" Ce pays est sans leçon. Il ne permet ni ne fait entrevoir. Il se contente de donner, mais à profusion. Il est tout entier livré aux yeux, et on le connaît dès l'instant où en en jouit "(A. Camus).
          Albert Camus n'est pas le Pied-Noir le plus vénéré par ses concitoyens surtout depuis son appel à une trêve civile en 1956, mais il a des mots qui fleurent bon la terre Algérienne, et qu'il décrit si bien.
          Je le redis, nous n'avions pas la tête politique, l'on n'entendait ni les prophètes ni les politiques de droite comme de gauche.
          On se contentait de petits bonheurs qui aujourd'hui paraissent ridicules.
          On avait une manière de vivre les uns chez les autres, des voisins amicaux, des pique-niques gigantesques à la " Saint-Couffin ". Le rire, la plaisanterie, la Méditerranée, la rue et, peut -être, ce réflexe à ne pas regarder sa montre, c'était là nos ingrédients.
          Le temps nous était moins éternel qu'aux Arabes, mais nous étions en liaison directe avec les trois horloges de Bab-el-Oued.

          Oui, au milieu d'une petite place, un luminaire supportait trois horloges : l'une marquait l'heure, l'autre avançait, la troisième était en panne.
          Malgré les événements, nous continuions à vivre ainsi, en prenant certes quelques précautions, mais jamais nous ne pensions qu 'un jour, il nous faudrait partir. Notre inconscient refusait d'admettre ce qui, pour nous, était l'impossible, et il y avait toujours une parcelle d'espoir qui nous faisait espérer.
          Nous devions être considérés comme des simples qui nient l'évidence et refusent de comprendre mais, nous ne savions pas hélas, qu'impossible n'est pas français.
          Peut-être…

          Non Monsieur ! Ne troublez pas ces derniers moments de joie de vivre à la Pied-Noir, non Monsieur, vous n'en avez pas le droit.

          Ce sont mes derniers instants Algériens, mes derniers bons souvenirs, ceux qui sont gravés là dans le tréfonds de mon âme et qu'on hésite à ressortir car l'émotion est trop grande.

***

                              Ce bras qu'il a tant fait le salut militaire
                              Ce bras, qu'il a levé des sacs de pommes terre
                              Ce bras, qu'il a gagné des tas de baroufas
                              Ce bras,ce bras d'honneur, oilà qu'il fait tchoufa

Parodie du Cid d'E. BRUA acte I scène IV

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