N° 50
Avril

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Avril 2006
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

LE HCR A DU PLOMB DANS L'AILE ….
... PAS ENCORE DANS LA TÊTE !

    Le mois dernier, nous avons appris avec satisfaction que deux représentants du Cercle Algérianiste avaient démissionné du HCR. Un 3ème est venu les rejoindre sur le banc du mécontentement, le représentant d'AJIR.
    Lorsque par ma lette adressée aux membres du HCR en novembre 2005 et rendue publique, leur demandant avant leur installation officielle de démissionner en bloc de cette instance anti-démocratique, manipulée par le pouvoir gaulliste et surtout servant de fait de chambre d'approbation des décisions anti-expatriés, j'ai été traité de tous les noms et menacé de toutes les foudres.
    C'est vrai que l'initiative venait d'un jeune c.. de P.N. et dérangeait les " caciques " en place, dont la plupart ne représentent que quelques " adhérents " face à la masse des expatriés qui restent silencieux.

    Le silence de cette masse s'explique :
        - Pour certains par le rejet des associations dont ils ne trouvent pas l'écoute nécessaire pour aborder les problèmes et proposer des solutions réalistes pour les résoudre ;
        - Pour d'autres, par leur bien-être qui leur fait oublier que leurs compatriotes moins bien lotis qu'eux ont des revendications légitimes ;
        - Pour d'autres encore, des combattants qui commencent à baisser les bras à cause de leur age et d'un combat qu'ils n'ont peut-être pas pris par le bon bout ;
        - Pour les jeunes de ma génération qui n'osent plus émettre des avis car ils se heurtent aux méthodes archaïques et inadaptées de leurs aînés, et de fait restent à la porte.
        - Pour beaucoup, pour des raisons qu'il n'est pas utile d'évoquer en ce moment si une prise de conscience peut se faire jour.

    Le HCR avec une majeure partie de ses " cooptés " ne représentent plus les expatriés. Ils sont désormais rejetés de la masse qui ne se reconnaît pas en eux, dans cette instance qui n'a ni audience ou crédibilité. La plupart des Associations présentes dans ce HCR sont subventionnées par les deniers publics, ils en croquent et n'entendent pas lâcher le morceau de gras, ce poison de notre société.

        Que trois membres démissionnent, c'est beau mais c'est peu.
        - Est-ce à dire que tous les autres sont contaminés par le poison, c'est à eux de le démontrer qu'ils ne le sont pas.
        - Est-ce à dire que tous les autres n'ont pas le courage de dire non à l'anti-démocratie, qu'ils démontrent de contraire.
        - Est-ce à dire qu'ils sont les moutons du pouvoir, c'est à eux de démontrer qu'ils sont des béliers..

    Le HCR a du plomb dans ses flancs, il faut continuer à lui tirer des cartouches. Pour cela, il faut que les autres Associations sortent de leur torpeur et de leur silence coupables.
    S'ils ne veulent pas le faire, et bien lançons le boycott des adhésions à ces Associations qui cautionnent par ces attitudes de passivité, le prétendu Haut Conseil des Rapatriés.
    Que ce HCR se soumette à la souveraineté de nos communautés et ensuite il pourra se proclamer comme notre représentant, mais pour le moment il est notre Honte Contre la République.

                                   Jean Pierre Bartolini                         

        Diobône,
        A tchao.

    Mon Adresse est : jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr

MISE A JOUR DU SITE

J'ai effectué une mise à jour du site et cela a permis de mettre en ligne, 35 photos de classes de plus, envoyées par :
Anne-Marie Berger -§§- Pierre Said -§§- Guy Beguelin
Jean Pierre Impagliazzo -§§- Jean Claude Manchin -§§- Hélène Calas
Elie Salfati -§§- Guy Attal -§§- Claude Lecoy
Merci les Amis.

D'autre part, j'ai mis aussi en ligne les plans détaillés du cimetière de Bône où vous pourrez peut-être voir l'emplacement ou ce qu'il en reste des "sépultures" de vos parents et grands parents.
Voici l'adresse : http://www.seybouse.info/taddo/
Je vous souhaite de bonnes heures devant votre écran.


Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- )

Le congrès des Taupes
N° 3 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

         Notre dernier numéro a produit l'effet d'une flambée dans un nid de guêpes. Les " agenouillés " eux-mêmes, à grand renfort de discrétion, dégustaient les dures vérités qui atteignaient les " grands hommes " dans leur carcasse frelatée et puant l'orgie.
         " Il a du courage " disaient des faibles, pendant que les valets en quête de miettes possibles ânonnaient à mi-voix : " il va un peu fort ".
         Amis candides, ne vous galvaudez pas dans l'erreur, la couardise ou la resquille.
         Du courage, il en faut à la guerre, ou pour surmonter des épreuves physiques ou morales. Pendant que l'un s'armait d'un biberon, j'ai su prendre un fusil, et j'ai su aussi résister toute ma vie à la tentation des... dahlias dorés et des faveurs.
         Je ne me sens nullement l'âme d'un héros parce que je dis - et je le répète bien fort - ce que tout le monde pense tout bas.
         Si toute vérité n'est pas bonne à dire, il est des faits et des attitudes qu'il faut signaler devant l'opinion publique, amorphe trop souvent, mais qui s'éveillera à la lueur d'événements inévitables.
         Nos " grands hommes " déconcertés ont fait tenir conseil par leurs hommes de main.

          Un conseil de taupes.
         Dans une grande salle, parfumée des meilleurs crûs de la plaine, l'éloquence parvint aux sommets de l'enivrement.
         Des armes de toutes sortes, surtout des têtes de cerfs mêlées à des mitraillettes cimentées, ornaient les murs et donnaient aux assistants un avant-goût de bataille.
         CORNIFLARD présidait. Il y avait BASILE et TARTUFFE, RAMINAGROBIS et aussi une demi-douzaine de sages, surpris de se trouver en service commandé.
         Sommes-nous des hommes, dit CORNIFLARD ? Alors quel genre de supplice allons-nous choisir pour ce "pelé, ce galleux, d'où nous vient tout le mal ". Le pal ou la roue. Le feu ou l'eau.
- Moi, répliqua un des sages, je ne m'occupe que de ma besogne. Que les patrons fassent la leur.
- BASILE pria l'assemblée de faire preuve de sang-froid. Disons seulement qu'il aime la dive bouteille, alors que nous nous abreuvons de Viandox. L'effet sera radical.
- Non, dit TARTUFFE, répétons partout qu'il n'aime pas les diacres et les nonnes. Le résultat sera plus efficace.
- FOUTRE demanda la parole et avec son éloquence des grands jours, clama ses dures résolutions : " personnellement, j'ai une âme de lièvre, mais j'offre un million pour créer un journal qui luttera contre l'Infâme. Si cela est nécessaire, je ferai appel à mon habituel artiste-chômeur, pour présenter une nouvelle édition de caricatures.
         On lut ensuite une série de lettres, émanant des authentiques " grands hommes :

         Mon cher CORNIFLARD,
         Débrouillez-vous. Au fond, Dominique n'a pas tort. Il faut lui rendre ce témoignage qu'il n'a jamais trahi ses amis, Et puis, je l'aime malgré moi. Et si je le rencontre Place de la Concorde, je lui tendrai la main. PANTALONI
         Je suis occupé à décrocher toutes les étoiles. Donc, ces histoires de queue-de-cerises ou autres ne m'intéressent pas. MUNCK

         Bien fait pour TUCCI. Pourvu qu'on ne parle pas de moi !... Robert PANCRAZI

         Soyons fins. Je connais deux jolies filles de rue, Eulalie et Ernestine. Elles rôdent sous les ponts et font souvent les chaussées. Elles portent tablier rouge et sont belles à croquer. Je le ferai s'évanouir dans leur bras. Henry ALOI
         La harangue du Maire de BUGEAUD souleva l'enthousiasme. Une vaste fougasse fut servie, les poings se rouvrirent et les cerfs eux-mêmes rentrèrent leurs Cornes.

         Ouf ! Je l'ai échappé belle.
         Il ne me reste plus qu'à offrir une tisane de " queue de cerises " ou une paire d'oreilles d'âne (au choix) à celui qui répondra à cette question : " D'où vient l'argent ? ".



Ça qu'on vous a pas dit … !      N° 35
Christian AGIUS
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!


Le forum de Davos ? Tu connais pas ?
C'est en Suisse, là ousque tous les grands de ce monde y vont préparer la sauce ac laquelle y vont te manger, tous les ans.
Les grands………bien sûr par le pognon !
Droit d'enscription : 27.300 € !!!!!!!!!!
Plus l'hôtel-restaurant…… Pluss ??? Benguèche, il avait aucune chance…


La maison du ministe du pognon, Thierry Breton, elle vient d'être taguée (presque chkaguée..) malgré les deux policiers qui se montent la garde en devant.
Diocane, une seule esplication : c'est les flics qui zont fait eux-mêmes le coup !.......


Dans la bibliothèque de François Mitterrand, ses héritiers (les officiels ? je sais pas si la Mazarine et…………….les autes y sont comptés en dedans……..) y zont trouvé un exemplaire du livre de la Grande Zohra, " Au Fil de l'Epée ", dédicacé ac dix couches de salamalecs au…………………..Maréchal Pétain !!!
L'édition de 1945 elle avait oublié les salamalecs…


Zeb ! Comment y travaillent, les Japonais !
Y zont que 18 jours de congés payés par an, dans le secteur privé.
Le gouvernement y vient de pondre une loi pour obliger les salariés à……………prendre tous ces 18 jours, pourquoi y travaillent toujours pluss !........


Pour les tracasseries fiscales, administratives, etc.. la France elle se classe en……………….44ème position mondiale, derrière Trinidad et Tobago et les îles du Cap Vert !!!
Ceux qui font le moins chier le monde : Hong-Kong ; Singapour et l'Irlande…


A plat ventre, diocane, en derrière la Charia : les hôtesses de la compagnie anglaise British Midland International elles doivent marcher deux pas en errière les pilotes, et porter un voile en dessur la tête…


Premier beau résultat de l'occupation américaine en Afghanistan : complètement niquée par les Talibans, la culture de la drogue elle est repartie ac le feu au cul : le pays il est redevenu premier producteur mondial d'opium (90% de la production mondiale !!!).


Tout le monde il est trempé dans le gouvernement fantoche de Kaboul, diocanamadone…
Tu te rappelles quand la C.I.A. elle contrôlait la drogue au Laos, du temps que l'armée américaine elle se faisait chier au Vietnam ?.......


Sarcloseille (Sarközy de Nagy Bocsa pour ceux qui lisent cette ribrique pour la première fois…) y fait la farfaton ac 19.841 étrangers expulsés.
Ouais, ma dessur ces 19.841, 15.000 y zont été lourdés des D.O.M., les Surinamais en Guyane, les Comoriens à Mayotte, les Haïtiens aux Antilles, etc..


Les gabelous, ça veut dire les tanoutes du ministère des finances qui te prennent le flouss en-dedans tes poches, y frisent les 100.000 en Patosie !
Autant qu'aux Etats-Unis, ma pour cinq fois pluss de contribuables, là-bas !
Attends, j'ai pas fini : quand un agent de la S.N.C.F. y transporte 4837 passagers par an, le même agent des chemins de fer japonais il en transporte……….50.872 !!!
Peut-être passe que les Japonais y sont pluss petits ?......


L'histoire du Clémenceau, qui se continue sa croisière…, elle camoufle une manœuvre tranquille des écocolos qui veulent faire inclure en dedans le budget d'un armement le prix de sa destruction.
Traduction : une baisse du cinquième des moyens militaires de la Patosie………


Tu sais déjà, ô gatarelle, que la Patosie elle est championne du monde de la dette publique ac 2000 milliards de zorros.
Le ministère des finances y vient d'avaler le morceau : 38% pour la retraite à 60 ans, aux 35 heures et aux fonctionnaires de pluss…


Fofana, qui s'était ensauvé en Côte d'Ivoire, y touche le R.M.I.
Y va le toucher au moins jusqu'à la fin de son procès, pourquoi la loi votée par la Guigoute le présume " innocent ".
Ca va durer le temps qui faudra, diocane !
En attendant, le R.M.I. Patos y vaut………………..six S.M.I.C. ivoirien !!!!!!!!

La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (36)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
Saints-Dico

       Comme Par Enchantement, il me vient, par ces temps de revendications sociales, des idées de révolte sans avoir bien sûr la moindre velléité de casse étant connu et reconnu pour n'avoir jamais rien cassé. Comme les responsables syndicaux semblent marquer le pas face à un premier ministre plus déterminé et têtu que jamais, je me suis décidé à aller voir ailleurs, m'instruire, essayer de comprendre et approfondir mes connaissances auprès d'autres saints-dico :

       Saint-Bois: Un saint qui prend la forme d'un arbuste qui pousse dans le bassin méditerranéen mais que personne ne prie parce que très toxique.

       Saint-Cère : c'est malheureusement le saint le moins prié par les temps qui courent, on lui préfère de loin des saints beaucoup moins nets.

       Saint-Ciput: Un saint toujours placé haut, au sommet du crâne.

       Saint-Dica : Ce n'est pas le singulier de saints-dico. Râleur, il va parfois jusqu'à réunir des heureux pour en faire des mécontents.

       Saint-Doux : Le plus gras de tous les saints, on le prie surtout en cuisine.

       Saint-Dynique: Prié et adoré par tous ceux qui ont élevé le danger au rang de science.

       Saint-foin: Surtout prié par les vaches et seulement en hiver, elles l'adorent au point de le ruminer des heures durant.

       Saint-Galette: Rien d'alimentaire et rien à voir avec la fortune, c'est un saint très attachant, parfois même collant, prié surtout en imprimerie par les artisans relieurs.

       Saint-Ghalais: Il reste sourd à nos prières il n'exauce que les habitants du Sri-Lanka dont il comprend la langue.

       Saint-Glant: Un saint frappeur, dur et méprisant, comment voulez-vous le prier, à moins d'être maso.

       Saint-Glé : Tout dépend de son humeur, il peut être original ou complètement timbré.

       Saint-Gulier : Un solitaire qui s'allie parfois à x, l'inconnu pour passer au pluriel.

       Saint-Je : Le plus célèbre c'est celui qui protège Tarzan contre les bêtes féroces dont fait partie maintenant le moustique responsable du Chikungunya.

       Saint-Pas : le plus gentil de tous les saints mais le moins efficace, il n'existe pas.

       Saint-Phonie : Très agréable comme saint et si on ne le prie pas souvent, on se laisse aller parfois à l'écouter.

       Saint-Ple : Le moins compliqué des saints car sans artifices.

       Saint-Plet : C'est le saint auquel on ajoute toujours un t lorsqu'il atteint le niveau le plus haut de la naïveté.

       Saint-Quantaine : Rien à voir avec la femelle de saint Quentin. Il y en a qui lui donnent le surnom de demi-siècle.

       Saints : Vont toujours par deux, parfois producteurs de lait, ils sont priés bruyamment par les bébés. Certains familiers les appellent par leur prénom : Roberts

       Saint-Tré : Le mieux qui puisse lui arriver, c'est d'être serré à la taille parce que lorsqu'il l'est à la tête, cela se complique et pour lui et pour ceux qui le prient.

       Saint-Tre : Parfois tordu, parfois en hauteur dans les théâtres mais toujours prié pour nous garder nos vêtements biens repassés dans nos armoires.

       Saint-Thétiseur : Avec ses dents blanches parsemées de caries, c'est le saint qui fait le plus de bruit, un bruit parfois mélodieux il faut bien l'avouer.

Rachid HABBACHI

L'ORPHELINAT
LE RUISSEAU D'OR
LES LAURIERS - ROSES
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

          LA promenade de l'Orphelinat, le " Tour de l'Orphelinat ", comme disaient les vieux Bônois, n'a pas changé, mais elle n'est plus aussi fréquentée, et ses adeptes d'aujourd'hui ne sont plus aussi fervents que ceux d'autrefois.
          Son calme, son silence et sa discrète beauté ne sont plus recherchés.
          La foule d'aujourd'hui est attirée par les grands espaces ensoleillés, bruyants et animés, et les automobilistes veulent voir du monde et veulent aussi qu'on les voit, qu'on les admire, qu'on les envie.
          Avant l'ouverture du " Chemin de la Corniche ", la promenade de l'Orphelinat et celle du Ruisseau d'Or, où des Lauriers-Roses, étaient la grande distraction des dimanches bônois, lorsqu'on n'allait pas du côté de l'Oued Forcha par la Conduite d'eau.
          On allait par ces chemins, dîner sur l'herbe et passer de belles heures en plein air. Les promeneurs s'arrêtaient parfois sur le bord du chemin, mais le plus souvent le but de leur randonnée était ce petit bois d'eucalyptus, où les arbres sont si pressés les uns contre les autres, que jamais le moindre rayon de soleil n'a pu parvenir jusqu'au sol.
          Un ruisseau contournait le bois en se cachant derrière d'épais et hauts buissons de ronces qui ne sont plus, et son eau limpide ajoutait à la fraîcheur du sous-bois.
          Que de beaux dimanches se sont écoulés sous ces frais ombrages.
          Juste en face de ce bois, se trouve l'Orphelinat Sainte-Monique, installé en cet endroit depuis 1853.

           Cette institution charitable a donc plus d'un siècle d'existence.
          Au début, ce ne fut qu'une petite ferme dont l'importance grandit d'année en année, et qui est devenue avec ses vingt-sept hectares de terre qui l'entourent, une grande exploitation agricole et surtout maraîchère, en même temps qu'un établissement charitable de premier ordre.
          Les produits, les légumes ; les fruits et les laitages provenant de l'exploitation, étaient, autrefois, vendus à l'ancien marché aux légumes, par les bonnes soeurs elles-mêmes. Leur production suffisait à peine à la clientèle qui se pressait à leur stand pour une double raison : d'abord, parce que c'était une façon de contribuer à l'oeuvre humanitaire et charitable, assumée par les bonnes soeurs, ensuite, parce que les produits qu'elles mettaient en vente étaient les plus soignés et les plus beaux des halles.
          Quelques années après la création de la ferme, vers 1870, une petite Eglise fut édifiée, dans les champs, près des grands bâtiments dans lesquels étaient le réfectoire, le dortoir et les classes servant aux jeunes pensionnaires de l'Institution.
          Son clocher que l'on voit de loin, à travers la campagne riante et claire, met une note de sereine religiosité dans la naturelle grandeur du paysage champêtre, rendu plus émouvant par la présence de vestiges d'un ancien aqueduc romain qui amenait les eaux du massif de l'Edough aux citernes d'Hippone.
          Tout incite au recueillement, au rappel d'un noble passé et à l'envol de l'âme vers l'infini.
          Puis la route de l'Orphelinat, qui n'est que la partie extrême du Chemin de Ceinture, rejoint la grand-route nationale qui va de la frontière tunisienne à la frontière marocaine que l'on appelle plus simplement, à Bône, la route de Philippeville.
          Mais les promeneurs ne rentraient presque jamais en ville par ce côté-là, ils préféraient revenir par les mêmes chemins de l'Orphelinat, du Ruisseau d'Or ou des Lauriers-Roses, sous la voûte ombreuse que formaient des frênes magnifiques, les seuls qui ont été respectés par la hache et la scie des bâtisseurs de Cités nouvelles et de lotissements avantageux.

           C'est à l'Orphelinat, dans ce site paisible, qui faisait goûter le vrai bonheur de vivre, que les politiciens et les agités en mal de réclame, allaient sur le Pré, en manches de chemise molle et l'épée à la main.
          La nature souriante n'incitait certainement pas à la cruauté, car aucun duel ne fut jamais mortel, ni même grave, sauf celui qui mit face à face, Gabriel Abbo, plus tard Député d'Alger, et le journaliste Albert Chaspoul, mort Procureur général, quelque vingt ans après.
          Il est vrai que ce duel n'avait pas été comme tous les autres, un duel à l'épée.
          Gabriel Abbo avait une réputation bien établie d'épéiste consommé. Champion d'Algérie, ayant triomphé dans les tournois auxquels il avait participé, il était particulièrement redoutable à ce point de vue.
          Aussi, Albert Chaspoul, qui n'avait pas voulut être battu d'avance, avait-il choisi, étant l'offensé, le pistolet comme arme de combat.
          Gabriel Abbo reçut la balle de son adversaire exactement dans l'aine, à droite, et ce fut un miracle si elle ne provoqua pas de complications dangereuses.
          Un autre duel, à l'épée celui-là, mit aux prises, toujours dans les parages de l'Orphelinat, le même journaliste, Albert Chaspoul, avec le Commandant C...
          Le spectacle offert par ces deux bretteurs endiablés, était vraiment curieux à voir, s'il n'était pas presque comique. Le Commandant C... avait près de 1 m. 90 de taille, tandis que son antagoniste arrivait à peine à dépasser 1 m. 60.
          Ce qui constituait pour celui-ci un handicap sérieux, le combat, ainsi qu'on vient de le voir, devait avoir lieu à l'épée.
          Et bien, qui l'eut cru ?
          Ce fut le petit Chaspoul qui sortit vainqueur de l'épreuve en piquant le grand, l'immense Commandant, juste sur le bout du nez ; " aux avancés ", comme on dit en la matière, car le nez du Commandant était particulièrement proéminent.

           Bien d'autres duels, des déjeuners à la fourchette sur l'herbe de l'Orphelinat, comme on disait alors, se déroulèrent dans ces lieux d'où émanait, cependant, la plus réelle impression de paix, tandis que le clocher de la petite Eglise champêtre semblait élever sa croix vers le ciel comme pour implorer Dieu et lui demander de pardonner à ces insensés, leurs offenses et leurs folies.
          Les duellistes, comme les promeneurs, ne vont plus du côté de l'Orphelinat, mais ce n'est point parce qu'ils sont attirés vers d'autres près... La mode du duel est passée. On est moins chatouilleux sur le point d'honneur et les victoires électorales ne s'enlèvent plus à la pointe d'une épée, en champ clos.
          C'est sur la place publique, l'invective à la bouche, et le portefeuille à la main, que s'affrontent maintenant les adversaires.
          C'était tout de même mieux autrefois...

           Le Ruisseau d'Or... Le Chemin des Lauriers-Roses. Quels noms étincelants, propres à faire surgir le plus agréable mirage, capables, d'évoquer le charme et la douceur d'un nouvel Eden.
          Rose et Or... Belle et riche couleurs de Redoute, d'une redoute champêtre et bucolique où la Fantaisie et le Rêve seraient maîtres de jeux : les jeux et les Ris.
          Car c'est bien la Fantaisie et le Rêve qui ont inspiré aux premiers habitants de ce pays, ces appellations poétiques que rien, peut-être, ne justifiait, alors, du moins matériellement.
          Il n'y avait, là, en effet, qu'un modeste ruisseau traversant une région autrefois prospère, mais atrocement mutilée à l'arrivée des Français, et un étroit sentier venant de la montagne.
          Le Ruisseau avait-il subi le peu glorieux parrainage de ces lents solipèdes qui fréquentaient le sentier et qu'on nomme communément ici " bourricots ", parmi les Européens, et " Deb " chez les indigènes ?
          Roulait-il, comme certains ont pu le croire, des paillettes d'or qui donnaient à ses eaux des reflets de ce riche métal ? Etait-ce un nouveau pactole ? Non, le Roi Midas n'était pas venu jusque là pour s'y baigner, et cependant " Deb ou Deheb " signifie paillettes d'or en Arabe.
          L'or qu'avaient surtout vu les premiers habitants dans ces eaux qui roulaient vers le Boudjimah, c'étaient les riches alluvions arrachées aux flancs de l'Edough que ce ruisseau déposait lentement sur ses rives, c'était l'eau abondante et fertilisante qu'il répandait sur son parcours à travers les terres.
          De tout temps, autrefois, la petite plaine qu'il fécondait avait été couverte de riches jardins qui fournissaient leurs produits aux habitants de la Ville.
          Ben Aïssa, dans sa rage d'impuissance, les avait détruits de fond en comble avant de lever le siège qu'il soutenait depuis deux ans et les Français n'avaient plus trouvé là que marécages et ruines qui favorisaient les épidémies.
          Le Général d'Uzer et ses contemporains avaient dû mettre toutes leurs espérances, pour la reconstitution de ces vergers et de ces jardins, dans ce petit cours d'eau dont l'aide dut leur paraître des plus précieuses.
          Est-ce pour cela, pour la fortune qu'il leur permettait d'entrevoir, qu'ils ont choisi de traduire " l'Oued-Deb " par " Ruisseau d'Or " ?
          C'est très possible.

           Et puis, tout incitait à préférer ce nouveau nom, la terre argileuse du fond du lit et de ses rives qui donnaient aux eaux des reflets dorés, les rayons du soleil qui ajoutaient encore leur or à ces reflets.
          Aujourd'hui même, les genêts poussés sur ses bords, se mirent dans les eaux et leur donnent une teinte encore plus jaune.
          Les Lauriers-Roses existaient, certes, et l'imagination de nos anciens n'a pas dû être soumise à une trop rude épreuve pour les faire servir à la désignation du chemin qui a pris la place du sentier qui allait du pied de la montagne à la ville.
          Ils y sont encore, ces jolis arbustes qui se pressent en touffes fleuries sur les bords du ruisseau lorsqu'il se forme au bas de la montagne et qui l'accompagnaient jusqu'à sa rencontre avec la route de l'Orphelinat.
          Mais ne fallait-il pas vraiment avoir un esprit paré de poésie pure pour donner le nom de ces jolies fleurs roses à l'étroit sentier qu'avaient toujours suivi des bourricots ?
          Et de la poésie en face de ce pays atrocement dévasté... De quelle force d'âme cela ne témoignait-il pas ?

           Le Ruisseau d'Or... Les Lauriers-Roses... Promenades longtemps aimées des Bônois d'autrefois, aujourd'hui bien délaissées.
          Qu'ils étaient beaux les dimanches d'antan, lorsque sur la berge du Ruisseau, des nappes blanches étalées sur l'herbe, rassemblaient autour d'elles des familles heureuses faisant la dînette à l'ombre des grands frênes, tandis que sur la route passaient des promeneurs en voiture ou à pied.
          Ceux qui, d'aventure, aujourd'hui, dans leurs autos rapides, passent sur ce chemin presque triste dont ils ne troublent que le silence et la solitude, savent-ils que jadis, ces lieux constituaient la promenade préférée des Bônois ?
          Voient-ils seulement le Ruisseau d'Or couler lentement et paisiblement entre des rives chargées de buissons et de verdure ?
          Comprennent-ils la poésie et la beauté du site qui avaient inspiré les premiers occupants de la région malgré qu'elle fut alors cruellement saccagée ?
          Le Ruisseau d'Or n'a pas changé, il est seulement plus silencieux, plus calme, plus solitaire et moins gai...
          Le Chemin des Lauriers-Roses, au contraire, a perdu tout son caractère agreste. Il n'est plus aujourd'hui qu'une artère de la Ville dans la périphérie de laquelle il a été intégré.

           L'Usine à gaz qui était autrefois dans la rue Salvator Coll, avait été transférée sur le Chemin des Lauriers-Roses à la suite de l'explosion, en 1892 d'un énorme réservoir plein de gaz qui avait mis la Ville à deux doigts du plus grave danger ; la catastrophe avait été évitée de justesse grâce au courage du contremaître de l'usine. M. Zamith, qui parvint à isoler à temps, au péril de sa vie, toutes les canalisations urbaines.
          Il avait été décidé, dès lors, qu'elle devrait désormais se trouver hors de la Ville, loin de toute agglomération.
          Mais la Ville eut tôt fait de rejoindre l'Usine à gaz qui se trouve, aujourd'hui, entourée de bien plus de population qu'elle n'en avait autour d'elle lorsqu'elle était en Ville.
          Les Lauriers-Roses sont encore au bout du chemin dans le lointain, tout au pied de la montagne, mais on ne les voit plus de ce chemin qui porte cependant encore leur nom et qui ne passe même plus entre des prés fleuris.
          Sur le Ruisseau d'Or qui coule lentement dans ce paysage de soleil, de ciel bleu, de verdure et de silence, de ce silence qui est d'or lui aussi, un pont de pierre est jeté qui relie la route à une ferme éclatante de blancheur sous la lumière crue d'un soleil toujours présent et toujours ardent.
          C'est la ferme d'Uzer. La ferme du " Salut ".

