N° 173
Juin

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Juin 2017
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
La France a fait son choix !!!

         Chers Amis,

         L'épisode des élections présidentielles est passé. Les " Français " ont choisi leur Président à une petite majorité et maintenant c'est tout le pays qui subira les conséquences. Malheureusement, nous les bafoués de l'histoire et de ce président, nous auront à subir les mêmes conséquences.
         " Tous ceux qui auront voté pour ce président ou se seront abstenus ou auront voté blanc ou nul seront pleinement responsables des drames que connaîtra la France.
         Ils n'auront aucune excuse.
         Ils croiront certes avoir les mains propres mais ... ils n'auront plus de mains : seulement des yeux pour pleurer ! "

         (Propos reçus d'un internaute et que j'approuve)

         Pour ma part, je ne veux plus rien savoir de la politique de ce pays, puisque quoiqu'il arrive, je subirai l'inconscience de ces 20 millions d'électeurs qui ont choisi, pour 68 millions de citoyens. Donc SVP, ne m'envoyez plus de messages ou de documentation concernant cette politique, tout va à la poubelle. Ce qui fait très mal, c'est de savoir que des P.N. en votant pour ce président n'ont pas eu le respect nécessaire pour nos morts et disparus honteusement calomniés par LUI.

         Nous Pieds-Noirs, nous n'avons qu'une chose à faire c'est de nous occuper à faire vivre notre mémoire, à faire passer le flambeau à nos enfants et petits-enfants qui en auront bien besoin dans un proche avenir.

         Par contre, tout ce qui nous concerne ou qui concerne notre pays de naissance sera toujours le bienvenue sur La Seybouse.

         Une des premières conséquences, c'est que la Seybouse est plus réduite pour le moment, donc moins à lire.

         Nous approchons de l'été et des vacances qui risqueront de laisser un goût amer pour ceux qui travaillent encore car la rentrée qui suivra sera très dure.

         Profitons de la Seybouse tant qu'elle peut couler tranquillement.
Bonne lecture, JPB                   
         Diobône,
         A tchao.
       

Ma mère, ma terre.
Par Mme Jocelyne Mas


« Une terre comme une mère ne se remplace pas »

           Ma mère aimait sa terre d'un amour viscéral, c'était SA terre, son bien le plus précieux, elle aurait voulu se coucher sur elle, étendre ses bras pour la protéger, elle se sentait arbre elle-même, ses pieds s'enracinant dans cette terre qui était sa vie.

           Et pourtant cela lui a été ravi. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps, s'agrippant au bastingage, regardant s'éloigner sa terre natale.

           Comme beaucoup elle a souffert de l'indifférence de ces français de France qu'elle croyait ses frères.

           Elle est maintenant partie, le cœur meurtri, au Paradis des Braves, et je reste doublement orpheline. Dans mon cœur se mêle l'amour de ma mère et l'amour de ma terre.

           Mare Nostrum : « notre mère » disaient les Romains.
           La mer Méditerranée est une mer fermée, qui d’un bord à l’autre,
           enferme nos souvenirs. Elle est un pont entre notre passé et notre avenir.
           Mère de toutes les civilisations où s’abreuve et se noie notre nostalgie.
           Elle est plus salée que les autres mers car elle a recueilli toutes nos larmes.

           D’Alger où je suis née,
           A Cannes où j’ai été adoptée ;
           D’une rive à l’autre de
           Cette méditerranée
           Qui a bercé mon âme d’exilée,
           Roulent sur les vagues,
           Alternant par saccades,
           Mes joies et mes peines mêlées.

§§§§§§§§§§§§§§§§§
Ma mère, ma terre.

Je pense à ma terre,
Et je vois un ciel bleu éblouissant,
Des vergers à perte de vue,
Des champs de blé qui ondulent sous le vent.

Je pense à ma terre,
Et je vois des orangers en fleurs,
Au parfum grisant,
Et des champs d'oliviers au feuillage gris-vert.

Je pense à ma terre,
Et je vois des plages de sable blond,
Des criques au fond transparent,
Les algues vertes dansent au gré des courants.

Je pense à ma terre,
Et je vois des oasis verdoyantes,
Sur l'ocre du sable du désert tranchant.
Des lauriers en fleurs et des jasmins.

Je pense à ma terre,
Et je pleure, les larmes jaillissant
Abondantes et amères,
Le ciel se voile soudain.

Je pense à ma mère : ma terre,
Rouge et fertile,
Où mon âme est restée, accrochée,
A cette colline aux maisons blanches là-bas …....

Mais dans le ciel de velours sombre,
Une étoile est née : l'âme de ma mère.
Elle brille un peu plus que les autres,
Pour que nous puissions la repérer,
Dans l’univers des ombres.

Maman, ton souvenir
Éclairera nos lendemains.
Je t'aime Maman.       
Extrait de " Poèmes nostalgiques "
            Suivi de « Au gré des flots »
          Médaille d'Argent des Arts et Lettres de France.
           

Mme Jocelyne Mas       
Poète – Ecrivain       
Maître en Littérature       
  
         http://www.jocelynemas.com




LE MUTILE N° 42, 30 décembre 1917 (Gallica)
PARMI NOUS
                 Nous avons ou le Plaisir de revoir le fils de notre brave ami M. Bosc, bibliothécaire au Palais de Justice, Bosc Paul, du 2ème génie, qui vient de la Lozère pour jouir en famille d'une permission bien gagnée.
        Bosc Paul, est plein d'entrain et de santé et désireux de continuera faire, comme il le dit, son devoir tout simplement.
        Nous lui souhaitons une cordiale bienvenue et l'engageons à bien profiter des quelques jours durant lesquels il va reprendre de nouvelles forces pour l'ultime assaut.
*****
        Le camarade Cohen, du 7° d'Artillerie, est venu à son passage nous serrer la main et nous prouver qu'il ne s'en fait pas.
        Cohen, qui vient de villégiaturer 18 mois au front, se porte à merveille et va passer en famille à Saïda les quelques jours de permission qui lui ont été octroyés.
        Nous l'engageons à persévérer dans sa virile résolu lion d'en finir avec les boches. C'est le seul moyen de les avoir et, nous croyons savoir que ce n'est pas loin.
        Nos meilleurs souhaits accompagnent le camarade Cohen.
*****
        Nous avons eu également le plaisir de revoir parmi nous le caporal Cornet, Lucien, du 1er régiment de zouaves, parti comme volontaire à Salonique où il est resté 24 mois.
        Cornet a accompli un acte méritoire en partant comme volontaire alors que sa situation de père de quatre enfants, dont un est sous les drapeaux, pouvait l'en dispenser. Il nous revient toujours en bonne santé ayant fait la nique aux fièvres malignes du pays qui ont fait tant de victimes.
        Nous lui présentons nos meilleurs souhaits de bienvenue et un heureux séjour à Alger.
*****
        Nous avons eu l'agréable surprise de revoir notre ami Imbert, secrétaire de la mairie d'El-Affroun. Ce brave poilu nous revient de Salonique se retremper près des siens.
        En celle occasion, nous lui adressons nos souhaits de bienvenue.
*****
        Nous avons eu le plaisir de serrer la main à notre ami Llobel Pierre du 4ème régiment de zouaves. Ce poilu qui porte crânement la chéchia vient de terminer une permission de courte durée près des siens. Il retourne prendre sa place face aux Boches, malgré ses 38 mois de front. Il repart avec la bravoure ordinaire de tous nos poilus algériens.
        Nous lui souhaitons un prompt retour définitif.


PHOTOS DIVERSES D'ALGERIE
Envoyé par M. Fernandez

ALGER - Saint Eugène

BLIDA - Place du Marché Arabe



BLIDA - Avenue des Moulins




BÔNE - le Temple Protestant





BÔNE - le Marché aux bestiaux





BÔNE - Plage Saint-Cloud





CONSTANTINE - Gorges du Rhumel - Pont Sidi-Rachel


FERRYVILLE - Gare




MAISON CARREE




MONDOVI - Gendarmerie





MONDOVI - Pépinières




MORRIS - Gare




Fables Bônoises
De M. Edmond Brua
Envoyé Par M. Carpy Dominique

.



LE BRAS D'HONNEUR

        Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n'est rien,
         C'est une femme qu'on supprime.
         C'est pa-pa, c'est parisien.
         Chaque jour amène son crime.
         Comment nommez-vous l'assassin ?
         Ahmed ? Ahmed, alors, que je plains la victime
         De ce sauvage " Algérien " !
         Je dis que c'est grande ignorance
         Que de parler ainsi. Mais nous voyons qu'en France
         Il est sur ce point peu d'espoir
         De détromper les gens. Le mal est qu'on s'obstine
         A lire en tous lieux Paris-Soir.
         Les habitans de Constantine
         Sont là-dessus d'accord avec les Oranois
         Et ceux d'El-Djezaïr avecques les Bônois.

         Bagur, François de cœur et Bônois de naissance,
         En fit un jour l'expérience,
         Se trouvant à Paris dans la froide saison.
         Il n'eût jamais connu la gare de Lyon
         Sans l'aubaine d'un million
         Qu'il gagnoit à la Loterie.
         Au Pavillon de Flore il arrive, un matin
         Que Flore étoit absenti et qu'en nos Tuileries,
         Sur les pelouses défleuries,
         La neige se livroit au bel art du dessin
         Et voyoit ses travaux, sous la pluie et la bise,
         Passer plus vite que les fleurs.

         Quand il eut son gros lot serré dans sa valise,
         Il trouva cent badauds qui rendoient les honneurs :
         Mendians accourus de la plus proche église,
         Camelots, truands et chômeurs,
         Journalistes et cinéastes,
         Gigolettes et souteneurs,
         Sans parler de maint pédéraste.
         Peu touché d'un tel appareil,
         Bagur laisse échapper ces paroles néfastes :
         - De quoi c'est, ce pays ? Manque un morceau d'soleil !
         Arrégardez-moi ça qui tombe !
         Je me ressemble tout pareil
         Que si je serois mort-enterré dans la tombe.
         Ah ! ouah ? C'est ça Paris, ce bon dieu, ce primeur,
         Qu'on me disoit : Bagur, si tu le ois, tu meurs !

         Trocadéro, ouallou ! Ça qu'y avoit de moins moche,
         Oilà qu'on s'I'a cassé, diocane, à coups de pioche !
         Et que des necs qu'i' font pour leurs ponts tout tordus !
         A Côstantine, atso, y a le Pont suspendu !
         - De quoi ? repartit un gavroche
         Vexé d'avoir mal entendu.
         Va donc, eh ! l'Algérien, le Sidi, l'Indigène !
         Non, mais, pigez-moi sa dégaîne !
         Boucle un peu ta valise ou gare aux cancrelats !
         Oh ! les sal' bêt' ! Oh ! tiens, les vlà !
         Sans blague, ils ont du poil aux pattes !
         C'est comm' ça, faut pas qu'ça t'épate !

         Bagur ouvre la bouche, élève les sourcils
         Et comme on vit jadis Philémon et Baucis,
         Appelant de leurs vœux une éternelle chaîne,
         Changés par Jupiter en tilleul et en chêne,
         En chêne, ou en tilleul, Bagur se sent muer.
         Bagur est plein de cris et Bagur est muet.
         Mais soudain, pour lui seul murmurant : Diocane !
         Et d'un œil dédaigneux embrassant ces profanes,

         Il vous leur taille un bras d'honneur.
         (C'est assavoir une basane
         Chez le peuple africain-mineur.)
         Ce geste apaisa la colère
         Du populaire.
         - Oh ! oh ! s'écrient les regardans,
         Son opinion nous intrigue.
         - Ce n'est donc pas qu'en Occident
         Que les gens se mettent en ligue ?

         - Ce salut-là tient le mitan
         Entre le bras qu'on lève et le poing que l'on tend.
         - Ben, quoi ! C'est ses idées, au zigue.
         Quelqu'un dit à Bagur : - Vous nous voyez surpris.
         Nous ne professons point votre dogme à Paris,
         Mais il nous paroît fort commode
         Et dès que nous l'aurons appris,
         Nous saurons le mettre à la mode.

         Les gens sont ainsi faits. Pour les prendre en défaut,
         Le plus fort argument ne vaudra pas un zeste.
         Mais sortez-leur un nouveau geste
         Et vous aurez le dernier mot.
Edmond Brua







 Bulletin - Oeuvre de saint Augustin et de sainte Monique, patronne des mères chrétiennes  
1875 - Brochure trouvée à la BNF


L'ARMEE D'AFRIQUE
ET LA MISSION DE LA FRANCE EN AFRIQUE
               

UNE FÊTE ARABE ET CHRÉTIENNE
EN ALGÉRIE


Inauguration de l'hôpital indigène de Sainte-Elisabeth,
à Saint-Cyprien des Attafs.


II
HÔPITAL DE SAINTE-ELISABETH.

                Rien de plus efficace, pour les orphelins eux-mêmes, devenus des hommes, que la création dés villages arabes chrétiens. Mais ils devaient avoir encore un autre résultat frapper l'esprit des indigènes, en leur montrant, comme l'écrivait, il y a quelques années, à Mgr Lavigerie, l'un des généraux qui ont commandé-la province d'Alger, "des Arabes réunis et heureux à l'ombre de la croix."

                Les bons rapports ne tardèrent pas, en effet, à s'établir avec les indigènes du voisinage. Plusieurs des jeunes mariés retrouvèrent leurs familles et se mirent en relations avec leurs tribus. Les oncles, les cousins, les grands-parents vinrent visiter Saint-Cyprien et s'émerveillèrent de ce qu'ils virent. - Jamais, disaient-ils aux jeunes indigènes de Saint-Cyprien, jamais vos pères eux-même s'ils avaient vécu, je vous auraient traités comme le grand marabout des chrétiens Mgr l'archevêque a rapporté une parole semblable dans une de ses lettres publiques.

                De ces rapports chaque jour plus fréquents avec une société où les misères de toutes sortes et les maladies les plus affreuses font tant de ravages, devait donc naître bientôt l'œuvre nouvelle.

                Mgr Lavigerie a placé à la tête de ses villages, pour les diriger pacifiquement et en être les pasteurs, des missionnaires de l'admirable Société qu'il a fondée pour les Missions d'Afrique.

                Or, parmi leurs règles, ces missionnaires en ont une rebutante à la nature, mais singulièrement propre à faire autour d'eux une impression salutaire, celle de soigner de leurs propres mains tous les malades qui se présentent à leurs demeures. Avec les plaies hideuses des Arabes, leur saleté native, leur manque absolu de soins, il faut certes du courage pour un tel ministère mais, ce courage, l'amour de Dieu et des âmes le donne et le soutient.

                A Saint-Cyprien, Comme dans toutes les autres stations, les missionnaires commencèrent donc à soigner les malades.

                " Une des maisons du village, placée en dehors des autres, dit Mgr Lavigerie dans une de ses lettres, est destinée à secourir ces pauvres infirmes. Une pharmacie y est installée. La bonté simple et patiente surtout des missionnaires, et disons-le aussi, la gratuité des remèdes, y attirent les Arabes des montagnes environnantes. On en apporte même de fort loin, en croupe, sur des mulets ou sur des chevaux. Ils entrent et on les soigne. A certains jours où ils sont plus nombreux, les Pères les rangent en ordre au dehors, et, s'agenouillant devant eux sur la terre nue, ils pansent leurs plaies. "

                C'est vraiment un touchant spectacle, que celui que présentent ainsi, dans toutes les stations où ils résident, nos jeunes missionnaires. Les indigènes eux-mêmes les admirent, sans les comprendre encore, il est vrai. " Pourquoi font-ils cela ? disent-ils entre eux. Nos pères et nos mères eux-mêmes ne le feraient point. "

                " Un officier français d'un rare mérite, mort prématurément depuis, me disait un jour " Vraiment, en voyant ces Pères, avec leur costume oriental, entourés de ces pauvres indigènes, on croirait assister à une scène de l'Evangile. C'est ainsi que les malades devaient entourer Jésus-Christ et ses apôtres, dans la Judée. "

                N'est-ce pas d'ailleurs du Sauveur des hommes qu'il est écrit " Il a été envoyé aux pauvres. Il a guéri les malades ? Et encore guérissait toutes les maladies. et toutes les infirmités du peuple."

                " Notre-Seigneur faisait, il est vrai, des miracles de puissance; mais renoncer à tout, à son pays, à ceux que l'on aime, à un avenir brillant peut-être, pour venir, ici, vivre pauvre, outragé souvent, et il faut le dire, par les mauvais chrétiens surtout, se faire le serviteur des pauvres barbares, soigner leurs plaies les plus rebutantes, n'est-ce pas un miracle de charité ?

                Les Arabes l'entrevoient. Ils sont pleins de respect pour nos missionnaires. Ils ne se contentent pas de leurs remèdes. Ils leur demandent leurs bénédictions et le secours de leurs prières, et ils leur disent quelquefois "Tous les chrétiens seront damnés, mais vous autres, vous ne le serez pas. Vous êtres croyants au fond de votre cœur. Vous connaissez Dieu et vous faites plus de bien que nous. "

                Bientôt, la renommée aidant, il ne suffit plus de distribuer des remèdes ou de faire des pansements à Saint-Cyprien il fallut parcourir les tribus dispersées sur les montagnes voisines. Les femmes, qui s'étaient d'abord tenues à l'écart pour obéir aux préjugés musulmans, vinrent à leur tour. Nouvelle difficulté les Pères missionnaires ne pouvaient les soigner eux-mêmes. Mgr Lavigerie envoya, dans le village, des Sœurs de la Congrégation des Missions d'Afrique, aussi fondée par lui. Elles firent, pour les femmes indigènes, ce que les Pères faisaient pour les hommes.

                Il manquait toujours quelque chose cependant c'était le moyen, non pas de soigner en passant les Arabes malades, mais de garder ceux à qui la route était trop pénible ou qui avaient besoin de soins prolongés. Que faire ? Les renvoyer, c'était les vouer à la mort; les garder, c'était impossible, la place manquait, et, en les entassant on risquait de créer, pour le village même, un foyer d'infection.

                L'indication était manifestement providentielle, et c'est ainsi que la pensée d'un hôpital s'imposa d'elle-même. Elle vint d'abord au vénérable archevêque, qui suit d'un œil attentif la marche progressive de son œuvre, afin de ne manquer aucune occasion et d'être toujours prêt à l'appel de Dieu.

                Mais où trouver l'argent nécessaire pour construire Un hôpital ? Où trouver l'argent plus tard indispensable pour subvenir aux frais du service des malades, à l'entretien des Sœurs, des employés, des médecins ?

                Ces questions préoccupaient l'esprit de Mgr Lavigerie, et il ne voyait pas le moyen pratique de les résoudre, lorsque la Providence lui envoya un secours puissant du côté où il eût semble devoir le moins l'attendre.

                La division militaire d'Alger a l'honneur d'avoir à sa tête un homme de bien dans tout ce que ce mot renferme de noble et de vrai.

                Type de l'honneur et du courage militaires, d'une intelligence vive et large, d'une activité sans égale et en même temps d'un sens pratique et sûr, chrétien sans ostentation mais sans compromis, le général Wolff est dans l'armée le digne émule des Bedeau, des de Sonis, des de Ladmirault. Jeune encore, il est certainement appelé, si la France doit se retrouver sur les champs de bataille, à de glorieuses destinées.

