Ce récit fait suite à celui intitulé “Vers la terre promise “.
Bien que l’auteur soit différent ces deux récits se complètent.
Nous quittons une péniche pour un navire. Destination d’arrivée …
Alger ou Cherchell ?

Mardi 5

Ce matin en me promenant sur le port, je rencontre quelques colons influents du convoi ; ils m’invitent à me rendre à 1 heure au café de la Croix de Malte pour rédiger une lettre de remerciements à l’adresse des officiers qui nous ont conduits. Cette lettre a dû être publiée par le Siècle. En attendant l’heure du rendez vous, je vais finir quelques lettres commencées. Quand je sors de chez moi il est une heure, le ciel est gris, le mistral souffle, et malgré sa violence le pavé des rues est couvert de boue. A Marseille il n’y a pas de milieu entre la boue et la poussière ; on rentre noir de l’une ou blanc de l’autre. En sortant du café, je vais au Lazaret où j’apprends que la frégate le Cacique vient d’entrer dans le port et doit nous emmener demain matin. Nous devons nous embarquer ce soir et coucher à bord afin d’être prêts à lever l’ancre de bonne heure.
J’ai oublié mon cher ami qu’à Marseille on ne se mêlait plus de la nourriture des colons, qu’on leur allouait à chacun un franc par jour dont ils disposent à leur gré. Comme aux autres le chef du bateau me remet mon prêt. En quittant le Lazaret, je vais frapper à la porte de Loubon chez qui je trouve M. Andiol dont je vous ai déjà parlé : il me fait promettre d’aller ce soir dîner chez lui avec ma famille. Je ne m’engage qu’après avoir longtemps résisté à ses instances. Je retourne à l‘hôtel prévenir ma femme et prendre mes bagages que je porte à bord du Cacique où j’obtiens de ne m’embarquer que demain matin. L’hôtel de l’Arbre nous abrita encore cette nuit n’ayant pas voulu profiter de l’hospitalité tout entière que nous offrait M Andiol et le lendemain à 6 heures nous étions à bord du Cacique.

Mercredi 6

Quelle belle chose qu’un navire ! Que d 'ordre ! Quelle propreté ! A 8 heures, une pluie fine et serrée commence à tomber. On fait l’appel , quelques-uns ne répondent pas à leurs noms, 2 colons célibataires ont fait dire qu’ils ne voulaient pas aller plus loin. Pendant l’appel, on embarque nos gros bagages. C’est pitié vraiment de voir ces pauvres caisses, combien il y en a de défoncées, d’encornées ! Ces pauvres matelas surtout comme ils sont mouillés par la pluie, tachés par la boue, perdant leur laine par de béants et nombreux accrocs. Enfin à grand peine tout cela est arrimé à tribord et à bâbord ; chacun cherche à découvrir au passage ce qui lui appartient et à constater le plus ou moins d’avaries. Le chargement est terminé, on recouvre le tout de vieilles toiles hors de service et l’on fait l’appel de l’équipage ; en ce moment, on ramène à bord un matelot qui pour tromper plus ou moins facilement les hommes de garde et passer la nuit à terre, a pris la veille le costume d’un colon. Le malheureux est tellement ivre qu’on est obligé de le soutenir sous les bras pour qu’il ne tombe pas sur le pont ; on le conduit aux fers. Avant de me dire adieu, M d’Héricourt me fait une dernière gracieuseté en nous recommandant chaudement à l’un des officiers du bord, M Ménars qui fut pour nous d’une rare complaisance. Loubon vient sur le navire me serrer la main encore une fois ; ce dernier ami qu’il me faut quitter, cette dernière accolade en prononçant le triste mot adieu, rouvre dans mon cœur une source intarissable de souvenirs dont la raison n’est pas toujours maîtresse. Enfin, à midi, nous tournons lentement sur notre quille en nous éloignant peu à peu des bâtiments mouillés prés de nous, nous prenons le large. La pluie a cessé. La mer est superbe. Nous ressentons un balancement sensible de droite à gauche, puis d‘avant en arrière ; les maisons du port semblent faire de continuelles révérences ; c’est l’effet du tangage qui se prononce de plus en plus. Nous ne pouvons plus guère marcher sans nous accrocher à tout ce qui est prés de nous, souvent à notre voisin dont les jambes ne sont pas plus solides que les notres. En sortant du port, les détenus du port nous saluent du cri de : Vivent les colons ! auquel nous répondons par celui de Vive la République !

