On y trouve un buste et une tête de lion car un rocher, juste au début de la corniche et de la jetée nord, ressemblait à une tête de lion . La galère toute voile dépliée passant devant est la marque de la vocation maritime de la ville. Au dessus, un rameau de jujubier, petit arbuste dont les fruits ronds et d'une teinte marron brune étaient si bons. Il donne son nom arabe à la ville car "el annab" sont les fruits du jujubier.
Au dessous, la croix de guerre avec palme qui a été donnée à la ville par un de ses plus illustres enfants : le maréchal Juin, pour son attitude héroïque durant la dernière guerre . Au dessous, la mention en latin, "Férit et Alit".
Nous ne sommes pas loin du 11 novembre et je tiens à rappeler que, depuis ma plus tendre enfance, j'ai été frappé par le texte d'une plaque située au bas du palais Calvin, coté place du monument au mort, en bas du cours Bertagna : "Ici est tombé le premier obus de la guerre de 14/18".
Ce n'est pas une galéjade car les faits sont réels. La mobilisation générale a été proclamée le 1er août 1914 et de nombreuses troupes ont été réunies, (active et réservistes Français et Algériens), dans le secteur des quais et vers l'ancienne gare de Bône située dans le quartier de Sidi Ibrahim entre la Seybouse et le port.
La ville était défendue par quatre batteries d'artillerie entre les Caroubiers au dessus du port, le Fort Génois et le sémaphore du cap de Garde mais ces batteries n'étaient pas prêtes à tirer...
L'amirauté avait été avertie que deux croiseurs allemands le Goeben et le Breslau croisaient sur les côtes du Constantinois. Vers 3h 30 du matin, alors que la ville était endormie, le croiseur Breslau a été aperçu par le pilotage du port qui s'est porté vers lui "à la rame".
Très vite il est apparu que les intentions du croiseur allemand étaient belliqueuse car les premiers obus tombaient sur le port et la ville. En une demi heure, cinquante à soixante obus de cent vingt sont tombés, touchant l'usine à Gaz, le carrefour des 4 chemins au quartier de la Colonne, le Palais Calvin, des rails dans l'ancienne gare, coulant un petit vapeur de 1800 tonnes le Saint Vincent et deux balancelles.
Bilan; un tué et une dizaine de blessés. Nos batteries n'ont pas été capables de tirer bien que le Breslau se soit un moment partiellement ensablé à l'embouchure de la Seybouse. Lors de son départ, il a bombardé et touché le sémaphore du Cap de Garde.
Presque à la même heure, l'autre croiseur allemand, le Goeben a bombardé Philippeville et Stora.
Ce " fait d'Arme " a été commémoré par Guillaume II par une citation allemande à l'ordre du pays avec la mention "beschiessung von Philippeville und Bône hourdh diekreuser Goben und Bône Breslau 4 aug 1914" et les croiseurs, à leur retour à Istanbul, furent reçus avec tous les honneurs militaires par l'Ambassadeur D'Allemagne en Turquie.
Ce fait historique est sûrement méconnu de beaucoup de pieds noirs et de Français Métropolitain.
Je reprends la description de ma ville, 12ème épisode je crois, par mes souvenirs du Lycée que j'ai fréquenté tout au long de mes études secondaires de la rentrée 1944 aux grandes vacances 1952.
J'ai déjà situé le Lycée mais je vais le faire à nouveau. L'entrée principale était placée au niveau d'une petite zone de stationnement en demi cercle sur le Boulevard Papier, juste en face de la rue du Docteur Mestre partant vers le quartier de la colonne. Un peu plus bas, sur le Boulevard Papier, se trouvait l'entrée de bâtiments plus récents qui abritaient les anciennes sections d'EPS rebaptisées "séries modernes" par rapport au "classique".
Nous quittions le boulevard Papier par la rue de Savoie qui longeait le Lycée sur cent mètres. Il y avait ensuite un terrain, à l'époque non occupé, qui est devenu après l'indépendance, le Siége du Consulat de France. A la suite, le coté du terrain occupé par un fleuriste jardinier, Mr Magnin et on tombait alors sur l'avenue du Capitaine Dauphin. Une impasse longeait une entrée secondaire du Lycée puis juste en face de la monumentale entrée du Stade Municipale Paul Pantaloni, se trouvait le Stade du Lycée, l'entrée vers l'internat et les classes primaires du Lycée où j'ai fait ma classe de 11ème avec Madame Canavaggio comme institutrice. Derrière, au niveau du quartier de l'étoile, des villas bordaient le mur de l'internat mais il y avait une entrée au niveau des cuisines rue Lafayette. Passé la rue Halévy, on retombait sur le Boulevard Papier.