                Il y prélude en réorganisant, avec autant de zèle que de succès, la province d'Alger, tant au point de vue militaire qu'au point de vue administratif, menant de front l'instruction des officiers dans ses conférences, la création d'une académie militaire, la fondation des villages. Nul mieux que lui ne connaît les indigènes, qu'il a administrés pendant vingt-cinq années, avec cette rare fortune d'avoir toujours été pour eux un objet de respect, d'estime et d'affection. De son côté, il aime les Arabes,'et il comprend à merveille que le rôle de la France chrétienne, après les avoir subjugués, est de les amener insensiblement à elle et de chercher, dans leur assimilation progressive, les éléments d'une colonisation autochthone et puissante.

                Le général avait donc vu avec sympathie les courageux et difficiles essais de l'archevêque. Il admirait son zèle et sa prudence. Il savait, en particulier, les sympathies des Arabes pour l'œuvre charitable des missionnaires envers les malades des tribus qui environnent Saint-Cyprien. Lui-même émit donc un jour, devant Mgr Lavigerie, la pensée qu'il conviendrait de favoriser cette tendance des indigènes et de faire pour eux, près de ce village, un hôpital permanent.

                - C'est un territoire tout indiqué, disait-il à Mgr Lavigerie; les Arabes s'y regardent comme chez eux. Ils sont au milieu des leurs, on les y reçoit bien, ils y viennent avec plaisir. Il faut y faire un Hôpital.

                Ce sera une œuvre chrétienne, mais ce sera en même temps une œuvre d'heureuse politique qui, sans pouvoir froisser en rien aucun indigène, produira sur le grand nombre le meilleur effet d'apaisement et d'attraction. D'ailleurs, c'est le génie de la France de gagner par les bienfaits les peuples qu'elle a vaincus.

                On devine aisément comment Mgr Lavigerie accueillit l'expression de pensées qui, sous une forme naturellement différente, répondaient si bien à ses constants désirs il dit au général Wolff qu'il était prêt, qu'il donnait volontiers sur l'heure les terrains nécessaires à la. création d'un hôpital et de ses dépendances, mais il ajouta qu'une chose essentielle lui manquait, l'argent.

                Et combien faudrait-il pour construire un hôpital suffisant ?

                - Le moins, général, que l'on dût compter pour une seule aile, qui ne serait qu'une portion dé l'établissement définitif, c'est cent mille francs.

                - Eh bien, si M. le Gouverneur y consent, je vous donnerai une partie de cette somme. Nous avons depuis quinze ans, dans la caisse de la division, trente-huit mille francs, résultat d'une souscription faite lors du voyage de l'empereur pour la création d'un établissement dé bienfaisance en faveur des indigènes. On n'a jamais pu arriver à un plan pratique pour l'emploi de cette somme. Si elle vous est donnée, la charité fournira bien le reste. "

                Tout se passa ainsi. Le général Chanzy, gouverneur général, agréa, avec sa bienveillance ordinaire pour les intérêts des indigènes, les projets du général Wolff. Mgr Lavigerie se mit à l'œuvre. Il a voulu bien faire, selon son habitude, comptant que la Providence ne l'abandonnerait pas. Tout dans l'hôpital nouveau, est vraiment remarquable d'élégance et de confort, construction en style mauresque, ameublements, accessoires. Mgr l'archevêque tenait à montrer par là aux indigènes son respect et son amour pour les pauvres. Aussi les indigènes étaient-ils fort étonnés lorsqu'ils voyaient l'hôpital s'élever avec ses colonnades, ses riches faïences qui garnissent les salles, ses bains, son grand jardin.
                - C'est pour un prince, tout cela! disaient-ils.
                - Non, leur répondait-on. C'est pour les Arabes pauvres et malades.
                - Et les Arabes ne paieront pas dans cette maison.
                - Non, ils ne paieront pas.
                - Est-ce bien vrai ?" ajoutaient-ils; et, lorsqu'on leur avait sérieusement affirmé qu'il en serait ainsi, ils levaient les mains au ciel en signe d'ébahissement.

                Enfin, après deux ans environ de travaux au commencement de cette année 1876, tout était terminé. On conseillait à Mgr Lavigerie de donner à l'hôpital le nom de son patron, saint Charles mais, par un sentiment de reconnaissance dont on comprendra, la délicatesse, il a voulu le nommer Sainte-Élisabeth. C'est le nom d'une sainte dont l'amour pour les pauvres est illustre dans le monde chrétien, et cette sainte est la patronne de la pieuse femme du général Wolff, digne en tout de ce brave et loyal soldat.

                Si ces lignes tombent jamais sous ses yeux, le général nous pardonnera d'avoir ainsi parlé de lui, sans lui en avoir demandé l'autorisation. Nous ne la lui avons pas demandée, parce qu'il nous l'aurait refusée, et cependant c'est pour nous un devoir de faire connaître aux catholiques de France ce que nous devons à cet homme de cœur et de foi sur lequel toutes les bonnes causes peuvent compter.

                Telle est la simple histoire de l'hôpital que Mgr l'archevêque d'Alger inaugurait au mois de février dernier dans la plaine du Chélif, éloignée d'Alger de 180 kilomètres.

                En France, cela eût effrayé. En Afrique, on est plus enclin aux aventures. Ni la distance, ni la saison des pluies n'avaient arrêté les invités, au nombre de plus de trois cents, ayant à leur tête les chefs les plus élevés de toutes les administrations algériennes le Directeur général des affaires civiles remplaçant le Gouverneur alors en France, le général Wolff, le préfet, les généraux, le procureur général et les présidents de la cour d'Alger, l'amiral du Quilio, commandant de la marine et tous les autres hauts fonctionnaires qui avaient tenu à honneur de répondre à l'invitation de Mgr l'archevêque. Auprès d'eux, les représentants les plus distingués de la colonie française et européenne qui vient de plus en plus, chaque année, passer l'hiver à Alger; le prince royal de Hollande, Mme de Lamoricière, veuve de l'illustre général, et une foule d'Anglais catholiques et protestants qui avaient sollicité la faveur d'être admis à voir une fête indigène et à visiter les villages arabes chrétiens.

                La fête, donnée par Mgr l'archevêque, devait, en effet, avoir un caractère exclusivement indigène. Dès les semaines précédentes, il avait fait envoyer des invitations aux indigènes de tous les douars des montagnes qui bordent la plaine du Chélif et annoncé qu'il leur offrait une "diffa ". Il n'en fallait pas davantage pour les attirer tous; aussi savait-on. que cavaliers et piétons allaient s'y trouver en grand nombre.

III
LA FÊTE.
D'Alger à Saint-Cyprien.

                Le samedi 8 février 1876, à 6 h. 20 m. du matin, le train spécial formé par la gracieuse initiative de l'administration des chemins de fer et qui emporte les invités de Mgr Lavigerie, s'ébranle et prend sa course rapide vers Saint-Cyprien. Il a plu dans la nuit, et, le matin même, il tombe encore d'un ciel gris un brouillard fin qui ressemble bien à de la pluie. C'est un jour d'hiver d'Alger. Peu de voyageurs cependant manquent à l'appel. Le Chélif est presque aussi loin d'Alger que Tours l'est de Paris; on peut espérer retrouver le soleil en route.

                Le train glisse le long de la plage qui borde à l'est la rade d'Alger. Le jour s'est levé sur l'horizon, et l'on aperçoit d'un côté, sur les pentes du Boudjareah, la silhouette de Notre-Dame d'Afrique, de l'autre, sur les hautes collines de Kouba, le grand séminaire diocésain, et Alger dont les feux s'éteignent à l'horizon, et la mer immense, et la Kabylie couverte de neige sur ses pics inaccessibles.

                Un moment plus tard, nous saluons la Maison-Carrée. C'est là que Mgr Lavigerie avait établi, comme il le disait, le premier nid de ses orphelins. C'est là qu'il a fondé la Société de ses missionnaires et en a placé le noviciat qui se peuple chaque jour de nouveaux aspirants à l'apostolat. On voit dans la propriété acquise par lui, les bâtiments blancs du séminaire avec leur église romane récemment terminée. C'est là que, se croyant près de mourir, il prononça, il y a quinze mois, ce discours que les journaux d'Algérie et de France ont reproduit et où' il faisait son testament dans les termes de la plus touchante éloquence, laissant à ses fils, comme héritage, toutes les œuvres fondées par lui, la promesse des souffrances de chaque jour et la perspective du martyre. Ses enfants pleuraient et priaient en l'écoutant mais leurs larmes et leurs prières n'ont pas été vaines. Par la plus étonnante merveille et contrairement à toute attente, il a repris sa santé et sa force des anciens jours, et il conduit de nouveau ses enfants au combat.

                Mais voici, dominant le village, la grande maison turque qui lui a donné son nom. C'est, en effet, une belle construction carrée, qui servait de bordj ou de forteresse sous la domination des deys, et qui a gardé la même destination, tant qu'a duré la guerre d'Afrique. Là, s'est produit un de ces actes d'héroïsme chrétien, si nombreux dans notre histoire algérienne, et malheureusement si peu connus.

                Au temps où notre conquête commençait à peine et où la Mitidja tout entière était au pouvoir des Hadjoutes, ces terribles ennemis, que nous avons eus devant nous pendant vingt années, un détachement de quarante hommes, commandé par un officier, se trouva dans une sortie cerné par une multitude d'Arabes. Incapables de résister, forcés de mettre bas les armes, nos soldats se préparaient à mourir. La guerre, était alors sans pitié. Alignés contre la muraille, ils attendaient leur sort, lorsque le chef indigène qui les avaient faits prisonniers leur demanda par un interprète, un renégat celui-là, s'ils voulaient embrasser la loi de Mahomet, leur promettant, à ce prix, la vie sauve et toutes sortes de faveurs chez les Arabes.

                Qu'en pensez-vous, sergent ? demanda l'officier au sergent qui était auprès de lui.
                - Ils me feront ce qu'ils voudront, mais moi je ne renie pas.
                - Ni moi non plus, dit l'officier.
                - Ni moi, répondirent du premier au dernier tous ces hommes héroïques.

                Un moment après, ils gisaient tous morts, baignés dans leur sang. C'est l'interprète renégat qui a raconté plus tard cette histoire. On regrette, en l'entendant, qu'il ne se soit pas trouvé là, comme dans les premiers siècles, des pieux chrétiens pour recueillir le sang et les ossements de ces martyrs.

A SUIVRE



IL ETAIT UNE FOIS DES MILLIERS……
Envoyé par M. B. Kugler
Texte très émouvant en hommage aux "pieds-noirs" que nous sommes. Merci à l'anonyme qui l'a écrit, et à celui qui a conçu ce montage choc, M. Bernard Kayser.
https://www.youtube.com/watch?v=4NF4rjUXdVA 

            "Il était une fois des milliers de petits garçons et filles vivant en Algérie, dans les milliers de villes et villages répartis sur tout le territoire qui allaient à l'école, grandissaient, jouaient, ne se doutant pas un seul instant de la catastrophe qui les attendaient.
            Car, il faut bien parler de catastrophe humaine, provoquée par l'exil et les dommages collatéraux qui ont suivis.
            Mais le peuple pied-noir a hérité de ses ancêtres toutes leurs qualités, celles des pionniers.
            En venant en France, ou ailleurs sur la planète, il ne s'agissait plus de défricher des terres incultes, d'assécher des marais, de lutter contre le climat et les maladies, de bâtir un pays. Il s'agissait de construire sa vie, sa famille, de faire sa place.
            Tous l'ont fait, dans l'honneur et la droiture, dans l'amour du travail bien fait, dans le respect de la parole donnée.
            Maintenant, que tous ces petits garçons et ces petites filles sont devenus vieux, ils témoignent. Les sites qu'ils ont créés sont nombreux, émouvants. Tous recréent cette vie d'avant, cette vie où ils étaient jeunes, insouciants et installés dans leur terre natale pour mille ans.
            Nous sommes des "Muhadjirouns" des exilés, des vrais sans espoirs de retour, sans espoirs tout court.
            Seuls restent nos souvenirs amplifiés par la nostalgie, que nous partageons à longueur de page sur le web ou dans des milliers de livres édités souvent à compte d'auteur.
            Nos publications deviennent nos racines. Elles veulent remplacer celles qui furent coupées brutalement une année maudite de 1962.

            Qui peut nous comprendre?
            Rares sont les hommes et les femmes de bonne volonté qui puissent accéder à comprendre cette souffrance.
            Mais malgré tout cela, le peuple pied-noir qui va disparaître, comme toute chose vivante d'ailleurs, ne perd pas son caractère.
            Cette joie de vivre, cette bonne humeur et ce bruit qui le caractérise.
            Ce bruit de la parole et du geste dont on lui fait reproche encore aujourd'hui.
            Ce bruit qui cache ses pudeurs, ses tristesses et sa peine immense de l'Algérie perdue.
            Ce bruit qui est notre marque de fabrique.

            Ces milliers de petits garçons et de petites filles se retrouvent maintenant autour de la toile, partageant leurs textes d'avant, recroquevillées ensembles comme pour se tenir chaud dans leurs derniers moments.
            Leurs histoires, nos histoires seront les monuments de notre patrimoine national.
            On les visitera comme on visite un château perdu.
            Leurs enfants, leurs amis, les anonymes profiteront de ce jour annuel du patrimoine pour leur rendre l'hommage qui convient.
            Notre histoire est grandiose, nous étions des petites gens, nous sommes devenus grands.
            Malgré toute la rancœur que nous pouvons nourrir contre les politiques d'antan, la France nous a permis de vivre de manière économique sociale et culturelle en échange nous lui avons donné nos grands-pères, nos pères, nos frères pour la défense de sa liberté.
            Dans la France ce grand pays nous avons reconstruits nos familles, nos vies.
            A l'heure des bilans nous pouvons être fiers de nous.



            Poème de Joséphine Colombe.

OU ETIEZ VOUS MONSIEUR L'ABBE ?

Cinquante quatre eut un hiver,
Particulièrement rigoureux.
De l'autre côté de la mer,
Je vivais sous un grand ciel bleu.
Mais pour les pauvres de Métropole,
La vie n'était pas toujours drôle.

Survint, un certain… Abbé Pierre,
Il était jeune, il était fort.
Il prit en marche leur galère,
Et pour eux combattit la mort.
Il se dépensa sans compter,
Et fonda sa communauté.
Cela fait près de cinquante ans,
Et maintenant je vis ici.
Le vieil abbé n'est pas content,
Car pour les pauvres, rien de précis.
Les sans abris, les malheureux,
Deviennent de plus en plus nombreux.

Il n'est plus jeune, il n'est plus fort,
Mais il est là ce cher abbé.
Eternel redresseur de torts,
Pour ceux que la vie a bradé.
N'ayant d'égal à son grand âge,
Que ses coups de gueule et son courage !
Le stylo tremble sous mes doigts,
Et j'ai le souffle saccadé.
C'est au nom des miens que je dois,
Monsieur l'abbé vous demander.
" Mais où donc étiez vous passé,
Quand l'Algérie nous a chassé ? "


Je vous ai peut-être manqué,
Mais nous étions près d'un million.
Et nul ne vous a remarqué,
De mes malheureux compagnons.
Auriez-vous donc fui les Pieds-Noirs,
Et leurs dérangeants désespoirs ?
Pourtant nous aurions aimé voir,
Dans une gare ou sur un quai.
Votre noble soutane noire,
Pour consoler ceux qui craquaient.
Mais nous n'avons trouvé en France,
Que mépris et indifférence !



           



ANNALES AFRICAINES
N° 33 - 14 août 1909
OPINIONS LIBRES
LES FOURBERIES DE MUSTAPHA SCAPIN
PAR VERITAS, texte original
         Mustapha est un homme heureux, une fée bienveillante présida à sa naissance et "veille sur ses jours. Son destin a fait de lui un personnage, certains disent un personnage de comédie, mais à son avis, sa situation est des plus enviables, car il cumule les fonctions de chaouch et de cuisinier chez Sidi l'Hakem, le distingué administrateur de ht commune mixte de l'Oued Moutchou.
          Dernièrement, accroupi dans un calé maure, il disait sa joie à un camarade moins fortuné :
         - Des douros, j'en ai tant que j'en veux, s'exclamait-il, les pauvres Arabes de la montagne nous en apportent de pleins couffins.
          "Lorsque le patron n'est pas là, les bicots qui stationnent devant la commune mixte, je les punis d'une amende, sous le prétexte qu'ils ont uriné comme des chiens devant la porte, cinq jours de prison et quinze francs d'amende ; et l'amende, il faut la payer tout de suite, douck ; je les dispense encore de faire la prison, contre, le paiement d'une autre amende.
          - Toi ! tu fais cela, demandait le marchand de cacahouètes qui lui servait d'interlocuteur ?
         - Oui, je fais cela, en mettant le dolman et le képi du patron.
         Je m'assieds à son fauteuil, dans son cabinet, on m'amène le délinquant qui me prodigue ses salamalecs : " bonjour, monsieur l'Administrateur. .. "
         - Bonjour, Beni Kelb, que je lui réponds, tu as encore pissé au pied du mur ?
         Cinq jours de prison et quinze francs d'amende. Gib douro, fissa, fissa, Et il casque. Ah ! les pauvres diables, et Mustapha heureux, s'esclaffe.
          Un jour, un de ces sales bicots a eu le toupet de faire écrire une lettre au patron par le kaouadji, pour se plaindre que j'avais mis le dolman de Sidi l'Hakem et que je l'avais condamné à l'amende. Le Kelb, il ne m'avait versé que trois francs parce qu'il n'en avait pas d'autres.
         Ayant reçu la plainte, le patron me demanda, pendant que je servais à table :
         - Dis donc, Mustapha, c'est vrai ce qu'on m'écrit, que tu mets mon dolman, que tu fais cracher les bicots ?
         - Ah ! Sidi, c'est pas vrai. Ach ! Arbi, je t'y jure, !
         - Cependant le plaignant est venu tout à 1'heure, il doit être encore en bas.
         - Fais-le venir, Sidi, que je lui dis, tu verras s'il ose le soutenir devant moi.
         Le patron le fait appeler. Dès qu'il entre, je lui crie :
         - C'est toi qui m'a vu avec le dolman de M. l'Administrateur ?
         - Je crois... il te ressemble, dit- il.
         - Ah ! il me ressemble, tiens, et je lui envoie un coup de poing sur la figure, puis un autre, puis un autre.
         - Est-ce qu'il me ressemble ?
         - Non, Sidi, non, répond-il.
         Je me tourne vers le patron:
         - Tu vois qu'il n'ose pas le dire devant moi.
         Et l'Hakem riait, riait, à s'étouffer, ainsi que madame.
          Depuis, les bicots n'osent pas le dire, que je fais suer le burnous.
         Tu vois comme on est content, comme on s'amuse chez nous, et des douros, comme on en gagne !
         Quelquefois, j'en trouve bien un qui prétend que je n'ai pas le droit de faire payer l'amende.
         - Ah ! ceux-là, je les passe à la pompe. Tu sais, la pompe qui est dans la cour. Il faut bien deux hommes pour faire tourner la roue, et bien, celui qui ne veut pas payer, il faut qu'il la tourne tout seul.
         Ils en ont vite assez, et ils paient l'amende.
         Tu vois, il n'y a qu'à savoir s'y prendre.
          Mustapha, ayant absorbé son moka, se drape dans un fin burnous, et se dirige d'un air grave vers son logis où l'attendent ses moukères. Grâce "à ses douros " bien acquis, il a pu réaliser sur la terre le paradis de Mahomet, il a quatre femmes superbes. Vous voyez qu'il fait bon vivre en Algérie.
VERITAS.