           Le Général d'Uzer fut le premier Commandant de la Subdivision de Bône de 1832 à 1836, et le premier colon français aussi de la plaine de Bône, puisqu'à sa retraite, un an plus tard, il revint se fixer dans le Pays et exploiter lui-même sa ferme dans laquelle il mourut en 1849.
          En prenant son commandement, en mai 1832, le Général d'Uzer avait adressé à la population et à tous ceux qui étaient placés sous ses ordres, une proclamation se terminant par ces lignes :
" Notre mission est toute honorable, nous apportons aux Africains de Bône la civilisation. Faisons-la leur apprécier en respectant leurs propriétés, leurs usages, leurs moeurs et leur religion ".
" Ne nous contentons pas de leur prouver que nous sommes les plus forts, soyons encore toujours justes.
" Par ces moyens réunis, ils respecteront et aimeront le nom Français ".

          En arrivant à Bône, le Général d'Uzer était déjà un vétéran de l'Armée d'Afrique. Il avait, en effet, dès 1830, participé à l'expédition d'Alger.
          Sa mission était bien plus de commander un Corps expéditionnaire contre les tribus turbulentes et rebelles de la Région que de prendre la tête de la Subdivision de Bône.
          Il remplit cependant cette double charge d'une façon remarquable et sa principale préoccupation fut de rétablir la vie normale dans la Cité.
          En peu de temps, les marécages qui s'étendaient entre la plaine de l'Orphelinat et la Boudjimah disparurent et des jardins recouvraient rapidement les alentours de la ville.
          L'Oued-Deb du temps de l'Aneba musulmane devint le Ruisseau d'Or, et le Général d'Uzer, issu d'une race de paysans de France, paya lui-même de sa personne et de ses deniers en participant à la reconstitution agricole de la région.
          Il acquit, en effet, de grandes étendues de terre allant du Ruisseau d'Or jusqu'aux parages de Duzerville, terres qu'il mit immédiatement en valeur en utilisant la main-d'oeuvre des militaires installés dans les postes avancés du Pont d'Hippone et de la " Maison crénelée " pour veiller à la sécurité des abords de la Ville.
" Les soldats, disait-il, dans un rapport au Commandant en Chef du Corps expéditionnaire, préfèrent le travail à l'oisiveté et au désoeuvrement du corps de garde.
" C'est par goût qu'ils facilitent la culture des terres en s'y dévouant et en restant même, plus tard, dans la Province où ils se plaisent, s'ils y trouvaient à s'occuper pourvu que la colonisation soit protégée".

          Ce plaidoyer, quelque peu " pro domo ", sans doute, a peut-être inspiré au Général Bugeaud venu en Alger, dix ans plus tard, comme Gouverneur Général, sa fameuse formule de colonisation : " Ense et Aratro " (Par l'épée et par la charrue) qui l'a rendu aussi célèbre en Algérie que l'histoire de sa casquette.

           Mais le Maréchal Clauzel, qui gouvernait alors, ne semble pas avoir trouvé à son goût les explications du Commandant de la Subdivision de Bône. Il demanda et obtint le rappel dans la Métropole du Général d'Uzer.
          Rentré en France, en 1836, il n'y demeura que très peu de temps, juste assez pour faire valoir ses droits à la retraite. Il revint presque aussitôt à Bône, comme simple citoyen, et, nouveau Cincinnatus, il se mit à la charrue et exploita lui-même ses immenses propriétés.
          Le Général d'Uzer devenu colon, continua de s'intéresser au développement et à la prospérité de la région qu'il avait pacifiée et administrée pendant quatre années.
          Ce fut sans doute sur ses initiatives et ses interventions qu'en 1846, le Général Bugeaud ouvrit un crédit de trente mille francs " pour la construction d'un village au Ruisseau d'Or ", c'est-à-dire au centre même des propriétés du Général d'Uzer.
          Ce village, disait le journal " La Seybouse " en annonçant l'ouverture de ce crédit, devait " porter le nom de Fabert " et être composé de soixante familles.
          Mais cette création ne fut qu'un projet, et le nom du glorieux Maréchal Lorrain, à qui Metz, sa ville natale venait justement alors d'élever une statue due au ciseau du sculpteur Etex, ne fut jamais honoré que sur le papier du décret gubernatorial.
          C'est au Général d'Uzer cependant que doit revenir le mérite de la fondation de cet important centre agricole qui porte aujourd'hui son nom " Duzerville ", et qui n'était en son temps qu'une vague bourgade indigène à l'appellation non définie, puisqu'on la nommait aussi bien " Bouzaroura " que " Ghamoussaïa ".
          Mettant en pratique les théories qu'il avait exposées alors qu'il commandait la Subdivision, il réussit à grouper autour de cette agglomération indigène où la presque totalité des terres lui appartenait, des militaires, des douaniers et des petits fonctionnaires parvenus au terme de leur service.
          Il en avait fait des colons en leur vendant des parcelles de ses immenses propriétés à des prix modiques accompagnés de très grandes facilités de règlement. C'est ainsi qu'il retint sur la terre africaine les premiers éléments français de la population agricole de la région bônoise dont les descendants sont encore attachés à la terre bônoise.
          Le général d'Uzer mourut en 1849, dans sa ferme du Ruisseau d'Or, nouveau nom de l'Oued-Deb, où il avait pendant douze ans mené la vie dure de colon.
          Quelle que soit la nature des griefs qui avaient été élevés contre son administration et ses procédés, qu'ils aient été fondés ou non, son retour sur la terre algérienne, après sa retraite, doit être retenu comme un acte de Foi dans l'avenir de ce Pays, un exemple, et, surtout, un encouragement pour les Français à demeurer sur ce sol qui, alors, pouvait leur paraître ingrat et peu digne de leur sacrifice.
          Le Général d'Uzer, si on peut dire qu'il avait eu le souci de son intérêt personnel, n'en a pas moins, grandement, servi l'intérêt supérieur de la France et de la Colonisation.


NOSTAGIE
Envoyé par M. Christian Migliasso

Vous pouvez me montrer
Des volcans, des océans,
Des coutumes, des accents,
Des senteurs, des odeurs,
Des épices et des couleurs,
Des marchés des criées,
Des églises et des mosquées,
Des marinas, des médinas,
Mais moi, ce que je veux, c'est

Ma place d'armes
Mon cours Bertagna
Ma plage Tôche

Mes quartiers
L'Orangerie
La Colonne
Joannonville

Tous mes sens en éveil,
J'ai rien vu de pareil
40 Ans ont passé
mais rien ne t'a chassé
je t'aimerai toujours

Bône, mon grand Amour.

C. MIGLIASSO

IL Y A PLUS DE 50 ANS,
COHEN – TOWEEL
Par M. Sebastien Boniface, le 05 Septembre 2005
Avec l'aimable autorisation de M. Christian Chataignier du site http://www.netboxe.com/

      En boxe, tout comme en musique, l’adage de Miles Davis selon lequel "il n’existe pas mille sorte de moments mais seulement deux : les grands et les autres" est une vérité. Chaque mois, Sebastien Boniface revisite un des combats qui par son intensité dramatique a marqué les esprits au delà des générations, un des combats qui ont fait l'histoire de la boxe...

      Le 3 septembre 1955, dans l’antre de la fabuleuse équipe de rugby du Transvaal : le Rand Stadium de Johannesburg, le français Robert Cohen défend sa ceinture mondiale des Coqs pour la première fois face au local, Willie Toweel.

      Cohen, "la fulgurance"
      Né en novembre 1930 dans le quartier du port de Bône (aujourd’hui Annaba) en Algérie, Robert Cohen découvre la boxe en février 1948 lors d'assauts amateurs organisés dans sa ville. Après s’être essayé aux métiers de plombier, de forgeron ou de menuisier, l’adolescent de confession juive, adepte des bagarres de rue juvéniles, ne rêve plus que de mettre les gants.
      Malgré l'interdiction de son père qui n’affectionne pas ce sport, Robert se rend assidûment à la salle dirigée par Roger Léon. Son tempérament de "battant" lui permet de remporter le championnat amateur d’Algérie en 1949 puis se hisser en demi-finale du Tournoi d’Afrique du nord. A 21 ans, Cohen atteint la finale du championnat de France. Ce soir là, battu, sa fougue séduit pourtant Gaston- Charles Raymond. Celui-ci, ex-aventurier des rings américains, où dans les années 30 il livra, des poids mouches aux plumes; 163 combats (132 victoires pour 23 défaites), manager associé à l’Avia Club des frères Méquillet, le convainc de passer professionnel sur Paris.

      Accompagné de son frère aîné Léon, Robert Cohen débarque dans la Capitale en juin 1951. C’est le début d’une fulgurante ascension ! En six mois, il remporte 8 de ses 9 premiers combats pros. Puis 14 nouveaux l’année suivante au cours de laquelle il lave son seul affront devant Robert Meunier. Rien ne semble résister à ce prodige qui surclasse ensuite le "vieux gitan", Théo Médina, ex-champion d’Europe. En novembre 1953, dans la salle Wagram, le jeune espoir dispose de Maurice Sandeyron aux points et décroche ainsi son premier titre : celui de champion de France des Coqs. Quatre mois plus tard à Belfast, Cohen punit le tenant européen, John Kelly, en huit minutes.

      Après trois autres succès (notamment à Tunis devant le transalpin Mario D’Agata), le retrait du roi incontesté des coqs, l’australien Jimmy Carruthers, lui offre une chance de disputer le titre mondial vacant. Le 19 septembre 1954 à Bangkok, devant 60.000 personnes, à l'issue de 15 rounds violents face au thaïlandais Charern Songkitrat, le français est sacré. Quel aboutissement pour le môme du coiffeur juif du port de Bône ! Une consécration "royale" puisque entérinée par un juge de prestige, Nat Fleischer, le fondateur et rédacteur en chef du magasine américian, The Ring.

      Si prés du drame
      La remise un mois plus tard à N.Y. de la ceinture «The Ring Prize» marque l'ultime étape de sa reconnaissance comme "boss" des Coqs. Pourtant, alors qu’il n’existe que deux fédérations : la NBA et la Commission de N.Y (plus une troisième de moindre importance : L’IBU). La première citée impose à Cohen d’affronter dans les deux mois son challenger officiel, l’invaincu mexicain Raul Macias. Mécontent, son manager parisien refuse cette injonction et annonce son intention d'organiser une première défense en Afrique du Sud. Devant ce fait, la NBA tranche et destitue le français.

      Alors que Macias s’empare de cette portion du titre devant Songkitrat en mars 1955, Cohen toujours reconnu par la commission N.Y. et l’IBU, frôle l’irréversible à quelques jours de son départ vers Johannesburg. Sur la route du retour vers son camp dans la forêt de Rambouillet, après avoir présidé une réunion à St Germain en Laye, il est victime d’un terrible accident de voiture. Hospitalité à Suresnes, souffrant de fractures à la mâchoire, de plaies au visage, et de multiples contusions, le champion est immobilisé durant de longues semaines. Incapable de remplir ses engagements, Robert Cohen craint une nouvelle destitution… Pourtant sagement, les deux organisations lui accordent un sursis et accepte un report au 3 septembre pour affronter l’invaincu sud-africain, Willie Toweel.

      Un air de famille
      Né en avril 1934, à Benoni, Willie Toweel est le 5ème fils de la plus légendaire lignée familiale de pugilistes. La passion du père, Mike, bon poids plumes dans les années 30, le poussa à enseigner le noble art à ses 6 garçons. Si l’aîné, Maurice estropié à la suite d'un accident, dut se reconvertir en promoteur, le cadet, Jimmy, remporta le titre national des légers en 1949. Vic-Anthony détint ensuite le titre mondial des coqs de mai 1950 jusqu’en novembre 1952 (date à laquelle il le céda à Jimmy Carruthers). Allan (l’intellectuel), un virtuose des légers, disputa une quinzaine de combats (tous victorieux) avant de préférer endosser l’habit d’entraîneur. Enfin, le bouillant rejeton, Fraser, échouera à quatre reprises dans d’incroyables batailles pour le titre sud africain des welters devant Wil Ludick (futur champion du monde et vainqueur de Jean Josselin).

      En quête de reconquête du titre perdu trois ans auparavant par son frère, invaincu en 20 combats (14 remportés par KO), Willie (champion national des coqs et des plumes) porte tous les espoirs d’un "clan hors norme" ... A quelques heures du choc, c'est la panique. Robert souffre d’une effroyable crise de furoncles à la joue gauche. Aliter toute la vielle du combat, il sait qu'il ne peut reculer ce rendez-vous, sous peine d’être définitivement déchu ... Pour la pesée, Charles Gaston maquille les énormes plaies avec du talque. Le secret (la faiblesse) ne doit pas apparaître ! Pourtant, si dans les vestiaires, Robert Diamant tente de détendre l’atmosphère, l’inquiétude pèse lourdement. Comment Robert peut-il combattre avec de tels abcès ? Affaibli, il doit chercher le KO au plus vite, car tous les coups reçus sur son visage lui feront vivre un martyr ! En outre, l’arbitre Wilfred Zimmerman Lubbe (qui officie aussi bien sur les rings que sur les terrains de football de première division !) et les autres juges sont tous… sud africains (!!!).

      Souffrance, ténacité et exploit
      Devant plus de 30.000 spectateurs, presque tous blancs, puisque seule une petite enceinte spécifique est réservée aux personnes de couleur, Robert Cohen plus petit (1 m 58 contre 1 m 71) entame l’affrontement "tambour battant". Il avance, brise la distance, se désaxe et cherche le coup dur. Lors du second round, sur un enchaînement conclu par une lourde droite, Toweel titube… Adossé aux cordes, ce dernier ne doit son salut qu’à l’arbitre qui le réprimande au lieu de le compter. Qu’importe, Cohen est intenable ! Sur une nouvelle combinaison, le challenger est expédié au sol. Vexé, le springboks se relève immédiatement. A nouveau gêné par les remontrances de Lubbe, Cohen n’arrive pas à conclure malgré un second Knock-down. Sauvé par le gong, Toweel rentre dans son coin, à la dérive. Tout semble plié… Mais, comme si le sort s’acharnait encore sur le tricolore, dès les premiers instants du round suivant, son pouce droit se fracture.

      Incapable de donner ses vives droites à toute puissance, Cohen énervé par les incessants accrochages de son adversaire qui pourrissent l'affrontement, perçoit qu'il est engagé vers un combat plus long qu'espéré. A la mi combat, porté par son public, le sud africain renverse la tendance... Malmené dans les 9ème, 10ème et 12ème rounds, Cohen recule à présent. Quelle bataille ! Quel calvaire, et quelle ténacité dont fait preuve le français qui ne veut rien céder ! Si certains ont lâché leurs titres sans même les défendre ; la main brisée, la joue et le nez en sang, Cohen dur au mal, n’abdique pas. Au plus profond de ses tripes, il livre une lutte dantesque et touche le sud africain par de puissantes gauches dans les trois dernières reprises acharnées…

      Fin du 15ème : les deux hommes sont exténués. La décision sera serrée… Dans les bras de son père, Willie Toweel reçoit les compliments des siens. Le premier juge lui donne sa préférence. La foule exulte ! Mais, les deux autres optent pour le nul. Le français réussit l’exploit de ramener sa couronne mondiale en France. Mais de ce long et douloureux voyage, Cohen rapporte un plus précieux trésor encore... Zita, l’amour de sa vie rencontré sur les plages de Durban, fille d’un riche industriel du Congo Belge (Zaïre) qu'il épouse dès son retour.

      L'Etoile Filante
      Trois mois plus tard, alors qu’il n’a pas totalement récupéré de ce dur affrontement, Cohen défiera au Vel-d’hiv le champion de France des plumes (futur d’Europe), le merveilleux Cherif Hamia. Battu en puissance par le marocain, le champion du monde des coqs sera envoyé au tapis au 2ème puis 7ème round avant d’être arrêté sur blessure au 10ème round. A 26 ans, écoeuré par les manipulations crapuleuses de certains membres de son entourage, sous la pression de Zita qui souhaite tant qu’il cesse de se battre, il cèdera à sa sortie suivante, en juin 1956 au stade Olypique de Rome, devant 35.000 personnes, son titre mondial à son ancienne victime, le sourd-muet Mario D’agata. Annonçant contre toute attente son retrait définitif des rings, en pleine force de l’âge, Robert Cohen se consacrera à la gestion des entreprises de son beau père, avant que ses vieux démons ne le poussent à un combat de retour, puis à ouvrir une salle dans les quartiers d’Elisabethville avant d'endosser la responsabilité technique de l’équipe amatrice du Zaïre. Willie Toweel (qui n'aura jamais plus de chance mondiale) deviendra une immense référence en tant qu'entraîneur...

      Installé aujourd'hui à Bruxelles ; mal connu des jeunes générations ; par sa classe, son courage et son exemplaire carrière "éclair" (qui ne dura que 5 années durant lesquelles, loin d'être un boxeur protégé, il disputa tous ses titres à l'étranger !) Robert Cohen laissera à jamais l’image d’un champion surdoué, intègre et généreux. Un homme passionné et passionnant.



BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 15

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Deuxième Partie
         BÔNE FRANÇAISE

CHAPITRE XV
Bône en 1832
Commandement du général d'Uzer
        
15 Juillet 1832 - 2 Mars 1836


        Nous avons laissé la Béarnaise au moment où elle quittait la rade de Bône. Avant de reprendre la suite des événements dont la contrée fut le théâtre, jetons un coup d'oeil sur la Bône de 1832 et voyons comment les occupants avaient disposé du peu de ressources que la ville offrait.
        Je ne ferai pas la description détaillée de la cité ; cela fera l'objet d'un chapitre spécial.
        Les rues étroites et tortueuses étaient bordées de maisons en ruines, dans lesquelles les rongeurs et les reptiles vivaient en paix et en maîtres.
        La ville, fort sale, était encombrée de viande corrompue, de rats morts, d'immondices sans nom ; les égouts étaient bouchés ; les latrines communes n'existaient pas ; sur la face sud de la ville s'étendait une immense plaine marécageuse entretenue par les apports de la Boudjima et de l'Oued Deb.
        C'était là que se trouvaient, en 1831, les jardins saccagés par Ben Aïssa.
        Les murs d'enceinte, aussi bien ceux de la Casbah que ceux de la ville, surtout ces derniers, avaient besoin de réparations. Les terrasses effondrées rendaient les citernes inutiles. Des dix-sept fontaines de la ville, une seule existait encore. La conduite de l'Edough était détruite en partie. On en était réduit, ou à risquer des coups de fusil en allant chercher de l'eau dehors, ou à boire le mélange innommable qui se trouvait au fond des puits et citernes, non alimentés depuis longtemps.
        Le génie se mit immédiatement à l'oeuvre. On réfectionna les murs et on démolit les masures, y attenant pour créer un chemin de ronde intérieur.
        La sécurité assurée, on songea à l'installation des troupes. La création d'un hôpital était urgente, car, en dehors des blessés, les malades étaient forts nombreux, étant données les brusques transitions que supportaient des hommes habitués à une bonne nourriture et à la quiétude des garnisons de France et transportés tout à coup dans une ville malsaine, sans parler des fatigues imposées par le travail, le climat et la nourriture rationnée.
        On choisi la mosquée de Sidi Mérouan. Le choix était heureux. Placée en haut de la ville dans un quartier aéré, face à la mer, construite sur un roc sain et non imprégné des miasmes délétères, possédant de grandes salles, la mosquée était le seul bâtiment qui, dans Bône, réunit les conditions demandées ; malheureusement l'affluence des malades devint telle que les salles qui pouvaient contenir 106 lits, devinrent trop petites ; on dût y annexer sept maisons voisines qui furent aménagées pour le mieux.
        Les casernes étaient plus difficiles encore à organiser, aucun bâtiment ne pouvait servir car les soldats turcs vivaient en famille, si l'on excepte les trois petites casernes qui étaient plutôt des corps de garde. Seule, l'écurie de la cavalerie pouvait, à la rigueur, offrir quelque avantage, mais elle était en plein air et en dehors des remparts, dans la plaine marécageuse. On groupa quelques maisons on créa des îlots par corps et on v parqua des troupes.
        Mais écoutons le rapport d'un témoin oculaire :

        " Des chambres au rez-de-chaussée, dit le docteur Hutin, médecin à l'hôpital militaire de Bône, sombres, étroites, humides, sans un seul plancher, beaucoup même sans toiture capable de mettre à l'abri de la pluie, où vivent des milliers de rats, de lézards, et d'autres animaux qui, par leur bruit empêchent le soldat de se livrer au sommeil ; tel est l'état du casernement. Dans chaque maison, il v a un puits et une citerne, mais ils sont généralement malpropres, et par conséquent l'eau en est peu salubre ".
        Du reste, il n'y a qu'à parcourir, encore de nos jours, les quartiers des Numides ou Louis-Philippe et l'on pourra se faire une idée de ce qu'il en était et encore ne faut-il pas oublier que les rues ont été redressées et pavées en pierres, les maisons refaites et malgré cela, le coeur se soulève bien souvent.
        Les magasins d'administration pour l'armée étaient installés près de la porte de la Marine; mais ils se vidèrent rapidement, les approvisionnements du corps expéditionnaire avaient été calculés en se basant sur les ressources du pays. Or, les Arabes, méfiants, s'approchaient rarement des murailles et, sans les razzias d'Yusuf, on eut été souvent embarrassé.
        Le général s'efforça, par sa bonté et sa bienveillance, d'attirer à lui quelques-unes des tribus voisines. Les Beni Urgine, campés entre la Mafrag et la Seybouse et alliés des Beni Yacoub, vinrent faire leur soumission, mais ils payèrent cher leur trahison envers leurs alliés. Ben Yacoub, fondit sur eux un matin, à la pointe du jour, et leur enleva 300 boeufs et 10.000 moutons après avoir saccagé les tentes. Les cavaliers des Beni Urgine vinrent se réfugier sous les murs de Bône. Le général, ne pouvant laisser impuni l'outrage fait à ses vassaux, ordonna une sortie.
        Le bataillon turc allait de nouveau se distinguer.
        Ouvrons une parenthèse. Ce bataillon était, sur le désir d'Yusuf, devenu une troupe mixte composée de 120 fantassins et de 80 cavaliers.
        Au mois d'avril, en 1832, le duc de Rovigo prit un arrêté prescrivant, avec les Turcs et les otages, la formation de deux escadrons de spahis irréguliers (1).
        Le 16 juin 1832, avait paru une décision ministérielle, ratifiant l'arrêté d'avril 1832 et autorisant la création à Bône des deux escadrons de spahis. Ces spahis devaient être pris parmi les Turcs et les cavaliers d'élite de la province ; ils étaient encadrés par des officiers et des volontaires français. Le bataillon reçut la même organisation et la nouvelle troupe fut mise sous les ordres de Yusuf.
        La première affaire de ce bataillon faillit lui être fatale.
        Le 27 juillet, il fut pris dans un incendie de hautes herbes et ne put se sauver qu'en passant la Seybouse sur les chevaux dont Yusuf put disposer.
        Le général lança à la poursuite de Ben Yacoub le colonel Perrégaux avec 1.200 fantassins et 4 obusiers. Le résultat de cette sortie fut nul. L'ennemi s'était évanoui pour reparaître peu après dans la plaine avec les Beni Hadja, les Radjetta et les Dreïds, au nombre de 1.500. Yusuf sortit avec 400 cavaliers soutenus par les 300 chasseurs du colonel Perrégaux (7ème et 8ème escadrons du 1er chasseurs d'Afrique) et leur infligea, dans la plaine de Duzerville une sanglante leçon.

        La guerre de masse cessa momentanément ; mais à chaque instant, des groupes isolés de maraudeurs sortaient de chez les Ouled Attia et venaient ramasser tout ce qu'ils trouvaient : bêtes ou argent...
        Cet état de choses dura pendant plusieurs mois et ne cessa que quand l'instigateur de tous ces troubles, le Cheick Ben Yacoub, fut parti dans le Sud. Il y séjourna quelque temps, travaillant les tribus de façon à se faire des partisans. Aussitôt qu'il eut disparu, la tranquillité régna sur le pays, ce qui tendrait à prouver que les tribus ne demandaient qu'à jouir d'une paix dont elles comprenaient les bienfaits.
        Le 14 août, un nouvel ou plutôt un ancien ennemi réapparut. Ben Aïssa arriva avec 500 cavaliers et attaqua la porte Damrémont ; les Turcs les repoussèrent et les rejetèrent sur le général d'Uzer qui était sorti aux coups de fusil. Les Arabes se retirèrent en brûlant les herbes derrière eux, ce qui empêcha la poursuite.
        Puis, Ben Yacoub reparut de nouveau et vint camper à El-Hadjar, à quatre kilomètres Nord-ouest de Duzerville.
        Le 27 août, Yusuf et le capitaine de Villiers, officier d'ordonnance du général, sortirent de Bône, à huit heures du soir, avec la cavalerie, 1 compagnie d'élite et 2 obusiers. Mais lus espions avaient prévenu du mouvement et à quatre heures du matin, nous trouvâmes les Dreïds sur leurs gardes.
        Malgré tout, le douar fut enlevé, mais le général fit rendre les troupeaux. Cette générosité fut peu comprise des Dreïds qui attaquèrent la colonne à son retour. Heureusement, le 55ème arrivait avec une compagnie du génie et 4 obusiers.
        Le douar fut repris et rendu une seconde fois.

        Les Arabes se retirèrent dans le Sud, mais sans faire leur soumission.
        Le 8 septembre, Ibrahim Bey fit une nouvelle et dernière apparition. Après la prise de la Casbah il s'était retiré à Bizerte ; il était venu dans les environs de Bône, au mois de mai ; deux Turcs avaient déserté pour suivre sa fortune ; mais sans faire d'autre démonstration, il s'était retiré dans les montagnes de Stora, après avoir simulé une réconciliation avec Ahmed pour s'attirer des partisans. II put ainsi se présenter sous les murs de Bône avec 1.500 cavaliers et fantassins, venus des montagnes de l'Edough.
        La journée était très chaude, le général feignit d'être effrayé et de ne pas vouloir exposer ses hommes aux rigueurs du soleil. Après la soupe de neuf heures, le clairon sonna le repos comme d'habitude et rien ne bougea dans la ville.
        Les Arabes, confiants, s'installèrent sur les pentes ouest de la Casbah et se livrèrent aux douceurs de la sieste, sans presque placer de sentinelles.
        A dix heures, une colonne sortit de la porte El Mekaber, passa entre la Casbah et la mer, s'avança jusqu'au fort Gênois puis obliqua à l'Ouest.
        Une deuxième colonne partit un peu plus tard par la porte de Constantine, marcha à l'Ouest puis tourna au Nord.
        Ces deux colonnes, fournies par le 55ème, étaient fortes de 600 hommes.
        A un moment donné, elles se trouvèrent face à face, séparées par le camp d'Ibrahim.
        Les Arabes, surpris, essayèrent de se défendre, mais ils furent taillés en pièces laissant aux mains des Français, les chevaux, les armes et les tentes. Les Turcs qui avaient eu deux hommes blessés, rangèrent triomphalement treize tètes coupées sur la porte de Constantine.

