J’avais décidé, avant qu’il ne soit trop tard, de revoir la terre de mes ancêtres et faire mon deuil d’Algérie en connaissance de cause.

         On dit tout et son contraire sur l’Algérie. Ce que j’ai voulu, c’est me rendre compte par moi-même, sans écran, du vrai et du faux.

        Ce jugement est le mien, d’autres pourront peser d’autres critères à une balance différente et trouver le bien, là où je ne vois que déception. Peu importe, mon jugement est rendu, l’Appel est autorisé.

         Nous sommes donc partis, mon épouse et moi-même,  de Perpignan via Marseille par le fleuron de la SNCF c’est-à-dire le TGV qui, sur cette ligne, va à une vitesse très raisonnable. Changement prévu à Montpellier.

          Arrivés à l’heure dans cette gare, nous apprenons, par la voie nasillarde des hauts parleurs, que le train qui doit nous mener à Marseille n’a que deux heures de retard . Logique c’est la SNCF.

               Nous arrivons avant la nuit à Marseille où nous trouvons un hôtel charmant près du Vieux port.

L’embarquement est pour demain, le départ est prévu pour midi. Nous devons nous présenter à la douane et à la police vers les 10 heures. Notre navire “ le Méditerranée “, de la SNCM, est à quai mais avant de trouver le lieu de contrôle, il nous faut quelque temps, le port de Marseille pour l’Algérie est en pleine réfection.
A 10 heures, nous nous présentons enfin au contrôle et là, notre billet délivré par la SNCM, a quelques difficultés avec l’ordinateur de la compagnie. Rien de grave puisque l’on apprend que l’embarquement aura lieu vers 18 heures et que des sandwichs seront distribués pour nous faire patienter. Nous sommes dans un immense hall où déjà les familles se regroupent ; certains commencent une sieste qui va durer quelques heures entre d’immenses ballots. Vous pouvez cependant sortir de ce dortoir à la condition de prendre vos bagages avec vous.

C’est la solution que nous prenons, trouvons un restaurant corse très sympathique, où l’accent règne en maître entre la Kémia et le jaune.

17 heures, nous regagnons le dortoir où, par bonheur, l’employé de la SNCM a résolu notre problème de billet de transport et trouvé une cabine avec hublot. Nous embarquons par la soute où un passage étroit nous conduit  entre la coque et les voitures. Les énormes paquets, mal ficelés, font parfois des chutes qui freinent l’embarquement.
20 heures, nous quittons le quai marseillais, passons près du château d’If et l’île du Frioul.


Curieuse idée d’avoir dénaturer la pureté du Château d’If par un immeuble  moderne.
Le comte de Monté-Cristo ne l’aurait certainement pas permis.

La mer est calme, le navire tient par la rouille et la peinture, espérons qu’il nous amènera à bon port. Demain, nous serons à Alger, nous verrons Alger la Blanche.
C’est cette vision qui m’a fait prendre ce navire …. Mais le haut-parleur nous invite au restaurant. Le repas est correct, le service agréable,  ce qui l’est moins c’est d’enjamber des corps recroquevillés dans les coursives pour rejoindre sa cabine. Nous sommes les seuls Européens du navire. Dans cette cabine qui ne ressemble en rien à celle de la « croisière s’amuse », l’essentiel y est, sans superflu  ni luxe.



 Le Pharo à Marseille.

Le lendemain, après le petit déjeuner,  une sorte de fébrilité s’empare des passagers. Nous sortons sur le pont mais …que du bleu et quelques dauphins pour nous souhaiter la bienvenue dans les eaux Algériennes.
Enfin vers 14 heures quelqu’un crie « Terre » et toutes les rambardes se remplissent d’appareils photos numériques et les portables se mettent à sonner.

Alger se découvre peu à peu et c’est l’émotion d’une terre retrouvée.


Suite  en Septembre 2008


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