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LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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UNE FIN D’ANNEE SOUS LA VIGILANCE ???
Le 18 novembre au soir, la salle des fêtes du petit village de Crépol, dans la Drôme, a été attaquée par une bande issue d’une cité voisine, organisée en rezzou. Après avoir tailladé la main du vigile qui tentait de les arrêter, les assaillants ont attaqué au couteau les participants du bal villageois, avec la volonté évidente de tuer, faisant un mort et 17 blessés dont 2 dans un état critique, à l’heure où l’on nous bassine avec la tolérance.
Les déclarations des habitants, profondément choqués par cette attaque meurtrière, permettent d’envisager la piste d’une attaque préméditée. La violence, la tactique et la détermination des agresseurs ne permettent pas de dire que cette équipée sauvage est une simple « rixe », comme le font un certain nombre de médias et de politiques.
Bien sur on peut faire un parallèle avec le 7 octobre dernier au festival de Reim en Israël où une fête a été endeuillée par des sanguinaires terroristes du Hamas. La méthode est similaire et comme cela se passait en Algérie entre 1954 et 1962.
On peut légitimement, s’indigner du silence assourdissant des Sinistres et du Président de la Répoublique ainsi que les artistes et sportifs. Tout ce petit monde si prompt habituellement à commenter ou condamner tel ou tel fait divers en oubliant les actes anti-blancs car les petits anges ne se trouvent que dans un camp.
La prophétie du Maréchal Juin se précise petit à petit, la France paie la forfaiture de son grand homme, celui qui ne voulait pas voir les vérités et réalités en Algérie et qui n’avait en tête que la vengeance envers les Pieds-Noirs.
La guerre civile sur le sol français, s’intensifie et s’accélère sans la moindre parcelle de résistance Francaoui. Bientôt viendra les temps de la vengeance, des représailles et seuls l’état avec la majorité des partis politiques ainsi que certains médias porteront cette responsabilité. Pour le moment ce n’est que le temps de la tête baissée, des marches blanches, mais, mais… cela se sent, que de la population a des fourmis dans les jambes et dans les mains.
Quels choix auront-les générations actuelles si elles veulent sauvegarder leur civilisation ancestrale ? Je n’ose l’envisager !!!, publiquement car c’est un problème franco-francaoui, nous les Pieds-Noirs, nous avons donné et nous avons payé chèrement. Nous portons encore les stigmates. Les plaies ne se sont pas encore refermées et dernière preuve en est le saccage 2023 des cimetières en Algérie devant les yeux de la France qui ne bouge pas le petit doigt ou élève la moindre protestation officielle.
Les Fêtes arrivent avec pour commencer la Saint-Nicolas, puis la Noël et la fin d’année, les foules inconscientes vont se rassembler et seront des cibles parfaites, soyez vigilants, ouvrez les yeux car le danger sera partout.
Néanmoins je vous souhaite de Bonnes et Joyeuses Fêtes en Familles.
Jean Pierre Bartolini
Diobône,
A tchao.
Comme promis à ceux qui m'ont adressé un message pour le cimetière, je vous informe du courrier envoyé à M. le Consul de France à Bône et comme il ne répond pas, j’ai décidé de le rendre public, il est sur mon site “TADDO”.
Je signale que le même courrier a été envoyé à Mme Menar et là aussi aucune réponse.
http://piednoir.fr/taddo/taddo/images-desolation/lettre-consul9112023.html
Sur la lettre, vous pouvez avoir accès aussi à la vidéo du fleurissement.
Rien n'empêche que ceux qui le veulent puisse adressé un message à M. Le Consul en espèrant qu'ils aient plus de chance que moi pour avoir une réponse.
Je remercie encore une fois ceux qui ont participé à cette opération qui aurait pu être encore plus grandiose, si, si si, mais avec des si on ne refait pas le monde.
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Vous avez dit – NOËL ?
Envoyé par Jean-Claude PUGLISI.
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« Ils sont passés ces jours de fête.
Ils sont passés, ils ne reviendront plus.»
Ariette du XVIII ° siècle.
Noël ? Mais de quoi parlons-nous.
Je ne connais de Noëls, que ceux d'autrefois, là-bas, chez-nous - en Algérie..
Comme il est si loin le temps où, nous fêtions Noël dans notre cité, très pieusement et avec une grande joie partagée.
Comme il est si loin le temps où, les carillons de Saint-Cyprien, résonnaient aux quatre coins de la cité, pour annoncer la messe de minuit et la naissance du divin enfant.
Comme il est si loin le temps où, le « Minuit Chrétien », chanté d'une belle et profonde voix, par M. Charles SULTANA +, résonnait dans toute notre église et au sein des cœurs de tous les fidèles alors présents.
Comme il est si loin le temps où, le parfum des oreillettes et des zouzamiels, venaient, les soirs de Noël, embaumer tous les lieux.
Comme il est si loin le temps où, pour le jour de Noël, les ravioli étaient rois dans nos assiettes, les oreillettes et les pastières - princesses des tables de fête.
Comme ces temps de jadis sont si loin, mais, toujours biens présents, dans les profondeurs de nos consciences et ils resurgissent toujours lorsque vient la Noël. Aujourd'hui, seuls persistent, l'émouvant "Stille Nacht" et le "Petit Papa Noël", chanté par une voix venue d'outre-tombe - celle de Tino Rossi +,.. Même les petits enfants, ne croient presque plus au père Noël et qui savent depuis bien longtemps, que, c'est leurs parents, qui garnissent leurs petits souliers au matin de Noël. Mais aussi, la destinée du sapin de Noël et des Crèches, qui existent encore au sein de chaque demeure. Hélas ! Passé le Jour de l’An, tous ces pauvres sapins sont mis au rebut sans aucuns regrets et toutes les crèches, abandonnées dans l'obscurité d'un sinistre placard, alors que chez-nous en Algérie, les sapins étaient conservés bien au chaud, jusqu'à la fin du mois de janvier - ainsi que les crèches.
Mais, ne me parlez pas, des fêtes de Noëls d'aujourd'hui, qui ne ressemblent en rien à celles de jadis. Lorsque les soirs de la nativité arrivent, on n'entend rien venant des maisons alentours, pas un rire, pas l'écho d'une conversation, pas seulement une odeur de cuisine... Dans toutes les habitations, c'est, hélas ! Le silence et le grand désert. Les cloches des églises, ne se font même plus entendre et la messe de minuit est célébrée à 20 heures, quand elle est célébrée !... Peut-on alors parler de fêtes de Noël ? Alors, lorsque vient enfin le dimanche de Noël, lequel, voit malheureusement ! Les repas de famille se tarir bien tristement, car, on va plutôt déjeuner dans un restaurant, pour "fêter" le jour de la Sainte Nativité et honorer un repas de fête, au beau milieu d'une foule d'illustres inconnus, ce qui ne ressemble en rien, à ces beaux et joyeux repas des familles Calloises de jadis.
Autrefois, c'était à longueur d'année, que, dans toutes les familles Calloises, on préparait patiemment les fêtes de Noël, en achetant toujours à tempérament, tout ce qui était nécessaire au foyer = ingrédients pour la cuisine, chocolats, liqueurs, fruits secs... De rares denrées, qui le plus souvent, ne demeuraient sur les tables qu'une fois l'an = le jour de la Noël. Aujourd'hui, le contenu des bourses s'étant amélioré, le peuple ne se prive plus du tout, pour acquérir à longueur d'année toutes ces bonnes choses, qui, autrefois, n'étaient permises que pour Noël.
Passe Noël, passe le Jour de l’An, sans que l'on ne puisse percevoir un seul instant, que, ces deux fêtes, sont presque passées inaperçues, sauf, dans nos souvenirs d'antan où, encore il en reste quelques douces images.
Vous avez dit = Noël ?
Je vous répondrais, qu'il faut penser "Noël"- que dans nos souvenirs !
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Rêve de Noël
Perché sur ma terrasse, j'ai aperçu hier au soir, des illuminations multicolores qui brillaient à qui mieux-mieux, sur les façades des maisons alentours. Elles semblaient me dire, qu'il fallait à tout prix que je me réveille et prendre conscience que nous étions en période de fêtes.
C'est vrai, car, nous voici bientôt arrivés aux fêtes de Noël, en songeant que ce sera encore et toujours, un Noël de plus à assumer et en pensant que ces fêtes de la nativité qui arrivent, n'ont pas du tout l'air de venir pour dissiper dans ma mémoire, le souvenir nostalgique des temps heureux d'autrefois.
Comme tous les ans, je m'en vais passer cette dure période bien tristement, en priant le ciel que ces fêtes soient bien vite terminées. Même, si en ce soir du réveillon, j'aurai le très grand plaisir d'être en famille, il reste cependant, que tout mon être va basculer avec bien de la nostalgie, vers le souvenir d'une époque bénie des Dieux, qui va doucement me susurrer dans les oreilles, les belles fêtes de Noël de jadis au Bastion de France. Alors, il ne me restera qu'une seule chose à faire, celle, de me décider à partir, d'abord, en m'installant confortablement dans un bon fauteuil et puis, il ne me restera plus qu'à baisser mes paupières, pour fermer enfin les yeux et m'enfuir faire un beau voyage, qui m'emmènera du côté de chez-moi, là-bas, à La Calle de France en Algérie.
Mais en cette période de fêtes, je me demande toujours avec angoisse, ce que je vais retrouver au sein de notre cité ? Bien que l'on raconte que notre cité a beaucoup changée, c'est sans grande surprise qu'arrivé à destination, je découvre mon cher village, toujours le même tel qu'il a existé autrefois et en me baladant, je vais rencontrer bien des spectres du passé, qui vont me saluer tristement en silence, puis, ce sera le tour de toutes les rues et les maisons qui feront de même. J'irai dire bonjour au port où, les chalutiers rangés à quais, m'ont eu l'air bien moroses et pensifs. Puis, je partirai faire un tour au Moulin, en passant par les grottes du Lion et arrivé aux pieds du vieux fortin, je profiterai un instant, de la vue sublime du golfe des monts du Boulif et puis après, comme le jour semble laisser place à la nuit, je me hâterai pour rentrer chez-moi à l'ancienne douane où, doivent m'attendre avec impatience et dans un grand silence - mes chers disparus...
En effet, je les trouve tous là, affairés et silencieux autour de la table familiale, alors, ils me sourient sans un mot et m'invitent d'un geste, à m'installer confortablement en leur compagnie.
Il faut dire que nous étions le soir de Noël, un soir pas tout à fait comme les autres. Je regardais alors du côté de ma mère, qui était en train de faire des ravioli et qui les rangeait inlassablement, sur une grande nappe bien blanche et à côté Pétronille, ma grand-mère, qui s'affairait à réaliser des oreillettes, qu'elle inondait sans cesse de sucre en poudre, lequel, me paru plus blanc que la neige. Tapi dans son coin habituel, se tenait Vincenzo mon cher grand-père, qui, comme toujours très silencieux, les yeux mi-clos, tirait de sa pipe des bouffées de fumée bleue... Venant du dehors, il m'a semblé sentir, le parfum d'une friture d'anguilles du lac Mellah, ce qui ne m'étonna pas du tout, sachant qu'elles convoleraient bientôt, aux spaghetti durant le repas du soir de Noël. Dans une poêle mijotait un beau chou-fleur et tout près se tenait dans une petite cocotte, des petits fagots de scarole où, transparaissaient des timides filets d'anchois et des olives noires. C'est un menu des soirs de Noël pensais-je et je fus un moment ravi, de voir que les traditions n'avaient pas changé.
Puis, le temps passait et dans l'attente de la Sainte messe de minuit, en compagnie des miens, nous nous sommes mis à jouer en silence au loto, comme nous le faisions autrefois. Sur la table trônait royalement un grand plat, rempli des friandises habituelles de Noël = noix, noisettes, amandes, dates farcies... et les côtoyant, s'érigeaient quelques bouteilles colorées de liqueur de fêtes... Puis, dans le lointain, je crus entendre un joyeux carillon venant de Saint-Cyprien, qui annonçait la messe de minuit et soudain ! Je me suis retrouvé dans notre église qui était bien sombre, mais, remplie de tout un peuple connu de spectres du passé. Chacun priant dans son coin et ne faisant aucun cas de ma présence. Là-haut, la chorale semblait chanter en cœur, mais, hélas ! J'avais beau tendre l'oreille que ne percevais aucuns sons. Puis, la messe commença, dans le plus grand des silence. Le père Decroze était toujours là, bien présent et égal à lui-même, à officier comme d'habitude et tout là-haut au sein de la chorale, j'aperçus un moment Monsieur Charles Sultana +, qui chantait vraisemblablement le minuit chrétien.
La messe terminée, tous les présents s'évanouirent comme par enchantement et je me retrouvais tout à coup du côté marché où, il m'a semblé, qu'il régnait une belle animation = c'était peut-être ? Un bal, mais, encore une fois je n'entendais pas la musique et pourtant j'aperçus au travers les grilles, tout plein de danseurs qui s'en donnaient à cœur joie, dans un silence rempli de mystère. Soudain ! Est arrivé jusque dans mes narines une odeur bien connue et très alléchante, venue du côté de chez André Tarento + et j'ai tout de suite pensé à sa célèbre Pizza, alors, je me suis précipité, pour tenter d'en avoir un bon morceau, mais, je buttais contre la porte de sont échoppe, qui était fermée à double tour et point d'André Tarento à l'horizon.
Plus bas, je rencontrais Horace le boulanger +, qui silencieux était assis sur le pas de sa porte. Il me regarda un petit moment, puis, tourna sa tête vers ailleurs, en se murant dans le silence.
Les rues du village étaient à présent vides et plongées dans le noir, alors, j'ai eu envie d'aller faire un petit tour à la Presqu'île, afin de rencontrer le célèbre Jean Babasse et lui dire de me conter une de ses histoires extraordinaires. Je l'ai trouvé assis sur une grosse pierre et noyé dans ses pensées silencieux. Son regard était dans le lointain et il semblait se parler à lui-même, aussi, je ne suis pas resté bien longtemps avec lui et j'ai repris ma route pour essayer de rencontrer d'autres célébrités Calloises d'autrefois. J'ai cherché Tchitchotte, que j'ai retrouvé aux petits quais, dormant comme un loir dans un gros tuyau de ciment et je n'ai même pas osé le réveiller. Mais, puisque j'étais aux petits quais, une visite à Ali Pieds de Plomb s'imposait. Il était là, ce brave Ali, en compagnie d'une grosse bouteille de vin rouge, qu'il lampait sans façon, peut-être ? Pour fêter Noël. Il me salua courtoisement, en s'adressant à moi dans un langage silencieux et puis il retourna se coucher dans son garage.
J'ai eu envie de retourner chez-moi pour revoir les miens, mais, soudain ! Un énorme éclair illumina le ciel, cependant, à aucun moment je n'entendis le roulement du tonnerre. Tout devint noir autour de moi et un grand frisson me secoua. C'est alors que je me retrouvais surpris au fond de mon fauteuil, au terme de ce curieux voyage dans le temps où, mes souvenirs m'ont entraîné un moment.
Voilà à quoi je pense et rêve toujours en ces temps de Noël. C'est peut-être pour moi, le moyen de m'évader du présent et remonter le temps pour retrouver tous mes souvenirs de jadis. C'est peut-être ? Le meilleur des moyens, d'oublier la terrible souffrance, que peuvent éprouver tous les exilés du monde.
Bien que 60 ans soient passés, depuis que nous avons tous changé de trottoir, les souvenirs restent toujours présents et ne nous laisseront jamais en paix.
C'est hélas ! Notre triste destinée, qu'il faut bien accepter.
Callois - Calloises et amis de la Calle et de là-bas, je vous souhaite tout de même, de bonnes et joyeuses fêtes de Noël.
Jean-Claude PUGLISI
de La Calle de France
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage.
( le 22 décembre 2019 )
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NOTRE CLOCHEMERLE A NOUS !
Envoyé par M. Georges Barbara
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Annunciatte ; La bonne du Curé. Sacristine à ses moments perdus. Éminence grise de la paroisse de Saint Anne.
Lucie : La vieille fille acariâtre de la rue du Docteur Mestre, qui a loupé sa vie affective.
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L » Annunciate ! T’yes là ? Madone ça fait dix minutes que j’t’appelle ! Et qué cats comment te fais pour laisser sonner le téléphone com’ça toi ! Dieu préserve….Et pis rogards de t’le changer que y l’est vieux comme lérobe !! Y te marche une fois t’sur deux!
A- » Eh ô Lucie, pour pas changer toi aussi, t’ya encore le feu au cul de bon matin ? Y l’arrête pas de sonner mon téléphone comme te dis…. ? Et ben moi à chaque fois j’te crois que c’est pour une messe que ça nous rentrerait un peu de Fade, alors que c’est pour leur pub et y te demandent eux si on a pas des sous à placer. Te t’rends compte toi, y faut a’oir la fugure comme son darrière pour te sortir des choses com’ça ? Atroment pour te dire la franche vérité ma Fi...et ben on est dans la Mouïse la plus complète à la paroisse, on arrive tout juste a te finir l’année, crois moi ! En passant, le Maire cette allatche de promière qu’y l’attache pas les chiens a’c les saucisses, y ferait mieux de nous augmenter la subvention de la Commune à la place de te donner des sous à une bande de jobasses pour te taper dans un ballon le dimanche. Mais pour nous oualou ma Fi ! Mais métenan toi c’est quoi que tu voulais ? Ya encore le feu ?
L- » Et ben c‘était pour sa’oir si te vas aux vêpres cet après-midi, que j’avais des choses qu’elles sont importantes à te dire ! ?
A- » Et ouiiiiii que j’vais aux vêpres n’a pas peur, tu sais bien que si ya pas moi , pour l‘amour de dieu, ya personne pour te mettre un peu de l’ordre dans la sacristi après quand le curé y l’a fini. Pour te dire, j’ai même trouvé un caca de rat l’autre fois, et moi qu’est’ce tu veux de ‘oir ça , et ben ça me tourne !...Comme te me ‘ois là, moi , j’t’ai fait ce matin la lessive du curé, il me reste just’a étendre, un peu de linge dans le jardin dans un moment. Com’ça, pour sécher, je profite qu’oujourd’hui y te fait un madone de soleil. Et après midi, et ben à moi l’pompom. Pourquoi te me demandes ça ?
L- » Agads, si t’ya un moment métenan on profite, et pour pas t’l’a porter à la longue y faut que j’te dise une chose qu’elle est grave ! Et bien sur, ça se passe chez nous et en plusque, à La Colonne, tu te rends compte toi...hein...A LA COLONNE ! Qui c’est qui l’allait te penser une chose pareille. Va te deviner ça !
A- » Encore après ces histoires des élections, le bordel y continue ? Atso... quand je m’arappelle que ces deux babaloukes de Pantaloni et de Giovachini….quand y voulaient se prendre la Mairie, y z’ont assez emmerdé monsieur le Curé pour qu’y dit à la messe le dimanche, qu’y fallait voter pour eux, ces meussieurs que tu dirais Tchoutche et Carloutche. Et pis tu t’rends compte ça qu’le bon dieu y l’aurait pensé ? Et ça rocommence métenan ?
L- » Et non adebon c’est rien les élections à coté d’ça ô Annunciate, ça que j’vais te dire, c’est une chose qu’elle est plus importante.
A- » Bon aller profites que le Curé y l’est pas là, il a été préparer les vêpres à l’église et apporter un peu de l’encens qu’yen avait plus. Alors là que j’ai un moment, s’plique moi bien c’est quoi ton fourbi !.
L- » Et ben te sais hier aprés manger quand j’ai été ach’ter le journal au tabac à coté de l’Olympia, et ben te sais pas avec qui je m’suis trouvée nez à nez t’sur le trottoir ?
A- » Avec qui diocane ? C’etait pas Binguèche non des fois( elle rit ) ? Toi alors y t’arrive de ces cats ma Fi !( elle re-rit )
L- » Avec qui ? Et ben, et c’est la première fois que j’les ‘oyez. T’y’avait au moins une dizaine de filles en rang bras d’sus bras d’sous qu’elles descendaient la rue Sadi Carnot
A- » Et zeck et c’est pour ça que tu fais tout cette fin du monde ? Houuuuu... pour une bande de copines qu’y te profitent du beau temps pour se faire une promenade ! Atso…. et ousque ques ça peut te géner toi ?
L- » Non écoute Diocane, le temps que je fais un peu la causette avec le patron du magasin, toute cette bande a me sont passées devant les yeux et qui c’est qui les surveillait, te sais pas toi ? Et ben non ne rigole pas, et assieds toi comme ça te tomberas de moins haut. Fugure toi que c’etait une qu’elle marchait devant. Une grande gigasse fardée à mort que t’yaurais dit Viviane Romance….Tu connais !
A- » Viviane Romance ? Et qui cats c’est celle la ? C’est la Fi à qui ?
L- » Mais c’est la Fi à sa mère bien sur ( rires ). C’est celle qu’elle était dans le film avec Tino Rossi, tu vois pas ce film qu’y l’a joué au cinéma du Colisée cet hiver ? Que c’était même « Naples au baisers de feu ! » Et que le directeur du cinéma, y l’a gardé le film deux semaines que c’était trop beau, et que t’yavait tellement du monde qu’y voulait le voir !!
A- » Ouf! Tu sais moi le cinéma je m’ le mets où j’pense hein, et pis Naples ou Joanonville....( elle a le fou rire )... J’en ai rien a foutre !
L- » Non mais sois sérieuse, la madone pour un moment, et ben cette grande gigasse, que quand tu la rogardes te dirait qu’a te sortait d’un salon de beauté tellement elle avait du fard t’sur la fugure, et crois moi si tu veux, et ben elle te marchait devant et toutes les autes a la suivaient derrière com’ son ombre !
A- » Et alors, métenan te vas pas prendre la place de Rossi l’agent d’police et que tu vas faire la circulation non des fois ?
L- » Non, mais comme tout ce monde à moi y me paraissait louche, alors je suis sortie en dehors du magasin et je les ai suivi de loin pour sa’oir où c’est qu’elles allaient! Si tu savais a z’ont descendu toute la rue Sadi-Carnot et a te sont montées du coté du nouvel hopital !
Et entention au passage si t’yavais vu tous ces hommes ces morts de faim qui sont sortis des cafés. Des bandes de Chickeurs ma Fi. Et Laisse les qu’y z ‘ouvres leurs yeux de bœuf ces mal élévés qu’y sont, cette bande de morfalounes ! C’est vrai que toutes ces poutanelles aussi, qu’avec leurs robes sérrées... sérrées... elles faisaient que se tordre les fesses en marchant !
A- » Peut être qu’y les connaissaient ? Te crois pas ?
L- » Qu’y les connaissaient ? Maaaa... Dieu en preserve Annunciatte ! Tu fais Marie la Folle ou quoi ? Te vas voir et je m’étais pas trompé quand je t ‘ai dit que c’étaient des Poutanelles . Et ben c’ést des Poutanelles, ma Fi et des vraies…..... Et comme j’te dis là, et ben ces gourgandines a sont rentrées endans le nouvel hopital, tout en haut !.. Te sais celui qu’y vient de se faire en bas d’la route de Bugeaud !
Alors moi que je suis pas curieuse pour un sous, j’ai demandé à une femme qu’elle était devant chez elle si y’ avait un enterrement de quelqu’un de haut placé qu’y l’était mort à l’hopital ? Et la femme elle m’a dit mais non c’est toutes les Fis des Chats noirs de la place d’armes qu’y te viennent passer la visite chaque semaine !
A- » Et alors ou il est le problème o Lucie ? Celle-la a l’est belle alors, chacun y fait entention a sa santé . Non ?
L- » Ouais peut être mais alors nous les gens propres d’La Colonne on doit s’la fermer ? Quand tous les samedis y nous font défilé les Pines-Upes dans notre rue, et que la honte elle nous monte à la fugure. Mais où tu vas toi, moi je dis non !
L- » Et ben moi j’en ai marre que dans la rue Sadi-Carnot toutes les p’tites vieilles le samedi après midi quand ces moins que rien elles te passent, elles se mettent derrière leurs persiennes pour regarder ce cinéma ! Alors y faut qu’on voit Monsieur le Curé et qu’on réunisse toutes ces vieilles grenouilles de bénitier qu’y te viennent à la messe juste pour cancaner et rogarder comment les gens y sont habillés. Comme ça après on s’en va trouver Monsieur le Maire, et lui demander que le défilé de ces femmes….Ces femmes qu’elles se disent légères y te continue plus à la Colonne! Trop c’est trop ma Fi ! Non ?
A- » Ecoutes Lucie, faut faire entention à ça qu’on fait parce’q’ua debon si Monsieur Curé y l’absete et y se met au milleux, tu vas te mettre presque toute La ville t’sur le dos, et ça va faire un escandale ! Et toi tu fais vite que tu mélanges la religion et les besoins naturels des Bonois !
L- » Aïe Man...Aller va ..va delà, c’est quoi que te me sorts là Annunciate ? Y viennent faire quoi les besoins naturels de tous ces galants hommes qu’y te passent leurs journées dans les cafés comme tu dis, a’c ce défile chaque semaine que tu croirais qu’on est chez Cardin ou chez Yves Saint Laurent... non ?
Si métenant tous ces Gouailles qu’y te prefèrent passer leurs soirées avec des dévergondées, à la place de te rogarder des Fis sérieuses comme moi ! Alors laisse que je te dis une chose Annunciatte, c’est que puisque c’est comme ça, tu diras à M’sieur le Curé de plus comptez t’sur moi pour te faire la quête le dimanche à la messe ! Et pour la crêche à Noël vous irez chercher à place d’armes les demoiselles dans ça que vous z’ap’lez les chats noirs!
A- » Ouille Lucie la madone de toi, t’ya pris la descente d’la route de Bugeaud sans mettre le frein tout d’un coup ? T’ya mal dormi ou quoi ? Je crois adebon que te ferais mieux d’aller vendredi un peu te confesser à Sainte Anne chez le Curé. Cela te calmera !
L- » Me confesser, ahhh…. celle la elle est bonne. Tu sais y’en a beaucoup qui devraient passer avant moi et que c’est des chapelets de ‘je vous salue Marie’ quelles devraient réciter ! Et pis si La Colonne a devient comme la place d’Armes de Bône, ça sera pas d’ma faute ! Aller excuse moi de t’avoir dérangée !
A- » Ah, de vous a moi : cet’Lucie, c’est une gentie Fi. Mais alors pour la tchatche a l’est espéciale ! Et tout ça avec elle …. « c’est jamais que des paroles verbales » ! Enfin... !
Georges Barbara, Août 2022
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CHOUPOT NOTRE FAUBOURG
Joseph HERNANDEZ
Echo de l’Oranie N° 262, mai/juin 1999
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Choupot, il n'y avait ni impasses, ni rues tortueuses, ni vieilles constructions en ruines. C'était donc un quartier récent, aux artères rectilignes, propres et bien entretenues. Il ne manquait pas de charme, pour nous qui l'avons vu grandir et s'embellir. Edouard Choupot, dont une des rues avait déjà été baptisée ainsi, était, peut être, un Propriétaire terrien, honorable citoyen qui oeuvra, sans doute, pour la croissance du faubourg, auquel, par reconnaissance, on donna son nom?
Mais qu'avait donc ce quartier de si particulier et de si extraordinaire, pour que, plus de 35 ans après, nous en ayons gardé un souvenir si vivace et une telle nostalgie?
Un soir où je n'arrivais pas à trouver le sommeil, je me suis posé la question et, subitement, me sont revenus à l'esprit ces vers de Lamartine, appris jadis sur les bancs de l'école : "Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s'attache à notre âme..." C'est cela ! Notre faubourg avait une âme, ou, plutôt, une myriade d'âmes, qui ont laissé s'ancrer dans nos mémoires une multitude de pensées et d'émotions, qui ne nous quitteront plus jusqu'à la fin de nos jours. Celles-ci nous les devons aux milliers de Choupotois qui, du plus humble au plus éminent, ont planifié, tracé, bâti ou animé ce quartier et qui, en contribuant ainsi à sa vie, à son développement et à sa popularité, lui ont forgé une âme impérissable.
Voici résumé, en quelques lignes, l'existence de Choupot et de ses habitants de 1930 a 1960:
Notre Ecole Primaire de MAGNAN, belle et robuste construction du début du siècle, était située à l'intersection des faubourgs Boulanger et Sananès et à deux pas de Choupot. Nous y avons passé les meilleurs moments de notre enfance, ceux de notre innocence et de notre insouciance et engrangé d'inoubliables souvenirs.
La petite Eglise de Maraval était appréciée pour sa facilité d'accès et sa tranquillité, mais incontestablement, les catholiques Choupotois, en majorité, donnaient la préférence à celle d'Eckmühl, où, en raison de son ancienneté, ils avaient gardé des attaches sentimentales.
Les rues nous appartenaient, pour nos jeux d'enfants, parce qu'il y avait très peu de circulation, à cette époque là. Seuls, quelques commerçants y passaient : M. Martinez, le boulanger qui venait nous livrer le pain, tous les matins, avec sa charrette fermée, attelée à son beau cheval bai, ainsi que le marchand de fruits et légumes et le poissonnier, qu'on voyait presque tous les jours, avec le même genre de charreton, tiré paisiblement par un âne, ce qui ne manquait pas de pittoresque.
Pour le marché, les ménagères se rendaient, de temps à autre, à celui d'Eckmühl, qui était le plus ancien et le mieux achalandé. (M. SANCHEZ, honnête père de famille choupotois, y tenait un commerce de primeurs, fort avenant). Celui de Boulanger plus petit, mais plus près, convenait aussi à celles qui voulaient, notamment, s'approvisionner en boucherie et charcuterie, chez la famille LOPEZ, connue et appréciée dans cette branche depuis de nombreuses années.
Les champs incultes ne manquaient pas près de chez nous, pour jouer au foot, ou pour faire voler nos cerfs-volants. Des cirques s'y installaient aussi parfois. Entre-autres, nous nous souvenons y avoir vu celui de la famille du Clown ZAVATA. En ce temps là, nous n'avions pas de vélo, ni de radio, la télévision n'existait pas et nos parents n'avaient pas de voiture, mais nous vivions heureux. Il y avait, dans cette population laborieuse, une grande joie de vivre. C'était le "village", où tout le monde se connaissait et s'estimait.
Le centre attractif pour les jeunes choupotois, ainsi que pour ceux des faubourgs environnants, Maraval, Sananes, et même Boulanger, était l'avenue Aristide Briand. Agréable et ombragée, avec ses rangées d'arbres plantés de part et d'autre, sur les larges trottoirs qui la bordaient, c'était le passage des autobus, remplacés par la suite, par les trolleybus, véhicules à "antennes" (perches), électriques, silencieux et non polluants, qui allaient en direction du Centre-ville, ou dans l'autre sens, vers Maraval ou Cité Petit. Au printemps, en fin de journée, lorsque la circulation des véhicules devenait plus fluide, nous faisions le "Boulevard", sur cette avenue, c'est à dire, que nous nous promenions carrément sur la chaussée, par bandes joyeuses de filles et de garçons, profitant de la douceur crépusculaire. C'est ainsi que s'amorçaient, parfois, de tendres flirts.
Sur les trottoirs, des bancs nous accueillaient, lorsque nous n'avions plus envie de marcher et les éclats de rires fusaient souvent de nos groupes. Tandis que les bars, éclairés à outrance, attiraient les assoiffés, led beloteurs, ou, tout simplement, ceux, qui alléchés par l'odeur des brochettes, ne pouvaient résister au plaisir de les déguster, arrosés d'un apéritif, d'un verre de vin, ou d'une anisette bien fraîche.
La vaste Place de Choupot, entourée d'une double rangée d'arbres, nous rappelle une quantité immense de souvenirs de notre jeunesse. En fin d'après-midi, à la saison printanière, il nous arrivait de disputer, sur celle-ci, de mémorables parties de foot avec une simple balle de tennis ou, même, quelques fois, confectionnée avec des chiffons, les bancs en granito nous servant de buts. En été, nous avions le plaisir d'y assister, certaines soirées, à des Concerts offerts par l'Orchestre Municipal.
Mais le clou de la saison chaude, c'était la magnifique fête du quartier qui s'y déroulait pendant une dizaine de jours. Tout était magistralement organisé : des jeux d'enfants en matinée, en soirée, des concours de chants amateurs, l'élection de la Miss et de ses demoiselles d'honneur, des variétés, avec des artistes venant de Métropole. Nous n'avons pas oublié le passage, entre autres, de Michèle ARNAUD et de Joël HOLMES, vedettes de la chanson de l'époque, et du désopilant fantaisiste SIM. Les soirées dansantes avec des orchestres réputés, étaient réservées pour les fins de semaine. Une grande fête foraine s'installait également autour de cette place, bâchée pour la circonstance, et sur l'avenue. Monsieur François GUEUTIER, auquel nous rendons hommage ici, avait accepté, pendant plusieurs années, d'assumer le rôle de Président du Comité des Fêtes. Son avis éclairé, ses conseils avisés et ses décisions, faisaient de lui l'homme indispensable, pour mener à bien cette tâche ardue. C'était une des personnalités les plus marquantes du quartier. Parti de rien, ou presque (il était représentant de commerce), il acquit le "Novelty" Cinéma du faubourg, qu'il appela "le Mondial".
Une de ses premières initiatives, fut de promouvoir, pour les jeunes, les matinées populaires, à demi-tarif, le jeudi, jour de repos scolaire. Sa salle de spectacle, avec son choix judicieux de films et sa bonne tenue, obtint un immense succès auprès du public. Au début des années 50, il céda son cinéma et construisit, sur l'Avenue, un bel et distingué dancing "Le Météore", qui fut rapidement très réputé à ORAN, parmi les amateurs de bals sélects. Là aussi, son savoir-faire y fut pour quelque chose et, une nouvelle fois, "son coup d'essai, fut un coup de maître".
Une autre salle de bal existait déjà. Elle était tenue par "L'Amicale des Jeunes Choupotois", dont le Président était M. GARRIDO. Cette "Petite Salle", comme on la nommait, obtenait un engouement certain, parmi la jeunesse, dont une partie venait des quartiers riverains.
Le Stade de football de Choupot était un vaste terrain vague, situé à Cuvelier, près de l'emplacement où l'on construisit, par la suite, les Halles Centrales d'ORAN. Le Club, pépinière de joueurs de foot, faute de moyens suffisants, ne pouvait les retenir tous. C'est ainsi que les meilleurs éléments étaient recrutés par de grandes équipes, telles que le F.C.O.
...Vers le milieu des années 50, le Sporting Club de Choupot, avec l'aide de gens compétents et dévoués, pour la plupart bénévoles, réussit à construire un vrai stade, clôturé par une palissade, avec des gradins en bois et des locaux, buvette et vestiaires, en maçonnerie, et cela sur l'ancien terrain. Parmi les personnes sans lesquelles cette construction n'aurait pu voir le jour, il nous faut citer: M. Georges ANTON - Propriétaire du terrain, M. Antoine SEMPERE - Président du S.C.C., MM. les Frères AGUIRRE Entrepreneurs de Maçonnerie, M. François GUEUTIER Président du Comité des Fêtes et M. Joseph SEPULCRE Secrétaire du Club.
Natif de Choupot, Antoine DIPERI était notre petit "PLATINI". Enfant de la balle, au sens propre du terme, (son père fabricant de pâtes alimentaires, très prisées par les Oranais, avait été un excellent joueur de foot du grand C.A.L.O.). Toinou, pour nous qui l'avions connu enfant, évoluait au sein du C.D.J. II avait à peine 18 ans, lorsque déjà célèbre, il fut retenu avec la Sélection d'Oranie, pour disputer la Coupe d'A.F.N. en Tunisie, en Novembre 1942 et se trouva coincé dans ce pays, avec ses coéquipiers, à l'arrivée des Américains. Après la guerre, il continua sa belle carrière de footballeur et finit celle-ci dans l'équipe de son quartier, où il stimulait les jeunes, par son jeu, sa vitalité et son fair-play.
La famille SEMPERE - Tonneliers, avait confectionné la plus grande poêle d'Oran, qui servait, plusieurs fois par an, à inviter à une "pantagruélique" paëlla, son personnel et leur famille. Cette poêle était si réputée que, parfois, les Pompiers et les services Municipaux d'Oran, venaient la chercher pour des repas des membres de leurs personnels.
Parmi les personnages typiques de notre quartier, nous nous souvenons de la famille MARTINEZ Père et fils, qui nous régalait avec les succulents "chouros" (churros en espagnol) que nous appelions tous, à tort, "taillos" (mot espagnol tallos, signifiant tiges, ou morceaux). Ils venaient nous les vendre le matin, pratiquement sous nos fenêtres. Les après-midi, ils faisaient aussi de délicieux oublies, dont les enfants étaient très friands. Notre ami, Adolphe VALS, était également un garçon astucieux de Choupot, qui sillonnait les rues avec son panier de madeleines en forme d'étoiles, qu'il vendait à un prix abordable. Et, même si certains plaisantins l'appelaient "madeleine", son commerce n'en était pas affecté pour autant, puisque, par la suite, avec son épouse, il ouvrit un coquet dépôt de pain, confiserie, pâtisserie et glaces, sur notre avenue.
Dans un petit garage de la rue Président Fallières, près de la rue Président Carnot, un homme simple réparait des sommiers, après la guerre. Quelques ressorts à changer, quelques autres qu'il fallait rattacher, un coup de peinture, et le sommier reprenait l'aspect du neuf, pour un prix modique. Beaucoup de sueur, de nombreuses heures de travail, une bonne gestion, des petites économies, des privations peut être, mais Monsieur PAMPLIEGA put installer, quelques années plus tard, un beau magasin de meubles à la Cité Protin, près de Choupot.
Tel était Choupot, notre petit coin de paradis, comme l'était chacun des faubourgs d'ORAN, pour ses habitants, jeunes ou moins jeunes, qui trouvaient là leur bonheur et leur joie de vivre, sans discrimination de race ou d'origine.
Joseph HERNANDEZ
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KOUGLOF DE NOËL
ACEP-ENSEMBLE N° 294
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Préparation: 1 heure - Cuisson : 40 mn. Pour 6 personnes
Ingrédients :
- 400 g. de farine
- 25 g. de levure de boulanger
- 3 cuillères à soupe de lait
- Une pincée de sel
- 75 g. de sucre en poudre
- 3 gros oeufs
- 150 g. de beurre
- 100 g. de raisins de Malaga
- 50 g. d'amandes effilées
- Sucre glace.
Préparation:
Délayez la levure dans le lait à peine tiédi. travaillez ce mélange avec 100 g. de farine pour obtenir une pâte un peu molle. Roulez en boule, faites sur le dessus une incision en croix et laissez lever dans un endroit tiède.
Dès que la pâte a doublé de volume, disposez le reste de farine en fontaine.
Placez-y la pâte levée avec le sel, le sucre et les oeufs. Travaillez longtemps cette pâte avec les mains en l'aérant bien jusqu'à ce qu'elle devienne élastique.
Incorporez alors Ie beurre qui doit être de même consistance que la pâte, soit très homogène.
Roulez-la en boule, farinez-la, couvrez-la d'un linge, laissez lever sans un endroit tiède.
Travaillez-la à nouveau en incorporant les raisins secs, laissez lever à nouveau.
Beurrez un moule à Kouglof, saupoudrez-le avec les amandes avant d'y verser la pâte jusqu’à mi-hauteur. Faites cuire à four chaud.
Démoulez et laissez refroidir. Servez le Kouglof saupoudré de sucre glace et décoré éventuellement de bougies allumées.
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MUTILES N° 173, 174, 175 ; 176 ; 177 ; 178 ; 179 ; 180 ; 181 de 1921
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LES CRIMES DE GUERRE
Un tragique abus d'autorité
EN 1916, A VERDUN, DEUX JEUNES SOUS-LIEUTENANTS
ONT ETE FROIDEMENT SANS JUGEMENT,
MIS A MORT PAR LEUR COLONEL
Le sous-lieutenant Julien Chapelant âgé de 23 ans, blessé, avait été fusillé sur un brancard, le 11 septembre 1914, en descendant des tranchées du Bois-des-Loges.
La « justice » militaire, a jusqu'ici refusé de faire la pleine lumière sur cette épouvantable affaire,
Et l’on est en droit d’en conclure que Chapelant était comme de multiples témoignages l’affirment — innocent du crime de lâcheté dont on l’accusait.
Au moins cet officier fut-il exécuté après une parodie de justice ; il avait été condamné par une Cour Martiale.
Or voici que nous parviennent les pièces d’une autre affaire.
Il ne s’agit plus ici d’un blessé achevé à coups de fusil, mais de deux jeunes sous-lieutenants, fusillés en 1916 à Fleury, sans jugement, sans même avoir été entendus, sur un simple ordre de leur colonel.
Leur crime : avec 25 hommes qui leur restaient, ils n'avaient pu tenir tête à une brigade allemande, et, cernés de toutes parts, avaient préféré regagner les lignes que de se laisser faire prisonniers — ou tuer inutilement.
Ces deux jeunes hommes mis à mort par le caprice d'un autre s'appellent Herduin et Milan. Leurs noms sont imprimés aujourd'hui pour la première fois.
L'officier supérieur qui les a fait exécuter s'appelle le colonel Bernard.
Nous disons que le colonel Bernard a fait, un acte d'assassin.
Qu'au cours d'une attaque, en pleine action, un chef sentant faiblir un des siens, craignant la contagion de l'exemple, abatte d'un coup de revolver l'homme qui peut provoquer la débâcle ; c'est, paraît-il, le droit atroce, de la guerre.
ais que l'action terminée, les hommes épuisés descendus au repos, ce même chef donne, froidement, sans explications, l'ordre de mettre à mort ceux qu'il considère n'avoir pas fait leur devoir, cela n'est plus le « droit ».
C'est un inqualifiable abus d'autorité.
Pour nous, toute l'affaire, est là.
Même si le colonel Bernard croyait de bonne foi, coupables les deux Sous-lieutenants Herduin et Milan, s'il estimait qu'ils avaient enfreint la consigne de se faire tuer — même inutilement pour l'honneur ! — C'était son devoir d'homme et de chef de les traduire devant un, conseil de guerre qui eut prononcé sur la culpabilité et le châtiment.
Pour ne l'avoir pas fait, rien que pour cela, le colonel Bernard est un assassin.
Mais il se trouve, en outre, que ce colonel a probablement fait exécuter deux innocents.
Voici les faits, tels qu'ils, ressortent de la minutieuse enquête que nous avons menée.
En juin 1916, le 347° Régiment d’infanterie — auquel appartenait le sous-lieutenant Herduin — monte en ligne à Thiaumont. L'officier commande la 17° compagnie, faisant partie du 5° bataillon.
Le 8 juin, les effectifs du régiment qui avaient soutenu une lutte de géants se trouvaient réduits de moitié, lorsqu'une attaque allemande menée, avec une division enfonce la ligne de défense française. Les Allemands viennent s'installer derrière ce qui reste du régiment.
La compagnie du sous-lieutenant Herduin est réduite à vingt-cinq hommes. Encore quelques instants, elle sera, complètement enveloppée et prisonnière.
Herduin et Milan, tous les deux sous-lieutenants, se concertent, se rendent compte de la situation et décident d'essayer de rallier les autres éléments du régiment.
Ils y réussissent et le 8 juin au soir arrivent à Verdun avec environ 150 hommes, tout ce qui restait, des 2.000 qui étaient montés en ligne.
Ainsi, donc ces deux officiers, paraissent avoir fait largement leur devoir.
Il faut noter qu'ils sont parvenus à ramener avec eux 8 mitrailleuses.
Les deux hommes, restent deux jour à la caserne d'Anthouard, à Verdun, sans être inquiétés. Pourquoi le seraient-ils d'ailleurs ?
Le 9 juin, Herduin écrit à sa femme.
Notre division est fauchée, le régiment, anéanti, je viens de vivre cinq jours terribles, voyant la mort à chaque minute, je te dirai tout cela plus tard.
Je reste le seul commandant de compagnie, j’ai pu sortir de la mêlée avec 25 hommes, de ma compagnie, sans une égratignure, je suis maintenant en arrière, enfin c’est un hasard que je n'arrive pas à comprendre.
Si tu me voyais couvert, de boue, tu ne me reconnaîtrais pas,
Quatre jours sans boire ni manger, et dans la boue des obus, quel miracle que je sois encore là.
Autre lettre, le lendemain.
10 juin.
Nous, nous remettions de nos émotions... je pense avoir une permission bientôt... je suis encore abasourdi de tout ce que j'ai vu. Il faut encore quelques jours pour s'en remettre.
Est-ce là l'état d'esprit d'un homme qui a flanché ? Celui-là avait conscience de s'être conduit en brave.
Or, le 11, le colonel Bernard faisant fonctions de général de brigade, envoie au capitaine commandant à la caserne Anthouard cet ordre laconique :
FAIRE FUSILLER IMMÉDIATEMENT LES DEUX OFFICIERS.