        Ahmed Bey voulut, peu après, concentrer les tribus arabes sur les bords du lac Fetzara, mais l'effet produit avait été tel que personne ne répondit à son appel et les Karézas et les Merdès vinrent faire, au contraire, leur soumission pendant que les Beni Urgine venaient camper sur la Seybouse.
        Le capitaine Yusuf fut cité à l'ordre du jour et les otages furent incorporés dans les escadrons de spahis.
        Après cette affaire, le 55ème était aguerri, le bataillon du 4ème put rentrer à Alger.
        Le général d'Uzer fut obligé de refuser l'envoi d'autres troupes, l'hôpital regorgeait de malades en ce mois de novembre si dur à Bône, avec ses pluies continuelles.
        Toutefois, les froids de l'hiver diminuèrent un peu l'intensité de l'épidémie de vomito-négro.
        Le ramadan fut fêté brillamment par 3.000 Arabes remis en confiance, qui étaient venus camper sous les murs, formant ainsi une première ligne de défense.
        Le général profita de ce masque et des loisirs de l'hiver pour fortifier la seconde ligne que la maladie et les attaques de l'ennemi avaient empêché de continuer.
        Cette ligne fut constituée par des blockhaus envoyés tout faits de France. Ils étaient construits en planches et avaient la forme d'un carré de 6 mètres de côté avec 36 créneaux au rez-de-chaussée et 8 mètres de côté avec 44 créneaux à l'étage supérieur.
        Le premier poste fut construit à trois kilomètres de la ville au pied de l'Edough, dans le vallon de l'hospice Coll pour protéger l'aqueduc, il se composait de deux baraques et un blockhaus établis sur un mamelon à gauche de la route.
        Le deuxième fut établi sur un mamelon, en avant du pont des Karézas qui venait d'être construit au confluent des ruisseaux d'Or et des Lauriers, à quatre kilomètres et demi de la ville.
        Il consistait en un mur d'enceinte en pierres, au milieu duquel se trouvait un blockhaus ; il reçut le nom de blockhaus des Palmiers et était dirigé contre une incursion de la plaine.
        Le troisième était situé sur le mamelon Est d'Hippone, dit Gharb et Atran, de façon à surveiller le défilé de la route de Constantine, le ravin entre les deux mamelons et le bac établi sur la Seybouse, à 650 mètres de l'embouchure.
        Un quatrième, établi au pied de la Casbah, protégeait le lazaret, situé au-dessus de la Grenouillère (mamelon de l'abattoir).
        Une des redoutes du général Danrémont fut restaurée et complétée, c'était celle du 12 août 1830.
        Les fortifications se composaient en dehors de ces blockhaus. de la Casbah, des batteries des Caroubier, des Cazarins, du fort des Santons et d'une batterie en avant de lui, du fort Cigogne, du fort Génois et d'ouvrages élevés en avant du bac de la Seybouse (2).
        - Mais l'épidémie reprit en été ; au milieu de cette saison, sur 5.500 hommes de garnison, plus du tiers était à l'hôpital ; en juillet, le 55ème mettait à peine 500 hommes en ligne sur 2.130 d'effectif.
        Du 1er juin au 30 septembre, 4.097 hommes dont 36 officiers étaient entrés à l'hôpital, 830 y étaient morts.
        Seul, le bataillon turc fut épargné ; aussi fut-il chargé d'assurer le service de la ligne de défense.
        Une commission d'enquête fut envoyée de France ; elle était composée du lieutenant-gènéral Bonnet, du comte d'Haubrésart, pair de France, de quatre députés MM. Laurence, Piscatory, de la Pinsonnière et Regnard, du maréchal de camp Montiford, inspecteur du génie et du capitaine Duval D'Ailly ; elle débarqua le 15 septembre, venant d'Alger et de Blidah. Elle avait pour mission d'étudier six points d'une importance capitale pour l'avenir de la Régence ; La Conquête devait-elle être conservée ?
        Dans ce cas, quel était le système d'occupation à préconiser ? Devait-on se contenter de la soumission des indigènes ? Ou bien se livrer à la colonisation ? Quelle serait la meilleure organisation administrative ? Quel était l'état du pays sous les différents rapports ?
        Après avoir visité Oran en quittant Bône, la commission rentra en France, en décembre 1833. Ses conclusions furent que " honneur et intérêt de la France lui commandaient de conserver ces possessions sur la côte septentrionale d'Afrique ; et qu'en réservant les droits de la France à la souveraineté de toute la Régence d'Alger, il convenait de borner, pour le moment, l'occupation militaire aux villes d'Alger et Bône, protégées par des lignes d'avant-postes... ainsi qu'aux villes d'Oran et de Bougie. "
        Ce fut cette année là (1833) que M. Maillot, médecin major à l'hôpital de Bône, inaugura l'emploi du sulfate de quinine à haute dose. Les résultats furent merveilleux, aussi, une loi du 25 juillet 1888 décréta que " une pension annuelle et viagère de six mille francs (6.000) est accordée à titre de récompense nationale, à M. Maillot, ancien médecin inspecteur, président du conseil de santé aux armées ".
        L'hiver arriva heureusement et l'épidémie diminua d'intensité ; ce fut à cette époque que le 55ème fut relevé et remplacé par deux bataillons du 59ème.

        La garnison de Bône s'était, pendant l'année 1833 accrue d'un corps de troupe nouvellement créé.
        La création du 3ème chasseurs d'Afrique date du 27 novembre 1832.
        Le 1er février 1833, le vicomte d'Uzer, maréchal de camp, fit paraître un ordre annonçant que les 7ème et 8ème escadrons du 1er chasseurs d'Afrique étaient dissous et devaient former le noyau du 3ème régiment.
        Toutefois, il ne voulait pas laisser disparaître le 1er chasseurs sans le remercier de son dévouement.
        " Aimant à se rappeler que pendant qu'une épidémie cruelle les décimait, ceux qu'elle laissait debout, couraient aux armes dans toutes les occasions appelant de leurs voeux de nouveaux dangers, le général tient à leur exprimer toute sa satisfaction ".
        Le 3ème chasseurs fut formé à quatre escadrons administrativement, mais les cadres étaient loin d'être complets il comprenait 17 officiers, 284 sous-officiers et chasseurs, 19 chevaux d'officiers et 63 chevaux de troupe.
        L'état major était composé de M. de Beaufort, chef d'escadron, commandant provisoirement. MM. d'Authier, de Septenville, capitaines-commandants. Pigalle, lieutenant adjudant-major faisant fonctions d'officier d'habillement ; Devaux, adjudant sous-officier faisant fonctions de trésorier.
        Le nouveau corps reçut bientôt le baptême du feu.
        En mars 1833, le bey Ahmed essaya d'une folle tentative ; à sa voix, la tribu des Sen-Hadja se porta en avant et attaqua le parc aux boeufs.
        Le 13, l'escadron auxiliaire turc sortit à leur rencontre, puis le nombre des assaillants allant en s'augmentant, la garnison entière prit les armes.
        Les soixante chasseurs montés se lancèrent sur l'ennemi qu'ils rencontrèrent au col des Karézas.
        Le général d'Uzer fit paraître à la suite de cette affaire un ordre du jour élogieux, (3)
        A la suite de ce combat, le commandant de Beaufort reçut la croix d'officier de la Légion d'honneur, le capitaine de Bellyames et le brigadier Briavoine, celle de chevalier.
        Le capitaine Yusuf fut nommé chef d'escadron pour ordre au 3ème chasseurs d'Afrique, mais conserva le commandement de ses troupes (tirailleurs et spahis) (7 avril 1833).
        Le 18 mars, arriva de France un détachement destiné à renforcer le régiment. Il comprenait 74 sous-officiers et chasseurs et 5 officiers. MM. d'Acher, chef d'escadron ; Morris, capitaine ; Misson, lieutenant officier d'habillement ; Mandoul, sous-lieutenant ; Guyon, sous-aide major.
        Le 9 avril, un second détachement amena 13 sous officiers et chasseurs et M. de Chabannes, lieutenant-colonel, commandant le régiment.
        Le 22 mars et le 15 avril, on acheta 85 chevaux à Tunis.
        Le 20 avril, eut lieu une nouvelle sortie.
        Les Oulad Attia s'étaient signalés à plusieurs reprises par des actes de brigandage commis contre nos alliés. Cette tribu était campée près du lac Fetzara.
        Le général sortit de Bône à minuit, le bataillon turc à l'avant-garde, soutenu par 500 cavaliers, spahis et chasseurs, sous les ordres du colonel baron Perrégaux.
        Le douar fut enlevé à la pointe du jour après deux charges qui coûtèrent à l'ennemi 130 tués, 5 prisonniers. 150 boeufs, 450 moutons et quelques chevaux.
        Au retour, les indigènes attaquèrent la colonne protégée par le commandant de Beaufort avec deux escadrons de 60 sabres au total et le bataillon turc sous les ordres de Yusuf.
        A sept heures du matin, le bataillon réussit à nous débarrasser de l'ennemi par une vive fusillade. Mais on ne pouvait marcher que lentement à cause du bétail de prise.
        Les Oulad Attia revinrent harceler l'arrière-garde, le lieutenant-colonel de Chabannes fit demi-tour et les culbuta. Ils abandonnèrent leurs morts et leurs blessés et quelques-uns des fuyards allèrent même se noyer dans le lac Fetzara.
        Le 22 avril, le général porta, par la voie de l'ordre, ces faits à la connaissance de toute la garnison. (4)
        Au 3ème chasseurs d'Afrique, le capitaine adjudant major Houdaille reçut la croix de chevalier le maréchal des logis Barbier fut nommé sous-lieutenant. Les chasseurs d'Andlau et Tursch, du 2ème escadron, avaient été blessés grièvement ; le premier succomba, l'autre fut amputé.
        Aux Turcs, le capitaine Yusuf (il n'avait pas encore reçu sa commission) fut légèrement blessé au visage.
        Après cette affaire, la garnison fut répartie dans les blockhaus et le pays resta calme jusqu'en septembre.
        Le 11 juin 1833, un ordre du ministre de la guerre créa deux nouveaux escadrons de chasseurs qui prirent les numéros 3 et 4, les anciens devenant 5 et 6. Les trois premiers escadrons reçurent des mousquetons, les trois derniers des lances.
        Le 22 juin, le dépôt rentra en France ; il comprenait MM. Le Bouvier, capitaine instructeur ; Pigalle, lieutenant major ; Misson, officier d'habillement ; Lauthier, trésorier ; 40 sous-officiers, maîtres-ouvriers et chasseurs.
        Le 17 août, un détachement arriva de France, comprenant 180 sous-officiers et chasseurs avec 6 officiers, MM. de Bellac et Galbas, capitaines ; de Ferrabouc, Mouton, Ducret, Bussi, sous-lieutenants.
        Mais les chaleurs de l'été fatiguaient beaucoup les troupes françaises et les Turcs n'étaient pas assez nombreux pour assurer le service.
        Le 2 septembre, le général d'Uzer écrivit au ministre de la guerre demandant l'autorisation de créer une compagnie de deux cents hommes, composée de Turcs et d'Arabes recrutés parmi les habitants de la ville et les tribus alliées. Ce corps de fusiliers indigènes serait chargé de l'occupation des postes extérieurs.
        Mais c'était grever le budget d'une nouvelle dépense la demande fut classée, puis oubliée à Paris mais non du général qui, on le verra, se chargera de la rappeler.
        Mais reprenons la marche des événements. Les Merdès, comme on l'a vu, avaient fait leur soumission en même temps que les Karézas et les Beni Urgine, mais ils se lassèrent bientôt de cet état de vassalité et se retranchèrent dans des positions qu'ils croyaient inexpugnables ; ils levèrent l'étendard de la révolte et massacrèrent nos amis indigènes et les Européens de la plaine, puis ils se retirèrent derrière la Mafrag. Le général leur dépêcha en parlementaires, dix otages de leur tribu. Les envoyés furent reçus de très froide façon.
        Le 12 septembre, à trois heures du matin, une colonne sortit de Bône, précédée du commandant Yusuf. Elle comprenait 100 chasseurs d'Afrique, 210 cavaliers auxiliaires, 175 spahis, 4 pièces d'artillerie, deux voitures d'ambulance et un détachement de mulets de bât et de cacolet. La colonne passa la Seybouse au gué de Sidi Denden, à cinq lieues de Bône et se partagea en deux ; un groupe était commandé par le général avec trois escadrons de chasseurs, les Turcs, les otages et les spahis ; l'autre, par le colonel Perrégaux avec trois escadrons de chasseurs d'Afrique et l'artillerie.
        Les otages envoyés en avant furent reçus à coups de fusil. Après avoir lancé quelques obus le général fit charger l'ennemi pendant que deux escadrons de chasseurs d'Afrique le tournaient par le gué de l'Oued Mafrag.
        Les Arabes s'enfuirent abandonnant dix douars. Les Français prirent les vieillards, les enfants, 7 guerriers et 3.000 boeufs. (5)

        Les brigadiers Waldner et Barrier, des chasseurs, eurent leurs chevaux tués ; ce dernier avait suivi le capitaine Morris, quand celui-ci sauta dans l'Oued ; c'est là qu'il perdit sa monture.
        MM. Morris, Devaux et Barbier furent faits chevaliers de la Légion d'honneur. Le fourrier Collard, le maréchal des logis d'Alume, le cavalier Buisson des chasseurs eurent leurs chevaux blessés.
        Le brigadier Jouvenot et le musicien gagiste Denault furent blessés l'un à la jambe, l'autre au bras.
        Le rapport du général d'Uzer parut le 14 septembre.
        " ...Deux autres escadrons et le corps auxiliaire eurent l'ordre de passer la Mafrag, au gué de cette rivière large et rapide, mais l'ennemi s'était réuni pour défendre ce gué à la faveur des positions qu'il occupait.
        " L'intrépidité du capitaine Morris, du 3ème chasseurs, força le passage et fit enlever les positions de l'ennemi.
        " Le capitaine Morris a eu à soutenir corps à corps une lutte terrible avec un Arabe qu'il a renversé d'un coup de pistolet, après un combat long et opiniâtre ; ce brave officier avait déjà tué un autre Arabe ".
        Dans une lettre au Gouverneur, le général ajoute :
        " Les Arabes ont laissé 25 morts sur le champ de bataille et ont eu un grand nombre de blessés.

        Sept prisonniers ont été faits, je leur ai rendu la liberté.
        " J'ai rendu aux Merdès, 3.000 têtes de bétail qui étaient en notre pouvoir, n'en gardant que 100 pour indemniser les otages de la tribu qui servent avec nous et qu'on avait dépouillés par vengeance et pour dédommager les spahis et les otages dont les chevaux ont été tués dans le combat. Nous n'avons eu qu'un chasseur tué et dix blessés.
        " La tribu des Merdès avait arrêté des hommes qui venaient à notre marché et se rendait tous les jours plus hostile. J'avais voulu, il y a quelque temps, l'intimider par une grande démonstration de forces et, à cet effet, j'étais allé passer la Seybouse à Sidi Denden.
        " Là, par quelques coups de canon que j'ai tirés, je voulus lui faire savoir qu'il dépendait désormais de moi de l'attaquer chez elle quand je voudrais.
        " Malheureusement, il n'y a rien de stable dans la décision des Arabes. Un marabout, qui avait une grande influence sur ceux-ci, les décida à refuser notre amitié. Ce malheureux a payé de sa tête son funeste conseil ; un des premiers à nous attaquer, il a été tué un des premiers.
        " Maître des douars de l'ennemi, de ses femmes et de ses enfants, nos soldats ont tout respecté ne faisant la guerre qu'aux hommes armés. Si nous avions voulu garder les 3.000 boeufs que nous avions pris et nous emparer de ceux qui restaient encore, nous en étions les maîtres et cette tribu était ruinée à jamais. Mais puisque les Arabes doivent alimenter Bône, il est de notre intérêt de les conserver. Soumettons-les, mais ce résultat obtenu que notre humanité et notre désintéressement retentissent dans toute la province de même que notre supériorité en forces. "
        Enfin, on possède une lettre du héros de la journée adressée à Madame Morris, sa mère. Très simple, très intéressante par les détails qu'il nous donne, ce récit en l'est pas moins, par les aperçus nouveaux qu'il nous ouvre sur l'esprit des officiers de l'Armée d'Afrique, mépris pour les auxiliaires traités de " Turcailles ", mépris pour les officiers de France : " M. B.., qui n'a jamais servi qu'aux gardes du corps et ne sait rien de son métier " et même un peu mépris pour le trop bon général d'Uzer et ses amis les spahis ! Seraient-ce les premiers indices de la cabale qui fut montée, en 1836, contre le vicomte d'Uzer ? II est certain que la bonté et l'indulgence du général, persistant malgré les mauvais résultats qu'elles donnaient trop souvent, devaient indisposer contre lui des hommes qui avaient un peu pris les moeurs de leurs adversaires : Guerriers intrépides, tout d'avant, mais sabreurs impitoyables et vainqueurs sans pitié. Mais ce n'est pas mon rôle de faire de la philosophie, je me contente de relater.
        Bône, le 16 septembre 1833.

        " Enfin ! Nous avons eu une petite affaire, un petit combat d'avant-garde, car il est difficile d'en avoir d'un autre genre avec ces dignes bédouins.
        " Depuis longtemps, MM. les Merdes (le nom même n'est pas très galant) faisaient une opposition malséante aux intentions du trop bon général d'Uzer. Je pourrais avec leurs noms présenter d'un seul mot une image complète de leur conduite envers nous, mais je ne suis trop bien élevé pour cela.
        " Forts de leur position et de leur courage, les Merdès n'avaient jamais subi la loi du bey de Constantine ni de celle du bey de Tunis et s'imaginaient qu'il en serait de même avec les Français ; non seulement ils n'avaient jamais voulu entrer en relations avec nous, mais encore ils pillaient, rançonnaient et tuaient les Arabes qui passaient près de leur tribu, se dirigeant sur notre marché.

        " Le général leur faisait cependant bien des avances, enfin il se lassa et un beau matin, le 12 septembre, à trois heures, nous montâmes à cheval et partîmes avec quatre pièces d'artillerie ; les Turcs, les otages et les artilleurs, nous étions à peu près 400 hommes. On fit deux colonnes, le général d'Uzer avec la première qui se composait de la turcaille, des otages et de ses amis, les spahis, les trois premiers escadrons, cette colonne passa la Seybouse au gué de l'Oasis (la Pissotière).
        " La seconde colonne, trois escadrons et l'artillerie, commandés par notre excellent colonel Perrégaux, qui fait les fonctions de maréchal de camp, passa au gué du Marabout, une lieue plus loin, longeant les côtes et se dirigeant sur Sidi ben Bou Azid, dans le voisinage du douar des Merdès.
        " Pendant la route, on détacha dans les montagnes le 3ème escadron pour donner la chasse à une vingtaine de bédouins qui se faisaient voir sur les premières collines.
        " Ne commandant pas l'escadron, je partis avec lui, et nous nous enfonçâmes dans les gorges. Il fallait voir les Arabes détaler ; pas moyen de les atteindre. Etant monté sur une des crêtes les plus élevées, je vis, dans la plaine, les deux colonnes qui se dirigeaient parallèlement sur une partie des côtes qui se trouvaient devant nous ; j'engageai le capitaine B..., du 3ème escadron, à suivre les crêtes pour nous trouver en face des colonnes et par conséquent prendre les Arabes à dos ; mais M. B... n'a jamais servi que dans les gardes du corps et ne sait rien de son métier.
        " Il voulut redescendre à toute force et la suite prouva que, sans son obstination, nous aurions fait un coup superbe. Je lâchais mon antitroupier et me voilà parti au galop avec un officier d'artillerie, amateur comme moi, pour rejoindre la colonne qui était déjà à une petite lieue en avant.
        " Au moment où nous arrivâmes, les Turcs étaient engagés dans la gorge et tiraillaient avec l'ennemi ; les escadrons se réunirent et l'artillerie se mit en batterie sur le mamelon du marabout de Sidi hou Azid, qui se trouve isolé et placé juste en face de la grande gorge où coule la Mafrag, petite rivière qui a sa source dans l'Atlas.
        " Deux chefs se présentèrent au général et lui proposèrent des conditions de paix ; alors on fit revenir les Turcs, le régiment débrida et déjeuna. Je laisse à penser si le coup de fourchette fut soigné. Il était midi et depuis trois heures du matin nous marchions.
        " Les Arabes ignoraient que deux dès leurs étaient en pourparlers avec le général ; aussi grand fut leur étonneraient de voir les Français assis tranquillement par terre, les chevaux débridés et mangeant à leur barbe, malgré leurs coups de fusil. Ils pensèrent que nous n'osions pas les attaquer et se réunirent en grand nombre contre nous. Ils pouvaient être sept à huit cents, l'insistance des députés augmentait en proportion de nos dispositions pacifiques, enfin ils attaquèrent et tuèrent un cheval de Turc dont le maître fut aussi blessé. Nous déjeunions toujours et ne faisions pas grande attention à ce qui se passait, quand un coup de canon nous mit lestement sur nos jambes.
        " Au même instant, nous voilà à cheval et piquant une charge à fond ; le 1er et le 2ème escadrons s'élancent en avant.
        " J'avais demandé au colonel à faire partie de son état-major, je venais de porter un ordre au 6ème escadron et je restais un peu en arrière de ceux qui chargeaient, les Arabes traversaient la plaine devant nous pour gagner le gué de la Mafrag et s'y postèrent. C'est là qu'ils avaient toujours repoussé leurs ennemis.
        Les bords du fleuve sont couverts de grands roseaux et d'oliviers, il est très encaissé et profond ; les talus de chaque côté sont à pic et à peu près d'une trentaine de pieds. Au moment où j'arrivais, il y avait un peu d'hésitation parmi les nôtres, on faisait de l'autre côté un feu très vif ; le colonel venait d'arriver et faisait rallier le premier escadron pour le pousser en force dans le gué.
        " Le commandant Magné, de la légion étrangère, qui était là en amateur, venait d'être renversé de son cheval que les Arabes emmenaient.
        " Je me couchai en avant, dans le chemin du gué, pour examiner le passage ; en arrivant sur le bord, je me trouve face à face, avec une demi-douzaine de bédouins à cheval qui, du fond de la rivière, attendaient les premiers venus ; les voilà me canardant comme un vrai sanglier, mais mon apparition avait été si soudaine qu'ils se pressèrent trop et me manquèrent. Ma foi, me dis-je, puisque me voilà en si beau chemin, faut descendre, et je pique je pique et je finis par jeter mon cheval dans la rivière ; il savait nager et moi aussi. Un brigadier Barilier me suit et nous avançons gravement dans l'eau, malgré le feu des Arabes, fort étonnés de nous voir passer leur fameux gué malgré eux. Enfin, j'attrape l'autre bord et je vous les charge eu poussant des Ah ! B...? sur tous les tons.
        " Pendant ce temps, les chasseurs tiraillaient tant et plus avec ceux qui garnissaient la colline du bord opposé au leur : personne ne m'avait vu passer. Il y avait devant moi une douzaine d'hommes à cheval et à peu près cinquante tirailleurs à pieds qui tenaient bon ; je pique sur celui qui tenait encore le cheval du commandant Magné et je lui casse agréablement les reins d'un coup de pistolet ; j'en vise un second et je le manque. Alors je me rabats sur le cheval pris et j'allongeais la main pour saisir la bride, quand on me tire un léger coup de fusil de derrière un arbre à douze pas de moi ; il faut croire que mon mouvement me sauva la vie. Je lâchai le cheval et courus sur mon gueux, le sabre à la main ; il voulut parer mes coups de pointe avec son canon de fusil ; voyant que cela ne lui réussissais pas, vu qu'il en avait trois pouces dans le ventre, le gredin saisit ma lame à deux mains et me tira si fortement à lui que ma selle tourna et qu'il me jeta sous ses pieds en bas de mon cheval; je le voyais rire en tirant son yatagan pour me décoller ; il m'avait saisi à la gorge et me tenait de la manière la plus solide.
        " Mais le gaillard ne savait pas qu'il avait affaire à un rusé Normand et comptait sans son hôte ; je lui empoignai les jambes et, d'une vigoureuse secousse, je le jette sur le dos ; nous nous relevons aussi vite l'un que l'autre et nous commençons une bûchade qui sera longtemps fameuse dans les annales du régiment. Un chasseur m'aperçoit de l'antre rive et s'écrie : " Mon colonel, un officier est passé, c'est le capitaine Morris. "
        " Alors, ce digne colonel s'élance dans le gué, suivi d'une vingtaine de chevaux et accourt à toute bride pour me tirer d'affaire. Nous nous battions de trop près pour faire bon usage de nos armes ; enfin, je profite d'une espèce de retraite que faisait le bédouin ; je le presse fortement, il fit quelques pas en arrière, une pierre se trouve sous son pied, il tombe... et alors je me jette sur lui comme un tigre, je le tiens sous moi et je réponds que le diable ne m'aurait pas fait lâcher. Je cherchais à tirer mon poignard, lui, son pistolet, quand le colonel arrive et sans descendre de cheval, lui allonge un furieux coup de pointe dans la poitrine; enfin le maréchal des logis me passe son pistolet et je brûle la cervelle à mon homme ; comme j'avais sa tête sous mon bras gauche, en lâchant mon coup, je une suis brûlé horriblement l'oeil gauche.
        " Ce jour là, 12 septembre, les Merdès reçurent une pile complète ; on leur prit 2000 moutons et 1.500 boeufs, niais le général les leur fit rendre à peu près tous, de même les tètes que l'on avait coupées. Je ne voulus pas laisser couper la tête de mon Arabe, il s'était trop bien battu. C'était un des premiers guerriers des Merdès, Ahmed ben Hassein ; quand il fut tué, chacun s'extasiait sur la force de ses membres.
        " Le lendemain, les Merdès vinrent en foule à la ville demander grâce et le général fut beaucoup trop bon de la leur accorder, car on prétend qu'ils sont maintenant ligués avec Ben Yacoub et le bey de Constantine et qu'ils ne veulent plus laisser arriver personne à notre marché. Nous serons encore obligés d'aller les frotter connue il faut.
        " Pour moi, c'est le plus beau jour de ma vie, tout le monde me faisait compliment, les troupiers surtout se pressaient autour de moi et c'est ce qui m'a fait le plus de plaisir.
        " Ils me disaient : " Ah ! Mon brave capitaine, mon digne petit capitaine, si vous saviez comme nous avons couru quand nous vous avons vu sous les pieds du bédouin. "
        " Le colonel m'embrassait et me secouait tant qu'il pouvait et le général m'a promis que j'aurais la croix.
        " Donc, voilà Mons Louis-Michel le plus heureux scélérat de l'armée d'Afrique. "
        Le 15 septembre, débarqua, comme on l'a vu, la commission d'enquête venue de France pour examiner l'état sanitaire de la garnison.
        Le 5 octobre, le 3ème chasseurs d'Afrique reçut un colonel, le baron Rigau.
        Le 8 novembre, le général vicomte d'Uzer passa l'inspection générale de la garnison et la termina par une revue d'honneur, le 8 décembre.
        Le commencement de l'année 1831 fut très paisible, aussi le général songea-t-il à réorganiser ses troupes. C'est alors qu'il remit sur le tapis la question des fusiliers indigènes. Il écrivit au ministre, en février 1854 :
        " Je prends la liberté, Monsieur le Maréchal, d'insister sur cette organisation qui pourrait prendre plus de développements à mesure que nous étendrons plus loin nos possessions. Les Anglais, dans l'Inde, se sont servis avec succès des naturels du pays pour accroître leur domination.
        L'essai que j'en ai fait moi-même a produit les plus heureux résultats et je serai à même d'en obtenir de plus vastes lorsque vous m'aurez permis d'augmenter mes moyens. C'est avec des corps d'otages à pied et à cheval que nous pourrons plus tard occuper cette belle province. "
        Mais l'idée n'était pas encore mûre. Le bataillon resta ce qu'il était : 200 hommes, cavaliers et fantassins, à la disposition d'Yusuf qui en avait fait ses janissaires à lui propres.
        A cette époque, une certaine effervescence se manifesta du côté de Bougie et, le 14 février 1834, le premier escadron de chasseurs 94 hommes et 110 chevaux, avec le capitaine Herbin-Dessaux s'embarqua pour la Kabylie. Il ne m'appartient malheureusement pas de le suivre dans cette campagne dans laquelle il continu à se couvrir de gloire.
        Les hostilités recommencèrent dans les environs de Bône, avec le retour du bey Ahmed qui était allé à Médéah guerroyer contre Ibrahim. Mais l'influence du bey avait beaucoup baissé et, au lieu de se joindre à lui on vit, le 3 mars 1834, le Cheick de La Calle, qui succédait à son frère, venir recevoir en grande pompe le burnous d'investiture à Bône, des mains du général d'Uzer.
        Les Beni Urgine vinrent s'établir sur la rive gauche de la Seybouse ; les Ouichaoua, les Karézas et les Khermiche s'installèrent au défilé des Karézas et Yusuf se plaça avec un escadron de spahis, les Turcs et les otages au camp de l'Oasis, d'où il rayonnait dans les environs pour les protéger contre les incursions des cavaliers ennemis.
        Le 11 avril, le régiment de chasseurs reçut un détachement de huit officiers et 171 chasseurs sous les ordres du capitaine Marion.
        Le premier mai eut lieu la fête du Roi, au milieu d'une immense affluence d'indigènes attirés par les jeux nautiques, donnés par la marine sur la Seybouse.
        On lit dans un rapport du général :
        " La journée d'hier a prouvé que les Français et les indigènes ne font plais qu'une même famille. L'harmonie qui règne entre la population et la garnison mérite les plus grands éloges aux troupes françaises. C'est à leur bon esprit, à leur sagesse, à leur modération et à leurs bons rapports avec les Arabes qu'il faut attribuer les heureux résultats de la domination française et notre alliance avec les tribus qui nous entourent. "
        Mais cette heureuse période ne fut pas de longue durée. L'épidémie de vomito-négro réapparut en été : 1.150 hommes sur 3.200 entrèrent à l'hôpital. Les troupes abandonnèrent leur casernement pour le céder aux malades.
        Le 59ème laissa ses baraques de la rue d'Armandy, qui furent annexées à l'hôpital de Sidi-Merouan ; la légion étrangère céda son baraquement de la porte de Constantine à 300 malades ; le 10 juillet les troupes allèrent camper à la batterie du Lion.
        Et pendant ce temps des détachements arrivaient toujours de France ; le 23 juillet, ce furent 95 chasseurs avec le lieutenant de Saint-Martin; le 30 octobre, 84 hommes et 3 officiers avec M. Pigalle, adjudant-major au 3ème chasseurs d'Afrique.
        Les cavaliers arrivaient mal à propos ; outre l'épidémie, il y avait disette complète de fourrage, malgré les soins du général. Ajoutons à ceci que le grain manquait également et qu'il fallut faire venir de France les premiers pour les chevaux, les seconds pour les indigènes complètement dénués de ressources.
        Cette situation déjà très critique s'aggrava encore par l'arrivée d'Ahmed Bey, qui vint s'établir à 14 kilomètres sur la route de Constantine, à El-Hadjar, chez Ben Yacoub avec 300 cavaliers.
        Les tribus refluèrent sur Bône, sauf les Merdès qui, fidèles à leurs sentiments à notre égard, allèrent faire leur soumission et les Oulad Man, qui furent massacrés dès les premiers jours. Heureusement une révolte des Hanenchas dans le Sud-est fit lever le camp d'El-hadjar.
        En septembre, le général d'Uzer écrivit au maréchal Gérard, ministre de la guerre, toujours au sujet du bataillon turc. Son principe fut admis mais avec les restrictions que les indigènes seraient versés aux zouaves. Le général d'Uzer ne voulut pas céder et pour le moment, la question en resta là.
        Le 16 novembre, le ministre organisa le 3ème chasseurs d'Afrique à quatre escadrons et un dépôt. Les officiers et sous-officiers en surnombre furent placés à la suite du 6ème escadron, pour venir se fondre dans les quatre escadrons par extinction.
        Vers cette époque, une ordonnance organisa provisoirement deux escadrons de spahis réguliers avec cadres moitié français, moitié indigènes.
        Les hostilités allaient recommencer avec une nouvelle ardeur.
        La disparition d'Ahmed Bey avait remis les tribus en confiance.
        Le Cheick Abd-el-Harclt, des Eulma, sur le lac Fetzara, vint le 19, recevoir le burnous des mains du général.
        Furieux, Ahmed envoya Ben Aïssa contre les Eulma ; surpris pendant la nuit du 18 novembre, ils ne purent résister. Vingt guerriers furent tués et 1.000 têtes de bétail saisies. Ben Aïssa s'installa dans sa conquête et se mit en devoir de ruiner méthodiquement la tribu.
        Le général d'Uzer, prévenu, organisa immédiatement une sortie.
        Le 19, à onze heures du soir, le général partit avec 2011 spahis réguliers et irréguliers, 320 chasseurs et 6 pièces d'artillerie montée. A trois heures du matin, le colonel Petit d'Auterive se mit en route avec 900 fantassins et quatre obusiers de montagne.
        A la pointe du jour, quelques chefs Eulma vinrent s'offrir comme guides. A sept heures du matin, on était encore à trois lieues du camp ennemi. A ce moment, la colonne arrivait à un défilé en vue des Constantinois.
        Yusuf et les spahis formèrent un premier échelon et franchirent trois lieues en une heure ; ils furent arrêtés un moment par un ravin qui formait fossé devant la position de Ben Aïssa occupée par 900 soldats réguliers et une foule d'indigènes de tribus. L'obstacle fut enlevé par le premier échelon renforcé du second composé des chasseurs avec le lieutenant-colonel de Chabannes ; 450 Arabes restèrent sur le champ de bataille ; les 1.000 tètes de bétail furent reprises et rendues aux tribus (6).
        A la suite de cette affaire, le gouverneur général fit paraître l'Ordre général du 27 novembre.
        " Les troupes du corps d'occupation de Bône viennent d'obtenir un nouvel avantage sur celles du bey de Constantine, au nombre de 500 hommes à pieds et 400 cavaliers, commandées par Ben Aïssa, par l'agha de la cavalerie et le Khalifa d'Ahmed Bey.
        " Le 19 novembre, le général d'Uzer fut informé que ces chefs, après avoir rançonné plusieurs tribus, s'étaient jetés sur celle des Eulma à côté du lac Fetzara, à dix-huit lieues au Sud-Ouest de Bône.
        " Le général parti le soir de ce même jour avec une colonne composée ainsi qu'il suit.
        " Les 2ème et 3ème bataillon du 59ème et le 6ème bataillon de la légion étrangère, commandés par le colonel Petit d'Auterive, une batterie d'artillerie, sous les ordres du chef d'escadron d'Armandy et la 11ème compagnie de sapeurs du 2ème régiment du génie, capitaine Bancenet, trois escadrons du 3ème chasseurs d'Afrique sous les ordres du colonel Rigau, qui, malgré les douleurs d'une ancienne blessure, a voulu suivre tous les mouvements de ses escadrons ; 200 spahis commandés par le chef d'escadron Yusuf et le capitaine Delcambe, enfin l'ambulance des équipages, dirigée par le sous-intendant Saint-Léon.