Voilà le site de notre Lycée qui portait le nom de Saint Augustin ancien évêque d'Hyppone.
Pour le visiter, nous remémorer nos classes et retrouver quelques enseignants :
Passé le portail d'entrée, il y avait sur la gauche la conciergerie, de face un grand préau qui se terminait par des escaliers donnant sur les bâtiments administratifs puis tout au bout, le grand édifice de l'internat qui longeait le terrain de sports avec, si je m'en souviens bien, deux étages. N'ayant jamais été interne je connaissais mal ce bâtiment .
Juste en face du grand portail d'entrée, un bâtiment d'un étage qui abritait quatre classes pour les sections mathématiques . On trouvait alors la 1ère cour avec une dizaine de classes en bas et à l'étage, bordées par des préaux couverts. Ces bâtiments en " U ", laissaient le passage vers les nouveaux locaux des Sections Moderne, un grand corps de bâtiment en " L " avec là aussi huit à dix classes en haut et en bas .
Cette seconde cour se prolongeait par un terrain de basket extérieur puis par la Salle de sports qui faisait l'angle du fleuriste Magnin. Devant cette salle, une allée donnait sur les bâtiments administratifs avec à gauche vers le Lycée, un petit immeuble de logements de fonction et sur la droite le terrain de sport avec son terrain de Foot-Ball entouré de sa piste en Mâchefer . Notre Lycée pouvait à cette époque être fier de ses installations sportives et d'ailleurs il a obtenu en 1958, le titre de 1er Lycée sportif de France (Oui, car alors nous étions encore en France… ) .
Voilà le lieu où j'ai étudié huit ans, huit années car à l'époque il y avait un premier bac que j'ai du redoubler. A la suite du concours d'entrée, j'ai été admis à la rentrée 1944 en 6éme moderne et j'ai suivi cette filière sans latin ,ni grec mais avec une, puis deux langues étrangères. Je me souviens de quelques professeurs :
En 6éme : Mlle Ancel en Français et "sciences nat", Mr Grazziani en "math", Mr Djendi Mounir en arabe, 1ère langue.
En 5éme : Mr Russo en Français et "histoire géo", Mr Lamartina en "math", Mr Barnet en "sciences nat" et toujours Mr Djendi en Arabe.
En 4éme : Mr Bally en Français, Mlle Truxillo en Anglais, seconde langue, Mr Denis en Physique et "sciences nat".
En 3éme : Mr Taibi en Arabe, Mlle Truxillo en Anglais, Mr Giboin en "math"
En 2éme : Mr Kerlidou en Français, Mr Boisson en "math",Mr Barnet, (qui boitait), en physique Chimie, Mme Blanchard en "histoire géo", qui m'a donné et laissé le goût de cette discipline, Mme Brinet en Anglais, Mr Sechi en Arabe.
En 1ére : Mr Kerlidou et Morel en Français, Mr Régnard en "math", Mr Barnet, physique chimie, Mr Bouchet en Anglais, Mme Blanchard puis Mr Bolleli en "histoire géo".
En terminale Science expérimentale, je me souviens de Mr Grateloup en philosophie, Mr Regnard en "math", Mme Guiollot en "science nat", Mme Sourice en Anglais.
Tout au long de ces années, en éducation physique, Mrs Merle et Vitali .
Voila quelques noms, liste un peu longue, non exhaustive mais plus d'un demi siècle après, le fait de se remémorer cela, fait apparaître devant mes yeux les visages de ces enseignants, certains très nettement, d'autres plus flou ou parfois plus aucuns souvenirs nets...
J'ai essayé de citer ces noms qui pourront peu être rappeler à certains compatriotes un peu de leur Lycée . Il est plus délicat de retrouver d'anciens copains de classe car, comme beaucoup de pieds noirs, nous avons été dispersé après l'indépendance.