Dis-moi pourquoi
ECHO D'ORANIE - N°265

        Dis-moi pourquoi, papi, je te vois souvent
        Défiler dans la ville avec tous tes copains,
        Vous portez des drapeaux, dans la pluie, dans le vent,
        Marchant du même pas, unis main dans la main ?

        Dis-moi pourquoi papi, de l'église au cimetière.
        Au monument aux morts, on entend le clairon ?
        Vous disposez des fleurs sur les dalles de pierre,
        J'aimerai tant savoir quelle en est la raison ? ...
        Et dis-moi pourquoi, papi, brillent sur vos poitrines
        Ces médailles colorées que vous portez si fièrement ?
        Pourquoi vos défilés sont-ils silencieux et si dignes ?
        Et que signifient tous vos rassemblements ?

        En réponse, mon petit, notre patrie la France
        Pour être grande et forte, compte sur ses enfants,
        Beaucoup d'entre eux sont morts, le cœur plein d'espérances.
        Pour que vous puissiez vivre en paix, tout simplement,
        Regardes les passer, respectes leurs emblèmes
        Car tous ont donné, avec leur même élan
        Leur jeunesse et leur sang, le meilleur d'eux-mêmes.
        Sois fier de leur passé, ce sont des combattants.

        Car notre broum à nous, ce n'était pas la foire,
        Nous n'avions pour musique que la voix du canon,
        Et tous ceux qui tombaient, n'avaient qu'un seul espoir
        Eviter à leur fils de connaître le front.
Roger DECADI                  
C.A.T.M de Saint-Thibéry                  
  



RENOVATION de SANTA-CRUZ
Envoyée par Mme Annie Bouhier











NOS CONTES
L'Effort Algérien N°3 du 23 avril 1927
LA LUMIERE QUI RENAIT
         
              Ça l'avait pris traîtreusement devant Verdun, dans les carrières d'Haudromont. Quelques instants après la fin d'un tir, un " gros noir " s'écrasa sur la troisième pièce, faisant voler le 120 en éclats et tuant un sous-officier. Fleury avait senti un choc à la tête et s'était étendu de tout son long au milieu des boites de " singe ", qui entouraient la " cuistance ".

            Après, il ne se souvenait plus. Il avait vaguement conscience d'avoir été conduit par la route de Bras à l'ambulance de Glorieux, mais ensuite c'était le grand vide. Une fièvre cérébrale le fit sombrer dans le néant du coma, antichambre de la mort.

           Mais Fleury s'arrêta sur la pente fatale. Un beau matin de printemps, il sentit les forces lui revenir en même temps que la conscience des choses. Dressé sur son séant, il essaya de voir ce qui l'entourait, mais l'obscurité régnait dans la salle. " C'est la nuit, pensa-t-il, mieux vaut dormir. Ils ont du éteindre les lumières par crainte des taubes. "

            Cependant, quelques minutes après, une banale sonnerie de clairon devait, lui révéler son malheur : on appelait les convalescents à la soupe. C'était donc le jour et lui n'en voyait pas la clarté.
           " Je suis a..... ", gémit-il comme un enfant et n'osant pas finir le mot terrible. pendant que l'aumônier lui murmurait : " Mon pauvre vieux, mon pauvre vieux ! " ne trouvant rien de plus à dire devant un tel désespoir.

            Puis vinrent les séjours dans les hôpitaux de l'arrière, les tentatives et les expériences infructueuses pour lui rendre la vue, le conseil de réforme et enfin le retour à la maison, dans cette petite villa dont il ne voyait plus la façade tapissée de lierre et de vigne vierge.
           Mais si la lumière lui faisait, défaut, l'affection des siens ne lui manquait pas. Suzanne, sa femme, était pour lui pleine de prévenances et son aînée, Alice, qui venait de quitter l'école, devint la fidèle Antigone de cet Œdipe glorieux. Quant à Jean, le petit garçon qu'il avait laissé en 1914, il se l'imaginait maintenant comme un beau jeune homme travailleur et vigoureux.

            Suzanne lui paraissait gaie malgré le malheur qui l'avait frappée. Fleury trouva un petit emploi qui, canulé avec sa pension et les travaux de broderie faits par les femmes à la maison, devait permettre d'éviter la misère. D'ailleurs, aucune plainte ne venait assombrir ce demi-bonheur qu'il avait fini par accepter comme un sage. Par les mets qu'on lui servait, il se rendait compte que la vie n'était pas trop dure pour la famille et cette pensée le réconfortait en ses heures de découragement.

            Mais, un jour, il avait entendu dire que des aveugles de guerre avaient été guéris par un médecin de Bordeaux, Une immense espérance entra alors clans son coeur. Lui qui s'habituait à la nuit sans fin, il rêva de soleil et de lumière. I1 lui sembla que derrière ses prunelles éteintes une nouvelle vie allait surgir.
           Un beau jour (ce fut vraiment un beau jour), il partit avec sa fille vers le sauveur.
           A Bordeaux, il s'en fut sans tarder chez le fameux médecin dont le nom lui revenait sans cesse sur les lèvres. En entrant dans le salon banal où attendaient les patients, il lui sembla arriver en terre promise.
           Le traitement fut long. Deux fois, le docteur perdit l'espoir de réussir, mais sa tenacité et sa science vinrent à bout de la terrible infirmité et réparèrent l'oeuvre néfaste de la guerre.
           Enfin, le voile de nuages qui lui masquait le monde se déchira. Comme après un orage, le ciel resplendit sur les champs rassasiés de pluie, la lumière entra par ses yeux jusqu'au fond de son âme. Alors, il vit. Alice, dont il gardait encore le souvenir d'une petite fille et qui était devenue femme. Mais il remarqua aussitôt sa mine fatiguée et le trop modeste manteau qui lui couvrait les épaules.

            " Ce n'est rien, papa, lui dit-elle, le voyage et l'émotion m'ont un peu fatiguée. Quant un manteau, tu comprends bien que pour voyager, on ne met pas ses effets les plus neufs. "
           C'était une explication et il préféra l'accepter, car il ne voulait pas penser à quelque chose qui, des maintenant, le tourmentait.
           Le lendemain, ils débarquèrent. Pendant tout le voyage, Fleury avait regardé les champs, les vignes et les bois comme un enfant regarde avec avidité un superbe étalage de jouets. Aussitôt arrivé, il chercha sa femme des yeux. Mais les quais étaient noirs de monde et ils durent se frayer un passage à travers la foule indifférente. Enfin, Alice se jeta au cou de sa mère qui s'avançait vers le " miraculé ".

           Fleury s'était arrêté, laissant tomber sa valise à terre, sans un mot. Suzanne avait maintenant les cheveux très gris, presque blancs et son beau teint de jeunesse s'en était allé. Les joues creuses, le pli désabusé au coin de la bouche, les pattes d'oie bridant les yeux fatigués, en disaient long sur le chagrin et les veilles que l'aveugle n'avait pas devinés. Le costume élimé, trois fois reteint et fripé, révéla à Fleury la dureté des temps et a, grande pitié des familles de héros.
           Jean s'avançait aussi vers son père. C'était un grand jeune homme comme l'aveugle se l'imaginait, mais son corps trop maigre flottait dans des vêtements mal taillés. Son teint terreux était l'aveu éloquent des privations subies en silence.
           Fleury les serra avec tendresse sur son cœur. Il avait compris et lui prenait des envies folles de se jeter à leurs pieds pour leur demander pardon comme s'il eût été coupable.

            L'arrivée dans la petite villa aux peintures maintenant défraîchies devait. être pour lui une nouvelle épreuve. A chaque pas qu'il faisait chez lui, il constatait une place vide. Là, une potiche de prix, ici une aquarelle qu'un sien ami, peintre fameux, lui avait donnée un jour pour le remercier. d'un service ; plus loin, c'était un marbre signé, cadeau de noce d'un oncle dans l'opulence, qui avait. disparu. Sa femme baissait la tête, sans rien dire.
           Comme il s'accoudait au balcon du premier, Fleury perçut la conversation de deux voisines arrêtées sous ses fenêtres :
           - Le voilà revenu avec ses yeux, disait l'une, ça va mettre un peu de beurre dans leurs épinards, les pauvres.
           Et l'autre femme renchérissait :
           - Comme ça, il ne sera plus seul à manger les bons morceaux pendant que les autres se nourrissent de patates.

           Alors Fleury se demanda s'il n'eut pas mieux valu rester dans la nuit. Il prit les mains de Suzanne et lui murmura " Pardon ". II déposait des baisers sur les cheveux blancs de la pauvre femme. Mais celle-ci ouvrit la fenêtre, laissant entrer le soleil à flot, dans la chambre. L'ancien aveugle comprit et une immense joie inonda leur àme plus que jamais confiante en l'avenir.
René BARBIER.            
           


Cirta
Par Mme Jocelyne Mas

CONSTANTINE ou CIRTA dans la langue des rois numides, veut dire Rocher. C'est un étonnant nid de maisons, perché sur un rocher gardé par le Rhumel et ses cascades

CIRTA ( CONSTANTINE
à la beauté enchanteresse)


Le paysage change à chaque tournant.
Ici, le vaste horizon des montagnes
enserrent les coteaux fertiles.
Là, des gorges s’élèvent soudain,
fantastiques parois rocheuses,
abrupts précipices,
amarante et porphyre.
Une vision pourpre tranche sur le vert
des pins et des chênes.
Les gorges de Kerrata en petite Kabylie,
vers l’oued Marsa sont une merveille de la nature.
Les domaines, immenses plaines
plantées de vigne, se succèdent.
De grandes maisons blanches
s’abritent derrière des cyprès centenaires,
et l’allée qui y mène est bordée de palmiers.
La rivière a creusé son lit dans l’étroit tunnel des gorges,
ses eaux tumultueuses se frayent un passage,
creusant leur route dans les granits.
Bientôt les arbres se referment sur un monde de fraîcheur.
Perçant les frondaisons, le soleil allume des paillettes
dans les saules pleureurs,
dans les arbousiers, les cistes,
aux fleurs blanches et roses.
Les eaux, une fois reposées dans de petites criques émeraude,
plongent entre deux falaises six mètres plus bas.
Ce sont les gorges du Rhumel près de Constantine.
Le soir, le canyon prend feu dans le crépuscule.
Merveilleux ciel d’été où crépitent les étoiles.
Au loin, les vergers ornés de coquelicots.
Sur les collines lilas, les champs de vigne dorés par l’automne,
se disputent la symphonie rouge des terres gorgées de fer.
Peu à peu les routes carrossables ont remplacé les chemins muletiers,
traversant le vert brillant des lentisques et des armoises argentées.
Sous le ciel crissant de cigales, des cascades de fleurs partent
à l’assaut des grands arbres.
La chaleur attise l’oppressant parfum
des chèvrefeuilles et des jasmins.
Et aux roses et mauves du ciel,
se mêlent les couleurs chatoyantes des azalées.
En mon âme se perd à la recherche de
CIRTA l'enchanteresse
CIRTA de mon enfance, où es-tu ?

Image de Mme Mas


Jocelyne MAS
Membre de la Société
des Poètes Français
Chevalier dans l'Ordre National du Mérite
http://www.jocelynemas.com





         Extrait de « Poèmes nostalgiques »
          suivi de « Au gré des flots »
          Médaille d'Argent des Arts
               et Lettres de France.        


CAGAYOUS CHAUFFEUR
MUSETTE
Envoyé par M. Daniel Bonocori

Roman automoubile véritable
Pour ceuss-là qu'on sait lire
CHAPITRE 2ème.
Comment que ça se fait que
j'a venu chauffeur


                Oilà que nous arrivons à le Gros Rocher, que y a l'écriteau pour qu'on va doucement et après qu'on tourne, juste par en côté qui se tient le petit cimitiére, nous se trouvons la oiture qu'elle est en panne vec un homme de plat par en dessous, un aute qui se trifouille la micanique et pis une femme qu'on li voit un peu du nez, basta et qu'elle fait le mauvais sang.
                Saba ! la compagnie. C''est vous autes que vous avez calé ? y fait La Calotte jaune.
                Probabe, y dit l'homme qui reste par. en dessous les roules, que c'est à lui l'auto malade.

               
                Vous avez porté ça que faut au moins. elle dit la femme qu'on li voit un bout du nez.
                - Pluss ! y répond mon camarade comme si lui ça serait été le magasin des pièces des ressanges. Gardez que je me voye ça qu'y a, primo.
                Pas la peine, y fait le popiétaire. c'est la sopape de l'échappement qu'elle s'a cassé le réssort. Vous avez le truc qu'on la lève en l'air ?
                Et alorss. Ça m'étonne que la bougie elle a rien, y dit La Calotte jaune.
                La bougie elle se tient la porcélaine fendue, voir là.

                - Ça va bien. Y a pas des autes choses ?
                --Y en a pas assez comme ça alorss ! elle fait la femme ; vous voulez pour qu'on vous fait plaisir que nous se cassons la figure moi, mon mari et pis mon parent ?
                - Fâche pas, Bibichonne, y fait le popiétaire, c'est histoire de blaguer qui dit ça ce pétit junhomme. Pas vrai l'asticot ?
                Aïe ! quand La Calotte jaune y s'entend que l'homme y se l'appelle l'asticot en devant Madame Bibichoune, y vient raide comme si y s'arrait envalé la barre de la dirétion.
                Déjà qui s'avait enganché un doigt vec le truc qu'on lève la sopape, ma parole y parle plus un mot.

                Du temps qu'on bricole dedans le capot vec le popiétaire, le parent à Madame Bibichoune y s'y enrangeait son capuchon à elle.

                - La réparation elle est finite, y fait La Calotte jaune. Rouvrez l'essence que. je mets en marche.
                Et vinga de tourner la manivelle.
                Le moteur y se f. . . à roter comme un naps qui s'a boulotté un chapélet des ognons, et après pif ! pouf ! zac ! tchaf ! chtoc ! Donne-z y ! Aïe, qué petage
                - Sûr que vous y avez donné à boire l'essence des zharicots j'y parle à le popiétaire.
                - Y s'envale trop de l'air. Y fait La Calotte jaune en s'y trifouillant quéque chose par en côté le carbulateur.

                Je sais pas si celte oiture là elle se l'aime pas à l'air de la mer ou quoi, ça que c'est vrai c'est que quand La Calotte jaune y s'y a fermé le petit truc que je dis à le carbulateur, le moteur il a fait moutche.
                - Y s'a étouffé à la machine, ce petit embécile, elle fait Madame Bibichoune. A présent elle marche plus.
                Mà ! si vous arriez vu ce coup d'zyeux que la Calotte jaune y s'y a jeté à la femme ! Si jamais y s'arrait arrégarde une meule de fourrage comme ça, y sort tout de suite le feu !
                - Vous avez la clef anglaise ? y dit mon camarade à le popiétaire qui s'avait rentré par en dessous la oiture comme si y se pense qu'elle s'en va faire un pétit. Moi j'aparie tout ça qu'on veut que la bougie elle est sale.
                Et vingà de désavisser la bougie et de la suyer bien comme y faut. Après y se la pose en côté sa place que y a le trou esprés et y me dit comme ça que je tourne doucement vec la manivelle. Moi je tourne et après zic ! La Calotte jaune y s'attrape un coup de l'élétricité dedans la main qui saute en l'air.
                Y s-a touché quéque chose, y fait le popiélaire. Entention !
                - L'allumage elle est bonne, y dit La Calotte jaune en s'arregardant à Madame Bibichoune par un coin, du temps qu'elle parle vec son parent. A présent, la marmite elle va marcher bien.
                Une fois qui s'a vissé la bougie à sa place, y me commande que je tourne fort.
                - Quart de tour, quart de tour, y fait le popiétaire, aussinon y vous sort le retour qui vous casse le bras.
                - Tourne, tourne, qué coyons ! y dit I,a Calotte jaune.
                - Oilà je f... trois quate coups de la manivelle que le moteur y se f... à péter pluss que avant.
                - C'est rigolo ça, y dit çuilà qu'il a La Calotte jaune.

                Du temps que nous serchons moi et lui quelle c'est la maladie qu'elle se tient cette oiture là, des arabes, deux colons et un pêcheur à la cagne y s'avaient fait un roglé pour voir ça qu'y a.
                - Y a l'essence ? y demande la Calotte jaune.
                - Pluss de trois bidons, y répond le popiétaire qu'encore y s'avait couché par en dessous l'auto.
                - Gare que des fois c'est pas la compression que peut-être elle est trop fort et que ça suffie dessur la bougie, j'y parle à mon camarade, histoire qu'on se croit que je suis grand micanicien.
                La Calotte jaune y pense un peu, et après y dit comme ça :
                - La vis palatinée elle est pas bien.
                Ce coup-là y s'a trouvé juste à la maladie. Compass ! La oiture encore elle a lait le pétage à rapport à le carbulateur que y a trop l'air et à peu peu elle a marché bien.
                - Oilà l'affaire, y fait La Calotte jaune comme un qui se croit que c'est lui qui s'a inventé l'automoubile.
                L'homme y sort d'en dessous la oiture et y commence d'y appeler à Madame Bibichoune. Madame Bibiclloune elle s'avait troté par en haut la montagne pour se ramasser des fleurs vec son parent.

                - Sonnez-y vec la corne, j'y fais à le popiétaire, aussinon jamais personne y vient.
                - Comme je dis moi, l'homme y fait, en sonnant et en criant, Bibichoune ! Bibichoune ! Bibichoune ! Après les colons, les arabes, le pêcheur à la cagne et un tas des autes types on se f... à g. . . vec nous autes Bibichoune ! Bibichoune ! Bibichoune ! Aïe qué carnaval !
                A la fin Bibichoune elle a venu vec son parent, en rouspétant à mort.
                - C'est escandaleux ! On l'a pas idée de une chose pareille ! On se la prend pour une chienne perdue ! Tout ça à là faute à cette saleté de oiture que jamais pluss elle met les pieds dedans, quand mème qu'on li donne le Pérou avec !
                - Fàche pas, fâche pas, Bibichoune, y dit le popiétaire, tranquille, hein. A présent tout c'est enrangé. C'est la vis palatinée qu'elle s'avait bougé.
                Dix minutes nous sommes Alger.
                La femme elle s'a serché encore un peu dispute à son mari et après la oiture elle a parti.
                - Chauffeur de mes smonguès ! y dit La Calotte jaune qu'encore y pense qu'on se l'a appelé l'asticot. Avant qui se conduit l'auto ce mec là, ça vaut mieux qui s'apprend à monter dessur le charabane, spèce de vieux c .. .
                - Assez ho ! Tourne l'orgue barbarie, moi je tiens le volant, allez !
                - Zocco !