        " Le lendemain 20 novembre, on trouva l'ennemi très avantageusement sur les collines en arrière d'un ravin profond.
        " Les spahis, soutenus immédiatement par deux escadrons du 3ème chasseurs, franchirent le ravin et s'élancèrent sur la cavalerie arabe qui couvrait ses hommes à pied. Elle fut mise en fuite après une courte résistance et cette malheureuse infanterie resta seule à notre merci. Tout ce qui ne put s'échapper dans le ravin fut sabré ou pris.
        " L'artillerie, l'infanterie et les troupes du génie tenues en réserve ont eu le regret de ne pouvoir prendre part à l'action.
        " Les pertes de l'ennemi ont été de 250 tués, 15 prisonniers, des chevaux et des mulets portant la marque du bey de Constantine avec quantité d'armes et de bagages. Plus de mille têtes de bétail ont été reprises et, en grande partie, rendues à la tribu des Eulma, qui s'était jointe à nous.
        " Nous n'avons eu qu'un chasseur tué et six blessés. Quelques chevaux ont été tués. Ce nouvel acte de protection attache à notre cause toutes les tribus de la plaine et leur prouve l'intérêt que nous mettons à les garantir de toute agression.
        " Le Gouverneur général rend compte au ministre de la guerre de ce combat honorable pour les troupes de Bône et pour tous leurs chefs. Il recueille les noms de ceux qui se sont particulièrement distingués et appellera sur eux la bienveillante attention du Roi. "
        Le Gouverneur Général, Signé : COMTE D'ERLON.
        Pour copie conforme :
        Le Maréchal de Camp,
        chef d'étal major général, Signé : TREZEL.
        Par ordonnance royale du 10 janvier 1835, à la suite de l'affaire du 20 novembre, furent nommés chevaliers de la Légion d'honneur :
        Le capitaine de Bellac.
        Le sous-lieutenant Goichot.
        L'adjudant Péragallo.
        Le brigadier Masson.

        Cette défaite d'Ahmed Bey porta le dernier coup à son prestige.
        Les soumissions se firent en Masse, Ben Yacoub lui-même vint à merci. Quelques chefs arabes poussèrent le général à marcher sur Constantine.
        Le vicomte d'Uzer caressait cette idée depuis longtemps, heureusement ne la mit-il pas à exécution.
        En tout cas, il écrivait :
        " Nous pouvons aisément aller reconnaître Stora, la route qui y mène traverse une plaine de toute beauté. Après avoir établi mon infanterie au Fendek, je me porterai le lendemain avec la cavalerie, à Stora où des habitants viendraient nous apporter des vivres. Les tribus amies nous fourniraient, polir cette expédition, cinq à six cent cavaliers. Un mois suffirait au printemps pour faire la conquête de Constantine, où toute la population désire la domination française.
        " En établissant des relations avec les chefs de la ville et en y laissant une garnison d'indigènes, on pourrait se dispenser d'occuper Constantine avec les troupes françaises. "
        L'année 1831 se termina sans incident ; le 30 décembre, l'escadron de dépôt et la classe 1826 libérée, du 3ème chasseurs, s'embarquèrent à Bône.
        L'année 1835 débuta par deux sinistres.
        Dans la nuit du 25 au 26 janvier, 12 navires dont un bâtiraient de guerre, Le Rusé, furent jetés à la côte. Un Génois s'était ouvert ; les mâts, seuls, émergeaient portant quatre matelots. Le lieutenant Sainte-Marie Fricot et le caporal Lapierre s'embarquèrent aussitôt et sauvèrent les Italiens.
        Le Rusé alla s'échouer près de la Seybouse. Le lieutenant de vaisseau Daugnac, directeur du port et Gelin, capitaine du port, firent mettre les embarcations à la mer et réussirent, après cinq heures d'efforts, à sauver le commandant Brindejoue et son équipage.
        A toute chose, malheur est bon ; l'échouage du Rusé augmenta, en le barrant, la violence du courant du fleuve qui nettoya ainsi les sables de l'embouchure et créa un refuge pour les navires.
        Le 12 février, sept navires se perdaient de nouveau, le brick autrichien Il Rio sombra, entraînant la moitié de son équipage. Fait remarquable, les tribus riveraines, abandonnant leurs habitudes de pillage, se portèrent à la côte, mais pour secourir les naufragés. Les Beni Urgine, en particulier, se firent remarquer par leur zèle à recueillir morts ou mourants.
        Le général d'Uzer écrivit à cette occasion parlant de la tribu des Beni Urgine :
        " Elle a fait voir en cette circonstance, que les Arabes savent profiter des exemples d'humanité qu'ils ont reçus de nous et que désormais ils sont gagnés à notre cause. "
        Le 13 mars, 14 sous-officiers brigadiers et chasseurs, du 3ème chasseurs, arrivèrent sous les ordres du maréchal des logis chef Sirugne.
        Le général d'Uzer se trompait en croyant les Arabes gagnés à notre cause. Les événements allaient le prouver.
        Ben Yacoub, on l'a vu, avait fait sa soumission et était venu camper à sidi Denden, mais sa famille seule l'avait suivi, la tribu des Dreïds était restée insoumise et razziait les Beni Urgine.
        Le 31 mars, le général d'Uzer sortit de Bône à sept heures du soir avec 700 cavaliers, 500 fantassins et 6 pièces commandées par le chef d'escadron d'Armandy. A la pointe du jour, il tomba sur le douar des Beni Foural (7).
        A la suite de cette affaire, le bey suspendit sa marche et la garnison ne fit plus de sortie jusqu'au mois d'octobre.

        Malgré tout, la sécurité ne régnait pas d'une façon générale. Les maraudeurs et les coupeurs de route tenaient la campagne. Aussi était-il défendu de s'éloigner isolément de la place. Un officier et le médecin du navire de guerre La Comète se firent débarquer pour chasser au cap Tacouch. A peine la barque avait-elle rallié le bâtiment, qu'ils furent massacrés par les indigènes.
        La conduite des spahis provisoires devait bientôt avoir sa récompense.
        Le 10 juin 1835, une ordonnance royale les organisa définitivement sur le même pied que les troupes françaises, sauf que les cadres étaient à moitié indigènes.
        Mais leur chef d'escadron n'était plus là. A la suite de discussion avec le général d'Uzer, dont l'esprit bienveillant ne pouvait s'accorder avec l'attitude hautaine et inhumaine du commandant, Yusuf venait de quitter Bône, appelé dans la province d'Oran par le maréchal Clauzel, nouveau gouverneur général. Le commandement des spahis régulier fut exercé par le lieutenant-colonel Duvivier.
        Les spahis firent leur première sortie comme troupes régulières au mois d'octobre, elle devait leur coûter cher. Dans le sud-est de Bône se trouvait une tribu célèbre par ses pillages et ses brigandages ; protégés par les difficultés du terrain, à l'abri derrière un rideau de forêt, les Beni-Salah n'avaient jamais été réellement soumis par les beys.
        Le général fit partir de Bône une colonne légère de 500 cavaliers et 600 fantassins. Malgré les fatigues d'une marche de nuit, extrêmement pénible, la colonne arriva dans la tribu au point du jour et la bouscula. Les spahis perdirent quatre hommes tués (8).
        Le colonel Rigau et le lieutenant-colonel de Chabannes rentrèrent en France, sur ces entrefaites. Le lieutenant-colonel Kœnig arriva à Bône, le 3 novembre et prit le commandement des chasseurs en attendant l'arrivée du colonel Corréard.
        Le 12 décembre fut mise à exécution une ordonnance royale du 27 juillet 1835, formant le 3ème chasseurs à six escadrons de guerre.
        Le 11, le capitaine Morris amena un détachement comprenant un sous-lieutenant, 218 sous-officiers, brigadiers et chasseurs.
        Le 24, le matériel du escadron détaché à Bougie arriva à Bône avec un brigadier et cinq chasseurs.
        Le 29 janvier 1836, le 1er escadron rallia Bône après deux ans d'absence, il laissait à Bougie 16 hommes et 12 chevaux.
        Le commandant supérieur de Bougie lui adressa les adieux par la voie de l'ordre (9).
        La garnison de Bône se trouvait donc au complet : comme troupes françaises, le 3ème Chasseurs d'Afrique, le 59ème de ligne, le 6ème bataillon de la légion étrangère, le 2ème bataillon des vétérans d'Afrique, le bataillon des ouvriers d'administration, de l'artillerie, du génie, du train.
        Comme troupes indigènes, un bataillon mixte turc, (10) des spahis réguliers, des auxiliaires.
        A la tête de ces troupes se trouvaient des officiers ayant fait leurs preuves et tout cela était l'oeuvre du général d'Uzer.
        Malgré ces services, le général rentra en France le 2 mai 1836, laissant le commandement de la province au colonel Corréard.
        La garnison de Bône s'augmenta à cette époque du 3ème bataillon d'Afrique, surnommé par lui-même Chardoneret. Ce sont les hommes de ce corps qui trouvèrent la plaisanterie colossale du rat à trompe, vendu cent francs au colonel président de la commission scientifique qui explorait la province de Bône.
(1) De shah, matin, matinal. C'était le nom des anciens cavaliers du Dey d'Alger.

(2) Notice du ministère de la guerre (1838).

(3) Le général commandant supérieur s'empresse de témoigner sa vive satisfaction à la garnison pour l'ardeur et l'empressement qu'elle a mis à marcher à l'ennemi. L'escadron auxiliaire, le 3ème Chasseurs d'Afrique, les otages et les Spahis, ont acquis la preuve que celui-ci ne pouvait jamais leur résister.
Mille cavaliers arabes ont été dispersés, mis en fuite et poursuivis pendant plus de trois heures.
Le général s'empresse de faire connaître au ministre de la Guerre tout le dévouement de la garnison et l'intrépidité de la cavalerie qui n'a pas compté l'ennemi pour l'attaquer.
MM. Sabatier, lieutenant et Goiehot, sous-lieutenant, ont fait preuve d'une brillante valeur et l'on doit particulièrement à M. Goichot, que le parc aux boeufs n'ait pas été enlevé.

4) L'expédition a eu le plus heureux succès. Les bonnes dispositions prises par le colonel baron Perrégaux y ont puissamment contribué ; la bravoures et l'intrépidité du 3éme Chasseurs d'Afrique, du corps auxiliaire et des Mages ont fait le reste.
Des charges brillantes ont gardé la réputation de notre cavalerie. Le lieutenant-colonel de Chabannes, le chef d'escadron de Beaufort et le capitaine Yusuf ont donné l'exemple. Ils ont montré à leurs soldats le chemin de l'honneur. Le premier a tué de sa main deux Arabes dans une charge.
Le général commandant supérieur de la province témoigne aux Spahis, sa haute satisfaction de la grande bravoure qu'ils ont montrée dans cette action.

(5) Furent cités à l'ordre
A l'escadron turc. - MM. Yusuf, chef d'escadron, Delcambe, capitaine, Victor, adjudant.
Au 3ème Chasseurs. - MM. de Chabannes, lieutenant-colonel, de Beaufort, chef d'escadron, Morris et Herbin-Dessaux, capitaines, Peyronnez adjudant-major, Devaux Barbier sous-lieutenants, Oroski, adjudant, Dupin, trompette-major, Morinot maréchal des logis-chef, Voyant, La Sourie, Guévoult, Rubaut, Fourrié, maréchaux des logis ; Broussier, Weiss, de I,esparre, brigadiers ; Daldaret, Souhaité, trompettes ; Heubot Fabrelaville, Alessandri, Vincent, Muller, Graindorge, Piquet, Silhai, chasseurs.

(6) Ordre du jour du 21 Novembre
C'est au courage des spahis réguliers et irréguliers et à l'ardeur et l'impétuosité du 3ème Chasseur d'Afrique que nous devons un succès aussi décisif. Plus de 250 tués, au grand nombre de blessés, 15 prisonniers, des armes en quantité, des yatagans, des chevaux et des mulets portant la marque du bey, des bagages considérables, tels sont les fruits de notre victoire. Plus de mille tètes de bétail, reprises à l'ennemi, ont été rendues, en grande partie, à la tribu des Eulma.
Les troupes ennemies étaient commandées par Ben Aissa, par l'agha de la cavalerie et par le Khalifa. Elles étaient au nombre de plus de 900 hommes dont 500 zouaves à pied et 100 cavaliers parfaitement armés.
Les Spahis réguliers et irréguliers, commandés par le brave chef d'escadron Yusuf et par le capitaine Delcambe, soutenus par deux escadrons du 3ème Chasseurs d'Afrique, sous les ordres de M. le lieutenant-colonel de Chabannes qui a de nouveau fait preuve de courage et d'intrépidité, ont attaqué et culbuté, à eux seuls, les troupes du bey de Constantine, bien qu'elles fussent deux fois plus nombreuses.
Le 3ème Chasseurs a pris l'offensive à son tour et fait un grand carnage de l'ennemi. Sa conduite a été admirable et a pleinement justifié ma confiance.
Le colonel Rigau a fait aussi preuve du plus grand dévouement. Malgré son ancienne blessure, il a voulu fournir la carrière jusqu'au bout et rejoindre l'ennemi.
Se sont particulièrement distingués :
3ème Chasseurs d'Afrique :
MM, de Chabannes, lieutenant-colonel
de Bellac, capitaine
Galbas, capitaine
de Marseuil, capitaine
Houdaille, capitaine adjudant-major.
Pigalle, lieutenant.
Parimant, lieutenant.
Goichot, sous-lieutenant.
Benard, sous-lieutenant.
Besnard, sous-lieutenant.
Peragallo, adjudant.
Champenois, chasseur, (blessé).
Masson, chasseur.
Spahis MM. Yusuf, chef d'escadron.
Delcambe, capitaine.
Durand, lieutenant,
Beni Oueni, maréchal des logis.
Belhouchette, maréchal des logis.
Caïd Regene, maréchal des logis.
Resguy, maréchal des logis.
Amar ben .Abdallah, brigadier.
Mohammed Ben Hassein, Cheick des Karézas.
Mohammed ben Sari, Cheick des Beni-Ourdgine.
Je vais m'empresser de rendre compte à M. le Gouverneur Général d'un fait d'armes aussi brillant et je ne manquerais pas de faire ressortir auprès de lui la bonne discipline du 3èmeChasseurs d'Afrique qui n'a porté ses coups que sur des ennemis armés, qui ne s'est approprié que leurs armes et a su se préserver de tous les excès de pillage.

(7) Ordre du jour du 1o` Avril 1835
Le général commandant supérieur à Bône témoigne sa satisfaction à toutes les troupes qui ont pris part à la sortie du 31 mars en avril pour l'empressement qu'elles ont mis à exécuter ses ordres.
Tout le monde a fait preuve de bonne volonté. La cavalerie, arrivée la première, fut à même de donner de nouvelles preuves de sa valeur et de son humanité. Les hommes désarmés, les femmes et les enfants furent non seulement respectés, mais protégés contre les indigènes qui marchaient avec nous et que l'amour et l'habitude du pillage emportaient.
Gloire et honneur au 3ème Chasseurs d'Afrique, chefs, officiers, sous-officiers et chasseurs se sont fait remarquer par leur bonne discipline et leur valeur admirable. Leur conduite portera son fruit. Les Arabes connaissent déjà ce qui a été fait et surtout à ce qu'ils ont à attendre de la générosité française.
Le colonel Rigau qui, malgré sa blessure et une longue course, a voulu fournir deux charges, mérite des éloges ainsi que MM. d'Acher, chef d'escadron, Gallias, de Marseuil, Gauthier, De Rougemont, capitaines.
Le bey de Constantine poussait devant lui les tribus hostiles qui venaient s'établir dans la plaine qui nous avoisine, sans faire leur soumission. Leur présence inquiétant les tribus amies qui craignaient avec juste raison que le bey ne vint s'établir au milieu des premières et ne leur facilitât les moyens d'enlever celles qui nous sont dévouées.
L'expédition avait un double but : intimider nos ennemis en leur faisant connaître nos forces et rassurer nos amis. Nous en éprouvons déjà le résultat. Plusieurs tribus sont venues se mettre sous notre protection, convaincues que nous avons les moyens et la volonté de les défendre.
II sera rendu compte à M. le Gouverneur général de tous les noms cités dans les rapports de MM. les chefs de corps.
Il est probable que la garnison ne tardera pas à trouver encore une occasion de se distinguer. Le bey de Constantine, qui perd journellement son influence par ses défaites, voudrait les réparer et engager les Arabes à se réunir à lui. Faisons des voeux pour qu'il persévère dans cette intention. Le commandant supérieur ne doute pas que la garnison ne lui donne encore une meilleure leçon que celles qu'il a déjà reçues. L'essentiel est qu'il arrive et qu'il ne reste pas à moitié chemin.
Le maréchal de camp, commandant supérieur, Signé : VICOMTE D'Uzer.
Furent cités aux Spahis, (Ordre du 5 Avril) Le capitaine Delcambe ou Del Cambe. Le maréchal des logis Ben Oueni.

(8) Ordre du jour du G Octobre 1835
Le maréchal de camp, commandant supérieur à Bône, s'empresse d'exprimer à la garnison sa satisfaction pour l'expédition quelle a faite dans la tribu des Beni Salah. Toutes les armes ont fait preuve d'un grand zèle et de dévouement dans la marche longue et pénible qu'elles ont eue à faire par des sentiers presque impraticables.
C'est à la rapidité de cette marche, ainsi qu'à la précision des mouvements obtenus qu'a été due la surprise des douars qui avaient arrêté et pillé plusieurs caravanes venant de l'intérieur. Les Chasseurs d'Afrique avec les Spahis et auxiliaires sont parvenus sur ces terrains où les soldats du bey de Constantine n'ont jamais osé pénétrer.
Par là, sera encore accrue notre influence sur les Arabes qui ont eu de nouveau l'occasion d'admirer notre discipline et le désintéressement des troupes françaises, car elles ont non seulement respecté les vaincus, mais elles les ont, autant que possible, préservés du pillage de leurs coreligionnaires. La leçon donnée aux Beni Salah, qui ont eu 14 hommes tués et 6 blessés, profitera aux autres tribus.
Le maréchal de camp, commandant supérieur, Signé : Vicomte D'UZER.

(9) Ordre du jour du 31 Janvier
L'embarquement précipité de l'escadron du 3ème Chasseurs d'Afrique, détaché à Bougie, ne m'ayant pas permis de lui exprimer, par un ordre du jour, avant son départ, les regrets et les sentiments de ses frères d'armes de la garnison de Bougie, je m'empresse de les lui adresser avec mes voeux, car nous n'oublierons jamais la conduite, en paix comme en guerre, de ces braves chasseurs pendant leur séjour de 23 mois à Bougie. Nous nous rappellerons toujours, avec admiration, la manière brillante et solide dont ils remplirent leur tâche dans les journées des 7, 8, 9 et novembre dernier. Nous penserons toujours par leur exemple, aux ressources que sait se créer le vrai courage le sentiment intime du devoir. Ils étaient presque tous accablés par les maladies, la trompette sonne, un poste brillant mais difficile leur est confié. Tous s'élancent dans la plaine et l'ennemi, quoique supérieur en nombre, surpris par leur vigueur, est forcé de céder à leurs coups, à l'impétuosité de leurs charges, à la fermeté de leur contenance. Honneur aux braves chasseurs du 1er escadron.
Honneur à leurs brillants officiers ! Honneur à leur commandant aussi prudent que brave et habile. Je suis heureux d'être auprès d'eux l'organe de la garnison toute entière.
Bougie, le 31 janvier 1836.
Le commandant supérieur, Signé : CH. LAROCHETTE.

(10) Les exploits du bataillon turc eurent en France un tel retentissement que le nom de Turcos fut donné aux soldats indigènes.
Le 3 juin 1863, le maréchal Pélissier, gouverneur général, dut faire paraître une circulaire prescrivant de supprimer dans les pièces officielles le terme de Turcos et d'employer celui de Tirailleurs indigènes, conformément à l'ordonnance du 7 Décembre 1841, dans le langage courant, l'expression persista et persiste encore.

A SUIVRE       

A vous toutes, jeunes ou plus agées,
belles à jamais.

Envoyé par M. Claude L'Hélaouët


Vous qui avez donné la vie à vos enfants, puis la mémoire, la culture constantinoise aux enfants de vos enfants, à la chaire de votre chaire, soyez bénies des Dieux.
Vous à partir de qui la pérénité de notre conscience d'être est assurée soyez bénies.
Vous qui êtes cet endroit chaud et doux où les plus petits de nos enfants aiment à venir se réfugier soyez bénies.
Vous qui savez si bien raconter ce que nous étions, où nous étions soyez bénies.
Vous qui savez si bien écouter, si bien rassurer, si bien encourager, si bien protéger, si bien caresser, si bien aimer, soyez bénies.
Vous qui un jour partirez alors que désarmés devant l'incontournable nous ne cesserions de pleurer votre départ soyez acceuillies dans le royaume de la paix.
Mais aujourd'hui recevez mamy l'assurance de l'amour de tous pour l'éternité.
Dieu vous garde et vous bénisse.
Je t'aime ma mamy chérie mais ne pars pas, ne pars pas, reste encore et toujours prét de moi, de nous.

COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 11 
1ère PARTIE
CONSTITUTION DE LA PROPRIÉTÉ.

1er Chapitre : État ancien de la propriété en Algérie.
2ème Chapitre : État actuel de la propriété en France.
3ème Chapitre : État de la propriété pour l'Algérie française.

CHAPITRE III.