Le capitaine — il se nomme DELARUELLE — est hébété. Il communique, l'ordre qu'il vient de recevoir aux deux officiers.
Ceux-ci, non moins stupéfaits, demandent à être entendus par le colonel Bernard.
Le capitaine envoie aussitôt un exprès pour lui exposer cette requête.
L'exprès rapporte la réponse. La voici :
PAS D'OBSERVATION EXECUTION IMMEDIATE.
Le capitaine montre aux officiers l'ordre de mort qu'il vient de recevoir pour la deuxième fois.
Notez que cet homme peut refuser de l'exécuter : il lui est loisible d'objecter à son colonel qu'il veut d'autant plus être couvert par un jugement, qu'à ce moment les cours martiales sont supprimées depuis, exactement un mois et demi, c'est même son devoir de répondre ainsi.
Mais, que voulez-vous ? Si le colonel est un monstre, le capitaine n'est pas un héros ! Alors... alors, il annonça aux deux officiers qu'ils vont être fusillés et il commande le peloton d'exécution : six hommes pour Herduin et six pour Milan.
Les hommes désignés sont pâles comme, des morts. Ils tremblent.
L'adjudant qui les commande demande, de l'alcool pour, y puiser le triste courage d'exécuter un ordre qui l'épouvante.
Pendant ce temps, le lieutenant Herduin écrit, à sa femme la lettre que voici. J'ai pleuré à chaudes larmes en la lisant :
11 juin.
Ma petite femme adorée,
Nous avons, comme, je te l’ai dit, subi un grave échec : tout mon bataillon a été pris par les boches, sauf moi et quelques hommes. Et maintenant on me reproche, d'en, être sorti ; j'ai eu le tord de ne pas me laisser prendre également. Maintenant le colonel Bernard nous traite de lâches les deux officiers qui restent, comme si à 30 ou 40 hommes, nous pouvions tenir comme 800.
Enfin, je subis le sort ; Je n'ai aucune honte, mes camarades, qui me connaissent, savent que je n'étais, pas un lâche, mais avant de mourir, ma bonne Fernande, je pense à toi et à, mon Lulu (son fils). Réclame ma pension, tu y as droit.
J'ai la conscience tranquille, je veux mourir en commandant le peloton d'exécution, devant mes hommes qui pleurent.
Je l'embrasse pour la dernière fois comme un fou. Crie, après ma mort, après la justice militaire. Les chefs cherchent toujours des responsables ; ils, en trouvent pour se dégager.
Mon trésor adoré, je t'embrasse encore d'un, gros baiser, en songeant à tout notre bonheur passé. J'embrasse mon fils aimé qui n'aura, pas à rougir de son père, qui avait fait tout son devoir. De Saint-Roman 'm'assiste dans mes derniers moments. J'ai vu l'abbé Heinz avant de mourir et, je vous embrasse tous.
Toi encore, ainsi que mon Lulu.
Dire que c'est la dernière fois que je t'écris. Oh ! Mon bel ange, sois courageuse, pense à moi et je te donne mon dernier et éternel baiser.
Ma main est ferme et je meurs la conscience tranquille.
Adieu, je t'aime...
Je serai enterré au Bois de Fleury, au Nord de Verdun. X pourra te donner tous les renseignements.
Et maintenant l'exécution.
On conduit les victimes vers un ravin. Un prêtre les accompagne. Les deux officiers marchent à la mort d'un pas léger, la tète haute.
Arrivé au lieu de son supplice, Herduin, face au peloton, s'écrie:
« Tenez jusqu'au bout, pour la France... Je suis innocent... Je meurs en brave, et en Français.... Visez bien ; joue !... feu. !...»
Un feu de salve. L'écho du ravin répercute les détonations. Les deux officiers tombent : puis deux coups, séparés, secs, rapides, pendant, que les hommes pleurent... Tout est fini !
Ah ! 'non, tout n'est pas fini !
Il est quelqu'un qui doit répondre, aujourd'hui, de cet assassinat. Et c'est le colonel Bernard.
Nous, ne le connaissons pas. Nous ne savons pas quelle carrière il a suivi. Sans doute, comme son émule, Didier, il est devenu général.
Où est-il ? Se trouvera t-il, comme pour Didier un Ignace pour déclarer qu'il est « mort au champ d’honneur » et qu'il convient de laisser en paix sa mémoire.
Mais, même dans ce cas. nous ne nous tairons pas. Car il est une autre mémoire qu'il importe de laver de la tache d'infamie : c'est celle de l'assassiné.
Il faut que justice soit faite.
Justice ! La veuve du lieutenant Herduin l'a demandée Au Ministre de la Guerre. Elle a voulu, sur le conseil de l'avocat qui l'assiste. M° Bombin, de la Cour de Paris, introduire une action en réhabilitation.
Le Ministre de la Guerre lui a simplement — nous allions écrire cyniquement
— répondu : QU'AUCUNE REHABILITATION N'ETAIT POSSIBLE. LE LIEUTENANT HERDUIN N'AYANT PAS ÉTÉ FUSILLE A LA SUITE D'UN JUGEMENT.
Cela, c'est l'aveu officiel du crime !
Cependant la Direction de la justice militaire au Ministère de la Guerre, il fait une enquête. ET Mme Herduin a obtenu le pécule et la pension dus aux veuves des officiers tombés au champ d'honneur. Il y a déjà là une présomption d'innocence.
Mais considère-t-on que celle aumône puisse, à elle seule, constituer une réparation ?
Si la loi ne permet pas juridiquement la réhabilitation d'un innocent, lorsqu'il n'a pas été régulièrement condamné, il faut rayer le mot de justice de notre code.
Si la loi ne permet pas d'appeler le colonel Bernard à rendre compte de son acte, si son tragique abus d'autorité doit bénéficier du silence complice de ceux-là qui sont qualifiés pour l'accuser ou le défendre, c'est à rougir d'être homme et d'être Français.
Il est en tout cas un tribunal devant lequel il est dès maintenant traduit : c'est celui de l'opinion publique.
LA VEUVE DU LIEUTENANT HERDUIN
DEPOSE UNE PLAINTE EN ASSASSINAT
Nous avons dit en quelles circonstances tragiques les lieutenants Herduin et Milan ont été exécutés à Verdun au mois de juin 1916.
Ils étaient descendus des lignes, de l'abominable secteur de Thiaumont, avec quelques hommes survivants de leur bataillon. Un ordre brutal arrive, émanant du colonel Bernard commandant, le leur régiment : « FUSILLEZ LES DEUX OFFICIERS ».
Les deux jeunes hommes, sont, appréhendés, collés au poteau et, fusillés — sans enquête, sans jugement.
Nous avons nettement posé la question : Cette exécution est un crime qui doit être puni.
Le sera t-il ?
Quelques instants avant de mourir, le lieutenant Herduin, écrivant à sa femme, la déchirante lettre d'adieu que nous avons publiée, lui disait : « CRIE CONTRE LA JUSTICE MILITAIRE ».
La malheureuse femme ne s'est pas dérobée à l'accomplissement de ce vœu sacré.
Elle demande la révision. On lui répond – officiellement — IMPOSSIBLE ! QUI DIT REVISION DIT PROCÈS -— OR, IL N'Y A PAS EU PROCES !
Logique, implacable mais aussi aveu dépourvu d'artifice.
Madame Herduin insiste. Et, avec l'aide de M. Bombin, son conseil, elle vient d'adresser au Ministre de la guerre une plainte contre le colonel Bernard, qui donna l'ordre d’exécution.
Après avoir rappelé les faits que nos Lecteurs connaissent, Madame Herduin conclut en ces termes :
« Je demande que le colonel Bernard soit poursuivi devant un Conseil de guerre, en mon nom personnel, en celui de mon fils, au nom de mon mari, lâchement assassinés au nom de la Justice.
« Votre plainte, Madame, n'aura pas de suite judiciaire.
Vous « crierez contre la justice militaire » : vous tendrez, vers ceux qui disposent des réhabilitations, vers ceux, qui pourraient dire que les lieutenants Herduin et Milan furent braves, vos mains suppliantes : vous implorerez pour la mémoire de votre mari, pour son honneur et celui de son fils.
La justice militaire restera sourde.
Le colonel Bernard ne passera pas en conseil de guerre.
Le colonel Bernard, en effet, — notre enquête nous en a convaincu — n'est pas le vrai coupable.
Ce fut bien lui, en effet, qui donna l'ordre d'exécution, mais cet ordre il n'en eut pas l'initiative. Il ne fit que le ministre et très vraisemblablement à son corps défendant.
L'auteur véritable de l'ordre, d'exécution fut son supérieur hiérarchique le général Boyer.
Au général Boyer, le général Lebrun, commandant d'armée, demanda des explications. Sans doute, celles-ci ne furent pas entièrement satisfaisantes car il infligea un blâme à son subordonné.
« UN BLAME, pour le meurtre de deux hommes !
L'affaire, pourtant, n'en demeura pas là. Le ministre de la guerre en ayant été saisi, soumit le cas au général Pétain, supérieur hiérarchique des deux généraux mêlés à l'affaire.
Le général Pétain prit ses responsabilités. Il couvrit, ses deux subordonnés. Mais nous croyons savoir qu'il blâma quelque peu le général Lebrun.
On monta plus haut :
Le colonel Bernard, les généraux Boyer, Lebrun, Pétain AVAIENT BIEN AGI.
Car il fallait faire un exemple.
L'exécution des deux officiers soulève — entre autres — deux questions :
1° Existe-t-il des cas, à la guerre, ou des militaires puissent, par ordre supérieur, être exécutés en dehors des formalités légales.
2° L'ordre de se faire tuer sur place doit-il être, dans tous les cas, littéralement observé ?
Nous avons déjà formulé, notre avis sur le premier point. Oui, il est possible qu'en pleine action, un chef, sentant le contrôle sur ses hommes lui échapper, soit fondé à menacer et à abattre l'homme ou les hommes dont le recul va provoquer la panique. C'est atroce mais c'est la guerre, le droit de la guerre.
Le droit de tuer, exercé dans ces conditions est un acte de Combat. Il a du moins l'excuse que le chef, qui se l'arroge participe aux dangers de ceux qu'il a mission de maintenir dans le devoir.
Mais les lieutenants Herduin et Milan, quand ils furent arrêtés, étaient à l'arrière, à Verdun, où des conseils de guerre fonctionnaient.
Ces officiers, si on estimait qu'ils eussent failli, devaient être entendus, empiétés, jugés.
Le colonel Boyer, en téléphonant froidement, du fond de son P. C. l'ordre de mort, a commis UN ASSASSINAT.
Son excuse : ces hommes avaient ordre de se faire tuer jusqu'au dernier.
Nous en avons connu de ces ordres héroïques, de ces gestes d'épopée dont le poilu fit trop souvent les frais...
Mais, enfin, que peut signifier un tel ordre ?
Herduin et Milan ont tenu jusqu'à la dernière limite. Au moment où ils se sont, décidés à reculer, ils étaient cernés ou sur le point de l'être.. Alors quoi ? Ils devaient se laisser faire prisonniers !
On répond : non, tuer !
Pourquoi ? Pour l'honneur ? Il n'était, donc pas sauf l'honneur de ces hommes épuisés par quatre jours de lutte d'enfer ; et qui, partis 800 n'étaient plus que 40 ? On n'avait, donc plus besoin de ces quarante, hommes qu'on les voulait sacrifier inutilement.
Ils reculent, oui. Mais que font-ils ? Ils vont se mettre à la disposition de l'unité la plus voisine. Que peut-on leur demander de plus ?
Et n'est-il pas vrai que des croix ont récompensé des faits d'armes — ou même d'autres — qui n'avaient tout de même pas l'allure de celui qu'on reproche aux fusillés de Verdun.
Si l'ordre, de se faire tuer sur place signifie, autre chose que : résister jusqu'à l'extrême limite de l'utilité et quoiqu'il en coûte, s'il condamne à mort, d'avance, ceux, qui le reçoivent, s'il doit être interprété dans sa lettre, nous disons qu'il, est :
ODIEUX ET IMBECILE.
ET QUE LE CHEF QUI LE DONNE EN L’INTERPRETANT AINSI
NE MERITE NI DE COMMANDER, NI D'ÊTRE OBÉI.
La plainte de Mme Herduin, à quelque point de vue qu'on l'envisage : droit, discipline militaire, humanité, est fondée.
Et si la justice militaire était simplement la « JUSTICE », il n'est pas douteux qu'il y serait immédiatement donné suite.
Mais on ne bougera pas.
Déjà, dans les milieux intéressés, on s'en va répétant : « NOUS SOMMES COUVERTS » ! IL Y A EU DES AVEUX DES COUPABLES... »
Mais, s'il en est ainsi, que craint-on ? Et n'est-ce pas une raison de plus pour faire juger cette affaire ?
On ne le fera pas. Voyons, Mme Herduin, vous n'avez pas la prétention de déranger, à vous toute seule, et pour une simple erreur, tant de, généraux et si haut placés !
Un espoir pourtant vous reste. Il n'est pas possible, que, dans le dernier carré républicain du Parlement, il ne se trouve un député pour demander au Ministre de la Guerre des explications. Déjà, nous le savons il en est que les articles publiés ici ont ému et qui, comme vous, veulent savoir.
En attendant l'opinion publique est saisie. Notre campagne trouve son écho un peu partout. Et ainsi se constitue un dossier formidablement accusateur contre, l'assassin d'Herduin et Milan. Ce dossier-là au moins, votre fils pourra le connaître puisque l'autre, l'officiel, la «Justice» s'obstine à le tenir secret.
CAR ELLE EN A HONTE.
NOUVEAUX TÉMOIGNAGES,
NOUVELLES, PREUVES CONTRE LES ASSASSINS
Il faudra bien que nous le sachions.
Il faudra bien qu'on nous dise si vraiment le colonel Bernard est responsable de l'exécution des sous-lieutenants Herduin et Milan, mis à mort dans des conditions odieuses que nous avons racontées.
Thiaumont ! L’enfer de Thiaumont !
Il ne fut pas peut-être, dans toute la guerre, d'épisode plus meurtrier, de luttes plus acharnées et plus sanglantes.
Il nous souvient encore du récit si pathétiquement sobre que donna de ces combats, dans « Le Crapouillot » le sous-lieutenant Letaconnoux, un universitaire, qui y fut grièvement blessé. Les hommes ont touché là, pendant des jours, le fond de l'horreur, ont atteint les suprêmes limites de la résistance humaine.
Et c'est en descendant de la bataille atroce que deux jeunes hommes, qui avaient, fait vaillamment leur devoir, ont été, sur un ordre brutal, sans explications, appréhendés, collés au poteau et fusillés.
Il n'y aurait pas de sanction à ce crime ?
L'assassin — il s'agit vraiment d'un assassinat — bénéficierait d'une sorte de prescription par la victoire !
Allons donc !
Oh ! sans doute, la Justice militaire s'est généralement montrée dure aux faibles. On n'a jamais entendu dire qu'à Verdun les chefs qui, par leur suffisance et leur insuffisance, avaient préparé les hécatombes, aient été rendus pénalement responsables.
Les responsables, on les trouvait parmi les petits, parmi les combattants : c'était la matière humaine qui avait tort !
Mais si cette « Justice » ne fait pas aujourd'hui son devoir, elle n'empêchera pas, du moins, que ceux qui furent les témoins de l'exécution de Herduin et Milan ne parlent.
Ils ne sont pas tous morts.
L'Humanité vient précisément de publier un nouveau témoignage. Il émane de M. Blanchard, qui, agent de liaison auprès du colonel commandant le régiment d'Herduin et Milan, fut, en situation de connaître tous les détails de l'affaire.
Nous extrayons ce passage de sa « déposition » :
Herduin fit une lettre destinée au colonel Bernard, lettre qu'il remit à son ordonnance. Je fus chargé par le capitaine d'accompagner l’ordonnance. Au reçu de la lettre, le colonel Bernard, SANS AVOIR MÊME DÉCACHETÉ LE PLI, déclara « PAS DE REPONSE, EXÉCUTION IMMÉDIATE.
« A mon retour auprès du capitaine Delaruelle, Je fus chargé à nouveau d'aller au bivouac dire à un sergent de trouver douze volontaires avec équipement, sans sac.
Les dernières paroles du sous-lieutenant Herduin furent celles-ci:
« Faites comme j'ai fait pour la France, faites votre devoir. Vous ne tirez pas sur un lâche. Visez-moi bien au cœur.
Ne n'abîmez pas la figure. Ma femme... Ma fille... Adieu ! »
UN AUTRE TEMOIGNAGE
Nous recevons, d'autre part, la lettre suivante, que nous ne voulons affaiblir d'aucun commentaire;
Monsieur le Rédacteur en chef,
Mon devoir m'oblige de vous signaler qu'en 1917, il est arrivé au 45° R.I., en Orient, un camarade du 347° R. I., mort depuis comme capitaine. Le lieutenant Coulonval était originaire des Ardennes.
Très souvent le lieutenant Coulonval nous a entretenu de l'assassinat de ses deux camarades, s'élevant avec force contre cet acte en réclamant vengeance.
Hélas ! il est, mort à Livourne, à son retour en France.
En particulier, il représentait Herduin comme un des officiers les plus braves dans toute l'acception du mot.
Je me borne à reproduire ses propres paroles.
J'en appelle au témoignage du camarade Morand, lieutenant au 45° R.I., actuellement instituteur dans le Finistère, et du camarade Bahour, lieutenant au 45° R.I., à Paris.
Je répète que c'est mon devoir de signaler ce que je sais, car Coulonval avait à cœur, s’il avait vécu, de travailler à la réhabilitation des fusillés.
Que le capitaine Coulonval sache qu’il a été entendu !
E. CANTENEUR
Notre enquête reste ouverte, impartiale, mais implacable.
UN TEMOIN OCCULAIRE APPORTE DE NOUVELLES
PRECISIONS SUR L’ODIEUSE EXECUTION
DES SOUS-LIEUTENANTS HERDUIN ET MILAN
Les révélations du Progrès Civique sur la fin tragique, des sous-lieutenants Herduin et Milan — et non Milon — mis à mort devant Verdun, sans jugement, sur un simple ordre de leur colonel, — le colonel Bernard — ont provoqué parmi nos lecteurs une émotion bien compréhensible.
La question est de savoir si un tel crime, peut, demeurer impuni. Et si nos soldats continueront à être obligés de saluer l'homme ou les hommes qui l'ordonnèrent.
La justice militaire ne reconnaît pas volontiers ses... erreurs. L'homme qui, jusqu'à ce qu'on nous ait démontré le contraire, porte, la responsabilité de l'exécution odieuse du sous-lieutenant Chapelant est général à Oran : M. Ignace et ses successeurs l'ont « couvert ».
Que cette, complicité leur soit légère !
Pour nous, notre devoir est simple et clair. Puisque les abus d'autorité les plus tragiques doivent, aux yeux de ceux dont c'est la mission de les punir, échapper à toute sanction légale, nous en instruirons ici le procès, chaque fois que nous les rencontrerons.
Et tous ceux qui ont au cœur les sentiments de la pitié et de la justice seront avec nous.
Voici un témoignage.
Il émane d'un ancien sous-officier du 347° de ligne, le régiment d'Herduin et de Milan.
Cet homme a eu connaissance de l'article où nous avons relaté l'abominable exécution et a tenu à nous faire, part de ce qu'il savait.
Il demande à n'être pas nommé, car sa situation l'oblige à une certaine réserve. Mais il demeure entendu que, le jour où une enquête, officielle serait ouverte, il renoncerait à l'anonymat et dirait, aux juges — si, enfin, on en trouve — ce qu'il sait, ce qu'il a vu.
Si son récit diffère sur quelques points de celui que nous avons donné, on constatera qu'il s'agit de points de détail insignifiants.
Le crime est avéré. Et voici, rapportée, très exactement, la déposition de cet accusateur :
« Vous m'offrez une occasion de libérer ma conscience. Et j'en suis tellement heureux !
« Depuis l'effroyable mort, de Herduin et de Milan, j'ai bien souvent pensé à eux en me demandant avec angoisse si ce crime demeurerait impuni.
« Laissez-moi vous dire tout le soulagement que j'éprouve aujourd'hui que l'opinion publique est saisie de leur cas. Je me dois à moi-même de contribuer à la réparation qui leur est due : je le fais de grand cœur.
« Innocents ? Les deux sous-lieutenants le sont, n'en doute pas.
« Il ne s'agit donc plus de s'indigner parce que les formes de la justice n'ont pas été respectées. C'est pire.
« J'affirme que les deux hommes fusillés n'avaient rien à se reprocher.
« Voici les faits, tels que je les connais.
« Le 8 juin 1916, deux compagnies du 347° d'infanterie, dont Herduin et Milan font partie, sont en ligne à Thiaumont. Non seulement ils subissent un feu terrible de l'ennemi, mais l'artillerie française, par suite d'une erreur épouvantable — tous les poilus vous diront qu'ils en ont connu de semblables — tape sur nos lignes. Sous ce feu convergent, les compagnies fondent et se réduisent à rien.
« LES DEUX SEULS OFFICIERS QUI RESTENT, Herduin et Milan décident, alors de tenter d'établir une liaison avec l'artillerie et ils envoient dans ce but un sergent – BONNEFON — à Souville.
« Par un miracle, car les restes des deux compagnies sont presque encerclés par l'ennemi, BONNEFON réussit à passer. Il arrive à Souville et nos pièces rectifient leur tir.
« Cependant, les Allemands ont attaqué avec des forces très supérieures en nombre. Les Français se comptent : ils sont encore une quarantaine d'hommes.
« C'est alors que Herduin, Milan et un adjudant — COUSIN — discutent en un bref conseil, l'altitude à adopter. On ne peut plus tenir. L'encerclement déjà commencé va devenir complet. L'adjudant COUSIN donne son avis : se faire tuer sur place. Sacrifice inutile, répliquent les deux sous-lieutenants, puisque l'objectif des Allemands sera quand même atteint. Ne vaut-il pas mieux essayer de sauver les débris des deux compagnies.
« C'est ce parti qui est adopté. Herduin, Milan et, leurs hommes peuvent échapper à l'étreinte ennemie et vont immédiatement se mettre à la disposition du commandant du 293° B.I. qui est monté en première ligne. Le commandant leur répond qu'il n'a pas besoin d'eux.
« Alors, mais alors seulement, les deux officiers descendent à Verdun avec, le très peu d'hommes qui leur restent : QUARANTE SUR HUIT CENTS.
« De là on les fait remonter à Henry, où se trouve ce qui reste, de leur régiment, à peu près cinq cents hommes dont j'étais, commandés par le capitaine Gude.
« Celui-ci accueille cordialement les deux officiers dans son abri et leur serre la main. Pourtant depuis le matin il semblait soucieux. J'avais passé quelques instants avec lui et j'avais vu à un moment, de grosses larmes rouler sur son visage. C'est que déjà, — je ne l'ai su que depuis, — le capitaine Gude avait dans sa poche l'ordre de faire fusiller les deux sous-lieutenants. Cet ordre, qui émanait du colonel Bernard, lui avait été transmis par un camarade, le capitaine Delaruelle, resté à Verdun.
« Personne ne se doutait encore de ce qui allait, se passer quand l'adjudant d'une compagnie — AMABLE — me dit : « IL VA SE PRODUIRE ICI QUELQUE CHOSE DE PAS GAI. »
Et il ajoute : « ON VA FUSILLER Herduin et Milan. »
Vous savez le reste. Je n'ai pas assisté à la mise à mort. J'ai entendu, à deux cents mètres, les coups de fusil qui ont abattu les deux hommes.
« Mes camarades du peloton d'exécution m'ont raconté que Herduin avait déboutonné son dolman et avait lui-même commandé le feu.
« Quant à Milan, qui était un superbe garçon, il cria à ceux qui allaient le tuer :
« Surtout, ne me visez pas à la figure !»
DE NOUVELLES PRECISIONS
« Et maintenant le responsable.
« Vous avez nommé le colonel Bernard.
« Mais je ne crois pas que l'ordre émane de lui. Un téléphoniste de la brigade — Bollet. — a raconté à des camarades qu'il avait pu entendre à son appareil les bribes d'une conversation entre le colonel Bernard et le général Boyer, commandant alors la 22° division, il a reconnu la voix du colonel Bernard qui disait, au général : « Mais mon général... c'est, un assassinat....c'est un assassinat... »
« Ce serait donc le général Boyer qui aurait pris celte effroyable initiative.
« Peut-être même faut-il chercher plus haut encore. Un grand chef, qui n'est ni Pétain, ni Castelnau à reproché — à tort, je vous le jure – au 347° de ne pas avoir fait son devoir à Thiaumont. Et pourtant plus des trois quarts de mes camarades sont restés dans cet enfer.
« Quoiqu'il en soit, l'enquête officielle qui s'impose est aisée.
« On peut retrouver Bonnefon, le sergent qui réussit à pénétrer à Souville ; il est instituteur dans le département de la Seine.
« Le téléphoniste Bollet était instituteur dans les Ardennes, ou Cousin, aveugle aujourd'hui, habite également.
« Enfin, on pourrait faire appel au témoignage, de l'abbé Heintz, qui servit de secrétaire au colonel Bernard, et qui, avant la guerre, était vicaire à Reims.
« Je cite encore un sergent-major d'une des compagnies, la 23°, Louis Polet, commerçant à Paris et un commis d'agent de change, Nicolosi, qui était, secrétaire du capitaine Delaruelle.»
Ainsi parla ce témoin.
Nous ne connaissons aucun des anciens soldats nommés par lui et qui pourraient aider à faire la lumière sur celle lugubre affaire. Mais sans doute tiendront-ils, comme leur camarade, à dire ce qu'ils ont vu. Nous n'agissons ni par esprit systématique de dénigrement ni par haine aveugles de la justice militaire.
Nous disons simplement ceci : un homme a commis un crime. Il l’a commis dans des circonstances qui ne comportent nulle excuse. Il a tué deux hommes, deux innocents et il a voulu les déshonorer.
L'ordre d'exécution émane du colonel Bernard. Si cet officier n'a été lui-même qu'un instrument, s'il a été contraint d'exécuter un ordre, qu'il le dise.
Ou qu'on nous le dise.
Il n'est pas possible que nous soyons une fois de pins, obligés d'enregistrer une carence, de la justice militaire.
Il est des solidarités, qui déshonorent.
Henri GEROULE.
Du «Progrès Civique ».
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La CUISINE du BASTION de FRANCE.
par Jean Claude PUGLISI,
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Noël ! Le temps de la fête et des sacrifices.
Puisque demain Noël bientôt sera, il est grand temps je le pense, de venir près de vous et tout près de toi mon peuple chéri, pour te chanter savoureusement en ces jours bénis de la nativité, quelques airs culinaires comme nous le faisions autrefois - fourchettes au garde-à-vous devant nos assiettes, qui débordaient de toutes ces choses généreuses et simples, mais toujours remplies de parfums et d'amour.
Je suis retourné pour ce faire dans ce passé qui m'obsède, pour m'en aller allègrement une fois de plus moustaches au vent et tête haute, à la recherche de quelques nostalgies bienfaisantes et salutaires - pour naïvement tenter d'adoucir l'âcreté des Noëls d'aujourd'hui...
Chemin faisant, j'ai rencontré picorant dans la cour de l'ancienne douane où je résidais, une petite dinde de Noël qui sans rancune m'a prié de vous conter son infortune ; et puis, il y avait là, picorant consciencieusement, quelques volailles pensives tenant conciliabules, bien cloîtrées dans les débarras à claire-voie des habitants de ces lieux...
Noël venu, sonnait pour la gente à plumes le temps des sacrifices - au nom de la tradition et de la satisfaction gourmande de tous... Mais ce que je veux vous narrer, c'est tout le cheminement qui menait de vie à trépas, ces fringantes et succulentes volailles dans nos assiettes de Noël...
Pour la petite dinde dont j'ai raconté l'histoire, je dirais simplement que ce volatile figurait rarement au menu de Noël, car, ce n'est que plus tard qu'il fit son apparition sur les tables du Bastion...
Je me souviens que les volailles vivantes étaient acquises tout au long de l'année, auprès des indigènes venus des campagnes environnantes et en particulier du Lac Tonga. C'est ainsi que dés leur arrivée à destination, les poulets étaient douillettement installés, bien nourris de bonne criblure et autres mets délicats...
Par jour de beau temps ont leurs laissaient même le droit, de sortir de leurs confortables réduits pour aller tout à leur aise, librement picorer dans la vaste cour intérieure de l‘ancienne douane. C'est ainsi qu'au fil des mois, cette petite communauté caquetante toujours encadrée par un jeune et vigoureux coq, s'enrichissait de nouvelles recrues fraîchement négociées avec les colporteurs de passage dans la maison.
Lorsque l'année arrivait enfin à son terme, l'effectif comptait des oiseaux de tous âges à savoir : des poules et poulets - vieillissants - d'âge mûr - des encore verts...
Pourquoi ce type d'élevage particulier existait-il chez nous ?
D'abord pour le plaisir simple d'élever quelques volailles, qui par ailleurs avait la serviabilité de finir les reliefs de nos repas, mais aussi pour la ponte d’œufs extra-frais, dont elles avaient la grande amabilité de nous gratifier journellement. Cependant au cours de l'année, lorsque la population d'un poulailler avait tendance à augmenter notablement, une victime était régulièrement sacrifiée - pour rétablir la situation et régaler la famille d'accueil.
Après ce modeste exposé historique, il est temps que je m'explique sur la corrélation existant entre la cuisine des fêtes de la nativité et l'incontournable destinée de la gente à plumes :
C'est à l'occasion de certaines manifestations festives - baptêmes - mariages - communions - Noëls - fêtes diverses... Que l'on sacrifiait les volailles encore jeunes, afin de les rôtir en cocotte avec la plus grande des tendresses. Mais restaient toujours à la traîne, quelques vieilles poules définitivement inaptes à la ponte - dont il fallait hélas ! Prévoir l'avenir.
C'est bien de ces dernières et de la façon toute calloise de les apprêter, dont il va être à présent et précisément question !...
C'est pourquoi en ces fêtes de fin d'année, la Cuisine du Bastion a pensé vous offrir une recette de chez nous, pour vous faire peut-être revivre les temps d'autrefois, celui où nous étions heureux - d'écouter le minuit chrétien de Monsieur Charles Sultana et de chanter tous en cœur l'hymne des cieux avec les anges de nos campagnes.
En ces jours de la nativité souhaitons qu'au-delà de l'espace et du temps, nul ne puissent oublier les Noëls Callois d'antan et le carillon de minuit de Saint-Cyprien.
Ainsi soit-il.
Au nom du Bureau dirigeant et du Comité Directeur de l'amicale des Callois et Amis de La Calle, je vous souhaite à vous tous mes frères et sœurs et amis du Bastion de France, de bonnes fêtes de Noël sans oublier de vous présenter tous nos vœux de bonne et heureuse année 2003.
Jean-Claude PUGLISI.
POULE en Pot-au-feu.
" C'est toujours avec de vieilles poules
qu'on fait du bon bouillon ! "
( Dicton populaire )
INGREDIENTS : pour 6 personnes.
1 poule de 1,5 kg prête à cuire avec ses abattis.
12 petites pommes de terre.
12 petites carottes.
3 navets.
6 poireaux.
3 branches de céleri.
1 gros oignon piqué de 2 clous de girofle.
2 gousses d'ail entières.
Thym et laurier.
Gros sel + 10 grains de poivre.
Pour la FARCE :
Foie + gésier de la poule.
1 tranche de jambon de « Bayonne ».
200 gr de chair à saucisse.
100 gr de mie de pain rassise - trempée dans de l'eau ou du lait et bien essorée.
1 hachis d'ail et persil.
1 oignon finement ciselé.
1 oeuf frais.
Sel + poivre + 1 pincée de noix muscade.
PREPARATION :
Pelez les carottes, les navets, les pommes de terre, l'oignon.
ettoyez les poireaux et les branches de céleri.
Lavez et égouttez les légumes.
Préparez la farce : hachez : foie, gésier, jambon / Mélangez avec la mie de pain soigneusement pressée + la chair à saucisse + le hachis d'ail et persil + l'oignon ciselé + l’œuf frais battu + sel, poivre et muscade.
Remplir la poule de cette farce et coudre les ouvertures.
Bridez et placez la poule dans un grand faitout avec : tous ses légumes + l'ail et l'oignon piqué de ses clous de girofle + thym et laurier + gros sel et grains de poivre.
Mouillez à hauteur avec de l'eau froide et portez à ébullition puis écumer.
Baissez le feu et cuire 1 heure 30mn à petits bouillons.
Dés la cuisson terminée retirez la poule du bouillon et découpez-la en morceaux.
Disposez les morceaux de volaille dans un plat de service entourés des légumes.
Présentez le bouillon dégraissé à part dans une soupière chaude.
CONSEILS culinaires :
Cette divine préparation peut se consommer :
- Soit nature - comme à La Calle autrefois en hiver.
- Soit avec une sauce, dite suprême - à la Française et préparée comme suit :
250 gr de champignons de Paris + 70 gr de beurre + 200 gr de crème fraîche + 50 gr de farine + sel et poivre du moulin.
Cuire les champignons émincés dans 100 gr de crème fraîche avec 1 petite louche de bouillon.
Faire un roux clair et sans grumeaux avec le beurre et la farine.
Cuire 2mn.
Laissez refroidir la préparation.
Fouettez avec 3/4 de litre de bouillon + le jus de cuisson des champignons.
Cuire 10mn à feu doux.
Ajoutez le reste de la crème et cuire doucement encore 15mn.
Passez au chinois.
Ajoutez les champignons et rectifier l'assaisonnement.
- Soit avec une sauce dite - à la Piémontaise.
Émiettez 100 gr de mie de pain et humectez-la avec ½ verre de vinaigre de vin.
Ajoutez : un bouquet de persil ciselé + 1 oeuf dur et 2 à 3 filets d'anchois hachés + 1 à 2 cuillerées à soupe de câpres + sel et poivre.
Délayez avec 1 verre d'huile d'olive.
NB = Traditionnellement en Italie, on accompagne ce pot-au-feu de cette sauce piémontaise, que j'ai eu la bonne idée de noter au court d'un repas chez des amis italiens, qui, ce jour-là, pour me faire plaisir, avaient pensé à servir ce délicieux pot-au-feu.
Bon appétit mes amis, mes frères
et que Dieu vous bénisse.
Docteur Jean-Claude PUGLISI,
de La Calle de France -
Paroisse de Saint Cyprien de Carthage
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PHOTOS DE ANNABA NOSTALGIE !
Envoyées par Groupe de voyage Bartolini
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T’SUR LE BANC DU P’TIT JARDIN D ‘LA COLONNE !
Envoyé par M. Georges Barbara
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- » Y sont trois t’sur ce p’tit banc du p’tit jardin d’la colonne cet aprés-midi. Trois bons p’tits vieux du quartier. Bien sur a’c leur putain de tchatche et c’te soif de déconner, qu’a t’les quitte jamais ! Y z’ont bien fait entention de te prendre un banc à l’ombre parcequ’adebon y te fait chaud. Et pourquoi qu’y te fait chaud oualiou ? Et ben te sais o frade comme chaque année c’est à cause de ces arabes qu’y z’ont encore allumé des feux t’sur Bugeaud comme d’habitude,…. T‘les changeras jamais ceuzes là ! Enfin, çà c’est une aute histoire qu’elle est longue à raconter.... Mais ce banc te sais personne y l’a le droit de s’assoir dessur, pourquoi il est reservé à nos trois Oualiounes, y z’ont comme te dirais une concession à perpetuité. C’est même Muscat le gardien, te sais celui qu’y l’a perdu une jambe à la guerre, qu’y fait toujours entention que personne y le prend !
Et t’sur ce banc là, a rogards les O Frade, T’ya là le beau Gugu, que lui avant y te relevait les compteurs à EGA, ‘ac sa casquette et des étoiles dessur, mais qu’y l’a pris la retraite precipitée à cinquante deux ans.
T’ya aussi, Freddy un déconneur fini, « le Roi des finesses comme on dit chez nous ! » Qu’il était barman au casino d’Bugeaud ‘ac le nœud papillon et la chemise blanche et enfin, agads de pas l’oublier cuilà c’est Nan’Nan qu’y l’est vieux qu’il en peut plus et qu’y s’arrapelle même plus où c‘est qu’il a travaillé, tellement y l’a été au chomage dans sa vie. Y l’est là plusque pour te faire sa sieste que pour venir te faire un peu de tchatche ’ac les copains... Et à chaque fois quand y l’arrive, le Freddy y t’lui balance « O Nan a c‘est quand que te nous amènes à faire ta promenade à chez Taddo ? » ( il est vrai que Nan’nan il oublie toujours ses boules Kiès en dedans des oreilles, te sais ces boules qu’elles te rendent sourdingue). Et pour la p’tite histoire quand y vient le soir pour partir, y faut qu’on t’lui chante à l’oreille pour t’le reveiller…. le chant du depart .. » La République a nous appelle ….. euuuu » ! etc etc …. »
Mais ‘oila cet apremidi Freddy qu’y l’a surement envalé un tube de la Drénaline y dit à Gugu :
- » Oh Gu, O frade ! Te connais pas la dernière ?
- » Areusement qu’avec toi c’est toujours la dernière ! Aller sorts là que j’ai pas qu’ça à faire, et juste ojourd’hui te tombes bien, que je comptais me faire une petite dormade t’sur ce banc à l’ombre, ... mais mai’nan y faut que j‘passe mon temps à écouter encore et encore comme d’habitude les conneries de Monsieur Tube…..
- » Et non écrase un peu o beurre pour une fois... et écoute ça qu’j’veux te dire !….. Te sais pas ça qu’y disent en ville ? Et ben y paraît que ce tournaga de Sauveur ‘ac la fugure qu’y l’a, que tu sais même pas de quel coté te dois le rogarder quand te veux lui parler, et ben ce galant homme y te tourne encore une fois sa veste pour les élections et y va se mettre main’nan t’sur la liste de Giovachini pour les municipales. Te crois pas toi ? Y t’aura fait tous les partis de Bône ce Tchoutche ! Et a c’qu’y paraît, ça j’le sais de source sure hein, c’est qu’hier soir y t’ont déjà fait une réunion à la Taverne Alsacienne, te sais dans la rue du quatre sectembre là où on mange la bonne choucroutte !
- » Ah ! Ah ! Ah ! T’sur la liste du Corse que te me dis ? Cuila que ça fait vingt ans qu’y se présente, y l’a même fait le cal à force à force. .Pour le bon cheval o Frade, alors là il a bien choisi ? Y sait pas que là y se monte dans la charrette pour l’échafaud. Le Giovachini et ben Pantaloni y s’l’enterre à chaque fois Diocane. Te sais ton dindalon y l’est bon pour se prendre un putain de costard t’sur mesure chez Bruno le tailleur d’la colonne ! C’est plusque sur, lui qu’y se dit un grand journalisse de la depeche de l’Est, alors là y va t’etre habillé pour l’hiver.
-» Mais ça que c’est pas bon, o Gu, c’est que ce cats y va te faire sa propagande dans la Dépêche et là ça serait normal qu’y te le foute en l’air du journal ! Ouais mais ça qu’ya aussi c’est qu’y va plus finir de nous faire caguer parcequ’adebon je le ‘ois d’ici, ce Monsieur y va te faire des necks t’sur le cours au mileux des pasteques pendant toute la campagne electorale !
- » Laisse le qu’y l’ouvre sa queue de Paon parcequ’après rogards ça qu’j’te dis, a’c la rouste qu’y va se prendre, y va plus sortir de chez sa mère pendant au moins un mois. Et pour ça qu’t’ya peur pour la depeche de l’Est, comme ce journal il est à la Tabacoop, et que Pantaloni y les a dans sa poche, alors si ce cats y bouge un peu la queue, y vont t’le faire neuf neuf, c’est çà qu’j’te dis !
- » Madone o Gu que St-Augustin y t’entend atroment c’est moi que j’te sorts plus j’te jure !
- » Aller c’est bon o frade laisse tomber Freddy, oublie moi un peu., et laisse que je me fais une petite dormade.. Et pour Pantaloni, pour l’ame de tes morts agas te peux dormir tranquille sur tes deux oreilles parce que le « Papa Pantaloni » lui y t’a pris la mairie en viager ! …. Mais où cats je vais m’allonger métenan t’sur ce banc te ‘ois pas que Nannan y t’a pris toute la place et en plusque y te ronfle le vieux !
- » Laisse le dormir ce pauvre Nan’Nan, tiens j’te laisse la mienne parce que moi je vais rentrer à chez moi que ces élections a m’ont tout retourner. Je vas un peu m’écouter à la radio «Ploum Ploum Tralala » t’sur Radio Montecarlo comme ça j’vais m’enlever tout le contrariage que j’ai dessur….. ALLER TCHAO !
septembre 2022 Georges Barbara
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Algérie catholique N°8, 1936
Bibliothéque Gallica
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NOËL EN KABYLIE
par le R. P. Richard, des Missions d'Afrique
NOEL ! C’est la naissance de celui qui est né Roi, et son nom est Emmanuel, le Prince de la Paix !
Combien parmi les hommes la désirent, cette paix, sans la trouver ; combien crient paix ! Paix ! Et ne l'ont pas, parce qu'ils la veulent par la force, sans s'inquiéter de ces premières conditions qui la font naître : l'ordre dans la conscience d'où naît la paix du cœur.
Or, un groupe de dames était venu de loin pour visiter quelques beaux sites de notre chère Algérie. Elles voulaient goûter les joies de la route dans le pays du soleil.
Déjà elles avaient parcouru les jardins magnifiques de Blida, contemplant la multitude des orangers, les champs de roses et les géraniums ; elles avaient vu dans les gorges resserrées de la montagne les bandes de singes venir se désaltérer dans le ruisseau et quémander leur pitance ; elles avaient trouvé là la joie des yeux.
De là, elles étaient allées sur la route du désert jusqu'à Bou-Saâda. Et, dans l'étonnement de ce ksar en amphithéâtre, dont les demeures descendent de terrasse en terrasse jusqu'auprès de l'oasis, elles avaient goûté le silence du désert.
Mais au retour elles voulaient connaître de plus près la vie des indigènes et elles étaient venues en Kabylie dans un village perché sur le sommet de la haute colline, en face de la grande muraille du Djurdjura dont le chaos de montagnes fait penser au Sinaï. Quand, après la fatigue de la rude montée, elles se furent installées dans la maison mise à leur disposition, dégagées de leur fardeau, elles respirèrent à l'aise l'air pur de la montagne devant le magnifique horizon qui se déroulait sous leurs yeux : d'un côté, au-delà de la profonde vallée, les croupes des collines qui se succèdent comme en troupeau jusqu'à la crête de Fort-National, de l'autre, la vallée au pied du Djurdjura, s'écoulant vers l'Ouest, de col en col jusqu'à la plaine d'Alger.
Le missionnaire, un vénérable à barbe blanche, drapé dans son burnous, les avait installées dans les deux modestes chambres d'une maison voisine.
— Vous Avez bravé les rigueurs de l'hiver pour venir jusque chez nous.
Par bonheur le temps vous est favorable. Quand la chrétienté était plus nombreuse, autrefois, car, depuis, bien des familles ont émigré vers Alger ou ailleurs, pour trouver le pain nécessaire à la subsistance, à cette même veille de Noël, quand la cloche sonnait pour les offices de la nuit, un Père prenait entre ses bras la statuette de l'enfant Jésus et passait dans les maisons chrétiennes pour éveiller les enfants ; et d'une maison à l'autre, toute une procession d'enfants, avec des flambeaux, faisait cortège à l'Enfant Jésus pour arriver à l'heure et le déposer dans la crèche préparée près du chœur dans la chapelle ; et tout en marchant gravement cette troupe enfantine chantait une mélodie kabyle :
Levez-vous ! C'est le temps où les cieux vont s'ouvrir.
C'est le Sauveur qui nous ravit !
Levez-vous C'est le temps où les cieux vont s'ouvrir.
Levez-vous ! C'est l'instant. Voici : Jésus est né.
Et la nuit s'emplissait des couplets à l'honneur de Jésus, jusqu'à ce que le dernier des petits ait mis au complet le nombre de leur troupe. C'était la répétition, sur les montagnes de Kabylie, du mystère des bergers éveillés par les anges, pour la louange de l'Emmanuel.
Aujourd'hui leur nombre est trop restreint, cette ravissante réplique de Bethlehem ne peut plus être renouvelée ; il faudra encore attendre des années avant que la grâce ait conquis de nombreux cœurs nouveaux.
Dans le silence de la nuit le carillon s'est ébranlé, et lance à toute volée les accords des cloches, pour l'appel à la prière. L'air pur du firmament donne au scintillement des étoiles tout son brillant, et au-dessus de la chapelle brille le grand Tau d'Orion, étendant ses grands bras sur la terre.