                Par force ,j'y a pris le volant. Quand même qui se le tient, quand méme qui se f. . . le pied dessur la pédale d'en bas, zac ! une bouffette dessur le citron, chtoc ! coup de talon dessur son souillier. Y g. . . comme si on se l'ensassinait. M'en f. . .! moi ! Alorss quand c'est j'apprends, quand ? Dessur la brouette, vec le chariot qu'y a à le garage. De tant des zig zag que la oiture elle fait à la faute à ce fant de... de La Calotte jaune qui se lâche pas la main, que d'un peu je rentre dedans le Gros Rocher et que une aile elle s'a otée.
                - Tu vois ça qu'il a arrivé ! C'est toi, faut que tu payes la réparation à présent.
                - Christo ! Pourquoi tu veux pas je conduis tout seul, bougue de carcan !
                - Ti as le permis ? Sors le permis ici !
                - Qué permis ? Ti en as, toi que tu blagues tant. Fais voir au monde, ici !
                - Oilà la carte, spèce de laveur des oitures que ti es ! Lis si tu sais lire. I'ésamen faut que tu passes, paravant, et après, si ti es bon on te sort le permis. Aïe capiste ? Allez, donne le volant ici.
                - Y en a pas assez vec quate comme toi pour me le léver dedans la main. Va de là, va ! Moi, quand mème j'a pas le permis je conduis la oiture. Ti as compris, micanicien de mes sauchettes !
                - La mort de ta mère ! Si vrai qu'y a un Dieu, j'y dis à la poulice qu'on te porte le procès-verbal.
                - Ça va bien. Toi ti as le permis et moi je conduis, personne y réclame. Avant que ti ayes volé le permis, comment que tu t'as appris pour conduire l'auto, hein ? Vec un fouet ?

                La Calotte jaune il avait venu si tant en colère qui s'a sauté à terre pour s'empoigner un bloc qui veut m'escarminier avec.
                Moment qui descend vite, l'embarayage elle s'attaque, et tout de suite la oiture elle f. . . le camp. Challah ! Oilà la Calotte jaune qui commence de courir ventre à terre par darrière en se boulottant de la poussière tant qui peut.
                - Arrêtez-le ! Cagavous ! Ecoute Aspera ! Grand m . . . ! Arrêtez-le !
                Aie qué kif ! Aïe qué crème ! J'a pas donné boucoup la force pour pas que la Calotte jaune y perd le courage. Quand lui il a été un peu près, j'y a parlé qui me sort les escuses pour que je laisse qui monte.
                Y m'eng ... oui, que si on met tous les mots qui jette dessur moi dedans une gargoulette de l'eau, on s'empoisonne touss ceuss-là qu'on boit avec.
                - Allez, nous faisons la course moi et toi que ti as le permis. Entention. Aoùsqu elle se tient la troisième vitesse .Ho ! La Calotte jaune ?
                - La . . . de ta mère ! Je m'appelle pas de mon nom si on te f. . . pas à la porte.
                - Arrégare si ta bougie elle est pas sale, ho !
                Aie qu'on est bien mamoiselle,
                Aïe qu'on est bien chez vous.

                Combien que tu brûles l'essence à les cent kilomètres, toi ; dis la vérité ?
                La Calotte jaune, le pôvre, y peut plus parler. Pour pas qui s'esclaffe la potrine, j'a fait le désembrayage à le Cap Caxine. Y passe cinque minutes comme ça et après y s'amène le type vec tout plein de la poussière qu'on dirait qu'on s'en va le faire frire. Maré de Déo qué bordée : Reusement que la respiration il empêche qui lache tout, aussinon y me mange la réputation et le cahier judiciel ! En galère on m'envoye, si tout ça qui me jette lui ça serait été arrivé.
                - A présent, j'y fais moi, ti as connu si je sais pas conduire bien, pareil que toi. Ti as confiance ou non ?
                - Aspéra que nous arrivons, va, moi je parle à le patron, n'a pas peur. Comme ça tu fais ? Ça va bien.

                J'y a laissé qui conduit à La Calotte jaune pour qu'il y passe la rogne, et après nous avons rentré dedans le garage. Le patron qui se tient le petit canepin dedans sa main pour marquer chaque réparation qu'y a, il a écrit tout ça qu'on a fait à la oiture à Mecieu Bibichoune et après il a arrégardé à l'auto à nous autes que une aile elle a fait figa.
                - Ça c'est un boeuf qu'il a attaqué à la oiture y dit La Calotte jaune.
                Le patron il a dit rien ; il a marqué quéque chose dessur le canepin et après y m'a dit que je vais donner la main pour qu'on s'ennettoye vite la oiture à Mecieu Dulot qu'il est pressé pour partir. La oiture à Mecieu Dulot, toujours elle bourrée d'une tapée des bouteilles vec la chimise en paille, dedans la place qu'on s'assit en errière. Des fois, on s'envoye une biture du vin des chantillons pour s'empêcher qui vient aigue.

                Y en a un que chaque coup qui s'amène sa oiture, elle est remplie des citrons, des oranges et des autes choses pour manger. Y en a un qui s'emporte des briques, des carreaux, des pierres que soisandisant c'est un réprésentant qui fait les maisons. Ç uilà là y sp"orte les chantillons des villas dessur la oiture. Ma parole un de ces quate matins y s embarque un bout du mur !
                Y en a un qui s'a fait faire la oiture comme la caisse du savon. Çuilà-là y commande qu'on lave rien que les roules et le bagali qu'y a par en dessous. Par en haut, défense qu on touche rien.
                Y en a qu'on s'a monté la cage des poules par darrière la place qu'on met le tonneau pour fermer le chien de sache.
                Une fois y a un type riche qui s'a porté une oiture grande qu'on va six personnes et qu'à la popa y se tient un truc pareil l'armoire vec les tiroirs, l'étagère et tout ça qui saut. Chaque porte y a les outils, un fisil, des choses qu'on fait la cusine. Mà qué joulie qu'elle est cette oiture !

                Un aute il a venu qu'à c'qui parait c'est un mylord de un aute pays, que sa oiture elle se tient un tas des bricoles pour la pèche, vec la guitoun esprès et que par darrière on s'a fait une cagarettéra vec l'odeur et tout ça qui faut à le grand monde pour quand il a envie.

                Y en a qu'on se l'aime à les oitures de huit ch'vaux qu'y a la capote, le verre en devant, les lanternes, les phares, la corne, la sirène, la montre, les coussins, les tapis, la glace, les rideaux et tout. Ça ressemble la chambre à coucher. Rien y manque.
                Y en a qu'on se l'aime à les oitures qu'elles sont à poil, en condition qui aye rien que deux places basta, vec vingt-quate ch'vaux.
                Y en a qu'on se pense que les automoubiles ça sert rien que pour faire la course vec le vent.
                Chaque type qui s'annonce à le garage que je travaille moi, y parle dessur la côte qu'elle vitesse qui fait, combien qu'elle boit l'essence sa oiture, combien des kilomètres elle marche à l'heure.

                Aucun y parle dessur les endroits qu'on va, si y sont joulis, si les oeufs, les poules et tout c'est pas cher, si y a les arbres, les campagnes et les autes choses. Aouat ! La route, basta. Andar et vénir pas pluss
                - Eh ben c'est fini cette oiture, y crie le patron.
                Atso ! Manque plus rien, que un coup de pissade dedans la caisse des outils, trois quate siaux de l'eau par en dessous la pantcha qui s'en rentre deux litres dedans la micanique, un coup de l'éponge et après ça fait le joint. Bachir y s'attaque à les lanternes et à tout ça que c'est en cuivre.
                Quand elles brillent bien les lanternes, le client toujours il est content, pourquoi ça qu'on se l'aime pluss que tout dedans l'automoubile, c'est les phares et pis les lanternes et pis la corne et pis le truc à le radiateur que ça ressemble de l'or.

                A le commencement que je travaille à le garage et que je connais pas bien comment qui faut qu'on fait, je commence de suer la graisse, l'huile d'en dessous le capot et après vec, un pinceau du pétrole, je m'ennettoye bien chaque micanique qui reste pas rien.

                Ti as travaillé achez le bijoutier, toi, y fait un type qui lave vec moi. Avant deux jours tu tinis pas la oiture, comme ça.
                - Laisse-moi que je m'apprends comment que c'est fait en dedans pour après je viens micanicien.
                - Gare de là, gare ! Vec le siau et le tuyau basta, tu travailles. Attends qui vient lundi, pluss de cinquante oitures faut que tu te laves dedans ta journée. Si tu te chatouilles chaque boulon vec un bout de l'allumette, un an tu restes.

                Les oitures automoubiles, c'est trop plein des trucs. C'est vrai, ça. Pour s'a oter bien la terre et la saloperie qu'elle s'engaliffe partout, plus de un jour y faut qu on turbine.
                Moi si je serais des fabricants, je me monte des automoubiles que tout c'est fermé, qu'elle rentre pas la poussière par aucun endroit et quand on veut on s'enlève tout.
                Ça semble que les automoubiles c'est inventé pour se poser dessur la chiminée vec la peinture vernite, les choses dorées, les bricolés qu'y a tout propres.
                Passe moi ! L'automoubile c'est fait esprès pour marcher dedans la poussière, la boue, la caillasse et tout. Alorss pas la peine qu'on se l'habille comme si ça serait pour marcher dedans le salon dessus le tapis. C'est vrai ou c'est pas vrai ?

                - Cagayous ! y crie le patron.
                - Prisent !
                - Amène toi ici.
                Oilà je viens. Le patron y me dit comme ça que je m'en vais donner la main à un employé pour se désarger le camion qui s'apporte les envéloppes d'en bas la marine. Dimi heure j'a charrié les couronnes de sauvétage en caïoutchouc qu'on se les enrangeait un type dedans le magasin esprès.

                Après, s'a fallu que j'y donne la main à un aute pour pousser chaque oiture qu'elle rentre à sa place. Après, s'a fallu attraper le balai vec la sciure du bois pour ennettoyer l'huile qu'elle tombe parterre dedans le garage. Après, un type y me demande que j'y pompe son peneu. Après un aute y me dit que j'y tourne la manivelle. Et encore le patron y m'eng... pourquoi j'a pas fini de suyer la oiture à Mecieu Sanche, que c'est un vieux clou que jamais y dépasse Moustapha sans qui aye quarante cinque francs des réparations.

                Cette oiture là, chaque kilomètre qui fait, ça li coûte pluss de cent sous pièce.
                Rien que une fois elle a marché bien, sans que aucun arabe y se la pousse par darrière. Ce coup là Mecieu Sanche qu'il a pas l'habitude que sa oiture elle marche tout seule, y s'a embotit à un calyptus que ça li a coûté deux cent dix sept francs de l'atelier ; vec le médecin, le pharmacien et la poulice y s'en sort pas vec une pièce de quate cents francs.
                Chaque coup qui sort Mecieu Sanche, forcé qui rentre vec un mulet, vec des arabes et vec le procès verbal pour l'accident et l'essai de vitesse.
                A cause di ça aucun y veut s'y ennettoyer à sa oiture qu'elle coûte pluss de dix mille francs des réparations.
(A suivre......)                


LES FRANÇAIS EN ALGERIE (1845)
Source Gallica : Louis Veuillot N°10

Souvenirs d'un voyage
fait en 1841, par Louis Veuillot,


 XVIII -
UN PETIT COMBAT. - RETOUR A ALGER.
LETTRE D'UN SOLDAT..

          Les pronostics du gouverneur se vérifièrent dès que nous eûmes quitté Médeah. Nous n'avions pas fait une lieue, que des cavaliers, armés de longs fusils et couverts de burnous flottants, vinrent tirailler sur le flanc gauche de l'armée en poussant de grands cris. Ils étaient un millier environ. On les laissa faire pendant quelques instants. Pour arriver jusqu'à nous, ils avaient à franchir péniblement un ravin qui paraissait assez profond. Il fallait leur donner le ravin à redescendre, afin de profiter de leur désordre pour les fusiller. Quand le moment fut venu, trois bataillons qui flanquaient le convoi mirent leurs sacs par terre et se lancèrent à la course. Les Arabes n'affrontèrent pas le choc ; en deux minutes ils eurent regagné le ravin ; et, pour citer encore le père Lemoine, qui, tout jésuite et pacifique qu'il était, s'est parfaitement représenté une troupe sarrasine en déroute:
Comme la peur les suit, la peur aussi les chasse ;
Et loin même des coups les frappe et les menace.
En vain leur chef s'écrie ; il les rappelle en vain,
La frayeur est sans front et sans cœur et sans main,
Et, sourde à la raison, aveugle à la conduite,
N'a de vigueur qu'au pied, n'est prompte qu'à la fuite.

           Malheureusement nos bataillons s'étaient trop pressés de tirer. Lorsqu'ils furent arrivés au bord du ravin où les fuyards s'étaient entassés confusément, ceux-ci n'eurent à recevoir qu'un feu peu nourri et se mirent bientôt hors d'atteinte, laissant quelques hommes et quelques chevaux sur le terrain. Nous sûmes le lendemain, d'un déserteur, qu'il y avait eu beaucoup de blessés; mais il faut observer que les déserteurs connaissent le faible de ceux qu'ils viennent trouver: celui-ci a bien pu parler ainsi pour se rendre agréable. Il est sûr que les fuyards, ou d'autres, ne tardèrent pas à se montrer de nouveau, en plus petit nombre et à une distance plus prudente ; ils nous accompagnèrent de leurs vaines injures jusqu'au bois des Oliviers, où ils nous quittèrent pour aller se coucher comme nous. Le gouverneur compare ces cavaliers arabes à des guêpes, à des mouches, si l'on veut, que l'on chasse et qui reviennent sans cesse, et qui sont au moins très-importunes lorsqu'elles ne sont pas dangereuses. La comparaison est parfaitement exacte.
           Le lendemain, au point du jour, les guêpes reparurent, au nombre de quinze cents à peu près, appuyées d'un bataillon régulier, et attaquèrent avec vivacité l'arrière-garde. On les attendait, tout était disposé pour les recevoir. Les troupes, échelonnées de manière à protéger le convoi qui remontait la pente sud de l'Atlas, emportant cette fois une partie des malades transportables de Médeah et les blessés du général Duvivier, pouvaient en même temps faire un retour offensif vers l'arrière-garde, si elle avait besoin de secours. Ce secours ne fut pas nécessaire. Le général Changarnier, avec quelques bataillons, contint parfaitement les forces qui l'attaquaient, et le reste de l'armée continuait paisiblement son chemin au bruit d'une fusillade assez chaude, lorsque nous vîmes déboucher de l'ouest les deux bataillons réguliers des califats de Milianah et de Sebaou, commandés par Abd-el-Kader en personne, à ce que nous assura M. Roches, qui le vit très-distinctement. Cette infanterie, flanquée de nombreux Kabyles, marchait au pied de la montagne, et se dirigeait sur la droite du général Changarnier, manœuvre qui nous avait fait éprouver des pertes l'année dernière. Elle s'avançait avec précaution, paraissant peu soucieuse d'avoir affaire au corps d'armée lui-même. On devina ce sentiment à un mouvement rétrograde qu'elle fit en voyant les deux bataillons échelonnés près de la mine de cuivre se disposer à la joindre ; et, pour ne pas l'effrayer trop vite, un bataillon du 23ème eut ordre de tourner le labyrinthe de ravins au-delà duquel elle se trouvait, tandis qu'un bataillon du 53ème et une compagnie de sapeurs déposaient leurs sacs sur un plateau élevé qu'ils occupaient, et se précipitaient sur elle pour la prendre à revers.
           Ce double mouvement se fit à la course; en un instant l'ennemi fut abordé et fusillé d'assez près, au son du clairon, qui chante dans ces occasions-là un air tout retentissant et joyeux, une espèce d'en avant deux, qui, joint au bruit de la fusillade, donne vraiment envie de se mouvoir et de courir. Je voyais ceux qui, comme moi, restaient simples spectateurs de ce petit engagement, impressionnés d'une manière étrange. Les uns faisaient piétiner leurs chevaux, les autres imitaient le sifflement des balles, les autres répétaient l'air des clairons, les autres excitaient la course de nos soldats qui ne pouvaient les entendre, ou louaient l'intelligence et la bonne exécution du mouvement. Le plus beau était de voir l'ardeur des deux bataillons français ; mais cette scène émouvante dura peu ; les réguliers d'Abd-el-Kader ne tardèrent pas à lâcher pied : ils se dispersèrent dans les ravins, où plusieurs périrent, poursuivis avec acharnement par un petit corps de cavaliers indigènes qu'on appelle la gendarmerie maure. On fit aussi quelques prisonniers.

           En voyant la déconfiture des deux bataillons de l'ouest, la cavalerie qui était devant le général Changarnier se porta rapidement à leur secours; ce mouvement permit à notre arrière-garde de reprendre l'offensive contre le bataillon d'El-Berkany, qui tenait encore. Il ne résista pas longtemps, et se dispersa, laissant un assez bon nombre de morts. Cet avantage faillit nous coûter cher : une des dernières balles tirées par les fantassins arabes vint frapper à l'épaule le général Changarnier, et sur le premier moment l'on crut la blessure mortelle. Il n'en était rien par bonheur ; la balle avait glissé sur l'os ; elle fut extraite, et le brave général se remit à la tête de sa troupe, qu'il ne voulut pas quitter. Je le revis à cheval le lendemain et les jours suivants.

           Le combat avait cessé. Peut-être aurait-on pu poursuivre encore l'ennemi ; mais il restait à conduire à Médeah un second convoi aussi considérable que le premier, et il n'y avait pas de temps à perdre ; il fallut donc abandonner l'espoir de rendre plus complète la sévère leçon que l'ennemi avait reçue, et regagner le col. On y parvint sans entendre les injures des Arabes ni leur tiraillement. C'était beaucoup, car telle est la nature du terrain, qu'il est toujours possible à quelques hommes d'escorter une armée à coups de fusil.

           J'ai dit qu'on avait fait quelques prisonniers: l'un d'eux était un Espagnol, déserteur de la légion étrangère. Ce misérable, connaissant le sort qui l'attendait, s'était d'abord refusé à marcher ; on l'y força, mais à l'entrée du chemin creux et pierreux qui remonte au col il fit une tentative désespérée pour s'échapper : un coup de fusil l'étendit roide mort : il tomba en travers du chemin : les soldats l'y laissèrent, étendu sur le dos; et chacun, en passant par-dessus son corps, adressait une imprécation au traître et au renégat ; quelques-uns lui crachaient au visage. "Chien ! disait l'un. - Tu as renoncé ton drapeau ! tu as renoncé ta religion ! disait l'autre. - Tiens ! tu voulais manger les Français, toi ! tu seras mangé par les vautours. - Allons ! range-toi que je passe, moricaud ! - On ne t'enterrera pas, canaille ! " C'était un homme de trente à trente-cinq ans, robuste et d'une figure martiale. On avait trouvé sur lui des proclamations revêtues du sceau de l'émir, et qu'il était sans doute chargé de jeter sur le passage de l'armée, pour y exciter à la désertion.
           A quelques pas de ce cadavre, un chirurgien amputait la jambe d'un pauvre jeune soldat blessé pendant l'action, et à demi mort. Les mêmes hommes lui adressèrent des paroles de commisération. Plusieurs détournaient la tête en palissant.
           Le second convoi se fit aussi heureusement que le premier : on rencontra encore l'ennemi au retour et plus fort que la première fois ; mais on ne put le joindre, malgré la bonne envie qu'on en avait, et la résolution avec laquelle il paraissait lui-même vouloir se laisser aborder.