CONSTITUTION DE LA PROPRIÉTÉ
POUR L'ALGÉRIE FRANÇAISE.
SOMMAIRE DES PRINCIPES DE CE CHAPITRE.


- CONSERVER les principes communs à l'Algérie et à la France.
- DÉTRUIRE les principes contraires à l'union des indigènes et des Européens.
- INTRODUIRE des principes nouveaux pour les uns ou les autres, avantageux à tous deux, et dont les germes sont déjà en Algérie ou en France.
  

        XI. - Et en effet, combien de personnes, par ce motif, ont songé à fonder des colonies militaires! Or, tous ceux qui pensent que des colonies militaires comporteraient notre droit individuel, absolu, direct, de propriété, commettent une erreur des plus grossières. Qu'ils jettent les yeux sur nos villages de France, même en supposant que chaque paysan sache faire l'exercice, ait un fusil, s'appelle soldat, et que les adjoints et le maire s'appellent lieutenants et capitaine; je leur défie de concevoir une discipline vigoureuse , une autorité forte et prompte , dans cet assemblage anarchique d'intérêts égoïstes, que l'on a tant de peine à réunir pour des travaux d'une utilité générale, et qui résistent à toute mesure collective, pour s'occuper uniquement de leur bien-être individuel.
        Ainsi donc; que l'on forme des colonies militaires ou des colonies civiles, la question est toujours la même : il faut constituer la propriété, de sorte que les agriculteurs qui occuperont et cultiveront le sol, forment une société forte et productive.
        Ceci me fait presque toucher l'objet que j'ai spécialement en vue dans ce chapitre, la constitution de la propriété coloniale; mais avant de le traiter directement et d'exposer les moyens qui me paraissent propres à assurer, sous ce rapport, un heureux avenir pour l'Algérie, j'ai besoin de jeter un nouveau coup d'oeil sur l'état actuel de la propriété du sol occupé par les tribus indigènes.

        XII. - J'ai lu dans plusieurs ouvrages, où d'ailleurs n'était pas signalée l'absence d'appropriation individuelle, en droit comme en fait, dans les tribus, que les efforts du Gouvernement français de l'Algérie devaient tendre à. encourager les Arabes à planter et à bâtir, parce que, disait-on, cela leur inspirerait l'amour de la propriété.
        Je suis complètement de cet avis, pourvu toutefois que l'on définisse ce qu'on entend par l'amour de la propriété. Or, les personnes qui ont émis cette opinion entendent toutes par ces mots, l'amour de la propriété telle que nous l'entendons en France, de la propriété individuelle, pouvant être achetée, vendue, échangée, transmise, cultivée même, selon la volonté absolue et unique du propriétaire, lequel propriétaire peut même ne pas cultiver, être tout-à-fait étranger à la culture , vivre à la ville, n'avoir aucune autre relation avec la terre et ses cultivateurs que celle du fermage qu'il perçoit.
        Certes, il serait fort heureux que les Arabes fissent des maisons et des plantations, qui leur donneraient l'amour du sol, leur feraient perdre leur caractère nomade et augmenteraient les produits de la terre. S'ils ne plantent pas et ne bâtissent pas, c'est même, en grande partie et dans plusieurs lieux, parce qu'ils n'ont pas été gouvernés par un pouvoir qui leur inspirât confiance et leur garantît la sécurité ; c'est, en d'autres termes, parce qu'on transporte facilement sa tente et ses bestiaux, c'est-à-dire toute la fortune de l'Arabe, tandis qu'on ne transporte pas les maisons et les plantations. Il est donc, certain qu'avec un gouvernement régulier, équitable et non spoliateur, et avec une force publique qui maintiendrait l'ordre et la paix entre les tribus, les Arabes, qui sont fort intéressés d'ailleurs, et qui aiment leurs aises, planteraient et bâtiraient. Est-ce à dire, pour cela, qu'ils parviendraient ainsi à concevoir la propriété comme l'a décrétée l'Assemblée Constituante, en haine de la propriété féodale, comme l'a organisée notre code civil, en vue de la division des grandes propriétés, et par conséquent en contradiction avec, les exigences de la grande culture? - Je ne le pense pas.

        XIII. - Le beau nom de commune convient infiniment mieux à une tribu arabe qu'à un village français; si nos paysans vivent entre eux d'une manière plus sociable que les Arabes d'une même tribu, ce qui est fort contestable sous bien des rapports, ce n'est certes pas par suite de la manière dont la propriété est constituée en France, car c'est précisément la propriété qui engendre parmi eux. les procès , les haines , le vol et même les crimes contre les personnes; nos villages sont des égoïsmes rapprochés, mais non associés, et par conséquent toujours prêts à entrer en lutte les uns contre les autres, et très peu disposés à se donner généreusement, socialement, aide et secours. D'autres causes, morales et intellectuelles, contribuent sans doute à produire cet effet ; mais il est impossible de ne pas en attribuer une bonne partie à cette cause purement matérielle, la propriété individuelle; et, quelque effort que l'on fasse pour élever la moralité et développer l'intelligence de nos paysans, je défie de réussir à perfectionner leur association communale, si l'on ne modifie pas aussi la constitution de la propriété, qui est la représentation matérielle très exacte de leur égoïsme et de leur inintelligence.
        Cette nécessité est bien plus évidente encore, s'il s'agit de constituer la propriété dans des villages de Français en Algérie, c'est-à-dire à côté de tribus prétendues barbares. D'un autre côté, il est évident aussi que ces tribus doivent posséder, dans leurs vieilles coutumes, le principe communal le plus conforme aux nécessités de culture et aux exigences du sol et du climat de l'Algérie, et à la civilisation que la religion et les moeurs musulmanes ont établie et maintiendront encore longtemps.

        XIV. - Nous devons, dit-on, exciter ces tribus à bâtir et planter, afin de leur donner l'amour du sol, le besoin de la paix entre elles, et pour améliorer la culture de la terre et le sort du cultivateur. Mais faut-il pour cela que la propriété devienne individuelle ; absolue, elle qui est aujourd'hui collective, sociale, communale?
        En France nous avons aussi des biens communaux, c'est l'exception; le cas général est celui de la propriété individuelle; en Algérie, n'est-ce pas précisément le contraire qu'il faudrait chercher à établir, si déjà il n'existait pas? Que les Arabes bâtissent des maisons et construisent des villages ; qu'ils entourent ces maisons ou ces villages de jardins bien plantés, comme ceux de Blida ; que ces maisons et ces jardins soient alors considérés de la même manière que les maisons et les jardins des villes, c'est-à-dire soient propriétés individuelles, il n'y aurait rien là d'étonnant, ni même de nouveau, puisque les choses se passaient ainsi, avant nous, en Algérie, lorsque se fondait une ville, là où vivait précédemment une tribu. Mais faut-il en conclure qu'il soit utile de faire perdre au reste du territoire de la tribu son caractère communal, son gouvernement et son administration unitaires, les grands avantages de l'association pour la grande culture, et que nous devions livrer son agriculture, sa sécurité, sa moralité même à toute l'anarchie des intérêts individuels ?
        Je le dis encore, la France n'a pas tout à enseigner en Algérie, elle a quelque chose à apprendre des Arabes, au moins pour l'Algérie. Il y a de belles et bonnes choses dans le gouvernement et l'administration des tribus : elles attendent de nous une vigoureuse police qui les maintienne en paix, une administration probe et vigilante qui ne les spolie pas, et qui les excite au travail ; mais si nous donnons aux Arabes, avec notre propriété individuelle de maisons et de jardins, une partie de l'égoïsme qui nous ronge, pour Dieu! Ne forçons pas la dose, et respectons ce sentiment communal que nous avons perdu et que l'Algérie est peut-être destinée à nous rendre.
        Non seulement nous devons encourager les Arabes à bâtir et à planter, mais, dans certaines limites, nous pouvons et devons progressivement les y contraindre. Ainsi, lorsque déjà nous avons institué des Kalifats, des Caïds et des Cheiks, nous aurions dû, si cette institution n'avait pas été jusqu'ici à peu près illusoire, nous aurions dû leur imposer l'obligation d'avoir une habitation fixe, pouvant être défendue, placée au centre du district dont nous les chargions, lieu de justice et de prière, source abondante.
        Quand nous aurons le castel du Cheik, le tribunal du Cadi, la mosquée et la fontaine, nous ne tarderons pas à avoir le VILLAGE ; et le peuple nomade et pasteur sera transformé en peuple agriculteur.
        C'est là le progrès que nous devons faire faire aux Arabes, et certainement c'est l'un des deux motifs providentiels qui peuvent expliquer et légitimer notre occupation de l'Algérie et tout le sang arabe que nous y avons versé. L'autre motif providentiel est le progrès que nous devons faire nous-mêmes, par le contact avec ces populations énergiques ; car il faut bien que nous ayons, nous aussi, le prix de notre sang. Ce serait à désespérer presque de Dieu, et surtout à désespérer tout-à-fait de la France, si nous ne devions ou ne savions pas trouver ici une compensation de nos immenses sacrifices.
        Rome n'a connu la poésie et les arts que lorsqu'elle a pu s'y essayer dans la Grèce conquise par ses armes ; nous-mêmes, nous ne sommes sortis du mutisme du moyen âge, qu'après avoir essayé de parler en Italie et d'y préparer notre renaissance. Aujourd'hui, après les immenses progrès que nous avons faits dans l'industrie, le commerce, les manufactures, après les prodigieux accroissements de la population et de la richesse de nos villes, songeons à la campagne, songeons au labourage et surtout au pâturage, ces deux mamelles de l'État, selon Sully. Nous les laissons s'épuiser et tarir ; nos paysans se font ouvriers citadins, et notre agriculture devient horticulture; nous n'avons plus de bestiaux, et nous élevons des chevaux de course, non pas pour des tournois, mais pour les jeux et les paris de bourgeois ennuyés. Homère inspira l'Italie, et Dante la France ; or l'Algérie possède le grand poème du pasteur, la poésie du plus ardent amant de la nature, du plus brillant peintre des richesses et des splendeurs de la terre. Chateaubriand et Lamartine, depuis longtemps, sont allés lire, en Orient, ce grand livre qu'avant eux Napoléon avait ouvert pour finir le XVème siècle et commencer le nouveau ; Hugo s'en est inspiré ; et tous les peuples d'Europe, écoutant la voix de ces grands prophètes, ont marché, les uns vers la Perse, d'autres vers la Syrie, nous vers l'Afrique, où nous nous sommes établis ; tous vers les peuples enfantés par un chef de tribu, par un pasteur; et qui portent son nom , le nom de MAHOMET.

        XV. - J'ai indiqué, mais seulement indiqué ma pensée sur les modifications à introduire dans la constitution de la propriété des tribus arabes ; j'aurai besoin d'y revenir et de développer cette pensée, en l'appuyant de considérations sur le gouvernement et l'administration des tribus : je ne pourrai le faire qu'après avoir parlé de l'établissement de nos villages européens et de la propriété coloniale; ce que je viens de dire sur les tribus m'y conduit.
        J'ai posé, en tête de ce chapitre, trois règles générales qui s'appliquent au sujet qui m'occupe en ce moment, et aussi à toutes les institutions que nous voulons fonder en Algérie. Conserver les principes communs aux indigènes et aux Européens ; détruire les principes contraires à l'union et à la prospérité de ces deux populations; introduire et développer les principes avantageux à toutes deux et qui sont déjà en germe chez l'une et chez l'autre ; telles sont les lois qui nous sont imposées, la première par la raison, la seconde par la nécessité, la troisième par l'humanité.
        Appliquons-les à la constitution de la propriété dans les villages coloniaux, civils ou militaires, qu'on se proposerait de fonder.

        XVI. - Et d'abord, pour les COLONIES MILITAIRES.
        Conservons avec soin le caractère collectif et hiérarchique de l'armée, son esprit de corps, ses principes d'honneur, de dévouement, de désintéressement personnel ; mais aussi la noble ambition d'un avancement acquis uniquement par des actes glorieux ou avantageux pour le corps et pour la patrie.
        Détruisons, au contraire, l'éloignement habituel et l'ignorance même des soldats ou de leurs chefs pour les travaux productifs, et leur disposition aux actes de pure destruction; combattons l'oisiveté ordinaire des garnisons et les vices qui en sont la suite, surtout l'intempérance, si funeste en Algérie.
        Introduisons des habitudes de culture, des procédés d'hygiène, des exercices militaires même, propres particulièrement à l'Algérie, et dont, par conséquent, les germes doivent se trouver chez les indigènes.
        Pour atteindre ce triple but, il faut :
1°) Que la propriété soit collective, qu'elle soit propriété du corps, qu'elle soit dirigée et administrée hiérarchiquement, conformément aux grades obtenus pour services rendus à l'utilité et à la gloire communes ; que la discipline soit aidée par des travaux et ateliers communs, par des corvées et des gardes, en un mot, par un service réparti également sur tous ; enfin, par l'uniforme et les armes.
2°) Que tout motif de tendance à la propriété individuelle, à l'égoïsme des intérêts particuliers, à l'avancement par la naissance, par la fortune ou même par l'ancienneté, lorsqu'elle est le seul titre, soit combattu et ne trouble pas l'esprit de corps et la discipline, indispensables à la force, à la sécurité des colonies militaires ; que, par conséquent, la gestion de la propriété commune soit l'objet d'une éducation, d'un règlement, d'un service, aussi obligatoires que le sont en France l'instruction, le règlement et le service, pour l'officier et pour le soldat; que tous apprennent à respecter la propriété commune comme une propriété du drapeau, comme le signe de la bravoure et de la force du corps, et qu'ils soient excités ainsi à la cultiver, à l'améliorer, à l'enrichir, et à ne jamais lui causer dommage, en même temps qu'ils y seront encouragés individuellement par un équitable avancement, récompense de leurs travaux personnels.
3°) Enfin, que le casernement, le vêtement, la nourriture, les travaux, le service, soient conçus et réglés en vue du sol et du climat nouveaux où les Européens doivent vivre, où ils doivent être aussi bien cultivateurs que militaires; et, par conséquent, qu'on en prenne l'inspiration dans l'observation attentive des habitudes arabes sous tous ces rapports ; que l'étude de la langue arabe soit encouragée par un avancement promis depuis longtemps, et qui n'a pas encore été accordé, parce qu'il est, en effet, difficile dans l'armée combattante, qui n'y voit pas un titre suffisant à l'assimilation avec les actes de guerre ; mais la légitimité de cet avancement sera bien promptement sentie par des colonies, dont le principal intérêt consistera dans des relations d'échange et de bon voisinage avec les tribus voisines. Que la sobriété des Arabes serve de leçon et d'exemple.
        En d'autres termes, il s'agit de conserver à l'armée colonisatrice les vertus que notre organisation militaire encourage déjà ; de combattre en elle d'autres dispositions, propres à l'homme sans doute, mais qu'on a jugées impropres, de tout temps, aux corps militaires ; enfin, d'introduire dans cette portion de l'armée française deux choses nouvelles pour notre armée et pour des Français, le travail agricole et ce travail en Algérie. Ce sont principalement ces deux points nouveaux qui devront être sans cesse présents aux chefs des colonies militaires.
        Mais renfermons-nous dans la constitution de la propriété de ces colonies, et, pour cela, nous n'avons plus qu'à justifier ce que nous venons de dire sur ce qu'il faut conserver ou détruire.
        Conserver au territoire de la colonie militaire le caractère collectif, serait-ce seulement affecter à un bataillon cet emplacement, comme on lui affecte une caserne, une place d'exercice, un polygone? Telle n'est pas du tout ma pensée. Une caserne et une place d'armes sont des lieux qui ne produisent rien, et l'emploi de ces lieux est ce que les économistes appellent un emploi improductif, quoiqu'il ait pour résultat de produire très réellement des soldats cela signifie du moins qu'ils ne produisent pas plus de richesse vendable, échangeable, que n'en produisent les écoles, les églises, les hôpitaux; or, tous ces établissements sont, moralement, humainement, très productifs. Le territoire de la colonie sera, en outre, matériellement productif.
        Le produit du travail du bataillon devrait être distribué, après réserve des semences et de l'entretien des instruments de travail, en trois parts égales :
        La première, affectée à l'amortissement des premiers frais d'établissement, et en partie aux travaux d'utilité publique.
        La seconde, venant en déduction de la somme annuellement consacrée à l'entretien du bataillon.
        La troisième, divisée en deux parts égales, l'une consacrée à la retraite des soldats colons, l'autre pour haute paie, ou supplément de solde, distribué dans des proportions déterminées, aux soldats, aux sous-officiers et aux officiers, et pour primes décernées aux soldats et sous-officiers, par le corps d'officiers présidé par leur chef, directeur de la colonie.
        Ces détails touchent à l'organisation intérieure des colonies, et ce n'est pas encore le moment de nous en occuper ; j'ai voulu seulement établir, par cet exemple, ce que j'entendais par cette propriété collective du bataillon, et montrer en même temps le côté de la question qui tient à l'intérêt personnel, non pas de la propriété privée, mais de la jouissance individuelle.
        Il ne faut pas se le dissimuler, nous ne fonderons pas des colonies, même des colonies militaires, uniquement avec la rétribution habituelle du militaire, avec les honneurs et la gloire; non-seulement nos efforts seraient vains, mais ils produiraient un effet désastreux qui n'est déjà que trop sensible en Algérie : l'avancement qui donne les honneurs, mais aussi l'argent, deviendrait une passion effrénée, insatiable, si l'intérêt personnel, sentiment fort légitime, ne trouvait pas en Algérie une juste compensation des fatigues, des privations, des dangers de tous genres auxquels sont exposés les Européens ; et cette passion qui est d'ailleurs étrangère à l'immense majorité des soldats, leur est souvent bien funeste, et funeste à la France, quand elle s'empare de leurs officiers.
        Ce n'est donc pas le désir de la richesse personnelle que nous avons à combattre en Algérie, Dieu nous en garde ! Pourvu que cette richesse soit le prix du travail ; car elle est alors un des plus puissants excitants du travail et même de la moralité, malgré les écarts auxquels conduit le désir excessif de la posséder. Nous voudrions surtout que le soldat, qui est généralement propre au travail agricole, pût avoir en Algérie l'ambition et l'espoir au moins de s'enrichir par son travail, puisque, par sa bravoure, il n'a généralement d'autre avenir heureux que le retour au village, sain et sauf, mais avec quatre années d'Algérie qui l'ont vieilli de dix ans et lui ont fait oublier son état. Ce qui est à craindre, c'est la propriété personnelle du sol et des instruments de travail, car la propriété individuelle donne droit à celui qui la possède d'en user et d'en abuser; c'est le mot, et il est vrai.
        Je pense que ceci paraîtra évident pour des colonies militaires, et que personne ne songe à donner à chaque soldat colon, en toute propriété, une parcelle du territoire colonial ; mais comme ce sera moins évident et plus contesté pour des colonies civiles, nous y reviendrons tout à l'heure, en nous occupant de celles-ci, et de l'importance que doit y jouer le principe de propriété collective; toutefois, disons-le dès à présent, la première conséquence qui découlerait d'une semblable constitution de la propriété, dans les colonies militaires, c'est qu'elle se prêterait peu à la petite culture, et qu'elle conviendrait uniquement à la grande. Or, nous verrons, lorsque nous traiterons des lieux que doivent occuper les colonies militaires, nous verrons que, dans ces lieux et pour les besoins de ces colonies, la grande culture est nécessaire et seule praticable, économiquement et politiquement.
        Une autre conséquence aussi immédiate, c'est que les travaux de défense, de conservation, ceux d'irrigation et de communication, pourraient bien rencontrer quelquefois une mollesse générale, dépendant presque toujours de la mollesse du chef (comme cela arrive pour la guerre, dans un même régiment qui brille ou s'éclipse, selon-la valeur de son colonel, ou bien entre divers régiments inégalement célèbres, quoique la composition des soldats soit dans tous la même) ; mais ces travaux d'intérêt commun ne rencontreraient jamais les mille obstacles que les petits intérêts individuels opposent inévitablement à l'intérêt général, lorsqu'ils ont un droit absolu, lorsque chacun d'eux est, selon l'expression de M. Cousin, une liberté, lorsque leur titre de propriété ne prouve d'ailleurs, par lui-même, aucune valeur réelle de capacité, de moralité, de sociabilité.
        Enfin, une troisième conséquence, c'est l'économie et l'aisance de la vie collective, comparée à la vie individuelle, et l'avantage d'une nombreuse et prompte réunion d'efforts, dans un pays et pour des travaux agricoles qui exigent, à l'égard des hommes et à l'égard de la nature, ces deux conditions, nombre et rapidité.
        Je le répète, je n'ai en vue pour le moment que la constitution de la propriété dans les colonies militaires ; ce sujet soulève naturellement toutes les autres questions d'organisation de ces colonies j'en ai indiqué ici quelques unes, mais on aurait tort d'y chercher celles qui feront l'objet de la deuxième partie, qui a pour but, directement, l'organisation des colonies.

        XVII. - Appliquons maintenant les trois règles générales à la constitution de la propriété dans les COLONIES CIVILES.
        Ici, je renverserai l'ordre dans lequel j'ai présenté les trois règles pour les colonies militaires, où, selon moi, il y avait beaucoup à conserver, peu à détruire et fort peu à innover, du moins quant à la constitution de la propriété. Dans les colonies civiles, au contraire, je crois qu'il y a considérablement à innover, beaucoup à détruire et fort peu à conserver.
        Mais remarquons, ainsi que je l'ai déjà dit, que l'innovation ne doit avoir lieu, pour les Européens, que si le principe qu'on veut introduire parmi eux n'est pas contraire au contact ou à l'association avec les indigènes, ou même s'il est déjà régnant chez les indigènes; ou bien si ce principe existe déjà en France. Je crois, dans ce que je vais dire, satisfaire à toutes ces conditions.

        Ce qu'il faut introduire dans nos villages coloniaux, c'est une chose qui n'est pas, il est vrai, dominante dans nos villages de France, quoiqu'elle y existe on la rencontre d'ailleurs souvent dans l'industrie française ; et cette chose ne blesse les Arabes en aucune façon, car elle est générale chez eux : c'est la propriété collective de la terre.
        Ce qu'il faut détruire, au moins dans son absolutisme, et réduire à des limites infranchissables, c'est la propriété individuelle de la terre.
        Ce qu'il faut conserver, c'est l'élément d'activité et d'attachement au pays, que donne la libre disposition de la maison bâtie et du jardin planté par le colon, sauf cependant quelques limites, imposées par l'intérêt général, à cette disposition individuelle qui n'est pas absolue, même en France.
        La propriété collective existe déjà en France, viens-je de dire, peu pour l'agriculture, mais beaucoup ailleurs ; en effet, j'ai déjà rappelé que pour les défrichements; les semis de landes, les exploitations de forêts et de mines, les canaux d'irrigation et de communication, les routes et les ponts (1), la terre est possédée collectivement par des associations, et que, dans l'industrie manufacturière et commerciale, le nombre de ces associations possédant une propriété foncière commune, était très considérable ; et enfin j'ai parlé des biens communaux.
        La chose ne serait donc pas, à beaucoup près, neuve pour nous, le germe a déjà de vigoureuses racines dans la terre de France, et il lève haut la tète ; elle le serait encore moins pour les indigènes. Toutefois, je conçois qu'au premier aspect on soit surpris de la proposition de ce mode de propriété, pour la fondation des villages coloniaux de l'Algérie, et ce qui me le fait croire et redouter, c'est que les personnes qui ont parlé ou écrit sur la colonisation, ont toutes proposé simplement de petites concessions de quelques hectares, à des individus ramassés au hasard, concessions à perpétuité, incommutables, libres, comme le sont nos propriétés en France; ce qui me le fait craindre par-dessus tout, c'est que de pareilles concessions sont déjà faites, et que des villages, fort heureusement peu nombreux et près de la capitale, sont fondés sur ce, principe de liberté, de divisibilité, de mobilité, que je crois tout-à-fait incompatible avec l'ordre, l'union, la constance que nous devons avoir en Algérie, et qui sont nécessaires partout pour fonder.

1) Je rappelle fréquemment ces diverses entreprises, parce que ce sont précisément celles que réclame l'état de l'Algérie, et, en général, toute fondation coloniale.

A SUIVRE

UNE PETITE HISTOIRE DES JOURS HEUREUX

 
     ALLO Rachid, j'ai fait parvenir les photos de la villa, à mon frère Hubert en normandie, et ils les a aussitôt imprimées et montrées à mes parents, "réaction", ma mère s'est mise à pleurer et mon père a embrassé la photo à plusieurs reprises, et nous on avait tous la larme à l'œil, voilà 44 ans plus tard ce qu'il nous reste, mes parents VOUS remercie pour ce geste de bonheur que vous leur procurez, depuis 62 ils vivaient dans le souvenir des jours heureux avant que De-Gaulle, les français et un groupe de terroristes viennent tout gacher, il reste à dire que si beaucoup de choses étaient à changer en Algerie, il ne fallait pas le faire comme ce p...... de De-Gaulle l'a fait, BON ! de toute façon on doit l'avaler car on ne peut revenir en arrière.
     En ce temps là " il y avait "....UNE PETITE HISTOIRE DES JOURS HEUREUX ..... jeannot (papa) travaille à la centrale électrique comme chaudronier, Louise (maman) à la maison, au debut on habitait 11 rue du docteur Mestre, il y avait une grande cour rectangulaire et des appartements, c'était un peu la cour des miracles, on avait le premier logement sur la gauche 2 pieces et un coin cuisine c'était pauvre mais on avait de l'amour. C'était dans le temps, quand le mot famille disait encore quelque chose, le soir ma mère nous faisait du vin chaud à la canelle, il paraît que ça guérissait bien des choses, et avant d'aller à l'ecole elle nous passait le peigne dans les cheveux pour les poux !, et puis sont arrivés les deux premiers enfants, Charley 1 et Charley 2 morts de maladie à 6 mois et 1 an et demi enterrés à Bône. Ensuite il y a eu les 3 "mousquetaires " Hubert, Gérard, Mimi et bien plus tard à la villa ma soeur, Marie-Thérese. On a déménagé à la villa en 56 à peu près, et là c'était le paradis car on quittait ce que l'on appellait "la vieille maison" ..toutes ces villas appartenaient à des gens qui travaillaient à la centrale electrique, en ce temps là mon père gagnait je crois 85000 (anciens francs) on est loin du colon riche dont nous affublent les français : on avait pas le telephone, pas de TV (pour nous abrutir). NON on avait plus, ma mère faisait ce qu'elle pouvait pour nous nourrir, je me rappelle, on disait "Où est la viande ?" Elle répondait " mange tes pâtes et tu trouveras la viande, car la viande était rare, puis mon père s'est mis à aller à la chasse au sanglier, canards et perdrix et cela a amélioré notre affaire. On allait à la pêche, moi toujours derrière le cul de mon père, oui à la pêche au lever de l'aurore et putain, on en a sortit des sars et des daurades et des sopes et des loups. On allait aux sèches au trou carré. Le soir sur le balcon de la villa on regardait les étoiles et mon père nous chantait des chansons ; du style "de Gabès à Tataouine etc.. etc.. "
     L'été on allait à la plage, à St-Cloud, Gassiot, Toche etc, et le soir aussi lorsqu'il faisait bon. L'été on allait marcher le long de la corniche de St-Cloud avec d'autres voisins et nous, les enfants on montaient et descendaient les escaliers qui mènent à la plage, et ma mère qui criait "remontez, vous allez vous casser les cornes ". AH oui PAUVRES ; mais heureux. J'allais à l'école de Beauséjour, tablier gris pour tous, maintenant les enfants ce sont des cartes de mode, et on voit ce que cela donne. Mon prof s'appellait LANASPRE très méchant, en ce temps là on bougeait pas, ou on se prenait une tréaa. On se faisait des brochettes avec des frisures de moutons (6 francs le KG, je me rappelle ) et chacun payait un peu de sa poche, l'anisette coulait à flot et on riaient et on riaient. Il y avait "Barkat" une grosse femme algérienne qui était souvent à la maison car amie de ma mère et elle nous prenait sur ses genoux et nous chantait des chansons en arabe (dont on comprenait rien !) mais qu'on trouvaient très belles de par la mélodie et bon sang elle nous faisait des makrouts à mourir de plaisir et des zabia et les beignets. "BARKA, MA CHERIE, où que tu sois, on t'a aimé, on t'aime, et on t'aimera toujours ". A Paques on faisait les couronnes et on se les échangeaient avec les voisins . Je regardais ma mère pètrir la pâte avec sur elle, un tablier à 2 francs, plein de grosses fleurs et elle chantait " je t'ai donné mon coeur, tu tiens en toi tout mon bonheur, une chanson de ce temps là " HEUREUX !". Dehors il pleuvait, je plaçais des pièges pour attraper des moineaux, que ma grand-mère plumait pour faire cuire, on jouait aux billes, aux oscellets, avec des noyaux d'abricots, quiksse, as quiksse tête, pas tête, je me rappelle, de ces expressions aux billes. On jouait avec ma grande cousine à la marchande, on faisait avec de la glaise des gâteaux que ma cousine vendaient et nous les petits on faisaient les acheteurs, voilà, en gros l'histoire de la famille Rodriguez, au temps des jours heureux (qui est sans doute, l'histoire de bien des pieds-noir de ces temps-là).
AVANT que la folie des hommes, leur traitrise et lâcheté ("tiens de-Gaulle vient de se reconnaitre") nous emporte et nous laissent blessés et meurtris à jamais. Maintenant, le temps à passé, j'ai grandi, 56 ans dans mon cœur je n'ai pas honte de le dire, je suis resté celui que je viens de décrire, mais pour survivre, j'ai du m'endurcir, oublier mes petits poings d'enfant qui jouaient aux billes à BÔNE et devenir un BOSS au canada, gérer, régler, trancher, décider, faire tourner une machine, pour toujours plus de dollars. Bref je suis ce que pour survivre, j'ai dû être et on me flatte ; me félicite, m'envie ! même,!!. J'ai réussit à être "QUELQU'UN ". Mais ces couillons qui me voient de la sorte n'ont RIEN compris, CAR AU FOND DE MOI, EST RESTE GERARD CELUI QUI JOUAIT AUX BILLES A BÔNE et cela jamais je le renierais, mais bon, là il faudrait faire une autre histoire ; MERCI Rachid d'avoir pris le temps de lire.


