Les pieds-noirs du Midi cultivent le souvenir du "paradis perdu"
03/07/2002 11:28:54 GLGL FRS0302 3 I France - Algérie - anniversaire Les pieds-noirs du Midi cultivent le souvenir du "paradis perdu" (DOSSIER - PAPIER D'ANGLE) Par Pierre ROCHICCIOLI MARSEILLE (France), 3 juillet (AFP) -

Plus de 1.500 associations locales, de grands rassemblements, des élus municipaux... les pieds-noirs du sud-est de la France ont tissé un réseau communautaire dense pour garder le souvenir du "paradis perdu" et obtenir de l 'Etat des réparations matérielles et morales.

Anciens du lycée Bugeaud, de Bab-el-Oued, de la basilique Notre - Dame d'Afrique d'Alger ou membres du cercle culturel algérianiste...: plus de la moitié des 400.000 pieds-noirs de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur participent à la vie d'une association communautaire, selon Alain Timsit, organisateur en 2000 d'un grand rassemblement de 15.000 Français d'Algérie à Cagnes -sur- Mer (sud).

Cette année, ils étaient 10.000 à nouveau réunis à Cagnes pour commémorer les 40 ans de l'exode. Auparavant, il y avait eu un grand rassemblement à Nice en 1987, à Versailles en 1992 et à Marseille en 1997.

Une trentaine de rapatriés ont été élus aux municipales de 2001 dans de petite communes du sud sous l'étiquette du parti pied-noir (PPN), selon son président Christian Schembré.

Si la diversité de la population pied-noir, forte de 2,5 millions de personnes selon des sources associatives, ne peut se résumer à l'expression des seuls courants communautaristes, ceux-ci n'en demeurent pas moins un indicateur d'un travail de deuil toujours inachevé.

"On a besoin de se retrouver pour nos racines, parler la même langue, se comprendre à demi-mot", explique Alain Timsit. "L'Algérie pour nous, c'était une terre, mais aussi un mode de vie et notre jeunesse. La perte de notre sol a laissé un vide difficile à combler".

Beaucoup ont posé leurs valises dans le sud pour retrouver le soleil et la convivialité méditerranéenne sans jamais parvenir à oublier un passé enjolivé par la mémoire. "Il y avait entre nous un lien, une fraternité qui dépassait les clivages sociaux ou religieux", dit un responsable associatif en évoquant l'individualisme rencontré en métropole et la distorsion des liens familiaux.

D'autres expliquent ce repli communautaire par l'hostilité rencontrée à leur arrivée en métropole. "On encensait notre travail de pionniers sous la 3e et la 4e Républiques, à la fin de la guerre d'Algérie nous n'étions plus que d'affreux colons", dit Alain Timsit.

"Cette plaie n'est toujours pas refermée. Il y en a tellement qui ne s'en sont pas sortis. Certains ont juré de ne plus voter sous la 5e République", dit Michèle Soler, déléguée aux rapatriés à la mairie de Nice.

Le leader de l'extrême droite française, Jean-Marie Le Pen, "a aussi récupéré pas mal de gens en défendant les rapatriés", ajoute Gabriel Anglade, son homologue de Cagnes- sur- Mer.

"On estime que 30% des membres de la communauté ne votent pas", confirme Christian Schembré, fondateur en 1999 du Parti pied-noir.

Outre les demandes matérielles, comme celle d'une nouvelle loi d'indemnisation, les rapatriés ont surtout soif d'une reconnaissance nationale, de ne plus être "les boucs- émissaires" d'une guerre longtemps escamotée.

"En ignorant cette communauté, on la marginalise, on la laisse s'accrocher à son passé alors qu'elle pourrait jouer un rôle charnière dans l'ouverture euro- méditerranéenne ", estime le Parti pied-noir.
pr/lal/bir/jl AFP 031141

TEXTE envoyé par Jean Pierre Rondeau

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