On sonne le déjeuner. L’organisation des bateaux est maintenue à bord, et la distribution se fait par groupes. J’avais tant entendu dire qu’il fallait beaucoup manger pour ne pas être malade en mer, que j’étais résolu à dévorer tout ce qu’on me présenterait ; mais j’avoue qu’à la vue des vivres, du contenu et surtout du contenant, mon appétit tomba tout à coup et dussiez-vous me trouver bien difficile pour un colon, je ne crains pas d’avouer que ces haricots nageant dans d’immenses baquets me dégoûtèrent des haricots ! Il y en avait partout, sur les doigts de ceux qui les apportaient, sur leurs habits, sur leurs souliers. Je l’avoue encore, je dus en rabattre beaucoup de mes prétentions gloutonnes ; et puis le biscuit dans lequel se trouvais un ver. Je le montrai à un matelot qui me dit sans rire

«  Peuh ! tant que le ver il est vivant, c’est bon : mais quand l’astic il est crevé oh ! c’est une différence qui n’est pas la même, il n’en faut plus ! Bien qu’ayant reconnu que le ver constaté était bien vivant, je jetai le biscuit par-dessus le bastingage et j’attaquai vivement notre panier aux provisions. Remarquez mon ami que je n’accuse personne de mes répugnances, quelque motivées qu’elles soient par mes anciennes habitudes avec lesquelles je m’efforce de divorcer tous les jours un peu. Je dois cependant me défendre contre la pensée qui pourra vous venir à savoir que je ne sais pas assez m’accommoder des détails de ma position. Je répondrai à ceci que je ne fus pas le seul à manifester cette répugnance ; beaucoup, en apparence moins habitués que moi à un certain bien être, ne purent la réprimer. Ensuite, je vous dirai que je consentirais volontiers à manger tous les jours des pommes de terre pourvu qu’elles fussent saines et servies proprement. Maintenant que je me crois suffisamment lesté et prêt à tout événement, analysons ensemble la physionomie du convoi en mer. Malgré les saillies plus ou moins drôles sur le déjeuner, pris un à un les colons ont l’air triste ; ils comprennent qu’en mettant le pied sur la frégate ils disent un long adieu à la France et aux affections qu’ils y laissent. Les espérances de l’avenir se taisent pour faire place aux souvenirs. J’en suis certain : beaucoup ont hésité avant d’aller plus loin ; irrévocablement en me demandant fais-je bien, fais-je mal ? car moi-même, bien que mon parti fût pris, j’eus un instant un doute.

Les femmes, qui sont dans la batterie, paraissent généralement plus affectées que les hommes ; beaucoup pleurent sur leurs enfants. Il est dit- on si difficile pour ces pauvres petites créatures de s’acclimater dans le pas où nous allons que les cimetières sont couverts de tombeaux d’enfants ! Mon Dieu, quelle responsabilité si mon Charles ! Je suis tiré de mes réflexions par un violent coup de tangage qui fait chavirer tout le monde puis un second , puis un troisième ; alors seulement, j’aperçois les baquets que les matelots ont placés de distance en distance. Cette vue est écœurante. Chacun met en évidence les citrons dont il a fait ample provision.
Tout à coup les colons se portent sur la gauche de la frégate ; nous sommes en vue du château d’If, connus de beaucoup d’entre eux par les romans plutôt que par l’histoire. J’entends quelques colons dire d’un air fâché qu’ils ne reconnaissent pas surtout la décoration qu’ils ont vu dans Monte Christo, au Théâtre Historique. La plate forme est couverte et les détenus chantent la Marseillaise et agitent leurs mouchoirs en criant : vivent les colons ! vive la liberté ! Vive la liberté ! et ils sont sous les verrous, au milieu de la mer qui les enchaîne sur ce rocher plus sûrement que tous les anneaux possibles. Vive la liberté ! au fait nous crions bien vive la France et nous la quittons ! On appelle les chefs de famille pour leur distribuer, par tête une couverture dans laquelle on pourra s’envelopper pour passer la nuit.