Nos visiteurs arrivent à l'entrée de la chapelle que domine la statue de la Vierge immaculée, tandis que de leur côté arrivent les familles, dans la parure des habits de fête, les garçons revêtus de leurs gandouras blanches, les filles parées de leurs bijoux qui reluisent au milieu des chamarrures de leurs atours.
Dans la splendeur des multiples lumières les chants s'élèvent, et dans l'unisson de toutes les voix, le traditionnel « Minuit chrétien ! » aide les âmes à demander pour tous la Rédemption.
L'officiant arrive à l'autel, précédé de ces petits Kabyles, pieds nus, mais revêtus d'habits de chœur, pieux et dans une attitude hiératique ; et tandis que se déroulent les cérémonies, les mélodies grégoriennes chantées par tous entonnent les louanges de Dieu, comprises dans l'universalité de l'Eglise catholique.
C'est alors que dans le cœur de ces dames pénètre une impression bien douce mais très forte qui fait vibrer leurs âmes, émues de se sentir dans la même foi, dans la même espérance et dans le même amour au milieu de ce pays étranger : la louange de Dieu domine tout. C'est comme si l'on se sentait un petit rien dans l'immense corps de l'Eglise avec son unique tête, Jésus, qui nous sauve par son exemple et ses mérites. Une grande paix envahit l'âme. Chacune d'elles éprouve alors cette paix du cœur que donne la conscience droite.
Quelle surprise pour elles d'observer cette piété chrétienne dans un petit village de Kabylie, où le silence de l'adoration répond à l'enthousiasme des chants, et à la splendeur des cérémonies, malgré l'étroitesse de la chapelle qui est toute comble. A la communion, grands et petits, hommes et femmes vont à la table commune pour y participer au mystère de Noël. Durant la seconde messe d'actions de grâces ce sont les mélodies de Noël, qui se succèdent les unes aux autres pour exprimer les sentiments intimes.
Au sortir des offices, les Religieuses avaient préparé une grande coupe de chocolat au lait avec des friandises. Dans sa simplicité le réveillon fut très animé, agrémenté de toute la joie dont les cœurs sont pleins.
Le lendemain nos voyageuses demandèrent à visiter quelques maisons indigènes pour observer la famille kabyle chez elle. Sous la conduite du missionnaire, on pénètre dans la cour intérieure sur laquelle s'ouvraient deux maisonnettes.
Une porte, l'unique ouverture de chacune, donnait entrée d'une part sur la chambre commune, mais aussi, dans la partie déclive, à l'âne et aux moutons qui venaient se loger en contre-bas, sous une soupente, dont la partie supérieure servait comme d'alcôve à la famille ; de gros «akoufis», grandes urnes pour la réserve du grain et des figues, séparaient l'écurie de la chambre commune, et sous elles s'ouvraient des ouvertures pour permettre de donner le fourrage aux animaux, sans avoir besoin de se déranger. Ainsi tout était sous l'œil du maître de maison : car il y a tant de miséreux qui ne craignent pas de prendre pour eux le bien qui n'est pas constamment gardé.
Sur le «kanoun», le foyer du ménage, un trou dans la partie du sol placé dans un des angles, rougissaient les cendres chaudes sur lesquelles étaient la marmite et le keskas, reposant sur trois pierres.
Le couscous de la fête cuisait à la vapeur, et autour se chauffaient la grand'mère et la femme occupée au ménage. Mais sur un petit banc de maçonnerie les enfants avaient arrangé une image de l'Enfant Jésus dans la crèche, entourée de quelques branches vertes d'olivier et de romarin.
Quelle pauvreté dans le mobilier : point de table, ni de chaise, ni même de tabouret ! rien pour le confort : une natte roulée et quelques couvertures. Mais dans cette chambre, la joie rayonnait sur les visages car c'était Noël. La petite image de la crèche faisait toute la joie de la maison.
En sortant, des enfants jacassaient gaiement, les mains toutes salies de terre glaise. Ils étaient en train de confectionner ce qui manquait à la crèche : les bergers, un âne, des moutons, qui seraient posés devant l'Enfant Jésus en hommage de joyeuse adoration. A notre arrivée chacun d'eux se mit à présenter sa production. Il fallait voir l'épanouissement de leurs visages, reflétant la fierté de ce qu'ils venaient de pétrir. Ils étaient tout entier au service de leur crèche. Mais voici que, ravie de voir cette joie ingénue s'épanouir avec des riens, une de ces dames sort de son sac quelques bonbons pour récompenser. Aussitôt, et chacun laissant tomber son berger ou son mouton, la voilà assaillie par une multitude de mains : chacun présentait les deux mains pour être servi le premier. En un clin d'œil le sac fut vidé.
L'heure du retour approchait, il fallait repartir, reprendre le fardeau, et descendre jusqu'à la vallée, avant de retrouver les moyens modernes de locomotion. On rentrerait dans le monde civilisé, dans le confort, mais aussi dans la lutte ardue pour la vie, mais réconforté. On avait vu dans la pauvreté régner la paix et s'épanouir la joie.
C. RICHARD.
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Le Bône Pittoresque
BONJOUR N° 5 du 02 novembre 1936 journal satyrique bônois.
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Les correspondances qui partent pour tous les coins du monde, elles sont ornées sur l'enveloppe d'inscriptions tamponnées : « Visitez Alger, pays du soleil, Constantine, ses ponts, ses ravins » etc……
Alors, ailleurs, les personnes y voient dans leur imagination, l'Algérie comme y le décrive les poètes, ciel bleu-outremer, mer d'azur, soleil éclatant, les burnous d'une blancheur immaculée, les minarets blancs, les jolies moukères voilées de soie
Bessif qui te leur vient l'envie de visiter un pareil paradis, surtout pour ceuss'là qui z'habitent des pays ousqu'il tombe de la neige.
Et qu’es-ce-qu'on pourrait mettre sur les enveloppes qui partent de Bône ?
«Visitez les ruines d'Hippone » ah oua ! Carthage et Timgad, c'est plus intéressant.
Visitez le marché arabe » Voilà ! .. ça c'est curieux pour le touriste sur la tombe de mon oncle ! ce souvenir, défense ! qui s'il oublie de la tête au moins y voit quelque chose de curieux et sur qui tu tires des photos.
Oilà le coin rêvé…. derrière le marché arabe !
Commençons du bout : Des poeles à frire sans manches sur les canounes des vatels arabes, on retourne chaque morceau de chien de mer dans l'huile bouillante qui te brûle la gorge ; des autres cuisiniers on confectionne en plein air une espèce de rata rouge vermillon, c'est la « sauce ripolin ».
Les écorces de pastèques y ferment tapis vert, que si te fais pas attention quand te marche te te démolis la barre du cou.
Les marchands de figues de barbarie, balai en main y passent le temps à doucher les mouches qui z'ont établi leur quartier général sur les «bouchons sucrés »… Et faisant le contraire des élégantes baigneuses, ces marchands se protègent contre l'ardeur des rayons du soleil avec un vieux morceau de sac qui sert de tente, c'est qu'y z'tiennent plus à leur beau teint qu'à leurs bottines.
Les baraques à beignets, y ressemblant à des torpilleurs en manœuvre navale on dirait qu'ils se cachent de l'ennemi, derrière un rideau de fumée.
Les sucreries coloniales aux couleurs vives, saturés d'émanations de poivrons en friture, on ressemble avec toutes les mouches à miel qui voltigent à un meeting d'aviation.
Un peu plus loin un gentlemen y fait sa toilette entière au bord du trottoir avec un quart d'eau. A quelques pas, un marchand de petits pains à moitié crus, qui compte des sous et se gratte la tète
A côté, un «client» qui se fait raser la cabèche par le barbier ambulant qui fait la grimace avec la langue entre les dents.
Tout ce coin là, vu d'un avion, y ressemble ma parole - à un campement de la harka de l'ancien Sultan Moulin Hafigue.
Oilà ! ça que les poétes y z'ont oublié d'écrire et aussi les parties Cross-Country des « mies de pain à ressorts » qu'il y a dans cette Algérie qui vous parle et réclame du grésil.
VIDESSE.
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L’Insurrection de Mokrani
Bachaga de la Medjana
Maurice VILLARD
rédacteur en chef honoraire de I’ACEP-ENSEMBLE
ACEP-ENSEMBLE N° 295-Avril 2015
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LE BACHAGHA MOHAMED EL- MOQRANI
L’insurrection de Mokrani Bachaga
de la Medjana
Le 15 octobre 1840, création de la subdivision de Sétif.
Quelque temps après, le 15 octobre 1840, on créait la subdivision de Sétif, comprenant « le Djerid et le khalifat de la Medjana », avec extension des limites de I'arrondissement jusqu'à la Méditerranée, entre Bougie et Djidjelli.
L'arrêté de création maintenait néanmoins la situation faite au khalifat Moqrani et au chikh-el-Arab par l'arrêté du 30 septembre.
Le général Bugeaud prend le commandement.
Le 22 février 1841, le général Bugeaud remplaçait le maréchal Valée et donnait aussitôt aux affaires indigènes et aux opérations militaires une direction pratique, s'inspirant à la fois des nécessités du pays et des intérêts de la France.
Tout d'abord il substitua au système des petits postes, dont la garde et le ravitaillement épuisaient nos troupes sans effets utiles, des colonnes légères suffisamment fortes et outillées pour passer partout et montrer nos soldats dans les tribus.
Dès le mois de juin, les voies ayant été habilement préparées par le khalifat Moqrani, le général Négrier arriva à M'Sila, où il fut reçu comme un libérateur et où toutes les tribus du voisinage vinrent spontanément faire acte de soumission.
L’origine de Bordj-Bou-Arréridj
En revenant vers Sétif, on laissa, sur la demande du khalifat, 300 hommes à Aïn-bou-Arréridj, autour du petit rocher isolé que surmontaient les ruines du fort Turc, déjà occupées un instant en 1839.
Pour se mettre à l'abri d'un coup de main, ces hommes déblayèrent les ruines, et, sans outils, avec de la terre en guise de mortier, ils construisirent une enceinte de 180 mètres de contour que I'on nomma la Redoute. Telle fut I'origine de Bordj-Bou-Arréridj.
Peu de jours après cette installation, en juillet 1841, El-Hoceïne-Benazouz, ancien khalifat de l'émir Abd-el-Kader, destitué à la suite de sa défaite au combat de Salsou, et depuis cette époque réfugié auprès d'El-hadj-Mostafa, écrivit à Ahmed-el-Moqrani pour le prier d'être son intermédiaire auprès des Français pour lui faire accorder l'aman. Moqrani lui répondit de venir à M'Sila, où il le rencontrerait. Mais notre khalifat n'avait pas oublié le concours effectif prêté en diverses circonstances à Abdesselem par Benazouz. Il fit dire aux gens de M'Sila d'arrêter I'ancien khalifat de l'Emir et de le lui amener. Ce qui fut fait. Moqrani l'expédia à Constantine, d'où le Général l'envoya à l'île Sainte-Marguerite, plus tard, il fut interné à Bône où il mourut en 1847.
Le combat de Salsou avait été livré le 24 mars 1840, non loin d'El-Outaya, par les nomades Gheraba remontant vers le Tell, et à qui Benazouz voulait barrer la route. Les Bengana, campés à El-Mader, près de Batna, n'y assistaient pas. Les cavaliers et leur smala étaient venus jusqu'à El-Kantara, mais ils avaient rebroussé chemin, en apprenant les dispositions prises par Benazouz. Les Gheraba firent à eux seuls, un carnage épouvantable des réguliers de l'Emir.
Quand un courrier en apporta la nouvelle à Bou-Aziz-Bengana, chikh-el-Arab, celui-ci vint à El-Outaya, et, moyennant 5.000 francs, payés aux nomades du Souf, il fit couper sur les cadavres cinq cents paires d'oreilles que Khaled-ben-Ali-el-Hachani, parent par alliance des Bengana, porta à Constantine, avec une lettre rendant compte des « dispositions stratégiques et des prouesses des Bengana », dont ce combat fit la fortune.
Le général Galbois ne sut que beaucoup plus tard la vérité. (Revue Africaine, 1884, page 253, les détails véridiques donnés par M. Féraud sur cette affaire)
Ambiguïté entre le commandement militaire et Mokrani.
Le commandement de la petite garnison de Bordj-Bou-Arréridj avait été confié au capitaine Dargent, qui avait surtout comme mission de guider et de conseiller le khalifat Moqrani. Il devait lui transmettre et lui expliquer les ordres de l'autorité. Il n'était lui-même ni le chef ni le subordonné du khalifat, et cette situation, qui ressemblait fort à celle qu'avaient nos résidents dans les pays de protectorat, demandait beaucoup de tact et d'intelligence. Elle était d'autant plus délicate pour le capitaine Dargent qu'en sa qualité d'officier commandant la garnison il était le subordonné immédiat du Général, chef de la subdivision de Sétif, et que Moqrani, prenant à la lettre son titre de lieutenant du Général commandant la province, écrivait directement à ce dernier sans passer par l’intermédiaire de la subdivision.
D'autre part le Général qui commandait à Sétif était souvent gêné par les ménagements qu'il fallait garder vis-à-vis du grand personnage qui avait plus d'autorité que lui dans la subdivision. De là des tiraillements et des froissements.
La plupart des généraux à Sétif ne s'accommodèrent pas volontiers de cette situation exceptionnelle, et leurs grandes préoccupations fut, suivant une expression toute militaire souvent employée par eux, de « faire rentrer dans le rang » ce khalifat, qui n'avait pas au même degré que les autres chefs indigènes le fétichisme de l'autorité.
A chaque instant, le capitaine Dargent avait à exercer sa patience et son habilité pour donner satisfaction à ses chefs militaires, sans heurter la susceptibilité ombrageuse du khalifat qui se plaignait sans cesse de notre intervention trop directe dans les affaires de son commandement du moment qu'il assurait la paix, la sécurité, le recouvrement des impôts dans ses territoires, et qu'il se tenait avec ses cavaliers, à notre disposition pour le service de guerre, il ne comprenait pas que nous lui demandions des comptes ou que nous lui imposions des mesures quelconques dans l'intérêt de ses tribus.
Ce qui avait le don de l’indisposer à notre égard, c'était de nous voir pardonner à des ennemis de son soff et nommer à des emplois de caïd, dans sa circonscription, des gens qui, après l'avoir combattu, étaient venus nous demander l'aman directement sans passer par son intermédiaire.
Il y eut précisément, au mois de septembre 1841, un grand froissement de ce genre, à propos de la nomination, aux fonctions de caïd, du chikh Boudiaf-ben-Bouras, chef du soff des ouled-Madi de M'Sila. Boudiaf, qui était un grand ami d'Abdesselem avait senti l'émir Abd-el-Kader, mais, voyant la préférence de ce dernier pour l'élément maraboutique, il avait demandé l'aman au général Négrier et avait offert ses services. C'était un homme influent, intelligent, et ayant une réputation méritée de loyauté et de bravoure. On le nomma caïd, et jamais nous n'eûmes à le regretter. Mais le khalifat regarda cette mesure comme une offense personnelle. II nous en garda longtemps rancune, et mit tout en œuvre pour contrarier le fonctionnement du nouveau caïdat.
Il ne fallait pas non plus demander au khalifat quelque chose qui ressemblât à de I'administration, mot dont il ignora toujours Ie sens. Par contre, comme guerrier, et même comme négociateur, quand cela lui plaisait et que l'on s'en remettait entièrement à son initiative, il était un auxiliaire précieux. Il le prouva en 1843,lorsqu'il conduisit à Bou Saâda la colonne du général Sillègue, qui fut fort bien accueillie sur sa route et dans la ville. Dès lors, Bou Saâda, quoique non occupée, resta absolument soumise, et de nombreuses tribus d'Ouled-Naïl nous payèrent l’impôt.
A cette époque, Moqrani avait pratiquement repris l’influence traditionnelle de sa famille, sauf aux Beni-Abbès, dont les fractions voisines de l'Oued-Sahel, et, notamment la ville d'Ighil-Ali, restaient toujours inféodées à son rival Abdesselem.
Dès lors, et malgré les efforts du capitaine Dargent, qui était devenu son ami et avait toute sa confiance, Moqrani gouverna son khalifat sans se soucier de nos admonestations, exploitant les gens en seigneur et maître, dépouillant ses ennemis pour combler ses amis ou s'en créer de nouveaux.
En 1843 et 1844, les Ouled-Bourenane, Ouled-Gandouz et Ouled-Abdesselem ayant fait leur soumission à la France, on eut de nouvelles difficultés avec le khalifat, qui ne voulait pas leur rendre les terres qu'ils labouraient jadis, et dont il s'était emparé. L'ordre formel qui lui fut donné de laisser ses cousins labourer lui parut étrange, injuste et froissant.
En ce qui concernait les deux premiers groupes, il s'exécuta cependant, mais vis-à-vis d'Abdesselem il manigança des procédés haineux. Ses tracasseries incessantes, rejetèrent celui-ci dans l’insurrection au mois d'août 1845.
En août 1845, Abdesselem entre en rébellion.
Abdesselem se retira aux Beni-Yadel, et, pendant un an, avec une bande de cavaliers déterminés, il ne cessa de couper la route de Sétif à Bordj-Bou-Arreridj, et de mettre en défaut la surveillance du khalifat. En même temps, il travaillait activement tous les chefs indigènes de son soff, déjà ralliés à la France, les poussant non pas à une révolte contre nous, mais à des campagnes d'intrigues et de dénonciations calomnieuses contre le khalifat.
Ahmed-el-Moqrani vit tout de suite Ie plan de son ennemi, et il le déjoua avec une rare habilité. Se sentant entouré de compétiteurs et de rivaux indigènes qui cherchaient à le provoquer à des résistances et à des manquements, afin de se faire octroyer des lambeaux de son commandement et même de le supplanter tout à fait, il se montra particulièrement correct et dévoué, et manœuvra, au milieu des complications qui se déroulaient autour de lui, de façon à s'attirer notre bienveillance.
L'ordonnance royale du 15 avril 1845, abroge les arrêtés de 1838. Il n'en fut pas récompensé à son gré.
Ni son zèle ni sa personnalité n'empêchèrent en effet l'autorité supérieure de poursuivre l’œuvre d'organisation et de progrès, ce qui ne pouvait se faire, en bien des cas, qu'en sacrifiant les intérêts particuliers du khalifat à l’intérêt général. L’ordonnance royale du 15 avril 1845, abrogea les arrêtés de 1838, et fit, de cet allié et de ce grand vassal de la première heure, un haut fonctionnaire officiellement placé sous les ordres d'un officier supérieur commandant le cercle. Nous, nous sentions déjà assez forts pour gouverner nous-mêmes, et notre générosité naturelle souffrait de voir les abus de toutes sortes qui se commettaient dans ces régions relevant de nos beys et de nos khalifats, qui nous coûtaient plus qu'ils ne nous rapportaient.
Nos instincts démocratiques, nos exigences administratives et notre hiérarchie militaire s'accommodaient mal de ces situations privilégiées, qui faisaient revivre sous nos yeux les mœurs et les idées du XVe et du XIVe siècle.
Certes nous avions de bonnes raisons pour agir de la sorte, mais il était difficile de les faire accepter par le khalifat, qui se trouvait lésé dans ses intérêts et dans son orgueil, alors qu'il n'avait cessé de nous servir loyalement. Il nous accusait d'ingratitude. Nous voulions amoindrir sa situation et lui imposer, à lui, noble seigneur, qui nous avait fait volontairement don de son fief héréditaire, les mêmes obligations et les mêmes devoirs que ceux imposés aux agents indigènes que nous avions réduits par la force des armes ou que nous avions créé de toutes pièces.
Le khalifat protesta par sa mauvaise humeur et surtout par son inertie. On en prit prétexte pour compléter et parfaire l'organisation du pays et mettre, autant que possible, des agents plus maniables et plus dociles.
Le fief de Moqrani est amputé d'une partie de son territoire.
A la fin de 1846, on retira du commandement de Moqrani les trois quarts de l’immense confédération des Ouled-Naïl : les Ouled-Zekri passèrent dans le cercle de Biskra, et 1es autres tribus, à l'exception de celles de Bou Saada, passèrent dans la subdivision de Médéa.
Ce sont celles qui ont gardé officiellement le nom générique d'Oued Naïl, et qui ont formé plus tard I'annexe, puis le cercle de Djelfa.
Cette nouvelle situation fut très pénible pour le khalifat, car, en temps de paix, les Ouled-Naïl lui procuraient de beaux revenus.
L’année suivante, en 1847 lors de la soumission de Ahmed-Taïeb-Bensalem, ex-khalifat de l'Emir, on enleva encore à Moqrani, au profit d'Omar-ben-Sakem, nommé Bachagha de i'Oued-Sahel, dans la subdivision d'Aumale, les tribus kabyles Beni-Yala, Qsar, Sebkra, Beni-Mansour, Beni-Mellikeuch, Cherfa sur lesquelles Moqrani n'avait jamais eu la moindre autorité, er celles de I'Ouennougha Gheraba, Ksenna, Beni-Intacène, Ouled-Msellem, qui étaient d'anciens serfs (adamya) de sa famille, mais du soff Abdesselem. Ces tribus de I'Ouennougha occidental, ou du soff Oudenou-Abiod, « l'oreille blanche » étaient ralliées à l'Emir.
L'Ouennougha oriental était dit «Oudenou Kahla, l'oreille noire », ces dénominations paraissaient provenir de la couleur des montagnes de l'Ouennougha vues de loin
Ces tribus avaient été razziées et soumises par le khalifat, en 1842. Mais il avait eu la main si lourde, et leur avait fait si durement fait expier leur attachement et leur concours à Abdesselem, que Ies malheureuses populations s'étaient de nouveau rejetées dans l’insurrection et avaient demandé assistance à Ben-Salem ; à aucun prix elles ne voulaient retomber sous l'autorité de Ahmed-el-Mokrani.
Celui-ci était de plus en plus mécontent, car, cette fois, on lui avait enlevé une partie du fief héréditaire et incontesté de sa famille. On essaya de lui faire comprendre que, n'ayant pas réussi à affirmer d'une façon sérieuse son autorité et la nôtre sur ces tribus, il était nécessaire de les remettre dans les mains de gens qui seraient acceptés sans nous obliger à intervenir, et qui feraient rentrer les impôts sans nous obliger à de dispendieuses expéditions.
Moqrani était intelligent, et il compris fort bien, mais il n'était pas d'un caractère à modifier sa manière de faire vis-à-vis de ses anciens ennemis.
Octobre 1849, création du cercle de Bou Saâda.
Bientôt, Ie Hodna tout entier, livré aux créatures du khalifat, fut dans un état d'anarchie et de surexcitation tel qu'il fallut aviser. On créa donc, en octobre 1849, le cercle de Bou Saâda, à la tête duquel fut placé un commandant supérieur, ayant directement sous ses ordres des caïds ne relevant pas du khalifat.
C'était pour Mokrani une diminution d'autorité et de revenus, et cela mit le comble à son mécontentement. Dès lors, il cessa de s'occuper des affaires de son commandement, s'isola dans son bordj, et il lut impossible de tirer quoi que ce soit de lui.
A toutes nos communications, ou il ne répondait pas, ou il nous disait en substance, avec plus ou moins de ménagements dans 1a forme : « C'est vous maintenant, et non plus moi, qui êtes les maîtres du pays, vous avez des agents à votre dévotion, en qui vous avez plus confiance qu'en moi. Puisque vous êtes allé les chercher parmi mes ennemis, qui sont cependant aussi les vôtres, peut être sauront-ils vous contenter mieux que je ne pourrais le faire, malgré toute mon affection à votre égard. »
Apparition dans la région du nommé Si-Mohammed-Lemedjed-ben-Abdelmalek, dénommé Boubeghla.
Or précisément, à cette époque, ou nous aurions eu besoin de zè1e et de I'union de tous nos agents, c'est en 1849 que parut, dans la subdivision d'Aumale, un individu qui devait, plus tard, jouer un grand rôle dans les annales des insurrections algériennes. Il se nommait Si-Mohammed-Lemedjed-ben-Abdelmalek, et fut vite connu sous le sobriquet de Boubegla, en raison d'une belle mule grise qu'il montait, et qui composait toute sa fortune.
Cet homme, venu de l'ouest, se faisait passer comme taleb et faiseur d'amulettes. Il s'était marié et fixé aux Adaoura, et n'avait d'abord été l'objet d'aucune plainte. Cependant, on le surveillait, et, sur des dénonciations d'indigènes, on avait fini par donner l'ordre de l'arrêter.
Prévenu, il avait pris la fuite, et il était venu dans la Medjana, à deux kilomètres de Bordj Bou Arreridj, chez Lakdar-ben-Abdesselem-el-Moqrani, où il avait passé quelques jours vers la fin janvier 1851.
De là, il se rendit à la smala même du khalifat, il était alors un inconnu, demi-mendiant, demi taleb, et il n'y avait rien d'étonnant à ce que le khalifat ne se fut même pas préoccupé de ce parasite de passage.
Mais de la Medjana, il était allé s'installer, près d'un mois, à la Qalaa des Beni-Abbès, et là, sa présence, ses allures et ses discours avaient entraîné une rixe, à la suite de laquelle il avait été expulsé de la localité.
Il en était parti le vendredi 21 février et s'était dirigé vers l'Oued-Sahel, après avoir lait remettre une lettre au khalifat par le dénommé Djerab-ben-Boudra, intendant et factotum de ce dernier à la Qalaa.
Dans la nuit du 23 au 24, il était arrivé aux Beni-Mellikeuch, encore insoumis, et avait, alors ouvertement commencé son rôle de chérif et ses prédications insurrectionnelles.
Le khalifat n'avait rien dit, mais, en somme, rien de suspect ne s'était produit dans son commandement. Ses ennemis, prenant prétexte de cette lettre, écrite de la Qalaa, ont prétendu que le khalifat avait lancé Boubegha dans le commandement d'Amar-ben-Salem pour créer des embarras à ce dernier, au profit duquel il avait perdu du territoire. C'était là une supputation toute gratuite et qu'aucun fait n'est jamais venu corroborer.
Visite de la forteresse de Moqrani par les officiers Français.
Lorsque, au mois de juin, le général Bosquet entra en opération dans l'Oued-Sahel, le khalifat et ses deux fils, Mohammed et Lakdar et ses goums, vinrent attendre la colonne, à la limite des Beni-Abbès. Tous trois prirent une part honorable et très active au combat livré le 8 juillet contre les Beni-Ayal, des villages d'Azroyu, deTazaerl et d'Ighil-Ali, que le khalifat dénonça comme ayant jadis donné asile et assistance au chérif, ce qui n'était vrai qu'en partie. Mais Moqrani avait une vielle haine contre ces villages, qui faisaient partie du soff d'Abdesselem, et il avait amplifié les méfaits afin que le châtiment soit plus sévère.
Le 9 juillet, quand la colonne arriva à Tala-Mezida, qui est le camp sous la Qalaa, Moqrani, accompagné de ses fils, emmena Ie Général et une soixantaine d'officiers visiter la forteresse de ses pères, là, il leur offrit une diffa somptueuse et une réception princière.
Par contre, il n'avait voulu donner ni renseignement ni avis, en dehors de ce qui concernait les Beni-Abbès. Alors qu'on avait la certitude morale et même matérielle qu'il savait bien des choses que nous aurions eu intérêt à connaître, il ne se départissait pas d'un mutisme et d'une réserve exagérée. Le général Bosquet en était exaspéré, et il proposa de se débarrasser d'Ahmed-el-Moqrani et de le remplacer par un Abdesselem quelconque.
Le khalifat le sut, et cela n'augmenta pas son zèle pour nos affaires, qu'il continua à délaisser de plus en plus. En réalité, cela ne nous déplaisait qu'à demi, car son fils Mohammed, élevé sous les yeux du capitaine Dargent, le remplaçait dans son service, et il était pour nous un auxiliaire autrement plus souple et maniable que son père.
Au milieu de l'année 1852,le khalifat fit le pèlerinage de la Mecque, il en revint à la fin mars 1853, débarqua à Marseille, où l'attendait une invitation le conviant à assister au mariage de l'empereur Napoléon. Il était en instance de départ quand il tomba malade et mourut, le 4 avril 1853.
Le corps du khalifat fut ramené en Algérie. Les funérailles furent faites en grande pompe.
Le Mobacher publia une notice nécrologique très flatteuse pour la famille.
Puis, la part faite à la reconnaissance, on s'occupa des affaires.
Tout d'abord, on supprima les fonctions inutiles de khalifat, et comme dans la province de Constantine il n'existait alors aucune situation intermédiaire entre celle de khalifat et celle de caïd, on pensa à partager le commandement de la Mediana en un certain nombre de caïdats.
Dans la province de Constantine on avait calqué l'organisation des turcs, tandis que dans celles d'Alger et d'Oran on avait dû prendre l'organisation plus hiérarchisée introduite par I'Emir Abd-el-kader, qui avait des aghas et des bachagas. Dans la province de Constantine un simple caïd avait, et a encore aujourd'hui, l'équivalence d'un aghalik ou d'un bachaghalik des autres provinces. Aussi quand, en 1874, on fit passer le cercle de Bou Saada de la division de Constantine à celle d'Alger, on nomma agha tous les caïds et caïds tous les chiouk, sans quoi ils se fussent trouvés dans une position d'infériorité apparente vis-à-vis de leurs collègues de la subdivision et de la division.
Mohamed-ben-el-hadj-Ahmed-Moqrani nommé bachaga
Sur les instances du commandant Dargent, on finit pourtant par constituer, au plus intelligent des fils du khalifat, un bachaghalik, c'est-à-dire un commandement ayant une désignation honorifique spéciale et une étendue de territoire encore très grande.
Mohammed-ben-hadj-Ahmed-Moqrani ne fut pas moins très mortifié de la situation qui lui était faite. Son père avait servi fidèlement la France, il espérait recevoir le fief patrimonial tel qu'il était, avec le titre et les avantages qui s'y rattachaient.
Sa déception fut vive : néanmoins, en homme politique intelligent, il ne fit rien paraître et ne se découragea pas. Il mit, dans les débuts, du zèle et de la bonne volonté, disant parfois, avec un peu d'amertume, qu'il cherchait à se créer des titres personnels à notre bienveillance, pour avoir un jour la situation de son père.
Aussi, tant que son « ami », successivement promu chef de bataillon et lieutenant-colonel, resta commandant supérieur du cercle de Bordj-Bou-Arreridj, les affaires marchèrent très bien. Le Bachagha se sentait apprécié et soutenu, on avait confiance en lui, et il s'efforçait de la justifier.
Le 15 novembre 1854, son frère Lakdar traquait Boubeghla et le tuait, aux Beni-Mellikeuch. En 1855, le Bachagha se rendait à la Mecque, en Turquie et en France. Il rentrait, enchanté des réceptions qui lui avaient été faites partout, et très impressionné par la grande situation qu'occupait la France dans le monde.
A son retour tout alla pour le mieux, pendant deux années encore, avec le lieutenant -colonel Marnier, qui remplaçait le colonel Dargent lequel venait d'être promu et nommé au commandement de la subdivision d'Aumale.
Diverses mesures contraignantes sont imposées aux grands Chefs indigènes.
Mais vers le milieu de 1857,le bon vouloir du Bachagha fut mis à l'épreuve par une série de mesures qui, pour nous, étaient autant d'étapes dans la voie du progrès, mais qui froissaient son orgueil et sa susceptibilité.
Les Beni-Mellikeuch venaient de faire leur soumission. Pour les surveiller, et aussi pour empêcher les exactions des serviteurs des Moqrani sur les Beni-Abbès hostiles, au soff des ouled-el-Hadj, on avait installé un officier au bordj de Tazmalt, jadis construit par le Caïd Lakdar-el-Moqrani. Le Bachagha y vit un acte de méfiance et de contrôle vis-à-vis de celui de ses frères qui était, Ie plus, dévoué à la France.
Le 6 février 1858 on obligea le Bachagha à verser au Trésor les amendes que, jusqu'alors, par laveur spéciale, les Moqrani avaient encaissées à leur profit.
En même temps, on établissait, au profit du Trésor français, dans le cercle de Bordj, l’impôt zekkat, qui se payait dans toute l'Algérie, mais qui n'avait jamais été réclamé aux gens relevant du khalifat ou de son fils. En réalité, les Indigènes payaient cette zekkat sous forme d'offrandes et de redevances en bestiaux - suivant les règles anciennes imposées par les Moqrani - mais uniquement au profit de ces derniers.
Le 6 avril 1858, l'ordre arrivait de faire payer les impôts achour et zekkat à la tribu makhzène des Hachem, qui avait toujours été franche de redevances et de corvée, les Moqrani eux-mêmes devaient être soumis comme les autres à cette règle générale. On établit donc des rôles d'impôts, mais profitant du prétexte de prétendues mauvaises récoltes, on accorda des dégrèvements aux Moqrani et aux Hachem, en 1857, 1858 et 1859.
En 1858 aussi, on substitua chez les Maadid, les Dréat et les Mzita, à l’impôt lezma en argent, source de revenus considérables pour les Moqrani percepteurs, Ies impôts ordinaires établis sur des rôles individuels au prorata des cultures et du cheptel.
Enfin, on remplaça successivement les oukils, - ou préposés du Bachagha, - presque tous ses serviteurs sans caractère officiel et sans moralité, par des caïds ou des chioukhs investis, choisis avec soin, résidant dans les tribus, et responsables vis-à-vis du commandant supérieur.
En 1859 et 1860, il y eut encore de nouvelles réformes : ce furent, d'abord, les réglementations maladroites et restrictives apportées par le prince Jérôme, alors ministre de l'Algérie, au droit de punir qu'avaient eu jusqu'alors les chefs indigènes, et aux répressions collectives qui, seules, permettent d'atteindre les responsabilités anonymes des tribus récalcitrantes. Puis ce fut la suppression du droit de khedma, puis aussi i'arrêté du 51 décembre 1859, qui réorganisait la justice musulmane et enlevait aux chefs indigènes la grande action qu'ils exerçaient jadis sur les décisions des cadis.
D'après les anciens usages, tout cavalier du beylik turc ou d'un chef indigène qui portait à un particulier une lettre ou un ordre de service, recevait une gratification des mains du destinataire. N'osant supprimer un usage qui facilitait Ie recrutement des cavaliers, lesquels n'avalent souvent pas d'autres traitements que ces gratifications, le maréchal Bugeaud avait par une circulaire, tarifié ces khedma, ce qui empêchait officiellement les abus.
Le ministre de l'Algérie en supprima l'usage, ce qui mécontenta les caïds obligés dès lors de payer leurs cavaliers En cette année 1860, on régularisa aussi la situation du centre européen de Bordj-Bou-Arréridj, et ce au détriment du Bachagha. On prit, en effet, pour constituer ce centre les terres domaniales provenant du séquestre apposé par les turcs sur les biens des Ouled-Gandouz, théoriquement cela était parfait, mais en réalité le khalifat et son fils en jouissaient depuis vingt ans. On leur avait bien répété qu'ils n'en étaient que les usufruitiers ou les locataires à titre gracieux, mais ils avaient toujours pensé en recevoir l'attribution régulière en récompense de leurs services. Aussi Mohamed-el-Moqrani fut-il froissé de se voir privé de cette jouissance, alors qu'il n'avait rien fait de nature à s'aliéner notre bienveillance.
Cependant moins expressif que son père, Mohamed ne récrimina pas, et il ne nous marchanda pas son concours quand, au milieu de ses préoccupations, on l'appela, avec ses goums, pour aider à la répression d'un soulèvement fomenté, en 1860, dans Ie Hodna de Barika, par un certain Mohammed-ben-bou-Khentach, illuminé originaire de la fraction maraboutique des Ouled-sidi-Rabiah, de la tribu des Ouled-Dercadj.
On peut prendre connaissance de cette insurrection des Braktia, dans le livre de M. Feraud, Revue Africaine, 1886, pages 107 et suivantes
Mais il n'avait plus le même entrain qu'en 1851, et le soin extrême qu'il mettait à n'agir qu'après avoir demandé des ordres et des instructions n'était pas exempt d'une certaine affectation, étant donné sa haute situation qui lui permettait plus d'initiative.
Mise en garde du lieutenant-colonel Marnier contre les mesures prises.
Cela fut remarqué, et Ie lieutenant-colonel Marnier, à qui on signifiait officiellement une recrudescence du mouvement islamique anti-français, n'hésitait pas à écrire, le 6 juillet 1860 :
« ...Pour moi, le danger n'est pas là, il est dans la désaffection générale que doivent amener, chez les chefs indigènes, les mesures pises à leur égard, mesures qui les privent de tous les avantages attachés à leur position.
Quelques-uns de ces avantages avaient besoin d'être réglementés, maïs non supprimés, et c'est une faute que des événements imprévus pourront un jour nous faire regretter d'avoir commise. »
Ce langage ne plut pas, et, deux mois après cette lettre, le colonel Marnier quittait le commandement du cercle de Bou-Arreridj pour prendre celui du 2e régiment de spahis, il était remplacé par un simple capitaine.
Le Bachagha dont l'orgueil était grand, fut froissé de se voir placé sous les ordres d'un officier subalterne sachant qu'un capitaine n'aurait jamais dans le milieu militaire qu'une situation effacée, ne lui permettant pas de tenir le langage si ferme et si indépendant qu'avaient tenu, en certaines circonstances, les colonels Dargent et Marnier.
Le général Desvaux, qui commandait la division, avait voulu avoir à Bordj un agent bien dans sa main, plutôt qu'un véritable commandant supérieur.
Le capitaine Payan reçut en conséquence I'ordre formel de « veiller à la régularité et à f intégralité de l'administration des Moqrani, tout en les traitant de la façon la plus courtoise... Il ne devait leur adresser ni blâme ni reproche, mais rendre compte immédiatement de tout ce qui ne serait pas conforme aux prescriptions en vigueur, quand, après communication faite des instructions réglementaires, il n'aurait pas été satisfait »
Pour quelques questions, le capitaine Payan, homme instruit et intelligent, pouvait encore suivre les errements de ses prédécesseurs, mais pour le plus grand nombre, il fut forcé, en présence de ces ordres si précis, de passer presque sans transition d'une tolérance peut-être trop grande à une régularité excessive.
Le 23 octobre 1861, on réduisit le nombre des deïra, ou cavaliers soldés attribués aux caïds. Ce fut encore une contrariété pour le Bachagha. Cette fois, dans son entourage et chez les Hachem, on parla d'émigrer en Tunisie. Le Bachagha avait reçu de ce pays des lettres d'amis ou de parents éloignés qui lui vantaient les égards et la considération dont étaient entourés, en ce royaume musulman, les gens des grandes familles.
Moqrani s'arrangea pour que I'on parlât de ces lettres, de leur contenu, et des velléités d'émigration qui se manifestaient dans son entourage. C'était une façon discrète de nous dire son mécontentement.
Il fut compris, à la fin de l'année 1861, on le nomma officier de la Légion d'honneur, et dans le courant de 1862, il fut invité aux chasses de Compiègne, où il eut un grand succès, tant en raison de sa distinction native qu'à cause de son intelligence et de son exquise courtoisie.
Mais en rentrant en Algérie, il se retrouva aux prises avec les exigences de notre administration, qui se régularisait de plus en plus et exigeait chaque jour davantage de ses agents.
En 1863, on supprima aux Moqrani, comme on l'avait fait partout, les touiza ou corvées, consistant en journées de travail que fournissaient les Indigènes et leurs bêtes, pour les labours, moissons, dépiquage et transport des céréales de leurs seigneurs politiques ou religieux. Lakhdar-el-Moqrani, avaient reçu en dotation, par la famille, un certain nombre de journées de touiza, ainsi que d'autres redevances déterminées en moutons, beurre, etc.
Le Bachagha, à la notification de cette mesure, se borna à répondre « que lui et les siens obéiraient, mais qu'ils étaient profondément choqués et humiliés ». En réalité, ils n'obéirent pas plus que les autres grands chefs. Ils continuèrent à se faire donner les touiza consacrées, sans que les gens osassent réclamer. L’on fit semblant de ne rien voir, ce qui était encore le plus sage.
Cette réforme démocratique acheva de nous aliéner I'aristocratie indigène. Le Bachagha se montra particulièrement affecté et découragé. Déjà, depuis quelque temps, il était revenu de son zèle des premières années. Il était maintenant certain que quel que fut son dévouement, il n'obtiendrait jamais le maintien et l'extension des privilèges dont avait joui son père et ses ancêtres.
Aussi, au commencement de I'année 1864, nous demanda-t-il, « pour mieux donner satisfaction à des détails de service auxquels seul il ne pouvait plus suffire », de scinder son commandement en quatre caïdats qui seraient donnés à ses frères et à ses proches, sur lesquels il ne conserverait que la haute surveillance et l'action politique.
On s'empressa d'accepter cette offre, dans laquelle on ne vit que le résultat d'un moment de mauvaise humeur et de découragement. Il y avait cela, mais aussi autre chose que le Bachagha ne disait pas.
Les Grandes familles nobles indigènes complètement dépossédées de leurs privilèges.
Par sa naissance, sa situation, ses alliances de famille, Ie Bachaga était en relations suivies avec toutes les grandes personnalités de I'Algérie. Toutes avaient eu à notre service des déceptions plus au moins grandes, car, en dépit de nos égards, de nos libéralités, de tous nos témoignages extérieurs de gratitude, nous ne tenions guère compte de leurs avis, dans la haute direction des affaires les concernant. Toutes nos sympathies semblaient réservées aux pauvres et aux humbles dont les besoins et les intérêts nous préoccupaient assurément plus que ceux des djouads qui nous avaient donné le pays.
Le chef des Bengana n'était plus un chikh-el-Arab, mais un simple caïd, le grand chikh du Fedjioua, Bouakkaz-ben-Achour, I'ami des Moqrani, était suspect, et en quelque sorte interné à Constantine.
Les Ben-Azzedine, seigneurs du Zouagha, avaient été brisés. Les ben-Merad des Guerfa étaient de simples fonctionnaires. L’héritier légitime du fief des Hanencha, Khaled-ben-Ali, était un simple chef de goum à Biskra. Les plus puissants de tous les djouads ceux-la même que ni les turcs ni Abd-el-Kader n'avaient pu soumettre, les ouled-Sidi-Chikh, dont le khalifat Si-Hamza et le Bachagha Bou-Beker qui avaient si bien servi la France, les Ouled-Sidi-Chikh n'avaient plus à leur tête qu'un simple agha, à qui on donnait des ordres comme à un subalterne, et qui, amoindri, mécontent, ne cachait ni sa haine contre la France. Son intention était de reconquérir, les armes à la main, la situation indépendante de ses aÏeux.
Tout cela, aux yeux du Bachagha Moqrani, était la faute des chefs des grandes familles, qui n'avaient pas su défendre en temps utile leurs privilèges et qui, maladroitement, par leur concours trop dévoué, avaient permis trop vite aux Français d'établir cette paix qui était utilisée contrairement aux aspirations, aux idées et aux intérêts des djouads.
Le Bachagha ne voyait pas très bien comment on pouvait sortir de cette situation, car il était beaucoup trop intelligent, et trop au courant de nos moyens d'action, pour se révolter comme I'y incitait le jeune Slimane-ben-Hamaza. Ce qui était à la rigueur possible pour une puissante famille saharienne ayant comme les Ouled-Sidi-Chikh, la ressource des subsides d'origine religieuse, était impraticable pour une famille tellienne, comme celle des Moqrani, qui n'avait de ressources que dans les retenus de territoires accessibles à nos troupes.
D'ailleurs, ce qu'il avait vu, dans ses voyages en France et à en Europe, le rendait circonspect. li ne voulait pas s'aliéner notre amitié, mais il estimait qu'il serait peut-être possible de nous forcer à compter avec lui en s'éloignant des affaires, et en laissant agir les gens de désordres, les exaltés et les fous, jusqu'au jour où nous serions forcés de réclamer son intervention pour sauver ou rétablir une situation compromise par d'autres que lui. Ce jour là, on serait bien forcé de le récompenser et de lui rendre quelques-uns des privilèges dont on s'acharnait à le dépouiller, sans profit pour la politique générale du pays.
Telles étaient les dispositions du Bachagha, quand, dans le courant d'avril 1864, il était venu à Constantine pour assister à la remise à ses frères de leurs brevets de caÏd. Il s'était entretenu, dans cette ville des troubles du Zouagha et du Ferdjioua, troubles qui. le mois précédent, avaient conduit à I'arrestation de Bouakkaz-ben-Achour et des membres restants de la famille Ben-Azzedine. Il en parla à son retour, et il reçut du Général Desvaux un blâme très sévère pour s'être montré trop partial en faveur de son ami Bouakkaz-ben-Achour.
Ce blâme froissa profondément le Bachagha, qui ne croyait pas avoir dépassé la mesure dans ses appréciations, suit une arrestation d'un caractère essentiellement politique. Il resta deux jours sans vouloir voir personne, même de ses proches parents.
