SOUVENIR pour NOTRE COPAIN
Par Jean Pierre Bartolini et José Merciecca
Le 19 Janvier 2004, ayons une pensée fraternelle pour NOËL.

L'ASSASSINAT DE NOËL MEI,
le 19 Janvier 1962

BÔNE (A.F.P.)
       Le 19 Janvier à 18 h. 45, le S-Lieutenant PALVADEAU Gilbert, Substitut du Procureur militaire attaché au Général Cdt la Z. E. C., apercevant deux jeunes garçons qui collaient des affiches, arrête sa 2 CV, dégaine son revolver et tire à plusieurs reprises, tuant d'une balle au cœur Noël MEI, âgé de 14 ans et blessant son compagnon âgé de 16 ans.
       Son meurtre accompli, l'Officier se rend comme à l'accoutumée au Mess pour y prendre son repas.

(Sur cette dépêche de l'AFP, il y a erreur sur l'age respectif des adolescents)

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TRACT O.A.S.-BÔNE du 20 Janvier 1962

        Dans la soirée du 19 Janvier 1962, à Bône un individu, surprenant deux gamins en train de coller des affiches " Algérie Française", tua l'un et blessa l'autre à coups de pistolet.

        Ce n'était pas un apache, car il portait l'uniforme de sous-Lieutenant de l'Armée Française et les insignes de la Justice Militaire; il n'était pas ivre non plus. Personne ne le connaissait pour s'adonner aux stupéfiants, et sa situation même supposait un certain équilibre moral et nerveux.

        M. PALVADEAU, de son nom, était seulement " GAULLISTE INCONDITIONNEL "

        Cette opinion qui n'en tolère aucune autre a suffi pour qu'un homme plus que tout autre astreint aux disciplines civiques par sa double condition d'officier et de juge, TUE froidement un adolescent et en blesse un autre qui osaient afficher des sentiments non conformistes .. On croit vivre un cauchemar et l'on veut penser pour la dignité humaine que cet assassin a agi dans un moment d'aberration pour s'effondrer ensuite sous le poids du remords...

        Pas du tout. M. PALVADEAU, son crime commis est allé ……... dîner !

        Ainsi s'est-il montré digne de son maitre, dont l'orgueil messianique n'est troublé par aucun sentiment humanitaire.

        Qu'importe la douleur d'une mère. Qu'importe que l'ignominie de son acte soulève la colère et risque de contribuer à élargir jusqu'à la haine certaine incompréhension entre Français sur cette terre d'Algérie ! Sa conscience est tranquille, intoxiquée par les mensonges de ceux qui pour affermir leur pouvoir veulent faire oublier un problème au lieu de le résoudre et pour atteindre leur but mettent tout en oeuvre pour dresser un pays contre ses propres enfants.

        Français d'ALGERIE, vous vous êtes battus pour la seule France à Cassino, à Colmar et ailleurs. Vous continuerez dans cette voie, à travers vos deuils, les injustices et les provocations. L'acte inqualifiable d'un sectaire ne déshonore que lui-même et ses maÎtres. La gloire de l'Armée Française est bien au dessus d'eux.
        Bientôt elle les vomira.

        NB. - Monsieur PALVADEAU, si vous lisez ces quelques lignes, remarquez que nous parlons déjà de vous AU PASSE.

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DES MILLIERS DE BÔNOIS DEPOSENT
DES GERBES A L'ENDROIT
OU LE JEUNE NOËL MEI A ETE TUE