           Toutes les dispositions étaient prises : la soupe mangée, les sacs confiés au convoi, en marche pour le col ; et les hommes, munis seulement de leurs cartouches, avaient chacun pour deux jours de vivre en biscuit et viande cuite. Avec ce léger bagage ils pouvaient braver les difficultés du terrain et atteindre dans sa fuite un ennemi dont la fuite est la tactique la plus habile et la plus ordinaire. Tout à coup, au moment où, plein d'espoir, on se mettait en marche, lorsque déjà deux bataillons réguliers qui avaient campé près de nous, étaient débordés d'un côté par le lieutenant-colonel Cavaignac et un bataillon de zouaves ; de l'autre, gagnés de vitesse et séparés de leur cavalerie par deux autres bataillons conduits par le général Changarnier ; lorsque le gouverneur s'ébranlait lui-même avec la cavalerie et la colonne du centre, un ouragan éclate, des torrents de pluie glacée tombent, et en un instant le sol détrempé devient impraticable. Il n'y avait plus moyen de faire un pas sans glisser, sans chanceler. Il fallut renoncer à toute entreprise et gagner péniblement le chemin d'Alger. On avait, il est vrai, déposé quatre cent mille rations dans Médeah, et c'était un assez grand résultat pour qu'on put se consoler par la pensée des avantages ultérieurs que procurerait cette opération heureusement et laborieusement accomplie ; mais la nouvelle garnison de Médeah était prisonnière comme celle qu'elle venait de remplacer ; l'ennemi battu était néanmoins maître de la campagne; on avait enterré quelques morts, dépensé beaucoup d'argent ; on ramenait sur les cacolets de l'ambulance un certain nombre de blessés et plus encore de malades; cette même pluie qui nous empêchait de joindre les Arabes allait certainement peupler nos hôpitaux.

           Un dernier épisode, dont je fus en quelque sorte témoin, achèvera de donner une idée du pays et de la guerre : la descente du col avait été rendue très-difficile par la pluie : les chevaux, les hommes et les mulets glissaient sur cette pente rapide, et il fallait beaucoup de précautions pour empêcher les accidents.
           Le passage de l'ambulance surtout avait pris du temps : il en était résulté une solution de continuité dans la colonne : l'avant-garde, marchant sans obstacle, s'était éloignée d'environ une demi-lieue du gros de l'armée, précédé lui-même de l'ambulance, encore engagée dans l'étroit chemin qui s'allonge, en serpentant, du premier plateau de la montagne à l'entrée du col. Je me trouvais avec un jeune lieutenant des chasseurs d'Afrique, attaché comme officier d'ordonnance à la personne du gouverneur, entre l'ambulance qu'un détour nous avait fait perdre de vue depuis quelques minutes, et l'avant-garde que nous n'apercevions pas ; le lieutenant me racontait quelques aventures de guerre que j'écoutais avec un grand intérêt, lorsque tout à coup je vis à peu de distance des tourbillons de fumée. Je les fis remarquer à mon compagnon : " Ce sont, dit-il, des gourbis que l'avant-garde a brûlés en passant, pour punir les Soumatas d'avoir tiré sur nous : ils ne doivent pas être de bonne humeur... Mais, ajouta-t-il en regardant de tous côtés, nous sommes seuls. Pressons le pas, on pourrait nous faire un mauvais parti. - Quoi ! dis-je, au milieu de l'armée ? - On a vu des exemples, reprit-il en souriant, pressons le pas. "
           Nous nous mimes au trot. Au bout d'une minute ou deux nous rencontrâmes cinq sapeurs du génie, conduisant deux chevaux. " L'avant-garde est-elle loin? demanda le lieutenant. - Non, répondirent ces hommes, elle vient de passer. - Pourquoi êtes-vous restés en arrière ? poursuivit sévèrement le lieutenant. Il est défendu de marcher ainsi par petits groupes ! rétrogradez vers l'armée. - Mais, dirent encore ces hommes, l'avant-garde est là. "

           Nous nous remîmes au pas. " C'est que voyez-vous, continua le lieutenant, les Kabyles sont enragés quand leurs maisons brûlent, et ces gredins-là, qui tiennent si peu devant une force régulière, sont d'une audace inimaginable quand il s'agit de faire un mauvais coup. Ils s'embusquent dans les rochers, derrière les arbres, rampent sur l'herbe, lâchent leur coup de fusil, coupent la tête de celui qu'ils ont tué, et puis... cours après! Ils sont déjà loin, ou ils ont regagné leur cachette. Nous en avons peut-être une vingtaine autour de nous, en face desquels nous ferions vilaine figure."

           Tout en causant ainsi nous avions perdu de vue les sapeurs, et nous n'apercevions toujours pas l'avant-garde. La route que nous suivions formait une espèce d'arête entre deux vallées remplies de hautes herbes, de broussailles et de bouquets de bois. A droite et à gauche on voyait brûler les gourbis. Je remarquai, sans rien dire, que mon compagnon nous faisait reprendre le trot. J'entendis le clairon. "Ah! m'écriai-je avec une certaine joie, voici l'avant-garde. - Oui, répondit le lieutenant, elle est au camp, à une petite demi-lieue de nous. Mes pistolets ne sont pas chargés; et les vôtres ? - Ils sont chargés, mais j'ai oublié d'y mettre des capsules. - Ah !... pressez votre cheval... Sauriez-vous manier votre sabre ? "

           Je m'étais en effet affublé d'un long sabre, je ne sais trop pourquoi ; probablement par simplicité d'homme de lettres.

           " Mon sabre ! Il ne me sert exactement qu'à me faire trébucher quand je marche. J'ignore si je saurais même le tirer du fourreau... Franchement, est-ce que vous croyez qu'il y a du danger ? - Tenez, dit le lieutenant, je ne veux pas vous effrayer, mais nous sommes dans un mauvais pas. Nous nous défendrions peut-être mal contre trois ou quatre fusils ; ainsi, faisons un temps de galop. - Galopons, répondis-je ; il faut se plier aux coutumes du pays. "
           Mais nous n'avions pas fait ainsi quelques toises, que je m'arrêtai court. " Eh bien! s'écria le lieutenant tout étonné, que faites-vous donc ? - Ayez la bonté de tenir un moment mon cheval, lui dis-je, il faut que je le sangle ; la selle tourne sous moi. - Non, certes, répliqua-t-il avec une expression très-sérieuse : je ne vous laisserai pas descendre : tenez-vous comme vous pourrez, et filons. - Je vais tomber. - Empoignez les crins. Nous n'irons qu'au trot, si vous voulez ; mais, pour Dieu, ne descendez pas ! Je suis étonné que nous n'ayons pas déjà reçu quelque chose. Ils nous croient sans doute bien montés et bien armés. "
           Disant cela, il trottait toujours, et comme je vis que je me tenais à peu près en équilibre sur ma selle mouvante, je n'insistai pas. Jusque-la j'avais un peu pensé que le lieutenant se voulait divertir. Comment imaginer qu'il poussât la plaisanterie jusqu'à risquer de me faire rompre le cou ? Je m'affermis donc sur mes étriers, et même je me sentis meilleur cavalier que je ne l'avais été de toute la campagne. Le lieutenant tenait un oeil sur moi, un autre sur les deux côtés de la route : "Comment cela va-t-il ? - Eh ! répondis-je, me rappelant l'histoire de cet homme qui tombait d'un cinquième étage, cela va bien, pourvu que cela dure.
           Quand nous aurons passé ce bouquet de bois, poursuivit-il en m'indiquant un petit fourré d'où nous approchions, je réponds de vous, et je vous laisse sangler votre cheval. - Ecoutez, lieutenant, lui dis-je à mon tour, faites-en ce que vous voudrez, mais, pour moi, je dis un Ave Maria. -Dites-le pour deux, " répondit-il. Nous passâmes en silence et sans encombre devant le fourré, et deux minutes après nous arrivâmes au bivouac. Au même instant, et lorsqu'à peine on avait dessellé nos chevaux, quelques coups de fusils se firent entendre. Une vingtaine d'hommes encore en selle se précipitèrent sur le chemin: ils revinrent avec la colonne, rapportant les corps décapites des cinq sapeurs à qui nous avions parlé une demi-heure auparavant, sans avoir pu atteindre les meurtriers. J'échangeai avec le lieutenant un regard significatif que le gouverneur intercepta et comprit, ce qui nous attira de sa part une semonce militaire, contre laquelle, malgré ma qualité de civil, je me gardai bien de réclamer, rendant grâces à Dieu d'en être quitte à si bon marché.

           Je pense pouvoir terminer le récit du ravitaillement de Médeah en publiant ici une lettre qui m'a paru peindre au naturel le caractère de ces soldats qu'on vient de voir à l'œuvre. Je n'ai pas besoin d'expliquer comment cette lettre est tombée entre mes mains : il suffit que je ne commette nulle indiscrétion en l'imprimant. Je n'y ai rien changé : corriger c'eût été gâter. J'ai seulement rétabli l'orthographe pour la commodité du lecteur.
"A Monsieur et Madame G***, cultivateurs à
Alger, le 25 mars 1811.

           C'est à vous trois aujourd'hui que j'écris ; c'est pour vous apprendre que nous partons demain d'Alger : nous allons à Milianah ou Médeah. Pour sûr que nous verrons les Bédouins en route. C'est donc lundi que nous combattons contre l'ennemi, ou mardi, à son choix.

           Quoi donc ! me voilà donc bientôt au péril de ma vie !
           Reviendrai-je ?Je n'en sais rien. Je puis mourir comme je puis revivre; vous savez que c'est comme ça dans ces affaires-là. Il y a plutôt le danger de périr. On ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs. Enfin, c'est à la grâce de Dieu, et attendre ce qui viendra; voilà mon système. Il ne faut pas avoir peur; il faut prendre du courage ; l'insensibilité est à l'ordre du jour. Celui qui se distingue peut espérer être récompensé, s'il n'en meurt pas.
           Comme je puis mourir, et que j'ai quinze cents francs, je veux, mes chers parents, que l'on donne deux cents francs à mon oncle; c'est un pauvre vieux, ça lui fera du bien sur sa décadence ; et je veux que l'on habille mon filleul, le fils de Thomas, et que l'on fasse dire un service en mémoire et pour le repos de mon âme. Bien des choses à M. le curé. Il sera fâché de ma fin prématurée ; mais, quand on est soldat, on doit s'y attendre; on est sous le drapeau, pour lors tout est dit. Le reste, ma pauvre mère en fera ce qu'elle voudra. Il ne faut pas croire que j'ai peur, car je suis toujours très-gai. Cueillir des lauriers fait ma joie. Mes bons parents, soyez sans inquiétude que je ferai mon devoir jusqu'à la dernière minute de ma vie. Voilà ma pauvre sœur à la veille d'être seule. Comme on ne sait pas ce qui peut arriver, et que nous sommes tous mortels, je vous fais mes adieux. Adieu, chers parents !

           Quoi donc ! il faut penser que nous ne nous reverrons peut-être plus. Surtout ne prenez pas de chagrin, car tout le monde ne meurt pas; moi, je ne pense pas du tout à mourir, car je veux avant parcourir cette Afrique de malheur, et tâcher d'avoir la croix. Pour à présent je deviens sans souci. Vous pouvez croire que je ne suis pas fâché d'être soldat, car c'est là qu'un homme se dégourdit et qu'il apprend l'usage du monde. Celui qui revient raconte ce qu'il a vu. Les Arabes ne sont pas fantassins ; ils combattent à cheval, d'après ce qu'on dit, enveloppés dans une couverture qui se dit burnous, lâchent leur coup et se sauvent, fions cavaliers, mauvais tireurs, féroces quand ils sont les plus forts, ça ne leur arrive pas tous les jours. Ce qui m'étonne, est que les moricauds d'ici, que l'on pomme les Maures, et qui sont les bourgeois de l'Afrique, sont blancs comme vous et moi.
           Nous sommes sous le commandement du général Bugeaud, un vieux des anciens, connu pour être le père de la troupe, guerrier fini, n'ayant pas froid aux yeux. Avec lui, ce n'est pas le moment de s'endormir. Il a fait les guerres du grand Napoléon ; toujours le premier au feu. Tous ses grades ont été recueillis sur-le-champ du carnage. Ainsi vous voyez que tout le monde n'en meurt pas, car c'est une tète blanche, et il a femme et enfants au pays, à ce que nous ajoute un Limousin qui en est. Nous avons aussi avec nous le brave Changarnier. Pas une affaire où il n'attrape une balle dans son cheval ou dans ses habits, et avec ça, va toujours ! Ainsi il ne faut pas avoir peur ; soyons Français. Une fois qu'on se trouve en campagne, la fusillade n'arrête pas ni le jour ni la nuit. Quand ça ennuie les Français, ils envoient des boulets à tous ces Bédouins, et on les voit décamper sans dire merci. Pour quant au Français, il ne sait pas fuir.
           Si les Arabes vous attrapent, quelquefois ils ne massacrent pas celui qui veut se faire mahométan et servir avec eux. Mais il faut renoncer à Jésus-Christ et la France : plutôt la mort ! Il y en a eu qui s'y sont décidés pour se sauver leur vie : on les regarde comme de la canaille et des capons. Vous n'avez pas besoin de craindre que j'en fasse autant, en cas de malheur. Mais il faut espérer que nous serons les vainqueurs. Celui qui meurt doit mourir content, mourant pour la chose qu'il meurt; et il meurt en musique, au son des clairons et des tambours. Nous emportons nos vivres avec nous ; il n'y a nulle auberge sur la route, et quand la nuit est venue, on se couche dans son pantalon, voilà le logement : celui qui veut un traversin met sa tète sur une pierre. Quelquefois on est à déjeuner, le Bédouin arrive : il faut tout laisser pour le recevoir : on a le ventre au feu, le dos à la table ; c'est le contraire que comme dans la chanson. Le caporal nous dit un tas de farces; avec lui, jamais de chagrin. Allons, répondez-moi de suite : où ? je ne sais pas. Je vous embrasse les larmes aux yeux. Votre fils pour la vie, qui sera peut-être bien courte. "
PIERRE G.           

           P. S. Nous fumons beaucoup pour nous distraire. Le tabac est bon, et a la portée du soldat; deux sous le paquet.

ALLO PITAL...!!!
Envoyé Par Eliane
CELLE-LÀ, ELLE EST TRÈS BONNE,
C'est tellement vrai !!!

          - Bonjour ! C'est la réception ?

          J 'aimerais parler avec quelqu'un à propos d'un patient qui se trouve chez vous. J'aurais souhaité connaître son état de santé, savoir s'il va mieux ou si ... son problème s'est aggravé.

          Quel est le nom du patient ?
          - Il s'appelle Jean Dupont, il est dans la chambre 302 .
          Un instant je vous prie, je vous passe l'infirmière du Service.

          Après une longue attente : bonjour, ici Françoise l'infirmière de service. Que puis-je pour vous ?
          - J'aimerais connaître l'état du patient Jean Dupont de la chambre 302.
          Un instant je vais essayer de trouver le médecin de garde.

          Après une plus longue attente :
          Ici Le Dr. Jean, le médecin de garde ; je vous écoute.
          - Bonjour Docteur, je voudrais savoir quel est l'état de santé de Monsieur Jean Dupont, qui se trouve chez vous depuis 3 semaines Chambre 302.
          Un instant, je vais consulter le dossier du patient.

          Après encore une autre attente :
          Huuuummm, Le voici :
          Il a bien mangé aujourd'hui, sa pression artérielle et son pouls sont stables. Il réagit bien aux médicaments prescrits et normalement on va lui enlever le monitoring cardiaque demain..

          Si tout se déroule bien comme cela pendant 48 heures,le médecin signera sa sortie pour le week-end à venir.

          - Aaahhh ! Ce sont des nouvelles merveilleuses ! Je suis fou de joie. Merci.

          A votre façon de parler je suppose que vous devez être quelqu'un de très proche, certainement de la famille ?

          - Non, Monsieur ! Je suis Jean Dupont lui-même et je vous appelle de la chambre 302 ! Tout le monde entre et sort de ma chambre et personne ne me dit rien...Je voulais juste savoir comment je me porte ! Merci beaucoup !



Chantiers nords-africains
           Trouvé à la BNF            01-1929   N°7
Les barrages en sable
par M. Frankignoul.

                          Les barrages en sable ont acquis une grande vogue en Amérique. Ils sont, dans certains cas, d'une application très intéressante, notamment lorsque l'ouvrage doit être établi dans un endroit difficilement accessible au matériel ou éloigné de toute voie ferrée.

                          La méthode employée pour l'édification de ces barrages ne nécessite en effet qu'un appareillage peu compliqué et de poids relativement réduit, si on le compare au matériel lourd que nécessitent les travaux de terrassement habituels. Les matériaux servant à la confection des digues en sable étant généralement extraits des terrains voisins par voie hydraulique et refoulés vers l'ouvrage en mélange avec l'eau, le matériel nécessaire se réduit à des pompes avec leurs moteurs et des sections de tuyaux qui peuvent être facilement amenés à pied d'œuvre sur des trucks ou par des tracteurs.
                          Les travaux de terrassement ordinaires nécessitent au contraire un matériel compliqué, comprenant non seulement des locomotives et des wagonnets culbuteurs avec leurs voies ferrées souvent très développées, mais aussi, pour les travaux de quelque importance, toute une série d'excavateurs et de pelles à vapeur qui doivent arriver sur place par leurs propres moyens, au prix de difficultés et de dépenses souvent très grandes.
                          Deux barrages en sable pur ont été établis récemment encore près de Watertown, dans l'Etat de New York, pour les besoins d'une petite centrale hydro-électrique, située sur la rive gauche de la Beaver River.
                          La station de chemin de fer la plus proche était celle du village de Croghan située à 15 km environ des travaux. Le transport du matériel au chantier présentait de ce fait de sérieuses difficultés ; ce l'ut d'ailleurs une des raisons qui décidèrent en faveur du système de construction par voie hydraulique.
                          La matière employée, extraite des collines avoisinantes, était constituée de sable pratiquement pur, d'une grande finesse, dont la grosseur des grains ne dépassait pas 5 m/m. L'analyse révéla en abondance une substance fine, formée de silice cristalline, particulièrement propre à la confection des noyaux ; cette matière n'offrait pour ainsi dire aucune trace d'argile et sa finesse était telle que la séparation ne put être effectuée que par décantation. Cette substance était contenue dans le sable naturel en quantité amplement suffisante pour assurer la confection des noyaux de remblai.
                          Le sable, sous une faible couche de terre végétale, descendait souvent à une très grande profondeur jusqu'à la roche ferme ; il présentait une glande mobilité et les fouilles provoquaient fréquemment des glissements par banc, empêchant ainsi le creusement des tranchées.

