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Jeunes enfants Harratin


Puits et jardins

        Le jardin est l'unité de culture. Une foggara irrigue de six à dix jardins. L'étendue cultivée est fonction du débit de la foggara. Le propriétaire s'engage à fournir la terre qu'il a louée à l'amenokal. Il doit procurer l'eau à son jardinier et les semences nécessaires. Il doit au jardinier une avance de nourriture c'est-à-dire du mil pour une consommation annuelle... En contrepartie, l'ouvrier agricole assure les travaux des champs, le battage, et l'entretien de la foggara. Comme salaire, il reçoit le 1/5 de la récolte et les épis glanés. Les conflits graves sont traités par l'amenokal.

Femme Harratin devant un élevage de Zébus



        Les zébus dans les palmeraies riches en eau servent de monture, de bêtes de somme et de viande, mais jamais vous ne ferez monter un Touareg sur un Zébu.
        Comme dans tous les déserts, le puits est un lieu privilégié où l'on retrouve toutes les différences sociales de population.


        L'âne, le zébu, parfois l'homme tirent une longue corde pour déverser le précieux liquide, arroser les cultures et garder quelques bidons en fer-blanc ou quelques jarres en poterie pour la maison.
        Mais de quoi se nourrit un Touareg? Ces repas n'ont rien de gastronomiques et souvent cela se réduit à une pâtée de mil, ou parfois une soupe avec un morceau de chèvre que l'on a fait sécher et que l'on a roulé dans de la poudre de piment. Estomac délicat s'abstenir. Les friandises restent les dattes et les figues.

Pileur de mil

        Ici, à Ideles, l'eau est abondante et les chèvres peuvent s'abreuver jusqu'à plus soif.


        Mais l'heure du retour approche, nous devons partir, laisser cette oasis opulente pour le Hoggar, la verdure nous a reposé les yeux avant les paysages de pierres et de reg.
        Un dernier regard à cette femme à la hache qui a interrompu de couper son bois pour nous voir partir.

Femme Harratin à la Hache

        Les palmiers s'estompent, la piste devient caillouteuse et les premières zéribas apparaissent. Le minéral nous entoure, nous enserre …



        On ne peut finir un voyage dans cette région sans jeter un regard à l'assekreme. Paysage majestueux, haut lieu du tourisme et ermitage du père de Foucault où il aimait se retirer l'été. Quand nous y sommes passés un autre religieux vivait dans cette cahute où le mobilier était réduit à une paillasse, à une table et une chaise. On prétend que le site prédispose à la méditation, nous voulons bien le croire …

L'assekreme vue de l'ermitage du Père de Foucault

        Pendant ce voyage, nous avons fait avec Monsieur Claude Blanguernon plus ample connaissance.
        Ce fut le premier instituteur de Tam et l'initiateur des écoles nomades.
        Imaginez -vous un jeune instituteur tout juste émoulu des écoles normales se retrouver à partager la vie, la nourriture, la nomadisation des hommes bleus.
        Je ne connais pas de livre écrit par ces instituteurs nomades. Il serait intéressant de connaître leurs points de vue.
        Claude Blanguernon jouait le rôle d'inspecteur visitant chaque campement où un de ses collègues professait. Parfois tout se passait bien, parfois le jeune homme succombait à quelques oeillades assassines et se trouvait borborisé.
        Le borbore, philtre d'amour, met sous dépendance totale sa volonté à celle de la belle aux yeux de feux. Claude Blanguernon ramenait au plus vite son jeune enseignant et l'expédiait sur Paris où il était désintoxiqué.
        Les Touaregs sont superticieux, comment ne pas l'être dans ce pays où des tourbillons surgissent sans aucune raison , où les esprits règnent dans les vallées, où certaines plantes rendent momentanément fou, où le mauvais œil peut attirer les pires maladies, les plus mauvaises calamités.
        De plus, il existe des génies, les " kel es souf " qui font pleuvoir des pierres sur les malheureux humains. Heureusement, les gris-gris sont là.

        Voilà, notre promenade est terminée. Je ne sais ce qu'est devenu le Hoggar d'aujourd'hui, les personnes rencontrées sont peut-être devenu des esprits


Ecole Touareg sous la tente

        Cette terre a-t-elle gardé ses coutumes, ses mœurs Le pays est-il toujours aussi calme, est- ce que la razzia n'existe plus et qu'est devenu l'amenokal avec ses pouvoirs ? je ne puis répondre.
        Je place cette prose dans une bouteille que je jette dans la Méditerranée, peut-être les flots et le vent me donneront de vraies nouvelles….


        R .A
( septembre 2007)                                      

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