L'arrestation de Bouakkaz était devenue nécessaire pour l'affermissement de notre politique dans le pays.
Mais elle avait été brutale et basée sur des faits qui étaient plus l'oeuvre d'ennemis intéressés que de Bouakkaz lui-même. Des indigènes en situation d'être biens informés pensent encore aujourd'hui que ce chef indigène a été la victime d'intrigues ourdies par ses ennemis Personnels.
A ce moment, l’insurrection des Ouled-Sidi-Chikh battait son plein dans l'ouest, et par le cercle de Boghar, ou la grande tribu guerrière des Ouled-Chaib avait fait défection, elle menaçait de s'étendre aux Ouled-Naïl et au Hodna. L'inquiétude était partout, bien des fidélités étaient ébranlées.
L’insurrection des Ouled-Sidi-Chikh.
L insurrection des Ouled-Sidi-Chikh avait débuté le 17 févier 1864, jour où l'agha Si-Slimane-ben-Hamza allait réuni ses serviteurs et s'était porté au sud du Mzab. Le 24 février, il avait adressé au gouverneur général une lettre dans laquelle, rappelant les services de son père, le khalife Si-Hamza, et de son frère le Bachagha Boubekeur, il déclarait que depuis longtemps il était soumis à d'humiliantes épreuves. Qu'au lieu de faire respecter son autorité, on étudiait à Géryville les moyens pour l'amoindrir, l'annihiler. On se méfiait de lui, on le faisait surveiller, on allait Ie faire arrêter. Avant de désarmer et de rentrer, il demandait donc au Gouverneur des garanties bienveillantes.
Le maréchal Pelissier ne fit aucune réponse. Mieux inspiré le général Deligny, qui avait été l'ami du khalifat, écrivit à Si-Slimane une lettre bienveillante lui rappelant les dernières volontés de Si-Hamaza.
L'Agha n'avait pas répondu, et, le 8 avril, il avait attaqué à Aïnouet-Boubekeur le colonel Beauprêtre, qui, trahi par Ie goum des Harar, avait succombé avec quatre officiers et cent hommes d'infanterie. Si-Slimane avait été tué dans ce combat, son frère Mohammad avait pris le commandement des rebelles, assisté de ses oncles Si-Lala et Si-Zoubir.
Le 16 avril, l'agha Naimi-ould-Djedid, et les Ouled-Charb, de Boghar, s'étaient joints aux rebelles et avaient pour débuter, tué le caïd Djelloul-ben-Messaoud, notre excellent agent si dévoué, mais que l'Agha détestait « parce que les Français faisaient plus de cas de cet homme de mules et de tapis (pacifique et pieux) que de lui, djouad, homme de poudre et d'éperon ». Le même jour, il avait également tué aussi un lieutenant de spahis indigène élevé en France et une dizaine de spahis.
Le 26 avril avait eu lieu I'affaire d'Arn-el-Khata, où le général Martineau n'était arrivé à trouver un passage, pour ravitailler Géryville, qu'après un combat sanglant qui nous coûta 77 tués, dont 3 officiers, et 31 blessés
Voir les Français dans le désert, et les notes sur f insurrection de 1864 dans la province d'Alger, par le colonel Trumelet, Revue Africaine, 1883-1884
Le Gouverneur général, le maréchal Pélissier s'adresse aux populations indigènes.
Le gouverneur général, le maréchal Pélissier, avait, le 21 avril, adressé « à la totalité » des populations arabes et kabyles », une proclamation dans laquelle après avoir rappelé les débuts de l'insurrection des Ouled-Hamza et annoncé le châtiment, il ajoutait :
« ... Il est des gens qui répètent sans cesse que le peuple arabe doit cesser d'exister et le moment est proche où les bachagas, aghas, caïds, chïouks, cadis et autres, disparaîtront complètement.
Ces paroles sont sans portée. Elles ne sont point l'expression de la pensée du gouvernement français.
Que les chefs indigènes se rassurent, que les tribus restent calmes !..
« Si les populations, oublieuses du passé, n'avaient point confiance dans le présent, qu'elles lisent la lettre que l'Empereur m'a adressé le 6 Février 1863, elles verront combien sont bienveillantes les intentions du gouvernement à leur égard. Elles trouveront un gage certain pour l'avenir dans ces paroles de S.M. : Je suis aussi bien l'Empereur des Arabes que l'Empereur des Français. »
Cette proclamation n'eut aucune action sur les chefs indigènes, qui, aigris et soupçonneux, n'avaient plus confiance dans nos promesses officielles.
Presque tous savaient fort bien qu'en France la volonté du chef de I'Etat avait à compter avec celle des citoyens, et, en Algérie, la population civile européenne, mal disposée à l'égard du souverain, était foncièrement hostile, non pas peut-être aux grandes personnalités indigènes, mais bien certainement à toutes les situations privilégiées, à toutes les institutions et à toutes les fonctions n'ayant pas un caractère franchement démocratique.
Les Arabes ont sur la souveraineté les mêmes idées que les nobles français de l'ancien régime. Pour eux « la souveraineté est de droit divin ». Aussi les lettrés musulmans ont-ils souvent commenté avec malveillance la formule des décrets impériaux, formule reproduite en tête des jugements des cadis : « Nous, Napoléon, sultan des Français par la grâce de Dieu et la volonté du peuple. » Pour les musulmans, un « bey du peuple » est le nom donné à un usurpateur, ou au chef élu d'une population hors la loi. Ce fut le nom donné à diverses reprises par les Arabes à des chefs choisis par eux lors de leurs révoltes contre les Turcs.
Le Bachagha mieux que personne savait à quoi s'en tenir sur la valeur pratique de ces paroles bienveillantes, dont on avait toujours été si prodigue en haut lieu à son égard et à l'égard de son père.
Il ne modifia en rien sa manière de faire, il se borna strictement à I'exécution des ordres reçus, et affecta de ne rien voir en dehors de son commandement officiel.
Ses relations personnelles avec son commandant supérieur, alors chef de bataillon, étaient toujours correctes et courtoises, mais c'étaient celles d'un fonctionnaire vis-à-vis de son chef de service. Le Bachagha ne se livrait plus comme au temps de « ses amis Dargent et Marnier ».
Aussi, pendant longtemps, ne dit-il pas un mot des intrigues que fomentait en ce moment dans le Hodna le secrétaire de Slimane-ben-Hamza, El-Fodil-ben-Ali, originaire des ouled-Madi, ancien étudiant de la zaouïa d'Dis. Il les connaissait cependant parfaitement.
Mais « Le Hodna n'était plus sous sa responsabilité officielle », et il n'était pas fâché qu'il y eût du côté de Bou Saâda et de M'Sila, dans I'ancienne principauté de son père, quelques tiraillements et quelques désordres qu'il se flattait de calmer le jour où l'on ferait appel à son influence familiale.
Cependant l’insurrection des Ouled-Sidi-Chikh avait encore gagné du terrain dans la division d'Alger. Le 8 juin, la nouvelle de la défection des Larba, qui, la veille, à Tagguine, s'étaient ralliés aux Ouled-Hamza, était commentée dans tout le Hodna et dans le cercle d'Aumale. Pour de nombreux indigènes, c'était là une preuve que le soulèvement était bien général, car les Larba ne faisaient pas partie du soff des Ouled-Sidi-chikh, en réalité, cette défection avait eu lieu parce qu'elle permettait aux Larba de faire impunément main basse sur la riche smala de l'agha du Djebel-Amouq qui, lui ne faisait partie d'aucun soff.
Quoiqu'il en soit, à cette nouvelle, les Slater et les Ouled-Sidi-Hajerès avaient quitté la plaine pour se réfugier dans le Dira, et ils avaient ainsi ouvert la route du Hodna. Les Ouled-Sidi-brahim et les Ouled-Ameur du Bou Saâda auraient alors vu des coureurs ennemis traverser le pays, el Ie bruit se répandait que Mohammed-ben-Hamza marchait sur Djelfa, afin de forcer le Bachagha des Ouled-Naïl, Mohammed-ben-Lareuch, à se joindre à lui.
Comme il arrive toujours et partout en temps de troubles et d'insurrection, des bandes de malfaiteurs, qui se souciaient fort peu des questions politiques, s'étaient mises à battre le pays, et à se livrer à des actes de brigandages et de pillages sur les gens inoffensifs.
Le Bachagha Moqrani intervient.
Alors seulement, le Bachagha pensa qu'il était temps d'intervenir. II confia au commandant supérieur de Bordj-Bou-Arréridj que son beau-frère et cousin Said-ben-Boudaoud, caïd du Hodna, «' n'était pas sans inquiétude au sujet d'intrigues sourdes fomentées en secret dans la tribu des Ouled-Madi par quelques chefs de grandes tentes » ( dont il donnait les noms). « Ces intrigues, ajoutait Moqrani, avaient pour but de préparer les Ouled-Madi et les tribus voisines à prendre part au mouvement insurrectionnel du sud, si ce mouvement prenait de l'extension de notre côté. Si-Saïd-ben-Boudaoud n'avait pas voulu rendre compte à Bou Saada de ces inquiétudes, pour ne pas faire éveiller les soupçons par l'envoi d'espions trop connus. »
Cette communication ne manquait pas d'habilité, le Bachagha ne disait pas un mot d'El-Fodil, qui, en réalité, avait écrit au nom des Ouled-Hamza, de se tenir prêts à marcher pour le djihad, le jour où les Ouled-Sidi-Chikh arriveraient dans le Hodna », et il mettait I'agitation sur le compte des chefs des grandes tentes, qu'il avait Ie bon goût de ne pas nommer, mais, qui, évidemment, ainsi désignés, ne pouvaient être que ceux des gens du soff des Ouled-Bouras, c'est-à-dire de Si-Sakhri-Ben-Boudiaf, caïd des Ouled-Naïl de Bou Saâda, son ennemi déclaré.
A Bou-Saâda, où l'autorité locale vivait dans un milieu hostile aux Ouled-Moqrane, on était inquiet, mais officiellement on ne savait pas grand chose, car Said-ben-Boudaoud et Brahim-ben-Abdelhaziz ne rendaient compte à leur commandant supérieur que des « détails de service », prenant toujours préalablement pour les questions importantes, l'avis de leur seigneur et ami Ie Bachagha, chef de famille et « tête du soff ».
Le 15 août, les deux caïds du Hodna et des Ouled-Madi, assistant à un repas officiel donné à Bou Saada par le commandant des troupes le lieutenant-colonel Briant, qui avait été envoyé là avec une toute petite colonne d'observation, presque aux débuts de l’insurrection des Ouled-Sidi-Chikh - protestaient de leur dévouement personnel et du bon esprit de leurs tribus.
Le 19, ils se rencontraient aux Dréat avec les Moqrani de la Medjana, dans une partie de chasse. En les quittant, Ie Bachagha alla rendre visite à ses parents les ouled-Abdesselem et les ouled-Abdallah des Ayad. Ces visites furent faites en plein jour avec l'apparat ordinaire que mettait le Bachagha dans ses relations plus cérémonieuses que cordiales avec ses cousins. Elles n'auraient rien d'anormal, cependant, en raison des circonstances, elles furent mal interprétées et soulignées par les dénonciations de ses ennemis. Le Bachagha se sentit soupçonné et surveillé, d'autant mieux qu'il fut interrompu dans sa tournée et subitement rappelé à Bordj pour donner des renseignements demandés par la division sur les Ouled-Madi. Il déclara, le 1er septembre, qu'il répondait de ses parents et de toutes les tribus placées sous le commandement des membres de sa famille. « J'ai eu un instant des craintes pour les Ouled-Madi, ajouta-t-il, mais aujourd'hui je suis complètement rassuré. J'affirme en outre que, par mon influence, les Ouled-Sidi-Hadjerès, Slamayt, et Ouled-Abdallah du cercle d'Aumale, se maintiendront dans l'obéissance »
Le 3 septembre, Saïd-ben-Boudaoud, qui passait. non sans raison. pour être très préoccupé de ses intérêts matériels, envoyait tous ses effets précieux à la Medjàna, et, deux jours plus tard, c'était le Bachagha lui-même qui demandait à emmagasiner ses grains à Boni, et qui faisait des réserves sur la conduite des Ouled-Madi, au cas où les Ouled-Naïl et leur bachaga Si-Chérif-ben-Lareuch viendraient à se révolter. « Les ouled-Madi, disait-il, seraient déjà partis, s'ils n'étaient retenus par la crainte de nuire à ma famille. »
Il disait vrai, les Ouled-Madi étaient très surexcités. Il aurait pu ajouter que leur caïd, Brahim-ben-Abdallah, aussi bien que Said-ben-Boudaoud, étaient de plus en plus contrariés de la méfiance qu'on leur témoignait à Bou-Saâda, tandis que l'on accréditait tout ce qui était raconté par le soff des Ouled-Boudiaff, leurs ennemis, ou par le caïd de Bou-Saâda « un Ben-Gourmi, un homme de rien, un Mokhazni parvenu », Ceci le Bachagha ne le dit pas car il l'avait souvent indiqué dans ses conversations et il n'entrait pas dans sa ligne de conduite de se mêler des affaires étrangères à son commandement lorsqu'il n'était pas formellement invité à le faire.
Ce qui avait motivé la recrudescence d'agitation chez les Ouled-Madi était un de ces laits qui, insignifiants en temps normal, prennent soudain une importance extrême lorsqu'ils se produisent dans un milieu surexcité et mécontent.
Le 2 septembre, un Madoui ( un homme des ouled-Madi), nommé Diourlel, s'était emparé en plein jour, sur la grande place de Bou-Saâda. d'un chameau appartenant au caÏd Ben-Gourmi, et était-parti, le chassant devant lui à coups de plat de sabre, vers la montagne des ouled-Naïl. On n'avait d'abord pas pris garde à ce fait, tant le Madoui avait opéré avec aplomb et sans avoir I'air de commettre un acte répréhensible. On s'était cependant informé, puis on avait poursuivi ce hardi voleur, sans pouvoir le rattraper. L'enquête faite séance tenante avait démontré que deux autres Ouled-Madi, de la même fraction de Diourlel, c'est-à-dire les Ouled-bou-Yayia de I'Oued-Chellal. avaient par leurs propos et leur attitude sur le marché facilité I'enlèvement du chameau. Puis, les gens de Ben-Gourmi en avaient désigné quatre autres comme pouvant donner des renseignements précis sur le voleur.
Le lendemain, le commandant supérieur avait écrit au chikh des Ouled-Madi d'envoyer à Bou- Saâda Djourlef et les six individus nominativement désignés.
En même temps, il avait invité les chioukhs à lui envoyer « six notables pour s'entretenir avec eux de la situation du Hodna »
C'était une grosse maladresse étant donné la situation des esprits, le caractère de bravade et de défi qu'avait, l'acte commis par Djourlef sur un marché dont le caïd Ben-Gourmi avait la police. Cette affaire du chameau, aussi bien que celles des renseignements politiques, n'auraient du être traitées qu'avec le caïd des Ouled-Madi lui-même, et non pas avec ses subordonnés,
Cette erreur, dont la cause était le peu de confiance qu'on avait en Brahim-ben-Abdallah, eut des conséquences graves.
Conséquences des maladresses du commandant supérieur.
Le 5 septembre au matin, les chioukhs lurent les lettres apportées par un cavalier devant les Kebar assemblés. Tout le monde y vit une demande d'otages et de représailles des Ben-Gourmi ; les Ouled-Madi résolurent de ne pas agir sans avoir consulté leur « frère, le caïd Brahim-ben-Abdallah, et leur chef, Ie caïd Ben-Boudaoud »
En attendant, Ie cavalier lut gardé à vue dans une tente, son cheval éloigné et sa selle mise en dépôt chez un tiers.
Les Kebar de l'Oued-Chellal consultèrent alors ceux de M'Sila, leurs demandèrent des délégués, et vinrent ensemble au bordj Sidi-Hamla, où étaient réunis les deux camps.
Ils exposèrent leurs craintes, et il est probable que les deux caïds, qui, eux aussi étaient vexés, ne surent pas dominer cette situation délicate, car le soir, 5 septembre, Saïd-ben-Boudaoud rendait compte que les Ouled-Madi de l'Oued-Chellal se trouvaient dans une grande effervescence et délibéraient encore pour savoir s'ils allaient s'insurger. «
Je ne sals pas ce qu'il en résultera, je crains pour ma personne, mes enfants et mes biens, tous ces Ouled-Madi sont de mauvais sujets, tous ont pris part à ce conciliabule. Indiquez-moi les moyens de me mettre à l'abri si l’insurrection se déclare, je suis étranger et menacé d'être tué, je n'ose donner d'ordre à qui que ce soit. »
En même temps, Saïd-ben-Boudaoud envoyait un cavalier au Bachagha.
A deux heures du matin, Mohammed-el-Moqrani, ne voulant pas déranger le commandant supérieur, envoyait à l’interprète un mot très bref disant : « les Ouled-Madi font défection, car des spahis envoyés de Bou-Saâda ont demandé sept otages par fraction. »
Le Bachagha, sans perdre de temps, et avec cette activité intelligente qu'il savait déployer, quand il le voulait, réunissait un fort goum des Hachem et le conduisait à Bordj-Bou-Arréridj. Quand le 6, à cinq heures du matin, le commandant supérieur le fit appeler, il répondit simplement qu'il était prêt à exécuter ses ordres. Vingt minutes plus tard, il partait avec son goum et arrivait à M'Sila distante de 65 kilomètres, dans l'après-midi.
Saïd-ben-Boudaoud, Brahim-ben-Abdallah et les Ouled-Madi, s'y rendirent, le Bachagha alla au devant d'eux jusqu'à hauteur de la mosquée Sidi-Ghouzeli , il fit ouvertement des reproches aux Ouled-Madi sur leur mauvaise attitude, les invita à livrer les otages demandés et à rentrer chez eux. Puis il les congédia et se rendit, avec les deux caïds, faire sa prière à la mosquée. Après une demi-heure d'entretien, il les laissa retourner à Sidi-Hamla et alla se reposer à M'Sila.
Ordre de la division d'expédier immédiatement le lieutenant-colonel Briant avec un détachement de troupes vers M'Sila.
Dans la soirée, arrivait à Bou Saâda l'ordre de la division de faire partir immédiatement pour M'Sila le lieutenant-colonel Briant avec trois escadrons de cavalerie, une section d'artillerie et une compagnie de tirailleurs. Ce détachement devait rallier dans cette ville le lieutenant-colonel Gandil, qui allait y arriver le 9 avec un bataillon de tirailleurs. Le 7 septembre, au matin, la colonne se mettait en marche, accompagnée du capitaine Marty, chef du bureau arabe. Un peu avant Baniou, son chef reçut, par un cavalier, un télégramme de la subdivision lui prescrivant, si la situation n'était pas nette, de ne quitter Bou-Saâda que lorsque les tirailleurs du lieutenant-colonel Gandil seraient près de M'Sila.
Les renseignements donnés au chef du bureau arabe n'étaient pas mauvais. Il n'y avait encore à sa connaissance que le refus de livrer les otages. On alla donc camper à Baniou, où, le soir, on reçut des lettres des deux caÏds, sinon très rassurantes, du moins peu alarmantes. « Ils s'employaient, disaient-ils, à calmer les gens et espéraient réussir. » Saïd-ben-Daoud ajoutait qu'il serait le lendemain à Aïn-el-Habbara avec la diffa, c'est-à-dire avec les prestations d'eau et de bois commandées pour la colonne.
Le lieutenant-colonel Briant fit télégraphier alors à la subdivision et écrivit au commandant supérieur que, « dans ces conditions, un mouvement de retraite n'était ni politique ni militaire, et qu'il marchait en avant ».
Pendant ce temps, la situation s'aggravait du côté de M'Sila, où il y avait eu, à trois heures, une réunion tumultueuse, à la mosquée de Sidi-Ghezouli.
Là, les Ouled-Madi du soff Bouaziz, ou oued-Chellal, avaient accusé ceux du soff, Bouras d'avoir été les instigateurs de la demande d'otages faite par le commandant supérieur de Bou -Saâda. Ils menaçaient de les razzier, avec l'appui des Metarfa, accourus en armes, et avec l'appui, aussi, d'une partie des Souama.
Les Ouled-Madi du soff Boudiaf se sentaient menacés, Saïd-ben-Boudaoud et le Bachagha, s'ils n'étaient pas d'accord avec les gens de l'oued-Chellal, ne protégeraient certainement pas les gens du soff opposé. Bref, n'ayant personne pour les soutenir, ils durent céder et donner des gages à leurs frères de tribu. Ceux-ci exigèrent qu'on s'engageât par serment, à la mosquée de Sidi-Ghezouli, à ne pas livrer les otages et à s'insurger. Tous, y compris les Metarfa, prêtèrent le serment.
Le Bachagha était venu à pied de M'Sila, dès le début de la réunion, pour aider Saïd-ben-Boudaoud et Brahil-ben-Abdallah à calmer les gens. Il n'avait aucune garantie à leur donner.
Il n'avait pas d'instructions lui permettant d'engager l'autorité, et il ne se sentait pas « assez bien en cour » pour prendre sur lui l’initiative d'une mesure contraire aux ordres de Bou-Saâda et favorable à son soff.
Il ne put donc rien obtenir. Saïd-benBoudaoud était incapable de l'aider, quant à Brahim-ben-Abdallah, il subissait l'influence de ses frères de tribu, et, était chef du soff des Bouaziz. Il croyait que ses devoirs de Madoui devaient passer avant ceux de caïd. Comme beaucoup d'autres, chef d'un parti il était obligé de suivre ses partisans qu'il ne pouvait plus maintenir.
Pour gagner du temps, il parla de sa smala, restée chez les Souama. Ses frères et son fils partirent aussitôt pour la chercher et amener les Souama. Là, un chikh des Souama, Rezoug-ben-Ahmed, ayant refusé de la laisser partir et de venir lui-même avec ses gens, Mohammed-ben-Bouaziz, frère du caïd, lui déchargea son pistolet en pleine poitrine. Le chikh laissé pour mort, la smala, et une partie des Souama, avalent alors suivi Mohammed-ben-Bouaziz.
Cependant, en présence de l'attitude correcte du Bachagha, les chioukhs furent ébranlés, et il fut convenu que l'on attendrait, pour commencer les hostilités, que tous les adhérents fussent réunis. Connaissant cette décision, Saïd-ben-Boudaoud crut pouvoir écrire au commandant de 1a colonne qu'il espérait être le lendemain à Aïn-el-Habbara.
De son côté le Bachagha, se méfiant des Ouled-Madi qui l'entouraient, et des gens qui, à la colonne lirait sa lettre en arabe, priait un colon de M'Sila d'écrire en français au Lieutenant-Colonel Briant pour le prévenir de la défection des Ouled-Madi et d’inviter à se tenir sur ses gardes.
« J'ai l'honneur de vous informer que monsieur le Bachagha et le caïd Ahmed ( caïd de M'Sila, lieutenant de tirailleurs) me chargent de vous adresser ces quelques lignes pour vous prévenir que les Ouled-Madi sont tout à fait sur le point de faire défection. Ils ont eu aujourd'hui une entrevue qui laisse beaucoup à désirer. Ils ont quitté leurs campements pour prendre celui d'El-Ghbor ces messieurs emploient ma faible plume à seule fin d'éviter les soupçons des Ouled-Madi, et vous engagent de fuire prendre des moyens de sûreté pour prévenir les accidents qui pourraient arriver sur la route. S'il, il y a d'autres nouvelles à vous donner, on vous les fera parvenir. Ces messieurs vous présentent leurs respects, votre dévoué, Signé: Barbot. »
A huit heures du soir, un grand feu était allumé sur la pointe du djebel Selletz, entre Ie village d'Eddis et Bou-Saâda. Ce feu, visible de tout le Hodna, était un signal, les Ouled-Madi de l'Oued-Cheilal répondirent par un feu plus petit et moins prolongé.
La lettre du Bachagha arriva à deux heures du matin à la colonne, mais les conciliabules des Ouled-Madid s'étaient continués pendant toute la nuit du 7 au 8 septembre. Le meurtre du chikh Rezoug et l'arrivée des Souama avaient achevé de griser les esprits, on était résolu à attaquer la colonne
Malencontreuse décision, de rebrousser chemin sur Bou-Saâda, prise par le chef de la colonne.
La colonne s'était mise en route de grand matin, elle avait d'abord rencontré un convoi de mulets chargés de marchandises à destination de commerçants de Bou-Saâda, les conducteurs avaient affirmé que la route était tranquille. Puis, vinrent deux chiouks des Ouled-Madi, du soff Boudiaf, Taieb-ben-Amri des Ouled-Abdelhaq et Ben-Abdallah-ben-Saïd des Ouled-Sidi-Hamla, qui annoncèrent qu'on trouverait la diffa à Ain-el-Habara.
Ils achevaient à peine leurs protestations de dévouement que le garde route Saoudi, envoyé la nuit au caïd, arrivait au galop annoncer au colonel que Brahim-ben-Abdallah lui avait dit : « va avertir les Français qu'ils sont perdus, que nous allons les attaquer, et que pas un ne sortira vivant du bivouac ».
Le Lieutenant -Colonel envoya aussitôt les deux chioukhs voir en avant ce qu'il en était. Un peu plus loin, on rencontra un cavalier de Saïd-ben-Boudaoud qui fit savoir, de la part de son maître, que les Ouled-Matong du soff Boudiaf, désignés pour apporter de I'eau à Aïn-el-Habara, avaient refusé d'obéir.
Il ne faut pas oublier qu'on est au mois de septembre, à l'époque où, dans Ie Hodna, Ies sources sont très réduites ou taries. II est alors nécessaire, en cas de passage de troupes, surtout de cavalerie, de faire venir de l'eau de différentes sources
On était à deux kilomètres du bivouac, quand les chioukhs envoyés en reconnaissance annoncèrent que Brahim-ben-Abdallah était en effet à la fête des goums à Saïda, mais qu'ils aient refusés de 1e suivre. Ils engagèrent le Colonel, soit à s'arrêter à Aïn-e1-Habara, soit à se porter sur Saida, où se trouvaient les silos des Ouled-Abdelhacq et Ben-Abdallah qui, se sentant protégé aiderait la colonne.
Alors, un espion à notre service, le nommé Ben-Abdi, certainement acheté par les Ouled-Abdi, s'écria interrompant les chiouks : Ne vous fiez à personne, ces chiouks sont insurgés comme les autres, et veulent vous entraîner dans un piège. Tous les Ouled-Madi sont en armes, les Ouled-Dehim, les Metarela, les Souama et les Ouled-Adhi arrivent.
Saïd-ben-Boudaoud est à leur tête, et le Bachagha a le commandement général.
Regardez ! Regardez ! N'allez pas à M'Sila, vous n'y trouverez que des ennemis, retournez plutôt à Baniou ».
En effet de tous côtés, des cavaliers couvraient la plaine.
Ce langage fit une grande impression sur le lieutenant-colonel Briant. De son côté, le chef du bureau arabe n'était pas surpris de voir le bachaga Moqrani, l'ami dévoué du chikh Bouakkaz-ben-Achour, donner la main aux Ouled-Sidi-Chikh, et il ne mit pas un instant en doute la réalité des assertions de l'espion, C'était une insurrection générale qu'on avait devant soi et il fallait s'attendre à ne pas voir arriver à M'Sila, le bataillon du colonel Gandi, car, en raison de la gravité de cette insurrection, une grosse colonne serait nécessaire pour pénétrer dans le Hodna.
Le lieutenant-colonel Briant, en présence de cette situation, ordonna le retour à Bou -Saâda. On rebroussa chemin immédiatement, afin de pouvoir traverser l'Oued-Chelal avant d'être attaqué, car, encore bien que cet oued n'eût pas d'eau son lit encaissé et couvert de tamaris, était difficile à passer.
Cette retraite, en ce moment était une faute, politiquement et militairement. Il n'y aurait pas eu un grand inconvénient la veille à rentrer de Baniou à Bou-Saâda.
On n'était pas directement menacé, on était en pays ami, cela aurait passé facilement pour une marche militaire, une sortie, une reconnaissance, toute chose normale et sans retentissement. Mais faire demi-tour en abordant un territoire ennemi, et en présence de goums armés, alors surtout que l'on se trouvait en plaine et que l'on disposait de l'artillerie, c'était une insigne maladresse. Même en admettant Ie dire de I'espion, il fallait s'arrêter à Aïn-el-Haraba, où l'on aurait toujours eu assez d'eau pour les hommes, et là, bien groupés, avec des obusiers, des munitions et cinq cents chassepots, on pouvait tenir contre une nuée de cavaliers mal armés. Puisqu'on pensait être attaqué, il fallait, si on n'était pas assez fort pour marcher à l'ennemi, attendre cette attaque en un camp bien organisé, et non la subir pendant une retraite, avec des hommes ' démoralisés et des chevaux fatigués ;
Dès que les goums ennemis virent le mouvement de retour se prononcer, ils s'avancèrent en une longue ligne ayant plus d'un kilomètre de longueur de chaque côté de la colonne, qu'ils enserrèrent en formant un fer à cheval ouvert du côté du sud. Trois bannières leur servaient de point de direction et de ralliement. Ils se contentèrent du reste, de caracoler autour de nos soldats en tiraillant de très loin, ne tentant aucune attaque sérieuse. La colonne arriva le soir à Baniou sans un blessé. Les rebelles n'eurent que quatre tués, et deux blessés dont le caïd Brahim-ben-Abdallah, qui avait reçu un coup de sabre d'un chasseur dans une des petites charges faites afin d'éloigner les cavaliers ennemis de la colonne.
Pendant ce temps, sur les conseils du Bachagha, qui tenait à dégager sa responsabilité et celle des siens, Saïd-ben-Boudaoud s'était rendu de bon matin aux campements des Ouled-Chellal pour enlever sept otages quelconques, mais il n'avait pas été obéi et même on l'avait gardé à vue pour l'empêcher de se rendre soit à la colonne, soit à M'Sila. A neuf heures du matin, le Bachagha, prévenu, avait dû monter à cheval avec son goum afin de le dégager, ce qu'il fit par sa seule présence, sans avoir besoin de combattre. Son cousin n'avait, du reste, pas été attaqué, mais simplement maintenu dans l’inaction. Le Bachagha avait rendu compte de ces laits à son chef hiérarchique, alors à Mejez à une étape au nord de M'Sila, et un peu plus tard il lui avait rendu compte de l'attaque de la colonne.
Le 9 septembre, le bataillon de tirailleurs commandé par le lieutenant-colonel Gandi arrive à M'Sila.
La Suite au prochain numéro
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INTOX-DESINTOX
PAR MANUEL GOMEZ
21 novembre 2023
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Les larmes de la Seine ou le mensonge grossier du 17 octobre 1961
Le film « Les larmes de la Seine », film d’animation sur le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961 (donc vous m’avez compris il s’agit d’un film de fiction) a été récompensé aux « Oscars » étudiants aux USA, à Los Angeles. Ce film a été réalisé par trois étudiants de l’École Pôle 3D de Roubaix et il raconte la soi-disant répression policière sanglante qui se serait déroulée à Paris à l’époque où Maurice Papon était préfet. Ce film est présenté comme une « tragédie trop méconnue en France alors qu’elle fait partie de notre “Histoire” » !
Signalons qu’en 2021 ces étudiants de « L’École 3D » de Roubaix avaient déjà été primés dans d’importants festivals pour un film nommé « Migrants ».
Déjà sur « France 2 » un mardi soir de 2020, une émission « Décolonisations – du sang et des larmes » – n’avait pas manqué de signaler ce « mensonge d’État » que fut le 17 octobre 1961 : « un rassemblement pacifique du FLN, interdit par la préfecture, après quelques mois où 80 policiers avaient été assassinés, et 4000 musulmans exécutés, au cours des affrontements sanguinaires entre MNA et FLN ».
Revenons à la réalité : tout d’abord, les faits tels qu’ils se sont produits : la guerre que se livraient le FLN et les partisans de Messali Hadj (MNA) depuis des années avait coûté la vie à environ 4 000 Algériens et à quelques dizaines de policiers en Île-de-France notamment.
Un rassemblement pacifique était organisé par le FLN, mais interdit par la Préfecture de Paris, le 17 octobre 1961 car, rappelons-le, il s’agissait, à l’époque, des ennemis de la France.
Immédiatement les médias et la presse de toute la gauche signalaient « La terrible répression policière ». Des milliers d’arrestations, des centaines de morts (entre 200 et 300) et des milliers de blessés annoncés par le quotidien « L’Humanité ».
Le nombre de manifestants était estimé entre 20 et 25 000, encadrés par des groupes de choc armés. Le FLN avait donné des instructions « menaçant de mort les Français musulmans qui n’obéiraient pas aux consignes ».
Dès le lendemain, 18 octobre, Maurice Legay, directeur général de la police parisienne, annonçait 3 morts ; 11 358 avaient été interpellés et 2 299 transportés de métropole vers l’Algérie après ce 17 octobre 1961.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, lors de la séance du 31 octobre 1961, faisait part aux sénateurs du bilan de 7 morts et 136 blessés hospitalisés entre le 17 et le 20 octobre 1961.
Chaque année, depuis plus d’un demi-siècle, le 17 octobre 1961 revient à la « Une » de l’actualité pour dénoncer les « soi-disant » 200 à 300 victimes (on n’est pas à quelques dizaines près) de la “terrible” répression policière, suite à la manifestation « pacifique » du FLN (interdite par le préfet), qui, rappelons-le, était tout de même l’ennemi en guerre contre la France à cette époque.
**Ce 17 octobre 1961 j’étais journaliste d’investigation et chroniqueur judiciaire du quotidien «L’Aurore» et j’ai enquêté dès le lendemain auprès de la morgue et des services hospitaliers, également auprès des établissements et des riverains qui longeaient la Seine.
J’ai accompagné le colonel Raymond Montaner, commandant de la Force Auxiliaire des Harkis de Paris, dont le rôle principal était la protection des Algériens de la région parisienne contre les exactions du FLN, qui a enquêté en compagnie de ses deux adjoints le capitaine de Roujoux et le lieutenant Champsavin et voici le résultat absolument vérifiable de leurs conclusions :
Il n’y eut cette nuit du 17 octobre aucune intervention anormale des pompiers parisiens, ni de police secours, ni de la Croix-Rouge, ni d’aucun service d’ambulance.
– Aucun service d’urgence des hôpitaux de Paris et de la banlieue n’a reçu un afflux anormal de blessés.
– 2 300 blessés en une seule nuit cela laisse pourtant des traces, non ? Toutes les urgences et même les cliniques privées auraient dû être totalement débordées. Où sont donc passés ces 2 300 blessés ? Disparus comme par magie ! Sans doute ont-ils été jetés dans la Seine en même temps que les 300 morts !
L’enquête auprès des barrages en aval de Paris n’a révélé aucune découverte de noyés. Pourtant 300 corps ne se dissolvent pas dans l’eau de la Seine. Les berges sur des kilomètres auraient dû être parsemées de cadavres mais aucun riverain n’en a signalé !
Peut-on d’un coup de baguette magique escamoter 300 cadavres ?
Si l’on conteste ces chiffres, que l’on nous donne les noms de ces 300 morts, inconnus aussi bien en France qu’en Algérie, où de nombreuses familles auraient dû se manifester. Et si 2 300 blessés étaient passés par les services hospitaliers, les traces existeraient.
J’écrivais alors : « Alors messieurs nos gouvernants, messieurs les sénateurs, parlementaires, Français et Algériens, voici la liste officielle des cadavres « non identifiés » reçus à l’Institut médico-légal entre le 18 et le 21 octobre 1961 :
– Le 17 octobre 1961, alors que se déroulait dans Paris un soi-disant massacre, l’Institut médico-légal (la morgue) n’a enregistré aucune entrée de corps de « NA » (NA= Nord- Africain dans la terminologie de l’époque).
– Le 17 octobre 1961, de 19 h 30 à 23 heures, il n’y eut qu’une seule victime dans le périmètre de la manifestation, un Français nommé Guy Chevallier, tué vers 21 heures devant le cinéma REX, crâne fracassé. Par qui ?
– En dehors du périmètre de la manifestation, « seuls » 2 morts furent dénombrés, Abdelkader Déroues tué par balle et retrouvé à Puteaux et Lamara Achenoune tué par balle et étranglé, gisant dans une camionnette, également à Puteaux. Rien ne permet de dire qu’ils furent tués par les forces de l’ordre, puisque la manifestation ne se déroulait pas à Puteaux.
– Le 18 octobre, à 4 heures du matin, le bilan était donc de 3 morts. Nous sommes donc loin des 200 à 300 de morts.
Mais, nous dit-on, les cadavres ont été déposés à la morgue les jours suivants.
C’est absolument faux !
**Les archives de l’Institut médico-légal de Paris affirment qu’entre le 18 et le 21 octobre, 4 cadavres de « NA » seulement furent admis à la morgue :
– Le 18 octobre, Achour Belkacem tué par un policier invoquant la légitime défense et Abdelkader Benhamar mort dans un accident de la circulation à Colombes.
– Le 20 octobre, Amar Malek tué par balles par un gendarme.
– Le 21 octobre Ramdane Mehani, mort dans des circonstances inconnues.
Mais ceux qui nous gouvernent sont sans doute persuadés que les médecins légistes et les fonctionnaires d’État ont été « payés » ou ont subi des pressions afin de « dissimuler » ces 200 à 300 cadavres… et que depuis plus de cinquante ans, ils se taisent !!
Ces archives inscrivant les « entrées de corps « N.A » (Nord-africains) par jour » nous apprennent également que pour tout le mois d’octobre 1961 » les 90 corps enregistrés par l’Institut médico-légal, étaient, pour la plupart, des victimes du FLN.
Et que pour la totalité de l’année 1961, 308 cadavres de « N.A » sont passés par l’IML, la plupart exécutés par le FLN dans sa guerre contre les Messalistes.
Sur ces 308 cadavres de « N.A », 34 retrouvés dans la Seine ou la Marne notamment étaient des harkis, des partisans de la France, ou des membres du MNA, une des méthodes d’assassinat du FLN consistant à noyer ses opposants.
Et surtout que ce sont ces mêmes « assassins » du FLN qui étaient les organisateurs de cette manifestation « pacifique ».
Ces chiffres cités depuis 1961 dans mes livres et mes articles n’ont jamais été contestés.
Même après l’indépendance de l’Algérie, il n’a plus été question de cette soi-disant tragédie, ni par les responsables algériens ni par les gouvernements de la France.
Mais ne voilà-t-il pas qu’un livre (La bataille de Paris) écrit par le communiste, membre influent du PCF et rédacteur à L’Humaninté rouge, Jean-Luc Einaudi en 1991 (qui n’avait que dix ans en 1961) dévoile ce soi-disant « mensonge d’État » et ces 300 cadavres jetés dans la Seine.
Et depuis la parution de ce livre, la gauche française et les gouvernements de l’Algérie ne cessent d’accuser la France et d’exiger repentance.
En 1998 un rapport officiel de la commission d’enquête, réclamé par le Premier ministre Lionel Jospin (de gauche) et le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, concernant justement ces événements du 17 octobre 1961, venait confirmer mes affirmations sur le nombre de victimes comptabilisées entre les 17 et 20 octobre 1961.
Cette commission, dénommée « La mission » » était composée de :
– M. Dieudonné Mandelkern, président de section au Conseil d’État.
– M. André Wiehn, Inspecteur général de l’administration.
– Mme Mireille Jean, conservateur aux Archives nationales.
– M. Werner Gagneron, Inspecteur de l’administration.
Elle a examiné scrupuleusement les :
– Archives de la préfecture de police
– Archives du ministère de l’Intérieur
– Archives de l’Institut médico-légal
– Dossiers d’enquête de la police judiciaire
– Graphique des entrées de corps « N.A » (Nord-Africain) de septembre à fin octobre 1961.
Malgré ce rapport officiel d’un gouvernement de gauche, François Hollande, alors président de la République, reconnaissait avec lucidité ces faits : « 51 ans après je rends hommage à la mémoire des victimes. »
En 2001 c’était le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui inaugurait une plaque commémorative sur le pont Saint-Michel.
Président de la République, Emmanuel Macron expliquait que « cette tragédie, longtemps occultée, était inexcusable pour la République. Il reconnaissait que près de 12.000 Algériens avaient été arrêtés et transférés dans des centres de tri et que, selon les Historiens, plusieurs centaines avaient été tués et leurs corps jetés dans la Seine. »
Cela suffit : depuis des décennies on vous trompe, on nous trompe, on les trompe, on ment à la France et aux Français et, forcément, on ment aussi aux Algériens qui ne demandent qu’à croire les informations volontairement erronées qu’ils reçoivent.
Quand un Président aura-t-il le courage de dire la vérité aux Français (et aux Algériens) ? Le ministre de l’Intérieur possède tous les documents officiels concernant cette manifestation interdite.
Quand cessera-t-on de nous prendre pour des « imbéciles » ?
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Les phénomènes du désert
Envoyé par M. Christian Graille
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La caravane marchait depuis trois jours, un peu à l'aventure, perdue dans les immenses plaines qui s'étendent entre les plateaux d'Adghah au Sud et de Tassili au Nord.
Aucune trace de végétation n'apparaissait ; le sable succédait au sable aussi loin que l'œil pouvait embrasser l'horizon.
On avait cessé de rencontrer des touffes d'alfa, cette herbe du Sahara, et les buissons épineux, cette triste et dernière verdure qui marque l'extrême limite des régions parcourues par les akkabahs. Comme M. Lafourche s'étonnait de ne pas rencontrer de lions : " Il y a donc chez vous des lions qui boivent de l'air et broute le sable ? répondit Ben-Samuel, chez nous, il faut de l'eau courante et de la chair vive.
Le quatrième jour la caravane n'avait encore fait qu'une vingtaine de lieues dans l'Ouest. A chaque instant il fallait s'arrêter pour donner quelques heures de repos aux hommes et aux animaux. Pendant la grande chaleur on dressait les tentes on préparait les repas presque exclusivement composés de maïs de dattes de viandes sèches.
L'usage de cette nourriture ne contribuait pas peu à accroître la soif dévorante des voyageurs. On souffrait cruellement du manque d'eau. Le lait des chamelles s'épuisait.
Quand les étoiles reparaissaient au ciel, on se remettait en marche. Les premières étapes avaient usé les chaussures, et le sable brûlant causait aux pieds nus des Européens d'intolérables douleurs (Le sable produit une véritable brûlure, le haffa, aux pieds de ceux qui marchent sans chaussures. M. le général Daumas, le grand désert).
Heureusement Ben Samuel, toujours ingénieux, sut fabriquer avec une peau de chameau des sandales qui, pour ne pas briller par l'élégance, n'en rendirent pas moins un service signalé.
Plus on avançait, plus la confiance diminuait. Des symptômes de maladies étranges s'accusaient d'heure en heure davantage. Seuls, soutenus par leur énergie : Ben-Samuel M. Hunt et M. Lafourche essayaient de rendre le courage à leurs compagnons. Ils y réussissaient rarement.
Le cinquième jour, un Maltais, nommé Philipi, se coucha sur le sable, jurant qu'il n'irait pas plus loin et qu'il aimait mieux mourir que d'endurer de pareilles souffrances.
A bout d'arguments, M Hunt dut le faire hisser de force sur un des chameaux. Le lendemain ce fut le tour de Pérès, l'Espagnol et de deux Italiens.
M. Hunt ne savait où donner de la tête. Il fallait ou abandonner ces malheureux et l'abandon c'était la mort, ou sacrifier quelques-uns des bagages, car les chameaux, déjà exténués, ne pourraient recevoir ce surcroît de charge.
Il est vrai que le nègre recueilli au marabout d'Abd-en-Nebi se rétablissait rapidement. Grâce à des compresses de beurre fondu, ses blessures s'étaient cicatrisées dès le deuxième jour, et il avait pu céder sa place au Maltais Philipi. Il s'appelait Ali et était l'esclave d'un des marchands marocains. Dès qu'il comprit comment il avait été sauvé, dès qu'il sut à qui il devait la vie il témoigna à M. Hunt et à M. Lafourche une vive reconnaissance.
Le septième jour, trois hommes moururent. On leur creusa une tombe dans le sable, et l'on planta une croix sur cette tombe. Dans la nuit qui suivit M. Lafourche et plusieurs de ses compagnons furent atteints d'une affection particulière au désert, et à laquelle les Arabes ont donné le nom de ragle.
La ragle est une sorte d'hallucination qui affecte tous les sens. On perd la perception exacte des objets et des lieux. Une pierre devient une montagne une touffe d'herbe une forêt. Les surfaces horizontales se redressent l'horizon se rétrécit et vous presse de toutes parts.