NDLR : L'année dernière, Gérard m'avait demandé des photos de la villa de ses parents à Beauséjour. J'ai transmis le message à notre Ami Rachid, et lors de son dernier séjour, il a pu retrouver cette maison et faire deux photos que j'ai fait parvenir à Gérard pour ses parents nonagénaires.


AMOUR TOUJOURS
Envoyé par M. Christian Migliasso

Nous pourrions tous les deux
Comme des enfants heureux,
Nous irions dans la ville,
Etres forts et tranquilles,
Nous partirions ensemble
Où le bonheur ressemble

Nous pourrions, si tu veux,
Partager des aveux,
Apprivoiser le temps,
Où le cœur palpitant,
Frissonner d'émotion
Jusqu'à la dévotion.

Oublier la détresse
A travers notre tendresse
Tu vivras dans mes rêves
Si notre amour s'achève.

Nous tenant par la main
Faire un bout de chemin
Bras dessous, bras dessus,
Fièrement résolus
Vers tes rivages fous.

A ton sourire doux
Sentir chaque seconde
Ta terre en nous féconde
Vivre au fond de tes yeux
Pour te connaître mieux.

Te revoir comme avant
Aussi belle et jolie
A jamais ton amant
T'aimer à la folie

Je saignerai toujours
La nuit comme le jour
Pour toi Bône Mon Amour

C. MIGLIASSO

ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 19


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

III - TEMOIGNAGES
C. - Kabylie
Restauration des sols érodés en Kabylie
PAR
Par Jean PONCHON
Ingénieur Agricole (Alger, 1942)
Adjoint au Directeur Agricole
de la Société Immobilière et Agricole de 1'Harrach Maison-Carrée (Alger)

      Dans la région de Mirabeau, zone de collines dont la pente varie de 15 à 60 %, le phénomène de l'érosion est particulièrement redoutable : les oueds, en peu d'années, ont vu leur lit exhaussés de plus de 5 mètres par apport de terre arable arrachée dans les bassins versants.
      Dans un domaine privé, un périmètre de 200 hectares a été mis en défens à titre d'exemple, avec la participation du Service de la Défense et Restauration des Sols, pour augmenter les possibilités de production par la récupération de terres uniquement livrées au pacage.
      Grâce aux banquettes sur lesquelles on a planté des arbres, la végétation fourragère naturelle a réapparu, améliorant les pâturages et permettant la production d'un miel très fin (Sainfoin d'Espagne).
      Voici quels ont été les travaux exécutés :

Années Surfaces traitées Longueur des banquettes Arbres plantés
1952-1953
1954-1955
1955-1956
7 ha
20 ha
100 ha
3.121 m
7.505 m
6.150 eucalyptus
335 oliviers
33.127 n1
35.000 eucalyptus

      En 1955, on a ouvert 5,1 kilomètres de pistes pour desservir ces parcelles.
      Ces travaux en montagne ont représenté pour le propriétaire d'importantes dépenses ; mais, sur le plan humain, ils permettent de fournir du travail et de fixer une dizaine de familles musulmanes pour lesquelles des logements ont été construits et des puits creusés. La rénovation des pacages leur permet d'élever une vache pour la production du lait familial, et un ou deux moutons que l'on sacrifie lors des grandes fêtes religieuses. En outre, chaque famille profite indirectement de la plus-value de ces travaux, qui se traduit par une augmentation des rendements de l'ordre de 20 à 30 intéressant les cultures annuelles (blé, vesce, avoine, tabac), comme les cultures arbustives.



Un S.A.R. d'Arboriculture de la région
de Bougie

PAR
Par Pierre ANCEY
Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie (1932)
Moniteur Chef des S.A.R. de la Soummam Sidi-Aïch (Constantine)

      Le S.A.R. de Tizi est situé dans le massif des Babors, à 20 kilomètres de Sidi-Aïch (vallée de la Soummam), au Sud-Ouest de Bougie. Créé en 1952, il se trouve dans une zone à forte pente allant de 15 à 75 % ; l'altitude varie de 100 à 700 mètres. Le sous-sol rocheux affleure souvent. Autrefois, la région, aride, ravinée, fortement érodée, comportait, de-ci de-là, des broussailles avec quelques figuiers, oliviers, caroubiers. Le fellah ensemençait tous les ans quelques portions en blé dur, nais, bien souvent, ne récoltait guère que la semence.
      Depuis la création du S.A.R., l'aspect de la région est totalement modifié dans toutes les parties restaurées : plus de griffes de ravinement, plus de zones en friches, plus de terres abandonnées par leur propriétaire. Les banquettes, établies suivant des courbes de niveau distantes de 6 mètres, s'étendent sur 180 kilomètres au total. Elles portent, sur leur " bourrelet ", de jeunes arbres en pleine végétation : oliviers, caroubiers, amandiers et figuiers, ainsi que des frênes et des eucalyptus dans les ravins ; les vieux arbres connaissent un regain de vigueur. Les broussailles ont disparu, laissant place à la culture des céréales, dont les rendements se sont accrus.
      Mais il ne suffit pas de planter des arbres ; encore faut-il qu'ils poussent, et, pour cela, ils doivent être entretenus par binages et arrosages durant les premières années. Le fellah étant en général un peu négligent, le moniteur du S.A.R. et son équipe se substituent à lui, afin d'assurer une très bonne reprise des plantations que le propriétaire, dès lors convaincu, entretiendra par la suite suivant ses conseils.

      Tandis que la région connaît de la sorte une valorisation rapide, une école moderne est construite à proximité des bâtiments du S.A.R., ainsi qu'un bureau administratif qui facilite les relations avec les habitants des tribus. Sur place, a été constitué un dépôt de denrées alimentaires de première nécessité : céréales et semoules,
      Extrait de la lettre d'envoi de cet exposé :
      " ... Il n'est point fait état de l'incidence des événements actuels, qui, pour la région, se sont soldés par l'abandon forcé des S. A. R., avec la destruction des bâtiments et des écoles par les fellaghas. Si la France reprend tout en main, j'ai bon espoir que, comme prévu, 20.000 hectares déshérités de la vallée de la Soummam pourront être prochainement travaillés pour y planter les 2 millions d'arbres déjà en pépinière. "


Ecole d'Agriculture de Guelma



Amélioration de la culture
et de la vente du Tabac en Kabylie

PAR
Par Hubert MANGIN
Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie (1935)
Chef de la Station Expérimentale
d'lsserville (Alger)

      La culture du tabac est très ancienne en Kabylie ; bien avant 1830, elle y était pratiquée sur une petite échelle. Mais, comme dans les autres régions d'Algérie où on la rencontre actuellement (plaine de Bône, Mitidja), ce n'est que vers 1865 qu'elle s'est vraiment implantée.
      Actuellement, sur le plan statistique, cette culture est représentée par les données suivantes :
      4.800 planteurs,         7.500 hectares.         52.000 quintaux.
      En période d'économie normale, le tabac trouve place dans toutes les exploitations agricoles de Basse Kabylie - et ce sont les plus nombreuses - qui ne peuvent être étroitement spécialisées dans une ou plusieurs cultures riches : vigne, maraîchage, arboriculture. C'est par excellence la culture du petit agriculteur des collines ; elle seule peut, dans bien des cas, assurer la subsistance de sa famille. En fait, environ 30.000 personnes vivent de cette culture.
      Du point de vue de la main-d'oeuvre, le tabac est exigeant : pour mener une plantation jusqu'à la vente des produits, il faut, au minimum, 200 journées de travail par hectare. La plupart des travaux ne sont pas pénibles et peuvent être exécutés par des vieillards, des femmes, des enfants. La culture du tabac est ainsi éminemment sociale, puisqu'elle permet à tous les membres de la famille de s'employer.
     

Le marché du tabac avant la Tabacoop


      Jusqu'en 1922, les tabacs produits en Kabylie étaient vendus soit à la Régie Française, soit sur les marchés publics ; Quel que fût le mode de vente, nombreux étaient les inconvénients pour les planteurs.
      Le magasin d'Hussein Dey, dans la banlieue d'Alger, achetait un " contingent ", fixé d'avance par l'Administration, et qui ne pouvait pas être dépassé. La majorité des planteurs préférait livrer à la Régie qui cotait les tabacs à leur juste valeur. Le surplus de la production était écoulé sur les marchés publics.
      Sur ces derniers, les transactions prenaient un caractère particulier, bien fait pour décourager les planteurs sérieux. Le fardage de la marchandise par des vendeurs peu scrupuleux amenait de la part des acheteurs des réactions diverses (réfactions sur les prix, sur les poids, etc.). Le tout accompagné de palabres interminables, avait pris, à la longue, figure de coutumes à la faveur desquelles évoluait une foule de courtiers locaux, bruyants et avides. Il en résultait presque toujours un manque. à gagner pour les planteurs confiants. De telles pratiques s'opposaient évidemment à toute amélioration de la culture et de la présentation du tabac. Il fallait réagir si l'on voulait que cette culture, bien implantée en Kabylie et dont le maintien et le développement étaient économiquement souhaitables, peut progresser.

Culture du tabac à Isserville
Scarifiage à la houe à cheval (Cliché Mangin)

     
La Tabacoop

      Créée, en 1922, par une poignée de Français dont nous pouvons saluer ici l'esprit d'initiative, la Tabacoop ou Société Coopérative, réunissait l'ensemble des planteurs de Kabylie, en grosse majorité Musulmans. Cette Société a exercé l'influence la plus heureuse sur l'amélioration de la qualité du tabac ; Elle a revalorisé les récoltes de ses adhérents en travaillant leurs apports dans de bien meilleures conditions et en assurant, par une standardisation bien comprise et une présentation soignée, un débouché plus rémunérateur.
     
La Station Expérimentale Agricole

      L'amélioration technologique et commerciale ainsi réalisée fournit rapidement des résultats spectaculaires, niais elle ne pouvait donner son plein effet que si elle était complétée par l'amélioration culturale. Fin 1932, le Comité Directeur de la Tabacoop kabyle obtint la création, à Isserville, d'une Station Expérimentale Agricole spécialement orientée, à l'instar de celle de Barral (Bône), vers l'amélioration du tabac et de sa culture.
     
Les résultats

      L'action combinée de la Tabacoop kabyle et de la Station Expérimentale d'Isserville, bel exemple de collaboration étroite et féconde, a porté ses fruits :
- sur le plan cultural, par une augmentation des rendements ;
- sur le plan industriel et commercial, par une revalorisation de la production kabyle ;
- sur le plan social, par un accroissement important du nombre de journées de travail ; cet emploi de la main-d'oeuvre, en particulier pendant la période hivernale, évite ainsi chômage et misère à de nombreux ouvriers en une saison où les travaux des champs sont au ralenti.

      La Coopérative des Tabacs de Kabylie a donc fait oeuvre utile en contribuant fortement à l'équilibre économique de cette intéressante région.


A SUIVRE       

QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°21
L'EXODE

CE QUE J'AI LAISSE.

      Je n'ai pas l'intention de faire un inventaire des biens que nous avons eus ou que l'on avait quand il a fallu partir. Ces biens matériels, si chers à notre cœur, ne sont en définitive pas plus importants que cela. L'essentiel réside ailleurs.
      Ce sont nos racines, notre mode de vie, notre accent que nous avons dû rayer de nos conversations journalières. À quel voisin français vais-je parler de la mouna de Pâques, de la forêt de Sidi Ferruch, des jardins de la Bridja, ou des zlabias du pâtissier arabe ? Qui pourra me dire ce qu'est devenu " Zin - Zin la frite ", le marchand de brochettes et de merguez, et qui fait la soubressade mieux que Mme Motta ?
      Nos réunions chez " Poquet ", nos parties de belote ou de touti, nos anisettes avec kemia, des riens allez vous dire, c'est vrai, mais je connaissais chacun des consommateurs, je vivais avec eux, comme eux.
      Certes, ce n'était pas le paradis, mais c'était chez nous, comme dans une famille, avec des heurts, des engueulades, des retrouvailles, des bons moments, la vie quoi ! Mais à la Pied - Noir.
      On peut aimer ce genre d'existence, comme on peut le refuser complètement.
      Ceux qui sont venus après nous ne s'en plaignaient pas, ils avaient accepté nos usages méditerranéens et bien qu'ils aient parlé pointu (on le croyait) ils étaient très vite intégrés dans la communauté...
      Aussi, avec l'aide de plusieurs, ai je eu envie de dresser un plan du centre de Staouéli. Tous ne s'y retrouveront pas, mais le cœur du village étant là, ils auront quelques souvenirs, au moins des écoles, du boulodrome ou des cafés.
      150 noms et plus seront répertoriés. Excusez-moi pour les autres, mais je n'ai pas pu trouver un plan cadastral du village. Je suis toujours preneur.
Photo Robert Antoine

      Le kiosque à musique de Staouéli, ni beau, ni laid me rappelle ces fêtes de village bon enfant, où le ban et l'arrière-ban des notables, des propriétaires, se faisaient un devoir d'accompagner leur progéniture qui aurait tant aimé un peu plus de liberté. " Je vous parle d'un temps que vous ne devez pas connaître, " où : le " permettez, Monsieur, que j'emprunte votre fille " était encore en usage chez nous. Je m'égare, je parle de l'Antiquité ... Si mes tangos de 17 ans s'attachent à des filles, voire à une fille, je ne peux me défaire de l'amitié des copains, Edmond, Georges, Ganoutche, Akli, Jeannot et tous les autres. Dispersés dans toute la France, ils ont dû faire face à l'adversité, eux aussi.
Photo Robert Antoine

      C'est Pâques : C'est la " Mouna " dans la forêt de Sidi Ferruch.
      Des centaines d'Algérois s'installent pour un immense pique-nique, tradition espagnole reprise par toute la communauté européenne d'Algérie.
      Les plus vaillants ont dès le matin fait des oursins " sur les mates" herbeuses de la baie de Sidi Ferruch. D'autres n'ouvriront que des paniers, avec la " coca " à la tomate et aux anchois.
      La soubressade, le boudin à l'oignon font partie des agapes. Le final, c'est la Mouna, avec ses grains d'anis ou son œuf planté au centre. Ce n'est pas très fameux mais c'est la coutume.
      Puis la jeunesse ira se dégourdir les jambes sur la piste de danse du " Normandie " ou du " Robinson ", deux guinguettes perdues au milieu des pins. Certains sortent l'accordéon pour une musette - partie intime. C'est la joie, la liesse et pas encore l'alcootest.
Photo Robert Antoine

      Allons au bout de notre rêverie, venez, je vous invite à une belle promenade.
      Nous allons à la plage, nous, nous disons " à la mer ", plus exactement plage Est. Pour ce faire, il faut sortir du village, marcher le long de la route qui mène à Sidi Ferruch. Celle-ci est bordée d'orangeraies, et de jardins maraîchers.
      Parfois quelques vignes persistent, juste pour nous rappeler qu'il n'y a pas très longtemps la ressource principale était le vin. Nous longeons la forêt de pins, et nous voilà rendus. Les 5 kilomètres ne seront pas une grande fatigue pour nos jeunes jambes. René a apporté une grande corbeille en roseaux que nous remplirons d'oursins... Il restera sur le sable, mais les mangera avec nous. La buvette des " Carrio " est déjà installée. Jeannot, le fils du patron, viendra nous aider à finir nos oursins et nos oignons frais... Le casse-croûte est terminé. Le retour sera plus long, peut être parce que cela monte un peu ...
Photo Robert Antoine

      Le vivier de Capomaccio est connu du tout Alger. Pauvres et riches viennent y acheter les moules, les huîtres, les langoustes vivantes, baignant dans d'immenses bassins reliés à la pleine mer. Cet endroit magnifique, bien géré, fit la fortune de ses propriétaires. De fait, ils exerçaient un genre de monopole, puisqu'en Algérie les moules et les huîtres s'acclimataient mal. On devait les importer de France ou d'Espagne
      C'était donc un lieu où l'histoire et la gastronomie se rencontraient, puisque, pour aller chercher quelques huîtres, on passait obligatoirement devant le petit marabout du vénéré Sidi Ferruch. En levant légèrement la tête, on pouvait voir le monument à la gloire du centenaire de la colonisation. Les plus érudits penseront que c'est dans cette baie que les premiers Pieds-Noirs débarquèrent, mais je ne suis pas sûr que c'était là leur pensée première.
Photo Robert Antoine

      Le même angle de prise de vue, à un siècle près. Cherchez l'erreur Réponse : le timbre bien sûr! Ou le clocher?
Photo Robert Antoine

      Voilà un document rare, puisqu'il représente les moines trappistes de N.-D. de Staouéli. La communauté religieuse est là pour le photographe, autour du puits, au centre du cloître. De plus, le document est daté de 1904.
Photo Robert Antoine

      C'est une époque que je n'ai pas connue, mais les bons moines, comme l'on disait encore dans notre famille, avaient tant fait pour le village et pour les premiers colons qu'ils font partie de notre histoire. Une des causes de notre départ d'Algérie ne serait-ce pas ce sentiment primaire d'anticléricalisme de la troisième république qui fit plus de mal que de bien. La question reste posée...
      Après le départ des trappistes, la famille Borgeaud acheta le domaine.
      Ce fut une famille très respectée, mais qui s'impliqua moins dans la vie sociale et humanitaire du village
      Je ferme la boîte à photos du Staouéli que j'ai connu. Celui-ci n'existe déjà plus, emporté par la vague du modernisme et de l'incompréhension.
      Je ne cesse de me convaincre que ma vie est ailleurs, que d'autres sont partis, et qu'ils ne rabâchent pas sans cesse leurs histoires d'il y a 40 ans.
      Ils ont raison, mais ceux qui sont partis volontairement n'ont pas la même approche que ceux que l'on a chassés et qui ne peuvent finir leurs derniers jours à l'ombre du clocher qui les a vus naître.
      Moi, je n'ai plus de clocher, je n'ai plus d'amis qui aient vécu au pays, moi, Monsieur, je ne peux plus retourner dans mon village.
      - Vous n'êtes pas le seul dans votre cas, combien se sont expatriés volontairement et vivent heureux dans leur pays d'adoption.
      - Monsieur, pour vous répondre, il faut que je domine ma colère et vous dise franchement que, si j'ai un pays d'adoption, j'attends avec effroi que les tours de notre Dame de Paris soient mises au goût du jour et transformées en minarets.
      Pensez à votre ville, à votre village, et dites-moi si ces transformations vous conviendraient ? II est clair que je ne parle pas de nouvelles constructions mais de transformation. Sainte Sophie est un exemple et ses minarets lui vont si bien !
Photo Robert Antoine

      Adieu à mon vieux soldat, adieu à ceux qui ont laissé leur vie pour la France...
      Aujourd'hui ils ont rejoint le soldat inconnu. Plus de monument aux morts, plus de noms gravés dans la pierre, ils sont ignorés de tous, ces poilus, ces zouaves, et même ceux de 39/45. Je ne parle pas de ceux qui sont morts pour défendre leurs convictions, celle d'une Algérie à la Française...
      Un monument d'incompréhension aurait pu être érigé pour deux idées qui s'évaluaient mal les uns pensaient que l'esclavagisme était pratiqué de façon courante, que faire " suer le burnous " était un sport national qui remplissait les poches de ces colonisateurs que l'on appela " Pieds-Noirs ".
      Les autres ne comprenaient pas qu'un futur Algérien, sans la France, mais avec eux, pouvait être une solution qui, à terme, aurait pu donner à ce pays un essor, une identité, et où chacun aurait eu sa place...
      Au moment où j'écris, je ne crois pas que cette idée-là, ait déjà fait son chemin dans le mental des belligérants. Je ne sais si j'ai raison mais après des nuits, des jours, des années, et bientôt un demi-siècle, je ne vois que cette solution.
      Hélas trop tard !!!

      A mes morts, laissés en terre d'Afrique.

Photo Robert Antoine

      Le caveau ANTOINE - DENCAUSSE était un des premiers du cimetière de Staouéli. A l'origine d'une couleur blanc-crème, il fut repeint en rose par les Algériens après l'indépendance. Lors d'une visite des Staouéliens au village, vers 1990, Henri Coffinet voulut
3ème PARTIE --- A SUIVRE
Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui voudraient posseder ce livre, il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors frais d'envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine


L'homme dans toute sa splendeur !!!!!!!
Envoyé par Mme Michèle Raphanel

C'est un gars qui a un perroquet depuis peu de temps.
D'un côté, il a de la chance, parce que son perroquet est très prolixe : il n'arrête pas de parler.
D'un autre côté, il est vraiment embêté, car tous les mots qui sortent du bec du perroquet ne sont que jurons et vulgarités.
Un jour, l'homme en a plus qu'assez. Il attrape son perroquet à la gorge, le secoue très fort et lui hurle: - ARRETE AVEC TES JURONS !
Malheureusement, cela ne fait qu'exciter le perroquet qui se met à jurer de plus belle.
Alors le gars prend l'oiseau et l'enferme dans un placard.
Mais là encore, ça ne fait qu'énerver son perroquet qui lui balance un monceau d'insanités.
Alors le gars est tellement hors de lui qu'il prend le perroquet et l'enferme dans le réfrigérateur.
Et là, comme par miracle, le perroquet se calme.
Au bout de quelques minutes, le gars ressort son perroquet du frigo...
Calmement, le perroquet monte sur son bras et dit:
- Je suis terriblement désolé pour tous les désagréments que je vous ai causés.
Le gars n'en revient pas.
Son perroquet est totalement transformé; c'est à ce moment-là que le perroquet ajoute:
- Juste pour savoir... Qu'est-ce que le poulet avait fait ?

 LES FRERES PIEDS-NOIRS
Par Christian Roehrig
N° 1             

PREFACE

     A travers un survol virtuel de mes souvenirs, moi, petit et humble piednoir de Bab-El-Oued (Place Lelièvre) je retrace certains faits historiques qui m'ont profondément marqué.
     Mi goguenard, mi-cynique, quelquefois acerbe, je décris en pataouète, mes états d'âme et mes ressentiments à l'égard de certains hommes politiques qui ont failli à leur parole d'honneur.
     Depuis ces désillusions, j'observe les charognards se disputer le pouvoir.
     Devenu grand-père, je doute, si rien ne bouge, de la nationalité future de mes arrière- petits enfants que je ne connaîtrai pas et à qui je veux, par le présent, laisser le témoignage d'une vérité.
C. ROEHRIG     

<====OOO====>
Mon ami Joseph

       Mama Mia !... Vous z'allez pas me croire mais l'aute jour, en me promenant dans la rue, jamais je m'attendais à rencontrer ma jeunesse assise sur une chaise à la terrasse d'un bistrot. Ouais c'est comme j'le dis, ma jeunesse assise, bien tranquill'ment assise sur une chaise. J'explique pace que c'est un peu compliqué : Je marche à pieds dans la rue (ouais pace qu'y a des fois ou j'marche en voiture) donc j'marche à pieds et qui j'vois ?... Hein ? Qui j'vois ! Assis bien tranquille comme Baptiste devant une anisette, une Cristal comme on disait chez nous, j'vois mon Joseph Graziano, mon ami d'enfance, mon frère d'là-bas. J'vous dis pas l'bonheur de ma vie qu'ça m'a fait. J'étais à, j'sais pas moi, à dix mètres de lui, ou peut-être plus ou alors moins, mais j'sais que j'étais pas loin, mon bonheur il était tell'ment grand que les bras y m'en sont tombés, j'suis resté sans voix, un peu babao quoi. Alors j'lui crie : Joseph !!... Joseph !!... j'crois bien qu'il a été surpris, il s'est tourné vers moi et j'ai vu sa main, qui tenait la Cristal, qui s'est mise à jouer des castagnettes tellement elle tremblait, j'vous dis pas le bonheur qui s'est passé à ce moment là entre nous. Je retrouvais mon frère de la Place Lelièvre. On s'est jeté dans les bras, on s'est embrassé et on s'est mis à pleurer. On a tant pleuré que j'crois bien qu'on aurait fait l'inondation. Après on a commencé...
       J'vais, plutôt que de vous le dire, j'vais vous faire assister à naute discussion.
       Christian : (ça c'est moi, j'vous l'dit main'nant pace qu'après vous saurez plus).
       Ma parole, c'est Joseph ! Dis moi que j'rêve pas punaise ! Y a combien temps qu'on s'est plus vu depuis la dernière fois ? Au moins 40 ans si c'est pas plus non ?
       Joseph : (ça c'est lui des fois qu'vous aurez oublié).

        Même plus qu'ça !... Ma parole, j'suis content de t'revoir. J't'aurai pas reconnu si j't'avais pas vu. Ti'es devenu calbot ! Toi qui avait des cheveux frisés voilà que ti'es devenu fartasse (chauve)
       Christian : Ouais, commence pas à me chercher des poux dans la tête. Tu vois, à peine on se voit que déjà tu m'cherches ?
       J'vais te dire que mes cheveux y sont comme moi, bornassent, y cherchent pas des histoires aux autes, alors comme y z'aiment la paix, y z'ont foutu l'camp du front pour pas faire la guerre, ti'as vu l'humour hein !.
       Tiens en parlant de guerre, tu t'souviens de chez nous ... Comme on était bien ma parole !... Tu t'rappelles d'la Place Lelièvre ? Ah !... Quel beau Pays c'était hein Joseph ?
       Joseph : A moi tu m'dis ? Tu veux pas qu'j'me souvienne d'ma jeunesse, purée !... La Place Lelièvre, c'était comme chez moi, j'habitais juste à côté, rue Jean Jaurès au numéro 2, près de l'avenue des Consulats ! Et tu veux pas que j'me rappelle ça ! Poh !

