ANCHEM
JEAN DUBLED

En langage populaire de nos régions de l'Est Algérien le rappel à la décence se disait Anchem : " ais honte " ou hachma " la honte ". Cela suffisait pour imposer un brin de dignité à nimporte quelle situation dérivante. Pour notre CAGAYOUS national, l'allégorie biculturelle " la honte, elle te monte à la figure" suffisait à confondre le plus audacieux des bouffons de la place.

Ces temps paraissent aujourd'hui dépassés. On en arrive à la mise en scène de l'infamie pour glorifier la honte.

Ainsi ceux que l'on appelle les porteurs de valises. C'est-à-dire ces intellec-tuels français qui se voulaient pacifistes, mais qui, rêvant d'une stature de soldats, se livraient, entre le café-croissants chauds du matin et le cocktail du soir, au " combat " héroïque et peu risqué de la collecte et du transport des fonds FLN sur le territoire Français.

Ce sont ces braves entre les braves qui devaient tenir un colloque à Marseille les 16 et 17 octobre derniers.

Outre Francis JEANSON, créateur du réseau de traîtres qui portait son nom, devaient y participer Robert DAVEZIES, prêtre, Omar BOUDAOUD, Kaddour LADLANI et Ali HAROUN de la Fédération de France du FLN, Jacques CHARBY (condamné à 10 ans de prison au temps des "événe-ments") directeur du théâtre national Algérien, Jacques JURQUET, Adolfo KAMINSKY et divers autres sympathisants.

On voudrait rappeler à ces "combattants" que trop souvent les armes qui devaient être celles de la libération ont assassiné des femmes, des enfants ou de modestes travailleurs ; que trop souvent ces héros de l'extérieur avaient pour champs de bataille des palaces ; que la "libération" accordée par la France a conduit à un totalitarisme de parti unique qui sévit encore aujour-d'hui.

Aussi ces libérateurs devraient s'interroger sur la raison d'être de ces 1300 victimes algériennes décomptées au cours des 9 premiers mois de l'année 2000. Enfin., la reconnaissance de l'état de guerre par la loi Française n'a-t-elle pas fait de tous ces complices français du FLN des traîtres à leur patrie ; si le principe de la non-rétroactivité de la loi dispense de la condamnation pénale, du moins la qualification demeure.

L'Algérie s'autodétruit tous les jours pour avoir déguisé sa victoire diploma-tique en victoire militaire. A tel point que de faux "combattants" accaparent encore les pouvoirs au détriment de toutes les forces démocratiques de ce pays.

Quant à ces anciens combattants de la honte, il serait bien qu'ils soient rap-pelés à un peu de décence; que l'on se redise : liberté que de crimes ont été commis en ton nom; messieurs les infâmes un peu de dignité s'il vous plait,... sinon pour les vivants... au moins pour les morts.

(Revue ENSEMBLE N° 225, Décembre 2000, page 7)

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