ROGER DEGUELTRE


Né dans une famille ouvrière, d'un père cheminot et d'une Mère au foyer, il fuit, avec sa famille, l'occupation allemande en 1940 pour se réfugier dans le sud de la France.

En 1942, le jeune Roger Degueldre remonte dans le Nord de la France pour entrer clandestinement dans la zone occupée, et s'engager dans le maquis, auprès des partisans communistes, dans les Francs-tireurs et partisans (FTP) aux côtés de Roger Pannequin, le « commandant Marc» sous l'occupation allemande. Selon certaines sources, il se serait au contraire engagé dans la Légion Wallonie, par admiration pour Léon Degrelle.

 

A la Libération, il s'engage dans la l0, division d'infanterie motorisée qui participe à la réduction de la poche de Colmar en janvier 1945, puis à la Légion étrangère (un régiment étranger parachutistes), sous l'identité de Roger « Degueldre» né le 18 septembre 1925 à Gruyères (Fribourg) Confédération Helvétique. Par décision ministérielle, il reprend son identité le 28 septembre 1955.

 

Il gagnera ses galons en Indochine en étant décoré de là Médaille militaire pour acte de courage (porte secours au capitaine de Blignieres et au sous-lieutenant Boutot sous le feu de l'ennemi) pendant la guerre d'Indochine.

 

Après la chute de Dien Bien Phu, il participe au conflit Algérien, où il est décoré de la croix de la Valeur militaire.

Pendant la semaine des barricades à Alger (janvier 1960), il est présent avec son régiment, toujours fidèle au
gouvernement français. Engagé dans la défense de l'Algérie française, il est alors soupçonné d'avoir participé au complot avorté de décembre 1960, contre le général De Gaulle peu après sa visite à Alger. Il est muté au 4e régiment étranger de parachutistes. Niant les faits, convaincu de là nécessité de la lutte armée, il passe alors dans là clandestinité le 11 décembre 1960.

En 1961, il est le créateur et responsable des commandos Delta de l'Organisation armée secrète (OAS).

 

                                      Extraits  de l'encyclopédie Wilpekia

 

ASSASSINAT  DU  LIEUTENANT  ROGER DEGUELDRE

 

 Le 6 juillet 1962, à l’aube, au fort d’Ivry, Degueldre se présenta devant le peloton d’exécution en tenue de parachutiste, le drapeau tricolore sur la poitrine, drapeau auquel il avait tout sacrifié et qu’il avait choisi comme linceul. Autour de son cou, il avait noué un foulard de la légion. Dans la poche intérieure de sa vareuse, il y avait la photo d’un bébé, son fils qu’il n’avait jamais vu. Il avait conçu cet enfant dans la clandestinité. Le bébé était venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort.

« Dites que je suis mort pour la France ! » s’écria-t-il à l’adresse de son défenseur. Puis il refusa qu’on lui bande les yeux et, au poteau cria : « Messieurs, Vive la France ! » avant d’entonner la Marseillaise. Les soldats qui devaient l’exécuter, émus par son courage, hésitèrent à tirer. La première salve le blessa seulement : Une seule balle l’atteignit sur les douze qui furent  tirées : au ventre dirent certains… au bras affirmèrent d’autres.  Quoi qu’il en soit, le fait certain c’est que Degueldre ne fut pas atteint de manière décisive.

         L’adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipita, l’arme à la main, pour accomplir sa sinistre besogne et se rendit compte que le condamné était toujours en vie. Sa tâche ne consistait désormais plus à achever un quasi-mort censé avoir reçu douze bouts de métal… mais bel et bien de tuer un vivant. Et ce sont là deux choses bien différentes... Il en eut si terriblement conscience, que sa main pourtant préparée à cette macabre mission trembla, et que le revolver se déchargea dans le vide.

         Parmi l’assistance, c’était la stupéfaction. Cette situation eut pour effet d’agacer le procureur qui, réveillé un peu tard, n’avait pas eu le temps de prendre son petit- déjeuner. Et son estomac gargouillait. Mécontent, il fit signe à l’adjudant de se dépêcher. Pensant ce temps, Degueldre, à demi recroquevillé, souffrait. Les coups de feu résonnaient encore à ses oreilles et il se demandait quand son calvaire prendrait fin.

         L’adjudant, toujours tremblant, pointa une nouvelle fois son arme sur la tête de l’officier parachutiste, ferma les yeux et appuya sur la détente. Stupeur ! Rien ne se produisit. L’arme s’était enrayée. Une rumeur monta de l’assistance. Degueldre tourna la tête vers son exécuteur comme pour l’interroger. Aucune haine dans son regard… juste de l’incompréhension.

         Exaspéré par cette situation –unique dans les annales de l’exécution- le procureur ordonna qu’une nouvelle arme soit amenée. Mais personne parmi les militaires présents n’en possédaient. Il fallait courir en chercher une… Et pendant ce temps, Degueldre était toujours vivant... et il souffrait.

         A partir de ce moment là, tous les juristes s’accordent à dire que la sentence ayant été exécutée, puisque le condamné était encore en vie, il fallait le détacher du poteau et lui donner les soins nécessaires. Autrement dit, on n’avait pas le droit d’achever le blessé. Mais les ordres étaient formels ; il fallait que Degueldre soit tué ! Il incarnait à lui seul, l’OAS, cette puissance qui avait fait trembler les Etats Majors, le FLN et l’Elysée… Il fallait exorciser jusqu’à son souvenir.

         Et pendant que l’on s’affairait à se procurer une arme, celui qui, à cet instant, aurait pu changer le cours des événements ne réagit point. Pétrifié par la scène, glacé d’effroi, le défenseur du condamné demeurait inerte. Pourtant, il lui appartenait de tenter quelque chose, de courir jusqu’au supplicié, de le prendre dans ses bras et de le couvrir de son corps en invoquant la justice, en appelant à l’amour, en exigeant au nom de toutes les traditions humaines et chrétiennes qu’on fît grâce au condamné. Cela s’était déjà produit dans l’Histoire quand la corde du pendu avait cassé et que la grâce lui avait été accordée. Mais non, l’avocat demeurait prostré, sans voix, mort… alors que Degueldre, lui, était vivant et qu’il le regardait.

         Enfin on remit un pistolet à l’adjudant qui, blanc comme un linge, écoeuré par cette boucherie… mais servile au commandement de tuer, devait en finir puisque tels étaient les ordres et que le défenseur du condamné qui, seul avait qualité pour tenter quelque chose, se taisait.

         Un nouveau coup de feu claqua. Stupeur ! Celui-ci fut tiré, non pas au-dessus de l’oreille comme l’exige le règlement, mais dans l’omoplate… Une douleur atroce irradia le corps du supplicié. Il regarda vers le ciel et ouvrit grand ses yeux. Peut-être perçut-il à cet instant que son calvaire prenait fin. Il était tout illuminé des illusions radieuses de ceux qui vont mourir et il lui sembla entendre, là -haut, les voix des martyrs du 5 juillet lui murmurer : « Roger… Roger… dès aujourd’hui tu seras avec nous dans le Paradis ».

Puis une nouvelle détonation retentit… et ce fut la fin.

 

                                  Jean CASTANO


Il existe des moments de boucherie, des espaces de non-droit, que l’on voudrait espérer d’une autre planète et qui cependant sont actuels, se produisent en France et qui donnent des envies de vomir.

                                                                  R.A.


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