Ma femme est restée avec moi sur le pont. M Ménars vient nous voir et nous donner quelques conseils pour le moment critique où nus payerons à la mer notre tribut de première traversée. Ce moment ne doit pas être éloigné si j’en juge par la pâleur de mes voisins. Le tangage, quoique léger produit son effet ; je mange sans trêve ; il arrive pourtant un moment où tout me semble si fade qu’il m’est impossible de continuer. Je veux fumer, mon cigare s’éteint dans ma bouche et malgré moi mes lèvres le laissent échapper. Je veux me distraire, je regarde la vague au travers d’un sabord et je deviens plus malade. Sur mon passage mes voisins me montrent du doigt, se disant comme il est pale. Je sens que cela va très mal, je me roidis contre l’effet, ne pouvant rien contre la cause et je ne réussis qu’à constater mon état.

Jusqu’à présent ma femme n’éprouve aucun malaise ; mon fils qui s’abandonne au roulis croit qu’on le fait jouer et rie de tout son cœur en se retenant à toutes les jambes qu’il rencontre ; ce bon et franc petit rire me distrait un moment, mais autour de moi j’entends les efforts de ceux qui sont à la dernière période du mal ; toutes les figures sont pales et abattues.

Sur le pont

Pour m’achever, un colon en passant à côté de moi n’a pas le temps d’arriver au baquet qu’il cherche et se cramponne à moi pour se soulager. Un matelot vient me débarrasser de ce voisinage désagréable mais il est trop tard ; mes jambes tremblent sous moi, une sueur froide qui glace sous mes vêtements, une agitation nerveuse parcourt tout mon individu ; je mords avec frénésie dans un citron que je broie involontairement dans ma main ; j’entends de tous côtés faire des efforts, pousser des plaintes inarticulées ; des gémissements sans nom parviennent jusqu’à moi ; les tempes me battent, mon sang bourdonne dans mes oreilles, j’ai un voile devant les yeux, des eaux salées me montent à la bouche, le cœur me tourne, c’est fini, je ne puis plus me retenir. En ce moment je me sens saisir par le bras ; on m’entraîne, je me laisse conduire. C’est M Ménars qui me guettait obligeamment et qui me mène à l’ouverture d‘un sabord. Ma foi, mon cher Armand, je fis comme tout le monde ; pendant un moment l’on m’eut plutôt tué sur place que de me faire bouger. Cependant, peu à peu, l’intelligence de mon état me revint. J’entendis les colons chanter leur chant favori, puis je remarquais qu’insensiblement le nombre de voix diminuait tellement qu’il n’y eu bientôt plus qu’un seul chanteur. Encore ne put-il pas aller jusqu’au bout de la strophe commencée. Et puis les gémissements dominèrent seuls le bruit de la vague.
Dés ce moment, je recommençai à compter mes chemises, comme disent les marins ; j’en fis 3 paquets et je sentis qu’on me jetait une couverture sur le dos, puis qu’on me couchait sur d’autres couvertures, puis enfin je n’entendis plus qu’un bourdonnement confus. Je ne dormais pas, je ne veillais pas. Cet état d’inertie pendant lequel je ne songeais à personne, ni à moi-même dura jusqu’au lendemain matin ; et encore, quand je voulus me lever, je fus obligé de m’y reprendre à plusieurs fois car j’avais encore le cœur barbouillé et les jambes peu sures. Néanmoins je fis un effort pour aller savoir ce que ma femme et mon enfant étaient devenus.

Jeudi 7

Dans la batterie les caronades sont encombrées par les objets les plus étrangers les uns aux autres ; des châles, des bas, des couvertures, des chaussures de toutes façons sont accrochées au plafond ; des paniers, des sacs, des cabas, des paquets de toutes formes, de toutes couleurs jonchent le plancher ; c’est un spectacle des plus curieux. Parmi cet amalgame de bagages et de provisions les femmes fatiguées par le mal de mer, sont couchées les unes sur les autres, à peine enveloppées dans leurs couvertures, ne s’occupant plus de leurs enfants, aussi malades, aussi débraillés qu’elles.

