C'est un ami de jeunesse, qui avait déjà franchi la Méditerranée pour aller s'installer en Algérie, qui l'a incité à suivre son exemple et à quitter sa terre natale. Misbert Annibal est de la classe 1893. Le système du tirage au sort ne fut maintenu que jusqu'en 1889 et le temps du service militaire passe de sept à trois années. C'est vraisemblablement entre 1896 et 1900 qu'il va s'embarquer pour aller cultiver la terre ingrate d'Algérie. Il entrait ainsi dans ce flux migratoire qui touchait plus facilement le monde paysan, déjà encouragé sous le règne de Louis-Philippe, à l'instar de leurs ancêtres qui avaient été poussés vers le Québec et la Nouvelle-France. Rien de bien étonnant en cela, les colonies demandant des spécialistes de la terre qui se trouvaient bien évidemment dans le monde rural, monde de surcroît bien plus important, à l'époque que celui des citadins. Lorsqu'il débarque à Alger, ce n'est pas le territoire hostile du lendemain de la conquête qu'il va découvrir, mais une colonie en marche vers une certaine prospérité. Certes, tout n'est pas merveilleux car bien des choses sont encore à faire et le travail est dur. Si nous comparons cette terre promise avec celle qu'il vient de quitter, il faut bien dire que le changement sera plutôt enclin à l'espérance de jours meilleurs. C'est au Domaine de la Trappe, propriété de la famille Borgeaud, dans la plaine de la Mitidja, qu'il sera employé en qualité de gérant de ferme. Nous pouvons déjà entrevoir là une sorte de promotion sociale pratiquement impossible à réaliser en Métropole, sauf bien évidemment à épouser, comme son frère Gonzalve, la fille de la patronne. Le Domaine est en réalité une création découlant des directives du second empire qui souhaitait donner de vastes terres à d'importants groupes financiers, en leur accordant des aides logistiques, à charge pour eux de créer des agglomérations européennes et d'assurer aux nouveaux arrivants la sécurité de l'emploi. En cela le Domaine de la Trappe répondait parfaitement à cette politique de colonisation. C'est sur ce domaine que la famille Misbert fera souche. C'est sur cette terre que vont maintenant naître et mourir des générations de Misbert d'Algérie. Qui ne seront jamais propriétaires de rien mais qui auront, s'ils le souhaitent, la possibilité d'y vivre jusqu'à la fin de leurs jours, en toute sécurité. La Trappe est un véritable état dans l'état sur lequel règne depuis trois générations la famille Borgeaud, de façon très paternaliste, il faut bien le dire.
Le 8 février 1902, Misbert Annibal va épouser une demoiselle Tassy, Marguerite Julie Rose, (1884-1971), alors âgée seulement de 18 ans. Elle est la fille du secrétaire de Mairie de Ouled-Fayet où la cérémonie sera célébrée. De cette union, naîtront trois enfants :
Nous présentons ce mois-ci un des pionnier de la Trappe M. Annibal Misbert.
Madame Misbert Yvette épouse de M. Mourot Jean-Michel nous a adressé une longue documentation sur la trappe et M. Ferrer René prépare des souvenirs …
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