Je tiens a publier cette lettre, car c’est le juste remerciement d’un lecteur aux différents auteurs qui  ont essayé de mettre sur du papier des souvenirs, des visages, des odeurs …

On sent revivre à travers cette lettre une jeunesse, une joie de vivre communicative…

 

                                      LE   TEMPS   RETROUVE

C’est mon frère « Riquet » qui m’a fait la surprise en m’offrant « Il était une fois Staoueli » pour Noël. D’emblée le portrait de mon père sur la couverture m’a incitée à dévorer cette monographie. J’en avais lu d’autres qui m’avaient appris beaucoup de choses sur le lent et laborieux travail des premiers pionniers de la colonisation, celle de Roger Leuwers et du village de Fouka entre autres. Mais là, il s’est agi pour moi d’un véritable coup de fouet, d’une sorte d’électrochoc faisant resurgir dans ma mémoire endormie, la vie de mon village. J’ai réécouté par la voix de Bernard Yvars, l’histoire du tonneau de mon grand-père. Tous ses enfants, petits enfants, arrière petits enfants la connaissaient mais ne se lassaient pas de la réentendre.

J’ai par la plume de Jeannine Bez, revu as grand-mère Mme Baldo et son imposante stature. C’était comme si j’avais vécu la scène du couteau (j’habitais en face de chez elle !), mais as sœur Lilou me l’avait certainement racontée.

J’ai aimé découvrir l’histoire de mon professeur Roger Fauthoux avant son arrivée au village de Staouéli, mais je garde surtout le souvenir de la netteté, la concision de ses cours d’histoire géographie, « les dix cases », l’interro surprise, quoi ! Il faut dire que je n’étais pas à l’époque ce qu’on appelle une élève studieuse ! Je ne me souviens pas d’avoir vraiment appris une leçon… J’avais à l’époque d’autres préçoccupations, au grand dam de M. Bekkouche et de M. Descamps qui surveillaient comme des pères, tout ce qui aurait pu entraver la bonne conduite de nos études.

J’ai compris avec le récit de Norbert Gualde combien notre exode pouvait encore laisser des cicatrices ineffaçables et une douleur toujours vivace. L’histoire de la famille de Gérald Marnet m’a plu et amusée par certaines anecdotes, franches, cocasse et à la fois très émouvantes.

J’ai suivi avec Robert Antoine les pas du promeneur tout au long des ruelles de Staoueli et là, ô miracle de la mémoire, j’ai revu les visages, j’ai retrouvé certaines odeurs et saveurs oubliées. L’odeur des brochettes de Zinzin certes mais aussi plus subtiles du chèvrefeuille dans le jardin de « Tata Lulu » et pêle-mêle l’odeur du « Nab » dans l’entrepôt à côté de chez moi ou de la forte odeur des moutons certains jours du marché arabe. Mais aussi, les odeurs nauséabondes qui émanaient de certains gourbis, mêlées à celle de la friture des beignets ou celle plus suave des « zlabias ». Plus délicatement, le parfum de Chypre de celui qui faisait alors battre mon cœur. Et là-bas, « du côté de chez Luce Brane, le goût du pain beurré dans le bol de lait crémeux de la ferme, la senteur doucâtre des fleurs d’oranger et le goût plus épicé des jujubes. C’était le « temps retrouvé » !

Merci à Mady Schneider, à Edmée Caserte d’avoir contribué à faire revivre des évènements, des anecdotes oubliés…

Ce Baba-Salem, entre autre, qui me procurait une peur irraisonnée. Mes parents comme les autres parents sans doute ne disaient-ils pas qu’il nous emporterait là-bas dans les montagnes si nous continuions à ne pas être sages ?

J’ai privilégié dans le témoignage d’Edmée la part qu’elle réserve aux femmes algériennes et as conviction que c’est par elles que viendra le changement des mentalités. C’est un travail long et difficile, ce n’est pas pour demain car l’Histoire fait bien souvent des pas en arrière qui ne sont heureusement pas irréversibles.

Encore merci à tous ceux que j’ai cités et à ceux que je n’ai pas mentionnés, tout simplement parce que c’est « livre fermé » que j’écris et que la mémoire ne privilégie que les évènements qui marquent notre sensibilité propre.

Je laisse le soin à Robert Antoine, via Internet de faire parvenir tous mes remerciements à tous ceux qui ont participé à la rédaction de cette belle monographie.

Avec l’espoir de vous revoir à la réunion des anciens,

Très cordialement

                                            Lydie Buonanno (épouse Decrouez), 

                                                 La Escala en janvier 2006


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