JEAN SENGEISSEN nous raconte deux anecdotes qui nous ont émus et dont vous apprécierez toute la fraîcheur et la saveur. A toi Jean.
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            Comment peut-on oublier son enfance, ses souvenirs, son village, ses couleurs, ses odeurs, les personnes que l'on a côtoyées des années durant, peut-on être nostalgique ? Ben oui !!!

            Des années de Métropole ne peuvent rien contre sa vie passée, contre ses souvenirs ; un mot, un regard, au moment où on s'y attend le moins et tout revient, il ne reste plus qu'à fermer les yeux et se laisser aller. Pourquoi arrêter ces souvenirs qui vous font tant de bien, qui vous transportent et qui n'appartiennent qu'à vous, personne ne peut partager ces moments, à qui le dire ??? Qui peut comprendre ? Personne, vous êtes seul, face à vous.

            Des souvenirs d'enfance sont présents, je me revois chez moi, avec mes parents, mon père est assis, toujours à la même place, au bout de la table, son chapeau vissé sur la tête, ma Mère sur le côté et moi sur le banc :
            " Bon, il faut que j'y aille ", mon Père se lève, se dirige dans la petite cour derrière chez nous, prend une grande clef, plus grande que moi, en forme de T, " on y va ", ben voui qu'on y va, nous sortons tous les deux, main dans la main, sur la route de la Trappe, nous allons dans la petite cité.
            Arrivés devant une plaque ronde, au sol mon Père la soulève et entre dans le trou sa grande clef et tourne ; il y a un petit attroupement, comme tous les soirs, pour voir :
            " Alors, M'sieur Henri, tu fermes l'eau ? "
            " Eh oui, si tu veux en avoir demain, il faut fermer " et mon Père qui tourne cette clef, encore un petit effort et "l'eau est fermée ".
            La clef sur l'épaule, " bonsoir tout le monde ", retour à la maison, pour souper. Tous les soirs, c'est la même scène qui se déroule. Le petit bonhomme est heureux de partager avec son Père ces moments passés ensemble.

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            Un autre jour, rentrant de l'école, mon Père est debout devant la grande table de la cuisine et il prépare son tambour, ah oui, il faut absolument que cela tambourine "Ran tan plan ".
            Il passe de la graisse de cochon sur les cordes, il y a un passant qui tendra la peau, ah, il faut qu'on l'entende de très loin.
            Un petit essai sur la peau, avec une baguette, " Ran tan plan ", le son que mon père désirait est bon, il passe la bretelle sur son épaule et de sa main gauche tient le haut du tambour pour qu'il ne se balance pas, les baguettes dans l'autre main.
            Devant la maison : " Ran tan plan ", " Avis à la population ", mon Père annonce des évènements que la Mairie lui a communiqués : " l'eau sera fermée… défilé du…, Monsieur le Maire, … " Ran tan plan, l'annonce est dite, mon Père va faire le tour du village, son tambour en bandoulière, pour que tous les habitants apprennent les dernières instructions de la Mairie.

            Souvenirs de mon enfance, de mon village qui resteront enfouis mais je suis sûr que les habitants de mon village, vous savez, cette grande famille, ceux qui font revivre les petites anecdotes de nos trois villages, eh bien, je crois qu'ils s'en souviennent.
            Allez, Papa, M'sieur Henri, encore un coup de baguettes : " Ran tan plan ".

            Jean SENGEISSEN             (Janvier 2007)



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