GREVES À STAOUÉLI

Lors de notre visite à Staouéli, en avril 2008, à notre grand étonnement, nous avons constaté une effervescence peu commune dans le village. Des grévistes ! Assis près des murs de la mairie faisant la grève de la faim. Cela n’a pas duré très longtemps car la police a amené ces pauvres contestataires au poste de police. Nous n’en n’avions pas su plus …

Voici une explication :

13 Avril 2008, Le Courrier d'Algérie

Subséquemment au mouvement de contestation lancé par des habitants «natifs» de Staouéli, s’estimant lésés et marginalisés, douze pères de famille ont entamé une grève de la faim, et ce jusqu’à l’aboutissement de leur revendication.

Déterminé à continuer sur sa lancée, le comité des citoyens de Staouéli menace d’une grève générale qui paralysera demain toute la commune.

Rien ne va plus à la commune de Staouéli, où les habitants ne décolèrent pas, fait que les responsables locaux font toujours la sourde oreille au sujet de l’attribution de logements sociaux. A l’origine de cette contestation, nous avons appris des habitants que le wali délégué de Zéralda aurait dessaisi l’Assemblée populaire de Staouéli l’attribution de logements qui, pourtant, est habituellement du ressort de l’APC.

 

A notre arrivée sur les lieux, le président du comité citoyen de Staouéli nous a conduit en direction d’un café de la ville. Jusque-là tout allait bien jusqu’au moment où nos regards se portent sur un groupe d’hommes d’un certain âge, attablés autour de leur tasse de café mais apparemment très en colère.

Visiblement épuisés, les contestataires sont, disent-ils, à leur 4e jour de grève de la faim, entamée depuis mercredi dernier. Ils sont douze à avoir brisé le mur du silence et dénoncé le diktat des autorités et exprimer haut et fort leur colère.

Leur courroux s’explique par la décision « irresponsable » du wali délégué de Zéralda qui aurait, selon les témoignages recueillis sur place, procédé à la distribution, qualifiée de « gré à gré », à des personnes étrangères à la commune. « Nous sommes profondément indignés par le fait que des étrangers bénéficient de logements alors que les nécessiteux, natifs de la commune de Staouéli, sont marginalisés », lance non sans colère un des grévistes.

Pis encore, expliquent les contestataires, la distribution s’est faite en catimini et ce, sans pour autant recourir à l’affichage public tel qu’il est prévu par la réglementation en vigueur. La genèse de cette affaire remonte, apprend-on, à l’année1988, date à laquelle ont été construits ces logements de la « discorde ».

La lenteur des responsables locaux quant à leur attribution n’a fait qu’attiser la colère des habitants de Staouéli, las d’attendre un logement. Djilali, Kamel, Ali, Mohamed, Baderedine et tous les autres grévistes s’accordent à dire que l’Assemblée populaire communale, présidée par des indépendants, a tout fait pour que l’attribution de logement lui soit confiée.

« C’est à l’APC qu’échoit la gestion du dossier des logements sociaux d’autant qu’elle est en mesure d’établir une liste des nécessiteux candidats au logement social », pense un autre quinquagénaire. Subséquemment au mouvement de contestation qui a animé les habitants «natifs» de Staouéli, s’estimant lésés et marginalisés, douze pères de famille ont entamé une grève de la faim, et ce jusqu’à l’aboutissement de leur revendication, à savoir l’annulation de la liste des bénéficiaires établie par le wali délégué. D’autre part, les grévistes nous ont fait part des dépassements des services de sécurité qui ont agi de manière peu amène.

«Les éléments de la sûreté de daïra de Zéralda nous ont conduit au commissariat où ils nous ont fichés, avec photo et empreintes digitales », témoignent à l’unanimité les grévistes. «C’est une intimidation ! », déplorent certains.

A leurs yeux, l’agissement des services de sécurité est considéré comme « une violation de domicile et de la loi ». « Lundi, Staouéli ville morte… » Déterminé à continuer sur sa lancée, le comité de citoyens de Staouéli menace d’une grève générale qui paralysera demain toute la commune.

Cette démonstration de force, qui sera marquée par un arrêt des cours par les écoliers, se veut, dit-on, une mise en garde en direction des autorités sur la gravité de la situation prévalant à Staouéli. Le comité réitère, dans une déclaration rendue publique hier, la nécessité de « réhabiliter » la fonction d’attribution des logements en question à l’APC qui est, juge-t-on, en mesure d’accomplir sa tâche dans une transparence totale.

Yazid Madi

13 Avr 2008


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