C. MAGGIORE La DEPECHE DE L'EST N°27 (pages 1 et 2) du 15 mars 2001
ILS ont le droit ..., ILS ont gagné ! ... Ils ont peut-être attendu 10 ans. mais aujourd'hui, ils ont décidé de m'abattre ... Je me doutais qu'il me faudrait payer tôt ou tard la fin d'une page d'Histoire ... Etant un symbole, il me tallait abjurer ou disparaître ... Je dois disparaître ...
J'aurais pourtant aimé conserver mes murs emplis de tant de souvenirs ...Alors, pendant que dehors les démolisseurs s'activent rageusement, une foule d'images s'impriment par dessus celles de mes vitraux encore debout ......
1846 ... 126 ans déjà ...! les vieux remparts cernent toujours une agglomération disparate que l'on appellera plus tard "La Vieille Ville".
1852 ... Je suis enfin sortie de terre, et mes deux cloches (La 3ème viendra plus tard) célèbrent mon inauguration par dessus les gibus de ces Messieurs et les corsets à baleines de ces dames. J'aurais paraît il coûté 190.000 Francs "Or" à l'Etat ! ... Mais j'étouffe à cet endroit, car la colline qui s'étend derrière moi jusqu'à la future place "Marchis" fait barrage à la fraîcheur des vents du Nord.
Problème résolu à la fin du siècle ... Pour remblayer le nouveau port, on a d'abord creusé la tranchée, jeté un pont par dessus, puis arasé cette colline jusqu'à la falaise des "Santons", respectant ainsi le marabout qui la domine ...
Vue splendide ! Qui un jour, m'est cachée par de grands arbres plantés exprès en face de mon parvis ... D'où ma colère ! ... mais il paraît que je ne me trouvais pas dans l'axe du Cours, et que, vu d'en bas, mon clocher faisait désordre ! ...
1918 ... La victoire, (mais à quel prix !). pour la célébrer, mes deux cloches s’époumonent. Mais leur voix ne portent pas loin car leur taille est modeste ...
1945 ...Cette fois, on les entend de loin... Car elles sont trois à présent pour carillonner la nouvelle victoire ...!
Et les années passent... Et les images défilent toujours dans mes vitraux .. Plus précises maintenant...
Et tout ce monde qui ne manque pas de s'arrêter au bas du square où se tient toujours un photographe derrière son appareil préhistorique à côté des marchands de cacahuettes...
Peuple attachant, heureux sous son soleil et dans sa belle ville ...Et puis,...le vent de l'Histoire... 1962-1972 ...Dix ans de solitude ...car mes cloches et ouailles sont parties sous d'autres cieux...
Mais j'ai su qu'à Antibes les premières veillent sur mon Ame et qu'à Aix-en-Provence, une équipe de Bônois dynamiques a créé une petite "feuille de choux" afin que l'on ne m'oublie pas. J'ai souvenir qu'une grande sœur avait paru ici, il y a longtemps sous ce même nom : LA DEPECHE DE L'EST.
Alors, pendant que mes murs vacillent, je me dis... "Peut-être est-ce mieux ainsi...? et finalement, après tout... "MEKTOUB"! ! !
P.S Faits et dates puisés dans les brochures de Me ARNAUD et H. CATALDO.
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