Fred ARTZ.
Et pourtant il aura fallu attendre plus de 35 années pour voir reconnaître un état de droit élémentaire et indiscutable, dont l'affirmation n'est due qu'à la ténacité qui a été la nôtre durant plus d'un tiers de siècle.
Et encore faudrait-il être bien sûr qu'il ne s'agit pas de ces démarches de circonstance à caractère préélectoral.
Ainsi il conviendrait mal que le timbre honorant les combattants français en Afrique du Nord soit émis en mai 1997 ou encore qu'au 31 décembre 1997, date limite des corrections à apporter à notre immatriculation, les services intéressés n'aient pas donné les suites attendues.
Mais en tout état de cause, des revendications légitimes fondamentales restent à satisfaire.
En effet:
La hiérarchie de l'Eglise chrétienne d'Algérie comme celle de France ne s'en est jamais émue et ne paraît pas devoir s'en émouvoir.
Pour louable que soit l'action que mène telle ou telle association Pieds-Noirs afin de sauvegarder quelques sépultures dans des cimetières en vue, mille, cent mille, un million de tombes restent éventrées et les ossements éparpillés.
C'est à l'Etat français et à nos gouvernants qu'incombent la tâche d'obtenir de l'Algérie nouvelle, que nos morts qui ont bâti de leur sueur et de leur sang le pays dont profite aujourd'hui les algériens, qu'elle regroupe les restes de nos aïeux avec le minimum de dignité nécessaire pour que lui soit reconnue la qualité d'Etat civilisé.
Si le bon sens n'y suffisait pas, il resterait alors à exiger de l'Algérie, en contrepartie des subsistances qui lui sont annuellement versées par la France, que cet acte de civilisation soit entrepris. Les cinq milliards de francs reconduits en 1996/97 par Paris «méritent bien une messe».
Voilà ce que sont en droit d'attendre les Français de l'Algérie française et voilà pour nous du pain sur la planche.
Bien amicalement
(Revue Ensemble, N° 205 Décembre 1996, pages 10 et 11) |