il maintient par une longueur devant la Mixte parisienne.
Aux 400m, Bône est toujours en tête. L'équipe de la Bourse fournit un effort et remonte l'équipe Mixte parisienne.
Aux 550m, Bône est toujours en tête, il accentue toujours son avance, toujours suivi de la Bourse.
Aix les Bains se rapproche de la Mixte parisienne. La Bourse est en seconde position.
Bône continuera à mener sa course jusqu'à la ligne d'arrivée. "

1er, Champion de France 1938 : Ligue d'Afrique du Nord - Bône
avec Tapie - Fourcade - Sardella - Pernice - Robledo - Merle - Borrie - Monticelli Barreur : Escato

C'était la finale du huit à Mâcon, le 15 août 1938 commentée dans un journal de l'époque. (?)
Bône, le même jour venait aussi de remporter la finale du 4 avec barreur avec :
Fourcade-Sardella-Pernice-Monticelli Barreur : Escato
Excusez du peu …

Cette entrée en matière est pour rendre hommage aux sportifs bônois, et il y en a eu - et plus particulièrement à ceux du Rowing Club de Bône, le club d'Aviron.
Nos infrastructures, à Bône, comme dans toute l'Algérie d'ailleurs, était de grande qualité. J'en veux pour preuve le Club house du Rowing à la Seybouse.
Nous n'avons pas oublié les têtes de file de ce club : Tapie et Fourcade qui se sont illustrer au J.O. de Berlin, en 1936, en prenant la 3ème place en finale derrière des équipes reconnues mondialement.
Le palmarès du RC Bône est fabuleux avec tous ses titres de Champions d'Afrique du Nord, des Championnats nationaux (que je viens de citer) ainsi que de la sélection préolympique à Suresnes en 1939 du quatre barré (Sardella - Fourcade - Robledo - Pernice Barreur : Escato)
Qualifiés… hélas, les Jeux de 1940, n'auront pas lieu… à cause de la folie des hommes…

Tous ces champions, au demeurant très modestes, se levaient à l'aurore pour se rendre sur les bords de la Seybouse et embarquer sur les bateaux pour un entraînement très sérieux.
Et puis … après quelques kilomètres soutenus le long de ces berges magnifiques, unissant technique et élégance du geste, il retournaient au ponton.
Une bonne douche, quelques commentaires et en selle pour le boulot !
La raison à cela c'est qu'ils étaient une poignée de convaincus, avec leur président monsieur Hautbois, monsieur Lastes, cheville ouvrière du club et entraîneur bénévole dont la modestie n'avait d'égale que son mérite.
Bien d'autres encore apportaient leur " pierre " à l'édifice.
Tout ce petit monde n'avait qu'une passion : l'Aviron.
Pas de " sponsor ", pas de primes, que la joie de leur sport.

Et c'est dans cette ambiance que bien plus tard, dans les années 50, j'ai découvert l'esprit sportif.
Tout les dimanche matin, direction la Seybouse et le Rowing, avec papa … et en vélo..
Je rencontrais tous ces personnages qui formaient une famille et dans laquelle je me trouvais vite à l'aise.


Dans l'ensemble sportif du club, je découvrais pour la première fois une piste d'athlétisme en cendrée de 250m. (Ce fut mon premier contact avec une piste, le second fut au lycée St Augustin : là elle faisait 400m).
Au milieu de ce petit stade, un mât où flottait les couleurs du club.
Parfois mon père ou ses amis me permettaient d'embarquer dans une yole, à la place du barreur, je n'en menais pas large, mais quel bonheur de glisser sur l'eau de l'Oued. Les poissons au contact des pelles sautaient parfois dans le bateau, à ma grande joie.

Nous allions aussi à la Grenouillère, où le Rowing avait aussi une " base ", mais avec des yoles de mer.
D'ailleurs dans les périodes les plus dramatiques, nous n'allions plus sur la Seybouse à cause des " évènements ", nous rejoignons directement ce site par le pont de la Tranchée..
Alors, toujours le dimanche, il nous arrivait de rejoindre nos belles plages, (Toche…) par la mer, en yole.
Je croyais ces temps immuables…

Ce fut pour moi, " l'école du sport " que j'ai pratiqué avec l'athlétisme longtemps après, et pendant de longues années.
A Valence, ville où nous " débarquions " en 1962, il existe aujourd'hui, un club d'Aviron : le Rowing Club de Valence (du moins c'est comme cela que je l'ai connu), mon père ne fut pas étranger à sa création dans les années 1965. Encore la passion.
Aucun lieu n'est plus cher à l'homme que le coin de terre où il a passé son enfance.
C'est là qu'il retourne avec émotion, même après une longue absence … Moi, ce coin de terre, je le garde en moi, car point n'y retournerais. Gardons les belles images !

Jean-Yves SARDELLA le 21 février 2003