        Après le tragique assassinat qui coûta, la vie au jeune Noël Mei, 16 ans, tué par le sous-lieutenant Gilbert Palvadeau, Originaire de Villejuif, où il habite, 13, passage des Réservoirs, une vive effervescence se manifesta en ville européenne samedi.
        Durant toute la journée de samedi, Bône a donné l'aspect d'une ville morte. Elle s'était renfermée douloureusement sur son deuil. Les Magasins étaient fermés. Les cinémas n'ont pas donné de représentations.
        Bône, au cours de la journée, s'est rassemblée devant le mur où était mort la veille le petit Noël Mei.
        A l'endroit où fût tué le jeune colleur d'affiches, des gerbes de plus en plus nombreuses furent déposées. Ce sont les sœurs de la Doctrine Chrétienne qui, les premières, posèrent un bouquet. Sur un mur furent apposés des drapeaux tricolores et 0.A. S., des portraits du général Salan, du Maréchal Juin, du Bachaga Boualem et des affiches de l'O.A.S., cependant que l'inscription " Noël Mei, mort pour l'Algérie française " était tracée en lettres noires et rouges. Une foule sans cesse grandissante vînt se recueillir à cet endroit là. Un service d'ordre important prit place aux alentours. De temps à autre des slogans étaient lancés : " O.A.S. au pouvoir ", " Vive Salan ", " Algérie française ", et le " Chant des Africains " et " La Marseillaise " étaient entonnés par l'assistance.
        Au fur et à mesure que les heure passaient, des fleurs, en couronnes, en gerbes, en bouquets, étaient déposées autour du portrait du jeune garçon
        Dépôt de gerbes de fleurs émouvant, angoissant parfois devant ce mur qui devenait pour l'occasion comme un monument aux morts.
        Mais sans doute le moment le plus bouleversent de la journée fût lorsque arriva le frère de la victime, à qui avait été accordée une permission spéciale de 48 heures pour venir de Douéra où il est Interné.
        Dimanche matin, pour éviter le retour d'incidents qui, la veille, avaient fait un mort et un blessé à la suite du mitraillage de la foule par une voiture de terroristes, Ies attroupements furent interdits. Et la foule se contenta de défiler dans le lourd silence que font les profondes tristesses.

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A Bône, à l'emplacement où le jeune colleur d'affiches Mei avait été tué par le sous-lieutenant PALVADEAU, des fleurs qui avaient été déposées ont été piétinées par deux militaires qui frappèrent des jeunes gens. L'intervention de quelques civils mit heureusement fin à cet incident.
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VINGT MILLE BÔNOIS ONT ASSISTE
DANS LE CALME AUX OBSEQUES DE NOËL MEI
ASSASSINE VENDREDI DERNIER

La Depêche d'Algérie : mardi 23 janvier 1962

BÔNE: - 20000 personnes ont accompagné à sa dernière demeure dans le calme et le recueillement, le jeune Noël Mei qui trouva une mort tragique, vendredi soir, tué d'une balle en plein coeur alors qu'il collait des affiches.

        Bien avant 10 heures, hier matin, la population toute entière devait marquer sa sympathie pour cette jeune victime et une foule nombreuse se rendait rue Burdeau, devant l'humble logis de cette famille d'ouvriers tandis que la grève générale devenait effective à partir de 10 heures. Tous les magasins, les services privés et certains services publics avaient fermer leurs portes et la ville déserte était gardée par un service d'ordre trés important, composé de gardiens de la paix, de gendarmes mobiles et de soldats.

        Des milliers de personnes ont accompagné hier, au cimetière, le corps du jeune Noël Mei, Jamais encore une foule aussi dense n'avait escorté un convoi funèbre. L'hommage rendu au jeune homme venait de toutes les couches de la société et se mêlaient dans ce long et triste défilé hommes femmes, enfants.

        Ses camarades d'enfance, filles et garçons, auxquels s'étaient joints les éléves des autres écoles, portaient les couronnes et les gerbes de fleurs. On remarquait parmi ces couronnes celles offertes par ses camarades, par les associations patriotiques et par la Légion Etrangére.

        Les jeunes gens, les jeunes filles, formaient en tête du convoi une longue théorie.
        Sur les couronnés qu'ils portaient on lisait des Inscriptions telles que celle-cI :
        " De la part de ceux qui veulent comme toi rester Français ".

        Tout le long du parcours que suivit le convoi mortuaire la foule était massée, triste et angoissée devant le malheur.

        Aux abords de la cathédrale c'étaient encore des milliers de personnes réunies qui avaient abandonné leurs occupations journalières pour être présents à la cérémonie.

        Le cercueil recouvert de tricolore fut porté jusqu'à la cathédrale par les camarades du disparu, sous la double haie formée par les drapeaux des Associations patriotiques de Bône et des drapeaux des Anciens combattants.. Le courant électrique qui avait été coupé en raison de la gréve de deux heures, avait été rétabli à la cathédrale afin de permettre son illumination. Le cercueil fut placé au milieu de la nef tandis que les drapeaux prenaient place tout autour.

