Je viens de recevoir au courrier un paquet de photos. Aucune explication, pas un mot, pas une lettre.
            Je commence à explorer mon envoi, et cela me ne dit rien
            Ou suis je ? Dans quel pays ?

            Cette artère traverse une ville mais laquelle ? Aucun immeuble, aucune façade n'accroche mon regard, ni mes souvenirs.
            Pourtant un je-ne-sais-quoi me tiens en haleine, je passe aux photos suivantes mais rien n'éveille en moi quelques réminiscences …
            Cela ressemble à une banlieue lépreuse commune à tous les grands centres urbains

            Peu à peu des oriflammes vertes et blanches apparaissent.
            Je suis en Algérie mais où ?
            Rien ne m'indique la ville, qui doit être d'une certaine importance, vu le nombre de véhicules. Des immeubles de type H.L.M. surgissent d'un peu partout, la ville est pleine des chantiers, de grues, de voitures récentes, de paraboles et de climatiseurs qui s'accrochent aux demeures les plus aisées.

            Mais…la porte de ce parc, je la connais.
            Je serais donc à Staouéli !!!
            Pas possible … ! Tout a était changé, bouleversé …
            Je suis un étranger dans mon pays.

            J'imagine sur la grande place le kiosque à musique remplacé par une troupe de dauphins en béton. Et sur l'autre la flèche de l'église a été remplacée par la tour du minaret.


            Il y a des drapeaux verts et blancs partout comme si l'on voulait marquer fortement une identité, une fierté nationale ;
            A la vue des photos, les rues, et avenues grouillent de personnes et de voitures.Les volets des maisons sont souvent clos, les paraboles omniprésentes enlaidissent les façades.

            On peut remarquer que certaines femmes ne portent plus ni foulard, ni voiles et supportent très bien le pantalon.
            D'autres plus conservatrices se camouflent dans des habits longs, la tête couverte par une capuche ou un foulard.


            Mais ma grande surprise, mon étonnement majeur c'est la demeure de mon père, (celle acquise au Docteur Gérard).) Je ne l'ai pas reconnue !

            Faisant coin, elle jouxtait celle des Arnau d'un côté, de l'autre nous étions voisin des Marnet.

            Comment l'aurais-je reconnu, puisque d'un plein pied, elle est flanquée maintenant de deux étages, entourée de l'immuable mur de 2 mètres de haut. La couleur blanche qui à l'époque recouvrait les façades, fait place à ce jour à une couleur indéfinissable.
            Ces photos me laissent perplexe. Je balance entre le sentiment de l'oubli et celui de revoir la terre de mes ancêtres. Tiraillé par le désir de revoir des lieux de mon enfance, de ma jeunesse et revulsé par ce que je vais peut -être découvrir. Le pèlerin que je pense être devra faire abnégation de tant de souvenirs, de juger sans rancœur, à charge et à décharge. . . En suis-je capable ? C'est la question que je me pose depuis déjà tant d'années.


Magasin COMBES (février 2006)

Robert ANTOINE mars 2006         


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