                          Les travaux comportaient l'établissement d'un barrage de dérivation, avec son canal d'évacuation, et d'un barrage de retenue, ainsi que la construction d'une usine hydraulique avec ses ouvrages d'entrée, ses conduites forcées sa chambre de mise en charge, etc.
                          Ces barrages sont disposés entre flancs de coteaux. La matière nécessaire à leur confection était obtenue en creusant à la partie supérieure des collines situées dans le voisinage immédiat, des excavations dans lesquelles on projetait des jets d'eau sous pression. Il se formait ainsi un mélange d'eau et de sable qu'on laissait s'écouler sous l'action de la pesanteur, à travers une conduite inclinée, jusqu'au barrage.

                          Pour la construction du barrage de retenue, l'eau était amenée aux tranchées de sable par des tuyaux à brides, en acier ou en bois, de 0 nI. 60 de diamètre ; les deux tuyauteries établies avaient respectivement 350 et 850 mètres de longueur. Là conduite de décharge avait une longueur de 1.200 mètres environ et était faite de tuyaux de 0 m. 50 de diamètre, en acier au manganèse ou à forte teneur en carbone, munis de joints à recouvrement.
                          La station de pompage située au bord de la rivière, au pied de la digue, comportait six pompes aspirantes en série avec six pompes foulantes, d'un débit de 12.500 litres par minute, chaque pompe étant actionnée par un moteur de 200 CV.

                          Le barrage de dérivation présentait, à la crête, une longueur de 300 mètres environ et une largeur de 7 m. 50; la peinte est de 1 sur 3 du côté amont et de 1 sur 2,5 du côté aval.
                          La station de pompage établie pour ce barrage comprenait six pompes à eau pure, d'un débit de 4.000 litres par minute, actionnées par des moteurs de 75 CV. et une pompe à mélange de sable commandée par un moteur de 150 CV.
                          On eut soin d'assurer à la conduite de décharge une pente minimum de 4 %. Normalement, le courant d'eau contenait 6 à 9 % de particules solides et des obstructions auraient été à craindre si la pente avait été plus faible. D'une façon générale, l'opération ne donna pas lieu à des perturbations, mais elle dut néanmoins être surveillée attentivement, car l'action était très rapide.



                          Pour l'exécution des travaux, les tuyaux de décharge étaient amenés aux extrémités de l'emplacement que devait occuper le barrage. On éleva de chaque côté de l'ouvrage une digue longitudinale et on procéda ensuite au remplissage hydraulique d 'un bout à l'autre du talus par assises successives, d'abord dans un sens et ensuite dans le sens opposé, - des sections de tuyaux étant ajoutées à la conduite de décharge ou retranchées de celle-ci, à mesure de l'avancement des travaux dans l'un ou l'autre sens. - Ces opérations furent répétées jusqu'à complet achèvement du barrage ; l'eau de décantation qui formait mare à la partie supérieure du barrage était évacuée par un déversoir de trop plein.

                          Le matériel employé était à commande électrique. Le courant, à la tension de 22.000 volts, était conduit à des transformateurs qui en abaissaient la tension à 2.300 volts pour les moteurs des pompes à eau claire du barrage de retenue. Au barrage de dérivation, la tension était réduite à 550 volts pour les pompes ; la station comprenait trois transformateurs de 100 KVA et trois de 75 KVA ; la station du barrage principal comprenait aussi des transformateurs de 100 KVA pour abaisser la tension de 22.000 volts à 440 volts.
                          L'installation la plus importante était la station de pompage avec ses 12 moteurs de 200 CV, ses pompes d'aspiration et ses pompes de refoulement en tandem à commande séparée.
                          Ce système de construction de barrage par remplissage hydraulique présente en tout cas les qualités d'une simplicité et d'une rapidité remarquables ; néanmoins il ne peut s'appliquer que dans des cas déterminés lorsque le sable dont on disposa possède les propriétés ci-dessus signalées. Il exige en tout cas une étude préalable approfondie et des soins particuliers dans l'exécution pour supprimer tout danger d'infiltration.
                          La hauteur pratiquement réalisable des ouvrages de retenue ainsi constitués est d'ailleurs limitée. Article et clichés reproduits avec l'autorisation de notre confrère La Technique des Travaux et de la Société des Pieux
Frankignoul.                           

La rue de Mallet-Stévens
par M. A. DE BEAUREGARD.

                          Nous devons à l'obligeance de notre excellent confrère Nouveautés, magazine paraissant à Alger, de publier l'intéressant exposé ci-après :
                          Elle fut percée dans les verdures d'Auteuil, et les verdures d'Auteuil n'en furent point diminuées.
                          Dieu soit loué, voici donc enfin des maisons qui par égard pour le passant, ne dressent point devant lui des murs banalement indifférents.
                          Elles ont devant elles des parterres de gazon, et de chaque terrasse, semblables à des corbeilles, fusent les lauriers et les géraniums rouges enguirlandent les façades uniformément blanches, dont les stores successivement sont jaunes, verts ou bleus, si bien que les six villas de Mallet-Stevens sont comme six filles joyeuses de leurs estivales et blanches mousselines, qu'elles nouèrent de ceintures vives, chacune à la couleur de son esprit.

                          C'est cette note juvénile qui frappe immédiatement le regard. Nous sommes là, à trois minutes du métro, et cependant la nature n'a point été chassée. On l'a conviée à l'arrangement, et grâce à sa présence il règne dans la nouvelle rue le calme heureux d'un lointain et verdoyant jardin.
                          Quiconque n'est pas encore familiarisé avec la ligne nouvelle (je devrais dire seulement avec "la ligne" débarrassée de tout ce qui l'encombrait sous prétexte d'embellissement) sera étonné et peut-être comprendra difficilement. Au jour de l'inauguration un brave homme près de moi résumait son impression en une expression toute faite " C'est de l'Exposition Art Décoratif ".

                          Et en effet, c'est aux Arts Décoratifs que s'exprimèrent les efforts d'après-guerre ouvrant une ère nouvelle. On y montra bien des inspirations irréalisables, bien des laideurs réalisées. Les exagérations ont été vite abandonnées avec les autres, on créa un cadre nouveau à la vie jeune.
                          Les choses trop vues, telles des lieux communs finissaient par écœurer. La routine eut fini par détruire, car, en art, un peuple qui n'avance pas recule vers sa disparition. On voulut faire du nouveau en utilisant les anciens éléments, on modifia quelques principes décoratifs, la structure fut négligée. Nous connaissons tous, ces maisons en papier-carton au couvercle à fromage, renfermant un pseudo confort et un faux luxe moderne qui n'est que la déformation du classique.

                          Toutes ces erreurs tâtonnantes et malfaisantes sont reniées par la génération d'artistes qu'épargna la guerre. L'œuvre a été reprise sur un terrain net. Raisonnement froid, sans mots inutiles, il en sort le geste sur la réalisation solide. C'est l'esprit même de la génération.
                          Point de déblayage, plus de plagiat amphigourique, fini le carton pâte, la pâtisserie, les franges en pompon. Un mur solide, noble en sa ligne, et qui encerclera la vie commode avec son hygiène et sa sobre esthétique.
                          Allez voir les maisons de Mallet-Stevens. Elles sont admirablement construites et résisteront au temps comme les antiques monuments de pierres immortelles. Nul ornement "ajouté" avec de l'inutile. Mais les lignes constructrices, les masses sont conçues bellement et ce sont elles qui réalisent la beauté de l'édifice. Le nu ne convient qu'aux académies créées selon la pureté des lignes et c'est bien là le cas.
                          Point de monotonie, grâce aux différents pieux et aux terrasses étagées qui forment de multicolores jardins suspendus. La blancheur n'est là, en somme, qu'un fond offert à la gaîté des géraniums et des boiseries vives et rieuses.
                          Chaque pièce est généreusement éclairée grâce aux larges fenêtres glissant par un système à guillotine. Les portes sont également à glissière, la cuisine et l'office sont chefs-d'œuvre pratiques. La main-d'œuvre y est réduite à sa plus simple expression, grâce à l'électricité et aux meubles combinés, qui évitent le désordre et l'encombrement. Mais c'est surtout les terrasses qu'il faut voir, la terrasse pour le thé, au premier étage, la grande terrasse pour la soirée au faîte de l'immeuble, où une fontaine chante sa chanson cristalline, évoquant les patios, les jardins d'un Alcazar mauresque. Les pétunias des massifs violets cernent un mobilier de bois jaune, et le regard rencontre par-dessus les balcons, d'autres terrasses, coloriés comme un beau jouet dont la vue ne saurait se lasser.
                          Dans les verdures d'Auteuil, les verdures qu'on n'a point diminuées, il y a une jolie rue où se retrouve la joie de vivre.
A. DE BEAUREGARD.                           


Germaine
Envoyé par Eliane
C’est l’histoire d’André et Germaine,
vieux couple retraité qui vivait dans une ferme.

       Germaine (*gère & mène)* méritait vraiment son nom.
       Toute sa vie elle avait fait chier André, décidant de tout, criant après lui sans arrêt, se mêlant de ses affaires.
       bref une vraie de vraie Germaine.

       Un bon jour qu’André en avait marre d’entendre Germaine, y lui dit :
       « Je m’en vais à l’écurie soigner mon cheval. »

       Mais ce jour-là, alors qu’André s’affairait,
       Germaine est venue le relancer jusque dans l’écurie
À bout de nerfs, André a pincé une couille à son cheval,
       le cheval a rué et envoyé Germaine violemment dans le mur, et elle est morte sur le coup…

       Aux obsèques, Guy et Gaétan jasaient en arrière de la salle.
       A un moment donné Guy dit à Gaétan : « As-tu remarqué, chaque fois qu’une femme souhaite ses condoléances à André, il lui serre la main en faisant signe que oui
       et quand c’est un homme il lui serre la main en faisant signe que non ».

       Alors comme de fait, Gaétan se met à observer André ;
       Une femme s’avance pour souhaiter ses condoléances à André, il lui serre la main et fait signe que oui.
       Plus tard un homme s’avance et André lui serre la main et fait signe que non.

       La veillée funèbre passe et à la fin le groupe diminue, pour finalement ne rester qu’André, Guy et Gaétan.
       Alors Guy demande à André :
       « Veux-tu ben m’dire pourquoi à chaque fois qu’une femme te souhaitait ses condoléances tu faisais signe que oui, et un homme tu faisais signe que non ? »

       André dit : " C’est ben simple, les femmes me demandaient : Elle a pas trop souffert ! Est-elle morte sur le coup ? "
       " OUI ! "*

       Et les hommes : " Ton cheval n’est pas à vendre ?
       " Non !!! "


MAI 1962… LA DERNIERE COMMUNION
Par M.José CASTANO,


« Des mots qui pleurent et des larmes qui parlent » - (Abraham Cowley)

       Qu’elle était radieuse l’aurore de ce dernier dimanche de Mai 1962 à Oran !… Le ciel était tout blanc, d’une blancheur de gaze, où scintillaient des gouttelettes nacrées, pluie d’atomes lumineux dont la chute emplissait l’éther d’une immense vibration qu’on aurait dite minuscule. Tel une plume blanche, un nuage solitaire se courbait au dessus de la ville, cette ville, hier si gaie, si propre, si belle qui, aujourd’hui, avait le visage gris des malades incurables, des cancéreux à quelques jours de leur mort.

       Avec le mois de Mai étaient revenus les cortèges immaculés des premiers communiants, et dans cette époque de violence et de haine, il n’y avait rien de plus émouvant que ces enfants graves et recueillis, rayonnants de foi et vêtus de la blancheur des lys.

       Parmi eux, se trouvait Frédérique Dubiton, amputée d’une jambe et qu’on portait dans le cortège des communiantes. Elle avait été l’une des premières victimes du « boucher d’Oran », le général Katz, commandant le secteur autonome d’Oran qui avait donné la consigne à ses troupes essentiellement constituées de « gens sûrs », en l’occurrence de gendarmes mobiles, « de tirer à vue sur tout Européen qui aurait l’audace de paraître sur une terrasse ou un balcon lors d’un bouclage ». (1)

       Les premières victimes du « boucher d’Oran » furent deux adolescentes de 14 et 16 ans : Mlles Dominiguetti et Monique Echtiron qui étendaient du linge sur leur balcon. Elles furent tuées par les gendarmes. Les projectiles d’une mitrailleuse lourde de 12/7 traversèrent la façade et fauchèrent dans leur appartement, Mme Amoignan née Dubiton, dont le père était déjà tombé sous les balles d’un terroriste du FLN, ainsi que sa petite fille, Sophie, âgée de deux ans et demi et sa sœur, Frédérique, âgée de treize ans qui, atteinte à la jambe, eut le nerf sciatique arraché et dut être amputée.

       Pourquoi lui refuser, malgré l’atrocité de la situation, le droit à la robe blanche et à la douceur de la cérémonie ? Elle n’aurait pas compris, elle, petite victime innocente, quelle nouvelle punition on lui imposait après tant de souffrances imméritées.

       Alors, toute parée, superbe dans ces blancheurs d’étoffe qui l’entouraient comme d’un rayonnement de candeur, Frédérique, se sentait enveloppée d’amour, réchauffée par les sourires lumineux de ses voisins et amis qui lui témoignaient leur tendresse et l’astre radieux, semblait une pluie d’or qui ruisselait de ses mains fines.

       Et cette vision insolite de ces enfants encadrés de C.R.S !… parce que leur quartier étant bouclé par suite d’une perquisition générale, on n’avait pas le droit d’en sortir, sinon avec ces charmants messieurs. C’était grotesque et digne d’Ubu Roi ! Ces petites filles parées de blanc, se rendant vers l’aumônerie du lycée, ridiculisaient par leur innocence la faconde de ces matamores qui les accompagnaient d’un air soupçonneux. Pensez donc, si elles allaient emporter sous leurs voiles les tracts et les armes de l’OAS ! On massa les enfants, place de la Bastille, avec les mitrailleuses braquées sur eux. Et le chanoine, sur le devant de son église, bénit les communiants en disant :

       « Aujourd’hui, pour venir ici vous avez dû franchir les armées ; vous avez franchi les armées de Satan ! Ne l’oubliez jamais ! Que cela vous reste comme le symbole, l’exemple de ce que vous devrez toujours être prêts à faire : franchir les armées du démon pour venir à la maison de Dieu. »

       Après cette déclaration, le chanoine fut arrêté…

       Comme on a raison de cacher aux enfants la vue des laideurs humaines. Le triomphe de la force, la victoire de l’injustice, sont des secousses trop violentes pour eux. Ils doivent croire longtemps que Dieu intervient en faveur des belles causes, que le Mal ne peut prévaloir contre l’amour et le sacrifice. Quand l’âme a pris ce pli de foi dans l’enfance, rien après ne l’efface plus. Ces petits êtres vêtus de blanc, ont été dépouillés trop jeunes de leur tunique d’illusions. Ils ont vu que leurs prières d’enfants purs ne touchaient pas le ciel, que la tendresse de leurs parents ne pouvait pas les protéger contre les abus de la force, qu’une balle bien dirigée ou qu’un couteau trop vif valait plus que cent cœurs vaillants… et de ce jour, ils sont restés tristes de cette certitude.

       Ah ! Quand le sommeil de la mort nous jettera dans la terre, puissions-nous alors ne plus rêver, ne plus voir les tristes réalités de notre triste monde !...
José CASTANO, - Mai 2017       
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

(1) KATZ… CRIMINEL DE GUERRE
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« Si j’avais le pouvoir d’oublier, j’oublierais. Toute mémoire est chargée de chagrins et de troubles » - (Ch. Dickens)
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       Cette photo représente la petite Frédérique DUBITON le jour de sa communion. (Parue dans l’hebdomadaire « CARREFOUR » du 16 Mai 1962.)

       Pour preuve de la désinformation qui sévissait alors en Métropole et du lynchage médiatique que subissait perpétuellement l’OAS, certains journaux –toute honte bue- à l’instar de « La Marseillaise du Languedoc », journal communiste et de « L’Indépendant » de Perpignan, avaient publié cette photo accompagnée de la légende suivante : « Chaque jour des hommes, des femmes, des enfants sont tués ou blessés par les criminels de l’OAS en Algérie… Personne n’est à l’abri de leurs mauvais coups. Pitoyable témoignage. Cette petite communiante sortant d’une église d’Oran a dû être amputée d’une jambe à la suite d’un plasticage de l’OAS (sic) »

       Ainsi, les coups les plus vils et les plus bas étaient régulièrement portés par ces « plumes vertueuses » pour en finir avec un élément indésirable qui troublait leur béatitude. Un machiavélisme féroce et inconscient présidait à l’élaboration du grand crime qui se préparait : Les informations quotidiennes étaient cyniquement dénaturées, des extraits tendancieux, des truquages perfides, des censures arbitraires en représentaient seuls les pages les plus réalistes. La vérité était altérée par des récits tendancieux à l’excès et par omission systématique de tout ce qui aurait convenu le mieux de mettre en lumière, tout cela afin de convaincre l’opinion publique que l’Algérie française était une chimère entretenue par une minorité d’exaltés.

       Et pendant ce temps, le FLN, soutenue par cette « intelligentsia » progressiste, perpétrait impunément dans l’indifférence générale ses horribles forfaits…
      
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Un silence d'État
De M. Guerre d'Algérie : les derniers secrets
Arnaud Folch

Envoyé par M. Régis Sanchez

Du nouveau sur les Français "DISPARUS" d'Algérie en 1962 avec un livre de Jean-Jacques Jordi
Un livre à mettre sous le nez des " professionnels de l'Histoire " autoproclamés au prétexte qu'ils savent réciter ce que la pensée unique leur a imposé d'apprendre…

Guerre d'Algérie : les derniers secrets

             Dans son livre choc, "Un silence d'État" (Soteca-Belin), l'historien Jean-Jacques Jordi dévoile des centaines d'archives interdites d'accès.
             Cinquante ans après, celles-ci remettent en question la vision à sens unique propagée jusque-là sur la guerre d'Algérie.
             C'est un historien réputé, plutôt classé à gauche, qui a eu la lourde tâche de "fouiller" les archives inédites de la guerre d'Algérie.
             Docteur en histoire, enseignant, notamment à l'École des hautes études en sciences sociales, auteur d'une dizaine d'ouvrages et de plusieurs documentaires télévisés consacrés à ce conflit (France 2, France 3, M6), Jean-Jacques Jordi, 56 ans, n'a rien d'un "extrémiste" - d'une cause ou d'une autre. " Mon travail est scientifique, dit-il. Je ne suis ni un juge qui décide "c'est juste ou injuste" ni un religieux qui décrète "c'est bon ou mauvais". "
             Raison pour laquelle Renaud Bachy, président de la Mission interministérielle aux rapatriés, l'a exceptionnellement autorisé il y a quatre ans, au nom du gouvernement, à plonger dans ces archives, normalement interdites d'accès pour une période allant de soixante à cent ans.
             Centre historique des Archives nationales, Service historique de la Défense, Service central des rapatriés, Archives nationales d'outre-mer, Centre des archives contemporaines, Centre des archives diplomatiques, Comité international de la Croix-Rouge : en tout, ce sont près de 12 000 documents administratifs classés "très secret", "secret" et "secret confidentiel" que Jean-Jacques Jordi a pu consulter et photographier.
             Rassemblés (pour partie) dans son livre, Un silence d'État, dont Valeurs actuelles publie des extraits en exclusivité, le résultat de son enquête et les documents qu'il porte aujourd'hui à la connaissance du public sont absolument stupéfiants.
             Pourtant spécialiste de la question, lui-même le reconnaît : " Jamais, confie-t-il, je n'aurais imaginé découvrir de tels faits. "
             Depuis près de cinquante ans, l'histoire de la guerre d'Algérie s'écrit en noir et blanc : d'un côté, les "gentils" (le FLN et les partisans de l'indépendance), de l'autre, les "méchants" (les pieds-noirs et les défenseurs de l'Algérie française). Les travaux de Jean-Jacques Jordi remettent totalement en question ce manichéisme mémoriel. Non pour réhabiliter une violence par rapport à une autre, mais pour rétablir une vérité autrement plus complexe que celle propagée depuis 1962. " Jusque-là, la thèse officielle était que l'OAS, refusant les accords d'Évian, avait plongé l'Algérie dans la terreur, légitimant la riposte du FLN, rappelle l'auteur ".