        Avant de donner l'absoute, M. le chanoine Houche archiprêtre de la cathédrale prononça une émouvante allocution.
        Après la cérémonie à l'église, le cortège pris la direction du cimetière, mais au lieu de suivre l'itinéraire habituel, prit la direction de l'avenue de la 3éme D.I.A., passant ainsi devant la préfecture de Bône.
        Les assistants suivirent en masse jusqu'au cimetière, dans le calme le plus complet.
        La ville, durant le temps des obsèques, resta recroquevillée sur elle-même. Tous les magasins étaient fermés. C'était une immense communion avec ceux qui en ce jour de deuil traînaient le douloureux calvaire de leur malheur.
        D'autre part, hier après midi également, ont eu lieu les obsèques de la jeune Andrée Zammit, âgée de 17 ans, tuée dimanche matin par l'explosion de l'obus piégé placé par un terroriste devant une boucherie.
        Une foule nombreuse assistait à la cérémonie. Aucun incident n'a été signalé.

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SOLDATS!

De quelle Armée, faites-vous partie ?

- De l'Armée dont les Officiers tuent avec préméditation et délibérément des enfants,
- De l'Armée au service d'un seul Homme et non au service de la Nation,
- De l'Armée du Colonel DEBROSSE, tortionnaire des femmes et de patriotes,
- De l'Armée des AILLERET, "champion de l'avancement" des MULTRIER et consorts, inconditionnels par ambition et médiocrité, complices passifs du F.L.N.,
- De l'Armée de MESSMER, parrain de PALVADEAU, qui, ministre des Armées, dépose un pouvoir en cassation contre un jugement du Tribunal militaire acquittant trois Officiers ?

0U

- De l'Armée fidèle à son serment de maintenir l'intégrité du Territoire et du même coup l'Algérie française,
- De l'Armée victorieuse après 7 ans de sacrifices, battue à Paris en quelques mois par De Gaulle,
- De l'Armée qui a apporté à ce Pays la Paix et la Fraternisation, et non la Division et la Ségrégation,
- De l'Armée qui est consciente qu'en combattant le F.L.N., elle défend l'Europe de l'invasion communiste.
- De l'Armée des DE LATTRE, LECLERC, JUIN, SALAN, CHALLE, VANUXEM, CHATEAU-JOBERT, et tant d'autres qui, sur tous les champs de bataille, ont su par leur chevalerie et leur sens de l'Honneur, faire de l'Armée française, " la première Armée du Monde ".

(Tract) 0. A. S. - BONE

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CEST BIEN LUI ! - L'ASSASSIN

l'assassin de Noël MEI
31 mars 1966

M. le substitut du procureur de la République au tribunal de grande Instance de Troyes a l'air sévère.
Pour ne pas dire l'air Inquiet.
Comme s'il craignait que cette photo, prise lors de sa récente Intronisation, tombe sous les yeux de quelque empêcheur de juger en rond.

De MINUTE, par exemple.
Pourtant on aurait du mal à le reconnaître, M. le substitut Palvadeau. Après quatre ans ... Et tout s'était passé si vite ...
Il y a quatre ans, le 20 janvier 1962, à Bône (Algérie), le sous-lieutenant Gilbert Palvadeau, attaché au Parquet militaire, tuait froidement à coups de pistolet un jeune colleur d'affiches O.A.S. de 16 ans, Noël-Antoine Mei et blessait l'un des camarades du jeune garçon.
Devant l'indignation générale, les autorités appréhendaient discrètement le sous-lieutenant meurtrier. Promis : on le jugerait.
Non seulement, en ne le jugea point mais on l'envoya juger les autres à Djibouti.
Puis, l'oubli venu pensait-on, Foyer le récompensa, sans tambour ni trompette en le nommant à Troyes.


Où les criminels auront beau jeu de se lever, quand le substitut Palvadeau aura terminé son réquisitoire, et de crier :
- Et si l'on parlait du petit Noël-Antoine Mei, Monsieur le procureur ?


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