Le bruit des pas le sifflement du vent prennent l'apparence de chants de cris et de sons harmonieux. ( Il m'est arrivé, dit le Comte d'Erscayrac de Lauture de trouver des murailles qui reparaissaient toujours devant moi ; mon bras, allongé, plongeait dans la maçonnerie, mon corps ne la rencontrait jamais : elle s'ouvrait pour me livrer passage.
Un jour, dit encore le même voyageur, j'entendis le tic tac d'un moulin. Cherchant à rappeler ma raison et à m'expliquer l'origine de ce bruit, je vis que c'était la boucle de mon ceinturon qui frottait sur le pommeau de ma selle où mon sabre était accroché.)
Cette nuit-là, il fallut s'arrêter. On dressa les tentes. Mais malgré la fatigue, ou plutôt à a cause de la fatigue, personne ne dormit. Beaucoup se couchèrent qui pensaient bien ne pas se relever le lendemain. M. Lafourche, étendu sur une peau de chameau avait la fièvre et divaguait. Près de lui M. Hunt veillait. Vers les deux heures du matin, M. Lafourche se redressa sur son coude et sembla prêter l'oreille à un bruit que son compagnon ne percevait pas.
Tout à coup :"C'est la grêle dit-il ". M Hunt regarda son ami avec inquiétude et lui pris le bras. Non ! non ! reprit M. Lafourche, je n'ai pas le délire. Je vous dis que c'est la grêle. Ne l'entendez-vous pas résonner sur la toile de la tente ? M. Hunt secoua la tête. " Je vous dis que c'est la grêle répéta. M. Lafourche avec une insistance particulière. Allez voir, je vous prie." Par condescendance pour le désir de son ami M. Hunt souleva la portière qui fermait la tente.
En ramenant ses regards vers le sol, il sembla à M. Hunt que le sable avait perdu sa couleur ordinaire. Etonné, il se baissa et en ramassa une poignée qu'il examina avec soin.
Il tenait dans sa main un certain nombre de petits grains grisâtres, arrondis anfractueux de la grosseur d'un pois. En ce moment, Ben-Samuel passa devant la tente. M. Hunt lui montra sa découverte. " Qu'est-ce que cela ? " demanda-t-il.
Le juif tressaillit. Une expression indéfinissable de joie se peignit sur son visage. " Cela, dit-il c'est l'ousseh-el-ard (l'excrément de la terre), la manne qui nourrit les Israélites pendant leur voyage de quarante jours à travers le désert. Je vous avais bien dit que Dieu ne nous abandonnerait pas. "
La bonne nouvelle ne tarda pas à se répandre dans le camp. Au lever du soleil, chacun s'empressa de ramasser le précieux cryptogame qui couvrait le sol sur une épaisseur de près de deux pouces. En outre, comme il arrive presque toujours en pareille circonstance, la température s'était notablement abaissée, une rosée abondante mouillait les tentes et les bagages, et, si faible que fût ce soulagement, chacun l'accueillit comme le gage d'un avenir meilleur.
Bouilli dans le lait des chamelles, l'ousseh-el-ard fournit une pâte gélatineuse, un peu fade, avec un léger arôme de champignon, mais qui contenait tous les principes assimilables des meilleurs aliments végétaux et réveilla l'appétit des voyageurs fatigué du régime des viandes sèches et des dattes.
Vers midi, on se remit en route, sinon avec confiance, du moins avec courage. M. Lafourche encore souffrant avait pris place sur un méhari. On marchait depuis deux heures environ, quand Ben-Samuel et M. Hunt qui précédaient leurs compagnons à une certaine distance, revinrent précipitamment sur leurs pas. Ils venaient de reconnaître sur le sable des traces d'hommes et d'animaux qui se dirigeaient du Sud au Nord et coupait à angle droit le chemin suivi par les voyageurs.
La rencontre d'une caravane est une chose si importante au désert, elle peut avoir des conséquences si graves, surtout dans la situation où se trouvaient les Européens que chacun retrouva des forces pour aller, de ses propres yeux, vérifier l'exactitude du fait .
C'était bien en effet des traces d'hommes et d'animaux, d'inégales dimensions tantôt légères tantôt profondes. Déjà Ali s'était agenouillé au sol et examinait minutieusement chaque empreinte. " Eh bien, demanda Ben-Samuel que penses-tu ?
Je pense, répondit le nègre que c'est une tribu entière qui émigre et qu'elle a passé ici hier ou ce matin. A quoi reconnais-tu cela ? demanda M. Hunt.
Regardez dit Ali, les traces sont encore fraîches et le vent n'a pas eu le temps de les faire disparaître. Donc elles sont récentes.
Maintenant ce pied si léger qu'à peine il a marqué le sable est celui d'un enfant ; ces empreintes plus allongées sont celles d'un pied d'une femme ; ici ces quatre trous également espacés et de forme particulière sont les traces d'une chèvre ; plus loin, voici les empreintes profondes des djemels (chameaux) pesamment chargés.
Dans cet oasis, dont quelques pas nous séparent, nous avons l'espoir de trouver un asile au moins momentané. D'ailleurs ce qui ne suffit pas à une tribu peut suffire à une quarantaine d'hommes. En nous dirigeant vers le Nord, au contraire, Dieu seul sait où nous arriverons.
C'est aussi mon avis dit M. Hunt ; du reste l'état de la caravane ne nous permet pas les longs voyages." La caravane inclinant vers le Sud suivit les traces marquées sur le sol.
Vers les quatre heures du soir, M. Lafourche qui s'était laissé gagner par le sommeil, se réveilla tout-à-coup à un mouvement brusque que vit son méhari. Il ouvrit l’œil, et poussant une exclamation de joie : " l'oasis ! " s'écria-t-il."
M. Hunt accourut et regarda dans la direction que lui désignait l'ex capitaine de la Jeune Adèle. Comme lui il crut distinguer une longue ligne de palmiers qui se profilaient à l'horizon.
Seulement l'image lui apparut renversée, la tête des palmiers plongeant dans le sable et leurs racines se perdant dans r'azur du ciel. " L'oasis, répéta-t-il.
Non, le lac des gazelles (les Arabes donnent au mirage le nom poétique de bahar-el-gazal (lac des gazelles) parce que la plupart du temps il présente aux yeux l'image d'une nappe d'eau limpide. Le phénomène du mirage est dû à la réverbération des rayons solaires sur le sable, et à la dilatation intense des couches inférieures de l'atmosphère.) dit Ben-Samuel.
N'importe ! l'oasis ne peut être loin. Le mirage rapproche les distances, il ne saurait montrer ce qui n'existe pas. En avant ! En avant ! "
Ces paroles de Ben-Samuel coururent comme une traînée de poudre dans les rangs de la caravane. En avant ! En avant ! répétèrent toutes les voix. Et tous malades et valides, pressèrent le pas. En même temps l'instinct des chameaux venaient confirmer l'appréciation du guide.
Ces intelligents animaux tendirent le cou dans la direction du Sud, aspirant longuement les humides vapeurs que le vent du désert leur apportait. Trois heures après, au moment où le soleil disparaissait à l'horizon, la caravane atteignit enfin l'oasis si ardemment désirée.
L'oasis. Scènes du désert par CH. Wallut. 1885
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Idylle
Envoyé par M. Christian Graille
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Une vierge dans la fougère
Au pied d'un superbe palmier
Que berce la brise légère,
Où vient s'abattre le ramier,
Dort paisible, et l'essaim des songes
Que suivent les riants mensonges
Battant de l'air sur son front,
En groupe, danse le quadrille :
Elle dort, la charmante fille,
Elle dort d'un sommeil profond.
Il est nuit. Le désert, muet comme une tombe
Sent frissonner ses flancs sous le rayon qui tombe.
De l'étoile brillant aux cieux,
Et la vierge, endormie au souffle du feuillage,
Abandonne, aux baisers du zéphyr, son corsage
Sa chevelure et ses grands yeux.
Voyez sous la mousse discrète
Dans l'ombre, étinceler, hideux
Ce monstre ! En balançant sa tête
Il déroule ses triples nœuds.
Et, couvrant de son œil de flamme,
Les seins découverts de la femme,
Agile, rampe ... frémissant
L'essaim voltige plus rapide,
Le front de la vierge est livide :
Car le démon suce son sang..
Repu, le monstre se retire,
Mais sans cesser de dévorer
Des yeux, ces lèvres que le rire
En se jouant, vient d'effleurer,
Et ses seins palpitant d'ivresse,
Il disparaît le charme cesse,
Le songe s'est évanoui,
Et la vierge, qui se soulève
Semble appeler de son beau rêve
Le doux baiser qui s'est enfui.
B.... Les clochettes algériennes et tunisiennes (20-07-1902)
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La ferme
Envoyé par M. Christian Graille
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Ce soir-là, Jacques Limeux rentre soucieux à la ferme et, après avoir jeté, d'un coup d'épaule brusque, sa bêche dans la cour, il appela sa jeune femme.
– « Jeanne, lui dit-il, il court des bruits dans la plaine et l'on m'a prévenu que nous ferions bien de nous tenir sur nos gardes cette nuit. Dès que nous aurons mangé la soupe il faudra fermer la porte à double tour, tirer les deux verrous et pousser le pétrin derrière.
De quoi, fit Jeanne, tu as donc peur Jacques. Des kabyles qui passaient m'ont dit ce matin que tout cela c'était des bêtises.
Suffit, suffit, reprit le colon ; en attendant, je vais voir un peu aux environs. »
Il siffla son chien un molosse aux poils rudes et tous deux s'éloignèrent. Quelques instants après il était de retour. « Eh bien, demanda Jeanne ?
Pas plus d'Arbis que sur ma main, répondit-il, mais patience ... ils peuvent venir.
Il rentra dans la maison, décrocha son fusil et en fit jouer les batteries ; puis tirant de son carnier une boite à poudre et des balles il se mit à préparer des cartouches. Une inquiétude prit Jeanne quand elle vit que c'était sérieux.
Jacques, lui dit-elle, si pourtant tu crains quelque chose, il vaudrait mieux s'en aller. J'y avais pensé répliqua ce dernier mais il est trop tard, la ville est loin et la nuit tombe.
Elle baissa la tête et se tut. A ce moment l'enfant qui dormait dans son berceau se réveilla et agita ses petits bras en appelant sa mère.
Jacques tressaillit, cessa brusquement son travail et une épouvante le secoua ... Puis il se remit à la besogne les dents serrées, le front plissé.
Cependant Jeanne avait levé le marmot ; il était tout rose, tout mignon dans le trouble du réveil, pleurant et souriant à la fois, suivant qu'un reste de sommeil le taquinait ou qu'un baiser de sa mère le caressait. « Vois comme il est beau, notre garçon, Jacques, fit-elle, pour ça c'est vrai, répondit celui-ci, » et fort aussi, et le prenant à son tour dans ses bras, le serra sur sa large poitrine et l'embrassa longuement.
On soupa tristement. Jacques ne soufflait mot. Pourtant voyant sa femme s'inquiéter, il essaya de la rassurer. « Après tout, lui dit-il, il se peut qu'on m’ait trompé .... Ils sont tous à trembler comme des feuilles, les camarades, pour pas grand-chose sans doute. Voilà-t-il pas une belle affaire, une insurrection ! Ce n’est pas la première, il y en aura encore et tout n'est pas fini pour ça par exemple ! »
Mais Jeanne à mesure que lui parlait, se prenait à craindre davantage et ses efforts pour dissiper ses terreurs ne faisaient que les rendre plus vives.
Le repas terminé Jacques sortit de nouveau pour jeter un dernier coup d'œil autour de la ferme.
Le ciel était très pur mais un souffle chaud venait du Sud et pesait. « Allons mon bon Friand, dit-il au chien, guette un peu par là-bas » et du doigt il lui montra les broussailles à quelques centaines de mètres. Le chien partit aussitôt.
En attendant son retour, Jacques gravit un petit monticule, s'assit sur un bloc de rocher d'où il dominait la plaine et se mit à penser.
Pour lui il s'en fichait bien de ce qui arriverait ... Le vieux soldat n'avait pas peur ... Après tout on ne meurt qu'une fois ... mais voilà ... C'était Jeanne et le petit ; pour ceux-là il tremblait.
Depuis la veille des bandes d'insurgés couraient le pays et la nuit précédente, une ferme avait été saccagée. Il l'avait appris dans l'après-midi tardivement sans émotion pour lui, avec un coup au cœur pour les siens.
Il pouvait être alors huit heures et sur les crêtes des montagnes une lueur s'étalait. Peu à peu elle grandit, montant dans le ciel dans une diffusion pâle et la lune se montra. Ce fut un soulagement pour Jacques. Bon pensa-t-il, je n'y avais pas songé ; allons ça ne sera pas pour cette nuit et, demain à l'aube, nous filerons.
Sur ces entrefaites, Friand arriva la queue en panache, l'œil brillant et se dressant sur la poitrine de son maître, il lui lécha la figure. Ah ! mon brave chien, fit Jacques en prenant sa grosse tête entre ses mains et en l'interrogeant du regard, ah ! mon brave chien n'est-ce pas qu'à nous deux nous les sauverons ?
Et Friand, comme s'il eût compris, par un long aboiement qui s'enfonça avec la sonorité d'un défi, dans la mélancolie poignante de la nuit.
La ferme qu'occupait le colon était des plus modestes. Elle comprenait en bas ; une cuisine, et une chambre ; en haut deux pièces étroites servant d'entrepôt pour les provisions et de grenier.
Sur le devant s'étendait une cour fermée par un mur de clôture peu élevé.
Jacques put se poster dans l'une des pièces du haut, « si au moins nous étions deux murmura-t-il, en plaçant son fusil contre le mur à portée de sa main ; ils pourraient bien venir mille. »
Jeanne ne tarda pas à le rejoindre ; elle venait de coucher le marmot et l'avait placé sous la garde de Friand, qui, la tête sur ses grosses pattes allongées et l'œil mi-clos, sommeillait auprès du berceau.
Elle s'assit à côté de Jacques, qui accoudé sur la table, se taisait, tout entier à ses pensées.
Muette elle le contempla longtemps avec, dans le regard, une expression de grande tendresse attristée, puis, doucement comme au temps des jeunes amours, elle lui parla : « Jacques soupira-t-elle, toi et le petit je vous aime bien, tu sais ... Si un malheur doit arriver, je ne voudrais pas qu'il fût pour vous. » Et se soulevant, elle se pencha sur lui et l'embrassa avec un attendrissement douloureux. Lui, la retint en une étreinte passionnée. « Ne dis pas çà, ne dis pas çà » s'écria-t-il cette bêtise de vouloir tout le mal pour toi !
Un silence lourd régnait et nul bruit ne s'entendait au dehors, pas même ces vagues rumeurs qui semblent les soupirs de l'ombre.
Cependant reprit Jeanne très bas, avec un frémissement dans la voix , en le caressant et en rapprochant sa tête de la sienne, cependant, " dis, si le sort nous en voulait ; une supposition quoi, je puis bien mourir j'imagine ? ... Et bien alors promets-moi que tu quitterais le pays, on y a trop de peine, pour retourner chez nous, là-bas où nous nous sommes connus ... chez les vieux. Tais-toi, tais-toi, " répliqua sévèrement Jacques en la repoussant doucement, mais il avait un tremblement dans la voix qu'il faisait grosse pour l'effrayer et des larmes plein les yeux.
Soudain, un bruit monta d'en bas et tous deux tressaillirent, Friand avait quitté le berceau et reniflait bruyamment, le nez collé contre la porte. " Ne bouge pas," souffla Jacques à sa femme, et il se glissa vers une fenêtre ouvrant sur la cour. De là il regarda. Au-dessus de la crête du mur se mouvait une forme blanche, un indigène à coup sûr. Il épaula et fit feu. Rien ne répondit à la détonation ni un cri ni une plainte.
Jeanne l'interrogea du regard. " Je ne me suis pas trompé cependant, lui dit-il, et j'ai visé juste. Le coquin doit être derrière le mur, crevé comme une charogne ; et en voici un autre," ajouta-t-il et un nouveau coup de feu retentit.." Celui-là a son affaire, reprit Jacques, je l'ai vu dégringoler et il doit gigoter à côté de son camarade. "
Il n'avait pas achevé que le capuchon de burnous apparaissait au-dessus du mur.
Jacques tira une troisième fois et le burnous disparut sans qu'aucun bruit ne se fit entendre. Le colon s'inquiéta : " Oh ! Oh ! Pensa-t-il, il doit y avoir quelques diablerie là-dessous " et il chercha à deviner.
Tout à coup un aboiement formidable, empli de toutes les colères de la bête éclata et une grande rumeur s'engouffra dans la ferme.
Jeanne et Jacques se précipitèrent en bas, lui le fusil d'une main le couteau de l'autre avec du sang aux lèvres mordues.
Ah ! Ils étaient là, ils étaient venus ! Pendant que les uns trompaient sa vigilance en agitant des burnous au-dessus du mur de la cour.
Les autres silencieusement avaient percé la muraille de la ferme et par un trou ils s'introduisaient dans la pièce où reposait l'enfant.
Mais ils avaient compté sans Friand, d'un coup de mâchoire il avait renversé le premier qui s'était présenté et gisait dans un coin ne bougeant plus.
Au moment où Jacques bondissait dans la chambre le chien tenait acculé contre le mur un second bandit, ses grosses pattes raidies sur sa poitrine et il le déchirait à pleines dents avec ces sourds grognements de l'animal qui dévore.. Jacques se jeta sur le misérable et lui planta son couteau dans la gorge avec un grand cri de rage puis, du pied, il poussa le corps que secouaient les derniers spasmes près de l'ouverture béante ; mais alors une tempête de vociférations de clameurs sauvages où rugissaient toutes les ardeurs de la brute en quête de proie et les concupiscences effroyables des orgies sanglantes éclata dans la cour.
La bande se ruait à l'assaut de la ferme ébranlant la porte et les volets des fenêtres sous une poussée irrésistible
Jacques compris que tout était fini et qu'il n'y avait plus rien à faire qu'à mourir. Il regarda Jeanne qui serrait le petit dans ses bras et les réunissant tous deux dans une étreinte, la dernière sans doute, avidement il les embrassa ....
Alors elle se pencha à son oreille, le regard suppliant mais sans que sa voix tremblât : Jacques, lui dit-elle, tue moi !
A ce moment le bandit que Friand avait renversé poussa un soupir et se souleva à demi l’œil effaré . C'était un jeune homme de vingt-cinq ans aux traits fins et énergiques, un chef sans doute.
Un espoir vint à Jacques ... Ecoute, lui dit-il vivement, en le forçant à se relever ; ou tu vas nous sauver ou tu vas mourir. Si tu n'ordonnes pas à ces brigands de se retirer, je te brûle la cervelle. Le plaçant alors près d'une fenêtre qu'il lui ordonna d'ouvrir : " parle maintenant, lui cria-t-il, et épaulant son fusil il le mit en joue ...
Le lendemain le soleil se leva radieux sur la ferme et dans la gaîté du matin, à travers les champs odorants dans toute la joie de la délivrance et de la vie recouvrée, si douce aux jeunes aux robustes et aux vaillants, Jacques, Jeanne et le petit rentraient à la ville pendant que Friand courant les hautes herbes faisait jaillir les gouttes de rosée et s'envoler les alouettes.
Lestang. Les annales algériennes (11-06-1893)
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Quand on nait noir on est noir....!
Envoyé par Eliane
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Ceci a été écrit par un homme noir du Texas, doté d'un superbe sens de l'humour!
Quand vous êtes Noir vous êtes Noir !
Quand je suis né, j'étais Noir.
Quand j'étais adolescent, j'étais Noir.
Quand je m'expose au soleil, jereste Noir.
Quand je m'enrhume je suis toujoursNoir.
Quand j'ai peur je suis Noir.
Quand je suis malade, je suis Noir.
Et quand je mourrai, je serai toujours Noir.
Maintenant, vous "les blancs »"
Quand vous naissez, vous êtes Rose.
Quand vous grandissez, vous êtes Blanc.
Quand vous vous exposez au soleil, vous devenez Rouge.
Quand vous avez froid, vous devenez Bleu.
Quand vous avez peur, vous devenez Vert.
Quand vous êtes malade, vous devenez Jaune.
Quand vous recevez un coup, vous devenez Violet.
Et quand vous mourrez, vous devenez Gris
Et donc, par quel bizarre logique nous appelez vous, nous, "Les gens de "COULEUR" ?
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La France doit ordonner et l'Algérie obéir
Envoyé par M. Christian Graille
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Il est impossible aujourd’hui de nier l'état de révolte où se trouve le gouvernement de la colonie vis-à-vis de la métropole. Nous avons démontré qu'il y avait en présence un gouvernement français et un gouvernement algérien. On a vu que si, d'un côté, on remarquait la faiblesse et l'indécision, de l'autre, l'audace et l'amour de l'indépendance étaient poussés à leurs dernières limites.
A Paris malgré des imperfections notoires et nombreuses, nous avons constaté dans l'administration chargée des affaires de l'Algérie, du bon vouloir, le désir du bien et des études constantes.
A Alger, au contraire, nous avons vu : défaut d'unité dans les systèmes administratifs, préoccupations étroites d'un succès précaire, décentralisation, ingratitude envers les énormes sacrifices que la France s'impose pour l'Algérie.
Il fut une époque où l'impulsion à donner aux affaires de l'Algérie a dû être abandonnée par la France à l'Algérie même. Dans les premières années de l'occupation, comme après la reprise d'hostilité en 1839, il a fallu laisser une grande latitude au pouvoir local; tout alors était mystère!
On cheminait à tâtons au milieu d'un pays inconnu entouré de populations à demi barbares, dont on ignorait et : les conditions sociales et les habitudes et les forces réelles.
Plus tard on s'est trouvé en présence d'un ennemi redoutable à cause de sa mobilité, des ressources prévues qu'il savait se créer des embarras sans nombre dont il entravait nos projets les plus modestes.
Dans de pareilles circonstances : il a été sage de ne pas imposer au gouvernement local, une direction impuissante, un contrôle incommode ; il a été prudent de ne pas reculer devant les exigences sans cesse croissantes et de laisser avec confiance, à un seul homme, pour ainsi dire, le soin de régler l'emploi d'une armée de cent mille hommes et d'un budget de cent millions.
Nous allons plus loin. Nous ne faisons aucune difficulté pour reconnaître que de 1841 à la fin de 1844 cent mille hommes et ces cent millions ont été employés aussi bien qu'ils pouvaient l'être.
En tenant compte des évènements du temps de la situation antérieure, les résultats obtenus sont très satisfaisants ; ils font d'autant plus honneur à ceux qui les ont assurés, qu'aucun concours étranger ne leur a été prêté.
Mais le but poursuivi pendant ces quatre dernières années n'était pas un but principal, ce n'était qu'un acheminement à des travaux plus grands pour fonder un avenir durable à la colonie.
Les circonstances sont changées ; c'est le succès lui-même qui a tout modifié et qui, ayant conduit au terme du premier effort, impose la nécessiter de continuer la tâche, mais sous une forme nouvelle, appropriés aux éléments nouveaux qui se sont produits.
Curieux spectacle que celui qui nous est donné par le gouvernement algérien ! Lorsqu'il s'agit de faire apprécier l'importance des résultats obtenus par la guerre, il trouve toujours trop froide la France dans ses louanges ; il crierait volontiers à l'ingratitude : grades, titres, honneurs de toutes sortes, tout cela lui paraît peu de chose pour récompenser de si éclatants services !
Mais si on veut admettre la pacification de l'Algérie comme réelle et comme conséquence des succès militaires ; si on propose d'organiser pour en profiter pour développer les institutions, le gouvernement local s'empresse de faire des réserves, d'atténuer l'effet de ses victoires.
L'Algérie est encore un volcan ! Ces tergiversations ne trompent plus personne.
Les circonstances ne commandent plus d'affranchir le gouvernement algérien de la direction de la tutelle de la métropole.
Aujourd'hui en France on sait à quoi s'en tenir sur la physionomie générale de l'Algérie. On a compris l'importance que la colonie avait pour l'honneur et les intérêts de la patrie. Si l'on n'a pas compté : un à un les arbres du littoral, les grains de sable du Sahara, on connaît du moins la configuration du pays les intérêts les mœurs et le caractère de la population.
Si l'on n'a point parcouru toutes les grandes voies de communication des trois provinces, on sait les différences et les analogies qui existent entre elles ; on a découvert le génie particulier de chacune d'elles et le traitement particulier que chacune d'elle réclame.
Oui en France, on sait tout cela, et en Algérie c'est à peine si l'on s'en doute. On commettrait une faute dont les conséquences seraient peut-être irrémédiables.
Il commettrait la même faute que M. le maréchal Bugeaud avait commise en 1837 vis-à-vis d'Abd-el-Kader. Alors le général français vainqueur avait dit au futur émir des croyants : " Nous ne savons que faire des Arabes ; nous t'en abandonnons l'administration ; gouverne-les comme tu l'entendras, nous te reconnaissons pour leur chef. "
Maintenant, si le ministre restait plus longtemps désarmé et craintif devant le gouvernement local il semblait lui dire : " Nous vous abandonnons l'Algérie, gouvernez-la comme vous voudrez pour nous, nous n'y entendons rien et nous sommes trop heureux d'être déchargés de ce soin. "
Les récentes révélations de la presse parisienne nous ont permis d'entrevoir quel genre de despotisme serait appliqué en Algérie. Mais ce malheur n'arriva pas.
Si le ministère ne comprend pas encore, que, sa coupable faiblesse envers le gouvernement algérien il compromet la dignité du pouvoir et les intérêts.
On peut affirmer maintenant qu'en France les intérêts et l'avenir de l'Algérie sont mieux compris qu'à Alger. Le système qui domine en Algérie est le système purement matériel. On y traite de niais ou philanthropes tous ceux qui voient l'honneur et la gloire de la France engagés dans cette question. Guerre, Colonisation, Administration, finances tout cela n'apparaît plus que comme des prétextes pour atteindre le but entrevu par l'ambition.
Si cet état de choses se prolongeait, si le gouvernement de la métropole ne se préoccupait pas sérieusement de reprendre sur les destinées de l'Algérie, l'influence prépondérante qui lui a échappé, il de la France, les chambres et la presse viendront généreusement à son aide et lui montreront qu'il n'y a pas en France d'individualité assez considérable pour mériter que l'intérêt national soit sacrifié à sa vanité ou à sa susceptibilité.
Nous indiquerons prochainement comment le gouvernement de la métropole pourra ressaisir facilement la suprématie sur le gouvernement colonial.
L'Algérie courrier d'Afrique d'Orient et de la Méditerranée (02-08-1845)
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Affaire des Ouled-Riah
Envoyé par M. Christian Graille
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Journée du 18.
Le 18 juin ; deux bataillons d'infanterie, un escadron de cavalerie, une demi-section d'artillerie, un détachement de sapeurs du génie et une section d'ambulance partent sous les ordres du colonel Pélissier et arrivent, en suivant une direction Nord-Ouest, aux grottes appelées Ghar-el-Frachich, dans lesquelles les Ouled-Riah de la rive gauche de l'Oued-Boudjerah se renferment tous à notre arrivée.
Déjà ils y avaient placé leurs bagages et leurs troupeaux. Ces grottes se composent de deux cavernes, dont l'une, la principale, a deux issues et l'autre une seule.
Ces retraites souterraines sont formées par les eaux d'un ravin qui en cherchant à se faire jour dans le massif de sulfate de chaux qui compose ces terrains leur ont donné naissance.
La partie supérieure s'appelle El-Kantra (le pont) parce qu'elle forme une espèce de pont gigantesque.
Les eaux du ravin entrent par une large ouverture parcourent un trajet de 320 mètres et viennent sortir à l'Est à 70 mètres au-dessous du barrage, pour se rendre dans l'Oued-Frachich par un autre ravin de 100 mètres dont les berges très escarpées ont de six à sept mètres de hauteur.
Le ravin dont les eaux coulent dans la grotte est fermé par deux mamelons ; celui qui domine la rive gauche a une pente très raide, celui de la rive droite au contraire a des pentes assez douces.
Le kantra est une espace de contrefort qui descend des hauteurs Nord du ravin et vient rejoindre par un col assez prononcé celle du Sud.
Son épaisseur à la base est d'environ 100 mètres ; l'entrée et la sortie des eaux sous le kantra forment les portes de la grande caverne.
A 80 mètres à l'Ouest et à 30 mètres au-dessus de l'issue orientale se trouve une seconde ouverture ; c'est l'entrée de l'autre grotte, longue de 40 mètres ; la grande caverne n'est qu'un couloir de 320 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur en moyenne. La hauteur moyenne est de 4 mètres.
De distance en distance la caverne s'élargit et détermine ainsi quelques chambres dont la plus grande à 16 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur. Dans la partie supérieure de cette chambre se trouve une sorte de puits percé verticalement, conduisant à deux chambres situées l'une au-dessus de l'autre.
La chambre supérieure prend jour sur le ravin par une ouverture triangulaire de trois mètres de côté, au-dessus de la porte de cette grotte.
Quelques étranglements dans le couloir rétrécissent le passage ; le plus étroit et le plus long est situé vers l'issue orientale, il a quinze mètres de longueur sur 1 mètre 20 de largeur. Les parois latérales de la grotte sont taillées irrégulièrement dans la roche de plâtre.
Le plafond est formé par des blocs de sulfate de chaux qui s'arc-boutent les uns contre les autres.
Bien que la différence de niveau entre la porte de l'Ouest et celle de l'Est soit d'environ 40 mètres, la pente du fond est peu rapide.
Cela tient à l'existence de plusieurs versants de 2, 3 et même 5 mètres de hauteur qui rendent la circulation dans l'intérieur de la caverne difficile et même dangereuse.
La position des portes et des parties du couloir qui les avoisinent, en défend l'intérieur contre l'entrée des balles et empêche d'employer, pour y pénétrer de vive force, les moyens d'attaques ordinaires.
La seconde grotte est tout à fait indépendante de la première en est fort étroite ; l'entrée en est fort étroite ; c'est un couloir de 10 mètres de longueur sur 61 centimètres de largeur et sur 1 mètre 30 de hauteur. Aussi est-on obligé de se courber pour y pénétrer.
Ce couloir conduit à deux chambres superposées qui ne communiquent que par un puits de sept à huit mètres de hauteur.
Aussi, ne peut-on passer de l'une à l'autre qu'au moyen d'une corde.
La différence de niveau entre l'entrée et le sol des chambres est de 12 à 15 mètres ; la longueur totale de la grotte est de 40 mètres.
Telle est la description fidèle et minutieuse de ce qu'on appelle Ghar-el-Frachich (la caverne de Frachich).
Le 18, à six heures du matin, la colonne descendait les hauteurs Sud immédiatement elle vint s'établir sur le kantra, d'où l'on envoya une compagnie prendre position sur le mamelon Nord.
Ce poste détacha une section sur la pente de la rive gauche du ravin, tandis qu'un obusier soutenu par une compagnie fut envoyé sur la rive droite pour contenir les Arabes à l'issue de l'Ouest.
Dans le cas où ils chercheraient à fuir une division de cavalerie doit les poursuivre.
Des obus lancés dans la chambre située au-dessus de la grotte, par l'ouverture qui lui donne jour sur le ravin, et le feu des hommes embusqués sur les deux rives forcent les Arabes à ralentir le feu.
Trois postes sont aussi établis sur le versant Est du kantra pour observer les deux entrées situées de ce côté, confiant dans la sûreté de leurs grottes, excités d'ailleurs par les conseils de Bou-Maza échangent quelques paroles avec les cavaliers du goum et leur déclarent l'intention où ils sont de résister.
Dans ces circonstances trois moyens se présentaient pour amener l'ennemi à composition : il fallait : ou l'attaquer de vive force, ou le tenir bloqué, ou l'enfumer pour le contraindre à sortir de la grotte. L'attaque de vive force, que l'ignorance des lieux pouvait faire croire possible, devait entraîner la perte d'un grand nombre d'hommes parmi les Français tandis qu'elle eût été peu meurtrière pour l'ennemi.
Cette considération empêcha le colonel Pélissier d'adopter ce parti. L'examen des lieux a prouvé depuis que ce moyen n'avait aucune chance de succès, et n'aurait abouti qu'à augmenter à nos dépens la confiance des révoltés.
Le blocus n'était pas plus praticable que l'attaque de vive force : tous les indigènes s'accordaient à dire que les Ouled-Riah avaient enfermé de grands approvisionnements dans les grottes.
On ne pouvait que difficilement admettre un moyen qui eût fait perdre à la colonne un temps considérable pour réduire une poignée d'hommes.
Dans les pays de montagnes, et surtout dans le mois de juin, un orage transforme les plus petits ruisseaux en torrents infranchissables, et on pouvait craindre qu'une pluie de quelques heures ne vint séparer en trois parties le petit corps du colonel Pélissier et compromettre le salut de chacune d'elles isolément.
Restait donc le troisième moyen.
On pensa qu'en allumant du feu à l'entrée des grottes, la fumée poussée dans l'intérieur, détermineraient les insurgés à se rendre, comme la famine dans un village assiégé.
D'ailleurs pour procéder avec mesure et circonspection, il ne fut allumé qu'un seul feu à la porte Ouest de la grotte principale.
Disons d'abord que l'existence de trois ouvertures nous faisait supposer qu'on avait affaire à trois grottes différentes.
A dix heures, on commença à jeter, du haut de l'escarpement qui couvre la grotte, des fascines (fagots de branchage) et de la paille enflammés, et l'on continua cette opération jusqu'à deux heures de l'après-midi. A la nuit, les gardes placées près des issues furent rapprochées afin d'empêcher une sortie.
La colonne campa sur les lieux.
Journée du 19.
Le 19 juin, au point du jour, les Ouled-Riah n'ayant fait encore aucune démonstration pacifique, on se disposa à allumer des feux aux trois entrées.
Les approvisionnements de fascines et de paille des plates-formes sont disposées au-dessus de chacune des portes pour couvrir les travailleurs contre la fusillade que les Arabes entretenaient depuis le jour sur nos gardes embusqués.
A six heures le cheik de Zerrefa prévint le commandement de la colonne que les Ouled-Riah étaient disposés à parlementer. Un Arabe échappé de la grotte pendant la nuit par une issue inconnue l'avait chargé de faire cette démarche.
A l'instant l'ordre fut donné de cesser les travaux. et l'on entra en pourparlers.
Le colonel leur offrit l'aman et les assura que leur liberté et leurs biens seraient respectés.
Ces démarches de la part des insurgés n'avaient pour objet que de gagner du temps et de leur permettre d'introduire dans les grottes quelques troupeaux qui étaient restés dehors.
Aux offres du commandant français les Ouled-Riah répondirent qu'ils voulaient avoir l'aman écrit, et aussitôt on le leur fit porter par le khalifa de Sidi-el-Aribi.
Après avoir ainsi satisfait à leurs demandes, on s'attendait, comme cela était convenu, à les voir sortir de la grotte.
Mais cette attente fut encore trompée. Au lieu de remplir l'engagement qu'il avait pris, ils témoignèrent la crainte que les Français ne les fissent lier et conduire prisonniers à Mostaganem.
Ils exigèrent que le colonel levât le camp promettant de se rendre ensuite au goum arabe.
Le colonel leur fit réitérer l'assurance que leurs biens et leurs personnes seraient respectés.
Pendant ces pourparlers, les hostilités demeuraient suspendues ; les Arabes, sous prétexte de se consulter, gagnaient du temps ; ceux des Ouled-Riah qui étaient restés au dehors des grottes continuaient à y entrer.
Il était dix heures et vingt minutes. Tout ce qu'il était possible de faire pour amener les Ouled-Riah à composition par voie d'accommodement avait été essayé ; et cependant ils ne se rendaient pas.
Le colonel leur fit annoncer que, puisqu'ils ne consentaient pas à sortir de leur retraite, il allait immédiatement faire continuer les travaux. Malgré cette menace, il attendit encore cinq minutes.
Ce nouveau délai expiré, il quitta la place qu'il occupait près de l'endroit Ouest et s'éloigna. Aussitôt les Arabes rentrèrent dans leur retraite, et recommencèrent à tirer sur nos gardes.
Les dispositions préparatoires continuèrent jusqu'à une heure. A ce moment tout était prêt pour allumer les trois feux.
Toutefois avant d'en arriver à cette cruelle extrémité, le colonel voulut tenter un dernier effort de conciliation.
Au moment où les négociations avaient cessé, un Arabe qui servait de parlementaire était resté avec nous.
Le colonel l'envoya dans la grotte pour avertir les Ouled-Riah de ce qui se passait, et les déterminer à ses soumettre.
Ils persistèrent à exiger que la colonne française se retirât. Enfin, à deux heures un quart, tous les moyens d'exhortation d'intimidation de conciliation étant épuisés, on se résolut au parte extrême. : les feux furent donc allumés, et poussés activement jusqu'à huit heures du soir.
A partir de ce moment, on se contenta jusqu'au lendemain main d'entretenir un petit foyer à chaque issue pour empêcher les sorties.
Journée du 20 juin.
Au point du jour le colonel fut averti que quelques détonations s'étaient faîtes entendre dans les grottes ; pensant qu'une lutte pouvait s'être engagée entre les partisans et les adversaires de la soumission, il se hâta d'envoyer un Arabe dans la grotte pour y faire de nouvelles sommations. Le parlementaire revint quelques instants après, ramenant quelques individus haletants, il apprit que presque tout le monde était mort.
Un accident qu'il n'avait pas été possible de prévoir, contribua surtout à augmenter l'étendue d’un désastre.
Le feu avait pris aux bagages déposés par les Arabes à l'entrée des grottes, et cet incendie s'était propagé par l'action du courant d'air déterminé dans la grotte par les deux feux dont l'un produisait sur l'autre l'effet d'une cheminée d'appel.
Cela prolongea beaucoup le séjour de la fumée dans la grotte, et empêcha d'y pénétrer, aussitôt qu'on aura voulu, pour porter secours aux malheureux qui respiraient encore.
Journée du 21 juin. Au point du jour, les détachements du génie et de l'artillerie, armés de lanternes et d'outils, pénétrèrent dans les grottes pour y retirait tout ce qui vivait encore.
Ce fut alors seulement que l'on put mesurer toute l'étendue du mal, qu'une déplorable nécessité avait causé.
Sur presque tous les points, le sol de la galerie était jonché de cadavres : d'hommes, de femmes et d'enfants mêlés à ceux des troupeaux.
Ces malheureux repoussés : par le feu des extrémités, par les éboulements de plâtre cuit, par les balles de nos tirailleurs et par les éclats des obus s'étaient réfugiés dans la partie la plus profonde des grottes, où, couchés la face contre terre ils avaient cherché à respirer un peu de fraîcheur et à retarder ainsi le moment fatal ; malheureusement fanatisés, qui, en mourant, tiraient encore sur des femmes que nos soldats cherchaient à sauver.
Après quatre heures de marche dans ces cavernes profondes, le détachement, entré par la porte Est en sortait par la porte Ouest rapportant tout ce qui respirait encore. On s'empressa de prodiguer à tous ces malheureux les soins les plus actifs.
Le nombre de morts évalué par les officiers du détachement différait de beaucoup du nombre indiqué par les Arabes.
L'émotion produite par cette scène de désolation, et les soins dus avant tout aux vivants, les avait empêchés (cela se conçoit) de procéder à une estimation exacte des morts.
On fut donc obligé de retourner dans les grottes pour recommencer cette triste opération. Le chiffre qu'elle fournit fut de quatre-cent-quatre-vingt-dix-neuf cadavres dans la grande grotte, et trente dans l'autre.
Le nombre des individus rapportés vivants, s'élève à cent dix dont quelques-uns, malgré les soins qu'ils reçurent à l'ambulance ont succombé.
Tel est le récit fidèle du fatal épisode de Ghar-el-Frachich.
Témoins et acteurs de ce drame, nous avons frémi les premiers du terrible parti que les nécessités de la guerre ont forcé de prendre, et que des circonstances entièrement imprévues ont rendu plus terrible encore.
En présence de ce désastreux évènement, dégagés de l'exaltation que les circonstances critiques où nous nous trouvions rendaient inévitables, nous nous demandons s'il existait un moyen d'éviter l'effroyable résolution dont nous déplorons les suites ?
L'Algérie courrier de l'Afrique d'Orient et de la Méditerranée (16-07-1845)
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Découragement
Envoyé par M. Christian Graille
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Le découragement commence à s'emparer des esprits ; à Paris, en France, on ne s'aborde plus qu'en disant : " Nos affaires vont bien mal en Algérie. "
Les partisans de l'abandon relèvent la tête, les partisans de l'occupation restreinte en reviennent à leurs plans suivant eux, la domination s'est étendue outre mesure et dépasse nos moyens d'action.
On se rappelle avec douleur cette parole solennelle jetée à la France par M. le maréchal Bugeaud, lors de son retour, au commencement de l'année dernière : " La conquête par les armes est achevée."
Depuis, lorsque des troubles, que de désordres, que de déceptions sanglantes ! que de démentis à cette éclatante affirmation !
Hélas ! Il fallait à cette époque faire dresser des arcs de triomphe depuis Marseille jusqu'à Paris, il fallait des acclamations et comme bouquet de ce feu d'artifice on voulait se faire décerner par le commerce de Paris un banquet triomphal. Tout était au mieux.
Aujourd'hui la brillante médaille montre son revers. Les guirlandes ruissellent de sang et de larmes. Les arcs de triomphe se changent en fourches caudines.
La conquête par les armes recommence et au lieu de confesser une imprévoyance et une habilité devenues manifestes, on veut arracher au pays de nouveaux sacrifices.
Après avoir épuisé dix corps d'armée, on veut en obtenir d'autres pour les épuiser encore. Tout est au plus mal.
Cette époque que l'on disait achevée au commencement de 1845, est si peu avancée au commencement de 1846, qu'on se dit réduit pour garder la Métidja, ce Palladium de la domination à convoquer la milice et les condamnés.
Faut-il donc prendre au sérieux ce cri de détresse qui ouvre sous de si lugubres auspices l'année dans laquelle nous entrons ? Eh ! Mon Dieu non ; pas plus qu'il ne fallait prendre au sérieux le cri de victoire de l'année dernière.
Le salut de l'Algérie n'est pas plus compromis aujourd'hui que la conquête des armes n'était achevée il y a un an.
Les glorifications de 1845 et les terrifications de 1846 sont autant de pièges cruels tendus à la crédulité nationale.
Autour de M. le maréchal Bugeaud nous devons le reconnaître, tout va mal, et M. le maréchal Bugeaud a, comme on le sait, le malheur de ne pas voir ce qui l'entoure. Mais à droite et à gauche il reste encore, Dieu merci des éléments de confiance.
Les dispositions prises par M. le général de Lamoricière ont peu à peu calmé l'agitation de la province d'Oran.
M. le général Cavaignac a obtenu le retour sur les terres de l'Algérie de 800 tentes qui avaient émigré au Maroc. Bientôt il sera en mesure de tenter sur la daïra de l'émir, un coup de main couronné de succès.
La province de Constantine peut être comparée pour la tranquillité qui règne sur la plus grande partie de son territoire à l'un quelconque de nos départements.
Il existe dans les cartons du ministère de la guerre, pour cette province, des demandes de concession représentant une somme de 25 millions ; et aucun des solliciteurs ne témoigne la moindre inquiétude ; aucun ne songe à retirer sa demande. Le désastre de Bou-Aleb n'a pas occasionné la moindre agitation dans les tribus voisines.
Reconnaissons à ces signes que la destinée de l'Algérie n'est pas compromise, et qu'en déclarant aujourd'hui par la mobilisation de la milice et l'arment des condamnés, la patrie en danger, on commet une erreur aussi grande qu'en déclarant, lors des semailles de 1844, la patrie sauvée.
Non, tout n'était pas achevé alors ; Tout n'est pas remis en question aujourd'hui ; et cependant, il ne faut pas se le dissimuler, la situation est grave.
Il règne dans toute l'administration algérienne un désordre dont on n'a pas d'exemple. Les accusations les plus graves s'élèvent contre un grand nombre de fonctionnaires, et atteignent tous les rangs de la hiérarchie.
La mésintelligence entre les chefs des différents services coloniaux et M. le gouverneur général entre M. le gouverneur général et le gouvernement de la métropole éclate et se manifeste tous les jours par des conflits qu'il est impossible de tenir secret et qui répandent en France une douloureuse inquiétude.
Les actes du pouvoir royal, qui constituent la législation particulière de l'Algérie, vont se briser contre une résistance opiniâtre et ne reçoivent point leur exécution.
Les évènements militaires, qui devraient au moins donner à ce désordre administratif quelques glorieuses compensations se présentent sous un jour plus funeste encore.
Au Bou-Taleb, c'est un corps d'armée enseveli sous la neige ; à Alger, c'est une division toute entière, ruinée par des fatigues et des privations sans nombre à la poursuite d'un ennemi qui n'a pas d'autre intérêt que de se faire poursuivre.