Cela n'est qu'en partie vrai.

             D'abord parce que le terrorisme FLN a précédé celui de l'OAS, mais aussi parce qu'il a été beaucoup plus meurtrier.
             Ensuite, sous prétexte de lutte anti-OAS, le FLN et l'ALN (Armée de libération nationale) se sont essentiellement livrés à des exactions dirigées non contre les activistes, mais de manière aveugle contre l'ensemble de la population avec, pour but avoué de ce climat de terreur, de précipiter le départ des Français, y compris après le 19 mars (cessez-le-feu) et le 5 juillet (indépendance).
             Documents parfois terribles à l'appui, Jean-Jacques Jordi révèle une "autre" guerre d'Algérie, où les "héros de l'indépendance" - tout du moins une partie d'entre eux - livrent la face obscure de leurs méthodes : enlèvements, viols, tortures, actes de barbarie… Jusqu'à ces "quarante Européens séquestrés " jusqu'à ce que mort s'ensuive pour servir de " donneurs de sang " aux combattants FLN !
             Ces faits, démontre l'ouvrage, étaient connus, et même soutenus, par les dirigeants algériens de l'époque.
             Aussi incroyable que cela puisse paraître, écrit-il, " il n'y eut aucune poursuite judiciaire de la part de la justice algérienne contre ceux qui s'étaient rendus coupables d'exactions ou de meurtres ".
             Mais les archives secrètes n'épargnent pas non plus les autorités françaises et le rôle des "barbouzes" envoyés sur place : oui, des Français ont torturé d'autres Français ; oui, des listes de militants supposés de l'OAS ont été transmises aux insurgés ; oui, des ordres ont été donnés afin de ne pas intervenir, condamnant à mort des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants…
             Au-delà de la passivité, une véritable complicité. Comment qualifier autrement l'attitude - révélée par un rapport - de ces gendarmes mobiles rendant à ses bourreaux FLN un ressortissant français " torturé à l'électricité et battu " qui était parvenu à s'enfuir et à se réfugier dans leur cantonnement ?
             " Que la raison d'État - des deux côtés de la Méditerranée - l'ait emporté sur quelques milliers de vie, cela n'est pas propre à la guerre d'Algérie, au moins faut-il le reconnaître ", écrit Jean-Jacques Jordi. Pas plus que les événements ne le furent, la repentance ne peut pas, et ne doit pas, être à sens unique.
             Cinquante ans après, le moment est sans doute venu pour l'Algérie, comme pour la France, de reconnaître ce que fut - aussi - ce conflit : le martyre des pieds-noirs et des harkis.
             Nicolas Sarkozy s'y était engagé en 2007 à Toulon lors de sa campagne électorale. Osera-t-il, à l'occasion des cérémonies du cinquantenaire, braver le "politiquement correct", aujourd'hui clairement désavoué, et tenir sa promesse ?
             Arnaud Folch

Ces vérités occultées révélées par les archives

             Documents : Durant quatre ans, Jean-Jacques Jordi a pu "fouiller" les archives secrètes de la guerre d'Algérie. Les résultats de son enquête sont stupéfiants.

Extraits : TORTURE : LE FLN AUSSI

             " La torture n'est pas une "spécialité" de l'armée française : elle a été largement utilisée par le FLN et l'ALN" : c'est ce qui ressort de " la quasi-totalité des archives consultées " par l'auteur. Parmi d'autres, le général Gravil, chef du 2eme bureau, évoque les " cas tragiques de ces ressortissants impunément torturés, assassinés, contre tous les termes, tant sur le fond que sur la forme, des accords d'Évian ".
             Un rapport relate le calvaire de Roland Planté, garde champêtre à El Rahel (département d'Oran) :
             " le 20 juin 1962, à 6 heures du matin, quatre hommes du FLN se présentent à son domicile, le ligotent et le jettent dans une voiture. Il est amené au douar Amadoueh, où il reste une journée entière, un sac sur la tête et les mains ligotés par du fil de fer. [Le lendemain], il est cravaché par la population musulmane qui l'amène dans une autre mechta à quelques centaines de mètres où il est alors plus violemment frappé. [Le surlendemain], il est frappé sans discontinuer par deux hommes et deux femmes dont une le brûle avec une cigarette.
             Il s'évanouit. "
             Libéré le 27 juillet dans un état " hagard " et " sérieusement ébranlé sur le plan de l'équilibre nerveux ", le médecin militaire qui l'examine constate de " nombreux traumatismes sur son corps (tronc, bras et tête) avec fractures multiples des côtes, du sternum... "
             " Le 8 septembre, rapporte un autre document, une dizaine d'Européens étaient libérés. [...] Toutes ces personnes ont été torturées, soit par électricité, soit par noyade, soit par introduction de corps étrangers dans l'anus. "
             La découverte de dizaines de charniers confirme ces pratiques. L'un d'eux contient les corps de neuf Français qu'" il ne fut plus possible de reconnaître tant les personnes étaient affreusement mutilées " Parmi ces cadavres, " 2 ont été tués à l'arme blanche, les autres par balles et portent des traces de coups dus à un acharnement sur leur corps ", constate le médecin-colonel.
             Un rapport évoque aussi des " cadavres ensevelis par la population après avoir été déchiquetés ".
             Le 9 mars 1962, à Eckmühl, " 16 personnes dont 3 femmes périssent carbonisées dans un garage où elles s'étaient réfugiées et qui est incendié par un commando FLN".
             Ces tortures, que Jordi qualifie de " systématiques ", vont durer longtemps après l'indépendance !
             Le 30 janvier 1963, le consul général d'Alger attire encore l'attention du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Khemisti, sur l'existence de " locaux de torture dans une villa située chemin Laperlier, à El Biar, ainsi qu'au cinquième étage de la préfecture d'Alger " - d'où un Français, M. Bordier, s'est " suicidé en se jetant par la fenêtre, pour échapper à son supplice ".
             Plusieurs documents vont jusqu'à relater le cas de personnes enlevées pour " donner leur sang " - jusqu'à la mort.

             Un rapport parle de la découverte des corps de " 40 Européens séquestrés, jouant le rôle de donneurs de sang pour les combattants FLN ". Le 21 avril 1962, des gendarmes d'Oran en patrouille découvrent " quatre Européens entièrement dévêtus, la peau collée aux os et complètement vidés de leur sang. Ces personnes n'ont pas été égorgées, mais vidées de leur sang de manière chirurgicale ". Cette collecte de sang se déroule parfois avec la complicité de "médecins français", acquis à l'indépendance. Aucun ne sera inquiété après leur retour en France.
             Des prisonnières françaises retenues dans un "centre du repos du FLN".
             Une note de la direction des armées révèle la présence, dans un centre de détention du FLN, d'une quarantaine d'Européens séquestrés jouant le rôle de donneurs de sang".

TRAVAUX FORCES ET CAMPS À L'ÉTRANGER

             Des centaines de Français détenus ont été envoyés dans des " camps de travail " du FLN. Ils sont souvent " inscrits sous des noms d'emprunt " afin de " déjouer les démarches faites par les commissions de contrôle et par la Croix-Rouge ". Un rapport militaire chiffre à 200 le nombre de prisonniers " occupés à des travaux pénibles dans un camp au sud de Cherchell ". Le fils et la belle-fille de Maurice Penniello, prisonniers dans le camp de Tendara, " sont employés à la construction d'un hôpital pour les blessés du FLN ".
             Avant l'indépendance, plusieurs " camps de détention " étaient installés au Maroc et Tunisie - avec la complicité des deux États. " Certaines des personnes enlevées sont prisonnières [...] dans les camps de l'ALN au Maroc ou en Tunisie ", écrit Christian Fouchet, le haut-commissaire de la République française.

LES BORDELS DU FLN

             De nombreux document évoquent des " viols d'Européennes ", notamment après le "cessez-le-feu".
             A partir du 19 mars, sont cités des " dépôts de plainte quotidiens sur tout le territoire de l'Algérie et plus précisément dans les villes ". Les violeurs sont le plus souvent laissés en liberté : " au soir du 13 septembre 1962, dans Alger centre, trois Européennes sont violées, portent plainte, désignent leurs violeurs qui ne sont pas inquiétés ", expose un rapport. Le 8 novembre 1962, Amar Oucheur, accusé de viol et de tentative d assassinat sur une Française à la fin octobre, est " remis en-liberté sans suivi judiciaire ".
             Concernant le sort des femmes enlevées, nombre d'entre elles sont " livrées à la prostitution " ou " réduites en esclavage dans le Sud ".
             Preuve de l'importance de ce phénomène : en janvier 1963, le ministre algérien de l'Intérieur ordonne le recensement des Françaises "placées" dans les bordels militaires de campagne (BMC) algériens !
             Dans un courrier classé " secret ", le colonel de Reals, attaché militaire auprès de l'ambassade de France, demande des informations à un officier d'état-major :
             " D'après des renseignements récents [13 septembre], mademoiselle Claude Perez, institutrice à Inkermann, enlevée le 23 avril 1962 par le FLN [...] est en ce moment dans un "centre de repos" du FLN, situé au bord de la mer, près de Ténès. Elle est détenue là avec deux autres captives enlevées à Dilian et à Orléansville. "
             L'auteur cite aussi le cas de " Mme Valadier, enlevée à Alger le 14 juin 1962 par le FLN, et retenue dans une maison close de la basse casbah. " Parvenue à s'enfuir et à rentrer en France, elle sera hospitalisée en neurologie à Nîmes en 1963. Son témoignage, cité à l'époque par plusieurs associations de rapatriés, ne sera jamais reconnu par la France. Il était pourtant vrai !

             Chargées de la lutte secrète anti-OAS en Algérie, les barbouzes de la Mission C, ont "fourni aux services d'Azzedine (l'un des chefs du FLN) des listes d'Européens à enlever et des listes de voitures, suspectes appartenant à des gens à enlever".

             Azzedine archives BEO story

AVEC LA CAUTION DU POUVOIR ALGÉRIEN

             Militaires, policiers et proches du pouvoir FLN sont directement impliqués dans nombre d'exactions. Le 12 juillet 1962,1a gendarmerie d'Harrach rédige une note indiquant clairement que des " interrogatoires au moyen de la torture sont menés par le lieutenant Saïd, qui appartient à la Commission mixte " - créée dans le cadre des accords d'Évian pour "gérer" la transition !
             Le 22 janvier 1963, le général de Brebisson avertit l'ambassadeur de France en Algérie de "brutalités exercées contre les Français arrêtés par la police algérienne ". Il joint à sa correspondance plusieurs dizaines de témoignages.
             En vain. Selon les documents, " aucune des plaintes déposées après juillet 1962 par des Européens à l'encontre de musulmans pour des occupations d'appartements, vols, pillages, viols, enlèvements et meurtres n'ont eu de suivi, quand bien même les auteurs de ces crimes étaient identifiés ".
             C'est notamment le cas de " deux tortionnaires identifiés d'un certain Giuseppe Vaiasicca soumis à l'électricité le 19 septembre 1962 " : deux inspecteurs de la sécurité algérienne faisant office de... gardes du corps d'Ahmed ben Bella, nouveau président du gouvernement algérien ! "

RENDU À SES BOURREAUX !

             Le 11 mai à Belcourt, des Européens sont témoins d'un enlèvement, raconte une note. Aussitôt, le sous-officier se présente à l'officier responsable du secteur pour demander son intervention. Il obtient pour toute réponse : " On en a fini avec le FLN. Nous luttons maintenant contre l'OAS. Oubliez donc ce que vous venez d'apprendre et de voir. "
             Histoire édifiante révélée par une autre archive : en 1962, figure parmi les libérés d'un camp de détention un certain Christian Bayonnas, mécanicien auto, que les autorités françaises connaissent bien. Après avoir été " torturé à l'électricité et battu ", il était en effet parvenu à s'enfuir et à se " réfugier dans le cantonnement des gendarmes mobiles ", où il pensait être en sécurité. Mais les inspecteurs algériens le récupèrent sans que les gendarmes s'y opposent ! Ramené à la villa Leperlier, il sera à nouveau battu pendant plusieurs heures.

BARBOUZES ET MISSION C

             Envoyés en Algérie jusqu'à la fin avril 1962 pour affronter l'OAS, les barbouzes (autour de 300) vont commettre de nombreuses exactions dans la plus totale impunité.
             " Ses membres sont payés secrètement sur les fonds de la Délégation générale du gouvernement en Algérie par l'intermédiaire d'une société fictive, résume une note. Les barbouzes ne sont pas des fonctionnaires de police ni des militaires et leur mode de recrutement s'apparente à celui d'agents de service d'ordre ou de sécurité. "
             Selon un document du commandement des forces armées en Algérie du 29 mai 1962, ceux-ci " effectueraient leurs actions en collaboration étroite avec des responsables FLN. Il est utile de signaler à cet effet qu'un nommé Lemarchand, connu pour diriger certains groupes communément désignés sous l'appellation de "barbouzes", effectue de fréquents voyages entre l'Algérie et la métropole sous une fausse identité ".
             Au-dessus et encore plus mystérieuse que les barbouzes : la Mission C - pour "choc". En décembre 1961, de Gaulle lui-même a approuvé la constitution de cette dernière.
             Le gouvernement et le haut-commissaire de la République en Algérie, Christian Fouchet, sont au courant de leurs activités : " la Mission C, écrit celui-ci dans un courrier adressé à Louis Joxe, ministre chargé des Affaires algériennes, accomplit pleinement sa mission ".
             Plusieurs rapports se montrent cependant accablants pour ses méthodes. En janvier 1962, le chef de la Mission C, Michel Hacq, directeur de la police judiciaire, " remet notamment à Bitterlin [l'un des patrons des barbouzes] la liste des membres (noms et pseudonymes, âges et adresses) de l'OAS afin que ce dernier la transmette au FLN par l'intermédiaire de Smàil Madani ".
             D'une manière générale, après les accords d'Évian, " un rapprochement s'opère entre la Mission C et le FLN, prioritairement sur Alger et Oran. Hacq et Lacoste entrent en étroite relation avec Si Azzedine, chef de la zone autonome d'Alger qu'ils rencontrent pour la première fois le 19 mars [...]. Si Azzedine reçoit plusieurs listes de membres de l'OAS.
             Le marché est clair, révèle une note militaire : les commandos d'Azzedine peuvent se servir de cette liste pour leurs actions contre l'OAS et ils peuvent "bénéficier" d'une certaine impunité d'autant que les buts du FLN et de la Mission C se rejoignent".
FRANÇAIS TORTURÉS PAR DES FRANÇAIS

             Les barbouzes et la Mission C procèdent directement à des " enlèvements et à actes de torture ". L'une de ses trois " branches " est clairement constituée d'" une équipe de choc chargée des interrogatoires en utilisant tous les moyens, y compris la torture ". " La mission qu'effectuent, de novembre à décembre 1961, les membres de la Croix-Rouge [CICR] porte aussi sur les sévices infligés aux Européens activistes (suspects d'appartenir à l'OAS) par les éléments de la Mission C et par ceux qu'on a appelé les barbouzes, révèle un rapport. Ainsi, le CICR entre en possession d'un rapport de l'hôpital de Mustapha, qui reçoit les Européens passés par la caserne des Tagarins, où se trouve la Mission C. Le rapport fait état de "fracture de la boîte crânienne, de lésions anorectales consécutives à un empalement, de fractures de la colonne vertébrale, d'hématuries, de contusions multiples" et autres sévices graves que les médecins de l'hôpital observent parfois avec un retard de 15 à 24 jours ".
             Le 15 novembre 1961, un autre médecin-chef rédige une note sur quatre des personnes hospitalisées après "interrogatoire" par les barbouzes - MM. Ziano, Falcone, Sintes et Tur : "M. Ziano, hospitalisé à la sortie de son séjour aux Tagarins, est une vraie loque humaine, le corps couvert d'ecchymoses avec, aux poignets et aux chevilles, les traces profondes qui l'attachent à son lit. Il a été interrogé tous les soirs du 2 au 28 octobre... Je n'ai pas relevé de fracture chez lui, mais l'examen rectoscopique a révélé des lésions importantes de l'anus et du rectum (l'examen a été effectué par la professeur Claude) par corps étrangers plus ou moins électrifiés introduits par sadisme. J'ai eu à radiographier aussi : Falcone-fracture du crâne plus lésions rectales-; Sintès fracture de la première vertèbre lombaire [...]-; Tur fracture des trois vertèbres DXII [...].
             Ces fractures du rachis s'expliquent par les coups donnés dans la position dite de l'estrapade supplice qui consiste à pousser brusquement une personne dans le vide, sans qu'elle touche le sol, les mains liées derrière le dos avec une corde qui soutient tout le poids du corps].
             Dans le service du Dr Salasc, sur 30 OAS hospitalisés, 15 ont été torturés et en présentent les traces. "
             C'est après le "cessez-le-feu" du 19 mars 1962 que les enlèvements de masse de Français par le FLN ont pris le plus d'ampleur.
             Dans une note du 22 mars adressée au haut-commissaire de la République, il est fait état d'actes "en progression constante".
             "Sous prétexte d'une lutte anti-OAS, poursuit-elle, ces enlèvements visent toutes les catégories de la population européenne."
             Couvrant ces pratiques, le gouvernement français s'oppose aux visites du CICR " dans les camps où les Européens sont arrêtés pour activités subversives ". " Je serais, pour ma part, hostile à une intervention quelconque de la Croix-Rouge internationale dans tout ce qui concerne les arrestations et détentions d'Européens ", écrit le 2 avril 1962 Louis Joxe dans un télégramme " très secret".
ENLÈVEMENTS DE MASSE