La nuit à bord

Des baquets sont entre elles ; l’air est vicié ; je me hâte de sortir de là ; en y restant, le mal de cœur me reprendrait certainement. Je rencontre M Ménars. Il me conduit dans sa chambre où ma femme a passé la nuit sur son propre lit ; le docteur lui conseille de ne pas se lever encore aujourd’hui. Je remonte sur le pont, il fait grand jour. Beaucoup de colons sont encore sous l’influence du mal de mer et restent étendus par terre enveloppés dans leurs couvertures ; on marche sur eux, ils ne bougent pas plus que s’ils étaient morts. Ceux qui sont levés portent encore sur leurs figures, l’empreinte des souffrances de la veille ; les femmes surtout font peine à voir. Enfin le soleil vient à propos réchauffer tous ces fantômes, et après le déjeuner, chacun ayant repris quelques forces nouvelles, sauf quelques pauvres hères que le malaise oblige à se traîner de place en place sans se trouver bien nulle part, le convoi reprend sa physionomie habituelle. Les causeries s’engagent, chacun plaisante son voisin sur la figure du jour précédent, le barillet est surtout le point de contact du plus grand nombre (gravure 23) ; là on se retrouve en allumant sa pipe et en se désaltérant. Pour jouir plus facilement du spectacle de la pleine mer, beaucoup de colons, hommes et femmes, se hissent sur les bagages et forment des groupes du plus piquant pittoresque.

De temps en temps des cris s’élèvent, des bras se tendent dans une même direction. Qu’est ce que c’est que cette chaîne de rochers ? Ce sont les côtes d’Espagne, de Mayorque, de Minorque, puis dans le sillage du navire, qu’est ce qui saute donc ainsi ?

Ce sont les marsouins à la curée, qui font en sautant, briller au soleil les écailles ruisselantes de leur lourde cuirasse. La journée se passe ainsi entre le ciel et l’eau ; la frégate file rapidement, la mer est superbe, le soleil radieux : sur les visages se lit le contentement d’être au terme du voyage. Car demain nous serons arrivés.

Nous ignorons encore si nous toucherons à Alger ou à Cherchell ; les officiers inférieurs l’ignorent comme nous ; on ne juge pas à propos de nous en instruire. Comme notre destination est plus prés de Cherchell, et qu’en touchant ce port nous éviterions d’autres fatigues, peut être est ce là qu’on nous abordera. Cependant malgré les fatigues en perspective, tous, nous aimerions mieux descendre à Alger. Enfin le soleil descend peu à peu à l’horizon et finit par cacher ses derniers rayons derrière les eaux bleues. Les étoiles scintillent au ciel ; il fait complètement nuit. Ma femme est toujours malade ; je vais passer quelque temps prés d’elle, et, lorsque je remonte sur le pont avec mon fils, la lune est levée et éclaire les colons enroulés dans leurs couvertures grises, et pressés les uns contre les autres.

A mon tour je cherche une place pour la nuit ; mais tout est pris, je ne trouve plus le moindre petit coin. Partout où il y a plus d’un pied de surface en largeur il y a un colon. J’en prends mon parti, je monte sur le plat bord, et mon Charles sur les bras, je me laisse aller à une mélancolique rêverie. Autour de moi le silence est profond, on n’entend que le bruit des pas réguliers des hommes de quart ; les lames me couvrent de leur poussière humide qu’argente la blanche clarté de la lune.

Doucement balancé, l’enfant s’endort, pauvre cher petit que berce le tangage, et qu’un seul coup de mer pourrait lancer dans l’éternité. Plus tard je me promène quelque temps sur le pont. Un officier en faisant sa ronde croit reconnaître sous la coiffe d’une femme endormie une figure de connaissance ; il se baisse, approche sa lanterne et trouve sous la bride mal attachée d’un bonnet trop petit, les favoris d’un matelot ; alors il déroule entièrement la couverture et le travestissement n’est plus douteux. C’est bien un matelot, qui, pour tromper les ennuis d’une trop longue faction, a emprunté le bonnet d’une colonne obligeante, et roulé dans une couverture, s’est mêlé au commun des martyrs.