        Poh! Poh ! Oui qu'il était beau naute Pays. J'me souviens comme si c'était hier de tous mes voisins. Y avait celui qui faisait les mat'las, j'crois qu'c'est son cousin qui s'app'lait Lafleur, il avait l'amour des poteaux en fer çuila, y les embrassait tous en faisant le tour et puis y partait en courant. Quand le marché il était fini, il allait ramasser toutes les fleurs qu'y avait par terre, punaise, qu'est-ce qu'on a pu l'emmerder. Lafteur ! Lafleur ! Qu'on criait, mais entention hein ! Entention ! S'il nous attrapait la botcha (coup de poing) qui nous donnait, une aubergine y t'montait à l'œil, même ta mère elle aurait pas pu t'reconnaître, mais y faut dire qu'il était maboul çui là.
       Y avait aussi le marchand d'espadrilles, comment y s'appelle déjà ?? Tu vois on devient vieux, même la mémoire qui fout l'camp. Ça remonte à tell'ment longtemps qu'la caboche elle a pas assez d'pellicule pour tout remplir, alors elle est obligée d'effacer des choses pour en enregistrer d'autes mais nous, on a tell'ment enregistré qu'y a plus d'place.
       C'était un beau Pays tout de même ! Quand j'pense à l'école qu'on avait... même si on faisait des fois mancahora (rater les cours) elle était belle hein ?

        Christian : C'est à moi qu'tu vas parler de l'école, l'atchidente ! J'habitais juste en dessous, heureus'ment qu'y avait pas des fuites au plafond, pace qu'alors quand tu pissais, c'est chez moi qu'ça venait, et avec ça tu veux pas que j'me rappelle !! Monsieur Cazobon, monsieur Bensimon et sa femme qu'y z'habitaient rue d'l'Alma. Lui il avait fait la guerre, il avait eu le poumon percé par une balle perdue, tu t'rends compte, comme si quand on est en guerre on perd une balle, et même si on la perd, on cherche, on demande, on essaie de savoir où elle est, des fois que.. hein ! Non, oualo rien. J'suis sûr que çui qui a tiré y sait même pas qu'le coup il est parti. Enfin, c'est pourquoi il est revenu avant la fin d'la guerre, j'crois qu'il avait fait la Tunisie. Tu t'rappelles Monsieur Benhaim, lui il était calbot comme moi, et puis y avait Monsieur Danglars, Monsieur MORVAN, lui il était le Directeur, Monsieur NADAL et tous les autes.
       Tu t'rends compte de la patience qu'y z'avaient pour tout nous apprendre, parce que nous, on apprenait l'Algérie qu'y était la France, plus la France qu'y était, elle aussi la France, (tu vois comment c'était déjà compliqué ) mais la mère, nous on était chez la fille, à tout nos braves et chers instituteurs et institutrices, je vous rends hommage pour m'avoir appris c'que j'sais aujourd'hui et nous les élèves on vous aimait... et merde, non ! On vous aime toujours et encore beaucoup plus qu'avant pace qu'avec l'age on reconnaît votre gentillesse et votre bonté, et on veut vous dire merci et pardon de queques fois vous avoir embêter un peu.
       Quand j'pense qu'la mère France, elle a abandonné sa fille, le cœur y m'saute d'la poitrine qui faut qu'je courre après pour pas qu'y sauve. Dis Joseph, tu peux m'dire pourquoi le Grand il a dit qui nous a compris ?
       Joseph : Attends, n't'emballe pas. Lui il a dit qu'il nous avait compris, mais c'est p't'ête nous autes qu'on a pas compris c'que lui il avait compris, c'est pour ça qu'y a eu tant d'violences, pace que, écoute bien c'que j'vais te dire. Si on avait compris ce qu'il avait compris, que nous on a pas compris et que lui non plus il a pas compris qu'on avait pas compris, ti'as suivi oui ?

        Alors là mon vieux, on s'rait pas ici on s'rait encore chez la fille et pas chez la mère. Il a dit aussi que de Dunkerque à Tamanrasset on était tous français, nous on le savait puisqu'on avait, enfin pas nous, mais les parents y z'avaient fait la guerre pour défendre la Mère Patrie, ils pouvaient pas dire qu'on était des indiens hein ! Mais tu crois toi qu'tu vas dire à un qui l'est pas de chez nous, qu'il est à Dunkerque, que celui qui est à Tamanrasset il est français comme lui ? La première chose qui pense, c'est qui va chercher la carte de France pour voir où y s'trouve ce bled et comme il voit pas y s'dit qu'c'est pas un français et oilà.
       Christian : Aouah !... Eh bien moi j'ai rien compris !... J'ai rien compris à ce qu'il a compris, et puis j'ai pas compris c'que tu m'as dit pace que c'est trop compliqué. Tu crois qu'c'est une question, pace qu'il a dit Tamanrasset, qu'on est parti ? Mais il avait dit l'Algérie Française ou alors c'est moi qu'j'ai inventé ?... En réfléchissant, j'l'ai p't'ête inventé. C'est tell'ment loin ! Et comme on dit qu'les français y z'ont la mémoire courte alors j'crois bien qu'suis français.

        Tu t'rappelles çui qui était devant chez Tuduri qui vendait le kilomètre à l'entrée de l'école, même qui disait " kilomètre, kilomètre kikikiki en veut ! " (Le kilomètre c'était une espèce de guimauve qui était entourée autour d'un roseau qu'il tenait droit comme la hampe d'un drapeau.). Et l'épicerie de monsieur et madame Arnaud, y avait Raymonde qui s'est pris Georgeot Rouet pour mari ! Tiens en ouala un qui était champion d'France de natation, mais d'la mère hein pas uniquement d'la fille car il était aussi champion d'Algérie, d'la fille quoi. (Ouais j'sais qu'c'est compliqué mais nous on est comme ça, y'a qu'nous qui comprenons alors y faut suivre hein !), y faisait parti d'l'équipe championne de France du relais 4 fois 100 mètres quate nages, c't'équipe là elle avait pas la grosse tête.
       Tu vois au moins eux y z'avaient pas à s'en faire pour partir, pace qu'y z'auraient pû faire la traversée à la nage, vu qu'on avait pas d'bagages y z'avaient les mains libres pour nager, mais nous hein ! On n'avait pas d'bagages non plus, ça c'est vrai, mais pour nager jusqu'là-bas, macache oualo ! Tu t'vois en train de nager pour traverser toute la grande bleue ? Atchidente oui qu'ça aurait été long, et puis tu vois tous les patos qui nous voient arriver tous à la nage, y z'auraient pas pu nous recueillir avec les bras ouverts comme ils z'ont fait, encore que, quand ils les ont ouverts, c'était pour nous donner des botchas à travers la gueule alors !
       Tiens j't'ai parlé d'l'équipe quate fois 100 y'avait Landi Sauveur, Tado qu'on l'appelait, il était des Messageries, son p'tit frère il a même était le goal de l'OGCNice. Sauveur j't'appelles Tado Pace que j'crois qu'ti aimes pas alors j'te fais enrager, il riait toujours il avait la voix grave et il avait une particularité c'est qui pouvait pas mette ses deux pouces dans la bouche, j'me pose encore la question de sa'oir si c'est qu'il avait la bouche petite ou les pouces trop gros, moi j'crois qu'c'était les pouces qu'y z'étaient trop gros. Pour compléter l'équipe, y avait Jeannot Lubrano et Vincent Bosso.
       Bon, j'reviens à naute bateau. Remarque ç'a été long aussi pour prendre le bateau.

        Moi j'me souviens, quand j'suis parti avec ma femme et mes deux filles, j'ai r'gardé encore une fois la casbah quand le cul du bateau il l'a regardée et j'ai pleuré, au fond de moi j'savais bien que j'quittais mon pays pour toujours et que j'laissais un peu d'mon âme sur ce quai. Tu vois Joseph, j'suis encore partagé entre l'envie d'revoir mon pays et queque chose qui m'retient de pas voir c'qui z'en ont fait. Oilà, chaque fois que j'revois les images j'ai la larme qui me coule encore. J'sais pas comment j'peux encore avoir des larmes, avec toutes celles que j'ai versées ma parole j'aurai pû faire déborder l'Harrach.

        Joseph : Arrête Christian. Moi aussi les souvenirs y me fendent le coeur. Mais j'reviens à c'que tu disais. C'est vrai qu'y avait Raymonde Arnaud qu'y était belle comme une fleur nouvelle du printemps que le Soleil quand y se lève y lui jette ses rayons pour mieux la voir, même qu'on louchait tous dans la même direction quand elle sortait du magasin.
       J'revois encore toutes nos filles si belles, si légères, quand j pense que quand on est arrivé en France, on était tous transformés, on aurait dit des moutons tout sales, comme quand y va à l'abattoir. Punaise qu'elle épopée !... Tu t'rends compte que la première fois que j'suis venu en France, j'avais 14 ans pour le championnat de France de boules, j'suis pas venu pour rien vu qu'j'ai gagné la demi finale, j'étais vice champion de France. J'te dis Christian, mon frère, nous autes les pieds noirs, à nous tout seul on aurait pu faire les jeux Olympiques au nom de la France Mère d'ailleurs on aurait pu...
       Tiens tu t'rappelles l'équipe d'El-Biar avec Charly Baeza, Almodovar, Buadés et les autes que les noms encore une fois y s'échappent de ma caboche sans me dire au r'voir, cette équipe, moi j'croyais bien qu'elle allait gagner la coupe de France mais elle a été battue par la fameuse équipe de Reims. J'te dis, en Algérie enfin chez la Fille d'l'France on était les plus forts. Et naute frère Georgeot Moraguès le roi d'l'harmonica ! Même qui nous faisait la copie de Yves Montand; encore un frère à moi çui-là puisqu'il était macaroni, comme moi au départ. Enfin je dis macaroni mais y avait aussi d'la paëlla, puisque ma mère à moi (tu t'rappelles qu'elle vendait au marché elle avait du sang qui lui coulait des veines, rouge d'Espagne vu qu'sa mère à elle, ma grand-mère à moi elle était d'Espagne.
       Bon le Georgeot y nous faisait l'Yves Montand comme personne, et puis on jouait à la Mora tu t'rappelles un peu de jouer ? Tu veux qu'on en fasse une, devant tout l'monde ?
       Christian : Ti'es fou ou quoi ! Y vont s'dire, regarde ces deux vieux y z'ont perdu le sens d'l'orientation y vont appeler les flics, y vont croire qu'on est des fous pace qu'eux y savent pas les frangaouis y connaissent pas les jeux avec les mains, à part pour s'taper sur la gueule. Bon ça fait rien allez, pour te donner du plaisir et faire comme quand on était jeunes.

La Suite au prochain Numéro

LETTRES A UN METROPOLITAIN
Envoyé par Mme Anne Marie Berger/Gallo
Par le CERCLE D'ÉTUDES ALGERIENNES
ÉDITIONS REGIREX (1960)

" L'Algérie est le champ de bataille le plus important du monde actuel où la paix n'est qu'une apparence. Nous n'avons pas affaire à la révolte d'un peuple opprimé, nous n'avons par affaire à une rébellion nationale. Nos adversaires ce sont des hommes armés, encadrés et commandés par l'étranger. Cet étranger n'est pas Algérien, car les personnages du Caire sont des fantoches."
M. Michel Debré à la tribune du Conseil de la République, séance du 29 mai 1956.)
      
 
LETTRE N° 10

       Chaque fois que nous sommes amenés à discuter du problème algérien avec nos concitoyens de Métropole, on nous pose inévitablement la question : " Et quelle est votre solution ? "
       Nous n'avons pas " notre solution " parce qu'un tel problème ne peut pas être résolu d'une manière théorique et subjective. Les faits étant ce qu'ils sont, et nous nous sommes efforcés de les exposer clairement, ils impliquent en eux-mêmes la solution et celle-ci est déjà inscrite dans les textes et dans la " nature des choses " dont Montesquieu faisait le fondement des lois.
       Nous avons montré (cf. 9ème lettre) qu'il résulte des textes actuellement en vigueur, et ces textes sont eux-mêmes l'aboutissement de cent trente ans d'évolution juridique, que l'Algérie, y compris le Sahara, est composée de départements français et que ses habitants sont des citoyens français.
       Mais nous avons également expliqué (cf. 7ème et 8ème lettres) que ces habitants sont, grosso modo, répartis en deux groupes, d'importance inégale, dont les niveaux de vie, la mentalité politique, la structure sociale, les moeurs sont très différents : les uns en sont au XXème siècle, tandis que les autres en sont encore au moyen âge.

       Le principe d'identité énoncé par la loi impliquerait notamment comme conséquences :
       - Que les départements d'Algérie seront gouvernés et administrés comme n'importe quel département métropolitain ;
       - Que les citoyens d'Algérie seront soumis aux mêmes lois et notamment aux dispositions du Code Civil.
       L'application immédiate de ces conséquences à l'ensemble des citoyens d'Algérie est manifestement impossible. Elle est réalisable, et pratiquement réalisée, en ce qui concerne le premier groupe, comprenant les Européens et les musulmans que nous qualifierons " d'européanisés ", pour indiquer qu'ils ont atteint le même niveau que les Européens.
       A l'égard du second groupe, le principe de l'égalité des droits et des devoirs n'est, dans certaines de ses conséquences, qu'une virtualité qui ne pourra devenir concrète que dans la mesure où, par le jeu de l'évolution, le second groupe aura rejoint le premier.
       En définitive, le principe juridique étant posé, il convient d'en tirer toutes les conséquences dont l'application, totale ou partielle, est immédiatement possible, et de maintenir, pour la durée de la période d'évolution, un certain nombre de dérogations appelées à disparaître progressivement. Inversement, il y a lieu de supprimer toutes les dérogations héritées du passé, qui auraient aujourd'hui perdu leur justification.

       C'est ainsi que, par exemple :
       - En droit public, doivent disparaître la plupart des " institutions algériennes " qui seront, éventuellement, transformées en succursales de leurs homologues de Métropole : Budget de l'Algérie, Trésor Algérien (dont la fusion au sein du Trésor Public a déjà été décidée par la loi de Finances de 1960), Chemins de Fer Algériens (déjà réalisée), Électricité et Gaz d'Algérie, Banque de l'Algérie, etc., etc...
       De même doivent être fusionnés avec leurs homologues de Métropole tous les corps " algériens " de fonctionnaires, de façon qu'il n'existe plus qu'une seule administration qui sera, par définition, nationale.
       Bien entendu, l'unité est maintenue là où elle est déjà réalisée : Justice, Enseignement, Régime douanier. Elle est à étendre, par voie de conséquence, aux régimes fiscal et monétaire.
       Il conviendra, par contre, de maintenir : la Délégation Générale (sous cette dénomination ou sous une autre) et les Sections Administratives Spécialisées (S.A.S.), en tant que " relais " entre le Pouvoir central et les préfets d'une part, les sous-préfets et les communes, d'autre part.
       De même sera-t-il nécessaire de conserver certaines institutions ou certains organismes dont l'existence conditionne l'application du Plan de Constantine et celle du Plan de scolarisation.
       - En droit privé, le mariage devant l'officier d'état civil serait rendu obligatoire, mais les musulmans pourraient choisir entre le statut de droit commun (celui du Code Civil) et le statut personnel (celui du droit musulman).

       De même, et aussi longtemps que l'Algérie sera menacée d'inflation démographique, devront être instituées des mesures limitatives en matière d'allocations familiales et de représentation parlementaire. En sens inverse, pourra être maintenu, sauf à l'assouplir, le régime favorisant l'accession des musulmans à la fonction publique.
       Et naturellement, sera conservé, et même développé, l'ensemble des mesures destinées à guider l'évolution, qu'il convient à la fois de diriger et d'intensifier avec le souci cependant de respecter une raisonnable transition, car on ne franchit pas, sans quelques ménagements, six ou sept siècles de civilisation.

       En résumé, l'Algérie subit actuellement un double mouvement d'évolution :
       - Un mouvement général qui l'entraîne dans le sillage de la Métropole, dont elle tend, plus que jamais à devenir le complément économique ;
       - Un mouvement interne qui vie à réduire le déséquilibre économique et social dans lequel se trouvent, l'un par rapport à l'autre, les deux grands groupes d'habitants.
       Nous pensons qu'à une situation évolutive doit correspondre un Statut évolutif. Le point de départ étant fixé par l'énonciation du principe de l'égalité et de l'identité formulé par la loi, nous disons que les conséquences logiquement déduites de ce principe marquent le but à atteindre, et que la solution du problème consiste à définir les mesures transitoires qui permettront d'aller, dans le temps, du point de départ au point d'arrivée.
       Quant aux rebelles, ceux du moins qui ne sont pas encore hors de combat, il leur reste à déposer les armes et à s'en remettre à la générosité de la France, avant que l'Armée aille les chercher, ainsi que le lui a récemment encore prescrit le Chef de I'Etat.


Un Journaliste - Ecrivain
Bônois à l'Honneur

Académie des Sciences d'Outre-Mer
15, rue La Pérouse 75116 Paris
T.- 01 47 20 87 93 et F.- 01 47 20 89 72

COMMUNIQUÉ

JEAN JOLLY ELU MEMBRE TITULAIRE
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES D'OUTRE-MER

Jean Jolly

Jean Jolly a été élu membre titulaire de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer vendredi 31 mars au fauteuil de Michel Raingeard, ancien député et membre du Conseil économique et social.
Journaliste, Jean Jolly fut notamment grand reporter et chef du service étranger de L'Aurore, responsable de l'économie et de la politique internationale dans le Groupe Agefi-Expansion, correspondant au Quai d'Orsay de l'agence Reuters. Il rédige depuis plusieurs années une chronique hebdomadaire de politique internationale pour le quotidien L'Indépendant.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'écologie, l'Afrique et le Proche-Orient dont Les Onze Peurs des Français pour l'an 2000 (1990), une Histoire du Continent africain en trois tomes qui reçut en 1998 le Prix René Caillié de la Société de Géographie humaine de Paris, un atlas historique L'Afrique et son environnement européen et asiatique (2002), un essai L'Algérie de Bouteflika (2004).

Parmi les fondateurs de l'Académie créée le 18 mai 1923 lors d'une séance solennelle à la Sorbonne, on compte trois futurs présidents de la République, Albert Lebrun, Gaston Doumergue et Paul Doumer, le journaliste Paul Bourdarie, l'africaniste Maurice Delafosse, le professeur au Collège de France Alfred Martineau, le général Mangin, le maréchal Lyautey et Pierre Mille.

L'Académie comprend aujourd'hui 275 membres dont 100 titulaires répartis en cinq sections (Sciences historiques, géographiques, ethnologiques et linguistiques, Sciences politiques et administratives, Sciences juridiques, économiques et sociales, Sciences physiques, naturelles, biologiques et leurs applications, Enseignement, littérature, archéologie et beaux-arts), 25 membres libres, 50 associés (dont plusieurs chefs d'État étrangers) et 100 correspondants

Parmi les membres éminents de l'Académie se trouvent des paléontologues et préhistoriens (Yves Coppens, Henri-Jean Hugot, Henry de Lumley-Woodyear), des professeurs de médecine (Jean-Pierre Dedet, Marc Gentilini, François Rodhain, Pierre Saliou), des historiens (Charles-Robert Ageron, Alain Decaux), des diplomates (Paul Blanc, Christian Dutheil de La Rochère, André Lewin, Pierre Morizot), des journalistes (Philippe Decraene, Max Jalade, Ernest Milcent, Michel Tauriac), de nombreux universitaires (Jeanne-Marie Amat-Roze, Jean Favier, Raoul Girardet, Edmond Jouve, Albert Memmi, Jean-Louis Miège, Pierre Rognon), des officiers (Alain de Boissieu, Jean Compagnon, Maurice Faivre, Claude Le Borgne), des juristes (Martin Kirsch, François Luchaire, Marcel-André Ortolland), des personnalités politiques et anciens ministres (Jacques Augarde, Xavier Deniau, Elisabeth Dufourcq, Yves Guéna, Pierre Messmer, Jean-Pierre Soisson).

Depuis 1988, le secrétaire perpétuel de l'Académie est Gilbert Mangin, conseiller honoraire à la Cour de Cassation et ancien inspecteur général des services judiciaires. Le président est Xavier de Planhol, professeur de géographie à l'Université de Paris-Sorbonne, et les deux vice-présidents sont Gérard Conac, professeur à l'Université de Paris I, et Max Jalade, journaliste.

Jean JOLLY
E-mail : jj.jc@wanadoo.fr

- Diplômé du CFJ (Centre de formation des journalistes)
- Membre des associations professionnelles : presse diplomatique, eurafricaine, parlementaire et présidentielle
- Sociétaire de l'ADELF (Association des écrivains de langue française)
- Membre (3e section) de l'Académie des Sciences d'Outre-mer

ITINERAIRE PROFESSIONNEL
Carrière dans la presse quotidienne nationale et internationale (éditoriaux et rubriques défense, politique internationale, diplomatie, grands reportages, voyages présidentiels et ministériels) : L'Aurore (1966-79), Forum International (1979-1981), Le Nouveau Journal (1981-84) ; Groupe Agefi-Expansion (1985-1989), Reuters (1989-2004), correspondant diplomatique au Quai d'Orsay, et L'Indépendant (groupe Midi libre-Le Monde) (1989-…), Le Spectacle du Monde, Valeurs Actuelles (groupe Dassault-Fabre) (1967-…).

OUVRAGES PUBLIES
- L'Afrique des origines à nos jours, Cahiers de l'Histoire, 1966 et 1967
- La Terre et les hommes, encyclopédie illustrée, rédaction de la partie consacrée à l'Afrique, tome III, Fernand Nathan, 1969
- A qui la Palestine ?, en collaboration, Editions Jacques Lanzman, 1970
- La Yougoslavie, en collaboration, Cahiers de l'Histoire, 1973
- Israël, Dossiers de l'Histoire, 1976
- Histoire du continent africain (deux tomes), 1ère édition, l'Harmattan, 1989
- Les Onze peurs des Français pour l'an 2000, en collaboration, Olivier Orban, 1990
- Histoire du continent africain (trois tomes), 2ème édition, l'Harmattan, 1996 (Prix René Caillié 1998, de la Société de Géographie humaine de Paris)
- L'Afrique et son environnement européen et asiatique (atlas historique), Paris-Méditerranée, nov. 2002 (voir site www.afrique-atlas.org)
- L'Algérie de Bouteflika, Durante Édition, 2004 (voir www.algerienouvelle.org)

Ouvrages en préparation :
1/ L'Afrique et son environnement européen et asiatique (réédition revue et augmentée)
2/ Le procès de la décolonisation
3/ Le Continent africain, des origines à nos jours (travaux effectués à Oxford et complétant l'Histoire du continent africain)

EDITION DE REVUES
Co-fondateur des Dossiers de l'Histoire (mensuel) et du Guide des Arts (mensuel)

COLLABORATIONS DIVERSES
Politique internationale : Le Méridional, Le Nouvelliste, en Suisse, (première liaison télématique Afrique-Europe avec un ordinateur portable en 1979), Le Journal de Genève, Sud-Ouest dimanche, France-Monde-diplomatie, Journal de l'île de la Réunion, Revue politique et parlementaire, etc.
Economie internationale : Guide de l'exportateur, L'Express International, The European, Avantages, Paris-Berlin, etc.

Historique de l'Académie
Des fondateurs prestigieux

C'est le journaliste Paul Bourdarie, qui eut l'initiative de créer une société savante spécialisée dans les problèmes de l'outre-mer, l'Académie des Sciences Coloniales, devenue le 7 juin 1957 l'Académie des Sciences d'Outre-Mer, dont il fut le premier Secrétaire perpétuel.
La formation de l'Académie a pour origine une série de réunions qui eurent lieu au cours de l'année 1922 et au début de l'année 1923. En février 1922, Paul Bourdarie accompagné de Maurice Delafosse, africaniste bien connu, et d'Alfred Martineau, professeur au Collège de France, remit à Albert Lebrun, ministre des colonies, une note expliquant la nécessité d'une académie. Le ministre ayant donné son accord, des réunions préparatoires se succédèrent, puis le 8 juillet, au siège de l'Alliance Française, 101, boulevard Raspail, se tint la réunion décisive dont l'ordre du jour portait : "Fondation de l'Académie des Sciences Coloniales ; lecture et discussion des projets de statuts et du règlement intérieur et, éventuellement, du bureau".
Les 38 personnalités présentes ou excusées furent considérées comme étant les pères de l'Académie. Le bureau fut constitué de Gabriel Hanotaux, président, et de Paul Doumer, Louis Archinard, Ernest Roume, et Auguste Pavie, vice-présidents représentant respectivement le Parlement, l'Armée coloniale, l'Administration et les explorateurs. Le titre de président fondateur fut attribué à Albert Lebrun.
La séance solennelle d'ouverture de l'Académie eut lieu le 18 mai 1923 à la Sorbonne sous la présidence d'Albert Sarraut, ministre des colonies. C'est là que Paul Bourdarie, Secrétaire perpétuel, lança les quatre verbes : savoir, comprendre, respecter, aimer, qui deviendront la devise de l'Académie. Gabriel Hanotaux, Président de l'Académie, membre de l'Académie Française, exalta le rôle que devait jouer ce nouveau laboratoire intellectuel, cet institut d'idées.
Parmi les membres fondateurs, on compte : trois futurs présidents de la République, Albert Lebrun, Gaston Doumergue et Paul Doumer, Paul Bourdarie, Augustin Bernard, Maurice Delafosse, le général Charles Mangin, Lucien Hubert, Président de l'Association des anciens élèves de l'Ecole Coloniale, Alfred Martineau, le maréchal Lyautey, Pierre Mille...
Parmi les membres qui ont illustré l'Académie on peut citer, outre les trois Présidents de la République, Gaston Doumergue, Paul Doumer et Albert Lebrun, les Présidents du Conseil, Albert Sarraut, Edgar Faure, René Pleven et Pierre Messmer, les ministres Jean-Jacques Juglas, Gratien Candace, Louis Marin, Georges Leygues, Henri Lemery, Marcel Naegelen, Jean Berthoin, Leo Hamon, Jacques Soustelle, Jean Letourneau, Paul Devinat, Robert Lemaignen, les maréchaux de France Joseph Joffre, Franchet d'Espérey, Hubert Lyautey, Alphonse Juin, Leclerc de Hautecloque, les généraux Henri Gouraud, Emile Marchand, Edgard de Trentinian, Maxime Weygand, les médecins Yersin, Girard, Robic, Jamot ; les explorateurs Binger, Auguste Pavie, les membres de l'Académie française Gabriel Hanotaux, André Chevrillon, Jérome Tharaud, l'amiral Lacaze, le général Weygand, le maréchal Juin, les gouverneurs généraux Jules Brévié, Robert Delavignette, Oswald Durand, Reste de Roca, Léon Pignon, Robert Bargues.
Il faut nommer encore plusieurs chefs d'Etats : les rois Albert Ier et Léopold III de Belgique, et le Président de la République de Côte d'Ivoire, Houphouët Boigny et l'empereur Bao Daï.
Aujourd'hui l'Académie s'honore de la présence du chancelier de l'Institut de France, Pierre Messmer, de deux Secrétaires perpétuels de l'Institut de France Jean Leclant (Inscriptions et Belles Lettres), Arnaud d'Hauterives (Beaux Arts), de membres de cet Institut : Alain Decaux et Léopold Sedar Senghor de l'Académie Française, Jean Favier de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Yves Coppens, Jean Dorst, Théodore Monod de l'Académie des Sciences et Xavier Deniau de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, d'éminentes personnalités telles que les anciens présidents de la République du Sénégal, du Liban et du Portugal et du Dahomey, Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf, Charles Hélou, Mario Soarès et Emile Derlin Zinsou ; le président de la République du Burkina Faso, Blaise Campaoré et les anciens ministres Jacques Augarde, Alain Decaux, Xavier Deniau, Yves Guena (actuellement président du Conseil constitutionnel), Jean Pierre Soisson et le professeur François Luchaire ancien membre du Conseil constitutionnel.