Trois batailles rangées auraient moins coûté à la France que ces quatre mois de campagne stérile, pendant lesquels hommes en chevaux ont plusieurs fois manqué de vivres. Et cependant pas un combat sérieux n'a été livré.
Le nombre des hommes tués par le plomb ennemi est insignifiant.
C'est la faim, c'est la fatigue, c'est la misère qui ont soumis nos troupes à d'aussi rudes épreuves, qui nous ont fait ressentir leurs cruelles razzia.
Et maintenant, pour combler les vides on demande des renforts ; mais si ces renforts doivent être soumis au même régime, s'ils doivent être lancés comme les autres à la poursuite vaine d'un ennemi, dont, la plupart du temps, on ne connaît même pas la place, ces renforts, quelque nombreux qu'ils soient, y succomberont eux-mêmes. ; le nombre des hommes ne diminuera pas la fatigue de chacun d'eux.
Au métier accablant et stérile qu'il fait faire à ses troupes, M. le maréchal Bugeaud verrait, dans l'espace de quatre autres mois, cent autres mille hommes tués sous lui. N'accusons pas l'Algérie des désastres et des mécomptes que nous y rencontrons : ces mécomptes et ces désastres sont notre ouvrage.
Est-ce la faute de l'Algérie si les prévarications les plus odieuses se révèlent dans le corps administratif ?
Est-ce la faute de l'Algérie si M. le gouverneur général ne peut vivre en paix avec personne ?
Est-ce la faute de l'Algérie si des lois conçues dans l'intérêt de sa prospérité, tombent devant le bon plaisir d'un autocrate subalterne ?
Est-ce la faute de l'Algérie s'il nous plait, contre toutes les lois de la prudence et par une sorte de suicide, d'aller chercher un tombeau sous la neige de ses montagnes ?
Est-ce la faute de l'Algérie si des troupes que l'on a fait courir pendant quatre mois d'hiver à la poursuite d'un ennemi plus mobile qu'elles, succombent enfin accablées d'épuisement et de misère ?
Est-ce la faute de l'Algérie si nous ne savons ni achever la conquête par les armes, ni commencer une autre conquête et si elle se voit abandonnée par la faiblesse du ministère aux mains d'un gouverneur général, qui n'est, au bout du compte, ni général, ni gouverneur ?
L'Algérie courrier d'Afrique, d'Orient et de la Méditerranée (17-02-1846)
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Réflexions du jour...
De Mme Annie
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Quand mes amis me manquent, je fais comme pour les échalotes.. je les fais revenir avec du vin blanc !
M. Mateuil.
Et celle-ci du grand Molière:
- Vous aurez beau faire Monsieur, dit la jolie marquise, vous n'aurez jamais mon cœur....
- Je ne visais pas si haut Madame .
Cette autre du rondouillard Bernard BLIER:
Passé 60 ans quand on se réveille sans avoir mal quelque part, c'est qu'on est mort
Et celle-la du génial Michel AUDIARD:
- Je me suis rendu compte que j'avais pris de l'âge le jour où j'ai constaté que je passais plus de temps à bavarder avec le pharmacien qu'avec les patrons de bistro.
Et encore une du facétieux Francis BLANCHE:
- Il vaut mieux viser la perfection et la manquer, que viser la médiocrité et l'atteindre.
Et c'est le patriarche Jean GABIN qui m'invite à conclure:- La capacité de parler plusieurs langues est un atout;
Celle de fermer sa gueule est inestimable.
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Le remède du jour
Envoyé par M. Christian Graille
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Depuis longtemps, un brouillard épais assombrit les jours et éprouve les santés. Les gorges les moins délicates s'irritent en respirant un air humide et froid les bronchites vont se multiplie, et bientôt l'influenza apparaîtra avec son cortège de malaises de toute sorte, à moins d'user des remèdes nécessaires en de si fâcheuses occurrences. Où sont-ils ces remèdes ?
A voir les caractéristiques qui remplissent les dernières pages des journaux, ce ne sont pas les guérisseurs qui manquent. Ils ne peuvent cependant faire oublier les fleurs pectorales que nos grands-mères ont soin de mettre en réserve dès les premiers jours de printemps.
La médecine des simples fleurs des champs sera toujours la simple médecine, celle qui guérit le mieux et sans frais.
Ceux qui n'ont pas fait leur provision ne peuvent maintenant que s'adresser aux apiculteurs. Leurs industrieuses abeilles en effet, ont reçu de Dieu la science de recueillir le nectar du calice des fleurs et de concentrer dans leur miel les vertus des plantes visitées. Le miel est un extrait floréal.
Dans une infusion il n'entre jamais que quelques plantes, tandis que dans le miel il y en a de toutes sortes ; il y a toute une pharmacie.
Le bon marché du sucre a fait une concurrence déloyale à la vente du miel, car il est certain que la chimie ne peut extraire des flancs de la betterave ou de la tige de la canne à sucre tous les principes renfermés dans les milliers de fleurs que doit visiter notre active abeille pour composer une livre de son précieux miel.
Le sucre est échauffant et très souvent nuisible, tandis que le miel est rafraîchissant et toujours bienfaisant. Ce n'est pas une panacée universelle, capable de guérir tous les maux et d'empêcher de mourir.
Cependant l'estime en laquelle on a tenu le miel en tout temps et dans tous les pays, et les nombreuses applications qu'en n’a faites la médecine tant humaine que vétérinaire, suffisent surabondamment à prouver ses bienfaits.
Comme remède du jour, pour ne parler que des affections ders voies respiratoires, le miel a fait ses preuves.
Par l'acide formique qu'il contient, il est efficace contre : l'enrouement, le rhume, la grippe et comme dérivatif contre, l'angine, le catarrhe pulmonaire, l'asthme.
Aussi l'usage régulier du miel est-il à recommander. Une bonne cuillérée à soupe le soir après diner, débarrasse les intestins, calme les nerfs, rend le sommeil tranquille.
Vous, vous refroidissez, vous sentez des frissons, vite des infusions de lierre terrestre et pour boisson du lait chaud, le miel remplaçant le sucre dans chacune de ces infusions ; après deux ou trois jours, vous serez guéri.
Voici la gorge qui se prend, prenez le soir avant de vous coucher, un bol de vin chaud ou de cidre doux, sucré au miel. Prenez fréquemment dans la journée de la tisane de ronces, sucrée au miel, le plus chaud possible.
Qui ne sait l'excellent effet produit aussi pour la gorge avec des gargarismes composés d'eau de sauge, bouillie, une cuillerée de miel et de vinaigre par tasse ? Au besoin posez sur la gorge un onguent fait d'un peu : de miel et de farine, d'un jaune d'œuf et d'un morceau de beurre frais ; quelques-uns remplacent le beurre par deux ou trois gouttes de vinaigre.
Pour l'influenza, prendre en se mettant au lit : un grog très fort sucré au miel ou une bouteille de vin chaud copieusement sucrée au miel.
Autre remède : Une cuillerée à soupe de miel et une cuillerée à café de borax dans une tasse de tisane, du lait bien chaud sucré au miel aromatisé de quelques gouttes de bonne eau-de-vie et d'une dizaine de gouttes de jus de citron.
Les personnes qui ne peuvent supporter l'huile de foie de morue peuvent la remplacer par un mélange de deux parties de beurre frais et une de miel, dont on facilite la digestion par un thé aromatisé à l'anis ou à l'orange.
Le miel recueilli sur le sapin ou l'eucalyptus, additionné de petit plantain est très efficace contre la phtisie.
Les engelures sont bien aussi les infirmités de l'hiver. Du miel liquide mélangé avec de l'huile de laurier ou de térébenthine fait un excellent effet.
Ou bien faîtes bouillir du céleri dans l'eau et, le soir avant de vous coucher, plongez les mains dans cette eau aussi chaude que possible, pendant un quart d'heure ; puis après les avoir essuyées, enduisez de miel les partie malades et enveloppez-les d'un linge ; en renouvelant cette expérience deux ou trois jours on s'en trouve bien.
Comme moyen préventif contre les crevasses on conseille de se frotter tous les matins les mains avec du miel ; un morceau de la grosseur d'un haricot suffit.
Si on connaissait la valeur du miel, on ne laisserait pas perdre une goutte du précieux nectar que la providence a versé dans ses fleurs.
Auguste Dechampagne.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (06-04-1902)
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Bibliographie
Envoyé par M. Christian Graille
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Sidi-Brahim
Quand, au cours de la magnifique revue du 12 avril, on a vu apparaître une section du 8ème bataillon de chasseurs d'Orléans, chacun s'est écrié :
" Ce sont ceux de Sidi-Brahim ".
Il n'est personne en effet qui, en Algérie, n'ait entendu parler de l'épisode de Sidi-Brahim, il n'est pas un écho qui, lorsqu'on prononce ce nom ne réponde : " 8ème chasseurs d'Afrique ".
Pourtant cet épisode légendaire dans l'armée française a été souvent dénaturé.
Les littérateurs en ont tiré des pages colorées qui sont loin de la vérité ; les historiens ont puisé leurs récits à des sources erronées sans rechercher les documents officiels ou privés et sans consulter les témoins oculaires.
Les peintres n'ont pas montré plus de soucis de l'exactitude. Le tableau de Chigot, popularisé par la gravure, représente une redoute sans aucun rapport avec la petite kouba de Sidi Brahim et il ne donne pas l'idée du combat tel qu'il a eu lieu. Il a été refait depuis par son auteur.
Un autre tableau, destiné à perpétuer le souvenir de ces évènements, figure dans les collections du ministère de la guerre ; il a été composé d'après un croquis exécuté jadis en Algérie intitulé : Vue du camp de Sidi-Brahim, croquis sur lequel l'artiste a consciencieusement disposé les troupes d'après les relations officielles des archives historiques.
Mais les Sidi-Brahim sont nombreux en Algérie et le paysage en question représentait un camp près d'Arzew dont l'aspect diffère complètement du lieu où succomba le 8e bataillon de chasseurs.
Le tableau militaire comme le récit historique doivent allier la vérité à l'art. Si peu de peintres ou d'écrivains arrivent à un juste équilibre, c'est généralement parce qu'ils laissent jouer un rôle trop considérable à leur imagination et ne vont pas observer leur sujet sur place.
Des tableaux fidèles ont été exécutés, en septembre 1924, par la princesse Wolkonsky qui a reconstitué l'aspect exact du marabout de Sidi-Brahim et du djebel Kerbour en séjournant longuement sur ces lieux à plusieurs reprises.
Elle a eu d'ailleurs l'heureuse idée de prier le général Azan de l'y accompagner.
Le général Azan est tellement connu qu'il est inutile de le présenter au lecteur. On sait qu'il a fait une grande partie de sa carrière en Algérie où il a recueilli non seulement des documents pour ses remarquables ouvrages mais aussi d'innombrables sympathies qui l'ont suivi à Paris dans la brillante situation qu'il occupe à la tête de la section historique de l'état-major de l'armée.
Son " Sidi-Brahim " paraît en deuxième édition précisément pendant le centenaire, pendant l'époque où il n'est personne qui ne s'intéresse aux choses d'Algérie. L'intérêt qui s'attache à ce volume ne résulte pas seulement de la personnalité de son auteur, mais aussi de la manière dont il a été à même de se documenter.
En garnison plusieurs fois à : Lala Marnia et Nemours, de 1897 à 1902 (à l'époque où les officiers suivaient le sort de leurs troupes et où personne n'aurait même osé parler de relève individuelle) il a pu parcourir tous les sentiers de la région où se sont déroulés les évènements de 1845.
Il a exploré les confins marocains d'abord en 1906 lors d'une mission au Maroc, puis en 1907-1908 au cours de la campagne contre les Beni-Snassen.
Il a séjourné en 1906 pendant la campagne du Riff dans les lieux même où avaient été conduits les prisonniers de Sidi-Brahim.
Enfin il a eu sous ses ordres, comme colonel du 6ème régiment de tirailleurs, les garnisons de : Lala, Marnia, Nemours, Sebdou et a eu l'occasion de sillonner le pays en tous sens au cours de ses inspections.
Les circonstances, l'ont de plus, mis en rapport avec les survivants de l'affaire soit avec leurs descendants : ceux-ci possédaient souvent des documents précieux, il a eu, d'autre part, entre les mains, tous les documents officiels du ministère de la guerre.
Avec de pareilles sources, un historien de la valeur du général Azan ne pouvait faire qu'un chef-d’œuvre. C'est ainsi le seul qualificatif qui puisse convenir à son " Sidi-Brahim ". L'intérêt qui s'attache à cet épisode ne diminue pas avec le temps.
Sidi-Brahim est une page superbe de l'histoire de nos chasseurs à pied et de nos hussards.
Le voyageur se rendant en Algérie pouvait autrefois hésiter à faire le pèlerinage de Sidi-Brahim en raison des difficultés d'accès de la célèbre kouba. Ces difficultés ont cessé d'exister...
A un point de vue plus élevé, l'étude fouillée de ces évènements fameux a une portée plus générale qu'un hommage rendu à des héros.
Elle révèle ce qu'était la vie du soldat et de l'officier d'Afrique au moment de la conquête ; elle met en lumière la valeur professionnelle de leurs grands chefs, tout en faisant voir les rivalités qui existaient entre eux.
Elle montre comment se créaient et se développaient des postes qui sont devenus des villes florissantes, elle cherche à définir la politique de la France à l'égard du Maroc, elle fait comprendre les principes essentiels de la guerre coloniale etc.
Enfin, les évènements eux-mêmes présentent des analogies frappantes avec d'autres plus récents qui semblent survenir à point pour nous rappeler que l'histoire est un perpétuel recommencement.
Charles Lavauzelle éditeur.
L'Africain hebdomadaire illustré (25-04-1930)
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Salubrité publique
Envoyé par M. Christian Graille
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Avis
Le maire de Philippeville informe ses administrés que, conformément aux dispositions de la loi des 13 et 22 avril 1850, relative à l'assainissement des logements insalubres, rendue applicable à l'Algérie par décret du 28 aout 1842, une commission a été désignée par le conseil municipal pour procéder à la visite des logements insalubres mis en location. En attendant le moment où cette commission devra fonctionner, le Maire porte à la connaissance des habitants les mesures hygiéniques qui peuvent assurer la salubrité des habitations.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Causes de l'insalubrité.
La salubrité d'une habitation dépend en grande partie de la pureté de l'air qu'on y respire. Tout ce qui vicie l'air doit donc exercer une influence fâcheuse sur la santé des habitants. L'air des habitations est principalement vicié par les causes suivantes : le séjour de l'homme et des animaux, la combustion de différentes matières employées au chauffage et à l'éclairage, les fuites de gaz, la stagnation et la décomposition des urines, des eaux ménagères, des immondices de toutes sortes etc.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Effets de l'air vicié.
Les effets produits par l'altération de l'air des habitations sont toujours graves. Tantôt ils consistent en accidents subis, qui comme l'asphyxie, peuvent mettre rapidement la vie en danger : tantôt ils se manifestent par des maladies aiguës, meurtrières, tantôt enfin se développant avec lenteur, et par cela même, excitant moins de défiance, ils ne deviennent apparents qu'après avoir jeté de profondes racines et miné sourdement la constitution. L'étiolement et surtout les maladies scrofuleuses appartiennent à ce dernier ordre d'effets.
Enfin c'est dans l'air insalubre que naissent et sévissent avec plus d'intensité certaines épidémies dont les ravages s'étendent en suite sur des cités entières.
Notons ici que l'insalubrité peut exister aussi bien dans certaines parties des habitations les plus brillantes que dans les plus humides demeures et que, d'un autre côté, les plus humbles demeures peuvent offrir les meilleures conditions de salubrité.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Caractère que doit présenter l'air des habitations.
L'air des habitations doit être exempt de mauvaises odeurs, aussi bien que celui des cours et des rues voisines ; il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que le facile renouvellement de l'air est une condition essentielle de salubrité.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Moyen d'assurer la salubrité des habitations.
Ces résultats ne peuvent être obtenus que de la manière suivante : Balayage. Il faut balayer fréquemment, non seulement les pièces habitées mais encore : les escaliers, corridors, cours et passages, en ayant soin de gratter les dépôts de terre et immondices qui résistent à l'action du balai.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Lavage du sol.
Les parties : Carrelées, dallées ou pavées doivent être, en outre, lavées d'autant plus souvent que l'écoulement des eaux et l'accès de l'air extérieur seront plus faciles, les planchers et les escaliers en bois doivent être essuyés après le lavage. Le lavage, lorsqu'il entraîne à sa suite un état permanent d'humidité est plus nuisible qu'avantageux.
Le plus ordinairement l'eau suffit pour ces lavages ; mais dans les circonstances d'infection et de malpropreté invétérées, il faut ajouter à l'eau un pour cent de volume de javel.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Peinture et lavage des murs.
Quand les chambres d'habitation sont peintes à l'huile, on doit les laver de temps à autre, afin d'enlever la couche des matières organiques qui s'y déposent et s'y accumulent à la longue.
La peinture à l'huile : des façades, des maisons, des murs, des allées, des cours, des escaliers, des corridors, des paliers et même des chambres est très favorable à la salubrité. Cette peinture qui s'oppose à la pénétration des murs par les matières organiques, assure en même temps leur durée ; elle permet en outre les lavages dont il est parlé dans le paragraphe qui précède.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Grattage.
Dans le cas de la peinture à la chaux, il convient d'en opérer tous les ans, le grattage et d'appliquer une nouvelle couche de peinture.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.Papier de tentures.
Pour ce qui est des chambres ornées de papier de tenture, il est convenable, quand on les répare, d'arracher complètement le papier ancien, de gratter et reboucher les murs avant d'appliquer le papier nouveau.
Chambres à coucher dans les maisons particulières.
Il est important que le nombre de lits placés dans les chambres à coucher soit proportionné à la dimension de ces chambres.
Dans tous les cas quand ils exhalent une mauvaise odeur, on doit les désinfecter avec de l'eau contenant au moins un pour cent d'eau de javel.
Une des pratiques les plus fâcheuses dans les usages domestiques, c'est celle de vider les urines dans les plombs d'écoulement des eaux ménagères.
Il serait à désirer que cette habitude cessât où elle existe.
Les ruisseaux des cours et passages qui reçoivent les eaux ménagères et les conduisent à ceux de la rue, doivent être exécutés en : Pavés, pierres ou fonte, suivant les dispositions locales.
Les joints doivent être fait avec soins, et les pentes régulières, de manière à permettre des lavages faciles et à empêcher toute stagnation d'eau.
Cabinets d'aisance. La ventilation des cabinets d'aisance est d'une importance majeure quand ils sont étroits et mal aérés. L'odeur qui s'en exhale, surtout à certaines époques de l'année, peut donner lieu aux accidents les plus fâcheux.
Il est toujours possible de prévenir ces accidents et de ventiler complètement ces cabinets par des ouvertures ou par un tuyau d'évent convenablement.
Le Maire A. Wallet
le Zéramna (journal de Philippeville) (23-08-1865)
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PHOTOS DE ANNABA NOSTALGIE !
Envoyées par Groupe de voyage Bartolini
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BARIKA, DES MOULINS EN PAYS CHAOUIA
Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N°202, décembre 2011
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Barika - nom Arabe - est le siège de la commune mixte du même nom située entre le 35° et le 36° parallèle de latitude nord et entre le 2° et le 3° de longitude est. Elle est située dans I'Arrondissement de Batna, à 88 kms à l'ouest de cette dernière ville, au Sud de Sétif à 117 Kms. Barika se trouve sur deux grands axes routiers, la nationale N° 28 de Batna qui se prolonge par la rocade Sud vers Bou-Saâda et Alger et la nationale N° 17 de Sétif vers Biskra. Bien qu'éloigné des grands centres. des services de messageries la relient quotidiennement à Sétif et Batna.
La pluviométrie pratiquement nulle ne permet pas de production agricole, mais cette région de steppes est un lieu privilégié pour l'élevage des ovins, Barika avec son marché à bestiaux est le lieu de rencontre et de commerce de cette immense région. De grosses transactions commerciales d'ovins, de céréales provenant des régions des hauts plateaux, des dattes des oasis également un très bel élevage de chevaux de race Arabe et des dromadaires, « ces vaisseaux du désert» appelés ici des Chameaux.
La végétation n'est pas abondante, à perte de vue ce sont des étendues de terres incultes, arides, caillouteuses où les moutons, les chèvres cherchent leur nourriture.
Des plaines où poussent I'alfa, le jujubier épineux, le palmier nain, mais aussi du thym sauvage en abondance. Les montagnes du Sud sont recouvertes par endroits d'arbustes rabougris, des genévriers, celles du Nord ont une végétation importante de chênes verts, de pins, de nombreux arbustes genévriers et autres et sur les sommets des cèdres. Par contre toutes les terres irriguées sont très riches, céréales, légumes se développent très rapidement, au printemps c'est une éclosion de fleurs des champs : Coquelicots, mauves, pâquerettes, soucis etc... Les vergers sont composés principalement d'abricotiers, de figuiers et d'oliviers. Les oiseaux sont très nombreux que ce soit des moineaux, passereaux, hirondelles, fauvettes, mésanges, verdiers, chardonnerets, des rapaces et échassiers : éperviers, cigognes, grues, outardes, hérons etc...
Les grives et les étourneaux se gavent d'olives en novembre, les cigognes, les hirondelles, font leur apparition en février, rebâtissent leurs nids et en août émigrent vers d'autres cieux. Le gibier est abondant, lièvres et perdreaux ainsi que des gangas. Dans les montagnes du Nord des sangliers. L'animal sauvage le plus courant est le chacal.
Parmi les reptiles la couleuvre, les lézards des sables, des vipères. Le danger provient des scorpions jaunes qui pénètrent dans les maisons.
La région subit les invasions périodiques de sauterelles, les mouches pullulent toute I'année et sont une des causes du trachome dont souffre une grande partie de la population indigène.
Les Habitants.
La région montagneuse est habitée par des Berbères dénommés Chaouias, c'est une population sédentaire vivant dans des mechtas cultivant leurs terres avec de petits troupeaux de chèvres et de moutons. Dans la plaine, ce sont des Arabes qui pratiquent depuis toujours la transhumance avec leurs troupeaux sans cesse à la recherche de pâturages, dans les petites oasis, autour des sources quelques mechtas construites en tourbes, couvertes de diss sont leurs points d'ancrage. Historique
On connaît peu de chose sur I'histoire de Barika. Les ruines nombreuses et imposantes de la ville de Tobna rappellent que la région fut civilisée et devint fertile à l'époque romaine.
Le labour des terres fait ressurgir de nombreuses pièces de monnaie en bronze romaines, les traces des canaux d'irrigation vers la plaine autrefois plantée d'oliviers sont encore visibles. Après l'ère romaine ce fut la désertification totale.
Après la prise de Constantine par la France, les grands chefs indigènes de la région firent leur soumission tout en gardant leurs privilèges, mais en 1858, une colonne de troupes françaises dut intervenir pour calmer les révoltes entre les différents soffs de la région.
En 1860, les Ouled Amor der Magra entrent en dissidence, la colonne du Colonel Desmarets, rétabli l'ordre.
En 1864, nouveau soulèvement des Ouled Mehdi auquel mit fin la colonne du Colonel Séroka.
En 1871, afin de faire face au soulèvement du Bachagha Mokrani, un détachement militaire français fut installé à demeure.
En 1873, I'annexe de Barika fut créée pour maintenir l'ordre et préparer le développement de la colonisation. En 1885, I'annexe fut transformée en commune indigène.
En 1907, la commune indigène est transformée en Commune mixte.
Pendant toute cette période 17 officiers administrèrent successivement le Hodna oriental. À partir de 1900, le Capitaine Massoutier entreprit la transformation de la commune, avec la scolarisation des indigènes, construisant une école, la plantation des olivettes communales, à partir de 1907, ce furent les Administrateurs civils qui prirent le relais.
Malgré la pauvreté qu'engendre son climat pré-saharien, Barika prend de I'importance, la population ne cesse d'augmenter, les constructions s'étendent, de nouvelles routes et pistes sont ouvertes, les recherches d'eau s'intensifient.
Centre
Le centre de Barika est de création artificielle. En 1844, il fallait installer un Caïd à Barika, simple marché et nœud routier, le Génie construisit un bordj, dont une aile
L'hôpital subsiste. Pendant les insurrections de 1860-1864-1871, simples scènes de pillages entre tribus, il n'existe que quelques tentes autour du Bordj.
À partir de 1874, Barika devenait le chef-lieu de l'annexe. La capitale du Hodna n'avait plus qu'à se développer, mais les années de sécheresse de 1878, engendrant la famine, obligent le commandement militaire à se replier provisoirement sur N'Gaous, par suite du manque d'eau.
En 1881, la région de N'Gaous d'où proviennent les eaux de I'Oued Barika ne dépend plus de Barika mais de la Commune mixte des Ouled Soltan qui retient toutes les eaux. Barika doit faire venir par tonneaux et peaux de bouc I'eau du puits artésien de Bordj Kebab, à 16 kms. Ce n'est seulement que l'arrêté du 22 Juillet 1882 qui règle la question, Barika a droit à toute I'eau d'amont pendant les dix premiers jours du mois. Bien pour les irrigations, insuffisant pour I'alimentation des habitants.
En 1883-1884, création du bureau de poste et installation du télégraphe. C'est I885, qui marque une nouvelle ère dans l'évolution de ce centre. L'arrêté du 17 Janvier 1885, crée la Commune Indigène de Barika avec ses ressources propres. Le Bordj est considérablement modifié et agrandi. Le village tracé, les constructions commencent.
Commune Mixte
En 1891: 404 habitants
1901 : 803 habitants
1946 : 4.328 habitants
La question de I'eau potable est réglée en 1946-1947 par la construction d'une conduite d’eau.
L'agrandissement du village grâce à l'achat par la commune mixte d'un domanial de 7 hectares.
La répartition des habitants est la suivante :
4.158 d'origine arabe - 44 mozabites - 30 kabyles
- 66 européens - 32 israélites - 1 espagnol- 5 italiens.
Nombre de lettrés en français 500 - en arabe 1.000
- militaires retraités 40 - fonctionnaires retraités 5
- fonctionnaires et employés en activité 84
- artisans 237
- commerçants 169.
- En 1885, par arrêté du 11 Janvier, la Commune Indigène de Barika est créée.
1905. - Transformation de l’établissement de Facteur-receveur de Barika en recette simple de 3e classe.
1906. - Arrêté du Gouverneur Général, désignant le Caid du Hodna oriental, commune indigène de Barika, comme président des Djemaas formant la tribu du même nom.
1907. - Formation de la commune mixte de Barika : M. Vitalis, Administrateur. La Commission municipale sera composée de 19 membres. L'Administrateur en sera le Président à défaut I'Administrateur adjoint. Elle comprendra : Pour N'Gaous, l'Adjoint et 2 membres français. Pour Barika, 2 membres français. Tous les autres membres seront indigènes. Afin d'alimenter le centre de Barika, la jouissance des eaux de l'Ain-Touta est accordée à la commune mixte.
1928. - Recensement de la population Européens 181 –indigènes 50.567.
1935. - Mme Bérard est nommée infirmière visiteuse. 1946. - Plan d'action Communal - Prévisions des constructions avec un échelonnement sur les 10 prochaines années.
- Egouts, encaillassement des rues, conduite d'eau
- Groupe scolaire de B classes de garçons et logements
- Groupe scolaire de 3 classes de filles et logements Aménagements de la commune mixte. appartements et bureaux
- Recette municipale et appartement
- Etablissement de remonte et cité des cavaliers
- Hôpital de 40 lits et logements S.I.P. bureaux, logements, silos à grains de 20.000 quintaux de capacité de stockage.
-Construction de 4 villas pour employés.
- Installation de la prison.
Le village
En arrivant par la route de Batna, le village est situé sur une petite colline au milieu de la plaine désertique. Toutes les constructions qui composent le village, forment un grand rectangle d'environ 500 mètres de long sur 300 de large, au milieu d'une oliveraie, de pépinières et de jardins, les trottoirs des rues sont plantés de grands arbres, toute cette verdure donne une impression de fraîcheur et de bien être. A gauche de la route, I'hippodrome avec ses tribunes, un pont métallique sur I'Oued Barika, une route très large bordée de peupliers, à gauche les bâtiments des Ponts et Chaussées, à droite, I'hôpital, la gendarmerie, la justice de paix et l'établissement de la Société Indigène de Prévoyance (S.I.P), tous ces bâtiments sont récents et entourés de plantations et de jardins.
À gauche, laissant la route de Sétif on pénètre dans I'avenue Villot qui est l'artère principale commerçante, bordée de palmiers avec de nombreux magasins et boutiques. Il y règne toujours une très grande animation, les commerçants étalant leurs produits sur les trottoirs, taxis, camionnettes en attente, la foule bruyante, uniquement des hommes, venant, des douars environnants, y faire leurs achats.
L'hôtel du Sahara, avec ses arcades, construction typique des villes du Sud, à I'extrémité de I'avenue, le Bordj communal. Des ruelles à droite et à gauche et quatre autres rues secondaires, parallèles forment le centre du village.
Au Nord, sur une grande place s'élève la mosquée, très beau bâtiment au style oriental. Très proche I'usine électrique, également I'agence des PTT avec le logement du receveur.
Le service de santé
Le service de santé à Barika comprend : un médecin de colonisation, un adjoint technique à la santé publique et une assistante sociale.
Le médecin de colonisation dirige l'hôpital auxiliaire, soigne et traite les malades, effectuant des tournées dans les douars, soignant et fournissant les médicaments gratuitement. L'hôpital compte 20 lits, des vaccinations y sont faites régulièrement, des secours distribués aux indigents. L'assistante sociale donne des soins à domicile s'occupant des mères et des nourrissons et également des vaccinations.
Pendant la seule année 1946, à l'hôpital, 1.400 malades ont été soignés dont plus de 1.000 atteints de trachome, 10.000 consultations, 12.000 vaccinations contre la variole, le typhus, la fièvre typhoïde etc... le tout gratuitement. La Société Indigène de Prévoyance (S.l.P.) est composée d'un agent technique, d'un comptable, d'un magasinier et d'employés. L'agent technique est chargé de la formation des fellahs en leur prodiguant conseils et renseignements. contrôlant les emblavures. Les récoltes sont livrées et stockées à la S.I.P qui les revend aux consommateurs.
Cet organisme est habilité à faire des avances de semences. Pendant la période des restrictions dues à la guerre, la S.I.P. était chargée du ravitaillement de la population.
Commerce
Le commerce est très actif, le village de Barika est le centre le plus important de toute cette région peuplée d'environ 75.000 habitants qui vivent dans des conditions difficiles, les productions, à part l'élevage de moutons. ne suffisent pas aux besoins de la population. De nombreux moulins à grain à eau et à moteurs, des fabricants de nattes en alfa, quelques forgerons, des artisans fabriquent des bijoux en argent, les femmes indigènes fabriquent les ustensiles de ménage en terre cuite. des cordonniers confectionnent des babouches, des chaussures, bottes et brides en filali « belghas » confectionnées en cuir tanné localement, mais cela est une simple production locale.
La population urbaine commence à consommer du pain, trois boulangeries dans le village, des épiciers, des Mozabites confectionnent gandouras et vêtements féminins, les cafés maures sont très fréquentés, la boisson principale est le café et le thé, mais aussi maintenant la «gazouze », limonade locale. Les denrées fraîches viennent de Sétif ou de Batna. Les bouchers avec leurs étals archaïques abattent sur les marchés, uniquement des moutons. La principale ressource du village de Barika est l’adjudication des droits du marché, qui a lieu chaque semaine le Jeudi et le vendredi, s'élevant à plus d'un million de francs. C'est le plus important point de vente des ovins de tout le Hodna. les acheteurs venant de toute la région nord du Constantinois. s'approvisionner en bêtes d'embouche. Un cinéma parlant a été installé dans le village dès son électrification en 1936.
Maurice Villard
Les villages des Hauts
Plateaux sétifiens à I'ACEP
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ALGER ETUDIANT
N°192, 27 avril 1935
Source Gallica
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EDMOND BRUA
LE COEUR À L'ÉCOLE (1)
J'ai longtemps cru que les poètes, je veux dire ces élus très rares auxquels on rend au plus profond de soi même un culte exclusif, étaient des êtres un peu fabuleux. Et je n'avais jamais espéré d'en rencontrer ailleurs que dans les livres...
Pourtant, le jour où j'ai connu Edmond Brua, j'ai compris aussitôt avec une joie émerveillée, qu'il était de ceux-là.
Le lendemain, j'avais lu, relu et presque appris « Faubourg de l'Espérance », son premier recueil. C'était le temps où, pleins de feu, nous étions quelques-uns à jeter les bases d'un nouvel « Alger-Etudiant». Nous discutions format .caractère, collaborateurs...
Et tout à coup Edmond Brua se révélait à nous. Lataillade se souvient avec quelle ferveur nous récitions en marchant les strophes du « Petit Navire » admirable poème pour lequel vingt fois nous nous serions fait écraser par les automobiles...
Depuis, Brua est devenu bien mieux qu'un de nos collaborateurs : son amitié nous est aujourd'hui si précieuse que nous pensons parfois l'avoir toujours connu. Et je voudrais, au moment où son deuxième recueil va voir le jour, dire quelles richesses nous apporte l'auteur du « Cœur à l'Ecole ».
Rien n'est plus séduisant que de parler de Poésie. Mais rien, souvent, n'est plus sacrilège. Les mots se pressent, affluent, et soudain chaque épithète semble un geste maladroit dans un monde peuplé des plus délicates merveilles. Il faut se résigner à décrire lourdement ce qui n'est que chant, légèreté, miracle.
Et le poète lui-même, à peine croit-on l'avoir saisi, retenu captif un moment, qu'il vous échappe...
Brua est le plus profond, le plus charmant et le plus paradoxal de ces êtres inexplicables.
Il faut l'avoir entendu réciter avec truculence ses fables bônoises ou conter mille histoires dont il possède l'inépuisable mémoire ; il faut l'avoir vu tirer de ses poches une multitude de papiers accumulés parmi lesquels soudain s'inscrit un quatrain acéré pour comprendre en ouvrant le «Cœur à l'Ecole» l'étendue et la surprenante diversité de son talent. Car ce fantaisiste dont la verve ne tarit jamais devient tout à coup, dans sa profondeur et sa pureté, un des plus émouvants parmi les poètes contemporains.
Son dernier recueil s'ouvre sur cet accent lourd de nostalgie :
Toi qui fus mon meilleur ami,
Quand nous sommeillions à demi
Sous le lorgnon d'un barbacole,
Malgré ton diplôme agricole
Et ton dignus est intrare
Tu comprendras cette parole
Et son accent désespéré :
J'ai laissé mon cœur à l'Ecole...
Ce thème mélancolique se retrouve plusieurs fois dans les pièces du début. Et il ne faut pas y voir seulement un vain regret du temps qui n'est plus, mais l'évocation de toute une période d'enfance demi-obscure, chargée de mystère et de poésie. Et c'est, j'en suis sûr, de cette Ecole peuplée d'étranges images et transfigurée par de graves rêveries que le poète a rapporté son merveilleux et sombre butin.
Il faudrait, pour dire la profondeur et la plénitude de ces poèmes, une bien longue étude. Tous les rythmes s'y jouent — et toutes les musiques : la plupart se chantent sur le mode triste et à mi-voix. Et cette extrême habileté, cette connaissance intime du métier poétique, on les oublie tant l'inflexion est aisée, tant la pensée se confond avec le chant.
On voudrait tout citer, on voudrait dire combien tout est beau : Récitation française, le Bonnet d'Ane, Electre, cet extraordinaire poème en vers de quatre pieds, dont les résonances s'étendent jusqu'aux zones les plus secrètes de la sensibilité, Le Bal qui prend place à côté des odes les plus achevées et les plus denses de notre poésie, où l'on retrouve, dans une forme très personnelle, tout l'art et toute la magie d'un Malherbe, d'un Vigny d'un Valéry...
Chaque pièce de ce recueil précieux nous plonge dans cet état singulier d'enchantement que bien peu de poètes ont le don de créer aussi continûment.
Brua est parvenu à une complète maturité de style et de pensée. Il possède un accent unique ,délivré des influences antérieures.
Une fois qu'on l'a entendue, sa voix ne peut plus s'oublier.
L'Algérie officielle, naturellement, l'accueille avec circonspection. Et tandis que des baladins peinturlures recueillent des lauriers éclatants, c'est une grande tristesse de considérer qu'un poète authentique et peut-être unique en notre pays demeure à l'écart de la gloire.
Peut-être, aussi, cela vaut-il mieux, s'il est vrai que trop de bruit effarouche la poésie et qu'au demeurant les renommées établies, chez nous, sont souvent de fausses valeurs.
(1) Baconnier, éditeur.
Fernand PISTOR.
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LES ALSACIENS-LORRAINS
EN ALGERIE
Envoyé par Mme N. Marquet
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Le même traité qui avait concédé à la société le territoire d’Azib-Zamoun, dans la province d’Alger, mettait à sa disposition le territoire d’Aïn-Tinri, dans la province de Constantine, à l’ouest de cette ville, et dès le courant de l’année 1873 des mesures avaient été prises pour recevoir là aussi avant l’hiver un certain nombre de colons. Plusieurs raisons militaient en faveur de cette région : le climat en est froid relativement et paraît tout particulièrement favorable aux Européens ; les terres, — terres domaniales pour la plupart, — y sont très fertiles et très recherchées par les indigènes, qui depuis un temps immémorial les cultivent à bail ; des sources chaudes, d’un débit considérable, pourraient être utilisées pour l’irrigation.
Par malheur, la nature même des lieux, coupés de montagnes et de ravins, et l’absence de routes en bon état rendaient l’exécution des travaux publics à la charge du trésor tout à la fois trop lente et trop coûteuse. D’autre part des maladies s’étaient déclarées parmi les ouvriers qui travaillaient au compte de la société ; la construction des maisons n’avançait pas. On s’est alors demandé à Paris s’il ne valait pas mieux pour le succès de l’œuvre concentrer les efforts de la société dans la province d’Alger, qui présente de plus grandes facilités de communications et d’accès ; on y trouvait cet autre avantage de réduire notablement les frais généraux en confiant tous les détails du service à un seul et même agent.
En conséquence, proposition fut faite au gouvernement de l’Algérie de lui rétrocéder le territoire d’Aïn-Tinn. Celui-ci accepta sans difficulté ; il prit à sa charge les maisons commencées et en remboursa le prix intégral, se chargeant d’y établir lui-même des colons. De plus, en échange d’Aïn-Tinn, le gouverneur-général s’est engagé à procurer à la société d’autres terrains défrichés d’une étendue équivalente, à proximité du village d’Azib-Zamoun.
D’ailleurs au moment même où la société se retirait de la province de Constantine, une première compensation s’offrait à elle dans la province d’Alger.
Aussitôt après la guerre, M. Dollfus, le généreux patriote, l’ancien maire de Mulhouse, le grand industriel si connu pour ses institutions philanthropiques, avait entrepris de fonder à ses frais en Algérie un village pour les émigrants alsaciens-lorrains. Il avait demandé et obtenu du gouvernement colonial la concession du territoire de Boukhalfa, d’une contenance de 1,300 hectares environ, sur la route d’Alger à Tizi-Ouzou, à 11 kilomètres à peu près de ce dernier point. Un certain nombre de maisons étaient déjà construites, les familles même installées, quand la mort de l’agent qu’il avait choisi pour le remplacer sur les lieux vint contrarier ses desseins ; en outre son âge avancé, la multiplicité des questions que soulève la création d’un village entier, la difficulté, ou pour mieux dire l’impossibilité matérielle qu’il y a pour un homme seul à les régler par lui-même, tout cela ne lui laissait plus espérer le succès. Désireux cependant de voir utiliser les dépenses et les travaux déjà faits, il s’informa auprès de M. le comte d’Haussonville si la société ne voudrait point se charger de sa concession et continuer à sa place l’œuvre de colonisation commencée. Le territoire de Boukhalfa n’est situé qu’à une faible distance d’Azib-Zamoun et du Camp-du-Maréchal, dont il forme en quelque sorte le prolongement. Il répondait tout à fait aux vues et aux besoins de la société. On n’eut pas de peine à s’entendre, et le 15 juin 1874 le gouverneur-général attribuait à la société de protection le territoire de Boukhalfa, rétrocédé par M. Dollfus, en prenant comme bases de la convention les mêmes conditions qui avaient été établies déjà pour Azib-Zamoun.
Le nouveau village est assis sur un plateau au pied du massif de Bellona, non loin de la grand route qui va d’Alger à Tizi-Ouzou. Élevé de 200 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, il domine les mamelons qui forment la plus grande partie de son territoire ; plus haut encore dans la montagne se trouve le village indigène des Beni-Boukhalfa avec ses plantations de figuiers et d’oliviers ombrageant les flancs du Bellona. Les terres de cette région sont très fertiles, bien qu’un peu fortes ; plusieurs endroits en sont boisés, et cependant la salubrité n’en était pas parfaite. Ce reproche, il est vrai, est applicable à toute la vallée du Sebaou, où les marais formés par la stagnation des eaux de pluie et le débordement du fleuve dégagent, à l’époque des grandes chaleurs, des miasmes pernicieux. Toutefois, en Afrique, dire d’une région qu’elle est peu salubre ne signifie pas qu’on ne puisse l’assainir.
Les bords du lac Halloula, dans l’ouest de la Mitidja, étaient autrefois réputés mortels ; le dessèchement et les plantations ont fait disparaître les fièvres comme par enchantement ; on citerait cent exemples semblables. Tout arbre de cinq ans sauve la vie d’un homme, c’est là-bas un adage. Pénétrée de ce principe, à peine en possession du territoire, la société s’est empressée de mener à bonne fin l’œuvre de M. Dollfus, poursuivant les travaux de dessèchement des parties basses et marécageuses, multipliant partout les plantations en dehors de celles qui incombaient à l’administration du génie, si bien qu’on ne peut douter aujourd’hui qu’avant trois ans Boukhalfa ne soit un des villages les plus sains et les plus riants de la Kabylie.
Au reste en toute chose la société a suivi pour l’installation de ce centre la même méthode qu’elle avait adoptée et qui lui avait si bien réussi à Azib-Zamoun.
Quand elle succéda à M. Dollfus, l’assiette du village, les chemins d’accès ainsi que les autres travaux préliminaires étaient terminés. Elle prit aussitôt des mesures pour ajouter vingt maisons nouvelles aux dix déjà bâties et occupées ; quelques retards dans la construction n’ont pas permis d’y envoyer des colons dès l’automne dernier, d’autant qu’il importait d’assurer avant leur arrivée l’assainissement du pays. En attendant, les terres laissées libres ont été louées aux indigènes moyennant un quart des récoltes ; les grains ou fourrages ainsi obtenus sont distribués à titre d’avance aux familles déjà sur les lieux ; la société en effet a voulu faire participer les colons de M. Dollfus à tous les avantages en fournitures de vivres, de meubles ou de cheptels dont doivent jouir les siens ; encore ces familles avaient-elles reçu au début leurs maisons en toute propriété : elles n’auront donc rien à rembourser de ce chef. Vu la nature des terres, assez dures à travailler, le lot de chaque concession a été fixé à 30 hectares en moyenne ; une portion non allotie est tenue en réserve et servira de communal. Sur les pentes, la vigne, promet de venir fort bien ; plusieurs milliers de ceps sont déjà plantés, et parmi les colons qui vont être envoyés, on aura soin qu’aux laboureurs soient mêlés quelques vignerons.
D’un autre côté, quoique M. Dollfus ait dû renoncer à continuer par lui-même l’œuvre qu’il avait entreprise, ; il n’a pas prétendu s’en désintéresser complètement, et, devenu membre honoraire de la société de protection, il s’occupe encore de Boukhalfa pour augmenter le bien-être de la colonie. C’est ainsi qu’il songe à faire construire un four banal, qui rendrait grand service à tout le village. N’est-il pas triste qu’à Tizi-Ouzou, dans ce pays de blé, le pain se paie plus cher qu’en France ? M. Dollfus voudrait aussi répandre parmi les colons un manuel écrit en allemand où se trouveraient les notions les plus utiles d’agriculture. Il est d’ailleurs convenu que sur les vingt maisons nouvelles, aujourd’hui prêtes et meublées, cinq ou six lui seront réservées pour y établir, aux conditions de la société, des colons de son choix.
Toutes les autres, avec celles qui restent encore vacantes à Azib-Zamoun, seront également occupées avant la fin de l’année. Plus de quatre-vingts familles ont adressé des demandes de concession à la société ; plusieurs sont alliées à des familles déjà établies, d’autres aussi, ayant une certaine aisance et qui avant de se décider avaient pris soin d’envoyer un de leurs membres pour visiter les lieux, offrent spontanément de verser, à titre de garantie, une somme équivalente au prix de la maison qui leur sera affectée. Ce fait en dit plus que tout le reste sur le succès obtenu par la société et la confiance légitime qu’elle a su partout inspirer.