Pauvre homme ! on le conduit au fer avec son bonnet ; quelle piteuse mine il fait, à moitié endormi, en passant devant ses camarades éveillés par ce microscopique événement. Quant à moi, profitant de la place vide, je m’étends et mon enfant avec moi. Nous ne nous éveillons que le lendemain à 6 heures en vue des côtes d’Afrique (gravure 26).

Maintenant on nous dit que c’est à Cherchell que nous allons débarquer. Comme tous les yeux, les miens sont tournés vers cette nouvelle terre promise, que la distance nous présente sous un triste aspect. Je pense que, entre le jour du départ et celui de l’arrivée, 19 jours se sont écoulés, en tout 21 jours. Nous avons perdu 2 enfants, laissé à Nevers un pauvre malade, dans les eaux du canal un malheureux père de famille, une femme en couche à Saint- Andéol, et des mécontents à Marseille. Pour ma part, je ne veux pas récapituler ce que je laisse derrière moi ! Nous sommes arrivés, nos regards doivent maintenant se porter sur l’avenir. Une barque est là, j’y descends. A bientôt, mon ami, une autre lettre.

Vivant BEAUCE (1848)

Avec l’aimable autorisation de M. Jean-Paul Marchand pour les illustrations

Le voyage continue en terre d’Afrique

La bienvenue officielle souhaitée, les nouveaux arrivants étaient dirigés vers des voitures de l'armée qui se mettaient immédiatement en route vers " leur " destination. Les bagages suivraient quand ce serait possible. Le voyage se déroulait dans une contrée où la route n'était même pas ébauchée, où le passage des oueds devait se faire à gué, que ce soit en période de crue ou que le lit soit à sec, les marais étaient traversés à l'estime, au risque de s'y perdre et où la végétation, le plus souvent constituée d'arbustes ou de buissons épineux, n'offrait que peu d'abri contre les incertitudes de ce climat inconnu. Puis, le convoi faisait halte en un lieu où s'élevaient souvent, mais pas toujours, quelques baraques ou guitounes militaires. Les colons mettaient quelque temps à réaliser qu'ils étaient arrivés à destination. Quel désappointement ! Ils étaient vraiment au bout du monde ; les autorités militaires qui les prenaient en charge laissaient que peu de temps pour gémir. Les premiers convois arrivaient fin octobre, et il fallait se presser pour créer un embryon d'organisation avant l'hiver. Pour parer au plus urgent, on entassa les arrivants dans des tentes ou des baraques disponibles. La seule précaution prise fut d'isoler les hommes célibataires en leur attribuant un local séparé. Chaque famille occupait un petit espace dans les autres abris, bienheureuse de demeurer groupé pour les nuits. Les repas devaient se prendre en plein air et chaque ménage improvisait une table et des sièges avec des caisses retournées et des pierres. Cette installation précaire permettait de se nourrir avec les rations fournies par l'armée : haricots, riz. Viande, pain. Les colons devraient apprendre à s'en contenter jusqu'à leur à autosuffisance. Mais, la principale gêne pour les colons venait de cette vie de promiscuité obligatoire, sans intimité dans des " logements " où les séparations entre familles n'étaient constituées que par des couvertures tendues des cordes qui ne montaient même pas jusqu'au plafond. Dans de telles conditions, les disputes étaient fréquentes et la discipline malaisée à faire respecter. Ce fut une tâches les plus rudes des officiers commandant les colonies agricoles et chacun d'eux, sans aucune formation préalable, s'acquitta de cette mission avec sa personnalité, rendant la vie parfois très difficile aux colons en leur faisant subir un véritable calvaire. Certains, comme messieurs Lapasset, Malglaive, ou Margueritte, laissèrent un souvenir lumineux de leur passage, alors que l'histoire de la colonisation a préféré taire pudiquement les noms de ceux qui se montrèrent brutaux, maladroits ou despotiques. Les conditions de vie furent encore aggravées par les intempéries.

Vivant BEAUCE (1848)

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