Le Bureau 2006
de l'Académie
des Sciences d'Outre-Mer

Secrétaire perpétuel : Gilbert MANGIN
Président : Xavier DE PLANHOL
1er vice-président : Gérard CONAC
2e vice-président : Max JALADE
Membres du bureau : Jacques ALIBERT Roland BLANQUER

Chef de cabinet : Marie-Hélène VILLEDIEU
Directrice des publications : Delphine FAGOT RUFENACHT
Rédactrice adjointe : Julie SOCQUET-WOLF


CHRONIQUE D'UN MASSACRE ANNONCE
Envoyé par Guy Mongenot
26 MARS 1962
OU FORFAITURE MACHIAVELIQUE GAULLISTE
ENVERS LES FRANCAIS D'ALGERIE

         Le vendredi 23 mars 62, DE GAULLE écrit au premier ministre " tout doit être fait sur le champs pour briser l'action criminelle des bandes terroristes d'Alger et d'Oran..."
    Ce matin là, profitant d'une fusillade entre un commando OAS et des soldats qui pénétraient à bord d'un camion dans le quartier de BAB EL OUED, les foreras militaires et de police affluèrent et encerclèrent ce dernier.
    Rapidement, les barrières de fil de fer barbelé se dressèrent, les chars se présentèrent, tirant sans discontinuer sur les façades, tandis que les hélicoptères et les chasseurs T6 menèrent une vie d'enfer aux tireurs résistants retranchés sur les toits.
    Pendant quatre longues journées, les habitants vivront sous un blocus cauchemardesque et inhumain. La répression s'abattait, féroce, aveugle, sanguinaire. Les blindés parcouraient les rues, tirant à la mitrailleuse et au canon léger dans les portes et les fenêtres. Tous les immeubles étaient perquisitionnés, c'était le vol systématique et le pillage des pauvres biens de cette population laborieuse.
    Des dizaines de morts et de blessés, des milliers de prisonniers sans le moindre motif d'inculpation. Tel était le bilan, au soir du 25 mars.
    Alors, dans la matinée du 26 mars, en réponse à cette terrible occupation du ghetto de BAB EL OUED et pour exiger la levée du bouclage et la cessation des exactions, un tract émanant du colonel VAUDREY, demande à la population du grand Alger, " de se réunir au plateau des Glières pour marcher par les grandes artères sur BAB EL OUED, en une manifestation de masse, pacifique et unanime, en cortège, drapeaux en tête, sans aucune arme et sans aucun cri "
    Cette foule forte d'au moins 150.000 personnes était alors dirigée vers une véritable nasse dans laquelle devait se perpétrer un nouveau massacre des innocents.
    Les autorités françaises ont tenté de faire porter la responsabilité de la tuerie à des éléments de l'OAS. L'enquête a révélé qu'il n'en était rien. Le livre blanc, publié sous le patronage des députés du groupe U.N.R apporte à ce sujet plus de 200 témoignages irréfutables pris sur le vif.

    Par contre, UN FAIT TRES IMPORTANT prouve que l'emploi des tirailleurs algériens dans le dispositif du maintien de l'ordre était une décision du général AILLERET, commandant en chef en Algérie, décision dictée par la détermination d'un homme se sachant couvert par une autorité supérieure et au plus haut sommet, c'est-à-dire LE CHEF DE L'ETAT
    Ce fait capital aujourd'hui avéré, recoupé, reconnu est le suivant :
    En mars 62, nous trouvons, comme adjoint au général commandant le secteur d'Orléansville, le colonel CARAVEO. C'est là que le touche un ordre urgent d'avoir à se présenter à l'état-major supérieur à Alger pour couvrir l'absence d'un colonel responsable du secteur, envoyé... en permission le 20 mars. Le colonel se débinant, un autre devait pallier son absence et ce fut Paul CARAVEO.
    Accueilli à l'état-major général, le colonel est immédiatement saisi du dossier du maintien de l'ordre dans la capitale algéroise. II examine le dossier en technicien et relève, entre autres que le service d'ordre sera assuré dans les jours suivants par des tirailleurs algériens du 4ème R.T, amenés tout exprès de BERROUAGHIA à la suite d'un accord conclu entre leur chef et le général AILLERET.
    - On touche là au premier acte du drame à venir.

    Dans le dossier qu'il a en mains et qu'il examine avec minutie, le colonel remarque qu'il a en réserve, dans la banlieue algéroise, un régiment de jeunes du contingent. En bon tacticien et pour limiter les risques en prévision d'une manifestation civile annoncée, il donne un ensemble urgent d'instructions pour que les jeunes du contingent soient, dès le lendemain (le 25) admis à occuper le centre ville, les tirailleurs algériens déjà déployés, eux, repliés aux alentours en renfort éventuel.

    Second acte : à l'heure où le nouveau dispositif doit s'implanter, un ordre impératif enjoint au colonel CARAVEO, de n'opérer aucun changement sur l'ancien plan, de maintenir les tirailleurs à leur place et de se rendre, quant à lui, auprès du général DE MENDITTE, lequel le reçoit brièvement pour lui confirmer de vive voix l'ordre de maintenir tel quel le dispositif initial au centre ville.
    Le colonel proteste et affirme qu'il assume l'entière responsabilité de son plan personnel, beaucoup plus sécurisant au regard de la manifestation de masse prévue le 26.
    Mais le général DE MENDITTE reste sur ses positions et exige que CARAVEO se présente au plus tôt à REGHAÏA, chez le général AILLERET.
    L'entrevue est résolument houleuse et les invectives entre le commandant en chef et le colonel récalcitrant sont à ce point si violentes qu'on voit sortir ce dernier encadré par deux gendarmes qui le conduiront à l'aéroport de MAISON BLANCHE, vers l'appareil militaire qui le transportera en métropole, frappé de 60 jours de forteresse.
    C'est ainsi, que la manifestation a trouvé face à elle, les tirailleurs algériens du 4ème R.T. Et le résultat est effroyable : 82 morts, 200 blessés.
    Ils ont donc utilisé ces tirailleurs parce qu'ils savaient qu'ils tireraient sur la foule sans le moindre état d'âme, impitoyablement, sinon même avec un zèle sadique. D'ailleurs, ils seront tous reversés quelques semaines plus tard dans les rangs de l`A.L.N.
    En vérité, tout était prévu: des camions militaires chargés de civières stationnaient avant l'heure de la manifestation à proximité immédiate des lieux du drame.

    Toutes ces précisions doivent amener ceux qui veulent " assumer l'histoire de la FRANCE, y compris ses zones d'ombre" à requalifier en ASSASSINAT COLLECTIF ORGANISE, le massacre qu'on nous dit toujours inexplicable du 26 mars 62 à Alger.

Sources: journalistes et écrivains:     
Georges Emile PAUL,              
Georges DILLINGER             
Docteur Pierre CATTIN        

Comité Veritas
Boîte Postale 21 - 31620 Fronton  

COMMUNIQUE DE PRESSE DE JEAN PAUL GAVINO :
Envoyé par Louis Albertelli et Jean Paul Gavino
(A DIFFUSER)

Je vous diffuse ce communiqué de Jean-Paul Gavino, chanteur engagé dans la défense des Pieds-Noirs, de leur Histoire et de leur mémoire.
Quelques soient les convictions politiques de Jean-Paul, on ne peut lui reprocher, au vu des dizaines de chansons qu'il a composé et chante, de ne pas honorer et défendre ce que fut l'épopée des Pieds-noirs et des Harkis. Et les Associations Pieds-Noirs qui l'invitent n'attendent autre chose que l'évocation de ce devoir de mémoire qui touche tous les ''rapatriés''. A moins que...
A Cagnes-sur-Mer, c'est l'orientation, l'engagement électoral de certains Pieds-Noirs dans l'UMP qui semble avoir conduit ceux-ci, par pur calcul politicien, a exclure Jean-Paul Gavino d'une participation artistique au rassemblement de la communauté des rapatriés « 2 jours comme là-bas »
Il est certain que l'Histoire et la Mémoire des Pieds-Noirs s'accommode mal des circonvolutions politiciennes, surtout de celles dont le gaullisme actuel (l'UMP, pour être plus clair) use pour masquer, étouffer, déformer les vérités premières qui mettent en cause la trahison et les forfaitures de De Gaulle et de ses ''barons'' envers les Pieds-Noirs et le Harkis. Le Gaullisme a changé de nom, pas de méthode : puisqu'il continue de ''truquer'' l'histoire de l'Algérie française, Et les Pieds-Noirs et Harkis vérifient périodiquement ce ''saccage de notre mémoire'' par les gaullistes actuels. Philippe De Gaulle, se faisant condamné pour diffamation envers les Harkis par le Tribunal de Montpellier, Messmer tentant de nier sa responsabilité dans l'abandon de ceux-ci, Katz échappant de justesse à son procès pour complicité d'assassinat de milliers de Français d'Algérie, le 5 juillet 1962 à Oran et Jacques Chirac se déjugeant en retirant son texte de loi sur le rôle positif de la colonisation en Algérie

Louis Albertelli


Je vous signale que le comité d’organisation « 2 jours comme là-bas » n’a pas retenu ma participation artistique pour cette manifestation, et ne m’a même pas contacté.
Je m’en doutais. En effet, lors de mon dernier concert à Cagnes sur Mer en guise de remerciement, le comité d’organisation m’a fait savoir verbalement et en présence d'un Elu de la majorité, Pieds-Noirs, qu’ils avaient hésité à m’inviter du fait de ma participation au comité de soutien, en tant que personnalité Pied-noire, de la liste concurrente d'opposition de droite aux élections municipales et de ce fait, faire de l’ombre à la candidature de l'Elu sur la liste du maire UMP de Cagnes sur Mer.
Me trouvant à Paris lors de cette demande et ne connaissant pas les méandres politiciennes de la ville de Cagnes Sur Mer, je ne pensais pas en portant soutien à une connaissance faire du tort à la candidature de cet élu de la majorité, ignorant de bonne foi que celui-ci se présentait sur une liste concurente.
Je dénonce donc dans cette exclusion un règlement de compte à mon égard qui n’a rien à voir avec mon combat artistique Pied-Noir.
Je dis, je chante, je crie que moi Jean Paul Gavino a toujours été, est et sera le chanteur Pied-Noir engagé et qu’il défendra toujours avant toute autre considération et tout autre engagement même politique la Mémoire Pied-Noire et son Peuple.
P.S. pour plus d'information :
Email : jeanpaul@jeanpaulgavino.com

HAUTE TRAHISON !!
Envoyé par Roehrig Christian

Comité Veritas
Boîte Postale 21 - 31620 Fronton   

         L'article 37 de la Constitution française donne le pouvoir au Gouvernement de demander au Conseil Constitutionnel de procéder au déclassement d'un texte si celui-ci ne relève pas du domaine législatif.

         Or, en ce qui concerne l'abrogation souhaitée .par M. Chirac, l'article 34 dispose que " la loi détermine les principes fondamentaux de l'enseignement ". L'article 4 de la loi du 23 février 2005 a pour objet de définir comme un principe de l'Education Nationale le fait d'inculquer à la jeunesse française la connaissance de l'oeuvre accomplie par son pays. L'enseignement de l'Histoire de France relève bien de l'article 34.

         Mais le mardi 31 janvier le Conseil Constitutionnel a accepté, contre les principes mêmes de la Constitution, de déclasser cet article 4 de la loi du 23 février 2005 au motif qu'il aurait un caractère réglementaire et non législatif ! Sous peine de perdre toute crédibilité, il devra appliquer la même règle à l'article 2 de la loi Taubira selon lequel ~r les programmes scolaires et les programmes de recherche en Histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. "

         Et comme il ne peut pas y avoir deux poids et deux mesures pour le Conseil Constitutionnel, il en sera de même pour la loi sur le génocide arménien et la loi Gayssot car, ayant cédé aux dérives démagogiques du Président de la République et du Président de l'Assemblée Nationale, lesquels abaissent la Nation par le dénigrement systématique de son passé, cet organisme d'Etat a ouvert la voie aux contestations.

         De plus, M. Jacques Chirac, en tant que Président de la République Française, a fait déclasser antidémocratiquement une loi nationale qu'il a, lui-même, promulguée, ceci uniquement pour donner satisfaction au Président algérien Bouteflika avec lequel il désire signer un traité d'amitié, alors que celui-ci accable la France de tous les péchés du monde.

         En agissant ainsi, M. Chirac a failli à l'article 5 de la Constitution Française qui stipule que : " Le Président de la République est le garant de l'indépendance nationale. ".

         Or, M. Chirac, Président de la République Française, vient de manquer aux devoirs principaux de sa charge, en se plaçant dans la dépendance des jugements et des volontés exprimés par un autre pays pour faire déclasser, puis abroger, un article d'une loi nationale qu'il a lui-même promulguée, près d'un an avant cette initiative, ce qui relève de la faute majeure.

         Et cette faute majeure ne peut être considérée autrement que comme une trahison et, qui plus est, une haute trahison, puisqu'elle a été commise par un Président de la République Française dans l'exercice de ses fonctions.


Le racisme, notion à géométrie variable ?
Envoyé par M. Jean Louis Ventura


      Deux jeunes gens voulant échapper à un contrôle de police, se jettent dans un transformateur et décèdent, c'est du racisme policier.
      Un jeune homme enlevé, torturé, rançonné parce qu'il est juif, c'est du racisme !
      Dans ce deux cas : Le monde politique de tous bords, la presse, les associations anti-racistes, et autres, à juste titre, n'avaient pas assez de mots pour dénoncer les faits. Qui n'a pas fait sa déclaration ? , Qui n'a pas eu son défilé, son office religieux, etc.. ?

      Le 12 février 2006, un gendarme voulant mettre fin à un rodéo sauvage à moto est renversé par un motard et mortellement blessé. Banal, vous allez dire. Ce sont les risques du métier, pour beaucoup. On peut le voir comme cela. Mais la suite n'est pas normale.
      Le militaire au sol, parmi les personnes présentes aucune ne porte assistance, mieux on insulte les gendarmes avec agressivité. A l'hôpital, lorsque l'épouse du Gendarme arrive et qu'elle apprend le décès de son mari, la famille et les amis du motard auteur des faits se félicitent qu'un Gendarme, de surcroît " Blanc " soit mort.
      Il faut attendre le 24 février, pour que la presse : le JSL que je remercie, parle de ces faits (page 24-déclaration de Mme Juillet du MPF et page 25 - Profil), uniquement de l'accident et pratiquement rien sur les insultes et les déclarations racistes.
      Presque 2 semaines de silence, tant de la presse que des hommes politiques de tout poil ; pourquoi cet ostracisme vis-à-vis d'un gendarme ? Que se serait-il passé si l'inverse s'était produit, que le gendarme en moto ait renversé un autochtone ?
      On peut trouver à cela plusieurs raisons, entre autre : Les faits se sont produits dans un village d'une île des Antilles. Chacun sait qu'il y a des paradis fiscaux dont les gens de droite en usent allègrement, pourquoi créer de l'effervescence en indisposant les habitants ? Pour la gauche , seul le blanc est raciste, l'homme de couleur est exploité donc dogmatiquement il ne peut être raciste et si par hasard les faits contredisent cette idée, on les passe sous silence.
      Grâce à Internet, l'information circule, si l'Active " muselée " ne peut s'exprimer , les retraités ont retrouvé la liberté de parole et sont bien décidés en faire usage.


Colonel(H) Jean ANTHEAUME


LUCIE ET LEILA, un roman de Mario FERISI
 
      ...Et puis un bogue géant a brutalement bouleversé la vie d'Enzo, la mettant en péril, le contraignant à faire le voyage vers une destinée inconnue."

      Ce roman s'inspire d'une histoire vécue et de faits historiques notoires. Sur un fond de sentiments extrêmes et de rémanences souvent anciennes, se dessinent le drame, la tendresse et l'émotion, en plein coeur d'Alger. Le vent d'ouest vous emporte et des images brûlantes vous persécutent. Enzo traîne l'Algérie dans sa tête et deux femmes dans sa conscience... L'essentiel du récit se déroule en Algérie, et dans l'Aude, en deux mille cinq. Il révèle la plupart des maux qui ont fait mourir la société coloniale et ceux qui minent le pays aujourd'hui.

      Qu'est-ce que le bonheur, si rare, si fragile ?

      A quoi ressemble l'avenir pour un homme qui se cherche dans toutes les directions, malgré l'angoisse, la haine et le désespoir ?

Pour voir des extraits du livre : http://www.mitidjaweb.com/roman_lucie_et_leila.htm

Contactez-moi : mitidjaweb@wanadoo.fr


COMMUNIQUE
envoyé par M. Jean Pierre Rondeau


       Les Anciens du Lycée Lamoricière d’Oran (ALLO) et leurs amis se réuniront, sous le signe de l’Espace, les 13 et 14 mai à TOULOUSE

       PROGRAMME (sujet à modifications)

       Samedi 13 mai
14h30 : Accueil des participants à l’un des deux hôtels réservés (31319 LABEGE), remise des dossiers d'embarquement, café d'accueil et boissons rafraîchissantes. Un des deux restaurants sera ravi d'accueillir les alloïstes qui souhaiteraient y déjeuner (menus de 12,60 € à 17,40 € hors boisson).
14h30 à 19 h 00 : Tchatche de retrouvailles interplanétaires autour de la piscine
19h30 :Rendez-vous à la Planète DIAGORA; 31319 LABEGE (Attention : exclusivement sur réservation).
Cocktail Apéritif suivi d'un dîner de Gala exceptionnel. Le temps de finir votre coupe de champagne et en route pour le bal. Nous avons prédit aux musiciens de l'orchestre El Solenzara qu'ils auraient du mal à suivre ces jeunes alloïstes qui enchaînent paso-dobles, valses, rocks, madison…. à un rythme infernal !
2h du matin : Extinction des feux lunaires

       Dimanche 14 mai
9h : Terriennes (et d’éventuels terriens non alloïstes) visite de la Cité de l'Espace ou visite guidée dans la ville de Toulouse.
9h30 : Rendez-vous des Alloïstes à DIAGORA pour l'Assemblée Générale
12h15 : Toujours à DIAGORA, Cocktail apéritif suivi du déjeuner tout aussi délicieux que le dîner de la veille (exclusivement sur réservation).
15h : TOMBOLA et ses joyeux animateurs … puis il faudra, hélas, revenir sur terre !

       Coûts l’ensemble du programme n’est pas obligatoire
Les Chambres occupées par deux personnes (petits déjeuners compris) : 33€ ou 36€/personne, personne seule dans une chambre (petit déjeuner compris) : 58€/59 €.
Samedi : Cocktail Apéritif & DINER DE GALA, Champagne & orchestre : 57€/personne.

Dimanche : Cocktail Apéritif & DEJEUNER 40€/personne.

CITE DE L'ESPACE Entrée 18€/personne, participation aux frais de transport 5€.

PROMENADE DANS TOULOUSE : Frais de conférencière et d'entrée au couvent des Jacobins : 13€, participation aux frais de transport 5€.

Pour tout renseignement : Anne-Marie RONDEAU, 3 cour des Coulons ; 78810 Feucherolles
Tel : 01 30 54 93 98 ou Jean-Pierre RONDEAU (burx) 01 44 51 62 20
allo.oran@free.fr ou jprondeau@wanadoo.fr
Site : http://allo-oran.com



COMMUNIQUE
Association des Amis d'Algérianie

BP 453 - 75327 PARIS CEDEX 07
e-mail : algerianie@free.fr
site internet : www.algerianie.com
Répondeur- Fax : 08 26 07 27 34


Le Samedi 20 mai 2006 à 12 heures, déjeuner amical, au restaurant Thoumieux, 79 rue St-Dominique, 75007 PARIS, Métro et RER C : Invalides, Bus 69 arrêt Gros Caillou

14 heures : Au même endroit, dans le petit salon :

Monsieur Philippe Lamarque présentera
LES UNITES TERRITORIALES EN ALGERIE (1955-1960)

Voici enfin le premier livre qui analyse leur histoire, accompagné par une cinquantaine de témoignages utiles à la postérité et un abondant fond photographique sorti d'archives privées.
Le terrorisme occupe l'actualité. De 1955 à 1960 a existé une riposte originale, totalement méconnue, d'une ampleur insoupçonnée, soutenue par l'opinion publique d'Algérie, avec ses qualités et ses lacunes, mais aussi avec son incontestable efficacité. Pourtant, le chef de l'État décide d'abandonner dix-sept départements français comptant neuf millions d'habitants ; il ordonne de dissoudre les Unités territoriales. À l'exception de rares articles de presse, le silence pèse sur quelque 200 000 réservistes territoriaux depuis bientôt cinquante ans. Aujourd'hui, le terrorisme menace chacun d'entre nous. Souhaitons que ce livre nous offre un sujet de réflexion et le moyen de rétablir la paix.

L'auteur signe son cinquième livre chez SIDES (Société internationale des éditions scientifiques). Docteur ès sciences historiques et philologiques, docteur ès sciences juridiques, il traite de questions de stratégie et d'histoire militaire. Il a publié plus d'une centaine d'articles de presse et une vingtaine de livres, distingués par plusieurs prix littéraires, dont celui de l'Académie française
Bien amicalement Le Président, Gérard Garcia

REUNION PRIVEE. RESERVATION OBLIGATOIRE - SE MUNIR DU PRESENT DOCUMENT
Prochain rendez-vous le 5 juillet 2006 : Jean Monneret : La tragédie dissimulée - 5 juillet 1962 à Oran


FICHE DE RESERVATION (à renvoyer avant le 15 mai 2006)
Tel : 06 89 34 30 02 Christiane Cros-Découflé, (pour tout renseignement de dernière minute).

M. Mme ……………………………………… Tel : ………………………
- participeront au repas et à la conférence, accompagnés de …….. personnes. : 40 €
Joindre un chèque à l'ordre de : Association des Amis d'Algérianie
A adresser au trésorier : ATTIAS Edgard, 50 rue Monge, 92800 PUTEAUX


AVERTISSEMENT
par M. Pierre Borg



     Chers Amis,

     Ceci est une mise en garde :

     Alléché par de belles promesses d'économies (ne plus payer l'abonnement à France Télécom), j'ai souscrit un abonnement chez "CEGETEL" : INTERNET 2 MEGAS - TELEPHONIE ILLIMITEE - DEGROUPAGE TOTAL.

     J'ai encore Internet à ce jour mais, depuis le 03 Mars 2006, plus de téléphone!

     Mes multiples réclamations ne connaissent que des réponses trés évasives.. Et, depuis le 03 Mars, j'ai dépensé une petite fortune en appelant à l'aide de mon portable.

     Qui plus est, CEGETEL facture les appels 0,34 Euro/minute et... On vous ballade pendant TRENTE MINUTES, avant de coupper la communication. Autrement dit.... Il faut repartir, pour 30 minutes, à 0,34 Euro/minute.

     Une mise en demeure de faire, adressée le 21 Mars 2006, n'a connu aucun résultat. Il est impossible de joindre un responsable!

     Si vous êtes tentés par ces offres... PASSEZ VOTRE CHEMIN! ... VOUS N'AUREZ QUE DES ENNUIS PAYES TRES CHERS.

     Je sais que je risque d'être poursuivi pour cette mise en garde. Ce n'est pas de la diffamation puisque de nombreuses personnes sont dans le même cas que moi... mais aussi avec d'autres "Allécheurs". Personnellement, je tiens tous les justificatifs à disposition.

     J'allais oublier!!! CEGETEL n'a pas omis de prélever les abonnements des mois de Mars et Avril 2006, POUR UN SERVICE QU'IL N'ASSUME PAS.

     Une instance judiciaire sera introduite au cours de la semaine. Vos témoignages seront utiles pour mettre un terme aux PUBLICITES MENSONGERES de ces fournisseurs d'accès qui n'ont même pas le respect de répondre aux courriers qui leur sont adressés.

     Je vous remercie d'appuyer, par vos témoignages, le combat qui est le mien et qui, j'en suis sur, permettra aux Tribunaux "de faire le ménage"

      Trés amicalement,

Pierre BORG.        
dpborrg@hotmail.com        

MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Christophe Lembège
Dans le cadre de recherches généalogiques, j'ai trouvé votre site.
Ma famille et moi même recherchons l'un de nos ancêtres, venu à Bône vers la moitié du 19 e siècle et décédé là bas vers les années 1870, nommé François Lembège.
Pourriez vous m'indiquer vers quel organisme m'orienter pour retrouver trace de lui? Il s'est marié à Bône et y a été inhumé.
Savez vous si l'on peut interroger l'état civil de cette époque sur un site internet de la ville?
Cordialement,
delabaume@libertysurf.fr

De M. Jean Pierre Bartolini
Chers Amis Internautes, je recherche tous renseignements sur la célébre famille JAMMY de Bône dont l'ancêtre est à la base de la réalisation du port de Bône.
Je recherche aussi des exemplaires du jouranl "Le Ralliement", ainsi que tous documents concernant le sport à Bône.
Si quelqu'un connait le manuscrit d'Eugène François, paru sur le journal " Le Réveil Bônois " de Maurice Rasteil, je serais preneur. Ce manuscrit parut sous le titre : A l'aube de l'Algérie française. Le calvaire des colons de 1848.
Mon adresse : jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr

De Mme Patricia Romano
J'ai découvert le site par hasard et je lance cette recherche, car je suis en train d'essayer de récupérer des documents, des photos... pour essayer de faire une surprise à mon père.
Il s'appelle Christian Romano, il est né à Bône en mars 1934 et y est resté jusqu'en 1962. Il habitait à la rue Alphonse-Hallot.
Si quelqu'un l'a connu, a des photos... merci de me contacter, je suis sa fille.
Cordialement
Mon adresse : patou.r@free.fr.

De Mme Marie Pierre Sario
Connaissez vous Georges Denis qui à vécu à ORAN, merci à celui ou celle qui a connu une famille ou même Georges DENIS à l'époque.
Je le recherche, c'est mon père biologique que je n'ai pas connu.
Merci pour votre aide précieuse, c'est très important pour moi.
Mon adresse : daizyufo@aol.com

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Bonjour à tous
Le site de Bône a grossit donc j'ai été obligé de trouver un autre hébergeur le site de tiscali vous renvoie sur la nouvelle adresse.
Nouvelle adresse http://jeanlouis.ventura.free.fr/bone/PAGE.htm
Merci de votre fidélité, Jean Louis Ventura

Avec mes Amis Gilles Martinez et Jean Roda nous sommes heureux d'accueillir dans notre groupe des Sites Pieds-Noirs des Pyrénées Orientales un nouveau venu.
M. Robert Antoine et son site de STAOUELI qui ne demande qu'à grandir grâce à vous tous.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à le visiter.
Jean Pierre Bartolini

Le site est relancé après bien des ennuis et ...des doûtes!!!Nous aimerions qu'il soit partagé et que plusieurs nous aident à le tenir, à l'amender, à l'enrichir et que vous transmettiez ce message au plus grand nombre pour le réactiver rapidement.
Merci à Fernand d'avoir véhiculé la première information
Merci d'avance et n'oubliez pas que l'adresse est changée:
http://www.pieds-noirs.fr
Notez bien la ponctuation qui est modifiée par rapport à l'ancienne appelation.
Yvon L e Viking

René Vento avec son talent maintient le parler diocane ou tchapagate propre à Bône pour bien le distinguer du pataouète son cousin d'Alger miroir des traditions populaires et la caisse de résonance de l'accent né sur les berges de la Seybouse dans la grande ligne des Histoires Bonoises de René Cousinier.
Vous pourrez entendre un de ses sketches Bônois sur mon site "BAB et OUED STORY".
Ecoute directe Le Bônois gentleman
Jean Louis Granier

cliquez ICI pour d'autres messages.

Il faut méditer
La cuillère, la tasse ou le seau? ...
Envoyé par Claude L'Hélaouët

Durant une visite dans un institut psychiatrique, un visiteur demande au directeur sur quel critère on se base pour déterminer si un patient doit être interné.
Eh bien, nous emplissons une baignoire d'eau, puis nous offrons une cuillère, une tasse ou un seau au patient en lui demandant de vider la baignoire."
Ah, je comprends fit le visiteur, "une personne normale choisira évidemment le seau parce qu'il est plus gros que la cuillère ou la tasse!"
Non" répondit le directeur "une personne normale retirerait le bouchon du bain. Désirez-vous une chambre avec vue?"
Claude L'Hélaouët


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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