Le troisième territoire compris dans le traité primitif avec Aïn-Tinn et Azib-Zamoun tire son nom du maréchal Bugeaud, qui aux premiers jours de la conquête y campa quelque temps avec ses troupes. Il est pour ainsi dire l’annexe de celui d’Azib-Zamoun, auquel il confine à l’ouest, et n’est séparé à l’est que par une faible distance de celui de Boukhalfa ; il ne contient pas moins de 1,800 hectares de terres dont la fertilité est proverbiale dans le pays ; mais l’état marécageux de certaines parties en rendait jusqu’ici le séjour peu salubre, et s’opposait à ce qu’on tentât aussitôt le peuplement. Aussi des clauses spéciales lui sont-elles appliquées dans le traité : l’état s’est engagé à faire tous les travaux d’assainissement nécessaires, comme canaux et plantations ; la société contribuera pour un quart aux dépenses, estimées environ 40,000 francs, et à titre de dédommagement recevra la jouissance immédiate du territoire pour en user au mieux de ses intérêts ; les travaux terminés, une expertise décidera s’ils sont réellement suffisants pour assurer la sécurité des colons, et alors seulement la société sera tenue de peupler sa concession dans les délais prévus par la loi.
Comme pour Boukhalfa, l’insalubrité du pays n’est rien moins qu’irrémédiable : qu’on se figure un fond de vallée, de nature argileuse, encaissée par des montagnes élevées ; les marais y sont formés non par des eaux souterraines sortant sur place, mais par des eaux pluviales qui s’accumulent en hiver dans des cuvettes naturelles, d’où elles ne peuvent s’échapper et atteindre le thalweg de la vallée, c’est-à-dire le lit du Sebaou ; il suffisait d’ouvrir à ces eaux un débouché pour faire disparaître l’unique cause du mal. Dans le courant de l’année dernière, l’administration des ponts et chaussées a fait exécuter un vaste réseau de canaux de dessèchement qui comprend plus de 16 kilomètres et a donné déjà les meilleurs résultats.
En même temps, et de concert avec la société, elle a adopté pour les plantations un projet d’ensemble dont l’exécution assurera dès maintenant l’assainissement complet du territoire, et plus tard aussi l’approvisionnement des colons en bois de construction et de chauffage. Les talus des canaux ont été garnis d’un grand nombre de jeunes arbres de toute espèce et en particulier d’eucalyptus ; le directeur du jardin d’essai du Hamma était venu d’Alger pour reconnaître l’état des lieux et choisir par lui-même les essences répondant le mieux à la nature et à l’exposition du sol : saules, trembles, osiers, peupliers, pour les parties basses et humides, frênes, mûriers, micocouliers, platanes, pour les endroits plus secs, allantes et robiniers pour les pentes rapides et argileuses, impropres à la culture.
On a multiplié aussi les semis de ricin : cette plante est en Algérie d’une végétation vigoureuse et dure plusieurs années ; la surface très développée des feuilles contribue efficacement à annihiler l’influence des émanations paludéennes ; en outre la graine se vend jusqu’à 30 et 40 francs les 100 kilogrammes, et peut devenir la source d’un revenu important.
Dès que remise lui a été faite de sa concession, la société s’est empressée d’en tirer parti : les terres anciennement défrichées ont été louées aux Arabes soit à prix d’argent, soit contre un quart de la récolte pris sur pied. Depuis lors, en raison même des travaux de dessèchement, on a pu labourer aussi pour l’ensemencer de sorgho une superficie considérable de terrain sur lequel de temps immémorial la charrue n’avait point passé ; un garde à cheval aux frais de la société veille à ce que la rentrée du prix, de location se fasse exactement. Les 20,000 figuiers et les oliviers qui avoisinaient les fermes des indigènes dépossédés par la loi du séquestre ont été également loués sur enchères, et le revenu tout entier consacré aux travaux de plantation et d’assèchement ; ces arbres, répartis plus tard entre les lots des colons ou réservés selon le cas à la commune, constitueront pour le futur village une véritable richesse.
Il en est de même de l’orangerie au pied du village indigène de Tadmeïn : plantée, comme toutes les orangeries arabes, dans une sorte de ravin à l’abri des vents du nord-est, remarquable par la grosseur et l’abondance de ses fruits, elle n’aurait besoin que d’être régularisée par le placement de quelques pieds nouveaux. A la vérité, elle se trouve encore aux mains d’un chef arabe très influent, président du douar Chenacha, qui a été exempté du séquestre et qui tient fort à la conserver. Bien que le gouverneur-général ait prononcé dès le 21 avril dernier l’expropriation définitive avec prise de possession d’urgence des enclaves du territoire, cette mesure tarde un peu à s’exécuter. Comme à Azib-Zamoun, comme à Boukhalfa, les indigènes séquestrés ou non tiennent toujours le pays ; il faudra évidemment que l’administration s’occupe de leur assigner de nouveaux cantonnements, et mette fin à un état de choses qui pourrait en se prolongeant porter entrave à la colonisation.
Une autre mesure de précaution indispensable est celle qui regarde les empiétements du Sebaou. Ce cours d’eau assez considérable, et dont le lit se déplace fréquemment, s’est depuis quelques années violemment rejeté sur sa rive gauche ; chacune de ses crues entraîne et fait disparaître des quantités de terre considérables. Déjà par suite de ces érosions la route qui longeait le fleuve a dû être à trois reprises reportée de plusieurs centaines de mètres dans l’intérieur ; tout dernièrement encore les eaux, gonflées par les pluies, ont causé sur tout leur parcours de nombreux dégâts ; il est d’autant plus regrettable que l’administration ait cru devoir ajourner jusqu’ici les travaux réclamés par la société.
De quelle sorte seront ces travaux ? Que vaut-il mieux d’une digue ou d’un éperon qui rejetterait le Sebaou dans son ancien lit, c’est-à-dire vers sa rive droite, dont la nature rocheuse peut davantage résister à ses attaques ? Aux ingénieurs de décider. Ce qui importe surtout, c’est d’opposer à la marche du fleuve un obstacle prompt et efficace sous peine de le voir entraîner lambeau par lambeau tout ce fertile territoire, et arriver en peu d’années au pied même de la montagne. Cela fait, on n’aura plus qu’à commencer la construction du futur village, dont l’emplacement est déjà fixé sur la rampe d’une petite colline, au-dessus du village arabe actuel.
Quant aux autres terrains que doit recevoir la société dans la province d’Alger en échange d’Aïn-Tinn rétrocédé, le choix lui a été laissé par le général Chanzy entre plusieurs emplacements : Chabet-el-Ameur d’un côté, Taourga et Dra-ben-Kedda de l’autre, présentant tous de réels avantages.
Chabet-el-Ameur, sur l’ancienne route des Issers à Dra-el-Mizan, est dans une position très saine, grâce aux vents de mer qui le visitent constamment ; les terres y sont d’excellente qualité, les eaux n’y manquent pas, on y trouverait de la pierre à bâtir et de la pierre à chaux ; dans le voisinage est une forêt de chênes-lièges exploitée depuis dix ans ; par malheur le pays offre encore peu de sécurité ; les Beni-Khalfoun, sur lesquels la plus grande partie de ce territoire a été confisquée, se sont fait remarquer par leur acharnement dans la dernière insurrection. Taourga, au point central d’un plateau qui domine le Sebaou, jouit également d’une position salubre et d’eaux abondantes, on y trouve des bois d’orangers et d’oliviers, des figuiers nombreux ; mais la route est encore à faire qui, partant de Dellys et aboutissant au Pont-Neuf du Sebaou, près de Kouannin, mettrait le futur village en communication avec Dellys et la région comprise entre Azib-Zamoun et Tizi-Ouzou ; là aussi les indigènes se montrent assez hostiles.
Resterait le territoire de Dra-ben-Kedda, traversé par la route de Tizi-Ouzou et reliant le Camp-du-Maréchal à Boukhalfa ; c’est le meilleur choix que puisse faire la société, dont tous les territoires seraient ainsi réunis en un même groupe ; le sol, moitié plaines, moitié collines, se prête à toutes les cultures ; il faudra seulement, pour rendre les lieux habitables, y exécuter, ainsi qu’on l’a fait au Camp-du-Maréchal, de grands travaux de canalisation et de boisement.
Comme on le voit, la société ne manquera point de terres pour ses colons à venir ; cependant, tout en réservant ses droits, elle a cru plus sage de se borner aux trois emplacements qu’elle occupe aujourd’hui et de ne point disperser à l’infini ses ressources et ses efforts. D’ailleurs le soin de ses protégés d’Algérie ne pouvait lui faire oublier ceux qui, placés plus près de nous, ont droit encore à son assistance ; Elle a donc, avec le même zèle que par le passé, continué à venir en aide par tous les moyens aux Alsaciens-Lorrains réfugiés en France : les sommes dépensées par elle en subventions aux comités provinciaux, soins médicaux, secours en argent, frais de placements ou de transports, distributions de vêtements, de logement ou de nourriture, n’ont pas cessé d’atteindre depuis trois ans un chiffre considérable. Toutefois, comme il est naturel, le mouvement de l’émigration s’est fort ralenti : il ne se compose plus guère que de jeunes ; Alsaciens qui, arrivés à l’âge du service militaire, se refusent à rester Prussiens et passent la frontière ; or, si trop de raisons nous font un devoir de ne les point attirer en France, du moins est-il permis de les accueillir ; souvent aussi leurs familles les suivent ou les rejoignent, et cette charge nouvelle retombe sur la société ; il n’y a là malgré tout rien de comparable avec l’affluence des premiers jours.
Quant aux familles émigrées depuis longtemps, de moins en moins elles auront besoin d’assistance. Jamais il n’a été dans les intentions des fondateurs de la société de créer en France une classe spéciale de Français : leurs efforts ont toujours tendu au contraire à amener la fusion la plus complète entre les Alsaciens-Lorrains obligés de quitter leur pays natal et leurs compatriotes du reste de la France. Cette fusion est chose accomplie ; la majeure partie des émigrés qui avaient eu d’abord recours à la société ont maintenant acquis droit de cité dans les lieux où ils ont fixé leur résidence, et, accueillis de tous avec bienveillance, y jouissent, en cas de détresse momentanée, des ressources offertes à l’universalité des citoyens. Pour toutes ces raisons, l’œuvre de la société est destinée à se transformer peu à peu.
Jusqu’ici les besoins nombreux auxquels elle avait eu à subvenir l’avaient empêchée de faire pour les enfants de ses protégés tout ce qu’elle eût voulu ; l’instruction tiendra désormais une large place dans son budget. En 1874, sans parler des allocations à plusieurs établissements laïques ou religieux qui ont recueilli et qui élèvent de jeunes Alsaciens-Lorrains, la société a pourvu, tant à Paris qu’en province, à l’éducation et à l’instruction de près d’une centaine d’enfants des divers cultes ; fidèle à son esprit de tolérance et d’impartialité, elle laisse aux parents eux-mêmes le choix des maisons où seraient élevés leurs fils.
M. de Naurois, un des membres fondateurs, avait offert à la société une propriété bâtie et environ 8,000 mètres de terrain boisé qu’il possédait au Vésinet : on était alors convenu de créer un orphelinat pour les enfants alsaciens-lorrains ; c’est encore M. de Naurois qui a voulu se charger des dépenses de construction et d’aménagement nécessaires et qui a fait a cette intention un nouveau don de 50,000 francs. Grâce à sa générosité, les bâtiments seront prêts à recevoir avant l’automne 25 jeunes filles d’Alsace-Lorraine, et ce nombre pourrait être plus que doublé.
Déjà plusieurs personnes de la haute société parisienne ont déclaré leur intention de fonder à leurs frais des lits ou places gratuites dans l’établissement ; cet exemple ne tardera pas sans doute à être suivi et permettra de donner à l’institution tout le développement qu’elle comporte. Il semble superflu de dire que la même sollicitude, le même soin du détail qui avait assuré le succès du village d’Azib-Zamoun a présidé à l’installation du nouvel orphelinat. Vraiment infatigables, avant de rien entreprendre, les membres dirigeants de la société ont voulu visiter par eux-mêmes les meilleurs établissements en ce genre, aussi bien publics que privés ; ils se sont rendu compte des économies possibles et des perfectionnements désirables, ils ont comparé les méthodes, jugé des résultats. Il ne suffit pas en effet de faire œuvre de charité envers les enfants orphelins, il faut encore les rendre le plus tôt possible utiles à eux-mêmes et à leurs semblables. C’est d’après cette idée essentiellement pratique que la maison du Vésinet vient d’être organisée.
Nous avons suivi la société dans le détail de ses opérations, nous l’avons vue étendant partout son action secourable sur la famille sans travail et sur l’enfant sans père, de la frontière des Vosges au fond de la Kabylie, Si elle a pu tant faire et faire si bien, ce n’est pas seulement par le dévouement de son président, le zèle intelligent de ses membres, c’est grâce encore à la sympathie du public français. Dès la première année, le total des souscriptions s’est élevé au chiffre énorme de 2,500,000 francs ; depuis lors les offrandes n’ont cessé d’affluer de tous les côtés et sous toutes les formes. Un jour c’est le vice-amiral Cloué, alors gouverneur de la Martinique, qui envoie, au nom de la colonie, 50,000 francs, produit net d’une loterie destinée d’abord à la libération du territoire ; une autre fois c’est Mme la maréchale de Mac-Mahon qui attribue à la société 10,000 francs sur le bénéfice d’une représentation théâtrale en faveur des Alsaciens-Lorrains. En beaucoup d’endroits également, on a organisé au profit de l’œuvre des bals, des concerts, des représentations dramatiques. Plusieurs conseils-généraux, ceux du Gard, du Morbihan, de la Côte D’or, ont voté des subventions à la société. L’Université surtout s’est fait remarquer par la fréquence et l’importance de ses dons ; il y a quelques jours à peine, le vice-recteur de l’Académie de Paris faisait effectuer à la caisse de la société un nouveau versement de plus de 10,000 francs. A toutes ces sommes de provenances diverses, il faut ajouter le produit de l’exposition installée l’an dernier dans les salons de la présidence de l’ancien corps législatif. Personne n’a oublié l’éclatant succès qu’elle obtint. A certains jours, le nombre des entrées atteignit 5,000 et 6,000. Aussi, quand tout fut terminé, que chaque objet intact eut été rendu à son possesseur, que tous les frais d’installation, de surveillance, d’emballage, eurent été payés, il restait encore à la société 186,000 francs nets qui ont pu être appliqués à la création de villages en Algérie.
Voilà comment la société a pu dignement soutenir son rôle et suffire jusqu’ici aux dépenses multiples qui lui incombaient ; dans une des dernières séances du comité directeur, le budget de l’année prochaine vient d’être arrêté ; malgré d’importantes réductions, il monte encore à 300,000 francs, sur lesquels plus de 100,000 sont destinés à l’assistance sous toutes ses formes : 30,000 à l’instruction, 20,000 à l’asile du Vésinet, 120,000 enfin à l’Algérie.
Cependant ce dernier effort aura presque complètement vidé la caisse de la société. Depuis longtemps, les comités de province ont dû limiter leur action et ne plus distribuer que de rares secours ; d’autre part, le sous-comité de la commission Wolowski, spécialement chargé de l’Algérie, a terminé son œuvre, les fonds qui lui avaient été confiés sont épuisés ; il n’y a plus guère que la société de protection qui fonctionne encore et puisse venir en aide aux Alsaciens-Lorrains sans ressources. Il lui faudra évidemment avant peu faire appel une fois de plus à la générosité du public ; cet appel ne saurait manquer d’être entendu. On peut d’ailleurs s’en remettre à l’intelligence et au bon goût des organisateurs de l’exposition dernière pour être sûr qu’avec eux l’espoir des plus curieux ne sera point déçu.
Nous savons comment tout d’abord le premier crédit de 1 million dont disposait le comité de colonisation avait été consacré par lui à compléter l’installation de toutes les familles débarquées en Algérie avant son intervention.
Les crédits qui suivirent, s’élevant à 1,300,000 francs environ, devaient surtout parer à l’avenir. Ainsi 500,000 francs ont été délégués en différentes fois par le comité, au gouvernement de l’Algérie pour bâtir des maisons nouvelles ; 400,000 ont servi à l’assistance personnelle des familles, c’est-à-dire aux dépenses en cheptels, instruments, vivres ou semences ; 90,000 francs ont été alloués, à raison de 30,000 par province, aux trois évêques d’Alger, de Constantine et d’Oran, pour la construction dans les nouveaux villages de maisons de sœurs destinées à servir d’écoles ou salles d’asile pour les jeunes enfants ; enfin une centaine de mille francs ont été remis, partie aux deux comités d’Alger et de Constantine, partie à divers établissements de charité qui avaient secouru les immigrants ; 200,000 francs restaient encore disponibles : sur la proposition de son rapporteur, le comité les a consacrés à venir en aide à toutes les familles réellement installées à la fin du mois de mars dernier, et qui, par suite de pertes de bestiaux, de mauvaises récoltes ou d’autres accidents, avaient besoin d’une assistance prolongée ; cet argent a été réparti entre les différents villages d’après des listes individuelles fournies également par les comités privés et les autorités locales.
Bref, à la date du 1er mars 1875, ainsi que le constate M. Guynemer dans son rapport officiel[1], il y avait sur toute l’étendue de la colonie 863 familles d’Alsaciens-Lorrains installés au titre 2 comme colons du gouvernement et du comité de colonisation. Ces familles étaient ainsi réparties : 272 dans la province d’Alger, 397 dans la province de Constantine, 194 dans la province d’Oran, formant ensemble un total de 4,115 personnes. Le nombre des habitations construites pour les loger s’élève à 909, distribuées dans 56 villages ; une quarantaine étaient encore vacantes, mais doivent être occupées sous peu par des familles nouvelles dont l’établissement incombera au gouvernement colonial, puisque les fonds du comité sont entièrement épuisés.,
Si maintenant on cherche à se rendre compte des dépenses faites tant par le gouvernement de l’Algérie que par le comité de colonisation, si l’on y joint 125,000 francs fournis par la société de protection en dehors de ce qu’elle a fait pour ses villages, plus 700,000 francs dépensés par les divers comités de France et d’Algérie en secours de toute espèce, on trouve qu’en définitive l’établissement des 909 familles en question n’aura pas coûté moins de 4,800,000 francs, rien que pour les maisons et l’assistance, soit en moyenne 5,300 francs par famille ; encore faut-il observer que ces installations, modestes en elles-mêmes, ont été singulièrement facilitées par la présence et l’activité des nombreux agents civils et militaires dont dispose le gouvernement.
Dans les chiffres précédents ne sont pas comprises les dépenses d’intérêt collectif nécessaires pour la création même des villages, telles que travaux d’eau, rues, édifices publics, etc. ; ces dépenses peuvent être évaluées à 150,000 francs pour un centre de 50 feux, et de ce chef la part proportionnelle des Alsaciens-Lorrains monterait encore à plus d’un million. Assurément ce sont là, dit le rapporteur, des chiffres élevés, et l’on ne peut se dissimuler que la colonisation, qui doit être en somme le but de notre occupation lointaine, serait réellement impossible, si elle devait être faite uniquement par l’état et à ses frais.
L’importance du rôle de la société de protection en Algérie, son utilité, sa grandeur, c’est qu’elle y a précisément représenté la part de l’initiative privée. Elle avait sur l’état ce double avantage que son cercle d’action était circonscrit, qu’elle jouissait dans ses dépenses de toute latitude : ainsi le chiffre de 6,000 francs, fixé d’abord comme limite extrême des avances qu’elle devait faire aux colons, a été porté pour certaines familles nombreuses jusqu’à 8,000 et même 8,500 francs.
Rien non plus n’a été négligé de ce qui devait servir au succès définitif : choix d’un emplacement commode et suffisamment salubre, construction préalable et aménagement des maisons, achat complet du mobilier, des animaux, du matériel agricole, multiplicité des plantations, capacité des familles, surveillance attentive, minutieuse, infatigable, jusqu’au jour où le colon peut se tirer d’affaire ; autant de précautions commandées par l’expérience ou le bon sens, que la société s’est fait un principe d’appliquer sur ses concessions, dont elle s’est bien trouvée, et qu’elle a eu le plaisir de voir en plus d’un cas appliquées après elle par le gouvernement lui-même pour le plus grand bien de la colonie et des immigrants. A un autre point de vue, son exemple pourra être profitable : quels que soient en effet les sacrifices que nécessite la mise en valeur d’une concession de terres, il y a, nous l’avons vu, dans l’établissement de tout nouveau centre une véritable création de capital qui compense largement les premières avances indispensables ; on ne saurait donc trop encourager l’existence d’entreprises ou de sociétés particulières qui, tout en poursuivant dans la colonisation leurs intérêts propres, contribueront à accroître les forces vives du pays.
Trois causes principales se sont opposées jusqu’ici au développement de la colonisation française en Algérie : le manque de routes, le manque de bois, enfin, il faut bien le dire, l’infériorité morale où le colon s’est toujours trouvé vis-à-vis de l’Arabe. Les Turcs et les indigènes n’avaient pas besoin de routes, vivant et commerçant d’une façon toute primitive ; mais notre civilisation ne peut s’en passer.
Il suffirait là-bas de quelques voies de communication bien tracées pour rendre la vie à d’immenses territoires, jusqu’à ce jour presque improductifs : par malheur, la pénurie du budget colonial ne permet pas de faire la moindre partie de ce qui serait utile ; mais pourquoi donc ne pas employer l’armée, comme on l’a proposé déjà, à la construction des routes et à la création des villages ? N’était-ce pas là l’idée du maréchal Bugeaud, celui des gouverneurs qui a le plus fait peut-être pour l’Algérie ? N’était-ce pas bien avant lui l’habitude des Romains, ces maîtres en colonisation, dont les traces se retrouvent à chaque pas jusqu’au fond du désert ? Certes nos braves soldats ne pourraient en temps de paix rendre au pays de plus grands services.
Depuis des siècles, l’Arabe s’acharne à détruire le bois ; passant près d’une forêt, par pur caprice il y met le feu ; ses troupeaux font le reste. La chèvre surtout est terrible : le mouton coupe, la chèvre saccage, détruit ; elle se plaît à aller chercher sa nourriture partout où la végétation tente ses premiers essais ; elle broute les pousses des jeunes arbres et les maintient perpétuellement à l’état de buissons.
Les conséquences sont faciles à déduire : où manque le bois, tout manque également, l’eau, les prairies, les matériaux pour construire ; la terre seule reste, aride et désolée. Ici des mesures sévères de répression contre ces stupides destructeurs des forêts arrêteront le mal dans son principe ; il s’agira ensuite de le réparer ; par des reboisements successifs, par des plantations multipliées, ainsi que l’a pratiqué la société dans ses villages, l’administration d’une part, les colons de l’autre, peuvent faire beaucoup pour l’assainissement et la richesse de la contrée.
Quant aux indigènes eux-mêmes, il n’y a point d’illusion à se faire sur les sentiments qu’ils nourrissent à notre égard.
Comme chrétiens, comme conquérants, nous leur sommes odieux, et malgré le peu de succès des insurrections précédentes, ils conservent encore l’espoir de nous jeter à la mer. Le Coran ne leur dit-il pas : « Que la malédiction de Dieu atteigne les infidèles, les juifs et les chrétiens. — Tuez-les partout où vous les trouverez, et chassez-les d’où ils vous ont chassés ? » Jamais ils n’ont accepté notre domination, ils se contentent de la subir. C’était lors du second voyage de MM. d’Haussonville et Guynemer en Algérie : l’amin Omar-Zamoun était venu trouver le chef de cette société qui le remplaçait sur son territoire. Grand, beau, l’œil profond, le visage encadré d’une épaisse barbe noire, vêtu de sa grande toge de soie d’une blancheur immaculée, il avait l’air d’un personnage antique. Sans rien perdre de sa dignité, il avait pris selon l’usage un pan de l’habit du puissant étranger et l’avait baisé ; puis, toujours fier, comme d’égal à égal, il avait exposé sa requête : qu’allaient devenir tous ces malheureux qui l’entouraient et qui étaient ses clients ? comment pourraient-ils vivre, dépossédés de leurs terres ? ne voulait-on pas avoir pitié d’eux ? Il ne parlait que pour les siens, semblait s’oublier lui-même.
En revanche, le lendemain, 200 Arabes étaient accroupis à la porte des deux visiteurs, graves, silencieux, sordides, les membres à peine couverts de burnous en lambeaux. Ils demeurèrent deux jours entiers dans cette attitude de supplication muette, cherchant à exciter la compassion. Comme une des personnes qui se trouvaient là s’adressait à l’un d’eux : — Tu dis qu’on t’a pris tes figuiers, tes oliviers, tes terres ? Il est vrai ; mais pourquoi donc allais-tu l’autre année couper des têtes à Palestro ? — Bah ! que veux-tu ? répondit l’indigène dans ce patois mêlé d’arabe et de français qui est la langue sabir, que veux-tu ? C’était la guerre. — C’était la guerre, à merveille ; aussi tu vois où cela t’a conduit. — Eh bien ! oui, poursuivit-il sans plus s’émouvoir, que veux-tu ? Je sais ; fais ce que tu voudras ; tu es le plus fort maintenant ; chouïa, chouïa, c’est bien, c’est bien. — Et il garda le silence. Voilà où ils en sont tous ; ils se résignent… en attendant mieux.
Ce type aristocratique, cette pureté de traits, ces manières distinguées, chevaleresques, plus apparentes que réelles et sous lesquelles se cache trop souvent à l’égard des roumis une insigne mauvaise foi, ce titre même de vaincu, qui chez nous est une protection, leur ont valu de notre part une sympathie qu’ils ne nous ont point rendue. Que longtemps les colons, arrivant en Algérie, aient été le rebut des nations de l’Europe, gens peu estimables à tous égards et plus dangereux qu’utiles à leur nouvelle patrie, cela ne peut être mis en doute.
Quoi qu’il en soit, l’administration elle-même s’est trouvée portée plus d’une fois à sacrifier les véritables intérêts de la colonisation aux réclamations plus ou moins fondées de la population indigène. Il serait temps de revenir sur cette trop longue erreur : par la condescendance et la douceur, on n’a rien à gagner auprès des indigènes, l’insurrection de 1871 l’a bien prouvé. D’un autre côté, les nouveaux colons qu’amène le flot croissant de l’émigration offrent des garanties sérieuses de moralité : c’est eux évidemment que doivent aller chercher les faveurs de l’autorité ; pour les Arabes, toujours hostiles, toujours malveillants, ils n’ont droit désormais qu’à la stricte justice et doivent être maintenus prudemment, à l’encontre de ce qui se pratiquait jusqu’ici, dans la dépendance morale de l’Européen.
Tous ceux qui se sont occupés de l’Algérie, tous ceux qui l’ont connue, sont unanimes sur ce point : il importe de placer comme contre-poids en face de la race vaincue une population européenne vaillante, laborieuse et aussi nombreuse que possible. Or l’élément indigène domine encore en Algérie dans la proportion de dix contre un. Cette anomalie ne saurait durer : 909 familles d’Alsaciens-Lorrains viennent d’être installées par le gouvernement ; qu’on en ajoute une trentaine qui possédaient des ressources suffisantes et qui ont reçu des concessions au titre 1er, une centaine enfin installées par la société ou M. Dollfus à Azib-Zamoun et à Boukhalfa, cela fait un chiffre total de plus de mille familles, 5,0.00 personnes environ, dont l’établissement est constaté aujourd’hui et dont les deux tiers au moins feront souche de colons ; les immigrants, mariés ou non, établis dans les villes, fourniraient bien un millier de plus.
En outre cette affluence des victimes de la guerre et l’intérêt patriotique dont elles étaient l’objet n’ont pas peu contribué à attirer sur notre colonie africaine l’attention générale. « Depuis les derniers événements, dit M. Guynemer, il s’est produit un courant d’immigration venant de nos départements du midi, dont l’importance égale, s’il ne le surpasse, le courant alsacien-lorrain, qui en a été la cause première. L’administration admet aujourd’hui qu’en trois ans la population française de l’Algérie s’est augmentée de plus de 10,000 personnes. » L’impulsion est donnée, il n’y a plus qu’à poursuivre. Par une coïncidence heureuse pour la colonie, le séquestre opéré sur les tribus rebelles a mis entre les mains de l’état des quantités de terres considérables. Qu’on fasse appel à l’initiative privée, qu’on la protège et l’encourage par tous les moyens. Le général Chanzy vient d’établir à Alger un bureau spécial de renseignements pour les immigrants ; ils y pourront connaître la quantité et la situation des terres immédiatement disponibles ; c’est une mesure excellente. Plus de ces formalités ruineuses, plus de ces lenteurs administratives qui trop souvent précédaient la délivrance d’une concession et qui lassaient le bon vouloir le plus énergique. Les travailleurs alors accourront en foule, et l’Algérie deviendra vraiment ce qu’elle doit être, une province de la France.
Sans doute l’œuvre de colonisation est toujours difficile et coûteuse. Il faut, aux débuts surtout, de l’argent, beaucoup d’argent, du dévouement aussi sans compter. Qu’à cela ne tienne : la société de protection a voulu prouver pour sa part que, dès qu’il s’agit de la grandeur et de la prospérité de la France, ni l’un ni l’autre ne feront défaut.
L. LOUIS-LANDE.
FIN
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Ce matin au réveil et tout en m’étirant,
Mon esprit s’interroge entre deux bâillements ;
C’est petit à petit que les idées renaissent
Et qu’il faut les classer pour en peser le stress…
Le jour est en éveil déjà depuis longtemps.
Devrais-je être debout depuis… un certain temps ?
Mes rêves s’évaporent en buée voluptueuse
Mais les soucis reviennent en nuée silencieuse.
Tout comme les idées, les douleurs resurgissent
Et s’abattent sur moi sans faire d’armistice.
Je reconnais chacune à leurs maux familiers
M’obligeant à ruser pour tenter de les nier.
Parmi tous ces ennuis, on a un si grand choix
Qu’on cumule souvent bien des maux à la fois :
C’est là qu’on voit parfois que par un autre mal,
On peut vaincre un premier qui paraissait « normal ».
Soudain, la vérité, une révélation,
Un chiffre paniquant, une malédiction :
Quatre vingt treize années ! Et autant de printemps !
Serait-ce bien mon âge, ce chiffre hors du temps ?
Encore faudrait-il y ajouter l’été,
Quatre vingt quatorzième sur un compte dédié.
« Et bientôt un automne ? » insinue une voix !
Je ne suis plus très sûr qu’il s’agisse de moi...
Je l’avais oublié, ce chiffre fatidique
Mais qui tous les matins m’apporte ses « classiques »
Je ne peux m’empêcher d’y voir un pronostic
Mais peut-être, après tout, un simple diagnostic ?
Un regard dans la glace abat mes illusions :
Combien de rides encor se rangent en bataillons ?
Pourtant, le soleil brille une nouvelle fois ;
Pourquoi ne pas reprendre assidûment ma voie ?
Pleurer sur ses douleurs est pleurer sur son âge,
Le fait de bien vieillir est un apprentissage.
Se supporter soi-même est sage activité,
Et la sérénité n’est pas sénilité.
Le philosophe a dit « il faut saisir l’instant » :
Je vais en profiter quand il est encor temps !
L’instant, je le capture ! Et vais mordre dedans,
Sans casser, je l’espère, le reste de mes dents…
Jacques Grieu
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PHOTOS DE ANNABA NOSTALGIE !
Envoyées par Groupe de voyage Bartolini
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Le Vanneau Pluvier
Tirailleur Algérien, N°512, 11 novembre 1900
Source Gallica
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Sur le Vanneau pluvier on fait beaucoup d'histoires,
Néanmoins. c'est un fait certain,
Qu'avec son ventre blanc et ses deux ailes noires
Il a l'air d'un dominicain.
On le classe parmi les oiseaux de passage
Qui viennent nous voir au printemps ;
Mais le chasser alors serait contre l'usage,
Et même contre le bon sens.
D'abord il est très maigre, et sa chair n'est pas bonne,
Il se refait dans nos cantons,
Il a son embonpoint aux premiers jours d'automne :
C'est l'époque où nous le mangeons.
Dans le mois des amours, des nids et des couvées.
Quand se reproduit le gibier,
Nous devons respecter les trêves approuvées,
De tout chasseur et braconnier,
Au surplus, sont des oiseaux utiles.
Pour ceux qui cultivent les champs ;
Destructeurs de vermine, on les dit très habiles
A manger hannetons et mens
A partir de juillet, dans les endroits humides,
On voit les vanneaux, tous les ans,
Voltiger et s'ébattre en tourbillons rapides
Par bandes de cinq ou six cents,
Un conscrit, emplit sa carnassière.
Se baisse, arrive à pas de loup.
Psitt ! les voilà partis, oui, tous...la bande entière,
Et notre homme à manqué son coup
Sur les Vanneaux pluviers on n'a guère à prétendre
Mais, ces oiseaux si méfiants
Dorment dans les panneaux que peuvent seuls leur tendre
Des nocturnes et vils croquants !
UN HUMILIANT AVEU.
Chasseurs, je vais vous dire (Oh ! ma colère éclate
Vraiment, cela n'a pas de nom !)
Que pour se procurer cette chair délicate.
L'argent vaut bien mieux que le plomb.
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Contresens
De Jacques Grieu
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Comment écrit-on « cent » ? Me demande Vincent.
C’est fort simple, lui dis-je, et tombe sous le sans :
Il y a cent et cens, mais aussi sens et sang,
Qui n’ont pas même sens, ça se voit, ça se sent.
De même en orthographe, il y a sans façons,
D’accommoder ces sens avec circonspection.
Si on écrit sans « S » cent dix ou deux cent vingt,
Deux cents en prend bien un, sans … errements aucun.
Mais alors, deux cent deux ? Ou bien quatre cent mille ?
Toujours sans, toujours cent ! Voilà qui est subtil !
Et des mille et des cents, mon « S » y est … sans … faille ?
Deux cents millions aussi ? C’est une vraie pagaille !
Coup de cent, coup de sang, sans rire, est-ce décent ?
Vincent perd son cent froid par transfusion du sans …
Demi-sang, cent mêlé, son cent ne fait qu’un tour.
Et sang façon, cent gêne, en pur cent, il accourt.
Vincent s’en vînt pleurer sur ces sens interdits,
Qui prêtent aux doubles sans dès qu’une phrase on dit.
Cent blague, on ne sent pas ces sens à cent pour sans !
La voix du sens, muette, durera sang sept ans !
« J’abonde dans ton sans », lui dis-je avec bonté.
« Il faut du sens pratique, cent quoi on est planté ».
En un mot comme en sang, Vincent est aux sans coups,
Se fait du mauvais cent, est sang dessus dessous.
Si cens est un chevage, un impôt une charge,
Sang bleu et cent royal sont aussi dans la marge.
De même les cent pas sont comme long en large ;
Sans-fil et sans-souci aux traits d’union émargent.
Quant aux « larmes de cent », ou bien «cent de navet »,
Ce n’est pas au sens propre, que le bon sens les met.
Sans vin, me dit Vincent, je me sens comme absent.
Mais n’ai pas sans pour sang, de l’alcool dans mon cent !
Le sans attire le cent, c’est le fisc qui le dit ;
Comme suceur de cent, sang cesse on le maudit.
Je roule à contresens qui est à sens unique :
Et perds à sang contre un, sans chance bénéfique !
A suer cent et haut, on finit par « le faire »
Mais vivre sans passion sûrement nous enterre.
Cent heures de lion, ou cent ans de mouton ?
Faut-il qu’un sans impur, abreuve nos sillons ?
Jacques Grieu
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SOURCES THERMALES EN ALGERIE
Gallica : Revue de l’orient, 1852-1, pages 392 à 395
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L'Algérie possède un grand nombre de sources thermales et minérales. Cette partie des richesses naturelles de notre colonie n'a point échappé à la sollicitude de l'administration, et l'analyse qu'elle a fait faire de la plupart de ces eaux a prouvé que ce n'était pas sans raison qu'elles avaient été recherchées des Romains.
Des restes de bassins, de piscines, et d'autres débris de constructions antiques attestent le fréquent usage qu'ils faisaient des thermes africains, et combien ils avaient en estime leur efficacité.
Le temps n'est pas loin, sans doute, où ces mêmes eaux, mieux connues de leurs nouveaux possesseurs, retrouveront la vogue dont elles jouissaient il y a dix-huit siècles ; car elles n'ont rien perdu des propriétés salutaires qui les recommandaient aux anciens maîtres du monde. Il résulte des analyses des hommes de l'art que quelques-unes de ces sources réunissent des principes qui permettent de les assimiler aux eaux les plus recherchées de l'Europe. Les sources thermales et minérales connues jusqu'à ce jour, sont les suivantes :
Province d'Alger. —Hammam-Melouan, Hammam-Righa.
Province d'Oran. — Aïn-Merdja, Aïn-el-Hammam, Hammam-Sidi-bel-Kheir, Hammam-bou-Gh'rara, Hammam-Sidi-Chighr, Hammam-Sidi-Obdli, Hammam-.Sidi-Aït;, Hammam-bou-Hadjar, la source dite les Bains de la Reine, deux sources minérales à 8 kil. N. O. de Sebdou ; enfin, une source située â 8 kil. N. E. de Lalla-Maghrnia.
Province de Constantine. -- Hammam-Sidi-Mimoun, Aïn-Hassan, Aïn-Sidi-Yacoub, Aïn-Sidi-Habessi, Hammam-Meskhoutine, l'Oued-bou-Sellam.
Déjà bon nombre de ces sources sont fréquentées par les indigènes et les populations européennes. Un service médical a été organisé à titre d'essai par ordre de l'administration de la guerre aux sources thermales d'Hammam-Righa, d'Hammam-Melouan et d'Hammam-Meskhoutine.
On rencontre la source d'Hammam-Righa à quelques lieues de Milianah; celle de Hammam-.Metouan est placée à 40 kil. d'Alger, prés du village de Rovigo. Omar, un des anciens pachas d'Alger, après en avoir fait usage, fit couvrir cette source d'une petite construction qui subsiste encore aujourd'hui. Il existe deux bassins l'un est destiné à recevoir les eaux, l'autre les sédiments qu'elles déposent. Les indigènes utilisent ces eaux et les boues pour les maladies de la peau. Ils donnent fréquemment â cette source le nom de Hammam-Sidi-Sliman ; ce nom, au surplus, s'applique assez généralement à toutes les eaux thermales, ce qu'ils expliquent ainsi : Salomon, fils du roi David, avait tous les génies sous ses ordres ; lorsqu'il voulait prendre un bain chaud dans un endroit quelconque, il évoquait les esprits de la terre qui faisaient surgir la source thermale, et même acceptaient la mission de la maintenir chaude à perpétuité. »
Les renseignements recueillis jusqu'à ce jour sur ces eaux démontrent qu'elles peuvent être mises sur la même ligne que celles de Bourboule, et même qu'elles doivent être plus actives, attendu qu'elles contiennent une plus grande partie de chlorure de sodium.
Dans la province d'Oran, la source la plus importante est celle connue sous le nom des Bains de la Reine. Elle est située à 2 kil. d'Oran, sur la route de Mers-el-Kebir. L'installation actuelle de cet établissement répond à tous les besoins. Antérieurement à notre occupation, des musulmans de Tunis, du Maroc, d'Alger, et même des Espagnols en faisaient usage. Aujourd'hui, l'hôpital militaire d'Oran y fait transporter ses malades ; les résultats qu'on a obtenus de leur emploi à l'intérieur ne laissent aucun doute sur leur efficacité.
L'Aïn-Merdja, sur la rive gauche de la Tafna, est située à 1,500 mètres des ruines de Tikembrit; température, 23° 1/2.
Les eaux de Aïn-el-Hammam sont très limpides, incolores, sans odeur, d'une saveur un peu crue, légèrement âpre; elles sont alcalines; leur température est de 50° à leur sortie du rocher, et de 44° dans l'intérieur des piscines. Elles sont placées au lieu dit Ben-Hanefia, à 20 kil. O. de Mascara.
Hammam-Sidi-bel-Kheir est située sur la rive gauche de la Tafna, à 10 kil. N. E. de Lalla-Maghrnia ; température, 36°.
L'Hammam-hou-Gh'rara se trouve sur la rive gauche de la même rivière, à 12 kil. N. E. de Lalla-Maghrnia.
L'Hammam-Sidi-Chighr sur la rive gauche de l’Oued Mouilah, â 4 kil. N. de Lalla-Maghrnia; température, 34°.
L'Hammam-Sidi-Obdli sur la rive gauche de l'Isser, à 7 kil. E. du Pont-en-Pierre ; température, 38°.
L'Hammam-Sidi-Aït sur la rive droite de l'Oued Soughaï, prés de son confluent avec le Rio-Salado ; sa température variable est de 52 à 55°. La source d'Hammam-Sidi-Aït forme plusieurs groupes.
L'Hammam-bou-Hadjar est située auprès de l'extrémité orientale du Sebkha d'Oran ; température variable, 48° à 61°.
La température des deux sources que l'on trouve à 6 km N. O. de Sebdou, sur la rive gauche de la Tafna, est de 25°; celle de la source située à 8 kil. N. E. de LallaMaghrnia est de 30°; son eau est salée et sulfureuse. On rencontre prés de là un gîte de terres à porcelaines.
La source Sidi-Mimoun, située dans la province de Constantine, prés du Rummel, porte 26°. Celle de Aïn-Hassay est légèrement sulfureuse ; elle est située prés de la source de Sidi-Yacoub, à l'entrée du Rummel. La température de cette dernière est de 26°.
La source placée près de Medjès-Ammar, et connue sous le nom d'Hammam-Meskhoutine, est sans contredit la plus importante de la province ; elle s'échappe avec abondance par une ouverture principale. Ses eaux, de nature saline, avec odeur sulfureuse, ont une température qui varie de 35 à 46°. Les analyses qui en ont été faites constatent qu'elles se rapprochent par leur composition chimique des eaux de Balaruc, de Plombières et de Bagnères de Bigorre qu'elles peuvent remplacer.
Au milieu même des bains d'Hammam-Meskhoutine, on voit des ruines qui attestent que les Romains avaient là des établissements importants. En s'avançant vers le sud, on retrouve plusieurs bassins, dont l'un a jusqu'à 55 mètres de longueur. Non loin d'Hammam-Meskhoutine existe une source d'eau ferrugineuse.
Les eaux de l'Oued-bou-Sellam, situées à 19 kil. de Sétif, s'échappent avec d'abondants dégagements de gaz ; leur température varie de 41 à 49°.
II existe également un peu à l'ouest de l'extrémité orientale de l'Aurés des sources ferrugineuses dont la température s'élève à 70°
Il est facile de se convaincre, par l'exposé qui précède, que les sources thermales de l'Algérie n'ont rien à envier aux eaux thermales les plus renommées. L'expérience fera connaître ultérieurement le parti que la science médicale pourra retirer de leur emploi, et bientôt les habitants de notre colonie, atteints d'affections nécessitant l'usage des eaux, trouveront sur les lieux toutes les ressources qu'offrent les eaux thermales de l'Europe.
Le conseil de santé des armées s'occupe activement de l'étude de cette question, dont l'importance ne pouvait échapper à l'administration de la guerre, si justement préoccupée de tout ce qui peut intéresser l'hygiène et le bien-être de la population coloniale.
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Saint Possidius de Calama (Guelma)
Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui - N'202, Decembre 2011
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Les Saints Alypius et Possidius étaient deux des amis les plus chers et les plus proches de Saint Augustin, en partageant dans sa vie, ses idéaux et ses buts. Possidius était un des premiers membres de la communauté monacale originale d'Augustin.
Possidius, comme Alypius, était originaire de I'Afrique romaine ; peu est connu de sa première vie, pourtant, jusqu'à ce qu'il ait rejoint la communauté monacale d'Augustin à Hippone (Bône) en 391. Des membres de cette première communauté à Hippone, dix ont été nommés évêques dans les villes lointaines d'Afrique du Nord. Autour de I'année 397, Possidius a été appelé évêque de Calama (Guelma), qui avait été divisée avec le donatisme et les fractions minoritaires païennes pendant des années.
La situation était extrêmement versatile. En 404 des extrémistes donatistes ont détruit une maison que Possidius visitait et y ont mis le feu. Possidius échappa à cette attaque. mais a continué à être confronté au donatisme et se battra tout au long de la décennie suivante. En dépit de son départ de la communauté monacale à Hippone, Possidius conservait des contacts proches avec Augustin.
Les deux évêques-moines se sont retrouvés lors de voyages fréquents. Ce fut le moyen – à part la correspondance - de garder leur amitié et idéaux et de rester unis. Les deux amis étaient souvent des compagnons de voyage aux conférences d'évêques. En 411, Possidius, avec Augustin et Alypius, a été choisi pour représenter les 266 évêques catholiques à la grande conférence entre les Catholiques et Donatistes qui s'est tenue à Carthage.
