Une histoire ? Un conte ? Un récit écrit par Jeannine Navarro tiré du recueil « Il était une fois Staouéli »
Bien sûr, elle a fait le plus bel œuf qu’une poule puisse faire, mais de là à se payer des familiarités avec le maître de cette cour, il y a une limite, une limite qu’il ne faut pas franchir. Pourtant ne va t-elle pas, la malheureuse, se percher sur l’épaule de César Baldo et crier son exploit du haut de ce nouveau perchoir. C’en est trop : pour un Staouélien, la sieste c’est sacré ... Le geste est rapide, précis, comme les anciens savaient le faire. Le cou tordu, un couic (ou un couac) … feu la poule grise !
Sa tendre Louise, transformée en furie, le couteau à la main, venant venger sa poule grise. Un mauvais sort l’attend… : Une véritable frayeur s’empare de cet homme qui n’a, en fait, jamais eu peur de grand chose. Seule la fuite lui paraît honorable. Il grimpe, s’agrippe pour arriver, à bout de souffle enfin, en haut des cuves à vin, là où son épouse ne pourra pas l’atteindre… * En bas, Louise, les bras le long du corps, le couteau à la main lève les yeux vers son mari. Les regards se croisent. Un long moment de silence… Et le rire de Louise éclate. - Que fais-tu là-haut, grand couillon ? - J’ai eu peur que tu me fasses un mauvais coup avec ton couteau de boucher ! - C’est seulement pour saigner cette pauvre bête que je l’ai pris.
Et César de rester embarrassé … comme une poule qui a trouvé un couteau, dit-on chez nous.
Propos recueillis par Jeannine NAVARRO née Bez et petite fille de M. & Mme César BALDO, Gérald MONTANER étant le témoin de la scène. (Octobre 2004) |