COLONS  À  ZERALDA

C’est parce que Zéralda a fait partie intégrante de la commune de Staouéli que je me permets d’évoquer la dure vie de ses premiers colons.

Nous sommes en 1844, la terre du Sahel sent encore la poudre mais la vie civile s'organise.

C'est par le décret du 13 septembre 1844 que la création du centre agricole de Zéralda fut décidée.

Situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, dans une région marécageuse et non cultivée, Zéralda dépendait de Koléa jusqu'en 1861, de Chéragas jusqu'en 1881, de Staouéli de 1881 à 1905.

La réputation de cette contrée était des plus mauvaises car les “lacs “ entretenaient les porteurs de fièvre, paludisme, >choléra, dysenterie et certains même parlaient de peste.

S’ajoute des calamités dues à la sécheresse de 1866, à la grêle en 1868 et aux vols de sauterelles de 1865 et 1866.

ZERALDA, à la fin du 19 è siècle n’a toujours pas de médecin ni de pharmacien . Pour se faire soigner, il faut faire venir le médecin de GUYUTVILLE qui est le plus accessible grâce à l’arrivée du train à la fin des années 1890.
Les plus vaillants vont consulter sur place ce cher médecin, le Dr Emile Bertin, et il faut bien compter une journée avant le retour au village. Quant aux médicaments, ils arrivent dans un couffin et chacun prenait les potions qui lui étaient destinées.

ZERALDA a été crée en 1844 par des familles d’origine Française et Allemande. Celles-ci habitent dans des demeures construites par l’armée : maisons basses abritant une trentaine de foyers.

Maisons construites par le génie militaire

Ces concessions urbaines furent attribuées par l’Etat, en 1845, et devaient être entourées par des remparts, qui n’ont jamais été construits.

Hors les remparts prévus, 131 concessions rurales dispersées, autour de la petite agglomération furent attribuées aux habitants.

 De ces 27 familles de pionniers de la première heure, il existe peu de traces, la population ayant pratiquement été décimée par les fièvres.

Cette “peste“ de 1891 aurait atteint plus de 50 % du village et cette année, un seul bébé aurait survécu, selon la tradition orale.

Mais avant de considérer des cas particuliers, consultons le recensement du 12 avril 1891, par nationalité, de la communauté zéraldéenne.

Français       281

Espagnols   182   

Allemands      70

Italiens            23

Maltais             6

Belges              1

Indigènes     275

                       --------

Soit :             838  Habitants

Et il a donc fallu agrandir le territoire de 300 hectares (en 1858 ) et 23 nouveaux colons sont venus s’installer sur leur propriété et non au village par trop éloigné.

Alors, pourquoi ces aventuriers du 19 è siècle sont-ils venus porter leur maigre baluchon dans ce coin d’Afrique qui avait si mauvaise réputation ?

C’est par quelques exemples que je vais essayer d’en trouver les raisons, aidé par le travail de recherche de Mlle Camille MEDINGER, professeur d’Histoire .

Les départements métropolitains pauvres de l’époque sont les pourvoyeurs de colons d’Algérie. Il y a beaucoup d’Ariégeois, d’ Alsaciens, de Lorrains, de la côte ouest de la Méditerranée et du Dauphinois.

Le cas qui nous intéresse ici est un Héraultais, M. Félix.

M. Félix CAISSO, maréchal-ferrant de son état, était natif de l’Hérault près de Béziers.
A la fin du 19 è siècle, le phylloxera ravagea tout le vignoble du Biterrois et le travail se trouvait à manquer. Il décide donc de s’expatrier avec toute sa famille. Avant de prendre le bateau à Marseille, il se fait délester sur les quais de toutes ses économies par des aigrefins. Sans argent, il débarque à Oran où il trouve rapidement du travail ; puis, trouvant une rémunération plus importante, il s’installe à Zéralda chez le comte de Périgord.

Une de ses descendantes raconte ce souvenir émouvant.
Félix Caisso possédait un grand coffre en bois au couvercle arrondi cerclé de fers. Longtemps il servit de berceau, puis de lit à ses enfants. Il échoua finalement dans la cave de mon père et ma mère y avait entassé pour nous, ses enfants, de vieux vêtements démodés, qui représentaient des trésors pour nos jeux et nos déguisements.

Famille Félix CAISSO

En 1962, lors de notre retour, cette malle a encore servi à notre déménagement et fini ses jours dans l’Hérault près de son point de départ, un siècle après…

Mais qui est l’employeur de M. CAISSO ?

La ferme Ratel ex- domaine du Comte SAGAN DE PERIGORD

Le Comte  Sagan de  Périgord Talleyrand. Ce dernier possédait une grande propriété au début du plateau de Zéralda. Certains nobles, familièrement appelés les gants beurrés,  avaient investis dans de grandes propriétés espérant donner plus de lustres à leurs blasons.

VOICI LA LISTE DES VITICULTEURS

& DES GERANTS ZÉRALDÉENS EN 1900

Quelques-uns firent souche et restèrent en Algérie, ce ne fut pas le cas du Comte de Périgord dont la propriété échut par la  suite à famille Ratel.
La mémoire collective a gardé du comte un trait folklorique puisqu’il venait chercher son courrier au village, juché sur un magnifique dromadaire !

Sur les 27 familles qui habitaient Zéralda en 1858, plus du cinquième était originaires de l’Empire Germanique.  La bataille de Sadowa  entre la Prusse et les Autrichiens engendra des difficultés économiques et identitaires. La Prusse prenait l’ascendant sur les autres principautés.

A partir de 1860 des tensions franco Prussiennes se font sentir ce qui tarira cet apport d’émigration.

1870-1871 voit naître l’Empire Allemand et la défaite de la France. Les régions d’Alsace et de Lorraine annexées >par l’Allemagne ramèneront en Algérie et à Zéralda en particulier un autre flux d’émigrés.

Ceux de l’ex- l’Empire germanique demanderont et obtiendront la nationalité française, grâce au Sénatus Consulte de 1865

C’est ainsi que l’on trouvait encore en 1962 des Zéraldéens ayant pour nom : MAYER, RETTENBACH, KANNEGUISER, KLEIN, SCHWAB, etc. ,… Encore faut-il considérer que les femmes perdaient leur nom après mariage.

Certes les raisons économiques sont de puissants moteurs pour l’exil mais certains auront des histoires plus romanesques à raconter à leurs petits enfants .

Suite en janvier 2009


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