La conférence fut un grand succès pour l'Église, où beaucoup de disciples donatistes ont été convertis.
Possidius, dans sa biographie d'Augustin, a crédité son ami éloquent pour cette victoire.
En dépit de I'unité accomplie pour I'Eglise de l'Afrique-du-Nord, les problèmes assiègent de nouveau les évêques en 428 par les invasions barbares. Après avoir été renvoyées de Rome en 410 plusieurs tribus barbares se sont déplacées vers le sud dans I'Empire. Leur arrivée sur les côtes africaines en 428 devait marquer la fin de l'Afrique romaine.
Quand Calama est tombé aux mains des Vandales en 429, Possidius trouva refuge avec Augustin dans les murs d'Hippone.
Quand Augustin est tombé malade des fièvres et est mort en 430, Possidius était à son côté.
Hippone a été brûlé en 431. Possidius est finalement revenu à Calama, mais en 437 lui et les autres évêques catholiques ont été exilés comme le Roi Généric.
La règle des Vandales, a imposé l'Arianisme aux villes conquises d'Afrique-du-Nord.
Possidius est mort en exil, mais pas avant d'avoir accomplit sa biographie inestimable, la Vie d'Augustin, dans laquelle il a décrit le travail et I'influence de son frère et ami.
La Famille augustinienne célèbre la mémoire de Possidius le 16 mai.
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Recette revisitée, suivant les recettes reçues en vrac de J.C. Puglisi.
INGREDIENTS
200 g de mélasse ou 200 g de miel, ou 200 g de gelée de coing.
200 gr de sucre fin pour ceux qui aiment le sucre
1 verre d'huile d'arachide.
Le jus de 3 oranges pressées ou 2 verres d'eau tiède
¾ de verre de rhum ou autre alcool parfumé
1 kg de farine.
2 sachets de levure alsacienne.
2 sachets de sucre vanillé
1 cuillerée à soupe de bicarbonate de soude
Une écorce d'orange séchée très finement hachée.
Zeste de 1 orange
Du papier sulfurisé
Facultatif : Noisettes écrasées très fines ou de la poudre
PREPARATION
Dans un grand saladier ou dans le bol du robot :
Mettre la mélasse ou le miel ou la gelée de coing, ajouter le sucre, le verre d’huile, le jus d’orange ou l’eau tiède, le rhum, bien mélanger tout cela dans le robot.
Dans un autre saladier, mélanger la farine, la levure alsacienne, le sucre vanillé, le bicarbonate, l’écorce d’orange, les noisettes, le zeste d’orange.
Incorporez, à petite dose ce dernier mélange au premier et faites tourner le robot à petite vitesse afin que le mélange se fasse correctement.
Si la pâte est liquide ajouter un peu de farine, si elle est trop dure ajouter du liquide : eau, jus d’orange, rhum ou lait
Lorsque la pâte est consistante pour s’en servir, à l’aide d’un rouleau fariné, en prendre un quart et l’étaler sur une table farinée sur une épaisseur de 8 à10 mm.
Puis à l’aide d’emportes pièces en S, en Cœur, en Etoile, en Losange ou autres fantaisies, faire des découpes dans la pâte.
Déposer les gâteaux sur une plaque recouverte de papier sulfurisé et les enfourner à une température de 140/150° pendant 10/12 mn, s’ils ne sont pas assez cuits remettez-les à cuire et les surveiller, car la cuisson dépend du four utilisé.
Trop cuits, ils deviendront très durs – (des casses-dents).
Une fois refroidis dans un plateau, les ranger dans une boite hermétique et ils se gardent très bien.
Avec les ¾ de pâte restante, recommencez une ou deux autres plaques.
Dans mon four à chaleur tournante, je peux mettre 3 plaques que j’interchange toutes les 3 ou 4 mn afin que la cuisson soit uniforme.
- Gâteaux traditionnels de la Nativité dans le golfe de Naples, qu'il faudrait conserver pieusement, en mémoire de nos Ancêtres : ils méritent bien cela !
Jean-Claude PUGLISI.
de La Calle de France
83400 - HYERES.
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Décembre 1962 à Bou-Tlelis
ACEP-ENSEMBLE N° 298- décembre 2015
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Bou Tellis du nom du Marabout « Le père au sac » laissa son nom dans la région et peu à peu l'orthographe se transforma pour devenir Bou-Tlelis.
Autour du Marabout, le sol était couvert de palmiers nains, une nappe d'eau gardait toute sa fraîcheur au sol et permit l'installation d'un village.
La salubrité pourtant était compromise par les fièvres paludéennes et la dysenterie à cause du voisinage du lac salé de la grande Sekba et des marais.
Un camp, protégé par une redoute est installé en 1840 par un lieutenant comme gîte d'étape de la route d'Oran à Tlemcen, puis déplacé vers l'Ouest pour fuir les marais. Le décret de 1848 en fait une colonie agricole et celui de 1855, un centre de colonisation.
Fin 1962, le colonel Gabriel Recases, affecté au troisième groupe du 24ème régiment d'Artillerie, fut nommé commandant de la 3ème batterie unité située à la ferme Jarsaillon, entre Bou-Tlélis et Bouisseville.
« Nous, nous trouvions alors dans une situation inconfortable, en plein territoire occupé par le FLN, sans directives précises, sur notre rôle et le comportement à adopter en cas d'incident avec ceux que nous avions combattus ! Le PC se trouvant à Bouisseville, en bord de mer dans l'enclave, restée française, de Mers-el-Kébir, nous étions appelés à de fréquents déplacements entre ma batterie et I'unité centrale, par une route souvent contrôlée par des soldats du FLN, armés jusqu'aux dents, le PM 49 culasse en arrière et le doigt sur la détente. .. en particulier à hauteur d'El-Ançor.
C'est dans cette ambiance inconfortable que s'approchaient les fêtes de Noël. Le village de Bou-Tlélis où nous nous rendions fréquemment, était encore occupé par des Pieds-Noirs.
Les équipes de foot et de volley-ball de ma batterie rencontraient régulièrement leurs homologues algériens, dans une ambiance très conviviale. Il y avait toutefois un harcèlement permanent des troupes du FLN qui ne cessaient de répéter aux Pieds-Noirs : « La valise ou le cercueil ».
Voilà pourquoi tous les habitants du village voulaient fêter leur dernier Noël en terre algérienne de façon marquante et souhaitaient qu'il y ait, à l'église, une messe de minuit mémorable pour célébrer la Nativité.
Le maire, monsieur Constant Sallèles, me demanda d'organiser cette cérémonie, et comme il n’y avait plus de prêtre, il me laissa la charge d'en trouver un.
Un de mes sous-officiers, qui avait été séminariste, me proposa de monter une chorale avec mes artilleurs et les jeunes du village.
Les répétitions furent l'occasion de rencontres animées et festives, bien loin des accords d'Evian !
M’étant ouvert de mon problème concernant la présence d'un prêtre pour la nuit de Noël à l'aumônier militaire d'Oran, qui venait parfois dire la messe à la batterie, il me proposa de venir officier à Bou-Tlélis après la messe traditionnelle qu'il devait célébrer à Oran dans l'après-midi. Mais plus tard, alors que tout était prêt pour la cérémonie, on m'appela au téléphone.
C'était l'aumônier qui me faisait savoir qu'à son grand regret, il ne pourrait venir car le Général Gouverneur ne voulait pas qu'il s'expose sur la route entre
Oran et Bou-Tlélis, en passant par Misserghin, où stationnait une grosse formation du FLN.
Devant ce dilemme, je téléphonait en catastrophe au curé de Rio-Salado, que j'avais dépanné en de multiples occasions, pour lui demander s'il n'avait pas un prêtre disponible pour suppléer ce manque.
D'un air goguenard il me demanda si je le prenais pour le Père Noel ! Lui ayant explique l'engagement que j'avais pris envers la population, il me proposa alors d'essayer de convaincre un vieux religieux « en retraite » pour assurer ce service.
« Venez », me dit il, « nous irons ensemble le voir au foyer des anciens, je vais lui téléphoner pour le mettre en condition.
N'écoutant que mon courage et en dépit des ordres reçus, qui m'interdisaient de quitter mon cantonnement de nuit, je pris une jeep, refusant le service de mon chauffeur que je ne voulais pas entraîner dans cette galère, et me rendis à Rio-Salado où m'attendait le curé de la paroisse accompagné de notre bon vieux religieux, venu à l'église pour concélébrer la messe de Noël.
Lui ayant expliqué le contexte, il me dit que nous faisions une folie, mais qu'il était prêt à accepter ce challenge.
Il était 23 heures. Je l'enveloppai dans une couverture militaire, je I'installai dans la jeep et pris le chemin du retour vers l'église de Bou-Tlélis.
C'est là que les choses se gâtèrent. En effet, à mi-chemin, à hauteur de Lourmel, nous fumes arrêtés par un barrage du FLN et aussitôt entourés d'hommes armés, surpris de voir un officier français en tenue, accompagné d'un homme drapé dans une robe de bure, à cette heure tardive.
L'officier fellagha, qui commandait ce détachement me dit d'une voix rocailleuse : « Qu'est-ce que tu fous là, capitaine moustache, en pleine nuit, le soir de votre Noël ? »
Je lui répondis, en toute franchise que l'homme qui était avec moi était un marabout et qu'on allait à Bou-Tlélis pour notre fête religieuse. J'entendais dans son dos le ricanement de ses hommes murmurant :
« On les emmène dans la Sebkha ! » (Le lac salé, à l'Est d'Hammam-Bou-Hadjar, servait parfois aux exécutions sommaires).
Me souvenant de ce que j'avais appris au CIPCG d'Arzew, commandé par l'illustre colonel Langlais, je lut dis que le Dieu des chrétiens était le même que celui des musulmans, que Mohamed était l'homologue de l'archange Gabriel et en levant le doigt, je psalmodiai ; «Achhadou an la ilaha illah-Uah, washadou ana Muhamad rasulu-llaht ».
J'entendis certains de ses hommes répéter pieusement la chahada après moi, les armes inclinées vers le sol, et le capitaine fellagha, en me saluant me dit : « Drop le djebel, capitaine moustache, et qu'Allah te protège ». Je lui rendis son salut et repris mon chemin.
Mon brave religieux, qui n'avait pas ouvert la bouche, me dit alors : « Tu as la baraka, capitaine moustache ! Je voyais déjà mon nom gravé sur le monument aux morts... » Puis me montrant un astre qui brillait dans le firmament, il ajouta : « C'est l'étoile de Bethléem... suis la, car aujourd'hui c'est notre bonne étoile »
A l'approche du village j'entendis les cloches sonner. Il était minuit moins cinq ! Je traversais l'église, qui était comble, avec le prêtre encore revêtu de sa couverture militaire. Je croisai du regard les visages embués de larmes de tous ces Pieds-Noirs que j'aimais tant, les Sallèles, les Chamond, les Hernandez, Mademoiselle Holchmuth, alsacienne au grand cœur, et bien d'autres.
La surprise générale fut d'autant plus grande que mon lieutenant venait de dire à l'assistance que nous n'aurions sûrement pas de curé ce soir donc pas de messe de minuit, mais que nous allions toutefois entonner tous les chants de Noël qui avaient été préparés par la chorale civile et militaire avec tant de soins.
Rarement une messe fut suivie avec autant de ferveur sachant que l'église deviendrait sûrement, demain, une mosquée...
Pour le « Minuit chrétien » bien des mouchoirs sortirent des poches... À la ferme Jarsaillon, le réveillon qui suivit fut à la hauteur de l'événement et c'est mon brave religieux en retraite qui semblait le plus heureux.
Quand le lendemain je le raccompagnai à Rio-Salado, il me dit, en me quittant, essuyant une larme au coin de ses yeux : «Maintenant je peux quitter cette terre, je suis sur un nuage de félicité...... merci, capitaine moustache, mais ne fais plus de folie !!!»
Personne, avant ce jour, n'a eu connaissance de cette aventure et, a posteriori, je demande pardon à mon chef de corps, le colonel Loire, homme de grande valeur; qui m'avait toujours fait confiance et qui aurait été dans de beaux draps... si ma mésaventure au barrage de Lourmel avait mal tourné !!!
NDLR. Bou-Tlelis fut jumelé avec Château La Valière en 1962
D'après le récit du Colonel Gabriel RECASENS
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Astérix, où es-tu ?
par M. Robert Charles PUIG.
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Il n'y a plus de Gaulois qui défendent le territoire.
Aujourd'hui il n'y a même plus d'une élite française qui sauvegarde nos us, nos coutumes et notre nation. Permettez-moi de revenir sur ce défilé de novembre qui se voulait celui de l'unité d'un peuple contre la destruction et le sabotage de notre république que nous observons depuis plusieurs décennies. Qui étaient-ils, ceux qui défilaient avec des restrictions apportées au cortège en refusant que soit présente une partie du peuple ? Avec leur pancarte ils étaient, rappelons le, ceux qui nous ont conduit à cette lamentable situation. Une France dévaluée, percluse de chancres venus de l'étranger et que nous n'avons pas voulu voir. Cette France qui a défilé dans le désordre était surtout la représentation d'un monde que nous n'avons pas su gérer en laissant nos frontières ouvertes, en acceptant que l'étranger fasse chez nous comme chez eux avec des femmes voilées, une jeunesse contestataire vêtue de l'abaya et favorable à la charia contre les lois de la république et à des prières dans les rues, les lieux publics que même les pays arabes refusent...
Ceux qui défilaient n'étaient que les représentants de ce monde qu'ils ont forgé contre la sécurité républicaine, contre notre mode de vie déstabilisé par des us et des coutumes étrangères que nous avons acceptés et surtout à cause de cette ignorance d'un monde différent que nous avons cru suffisant à l'intérieur de nos frontières. Finalement nous en sommes au point où le communautarisme, le salafiste des plus virulents et certainement la marque des "frères musulmans' voulaient nous faire arriver : faire de notre pays une terre partagée.
Bien entendu nous pouvons nous poser la question : "Pourquoi un état des lieux aussi lamentable ?" La réponse est dans l'évolution des pensées de nos hommes politiques qui ont cru changer la nature des gens qui envahissaient notre terre. Ils croyaient et le croient toujours que si d'un européen venu d'Italie, d'Espagne ou d'un autre pays d'Europe on pouvait en faire un français à cause d'une religion commune, il en serait de même avec une personne venue d'Orient. La réponse est non, mais nos hommes politique n'ont rien compris. Ils ont agi avec la conscience enfantine des esprits innocents et cela depuis des années. Ils ont cherché à transformer les mentalités imprégnées de salafisme, d'un coran exclusif en des hommes de bonne volonté acceptant nos lois et nos mœurs. Ils se sont trompés et depuis longtemps. Ils ont voulu ignorer que le terrorisme d'aujourd'hui est le même que celui que nous avons vécu en Algérie entre 1954 et 1962. Un terrorisme qui torture, éventre les femmes, tue les enfants. En un mot comme en cent assassine avec le diable au corps.
Alors ce défilé ? Il se voulait montrer une France différente mais en refusant l'unité, la présence d'un R.N. qui est aussi la France et ils se sont trompés au point que ce défilé n'a pas donné toute sa mesure, toute sa puissance unioniste et certains, nombreux, ont compris que c'était un faux message de rassemblement des français. En effet ce n'est pas que pour la protection des juifs de France qu'il fallait défiler, mais aussi contre cet envahissement sournois de l'étranger. Ce n'était pas contre l'antisémitisme et l'immigration sauvage mais aussi pour la défense d'un territoire agressé où nous avons eu plus de 300 victimes dont certaines égorgées comme pour un Aïd avant l'heure. Des atrocités que nous sommes les seuls à avoir connu en Europe.
Sans doute faut-il s'interroger sur cet état du pays. Pourquoi nous en sommes là ? Je ne veux pas remonter aux causes premières mais observons un instant le passé et nos relations avec l'Orient. Cela commence avec l'Algérie. Certains affirment que nous avions perdu la guerre là-bas, mais regardons les faits. Entre 1961 et 1962 il n'y avait pas une seule Willaya qui existait. L'armée française avait fait son travaille. Le mal terroriste avait été éradiqué mais le pouvoir parisien et gaulliste a tranché. Ainsi l'indépendance fut offerte au terrorisme algérien du FLN qui en fit une victoire. Depuis, nous sommes sous la menace de cette fausse victoire algérienne qu'il fallut faire avaler aux métropolitains pour justifier notre départ, pour créer une autre France et faire le constat absurde : nos élites s'inclinent devant cette fausse défaite !
Observons ceux qui défilaient au premier rang. Ils ont tous donné des signes de soumissions à l'Algérie vaincue par les armes mais gagnante par la médisance et la propagande, puis plus tard au Qatar et à l'Arabie saoudite en sachant bien que tous ces pays sont ceux qui alimentent le terrorisme islamiste, le salafisme dans le monde, mais nous nous inclinons face à leurs pétrodollars et leur capacité à nous dominer, nous asservir à leurs convictions, un peu comme en une époque lointaine Barberousse enlevait des occidentaux pour en faire des esclaves en Orient.
Y a t-il pire que cela ? Prenons le dernier président d'une France qui se perd : Emmanuel Macron. A-t-il conscience d'avoir été le "maître d'œuvre" d'une telle destruction de notre honneur de nation ? Il faut rapporter ses propos. Les premiers en 2017 à Alger : "En Algérie, une barbarie... Un crime contre l'humanité." Plus tard, une comparaison avec la "Shoah" ! Comment après de telles paroles conserver une unité française sur notre territoire ? Comment ne pas croire aux révoltes des banlieues si peu imprégnées de l'esprit français quand un premier "homme" (?) de France dénigre notre histoire, la concorde républicaine et annonce qu'il n'y a pas de "Culture française" ! Quand un président de notre république prononce de tels propos, le pays se perd face à des banlieues qui ne considèrent la France que comme une "donnée" alimentaire, un toit sans aucun respect pour un accueil qu'ils jugent sans contrepartie, puisque la voie est tracée.
Voilà où est le mal. Nous creusons notre propre tombe où l'étranger nous enterrera. Nous sommes pires que les Bourgeois de Calais car nous serons pendus avec la corde que nous offrons à notre ennemi, salafiste, communautariste et souvent avec le consentement de certains de nos élus qui croient survivre en applaudissant la charia. Le "Ni-ni" et le "En même temps" nous perdent et la position de Macron face à la manifestation en est la preuve. Il ne veut pas décider en faveur d'un camp par rapport à un autre, une France pro islamiste ou antisémite. Il reste ambigu, hésitant, sans conviction par peur des banlieues. Il ne veut pas trancher comme face à Poutine puis en Israël. En vérité, il n'est ni Jupiter ni Atlas juste sans doute un peu de Pie XII et d'un Machiavel sans volonté de devenir un "Prince".
Je ne sais pas ou nous allons mais si aucune droite forte et vaillante ne se dresse contre notre soumission étatique, je ne sais pas comment sera le pays dans quelques années.
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L'histoire de France est drôle.
Observons ces dernières nouvelles de l'Élysée Nous le savions et cela se confirme ! Dans un désir de ménager le chou et la chèvre, ce goût de l'islamisme et ce besoin au yeux de l'Occident de nuancer sa pensée face au massacre des israéliens par le Hamas, nous entendons à nouveau affirmer qu' Israël doit se défendre mais "en même temps" que Netanyahou doit cesser ses bombardements sur la bande de Gaza... Nous sommes comme depuis six ans dans le "Ni-ni" intégral, celui qui devient de plus en plus inquiétant pour un pays qui se divise et où le peuple ne peut sortir de chez lui qu'en regardant si l'ombre d'un terroriste que nous avons accepté les bras ouverts avec nos frontières sans barrière va agir et tuer. Souvenons nous des plus de 300 morts assassinés et des égorgés. Je le redis, nous sommes le seul pays européen à avoir connu le douk-douk de l'assassin sous le cou de la victime. Une horreur intégrale. Le geste d'une religion qui n'a pour but que l'élimination du monde civilisé pour celui du salafisme et de l'horreur. Pourtant, il semble que notre France se complait dans ce terrorisme qui l'assaille... Nos lois, nos juges dans cette Europe sans âme, comme vaincus par leurs fantasmes ne voient dans une attitude de perdant que la consécration de notre besoin de payer notre passé colonialiste. Le "complexe des colonies" demeure notre jugement dernier, notre échafaud. Il faut s'incliner, s'offrir à la flagellation barbare, être les soumis et les esclaves du temps de Barberousse.
Bien entendu en tant qu'algérois, j'ai connu autrement le port d'Alger que sous le son de la "Consulaire". Un port d'Alger effervescent, commercial, ouvert sur le monde et la liberté. Il était loin du temps de la barbarie et de l'asservissement des femmes et des hommes broyés par l'esclavagisme d'Orient. Alger de mon époque, c'était le regard tourné vers le large, l'horizon, l'aventure ! N'allons nous pas avec des copains sur le mole, portés par la barque du passeur qui faisait aussi les navettes avec la piscine du RUA ? N'allons nous pas sur cette jetée face à la Méditerranée pour plonger dans les vagues menant au large, loin du port. Il y avait Jacques C..., Claude A ..., Charles R... et moi. Nous étions les maîtres de l'horizon lorsque nous plongions au milieu des flots agités et face aux embruns et au vent du large... C'était un autre temps où, si nous pensions partir, voyager et faire le tour du monde, nous étions sûrs de revenir sur la terre de notre naissance... Un rêve... Une utopie, puis tout s'est effondré...
Il fallut que le port d'Alger devient comme celui d'Oran et d 'autres lieux, celui de la peine, de l'humiliation et des départs forcés avec des billets de voyage sans retour. Pourtant où étaient les criminels, le FLN de ce temps de guerre entre 1954 et 1962 ? L'armée française avait vaincu le terrorisme mais par ordre supérieur elle a baissé les armes, donné les clés de la ville d'Alger et du pays aux barbares. Depuis, nous subissons leur loi. Nous nous inclinons en vaincus.
Aujourd'hui, pourquoi, sous la coupe de nos dirigeants, pourquoi cette attitude aussi minable ? Pourquoi si peu d'orgueil d'être la France de mon enfance, de notre passé si glorieux sur tous les continents ? Nos hommes politiques sont devenus des zombis aveugles. Ils sont sans âme et insensibles au sang qui imbibe les trottoirs lorsque l'assassin salafiste tue un innocent. Nous sommes prisonniers d'une politique du mensonge et de la crainte que demain une partie du pays soit comme cette terre d'Israël, sous la coupe d'individus abreuvés de drogue et qui torturent, violent et assassinent.
Est-ce cela notre avenir ? Notre pays aujourd'hui est aveugle. Le restera-t-il encore longtemps ? Regardons cet Élysée recroquevillé sur lui même et qui n'entend pas la voix du peuple. Regardons où nous mène son impuissance. Abdel Tebboune le dictateur d'Alger a décidé que la langue française ne serait plus enseignée dans les écoles algérienne. Il impose l'anglais en affirmant que la langue française est LA LANGUE DES VAINCUS ! Ainsi plus de soixante ans après avoir offert au FLN l'Algérie que nous avons créé, façonnée en pays moderne, nos institutions ont perdu leur honneur et voilà que nous sommes offensés, bafoués. Nous avons perdu nos alliances en Afrique noire et nous restons la risée d'une Algérie FLN démoniaque. Est-ce là une nation ?
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Le syndrome de Stockholm
A la vue du spectacle que nous offrent nos hommes politiques, toujours pris dans leur envie de donner plus de temps et de droits aux migrants dans leur nouvelle loi sur les migrants, même ceux rentrés illégalement sur notre sol, je me demande où nous allons. Bien entendu dans ce cirque, le premier d'entre eux mérite toute mon attention car à travers ses actions, ses paroles, ces attitudes en "Ni-ni" et en "En même temps" je crains de deviner où il va conduire la "Nation État" dont le sort ne semble pas l'intéresser. En fait, sans remonter le temps, je regarde simplement ses dernières interventions internationales ou nationales. Avec Israël, il a eu tout faux. Il croyait jouer un grand rôle et c'est les USA de Joe Biden avec l'Iran en toile de fond, le Qatar, Israël et le Hamas qui envisagent un semblant d'accord permettant la libération d'un certain nombre d'otages... peut être tous bientôt et au moins ceux qui peuvent être encore vivants... Où était Macron dans cette transaction ? Pas où il fallait et pourtant il a montré son allégeance au Qatar comme Sarkozy, comme Hollande et sa soumission en espérant "récupérer" rapidement certains de nos otages. Il s'est trompé. Le jeu international lui est interdit par ses pairs. Il est sur la touche, comme avec la Russie, comme avec l'Afrique et l'Algérie de Tebboune.
Sa cécité psychologique est grave et j'en viens à mon titre : le syndrome de Stockholm. Il semble que le Jupiter de l'Élysée soit pro arabe à deux cents pour cent. Tout pour faire le jeu de l'Orient et plus près de nous de l'Algérie comme s'il était atteint du fameux syndrome de Stockholm.
Faut-il rappeler ce qu'est ce syndrome paru il y a 50 ans lors d'une prise d'otages en Suède ? C'est le sentiment de confiance des otages envers leurs ravisseurs; c'est l'absence de volonté et d'opposition aux désirs de l'agresseur; c'est en quelque sorte l'inféodation au mal contre la volonté ou l'espérance d'être libérés par des sauveteurs en montrant de l'hostilité envers eux.
Pourquoi est-ce que je me réfère à ce syndrome ? Parce que lorsque j'observe les rapports du président français avec l'étranger, il parait allié à l'anti France dans sa façon de présenter le pays sous un mauvais jour comme en Afrique où il dénigre la France des colonies ou en Algérie, face à Abdel Tebboune, président algérien. Il me semble constater dans le rapport de force entre l'un et l'autre comme l'effet d'un dominant sur un dominé et travers ce syndrome, cette maladie, la soumission de l'un par rapport à l'autre. Vous devinez sans doute qui est "l'un" et qui est "l'autre". Pour cela je ne veux pas remonter aux mots minables de 2017 à Alger. Je ne veux pas me pencher sur les sbires qui entourent le "chef" de l'état dans sa propagande contre l'Algérie française depuis sa première élection. Je veux juste m'en tenir à son jeu actuel.
D'abord sa position mi-figue mi-raisin lors de la marche contre l'antisémitisme et la défense de l'ordre français. Il n'était pas présent, ménageant ainsi ses relations avec le Qatar qui l'a occulté des pourparlers Israélo Hamas en prenant pour seul interlocuteur valable les USA de Biden. Secundo, cette obsession inquiétante qui veut que notre locataire de l'Élysée, soit aussi attentif aux désidérata des algériens au point de ne pas hésiter à rendre des documents, des informations des objets comme des crânes datant d'un siècle passé ou du temps des évènements 1954 / 1962, sans que la réciproque soit faite. Il offre, s'offre finalement comme un otage au bourreau algérien.
Le plus tragique c'est de vouloir accélérer cette "commission d'historiens" sur la colonisation avec comme instrument docile de cette infamie un Benjamin Stora dont on connaît le ressentiment contre l'Algérie française, face à un pur produit FLN qui ne lâchera rien, Mohamed Laden Zighidi. Finalement, une commission qui donnera encore plus d'arguments à Tebboune pour réclamer d'avantage de la France comme si le temps, plus de soixante ans, n'avait pas calmé les ardeurs revendicatives d'un pays que nous avons construit et à qui nous avons donné un nom qui existe toujours depuis 1839 :, l'Algérie. Par contre, évoqueront-ils ces historiens, les massacres commis par le FLN ? La sauvage tuerie des Harkis que le gouvernement gaulliste a renvoyé en Algérie. Ils subirent une mort affreuse sans que Paris ne se sente coupable avec le FLN principal artisan de ces assassinats de femmes, d'enfants et d'hommes, de familles entières comme en Israël aujourd'hui ! Cette tragédie sera-t-elle évoquée avec combien d'autres exactions du FLN ?
Ce syndrome de Stockholm est une croix de plus sur la Saga, le destin pied-noir. Nous sommes déclarés coupables depuis si longtemps mais là, avec cette commission nous serons encore plus déclarés condamnables au tribunal de l'inquisition de ce XXIème siècle. Benjamin Stora y veillera. Torquemada n'est pas mort ! Il est toujours présent pour nous sacrifier à l'idéologie macroniste du progressisme, de la fausse vérité et de la capitulation de notre histoire où s'égare, se fourvoie notre pays. N'y aura-t-il pas un jour, face à ce syndrome négatif, un élu envisageant le syndrome inverse, celui de "Lima" où enfin la France sera la France, débarrassée de son "complexe des colonies" et remettant en ordre de marche un pays qui semble partir, avec ses présents élus de "Renaissance" et consorts, à vau-l'eau ?
J'espère !
Robert Charles Puig / novembre 2023
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Pour nos chers Amis Décédés
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis
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Envoyé par M. Alain Algudo
Décès du Docteur Pierre BARISAIN
C'est avec tristesse que nous apprenons le décès du Docteur Pierre Barisain Monrose survenu en ce mois de novembre 2023.
Son fils Jean-Luc nous fait part de la cérémonie religieuse qui s’est déroulée A Saint-Raphaël, Le mercredi 29 novembre 2023 en la Basilique Notre-Dame de la Victoire et au Crématorium, Cimetière de l'Aspé
C'est avec une grande douleur que nous apprenons le décès du Docteur Pierre Barisain Monrose.
Il fut un grand Français, un grand Pied-Noir, certainement un des meilleurs d'entre nous. Fervent patriote, il croyait en notre combat pour un État au service de la France.
"Né le 4 février 1935 à Oran, puis au lycée Lamoricière jusque Sciences-ex puis PCB à Ben Aknoun à Alger et Médecine à Nancy (pour ne pas rester à Alger en vertu de la vieille rivalité oranais/algérois...) Se retrouve dans le Constantinois en 58 avec le 18° RCP puis tirailleur en métropole où il se marie avec une Lorraine, professeur agrégée de Sciences Nat.
Détail cocasse : il doit prouver sa nationalité française pour s'inscrire à l'internat ! Installation comme ophtalmologue à St Raphaël de 1965 à 1995 et puis en retraite. ( 3 enfants dont un fils expatrié à Caracas)."
Nous adressons à sa famille toutes nos condoléances les plus sincères et les plus affectueuses.
Son exemple ne sera ni perdu, ni oublié.
Jacques Villard
Président de l'E.P.N.
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Pierre était un Ami personnel depuis longtemps. Malade depuis de longs mois, nous communiquions régulièrement et se sachant sur la fin Il m'a appelé 4 jours avant son décès pour me dire adieu. Je lui ai répondu :"Non, Pierre ce n'est qu'un au revoir mon frère "! Dès son décès son fils m'en a informé. Je perds un cher Ami, nous perdons un vrai combattant pour notre cause !
Alain ALGUDO SAINT UPERY
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La Seybouse et moi-même, avons perdu un très cher Ami de longue date et disons aussi : Au revoir Pierre, tes conseils et ton esprit critique seront toujours présents.
Tu étais un Sacré Monsieur, un bel exemple de courage, de loyauté, d'amitié, de probité et une encyclopédie de l’Algérie
J.P.B.
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LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS
Par J.C. Stella et J.P. Bartolini
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Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens de faire des mises à jour et d'ajouter Oued-Zenati, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Clauzel, Duvivier, Duzerville, Guelaat-Bou-Sba, Guelma, Helliopolis, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Oued-Zenati, Penthièvre, Petit et Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :
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NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers
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Anglais en Algérie
Envoyé par Catherine
https://www.tsa-algerie.com/anglais-en-algerie
-les-mises-en-garde-des-specialistes/
tsa-algerie.com - Par: Karim Kebir —02 Août 2023
Les mises en garde des spécialistes
Mené à pas forcés depuis quelques mois, l’anglais sera introduit comme langue d’enseignement à l’université en Algérie dès la prochaine rentrée universitaire en septembre.
Initiée par l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, cette orientation s’est matérialisée par l’introduction de l’anglais au primaire dès la rentrée scolaire 2022-2023, puis par la formation à la hâte de milliers d’enseignants.
Récemment encore, le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari a annoncé des formations accélérées en langue anglaise au profit des nouveaux bacheliers.
Et dans cette perspective, des groupes pédagogiques ont été mis en place et des « préparatifs » pour l’adoption de l’anglais comme langue d’enseignement en Algérie ont été engagés.
Si, dans l’absolu, cette décision ne rencontre pas beaucoup d’opposition, la précipitation et la cadence avec lesquelles la démarche est conduite suscitent, en revanche, l’ « incompréhension et l’étonnement » des spécialistes.
« Étonnement, car une décision aussi importante et qui engage l’avenir de l’université ne peut pas se prendre aussi hâtivement, sans consultation des spécialistes des sciences du langage et sans la moindre concertation avec la communauté universitaire, la première concernée », relève Rabeh Sebaa, ancien directeur des sciences sociales de l’Université d’Oran, directeur de l’Unité de recherche en anthropologie maghrébine.
« Incompréhension surtout, car le pays n’est pas prêt. Ni humainement, ni pédagogiquement, ni logistiquement », ajoute-t-il.
Selon lui, les jeunes diplômés en anglais, recrutés pour matérialiser cette décision, n’ont aucune expérience d’enseignement universitaire et encore moins des disciplines expérimentales comme la médecine, la pharmacie, l’architecture ou la biologie qu’on n’a pas réussi à arabiser en soixante ans et qu’on veut, à présent, angliciser en trois mois.
« En confondant démesurément compétence pédagogique et imprégnation terminologique. En mélangeant sottement contenus de savoir et acquisition de vocabulaire. En réduisant maladroitement, et plus gravement, les exigences de la cognition aux commodités lexicales de l’expression. Sans compter, par ailleurs, l’inexistence de toutes les infrastructures nécessaires que ce bouleversement empressé présuppose », soutient-il.
L’entreprise est d’autant colossale qu’elle appelle énormément de moyens et de ressources humaines ainsi qu’un large débat de l’association des spécialistes.
Des impératifs à même d’éviter la réédition du syndrome de l’arabisation en Algérie dont on mesure aujourd’hui l’étendue des dégâts.
« On a 66.000 enseignants universitaires. Combien sont-ils à maitriser l’anglais ? Combien sont-ils à maitriser les spécialités ? Il y a à peine une cinquantaine formée aux États-Unis dans le domaine scientifique. Déjà qu’on a du mal à enseigner en arabe et en français », pointe Salah Derradji, chercheur en didactique des langues étrangères et ancien recteur des universités.
« C’est une décision trop hâtive. On ne peut sacrifier des générations. Ce sera un massacre à la tronçonneuse », prévient-il. Parfait anglophone, cet ancien recteur de l’université d’El Taref, estime à une vingtaine d’années la durée pour pouvoir former des formateurs qualifiés et dispenser des cours en anglais.
« Nous devons impérativement faire appel aux spécialistes, associer des enseignants retraités, renforcer les ENS, prendre les meilleurs pour enseigner au primaire, revoir les conditions d’accès aux langues et orienter les jeunes là où ils peuvent réussir », plaide-t-il.
Anglais en Algérie : le syndrome de l’arabisation
Parce que conduite à la hussarde, cette nouvelle aventure linguistique, au nom d’une hypothétique prouesse technologique et d’ouverture sur l’universalité, n’est pas sans rappeler la politique d’arabisation des années 60 et 70.
Un demi-siècle après son introduction dans le système éducatif algérien qui n’était pas préparé, l’arabisation, d’inspiration moyen-orientale, s’est révélée désastreuse.
Non seulement, elle n’a pas pu être intégrée dans la société, attachée à ses langues, mais elle n’a pas réussi à s’imposer aux spécialités expérimentales comme la médecine et l’architecture, à titre d’exemple.
Dès lors, la question est de savoir si cette volonté apparente de substitution d’une langue par une autre, dans le cas présent, remplacer le français par l’anglais ou l’arabe par l’anglais, n’obéit-elle pas à des considérations idéologiques, comme ce fut le cas pour l’arabisation.
« On peut le penser. Dans la mesure où cette décision s’apparente plus à une réaction qu’à une projection. Une projection mesurée et réfléchie. Une projection linguistique, avec toutes ses dimensions politiques, pédagogiques et scientifiques, s’inscrit dans l’épaisseur de la durée. Et prend tout le temps nécessaire à son aboutissement. Car une métamorphose linguistique, aussi radicale, de l’université, n’est pas une mince affaire. Elle doit mettre en branle et durant une très longue période sa préparation, sa planification, sa maturation et sa concrétisation. Des étapes minutieusement étudiées », développe Rabeh Sebaa.
« Aussi tous ceux qui pensent qu’il s’agit d’une décision politico-idéologique consistant à recourir à la langue anglaise comme une « contre langue » ou principalement pour contrecarrer la langue française, ne sont pas loin de la réalité. Dans ce cas, en l’occurrence, il s’agit en effet de considérations d’ordre psycho-idéologique, qui relèvent plus de la fantasmagorie et de l’épidermisme émotionnel que d’une politique linguistique raisonnée », estime encore l’auteur de « L’arabisation dans les sciences sociales » et « L’Algérie et la langue française ou l’altérité en partage ».
Selon lui, cette dernière se mesure toujours et avant tout à l’aune de la disponibilité de ses moyens et par la rationalité de sa mise œuvre de façon appropriée.
« En toute vraisemblance, c’est loin d’être le cas. Car le cas de figure présent, consistant à angliciser à tout prix et sans les assises nécessaires, équivaut à ouvrir les portes de l’université à un saut périlleux vers l’inconnu. D’autant plus que l’université algérienne ne tient pas solidement sur ses jambes. Depuis bien longtemps. Et ceux qui ont décidé de la livrer pieds et poings liés à une anglicisation aussi hypothétique que hasardeuse, le savent très bien. Ils savent parfaitement qu’elle est en train de vaciller dangereusement. Est-ce une manière inavouée de l’achever ? », s’interroge-t-il.
« C’est une décision politique qui ne s’appuie pas sur une approche rationnelle. Ce serait stupide d’éliminer la langue française », complète Salah Derradji.
Algérie : quelle politique linguistique ?
Face à ces appréhensions et afin d’éviter la reproduction des erreurs passées, une nouvelle politique linguistique s’impose. Et d’aucuns aujourd’hui estiment nécessaire d’établir un bilan sans complaisance de la politique d’arabisation et de reconsidérer sereinement la place des langues algériennes, y compris le français.
« Nous ne pouvons pas prescrire une ordonnance sans un diagnostic sérieux, sinon ce serait mentir aux générations futures », tranche Salah Derradji.
« L’expérience inaboutie de l’arabisation de l’enseignement supérieur doit incliner à tirer toutes les leçons de cet échec. Commencer par s’orienter sereinement vers la réhabilitation, la valorisation et la promotion des langues natives ou maternelles. Et bien évidemment leur intégration progressive et étudiée dans le système éducatif algérien. Tous les spécialistes du langage, algériens ou étrangers, le recommandent. La constitutionnalisation du Tamazight est, dans ce sens, une importante avancée », reprend Rabe Sebaa.
« Les questions de la graphie, de la standardisation ou la normativisation, encore pendantes, trouveront leur solution avec le temps. Mais donner, d’ores et déjà, de la considération et une visibilité politique, académique et scientifique à nos langues nationales est devenu une nécessité. Pour fausser compagnie, une fois pour toutes, à ces errements linguistiques à répétition, aussi fantasques qu’insensés », dit-il.
Citant l’exemple de Malte ou Madagascar qui ont hissé leurs langues respectives au niveau académique, ou encore l’Afrique du Sud, qui a douze langues officielles, sans que son développement économique, social ou culturel n’en pâtisse, Rabeh Sebaa soutient que le système éducatif algérien peut inclure des langues étrangères comme l’anglais et le français ou encore le chinois et le turc, chacune a sa place et son rôle, en toute convivialité.
« Sans la moindre conflictualité. Et surtout sans déclaration intempestive. Sans effet de démonstration. Sans affirmation d’exclure l’une ou l’autre en fonction des humeurs et des émotions ». « Face à tout cela, la société algérienne, comme toutes les sociétés du monde, réagit aux décisions afférentes à son devenir linguistique, en le rendant encore plus résistant et plus résilient », conclut-il
Karim Kebir
Algérie – France
Envoyé par Christian
https://www.tsa-algerie.com/algerie-france-un-projet-de-resolution-
pour-denoncer-laccord-de-1968-devant-le-parlement/
- tsa-algerie.com - Par: Ryad Hamadi —14 Nov. 2023
Un projet de résolution pour dénoncer l’accord de 1968 devant le Parlement
La France va-t-elle franchir le pas de la dénonciation unilatérale de l’accord de 1968 qui régit l’immigration algérienne dans l’Hexagone ?
La droite, qui réclame depuis plusieurs mois l’abrogation de ce texte qu’elle juge trop favorable aux migrants algériens, est passée à l’acte, avec un projet de résolution qui sera soumis au Parlement le 7 décembre prochain.
La résolution appelle à la « dénonciation, par les autorités françaises, de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968. »
Le débat sur la suppression de cet accord a été lancé il y a une année par Xavier Driencourt qui a été ambassadeur de France en Algérie à deux reprises. Le parti Les Républicains (LR) a ensuite dénoncé le texte qui, selon eux, consacre « l’immigration du fait accompli ».
Accord de 1968 : un projet de résolution le 7 décembre devant le Parlement
Le 7 juin dernier, les députés du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale (chambre basse du Parlement), ont joint la parole à l’acte en adoptant un projet de résolution pour dénoncer cet accord.
Edouard Philippe, ancien premier ministre et candidat potentiel à la succession du président Emmanuel Macron en 2027, a appelé le 5 juin dernier lui aussi à la dénonciation de cet accord, même au risque de provoquer la rupture des relations diplomatiques avec l’Algérie.
Lundi, Edouard Philippe est revenu une nouvelle fois à la charge pour réclamer l’abrogation de cet accord. « On ne peut pas rester sous l’empire de cette convention signée en 1968, dans un autre contexte », a déclaré le maire du Havre sur Franceinfo.
Les appels à dénoncer l’accord de 1968 ne font pas l’unanimité en France. Début juin, François Bayrou (Modem, centre) a critiqué la « focalisation » de la question de l’immigration sur l’Algérie. « A mon avis, vous vous trompez », a-t-il dit à l’adresse de la droite et de l’extrême droite qui réclament, outre la dénonciation de l’accord de 1968, le rééquilibrage des relations entre la France et le Maghreb en faveur du Maroc et au détriment de l’Algérie.
Les appels lancés en France pour la dénonciation de l’accord de 1968 n’ont pas suscité de réactions officielles en Algérie. En décembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune a dit que l’Algérie tenait à cet accord.
Ryad Hamadi
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Trop sympa la langue française
Envoyé par Eliane
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Il était une fois, un électricien qui voulut brancher une femme qu’il trouvait lumineuse. Hélas pour lui, celle-ci chercha tout de suite à éteindre ses ardeurs.
- J’suis déjà prise ! annonça-t-elle.
- Je m'en fiche ! lui dit-il, je ne suis pas du secteur. On pourrait se voir en alternatif ?
- Si tu continues à me mettre sous tension avec autant d’intensité, je pars en courant.
Et elle se retourna pour s’éloigner. Reprenant le fil conducteur de son approche, il chercha à l’allumer :
Mais pourquoi faites-vous de la résistance ? N'aimez-vous pas les Ohm ?
Elle lui fit Volt face. A ce moment-là il y avait de l’électricité dans l’air !
- Watt ? T’Ampère pas une !
- C’est que je ne vous trouve point Led ! s’exclama l’électricien.
Son style ampoulé sembla calmer la femme.
- C’est gentil. Mais dis-moi, tous ces jeux de mots, c’est pour briller ?
- C’est pour flatter votre intelligence ! J’adorerai étreindre une lumière de votre genre.
(L’électricien imaginait sans doute déjà les va-et-vient.)
- Tu me prends pour une call girl de Lux ! ? Je te dis que je suis déjà prise et éprise !
Elle était sur le point de péter les plombs à cause de cette méprise multiple.
C’est alors qu’arriva le galant de la belle, un macho monté sur pile électrique, qui joua parfaitement son rôle d’interrupteur de conversation en collant une châtaigne au prétendant (ça douille !).
Et c’est ainsi que l’électricien, qui se prenait pour une lumière mais n’était guère brillant, dû accepter de la mettre en veilleuse.
Quand le courant ne passe pas !!!
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Notre liberté de penser, de diffuser et d’informer est grandement menacée, et c’est pourquoi je suis obligé de suivre l’exemple de nombre de Webmasters Amis et de diffuser ce petit paragraphe sur mes envois.
« La liberté d’information (FOI) ... est inhérente au droit fondamental à la liberté d’expression, tel qu’il est reconnu par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, ainsi que par les Articles 19 et 30 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui déclarent que le droit fondamental à la liberté d’expression englobe la liberté de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
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