Les land- Rover sont prêtes et nous voilà partis sur les pistes caillouteuses du Hoggar. Il est six heures du matin, l'air est vif, malgré le chauffage de notre véhicule. Mais je ne vous ai pas présenté notre guide, Monsieur Claude Banguernon, fixé depuis 1937 dans le Sud, c'est lui qui ouvrit la première école à Tamanrasset et créa la première école nomade. Nous en parlerons un peu plus loin. Le voici discutant en targui avec l'Amenokal et l'informant de notre parcours. Un échange de bons procédés puisque ce dernier nous indiquera où se trouve telle tribu, où l'on rencontrera telle caravane se dirigeant vers tel endroit. Le Touareg échange les nouvelles de la piste, des tribus qu'il a rencontrées, de l'état des eaux, et de sa prochaine nomadisation. C'est là l'essentiel de leurs palabres avec un point d'orgue quand ils parlent de leur monture.


L'Amenokal et Claude Blanguernon                        

            Derrière ces deux personnages, vous apercevez la " zeriba " de l'Amenokal qui est préférable à la tente car plus aérée et moins chaude. Le sol de la zeriba ou de la tente est toujours recouvert de sable grossier provenant de l'oued, et il est fréquemment changé.
            Laissons l'Amenokal à ses consultations avec les nobles des tribus, pour poursuivre notre voyage.

Nobles, chefs de tribus, attendant une audience de l'amenokal.

            Les audiences sont le plus souvent données hors de la tente ou de la zeriba et, suivant votre importance, il vous sera servi trois, six, neuf tasses de thé à la menthe qu'un domestique aura préparées. Le terme de domestique ne reflète pas la réalité car ce sont des esclaves achetés soit au Soudan soit lors de razzia au Niger.
            Notre langage actuel a peur de certains mots que l'on dissimule par de savantes analogies, mais le fait reste identique. Chaque tribu possède des esclaves, ils vivent au sein des familles touareg, s'occupant des travaux domestiques, du gardiennage des chèvres, de l'extraction du sel, du creusement des puits. Ces familles d'esclaves partagent la même pauvre vie que leurs maîtres, et les suivent dans leurs nomadisations.
            La femme touareg règne sous la tente. C'est elle qui donne des ordres aux domestiques, aux enfants et l'on a pu parler de matriarcat. C'est peut-être exagéré du fait de l'islamisation de plus en plus importante dans les tribus. Elle reste cependant la gardienne des traditions, son avis est toujours pris en considération, et c'est elle qui transmet. Un targui ne sera noble que si sa mère est noble.

Femme noble Touareg

            On a aussi beaucoup parlé de ces fameuses cours d'amour, comme d'une réunion où la débauche sévissait. Il n'en est rien mais il est vrai que quand certaines tribus ne sont pas trop éloignées, les jeunes se réunissent sous une tente, écoutent des chants accompagnés par une espèce de violon à une corde appelé " imzad ". Les jeunes gens se prennent la main et un échange silencieux s'établit en tout bien tout honneur.
            Les femmes Touareg arrivent au mariage très souvent vierges, l'homosexualité tant chez les femmes que chez les hommes est inconnue en milieu Touareg.

            Mais reprenons notre voyage car ces informations nous ont été dites tout en roulant sur les piste caillouteuses.
            Très bientôt, nous arriverons en vue du plus haut sommet du Hoggar que l'on nomme Tahat. Son altitude de 3 003 mètres fait partie de la chaîne de l'Atakor.


Le mont Tahat

            Le mont Tahat qui abrite le seul olivier du Hoggar " l'olivéa Laperrinus " qui prouve, avec d'autres végétations, l'influence méditerranéenne de cette partie. du Hoggar
            Dans ces régions montagneuses où les écarts de température varient fortement (de +35 à -12), la roche volcanique prend des allures bizarres, il peut se former des sortes de barres dont les Touaregs se servent comme piquets pour monter leurs tentes et donner une aération plus importante.

Erosion en forme de poutre


Pavage !

            L'humidité et l'érosion donnent sur des surfaces planes une impression de pavage, cet univers minéral joue sur le psychisme des hommes, le père de Foucault n'a jamais retrouvé la capacité de travail qu'il avait avant de demeurer dans cette région. Constat répété chez les femmes. Est-ce dû à l'altitude, au magnétisme, voire aux radiations ? la question est posée.

Valée d'Oued

            C'est sur ces pierres, dans ces monts que l'on découvre très souvent des dessins rupestres dont le Hoggar abonde. Les figurines d'animaux sont représentées, telles des girafes, des autruches, des Chevaux… faune qui n'existe plus dans cette région. Les Touareg ont toujours connu ces dessins. Découvertes dans les années 1930 par le lieutenant méhariste Brenans, Monsieur Henri Lothe, en 1956, a poussé plus avant les recherches de ces peintures et a répertorié dans ces grottes de véritables merveilles.

Peinture rupestres

            Notre guide, après 5 heures de route pointe le doigt vers ce qui semble un mirage. On s'approche et quelques palmiers surgissent du néant. Nous voilà rendu à Ideles, notre destination. Nous nous dégourdissons les jambes mais déjà quelques enfants de Harratins, manifestent leur curiosité. Nous sommes à 265 kilomètres de Tam., sans compter les détours que notre guide a bien voulu nous faire faire. De nombreuses maisons constituent un hameau où vivent 300 personnes environ. Une infirmerie existe ainsi qu'un Bordj. Mais le surprenant, c'est qu'il existe des jardins d'une surface cultivable de 40 hectares irrigués, et une palmeraie de 300 palmiers. On y trouve aussi quelques pieds de vigne et des figuiers.

            Ideles est un mélange de maisons, et de Zeribas où les nomades se plaisent à passer quelques temps et faire provision de dattes et de mil.


Récolte de dattes

            La population sédentaire est essentiellement et leurs conditions de vie difficile. Ce ne sont pas des esclaves, mais des hommes libres, attachés à la terre.

Enfant Harratin

            Robert ANTOINE

juillet 2007
Impression de voyage en 1960
La suite en septembre 2007



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