             Le premier document retrouvé concernant les "enlèvements" perpétrés par le FLN date du 15 décembre 1957.
             Intitulée " Note au sujet des personnes enlevées par les rebelles algériens ", elle émane de l'état-major mixte et est remise " de la main à la main ", est-il précisé, au colonel Magny.
             Le but recherché par les ravisseurs y est ainsi résumé : " affermir par la terreur l'emprise du FLN ". " L'enlèvement de civils devait devenir une volonté de pression sur les familles touchées par le drame, ajoute Jordi. Quand bien même les personnes avaient été tuées, il fallait faire en sorte qu'on ne puisse les retrouver. "
             La plupart des personnes enlevées seront néanmoins découvertes assassinées.
             Hommes, femmes et enfants sont concernés, ainsi des "jeunes Jean-Paul Morio (15 ans), Jean Aimeras (Mans) et Gilbert Bousquet (15 ans), enlevés alors qu'ils faisaient du vélo "et dont " les cadavres seront retrouvés quelques jours plus tard dans un puits ".
             Les autorités françaises fermeront souvent les yeux sur ces enlèvements.Des civils européens, témoins de l'enlèvement, prennent à partie la patrouille en raison de son attitude passive. Le chef de patrouille répond alors "qu'en exécution des instructions reçues, il lui était impossible de s'opposer à de tels faits" ".
             Félix Croce sera au nombre des cinq Européens fusillés par le FLN le lendemain rue Albert-de- Mun. Des dizaines de documents en témoignent : les autorités françaises savent avec précision où se trouvent les principaux lieux de séquestration, mais n'interviennent presque jamais : " Nous sommes impuissants, nous n'y pouvons rien, nous avons reçu l'ordre de les laisser faire ", regrette un militaire dans une note.
             Le 13 mai 1962 à Alger, " 5 fidaynes [sic !] armés s'emparent de l'employé du cinéma le Rex qui se débat ". Une patrouille des forces de l'ordre intervient : l'employé est relâché, " mais les cinq musulmans ont pu repartir sans ennuis " ! Quant à l'employé du Rex, il sera enlevé le lendemain dans les mêmes conditions. Au même moment, " à la hauteur du Monoprix de Belcourt, Félix Croce est enlevé par un groupe de musulmans sous les yeux d'une patrouille militaire des forces de l'ordre.
             La vague d'enlèvements - plusieurs dizaines de milliers au total -atteint son point culminant après le "cessez-le-feu" et l'indépendance : " en deux mois et demi, du 19 mars à la fin mai 1962, écrit Jordi, il y a eu plus d'enlevés et de disparus qu'entre novembre 1954 et le 18 mars 1962. " À partir d'avril, " les enlèvements d'Européens par le FLN sont quasi systématiques ", ajoute un rapport.
             Extraits d'une directive interne du FLN saisie par le renseignement militaire : " désormais, les enlèvements ne seront plus effectués sur des individus mais sur des familles entières ". Il reste aujourd'hui près de 4 000 disparus dont les corps n'ont jamais été retrouvés.
             Les autorités françaises connaissaient les noms des disparus : une fiche de renseignement) et la plupart des lieux de détention
             Dans ce dernier document, portant sur la région du Grand Alger, il est aussi révélé plusieurs cas de tortures.
             de Jean-Jacques jordi, Soteca-Belin, 200 pages, 25 €.


PRIERE QUE VOICI …
Envoyée Par Diane


         Notre kiné qui êtes osseux
         Que nos articulations soient certifiées
         Que notre squelette tienne
         Que nos os emboîtés soient fermes sur la terre comme ossuaire
         Donnez-nous aujourd'hui nos massages quotidiens
         Pardonnez-nous nos gémissements comme nous pardonnons
           à ceux qui nous ont massés
         Ne nous laissez pas succomber à la décalcification,
            mais libérez-nous du mal au dos
Voltaren !!!



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini

                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Guelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net
             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie



Chroniques d’une islamisation annoncée en Kabylie !

Envoyé par Pierre
http://www.liberte-algerie.com/chronique/chroniques-dune-islamisation-annoncee-en-kabylie-383

Par Liberté Algérie, 13 mai 2017   l Par M. Amine Zaoui

Parce que j’ai peur pour l’avenir de Tamazgha, parce que j’ai peur pour la Kabylie, je lance ce cri citoyen meurtri.
           Il n’y a pas d’Algérie plurielle sans une Kabylie forte et soudée.
           Il n’y a pas de Kabylie créative et en bonne santé sans une Algérie moderne et démocratique.
           Il n’y a pas de Kabylie propre dans une Algérie corrompue !
           S’il y a une Algérie faible, il y a, en parallèle, une Kabylie désordonnée.
           S’il y a une Kabylie disloquée, sans doute, il y a, en parallèle, une Algérie malade.
           L’Algérie forte a besoin d’une Kabylie plus vigoureuse encore. Une Kabylie forte par sa langue, forte par sa culture, forte par ses intellectuels, forte par ses artistes, forte par ses femmes, forte par ses chouhada, forte par sa liberté, forte par son Histoire. Forte par sa force, propre à elle-même.
           Le destin est unique, lié et indissociable, celui pour l’Algérie comme celui pour la Kabylie. Elles sont condamnées pour le pire comme pour le bien, dans l’amertume comme dans l’enchantement.

           L’islamisme rampe sur la Kabylie. Comme une peste, il ronge les têtes et l’imaginaire. De plus en plus les jeunes, dans les rues de Tizi Ouzou, Aïn El-Hammam, Azazga, Azeffoune... s’afghanisent, se saoudianisent : des qamis, les barbes et des tongs d’ablution.
           Tamazgha est en danger. Et j’ai peur.

           L’islamisme grimpe le sommet de la chaîne du Djurdjura, par peur, les femmes rasent les murs dans les rues de Tizi Ouzou !
           Parce que la Kabylie est l’un des derniers refuges abritant la parole sans langue de bois, l’islamisme satanise cette Kabylie, la maudit.
           Parce que la Kabylie est le dernier morceau, peut-être, sur cette terre des ancêtres où on ose notre liberté, l’islamisme lâche ses monstres dans les rues d’Azeffoune sous le regard de Tahar Djaout.

           Parce que la voix féminine est haute, honnête et respectée en Kabylie, on essaie de défigurer l’image de Fathma N’soumer, Taos Amrouche, Louisette Ighilahriz, de Jouhar Amhis-Ouksel…Ces femmes valent leur pesant de sagesse et d’intelligence (pour chevaucher l’expression de Kateb Yacine). Parce que la Kabylie est le pays de Mohamed Arkoune, l’humaniste et voix critique et rationnelle de l’islam, les monstres religieux menacent cette terre bénie par le sang des martyrs et des moudjahidine, les Amirouche, les Abane Ramdane, les Krim Belkacem, les Aït Ahmed, les Ouamrane, les Mouhand Oulhadj, les Mohand Saïd, les Aïssat Idir.

           Parce que la Kabylie est le bout magique qui reste, peut-être, sur cette terre, de cette mémoire collective, qui nous guide vers notre Histoire, vers “nous-mêmes”, l’islamisme lâche ses envahisseurs pour falsifier l’Histoire et brouiller le chemin glorieux qui mène jusqu’à Juba II, Apulée, Takfarinas, Saint Augustin… vers les ancêtres.
           Parce qu’en Kabylie, les enfants kabyles parlent la langue kabyle, dans une Algérie qui malheureusement a perdu sa langue et sa diversité, l’islamisme accuse les enfants de leur maman de régionalisme.

           L’islamisme sème la haine entre les enfants de Tamazgha.
           Parce qu’il y a un petit bar dans une rue à Tizi Ouzou, comme partout dans les autres villes de Tamazgha, l’islamisme propage l’image d’une Kabylie royaume des canettes de bière. La Kabylie n’est pas les canettes de bière, elle est la terre de Mouloud Mammeri, de Tahar Djaout, de Saïd Hilmi, de Cheikh el Hasnaoui, de Cherif Khaddam, d’Aït Menguellet, de Matoub Lounès, de Mohamed Saleh Seddik.
           Ce qui fait peur, ce n’est pas la répression des pouvoirs successifs qui dure depuis un demi-siècle, un peu plus, mais c’est l’islamisme rampant !
           Des chaînes de télévision berbérophones, usant de langue amazighe qui jadis fut symbole de langue rebelle, afin de passer leur discours islamiste empoisonné, dans un costume démaghrébinisé.
           Aujourd’hui, la Kabylie recule, s’enfonce dans l’obscurité, parce que l’opposition n’a pas renouvelé, ou pas suffisamment, son discours depuis 2000. Les partis traditionnels ont vieilli ! la Kabylie a besoin d’un nouveau souffle culturel et politique.
           J’ai peur, parce que même avec l’officialisation de la langue tamazight, les élites de la région, écrivains, artistes et universitaires n’ont pas changé, ou peu, leur discours afin d’aller vers l’avant, et sauver la Kabylie de l’islamisation.
           Enfants de Juba II, restez debout contre les semeurs de la laideur, de la haine et du pessimisme.
Amine Zaoui           


Berrahal (Annaba)

Envoyé par Michel
http://www.liberte-algerie.com/est/leau-potable-dans-les-robinets-avant-le-ramadhan-270590


Par Est Républicain : 25. 04. 2017   l Par B. BADIS.

L’eau potable dans les robinets avant le Ramadhan

         Point noir depuis des années, le problème de l’alimentation en eau potable de la ville de Berrahal est-il résolu ? Tout porte à le croire si l’on se réfère aux assurances du président de l’Assemblée populaire concernée. “Les différents quartiers du chef-lieu de la commune de Berrahal, y compris le nouveau pôle urbain de la cité Kalitoussa et une partie de la localité de Aïb-Amar, seront abondamment arrosés avant le premier jour du mois de Ramadhan”, annonce Nacer Benali. Nous apprenons auprès de la wilaya de Annaba que le secrétaire général auprès du ministère des Ressources en eau et le DG de l’Algérienne des eaux seront l’hôte du wali, à la fin de cette semaine, afin de s’enquérir de la réception dans les meilleurs délais et conditions de la conduite alimentant la commune de Berrahal. Il s’agit de la totale rénovation d’un réseau long de 14 kilomètres, reliant la nappe de la région de Guerbez, dans la wilaya de Skikda, et le château d’eau principal de Berrahal implanté sur les hauteurs de la cité Sid-Ali. L’entreprise Onid, en charge de la réhabilitation de cette conduite, procède ces jours-ci aux dernières retouches, précise-t-on de même source. À rappeler qu’en raison des nombreuses perturbations et coupures qui caractérisent le réseau, les habitants de certains quartiers de la cité des 1 900-Logements du nouveau pôle urbain Kalitoussa souffrent le martyre en matière d’alimentation en eau potable.

B. BADIS           

           NDLR:




Prix des fruits et légumes
l

Envoyé par Roger
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/05/28/article.php?sid=214294&cid=2


Par Le Soir : 28 Mai 2017  par Mounira Amine-Seka

Les détaillants augmentent leurs marges

           En ce premier jour du mois de Ramadhan, le marché de gros des Eucalyptus est bien achalandé, fruits et légumes vont et viennent sur les charrettes des détaillants venus s’approvisionner. Les prix sont abordables. Seulement, au marché de Belcourt, la différence des prix va de 10 à 350 DA, comparés à ceux du marché de gros.

           - Alger - La foule avance vers la même destination, le marché où les odeurs des olives conservées, des herbes aromatiques et parfois même de la terre se mêlent aux cris des marchands qui se heurtent aux yeux écarquillés des citoyens. Beaucoup tiennent le couffin contre la poitrine, comme un gladiateur tiendrait son bouclier.

           Le round commence tôt le matin, vers 9h où les consommateurs, majoritairement des femmes, trainent le pas entre les étalages en regardant partout autour d'elles pour comparer les prix. La courgette que les Algérois mettent dans leur chorba, cette fameuse soupe qui se fait tout au long du mois sacré, est présentée au prix de 70 dinars au marché de Belcourt, alors que le marché de gros la propose à 35 DA. Les carottes qui font 45 DA aux Eucalyptus, affichent presque le double. Le grand tas de carottes est couronné d’une ardoise affichant les 80 DA. La tomate qui ne va pas sous les 50 DA, est vendue entre 25 et 30 DA le kilo chez les grossistes. Le chou-fleur marque une différence de prix allant de 10 à 20 DA, puisque le grossiste l’affiche à 50 DA et le détaillant à 60 ou 70 DA. La pomme de terre qui a eu droit à un long feuilleton relatant les rebondissements des prix est cédée à 50 DA chez les grossistes, mais est revendue au citoyen à 80 DA. L’oignon qui est la base de tous les plats est à 30 DA au gros, le détaillant le revend à 50 DA.

           Pour les légumes, la différence des prix est relativement basse. Les fruits, eux, affichent une différence allant entre 40 et 350 DA. Si la datte qui devient sacrée lors du moment de la rupture du jeûne doit être mise à côté du petit lait durant ces 30 jours sacrés, elle «devrait être remboursée par la sécurité sociale», se plaint un consommateur. Son prix au marché de gros est de 350 DA, mais est revendue à 550 DA. Une différence de 200 DA. Le plus choquant, pour beaucoup, reste le prix du citron qui affiche 380 DA le kilo, alors que chez les grossistes, il est cédé à 200 DA. La cerise qui est au prix de 200 DA au gros, est revendue au prix de 300 DA.

           Ces différences de prix ne sont pas encadrées, puisqu’il arrive de trouver la même marchandise vendue à 20 DA de différence chez deux détaillants qui exposent leur marchandise côte à côte. Quand bien même les détaillants sortent des marchés de gros avec des bons signalant le poids et le prix de la marchandise, aucun contrôle n’a été fait en ce premier jour de Ramadhan. Certains citoyens se retrouvent, porte-monnaie oblige, à acheter les légumes à la pièce, histoire d’assurer ce premier repas qui prendra place après une longue journée de jeûne, où les prix auront ajouté à la chaleur de ce premier jour du mois sacré.

M. A.-S.           



“Tous ensemble pour une Algérie propre”

Envoyé par Alain
http://www.lestrepublicain.com/index.php/annaba/item/9000741-un-slogan-de-civisme-qui-a-donne-ses-fruits


Par l'Est Républicain : 24 Maiil 2017  par B. Salah-Eddine

Annaba : Un slogan de civisme qui a donné ses fruits

           Une large opération de nettoiement a ciblé, à l'occasion de la journée mondiale de la biodiversité, le littoral Annabi. Des cyclistes d’Annaba, avec le concours technique du Commissariat national du littoral, ont réalisé une méga-Green bike sur le littoral. Sponsorisée par le complexe touristique SABRI et organisée par « l’Epic Annaba propre » et, dont la Santé et la Sécurité sont les la premières valeures, cette action de civisme sous le slogan « Tous ensemble pour une Algérie propre » a connu un grand succès et surtout une participation record de bénévoles, ce qui a permis le ramassage de près d’une vingtaine de 20 tonnes de divers déchets en l’espace de 6 heures. Cette très belle initiative de civisme a permis de donner une image digne d’Ushuaia, au littoral Ouest de la Coquette. Pour Sofiane Benouhiba, patron du complexe touristique « Sabri », un bijou architectural situé à quelque cinq cents mètres de la plage Toche, il est primordial de pérenniser ce genre d’actions au cours desquelles on peut voi des jeunes se distinguer par leur comportement dans la réalisation d'actions relevant du champ de la citoyenneté, au sein de leur établissement scolaire ou dans le cadre de la vie de tous les jours. En effet, charmés par le site et sa quiétude, les visiteurs présents ce jour-la n’ont pas laissé passer cette occasion s’impliquant avec un grand sourire dans cette opération d’intérêt général. « Nous avons sponsorisé cette action, car notre ambition et notre volonté sont la création d’un environnement sécurisé et sain pour nos clients et pour la région en général, car elle représente la vitrine d’une ville qui est en phase de devenir une ville Smart, ouverte sur la Méditerranée», dira à ce sujet notre interlocuteur. Des jeunes et des moins jeunes, des sportifs et des familles rencontrés sur les lieux durant cette journée claire et ensoleillée n’ont d’ailleurs pas caché leur grande satisfaction dans ce cadre en appellent à la foi et à la participation dans la protection de l’environnement et au civisme de tout un chacun, afin de sauvegarder un cadre de vie digne d’une ville balnéaire moderne. « Les tas de déchets de tous genres qui donnent une image des plus sordides aux différentes plages et criques du littoral, ne sont aujourd’hui qu’un lointain souvenir.

           J’espère que les habitants et les visiteurs militeront dans le bon sens, au moins dans le but de préserver ce qui a été concrétisé dans ce domaine. » A cela, il faut ajouter une batterie d’opérations de développement exécutées par les services de l’APC d’Annaba, dans le cadre des préparatifs de la saison estivale, avec pour objectif l'amélioration du cadre de vie. En effet, grâce aux efforts de la commune appuyés par le chef de l’exécutif, le commun des visiteurs vous dira qu’Annaba change de paysage et conforte ses assises d’une cité balnéaire par excellence et à une cadence effrénée, ce qui a permis au chef lieu de la commune d’Annaba une totale métamorphose, à la grande satisfaction de la population.

B. Salah-Eddine           

MESSAGES
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Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
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M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mai 2017
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
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Le parler de chez nous
Envoyé par Eliane
       POUR RIRE UN PEU !!! AVEC NOTRE MAGNIFIQUE VOCABULAIRE QUE SEULS LES INITIES ....DE LA FACULTÉ DE BAB EL OUED (QUE LE MONDE ENTIER NOUS ENVIE) PEUVENT COMPRENDRE .....       

       C'était une petite place près du Ruisseau,un quartier à l'Est d'Alger
       A la terrasse du café on se retrouvait tous, pour manger une tchouktchouka ou un couscous.
       Mais pour trouver une place il fallait faire fissa, et avoir, comme on dit, la baraka.
       Sitôt assis, c'était anisette et kémia, olives, anchois, fèves au cumin, ma parole soua-soua.
       Il aurait fallu être babao ou badjoc pour pas venir, bizlouche ou maboul pour s'abstenir.
       Entre copains l'ambiance était bonne, sans tcheklala. On rigolait de ceux qui attendaient, ils avaient la rabia.
       On leur disait : vous avez la schkoumoune aujourd'hui,le mieux c'est d'aller chez Mansour, manger le méchoui.
       Y'en a un il m'a dit : va t'faire une soupe de fèves, je laisse pas ma place, même pas en rêve.
       Il devait aimer manger, vu sa pantcha,et j'avais bien l'impression, qu'il ne ferait pas scapa.
       Arrivés au dessert, y'en a qui étaient de bouffa. ça parlait fort, ça chantait à capella,
       On se traitait de boudjadi, de tchoutche, de gavatcho,il y avait une purée d'ambiance, poh! poh! poh!
       On entendait : tu racontes que des tchaleffes, t'es un zoubia.
       Et l'autre répondait : tu veux une calbote ou une botcha (interdit aujourd'hui par l'Europe, hi,hi). mais entre nous,
       Pas de coup de zouzguef, des ennemis, y'en avait pas bezef.
       Il y avait une chouïa d'embrouille parfois, mais jamais de coups sournois.

       Bon allez, vinga, il faut qu'on y aille, la purée, il faut qu'on retourne au travail.
      




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